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' ES»!! ^fflfiglliMi: PtlNJi
UNE MEWCAL UBMii*
STANFORD UNIVESSin
MEOICAl eaitEiî
SIANfO». CALIF. M»
t I .
TRAITÉ
DE
» . .♦
^IMPUISSANCE
IT DE
LÀ STÉRILITÉ
CHEZ L'HOMME ET CHEZ LA FEMME.
1.
l/wtour el réditeur de c«t ouvrifc se rvuenrenl le droit de le Iradsire oa de le idrt trt-
d«ire mi loatet laiif^iv*. IL« pounulTrofil m vertu des loi», ddcrett el traitdi InteniilieMUi,
louift rontiffacon* ou loulm tndurtioiu failet an méprU de leur» droite.
Le ddpdl léiral de cet ouvrage a éii fait ■ Paris le 13 août 1855, el tontes l» fDrmiUtds
présentes par lee traité* sont remplies daas les divers Élela avec lesqueb U France a conclu
des conventions littéraireit.
OUVRAGES DE M. FÉLIX ROUBAUD,
CHBZ LES MÉMBS LIMAIEIS.
AMUVAXBM llil»XOA& ST WHAMMAQMOTiqWÊ US IiA
VAAVOB, 8* année, 18S6. Un fort TOlame in-1). 4 fr.
I.ei lepi premières annéei, eniemble 24 fr*
MIÊfTOtmM ST ftTATISTIQUS HX VAOÂJ^ÉMMM IMWà'
Mfâli» US MÈDMOiMMf depuis s« fondation Jusqa'en septembre
I8&2, in-8. 75 €.
■OVITAUZ au point de Tue de leur origine et de leur utilité, det
eoaditions hygiéniques qu'ils doïTent présenter, et de leur administration.
Paris, 18&3, in-l9. S f r.
i»«ii*. — Impiintrrii* «1.- !.. «UaTintT, rne Mignon, i.
TRAITÉ
DE
L'IMPUISSANCE
ET DE
LA^ STÉRILITÉ
CHEZ L'HOMME ET CHEZ LA FEMME,
• • •
L*BXPOSinON DBS MOYENS RECOMllANDâS POim Y REMÂDIER.
fAM
lie DMtom» VEI^IX K#IJBAIJB.
TOME PREMIER.
PARIS,
CHEZ J.-B. BAILLIÈRE,
LIBBAIBE DE L'ACADÊMIE IMPÉRIALE DE MÉDEGIIIE»
rae Hwtofranie, i9.
LONDRES, H. BAIUiÂRB, ? NEW-YORK, H. BAlLUteE,
fl«9. RcftaUSlTMl. 6 <90, Broadway.
MAMUO, CmZ BAlLLY-BAILUàliB, CAtLB DIL PIUTIOFI, ii.
1855
l/MrtMir H rédHMT w réitnmA k droit 4« «ndudiofl.
• • "
• • • •
L'oubli dans lequel est restée jusqu'à nos jours l'histoire
pathologique de la fonction génératrice, est une conséquence
logique de ce principe immuable de notre science que la noso-
logie est fille de l'anatomie et de la physiologie.
Tant, en effet, que l'anatomie et la physiologie de l'appareil
génital ont été couverts d'ombres et de ténèbres, la pathologie
de ce même appareil, ballottée dans les contradictions de mille
systèmes, s'est lassée de poursuivre un fanlôme insaisissable et
en a abandonné la recherche aux vicissitudes du hasard et aux
hardiesses de l'empirisme le plus grossier. Celui-ci ne s'est fait
faute ni de théories extravagantes, ni d'explications incroyables,
ni de médications impossibles ; aussi quand on ose sonder ce
dédale d'absurdités où l'infamie se glisse souvent, on conçoit lu
réprobation dont les esprits honnêtes et sérieux frappaient jadis
cette partie du domaine médical.
Aujourd'hui cette réprobation n'a plus de raison d'être.
Sans prétendre que toutes les obscurités ont été dissipées dans
l'histoire de la génération, on doit reconnaître que les travaux
des anatomistes et des physiologistes du xvin* siècle, et plus
encore ceux des modernes, ont suffisamment élucidé le pro*
blême pour en rendre légitimes les déductions pathologiques.
C*est cette œuvre que j'ai entreprise et que j'offre aujourd'hui
au public.
Bien qu'aucun des lecteurs auxquels s'adresse ce livre n'ignore
les progrès accoiliplis dans cette branche de nos connaissances,
j'ai cru devoir, sacrifiant aux lois de la logique, faire précéder
l'histoire pathologique de la génération de l'exposition des prin-
cipes anatomiques et physiologiques d'où cette histoire elle-
même découle. Ce rapprochement offre en outre l'avantage de
constater sans fatigue combien peu j'ai donné accès aux vaines
théories et à ces écarts de l'imagination dont avaient si étrange-
ment abusé nos ancêtres. — A ce double titre, on me pardon-
VI
nera, je Tespère, les développements que j'ai donnés à la phy-
siologie de l'espèce.
Ces développements , d'ailleurs, n'ont en rien diminué le
cadre que je m'étais tracé et auquel, depuis plus de dix ans, je
travaille (1). C'est à la lueur dos principes qu'ils renferment que
j'ai constamment poursuivi mes recherclies et mené mes médi-
tations. Aussi je crois avoir accompli une œuvre utile en essayant
de faire rentrer dans le sanctuaire de la science, par les grandes
portes de l'anatomie et de la physiologie, tout un groupe de
maladies que les vendeurs du temple et les illuminés en avaient
fait sortir.
Sans doute cette entreprise, conduite par un esprit plus ha-
bile et signée d'un nom plus autorisé que les miens, eût ren-
contré des obstacles tout à la fois moins nombreux et moins
variés que ceux dont mon insuffisance a eu n triompher, et
l'oBUvro eût été meilleure ; mais j'ai suppléé aux qualités qui
me manquaient par un travail dont l'ardeur n'a été égalée que
par la pureté des intentions qui m'animaient, à ce point que,
quel que soit le sort réservé à cet ouvrage, jt' reste avec la con-
science de n'avoir laissé dans l'ombre aucune partie de l'histoire
physiologique et pathologique de la fonction génératrice, et en
même temps de n'avoir jamais enfreint les lois de la morale et
de la chuteté, car la science a sa pudeur. — Aussi, dirai-je en
terminant : si quelqu'un cherche dans cet ouvrage autre chose
que de la science, s'il compte y trouver, non une intention,
mais seuleaiênt un mot de luxure, qu'il n'aille pas plus loin; il
serait complètement déçu dans ses espérances.
\y Félix ROUBAUD,
■fèdactnv en ckcf de la Ptmmce métUcat».
*
Ao*t 1855.
(1) Déjà en 1847, il y a SQjourd^hQi huit ans, |e pablîais dam la Gazelta
det h&pUaux^ doot ]'étaif alors un des rédacteuri, un travail atsf x étendu
sur rimpoiiMnce au point de vue de la médecine légale.
TRAITÉ
DE L'IMPUISSANCE
ET
DE LA STÉRILITÉ.
PHYSIOLOGIE DE L'ESPÈCE.
Dans l'acte (le la reprodudion de l'espèce humaine Jesdeux
sexes jouent un râle également important, dont le caractère
mal apprécié a donné naissance à divers systèmes ou théories
que j 'exposerai tout à l'heure. Ce râle, que remplissent
des organes propres à la fonction génératrice, s'exécute
dans des conditions physiologiques qu'il est important de
ronnaitrc, et au milieu de circonstances diverses qu*il est
non moins intéressant de passer en revue, car les unes et
les autres ont une action marquée, non-seulement sur
l'énergie de la fonction reproductive, mais encore sur les
maladies qui font le sujet de ce livre.
Ces maladies ont été confondues par beaucoup d'auteurs.
T^s uns, ne voyantque le but final, que le résultat à atteindre,
donnent indistinctement le nom d'impuissance ou de sté-
rilité aux états morbides, quels qu'ils soient, qui empé'
chenl la reproduction de l'espèce: pour eux, ces deux mots
sont synonjmes et désignent exactement le même genre
d'affections. Les autres, considérant que, dans l'acte de la
génération, le rôle do la femme est en quelque sorte passif.
2 PHYSIOLOGIB RB l'espÈCB.
tandis que «lui de l'homme rsl entièrement sons l'empire
de II volonté, appellent impUMunt l'homme qui ne peut
procrésr, qu«llo que soit la cause èe cette inipossibilité, et
nomment sti.'rilc In Tcmme qui se trouve dans le même cas.
Je ne puis me ranger n aucune de ces dcui opinion!).
La dernière repose sur une distinction grammaticale, inad-
missible dans la science; car, sous peine de tomber dans
une logomachie inextricable, les mfimcs états pathologiques
réclament ta m^mc dénomination.
L'autre opinion semble, au premier abord, plus sérieuse,
par cela mâroe qu'elle parait plus scientifique ; mai* en por-
courantleradre nosologiquc de l'appareil générateur,on ne
larde pas A su convoincre qu'une plus grande eiactitude
doit être apportée dans la désignation des divers étals qui
le remplissent. Qu'on me permette de citer on ou dcui
exemples h l'appui de cette assertion. Les faits d'occlusion
incomplète du vagin permettant la fécondation, et non l'in-
tromission de la verge, ne sont pas rares dans l'histoire de
la chirurgie : Riolan, entre autres auteurs, raconte l'hi.'!-
loirc d'une femme qui, accusant son mari d'impuissance,
fut,i la visite des experts, reconnue enceinte, quoique pré-
sentant une occlusion vaginale qui ne permettait pas le
coït. Quel nom donner h cet état pathologique ? D'après les
auteurs dont je combats l'opinion, tes mots impuissance et
stérilité seraient impropres, puisque te but final est atteint,
et pourtant ta copulation, cette partie importante de la
fonction génératrice, ne peut avoir lieu. — D'autre part,
voici deux hommes. Ctiex l'un, l'érection de ta verge est
impossible, n'importe par quel motif; impossible, par con-
séquent, est le coït, et, par conséquent encore, dans ta
majoritt'^ ilf-s cas, impossible est, de sa part, toute action
fécondante; diez l'autre, l'érection de la verge est pleine
PHY8I0L0GIK DE l'eSPÈCK. A
et entière, le coït s'accomplit normalement, mais l'action
fécondante, par une cause quelconque, ne s'exerce pas:
est-il raisonnable de placer ces deux hommes sous la même
rubrique nosologique? Pour un même trait dans la physio-
nomie, quelle dissemblance dans les autres, quel éloigne-
ment dans les caractères ! ! ! D'un côté , la fonction gé-
nératrice tout entière abolie, annihilée, détruite; avec
elle, dépérissement et souvent atrophie des organes géni-
taux ; avec elle, troubles profonds dans les facultés morales,
depuis le simple sentiment de honte jusqu'à la monomanie
du suicide, et qui ne sont pas sans exercer une action délé-
tère sur les principales fonctions de l'organisme. De l'autre
càté, abolition incomplète de la faculté génératrice, que
n'accompagnent presque jamais des désordres dans les fonc-
tions organiques et dans les facultés morales. L'acte copu-
lateur, dont on ne tient aucun compte, creuse entre ces
deux hommes un abîme sans fond. Non, leurs états patho>
logiques ne sont pas les mômes; les symptômes qui les révè-
lent et les accidents qui les suivent, en font des entités dis-
tinctes, dont chacune réclame, dans le langage nosologique,
une dénomination spéciale.
Cette dénomination ne doit avoir rien d'arbitraire ; elle
doit désigner un état exactement limité, parfaitement défini,
dont je vais essayer de tracer le cadre.
La fonction de la reproduction se compose, dans les deux
sexes, de deux actes tellement distincts, que pour l'exercice
de i'un, ia volonté est forcée d'intervenir, et que cette
volonté reste entièrement étrangère è l'accomplissement de
Tautre. La première est une fonction animale ou de relation,
la seconde est une fonction organique ou interne, comme
aurait dit Bichat. Après le rapprochement de l'homme et de
la femme, pour l'exécution duquel la volonté a dû agir.
& niYSIOLOGIB DK L*E8Pft€e.
toul, dans Tnclc reproducteur, se passe à notre insu, et la
génération se fait en dehors de notre conscience.
Cette intervention de la volonté, sans parler du senti-
ment voluptueux qui accompagne le coït, ne sulTit-elle pas
pour diiïérenrier deux actes d'une même fonction, il est
vrai, et ne rend-elle pas légitime la ligne de démarcation
è établir entre les états pathologiques qui mettent obstacle
a l'accomplissement ou de Tune ou de l'autre? Je l'ai tou-
jours pensé ainsi, et j'estime que le mot impuissance doit
être donné à tout état morbide qui, chez l'homme ou chez
la femme, s'oppose i l'union physiologique des deux sexes,
c'est-iVdire au coït, et le mot stérilité être réservé i tout
état morbide qui, chez l'un ou chez l'autre sexe, empêche
la reproduction de l'espèce.
Il Y a donc, d'après ces considérations que je crois très
légitimes :
Une impuissance de l'homme ;
Une impuissance de la femme ;
Une stérilité de l'homme ;
Une stérilité de la femme.
Kn d'autres termes, les affections qui font le sujet de cet
ouvrage se peuvent partager en deux groupes : le premier
renferme les troubles de l'acte copulateur chez l'homme et
chez la femme; le second présente les conditions morbides
qui, dans les deu]( sexes, empêchent l'acte fécondateur.
dette distinction n'est point arbitraire; elle a pour base
la physiologie de la fonction génitale, et va me servir, dans
les considérations générales que je vais présenter sur Tap-
pareil reproducteur, a mieux établir ce qui est du domaine
de rimpuissaïKC et ce qui appai tient h la stérilité.
COPULAIIOM. ACTIS COPULATEUR CHEZ l'uoMIIE. 5
CHAPITRE PREMIER.
COPULATION.
S I. — Acte copalaiear ehes rhnmin
Il est incontestable que la sécrétion spermatiquc, c'est-
à-dire l'acte lesticulaire, a une action notable, non-seule-
ment sur les changements que subit la verge dans ses
dimensions, mais encore sur l'énergie de l'acte copulateur
lui-même. L'exemple des castrats avant la puberté, dont
les organes génitaux sont arrêtés dans leur développement,
et dont les désirs vénériens et la \igueur virile sont à peu
près nuls, ne permet aucun doute à cet égard.
Il serait donc logique de placer ici l'étude physiologique
de la liqueur séminale; mais si l'on Fuit allenlion que c'est
à ce liquide qu'appartient toute la puissance fécondante de
l'homme, on comprendra que je réserve son histoire pour
le paragraphe assigné h l'acte Fécondateur lui-même, et
que je me concentre ici dans la seule étude des conditions
de la copulation, en admettant comme normale la fonction
testiculaire.
Ces conditions sont au nombre de quatre, et si parfaite-
ment distinctes entre elles, malgré leur union intime, par
leur ordre de succession et par leurs manifestations, que
l'absence de l'une n'entraîne pas fatalement la suspension
des autres. Pour l'accomplissement de l'acte physiologique,
elles se manifestent dans l'ordre suivant : 1^ désirs véné-
riens; 2^ érection de la verge; 3® expulsion d'un liquide
spécial; b? eu6n, plaisir au moment de cette évacuation.
Ces circonstances ne sont pas toutes exclusivement
affectées au coït; il en est une surtout, l'éjaculation sper-
6 CtlfULAl'IUK.
nislii|ut',' ifiii t:st tellement esseiitjt-lic à lu récoiidntioii, f]uc
je renvoie son histoire physiologique à la jtartic consacrée ii
l'exameiKte l'acte reproducteur |iroj)rcment dit.
Je n'ai donc dans ce paragraphe qu'à m'occuper du»
désirs vénériens, ile l'érection de la verge et du plaisir.
Les désirs fénériensont Aea mobiles nombreux et variés :
ils ne sont pas toujours, comme on pourrait le croire, sous
l'empire de In volonté, car l'instinct qui les éveille chez les
animaux à l'époque du rut, les excite également chez
l'homme ; cependant, l'inslioct n'a une action bien sensible
que dans les premières oiinécï de la puberté, ou pendant
une longue continence, ou au milieu dt> la vie calme et
retirée des champs.
Plus tard, lorsque l'Age, l'habitude ou la sotisfeclion des
besoins les plus pressants o[it calmé les premières ardeurs
de l'instinct, les désirs vénériens ne répondent plus qu'à la
voix des sensations ou de l'imagination.
Tous tes sens ont la puissance de les éveiller. Ceux de la
vue, du toucher et de l'ouïe ont une action si directe, qu'on
pourrait les appeler les sens de l'amour. L'odorat jouit
aussi d'une influence décisive, et lu nature a placé dans
les organes génitaux de tous les animaux une odeur sui
(jeiieris i[ui surexciti: leur sensualité; certains parfums
possèdent le même privilège, et la galanterie sait hcu<
reusement les mettre à profit. Le goût lui-même, moins
favorisé que tes autres sens, éveille parfois aussi l'appétit
vénérien : un de mes amis ne jiuuvait jamais manger de la
crème fouettée sans avoir immédiatement quelque idée
voluptueuse.
Cependant, malgré la réalité incontestable du pouvoir
des sensotions sur lo dévi;lojij»cment des désirs vénériens, il
faut reconnaître que, dans la majorité des cas, cette puis-
ACTE COPULATEUR CHEZ l'iIOMMB. 7
sauce est insuRisante, et qu'il lui faut le secours de l'élément
moral.
Chez les animaux, c'est i*instinct qui seconde les sensa-
tions ; chez l'homme, être de raison, c'est la volonté.
La volonté exerce sur le sens génital un empire presque
absolu: l'histoire d'Ulysse se bouchant les oreilles pour ne
|)as se laisser séduire par le chant des sirènes, est une fable
poétique en contradiction avec la nature, surtout en ayant
égard h l'Age et à l'expérience du roi d'Ithaque. Ne voyons-
nous pas tous les jours l'homme, aussi bien que la femme,
résister aux séductions les plus provocantes et sortir victo-
rieux d'une lutte où les deux adversaires étaient les sens et
l'imagination ?
Sans doute, si l'on ne se prémunit pas contre la tentation,
les excitations extérieures entraîneront la volonté, car le
silence de celle-ci équivaut à son consentement.
Bien plus, la volonté, par sa seule puissance et sans le
secours d'aucune sensation, peut évoquer les désirs véné-
riens. C'est alors qu'elle éveille l'imagination, par qui le
passé se ranime et l'avenir se fait réalité; grâce à (;lle,
l'heure présente se peuple de formes indicibles que le regard
caresse, que les lèvres embrassent et que les mains sai-
sissent; fantômes gracieux dont l'existence tout à la fois
idéale et réelle plonge l'Ame et les sens dans l'extase volup-
tueuse de l'amour le plus complet. Les poètes, les roman-
ciers, les artistes, tous ceux enfin chez qui l'imagination
occupe une large place, jouissent de la réputation méritée
d'être fort enclins à l'amour; mais ce n'est point A dire
qu'ils soient les plus aptes A accomplir l'acte, car nous ver-
rons ailleurs l'influence fAcheuseque les travaux de l'intelli-
gence exercent sur l'énergie virile. Mais tel est l'empire
de l'imagination que, par sa seule force, en dehors de
H t:OI*ULATIU?i.
l'instiiict et de tonte sensation, clic peut non-seulement
|>ro(luire l'érélhismc vénérien, mais encore déterminer l'éjn-
culotion spemiatique, oinsi qu'il arrivait i un de mes cama-
rades d'études toutes les fois qu'il peosait isa maltresse.
Quel qu'ait ét^ le promoteur des désirs vénériens., ceux-
ci, une Tois éveillés, réagissent sur l'appareil génital, «t
pendant que, sous leur influence, la sécrétion spermatiqae
augmente d'énergie , la verge subit une métamorphose
presque complète, duns loquelte son volume est accru et H
direction entièrement changée.
Celle mélamorpbose est ce qu'on appelle l'érection, dont
je lais essayer d'expliquer le mécanisme.
li'eismcu auquel je vais me livrer n'a pas un intérêt
{luromentscientiliipie; il est, Àmesyeut, d'une telle impor-
tance pratique que, seul, il nous rendra compte de certoins
ciis d'inipui$snnrc dont (es couses, méconnues jusqu'à
aujourd'liui, ont été uovécs duiis ce vague médical dont
l'ignorance entoure IcsToiit-lionsdu système nerveux. Telle
impuissance snrtcnnnt à la suite d'excès vénériens ou de
masturbation, telle autre rr.ip|jant un liommc dont l'égc
n'a pas encore marqué l'heure de la retraite, ctc , etc., ne
trouveront souvent d'autres cipliratlons que dans l'altéra-
tion des organes servant i l'érection, sans qu'il soit besoin
de recourir ti l'influx nerveux dont, en dehors de certaines
maladies de lu moelle épinièrc, il est quelquefois îmjiossible
d'expliquer la diniinulion.
Si la science est encore, sous ce rapport, dans les langes,
il en faut nccuser, d'une part, l'onbli dans lequel est tenue
celle partie de la médecine, et d'autre part l'incerlilude
qui, jusque diins ces derniers temps, faute de délails anato-
miqucs suni^anls, a régné sur le mécanisme de l'érection.
A l'époque où les esprits animaux étaient considérés
ACTK COFLLATKOR CHEZ l'uOMMK. 9
comme les moteurs de la machine humaine, on pensait que
ces asprits remplissaient la verge, et que les muscles du
périnée soutenaient celle-ci et la redressaient comme un
bAton retenu par des cordes. Vésale consacra cette opinion
en donnant i ses muscles le nom de ereclares penis^ que
W inslow changea contre celui A* ischio- caverneux ^ qu'ils
portent encore aujourd'hui. R. de Graaf s'éleva contre
cette explication qui, malgré ses efforts, continua à être
acceptée parla majorité des anatomisles.
Et cependant, ce savant était sur la voie delà vérité ; le
premier il soutint et démontra expérimentalement que
l'érection résulte de lo présence du sang accumulé dans la
verge. Ayant lié le pénis d'un chien ù sa racine au moment
du coït, il trouva ce corps rempli de sang et le vit revenir à
sa flaccidité ordinaire lorsque le liquide en eut été expulsé.
De plus, ayant injecté de l'eau par les veines honteuses
dans la verge d'un cadavre, il obtint une distension et une
érection plus énergiques encore que sur le vivant. Il près-*
sentit aussi que lu turgescence des corps caverneux pouvait
tenir à un défaut d'équilibre entre la sortie et l'arrivée du
liquide sanguin, et il se demanda quels étaient les obstacles
qui s'opposaient à l'écoulement du sang veineux. Les
muscles ischiocaverneux, dont il avait nié le rdie comme
suspenseurs, furent, a ses yeux, les moteurs de cet obstacle.
Cependant, les rapports anntomiques ne lui rendant pas
suffisamment compte de cette action , de Graaf avoue que
l'action de ces muscles est indirecte.
Hunter, et la majorité des anatoroistes du xviii* siècle,
adoptèrent cette opinion, qui est même encore partagée par
quelques physiologistes de nos jours; mais alors, comme
aujourd'hui, on ne s'accordait pas sur l'obstacle qui s'oppo-
sait à la sortie du sang veineux.
1(1 COflLATlUN.
Mcn-iur [irtiteiidiiit en lioii\ci' ruvjtlirutioii dans les
ilisjiositioiis !inatoini(|ueï liei teines Ue la verge, qui, oelon
lui, iù rciideiil tuutes aii\ ïiiiu& <I^ SaiiUuiiii, leM(]ut:l!< ainuii,
un allant rejoiiiilrc K's teiiies h)|jugaMriqucï, furœeiit des
)ilcxus iiumbrcui.surloulaut fuics latérales de laftrostatc,
il \\ac là ces sinus se trou^fitt compriinés pi'iiittiiit la i;on-
Irai'ltuii des mysLU-s pelvieus. Cetlt- ctpliratioti est iiiud-
miisible. comme le fuit juilicieusementreinarquerM.Uebrou;
lar s*il en était ain»i, des personnes afTectées de rétention
d'urines ou d'li\pcrtrophie de la proslati-, devraient être
luurnicntèes par des éietliuus rontiouelles, ce qui n'a point
ciiiore Otê noté parmi les s;n)ptl)me^ du ces maladien.
M. Debrou, qui se range du côté de Vésale, en ce <|ui
resarJe l'aitiou dts muscler ischio-raverneut, adresse aut
partisaits de la stase du sang ilaiii la ver^e une objection
^éner^le qui a beaucoup perdu de son importance depuis lu
l'ublKJi'.ion iieslrjiaa\deM.Kobell, mais qui mérite cr-
pcnJ.int de (router place iri : « Je reconnaîtrai, dit-il, que
lou$ lt!$ auteurs qui adoptent l'une des nuances Je cettu
divtriDo a<licetteDt implicitement, sinon rormellcment, que
l'obMidc à li sortie du sang veineui n'est que partiel et
ii..î-:7;:;t. car autrt-'ment, la gangrène du pénis serait la
»ui:; .Votiiah:* ii"une slase indéfinie do sang. Mois même
.vft .vt;e rë«Me. qui est de toute nécessité, il y a des
.• ffi.a;:» qe: *m'1 inoonciliables a»ec la Ihéoric ; celle-ci,
;.« \îmf : Aufoinmencemenl de l'éreclion, il est pos-
'.r -p 'oiî '■-■ siris artériel apporté ne s'échappe point
^- «* «««s ; mtii si l'éreclion persiale et dure longtemps,
» ^^koures-ainci qu'on l'a i« dans certains co» de Mty-
iMt t"*'" qu'»"'""' •''■' ■''■''? "*•"'* ^"''' *"" •'"''■e,
,ri^c rf «J»*:^'"^ '"^ surti.-nt point- Or, si «ulant de
i^ «• «'"^ •'"'* 1'^™*''**" (""oloHjl^e. comment
ACTE COFULATKL'K CllEZ l'hoMME. 11
admettre qu'il n'eu est pas ainsi dans la turgescence ordi-
naire ?» Quand j'exposerai tout ù l'heure la théorie qui
ressort des recherches anatomiques et expérimentales de
M. Kobelt, on comprendra combien cette objection perd de
sa valeur, car on verra qu'il y a des contractions alternatives
analogues à la diastole et à la systole du cœur, contractions
qui n'empêchent pas la circulation veineuse.
J. Millier (l)a voulu faire jouer un râle important aux ca-
pillaires artériels, répandus dans les corps caverneux, en les
présentant comme constitués par de petits renflements con-
tournés on forme de diverticules clos, et qu'il appelle artères
hélicines; maison est loin d'être d'accord sur l'existence
et les rapports de ces dilatations artérielles, et l'on recule
devant une théorie fondée sur des bases que conleslcnt des
hommes tels que Valentin, Kraiise et lluschkc.
M. Bérard, professeur de physiologie à la Faculté de
Paris, se fondant sur des dispositions anatomiques notées
par Millier, Valentin, liunter et Stanley, a émis, dans ses
leçons orales, une opinion d'après laquelle il existerait,
dans les parois des vacuoles, des hbres contractiles sur les-
quelles reposerait le mécanisme de l'érection.
ËnGn, et pour en iinir, Chaussier et M. Adelon rap-
portent la turgescence de la verge à une propriété sut
generis dont est doué le tissu érectile, et qu'ils appellent
érectiliié. Cette manière de se tirer d'embarras est renou-
velée des anciens, qui, pour expliquer la génération,
admettaient une faculté génératrice inhérente a la matrice.
Dans ces derniers temps, un professeur d'anatomie à
l'université de Fribourg, M. le docteur Kobelt (2), s'ap-
(1) Encyclop. Wurterbuch der mediz. Wissenschaften : Erbctile
iiKWEBE.'^ Manuel de physiologie. Paris, 4 851, t. I, p. 181.
(2) De l'appareil du sens génital des deux sexes au point de vue ana-
1:2 t:OFtLAllUN.
puyaiit sur des données anatomiques toutes nouvelles, a
émis sur le sujet qui m'occupe une théorie ingénieuse et à
laquelle je n'hésite pas à donner la préférence, parce qu'elle
m'a rendu compte de plusieurs faits pathologiques et thé-
rapeutiques dont il m'était impossible de pénétrer le
acns.
Mais avant d'exp.oser le mécanisme développé par le
professeur de Fribourg, il est indispensable d'aborder les
considérations anatomiques sur lesquelles il repose.
« Partout où nous devons percevoir des sensations
claires, nettes, bien tranchées, dit M. Kobelt, avec un
caractère spécial, comme le sont celles que donnent les
organes des isens, on rencontre, en tète de l'appareil, un
organe principal abondannnent pourvu de nerfs, véritable
foyer auquel aboutissent les diverses parties qui concourent
a ce but. Ce centre particulier, dont l'excitabilité est mise
en jeu [nr les impressions extérieures ou intérieures, a
sous ses ordres, comme auxiliaires, d'autres organes moins
imporlanis. »
Dans l'appareil du sens génital chez l'homme, le centre
autour duquel viennent aboutir toutes les actions est le
gland, et les organes auxiliaires sont : le corps spongieux
de l'urètre, le bulbe et le muscle bulbo-ca\crneux. Quant
aux corps caverneux de la ver<;e, ils sont déchus, et avec
juste raison, de leurs anciennes prérogatives et ne rein*
plissent plus que le rôle de support et celui d'excitant pour
l'autre sexe.
Voici d'ailleurs, aussi succinctement que possible, les
données anatomiques qui militent en fa\eur de cette ma-
nière de voir.
tomitiHt' vt phyaioloijique, par lo doclear Kobelt, iraduil de l'allemand
par le docteur H. Kaaia. Strasbourg, 1851, 1 vol. grand în-8.
ACTE COPULATEOR €HfcZ l'iIOMME. 13
Gland. — Tout le monde connaît la forme du gland ^
que Ton a comparé à celle d'un cane tronqué coupé
obliquement ù sa base, cl dont un lacis veineux, excessive-
ment riche en nombreuses anastomoses, constitue le paren-
chyme; les dernières ramifications de ces anastomoses,
d'une extrême ténuité, aboutissent à In surface, et quel-
quefois même sur la couronne de Torgane, et simulent des
espèces de houppes veineuses qui sont l'épanouissement et
la continuation la plus fine des veines plus considérables du
corps spongieux de l'urètre.
Quant aux connexions des ramuscules veineux du gland
avec les veines voisines, M. Kobelt les décrit de la manière
suivante :
<t l"* Les rameaux antérieurs et les branches de la veine
dorsale de la verge tirent leurs racines les plus ténues des
ramifications les plus délicates de ce réseau veineux, et sur-
tout du bord postérieur de la couronne du gland, de sorte
qu'ici comme dans le foie, les dernières terminaisons d'une
«cinc s'abouchent avec les premières racines d'une autre
veine.
» S"" Si sur une préparation injectée on sépare le gland
de l'extrémité conique du corps caverneux de la verge, on
met h nu un réseau de veines assez considérables qui pro-
viennent de la surface iuterne infundibuliforme du paren-
chyme du gland. De ce réseau naissent les veines qui
reparaissent sous le bord postérieur du gland comme des
rameaux plus considérables de la veine dorsale. Dans l'érec-
tion res\eincs doivent éprouver, pendant leur trajet, une
compression entre le gland à l'état rigide et l'extrémité
antérieure du corps caverneux de la verge ; mais lorsque
le membre viril commence à se relâcher, elles rendent le
retour du sang, hors du gland, beaucoup plus libre et plus
ih COPULATION.
facile que s'il avait lieu par les minuscules très ténus de la
veine dorsale, que nous avons mentionnés d'abord.
» â"" Du réseau veineux lui-même, situé entre le gland
et le corps de la verge, partent encore d'autres veines qui
pénètrent dans l'intérieur du corps caverneux ; elles éta-
blissent ainsi une communication entre le gland et l'extré-
mité antérieure des corps caverneux du pénis, disposition
qui paraît avoir échappé à la plupart des anatomistes, bien
que Bichat Tnit déjà signalée (1). n
Les artères du gland viennent principalement des artères
dorsales de la verge; elles ont cependant des communica-
tions avec les artères bulbo-urélrales et même avec les
artères profondes du pénis, mais toutes communiquent avec
les reines du gland, ainsi qu^Hausmann s'en est assuré sur
une verge de cbien injectée au mercure. On trouve encore
quelquefois aussi des artères hélicines; mais comme le
système artériel ne joue pas le principal rôle dans le phé-
nomène qui m'occupe, je ne m'étendrai pas davantage sur
cet appareil, ainsi que sur les vaisseaux lymphatiques pour
l'étude desquels nous renvoyons aux travaux de Mascagni,
de Fohmann et de Panizza.
H n'en saurait être de même de l'appareil neneux; le
gland jouit d'une sensibilité si exquise que, même sans le
secours de l'anatomie, on prévoit que cet organe doit être
richement doté de nerfs scnsitifs. Cependant, jusqu'b
IVl. Kobelt, on connaissait fort peu la distribution et la dis-
position de ces nerfs dans le gland lui-même, et Ton accep-
tait comme* article de foi cette hypothèse émise par Millier :
{{) L'extrémité qui termine le corps caverneux est arrondie, assez
étroitement unie à la base du gland, qu'elle supporte, et percée d'ouver-
tures pour les communications vascolaires. (Bichat, Anatom. df script.,
t. V, p. 2M.^
ACTE COPi;ff.ATBDR CHEZ l/lIOMMR. 15
« La mojeurc partie de lo masse des nerfs dorsanx de la
Terge pénètre dans le gland, h l'endroit de la couronne et
en traverae rîntérieur avec ses rameaux. Ces ramiGcations
se dirigent vers la surface du gland et paraissent principa-
lement destinées à cette surface douée d'une sensibilité si
exquise (i). »
M. Kobelt s'est emparé du problème et a apporté à sa
solution des données toutes nouvelles quMI est impossible
d'analyser t « Il résulte do mes recherches, dit-il, que ces
ramuscoles nerveux étant arrivés sur le bord du gland, une
partie d'entre eux y pénètre directement et fournit des
rameaux distincU^, tandis que l'autre partie glisse sous ce
bord, le traverse sans s'y arrêter, pénètre dans la concavité
du gland et s'y dirige en rayons rayonnant dans tontes les
directions. Ils se réunissent de nouveau dans le parenchyme
de Torgane, en réseaux tellement entrelacés, qu'on sernit
tenté de les considérer comme des plexus ganglionnaires.
Cependant, je ne suis jamais parvenu à y rencontrer les
cellules ganglionnaires. lisse dirigent ensuite vers la surface
du gland, s'épanouissent de nouveau en ramuscules isolés,
et forment, en se développant dans la peau de cette partie,
des. arcades considérables et des plexus de plus en plus
ténus à mesure que l'on avance vers la superficie du gland,
jusqn'h ce qu'enfin les dernières ramifications nerveuses
échappent à l'œil de l'observateur; aussi n'al-je jamais pu
reconnaître avec certitude les courbures terminales de ces
anses nerveuses. D'autres de ces nerfs se dirigent, en con-
vergeant, vers la surfacede la muqueuse urétrale, et traver-
sent le gland pour se ramifier sur cette muqueuse, comme
(1 ) Ceber die organ^nehen Serven der erectilen mànnlichen GescMechtê"
Organe deê Menschenund der SdugelMere. Berlin, 4 830, p. 40.
16 COPLLATION.
ils le font dons la peau extérieure de cet organe. En ce
point j*ai vu les nerfs du gland s'anastomoser avec d'autre»
nerfs qui proviennent, sous forme de petits rameaui, de
l'intérieur des corps spongieux del'urèlrc, et qui se divisent,
a leur entrée dans le gland, comme les veines de cette partie,
en filaments très déliés. »
Il est incontestable, ainsi que Valentin (1) Ta montré,
que quelques nerfs organiques se rendent dans le gland ;
mais ils ont si peu d'importance, que leur examen serait ici
une superfluité, et que leur action s'efface, pour ainsi dire,
devant le rôle principal que jouent les nerfs sensitifs dont je
viens de parler.
En résumé, le gland est surtout remarquable par le dé? ^
loppement de son appareil veineux et de son appareil ner-
veux ; je dirai tout à l'heure combien cette double richesse
correspond aux fonctions que l'organe est appelé à remplir.
Pour le moment, il me reste n faire l'anatomie des organes
auxiliaires, qui sont, d'après Tordre où je vais les étudier;
1* le corps spongieux de l'urètre ; 2^ le bulbe ; 3^ le muscle
bulbo-cavcrncux.
Corps spongieux de l'urètbe. — Situé immédiatement
autour de la muqueuse du canal de l'urètre, à laquelle il
constitue une espèce de gaine as^ez épaisse, se dirigeant,
selon la longueur de ce conduit, de|)uis le bulbe jusqu'au
gland, le corps spongieux de l'urètre forme un véritable
reie mirabile venoaum , dont les expansions vascuiaires
rampent en droite ligne et en avant, en conservant un
calibre h peu près égal dans leur gaine fibreuse commune.
Cet organe sert évidemment d'intermédiaire entre le
bulbe et le gland.
(4) ValenliD, Névrologik, Encyclopédie analomiquc , Induit par
A.-J.-L. Jounlan. ParU. I8i3, vol. IV. p. 660.
ACTE COPULATBUR CHEZ l'uOMME. 17
Selon M. Kobclt, le parenchyme veineux du corps spon-
gieui de l'urètre communique avec les veines voisines de la
manière suivante :
A 1" Immédiatement derrière le gland, dit-il, dans le
sillon des corps caverneux qui loge la portion spongieuse,
on voit naître, de la partie latérale du corps spongieux de
Turètre, par des veines très déliées, les premiers rameaux
delà veine dorsale ; ils se rendent, en entourant la convexité
latérale de la verge» sur le dos de Torgane^pour s'engager
dans la partie antérieure de la veine dorsale.
» S"" Lorsque sur une pièce convenablement injectée, on
détache avec soin le corps spongieux de l'urètre, de la
gouttière que forment les deux corps caverneux, on tombe
sur un réseau veineux si(ué entre les gatnes fibreuses de
ces trois corps siHmgieuœ^ réseau qui n'a pas été décrit
jusqu'ici. Les veines assez fortes qui entrent dans sa com-
position proviennent, par deux rangées presque symé-
triques, des troncs de la face dorsale du corps spongieux de
Turèlre. Ce réseau lui-même fournit un autre ordre de
rameaux veineux d'un certain calibre, qui émergent du sil-
lon des corps caverneux, pour se diriger de là en haut, vers
la veine dorsale, en passant sur la surface latérale du corps
de la verge. Les rameaux postérieurs de ces veines latérales
ne versent plus leur sang dans la veine dorsale ; mais se
rendent, après avoir reçu les veines scrotales, sur les côtés
de la base du pénis, dans un réseau veineux très riche, à
peine remarqué jusqu'ici ; ce réseau se déploie sur les côtés
de la racine de la verge, et communique librement, d'une
part, avec les veines inguinales cutanées, et de l'autre, avec
la veine obturatrice et le plexus pudendalis.
» S'' Les troncs, qui naissent de la face dorsale du corps
spongieux de l'urètre, pénètrent en même temps dans les
18 COPI-LATION.
ror|:s cavorneut, en partie par l'intermédiairo du réseau
leineux ri-dessus indiqué, en partie immédiatement au
mojen d'une double rangée d'ouvertures qui longent les
bords de cette gouttière. Ces vaisseaux établissent ainsi une
communication veineuse entre le corps spongieui et les
corps caverneux. Cette disposition a été généralement
niée. Panizza^ cependant, rapporte (i) qu'il a observé une
rangée de communications entre les deux corps spongieux,
après avoir détaché, sur dos pièces injectées, le corps spon-
gieux de l'urMre des corps caverneux delà verge. Bichat,
aussi, connaissait cette communication vasculaire (2)
» /r Enfin, los petits troncs qui émergent sur les côtés du
corps spongieux de Turètre, reçoivent encore plusieurs
veines cutanées qui naissent du frein^ du prépuce et de l'en-
veloppe cutanée externe de la surface antérieure et infé-
rieure de la verge. »
Aucune artère spéciale n'est dévolue au corps spon-
gieux de l'urètre; mais le sang artériel lui arrive par les
artères bulbo-urétrales qui viennent du bulbe, et dont les
rameaux ont des communications assez libres avec ceux des
artères dorsales et profondes de la verge.
L'a|»pareil nerveux du corps spongieux de Turètre est
inférieur sous tous les rapports à celui que nous avons vu
au gland. Selon Millier et Valentin, contre lesquels M. Ko-
belt n'élève aucune sérieuse objection, les nerfs de cette
partie appartiennent surtout au système nerveux de la vie
végétative, ce qui viendrait à l'appui de l'opinion du pro-
fesseur de Fribourg, qui veut que le corps spongieux du
(1) Osservuzioni tuilroiH}-zootoiniCihfi^iohgichi\ p. 10 el H.
(2) L'ni uu corps caverneux par des vaisseaux qui 8e voient très
bien, quand on sépare TurèUe do la gouUière dans laquelle il est revu,
(Bichat, Anaîomif (le^criplite, I. V.)
ACTE COPULATEUR CHEZ l'hOMIHE. 19
canal de l'urètre constitue au fond un système de conduits
vasculaircs, composé de nombreux sinus ?eineux contenus
dans une enveloppe tendineuse, inexpansible, appareil dont
je dirai tout à l'heure la destination.
Bulbe. — Le parenchyme du bulbe est érectile, c'est-^
à-dire composé d'un lacis veineux comme celui des deux
organes précédents ; il se continue en avant avec le corps
spongieux de l'urètre, et se termine en arrière par deux
renflements latéraux hémisphériques, séparés l'un de l'autre
par une dépression longitudinale située sur la ligne médiane
inférieure.
Outre ces deux renflements latéraux, il existe entre eux
en arrière et en haut, une troisième éminence moins large
que les autres et donnant passage h la portion membra^
neuse de l'urètre, aux vaisseaux et aux nerfs du bulbe et
aux deux conduits excréteurs des glandes de Cowper, qui
sont couchées immédiatement en arrière, au milieu d'une
roa5se veineuse.
Une enveloppe fibreuse contient partout le bulbe; mais
elle devient plus mince vers le sommet des deux hémi-
sphères, pour leur permettre de former une saillie plus
considérable lorsqu'ils se remplissent de sang.
Le parenchyme du bulbe envoie en arrière et en haut un
prolongement tubiforme qui se continue h travers la portion
prostatique jusque dans le col vésical, lance des ramifica-
tions rayonnantes dans les parois antérieure et inférieure
de la vessie, et disparait insensiblement entre les membranes
vésicales, en s'abouchnnt avec les veines vésicales exté-
rieures. Ce prolongement vasculaire se déploie très riche-
ment sur le verunwntanum^ et donne h ette éminence
toutes les propriétés d'une crête érectile. Par suite de ce
faîl, c'est-è-dire par la présence du tissu érectile dans le
20 COPULATION.
capvt gallinaginis^ in vessie est nrmée d'un obturateur qiii^
pendant l'érection, empêche le sperme de tomber dons le
réservoir urinaire, et rend très difficile l'expulsion des
urines. Chez la femme, où ces dispositions anatomiques
n'existent pas^ il n*est pas rare de noter rémission urinaire
comme un des troubles qui accompagnent le coït, et Gûn-
Iher rappelle que chez la jument, pendant qu'elle est cou-
verte, il y a émission d'urine et écoulement du mucus par le
va{;in.
D'après M. kobelt, les veines qui ramènent le sang hors
du bulbe, sont :
l*" i<es troncs qui perforent la paroi supérieure du bulbe
derrière la bifurcation des corps caverneux, environ è
13 millimètres avant le pofinl de jonction de la portion
membraneuse de l'urètre avec le bulbe. Ces vaisseaux se
dirigent en haut, derrière la symphyse du pubis jusque dans
le labyrinthe veineux de Santorini : venœ bulbo-uretrales.
!2<* D'autres troncs naissent du collictdus bulbi intertne-
dius^ se dirigent en nrrière et latéralement, et se réunissent
aux veines honteuses : venœ bulbosœ.
Quiinl au sang artériel, il arrive au bulbe par six artères
constantes d'un rertnin calibre, à sa\oir : les deu.r bul-
bernes, les (leu.v bulb<i-urélrales cl les rameaux principaux
dex deux dorsales de la verge. « Ot appareil, ajoute
M. Kobelt, est visiblement plus riche en artères (au point
de \ue absolu et relatif) que les rorps caverneux de la verge,
organe de transmission, plus considérables cependant et plus
volumineux que lui.
» Le bulbe est, au contraire, très pauvre en neifs: il ne
revoit qut: des nerfs ganglionnaires, et les lilets assez con-
sidérables du nerf honteux qui paraissent s'v rendre sont,
sehm toute a|)parence, destinés au muscle bulbo-ca\erneux,
ACTE GOPULATEUK CHEZ l'uoMME. 21
à la peau du périnée et à la surface postérieure du scrotum.»
Muscle bulbo-caverneux. — Ce muscle joue, dans la
théorie de l'érection que j'adopte, un rôle assez important
pour que j'en emprunte la description entière au livre de
M. Kobelt.
a Ce muscle pair aplati, se compose essentiellement de
deux couches superposées :
» 1* La couche musculaire superficielle du bulbo-ca?er-
neux natt du raphé fibreux situé sur la ligne médiane ^ elle
représente les derniers vestiges de la fente embryonnaire
du périnée (sinus uro-genitalis), ou plutôt elle résulte de
la réunion ultérieure des deux moitiés latérales de cette
région. En effet, cette couche superficielle se subdivise en
deux portions, dont les fibres confondues à leur origine,
s'insèrent cependant dans des points tout, à faits diift;rents.
Ainsi :
» A. Les fibres des trois quarts postérieurs de cette
couche superficielle s'ajustent (en se dirigeant en avant et
en dehors) autour de la surface inférieure cl latérale du
bulbe, et se terminent par un feuillet tendineux qui se
réunit sur la ligne médiane supérieure avec le muscle du
côté opposé. Cette portion du muscle embrasse donc le
bulbe, sous forme d'une gatne musculo-fibreuse, qu'on peut
isoler complètement etqui doit comprimer le bulbe d'arrière
en avant (mttëculiiscofnpressorlnilbiproprius). Le sphincter
externe de l'anus et le muscle transverse superficiel du
périnée s'unissent en arrière sur la ligne médiane, à cette
première portion du bulbo-caverneux.
» B. Le quart antérieur des fibres de cette couche mus-
culaire superficielle contourne, de chaque côté, la racine
de la verge, logée dans une espèce d'étranglement inaperçu
jusqu'ici; arrivé sur la face dorsale du pénis, il se termine
i'2 COFtLAIIU.N.
avec les libres du côté opposé, dans un feuillet londineuiiL
commun qui recouvre les vaisseaui et les nerfs dorsaux.
Dans ce tendon sont quelquefois comprises les libres mus-
culaires très courtes, que Krauss a ligurées, mais qu'il a
rapportées au tendon du musrie ischio-caverneui. D'après
cela, l'action de cette portion musculaire ne s'étend pas
seulement à la partie antérieure du bulbe, mais encore en
même temps sur la racine, les vaisseaux et les nerfs de la
verge (véritable inwsculus hulbo-cavernosus^ seu mwcului
emstrictor radicis petits^ scu compressorvenœdorsalù).
» Toute cette couche musculaire superiicielle, même
dans le plus grand degré d'expansion du bulbe, ne repose
sur cet organe que d'une manière très lâche; ses Sbres pri-
mitives présentent des stries transversales.
w 2* La couche profonde se compose de deux moitiés
latérales symétriques ; mais clic ne s'étend que sur la pro-
tubérance postérieure du bulbe. Ses fibres naissent de
rétranglement tendineux longitudinal qui existe à la sur-
face inférieure et postérieure du bulbe jusque vers le colli*
eulus huibi itUermediiis ; les fibres antérieures de celte
couche se dirigent transversalement autour de l'hémisphère
du cAté correspondant. Les fibres moyennes recouvrent la
face convexe de cet hémisphère du colliculiis intermedius
InUbi ; enfin , toutes ces fibres convergent et finissent
ensemble par un tendon étroit aplati, qui s'unit au tendon
du cAté opposé au-devant de l'entrée de la portion membra-
neuse de l'urètre dans le bulbe.
» Ces deux moitiés embrassent donc, d'après cela, les
deux hémisphères du bulbe à la manière d'une fronde ou
d'une roiiïe musculaire. Elles sont séparées de la couche
superficielle par du tissu cellulaire dans lequel rampent des
nerfs; elles s'en distinguent encore par la direction et Tin-
ACTE CUPULAlEiJR CHEZ L^ilUMME. 2S
sertioii de leurs Gbres. Cette couche profonde, exclusive-
ment destinée a comprimer les deux hémisphèrest pourrait
être désignée comme muscle particulier, sous le nom de
musculus compressor hemisphœrium bulbi. Ses libres pri-
mitives présentent des stries transversales. »
Corps caverneux. — Les corps caverneux prennent une
grande part dans le phénomène de l'érection, mais semblent
ne jouer aucun rùle dans la manifestation de la volupté.
Cette manière de voir est manifeste chez certains animaux
dont la très grande partie de la verge est constituée par un
os, comme chez Tours, la marte, le chien, le phoque, la
loutre, le raton laveur, le blaireau, etc., etc. D'ailleurs,
quand même les nerfs, en très petit nombre, qui se rendent
aux corps caverneux, donneraient à ces parties une certaine
sensibilité, celle-ci serait toujours très inférieure à la sensi-
bilité exquise du gland, surtout si Ton considère que les
corps caverneux du pénis sont enveloppés, comme par une
forte cuirasse, par une membrane tendineuse, dure, insen-
sible, qui, chez certains animaux, constitue la majeure
partie de cette subdivision de la verge. Des expériences ten-
tées par M. Kobelt sur des chiens, il résulte qu'une irrita-
lion compressive exercée des deux côtés de la verge à l'état
d*érection, si elle n'atteint pas les nerfs dorsaux, n*a pour
ciïct ni chatouillement voluptueux, ni mouvement réflexe
du muscle bulbo-caverneux, ni même du muscle ischio-
caverneux.
Bien évidemment, les corps caverneux n'ont d'autres
fonctions que celles de supporter les organes du plaisir, de
les introduire dans le lieu qui leur est réservé et de servir
d'excitant aux parties voluptueuses de la femme.
Jusqu'en ces derniers temps, on avait prétendu que les
racines des corps caverneux s'inséraient sur la lèvre interne
S/i GOPUrATIO>.
deTischion. M. Kobelt a le premier conslatii qu'elles sonl
situées au devant de l'arcade pubienne, contre laquelle ces
parties sont comme accolées, et que leur face postérieure
seule repose sur les crètestrnnchantes delà lèvre eiterncdc
la branche descendante du pubis, et cela par une surface
linéaire. Cette position , qu'il était important de fixer,
comme on le verra dans plusieurs parties de cet ouvrage,
a sollicité mon attention, et je me suis plus d'une fois
assuré du fait avancé par M. Kobelt sur des verges parfai-
tement injectées.
J'ai é{;alemcnt constaté sur les mêmes pièces, que chaque
racine, avant de se réunir avec celle du côté opposé,
présentait un ronflement bulbiforme, signolé seulement
par quelques anatomistes, et ignoré par le plus grand
nombre. J'ai même cru remarquer que ce bulbe était plus
prononcé à droite qu'h gauche, circonstance qui me parait
tenir a l'habitude de déjeter la verge à gauche, dans l'in-
tention d'éviter In coulure médiane du pantalon.
La partie antérieure des corps caverneux se prolonge et
se perd dans la substance du gland ; de plus, le bord supé-
rieurdc leur cloison dépasse l'extrémité antérieure conoiile
des corps caverneux, sous forme d'une gorge ouverte par
en bas, sous laquelle la partie antérieure du canol de
l'urètre se dirige vers son orifice cutané. De ce prolonge-
ment compacte et tendiniforme de la cloison, descendent
encore, dans la couronne du gland, en dehors et en bas,
deux autres prolongements ailés destinés à servir de base à
ce bourrelet si sensible.
La forme générale du corps de l'organe est plutrtl fusi-
forme que cylindrique, et sa plus grande ampleur existe
dans son tiers antérieur. Dans un membre parfaitement
injecté, on remarque sur toute la longueur du pénis des
ACTE COPULATELR CUKZ L*UOMMB. 25
sillons transversaux étroils qui servent à recevoir et à Kxcr
les branches de la veine dorsale et à les protéger contre
tout frottement, contre toute compression pendant le coTt.
L'écoulement du sang provenant des dcu\ corps caver-
neux du péniSy se Tait, d'après M. Kobelt, de la manière
suivante :
« l"" De la gouttière inférieure du corps de la verge, à
travers des fentes particulières, entre les fibres transversales
de l'enveloppe fibreuse, naissent de nombreuses radicules,
qui montent vers la veine dorsale comme des vaisseaux dis-
tincts, ou se réunissent aux veines du corps spongieux de
Turètre. Ses veines provenant de la racine de la verge, ne
se rendent plus à la veine dorsale; mais les unes se déver-
sent dans le réseau veineux situé sur le côté de la racine,
et les autres remontent pour se joindre aux veines cutanées
abdominales
V 2^ Sur toute la surface dorsale de la verge, sur tout le
long de la cloison, de nombreux rameaux très courts émer-
gent des corps caverneux et s'abouchent avec les rameaux
el le tronc de la veine dorsale. On constate le mieux leur
existence et leur origine en fendant le tronc elles rameaux
de la veine dorsale; une sonde introduite dans ces vais-
seaux pénètre jusque dans le corps caverneux du pénis.
» â* De l'angle formé par la bifurcation de la racine de
la verge, surgissent plusieurs gros troncs veineux, placés
sur lescAtés delà veine dorsale, qui se dirigent sous l'arcade
pubienne et se jettent derrière celle-ci dans les plexus pros-
tatique et vésical. Ces veines profondes du pénis paraissent
être les principaux vaisseaux efférents de l'organe de trans-
mission.
» &* Enfin, j'ai vu encore plusieurs veines sortir de la
face interne des piliers de la verge, en passant entre les
S6 COPILATION.
fibres des muscles ischio-cavcriieux, reno* frii/6as(P;x?ni5;
en partie, elles donnaient leur sang à la veine honteuse ; en
partie aussi^elles contournaient les racines delà >erge pour
se rendre dans la veine obturatrice. »
Quant aux artères des corps caverneux de la verge,
IVl. Kobelt se croit en droit d'établir, d'après ses recherches,
les propositions suivantes :
a li'artère honteuse, après avoir fourni des deux côtés
Tartère bulbo-urétrale,se divise en dorsale et en profonde
de la verge ; celte dernière envoie dans la profondeur un
rameau de 1 millimèlre d'épaisseur qui |)éiiètrc dans le
renflement de la racine du corps raverneux {artenabHUH)sa
penis)^ et s'y divise aussitôt en un lacis vasculaire très abon-
dant, aux ramifications ténues duquel pendent des diverli^
cidum artériels réunis en loulTes comme les fleurs de chè-
I refeuille. Un nimuscule distinct de ce lacis se dirige en
arrière, dans l'extrémité inférieure du pilier; un autre
rameau se rend en avant, dans l'intérieur du corps caver-
neux, pour s'anastomoser en cet endroit avec l'ortère caver-
neuse de la verge.
» En eflct, l'artère profonde s'unit dans Tangle de la
racine de la verge avec celle de l'autre côté, en une arcade
vasculaire très courte, de la convexité de laquelle, de
chaque côté, part une artère caverneuse du pénis, qui
pénètre, d'arrière en avant, dans le corps caverneux cor-
respondant, et s'y prolonge jusqu'à son extrémité anté-
rieure. De cette manière, elle fournit de nombreux rameaux
au parenchyme des corps caverneux, et contracte des anas-
tomoses fréquentes avec sa congénère, à travers la cloison
des corps caverneux du pénis. Klle est aussi munie de diver-
ticulum artériels, quid(*vicnnrnt plus rares en avant. Entin,
des rameaux de diverses grandeurs, provenant de l'artère
ACTE COPULAIËUU CHEZ l'iIOMME. "21
dorsale du pénis, pénètrent de haut en bas dans la profon-
deur des corps caverneux.
» Oa estime facilement que ces petites artères doivent
apporter dans le corps si volumineux de la verge, du sang
artériel en bien moins grande quantité que ne le font les
six artères assez considérables qui fournissent au bulbe, au
corps spongieux et au gland. Au reste, si l'organe passif
(gland^ corps spongieux et bulbe) a besoin, pour entrer en
action, d'un sang artériel viviGant, l'organe de transmis-
sion (t^er^e), au contraire, parait plutcH être mis en jeu par
la rétention du sang veineux. »
Les travaux de Tiedemann, de Mayer, de Millier, de
Valentinetde M. Kobelt lui-même, nous apprennent fort
peu de chose sur la distribution des nerfs dans le paren-
chyme des corps caverneux du pénis. On sait seulement
qu'ils viennent presque tous du système sympathique ;
mais on ignore si les 6lets qui les traversent leur appar*-
tiennent en propre.
Muscle isghio-gaverneux. — Aux corps caverneux du
pénis se trouve annexé le muscle ischio-caverneux. Si Ton
injecte la verge et si Ton enlève le bulbe, ce muscle répond
h la forme générale des piliers des corps caverneux, qu'il
dépasse beaucoup en longueur en bas. Sa longueur est de
8 centimètres ; il se compose d'une partie inférieure charnue
et d*une partie supérieure tendineuse. Ses faisceaux mus-
culaires proviennent de trois points différents, sans cepen-
dant être divisés en trois chefs distincts.
La partie moyenne ou principale prend son point de
départ à âO-AO millimètres, sous l'extrémité arrondie du
pilier de la face interne de la tubérosilé de Tischion, se
dirige en haut, soit sous la branche de l'arcade pubienne,
pour se rendre sur le pilier de la verge, où elle se termine
Ûa COPULATION.
h peu près tout entière dans un feuillet teudineux triangu-
laire. Ce dernier recouvre le bulbe du pilier de la verge,
de telle façon que sa base repose sur Tétranglement de la
racine du pubis. D'autres Bbres musculaires partent de la
lèvre interne de rurcade pubienne et se dirigent oblique*
ment en avant et en haut vers le bord interne de ce feuillet
tendineux. Une troisième portion nait de la lèvre externe
de l'arcade pubienne, se dirige en liaut et en avant et s'at-
tache au bord externe de l'aponévrose triangulaire de la
première portion.
L'ischio-cnverneux, ajoute M. Kobelt, n'est donc pas
un muscle rubané, mais un muscle creux, en forme de
cornet, qui renferme dans sa cavité toute la surface libre du
pilier et de son bulbe.
La nouvelle théorie explicative de l'érection, moin<
encore que les déductions pathologiques qu'on en peut tirer,
sont mon excuse pour la longueur des détails anatomiques
que je viens d*oxposer ; on en comprendra toute l'importance
alors que j'établirai sur ces données tout un groupe de
causes d'impuissance, et que je fonderai également sur elles
tout un système de médication.
Mais il me faut a présent poursuivre l'œuvre physio-
logique , et expliquer comment agissent les uns sur les
autres les divers organes que je viens de passer en revue,
gour produire, non -seulement l'érection, mais encore les
sensations voluptueuses inhérentes h l'acte de la copula-
tion.
Lorsque l'instinct ou la volonté éveille en nous l'orgasme
lénérien, il se produit au gland une excitabilité spécifique,
sut generiSy propre au sens génital ; cette excitabilité, qui
n'u aucune analogie avec la sensibilité générale, puisqu'elle
ACTE COPULATBUR €HEZ l'hOMMB. 29
ne .saurait être éveillée par l'impression des agents extérieurs,
a cependant de tels rapports avec celte sensibilité que relie*
ci ne tarde pas à entrer en jeu et à faire éprouver son
action à l'appareil nerveux si riche du gland. La vie propre
de celui-ci commence alors; il devient pour Tindividu un
organe tout à fait nouveau dans lequel Téréthisme vénérien
se développe par suite des changements survenus dans sa
sensibilité.
Cet éréthismc du gland appelle dans son parenchyme un
alllux plus considérable de sang artériel, lequel est néan-
moins insuffisant et ne détermine pas une compression inté-
rieure assez intense et assez rapide pour produire l'excita-
tion vénérienne. Il faut ici, dit M. Kobelt, quelque chose
d'analogue au choc du cœur, un cœur des organes sexiœls.
C'est l'appareil musculaire du bulbe, inactif pendant la
première période, qui, dès le début de la seconde, est mis
en mouvement par l'excitation du gland : phénomène
réflexe qui a pour eiïet la participation involontaire de cet
appareil musculaire.
Ainsi, pour relier entre elles les actions diverses du gland,
du corps spongieux de l'urètre, du bulbe et du muscle
bulbo-caverneux, nous devons considérer tout cet appareil
comme une véritable machine hydraulique, dont le jeu accroît
û chaque instant la force motrice. L'éréthisme vénérien,
en éveillant la sensibilité générale du gland, attire dans
cette partie une plus grande quantité de sang, dont l'elTot
est d'augmenter suffisamment la sensibilité générale pour
qu'elle aille retentir dans les centres nerveux. Par suite,
l'excitabilité des muscles bulbo-caverneux est éveillée à son
tour, et ses contractions, en comprimant le bulbe, chassent
vers le gland, par le corps spongieux de l'urètre, un plus
grand afflux de sang, lequel augmente encore la sensibilité
30 COPULATION.
(iii gland qui, à son tour, double l'énergie contractile du
muscle bulbo-caveriieux et, oinsi de suite, jusqu'au moment
où rémission du sperme, annonçant que la fonction est
remplie, ramène le calme au milieu de tout cet appareil si
violemment agité.
L'expérience, dit M. Kobelt, m'a démontré que la na-
ture emploie eiTectivement ce moyen. Sur des chiens
récemment étranglés ou sur le point d'être asphyxiés par la
strangulation, chez lesquels j'avais mis à nu la racine de
la verge depuis en bas jusque sur le muscle bulbo-caver-
neuXy chaque fois que j'excitais le gland plus ou moins
turgescent, le muscle bulbo-caverneux se contractait, par
saccades, sur le bulbe rempli de sang et poussait par coups
rapides le liquide à travers les conduits vasculaircs du corps
spongieux de l'urètre jusque dans le gland qui arrivait ainsi
à un développement complet. Souvent une seule excitation
était suivie de plusieurs de ces contractions régulières rhyth-
miques ; durant ces alternatives de contraction et de dila-
tation, on vojait le sang aniuerpar les artères dans le bulbe,
en être expulsé et porté vers le gland ; on ne saurait mé-
connaître une ressemblance Frappante de ce mode d'action
avec la systole ei la diastole du cœur.
Les contractions du bulbo-caverneux sont également
appréciables chez l'homme pendant le coït ; elles sont mani-
festement sensibles à la région du périnée et sous la sym-
physe du pubis.
D'autres circonstances secondaires augmentent encore la
sensibilité du gland à chaque propulsion de In verge intro-
duite dans le vagin : le prépuce est ramené sur la couronne
du gland; et le frein est tiré en arrière et en bas, de manière
que la peau du gland, dont la sensibilité est déjà si forte-
ment exaltée, se trouve tendue autant que possible par ce
ACTE COrULAIEUR CHEZ l'hoMME. 31
petit ligament vi soumise h une friction immédiate avec les
parois, elles-mêmes turgescentes, du vagin.
Les corps caverneux de la verge dont je n'ai pas parlé
josqu'à présent sont soumis au même mécanisme que les
organes dont je viens de m'occupcr. Leurs racines, que Ton
peut comparer au bulbe, sont recouvertes par les muscles
ischio-c^verneux et comprimées par eux pendant leurs
contractions déterminées par l'irritabilité du gland.
Cependant, malgré le mécanisme dont je viens de rendre
compte, les nerfs du gland n'arriveraient pas è l'état de
compression momentanée désirable , si le sang pouvait
s'échapper de l'appareil avec chaque contraction des mus-
cles bulbo-caverneux et ischio-caverneux.
« Pour prévenir ce dégorgement trop rapide, dit M. Ko-
belt en parlant de l'organe qu'il appelle passif (gland, corps
spongieux de Turètre, bulbe et muscle bulbo-caverneux),
la portion antérieure du muscle bulbo-caverneux, c'est-ù-
dire le muscle compresseur de la racine de la verge, com-
prime le tronc déférent veineux principal de l'organe passif,
à savoir, la veine dorsale du pénis qui passe sous son ten-
don; en même temps le bord supérieur du muscle com-
presseur des hémisphères embrasse è la manière d'un
sphincter les veines bulbeuses qui «laissent du colltculus bulbi
inlermedius. De cette façon, chez l'homme, le sang est
retenu dans le gland d'une double façon au moyen du
même appareil musculaire, qui y détermine un afDux san-
guin plus considérable, en même temps qu'il s'oppose à
récoulement trop rapide de ce liquide. »
En ce qui concerne les corps caverneux, M. Kobelt n'a
pas été plus heureux que ses devanciers dans la recherche
de l'appareil de rétention pour les grosses veines profondes
qui passent sous la symphyse du pubis, émergeant des corps
32 Lori'UTion.
csvL'rticui. (Cependant les vipérienccs tcrili-cs iluris o' l>ut
ilorineiil ;i [lenser que rct obsincie l'xtsle, et M. hubelt
croit iju'il y est (leut-^tro constitué par les petits reuiltcls
niembruiieut situés sur 1» face interne de la giiliie rii)reuse
des l'orjis cuverneux, qui fiTment, coiume des valvules, les
(irilices internes de ces vaisseaux cITérents.
Telle est la tliéorie de M. kobelt sur l'érection el sur
les sensations voluptueuses du sens génital.
l'our on faire comprendre toute la (alfur uu point de
vue de l'impuissonre el cicuscr ainsi les développements
que j'ai donnés â .ion eiposilioii, il me suflira, devançant
ici un chapitre de cet ouvrage, d'indiquer la palhogénie
toute nouvelle de l'nnapiirodisie qui en découle.
Les phénomènes qui se produisent dans l'érection sont,
dans l'ordre suivant : 1" excitation du gland; S'alllut plus
considérable de fan^ artériel vers cette jiarlie ; 5" contrac-
tion des muscle» bulbo-covenicut et iscliio-cavcrneut;
h" refoulcmeiit du i^iin^ du bulbe dans le corps spongieux
de l'urètre; 5" enlin compression de In veine dorsale du
pénis par ht portion antérieure du muscle liulbo-cavcrneux.
Si quelqu'un de ces phénomènes est entravé dans sa
marche, l'impuissance se produira. Supposez que le laciti
veineux qui constitue le corps spongieux de l'urètre pré-
sente des tumeurs variqueuses ou que le muscle bulbo-
caverneux soit frappé de paralysie ; le sang, n'arrivant pi*
en suffisante quantité au gland, ne pourra continuer l'exci-
talion primitive de celui-ci, et l'éréthismc vénérien, se tas-
sant d'appeler en vaîn la sensibilité générale du gland, s'é-
teindra au milieu de ces efforts inutiles.
Les indications thérapeutiques seront également diiïé-
rcntes, »eloii que l'on aura ii combattre une varici
darsljuie.
J
ACTB COPDLATEt'R CHEZ LA FEMME. ââ
Od verra, quand je serai arrivé à celte partie de mon
travail y quelle part minime il faut faire désormais, dans
l'étiologie de Timpuissance, à l'influx nerveux, ce bouclier
de l'ignorance, et combien souvent Tanaphrodisie reconnaît
pour cause des lésions matérielles aussi appréciables à
l'observateur que celles de tout autre organe du corps
humain.
S II. — Aele eopalate«r cImb la femme.
Chez l'homme le coït n'est complet qu'à la condition
d'an sentiment voluptueux pendant l'éjaculation sperma*
tique; de même chez la femme, la copulation n'est entière
que lorsque le plaisir accompagne l'approche du mAle.
Sans doute plus favorisée que l'homme, la femme, en
dehors de quelques vices de conformation et de quelques
cas pathologiques que je ferai connaître ailleurs, peut tou-
jours, du moins passivement, se prêter au rapprochement
des sexes; mais si son sens génital n'est pas tiré de sa tor-
peur, si sa sensibilité reste étrangère à l'acle, si, en un
mot, l'orgasme vénérien n'a pas porté le trouble dans son
organisme , l'action copulatrice est physiologiquement
incomplète, aussi incomplète que si le membre viril se con-
tentait d'exciter le clitoris, sans pénétrer dans la cavité
vaginale.
J'aurai donc k examiner la copulation chez la femme au
double point de vue :
1* Du rôle que jouent ses organes dans leurs rapports
atcc ceux de l'homme;
2^ De la volupté qui chez elle, comme chez l'homme,
complète l'acte copulateur.
L'intromission de la verge dans le vagin n'impose à la
3
&l\ <:0I>1 LATION.
rumine (|u'un rAjc entièrement pn^sif; la conformution île
>es oriinncs la dispense >uns ce rapport de toule prépora-
tion antérieure, et pour accomplir cette partie de Ttictc,
elle n'a besoin ni d\*\cilation M'nériennCy ni de désirs ero-
tiques y il sullit que sa volonté s'elTace et livre sans opposi-
tion l'appareil copulateur.
Mais il n'en est pas de même pour la volupté qu'elle doit
trouver dans le coït; ici sa volonté, à défaut de l'instinct,
est nécessaire pour faire naître jes désirs vénériens et rendre
è la fois le plaisir plus vif et plus complet; ensuite ce
plaisir est, comme chez Thommc, le résultat d'un méca-
nisme dont les troubles correspondent à des états morbides
qui devront m'occuper plus tard.
Je dois donc ici, h rexem|ile de ce que j'ai fait pour
l'homme, examiner ce mécanisme tout à la fois en repos et
en activité.
C'est encore à IVI. Kobelt que nous emprunterons la
solution de ce nouveau problème (1).
L'appareil sensuel chez la femme est analogue à celui
(1) Sans vouloir en aucune fa(;on diminuer la valeur des bejlos re-
cherches de M. KolHîit , je dois à la vérité de dire que le musée analomique
de la Faculté de médecine de Paris possède, admirablement préparés,
left a|>|>areils et le« organes dont parle le professeur de Fritx)urg : que
la très grande majorité do ces pièces sonl antérieures à la pul)lication
do In Mmuujrnphie do M. Kobelt. et je citerai entre autres la prépara-
tion des bulbes du vestibule et du réseau intermédiaire, faite en 1843
par M.Jarjavay, et qui porte le n" 95. L'ouvra;ze de M. Kobelt n'a
paru qu'en 1H44 et n'a guère été connu en France que par la traduc-
tion qu'en a donnée* M. Kaula en 1H5i. Si la plupart des détails ana-
tomiques fournis par M. KolK*lt perdent ainsi un peu de leur pri-
meur, il reste au professeur de Fribonrg tout le mérite physiologique,
et il peut entièrement revendiquer comme lui appurleoanl en propre
la théorie qu'il a su en déduire et que j'ai exposée plus haut.
ACTE COPULATBDH CUfl l\ FEMME. SB
que nous menons d'étudier chez l'hoiniDe, et Iq ro.c(w)nisQ)p
de l'un est entièrement identique avec celui de l'autre.
Le gland du clitoris, la partie la plus sensible (je Iput
rappareil, est mis en relation a\oc les deux bulbes au moyen
d'un réseau veineux que M. Kobelt appelle réseau inlef**?
médiaire.
Les (Jeux bulbes du vestibule, placés sur les parties laté-
rales de l'entrée du vagin, sous les branches de Tarcajje
pubienne, ont non-seulement la même fonction que nous
avons vue dévolue au (julbe de Thomme, mais encore ils
activent la copulation en resserrant l'entrée vaginale, et
par conséquent en comprimant la verge.
Ce double elTet est obtenu au moyen du muscle con^
strictor cunni^ qui, malgré la confusion dans laquelle sont
tombés beaucoup d'anatomistes, est l'analogue du muscle
bulbo-cavernenx chez l'homme.
Je ne re\iendrai pas ici sur le mécanisme du sens génital
qui m'a longuement occupé dans le paragraphe précédent ,
il est exactement le même chez la femme; seulement je
dois ne pas laisser dans l'ombre une circonstance heureuse
pour le développement de la volupté chez elle, circonstance
depuis longtemps signalée par Liculaud, quand il disait :
«Le clitoris n'a point la direction de la ver^^e; il se porte
dans un sens contraire, c'est-à-dire de haut en bas, sans
qu'il puisse se relever dans son action (1). » Celle direction
du clitoris, déterminée par les éléments anatomiques qui
l'entourent, en déjetant son ginnd au-devant du rebord su-
périeur de l'entrée vaginale, augmente les frottements que
|a verge est appelée h exercer sur l'organe le plus sensible
de l'appareil génital chez la femme, et accroît par consé-
(1) Euai» anatomiquen, volll, p. 310.
36 COPULATION.
qoent chez elle la somme dos voluptés qui lui est dévolue.
Le vagin, quoique moins bien doté que l'iipporeil dont
je viens de parler, est cependant pourvu d'un tissu éreclilc
qui rampe dans foule sa longueur, entre les diverses mem-
branes qui le constituent. liS partie la plus étroite de ce con-
duit se trouve à Tentrée, circonstance remarquable au poiot
de vue du plaisir chez l'homme et chez la femme. Enfin, la
volupté de cette dernière est encore augmentée par la pré-
sence des poils qui garnissent le mont de Vénus, et dont
rinfluence sur la sensibilité de cette partie n'avait pas
échappée Carus (1).
S III. — C«palatloa.
Dans les deui paragraphes précédents j'ai fait connaître
séparément, dans chaque sexe, Tappareil qui sert à leur
rapprochement, et j'ai essayé, d'après M. Kobelt, de rendre
physiologiqucment raison des sensations voluptueuses que
l'un et l'autre éprouvent dans la satisfaction de leurs désirs
vénériens.
Il nous faut maintenant assister à ce ropprochement,
étudier : l"" le double mécanisme que j'ai décrit, et ^ l'é-
branlement que l'exercice de la fonction génitale imprime
à tout l'organisme; en un mot, il me faut parler du coït,
de la copulation proprement dite.
Étudié dans la sphère des or<;anes copulatcurs, c'est-
à-dire examiné dans les phénomènes purement locaux, le
coït ne peut avoir lieu qu'après une période de prépa-
ration pendant laquelle les organes des deux sexes entrent
en érection sous Tinfluence de l'éréthisme vénérien. Quand
le membre viril pénètre dans le vestibule, le gland du pénis
(I) Phyniohiçie, vol. III. p :\^.
CUPULAIION. 37
vient heurter le gland da clitoris qui, placé à l'entrée du
canal copulateur, peut céder et se Qéchir à la faveur de sa
position et de l'angle que fait son corps. Après cette pre-
mière excitation des deux foyers sensitifs, le gland pénien
glisse sur le rebord des deux bulbes, par un mouvement
brusque et saccadé; le collet et le corps du pénis sont em-
brassés par la saillie de ces bulbes; le gland, au contraire,
qui s'est avancé plus loin, est en contact avec la surface
fine et délicate de la muqueuse vaginale, rendue elle-même
élastique par la doublure que lui constitue le tissu érectilo
que j'ai dit ramper entre ses membranes. Cette disposition,
en permettant au vagin de se* mouler sur le volume de la
verge, augmente encore la turgescence, et par conséquent
la sensibilité du clitoris, en forçant le sang, chassé des parois
du vagin, de se rendre, en partie du moins, aux bulbes du
vestibule, à travers les veines émissaires dépourvues de val-
vules, et de parvenir ainsi, d'une manière médiate et directe,
jusqu'au clitoris. A son tour, la turgescence, et par consé-
quent la sensibilité du gland pénien, est accrue par l'action
compressive du tissu vaginal de plus en plus turgescent et
par celle des deux bulbes du vestibule.
De plus, le clitoris, abaissé fortement et porté h la ren-
contre de la face dorsale du gland et du corps de la verge,
par la portion antérieure du muscle compresseur, subit de
la part du pénis et lui inflige à son tour des frottements vo-
luptueux, de sorte que chaque mouvement de copulation
influe à la fois sur les deux sexes, et concourt, au point
culminant de cette excitation mutuelle et réciproque, à
amener d'un câté l'éjaculation et de l'autre la réception
de la liqueur séminale dans la matrice.
M. Kobelt, en terminant sa monographie, se croit en
mesure de décider auquel des deux sexes appartient la plus
86 COPULATION.
grande somme do volupté dans Tacle vénérien. Je ne sais,
en présence do lodtcs les rircoiistances qui influent sur le
sens génital, s'il est possible de résoudre à priori un sem-
blable [irobleme. Ce|M*ndnnt la question a trop souvent
tlC(:upé des hommes srrioux, pour que je ne fasse pas con-
Aaitrô la pensée de M. Kobolt, résuméo ainsi dans une note
finale : « Avor ers donnoos analomiques et physiologiques,
dit-il, si nous essayons de résoudre In question, controversée
Itïii de fois, relativement à la somme de volupté ou d'or-
gasme qui revient à chacun des sexes dans Pacte de la copu-
lation, nous trouverons, quant à Tindividu féminin, que la
dimension considérable de ses bulbes, comparée au \olume
du gland du clitoris, que leur action immédiate sur cet
organe, que la compression (Miergi(|ue qu*ils éprouvent de
la part de l;i vcrj^o, et surtout le grand nombre de nerfs
concentrés dans un si petit espace { multum in minimo)^
tout cela joint a la grande sensibilité générale de la femme,
sont aut int de raisons pour nous faire admettre que la part
qui lui revient est la plus considérable. >^
Plus tard, lorsque j'étudierai Tirifluence du tempérament,
de la ( onslitution et d'une foule de circonstances tant par-
ticulières que générales, on se convaincra que si la question
de la différence de volupté entre les deux sexes n'a pas
encore reçu une solution convenable, on se convaincra, dis-
je, que la question est insoluble au milieu de toutes les
conditions diverses dont on ne peut faire une abstraction
entière; et cela est si vrai, qu'il est très diflicile de dresser
le tableau exact et complet des phénomènes généraux qui
accompagnent le coit: tandis que chez l'un la volupté se
traduit par quel(]iies tressaillements ù peine sensibles, elle
atteint chez l'aulre le paroxysme de l'exaltation tant morale
que physique. Les nuances, entre ces deux étals extrêmes,
COPULATION» 39
sont intiiiies : la circulation s'accélère, les artères battent
fortement; le sang veineux, arrêté dans les vaisseaux par la
contraction des muscles, augmente la chaleur générale, et
cette stagnation, plus prononcée au cerveau par la contrac-
tion des muscles du cou et le renversement de la tète en
arrière, détermitie une congestion cérébrale momentanée,
pondant laquelle rintelligènce se perd et toutes les facultés
^'anéantissent. Les yeux, violemment injectés, deviennent
hagards, et rendent le regard incertain, ou, dan^la majorité
des cas, se fernlent spasmoJiquement pour éviter le contact
de la lumière.
La respiration, haletante et entrecoupée chez quelques-
uns, se suspend chez quelques autres par la contraction
spasmodique du larynx, ot l'air, quelque temps comprimé,
se ftfit enfin jour au dehors, à tnivers des paroles sans suite
et des mots inconnus.
Les centres nerveux, conj^estionnés comme je le disais
tout è l'heure, ne communiquent plus que des sensations et
des volitions confuses : la motilité et la sensibilité accusent
un désordre inexprimable ; les membres, saisis de convul-
sions et quelquefois de crampes, s'agitent dans tous les
sens, ou se tendent et se roidissent comme des barres de fer;
les mâchoires, serrées Punè contre l'autre, font grincer les
dents, et quelques personnes portent It^ délire erotique
si loin, qu'oubliant le compagnon de leurs voluptés, elles
mordent jusqu'au sang une épaule qu'on a l'imprudence de
ien^ abandonner.
Cet état frénétique, cette épilepsie et ce délire dureÂt
peu d'ordinaire; ils suffisent cependant pour épuiser les
forces de l'organisme, surtout chez l'homme où cette sur-
excitation se termine par une évacuation de sperme plus ou
moins abondante. Une prostration arrive alors, et d'autant
4U COPULATION.
plus forte que réréthiëmca été plus violent. Cet abattement
subit, cetle faiblesse générale et cette tendance au sommeil
i]ui s'emparent Je l'homnic après la consommation de l'acte,
sont incontestablement dus à l'émission de la liqueur sémi-
nale, car la femme, quelque énergie qu'elle ait apportée dans
le coït, n'éprouve qu'une lassitude passagère incompara-
blement inférieure à la prostration de l'homme, et qui loi
permet bien plus rapidement qu'à ce dernier la répétition
de l'acte. fiTriste est omne animal post coitum , prœtermu-
lierem gallumquej » a dit Galien, je crois, et cet axiome
est essentiellement vrai pour l'espèce humaine.
A partir de ce moment, la fonction génératrice échappe
a notre conscience; le râle de l'homme est fini, celui de la
femme commence h devenir réellement actif. Mais tout, au
début, s^e passe encore à son insu; ce ne sera que plus tard,
•lors que la formation m>\^térieuse d'un nouvel être sera
consommée, qu'elle acquerra In connaissance des droits et
des devoirs nouveaux qui lui sont dévolus par la nature.
Mais, pour la formation de ce nouvel être, l'homme et
la femme n'ont rempli qu'une bien faible partie de leurs
obligations par le coït que je viens de décrire, car la mis-
sion principale de l'un est le dépôt, dans les organes de
l'autre, d'une liqueur prolifique, sans laquelle la reproduc-
tion est impossible.
Nous allons donc étudier cette seconde partie de la fonc-
tion génitale, tant chez l'homme que chez la femme, et
compléter ainsi ce qu'on appelle dans la science la physio-
logie de l'espèce.
A€TB SÉMINAL. /^l
CHAPITRE II.
FÉCONDATION.
S L — Aete séiMlnal.
Avant de foire connaître la composition du sperme, %t le
rôle que joue chacun de ses éléments dans l'acte de la
fécondation, il me semble plus rationnel d'assister d'abord
h sa sécrétion, et èsa translation depuis le testicule jusqu'au
canal de l'urètre, et de ne nous occuper de lui que lorsque
nous serons parvenus a l'amener au dehors à travers tous
le^ obstacles dont sa marche est semée.
Mous aurons donc à examiner le sperme aux points de
vue: 1* de sa sécrétion; 2" de son excrétion; â"" de sa
composition.
A. Sécrétion du sperme.
Le testicule est composé d'éléments (ubulés qui se ter-
minent tantôt en cuUde-sac, tantôt par des anastomoses des
conduits entre eux. La disposition anatomique des conduits
séminiferes permet de penser que la sécrétion se fait dans
toute leur étendue, et que la quantité de cette sécrétion est
très minime, si l'on a égard au petit volume de ces glandes,
au nombre et à la ténuité des conduits séminifères, au peu
de sang qu'y apportent les artères spermatiques où la cir-
culation est ralentie, et à la longueur et à l'étroitesse des
canaux déférents. Cette quantité paraîtra encore plus faible,
si l'on se rappelle que, chemin faisant, une foule de glandes
viennent mélanger leurs produits à la liqueur séminale.
Cependant la sécrétion spermatique est accrue dans cer-
&â FÉCONDATION.
laines circonsluiices, comme par exemple sous riiitlueiice
des excitations vénériennes, de certains aliments ou de cer-
'taines substances.
L'appareil sécrétoire du testicule ne laisse aucun doute
sur sa tendance à opérer un mélange intime du sperme ;
sans parler des anastomoses qui s'établi^^sent h Textrémité
des conduits, les canalicules contournés, lorsquMs sont
arrivés à une ou deui lignes de distance du réseau du tes-
ticule, cessent d'être lleiucux ; plusieurs s'unissentensemble
et forment alors les canalicules séminifèresdroitSj qui sont
au nombre de plus de \ingt. Ces conduits s'anastomosent
ensuite en réseau, et, en traversant l'albuginée, forment le
réseau de lialler, où le sperme se mélange encore. De l'ex-
trémité supérieure du réseau de lialler partent à travers
l'albuginée des canalicules un peu moins nombreux que les
canalicules droits; on les nomme conduits spermatiques
efféreniSy et Ton en compte ordinairement neuf; ch.irun de
ces canaux, en se contournant, forme un cdne et va tou-
jours en diminuant de calibre du cùté de Tépididyme, sans
présenter des valvules, comme le croyait Prochaska.
La force qui fait circuler le sperme dans celte partie du
trajet qu'il doit parcourir, ne peut être que la visa tergo;
car les parois des conduits n'offrent pas d'éléments suscep-
tibles de contractions ; il est également présumable qu'il y a
en même temps un effet de capillarité, puisque le sperme
chemine contre les lois de la pesanteur. Dans tous les cas,
sa marche est excessivement lente, pour permettre, sans
doute, aux animalcules de parcourir toutes les phases de
feur développement, avant d'arriver dans un lieu où peut-
être ils ne trouveraient plus les conditions nécessaires à leur
accroissement.
AGT£ SÉMINAL. /^3
B. Excrétion du sperme.
Je partagerai en deux étapes la route que parcourt le
Sperme depuis le testicule jusqu'au dehors. La première
comprendra t'espace compris entre l'épididjme et (es vési-
cules séminales, et la seconde depuis ces dernières jusqu'à
la sortie de la liqueur proIi6que par le canal de l'urètre.
1* Pour se rendre du testicule dans les vésicules sémi-
nales, le sperme traverse Tépididyme et le canal déférent.
Dans Tépididyme, il parcourt des rannux flexueux très rap-
prochés les uns des autres, et dont la longueur est quarante
fois plus grande que celle de l'épididyme. Dans le canal
déférent, qui fait suite à l'épididyme, le sperme ne parcourt
plus qu'un conduitsans Hexuosités, mais qui s'élè\c jusqu'à
l'anneau inguinal, où il forme une anse, dont la convexité
regarde en haut; puis il descend, en abandonnant la paroi
antérieure du bassin, vers le bord latéral de la vessie; se
rapproche beaucoup, surtout a la partie postérieure de la
prostate, de celui du côté opposé, et Huit par se jeter,
presque verticalement, dans le bord interne de la vésicule
séminale.
Eq parcourant le long trajet que je viens de décrire, le
sperme rencontre des obstacles multipliés à sa marche :
c'est d'abord le réseau de Haller ; plus loin, c'est l'épidi-
dyme avec ses mille flexuosités ; plus loin encore, c'est le
canal déférent dont la longueur est si considérable et le
calibre si étroit, et dans lequel la viscosité du liquide donne
souvent naissance à des obstructions; je montrerai plus tard
avec quelle facilité les canaux de l'épididyme s'oblitèrent
sous l'influence de certaines maladies, oblitérations qui
(fétefminènt falalemeat alors la stérilité.
)slucles (juc je \ivii
nature recourt à Irois forces : 1° la cepillarilé; 2' la visa
lergo, qui csl tellement considérulile, que, si il l'époque du
rut, on lie le canal déférent, relui ci se ronqit au-dessous
de la ligature ; 3* la force élastique des giorois du conduit,
dépendante d'une tunique musculeuse d'un jaune brutiAtrc,
t'orn[ioséc', d'après Leeuwenlioeck, J.-F. Meckel, Cowper,
Ë.-fl. AVeber, liuschke, do libres longitudinales et de
lilircs circulaires. D'après ce dernier auteur, ces fibres
seraient surtout de nature élastique, et cette tunique
devrait pliilAt è son élosticité qu'è sa contraciiliié muscu-
laire, la propriété de contribuera la propulsion du sperme.
D'autres forces secondaires contribuent encore à la
marclie du fluide pruliiique, entre autres, les contractions
alternatives du créma>[er, te décubitus horizontal, les mou-
vements d'élévaliuu et d'abaissement du testicule corres-
pondant fi la respiration, etc., etc.
S°La seconde étape, qui marque la lin du trajet que
parcourt le sperme pour arriver au dcbors, est remplie par
les vésicules séminales, les canaux éjacnlateurs et le canal
Je l'urètre, auxquels sont annevés la prostate, les glandes
de Mérj- ou de Cowper et les follicules de Littre.
Il importe ici de nous arrêter un instant h chacun de ces
organe!^, et d'étudier leur mécanisme d'une manière toute
spéciale.
f-^ésicules sémiimlea. — Le râle des vésicules séminales
n'est pas le même pour tous les auteurs. Les uns en ont
fait des j^landes et k's autres les ont considérées exclusive-
ment comme les réservoirs du sperme.
Oui qui ont soutenu que les vésicules séminales n'étaient
que des glandes sont : Tli. Wharlon, Debotne, Swai
merdam, Harder, Dan. Tauvry, R. Wagner; mais c'est i
J
ACTE SÉMINAL. &5
Hunter (i), surtout, que cette opinion doit son éclat. Les
arguments sur lesquels il se fonde sont : 1* La présence dans
les vésicules séminales d'un liquide différent de celui qui se
Iroave dans le canal spermatique ; 2** l'identité des liquides
contenus dans les deux vésicules séminales d'un homme
ayant depuis longtemps perdu un testicule; S"" l'existence,
chez certains animaux, d'un conduit spécial de la vésicule,
qui ne s'abouche pas avec le canal déférent; A*" la présence
de liquide dans les vésicules séminales de personnes faibles
et de vieillards, et des autres individus après le coît;5*en'
Gn, une douleur testiculaire après des excitations véné-
riennes, sans consommation de l'acte : preuve évidente, dit
Hunter, que ce qui est fourni dans la copulation vient du
testicule, et qu'il n'y a pas de réservoir pour le liquide qui
devait être éjaculé.
L'opinion contraire, c'est-à-dire celle qui veut que les
vésicules séminales soient exclusivement des réservoirs du
sperme, a pour défenseurs: Rondelet, Fallopc, qui décou-
vrit ces organes chez l'homme ; de Graniï, Sœmroerring,
Brugnonne, J.-F. Meckel, Prévost et Dumas, Burdach,
Panizza, E.-L.-F. Weber, Gurlt et J. Davy.
L'une et l'autre de ces deux manières de voir sont trop
exclusives. Les vésicules séminales sont tout à la fois des
glandes et des réservoirs: elles sont des glandes parce que
Tanatomie montre des follicules nombreux dans leur mcm-
braoe muqueuse, et parce que les observations de Hunter
sont exactes et parfaitement concluantes en faveur de cette
opinion; mais elles sont aussi des réservoirs du sperme,
parce qu'une injection poussée par le canal déférent arrive
jusqu'à elles, parce que le liquide qu'elles renferment
(t) OEuvreê de J. Hunier, Irad. par Richelot. Paris, 4 843, l. IV,
p. 82.
présente qu microscope des animalcules spermaliqpos, ainii
(|ue Tont att* sté Q^er, Vnlontin, \V eber, elc.
Enfin, des recherc|ics toutes réceiiles cl'anatQmie patholo-
gique, entreprises par M. Gosselin, à l'occasion dp l'oMité-
ration des épididjmes consécutive h l'inflammation de ces
organes, ne laissent aucun doute sur le double rôle assigné
aux vésicules séminales. Qu'on me permette de reproduire
ici les conclusions physiologiques que cet eipériaiepUteiif
tire de ses recherches, sur lesquelles je reviendrai pilleuri
quand j'étudierai les causes de la stérilité : « On cpMJectiire
bien, dit-il, depuis les travaux de Huntcr, que celui (Ip
liquide) qui vient des testicules est peu abondant, et qpp |p
pins grande quantité provient des vésicules scmipales, qiyj
ont reçu en dépôt, depuis un temps plus ou moins long, le
produit testiculaire. Mes observations me paraissent démon-
trer que cette conjecture est une réalité, et même que la
quantité de liquide testiculaire est encore plus faible qu'on
n'est disposé à le croire. On y remarque, en eiïet, dpux
phénomènes capitaux : 1** les éjaculations sont aussi
abondantes, malgré l'oblitération des voies spermatiques,
que dans les cos où ces dernières sont libres ; i*" la disten-
sion du canol épidid> maire par le sperme ne donne pas à
ce canal des proportions très considérables, et n'occasionne
pas de souiïranres sur le vivant. Sans doute, il se fajt une
résorption ; mais si la sécrétion testiculaire était aussi
active qu'on le suppose généralement, cette résorption qe
serait pas assez rapide |)Our empêcher si complètement les
eiïels de la distension. Il ressort de ces deuv points que la
quantité habituellement fournie par les testicules est très
faible, quoiqu'elle soit la plus importante
. . • Quant à la composition du liquide éjaculé, il
résulte de mes observations que, dans les cas d*oblitératiqn,
ACTE S^}1INA^. /|.7
i| a la même conjeur, In même otj^eur, |a rpéifjp con$i9(§ncp
<|u*è l'élat normal ; la seule (|ilTéreiice est donnée |)ar l'exa-
men microscopique, qui démontre Tabsenre des spprn)<Uo-
zoides dans un cas, leur présence dans l'autre. I| est donc
permis d'établir que, normalement, le testicule np fjQMiie
pas autre chose au produit de réj^culatiofi au^ |§ s^^^t^nce
fécondante, caractérisée par les animalcules, et que les
matériaux au milieu desquels ceux-cj sont plongés se
développent et vivent, proviennent surtout des vésiciiles
séminales. C'est au produit de ces dernières que le sperme
doit, en réalité, sa couleur, son odeur ettoutes les substances
que l'analyse chimique y fait découvrir (1). v
Quoi qu'il en soit, le râle que jouent les vésicules sémi-
nales dans réjacijlation spermatique est identique avec celui
de la vésicule biliaire dans l'excrétion du produit fourni
par le foie. Le réservoir spermatique se contracte d'une
manière lente et chasse le liquide qu'il contient dans les
canaux éjaculateurs. Cette contraction est effectuée au
moyen d'une couche de tissu musculaire qui eptre dans la
composition de ses parois, et qui, appartenant a la vie orga-
nique, ne se contracte pas d'une manière brusque et sac-
cadée comme les fibres d'un muscle de la vie ^nimaje.
Pressé de toutes parts, le liquide ne peut refluer dans |e
canal déférent à cause du sperme qui y arrive en plusgran()Q
abondance, et est forcé de s'échapper par Touverlufe pos-
térieure des canaux éjaculateurs admirablement disposée
pour cet effet.
Canaux éjaculaleiirs. — Il résulte de la disposition
anatomique des conduits éjaculateurs, ainsi que de Tétroi-
tesse de leur diamètri} et de la direction oblique de leifr
orifice, que dans l'état de tranquillité et de santé, ces par-
(i) Archivée généralêi de médecine, septembre 4 853.
FÉCONDATION.
[ii|)ressioii nssez forte pour em|iflcher
ruies séminales Juns l'urMre ;
I |iL'tiélri^s, ils doivutil.au niojea
lies éprouvent iinci'i
le .«pcrme de couler des \ii
mais lorsque le sperme les a
de la cotitrndinn de leurs libres, conlribuer ii favoriser m
marche vers le canal de l'urtlrc.
Canal de l'urètre. — Grflce au réseau veineux que noos
avons vu entourer In mur^ueiisc de l'urèlre et qui constitue
le corps spongieut dont j'ai longuement parlé en rendant
compte du mécanisme de l'érection, le cniial de l'urètre se
trouve largement ouvert dans toute sa longueur pendant la
turgescence du membre, et, par consi^qucnt, admirablement
disposé pour donner un libre passage à la liqueur prolifique.
Mais son rôle n'est pas entièrement passif; il s'arcomplil
du calé de la prostate, sur le vcrumontanum même, un
phénomène curieux de turgescence qui empècbe tout b la
fois le sperme de tomber dans la vessie et l'urine de sortir
de son réservoir. J'ai décrit plus haut ce phénomène, au-
quel il est inutile de revenir ici,
Après avoir franchi les deui ouvertures antérieures des
conduits éjarulaleurs qui s'ouvrent, ainsi qu'on le sait, sur
let parties latérales et antérieures du verumonlanum, et
nvoir pénétré dans le canal de l'urètre, le sperme s'accu-
mule-t-il dans ce canal ou en est-il chas>é immédiati'ment?
On n'a pas craint d'avancer quu le bulbe n'était autre chose
qu'un réservoir dans lequel s'amoncelsil le sperme pendant
la copulation, pour être lancé tout o coup en saccades par les
contractions du muscle bulbu cuverncui. Cette opinion de
l'élargissement de la portion bulbeuse du lanal de l'urèlrj
est contredite par un examen de M. Kobelt, qui n prisl'em-
preinte exacte de la lumière ilu canni ; l'élargissement qui
»c fait à partir de la portion membraneuse a lieu d'une
manière régulière, continue, et r'esl par lu seule présence
sence [
ACTE SÉMINAL. &9
ilu sperme dans le bulbe que les muscles de Turètre se coii-
Iraclent et chassent en avant la liqueur prolifique.
Mais on se demande alors s'il n'y a pus une espèce de
contradiction entre la ténuité de canaux éjaculateurs et la
quantité assez considérable de liquide chassé par l'éjacula-
lion. Sans doute, Tobjeclion aurait quelque gravité, si Ton
ne savait que la plus grande partie du liquide éjaculé n'est
pas de la semence, et n*est autre chose que le produit des
difTércntes sécrétions glandulaires dont il me reste a parler.
Le fluide prostatique est un liquide filant, transparent,
hyalin, qui se mêle au sperme au moment de son émission,
etdans lequel Kraiise a trouvé des flocons troubles, contenant
des granulations de 1/900* à 1/300^ de ligne de diamètre.
Il n'a point encore été soumis à l'analyse chimique et il est
assez difficile de dire l'influence qu'il peut avoir dans la
fécondation.
Ln autre liquide, sécrété par les glandes de Cowper ou de
iMéry, vient également se mêler au sperme. D'après Kraiise,
il est filant, clair, visqueux; il contient quelques flocons
dans lesquels sont amassés des granulations de 1/900* à
1/370*; il a, par conséquent, une grande analogie avec le
fluide prostatique. « De même que le fluide prostatique
fraie la voie au sperme dans les portions prostatique et mem-
braneuse, dit Huschke, de même le liquide des glandes de
Cowper les garantit de l'urine qui pourrait être restée dans
les portions bulbeuse et spongieuse du canal. »
Les follicules de JJttre et de Morgagni sécrètent a leur
tour un liquide qui lubrifie les parois du canal et se mêle
au>si au sperme.
Parvenu dans la portion membraneuse du canal de
l'urètre où il est déjà mélangé avec les divers liquides que
je \iens d^énumérer, le sperme s'échappe au dehors par
i
\
g0 FÉCONDATION.
saccades» comme chassé par les contractions alternatives
d'un muscle. Ce muscle eiiste-t-il réellement? Jusque
dans ces derniers temps on a voulu Taire jouer ce rAle au
muscle bulbo-caverneui.
M. Kobelt, dont je ne saurais trop citer les ingénieuses
in?esti<'ationSy réfute cette opinion par de.^ raisons physio-
loffiques et par Tanalomie comparée, et conclut que Ton
ne peut rapporter cette action qu'au seul muscle de rurrtrc,
c'est4-dire & cette couche musculaire qui, dans les deux
sexes chez l'homme comme chez les animaux, enveloppe
dans toute son étendue In portion mi'mbraneuse de l'urètre
avec ses fibres circulaires, n C'est aussi dans sa circonscrip-
tion d'action, contiuua-t-il, que viennent se déverser, chez
les mâles, les produits des canaux séminifëres, des vésicules
séminales, des vésicules séminales accessoires, de la prostate,
tous les produits destinés à être portés au dehors. »
Cuvier, qui avait examiné cvW' rouche musculaire dans
toute une série d'animaux, lui donne le nom iVaccélcratetir
de ta marche de l'urine et du sperme, et s*cxprime ainsi à son
sujet : <^ On prévoit qu'elle doit a\oir pour usage, en contrac-
tant la première portion du canal de l'urètre, d'en expulser
la semence et de servir ainsi à réjaculatinn: voilà pourquoi,
sans doute, elle est si épaisse dans les animaux dont la verge
est fort longue, tels que les ruminants, etc., et dans ceux
qui ont ce même organe fort court, tels que les chats. Dans
le premier cas, il fallait une grande force pour chasser la se-
mence à travers un si long canal ; il en fallait une également
très grande dans le second, afin que ce liquide, qui n'aurait
pas été porté assez avant par celte courte verge, fût lancé
loin de cet organe, jusqu'au lieu où il doit atteindre (1). >>
(I) Analomie compurêe^ yoI. V, p. 78.
ACTC SÉMmAL. 51
Pourtant M. Kobelt ajoute en note : « Je ne l'eftise pas
au bulbo-caverneux toute espèce d'action sur ces fluides;
mon but est seulement de démontrer que ce n'est pas là sa
▼éritable fonction.»
•
C. (Composition du sperme.
Le sperme est un liquide épais, filant, d'une couleur
blanch&tre, plus pesant que l'eau, d'une odeur spéciale,
suî generis^ d'une réaction légèrement alcaline, qui est due
peut-être au fluide prostatique, soluble dans l'eau et les
acides, coagulable par l'alcool. Abandonné à lui-même, il
laisse déposer des prismes à quatre pans, terminés par de
longues pyramides quadrangulaires et groupés vn étoiles,
qui sont du phosphate calcaire et du phosphate ammo-
niaco-magnésien. Ensuite il se dessèche en une lamelle
jaune fendillée, insoluble dans l'eau, et répand une odeur
de corne brûlée. Il a donné à l'analyse chimique de
Vauquelin :
Eau 000
Mucilage animal 60
Soude 4 0
Phosphate de chaux 30
L'examen microscopique a fourni des résultats plus ri-
goureux que Tanaiyse chimique, il a fait constater dans le
sperme : 1* une partie fluide; 3!^ des globules analogues aux
globules muqtieux; 3* des granules élémentaires; &<* et
par-dessus tout une innombrable quantité de corpuscules
mouvants, filiformes, que l'on appelle spermatozoïdes y zoo-
spermes^ animalcules spermatiqtiesj etc., etc.
Je ne m'occuperai ici que des spermatozoïdes qui con-
52 FÈCONilÀTIOV.
stituent la partie riiellcmetit récondaiile de lu li(|uuur itv-
minale.
Les spermetoioides ont èlé découverts, eti aoâl 1677,
par un jeune étudiant nllcmand, l.oiiîs' llamm. l.eeuwen-
tiocck, à qui ils furent montréti. on lit l'objet de ses études,
et peu (le lem|is après, llartsicker les décrivit pour la pre-
mière fois dans le Journal des savants. Ils se rencontrent
ches toti'' tes animaux à IV'poque du rut, et n'apparaissent
rbcK l'homme qu'tt l'ège où s'élal>lit la fonction génératrice.
Ceui de l'homme, comme <xu\ d'un très grand nombre
d'animaui, présentent une partie renflée à laquelle on a
donné le nom de cor/ts ou de léle, et un filament que l'on
désigne sous le nom de quexie; la léte est ovoïde et un peu
aplatie; b queue, faisant suite à la grosse extrémité du
corps, est esser. épaisse h son origine, s'amincit peu à peu
et se termine par un iilament très délié. \ un grossissement
de 300 ou àOO fois, on voit que leur longueur totale est
de 1/20' de millimètre, et que le grand diamètre de leur
fCte est de 1/200' â 1/300"= de millimètre.
Quand on les observe au microscope, les animalcules
spermatiques se fout surtout remarquer par la rapidité
el la nature de leurs mouvements : ils nu suivent aucune
direction déterminée ; ils vont en avant, reviennent en
arrière, plongent au fornl du liquide ou arrivent a su
iturfiicc, se heurtent, se croisent entre eux, putisent entre
les lamelles épitliélialcs ou lus globules muqueui qui les
environnent ; en un mot, ils semblent obéir à une impulsion
volont:iiro. D'après Ilenle, ils peuvent parcourir un espace
de 2 centimètres en sejil ou huit minutes. Ce mouvement,
qui parait èlre produit par les ondulations de l'animal, cesse
après quelques instants, sous l'influence du froid, d'une
température élevée ou du dessèchement j mais en dehom de
J
AGTB SftlIlNAL. 5ft
ces circonstanœs défavorables, les spermatozoïdes peuvent
pendant plusieurs heures manifester leur existence ; Wagner
assure même qu'il a noté ces signes de vie après vingt-quatre
heures.
' Cependant les animalcules spermatiqueSf observés dans
les organes de la femme qui les doivent normalement re-
cevoir, vivent un temps beaucoup plus long dans ces organes ;
plusieurs observateurs ont acquis cette certitude, en exami-
nant le sperme trouvé dans le vagin, et surtout dans l'utérus
et les trompes de Fallope. Leeuwenhoeck pensait que les
spermatozoïdes pouvaient se mouvoir dans ces organes pen-
dant huit jours; Prévost et Dumas ont vu les zoospermes
s'agitant encore, dans les trompes de chienne, sept jours
après le coït, et M. BischolTa observé le même phénomène
dans les trompes de lapines, huit jours après l'accouplement.
La motilité des animalcules spermatiques est dinninuée
et même détruite par certaines circonstances que les obser-
vateurs ont notées; parmi elles je citerai le froid, le chaud,
l'électricité par décharge, les acides, l'acide cyanhydrique
(Prévost et Dumas), la strychnine (Wagner), les narcoti-
ques, le mucus vaginal dont l'acidité est augmentée, et le
mucus utérin dont l'alcalinité est plus prononcée (Donné) ;
d'un autre cdté, le mucus, la salive, le lait, le pus (Donné),
l'urine (Wagner), n'ont aucune influence sur cette même
motilité.
On a également remarqué que les spermatozoïdes n'ont
pas toujours la même énergie, la même densité, les mêmes
dimensions depuis le moment où ils se rencontrent dans le
testicule, jusqu'à celui où on les examine après le coït. Ils
peuvent être plus ou moins nombreux, très rares, rem-
placés par des produits incomplets, et même manquer com-
plètement chez certains malades. M. Duplay dans un
5& ricoNUATioiii
travail] dont j'surni i m'oci'Uper plus tard (l), ovuiico (|ue
U sécrétion «permatiiiuf* «'cITectue encore cliei les vieillards
ile quatre-vingt-six ans, quoiqu'elle soit moins tibondante
que chez l'adulte, et que, contrairement à l'opinion géné-
ralumenl admise, les »permalOEoides se retrouvent encore
dans leur liqueur séminale. Enfin, dans ses recherclies sur
l'oblitération des voies spennaliques (2), M. Gosselin n con-
staté que le nombre des imimalcules va en au(;menlanl,
depuis le tesliciilu et l'épidtdymc, où ils sont très rares,
jusqu'aux vésicules séminales , où ils sont très nombreux ,
l.a nature des spermatozoïdes est vivement controversée
aujourd'hui. Les premiers observateurs, Leeuwenhoeck,
Spallnnzani, etr. , n'élevnient nucuti doute sur leur anima-
lité, et, s'appnyant sur cetlo opinion, Ehrenberg les pla^a
parmi les micruiooaires suceur<i, tandis que Ciermak, les
faisant rentrer dans les infusoires, classa les uns dans les
vibriunides, les autres dans les cerraires, etc., etc.
Leur organiiRlion a été diversement décrite par les au-
Ipurs. Valentin a signalé dans If" spermiitotoides de l'ours
un suvoir antérieur, un anus, dos vésicules stomacales ou
itm circonvolutions d'intostin . Gerbcr .JSïure avoir distingué
des organes de ^énéniliun dans les spermatozoïdes du
tabiai. Scbwann prétend qu'il existe, au centre de la t^tc
lUi ipermatoiuides de l'homme, une ventouse ou un suçoir
analogue ù celui des cercniro» et des douves. M. Pouchel,
sur les travaux duquel j'aurai à revenir bientôt, a noté en
avant une sorte de ventouse stomacale, en arriére une cir-
COQfolution intestinale, faisant suite i ce premier organe,
(1) ntr^reSeï lur Ir tprrmr det vieittard* [Anhitet d< mMrcàu,
(862, f s^no. I, XXX. p. 3l(6).
(t) Arcluvtt lUnti-Utinc. Pans. 11147, t. XtV, p. 40&.
J
AGTB SÉMINAU 55
et recoQoati qae toute la surface des spermatozoïdes est re-
couverte d'uD feuillet épithélial.
Ainsi que je le disais plus haut, l'animalité des sperma-
tozoïdes est vivement attaquée aujourd'hui, et la nature de
ces prétendus animaux ne serait autre chose qu'une cellule
embryonnaire.
Les travaux et les observations de Wagner, de Lalle-
mand, de Hallemann, et surtout de Kœiliker, ont le plus
contribué à propager cette manière de voir. M, Charles
Robin, se rangeant sous ce drapeau, a mieux, peut-être que
ses devanciers, décrit le développement des spermatozoïdes,
dans un Mémoire qui fixa tout d'abord l'attention du monde
sa\ant (1). Après avoir interprété les recherches de Rei-
cherl sur le développement des spermatozoïdes, il décrit
celui des spermatozoïdes des méduses : « Leurs tubes sper-
magènes, dit^il, sont creux, et renferment, hors l'état de
gestation, de petites cellules sphériques granuleuses; au
milieu de celles-ci apparaissent des vésicules qui se distin-
guent des premières par un volume plus grand, un contenu
clair et transparent avec un noyau ou vésicule germinative
au centre. Leur volume grandit, au point d'atteindre un
diamètre de 0°',10; en même temps, le vitellus devient
granuleux, masque plus ou moins la vésicule germinative;
leur paroi ou membrane vitelline amorphe devient très
épaisse, et une couche assez cohérente de cellules au milieu
desquelles elles sont nées les Gxe à la face interne des tubes
en doigt de gant. Ceux-ci, qui avaient au plus 1 millimètre
de long, deviennent quatre ou cinq fois plus longs et larges
en proportion. A cette période, les mâles se distinguent des
(1) Mémoire 8ur iexittence d'un CBuf ou ofmle chez les mdles comme
ekes (et femeltêi [Complet rendue de l'Académie dee sciences) , 4848,
t. XXYIl, p. 4S7.
56 FiCO.MlATIOM.
femelles par la couleur gris bleu de leurs organes généra-
teurs, qui sont gris rosé sur ces dernières; mais chaque
ovule pris séparément est semblable : Taspect général, le
volume, sont les mêmes; il n'y a de dilTérenre que dans
l'enveloppe vitellinedes ovules mules, qui est de moitié plus
mince que celle des ovules Tcmelles. )>
Quant au développement de la queue de ces cellules
etnbryonnaires du mâle ou sperm^itozoïdes, et aux mouve-
ments dont elles sont douées, M. Cli. Kobin compare le
premier au développement des cils vibratilcs, et les mouve-
ments ù la surface de Tépithélium des muqueuses et des
téguments d'êtres adultes de toutes les classes ou è Tétat
de larves.
Je dirai plus loin comment iM. Ch. Robin, par suite de
l'assimilation qu'il fiiit de l'ovule mAle à l'ovule feuiolle,
explique le rAle des spermatozoïdes dans l'acte de la géné-
ration.
S II. — .%rl« ovnrlcn.
Quelques animaux n'ont (|u'un seul ovaire, comme les
myxinoides et quelques squales; llatlikcn'a rencontré qu'un
seul ovîiire et qu'un seul testicule chez plusieurs poissons
osseux. Chez la plupart des oi<;eaux, à l'exception dos
rapaces,ilne se développe que rovairoeirovitlucle gauches;
mais ceux du cùté droit existent a Télat rudimentuire chez
le fœtus. D'autres animaux inférieurs, au contraire, comp-
tent un nombre plus ou moins grand de ces organes: ainsi
chez les vers cestoïdes les organes génitaux mAles et femelles
se répètent dans chacun de leurs anneaux parvenus à ma-
turité.
Dans l'espèce humaine, dont je nroccuperai dési»rmais
exclusivement, \q^ o\.'urcs sont au nombre de deux, flottant
ACTE OVARIEN. 57
dans le bassin et appendus an repli postérieur du ligament
large; leur tissu propre, que, depuis Baër, on désigne sou-
vent sous le nom de slroma^ renferme, pendant tout le
temps que l'individu est apte h la génération, un nombre
plus ou moins considérable de vésicules ou petits sacs
membrancui, fort apparents, que l'on connaît sous le nom
de vésicules de de Graaf.
Ces vésicules doivent un instant fiier notre attention.
L'ovaire de la femme en présente de douze à vingt,
d'après la plupart des observateurs; Rœderer et quelques
autres assurent en avoir compté jusqu'à cinquante; outre
celles-ci , IVIM. Barrv et Pouchet en ont signalé encore un
grand nombre d'autres , que le microscope seul permet
d'apercevoir.
Ces vésicules ont une double enveloppe : l'une, externe,
plus forte, rétraclile.. ne se distingue pas du tissu propre de
l'ovaire; l'autre, interne, appelée membrane épithéliale
granuleuse de Baè'r^ composée de vésicules microscopiques
à parois translucides, sillonnée de vaisseaux , selon M. Pou-
chet, et en manquant entièrement, selon MM. BischoiTel
Courty, forme un sac entièrement fermé. C'est cette mem-
brane granuleuse qui , en s'accroissant considérablement,
constitue plus tard les corps jaunes. D'une ténuité excessive,
à ce point qu'il est très difficile de l'obtenir intacte par la
dissection, elle n'est pas égale partout; lorsque la vésicule
de de Graaf se prépare n émettre son œuf, la membrane
granuleuse se trouve refoulée vers le point où va se pro-
duire la déchirure et forme autour de l'œuf un coussin
protecteur au milieu duquel il est placé , et auquel Buër
avait donné le nom de cumulus ou disque proligère.
Le liquide contenu dans la vésicule de de Graaf est très
abondant, clair, visqueux, ne contenant que de rares gra-
58 rtCONDATIOM.
Dulalions moléculaires et des gouttes d'huile. Quand on
ouvre la vésicule de de Graaf, ce liquide s'en échappe avec
force et entruine avec lui le disque proligère ayant encore
l'ovule dans son épaisseur.
L'œuf préexiste h la fécondation; sans recourir à l'ana-
logie, des observations directes ont mis cette assertion hors
de doute, non-seulement pour les vertébrés et les mammi-
fères, mais encore pour lespèce humaine. On u constaté
les œufs è divers degrés de développement sur des individus
vierges et même dans les premiers temps de la vie. Duvernoy,
après les avoir notés chez les fœtus de quelques poissons,
assure que Ton peut reconnaître les premiers vestiges des
œufs dans les o\nires de jeunes lilles de quatre ans et sur
ceux des sujets morts peu de temps après la naissance.
Carus a décrit des ovules trouvés dons les mêmes conditions
d'âge. Kitchie si constaté que les ovaires des enfants nou-
veau-nés et des enfants plus âgés oiïraient quelquefois, en
assex grand nombre, des vésicules ovariennes qui sont le
siège d'une injection très vi\e à partir de la sixième année,
et qui ont déjè un volume assez considérable, depuis celui
d'une graine de coriandre jusqu'à celui d'un petit grain de
raisin (vers la quatorzième année). Dans ces derniers temps,
MM. >iégrier, Itischoiï, Courly, et Cosle en particulier, ont
fait des observations coniirmati\es des faits constatés par
leurs prédécesseurs.
Le nombre des œufs contenus dans l'ovaire est excessi-
vement considérable, eu égard à ceux qui doivent être fé-
condés. U'après M. Coste, Tovaire de la femme, destiné à
n'émettre qu'une petite quantité d'œufs, n*est pourtant pas
moins richement pourvu que celui des mammifères les plus
féconds; d'où il faut conclure qu'un très grand nombre de
ceux-ci doivent avorter de bonne heure, périr et être ré-
ACTK OVAIIIV. 59
sorbes. Je dirai tout à l'heure comment les autres, ayant
subi toutes les phosesdeieurdéyeloppemenl, sont expulsés
de la vésicule qui les contient; je dois à présent faire con-
naître la structure aoatomique de l'œuf.
Il a la forme d'une petite sphère d'un diamètre de 1/15*
k 1/20* de millimètre; Huschke dit l'avoir trouvé arrondi,
mais oblong, chez une jeune fille de sii semaines. Son
volume augmente un peu après sa sortie de l'ovaire ; sa cou-
leur est jaunâtre, claire, translucide. Plusieursobservateurs
en ont trouvé deux et même trois dans la même vésicule de
de Graaf.
On n'est pas d'accord sur la position qu'il occupe dans
la vésicule. Suivant Wagner, l'œuf du chien, encore très
petit et non parvenu à maturité, serait situé au centre du
follicule, et h maturité, il serait très près de la membrane
interne; M. BischolT prétend que c'est sur la membrane
granuleuse qu'il se trouve implanté; M. Poucbet, au
contraire, assure, d'après des observations sur la truie,
répétées un grand nombre de fois, qu'il se développe à la
surface interne de la membrane granuleuse, mais qu'une
fois formé il est placé au point le plus superficiel de l'ovisac,
et conserve invariablement la même position et ses rapports
avec le disque proligère.
La structure de Tovule présente trois points à examiner :
1* la membrane vitelline; 2* le vitellus; 3*" la vésicule ger-
minniive.
Membrane vitelline. — C'est l'enveloppe protectrice du
vitellus, h laquelle on donne aussi les noms de chorion^ de
zone transparente de Baër, de colemma pellucidum de
Kraiise. Close de toutes parts, elle apparaît sous forme
d'anneau fort clair et large, dont les contours externe et
interne sont accusés par deux lignes circulaires bien tran-
fiO FtCONOAIION.
ch4es, taiiHia que l'intervnlle e»l pnrfailemcnt trnnspfirenl;
crtle érorce n une i^paissf>ur de 1/50,000" de mîllimîilre et
offre une osseï grande solidité ; elle e^it formée d'une »uh-
stanci- loul à fait liomogène. incolore pI «iftn« gfotntiatinns.
f^ilelltis. — Conlenii dons In memliroiie vitelline, il
ronsiste en une quantité tnnomhrnble de 1res lins ^ninules,
unis ensemble par une humeur très visqueu<ie et snsrepttide
d'éprouver un retrait en masse, lorsque l'cnu pénètre par
endosmose entre lui et la membrane vttelline.
Vésimle germinalive ou de Purkiiije. — Dérouvorte
par M. Coste, et étudiée par MM. Joues. Vulenlin. Bern-
hardl, c'est tine petite vésicule de 0""',035 il 0""',OftO, 1res
fragile et transparente. Elle est située nu milieu des gra-
nules du vitellus qui peuvent la dissimuler. Klleesl liyntinc
et renferme un liquide qui contient des granules d'un jaune
verdfttre. Ceui-ci la remplissent en partie et forment A son
centre un noyau «'avançant presque jusqu'uu contact de la
paroi interne. C'est cet amas de granules coloré? qui con-
stitue la tache f/erminative de Waj;ner dont l'etistenrc a
été constatée dans l'espèce humaine, les mammifères et la
plupart des animaux.
L'œuf que je viens de décrire ne peut, on le comprend,
subir dfs accroissements ultérieurs, sans briser et aban-
donner la vésicule de de Granf, et par conséquent sans
sortir de l'ovaire. Je vais rapidement décrire ce double
travail d'expulsion qui s'opère, soit h l'époque de In mens-
truation, soit sous l'influence de l'excitation du coit.
On «ail que les vésicules de de (Iraaf sont d'abord très
pelitc.i et ensevelies dans le tissu même de l'ovaire. Elles
s'arrêtent quelque temp^i à ce premier degré de dételop
pemcnt pend.int qu'il s'en forme de nouvelles; puis elle!
gagnent le bord libre do cet organe, apparaissent ù sj sur
J
ACTE OVARIBN. 61
face» mais ne s'isolent et ne se pédiculeot jamuis, comme
chez l'oiseau. Toute la portion de la vésicule qui s'élève
au-dessus de l'ovaire devient mince et transparente» tandis
que les vaisseaux , comprimés par suite de la dilatation,
s'atrophient, s'oblitèrent même dans le point le plus
saillant.
Parvenus ainsi au terme de leur accroissement, les vési-
cules semblent rester stationnaires jusqu'au moment où
une surexcitation provoquée, soit par In maturité de l'œuf,
soit par le rapprochement des sexes, vient en déterminer la
rupture. Sous l'influence de cette stimulation , le liquide
qui les remplit est sécrété en plus grande abondance et
distend la cavité outre mesure; aussi ses parois se déchi-
rent dans le point le plus culminant, et, en se rétractant,
expriment avec violence le liquide qu'elles contenaient.
On a comparé cette rupture h celle d'un abcès qui s'ouvre
spontanément pour la pression du liquide et pour la résorp-
tion des parois.
Le liquide exprimé pnr le retrait du follicule, rencon-
trant sur son passage le disque proligère et l'œuf qu'il ren-
ferme, détache et entraîne celui-ci, pendant que de son c6té
le pavillon de la trompe vient le saisir et le diriger vers son
intérieur, par l'action contractile dont IS trompe est douée,
et par celle des cils vibratiles développés sur le pavillon et
dans son intérieur et dont l'action s'exerce de dedans en de-
hors, selon les observateurs qui en ont constaté l'existence.
La rupture de la vésicule ne se fuit pas sans une inflam-
mation assez intense, laquelle se traduit par une sorte d'hy-
pertrophie et de tuméfaction de la membrane interne, et
par la dilatation des vaisseaux qui se trouvent dans son
épaisseur. Le feuillet externe, au contraire, fibreux, élas-
|i'{ue, en ropport avec le stroma do l'ovaire, ne participe
6d PÉGONDATION.
pas 0 rinflamrontion , et commence h se rétracter. La ré-
traction de ce second feuillet, coïnciilant avec la tuméfac-
tion du premitT, qui est lié avec lui dans certains points
par des brides fibreuses, détermine dans le feuillet interne
la formation de plis qui, croissant de plus en plus, arrivent
bientôt au contact et donnent à l'intérieur de la vésicule
ovarique l'aspect des circonvolutions cérébrales. « Ce n'est
qu'en dernier lieu et assez tard, dit M. Pouchet,queles cir-
convolutions, après s'être avancées lentement vers la partie
centrale de la vésicule, parviennent k s'y rencontrer et h se
(confondre, et alors la cavité de cet organe se trouve désor*
mais totalement remplie par l'extension di> la membrane
propre ; alors celle-ci constitue un corps plus ou moins glo-
buleux ou ovdide, dont Tintéricur présente une couleur
d'un rougr grisâtre ou jaunâtre pâle, et une consistance
pulpeuse qui semble tout ù fait analogue à la substance
grise du cerveau : c'est là le corps jaune ^ corpus lu-
teiim(l). »
Les corps jaunes ont été, depuis leur découverte, le
sujet de plusieurs controverses. Huschke, adoptant dans
son entier la théorie de la ponte périodique, veut que l'on
distingue les corps jaunes en vrais et en faux^ les premiers
succédant è la fécoAdation, et les seconds survenant après
les règles. Mais cette distinction est inadmissible dans l'état
actuel de la science, car il est impossible d'alTirmcr au-
jourd'hui que la menstruation implique toujours et fatale-
ment la rupture d'une vésicule de de Graaf.
Ku égard aux relations qui existent entre l'utérus et
l'ovaire, on peut dire que la durée des corps jaunes est très
longue. Le corpus luteum a atteint son apogée vers la fin
( I ) Thème paitite de Vovulatwn sponianée. Paris, 4 847, 4 vol. in-8.
étHÉKAtioif. 6S
flo premier mois de la gestation. Au quarantième jour, il
y a adhérence des plis de la membrane interne et la tumé-
Taction est la plus grande possible. Il reste dans cet état
jusqu'au troisième mois; au quatrième, il diminue de vo-
lume, mais lentement ; vers le huitième mois, il a encore
le tiers de son volume. Au moment de l'accouchement, il a
le volume d'une cerise ; un mois après, il ressemble à un
tubercule lardacé et est gros comme un pois.
Les ténèbres qui enveloppent les débuts de la vie sont
aussi éfiaisses que celles qui en masquent le terme. Des
théories sans nombre, des hypothèses diverses, ont été
émises pour percer ces ténèbres, et l'histoire de ces théo-
ries, dont la connaissance importe plus qu'on ne croit, mé-
rite de trouver ici une place.
Quels que soient le nombre et la diversité des systèmes
produits, on peut tous les ramener è deux principes seule-
ment : l'un admettant que l'individu nouveau se forme de
toutes pièces par le mélange de ce que fournit l'un et l'au-
tre sexe^ et l'autre soutenant que l'un des sexes fournit le
germe qui, à la suite de divers développements, constituera
l'individu nouveau.
Le premier de ces principes est dit théorie de l*épi*
genèse;
Et le second est connu sous le nom de théorie de l'évo^
ItUion.
J'aurai pu prendre chacune de ces théories comme un
centre autour duquel se seraient groupés les systèmes qui
reconnaissent son principe, mais j'ai craint la confusion.
L'ordre chronologique m'a paru préférable, parce que
6& FÉCONDATION.
de nos jouri), grâce aux progrès de Tanatomie, la question
de la préexislencc des germes a perdu presque à peu près
sou importance, et que de tous les problèmes ancienne-
ment débattus il n'en reste réellement plus que deux,
par Texamen desquels je terminerai ces considérations phy-
siologiques.
k, 1jp9 séminiêtfH.
llippocratc et Âristote ont fourni, chacun séparément,
les points de départ des variétés d'opinions qui ont la se-
mence pour base : l'un , en attribuant un rôle h peu près
égal aux deux sexes dans l'acte de la génération, et l'autre
en réservant au mftie seul la faculté réellement active et
réellement productive.
llippocrate (1) admettait chez l'homme et chez la femme
deux sortes de semencos : la semence forte, qui produisait
le mftie, et la semence faible, qui produisait la femelle. Se-
lon la prédominance de l'une ou de l'autre de ces semences,
naissait un homme ou une femme : <« Si la semence plus forte
vient des deux cdtés, dit-il, le produit est mftie; si la se-
mence est plus faible, le produit est femelle. Celle des deux
qui remporte en quantité prédomine aussi dans le produit :
si, en efTet, la semence faible est beaucoup plus abondante
que la forte, la forte est vaincue, et, mêlée à la faible, se
transformf* en femelle ; si la forte est plus abondante que
la faible, la faible est vaincue et se transforme en mftie. De
même si , mêlant ensemble de la cire et de la graisse, et
mettant plus de graisse, on fait fondre le mélange au feu,
tant qu'il sera liquide , on ne distinguera pas quelle est la
(1) OEuvres iT llippocrate, trad. parE. Littré; liv. De la Généba-
Tio!» Parib, l«5«. t. VII, p. 47î».
GÉNÉBATION. 65
sobslancc qui l'emporte; mais après coagulation, on recon»
nait que la graisse est plus abondante que In cire. Il en est
ainsi pour la semence mule et pour la semence femelle (1).»
Comme on le voit, Hippocrate est très explicite, quand
il s'agil de la prédominance simultanée chez les deux sexes
de Tune ou de l'autre semence; mais il se tait sur les résuU
tats qu'amènerait le mélange égal de la semence mâle d'un
c6ié, et de l'autre de la semence femelle. Dans ce système,
et le cas échéant, ne pourrait-on pas considérer cette cir-
constance comme une cause de stérilité relative?
Mais ne nous arrêtons pas à de semblables hypothèses, et
poursuivons.
Cette double semence venait de toutes les parties du
corps, et en constituait la portion la plus active, la véritable
essence. L'une, celle de l'homme, avait pour réservoirs
les testicules, et celle de la femme était tenue enfermée
dans la matrice. Pendant l'acte de la copulation, la semence
de l'homme se mêlait à celle de la femme dans l'utérus, et
de ce mélange, rendu écumeux par la chaleur de la ma-
trice, résultait le nouvel individu, comme par l'effet d'une
cristallisation animale.
Hippocrate, qui rapportait ordinairement les causes des
actes biologiques et pathologiques à une force inconnue qu'il
nommait evoppv, a recours cette fois aux lois d'une physique
grossière dont je demande la permission de citer un échan*
tiJIon : «Si la semence venue des deux parents, dit-il, de-
meure dans les matrices de la femme, d'abord elle se mêle,
attendu que la femme n'est pas immobile; elle se condense
et s'épaissit en s'échauiïant ; puis elle a du souille, et parce
(4) Œuvres complètes d'Hippocrate^ traduites par M. Liltré, t. VII,
p. 479.
66 FtCONDATION.
qu'elle est en lieu chaud et parce que la mère respire.
Quand elle est remplie de souflle, le soufDc se fait à lui-
mfime une voie vers Texlérieur, au milieu de la semencei
par où il sort. Quand une voie vers Textérieur a été faite
au souffle qui est chaud, un autre souffle froid vient de
la mère par inspiration. El celte alternative dure tout le
temps La semence ainsi soufflée, s*enloure d'une mem-
brane; autour d'elle s*clend la partie extérieure qui est
continue» a cause de sa viscosité. C*esl ainsi que sur le pain
cuit s'étend une mince supcrflcie membraneuse ^ car le pain
échauffé et rempli de souffle , se soulève , et là où il est
soufflé se forme la substance membraneuse (1). o
Roussel (2), en adoptant les idées du père de la méde-
cine, les a débarrassées de cet arsenal inutile, et lésa rame-
nées dans le véritable giron hippocratique, c'est-à-dire sous
le pouvoir de l'evopaov.
GrAce à la présence de la semence chez la femme, et
gr&ce à l'hypothèse de la semence forte et de la semence
faible, on expliquait facilement la ressemblance entre les
enfantH et les parents, l'hérédité de certaines maladies, le
sexe du produit, etc. IVIalheureuscment, si la théorie était
attrayante, les bases qui lui servaient de fondement ne
pouvaient souffrir un examen un peu sérieux. U'abord,
Uippocrate n^appuie sur aucune preu>e l'existence de la
double semence; il établit comme article de foi, comme un
axiome qu'il n'est pas nécessaire de démontrer, la présence
chez rhomme et chez la femme de la semence mêle et de
la semence femelle.
Pour établir que la femme possède, comme l'homme,
{!) OEuvrcs compU'ti'S d'HipiKtcmU'^ traduites par M. Liliré, l. VII,
p. 487 el 4S9.
.'t) Systèmi.' lihysitjuc et moral de la femme, édition Cerise, p. 201.
GiNÉRATIOR. 67
anc liqueur indispensable h la génération, il se fonde sur
les quatre propositions suivantes :
1° La femme rend de la semence comme Thomme ;
2* Elle ressent la môme volupté;
3*" La tendresse pour les enfants est égale deux cAtés;
&® Les enfants ressemblent aux deux époux.
La première de ces propositions pouvait élrc acceptée
comme vraie du temps d'IIippocrate, mais les progrès de la
science ne permettent plus aujourd'hui de comparer nu
sperme In sérosité que sécrètent la plupart des femmes pen-
dant l'acte du coït.
La volupté, d'après Hippocrnte, étant duc chez Thommc
a l'émission du sperme, il était raisonnable d'admettre
que chez la femme les mêmes effets étaient produits par la
même cause. Je prouverai ailleurs que l'émission du sperme,
loin d'être le promoteur de la volupté, est, au contraire,
le signal de sa terminaison.
La tendresse pour les enfants est rarement égale des
deux côtés : dans la grande majorité des cas, l'amour ma-*
ternel laisse bien loin derrière lui l'affection du père, et
l'on ne peut recourir, pour l'explication de faits purement
physiques, à des considérations morales, essentiellement
variables selon les circonstances au milieu desquelles elles
se produisent.
Enlin^ la ressemblance entre les enfants et le» parents
n'est pas une preute tellement exclusive de Tcxistence de
la semence chez la femme, qu'elle n*ait été également
et tour à tour invoquée par les ovaristes et les animal-
cul istes.
Conume on le voit, les raisons sur lesquelles se fonde
Hippocratc pour admettre une liqueur séminale dans les
deux sexes n'ont pas plus de fondement que la proposition
08 FÉCONDATIOS.
iiar la<iucllu il soulienl que la semence mâle est sûitl-Uo
du côté droit, et In semence remelle du cillé {•niitlie (1).
Aristote ('2) s'éloigne de ro|iinion d'Ilippocrnle eu
n'admettant pas une semence chei la femme. C'est au s mens-
trues qu'il attribue le râle que In femme joue dans Tucle
de In génération, et r.'cst à ce sang qui constitue la base
de l'individu nouveau, que le sperme de l'homme vient don-
ner la vie et la forme qu'il doit rovMir; en d'autres termes,
et pour nous servir des e»|ires5ions métaplioriqucs d'Aris-
tole lui-métne, le sang des règles est le mnrbre, le sperme
le sculpteur, et te fœtus In statue.
Avicenne adoptn, sans la modifier, la tiiéorie d'Aristote,
et la répandit ainsi dans tonte l'érole arabique.
Malgré d'incontestables progrès accomplis diins cvttu
partie de la science, malgré les cupifriences de llaney, et
les di^couverlcs dn Sténon, de de Granf, de Snammcrdam,
JeHam,deLeeuwenliuekel llorlsœker.quclques modernes
ont repris les idées d'Hippocralc et d'Aristote, en leur im-
primant seulement le caractère du systime scientifique
dominant h leur époque. Ucscartes, que l'on s'étonne de
trouver ici en compagnie des péripotéticiens, veut que
l'individu nouveau se forme par suite d'un mouvement du
(I) C'est i colle opinion d'Hippocrato qui! faut faire remonter
l'itaege que daa matrones c^uscrvem mËmo encore aujourd'hui dans
certains pays, du faire couclior par terre uno fenime grosse el de lui
ordonuer ensuiio do se lever. Si elle prend son point d'appui à droite,
l'enfant A DalLru sera un gardon, ut vkt versa. De nombreuses obser-
vations BoaUimo-iialhologiques proteste raient facilement contre l'opi-
nion d'UippocrelL', si tout te monito no savait pas qu'un homme privé
d'an testicule engendre indi^iincteuieiil des dites el des garçons.
(S) Util, animât., lib. Vil, cap. xtii, et Genrrat. animai. ,liix. II,
OÉlfiRATION. G9
fermentation qui s'établit dans les semences des deux sexes.
PascholiSf fidèle aux principesdeTécoleiatro chimique, voit
dans la semence de l'homme une substance acide, et dans
celle de la femme une substance alcaline , et considère le
fœtus comme le résultat de la combinaison de ces deux
corps hétérogènes. Roussel , cAtoyant la philosophie de
Rousseau, prête à la matrice un admirable instinct : «Dans
notre supposition, dit-il, la semence, au lieu d'être un amas
d*organes ébauchés, ne sera qu'une matière animalisée,
dont chaque partie sera capable de devenir un centre d'ac-
tivité, comme chacun d'un morceau d'un polype peut de-
venir un polype. Cette matière, lancée dans la matrice, s'y
attachera en totalité ou en partie; cet organe, frappé par
la sensation qu'il désirait, et que la présence de cette matière
lui procure, s'en emparera aussitôt, y ajoutera ce qui lui
manque pour former un fœtus, la couvrira des enveloppes
qui doivent la mettre à Tabri des accidents, et concourir avec
les autres moyens à lui donner le degré de perfection qu'elle
y doit recevoir (1). » Maupertuis(*2), dominé par les idées
matérialistes de son école, reconnaît que les semences des
deux sexes contiennent toutes les parties de l'individu
nouveau, et que dans leur mélange, pendant le coït, cha-
cune de ces parties s'attire et s'agrège par une sorte de
cristallisation.
Malgré son immense génie et son talent d'observation,
Buffon (â) n'a brodé qu'un roman sur les idées d*Hippocrate,
et ses molécules organiques et sa force vitale qu'il ne faut
(1) Système physique et moral de la femme^ chap. III, p. 300, édi-
tion Cerise.
(2) Vénus phymque.
(3) Histoire naturelle, t. III, chap. ii, m, iv, vi, vu cl vin, t. IV,
chap. X el XI.
I
70 FkCONDATION.
pM «wfiMiilrc a\ne celle île Gardiez, t-oul les fruit» d'uno
iMH;wilinn brillaiile et amoureuse ilii merveillcui,
D'ipr^ cet illuïitro iialurolisk% il exiMe ilans la nnlurc
émit oulièref, t'uitc vivante, et l'autre morte, i|iii, pur leurs
ditvrwt combinaisons, donnent naissance à tous les êtres
ot^iiniitûii. La matière vivante est formée par une iniinilé
ilo petites particules incorruptibles, iiiijiérisitables, passant
tour t tour (les végétaui aux nnimuiiv, cl des animaux nut
v^étaut, pur lu nutrition et la mort, et dont, par consi^-
quvnt, le nombre est à jainai.4 délcrmini^ dans l'univers;
cet particules sont ce que BulTuii appelle tes niolécules
organiques. Ces molécules, doiit la forme est indécise, sa
moulent d'uliuril Kur les végétoux et les animiiui, et corn
courent ensuite à leur nutrition et à leur dételoppement.
Lorsque co développement est complut, les aniinaui et les
végétaux renvoient dans des réservoirs spéciaux les molécules
superflues, après toutefois <|ue ces molécules ont rovAtu la
forme de» organes où elles étaient contenues, de telle sorte
qu'elles sont des extraits de toutes les parties du corps.
Tel est le mode de formation des semences de l'un cl
l'autre sexe.
Pour accomplir la génération, ces semences se mêlent
pendant te coil, ctlaméme forrequi tantôt assimilaitlcs mo-
lécules organiques aux parties du corps pour nourrir cl faire
croître celles-ci, les rapprochi? alors et les fuit s'agréger,
La prédominance des molécules du mâle, ou des molécules
de la femelle, rend compte du sexe du proJutt ; la formation
de la semence, qui est lu réunion des muléculei organiques
Hiipcfflues, fuit comprendre la nécessité de certains phéno-
mènes, tels que l'impossibilité de reproduire son semb'able
avant l'époque du développement, la maigreur qui suit les
ibns vénériens, cl l'embonpoint, au contraire, qui earac-
GÉlVÉRATIOll. 71
tërise les eunuques et les animaux mutilés, etc. La ressem-
blance entre les enfants et le père ou la mère tient à une
plus grande quantité de molécules organiques fournies par
le mAle ou par la femelle, et la supériorité numérique des
garçons sur les filles dans l'espèce humaine aurait pour
cause la faiblesse plus grande des femmes, qui fournissent
une semence plus faible que celle de Pbomme , ou qui en
émettent moins que lui.
Je le répète, malgré le génie de Buffon, cette tbéorie
est insoutenable» parce qu'elle ne repose sur aucune obser-*
vation rigoureuse. Il n'est pas vrai qu'il existe deux ma*
tières, Tune vivante, l'autre morte : la matière organisée
n'est que la matière générale modifiée par un principe
inconnu qu'on appelle la vie et qui tend sans cesse à se dér
Iruire pendant que la matière générale tend à s'organiser.
De plus, d'où viennent ces moules constitués par les ani*
maux et les végétaux 7 et puis, si les molécules organiques
tenues en dépdt dans les testicules de l'homme et dans les
ovaires de la femme, ne sont que la reproduction de cer-
taines parties du corps^ de quelle manière comprendre que
des enfants bien conformés naissent de parents mutilés, et
comment expliquer l'existence des parties annexes du
fœtus?
Si de pareilles difficultés naissent des conclusions de la
théorie, que sera-ce si nous abordions les bases mêmes du
svslème? De quel droit Buffon donne-t-il aux animalcules
spermatiqucs les propriétés qu'il reconnaît aux molécules
organiques? et par quelle expérience a-t-il reconnu que le
liquide contenu dans l'ovaire était identique avec la liqueur
séminale de l'homme?
Non, cette théorie^ quelque brillanle qu'elle soit, quel-
que autorité, quelque garantie qu'elle puise dans le nom
72 FtCONDATION.
de son auteur, ne peut pas plus être admise que les idées
d'Hippocrote, d'Aristolc et de tous les séminisles (1).
B. Le$ ovariêiei.
Jusqu'à la renaissance des lettres, c'est-à-dire jusque
fers la fin du xV" siècle, les physiciens, comme on appelait
alors les physiologistes, se contentaient du système d'Hip*
pocrate ou d'Aristote, et ne concevaient pas autrement la
génération que par le mélange de la liqueur prolifique de
l'homme, avec un liquide également prolifique fourni par
la femme, que ce liquide fût de la semence, comme le voulait
Hippocrate, ou qu'il fût constitué par les menstrues, ainsi
que le prétendait Aristote.
Mais, lorsque les sciences prirent un nouvel essor sous
l'inspiration des savants chasses de Constonlinople, l'ana-
tomie et la physiologie secouèrent les langes dans lesquels
les avait tenues enfermées le moyen âge , à ce point que
Harvey, rompant avec les anciennes traditions, proclama
son aiiome célèbre : Omnevivum abovo.
A peu près à la même époque, Sténon, de Graaf et
Swammerdam se disputèrent l'honneur d'avoir découvert,
dans les testicules de la femme, autre chose que ce que
les anciens s'étaient obstinés à y voir, et proclamèrent que
ces organes, loin de sécréter une semence, comme l'avait
pensé l'école hippocralique, étaient des réservoirs dans
lesquels la nature déposait les œufs que devait féconder le
(I) Le système do Buflbn a trouvé beaucoup do contradicteurs,
mais les plus im|>ortanls sont Hallcr (//ixfotr/* mi/uri'/M, Ch. Bonnet
( CoMideralions sur les corits organises), et l'auteur anonyme de VArl
de faire des ynrçons, que l'on fcait être Procopc Coutreau.
GÉNÉRATION. 7S
sperme de rhonime;en conséquence, ces organes cessèrent
de s'appeler testicules et prirent le nom d^ovaires.
Le mystère de la génération parnt, dès lors, h jamais
dévoilé, et à la femme seule fut dévolu tout le mérite de la
propagation de l'espèce.
Les partisans de Técole qui se forma à la suite de la dé-
couverte des œufs sont connus dans riiisloire sous la déno-
mination d'ovarisles.
Harvey avait été amené h dire que tout animal vient d'uQ
œuf, par l'observation de ce qui se passe chez les ovipares,
et à attribuer, dans l'acte de la génération, le rôle prin-»
cipal à la femme, par analogie avec celui de certaines
femelles qui pondent leurs œufs avant même d'avoir été
fécondées. Plus tard, lesovaristes trouvèrent d'autres points
de comparaison, non-seulement dans la série animale, mais
encore parmi les végétaux, et ces études comparatives les
amenèrent a admettre également pour l'homme la préexis-
tence des germes. En effet, il était didicile de nier que dans
les plantes, la graine existe en rudiments dans la fleur,
bien avant que le pollen lui-même soit arrivé à maturité;
que dans la classe des oiseaux, l'ovulation ait lieu chez
les femelles vierges; que chez les poissons, les reptiles
batraciens, la fécondation ne s'opère qu'après la sortie des
œufs, etc., etc. En même temps, Spallanzani constata la
présence de têtards dans des œufs de grenouille non fécondés,
et ïlaller fit la même remarque à l'égard de l'œuf de poule,
à l'occasion du vitellus qu'il regarde comme une dépendance
de l'intestin du fœtus.
Les ovaristes, auxquels étaient faites des objections que je
rapporterai tout h l'heure, étayaient leur système sur
diverses autres considérations. Ils citaient, comme prouvant
la préexistence du germe chez la femelle, ce qui se passe
7& P^GORDATIOIV.
chez certaines espèces animales, où une seule ropiilalion
suffit pour féconder plusieurs générations successives : cette
particularité esl, en eflety incontestable chez les pucerons,
où neuf générations sont produites par une seule fécon-
dation, et chez les monocles, où cet efTet s'étend jusqu'à la
quinzième génération.
Enfin les expériences, lentées d'obord par Swammcrdam,
puis par Roësel, et en dernier lieu par Spallanzoni, et ayant
pour but des fécondotions artificielles, parurent aux ova-
ristes ne loisser aucun doute sur la préexistence du germe
dans l'œuf de la femelle.
Mais, objectait-on aux ovaristes, en admettant cette pré-
existence, comment expliquer la ressemblance de l'enfant
et du père? comment se rendre compte de certaines mons-
truosités, et comment concevoir l'influence du mAle dans
la production des hybrides chez les végétaux, des métis chez
les animaux, et des mul&tres chez Thomme? Evidemment,
répondairnt les ovorisles, le mAle joue un rdie queN
conque dans l'acle de la génération; sans lui, la reproduction
est impossible, et les œufs, condamnés i\ subir son influence,
ne roroivent l'impulsion que de lui.
Mais, cette influence, il leur était impossible de la spéci-
fier et de lu limiter; ils la reconnaissaient comme indispen-
sable, et lui ropportaient les difficultés qu'ils rencontraient
dans leur marche. D'ailleurs, ajoutaient-ils, Taccouplement
irrégulier d'où résultent les hybrides et les métis n'a guère
lieu qu'entre des espèces et des variétés fort rapprochées, et
n'a jamais été ol)«4cr\é entre des espèces un peu distantes;
on doute nu>me de la possibilité du jumart, qui résulterait du
ra|iprocliement du taureau et de la cavale; de plus, ces
produits, s'ils ne sont pas stériles, ne peuvent donner nais-
sance à un nou>el être que jus(|u'à un certain nombre de
GÉKiRATIONk 75
générations, et reviennent promptement au type maternel,
s'ils sont abandonnés à eux-mêmes. Par conséquent, tout en
admettant Tinfluence du mâle dans l'acte de la reproduction,
il faut reconnaître que le rôle principal est dévolu à la
femelle, qui est le dépositaire des germes que le sperme
vient aviver.
Mais ce germe préexistant h toute fécondation, quand et
comment se forme t- il? Est-ce une partie inhérente et
essentielle n l'organisme de la femelle, comme la matrice,
la glande mammaire, etc.? où est-ce le produit d'une
sécrétion plus ou moins lente? En un mot, par quelle mys-
térieuse opération le germe se trouve-t-il logé dans le
corps de la femme?
A ce point de vue, les ovaristcs offrirent entre eux trois
principales dissidences que je vais ropidemcnt passer en
re\ue.
1® Panspermie, ou dissémination des germes. — Dans ce
système, les germes de tous les êtres vivants, tant végétaux
qu'animaux, auraient été créés dès le commencement du
monde et répandus dans l'espace, attendant, pour se déve-
lop|)er, des corps capables de les retenir et de les faire
croître, c'est-à-dire des corps semblables à eux. La faculté
dont jouissent tous les êtres vivants de reproduire plus ou
moins exactement les parties dont ils sont accidentellement
privés était le motif principal sur lequel reposait cette
étrange opinion. Il est incontestable, en effet, que cette
faculté est réelle, et d'autant plus appréciable que les ani-
maux sur lesquels on l'observe sont moins élevés dans
l'échelle zoologique. Mais, en acceptant cette hypothèse, il
faut nécessairement admettre un terme à toutes les espèces
vivantes connues, cnr, quelque considérable que l'on sup-
pose le nombre des germes créés, ce nombre va graduelle-
7r.
mcnl s'aiïiiiblissanl
on instant où noiro f-lolie mnnquern tout il In Tois de vi^g^-
loux et (l'onimauK. Mois il c$t inutile do nous nrrrter plus
tunglem}>$ sur un syslùnie dont l'ubsurditiJ Tait tout (c
mérite.
2° EmboUemenl lies germes. — Ccsyslf-mc, inicnlépar
Vallisnicri ou Swanimerdiini, et Hf^fendu nvee nrdenr pnr
Bonnet, veut qui- ùnws l'ovnire de In premitTc fentinu se
soient trouvés les gprines de toute In race humaine. Cette
opinion bitarre, (]uc Mnlcbninclic n'u pas craint il'udopter,
étonne l'esprit sur la divisibilité de la matière. Le privilège
de rinlîni dont on n doit!' notre première mère doit Cire
égiitement allribui^ à toutes les femmes, de telle sorte (]n*il
Taut admettre non-scnleniont un iuRnî créé, mats encore
une inKnilé d'infinis créés ocluellcnient existants, et une
infinité d'înlinis a \cnir: Oîi s'arrêter sur relie pente incoin-
mensuroble? D'ailleurs, l'iiifini est-il bien de ce monde, et
esl-il donné à t'homme de jouir d'une chose sons Un? Pour
échapper ù cette objection, les partisans de rcmbottemenl
des germes ont odmis que cet emboîtement avait un terme,
et qu'à un moment donné tes oeufs n'en contiendraient plus
d'autres. Cette concession failc aui dogmes religieux est
loin de lever toutes les dtflicultés; il reste h savoir com-
ment Kve a été instituée la première dépositaire du genre
humutn, et combien cliuijue femme revoit pour su part du
germes emlioités, (^luelque faible que soit celle part, et en
considérant le pi-tit nombre d'individus qui voient te jour en
comparaison des germes créés, on se prend n douter de la
sagesse de la nature, qui sncrilie li un seul inditidu des
millions et peul-étre de* milliards d'êtres sur lesquels su
puissance créatrice s'était étendue
Malgré l'outorité et le talent de ses défenseurs, cette
J
GÉNÉRATION. 77
cause, trop rortcmciit compromise par les élans d'une ima-
gination amoureuse d'hypothèses, n*a pas trouvé grâce
devant la postérité, qui, cette fois, s'est rangée à l'avis de
Buiïon contre Bonnet.
â' Génération gemmipare^ ou unovisles. — Harvey , qui,
le preroier,'avait formulé Taiiome : Omne vivum ab ovo^ et
qui, selon l'heureuse expression de Maupertuis (1), fit un
massacre savant d<!S biches et des daines des parcs de
Chafles I", désespérant de pénétrer jamais expérimentale-
ment le secret de la génération, eut recours h une hypothèse
étrange: comme il n'avait jamais rencontré, contrairement
à Verheyen, des traces de sperme dans la matrice et les
ovaires, il avança que la femelle est fécondée par le mâle,
comme le fer, après qu'il a été touché par l'aimant, acquiert
la vertu magnétique. En terminant cette dissertation
obscure, Harvey finit par comparer la matrice au cerveau,
et veut que l'une conçoive le foetus comme Vautre les idées
qui s'y forment.
L'opinion de Harvey a trouvé des partisans dans les
temps modernes ; seulement l'action sécrétoire a été enlevée
à la matrice et dévolue à l'ovaire. MM. Grimaud de Caux
et Martin Saint-Ange sont on ne peut plus explicites sur ce
point : « Ce n'est pas ici le lieu, disent-ils, de prouver que
le produit fourni par l'ovaire est le fait d'une véritable sé-
crétion ; c'est , pour nous, une vérité que nous essaierons
peut-être un jour d'établir sur des fondements irrécusables.
Nous dirons seulement aujourd'hui que les grains que l'on
remarque h la grappe des gallinacés ne sont pas des œufs;
que la poule, par exemple, ne perd pas un grain de sa
grappe toutes les fois qu'elle pond un œuf; que chaque
(1) Vénui pAysigutf, chap. vu, p. 54, édition de 4777.
78 FECONDATION.
gruin, nu contrnirc, doil être considiSré comme un conduit
excréteur de l'orgnne de sécrëtion qui est pro|)remont
l'oviiirc. Or, si l'ovaire est un orgunc sécrétoirc, il est évi-
dent qu*il rentre dans la condition de tous les autres organes
analogues de Téconomic animale, qui, avec des matériaux
semblables apportés par le sang artériel, fournissent chacun
des produits nouveaux et diiïérenls en tout point des élé-
ments qui ont concouru h les former (1). »
l)*après les faits récents acquis k la science, il faudrait
supposer, en admettant l'opinion de MM. Grimaud deCaux
et Marlin*Suint-Ange, que la sécrétion ovarique précède
de beaucoup toutes les autres fonctions de ce genre , car
Mi\l. iNégrier, Bischofi', Courty, et (loste en particulier, ont
fait des observations confirmatives de celles de Carus qui
avait rencontré des œufs dans li*s o> aires des fictns, de telle
sorte que la femme enceinte porte avec elle trois géné-
rations.
Ces faits, <|ui nous nunèneiil h la théorie de l'évolution
dont nous éloignaient les idées de llarvey et celles de
MM. (irimaud de (]au\ et Mnrtin-Saint-Ânge, établissent
que Tiruf e^t un élément anatomique, et, comme tel, se
formant de toutes pièces.
Dans les divers systèmes auxquels donna naissance la
découverte des œufs, et que je viens d'e\poser, on accor-
dait le nMe principal , dans l'acte de la génération , à ces
nouveaux organes de la femme, et l'on n'attribuait au
sperme qu'une faculté pénétrante, active, capable de fé-
conder Tœuf en donnant la vie h l'embryon qui y est con-
Ij /*/»t/«io/«j/iV (/f /Vs/H'iv ^ histoire tic lu ijnirnilion ilc i homme ,
I vol. gr. in-4, p. 446.
GÉNÉRATION. 79
tenu. Mais le problème n'était pas eotièremenl résolu, et
il restait à savoir comment le sperme arrivait à l'œuf, dans
quelle partie des organes de la femme cette rencontre avait
lieu, et de quelle manière la fécondation s'opérait.
Sous le premier rapport, les expériences de Harvey je^
tèrenl les physiologistes dans un grand embarras. Comme
l'illustre expérimentateur n'avait jamais trouvé de traces de
sperme dans la matrice des biches et des daines, dont il avait
fait on savant massacre^ quelques instants après l'approche
du mÂle, les uns admirent un aura «emma/ii qui, sous forme
de vapeur, arrivait jusqu'à l'ovaire en traversant la matrice
et les trompes; et les autres prétendirent que le sperme
était absorbé par les vaisseaux de la matrice, porté dans
la masse du sang, et ramené ainsi, par les secondes voies,
jusqu'à Tovaire. Ces derniers donnaient pour prouve) de
leur manière de voir, les changements qui s'opèrent chex
les femelles fécondées : les accidents que la femme éprouve
au début d*une grossesse étaient dus à la présence du sperme
dans le sang, et Todeur dont la chair et le lait de certaines
femelles s'imprègnent après la fécondation , comme, par
exemple, la chair de la chèvre qui sent le boue, devait être
rapportée à la même cause.
Cependant Verheyen avait été plus heureux que Harvey,
et avait découvert une fois du sperme dans la matrice d'une
vache. Les uns nièrent le fait, et les autres n'y attachèrent
auconc importance, disant avec l'auteur de Y Art de faire
des garçons (i) : «Si cela est arrivé une fois, c'est par un
accident qui ne tire point à conséquence; c'était le coup
d'essai d^one jeune vache, dont la matrice, novice encore, ne
savait apparemment pas bien son métier, et retint mal à
(I) On sait que Taoteur est Procope Coutreau, édition de Mont-
pellier, 1782, p. 4 08.
80 FÉCONDATION.
propos pour elle ce qui lui a\Qil clé confié, pour le faire
passer ailleurs. »
Faites donc de la science avec de semblables raison-
nemenls ! ! !
La détermination du point de rencontre du sperme et do
l'œuf di\isa moins profondément les savants que les autres
parties du problème. Les expériences de Ilarvcy s'oppo-
saient a admettre cette rencontre dans la matrice^ contrai-
rement à Ilippocrate, qui l'avait supposée pour les liqueurs
séminales de Thomme et de la femme; et rexistcnce bien
constatée de certaines grossesses tubaires lit penser a quel-
ques-uns que la fécondation ou l'imprégnation de Tœuf
pouvait avoir lieu dans les trompes de Fallope. Cependant
cette opinion eut |jcu de partisans, et le plus grand nombre
considéra l'ovaire comme un petit ermitaye oit le germe
recevait la visite du sperme^ soit indirectement, soit sous
forme de vapeur, soit mêlé avec le sang. C'était pendant
cette visite que le sperme mettait en action sa faculté active,
pénétrante et fécondante ; après quoi l'œuf fécondé se dé-
tachait de l'ovaire, pénétrait dans In trompe, et arrivait
enfin dans la matrice.
Quelques savants, plus physiciens que phjsiologistes, se
révoltèrent contre la faculté attribuée au sperme, et la
repoussèrent comme une hypothèse gratuite et inintelligible
à régale de la faculté génératrice des anciens et du nisus
formativns des modernes. Ils se replièrent sur la chimie,
eurent recours à une espèce de fermentation qu'ils décorè-
rent du nom harhfkvcd'intussuiceptiony et, comme il leur fal-
lait deux liquides pour obtenir cette opération chimique, ils
établirent un svstèmc mixte entre les séministes et les ova-
ristcs, et aux partisans duquel je donnerai le nom de semenr
ovaristes.
GÉNÉRATION. 81
C. Lez semen-ovisleB.
Les prorootears de cette théorie n'ont abandonné Tidëe
bippocratique que parce que les lois de la physique ne leur
permettaient pas de conaprendre comment la liqueur sé-
minale de la femme restait dans la matrice, alors que par
son propre poids elle eât dû s*écouler au dehors. Quant aut
œufs dont ils ne pouvaient plus nier l'existence depuis les
démonstrations de deGraar,deSténon,de Swammerdam et
d'ipeu près tous les anatomistes, ils en firent les réservoirs
de la semence fémiriine, et conservèrent aux ovaires les
attributs que les anciens avaient reconnus aux testicules.
Pour eux la semence du m&le et celle de la femelle décou-
lent du même principe de formation : a La matière, dit l'au-
teur de VArt de faire des garçons^ est une et la même
partout. Ses parties, c'est-i-dire les corps ne diffèrent entre
eux que par la quantité de mouvement présent ou passé;
par la configuration des molécules et par la diversité d'au-
tres modifications contingentes dont ils sont affectés. De I&
le dangereux espoir de convertir en or tous les autres mé-
taux. Le plus ou moins de mouvements dépend de la figure
plus ou moins propre 5 le recevoir, à le conserver. La figure
elle-même vient des cribles, des filières, des matrices par
on passent les parties de la matière. Les cribles, les filières,
les matrices sont des espèces de moules formés par le rap-
port, la connexion des parties voisines et par la pression
générale des corps environnants. C'est la source commune
de tous les fossiles, des métaux, des pierres précieuses,
des camaïeux, des végétaux, des animaux, en un mot de
l'homme même(l). n
(I) Loe. ctl., p. 474.
82 FÉCONDATION.
Ces principes plus ou moins obscurs de cosmogonie une
fois admis, la formation des corps est la chose la plus élémen-
taire. Les uns se constituent par la simple juxtaposition , et
n'exigent rien de plus; ce sont les fossiles, les métaux, les
pierres précieuses, etc. Les autres commencent aussi par la
juxtaposition, mais ont besoin, pour se compléter, de
l'espèce de fermentation qu'ils appellent Vintussusception^
tels sont les végétaux et les animaux. « La petite portion de
matière, dit l'auteur de VArl de faire des garçons^ l'esproe
de levain contenu dans la graine des plantes fermente avec
les sucs convenables de la terre, et la semence des animaux
mfties avec celle de leurs femelles (1). »
Le mélange ou plutôt la fermentation de deux semences
se fait dans l'œuf. Le sperme de l'homme est dardé direc-
tement dans la matrice qui, sous l'impression que lui fait
éprouver ce fluide, entre dans une contraction générale
qui la referme exactement ; de celte façon, le sperme de
l'homme, quel que soit son poids spécifique, est obligé de
rester dans l'utérus; mais celui-ci se contractant de plus en
plus, ses deux faces se collent l'une contre l'outre, cl obli-
gent la semence qu'elle a reçue a d'enfiler rapidement les
trompes de Fallope, semblables au jus d'une cerise pressée
entre deux doigts, qui s'échappe de cdté et d'autre. Les
trompes de Fallope n'ont pu se dispenser d'essuyer les
secousses de la matrice, » et vont, en conformité de ces
secousses, se porter sur les ovaires où elles charrient la
semence de l'homme. « Là, car il me faut encore citer
textuellement, elle pénètre la première membrane d'un ou
de plusieurs œufs, qui s'en imbibe par des pores garnis de
valvules propres à permettre aisément l'entrée de la liqueur
(<) Loc. cit., p. 475.
et i s'opposer à sa sortie. Le mélange de ce fluide avec ce-
lui qui est contenu entre la première et la seconde mem-
brane de l'œuf» le chorion et l'amnios, cause une fermenta-
tioo. L'œuf s'enfle, et cette enflure sufBt pour le détacher
de l'ovaire, d'où il tombe dans la trompe de Fallope. Elle
le descend tout doucement dans la matrice, a laquelle il
se colle; il s'attache yraisemblablement par l'endroit par
lequel il tenait à l'ovaire. Pendant ce temps, la fermentation
continue, augmente. Les parties les plus grossières de la
semence du mêle restent entre les deux membranes de
l'œuf. La portion la plus subtile traverse Tamnios, et se
mêle dedans, y fermente avec la partie la plus épurée de la
semence qui y est contenue; et c'est de ce dernier mélange
que se forme le fœtus (2). »
Et de la Metlrie, à qui Tidée de cette théorie est attri-
buée, s'écrie, avant d'en commencer l'exposition : aJ 'admire
toujours qu'on ne m'ait pas prévenu dans cette découverte
si simple, car je ne m'en fais pas accroire, il y avait déjà
longtemps que toutes les parties de cet édifice étaient con-
nues, il ne s'agissait plus que de les arranger, p
Lb découverte était, en eflet, facile à faire; on n'avait
qu'à ouvrir l'ouvrage du père de la médecine et il sufBsait,
pour frapper la théorie hippocratique au coin de la nou-
veauté, de changer le lieu où les semences du mâle et de la
femelle se rencontrent. Hippocrate les faisait fermenter dans
la matrice , les semen-ovistes les font intussusceptimner
dans l'ovaire. On pourrait se rencontrer de plus loin; aussi
les critiques, adressées au système du médecin de Cos,
reviennent-elles de droit aux semen-ovistes. Je ne les
renomellerai pas ici et je renverrai le lecteur à la partie de
cette introduction qui les renferme.
(4) Loc. c<«.,p. 477.
8& FÉCONDATION.
D. Lci anitnaleuliBles.
Le sperme de Thomme qui, dans les systèmes des ancienSi
marchait Tégal de la semence ou des menstrues de la
femme; qui, dans la théorie des ovaristes, était réduit à un
râle en quelque sorte secondaire, et qui avait recouvré
quelque importance dans l'opinion des semen-ovistes ,
acquit vers le milieu du xvii* siècle une telle valeur qu'il
fut considéré comme l'élément constitutif de l'embryon.
Cette révolution était due à la découverte, faite en 167&
par Ilamm et Leeuwenhoeck d'une part, et par Hartsœker de
l'autre, de petits corps animés et se mouvant dans le sperme,
auxquels on donna le nom d'animalcules spermaiiques ou
zoospermes. Ces animalcules furent aussitôt regardés, soit
comme le germe, soit comme l'embrjon lui-même.
Dos observations faites par les partisans de ce nouveau
système, il résulta : 1* que le sperme seul contient de sem-
blables animaux, et que tous les autres liquides de l'éco*
nomie en sont dépourvus ; 2* que ces animalcules diiïèreni
d'espèces à espèces, et qu'ils sont, au contraire, identiques
dans le sperme d'un même animal, et dans celui des indi-
vidus d'une même espèce ; â* que le sperme de tout animal
ne contient des animalcules qu'à l'âge où l'acte de la géné-
ration est possible, et qu'il en est dépourvu pendant la
première et la dernière époque de la vie ; h? que le nombre
de ces animalcules est excessivement considérable, puisqu'il
est de 50,000 dans une goutte de sperme de coq, égalante
peine en volume un grain de sable, et que cette multiplicité,
en rendant compte des expériences de Spallanzani, rentrait
dans les lois de la nature qui déploie une prodigalité remar**
quable pour la reproduction de toutes les espèces vivantes.
GéNÉRATlON. 85
CependaDt quelques objections fureut faites à Tcxistence
des aDimalcules dans le sperme de Thomme : Spallanzani les
considéra comme des animaux infusoires ordinaires, et
rappela qu'il avait elTectué des fécondations artificielles avec
de si faibles guttules de sperme, qu'il n'était pas possible
d'admettre qu*el les continssent des zoospermes ; Buffon pré-
lendit que ces animalcules n'étaient autre chose que ses
molécules organiques (1) ; Needham (2) assura avoir décou-
vert dans la semence du calmar « de petits corps à ressort,
qui paraissent être analogues aui vers spermatiques, et qui
pourraient faire douter que ces vers soient de véritables
animaux ; » les uns prétendirent n'avoir pu découvrir les
animalcules dans la semence de quelques animaux ; d'autres,
au contraire, assurèrent en avoir aperçu dans la semence
de quelques femelles de quadrupèdes; Vallisnieri, Heisler,
et d'autres observateurs avancèrent que presque toutes les
liqueurs contiennent des animaux semblables aux zoo*
spermes; Bono (â) soutint que les animalcules étaient très
visibles dans le sperme, mais lorsque celui-ci est corrompu,
ce qui arrive en très peu de temps; enfin, un médecin de
Montpellier, de la Plantade, sous le pseudonyme deDalem-
pazius, annonça les découvertes les plus absurdes et essaya
de tuer par le ridicule l'opinion de ses adversaires ; cepen-
dant cette plaisanterie fut prise au sérieux par quelques
grands esprits : Buffon descendit jusqu'à réfuter les obser-
vations de Dalempazius et Boerhaave, s'appuyant sur elles,
battit un système dont je dirai quelques mots plus loin.
(f ] Voyez plus haut le système de Baffoo, p. 70.
(2) N&uvellei découvertes faites avec U microscope, Leyde, 1747,
cbap. V.
(3) Article GiiiiiATioN, du Dictionnaire d^anatomie et de physiologie.
Paris, 1765.
86 FÉGONDATIOH.
Pourtant, malgré ces objections, la découverte de Leeu*-
wcnhoeck fut accueillie avec un engouement presque
général; on crut enfin avoir pénétré le secret de la géné-
ration, et le zoosperme fut définitivement regardé comme le
rudiment même du nouvel être.
Mais d'où venait cet animalcule? Par quelle voie mysté-
rieuse étnit-il arrivé dans le sperme ? Les uns appliquèrent
aux zoospcrmos le système de la dissémination avec lequel
on avait voulu expliquer la présence du germe dans i*œuf;
les nutros, adoptant les idées de Bonnet sur l'emboitemenl
des gcrmrs, dépouillèrent Eve on faveur d'Adam de llieu-
reux privilège d'avoir porté en lui toute la race humaine;
« il fnut bien qno chacun ait son tour, dit l'auteur del'^W
rfe faire fies garçons ; et je sais bon gré a Leeuwenhoeck
d'avoir fait venir celui des mâles; mais si j'avais été à sa
place, je ne m'en serais pas tenu In. Au défaut du mérite de
l'invention, j'aurais voulu enchérir sur l'extravagance de
mon antagoniste, la doubler, la tripler. Les infinitovistes
n'avaient attribué qu'aux femelles la faculté tie renfermer
en elles tous les individus do leurs races : les animovistes
se sont contentés de la transporter aux mâles; pour ne point
faire do jaloux, j'aurais libéralement accordé aux deux sexes
cette contenance infinie. L'un aurait contenu les logements
bAlis les uns dans les autres à l'infini (les œufs); l'autre
auri>it renfermé tous leurs petits hôtes futurs (les animaux
spormati(|ues) ; et je n'en aurais point fait à deux fois, je
leur aurais tout de suite donné la vie dès le commencement
du monde, avec le pouvoir de sauter, de cabrioler et de
faire la culbute les uns dans les autres à l'infini, pour les
amuser, les pauvres jietits, en attendant qu'ils devinssent
grands; avec tout cela j'aurais encore délié les infinitovistes
et les animovistes de trouver mon opinion plus ridicule que
fiÉNÉBATION. 87
ne le 8001 les leors. La divisibilité de la matière les rend toutes
également possibles ; et plus elles sont difficiles a compren-»
dre, plus elles semblent admirables à certains yeox (1).»
Le Camus se rappelant sans doute que Pythagore avait
dit que le sperme était la fleur du sang le plus pur; Pla-
ton, une effusion de la moelle spinale; Epicurc, unepar^
celle de l'âme et du corps, et plus particulièrement Alc-
méon, une portion du cerveau (2) ^ Le Camus, dis-je, a
voulu que le sperme fût l'assemblage d'une infinité de
petits cerveaux (â). Quoique Tauteur ne s'en explique pas
catégoriquement, il est probable que, dans sa pensée, les
animalcules spermatiques représentent les petits cerveaux.
Ceux-ci, primitivement produits par le grand cerveau, se
rendent aux testicules par le moyen des nerfs ; celui de
ces petits cerveaux qui doit produire le nouvel être, une
ibis porté dans la matrice, s*y gonOeet ne présente d*abord
qu'un petit cerveau qui donne successivement naissance aux
extrémités, absolument comme les lobes d'une lève qui se
gonflent d'abord et poussent ensuite la tige et les racines.
Le Camus ne fut pas le seul à ne tenir aucun compte des
découvertes de de Graaf, de Sténon, et de Swammerdam.
Les plus enthousiastes des animalculistes, répudiant toute
solidarité avec les ovaristes et accordant à peine aux ovaires
les fonctions que les anciens leur avaient attribuées, voulu-
rent que l'animalcule, appelé à se métamorphoser, s'atta-
chât à quelque point particulier de la matrice d'où il tirait
la nourriture destinée à le faire croître. Cette opinion, en
tenant comme non avenues des découvertes très légitimes
(4) Loc.eiC.p. 4 57 et 458.
(i) Plotarqoe, Det optnUms des philoiophei, liv. V, cbap. III.
(3) Mémoire iur diverê niieU de médecine, 4760, premier mémoire.
88 FÉCONDATION.
acquises à la science, s'enfermait ainsi dans un tel isolement
que le nom de son promoteur n'est même pas arrivé jusqu'à
nous (1). Les animalcuiistes plus sages accordèrent à la
femme un râle plus actif, et, les uns restant fidèles au sys-
tème d'Hippocrate, et les autres acceptant les données de
la science sur l'existence des œufs, se porlogèrent en deux
grandes écoles que je vais examiner sous les noms de semen*
animalcuiistes et de avo-animalculistes.
E. Lf$ semen'aninMÎculiMteê,
Maupertuis est le promoteur de ce système (2) : admet-
tant que la semence de Thomme et celle de la femme
s'unissent dans l'utérus par une espèce d'attraction, il
veut que les animalcules sperroatiques, sans être les rudi-
ments de l'embryon, « servent à meltre ces liqueurs proli-
Gques en mouvement; è rapprocher par là des parties trop
éloignées, et à faciliter l'union de celles qui doivent se
joindre, en les faisant se présenter diversement les unes
aux autres. » Maupertuis avoue qu'après beaucoup de ten-
tatives il n'a jamais pu rencontrer des animalcules dans la
liqueur prolifique de la femme, et, sans croire formellement
à leur absence, il n'est pas éloigné de penser qu'ils peu-
vent bien rester dans l'utérus. Dans tous les cas les
zoospermes de l'homme suffisent pour remplir les fonctions
qu'il leur attribue, et en terminant l'exposition de ses idées,
Maupertuis s'écrie : <c Que cet usage auquel nous nous
imaginons que les animaux spermatiques pourraient être
destinés, ne vous étonne point : la nature, outre ses agents
(4) Bonnet, Connidéralion$ sur les corpn organitén, i. I, p, 4 f.
(2) Vénui phyBiquf, 1'« partie, chap. XYII et XVIII.
fiÉNÉRATlON. 89
principaux pour la production de ses ouvrages, emploie
qoelqueibis des mlDislres suballernes. Dans les isles do
Tarchipel ou élève avec grand soin une espèce de mouche*
ron qui travaille à la fécondation des figues. »
Ce syslème est un petit roman, qui ne repose sur aucune
observation : sans m'arrèter à la semence de la femme dont
l'existence n'est plus admissible aujourd'hui, sur quel fait
expérimental Maupertuis s'appuie-t-il pour investir les ani-
malcules spermatiques des fonctions de ministres subal-
ternes de la nature? D'ailleurs, rendons justice à l'auteur
qui a reconnu lui-même que sa théorie était un enfant de
son imagination, et comme telle ne loi réservons que la
place d'un simple souvenir.
F. Les oDoanimalculistei,
Quoique appuyé sur deux faits aussi importants que ceux
de la présence d'animalcules dans le sperme de l'homme et
de l'existence d'œufs dans les ovaires de la femme, le pro-
blème de la génération semble n'avoir pas fait un pas de
plus, et sa solution , bonne ou mauvaise , que l'on devait
croire la même pour tous, donne naissance, dans les nouvelles
limites que lui imposait la connaissance des zoospcrmcs et
des œufs, à presque autant de systèmes qu'en avaient pro-
duit les solutions par les deux semences , par les œufs, par
les animalcules ou par la combinaison de ces éléments.
Les dissidences se montrèrent surtout & l'occasion du
lieu où se faisait la rencontre de l'œuf et du zoosperme, et
de la manière dont cette rencontre s'opérait. Aussi, pour
mettre quelque ordre dans l'historique de ces opinions diver-
gentes, convient- il de partager en deux ordres les ovo-
animalculistes, selon que le lieu de rencontre de l'œuf et du
90 FitCONDATIOM.
loosperme sera la matrice oa i'ofaire, tout en rattachant
à chaque nystème l'explication qu'il donne relatifement à
Ja manière dont se fait cette rencontre ; nous aurons ainsi
les ovo-animalculistes-utériiu et les ovo-animalculisteS''
ovariens.
Ovfy-animalculisteS'-utérins. — Deux opinions se sont
produites sur ce terrain, selon que leurs auteurs plaçaient
le germe, soit dans Tanimalcule spermatique, soit dans
l'œuf. Leeuwenhoeck, qui prétendait à l'honneur de la dé-
couverte des zoospermes, attribuait à ceux-ci le rôle le plus
actif dans la génération, et voulait en conséquence que les
animalcules projetés dans l'utérus y attirassent les œufs et
les y convertissent en de véritables embryons. On s'étonne
qu'un esprit aussi émiiient que Leetiwenhoeck ait émis des
idées qu'aucune observation ne justifie et que la raison
repousse non moins sûrement que la science.
D'autres, appelant à leur aide cet aura setninalis dont
le bon sens a fait depuis longtemps justice, à défaut des
expériences de Spallanzani, veulent que cet aura^ porté
jusqu'aux ovaires, « procure dans l'œuf ou dans les œufs
mûrs de l'un ou de tous les deux ovaires, ce changement
appelé fécondation qui met l'œuf en état de croître» de
rompre su cellule, de tomber dans la trompe et de des-
cendre dans la matrice (1). » Là, l'œuf ainsi fécondé ren-
contre les animaux spermatiques dont l'un parvient à
s'enfermer dans son intérieur qui lui sert de lit et de loge-
ment. L'animalcule s'attache è la matrice par son /)/ac6n(a,
et, protégé par l'œuf d'où il se garde bien de sortir, il se
développe et attend l'époque du part.
La théorie des ovo-animalculistes-utérins, dégagée des
(I) Astruc, Maladiei dff femmeê. Paris, 4765, t. V, p. ft9.
6ÉNÉBATION. 91
ténèbres dont les premiers partisans l'araient entourée, i
été reprise de nos jours par M. Poucbet et par les physio-
logistes éminents dont je ferai tout à Thenre connaître les
opinions, qui, jusqu'à preuve du contraire et malgré le fait
des grossesses extra-utérines (i), me paraissent être les plus
conformes i la vérité.
Ovo-animalculisteS'Ovariens. — Sur ce terrain encore,
deux sentiments partagent les physiologistes relativement
h la manière dont les spermatozoïdes arrivent à l'ovaire :
les uns en rapportent tout le mérite aux animalcules, tandis
que les autres trouvent les motifs de cette progression dans
les contractions utérines.
Parmi les premiers nous trouvons Boerhaave ; et i la
tète des seconds nous rencontrons Astruc.
Boerhaave qui, ainsi que je Tai dit plus haut, prit au sé-
rieux les observations imaginaires de Dalempazius, veut que
les zoospermes se livrent dans la matrice à une véritable
course au clocher dont la trompe de Fallope est le but; là,
dans cet espace réservé , éclate alors une lutte sans trêve
ni merci ; les animalcules, avec toute la rage du désespoir,
se livrent entre eux à un combat dont l'œuf est le prix; le
plus fort ou le plus rusé, après avoir jonché le champ de
bataille des cadavres de ses ennemis , va triomphalement
\ers l'ovaire, en détache l'œuf qui lui appartient désormais
par le droit de conquête, et le ramène dans l'utérus avec
toute la pompe et tout l'orgueil de la victoire. — Ne vous
semble-t-il pas assister à un de ces carrousels du moyen
(1) Beaacoap de travaux odI été faiu sur les grossesses extra-uté-
rines et il n'est pas un seul traité d'accouchement qui ne leur consacre
un ou deux chapitres. On aura une idée de tous ces travaux en con-
sultant la thèse de concours pour l'agrégation de M. Alexis Moreau :
Des groiiesses extra-utérinês, Paris, 4853.
92 FiCONDATION.
âge où le chevalier victorieux s'avance vers la tribune des
darooiselles, relève enfin la visière de son casque, et reçoit
avec récliarpe aux couleurs favorites, la main et le cœur de
la dame de ses pensées? A Boerliaave ! quel immense tribut
ton génie a-t-il payé, en cette circonslance, à la fragilité de
la nature humaine, et combien tu nous rappellerais, si nous
pouvions l'oublier, que les plus belles intelligences ne se
peuvent jamais et complètement affranchir de Terreur !!!
Aslruc, ainsi que je le disais tout a l'heure, trouve dans
les contractions utérines l'explication de la marche ascen-
dante du sperme vera les trompes d'abord, et vers l'ovaire
ensuite. « L'orifice de la matrice, dit-il (1), se ferme par la
contraction des fibres circulaires qui l'entourent, et la .se-
mence une fois reçue, ne peut plus s'écouler par là. Les
fibres radieuses qui sont autour des ouvertures des trompes
dans la matrice, se contractent, et par leur contraction to-
nique, l'ouverture des trompes se trouve dilatée; par une
suite de la même impression, les trompes se raccourcissent
et se redressent par la contraction de leurs fibres longitu-
dinales; leurs pavillons conctractés s'attachent à la partie
inférieure des ovaires que leurs bords frangés, qui sont de
véritables muscles, embrassent étroitement. » Au milieu de
ces contractions diverses, les libres musculaires de la ma*
trice ne restent pas inertes, elles se contractent également
et diminuent ainsi la capacité de l'utérus; «dans cet état,
poursuit Astruc, la semence pressée par la matrice qui se
resserre, et n'ayant point d'issue par l'orifice de la matrice
qui est fermée, est obligée d'enfiler l'ouverture des trompes
qui sont alors béantes; et par ce moyen elle est portée jus-
qu'aux ovaires qui en sont baignés. » Un animalcule, plus
(4) Maladiei df$ femmeê, L Y, p. 61 et soiv.
GÉNilATIO?!. 9â
agUe ou jdus heureux peut-êire^ s'insinue dans l'œuf par
la fente de la tunique des ovaires, s'y niche, et vatlà^ s'écrie
Aslruc , un œuf fécondé.
Les idées d'Astruc, à l'époque où il les émettait, durent
jouir d'un certain crédit; elles ne choquaient ni la raison,
ni la plupart des faits admis alors par la science ; mais au-
jourd'hui, quelques-unes de ces idées, celles surtout qui se
rapportent à l'introduction du spermatozoïde dans l'œuf, ne
sont plus acceptables, en raison des connaissances nouvelles
acquises à la science, et que je vais exposer dans le para-
graphe suivant.
État actuel de la science.
Malgré les connaissances plus positives que nous possé-*
dons aujourd'hui sur le sperme et les œufs, et que j'ai pré-
cédemment exposées, le problème de la fécondation est loin
d'être résolu; il est réduit, il est vrai, en deux points seu-*
lement, mais ce sont les points les plus ardus et les plus
difGciles h pénétrer; à peu près toute la question* est au*
jourd'hui de savoir : l"* dans quel organe, ovaire, trompe ou
utérus, se fait la rencontre du sperme et de l'œuf; 2' quelle
est la nature de leur contact, l'essence de leur union.
!• Lieu où se fait la fécondation. — Les ovaires, les
trompes et l'utérus ont été tour à tour regardés comme la
scène sur laquelle se rencontrent le produit mâle et le pro-
duit femelle. Des expériences nombreuses et contradictoires
ont jeté la confusion sur cette partie du problème, et l'on
hésite à accorder sa con6ance ou aux physiologistes qui
assurent avoir trouvé du sperme jusque dans l'ovaire, ou à
ceux qui nient positivement la réalité de ces observations.
Cependant, en lisant sans esprit de parti et dans le but
unique d'arriver à la vérité, la relation de toutes les expé-
9& PiCORiATIOII.
riences et les argnroeots de chaque ad? enaire, on ne peut
se défendre d'un sentiment de préférence pour la théorie
de M. Pouchet qui place dans Tutérus ou dans la partie des
trompes la plus voisine de cet organe, la rencontre de l'œuf
et du sperme. « La structure des trompes, dit-il , leur vitalité,
et la nature des xoospermes empêchent de supposer que ce
fluide {le sperme) puisse remonter plus haut, et d'ailleurs
le mucus infranchissable, qui remplit ces conduits, oppose
aui spermatoioaires un obstacle invincible (1). »
L'ouvrage de M. Pourhet est trop connu pour que j'ana-
lyse seulement les arguments et les expériences qu'il cite è
l'appui de son opinion, et, malgré une récente communica-
tion de M. Coste (2) & Tlnstitut, parlaquclle l'auteur répudie
sa première manière de voir pour placer le siège de la fé-
condation dans l'ovaire, je crois, d'après quelques cipé-
riences personnelles dont il est inutile de surcharger cette
introduction, je crois, dis-je, que la rencontre de l'œuf et
du fluide séminal se fait normalement dans Tutérus ou dans
la première portion des trompes.
Les grossesses extra-utérines ne peuvent plus être con-
sidérées aujourd'hui comme un argument en faveur des
fécondations ovariennes contre les fécondations utérines.
Âstruc, Marc, Lallemand, Velpeau, etc., ont suflisamment
montré que ces grossesses anormales étaient produites par
quelque sensation ou quelque émotion extraordinaires au
moment du coit ; cette explication me parait encore plus plau-
sible et surtout mieux démontrée par des observations scru-
puleuses que cette assertion, émise par des physiologistes
recommandables d'ailleurs, tels que MM. Pouchet et Courty,
(4) Théftrie poêitive de l* ovulation spontanée et de la fécondation.
4 vol. în-S. 4847, p. S98.
{%) Académêê dm miencm, séanoeda S9 mai 4a50.
GftiltlIATION. -96
par eiemple, et par laquelle on voudrait que l'œuf, tombé
dans l'abdomen au moment de refiroî, y fât fécondé plus
tard par le sperme. Si le sperme ne peut, par les raisons
que M. Poucbet lui-même énumère, parcourir les trompes,
il est impossible qu'il arrive jusque dans l'abdomen pour y
féconder l'œuf qui serait tombé dans sa cavité. Il est plus
rationnel d'admettre que l'œuf a déjà reçu l'imprégnation
de la liqueur séminale, lorsque par suite des sensations et
des émotions extraordinaires dont je parlais plus haut, il
quitte le lieu normal de sa résidence, soit pour se fixer dans
les trompes, soit pour tomber dans l'abdomen.
2® Union de Vœuf avec le sperme. — La nature de
l'union du principe générateur mAle avec le principe géné-
rateur femelle échappe complètement i l'observation dans
l'état actuel de la science. Prévost et Dumas, trompés par
les apparences , pensaient qu'au niveau de la matricule
dans l'œuf des oiseaux, il existe un pertuis dans lequel ils
croyaient avoir vu des spermatozoïdes s'introduire dans le
vitellus. Barry prétend avoir observé la même disposition
sur la lapine, et avoir vu aussi un zoosperme s'enfoncer
dans la zone transparente qui circonscrit l'ovule. M.Pouchet
assure que ses recherches sur les mollusques semblent par-
faitement constater l'existence d'une solution de continuité
à la surface de la membrane vitelliiie.
Mais toutes ces observations n'ont pas tellement un ca-
ractère d'authenticité qu'on les doive accepter comme l'ex*
pression fidèle de la réalité. Je préfère admettre que l'union
du principe générateur mâle avec le principe générateur
femelle se fait par endosmose, et que, lorsque le sperme se
trouve en contact avec l'œuf^il s'établit à travers celui-ci,
de dehors en dedans, des courants spermatiques qui entraî-
nent avec eux les spermatozoïdes.
96 DURÉE DB LA PONCTION GÉNÊRATIIICI.
M. Charles Robin, considérant, ainsi que je l'ai dii plus
haut, les spermatoioïdes comme des espèces d*œuls oa cel-
loles embryonnaires, Teut que «la nature de cette union
consiste dans la dissolution des spermatozoïdes, avec pénétra-
tion endosmotique molécule à molécule dans Tovule femelle,
d'où formation des cellules embryonnaires femelles (i). »
CHAPITRE III.
DUR&E DE LA FONCTION GÉNÉRATEICB.
On peut élablir comme une loi des corps organisés que
la fonction procréatrice « étant le point culminant du déve-
loppement, dit Burdach, elle apparaît d'aulant plus tôt que
la marche de la vie est plus simple, l'individualité moins
prononcée, l'organisation plus simple , le corps plus petit
et la vie, en général, plus pauvre (1). » L'homme, qui doit
seul m'occupcr ici, est de tous les êtres vivanls celui qui
acquiert le plus tard cette faculté, non pas seulement d'une
manière absolue, mais même encore eu égard è la durée de
sa viC) car chez lui le rapport entre cette dernière et le
temps qui s'écoule depuis la naissance jusqu'à la puberté
est de 1 : & ou 5, tandis qu'il est de i : 18 chez le la-
pin ; de 1 : 8 ou 9 chez le loup, le renard et le blaireau;
de 1 : 5 ou 6 chez le cerf, etc.
L'époque è laquelle apparaît la faculté de procréer n*a
rien de fiie ; elle peut être avancée ou retardée par une
foule de circonstances dont j'aurai à examiner les princi*
(I) Manuel de phymlogie^ par M. Béraud. Paris, 4853, p. 44t«
(S) Traité de pAyatofogie, Irad. par Joardao, t. V, p. 36.
DUttC DB LA FONCTION GÉlfÉRATlUGB. 97
pales ; mais on peut dire d'une manière générale que dans
nos climats tempérés la puberté se montre de quinze h dix-
huit ans, et un peu plus tôt chez la femme que chez l'homme.
Des causes qui peuvent avancer ou retarder l'apparition
de la faculté génératrice, les unes sont inhérentes à l'indi-
vidu, et les autres lui sont extérieures; parmi les premières
se rangent le développement de l'organisme, l'état de santé
ou de maladie, la constitution, le tempérament, les habi-
tudes, la manière de vivre, l'éducation, la moralité, etc.; et
parmi les secondes se classent la latitude géographique, les
climats^ les races, l'état de la civilisation, la religion, etc.
Toutes ces circonstances, tant individuelles que générales,
n'agissent pas seulement sur le développement de l'âge pu-
bère; elles ont encore une influence marquée sur l'énergie
de la fonction génératrice. Or, comme pour compléter ces
études physiologiques j'ai dû réserver un chapitre h l'exa-
men des circonstances qui exercent une action salutaire ou
funeste sur la faculté génitale, j'estime que leur exposition
doit se trouver en une seule et même place, pour ne pas
faire double emploi, et que cette place doit clore cette intro-
duction, parce que pour être bien compris, l'examen de ces
circonstances exige la connaissance des rapports delà faculté
génitale avec toutes les autres fonctions des vies organique
et animale, rapports qui feront le sujet du chapitre suivant.
Cependant je dois placer ici TétuJe d'une fonction dont
l'apparition marque toujours l'éveil de la faculté procréa-
trice chez la femme, mais qui n'a avec l'exaltation véné-
rienne aucune espèce de corrélation. Je veux parler de la
menstruation.
D'ailleurs les travaux des physiologistes modernes ^ en
faisant de la menstruation le symptôme le plus apparent de
la ponte périodique de la femme, rattachent cette fonction
7
BB UURAk lu la FUKCTION G&ri&BATmCK.
k l'ovologie, et m'imposent en quelque surle le devoir de
ne pBS trop éloigner son examen des notions générales sur
l'œuf que j'ai données dans le chapitre précédent.
Tous CL>a motifs me sont une excuse sufTisante pour ni'oc-
cuper exclusivement ici de la femme, et l'importance de II
menstruation légitime l'étendue (jue je vais coiisutrer i
l'étude de cette fonction.
UENSTRCATION.
<j ■•'. — ClrcmiaUweeB qal IbUbcbI aar Ellr.
La menstruation est toujours un indite certain de l'apii-
lude de la femme à l'acte de la procréation ; avant son appa-
rition cette aptitude o'eiiste pas, et elle disparaît avtc les
règles à un Age plus ou moins avancé. Cependant on a cité
des exemples de femmes qui oui été férondées malgré l'ab-
sence complète des menstrues, en même temps que l'un voit
Iréquemmcnt des femmes parfaitement réglées être toujours
stériles- Je dirai tout à l'heure les motifs qu'allègue la [)by-
siologie pour expliquer la première de ces anomalies, et,
dans une autre purtie de cet ouvrage , je m'étendrai sur
l'état pathologique ; pour le moment, il nous doit sufitre de
savoir qu'en ihèïe générale l'aptitude à la fécondation ne
se décèle réellemt^ut que par la présence des menstruts, et
<jue l'apparition de celles-ci est tout i la fois pour la femme
le signal de sa nubilité et de sa vie propre.
Cette apparition n'a pas lieu h une époque Gie et la même
pour toutes les femmes; elle subit l'ioDuencedecirconstancea
nombreuses, dont je ne puis indiquer ici que les principales.
A. CUmat, — Latiltuh giographiqw. — Raeet.
l.'tmfite que la température exerce sur la première
J
ClâCONSTANCBS QCl UltLUKNT MH liLB. 99
éruptîoD des règles a été noté de tout temps ; les relations
des voyageurs n'ont laissé aucun doute sur ce point, et il
est admis comme aiiome que la première menstruation est
d'autant plus hâtive que le climat est plus chaud. François
Picard et Prideaux assurent qu'en Perse et dans tous les pays
de rinde, de l'Arabie et en Chine, les femmes deviennent
mères à huit ou neuf ans, tandis qu'en Laponie, au dire de
M. Wretholm , les femmes ne sëraie.nt réglées qu'à dix-
huit ans lorsqu'elles restent dans les montagnes.
GrAceaux progrès de la science, les différences dans l'épo-
que de la première menstruation selon les climats et la lati*
tude géographique , acceptées jusqu'à présent en règle
générale, ont été notées d'une manière plus précise , et ,
comme résumé de toutes les observations recueillies dans
diiïérents pays , je donnerai le tableau suivant que j'em-
prunte il l'ouvrage de M. Raciborski (1).
■OM Dl LA VILLI.
Toulon
Marseille ....
Lyon
Paris
GcBttiDgoe. . . .
Varsovie . . . .
Manchester. . .
Skeen
Stockholm . . .
Lapooie suédoise
liatiiade
gëof rapbiqae.
43
43
46
49
52
52
53
59
59
65
Age
deUp?e»ière Tempéralore
éruption
des règles.
OMjeniia
d« l'année.
44,084
44,045
4 4.492
44,465
46.038
45.083
45,491
45,450
4 5,590
48,000
e
45
45
14.6
40,6
8,0
9,6
6,0
5,7
4.0
Du tableau qui précède on est en droit de tirer les deux
conséquences suivantes : 1* l'époque de la puberté se trouve
toujours en raison inverse de la latitude géographique , en
(4) De la pub^té §t de l'âff ùtiUfiÊê ûh$» la fmme^ p. 47.
100 DURfiR t»l LA PONCrroN GfcutHATRin.
d'aulrcs termes, plus te degré de In latituile se trouve 6\eyé,
moins In puberté oiïre de lendanre à ilevonir précoce ; 2" la
latitude géogruptiique n'inlluc sur l'époque de l.i puberté
c|u'aulnnt qi/ellu marcIic d'accord avec lu température, et
(jue, en a'écartonl de In température d'un pays, clic perd
!ïon inllueiice sur l'époque de la puberté qui n'obi^it plui
alors qu'b l'impulsion donnée par In tempérniurc.
I/iiiRuence du climat et de In latitude géographique sur
la premii'rc apparition des rf.-gles est si manifeste, qu'on b
vu des jeunes lilles de neuf ù dix ans réglées dans les Indes
orientales, qui, transportées en Europe et surtout en An-
gleterre, éprouvaient une suspension dans leur menstrua-
tion jusqu'à quatumc on quinze ans, sans que dans l'in-
tervalle leur santé parût en souiïrir (t).
Cependant M. Raciborski rappelle que Icsnégrosses nées
en Europe lonserveiit l'aptitude ù être réglées de bonne
heure, comme si elles étaient nées sous le ric\ brûlant de
l'Afrique ou de l'Amérique du Sud, de même que les femmes
créoles héritent généralement des dispositions organi-
ques de leur m're. lorsque celle-ci est née dans les pajs
tempérés.
A rcttc occasion, l'auleur que je cile se demande si les
races n'auraient pas quelque itil1uenci3 sur l'époque de In
puberté chez lu femme. Kiaminant la race juive en Pologne
où les i^ruélites fuiment encore jusqu'à présent une vérî-
loblc colonie ayant conservé leurs mœurs, une partie de
leur rostume et leur religion, M. Ilaciborski conclut que
ta menstruation est proportionnellement plus litlive diez
les juives que chez les femmes de la race slave. Ainsi, ajoute
l'auteur, tandis que sur cent femmes de celle dernière race
(t) Tht{fcloptiiao(fri)cUcùimeaiei»e,\o\.Ut,f. HO.
GIRCOHSTiNCES QCl INFLUENT SUR ELLE. iOi
00 peut k peine en troQver une qui soit réglée à treize ans,
00 eo trouve déjà douze parmi les juives (1).
B. SoeiabilUé, — Habitude». — Régime.
S'il est un fait généralement admis et constaté par toutes
les statistiques, c'est celui de l'apparition hâtive des règles
chez les femmes des villes et surtout des capitales. En pré-
sence d'un semblable phénomène et de la diversité des
éléments qui entrent dans la composition des grands cen-
tres de population, il faut reconnaître que le système ner-
veui joue un très grand rôle dans la fonction que j'eiamine,
et que M. Brierre de Boismont a raison de dire, en parlant
du développement rapide de ce système dans les grandes
villes : a II semble que cette précocité du système nerveux
soit une véritable serre qui fasse éclore les règles et qui
remplace ainsi, jusqu'à un certain point, la chaleur des
contrées équatoriales (2). »
Est-il besoin de faire ressortir les (JifTérences qui existent
entre les mœurs, la manière de vivre, les habitudes, les
plaisirs, le régime, etc., des femmes des grandes villes, et
les mœurs, la manière de vivre, les habitudes, les travaux
et le régime des femmes de la campagne ? Ne sait-on pas
l'inOuence qu'exercent sur l'imagination, sur les passions,
sur les sens, sur la circulation, sur l'organisme tout entier,
et plus particulièrement sur le système nerveux, les bals,
les spectacles, les arts, et surtout la musique à laquelle ne
purent rester insensibles les éléphanls du Jardin des plantes
dont les désirs amoureux s'éveillèrent pendant un concert
(4) Loe.ciL, p. 32.
()] De la menstruation eomidérée dam êes rajtporU phyiiologiquei et
patholoçiqueê^ p. 4 5.
102 Dimfte DE LA POHCTtON GÈRÉIIATIICE.
qu'on leor donna (i)? Chez les femmes de la campagne au
contraire tout contribue è hftter d'abord le développement
du système musculaire, et Ton trouve rarement parmi
elles ces organisations chétives et avortées dont toute la
vie semble se concentrer dans la tète, et dont les salons des
capitales n'offrent, hélas ! que de trop nombreux eiemplea.
Tandis qu'il n'est pas rare Je rencontrer dans les hautes
classes de la société, parmi celles dont Teiistence s'écoule
dans le luie, les boudoirs, les théètres, les bals et les con-
certs, de jeunes personnes réglées à sept, huit, neuf et dii
ans , il est très peu de filles de la campagne dont la pre-
mière menstruation apparaisse avant la onzième année.
En thèse générale, on peut dire, d'après les statistiques
dressées sur ce sujet, que l'âge moyen auquel la première
menstruation apparaît est, pour les femmes de la campagne,
la seizième année; pour celles des villes, la quinzième ; et
pour celles de Paris, sans distinction de position et de for-
tune, la quatorzième.
C. Constitution, — Tempérament. — Tcùlle, etc.
Parmi les causes individuelles qui ont une influence mar-
quée sur l'apparition des menstrues, il hixi placer en pre-
mière ligne la constitution. Il est généralement admis que
les femmes d'une constitution robuste sont réglées de meil-
leure heure que celles qui présentent une constitution faible;
la différence serait assez notable, d'après M. Raciborski,
car les premières seraient réglées, en terme moyen, è l'âge
de quatorze ans: 3/i/&9; et les secondes è quinze ans: &6/87.
(I) On peut lire le* détails de ce concert donné aux éléphants du
Jardin des plantes, le 4 0 prairial an vi, dans la Dreade phihiophiqw
et dans le Dictionnaire de$ êcienccs médicales, l. XXXV.
SiGRtPIGATION DE LA MBNSTRrATION. fOS
D'après ce que j'ai dît plus haut de TmOuence du système
nerreux sur le développement de la menstruation, on com-
prend déjk le râle que doivent jouer les divers tempéra-
ments sur l'évolution de cette fonction. La statistique prouve
en effet que les tempéraments nerveux et nervoso-sanguins
sont les plus favorables de tous h la rapide nppatition des
menstrues, et que le tempérament lymphatique, celui qui
donne les sensations les plus lentes et les plus obtuses, est
ordinairement marqué par un retard dans l'apparition du
phénomène ; ainsi, d'après M. Raciborski, les règles appa-
raîtraient à quatorze ans chez les filles d'un tempérament ner-
veui ou nervoso-sanguin, tandis qu'elles ne se montreraient
qu'è quinze ans, 17/27, chez les jeunes personnes d'un tem-.
pérament lymphatique.
Quelques auteurs, poussant leurs investigations jusqu'aux
dernières limites , ont essayé de déterminer la part d'in-
fluence qui peut revenir à la couleur des cheveux , h la
taille, etc.; et M. Marc d'Espine est allé jusqu'à regretter
de n'avoir pu examiner l'influence des taches de rousseur,
des nœvij etc. (1). J'estime ces investigations non-seulement
inutiles, mais encore nuisibles h la science, parce qu'elles
introduisent dans un problème déjà si compliqué des élé-
ments sans valeur, et qui sont, comme la couleur des che*
veux ou la taille, sous la complète dépendance des causes
que j'ai déjà examinées.
Je ne m'y arrêterai donc pas plus longtemps.
S II. — fliKBiflcailoa «Te la ■ienstraailoa oa paaie p«rlo4M|ac.
Il ne faudrait pas croire que l'Age moyen de la puberté
chez la femme, que j'ai indiqué plus haut , fdt une loi
I) Archivée généraleê de médecine, 2*" série. 4 835, i. IX.
i
10& DORltB DE LA FO>CTI0M GftNÉRATRICB.
constante pour la nature ; il existe sous ce rapport de
nombreuses exceptions, et la science possède plus d*un
exemple , soit de menstruation excessivement hâtive, soit
de menstruation très retardée. Je ne puis entreprendre ici
rhistoire de tous ces faits, et à ceux que ces documents
intéresseraient, j'indiquerai un intéressant mémoire publié
par le journal l'Expérience (1), où l'auteur, M. Dézci-
meris, a réuni la plupart des observations de ce genre
disséminées dans les annales de la science.
Malgré ces anomalies, ou plutôt h cause même de ces
anomalies, la menstruation, ainsi que je le disais plus baot,
t toujours été regardée comme le signe le plus certain de
l'aptitude de la femme à la procréation. En rapprorliant
ce fait de celui qui se passe chez les animaux à Tépoquc du
rut, on ne peut s'empêcher de reconnaître entre eux une cer-
taine anologic. Aristote Tarait si bien compris qu'il donna
le nom de memlrues et au flux rataménial de la femme et à
l'écoulement périodique qui suinte par la vulve des mam*
mileres en chaleur. Chez ces derniers, une corrélation éii«
dente exi^^le entre ce phénomèile et la maturité des folli-
cules de de Graaf, puisque cet écoulentent ne se montre
qu'à l'époque où la fécondation peut avoir lieu.
En est-il de même pour la femme? Y a-t-il, entre les
phénomènes extérieurs et intérieurs quelque point de con-
tact ? Les uns sont-ils cause et les autres eiïet, ou sont-ils
simplement concomitants? D'après les travaux récents des
physiologistes dont je parlerai tout à Theuro, la menstrua-
tion et le détachement de l'œuf des follicules de de Grauf
soraient unis par un lien certain et entreiu bien longtemps
a>»nt notre époque; Bnudelocquc , en effet, disait que
(I; L Eriièrience, t. Il, p. li.
SIGNIFICATION DE LA MENSTRUATION. 105
la menstruation n'était qu'un avortcipent périodique;
liecot la considérait comme une espèce de phlogose amou-
reuse, et Ernett comme une véritable érection des parties
génitales; bien plus, Dugès et madame Boivin, se fondant
sur ce que des femmes portant un utérus sans ovairo
n'avaient jamais été réglées, ou que la menstruation avait
cessé avec l'extirpation de ces organes, disent textuellement
dans leur Traité des maladies de V utérus i < C'est & l'in-
> fluence sympathique de l'ovaire sur la matrice, comme
«sur tout l'organisme, que sont dus ce molimen et cette
» exhalation locale du sang dans la cavité utérine. » En 1835,
Schweigliœuser annonçait que la menstruation devait être
considérée comme la maturation périodique de la substance
destinée à produire le fruit; quelques années plus tard, en
18/i7, M. Pouchet, qui revendique pour lui l'honneur de
la découverte, assurait, dans un écrit remarquable (1), que
dès 1835 il rendait publique sa théorie de l'ovulation
spontanée, dans ses cours faits au Muséum d'histoire natu*
relie de Rouen. M. Cosle professa dès l'année suivante la
doctrine nouvelle; mais des faits positifs manquaient encore;
M. Gendrin les fournit le premier {^) : se fondant sur trois
observations de femmes mortes pendant la période mens-
truelle, ce praticien fut conduit à considérer l'hémorrhagic
menstruelle comme étant liée à une fonction spéciale des
ovaires, qui consiste dans la rupture d'une vésicule et dans
l'expulsion d'un ovule. De son côté, M. Négrier, d'Angers,
publia, en 18&0, quinze observations directes qui laissent
supposer que, depuis longtemps déjà, il étoit en possession
du fait de concordance de l'évolution et de la rupture d'une
;l ; Théorie positive de Vovulation spontanée et de la fécondation^
(S) Traité d§ médecine pMloeophique, t. IL
40G DinitB DE LA PONCTION GtlfÈMniGt.
vésicule de de Graafavec la menstraation. A partir de cette
époque, les travaui se multiplient, et ceui de Jones (I),
de Paterson (2), de Lee (A), de Montgomery (&), et les
ouvrages de Courty (5), de Pouchet(6), de Coste (7), Bis-
choiï (8), Coiistancio (9) , Raciborski (10), etc., com-
plètent la découverte, et lui donnent une apparence de
certitude qu'elle n'avait pas eue jusqu'alors.
J'ai étudié, dans l'article consacré à l'ovologie, les phé-
nomènes qui s'accomplissent dans la vésicule de de Graaf
au moment de la sortie de Tœuf. Je n'y reviendrai pas ici.
Je dirai seulement que, eu égard à ce qui se passe chei les
mammifères soumis à l'observation directe, on peut sup-
poser que les vésicules de de Graaf s'ouvrent tout à fait h la
fin de la période menstruelle; aussi M. Pourhet se croit-il
en droit de pouvoir déterminer l'époque à laquelle l'œuf est
fécondé. Qu'on me permette de citer le passage de son livre
relatif à ce point très important pour nous: « lia vésicule de
de Graaf (car il n'y en a presque constamment qu'une), qui
(4) Practieal obiervaîions on diteaseê ofuHm^en, Ixmôon, 4839.
(t) Edinb. med, and $urg. joum., 4 840.
(3) Med. cMr. tram., i. XXII, p. 329.
(4) On ihe êigm of pregnancy, p. Ï6.
(5) De rœuf et de son développement dans l'espèce hunuùne, Monl-
pellier. 4 845.
(6) Théorie positive de Vovulation spontanée et de la fécoiuiation,
Paris, 4847.
(7) Histoire générale et particulière du développement des corps orga»
nisés. Paris, 4 8«8.
(8) Traité du développement de l'homme et des mammifères. Paris,
I 43, in-H el allas; el Mémoire présenté à l'Institut, août 4 843.
(9) De la mmstruation et de ses rapports avec l* imprégnation.
Bruiellea, 4 844.
{\0) De la puberté et de fûge erUéqmtkez la femme. Paria, 4844.
SramPiCATION DE LA MBHSTRUATIOIV. ll)9
doit éflnettre Tovule, se développe pendant le coars de
répoque menstruelle. Puis, soit immédiatement après la
cessation du Oui cataméniai, soit seulement lorsqu'il s'est
écoulé un, deui, trois ou quatre jours après sa terminaison,
eette vésicule s'ouvre et laisse échapper Tovule qu'elle
contenait.
i> L'œuf est alors saisi par le pavillon, et il entre dans la
trompe, qu'il parcourt avec lenteur. Je pense qu'il met
ordinairement de deux à six jours à la franchir et è se rendre
de l'ovaire dans l'utérus.
x> Arrivé dans la matrice, il s'y trouve encore retenu de
deux è six jours par la decidua exsudée è la surface de la
muqueuse, vers le déclin de l'irritation qui suit l'époque
menstruelle.
»8i l'œuf n'est point alors imprégné de sperme, il ne se
Gxe pas à l'utérus, et se trouve enlevé avec la dtcidua\
celle-ci tombe ordinairement du dixième au douzième jour,
à compter de la cessation des menstrues.
» L'expérience ayant prouvé que, chez les mammifères,
le fluide séminal versé è l'intérieur des organes génitaux
des femelles y conservait plus de trente heures sa vertu
|iroliiique, il est probable qu'il en est de même sur notre
espèce. Aussi un rapprochement opéré un et peut-être deux
jours a\ant le passage de l'œuf dans l'endroit où il subît
l'imprégnation peut-il devenir fécond.
» Mais tout rapprochement sexuel opéré après la chute
simultanée de la deddua et de l'œuf, et durant tout le
temps qui sépare cette chute de l'invasion de la période
mensiruelle, est absolument infécond.
« Or, comme nous avons reconnu que la deddua tombait
constamment du dixième au douzième jour de l'intermens-
truatiou, il résulte conséquemmeot de ce fait que la coneep-
108 DURftI DB LA FONCTION GtNtRATRICE.
tioD ne peut 8*opérer qae do premier au douzième jour qui
luiveot les règles, et que jamais elle D*a lieu après celte
époque (i). »
Courly, de son- côté, sans être aussi aflirmatif que
M. Pourhety s'eiprime ainsi : « Nous sommes porté à con-
clure que, en général, chez la femme, la conception ne
peut aroir lieu que pendant les huit à dix premiers jours
qui suivent les règles (2). »
Celte théorie est très séduisante, il en faut convenir^ et
simplifie singulièrement le didicile problème de la féconda-
tion; mais malheureusement elle est en désaccord avec
Tobservation journalière, qui montre la possibilité de la
conception chez la femme à toutes les époques de la période
inlermenstruellc, et quelquefois Tinutilité du coit au\ épo-
ques filées par MM. Pouchet et Courty comme les seules
propres è la fécondation.
M. Coste a cherché à aplanir ces difKrultés, cl, pour
répondre à la dernière objection, il assure que le travail de
Tovaire peut être incomplet malgré la régularité des règles,
et que la vésicule, parvenue à un certain degré de dévelop-
pement, peut rester quelque temps stationnaire, puis avor«
ter sans se rompre.
Quant à la corrélation de la menstruation et de la chute
naturelle de Tœuf, M. Coste reconnaît qu'elle n'est pas
constante, et qu'il est des circonstances capables de hAter ou
de retarder le travail de Tovaire. Il distingue, pour la ma-
turation et la chute de l'œuf, des époques naturelles et des
époques artificielles, c'est-à-dire provoquées par des cir-
(I) Théorie ptmlive de l'ovulation Mpontamr et de la (ècondaiion,
p. 271-270.
(S) De Comf ei de 9on développement dan$ Veepèce humahê^ p. 84 .
PBÉllOllftNBS ACCOMPAGNANT LA VBNBIHOATION. 109
coDfttances extérieares. Au nombre de celles-ci, on doit
citer les conditions d'abri et de températare, l'abondance et
la qualité des aliments, la cohabitation des rofties et des
femelles; ainsi, prenant Tcxemple d'une lapine dont le rat
se renouvelle tous les deux mois, quand elle est isolée, et
qni se laisse de nouveau couvrir peu après la cessation du
rut, quand elle est avec le mâle, M. Coste se demande si,
en considérant que l'espèce humaine disposée son gré de
toutes ces conditions h Tégard d'elle-même et jouit du pri-
vilège d'une aptitude permanente au rapprochement des
sexes, on ne pourrait pas conclure qu'elle aussi est soumise
à ces influences, et admettre que les phénomènes de la ma-
turation et de la chute de l'œuf chez la femme ne sont pas
toujours spontanés ni invariablement fixés par la période
menstruelle.
Quoi qu'il en soit, dans l'état actuel de nos connaissances
il serait injuste de repousser la théorie de l'ovulation spon*
tanée, ainsi que l'a fait le docteur W.-B. Kesteven (1),
qui refuse de la ranger parmi les théories indnctives légiti-
mes, et ne la regarde que comme un ingénieux arrangement
de l'esprit, et d'admettce comme causes de la menstruation
les explications données par Haller et Burdach.
% III. — ¥héMÊmmèmem accm^pacmaiit la
La menstruation s'accompagne de phénomènes locaux et
généraux qu'il est important de connaître.
Parmi les phénomènes locaux, le premier fait caractérisa
tique de l'invasion des règles est la manifestation d'une
odetir spéciale que contracte le mucus excrété par les organes
génitaux, et qui est comparable à celle que répandent les
(1} Archites générahs de médecine , 4850.
410 DOlàl M LA VONCTION OÉNÉMATUGB.
émaiiatioDS des parties géuitaies des fomelles à l'époque du
rut. Quelquefois ce phénomène est précédé ou accoai|>agné
par des coliques, des niau\ de reins, et un sentimeut de
pesanteur dans le bassin. Le museau de tanche se tuméUe,
se ramollit légèrement, et Tutérus semble s'abaisser. M. fti-
paull, de Dijon, en niant ces deux derniers caractères, dit
que la seule exallation des forces vitales dont l'œil puisse
invariablement s'assurer, consiste dans la saillie d'une veine
bleu&lre, quelquefois de deux, aiïerlant une direction irré-
gulièrement transverse, et formant un relief sur la lèvre
antérieure du col.
Bientôt le mucus utéro-vaginal change de couleur : de
blanc qu'il est d'ordinaire, il devient brunâtre, et cette colo»
ration, tantôt précède Técoulcment sanguin d'une manière
immédiate, et tantôt disparait pendant un jour, après lequel
du sang presque pur s'échappe parla \ulve.
C'est lu seconde période qui commence.
Cette période n'a pas iinr durée é^ale chez toutes les
femmes. D'après les calculs de la statistique, cette durée,
fixée sur 562 femmes, a été, dans l'ordre de fréquence,
huit, trois, quatre, deux, cinq, six, dix, sept jours. Maison
peut dire d'une manière générale que l'écoulemont mens-
truel se prolonge plus longtemps ch<'z les femmes des villes
que chet les femmes de la campagne ; chez les femmes
petites, délicates, nerveuses, que chez celles qui sont grandes,
fortes, sanguines ; chez les personnes qui mènent une ^ie
sédentaire, molle, voluptueuse, que chez celles <|ui se li\rent
a des occupations actives et dont les habitudes et les mœurs
sont régulières.
D'après ces considérations, on comprend combien doit
être variable lu quantité de sang perdue, comparée d'une
femme à une autre ; cette quantité n'est même pas égale
PHtROlfAlW AiCCOMPAGlIAlfT LA MSNSTBOATION . 1(1
chez la même femme à chaque menstruation, et il est du
reste presque impossible de Tapprécier expérimentalemeoi
d'une manière exacte ; cependant on estime que Dehaeo
s'est le plus rapproché de la vérité en Gzant cette quantité
en chiiïre de 90 à 150 grammes.
Après une durée plus ou moins longue de cette seconde
période, la quantité de sang excrété devient de moins eo
moins abondante, sa couleur passe du rouge au brun, et,
peu a peu, le mucus utéro-vaginal pâlit d'abord, s'épaissit
et recouvre ses qualités premières.
Quand l'écoulement menstruel a cessé, des plaques épi-
théliales nombreuses, d*abord presque intactes, mais bientdt
réduites en fragments plus ou moins ténus, se détachent de
la face interne de l'utérus et surtout du vagin. En ce mo-
ment, c'est-à-dire le dixième jour environ après la cessation
des règles, tomberait constamment, d'après M. Pojchet,
un flocon albumineux, élastique, d'une teinte opaline, produit
par la surface de l'utérus, et qui serait une véritable decidua
se formant normalement dans la matrice après chaque pé-
riode menstruelle , se détachant normalement aussi pendant
chaque intervalle des règles, lorsqu'il n'y a pas eu fécondation-
Parmi les symptômes généraux qui accompagnent d ordi-
naire l'écoulement des règles, il faut noter, avec les coliques
et les douleurs des reins, une lassitude dans les jambes et la
tuméfaction des mamelles ; pendant la durée de l'évacua-
tion sanguine, l'intensité des battements du pouls diminue,
les yeux se creusent et s'entourent d'un cercle livide, et
quelquefois l'haleine devient fétide. Enfin si l'hémorrhagie
se fait avec difBculté, surtout la première fois, apparaissent,
ainsi que le remarque M. Longet, de véritables symptômes
morbides.
La menstruation se reproduit périodiquement chez la
113 HUBAR tiS LA FO\CTlaN «(tN^lBATRICR,
femme tous les mois. M. Brîerre île lloismont iiNsure que
l'intervalle d'une ptîrioile ii l'aulre est de 30 jours, il'après
Sirhweigs, il serait seulement de 27 5 28 jours ; très souvent
les rtf^les nnlici|iont sur l'époque suitanle, rarement elles
rclardenl.
\,a menstruation se suspend d'ordinaire pendunl la gros-
sesse et l'iillailemcnl; je dis d'ordinaire, parce qu'il n'est
pas très rare de rencontrer des femmes ré;j;Iées pendont ces
deux périodes de leur vie; mais dans te premier cas, les
menstrues se montrent plutât pendant les trois ou quatre
premiers mois que pendant tout le reste de lu grossesse.
Chez un grand nombre de nourrices, la menstruulion repo-
rott sî\ ou Iiuît mors après l'accouchement, tandis que cbei
d'autres, elle se montre aussi liAtivemenI que cliez les femmes
qui ne nourrissent pas ; celles-ci reviennent ordinairement
k h menstruotion si\ semaines ou deux mois après l'accou-
chement.
La nature du liquide ctcrélé n'est ni vénéneuse, ni félidc ;
la fétiililé des menstrues doit <ïlre rapportée à la malpro-
preté, h ]<i clialeurou b un long séjour dans les organes. Son
pou de disposition a rc coaguler et à se séparer par le repos
en caillot et en sérum, at ait fait supposer qu'il était dépourvu
de Bbri ne. Cette opinion, que Lavagnaavoil surtout partagée,
est démentie par les analyses plus récentes de M. Denis et
de M. Itoucbardat, et par l'ctamen microscopique.
D'après llitllcr, l'écoulement cataménial serait produit
par les artères de la mutricc; d'après M. Coste, le sang
s'échapporiiit des vaisseaux superficiels de la muqueuse uté-
rine par de petites gerçures microscopiques.
La cessation définitive des règles ou ménopause n'arrire
pas h une époque fixe et égale pour toutes les femmes. Sur
4R1 femmes dont l'Age critique a été noté par M. Krierre
j
DURÉE DE LA FO:<CTION GÉNÉRATRICE. 113
de Boismont, 11/i ont cessé d'être rt^glces de quarante h
cinquante ans; 21, de cinquante et un à citiqnante-cinqans;
5, de cinquante-cinq h soixante ans. Les AI femmes restantes
ont vu tarir leurs menstrues avant quarante ans : chez 25^
la cessation a eu lieu de trente-cinq h quarante ans ; chez 1 0,
de trente à trente-cinq; et chez 7, de vingt et un à trente
ans. Les relevés statistiques faits h Lyon par M. Pétrequin,
et à la Salpètrière par M. Raciborski, concordent avec ceui
que je viens de citer, et Ton peut dire, en règle générale,
que l'âge critique apparaît de quarante à cinquante ans.
La cessation des règles coïncide avec des phénomènes
ovariques inverses de cou.\ qui accompagnent rétablissement
des menstrues. La diminution et Tutrophic des ovaires font
plisser leur enveloppe extérieure, et les rides profondes qui
en résultent leur donnent un aspect singulier que M. Raci-
borski com|)are à celui du noyau de pèche. Les vésicules
de de Graaf sont grisâtres ou d'un blanc opaque à parois
froncées. Le liquide qu'elles renferment a disparu, quelque-
fois même leurs cavités sont effacées, et leurs parois épais-
sies forment une espèce de tubercule oiïrant à peine, h son
centre, trace de l'ancienne cavité. Quelquefois plus rien n'est
reconnaissable, et l'ovaire fortement réduit est transformé
en substance cellulo-fibreuse.
L'utérus et les glandes mammaires, dont nous avons vu
le développement s'accomplir lors de rétablissement des
règles, s'atrophient aussi dans de certaines limites, et suivent
le dépérissement des ovaires.
Des phénomènes généraux divers, et d'une durée va-
riable, accompagnent ou suivent d'ordinaire la ménopause.
Iftl femmes interrogées par M. Brierre de Boismont ont
présenté les résultats suivants : dans ftO cas, les règles se sont
supprimées tout à coup d'un mois a l'autre, sans que rien
8
11 & DOIÉS DB LA FONCTION GÉNÉIATIICB.
d'avance Tait pQ faire prévoir ; 26 fois cette termioaisK)!!
brusque s'est opérée après les couches, le sevrage, des
émotions, des chutes, des coups, etc. Les retards, notés
30 fois, ont varié entre une semaine et une année ; les irré-
gularités constituent le phénomène le plus fréquent, il s*esi
montré 60 fois ; les unes ont leurs menstrues toutes les trois
semaines, deui fois et même trois fois pur mois; chez d*au-
tres, les règles diminuent graduellement de quantité; enfin,
chez les troisièmes, la cessation n*a lieu qu'après des alter-
natives de diminution et de retours réguliers.
L'accident le plus fréquemment noté est la métrorrhagie,
il Ta été 57 fois par M. Brierre de Boismont. Chez quelques
femmes, aui règles succèdent, pendant un temps plus ou
moins long, des écoulements blancs continus, ou qui oiïreut
des alternatives de flux et de suppression.
Cependant les accidents qui peuvent accompagner la
ménopause n'ont pas la gravité (|ue leur prêtent quelques
personnes, car les importantes statistiques de MM. Laohaise,
Muret de Vaud, Benoiston de Chàtcauneuf et Deparcieuz,
n'accusent pas une augmentation de mortalité parmi les
femmes pendant la période de quarante à cinquante ans.
Il arrive quelquefois qu'à l'époque ordinaire de Tàge
ritique, les règles se suspendent pour reparaître après un
temps plus ou moins long. Dans ce cas, la fécondité revient
avec la menstruation, et llallera vu des femmes desoitante-
dii ans qui avaient encore des enfants.
Mais si la menstruation ne s'est jamais montrée, ou tout
au moins si les phénomènes qui accompagnent cette fonction
ont toujours été absents, on peut assurer que la stérilité de
la femme est une conséquence fatale de cet état. On a cité,
je le sais, des exemples dans lesquels la femme a été fécon-
dée sans qu'elle eût été jamais réglée, ou pendant que ses
BAPM1T8 M LA FONCTION 6ÉNÉIIAT1ICI, ITG. 115
règles étaient suspendues. Je conteste formellement le fait,
et je suis convaincu que, chez ces femmes, la menstruation
n'apparaissait pas par suite d'un état particulier des ovaires
ou de l'utérus, mais qu'à chaque mois, à l'époque correspon-
dante au travail des vésicules de deGraaf^des phénomènes
spéciaux se devaient faire sentir, soit du côté des organes
génitaux, soit dans les glandes mammaires, soit dans l'orga-
nisme tout entier.
Les détails dans lesquels je suis entré dans ce chapitre
trouvent leur excuse dans cet axiome si important pour nous:
Sans metuirtuUianf point de fécondation de la femme.
CHAPITRE IV.
RAPRORTS ni LA PONCTION GÉNÉRATRICE AVEC LES AUTRB8
FONCTIONS DE l'oRGANISKB.
L'homme n'est appelé à reproduire son semblable qae
lorsque toutes les fonctions de l'organisme s'exécutent avec
une énergie suffisante ; la fonction génératrice est la der-
nière à entrer en exercice et la première à disparaître de
la scène de la vie, parce que la nature a voulu que le pro-
duit de cette fonction portât l'empreinte de la vitalité la plus
forte, et que la grande et sublime mission de la perpétua-
tion de l'espèce s'accomplit au milieu des conditions les
plus favorables de toutes sortes.
Avant la mise en jeu des organes génitaux, l'homme,
pour ne parler ici que de lui, n'a qu'une vie individuelle, ne
participe au monde e^érieur que pour la satisfaction de ses
personnels, et, par cet égoisme d'un instant, i|
116 lAPFORTS DB LA FONCTION GÈNtlIATIICB
s'ouvre la voie de reiistence dont le bot unique, aux yeui
de la nature, est la production d'un être nouveau et sem-*
blabic à lui. Avant la puberté, riiomme, si je puis ainsi dire,
n'est pas une réalité, ce n*est qu'une espérance ; il n'est
rien dans le passé, il est peu dans le présent, il est tout
dans l'avenir. Confondus sous la dénomination commune
d'enfants, les deux sexes se ressemblent au physique et au
moral ; mais a mesure qu'ils avancent vers l'époque oà cha-
cun d'eux aura à remplir une fonction spéciale, les formes
extérieures se modifient, la \ie végétative semble ne plus
obéir au même courant, et des tendances difTérentes dirigent
leurs jeunes esprits; ces divergences se prononcent de plus
en plus tous les jours, et lorsque la fonction génératrice
apparaît, ces dissemblances se montrent plus prononcées et
plus caractéristiques : chez la jeune fille, la menstruation
prend un type plus fixe; les seins se développent, leurs ma-
melons deviennent plus larges et plus gros; l'auréole, qui
était rosée chez les blondes et jaunâtre chez les brunes,
devient, dans le premier cas, d'un rouge sale, et dans le
lecond, d'un brun plus foncé ; le mont de Vénus acquiert
plus d'élévation et de largeur; les poils qui le garnissent
deviennent plus roides, plus frisés et plus foncés en couleur;
chez l'homme, les formes perdent leurs contours et devien-
nent ar\guleuses; la barbe croit à la figure, et des poils se
montrent à la poitrine, aui aisselles et sur les membres ; la
voix devient grave, la marche plus assurée, et la raison
tempère la fougue de l'imagination.
Et la preuve que tous ces changements sont dus a l'éveil
de la fonction génératrice, c'est que, chez les castrats, le
système adipeux l'emporte sur le s}stème musculaire, et
conserve aux formes extérieures ces contours moelleux qui
sont l'apanage de la f^^mme ; leur figure ne se garnit pas de
AVEC LES ADTBES FONCTIONS DE l'oRGAKISHE. 117
Wbe, et les poils manquent aussi ou sont rares et mal
plantés aux autres parties du corps ; chez la femme stérile,
au contraire, par atrophie ou absence congénitale des
ovaires, des poils naissent sur la lèvre supérieure et au
menton, et ses habitudes extérieures ont tellement perdu
le cachet du sexe féminin, qu'elles lui ont valu chez les
anciens le nom de virago^ et chez nous celui d'hommasse.
Des changements analogues, mais en sens contraire, ont
également lieu lorsque la fonction génératrice est éteinte.
Chez les deux sexes, les formes gracieuses qui les distin-
guaient s'effacent peu à peu sous des rides nombreuses; les
cheveux et les poils accusent l'afTaiblissement des forces vi-
tales par leur chute ou leur changement de couleur; les
fonctions digestives, plus languissantes, ralentissent la cir-
culation etdiminuent par conséquent la caloricité (1) ; Tintel-
ligence s'affaiblit à son tour, et quand la décrépitude est
assez avancée et quand sont éteints tous les signes distinctifs
de l'un et l'autre sexe, Thomme et la femme tombent en
enfance^ selon l'heureuse expression populaire, c'est-à-dire
dans cet état amorphe où les deux sexes se confondent dans
un mutuel oubli de leurs attributs.
Malgré ce tableau ébauché à grands traits, on doit com-
prendre le rôle important que joue la fonction génératrice
dans l'histoire de l'homme : une fonction qui tient ainsi sous
sa dépendance l'accroissement et le dépérissement de Por-
ganisme, doit avoir avec toutes les autres fonctions des
rapports intimes qui établissent entre elles des influences
réciproques.
Ce sont ces rapports que je me propose d'examinp.r dans
ce chapitre.
(4) Voyez Réveillé Parise, Traité de la vieillesse hygiénique, moral
H philMopkiqtêe. Paris, 4853, p. Ô2.
H s BAPraiTS DB LA FOlfCTtOll OtlftlATIICB
Je les étudierai d*abord ao point de voe des fonctions de
la vie organique, comme aurait dit Bichat, ou de la vie plas-
tique, comme dit Burdach ; et je terminerai par l'examen
des relations de la fonction génératrice avec les fonctions
de la vie animale.
A. Rapporté avec la vie orgamquê,
1* Nutrition. — « La nutrition et la génération, dit Bur-
dach, sont des directions opposées de la vie. Cependant il
} a sympathie entre elles. Une nutrition abondante et une
bonne digestion sont des circonstances favorables à la pro-
création, car la formation de l'individualité est la condition
nécessaire de toute formation dirigée dans les intérêts de
l'espèce. Le défaut de nutrition commence par suspendre la
sécrétion du sperme et éteindre les désirs; puis les testicules
commencent par se flétrir. La fécondité dépend aussi de la
nutrition, C4ir elle est plus grande quand la nourriture abonde
ou choz les nniroaux qui trouvent facilement à se nourrir,
ceu\ par exemple qui habitent la mer (1). »
Il ne faut pas ici confondre lu nutrition avec un résultat
quelquefois exa'^éré de cette fonction, le développement
tro|) considérable du tissu graisseux, car leur influence sur
la fonction génératrice est complètement opposée.
Cette réserve admise, doit-on accepter comme expression
de la \érité les paroles de Burdach? Je ne le pense pas.
Sans chercher mes exemples dans les hautes classes de la
société, où le luxe, la paresse et mille autres causes d'inner-
vation, peuvent masquer l'action de la nutrition, je citerai
la fécondité proverbiale des paysans et du peuple, qui ont
une nourriture souvent insuflisante et toujours malsaine.
( I ) Traité de phytiologte, irad. par Joordan. Paris, ia97, t. ▼, p. Il .
ATBC LIS AUTEES FONCTIONS DE l'oIGANISM. 119
Lirlande, les contrées les plus pauvres de rAllemagne et
de la Russie, fournissent toutes les années, sans s'amoindrir
et s'éteindre, des contingents considérables à Témigration.
Cette influence d'une nutrition trop abondante sur la
fonction reproductrice n'est pas spéciale à l'espèce humaine ;
elle se retrouve dans l'histoire de tous les êtres organisés,
et l'industrie l'a su mettre h profit pour multiplier outre
mesure certaines espèces dont elle tire parti : « Les étangs
de la Sologne, dit le docteur Mayer, sont si favorables h la
croissance des carpes, que la rapidité du développement de
leur taille — luxe — les rend tout à fait infécondes, et qu'ils
sont obligés, eui propriétaires, pour conserver de la graine
de leur poisson, d'avoir des carpières de misère^ où ils tien-
nent les carpes exclusivement destinées à la reproduction.
Ces carpières, spéciales à la reproduction, sont d'étroites
pièces d'eau où les carpes femelles sont entassées par my-
riades, sont les unes sur les autres, meurent de faim, en un
mot. Ne pouvant profiter, ces carpes pondent ; et ces pon-
deuses fécondes ont été baptisées en Sologne du nom signi-
ficatif de petnarcb(l). »
Cependant, que l'on n'eiagère pas ma pensée : je suis
loin de prétendre que des privations prolongées, que des
carpières de misère^ pour me servir de l'expression des
habitants de la Sologne, sont des conditions heureuses,
sinon les plus favorables à la reproduction ; non, telle n'est
pas ma manière de voir ; mais je suis convaincu qu'une
nourriture frugale, grossière même, mais snflisante, est infi-
niment préférable pour le but à atteindre, que ces raffine-
ments culinaires inventés par les palais blasés^ et que ces
excès de table dont toute civilisation avancée donne le
(I) lh$ ropports conjugaux. Paris, 4 854 , p. 95.
120 aAPFOITl» DB LA FONCTION GkNÉRAniCK
triste spectacle. On a depuis longtemps fait la remarque
que Rome eût péri avant la fin de la République, si les
étrangers n'eussent continuellement comblé les \ides que
son intempérance creusait sans cesse. Mais il ne suRit pas,
pour que la faculté procréatrice atteigne sa plus haute énergie,
que la nourriture réunisse les conditions que je viens d'énu-
mérer, il faut encore que les fonctions digcstives s'accom-
plissent dans leur intégrité. Je dirai ailleurs, alors que j'ex-
poserai les causes de Timpuissance, combien les aflections
de l'estomac et des intestins influent sur l'acte de la copula-
tion, et je raconterai l'histoire d'un garçon de café, soumis
à mon observation, qui, sous l'empire d'un état morbide de
l'estomac, était incapable d'entrer en érection, et qui, cet étal
s'améliorant, ne pouvait exercer le coit que dans des positions
où l'épigastre était soustrait à toute espèce de pression.
De son cdlé, la génération influe aussi sur la nutrition.
L'exercice de cette fonction, quand il est modéré et en rap-
port avec les forces de l'individu, aiguise Tappétit et favo-
rise la nutrition ; quand au contraire il franchit les bornes
tracées par l'âge et la constitution, les fonctions digcstives
s'aflaiblissent, l'estomac languissant ne s'assimile plus les
portions alibilesdes aliments, et l'émaciation générale est la
conséquence fatale de cette perversion de la nutrition. Qui ne
connaît les suites funestes des excès de l'onanisme ou du coït?
La suppression de la faculté génitale, à son tour, retentit
profondément sur la nutrition : elle la favorise, l'exaspère
même ; les castrats sont ordinairement charges d'embon-
point, et les hommes qui deviennent inhabiles à la procréa-
tion, à la suite d'une vie licencieuse, ne tardent pas à en-
graisser. On dirait que la force vitale, ne pouvant plus
s'échapper par irémondoire dont le siège est dans les or-
ganes génitaux, se réfugie tout entière dans les facultés
AVBC LU AUTBES FONCTIONS DE l'oBGANISME. 131
nutritif es, et qu'alors elle emploie à produire toute Ténergie
qu'elle mettait à dépenser.
2"* Circulation; respiration. La respiration, selon
l'heureuse expression de Burdach, élant une tendance du
sang a se porter au dehors pour entrer en conflit avec Tat*
mosphère, nous réunissons dans le même paragraphe les
fonctions du cœur et celles du poumon.
L'uneet l'autre ont des rapports directsavec la génération.
La première, par le calorique qu'elle développe, accom-
pagne et favorise les actes génitaux, et tout le monde sait
que la chaleur animale augmente à l'époque de la puberté.
Bien plus, la vie du sang est exaltée par la faculté procréa-
trice. D'après les expériences de MM* Barruel (l),Wede-
kind(2) et Raspail (3), l'odeur qu'exhale la vapeur de ce
liquide est plus forte chez l'homme que chez la femme et
l'enfant, et présente un caractère particulier que l'on ne
rencontre pas chez les castrats, les vieillards et les individus
inhabiles à la fécondation ; elle pénètre la chair des animaux,
. et nul n'ignore combien elle est caractéristique dans la chair
du bouc, du taureau, et en général de tous les animaux qui
n'ont pas été coupés. Quelques-uns ont prétendu que cette
odeur sut generis était due à l'absorption de la semence ;
mais Burdach,sans repousser entièrement cette explication ,
attribue au phénomène une autre cause et ajoute : « Ce qui
prouve, au contraire, que la fonction procréatrice perfec-
(I ] Mémoire sur r existence d'un principe propre à caractériser le
sang de l'homme et celui des diverses eepèces d'animaux, inséré dans les
Annales d hygiène, t. I, p. 267 ; t. II, p. 217.
(2) Moyen de distinguer le sang humain du sang des animaux ^
{Annales ^hygiène, U XI, p. 205.)
(3) Nouveau système de chimie organique, Paris 4 838, t. III,
p. 209 et soiv.
m BArrOKTC M LA PONCTION aMtMATMCI
tioDne la formation da sang en général, c'eat que Tinter-
raption de la menstruation, sa non-apparition, le défaut de
satisfaction de l'instinct génital et fonanisme amènent la
chlorose, état dans lequel le sang a une teinte pAle et sale,
le caillot est friable, la Bbrine ressemble à Talbumine, et
les sels existent en moins grande quantité, de même que
probablement aussi le fer. Lorsque l'activité des organes
génitaux s'éveille et suit une marche régulière, notamment
sous Tinfluence du mariage, le sang acquiert sa constitution
normale (I). »
De même que Teiercice modéré de la génération exerce
une heureuse influence sur l'organisme, en éliminant le
snperflu de la substance, et que les excès de coït et les abus
de l'onanisme amènent des pal|»itations et la syncope ; de
même tout épuisement, tout état valétudinaire fait cesser
l'instinct sexuel, à moins que celui-ci ne soit stimulé par une
irritation maladive ou contre nature.
Les rapports réciproques de la génération et de la respi-
ration, tant au point de vue physiologique que patholo-
gique, sont si connus, qu'il me parait è peine nécessaire
de les énoncer. L'éveil de l'instinct génital est annoncé chei
l'adulte par les changements qui se produisent dans le
timbre de la voix ; la respiration est haletante et précipitée
sous l'empire de cet instinct, et les |>oumons exécutent des
mouvements désordonnés pendant l'acte du coït. Les excès
des plaisirs de l'amour, les grossesses trop souvent répétées^
et un allaitement trop prolongé déterminent souvent la for-
mation de tubercules dans les poumons, tandis que l'ona-
nisme n'est pas moins souvent accompagné de l'asthme; la
suppression des règles est fréquemment la cause de douleurs
(4) Loc. cti., p. 4 6.
AVIG LIS ADTRBS PONCTIOlfS DB L'oMAinSHB. fS8
de poitrine etde looi ; la blennorrhagie syphilitique est qael-
qoefois annoncée par des douleurs dans la trachée-artère et
le larynx, et l'hémoptysie est souvent arrêtée par des appli-
cations froides sur les organes génitaux.
L'influence de la respiration sur la fonction génitale est
également manifeste: les organes génitaux ne se dévelop-
pent pas ordinairement chez les individus atteints de cyano-
pathie, et Nasse remarque que cette affection retarde aussi
les règles, en diminue l'abondance ou même les empêche
de s'établir; nul n'ignore la lascivité des phthisiques, et
tout le monde sait que la pendaison et la strangulation déter-
minent l'érection et réjaculalion, qui ont même lieu quelques
fois après la mort; enGn Meckel a noté qu'aux altérations
du larynx se joignent quelquefois l'cndolorissementet l'atro-
phie des testicules, accidents qui augmentent à mesure que
la maladie primitive fait des progrès.
Je ne poursuivrai pas Ténumération de ces rapports pa-
Ihologiques, parce que j*aurai à y revenir plus longuement
dans une autre partie de cet ouvrage; mais ceux que j'ai
énoncés suffisent à montrer quelles étroites relations unissent
la faculté génitale et les fonctions circulatoire et respiratoire.
â* Excrétions. — Divers appareils d'excrétion existent
dans l'organisme humain ; tous ont plus ou moins de rap-
ports avec la faculté génitale; mais je n'examinerai ici que les
principaux, qui sont : excrétion rectale, excrétion vésicale
ou. urinaire et excrétion cutanée ; je dirai aussi quelques^
mots des relations génésiaques avec les parties du corps qui,
plus que d'autres, portent en elles le caractère d'excrétions
organisées, comme les os, les poils et les cheveux.
Le voisinage du rectum et des organes génitan est,
pour le praticien, d'un grand secours, non-seulement pour
le diagnostic de certaines maladies de ces derniers organes,
i3& BAPP0BT8 DB LA FONCTiOK GftNftBATBIGB
mais encore au point de vue ihérupeuUquc, cor (ou(cs les
substances introduites dans le rectum, par lavement ou sous
toute autre forme, réagissent sur l'appareil génital ; on verra
plus loin le parti que j'ai plus d'une fois tiréde cette indication
anatomique. De plus, la dureté des matières fécales rete-
nues dans le rectum est souvent In cause d'une érection fati-
gante et même d'une espèce d'éjaculation chez les individus
affaiblis par les excès. Le retentissement des affections de la
matrice sur le rectum et de celles du rectum sur la matrice
est si généralemcntconnu qu'il me paraît simplement néces-
saire de rappeler ce point de pathologie médico-chirurgicale.
Ces considérations peuvent également s'appliquer aui
rapports de l'appareil génital avec l'appareil urinaire : le
prurit du gland chez les graveleui et lescalculeui, la dimi-
nution de l'urée chez les castrats, et l'impuissance des dia-
bétiques, prouvent suflisamment les relations dont Je parle.
Lorsque les désirs vénériens se font sentir, la peau de-
vient le siège d'une transpiration plus abondante et impré-
gnée d'une odeur spéciale. Chez les castrais, la peau est
molle, pâle, lisse, rarement sujette aux exanthèmes et pro-
duisant une transpiration aigrelette.
Les os, de leur côté, dont la formation cesse lorsque
commence la sécrétion testiculaire, répandent une odeur
spermatique quand on les lime ou qu'on les scie.
Les poils du pubis sont ordinairement, dans les deux sexes,
eu égard a leur quantité, à leur couleur et h leur frisure,
un indice de l'énergie de la faculté génitale. La barbe, qui
ne se développe pas chez les castrats, et qui est peu fournie
et tombe de bonne heure chez les individus qui ont subi
l'opération à Tépoque de la puberté, est implantée avec
force et ne disparait que fort rarement, même dans un âge
avancé, chez les personnes qui jouissent de toute leur puis-
AVEC LBS AUTRES FOllCTIONS DE l'oRGANISIIE. 125
sancc virile. Tandis que les poils à la lèvre supérieure et au
menlon sont pour l'homme un signe de virilité, ils sont
quelquefois chez lafemme, ainsi quejc Tai déj'i dit, un signe
de stérilité surtout quand leur présence coïncide avec la
perte des autres attributs extérieurs du sexe Téminin. On
prétend , mais je n'ai pu m'assurer jusqu'à quel point
celte assertion est fondée, que l'habitude de so raser sti-
mulait les organes génitaux.
B. Rapports avec la vie animale.
La génération dont on a fait un sens spécial sous le nom
de génésiquey appartient essentiellement h la \ie animale
ou de relation; mais tandis que les autres sens entrent en
exercice sous Tinfluence d'une excitation extérieure, comme
la lumière pour la vue, les odeurs pour l'odorat, etc., le
sens génital n'exécute ses fonctions que sous l'empire d*une
excitation interne que l'on nomme instinct, désir vénérien.
Cependant, les excitations extérieures ne sont pas sans ac-
tion sur l'éveil du désir, quelquefois même celui-ci, inerte ou
paresseux , ne sort de son apathie que par la vue d'une belle
femme ou par des attouchements licencieux; mais, je le
répète, l'érection de la verge et celle du clitoris, et par suite
le plaisir^ chez les deux sexes, obéit entièrement au sens
intime, à l'Ame, è l'imagination, en un mot à la partie intel-
lectuelle de notre être. La femme violée ou contrainte au
coït avec un homme que son cœur repousse, est passive dans
l'acte qu't Ile laisse accomplir sans volupté ; et cependant
le stimulus extérieur ne lui a pas manqué: les frottements
de la verge contre ses parties génitales ont eu lieu, et ces
frottements qui, en d'autres circonstances, l'eussent plongée
dans des ravissements frénétiques, la trouvent maintenant
Iâ6 feirPOlTS DB LÀ FONCTION OtNiBiniCB
froide et insensible, parce que Tiniliation morale loi a fait
défaut. On a dit que les préludes du coït valaient mieui que
le coït lui-même, et cela est vrai jusqu'à un certain point,
parce que la perle de la semence, d'un cAté, et Varroi&'
ment du museau de tanche par le sperme de l'autre, en
enlrainant la raison au milieu de la tempête qu'ils soulèvent
dans Torganisme, lui enlèvent la conscience du stimulus
inléricur, et ne lui laissent qu'une conception troublée et
affaiblie des sensations vénériennes.
L'àmc, le sens intime, l'intellect, comme on voudra l'ap-
peler, et qui comprend l'imagination, les facultés attractives
et répulsives, a non-seulement des rapports très intimes
avec le génésique, mais encore est indispensable à son
eiercice. Ces rapports, auxquels je reviendrai tout à l'heure,
ne se bornent pas à la partie immatérielle de notre âme ; ils
existent aussi avec sa partie matérielle, si je puis ainsi dire,
avec le cerveau, que \e» philosophes et les physiologistes
s'accordent à lui donner pour siège.
Par l'exaltation momentanée que révèlent les facultés
morales sous l'empire des désirs vénériens ou du coït, on
peut conclure que le cerveau prend une large part à la géné-
ration, et que son exercice détermine dans cet organe une
congestion passagère, un afflux plus considérable de sang,
c'est ce qui arrive en eiïet assez fréquemment chez les vieil-
lards, pour qui ces épanchemcnts sont plus à craindre, à
cause de l'inertie de réaction de la force vitale. De plus, les
excès de coït et l'onanisme sont presque toujours suivis de
céphalalgie, de vertiges, d'hallucinations, quelquefois
même de dégénérescence du cerveau, notamment de la sup-
puration et de l'induration. La compression des testicules
occasionne une stupeur qui peut devenir mortelle, comme
des laits trop nombreux l'ont prouvé, et qui a été mise à
AVIG LB8 AUTRES FONCTIONS DE L^OEGINISIIB. 1^27
profil pour se rendre mattre des animaui les plus indomp-
tables. Le cerveau lui-même ne réagit pas moins sur la
fonction génératrice : on a vu la lubricité être produite par
renfoncement des os du crâne, par l'hydrocéphale ou le
ramollissement du cerveau, tandis que l'impuissance venait
à la suite de plaies de la tète ou de la suppuration de l'en-
céphale ; enfin Burdach assure que l'hydropisie chronique
des ventricules oo^asionne l'imperfection du développement
des organes génitaux, le peu d'abondance des règles et l'ab-
sence de désirs vénériens (1).
Mais de tous les points du centre encéphalique, le cerve-
let est celui qui entretient avec la fonction génitale les rap-
ports les plus intimes. C'est lui que Gall avait noté comme
le siège du sens génésique; et, en eiïet, le développement
du cervelet et des muscles de la nuque est presque toujours
en I roportion directe avec l'énergie de la faculté procréa-
trice, car tandis que l'on trouve la nuque large et bombée
chez les individus qui font preuve d'une grande virilité, on
la constate étroite et aplatie chez les hommes et les animaux
qui ont subi la castration.
Plusieurs fois je suis parvenu à calmer le priapisme ou à
éteindre des érections fatigantes, au moyen d'applications
froides a la nuque, et M. Serres a démontré, par une série
d'observations^ qu'un épanchement du sang au cervelet
s'annonce par une turgescence des parties génitales, qui
est parfois accompagnée de pollutions, et qui dure même
après la mort. La pathologie est remplie d'exemples de
pareilles sympathies, et Burdach prétend même que les
ulcères de la matrice font naître des douleurs à l'occiput et
des spasmes dans la nuque (2).
(4) Vom Bau md Ubm éB$ Géhinu, t. III, p. 76.
(t)ioc. «il., p. 423.
138 1A?H)BTS DB LA FONCTION GINÉBATBICB
iiù moelle épiiiière, elle aussi, rntreliont ovec la faculté
génitale les relations les plus intimes. Depuis Hippocra te, qui
Ta si admirablement décrite, tout le monde connaît la con-
somption dorsale qu'cntraincnt les excès vénériens et Tona-
nisme. La suppression des règles détermine quelquefois dans
cet orgone des congestions, des phlegmasics, des épanchc-
ments de snng ; et les organes génitoux se flétrissent lorsque
le cordon rarhidien est frappé de phthisie. Ces relations,
qu'indiquent les notions analomiques les plus superficielles,
sont quelquefois invoquées par la débauche et la vieillesse
avides de luxure, qui cherchent dans la flagellation une
énergie et dos voluptés qui les fuient.
Les sens, qui sont sous une dépendance si complète du
cerveau, partagent avec lui les relations qu'il nourrit avec
la fonction génitale.
La vue, en portont h l'éme Timage de Tnutre sexe, éveille
et exalte le sens génésique. Les excès vénériens et l'ona-
nisme diminuent la faculté visuelle, dilatent la pupille, ter-
nit^sent le regard, et cernent Tœil d'un cercle bleu et pro-
fond. Au moment du coit, la vue acquiert une telle sensibilité
que la moindre lumière l'impressionne d'une monière
désagréable.
L'odorat exerce sur les organes génitaux une action que
Ton ne peut méconnaître : l'odeur qui s'exhale de ces organes
est [our les deux sexes un stimulus puissant, et les courti-
sanes et les roués se servent, avecavantoge, de certains par*
fumsque je nommerai volontiers aphrodisiaques, tels que la
vonille, l'œillet, le girofle, etc.
L'ouïe ogit quelquefois sur la fonction génitale d'une
manière étrange. J'ai connu une personne dont le sens
génésique s'éveillait au seul frôlement d'une robe de soie,
et une autre a qui ce même frôlement produisait un effet
AVEC LES ADTBES FONCTIONS BÈ L^ORGANISME. 129
tOQt contraire; il est vrai de dire que chez ce dernier imli-
vidu, la sensibilité générale étoit douloureusement aiïectée
parla vae, le toucher ou le bruit de la soie, comme quelques
personnes le sont par la peau veloutée de la pèche ou le
brillant raboteux du satin. L'ouïe, après le coït, supporte
avec peine le moindre bruit, et les excès vénériens déter-
minent des bourdonnements d'oreille et quelquefois la
surdité.
Le goût n'a pas de relations directes avec la génération^
mais ses organes accessoires, tels que les glandes salivaires
et parotides, la langue et les lèvres, en entretiennent de très
intimes : tous ces organes entrent en turgescence quand
les désirs vénériens se font sentfr ; le développement des
glandes salivaires est en rapport avec l'énergie génitale, et
leur sécrétion augmente pendant le coït et h l'époque des
règles. Burdachcite l'observation d'une mélancolie produite
par des désirs non satisfaits et guérie par la salivation. Sou-
vent avec l'orchite, quelle que soit sa nature, apparaît Tin*
flammotion des carotides. M. Desportes assure que l'angine
couenneuse amène parfois un état d'orgasme des parties
génitales, même avant la manifestation ou après la dispari^
tion de la faculté procréatrice (1).
Le toucher a une telle influence sur le sens génésique,
qu'il est, pour ainsi dire, le compagnon inséparable de la
copulation, dont les baisers sont les préludes, le complément
et la fin. La main de l'homme caresse avec volupté les seins
et les formes arrondies de la femme, et ces attouchements
envoient à l'àme dos deux conjoints des excitations plus
vives, qui appellent la volupté et hâtent la formation d'un
nouvel être.
(I) Revue médicale. 4828, t. IH, p. Ui.
130 BAPINJUT» DB LA FONCTION silltBATBICI
Enfin, et pour ea finir arec les organes (lépenijant des
centre* nerveui, l'appareil musciilairi! jouit de sa plus
groiidu éner^ii; peiiiliiiit reii>tvnce île la fucuUé procréu-
tfice : sans furrc rhei rciifnnt el aiïflitilîs chez le lieillanl,
les muïclos sont HiisqucH et pAles chez le uisirat, i]ai, comme
lri>to compensation, est à jumaîï eicmpt de la goutte.
L'ftme, dont J'ai déjà parlé tout à l'heure, a toutes ses
Taculléseii rapiiofls intimes aiec lu générnlion. L'acte pro-
créateur trouve dans la joie cl dans luutt-s l(-<i diïposilioi» à
l'allé^jreiiieuneeiciiation heureuse, tandis qu'il e^t eiiqucl-
ifue sorte paruhsé pur les chagrins, les soucis, la crainte,
la frajeur et les préoccupations trop prunoncùes de l'eRpril.
Le [louvoir de l'imoginnlion est ici immense: c'est par
elle i|ue naissent les désirs vcnériens , que se produit
l'érection, et que s 'accom plissent plu>ieurs autres actes de
l'appareil généraieur. Pulion rapporte qu'une Tomme de
quuranle-huit an^, dont l'&gu tiilique avait passé depuis
quatre ans, et ilunt la sensibilité était furt eialtée, fut
prii.e, en assistant i l'accourhemciit long et pénible d'une
de SCS sœurs, de douleurs semblables à cellts de la par-
turilion ; que ifuelqucN heures après se déclara une faémor-
rhagie par les parlies génitales, qui dura pendant plu~
sieurs jours, et que trois jours après la cessation de ret
écoulement, les seins non-seuirmcnt se luméliùrenl, mais
encore fournirenl une sécrétion de lail(1}. Si la puissance
de l'imagination n'est pas en rapport direct ovvc l'énergie
delà génération, on peut dire que la première ne peut guère
citster sans la seconde, car on ne cunnall aucune produc-
tion intellectuelle portaut le cachet de l'originahté qui soil
émanée d'un eunuque.
(<) Anhivei giairalci d§ mtdecix^, L. XVtl, p. litS,
me Ui lUTBBi FONCTIONS Dt L^ORGAillêlIB. t&l
La raison, cette faculté mère, si je puis ainsi m'exprimcr,
dans laquelle viennent se confondre la mémoire, le jugement,
la volonté, etc., entretient, elle aussi, des relations réci-
proques avec fa faculté génitale. Les imbéciles, les crétins
surtout, s'adonnent ardemment h Tonanisitie (1), et les excès
vénériens ou la [pasturbation conduisent ceux qui s'y aban-
donnent, tantôt a Timbécillité^ tantôt à la manie du suicide,
et tantôt à la démence (2).
Le caractère n'est pas à l'abri de l'influence de la géné-
ration : l'impuissant et le masturbateur tombent dans une
mélancolie profonde, deviennent timides, sont fuible< de vo-
lonléy montrent de l'indifTérence pour tout, et nourrissent
un amer dégoût de la vie (3); les eunu(|ues sont pusilla-
nimes, lâches et ne savent pas mourir ; Richerand a fait la
remarque que les amputés de la verge sont pris d'une mélan-
colie qui les dispose éminemment aux lièvres de mau>ais
caractère, et les conduit souvent h la mort, tandis que les
hommes auxquels on coupe un membre supportent gaiement
cette mutilation (&).
Enfin, et pour en finir, le génésique développe chez les
deux sexes le sentiment de la sociabilité, puisqu'il exig^
le rapprochement de deux individus. C'est également sous
son inQuence que se perfectionnent les peuples, et que la
civilisation marche toujours vers de nouvelles et plus bril-
lantes destinées.
(4) Esquirol, Maladies mentales^ t. II, p. 353 et soiv.
(5) Esquirol, Maladies mentales, t. II, p. 219.
(a) Deslandes, De l'Onanisme et des autres abus vénériens. Paris,
4836, p. 4 33.
(4) Diction, dêê KiêHCêt médicaUê, t. XL, p. 4 93.
!3*2 cincnnsTAKCKS ym i>»xuem sir le D^veu>i'PRMKKr
CIRCONSTANCES DIVERSES (jUI l?IFLlt>T SUR I.E DÈveLOPrEMENT
ET l'exercice RE LA GËNËnATION.
Ces circonstances sont de deux sortes : A , celles qui sont
inhérentes h l'inJiviJu ; B, celles qui sont en dehors de lui.
(l'est lions cet onlre que je vais les ciaminer.
A. (7irci)nil(incr'l inhi'rFntex <i t'nuliridx.
Les principflles de ces circoiislanrcs sont l'Age, la consti-
tution, le tempérament, les passions, les hahitudes, le ré-
(lime, les professions et les travaui.
Age. — Lb vraie maturité procréatrice, dit Mendc(l),
est l'élat de la vie dons lequel les fonctions génitales peuvent
s'accomplir sans porter ntteînle à la santé de l'individu, ni
sous le rapport physique, ni sous le point de vne moral, cl
de telle sorte, en outre, que le raraclère de l'espèce soït
imprimé aux produits de la monièrc îi la fois la plus pro-
fonde et la plus complète. En un mot, c'est l'époque où
l'individu, parvenu an point de pouvoir se conserver lui-
mfime, devient apic h concourir au maintien de l'espèce.
Celte époque n'est pas celle de la puberté. Une fonction,
surtout la génération, ii'ai:(]uiert pas toute son énergie
au moment de son apparition j îl fnul, comme l'observe
judicieusement tturdacii, que la {luissonce existe pendant
quelque temps sans entrer eu exercice, pour qu'elle puisse se
développer parfaitement, ili^ployer en entier ses eiïuts, etse
répandre sur tout l'ensemble de l'oraanisme. Choi (es ani-
(t) Uattdbtich rUr ftriekllifhfn tfnl'rt», I, IV. p. Ilï.
■J
n l'bxibcics de la génkbation. 133
maui,la nature a pris soin d'empêcher raccouplementimmé*
diatement après l'éveil du seus génital : sans parler de la loi
du plus fort, qui donne aux mâles seuls complètement déve-
loppés la puissance de repousser les rivaux et de conquérir la
femelle, je citerai Teiemple du cerf, qui, à trois ans» entre
bien en rut, mais qui est dépourvu de la voix propre à attirer
la femelle ; cette voix commence è se faire entendre l'année
suivante, mais faible encore, et ce n'est qu'à cinq ans qu'elle
acquiert toute sa force.
A la puberté, c'est-à-dire à l'époque de l'éveil du sens
génital, l'érection chez l'homme semble ne pas être com-
plètement encore sous l'empire de l'ème ; elle se produit,
qu'on me passe le mot, à tort et è travers, sans but bien
déterminé et sous l'influence de circonstances diverses ; chex
la femme, le plaisir ne parait pas atteindre les limites de la
volupté, et ce n'est pas sans raison que les hommes vérita-
blement sensuels préfèrent la femme de vingt à trente ans.
D'un autre côté, les enfants dont les parents sont trop
jeunes, la mère surtout, ont rarement une complexion ro-
buste. Comme toutes les autres, la faculté procréatrice s'ac-
croit jusqu'à un certain point par l'exercice, et l'on a re-
marqué que les produits d'une conception trop hâtive sont
fréquemment d'une constitution plus frêle et plus délicate,
toutes choses égales d'ailleurs, que ceux qui correspondent
au milieu de la vie procréatrice; on a également noté que le
premier accouchement a ordinairement lieu avant l'expira-
tion complète du temps de la grossesse. Enfin les glandes
mammaires participent aussi à cette inertie de i appareil
génital, et sécrètent beaucoup moins de lait qu'à une époque
ultérieure de la vie utérine.
Lorsque la puissance a suffisamment accru l'énergie de
la fonction génitale, l'homme et la femme deviennent nu-
13& CIRCOKSTANGM Qf'l inrLVRNT IVR Ll HtTELOPPEMENT
biln; r'phI alors qun les or^nneM dans (oute kur forcfl
acrompliisfiil la ^i^rii^ralion snriii|iéril pour l'individn et fiani
(locnmiige |)Our rt3«|)èrc. La nubrlité, (ju'il faut atuir auîn
de iji^liiiguer de In puberté, commence à >iti^t ans pour les
femmes et û vingt i|ualre nns pour les hommes; l'usage la
recuiR môme presrpie toujours de quelt^ue^ années, et le*
léjcixlations uni varié i l'inlini pour la fiiiilion de l'époque
éa mariage. I.yrur^ne vouhiit quples hommes se mnriasseni
à trente-si'pt uns et If femmes à dii-sept ; l'Iolon prescrÎTait
aai premieri l'A^cdclrenlL' ans, et aux autres celui de vingt;
Solon liia le morisge des hommes i> trente-sept ans, et II
Rome, il ne leur fut , pendant quel'jne temps, permit de
te mnrier qu'à quarante ans. Aujourd'hui les lois sont moiru
léièrei, mai«les mœurs et les usages fout qu'en moyenne,
en France du moins, les hommes se marient de trente 1
(juarante ans et les Femmes de dii-htiit h lîngl-sii.
La fjiculté procréatrice s'éteint, chez la femnie, atec l«
menstruation; je ne reviendrai pus ici sur ce que j'ai dit
précédemment de celte fonction. Chei l'homme, la retraite
de la m6me Taculié est moins liée que chez lu femme h une
époque déterminée, et ne présente pas, comme chei l'autre
seie. des aciideuls plus ou moins funestes. En général, i
partir ds la cinquantième année, lu faculté {jénilale diminue,
et cet ab»i»<'mcnt duns l'énergie de la force procr^otrire ve
en augmenlaul ursduellement jusqu'à la soivonle-diiièmet
où lei désirs ont mfme en général disparu. Je dirai aillenn
loi csraiiéros que prc»euto le sperme des tieiilards, mait
on |>eut déjà pressentir que les produits du la vieillesse sont
cacDchymcx, délicats, et plus que tous autres tournis k Vin-
fllience des couses morhiliqiies,
Comlitution ; tempérament. — Bien que les metlan
■Ml» le méiM rubrM]ue, je doi« me garder de confondra le
J
R È'klBIGICB DB LA GIrIrITIOII» 185
coMtitulton et le tempérament, comme Pont fait et le Tont
encore qaelquea auteurs. La constilution^ éminemment sous
l'empire de la plasticité, exprime le degré de développement
et d'activité des organes, tandis que le tempérament désigne
la prédoroinence et l'influence d'une partie de l'organisme
sur toutes les autres, coïncidant d'ailleurs avec un état par-
fait de santé.
On comprend dès lors quels sont, d'un côté, la constitu-
tion, et de l'autre, le tempérament qui Tavorisent et secondent
le plus heureusement l'éveil et l'exercice de la génération.
Lafdculté procréatrice, par les lois mêmes qui président
à sa destinée, ne doit entrer en action qu'après l'entier dé«
veioppement de tout Torganisme, ainsi que je Tai dit eo
parlant de la nubilité, et s*éteint lorsque ta vitalité générale
diminue, lorsque les forces plastiques et animales com-
mencent è perdre de leur intensité ; par conséquent, il doit
exister nne relation intime entre la fonction génitale d'une
part, et la constitution de l'autre, qui marque précisément
le degré de développement et d'activité de toutes les parties
de Torganisme.
C'est ce qui arrive en effet.
Les individus dont toutes les fonctions s'exécutent non-
seulement avec régularité, m:iis encore avec énergie, comme
ceux qui sont doués d'une constitution athlétique, sont les
plus aptes tout à la fois à la copulation et à la fécondation ;
les Messalines choisissent de préférence les hommes de cette
trempe, et les amis de la santé publique doivent souhaiter
è tous les enfants des pères et des mères aussi heureusement
dotés.
Les constitutions faibles, cacochymes, qu'elles soient le
résultat d'un vice héréditaire ou d'un mal acqofs, reten-
tiasent profondément snr la génération . Moins tcwttentéea
136 CIHCUNSTANCE» V0> IKPI.UBM ^IJt LB DtVBUJfPSMEhT
de àésirt
milles aui I
1 vulu|i-
I imprcssium
luGuses, elles semblent accomplir l'acle, non comme un
plaisir, mais comme un detoir, et celte nonchalance, cetlc
froideur dans le coït est incapable d'imprimer une énergie
bien «ive au produit de la conceptiun, sans parler des alïec-
tions héréditaires que cette absence de vitalité chez les pa-
rents est loin de contre-bnlnneer el de détruire.
Quelquefois même l'apathie générale se communique ii
la fonction génitale elle-même, et alors, selon qu'elle frappe
plus particulièrement les organes de In copulation ou ceui
de ia fécondation, elle détermine l'impuissance ou la stéri-
lité. Ce n'est pas ici le lieu de parler de ces états patholo-
giques, et je reocoie le lecteur au chapitre de cet ouvrage
qui les concerne.
Au point de vue génital, plus encore que sous tout autre
rapport, le tempérament joue un rôle de la plus liautc im-
portance ; c'est par le muL tempérament que le monde ex-
prime l'aptitude ou l'inhabileté aux plaisirs de Vénus: Cette
femme n'o point de tempérament, dit-on ; cette autre a un
tempérament de feu.
L'observation journalière vient conGrmer la vérité du
langage populaire, et quoiqu'il soit diflîcile d'établir une
ligne de démarcation bien tranchée entre les tempéraments,
on les distingue d'ordinaire par une habitude extérieure
particulière, un état spécial des fonctions physiques et des
facultés morales, par un genre propre de maladies, en un
mot, par un ensemble de phénomènes physiologiques, psy-
chiques et pathologiques faciles i saisir et à classer.
Les anciens, dont la délicatesse d'observation était inlinie,
avaient admis i|uatre tempéraments primordiaux : le hUieuw
ou colérique, le sanrjuin, le mélaticoli'iue ou alrubiUiire,
el le pitmleuaj on pliiegmatique. Mais comme la prédomi-
J
ET L'BXEftClCB DE LA GÉNÉHATlOIf. 157
naoce de l'activité porte rarement sor un seul système, it
suiBl de combiner ces expressions deux à deux ou trois à
trois, pour peindre toutes les nuances que présente la nature.
Afin de mieux faire saisir l'empire des tempéraments sur
la génération, je rappellerai les considérations que j'ai déjè
présentées sur l'action des climats et des âges, en exposant
les ingénieux rapprochements que les anciens établissaient
entre ces diverses conditions d'influence. Â chacun des tem-
péraments primordiaux que j'ai énoncés plus haut, nos
pères rattachaient un des quatre âges de la vie, une des
quatre saisons de l'année et un des climats du globe : au
tempérament bilieux correspondaient l'âge adulte, l'été et
les climats chauds ; le tempérament sanguin était celui de la
jeunesse, du printemps et des pays tempérés; le tempéra-
ment atrabilaire était celui de l'âge mûr, de l'automne et
des contrées équatoriales ; enfin, le tempérament pituiteux
était celui des vieillards, de l'hiver, et des pays humides et
froids.
Ces rapprochements, grâce aux notions qui précèdent,
expliquent mieux que je ne le pourrais faire, l'influence des
tempéraments sur la génération ; ainsi la mollesse des tissus
et l'inertie des fonctions qui caractérisent le tempérament
lymphatique, étant peu compatibles avec les ardeurs de
l'amour, les anciens l'avaient fait Tapanage des vieillards,
dont la puissance génératrice est nulle; de l'hiver, dont les
frimas glacent les désirs, et des pays froids et humides,
dont l'action est tout aussi débilitante que celle de l'hiver.
Au contraire, l'âge adulte, l'été, les climats chauds, toutes
choses favorables aux plaisirs sexuels, sont le propre de
Phomme bilieux, «dont le tempérament est si chaud et si
amoureux, qu'il aurait beau avoir la vertu des personnes les
plus saintes, sa nature lui donnera toujours une pente è
1SB CIHCORSrjttMIM VVt IIIPI,L-BNT S(I)I LK DKVILOPPBMENT
l'amoitr des remmex. On aurait pluldt éteint un grnnd f«a
avec une ^onlte dVau, et l'on nbligernil plutAt un fleave
r-i|iiile h remonter vers *n source, .que de corriger l'inrlina-
lion (le cel homme (l).»
A»ec Af iiareiltps donnée*, il rst fiirile d'étnblir la gro'la-
tion de» tem]>érampnt« tjui éïtillenl et sureicilenl In faculté
procrénirice, et île noter reu», au contraire, i|ui lemfièrenl
OH éleignent les désirs de l'ainour.
Faniliés uuiralft ; passions. — l'Iu? que toute autre
partie de l'or^nnî^me, l'ap|iareil "(nital iiubil l'influence
du moral. Fn ce qui concerne les fucullés intolleiluelles, on
[leiil dire, totileii clioses <^gale.4 d'ailleiir», que t'élendne de
re8|iril et l'nrdeur de l'imnginalion dgiiisenl plui vivfinent
sur le !ien4 <-(^nilal i|ue Icx intelligonres bornées et pares-
seuse!); c'est il ce titre, [ilus encon- peut-éire qo'nu point
de rue de leor vanilé, que les femmes recherchent l'amour
éfi articles, de^i .«avants et des titl^raleurs ; malheureuse-
ment, lei Irnvniix «bstniits et les m6ililations auxquels cette
claMed'hommes est soumise, surtout h'SSOTantx, diminuent
beaucoup l'hcufeuse influence de leur euprrt, et frappent
quelquefois mAme I eu r:i organes sexuels d'impuinance et de
«lérililé, ainsi que nous le verrons aill'-urs f3).
Les Mnlimerils de l'àmc- i^xercenl sur la génération an
empirn il peu près absolu, el l'on ne comprendrait pas qu'il
en fi)t aulrcment, puisque c'est dans l'éme que réside le
consensus intime qui éieilli.' et anime le sens génésique.
Mais, de m^mo que les sentiments ou les facultés de l'Ame
(l) VeOflllo. Tableuit du Camour conjit^iil
{*) Phjlioloyie rt hygifie dr* hommtt livré* ■
pwlBiocMm-HenilM PsriM. Pane, I8U.
f parlio, i;hap. fV,
ux Irovaux 4t (ttpeH,
J
Et l'iIÉRCICB M LA CtlVtRATfOlf; 489
99 p6QTent ranger en deui groupes distincts et opposés, de
même rinfluence qu'ils exercent sur Tactivité gdnilale est
contraire; car tandis que les facultés aiïectives la favofisent,
lea facultés répulsives en éteignent Tardeur et en glacent
le» Toluptés.
Les passions, qui ne sont que les facultés de TAme sur-
excitées, élevées à une plus haute puissance d'expression,
agissent dans le même sens que les facultés auxquelles
elles répondent, mais seulement avec plus d'énergie et do
vivacité.
Cependant cette énergie et cette vivacité des sentiments
afTectîfs, qoi sont, sans contredit, des excitants heureux da
génésiqoe, doivent être contenties dans de certaines limites.
—Les extrêmes se touchent, dit-on. — Jamais maxime ne fut
plus applicable qu'en cette circonstance. Un amour violent,
longtemps réprimé dans ses désirs, plonge tout l'organisme,
au roomenl de sa réalisation, dans une espèce d'extase oè
l'Ame, c'est-à-dire la partie immatérielle de notre être^
semble concentrer en elle toute force et toute vitalité, et
parait oublier les organes qui lui servent d'ordinaire pour
transmettre ses volitions. Le consensus s'est replié en lui-
même, et comme le sens génital ne s'éveille qu'aux excita-
tions de ce consensus, il faut attendre, pour que tout rentre
dans Tordre, que la surexcitation morale ait cessé, ou qu'elle
loit revenue du moins au type normal de la simple excita*
lion. Le plaisir qui suit cette détente générale et qui suc*-
cède à cette impuissance momentanée, est d'ordinaire plus
ardent et la fécondation plus facile. «J'en sçay, dit Mon-
taigne, que j'aurai plus d'une fois occasion de citer è propos
de l'influence du moral sur le génésiqoe, j'en sçay a qui îl
a servy d'y apporter le corps même, demy- rassasié, d'ail-
leurs, pour endormir l'ardeur de cette fureur^ et qui , par
1A(1 C(RC0NSTAllr.e8 ull nFLLEItT SI H LE DAvRLOPPRHBNT
l'aage, se trouve moins impuissunt de ce iju'il esl moini
puissant (1). "
Habituiies. — S'il est vrai que l'habitude soit une seconde
nature, il est facile de romprcndre, par ce que j'ai dit pré-
ci^deiiiment de la constitution, du tempérament et des Ta-
cultés de l'Ame, l'empire qu'elle peut exercer sur la gêné-
ralioti.
Mais eu dehors des habitudes physiques et morales dont
je parlerai tout à l'heure, et qui modifient plus ou moins les
prédispositions de l'organisme et les tendances de l'esprit,
il est une habitude spéciale au sujet qui m'otxupc, et qui
doit par cela même lUer la première mon attention. Je
donne à cette habitude l'épithèle de coptUatrire , parce
qu'elle résulte de l'ciercice longtemps prolongé du coïl
entre deux individus.
L'habitude copulatrice ne produit pas les mêmes elTets
sur toutes les personnes, ou du moins les manifestations de
ces effets ne sont pas identiques dnns tous les cos.
Le plus généralement, l'uniformité des rapports engendre
une espèce de satiété qui enlève au consensus l'aiguillon de
la nouveauté et au plaisir le charme de l'imprévu; en l'sb*
sence de ces excitants, le sens génital languit, devient pares-
6eui, et se refuse quelquefois même à accomplirsa fonction.
Quand un poète a dit que l'amour mourait de nourriture,
il a nécessairement voulu parler de l'habitude copulatrice,
qui pousse tant de maris hors de la couche conjugale, ot
qui rompt tant de liens formés sous les plus favorables au»-
pices.
Quelquefois, au contraire, Thabilude copulalriL-e produit
un elTel diamétralement opposé à celui qucjeviensdesigna-
(1) £|M{|, 1. 1, p. 101, édil. ds «713. Paris.
J
BT L*BXIiCICB DB LA GiNÉRATION. Iftl
1er: non-seulement elle éveille les désirs et soutient l'éré-
thisme génital, mais encore elle glace toute ardeur génési-
que, et repousse tout excitant qui n'a pas sa source dans la
personne qui est l'objet de cette habitude. Je possède dans
mes notes une curieuse obsertation, qui trouvera ailleurs sa
place, mais que je crois utile d'analyser brièvement ici, pour
montrer jusqu'où peut aller l'empire de cette habitude. Marié
• vingt-deux ans à une femme qu'il aimait profondément,
M. X... devint veuf h l'âge de trente-sept ans, S9ns jamais
avoir éprouvé aucune défaillance dans ses fonctions génitales
et sans avoir jamais déserté la couche conjugale. La mort,
en frappant sa femme, sembla avoir glacé ses organes géni-
taux, et, malgré des désirs réels, il ne put, à partir de son
veuvage, obtenir une érection suffisante pour le coït. C'est
alors qu'il vint me consulter, et qu'il m'avoua qu'il n'obte*
nait une demi-érection qu'auprès des femmes qui, par leur
tournure, la couleur de leurs cheveux et la forme de leur
taille, lui rappelaient le mieux son épouse; de plus, ces
demi-érections n'étaient possibles qu'au lit et que lorsque
la femme était dons le simple opporeil de la couche maritale*
Mais l'illusion du malheureux ne pouvant aller plus loin,
h cause de l'absence de ces mille petits riens qui, tous les
jours répétés, engendrent l'habitude, Térection s'arrètoit
aussi, et le coTt devenait impossible.
L'impuissance de ce malade tenait bien évidemment à la
cause que je signale, car après une année laborieusement
employée è oublier le souvenir de sa femme, M. X... recou-
vra toute sa virilité, ayant toutefois conservé une préférence
très marquée pour les personnes du sexe qui , par leurs
qualités physiques, lui rappelaient le plus servilement son
épouse.
Les habitudes physiques sont tellement liées au régime
iM CIRCONSTAHCBÏ QUI INPLUBNT f-V» Ll DftVEI.OPPEMF.NT
cl H la profcii&ioM, el les liab>tu<Je« murales au genre île tra-
vail Je» iriilîviOus, qui'cetiuiEJ'ui è Jire iie« unes eliles autres
trouvera iiaturellmneut sa |ilai;e ilatis Us articles suitmits.
Régime. — On peut poser en rtftli' générale que (oui ce
qui luiid à établir la prédomina me ilu H\slème iiurveui,
ou plulAt du sjstènie nenoso-sanfiuin sur les aulrei partiel
de l'organisme, el h diminuer l'inlluence du sjstème Ijm-
gibstiquc, doit èlre considéri^ comme esseciliellemeiit Favo-
rable il l'exercice de 1» ((^■■t'rotioii. Pourtant il est un pré-
cepte non moins général et non moins vrai, qui veut qn*: l»
prédominance du sjstème nerveux soit enfermée dans d«
certaine» bornes, el que les fonctions du ce gv!>t>''me, ne tub-
Etiluant h toutes tes autres, ne Iransfonnent pas tes mal-
beureu\ qui le possèdent en tristes sensilives qu'effraie le
moindre bruit, qu'aiïeL'le l'odeur lu plus doute, etc.
Le régime joue un très gruml rAle dan» le développe-
ment de cei pauvfes natures. C'est parmi les femmes, sur-
tout tes femmes des capitales et des boudoirs parfumés,
^ue se rencontrent ces élres chélifs, maigres, dont (ouïe !•
vitalité se concentre dans la ligure, qui, munie de quelque*
muscles san» ampleur, jouît d'une eipression saisùsable
wulemefit i la lumière des bougies. Ofi tes voit dans les
ulons loucher du piano, pincer de la barpe et chanter la
romance, et cepi'ndanl, malgré soi, on se dil que la vie
n'anime ni ces mams ni cette voii, et que ces accords et ces
chants sont froids comme la mort et faibles comme le néant.
Ce n'e^t painl auprès de ces femmes que la copulation est
ricbe de loluplés; ce n'ist point avec elles que se perpétue
l'espèce. Si les hi-ibitunts des petites tilles ol ceui de le cam-
pagne, parmi lesquels se renconireni rarement de sembla-
bles organisalions, ne vi'naient pas conslammenl remplir
les places vides dans les capitales, la population de celles-ci
If L^VBICICB OB LA GÉHtBATIOlf. illA
rariit bieotôt disparu, laÎMant, après quelques géoérations,
■D désert k la place du bruit et du mouvement. L'assimi-
lation des étrangers que Rome opérait dans son sein n'avait
évidemment pas d'autre but, et Ton a depuis longtemps
remarqué que, sans ce sjslèmie, la capitale du monde alors
connu aurait péri après quelques générations.
Le régime, ou, pour mieux dire, la manière de vivre esf
donc, au point de vue qui nous occupe, de la plus haute
importance ^ mais comme je ne fais point ici un livre d1iy«-
giène, et que, dans ces considérations générales surtout, il
me doit suffire d'indiquer le buta atteindre, je répéterai que
pour seconder efficacement l'acte génital, le régime doit
favoriser, dans de certaines limites, la prédominance du
tempérament nervoso-sanguin, et combattre les tendances à
la suprématie du tempérament lymphatique.
Profeision; travaux. — Les professions, que l'on ne
doit pas s'attendre k voir passer ici en revue, se partagent
en deux grandes classes : l"" celles qui n'exigent que les
forces purement corporelles, et que l'on apjielle métiers;
2* celles qui réclament l'intervention de l'intelligence, et
que l'on nomme professions. Les premières, toutes choses
égales d'ailleurs, favorisent plus que les secondes l'acte vé-
nérien : en activant la circulation, elles augmentent la nutri-
tion, et partant toutes les sécrétions dont l'abondance, ce-
pendant, ne saurait troubler l'harmonie de l'économie, à
cause de la transpiration plus considérable que détermine
l'exercice prolongé du corps.
Mais tous les métiers ne sont pas dans ces heureuses con-
ditions : les tailleurs, les bottiers, etc., renfermés presque
toujours dans des pièces sans air et sans lumière, accroupis
sur des tables ou des escabeaux, et soumis en quelque sorte
à un exercice négatif, arrivent, par toutes espèces de priva-
ihh CIBr.ONSrAKCKS QV^ INFLUKNT SUR I.R DtVELnpPEMENT
tioiis, à cet ^(a( malodir et iiorveui dont je parlais tout h
l'heure. C'est i1bii§ rclte rlnsse de lu p(i[iublioii ouvrière (|ue
se rcMcniitrc le p\m grnnd nombre d'èlres niolingres et dtlTor-
mes; c'est dans elle aussi que germent le plus de vices et que
les mauvaises passions se recrutent. La ronclton génératrice
participe d'ordinaire b cette dégradation physique et morale,
et si quelque maladie héréditaire ou cette sorte d'empri-
sonnement ne relnntissent pas d'une manière suflisaniment
n^roste sur la génération, le roiiloct journalier des deui
sexes, des conversations et de<i exemples fatalement licen-
cieuT, poussent ces malheureux à des eicès et à des vices qui
épuisent bientôt leur faculté génératrice.
Il en est il peu près de même pour les ouvriers des ma-
nufactures, dont la vie s'étiole au milieu d'une atmosphère
empcMéc ou chargée de molécules délétères.
Les professions libérales ou celles qui exigent l'interven-
tion de l'inlelligeiice sont éminemment favorobles è l'acte
de la génération. Par h politesse dont elles ont j'upanage,
et par la ciillure des arts et des sciences, elles donnent au
système nerveux une pins grande délicatesse de sensibilité,
et par k' travail auquel l'esprit est soumis, elles ne laissent
point s'affaisser et dormir li; consensus qui lient sous sa dé-
pendanre le sens génésique.
Celle influence est encore plus marquée pour les profes-
sions qui s'adressent [dus spéci-ilement h l'Ame, comme tous
les beau\-arts en général. Cependant il est a remarquer
que tous les grands artistes et les grands poètes ont eu fort
peu d'enranls, et cette observation n'a pas échappé à Des-
loiiches, qui lo consigne ainsi dans son Philoxnphc marié:
On dit qu'on n'a jamsis ions lei dons à la rois.
El que les grands e:iprifs, dailleurs Irès oslimable^,
Ont tort pea de lalrnt pour fonner leurs Mint>liblw.
J
ET l'eYERGICB de LA GfiNÉRATION. 1&5
Les conceptions sublimes doivent élrc précédées de mé-
ditations profondes, même chez les hommes de génie, qui
obéissent alors h la loi commune qui nous apprend que
rénergie de la fonction génitale n'est jamais en raison directe
de la longueur et des difficultés des travaux intellectuels.
Je dirai en eiïet ailleurs que les études abstraites et trop
longtemps prolongées constituent une cause assez fréquente
d'impuissance et parfois de stérilité.
B. Circonslancea étrangères à V individu.
Ces circonstances sont nombreuses et se peuvent déduire
de cette infinité d'accidents qui accentuent le cours de la
vie; on comprend que je ne puis ici aborder une pareille
énumération, et que je me dois contenter de signaler les
causes les plus générales qui, n'ayant point un siège dans
l'organisme ou n'étant point soumises à la volonté, exercent
sur le développement et l'énergie de la fonction génératrice
une influence marquée et incontestable. Parmi ces causes,
je citerai les climats, les saisons, les années, le jour, la nuit,
dans les considérations desquelles seront compris le froid,
le chaud, l'humide, la latitude, la position géographique, etc.
Climats. — J'ai dit, en parlant de la menstruation, que
les femmes étaient réglées de meilleure heure dans les pays
chauds que dans les contrées froides ou tempérées, et que
cette influence de la chaleur ne saurait être mise en doute,
lorsqu'on voit les femmes des pays très froids, comme les
Samoîèdes, vivant presque toute l'année dans des souter-
rains où règne une chaleur étouflante produite par de l'eau
jetée sur des pierres rougies, quand on voit ces femmes,
dis -je, être aussi précoces que celles des tro|)ique«.
Montesquieu, donnant à ce fait une importance plus que
40
166 CIRCON8TANCB8 QUI INFLOBNT 801 Ll DtTBLOmmniT
physiologique, le classe parmi les causes de la polygamie :
a Les femmes, dit-il, sont nubiles, dans les climat*^ chauds,
h huit, neuf et dix ans ; ainsi l'enfance et le mariage y vont
presque toujours ensemble ; elles sont TÎeilles à ?ingt ans.
La raison ne se trouve donc jamais rhex elles avec la beauté.
Quand la beauté demande l'empire, la raison le fait refuser;
quand la raison pourrait l'obtenir, la beauté n'est plus.
Les femmes doivent être dans la dépendance, car la raison
ne peut leur procurer dans la vieillesse un empire que la
beauté ne leur avait pas donné dans la jeunesse même. Il
est donc très simple qu'un homme, lorsque la religion ne
s'y oppose pas, quitte sa femme pour en prendre une autre,
et que la polygamie s'introduise (1). »
Chervin, dans sa thèse inaugurale (2), a vivement com-
battu l'assertion de Montesquieu. II est inconteslable, en
effet, par les rapports des voyageurs (3), que les hommes
sont également pubères de meilleure heure dans les pays
chauds que sous les climats tempérés, et qu'ils subissent pro-
fondément, au point de vue des plaisirs vénériens, l'influence
excitatrice de la chaleur. Selon Miebuhr (&), Volney (5), et
beaucoup d'autres voyageurs (6), rien n'est plus commun
dans le Levant que de rencontrer des hommes de trente
(4) EêpHî deê Mê, 4764, io-48, liv. XYI, cbap. ii.
(i) Rechefxheê médicO'pkilùiopMqueê $w les cau$e$ phy$ique$ de la
polygamie danê it$ poy« chaud». Paris, 4 84 %,
(3) Yoy. Saize, dans Histoire médicale de l*armé$ d'Ori^t, par
De&geneUes. Paris. 1802, îd-S*', II* partie, p. 425; et Uiitoire de
l'Afrique françaiêe, par l'abbé DemaDol, 1767, in-4 2, t. II, p. 60.
(i) Deêcription de l'Aratie, 4779, in-4», l. I.
(5) Voyage en Syrie, n m, in-S.
(6) Olivier, Voyage dam l'empire ottoman, an IX, io-8, 1. 1, p. 4 60:
et Renali, dans Uiêtoire médicale de l'armée d'Orient, II* partie.
IT l'eIIRGIGB de la r.ÊNÉRATION. i&7
ans aUetnls d'impuissance. ^< C'est la maladie, dit Voliiey,
|K>ur laquelle les Orientaux consultent davantage les Euro-
péens, en leur demandant du Madjoun^ c'est-à-dire des
pilules aphrodisiaques (1). »
L'empire des climats chauds sur la précocité du déve-
loppement et sur l'énergie du génésiquc est donc incontes-
table, et l'influence contraire des pays froids est également
mise hors de doute par toutes les relations des vojagours.
Saisons, — D'après ce qui précède, il semblerait naturel
de conclure que la saison la plus chaude de Tannée doit être
la plus favorable à l'exercice de la génération ; pourtant il
n'en est point ainsi, et l'influence du printemps est de
beaucoup supérieure à celle de l'été.
Ce fait, en rattachant l'excitation génitale de l'espèce
humaine à la loi du phénomène du rut, était connu dès la
plus haute antiquité; mais il appartenait à notre époque de
rétablir sur une base réellement scientifique, et ce progrès est
dû aux travaux statistiques de M. Viliermé, en France (2),
et de IMIVI. Quetelet et Smits, en Belgique (â).
EUi compulsant les registres des naissances, et en mar-
quant, pour chaque mois, le nombre des conceptions,
M. Viliermé a cru devoir classer les mois de l'année dans
Tordre suivant, en commençant par les plus féconds:
Mai.
Janvier.
Jain.
Août.
Avril.
Novembre.
Juillet.
Septembre.
Février.
Octobre.
Mars et décembre.
(I) Loe, eiX, t. II, p. 145.
(S) Annaleê d'hygiène. Paris, 483S, t. VIII, p. 459.
(3) Annaies d'h\fgièM. Paris, 4833, t. IX, p. 308.
1&8 CIRCONSTANCES QVl INFLUENT SUS LE DÉVELOPPEMENT
Comme on le voit» c'est h Tépoquc correspondant au
rut des animaux, au printemps, alors que toute la nature
semble renatlre h la vie, que s'opère dans l'espèce humaine
le plus grand nombre de conceptions. Les recherches entre-
prises en Belgique dans le même sens ont donné des résul-
tats parfaitement identiques avec ceux qu'avait obtenus
M. Villermé en France.
Cependant on pourrait se demander si l'action des pre-
mières chaleurs, limitée à la fécondation, s'exerce égale-
ment sur la copulation, en d'autres termes, si cette action
n'est pas spéciale à la fécondité, en donnant au sperme
et aux ovaires des propriétés reproductives plus énergiques.
M. Villermé, pour résoudre cette question, s'est adressé
aux comptes généraux de la justice criminelle, et il a trouvé
que l'époque de Tannée à laquelle il se commettait le plus
de viols et d'attentats h la pudeur était précisément celle du
printemps, pendant laquelle se fait aussi le plus grand
nombre de conceptions. Et que l'on n'invoque pas, pour
expliquer la plus grande fréquence de ces crimes pendant
le printemps, les circonstances des promenades solitaires,
des vêtements légers, des rencontres dans les bois et lieux
écartés, car les mêmes circonstances se reproduisent, ou è
peu près, pendant les mois d'août et de septembre, classés
des derniers pour les viols et les conceptions.
Cette influence du printemps n'est pas limitée aux pays
tempérés; elle s'étend à toutes les zones, de telle sorte que
l'on peut dire que l'homme est assujetti, jusqu*& un certain
point, h une sorte de rut périodique dont le retour a lien,
chaque année, au printemps.
Mais de même que le rut cesse d'être périodiquement
marqué chez les animaux qui, de l'étal sauvage, passent h
celui de domesticité, de même l'influence du printemps est
BT l'bxERCICB DB LA GÉNÉRATION. 1A9
moins manifeste chez les habitants des villes, et surtout des
capitales, que chez les populations des campagnes. Chez les
premiers, en effet, mille causes tiennent sans cesse en éveil
le sens génital, sans parler du climat artificiel que la civi-
lisation leur apprend a se faire, et qui rend compte du maxi»
mum de conceptions que présentent en Suède, en Finlande,
h Saint-Pétersbourg, les mois de décembre et de janvier,
les plus froids sans contredit de toute l'année.
Années. — Pythagore, en proclamant sa doctrine des
nombres, dopna naissance aux années climatériques . Mal-
gré l'empire que cette croyance a exercé sur Tesprit des
anciens, les auteurs sont loin d'être d'accord sur les années
qui méritent cette désignation. Suivant les uns, chaque sep-
tième année présente ce caractère, tandis que pour les autres,
il ne faut regarder comme telles que celles qui sont le pro-
duit de la multiplication du nombre 7 par les nombres im-
pairs â, 5, 7 et 9. La grande climatérique est la 63^ année ;
les autres années climatériques remarquables sont la 7% la
21*, la &9* et la h& année. Outre les changements dans le
tempérament, les maladies, la fortune, etc., que les années
climatériques apportaient, les anciens étaient convaincus, et
quelques esprits de nos jours partagent cette conviction, que
les organes génitaux externes de la femme se resserrent et
reviennent a une espèce de forme virginale qui, tout en
donnant un nouvel aiguillon aux voluptés de Thommc,
augmente les désirs et l'énergie génitale de la femme.
Il est superflu de discuter l'inanité de pareilles asser-
tions; cependant il est incontestable que les désirs vénériens
et l'ardeur copulatrice présentent, chez la femme, un sur-
croît d'intensité aux approches de l'âge critique ; on dirait
iinc lampe qui. avant de s'éteindre, jette une dernière lueur
plus vive et plus éclatante que celles qui l'ont précédée.
150 CIRCONSTANCBS QOI IMFLOBNT BUB LB DftVBLOPPBMENT
Il est éf^alement démontré que la Técondîté de l'espèce
humaine est très considérable pendant les années qui suivent
une disette, une famine, une épidémie et les discordes
civiles qui jettent le trouble et la confusion dans les rap*
ports sociaui, et qu'au contraire elle diminae considérable-
ment pendont ces époques de calamité publique. Les pra-
tiques religieuses du jeûne, que l'on observe pendant le
rnrème, peuvent être assimilées k la disette, selon M. Vil-
lermé, et produisent les mêmes résultats (1). Cet auteur,
è l'occasion des Recherches statistiqfies s^tr la ville de Paris
et le département de la Seine^ qu'a fait publier M. de Cha-
brol, a rédififé des Considérations sur la fécondité^ oà se
trouve le passage suivant : <t II résulte de mon travail, qui est
fondé sur plus de 13,000,000 de naissances énumérées mois
par mois, que le très petit nombre de naissances du mois de dé-
cembre, qui n pour neuvii^me antécédent le mois de mars, est
l'effet des abstinences du carême. Une cîrconMance curieuse,
c'est que le mois de mars devient progressivement chargé de
plus de conceptions h dater de la fin du règne de Louis XV,
c'est-è-dire è dater du temps ou le relâchement s'est progres-
sivement introduit dans les mœurs, et un changement dans
les idées et les pratiques religieuses. Enfin le mois de mars,
qui était autrefois le dernier dans l'ordre des conceptions, est
maintenant le septième. Les mœurs du peuple, la mesure de
ses opinions, sont donc quelquefois écrites dans les résultats
de la statistique; il ne faut que savoir les lire (2). »
(I ) De la distribution par mois, des conceptions et des naissances de
l'homme (Annalm d'hyijiène publique. Paris, 1831, t. V. p. :i5).
f2) Sans cnnlpsl'^r d'une manière ab«ioluo rinduence du jeAne sur le
nombre des conceptions, influence qui. si elle était admise aussi im-
portante que le prétend M. Villermé, serait en opposition avec ce que
j*ai dit, page M9, touchant les rapports de la notritioo et de la
iT l'bibbcke de la génération. 151
Le jinxr; la tmii. — On demandait un jour à Fontenelle
s'il n'avait jamais songé à se marier: «Quelquefois, répondit
le philosophe, le malin. » Est*ce que les désirs vénériens
seraient plus énergiques après le repos de la nuit qu'à toute
autre heure de la journée? Cependant un grand poëte,
Victor Hugo, a dit :
Le plaisir, fils des nuits, dont l'œil brillant d'espoir
S'éteint vers le matin et se rallume au soir.
Qui a raison du philosophe ou du poëte? Je crains bien
que l'un et l'autre aient tort, au point de vue où chacun
il'eoi s'est placé.
Le soir, avant l'abattement de l'excitation générale pro-
duite par la veille, avant le repos de l'imagination et le
calme des sens, le stimulus, et partant les désirs, sont plus
îiolents. Mais il fout se garder de conclure de la violence
des désirs à une plus grande énergie dans la fécondité et le
plaisir. Il est d'observation que les premiers temps des ma-
riages d'amour ou d'inclination sont très souvent stériles, et
que cet état cesse avec l'affaiblissement des désirs, amené
par la satisfaction ou Thabitude. Il est également d'obser^-
vation que des désirs trop longtemps prolongés amènent
momentanément l'impuissance chez l'homme, et changent
quelquefois les voluptés en douleurs poignantes, dont une
hémorrhagie par lo canal de l'urètre signale l'intensité.
Donc le plaisir vénérien n'est pas toujours en raison directe
des désirs.
De plus, le coït, exercé le soir, n'a pas sur l'organisme
faculté génitale, je dois faire remarquer qu'au temps des pratiques
sévères de la religion , le carôme était une époque non-seulement
d*ci&s(menc^, mais encore de continence, et que les mœurs se sont
également relâchées sur le jeûne et sur l'œuvre de la cbair.
152 CIRCONSTANCES QUI INFLUENT SUE LE DÉVELOPPEMENT
rcmpire absola qui lui opparlient, en raison même de Tagi-
tation générale et de l'exaltation des facultés inteliectuclles.
Apiès un bal, où certes les stimulants erotiques ne manquent
pas, on savoure mal les |)laisirs de Tamour. Après la veille,
l'économie réclame le repos et non une nouvelle fatigue;
et puis rimaginalion, cette folle du logis, comme la nomme
Brantôme, loin de rester où Tappelle le désir vénérien, fait
quelquefois Técole boissonnière, qu'on me passe le mot, au
moment même où son intervention est le plus nécessaire, et
enlève au plaisir un aliment précieux qu'elle donne, soit a
un souvenir, soit à une espérance, soit à un calcul.
Je ne parle pas de la fatigue plus grande, de l'épuise-
ment plus profond qui succèdent au coït du soir ; je ne fais
pas non plus intervenir l'hygiène, dont les prescriptions
sont contraires aux rapprochements conjugaux avant le
sommeil; je ne veux constater ici que Tinfluence exercée
sur l'acte génital par les excitations de la veille, et je suis
forcé de reconnaître qu'en ces circonstances le désir acquiert
une énergie qui est loin de se communiquer au plaisir.
Victor Hugo serait donc plus dans la vérité s'il remplaçait
le moi plaisir pav celui de désir.
Au matin, après le calme et le repos de la nuit, l'orga-
nisme et les facultés intellectuelles sont dans une espèce de
sérénité béate, si je puis ainsi dire. La sensibilité a tonte la
virginité de ses impressions, et la folle du logis^ encore en-
dormie, ne trouble par ses divagations ni les émotions de
l'âme, ni la rectitude de la raison. L'ôtre |)hysique et Tètre
moral sont tout entiers à la première sensation qui les solli-
cite, et s'y associent d'autant plus complètement que rion
encore ne les a distraits; sans doute l'impression qu'ils en
reçoivent ne contrarie pas rpilepliquemont les libres, mais
les distend, comme dirait Cabanis, et constitue tout è la
BT l'exercice de LA GÉNÉBATIOR. 153
fois une jouissance calme pour le corps et une joie douce
pour TAme. Oui, le coït, exercé le matin, après une nuit de
sommeil et de repos, n'est pas précédé de ces violents
désirs qu'engendrent les excitations de la veille, mais il est
accompagné d'une volupté qui, quoique moins délirante,
porte la satisfaction et le bien-être dans toutes les parties
de notre être. Ce ne pouvait donc pas être le désir véné-
rien qui donnait ù Fonteneile l'envie de se marier.
Il est sans doute beaucoup d'autres circonstances^ telles
que la digestion, l'équitation, etc., qui influent sur la gêné*
ration ; mais comme leur empire peut aller jusqu'à produire
l'impuissance ou la stérilité, je réserve leur étude pour le
corps de cet ouvrage, et je clos ici une introduction dont la
longueur trouve son excuse dans les nécessités mêmes de
mon sujet, qui réclamait ces considérations générales, afin
de me débarrasser d'explications sans nombre qui m'eussent
entravé à chaque pas.
LIVRE PREMIER.
DE L'IMPUISSANCE.
L'impuissance (impotentia^ anaphrodisié) est Timpossî-
bilité, pour l'un et Tautn* sexe, de remplir toutes les
conditions du coït physiologique.
Ces conditions sont, ainsi que je l'ai établi ailleurs (1):
Pour riiomme: 1* désirs vénériens; 2* érection de la
verge; 3* éjaculation spermatique ; A* enfin plaisir au mo-
ment de cette évacuation.
Pour In femme : 1* désirs vénériens; 2* réception de la
verge dons le vagin ; 3* plaisir a la suite de cette intro -
mission.
Comme on le *oit, je donne au mol impuissance une
large acception, et, sans revenir ici sur la distinction fon-
damentale que j'ai faite de cet état et de la stérilité, je ne
le réserve pas, à l'exemple de quelques auteurs, à exprimer
seulement l'impossibilité de Térection chez l'homme et de
l'intromission chez In femme. Pour moi, le dyspermatisme
de PincI, par exemple, ou l'absence des désirs et des plai-
sirs vénériens, sont tout aussi bien des cas d'impuissance
que la non-érection de la verge et l'occlusion de la vulve
ou du vauin.
Cependant quelques auteurs, considérant que la passivité
dans le coït n'est \)i\^ pour la femme l'état physiologique, en
firent une entité morbide qu*ils désignèrent sous le nom de
(I ) Voyez les pages 5 cl 33
DE l'impuissance. 155
frigidité. Mais la confusion vint tout aussitôt détruire les
bénéfices de cette heureuse distinction, car pour les uns, la
frigidité fut l'absence des désirs vénériens, et pour les autres,
ce mot exprimait l'absence du plaisir.
De plus, quelle que fiU d'ailleurs l'acception que l'on
donnât à la frigidité, cet état morbide, qui généralement (1)
n'entraîne pas la stérilité, n'était ni impuissance ni stérilité,
maïs quelque chose à part, que l'impossibilité d'introduire
dans une classification méthodique rejetait dans la classe
des névroses, comme si Tabsence congénitale ou acciden-
telle du clitoris, par exemple, qui est une cause puissante
de frigidité, pouvait entrer dans le cadre des affections ner-
veuse*».
En considérant le plaisir comme une des conditions phy-
siologiques du congrès chez la femme, et en déKnissant
l'impuissance, l'impossibilité d'accomplir le coït selon toutes
les lois de la nature, la frigidité devenuit un cas d'impuis-
sance. C'est ainsi, en effet, que je classe cet état morbide,
qui constitue également chez l'homme une variété d'ana-
plirodisie.
En agrandissant ainsi, pour les deux sexes, les c^s d'im-
puissance, je me suis surtout proposé de faire cesser la
confusion regrettable qui règne dans l'histoire des deux
(4j Je n'emploie pas une expression absolue, parce que je possède
quatre observations d^absence congénitale du clitoris bien authentiques,
recueillies par moi, et qui toutes quatre étaient accompagnées de la
stérilité de la femme. Est-ce une simple coïncidence ou est-ce l'état
normal ? Les auteurs qui m'ont précédé ne m'ont rien appris à cet
égard, et si quatre observations ne sont pas suffisantes pour former
une conviction, elles ont été du moins assez fortes pour m'inspirer
un doole et me faire suspendre mon jugement. Je reviendrai -plus
longuement aillenrs sur ce point intéressant de pathologie.
156 IMPUISSANCE PAB VICKS DB GONFOIMATION.
maladies qui font le sujet de cet ouvrage, et de ramener
leur étude dans la voie d*uiie méthode réellement scienli-
iique. Je n'ose me flatter d'avoir entièrement atteint cet
heureux résultat, mais j'aime h croire que mes eiïorts sur
ce point ne seront pas complètement inutiles.
SECTION PREMIERE.
inPVISSANGB CBBZ I.*BOHinB,
CHAPITRE V.
IMPUISSANCE PAR VICES DE CONFORMATION.
g I. — AaoBMilles ée la verge.
Absence de la verge. — Ce vice de conformation, très
grave au point de vue qui nous occupe, est heureusement
peu fréquent. Schenk(l) et Catticr (2) en ont rapporté
deux observations, et Fodéré raconte qu'il a traité et guéri
d'une incontinence d'urine un jeune soldat plein de courage
et de vigueur, qui, avec des testicules bien conformés,
n'avait è la place de la verge qu'un bouton, comme un
mamelon, par lequel se terminait l'urètre. « Il m'assura,
ajoute Fodéré, avoir toujours été ainsi, et que ce bouton
se renflait quelquefois en la présence des jeunes personnes
du sexe, et qu'il en sortait par le frottement une humeur
blanche (3). »
(I) Obê. med.^ 1. IV, c. ix.
(2] Jêaaci Cattieri obi. med. Borello communicat., obs. XIX.
(3) Médecine légale, t. 1, p. 364.
ANOMALIES DE LA VERGE. 157
Un semblable (iéfaut de conrormation entraîne fatalement
rimpaissance, mais n'est pas absolument une cause de sté-
rilité. Il importe, en eiïet, que le bouton, le mamelon, en
un mot la saillie du corps caverneux remplaçant le pénis,
ait une ouverture extérieure communiquant avec les organes
spermatiqnes, bien conformés d\nilleurs, pour que la fécon-
dation s'accomplisse; car il suffit, dans quelques ca^,que le
fluide séminal soit déposé h l'entrée des organes génitaux
féminins, et qu'un certain éréthisme, comme nous le ver-
rons ailleurs, existe chez la femme. Aussi M. Orfila, d'ac-
cord ici avec la plupart des auteurs, tout en reconnaissant
la possibilité de la fécondation, repousse-t-il Taccusation de
^iol portée contre on individu atteint de ce vice de confor-
mation (1). Cependant le pénis peut manquer complètement
sans qu'il y ait même trace du canal de l'urètre; au mo-
ment où j'écris cet ouvrage, un journal en rapporte un
exemple assez intéressant pour trouver place ici.
ex II s'est présenté mercredi matin, dit ce journal, à la
consultation de M. Nélaton un cas très curieux :
» Une sage-femme est venue consulter M. Nélaton sur
le sexe d'un enfant qu'elle apportait; elle était très embar-
rassée pour déclarer son sexe h l'état civil.
» Cet enfant, qui était né depuis deux jours, était par-
faitement bien conformé et tétait très bien. Le scrotum était
à la place où il se trouve habituellement, mais il y avait
absence complète de pénis; à sa place, il n'y avait pas de
traces, il n'y avait pas de cicatrice. On ne savait pas ce qui
était contenu dans le scrotum : était-ce la vessie ou les testi-
cules ?
» Après un examen attentif, M. Nélaton reconnut que
(I) Médecine légale, t. f, p. 477, 478.
158 IBIPDI88ANCB PAR VICR8 DK CONfOlMATION.
c'étaient bien les testicules qui se trouvaient dans \e» bour-
ses. Ils étaient bien i leur place, mais du côté gauche« il
y avait un épanchement de sérosité dans la tunique vagi-
nale; il y avait uue hydrocèle. C'était donc un garçon.
» L'enfant se portait bien, ne paraissait nullement souT-
frir de l'absence d'un organe aussi important que le pénM^
il fallait donc que Turine s'écoulât par quelque endroit.
» On examina à cet effet l'ombilic pour voir si l'urine ne
sortait pas par là; car c'est presque toujours, comme chei
le bœuf, par Touraque, restée perméable, que l'urine sort
quand le pénis est imperforé ou manque complètement;
mais le cordon ombilical ne présentait rien d'anormal ; il
était ce qu'il est naturellement deux jours après la nais-
sance, flasque, mou, tombant sur le ventre; la ligature était
intacte. Il était don( certain qu^il ne donnait pas passage à
Turinc
I) Ce liquide ne pouvait sortir que par la dernière voie
qu'on n'avait pas explorée, le rectum. On questionna la
sage-femme à l'eiïel de savoir comment étaient les selles de
l'enfant ; elle répondit qu'elles étaient toujours liquides et
semblaient contenir de l'urine. Il n'j avait plus de doute:
c'était donc par le rectum que la vessie se vidait. Il y avait
une communication entre ces deux cavités, une espèce de
cloaque où se mélangeaient 1* urine et le méconium, pour
être ensuite expulsés par l'anus (t). »
Dans de pareilles circonstances, en admettant que l'enfant
atteigne l'âge adulte, non-seulement le coit, mais encore la
fécondation sont impossibles.
Quoi qu'il en soit, la médecine est impuissante et la chi-
rurgie désarmée devant une semblable inGrmité; il n*est
(I) Gazetu deê hôpitaux, 2S janvier 4 854, n* li.
ANOItALIIS DB LA VERGI. 159
pat âu pouvoir de l'homme de suppléer la nature dans les
fonctions de la fie plastique.
Dimennans eœ^émes du pénis, — Ces dimensions
eitrèmes peuTent être en plus ou en moins.
Le développement excessif de la verge n'est pas généra-
lement admis comme une cause d'impuissance, et si quelques
auteurs loi donnent ce caractère, ils ont soin d'ajouter que
l'impuissance n'est alors que relative. Sans doute, à ne con-
sidérer que l'acte copulateur en lui-même, le volume trop
considérable du pénis, soit en épaisseur, soit en longueur,
D'empèche pas rigoureusement l'exercice de cet acte ; mais
si Ton fait attention que le coït doit être, pour les deux
sexes, une source de voluptés et non de douleurs, on con-
viendra que le but proposé est rarement atteint dans de
pareilles circonstances. Le développement anormal en gros-
seur peut produire des contusions, des déchirements dans
les organes génitaux de la femme; et sa longueur excessive
peut amener au col de l'utérus des inflammations, et par
suite le squirrhe; je ne parle pas de la douleur qui, dans ce
cas, est toujours très grande, ainsi que le prouve l'exemple,
rapporté par P. Zacchias, de cette courtisane de Rome
qu'une semblable organisation d'un de ses amants faisait
toujours tomber en syncope.
Toute médication est, en ces circonstances, parfaitement
inutile. Le râle du médecin se borne à quelques conseils
pour l'homme et à l'emploi d'un pessaire pour la femme.
Au premier, on recommandera d'user de ménagements dans
l'intromission de la verge, d'enduire celle-ci d'un corps gras
pour faciliter son glissement, si la dimension est en gros-
seur, et de n'introduire que la moitié, le quart, etc., du
membre viril, si la longueur de celui-ci constitue l'anomalie.
Du côté de la femme, le pessaire, en refoulant aussi haut
160 IHpniBSANCI MR TICB9 Dl COMPOMATtON
que possible l'utérus, garaolira égalemeol le museau de
tanche par la proéminence de ses bords. Enfin on aurasoio
que le coït ne s'eierce que dans la posilton horiiontsie et
dans des directions variables selon les c«s, et qu'il est inutile
d'énumérer ici.
Le défaut contraire, c'est-i-dire la petitesse extrtme du
|>énis, a été mis, ou point de vue de l'impuissance, sur )e
même picn que son développement excessif. Cependant roid
un fait oii le coït, c'est-à-dire le plaisir suifi de l'éjacnlitioo
était impossible, et par conséquent l'impuissance absolue.
Un étudiant en médecine, de dis-neul k vingt ans. Brésilien
d'origine, se présenta k*roo consultation dans le courant de
novembre 1852. Sa stature était grêle, sa voix Téminine ; le
sy!<lème musculaire ft peine développé, sans prédominance
aucune du tissu graisseux ; les cheveux chitains, pèles et
clair-semés, étaient sang vigueur; la figure et la poitrine
ne présentaient aucune Irocc de poils; le pubis n'en était
p.is cnlièrcmenl dépourvu, mais ils étBientfins,asseE courts,
et ne frisaient pns. Avant de me montrer ses orgones, le
malade me dit qu'il avait non-seulement des déurs vénériens,
mais encore des érections frcquentcs, et que lorsqu'il se
masturbait, l'éjaculation avait lieu avec tous les phénomènes
voluptueux qui l'accompagnent d'ordinaire, tandis que pen-
dant le coït, l'éjaculation, quelque effort qu'il pdt faire, ne
s'était Jamais produite. Le cas était bizarre, et avant de me
perdre dans l'hypothèse d'une surexcitation nerveuse qui
aurait mis obstacle à la libre circulation du sperme, je de-
mandai à voir les organes de la génération. Quel ne fut pas
mon étonnemeiit de rencontrer une verge presque imper-
ceptible, dont il était diflicile de découvrir le gland. Le
scrotum, les testicules, les canaux déférents, tout l'appareil,
en un mot, avait également des proportions lilliputiennes.
AN0BIALIB8 DI LA VIBQB. 161
La verge en érection avait à peu près la grosseur d'un
piquant ordinaire de porc-épic et était longue de 2 pouces.
Les testicules atteignaient à peine le volume d'une aveline,
et étaient difficiles à rencontrer lorsque le scrotum, en se
ratatinant, les refoulait en haut.
A part cet arrêt de développement, tout l'appareil génital
était parfaitement conformé. Cependant l'ouverture du pré-
puce était étroite à ce point qu'il était peu aisé d'y faire
passer le gland. Celui-ci n'avait jamais vu le jour, et entre
lui et son enveloppe s'était amassée une assez grande quan*
tité de matière sébacée mêlée à du sperme, laquelle avait
formé des calculs que je ne retirai pas sans occasionner au
malade quelques douleurs.
Évidemment la pression exercée dans le coït par les pa-
rois vaginales sur la verge de ce jeune homme était nulle,
ou tout au moins insuffisante pour porter le prépuce en
arrière dans les mouvements de va-et-vient, et pour déter-
miner l'excitation nécessaire à l'éjaculation.
Le malade, à qui je développais cette manière de voir,
qu'il n'avait jamais soupçonnée, voulut bien, en sa qualité
d'étudiant en médecine, se soumettre à l'expérience suivante :
un cylindre en caoutchouc, de la grosseur d'un pénis ordi-
naire, et dans l'intérieur duquel était taillé un canal dont le
diamètre était exactement celui de la verge en érection, fut
oiaintenu au pubis au moyen d'une lanière, également en
caoutchouc, passée sur les lombes comme un bandage de
corps. L'élasticité de cette lanière permettait les mouve-
ments de va-et-vient du coït au cylindre, qui tes trans-
mettait à la verge, emprisonnée dans son intérieur. Une
prostituée s'étant prêtée à l'expérience, cette espèce de
copulation s'eiïectua complètement, c'est-à-dire que Téja-
culation et les phénomènes voluptueux qui l'accompagnent
M
468 mPOIMARGI i^Al VIGU M CORntMATIOH.
•ttrcnt lieu comme dans les rapprochements ordinaires des
scies.
Ce témoignage, qui ne me laissa pins aucun doute sur la
cause de Timpuissance du jeune Brésilien, me suggéra le
traitement que je crus devoir metlre en usage. Me rappelant
cette loi physiologique d'une grande vérité, à savoir que le
développement d'un organe est toujours en rapport avec
son exercice, en d'autres termes, que plus un organe est
mis en activité et plus il prend d'accroissement, je conseillai
au malade de se livrer au coït aussi fréquemment que sa
constitution délicate le lui permettait, armé de l'appareil
que je lui avais fait construire et dont le canal intérieur
devait être lapi^sé d'un corps gras très pur, autant pour
faciliter les mouvements du cylindre sur la verge que pour
donner un aiiment à l'obsorplion. Je ne négligeai point les
ressources de l'hygiène, et je prescrivis en même temps une
nourriture succulente, un régime tonique et les exercices
corporels, tels que Tescrime, ta natation à la mer, etc.
Je n'ai revu qu'une seule fois le malade, trois mois après
sa première visite; la verge s'était considérablement accrue,
et il m'annonça qu'il avait deux fois exercé naturellement
le coit, en ayont soin, quelque temps avant la copulation,
de faire pratiquer des lotions astringentes aux organes géni-
taux de la femme. Je ne sais, au moment où j'écris, si le sujet
de cette observation est encore i Paris ou s'il est retourné
en Amérique ; je regrette vivement cette absence, car j'au-
rais voulu connaître les résultats d'une médication que
j'emplojais pour la première fois et qu*il n'est pas donné
de recommencer souvent. ^ ^
Mondât parle d*un instrument de son invention, dont je
laisse au lecteur le soin d'apprécier le mérite, mais que je
dois exposer ici, pour ne tenir dans Tombre aucun moyen
ANaMAUBS Vfi LA TBMB. 46ft
rfe Iraitement. « J'ai imaginé, dit-il, un instrument qui pré*
sente une forme cylindrique, de 5 a 8 pouces de longueur,
de 10 i 16 lignes de diamètre, ayant une extrémité libre,
tandis que l'autre est montée sur un appareil auquel vient
s'adapter une pompe aspirante. On introduit le pénis dans
le cylindre, avec le soin de ramener en arrière le prépuce;
on dirige l'instrument sur un plan incliné vers le haut, Tin-
dîvidu étant debout. Le congesteur est fixé par une main,
tandis que l'autre imprime au piston de légers mouvements
pour faire le vide; le corps caverneux ne tarde pas à se
gonfler; peu i peu le sang le pénètre de toutes parts, tout
l'appareil génital subit l'impulsion érectile du pénis, que
Ton fait durer de cinq à vingt minutes (1). »
Mondât se servait aussi de cet instrument pour déterminer
l'érection d'une verge bien conformée dans les cas d'ana-
phrodisie. Je dirai, lorsque je serai arrivé à ce genre d'im*
puissance, les résultats que m'a donnés le congesteur de ce
praticien.
Bifurcation de la verge. — Tous les ouvrages de méde*
cioe légale, tous les dictionnaires de médecine et les traités
spéciaux des maladies des organes générateurs parlent de
la bifurcation de la verge comme entraînant tantôt l'impuis-
sance absolue et tentât l'impuissance relative. Ce vice de
conformation se rencontre rarement seul ; il accompagne
presque toujours quelque anomalie de l'appareil urinaire,
et surtout l'extrophie de la vessie. C'est donc au paragraphe
qae je consacre plus loin à cette infirmité que je renvoie le
lecteur pour la description de la bifurcation de la verge.
f^icieuse direction du pénis, — Cette anomalie congé-
nitale n'est jamais due k la rétraction de la peau ni a la
brièveté du filet de la verge; elle réside essentiellement
[i) D9la stérilité de thomme et de la femme j p. 91 .
Ifi/l IMPUISSARf-E PAR VICRS DE CORt^ORUATtOK.
dons les cor|tg cnverneui, se présente très rarement ft l't^Ut
de simfilicité, et accompagne pre9i|ue toujours uii vice de
conrormation, soit de l'urHre, soit de la vessie, J.-L. l'etit,
qui nous a laissé de précieux documents sur les maladies
de la verge, rap|)orle à ce sujet une observation et unit
nécropsie r|iii méritent de trouver ici une place. « Un étran*
gcr, dit le célèbre cliirurgten, me consulta pour savoir si
la mauvaise conTormation de sa verge, qu'il avait apportée
de naissance, pouvait se réparer, ou si, telle qu'elle était,
etio le rendrait impropre nu mariage qu'il était près de con-
tracter : il avait la verge si considéruLtement recourbée, que
nit d'enveloppe dans toute sa
la peau du scrotum
partie inférieure. Le gland était la siule partie saillante lors
de l'érection, ou jilulAl lors du gonflement des corps cavcr-
neui et du gland ; l'ouverture de l'urètre était placée k
l'endroit de la fusse navicuhiire, de manière que quand il
rendait son urine, elle sortait en nappe et mouillait tout le
scrotum. Je le jugeai impropre nu mariage, et lui conseillai
de ne se point rendre aux raisons de ceux qui auraient envie
de le délivrer de son incommodité par quelques opératiann.
Je lui dis que, quoique les parties qu'on aurait à couper
en faisant une opération ne fussent pas de conséquence, les
suites pouvaient en être dangereuses; mais lic plus, qu'il
n'obtiendrait jamais et; qu'il espérait; que, quand même il
n'arriverait aucun accident, quand, après la cicatrice, la
verge se trouverait entièrement séparée du scrotum, elle
resterait toujours courbée en se gonflant, parce que la cica-
trice ne pourrait jamais se prêter h l'allongement de la
TCrge; que, outre cela, il y avait une autre cause de cour-
bure è laquelle l'opération ne pourrait remédier. Il ne suivît
point mon conseil : un autre le ))ersuada. Cependant, quoi-
que je fusse d'un avis contraire, le malade désira quej
J
AROMALIKS DB LA VBHGE. 165
tasse k Topération : elle fut faite a? ec beaucoup de dextérité;
mais la verge, quoique exactement séparée du scrotum,
conservait sa courbure et jamais ne put être redressée ; elle
resta telle après la cicatrice (1). »
J.-L. Petit pense que dans les cas de courbure originelle
de la verge, les cellules du corps spongieux de Turètre ou
des corps caverneux, selon que la partie concave est tournée
en bas, en haut ou sur les côtés, sont plus petites ou moins
nombreuses que les autres, et que la moindre quantité de
sang qui y afQue détermine de ce côté un volume moins
considérable du pénis.
A Tappui de cette manière de voir, il rapporte la né«
cropsie suivante : « J*ai eu occasion, dit-il, de me convaincre
de la réalité de ce fait sur le cadavre d'un enfant que l'on
m'avait fait voir le jour même de sa naissonce, et auquel je
ne voulus faire aucune opération : on me l'avait amené
plusieurs fois pendant le cours de sa vie, espérant que je
pourrais trouver quelques moyens de le guérir de l'hypo-
spadias, accompagné d'une courbure pareille h celle dont il
s'agit. Je le renvoyais toujours sans lui rien faire, disant
aux père et mère que cette difformité était irréparable. Cet
enfant mourut d'une fluxion de poitrine à l'Age de dix à
douze ans. Je demandai d'en faire l'ouverture, ne voulant
pas échapper cette occasion de satisfaire ma curiosité.
V Je découvris d'abord l'un des corps caverneux ; j'y Gs
ouverture; j'y passai un tuyau dans lequel je soufflai; la
verge se gonfla, se courba en dessous, et, pour la con-
server dans cette figure, je fis une ligature au moyen de
laquelleje retins l'air, puis je disséquai la verge et je trouvai
que tout l'urètre était fort court; qu'il était, pour ainsi
(I) OEuvreê eamplètes, édit. 4 837, p. 745.
166 IBIPniSSANCI PAR VICIS DB COHfOlMATIOX.
dire, ligamenteux et inrapnble de s'étendre, n'ayant aucun
tissu cellulaire. Je le séparai des deux corps caverneui fort
exactement, mais avec beaucoup de peine; malgré cette
sépflratioii, les corps caverneux ne s'allongèrent que fort
peu; la verge resto courbe, ce qui me fit juger que la mau-
vaise conformation de l'urètre n'était pas la seule cause
de la courbure, et que le dessous des corps caverneux y
avait quelque part. Pour examiner la chose à loisir, j'em-
portai les pièces chez moi : ayant sé|)aré les corps caver-
neux d<' toute autri' partie, j'observai qo*en les tirant par
les deux bouts, je ne poii\ais les allonger; et, les soufflant
de nouveau por la première ouverture que j'avais faite, ils
reprenaient la figure courbe, ce que j'attribuai d'abord à
une bande ligamenteuse qui régnait h l'endroit d'où j'avais
séparé l'urètre. Je séparai de cette bande tout ce que je
pus sans ouvrir les corps caverneux ; je coupai même trans-
versalement les fibres que je n'avais pu enlever; malgré
tout cela, et malgré l'air que jesonllldis avec force, lescorpa
cavernvMix conservèrent toujours leur courbure. Les avant
soufflés pour la dernière fois, j'y retins l'air par une liga-
lun* et les lis sécher. Quelque temps après, je les coupai,
l'un lon«>ituiiinalement, l'autre par tronçons; je reconnus
qne la figure courbe qu'ils avaient toujours conservée dépen-
dait de ce que leurs cellules étaient presque bouchées dans
la partie cave de la courbure, et que, par degrés, elles
s'élargissaient jusqu'à la partie convexe, où étaient les plus
grandes, soit que ces celluliMi aient été ainsi dès la première
conformation, ou qu'avant toujours été gênées par l'urètre
et par la bande ligamenteuse, elles soient restée.^i petites,
n*o\ant pas eu la facilité de s*étcndre comme les autres (l).»
(1 bK' CI/., p. 717, 718.
iimiALlBS B9 PRÉPIJGB. 102
La eoorbare congénitale de la verge« dépendant des corps
caverneux ou du corps spongieux de l'urètre, ne doit point
tenter Tbabileté du chirurgien; elle est inguérissable;
rimpuîssance qu'elle entraîne est par conséquent absolue»
Le même accident, et ayant le même siège, peut se pro-
duire à la suite de certaines aiïections, comme la blennor-
rhagie, les contusions de la verge, etc.^ et peut alors, ainsi
que je le dirai plus loin, réclamer efticacement les secours
de l'art.
S n. — ABOotallM ém
Ahsencedu prépuce. — Ce vice de conformation ne pro«
duit pas ordinairement l'impuissance, et nous ne le signalons
ici, en passant, que parce qu'il enlève au gJand une partie
de sa sensibilité et rend, par conséquent, le coït beaucoup
moins voluptueux.
Cette dernière circonstance n'est pas, on le comprend^
sans avoir une certaine influence sur les désirs vénériens.
Depuis longtemps on a cherché i faire artiBciellement
un prépuce, d'autant mieux que sadisparition a quelquefois
liea accidentellement, à la suite de la circoncision ou de
la gangrène de cet organe. Ceisc indique deux procédés
opératoires, dont l'un est applicable à l'absence congénitale
du prépuce, et l'autre h sa chute accidentelle.
Le premier, qui seul nous intéresse ici, consiste à inciser
circulairement au-dessous du gland la peau de la verge, de
manière à partager en deux cylindres le fourreau du pénis.
Le cylindre antérieur est attiré sur le gland et maintenu
dans cette position pur des Gis attachés à une sonde intro-
duite dans le canal de l'urètre, tandis que l'on interpose
de la charpie aux lèvres de l'incision circulaire pour roain-
teoir l'espace qui les sépare. Malheureusement, la rétrac-
I
168 lapurssAitce fai vicbs db conFoiiHATio%.
tilité de la cicolritc neulnilise les efTorti de l'art, et rend
cette [telitR inlirmité incurable.
Quelqucrois le pri^pucc tie manque pas enlièretncnt, et
il ert existe un ou deux lambeaui qui ginent plus ou moins
l'acte copulaleur.
Quand il n'v u qu'un lambeau, il se trouve ordinntrcment
i la face dorsole de la tcrge, et peut lanlAt dépasser le
glund, tantôt n'arrêter i so couronne sous forme de bour-
relet. Dans l'un el l'uulre cas, où il est faciL' do comprendre
combien le coït e»t dérectueui, l'etciHion est indiqut^e; on
produit alors l'absence complète du prépuce, qui, ai elle
prive le gland d'une eensibitilé plus exquise, ne met pas,
du mains, obstacle à ta copulation.
Quand deui ou plusieurs lambeaux existent, ils pcutenl
èlrc ou lous indépendants tes uns des autres, ou réunie pur
un seul de leurs bords. — C'est une espèce de bcc-dc-liitre
du prépuce, simple ou multiple. — La réunion des bords
libres peut se faire, soit nu mo>en de ligatures, »oit en avi-
vant ces bords; mais il faut avotrsotn de laisser une érhnn-
crure ti la partie aiiti^ricure du prépuce, pour que cet ori-
Kcc donne librement passage au gland. Cette opération
n'est ni sans dangers ni sans inconvénients : les dangers
résuKent de la ligature qui pourrait produire le pbimosis ou
le paraphimosis, el les inconvénients, de ce que la portion
du prépuce qui cnrresponil h sa diviMon, pourrait, après la
réunion de sn fenic, n'avoir pas a<sei d'étendue pour loisscr
librement passer le gland. Aussi faut-il s'abstenir de toute
opération dans le cas oîi la dirTorniilé n'est pos considérable,
et, quand l'ort est obligé d'intervenir, n'employer, à défaut
de l'avivemenl, que la suture la plus simple, celle à anse
on celle à surjcl.
Phimoais. — Le pliimosts est constitué par un ollongo-
ANOMALIES DU PRÉFUCB. 169
meot plus ou moins considérable du prépuce avec rétrécis-
sement plus ou moins marqué de cette enveloppe, et qui
peut aller jusqu'à son occlusion complète. Cette dernière
circonstance rendrait impossibles, non-seulement le coît|
mais encore la fécondation, si les individus qui en sont
atteints pouvaient conserver ce vice de conformation jusqu'à
la puberté ; on comprend, en eiïet, qu'à moins d'une ouver-
ture anormale de l'urètre, une prompte opération soit
nécessaire pour évacuer l'urine amassée entre le gland et
le prépuce fermé, et prévenir ainsi les accidents les plus
graves.
Je ne m'occuperai pas plus longtemps de celte espèce
de phimosis.
Le phimosis ordinaire, celui qui ne présente qu'un rétré-
cissement plus ou moins considérable du prépuce, avec une
longueur trop grande de cette enveloppe, n'est pas, rigou*
reusement parlant , une cause d'impuissance, — il serait
plutôt un motif de stérilité; — mais il contrarie de deux fa-
çons le coït, et c'est à ce titre que je lui donne ici une place.
Par son rétrécissement, le prépuce prive le gland de cette
cicitation voluptueuse qu'il acquiert par son contact tfvec
la muqueuse du vagin , et peut s'opposer à son érection
complète par l'espèce d'emprisonnement qu'il lui fait subir
dans sa partie rétrécie. Je ne parle pas d'une complication
asseï fréquente du phimosis naturel, la brièveté du frein, à
laquelle je reviendrai tout à l'heure, et qui, dans le cas qui
nous occupe, augmente les inconvénients que je viens de
signaler.
Eu égard à sa longueur, le prépuce gène le coït, en
formant au-devant du gland un véritable bourrelet qui peut,
5oit blesser les organes de la femme, soit rendre doulou-
reuse pour l'homme l'intromission de la verge.
170 IMFUIS8ANCB MM VIGI8 UB COHVOMVATIOR.
Heureusement, l'art n'est pas désarmé de? anl une pareille
infirmité, et la chirurgie peut toujours la faire disparaître.
Trois méthodes eiislent pour atteindre ce résultat : TiDci*
sion, l'excision et la circoncision.
Si Ton réfléchit que le phimosis congénital est constitué
tout k la fois par rallongement et le rélrécissement du pré-
puce, on repoussera l'incision comme n'obviant qu'au rétré-
cissement, et la circoncision comme ne détruisant que la
partie superflue du prépuce. Cependant ces deux caractères
du phimosis naturel ne sont pas tellement inséparables que
Tun pui>se se montrer sans l'autre, et alors, selon la dif-
formité » détruire, on pourra recourir, soit à l'incision,
soit a la cirroncision.
Mais dans les cas ordinaires, lorsqu'il faudra faire dispa-
raître tout à la fois l'allongement et le rétrécissement du
prépuce, il sera nécessaire d'opérer l'excision.
Par le procédé ordinaire, on pratique d'abord l'incision.
Celle-ci se fait en insinuant entre le gland et le prépuce, è
la face supérieure et sur la ligne moyenne jusqu'au cul-de-
sac de la muqueuse, une sonde cannelée ordinaire. Pendant
qu'un aide soutient la verge en rapport avec la sonde, et
attire la peau en arrière afin que l'incision ne Tintéresse
pas trop loin, le chirurgien lient lui-même la sonde de la
main gauche, et fuit glisser sur sa cannelure un bistouri
droit è lame étroite et à pointe aiguë. Quand il sent que le
bistouri est parvenu au cul-de-sac de la sonde, il relève la
pointe de l'instrument qui pénètre dans les téguments, et
attire la lame mntre lui, en incisant le prépuce d'arrière en
avant. On termine l'opération en divisant, k l'aide des
ciseaux, la petite bride que forme d'ordinaire la muqueuse
au delà de l'incision.
Après ce premier temps de Teicision, on saisit l'un après
ANOMALIES BU PRBIlf. I7f
Tautre les deax lambeaux du prépuce, on les tend suffisam-
ment, et Ton en excise on morceau triangulaire avec le
bistouri ou éa forts ciseaui.
On pourrait è la rigueur, si le rétrécissement et rallon-
gement du prépuce étaient assez prononcés, pratiquer
d'abord la circoncision pour retrancher la partie superflue
et recourir ensuite à l'incision pour opérer le débridement.
C'est ainsi que je me suis comporté dans une circonstance
OQ Texcision ne m*aurait donné qu'un résultat incomplet.
On réunit la peau et la muqueuse, soit par quelques
points de suture, soit par des serres fines, qui, très fréquem-
ment, amènent la réunion par première intention.
Adhérence du prépuce et du gland, — C'est ordinaire-
ment une complication du phimosis, et, quoique cette com-
plication soit souvent accidentelle et résulte de la balanite,
elle peut cependant être originelle et accompagner comme
telle le phimosis congénital.
Sans doute la gène dans le coït est augmentée par cette
complication, dont toute la gravité réside cependant dans
le traitement chirurgical. C'est une dissection longue, pé-
nible et douloureuse qu'il faut faire, et qui doit constam-
ment respecter le gland, pour éviter une hémorrhagie,
quelquefois très difficile k arrêter.
S m. — Ab^omIIm dm Ênîm.
Brièveté du frein. — Cette anomalie trop prononcée,
en tirant fortement en bas le méat urinaire, a pu faire
croire è des observateurs superficiels, soit à Teiistence d'un
hypespadias, soit & une courbure de la verge.
Mais si la trop grande brièveté du frein ne fait que simuler
ces deux vices de conformation, elle donne naisaaooe aus
172 I1IPUI88ANCB PAl VICE8 DB CORPOiMATION.
menues accidents, et peut être, par conséquent, regardée
comme contraire i une copulation régulière.
Heureusement le mal n'est pas considérable^ parce <|ue
rien n*est plus facile que d'y remédier : il suffit de couper
le frein. Sou? ent cette petite opération se fait naturellement
aui premières approches, surtout si la vulve oiïrc une
ouverture étroite. Mais quand cette rupture ne s est pas
opérée pendant le coït, on incise le filet, soit par un coup
de ciseaui, soit avec le bistouri, en ayant soin de placer un
peu de charpie entre les lèvres de la plaie pour prévenir
leur réunion.
S IW. — AB^nalIcs ém slaaJ et de rarétrc.
Les vices de conformation du gland se confondent avec
ceux de Turètre, parce que ces difformités portent toutes
sur le méat urinairc, qui est In terminaison ou l'ouverture
extérieure de ce canal.
De plus, la description de ces anomalies ne doit point
trouver place dans ce chapitre, car de deux choses l'une,
ou l'urètre n'existe pas, ou il est vicieusement conformé.
S'il n'existe pas, ou s'il est oblitéré dans un point de
son étendue, la chirurgie aura dû intervenir avant que l'in-
dividu ne soit apte à la génération; et si ce canal a été réta-
bli dans sa position normale ou dans une direction artifi-
cielle, mais de manière à donner passage à l'urine, la stérilité
pourra en être la conséquence, mais l'impuissance n'en sera
pas fatalement un effet.
De même, dans la vicieuse conformation de l'urètre,
comme, par exemple, dans les cas d'hypospadias et d'épi-
spadi9s,les résultats sont analogues à ceux que je viens de
citer, et, par conséquent, l'examen des anomalies qui affec-
tent le canal de Turètre et le gland trouve plus naturelle-
ANOMAUBS DB LA VBS8IB. 17S
ment sa place dans le livre consacré à la stérilité de rhorome
que dans celai dont l'impuissance fait le sujet.
Par les mêmes motifs et pour éviter les redites, je renvoie
au cadre de la stérilité la description des anomalies du veru-
montanomi des canaux éjaculateurs,des vésicules séminales,
des canaux déférents et des testicules, tout en me réservant
le droit d'indiquer celles de ces anomalies qui seront tout à
la fois causes d'impuissance et de stérilité.
Des diiïérents vices de conformation qui affectent la vessie,
un seul rentre dans mon sujet : c'est l'exstropliie ou la hernie
congénitale de cet organe.
L'exstrophie de la vessie n'est pas précisément par elle-
même une cause d'impuissance; mais, dans la majorité des
cas, elle s'accompagne, soit d'une atrophie, soit d'une vi-
cieuse conformation de la verge, qui entraînent à leur suite
l'anaphrodisie, et qui me forcent par cela même a lui donner
ici une place.
L'exstrophie de la vessie, que l'on appelle encore l'extro-
version, l'inversion, la hernie congénitale de la vessie, est
caractérisée par l'absence de la paroi antérieure de cet organe
et par la sortie de sa paroi postérieure à travers les fibres
écartées de la ligne blanche. Cette tumeur est globuleuse,
fongoïde, et présente un volume variable selon l'âge du
sujet, selon sa position et selon l'état de repos et de fatigue.
Sa surface, d'un rouge plus ou moins vif, enduite de mu-
cosités, est facilement irritable et continuellement le siège
d*un suintement involontaire d'urine.
Cet état a la plus grande influence, non-seulement sur
la fonction urinaire, dont je n'ai pas i m'occuper, mais en^
core sur la fonction copulatrice et fécondante.
i7& I1IPUI88ANGI PA9L VIGM DB CMrOiVATIOlf.
Au point de vue de la copulalion, elle peut, dans quelqi
cas rare?» ne porter atteinte ni au& désirs véoéheos, ni an
coït. M. Iluguier en a rencontré un eseniple è l'IiApitai de
la Charité de Paris, alors qu'il suppléait M. Gerdy. Passant
en revue les diverses lésions de l'appareil dénito-ttrmâiffe
qui accompagBaieot l'eistrophie de la messie dont il raixNile
l'observation, il arrive à la verge, et dit : « Ise pénis de ce
sujet présente aussi des vices de conformation. Cet organe a
l'aspect d*un tubercule long d*un pouce environ; il est
pourvu d*un gland imperforé ; le canal de l'urètre manque
entièrement. La totalité du pénis rudimentaire est formée
par les corps caverneux médiocrement développés. Le ma-
lade nous a assuré cependont qu'il pouvait accomplir par-
faitement l'acte du coït. Il parott même que depuis Tàge de
quinze ans il se li\re aux plaisirs de l'amour. Dans ce mo-
ment-là, dit-il, la verge enlre en érection et acquiert une
longueur de (rois pouces environ. Le spasme voluptueux
est toujours suivi, au dire du sujet, d'une émission sperma-
tique; lo fluide se répond alors autour de la base de la
tumeur; il n'est pas lancé, il coule en nappe (1). »
Mais, ainsi que je le disais plus haut, les cas où la fonction
copulatrice est conservée sont rares. Tantôt la verge, réduite
a quelques centimètres chez l'adulte, présente è sa partie
supérieure une gouttière formée par la paroi inférieure de
l'urètre, et au-dessous du gland, un lambeau de peau qui
rappelle un prépuce fi*ndu dans sa partie supérieure; tantôt
le pénis oITre une bifurcation dont une seule branche su(h-
porte le gland ; tantôt eniin les désirs vénériens eux-mêmes
sont anéantis, comme pour ne pas éveiller des organes inca*
pables de remplir les fonctions qui leur sont dévolues.
Qu'on me permette, à cet eiïet, de rapporter deux exem*
(«) GauUê dei hôpitaux, lànn. 4 840, n"* H 7, p. 467.
11I0HALII8 Dl LA V1UIB. 475
phi ie» iBonMlies dont la verge peut élre Trappée k ta soite
de l'eitrophie de la vessie.
J'empruDlertii le premier A l'observation fioreraontqoée
0B 1769, par Deschamps, è l'Académie de chirorgie, ei
rappMtée par Chopari(l) : « Un homme Agé d'environ
lienle am, mort d'une fièvre putride è rhà|iital de la Cha-
rité, avait les parties de la génération tellement conrormées
que l'étendoede la verge, depuis la symphyse du pubis, était
d'M pouce, «t depuis la racine du scrotum de deax pouces»
Ce corps était aplati supérieurement et convexe tiiférieure»
iMBt. Cet aplatissement présentait une gouttière prolongée
iiepais la pointe du gland juiqu'i un corps rougeAtre, situé
entre les os pubis, d'oîi l'urioe s'écoulait par la paroi pos-
térieure de la vessie. Cette gouttière était plus large A son
origine, et l'on voyait dans le milieu de cette partie le vera-
■Bonlanum, les orifices des canaui éjaculateurs et ceux des
conduits de la glande prostate. Le gland était divisé en
deus parties. L'orifice des corps caverneux n'oirrail rien de
remarquable ; mais ces deux corps, au lieu de se confondre
k la «erge, étaient seulement appliqués l'un contre l'autre
et oe se réunissaient que par leur extrémité antérieure A la
base du gland. Cette union était telle que l'air, poussé dans
M de ces corps, ne passait point dans l'autre. . . u
Le second exemple est encore plus remarquable que
edui-ci, parce qu'avec les vices de conforination de la verge «
il oOrc l'abseBce complète des désirs vénériens. It est rap>
porté par Uevilleneuve, en 1767, et a pour sujet un mosi-
cien de Béliers, Agé de quarante -deux ans, nommé Alexandre-
Louis Fabre. Après la description de l'exstropbie de ta
feasie «t des anonali«s de l'appareil arinaire, l'aulear
(I) IVaiUdc* niaJadJMrfNWMiiiri«airM.Pww,tl34,ti.i,p.l80.
476 IHPUISSANCB tÀR VICES DE COKFOIIMAT)0<>.
aborde l'appnrcil gétiërntcur, et s'exprime ninsi : ■ Immé-
diatement sous la lumeur était une vcrj^e irtrurme, courte,
chétive, et comme fendue ett dessus et tout de son long. Le
gland ^tuit fort reconnaissable et sa couronne aussi. Sa
couleur et sn substance spongieuse étaient dans leur état
naturel ; on y lojait quelques lacunes sébacées ; ce bout de
verge semblait avoir le dessus et le dessous en sens iniersc;
h la partie supérieure, on vojait comme \a Irocc de l'urètre
ouvert; ce trajet était exprimé par une espèce di; bande-
lette longilutlinale, mais n'était enduit d'oucune humeur,
comme j'iii dit que l'était le velouté de la vessie. On jufje
bien que le gland devait (tre imperforé, comme il l'était en
eflel. Des observateur»! prétendent avoir vu, dans la com-
missure du pénis et de la tumeur, une portion supérieure
de l'urètre rjui n'était pas fendue comme le reste du IrajcI.
Il n'était pas aisé de vérilier lu chose, à cause de l'obscurité
et de la douleur que l'écartenient des parties causait au
sujet, et du rétrécissement du réduit. Mais attendu l'inuti-
lité dont élait l'urètre, ne charriant rien, le fait ne me
parait pas important. On n'avait point sondé ce reste
d'urètre; on ne vovoit qu'un petit bout antérieur des corps
caverneux, comme si le reste fût caché dans le bas de l'hy-
pogaslre... Ce qu'il y a de très curieux, mais en même
temps de très étonnant, c'est que (si la bouche d'Alexandre
est sincère) il n'avait jamais ressenti : 1* de désirs char-
nels ni d'érection ; 2* pas même de chatouillement au
tact, etc.(l). «
De pareilles infirmités ne sont susceptibles d'aucun trai-
tement, car les sujets qui en sont atteints, parvinssent-ils h
accomplir l'acte de la copulation, seraient pour toujours et
(4) jMnMJd«MM«eiM, t.XXVII,p.36.
J
lUPUlSSAKCE IDIOfATHIOttK. 177
fatalement voués h h slérililé, comme je le dirai plus loin,
â cause de la diirormilû de l'urûlrc qui accompagne con-
slamment la hernie congénitale du réservoir uriiiaire.
CHAPITRE II.
IMPUISSANCE IDIOPATIIIULE.
J'oppelle impuissance idiopaltiique l 'impossibilité d'excr*
cer le coït en dehors lie toute lésion apjinrcnle ou consta-
lakle àvs organes génitaux, on dehors de tout état palho-
logirjuc d'un appureil quelconque autre que l'appareil
f;énilal, en dehors des lois ph}siologiqucs qui réj^isscnt les
Ages, les constitutions et les lempérnments, en dehors de
l'inlenenlion des racultés morales, en un mol, un état
t)'inertie de Tuctivité génésique que n'ex|ilir|uent ni l'aiin*
lomic normale, ni l'analomie pathologique, ni les rapports
de sympathie physiologique ou morbide du sens générateur
8«cc les autres fonctions de l'économie iinimale. C'est a
cet état seulement que convient la dénomination de nt^nis^
<Du de syncope génitale.
Celte névrose est eicessivement rare.
Telle n'est pas, je le sais, l'opinion des auteurs qui m'ont
précédé. Les anciens, privés des lumivres de l'analomrc
pathologique, ne pouvant, par conséquent, rattacher à cer-
taines lésions locales l'inertie des organes génitaux , et n'ayant
que des notions superficielles sur les rapports sympathii]oes
des diverses parties de l'économie entre elles, rapportaient
Tolontiers A des troubles de l'innervation ou de la (orce
vitale, s'ils étaient de l'école do Barlhez, les affections dont
la cause et le siège véritables leur échappaient, Ce diagnos-
tic, on plutdt celte absence de diagnostic, a étendu sur le
176 mPOIBSilIfCB IDIOPATHIQim.
sujet qui m'occupe d'épaisses ténèbres qui sont encore loin
d'être dissipées. Il n'en poufait être autrement, puisqu'on
mettait dans le même cadre, sans rappeler la confusion
presque généralement admise de l'impuissance et de la sté-
rilité, l'impuissance symptomatique du diabète et de la sper-
matorrhée, i c6té de l'impuissance consécutive i la mastur-
bation, aux excès de tout genre, de l'impuissance amenée
sympathiquement par un état particulier de l'estomac, des
facultés morales, etc, etc., et toujours, pour masquer son
ignorance, on accusait de ces désordres l'innenration ou la
force vitale, ces deux inconnues de la médecine, que Ton n'a
pu encore parfaitement dégager.
Du chaos dans lequel était plongée Tétiologie de l'im-
puissance, ne pouvait sortir, on le comprend, une théra-
peutique rationnelle : le hasard, entravé encore par une idée
préconçue, fit tous les frais de la médication. Comme l'inner-
vation ou la force vitale étaient accusées d*inertie, on re-
courut, pour les relever de leur faiblesse, aux échauffants
de toutes sortes, aux excitants de toute espèce, et l'on
classa sous le titre d'aphrodisiaques des agents dont la liste
est inépuisable; les trois règnes de la nature furent mis à
contribution : on fouilla les entrailles des animaux, on confia
k l'alambic les végétaux des deux mondes, et Ton soumit
les minéraux aux réactions les plus aventureuses de l'al-
chimie. L'esprit recule épouvanté devant tout ce qu'inventa
l'imagination pour réveiller l'énergie abattue de l'innerva-
tion génitale.
On alla plus loin encore : on appela k son aide la polj-
pharmacie, et grâce a son complaisant concours, on com-
posa des préparations incroyables que l'on décora de titres
pompeux, comme pour ajouter une vertu nouvelle i toutes
celles qu'on leur prêtait avec complaisance. Le nombre des
tlIPniSSANCB IDIOPATHIQUË. 179
formoles aphrodisiaques que nous ont laissé nos |)ré(léces-
seurs est Jmmense ; je ne rapporterai comme type du genre
que celle que Zaculus-Lusitanus nous a conservée sous le
nom de cachunde^ et que les grands de la terre estimaient
d'une manière toute spéciale, tant à cause de ses vertus
surprenantes que pour son prix très élevé. Ce dernier motif
ne saurait être mis en doute, quand on saura que les pierres
tes plus précieuses entraient en quantité assez considérable
dans ce remède, dont voici la formule :
I âS 90 _
Terre de Cimole I^DOOgram
Ambre iOO —
Musc
Ambre gris
Calambac 300 —
Perles préparées 90 —
Rubis
Êmeraudes
Grenat >***<»-
Hyacinthe préparée
Sandal rouge 400 —
Sandal jauoe 90 ^-t
Mastic \
Jonc odoriférant \
Galanga
Cannelle
Aloôe lavé avec le sac de roses. . . .
Rhubarbe ^ a» 60 —
MiroboJans bellirigues
Mirobolans d'Inde
Absinthe
Corail rooge
Bol d'Arménie
Ivoire calciné - 350 —
oc Broyez ces ingrédients et les réduisez en poudre la plus
fine -f
IflO llll'OISSA^CB IDKirAlUIQliB.
» Képandi'z dessus des vins odorir^ranls, des baumes, et
de l'eaii distillée des Itcurg de l'arbre qui porte Ja cannelle ;
D Faites sécher le lout ii l'ombre;
» Mèlrz une quanlilé suffisante de sucre te plus fin ;
» Enlin réduiseï le tout en une masse visqueuse et smci
tenace, d'une couleur passablement rouge, avec un muri-
lage de ^omme adragont et de gomme arabique. «
Vollii la Tormulc de celle |ifttc, ù laquelle les marchands
doniioicril dos formes iliverscs, et qu'ils cipédiaîent dans
toutes les parties dti monde et surtout à Lisbonne.
Voici maintenant les propriétés fubuleuses de celte pré-
paration. S'il en rallnil croire /acutus-Lusilonus, que je vais
traduire servilement, on devrait reconnaitroquela médecine
eM en voir ilûcroissnnie, et que l'nrl de guérir n'est plus
aujouril'liui qu'une .liïrcuse mytililinilion. » Les prince»
indiens et les grands de la (Iliinc, ilil /iiculus-Lusitanus, en
tiennent, pondant lejour, dans leur bouclie, une petite quan-
tité, gros, par exemple, comme une lentille ; cette petite
portion rend en .se fonilant un<^ liqueur douce et odorante,
qui desneml insensiblement clans l'estomac, et donne à leur
haleine une odeur si agréable que tous ceux qui les ap-
proelieiit en sont frappés. O remède mérite vraiment que
l<>s rois et les grands en fassent usage : il est bon pour
la conservation de ta clialcur naturelle; il garantit le corps
de la cnrruplion ; il prévii-nl le.s funestes inlluencos de l'aîr
empesté; il di*sipc les iliituir lires, et il soula;;c merteilleu-
sèment ceu\ qui sont itllnqués de métanrotic. Il arrête les
palpitations de cœur, giiéiit la canlialgie, l'apoplexie et
ré|iilepsie; ranime les esprits aniniaui et vitous, forliiie
toutes les fieultés, rél.,blit reslomac, et résiste aui poisons
do toute espèce. Il fait du bien au cerveau, et c'est le meil-
leur remède que l'on puisse employer contre l'infection de
I
IMPUISSANGK IDIOPATIIIljUK. 181
rbaleine. Il excite & Tacle vénérien; c'est par cette raison
que les deux sexes en font un si grand usage dans l'Inde.
En un mot, c'est un remède vraiment royal : il prolonge la
?ie, il éloigne la mort; aussi se vend-il fort cher. Ceux qui
remploieront ue pourront s'empêcher d*en admirer les eiïets
surprenants (1). »
Les modernes, grâce aux progrès de la chimie et h Tin-
Ouencc qu'a exercée la doctrine de Broussais, ne tombent
plus dans les écarts d'une poly pharmacie ridicule; mais
comme l'étiologie de Timpuissance ne leur est guère mieux
connue, et comme, suivant en cette voie les erremc*nts des
anciens, ils continuent i rapporter à l'alTaiblissenicnt de
l'innervation la très grande majorité des cas d'impuissance,
ils poursuivent la pensée, i l'exemple de leurs prédéces-
seurs , d'activer l'énergie vitale et de relever le^ forces
nenreuses du génésique. A cet eiïet, ils recourent tantôt
aux excitants généraux, tels que la vératrine, la strych-
nine, etc., tantôt aux excitants spéciaux, tels que le phos-
phore, Télectricité, les cantharides, dont l'action sur les
organes génitaux n'est que consécutive.
Cette simplification dans la médication n'amène pas des
résultats plus heureux que les préparations polypharma-
ciques des anciens; et il en doit être ainsi, puisque la même
confusion règne dans l'étiologie, et par conséquent dans le
choix du traitement.
Cependant, quelques rayons de lumière ont pénétré les
ténèbres de cette nuit profonde; les travaux de MM. Lalle-
mand, Civiale (2), etc., ont dépouillé du titre de névrose
(1) De medic princip, hi$t., lib. I, obs. 37.
(2) Traité pratique des maladies des organes fjénito-urinairei, Paris,
4 850.
183 I1IP0I86A1<ICB IDIOPATBIQOB*
certaines impuissances doiil la cause manifeste est dans Itlé"
sion d'une partie de Tappareil génital; mais leurs oufraget,
limités par leur nature même à une seule face de la question
dont je dois embrasser l'ensemble, n'ont pu Tarracher tout
entière aux nuages où l'ignorance et l'imagination Tavaient
entraîner, et lui donner le caractère de positivisme qui dis-
tingue aujourd'hui h pi'u près toutes les parties de la science.
C*est U* de%oir que je me suis imposé eo écrivant ce livre^
c'est la route que je me suis tracée en étudiant Timpiiii-
sance et la stérilité.
En suivant cette voie tout opposée k celle de mes defan*
ciers, je n*ai pas tardé é me convaincre que la névroae gé-
nitale, dégagée de toute lésion locale et de toute sympathie,
en d'autres termes que l'impuissance idiopatbique était
excessivement rare.
Cependant je l'ai bien manifestement observée, comme
je le dirai tout k l'heure, et je dois, par conséquent, lui
donner ici une place.
Mais l'impuissance idiopatbique est loin de se présenter
constamment avoc les mêmes caractères, et il est très essen-
tiel, au point de vue du traitement, de déterminer d'une
manière précise les formes diverses qu'elle peut revêtir, car
ces formes sont intimement liées aux modifications que subit
l'énergie virile.
Bien que la turgescence de la verge soit sous la dépen-
dance de la circulation et de l'innervation, je ne considé-
rerai ici que la fonction érectile dans son ensemble, me
réservant de faire ressortir, dans la partie consacrée è la
th(Ta|ieuli<{ue, 1rs indications plus spécialement relatives è
rinilux nerveux, et relies que réclament les troubles de la
circulation de Tappareil copulaleur.
Les phénomènes de la vie ont, dans chaque individualité,
I1IPUI8SÂNGB IDIOPATHIQUB. 188
uo lype normal, régulier, qui n'est pas le même pour tous
les hommes, et qui, combinés entre eux d'une manière
harmonique, constituent l'état de santé.
Eo dehors du type normal est la maladie.
Mais les altérations que peuvent éprouver les phéno*
mènes ou, pour mieux parler, les fonctions de l'organisme,
sont de différentes sortes ; elles doivent être ramenées sous
quatre chefs principaux :
1* La fonction peut être abolie;
^2" La fonction peut être simplement affaiblie, c'est-i-dire
s'exercer avec moins d'énergie que dans l'état normal;
3* La fonction peut être pervertie, c'est-à^ire ne plus
obéir è ses excitants naturels -,
A"" Enfin, la fonction peut être exaltée, c'est-à-dire se
produire avec une intensité plus grande que dans le type
régulier.
Appliquons h l'érection cette division si légitimement
vraie des altérations dont toute fonction est susceptible, et
nous aurons alors :
1* L'impuissance par l'abolition ou l'anéantissement de
la force copulatrice;
2* L'impuissance par la diminution de l'énergie virile;
3* L'impuissance parla perversiondel'cxcitation génitale;
&* Enfin, l'impuissance par un surcroît anormal d'excita-
bilité.
Le premier genre d'impuissance n'est jamais idiopathiquej
il est sous la dépendance, soit d'une cause physiologique,
comme chez les vieillards, soit d'une mutilation, comme
chez certains eunuques, soit d'une cause morbide, comme
dans quelques affections des centres nerveux.
Je n'aurai donc pas à m'en occuper ici.
Les trois autres espèces, au contraire, fixeront séparé-
18& iaiPI'l89JlXCK IDIOFATHIQUK.
ment mon ottention, parce que chocone d'elles présente une
physionomie porticulière et réclame une médication propre.
g I. <- InipalaMMee IdiopAïkl^He par ëéittwi ë'éaergle.
Celte espèce d'impuissance peut être congénitale ou acci-
dentelle.
Quand elle est congénitale, c'est-à-dire lorsque le ma-
lade n'a pas eu d'érection, elle est presque toujours liée
à un état déplorable de la constitution et h l'atrophie, ou
tout au moins h un arrêt de développement de l'appareil
génital, de telle sorte qu'il est très difficile de décider si,
dans ce cas, l'impuissance est cause ou effet. Cependant
Planque cite, d'après les éphémérides d'Allemagne, un fait
d'impuissance congénitale au milieu des conditions les plus
favorables au coït: «On n'aurait pas si bien réussi, dit-il,
avec ce stupide impuissant dont parle Hartmann (1). Il était
fort et robuste et avait les testicules fort gros, la verge
courte, petite et flasque, mais il ne connaissait ni érection
ni semence, et n'avait jamais eu de sentiment d'amour (:2). »
Cette observation laconique ne peut, on le comprend,
servir de base à une opinion ; d'autre part, il ne s'est jamais
présenté à mon examen un impuissant de naissance sans vices
de conformation ou sans maladies, et offrant tous les carac-
tères d'une parfaite virilité; aussi suis-jc porté à croire que
cette impuissance idiopathique congénitale, si elle existe^ est
excessivement rare, et qu'il faut se mettre en garde contre
les exemples qu'en pourraient citer des observateurs super-
Gciels.
Comme tous les cas d'impuissance congénitale qu'il m'a
(I) Kph. germ , dec. 3, an 4, obs. 85, p. f 84.
(i) Biblioihèque choitie de médecine^ t. VI, p. i39, an. iMPUittAiici.
IMPUISSANCE IDIOFATUIQUIS l*AR DÉFAUT D*ÉNEKG1E. 185
été permis d*obscrver étaient accompagiu^s d'une grande
faiblesse dans la constitution ou d'un nrrèt de développe-
ment des organes génitaux, j'ai toujours employé une thé-
rapeutique que j'exposerai dans le chapitre suivant, auquel
je renvoie le lecteur.
Mais si l'impuissance idiopathique congénitale était par-
Taitcment constatée, j'estime qu'il faudrait mettre en usage
les moyens destinés à combattre l'impuissance idiopathique
accidentelle dont je vais maintenant parler.
Cette impuissance peut se produire de deu\ manières :
ou primitivement, ou secondairement.
Primitivement, l'impuissance survient sans cause connue,
sans motif plausible, au milieu de la santé la plus parfaite»
des désirs les plus vifs, de la quiétude morale la plus com-
plète; en un mot, au milieu des conditions les plus favo-
rables à la copulation.
Secondairement, l'impuissance se montre h la suite d'un
accident qui aurait pu entraîner, et qui même a entraîné
rinertie de la verge, mais qui, disparu depuis plus ou moins
longtemps, ne peut plus exercer son influence sur l'énergie
virile; je m'explique: — Pris d'une indigestion à la suite
d'un repas copieux, M. X..., avoué près la cour impériale
de Paris, est frappé pendant toute la nuit d'une impuissance
absolue. Le lendemain, remis de leur fatigue, les organes
digestifs reprennent normalement leurs fonctions sans que
les organes génitaux suivent leur exemple. L'impuissance
persiste pendant quinze jours environ, malgré l'éloignement
de la cause qui l'avait produite, et dont l'action, fugitive
d'ordinaire, n'avait pu laisser des traces dans l'appareil gé-
nérateur.
Il ne faut pas confondre cette impuissance idiopathique
secondaire avec l'impuissance entretenue par un sentiment
186 IHPOlSftAIlCB IDIUPATHIQUI.
de crainte ou de honte. L'homme, ainsi que je le dirai lon-
guement lorsque j'examinerai l'empire que le moral exerce
sur le génésique^ l'homme dont les désirs ont une fois trouvé,
par une cause quelconque» des organes rebelles, lâche gé-
nérniement, qu'on me passe la locution, la bride k son ima-
gination, qui, se faisant un tableau a?ec les cooleurs les plus
sombres, frappe le malheureuii d'impuissance, selon l'ex-
pression de Virey, par la crainte d'être impuissant.
li'onaphrodisie idiopathîque secondaire ne reconnaît que
des causes éloignées essentiellement fugitives.
Ces causes peuvent être ou physiques ou mprales.
I Parmi les premières, il faut placer tout ce qui trouble
) vivement et rapidement l'organisme : Tindigestion, dont j'ai
déjà parlé, l'ivresse non habituelle^ le passage trop brusque
du chaud au froid de tout le corps ou simplement des or-
,; ganes génitaux. Ln médecin de jNantes en qui j'ai toute
confiance m'u dit avoir donné des soins à un négociant de
Bucharest, devenu impuissant à la suite d'un bain de mer
pris au mois de janvier,
t Ia's causes morales sont incontestablement celles dont
l'action est ici la plus énergique: toute émotion violente,
tout sentiment vif, qu'il soit sympathique ou antipathique,
comme une grande joie, une terreur profonde, peuvent
amener une syncope génitale. J'ai soigné un homme dont
l'énergie virile s'émoussa tout à coup en apprenant qu'il
avait gogné un lot de 30,000 francs dans une des nom-
breuses loteries qui s'établirent après la révolution de février.
J'en ai connu un autre qui nfa assuré n'avoir pu obtenir
une érection pendant les six mois qui suivirent l'accident du
chemin de fer de la live gauche de Versailles, dans lequel,
sauvé comme par un miracle, il avait éprouvé un eiïroi indi-
cible.
IMPUISSANGB IDIOPATHIQUB PAR DftPAIJT d'ÉNERGIE. 187
Aucune douleur, soit générale, soit locale, aucun trouble
dans la fonction urinaire, rien ne dénote Taltéralion sur-
venue dans les fonctions génératrices : la verge est molle»
flasque, décolorée ; le gland pâle et ridé ; l'artère dorsale
du pénis cède à la moindre pression, et ses battements sont
à peine perceptibles; le scrotum, distendu et pendant, est
insensible à l'action du froid et des attouchements erotiques.
Quelquefois cependant la verge et le scrotum présentent des
caractères tout opposés : le gland à sa coloration normale;
le corps du pénis est dur, résistant, comme dans l'engorge-
ment des corps caverneux, mais reste pendant, et ne s'élève
pas, comme dans Térection, contre la paroi antérieure de
l'abdomen ; les bourses, sans atteindre le degré de contrac-
tion de celles d'un homme sain, ne sont pas complètement
étrangères à l'influence des agents extérieurs.
Ces différences dans l'état des organes génitaux externes
sont importantes à noter, car c'est sur elles que reposent
certaines indications thérapeutiques dont je parlerai tout à
l'heure.
La sonde, introduite dans la vessie, ne décèle rien d'anor«
mal sur tous les points de son parcours. Quelquefois, sous
l'empire d'un rêve lascif, et même par la seule influence
de la chaleur du lit et de la position horizontale sur le dos,
une pollution nocturne se produit, tantôt sans érection ni
plaisir, tantôt avec érétisme de la verge et sensation volup-
tueuse. Ces pollutions sont peu fréquentes et ne se répètent
qu'à des époques assez éloignées les unes des autres; aucune
perte séminale ne se manifeste durant le jour, ni à la suite
des urines, ni pendant les eflbrts de la défécation. Dans
quelques eus, sous lempire de vifs désirs vénériens, d'attou-
chements lascifs, pendant l'équilation ou une promenade en
voiture, le pénis semble vouloir reprendre sa force perdue.
i88 lMi*tlS8ANCE IDIOFATUIIHIB*
et alors un suintement blanch&tre et gluant se montre au
méat urinaire ; les malades ne manquent jamais de prendre
ce liquide p ur du sperme, et demeurent convaincus qu'ils
sont atteints de pertes séminales.
C'est avec cette opinion qu'ils se présentent au médecin.
Combien de fois n'ai-jc pas eu h redresser de pareilles
erreurs, et combien l'expérience m'a appris qu'il était dif-
Bcile de les détruire ! Étrange bizarrerie humaine ! L'âme
éprouve autant de difficulté h se débarrasser d'une préoccupa-
tion douloureuse qu'à renoncer aux pensées les plus douces
et les plus consolantes ! Presque toujours le moral du ma-
lade est profondément aiïecté ; son esprit inquiet a multiplié
et grossi les symptômes ; son imagination, nourrie et faussée
en même temps par la lecture de livres de médecine ou par
les récits des gens du monde, se |)erd dans un abîme de
maux dont le fond, qui est la tombe, ne lui apparaît qu'à
travers des souffrances inouïes et Tinanité de désirs qui font
tout à la fois son désespoir et sa honte.
C'cïil en de pareilles circonstances que des ménagements
de toutes sortes, des précautions de toute nature, sont d'une
absolue nécessité : si le médecin, après avoir fait au moral
la large part qui lui revient, et avoir dégagé l'impuissance
de tous les accidents qu'une imagination effrayée a créés
ou grossis, dispute dès l'abord au malade l'afTection dont il
se croit atteint, tout est perdu; la confiance que l'on avait
en ses lumières lui est retirée, et le malade l'accuse inté-
rieurement de ne rien comprendre, ou tout au moins de ne
pas croire à son mal.
L'excès contraire, c'est-à-dire le rembrunissement du
tableou créé par lo peur, a aussi ses dangers; il prépare à
la thérapeutique des entraves dont il ii*est pas toujours
facile de se débarrasser, s'il n'étouffe pas aussi la confiance
IMPUISSANCE IDIOPATIIIQUB PAR DÉFAUT d'ÉNERGIE. 189
dans Tesprit du malade, en lui donnant l'idée ou que le
médecin confond son aiïeclion avec une autre, ou que son
mal est au-dessus des ressources de l'art.
La conduite la plus sage, ainsi que je l'expliquerai ail*
leurs, alors que je parlerai de la toute-puissance du moral
sur le sens générateur, me paraît être la suivante ; au début,
accepter comme vrais les accidents signalés, sembler croire
8 Texistence du mal accusé, et s'attacher surtout et avant
toute chose à faire disparaître le symptôme dont le malade
se préoccupe le plus.
Pour un esprit prévenu, un résultai heureux a mille fois
plus de valeur que les dissertations et les médications les
plus savantes^ les charlatans le savent bien, car ils ne font
jamais qu'une thérapeutique de symptômes.
Pour les cas dont il est ici question, l'impuissance est
rarement l'accident dont se tourmente le plus le malade. Se
croyant atteint d'une affection de la prostate ou des vésicules
séminales, le malheureux considère som anaphrodisie comme
la conséquence çle ces affections, et n'attache réellement
une importance pathologique et médicalrice qu'à ce qu*il
croit la cause de tous les désordres dont il se plaint.
Le suintement du liquide blanchâtre et gluant dont je
parlais tout à l'heure est, dans la majorité des cas, le signe
dont le malade est le plus affecté; quelquefois, mais plus
rarement, ce sont des élancements dans le canal de l'urètre,
élancements que le malade compare toujours, pour leur
rapidité et leur acuité, à des coups d'épingle; et moins
'fréquemment encore, car je ne Tai observé qu'une seule
fois, c'est une espèce de titillation ou de névralgie du
gland.
Dans toutes ces circonstances, il est assez facile de se
rendre maitre des accidents qui ne sont sous la dépendance
490 laraiMANGB imoPAmovi.
d'aucune aiïection organique et d'aucun trouble de la force
nerfeuse générale.
Dans les cas de suintement au méat urinaire du liquide
blanchâtre, qui n'est autre que du fluide prostatique, on
épargnera h la prostate toute eicitation capable d'aug-
menter sa sécrétion : le commerce des femmes, les lectures
erotiques, les théâtres seront proscrits ; Téquilation, les
promenades en voiture, la position assise trop longtemps
prolongée seront défendues ; tout excitant sera rayé du
régime alimentaire, et l'on ordonnera soir et matin des ablu-
tions d'eau froide sur le périnée et les organes génitaux.
Les élancements dans le canal de Turètre céderont faci-
lement à l'emploi des opiacés i l'intérieur et k Teitérieur,
et i des bains chauds pris tous les jours ou tous les deux
jours.
Enfin, dans les cas de titillation du gland, je me suis
senfi avec avantage d'une pommade composée de parties
égales d'extrait d'opium et d'extrait de belladone dont je
recou\rais le gland, après avoir fait pratiquer sur lui et avec
la même pommade une friction de dix minutes de durée.
Après ce premier succès, le malade, dont l'esprit s'ouvre
è l'espérance, appartient au médecin corps et âme. Alors,
mais seulement alors, l'homme de l'art, dont les assertions
s'appuient sur une base irrécusable et sont légitimées par
un fait, peut essayer de combattre Terreur du malade et
lui faire partager ses convictions.
Cependant cette règle de conduite souffre de nombreuses
exceptions, et il vaut souvent mieux paraître poursuivre
rafTection supposée, de peur que l'imagination, se préoc-
cupant trop de l'unaphrodisie, ue donne accès à des ap-
préhensions qui entreliendnnent Timpuissance.
Le médecin agira selon la connaissance qu'il aura acquise
IWUISSANGB miOPATHIQUfi PAS DÉFAUT D*ÉNER6IB. 19l
de $on malade; mais quelle que soit sa détermination, il
doit sérieusement s'occuper des moyens les plus propres è
dissiper la syncope génitale.
Ces moyens sont nombreui ; ils se proposent tous de
réveiller Faction nerveuse aiïaiblie ou relâchée, et c'est dans
leur cadre que viennent naturellement se placer les médi-
caments dits aphrodisiaques.
Je partagerai en trois grandes classes les ressources que
la thérapeutique fournit pour combattre l'impuissance idio-
pathique par défaut d'énergie virile :
1® Agents médicamenteui ;
2o Agents physiques;
fto Moyens mécaniques.
Chacun de ces modes de traitement a une action très
distincte, et il est de la plus haute importance de se rendre
an compte exact de sa manière d'agir. Les ténèbres qui
enveloppent la thérapeutique de l'impuissance me paraissent
tenir, en dehors de toute considération de diagnostic, à la
confusion que l'on a faite de toute médication, en employant
indistinctement et au hasard, tantôt les échauffants, tantôt
les excitants généraux ou locaux, ici l'acupuncture, là l'élec-
tricité, etc.
L'expérience m'a appris qu'il n'existait pas de spécifique
contre la syncope génitale ; que le traitement variait, pour
ainsi dire, avec chaque individu, avec chaque idiosyncrasie,
et que les agents, décorés du nom d'aphrodisiaques, ne mé*
ritaient pas cette dénomination dans la sévère acception du
mot, ou qu'il fallait alors l'appliquer aux trois quarts des
substances de la matière médicale.
On comprend que je ne puisse ici passer en revue cette
immense nomenclature ; mais il est essentiel, comme on le
verra par la suite, de se bien pénétrer du mode d'action,
192 IMPUISSAKCB IDIOPATHIQUI.
noil-seulement de la méthode de troitcmcnt que l'on met
eu usoge, mais encore de l'agent ou du moyen que Ton
appelle n son nide.
C'est ce que je vais essayer de faire en terminant ce para-
graphe.
\^ A(jenis médicamenteux.
G)mmc leur nom l'indique, ces agents sont tous fournis
par la matière médicale et appartiennent aux trois règnes
de la nature.
On 1rs doit distinguer de deux monières : 1* selon le lien
où se foit sentir leur action; 2* selon leur mode même d'agir.
Sous le premier point de vue, je divise les médicaments
dont il .s^)git en deux classes : 1^ ceux dont l'action s'étend
sur toute Péconomie ; 2" ceux dont l'inlluence est limitée
à un appareil ou à un organe; ces derniers se partagent en
agents dont l'action est directe sur legénésique, et en agents
quiogisscnt sur un appareil ou sur un orgone spécial chargé
de transmettre u l'appareil co|)ulatcur les modifications qu'il
a reçues.
Sous le second rapport, dont l'importance est extrême,
je distingue également les aphrodisia(|ues en deux classes :
1* ceux qui agissent sur le système vasculaire et les nutri-
tions; 2"^ ceux qui agissent sur Tinnervation. J'appelle les
premiers excitants et les seconds excitateurs.
Je classerai donc de la manière suivante les agents que
fournit la matière médicale pour la thérapeutique de l'im-
puissance iiliopatliique par défaut d*énergie :
- ( I" Excitants généraux.
Excitants : J ° . «
^2» ExcilanU locaux. ('' E^itanU gfnésiqueâ direct».
( 2* EsciUnts locaox divera.
laraiSSANGB IDIOPATBIQUB PAR DfiFAUT D* ÉNERGIE. 193
U-Excitaleorslgcaux. { «•Exc.taleursgénés.quesd.rec.s.
(2*Excilateurs locaux divers.
Si Ton se rappelle que Térection de la verge se produit
à la suite d'une surexcitation nerveuse générale et locale,
eld*un grand afQux de sang dans le tissu éreclile du pénis;
et que ces deux phénomènes, augmentation de l'innerva -
(ion et accélération de la circulation, sont constamment
sous la dépendance l'un de l'autre, on comprendra tout à la
fois la légitimité et l'importance de mes divisions. En eiïet,
qu'une impuissance idiopathique s'accompagne d'une con-
stitution faible, d*un tempérament lymphatique, de la laxité
de la fibre, de l'apathie des fonctions digestives, etc., etc.,
nais dans des limites pourtant compatibles avec l'exercice
de la virilité, si vous recourez aux excitateurs, soit généraux,
comme la strychnine, la vératrine, soit locaux, comme
le phosphore, la rue odorante, vous avez dix chances contre
une pour ne pas réussir. N'est-il pas vrai qu'au milieu des
circonstances physiologiques que je viens d'énoncer^ le sys-
tème nerveux présente une susceptibilité plus grande, et
que dans la majorité des cas, il la faut contenir au lieu de
l'exciter ? Sans doute, cette susceptibilité peut être irrégu-*
lière, elle peut faire subir aux organes génitaux des écarts
qu'il est utile de combattre ; mais cette indication, que je suis
bien loin de nier, est en quelque sorte secondaire, et se
trouve parfois remplie par celle qui se tire de l'étal de h
circulation; car n'oubliez jamais, en thérapeutique, celte
porole si profonde du père de la médecine : « sanguis
MODERATOR NERVORUM. f>
Comme on le voit, il n'est pas indifférent d'abandonner
au hasard le choix de la médication h prescrire , et c'est
ici qu'à défaut de symptômes précis, nettement dessinés,
13
i9& IHH1I88ANCB IDIOPATIlOOlé
rhomroe de l'art doit faire appel h son tact oa plutôt k aan
instinct médical.
Cependant je vais essayer de donner à cette partie de la
thérapeutique une base moins inc«rtatne^que Tinstinct, et
fiier autant qu'il me sera possible les conditions physiolo-
giques et pathologiques qui réclament telle méthode de
traitement à l'exclusion de telle autre.
Mais avant d'aller plus loin, rappelons que si les organes
génitaui jouissent d'une sensibilité particulière qui les met
sous la dépendance de certains indtateurs, ils sont soumis
aui lois de la sensibilité générale, et que bien souvent il
suffit de ranimer celle-ci pour que la première rentre dans
son état normal.
Cet axiome physiologique montre toute l'importance que
l'on doit, avant toutes choses, attacher à l'état général du
malade, c'est-à-dire à sa constitution, à son tempérament
et à son état de sauté ou de maladie.
De ce premier examen sortira l'indication du traitement
général.
On n'a pas jusqu'à présent, ce me semble, attaché une
sufGsante importance à cette partie du traitement; on a trop
oublié les liens qui rattachent l'appareil génital au reste de
l'économie, et l'on a ainsi perdu de vue les ressources que
l'on pouvait tirer de ces relations. Les exigences des malades
ne sont sans doute pas étrangères à cet oubli des lois de la
physiologie : les gens du monde ne comprennent pas d'or-
dinaire les longs détours auxquels la médecine est quelque-
fois condamnée, et, dans l'impatience de leurs désirs, ils
n'apprécient bien que les roojens locaux ou ceux dont l'ac-
tion est directe sur forgane malade. Que le médecin sache
résister à cet enlraineroent; son honneur et son devoir
rexigerit. Il pourra bien quelquefois, à l'aide de médica-
iKPtJtSSANGB IDIOPATBIQCB PAK DÉFAUT d'éNEBGIB. 195
menls énergiques, comme le phosphore ou les cantharides,
amener une érection de la verge ; mais celte érection Forcée,
plus douloureuse que voluptueuse, sera passagère et Fugi-
tive comme l'action de l'agent qui l'aura produite, et le
malade sera peut-être après plus inhabile encore à la copu-
lation, sans parler des complications qui peuvent surgir de
l'emploi de moyens aussi violents.
Une médication générale me paraît donc nécessaire avant
l'usage des moyens locaux ou directs, ou tout au moins
concurremment avec lui ; les indications en seront puisées
dans les conditions physiologiques et morbides de l'éco-
nomie tout entière, et devront se proposer comme but final
d'activer ou de régulariser l'innervation, soit en agissant
directement sur les centres nerveux, soit en opérant d*abord
sur le système vasculaire et les nutritions.
Il est impossible, on le comprend, de peindre toutes les
variétés des idiosyncrasies, où viennent se mêler et se fondre,
tout en conservant quelquefois leur physionomie spéciale,
la constitution, le tempérament, les tendances morales,
rinergie intellectuelle, les habitudes, le régime, etc., etc.,
et qui font de chaque homme une individualité propre que
le médecin véritablement digne de ce nom doit étudier et
connaitre avant la prescription de toute thérapeutique. C'est
la connaissance et la rapide appréciation des idiosyucrasies,
de la force d'action et de réaction des divers organismes, qui
constituent les grands praticiens et forment tout le secret de
leurs succès.
Cet art, qui bien souvent a l'instinct médical pour guide,
exige une appréciation exacte des lois qui président aux
synergies physiologiques et pathologiques, et ne peut, par
conséquent, être développé dans un ouvrage de la nature de
celui-ci. C'est en se conformant aux principes de cet art que
lOG IMPUISSANCE IDIOPATHIQUB.
le praticien trouvera rindication, tantôt des eicitanls, tanlAi
des excitateurs généraux , et quelquefois de Tunion simul-
tanée de ces deux ordres d'agents.
La médication directe sur les organes génitaux concor*
dera, dans la majorité des cas, avec le traitement général,
cVst-à-dire l'usage des excitants généraux sera suivi ou
accompagné de celui des excitants directs, et Temploi des
excitateurs généraux entraînera celui des excitateurs directs.
Cependant cette règle souffre des exceptions, cl Télat
local des organes génitaux peut, dans beaucoup de cas,
éclairer la thérapeutique.
Lorsque la verge sera flasque et molle, que le gland sera
pAle, décoloré et ridé, ainsi que le fourreau du pénis; lors*
que Tarière dorsale aura des battements Faibles, facilement
compressibles, et que les veines dorsales et superficielles
seront affaissées et peu saillantes ; iorsqu'enfin le scrotum
distendu ne se contractera sous Tinlluence ni du froid, ni
des ottouchementâ amoureux, on donnera la préférence aux
excitants directs, afin de rappeler et d'activer dans les or-
ganes «zénératours la nutrition et la calorification qui sem-
blent principalement leur faire défaut.
Ces conditions des organes copulateurs légitiment éga«
lement l'emploi des excitants dont l'action se porte sur
des organes voisins de l'appareil génital ; c'est dans ces
circonstances que les cantliarides peuvent être utiles : l'usage
des meloé détermine à la vessie une irritation qui, se com-
muniquant de proche en proche, active la circulation dans
les parties qui en sont le siège, et qui, en amenant le sang
dans leur système \asculaire, y rappelle tout u la fois la cha-
leur cl la vie.
Mais la \iolence de leurs eiïols et leur mode mémo d'ac-
tion sur l'appareil génital exigent, dans leur emploi, la
IVPUISâAhCE lDIOPATUIi}0B PAR DEFALT D*É^ERGIE. 197
Circonspection la plus grande : sans parler ici des accidents
que les cantharides déterminent dans le réservoir urinaire,
je ferai remarquer qu^in usage inconsidéré de cet agent
peut amener le priapisme, autre sorte d'impuissance que
j'examinerai tout à l'heure, au lieu de la simple turgescence
de la verge nécessaire au coït.
De plus, l'action des cantharides sur les organes génitaux
est essentiellement pathologique, et il n'est pas toujours
sans danger d'appeler tout à coup une irritation presque
inflammatoire dans des organes aiïaiblis et depuis longtemps
en repos; la force de réaction peut être alors insulTisanlc,
et l'on a à redouter des accidents très graves, tels que la
gangrène ou la mortification de la verge.
Je le répète donc, la plus rigoureuse prudence présidera
à l'administration des cantharides, et le sage praticien n'y
aura recours qu'après l'usage infructueux ou insuffisant des
excitants directs.
«
Lorsque la verge présentera des caractères opposés a
ceux que je viens de signaler, c'est-à-dire lorsqu'elle sera
dure, tendue, quoique pendante, lorsque le gland aura sa
coloration normale, et que les veines bleuiront sous les
téguments, les excitateurs directs réclament la préférence,
car tout indique que l'innervation affaiblie ne peut plus
réagir pour chasser le sang amoncelé dans le tissu vasculaire.
Ces indications, qu'on le croie bien, ne sont point le
résultat d'idées spéculatives ; je les ai puisées dans des expé-
riences entreprises k cet égard sur des hommes sains, et
dans des observations pratiques qu'il m'a été permis de
faire sur des malades. Elles m'auraient peut-être échappé,
comme elles sont passées inaperçues pour mes devanciers,
si je n'avais en à ma disposition que les agents médicamen*
teux dont l'action est en eflet lente et difficile à sai^ir au
498 IIIPUIMAIIGB IIMOPAraïQOI.
milieu de conditions de toutes sortes essentielleneDi varia-
bles et très souvent changeantes.
Heureusement, les agents physiques et les moyens mé-
caniques, dont les uns agissent sur l'innervation et les autres
sur le système vasculaire, ont une action rapide et aaisis-
sabie que j*ai su mettre à profit pour le sujet qui m'oc-
cupe. GrAce à eux, j'ai pu établir les distinctions que je
formulnis tout à l'heure, car, semblables aux agents de la
matière médicale, les uns sont excitants, et les autres eici<*
tateurs.
C'est ce que nous allons voir, en eiïet, dans les deux
alinéa suivants.
2* Agents physiques.
Ijes agents physiques comprennent le calorique dans ses
divers degrés d'élévation ou d'abaissement (la chaleur, le
froid), l'électricité, n'importe la source d'oii elle émane,
électricité statique ou de tension, électricité de contact ou
galvanisme, électricité d'induction ou électro-magnétique,
enfin le magnétisme, auxquels viennent se joindre comme
adjuvant et complément l'acupuncture.
Les uns excitants, comme le calorique, les autres excita-
teurs, comme l'électricité, ces divers agents exercent une
action, soit générale, soit locale, selon le lieu et le mode de
leur application.
Je vois rapidement indiquer les conditions thérapeutiques
de chacun d'eux.
CALoaiQUB. — L'action du calorique sur l'organisme peut
aller depuis la plus simple excitation jusqu'à l'altération et
In destruction des parties soumises a son contact. La chi-
rurgie met t|uel(|U(.'rois à profit cette action destructive j
IMPUISSANCB IDlOPATUIQUfi PAB DÉFAUT D*ÉNBRGIE. 199
mai» pour le sujet qui nous occupe, on n'y a jamais
recoure* Aussi il doit bien rester entendu que dans tout
le cours de cet ouvrage, à moins d'une déclaration pré-
cise, je ne parlerai jamais que d'une élévation de tempéra-
tare compatible avec l'intégrité des tissus.
Comme je l'ai dit plus haut, le calorique exerce une
action générale ou locale, selon le mode de son application.
Les formes sous lesquelles on l'administre comme excitant
général sont : les boissons chaudes, l'insolation générale,
l'exposition devant un foyer de chaleur, l'étuve sèche et
humide, tous les procédés de bains de vapeur, le bain liquide,
les bains solides, le contact du corps de Tbomme ou d'autres
animaux, etc.
Les moyens dont on se sert pour produire Taction locale
sont: l'insolation peu concentrée par des verres lenticulaires
faibles, les douches de vapeur, les bains liquides partiels, le
cautère objectif instantané, l'application de briques, bou-
teilles, sachets, linges chauffés, etc., etc.
Je me suis assez longuement étendu plus haut sur le
diagnostic thérapeutique des excitants, soit généraux, soit
locaux, pour que je croie inutile de revenir sur ces considé-
rations à l'occasion du calorique. Je dirai seulement que,
dans l'impuissance idiopathique, c'est à l'action locale du
calorique que j'ai principalement recours; la forme à laquelle
je donne la préférence est la douche de vapeur, quand à
l'action du chaud je veux joindre l'action de la percussion,
moyen assez puissant pour activer la fonction pyrétogé-
nésique locale, sans addition de calorique non naturel;
tandis que je me contente de l'application de sachets ou
de linges chauffés sur le scrotum , le périnée et la verge,
quand l'irritabilité du sujet se révolte contre une médica-
tion plus énergique.
200 IMPOISSANGI IDIOPATHIQUI .
Dans quelques cas cependant où le resserrement du
système vasculaire général parait ne pas être sans influence
sur l'atonie des organes génitaui, en diminuant l'activité
circulatoire de toute l'économie, on pourra recourir è l'étuve
sèche ou humide, ou bien encore au bain russe. Mais on
aura soin de limiter à un quart d'heure ou une deroi*heure
au plus la durée de cette excitation générale, car cette exci-
tation prolongée est suivie.d'une faiblesse et d'un épuisement
général dont les organes génitaux prennent leur part.
Froid. — Le froid, que je considère ici comme un simple
abaissement de température, et qui, dans les circonstances
où nous sommes placé, Ta rarement jusqu'à la congéla-
tion de l'eau, doit présenter des pro|)riétés opposées è celles
de la chaleur, c'est-à-dire ajoir une action byposthéni-
santé.
C'est ce qui a lieu, en eflct, pour la glace, dont la méde-
cine et la chirurgie tirent de grands avantages dans les cas
de congestion et d'inflammation.
Mais si l'on se rend un compte exact de l'action du froid
précisément dans les circonstances que je viens de rappeler,
on se convaincra qu'elle est surtout caractérisée par le res-
serrement des tissus sur lesquels elle s'exerce, resserrement
qui empêche l'afflux du sang dans les parties malades et qui
facilite l'écoulement de celui qui constituait soit la conges-
tion, soit rinflammation. Un froid moins intense doit né-
cessairement produire un effet moins énergique, et l'on
peut ainsi ramener l'action resserrante du froid à une action
purement tonique.
C'est en eiïet ce que Texpérience m'a prouvé ; et bien
souvent j'ai eu à me louer de l'action modérée du froid dans
les cas d'atonie, de relâchement du tissu de la verge.
Le froid appliqué d'une manière générale, comme dans
I1IFUISSA^GE IDIOPATHIQUB PAR DÉFAUT d'ÉNERGIE. 201
les bains de mer, dans les bains de rivière, surtout en été,
est une puissante ressource entre les mains du médecin, et
j'aurai plus d'une fois occasion d'y revenir dans le courant
de cet ouvrage.
Mais dans Timpuissance idiopathiquc, c'est surtout à
l'application locale du froid modéré que j'ai recours. J'or-
donne ordinairement, comme simple adjuvant d'une médi-
cation plus énergique, des lavages à l'eau froide sur les
parties génitales, le périnée, et quelquefois les lombes,
tous les matins, et j'ai eu bien souvent à me louer de cette
pratique.
Électricité. — Les applications thérapeutiques de l'élec-
tricité se sont modifiées, on le comprend, avec les progrès
de la physique sur celte branche de la science : avant la
découverte de Galvani, l'électricité statique ou de tension
était seule employée, soit sous forme de bain, soit sous
forme d'étincelles (1) ; plus tard, après l'invention de la pile
deVolta, on s'adressa aux courants, soit continus, soitinter-
mittents; et enfin, dans ces dernières années, lorsque
MM. Faraday et A. de la Rive (2) eurent fait connaître les
influences réciproques des courants sur les aimants et des
aimants sur les courants, on recourut aux appareils con-
sacrés a celte nouvelle forme d'électricité.
Mise ainsi en possession de trois modes différents d'élec-
trisation : 1^ électricité statique ou par tension ; 2* électri-
tricité galvanique ou par contact, et 3<* électricité magné-
tique ou par induction, la médecine se devait d'étudier leurs
(1) Voyez roavrage de Maaduyt, Mémoire iur les différentes mc^
nières d'administrer V électricité, et observations sur les effets qu'elles ont
produits^ 4 vol. in-8, 1784, imprimé par ordre du roi.
(2) Traité d'électricité théorique et appliquée^ Paris, 1854 et 4855,
2 vol. iD-8.
IDIOPATHIQVB.
^^wiic*^ 7^»^jJW4ues et pathologiques diverses, eo d'au-
v^N 4iin0i»s elk de%ait s'assurer s'il était iiidiiïérenide pui*
y^ j^ i\t§tc de ces trois sources, ou s'il fallait établir eotre
^li>. i^^ distinctions basées sur une diversité d'action.
C\';4 en eiïet ce qu'elle n'a pas manqué de faire.
Lt bain électrique positif a été généralement abandonné
è cause de la nullité de ses effets, et le bain électrique né-
^«lif n'est conservé que par l'école italienne, en raison de
4Uii pouvoir lijpostbénisant très vanté par Giacomini.
L*électrisation par étincelles ou pur la bouteille deLeyde
a seule été maintenue dans la thérapeutique, et ses effets
ont été depuis longtemps distingués de ceui du galvanisme:
• Bien que l'électricité que l'on obtient au moyen du frotte-
ment par la machine électrique soit de même nature que
eelle produite par la pile galvanique, nous devons faire
remarquer cependant que la première convient mieui quand
il s'agit d'eiLciter les muscles de la \ic de relation. Le gal-
vanisme, uu conlraire, est préférable lorsqu'on \eutagir sur
la sensibilité et sur les organes délicats ou sur les muscles
de la ue organique (1). •
M. Duchenne (Je Boulogne) est loin de partager l'opi-
nion de Pallas, qui est celle de tous ses devanciers. Dans un
ouvrage im|)ortant. De l'éleclrisation localisée^ cet auteur,
après avoir reproché à Télectricité de tension de n'agir que
sur les muscles superlicicls, et de produire des commotions
qui ne sont pas sans danger, conclut de la manière suivante :
cf En somme, dit-il, l'excitation musculaire par l'électricité
statique doit ôtre exclue, selon moi, de la pratique, d'autant
plus qu'elle peut être remplacée par un autre agent élec-
(f) Pallas, De l'infltêence de l'éleclricité atmosphérique et têrrutre
$ur V organUaiion, S vol. in-8. Paris, 4 847, p. 75.
IHPUlSSAlfCB IDIOPATBIQUB KAR DÉFAUT d'ÉNBRGIE. 90ft
trM|lie qui eicite plus éoergiquemént et pind efficacemeot
la contractilité musculaire, sans ôlTrir aucun de ses incoD-*
féoients.»
Cependant M. Duchenne est obligé de reconnaître que
réiectrisation par étincelles ou par la bouteille de Leyde.
n'est pas toujours aussi insigniBante qu'il le prétend, et il
s'en console en avouant que «ces résultats prouvent seule-
ment que certaines paralysies guérissent toujours sous l'in-
fluence de réiectricité, de quelque manière et sous quelque
forme qu'on l'administre. » Ces résultats heureux ne sont
pas aussi exceptionnels que semble le croire M. Duchenne,
car le docteur Golding Bird, chargé de l'application de
l'électricité à l'hôpital Guy, à Londres^ qui ne se sert que
de la machine à frottement, accuse des succès presque con-
stants dans les paralysies qui ne sont pas sous la dépendance,
d'une affection des centres nerveux.
L'électricité par contact ou le galvanisme agit à travers
les tissus, dans la plus grande profondeur, sur les muscles,
sur les os même, et de plus son action peut être limitée sur
un point donné. Sa puissance excitatrice ne se développe
qu'avec un courant intermittent, car M. Mattemxi, tirant
des déductions thérapeutiques de ses vivisections, a conseillé
l'emploi d'un courant continu, comme byposthénisant du
système nerveux dans le tétanos. Mais pour obtenir cette
puissance excitatrice, pour lutter contre des paralysies du
mouvement, celles surtout dans lesquelles la nutrition mus-
culaire est altérée et la sensibilité diminuée, il faut recourir
à des batteries très fortes, de 100 à 120 piles de Bunsen,
dont l'emploi, on le comprend, pourrait ne pas être sans
danger. D'ailleurs, comme le fait justement remarquer
M. Duchenne, les appareils galvaniques (batteries de
Cruikshank, de Bunsen, piles de Wollaston) sont difBciler
20i IMPUIMANCK IDIOPATUIQUK.
ment applicables dans la pratique, soit à cause de leur
volume, soit à cause de l'emploi des acides qu'ils néce^si*
tent, soit a cause des gaz qui s*en dégagent. Enfin l'inten-
sité de leurs courants est trop variable pour être soumise
à une graduation exacte et précise.
M. Duclienne, dont toutes les préférences sont acquises
à l'électricité d'induction, en fait ressortir comme il suit
les avantages : « L'électricité d'induction, dit-il, est celle
qui convient le mieux à l'excitation musculaire dans le trai-
tement des paralysies du mouvement, dans les affections
choréiques; on peut en effet l'appliquer h la contractilité
musculaire sans produire de douleurs, sans craindre de
surexciter le sujet, a quelque dose qu'on agisse, pourvu que
les intermittences du courant soient assez éloignées les unes
des autres.
h\l est souvent besoin d'un courant des plus intenses
dans le traitement de certaines affections musculaires, ainsi
que je l'ai déjà fait. Dans ce cas, l'électricité d*induction
est la seule applicable, parce qu'elle n'exerce pas d'action
calorifique, comme l'électricité de contact.
» Enfin les appareils d'induction peuvent, sous un petit
volume, agir sur la contractilité avec une puissance consi-
dérable; ce qui facilite singulièrement leur application(i). »
Grèce aux courants électriques, qu'ils soient dus au gai-
vanisme ou & l'électricité d*induction, on peut porter l'ac-
tion thérapeutique de cet agent jusque dans les profondeurs
les plus reculées des organes, ce qu'il était impossible d'ob-
tenir a\ec l'électricité statique. Le vérumontanum , les
conduits éjaculateurs, les vésicules séminales, tous les points
du parcours de l'urètre peuvent directement recevoir l'in-
(1) De félectritation localiêée et de son application à la physiologie ^ à
la pathologie et à la thérapeutique . Paris, 1855, p. 25, 26.
IMPUISSANCE IDIOPATUIQUE PAR DÉFAUT D'ÉlfEHGIB. 205
flaencc éleclrique et £tre traversés par un courant, sons qao
les parties voisines participent à cette excitotion.
Je ferai connaître le mode opératoire, au fur et h mesure
que les indications se présenteront , mais j'ai tenu ici à
indiquer d'avance les ressources nouvelles que Télectricité
dynamique a mises entre les mains du praticien, en variant
è rinfini les modes de son application.
Magnétishb. — Les expériences d'OErsted^ d'Ampère
et d'Arago ayant démontré l'identité des phénomènes ma^*
gnétiqucs et des courants électriques, j'aurai peu de chose
à ajouter sur la vertu thérapeutique des aimants à ce que
j'ai dit des propriétés excitatrices de l'électricité, d'autant
plus que des insuccès par le magnétisme me font toujours
préférer, dans le traitement de l'impuissance, l'électrisalion,
soit statique, soit dynamique.
Les plaques aimantées ne conviennent guère que chez
les sujets pusillanimes, chez les personnes excessivement
irritables et dans les cas de sensibilité exagérée des organes
génitaux.
C'est à ce titre que les armures aimantées du père Hcll
trouvent ici une place.
Ces armures sont composées, on le sait, de plusieurs
pièces d'acier aimanté, percées à leurs extrémités de trous
destinés aux lacets a l'aide desquels on les attache les unes
aux autres, en ayant soin de les opposer pùle à pôle, c'est-
à-dire que le pôle sud de l'une regarde le pâle nord de
Tautre.
Dans les expériences que j'ai faites sur les organes géni«
taux, je me suis servi de deux ou troi;) plaques. L'une en-
tourait la verge, surtout u sa base, où se trouvent les der-
nières Gbres de rischio-caverneux; l'autre, placée au périnée,
jusque sur la bulbe de l'urètre^ embrassait le bulbo-caver-
fH)6 mPOlMAlICt IDIOPATIIQOt.
Deux dans toute son étendue, depuis le muscle trtnsverse
du périnée, le sphincter et le releveor de Tanus, jusqu'à la
racine des corps caverneux. Enfin, dans les circonstances
où je me suis servi de trois plaques, je mettais la troisième
à la partie inférieure des lombes, dans la portion du sacmm
correspondante au plexus sacré.
Les plaques peuvent rester en place depuis quelques
jours jusqu'à un mois; mais il faut avoir soin, lorsqu'elles
doivent demeurer en contact avec la peau plus de quinie
jours, de les faire réaimanler avant ce temps, ou de recou*
vrir la face interne des armures d'une feuille d'argent ou
de platine.
3* Moyens mécaniques.
Les moyens mécaniques sont ou excitants, ou excita-
teurs; ils exercent, les uns une action complètement géné-
rale; les autres une action soit générale, soit locale, selon
le lieu de leur application ; d'autres enfin une action pure*
ment locale.
Les moyens mécaniques généraux sont le massage;
Les moyens mécaniques généraux ou locaux sont les
frictions, les douches d'air ou de vapeur;
Les moyens mécaniques purement locaux sont l'acu-
puncture, Téleclro-puncture, la flagellation, la ventouse el
le sinapisme.
Je vais rapidement passer tous ces moyens en revue, en
indiquant pour chacun d'eu\ son action excitante ou exci-
tatrice.
Massaob. — Le massage, employé comme moyen hygié-
nique chez tous les peuples de l'Orient et du nord de l'Eu-
rope, dont il relève les forces et Ténergic, s'administre tou-
jours à une haute température, de 25 à 35 degrés Réaumur^
IMPUISSAlfCB IMOPITBIQCS MS BiFAOT d'ÉNERGIB. M7
90Ît dans one étu?e sèche, soit dans une étu?e humide,
soit dans le bain. Comme il est toujours possible de varier
la température de l'étave et de modifier le* milieu dans
lequel on place le malade avant 0:1 après le massage, on
comprend que Ton peut, selon la constitution et le tempe-.
rament du sujet, ou d'après certaines circonstances indivi-
daelles, augmenter ou diminuer le degré d'excitation que
Ton se propose.
« Il est difficile de croire ^ disent MM. Trousseau et
Pidoux, qu'un pareil moyen n'ait pas une influence puis«
santé sur Thomme malade, — aussi est-il d'expérience que
dans les rhumatismes aigus non fébriles, dans les rhuma^
tismes chroniques, dans les paralysies qui sont en voie de
goérison, dans l'impuissance vénérienne, cette médication
est suivie d'heureux résultats (1).»
Pourtant le massage ne peut constituer à lui seul toute
la médication ; c'est un adjuvant énergique dont j'ai retiré
de bons eiTets dans maintes circonstances, mais, je le répète^
ce n'est qu'un adjuvant, ou plutôt un complément de mé-
dication, comme dans les paralysies en voie de guérison.
M. Sarlandière, considérant la difficulté de rencontrer
dans nos pays des personnes assez habiles dans l'art du mas-
sage, et prenant égard à la fatigue qu'il cause à celui qui
Texerce, a pensé que l'on pourrait atteindre le même but
par une percussion molle, plus ou moins forte, plus ou moins
lente, a l'aide d'un corps non contondant et placé au bout
d'un levier, afin de moins fatiguer l'opérateur. A cet effet,
il a fait confectionner des battoirs élastiques dont la palette
circulaire, de quatre pouces de diamètre, est adaptée à un
manche de dix pouces de longueur. Les palettes, rembour-
(4) Traité de thérapeutique et de matière médicale, 2* édit., t. I,
p. 86a.
208 mPUIMARCB IDIOPATBIQUI»
rues de crin, sont recouvertes de flanelle poar les perçus*
sions à sec, et de feulre et de caoutchouc pour les percus-
sions au milieu de la vapeur aqueuse.
Ce mode de massage, dont je suis loin de contester les
avantages, et dont Taction eicitalrice est nécessairement
limitée aux parties sur lesquelles elle s'exerce, a tellement
d'analogie avec la flagellation, non-seulement pour le mode
opératoire, mais encore pour Icseiïcts produits, que je ren-
voie h Vùr{k\e FlageUatim les considérations que je pourrais
ajouter sur le massage par percussion.
FaicTioNs. - On distingue les frictions en frictions sèches
et en frictions humides.
Les frictions sèches se pratiquent avec la paume de la
main, avec une brosse ordinaire, avec une brosse on fla*
ncllc, avec un morceau de drap, etc.
Les frictions humides s'exécutent nu moyen d'une brosse
en flanelle ou d'un tampon en un tissu quelconque, imprégné
d'un agent n^édicamenteux, ftoit en poudre fine, soit en
liquide.
Les frictions sèches ou humides, qu'on les fusse tout
le long de la colonne vertébrale, on qu'on les limite au
périnée et à la base de la verge, sont d'un puissant secours
dans des cas nombreux d'impuissance.
L'action tout h la fois excitante et excitatrice des frictions
peut être singulièrement augmentée por la présence d'un
agent médicamenteux excitant ou excitateur qui, grâce aux
modifications subies pnr la peau et par les bouches les plus
superricicllcs des vaisseaux absorbants, pénètre avec plus de
facilité dans l'organisme, et porte ses propriétés d'abord
sur le point qui lui donne accès, et plus tard dans l'éco-
nomie tout entière.
DoucuES. — J'ai déjà parlé des douches de vapeur, je ne
IHFOlâSANCE IDIOPATHIQUF. PAR DÂFALf d'É.NERGIE. 209
reviendrai pas ici sur ce que j'en ai dit précédemment. J'in-
diquerai comme étant d'un grand secours, dans les cas de
laxiié et de mollesse des tissus, les douclics sèches, cVsl-a-
dire les douches d'air chaud. A cet eiïet, et a défaut d'ap-
pareil plus compliqué, on peut se servir d'une seringue qui
fait l'oRice d'une pompe aspirante ; dans la majorité des
cas, il suffit de faire chauffer le corps de l'instrument avant
d'y introduire l'air par le refoulement en haut du piston, et
d'administrer la douche quelques minutes après; dans les
cas où une élévation plus grande de température est néces-
saire, on fait d'abord pénétrer Tair dans Tintérieur de la
seringue, et, après avoir hermétiquement fermé l'ouverture
de la canule, pour prévenir la sortie de l'air qui se dilate
sous rinOuence de la chaleur, on chauffe la seringue, ou
au bain-marie, ou a un foyer plus ardent.
Les douches d'air chaud se dirigent, soit sur les organes
génitaux, sur le périnée ou les lombes, comme excitateur
local, soit sur la colonne vertébrale et à l'occiput, comme
excitateur général.
On peut remplacer l'air par la fumée résultant de la
calcination d'un agent médicamenteux. Dans quelques cas,
de simples fumigations suffisent ; mais alors on doit toujours
se proposer d'agir localement sur les organes génitaux. Le
malade est assis sur une chaise percée, les reins entourés
d'une couverture qui, embrassant le siège dans ses plis,
tombe jusqu'à terre. Un réchaud est placé sous la chaise, et
l'on projette de temps en temps sur la braise qu'il contient
le médicament en poudre dont on veut faire usage.
Dans les cas, au contraire, où l'action mécanique de la
douche doit être ajoutée à l'action physique de la chaleur
et à l'action médicamenteuse de Tagent, on recueille cette
fumée dans une vessie ou dans un flacon h tube, et on la
44
210 IMP0I88ANGI IDIOPAniQllt.
fait passer dans la seriogoe préalablement chaufTée. Pour
siinpii6er ce mécanisme et abréger la durée des opérations,
j*ai fait confectionner un appareil peu embarrassant et facile
à manœuvrer. A la base d'une seringue ordinaire, à côté de
fembout où s'adapte la canule, est percée une ouverture
munie d*une soupape s'ouvrent de bas en haut ou de dehors
en dedans ; à cette ouverture est adaptée un tube commu-
niquant avec une cloche de métal destinée a recevoir les
fumées dégagées par la calcination du médicament. En
bouchant le bout de la canule et en faisant manœuvrer le
piston, la fumée est attirée dans la seringue, et en est chassée
ensuite, lorsqu'on pousse le piston, par la voie de la canule
que l'on a soin de déboucher; la soupape, qui se ferme par
la pression exercée sur le fluide contenu dans la seringue,
empêche ce fluide de rentrer dans le tube, et par suite dans
la cloche.
Cet appareil, très simple, je le répète, a l'avantage de
conserver à la fumée une température sulTisante pour» pro-
duire rcxcitation que Ton recherche, et, dans plus d'une
circonstance, j'en ai retiré des avantages incontestables.
Acopo^CTORB• ÉLBCTao-puRCTtSE. — « Il cst bien évident,
disent MlM. Trousseau et Pidoux, que l'aiguille enfoncée
dans les fibres musculaires de la vie animale ou de la vie
organique, agit en excitant leur contraction, et ce phéno-
mène tout expérimental peut se passer sous nos yeux ; à ce
titre, l'acupuncture doit évidemment se ranger parmi les
moyens excitateurs (1). »
De tous les travaux qui ont été publiés sur l'acupuncture,
aucun n'est relatif à l'emploi de ce moyen contre l'impuis-
(4) TraUé de tKérapêuiiquê $1 de matièr§ méHeaU, t« édit., t. I,
p. 854 .
1IIP0I8SANCB miOPATHIQOE PAB DÉFAUT D*ÉNBRG1B. 211
Mnce; on Ta préconisé avec raison dans le rhumatisme, la
aciatique, les névralgies, etc.; elles essais que j'ai tentés dans
l'anaphrodisie m'ont expliqué le silence des auteurs sur ce
point. A moins que Timpuissance ne soit accompagnée d'an
▼ice rhumatismal, Tacupuncture m'a toujours paru un
moyen douteux et d'un elTet peu durable. Une ou deux fois
ao plus^ sur vingt expériences, je suis parvenu à réveiller
momentanément et légèrement la sensibilité, et j'ai constam-
ment échoué dans les autres cas.
Mais il n'en est pas de même de l'électro-puncture ; c'est
une ressource heureuse et énergique pour conduire pro-
fondément l'électricité qui, ainsi que nous l'avons vu, agit
superficiellement lorsqu'elle est appliquée par les moyens
ordinaires. Mais en raison même de la pénétration du fluide
dans les tissus les plus cachés, l'opération exige certaines
précautions qu'il est utile d'observer. Si c'est à l'électricité
statique que l'on a recours, une seule aiguille peut suflire:
on rimptante tantôt dans les muscles du périnée, tantôt
dans les fibres supérieures du bulbo-caverneux, et l'on
peut même, après avoir traversé rischio-caverneux, aller
jusqu'aux branches des corps caverneux. On met alors l'ai-
guille en communication avec un des conducteurs de la
machine électrique, ou avec l'armature extérieure de la
bouteille de Lejde médiocrement chargée, et l'on tire
quelques étincelles. L'opération ne doit pas durer plus d'un
quart d'heure, et le nombre des étincelles sera toujours
proportionné à la sensibilité locale ou générale du sujet.
Les courants galvaniques peuvent s'établir avec une seule
aiguille : celle-ci est alors mise en communication avec le
pôle positif de la pile, tandis que le pôle négatif est en con-
tact avec une autre partie du corps ; mais le plus ordinaire-
ment on se sert de deui aiguilles dont les têles, percées
212 IMPriSft.INCE IDIOPATHigUE.
d'une ouverlurc, reçoivent les conducteurs de la pile. Le
lieu où les aiguilles sont placées est très variable : le pé«
rinée, la base de la verge, le scrotum, les corps caverneux
eux-mêmes, peuvent recevoir les aiguilles, et le choix en est
déterminé par les indications particulières que présentent
les sujets.
Mais dans tous les cas, il faut avoir soin de ne donner
d*abord que de légères secousses, et de n'augmenter l'in-
tensilé et In durée des courants que si la partie est profon-
dément insensible et si le malade les supporte avec facilité.
En règle générale, Télectricité, que ce soit rélectricité
statique ou galvanique, unie h Tacupuncture, exige que les
secousses soient d'autant plus énergiques et d*autant plus
souvent répétées, que Timpuissance est plus ancienne, que la
circulotion capillaire est moins active, et que les tissus sur
lesquels on opère sont doués d'une moindre sensibilité.
Flacellation. LaTicATiON. — c( Je connais, dit Pic de la
Mirandole, et il existe encore un homme dont le tempé-
rament amoureux et les excrs n'ont peut-être jamais eu
d'exemple: il ne peut caresser une femme, malgré la vio-
lence de ses désirs, s'il n'est auparavant fustigé. En vain sa
raison lui fait regarder comme un crime ce raffinement de
volupté, sa fureur pour ce cruel plaisir est (elle qu'il encou-
rage lui-même, et accuse de mollesse et de hkheté celui
qui le fouette, lorsque la fotigue ou la pitié lui font ralentir
ses eiïorls. Le patient n'est au comble de ses plaisirs qu'en
voyant ruisseler le sang dont une grêle ufTreuse de coups a
couvert les mi^mhres innocents du libertin le plus effréné.
Ce malheureux réclame ordinairement pour ce service, avec
les plus instantes supplications. In main de la femme avilie
dont il veut jouir, lui donne lui-même les verges qu'il a
fait tremper dès la veille dans le vinaigre, et lui demande k
IHFUISSAKCE IDIOFATHIQUE l'AM DÉFAUT o'ÉMfRGIE. 213
genoux la faveur insigne d*étre ainsi déohiré. Plus clic
frappe avec violence, plus elle acquiert de droits à son amour
et è sa reconnaissance, en lui rendant des feux qu'il n'avait
plus, jusqu'à ce que le dernier période de la soulTrancc et
l'épuisement tolal de ses forces lui fussent goûter la pléni-
tude de la volupté en égale proportion. Trouvez un seul
homme pour qui le comble de ta douleur et cette espèce de
torture doivent être celui du plaisir, et si d'ailleurs il n'est
pas entièrement corrompu, lorsque de sang-froid il connaîtra
sa maladie, il rougira de ses excès et les détestora (1). »
La flagellation, employée comme moyen d'éveiller le
sens vénérien, nous a été transmise par les anciens; presque
tous les auteurs grecs et romains en font mention, ainsi
que des fêtes instituées en l'honneur de Priape, pendant
lesquelles les hommes et les femmes se battaient mutuelle-
ment de verges, pour mieux s'exciter à l'amour. Tamerlan,
celui*là même qui se faisait appeler le Fils de Dieu, fut
père de cent enfants, et ne parvint, dit-on, à cette innom-
brable progéniture qu'avec l'aide de la flagellation. L'abbé
Terrasson, l'auteur du Voyage de Séthos^ qui, au dire de
Voltaire, prenait un goût particulier à se faire administrer
le fouet par les courtisanes, s'attira une épigramme fort
connue dont je ne rappellerai que le dernier vers : Frap-
pez fort^ il a fait Sélhos, J.-J. Rousseau a décrit l'elTet
qu'il ressentit, étant enfant, à la suite de la correction que
lui administra mademoiselle Lambercier : « Assez longtemps,
dit-il, elle s'en tint è la menace, et cette menace d'un châ-
timent tout nouveau pour moi me semblait très effrayante;
mais, après l'exécution, je la trouvai moins terrible à
(I) Œuvres complètes, Dotogoe, 4 495, 4 vol. in-folio. — Contra
aêirolagoSf lib. lll, cap. xxyii.
21 & IHHiraSANGI iDiorAraïQiii.
répreuve que TaUente ne Tavait été; et ceqa'îl y a de plus
bizarre, c'est que ce diàtiment m'aiïectionoa davantage eiH
core h celle qui me l'avait imposé. Il fallait même toute la
vérité de cette aiïi*ction et toute ma douceur naturelle pour
m'empècher de chercher le retour du même traitement en
le méritant ; car j'avais trouvé dans la douleur, dans la honte
même, un mélange de sensualité qui m'avait laissé plus de
désirs que de crainte de l'éprouver derechef par la même
main (1 ). » 4 une seconde correction, mademoiselle Lam-
bercier s'étant ûperçu^'^ à quelque signe^ de l'espèce de sen-
sualité qu^éprouvait Jean-Jacques, comprit que le châtiment
n'atteignait pas le but qu'elle se proposait, et y renonça.
Plusieurs ouvrages ont été consacrés a la flagellation, el
parmi les principnui on pourra consulter ceui de J.-H. Meî-
bomius (2), de Dollet (3), et de l'nbbé Boiteau (&).
J'avais été moi-même plusieurs fois témoin deTelBcacité
d'un pareil moyen; mais ses eiïets, essentiellement passa-
gers, mo l'avaient toujours fait regarder comme ta suprême
espérance de ceui qui n'en ont plus, et je l'avais mis au
rang des étranges auxiliaires de la débauche dont notre
ministère ne doit jamais être le complice.
Cependant, en songeant que les pratiques de notre art
sont légitimées par l'esprit qui les dicte et l'intention qui
les dirige, je me demandais si la luxure seule devait proBter
(<) ConfenionM^ lit. I.
(9) De fiagrorum usu in re medioA et venereû et himbormm fWMnn-
qne officio. Texte latin et tmductioo, I vol. iD-3S, 4795. Paris, cbec
Mercier.
(3) Traité du fouet et de mi e/fetn iur le physique de Vamour ou
aphrodisiaque externe, par D..., médecin. 4 vol. in-3î, 4 788. Paris,
sans nom de libraire.
(4) Histoire de$ flageHanê, par {'•bbé Boileaa, tradaii du latin, t vd .
in-1%. Amsterdam. 4 701.
I1IPU188ANCB IDlOFATHIi^UB PAR DÉFAUT d'ÉNBRGIB. 215
des bénéOces de cetle excitation, et si la médecine n'avait
pas le droit, comme Molière, de prendre son bien partout
où elle le trouvait. Sans doute la science doit se détourner
de ces vieillards débauchés et de ces libertins usés avant
ràgequi lui demandent un moment d'énergie factice, pour
s'enivrer dans une dernière orgie et pour outrager la nature
dans une volupté contrainte et pleine de dangers ; mais il
ne lui est pas permis de dédaigner une ressource, par
cela seul que le libertinage Ta acceptée et consacrée ; la
scieoce est comme le feu, elle purifie tout ce qu'elle touche.
Je pensai donc à utiliser la llagellation, non comme la
pratiquent les courtisanes, mais par un procédé et dans une
intention que pussent avouer la morale la plus sévère et la
dignité de notre profession.
Je repoussais d'abord l'idée d'une excitation énergique
et passagère, et je fus ensuite conduit è modifier les instru-
ments meurtriers dont on fait ordinairement usage. Dans
ma pensée, la flagellation devait agir, non par la violence
de son application, mais par son usage modéré et souvent
répété. De même que l'ingestion d une grande quantité
d'alcool trouble les facultés morales et détruit l'organisme,
une dose plus faible du même liquide prise tous les jours
excite doucement l'intelligence et fortifie l'économie. A cet
effet, une ou deux fois par jour au plus, je fais pratiquer
pendant cinq ou dix minutes une flagellation plus ou moins
anodine, selon les sujets, sur les lombes et sur les fesses ;
je m'arrête ordinairement lorsque la peau devient rouge, et
je ne pousse jamais l'opération jusqu'au saignement des
parties frappées.
Les lanières et les cordes nouées présentent de tels incon-
vénients, que depuis fort longtemps ou les a remplacées par
des verges que quelques-uns trempent dans du vinaigre
216 mrUIMANGB IDlOrATHIQUI.
avanl de s'en servir, comme le faisait la personne dont
parle Pic de la Mirandole. Mais les verges, outre qu'elles
sont exposées h se casser, produisent, à cause de leur inéga-
lité de grosseur, une excitation peu uniforme, et détermi-
nent conséquemment des ecchymoses ou des blessures qui
fatiguent beaucoup le malade.
Pour parer autant que possible à ces désavantages, j'ai
fait construire un balai métallique qui, par la diversité des
éléments qui le composent, dégage une certaine quantité
d'électricité dont l'action ne peut être ici que très salutaire.
Au bout d'un manche a marteau ordinaire, j'ai fait placer
une virole de cuivre dans laquelle viennent s'implanter des
fils de cuivre, de laiton, de fer, de platine, etc., au nombre
de 80 h 100 et d'une longueur de kO h 50 centimètres. Ces
fils fle\ibles, et pourtant rigides, se nuMcnt et se choquent
dans leur extrémité libre pendant l'opération, et en raison
même de leur flexibilité, présentent toujours aux parties
frappées une surface égale et uiiirorme.
La flagellation ainsi pratiquée, c'est-è-dire avec une
grande modération, tous les jours et à Taide d*un balai
métallique, modifie progressivement et d'une manière heu-
reuse la sensibilité de la peau, et la stimulation f: régressive
qu'elle y détermine se communique aux organes génitaux
et en modifie favorablement aussi l'excitabilité.
Les motifs qui m'ont fuit tout a l'heure proscrire la fla-
gellation telle que l'entendent les libertins et les courti-
sanes, me font également repousser l'urtication, qui n'est
qu'une variété de flagellation violente dont on augmente
la force par les aiguillons des orties. Le médecin ne doit
point disputer aux lupanars une pareille rci^source, qui ne
produit qu'un eflet passager, et qui est plutôt du domaine
de la débauche que de celui de la thérapeutique.
I3IPLISSANCE IDIOPATHIQUB PAR DÉVAUT d'ÉNERGIF, 217
Vertouse. — J'ai déjà parlé de ce moyen très vanté par
Mondot. On se propose, h Taidc d*un cylindre armé d*une
pompe aspirante, d'attirer le sang dans les corps caverneux
et de déterminer mécaniquement une érection. Ce moyen,
qui ne réussit pas toujours, pourrait ne pas 6tresans danger
si Ton agissait brusquement et avec violence; il ne faut
arriver que progressivement à un vide complet, et la durée
et le nombre des séances seront proportionnées à la force
élastique des tissus; de plus, on s'abstiendra de Temploî
d*un semblable mojen chez les malades irritables et dont la
sensibilité générale ou locale est facilement mise en jeu;
on ne devra guère y recourir que pour les sujets lympha-
tiques, pour ceux dont la circulation est paresseuse et chez
lesquels le système vasculnire est en quelque sorte frappé
d*otonie. Il suit de là que l'usnge seul de la \entouse est
complètement impuissant à produire une érection durable,
et qu'une médication générale excitante en doit seconder et
soutenir les effets.
Sinapisme. — Le but que l'on se propose avec le cy-
lindre à pompe aspirante m'a donné l'idée d'arriver au
même résultat en m'appuyant, non sur les lois de la méca-
nique, mais sur les lois vitales, et j'ai pensé qu'il était quel-
quefois préférable d'augmenter l'afflux du sang dons les
corps caverneux et le gland par une modification patholo-
gique des tissus, modification qui n'offre aucun inconvénient
puisqu'on est toujours maître d'en graduer l'intensité. A
cet effet, je fais préparer un cataplasme composé de farine
de graine de lin et de farine de moutarde, dans des propor-
tions différentes selon l'action que Ton veut produire, et j'en
enveloppe toute la verge, qui reste ainsi dans cette espèce
de fourreau plus ou moins longtemps, de dix minutes à un
quart d'heure d'ordinaire.
Si8 IMMJiaSAlfCI IDIOPATIHHIS*
Ce muveii, que je suis étonné de n'avoir vu indiqué nulle
part (1)« m'a rendu parfois de signalés services» et a beu-
reuHemeut remplacé Tiostrument mécanique dont je parlais
ioutàrtieure.
L'application sur la verge d'un sinapisme, même adouci
par la préi>ence de la farine de graine de lin, n'est pas tou-
jours sans douleur, et le coït, exercé sous l'empire d*uu
semblable excitant, pourrait être plutôt un supplice qu une
volupté ; pour calmer cette souffrance, qui quelquefois ne
se fait pas sentir ou qui est passagère, j'ordonne de prati-
quer sur le pénis des lotions a\ec l'eau fraîche, et cette
simple précaution permet souvent au malade une copulation
sans douleur.
Le cataplasme sinapisé est un mo)en énergique, et qui,
par conséquent, réclame de la prudence et de la circonspec-
tion. En agissant en aveugle, on s'expose au pénitis ou
inflammation de la \erge, et même à la gangrène de c*et
organe. Il faut, en rèj;le générale, enlever le cataplasme
dès que le malade accuse ce qu'il appelle des picotements ;
presque toujours, un elTet suflisant est alors produit, et l'on
ne doit faire une nou\elle application que le lendemain ou
même plusieurs jours après la première. Le nombre total
de ces applications ne saurait être déterminé à l'avance,
mais il sera subordonné aux clfets obienus et à Tétat d'irri-
tation de la verge.
Bien évidemment la médication générale ne ^e^a point
négligée, et Ton \ apportera d'autant plu>de soins que le
malade sera moins sensible à l'action du sinapisme.
(IMl esl vrai que Gesner et Cbaptal vantenl la moutarde comme
aphrodisiaque, mais ils l'employaiefli soos forme de bains. — Voyei
l'article Ibpoimance du DictkmMin dn $eience$ mrdrrci/et, t. XXIV,
p. «92.
1MPU188ANCB IDlOrATHIQUB PAR PlftVBftSlON d'ÉNBKGIB. 219
S tM, — MipMNaaBBH IdlopatU^se par pcrvcrslMi d'éa«rfto.
GîUe espèce d'impoissance est moins rare que l'on ne
pense, et si elle n'a pas trouvé place dans le cadre des au-
teurs qui m'ont précédé, c'est qu'elle a été confondue avec
riropaissance produite par la crainte ou toute autre cause
morale. Cependant, en j regardant de près, on ne tarde
pas i reconnaître entre elles une telle différence, que l'on
s'étonne de la confusion dans laquelle sont tombés les noso-
graphes.
Sans doute, chez quelques individus, un premier échec
de ce genre peut en amener un second, mais dans ce cas
on reconnaîtra toujours Tinfluence du moral à une érection
plus faible et moins franche que dans les circonstances ordi-
naires.
L'impuissance idiopathique par perversion d'énergie
est une de celles qui affectent le plus profondément rânie
du malade, parce qu'au sentiment de honte qu'éprouvent
tous ces infortunés, se joint l'amère déception produite par
la perte de douces espérances que Térection fait concevoir ;
cette déception est d'autant plus cruelle que l'individu se
sent plein de force et de virilité. El en eiïet, en dehors du
coït, des érections ont lieu, et d'autant plus fréquentes et
énergiques que l'esprit du malade est constamment fixé sur
l'état de ses organes sexuels, et que les évacuations sperma-
tiques ne sont pas en rapport avec l'excitation qui emplit
constamment les vésicules séminales ; de plus, des pollu-
tions nocturnes avec érection et plaisir, amenées par des
rêves lascifs, sont pour l'infortuné une preuve de sa puis-
sance, si déjà, par la masturbation, il ne s'est convaincu de
l'intégrité de ses organes.
230 IMPOIStSAKCE IDtOPATHiVOI*
Il y 0 divers degrés dans cet état bizarre : tanlAt l'érec-
tion est complètement rebelle à ses excitants naturels ; tantôt
après s*étre produite plus ou moins parfaitement, elle tombe
à la porte même du sanctuaire féminin, après quelques
instants è peine de durée ; tantôt, au contraire, elle se sou-*
tient asseï longtemps dans le vagin même, et disj-aralt»
comme chez ces présomptueux qui veulent montrer coup
sur coup une vigueur qu'ils n*ont pas, au moment même où
ils croient toucher au but; dans tous les cas, l'éjaculation
n*a pas lieu, et Thomme est frustré du plaisir qu'il se pro-
mettait. Un malade h qui j'ai donné des soins, pour ne pas
perdre le fruit de son érection, et peut-être plus encore
pour sauvegarder son honneur, m'avoua que sous prétexte
d'attouchements préparatoires au coït, if se faisait mas-
turber par sa maîtresse, et obtenait ainsi une éjacutation
impossible penJant raccoii|)iemcnt, et qui le dispensait
honorablement d'un acte qu'il se savait inhabile h ac-
complir.
Cette aberration étrange du sens génital, à laquelle il
est quelquefois dirticile d'assigner une cause, a son siège
tantôt dans le consensus moral, tantôt dans l'appareil gé-
nital lui-même, et tantôt dans Tun et Tautre h la fois.
C'est que dans l'état physiologique, la fonction génitale
ne s'accomplit qu'à la condition de la mise en jeu de l'etri-
tabilité morale qui d'abord donne naissance aux désirs
vénériens, produit ensuite l'érection de la verge, première
manifestation de l'excitabilité physique, la soutient, est
accrue par elle, et concourt pour une bonne part h amener
l'éjaculation. Il se passe donc un mouvement réflexe entre
l'excitabilité morale et l'excitabilité physique, dont le point
de départ est dans la première , sollicitée normalement
par des impressions ou des pensées relatives h l'autre sexe.
IMPtL^ANCE lOIOPATHlQUE PAR PERVERSION d'ÊNERCIE. 221
Telles sont les condilions d*c\nlabilrié pour Texcrcice
du coït physiologique.
Mais ces condilions peuvent èlrc altérées, non par Tab-
sence de Texcitabililé ou morale ou physique, ce qui
constitue une forme d'impuissance que j'ai déjà examinée,
mais par la vicieuse direction de cette même excitabilité; en
d'autres termes, le consensiLS ou le sens génital peuvent
simultanément, ou chacun de son côté, se montrer rebelles o
leurs excitants naturels et ne répondre qu'à des sollicitations
anormales.
C'est ce que j'appelle l'impuis^sancc par perversion.
Cette perversion est complète ou incomplète.
Dans le premier cas, l'excitabilité morale, et, par une
conséquence fatale, rexcilabilité physique, restent sourdes
a tout ce qui les éveille et les surexcite dans Tétai physio-
logique.
La perversion est incomplète lorsqu'après un commen-
cement d'excitation interne et d'érection, celles-ci ne se
peuvent soutenir malgré la persistance de l'action exci-
tatrice, et s'aiïaissent avant l'entière consommation de
l'acte.
Je dois examiner h part chacune de ces deux formes de
l'impuissance qui m'occupe ici.
Pbrvbrsior complète. — Si la médecine n'était pas une
science d'observation, et si elle re|)Osail exclusivement sur
des idées spéculatives, on devrait admettre, comme pouvant
exister séparément et d'une manière distincte, une perver-
sion complète de l'excitabilité morale et une perversion
complète de l'excitabilité physique; car d'un cdté nous
voyons, sous l'empire d*un amour violent, les organes ne
pas répondre h l'ardeur des désirs, et d'autre part la verge
entrer en érection pendant la nuit et le sommeil, sans rêves
33S tMMIIUAN€E lHlOPAniQini.
lascifs, par la seule influence de la chaleur du lit, de la posi-
tion, de la plénitude de la vessie, etc.
Sans doute, l'excitabilité morale et l'eicitabilité physique
peuvent ne pas toujours marcher d'accord dans certaines
circonstances pathologiques ou irrégulières de Tune d'elles,
comme dans les exemples que je viens de citer; mais dans
le type normal de l'excitation, la perversion de l'excitabilité
morale entraîne toujours Tinertie des organes pour le coït,
et la perversion de l'excitabilité physique ne peut se pro*
duirc avec Tinlégrité de l'excitabilité morale.
J'explique ma pensée par un exemple.
Voici deux hommes: l'un éprouve la plus profonde indif-
férence, je dirai même de l'aversion pour le sexe ; l'autre,
au contraire, sent les désirs vénériens s*éveiller sous l'em*
pire des excitants naturels, la vue, les attouchements d'une
femme, l'espérance ou le souvenir des \olii|)lés, etc., etc.
Qu'arrivera-t-il chez ces deux hommes dont Icxcilabililé
morale est per\ertie dans l'un et normale dons l'autre ? Le
premier, soyez-en convaincu, ne pourra, quoi qu'il fasse,
éveiller, par les moyens naturels, Texcitabilité physique;
la perversion de son excitabilité morale le frappe d'impuis-
sance auprès de la femme; l* second, au contraire, s*il n'a
pas d'autre cause d'anaphrodisie, ne rencontrera pas des
organes rebelles è ses désirs, parce que, je le répète, la
perversion de l'excitabilité physique est entièrement sous
la dépendance de la perversion de l'excitabilité morale.
La masturbation, l'amour contrarié, l'attention trop
vivement préoccupée, les excès de travaux intellectuels, le
genre même de ceux-ci, sont les causes les plus ordinaires
de cet état bizarre. Âlibert rapporte un fait excessivement
curieux de cette espèce, et je le dois reproduire ici pour
montrer tout à la fois l'étrangeté de la cause qui lui donna
niPniUANCI IDIOFATBIQDS PAR PBITSUIOR D'ËNSaGIB. 33ft
mittance et l'entretenait, et la facilité a*ec laquelle la mé-
decine parvint i triompher de cette aberration morale.
•« Un jeune homme, dit Alibert, élevé dan> une pension,
contracta dans son enEince Thabiluile de l'onanisme. Le
livre que Tiasot a écrit sur ce sujet ayant été mis entre s«s
mains l'effraya sans le corriger entièrement. Cette lecture
le porta néanmoins à plus de modération, et il iie se livra
à la triste volupté de la masturbation qu'à de longs înter-
Tilles et lorsqu'il y était excité par des désirs très violents.
Cette attention fit que son tempérament n'en fut point du
tout altéré; il demeura robuste, et ses facultés morales
coniervàrent toute leur énergie. Mais ralfreuse habitude
qu'il avait contractée empêcha de se développer en lui le
moindre germe du penchant qui attire un sexe vers l'autre.
11 était parvenu a trente ans, et ses sens n'avaient jamais
été émus par la vue d'une femme; ils n'étaient vivement
provoqué) que par de vaines images ou des fantémes que
lui créait son imagination déréglée. Il avait tie bonne heure
étudié le dessin, et il s'en était toujoursoccupé avec ardeur.
La beauté des formes de l'homme, dans ce beau idéal des
peiotres, que la nature n'a jamais réalisé, le frappa et finit
par lui inspirer une émotion eitruord inaire, une [lassion
vague et bizarre, dont il disait lui-même ne pouvoir se
rendre compte et sur laquelle il répugnait à s'appesantir.
Il est nécessaire, néanmoins, d'avertir que cette passion
n'avait aucun rapport avec les goûts des sodomistes, et
qn'elle ne ponvnit être provoquée par l'aspect d'aucun
homme vivant. Telle était la situation aussi étrange qu'ac-
cablante dans, laquelle se trouvait cet individu, lorsqu'il
réclama mes conseils. Il n'offrait alors, je le répète, à l'es-
lériear aucun symptâme physique d'impuissance. Il était
HÎa «t bien coosUtué, et n'avait point été, h cet égarit.
ââA IIIPUISSAKCB IDIOFAlHI^Ue.
maUrnité par la nature ; mais il avait tellement interverti
Tubage de ses dons, qu'il ne connaissait plus les moyens de
les ramener a leur véritable but. lie malade, d*aillcurs,
connaissait e( sentait vivement son élat : « Il n*est aucun
» eiïort, m'écrivait-il, que je ne fusse prêt à faire pour sortir
9 de mon i<;nominieuse situation, pour arracher de ma pen-
» sée les infâmes images qui viennent l'assaillir malgré moi;
» elles m'ont privé jusqu'ici des jouissances légitimes que
• procure l'union des deux sexes, et de la faculté dont
» jouissent les plus vils animaux, de reproduire leur espèce.
» Je me meurs de chagrin et de honte. »
uPour ce qui me concerne, poursuit Alibert, je ne vis
dans cette maladie qu'une perversion de l'appétit vénérien,
et je pensai que l'indication la plus urgente était de replacer
dans son vrai Ijpc la nature dérayée. En cfTi't, l'individu
était très robuste a l'époque où il me consultait. Depuis
longtemps il no s'était livré qu'avec une extrême réser\c
aux plaisirs solitaires^ surtout depuis la lecture de l'ona-
nisme de Tissot; d'ailleurs, comme je l'ai déjà dit, la beauté
des formes idéales de l'homme excitait en lui dos sensations
voluptueuses a l'approche desquelles les organes de la géné-
ration s'érigeaient et éjaculaient,ce qui devait faire présumer
un état réel d'énergie dans les forces radicales de son éco-
nomie. Il n'y avait donc ni destruction, ni altération essen-
tielle dans la sensibilité physique, mais plutôt fausse direc-
tion de cette faculté de l'organisme : voici en conséquence
le traitement que je proposai. J'ai déjà dit que l'individu
dont il s'agit aimait passionnément le dessin, et qu'il s'ap-
pliquait à ce genre d'occupation avec cette ardeur dévorante
qui distingue les grands peintres et qui e»i le plus sûr ga-
rant du succès ; j exigeai de lui qu'il fit une étude appro-
fondie des formes du sexe féminin pour les reproduire par
mPOISSANCB IDIOFATHIQl E PAR PERVEDSION D*ÉNERG1E. 225
son talent. K lui en coûta sans doute pour rompre la chaîne
de SCS habitudes, et de renoncer h l'Apollon du BcIvéJer
pour la Vénus de Médicis. Mais peu è peu la nature, plus
forte que tous les penchants factices, reprit ses droits. Dès
qu'il fut parvenue préférer des. bras faibles, mais gracieux,
à des bras musculeux et redoutables , dès qu'il se plut h
contempler l'élégance des formes et la mollesse des contours,
olors sa guérison commença h s'opérer. Après s'être fait un
modèle imaginaire, il le chercha dans le monde physique.
II fallut du temps, de la persévérance ; mais il se rétablit
entièrement (1). »
L'exemple que je viens de rapporter, d'après Alibert, est
sans contredit un des plus remarquables que je connaisse en
ce genre; il me dispense de tout développement et prouve
que le traitement de l'impuissance par perversion complète
du génésique doit être surtout un traitement moral, car, je
le répète, l'excitabilité physique n'est jamais malade dans
ce cas, ou du moins elle n'est pervertie quc^econdairement
a la perversion de l'excitabilité morale.
Mais il n'en est pas de même dans la perversion incom'-
plète que je vais maintenant examiner.
Perversion incomplète. — Dans cette espèce d'impuis-
sance, il se produit toujours un commencement d'excitation
physique et d'érection qui ne se soutiennent pas jusqu'à
rentier accomplissement du coït, c'est-à-dire jusqu'il Téja-
culation.
Les motifs de cet état appartiennent tantôt au domaine
du moral et lanldtrau domaine du physique.
Dans le premier cas, l'excitation interne se produit,
comme a l'ordinaire, sous l'influence de ses causes physio-
(I) Nouveaux élémenls de thérapeutique et de matière médicale ^
i" édil., t. II, p. 556 et suiv.
45
23fe6 iMPCisiAxcf iMorATiigirau
logiques, mais s'aiïaisise bientôt, malgré la penislaoce de
raclion de la cause elle-même, et alors, si l'imagioatioo o*a
pas assez d'empire pour tenir au secours des excitants doat
rîofluence est émoussée, l'appétit vénérien s'apaise, et ai<«
lui disparait l'érection qu'il avait un instant produite.
Le pouvoir de l'imagination es^t si réel dans les cas •■
les agents directs de l'excitabilité morale ont perdu leur
empire, que beaucoup d'hommes ne peuvent achever un ooit
commencé qu'en se transportant par la pensée auprès d'oae
autre personne , et qu'en transformant les formes de la
femme qu'ils tiennent dans leurs bras m des charmes ima-
ginaires ou entrevus dans un songe.
Aussi faut-il tenir compte de cette double circonstance :
faiblesse de l'excitabilité morale et allourdissement de Tima-
ginalioii erotique, si j(* puis ain>i dire.
La cau>e la plus commune de cet état est, sans contredit,
l'applicaliori exclusive et trop longtemps soutenue d'une
faculté de Te^prit; on dirait que toute Texcitation se
porte bur cette faculté, à l'exclusion des autres ; ainsi les
savuntM, les poêles, les grands artistes, dont toute l'activité
cérébialc se concentre sur un objet, sont nécessairement
disposés à cette espèce d'impuissance ; les sentiments de
l'ànu*, quelle (ju'en soit la nature, trop vivement tendus vers
un |)oint, peuvent également absorber a leur proKt une
partie de l'excitation génésiaque. J'ai vu un malade qui,
pendant plus de six mois, ne put accomplir le coït, malgré
des érections et des pollutions nocturnes fréquentes, parce
qu'il était dominé par le chagrin que lui causait la perte
d'un enfant chéri.
J'eiposerai plus longuement, dans une autre partie de
cal ouvrage, l'inlluence de l'âme sur le génésiquc ; mais j'ai
É ki indiquer, au moins en passant, son action , afin que l'on
IIIPDI88AIICB iDIOPATfilQUfi PAR PBKVBESION d'éNERGIE. 227
en tieooe compte dans le diagnostic et la ihéra])eulique de
rimpuîssance qui m'occupe en ce moment.
Un symptôme très important à noter, et qui constitue le
aeul signe diiïérentiel de la perversion de Texcitabilité fn<h
raie et de la perversion de Texcitabilité physique dont je
tais parler, c'est que, dans le premier cas, la chute de
l'érection peut se produire pendant la masturbation, tandis
que dans le second, elle n'ajamais lieu qu'à l'occasion du coït.
Je reviendrai tout à l'heure sur ce phénomène intéressant,
dont l'explication ne saurait être comprise qu^après quelques
considérations sur les causes prédisposantes de la perversion
de l'excitabilité physique, dont je vais de suite m'occuper.
Le tempérament lymphatique et la prédominance du tissu
adipeux sont une prédisposition h cette espèce d'impuis-
sance; de plus, une sécrétion abondante de mucosité ches
la femme pendant le coït est une circonstance qui favorise
aussi la manifestation de ce phénomène morbide ; une dis-
position contraire, c'est-à-dire la sécheresse extrême de la
muqueuse vaginale peut également la produire, ainsi que
cela est arrivé plusieurs fois à un confrère qui me Ta confié*
Mais dans la majorité des cas, la verge s'aiïaisse au milieu
du liquide qui remplit le vagin et qui s'en échappe, et qui
exerce sur elle une action débilitante analogue à celle d'un
bain d*eau chaude.
Cependant cette circonstance, quoique essentiellement
propre à déterminer l'impuissance dont je parle, n'est pas
une condition indispensable à sa production ; sous ce rap-
port, il est difficile de fournir une donnée certaine ; mais il
est des dispositions de tempérament et de constitution,
comme je le disais plus haut, dont il faut tenir compte, ainsi
que de certains états morbides, tels que le varicocèle, par
exemple.
228 IMPUISSAKCE IDiOFATHIQUg.
Assez généralement» même dans Tétai complet de santé,
la verge en érection, chez les individus lymphatiques on
chargés d'embonpoint, n*a pas cette roideur qui, chez les
personnes nerveuses ou sanguines, la fait comparer k une
barre de fer; elle a je ne sais quoi de flasque qui s'harmo-
nise avec la mollesse des autres tissus , et qui dénote le
calme et la lenteur des désirs vénériens qui caractérisent ce
tempérament.
D'un autre côté, et comme nouvelle conséquence do
peu d'énergie virile, l'érection est lente k se produire, et
pour la déterminer, il faut des attouchements prolongés
et de toutes sortes.
On comprend sans peine que si de semblables prédispo-
sitions sont un peu exagérées, une érection obtenue avec
tant d'artifices ne se soutienne pas et cède facilement à la
moindre fatigue et h la plus petite cause débilitante.
C'est ce qui arrive en eflet.
Soit que le système nerveux ait été surexcité au delà des
limites imposées par une constitution phlegmatique, soit, au
contraire, que cette excitation n'ait pu atteindre une énergie
suffisante, toujours est-il que l'influx nerveux cesse bientôt
d'animer la verge, par suite de la lassitude qu'occasionnent
les eflbrts tentés pour amener la turgescence du membre,
et que le sang, n'étant plus retenu dans les corps caverneux,
rentre dans la circulation générale ; et cela est si vrai que
l'érection se soutient tant que les mêmes moyens d'excita*
tion continuent à agir, et qu'elle tombe, au contraire, pen-
dant la suspension ou le changement des excitants; c'est ce
qui explique pourquoi, dans l'onanisme, où le mode d'exci-
tation est continu, Térection du pénis ne-disparatt d'ordi-
naire qu'après l'éjaculalion du sperme, tandis que, dans le
rapprochement des sexes, la turgescence de la verge s'af-
IMPUISSANCE IDIOPATUIQIË PAR PERVERSION d'ÉNERGIE. 229
faisse eo passant de l'excitation des attouchements ou des
manœuvres lascives à l'excitation vaginale.
On doit maintenant comprendre le symptdme difTérentiel
que j'établissais plus haut entre l'impuissance produite par
la perversion de l'excitabilité morale et l'impuissance ame-
née par la perversion de l'excitabilité physique ^ à savoir :
que, dans le premier cas, la chute de l'érection peut arriver
entre les doigts du masturbateur, tandis que dans le second
elle n'a jamais lieu qu'à l'occasion du coït.
Comme on le voit, ce signe est très important à noter, et
bien souvent il a lui seul éclairé mon diagnostic. Je me rap-
pelle un jeune malade dont le succès dans l'onanisme faisait
le supplice, car, me disait-il, si j'étais complètement impuis-
sant et incurable, j'en prendrais mon parti et me créerais
des compensations ; mais loin de là, j'entre en érection,
j'éjacule dans le silence de la masturbation, et ne suis privé
que de la volupté du coït, que les plaisirs solitaires me
font encore plus vivement désirer.
Qu'elle soit produite par la perversion de l'excitabilité
morale, ou qu'elle soit le résultat de la perversion de l'exci-
tabilité phjsique, l'impuissance qui fait le sujet de ce para-
graphe est rarement au-dessus des ressources de l'art, et, si
très souvent elle n'était pas compliquée et entretenue par
un sentiment de crainte, par l'appréhension d*un échec, elle
n'opposerait pas, surtout l'impuissance par perversion de
l'excitabilité physique, de grands obstacles à la thérapeutique*
Il faut donc, avant toute chose, rassurer le moral du
malade; ici le râle du médecin est facile à remplir : on
s'attachera à convaincre l'infortuné qu'il n'est point atteint
d'impuissance, et on lui en fournira la preuve en lui rappe-
lant les érections dont il est capable et l'éjaculation qu'il
produit par l'onanisme. L'impuissant, lui dira-t-on, et c'est
9S0 muissANcs idiopathiqui.
Ift te symptAme radical de sa maladie, est inhabile à Térec-
lion et h rémission voluptueuse du sperme; si l'érection
se produit, n*importe dans quelle circonstance, si i'éjacula-
tion séminale la suit, n'importe par quel procédé, Pimpuis-
sance n'existe pas; il peut y avoir des défaillances, des
erreurs de la force virile, mais ces erreurs et ces défaillances
sont loin d*ètre l'anéantissement et la mort de cette force.
Ce thème, adroitement développé, produit presque con-
stamment un grand oiïct sur l'esprit du malade ; il est è la
portée des intelligences les moins cultivées et leur semble
toujours d'une logique irréprochable.
Mais lorsque ce raisonnement n'a pas amené la convic-
tion que je poursuis, je recours à un artiGce qui manque
rarement son but : je détermine une excitation génitale pas-
sagère, mais assez énergique cependant pour permettre le
coït, et je re\iens alors, avec beaucoup plus de chances de
succès, au raisonnement de tout à Theure, c'est-è-dire à la
comparaison des erreurs de la force virile et de l'impuissance
absolue.
l*e phosphore et les cantharides sont ordinairement les
agents dont je me sers pour produire l'excitation passagère
dont j'ai besoin ; je dis ordinairement^ parce qu'il est des
circonstances où ces deux substances sont essentiellement
nuisibles. Dans ces cas, il faut régler ses prescriptions, soit
sur l'état général, soit sur l'état local des organes; mais,
lorsque rien n'en contre-indiqne l'emploi, j'ordonne au ma-
lade la potion suivante, dont il prend une cuillerée h bouche
d'heure en heure, trois ou quatre heures avant le coït.
Élher phosphore 450 centigr.
Teinture de cantharides 15 goutt.
Teinture de vanilla 30 —
Teinture de coccinelle 50 - *
IMPUISSANCE IDIOPATHIQUB PAR PBRTBB8I0N d'ÂNERGIE. 23i
Extrait de noix vomîqae 0J5 centigr.
Sîrop «impie q. 8.
Eaa distillée 325 grain.
Et une heure avant le coït, je fais pratiquer des frictions sur
le périnée et à la base de la verge avec la préparation sui-
vante :
Teinture de myrrhe 6 gram.
Teintare de cantharides 8 —
Éther phosphore 4 —
« Huile volatile de sabine \
Halle volatile de roe [aa. 4 goutt.
Haile volatile de romarin J
Ban ynlDéraire 30 gram.
Ces deux préparations, qui m'ont rendu de très grands
services toutes les fois qu'il s'est agi de déterminer une
érection passagère (et les circonstances qui réclament cette
indication ne se bornent pas au cas dont il s'agit ici, comme
on le verra dans la suite de cet ouvrage), ces deux prépara-
tions, dis-je, peuvent et doivent être modifiées selon une
foule de particularités individuelles qu'il est impossible de
rapporter, et dont le médecin est seul juge.
D'ailleurs, que Ton se borne h faire appel h la raison du
malade, ou que l'on ait recours à l'artifice de l'érection
passagère, peu importe; la chose capitale est d'agir sur le
moral de l'infortuné, et d'éloigner de son ème tout senti*
ment de crainte, toute appréhension de ne pas réussir.
Ce premier but étant atteint, la médication de l'impois*
sauce sera différente, selon que celle-ci aura son principe
dans le moral ou son siège dans les organes génitaux.
Sous le premier point de vue, il sera important de recon^
naître si l'eicitation génésiaque est détournée au profit
4'3fl«? comité <ri d'un ftentimeot asIie» que la iêcullc gêné-
fâqce. OQ fî r masÎBalioo érotk|oe, comme je le disais plus
biut. ea laD::iii«MDte el alloordie.
Dans le premier cas, oo s'attachera à rétablir l'équilibre
dVt:oD eotre les facoltés iolellectaellcs et morales ; on
arrachera le saiant à ses méditations, le poète a ses rè%es,
rarlt<te à ses idéalités; on éloignera du cœur les joies trop
eiclusiîes ou les douleurs trop poignantes.
Ces résultats ne sont pas faciles i atteindre; on a souvent
k lutter contre la volonté des malades, contre leurs habi-
tudes, contre leurs goûts, contre les nécessités de leur
position, etc., etc.; ce sont là des obstacles qu'il n'est
pas toujours donné de vaincre, et dont la présence, en per-
pétuant la cause du mal, est à coup sAr un empêchement
presque absolu i toute bonne thérapeutique.
C'est h la raison du malade que le médecin devra surtout
s'adresser; il déroulera devant lui le tableau des influences
réciproques de la faculté copulatrice et des facultés intel-
lectuelles et morales, et, pour aider l'infortuné a résister
i ses hobitudes, à ses goûts ou à ses sentiments, il lui
prescrira des distractions de toutes sortes : les voyages, les
spectacles, les bals, les concerts, des travaux manuels ou
des occupations intellectuelles différents de ses travaux et
de ses occupations ordinaires.
Souvent ces indications purement morales suffisent au
Jrailement ; mais quelquefois la médication exige davantage
dhNt porter sur l'organe ^ocitateur même de la faculté
iiqoe»
ovfaoe, malgré quelques dénégations que j'aurai
I d'eiamioer plus loin, est bien réellement le cer-
ir lui qu'il est nécessaire d'agir.
dinaires, c'est-à-dire quand il n'est pas
IMPUISSAKCE IDIOPATUli>tJE PAR PËHVER810N d'ÉKBRGIE. 2ââ
nécessaire de produire un eiïet énergique et rapide, on peut
se contenter de lotions d'eau froide sur Tocciput, répétées
deux ou trois fois par jour; Teau froide pourra être rem*
placée avec quelque avantage par une décoction de plantes
aromatiques ; je me sers communément de thym, de roma-
fin, de sauge et de fenouil, que je fais bouillir ensemble et
dont je laisse lentement refroidir le produit en macération.
. Si ces moyens, continués pendant quelque temps, n'amè-
nent aucun résultat, je fais administrer, d'abord tous les
deux jours, puis chaque jour, trois ou quatre douches, soit
de vapeurs aromatiques, soit d'air chaud, sur la partie pos-
térieure et inférieure du crâne.
Enfin si l'impuissance persiste, j'applique à la nuque un
large vésicatoire sur lequel je dépose chaque jour quelques
milligrammes de strychnine ou de brucine.
Habituellement, il ne faut pas prolonger trop longtemps
cette dernière médication; après cinq ou six jours de son
emploi, on ferme le vésicatoire, sauf à y revenir plus tard»
et l'on reprend soit les lotious froides ou aromatisées , soit
les douches.
Il est quelquefois nécessaire de persévérer quelque temps
dans l'usage alternatif de ces moyens, surtout si l'impuis-
sance tient i la faiblesse du consensus, c'est-à-dire au peu
d'énergie de la faculté génésiaque.
Si ce sont les organes génitaux qui sont indociles à l'exci-
tation vénérienne, en d'autres termes, si l'impuissance dont
je m'occupe a sa source dans la perversion de l'excitabilité
physique, la médication doit exclusivement porter sur
l'appareil génital lui-même.
Cette médication a deux faces, si je puis ainsi dire : l'une
hygiénique ou prophylactique, et l'autre réellement active.
Jja médication prophylactique, en dehors du régime
33& IHPOIMANCi IDIOPATHIQUI.
toni(|ue approprié, est très simple : elle consiste à faire
prntiquer sur les parties inrérieures du tronc, et deux fois
par jour, des lavages froids è grande eau, soit simple, soit
addrtioiinéode quelques gouttes d'acétate de plomb (extrait de
Saturne), soit aromatisée avec Teau de Cologne ou tout autre
liquide odorant. Je me suis toujours loué de cette pratique,
et je le déclare ici d'une manière générale et comme axiome
hygiénique du sujet qui m'occupe, l'habitude de pratiquer,
chaque matin en se levant, des lotions froides sur les organes
génitaux et le périnée, est un excellent moyen, noD*seule-
ment de prolonger l'existence de la facalté géoératrice,
mais encore de prévenir ses défaillances et la mollesse des
érections.
La thérapeutique active doit être ordonnée en vue d'un
coït prochain : une ou deux heures avant l'acte, on prescrira
au malade une Triction de dix minutes au moins sur le pé-
rinée et il la base de la verge avec une préparation exci-
tante, semblable à celle dont j'ai tout k l'heure donné la
formule ; puis, comme excitant génésique, sans parler des
baisers et des attouchements lascifs, on dirigera sur les parties
génitales des fumigations aromatiques. A cet effet, le ma-
lade, assis sur une chaise percée ou sur le bord d'un fauteuil,
la ceinture serrée par une couverture qui enveloppe le
bassin et les membres inférieurs dépouillés de leurs vête-
ments, un brasier est placé immédiatement au-dessous des
organes génitaux, destiné i réduire en fumée la poudre des
agents que l'on projette sur lui. Le calorique qui se dégage
do brasier, et les vapeurs chaudes et excitantes qui vont
frapper les tissus de l'appareil générateur portent dans
Mloi-€Î one excitation assex grande pour affronter l'épreuve
«Mt, si lea conditions qui l'ont produite, c'est-è-dire la
', est fidèleroeot conservée. Pour cela faire, lorsque
IMPUISSANGB IDIOPATHIQDB PAR EXCÈS d'ÉNBRGIE. 235
le malade jagera Térection et l'orgasme vénérien suffi-
sants, il deyra, loin de se débarrasser de la couverture qui
le protège, la serrer, au contraire, autour de son corps et
exécuter la copulation dans un lit chauiïé à Pavance .
Une certaine hAte doit être apportée, surtout dans les
premiers temps, à Teiécution du coït, car en dilTérant
de le pratiquer, on retomberait dans les oppositions d'exci-
tations que le traitement a précisément pour but de faire
disparaître.
Cependant, è mesure que Ton avance dans la médication,
cette condition devient de moins en moins rigoureuse, et sa
non-observance, suivie de succès, est un heureux symptdme
de guérison.
La thérapeutique active de l'impuissance par perversion
de l'excitabilité physique n'est certainement pas bornée à ce
aeol moyen ; elle comporte quelquefois l'emploi de Télec-
tricîté, du galvanisme, de tous les excitateurs locaux ; elle
réclame aussi, dans quelques circonstances, l'usage, tant
eilerne qu'interne, des agents médicamenteux ; mais comme
j'ai longuement parlé plus haut de toutes ces ressources, je
crois inutile d'y revenir ici, d'autant mieux que l'emploi de ces
divers agents on de ces divers moyens est indiqué plutdt par
des considérations idiosyncrasiques que par des symptAmea
spéciaux; c'est donc au praticien à juger de l'opportunité
des uns à l'exclusion des autres, et non à l'écrivain qui,
semblable au législateur, ne peut ni ne doit prévoir tous
les cas.
#
$ III. — ImpialMaiiee Idlopsthl^ac par exeès d*éM«rf l«.
Depui que l'auteur de l'article Sattriasis du Dictûm*
naire de$ sciences médicales^ a établi iei^ signes différen*
3d6 IMPUUiSiiNCB IDIOPiTUIQUB.
tiels du priapisme, du satyriasis et de l*érotonianiC| on
est généralement d*accord pour classer et nommer de la
manière suivante les accidents génésiques causés par eicès
d'énergie : priapùme^ érection sans désirs vénériens ;
érolomanie^ désirs amoureux sans érection; enGn taty^
riasiSy érections continuellesi désirs immodérés du coït et
délire erotique.
Cependant ce cadre n'est pas complet, et Ton est étonné
de ne pas y voir figurer une maladie que j'ai observée plu*
sieurs fois» et dont l'existence» empêchant le coït tel que je
l'ai caractérisé, c'est-à-dire érection de la verge, accouple-
ment des sexes, plaisir et éjaculation chex l'homme du
liquide spermatique, constitue une espèce d'impuissance
qui doit, de toute nécessité, trouver ici sa place.
Cette maladie se traduit surtout par l'impossibilité de
l'éjoculation séminale, non comme dans le priapisme, mais
avec des érections normales et des désirs vénériens ordi-
naires.
Je donne le nom A'aspermaiisme à cette sorte d'ana*
phrodisie.
Au premier abord, on s'étonnera de voir entrer celte
infirmité dans le cadre de l'impuissance^ alors que sa place
parait être naturellement marquée dans celui de la stérilité.
Sans doute, si je ne m'étais appuyé que sur des déduc-
tions théoriques, j'aurais suivi cette voie et je n'aurais pas
reculé les limites déjà si étendues de l'anaphrodisie ; mais
les faits que j'ai soigneusement interrogés et étudiés m'ont
imposé la marche que j'adopte, et j'espère prouver tout à
rheure que cette marche est en eflct la seule vraie et la
seule scientifique.
L'impuissance idiopathique par excès d'énergie se pré-
sentera donc à nous sous les quatre formes suivantes :
IMPUISSANCE miOPATDIQUE PAR EXCÈS D*ÉNERGIE. 237
1* Érection sans désirs vénériens (jpriapismé) ;
2* Désirs vénériens sans érection (érotomanie);
&"" Désirs vénériens et érection sans éjaculation (asper-
nuUisme) ;
A* Désirs vénériens, érection et éjaculation avec délire
erotique {satynasis).
Ces quatre états pathologiques ont chacun un groupe
de sjmptâroes qui lui est propre, mais tous offrent un carac-
tère commun qui les rattache à Timpuissance, c'est l'absence
du plaisir. La volupté est une condition essentielle de la
copulation ; c'est la récompense de notre obéissance ù la
loi de la propagation de l'espèce, et son défaut est une déro-
gation complète aux prescriptions de la nature. Bien plus,
en ne considérant que la Gn prochaine du coït, c'est-à-dire
en faisant un moment abstraction du but sublime caché
sous les délices du rapprochement sexuel, le plaisir n'est-il
pas cette fin prochaine, et celui qui ne pourra l'atteindre,
soit par i'éloignement des désirs vénériens, comme dans le
prîapismc, soit par défaut d'éjaculation, comme dans l'asper-
matisme, soit par surexcitation physique et morale, comme
dans le satyriasis,s'estimera-t-il moins impuissant que celui
dont la verge ne peut entrer en érection ? Les uns et les
antres sont bien réellement impuissants, car l'impuissance,
je ne saurais trop le répéter, n'est autre chose que l'absence
d'une ou de plusieurs des conditions nécessaires à un coït
normal, et lé plaisir, nul n'oserait le contester, constitue
une de ces conditions au même titre que l'érection de la
verge ou que l'éjacuiation du sperme.
Je vais donc passer en revue ces quatre états patholo-
giques, en faisant surtout ressortir pour chacun d'eux les
caractères qui le font rentrer dans le cadre de l'impuissance.
!• Prtapisme. — L'érection de la verge, dans le pria-
2&8 IMFOISgAMGB IDIOPATBKKIB*
pisme, peut être comparée aux mouvemenU qa*exécu(aient
les membres de la grenouille dans l'expérience de Galvani ;
c'est un corps sans àme, que Ton me passe Teipression,
obéissant à une cause anormale et étrangère. L'ème, eo effeii
représentée dans Tacte de la copulation par Tamonr et
les désirs y est absente, et l'excitation qui la remplacé,
par cela même qu'elle ne rentre pas dans les vues de la na-
ture, s'accompagne de douleurs et donne quelquefois nais-
sance à des accidents graves et même mortels.
Les causes de cette surexcitation sont fort diverses : tantôt
on les trouve dans l'emploi de certains ageniSi comme les
cantharides ^ tantdt on les explique par l'existence de cer-
tains états pathologiques dont le priapisme est alors un
symptôme ou une complication^ comme la blennorrbagie, le
calcul vésical, les maladies herpétiques, l'hypochondrie,
Tépilepsie, le tétanos, etc.; tantôt ellos se rencontrent dans
l'usage d'aliments irritants, de boist^ons alcooliques; tantôt
elles découlent de certaines habitudes, comme le coucher
sur le dos et dans un lit trop chaud, ou eiiGn de certains
accidentii, comme une chute sur le rectum, etc., sans parler,
comme étranger à mon sujet* du priapisme si connu des
pendus.
Quelquefois le priapisme ne reconnaît aucune de ces
causes et constitue alors une maladie essentielle; dans ce
cas, (les conditions le fuvorisent, et parmi elles je citerai :
le tempérament sanguin, avec prédominance du s}stème
hépatique; l'Age adulte et même la vieillesse; les saisons et
les climats chauds, quoique Zncutus Lusitanus rapporte
l'exemple d'un priapisme occasionné par un froid extrême;
les excitants génésiaques de toutes bortes, tels que spectacles
licencieux, lectures obscènes, danses voluptueuses, tableaui
lascifs, etc., sans que l'excitation produite soit satisfaite.
IMPUISSANCE IDIOPATUIQUB PAR EXCÈS d'ÉNERGIE. 239
Mais de toutes les causes déterminantes ou occasionnelles
du priapisme, nulle n'est aussi fréquente et aussi active que
TuMge des cantharides è l'intérieur et même leur emploi à
Teiiérieur.
Au point de ?ue de l'impuissance, le priapisme oiïre deux
sjroptdraes saillants à noter, ainsi qu'une de ses terminaisons
possibles. Les deux symptômes sont : 1° l'absence de désirs
vénériens; 2* l'existence de douleurs plus ou moins vives ;
et la terminaison est la gangrène, et par suite la perte de
la verge.
A son début, et quand il n'a pas encore atteint un cer->
tain degré d'acuité, le priapisme n'est ordinairement pas
douloureux ; il fatigue tout au plus le malade et cède le
plus souvent à l'action lie quelques lotions froides. -
Mais lorsque l'afTection devient plus intense, soit que
cette intensité arrive par degrés, soit qu'elle se montre tout
àcoup^ des symptômes d'excitation générale et d'excitation
locale se manifestent; une sorte de mouvement fébrile se
fait sentir; la soif s'allume, la tète devient douloureuse et
le délire même peut surgir ; une anxiété pénible fatigue le
malade qui cherche en vain le repos et le sommeil.
Du côté des organes génitaux, la tension de la verge se
communique au pubis et au périnée, qui participent souvent
à la gangrène qui attaque le membre viril. Quelquefois
uile éjaculatioo spermalique se produit, mais celte déplé-
tion, loin de calmer le priapisme, irrite davantage encore
la muqueuse Je l'urètre dont la sensibilité est extrême;
il n'est pas rare alors d'observer une hémorrhagie urétrale.
Tout le monde connaît le fait, rapporté par Cabanis, de cet
étudiant en médecine qui, dans un violent accès de ja-
lousie, fut pris pendant plusieurs heures d'un priapisme très
douloureux, pendant lequel se produisaient tour à tour
2&0 IMPUISSANCE IDIOPATRIQ€B<
des émissions ilc semence et des pertes de sang presque
pur.
Dans d'outrés circonstances, les contractions de l'urètre
sont si violenles que, iion-seuicroent le sperme ne peut se
frayer une issuo, mais que les urines elles-mêmes sont corn-
ptilement arrêtées. On ne saurait, on le comprend, songer
au cathétérisme, car la présence d'une sonde augmenterait
les accidents au lieu de les calmer; d'ailleurs le cathéter
risme est inutile dans beaucoup de cas : à ce degré de pria-
pisme, la sécrétion urinaire est 1res souvent suspendue;
mais lorsqu*cllc persisie et que l'émission de son produit
peut se faire, l'urine est rouge, boueuse, et laisse au fond
du vase un sédiment très abondant.
Un état aussi grave ne peut se prolonger longtemps sans
danger, surtout si la cause du priapismc se trouve dans
l'usage des cantharides; presque toujours alors la maladie
se complique d'une cystite ou d'une entérite très souvent
mortelles; mî^mc en l'absence de pareilles circonstances, le
priapisme peut se terminer par la mort.
Quelquefois la perte de Torgnuo génital seul est la con«
séquence de cet état pathologique, et, dans ce cas, le pria-
pisme est le point de départ d'une impuissance absolue et
contre laquelle la médecine est entièrement désarmée.
Il est donc de la plus haute importance de prévenir de
semblables résultats et de s'opposer par tous les moyens pos •
sibles, soit à la mort du malade, soit à la perte de son organe
copulateur.
Quand le priapismc arrive graduellement, c'est-à-dire
quand les érections deviennent peu h peu plus fréquentes,
et ci'deiit, soit à un changement de température, soit h des
lotions froides, on n'a le plus souvent besoin que d'un
régime alimentaire approprié, dont les aliments douf , les
ISIPUISSANCB IDIOPATHIQUE PAR EXCÈS d'éNERCIE. 2&1
légumes herbacés et le lait feront la base^ ainsi que les
boissons rafratchissantes ou acidulés, prises à une basse
température. Le lit du malade ne sera ni trop mou ni trop
chaud, et le patient aura soin de ne pas coucher sur le dos;
è cet effet, on a donné le conseil de couvrir le ventre avec une
serviette dont on nouerait les bouts sur le rachis; on com-
prend que la serviette peut èlre remplacée par une pelote
dure, par un tampon, un morceau de bois, en un mot par
tout corps saillant qui blessera le malade dès qu'il essaiera
de prendre la position qu'il doit éviter.
Les bains généraux ou les bains de siège a une tempé-
rature de 16, 18 et 20 degrés, l'air pur de la campngne,
les distractions en plein air, Téloignement des excitants
vénériens seront prescrits comme hygiène.
La thérapeutique, dans ces cas peu graves, se réduira h
quelques émulsions ou juleps camphrés et h des lavements
froids ou émollients, ou dans la composition desquels entrera
une faible dose de camphre dissous dans un jaune d'œuf.
On retirera des avantages marqués de l'usage du lupulin
(partie active du houblon) dont on a, dans ces derniers
temps , constaté Taction spécialement sédative sur les or-
ganes génitaux (i) à la dose progressive de 1 i 10 grammes
en nature, en* teinture et surtout en saccharure. Les
opiacés et la ciguë pourront être essayés , mais avec
modération dans leur emploi et leur dose, dans la crainte
d'augmenter les accidents qu'il s'agit de combattre.
Quand le priapisme se présente avec des caractères plus
graves, c'est-i-dire lorsque les érections sont persistantes,
douloureuses, et qu'il y a menace de gangrène, il ne faut
pas hésiter à pratiquer une saignée, si la constitution du
malade le permet, ou h appliquer des sangsues aux lombes.
(1) Bulletin générai de thérapeutique, 4 854. t. XLVII, p. 464.
16
2/l2 IMPUISSANCE IDIOPATBIODE.
Le malade sera tenu longtemps dans un bain, et Tod pla-
cera sur les organes génitaux des cataplasmes émollients
arrosés de laudanum. Dans un cas grave de priapisme, où
les accidents les plus terribles étaient à craindre, après avoir
vainement employé les saignées, les bains, les préparations
camphrées et narcotiques, les lavements émollients et anti-
spasmodiques, je me décidai è pratiquer des mouchetures
sur les corps caverneux de la verge; la déplétion san-
guine qui en résulta amena un ramollissement de l'organe
et prévint ainsi la gangrène, qui, sans cette circonstance
heureuse, eût peut-être été hAtée par les mouchetures
mêmes. Je suis loin d'ériger cette opération en principe,
mais je crois qu'on en doit user comme ressource extrême,
lorsque tous les autres moyens ont échoué et lorsqu'il
n'existe encore aucun symptôme de spliacèle.
D'ailleurs le traitement du priapisme sera toujours subor-
donné ù lu cause qui Ta produit. Zuculus liUsitanus raconte
l'histoire d'un \ice'roi diS Indes qui, n*a>ant pu se débar-
rasser d'un priapisme qui le tourmentait de|iuis longtemps,
lit usage d*uneeau distillée de clous de girolle, préparation
essontiellemont excitante que ce médecin conseille de rem-
placer par uno eau de fleurs de cannello des Indes, autre
pré|)aiation non moins excitante que la |)renHêrc. Il est
probable ([ue le priapisme du vicr-roi des Indes a\ailpour
cause une r.\ibles>e gi'iiérale, el il est certain que. la théra-
penti(|ne onlonn/^e par Zacutus Lusitanus serait funeste à
un adulte dinis toute la force de Và^i\
Enlin. si le priapisme tient à une aflection dartreuse, s'il
reconnail pour cause un calcul d.ius la u'ssie, Tusage des
canlliarides, etc., on s'attachera à détruire cette cause par
les niojens que la médecine el la cliiiurgie mettent à la
disposition du praticien, el dont je n'ai pas à m'occuper ici.
IMPUISSANCE IDIOPATHIQUE PAR EXCÈS d'ÉNERGIE. 2^3
2® ËROTOMANiE. — L'érolomanie est une névrose de
rintelligence bien plus que des organes génitaux; c'est une
penrersion de Timagination poursuivant un objet réel et
quelquefois imaginaire ; c'est ce qu'on appelle commune*
ment l'amour platonique. Rarement le génésique par-
ticipe à l'exaltation des facultés intellectuelles de l'éroto-
manîaque, mais rarement aussi son énergie est amoindrie et
éteinte. Un de mes amis, condisciple à l'école de médecine,
tomba i vingt ans dans une folie amoureuse parfaitement
caractérisée: les incitations génitales étaient nulles près de
la personne aimée, et toujours, quand je lui demandais ce
qu'il ferait de son amante couchée avec lui, il me répondait
avec eialtation : Je l'adorerais !
Cette insensibilité génitale ne se produisait qu'à Tocca-
sîoD de l'objet de son amour, car le malade jouissait de
toutes ses facultés viriles, fort énergiques, je vous assure,
quand il se trouvait avec une autre femme.
L'érotomanie n'est donc en réalité qu'une impuissance
essentiellement relative; elle est bien plutôt du domaine des
aliénistes qu'un sujet de cet ouvrage (1) ; d'ailleurs j'aurai
à revenir sur l'influence que l'imogination exerce sur les
fonctions copulotricos, et je dirai alors les caractères et le
traitement de cette bizarre maladie.
â"" AspERMATiSMB. — L'ospermatisme est caractérisé par
l'impossibilité de l'éjaculalion avec une érection normale,
contrairement au priapi^nme, et sans perversion ni exaltation
des facultés morales, contrairement u Térotomanie.
Je dois, ainsi que je m*} suis engagé plus haut, légitimer
la place que je donne ici à ce nouveau genre d'impuissance,
car si l'émission de la semence n'est pas la source de la
(1) Voyez Esqoipol, Dea maladies mentales. Paris, 1838, t. tl ,
p. 32 el suiv. — Marc, De la folie. Paris, 4 840, t. H, p. 48! et soîv.
2^& IMPUISSANCB IDIOPATBIQOI.
voluplc amoureuse, l'aspermaiisme doit être rois parmi les
causes de la stérilité et non de Timpuissancc.
Je vais d'abord rapporter l'observation qui, In première,
éveilla dans mon esprit les considérations physiologiques
qui me font rattocher la jouissance vénérienne è réjacnja-
lion de la liqueur séminale.
Un jeune homme de vingt ans, d'une santé parfaite et
d*un tempérament sanguin,sc présente un jour k ma consul-
tation et me raconte les faits suivants : « J*entre facilement
en érection^me dit-il ; mes désirs vénériens sont d'autant plus
vifs que je n'ai jamais éprouvé lei jouisumce$ de Vamùur;
rintromission de la verge dans les organes de la femme se
fait sans difliculté et sans douleur; mais cette intromission
obtenue, je ne puis, quelque effort que je fasse, ressentir
la volupté dont mes amis m*ont parlé ; après un temps plus
oumoins long de tentatives infructueuses, pendant lesquelles
j'appelle a mon aide toutes les ressources de mon imagina*
tion et toute mon énergie amoureuse, je ploie sous la fatigue,
et ma verge, participante cet abattement de tout mon être,
8*uiïaisseet devient molle sans qu'il m'ait été possible d'ob*
tenir l'éjaculation.»
Dans l'interrogatoire que je fis subir au malade d'après
cetle première donnée, je recueillis les renseignements sui-
vants : l'éjaculation ne s'était jamais produite à l'état de
veille, soit par la masturbation, soit par le coït; mais elle
avait lieu quelquefois pendant le sommeil, tantôt sous Tin*
fluence de rêves lascifs, tantôt sans cause connue; et, ce
que ces circonstances étronges présentent de remarquable,
c'est que si le malade venait, par un motif ou par un autre,
h s'éveiller pendant l'éjaculation, celle-ci s'interrompait
instantanément, de telle sorte que le malheureux n'avait
pas même une idée confuse du plaisir vénérien.
IMPUISSANCE lUlOrAlHIUUË PAK EXCÈS d'ÉNEUGIE. 2^5
Ce qu'il éprouvait aux approches de la remme était un
sentiment de bien-èlre, une excitation générale qui n'était
pas sans charmes, il est vrai, mais qui n'était pas lajouis«-
saoce génésique; tous les hommes aussi éprouvent ce bien*
être et cette excitation générale, et s'ils les considèrent
comme les doux préludes du plaisir, ils ne les estiment pas
comme le plaisir lui-même, et nul ne croirait avoir goûté
les voluptés de Tamour, si ces voluptés se réduisaient h ce
bien-être et è cette excitation préparatoire.
Cependant, quelques physiologistes, abusant de la langue
et de la logique, ont avancé que l'éjaculation séminale n'était
pas le plaisir, mais le signal de la fin du plaisir; et à cet eiïet
ils citent l'exemple des enfants masturbateurs qui éprouvent
du plaisir sans éjaculation. La définition et l'exemple qui
Tappuie sont aussi mauvais l'un que l'autre : la définition
est aussi irréprochable que si Ton disait de la vie qu'elle est
le signal de la mort; quant à l'exemple, il est fort douteux
que l'enfant, dans l'onanisme, éprouve le même plaisir que
riiomme pendant l'éjaculation, et il est probable que la
volupté du premier se réduit h une excitation générale
et locale qui n'est ni s^ans charmes ni sans attraits.
Non, l'éjaculation spermatique n'est pas plus le signal de
la fin du plaisir que la vie n'est le signal de la mort. Sans
doute, en n'ayant égard qu'aux destinées de ce monde,
toute chose, par cela même qu'elle est, doit avoir un terme^
de telle sorte que son existence est la preuve même et le
signal de sa destruction. Mais ce caractère, inhérent à toute
réalité, ne peut servir a aucune de signe distinctif, pas plus
à réjaculation qu'à Térection, qui, ace point de vue, pour*
fait être définie le signal de la lin de l'orgasme vénérien ;
ce qui serait absurde.
L'éjoculation, lorsqu'elle s'accomplit dans les conditions
Sè6 uffoiiiARci imorATBiQini.
Bormales, dans les conditions voulues par la nalnrei e'esit-
à-dire par saccades, pendant réreclion de la verge et après
une eidtation amoureuse suffisante, n'est peut-être pas le
plaisir unique de la copulation, mais elle en constitue, du
OMins, Teipression la plus haute et la plus vive. Par consé«
quent, le début de l'émission spermatique, en rendant le coït
incomplet, crée un genre d'impuisMnce dont on n'avait jus-
qu'ici tenu aucun compte, et pour la désignation duquel je
me suis vu forcé d'employer le mot nout eau d*ttMpermàtume.
Cependant, des fails è peu près analogues fc celui que j'ai
mentionné plus haut sont consignés dans la science. Une ob-
servation fort curieuse de ce genre est rapportée par Cock-
burn(i) : « Un noble vénitien, dit ce dernier auteur, épousa,
à l'ége où l'amour fovorise un homme avec complaisance,
une jeune demoiselle très aimable, avec laquelle il se com-
porla asset vigoureusement ; mais l'essintiei manquait è son
bonheur : tout annonçait dans ses transports le moment de
l'eiiase, et le plaisir qu'il croyait goûter s'échappait. L'illu-
sion lui était plus favorable que la réalité, puisque les songes
qui succédoient à ses eiïoris impuissants le réveillaient par des
sensations délicieuses, dont les suites n'étaient pas équivo-
ques sur sa capacité. Cet épout malhcureui, rassuré sur son
état, voulait-il prouver efficacement sa puissance et réaliser
iQS plaisirs? Il en procurait sans pouvoir les partager^ en un
mot, réreclion la plus forte n'était pas accompagnée de ce
jaillissement précieux qui fait connattro toute l'étendue de
la volupté. On fit inutilement plusieurs remèdes pour pro-
curer des plaisirs è un homme qui méritait de les connaître
et que son amour consumait depuis asses longtemps. On
(I) Eisais et obiervationn tie mMccine d'Edimbourg. Parts, 1740,
t. I, p. 391. — l>e Lignac, De t'homme et de la femmê^ t. 1, p. 84t
et suiv.
IMPUISSANGB IDIOPATHIQUB PAR EXCÈS d'ÉT«IERG1E. !2i|t7
pria en6n les ambassadeurs, que la république^de Venise
eotretieDl dans les différentes cours de l'Europe, de fouloir
bien consulter les plus fameux médecins des lieux où ils
faisaient leur résidence, sur la cause de celte incommodité,
aussi bien que sur les moyens dont il fallait se servir pour
y remédier. J'attribuai cette impuissance, dit le docteur
Cockburn, à la trop grande vigueur de Térection, qui bou-
chait le conduit de l'urètre avec tant de force (1) qu'elle
ne pouvait être surmontée par les moyens qui obligent la
semence à sortir des vésicules séminales; au lieu que cette
pression étant moins forte dans les songes, l'évacuation se
fait avec plus de liberté. »
La Gazelle de santé t ihns son n'* 52, rd|)por(e une obser-
vation À peu près semblable, d'après Schevetel; enfin
Planque fait mention d'un homme de trente -huit ans,
qui se plaignait d'être impuissant, parce que In semence ne
pouvait point sortir , quoiqu'il fût souvent en érection.
Il passa ainsi une année à se tourmenter, et la nature se
fit un chemin à la région épigastrique du côté droit. La
semence passait par trois petits trous, quand cet homme
exprimait cette partie ; mais il mourut peu après de con-
somption (2). »
Je ne m'arrête pas, on le comprend, a cette prétendue
fistule séminale; Terreur est trop grossière pour mériter
d'être discutée.
Comme on le voit, les faits analogues à celui qui s'est
offert à mon observation et que j'ai rapporté, sans être très
(1) Celte explicalion n'est plus admissible, car on sait au contraire
aujourd'hui que l'érection dilate le canal de l'urètre. Il serait plus
rationnel d*attribuer celte impossibilité d*éjaculation aux contractioDS
spasmodiques des conduits éjacula leurs.
{%) Bibliothèque ohoiêie de nMeemey t. VI, art. Impuissance.
2&8 IMPUKMiAKCK IDIOPITUIQUB.
communs dans les annales de la science, étaient suflLsanls
cependant pour attirer l'attention des praticiens» et Ton
i*étonne que Ton ait jusqu'ici confondu ce genre d'impuis-
sance avec celui que justifie le priapisme ou que caractérise
la non-érection de la verge.
Presque toujours, Taspermatisme tient è un état spas-
modique des conduits éjaculateurs ou de rurètrc; et cette
cause doit être acceptée comme la seule vraie dans les cas
où, comme chez mon malade et chez le Vénitien dont parle
Cockburn, des pollutions ont lieu pendant le sommeil;
cette circonstance, qui jeta une si vive lumière dans l'esprit
du médecin écossais, ne doit jamais être perdue de vue par
le praticien.
ii'absence de l'éjaculation peut également tenir è l'obli-
tération des conduits éjaculateurs, que cette oblitération
soit native ou le résultat d'un état morbide. Dans ce cas,
aucune émission de sperme n'a lieu, ni pendant le sommeil
ni pendant la veille, ainsi que je le dirai plus loin, quand
je parleroi de cette couse de stérilité.
L'oblitération des conduits éjaculateurs est une aiïeclion
rare^ elle est ordinairement produite par la matière tuber-
culeuse ou concéreusc dont le dépôt peut ùlrc limité è ces
conduits, mais qui, le plus souvent, se rencontre aussi dans
les vésicules séminales et les canaux déférents. Comme on
doit le comprendre, ces altérations constituent des infirmi-
tés presque toujours au-dessus des ressources de l'art.
Mais il n*en est pas de même de l'état spasmodique des
conduits éjaculateurs et de Turèlre; abandonnée à elle-
même, celle névrose pourrait disparailrc a\ec Tàgc, c'csl-
A-dire avec In dimiiiulion des désirs et de Tor^^nsmo >éné->
rien ; mais il csl peu de malades qui consenlenl ù attendre
une pareille terminoi»on, et tous, on le comprend sans
IMrUISSAKCI IDIOPATBIQUB FAE IXCÈS d'ÉNBRGIE. SftO
peioe» réclament impérieusement le secours de la médecine.
Quand le sujet est jeune et vigoureux et qu'il n'existe
pas chex lui de contre-indications, il faut commencer le
traitement par une émission sanguine avec la lancette» ou
tout au moins par des sangsues au périnée. La saignée,
quand elle est possible, doit être préférée, comme agissant
mieux sur l'ensemble de l'innervation, et parce qu'elle
laisse libre une place sur laquelle on a à agir, soit par des
frictions ou des onctions, soit par des vésicatoires volants,
ainsi que je vais le dire.
Après cette émission sanguine, on essaiera tour à tour,
an commencement, les narcotiques et les antispasmodiques,
tant à l'intérieur qu'à Textérieur.
A rintérieur, j'ai retiré, dans le cas que j'ai cité, des
avantages réels des pilules suivantes :
Âssa fœlida
Castoréum
Extrait gommeox d*opium ....
Extrait de ciguë
Conserve de roses q* s
\a, 4 gram.
jâià. 0^50 ceDtigr.
On fait avec cette préparation de 15 u 20 pilules, et le
iDolade en prend quatre par jour.
A l'extérieur, des frictions sur le périnée et les lombes
avec les opiacés, la ciguë, la belladone, seront prescrites
avec succès.
Les mêmes agents et les antispasmodiques, l'assa fœtida
surtout) pourront être ordonnés en lavement.
Les bains généraux et les bains de siège devront jouer
un grand rôle dans la thérapeutique de l'aspcrmatisme;
leur température variera selon les indications spéciales,
depuis 1 degré jusqu'à âO.
Chez les sujets lymphatiques, irritables, les bains de
250 IIIP0I68A1ICB IDIOPATBI0tni«
mer oiïriront des ressources inespérées, et dans bien des cas
ils seront le seul remède au mal.
Ces moyens, secondés par un régime convenable et appro-
prié au tempérament et h la constitution du malade, suffi-
sent d'ordinaire pour triompher de la maladie ; il faut quel-
quefois en prolonger assez longtemps l'usage et les associer
à quelques précautions hygiéniques relatives au coucher,
comme, par exemple, la proscription d'un lit trop chaud et
trop mou, et d'un sommeil ou d'une paresse trop prolongés.
Enfin , dans les cas où les progrès vers la guérison ne
seraient ni assez rapides ni assez sensibles, on pourrait les
hâter en employant les opiacés, par la méthode ender-
mique. C'est ce que je fis avec un plein succès sur le malade
dont j'ai parlé eu début de cet article; j'appliquai sur le
périnée un vc^sicatoire non cantharidé^ que je saupoudrai
pendant trois jours, matin et soir, avec Ix milligrammes
de chlorhydrate dr morphine.
li* Satyriasis. — Je me dois contenter ici de mentionner
le sat\ riasis, cor ce serait étranglement abuser des ressources
de la classification, si dans un livre consacré k l'impuissance,
je décrivais le type de la luxure et Tidéal de la lubricité.
Sans doute, on conçoit que le satyriasis puisse devenir
une cause d'impuissance et que les exploits amoureux qu'il
suscite soient suivis de tristes revers ; mais alors sa place est
marquée dans un autre cadre : dans celui où il sera question
de l'impuissance consécutive. U'ailleurs, le satyriasis, exces-
sivement rare, surtout dans les pavs froids et les régions
tempérées, est moins une cause d'impuissance que de mort,
ainsi que le prouvent les quelques observations que la
science possède. Je suis donc autorisé à ne pas faire entrer
dans les limites de cet ouvrage une aiïection que tant de
motifs en éloignent.
IHFOlSSiNGB STMrrOMATlQUB. 251
CHAPITRE IIK
IMPUISSANCE STMPTOMATIQUE.
S'il me fallait rapporter toutes les maladies qui s'accom-
pagnent de la suspension des fonctions génitales, il me
faudrait passer en revue le cadre presque tout entier de la
pathologie; il. n'est pas en eiïet une affection aiguë qui
ne suspende ou les désirs vénériens ou la puissance érectile.
Mais qu'a à faire l'impuissance dons une fièvre typhoïde,
dans une pneumonie, dans une fracture, etc., etc.? Ne
serait-ce pas tomber dans une exagération ridicule que
d'étudier un pareil symptôme parmi ceux qui compromettent
si gravement la vie du malade, et de pensera la propagation
de l'espèce, alors qu'il s'agit de conserver le propagateur
lui-même ?
Évidemment une pareille prétention ne peut entrer ni
dans mon esprit ni dans le cadre de ce livre.
L'impuissance, en tant que sjmptdme^ suppose l'exercice
de la vie de relation et exclut toute menace de mort pro-
chaine; tantôt elle coïncidera avec une maladie véritable^ et
en sera un des principaux caractères, comme par exemple
dans le diabète, les pertes séminales, etc., etc.; tantôt au
'contraire elle ne marchera avec aucune altération locale ou
générale, et sera simplement alors l'attribut d'un état phy-
siologique, comme l'âge, la constitution, etc., etc.
Le cercle que j'ai à parcourir dans ce chapitre se trouve
donc naturellement partagé en deux parties bien distinctes :
1^ Impuissance symptomatique de certains états physio-
logiques ;
S"" Impuissance symptomatique de certains états patholo-
llll'UlbdANCg SYlirrOIIATIQVI.
giques dont la chronicité et lo longue durée ne suspendent
|ias la vie de relation du malade.
C'est dans cet ordre que j'eiaminerai le sujet de ce
chapitre.
1* IMPUISSANGK SYMPTOMATIQUE DB CfiBTAIllS ÉTATS
PBTSI0L061QDB8.
SL —Ages.
Je ne puis faire ici que de Thygiène, de Thygiène spé-
ciale, si Ton veut , mais rien que de Thygiène, car il n'est
permis à personne, au médecin moins qu*è tout autre, de
transgresser les lois de la nature et d'établir des préceptes
en dehors de la volonté qui régit notre organisation et
règle les phases de notre vie.
L'exercice de la fonction génitale, oi-je dit dans les
considérations physiologiques placées en tète de cet ou-
vrage, n'a lieu (|u*ù l'époque de la plus grande activité
organique, oprès rentier développement de Tiiidi^idu et
avant sa décadence. Les deux phases extrêmes de la u'c
humaine sont donc marquées par le repos des organes de
la génération.
Il est impossible de déterminer d'une manière générale
les Ages précis auxquels la puissance génitale apparaît et
s'éteint; il est, sous ce rapport, des prédispositions tenant
aux causes les plus diverses, telles que le climat, le tempé-
rament, l'état de maladie ou de sonté, l'éducation, les habi-
tudes, etc., etc., prédispositions qui font de chaque individu
une espèce d'être h part, et par l'influence desquelles les
organes génitaux ont en quelque sorte leurs lois propres
d'évolution et de dépérissement.
Si la fonction «génératrice n'était dominée que par des
causes générales, indépendantes de nous, comme le climat,
la constitution et jusqu'à un certain point le tem|)éra-
AGES. 253
ment, etc.) on pourrait préciser d'une manière assez exacte
les époques diverses du cercle qu'elle parcourt; malheu*
reosement il n'en est point ainsi, et les modifications les plus
profondes que subit son action lui viennent de circonstances
changeantes et variables comme chaque individu.
On a dit depuis longtemps qu'il n'eiistait pas deux êtres
hamains parfaitement semblables; cetle proposition, dont
je n*ai pas à discuter la vérité d'une manière générale, est
inattaquable, appliquée au sujet qui nous occupe. Sous ce
rapport, chacun est son modèle, chacun reste lui, et, plus
qu'en toute autre circonstance, on doit recommander ici
le connais-toi toi-même du philosophe grec.
Aussij adolescents et vieillards, vous que poussent vers
des voluptés défendues et par conséquent pleines de dangers
et d'amertume, soit de vagues aspirations vers des délices
encore inconnues, soit le souvenir ou le regret de la perte
d'an bien pour toujours irréparable, ne regardez jamais
autour de vous , ne mettez pas votre ambition à suivre les
traces de votre voisin : la mesure de vos forces est en vous
et non ailleurs.
Certes les exemples de précocité et de longévité amou-
reuses ne manquent pas : sous ce rapport, et pour ne parler
ici que de notre sexe, saint JérAmc assure qu'un enfant de
dix ans fit goûter les plaisirs amoureux h une nourrice avec
laquelle il couchait et qu'il finit par la rendre enceinte;
Planque rapporte Thistoire de deux enfants qui, à l'Age de
quatre ans, avaient les organes génitaux si développés qu'ils
pouvaient accomplir l'acte vénérien (1). L'ancien Journal
i/e médecine renferme plusieurs observations de ce genre, et
entre autres celle qui lui fut communiquée par Fagès deCa-
telles, et dans laquelle il est dit qu'au mois de juillet 1753^
(I) BUdiothhitie choiêiê de médecine, t. I, art. ÂccioissEMEirr.
.....o. m :'>.>ii: fue Tnit |tut croin» en ph-îiie
,, ^ î .1. ~?J'i*. l-""or;;jim'!nlt' 1.1 ••l'iiérnlinn
.... .-. f.-\-if'nenl la forme exléru'itii' (pi'ils
^ ..t 'i niiiii' ilt> Irciilc ans hien ivnfnniK' ;
. . mi''it Eemps un pcticliaiil bicii tlÎTJili'^ (loiir
..:iijt, spIuii les csprossiuiis (le Tniiti-ur. h se
>.'' liilts nubile», au|irès <li.-M|ui-lle!i il iiiaiii-
^v '^ .1 -K l>'S |)luN )ms?<i»iicit'>s. M. Iciluclcur l'uielle
,^:i -'■■!■ a ubxurvé uri fiiit «le giulicrlé iiuii iiiuiiLs pré-
-.v. ^i> Jii [■cil <:ai\-oii i)*- Irui^ ni)» et quatre luuis (I ;.
«.^ «\eiii|ile> lie ^ieillillllN ilitiil les furce» |;éiiitit1i>$ se
<'iiM.'i«t.-iviit jusi(U(! dans nn A^ie avaiieé sont encore plus
MiUijieuii i|ue c'eii\ ilenfaiils à lirililr préi'oce. MRssiiiis<u,
•j. tic ?iunii(lii-, cn^oriiln) MeliiMinule , an ilirc il<> ^'.1lt■^e
\ljiimc, flprtV SO mis : W iiilislas, nii i)e IVilo^iie. eut ilciix
^jivi>ns à ['i\[-<' <l<' '.)(} iiiis; enliii (imt le niuiiih- ((iniiiiil
; licliiiie iliici'lilirc An<;liiis 'riinmns l'arr, <|ui, !i l'A^c île
tYiitiiiiSifii^iil |iai(.i^i-r' ii t-a l'fiiini<-,i)iii('ri fil r.iu-n. loiiU's
k•^ ^olll|.té^ lie lu cihuIh- ninju^ali'.
Sans <luiil<', les i-\''i)i|ilpa t}iii' ji' iieM< de riipjiorler et
dont j'iiMiui> jiu >iw* |ieiiii- iiu^tiui-iiliT le iiMnilin-, rinisti-
lueiil di's e\tf|iliuii. ijii'i. i-sl liicri niri'ini'nl iirnui» il'iniiltT ,
et [I ouu'iil iiiiriitelte niKlièn'il n'j ii i)iriiiiediirértMK-e de
plus 1)11 il>- moins.
Kt cela est xi inii (]iie l'un rcnainlre tous les jniirs des
liuinmes dans lt>ute io rmce de l'i^^e, de :iO à 3r> ans, pur
exemple, plus tieu\, plus ilécréfiib, au point île tue de lu
l'unclion r», idiitriie, ipii' reilnins tieilliuijs de (>5 a H) uns ^
et, I •iH-e i|Ui' eelui'ii inontri'iu encute i|uel(|iie tulenr eon-
jn^iiile, le preiiiii'i diMiil-il Imiiinenlcr sesoi^anes fali^zués
lui usi':>.nunl rA^i'.'.Nijii.ltii-nôkJJuiiinientiion.et lu science,
(I; llulirliiidelAcaduiHiiilrmtiliciiM, l'dris, ItiJ, t. VIII, p. liii.
AGES. 255
d'accord ici avec la sagesse, lui prescrira de régler l'exercice
de la fonclion copulalrice d'après les forces qui lui restent et
les désirs qui Tamment.
Jeunes et vieux imprudents, qui voulez courir après des
voluptés qui vous fuient, ne demandez ni au libertinage, ni
k la médecine une énergie factice et toujours funeste; chaque
âge a ses plaisirs, le vdtre ne doit point connaître ceux de
Tamour; vous que sollicitent les charmes d'un monde en^
core inconnu, résistez à ces tentations étranges et nouvelles,
et sachez être enfants; la vie s'offrira à vous avec tous ses
sourires, et les organes que vous aurez ménagés vous pro-
cureront plus tard des voluptés complètes et sons amertume;
et vous dont l'imagination a dû se réfugier dans la mémoire,
éloignez de votre esprit les souvenirs trop doux et les regrets
trop amers; sachez être vieux (1); La Rochefoucauit avance
que la maxime est difficile à suivre; mais pour adoucir et faci-
liter votre obéissance à cette loi fatale de notre être, songez
que la récompense de votre sacrifice est la conservation et
la prolongation de la vie, ce bien suprême, ce don magni-
fique de Dieu.
On a prétendu, en s'appuyant sur l'exemple du roi David,
qu'il était possible de redonner au vieillard les forces per-
dues en le faisant coucher avec des adultes sains et bien por-
tants de l'un ou de l'autre sexo, et surtout du sexe fémi-
nin. A cet effet, Boerhaave raconte qu'un vieux bourg-
mestre d'Amsterdam, étant tombé dans un épuisement
profond, coucha, d'après ses conseils, entre deux jeunes
iilles, belles et d'une bonne santé, et en retira un si grand
avantage que, après quelque temps de ce traitement, la
grossesse d'une des deux femmes l'avertit de suspendre la
médication, afin de ne pas voir le remède devenir à son
(I) Réveillé Parise, Trailé de la vieiUeMB, Paris» 4863.
2t56 m PUISSANCE symptomatioub.
tour cause de la maladie. Le roi David, pour avoir élé moins
prudent, paya de sa vie Tusage trop répété du remède,
quoique son historien ne l'accuse pas d'être sorti des bornes
de la bienséance avec la belle Abisag.
Est-il besoin de rappeler les arguments avec lesquels les
anciens auteurs soutenaient une pareille médication? La
vie exhalée d'un côté et absorbée de l'autre ! Quelle étrange
fontaine de Jouvence ! C'est la fable du vampire élevée h
la hauteur de la science. N'est-il pas plus rationnel d'ad-
mettre que rhistoricn du roi Uavid, voulant cacher les
désordres de la vieillesse de celui que l'on appelait grand et
saint entre tous, inventa cette explication physiologique que
l'ignorance accepta d'abord et que la tradition consacra
ensuite , sans que le servum pecus qui In recevait en héri-
tage ait pris la peine d'en pénétrer le sens véritable. Abisag
n'était pas autre chose pour le roi Uavid qu'un médicament
aphrodisiaque; les deux jeunes filles dont jmrle Boerhaave
répondaient à la même indication auprès du vieux bourg-
mestre d'Amsterdam.
Vieillards, fuyez cet aphrodisiaque comme les autres;
son action est peut-être plus terrible encore que celle du
phosphore ou du geng-seng; n'étreignez pas dans vos bras,
sous prétexte d'une absorption imaginaire, déjeunes filles
saines et belles, car, plus actif que la robe de Déjanire,
leur feu consumerait bientôt vos chairs et tarirait les
sources de la vie.
Je n'entends parler ici ni des constitutions pathologiques^
si je puis ainsi dire, ni des accidents inoffensifs qu^entruinent
parfois certains tempéromenls, comme l'obésité par exemple,
qui survient h la suite du tempérament lymphatique ; —
GonsTiTOTioN, TB11P611AMENT. 257
les unes et les autres trouveront ailleurs leur place; —
j« ne dors, pour le momenl, considérer ()ue les constitutions
et les tempéraments compatibles avec l'état de santé.
Qu'on me permette, en passant, de m'inscrire en faux
contre les physiologistes qui ont fait de la santé un étot
type, auquel ils ont assigné des attributs immuables et des
caractères imaginaires. Non, la santé n'est pas un état
absolu ; on la trouve sous les formes les plus diverses, et
c'est i Bon occasion que l'on peut sâretnent dire que les
apparences sont trompeuses. Un de mes amis, que sa
constitution fréle et délicate avait tenu éloigné du régime
des collèges, et que ses parents entouraient de soins inces-
sants et constamment dirigés par la meilleure hygiène,
quitte enfin ii dix-huit ans la maison paternelle pour aller faire
ses études de droit dans une ville voisine. Les recomman-
dations, comme on le pense bien, ne lui manquèrent pas,
et la sollicitude maternelle épuisa les conseils que lui suggé-
rèrent l'amour, ta raison et la science, pour conserver une
existence que le moindre soufQe semblait devoir briser. Le
jeune homme, qui voyait luire pour la première fois, comme
il me récrivait, une étoile de liberté au ciel de son /tt, en
fut si ébloui, que sa mémoire perdit le souienîr des craintes
et des recommandations de sa mère. Il se jeta, avec, toute
l'ardeur d'un néophyte, dans une vie de débauche et d'orgie.
Ses nuits, quand elles n'étaient pas consacrées au jeu, se
passaient dans des excès de femmes; les bouillons, les
potages, le chocolat, la cAtelelle, tout le régime si ponc-
tuellement suivi pendant de longues années dans la maison
paternelle, furent abondonnés et remplacés par des repas
digues de Sardanapale ou de Gamache , et que les vins de
toutes sortes arrosaient de leurs Dots écumanls.
Pendant trois ans, ces excès dejeu, de femmes et de table
â58 IMPUISSANCE SVMPTOMATIQOB.
auxquels eût peut-être succombé riiomme doué de Tétat
type de santé, n'eurent aucune fâcheuse influence sur celui
dont Pexistence semblait être un prodige de l'art mé-
dical et de l'amour d'une mère; depuis quinze ans, au
milieu des agitations, des tourments et des plaisirs de la
vie, la santé du jeune homme n'a subi aucune atteinte,
malgré les apparences toujours trompeuses de sa consti-
tution.
Reconnaissons donc que la santé est un état essentielle-
ment variable, autant dans ses manifestations que dans ses
conditions d'existence. Parce qu'un homme aura une moindre
vitalité et présentera un développement moins considérable
des instruments de la vie que le type ordinaire de ses sem-
blables, devra-t-on en conclure que là n'existe pas la santé?
Évidemment non. La santé, je le répèle, n'est point un
être abstrait, absolu; c'est un rés^ullat, c'est le fruit du jeu
normal et régulier des organes; que cette action se produise
avec une activité plus ou moins grande, la conséquence
n'en sera pas modifiée. Quand un convoi de chemin de fer,
qu'on me permette cette comparaison, est lancé sur une
voie, quo la \itcsse soit grande ou petite, le convoi n'en
suit pas moins la même direction; il peut y avoir une diiïé-
rence de vitesse, mnis la marche est toujours normale. Il en
est de mêm<' de la santé : que la force vitale soit énergique
ou languissante, pourvu qur les organes ne soient point
altérés, le résultat sera analogue, il n'y aura qu'une dilTé-
rence de plus ou de moins.
Ces considérations purement physiologiques ne sont pas
aussi étrangères à mon sujet qu'elles semblent lo paraître;
car si la santé est compatible avec toutes les nuances do l'or-
ganisation harmonique, l'impuissance, état essentiillement
|>atbologique, ne peut coexister avec aucune constitution
CONSTITUTION, TEMPÉRAMBNT. 25tt
et aucoD tempérament tels que j'ai déclaré les devoir consi-
dérer dans ce paragraphe.
C'est ce que l'expérience prouve en eiïet.
Aussi je ne crains pas de poser en principe que, en dehors
de tout état maladif, il n'existe aucune constitution et aucun
tempérament capables do produire l'impuissance chei
rbomme.
Qu'on n'accuse pas cette proposition d'être trop absolue ,
elle est l'expression exacte de la vérité ^ si elle est contraire
a ce que l'on trouve généralement dans les auteurs, je suis
convaincu que ceux-ci sont tombés dans l'erreur pour n'avoir
pas auflisamment séparé ce qui était santé et ce qui était
maladie. Ne serait-ce pas tomber dans une confusion étrange
que de prétendre, par exemple, que l'hystérie, Tépilep-
sîe, etc., sont des attributs d'une constitution délicate ou
d'un tempérament nerveux ? Sans doute une constitution
semblable et un tempérament pareil peuvent être des causes
prédisposantes de ces affections, mais à coup sûr l'hystérie et
Tépilepsie sont des états pathologiques parfaitement dis-
tincts et indépendants de toute constitution et de tout tem-
pérament.
L'impuissance est dans le même cas : c'est une maladie
et non un attribut ; et en cette qualité, elle reconnaît des
causes déterminantes, occasionnelles et prédisposantes.
Parmi ces dernières, une constitution faible et un tempé*-
rament lymphatique occupent le premier rang, et l'on con-
çoit qu'il n'en peut être différemment, si l'on considère que
c'est au milieu de ces conditions organiques que la vitalité
est la moins grande et les forces plastiques les moins éner-
giques.
De plus, et comme conséquence forcée de ces pré-
misses, sous l'empire de pareilles circonstances, les désirs
!260 IMPUISSANCE 8YlirrOlfATIQt;i.
vénériens sont [>aresseux et la puissance virile languissante.
De tous les faits nombreux de ce genre que j'ai vus, je
ne citerai que l'observation d'un avoué de première instance
du tribunal de la Seine, qui Jouissant d'une santé parfaite,
malgré un tempérament lymphatique type^ ne s'abandonne
aux rapprochements sexuels que tous les deux ou trois mois,
avec une érection lente et difficile à se produire. Loin de se
plaindre de cette apathie du sens génital, il s'en réjouit,
au contraire, et se loue de ne pas subir le joug de passions
qui l'entraveraient dans ses aiïaires et ses plaisirs de prédi-
lection.
Évidemment cet homme, malgré la faiblesse de ses désirs
et la difficulté de ses érections, n'est pas impuissant; seule-
ment la fonction génitale participe de la langueur qui frappe
toutes les autres fonctions, et cette liormonic qui, sans nul
doute, est le polladium dosa sonté, serait h coup sur rompue
par des désirs vénériens plus vifs et une énergie génitale
plus forte.
Pour conserver cette harmonie, si nécessaire au maintien
de la sonté, il faut bien se garder d'activer une fonction au
détriment des autres; aussi, dans les cas de cette nature,
le médecin prudent et sage ne doit point céder aux sollici-
tations du malade qui, no se préoccupant que de la faiblesse
des organes génitaux, demande une médication excitante et
purement locale.
Répondre à ce vœu imprudent serait non-seulement faire
de la médecine pitoyable, mais encore s'exposer à jeter le
trouble dans un organisme sain.
La modification à produire doit porter sur l'économie tout
eiitiète, et tenez pour assuré que Taclivité génitale croîtra
en proportion directe de Ténergie de la force plastique.
C'est ici que l'on obtiendra un véritable triomphe avec
CONSTITUTION, TBMPÉRAMBNT. 261
une hygiène bien ordonnée et secondée par les ferrugineiii
comme médicament. Un régime alimentaire fortifiant et
tonique jouera nécessairement un grand rôle à côté des
ciercices corporels en plein air et au soleil.
Les organes génitaux n'exigent pas ordinairement des
soins spéciaux ; ils participent, comme les autres organes,
au surcroît de vitalité que le traitement amène, et ce n'est
que dans des cas assez rares qu'il est nécessaire d'agir
directement sur eux. Dans les circonstances où il est utile
d'éveiller et de surexciter le génésique endormi, en dehors
da régime et du traitement fortifiants, il faut se garder de
recourir è des excitants internes, afin de ne pas déterminer
dans les premières voies une inflammation ou même un état
d'irritation qui, en annihilant Taction digestive de l'esto-
mac et des intestins, rendrait illusoires et impossibles les
principales bases de la médication.
Ce sont les moyens externes et les moyens moraux que
le praticien sage appellera h son aide.
Parmi les premiers, il aura à choisir entre les onctions,
les fomentations et les frictions pratiquées sur le périnée,
les lombes et la base de la verge, avec les substances aroma-
tiques, ou avec les agents dont l'action est excitante. La fla-
gellation, exercée avec modération et comme je l'ai indiqué
ailleurs, oiïrira une ressource précieuse, en appelant vers
les régions du bassin un afflux plus considérable de sang.
L'électricité, le magnétisme et l'acupuncture, sans être for-
mellement contre-indiqués, seront d'un bien faible secours,
car leur action, ainsi que je l'ai dit autre part, est essen-
tiellement excitatrice.
Les moyens moraux doivent, dans cette médication di-
recte, occuper une place importante* Les romans, les bals,
les spectacles, les tableaux lascifs, tout ce qui parle à l'ima-
262 IMPinSSARCB SYMnOMATlQUI.
gination, tout ce qui éveille les désirs, tout ce qui s'adresse
au sens vénérien, devra être mis h contribution ; la société
des femmes, de celles surtout dont les mœurs permettent
certaines privautés et certaines libertés de langage, sera
conseillée, dans les limites, bien entendu, de la décence et
de l'honneur. Cette dernière condition est tout autant une
maxime de morale qu'un précepte de médecine, car l'excès
dans l'emploi de ces moyens moraui, loin de produire la salu-
taire excitation que Ton recherche, amène souvent, surtout
chez les malades de cette espèce, le dégoût et l'aversion pour
les pratiques amoureuses. Le médecin ne saurait donc être
trop circonspect dans cette partie de la médication, et, avant
de l'ordonner, il devra mesurer, en quelque sorte, l'énergie
et In tendance des facultés intellectuelles de son malade.
2'* IMPCISSANCE SYMPTOMATIQUE D*DN ÉTAT PATflOLOGlQDE.
S I. — De la ■■trIUoB.
Comme en beaucoup de circonstances, dans la nutrition,
au point de vue spécial qui nous occupe, les extrêmes so
touchent. L'obésité et le marasme, en prenant ces mots
comme expressions de la difTérence en plus ou en moins de
Tasèimilation sur la déperdition, quoique présentant des
caractères fort opposés, peuvent cependant tous les deux
amener l'impuissance.
En raison de ce point de contact de leur histoire, ces
deux afTections trouvent à côté l'une de l'autre une place
dans ce chapitre ; mais, eu égard à la dissemblance de leur
physionomie, elles demandent à être séparées et è être étu-
diées isolément.
C'est ce que je vais faire en conservant, pour bien préciser
na pensée» les mots obésité et marasme.
DB LA NUTRITION. 263
ObAsité. — Quand on songe au tissu graisseux dont les
eunuques sont chargés, et à Tembonpoint qu'acquièrent les
individus dont le génésique est paresseux ou s'est éteint
avant TAge, on se demande s*il ne conviendrait pas mieux
de considérer l'obésité comme un signe de l'impuissance,
au lieu d'en faire un état pathologique dont Tanaphrodisie
est un symptôme.
Sans doute, cotte manière de voir est tout aussi vraie que
celle que j'ai adoptée, et toutes les deux s'expliquent par
les lois qui régissent les sympathies. Qu'on me permette
d'éclairer ma pensée |)ar un exemple commun, et par cela
même connu de tous.
A la suite d'une indigestion ou d'une mauvaise disposition
de l'estomac, il n'est pas rare de voir survenir un violent
mal de tétc, une migraine intense 3 de même un violent mal
de tète, une migraine intense déterminent souvent des
nausées, des vomissements, une véritable indigestion. N'esl-
il pas évident que, conséquemment aux relations intimes
qui unissent le cerveau et l'estomac, les maladies de Tud
sont tour h tour causes et effets des maladies de l'autre ?
Ces sortes de sympathies, dont la physiologie tient
grand compte, et que j'aurai moi-même a examiner dans
ane autre partie de cet ouvrage, ne sont pas limitées aux
organes et aux fonctions normales de l'économie; elles
s'étendent à divers états pathologiques, et ce qui se passe
entre l'obésité et l'impuissance en est une preuve certaine.
Ces deux affections, en effet, peuvent être tour à tour
cause et elfet l'une de l'autre; et il n'est pas plus rare de
voir un obèse impuissant qu'un impuissant pourvu d'un em-
bonpoint considérable.
Ici je ne dois m'occuper de l'obésité qu'en tant qu'elle
produit l'anaphrodisie.
26& IMPUISSANCE SYMPTOMATIQUB.
L'obésité, il Tautbien le reconnatire, n'est pas toujours le
résultat d'une nutrition vicieuse; elle est quelquefois due a
une prédisposition particulière, h une idiosjncrasie spéciale :
dans ce cas, elle est presque constamment accompagnée
d'une impuissance, sinon complète, au moins d'une indilTé-
rence pour les plaisirs vénériens et d'une paresse des organes
génitaux qui touchent de bien près à l'impuissance. Chez
les individus atteints de polysarcie naturelle, la verge et les
testicules contrastent étrangement, par leur petitesse, avec
les formes énormes de toutes les autres parties du corps; ils
sont cachés et perdus dans un monceau de graisse, et leur
présence est à peine signalée par quelques poils rares et
clair-semés.
Dans l'obésité accidentelle, c'est-h-dire dans celle qui appa-
raît h rtge moyen, h la suite d'une alimentation copieuse et
succulente, d'une vie molle, sans fatigues physiques et sans
préoccupations morales, les organes génitaux conservent
ordinairement le volume qu'ils présentaient avant l'embon-
point, mais le développement énorme des parties voisines ,
avec lesquelles on les compare naturellement, les fait pa-
raître plus petits ; quelquefois, il est vrai, les testicules,
obéissant à la loi ph}siologique qui proportionne le volume
d'un organe à l'exercice de sa fonction, s'atrophient et
rendent alors réelle la diminution des parties génitales ex-
ternes.
Mais que cette atrophie soit vraie ou fausse, le coït est
assez souvent rendu impraticable par le développement con-
sidérable de l'abdomen; c'est un obstacle mécanique dont
l'homme triomphe quelquefois par la position qu'il prend
et qu'il donne à la femme, mais qu'il lui est, quelquefois
aussi, impossible de surmonter.
La morale et les bienséances semblent se révolter contre
DE LA NUTRITION. !265
de pareilles prescriplions médicales, et il me faut, pour les
justifier, m'appuyer sur l'autorité de de Lignac : o On peut,
dit-il, pour faciliter les époux, permettre la situation qui
leur est la plus commode. La religion ne s'y oppose pas,
lorsque le but où tendent ces eflbrts est la multiplication de
l'espèce. Il est plus contraire à la sainteté des dogmes de
la religion de jouir des plaisirs stériles que de chercher è
les rendre féconds par les moyens qu'indiquent la nature et
rinstinct à tous les animaux. Je n'entends pas conseiller aux
époux ces postures inventées par la débauche et le liber-*
tinage le plus effréné, capables de causer la stérilité, bien
loin d*y remédier Que ces attitudes trompeuses, qui
semblent oflrir l'image de la volupté aux cœurs corrompus
et flétris, restent dans les lieux où l'amour n'a jamais pé-
nétré sans horreur, dans ces lieux où le plaisir ftt un monstre
auquel on sacrifie avec les transports de la fureur ! L'hymen,
plus attentif à donner de l'énergie à la volupté qu'à multi-
plier les sacrifices qui l'appellent, bannit de ses mptères
tout ce qui peut effaroucher la pudeur et la décence ; car
il en est une, quoi que en disent les cyniques. Toute pos-
ture qui tend à écarter de la jouissance les fruits qu'on
a lieu d'en espérer, est contraire aux lois naturelles; et
toutes celles qui aplanissent les obstacles qui s'opposent
h la conception doivent être admises dans les cas qui les
exigent (1).»
Cependant, pour que l'obésité constitue un empêchement
absolu au coït, il faut qu'elle ait atteint des proportions con-
sidérables, car l'esprit, poussé par le démon de la voluptéj
a des ressources infinies, et, sous ce rapport, l'homme n'est
(4) De l'homme et de la femme considérés physiquement dans l'état
de moHage, 4777, 1. 1, p. 292 et 293.
266 IMPUISSANCE SYMPTOMATIQUB.
pas inférieur aux autres êtres de la création, dont le poète
a dit :
El dans les doux instants de leurs folles ardeors,
Les bétes ne sont pas si bètes que l*on pense.
Malheureusement Tobstacle mécanique n*est pas la plus
grande difficulté à vaincre ; Tobésité détermine une débilité
génitole plus ou moins prononcée, et qui peut même aller
jusqu'à l'impuissance complète. Les organes copulateurs
ne sont pas seuls à subir cette influence : Tenthousiasme
vénérien s'aiïaiblit, les désirs s'éteignent, et l'homme par-
yenu è cet état n'a plus d'autres passions que celles de la
table, et ne rêve d'autre bonheur que celui d'une vie sans
agitation, dans la plus parfaite quiétude de l'âme et du corps.
Quelquefois, et ce sont les cas les moins communs,
l'aiguillon intérieur ne s'est émoussé qu'incomplétemen(,
et alors l'organe, devenu paresseux, ré|)ond faiblement et
même ne répond pas du tout h lu voix de Timagination.
C'est le cas de ces sybarites qui , voulant avoir toutes les
délices à la fois, appellent h leur table somptueuse des
femmes sémilliintes d'esjirit et de beauté, et dont les demi-
toilettes, les poses lascives et les propos badins, évoquent
une ombre, un \Me fantAme de volupté d'amour.
La durée et la gravité de Tespcce d'impuissance que
j'examine ici sont entièrement sous la dépendance de l'obé-
sité qui la produit : si l'obt^sité tient à une idiosyncrasie, à
une prédisposition native, l'impuissance sera à peu près,
comme cette sorte d'obésité, incurable. Seulement, si l'ana-
phrodisie n'est qu'incomplète , c'est-à-dire si les désirs véné-
riens ne sont que paresseux et Térection de la verge et
l'éjaculation do sperme lents à se produire, on s'adressera
avec avantage à la médication excitante tant interne qu*ex-
DE LA NUTRITION. 267
terne, tant générale que locale. L'exercice, la fatigue cor-
porelle même, rinsolation, les bains de mer, ceux d'eaui
minérales contenant en dissolution le fer ou ses composés,
lutteront tout à la fois contre Tobésité et l'impuissance j les
excitants généraux, dont la liste est fort longue, mais parmi
lesquels je citerai la cannelle, le fenouil, le galanga, le gin-
seng, la maniguette, la vanille, etc., se partageront, avec
les excitants spéciaux des organes génitaux, tels que Tacide
formique, le phosphore, etc., les bases du traitement. On
ne négligera point les toniques qui, administrés à propos,
rendront des services signalés : les lotions et les ablutions
d'eau froide, soit seule, soit chargée de principes aromati-
ques, seront pratiquées sur le périnée et les organes copula-
teurs; j'ai quelquefois retiré des avantages d'une décoction de
garance prise à la dose d'un petit verre deux fois par jour.
Quand l'obésité est accidentelle, le traitement de l'impuis-
sance se confond avec le traitement de l'obésité elle-même.
Celui-ci est aussi variable que les causes qui peuvent donner
naissance è la maladie principale; mais on peut dire d'une
manière générale, que Ton doit surtout s'attacher à faci«
liter et h augmenter les excrétions; pour atteindre ce
but, la manière de vivre et le régime diététique joue-
ront un grand rôle. On raconte qu'un Hollandais, sé-
duit par la nouvelle de la guérison radicale d'un obèse,
obtenue au moyen d'une opération par le chirurgien Rotho-
net, qui, pour le dire en passant, avait fait ce miracle en
enlevant huit livres d'épiploon dans le débridement d'une
hernie ventrale, ce Hollandais, dis-je, se rendit a Paris
pour se soumettre à la même opération ; heureusement pour
lui , un seigneur de sa connaissance se chargea de sa cure
et le fit enfermer à la Bastille, d'où, après deux mois passés
au régime du pain et de l'eau, le Hollandais sortit trop
268 IMPUIStUNGI SYMFTOlUTIQni.
complètement guéri, à ce qu'il parait, car il loi fallot suivre
on nouTcao régime poor réparer la maigreur citrème à
laquelle il était réduit.
Quoique la durée et la persistance de Tanaphrodisie
soient réglées sur celles de Tobésité, et que dans la plupart
des cas, il ne soit pas nécessaire de diriger contre l'impuis-
sance un traitement spécial, il est utile néanmoins de ne
pas entièrement abandonner à la nature le soin de réTeiller
les désirs vénériens et de rappeler la vigueur perdue dans
les organes copulateurs; il la faut seconder dans ce but
louable, et pour cela Taire, on se conformera aui conseils
que j'ai donnés plus haut h l'occasion de Timpuissance
amenée par Tobésité native, et on recourra aux excitants
moraux dont j'ai parlés dans le paragraphe relatif aux tem-
péraments.
Amaigiissemekt. — Les causes de Pamaigrissemcnl
sont encore plus nombreuses que celles de l'obésité; mais
quelle que soit la nature de ces causes , l'amaigrissement
qui en résulte est toujours caractérisé par une perturbation
dans les facultés assimilatrices et réparatrices, perturbation
qui amène progressivement, mais continuellement, une
déperdition de substance.
C'est à ce titre que l'amaigrissement trouve ici sa place :
mais, par cela même que je ne l'accueille qu'en vertu d'un
de ses caractères les plus généraux, je ne dois présenter sur
lui que des considérations générales, car j'aurai h l'examiner
plus d'uno fois et d'une maniiTe plus spéciale sous les noms
de marasme^ consomption ^ etc., quand il se trouvera lié à
certains étals pathologiques, tels que le diabète, la sperma-
torrhée, etc, qui solliciteront particulièrement mon attention.
Le marasme, qui est le dernier degré de l'amaigrissement,
n'exerce pas toujours , abstraction faite de la cause qui le
DE LA NUTRITION. 269
produit, la même influence sur les organes génitaux : tandis
que le marasme du tabès dorsalis s'accompagne d*une im-
puissance h peu près complète, la consomption de la phthi-
aie pulmonaire, au contraire, se montre communément avec
des désirs vénériens intenses et la faculté de les satisfaire.
On cherche vainement l'explication de ces faits étranges,
et le système nerveux, que la science aux abois a l'habitude
d'appeler à son aide , est incapable , quelque théorie que
l'on adopte, de nous rendre suffisamment raison de ce
phénomène.
Cependant, ne donnons pas à ce fait un caractère de
généralité, et sachons renfermer dans les limites de l'excep-
tion l'influence excitatrice exercée sur le sens génital par
la consomption tuberculeuse : la règle, acceptée par la
théorie et reconnue par l'expérience, veut que le marasme,
par cela même qu'il attaque les sources de la vie dans les
fonctions plastiques de l'économie, frappe de débilité et de
mort toutes les parties de l'organisme, sans même en excep-
ter les facultés les plus nobles de notre être, les facultés de
r&me et celles de l'esprit.
En dehors d'une de ces exceptions étranges dont la
nature garde le secret comme pour nous rappeler sans cesse
l'infériorité de notre intelligence et la vanité de notre am-
bition, on comprendrait difficilement comment, au milieu
du trouble profond, de la désorganisation générale dont
toute l'économie est frappée par le marasme, on compren-
drait difBcilement, dis-je, comment une seule fonction,
la plus délicate , la plus capricieuse de toutes , resterait
intacte et complète. Ce problème heureusement n'a point
été posé h l'investigation de la science, et les faits, en
tenant toujours compte de l'exception, nous avertissent que
le 9enfl génital et l'appareil copulateur participeut au dépé-
270 IUPDISSjIKCB symptomatiqde.
risscmeiit général, et suivent dans leur marche deKODdaiile
toutes les autres Tonctions de l'organisme.
Avec la (It'trissure de la verge et l'atropliie des testi-
cules, les désirs vénériens s'étrigncnt et l'imagination
s'alTaiblit. Vainement vous tenterci le malade par les images
les plus lascives, par les discours tes plus badins; comme
ceui dont parle l'Écriture, il ii des ycut pour ne pas voir,
et des oreilles pour ne pu entendre } si l'Age lui permet des
souvenirs, sa mémoire oublieuse ne lui retrace plus le
tableau des voluptés passées, et son tmagioation décolorée
ne rêve plus de ce mondo si plein d'eitases et de délices.
A moitié descendu dans la tombe, peut-il donner A autrui
la vie qui lui échappe? les Torces qui lui restent, ne Ici
doit-il pas consacrer h sa conservation propre? La nature,
plus prévoyante que nous, l'a tuulu ainsi, et le marasme,
en glu^'ant notre imagination, nous montre sa sollit-itude
même au milieu des niiiux dont elle nous accable.
Le marasme est ordinairement incurable, et la médecine
n'est pas appelée à combattre l'impuissance qui raccom-
pagne.
Mais l'amaigrissement n'arrivera pas toujours à cette
limite eitlréme , et alors l'art peut intervcuir aveu des
cliances de succès.
Avant toute chose, il faut rechercher la cause de l'amai-
grissemcnt et la combiitlre. Le nombre des causes qui
peuvent umeiier cet élut est, je le répèle, fort considé-
rable; je n'ai pas ici à en faire l'énumérotiun, que l'on Irou-
ver.i dans les ouuogt<!> généraux de pathologie; mui<, je
le redis encore, le traitement de rinipuissutico ne devra
venir i|ii'a|ir*.'S l'éloignemenl de la cause, et se confondra
lmi beauc()ii[i de points avec relui de l'iimaigrissemenl. Ces
rapports se rencontreront dans le régime qui, aprè» la mé-
DE LA NUTRITION. 271
Jicalion spécialement relative à la cause première du mal,
est un des points les plus importants dans la thérapeutique
de cette sorte d'impuissance.
Les substances que les anciens appelaient analeptiqxAes
joueront ici un grand rôle : parmi celles-ci, les unes sont
nourrissantes et les autres toniques et stimulantes; c'est par
les premières qu'il faut ordinairement commencer. On pres-
crira les bouillons de coq, de vieille perdrix, de chapon, de
poule, légèrement aromatisés avec la cannelle; le chocolat,
le riz, le salep, le sagou, préparés au jus de bœuf; le mou-
ton et la volaille rôtis; quelquefois, selon Télat ou les
dispositions de Testomac, on se trouvera bien de Tusage du
lait pur ou coupt^ avec le lichen d'Islande, car le meilleur
analeptique n'est pas celui qui contient le plus de parties nu-
tritives, mais bien celui qui est le plus facilement assimilable.
Il est nécessaire que ce régime diététique soit secondé
par Phabitation l\ la campagne^ la quiétude complète de
Tème, un exercice modéré, les promenades à cheval^ et par
un sommeil long et tranquille.
Lorsque, sous l'empire d'une semblable hygiène, les
chairs auront repris tout à la fois plus de volume et plus de
ton, lorsque les forces générales auront retrouvé quelque
énergie, il conviendra de passer aux toniques et aux stimu-
lants généraux et locaux.
Le régime alimentaire sera à peu près le même que
celui que je viens d'indiquer; seulement, on donnera la
préférence aux viandes noires et rôties , comme bœuf,
gibier, etc. ; les Irufles et les légumes frais en feront éga-
lement partie, ainsi que les vins généreux, surtout ceux du
Midi.
Quant à la médication proprement dite, les agents que
l'on peut appeler à son aide sont très nombreux , depuis
27*2 IMPUISSANCE SYMPTOMATIQUB.
Télixir de Garus jusqu'au fer et au phosphore. Mais il faut
se garder de précipiter sa marche et d'arriver trop tdt aux
agents les plus énergiques. Il importe, avant tout, de ména-
ger les voies digestives dont l'inflammation ramènerait tout
h la fois l'abattement général et l'atonie des organes géni-
taux ; le médecin réglera donc sa conduite d'après l'état des
premières voies, et agira avec toute la circonspection que la
science lui impose en pareil cas.
Quant à Timpuissance, elle n'exige pas un traitement
spécial. La débilité des organes de la génération étant liée
intimement h la débilité générale, ou pluldt la première
n'étant pas autre chose qu'une manifestation de la seconde»
disparaîtra avec celle-ci.
Cependant il est quelquefois utile d'agir simultanément
sur les organes génitaux, afm de hâter leur retour sous les
lois de la vitalité normale. On donnera la préférence aux
agents dont l'application est externe, puisque j'ai déjà dit
que dans la médication générale et interne pouvaient entrer
tous les stimulants tant généraux que spéciaux. Les frictions
sèches ou toniques et aromatiques; pratiquées sur les lombes,
les lotions froides avec les décoctions de quinquina ou de
cascarille sur le périnée et les organes copulateurs^ les
embrocations sur les mêmes parties avec l'huile cantharidée
ou réther phosphore, sont, avec les bains de mer, les bains
de rivière et ceux d'eaux minérales tenant en dissolution
le soufre ou le fer, les moyens dont on retirera le plus
d'avantages.
S n. •— De la drcvlatlon.
C'est ici le cadre de ces maladies diverses , connues sous
le nom générique de fièvres^ et dont les dénominations spé-
ciales ont varié avec chaque nosologiste; mais qu'on les
appelle, avec les anciens, fièvre muqueuse, fièvre bilieuse,
DE LA CIRCULATION. 273
fièvre maligne, fièvre putride, etc., ou qu'on les désigne
avec les modernes sous le nom commun de fièvre typhoïde,
leur étude, au point de vue spécial de Timpuissance, ne sau-
roit entrer dans mon sujet.
L'homme, comme d'ailleurs tous les êtres organisés, n'a,
aux yeux de la nature, d'autre mission en recevant la vie
que celle de perpétuer son espèce ; mais cette mission n'est
réalisable que tout autant que l'individu n'est pas menacé
dans son existence propre, et qu'il peut communiquer la
vie à autrui sans que la sienne soit prochainement en danger.
Cette condition ne se rencontre pas dans l'état patholo-
gique connu sous le nom do fièvre.
Aussi pas plus qu'ailleurs, la nature, sous ce rapport, ne
s'est montrée marâtre envers nous.
Dans toutes les maladies aiguës, quelle qu'en soit d'ail-
leurs la cause, l'inaction et le silence ont été imposés aux
organes et au sens vénériens. Comme dans un pays envahi
par l'ennemi et dont tous les corps d'armée abandonnent
leurs retranchements et leurs garnisons pour se porter sur
le point menacé, on dirait que les forces vitales délaissent
les appareils où leur action peut sans péril être momenta-'
nément suspendue, afin d'opposer une résistance plus éner-
gique au mal qui se présente.
Aussi l'impuissance, dans ces états pathologiques, est-
elle un de ces symptômes qu'il serait dangereux de com-
battre; et il n'est venu h l'esprit de personne, que je sache,
de songer à sauvegarder la vie de propagation pendant le
coma d*un fièvre typhoïde ou les accès d'une fièvre inter-
mittente pernicieuse.
Je ne m'arrêterai donc pas davantage à une impuissance
fatale et salutaire, je pourrai même dire naturelle, mais non
physiologique, et j'aborderai la seule maladie de la circula-
is
27/i 1MPOI88AKCB SYMPTOllAnQOE .
tioii, qui, sans menacer immédiatement la vie de l'individu,
offre quelquerois l'impuissance comme un de ses symptômes.
Celle maladie est la chlorose.
Cblorose. — Il n'est plusaujourd*liui personne qui sou-
tienne, avec Hoiïmann, que la cblorose est une maladie
spéciale aux femmes; les observations publiées par Cope-
land (1)» Roche (2), Désormaux (3) et Tanquerel des
Planches (&), J. Uzac (5), confirmées tous les jours par des
observations nouvelles, ne laissent aucun doute sur la réa-
lité de celle affeclion chez les hommes.
Je ne viens pas grossir le nombre des faits confirmatifs
de celte opinion ; je veux seulement réparer un oubli qui
s'est glissé dans l'histoire de la chlorose de l'homme, et
que la connaissance que nous avons de celle de la femme
aurait dû cependant prévenir. ^
Je veux parler de l'étal de l'orgasme vénérim.
Est-il besoin de rappeler que la chlorose a toujours,
chez les personnes du sexe, un retentissement plus ou moins
profond sur les fondions de l'appareil génital, à ce point
que quelques auteurs, prenant f'exception pour la règle,
mais voulant consacrer par une désignation spéciale l'in-
fluence exercée par lu maladie sur la fonction génératrice,
rappellent /ferre anwureuse^ fièvre d\imour?
Ces circonstances, qui m'avaient depuis longtemps frappé,
me firent soupçonner In même influence chez Thomme, et
mes investigations, dirigées vers ce but, ne tardèrent pas à
me convaincre de la réalité de ma supposition.
(«) Dict. ofPract. med., t. I, p. 87.
(2) youveaux éléments de paUwUujiey Paris, 4 844, l. II, p. 389.
(.)) Répertoire général des êciencei médicales^ art. CaLOfeoti.
(4) Presse nu'dicale, n' 54, juillet 4837, p. 4io.
(.jj Dr la chlorose chez V homme, Paris, 4 853.
DB LA CIRCULATION. 275
Un des faits les plus saillants qui s'olTrircnt ù moi fut lo
suiYanl :
Un jeune homme de vingt-cinq ans, maigre, pâle, aux
mouvements et à la parole lents, au\ cheveux châtain clair,
originaire de Pologne, et alors instituteur dans une maison
particulière, se présente à ma consultation comme atteint
d'impuissance.
Il accuse depuis longtemps des troubles du côté des
voies digestives, et ces troubles ont pris une telle intensité
que toute digestion est devenue presque impossible; la con-
stipation est permanente, mais il n'existe de douleurs ni au
ventre ni à l'estomac.
Les fonctions de l'innervation sont encore plus aiïectées:
la sensibilité physique est devenue tellement exquise que
le moindre changement de température, que le plus petit
bruit, le plus léger frottement l'aflectent d'une manière
pénible ; la sensibilité morale n'est pas plus sauvegardée,
car le malade ne peut lire sans pleurer et sans être profon-
dément ému, je ne dis pas un roman, mais les nouvelles
diverses enregistrt^cs par les journaux; le sommeil est nul
et l'opium est impuissant è le rappeler.
Au milieu de ces désordres, les facultés intellectuelles ne
sont pas restées intactes, et le malade est atteint d'une hypo-
chondrie profonde qui le pousse incessamment vers le
suicide.
A ce cortège si connu des symptômes de la chlorosOi
auquel il faut ajouter la décolorationd e la peau et la flacci-
dité des chairs, il manquait un signe dont la présence n'est
pas d'une absolue nécessité pour caractériser l'alTection,
mais dont je devais tenir compte dans mon diagnostic.
Je veux parler du bruit de souffle signalé dans quelques
artères, et surtout dans les carotides.
!270 IMPUISSANCE SYMPTOMATIQUE.
Hors ce signe, rien ne mQn(|uailau tableau ordinaire de
la chlorose.
l.cs organes génitaux ne présentaient extérieurement
rien de particulier. La verge et les testicules avaient leur
volume ordinaire, et la peau du scrotum se contractait en-
core sous l'impression du froid ou de la main.
Les désirs vénériens étaient absents, et les plaisirs de
Tamour inspiraient même, je ne dirai pas du dégoût, mais
une indilTérence bien proche de la répulsion.
Les érections étaient nulles, quelle que fût la nature des
excitations appelées h les provoquer. Â des intervalles assex
éloignés, et sans influence de rêves lascifs ou de pensées
amoureuses, des éjaculatîons se produisaient pendant la
nuit, tantôt a Tétat de veille, tantôt pendant le sommeil,
occasionnant une certaine volupté, mais laissant après elles
une lassitude générale dont le malade se ressentait |)lusieurs
jours de suite.
Tous ces accidents du côté de l'appareil génital étaient
contemporains de ceux qui m'avaient été signalés du côté
des voies digeslives et de l'innervation, .\vant leur arrivée,
la fonction génitale s'accomplissait, sinon avec énergie, du
moins avec régularité et sans inspirer aucune crainte.
En présence de tous ces faits, je ne pus douter que j'avais
affaire a une impuissance symptomatique de la chlorose.
[.e traitement devait être la pierre de touche de ce
diignostic.
Il le fut en effet, et ne me laissa aucun doute sur la vérité
de mon jugement: le quinquina d'abord, h cause de l'état
du tube iligcslif, et les ferrugineux ensuite, associés au ré-
gime a|)|)ro|)rié ii la chlorose et à l'habitation de la cam-
pagiii», oiireiil rai*Jon, dons moins de huit mois, de tous les
phénomènes morbides, tant physiques que moraux
DE LA GIBGULATION. 277
Les organes génitaux ne furent l'objet d'aucune théra-
peutique spéciale; sous l'iniluence du traitement général
de la chlorose, ils reprirent peu h peu leur énergie perdue,
et les désirs vénériens reparurent au fur et i\ mesure que la
mélancolie et les idées de suicide s'affaiblissaient.
Depuis deux ans à peu près» la guérison ne s'est pas
démentie, et le malade, que je vois de temps en temps,
jouit de l'intégrité parfaite de toutes ses fonctions.
Deux autres faits analogues d'impuissance, mais avec des
caractères moins tranchés du côté des fonctions générales,
également traités et guéris par les ferrugineux et le régime
tonique, prouvent que la chlorose chez l'homme exerce sur
les organes génitaux, comme chez la femme, une influence
bien marquée, et que cette influence est identique dans les
deux sexes, non-seulement sur les désirs vénériens qu'elle
glace, mais encore sur les organes génitaux qu'elle Tnippe,
chez l'un d'impuissance et* chez l'autre de frigidité. Com-
ment se fait- il donc que jusqu'à présent les rapports qui
unissent l'impuissance et la chlorose dans notre sexe aient
été passés sous silence, et que les désordres de la fonction
génitale chez la femme n'aient pas provoqué l'examen de
la même fonction chez l'homme? Le peu de fréquence de la
chlorose chez ce dernier, et les opinions diverses que l'on a
émises sur la nature de la maladie sont peut-être la cause
de cet oubli des observateurs.
Je ne sais si la chlorose syphilitique décrite par M. Ri*
cord peut, comme la chlorose ordinaire, s'accompagner
d'impuissance. Je n'ai pas eu occasion d'observer cette va-
riété de la maladie.
Quoi qu'il en soit, l'histoire de l'impuissance dont il est
ici question se confond tellement avec celle de la chlorose,
que rétiologie, le pronostic et le traitement de l'une sont
I
278 IMPUISSANGB STM^TOMATI QUB .
idefi(i<|ucmenl les mêmes que l'étiologie, le pronostic et le
traitement de l'autre.
S m. Bm riwMrvatlMi.
Les altérations de Tinnerration se partagent en deux
grandes classes : 1* celles qui sont liées à one lésion ma*
tériellc des organes, et qui ont, si je pois ainsi dire, une
anatomio pathologique ; 2* celles qui ne laissent après elles
aucune trace dans les organes, et que l'on désigne généra-
lement sous le nom de névroses.
Les altérations organiques du système nenreux qui jettent
le trouble dans Tionervation génitale, sensibilité et moti-
lité, peuvent exister, soit dans les centres nerveux, cerveau
et moelle épiiiiîTe, soit sur le trajet des nerfs conducteurs,
soit sur les nerfs eux-mêmes de l'appareil copulateur.
(Je renverrai celte dernière catégorie au chapitre consa-
cré nux maladies des organes génitaux, ainsi que je l'ai déjà
fait à roccasion de la nutrition et de la circulation, a6n de
pouvoir embrasser, dans un seul coup d'œil, le tableau com-
plet des maladies locales qui entraînent l'impuissance.)
A C(Hé des troubles de l'innervation, qui se traduisent
et s'expliquent par des altérations matérielles des organes,
il en est (raulres sur lesquels ne jette aucun jour l'examen
nécroscojtique, et dont quelques-uns ont une influence bien
manifeste sur le sens génital.
Je \cux parler des névroses.
Les névroses se partagent en deux grandes classes, selon
qu'elles nfrectent plus spécialement ou l'innervation orga-
nique ou I innervation inlellecUielle, si je puis ainsi dire.
Ainsi, en récapitulant toutes les divisions que je viens
d'admettre, j'aurai à examiner:
DE l'innervation. 279
1* Les troubles de l'innervation avec altérations analo-
miques, qui comprendront, selon le siège de ces altéra-
tions :
a. Maladies des centres nerveux ;
b. Maladies des nerFs intermédiaires des centres nerveux
et de l'appareil génital lui-même.
2* Les troubles de l'innervation sans altérations anato-
miques, qui comprendront :
a. Les névroses organiques;
b. Les névroses intellectuelles.
C'est dans cet ordre que je vais envisager ce cadre si
vaste.
!• Troubles de l'innervation avec altérations anatormques.
a. Maladies des centres nerveux. — Pour répondre à
toutes les données de ce programme, il faudrait passer en
revue la pathologie entière du cerveau, de la moelle et de
leurs enveloppes, car il n'est pas une seule des alTections de
ces organes qui ne puisse agir et qui n'agisse en effet sur
le sens et l'appareil de la génération.
Mais si, comme je l'ai fait pour la circulation, j'éloigne
de mon cadre les maladies qui, par leur acuité et leur r.ipi-
ditéy menacent prochainement la vie de l'individu, et parmi
lesquelles se trouvent la grande famille des phlegmnsies, les
bémorrhagies, etc., il ne reste plus que quelques affections
dont les unes, comme l'hydrocéphale chronique, le ramoN
lisseiiient du cerveau, etc., appartiennent d'ordinaire à des
Ages où l'appareil vénérien n'a pas encore commencé ou a
déjà fini son râle, et dont les autres, comme le cancer, les
tubercules, les hydatides du cerveau ou de la moelle, et
les altérations diverses des méninges cérébrales ou rachi*
S80 i«poi8aAiici sïurroMATiQOi.
dieones» n'offrent partout dans leur bistoiro qae doa con-
tradictions et des doutes.
Cependant on peut dire d'une maniire générale, en
s'appuyanl sur les lois mêmes de Tinnervation » que toules
lea maladies des centres nenreuii quelle qu'en soit d'ailleurs
la nature 9 ont un retentissement quelconque sur la fonc-
tion génitale , soit en abolissant ou pervertissant l'intelli-
gence, et par suite les désirs vénériens, soit en agissant
directement d*une manière ou d*vne aidrt sur les organes
génitaui eux-mêmes, car celte action est loin d*ètre tou-
jours débilitante, puisque M. Serres a noté Térection du
pénis six fois sur onie cas d'hémorrhagie cérébelleuse.
Mais si le cadre de cet ouvrage ne me permet pas d'abor-
der la description de chacune de ces maladies , je dois les
signaler à l'attention du médecin comme un point de départ
très fréquent de riropuissance.
Evidemment, je ne parie pos ici de ces affections aiguës,
la méningite, l'apoplexie, la cérébrile, la myélite, etc.,
qui arrachent celui qu'elles frappent à ses attributs, à ses
besoins, à ses facultés,- en un mot à sa mission sur cette
terre ; mais de ces maladies à marche lente et quelquefois
tortueuse qui, tout en apportant & l'organisme un germe de
mort, respeclent longtemps encore les sources de la vie:
parmi elles sont les tumeurs de toute nature, exostose intra-
crànienne ou intravertébrale, productions morbides, dégé-
nérescences, etc., etc., en un mot toutes les affections qui
amènent une altération lente et progressive des centres
nerveux.
La possibilité d'une de ces affections dont le début est
bien souvent insidieux, de\ra toujours être présente a l'es-
prit du médecin et a\oir sa place dans Tétiologie de Timpuis*
sance; il sufiit que l'attention soit éveillée sur ce point, car
DE l'innervation. 281
aussitôt des symptômes tels que fourmillements dans les
membres inférieurs, fatigue rapide, constipation, etc., dont
le malade ne tient encore aucun compte, tant ils sont légers
et fugitifs, prennent, aux yeux du médecin averti, une im-
portance et une gravité faciles à comprendre. Que de mal-
heureux eussent été sans doute conservés, si les premiers
signes de leur mal avaient pu être appréciés à leur juste
valeur! Je le répète donc, car je ne saurais trop insister sur
ce point, toutes les fois que l'origine d'une impuissance sera
dîiBcile h saisir, que sa source, comme il n'arrive que trop
souvent, se perdra dans des méandres inextricables, qu'on
interroge avec soin l'innervation générale, et qu'on ne
l'abandonne qu'après avoir minutieusement exploré l'intel-
ligence, la sensibilité et la motilité.
Que l'organe copulateur, par suite d'une affection des
centres nerveux, soit frappé d'asthénie ou de paralysie, le
résultat est le même, l'érection est impossible (1); que
l'altération porte sur In sensibilité ou sur la motilité, le
traitement de l'impuissance n'en subit aucune modification,
ou plutôt ce traitement est nul, toute l'attention du méde-
cin et toutes les ressources de l'art devant s'adresser à la
maladie mère, à l'affection des centres nerveux , source de
tous les désordres.
Il n'en est pas ainsi lorsque, l'affection des centres ner-
veux ayant disparu, l'impuissance persiste. Il est alors
nécessaire de recourir à un traitement spécial que j'expo-
serai dans le chapitre sui\ant, alors qu'il sera question de
l'impuissance consécutive.
6. Maladies des nerfs intermédiaires des centres ner-
(4) Voyez le mécanisme de !*érectiondaD9 les considéralions physio-
logiques placées en lôle de cet ouvrage, page 28.
282 1MPU188A1IGB STMrrOMATlQOB.
veiuD et de l^appareil copuUUeur. — Les mahdies dm nerfs
intermédiaires qui peuvent amener la paralysie de la verge
sont de deux sortes : 1** celles dont la cause est appréciable
et saisissable, comme la compression Ja dégénérescence, la
section du nerf; 2* celles dont la cause est entièrement
vitale.
La paralysie symptomatique des aiïections du premier
groupe est facile à comprendre, elle porte en quelque sorte
son explication avec elle. Mais il n'en est pas de même de
la paralysie sans lésion analomique, sans excuse mécanique,
si je puis ainsi dire, dont il n'est cependant pas possible de
contester l'existence, car on sait que Thystérie peut amener
la paralysie de quelques muscles seulement ; que dans cer-
taines intoxications saturnines, le nerf radial est frappé d'im-
mobilité, et que des faits de paralysies de la vessie et du
rectum ont été rccuoillis, sans qu'il ait été possible de les
rattacher à une lésion matérielle quelconque.
C'est là une espik'e de névrose que, pour la logique de
mes divisions, j'ai di\ considérer à part, mais qui, dans
l'application de la science, se confond a\ec la névrose géni-
tale elle-m^mo, tant au point de vue de la séméiotique que
sous le rap|)ort du traitement.
Je renvoie donc le lecteur nu chapitre que j'ai consacré
précédemment h l'impuissance idiopathique, et je reviens
ici aux aiïections des nerl's intermédiaires, avec lésions ana-
tomiques et produisant In parahsie de l'organe copulateur.
Ces aiïections présentent toutes un caractère commun :
celui d'em|)écher la libre circulation du fluide nerveux, en
d'autres termes, et pour ne pas tomber dans les abstractions
métaphysiques, elles sont constituées par un arrêt de com-
munication sur un des points du trajet des nerfs entre les
centres ner\eu\ et l'appareil génital.
DB L'iNNBRYATlOlf. 288
L'obstacle qui intercepte ainsi la communication peut
être de diverse nature : tantôt c'est un organe voisin du nerf,
déplacé ou hypertrophié; tantôt c'est une tumeur développée
dans le voisinage du nerf ou dans le névrilème lui-même;
tantôt c'est une dégénérescence du nerf; tantôt enfin c^est
la section même du filet nerveux.
Si Ton réfléchit à la position qu'occupe dans le bassin le
plexus sacré d'où émanent les nerfs principaux qui vont
animer l'organe copnlateur, on comprendra la difficulté,
je dirai même l'impossibilité de constater sur le vivant, et
d'une manière directe, les lésions que je viens de si-
gnaler.
Les symptômes pathogéniques sont des guides moins
incertains, mais ils ne sont pas tellement distincts des signes
que présentent les affections des centres nerveux qu'on leur
doive accorder une pleine confiance. N'est-il pas vrai, en
effet, que l'hémiplégie, que la paralysie générale n'accom-
pagnent pas toujours les lésions du cerveau et de la moelle,
et que, de leur côté, ces lésions se traduisent quelquefois
aussi par de simples paralysies partielles? S'il en est ainsi,
et la science nous en pourrait fournir de nombreux exemples,
comment distinguer les paralysies partielles dues aux lésions
des centres, des paralysies partielles déterminées par les
lésions des nerfs intermédiaires?
Notre art, il faut le reconnaître, laisse beaucoup à dési-
rer sous ce rapport, et notre ignorance est ici d*autant plus
regrettable que, en Tabsence d'un diagnostic certain, on
peut adresser h la moelle, par exemple , une médication
dont elle n'a que faire.
Au point de vue tout spécial de l'impuissance, l'absence
d'un diagnostic différentiel certain est également une chose
fâcheuse, car le traitement de la paralysie génitale se con-
28A IMPUISaANGI gYMrrOMATIQOB.
fondant avee celui de la maladie qai la produit, peut 8*égarer
dans des indications contraires ou, tout au moins, dou*»
teuses.
2o Troubles de rinnervation sans Usions anatamiques.
a. Névroses organiques* — - Sans parler des né? roses de
l'intelligence sur lesquelles tout le monde est à peu près
d'accord , de nombreuses classifications ont été proposées
pour les névroses organiques. Je ne dois point ici discoter
la valeur de tous ces travaux, et, sans prendre parti pour
aucun d'eux, j'estime qu'en considérant le rAle bien distinct
que jouent la sensibilité et la molilité dans la vie de relation
et dans la vie de nutrition, on peut établir, en ne tenant
aucun compte des névroses symptomatiques et sympa-
thiques, quatre grandes classes qui seront :
1 ** Névroses de la sensibilité de la vie de relation : ou elles
sont spéciales aux sens, comme la berlue, la diplopie, etc.,
pour la vue; le tintouin. In p.racousie, etc., pour
rouie, etc.; ou elles sont générales, comme toutes les
névralgies.
2* Névroses de la molilité de la vie de relation : Tépi-
lepsie, réclampsie, la catalepsie, les convulsions essentielles,
le tétanos, la chorée et la paralysie.
3* Névroses de la sensibilité de la vie de nutrition : la
gastralgie, la cardialgie, Thystéralgie et en général toutes
les viscéralgies.
d"* Névroses de la motilité de la vie de nutrition : aphonie,
spasme du larjnx, coqueluche, asthme, angine de poitrine,
palpitation, s}ncope, spasme œsophagien, vomissements
nerveux et diarrhée.
Ce n'est pas un vain amour des classifications qui m'a
DE L*lHlfBRVATI01l. 285
conduit h foire rëDumération que Ton vient de lire; j'ai
voulu, dans Tintention d'économiser Tespoce et le temps,
que Ton saisit dans un seul coup d'œil l'ensemble des névroses
organiques, afin qu'on s'assurât combien peu l'impuissance
a de relations avec elles.
Sans doute les secousses , surtout quand elles sont sou-
vent répétées, imprimées au système nerveux par l'épilepsie,
la catalepsie, l'hystérie, etc., peuvent amener, après un
temps plus ou moins long, un aiïaiblissement général dont
rinnervation génitale aura sa part, ainsi qu'il arrive quel-
quefois pour l'ouïe, la vue, le goût, etc., etc.; mais alors
l'impuissance (1) n'est plus symptomatique ; elle est le ré-
sultat plus ou moins éloigné d'un état morbide qui bien
souvent même a cessé d'exister, et, dans ce cas, je la dois
distraire de ce chapitre et en réserver l'étude pour celui
que je consacre à l'impuissance consécutive.
b. Névroses de rintelligence ou vésanies. — Les prin-
cipes les plus simples de la physiologie indiquent d'avance
les rapports intimes qui doivent exister et qui existent réel-
lement entre les troubles de la fonction génératrice et les
désordres de Tintelligence. Seulement, quand on pénètre
dans l'étude de ces troubles et de ces désordres, et que l'on
remonte aux causes des vésanies, l'esprit s'arrête devant des
doutes qu'il n'est pas toujours facile d'éclaircir.
Je m'explique :
Est-il toujours possible de déterminer si l'impuissance,
(t) Le mot impuissance n'est pas rigoureasement l'expression dont
je devrais me servir ici, car les troubles de Tinnervation génitale, à la
suite des névroses dont je parle, peuvent se traduire par un état tout
opposé à Fimpuissance, ainsi que le signale Esquirol à ToccasioD de
répilepsie (Des maladies mentales, t. I, p. S83). — Cest seulemeDt
286 IMPUISSANCE STVPTOMATIQUB.
quand elle existe concurremment avec une névrose de Tin-
telligeiice, est un symptôme de cette névrose?
Je ne le crois pas, et c*est ici que commencent les hésita-
tions de l'esprit.
Il est incontestable qu'un certain nombre des causes
des vésanies peuvent également produire l'impuissance ;
telles sont, par exemple, les passions tristes» les préoccu-
pations fixes de Tàme, les troubles de la digestion, les excès
de toute nature, etc.
Il est également hors de toute discussioo que certains
symptômes de vésanie peuvent, par leur présence seule,
jeter Torgane copulateur dans Tanaphrodisie, comme cet
hypochondriaque dont parle M. Belhomme, qui, se croyant
impuissant, l'était en réalité.
Par conséquent étant donnée une névrose de l'intelli-
gence, la manie, la nostalgie, Thypochondrie, par exemple,
trois hy|;othèses se présentent :
1* Ou rimpuissance est liée à la névrose et en est un
symptôme ;
2'' Ou rimpuissance est une aflection intercurrente à la
névrose;
3^ Ou rimpuissance est un épiphénomène de la névrose.
Est-il possible d élablir entre ces trois origines de l'im-
puissance un diagnostic diiïérentiel qui, tout ii la fois, satis-
fasse IVsprit et mette sur la voie des indications pratiques?
Je crois la solution de ce problème possible, mais non
facile.
Deux circonstances doivent surtout attirer l'attention :
1® les causes de la vésanie, 2* la nature objective des désor-
dres de rintelligence.
pour ne pas abandonner mon terrain et ne pas empiéter sur celui des
(, que je me soit servi du moi impaisaance.
DE l'innebvation. 287
Sous le premier point de vue et en y comprenant toutes
les formes de vésanie, depuis la simple illusion des sens
jusqu'à la folie la mieux caractérisée, les causes se partagent
en morales et en physiques, les premières bien plus fré-
quentes que les secondes. Selon M. Parchappe (1), les dix
causes les plus fréquentes de l'aliénation mentale se classe-
raient de la manière suivante pour les hommes : !<> abus
de boissons alcooliques, S"* revers de fortune, 3"^ perte d'une
personne aimée, 4® frayeur, 5* idiotisme, 6* chagrins do-
mestiques, T colère, 8* dévotion exaltée, 9° amour con-
trarié, lO"" inquiétude à propos d'argent.
Parmi ces dix causes d'aliénation mentale, il en est cer-
tainement six qui peuvent à leur tour produire l'impuis-
sance, ce sont : les abus de boissons, la perte d'une personne
aimée, la frayeur, les chagrins domestiques, la dévotion
exaltée et l'amour contrarié.
Au point de vue du pronostic, ces diverses causes
n'ont pas une importance égale : tandis que l'abus de bois-
sons peut frapper les organes génitaux d'une impuissance
incurable, la perte d'une personne aimée, la frayeur, les
chagrins domestiques et l'amour contrarié ne produisent
qu'une aphrodisie passagère et même relative, et la dévotion
exaltée et la colère une impuissance intermittente, coïnci-
dant avec les moments d'extase ou de contemplation et les
accès de la colère.
Ces circonstances sont essentielles à noter pour le dia-
gnostic, car, à l'exception des causes qui peuvent amener
une impuissance absolue, si, après un temps plus ou moins
(4 ) De la prédaminance des cawes morales dans la génération de la
folie. Mémoire inséré dans les Annales médico-psychologiques, tome XI,
p. 358.
288 IMPUISSANCE STMPTOMATIQOB.
long, rinertic des orgnnes gériilaux persiste concurremment
ovec la vésanie, on devra nécessairement supposer une
autre cause 5 cette persistance de Tanaphrodisie.
Cependant cette proposition ne doit pas 6tre prise dans
un sens trop absolu, car l'impuissance peul paraître et
disparaître plusieurs fois pendant l'existence de la névrose
intellectuelle, et la cause de ces intermittences être toujours
celle de la vésanie.
J'explique ma pensée par un exemple.
Un homme de lettres avait épousé, quelques mois avant
la révolution de février, une jeune personne qu'il aimait
passionnément; jusqu'à l'avènement de la république, le
nouveau ménage ne connut aucun chagrin, car le mari,
grâce à un travail fructueux et abondant, pouvait satisfaire
les goûts et même les caprices de sa femme. I.a révolution
de février brisa tout ce bonheur; en tarissant les sources
du travail du mari, elle apporta dans le ménage d'abord la
gène et ensuite in misère. La jeune femme n'eut le cou-
rage ni de supporter ce revers de fortune, ni d'accepter des
espérances en un avenir meilleur. Un jour, elle quitta la
maison conjugale, et l'on apprit qu'elle vivait h Londres au
milieu du luxe et de l'opulence que lui fournissait un gé-
néreux amant.
L'époux abandonné fut si affecté de cette découverte
qu'il tomba dans une misanthropie profonde et fut en même
temps frappé d'impuissance.
Voici h quelle occasion il vint réclamer mes soins.
Une jeune veuve, par conséquent maîtresse de ses ac-
tions et juge de sa conduite, était, de tous les amis de
l'homme de lettres, restée à peu près seule fidèle à son revers
de fortune et u son malheur domestique. Les consolations
qu'elle avait apportées au jeune ménage lorsque In gène et
DB l'innërvatiobi. 289
la misère avaient successivement ciivaiii son intérieur, de-*
vinrent plus pressantes et plus aiïectucuses lorsqu*un plus
grand chagrin frappa le mari délaissé.
Celui-ci, soit par un ciïet de son imagination malade»
soit que les ottentions de la veuve dépassassent réellement
les bornes d'une simple amitié, vit un sentiment et des sol-
licitations d'amour dans les prévenances dont il était robjct.
Il s*assura que, si ses suppositions étaient c&a^érées pour
le présent, il pouvait du moins former les espérances les
plus douces, car la pitié, dans le cœur de la femme, est déjà
une nuance de l'omour.
Malheureusement, le souvenir de la fugitive était sans
cesse présent o son esprit, et toutes les fois qu*ii lui ciU été
permis de prouver à son amie qu*il a\ait oublié Tiniidèle, ce
souvenir jetait le trouble en son Ame et glaçait ses organes.
(Vcii dans cet état qu'il se présenta a moi.
En véritable hypochondriaquc qu'il était, il me raconta
dans leurs moindres détoils toutes les circonstances de sa
vie : les joies de son moriagc, les tortures de son abandon et
les douceurs de l'amitié de la jeune veuve. Un double sen-
timent le poussait vers la possession de celle-ci : un senti-
ment de reconnaissance et un sentiment de vengeance;
malheureusement, il lui était impossible de prouver outre-
ment que par des |;oroles, la gratitude dont son cœur était
rempli pour son omie, et le mépris dont il se croyait onimé
contre sa femme. Malgré lui, le souvenir, tantôt agréobloi
tantôt mauvais de cette dernière, l'obsédait sans cesse^ rem-
|ilissait son esprit des idées les plus tristes, et étouffait tous
les désirs de son imogination et tous les efforts de sa volonté.
Bien évidemment, dons ce cos, l'impuissance et l'hjpo-
cliondrie ovoient la même couse; mais G*était là leur seul
point de contact. Âpiës cette origine communci les deui
49
200 mPUISSARCB SVMrrOMATIQOB.
alfeclions licieiiaient si |Karfaitcmeiit diilincles, que l'vM
pouvait dUparaUre et l'autre persÎ8tf*r : teii deui court d*eaii
|iarlis de la même source, doiil un, après quelques sinuo- «
silés, se perd au milieu du sable de sa route, et dont Tautre
(loursuit sa marche jusqu'à la rivière prochaine.
Le raisonnement, les distractions, un voyage k la mer et
le retour au travail, secondés par une hygiène convenable,
rendirent au malade ses facultés viriles sans le débarrasser
des tristes préoccupations qui Tobsédaienl. Bientôt mémo
l'orgasme vénérien devint asseï impérieui pour fisire erain*
dre que tous ses désirs ne fussent pos Teipression d'un état
normal et régulier.
Gipeiidant cet orgasme était quelquefois terrassé, et l'im-
puissance rendait alors illusoires Ifs apprêts à de nouvelles
voluptés. CcUe inertie, médisait le malade, se produit tanlùt
à la vue d'un objet qui fut cher h ma femme, et tantôt au
simple souvenir des caresses que j'échangeais avec elle;
aussi, pour prévenir le retour de ce souvenir, avait-il soin
de ne jamais courber avec sa maîtresse dans la chambre et
surtout dans le lit qu'il avait partagés avec la fugitive.
Cette impuissance n'était que passagère; elle s'évanouis-
sait avec l'émotion produite par l'impression ou le souvenir,
et n'avait, comme au début, qu'un point de contact avec
l'hypochondrie.
Dans cet exemple, comme dans quelques autres que je
pourrais rapporter, la cause de l'impuissance et sa distinc-
tion de la vésianie ne pouvaient être appréciées que par la
durée même de l'nnaphrodisie.
Mais il n'en est pas ainsi dans tous les cas, et je vais
indiquer reui où l'impuissanie se prolonge autant et quel-
quefois même plus que la vésanie.
Unna le mémoire que j'ai déjicité, M. Parcbappo établit
ttB L'iNfienVATiON. 3dl:
qoe, chpi les hommes, sur cent aliénnlioiis mentnlei, on en
peot Bltribuer trente aui excès intellectuels cl sensuels ; or,
comme je le dirai plus tant, les ncis, quelle que soit leur
nature, étant des caaiies fréquentes d'anophrodisie opiniAtre,
peuvent tout h la fois produire l'impuissance et la vésonie.
Il est des cas où il est fucile d'attribuer è la première la
caose véritable : ce sont ceui dons lesquels la luxure constitue
pour ainsi dire un caractère palhognomonique de la seconde.
J'ai connu un homme qui, adonné h l'ivrognerie la plua
crapuleuse, vit tont à la fois diminuer ses facultés intellec*
tuelles jusqu'à l'idiotie, et ses forces viriles jusqu'à l'impuis*
unce. Bien évidemment l'ivrognerie était l'unique cause
de cettu dernière affection, puisque tous les aliénistes ont
noté la loiure comme un des caractères distinclifs des idiots.
Dans d'autres circonstances, c'est la nature même des
cicès qui met sur la voie des causes de l'impuissance: ninsi
les «ces de masturbation et de coït, lorsqu'ils arfuiblisscnl
les facultés intellectuelles, sureicilent au ronlroire tes or-
ganes génitaui. u Ce qui mérite d'être remarqué chez les
masturbateurs qui tombent dans l'idiotie, dit M. Deslandes,
cVsl que, tandis que les sens evterneg et rinlelligence dimi-
nuent, la seuïiibilité génitale ne fait que s'accroître. Toutea
les facultés semblent s'être confondues on une seule, dont
les projjortions détiennent d'autant plus ;;rnndes que les
outres !ie rapetissent davantage ( t ). » Par (-uuséqucnl, si,
sans aller jusqii'b l'idiotie, limite extrême de rafruiblrs.«croent
intellectuef, un homme livré à lii nin>(urbii(ioii ou oui eicès
du coU était tout h la fuis atteint d'hjpochondrie et d'impuis-
atn<!^, il ne faudroit pas se hAler d'attribuer l'anaplirodisie
nux cicès vénériens, qui ceppndaiit la pruduisent souveol,
ainsi que je le dirai plus loin, mais s'assurer si elle ne serait
(<} B»e«ittmfm»tlàuaulnialmvéitéHm,f tSft.
292 IIIPUI8SA1ICB SYMrrOMATiQUB.
pas plutAl amenée et entretenue par la ? ésunie elle«fii£nie«
puisque les nbus de Torgnue copulateur augmentent parfow
Torgasmc de celui-ci au lieu de l'abattre. S'il en était ainsi,
riropuissanco ne serait plus une aflection distincte de la
névrose, elle en seroit un symptôme ou même simplement
un épipliénomène.
Par ce qui précède, on doit maintenant Gom|irendre com-
bien rétiologie de Timpuissance est quelquefois ardue; et
encore je me suis volontairement placé dans un cercle que
le praticien ne trace pas toujours avec facilité. Un malade,
|)ar exemple, se présente h lui ; il accuse une inertie com-
plète des organes génitaui , cl, par les détails qu'il donne,
par les regrets qu'il éprouve, par les craintes qu'il manifeste,
enfin par les longueurs et les tristesses dont il surcharge
son rérit, il ne permet nucun doute sur l'état de son intelli-
gence : il est profondément hyporhondriaquc.
Mais l'hypocliomirio produit tatUAt limpuissancc et tantôt
est amenée par elle. — Première difliculté que les antécé-
dents du maloile .n|)lanissent quelquefois , mais qu'ils ne
lèvent pns toujours.
Admettons que les souvenirs du malade soient fidèles, et
que l'hypoclioiidrio oit prén'ilc l'impuissance.
Celle-ci n-i-clle bion n'olloment so source dans l'hypo-
chondrie, o i ne reronnail-clle pns une autre cause?
Seconde didiculté, dont la solution exige toute la science,
tout le (net et tout le jugement du méderin.
Aucune lésion locale ou éloignée, aucune prédisposition
d'âge ou de (empérament, rien cnlin ne fait pressentir que
l'impuissonre est liée a un lout autre état morbide que la
vésniiie.
Mais quelle e>l la nature de ce lien? N'y a-t-il entre les
deu\ aiïeiiions «|u*un simple rapport de causalité, ou bien
D*1}NE INTOKIGATION. 29S
Tune est-cllc dircctemenl ou môme secofiiiairemcnt pro*
duite par Tautre ?
Que de dillicuU<is ! que de causes d'erreur ! et cependant,
parce que la sym|)lomatologie de l'impuissance est, dans la
majorité des cas, d'une simplicité désespérante, on rencontre
des auteurs, recommandables d'ailleurs, qui, dans la crainte
de sembler occuper leur esprit do choses trop faciles et trop
élémentaires, consacrent à peine quelques phrases dédai*
gneuses h l'histoire de Tanaphrodisie. Cette retenue, je dirai
presque ce mutisme, est, pour tous ceux qui ont abordé ce
sujet, une preuve d'ignorance, car il n'est peut-être pas dans
la science une aiïcction dont l'étiologieet le traitement aient
été moins étudiés et soient, par conséquent, moins connus.
S ÏÏW, — Vune Intox lciiil«B.
Qu'on me permette d'employer ici le mot intoxication
dans son sens le plus Inrge, dans son acception la plus
générale, et d'entendre pnr cette expression l'introduction
dans l'organisme d'un agent morbide, \irus ou poison,
capable de produire les accidents les plus graves et même
la mort, mais à la condition de ne les produire que lente-
ment et pour oinsi dire à la longue.
Cette dernière circonstance distingue l'intoxication de
Tcmpoisonnement. Celui-ci, en eiïet, est caractérisé par la
rapidité de l'action de l'agent morbide, et, lorsqu'il n'en*
traîne pas promptement la mort , il laisse quelquefois après
lui des altérations dont j'aurai à m'occuper de quelques*
unes, alors que j'examinerai l'impuissance consécutive.
En cette place, mon attention ne doit être acquise qu'à
I * impuissance-symptôme .
A l'occasion du mot virus, que j'ai écrit plus haut^ je
n'entrerai pas dans une discussion stérile ici, sur l'existence»
S9& IMPUISSAHCI SYMPTOMATIQIIB.
la nature » les iiropriéiés, etc., des viros: je prends, je le
ré| ète, le mot intoxication dans son acception la plas large,
soit que l'agent morbide tombe sous nos sens, comme l'nr-
lenic, le plomb, etc.; soit qu'il déjoue toute analyse, comme
le virussjpbilitiquo; soit qu'il pénètre dans l'économie par
la respiration, par les premières ou les secondes voies, etc.
Ces courtes lignes d'explication m'ont paru nécessaires
pour légitimer lu jirésence, dans le même cadre, de quel-
ques aiïections qu'on n*est pas accoutumé à rencontrer
cAte à côte dans les ouvrages de pathologie: cette nou-
veauté d'ailleurs est plus apparente que réelle, et, si c'était
ici le lieu, je montrerais que la route où je m*eugage a
déjà éié parcourue par de hardis et savants etplorateurs ;
mais il me siiflit do faire mes réserves, alin de prévenir tout
reproche et toute critique.
1° Inloxiration syphilitique.
L*action que le virus syphilitique exerce sur la fonction
génitale, taillât est liiniléc. aux organes génitaux, et tantôt
ne relonlit sur cu\ qu*après a\oir pénétré l'organisme tout
entier.
Il ne peut être iii ((uestion de l'action purement locale
qui nroccujiera dans Tuii des paragraphes suivants, et je ne
dois m'arrèler qu'à rimprégiiation générale de réconomie.
L'intoxication sy|iliililique se manifeste sous des formes
diverses dont la majeuro partie a une importance à peu
près nulle au point de vue qui nroccupe. Si i*on excepte,
en effet, les exostoses intracrànienncs qui, par la com-
pres.sion qu'elles exercent >ur le cerveau , troublent les fa-
cultés intellectuelle^, amènent des paral}sies soit générales,
soit partielles, et, par >uile, Timpuissance; si l'on e\i:ep((*
encore, avec les accidents limités aux organes génitaux et
d'urs imtoxigation. 395
dont j'ai rerois à plus loin reiamen, la chlorose, dont parle
M* Ricordy ei la cachexie, dont je vais m'occtiper, noua
n'avons que faire de tous les accidents secondaires ei ter-
tiaires adoptés par les sypliiliographes.
Les faits de eacheiie syphilitique ne sont pas rares ,
mais il en est bien peu qui attaquent profondément la fonc*
tion copulatrice ; quelquefois, il est vrai, le sperme semble
perdre ses propriétés fécondantes, mais le sens génital est
respecté dans ses désirs et dans son énergie.
Cependant il est des cas oà la faculté copulatrice parti-
cipe elle-même è Taltération générale, et je ne sais pas, sous
ce rapport, d'exemple plus frappant que celui que M. Bour-
guignon , alors interne des hôpitaux, communiqua h l'Aca-
démie de médecine, le 12 juillet 18/i2.
Cette observation Y excessivement curieuse, mérite de
trouver place ici ; qu'on me permette de la transcrire en
entier et dans toute son intégrité :
a Le nommé Prince (Charles), graveur, Agé de trente
ans, est couché è l'hôpital des Vénériens, dans la salle 8«
lit &, service de M* Puche.
» Â vingt ans , en 1830^ après trois jours d'un coTt
suspect, douleurs dans le canal de l'urètre, plus vives dans
l'eicrétion des urines. Quatre jours après l'apparition de ces
douleurs, une ulcération se montre au méat urinaire , et
plusieurrs autres, quelques jours après, à la base du gland. —
Entrée à l'hôpital des vénériens. Traitement : injections d'un
liquide caustique dans le canal de Turètre, suivies d'un bain
de siège pendant quinze jours , jusqu'à cessation des dou-
leurs ; charpie sèche sur les ulcères ; frictions mercurielles
8or la partie interne des cuisses pendant vingt jours; la
salivation les fait supprimer; cicatrisation et sortie de l'hô-
|iilal après deux mois de séjour.
300 IHrUI8SilKGB SVMPTOMAfiQUB.
» Vm 1853, urétrito (Prince csl entré au service, il \à
au VaNc^rAce) : Irailement éroollient, puis anliblennor*
rhagiquc. — Guérison.
» En 1833, ulcère de Timpasie du prépuce. Traiteoieul :
onguent mercuriel, bains locaux avec solution d*afétaie de
plomb. — Guérison en quatre jours ; mau une marche
forcée amène une adénite volumineuse — Entrée i l'hApî*
ta!. Traitement : ponction du bubon; liqueur de Wan-Swio«
ten à la dose dune cuillerée à bouche pendant vingt-quatre
heures, jusqu'à salivation; frictions mercuriellea sur les
cuisses quelques jours après. — Guérison.-^ Dorée du trai-
tement i soixante-trois jours.
» A la lin de 1833, mal k la gorge. Traitement : garga-
rismes acidulés, tisane de Felti, cautérisation de la gorge
avec un pincenu trempé dans un acide. — Guérison après
trois semaines de traitement.
M En 1835, après deux ans d*une santé parfaite (Prince
est en garnison a Alger), nouvelle infection ; les ulcèros
siègent sur le corps du gland. Le malade les conscne trois
semaines sans songer a les guérir. — Entrée i Thôpilal.
Traitement . bains locaux, charpie avec onguent mercuriel ;
prompte ricatrisolion des ulcères. — Mais pendant le trai-
tement, éruption de boutons sur le cuir chevelu; des croates
leur succèdent. Huit jours de frictions mcrcurielles, après
avoir au préalable rasé la tète, en font justice.
» En 1836, réapparition de l'éruption pustuleuse; d'a-
bord bornée è la tète, elle g.igne bientôt le tronc et les
membres. — Entrée è l'hôpital. Traitement : frictions mer-
corielles de la tète aux pieds, pendant dix-huit jours;
tiiane de salsepareille, pilules de 1 è 8 (le malade ne sait
fê» dire quelle était leur nature et pendant combien de
tanps il lea a prises). — Guérison.
d'une INTO&IGATIOK. 5i97
» En 18d8, ccphalulgie des plus vives, d*une activité
extrême la nuit. — Entrée à l'hôpital du Dey. Traitement :
vésicatoirc à la nuque, vésicatoire monstre sur toute la tète s
leur effet est nul , et déjà commence pendant ce traitement
rétonnante transformation qui doit s'opérer chei Prince*
» Il était bien développé, vigoureux ; sa barbe était noire,
longue et bien fournie, et cependant, au bout d'un mois,
ses formes athlétiques ont disparu, ses membres sont chétifs
el grêles; sa barbe s'en est allée poil è poil ; ses favoris,
SCS moustaches ne laissent plus trace de leur existence. Le
principe morbifique porte encore plus profondément son
action destructive : Prince voit ses organes génitaux mena-
cés d'une atrophie presque complète, il en est des poils du
pubis comme de ceux de sa face; ils tombent tous, sans
exception. Sa verge, d'une dimension autrefois ordinaire,
perd surtout de son >olume, et ses bourses, jadis grosses et
pendantes, sont petites et fortement revenues sur elles-
mêmes. Ce travail alrophique dure ainsi plusieurs mois,
sans que la céphalalgie perde de son intensité ; elle ne cède
qu*è l'application d'un mo\a derrière l'oreille droite , au
sixième mois environ.
» Délivré de ses douleurs céphaliques, Prince reprend
des forces, cl obtient son congé définitif è la fin de 1839;
il revient à Paris, où sa santé s'améliore encore. IVlais son
étrange caractère, sa répulsion pour les plaisirs de son Age,
contrastent d'une manière frappante avec ses antécédents.
Chacun s'en étonne et le lui fait remarquer; il le voit, il le
comprend , veut prendre sur lui de se faire l'homme d'au-
trefois, et ses efl'orts ne lui font que mieux sentir son im-
puissance.
» Chose étrange ! quoique la convalescence et l'embon*
point se maintiennent, l'atrophie des organes génitaux n'en
298 IHPUISSilMCB tTMPTOllATlQUB.
marche pas moins activement. Inquiet sur les suites de
cette diminulion progressive de ses organes sexuels. Prince
se décide ii faire Tépreuve de ses moyens, ii constater ce qui
lui reste de ses vertus prolifiques. Il se rend dans une mai-
son publique , y rencontre une ancienne connaissance qu'il
choisit de préférence, comme il le faisait dans des temps
meilleurs. Mais aujourd'hui c*est pour un tout autre motif :
il a besoin de sa discrétion, peut-être de sa complaisance.
En effet sa nature lui fait complètement défaut; une mastur-
bation prolongée a pu seulement lui procurer une légère
sensation voluptueuse sans la moindre éjaculation.
» Quelques mois se passent ainsi sans apporter de chan-
gement i son état; mais au commencement de 18&0, une
tumeur lacrymale se montre è gauche; de vives douleurs,
plus intenses la nuit, se font sentir au niveau des os |)ropres
du nez; enfin il rejette, au milieu du mucus nasnl, des débrin
osseux, noirs, infcrl^, sortant par la narine droite. — Tisane
de Feitz; guérison. — Durée du séjour à Thùpital : deut
mois.
» En octobre, même année 18/iO, In céphalalgie reparait
plus intense qu'elle n'a jamais été; la tumeur lucr)male
se montre de nouveau ; des exosloses se sont développées
sur le front à droite et u gauche, ainsi que sur les os propres
du nez, et sont le siège de douleurs hincinantes. — Entrée
du malade è l'hôpital; traitement: sangsues sur la tumeur
lacrymale, tisane sudorifique, iodurede potassium (110 gr.
dans l'espace de sii semaines). Le malade sort notablement
aoulagé de ses douleurs; les ezostoses se sont affaissées.
«En 18&1, après dit mois d'une santé passable, les
nostoses déjà existantes reviennent à leur premier volume;
•ont aussi douloureuses qu'autrefois. — Entrée à l'ho-
l« Aa dire du malade, M. Cullericr aurait fuit remarquer
d'une intoxication. 399
aux élèves ud ramollissement du frontal ; les doigts, en
comprimant le front au niveau des exosloses, faisaient céder
la table externe. Traitement : friction sd'onguent roercuriel
sur le front, pilules de Vallet. Les accidents sont palliés
pour huit mois, et c*èst le 26 janvier 18&S qu'il entre à l'kA-
pitai des Vénériens pour la cinquième fois, et toujours pour
ses cxostoses, et de plus pour des douleurs ostéocopes géné-
rales, plus prononcées la nuit. C'est alors que le malade
s'est présenté à notre observation. — Disons un mot de
son état général, en passant en revue les difTérents organes
et leurs fonctions; cet examen est digne d'intérêt.
» Prince est d'une taille moyenne; il est bien développé ;
il était, dit-il, vigoureusement constitué; nous pouvons
le croire : il était autrefois garçon de pharmacie à l'hôpital,
et les infirmiers qui l'ont connu alors certifient qu'il était
un fort gaillard. Quel changement aujourd'hui dans toute
sa personne ! Ses traits portent l'empreinte d'une vieillesse
précoce; ils ont une douce expression où perce l'insouciance ;
son regard est craintif, sa démarche chancelante ; ses mou-
vements lents et mesurés: il y a de la femme dans son
allure. C*est qu'en eiïet il en a pris toutes les formes : la
peau est d'une parfaite blancheur, douce nu toucher; un
léger duvet la recouvre à peine dans les régions où le sys-
tème pileux était fort développé autrefois. Un tissu cellu-
laire abondant donne à tout son corps de gracieux contours;
les extrémités supérieures et inférieures ont acquis des
formes inconnues ù notre sexe. La main, surtout chez un
individu occupé plus d'une fois à de rudes travaux, a subi
une transformation surprenante; l'artiste la trouverait
irréprochable: i ne voir que le doigt, l'anatomiste nierait
le sexe. Les organes génitaux sont aussi ceux d'un enfant
de cinq ans : leur blancheur, leur formcj^ leur volume, tout
SOO lltfFUISSANCB SYHrTOMATigUB.
le ferait croire. Le (ourhor perçoit doux oiipareiices do
testicules de la grosseur d'une petite noisette, l^a verge a
peut-être proportionnellement éprouvé une atrophie moins
considérable ; le canal de l'urètre a conservé en largeur les
dimensions de celui de Thomme odufte ; le méat urinaire
de Prince est même plus large que chei beaucoup d^autrci
malades couchés dans la même salle que lui.
» Du re!$te, le moral s*est montré esclave du physique :
en perdant les organeii, il a perdu les fondions. Son tem-
pérament est le type du lymphatique; son caractère est
fort doui, son intelligence obtuse, et la mémoire, fort
bonne autrefois, est toujours très infidèle. Les fonctions
organiques n'ofTrent rien de particulier, seulement les
liqueurs le mettent dans une excitation nervense remar-
quable. Deux verres de vin blanc, pris h différentes époques,
lui ont donné des attaques épileptiformes. - Dans notre
examen nous n'avons point oublié les organes de In voix :
sa corrélation avec les organes génitaux nous le rappelait
suHisr.mmrnt ; mais la voix n'est que légèrement modifiée.
»^ Tel était rétat de Prince en janvier dernier. Aujour-
d'hui sa constitution s'est améliorée; il semble se ré<;énérer
sous l'inHuencc du traitement qu'il a suivi et que nous note-
rons en quelques mots. M. Puche lui fait prendre son sirop
antisyphilitique composé , dont voici la formule :
lodhydrargyrate neutre de polasftium. I gram.
Iode pur I —
Proto-ioduro de potassium tOO —
Eau distillée 398 —
pour 500 parties. — Dose du sirop de 25 h 100 grammes.
» Jusqu'à ce jour le malade en aurait pris au total envi-
600 grammes. C'est en subordonnant le troitement aux
d'urb intoxication. 301
s)in|i(6mcsy c'est en veillanl surtout i r«ilimento(iofi du
malade, que M. Puche est parvenu à arrêter les progrès
eiïraynnts de cet éliolement général. Aujourd'hui Prince
est |iius dispos, il se sent plus fort, il semble remonter peu
à peu les degrés qu'il o descendus; toutes ses douleurs ont
disparu. Les fosses nasoles sont le seul point en souiïrance,
et, la encore, la nature prend le dessus. En eiïet, la nécrose
élimine de temps en temps de petites esquilles, el le malade
s'en trouve mieui. Notons cependant que l'apophyse mon*
tante de l'os maxillaire supérieur droit a presque entière-
ment disparu por suite de ces éliminations.
x> Le léger duvet qui recouvrait les régions autrefois abon«
damment pourvues de barbe devient plus touffu ; il noircit;
cela se voit surtout aux moustaches. Les organes génitaux
eux-mêmes reviennent de leur inertie. Le mois dernier, Prince
n eu deux érections; ce sont les seules qu'il oit éprouvées
depuis le jour de ses fameux exploits; en un mot, notre
malade marche incontestablement vers la conquête de la
|iremière nature.
•» Nous n'avons rien dit de la chute des cheveux : le rasoir
Tayant plus d'une fois artificiellement produite, cet acci-
dent perdrait par ce fnit beaucoup de sa voleur (1). »
Après celte intéressonte communic.ition , M. Rourgui'
fS^non présenta à l'Académie le malade qui en était l'objet,
et il fut facile de se convaincre de l'exoctitude du récit
que nous venons de rapporter.
Il n'enire pns dons mon sujet d'exposer les ressources
qu'offre la thérapeutique contre la syphilis ; mais je dois
noter, sons m'y appesantir, que le traitement de l'impuis-
sonce produite pnr le virus vénérien doit se confondre,
(4) BuUetm de l'Académie de médiMiinê,?àr\A,\Sil, t. Vfl, p. 974.
M4 IVHIliiAMi STWrOVAIHHIB*
ttlion, mèiM alori qu'il était ai coevalesceiioe» fut incapable
d*6iercer le eoit. Un de noa oonGrèrett q«i ne l!a rapporté
Itt-mèoie, éprouva la même impombililé pendant un lampa
aiaei long qu'il subit l'inloence saturnine.
Il est néoMsaire de rappeler id les professions qui expo-
sent i rintoiieation dont je parle» car dans qndqnes cîr*
constances» alors qne les ncddents Iniques sont peu pro»
nonces , elles peuvent aMttre sur la voie de la cause .de
l'impuissance.
Ces professions sont :
Ouvriers cérusier», ouvriers des fabriques de minium» dca
fabriques de iilbarge, peintres en bètiaokenls, peintres d*at*
tribut!i, de voitures, dore un sur bois, %emissenrs de nsétanit
fabricants de papiers peints, broyeurs de oouleura» fabri*
cents de cartes d'Allemagne, ceintoronniers, pçtiers, bien*
ciers, verriers, ouvriers des mine« de plomb, af6neurS|
plombiers, fondeurs de cuivre, fondeurs de bronie, fondeurs
de caractères d'imprimerie, imprimeurs, fabricants de plomb
de chasse, lapidaireu, tailleurs de cristaoi, ouvriers des ma-
nufactures de glaces, ouvriers des fabriques de nitrate, de
cbromate, d'acétate de plomb.
Quand Tabsorption du plomb sera la cause de l'impuis-
sance, celle-ci n'esigera pas d'autre traitement que celui de
l'intoiication saturnine dont je ne dois point m'occupcr ici,
et pour laquelle je renvoie le lecteur aui traités spéciaui
sur la matière.
â'' InioxicatiMM anlimoniale H arsenicale.
Dans son Traiié de ioœicologie, en parlant de l'action
des vapeurs antimoniales, OrGla s'exprime ainsi : « M. Loli-
merer a vu quatre individus qui étaient fréquemment
d'une intoxication â05
eiposés h des émanations anlimonialcs dans un élnblis*
sèment où Ton préparait en grand du (artre slibié, du
beurre et du verre antimoniés, où Ton fondait de la poudre
d'Algaroth, et où il se dégageait surtout des vapeurs d'acide
antimonieux , d'acide anfimoniquo cl de chlorure d'anti-
moine. Il a observé les symplAmes suivants : douleurs de
tète, difficultù dé respirer, point de côlu et douleur pongi-
live dans le dos ; r&le mu(|neu\ et silTIcmciit dans la poitrine,
expcctoralion difTirile de quelques grumeaux (enaccs; in-*
somnie, sueurs abondantes et ubatlemrnt général; anorexie,
diarrhée , dysurie avec écoulement de mucosités causant un
sentiment de brûlure dans rurotre; flaccidité delaverge^
dégoût du cott^ impuissance complète ; pustules sur diiïé-
renlcs parties du corps, mais principalement sur les cuisses
Cl sur le scrotum; douleurs dans les testicxdes^ atrophie de
ces organes ainsi que du pénis, » (Jonmal de chimie médi-
cale, année 1840, page 629,)
Mais Orfila ajoute :
c\\ n'est pas douteux que Taclion prolongée de ces va-
peurs ne puisse amener la mort; mais il n'est pas encore
démontré que les accidents dont il vient d'être fait mention
ne soient dus, en partie du moins, aux vapeurs arsenicales
que fournissent la plupart des antimoines du commerce,
lorsqu'ils sont chauffés ou truites par quelques agents éner-
giques (1). »
D*après M. Lohmerer, rintoxiration antimoniale, et, par
suite, l'impuissance qu'elle produit, doivent être combattues
|iar les anliphlogistiques, le lait, et plus tard par l'opium,
le tannin, et surtout le quinquina h l'intérieur et en lotion.
(I] Traité de toxicologie, l. I, p. 650 el 65t.
20
306 IMFUISSANCB SYMPTOIUTIQUB.
/i<> Intoxication iodiguê.
Comme (ous les ogenlf» aclib da li matière médicale^
rioda a ét<^ loué et aliaqué oulre mcgure. Parmi les re-
proches r|u'on lui n adreasiV«i, les accidents du rôté du
système nerveux et la fonle des glandes , par conséqucni
celle des testicules, sont les plus graves, et« comme ses
partisans ne pouvoient nier ces faits « ils ont prétendu
que ces accidents étaient e&cessiiement rares, et que <■ c'est
à peine si un médecin , dans le cours d'une longue pra-
tique , a l'occasion d*ot^ener un ou deui faits de ce
genre (1). »
Je ne i^ais jusqu'à quel point on peut et l'on doit par-
tager la confiance da^ partisans de l'iode, car il m'a été
donné, dann l'espace de moins de dii-liuil mois, d'obser\er
quatre cas irimpuissance, avec atrophie plus ou moins consi-
dérahledes testicules, survenant pendant ou immédiatement
après le traitement de la phlhisie pulmonaire par lo méthode
de M. Cliartroule, c'esl-à-ilirtï par l'absorption des sapeurs
diode.
Chez l'un de ces quatre malades, molgré l'impossibilité
de l'érection de la ^ergc, les désirs \énériens étaient con-
servés et les testicules avaient leur volume à peu près nor-
mal. Chez les trois autres, qui offraient une bien évidente
atrophie des testicules, rindillérence pour le coït était assez
marquée pour ne leur pas faire regretter les voluptés per-
dues, et ils ne lenaioil réclonier mes soins que pour satis-
faire soil le devoir conjugal, .^oil le désir d'avoir un enfant.
(I ) Traité de thêrapêuliquâ $t ie matière médîMle^ par MM. Trous-
seau et Pidouz, 2 édit., t. i, p. 265.
D^UNB INTOXICATION. 807
D'tQlres composés d'iode, sans avoir une action aussi dé-
létère que celle des vapeurs de celle subslance, n'en agissent
pas moins sur les organes génilauv. Un de mes nmis qui, à
la suite d'accidents syphilitiques assez graves, avait pris Tha-
bitude d'user, au prinlemps et en aulomne, de Tiodure de
potassium à dose dépuralive, m'a avoué que, pendant tout le
temps qu'il faisait usage de ce médicament, il était moins
porté vers les plaisirs de l'amour et perdail sensiblement de
son énergie virile.
Au moment où j'écris ces lignes, un de mes malades,
dans loulc la force de Tège, i qui je fais prendre du proto-
îodure de mercure contre des accidents secondaires de la
ajpliiliS) m'a accusé une certaine défaillance dans sa virilité
et une froideur pour les plaisirs vénériens, qui ont porté le
trouble dans son imagination.
Dans les deux cas que je viens de citer, il est impossible
d'attribuer à la syphilis les accidents qu'éprouve le sens
génilal, car il n'existe ni cachexie vénérienne ni désordre
local qui lea puissent expliquer.
Quand l'action de l'iode se traduit simplement par nne
diminution dans les forces génitales, sans atrophie des testi-
cules, il suffit ordinairement de suspendre l'emploi du médi-
cament pour voir revenir les choses h Uur état normal.
Quand les testicules sont entièrement atrojihié!*, In mé-
decine doit déclarer son incomfiétence; eilc ne peut rcfnire
des organes perdus.
Mais il est rare que l'intoxication iodique atteigne ces
limites extrêmes du côté des organes génitaux, avant d'avoir
produit des désordres graves du côté de quelque organe
important k la vie, de telle sorte que l'on a presque toujours
affaire à une alrophie incomplète des glandes spermatiqoeSi
^oand 00 malade réclame des soins contre son impuissance.
à
SOS IHPDIIUKCI BTBrrOllATtQDB.
Dbi» ce esR, un régime analeplique, k tijonr i U nm-
pagnc et l'excrtit-c au griml air, sont de tonte néeetut^, et
ibiit la base de lamdJicalion. Plus lard, et si aucun trouble
n'ciisic du c6tù du tube digeatif, lei marliaui al te quinquina
peuvent rendre des service*; mais, je le repaie, il faut, avant
toute diosc, s'ollacher i uii rûgime rcconrorlant, et ne re-
courir que plus tard oui agents médicsmenlcut propre-
ment dïli .
&* tntoaoicatùm par le camphn.
L'action sédatite du camphre est aujourd'hui uaei
généralcnient admire pour qu'il ne soit pas néceiaaire de
rétablir par de nouvelle! eipériencea. Mais, et c'est ce qui
nie fera très peu arrêter a ccllu action, les elTets sont pas-
sagers et lu sédiiliu.) |iroduilc»e dissipe rocilemeiil.
Cependant l'usi^tc longtcmiis ri>ittiiiué du camphre, sur-
tout Eous forme mulOculuin-, |.eul amener une faiblesse
dans l'éiiergiu 5Ciuclle {|ui, si elle n'est pa^ l'impuissance
complète, trouble assez l'orprit des malades pour les faire
recourir è la médecine. J'nieu occasion d'observer plusieurs
faits de ce genre à l'époque où il étoit de mode de tenir
dans su bouclic un tujiiu dr plume ri-nfermant un morceau
de camphre, et (fiii.-M. Kuspail, son inventeur, avait nommé
cigareUe de camfihre.
I.'i'ffi-I nna)iliri)disioc)ue de re petit appareil était entière-
ment |>ln»i<{iiv; t'sdt^iis u-inTicns subsistaient dans toute
leur éncr»ii', l'orgniic sc:il fiiindit défaut, quoique l'action
sidalive ilu nimpliru, aiu>.i <(ue le mollirent les eipériences
et les fail'i d'(>iii|iuis(>iiiicmciit, paraisse s'eicrccr aussi bien
sur les centres iior>en\ ipie sur lus ramifications de ce
sjsième.
D'ailU'iirti, dans les cas dont je parle el qui offraient une
U'UKK r^TUIlCATlON. 309
ÏDtoiicatioii lunli* et proluile par îles doses iiilîniléslmoles,
je n'aijomais eu à noter le délire, la stupeur ou (oui autre
désordre du cerveau et du la moelle épinJèrc; queiquerois
UDC céphoiaigie légère occompognait l'inertie de la verge;
mais, je le répète, dons la majorité des cas, l'altéralion de
la virilité paraissait enlièremcnt locale et .xans relations avec
un trouble général quelconque.
Cependant, malgré toutes ces probabilités de local iaaiion,
je n'ai jamais négligé d'exercer une action stimulante sur
la colonne terlébrnle, et je me suis toujours loué des fric-'
lions sur cette pnrtie ti\ec l'alcool ou une subslnrice aroma -
liquc. Si la sédiition était ossez intense, il serait utile de
recourir à la flagellation, ou mieux encore & l'urlication.
Quant nu traitement essentiellement locol,3'e.«limc que,
sauf les conire-indicalions bien manifestes, il doit se borner
i l'usage de l'électricité Le bain électrique e^l ici préfé-
rable, et l'on soutire les étincelles du périnée, du scrotum
et de la verge dans toute sa longui'ur. Quelques séances
suEBsent d'ordinaire, et cette médication manque rarement
de produire son effet, quand au préiilable on a soustrait le
malade i l'inilucnce toxique du camplire.
fi" intoxicalion parle haschich.
Les auteurs qui ont écrit sur le Itascliicli, MM. Auberl-
Roche(l), Moreau (de Taurs) (2), dis Courlivc (3), n'ont
point étudié les effets de cette substance au point de vue
qui nous occupe. Séduits par les phénomènes psychiques
(1 ] Dila fMila «I du lypkas d'Orient.
11) Du haiehich et de t'aliéiialimt mmibtle.
(3] Batehieh, Etude lùtlorique, chimiquL- et phj/tiologiqut. TlièM
•ootennekl'écdeda pharmacie de Paris, <847.
MO mruiauiKi ■thptonaiiqoi.
dont il) étiieitt les t^ffloini on qu'ih éproQTiieot e
ik ont coDcenIré leur allention sur In troubles des fseellés
inlclievtuellcs, et onl itéilaigné de raniigner deni leera
observation» les cluiigcmenli ipportés pir le baKhicb dans
(en loHclioiii gi'nituleii.
Et cefieddanl l'selton dn Canmbia mdiea anr le mim de
la génération est bien remirqmble, eer (es délicei qu'il
produit, les eituses où il plonge, n'ont rien de cbentel, je
vousassuri>, Ltu visions pleines de fenmesaacostaae léger,
et mAine nues, aux dentés lescives, ans regords provoca-
teurs, n'éireillenl aucun désir et n'etcilenl aucone aetisue-
lilé ; tout est idéal, tout est spiritualisé.
Ce ftilent-e de l'appélil vénérien, celte déchéane de
pouvoir de rniia^inaliuii, me surprirent aussi {irofondé-
nienl que Icï plictiomt-nes psji'liiqun, L>t je résolus i)c
porlvr mes iiiiestigutions sur un point jusqu'ici laissé dans
l'ombre.
C'est sur moi-même que j'et|iérimenlai4, car je n'avais
point oublié cen paroles Ire^jitslcs de M. Moresn (de Tours):
« L'obiwrvutiun, eu pardi rus, lorsqu'elle s'eierce sur d'au*
très que noiis-niAin'-si , n'atteint que des apparences qni
n 'apprennent ab<ulnnieri( rien, ou peuvent faire tomber
dans les plu» {{rossièros erreurs. L'etpérienee personnelle
est ici le critérium <le lu vérité. Je conlesle k quiconque le
droit de parler dus cITels du liascbich, s'il ne parle en son
nom propre, et s'il n'a été k mime de les apprécier par un
usage sulTisammenI répété (I). d
Avnni de commencer le réril de mes eipérienres, je pro-
teste (le nouveau contre toute pensée malhonnête que l'on
vomirait me (irétcr; je fnis de la science, et la science est,
(fj Lk.cîi., p. i.
d'unb i.itoxigation. 814
comme l'art ^ chaste et pudique dans sa nudité; je dis avec
le poëte :
Nuda recède Venus, non eët luus iste libellos.
Diftce verecundo saoclius ore loqui
»
Mes premières expériences sur le haschtch datent de 18èS*
Les diverses préparations de cannabis indica dont je fis usage
me furent fournies par mon confrère le docteur Foocarf, qui
les tenait lui-même deM* Louradour, phnrmacirn.
Ainsi que je le disais plus haut, l'action du cannabis
indica sur le sens vénérien me frappa dès rria première fan*
tasia» et, comme elle se reproduisait exactement la même à
chaque ivresse, je résolus de diriger spécialement mon
observation sur ce point*
A cet efTet, je me haschichnis avec une femme dont les
mcfiurs taciles ne pouvaient apporter d'obstacles à l'expé-
rience.
Après la période d'hilarité qui fut pour ma compagne une
période de larmes et de terreurs, je m'étudiai h tourner
mon esprit vers des idées lascives. L'imagination ne répon*
dit point à ma volonté; j'eus alors recours aux baisers, aux
•ttoucbementf 4 en un mot aux excitants physiques.
Sollicité tour h tour par les vi^otrs tout idéales dues
au bascbich, et par la volonté de fer dont j'étais animé,
j'étais dans un trouble extrême, et il me sembla enfin ^
après des efforts inouïs , que l'érection du membre viril
s'était produite.
Je voulus alors me livrer au coït.
Alaisao moment oà je croyais atteindre le but, an obstacle
infranchissable s'opposa à l'intromission de la verge, et
mes forces s'usèrent à le vaincre ; brisé de fatigue et couvert
lie sueur, je dus renoncer h accomplir cette œuvre immense^
M9 iiipuihaih:k aYanttaATHtm.
l'organe co|)ul»(eur participant lut-nièaut k rabalUsiMOI d«
lonl l'organiime.
Je recommençai mes itUi|aei on nombre infini de foie,
et lonjoun jo dui céder t l'otMlacle dont je pariait luut k
l'beare, et qui, selon loote probabilité, n'était entra chose
qM la flaccidité de la verga.
Toute* cet tentatives infructueuses avaient réullement
abattu mes forces. — Je me mis an lit avec la eompagnc de
mea tristes cipluib. — Dès co moment, lea souvenirs me
Ibol iléiaut, et il est pour moi certain que je m'endormis
d'un sommeil presque léthargique.
lie li'mlemain au rcveit je me aentia brisé et étourdi
comme si je ni'étnis livré toute la nuit à des eicès exagérés
du Cuit. J'inlerrogcoi ma compagne , elle ne s'iitait mArno
pas douté de mon voisinage. J'cvaminai les tlrajis et je ne
constatai aucune tarhe de sperme. D'où venait donc cet
anéantissement qu'uui'uiie perte ii'cipliquait ?
J'ai répété la même expérience deux fois et ù des inter-
valles osseï éloignés , et toujours j'ai noté l'absence don
désîn vénériens, la flaccidité de la vei^e et la rétention du
sperme.
Cet état du sens génital ne se prolonge pas d'ordinaire
au deli du l'itrGsxe amenée par le hascliicli; cependant une
langueur m fait quelquefois sentir pendonl un ou deux
jours, mais elle se dissipe d'elle-même, à moins que l'on
ne fiis^e un usage abusif de ce narcotique, auquel cas l'im-
puissance peut advenir.
Cette circonstance est rare dans nos pajs; on ne la ren-
contre guère que ehei les peuples d'Afrique et d'Asie qui
font du liaschicii leur boisson faiorite et journalière. C'est
une de.-) mille causes qui rendent les Orientaux le plus
proraplement el le pins longtemps impuissants} car le plos
AFFKCriON DE l'aPFAKBIL g6NIT0*URINAIKE. 315
efficiicc cl pcul-élre Tunique remède au mal , est de dis-
continuer l'usage du haschich, ce que ces peuples elTéminés
ne veulent ni ne peuvent faire.
S W. — B^uie afléetlMi ii« l'appareil séallo-nrlnalre.
il eût été plus logique d'examiner séparément les maladies
des organes urinaires et celles des organes génitaux; mais
ai Ton réfléchit que ces deux appareils ont les rapports les
plus intimes de voisinage, on conviendra qu'il était difficile
de les séparer dans un examen pathologique; celte néces-
sité de les comprendre dans le même cadre ressortira bien
roaniFestement à l'occasion des maladies de la prostate et
du canal de l'urètre.
J'aurai donc h passer en revue, sous le rapport de l'im-
puissance :
1* Les maladies des reins, des bassinets et des uretères ;
2® Les maladies de la vessie;
â* Les maladies du col de la vessie et de la prostate ;
&* Les maladies des vésicules séminales et des conduits
éjaculateurs ;
5^ Les maladies du canal de l'urètre;
6* lios maladies de la \erge;
7° Les maladies du cordon spermatique et des testicules.
1° Maladies des reins, des bassinets et des uretères.
Diabète. — Quoique la nature du diabète ne soit pas
connue et qu'il soit loin d'être démontré qu'elle est une
aiïec'tion des reins, j'ai dâ me conformer à l'usage et la ran-
ger parmi les maladies de l'appareil urinaire , en raison
nnènie des symptùmes les plus importants dont cet appareil
est le siège.
ut
A edti dm déMrdrai JmI U léorétioo réiwl* oOra It
•peeUde, In iMNtioM génératrion MdMwnl 4m «lUnlÎMM
qai légitiment !■ place que je 4»Qam îd mi diabète.
< Let foncliont géaéralrieet, dît M. Valleii k l'articte
GlvâPturiff iQfit preCTiMéiHiit ironMefi Ij69 értclioni
n'ont plus lieu; il n'y a plut de désirs vénériens; parfois
même, si l'on «o croit quoliiaei auleurs, le leslicule s'alro-
phte et le serotnm ilevient Baaqne. Sunaol M. EHralaon,
cet état l'obacrve sealement neoTroM aor dit; mais il edf
été néressaire de diru ai les matndef avaient été înterrag^
t ce injel é tentes les époqaes de leur maladie ; car cette
altération des foncliona génératn'cei , qui a été remarquée
par lous les obserfatenn, ne aurfient que jiradnellement,
et l'on conçuit très bien qu'i une époque rnpprocliée du
début, elle peut être Irèa Taibln et peu appréciable. Le
même auteur a noté que la sécrétion du !i|H>rme cessait de
ic faire (1). »
Jo tais essnyer de suppléer au silence dont se plaint
M. Valleit.
Le diabète, outre les symplémes relatifs au produit irii-
Dairi', présente comme pliénomùne gémirai et cousiaiil une
diminution notable, et même la suppression efiliëre de luuli-s
les sécrétions, h ce point qu'il semble que le tyttème uri-
naire attire en quelque torte à lui seul la plut grande partie
des hutneurs qui devraienl avoir une direction différente.
Ainsi la perjtpiration cutanée est suspendue ot la peau jiré-
aente une surface érailleuse, sècbe et aride; la sécrétion
des larinaa, celle de la salive, éprouvent une diiuiuulion
notable, et Dupuytreo elThenard ont même obsené que
d'anciens ulcères aux jambes diseonlinuaient de suppurer et
se séchaient spontanément.
(1) Guida dm rnédum fntkien, V édll., l. III, p. 54*.
AirpsCTIOM DE (.'apPARBIL titlIITO-IIIIMAIBB. S15
bien évidemment, In sécrétion ipermatique a'eit ptB
•Gule é|iargnAe au milieu des Iroubleii qui atteignenl toutM
les autres sécrétions, el l'obsfrvstioD île M. Ëlliolsoniurli
ccMstioii (le la fonilioD lesticulsire cil parraitemenl exacte.
La sécrétioD du Sficrme, sauf dam (juclques rares etcep-
lion!:, C!it, comme nous le verrons plus loin, une des condi-
tions de la virilité ; par conséquent, cette sécrétion venant à
diminuer d'une manière notable et même k cesser complè-
tement, la puiii»ance virile doit décrollre et même s'nnéantir
enlièremcnl.
Entre ces deux laits, c'eit-^dire la virilité et la sécrétion
spennatique, il existe une telle corrélation que l'on peut
juger de l'énergie de l'une par la nature de l'autre. Un
sperme aboi>danl, normal et bien lié est toujours l'indice
d'une grande Turce copulatrice ; je ne dis pas une éjaculation
abondante, qu'on le remarque bien, parce qu'nu proJuit de
l'éjaculatiun se trouvent mêlés des fluides bien dillérenls du
sperme.
Il s'agit doue de savoir, pour marquer le commencement
de la décadence virile, quond la sécrétion spermatique dimi-
nue d'une manière assez notable ou cesse de se faire.
Evidemment, le moment précis de cette diminution uu
de cette suspension ne peut être noté ; mais tout jiortc à
croirequ'elle suit la marche des autres sécrétions, ainsi qu'il
parait résulter de la remarquable observation, communiquée
à l'Académie de méderini' par MM. Mialhe et Contour (1),
et avec laquelle concordent la plupart des faits que j'ai
moi-même observés. Chei le malade de ces deux auteurs,
l'anéanliasement de la force virile n'avait pas allendu, pour
se produrre, l'amaigrissement et le marasme ; l'impuissance
(() $MÊtlnà»fAoatUmk 4t «Mmom, jniHel48U, i. IX, p. »77.
f
ftl6 IIIHItSttAKCI SVMrTOMATigUI.
s'était montrée quelques mois à poino aprèt la dîmkialion
dei sécrétions, et comme rien ne décelait la continuation de
la sécrétion spermatique, il est permis d*admettre que les
testicules avaient suivi Teiemple des glandes lacrymales,
salivaires, etc. , etc. , et que cette inaction avait enchaîné
Tesercice de la virilité.
Plusieurs observations recueillies par moi-roènie, comme
je le disais plus haut, m'autorisent à croire que les choses
se passent réollement ainsi, c'est-^-dire que ce n'est point
à la faiblesse générale qu'il faut rapporter Timpuissance des
diabétiques, puisque cette impuissance se montre bien avant
le marasme , mais plutôt à la suppression de la sécrétion
lesticulaire dont l'existence, concordant avec l'anéantisse-
ment ou la très grnnde diminution des outres sécrétions,
est attestée par Tabsence des désirs vénériens, des poilu*
tiens, etc., etr.
D'après ces données, et en admettant avec tous les auteurs
trois périodes clans le diabète, le début de l'anaphrodisie doit
être placé dans la seconde période, la première étant rem-
plie pur le développement de la cause qui produit la suspen-
sion de la \irilité. — C'est ce que l'observation prouve
en eiïet.
Mais comme le diabète n'a rien de fixe dans sa marche,
que sa dun^e varie de quelques mois à plusieurs années,
chaque période met, h parcourir ses phases, un temps qu'il
est imposible de déterminer , on ne peut donc préciser d'une
nMnière absolue l'époque de l'apparition de l'impuissanrc
è partir du début de la maladie ; mais on peut dire que Tana-
phrodisie apparaîtra d*autant plus tardivement que la marche
des phénomènes morbides sera plus lente et les sécrétions
moins taries , et quVIle se montrera d'autant plus tôt que
l'éiolution de la première période aura été plus rapide.
.tPFECTION DK l'APPARBIL GÉNITO-UItlNAIIIR. 347
La tlurûe <le l'impuissance diabétique est entièrement
subordonnéo è la (lersistonce de la maladie principale; c'est
avouer qu'aucun troilement spécial n'est ici nécessaire.
Dans l'obscrvaliuii rapportée par MM. Mialhe et Contour,
le Irailcroent pnr les alcalins que ces auteurs préconisent
contre la glucosuiie suffit, au bout d'un mois et demi envi*
ron, à Irluniplier tout h la fois du diabète et du l'imputs-
sancc. Quel que soit donc le mode de Irsitemcnt que l'on
adopte, celui de Rollo, celui de M. Buuchardiit (1), celui
de M. Mialhe, etc., on ne s'adressera jamniss[ié('iolement
aux organes de la généralinii , el, plus qu'ailleurs peut-
être, on se gardera de faire une médecine de sympt/lnies.
2^ Maladies de la vessie.
Depuis quelques années, mats surtout depuis les travaux de
M. Ciïiale{2), on a apporté une distinction nécessaire entre
les aiïeclions du col de la vessie et celtes du corps de cet
organe. Cette séparation m'est, plus qu':i tout nuire, indis-
pensable. Si l'on rélléclut qu'au col de la vessie se trouvent
réunis h prostate, l'oiibce du canal de l'urètre et l'ouier*
lure des canaux éjaculatours, on com]>rcndra le retentisse-
ment que doivent aïoir sur les fonctions génitales les mala-
dies lie celle porliun de l'appareil urinnirc; tandis que le
corps (le la vessie, relégué dons la cavité pelvienne, sans
[ommuniralion directe avec les organes spermatiques, et
n'ayant aveu les tésicutes séminales que des rapports de
ju\tb|.osilion, ne peut exercer par ses étals morbides une
influente ilireclement spéciole sur les fonctions reproduc*
{I ) Du ilinbèle nurrr. nn gltiroturir. mn Irallnnent hygiénique, ParJS,
1861, in-t.
(S] Ttailr prtiftfw dm malaiin in organe» ^énShi-urinairrr.
M8 mratMAiici mvToiiATfQM.
UicM. Senlenent, I» alléntioni dool le réwnoir orimire
paot èlra ■llfinl mnI rarament Imitée* a> corps de l'orw
geoe ; elles envahissent tsseï souvent to col et relenlîsseiit
aiiMÎ secondairrmcnt snr les voies génitnles.
11 en est de mémo d'un calcul dans la vessie qiit sollirile le
malade k eieresr des trarlions sur la verpe. Ces Iraetions ont
i|ad«|ueroi4 pour réinllat une hjparlrofihie molleet flasi|Qe
tanUk du prépuce et lanlAt du pénis tout enlîer ; de telle
aorte <|ue les rapports d'harmonie entre l'of^aiie mtia et
l'OTftane de la Femme peuvent être rom|>us, et cetla dispro*
portion amener una impuissance relative. Tous les aotears
<|M ont écrit sur la présence de la pierre dans la vesaie ont
noté l'hyperlrophie de la verge rhoi tes calculeut, et je re-
produirai tout à l'heure re que M. Clvialu a dit sur ce sujet.
Mai]) il est un état anormal de la vessie que je dois sigiio-
larici, parce qu'il est le seul capable d'nmener l 'impuissance.
Je vcui purler du rjstocèle inguinal.
La hernie inguinale de la vessie s'oppose de deiu maniires
i l'accomplissement du cort : 1* par la tumeor qu'elle forme
au pubis; 2* par la rilraclion de la verge.
S'il n'uiistnit que le premier empêchement k la copula-
tion, on pourrait dire que l'impuissance ne serait pas ronli->
nae, puisque l'évacuation de l'urine, en alTatfsant lest parois
liHcalea hemiées , liiil disparaître Is tumeur.
Mais la rétraction de la verge est un obslncle qui est lié
à l'eiisteoGO même du cyatooèle, et qu'il n'est |ins possible,
pareenaéquent, de faire disparaître à volonté.
.-. Opconçoil, en effet, que le corps de la ve<iRic>, entraîné an
m du canal inguinal, eierce des Iraetions Kur les parties
li aOBt attenantes, et attire son col, et, par suite, le
it l'nrètre, en haut el en dedans. I.n longueur du
miÊmin f feporiioaa asaaa lemiblei.
AFPBCTIOR K l'aPPABSIL 6kNlT0-UIIINAIRB. M9
et cette dimination est encore aggrivée par la tumeur du
cyttocèle lui-même. La verge, chex le« perwnnes alteintei
de celle infirmité, cnrhée tous l'arcade du pubia, opparatt
comme on tubercule au milieu dea Urrus et dei poils qui
l'environnent, et ne peut, même par l'érection, dépattaer jei
éminenceii qui la dominent, aurloul quand le cyslocëie eit
compliqué, ninni qu'il arriie fréquemment, d'une hernie
inteatinole ou épiploïque.
Rien évidemment, cet obstacle mécanique ne produit
principalement dofis le cy.slocèle complet, c'est-à-dire lors-
que les paroi» antérieure et postérieure de la vessie se
IroHvciit simultanément engagée» dans l'anneau, el, ù plus
forte raison, dans le cyslocèlc double, dont il n'etiste qu'une
xeule observnlion, je crois, rapportée par Verdier(l).
l>a réduction de la hernie est, on le comprend, le seul
remède l'i l'impuissance que ce déplacement occasionne, et
je renioie pour lu mode opératoire aux ouvrngea spéciaui
sur la mntière.
3" Maladies du col de la ves.iie, de la prostate et des conduits
éjaculaieurs.
En dehors de l'obstacle que les filtératrons de la pruslats
Apportent à la sortie régulière du sperme, elqui sera l'objet
d'un examen approfondi, alors que je rechercherai leBrniiie*
de ta stérilité, les affections profondes du col de In vessie
el de la prostate déterminent un développement considé-
rable de la verge qui, h lui seul, peut constituer une impuis-
sance relative.
Cette hypertrophie, qui se montre au«!>i chei les calcu-
leni i la suite des tractions que teut-ci eiercent sur leur
(1) M^mofrfgiitl'AmdémieiUeMnirglt, t. Il, p. 3S.
330 IHNIISSAKCIt SIlinoilATIQOI.
verge, et chet les individus alleiula de rélrécisseiiienti de
l'urèlre, par une action purement sympathique, m'occupera
tout k l'heure d'une manière toute spéciale.
Les conduits éjaL-ulateurs loges dans Tépaissi-ur de la
prostate restent rarement étrangers aux nllératioiis do cet
organe; les vésicules séminales jouissent, quoique moins
rauvent cependant que les conduits éjaculalcurit, de ce triste
pritilégr, de telle sorte que l'élude de toutes ces aiïccUons
doit se trouver dans le même cadre et ne tonner qu'un seul
tableau.
Mais en réflécliissaiit aux roiiséqucnrcs qu'i.'lles entraî-
nent, on no torde pas h s'nperceioir que, tout en détermi-
nant l'impuissance dons la large acception que nous avons
donnée ù ce mot, ces alTections, telles, por exemple, que
riiyperlrflphic de hi inoslale et surtout du vcrumuntanum,
In spermntotrhre, etc., se traduisent prin(-i|iftlemehl, (ontdt
par un obstacle a l'(.-\i'réti<in normale du S|)eriiic, et lunldt
par une alléralîoii dans la nulure de ce liquide, circonstances
qui ont pour rénulliil immédiat et certain ta stéritité.
Je (Tois donc plus rationnel et j>lus utile tout à U fois de
renvoyer l'histoire de ces muladiesù la partie de cet (iu> rage
consacrée ù la stériliti^ chez l'homme, me résenant dores et
déjà de compléter alors la portinn dn cadre de l' impuissance
que je néglige de remplir ici.
h*Malailie.s des véxiaiUi .mmnata.
Les maladies desiosicules séminales eapuliles d'entraîner
l'impuissance ont pour c^irartùrc commun la sortie invulon-
laire de la liqueur séminale, ce cpii les a Tût cliisser sons le
titre uni(]ue de speniiatorrhée.
Les causes de la spcrmatorr liée sont multiples et diverses,
d'uRB AFFECTIOK DK l'apPABEIL GAniTO-tltlINAlHE. 321
mais parmi elles les excès vénériens jouent inconleslable-
ment un r6le considérable. Or comme j'ai h m'étendre
longuement sur l'inDucncc fâcheuse qne ces cicès ont sur
la faculté copulatrice, je renvoie l'étude de la spermalor-
rhée, en tant que source de l'impuissance, au paragraphe
relatif è l'action des obus des organes génitaux, afin d'em-
brasser dons leur ensemble les résultais néfastes de cette
cause si commune d'anaplirodisic.
5" Maladies de l'urètre.
Tontes les moladics qui iilfeclent spécialement l'urètre
diminuent plus ou moins le calibre de ce canal, ilc telle
sorte que, ramonées au. point de vite qui nous occupe, cites
rentrent toutes par quelques points importants de leur
histoire dans la fumiile des rétrécissements.
Ceux-ci constituent une cause fréquente Je stérilité chet
l'homme en mettant obstacle h h libre sortie du sperme, et
leur élude, comme celle des affections de la prosliitc, des
vésicules séminales et des conduits éjaculalcurs, trouvera
sa place dans la seconde partie de cet ouvrage.
Cependant ils ne sont pos s.nns exercer une influence fâ-
cheuse sur la fonction copulntrice, et comme cette iniluence
est entièrement distincte <le celle qu'ils ont sur le cours de
la semence, je vais l'exposer ici pour n*avoir plus o y reve-
nir plus tard.
Les rétrécissements du canni de l'urètre agissent sur la
fonction copulatrice en altérant, soit les conditions anato-
miques de la verge, soit !es conditions physiologiques de
l'érectioa.
Sous le premier rapport, la tuméfaction du prépuce est
nn accident que l'on rencontre ossez fréquemment, et qui
322 mruiMANCB syhptomath^ob.
11*8 rien Je commun avec la iuroébction produite par Tio-
lillralion de l'urine. La plupart des auteurs qui ont écrit
sur les réirécissemeuts de l'urètre prennent soin d'avertir
de l'erreur dans laquelle on serait tombée s'il en faut croire
Ch. Itell, et M. Civiale fait ainsi ressortir toute Timporlance
de celle disliiiclion : « Au commencement de l8Ai , dil-il, il
s'est présenté dans le service des calculeui deu« maladea
aiïeclés de rélréci«sement et de grandes difficultés d'uriner^
qui avuicnl rexirémilé de !a verge très dure et très volu-
mineuse. Chez l'un d'eux l'induration occupait le gland et
le prépuce, dans l'étendue de treize lignes environ ;. elle
était la conséquence d'un rétrécissement fort long et Irè^
ancien, que je fus obligé d'inciser profondément, ik plusieurs
reprise». Chez l'autre, le gonflement énorme du prépuce^
avec iiitluration eiilréroe, se ratlachait h une véritable infiU
tration trurine cl à des iislules (1). »
La cause de celte tuméfaction n'est pas connue; c'est un
elTcl sympathique du rétrécissement.
liO prépuce n'esl pas toujours seul k éprouver cette hy-
perlrophic : la verge tout entière peut augmenter de volume,
et tel accroisM^nient du pénis, qu'il faut bien distinguer de
ceui que produisenl Tonanisme ou les tractions eicrcées par
le malade dans le ras d'un calcul vésical, est tout aussi
inexplicable que la luméfaction du prépuce. Ecoutons en-
core sur ce sujet un des hommes les plus compétents en
fait (le maladies de Turèlre : « On trouve, dit M. (jviale,
quelques malades chez lesquels le pénis prend un dévelop-
pement extraordinaire. Presi|ue toujours alors il y a des
Itsions profondes, soit de la prostate, soit de la vessie. On
(t) Traité pratique sur le» maladiei de$ organes génito-urinaires,
tiédit., Paris, I85#, V* partie, p. U4.
d'L^NE affection de l/A^^AHEIL OÊNlTO-UlilN.AlRE. 828
Ée rend diflicilement raison de cette iitftaence, mais e)le
eiiste ; j'tfi eu occasion de Tobserver chez un certain nombre
de malades, et Charles Bell en a fait le sujet d'une de ses
belles planches sur les aiïections des organes génitaux. Il
faot bien distinguer cet état de celui qui a pu être déterminé
par la masturbation ou par les tractions que In plupart des
ealcdleui ont coutume d'exercer sur leur verge. Ce déve-
loppement anormal du pénis m'a paru se lier essentiellement
mx efforts prolongés et longtemps continués que les ma-
lades exécutent pour chasser l'urine de leur vessie. Ce qui
▼ient h l'appui de cette opinion ^ c'est qu'on observe le
même phénomène chez certains calculeux qui se sont livrés
pendant longtemps h des efforts analogues, dont la prostate
et la vessie n'offrent aucune trace de lésions profondes, et
qui n'ont pas contracté l'habitude de se tirailler la verge.
D'ailleurs il n'y a pas seulement développement du pénis
ici, car cet organe est en même temps empftté, dur cl rigide;
tandis que la seule influence des tractions et des tiraille-
ments se borne généralement, du moins chez les vieillards,
à l'allonger, en le laissant mou et flasque (1). »
Cette altération dans les conditions anatomiques de la
▼erge constitue un obstacle purement mécanique à la copu^
lation, et s*il n'en existait pas d'autre, on en pourrait faci-
lement triompher par le moyen de quelques mouchetures.
Mais les rétrécissements de l'urètre a^^issent aussi sur les
conditions physiologiques de l'érection, et compliquent
d'une manière fâcheuse l'impuissance qu'ils déterminent,
et Parmi ceux des autres effets locaux des rétrécissements
de l'urètre, dit M« Civiale, qui méritent aussi de fixer Vai-»
tention des praticiens, parce qu'ils fournissent de précieuses
(t) Loo. ett.t p. 44t.
32& ISIPUISSANCB SYMPTOMATIQUE.
notions pour rétablissement du diagnostic et rappréciation
des pro<;rès de la maladie, se placent en première ligne l<*s
désordres qu'on observe dans les fonctions de la génération.
Les érections ont rarement lieu comme choz l'homme en
parfaite santé, soit que le pénis ne puisse plus se redresser,
h cause de la rigidité du canal, soit que le sang ne parvienne
point on suflisante quantité dans les corps caverneux (!)• »
M. Reybard n'est pas moins explicite que M. Civiale:
«Contrairomnit à re que nous avons vu plus haut, dit-il, les
coarctations urétrales peuvent devenir une cause d'impuis-
sance génératrice par la difliculté ou l'impossibilité de l'érec*
lion (2). »
Toute médication spéciale est ici contre-indiquée ; on ne
doit s'attacher à combattre que \o. rétrécissement de l'urrtre,
car la «^uiTison d'* co dernier amènera celle deTimpuissance.
()* Maladies de la verge.
Les maladies qui ont la ver<;o pour siège et l'impuissance
pour sjmptùmo sont aussi nombreuses que variées; mais
toutes nVntraiiient pas le même genre d'impuissance: les
unes altèrent le plaisir, que j'ai dit être une des conditions
du coït normal ; I *s autres, en augmentant ou en diminuant
le volume du pénis, détruisent les rapports d'harmonie né-
cessaires entre les organes des deux sexes; d'antres enfin
s'opposent à l'éreclion mémo du membre ^iril.
Celle division loule physiologi(|ue m'a paru tout à la fois
plus rationnelle et plus intéressante que celle qui aurait pour
bise l'analomie | athologique, car, ainsi qu'on le lerra tout
Loe.ciL, p. 167.
mÊêê fraliqne te rétrrciMMemmti de T urètre, p. 170.
D*(JNe AFFECTION DE l'apPAREIL GÉMIO -URINAIRE. 325
à rhcure, de ces maladies si diverses, celles-ci uUaquenl lu
verge tout entière, et celles-là n'afTectent qu'une ou plusieurs
de ses parties.
A. Impuisianee par aUéralion du plaiiir.
Dansée groupe viennent se ranger toutes les phlegmusies
simples ou spécifiques, avec ou sans ulcérations, dont le
pénis ou quelqu'une de ses parties peut être le siège :
lo phimosis et le paraphimosis accidentels, la balanite, la
balano-postite, le chancre, la cristalline ou herpès prœpu-
HaliSj l'inflaramalion simple on œdémateuse du fourreau de
la verge, et que M. Moulinié appelle pénitis (1), l'influm-
malion érysipélaleuse, gangreneuse, etc., du pénis, etc.,
sont de ce nombre. Il suffit de cette simple énumération
pour caractériser ce groupe de maladies et pour faire com-
prendre combien peu nous devons nous y arrêter, tant elles
rentrent dans le domaine do la pathologie générale.
B. Impuisscmee par aUéralion du volume de la vergf.
Il en est de ce groupe comme du premier; il comprend
la grande classe des dégénérescences, dont s'occupent tous
les ouvrages de chirurgie : dégénérescences cartilagineuses,
osseuses, carcinomateuses, squirrheuscs, cancéreuses, dont
la plupart exigent l'amputation totale ou partielle de l'or-
gane. Je n'ai donc pas à m'en inquiéter dans ce livre tout
spécial, d'autant mieux que la guérison de ces affections,
c^est'à'-dire l'amputation de la verge, détermine précisément
l'infirmité dont je suis chargé d'exposer les moyens curatifs.
(4) Maladiei des organes génilaux et un'fioîres, t. I, p. 79.
3i6 mpoiesANCB svHrroiiATiQiii*
Ce serait donc, sortir de mon cadre que de m'y arrêter
plus longtemps.
C. ImpuîMance pur défaut d'érfction.
Pour comprendre les maladies, fort rares d'ailleurs, qui
font le sujet de ce paragra|ihe, il faut se rappeler le méca-
nisme de rérection que j'ai longuement eiposé dans les
ronsidérations physiologiques placées en tète de cet ou-
vrage (1), et que je vais résumer ici en deui mots.
Le sang rouge est apporté k la verge par l'artère hon-
teuse qui, avant de se diviser en dorsale et profonde du
pénis , fournit les artères bulbeuses , les artères bulbo-
urétraies, lesquelles constituent, avec les rameaus prin-
cipaux des tlru\ tlorsalcs, tout Tappareil artériel de ce que
Koheit appelle Torgane passif, c*esl-à-dire le gland, le
cor|»s spongieux de I iirclre et le bulbe.
Lrs \aisseaux aiïérents du pénis sont très nombreux : k
pari quehjues \:jos Irorus >eiiieux, placés sur les calés de
la \ciiie dorsale, qui se dirigent sons Tarcarde pubienne et
qui >o jellcnl «lorritTc c(îlle-ci dans les plexus prostatique
et vésical, la m ijt'ure partie de ces \aisseaux aboutit, à des
hauteurs difTénMiles et par des anastomoses (|ui embrassent
les corps caverneux, dans la \eine dorsale de la verge.
ICnlin l'appareil copulateur est couq)lété par deux muscles,
le bulbo-caverneux etrischio-c:t\erneux , dont les fonctions
consistent h s'opposer à la sortie du sang pénien, en com-
primant, par leurs contractions, la veine dorsale et les pi-
liers de la verge.
Tous ces organes constituent un appareil hydraulique
(I) Voyez la ^go Si.
d'une affection de l'appareil génito-ukinaire. 827
dont le jeu régulier, sous Tinfluence des désirs vénériens
et de rinnervatîon , amène et soutient la turgescence du
pénii. Une altération quelconque dans Tune de ces parties
trooblera donc le jeu de tout l'appareil , comme il arrive
pour les rouages d'une montre ou les engrenages d'une
nMchine. Il faut par conséquent rechercher les affections
dont peuvent être frappés les systèmes musculaire et circula-
toire de la verge.
Les muscles buibo-cavcrneux et ischio-caverneux 9ont,
comme tous les muscles de l'économie, exposés à la para-
lysie et è l'anesthésie. Ces états morbides sont quelquefois
indépendants de toute maladie des centres nerveux, mais le
plus généralement ils sont amenés par une affection de la
moelle épinière.
Dans le premier cas, ces états morbides rentrent dans
ce que j'ai appelé l'impuissance idiopathique, qui fait le
sujet du second chapitre de cet ouvrage ; dans le second
cas, ils appartiennent h l'impuissance symptomatique des
maladies de l'innervation qui nous a précédemment occupé.
Je ne puis donc que renvoyer le lecteur à ces deux par-
ties du livre.
Les affections du système circulatoire du pénis sont exces-
sivement rares, et sous ce rapport l'onatomie pathologique
est d*une pauvreté désespérante. Cependant Scarpa , je
crois, dit avoir constaté une fois l'anévrysme de l'artère
dorsale de la verge , et ce fait, quoique unique pcut-ètie
dans la science, jette une vive lumière sur certaines circon-
stances inexplicables sans son secours.
Si l'on considère la ténuité et la délicatesse des vaisseaux
artériels et veineux dans lesquels oircule le sang si nécessaire
a l'excitation et à l'érection de la verge, on conviendra que
nos moyens d'investigation doivent être souvent trop gros-
S38 IMHIISAANCB kYMPTOMATH^K.
lien pour noui faire ap|irécier toutes les lésions dont ces
organes sont susceptibles, cl qu'il doit se produire i par
eiemple, des dilatations ou des ruptures de ces Taisseaux
sans qu'il nous soit possible de les apprécier oomne boos le
faisons sur les gros troncs f eineui et artériels.
Je ne me dissimule pas que je ne puis étayer celle ma-
nière de voir sur quelque pièce d*anatoinic pathologiquei et
que cette opinion est déduite à priori du fait rapporté par
Scarpa.
Mais si Ton réfléchit è l'action si souvent salutaire des
astringents cl des toniques locaui dans des cas de faiblesse
et même d'impuinance complète, on conviendra qu'il n'est
pos entièrement déraisonnable d'admettre, soit la résdation
de quelque caillot sanguin, soit le rerserrcment, et par eon-
séqucnt l'énergie imprimée oux parois des vaisseaux.
Les altérations de io circulation locale de la verge me
paraissent encore démontrées par l'aspect que présente le
pénis des impuissants par suite d'excès de coït ou d'abus
d'onanisme. Ces malheureux ont presque tous une verge
plus dure et plus ré!:i>tantc que dans les autres cas d'ana-
phrodisic: on dirnil que le sang, amassé dans l'organe, s'est
coagulé dans les \ aisseaux et ne circule plus. C'est qu'en
eflcl, les tuniques de ces vaisseaux, trop souvent distondues
par le coït ou la masturbation , perdent peu h peu leur
élasticité et leur conlroctilité, et finissent par laisser stagner
le sang dans leur cavité doublée de «olume.
Cette explication est si vraie, en faisant une large part è
la fatigue éprouvée par l'innervation, que dans l'impuis-
sance propre aux débauchés et aux mosturbateurs , l'eau
froide ou la glace même sont» de toutes les applications
locales, colles qui réussissent le mieux.
Il ne me parait donc pas entièrement contraire à la vérité
D*U5Ë AFFECTION DE l'aPHAREIL GÉMTO URINAIHE. 329
scieiilitiquc (l'ndmctire que dans certaines impuissances,
la cause du mal est tout entière, soit dans une lésion de
Toppareil circulatoire de la verge, soit dans une altération
de cette circulation.
Cette opinion m'est peut-être moins personnelle qu'on
ne pourrait le croire. On lit, en efTety dans Fodéré les lignes
suivantes:» Dos vices locaux dans les vaisseaux, dans les
nerfs ou dans les muscles de l'organe, empêchent parfois
que les cellules des corps caverneux ne se remplissent de la
quantité de sang nécessaire pour Térection, ce qui produit
une atonie approchant de la paralysie. Chaptnl et Gcsner
ont guéri de pareilles atonies du membre viril, qui duraient
depuis (rois ans, par des immersions répétées dans une
décoction de semence de moutarde. Weikard a eu le même
succès avec le musc donné intérieurement à un homme
presque octogénaire. D*autres médecins, en employant des
bains froids et le fer, ont réussi sur des sujets que trop de
jouissances ou la masturbation avaient réduits à Timpuis-
sance. Mahon a obtenu guérison en faisant baigner la par-
tie dans un mélange de liqueurs minérales d'Hoiïmann et
d'eau, et en l'enveloppant ensuite de linges imbibés du
même mélange (1). »
Ainsi que je le disais plus haut, il est très souvent im-
possible de constater matériellement, soit la lésion anato-
mique, soit l'obstacle h la marche du fluide sanguin ; il faut
alors recourir h la méthode d'exclusion dont la certitude
n'est malheureusement pas absolue ici, puisque le praticien
se trouvera toujours en face, en dernière analyse, de l'im-
puissance idiopathique.
Il reste alors le critérium fourni par la thérapeutique.
Alalheureusement ce critérium n'est pas d'une valeur
(t] Traité de médecine légale et d* hygiène publique^ t. I, p. 382.
880 iHMiMAïai ivarroHAf HH».
ÎMMtefUbto, parce qot lei ittriiigeDls et let Imh|Mi
n'oDt pai unt actioo tellemeiit apéciali qu'ils m rénimteiit
que dans cei drconstancat, et que nème, eea eireoMiaiicef
existant réellement, les médications aslringmlea «t tOMquaa
M puissent pas écboner quelquefois.
En tout état de choses, cette ignorance, je pourrais mèflM
dire celte absence d*ttn diagnostic certain , est moins è re»
gretter qu'on ne pense ; car, pour que le scalpel de Técole
anetoroique, aidé du microscope» s'il Teût fallut p*ait pas
enrichi la science d'observations analogues à eelies de
Scarpa, il faut que les dilalatioM ou les ruptures des vais*
seeuK de la verge soient asseï rares^ ou mèoM trop (êà^
lement réparables pour laisser des traces après la oMurt de
l'individu •
T Maladies du cordon spermatique et des testicules.
Les meladies du cordon spermstique et celles qui aiïec-
tenl les testicules ont entre elles de telles r^nneiions, que
je crois devoir les réunir dans un même paragraphe, d'au-
tant mieux que, me proposant plu» tard de les mettre
dens leur véritable jour, c*est*à-diro de les considérer
comme causes de stérilité, je ne veux les sborder ici que
dans leurs résultats par rapport k l'impuissance ; en d'autres
termes, je n'ai l'intention de discuter que la question sui-
vante dont l'intérêt n'échappera à personne :
LatiériUté eêtelU une cause tVimpui9$ance ?
Il est évident que je ne vais pas anticiper ici sur l'histoire
de la stérilité, qui m'occiiperu dans une autre partie de cet
ouvrage, et que, sans rechercher les causes nombreuses qui
ches l'homme annihilent la faculté procréatrice , je limite la
question en ces termes : l«a présence du sperme est-elle
d'une affection de l'appareil OÉNITO-URINAIRE. 831
nécessaire pour l'accomplissement du coit? ou bien encore :
Les désirs vénériens, l'érection de la verge et le plaisir,
corop9gnons ordinaires de la copulation, se peuvent-ils
produire non^euleroent avec une sécrétion morbide du
sperme, mois encore en dehors de toute sécrétion de ce
liquide?
La solution de ce problème n'est pas seulement intérêt
sanie aui points de vue do la pathologie et du mariage ;
elle acquiert une importance (rès grande en médecine légale
dans les qu<>stions d'adultère et de viol.
A cété de (^ problème, il en est un autre d'un intérêt
tout aussi majeur, qui complète l'euîsemble de la question
et que j'aborderai également quand l'heure sera venue:
c'est de savoir si Tiropuissance est une cause de stérilité.
Pour le moment, je dois me borner à la première propo*
sitioD que j*ai formulée dans les termes les plus généraui.
Quand on étudie l'histoire des eunuques et des castrats,
on est obligé d'établir une distinction fondamentale au
point de vue qui nous occupe, à savoir : si l'absence des
organes spermatiques est congénitale ou accidentelle , et,
dans c^ dernier cas , à quelle époque de la vie a eu lieu
l'eilirpation ou l'atrophie des testicules,
Quand l'absence des glandes spermatiques est le résultat
d'un vice de conformation, l'impuissance çn est une consé-
quence fatale ; nçn-seulement la verge est incapable d'érec-
tion, mais encore l'infortuné atteint de cette infirmité n'a
jamais de désirs et ignore toujours les charmes d'un se&c
sur un autre (1),
Il n'est pas nécessaire, pour que la virilité se produise, que
(t) Je ne préjuge point ici la réalité de l'absence congénitale des
glaadai spermallqu^s. Voyez plqs loin, pour la solution de ce point con-
troversé d'analomie, le chapitre consacré aux anomalies du testicule
- ^ ■
SS3 1MHIIS6ANGB ftTmTOUATIQOB.
lei losttculei occiipenl leur place ordinaire dam le «crolum :
les cryptorchidca, ou ceut dont lesdidjmes sont rcsiés dans
Tabdomen, jouissent de tous les attributs eopulaletên d'on
homme bien conrormé. Je dis les attributs copolatears,
parce que je montrerai ailleurs que cet arrêt des testicules
au-dessus de Tanneau inguinal (.eut, dans quelques circon*
stances, être une cause do stérilité.
Mais, pour en revenir h notre sujet, lorsque les testicules
ne se trouveront ni diins les bourses, ni dans l'abdomen,
et que cette absence sera une de ces erreurs irréparables
dont la nature nous donne trop souvent, hélas! le spectacle,
l'impuissance 5era complèle, radicale et au-dessus de toutes
les ressources do Tari.
On dirait que Torgane sécréteur du sperme contient le
souffle qui doit donner la vie nu sens génital, qu'il renferme
un principe vital, un evop(i.<>v spécial h ce sens, et qu'il le
lui communique seulement à l'époque de la puberté.
Et cela est si vrai, que la cas^tration ou l'atrophie occiden-
telle des testicules après cet Age ii*entratnent pas fatale-
ment une impuissance radicale. Sans doute, les désirs véné-
riens cl la force \irile n*ont pas, toutes choses égales
d'ailleurs, l'énergie qu'ils présentent chez un homme non
mutilé, et si Teunuque ou le castrat ne peuvent accomplir
des exploits comporobics à ccut de ce Cntalan dont une
reine d'Arngon fut obligée, par ordonnoiice, de régle-
menter les uctoires (I), ils sont encore capables, non-
seulement d'éprouver des trans|)orts, mais encore de les
faire partager à la fi*mme. Les dames romaines n'ignoraient
point cette particularité, et, désireuses de jouir du conçu-
(1) On lira avec plaisir le récit de ce jageoienl dans llootaigoe :
FfMtj, liv. Ill.cbap. V.
D*UNE AFFECTION DE l'aPPAREIL GÉNITO-UHINAIRE. 333
bitus sine Lucind (1), elles la mettaient a profit ^ comme
nous l'apprend Juvénal :
Sunt quas eunuchi imbollcs, ac mollia semper
Oscula délectent, ac desperatio barbae ;
Et quod abortivo dod est opas .. (2) .
Ainsi, arrivant après rétablissement de la puberté, l'ab-
scDce des testicules, et par conséquent de la sécrétion
spermatique, c'est-à dire la stérilité essentielle, fondamen-
tale, certaine, n'est pas fatalement une cause d'im|)uissance.
Que l'absence de cette sécrétion soit déterminée par
l'extirpation de l'organe, par sa dégénérescence, par sa
rom|:ression , par l'oblitération des vaisseaux séminaux
ou par quelque autre cause que ce soil , l'influence qu'en
ressent la faculté copulatrice est toujours la même. Qui ne
sait en effet que les individus poVleurs d'un sarcocèie double,
d'un varicocèle volumineux , dont les facultés fécondantes
sont éteintes, conservent cependant la possibilité d'exercer
(I) En 4750, parut à Londres, sous le nom d'Abraham Johnson,
un mémoire en forme de lettre adressée è la Société royale de
Londres, et ayant pour titre : Lucina sine concubiltt. — Peu de temps
après, Richard Roe publia, en réponse au mémoire do Johnson, une
dissertation ayant pour titre : Concubitus sine Lucinû, dans laquelle
Tanleur se flattait d'apprendre à l'humanité un secret bien plus avan;
lageux que celui de faire des enfants sans congrès, Lucina sine coti-
cubilu, et qui n'était autre chose que le coït sans la fécondation, con-
cubitus sine Lucina, ou le plaisir sans peine. — C'est cette expression,
heureusement choisie, qui m'a servi à peindre les intentions des dames
romaines lorscju'elles introduisaient des castrats dans leur couche.
(t) Sat. VI, vers 364. Voici la traduction de ces vers, par Méchin :
Pour (i'aiitrr*, un eunuque a d*autant plus (Pallraits,
Que, s'il ofTie à leurs sens des plaisirs imparfuits
Ses baisers sont plus doux; de leurs feux udullères
Leurs Hancs ne pourront point révéler les mystèrei.
*l^
6M HMMiAUct 9twmmiftHfÊÊ,
h Mit? StffM doute li hnllé ciipolatriMi il itM flhi h»
désirs vénériens, n*ont plus ni la méMl éMrgie ni la wiêwa
fréquence de besoins ; ils dimiouent d^intensité , cela est
vrai, et la suppression de la sécrétion sémiMle n'a généra-
lement sur eui qu*un« indvenca do plM on do moins.
I/altéra(ion du sperme , qu'elle qu'on soit d'ailleurs sa
nature, a une action Micore moins marquée <|oé âa sdppres- '
sion sur l'organe copulaleur. Il fatit Id M pas cdfifoMfre atec
ce que j'entends par altéfalion dd spermfl eef taiMtf lllécfioiis
des organel qui allèrfflt eu elfet la semeficé , codimfl les
abcès des testicules ou des vésicules séminales, te cancer do
(a prostate, etc., etc. J'ai esaminé déi spermes qui ne con-
tefisient oucuné trace d'aniinalcules, et je pofa assurer que
les itidÎTidus qui me Tataient fourni étaient fcfin de se
plaindre d'impuissnnre. D'autres fois le sperme est si fluide,
qu'on le prendrait volontiers pour le produit de la sécrétion
prostatique, et pourtant la faculté copulatrice n'en est
point diminuée. On pourrait multiplier les exemples dans
lesquels l'altérotion du sperme n'a en rien affaibli la force
virile des individus qui la présentaient, et l'on compren-
drait diflicilemcnt qu'il n'en fAt pas ainsi, alors que l'abla-
tion des testicules n'entraim pas fatalement la mort de tout
l'appareil génital.
Je rappellerai ces considérations lorsque j'examinerai
l'influence de l'impuissance sur la stérilité, et je rappro-
cherai les conséquences auxquelloi je suis arrivé ici de celles
que me fournira alors l'examen du second problème.
IMPUISSilFICB G01<f9t€UTIVft, ETC. 986
CHAPITRE IV.
IMPOISSANCK CORSÉCUTIVB.
J'aî, dans le chapitre précédent, passé en revue les états
divers, physiologiques ou pathologiques, qui s'accompagnent
de Taltération d'une ou de plusieurs des conditions que
nous avons reconnues nécessaires pour constituer chez
rhommc le coït normal ; je vais maintenant m'occuper des
circonstances qui, disparues depuis un temps plus ou moins
long, laissent, comme trace de leur passage dans l'orga-
nisme, ^inaptitude à l'acte copulateur.
Parmi ces circonstances, les unes, purement et entière*
ment physiques, ne sont pas autre chose que les états
pathologiques, la maladie proprement dite^ les autres, au
contraire, soumises à notre libre arbitre, ont eu besoin pour
se produire, de l'incitation interne que l'on appelle la vo-
lonté.
C'est dans cette division que je comprendrai toute la
matière de ce chapitre.
S 1. ^ Impnlsnaiice coniiécntlTe h mn état orgaoo-
Les états pathologiques qui laissent après eui l'imptri^
sance sont excessivement nombreux ^ la majorité de eeuf
qui la comptent au nombre de leurs symptômes peut être
rangée dans cette catégorie, car le§ «Itérations locales, sott
de rinnervation^ soit de» tissus, sont souvent assez ffih
fonde» pour survivre b la cnose qui let avait produites. G#
fait, d'un ordre de pathologie générale, se montre ton» l6i
jours, par exemple^ dan» le» aiïection» comateuse», dont la
*#*
S86 WPDIStAKCB CORStCOTIVK
paralysie ou Taneslbésie persistent en tout ou en partie
après la disparition de rapoplexie ou de j'accideiit cérébral
qui les avaient au nombre de leurs sjmptAmes.
Je me suis ailleurs suffisamment occupé des adections
qui s'accompagnent d'impuissance, pour qu'il me soit permis
Je ne plus y revenir ici ; je dirai seulement d'une manière
générale que la suspension de la fonction copulatrice peut
persister, dans les cas où la maladie n'avait pas son siège
sur l'appareil génital lui-même, toutes les fob que Tinner*
valion ou les forces plastiques de l'organisme ont été pro-
fondément troublées, comme, par exemple, dansé peu près
toutes les aiïcclions .des centres nerveux, dans les maladies
débilitnnlcs et dons les conialescences longues et pénibles.
Quelquefois ces mêmes affections, sans ai oir produit l'im-
puissance, et même après avoir occasionné un état tout à
fait contraire, lèguent au malade ce triste accident. J*ai
observé un fjil de co genre, et il en existe plusieurs exem-
ples dans la science; ce fait o rapport h une apoplexie du
cervelet qui, pendant tout le temps qu'elle dura, produisit
une espèce de prinpisme, et laissa, après sa guérison, une
impuissance complète qui ne se dissipa qu'après plusieurs
mois d'une médication localrmciit excitatrice.
Les pertes trop abondantes de sang, d'urine, de matières
fécales, etc., agissent comme les maladies débilitantes, et
doivent être rangées dans le cadre de celles qui portent
atteinte aux forces plastiques.
En résumé, les maladies générales auxquelles l'impuis-
sance consécutive peut être rapportée se divisent en deux
grandes classes : 1* celles dont Taclion délétère s'est exercée
sur l'inneriation; 2* celles dont l'influence s'est principale-
ment fait sentir sur la vie de nutrition.
Uans le premier cas, l'impuissance a surtout pour carac-
A V'S ÉTAT ORGANO-PATHOLOGIQUE. 337
(ère rimpossibilité de l'iTcction ; presque toujours les désirs
vénériens subsistent, l'organe seul fait défaut.
Dans te second cas, au contraire, la flaccidité de la verge
s'accom|iagne presque conslaroinent d'indiiïérence pour le
sexe; l'apalhie morale est au niveau de la faiblesse génitale,
elle malade, privé de désirs, n'obéit qu'à sa raison en
voulant ressaisir des jouis'sanccs vers lesquelles rien ne le
pousse.
Aussi la médication, est-il besoin de le dire, diiïérera
complètement dans l'un ou Taulro cas : excitatrice lorsque
l'impuissance sera consécutive à une aiïeclion des centres
nerveux, elle sera fortifiante d'abord et excitante ensuite
lorsque lanaphrodisie succédera à des altérations des forces
plastiques.
J'ai dit ailleurs (1) les ressources qu'offre chacune de
ces médications; je n'y reviendrai pas ici, et j'aborde la
partie la plus intéressante de ce parogniphc, c'est-à-dire
celle qui se rapporte aux maladies dont l'appareil génital
est le siège.
En première ligne, et pour ne rien omcKre, je dois
signaler les accidents Iraumatiques et la gangrène qui ont
emporté l'organe copulaleur, ainsi que les affections diverses
qui ont déterminé l'amputation de la verge* — Insister sur
ces circonstances serait tomber dans les facéties de M. de
la Palisse. — Cependant on s'est demandé si le congrès
était encore possible alors qu'il ne restait plus au-devant
du pubis qu'un morceau de verge. — La question est fort
intéressante, je l'avoue, au point de vue de la médecine
légale et de la fécondation, mais elle me parait complète-
ment résolue par rapport au coït tel que je l'ai déOni.
(1) Voyez les pages 102 el suivantes.
22
-fr
JISB IHPUItillAlICK COMÉCQTIVK
En eiïel, le gland étant le «iége eu plawir tipédal, firf gêné'
riSf que luocure Tcicitation vénérienne, il eM bien évUenl
^qo'en Tobienoe de cet orf^ane, la aenaation apéciale dont je
parla ne te produira' poa, et que le congru ne pourra déter-
miner qu'une roanifeatalion de la aensibilité générale. Anni,
en admettant que l'érection do morceau restant de le verge
MNt suflBaante pour permettre un rapprochement seioel, le
coït sera incomplet et Timpuissance réelle par début de
véritable volupté.
D'ailleurs, lorsqu'il est admis que les corps catemen d*on
pénis accidentellement raccourci se peuvent gorger de sang
comme dans une érection normale, la question du ont perd
beaucoup de son importance, à cause de toute absence de
thérapeutique, et il ne reste véritablement d'intéressant que
la question de fécondation, tant an point de vue de In mé-
decine légale que par rapport à l'ordre social.
Ce n'est point ici le lien d'aborder ce problème, que je
renvoie à une autre partie de cet ouvrage.
Je fais In même réserve pour les maladies du testicule,
du cordon spermatique , des vésicules séminales et de la
prostate, qui seront mieui plocées clans le cadre réservé è
la stérilité, et je ne m'occuperai ici que de quelques affec-
tions de la verge dont les suites peuvent entrotner Tinopti-
tudeà la copulation.
Le phimosis se présente en première ligne, quoique la
difliculté du coïtqui lui succède doive être rapportée moins
à la maladie elle-même qu'au mode opératoire qui a amené
sa guérison.
Écoutons sur ce point J.-L. Petit, qui, discutant les avan-
tages qu'oflre l'incision unique et supérieure do prépuce
sur la double incision latérale, dit, avec cette «zrande raison
qui Ta si haut placé dnns l'estime des chirurgiens : a Outre
A UN ÉTAT ORGANO-MIHOLOGIQUE. dAO
les atantages que procure rincision qui partoge le prépuce
en déni parties égales, on peut ajouter que l'incision ou iea
incisions latérales sont difformes et nuisent aui Fonctions
de la verge; Tincision latérale découvre le gland d'un côté
seulement, pendant que la partie du gland opposée est
entièrement cachée, sans qu'on puisse la découvrir, surtout
lorsqu'il y a gonflement et inflammation ; car alors le pré-
puce ne peut plier, soit par son épaisseur, soit par sa dureté.
Après la guérison, la difformité qui reste nuit à la généra-
tion, en ce que le prépuce se trouve tout d'un côté et forme
un paquet de peau qui rend Tinlroduction de la verge diflB-
cile et même douloureuse ; mais la diiïormité est encore
plus grande lorsqu'on coupe des deui cAtés, parce qu'il
reste un lambeau entre les deux coupures, qui fait è peu
près le même effet que dans le cas précédent (1). »
Ces sages et judicieuses observations n'ont pas peu con*^
Iribué à faire abandonner l'incision ou les incisions laté-
rales dans Topération du phimosis ; mais si le mode opéra*
toire que proscrit J.-L. Petit avait été employé, et si les
lambeaux médians présentaient l'incommodité dont il est
question, il ne faudrait pas hésiter, ainsi que le propose le
chirurgien que je cite, à faire l'amputation de ces lambeaux
Avant de quitter le domaine de la médecine opératoire,
je dois signaler toutes les opérations pratiquées sur la verge
comme capables de déterminer, i la suite des cicatrices, une
courbure de cet organe qui rende impossible ou tout au
moins très difficile son intromission dans la cavité vaginale.
Soit que l'opération n'intéresse que le fourreau de la
verge, comme dans les cas où l'on veut nrtiticiellement for-
mer un prépuce dans le paraphimosis naturel; soit qu'elle
(-l) OEuvres complètes, p. 698.
SiO IWUISSARCK CORSÉCOTIVi
•Iteigne lecorpn npongieui de l'urètre on lei corps ctTer*
neui, le rësultot eut identique ; des sdhérences s'éliblMeiil«
dsns le premier cas, entre les parties des tégooMnls incisés,
de sorte que la peau, retenue par ces adhérences, résiste
sur ces points au développement de la verge etrincline fata-
lement de ce cAté ; dans le second cas, les adhérences ont
lieu entre les cellules des corps spongieoi de Turèlre oo
des corps caverneui, et la courbure est déterminée par
rimpossibilité qu'éprouve le sang de pénétrer ces adhé*
rences, pendont qu'il remplit toutes les autres parties de
Torgane copulateur.
Les mêmes ciïets se produisent aussi dans les états patho-
logiques qui omènent des solutions de continuité dans les
tissus de l'appareil génital, comme, par esemple, dans les
vM de brûlure ou de gangrène qui enlèvent quelques por-
tions du scrotum ou de la peau de la verge.
Cet accident, c'cst-a-dire la courbure de la verge, dû
a une cicatrice vicieuse ou à des adhérences des cellules du
tissu ërcctile, scroit sans nul doute prévenu, s'il était pos«
sibic de maintenir rércction du pénis pendant tout le trai-
tement de la mnladie ; malheureusement cet état ne saurait
être obtenu pendant un si long temps, même d'une manière
artificielle, d'autant mieux qu'un priapisme, venant compli-
quer les accidents inflammatoires dont s'accompagnent tou-
jours les circonstances dont il est ici question , pourrait
occasionner des accidents plus graves que la maladie prin*
cipale et que riniirroité dont elle est quelquefois suivie.
Celle-ci est assez rarement au-dessus des ressources de
l'art ; mais il est h craindre de voir échouer toute thérapeu-
tique lorsque les adhérences seront anciennes, ou lorsque
des érections vigoureuses ne succéderont pas è la cicatri-
sation.
A UN Atat organo-pathologiquë. âftl
Dans les cirronstances opposées, c'est-à-dire lorsque les
adhérences sont récentes et que le sang afDue avec abon«
dance dans les corps caverneux, il suffit, la plupart du temps,
de seconder simplement la nature. Les fondants, tels que
les iodures, le mercure et la ciguë, appliqués localement,
rendent de très grands services, si, en même temps, je le
répète, les érections de la verge se soutiennent régulières
et énergiques.
Cette dernière condition est si importante qu'elle a été
soigneusement notée par J.-L. Petit : « J'ai remarqué, dit*
il, en parlant des adhérences qui se forment entre les cel-
lules du corps spongieux de l'urètre et des corps caverneux
pendant l'inflammation blennorrhagique, j*ai remarqué que
ces tumeurs se fondent ordinairement pendant le traitement,
soit d'une chaude-pisse cordée ou de toute autre inflamma-
tion de la verge ; mais qu'elles subsistent toujours h ceux
qui perdent l'érection et qui ne la recouvrent point pendant
le traitement ou immédiatement après (1). »
Ces lignes de J.-L. Petit nous apprennent qu'à cdté des
accidents traumatiques ou des opérations pratiquées sur la
verge qui font le sujet de ce paragraphe, on doit placer les
inflammations urétrales où du pénis tout entier, quelle que
soit d'ailleurs la nature de cesphlegmasies. On ne peut nier
qu'il n'y ait là en eiïet une cause bien réelle d'adhérence
entre les cellules du tissu éreclile ; j'ai eu occasion d'ob-
server plusieurs fois les tumeurs qui en résultent, mais
toutes celles que j'ai vues n'étaient pas assez volumineuses
pour enlrainer une courbure de la verge; je me rappelle,
entre autres faits, celui d'un commissaire-priseur chez qui
toute blennorrhagie (et il en avait souvent) était annoncée
(4) Loc. eit.^ p. 74 6.
Sis IHMMUHU QOIWACUTITI
par la priaenM au eorpt spongieui d* l'urètr«, d'um i& cm
petites tnmsttri qui disparaiMait h la luite du IrulaaMDl
antiblannorrliagiqup, làm jamaN avoir inqoidtA la malada.
Cependant on coni|irend que la courbure de la verge
puiaasAtre amande par l'inflaniiation de l'urèlre olda pdnia,
c'e>t-h-dire par lei adhdrcDCM que eei étata détemÎMnt}
l'obienialion de J.-L. I*etit raato tout entière, et dam ce
cas les indications thérapeutiques sont confonmi i eellea
que j'ai indiquées plus hant, h roecaiion dei courbareade
la verge succddant i de* opintions ou à des accidenta trtu-
maliques sur cet organe.
t n. — iMyln— ■ iiwilMllTatwienwf >ta«ti— .
Leii cirronslanres morbifiques dont il va être question ne
sauroient être ronrondues avec ce qu'en pathologie gêné-
rak on appelle causes prédisposantes, déterminantes ou
oci'ai^ronnclles : toujours placées sous la dépeodance de la
volonté, et ne raisniil sentir leur notion anaplirodisiaque
qu'iiprès un temps plus uu moins long , elles ne compren-
nent ni les temp6romeiits, ni les constitutions qui sont du
domaine des causes pri'di «posantes; ni l'Age, ni les aiïcctions
morbides, tont générales que locales, qui rentrent dans le
cadre des causes déliTmiiiantes; ni la crainte, ni les supersti-
tioifi, ni les senliments antijinthiques, qui sont essentielle-
ment des causes occasionnelles.
Toujours dé|)endanles de la volonté , les circonstances
qui font In sujet de ce paragraphe se distinguent par ce
caractùrn des états morbides dont je viens de parler, qui,
evi, ne ressorlent pas de li conscience, commo, p.ir
etempli-, les maladies du cerveau t't de la moelle épiniùre.
les affections de l'iippnrcil génital, etc., etc.
A UN ÉTAT FATIIOGÉNigUt. â/lS
Mais ce câraclère, excellent sans doute pour délerraiiier
leur physionomie, ne sufHt pas pour les faire mettre parmi
les causes de l'impuissance; il faut, pour qu'elles aient
cette iniluence, que leur action se répèle souvent et pen-
dant un laps de temps plus ou moins long; en d'autres
termes, il faut qu'il y ait excès dans l'exercice de la fonction
mise en jeu par ces circonstances, abus de l'organe, et par
conséquent abtis de la circonstance morbiûque elle-même.
Les mots eicts et abus ne doivent point être pris dans un
sens absolu ; la durée et la fréquence de l'acte qui consliluent
ces états, sont liées à tant de circonstances diverses, physio-
logiques et pathologiques, que ce qui est excès pour l'un
est simplement usage pour I autre. L'&gc, le tempérament,
la constitution, les habitudes, l'état de santé ou de ma-
ladie, etc., jouent nécessairement un grand r6le dans This*
toîre des excès et des abus, et quoique les circonstances
morbiûques dont je parle se rangent parmi les causes les
plus fréquentes et les mieux connues de Timpuissance, il
faut dans l'étiologie de cette dernière, pour ne pas tom-
ber dans des erreurs regrettables, tenir grand compte de
toutes ces influences et ne pas adopter sans eiunien la
conviction des malades^ surtout de ceux qui ont des préten-
tions médicales ou qui lisent les livres relatifs à notre art
A. Abus d'agenti débilitants ou ane$théiique$.
Les substances dont l'usage abusif peut entraîner l'im-
puissance seraient, s'il en fallait croire les anciens, aussi
nombreuses que variées. Peu d'auteurs se sont tenus
dans la réserve qu'observe Venelle sur ce point, el il est
peut-être utile de rappeler ici rapidement quelques-uns de
ces agents dont la réputation fut anciennement très grande.
fttft lUNTIMAHCC COaStGDflTI
En première ligne se place le oitar oa o^nw eaifuf,
■vec les branchet etlei feuillei ilnquel' les dames d'Albènei,
wlon DioH-oride (1) «e dreuaient de> lib pendant les itlei
cooMcrdn i Cérès. Arnaud de Villeneuve va même plus
loin que ion devancier, et il prétend que pour apaiser les
aiguillons de la chair, il suffit de porter un eooleaa dont le
manche lersit fait avec le bois de cet arbriiseau. C'est snr
la Toi de ces témoignages que t'agnus castu était employé
dans Ici monastères, k l'aHéanliiiement des déurs contraires
k la chaileté de ces ssinis lieai.
Le nénuphar doit sa réputation è Pline, qui assare « qae
ceux qui eu prendront pendant donse jours, se trouveront
incat>ables de contribuer k la propagation de l'espèce; et
que si l'on en use l'espace de quarante jours, on ne sentira
plus les aiguillons de l'amour (2). »
La laitue, dont on a tant vanté les vertus anaphrodi-
siaques, doit tout l'honneur tlont elle a joui b un charmant
épisode de Ib fable. Venu*, d'après le récit des poêles, vou-
lant oublier ses amours adultères, ensevelit Adonis sous
une feuille de loiluc, et garda, <Ica tors, grAcc è cette
plante, une choslclû jicu conn|ialib!e avec ses goûts et ses
habitudes.
Le rate, que ses projiriétés CKcilantes nuraienl dil mettre
è l'nbri de loul r<'|irDrhc d'uimphrodisic, a Otû vivement
ntla<)ué dans une thèse restée célèbre et soutenue en 1C05,
è la Faculté de médecine de Paris, et n été accusé de rendre
tet hommes et teifemiaesinhabilta à la généralion. Steniel,
venu ensuite, compte ousii l'impuissance parmi les maladies
qu'entraîne l'usage immodéré du café, et, è cette orrasion,
(1] CoMmtnlairt deUwKMfcAe, $ur h l" livn dt Dioteoridt, cb. cxvi
(i) Hittatn 4m MOMb, Hv. XXV. clwp. ni.
A UK ÉTAT PATUOGÉMIQUB. 3&5
il racoote une histoire qui , malgré son authenticité apo-
cryphe, mérite d'être connue : « L'usage modéré du café,
dit-il , loin d'alTaiblir la force de ceux qui sont d'un tempe-
ramept vif et robuste, et qui ont les parties de la génération
en bon état, sert au contraire à les exciter à l'amour. Il
produit des eflets contraires dans les personnes faibles qui
abondent en phicgme, qui ont beaucoup de particules ter*
restres superflues, et dont les organes de la génération sont
languissants. Ue ce nombre était Mahmud Kasnin, roi de
Perse, qui était grand preneur de café et qui se trouva hoirs
d'état de s'acquitter du devoir conjugal. Sa femme attribua
son impuissance à l'usage immodéré qu'il faisait du café ;
et elle en (!^tait tellement persuadée, que-\oyant un jour de
sa fenêtre un cheval qu'on allait chAtrer, elle dit è ceux qui
le menaient qu'ils pouvaient se dispenser de faire souffrir è
cet animal une opération aussi cruelle, puisqu'on lui donnant
seulement du café, on pourrait le rendre aussi énervé que
le roi (1). »
Le nitrate de potasse a été également accusé de produire
Tanaphrodisie , et Tusagc qui s'en répandit en Angleterre
lorsque Bacon l'eut mis en faveur, attira au chancelier les
malédictions des dames : « Lo nitre, dit l'auteur anonyme
des Anecdotes de médecine^ est un sel dont l'usage ne
dispose pas h l'amour. C'est un puissant remède dans les
cas où il faut s'opposer à une disposition inflammatoire du
sang. Le chancelier Bacon avait conçu pour cette substance
saline une sorte d*aflection. Il fit tous ses efforts pour en
accréditer l'usage : il engagea tous les médecins d'Angleterre
è concourir a son dessein. Le nitre devint à la mode. Sur
la parole d'un, aussi grand homme, on le prodigua dans
(\) Toxtcologia^ lib. I, Coffœa,
tà6 IMMlliAKCK CUmtGIITlVB
pmquo toutes les maladies. On le prenait même dans la
meilieure santé, comme un préservatif} mais les remmes
proscrivirent bien(At ce remàde. Elles trouvèrent que leurs
maris étaient moins portés à satisfaire leurs désirs depuis
qu'ils en usaient. Elles s'en prirent au chancelier qui l'avait
répandu. Quelques-unes, apparammenl plus sensuelles que
raisonnables , allèrent même jusqu'à crier à la sorcellerie,
au maléfice, etc., etc. (1).»
Je n'en finirais pas, si je voulais rapporter toutes les sub-
stances que la crédulité ou Tigoorance ont accusé, soit
d'anéantir les désirs, soit d'abattre l'éuergie virile. J'es*
time qu'il n'y a pas plus d'anaphrodisiaques que d'apbrodi*
siaques vraiment dignes de ce nonu IjO sens génital est,
comme tous les aulres sens, soumis sut lois de la sensibi-
lité générale, et, è ces conditions, accesisible aux mouMis
ordinaires de la thérapeutique. Quant à sa sensibilité .spé-
ciale, qui le distingue et le constitue ce qu'il est, ayons le
courage de recoiuiotlre nuire ignorance, qui i^a jicut être
pas toute lu gravité que l'on serait tenté «le lui attribu: r
de prime abord. Uans l'amaurose, dans In surdité, s'orcupe-
t*on de la sensibilité spéciale qui constitue la visiun ou
l'ouie? Évidemment non; les moyens thérapeutiques les
plus certains et les plus usités contre ces airectioiis ne sont
pas des spécifiques; ils sont tous tirés du cadre de la thé-
rapeutique générale.
Mais par cela même que je conteste Teiisteuce de sub-
stances anaphrodisiaqucs proprement dites, j'admets l'ac-
tion débilitante de certains agents sur les organes génitaux;
tels sont ceux (|ui dans la matière médicale portent les
noms de narcotiques^ slupé fiants, etc.
Il est incontrstahie, en oiïel, que rus.ij:^» ionf^tomps
(1) Atiêcilotes de médecine^ 2* partie, aaecd. CXXXII, p« S8.
A UN ÉTAT FATUOGÉNIOUB. â/j?
prolongé de Topium, du datura, de la jusquiame, etc., ne
puisse amener Tinnpuis ance; les Oriontaui» (|ui font abus
des préparations o.iacées et du chanvre indien sous le nom
de haschicli, leur doivent attribuer autant, sinon plus,
qu'auK excès vénériens, la débilité précoce qui les frappe.
A côté des stupéfiants proprement dits, viennent se placet
tous les agents qui exercent une action sédative sur le sys*
tème nerveux, et qui, par conséquent, est analogue a celles
des narcotiques. Fodéré mentionne sous ce rapport le fait
suivant : « L'asphyxie par la respiration de gaz impropres à
cette fonction, dit-il, cause quelquefois une impuissance
temporaire par suite de l'impression sédative que ces gaz
produisent sur le système sensitif, et qui assimile leurs pro-
priétés à celles de l'opium, de la jusquiame, etc. J'ai traité
un homme, âgé d'environ quarante ans, qui, ayant échappé
à un état apoplectique occasionné par la vapeur de charbon,
resta tellement impuissant pendant six mois, qu'il était
absolument insensible à toutes les caresses que sa femme,
qu'il aimait jusqu'à la jalousie, mettait en usage pour Texci-
ter. Il reprit complètement ensuite son état naturel (1). »
L'impuissance produite par l'abus *des narcotiques ou
des agents dont l'action est analogue à celle des stupé-
fiants, respecte d'ordinaire les désirs vénériens, et n'est ca-
ractérisée que par l'impossibilité de l'érection. Le systènne
nerveux est seul atteint, c'est sur lui seul qu'il faut agir.
Mais ici une dilliculté se présente : convient-il de s'a-
dresser aux masses encéphalique et spinale, ou ne faut-il
porter sa thérapeutique que sur Tappareil génital même?
Quelques expériences que j'ai faites, et quelques observa-
tions que j'ai recueillies, m'ont convaincu que, dans la ma-
(I) Traité de médecine légale, elc, Paris, 4 81 S, t. I, p. 382.
âftS IMrOISSAKCB CONStCUnVB
jori(é des cos, il fallait s'abstc nir de tout eicitateur gi^né*
ral, surtout des moyens internes, tels que la brocinei la
strychnine, la noix vomique, etc., etc.
Au contraire, Télectricité, limitée aux organes géni-
taux, et peut-être la flagellation, me paraissent, dans les
cas dont il s'agit, d'une efficacité bien supérieure h toute
autre médication. On ne dédaignera pas les frictions sèches
ou excitantes tout le long du rachis, car elles sont presque
toujours dos adjuvants utiles de la flagellation.
il est inutile de marquer que toute thérapeutique serait
?aine, si l'usage des substances qui ont amené riropuis-
sance, n'était pas complètement suspendu. C'est une con*
dition sitie quâ non de réussite, et toute médication doit
commencer par le.
Il est une autre classe d'agents, dont l'action, toute dif •
férente de celle des narcotiques^ peut cependant aussi pro«
duire l'impuissance.
Ce sont les fondants.
Tout le monde sait rinfluencc exercée sur les glandes
par le merrure, l'iode , le brome , Ter, l'argent , etc., in-
fluence qui peut aller jusqu'il l'atrophie de ces organes. J'ai
interroge un très grand nombre de syphilitiques soumis,
soitaux mercuriaux, soit aux préparations d'iode, et presque
tous m'ont avoué un affaiblissement de l'organe sexuel,
après une durée plus ou moins longue de leur traitement.
De plus, j'ai été consulté plusieurs fois pour impuissoncc
complète et absolue chez des phthisiqnes rendus i la santé
par l'inhalation souvent répétée des vapeurs diode (1).
Aucun doute ne saurait s'élever sur la réalité de l'action
anaphrodisiaque des fondants, d'autant mieux que l'ana-
(1) Voir la page 306.
A L<N ÉTAT PATHOGÉMQUE. 349
phrodisic se trahit quelquefois par l'atrophie même des
testicules. Cette dernière altération n'est pas constante ou
du moins n'est pas toujours appréciable, soit que l'on n'ait
pu tenir compte de l'état antérieur du testicule, soit que
l'épaississement ou l'infiltration de quelque tunique redonne
h l'organe le volume qu'il a perdu, soit par tout autre motif.
Cependant, avouons-le, pour que le genre d'impuissance
dont il s'agit se produise avec une certaine gravité, il est
nécessaire que l'usage des fondants ait été continué long-
temps, comme, par exemple, dans le traitement de la phthisie
pulmonaire par la méthode de MM.Piorry ou Chartroule.
C'est ainsi que certaines professions exposent ceux qui les
exercent à perdre leur virilité, comme on peut s'en con-
vaincre chez les ouvriers qui manient le mercure et ses prépa-
rations. J'ai examiné un certain nombre de miroitiers et de
doreurs sur métaux, et, chez presque tous, j'ai constaté
des testicules moins volumineux que chez les autres
hommes.
Dans cette sorte d'impuissance, les malades sont peu
sollicités par les désirs vénériens. Ils montrent de l'indiffé-
rence pour les plaisirs sexuels, et quand ils veulent s'y
abandonner, ils trouvent presque toujours un organe indo-
cile et peu actif.
Quand ces dispositions morales et physiques atteignent
certaines limites, il est à craindre que les organes testiculaires
aient éprouvé une altération profonde et se soient atrophiés,
auquel cas les ressources de la médecine sont complètement
nulles.
Mais il est rare, je le répèle, que l'usage des fondants ait
|iu être pousse assez loin pour déterminer une pareille im-
puissance, sans avoir au préalable occasionné des désordres
assez graves qui en font suspendre l'emploi. Aussi, dans la
SftO mpOlMAKl COKltCimtK
plupart des na, on n'a ilTiira ^H'k un ftmpte aflàiblinr-
HKnt du MHS lénilal, et «Ion m bon régima aoaleptiqw
(•t rnirdft la campagne fBffiaentiTM letimpi pour raiHMr
loile l'éitergie virile.
B. Atm éi ftmana mmuMn.
On |icut com^tarer l« eiïeti des eiercicei nucalairta
immodércs i ceui des Récrétîona trop abondaiitM ; ili ae
Iraduiseni, comme dit M. Loode (1), par l'épniaeineiit du
s}itème nerveui cérébral et rachidîea, parrépniiemcnt dea
organes de relation et des viscèrea* le trouble dei digeatioM,
«oil <|ue ce trouble se maoifaitc sooi rinOaence d'une oli-
mcntalion slimulaole ingérée après une grande ratigM, soit
qu'il ri^sullti de l'inerlie de l'estomac, dont les plans muK-
Gulciiv ne ne contractent plus qu'imparroitemenl, bien que
la membrane muqueuse se trouve dans un état tout k fait
normal.
1/épuisemeul, qui, par la fatigue, so produit dans fin-
ntirvalioii, cl l'élat aluniquc de l'estomac, rendent parfaile-
moitl rumpte du l'impuissance qui surcède aui cicès de
marche, de course, etc., mois cctlc impuissance est essen-
tiellement pa!-sa<:ëre, el le repos et le sommeil, en répa-
rant les pcrtc> de l'influi nerveux, ramènent l'énergie dans
l'appareil );étiériileur.
Cejicndniil, >\ les cxvi» de l'exercice musculaire se pru*
lottgcnl d'une nionière continue, de façon que l'épui-
>enicut uerteu\ ne si répare qu'imparfailement , il peut
arri>er que les organes reprudutleurs soient afTectés de ce
manque d'équilibre et participent plus ou moins i la cadu-
cité précoce qui Trappe tout l'organisme.
(<i GyMMSNfM «M(n/*, Paris, 1M4.
A DN ^TAT PATMOGfiNlQUE. $51
Pourtant il faiil rcronnnttrc qu'une 5f*mblnble impuis-
<nnrc esl excessivement rare, et que Tarlion des excès des
exercices actifs se porte plutôt sur le consensus moral que
sur l'appareil génital lui-même. La fatigue corporelle allan-
guit Tesprit et émousse les passions ; la force vitale, con-
sacrée tout entière h réparer les pertes éprouvées , semble
n'avoir plus assez d'éner{»ie pour seconder l'imagination
dans ses rêves amoureux et ses images lascives. Près d'un
homme épuisé par la marche ou tout autre exercice, la
femme étale en vain les séductions de ses caresses et de sa
beauté; ses charmes ne reprendront tout leur empire
que lorsqu'un repos et un sommeil réparateur auront re*
donné h l'imagination la vigueur qui engendre les désirs.
Presque toujours le régime alimentaire doit venir au
secours de cette première condition dé succès, et alors on
donne la préférence aux aliments dont la digestion est fa-
cile et les sucs nutritifs. L'état de l'estomac, on le com-
prend, détermine la nature de ce régime, car, nul ne
rignorc, une substance est d'autant mieux assimilée qu'elle
est plus facilement digérable. On ne peut donc, sous ce
rapport, tracer une règle à priori.
C. Abus de 1* appareil digestif.
S'il est un ensemble d'organes qui entretienne avec
toutes les autres parties de l'économie des relations intimes
et constantes, c'est à coup sûr l'appareil qui sert à la no-
trition et partant à la conservation de l'individu ; aussi les
excès dont la nulrilion peut être l'objet, qu ils soient eo
deçk ou nu delà dn type normal, exercent-ils une influence
ntanifeste sur toutes les fonctions tant organiques qu'ani*
maies.
Iljl rilPVI«SA:«CE CONSflCOTIVi
^,hii fonction ^linitnlt', va ilrhors mômo ilcs s^mpolbics
ipécûlo qu'elle entEatJiatJiTeelM liHM;Ua|H.4^gM(^«#f <l
^n je ferai mieux resMrtùr Mtlaon) deviU plop ffU tM^
avtrc peul^tni h ^cer wui > MftmigM» de, cet «ppu*
E<il( puiiqae son jnergieiflt « fiuiliti aoot prQfiortiofUieKet,
mi qu«l(|aea cm palkpIogifttM.en^lMNHkvli, à. la tant
dU 4éTeIoppein«Bl, qui M ri^l* ril»-nène tor TélH jlt lu
Mi(rilioD.
,. Cet état, en debon dp tjpa «eriuti t'ofte» ,;jytjp la
lUnii pltu baul. hui deai tonat» m^nmaUflfffiliff,
•'«•Irè-dire overcicèi w moinit on ^vec escitw ^^*^
doBtrinflueneeert, daiulee dtM cas, égalemeaf f)iM0ipr
le leni génital. C'est dMc i «^ double poiot de ynè %tm
Mua devons coiuidérar le« eicè» do la Bulrition tfû a'ap-
pelient, d'une part,' tempérance, je&ne, macération, et,
d'anlre port, inlempérance ou goinfrerie, quand il ne s'agit
^ne des aliments, et ivrognerie, quand il s'agit de liqueur*
apirilueuses.
1* Excès de tempérance. — ■ L'histoire de toutes les re-
ligions, qui firent de la choslfté une vertu gloriCëe dans
leurs dogmes, nous a conservé le nom de pieus solitaires,
qui, par des jeûnes et des macérations de toutes sortes,
parvenaient à dompter raiguîllon de la chair et à triompher
daus les luttes que leur fanatisme engageait contre la na-
tare. C'est ainsi que les saint Antoine et les saint JérAne
purent résister aui séduisants fanlAmes qui les venaient
Imter pendant leur sommeil, et que tant de fervents céno-
bites rapportèrent à Dieu une virgiuité qu'ils avaient pronis
de respecter.
Sine Cerere et Baceho friget Fenm est un vieil adage
dont la vérité ne saurait être mise en Joule ; maia il y a
loin de la modération des ardeurs amoureuses rausée par la
A UN ÉTAT PATUOGÉMQUB. â5S
tempérance à rétouiïeraent des désirs vénériens et k Tim-
puissBnce de l'organe copulaleor amenés par les excès de
jeûne et de macération.
La tempérance, unie surtout è ia continence, loin de
porter atteinte à Téncrgic virile , lui donne, au contraire,
une force nouvelle, et pour qu'elle produise les désordres
génésiques dont nous parions, il faut qu'elle soit portée i
Teitrème, et qu'elle détermine cet état d'aiïaiblissement
général que j'ai précédemment étudié sous le nom de con-
Mmption.
Je ne reviendrai pas ici sur ce point, d*autant mieux que
les exemples d'anaphrodisie par excès de tempérance sont
des mjthes dans nos sociétés modernes, et qu'il est plus
utile de nous étendre sur les infirmités causées par les excès
d'intempérance dont tous les jours, hélas! nous. avons le
triste spectacle.
2» Excès d'intempérance. — Quoique Tinlempérance
aiïecte spécialement le sens du goût (1), elle présente deux
physionomies tellement tranchées, selon qu'elle dérive des
excès de nourriture ou des excès de boisson, qu'il est indis-
pensable de rétudier séparément sous chacune de ces deux
faces. Nous aurons donc à examiner l'intempérance par
excès d'aliments et l'intempérance par excès de boisson.
!• Intempérance par excès d'aliments. — Les excès
(I) Qoelqoes auleors, Virey entre antres, dans rarticle iRriiiFi-
lAHci du Dictionnaire des scienceê médicales^ comprennent sous le nom
d'intempérance les excès du sens du goût et ceux du sens génital.
Celle confusion est regrettable , parce que le même mot ne peut et ne
doit servir à exprimer des faits si éloignés les uns des autres. Les
moralistes, en désignant sous les noms de continence et dlncontimnee
les excès du sens génital, me paraissent plus logiques et me forcent
ainsi à me ranger à leur opinion.
85ft mpinssAiicv consAcotitë
d'alimentSy considérés sa point de voe de rimpuissanca,
ont an triple mode d'action :
i" Ils amènent Tobésité, qui, ainsi que nous Pavons ?o,
constitue quelquefois un obstacle mécanique k la copula-
tion.
2* Ils absorbent, au pro6t d'une seule passion, tous les
stimulants de la vie morale.
S"" Enfin, ils enlèvent i l'appareil génital tout ou partie
de rénergie vitale.
L'obésité m'a longuement occupé dans une autre partie
de cet ouvrage (1), je n^y reviendrai pas ici.
Je ne m'arrêterai qu'aux deux autres modes d'action des
excès de table, que l'on peut réunir dans le même cadre,
parce qu'ils découlent de la même loi physiologique.
Celte loi est la suivante :
Tout organe ou tout oppareil d'organes fonctionnant
avec excès, a besoin d'un surcroît d'activité qu'il enlève aux
autres organes, et plus spécialement à ceux qui entretien-
nent avec lui des rapports sympathiques, ou qui, déjà affai-
blis, ont moins de force pour lui résister.
J'ai déjà dit, et j'exposerai plus longuement tout h l'heure,
que les organes qui ont avec l'appareil génital les relations
les plus intimes sont l'estomac et le cerveau, en tant que ce
dernier organe est considère'» comme le siège des facultés
intellectuelles.
Je n'ai donc à m'occuper ici, d'une part, que des rapports
de sympathie qui unissent l'estomac et les facultés morales
d'où naissent les désirs vénériens, et d'un autre côté de
rinfluence qu'exerce l'organe digestif sur l'appareil de la
copulation.
Sous le premier rapport, les excès de table, répétés d'une
(4) Yoyei la page 263.
A UN ÉTAT PATBOGftNIQUI. 355
manière continoe, agissent de deux manières sur l'organe
de la pensée : tantôt en lui enlevant et en appelant vers
restomac une grande quantité d'influx nerveux, afin de
débarrasser les voies digcstives des aliments qui les sur-
chargent ; et tantôt en déterminant dans la masse cérébrale
de petites congestions qui, souvent renouvelées, finissent par
porter un trouble profond dans les fonctions de Tencépliale.
Les grandes idées et les nobles passions sont incompatibles
avec les plaisirs exagérés de la table. Les gastrolûtres ^ pour
me servir de Theureuse expression de Rabelais, arrivent h
la longue à perdre le sentiment de leur personnalité et k
9è dépeiiiller de tous les nobles attributs qui distinguent
rhomimede la brute. Voyez dans quel profond avilissement
tombent les Romains, lorsque abandonnant les vertus an-
tiques, ils s'asseyent aux tables somptueuses de leurs empe-
reurs. Vainement l'amour les sollicite, la beauté les ap-
pelle; leurs pensées, leurs désirs, leurs passions, sont
ailleurs et poursuivent un autre but ! Semblables au Grec
PhiloxènCy qui ne formait plus que le vœu d'avoir un
gosier long comme l'oie, afin de mieux savourer les mets,
les gastrolâtres concentrent dans un seul de leurs organes
toutes leurs sensations, toutes leurs voluptés, tous leurs
plaisirs, et si quelquefois leur imagination engourdie
éclairé leur pensée d'un faible et fugitif éclair, ils s'en <er-
tent, non pour ressaisir un lambeau de leur individualité
perdue, maisipour se replonger avec une nouvelle ardeur
dans leur crapuleuse débauche, en rêvant, comme disaft
'd*Afgrefeuille, une Académie de la gueule.
La diminution et quelquefois même l'étouffement dés
'désirs vénériens, amenés par les excès de table, ne sonti^er-
tainement pas sans influence sur l'énergie de l'organe copû-
iMesr lui-même ; ils suffiraient h eux seuls pour rendre
«)66 IlIPUISgAKCE COKSiCUTlVE
compte de l'impuissance qui succède i ces abus, si d'aulrea
circonstances, que les plus simples notions de la physiologie
nous enseignent, ne concouraient aussi 1 produire Tana-
phrodisie.
Tout le monde sait qu'après on copieux repas, surkMit
si l'on a fait usage de liqueurs sptritueuses, les forces gécH
taies sont loin de répondre à l'ardeur des désirs } ceui^i
sont le résultat de Texaltation de l'imagination, née sous
l'empire de Texcitalion des voies digestives, et sont des
amorces trompeuses sur lesquelles l'homme prudent se
garde de fonder de trop grandes espérances.
Nul n'ignore que pendant le travail de l'estomac, tontes
les fonctions animales, c'est-à-dire toutes les foDctiona de
relation semblent s'anéantir et abandonner leur vitalité à
l'organe digestif, qui, lui, a besoin d'un surcroît de forces
pourse débarrasser des aliments qui le remplissent. L'homme
qui digère ne pense plus, se meut difficilement, et ne jouit
pour ainsi dire que d'une sensibilité obtuse; en un mot, le
roi de la création descend au niveau de la brute.
Ces excès, longtemps continués, en enlevant journelle'*
ment une partie do leurs forces aux organes génitaux, les
appauvrissent suffisamment pour les. empêcher de remplir
convenablement leurs fonctions.
l.a gastronomie poussée a l'excès agit donc de deux ma-
nières différentes sur le sens génésique ; en d'autres termes,
elle porte atteinte a deux conditions du coït: 1^ aux désirs
vénériens, 2'* à l'érection de la verge.
C'est donc par conséquent sur ce double terroin que devra
marcher la thérapeutique.
Mais avant de rien entreprendre, il est d'une absolue
nécessité qu'une vie régulière et frugale ait succédé aux
excès qui ont donné naissance h l'impuissance ; la fonction
A UN ÉTAT PATBOGÉNIQUB. 557
liîgeslive sera ramenée à un type normal, et pour cela
faire, le régime alimentaire sera réglé sur Tétat sain ou mor-
bide des voies digeslives.
Cette condition remplie suffit, dans beaucoup de cas,
poar réveiller tout à la fois les désirs vénériens et Ténergie
de la verge 3 il ne faut plus que savoir attendre et persister
dans la sage et prudente hygiène qui constitue la médication.
Quelquefois cependant ces prescriptions sont insuffisantes,
et alors il faut que la thérapeutique intervienne d'une ma*
nière plus active.
Pour rappeler les désirs éloignés, on recourra aux exci-
tants moraux de toutes sortes : les conversations et les livres
badins, les tableaux, les gravures et les marbres représcn-*
tant des scènes d'amour, les spectacles grivois, les théfttres,
les bals, les concerts, seront tour à tour mis en usage, et
leur emploi judicieusement réglé sur les goûts du malade.
Cette dernière circonstance est plus importante qu'on ne
peut le croire, car la médication atteint un but diamé-
tralement opposé à celui que l'on poursuit, si elle froisse
un sentiment ou un instinct quelconque. J'ai vu l'exhi^
bîtion que l'on faisait il y a quelques années, à Paris, de
femmes complètement nues, sous le nom da tableaux vivants^
non -seulement inspirer une profonde répulsion pour ces
femmes, dont la beauté des formes était cependant mani-
feste, mais encore produire une véritable anaphrodisie que
perpétuait le souvenir de ce spectacle. J'ai également connu
on malade qui, malgré son vif désir de lire le roman de
Justine^ de M. de Sade, n'a jamais pu surmonter le dégoût
qo'il éprouvait dès les premières lignes de cet ouvrage.
Il fautdonc, sous peine de manquer complétementson but,
apporter une certaine circonspection dans le choix des exci-
tants moraux, et ne se décider qu'après avoir minutieuse-
ft58 mpoisaiJici coiistciiTiTi
nent consulté les goûU, les habitades et let tewtoaces
morales du malade.
En môme temps que les désirs vénériens seront ainsi sol-
licilés, on s'occupera à rappeler dans l'organe copolaleur
la virilité qui Ta fui, et Ton tirera les indications de eette
thérapeutique du mode de production, du mécanisme» si je
puis ainsi dire, du mal qu'il s'agit de combattre.
L'impossibilité de l'érection e^t due, on se le rappelle,
k la soustraction d'une partie de la vitalité qui anime les
organes génitaux ; le traitement doit donc se proposer de
rendre h ces organes la vitalité perdue.
Tous les mojens capables d'attirer le sang vers les parties
inférieures du tronc, et conséquemment dans l'appareil
copulateur, seront mis en usage, car une circulation active
et luxuriante porte avec elle la vie et l'énergie. C'est ici que
la ihcrapeuliquc de Clia|tlul et de Gcsner, dont j'ai déjà
parlé (1), trou\e une indication formelle, et que les immer-
sions r(^pélées de la verge dans une décoction de semence
de moutarde . employées avec succès par ces praticiens,
amènent les résultats les plus heureux ; on peut même,
ainsi que je l'ai fait plusieurs fois, substituer h ces lotionsi
dont Taction n'est pas assez rapide, de véritables sina-
pisnies appliqués sur le périnée, et même sur la verge;
il suflit de produire une simple rubéfaction, et Ton renou-
velle tous les jours l'emploi de ces cataplasmes de moutarde.
Le môme eiïet est également obtenu par la chaleur, soit
sèche, soit humide, et sous ce rapport on aura garde de se
priver des bénéfices des bains chauds. Les bains froids, sur-
tout au début de la médication, sont essentiellement contre-
inJiqués, u moins que quefque circonstance spéciale n'en
réclame l'usage.
(4) Voyez les pages 24 8 et 3S9.
A UN AT AT PATHOGÀNIQUB. âÔ9
La flagellation, rurlication, le massage et les frictioDS
sèches sur les lombes font également partie de l'arsenal thé-
rapeutique où le praticien devra puiser.
Tous ces moyens ne seront point employés simultané-
ment; on les appellera tour à tour à son aide au fur et k
mesure que l'un d'eux échouera. Il est aussi telle disposi-
tion individuelle qui peut décider le choii du médecin, et i|
faut laisser à la sagacité do celui-ci les soins que cette déci*
sion comporte.
2* Excès de boissotis. — Les boissons se partagent en
deux grandes classes : l*" les boissons fermentées; 2*" le^
boissons non fermentées.
Les premières se subdivisent à leur tour en boissons fer-
mentées simples et en boissons fermentées distillées; et lef
secondes en boissons aqueuses rafraîchissantes et en boisr
sons aqueuses stimulantes.
Au point de vue spécial qui nous occupe, les boissons
uon fermentées ne sauraient m'arrèler longtemps, car si
Ton comprend que les boissons aqueuses, prises en très
grande abondance, soient capables de débiliter l'organismiQ
au point de produire l'impuissance, on conçoit difiicilement
les motifs qui pourraient amener de tels excès; le temps de
l'inquisition et des pénitences exemplaires est bien loin de
nous, et ce serait poursuivre un fantôme que de rechercher
l'anaphrodisie par abus de l'eau introduite, bien entendu,
dans les voies digestives.
Mais il n'en est pas de même pour les boissons alcoo-
liques, au nombre desquelles je comprendrai toutes les
boissons fermentées simples ou distillées, parce que leur
action sur le goût et sur les facultés inlellectuelles sollicite
l'homme à en faire un usage trop souvent abusif.
L'alcool introduit dans l'estomac agit d'abord d'une ma-
â60 mPOIMANCB G0N8ÉCUTIVB
nîère irritante sur la muqueuse de ce viscèrei et secondai-
rement d'une manière excitante sur le système ner?eux encé-
phalique ; en conséquence et eu égards aux sympathies que
j'ai déjà signalées comme reliant entre eux le certeau»
instrument de la vie morale, Torgane digestif et le sens
génital, on doit comprendre la double influence exercée sur
celui-ci par les excès de boissons alcooliques.
« Ceux qui boivent beaucoup de vin, mesmement tout
» pur, dit Plutarque, sont lâches à l'acte de la génération, et
» ne sèment rien qui vaille, ni qui soit de bonne trempe pour
» bien engendrer ; ains sont leurs conjonctions avecque les
D Temmes, vaines et imparfaites (1). » Cette observation
est bien plus vraie que celle de Pline, qui prétend que le
vin rend gentil compagnon à Vendroii des dames. L'en-
quête ordonnée i Londres en 1720, sur les causes de
la diminution considérable que Ton avait constatée dans
le nombre des naissances et de laquelle il résulta que
l'ivrognerie en était la cause principale, vient a l'appui
deTopinion de Plutarque, alors même que la science ne lui
donnerait pas entièrement raison.
Et en eiïet, les excitations successives et souvent répétées
que laissent après eux les excès alcooliques (2), finissent par
émousser la sensibilité générale, de telle sorte que le sens
génital se perd tout h la fois par l'abolition des désirs et par
Tanéantissement de Torgane sensitif lui-même, li'ivrogne
de profession n'a plus de goût que pour son vice, et le pen-
chant qui l'entraîne le pousse a une brutalité dont la source
n'est ni dans son cœur ni dans son imagination^ ces deux
foyers du sens génésiaquo.
(I) Traduclion d'Amyot.
.1) Voyez Ch. Rœ»cb, De l'abw des boissons syiriiueusrs, Paris,
4S39, page 72.
A UN ETAT PATUOGÉNIQUK. 361
Quelle que soit la boisson rermenlée dont Tivrogne fasse
abus, que Talcool soit à l'état de presque pureté, comme
dans reau-de*vie et le trois-six ; qu'il soit mélangé à des
substances plus ou moins astringentes, comme dans le vin;
qu'il soit mêlé, au contraire, à des substances débilitantes,
comme dans la bière, les résultats définitifs sont les mêmes.
La physionomie des ivrognes peut différer, ainsi que le mon-
trent les buveurs de vin et de bière, mais les conséquences,
sous le rapport qui nous occupe, sont parfaitement iden-
tiques : tous perdent, avec le sentiment de leur dignité, le
stimulant moral qui pousse un sexe vers Tautre, et en même
temps la sensibilité physique sans laquelle nos organes
restent sourds aux impressions extérieures.
Deux indications se présentent donc h la thérapeutique
de l'impuissance par excès de boissons alcooliques: 1* rap-
peler les désirs mis en fuite ; S"" ranimer la sensibilité locale
engourdie.
Il est bien évident qu'avant d'entreprendre la médication
spéciale au sens génital, il faut que le malade ait renoncé à
ses habitudes de buveur, et qu'un traitement approprié et
que je n'ai pas mission d'exposer ici ait heureusement com-
battu les accidents généraux que l'ivrognerie détermine,
tels que paralysie, démence, amaigrissement, cachexie, etc.
Quelquefois le retour à la sobriété et le traitement des
accidents généraux suflisent pour ramener l'exercice normal
des facultés génitales; ce résultat s'obtient surtout chez les
malades dont l'intempérance n'a pas eu une longue durée,
et dont la transformation s'est opérée au milieu de l'air pur
et vivifiant de la campagne.
Cependant, malgré ces conditions favorables, l'impuis-
sance survit quelquefois à toutes les autres conséquences de
l'ivrognerie, et il est alors nécessaire de réveiller, comme
S62 Ulf UiMAWft ONHftGpilU
çhei les bavears de profeuioD , les ièmn féBériepw il la
force virile eogoardis.
Pour remplir la première ïDdicatioo, oa recMirra av
eicitaols moraoi dont j'ai déjà parlé pliisiettrs Ibb». et Tm
observera dans leur mise eo pratique les coDdiljiMia.qH:Ji'*î
indiquées comme indispeosabias k leur succès (i)» .
Quant 1 rinertie de Torgane génital luiHnèTOi ilbiitt
pour la pouvoir combattre heureusement, se rendre oooipte
des modifications pathologiques qui l'ont prodoite. S'il
m'était permis de détourner un mot de sa aJgnificalMHi
précise, je dirais que» dans le cas dont il s'agit« raflectîoo est
une phlegmoiie nerveuie chronique détenninée^ 'comme
beaucoup de phlegmasies chroniques, par npe succeision
plus ou moins rapide de stimulations.
Par conséquent, toute nouvelle stimulation, quelle que
soit sa nature, est formellement co.ntre- indiquée.
Mais si l'on réfléchit que les stimulations alcooliques se
sont presque exclusivement fait sentir dans les centres ner*
veux, et surtout au cerveau, et que TafTaiblissement des
extrémités a pu être amené par la privation de l'influx ner-
veux, dont le centre faisait une dépense trop grande par
suite des stimulations dont il était le siège, on comprendra
qu'il ne faut tenir dans une proscription absolue que les
excitotcurs généraux.
Et en cflct lo strychnine, la brucine, la noix vomique,etc. ,
n'ont aucune action dans les circonstances qui nous occu-
|ient, quand elles n'aggravent pas les accidents qu'il s'agit
de combattre.
liCs excitateurs locaux, tels que l'électricité et l'acupunc-
ture, ont une action plus certaine que les excitateurs géné-
(4) Voyex la page 357.
A UN ÉTAT PATBQ6ÉICIQDE. S6S
rauiy mais il ne faudrait pas croire qu'ils réussisseot d'uoia
manière constante; je les ai ?us échouer assez souvent.
La médication qui a paru me donner les résultats les plus
satisfaisants est la médication par le calorique» appliquée
localement, soit sous forme de bains, soit sous forme de
fumigations simples ou aromatiques. Pour obtenir ce dernier
effet, le malade est assis sur une chaise percée, au-dessus
d'un réchaud contenant quelques charbons enflammés sv^
lesquels on verse la poudre des aromates dont on veut faire
usage. Ce mode d'excitation, dont j'ai déjà parlé ailleurs (1)^
doit être rappelé toutes les fois que l'occasion s'en présente,
car il rend d'éminents services dans le traitement de diverses
formes d'impuissance.
Quelle que soit la médication que l'on ait appelé à SOB
aide, et quelque assurée que paraisse ltt< guérison obtenue,
on ne devra jamais oublier que de tous les accidents produits
par l'ivrognerie, l'alTaiblissement génital est peut-être celui
dont la récidive est la plus constante au moindre retour
vers la vicieuse habitude. J'ai donné des soins à un somme-
lier de restaurant qui, à cliaque excès de liqueurs alcoo-
liques qu'il commettait, perdait toute énergie virile, et qui
ne la recouvrait qu'avec la sobriété et après une ou deux
fumigations aromatiques. Je le répète donc, la guérison
n'est durable qu'au prix de la tempérance, et le médecin
ménager de son honneur ne s'exposera pas aux chances
d'une médication presque à coup sûr inutile, si le malade^
en réclamant ses soins, ne fait qu'un serment (Tivrogne.
D. Abus de Vorffan$ inteUetUul.
a On a observé, dit de Ligoac, que les mariages dm
(4) Voyez la page 209.
|W -
M& iHNMâilGB comitiitivi
fjtûtr de lettres • -étaieDt pai ceux qoi rapportaient le plus è
l*£tat : « J'ai Iq dans une fable ioeonniie aux aoriens, a dit
Dafresny, qo'ApolloD s'étaot marié an jonr, rHippocrèoe
tarit le lendemaio. Uo géuie marié est on géoie stérile. En
effet , continue Doflresnj, les productions de l'homme sont
bornées; il Tant opter, de laisser à It postérité ou des on-
f rages d'esprit ou des enrants (i). » (//muiemeiilff térieu»
€t comiqveSf amosem. iV).
La Table imaginée par Dufresny con6rme l'allégorie
iim anciens, qui, pour exprimer l'étoignement des lettrés
pour les plaisirs de l'amour, ont représenté oMnme f ierges
Apollon et les neuf Muses, ses scsurs.
La Fontaine, fort compétent en ces sortes de OMtières,
dit que :
Uo maleUar» I ce Jee, vaot trois rois.
L'observation médicale est ici entièrement conforme a
Popinion des poètes , et s*il est vrai que les travaux de l'in-
telligence, poursuivis dans une mesure raisonnable et au
milieu d'heureuses conditions hygiéniques, soient pour l'or-
gane cérébral un bienfaisant stimulus dont l'inOuence se
fait sentir jusqu'aux dernières ramifications du système ner-
veux, il n'est pas moins certain que les excès dans les tra-
vaux du l'esprit amènent, en dehors d'une foule d'actions
qui peuvent plus ou moins retentir sur le sens génital, une
débilité nerveuse générale, a laquelle les fonctions généra*
trices ne sauraient se soustraire.
Parmi les causes qui président aux maladies des gens de
lettres, Tissot en mentionne deux principales qui doivent
également m'arrèter un instant ; ce sont : 1* la contention
de l'esprit; 2^ Tinaction du corps.
(4) De Vkimme et âê la femme, etc., t. II, p. 47.
A UN ÉTAT PATDOGÈNIQUB. 565
La contention d'esprit a deux modes d'action parfaite-
ment distincts, et s'adresse tantôt h la partie morale et
tastât à la partie physique du sens génital.
Dans le premier cas, la contention d'esprit a pour ré-
sultat de détourner Timagination du but que Tamour se
propose, comme dans Texemple suivant cité par l'auteur de
l'article Impuissance du Dictionnaire des sciences tnédù
cales : a Peyrilhe rapportait dans ses cours l'observation
suivante : Un mathématicien, profondément occupé de
certains problèmes qu'il ne pouvait résoudre, s^oubliiit .
près de son épouse chaque fois qu'il allait partager ses feux
avec elle, c'est-à-Jire que son imagination le reportant suur
ses problèmes pendant l'acte , il lui était alors impossible
d'éjaculcr. Sa femme vint consulter ce médecin habile qui
lui conseilla de produire chez son mari une ivresse joyeuse,
et de saisir ce moment comme étant le plus propre à rece-
voir ses. caresses. L'avis de M. Peyrilhe, rigoureusement
observé, vint combler l'espoir des deux époux ; en un mot,
le mari, arraché a ses profondes méditations, rentra dans
tousses droits. » (Maur, thèse^ Paris, 1805«)
Quoique l'auteur de cette observation soit d'une sobriété
de détails désespérante, on ne saurait admettre que l'impos*
sibilité de l'éjaculation dont il parle fût analogue à cet état
que j'ai appelé aspermatisme; il est h croire, au contraire^
qu'elle était due 1 la flaccidité de la verge, qui se prodai-
sait au moment où l'imagination cessait de présider 1
l'acte copulateur. Cet eflet est très commun, et il est
peu d'hommes qui ne l'aient éprouvé, quel que fût le
motif qui détournilit l'esprit de l'opération amoureuse près
d'être entreprise. L'impuissance qui en résulte, quoiqM
très réelle , est essentiellement passagère , et l'imagi-
nation , ramenée sur le théâtre de l'amour, peut ioconti-
BMt fBprottdre 808 droits 6t birc oublier son nofliieiit a lb«
liais les choses ne se ptsseot pas tOQJoors ainsi) A ¥m
préoeecpelioBs intelleetiielicis peuvent à ce point absorber
l'euprit que riniagtnation soit sans images et le conseostis
saosdésirs.Newton elW. PiU nonnirent vierges; Karit bais-
sait les femmes ; Bacon remarque qn'oocon grand boAmé
de rantiqnîté ne fut très adonné aux plaisirs seinels ; dt lëtf
nctens, cachant les ptos grandes Térités sons les plus mgt-
iienses allégories, avaient donné à Minenre, la déesse de la
science, le snmom de iemme sans tnaméUet^ et ils la ga*
mnlissaient des traits de TAmoar avec la tête de Méduse.
Cette influence de la contention d>sprit sur tel désirs
vénériens est connue de tout le monde, et beaucoup
d'hommes, au milieu des circonstances de toutes sortes qui,
dans les grandes villes surtout, les sollicitent i la débauche,
ne doivent faire honneur de leur continence qu'aux préoc-
eopalions fiévreuses qui remplissent leur existence.
Au point de vue purement physique , les eicès de tra-
vaux intellectuels exercent sur l'organisme une action débi-
litante constatée par tout le monde ! « Le travail du cabinet,
dk Rousseau, rend les hommes délicats, aiïaiblit leur tem-
pérament, et rime garde difficilement sa vigueur quand le
corps a perdu la sienne. L'étude use la machine, épuise
las esprits, détruit les forces, énerve le courage, rend pu-
sillanime, incapable de résister également h la peine et aux
passions (!)• » Ramaxxini n*est pas moins explicite :
«L'union de l'âme et du corps, dit-il, est telle qu'ils parta-
gent réciproquement le bien et le mal qui leur arrive ; l'es-
prit est incapable de s'occuper quand le corps est fatigué
(4) Frê^ltm^dê Bfuuiiw, Mvrss diverses, 1. 1, p. 471.
A m ÉTAT PATHOGÉNIQUE. 367
par les exercices excessifs, et une applicotion trop soutenue
à Pétu^e détruit le corps en dissipant les esprits animaux
qui sont nécessaires k sa réparation (1). y> Tissot, si com-
pétent en pareille matière, explique, comme il suit, l'action
du travail intellectuel sur le dépérissement de l'organisme :
aPour comprendre, dit-il, ces influences du travail de l'es-
prit sur la santé du corps, il suffit de se rappeler : l"" un fait
qoe j'ai déjà indiqué, et que le sentiment apprend à toute
personne qui pense et qui s'observe penser, c'est que le
cenreau est occupé pendant que l'on pense; S"" que toute
partie du corps qui est occupée se fatigue, et que si le tra-
vail dure trop longtemps, ses fonctions se dérangent;
8* que tous les nerfs partent du cerveau, et de cette partie
précisément du cerveau qui est l'organe de la pensée et
qu'on appelle le sensorium commune; &*" que les nerfs sont
l'une des parties principales de la machine humaine, qu'il
n'y a aucune fonction à laquelle ils ne soient nécessaires, et
que, dès que leur action est dérangée, toute l'économie
animale s'en ressent.
» D'après ces principes simples, chacun sentira que quand
le cerveau est épuisé par l'action de l'&me, il faut nécessai-
rement que les nerfs souffrent et que leur dérangement
entraîne celui de la santé, et détruise enfin le tempéra-
ment sans qu'aucune autre cause étrangère y ait part (2).»
Il est donc incontestable que sous Tinfluence des excès
du travail intellectuel, outre l'éloignement des désirs véné-
riens, la force virile s'aiïuiblit elle-même, et cela en vertu
de la loi physiologique générale si bien indiquée par Tissot.
Mats, outre ces deux caractères qui sont communs à
(4] Opéra omnia, p. 648.
(8) De la santé des gens de lettres. Nouvelle édition augmeotée de
notes, par P.-G. Boisseau. Paris, 4 826, page 24.
S68 IKHIlMANCt GORitCOriTI
plusieurs autres espèces d*aoaphroiiisie, Timpuissancii dci
hommes de cabinet s*accompagnet pour le moral, d'oM
hjpochondrie,el,pourlepb;sique,d'aGcidenUducdtédasj»«
tème génito-urinaire, auiquels ne sont peut-être pu étran-
gères l'inaction et la position assise que les oufriers de la
pensée gardent trop longtemps.
LMnaclion amène , en eflet, des troubles dans les diges«
tiens qui réagissent sympatbiquement sur Torgane cérébral;
et la position assise livre aui congestions sanguines les or-
ganes contenus dans le bassin, par suite de Tobatade matériel
qu^cile oppose à la libre circulation dans les parties mférieurea
et du repos lui-même de cette partie ; aussi a-t-on toujours
mis au nombre des maladies des lettrés, la gastrite et la
gastralgie, rhvpocbondrie, la gravelle, le calcul vésical,
les engorgements de la prostate, etc., etc., aiïections qui
ont toutes, comme on le sait, une influence Acheuse sur
réncrgie virile.
Au moment où j'écris ces lignes, je donne mes soins i un
jeune homme de Bruxelles, ftgé de vingt-sept ans, d'un
tempérament bilioso-sanguin, dont Timpuissance s'acoom-
paghe d'accès assez fréquents de gastralgie, d'une bypo-
chondrie prorondo poussée jusqu'à des idées de mort, et de
douleurssourdesda cété du col vésical suivies assez fréquem*
ment d'une perte blanche que le molade confond arec des
pertes séminales, et qui n'est que le résultat d'une sécré-
tion plus abondante de la prostate. Ce jeune homme a
quitté, il y a dix-huit mois, le service militaire pour se
livrer k des éludes métaphysiques; comme il obéissait,
m'a-t-il dit, k une vocation irrésistible, il a sacrifié, avec
toute l'ardeur d'un néophyte désireux d'apprendre, sa vie
active et son sommeil réparateur à la lecture des ouvrages
de Leibnitz, Descartes, Malebranche, Spinosa, etc., etc.
A UN ÉTAT PATHOGÊNIQtE. 369
Après six mois d'un changement aussi radical dans les ha-
bitudes et le mode d'existence, des douleurs vagues d'abord,
mais ensuite plus prononcées, se firent sentir du côté de la
prostate, et leur plus grande acuité, qui correspondait tou-
jours à une augmentation des excès du travail intellectuel,
était tout h la fois le signal d'une sécrétion plus abon-
dante de mucus prostatique, et d'une impossibilité d'érec-
tion, malgré Taiguillon de désirs vénériens très réels.
Bientôt des accidents nerveux apparurent du côlé de l'es-
tomac et furent promptcment suivis d'un amaigrissement
général, d'une teinte terreuse de la peau et d'un change*
ment complet dans le caractère gai et les idées riantes du
malade.
Fidèle au précepte de Tissot et ù celui de tous les au-
teurs qui ont écrit sur la santé des gens de lettres , j*arra»
chai le malheureux à ses livres et à ses philosophes favoris^
j'exigeai le retour h la vie active d'autrefois, j'imposai les
exercices corporels en plein air et surtout h la campagne, et
je prescrivis un régime analeptique secondé par l'eau de
Spa. Sous l'influence de cette simple hygiène, une saison
d'été suffit au malade pour renaître au monde, a ses espé-
rances et à ses plaisirs ; malheureusement l'hiver, en le
chassant de la campagne, l'a ramené à Paris, où il a retrouvé
ses livres, qu'il a cru pouvoir reprendre sans crainte d*une
rechute; mais cette confiance ne s'est point justifiée, et dans
le courant de mars, c'est-à-dire trois mois après la reprise
de ses études, le malade vint de nouveau réclamer mes soins
et m'accusa les mêmes accidents que ci-dessus, mais à un
degré moindre.
Avant de me venir voir, et sur le conseil d'un confrère,
il avait essayé de faire usage du citrate de fer, et avait éprouvé
de l'emploi de ce médicament une aggravation dans l'état
24
570 IVOIMAIICI MMlidOTlft
oerfeui da canal alimentaire. Le bismnth et lea opiaeli
firent raison de cette sarexcitation, et lea mojena hygié-
■iqaes précédemment employés paraissent josqn'è présent
dtfoir produire des résultats aussi benreu qne la pi»*
mière fois.
A défaut de cette obsenration, Teipérience et la raiaoB
commandent de n'entreprendre aucune médication» si au
préalable on n'a enle? é le malade à ses livres, à ses médi-
tations, en on mot k la cause même de son mal. Cette con-
dition indispensable est, il en faut convenir, la pins dilBdlodo
toutes à réaliser. Tissot, dont le témoignage eat d*un grand
poids en pareille matière; ne cacbe pas ses craintes à cet
égard : « La première difficulté, dit-il, qu'on a à vaincre avec
les gens de lettres, quand il s'agit de leur santé, c'est de les
faire convenir de leurs torts ; ils sont comme les amants qui
s'emportent quand on ose leur dire que l'objet de leur pas-
sion a des défauts ; d'ailleurs, ils ont presque tous cette es-
pèce de fuite dans les idées que donne l'élude, et qui,
augmentée par cette bonne opinion de soi-même, dont la
science enivre trop souvent ceux qui la possèdent, fait qu'il
n'est point aisé de leur persuader que leur conduite leur est
nuisible : avertissez, raisonnez, priez, grondez, c'est sou-
vent peine perdue, ils se font illusion k eui-mèmes de mille
façons diiïérentes : l'un compte sur la vigueur de son tem-
pérament, l'autre sur lo force de l'habitude ; celui-ci espère
échapper i la punition, parce qu'il n'a pas encore été puni ;
celui-li s'autorise d'exemples étrangers qui ne prouvent
rien pour lui ; tous opposent au médecin une obstination
qu'ils prennent pour une fermeté dont ils s'opplaudissent,
et dont ils deviennent les victimes ; bien loin de redouter le
danger i venir, ils ne veulent quelquefois pas même sentir
le mal présent, on plutét, le plus grand des maux pour
A UN ÉTAT PATHOGÉNK^DB. 374
eux; c'est la privation du Irovail, ils ne comptent pour rien
\e% autres moyennont qu'ils se soustroient è celui-là (1); >.
Lorsque lo raison a triomphé de cette obstinotion A-
cheose et aplani cette première difficulté, il suflit, dans la
mojorité des cas, de suivre la conduite que j'ai tenue dans
l'observation citée plus haut; les forces se rétablissetit k
mesure que les digestions deviennent meilleures, et l'éner-
gie physique s'accroît de tout ce que ne dépense plus Télé-
ment moral.
Cependant il est des circonstonces où la nature seule ne
suffit pas à cette réparation, et qui nécessitent l'intervention
de Flirt. Alors les ferrugineux, quand ils sont supportés,
et le quinquina sont deux spécifiques dont on peut attendre
merreille, surtout si Ton o soin de les associei; aux béins
froids, et, quand rien ne s'y oppose, aux excitants, tels que
la cannelle, le girofle, le galangu, etc., etc.
Quelquefois, mais plus rarement encore, il faut agir sur
les centres nerveux eux-mêmes, soit par des médicaments
internes, comme la noix vomique ; soit par des moyens
externes, comme l'électricité.
Mais, je le répète, la médication par excellence, celle
dont on doit attendre le plus de succès, est le repos de
l'esprit, l'exercice corporel en plein air, un régime ana-
leptique, tonique, fortifiant et quelquefois excitant.
E. Abus de i appareil géniial.
Le sens génital, comme tous les appareils de l'économie
animale, est appelé à remplir une mission, h laquelle, sauf
(4) JLm. cil,, t^. 4 36.
.9.
37S IMI*l)ia6ARCI GOMiÉCOTlVI
quelques cas eiceplionnels , noat ne pooTOos ooas sous-
traire. C'est en vain que rhomme essaie de se révolter
contre Tempire de cette loi ; la nature, plus Torte, brise la
résistance de sa volonté, ou lui impose des maoi inBnis
comme châtiment de sa désobéissance. Buflbn raconte les
souffrances d'un curé de la Réolc, victime de la chasteté, et
dont rhisloire trop connue ne saurait ici trouver place.
Dans rintérèt de Tharmonie physiologique, qui n'est pas
autre chose que Téncrgie relative de toutes les fonctions,
la nature a établi pour chacune d'elles un type nonnal,
différent, il est vrai, selon les individualités, mais basé sur
l'ensemble de toutes les fonctions, et en deçà et an del| du-
quel apparaît lé désordre, la maladie.
La fonction génitale ne fait pas exception k cette ri^le
immuable, et son abstention ou son exercice immodéré,
que l'on dé<ii<«ne sous les noms de continence et d'inconti-
nence, entraînent à leurs suites des désordres nombreux,
dont je ne dois ici considérer que ceux dont l'action né-
faste s'exerce sur In puissance virile.
lo Excès de continence. — Les excès de continence, et
même la continence absolue, n'ont pas chez tous les hommes
la même influence sur le sens vénérien : chez les uns,
cette continence irrite les désirs, tandis qu'elle les abat
chez les autres. C'est niïaire de tempérament et de consti-
tution. Chez les individus d'un tempérament énergique,
chez ceux dont l'imagination a des élans irrésistibles, les
désirs vénériens ont une puissance étrange qui s'alimente de
rêves incessants dans le silence de la solitude, et qui trouve,
dans les combats mêmes que la raison livre k la folle du logis,
comme dit Montaigne, des excitants nouveaux à l'œuvre de
la chair. L'histoire de toutes les religions nous montre de
ces martyrs de leur foi ^ et , dans l'Iliade chrétienne, saint
A UN ÉTAT PATUOGEMOUE. 373
Jérôme est resté comme le type des tristes victimes de la
continence et de la chosteté.
Cependant les constitutions les plus vigoureuses ne sont
pas toujours une garantie contre les atteintes anaphrodi-
siaques de la continence ; Galien avait déjà remarqué que
les chanteurs et les athlètes, qui, de son temps, se vouaient
i la chasteté pour conserver leurs forces, avaient les parties
génitales exilia et rugosa comme les vieillards. « Un de
mes amis, dit-il, étant venu me consulter h l'occasion d'un
priapisme, suite d'une continence prolongée, s'étonna de
ce qu'un athlète se trouvait placé, par la même cause, dans
une circonstance tout opposée. Miror^ inquit^ quod huic
(athletam indicans) ob continentiam rugosus^ coltapstisque
pénis evaserit : mihi vero ex quo continentiam servare
studuij evenerit contrarium. Galien ajoute que ceux, au
contraire, qui, dans leur jeunesse, s'étaient abandonnés sans
réserve aux jouissances de l'amour, avaient les parties gé-
nitales extrêmement développées (1). »
Le médecin de Pergame ne fait qu'affirmer une loi phy-
siologique dont la vérité n'est contestée par personne, el
qui fixe l'intime corrélation existant entre le développement
d'un organe et l'exercice de sa fonction. Celte loi, dont un
exemple frappant est le défaut de symétrie parfaite entre les
deux parties latérales du corps par suite du plus grand
usage d'un côté que de l'autre, peut se traduire de la ma-
nière suivante : Plus un organe ou un appareil d'organes
fonctionne, plus il possède une nutrition active, et plus, par
Gooséquent, il s'accroit en volume et en énergie; vi^
versdf moins un organe ou un appareil d'organes fonctionne,
et moins il jouit d'une nutrition abondante, et plus, par
{V. DicUmuuiirê </^« tcienre* médictiln, art. CiAtreri.
S7& IMPCIStARCI COMÉGiniVi
conséqueDt, il e<t f «posé au dépérissement et à Tatrophie.
Si lette loi physiologique n*est pas un mensonge, on
comprend que Ton en pui<se faire Tapplication à Tappareil
S(énîtal, et que, ihez 1rs inditidus dont l^imaginalion para-
Ijsée n*é%eille pas le feu sacré des désirs dont la présence
supplée , jusqu'à un certain point, Teiercice de la fonc-
tion en entretenant dans les organes Tetcilation et la liCi
oo comprend, dis-je, que rhei ces individus lèches de corps
et d'esprit, r.ip(uireil pénitaL par suite du repos forcé au-
quel il est condamné, éprouve une sorte d*arrèt de déve-
loppement, et reste , comme cbez les enfants , k Tétat em-
bryonnaire.
J'ai raconté ailleurs • 1) un eiemple de petitesse eitrème
de la ter^c, à laquelle je parvins cependant à donner on
volume convenable par le seuiciercicc de la fonction copu-
latrice, grâce à la persistance chez le roala<ie des désirs vé-
nériens. Mais cette circonstance lieuroiist> no se rencontre pas
toujours, et il est assez ordinaire que dans rcs|}ècc d*im«
puissance qui m'occupe, on ait à réveiller tout à la fois
l'activité géné>ique du moral et la force annihilée de Tor-
gane copulatcur.
Je ne reviendrai pas ici sur les movens d*e\citation mo*
raie que j'ai longuement exposés dans un autre chapitre de
cet ouvrage; mais je ferai remarquer que si la continence
est le résultat, non de la volonté, mais de Tapathie du
tempérament, il faudra d«; toute nécessité recourir, en
même temps, a une méilication fortitiante dans laquelle le
iér et le quinquina à l'intérieur, et les bains froids dans
Tesu courante , et surtout dans la nter, occuperont une
Iff^e place.
Voyvi la paga 460.
A UN ÉTAT PATHOGtlflQOB. 375
Quant à la médication locale, à celle qui aura plus spé*
cialement pour objet de relever les forces viriles aiïaiblies,
je n'en sais pas de meilleure que Texercice même de la
fonction.
Cependant, pour arriver i la possibilité de cet exercice,
k la réalisation du premier coït, on se trouvera bien de re-
courir à l'intérieur et en frictions, concurremment avec la
médication générale par les ferrugineux et les toniques, aux
agents que les anciens désignaient plus spécialement sous le
nom d'aphrodisiaques : le phosphore, l'acide formique,
l'aristoloche, l'armoise, la garance, la myrrhe, la rue, la
Sabine, le safran, etc.; on pourra, dans quelques circon-
stances, mettre k proBt la stimulation que quelques agents
exercent sur les organes urinaires, tels que les cantharides,
les acétates de chaux, de potasse et de soude, l'alkékenge,
le câprier, la racine de fenouil, etc., etc.
Mais il ne faut pas se faire illusion et placer trop d'espé-
rances sur une médication dont les effets sont souvent dou-
teux et toujours lents à se produire ^ car chez les natures
apathiques, qu'on ne Toublie pas, la continence prolongée
a souvent déterminé un arrêt de développement de l'appareil
génital, auquel il n'est pas toujours facile de remédier, sur-
tout quand l'imagination du malade ne seconde pas la médi-
cation ou que le sujet a atteint déjà un certain êge.
2® Excès dUncontinence, Excès vénériens. — Les excès
vénériens sont de toutes les causes physiques d'anaphro-
disic la plus fréquente, sinon la plus terrible. L'impuissance
qu'ils déterminent n'est quelquefois que passagère, mais
dans quelques autres circonstances au contraire, elle per-
siste plus ou moins longtemps, et peut même devenir défi-
nitive si les organes testiculaires sont épuisés et flétris.
Je vais examiner les conditions diverses de chacun de ces
376 IMPOIftiAKCi COII8ÊC0TITE
éUts ; mais il me parait utile^ avant d'entrer en matière» de
%ider une question, h laquelle les gens du monde et beaa-
coup de médecins attachent un certain intérêt : je veui
parler de la diriercncc des résultats amenés par les eicès de
coït et par les excès de masturbation.
S'il en fallait croire à peu près tous les auteurs qui ont
écrit sur Tonanisme, les excès de ce vice aéraient beaucoup
plus funestes que les excès de coït ; les raisons qu^ils fout
valoir on faveur de celte opinion ne me parabseot ni réelles
ui fondôes, et l'on peut même dire que, toutes cbosea
égales d ailleurs, la copulation détermine une excitation
générale, un ébranlement dans tout le système nefveui que
la masturbation ne saurait produire dans le silence de ion
isolement.
Il est incontestable quo Ton rencontre un plus grand
nombre de \irlimes de roiianisme que du coït, mais cette
dintTonce en fa^ellr do la masturbation tient a plusieurs
causes :
l*" Parce que la masturbation est le plus fréquemment
exercée à un A^c où les or<;anes «génitaux n*ont |)oint encore
acquis leur développement complet , et que, par consé-
quent, ils liront à opposer n la fatigue qu'on Inur impose
qu'une très faible force de résistance; tandis que le coït est
ordinaiiement rapana<;e de l'Iiomine arrivé, sinon à une
évolution parfaite, du moins à un degré suflisant d'énergie^
2* Parce (|ue les excès d'onanisme sont plus facilement exé-
cutables que les e\rcs du coït, en ce que pour les premiers
une volonté seule suflit, alors que jiour les seconds il faut
l'accord de deux volontés et la réunion de certaines cir-
constances dont le masliirhateur parvient facilement » s'af-
franchir ; ainsi, le mastnrbateur n'a pas toujours besoin de
la solitude pour satisfaire ses vicieux penchants ; r»n en a ui
A IN ÉTAT PATUOGÈNiQUE. 577
qui contentaient leurs habitudes sous les yeux de leurs
maîtres ou de leurs parents, soit en croisant leurs jambes
et en balançant leurs corps, soit avec la main placée dans la
poche de leur pantalon, soit en frottant Torgane voluptueux
contre un coussin, un meuble, etc., etc. ; le coït, au con-
traire, exigeant l'isolement le plus absolu, a bien moins que
Tonanisme d'occasions de se satisfaire, sans parler de l'ac-
cord parfait qui doit exister entre l'homme et la femme.
C'est surtout à ces deux circonstances, et non h une dif* |
férencc d'action du coït et de la masturbation , qu'il faut ■
rapporter les résultats notés par les auteurs; pour moi, je
suis parfaitement convaincu qu'au milieu de conditions |
égales, les excès d'onanisme et les excès de copulation amè- \
nent des effets identiques, soit sur l'économie tout entière, l
soit seulement sur l'appareil de la génération.
D'ailleurs, plus qu'en toute autre occurrence, l'apprécia-
tion de ces efTets ne peut être établie d'une manière absolue,
et telle incontinence qui sera excès pour Tun, sera pour
l'autre le simple exercice de la fonction. Les tempéraments,
réiat de santé ou de maladie et les passions jouent ici un
très grand rôle, et sollicitent toute Tallention du médecin.
Je me suis déjà sufTisamment expliqué ailleurs (1) sur la
valeur de chacune de ces circonstances, pour qu'il soit inu-
tile d'y revenir ici.
En cette place, je dois admettre que l'acte vénérien a été
accompli d'une manière abusive, c'est-è-dire en dehors des
limites posées h l'individu ou par les forces de son orga-
nisme, ou par l'existence d'une maladie, ou par l'état de son
Ame, etc. , et que ces excès ont amené l'impuissance.
L'impuissance produite par une pareille cause est rare-
ment indépendante de tout autre phénomène morbirfe :
(1) Voyez les pages 139 el suivantes.
S78 IWUIftAlICI GOmtCOTIfB
taotAt elle est liée k on anaiblisieiDeQi général de Vi
nie, et tantôt elle est accompognée de lésions anatoniqMa
locales dont elle paraît n'être qu*ane conséqoence*
La première, presque toujours passagère, est rareomit
au-dessus des ressources de Tart; la seconde, au contraire,
résiste davantage aui moyens thérapeutiques, et peut mêoM,
dans quelques cas, les déGer complètement.
Je vais eiaroiner k part ces deui formes d*anaphrodisie,
car leur distinction, au point de vue du traitement, est de
la plus haute importance.
a. Impuissance par excès vénériens sans lésûms onolo-
mtftfei locales. — Il ne peut être question ici, on le com-
prend, de cette impuissance qui suit une ou plosieors nnits
de débaudie ; Timpossibilité du coït n'est point alors bm
maladie qui réclame les secours de la médecine ; c'est pour
le physique une fatigue que le repos fait disparottre, et pour
le moral une satiété que la continence dissipe; la sécrétion
spermatique, h Tége surtout où elle est le plus active, a
bientôt réparé les pertes nuxquelles ces eicès ont con-
damné Torganisme, et Tindiudu ne tarde pas k rentrer dans
toute la plénitude de ses droitii.
Cependant ce retour à la vie sexuelle se fait quelquefois
vainement attendre, et le malheureui dont Tespoir est déçu
tombe alors dans un découragement qui peut k lui seul
amener Timpuissance.
Dans ces cas, moins rares qu^on ne croit, l'impossibilité
du coït ne se trahit par aucun autre symptôme que par la
non-érection de la verge : les désirs n*oiit pas fui, et l'éma-
ciation et le dépérissement dont je parlerai tout k l'heure
n*eiistent pas. Le médecin n'a pour éclairer sa religion que
les seuls aveux du malade* dont la véracité d'ordinaire ne
saurait être mise en doute.
A UN ÉTAT PATHOGÈNIQUB. 379
Cet état, par lui-même, n'a aucune gravité, et disparaît
assez facilement par le repos de l'organe et l'emploi de
quelques moyens excitateurs chez les malades dont l'esprit
est resté inaccessible à la crainte ; mais il peut se prolonger
plus ou moins longtemps chez ceux dont le moral est trou*
blé par les appréhensions d'une impuissance complète.
Plus qu'en toute autre circonstance, les gens du monde
dont la verge entre difficilement en érection après des excès
vénériens, s'abandonnent à des terreurs imaginaires et se
croient atteints de toutes les infirmités dont quelques au-
teurs, et Tissot entre autres, leur ont fait un si lugubre
tableau. Le médecin ne doit point partager de semblables
appréhensions, il les doit attaquer en face et les combattre
avec toute l'autorité que lui donne la science. S*il caresse
les terreurs de son malade, celui-ci, soyez-en convaincu, se
croira bientôt la victime de toutes sortes de fléaux ; son ima-
gination troublée lui Fera voir des flocons blanchâtres dans
ses urines ; elle lui fera prendre pour une perte séminale le
mucus prostatique qui vient humecter le méat urinaire sous
l'empire d'une excitation amoureuse; elle lui créera mille
fantômes plus absurdes les uns que les autres et qu'il est
quelquefois très difficile de dissiper. Je me rappelle un de
ces malheureux qui se croyait atteint d'un sarcocèle, parce
que, me disait-il, les abus qu'il avait faits de ses organes
génitaux avaient amené dans les testicules, par suite du tra-
vail forcé de la sécrétion spermatique, une inflammation
chronique qui avait bien pu dégénérer en cancer.
Il faut en pareille occurrence, je le répète, que le méde-
cin ne s'abandonne è aucune faiblesse, à aucune condescen-
dance; il ne doit point, comme dans quelques occasions que
j*ai eu soin de spécifier, user de ruse; la ruse est ici fu-
neste, parce qu'elle fortifie la croyance du malade en des
ff
380 IMHJI88A1ICI COMttCUriYB
lésioiM profondes et presque inaccessibles au reisonites
de l'art.
D'ailleurs, quand son eiïroi ne lui a pas créé des images
trop sombreji, le malade ne tarde pas k revenir de son er-
reur, et la conGance la plus entière rentre en son âme au
plus petit retour de la force virile.
' Pour obtenir ce résultat, la première condition est de
soustraire le sens génital aui excitations amoureuses ; tout
ce qui peut éveiller les désirs vénériens, moralement ou
physiquement, sera éloigné, et Ton respectera avec un soin
égal la quiétude de Tâme et le repos des organes.
Concurremment avec ce calme général, et comme pour
forcer la nature à en sortir elle-même sans le secours
d'excilants venus du dehors, une nourriture fortiBante, ana-
leptique, sera employée, et Ton se trouvera bien de l'usage
des gelées de viamie ou de voloillcs nromalisées avec des
épices, du chocolat à la vanille, du sagou, du salep assai-
sonnés avec le vin, la cannelle, la muscade, les clous de
girofle, clc, des rôties au sucre ou au vin, etc., etc. Des
promenades à la campagne, surtout à cheval ou en voiture,
compléteront cette hygiène, qui suflit, dans la mojorilédes
cas, pour rendre au malade toute sa vigueur première.
Cependant, si ces moyens étaient insuffisants, et qu'il
fallût recourir à une médication plus active, on commence-
rait par odministrer, en guise de tisane, une décoction de
bois de quinquina, a la dose d'un verre par jour, pris en
deux ou trois fois.
Enfin, s'il était nécessaire d'agir d'une monière plus
énergique encore, on pourrait a\oir recours i l'ocide for-
miquc, au phosphore et mémo aux canlharides, soit k l'in-
térieur, soit en frictions sur le périnée et In base de la
verge. Mais, je le répète, cette impuissance sans altération
A UN ÉTAT PATUOGÉNIQDB. 381
générale, «ans lésions anatomiques, et produite seulement
par quelques excès vénériens, est essentiellement passagère
et réclame rarement une médication active.
Il n'en est pas ainsi de celle qui, découlant de la même
source, s'accompagne du dépérissement de Torganisme
et semble être une conséquence fatale de l'anéantissement
qui frappe toutes les fonctions ; c'est qu'en effet l'impuis-
sance, dans ce cas, est autant le résultat de l'alTaiblissement
général que de la fatigue des organes génitaux, et l'on peut
dire que si son point de départ est dans les excès véné-
riens, elle est entretenue et singulièrement aggravée par
l'état déplorable de l'économie tout entière.
Par suite de l'insuffisance de nutrition dépendant, soit
d'un état morbide de l'estomac ou des vaisseaux absor-
bants, soit d'un alanguissement de la force vitale elle-même,
le sang s'appauvrit, et dans beaucoup de circonstances tous
les phénomènes de la chlorose se montrent; ceux dont le
système nerveux est le siège offrent parfois une acuité et une
persistance qui font le désespoir du malade, et il en doit
être nécessairement ainsi, puisque le coït, dont les excès
sont la cause première de tous ces désordres, porte sur ce
système une action profonde et en quelque sorte spéciale.
Mais cette action, ainsi que celle de l'appauvrissement
général, se limitent assez souvent aux fonctions organiques
du système nerveux, et laissent dans leur intégrité les fa-
cultés intellectuelles et affectives. Aussi n'est-il pas rare de
voir persister les attributs de l'esprit chez ceux-là même
qu'une trop fréquente satisfaction des désirs vénériens a
conduits au marasme et h l'impuissance.
D'autres fois, les facultés intellectuelles et affectives ont
été entraînées dans le naufrage des fonctions organiques, et
seuls les désirs erotiques surnagent au milieu des débris
8N imititAfici co!ittc8nirB
moncelés autour d'eux. La position da malhooretit iiiai
frappé est biiarre : la mémoire est toujoors plos oo moÎM
profondément altérée ; Tème, châtrée de tout sentiment,
languit dans rindiiïérence, et Torgane seinel, atteint dans
sa force, ne peut plus réagir contre les excitations qnt le
abIKcttent; aussi, dans cette absence des plus neUea attri»
bnts de Thomme, les désirs vénériens ont qoelqne dioae
da bestial qui, s'ils pouvaient être contentés, ravaleraient
aetni qui les manifeste au niveau de la broie k l'époque
do rot. L'irritabilité dans laquelle se troove le système ner-
veux aiguillonne ces désira et change en véritable torture
rimpossibiiité de les satisfaire. J'ai vu plosienrs da ees
malheureux condamnés k fuir le monde, k s'éloigner da la
société des femmes el k rechercher une solitude où ils pas-
sent tout k leur aise maudire leur fatale destinée. L'un
d'eux, entre autres, qui m'aurait convaincu, si je n'avais
eu déjà cette certitude, de rexistcnce de l'hystérie rhei
l'homme, portait des regards de convoitise 5ur toutes les
femmes, laides ou jolies, qu'il rencontrait, et il lui était
impossible de fixer dans ses souvenirs l'image de l'une
d'elles. J'allai avec lui au\ Tuileries un jour où la mode
fait de ce jardin public un lieu de réunion pour les femmes
élégantes de Paris, et, pendant une heure ù peu près que
nous y restâmes, il éprouva des désirs constamment nou-
veaux : il lui semblait toujours \oir pour la première fois
las persoimes devant lesquelles nous avions passé k plusieurs
reprises et sur lesquelles j'avais attiré son attention dès
notre entrée dans le jardin. L'émolion ne se prolongeait
jamais au delà de la sensation; l'impression produite par une
fcmme s'eiïaçait presque instantanément par la vue d'one
autre femme, et sa mémoire perdait le souvenir de celle-ci
i la rencontre d'une nouvelle. Cette mobilité d'impraaaioat
A UN ÉTAT PATHOGtNIQOB. 388
faisait le désespoir du malade et le força enfin à se retirer
à une campagne qu'il possédait dans le déparlement de
l'Oise, et dont la solitude, en lui permettant l'observation
rigoureuse d'un traitement, le rendit bientôt au monde de
Paris, auquel rattachaient sa fortune et sa position sociale.
Dans d'autres circonstances enfin, les désirs vénériens
ont subi la destinée de la force virile, et comme elle se sont
noyés dans les excès de la luxure et du coït. L'homme n'est
plus alors que l'ombre de lui-même ; automate animé par
un reste de vitalité, il n'ouvre ni son esprit, ni son àme, ni
ses sens à ce que la nature a de plus sympathique, à ce que
la femme a de plus séduisant. C'est à lui que peuvent s'ap-
pliquer, sans parabole, ces paroles de TËcriture : Oculoê
habet et non vidity aures habet et non andiit, etc.
Quels que soient les phénomènes qui, du côté du
moral, accompagnent les actions vitales résultant d'excès
vénériens, la première et la plus importante indication à
remplir est la réparation des pertes éprouvées par l'éco-
nomie; ce résultat n'est pas toujours facile h atteindre^
surtout au début de la médication, parce que l'excessive
irritabilité de Testomac ne permet pas de recourir à une
alimentation franchement analeptique. Il faut ordinairement
commencer par un régime lacté et n'arriver que progres-
sivement à une nourriture tout h la fois plus substantielle
et plus excitante.
Tissot recommande de faire prendre au malade du lait
froid coupé avec l'eau de Spa : '< Un grand avantage, dit-il,
des eaux de Spa et du quinquina, c'est que leur usage fait
passer le lait. M. de la Mettrie nous a conservé une belle
observation de M. Boerhaave. Ce duc aimable^ je traduis
mot à mot, s'était mis hors du mariage ^ je l'ai remis
dedans par Vxksage des eaux de Spa avec le lait. {AfM^
S8& JMMIMAIICK GOmACUflVI
Mis iUe dua> $e poiueral eœtra matrimonhÊMs ego iUiÊm
repatui intra (I ). » (Supplément à l'ouvrage du PéMof^^
rh. I, !;▼. XXXV.)
C'est dans les circonstances qui nous occupent que les
anciens auteurs recommandaient de faire coucher le malade
avec une personne saine et à vitalité eiubérante, et de le
nourrir avec du lait de femme. J'ai, dans un autre cha-
pitre (2)« suffisamment fait ressortir l'inanité de ce premier
mojren, et le danger et l'immoralité do second, pour qu'il
soit inutile d'y revenir ici.
La médecine, grâce au ciel ! poMède asses de ressources
pour ne pas regretter de semblables cipédients, et elle a,
dans le quinquina, les toniques et les ferrugineui» des armes
puissantes, si elle sait les manier avec prudence et avec
fermeté. « Un homme, dit do Lignac, s'était tellement
épuisé a\ec une courtisane, qu'il était incapable d'aucun
acte de virilité; son estomac était aussi extrêmement affai-
bli, et le manque de nutrition et de sommeil l'avait réduit
à une grande maigreur. Voici la méthode qu'employa
M. Tissot pour procéder h la curation de cette impuis-
sance: A six heures du matin, le malade prenait six onces
(180 grammes) de décoction de quinquina, à laquelle on
ajoutait une cuillerée de vin de Cunaric; une heure aprèis,
il prenait dix onces de lait de chèvre qu'on v«:nait Je tirer,
auquel on ajoutait un peu de sucre et une once d'eau de
fleur d'oranger. Il dhiait d'un poulet râti, froid, de pain et
d'un verre d'excellent vin de Bourgogne avec autant d'eau.
A six heures du soir, il prenait une seconde dose de quin-
quina; à six heures et demie, il enirait dons un bain froid,
dans lequel il restait dix minutes, et au sortir duquel il en-
(4) ùnaniême, art. 111, sect. x, p. fOS, Y édii. Ljuzanne, 4765.
(t) Voyez la page 955 .
A UN ÉTAT PATIIOGÊNIQUE. 385
trait dans son lit. A huit heures, il reprenait la même quan-
tité de lait; il se levait depuis neuf heures jusqu'à dix. Tel
fut Teffet de ces remèdes, dit M. Tissot, qu'au bout de
hait jours, il me cria avec beaucoup de joie, quand j'entrai
dans sa chambre, qu'il avait recouvré le signe extérieur de
la virilité^ pour me servir de l'expression de M. deBuiïon.
Aq bout d'un mois, il avait presque entièrement repris ses
anciennes forces (1). »
Grftce aux progrès que la chimie a fait faire a la phar-
macie, la médecine dispose aujourd'hui de préparations fer-
rugineuses facilement supportables et qui sont bien plus
singulièrement actives que le quinquina ou le vin de Ca-
narie. Cependant je me suis toujours loué d'avoir commencé
la médication en mettant pendant quinze jours le malade à
la décoction de quinquina et au mélange du lait froid et de
l'eau de Spa. Cette dernière peut sans inconvénient être
remplacée par tout autre eau ferrugineuse, comme celle
de Forges ou de Passy, par exemple.
Mais dès que l'estomac peut supporter des préparations
de fer plus actrves, il faut se hâter de les faire prendre au
malade; les pilules de Yallet, celles de Blaud et te lactate
de fer de Gelis et Conté m'ont, dans de semblables circon-
stances, rendu des services qui me les font considérer
comme indispensables dans la thérapeutique des affections
que j'examine.
L'alimentation, tout à la fois nourrissante et légèrement
excitante, facilitée par un exercice modéré et pris à la cam-
pagne, devra seconder l'action du quinquina et du fer.
Ces moyens, joints à la privation totale des plaisirs vé-
nériens , suffisent , dans la majorité des cas, pour réparer
(I) De Vhomme et de la femme^ etc., t. I, p. 306.
25
J
M6 ivoiMâMi Gomtcmfi
l«t déiordret généraoi et locau prodctti par les eieèt 4e
Tamour. Mais rimpoissauoe est de tons les accideiits le der-
nier 4 disparaître ; coinine dans révolotton ph jsîologiqQe, le
seos génital n'entre en eserdce qu'après raoqnisitiee d'une
soifisante énergie par toates les antres parties de Técoiie-
mie. Les bains froids de rivière et sortent 4e mer, les la-
liens froides snr les lombest le périnée et l'appereil génital,
hâteront singulièrement le réveil de celtti-d ; qnelqnelbist
nMÎs bien rarement, qoand la réparation générale a été snf-
iaante, il est nécessaire de recourir k des eidtanls lecani
pins énergiques : les frictions sèches on aroroatiqnes, le
masMge, et« au besoin, la flagellation, pourront rendre
quelques services; plus rarement encore, on aura recours
aut cantharides, dont l'action sur la tessie serait ki plus
nuisible qu'utile.
Les agents ou moyens e&citateurs ne seront mis en usage
qu'avec la plus grande circonspection ; ils ne seraient pas
sans une iiillucnce fâcheuse sur un système qui a été le
tliéàtre de désordres quelquefois très graves.
Quant à Ia médication morale ncitante, qu'il faut appeler
à son aide quand le retour des désirs vénériens se lait trop
longtemps attendre, je l'ai suffisamment eiposée dans plu-
lîeurs parties <le cet ouvrage, pour quil soit fastidieux d'y
revenir ici.
6. Impuissance par excès vénériens avec lésions onalo-
miquês locales. — Je n'ai point à décrire toutes les lésions
«natomiques qu'impriment à ra|»pareil génital les excès véné-
riens ; parmi ces lésions, les unes n'ont aucune influence sur
l^énergie virile, et les autres aflectentplutét la fécondité que
le puissance, et n'agissent que secondairement sur cette der-
nière, après avoir altéré les fonctions des testicules, comme,
|ar exemple, le cancer de ces orgaues ou le varicocèle.
A LN ÉTAT PATUOGÉNIQUB. â87
Les premières, étrangères ù mon sujeî, ne doivenl point
trouver ici de place; les secondes, naturellement désignées
pour une aulre partie de cet ouvrage, entreront dans le
cadre de la stérilité, car leur étude , enfermée jdans les limites
de l'impuissance, serait nécessairement incomplète et fe-
rait en même temps un double emploi.
Cependant je m'arrêterai à une lésion qui, si elle affecte
généralement la faculté reproductrice, ne laisse jamais intacte
la force copulatrice ; c'est la lésion des vésicules séminales
et des canaux éjaculateurs qui donne naissance aux pertes
séminales, ou spermatorrhée.
L'exception, que je fais en faveur de cette maladie en la
décrivant ici, se justifie par ce que je viens de dire : que si,
arrivée à un certain degré, elle est une cause certaine
d'impuissance, elle n'entraîne pas toujours la stérilité,
comme on peut s'en convaincre en examinant au micros-
cope, le sperme de certains tabescenis qui ne présentent
également rien d'anormal du c6té des glandes spermatiques.
Mais alors s'élève une autre question qui appellera ail-
leurs toute mon attention, et que je ne veux qu'indiquer
présentement, afin de légitimer tout a fait la place que
j'accorde ici à la spermatorrhée. L'éjaculation sperma-
tique, si difficile et le plus souvent impossible chez les indi-
vidusatteints de pertes séminales, constituant, chez l'homme,
une des conditions de la faculté fécondante , il semble que
son absence doive être une cause positive de stérilité. Sans
doute, à première vue, et en ne jugeant que par la théorie,
les choses paraissent devoir se passer ainsi ; mais lorsqu'on
se rappelle les expériences de Spallanzani et que l'on veut
consulter les archives de la science, on reste convaincu que
si l'éjaculation est une des conditions normales de la faculté
fécondante chez l'homme, elle n'en est point une condition
A UN ÉTAT PATHOGÉNIQUE. 389
considérée que comme une cause éloignée et plus ou moins
certaine d'impuissance; dans le second cas, au contraire,
raiïectioQ est complètement de notre domaine, puisqu'elle
est suivie de l'abolition d'une ou de plusieurs circonstances
nécessaires à l'acte copulateur.
Ces deux états se rencontrent en eiïet, et il existe entre
eux un tel lien de parenté que, assez généralement, l'un est
amené par l'autre.
J'appellerai polliUioi\ la perte de semence qui s'accom-
pagne de l'orgasme vénérien; et je réserverai le nom de
spermatorrhée aux pertes séminales qui ne sont sollicitées
par aucun désir vénérien, qui ne sont pas précédées de
l'érection de la verge, et qui ne provoquent aucune sensa-
tion voluptueuse.
L'impuissance ne coexiste pas toujours avec la pollution;
elle est au contraire un attribut constant de la spermatorrhée.
Pollutions. — La pollution, que je vais d'abord examiner
pour revenir tout à l'heure h la spermatorrhée, doit néces-
sairement, pour constituer un état pathologique, se produire
en dehors de la volonté et des excitations naturelles du
génésique.
Eu égard u cette double condition, les pollutions ont été
distinguées en nocturnes et diurnes, comme s'il était pos-
sible de limiter exactement ce qui appartient aux excitants
internes, et ce qui revient aux excitants physiques.
Je m'explique.
Pendant le sommeil et précédant la pollution nocturne,
il se produit, tantAt des rêves lascifs, tantôt des tableaux
hideux, des images repoussantes, tantôt enGn il n'existe
aucun rêve, il ne se dessine aucun spectacle. — Du côté
du corps, la choleur du lit, la position horizontale, et sur-
tout sur le dos, qui appelle une sorte de Quxiou sur Textré-
A UN ÉTAT PATHOGAnIQOE. 391
8oit des conduits éjacolateurs, soit même du col de la vessie,
à ce point que la plus légère eiritation détermine inconti-
nent la sortie du sperme, — c'est la goutte d'eau qui Tait
déborder le vase, — mais dans ces circonstances, qui tien-
nent évidemment à un état morbide local, la rapidité de
i'éjaculation ne saurait constituer une pollution, puisque
j'ai établi que cette dernière n*existait qu'en l'absence de la
volonté .
A ceux qui nient la réalité de la pollution diurne, il
faut répondre par des faits. Le satyriasis est Texpression la
plus haute de cet état, et malgré les restrictions que j'ai faites
ailleurs (1) sur cette maladie, on me permettra de citer
l'exemple suivant : <x Un jeune homme de vingt ans, d'une
complexion primitivement forte, presque athlétique, mais
affaibli par les excès dont je vais donner l'histoire, s'était,
depuis Tàge de quinze à dix-huit ans, livré à cet acte des-
tructeur dont Tissot a si bien décrit les dangers.. Il s'y livrait
de préférence dans le bain, et avait quelquefois porté le
nombre des pollutions jusqu'à quinze dans un seul jour.
Des excès aussi multipliés afTaiblirent sa constitution, por-
tèrent atteinte à la force de son intelligence et du trouble
dans sa mémoire. D'après les avis de quelques personnes
prudentes, ce jeune homme renonça à cette funeste habi-
tude, et, depuis deux ans, il vivait dans la continence la
plus exemplaire. Sa constitution s'était ralTermie ; la mé-
moire et les autres facultés mentales avaient repris leur
ancienne vigueur. Ses parents, qui le destinaient au com-
merce, le placèrent chez un négociant : il se livrait h sea
nouvelles occupations avec tout le zèle et l'activité que
comportaient et son Age et sa constitution robuste. Chéri
(4) Voyez la page 260.
80$ mrvMsjiHCK coNKftntiTiVK
de ce négociant et du sa f<-mtnc, dont il n^ceToit (ous l«
jours if<-« tètnoi!:nef;es li'amiti^, il s'obaia sur \e f;enrc
4'«llKli«atrnt <{ue lu reiiimc avait puur lui, et s'ima^îiiu dVii
èlra t«»ilreaictit aimé^ de mit côté, il la pajail iJ'un (etidrc
ffCtoV. FUvé entre la crainte de violer la dooirs de h rc-
nmïnaicc, ci le désir de posséder celte femme i[ui n'était
cvpeodaot ni jeune ni jolie, su siluatiun devint de jour va
jour plus pénible et plus cmbarrassaiilc, Quand par hasard
elle jct.iii un coup d'œil sur lui, il entrait en érection H ne
tarJaitpas à éjaeuler ; la nuit, il ovuit des polluirons Tré-
qwntes, etc., etc. (1). »
J'ai connu un ji-une bumine à peu prh dans la poMlion
de celui dont on vient du lire l'histoire. Après dca cic^
de mnsturbaliun, qui avaient cessé depuis assez lon(;tenip5,
,Ai-bwt mois environ, ce jeune homme devint éperdument
«Mnreax d'one demoiselle. Toutes les Tois <{u'il se Irou-
mH es sa présence ou que ion image se présentait à son
4lfrit« il entrait en érection, el alors le moindre contact
|«r II férge déterminait l'éjaculalion. 11 était obligé de
1er immobile pour empfecher le rroiteraent de son pan-
ta OD de sa chemise ; il lui est même arrivé d'avoir sa
le séminale en loachaut seulement la main de la )ter-
M aimée.
|l«e cet état tienne à tine surexcitation de tout le sys-
i nerveox ou simplement des organes génitani, il le
t admettre comme l'eipressiou d'nne sitoalion anormale
a'est certes pas l'impuissance, mais qui peut en être
rdéa comme une cause plus ou moins prochaine ou
I ou moins éloignée.
•pendant, il est à remarquer que les personnes atteinles
pollutions, suit nocturnes, soit diurnes, perdent une
1] Dktivutain dn ttknett wMkaItt, art. Smatâm, I'.' L, p. SS.
A UN ÉTAT PATH06ÉNIQUB. 393
partie de leur empire sur le sens génital, c'est-à-dire que
celui-ci se montre plus facilement réfractaire que dans l'état
normal aux ordres de la volonté ; on dirait que l'organe
générateur tend à perdre l'habitude de cette obéissance pour
subir rinfluence d'excitateurs anormaux. Ce commence-
ment de révolte de l'appareil copulateur contre la volonté
passe très souvent inaperçu, ou est expliqué et justiGé aux
yeux du malade par les pollutions qui le fatiguent; c'est
une nuance dans le degré de. l'énergie virile dont le méde-
cin doit tenir compte, car cet état est toujours l'indice d'un
mal plus grave, et, s'il n'annonce pas constamment la sper-
matorrhée, il promet à coup sûr, si les passions se perpé-
tuent, un affaiblissement génital plus ou moins prochain.
Il y a donc nécessité de combattre les pollutions, non
pas tant pour le dommage dont elles chargent le présent
que pour les dangers dont elles menacent l'avenir.
D'après ce que j'ai dit jusqu'à présent des pollutions noc-
turnes et diurnes, on doit admettre qu'elles sont sous la
dépendance, soit d'une surexcitation nerveuse générale ou
locale, soit d'une irritation phlegmasique de l'appareil
séminal.
La médication, on le comprend, sauf quelques pré-
ceptes généraux, tels qu'abstention de coït et d'onanisme,
éloignement de tout motif d'excitation, soit morale, soit
physique, etc., se conformera à la nature propre de l'affec-
tion.
Dans le premier cas, les opiacés, les antispasmodiques,
surtout le camphre, les bains chauds, généraux ou lo-
caux, etc., occuperont une place importante. Si la pauvneté
du sang ou le délabrement de la constitution entretenaient
la susceptibilité nerveuse, on aurait recours, outre le régime
approprié, aux ferrugineux, au quinquina, au lupulin, qui
Ml urmiAiics coi
joint, selon M. Zambaco, à son aclion sédatifo aor laa ot^
gaiias géniUiQi, uoe aciioo tooifianle non BMÎna rtawr^
qiiable(l)«
Dans la cas d'irrilaiioa phlcgmasiqua locale, on fionl
avec avantage recourir ani antipUogistiqaea loeani, anr^
tout quand Je malade accuse de la pesantenr an |iérinée,
one sorte de cuisson ou de gène pendant on après rènmsîoo
de Turine, et on sentiment de chaleur dana la portion
prostatique de Turètre aprèii réjacnlation spçrmatiqoe. Si
la phlegmasie était à ce point légère qu'elle ne se manifestât
par aucun des symptèmes dont je viens de parleri on reti-
rerait un plus grand avantage du bain local froid qne dMnd«
d'applications toniques eitemes que de la eautériaation de
la prostate.
Mais, jo le répète, la continence morale et physique,
secondée par une hygiène et un régime convenables, est le
moyen le plus puissant à opposer au\ pollutions, qui, dans
la majorité des cas, ne réclament pas les secours de la ma-
tière médicale.
Spermatorrhée. — Cette aiïection a eu le sort de beau-
coup d'autres, qui, après avoir été admises dès la plus haute
antiquité, ont été révoquées en doute et même niées par
ceux-là même qui étaient les mieux placés pour les décrire.
Hippocrate, avec cet esprit observateur qui a fait le déses-
poir de tous ceux qui l'ont sui\i, mentionne les sym-
ptômes principaux de celte maladie. » Elle attaqut*, dit-il,
principalement les nouveaux mariés et les gens adonnés aux
plaisirs vénériens; ils sont sans lièvre, ont bon appétit et
maigrissent. Si vous les interroges, ils répondent que des
espèces de fourmis leur semblent descendre de la tète le
long du rachis; après la miction ou la défécation, ils ren*
(I) B^lleHn d» îhérapeuti^UÊ, 4S54. t XLVII, p. 464.
A im ÉTAT PATBMillIQim. 396
dent do sperme abondant et aqueux ; iU n'engendrent paa,
ils ont des pollutions nocturnes, soit qu'ils couchent ou non
avec une femme (1). » Celse n'est pas moins explicite
qu'Hippocrate : Est etiam, dit-il à son tour, eirca naturalia
viHum^ guod sine venere, sine nocturrUs imaginibus sic
fertur^ ut, irUerposito spatio^ tabe hominem consumcU (2)«
Toute la symptomatologie de la speraiatorrhée est con-
tenue dans la phrase d'Hippocrate et dans celle de Celse, et
Ton a droit de s'étonner qu'après des témoignages si expln
cites et des autorités si compétentes, il faille arriver jusqu'am
XYU* siècle pour retrouver quelque trace de cette affection
dans les auteurs, même les plus estimés. Tauvry (&) fait
la même observation qu'Hippocrate , et Morgagni (&), tout
en reconnaissant, comme Celse, que chez les hommes affai-
blis par la débauche, le sperme peut s'écouler sans plaisir,
sans excitation vénérienne, ainsi qu'il arrive par l'effet d'un
lavement trop chaud ou par l'excrétion de matières fécales
endurcies, remarque que le liquide de l'écoulement vient
tantôt de la prostate et tantôt des vésicules séminales, et
commence ainsi une confusion que n'ont même pas encore
entièrement dissipée aujourd'hui les recherches de Wich*
mann, de son traducteur, Sainte-Marie, et celles surtout
de M. Lallemand.
Dans sa dissertation, imprimée en 1782 à GœttingeDi
Wichmann (5) s'attache d'abord à distinguer la pollution
(4) OEuvres d'Hippocrate, trad. par Litiré, Paris, 4 851, t. VU;
Des maladies, liv. II, p. 79.
(3) De medicmA, lib. lY, sec. xxi. Edîtio nova, corantibus Fooqutar
ei Ralier, Parisiis, 4823, p. 475.
(3) Nouvelle anatomie raisonnée, 4 693, p. 464.
(4) De causis et sedib, mor6., epist. 44, art. 4 6.
(5) De pollutione diumd frequenti, sed rarius observatd, tabesomUm
causA, in-8.
M la pollotioo BoctarM (I)» et établît eoMita les
camdiffts JiÉhftifili de la pollutioii diurne et de toat lei
aatm écodeaMSts qoe Toa eonibndait aior» ioos le bobi
Mann^ve #e faMfTM0.
La pollatiaa diarne, oa ce qoe ron désigne anjourdlmi
la aaai de speimstorrhée, a lieu dans Tétat de veille,
atolalaoa et sans désirs vénériens, sans érection, sans
plakir et en l'absence de toute action d'agents aphrodi-
aiafuca; de plus, ajoute Widimann, dans la pollution
Ame, les naïades ne perdent pas sans cesse leur semence
par une eicrétion continuelle de cette liqueur, comme les
fcnmes sujettes à la leucorrhée; mais ils l'éjacalent tonte
k la fois et en une seule fois, et c'est cetto circonstance qui
a bit donner à cette maladie le nom de polhêHon, Comme
Hippocrate et Celse, Wichmann a soin de mentionner que
la perte diurne du itperme se produit surtout à la fin de
rémission des urines et à la suite des eiïorts de la déré*
cation.
Certes, à ces caractères, il est facile de distinguer la pol-
lution diurne de l'écoulement spermatique qui se produit k
la suite d'entretiens libidineux ou par certains attouche-
ments, et d'autres écoulements de diverses natures qui se
font goutte i goutte et d'une manière continue. Cependant
Swedinur, qui connaissait pourtant le travail do médecin de
Hanovre, retombe dans la confusion que ce travail avait
principnlement pour but de faire cesser. « La blennorrhée
de la prostate, dit-il, est un écoulement morbifique du mucus
de cette glande, ou de la liqueur des vésicules séminales,
principalement pendant le jour, sans désir vénérien. Cette
maladie est bientôt suivie d'une faiblesse ou débilité géné-
' (I) L'étal morbide quo noiis avons désigné par lo mot de iperma^
torrhée est exprimé dans Wicbmaon par celui de pollution diurne.
A IN ÉTAT PATHOGÉNIQUB. 397
raie; cet épuiscmcnl est accompagné d*uiie émaciation uni-
verselle du corps, et mène par degrés à la mort, si le ma-
lade a diiïéréy comme cela n'arrive que trop souvent, à
consulter un médecin éclairé, ou que les moyens propres
n'y ont pas été employés à temps
» La vraie ou véritable gonorrhée [gonorrhœa proprie
sic dicia) est \3}\e émission de la semence ou de la liqueur
spermatique contre nature, fréquente, alTaiblissante, avec
une sensation voluptueuse {liquoris seminalis ejectio fre-
quens^ libidinosa^ involufUariaj debiliUms) ; on comprend
généralement sous ce genre les pollutions nocturnes ou
diurnes accompagnées d'une sensation libidineuse (1).
» Il y a une autre espèce . de cette maladie : c'est un
écoulement de la liqueur séminale contre nature, fréquent,
diurne, affaiblissant, sans érection de la verge, ni désir véné-
rien. Le docteur J. E. Wichmann, h Hanovre, est le seul
auteur qui ait bien traité ce sujet dans un petit ouvrage : De
poUtUione diumâ, 1782(2).»
En laissant de côté ce que Swediaur appelle la véritable
gonorrhée, et qui correspond à ce que j'ai désigné sous le
nom de pollution, on se demande en quoi diffèrent, au point
de vue des symptAmes, sa blennorrbée de la prostate et la
pollution diurne de Wichmann.
Cullerier, qui nomme gonorrhée toute sortie de l'humeur
spermatique hors de l'économie^ admet deux espèces de
gonorrhées pathologiques : l'une qui se produit pendant les
efforts de la défécation chez les personnes ordinairement
constipées, et qui disparait avec la constipation ; et l'autre
qui ressemble assez à la pollution diurne de Wichmann,
(4) Voyez Tissot, Traité de V onanisme.
(2) Traité complet des maladies syphili tiques ^ 1798, t. I, p. M 6
elH7.
886 UMMMAIICB GORttCim?!
m ee n'est qae par les progrès de la niafadie« réconleinent
auquel s'est jointe riinroeur prostatique /hit par devenir
eantmud ; mais ee n'eit plus gu'une lymphe sans eotisû*
tanee qui s'échappe du méat urinaire (i ) •
Telles étaient, d'une manière générale, les données de
ta adence anr ce svjet, quand M. Laliemand fitconnaftre le
résultat de ses recherches (3), et jeta sur œtte matière un
jour nouveau et plus brillant.
L'illustre professeur de Montpellier éoumère d'une ma*
mère plus précise qu*on ne ravait fait avant lui, les causes
multiples qui donnent naissance à la sortie involontaire du
sperme; parmi ces causes, il place en première ligne la
Uennorrhagie, et l'on s'étonne qu'il ait réservé pour le
second rang les eicès de masturbation, surtout quand on
connaît l'oiplication qu'il donne de leur mode d'action.
Selon M. Laliemand, la masturbation fait naître, en rai-
son de sa fréquence, dans les organes séminaui, un état de
phlogose <|ui détermine la spormatorrhée. Cette opinion est
acceptable, mais è la condition qu'elle ne sera pas prise
d'une manière absolue, et que Ton accordera que dans des
cas moins rares qu'on ne croit , la spcrmatorrbée n'est
en aucune façon liée è un état pbicgmasique des organes
génitaui.
Sans doute, les excès vénériens occasionnent des urétrites,
des orcbites, des inOammations du canal déférent, et l'on
comprend très bien que la fréquence et laltération de la sé-
crétion séminale et l'émission involontaire de son produit
soient le principal, sinon le seul symptàme de la phlegmasie
chronique du testicule et de son appareil excréteur.
(4 ) Dictionnairf dei scimccê médkaleê , art. GoroubAb, t. XIX,
p. 4 et 6.
(S) Dti perteê iéminalti involonlatr^i, Paris, 4 836-4 S42, 3 vol. iù4.
A UN ÉTAT PATH06ÉN1QUB. 399
Mais en dehors de ces altérations, dont il est aujourd'hui
im|K>ssible de contester la réalité, ne conçoit-on pas que
les excès dont nous parlons aient pu porter leur action d'une
manière plus exclusive sur le système nerveux génital, et
l'aient frappé d'atonie par la fatigue et les pertes qu'ils lui
ont imposées ?
L'observation journalière et rigoureuse des faits répond
par l'affirmative.
Sons le rapport de la symptomatologie, toutes les sper-
matorrhées ne s'accompagnent pas au début de ce sentiment
de souffrance, de cuisson, qui, avec le sperme sanguino-
lent, dénote l'eiistence d'un point phlegmasique.
Sous le rapport du traitement, les moyens nombreux,
qui tous comptent des succès, donnent un démenti formel
è l'opinion exclusive que je combats, et le galvanisme dont
M. {^allemand lui-même a eu à se louer dans un grand
nombre de circonstances, me semble militer en faveur de
l'opinion que je défends.
La distinction que je m'attache à établir n a pas un bat
parement spéculatif; elle a une portée pratique dont on sen«
tira tout à l'heure I importance, alors que je formulerai les
bases du traitement.
Entre-temps, je me crois autorisé è admettre deux sortes
de spermatorrhées :
t* La spermatorrhée avec phlegmasie aiguë ou chro-
nique des vésicules séminales;
S"* La spermatorrhée avec simple atonie nerveuse de
l'appareil génital.
Il n'est pas toujours facile, surtout à une époque éloignée
du début de la maladie, de distinguer Tune de l'autre ces
deux variétés de la spermatorrhée ; cependant, en interro-
geant le malade avec soin, en fixant ses souvenirs sur lei
400 iimnttAiici comicuTivi
eircoiistances qui ont précédé et qui ont accompagné let
premiers symptéroes de raflectiooi il est possible d'arriter
à an diagnostic à peu près certain.
Quand une phlegmasie est le point de départ de la aper-
matorrhéei le coït, alors qu'il est encore possible, s'ac-
complit avec rapidité, c'est-à-dire que l'éjaculatioD ne
se fait pas attendre longtemps; celle-ci s'accompagne d'un
sentiment de chaleur, de cuisson même du cAté de la
prostate, et le sperme peut présenter quelques stries san-
guinolentes.
Dans la spermatorrhée atonique, au contraire, l'appa-
reil génital semble frappé d'une espèce de langueur qui
n'est pas encore l'impuissance, mais qui eiige, pour être
secouée, l'intervention très énergique de l'imagination.
L'éjaculation, lente à se produire, n'occasionne aucune dou-
leur et ne présente jamais un sperme sanguinolent.
Des pollutions, d'nbord nocturnes et ensuite diurnes,
précèdent presque toujours la spermatorrhée phlegmasique ;
assez généralement ces pollutions font défaut è la sperma-
torrhée atonique, qui se décèle progressivement par Taffai-
blissement de plus on plus prononcé de l'énergie virile.
Souvent des lésions plus ou moins graves de la prostate,
des canaux éjaculateurs, des vésicules séminales ou de tout
autre organe de l'appareil spermatique, accompagnent la
spermatorrhée phlegmasique ; alors des matières morbides,
telles que du pus, du sang décomposé, etc., se trouvent
mêlés au sperme et ne laissent aucun doute sur la nature de
l'aflection.
Ce signe est d'autant plus important à noter que dans
la spermatorrhée atonique, le produit de l'écoulement a
perdu la consistance et l'opacité normales du sperme, et
n'offre plus que Tapparonce d'une sérosité à peine Blante,
A UN ÉTAT PATHOGÉNIQOB. ftOl
et qoe, dans Tun et l'autre cas, i'ëmission de la semence et
celle de Torine ne déterminent ni cuisson ni douleur.
Tels sont les traits particuliers que je crois séparer les deux
variétés de spermatorrhée, lesquelles ont d'ailleurs des ca-
ractères communs qu'il ne m'appartient point d'eiposer ici.
J'ai dû m'arrèler un instant aui principaux caractères qui
les distinguent, parce qu'ils déterminent la nature du trai-
tement a opposer à l'impuissance.
Sans la séparation que je viens d'établir, et sur laquelle,
je le répète, j'appelle sérieusement l'attention des proticiens,
il est impossible de s'expliquer les succès que l'on retire
des médications les plus opposées, et qui conduisent, ainsi
que j'en ai acquis la conviction par moi-même, h repousser
tout traitement exclusif, malgré l'éloquent plaidoyer de
M. Lallemand en faveur de la cautérisation.
J'ai assczsouventporlélecaustiquedans le canal de l'urètre
pour me croire le droit d'avoir une opinion propre, et je ne
crains pas d'avancer que, si le nitrate d'argent guérit quel*
quefois, il est dans beaucoup de circonstances non -seule-
ment inutile, mais encore nuisible ; je l'ai vu, dans diverses
occosions, augmenter les pertes et déterminer des accidents
qui, pour n'avoir rien de grave, ne laissaient pas que de
compliquer d'une manière fâcheuse la position déjà si triste
du malade.
Dans les cas où la cautérisation échouait, je réussissais
tantôt avec les ferrugineux, tantôt avec la noix vomique,
tantôt avec l'ergot de seigle, etc., etc.
Bien évidemment, et il n'en saurait être différemment
pour tout esprit non prévenu, cette diversité dans les résul-
tats obtenus implique la variété dans la nature de l'aiïection,
dont la connaissance exacte, je le répète, épargnera des
tâtonnements au médecin et des souffrances au malade.
sa
AOS nrouMMS coiilannfB
Si la fihlegmasie est aigoë, c'eit*4-dir« si PéjacalatiM
esl douloareose et le sperme Mogaînolent, on ne pent hé»
filer à reeonrir aux anlipblogittiqaes locaas, à moins que la
bibleste du sujet n'en contredise formeliemeot l'emploi;
les bains de siège chauds à Tean de son on 4e manfe» le
reposv la position horizontale, le réginM laelé et l'éloigno*
ment de toutes les excitations amoureuses, compléteront le
traitement dont Tindication estasseï rare dans la pratique.
Mais ce qui Test beaucoup moins, c'est la phlegmasîe
chronique de l'appareil eicréteordo sporme qui, saufqneU
ques circonstances exceptionnelles, n'exige ni les émissions
sanguines ni les débilitants. C'est ici, surtout lorsque la
phlogose s'accompagne de quelque ulcération ou de quelque
désordre anatomique du verumontanum, que la cautérisation
fait merveille. Sous ce rapport, M. Lallemand a rendu nn
immen^p service h la f^cienre ot à riiumanité, car, il le faut
bien reronnaitrc, avant lui, cVst-è-dire avant l'introduc*
tion fie sa méthode dans lo thérapeutique , cette 5orte de
spernintorrhée était souvent incurable, et les malheureux
qu'elle atteignait, s'acheminaient lentement vers la tombp,
à travers des souflrances et une faiblesse toujours crois-
santes.
Cependant la médecine n'était pas entièrement désarmée,
et si elle triomphait moins fréquemment qu'aujourd'hui, elle
ne succombait pas toujours. Ainsi, chez un malade à qui la
cautérisation inspirait un ciïroi insurmontable, je suis par-
venu SI arrêter les pertes et h déplacer la plilegmasie en
entretenant, pendant quelque temps, un vésicatoire sur le
périnée; chez un autre, le même résultat fut obtenu au
moyen d'applications souvent renouvelées sur la même
partie, de vessies remplies de glace, et par des lavements è
l'eau froide.
À tm ÉTAT PÀTBOGÉKIQUE. Ix0&
Mais, je te répète, la ressource par excellence est la cau-
térisation avec le nitrate d'argent, et c'est a elle que Ton
devra constamment recourir, lorsque les appréhensions du
naïade ne forceront pas è y renoncer.
Ce moyen sera, au contraire, proscrit sévèrement dans la
spermatorrhéc atonique, et remplacé par les Ioniques, les
astringents et les eicilaleurs, tant extérieurement qu'inté-
rieurement.
J'ai assez souvent parlé de ces diverses médications
pour^u'il soit inutile d'y revenir ici ; cependant je ne ter-
minerai pas ces courles considérations sur la spermatorrhée
sans dire que, dans cette seconde variété, j'ai retiré les
plus grands avantages de l'ergot de seigle, soit seul, soit
même associé à la noix vomique. Sans doute, cet agent a
été employé avant moi dans dos cas pareils et avec un égal
saccès, et je m'étonne de voir Al. Laticmand le rejeter
comme inutile et quelquefois nuisible, à moins que le pro-
fesseur de INIontpellier ne Tait expérimenté que dans la
spermatorrhée phlegmasique.
La formule dont je me sers d'ordinaire e>t la suivante :
Poudre d'ergot do seigle 4 graçi.
Conserve de roses q. s.
On fait 10 pilules dont on commence à donner une ma-
tin et soir, et dont on augmente le nombre jusqu'à ce qu'on
soit arrivé à 5 par jour.
Assez généralement je seconde l'action de ces pilules par
une infusion de sommités d'absinthe, que je fais prendre en
guise de tisane è la dose de deux ou trois verres par jour.
La noix vomique, quand elle doii Être associée à Tcrgot
de seigle, est dosée de manière à pouvoir administrer le
même nombre de pilules.
40& iiipviiiAiiCB coRstcirriTB.
D*oprè!i les observations Faites par MM. Debout (1) et
Zambaco (âf sur Taction tonifiante du lupulin (principe
actif do houblon), on peut espérer retirer quelque avan-
tage de l'emploi de ce médicament, malgré son action sé-
dative sur les organes génitaux.
Enfin, M. le docteur Duclos, de Tours» a préconisé dans
ces derniers temps, contre la spermatorrbée avec impuis-
sance, Vextrait alcoolique de la noix vomique^ de la ma-
nière suivante (3) :
Exlraitalcooliquedenoix vomiqoa Sgram.
Diviser en 100 pilules è administrer comme il suit :
Pendant cinq jours, i pilule tous les soirs.
Les cinq jours suivants, 1 le matin, 2 le soir.
Pendant cinq autres jours, 31c matin, 2 le soir.
Pendant cinq autres jours encore, 2 le matin, 3 le soir ;
et ainsi de suite, jusqu'à ce que le malade en prenne 8 par
jour : & à la fois le matin et & le soir.
Quelques malades ont pris, sans accident, jusqu'à 1& pi-
lules par jour.
A rcxtérieur, M. Duclos seconde sa médication interne
en faisant faire sur les lombes et la partie interne et supé-
rieure des cuisses des frictions avec le liniment suivant :
Teinture de noix vomique ^
— d'arnica ou de mélisse. . j ^ '
— decanlharides 45 —
Enfin, M. \\ utzer (&) recommande, dans le même cas,
(4) Bulletin d§ thérapeutique, tS52. i XLIV. p. 239 et 3S5.
(2) Ibid., 4854, r. XLVIl. p. 461.
(3) ibid., 4 5 juin 1849.
(4} Ibid., 45 septembre 4849.
IMPUISSANCE SYMPATHIQUE. /|05
\es pilules suivantes, qui m'ont moins bien réussi que Tergot
de seigle ou la noix vomique :
Acide phosphorique solide 4 gram.
Camphre broyé 4,20ceDtigr.
Poudre d'écorce de quinquina 4 gram.
Extrait de cascarille q. s.
Faites des pilules de 10 centigr., et roulez-les dans la
poudre de cannelle. On en prend 5 trois fois par jour.
Le traitement de la spermatorrhée, quel que soit celui
auquel on donne la préférence, est également celui de Tim-
puissance. Celle-ci, n'étant pour ainsi dire qu'une consé*
quencedans un cas et qu'un symptôme dans l'autre, s*eiïace
et disparait avec les pertes séminales. Seulement, quand la
spermatorrhée a cessé, il faut qu'un régime fortifiant et
analeptique relève les forces générales abattues, et que la
plus grande réserve préside aux premiers rapprochements
sexuels.
CHAPITRE V.
IMPUISSANCE SYMPATHIQUE.
L'appareil génital joue un rôle trop important dans la
vie de l'homme, pour que des liens intimes n'aient pas été
établis entre lui et les autres appareils de l'économie : une
fonction qui, pour ses manifestations, a besoin de l'entier
développement de l'organisme, et dont la cessation est le
signal de la décadence générale, ne peut être isolée, et doit
nécessairement être unie ù toutes les autres fonctions dont
elle est, en quelque sorte et tout à la fois, le couronnement
et le but.
è06 mrniiAaGi smAmom.
Dans rintrodQction de cet ouvrage, j*ai ÎDdiqoét ^«oiqM
en des limites nécessairement restreintes, les inflaencas ré*
ciproqijcs de la fonction génitale et des antres fonctions de
réconomie; je ne reviendrai pas ici sur ces relations, appe*
lées synergies, sympathies physiologiques, parce qu'elles
appartiennent ezclusiveroeot au domaine de la biologie.
Mais en dehors de ces rapports normaux, de a*s liens
physiologiques dont la nature nous cache soigneusement le
secTCty la maladie en établit d*ciceplionnels qui, dans quel-
ques cas, ne sont que TaggraYalion de ceoi qui existent è
l'état de santé, et qui, dans d'autres circonstances, consti*
tuent bien réellement des états morbides distincts, inédits,
si je puis me servir de ce mot.
C'est de ce genre de sympathies, nées sous Tempire d'un
état morbide, qu'il sera question dans ce chapitre.
Par cela même que lo funclion génitale, chez l'homme,
participe aux deux éléments qui constituent lo ^ie hu-
maine, rélémenl physique et rélément moral, je partagerai
les sympathies ntorbides de l'appareil copulateur en deux
grandos classes :
1^ Les sympaliiics morbides physiques;
2» Les sympathies morbides morales.
C'est dans cet ordre, qui me parait tout h la fois le plus
simple et le plus complet, que j'exposerai les matières de
ce chapitre, qui n'est pas le moins intéressant de ce livre.
Â. LéêiOM vitales .
Les considérations que j'aurai h présenter ici sur les
sympathies morbides des propriétés vitales et de la faculté
copulatrice ont été longuement exposées ailleurs, alors que
SYMPATHIES MORBIDES PHYSIQUES. 407
j'ai considéré les altérations de nutrilion» de circulation et
de toutes les functions de la vie plastique, comme amenant
consécutivement Timpuissance. En inscrivant ici le titre de
ce paragraphe, je ne puis avoir l'intention de répéter ce que
j*ai dit dans une autre partie de cet ouvrage, et il me doit
sullire d'y renvoyer le lecteur (!)•
B. Lésions organiques.
Dans rétat physiologique, l'appareil génital entretient
des relations avec tous les organes de l'économie; mais j'ai
montré déjà, dans le cours de cet ouvrage, que ces rapports
étaient surtout plus intimes avec l'organe cérébral, aveô
celui de la phonation et avec celui de la digestion.
Sans doute des sympathies morbides de genres diflérents
existent entre le sens génital et les autres parties de l'orga-
nisme, et je n'en veui pour preuve que la surexcitation de
l'orgasme vénérien sous l'influence des tubercules; mais,
au point de vue exclusif de ce livre, c*est&-dirc au point de
vue de l'impuissance, je ne connais guère que les trois or*
ganes cités tout à l'heure, dont certaines alTeclions rcten-
tissent d'une manière fùcheusc sur la force virile; oussî
est-ce dans les limites de ces affections que je renfermerai
mon cadre, estimant les autres sympathies morbides orga-
niques comme de simples rêves de l'imagination.
1" Influence morbide de V appareil digestif. — Si l'on
réfléchit que les lésions de l'appareil digestif altèrent toujours
plus ou moins les fonctions de la vie plastique, on est conduit
à se demander si l'impuissance qui coexiste avec ces lésions
ne devrait pas être plus rationnellement attribuée aui trou-
bles apportés par la lésion vitale qu'aux désordres mêmes
(4)Yoytipage 335.
&08 mraïasANGt stmpathiqw.
de rappareil digentif. Sans doute, en restanl dans la
sphère de la théorie , on peut » avec quelque apparence
de rai«on, adopter et défendre cette manière de voir; mais
quand on descend dans le domaine des faits, quand on prend
pour guides rezpérience et l'observation, on est forcé de
reconnaître que si, par exemple, le cancer de Testomacet la
surexcitation de cet organe produite par Tacte de la diges-
tion exercent Tun et l'autre une influence débilitante sur
rénergic virile, il faut reconnaître, dis-je, que la source de
ces influences respectives est non-seulement différente, mais
encore opposée, puisque dans le premier cas la vie plastique
est profondément atteinte, tandis qu'elle est accrue et portée
è son plus haut degré dans le second cas par Pacte même
de la digestion.
Si c'était oux altérations de la force plastique qu'il fallût
rapporter Timpuissonce que je me propose d'examiner ici,
je n'irais pas plus loin et je renverrais le lecteur h la partie
de ce livre consacrée aux troubles de la fonction digestite;
mais des observations recueillies par moi-même ne me per-
mettent pas cette facile explication, et m'autorisent à penser
que certaines lésions de l'appareil digestif agissent sur le
sens génital autrement que par les troubles généraux de la
nutrition.
De plusieurs faits que je retrouve dans mes notes, je m'é-
tendrai principalement sur le suivant, à cause de sa phy-
sionomie étrange et de certaines circon^^^tances curieuses
qu'il m'a présentées.
M. X..., garçon uu café de la Rotonde, vint me con-
sulter pour un afTaiblisscment des organes génitaux qui .
me dit-il, lui était survenu depuis un mois sans cause connue;
les désirs vénériens n'étaient point éteints ; l'érection, et,
par suite, l'éjaculation, étaient seules impossibles.
SYMPATHIES MORBIDES PHYSIQUES. I\09
Le malade étail Agé de vingt-trois ans, d'un tempéra-
ment lymphatique, mais bien conformé et ayant toujours joui
d'une santé générale bonne. Il ne s'était point livré ù la
masturbation ; il avait eu des chancres et une blennor-
rhagic traités l'un et Tautre h l'hôpital du Midi, dans le
service de M. Vidal (de Cassis), et avait été antérieurement
opéré d'un varicocële par M. Roux ; cette opération n'avait
laissé aucune trace, et, sans les aveux du malade, il eût été
difficile de soupçonner une ancienne dilatation variqueuse
des veines du cordon spérmatique.
Les organes génitaux, parfaitement conformés, ne pré-
sentaient rien d'anormal, et leur examen le plus attentif ne
put me rendre raison du mal que j'avais à combattre.
J'étais fort embarrassé du diagnostic h porter, et je pesais
dans mon esprit les motifs d*une conduite h suivre, quand,
machinalement* et bien plus, je l'avoue, pour occuper les
loisirs du malade que pour éclairer ma religion, je demandai
à voir la langue de mon visiteur, sur laquelle je portai
instinctivement les yeux. A cette vue, un horizon nouveau
s'ouvrit devant moi, car la langue, rouge et piquetée,
ne pouvait me laisser des doutes sur l'existence d'une
gastrite.
Dès ce moment, mon diagnostic fut éclairé d'une vive
lumière, et, lorsque je sus que les premiers symptômes de
l'impuissance coïncidaient avec l'apparition d'une douleur
épigastrique, de certains trolibles dans les digestions, etc.,
j'eus la certitude (certitude médicale, bien entendu) que
l'aiïaiblissement de l'organe copulateur était sous la dépen-
dance sympathique de l'afTection de l'estomac.
Le traitement fut conforme à cette manière de voir, et le
malade, qui espérait s'en retourner avec quelque formule
aphrodisiaque (dans le sens ordinaire de ce root), se montra
4iO UMIliAKl SnVATUQIHU
forl mécontent de la lûuine de mauve et da régime émoUient
que je lui prefcrivin.
Cependant il ne dédaigna pas entièrement les cooseib
que je lui donnais, et comme la santé générale s*améliorait
sous Tempire de cette médication, il crut devoir la coût»-
nuer, sinon pour remédier à sou impuissance, du moins
pour se débarrasser des malaises et des troubles digestîb
qui le tourmentaient.
Néanmoins, à mesure que la langue devenait noina
rouge, répigustre moins douloureui, et les digestions
plus laciles, les forces copnlatrices reparaissaient, à ce
point que l'érection d'abord, et le coït ensuite, furent pos-
sibles.
Mais, et c'est ici que se montre un caractère biurre, la
copulation n'était réalisable, ni pendant les digestions, c'est-
à-dire pendant les dcu& ou trois heures qui suivaient les
repas, ni dans la position horizontale qui déterminait une
pression sur l'épigastre. L*éreclion de In «erge se produi-
sait comme dans les conditions normales, mais si l'une des
deux circonstances que je viens de signaler, digestion ou
pression épigastrique, ciistait, Térection ne se soutenait
pas et tombait dans le vagin même après quelques courtes
tentatives et avant l'éjaculation du sperme. Le matin, à
jeun, était le moment de la journée le plus favorable a Tac-
complissement de l'acte , pourvu toutefois que le malade
évitât avec soin toute prcs^ioR sur Tépi^astre par une pos-
ture dont je dois m'abstenir de parler ici.
Cet état se prolongea assez longtemps, parce qu'il était
impossible au malade, eu égard k sa position sociale, garçon
de café, de suivre exactement la médication et surtout le
régime alimentaire que réclamait sa gastrite. Comme il
était venu réclamer mes soins parce qu'il avait l'intention
SYMPATHIES MORBIDES PHYSIQUES. liH
de s'établir marchond de vin et de prendre femme, je lui
conseillai vivement de se marier, en lui faisant sentir com-
bien serait plus rapide» sous l'empire des soins domestiques,
la guérison de sa maladie d'estomac, et combien serait
aussi plus facile le coït, alors qu'il serait exercé au milieu de
toutes les commodités de la couche conjugale.
Pendant assez longtemps, le malade, reculant devant la
honte d'un échec marital, n'osa suivre mes conseils, et
commença par acheter un fonds de marchand de vin, qui,
de serviteur le transformant en maître, lui permit de soi-*
gner et de guérir sa gastrite.
Il y a deux mois à peu près, en mars 185/i, il vint m'an-
ooncer son mariage, en réclamant de nouveau et plus
consciencieusement encore que précédemment, Tassuranco
qu'il était propre à remplir ses devoirs conjugaux. Unext»
mcn attentif et minutieux ne modifia en rien ma manière
de voir, et cet homme, aujourd'hui marié, se loue tout è
la fois du traitement que je lui ai fait suivre et des conseils
que je lui ai donnés.
Un de mes amis, dont l'irritabilité intestinale est extrême,
est incapable d'entrer en érection et d'exercer le coït toutes
les fois que cette irritabilité est mise en jeu, et cette impuis-
sance se prolonge deux ou trois jours, et même plus long-
temps, selon que les coliques et la diarrhée par lesquelles
se manifeste ralTection ont été plus ou moins longues et
violentes.
Je pourrais multiplier les exemples de cette nature, mais
ceux que je viens de rapporter et la connaissance de l'empire
exercé, à l'état physiologique, par la digestion sur l'énergie
virile, sufGsent, ce me semble, pour légitimer les sympa-
thies morbides de l'appareil digestif et de l'appareil génital,
sans recourir à des troubles de nutrition qui réagiraient sur
&i3 mpuiasAiiCB stiipatbiqob*
l'énergie virile comme sur lootes les antres forces de l'éco-
nonie animale.
Il est rare que dans Timpuissance sympathique que j'exa-
mine, les désirs vénériens soient éteints ; dans quelques
circonstances, au contraire, dans celles ovi l'activité digea*
tive est augmentée, les désirs présentent une intensité plus
grande, è laquelle ne répond pas Torganc copulateur. C'est
une disposition analogue à celle que l'on ressent après un
bon repas, alors que l'imagination, surexcitée par le vin et
le café, s'égare en des rêves étranges, dont aile demande
en vain la réalisation à un organe rebelle et sourd à ses pro-
vocations.
La durée de cette impuissance est évidemment subor-
donnée h celle do la maladie qui la tient sous son empire;
elle gn\ite dnn.^ la sph&re de celle-ci, qui contient Tana-
phrodisic dons les limites, non-seulement de son pronostic,
mais encore de son traitement.
La disparition de Tétat morbide de l'oppareil digestif,
en rompant les liens occultes qui lui enchotnaicnt le sens
génital, rend ce dernier a la vie qui lui est propre, sans
qu'il soit nécessaire d'intervenir pour faciliter ce retour.
^* Influence morbide de V appareil vocal. — Les relations
qui, dans l'état physiologique, unissent l'appareil \ocal et
l'appareil génital, sont connues de tout le monde : les chan-
gements qui, à l'époque de la puberté, s'opèrent simulta-
nément dans chacun de ces appareils, le timbre enfantin que
conserve !a voix chez les individus mutilés et chez ceu\ dont
les organes génitaux sont atrophiés, ne laissent aucun Joute
sur les rapports intimes, quoi(|ue inexplicables, des fonc-
tions de la phonation et de celles de lu génération.
Mais en est-il de même entre l'impuissance virile et cer-
taines aiïections de l'appareil vocal ? £n d'autres termes.
SYMPATHIES MORBIDES PHYSIQUES. &13
existe-t-il entre les appareils que j'examine des sympathies
morbides, comme il existe entre eux dos sympathies physio-
logiques ?
Je ne puis ici apporter mon propre témoignage ; je n*ai
jamais observé une impuissance sympathique d'une aiïcc-
tion du larynx; mais Rurdach rapporte, d'après Meckel
(Abhandlungen aus der menschlichen und vei^gleichendet^
Anatomie^ p. 19/i): «Qu'aux altérations du larynx se joi-
gnent parfois Tendolorissement et l'atrophie des testicules,
accidents qui augmentent à mesure que la maladie primitive
fait des progrès (!)• »
L'asthme est à son tour noté par quelques auteurs
comme une cause sympathique d'impuissance ; mais il m'est
difRcile d'admettre une semblable corrélation, et je demande,
en l'absence de tout détail clinique, et me rappelant que lu
masturbation est souvent le point de départ de celte ma-
ladie^ si l'impuissance qui coexiste avec cette dernière n'est
pas plutôt le résultat de l'onanisme que reffet sympathique
de l'aflcclion spasmodique des organes de la respiration ?
Des faits précis peuvent seuls éclaircir le doute que j'émets
ici, car, en cotte occurrence, l'observation clinique est la
seule sur laquelle il soit possible de se guider.
Mais^ je le répète, rien de semblable n'est à ma connais-
sance, et de tous les confrères que j'ai interrogés, je n'en ai
pas trouvé de plus heureux que moi.
3* Influence morbide du cerveau, — Il n'en est pas
de même de l'encéphale, et surtout de sa partie postérieure
et inférieure, dont les relations avec l'appareil génital sont
si manifestes, que les phrénologistes placent dans le cervelet
le siège de la faculté procréatrice.
(I) Traité de physiologie, trad. par Jourdan, t. Y, p. 4 5.
Il est bieo évident qoe je n'eatends point parler id des
•flections cérébrales qui, agissant sur la masse eocéphaliqMt
attaquent dans sa source Tinnervation générale dans laquelle
est nécessairement comprise rianenration seiuelle. J*ai
ailleurs abordé ces causes d'impuissance, je n'y revieodni
pas ici.
Mais il est des accidents, ou, si Ton aime mieai, des
lésions du cerveau qui, tout en respectant les foaetioaa du
système nerveui, retentissent sur le sens génital sans qu'il
soit po^ible d*eipliqucr cette action autrement que par les
sympathies qui unissent l'organe cérébral et Toi^^ne seiuel.
A l'article Ihpoissaiigi de sa BibliùihèquB choisie de
médecine^ Planque cite quelques faits de ce genre, qu'il
n'est pas inutile de rappeler ici : « Paul de Sorbait, dit-il,
rapporte dans le Journal d'Allemagne (iléc. 1 , an ii ,
obs. 10/i, p. 177), qu'un seigneur, ovant été blessé à
l'occiput, était resté impuissant après sa guérison, n'ayant
ni érection, ni éjaculation. Il n'est donc pas vrai, répond-il,
que la léte ne contribue en rien au coit et à la semence.
Ainsi, ce n'était point sans raison que Platon ossurait qu'elle
venoit du cerveau et de la moelle allong(5e; aussi avouons*
nous que la semence est un eicrément du dernier olimrnt
qui vient de toutes les parties, mais surtout de la tète. Au
reste, nous avons plusieurs eiemples d'une pareille cause
d*impuissance. Nirolaus dit avoir connu un juif qui devint
impuissant par une plaie de tète. HiManus(c^nt. 6, obs. 59)
assure avoir vu la même chose dans un homme qui, huit
ans auparavant, avait reçu un coup de béton sur le bregma
droit; il n'entendait point de ce cdté*là. Hildanus croit
qu'après ce coup de tète, il s'était écoule contre nature une
matière qui a obstrué les nerfs et même les artères qui ser-
vent h l'ércctioo de la verge. Du autre homme a éprouvé
SYMPATHIES MORBIDES PHYSIQUES. ki^
le même sort, après une chute sur le dos; il sentait du
plaisir, mais il ne pouvait point parvenir à l'érection. Il y a
des auteurs qui prétendent que la semence vient du cer-
veau. De ce nombre est Donatus {Med. mirab.^ lib. IV,
c. 18) ; mais Raies {Camp, elys.^ quœst. med. 58, § 20)
combat ce sentiment, et demandant, au sujet de cette ques-
tion, si la saignée qu'on fait derrière les oreilles aut Scythes
les rend stériles, il conclut (§§ 27 et 28) que cette saignée
qu'on fait fréquemment, et dans laquelle on lire beaucoup
de sang, aiïaiblit, et que le froid quMIc produit à la tôte est
caase de la stérilité, sans nier cependant une sympathie
occolte entre les oreilles et les parties de la génération.
C'est pour cela qu'un jurisconsulte, au rapport de Dulau-
rens (Anat.^ lib. VIII, qusst. A), a écrit qu'il fallait couper
les oreilles à ceux qui volaient, pour les empêcher d'en*
gendrer de petits voleurs. Un soldat robuste, et père de
trois enfants, eut les oreilles coupées pour difTérenls crimes,
et fut chassé hors de la ville {Ibid.y déc. 2, an vu, ap-
pead., obs. 10, p. 161); depuis ce temps-là, il ne sentit
plus aucun désir charnel et ne put avoir aucune érec-
tion (1). »
Malgré les bizarres explications que nos pères acceptaient
sur la foi d'Hippocrate, et qu'une observation plus saine et
les progrès de la science ne permettent^plus d'admettre
aujourd'hui, il n'en est pas moins constant que des plaies
de tète, des coups sur le cervelet, déterminent l'impuis-
sance, qui persiste malgré l'absence de toute lésion appré-
ciable et plusieurs années après la guérison des accidents
encéphaliques. Bien évidemment, une corrélation inexpli-
cable» un lieo occulte ; en un mot, une sympathie existe
(I) ^iMidlAéfiM é$ méAêciMê^ i. VI, p. tiO et S4I .
&i6 llirUIMAII€l tTIIPATUQOI»
entre Torgane renrermé dans le crâne et celui qui sert à la
propagation de l'espèce.
Celte sympathie va recevoir une nouvelle et éclatante
démonstration par ce que j*ai à dire de Pinfluence eiercée
sur le sens génital par les aiïections du moral, dont lia fa-
cultés constituent, comme on le sait, la fonction la plus hante
et la plus noble de Torgaoe encéphalique.
S BL — n/ipMlilM
Me voici arrivé aux sources les plus fécondes d'impuia*
sance, et par conséquent en face de diflicultés également
ardues pour fécrivain et pour le praticien. C'est que l'élé-
ment moral de notre nature, qui cierce sur les organes
génitaux un empire h peu près absolu, subit des influences
si diverses et si mystérieuses, qu'il est presque impossible
de pénétrer tous les motifs de ses déterminations et tous
les mobiles de ses passions.
Soumis aux exigences si nombreuses de l'organisme, l'élé-
ment moral en reflète les nuances multiples, qu'elles décou-
lent, soit du tempérament, soit de la constitution, soit de
l'âge, soit du sexe, soit de Tétat de santé ou de maladie, soit
des impressions du monde extérieur, etc. Livré sous le con-
tréle seul de la conscience è toutes les inspirations du libre
arbitre, il se modifie et change h tout instant par l'éduca-
tion, par l'instruction, par Texpérience de la vie, par le
spectacle des vices et des vertus dont la lutte est l'essence
même des sociétés humaines; de telle sorte que, méondre
insoisissable, l'élément moral échappe, pour ainsi dire, è
toute onalyse, et se joue des eiïorts tentés pour le aaisir.
Aussi quelle confusion parmi les philosophes qui ont voulu
déterminer le nombre el le domaine des facultés morales :
SYMPATHIES MORALES. /(17
Condillac, repoussant les idées innées de Plalon el <le Des-
cartes, admet sept facultés primitives (1) ; Laromiguiôre en
admet trois (2); Destutt-Tracy en admet quatre (â);
Gail (&), tout en faisant de ses facultés des intelligences in--
iividnelles ^ dessine sur le crflne vingt-sept facultés, et son
collaborateur Spurzheiro, renchérissant encore, en ajoute
huit nouvelles.
Ce n'est point ici le lieu de faire de la psychologie ; je
n'ai pas mission de défendre le Cogito^ ergo sum^ de Des-*
cartes, contre le Nihil est in intellectu qui non fuit in sensu^
de Locke ; mais, quelle que soit la dortrine que Ton adopte,
quelle que soit la source à laquelle s'alimentent les idées et
les passions, il faut reconnaître que Tàme, dans l'acception
la plus large du mot, manifeste deux sortes de phénomènes,
uj^is sans doute par un lien commun, mais parfaitement
distingués par une physionomie propre et des caractères
spéciaux ; ces phénomènes sont ceux que l'on désigne, les
uns, sous le nom de phénomènes intellectuels^ et les autres,
sous le nom de phénomènes affectifs^ et qui conduisent
h partager les facultés de Tàme en deux grandes classes :
facultés intellectuelles et facultés affectives; facultés de /'en-
tendement et facultés de la sensibilité morale.
C'est sous chacune de ces deux faces que je vais examiner
l'influence morbide exercée par l'élément moral sur le sens
génésique.
(4) Sensation, attention, comparaison, jugement, réQexioo, imagi-
nation et raisonnement.
(2) Attention, comparaison et raisonnement.
(3) Perception, mémoire, jugement et volonté
(4) Dei fimetions du cerveau et mr cellen de chacune de sex parties,
Paris, 4 825.
t7
&18 lllPinS8ANGI flTMPAniQOI.
A. Faeulléi intêlUduêlUê.
Dans la thèse inaugurale que je aoulios, en f Sftft, devant
la Faitulté de médecine de Paria, je trouve lea lignée aui-
vantea qui, à dix ans de dislance, sont encore l'eiproaiiott
de ma pensée : « Quelles aooi les propriétés de rame, oa,
pour nous eonformer è la langue des philosophes^ quelles
sont les facullés de rème relatives è Tentendement ? Le
cadre de ce travail ne nous permet pas d'entrer dans le do*
maine de la ps) cliologie% . » Cependant deui mots nous
semblent nécessaires, car les psjchologistes nous paraissent
avoir confondu les facultés primitives de Tentendement avec
les résultats de ces mêmes facultés, alors que Tencéphale a
déjà ressenti l'action de la force morale ; ainsi le jugement»
le raisonnement, la mémoire, etc., supposent une opéra-
tion préalable ; ils ne son! donc que des réf^iiliais secondaires
et non des fuculiés primitives^ comme on a voulu le dire.
Pour nou!(, nous renfermant dans Téludc des phénomènes
généraux, nous avons cherché quels étaient les hommes
qui manifestaient au plus haut degré les actes intellectuels,
et nous n'avons trouvé que des artistes ou des savants, Nous
avons été ainsi conduit à n'admettre que deux facultés pri-
mitives de Tentendcment * l'imagination et la raison. Tout
ce que les psjchologistes ont décoré de facultés primitives
de rentcndemcnt ne sont que les attributs de l'imagination
et de la rai^^on; ve sera, si l'on veut, des facultés secon-
daires, mais jamais des facultés primitive*; : art et science,
voilk tout l'entendement ; imagination et raison , voila les
deux piliers de l'édifice (1). »
L'imagination est cette faculté éminemment créatrice,
qui fait revivre les souvenirs du passé, donne un corps aux
(I) Dêê pofikmi, p. Î7
SYMt»ATHIBS MORALES. /jlO
désirs du présent et anime les espérances de l'avenir ; elle est
en toutes choses distincte de la raison qui, elle, nous fournil
les moyens de connaître et d'apprécier la réalité ; tandis
que l'une nous ouvre sans cesse des horiions immenses et
nous découvre des mondes remplis de fantômes gracieux ou
terribles, Pautre, au contraire^ nous enserre dans les liens
d'une réalité brutale, et nous montre la vie sans prisme
trompeur, comme sans voiles séduisants.
Ces deux facultés, dont l'empire s'exerce sur des domaines
si différents, ne sauraient être troublées de la même ma-
nière, c'est-à-dire que les troubles de l'imagination et de la
raison ne sauraient découler de la même source : les pre-
miers, participant de l'essence même de là faculté qu'ils
agitent, s'inspirent d'un rêve, d'une croyance purement
gratuite, en un mot, d'une idéalité; les seconds, au con-
traire, ont pour incitateur la réalité qui leur sert à la fois
de fondement et d'excuse.
Je m'explique.
Deui hommes, au moment d'accomplir le coït, se trouvent
tout â coup frappés d'impuissance : Tun se croit sous l'in-
fluence d'un sortilège, l'autre s'est aperçu que la femme
avait ses règles. Chez le premier, le trouble naît d'un men-
songe; chez le second, le trouble a la réalité pour point de
départ; chez celui-ci, l'imagination s'en est laissé imposer
par un fantdme ; chez celui-là, la raison a plié sous le poids
de la vérité.
La distinction , que je m'étudie è établir ici , est impor-
tante au point de vue qui nous occupe, et plus je réfléchis
au parti que l'on en peut tirer pour le diagnostic, le pro-
nostic et surtout le traitement de l'impuissance par sympa-
thie morale, plus je m'étbnne de ne pas la voir, je ne dirai
pas indiquée, mais ménie soupçonnée chez ceux-lè même
kSÛ mnoêÀMCE ■larAnuQDi.
qui ont fsit une étnde toute spécitle de l'inflaence du raoral
•ar le phyiiqne.
Je lOM doDc, contriireroenl i met defancien, cianiner
■Apirémcnt l'empire exercé sar le sens génilil, et per lei
troubles de rimeglnetion et par cegi de la raiwD.
1* In/lueneeda troubletde l'imagination. — S'il ni*était
permis de me servir ici du laocage pbiloKiphiqae, je dira»
que ces troubles sont ou objectifs ou ttUgectift.
Ils »ont objevlib, quand ils ont leur source en dehors de
celui-U même qu'ils allectent ; ils sont subjectib, quand ils
découlent de celui-là mène qui les éproore.
Les premiers sont inoontettablement les ploi nombreux,
car ils embrassent le temps, l'espace, les lieni, tout les ob-
jets de la création : tel homme croira k l'inDuence Dcheuse
d'une lune, d'un saint du calendrier, d'un jour duns le mois,
ou d'un mois dans l'année ; tel autre s'imaginera que la lu-
mière, que le plein air paraissent ses organes; celui-ci
ajoutera Toi aux diseurs de bonne aventure, aux esprits ma-
lins qui jettent des sorts et quinouenf /'ai^ui7/eUe; celui-li,
inlerprùlaiit, à sa façon, un sourire, un regard, une parole
delà femme aim^e, ou môme par l'effet seul de son imagi-
Dilion, se dira %iclime de l'indifférence, du dédain et même
dn mépris de l'objet de son amour, etc., etc.
Certes, les exemples de ces sortes d'impuis»ance four-
millent partout ; tantdt fugitive, lontAt plus tenace, elle
est indistinctement l'apanage des intelligences d'élite ou
des esprits bornés et crédules; te catalogue des faits de
ce genre rapportés por les auteurs serait pour mot une
mine féconde, si je me proposais d'amuser bien plus
que d'instruire. Ct-pendant , je dois fuîre une exception
en fateur de Montaigne, dont on me reprorberait sans
doute d'avoir tu le nom dans un sujet qu'il a si savammeot
SYMPATHIES MUKALB8. 021
et si galamment traité, d'autant mieux que cette exception
se justifie elle même par le haut enseignement qui en dé-
coule : « Un comte de très bon lieu, dit-il, de qui j'estais
fort privé, se mariant avec une belle dame qui avait esté
poursuivie de tel qui assistait h la Teste, mettait en grande
peine ses amis : et nommément une vieille dame sa parente,
qui présidait à ses nopces, et les faisait chez elle, craintive
de ces sorcelleries : ce qu'elle me fait entendre. Je la prioy
de s'en reposer sur moy. J'avoy de fortune, en mes coffres,
certaine petite pièce d'or platte, on cstoyent gravées quel-
ques figures célestes, contre le coup du soleil, et pour oster
la douleur de teste, la logeant à poinct sur la cousture du
(est : et pour Ty tenir, elle estoit cousue i un ruban propre
h rattacher soubs le menton. Resverie germaine i celle de
quoy nous parlons. Jacques Peletier, vivant chez moy,
m'avait faict ce présent singulier : J'advisay d'en tirer
quelque usage, et dis au comte qu'il pourrait courre for-
tune comme les aultres, y ayant là des hommes pour luy en
vouloir prester une ; mais que hardiment il s'allast cou-
cher : que je luy feroy un tour d'amy, et n'cspargneroy k
son besoin un miracle qui estoit en ma puissance : pourveu
que sur son honneur, il me promist de le tenir très fidellc-
ment secret. Seulement, comme sur la nuict on iroit luy
porter le resveillon, s*il luy estoit mal allé, il me fcct un
tel signe. Il avoiteu Tàme et les oreilles si battues, qu'il se
trouva lié du trouble de son imagination : et me fect son
signe h l'heure susdicte. Je luy dis lors i l'oreille, qu'il se
leivast, soubs couleur de nous chasser, et prins en se
jouant la robbe de nuict que j'avoy sur moy (nous estions
de taille fort voisine) et s'en vestit, tant qu'il auroit exécuté
mon ordonnance, qu'il faut, quand nous serions sortis, qu'il
se retiras! à tomber de l'eau : dict trois fois telles paroles,
A32 mpoiMAiici trvPiTSiQiji.
el fect tels mouvemenU. Qu'à chicane de ces trois foie, il
ceignist le ruban que je luj mettois en maio, et oouchast
bien soigneusement la médaille qui y estoit attachée sur ses
roignons : la figure en telle posture. Cela faict. ayant k la
dernière fois bien estreint ce ruban, pour qu'il ne se peut
ny dénoiîer, ny mouvoir de sa place, qu'en toute asséurance
il s'en retournast k son prix faict ; et n'oubliait de rejetter
ma robbe sur son lict, en manière qu'elle les abriast tons
deui. Ces singeries sont le principal de l'elTect, nostre pen-
sée ne se pouvant demestre, que mojens si estranges ne
viennent de quelque obstruse science, leur inanité leur
donne poids et révérence. Somme il feut certain, que mes
charactères 8C trouvèrent plus vénériens que solaires, plus
en action qu'en prohibition (!)• »
Le moyen mis en usage par Montaigne est incontesta-
blement le plus propre à ramener Tordre et le calme dons
une imagination ainsi troublée. A Tinflucnce néfaste d*une
lune, d'un saint du calendrier, de la lumière, etc., opposeï
une influence contraire dont vous ferez ressortir la supé-
riorité de puissance, et^ avec la confiance, vous ramènerez
presque à coup sûr la possibilité du coït.
On ne croit guère plus, de nos jours, aux sortilèges et
aui sorciers; les noueurs d'aiguillette ont perdu leur pres-
tige et le sceptre de leur pouvoir; mais il est encore des
esprits faibles ou ignorants qui portent des sachets et des
amulettes, ou qui boivent des pliiltrcs enchanteurs pour
conjurer l'infernale machination des mauvais génies. Res-
pectez ces superstitions, ne détruisez pas ces erreurs; on ne
discute pas avec la foi ; les objets de son culte sont ici sans
danger, tandis que leur proscription amènerait à coup sûr
l'accident qu^ils sont destinés h prévenir.
(I) £$$aiê, 1 1. cb. zz, éd. de 4743, t 1, p. 4 05 et 4 06.
8YIIPATUIBS MOKiLKg. /^^S
Je ne puis^ on le comprend, passer en revue toutes les
naances des troubles objectifs de Timaginalion ; rirpagina-
tion, cette folle du logis, comme l'appelle Brantôme, par*
ticipe tellement à tous les actes de la vie, est h ce point
tributaire de toutes les croyances et de toutes les supersti-
tions, que prétendre énumérer ses mobiles serait vou-
loir analyser l'état moral de chaque individu du globe. Il
m'a suffi d'avoir indiqué la nature des troubles objectifs de
l'imagination, pour poser la limite de leur cadre et tracer
la conduite à tenir en de pareilles circonstances.
Il me faut maintenant aborder les troubles subjectifs de
l'imagination qui constituent, sans aucun doute, l'impuis-
sance par sympathie morale, la plus difficile à guérir.
Ces troubles ont leur source dans la personne même qui
les éprouve, en d'autres termes, ils ont pour cause et pour
fondement une erreur sur l'énergie copulatrice de Tappareil
génital.
Leur point de départ est tantôt dans une croyance pure-
ment imaginaire, et tantôt dans une erreur sur un fait réel,
soit antérieur, soit actuellement existant.
Sous le premier rapport, une aflection des organes géni-
taux est presque toujours le prétexte derrière lequel s'abrite
le malade : l'un se croira atteint de pertes séminales, et
par suite impuissant; l'autre invoquera une dégénérescence
de la prostate. Comment voulez-vous que j'éjacule, me
disait un troisième, j'ai un rétrécissement de l'urètre qui
devient si formidable au moment de l'érection, qu'il est
impossible au sperme de s'écouler; et la crainte de l'asper-
matisme glaçait ses sens au moment du coït. J'ai donné
mes soins à un homme dont les motifs d'impuissance se rat-
tachaient assez singulièrement à des somenirs de famille :
Depuis trois générations , me disait-il , nous sommes tous
SYMPATHIES MORALES. /i25
le mot, qu'un esprit troublé et ignorant des choses de notre
art établit entre les organes génitaux et les aiïections les
plus étrangères à cet appareil.
Je fus un jour très sérieusement consulté par un jeune
homme dont le tempérament lymphatique et la constitution
malingre s'accordaient mal avec des désirs vénériens ardents
et une virilité énergique, et qui attribuait, avec une convic-
tion profonde, cet allanguissement du sens génital à une
déviation congénitale du sternum dont il était aflecté. Un
autre, ayant eu connaissance des fables répétées depuis
Hippocrate, qui, le premier, en fait mention, sur les rap-
ports sympathiques des oreilles et des organes génitaux^
s'imagina qu'il serait atteint d'impuissance (et cette pré-
somption ne tarda pas i amener cet élat) parce que, sui-
vant la coutume de son pays, on lui avait percé les oreilles
pour y suspendre un bijou.
Mais c'est surtout vers les lésions de l'appareil génital
que se portent les préoccupations du malade, et, sous ce
rapport, les névralgies urétrales, et celles du col de la
vessie jouent un rôle très important. Ici, les appréhensions
du malade ont un prétexte réel, la douleur, et, pour les
personnes étrangères à la médecine, la douleur est toujours
le symptôme d'une lésion anatomique, d'une afTection orga-
nique; l'intermittence même qu'aiïectent les douleurs né-
vralgiques est, pour une imagination troublée, un motif
plus grand d*elTroi et de terreur ; c'est dans des circon-
stances semblables que les malades songent aux dégéné-
rescences de toutes sortes, aux désordres les plus affreux :
les ulcérations dans l'urètre, sur la prostate, dans les vési-
cules séminales, sont la menue monnaie dont les plus cou-
rageux se contentent; mais le plus ordinairement, et après
rincubation d'une nuit d'insomnie, c'est le cancer, c'est le
&S6 mruiMAiiGB swAniQUB.
carcinome, oe sont des tuberculei qu'ils disent avoir envahi
leur appareil génital et avoir desséché en eui toute source
de virilité. C'est riiypochondrie avec toutes ses étrangetés,
avec toutes ses terreurs.
D'autres fois, aucun état morbide n'eiiste actuellement,
et l'imagination du malade est trouhlée par la crainte des
conséquences Acheuses qu'a pu amener, et qu'a amenées
en eiïet, une aiïection antérieure, quelque ancienne et
quelque bénigne qu'elle ait pu 6tre. Le tabeacent guéri
croit diiTicilement au retour de sa virilité; le masturbateur
dont les manœuvres ont cessé depuis longtemps, entrevoit
l'impuissance comme un triste et certain héritage de l'ona-
nisme; la syphilis a, chcs l'un, tari la sécrétion spermatique»
et, par suite, la source de l'excitation génësiaque; ehet
l'autre, fixée sur quelque point do l'appareil générateur, elle
empêche le jeu régulier des rouages et s'oppose d'une façon
quelconque au libre oxcrcicr de la foiiclion ('opuIalrice,etc.
Mais de tous ces molifs, il n'en est peut-être pas de plus
fréquent, et l'on peut même dire de plus commun, qu*un
échec ropulaleur prérédemmenl essuyé en présence d*une
femme. Une mésavenlure de ce genre, quelle qu'en soit la
cause, laisse dans l'esprit une préoccupation fâcheuse, qui,
entretenue et a{;gravée par l'imagination, détend, pour
ainsi dire, les désirs vénériens, et les empêche de réagir
sufiisamment sur l'appareil copulateur.
Il n'est pas toujours aussi facile qu'on le pense de triom-
pher de semblables appréhensions. Quand le malaile s'ima-
gine que son premier échec était sous la dépendance d'une
aiïection quelconque, on peut, en feignant le traitement
de cette affection, ramener peu h peu h* calme dans son
esprit troublé ; mais quand Terreur porte sur rèiiergie copu-
latrice elle-même, c'est-à-dire quand le malade se croit
8YMPATHIBS MORALES. I\.^l
atteint d'une impuissance essentielle, sans relation avec une
altération organique quelconque, les difBcullés sont énormes*
Si l'on se contente de vouloir rassurer le moral du malade,
et que Ton essaie de lui prouver que l'appareil génital n'a
rien perdu de son énergie, on ne dissipe qu'à nioilié, si
même on y parvient, ses craintes chimériques ; si, au con-
traire, feignant de partager son erreur, on prescrit, non une
médication, mais un aphrodisiaque, on s'expose à déplacer
ou même à augmenter les préoccupations du malade, qui,
au moment du coït, alors que Tattention doit être complè-
tement absorbée dans l'ivresse des désirs, analyse ses moin-
dres sensations pour s'assurer de reflet do l'agent prescrit.
Cependant cette dernière méthode est la moins incertaine ^
mais en l'employant, le médecin doit absolument user de
toute son autorité; il doit |)romeltre le triomphe, non plus
avec le doute scientifique, mais avec l'assurance d'une con-
viction profonde. En pareille occurrence, l'hésitation est
funeste. Lu nature de la proscription importe peu; il faut,
avant tout, paraître a.^suré de son efiicacité. M. le docteur
Amédée Lalour a rapporté, dans la séance du 3 janvier
1843 de la Société médicale du TemplCy un exemple de ce
genre : « Comme chez la plupart des gens du monde, dit-il
avec raison, les conseils les plus sages et les plus opportuns
perdraient de leur prix s'ils n'étaient corroborés par quelque
prescription pharmaceutique, je crus devoir prescrire quel-
ques toniques, et je fis choix du quinquina et du safran. Mais
surtout, la saison étant «Micore convenable, j'engageai forte-
ment les deux é|)Oux à aller prendre quelques bains de mer.
J'annonçai avec assurance la guérison pendant le voyage (1).»
Ce fut cette assurance qui constitua la partie réellement
active de la médication.
(4) GasetU de$ hôpitaux, 4843, p. 95.
à!28 IIIPIII8«Â1«CB SYMPATUIWK*
Les faits de cette nature se rencontrent tous les joors
dans la pratique, que les cause; de la prétendue impuissance
soient rattachées, ou à un état morbide antérieur, ou k
raffaiblissement nerveux de Tappareil génital lui-même, ou
k toute autre chimère de la folle du logis.
Je n'ai pu rapporter ici, on le comprend, que les dr^
constances les plus ordinaires, que les sujets d'effroi les plus
communs ; mais on conçoit que leur catalogue puisse être
plus étendu et embrasser le cadre tout entier de la noso-
logie. Leur énumération, fastidieuse au dernier point, ne
jetterait aucune lumière sur leur histoire, et ne révélerait
aucune variété du type, qui est constamment le même.
Les divisions que j'ai établies me paraissent suffisantes
pour formuler un bon diagnostic difTérentiel entre les trou-
bles si divers de Timagination, et pour leur opposer une
médication convenable, si je puis me servir de ce mot.
Qu*oii me permette, pour l'inlelligence de la thérapeu-
tique, de rappeler ces divisions.
Les troubles de Timagination, dont une erreur ou une
fausse croyance sont esscnliellement la cause, se distinguent :
l"* En troubles objectifs ;
2® En troubles subjectifs.
Ces derniers se rapportent :
Ou à une erreur que rien n'autorise;
Ou è une erreur qui a pour fondement un fait réel actuel-
lement existant ou disparu depuis un temps plus ou moins
long.
Évidemment, si l'on saisit bien toutes les nuances qui
séparent ces états divers, on conviendra qu'une même thé-
ropeutiquc n'est pas applicable partout, et que la conduite
du médecin ne saurait être identique dans tous les cas.
Et d'abord, en thèse générale, est-il opportun de com-
SYMPATHIES MORALBS. &29
mencer par dissuader le malade, par attaquer de front et de
prime abord ses fausses croyances, ses erreurs? Je ne le
pense pas ; avant toutes choses, il importe de capter la con-
fiance du malade; il faut que de son confident, le médecin
devienne son ami, et qu'il subjugue plutôt par des paroles
de commisération que par le ton impératif de l'autorité
scientifique. En rompant trop vite en visière, on s'expose
presque h coup sûr à faire douter de ses connaissances, et
la suspicion dans l'esprit d'un malade imaginaire, d'un hy-
pochondriaque, est une cuirasse terrible dont il est difficile
de triompher.
J'estime donc que Ton devra, en thèse générale, com-
mencer par sembler croire à la réalité de l'impuissance,
prescrire même une médication en apparence active, et,
dans ce cas, insister sur les espérances que font concevoir
le pronostic porté et le traitement ordonné.
Chez quelques malades, il importe de soutenir cet inno-
cent mensonge jusqu'au bout, principalement chez ceux
qui se croient atteints de quelque maladie grave; c'est en
pareille occurrence qu'il faut savoir rattacher Timpuissance
à Taffection imaginaire et paraître accorder toute son atten-
tion à cette dernière, dont la guérison doit fatalement res-
tituer nui organes génitaux leur énergie copulatrice.
La même règle de conduite est également prescrite dans
les circonstances analogues au fait raconté par Montaigne :
à une superstition il faut opposer une superstition plus
grande ; on ne tue la magie que par des moyens magiques.
Quand le malade aura acquis en son médecin une foi
inébranlable, ou même une confiance assez vive, et si la
raison est accessible par quelque point au milieu des fan-
tômes que lui crée l'imagination , on pourra aborder son
erreur et la combattre par l'absurde, par des arguments
&S0 IMPOIMAHCB SYlIFATinOtB-
sérieux ou par les moyens qui paraîtront les plus rtisonna*
blés. Mais gardez-Tous d'entrer hordiment dans cette voie :
avant de vous y engager, sondet, connaisse! bien les dispo*
sitions de votre malade ; le moindre écart peut tout perdre,
car rimagination soucieuse â*eiïraie d*une ombre, s'épou-
vante d*un soupçon.
Mais quand le premier pas est franchi, il faut marcher
résolument dans le sentier tracé; il faut prendre Terreur
corps à corps, Tétreiudre, la serrer, la frapper avec toutes
les armes ; aucun coup n*est trop rudc'. Malheur au méde*
cin qui folblit ! qu'il use largement de toute son autorité, de
tout son ascendant; il doit aller jusqu'à faire comprendre
au malade que ses devoirs lui imposent robligalion de ne
prescrire aucun traitement, car la médecine a pour mission
de rétablir et non de troubler les fonctions de Torganismo.
Mois, je le répète, ce terrain e^t glissant; il faut, pour
s'y engager, être sûr lout à la fois de In confiance et de la
raison de son malade, double condition diflicile h rencon-
trer dans les conditions morales qtie j'examine ; le plus gé-
néralement contre les troubles de l'imagination, il faut
savoir se condamner h un mensonge, (pie le but légitime et
que la science autorise, et le soutenir le plus souvent pen-
dant tout le cours de la médication.
Telle est la base de cette sorte d'impuissance par sym-
pathie morale ; fondement bizarre qui distingue In thé-
rapeutique des trouble«i «le l'imnginntion de celle des trou-
bles de la raison, et surtout aussi de relie des troubles des
facultés affectives, comme je le montrerai tout à l'heure,
et qui iu.'tilie, s'il en est besoin encore, les divisions et les
subdi\iMons que j'ai |»récédemment admises. Ou va voir, en
cfTet, que si Timagination, même dans ses écarts, a horreur
de la vérité, la raison, au contraire, ne peut être ramenée
SYMPATHIES MORALES A31
dans sa voie que par les conseils et le spectacle de la réalité.
-^A chaque élément de notre ème, conservons son essence :
à l'imagination le mensonge, à la raison la vérité.
2* Influence des troubles de la raison. — • La raison n'est
jamais la dupe d*une chimère; elle n'est que la victime de
la réalité. — C'est là la physionomie propre qui caracté-
rise les troubles de cette faculté, et qui doit toujours et fa-
cilement les faire distinguer des troubles de l'imagination
que je viens d'étudier.
A proprement parler, la raison, et il ne s'agit ici en
aucune manière de la folie, la raison ne s'altère pas; plus
que toute autre faculté peut-être, elle subit, dans le choix
de ses déterminations, l'empire de toutes sortes d'influences
physiques, organiques, morales ou sociales, et cette subor-
dination explique les différences si tranchées que l'on observe
dans les raisonnements et les jugements, par exemple, du
jeune homme etdu vieillard, du lettré et du paysan, etc., etc.
Cette dépendance de la raison n'est pas, en réalité, con-
stituée par un aiïaiblissement ou un dérangement dans ses
moyens d'action, mais bien par un obscurcissement, si je
puis m'exprimer ainsi, de sa personnalité ; en d'autres
termes, les influences, dont je parlais tout à Theurc,
agissent primitivement sur une ou sur plusieurs des facultés
intellectuelles ou affectives, lesquelles, par les troubles dont
elles sont susceptibles, masquent les déterminations de la
raison, étouffent sa voix, et, par suite, la rendent impropre
à réagir contre la réalité. Ainsi, au moment du coït, la vue
des règles, un bruit inattendu, éveillent dans l'imagination
mille fantômes hideux qui, bourdonnant autour delà raison,
empêchent l'homme de se rendre un compte exact du sang
qu'il aperçoit et du bruit qu'il entend ; de même pour te^
facultés affectives: l'annoDce subite, au mtHnent de l'acte,
jfbi|.iMilrjnifi^ remplit l'àme d'un «en*
|M h nifon , comme submergée dint
^^^^^ 4g^h«r •« d'ivresse, ne pirtient même plus k
Al 4MȎiMM* de cette subordination , les troubles de
ll^^^jj^ jMiÉlMre distingués selon qu'ils seront sous la
èr liasaginalion ou sous l'empire des facultés
M h physionomie qu'ils emprunteront a l'une
de ces deui intertentions les fera asseï faci-
iMttre, pour qu'il soit inutile d'entrer ici dans
qui, peut-être fastidieui, seraient nécessairement
i« ibiinction que j'établis peut, au premier abord» pa-
bien métaphysique pour un ouvrage de la nature
dt celui-ci; mais si Ton considérée combien de sources
^'aliiuente l'impuissance par sympathie morale, si l'on ré«-
lécKit combien ces sources sont parfois mystérieuses et
Mcrètos» et si Ton se rappelle combien est indispensable
pMr le traitement de l'anaphrodisie la connaissance des
causes qui ont fait naître et entretiennent ruiïection, on me
pardonnera l'excursion que je me suis permise dans le do-
■Mine de la psychologie, car, ainsi qu'on va le voir, elle n
Iracé au praticien une route moins obscure et moins épi-
neuse que celle de mes devanciers.
Dans la majorité des cas, la raison ne perd que momen-
tanément ses droits, et l'impuissance qui en résulte est,
comme les troubles de cette faculté, essentiellement fugace
et passagère. Les exemples que j'ai rapportés plus haut,
tels que ceux de Timpuissance amenée par la vue des règles,
par l'audition d'un bruit inattendu, par la nouvelle d*un
malheur ou d'une grande joie, etc., font comprendre que la
force virile, un instant suspendue, rentre bientôt dans toute
SYMPATHIES MOHALES. &â3
la plénitude de ses prérogatives, sans que la médecine ait
jamais h intervenir.
Cependant la cause première de ces troubles, exaltation
de l'imagination ou émotion des facultés aiïectives, peut
avoir été si profonde qu'elle survive au fait qui lui donna
naissance, et se perpétue pendant un temps plus ou moins
long. Je me rappelle un malade dont l'impuissance datait
du jour de la mort de son fils, et qui échouait h chaque ten-
tative du coït, parce que son imagination, établissant une
espèce de rapport entre l'acte qu'il allait accomplir et la
perte qu'il avait faite, lui rappelait, avec l'image de l'enfant,
toute l'étendue de sa douleur.
J'ai précédemment rapporté le fait de ce malheureux
devenu impuissant h la suite de la frayeur qu'il éprouva
pendant l'accident survenu, en 1839, sur le chemin de fer
de Versailles (rive gauche), sans que quelque autre sym-
ptôme, soit moral, soit physique, fit soupçonner une lésion
des centres nerveux.
Bien évidemment selon que les troubles de la raison se-
ront sous la dépendance de Timagination ou des facultés
alTectives, la conduite à suivre sera différente. Dans le pre-
mier cas, le médecin demandera a l'esprit ses moyens d'ac-
tion ; dans le second, au contraire, il ne les trou\era que
dans le cœur. — On tlissipe les fantômes de rimagination,
non par des larmes de joie ou de douleur, mais par le con-
traste d'autres fantômes, par la raillerie, par le raisoime-
ment, etc., tandis que ces armes s'émoussent contre une
âme ivre de bonheur ou brisée par le chagrin.
Ces considérations doi\ent suflire pour indiquer la con-
duite que le médecin doit tenir ; cependant ne peut-on pas
se demander si, comme dans les troubles de l'imagination,
il n'est pas néce$!»aire de recourir à quelque prescription
28
phrimiireatiquc |>our contenter au moins letexigeneaifMl-
quefois absurdes des gens du monde ?
On peut répondre, en thèse générale, qoe les prescrip-
tions pharmaceutiques sont toujours d'un effet ialnlaira
dans rimpuissance par sympathie morale, parce que le ma-
lade, dans la très grande majorité des cas, n*a recours à
notre art que pour les médicaments qu*il prescrit, et non
pourlns consolations qu'il donne. Il fout donc, je le répète,
établir, comme règle générale dans Taffection qui noua
occupe, la nécessité d'une ordonnance pharmacenlique ;
mais il fout prendre garde aussi de ne pas tomber dans uo
écueii contraire, et de ne pas se foire accuser d'erreur par
ceux qui, se rendant parfoitement compte de leur état moral,
ne îiennetit demander au médecin que les règles d'une
conduite ft suivre ou les conseils de l'amitié.
A moins de spécifier tous les troubles moraux, ce qui est
imj.ossible, on ne peut rion prévoir ni projuger d*aiance.
Les indications spéciales ressortciil de circonstances indivi-
duelles dont rappréciation est entièrement abandonnée au
tact et au jugement du médecin. C'est dans cette apprécia-
tion bien plus que dans des préceptes formulés dans un
livre que Thomme de Tart doit chercher ses inspirations et
trouver sa règle de conduite.
B. Paeultéi affecUtm.
La physiologie, si je puis me servir de cette expression,
la physiologie des fonctions aiïectives de notre nature mo-
rale est encore plus remplie que la psychologie intellectuelle^
de confusion et de malentendus : jetant dans un |.6le-mèle
inextricable toutes les aspirations de TAme sensilive, on en
a dressé une liste plus ou moins méthodique, que Ton a
SYMPATHIES MORALES. /i85
ensuite, sods le nom de passions, classées dans un ordre la
plupart du temps arbitraire.
Cependant une distinction rationnelle n'est pas moins
importante h établir parmi les racullés aiïeclives que parmi
les Facultés intellectuelles ou que parmi les fonctions de
l'économie animale, et Ton est en droit de s'étonner de
l'arbitraire avec lequel ont été divisés les sentiments de
l'Ame, quand la nature elle-même a indiqué les bases de
cette classiiication.
En eiïet, quand on analyse les facultés de la vie aiïective,
on ne tarde pas 6 se con\aincre qu'elles peuvent toutes
èlre ramenées à deux types fondamentaux, la sym[iathie et
l'antipathie, dont le premier nous |.ousse vers l'objet qui a
ému notre Ame, et dont le second nous en éloigne au con-
traire.
Mais de même que toutes les fonctions de l'organisme
qui servent à nous mettre en relation avec le monde exté-
rieur ont des intermittences d'action, de même les fonctioDi
de la vie affective n'ont pas une continuité absolue d'exer-
cice; cette suspension de ructivitê affective, en arrachant le
consensus intime h l'influence de ses excitants naturels,
constitue un état passif de l'Ame dont l'étiologie de l'impuii*
sance doit tenir grand compte, comme on le verra tout k
l'heure.
Je donne le nom lïapaihie à cette absence permanente
ou momentanée de la sensibilité morale.
I^es facultés affectives, quand elles s'accomplissent seloo
le type normal d'activité inhérente à chaque idiosyncrasie,
s'appellent ^en/i>A2(ïn^^ moraux; quand, au contraire, elles
s'exécutent avec une énergie et une impétuosité étrangères
au type régulier des autres fonctions de l'organisme , elles
prennent le nom de fHUBXonê^ qui bientôt entraînent le délire
&36 IMPUItSANCK STMPATIIQUB.
et la folie, si la faculté aurexciléa absorbe et annihile l'eier-
cice ties aiilros fnruUés.
La distinction que je cherche à établir ici me parait de
la plus haute importance» car si le sentiment est IVipression
phjsiologique d*un phénomène de la vie morale, la passion
en est une manifestation morbide qui n'est jamais sans in-
fluence sur l'exercice régulier des fonction? de Torganisme
00 des facultés de Tesprit. — L'histoire des sentiments est
du domaine de la physiologie^ tandis que Tétude des pas-
sions incombe fatalement à la pathologie.
Mais, ainsi que je l'ai laissé pressentir tout à Theore, la
passion est un état essentiellement relatif, et qui se mesure,
non sur un type donné, mais suivant les conditions d'acti-
vité que chaque intli\idu porte en lui; ainsi l'homme du nord
se cioiniilà coup sûr sous Tempire <le la |Q^sion, s*il avait
l'enthousiasme et Texaitation des smlimcnls de Thomme
du midi. Chacun sent à sa manière^ dit-on cummuiié-
ment, et pour 6lrc dans le \rai, il faut que cliacun mesure
ses pa}i>ions ou thermoiiîèlre de ses sensations et de ses
émotions.
La passion n*étantque Tcxaltation des facultés aiïcctives,
leur dénombrement et leur clasMliration sont donc les
mêmes que ceux des sentiments moraux ; nous aurons donc :
!<" l.t's passions sympathiques ;
2* Les passions antipathiques.
Ou [)our les exprimer par les mots propres et consacrés
par le langage de tous, nous aurons :
■
!• L'amour,
2" La haine ;
avec les nuances infinies dont les hasords innombrables de
la vie colorent ces deux manifestations extrêmes de TAme.
Nous allons donc rechercher, au point de vue qui nous
STMPATHIE6 MORALES. A37
occupe, l'influence exercée sur la fonction copulalrice,
1* par l'absence des sentiments rooraui ou apathie^ 2"* par
Tevaltation des sentiments sympathiques ou passions attrac-
tives^ 3* par l'exaltation des sentiments antipathiques ou
passions répulsives.
V Influence de l'apathie sur le sens génital ou indiffé^
rence amoureuse. — Cet état étrange de TAme, que ne
sauraient émouvoir les plus grands comme les plus doux
spectacles de la nature, est lié, tantôt à certaines circon-
stances organiques, comme le tempérament lymphatique,
la faiblesse qui suit les longues maladies, les hémorrbagies
copieuses, etc., etc., et tantôt à certaines conditions du
moral lui-même.
Dans le premier cas, l'absence des désirs vénériens se
prolonge plus ou moins longtemps, et sa durée est en
rapport avec celle des circonstances organiques qui la tien-
nent sous leur dépendance.
Dans le second cas, la condition morale qui entraine l'apa-
thie tient à plusieurs causes : ou bien elle est le résultat de
l'exercice exclusif d'une faculté morale, soit intellectuelle,
soit aiïective, autre que la faculté génésiaque, et qui absorbe
è son profit toute Tartivité de l'Ame, ainsi qu'il arrive dans
les études abstraites, dans l'exaltation d'un sentiment de
haine, de vengeance, etc., etc. ; ou bien elle est amenée
par l'affaissement, par l'aberration ou par tout autre état
particulier de la faculté génésiaque ellc-môme, comme chez
les sodomites et les maslurbateurs, par exemple, dont les
facultés copulatrices ne répondent plus à leurs excitants na-
turels tant internes qu'externes.
Je me suis précédemment occupé de l'empire qu'exer-
cent sur les désirs vénériens les conditions vitales de l'or-
ganisme, et j'ai suffisamment étudié Tinfluence de ces
lliS IMPUIlUANCB iYMPlTHIQCE.
cunditioiis, Innt |ili]siulo^ii|utis i{ue raorbidcn, pour qu'il
soit iniililo li'y ri*\eiiir ici.
Quant à ce qiroii pourrait appeler prédisposilion morale,
j'ni également, et par avance, défloré ce sujet en traitant,
soit des e\cè<i dos travnui de cabinet, soit des troubles des
fatuités intellectuelles, et je compléterai tout à Theure ce
cadre en parlant des troubles des fncnltés aiïectives.
Il ne me reste donc h examiner ici que cet état particulier
de Tâme, dans lequel l'homme sans haine, sans motifs
légitimes d*éloignement pour la femme qui lui donne ses
caresses, ne lrou\e dans son cœur que la froide indifférence
qui, en étouiïant le désir, arrête et suspend toute activité
dans l'appareil copulateur.
On pourrait désigner cet état par lea mots A^apathie
essentielle.
(À'ilo apathie est amenée par les causes les plus di\ erses:
chez le pédéraste et |r masturhalrur, la faculté excitatrice
du sens générateur semble s'élrejait une autre nature sous
l'empire de riinhitude, et aioir déraillé desaxoie normale
pour subir rinllurnee i\(lu>i\e d'excitations factices; chez
ceux-ci, un ^ouiriiir, quelle que soit In sphère où il se
déroule, a un pou\oir nnaJoKiie à c«'lui de Thahitude ; chex
ceux-là enfin, la source de TindilTérence amoureuse se
perd dans ce labyrinthe inexlrii able <|uc peuph'ut le ca-
price, les bizarreries de caractère et les excentricités de
toutes sortes.
1/éluignement de^t pédérastes, de< sod(»mite< , des tri-
bades et di'S mastuibatcurs des deux sexes pour les rappro-
chements «sexuels est as^rz connu p(Mir qu'il soit inutile d'en
rapporter des exemptent. Celui qui e^l sous la déjH'ndance
d'un caprice, d'une élr.m^clé demœurs ou de caractère, de
la mode même, est tellement individuel qu'il échappe
STMPATHIKI M0HALK8. &39
en quelque sorte h raiialyse. Il fauclrait fuire l'histoire
des bizarreries de Tesprit humain, ce que j*estimc impos*
sîble, bien que des essais, je crois, aient été tentés sur ce
sujet.
Cependant, je rapporterai le fait suivant, comme spéci*
mendeces bizarreries, et aussi pour l'enseignement théra-
peutique qui en découle.
IVl. X..., (ils d*un général du premier empire, avait été
élevé dans le château de son père, et n'en était sorti, à l'âge
de dix-huit ans, que pour entrer à l'Ecole militaire. Pendant
cette longue solitude h la campagne, il avait été initié, à
l'âge de quatorze ans, aux plaisirs de l'amour, par une jeune
dame, amie de sa famille. Celte dame, alors â^ée de vingt
et un ans, était blonde, portait des cheveux à ranglaise«
c'est-à-dire en tire-bouchons, et, eu égard aux précautions
qu'elle était obligée de prendre pour cacher à tous les re-
gards son intrigue amoureuse, elle n'avait jamais de rap-
ports avec son jeune amant que dans un costume de jour,
c'est-à-dire chaussée de brodequins, serrée dans un corset
et portant une robe de soie.
Tous ct'S détails, que j'énumère avec intention, eurent
la plus grande inlluence, non-seulement sur la faculté exci-
tatrice du sens génital, mais encore sur toute l'existence de
M. X...
La jeune dame, fort passionnée, à ce qu'il parait, abusa
des forces du jeune néophyte, et il ne fallut rien moins que
le régime sévère et la continence de l'Ëcole militaire, pour
rendre aux organes génitaux Ténergie qu'avaient compro-
mise des pratiques anticipées et trop fréquentes.
Mais lorsque, rendu à la liberté et aux plaisirs de la vie
de garnison, M. X... voulut jouir drs droits que la nature
semblait lui avoir restitués, il s'aperçut que les désirs véné*
(40 tMrOIWAlKI tTBFATmOOB.
riens ne s'éreilInicnlqu'iiiiprèH do iTrIatries remmei, etiree
le concours <le cerlnines rirrunfltanreR; ornxi, aiie fennm
brnue n'etcilait en lui aucune émotion, et le rostume et
Buil suRiuit pour éteindre et glocer tout tnnaport tiMHi-
reui.
Pour que son Ame IrcMailllt Mes l'aiguillon da déair et
de la v<tlu]ilê, il Tnllnit que le r.mme Tilt blonde, coifTie i
riiiplaiiH!, diauwée de brodequins, emiiriaonnée dans ua
eomcl, vtMuc d'utie robe de toie, en un mol, réunit toutes
les particularité!! que le wuvenir de M. X... gardiit de ses
Bremiem ébolK erotiques.
Ce nVluit |ioint un de ces souvenirs d'amour insené»
dont lu mngîqne pouvoir s'étend sur toute une «tatroee.
Danx ses premiers rnpprorhements seiuels, M X. . . n'avait
apporté '|uu rn|i|tniril de ses org.-iiii's ; son rœur était tou-
jours ri!slé étranger h rctlc union, dont le but éliiit leptai>
Str; et, h vingt-cinq nns d'in1crtnllt% M. X..., en me con-
aultaiil |i<»ur foti étrange inlirmilé, m'avoua n'avoir nimé,
at'CC le cœur, qu'une srulu femme, ji laquelle it n'nvait
jtmuis osé ailn-sscr ses liiimmn»es, parce que, coïncidence
bitiinc! cette femme était brune.
Sa fortune, son nom, <a position sociale fuisoicnt depuis
longtemps un devoir à M. X... de se marier, et il avait tou-
jours ré-isté au\ sullicitotions de sa famille el de ses amïs,
parce qu'il se >avai( in(-a|ii)l)le il'cverccr le coît dans le né-
gli<tédela eouc-lie conjngiile. Certes, un ^embfabie motif
eât été dilTirile è pénétrer, car riuforluné jouissait d'une
santé h toute épreuve, était d'un tempérament bilioso^aii-
guin, iitait une taille au-dessus de la moyenne, et une con-
stitution si robuste que, pendant plus de quinic ans. il atait
^lé oOicier dans un n^giment de grosse cavalerie.
- Bien évidemment, M. \.., n'était atteint que d'une im-
»* J^.
.STMPATniES MOHALBS. ft/^l
puissance essentiellement relative, car lorsque la Temme
était blonde et lorsque les conditions énumérées plus haut
se trouvaient réunies, il accomplissait la fonction copulatrice
avec toute l'énergie d'une forte constitution et Tardeur d'un
tempérament amoureux.
Rentré dans la vie civile, et tourmenté plus que jamais
par sa famille au sujet de son mariage, il voulut tenter un
dernier effort, et vint me consulter dans le courant de l'hiver
de 1852.
Pendant la longue conversation que nous eûmes en-
semble, je crus m'apercevoir que M. X... n'avait qu'une
foi douteuse, non-seulement en moi, mais encore dans celte
branche spéciale de la thérapeutique, et que. par conséquent,
il me fallait, avant toute chose, et par quelque moyen que
ce fût, conquérir sa confiance en faveur de la science, et en
même temps en faveur de l'ellicacité du traitement que je
lui prescrirais.
Dans de semblables occurrences, je l'ai déjà dit et je le
répète, parce que le conseil est important, tout discours est
superflu et tout raisonnement se brise contre l'incrédiilité
systématique du malade ; il lui faut un phénomène physique,
palpable, matériel, contre la négation duquel sa raison se
révolte; ce phénomène obtenu, ^a coniiance est d'au-
tant plus absolue que son incrédulité a été plus profonde.
En conséquence, je résolus de frapper un grand coup,
et sachant bien, par l'expérience que j'en avais acquise, que
la moitié seule de mon ordonnance serait exécutée, je pres-
crivis une potion cantharidée et phosphorée assez énergique,
et conseillai le coït avec une femme brune et sans corset,
deux heures après son ingestion.
Ainsi que je l'avais prévu, la potion fut avalée, mais le
rapprochement sexuel ne fut pas même tenté, car jamais
■" 1
Uli iiiroiiiAiiGi trariniQiig.
rhomma ne s'e^poso à un écheo traoureui qu'il regarit
comme certain.
Mais reiïet que j'aitendaia de Temploi det eanlharides
•'étant produit, et le malade ayant été toarmeoté toato
la nuit par une érection qui n'était pas tans quelque aovf»
franco, la scène changea de face, et M. X... crut avoir
enfin rencontré l'agent médicamenleni qui seul poorait
contre-balancer la lâcheuse influence de son morah
Le lendemain, ne pouvant venir me revoir, maia vouianl
reprendre un second flacon de na ligvmàr magi^WB^ conme
il m'écrivait , il me demanda s'il pouvait se servir encore
de la même ordonnance, ce a quoi je m'opposai, dans la
crainte d*une cystite, et lui envoyai une prescription oà les
cautliaridcs et le phosphore ne jouaient qu'un rAle esaen»
ticllement secondaire.
Cette seconde potion , fort peu active, je l'assure, 6t
autant d'eiïet que la première, et le mnlaJe put enfin
eicrcer le coit avec une femme brune et dépouillée de son
corset.
Mais pondant assez longtemps, pendant plus de six mois,
les rapprochements sc&ucis ne furent possibles qu'avec
l'aide d'une potion qui était censée contenir Tugent médica-
menteux assez puissant pour contrc-balonccr l'empire de
l'Ame ; ce ne fut que progressivement et h la lonj^ue que
M. X... parvint a se passer^ pour l'accomplissement de
l'acle copulateur, du concours de la médecine, cl oujour-
d*hui même, il e<t parfaitement convaincu que le médica-
ment que je lui ai prescrit a exclusivement a;;i sur ses
organes, et ce serait peut-être s'exposer au relourdes phé-
nomènes morbides si l'on parvenait à le convaincre que le
traitement qu'il a subi est un traitement purement moral.
La conduite que j'ai tenue dans la circonstance que je
SYMPATHIES MORALES. &&8
viens de rapporter, quoique couronnée d'un plein sucrés,
ne saurait être couscilloe d'une manière absolue; In rè<;leà
suivre se tire des causes de Tapathic elle-môme. Cepen-
dant, comme auxiliaire de celte médication spéciale, indi-
viduelle, pour mieui dire, il faut souvent avoir recours aux
excitants moraux dont j'ai plusieurs fois parlé dans le cours
de cet ouvrage, oinsi qu'aux moyens physiques dont l'elTet
excitateur se fait surtout sentir au cerveau , comme un
repas délicat, l'usage modéré des liqueurs alcooliques, la
musique, la lumière, les parfums, etc., & ceux surtout qui
s'odresscnt de préférence aux sens dits intellectuels, afin
que leur excitation éveille la faculté génésiaque endormie.
D'ailleurs, dans la très grandie majorité des cas, l'espèce
d'impuissance que j'examine ici est rt'Iative et temporaire,
ôt il suflit, pour la dissiper, qu'il entre dans le cœur du
malade un de ces divins rayons d'amour que la femme
sait si bien allumer à l'étincelle de son regard, à l'éclat
de son sourire et au doux feu de ses paroles. Que le mé-
decin ne dédaigne point ces auxiliaires; il est presque invin-
cible s'il agit de concert avec l'amante ou l'épouse de son
malade.
2^* Influence des ])assions sympathiques. — Quand on
considère que l'acte copulateur est sous la dépendance la
plus entière des sentiments attractifs, on est conduit h pro*
portionner l'énergie de l'art*, et par conséquent Tactivilé
de rajipareil copulateur, 6 la force de ressentiments attrac-
tifs, en d'autres termes, et pour employer un langage plus
usuel, on est amené à penser que le coït est d'autant plus
facile et plus com|del que l'amour qui le sollicite est plus
violent et plus exalté.
Cette loi psycho-physiologique dont il est impossible de
De pas reconnaître la justesse et la réalité, souflre cependant
A&& imnisAiiGB BTNMraïQim.
des exceptions asses nombreuses pour qu'il soit utile de non
y arrêter un instant.
Quand le désir ou plutôt quand l'instinct du rapproche-
ment des sexes a quitté ce vague nuageux qui, semblable i
une atmosphère légère, entoure notre âme, et vient se
placer sous Tempire de la conscience ; quand ses aspirations,
abandonnant les vastes horiioiis de Tinconnu, prennent un
corps pour ainsi dire, naissent è la vie morale, et ae coih
centrent dans la contemplation d'un être fini et réel, TiD-
stinct devient sentiment, le désir se fait amour.
Fidèle aux lois de son essence, Tamour, cette douce et
magique expression de la portion sympathique de notre
àme, s'ciaspère des lenteurs et s'irrite des obstacles ; pour
vaincre les eniraies qui lui cachent le but, il appelle à
son aide toutes les forces de l'organisme, toutes les graiw
deurs de l'esprit, toute rex»ltnlion des setitimetils, et va
même chercher des ressources d»iis le monde des rives et
des enrlionlcmeiits. Au milieu de celle conrusioii étrange,
Me cette tension exagérée de tous les res.sorls de la vie,
l'àmc n*extTcc plus qu'un empire douteux, qu'une puis-
sance trcmb'ante ; si tout à coup elle est inondée '*d'un
bonbtîur lungtemps C4iressé, si el!e est éblouie par l'appa-
rition inattendue d*une félicité prochaine, elle se noie elle-
même dans une immensité de joies et de «oluptés, oban-
donnant k leur délire, sons gouvernail et sans boussole,
toutes les forces de l'organisme : « Si Ton considère, dit
Virey, que l'âme éperdue nage dans un océan de plaisirs ;
que toutes les fibres du corps frissonnent sous les plus ten-
dres caresses ; que l'on est plongé dans un enchantement
universel, et comme ravi en extase de l'excès de son bon-
heur, on comprendra qu'il faut revenir de cette secousse
générale pour se livrer plus spécialement à une jouissance
. r
SYMPATHIES MORALES. A/^S
particulière Non, sans doute, on n'est pas froid dans ces
premiers instants du délire de la volupté; on s'y seni, au
contraire , comme englouti et submergé , on se cherche et
l'on ne se trouve pas. Interdit de ce phénomène, et
sentant néanmoins sa vigueur et la plénitude de sa force,
l'homme se croit lié et comme enchahié dans le cours de sa
victoire (1). •>
Les exemples de ce phénomène étrange ne sont pas
rares, et on les rencontre surtout chez les personnes ner-
veuses, mélancoliques, et dont l'esprit se plaît dans les
rè\eries. Un des acteurs les plus distingués de Paris éprouva
cet accident la première nuit de ses noces, bien qu'il eût
eu antérieurement des rapports avec la femme qu'il épou-
sait; seulement ces rapports ne s'étaient produits qu'au
milieu de la gène et de la contrainte imposées par la sur-
veillance des parents de la jeune lille, et le bonheur dans
lequel le plongea la libre possession de ces charmes qu'il
n'avait fait qu'cflleurer, ne valut pas pour lui la contrainte
à laquelle il était auparavant condamné.
Dans les Essais de médecine d'Edimbourg, on trouve
rapporté, par le docteur Curkburn, un exemple d'autant
plus remarquable de TelTet ana}ihrodisiaque de l'excès d'à*
raour, que l'impuissance qui en fut la suite se traduisit, non
par le défaut d'érection de la verge, ce qui pst le cas le plus
commun, mais par l'impossibilité de l'éjaculation , par ce
que j'ai appelé l'aspermatisme.
Qu'on me permette de rappeler une partie de ce fait
curieux dont j'ai précédemment donné la narration en-
tière (2) : « Un noble Vénitien, dit-il, épousa à l'âge où
(t) De la femme, notes, p. 390.
(2) Voir la page 1246.
Ii6 IMPOniAIICB tffWATflIQn.
r«fnoiir foforiM un homme avec romploisanco. one jMM
demoisello Irèt aimnble, a^ec laquelle il ise comporta aaiei
vigoureusement ; rouis Tessenticl manquait à son bonheur ;
tout annonçai! dans ses rapports le moment d'eilase» et le
plaisir qu*il crojaii goâter s'échappait. L'illusion lui était
plus Taiorable que la réalité, puisque les songes qui auceé*
daient à ses elTorls impuissants le réveillaient par des aen*
salions délicieuses^ dont les suites n'étaient pas équivoques
sur sa r^ipacilé. Cet époui malbeureus, rassuré sur son
état, voulait-il prouver efliracement sa puissance et réaliser
ses plaisirs, il en procurait sans pouvoir les partager; en
un mot» rérection la plus forte n'était pas arcompagnéo
de ce jai lissement précieui qui bit connaître toute l*élen*
due de la volupté, a
Il est probable, comme je l'ai dit précédemment, que
l'aspermatismc tenait a un état ^pn«modique dos conduits
éjaculateurMy lequel rcronnalMsait lui-même pour cause un
eicès d*amour, puii^que cette diflirullé d'éjaculntion ne pa-
rail |>as «i\oir existé a%Anl le mariage du malade qui ne
serait pus à coup itûr entré dans lo couche nuptiole avec
une semblable intirmilé.
L'aspermolismc^ dans le sens rigoureux que j'ai donné
à ce mot, est lo forme la plus rore de Timpuissancc par
excès d'amour : en dehors des cas exceptionnels comme
celui cité par Cockburn, cette variété d'anaphrodisie se
traduit ou por le manque d*ércction ou par une énergie
au contraire qui n'e.st autre cho^e que le [iriapiiime ; mais
quel que «oit le c*aractère qu'elle répète, sa durée est ordi-
nairement assex courte, et, sous ce rapport, Montaigne a
pu dire avec raison aux époux tro|) coûteux Tun de
l'autre : <• Les mariez, le temps estant tout leur, ne doib-
vent uy presser ny taster leur entrcprinse, s'ils ne sont pas
SYMPATHIES MORALES. tlHl
prests. Et vault micult faillir indécemment à estreiner la
couche nuptiale, [ileinc (l*agi(a(ion et de Hebyre, attendant
une et une aultre commodité plus privée et moins allurmée,
que de tomber en une perpétuelle misère , pour s'ostre
estonné etdé>espéré du premier rrfus. A\ant la posses^nion
prinse, le patient $e doibt l saillies et divers temps, Icgiere-
ment essayer et oiïrir, sans se piquer et opiniastrcr à se
convaincre définitivement soy-môme (1). »
L'impuissance par excès d'amour mériterait h peine de
nous arrêter, si elle n*avait pas secondairement une in-
fluence fârlieuse sur Timoglnation : elle est souvent, en
effet, le point de départ d'appréhensions qui, bien que chi-
méri(]ues, jouent, ainsi que nous l'avons vu, un rôle très
important dans l'acte copulalcur en paralysant toute éner-
gie virile. Par conséquent, il est utile, surtout chez les
esprits facilement impressionnables, de prévenir un premier
échec ; et, si la morale et les devoirs du mariage ne réprou-
vaient formellement un semblable expédient, je dirais avec
Montaigne, qu*on ne peut trop se lasser de citer en pareille
matière : « J'en sçay à qui il a servy d'y apporter le corps
mesme, demy rassasié d'ailleurs, pour endormir l'ardeur
de cette fureur : et (|ui, par l'aago, se trouve moins impuis-
sant de ce qu'il est moins puissant (2). »
Les bains prolongés, la diète, le régime lacté, l'habita-
lion à la campagne, le calme de l'esprit et les distractions,
suffisent d'ordinaire pour ramener l'équilibre dans Texer-
cice de toutes 1l*s fonctions; chez les individus pléthoriques,
on pourra aller jusqu'h la saignée générale, ou se contenter
de l'application de quelques sangsues à la nuque ou de fo-
(1] Essais, 1. 1, eh. xx, p. 4 07, édit. de 4743.
(2}Loe. ete., p. 4 04.
menUlioni froides sur la partie du crâne corre^Ddaiit. W|
cerielet. Chei let penonnei nerveuiet, «q coolraire, HhI
opiacés, ou les anlispasniodiqaet, ou les uns et les aulret
combinés ensemble, rendront de très grands services ; mais
tous ces mo)ens devront céder le pas au raisonneiMiilt, et
avant de recourir à une thérapeutique quelconque, le M*
decin Fera toujours un appel pressant à la raison de son pp-i
lade.
8* Influence dei affectioiu antipathiques. - - Planque
rapporte d'après Blegny {Journal de médecine^ t. I,
p. ft89}, qu'une Femme éprouvait pour son mari un tel
sentiment de répulsion, qu'elle était prise de mouvements
spasmodiques» et tombait même en syncope è la vue seule
de rhomme qu'on lui avait lait épouser.
Si rnntipatbie est capable de produire chez la femme de
^emblnbles ciïels, on comprend sans peine l'aclioii débili-
toiilc quVIle doit exercer sur les organes de Tbomme si
direclemont soumis i Tempirc de TAroe.
Corles, les exemples de celte iiillueiire néfaste ne man-
quent pas , et ils expliquent , sans les légitimer pourtant,
les d(*maiides si nombreuses de nullité de mariage par
répreuve du congrès.
E^t-il besoin d'insister sur cette cause si manifeste d'im-
puissance, quand on connaît l'essonce de Tamour et les lois
qui président au rapprochement des srxes ? Me suffil-il pas
d'énoncer cette proposition comme un axiome, à savoir :
que toutes les nuances, si nombreuses et si variées qu elles
soient, du sentiment répulsif, depuis la simple froideur jus-
nu h la haine la plus profonde, sont les ennemis les plus im-
placables des voluptés génésiques.
Si dans ces conditions fâcheuses le coït doit être exercé,
et il est malheureusement des circonstances sociales qui
SYMPATHIBS MORALES. &&9
eiigent on pareil sacrifice, la médecine ne (leut intervenir,
car elle n'a dans son arsenal thérapeutique une arme ni
assez fortement ni assez finement fourbie pour éteindre ou
même calmer la haine dans un cœur qui s'en enivre. C'est
è Tamitié qu'il faut confier le soin de la médication pour le
succès de laquelle le temps et les distraclions sont aussi de
poissants aniiliaires.
FIN DU TOm PRIMIIR.
I.
29
TAfiLli DES HATIËRES
DD lOliB fREHIBII.
CHAPITRE l"- — Cont«Tior> 8
g I. Airle oupuldrar cLm l'IiainfiM h
{ (I. Artf cupuUtcur cL(t U fcmne ••••• 3S
f III. CcpoUtioD S6
GDAPITHE il— ttcoNBinon A%
^ I. Arln»«aiîu»l 4>
A. îidi-r'iiuu ilu ((Hmia 4>
B. EicréituD ilu tiieriiir hi
C Cuiii|ioiilioo do tpcrme, ^i
I M. Acia oTarÎDii 56
I ui. C*D<raliaa 63
Tbéorin rdatiTMàli géD«r«tîoii 65
A. Lci •dmiDiiic* 64
B. Lci oiidM 71
C. Le* •ciiwO'OfiilM 6i
D. Lai aDiiiiilcnlUiM. 84
E. Lei temcD-ininialcalUle* 8(t
F. Le* oio-inimalcDUita 8o
Ëlal iclucl de U Kwacc 9S
CBAPirBEDI. ~ Duiti M L4 rOKCTion cinikinici 96
HtnnMJATiON {)8
1 1, CîrcoDtlancr* qui iofloenl nur clli 98
A. CtiDiat, lililaJe g<of;rapfaiquf, racea 98
B. SaciaLilili, liibiluil», répatr 101
C. CoDililulion, lciii|)é rament, taille, elc loi
1 ti. SîanUicilioD dcliiDCDMrDalioDoo poole périodique. loS
I m. l'hénoinèiici accompagoaiil 1* menalrnaliOD 109
rllAPITRE IV. — RtproaTM Là roNcnon cinltiTkiCB aficu*
AiTTiw roncTio'ii i>i L'uKciKiau itS
1 I. KapporU atec la >ic organique 1 18
A. Kulrilion ii8
B. Circoldiao 1 rcapiralivn i«i
C. EicrMoDi. ii5
I II. RapporU Mcclarie animale. laS
TABiB DBS MATlIaSS.
CHAPITRE V. — ClRCO?(8TANCBS IiIVBBSES QUI L^FLUIflT SU» LB dA-
TfiLOPPKMENT ET L^BXEBCICB I>B hk PACULTB «BXiBATBICB.
$ I. GirconsUiiccf iubérenlci k rindWido
A. Age
B. ConMiiulion, tempérament. •
C. Facull^'s morales, pasaioni •
D. iJiibitudes
£. né(j|jme. ....••.•• ..«•
F. Professions, travaux
§ II. Circonstancei étrangèrei k rindmdu
A. Climats
B. SnisoDs
C. Années ,
D. Jour, noit
3a
3a
3a
54
38
4o
43
45
45
47
49
5i
LIVRE PREMIER.
DE L'IHPriSfiAlVCE.
DéGnilion de l'impuissance i54
ACTION PREIfU^PQ. — IMPUISSANCE CHEZ LUOMME.. . i56
CHAPITRE 1". — Impuissancb PAB vicbs ub comporiiatioh i56
§ i. Anomalies de la verge 1 5(i
§ II. Anomalies du prépuce 167
§ m. Anomalies du frciu 171
§ iT. Anomalies du gland et de Parètre, • . • , 17a
§ ▼. Anomalies de la vessie 1 73
CHAPITRE U. — Impuissance ioiopathiqdb • 177
S I. Impuissance idiopaibique par défaut d'énergie. ... 184
Impuissance, médication 191
1 ** Agents médicamenteux 19a
a" Agents physiques. 198
3" Moyens mécaniques ao6
^ 11. Impuissance idiopathique par perversion d*énergie. 219
§ m. Impuissaucc idiopaibique par excès d'énergie, ,,. . a35
Priapisme a37
flrolomanie a43
A^pormalisme a43
Saty riasis • a5o
CHAPITRE ni. — Impuissance stmptomatiqub* • aSi
iMPUIHltANCE 6VMPTOMATIQLB OECERTAIKS ÉTATS PHYSIOLOGIQUES. a5a
$ 1. Ages a5a
§ II. CoDstituliun, lempérameut a56
Impuissance symptomaliquc d*un étal pathologique. a6a
§ I. De la nutrition , a6a
Obésilé a65
Amaigrissement a08
TABLI DU MATlIlSS.
§ II. De la dreoUlioo • ty%
§ III* De llnuerfatioD •78
1* Trooblet de llnnerfeliou atec létioiu anato-
mîqaes 179
9* Troubles de l'inner? alion taot lé«ioM asatoinf •
qaei ; néTHMet el féaauiet t84
§ iT. D'uoe inloiicaliou 99S
loloiication lypliilllique 9^4
liitoiîcalîou talarnine 5ot
Inloiîcatîoo aotimouialo el arsenicale 5o4
llnloiicalion iodiqae 3o€
loloxîcalioo par le camphre 5o8
Intoiication par le hachisch 5oo
§ f . D'aac afreclîoii do Tappareil géoîto-orinaire 3>S
Maladies des reins, des bassinets el des uretères SiS
Maladies de la TcsMe • • 817
Maladies du col de la fessie, de la prostate el des
conduits éjaculateurs S19
Maladies des vésicules séminales. «•• 3to
Maladies de Turètre 5ti
Maladies de la Ycrgi^ S34
Maladies du curdon spermaliqoe et des leslieolei.. 58o
^:UA!MTRE IV. — Impl'Issa!«cb coNsicuriTt 355
§ I. Impuissance consécotiTe à on étal organo-patbolo-
giqiie 335
H II. Impuissance conséculiTeà un étal palbogéuiquc. . . . 543
A. Abus d'agents débilitants ou ancMliésique». ....... 543
H. Abus de l'appareil musculaire 55o
C. Abus de Tappareil digestif 55 1
I). Abus dt* Torgane iutellectueJ 565
E. Abus de l'appareil génital 571
1* Eicès de continence 571
2* Excès d'iucontinence« excès vénériens 575
Pollutious • 589
S|>ermatorrbée, pertes séminales 594
CHAPITRE V. — Impcissancb sympathique 4^^
{ I. Sympathies morbides pb)-»i(|ues ^o6
A. Lésions Titalcit. 4<>€
B. I^^ions organiques 407
I II Sjmp.ithies moraleit • . 4^^
A. Facultés inlellectucllco 4 >8
B. Facultés .iffertÎTcs 454
riM nr. l\ taslk on tovb premier.
■rf*»,
TRAITÉ
DE
L'IMPUISSANCE
Ï.T DK
LA STÉRILITÉ
CH£Z L'HOMME ET CHEZ LA FEMME.
il.
fMk. - ifrttrti de u MtRinn, r
TRAITÉ
nB
L'IMPUISSANCE
LA STÉRILITÉ
CHEZ L'HOMME ET CHEZ LA FEMME.
L'EXPUSmuN DES UOVENS RECOUUANDÉS JHJUII Y HËMËtirH:!!.
VEUn ROVB&VD.
TOME SECOND.
PARIS.
CHEZ J.-B. BAILLIÉRE,
LiBHAIBE DK L'ACADËMIB lUPÉilIALE DB HËOECIMB,
ruoIliulMFuilli', in.
UOMDRES, H. BAH-LIÉnE. ? NKW-VOItK, H. DA1I.Lli»E,
119, nigiul-Stnil. i KO, Braidtts;.
TRAITE
DE L'IMPUISSANCE
BT
DE LA STERILITE.
■•■
SECTION DEUXIÈME.
DHPUISSANCE CHEZ I.A FEHME.
Il est incontestable que si j'avais enfermé le mot impuis-
sance dans les limites étroites de la définition que l'on donne
ordinairement a cette expression , à savoir : inaptitude
permanente ou temporaire à la copulation, la femme, en
dehors de quelques rares vices de conformation et de quel-
ques cas de maladies non moins rares, serait peu eiposée
& cette infirmité, car, ainsi que le dit Vircy, elle peut tou-
jours recevoir passivement les caresses de Thomme.
Cependant le rôle de la femme, dans le coït normal,
n'est pas entièrement passif; elle ne saurait être déshéritée
des douces émotions et du plaisir attachés à l'acte de la
génération, car, si sa volonté est nécessaire à la réalisa-
tion de cet acte, la même volonté peut s'opposer à son ac-
complissement en refusant les approches de l'homme. Il
faut donc à la femme un appAt, un mobile pour ne p«s
repousser l'accouplement, et en même temps, comme ré-
compense, si Ton peut ainsi dire, attachée h l'accomplisse-*
n.
29*
/i50 i>II'LlSSAM:i£ CIIKZ LA FëMMK.
mont dr (ouic fonction |)liysiolo<;i(]ue, iiiir scn<«iUion (!o
bicn-ètre cl un sentiment de bonheur.
Les désirs et le plaisir vénérieos incombent donc à la
femme au même titre qu'ils appartiennent k Thomme, et
les uns et les autres rentrent dans Tordre normal des con-
ditions physiologiques du coït.
Dans les actes de la vie de relation, tous les êtres, quel
que soit le degré qu'ils occupent dans rérlielle zoologique,
remplissent un râle actif, que cette activité soit sous la dé-
pendance de l'instinct ou de la conscience; sans désirs et
sans plaisir dans la copulation, la femme ferait seule excep-
tion à cette loi universelle <le la nature, ce qui évidemment
n'est ni admissible ni vrai.
Le coït est donc chez lu femme, comme chez l'homme,
soumis ù de certaines conditions; cl s'il est incontestable
qu'un état pathologique existe (ou'.cs 1rs rois(|(rune fonction
ne s'accomplit pas dans les limites (|ui lui son( tracées par
la nature, il faut adii^cltre que l'absence d'une ou de plu-
sieurs des conditions du coït normal chez lu femme con-
stitue un état morbide ou pathologique.
C'est cet état morbide que j'a[q)elle impuissance.
L'impuissance n'est donc pas pour moi, ainsi (|ue l'ont
définie mes devanciers, l'inaptitude permanente ou tempo-
raire à la co|)ulntion, mais bien l'absence d'une ou de plu-
sieurs des conditions du coït physiologique.
J'ai dit ailleurs quels étaient, chez l'homme, le nombre
et la nature de ces conditions. — Je n'y retiendrai pas ici.
Chez la femme, elles sont au nombre de trois :
La première , désirs vénériens , est entièrement sous
l'empire de l'Ame ;
La seconde, réception dans le \ngin de la verge de
ThommC; appartient exclusivement au domaine organique;
IMPDiSSAlfCB PAR OBSTACLES A L'iNTROIlIflSIOlf. ftSl
Et la troisième, plaisir, prend (oui à la foin sn source et
dans l'Ame et dans les organes.
Je sais que celle dernière proposition ne sera pas accep-
tée sans conleste, car, ainsi que le dit je ne sais quel au-
teur, souvent un coïl , commencé dans rindiiïércnce, se
termine par la voluplé. Mais je ne m*y arrélorai pas davan-
tage ici, et je renverrai en son lieu et place lo discussion de
ce point en lilige.
Quoi qu'il en soit, et pour simplifier encore plus la ques-
tion, on peut dire que lu femme a deui rôles dans le coït :
l'un passif, conslilué pnr la réception de la verge de Thomme
dans son conduit vaginal; l'autre actif, rempli par les dé*
sirs et le plaisir vénériens.
L'un et l'autre de ces deux rôles peuvent être suspendus,
et alors, selon que rincapocité porte sur la partie passive oa
active de l'acte , on a deux genres d'impuissance chez la
femme que je désignerai, pour ne pas tomber dans une
technologie prétentieuse, par des expressions connues de
tous, à savoir :
1® Impuissance par obstacles h l'intromissioD ;
2° Impuissance par frigidité.
C'est à ce double point de vue que je traiterai Timpuis-
sonce chez la femme.
IMPUISSANCE PAR OBSTACLES A L'INTROMISSION.
La nature et le siège des obstacles qui peuvent s'oppo-
ser è l'introduction de la verge dans le vagin, sont nom-
breux et variés, et je me trouve, en raison même de cette
diversité, dans un grand embarras pour la marche que je
dois 'uivredans leur exposition.
Quanta leur nature, ces obstacles sont d'abord congé-
VICKS DE G0^F0R1IATI0N, ETC. ASft
CHAPITRE l•^
VICES DE CONFORMATION DES ORGANES EXTERNES
DE LA GÉNÉRATION.
A. Anomaliei de la vulve.
Je comprends sous le nom de vulve : 1* l'ouverture in-
férieure du canal vaginal ; 2* les grandes et petites lèvres ;
S* le clitoris. — Je laisse à dessein, comme ne rentrant pas
dans mon sujet, le méat urinaire qui s'ouvre, comme on le
sait, au milieu des nymphes.
J'examinerai séparément les vices de conformation des
divers organes qui composent la vulve ; mais je dois, avant
d'aller plus loin, signaler une anomalie excessivement rare,
et qui s'accompagne , lorsqu'elle existe , de malconforma-
tions très graves des organes internes de la génération ; je
veux parler de l'absence complète de la vulve. Les annales
de la science offrent très peu d'exemples de ce vice de con-
formation dans lequel n'existent des traces ni des grandes
ni des petites lèvres , ni du clitoris , ni de l'ouverture vul-
vaire, et dans lequel cette partie présente une surface unie,
sans poils, et comme la continuation de l'abdomen.
Il suflit d'indiquer, sans s'y arrêter davantage, l'existence
possiblede celte anomalie, car, en de pareilles circonstances,
la médecine est désarmée et l'abstention est la seule res-
source de notre art.
1* Anomalies de rouverture vulvaire. — Ces anoma-
lies consistent surtout dans l'oblitération complète ou dans
un simple rétrécissement de l'ouverture; mais au point de
vue où nous sommes placé , il importe peu que l'occlusion
nets BC eoirroRNATioii
AOit crlli^re oti pnr(icll<>, |i(iiin ii <]ii'ol v rail siiiri>snle ponr
em|j6cllPr l'introiliiclkin de la *crge dans le viipiii.
Suiis (lotilu, sous 1r rapport de la )iiinli^ gL^ii^rDlc il^pm-
danl do la r^lenliuii mécanique des ri'clc*, m je piiU ain»i
dire. In ilistindio» h Fairo entre ce* (leux éiot!! palhologit^u»
est im|iorlanle i car si le Hm|)le rétrécissement i(ui |)ern)et
au smig cntaméiiiiii du l'écouler auiletior!!, ne réclame pu»
impérieusement rinlcrvenlion de l'ârl, il n'en est pas ilc
même de l'oblilériilion complète qui peut mettre en danger
Ici jours de lo malade, moi» qui, dam tous le> va*, s'scrom-
pagiie de ■>mpl6meii élraiigeii et toujours douluureui.
Me rciifermanl donc dans lo cadre qui m'es! écliu, je ne
ferai de l'ocrlusiou complète et du rétrécissement do l'ou-
verlure lulvairo qu'une seule anomalie, pnrre que à notre
foiiil lie vue, je le répète, lea conséquences «menées par
chacun de ces deux états sont identiques, c'est-à-dire qu«
l'un et l'autre s'opposent h l'entier et facile sccomplissc-
inent de la copulation.
L'occlusion de l'orilice vulvsire peut dépendre ou des
parties dures ou des parties molles.
Dans te premier cas, elle l'accompngnn lonjours d'une
vicieuse conformation du bassin, caractérisée surtout par
une dépression considérable du pubis. Quelquefois le
bossin est bien conformé, et co sont des cxosloses qui
obstruent l'entrée du conduit laginol; mais comme j'aurai
plus loin l'occasion de parler des ctostoses accidentelles, je
reviendrai ti leur sujet oui eiosloseï congénitales. Qusul
aux vices de conformation du bassin, il faut se résigner h ne
rien faire, le mal e»t au-dessus des ressources de notre art.
L'uccluiion de la vulvo par les parties molles a son siège,
tintAt «ux lèvres génitales, luitlât oui parois mêmes de
l'oriDce vulvaire, et tantôt i h membrane hymen.
,fv.
DES ORGANES EXTERNES DE LA GÉNÉRATION. &!)5
Je vais rn|M(leincnl examiner charuiic de ces variélés.
Lorsque l*occlusion, qu'elle soit ('om|)lète ou incomplète,
dépend des lèvres génitales» leur adhérence |)eut être mé-
diate ou immédiate.
La première de ces variélés n'est pas signalée par les
auteurs; cependant , quoique inliniment plus rare que
Tadhérencc immédiate, elle se rencontre quelquefois, et,
pour mon compte J'en pourrais citer un ou deux exemples.
Dans ces cas, il existe entre les deux petites lèvres une mem*
brane plus ou moins résistante qu'il ne faut pas confondre
avec l'hymen, car on retrouve celui-ci au fond de la vulve^
quand il existe, après la déchirure de la première membrane.
La membrane supplémentaire n'a ordinairement que
quelques lignes d'étendue, est plus ou moins épaisse, et
occupe tantôt la totalité et tantôt quelques points seulement
de rou\erture vulvaire. Il est toujours facile de la recon-
naître soit à l'espace qu'elle laisse entre les deux petites
lèvres, et qui permet de glisser entre elles le doigt ou une
sonde cannelée, soit a la résistance moins grande qu'elle
oppose h la pression.
Quand l'adhérence des petites lèvres se fait d'une ma-
nière immédiate, leurs parois, ainsi que le dit M. Amussat,
sont collées ou soudées, comme chez les jeunes garçons,
lorsque le prépuce est adhérent au gland.
Mais quel que soit le mode suivant lequel l'adhérence
s'établisse, il est d'une saine pratique d'opérer de bonne
heure le débridemcnt; cependant lorsque le canal de
l'urètre ne participe pas h l'oblitération, le chirurgien, qui a
par devers lui un temps assez long, peut attendre l'époque
qu'il croira la plus convenable, quoique les faits cités par
M. Amussat no laissent aucun doute sur le succès de Topé-
ration pratiquée de bonne heure, puisqu'il a pu déchirer
VICBfi UK ClMruBHAtlOK
g es pendant le sommeil de renfanl. et sans qae
B-ct s'o{K-rçùl ni6me de la |ir^H-iicv <Iu liiirur^iieii.
ttl. Amussiit ext d'avi» ilc proscrire le bistouri de ces
sortes d'opi^ruliuti, !>urlout rliu/ les \ths jeuncii (illcs. Il
il, selon lui , d'opérer ries tractions pour déroller les
mbrarics niuqueusos, et it dit atuir empluyû deux fois ce
procédé avec un entier surcès (1 ).
^uand on songe k l'analogie que M. Amtissal établit
même entrr li-s udliérences de« grandes Ijivres et celle»
du gland et du prépuce, on se demande, si dans les deux
Taits qu'il cite dans son mémoire et auxquels je viens de
foire allusion , ce praticien n'aurait pas eu affaire è des
adhérences médiates, auxquels cas la membrane supplé-
mentaire se déchire en elTet très fadleuicnt, et d'autant
mieu\ que l'obstacle est moins ancien.
Ce sont tout è la fois les termes de la comparaison de
M. Amussat et son procédé opératoire qui m'ont conduit,
quand une occlusion vulvaire se présentait & mon observa-
tion, h y regarder de plus prits, et Gnalement à admettre
l'adhérence médiate.
Dans ce dernier cas, en effet, il suffit d'opérer des trac-
tions pour obtenir la désunion; mais si l'adhérence estim-
médiate, si les deui muqueuses sont collées ensemble,
à la manière du gland et du prépuce, les tractions non-
seulement sont insuffisantes, mais encore elles peuvent
devenir dangereuses par les déchirures qu'elles sont suscep-
tibles de déterminer aux lèvres. Il faut alors recourir k
riutrumeut Iranchaol.
Quand l'occlusion est incomplète, l'opération est simple:
(t) OlMervalioa sur une opérslioD de vagin artiHcwl, lue i l'Aca-
démie des scieDCM le i novemt>re I83S, p. 88.
1>E8 0HGANB8 BXTKRNBS DE LA GÉNÉHATION. &57
il sufiit d'agrandir une ouverture qui existe déjà. C'est un
débridement que Ton pratique avec un bistouri conduit par
la sonde cannelée, et dirigé quelquefois en haut, le plus
souvent en bas.
Quand Tocclusion est complète, l'opération, sans être aussi
simple que la précédente, n'offre pas de très grandes diffi-
cultés. On incise d'abord couche par couche les tissus qui
se trouvent sur la ligne médiane en suivant la direction du
raphé périnéal, et quand un point de l'occlusion est ouvert,
on termine comme si l'on avait affaire à une occlusion in-
complète, et de la même façon qu'il a été indiqué tout à
l'heure.
Il est inutile, ne faisant point ici un traité de chirurgie,
de recommander de prévenir une nouvelle occlusion, dé^
terminée cette fois par la cicatrisation des tissus divisés,
en introduisant entre les lèvres de la plaie, soit une canule,
soit une mèche de charpie, soit tout autre corps étranger.
Quand l'occlusion de la vulve a son siège sur les parois
mêmes de l'ouverture de ce canal , la conduite à tenir est
identique avec celle que je viens d'indiquer. Le débride-
ment n'offre pas de particularité à noter, d'autant mieux
que cette variété d'occlusion est rarement indépendante de
l'adhérence des lèvres.
L'hymen peut être également la cause de cette occlusion;
son imperforalion est tantôt complète, et alors la copula-
tion et l'excrétion calaméniale sont impossibles; tantôt elle
est incomplète et forme simplement obstacle, par la résis-
tance de son tissu, à l'accomplissement de Tacte copulaieur.
— Il est bien entendu qu'il ne s'agit point ici de féconda-
tion, car la science possède plus d'un exemple de grossesse
avec un hymen dont l'ouverture presque imperceptible
laissait è peine passer un stylet.
Tins n CO^VORMATION
Qiinnd la iléchitiiro di! l'li]nii-ii ist inin[inlili- \it por-
mellre l'introduelinn dt* In ver(tc, ri que \n (irrmi^re»
approchi-s dt: rhoinme n'ont jiu l'a-tmiidir d'uni.' nionii'ra
notuble, il stiflit d'un roii|i iln cisroiiv ou de bittouri.dirifté
toit en hntit, >oi( rn bnf, mats dons le svm de \a ligne mé-
diane, jioiir ouvrir un p.issage rofivonabli! l'i rendre siiut
posKille la CDfiulalioii.
Quand l'iiymcn <-!>l imperforé, ou lieu d'une incision lon-
gitudinale, il ooKiiciil mieux do Inirc une ouverture en T,
dont le» lombcaui sont cntuitt! tailla», afin que pnr lt>iir
lonjçueur i\» ne fuMcnt pan le coit, »inon réalisable, du
nioiiis lioiiluureui |iOur k'n deux (conjoint». On peut niâii>e,
dann les cas d imiierforotion înconiplùle, dunner rcKo lomic
è t'outerlurc arlifitiellr, surtout l»rïi]u'on o à craindre qaa
U'S lainliiMui (le l'Inn.en iniin^ no se K^ums-.i-nl pendant le
travail de la cicalrisalion, ou ne restent durs et pendants,
comme dans l'imperforation romplëlc.
2° j4nomatie des lèvret. — Je ne reviendrai pas ici sur
l'adliérence ilcs grandes et des petites lèvres entre elles,
dont je viens de parler ; je no m'arrêterai pas davantage è
l'abscnro ou h la petitesse de ces oriianon, parce ({ue rei
inumalies n'empêchent point la copulation, ot je n'indi-
qucroi comme vice de conformation suscoplilile de s'np-
poser au rapprochement setuel, que le volume, quelquefois
énorme, que pri^scntcnt les petites lèvres.
Ce n'est guère que dans les pays chauds, p| surloat en
Afrique, que les petites lèvres acquièrent ce développement
considérable ; dans ces contrées, l'oxcision de ces (larties
constitue une règle d'hygiène comparable è la cirooncision,
et, de même que cette dernière opération est sortie dn do-
maine purement chirurgical, l'ablation d'une portion des
petites lèvres est la spécialité de certains hommes étranger!
è'>b\
DES ORGANES EXTERNES DE LA GÉNÉRATION. A59
(I notre nrl et i\u'\ s'en vont [»ar los rues en criant : Quelle
est celle qui veut être coupée (1 ) ?
Cet usage a disparu despnjs oùs'est établie la civilisation
européenne, mais le fait ana(omi(|()c qui lui avait <lonné
naissance existe toujours, ainsi que Ta constaté M. le doc-
teur DuchcsnOy en visitant les prostituées mauresques de la
ville d'Alger (2).
On rencontre rarement une semblable anomalie dam
nos climats tempérés, et si quelques femmes présentent un
volume des nymphes plus considérable que dans Tétat nor«
mal, ce volume n'atteint jamais des proportions incompa-
tibles avec le coït.
Cependant, si une pareille conformation existait, il serait
facile de la faire disparaître en pratiquant Texcision des
petites lèvres, qui s'exécute avec de grands ciseaux ; Thé*
morrhagie qui en résulte n*exige, pour s'arrêter, que l'em-
ploi de compresses d'eau froide ou de glace, et l'inflamma-
tion s'éteint d'elle-même par quelques jours de repos
au lit.
3° Anomalies du clitoris. — Ces anomalies sont de deux
sortes : ou col organe manque complète ment, ou bien il
acquiert des dimensions a>sez considérables pour lui donner
les apparences d'une verge \éritable.
Dans le premier cas, Tintroduction du membre viril dans
le vagin n'en est pas empêchée; seulement, les plaisirs du
coït dévolus ù la femme, s'ils ne sont pas entièrement abolis,
en sont profondément atteints. Le doute que j'émets ici
m'est suggéré, non par l'observation directe, mais par les
études anatomiques de M. Kobelt, que j'ai rapportées dans
(1) Voyez Amb. Paré, Œuvres complètes, t. III, p. 4 9. édil. de
J.-F. Mdlgaigne, Paris, 1841.
(2) De la prostitution dans la ville d'Alger, Paris, 1853, p. 414.
VICU Dfi COKFOHMATION
Moduclion (le cet outrage, i?l itw»\ par rerloinoi consi-
stions <|ue je ferai valoir plus loin, iilurs i|ue j'esami-
Deni lc!> circonstances auxquelles doit être rApporlée la
frigidité.
Eo cette ()lace, je ne veux m'occuper <\w de ta €0|mts-
tioD propri'm<ïiit dite, c'est-à-dire d« celle partie de l'acte
caractArisée pnr l'introduction de la verge dan!i 1c tagin, e(
je dois, par conitéqueut, remettre i [dus tord les considéra-
tiooi que je me propose de présenter sur l'absence et U
petitesse, congénilaleii ou ncifuises, du clitoris.
Je ne porterai ici <]ue de son volume ei Ira ordinaire.
Qaelf|ues auteurs portent cv volume à des propartions
eiorbilantes ; Columbu» cite un clitoriN dont In lonftueur
Agalsit celle du petit doigt ; Hallcr donne ù un autre 7 pou-
ces, et l'on vamèmc jiiKtgu'a IV^pulcr au volume de In verge,
que dis -je? on ne recule pas jusqu'à lui accorder 12 pouces !
Ces proportions sont évidemment exag6rée<; , ou du
moins les exemples de semblables clitoris sont excessive-
ment rares; les cas les plus ordinaires sont des clitoris de
U longueur du pouce, tel que celui observé et décrit par
M. Moreau(l}.
Les Temmes qui présentent un pareil vice de conforma-
tion ont été accusées de tout temps d'un penchant très pro-
noncé non-seulement pour la luxure, mais encore pour la
tribadie, ce vice honteux qui fait rechercher aux femmes
les individus de leur sexe : n Les doctes africains, dit Am-
broise Paré, appellent telles Temmes saheuxit, qui vaut en
latin fricatrices, parce qu'elles se frottent l'une l'autre par
plaisir ; et véritablement elles sont atteintes de ce méchant
vice d'user charnellement les unes avec les autres (2). »
(<) Traité pratique dt* aceoaekemmtii, l. I, p. 10&.
{t)Ue.cit.,p. (8.
I
DES ORGANES EXTERNES DE LA GÉNÉRATION. 461
Les observations de Parent-Duch&telet ne permettent
plus d'ajouter foi à ces croyances populaires. Cet auteur,
dont la véracité est au-dessus de tout soupçon, assure que
le développement du clitoris est rare chez les prostituées ;
que ce développement, quand il existe, ne coïncide pas chez
elles avec des penchants contre nature, et que les tribades
n'ont, dans la eonformation de leurs organes sexuels, rien
qui les distingue de ceux des autres femmes (1). S'il m'était
permis de me citer après Parent-Duch&telet, je dirais que
les hasards de la vie ou les nécessités de ma profession
ni'ayant fait connattre plusieurs tribades, je les ai très at-
tentivement examinées et n'ai signalé chez elles rien d'anor-
mal dans les parties externes de la génération. Seulement,
elles étaient a peu près toutes remarquables par une ab-
sence à peu près complète des seins et par un penchant très
prononcé pour l'équitation.
Assez généralement les tribades éprouvent de l'éloigne-
ment pour le commerce des hommes, et sont frappées a leur
endroit d'une sorte de frigidité qui légitime les courtes
considérations que je viens de présenter et sur lesquelles
j'aurai à revenir plus longuement ailleurs.
Il faut que le clitoris atteigne des dimensions assez con-
sidérables pour s'opposer à la copulation, et si l'excision
n'en était pratiquée que dans ce but, elle serait à coup sûr,
dans nos contrées, une des opérations les plus rares de la
chirurgie. Mais il est incontestable qu'un clitoris volumi-
neux, exposé dans la marche à un frottement continuel de
la part des vêlements, ou par toute autre cause, entretient
un orgasme qui peut conduire la femme à la nymphomanie
et è toutes les fâcheuses conséquences qui en découlent.
(1) De \n pronlUntion dan$ la ville de Parût, t. I, p. 220 et SuW.
vicEt DB coin'nnMATKm
Quoi qi I fn wit, et i^uel «itm [HiiMe èlrr le hiit que
l'on ne iirnpone on (■vcisorit le €lil(iri«, l'op^rtilion <4t Iris
mnplc. Si l'orf^nno eitt voluminciii, nn l(> prpnd atpc li
nimii gnurlie et on le Irnnilre d'un rnii)i de Itûlouri, el t'il
moiiiï^rorl, on le saisit avec une piitre, et on rn oyins la
on, soit avec un aver des ci<ieau%. — Il
convient pas, ilans l'inlci e pràienir une liémor-
nM^ic ijue I on iiciil artMer a\L-c la cauli^tiialion, de lier
l'org.niie. et il'cii J^lerminiT ninii la mort îtica lion et la
■hule. Ce procédé, oulre qu'il eit Ion;; et douloureux,
eipoite il des uceidenla de gongrï-DO qui no lool paa A
oraindre avec l'emploi du bi»lourt ou des ciseoui. Si nne
qnnace d'hi'morrlia^ie cii!<lBit réellement, el si le clilorii
^it atsvi \u]un)iiieui, nn pourrail lier ou lordte li>« orlé-
rioles qui alimeoleitt cet organe. Mais, je le répèle, It
glace, cl au besoin la c.-iulérisalion, r6|iundeHt dant la
presque totalité des cas à loulcs les indications.
B, Anomalie» du vagin.
Les anomalies du vngrn sont nombreuses et Tort diverses;
tODies ne ronstiluent pas une imposnibililé radicale k la ro-
pilation, mais celles qui la permettent encore lo rendent
OD douloureuse ou didicile.
Pour mettre quelque ordre dans l'examen des vices ie
conlorroalion de rel organe, je les classerai sous les cinq
chefs principaux suivants : 1* absence du vagin : 2* rétrA-
dsscroents ; 3* obturation ; ft* bilidilé ; 5* communication
ITec les orgiines voisins.
Quelques-uns de ces vices de conformalion s'opposent k
la férondation, d'autres, au contraire, pcrmetlrnl encore
cet acii', mais &p)iorlrtil plus ou moins de diflicuilés ù la
lortie du produit de la comceplion.
DES ORGANES EXTERNES DE LA GÉNÉRATION. &0S
On me permettra, pour ne pas scinder cet article intéres-
sant, d'anticiper sur la partie de cet ouvrage consacrée ù la
stérilité de la femme, et d'indiquer h chacune des anomalies
qoe je vais eiaminer les particularités qui s'y rattachent.
Absence du vagin. — L'absence complète du va^in est
un fait heureusement fort rare et qui s'accompagne générale-
ment, quand elle existe, c'est-à-dire quand le vagin ne se con-
fond ni avec le rectum, ni avec le canal de l'urètre, de l'ab-
sence ou toutou moins do l'atrophie complote de la matrice.
Le fait suivant, rapporté par Fodéré, fera mieux com-
prendre ma pensée : « Le 6 août 1722, dit cet auteur, dans
la paroisse du Temple, à Paris, une fille égée de vingt*
cinq ans et demi, jouissant d'une bonne santé et d'un exté*
rieur agréable, fut mariée à un jeune homme nommé
Lahure. Il se passa six ans sans que le mariage pût être
consommé; 5 cette époque, la femme consentit à ôtrc visi-
tée par une sage-femme qui déclara n'avoir vu aucun des
organes propres h la génération, et que ce qui constitue le
sexe était occupé ici par un corps solide percé d'un petit
trou ; la femme même avança n'avoir jamais été réglée et
s'être néanmoins toujours bien portée.
» Un chirurgien nommé Déjaux fut ensuite appelé, et,
après avoir observé la même chose, il crut pouvoir, par
une inciMon dans les chairs qui interceptaient la communi-
cation extérieure des parties sexuelles, les développer et
leur rendre l'usage dont cette barrière les privait. L'opé-
ration fut fuite en i73ti, mais en vain. Le chirurgien, ayant
enfoncé le scalpel à la profondeur d'environ deux travers
de doigt, au lieu du vide qu'il pensait rencontrer, ne
trouva que dos chiurs très résistantes ; il jugea alors qu'il
n'y avait rien h espérer en allant plus avant, et qu'on
courait risque, au contraire, d'iutéresser le rectum et la
^f)/l VICES DE IIONFORMATION
tesste i il sv contenla dune il'eritrt'teiiir l'ouverture qu'il
avait faite, en la tenant soigneusement dilatée par le
moyen d'une grosse tente, et cette ouverturi-, qui n'était
autre chose que celle de la plaie, subsista toujours, mais
conserva toujours aussi la forme d'une cicatrice.
» La piiix régnu encore dans le ménage jusqu'en 17&3,
temps où le mari, dégoûté de sa femme, forma la demande
en cassation du mariage. I.evret et Saumet, consultés, rap-
portèrent, après leur visite, que l'orilice de lu vulve était
ouvert de manière qu'ony pouvait introduire deux ou trois
doigts jusqu'à In profondeur de deu\ a trois pouces, mais
qu'ils ne pouvaient aller plus avant, en étant empêchés par
une substance sulide qui bouchait l'orilice de la matrice }
que les vestiges de l'opération faite en 173A annonçaient
qu'elle n'avait pas réussi, parce qu'on n'avait pas suffisam-
ment débridé les parties qui faisaient obstacle, ce qui pou-
vait être arrivé par la timidité de l'opérateur, ou par la
prudence qui lui avait fait craindre de blesser les viscère*
souslrnits à la vue et masqués par l'effusion du sang.
u Les célèbres Ferrin , Petit et Morand, consultés
ensuite, décidèrent que l'opération avait été bien faite et
qu'elle aurait été le seul moyen de remédier b l'impuis-
sance de cette femme ; mais qu'il était uiitnrel de penser,
d'après les détails fournis par l'opérateur, que In malade
n'avait jamais été, ni avant ni depuis son mariage, pour-
vue dos paities nécessaires & la génération. La mort de la
femme eu question, arrivée à Lyon environ dii ons après,
confirma ce dernier jugement , car l'autopsie cadavérique
fit voir le vagin et la malrire ne formant qu'une substance
dore, compacte et sans cavité il). «
20* cause. -
(t) Cau»» eéUbra. I. Vil et X.
fgixif, 1. 1, p. aailetsaiv.
-Ffldéré, Méilttint
À
I
VrS ORC^NGS BITEBKES flE L.t tiliNBnATIO^. /|65
Sans doute le récil de Foil^rr laisse ilaiig l'nmbrn cer-
taines parliculoritcs qu'il eût été inléressnnt de ronnnitre,
ainsi, par exemple, l'esislence des grnndes et petilt's lèvres,
il est bit'n vrai que In No;;e-remine déclare n'avoir vu *
aucun des organes propres à la génération, mais plus lard
Levret et Saumet semblent admettre l'eaî.'^tcnce d'un vagin
incomplet, et il est probable qu'ils n'eussent pas manqué
de noter, si cela eût été, l'absence des lèvres génitales.
Quoi qu'il en soit, la matrice n'était plus cet organe
creui que l'on connaît; c'était un corps membraneut,
plein, sans ouverture, on un mot, ce n'était plus l'organe
de la conception, et cette IransforinBlion équivalait à une
Térilable absence.
Cependant il ne faut pas admettre d'une manière absolue
que l'absence du v^igin entraîne toujours et fatalemenl
celle de la mnlrice. M. Amussat n lu à l'Institut, le 5 no-
vembre 1835, une observation d'absence de vagin avec
présence, non-seulement de l'utérus, mais encore d'émis-
sions menstruelle.'. Le sujet était une jeune Allemande de
quÎDie ans et demi, dont le ventre, très développé par les
règles accumulées dans la matrice, ollVail h sa partie inTé-
rieure une tumeur volumineuse, dure, sensible à la pression.
La vulve était parfaitement couFormée^ seulement, en écar-
tont les grandes et les petites lèvres, uu lieu de rencontrer
l'ouverture qui s'y trouve ordinairement, on vojuit une sur-
face concave et lisse, presque au centre do laquelle était le
méat uriiiairc, situé beaucoup plus bas que dans l'état nor-
mal. Le doigt introduit dans le rectum sentait parfaitement
l'utérus distendu qui occupait toute l'excavation du bassin.
L'opération pratiquée par M. Amussat, et sur laquelle je re-
viendrai tout à l'heure, ne laissa aucun doute sur l'existence
de l'utérus et sur l'activité de sa fonction cataméniale.
30
VICKS ni rOWORHATlOS
[,L'sfiriiie»es de lii mnlricc [ipineiit t'fîolemcnt mannoer
ptrliellemt'iil ou J'utie matiifrre romplètc. daiii le» cm
d'abiciice du tn^in. la (iazelle des hâpiUmiy r8pi»orte,
d'aiirè* un journal onglais, que Soroli Riihanison, S^ie <le
loiïarile-iioiiïe ans, *lant tiorie d'une niiiladie chronique
des poiimt ■ "" 'i"gl-<luntro heures après.
Dorniil de ' iinncps îuivniilea : « L'oraira
droit n'eiil pi '^^ ettrémiiâ sup^rifUra ou libfC
Btlni'lié p"' ' 'Iroit ti'< P^tit "'C ovale. Un liga-
il ranil, t I o^nirc, se perd duns le tiitsu cellolatre
riëro le cot Ae la '*«•■•»(■. A h place de l'oiuîre gnurha
jne lutneitr fibreuse de Torme irri^giilièremeiil arrondie,
,ie par un li{;umfrit rond plus pvlil que celui du rAté
>it ci qui se rend de ni^me fi la vpsiie. Les trompes de
Fallope mariquetil ; le ti$su relluloîre pinré au-dessous de la
vessie faîl Taire au pi^ritoine situé derrière une li^gèrc saillie.
Irialgr^ les leclierches les plus etailes et les plus minu-
tieuses, on ne peut dtïcourrir aucune trace d'ulcrus. Les
parties eitcniesde la ^énénilion n'oiïrcnt rien d'anormal :
le mont de Vénus est h peine couvert de poils ; un cul-de-
lac d'environ un demi-pouce de prurundcur, situé ou-des-
)us de l'orinre de t'urètrc, constitue tout ce q' i existe du
icin. hes morne Iles élurent assez développées (I). »
Les détails dans les<)uels j'ai cru devoir entrer, i Toc-
ition d'une onomalie que quelques praticiens estiment au-
fgsus des ressources de l'art, se légitiment par l'eiamen
e je ferai tout è l'heure de l'opportunité des opérations
e l'on a proposées, pour détruire celte infirmité, car on
itnprend déjjk que si l'absence du tagin enirntnait toujours
jlle de la motrice, il n'y aurait oucun motif qui pût déci-*
{\)Gasettt dtt hôpitaux, mn. I84i,n' 93, supplèm,, p. 430, M
tmidon nitiito-thirurg . (rantactiOKt, l. VI,
DES ORGANES EXTERNES DE LA GÉNÉRATION. t\61
der un chirurgien honnête et jaloux de son honneur & tenter
rétablissement d'un vagin artifiriel. En elTet, dans la très
grande majorité des cas , (|uand l'urètre ne participe pas &
Pocclusion vaginale, ce n'est qu'à TAge de la puberté que
Ton s'aperçoit de l'anomalie qui m'occupe; jusqu'alors
l'attention se porte rarement vers un appareil que Ton sait
ne devoir entrer en Fonction que plus tard, et la sollicitude
des parents ou de la malade ne s'éveille qu'à Tépoque où
apparaissent d'ordinaire les premiers symptômes de cette
activité.
L'absence des règles, car c'est là le premier signal qui
sollicite l'attention, n*est accompagnée d'aucun dérange^
ment dans la santé générale, ou détermine tous les accidents
qui suivent d'habitude l'aménorrhée.
C'est sur celte diiïérencede sjmplomalologie que repose
l'importante question de la nécessité d'une opération.
Quand l'utérus existe, qu'on peut en constater la présence
à travers les parois abdominales, et que les règles, retenues
dans son intérieur, l'ont forcé h un développement anormal,
il est de toute éviilence, qu'à moins de contre-indications
trop formelles, l'opération doit être tentée.
Quand la matrice existe, mais lorsque les menstrues n'ont
donné aucun signe de leur |)réscnce, et que la santé géné-
rale n'est pas altérée, la prudence et Thonneur de l'art exi-
gent une sage réserve, et la temporisation me semble alors
de toute rigueur.
Si, au contraire, comme dans le cas rapporté par Fodéré,
la matrice est atrophiée, si les règles font défaut, et si la
santé générale est bonne, tout se réunit pour s'opposer à
l'opération, et le chirurgien ne devro jamais compromettre
son ort pour faciliter un coït dont le but final, la féconda-
tion, ue pourrait être atteint.
^68 vrCES ne comoiiiiatk»
Après nvoir hirn IJniilé les ni!) ilaiis lesquels l'opi^ralloii
iJoit ëlre prati<]U(!e, les cliirurgjcns se sont demandi^ à (juvlk
ûpoqiic ro|i<!rntion devait être entreprise. Il me semble
qu'une bien grande incertitude ne peut régner à cet égnrJ.
Si le cbirurgien, averti de bonne heure, upère avant l'entier
développement des organes, il double les chnm-cs tnallieu-
reuses de l'opération en augmentunt les facilités d'intéresser
le rectum ou la vessie, et en se privant, comme point de
repaire [lour conduire le bistouri, de la tumeur sanguiae
produite par les règles accumulées dons la matrice.
CependanI, s'il attend trop tard, c'est-à-dire s'il attend
que plusieurs mois se soient écoulés depuis l'établissement
des menstrues, l'opération, il est vrai, en sera peut-être
plus Tacile, mais tes accidents consécutifs seront à coup sûr
et plus nombrcui et plus formidables.
Il convient donc d'attendre l'approche des premières
règles, mais il importe aussi de ne pas tempuri.<er au point
de permettre leur accumulation dans la matrice.
Une fois l'upération résolue, le cliirurgien, avant de
s'armer du bistouri, devra bien se convaincre qu'il va porter
l'instrument tranchant entre deux organes importants, très
rcpprochés, et dont la lésion est toujours grave ; un s vu la
mort résulter de la blessure de la vessie, ou tout au moios
des fistules très difticilesà guérir.
Pour se mettre en ganlc contre de pareils accidents, les
précautions les plus minutieuses sont indispensables : U
faut d'abord introduire une sonde dans la ves>ie et ensuite
['index de la main j^auche dans le rectum, n\ec lequel on
Ts à la reciierche de la sonde à travers les tissus dont oo
peut ainsi mesurer l'épaisseur; de cette fa^on, on s'nssore
fi l'oblitération du vagin est complète, ou si ce canal foroie
le cul-dc-ptac qui reçoit le col utérin. Dans ce cas, le cul-
I
DES OBUANËS EXTERNES PE LA GÉNÉRATION. q69
de-sac oiïre une rt^sislance assez cotisidéruble par suite île
raccumulntion du sang menstriiel i^ui s'} est faite.
Quand toutes ces précautions auront i^té prises, et quand
la vessie sera vidt'e , l'opérateur confiera la sonde h un
aide, et laissera son index f;auche dons le rectum, afin
d'avoir un guide dans In voie qu'il va tracer.
A quelques lignes au-dessous du méat unnaire dont la
position lui est indiquée par la sonde, le chirurgien prati-
quera une incision dans le sens des I6vres génitales, et pé-
nétrera plus avant dans la direction du vagin , selon l'iixe
du petit bassin, et ira ii la recherche du col de l'utérus.
Celle partie de l'opération, véritable dissection, sera
faite lentement et avec précaution; on comprend la pru-
dence qui doit présider à chaque coup de bi-slouri, afin
d'éviter tes deus urgnnes entre lesquels on chemine, et pour
oe pas intéresser lu col de l'utérus lui-même. La main de
l'opérateur, quittant le bistouri, devra souvent exjilorcr la
plaie et s'assurer de la position de la sonde et de l'index
resté dans le rectum. Si la nature des adhérences le per-
met, il vaut mieux déchirer avec le doigt le tissu cellulaire
qni unit les parois vaginolcs que de le disséquer atec le
bistouri, car quelque attention que l'on apporte, on n'est
jamais sûr de nu pas touchi'r la vessie ou le rectum.
Knfin, si le cul-de-sac existe, et si l'on a constaté l'exis-
tence d'une tumeur sanguine, il convient de ne pas ouvrir
celte dernière par une large incision qui laisst^rait sortir
tout h coup tout le sang accumulé. M. Vidal (de Cassis]
propose de faire une petite ponction a>ec un de ces trocarts
h robinet ou h soupape qu'on a imaginés pour vider les
cmpjèmes sans permettre l'introduction de l'air dans les
cavités pleurales. Après l'écoulement de tout le liquide, on
ferait usage de corps dilnlanls pour agrandir le canal que
VICKS IIK (.UNFOHHATIOÎI
l'on a cri'iisÈ et lui pi-rmetlrL" rie compl^tir ses paroit,
ComiDi' on le ilolt comp rendre, le rétablissemi'nt ilii vugjo
pstune opi^ntioii excessivement (^rnve, et Ji ce potnl, que
Boyer, malgré les rfaiigerii ijue fuit courir h lu femme la
rétention du sang inenDtruel, con.«eille île >'abalenir. " J'ai
Vu pratiquer trois fuis celle opération, ilit M. Vidal (de
Cassis), et trois Tois In mort en n H& la con<«^i{ucnce plu»
oa moins promplc, Let> ninlailes ont iiuccombé è une espèce
lie fièvre qui utuit la plus (•rnnile aiialogie avec la lièvre de
résorption. Il paraît qu'nprè» l'évaruntion promjiti' ite l'hu-
meur qui était depuis luii<>temps accumulée dans U ma-
trice, cet orgunc ne revient pas assez promplement sur lui-
même ; l'uir [léiiëtre itaiis sa cavité j de là dc!i occidents qui
ont une grande niintogie avec ceux qui succèdent i l'inertie
de la matrice !i|)[ès l'écouli-menl, et avec te qui iirriie h la
suite de l'ouierturc de certains abcès symptomaliques h
larges poches (l). a
L'accident signalé par M. Vidal, s'il n'est complètement
prévenu, est au moins assez considérablement aiïaibli par ta
modification que cet auteur lui-même pro|iose, pour qu'il
ne soit pas une contre-indication formelle à l'opération.
D'oilleurs a cdlé des cas mallmnreux notés jiar les au-
teurs, la chirurgie compte quelques succès qui peuvent au
besoin engager è l'opération.
Mais si ces considérations étaient insufllsantes poar
lever tous les scrupules, on pourrait recourir au procédé
en plusieurs temps qu'employa M. Amussot dans l'obser-
valion dont j'ai déjii parlé.
Voici ce procédé tel que le décrit M. I^Iatgaigne : <• Une
jeune Rlle, de quinze oiis et demi , avait le vagin obli>
(0 TVoiU d* pathologie exurn*. l V, ch>p. it. irt. ni, 4* idiu
Puia, IBSS.
DES ORGANES EXTERNES DE LA UÉNÉKATION. j|71
téréau moins dans les deux tiers de son étendue ; au-dessus,
les règles accumuli^es formaient une tumeur fluctuante. La
malade ajant été préparée par un bain, un lavement et
un cataplasme sur la vulve, le chirurgien, armé d'une
grosse sonde droite, en appuya l'extrémité au-dessous de
l'urètre, là où rorifice du vagin aurait dû se trouver, et
poussa dans la direction du vagin, de manière à refouler la
muqueuse et h produire un léger enfoncement. Il répéta
cette manœuvre avec le petit doigt, après avoir mis au
préalable un autre doigt dans le rectum pour servir de con-
ducteur; la pression fut douloureuse, mais déjà efTicace, et
l'impression du petit doigt resta. Pour mieux atteindre son
but, il attira alors le périnée en arrière en le pinçant avec
un doigt dans l'anus et le pouce dans la vulve, tandis que,
d^autre part, il cherchait à attirer en haut l'urètre pour
récarter du rectum et laisser plus d'espace entre ei|x. Il
resta un trou sans déchirure ni effusion de sang. Pour con-
server cette dilatation, on plaça dans ce petit enfuncement,
en forme de doigt de gant, une éponge préparée. Trois
jours après, on répéta Tintroduction et l'impulsion du doigt;
on introduisit deux doigts pour opérer une distension plus
forte; il y eut en ciïet un véritable éraillement dans la
muqueuse avec effusion de sang. On remit l'éponge pré-
parée. Après cinq autres tentatives ainsi faites h un ou deux
jours d'intervalle, on avait créé un conduit artificiel de près
de 6 centimètres de longueur : alors , ou fond de ce con-
duit, on dirigea sur l'indicateur un trocart qu'on plongea
dans la tumeur. Puis on remplaça le trocart par le bistouri
garni de linge dans les cinq sixièmes de sa lame ; il n y avait
plus qu'une épaisseur de 12 à 15 millimètres à traverser.
Il sortit de 350 h 380 grammes d'un sang gluant et noi-
râtre. On introduisit dans ce vagin nouveau une grosse
473 VICES DE COKVnnMATinN
canule en ^ominc élastique j et a|irès divers acciilenU li
gaérison s'ucheva , l-( elle dure déji depuis plosieml
années, u
A cet euposi^ de la ronduile du M. AmuMat, M. Mat-
geigne ajoute son expérience personnelle : « J'ni eu k Taire,
poursuit-il, une opération analogue sur unu rt'mine ijai
avait eu le viigîn oblitéré à la suite d'un accourbement. Je
commençai pnr iHmsct In ricotrico (extérieure ijui arri>ait
presque au nivirnii de la vulve ; puis, après la première
émission, je (lérliimi \v» partios avec l'indicateur poussé
en avant, rt éinr^is.sant liMoic de droJti- à gauche jusqu'à ce
qu'eulin je lombni dans une petite cavité où je riconnus le
col utérin. Il fallut maintenir le vagin dilaté pendant plot
d'une anni'c avec des tentes de gentiane ; mais enfin il per-
sista et se prêta porr^ilemcnt aui relations conjugales. La
femme n'est pas devenue enceinte jusqu'à présent (1). »
Rétrécissement du vagin. — L'altération de la capacité
du xagin ne porte pas seulement sur son diamètre trans-
verse ; toujours ce canal oblitéré ou rétréci a une longueur
bien inférieure ii celle qu'il présente dans l'état normalj
les fnils observés et rapportés par Bail lie (2), S. Morand (5),
Caillot (A), Cliau>sler (5), ne laissent aucun doute à cet
égard ; j'ai constaté moi-même celte diminution dans la
longueur du vagin chez une jeune fille de dii-neuf ans, que
l'étroitesse de cet organe empêchait de se livrer è la pro-
stitution.
(\) Manuel de mrittciae optraloirt, 6' édit., p. 703-703, Paril,
1854.
(i) Analomie iialliologiijue.
(J) 0,miiul(»il--clii,-irgie. Paris. 1768.
[i] .Vcmoires ite lu SociéU^ mêjtriilr litmuliition.
(5) tiullrlin île ta Facnllé île mrdi-fiitr de Parié.
I
DES ORGANES EXTERNES DE LA GÉNÉRATION. A.7â
L'étroitesse du vagin est quelquefois limitée sur un point,
mais le plus ordinairement elle occupe le canal tout entier.
Nysten a inséré, dans le Journal de médecine de Corvisart
et de Leroux, une observation sur laquelle je reviendrai
longuement ailleurs, et de laquelle il résulte que l'ori6ce
du vagin présentait seul un resserrement énorme.
Mais, ainsi que je viens de le dire, c*est le plus ordinai-
rement sur toute la longueur du canal que porte Tétroitesse;
les faits de ce genre ne sont pas très rares ; je n'en rappor-
terai que deux exemples, remarquables, le premier par sa
disparition naturelle, et le second par le traitement mis en
usage et dont le succès doit engager à imiter l'auteur en
de semblables circonstances.
Le sujet de la première observation, consignée dans les
Mémoires de l'Académie des sciences de Paris^ est une
jeune personne dont le vagin [louvait h peine admettre une
plume à écrire. A chaque époque menstruelle, elle éprou-
vait dans la matrice une tension douloureuse très forte, et
les règles coulaient avec une très grande difficulté. Mariée
à Tége de seize ans h un homme jeune et vigoureux, elle
ne put recevoir ses embrassements, et, visitée par des mé-
decins, elle fut déclarée par eux impropre a la copulation.
Cependant, après onze années d'impuissance et de stérilité,
et sans que le vagin eût acquis une capacité plus grande,
cette femme devint enceinte; son état, on le comprend,
inspira les plus vives craintes, car on prévoyait que Tac-
couchement serait impossible par les voies naturelles.
Mais vers le cinquième mois de la grossesse, le vagin com-
mença à se dilater, et sur la fin, il avait acquis les dimen-
sions convenables pour permettre la sortie de l'enfant (1).
(4) Mémoires de l'Académie des sciences de Paris.
47A VICES UB COKFOnilAriOIl
Ce fait e!<t cxce^sivettiL'iit rcmari]uable |>ar la terminaÎHoii
qu'ila présciilt^ei il e^t |»ri)t-étrc Ipsi'uI ilaiis la fcipnre, et
en face d'um- exception mm rare, il } nurail l'ulie k s'abi-
teoir et k cumplcr sur la nnlure.
Dans le» cas <lc eu genre, il faut que l'url interricnne, et
je vais dire, eu rncontont le seconil fdit c|ue j'ai choi»i, de
quelle matiii-rc se doit Taire cette irilervcntion.
Le vagin iW'. lu rumme cii question étiit à ce point res-
serré dans Inuk- >oti étendue qu'il pouvait è peine admettre
le lujBU d'utiir plume û éciire. Mari£« îi uu horoine dool la
force vjriti' it'ét;!itpa!i deuteuNe, celte infnrlun^e ne put lui
faire goAttr les plaisirs de la couche nuptiale, cl elle allait
voir son mari.-igi' dcclari^ nul, quiind liincvoli consulté mit
en usage lu iiit-ilic.i(ion cuivaiile : il emploja d'alinr<l lea
fonicnlalioii'- îiiiullii-iilo.^; ensuite il inlru(lu'>il un pessuire
de racine de genliiiiie dans toute la longueur du canal,
comme s'il se lui agi d'a^nindir uni' iislulo, et il augmuiila
progrcssivemcnl le lohinie de ce pcssiiire jusqu'à ce qu'il
put le rcmpliicer par b moelle d'une lige de maï>, et arriver
ensuite à l'éponge pré|iaréo. Ces diverses substances, en
s'iniprégnanl des niuto>ités vn^inales, ^e gonflèrent, dila-
tèrent proj;ressivemenl le vagin, et le rendirent apte à
remplir ses fonitious (1).
Il suffît il'indiquer celte médicaliun pour que tout le
monde en comprenne les avantages, et <|ue, dans nii cas
pareil, on suite l'ingénieuse et sage conduite de Uenetoli.
Obturation du vat/iit. — Cette anomalie est constituée
par la présence d'une membrane plus ou moins rénislante
et placée plus ou moins haut dans l'etcavulion vaginale.
(!) Vin-SwiHen.Commenl in aphoriim. Boerh., § 1Î90, et Boyer,
Malad. ehirurç., I" édil., l. X, p. 340.
DES ORGANES EXTERNES DE LA GÉNÉRATION. 475
C'est une véritable cloison qui coupe le vagin en deux : une
partie supérieure, et une partie inférieure. Nous verrons
tout à rhourc, dans les cas de bifiJité, cette cloison se
diriger dans le sens vertical ot diviser le vagin en deux por-
tions latérales.
La cloison obturatrice dont j'ai à m'occuper ici est tantôt
incomplète et tantât complète. La distinction, on le com-
prend, est de la plus haute importance sous le rapport de
la stérilité.
Une des observations les plus remarquables de cloison
incomplète que possède la science, est celle que rapporte
J.-L. Pelit.
Le sujet est une jeune femme que noire chirurgien avait
examinée alors qu'elle était encore iille, dans le but de
constater les dimensions du bassin. Après avoir reconnu la
bonne conformation de cette partie, J.-L. Petit se refusa
de visiter les organes internes de la génération, ne voulant
pas détruire les signes de la \irginité.
Ija jeune iille s^étant mariée, et le motif allégué par le
chirurgien n*e\istant plus, celui-ci reprit l'examen inler-
rom|)U, et con*;tala ce qui suit : « Je trouvai, dit-il, au-
dessus de rorifice du vagin, une tumeur de la grosseur d'un
œuf, laquelle s'élargissait en montant ; comme la malade
ne souffrait point, je portai mon doigt aussi avant qu*il me
fut possible, et comme si j'avais percé une poche, il sortit
en abondance du sang rouge et fluide, puis des caillots
noirs, et en pressant tout Tespace qu'occupait la tumeur,
je la vidai tout entière; puis portant mon doigt au-d(*ssus,
h droite et à giuche, je recormus que cette poche avait la
forme d'un panier de pigeon^ ayant son fond en bas, et son
ouverture, qui était fort grande, était en haut, de manière
que le sang menstruel, au lieu de sortir, tombait dans cette
A76 VICBS DB COItFORMATIOK
poche Qt la remplissait au point <{u'elle rormait une tunienr
qui boucliait tout le vagin. Tout ce que jf viens (Je dire se
pessa sans douleur. Pour remédier ii cet accident, (]uo]t|ae
la membrane qui formait celle poche eùl l'épaisseur d'un
écu, je fus d'avis de la Tendre dans presque toute sa Ion-
gueur ; et si l'on m'avait cru, cette dame ne serait pas morte.
»0n consulta à mon insu dirTércDles personnes, i|ui
rejetèrent bien loin l'idée de celle opération, el en tirent
une description telle que la nà-re, le gendre et In lille en
furent elTrayés.
uOn conseilla un pessaire, qui, introduit cl placé à pro-
pos, au commencement ilos règles, presserait lu poche el
)o tiendrait appliquée contre le vagin , pour empêcher
qu'elle ne se remplît, pendant que le snng coulerait libre-
ment (lor l'ouverture du pessaire. Cette idée fut suinc. La
malade eut ses règles ; le pessaire réussit pnrrailement, el
l'on crut la malade guérie. La dame dei int grosse ; la gros-
sesse se passa s.ins incommodité; l'accouchement ne se
passa pas (le m^nie ; la poche en foi me de panier de pigeon,
h laquelle un ne sungeiiil plus, <.! dont lii sage-Femme ne
fut point prévenue, relarda longtemps l'aicouchemcnl, et
s'étaiit enfin déchirée, un lira heureusement l'enfant, que
l'on trouva mort; mais lu tète avait été retenue si long-
temps au passage i|uc lu poche, le vagin el la vessie, qui
avaient été fort comprimés contre le pubis, tombèrent en
gangrène ; je fus appelé k ce désastre : le déchirement et II
pourriture régnaient dans tout le vagrn et lu vessie, el la
gangrène attaquait mémo l'urètre, le clitoris, les njmpbei
et l'intérieur des grandes lèvres, etc. (1). >>
(!) alH.
itHpItUf.
■ TraiU dei nuiladhâ chininj., Paris,
tl4t. p. 7»t.Mil. de la Bibliothèqvt ehimrgitalt
À
DES ORGANES EXTERNES DE LA G&NÉRATION. &77
Comme le voulait faire J.L. Petit, qui se trouvait en
présence d'une véritable valvule, Texcision de la cloison
651 la seule ressource que l'art mette à notre disposition.
Quelquefois, surtout quand l'obturateur n'est ci trop
étendu ni trop épais, on peut se contenter de le fendre en
deux, soit avec les ciseaux, soit avec le bistouri, et les lam-
beaux, en se rétractant, se perdent dans les plis du vagin
et ne sont plus un obstacle h la copulation et à la sortie des
règles.
Mais si la cloison était très étendue, sans être cependant
complète, et si elle était constituée par une membrane dure,
épaisse, calleuse, il en faudrait faire l'extirpation entière,
opération qui, grâce au spéculum, n'oiïre aucune difficulté.
Quand la cloison est complète, c'est-à-dire quand elle
produit l'efTet d'un diaphragme placé en travers du vagin,
le diagnostic, surtout a l'âge où s'établissent les menstrues,
ne peut s'égarer. Outre le sentiment de pesanteur que la
malade éprouve du côté de la matrice, outre le développe-
ment de l'abdomen dû à l'accumulation du sang dans l'uté-
rus, les règles, pressant sur la membrane qui forme la cloi-
son, la refoulent en bas, et constituent ainsi une tumeur
fluctuante que l'on aperçoit à l'entrée de la vulve quand
l'obstacle est placé assez bas, mais que Ton reconnaît tou-
jours en introduisant le doigt dans le vagin.
L'indication à remplir se devine.
Quelquefois le sang accumulé brise par son propre poids
la membrane, et épargne ainsi au chirurgien un coup de
bistouri ou de trocart.
Mais le plus ordinairement, l'art est obligé d'intervenir
et de donner issue au liquide, sauf à couper ensuite leslam*
beaux flottants dans le vagin.
Les exemples d'obturation vaginale sont moins rares
- (78 VICKS ns r.ONFObMATIOtl
qu'on ne pen<i(^; i\mbfoi!tePurô, rtuyM-h.Fabriredellilden,
Benefoll, J.-L. Petit un rapporletil |i|ii!'ieui'!>, et l'on en
rencontre Un as^i-t ^roiid nomlirp dnitt Ips recueils et le»
Journaut de mt^dprinc.
Bi fixité du vagin. - Ainsi (jiieje ie dicais iihi-; haiit, la
cloison dont ji- vietiji de [larler, au liuu d'élre triinmeMnlc,
dl*[ibrsgtnaiii[tir, peut être Inn^iliidinnlo, c'i>st-ô-dîrc dan»
le Déni de l'iuc du v.if:iii, el partngcr nin»! ce connl on dcui
portion!! laliViile». Celle cloison u.ot tanldt incomplète ct
(aniAt compti'ic.
Elle est iricoTn|ilètG i|iianil elle n'ocrupe pns Intttc la
longueur du can;il. ({u'elle Romraencc ii un [luiiit plus oo
moins éloigni^ de la vuUc.
Elle est (om[iK'to, nu contraire. (|iiaiid elle divise le tn^iin
dann tnnlc «ton élcnilu<.> ; assez généralt-meiit niors, ta nia-
triie cllc-mômc pnriii'ipc ù cftlo anomalie, et pri^senle une
bilidité sur Iii(|uellc j'auroi h rrvfiiir plus Inrd. Dont-e a
inséra, dans les /archives de médecine, une obsirinlion de
ce grnre recueillie sur une femme mortr à l'IIÔtcl-Dieu,
et ft br|uell(-je dois donner ici une place, pour mieux Tuire
comprendre le vice de conformiitinn dont il s'agit :« Une
membrane continue, dit-il, divisait le va->in dans toute la
longueur, à jiartir du m6nt uriniiire et de In commissure
postérieure de la iul>e jusqu'au milieu du col utérin. Cette
cloison avait environ une demi-ligue d'épai^^ieur ; elle était
ferme, rt^istante, lopi«sée de cbn'jue cAlé par la membrane
mu(iueu>e vaginale, qui .«e continuait de ji.irl et d'autre sans
interru|>ttun. I.e col de lu matrice ne formait point de saillie
ap{iarcnte dans la cavité de ce double va^i[i; son eitré-
mité inférieure était plutât aplatie qu'arrondii' ; h droite et
a goucbe de cette >urface, on voyait deui simples trous de
Tonne ronde, de 1b grandeur d'un petit tujau de plume,
DES ORGANES EXTERNES UB LA GÉNÉRATION. à?9
n'étant point couronnés par deux lèvres, ne présentant point
l'apparence de fente transversale comme dans Tétat naturel.
Ces trous aboutissaient isolément dans une loge correspon-
dante de la matrice, dont la cavité était ainsi sé|iarée en
deux par un septum médian. Vers les angles supérieurs de
cet organe, existaient deux prolongements latéraux d*un
ponce et demi à deux pouces de longueur, ajant le volume
du doigt, une texture identique avec celle des parois uté-
rines, dont ils étaient une continuation, une forme arrondie
et conoide, se terminant enfin par leur sommet en donnant
naissance aux deux trompes. La longueur de ces derniers
canaux était, à partir de ce point jusqu'à leurs pavillons^,
aussi grande que dans Tétat naturel. Le corps de la matrice
ar ait un très petit volume ; sa hauteur, jointe à celle du
col, était seulement de deux pouces; sa texture ne diiïérait
point de celle d'une matrice ordinaire; elle ne paraissait
point avoir été en aucun temps le siège de la fécondation.
Les ovaires étaient petits et comme ratatinés, l'urètre et
le clitoris bien conformés (1). »
La bilidité, car, en définitive, c'est à ce point de vue
qu'elle nous intéresse, peut-elle empêcher la copulation?
Rigoureuscmenl, elle ne constitue pas une impossibilité
absolue, un obstacle infranchissable, mais elle est une gêne
et une source non douteuse d'ennuis et de douleurs pour
les deux conjoints. Une jeune fcmme^ dont la bifidité du
vagin était incomplète, pouvait se livrer h la copulation, il
est vrai, mais avec de telles précautions qu'elle réclama mes
soins pour être débarrassée de cette infirmité. La verge,
en pénétrant dans le canal, heurtait quelquefois le bord
inférieur de la cloison, qui était à peu près à deux travers
(4) Archives générales de médecine, ann. 4 829, t. XX, p. S3S.
ARO VICES DB r.ONFOBMATION
Je doi{;l lie l'orifice vuWaire, el ce clioc nVloil pas «ans dou-
leur pour riinmme et surtout pour la Tenimp ; dons tous les
cas, quel que Tilt le cAté où su logeât la verge, la poche
vaginale n'ayonl plus que la moitii^ de $a cnpacilé ordinaire,
était distendue outre mesure, et celte distension faisait da
coit un sujet coiistunt de souiïrances.
A ne considérer que l'acte copuLi leur, l'opportunité d'une
opération ne snuniit être douteuse ; maïs quand la bifidité
du ïDgiii se prolonge jusqu'au col de l'utérus et pénètre dan*
cet organe, il peut être utile de s'abstenir et de laisser sub-
sister un obstacle au coït, atin de prévenir tes accidents
ultérieurs que déterminerait it cotiy silr une grossesse; ctr
le produit de lu conception, en se développant dans une
cavité trop étroite, ï'il ne succombait pas lui-même, pour-
rait bien déterminer la rupture de la poctie utérine dans
laquelle il serait contenu, sans parler des douleurs nom-
breuses qui accompagneraient cette distension Forcée; et
puis la cloiiion longitudinnle partageant en deux, comme
dans l'observation de Dance, l'ouverture inférieure de la
matrice, on prévoit quelles diflicultés, et même quelle im-
possibilité, présenterait l'accoucbement.
Par toutes ces considérations, dans les cas de bifidité du
vagin et de l'utérus, j'estime qu'il convient de respecter
l'obstacle apporté par la nature k l'entraînement de la pas-
sion, et de considérer la cloison vaginale comme une sage
prévision de la providence.
Mais quand Ij bilïdité n'intéresse que le vagin, quand la
matrice reste étrangère k cette anomalie, «n est autorisé à
débarrasser ta femme d'une iuKrmité qui, outre les ennuis
dont cite remplit son etislence, serait, dans le cas de gras*
scsse, la source de nombreux acciilenl« au moment de la
parturition.
À
DBS ORGANES EXTERNES DE LA GÉNÉRATION. &81
Communication du vagin avec les organes voisins. —
Les organes avec lesquels ces communications s'établissent
sont Turètre, la vessie et le rectum; elles s'opèrent par des
solutions de continuité des parois vaginales, et constituent
ainsi des Gstules qui presque toujours sont au-dessus des
ressources de l'art.
Au point de vue exclusif de la copulation , le dommage
n'est pas grand, car le coït est toujours possible; seule-
ment ces dispositions, en laissant sortir par le vagin, soit
les urines, soit les excréments, inspirent le dégoût, et de-
viennent ainsi la source de répulsions morales.
Il n'en est pas de même au point de vue de la féconda-
tion qui, ainsi que je le dirai plus loin, peut être profondé-
ment atteinte.
Les communications du vagin avec l'urètre et la vessie,
quoique peu fréquentes, se rencontrent cependant plus
souvent que la communication du vagin avec le rectum.
J.-L. Petit rapporte les deux exemples suivants des deux
premières anomalies : «J'ai vu, dit-il, une fille à l'âge de
quatre ans, qui était venue au monde n'ayant ni urètre, ni
nymphes, ni clitoris: elle avait un vagin assez large; mais
n'ayant pas d'urètre, ou du moins la partie de ce canal où
se trouve le sphincter manquant, elle rendait involontaire-
ment ses urines; j'en ai vu une autre qui avait tout l'exté-
rieur de la vulve, le clitoris, les nymphes et les grandes
lèvres bien conformés, mais à qui il manquait tout l'urètre
et le col de la vessie; elle rendait ses urines à l'entrée du
vagin par un trou assez large pour y mettre le petit
doigt (1). »
(4) Œuvres complètes y édition de la Bibliothèque chirurgieals ,
p. 798.
31
fKtS Df rWtVOHATIOII
L*Mmrtur« ia tai;in dtnt le reftum e*t nnmftmtnl
ntt, ft d« pamiivs ul»enatr'>iii, (t'(i|irè« Boyer, n'oni Hé *
hile* t|u'un lrè« gielit nombre d« hit : on cm Irume un
fli«in|t(« lUii» l« Jtnimal dej mvtmts, annif 1777, pI on
skoimI daii* l« Mémoires fie Berlin, innée 1774- L'illuMre
«eirt^uiri' de l'Acadt-mie dt- L-liirurgic, l.ouîs. en dir on
troÎM^'' eiempte sur lequel jo rfetnainle \a pcrmisiion Jb ^
Bi'arr4ti>r un initttint.è rau^fl desrirronManre» qui t'accoiiM ^|
pogiièrent l^l dtà la diftfusiiioii è laquelle il dunna lieo, et (|«f ^|
et| Tort |>eu cuiinue.
llniiK une Ihé^ soutenue 80U!i ^a pri^«ideiire aui éctifes
de rliirurgîp, et dont len bibliomane» D'iicrnrdpnl h lui attri-
buer la (laternité, Loui» raconte qu'une Jeune fille, chei
laquelle il n'existait aucune trace des parties eiterneu de la
génération, i^tait r^gli^e yor l'anus. Son amant. |ioiir«uil-il,
lui arracha l'aveu de ce vice de conformation, et, dan* sei
transports amoureut, il la supplia de lui permettre de s'unir
à elle par la seule voie qui lui restait : elle y consentit, de-
viot enceinte, et accoucha à terme, par l'anus, d'un enfant
bkn constitué (l).
Comme conséquence de cette observation , Louis de-
manda aui casuisles si une femme , privée de vulve, était,
(I) Voici m enlier le l«ite même de c«(ta curieuse obaervalkm :
< Alii i m perron lion 19 «pparentis «pecies liic manel recensenda de qui
• DOn ita pridem Psrisiis vidimus eiemplum noLatu dignum, veroicale
■ in Bcademiarum commentariis non Iradendum, ob verecundiam dere
■ pudendi Mrvindim. Adolefcentola in quA naiiom vuIveb et vaginn
• veaiigivm, par anum pui^aliooM menalruat pauettitur : eam rir
> quidem adamavii, et buic quA data vjA se commisil, non tangaarii
■ transiliens vada, quod alibi neraoda ruissel telidaE in hoc casu Fuit
• (ecnndùm nalurœ intenlum. Gravida enim facta fœtum lempore
• opportnao enlia est, laceralo ani aptiinciore. An uxore aie dispositt,
• ttti Tu ait judiceoi (beologi moralesï i
DES ORGANES E1TBRNES DE LA GÉNÉBATION. /^SS
oai OU non y en droit de chercher dans l'anus In voie de la
propagation. Les théologiens s^émurenl, des cris de répro-
bation s'élevèrent contre le célèbre chirurgien qui ne tarda
pas à avoir contre lui le parlement et la Sorbonne.
Il fut interdit.
Cependant la question n'était pas neuve pour les ca-
suistes et avait été bien longtemps avant Louis approfondie
par les pères Cucufe et Tournemine. A ce problème : An
imper forcUa mulier possit concipere? les deux savants
pères que je viens de citer avaient décidé « qu'une fille,
privée de la vulve en apparence, devait trouver dans l'anus
des ressources pour remplir le vœu de la reproduction. »
Sanchez, le fameux casuiste espagnol que tout le monde
connaît, avait partagé l'opinion des pères Cucufe et Tour-
nemine, et cependant , malgré cette unanimité de trois
grandes lumières de la théologie, les papes avaient fait un
cas résc^rvé aux jeunes filles qui tenteraient cette voie.
Louis, par sa question indiscrète : Anvxoresicdispositâ^
uti fas sit judicent theologi morales? mettait donc en
suspicion les décisions de Rome, et justifia jusqu'à un certain
point les rigueurs exercées contre lui par la Sorbonne et
le Parlement.
Cette affaire, on le comprend, ne se passa pas dans le
huis-clos, et le problème, fort débattu en France, fut de
nouveau soumis à la sagesse du souverain pontife. Le pape
Benoît XIV, qui portait alors la tiare, plus philosophe et
plus éclairé que ses prédécesseurs, permit l'usage de la
parte-poste dans le sens du père Cucufe.
En présence d'une pareille décision et en souvenir da
fait rapporté par Louis, Pougens n'hésite pas h donner le
conseil suivant : « Les jeunes femmes stériles seraient peut-
être autorisées, ou devraient, au contraire, tenter lea deux
I ORflAMQieS ne L APPADEIL COl'UIJlTRtiH.
I, yuui n'assurer de lu véritable route <Je lii propags-
^tnme on le voit, Puugciis répudie cette maiime de Iji
wgesse des notions : Dans le doute, abstient-^oi.
CHAPITRE II.
LftSIONS OnSAMQL'ES DE l'aPPARKU. r.OPl'LATEl'M.
Ce chnpiire liera un des plus courts de l'ouvrnge, car «
Im diverses aflerliong qui peuvent } iîfjurer ont vue impor-
tlDce nsfcz grande dans la palliologie ^^nérale des organes
gAoiUux de ta femme, elles ne présentent qu'une valeur
SMondaire ou point de vue qui noui* uecupe.
Ces aiïections sont lontei plus ou moins douloureoMs, et
l'augmentation des sourTrances que déterminerait k coup
sAr la présence d'un corps étranger mis en contact avec les
parties malades, est un motif suffisant pour faire redouter
aux femmes l'acte du coït. Cette abstention est, il est vrai,
momentanée, et prend sa source dans une série d'accideats
qui ne rentrent que d'une manière subsidiaire dans le cadre
de mon sujet.
Je ne m'y arrêterai donc pas davantage.
Mais si ces phénomènes morbides, en tant qu'ils consti-
tuent par enx-mèmes un obiilacle è la copulation, méritent
à peine d'élre mentionnés dans un ouvrage de la nature de
eeluÏM'i, il n'en est plus de même quand on les étudie dans
leurs conséquences, et qu'on les considère comme causes
déterminantes de l'impuissance chez la femme.
Et, en effet, un des résultais les plus fftcheui, h notre
point de vue, (\ae ces affections peuvent produire, est te
(I) Dielitimain tt» mêdediu praitçi», t. IV, p. (626, 3* édit.
LÉSIOBIS ORGANIQUES DE l'aPPAREIL COPULATEUR. /|85
rétrécissement ou Toblitération du vagin ou de la vulve,
soit par l'agglutination immédiate des parois vulvaircs ou
vaginales^ soit par la formation de brides ou de callosités.
Les plaies, les ulcérations, les eiroriations, les déchi-
rures, l'inHammation, elc, peuvent amener l'un ou l'autre
des accidents que je \iens de signaler, et les exemples n'en
sont pas très rares dans la science.
Paul de Sorbait raconte qu'une jeune fille s'étant endor-
mie sur un vase, dans lequel elle avait placé dos charbons
pour se chauffer, brisa ce ^ase et se bnlla toute la région
du périnée, de la vulve et du pubis. Cet accident, mal soi-
gné, détermina la réunion des grandes lèvres, et ne laissa
plus entre elles que deux petites ouvertures, l'une près de
l'anus et l'autre au-dessous du pubis. La femme devint plus
tard enceinte, et il fallut, pour que Taccouchement s'eiïec-
tuât, inciser la cicatrice.
Arnaud cite le fait d'une jeune fille qui, à la suite d'une
course h Ane, éprouva , aux parties génitales externes , une
inflammation avec excoriation des grandes lèvres ; celles-ci,
abandonnées à elles-mêmes, s'agglutinèrent, en respectant
toutefois le méat urinaire, et en laissant un trou par lequel
s'écoulaient les règles. Comme dans l'observation précé«
dente, la jeune fille se marie, devient enceinte et doit subir
l'incision de la cicatrice pour permettre le passage à l'enfant.
Les ulcérations syphilitiques sont souvent la cause d'une
semblable adhérence , et il arrive quelquefois alors que la
preuve manifeste d'une faute antérieure au mariage devient
pour l'époux un signe non équivoque de virginité. Dupuy-
tren fut appelé un jour pour détruire une de ces adhérences
qui avait résisté h toutes les approches conjugales, et se
garda bien, comme on doit le comprendre, de dissiper
l'heureuse erreur du mari.
OtfiAmQOU DB L AfPAtKIL GOPOLATiei.
ouirrlure tttlviiirc peut encore être rétrécir h \» suite
It déchirure du |)érinée, que celte déchirure arrive d'anc
anjèfc traiimstique ou qu'elle soit (trnduile {lor uu bc-
■Mekement. Les eus de ce f;enre se teiiconlrent anvi fr^-
MHirnenl duns la pratique et KUiil eu nombre s$iEei! «ufS-
tMk dans tous les ouvrages d'obstétrique, pour qu'il soit
janlilc d'en ruppeler ici quelqucs-uus.
Ln ruplure» du vugiii, par Loiise Irautnatique ou pendant
leouehemeiit, sans être fréquentes, ne sont ecpciidani
wiis rares. Cet accident, toujours firave, eM presque
amnieut suivi d'une périlonile ofseï géuéralemeut
telle, ce qui me dispensa de m'y urri^ler davaiita^çe.
n en est h peu près de même des autres solutions de con-
liMlité des parois vaginales, lésion qui, s'il fout en croire
qwl^uea aulears, se serait produite pendant l'icte du eoïL
Ainsi, Diemerbroeck rapporte l'observation d'une déchinre
4a vagin amenée par la présence de la verge, et qui dtfter-
nina une bémorrhagie mortelle ; Dugèi cite un exemple du
nème genre dans le Dictionnaire de médecin»; et de chirur-
mi» pratiques ; Plaiioni a rencontré une lésion anal<^ae
lae i la même cause, etc. , etc. ; mais, je le répète, ces ■£•
eidente, fort intéressants dans un ouvrage sur les maUdtet
ie> femmes, ne méritent ici qu'une simple tneotioii.
Il n'en est pas de même pour tes accidents qui laissent
•pr^s eui un rétrécissement ou une véritable oblitération
éa vagin. Un accoucbemeot long et pénible peut amener
an semblable résultat, et M. Moreau cite l'observatioa
d'ane dame anglaise dont le rétrécissement vaginal, i la
faite d'uo premier accoachement , ne laissait même plu
passer les menstrues.
lies injections vaginales caustiques sont la source i la-
>aelle il faut le plus fréquemment faire remonter l'obltté>
LÉSIOHS 0B6A1I1QUBS DE l'aPPAKBIL COPULATBUR. &87
ration du vagin. Une allumeuse de réverbères de Genève
s'étant injecte du vitriol dans l'organe copulateur, afin de
provoquer un avortement, les parois de ce canal contractè-
rent de telles adhérences que le produit de la conception
ne put passer, et la femme mourut.
Quelquefois il ne se forme pas des adhérences, surtout
quand les injections sont purement astringentes, mais alors
les parois vaginales deviennent dures, calleuses, et s'épais-
sissent au point d'amener un rétrécissement incompatible avec
le coït. Les prostituées savent tout le parti qu'elles peuvent
tirer de ces circonstances, et il en est, surtout en Italie, qui
vendent pendant de longues années, et grâce à des injections
de ratanhia ou de tannin, une prétendue virginité que la
syphilis a plus d'une fois marquée de stigmates.
Quelle que soit la cause à laquelle il faille rapporter
soit Tadhérence des parois vulvaires ou vaginales, soit le
rétrécissement ou l'oblitération de l'organe copuluteur,
nous avons toujours affaire à une série d'aiïections dont
rbistoire m'a occupé déjà, et qui ne dillerent des premières
que par les causes qui leur donnent naissance.
Le traitement de celles-ci sera donc à peu près identique
avec le traitement de celles-là ; cependant, dans les cas où
l'obstacle est constitué par des brides solides ou des callo-
sités, la dilatation progressive que j'ai recommandée, à
l'exemple de Benevoli, est insufiisante, et il convient, tout
en utilisant l'action des corps dilatants, do recourir à quel-
ques incisions et scarifications pour détruire les cicatrices
et les brides les plus résistantes. L'opérateur devra faire
lui-même le pansement que cette thérapeutique exige, car,
négligée, la médication deviendrait bientôt elle-même une
nouvelle cause d'obturation.
/{SS LËS1U!>IS VITAI
i UE L APPAREIL COPVLATBCS.
CHAPITIÎE III.
LÉSIONS VITALES DE l'aPI'AREIL COPlLATEtlR
Les ofTeclions qui remplissent ce nouveau chapitre de
l'histoire des «bslaclos n|iportés h l'inlromission de la verge
dans les organes sexuels de lu femme, sont les ni^vralgies
de In vulve el du va^în et l(>s spaisnics du vagin.
D/^vralgie de la vulve et tlu vagin. — A*»iit Lisfranc,
cette nlTectioii était peu connue; mais depuis que eu chirur-
gien l'a décrite avec ses loiidances un pi-u trop prononcées,
peut-être, ters les idées de Brou-sais, elle a été l'objet
(l'éludes «érieuscs, et l'on a droit «le s'étonner qu'après le
travail consciencieux de Tanchou, dont je parlerai tout à
l'heure, M. Paul Uubols oit prétendu, dans te cours de la
discussion acodémique sur le tniileinent de* déviations de
l'utérus pnr le pessaire inlra-ulérin, qu'il élnit te premier à
gif^nalcr cette affection; je montrerai bienldl, t-n faisante
chacun la part qui lui revient, ce qu'il faut penser de celte
assertion do M. Dubois.
Bien que Lisfrnnc et Tnnchou aient décrit isolément
les névralgies de la vulve, il parait diflicde d'admettre qoe
cette névralgie ne s'irradie pas jusque sur le vagin, el reste
limitée OUI grandes el au\ petites lèvres. J'ai ru occasion
d'observer quatre cas de celte maladie, el, dans tons, le
vagin était aussi douloureux que la vulve.
De plus, et pour légitimer le rapprochement que je fais
ici, les mêmes causes peuvent amener la névmlgie sur l'un
ou l'autre organe, vl. quel que soit son »iége, les mêmes
symptAmes l'accompagnent, les mêmes conséquences li
suivent et le même Iraitement lui convient.
H me parait donc superflu et même illogique de cooper
i|uv uc cvupw I
LfiSlOffS VITALES DE l'aPPARBIL COPULATSCB, A89
en deux, ainsi qu'on l'a fait dans les ouvrages généraux de
pathologie, une seule et même aiïection, sous le prétexte
spécieux qu'elle siège sur des organes distincts, comme si la
nature s'accommodait des divisions factices que, pour sa
commodité, l'esprit admet et se trace.
La névralgie de la vulve et du vagin est tantôt idiopa-
thique et tantôt symptomatique d'une aiïection de Tutérus.
Lisfranc (1) assure qu'elle est héréditaire dans certaines
famillesy^dont toutes les femmes la présentent alors à des
degrés variés. U'après Tanchou(!2), l'époque de retour se-
rait souvent marquée par cet état névralgique, « et alors,
dît-îl, ces névroses peuvent être considérées comme une
déviation du travail menstruel; l'excitation fonctionnelle
qui avait son siège dans les nerfs de l'ovaire et de l'utérus,
se transporte sur ceux de la vulve. » Enfln le travail de la
menstruation détermine souvent l'affection dont il s'agit, et
alors la sensibilité des organes externes de la génération
n'est exaltée que quelques jours avant et quelques jours
après l'écoulement des règles.
Dans d'autres circonstances, la névralgie dont je parle
est liée à un état morbide de l'utérus ; pour Lisfranc, cet
état morbide était l'engorgement ou l'ulcération du col ;
pour IVl. Paul Dubois, c est tantôt un état phlegmasique de
la muqueuse utérine, tantôt une déviation de l'organe,
tantôt enfin une névralgie même de la matrice qui rayonne
sur le vagin et s'étend jusque sur la vulve.
A ce point de vue, M. Dubois pourrait bien avoir raison,
ainsi que je le dirai en parlant de la thérapeutique.
Mais qu'elle soit idiopathique ou symptomatique d'une
aiïection quelconque de l'utérus, la névralgie de la vulve et
(1) Clinique chirurgicale de l'hôpital de la Pitié, t, II, p. 4Ç3| et
GazetUdes hôpitaux, 12 mars 4 842.
(2) GazetU des hôpitaux, 4 4 juillet 4848.
h90 LtMONB VITALIU DB l 'APPilEIL COPULATIOI.
(lu vaf^iii réclame inifiériciitctnont hs noins du la n
n La fenime, ilit Lisfrane, dont iiiuii eiftérieuce itenoaiteUt
atu-sle I4» iKirolex, la femme a (luur lu cuit lui-m£ne une
f>ruiiile ri:pu^tiiiiiu\ el, (juuîqur le M'iitimenl du devvir ■!
In cruiiitc de |ierdri> l'alTeclioii dv son mari la ilomilieut, elle
s'en éloigiiK d'abord autant c|iiq le lui jicrmctU'nt let cir-
coMlaiHXK, et puis eufin il detieiil si irritant, si b{(bc«i4, b
douloureux, qu'elle le refuse et le rejette aver un« lorle
(l'elTroi : refuK terrible, qui, presque toujours, eoirilne bieo-
tdl uprès lui les^ténenents les (iIuk funi-atcs k l'union i-on-
jugale. Je ii'eisgère rien ici, car ou m'a raconté dci^Kénw
déplorable» ; j'en ni quelquefoi» été témoin. L'étal liont nous
nous occupons eiiftc donc l'alleulion la plu» sérieuse dé la
(larl ilu médedii. Son minislère e5t ici, non pas «eulement
de ^uiVir, iiiiii> L'rii'orc de rrinln' uiic t^puu.H' à su» marî.
un père è te» enfants, eu rétablissant la paix au tein d'une
famille désolée. »
Ce tableau n'est point chargé k plaisir, et loui ceui, Tas-
chou, M. Dubois, etc., qui onteu occasion d'observer cette
névralf^ie, s'accordent sur la gravité qu'elle présente au
point de vue du rapprochement des setee, et M. DuiMÎa la
considère même comme une cause do stérilité.
Il but donc nous arrêter sur la thérapeutique la fUu
convenable, et d'autant plus sérit:usement que les moyeu
caratifs ordinaires échouent asseï souvent, et qu'il me fau-
dra faire ici comme un atant-propos de ce que je dirai plut
loin sur l'action thérapeutique du redresseur intra-utérin.
Quand la névralgie est essentielle, qu'elle n'est sou* la
dépendance d'aucun état morbide de l'utérus, son traitement
est celui de toutes les névralgies en géuéral. Cependant, si
je dois prendre en considération certains résultats que j'ai
obtenus aiecla valériane et l'asa fœtida^je me crois autorisé
à penser que ces deui •■tispesmodiques ont une action en
^
LESIONS VITALES DU l,'Al>PAi<ErL COPULATBIJI. ^91
quelque Borle spéciale sur l'innervalion des organes géoi-
luut ; celle action m'a (joru [lius prononcée riiez ta Temme
que chez l'Iiommc, et je suis parvenu avec eus à des rémis-
sions complètes d'hjïtéralgie et de névralgie de la vulve et
du vagin qui avaient opiniâtrement résisté à toutes sortes
(Je médications.
Aussi, dan!irrin'ection(iui m'occupe, je n'hésite pas à con-
seiller de prescrire l'asu fcEtida et la valériane combinées
ensemble, soit en pilules, soit en potion, ce qui n'empèciie
en aucune manière les moyens externes généralement re-
commandés, tels que bains froids ou chauds, Triclions opia-
céei, belladonéed, etc.
Quand la névralgie est sous la dépendance d'un état
palliologique de l'utérus, d'une phlegmasie, d'une ulcéra-
tion ou d'un déplacement, il est raLionnel de s'adresser
d'abord et directement à l'aiïeclion utérine, cause de la
douleur vulvo-vaginale. Je n'ai pas à décrire ici le traite-
ment de ces diverses maladies; cependant il est des cir-
constances où l'état nerveux dont je parle, quoique existant
avec une phlegmasie, une ulcération ou un engorgement
de la matrice, est déterminé par le poids de l'utérus plutôt
que par la lésion organique qu'il présente; la femme
éprouve alors des douleurs de reins, des tiraillements dans
les lombes, de la pesanteur ait périnée, etc., etc. Dans ce
c«s, et si la lésion organitjue permet de les appliquer, tout
moyen qui aura pour but de soutenir l'utérus amènera de
bons résultats : lu ceinture hypugaslrique et les pessaires
ordinaires répondent d'habitude à cette indiculion ; le pes-
saire intra-utérin de AI. Simpson ou celui de M. Valleix
peuvent, d'aprùs M. UubDis(l), amener les mêmes effets, en
{^\) Bttilttin de \' Aradèmie impériale rfa médecine, l. XIX, Paria,
4»»i, p, aSâ olg33.
&93 LfiSIOKS VITALES DE l.'APfAHEIL COPIltATErR.
oITraiit à l'ul^rus iiii |i(>inl ii'ii|i|)iii nu ili^ ^ontènemenl. Sans
aucun doute, le pessaire de M. Vollfit oITre, romtno mojen
iik'i'Ii nique (le «ustentatinii, les mêmes nvai)ln£>c!i qae les
[leMaires onlirinircs; mais il [(rési-iile le prave inconvénient
d'au;:meii(er lu |)lilegma<iie et même de Taire naître une
inHnmmolion qui ii'csl pas sons danger, nin^i que l'espé-
rience ne l'a que trop démotitrê.
L'action brenrtnsaiilo du pessuire de M. Vslleît est muim
contestable quand l'étui patliolugique de l'ulérus est un état
h^slùriformc, sans lésion organique, mai» seulement avec
troubli's plus ou moins graves du cAlé de l'mnervalion. Daiu
ce cas, l'iipplication du pessaire n'a pas besoin de se pro-
longer longtemps, et ne peut, pnr conséquent, en dehon
de certains ras eiceptionneh rl'idiosyniTasie, et tout h fait
au-di'ssus des prévisions liumainis, déterminer tes accidents
que M. Depaut a signalés dans son rapport à i'Ae«<léinie
do médecine. Son action se burni^ alors k modifier d'une
manière spéciale la sensibilité utérine, et, par suite, celle de
tout le reste de l'appareil génital, qui est sous sa dépen-
dance. M. Dubois, il faut le reconnaître, fut le premier à
signaler rrtte action du pessaire de M. Valleix, et depub
j'ai eu moi-même occasion d'en constater la réalité. Sins
doole ce mojen ne réussit pas d'une manière constante;
il est des cas rebi-lles même dans lesquels le mal parait
s'accroître sous la pression eiercée par la lige du peuaire;
mais il en est d'antres, je le répète, comme relui qu'a cité
M. Malgaigne dans son premier discours dans la discussion
académique sur le traitement des déviations utérines, on
l'efTet est si complet cl si immédiat que l'on pourrait croire
k quelque supercherie de lu femme.
A re point de tue, mais à ce point de vue seul, ainsi que
j'aurai l'occasion de le démontrer plus loin, le pesnira
LÉSIONS VITALES DE l' APPAREIL GOPULATEUR. &9S
intra-utérin doit être conservé^ car il modifie quelquefois la
sensibilité utérine là où tous les moyens ordinaires ont
échoué.
Spasmes du vagin. — A l'encontre des névralgies de la
vulve et du vagin , qui sont un empêchement en quelque
sorte moral au rapprochement des sexes , les spasmes du
vagin constituent un obstacle matériel à l'intromission de
la verge dans les organes sexuels de la femme. Le resserre-
ment convulsif de ce canal est quelquefois si prononcé qu'à
peine l'ouverture vulvaire peut admettre un tuyau de plume
à écrire. Fort heureusement , ces conslrictions sont inter-
mittentes, et lorsqu'elles sont continues, elles coexistent
avec la vaginite ou avec Tétat puerpéral, comme si la nature
avait voulu prévenir l'homme, par cet empêchement formel,
de s'abstenir d'un coït compromettant ou impossible.
Quoi qu'il en soit, et d'après ce que je viens de dire, les
spasmes du vagin sont, tantôt idiopathiques, tantôt sympto-
matiques d'une vaginite, et tantôt mixtes, c'est-à-dire se
montrant pendant le travail de l'accouchement.
Quand l'affection est essentielle, qu'elle ne s'accompagne
ni de rougeur, ni d'excoriations sur les lèvres et le vagin,
les accès sont intermittents, plus ou moins rapprochés, et
d'une durée plus ou moins longue. Les tentatives du coït
les déterminent quelquefois, mais, dans ce cas, les spasmes
disparaissent d'eux-mêmes, quand la muqueuse vaginale est
lubréfiée par les mucosités. — En dehors de celte circon-
stance, dont on comprend d'ailleurs le mode d'action, il est
assez difficile de déterminer les causes prochaines qui don-
nent naissance à une pareille affection. Cependant, les
femmes nerveuses y paraissent plus disposées que toutes
autres, surtout si elles éprouvent de fortes émotions mo-
rales, et si elles caressent des idées erotiques. C'est à i'ou-
&9/i LESIONS V1TALBB BB l'aPPARBIL eaPCLATtini.
vertiire viilvo-vajiinale (jne la ronulriction esl le pittt pro-
noncée, et, rommii je le disais plu» hoiil, le reswrreioMtl
est quelquefois si consitlérahlc qu'il pcul h ppine l»m«r
piisser, et non encore sans douleur, un luynu de plnmc >
écrire.
Lea spasmes du vagin qui sont déteminâs psr une in-
flammation franche ou spécifique de eut orf^anc. sont con-
tinus et suivent les périodes de la moliiilie qui les lient sons
SB dépendance. Cette corrélntioii est lonjour» facile h con-
stater au moyen des sjmptdmw si traiicliés de la lapinile
qui se décèlent toujours h l'examen le moins atlenlif
Il en <-st de niéme di's spasmes qui accompagnent le tra-
vail de l'accu ucliement, et (|ui ne m prutongenl pas sa itih
du temps de la partnrition. Au point de vue du dia^ooMîe
(ilfférenliet, et pwur ne pas k'S conxi'li^rrr (■(Htime une rnu**
sérieuse de djstocie, les antécédents de la femme permet-
troBt loujouri de distinguer les spasmes du vagin de quelque
vice de ronfonnalion ou de quelque maladie qui aonit
amené un état permanent d'étroitesse du vagin.
Comme on le doit présumer, les spasmes s^mptomaliquet
et les spasmes milles n'exigent point une thérapealique spé*
ciale : les premiers, liés à la vaginite, disparaîtront avec
elle ; et le* seconds, complication de l'accouchemenl, m
dinipent toujours avec la délivrance de la femme, et récl*-
ment quelquefois, pour que la pnrturilion s'accomplisse,
Tussge habilement combiné des aniiphlogistiques.
Restent donc les spasmes essentiels. — Comme ils soll
ordinairement l'apanage des femmes nerveuses et livrées
aui pensées erotiques, il faut recourir presque toujours i
one médication générale, dont les fortifiants, le fer et Im
distractions feront la base, et employer eo même temps an
traitament focal dont les ressources sont les bains entiert •■
TOIHDBS DB LA ¥!».▼«• &95
de siège, les injections narcotiques et les onctions avec la
pommade bclladonée II est rare que ces moyens, tant gé-
nérani que locaux, bien combinés et bien conduits, n'amè-
nent promptement la rémission d'une maladie qui est un
véritable tourment pour les femmes qui en sont atteintes.
CHAPITRE IV.
LÉSIONS MÉCANIQUES DE l'aPFAREIL GOPULATEUR.
TUMEURS. — CORPS ÉTRANGERS.
Si pour là logique de la classification je rapproche les
tumeurs et les corps étrangers développés ou introduits
dans l'appareil copulateur, je dois les examiner séparément,
parce qu'en dehors du seul point de contact qu'ils présen-
tent dans leurs résultats par rapport à la copulation, ils n'ont
rien de commun dans leur histoire, et s'ofTrent à l'obser-
vateur avec une éliologie, une marche et une terminaison
qui me forcent de donner à chacun d'eu:^ une place distincte.
TUMEURS DE L'APPAREIL COPULATEUR.
Il est ici indispensable, tant sous le rapport du diagnostic
que sous celui du traitement, de séparer les tumeurs dont la
vulve est le siège de celles qui aiïectent plus spécialement le
fagin.
S 1. — Tamenra de la Ynlvc.
Je les diviserai en deux classes : l"" celles qui sont le
prodail d'une lésion organique de la vulve ; 2* celles qai
sont formées par la présence anormale et accidentelle d'oR
organe voisin.
USIOKS MËCANIQtlES DE L APPARBII. COnUTIOI.
A. Tirriieiir» de la ruifr par l/êion* orifaniqve».
Parmi \es tumeurs de lo vulve par lésion organique, let
unes HlTecIciil une marclie aiguë et rapide, et les autres UM
marclie lente et clironiijiie.
Au nombre des |)rcmiéres se placent les abcès et let la-
meurs sanguines ou tbrombus de la vulve.
Parmi les secondes se rangent l'éliïphantiasis, les kystes,
les loupes, les corps fibreux et le cancer de la vuUe.
Je passetat rapidement sur chacune de ces alTertioo),
car si leur histoire offre une fuce (|ui regarde notre sujet,
elles appartiennent bien plus à la pathologie gi^iiéralc des
orgones génilaut de la femme i\n'ii un traité aar l'impais-
sance. De plus, les tumeurs 5 manlic aiguë ont une exis-
tence si fugitive qu'elles niérilent h peine ici une mention;
d'ailleurs l'une d'elles, le, ihrombus, se produit générale-
ment au milieu de circonstances peu favorables au coït, car
tous les auteurs qui s'cii sont occupés le signalent, suit
comme un occident des derniers temps de la grossesse, sott
comme un épiphénoméiic de l'accouchement.
Sans doule les abcès et les ibrombus de la vulve peuvent
par leur volume empJ^cher l'intromission de la verge dans
le vagin cl constituer un obstacle matériel au congrès;
mais c'est surtout par les douleurs qu'ils occasionnent qu'ils
doiient être considérés comme s'oppo^ant k ta copulalioa.
Il n'en est pas de même des tumeurs à marche chronique,
presque toujours indolentes et ne gênant le rapprochement
sevuel que par l'ubsluclc que leur volume uppuse k l'ac-
complissemcnt de cet acte. Assez rares et ne se montraol
pour 1b plupart qu'à un âge avancé de la vie, elles etigent
toutes rinlerveutiuii de la médecine opératoire, et rentrent
par cela même iluus le ilomuine de la chirurgie générale-
J
TUMEURS DE LA VULVE. /|97
B. Tumeurs de la vulve duei à la présence d'un organe voisin»
Les organes qui peuvent venir faire tumeur à la vulve
sont le vagin, la matrice et Tintestin.
Le vagin et la matrice n'apparaissent à ToriGce vulvaire,
et par conséquent ne s'opposent à la copulation que par
suite de déplacements qui m'occuperont ailleurs.
La présence de l'intestin dans les grandes lèvres m'ar-
rêtera ici un instant, parce que ce genre de hernie est peu
connu, et que, d'après les rares exemples que nous en
avons, il parait alTectionner l'âge le plus propre & la géné-
ration.
Cette hernie signalée, je crois, pour la (fremière fois par
A. Cooper, qui en a donné deux observations et qu'il
appelait pudendal hernia^ est ainsi décrite d'après lui
dans la Bibliothèque du médecin praticien : « La tumeur
formée par cette hernie parait, à l'extérieur, un peu au-
dessus d'une ligne qui, partant de l'orifice extérieur du
vagin, se dirigerait de dedans eu dehors. Cette hernie
débute comme la hernie périnéale et la hernie vaginale
latérale. Elle pousse d'abord en bas le péritoine, qui va du
vagin au rectum, et puis, au lieu de se développer dans le
premier de ces canaux comme la hernie vaginale, au lieu
de proéminer sur un point très voisin de l'anus, comme la
hernie périnéale, la hernie vulvaire se développe surtout
dans l'épaisseur de la grande lèvre, sur le point indiqué
par A. Cooper; pour y parvenir, les organes déplacés pas-
sent d'abord derrière un ligament large de l'utérus, pous-
sent devant eux le péritoine dans le sillon rempli de tissu
cellulaire qui sépare le vagin du rectum; puis ces organes
écartent les fibres des aponévroses périoéales» celles du
3t
&94 LiiSIONS KËCAIIIUUB8 DE l'aPFAIIIL COPtLATRtl.
muscle felcveur du l'aiius an moment où il va «'insérer »ur
les cAtés du vagin. D'ajtr^!! cette mnrche de In hcrriiu ol le
siège <|ue son font! va occnj>er, on peut prévoir (|ue Car*
tère vaginale sora placée en dcdan)! du .itic , l'artère hon-
teusc intenie en dehor:*. Lu position de cm dent vaitscaui
fait entrevoir la nécetsitif d'un dêbrid(?ment méthodique
dans les cas d'étranglement (t). »
J'ai dit tout h l'IiL'ure [}uc cette hernie était peu connue,
et qu'on l'avait loujoun obiervéi; ii l'Age le plas Tavorable
a la cojiulation ; In science, en eiïet, n'en possède que Irolt
exemples bien aulhentiqueï , dcu\ qui appartiennent k
A. Cooper, et le troisifrine communiqué par M. S. Clo-
queth Murât, l'uuleur de l'article VuLvt du Dictionnaire
des sriences médicales. Les malades du rhirur{;ien sn(;lat3t
n'avaient i]ue uiigt-dem ans, cl celle de M. Ctoqurl vingt-
quatre.
Qu'on me permette de rapporter en entier celle deroii re
observation, qui me dispensera de plus longs développe-
ments sur ce sujet. « La domestique du garde-magasto de
l'hdpitnl Saint-Louis, jeune fille Agée de vingt-quatre ans,
d'une constitution sëctie et nerveuse, vient me consulter,
dit M. J. Cloquet, au mois de février de la présente année.
sur une maladie qui lui était survenue, dcpuii! peu de temps,
au\ organes ciléricurs de la génération. L'ajant eiami-
née, je trouvai, dans la piirlic postérieure de la grande
lèvre droite, une tumeur arrondie, rénilcnle, du volume
d'un gros marron, qui iioulevail la peau et faisait saillie en
dedans do la vulve. Cette tumeur, un pi'U douloureuse an
toucher, se prolongeoit à la partie latérale droite du vagin,
sous la forme d'une saillie longitudinale, longue de deui
(I) Bibliothèquf du midtein pralkie», t. I, p. 13.
TUMEURS DE LA VULVE. /|99
pouces environ, dure et résistante; la pression exercée avec
le doigt sur cette dernière portion n'y occasionnait que des
douleurs sourdes. La tumeur augmentait sensiblement de
volume, devenait plus dure et plus tendue, lorsqu'on faisait
tousser la malade. La jeune fille y ressentait de temps à
autre des engourdissements, et éprouvait de légères co«
liques dans toute la partie inférieure de la cavité abdomi-
nale ; du reste, les autres fonctions s'exerçaient librement,
h l'exception de la marche, qui était pénible, à raison de la
gène que produisait la tumeur par son volume, et des dou-
leurs qui s'y manifestaient lorsque la malade s'était fati-
guée par quelque exercice forcé. Cette tumeur avait paru
peu à peu, sans douleur, depuis environ quinze jours; elle
n'avait jamais causé de vives douleurs, des nausées, ni de
vomissements. La malade attribuait son e/for^ à des mouve-
ments considérables qu'elle avait faits pour lever des pa-
quets de linge et des baquets remplis d'eau. Comme elle
était habituellement constipée, je pense que les efforts né^
cessités pour la défécation ont dû contribuer aussi très puis-
samment à la production de sa maladie. Ayant fait coucher
la malade sur le dos, dans la position ordinaire pour l'opé-
ration du taxis, je parvins, à l'aide d'une pression assez
forte, exercée méthodiquement selon la direction de la
tumeur, h diminuer d'abord son volume, et à en obtenir
ensuite l'entière réduction, laquelle se fit subitement par
l'ascension brusque des parties déplacées, qui glissèrent
tout à coup sous mes doigts, en faisant entendre ce bruit
particulier qu'on a désigné sous le nom de gargouillement...
Je pratiquai ensuite le toucher dans la position verticale du
corps; les viscères déplacés ne reparurent pas, et la jeune
fille put marcher librement comme avant l'accident. Je
voulus lui appliquer un pessaire en bondon, afin de com-
îiOO LÉSIONS MtCANIQDRJi DE l'aPPARKIL COPIJUTICII.
primer et île retenir la portion relAchée du vagin qui avait
livré pnssage h l'iotestin, mais la lanlaile ne voulut pas
s'assujettir a le porter^ et, bien qu'elle ait repris ses occu-
pations habituelles depuis cette époque, sa tumeur ne s'est
point reproduite, et elle jouit actuellement d'une parfaite
ganté (1)..'
(Quoique M. J. Cloquel ne parle pus de In copulution,
et qu'il di^e que toutes les fonctions, hors celle de la mar-
che, se fai.'jaient avec facilité et comme h l'état normal, il
ne peut être douteux que le cuit, s'il eût été tenté, aurait
été, sinon entièrement impossible, du moins 1res doulou-
reux. La réserve de l'écrivain élnit commandée por la posi-
tion lie SB malade, bien qu'il ait protiqué sur elle le toucher
vaginal.
Quoi qu'il en soit, par le fait que je viens de rapporter,
et par les exemples analogues de A. Cooper, relatés dans
ses OEuvn's chirurgicales, et consignés dans le Traité da
hemicM de M. Lawrence, la hernie yulvnire n'offre aucun
danger, n'expose pas a la récidive, et cède facilement i In
réduction. C'est donc, par conséquent, une cause esseo-
tiellement passagère d'impuissance, et sons la rareté qui la
caraclérise, je n'aurais pas donné à son histoire une place
aussi étendue dans ce livre.
^ II. — TMDMSwa ém wlt^m.
Comme pour les tumeurs de la vulve, j'admettrai pour
cell«s du vagin deux classes : 1° les tumeurs produites par
une lésion organique; 2' les tumeurs con.«tiluées par la
présence anormale et accidentelle d'un organe voisin.
(Il nirtimn. df» ivimieet mMi(.tlft. art. Vli.ve. t. LVIII, p. itS,
J
TUMBORS DU VAGIN. 501
A . Tumeurs du vagin produites par une lésion organique,
Conrormémentà ce que j'ai dit des tumeurs de la vulve,
les tumeurs du vagin par lésion organique peuvent oiïrir,
les unes un caractère aigu, les autres une marche chro-
nique.
Mais les unes et les autres ne me doivent point arrêter
longtemps, parce que, je le répète, elles rentrent bien
plutôt dans le cadre des ouvrages généraux de chirurgie et
d'obstétrique qu'elles ne ressortent de mon domaine.
En effet, les tumeurs sanguines du vagin, si bien dé-
crites par Legouais et Deneux, sont presque toujours des
accidents de la parturitiou, et les abcès du vagin, ou pour
parler plus exactement, les abcès faisant saillie dans cet
organe, et dont la fréquence s'explique par la présence du
tissu cellulaire qui soutient les parois de ce canal, n'offrent
rien de remarquable à notre point de vue, si ce n'est qu'ils
obstruent le libre passage du vagin, et éloignent la femme
de toute copulation, par les douleurs atroces qu'ils déter-
minent pendant cet acte.
Les tumeurs à marche chronique, les kystes et les po«
lypes, ne présentent réellement dans leur histoire qu'un
point intéressant à étudier : c'est leur diagnostic. Comme
on va le voir, alors que je vais parler des hernies vaginales.»
il est de la plus haute importance de distinguer les kystes
et les polypes de ces hernies, car si l'instrument tranchant
doit être porté sur les premiers, il faut soigneusement aK^
garder d'ouvrir la vessie et l'intestin. — Mais toutes ces
considérations appartiennent à la pathologie chirurgicale,
qui fournit les éléments du diagnostic diiïérentiel et les bases
du traitement.
B. Tiirmufi I
Eu égard aux orgoiioii i]ui avoixiiieiit le vagin, il ne peut
y avoir que l'iiléni!!, la vesm el le rflctutn qui fienneDt
foire ticrnic dans ce umial.
La hernie déterminée |iar la matrice, c'cil-ji-dire les
dépliicement» de cet of^niip, m'ocrii|i<Toiil longuement dam
une autre parti» du crt uu«ro^e, où je me réncnt de faire
reisorlir leur inlluence Rkchcuse tout h la fois sur la copuJa*
lion et la récomlllé tie la femme.
La hernie proUuile par la présence de la vessie m'occu-
pera un instant fo»» le nom de cyslocèle.
Et ta liernifl déterminée par la procidcnce de rmlestio
m'arrêtera aussi un mottu-nt sous les noms de hernie vayi~
nale f>roprement dite, et de rectocèle, quand c'esil le rectum
qui fuit saillie dans le vagin et sort par la vulve.
Il ne faut pas croire que chacune de ces hernies se pré-
sente dans la pr;itique isolément, déf;agée de toute compli-
cation : dons la très grnnde mujurilé des cas, fe cjstocàle
■'accompagne d'un prolapsus plus ou moins prononcé de
l'utérus, et lu horoie vuginule et surtout le reclocèîe se com-
pliquent de cjstocèle et quelquefois aussi d'ubsissemeot de
la matrice.
Je ne les sépare ici que pour la rlurté du discours, sa-
chant bien que la nature tic se piéte ni aux méliiodes de
l'art, ni aux rummoilités de l'écrivain.
Cyslocèle vaginale. — D'après les eipériences de M, Ro-
gnella (1) sur le cadavre, et d'après les observations de
M. Jobert (de Laniballe) (2), la cyslocèle vaginale serait
produit, soit par la laxité de la paroi antérieure du vajjio,
(I) MéiHfitre tar let prolaptal, 1833.
(3) Mèmotrei de l'Àaulému <U méilrcnt», t. VIII, p. 703.
TOmUES DU VAGIN. 503
soit par le relàchenient des moyens d'union qui eiistent
entre cet organe et les parties environnantes, comme, par
exemple, Taponévrose qui se prolonge du coi de la vessie
et de la paroi postérieure du pubis sur les côtés du vagin.
Il en doit être réellement ainsi, car la cystocële se ren-
contre bien rarement chez les jeunes Dites, tandis qu'on
l'observe presque toujours chez les femmes qui ont eu beau-
coup d'enfants ; la lenteur et les difficultés de l'accouche-
ment ne paraissent pas avoir la même influence que la
quantité des parturitions; aussi est-il plus ordinairement
l'apanage de Tàge mùr que de la jeunesse, quoique cepen-
dant il se produise à une époque où les fonctions généra-
trices de la femme n'ont pas cessé.
Quoique la tumeur formée par le prolapsus de la vessie
soit réductible è la suite de l'évacuation de l'urine, elle
n'en constitue pas moins un obstacle, je ne dirai pas insur-
montable, mais du moins fort gênant pour la copulation.
Située à l'entrée du vagin, entre les petites lèvres, elle en
obstrue le passage, soit par son volume propre, soit par les
moyens contentifs qu'on lui oppose, tels que pessaire,
éponge, etc. Aussi, en nous plaçant à notre point de vue
exclusif, devons-nous accorder la préférence au traitement
curatif sur les moyens palliatifs ordinairement mis en usage.
Ce traitement a été tenté avec succès par M. Jobert
(de Lambaile), qui se proposait de diminuer le volume de
la tumeur, et de donner plus de résistance à la cloison vésico-
vaginale. « Je dessinai sur la tumeur, dit ce chirurgien, au
moyen du nitrate d'argent, les deux lignes transversales
dont j'ai parlé, et, les attaquant à différentes reprises et à
plusieurs jours d'intervalle, avec le même caustique, j'ar-
rivai è détruire graduellement et sans aucun accident inflam-
matoire, toute l'épaisseur correspondante du vagin. Je ne
biik LBt)IO>!« KËCAniVtJI!!« OK l'aPPARBIL CUPULATBUK.
revicndnii pas sur la longueur, la lurgeur de ces lignes,
elles avaient »n lignes environ. Ceci fait, il me fut facile (te
reconnaître la situation et l'état des parties, de raviver sans
crainte avec le bistouri les bords de lo surface colaméc par
le caustique et de laisser le fond intact. Je pus facilcnifriit
remettre en rapport les deux plaies saignantes et les main-
tftiir en contact au moyen de la suture entortillée [1 '- »
M. Jobert dit avoir pratiqué plusieurs fois avec succè«
l'opération dont je viens de foire connaître le but ; aatsi,
quoique des faits assez nombreux et ossez authentiques n'en
démontrent ni la parfatti; innocuité, ni la réussite constante,
on la devra tenter quand aucune circonstance ne la contre-
indiquera, et quand surtout lu cvstocète sera un obstacle
insurmontable à la copulation.
llrrnie vaginale. — Rectocèle. — Quand la tumeur
vaginale est constituée par le paquet intestinal, on a la
hernie vaginale des auteurs, qui n'est, en réalité, que la
hernie incomplète de lu vulve ; le rectocèle vaginal, au ron<
Iroire, est formé, comme dit Sabatier, /xir l'intestin rectvm,
qui pintsse en avant lu paroi du vagin sur laquelle ïl po$e
et avec lequel H a îles connexions ('!).
Comme on doit le comprendre déjà, le diagnostic
de ces deui espèces de hernies est très important à éta-
blir, non pas tant peut-être au point de vue de l'impuis-
sance de la femme que sous le rapport de la pathologie
chirurgicale; cor si un bon diagnostic est la source d'oîi
découle un bon traitement, l'art n'a, ju^qti'à préseut, h
opposer à l'une et ù l'autre de ces infirmités que des mojens
(I) De la ctfilocélr vayiiuilf ofirrtf pur «n iinKédf >ior
iMMrvi de lAcaiUmie ite miileeiti», Paris, ISiO. I. Vltl }
(1) ilcnwim de lAeaiténti» d* chtnirgu, U 111.
(»<-
É
TUMBUE8 DU VAGIN. 505
palliatifs qui, de leur nature, constituent eux-mêmes des
obstacles à la copulation.
Cependant, et en raison même de cette incurabilité, il
importe que le praticien ne puisse confondre ces hernies
avec un prolapsus de la matrice ou du vagin, et ne tente
pas une guérison dont les moyens seraient non-seulement
intempestifs, mais encore dangereux.
«La hernie vaginale, dit A. Gooper, se forme dans
l'espace compris entre futérus et le rectum, lieu dans
lequel s'engagent les intestins. Cet espace est fermé en bas
par le péritoine, qui forme un cul-de-sac en se réfléchissant
de la partie postérieure du vagin sur la partie antérieure du
rectum. Entre ce cul-de-sac péritonéal et le périnée, se
trouve un tissu cellulaire lâche. La pression de l'intestin
sur cette partie du péritoine la déprime en bas vers le pé-
rinée; mais plus tard, étant arrêtée dans sa marche ulté-
rieure en ce sens, elle passe contre le vagin et pousse en
avant la paroi postérieure de ce conduit (1). »
il est incontestable que de nombreux accouchements
sont une prédisposition à ce genre de hernie, mais ce
n'est là qu'une prédisposition, car on l'a rencontrée sur des
femmes qui n'avaient jamais eu d'enfants. Les chutes sur le
siège et les efforts pour soulever un fardeau sont les causes
les plus ordinaires de sa formation.
La hernie vaginale présente quelquefois un volume
extraordinaire, est facilement réductible, arrondie et à large
base, et peut, par la pression qu'elle exerce sur le rectum
et le canal de l'urètre, amener la constipation et la difli-
culte d'uriner.
Le rectocèle vaginal est la tumeur que l'on a le plus
confondue avec les procidences de la matrice, et principa-
(I) Œuvres complètes, p. 359.
p.
SO0 >M HeCANIQU» DB l'aPPAHUL COPtILATBUl.
lemAiit avec cvlli's du tagiii, et il iiV»t {>as d'une eipctitwti
scrupuleune Je lui donner k nom île hernie, car elle Di^rca-
Tcrme pos une an^e du rectum, 5 l'cxeniple des ti«ruic« ordi-
nairen, qui ruritiennent une anse du petit ou du gros intes-
Lio. Dans le rcclocèle, la piroi postérieure du rcclum a'a
pas été déptaciie; elle est toujours udiiiïrente au sacrum
par l'aponévrose pelvienne ; ce nVst que In paroi antérieure
et encore une portion de cellu (larui, ()uia suLi des mudifi-
cations qui l'ont oontttilut^e à l'élnt de hernie.
D'après M. MHlgai(;ne (1), qui a véritïé toutes lei
aisertioni de Clarke et de Monleg^io, il est an»ei ilifTicile
(l'assigner au reclocële une (-aii^e ii peu prtïs cL-rlaine. Les
chute», tes cfTorl!!, les growesscs répétées, etc., ov (larai*-
Wnt pas eiplii{Uer(]an» Iduh les eau le prolnfiiasdu recluoi,
et i'on est forcé d'admettre que l'anection arrive bien >ihi>
veut, comme leN hernies abdominales, sans cause connue.
Le volume de ta tumeur est essentiellement variablej il
peut n'être représenté que par un pli de la muqueuse vagi-
Dale et aller jusqu'à la grosseur du poing.
Les arcidenls que le rectocèle vaginal détermine sont
surtout remarquables du r6lé des voies digeslives, et il faot
que la hernie ait atteint un certain volume pour empAcbar
la copulation.
Le toucher anal et les troubles de la digestion ferool
toujours di>tinguer le prolapsus du rectum du cjstocile st
de la procidence de ta matrice et du vagin.
Ainsi que je le disais plus haut, la médecine n'a guère i
opposer à la hernie vaginale et au redocC'le que des pallis-
tifs, c'est-è'dire des moyens de contenlion dont les pessaires
font ordinairement ta base. Ce|ie()danldes tentatives ont été
faites pour amener la cure radicale de l'une et de l'autre de
(1) Mémotmdt l'Acadétiat royaU d« m^d«cin«, l. Vil.
TU1IBUR8 DU VAGIN. S07
ces infirmités : ainsi, on parle (1) d'une opération pratiquée
par Petrunti contre la hernie vaginale ; mais ce fait est
révoqué en doute, et surtout par M. Velpeau, qui dit très
eipliciteroent que la prétendue hernie vaginale opérée par
le chirurgien italien pourrait bien n'avoir été qu'un abcàs
recto*vaginal (2). De même encore M. Malgaigne rappelle
dans le Mémoire que j'ai déjà cité, qu'il a reproduit (3)
une opération tentée par M. Bellini, de Florence, pour un
rectocèle du volume d'un gros œuf de poule; mais il ajoute
que, pour lui, ce rectocèle n'était autre chose qu'un pro*
lapsus vaginal.
En résumé, les tentatives faites jusqu'à aujourd'hui pour
obtenir une guérison radicale de la hernie vaginale et du
rectocèle ne paraissent ni assez concluantes ni assez authen-
tiques pour engager les praticiens à entrer dans cette voie,
et à abandonner celle des palliatifs qui, s'ils augmentent
encore les obstacles à la copulation, ne font du moins cou*
rir aucun danger à la femme.
CORPS ÉTRANGERS DE L'ÀPPARBIL COPULATEtJR.
Il est bien évident qu'il ne peut s'agir ici que des corps
étrangers introduits dans le vagin, car ceux qui seraient
appliqués sur lu vulve seraient, ou sous la dépendance de la
volonté de la femme, et si, par conséquent, ils n'étaient point
enlevés, l'empêchement a l'introduction de la verge dans le
vagin reconnaîtrait une cause tout a fait étrangère à l'orga-
nisme; ou sous la dépendance d'une volonté autre que celle
de la femme, mais plus forle qu'elle . Dans ce groupe vien-
(1) Gazelle médicale de Parin, 1826, p. 424.
(2) Médecine opéraloire, 2* édilion. Paris» 4 839, t. lY, p. 214.
(3) Gazelle médicale, 4836, p. 200.
508 LËSIOMit HËCAMVUES DE l'aPI>ARKIL COPUI.ATBDK.
drail se placer l'iriGbulation, si relie mélhode barbare de
garder la virginité des filles et l'honneur des remcnes n'était
pas frappée de toute la réprobation qu'elle mérite, el *i je
ne m'étais pas interdit dans cet ouvrage toute excursion en
dehors du domaine de la médecine proprement dite.
Je n'aurai donc, ainsi que je le disais tout h l'heure, cju'â
■n'occuper des corps étrangers introduits dans le vagin.
L'eiamen comparatif des accidents que peut amener l'in-
troduction d'un corps étranger dans ta cavité vaginale, aui
points de vue de l'impuissance el de la slérililé de la femme,
mérite , à coup sûr, une certaine attention, car les faits de ce
genre se présentent fréquemment dans la pratique, depuis
surtout que l'on fait un usage presque obusif des pessaires.
Il est incontestable que certains corps étrangers intro-
duits dans le vagin n'occasionnent ni impuissance ni st^t-
lité, etbien plus, que leur présence facilite au contraire la
fécondité de la femme. Il m'est jilus d'une fois nrriié
(l'introduire une éponge dans le vagin pour alteindn M
résultat, soit que je voulusse modiËcr momentanùinent la
direction du col utérin, soit que je me proposasse de déter-
miner sur cet organe une excitation indispensable à la
fécondation, comme je le dirai ailleurs, et qui faisait déftul.
Je n'ai donc pas à in'occuper ici de cette classe de corpt
étrangers.
Il en est d'autres qui, sans empêcher la fécondation,
s'opposent complètement, ou tout au moins d'une manière
douloureuse, au rapprochement des sexes; de ce nombre
est la très grande majorité des pessaires, surtout s'il oiirte
un prolapsus de la matrice assez prononcé cl une latité det
parois vaginales asset grande pour laisser couler l'instrument
contenteur, et par suite, pour ne plus pcrmcllrcà celui-d
de soutenir la matrice.
É
TUMEORS DD VAGIN. 509
D'autres enfin, en obstruant complètement la cavité vagi-
nale, déterminent tantôt la stérilité seulement et tantôt
l'impuissance et la stérilité, suivant la hauteur à laquelle
le corps étranger est arrêté.
Comme on le voit, la distinction est importante à faire,
non sous les rapports de Tétiologie et du traitement, mais
aux points de vue des symptômes et surtout des accidents
divers que peut entraîner la présence de ces corps étrangers.
Les motifs qui amènent l'introduction d'un corps étran-
ger dans le vagin sont nombreux et variés ; tantôt, comme je
le disais plus haut, c'est le médecin lui-même qui a placé un
pessaire, une éponge, ou tout autre objet qui, oublié par la
malade, séjourne dans Torgane pendant un temps quelque-
fois très long ; tantôt c'est une pensée de luxure, Tappàt du
plaisir vénérien qui a sollicité l'introduction dans la cavité
vaginale d'un corps quelconque, et qui , au moment du
spasme cynique, comme disaient les anciens, a échappé
des mains de la femme et est resté dans l'appareil copu-
lateur, protégé par un sentiment de honte ou de pudeur;
tantôt enfin la présence du corps étranger dans le vagin
eat le résultat d'un acte criminel ou de brutalité, comme
dans le fait, observé par Dupuytrcn, de cette fille de la cam-
pagne, qui portait un petit pot dont la concavité regardait
le col de l'utérus, et qui avait été placé 1^ par des soldats,
après le viol commis par eux sur la jeune fille.
Quel que soit le motif qui ait amené le corps étranger
dans le vagin, il est incontestable que sa présence s'oppose
plus ou moins à l'entier accomplissement de la fonction
génitale. Je ne parle pas des autres accidents pathologiques
qui en peuvent résulter, tels que la douleur, l'inOamma-
lion, la déchirure, la gangrène même des parois vaginales,
car je me dois renfermer dans le cadre de ma thèse.
us LËSIUNA MftCAMQDSS ilH I.'AVMItRII. C0PI3LATBVB.
A ce point (le vuo eicluslf, In précence du cnrp» étranger
peot ne rendre que le coït, ou impo»iible, ou »iin|tlefflenl
doalourcut, siin% empêcher la f^condiition; ou bien, lotit
CD étint un obstacle plus ou ntoios ab<ioln à la ropulalion,
il peut, en même temps, s'opposer i l'urritée du «(wriue
iêo» l'utérus, et par conséquent, rendre impoisthle rimpré-
gDIlion.
On conçoit très bien, en effet, que si le col de l'alénu
abais)iéA'i;ii|;(i)iCiluni4 un pesMiri-, le congrus sera înrofflplet,
douloureux pour la femmo, dont le musenu de tanche ann
i lup|)urlL>r len chws de la ter^f., et pt'nibli' peur l'Iioinme,
dOBt te gland viendra heurter \v% parois endurdfs du pc»-
Htre^ muis, niat^rn ces cirronstnnceN défavorables uo pli>>
sir, non ti'cm|i<^rhera le itperme de venir frapper le mnseao
de tanche, de pénétrer dans l'utérus sans qu'il soit arrtié
par la tuméfadion que présente ordinairement, en Km-
blable occurrence, le col de la matrice, et d'accomplir l'acte
de la fécondation.
Dans l'observatioD de Dupujtren, la femme était faUl**
ment condamnée à une stérilité d'une durée plus ou moiai
longue, puisque l'ouverture inférieure de l'utérus était en-
Uirement soustraite k l'action de la liqueur Rperraatiqoe.
La thérapeutique des corps étrangers du vagin est boiét
sur les prJDcipes généraui de la médecine opératoire dtt
corps étrangers en général. — Je ne dots donc pas m'y
arrêter ici. — Seulement je ferai remarquer que dans cer-
taines circonstances cette ettraction est entourée des plu
grandes diflicultés, parce que très souvent des concrélJMM
se forment sur le corps étranger et en empêchent le glisse-
ment, et parce qu'aussi quelquefois des végétations fon-
gueuses se développent sur ta muqueuse, s'étendent jusqM
sur le corps étranger, et lui conatitueot ainsi du lient q>i
IMPUISSANCE PAR FRIGIDITÉ. 511
le retiennent en place. Dans d'autres cas, le corps étran-
ger a perforé la paroi vaginale, a pénétré dans la vessie ou
la rectum, et c'est alors par ces organes que Ton est obligé
de l'extraire.
G>nin[ie on le voit, la conduite du chirurgien ne peut
être réglée d'avance ; elle devra s'inspirer des circonstances
relatives à la nature, à la position du corps étranger, aui
complications qui l'accompagnent et aux désordres qu'il a
déjà produits.
IMPUISSANCE PAR FRIGIDITÉ.
D'après les lois de la nature, la femme, pas plus que
l'homme, ne doit être inactive pendant l'acte du coït : comme
lui, des désirs la sollicitent, et comme chei lui encore la
volonté est nécessaire pour la réalisation de ces désirs ;
mais pour que cette volonté ne fassepasdéfaut, pour qu'elle
seconde et favorise la copulation, but des désirs incitateurs, il
faut qu'un attrait puissant lu décide, qu'une suprême ré-
compense, pour ainsi dire, soit attachée a sa soumission;
cet attrait c'est le plaisir, cette récompense c'est la volupté.
Le plaisir est donc une condition du coït normal chez la
femme, et par conséquent son absence constitue un état
antiphysiologique dont les conséquences, hàlons-nous de le
dire, sont préjudiciables plutôt aux liens conjugaux qu'à la
santé générale de la femme et qu'à l'acle de la génération.
Mais de ce que la frigidité n'altère aucune des fonctions
nécessaires, soit à renlretien de la vie, soit à la propagation
de l'espèce, il n'en faut pas déduire que cet état anormal
est indigne de l'attention du médecin et des méditations du
philosophe. Indiflérente d'abord pour un acte vers lequel
ne la sollicite aucun attrait, la femme froide finit toujours
IMPUHSAKCR TAR FRIliltUTft.
|iur passer de l'indilTérence h In répulsion, surloiil nprè^tmr
ou plusieurs grossesses, dont le plninir ne lui Tait oublier ni
les ennuis ni les douleurs; alors cette répulsion, mal com-
prise ou mal interprétée par l'homme, entendre cnirp 1rs
deux époux des querelles et des luttes i{ui brisent 'quelque-
fois le nœud conjugal, mais qui retentissent toujours plus
oa moins Tortement sur le caractère de la Temme et le bon-
heur du fover domestique. Le médecin est souvent consollé
pour cette infirmité, et l'excuse dp ce recours k la science
est, il faut le reconnaître, bien moins dans la. plaisir que
dans la p»ix du ménage.
Deux puissants motifs militent donc en fateur de l'étude
el de la guérison de cet état, que tout autorise k appeler
morbide ; en y obéissant, le médecin accomplit une double
mission sociale ; celle de favoriser la propagation de l'es-
pèce, et celle de sauvegarder la base de toute société, le
mariage.
Il n'est pas dans mon rAle de m'appesantir davantage
sur l'intérêt que présente, au point de vue social, la frigi-
dité de la femme, qui, sous ce rapport, a presque tonte la
valeur de l'impuissance chez l'homme ; il a dd me sufBre
d'indiquer cet important cAlé de la question, afin de me
faire pardonner la sollicitude avec laquelle j'ai étudié tel
état, s'il était besoin de justifier cette sollicitude de la part
de la médecine, lorsqu'il s'agit d'une infraction aux lois
physiologiques de notre nature.
Je reviens donc à la partie purement médicale da pro-
blème.
Mais pour bien comprendre t'éliologie si mal connue de
Is frigidité, il faut se rapporter i ce que j'ai dit ailleur9(4)
(() Voyez la page 31.
IHPUISSANCB PAR FRIGIDITÉ. 513
sor le mécanisme du plaisir chez la femme, et se rendre
bien compte du rôle que jouent, d'une part* les bulbes du
Yagin, et d'autre part le clitoris.
Je vais, pour l'intelligence de ce qui va suivre, rappeler
ce mécanisme en deux mots : anatomiquement.et physiolo-
giquement, les bulbes du vagin sont les analogues du bulbe
de l'urètre chez l'homme, et le clitoris est, comme la verge,
pourvu d'un gland et de corps caverneux dont la base
communique, au moyen de veines nombreuses , avec les
bulbes du vagin, ainsi que l'ont démontré les injections faites
par MM. Kobelt (1), Jarjavay et Deville (2).
Sous l'influence des désirs erotiques, les bulbes se gor-
gent de sang et envoient ce liquide en plus grande quantité,
par le réseau intermédiaire, aux corps caverneux et au gland
du clitoris, dont la sensibilité, ainsi accrue, se réfléchit
avec plus d'intensité sur le conslrictor cunnt, ce muscle
symétrique qui, en tout semblable au bulbo-caverneux chez
l'homme, recouvre et comprime dans ses contractions les
bulbes du vagin.
Ainsi, pour que l'éréthisme vénérien, et, par suite, le
plaisir, se produise chez la femme, il faut l'intégrité et le
libre exercice des organes suivants : i"* bulbes du vagin et
leur muscle, le conslrictor cunni ; S"* le réseau intermé-
diaire ; â* enfin le clitoris, surtout la partie libre, c'est-à-dire
le gland.
La distinction que je viens de faire n'est pas une simple
curiosité anatomique; elle est, comme on le verra plus
loin, d'une importance extrême pour l'étiologie de la frigi-
(4) Dtf Vappareil du sens génital dei deux iexes^ trad. de l'allemand
par M. Kaula, p. 78 et suiv.
(2) Traité d'anatamie chirurgicale, par M. Jarjavay, t. I, p. 316.
33
tiipcosANCE CAn psiainiTt.
dite, et t'es.1 à elle que jo doJK ilu m'ètn; rendu oompic, i
pluHieurN circon»t»iicei, d'une absenc» de [ilaisir véoéneo
<]u'aiiciine lésion du clilorî) no poafnit n)'cipli(|iier; aiofi,
et ponr n'en citer <|u'un ciumpte afin du ne pas empiéter
sar l'étude <|ui rn suivre, j'ai rencontré àes femmes qui,
h la Nuite il'un nccoiichement bboricut ot pendunt lequel II
vulve avait plus ou moins «oufTert, perdaient (ont aenti-
m<>nt voliiptiicun, nans fjne le clitori» pr^nenlAt la rnoiiMlre
trace d'altération. — Ces cas ne sont pas très rares. ^ La
frigidité pernistc plus ou moins longtemps; laatAt la facallé
erotique est complètement et pour toujours éteinte, el
tantôt, après une suspcaiiion dont lu durûe ohI très varilblc,
elle réparait nans rnu»e connue, el sann qu'aucune médira-
lion ail été lenlée pour In rappeler. Dans ces caf, moiai
rare* qu'on ne pense, je le répMc, on Irouve, itan« une
lésion des bulbes, et plus souvent encore dans la déchirure
du conslriclor cunni, l'eiplicalion de ce trouble que, dans
leur ignorance, les auteurs qui m'ont précédé mettent to-
lonliers sur le co;nplede lu sjncope génitale, d'une névrose,
et voire même de la paralysie du cliloris.
C'est il ce défaut, je dirai mt^me h celte absence de toit
diagnostic différentiel que la frigidité doit d'être obandoimée
dei médecins comme incurable et partant comme indigne de
leurs méditations. Aussiiii-jetrouté bien peu de chose chet
mes devanciers, qui m'ont laissé un champ tout en rridw et
dans lequel j'ai e5soyé de tracer quelques sillons.
Ainsi que je l'ai fait pour l'impuissance chez l'homme, je
considérerai la frigidité au point de vue de son étiologie, el
j'admettrai les cinq ditisiunii >uiiaiites :
1° Frigidité naturelle, ou par vices de ronfornialkto j
•2" Frigidité idiopalliique;
'i" Frigidilé stmplomatique;
FRIGIDITÉ i^All VICES DB CÔHf^OllffAtK^; tÀS
fto Frigidité consécutive ;
S"* Enfin frigidité iiyiDpnthiqUe où mofHlë. -
Ces! dans cet oi'dfe que je rais étudier cet état hhatP6
de l'appareil vénérien chez la femme.
CHAPITRE I«.
FRIGIDITÉ PAR VICES DB CONFORMATION.
La sente anomalie dont il sera ici question est l'ab-
sence ou tout au moins la petitesse extrémb du clitoris.
L'abséfice complète du clitoris, avec la parfaite conformation
de la vulve, est excessivement rare ; je ne Tai jamais ob-
servée et n'en ai pu trouver des exemples chez les auteurs.
Mais il n'en est pas de même de Tarrét de développe-
ment que peut éprouver cet organe, et pas n'est besoin
alors do la coexistence d'un vice de conformation de la
vnlve. J'ai vu le clitoris rédtirt à uhe forme presque mi-
croscopique, et on ne lé retrouvait qu'avec les plus gratids
soins caché sous son prépuce et dans les plis de la com-
missure des lèvres. Si, dans ces cas, toute sensibilité ero-
tique n'est pas éteinte, on est en droit d'admettre qu'elle
est au moins considérablement affaiblie, et qtie celle du cli-
toris en particulier est singulièrement obtuse.
Cependant, quand on réfléchit, d'une part au tissu érec-
tile qui entoure le vagin, et d'autre part à l'existence otro-
phique, il est vrai, mais enGn à l'existence du gland du
clitoris, on ne peut raisonnablement admettre une insensi-
bilité complète, et j'ai vu en efTet des femmes avec un cli-
toris excessivement petit ne pas rester entièrement froides
aux caresses de l'homme.
f
ïblXÈ nu VtCES DE CONFORHATtON.
,i doute tes femmes n'ont ni les iiislinclN, ni ks rurcunt
une Messaliiie; ellc*i xunt lentes a sY-inouvojr, maiiireslcnt
u (le ilétirs et n'entrent en jouissance (gii'à la longue <>l
pir des rasnwufres savamment conduites; mais h la fin lu
plaisir !tVveille, et cV'st pour rette classe ilo femmes que l'on
peut dire quo bien souvent \c coît commencé avec iiuJifFé-
■ence et mi^mc a>ec iléportt, ^e termine dans lu *olupté.
Évidemment une thérnpeuli(]uc essentiellement médicale
l'a que faire en {inrcilles circonstances : si le clitoris manque
pment, l'urt ne (leut se compromettre dans une plas-
oii 1» vie et la sensibilité furjiient défaut; et si l'organe
'arrêté dans son dcvi'luppnment, l'intervention mé-
alors <]u'l'II€ cït a{)|ielée. n'olTre guère plus d'avao-
, car on nu s'aperçoit d'urilinsire d'une pareille in-
nrmité qu'A un Age oii les olrophies sont au>des»us des
fessources de l'art.
Cependant, en vertu de cette loi physiologique qui nous
iB|irend qu'un organe se développe en proportion directe
deson usage, on pourra essayer les eicilations erotiques,
oit morales, soit physiques; mais on n'oubliera jamais,
ans l'emploi de ces moyens, les devoirs que la société
. la morale imposent à la pudeur de la femme. Aussi
médecin doit-il être très cirronspect et ne manier
avec la plus grande prudence cette arme dangereuse,
^iritation cynique cbes la femme.
1
FHtGinHÈ IDIOl'ATHIQUIi
CHAPITRE II.
FRIGIDITÉ iniOPATHltJUE.
»
I
En parlant de l'impuissance idiopalhiquc citez l'homme,
j'ai dit que chez ce dernier la syncope génitale, dégagée
dL' toute lésion organique locale et de toute oiïiclion gêné'
raie, était rnrej mais bien plus rare encore est la Trigidité
idiopathiquc chez la femme, et celle diiïérencc s'explique
tout à la fois et par la simplicité du rôle que la femme rem-
plit dans te coil, et par la moimlre complication de son
appareil copulateur, ou plutôt de son appareil sensitifde la
génération. Pour mon compte, je n'ai jamais vu celte va-
riété de frigidité, et n'en ai point trouvé d'exemples dans
tes auteurs ; toujours, quand une femme m'a avoué ne pou-
voir prendre part aux plaisirs de la couclie conjugale, j'en
ai trouvé la cause, soit dans les conditions générales de
l'organisme, soit dans des conditions locales de l'appareil
générateur.
Cependant la théorie permet d'admcllrc celte sorte de
frigidité, et l'on conçoit 1res bien que le clitoris puisse être
Trappe de paraljsie esserilielle, ou même sim|>lemenl d'un
engourdissement plus ou moins prolongé de sa sensibilité.
Dans ce cas, et si un pareil fait se jiré.senlait il mon obser-
vation, j'eslime, en jugeant par analogie, que l'électricité
serait le moyen tout à la fois le plus rationnel et le plus
avantageux. Mais, jo le répèle, sans appui et sans preuves
en celte matière, je ne puis que fournir des hypothilities qui,
ne reposant sur aucun fuit clinique, n'onl évidemment
qu'une valeur minime.
Cependant il est une forme de frigidité que l'on admet-
fHKilDITfi Sïm-TOKATltttlK
volontiers comme idiopathiquc, rI rll(> n'élait pas life
a certaines l'ircoiistnnco^ ijue je ilévolopperai touguemetil
dans le chapitre suivunt, alors que je parlerai de la frigidité
par tempérnment.
CHAPITKE m.
irRKilDITB NVMl'TOHATK'I^K-
Conme rimpuinsniire ('liez l'homme, la frif^idil^ ilr la
femme est symplomali(]ue, ta[il<M d'un étui ph}siologi(|ue,
comme l'Age, la constitulion, le tempérament, et taol4l
d'un état morbide, soit général, soit local.
C'est i Cf^ double point de vue que je vais successivement
me placer.
S 1. — FrifMIM BTMrUMMiiqM «■«« él*t phjalatocMiHc
1" j4ge. — Il est incontestable, par le Tait de la mastur-
bation chez les pelilcs iîlles et par les exemples de lascivité
que présentent quelques vieilles femmes, que la sensibilité
génitale du scie n'est pas entièrement sous la dépendance
de la menstruation (1), Mais cette sensibilité, pour être
plus etquise et plus délicate que la sensibilité générale tac-
tile, est-elle cette sensibilité voluptueuse, sut generis. seu*
lement apanage de l'amour; et la sensation qui en découla
est-elle aussi ce plaisir inelîable qui porte tout h la fois uo
trouble divin dans notre âme et un frisson indicible dans
nos libres?
(l) Dans toul le cours de cet ouvrage, le mol ni«rulrual«m doit èM
pris comme synonyme d'évolution ovarienne dont l'bémorFbagie noM-
Irnelle ^l le priocipal ByuplAme.
d'un état PHYSIOLOGIQUk. 519
Sans doute, en restant dans les limites de la théorie, le
vrai plaisir vénérien, la vraie sensibilité amoureuse et la
véritable volupté erotique ne doivent exister ni avant, ni
après Tège de la menstruation, puisqu'ils ne sont que les
incitateurs h la propagation de l'espèce, et que cette propa-
gation ne peut se produire que pendant la vie menstruelle
de la femme.
Cependant quand on aborde le domaine de l'observa*
tion, on est forcé de ac départir d'une théorie aussi rigou*
reuse, et en présence de faits bien authentiques et bien
avérés, on se demande si le coït, dans l'espèce humaine,
n'est pas tout à la fois un moyen de sociabilité et un aiguillon
à la génération.
Ce n'est point ici le lieu d'aborder un semblable pro-
blème, dont on trouvera la solution plus loin, alors que
j'examineroi rinflucnce exercée sur le sens vénérien par
l'absence de l'utérus et des ovaires.
2"* Constitution, — On se tromperait grandement si Ton
croyait qu'une mauvaise constitution est une cause de frigi-
dité pour la femme; bien souvent, dans les organisations
délabrées et cacochymes, la vie purait se retirer tout entière
dans le système nerveux, qui est alors d'une susceptibilité
excessive et d'une impressionnabilité étrange. Si, dans ces
circonstances, la femme vit au milieu du luxe et de la pa-
resse, si elle s'abandonne à la lecture des romans, fréquente
les thé&tres, les bals, les musées, etc., etc., si elle s'expose
à l'empire énervant d'une civilisation rafiinée, toutes ces
excitations retentiront profondément sur les organes de la
génération, et la sensibilité erotique s'accfottra de tous les
désordres du système nerveux et de tous les écarts de l'ima-
gination.
Cependant toutes les constitutions frêles et délicates ne
5'20 KBIfilBITÉ SVMPTOHATIQUK.
|irésrnlPiU }ins cette ciritabilité est-essive, et il en est c4iei
les<]iielles toutes les sourci'S du la vie coulent avec une leii'
leur et une mollesse désespérantes. A peine asseï furies pour
se sufRre à elles-mêmes, pour retenir le faible soufTli' cfui le*
anime, ces frôles créatures ne peuvent avoir l'ambition de
perpétuer l'espèce, de communiquer k autrui une vitalité
ijui leur écbappe, et la nuture, toujours prévoyante, même
dans les malheurs dont elle nous afflige, leur réfute les
désirs qui sollicitent, et hs plaisirs qui récompensent l'acle
de la reproduction.
N'essajez pas, par des excilulions intempestives, de con-
trarier les desseins de la nature; vous n'arriveriez ija'à
faligntir davantage et Ji briser même les faibles rcssorb tyù
soulitfunenl la macbtne; que tous vos soins, que toute votre
sollicitude se bornent ù au^^menter l'élasticité du ressort tl
la résistance de l'organisme ; avec les forces, avec le déve-
loppement osseux et muscubire, avec l'accroiiseinent d«
l'innervation, en un mot avec l'énergie vitale, le sens géailil
apparaîtra, riche de ses attributs, c'est-è-direaiecsesdésin
ft sa sensualité.
3* Tempérament. — Les anciens, dont les sagarcs obser-
vations se cachaient souvent sous les allégories les pli»
ingénieuses, admettaient quatre lempéramcnts, qu'ils fai-
saient correspondre aui quatre âges de la vie, aux quMre
saisons de l'année et aux quatre climats du globe : ainsi le
tempérament sanguin était l'apanage de Injeunesse, du pria-
temps l't des pays tempérés; le tempérament bilieui con-
cordait avec l'Age adulte, avec l'été et les climats chauils;
le tempérament atrabilaire était l'analogue de l'âge mdr, de
l'automne et des pays équatoriaut; enlin le tempérament
pituitt'ut correspondait è la vieillesse, à l'hiver et aui
pajs humides et froids.
J
d'un état physiologique. 521
Il n'est pas, à coup sûr, de façon plus ingénieuse et plos
vraie do caractériser les aptitudes génésiaques des difers
tempéraments, et si Ton voulait dresser, au point de vue
qui nous occupe, leur échelle de gradation, on n'aurait qu'k
se conformer aux notions les plus vulgaires sur Tinfluence
des âges et des climats relativement aux manifestations de
l'amour.
Cependant il faut se garder d'accepter dans toute leur
rigueur de semblables rapprochements, car si la vieillesse
est complètement insensible aux excitations vénériennes,
les habitants des pays froids ne sont pas déshérités de tout
plaisir erotique, même pendant l'hiver.
Cette distinction nous amène naturellement à une ques-
tion qui n'est pas sans importance, h savoir s'il existe des
tempéraments complètement froids, c'est-à-dire si l'absence
absolue de désirs et de plaisirs vénériens peut, d'une manière
exclusive, être le résultat du tempérament; en d'autres
termes, si un tempérament quelconque peut, sans devenir
état morbide, être, comme la vieillesse, une cause absolue
de frigidité, ou s'il ne constitue, ainsi que l'hiver et les
climats froids, qu'une prédisposition à l'allanguissement de
la fonction génitale. •
Toute question posée carrément exige une réponse caté-
gorique. — Oui, je crois qu'il est des femmes complètement
froides par tempérament, qui, sans préoccupations intellec-
tuelles, sans contre-indications morales , sans maladie
locale ou générale, en un mot, sans aucun de ces mille
motifs, moraux, sociaux ou physiques, qui paralysent le sens
Gopulateur, n'ouvrent leur âme à aucun désir et leurs sens
à aucune volupté. — Sans doute, cette insensibilité com-
plète, absolue, est plus rare qu'on ne pense, et l'on rencontre
souvent des femmes qui doivent leur frigidité, soit à la ma-
539 KKIGIbllft SVMPTUHAIltjDK
[adresse de leur mari, soit au défaut d'Iiiirtnonie entre
leara mutucllifs evrilatioiit. Mais pour èlre peu commuita,
l'entière frij^iditi^ par vice Je icmpt-niment eiiite bien
réelle, jo le répète, et ce fait, & défaut de diagnostic infaiU
lible, trouvu une nouvelle confîrmalion dans le auccèt d«bl
médication mise en usa|;e.
l,e» (ffame9 dont l'itislincl gétiilnl ne «'eM pas éveillA k
l'Age lie la puberré.et relies mAme dont les mBuifeitalions
de cet iiisliuct sonl languissantes et pareiiseuse», présenleal
un ensemble de phénomènes qui les fait toujotirs facilenicnl
roconnailre. Ces phénomène», pour In plupurl du muin»,
pris isolément, n'ont pas constonimenl une valeur cerldinr,
el l'on s'eipuserait h des erreurs ((■''■^^^ <'* nombreuse* si
l'on appréciait l'ardeur erotique d'une femmes jtur un miuI
de ces signes ; ainsi, par exemple, une menstruation peu
abondante, déréglée et à sang pftic, est notée par tous les
auteurs r«mme un symptAme de frigidité, et pourtant, j'ai
vu des femmes très ardentes au plaisir et chei lesquellea lea
règles n'appuroissaicnt que de loin en loin et en quantité
presque insigniliante ; j'en ai même connu une entièrement
privée de menstrues, et dont les désirs insatiables amenaient,
quand ils étaient satisfuils, une véritable crise nerveuse.
11 faut donc, avant de se prononcer sur les disipositioas
erotiques d'une femme, étudier, non-seulement te» niani-
festations extérieures de son organisation, mais encore h
degré d'énergie de la vitalité qui se trahit toujours dans le*
habitudes du corps et dans les sentiments de l'Ame.
Tous les attributs du tempérament lymphatique domi>
uent chei les femmes froides par tempéramenl. Je n'ai point
ici è les passer eu revue ; seulement, je noterai que le
système pileux joue, dans le sujet qui nous occupe, u»
rùle assez important pour fournir à lui seul des signe* i
d'un état PHY8I0L0GIQDK. 593
peu près certains. Tout ce système est remarquable par la
langueur de sa vitalité : les cheveux sont blonds, finii» clair*«
•emés et plats ; ils n'offrent point, comme daQs les natares
ardentes, de.petites touiïes firiséessur les tempes et semblent
subir plus que tout autre l'influence hygrométrique de l'at*?
mosphère ; les sourcils pfties et à peine distincts de la pean
transparente qui les supporte, laissent entre eux,i la racine
do nei, un espace considérable et ne recouvrent pas dana
une grande étendue l'arcade sourcilière; les aisselles,
quoique facilement baignées par une sécrétion nauséeuse
des follicules sébacés, n'offrent que quelques rares poils à
couleur douteuse et à consistance nulle; enfin, le pubis, à
travers un duvet court, p&le et décoloré, laisse plutôt devi^
ner que voir un mont de Vénus, dont la maigreur et Tari-
dite doivent être un épouvantai! pour la volupté.
Sans doute, ces caractères, en quelque sorte passifs, di^
système pileux, ne sont pas constamment et à coup sur
des signes irréfragables de frigidité, mais ils en conslitvient
certainement un indice probable, surtout s'ils concordent
avec les autres attributs physiques dn tempérament lympha--*
tique, avec un allanguissement dans les facultés intellect
tuelles et avec une certaine apathie dans les affections de
i'ftme.
Mais de ce que les caractères que je viens de noter si-
gnalent presque toujours, sinon une frigidité absolue, du
moins un allanguissement dans la faculté volupfueuse des
organes de la génération, il n'en faut pas conclure que la
frigidité complète ou incomplète s'accompagne fatalement
de cette physionomie. Le tempérament lymphatique n'est
pas le seul à produire cet état; il en est un autre, peu
étudié par les physiologistes, qui tire ses attributs plutôt
de la nature intellectuelle que de la nature physique de la
FHIGIDITË SYHPTOMATIUUK
, [lour ces moiif!s, j'appelle (fm/M-Viirnenf
5n
femni'', el i|i
inlellecturl.
Pour caractériser ce tempérament, je ne pu» inicut
faire que de ra|i|ieler ce que me disait un jour une femme
d'inlinimehl d'esprit. Elle ilispiilnil h une rivale lieureuae
la possession d'un liumme, non pour les plaisirs que l'amour
puuvnit lui procurer, mais [tour h position sociale, c'est-i-
dirfl pour le iiiarioge, dont cet amour pouvait £tre la con-
séquence U'un lempérumeiit sunguin, d'une beauté rare,
d'une nmnbilitc pi'U commune, elle était en tout supérieare
h sa rivale, qui, néanmoins, avait le (-rond ovnntage li'èlre
aimée, La lutte s'établit entre ces deux ft-mmes; d'un cdté^
le Cifiur, le dévouement, l'amour; de l'autre, la beauté,
l'adresse et l'esprit. « Je suis ta plus forte, me disait on
jour celle des deut femmes dont les prétentions étaient le
résultat d'un calcul ; mis sens et mon cœur sont lii.sjoula-
t-elle en frapjiant son front, et la tète est bonne... " Onî,
les femmes de l^le, comme dit le vulgaire, chez lesquelles
la raison domine eu souveraine, sont souvent insensibles
aux charmes d'une douce liaison et aui enivrements de
l'amour. l'tijsiquement, rien ne décèle celte froideur; j'ai
même connu des femmes qui lu cochaient sous les appa-
rences d'une nature passionnée et sous les attributs d'un
tempérament fuugueut. Ce n'est que dans les muiura, la
tournure d'esprit de ces femmes, qu'il est possible de péné-
trer les conditions d'une semblable insensibilité. Presque
toujours ces personnes ont quelque chose de viril dans le
caractère, une volonté ferme et un jugement qui ne s'inspire
pas de lu timidité de It'ur >ete -, ces attributs de leur na-
ture morale donnent it leur démarche et à leurs mouve-
ments une sûreté et une fierté qui ne sont pas ordinaire-
ment l'apanage de la femme, et jtourtanl ci
elles ne porleal J
d'un état physiologique. 525
pas les signes de ces virago dont parle le poëte; leurs
formes sont i^légantes et arrondies ; leur beauté, quoique
mêle, n'a rien de dur et de viril ; leurs manières sont sédui-
santes, leur voix douce ; en un mot, elles sont complète-
ment femmes, et n'ont pas, comme les virago^ les penchants
obscènes de la tribadie; elles éprouvent, non de l'aversion,
mais une indifférence absolue pour les plaisirs vénériens,
quelle que soit d'ailleurs la source d'où ces plaisirs dé*
coulent.
La menstruation ne fournit pas de signes plus certains
que les autres habitudes du corps ; quelquefois elle paraît
moins abondante qu'elle ne semblerait l'être ; mais il est dif-
ficile, pour ne pas dire impossible, de rien préciser à cet
égard, tant la quantité des menstrues varie avec chaque
femme; seulement, cette fonction est constamment remar-
quable par sa régularité, que l'on attribuerait volontiers à
l'absence de toute excitation génésiaque.
Les seins n'offrent également rien de particulier; les
glandes mammaires acquièrent leur développement normal
et subissent les influences ordinaires qu'exercent sur elles
la menstruation et la grossesse, car, disons-le par antici-
pation, la frigidité, quel qu'en soit le motif, n'est jamais
une cause de stérilité.
Je le répète, ce n'est point à des signes physiques que
se reconnaîtra la froideur dont je parle; il en faut chercher
lesmanifestationsdans les mœurs, les habitudes et le carac-
tère moral de la femme, quoique ces circonstances n'aient
pas toujours par elles-mêmes une valeur bien grande, et,
dans la majorité des cas, s'en rapporter aux aveux de la
malade, qui, en les faisant à un médecin, ne peut guère
être soupçonnée de supercherie.
On s'étonnera peut-être de me voir placer ici c^tte forme
536 piierDiTft svMMoaATivce
ife rri^iditt^, i?l l'on «e ilfmatidffni <>i «on ^tiiile nWil f>n
miouK figura Aou» le cliapilre relatif h la Triitrilil^ iilmpa-
thH|iie DU h relui ijuc je fODimcrerBi luut k l'ht-urf h \»
frigidili^ (inr cnuse morale. Qu'on me permetlp un mnt it'ci-
pliratioii <|ui liitora en mAme lemps l'étiologïe de r^lât qw
j'etainine.
Cette Tormc de frigidité ne pouvait entrer dans le cadrt
de la frigidité idiopalhiqiic, pnrre <)u'elle esl la maniresis-
tion, je |iourrai.<i presque dire le sympldme d'un état parfai-
tement dc^fini, ik itatoir. la prédominante de l'élément
intellectuel.
Elle lie devait pas non plu» trouver 5a place a cAté de la
frigidité par fniiie morale, parre qne, ainsi que nous le
terrons pn temp» cl lie», celte frij^iilit^ eut loul h la toi*
pnssng^r(" el relative, el (jue, [i«ur nt: produire, il lui fuul
on mobile extérieur, un aliment étranger, pour ainsi dire,
tandis que la frigidité dont il est ici question est per-
manente, absolue, el a »a source dam un des éléments de
notre nature.
Que si l'on réfléchit à ce que l'on doit entendre par
tempérament , r'est-ft-dire In prééminence d'un des syt-
lèmes de l'organisme, concordant avec un état parfait de
santé, on con>ienilra que la prééminence de l'élément
intellectuel, sans altération de la santé générale, constitue
une condition analogue k celles qui font le tempérament
sanguin, pituileui, etc. ; seulement, l'élément dominateur
n'obéissant point, comme les appareils de l'organisme, aai
lois de la matière, j'ai <iu créer une nouvelle variété de
tempérament caractérisée par lu suprémiitie de Télémest
intellectuel, qui, fatalement, lui devait donner son nom.
i'ar c<'smotifi4, le tempérament intelleclucl a toutaussi bien
sa raison d'être que les autres tempéraments généralement
d'un ÉTTAT P1IY81OLO6IQ0B. 527
admis, et si Ton se rappelle sous quelle dépendance l'élé'-
ment moral tient l'excitalioii et les jouissances vénériennes,
on admettra et Ton concevra sans peine que la préémi*-
nence de cet élément soit, chez la femme comme chei
l'homme, une cause de frigidité et agisse sur Torgasme
génésique à la façon des débilitants, parmi lesquels Bgare
en première ligne le tempérament lymphatique.
Seulement, la médication n'est pas identique dans les
deux cas, et il en doit être ainsi, puisque les éléments à
combattre sont d'une nature si dissemblable.
Dans le premier cas, c'est-à-dire dans la frigidité par
tempérament lymphatique, il faut surtout insister sur la
médication générale que tout le monde connaît, et dont le
fer, les toniques et les analeptiques font la base, et ne pas
se hftter d'agir, soit localement, soit spécialement, sur les
organes génitaux. Dans le second cas, au contraire, c'est-
i^dire dans la frigidité amenée par la, prééminence de l'élé-
ment intellectuel, aucune médication générale n'est néces^
saire ; il faut s'adresser d'une manière presque exclusive et
en même temps au consensus génital, c'est-à*dire au foyer
des désirs vénériens et à l'organe lui^^mème, instrument dt
ces désirs.
Pour atteindre le but de la première médication, et lorsque!
l'organisme aura été relevé par les martiaux et les toniques
de Tallanguissement où le tenait l'abondance des humeurs
blanches, il peut se présenter la nécessité d'agir sur les
facultés génésiaques de la femme, tant morales que phy*
siques; en d'autres termes, il peut être nécessaire d'éveiller
les désirs vénériens endormis et l'appareil génital languis^
sant.
Sous le premier rapport, on mettra en usage les excl"*
tants moraux dont j'ai donné ailleurs la nomenclature;
323 FRIGIDITft $TlfPTON;ITtQ0B
mais dans l'emploi de ces mojciis, qui louchent de si |irè9
aux prescriptions de la mortilc, le médecin ne doit jama»
oublier le respecl auquel ont droil le sete auquel il s'adresse,
l'Age et l'état social de la mulode, l'Iiouneur et les verliu
du foyer domeslique.dont ne peuvent ni ne doivent te
dé[iartir la femme, l'épouse et la mère.
Comme médication etcitunte de l'organe copulnteur, je
place en première ligne les moyens loraui, tels que bain» de
roer, lotions froides ou chaudes sur la vulte el li's lombes,
frictions sèches ou composées sur le périnée, fumigalions
aromatiques sur les parties etlerttes de la génération, et
enfin, dans quelques ca<i, réleclricité.
Les agents médicaux internes, décorés du nom d'aphrodi-
siaques, tels que phosphore, aride formique, ^inseng, etc.,
ne paraissent pas avoir sur la femme la même action que *ar
l'homme. J'ai fait, sous ce rapport, quelques expériences qui
ne m'ont amené o aucun résultat décisif; mai» il est vrsî de
direausïi que l'influence qu'ils exercent sur le générique de
l'homme est si inconstante et si fautive, que l'on ne pcutsàrt-
mentpas conclure^ leur entière inanité sur la femme. Il n'en
est pas de même des cantharides, qui, chei les deui sexes*
agissent, non comme aphrodisiaques proprement dits, mata
bien en déterminant une irritation vésical qui retentit lur
l'appareil génital, grAce iiu vuisinage qui rapproche relui'^
de l'appareil urinaire. On pourra donc, au bei^oin, recourir
aux cantharides, soit en frictions sur le périnée et les
lombes, soit à l'inlérieur, avec toutes les précaulioM
qu'exige l'administraliuii d'un agent aussi toxique et que je
n'ai point k spécilior ici.
Dans le traitement de la frigidité par tempérament iDtel-
lectuel, c'est aux excitants moraux qu'on donnera tout è
la fois la préférence et son attention. Il faut d'un calé
J
D*ON ÉTAT PHYS10LO6IQUB. 529
dimiDuer l'importance de Télément intellectuel qui prédo-
mine, et de l'autre éveiller la partie sensible de l'Ame.
Pour remplir la première indication, on aura presque
toujours à lutter contre des tendances ambitieuses, n'im-
porte le but de l'ambition, contre des goûts de vanité, des
habitudes d'amour-propre ; on dérangera souvent des cal-
culs, on traversera parfois des espérances : n^importe, mettez
dans vos prescriptions de la persistance et de la fermeté; le
succès seulement est à ce prix, caria femme, qui est Umte tête ^
a une force de volonté peu commune.
En même temps que l'on arrachera la femme k sespréoc-
cupations, tantôt graves, tantôt futiles, on lui procurera
des distractions capables d'éveiller tout à la fois sa sensibilité
morale et sa sensibilité physique. Ces distractions ne sau-
raient être les mêmes pour toutes les femmes : aux unes, il
faudra le bal, les spectacles, In société des hommes; aux
autres, la poésie, les romans, la solitaire contemplation de.H
beaux-arts; chez celles-ci, la vue de la nature, la solitude
des bois, le charme de la campagne, exciteront de tendres
émotions; chez cellos-lè, enfin, l'&me ne s'ouvrira qu'aux
impressions douces ou aux émotions terribles des voyages.
On ne peut donc, à priori^ Gxer les règles à suivre dans le
choix de ces distractions. L'élément moral a, pour se déter-
miner, tant d'excitants divers, tant do mobiles à nuances si
changeantes, qu'il faudrait, pour tracer ces règles, établir
le bilan de chaque individualité et dresser l'inventaire de
chaque Ame en particulier ; c'est impossible : cette tAche,
cette pénétration des individualités morales doit être laissée
au tact du praticien, à l'observation du médecin et à l'es*
prit d'analyse du philosophe.
Quant aux moyens purement physiques que l'organe
copulateur peut réclamer en pareille circonstance, j'estime
34
^ .^
ftSO fnisiniTt fiyMfTOMATiijCB
que le» ftxcitniilti liteaux liont j'ai parlé tout à l'hfure
sont loul à In foin les seuls el les tnGilleur!> que l'on fOiiM
etnpiojcr. Les caotharides, Innt h l'inlArieur qu'A l'ei-
teneur, doivent élre proscrites ; |i-s béfiélircD qu'on en [tour-
rait retirer ue ttauraiont oompeitser les daiigrr<i dont s'nr-
compiignu souvent leur administi m.
S ■■•— PrIcIdlM •jmptoBiMiltiM* d'an é*»t paUiolosHaF
Comme je l'ni fait pour l'impi «sauce, je Jivuerai lei
maladies qui s'acronipagiieiil de Trigidité: 1* en celleji qui
intërcs3>enl toute l'économie ; 3° en celles qui n'aiïeclenl
que les organes de la t(énérntion.
A. italadit» gfnirales.
Il ne peut être ici question des maladies aiguës; cette
résprve, ({ue j'ai déjà établie plusieurs fois daus le cours de
cet ouvrage , n(> doit plus désormais se trouver sous ma
plume.
Parmi les airections compatibles avec l'existence, od a
cité l'embonpoint excessif comme entraînant la frigidité.
J9 ne partage point cette opinion : le développement
énorme des formes et de l'abilomen peut s'opposer au voïl.
Il l'intromission de la verge dans le vagin, en un mot au
rapprochement des setes, mais i) n'éteint ni les désirs DÎ
la sensibilité génitale chez la femme. J'en pourrai citer pln-
■ieurs exemples, un entre autres, d'une femme dont Im
passions étaient si ardcnlen, que, ne pouvani les satisbire
avec son mari, elle payait un étranger pour se faire mas-
lurlier, mulgré les prrticipcs religieux et honnêtes qa'clla
avait puisés dans sa famille.
li'eKessive mnigretir n'est pas non plus une einae 4b
d'un état pathologique. 5S1
frigidité ; elle est même souvent l'attribut des Temnies pns-
sioDDées.
Quelques aiïectioDS nerveuses s'accompagnent parfois
d'insensibilité génitale, Tépilepsie est dans ce cas ; d'autres,
au contraire, comme l'hystérie, amènent dans quelques
circonstances une telle surexcitation génésiaque, que le
coït est comme une source de voluptés amères et même de
véritables souffrances. Dans l'excès de sensibilité les deux
extrêmes se touchent : la jouissance est sur la lisière de la
douleur.
Dans les névroses de l'intelligence et du sentiment, la
sensibilité génitale est quelquefois abolie, mais plus généra-
lement pervertie. Dans l'idiotisme^ dans la folie, les femmes
éprouvent, dans quelques cas, une répulsion profonde pour
les rapprochements sexuris; tandis que^ dans d'autres, elles
s'abandonnent & la masturbation avec une espèce de fureur.
 peu près toutes les maladies dont les centres nerveux
sont le siège peuvent amener tout h coup ou progressive-
ment, par suite des troubles qu'elles jellont dans l'innerva-
tion générale, l'anéantissement partiel ou total de la faculté
voluptueuse. D'abord ces affections, quand elles intéressent
les organes intracrèniens , respectent rarement l'inlelli-
gence, et tarissent, par conséquent, les désirs \énériens
dans leur source même; en second lieu, elles allèrent plus
on moins profondément les fonctions du système nerveux
sous la dépendance duquel se trouvent toutes les impres-
sions, et par conséquent les impressions vénériennes.
Enfin, toutes les maladies débilitantes, toutes celles qui
attaquent la vie plastique, peuvent enlever aux organes du
plaisir la force qui leur est nécessaire pour réagir sous
les impressions vénériennes, les recevoir et les transmettre
au consensus intime.
D*UII 6rAT PATHOLOGIQUE. 5SS
une véritable érection et se courbe en bas, entre (es deux
nymphes, pour présenter son extrémité libre, sa partie la
plus sensible, aux frottements de la verge pendant Tacle du
coït ; à n'en pas douter le clitoris joue un rôle, et un rôle
très important, dans la manifestation du plaisir erotique chez
la femme, puisque Térotomanie, et les exemples n'en sont
pas rares, a été guérie par l'amputation de cet organe.
Mais ce double fait, l'un physiologique et l'autre patho-
logique, établit-il la concentration absolue de la sensibilité
génitale dans le clitoris? Je ne le pense pas. D'abord, et
maintes observations l'attestent, l'amputation du clitoris^
en faisant cesser les accès d'érotomanie, n'a pas tari chei
la femme la source des voluptés; secondement, pendant le
rapprochement sexuel, les époux prennent quelquefois des
postures où il est impossible que le clitoris soit touché par
la verge de l'homme, et pourtant la femme n'est pas frustrée
dans ses droits, on dirait même qu'elle atteint une plus
grande somme de volupté. Bien plus, des femmes m'ont
avoué être complètement insensibles aux titillations du
clitoris et n'éprouver du plaisir que par les frottements de
la verge ou de tout autre corps contre les parois de rentrée
du vagin; ainsi s'expliquent les manœuvres de certaines
roasturbatrices qui, dédaignant la sensibilité du clitoris,
introduisent dans la cavité vaginale des corps de toute
forme et de toute espèce : évidemment , si le clitoris était
le siège exclusif du plaisir, il serait aussi le siège unique
sur lequel porteraient les manœuvres des femmes livrées à
l'onanisme.
Il faut donc reconnaître que, dans l'évolution du plaisir
sexuel, le clitoris remplit un rôle important, mais que ce
rôle ne lui appartient pas d'une manière absolue, et que
les autres organes de In génération ont une part plus ou
ft'àd FRIGIDITÉ syHrTOHJiTIQini
moiiiH grandu duiit lo (lévelu|>|ieinent île cette •eoûbililâ
•péniale.
En voiit-on un ei«mple? Pareot-Duchalolet cite i« f«il
■uiviint, dnns IpiuoI I« clilDriii élait fr.i|i|ié d'inspiiKibililé
mttgré son déveiop|iemenl considérable, niBi<i à vause p«ul-
ètra dt' l'ebsence des orf<ani;» génitaux inlorne» : <• A l'époque
où jo TuiMis ci.'8 recberclifti, dit c.H excellent obnervaleur, on
ne connai)i»ait k Pùris que trois prostituées dont le clitoris
|>râ«entait un di^veluppemeol noli le ; nioiii sur unti •l'elln
M dôrcloppnment était énorme, rnr cet oritaoe avait la loo*
(tueur do 8 centimÈlres (3 pouces), et en grosseur it égnluil
I* doifit indicateur; on jr remarquait un gland bi«n foriné
K recouvert d'un prépuce, au-dftiïoiis duquel xe trouvait
de la matière xébncée : c'était, à s'^ méprendre, la verge
d'un enfant de douze à quatorze ans, peu avant u puberté.
Celte fille, Agée de vingt-trois ans, n'avait jamaw été
réglée e( n'offrait pas la moindre trace de mamelles ; il Mt
probable qu'elle manquait également d'ulérui, car le toa-
cher par le vagin ne faisait reconnaître qu'un tubercule
■phériquc sans ouverture, et Is même eiploratioo pratiquée
par le rectum constatait l'absence de l'organe; malheo-
, reuscment on n'a pas eu recours su spéculum pour eM
eiamen important. Celte fille ayant été pendant long-
temps i la prison des Madelonnettes, les médecins de cette
prison ont cherché k découvrir quelle pouvait être l'is-
flnence d'un pareil état >ur l'activité des passions erotiques ;
mais cette fille leur a toujours dit qu'elle était auisi iodtf-
férenle pour les hommes que pour les personnes de ton
ie\e; qu'elle ne s'était livrée à la prostitution que par
l'excès de In misère et du besoin, et que si elle avait CB
pendant quatre ans nn amont dans son pays, elle n'était
restée avec lui que parce qu'il pourvoyait à t
d'un état PATHOLOQIQUB. 5ft5
J'ai fait surveiller cotte fille pendant sii seniainesy je l'ai
fait questionner par plusieurs personnes, et jamais elle n'a
varié dans ses réponses. Sortie de prison, elle a tenu un
langage semblable aux médecins du dispensaire, qui me
l'ont rapporté.
« Cet état d'indifférence pour un autre sexe, malgré
on développement aussi considérable du clitoris, pourrait,
jusqu'à un certain point, s'expliquer chez cette fille par
l'absence de l'utérus, et probablement par celle de ses
annexes (1).»
Si un développement aussi considérable du clitoris coïn-
cide avec une frigidité tout à la fois morale et physique, il
faut bien admettre, à moins de repousser toute idée physio-
logique, que cet organe n'est pos le siège exclusif du plaisir
chei la femme, et qu'il ne concourt que dans une certaine
mesure à la manifestation des désirs erotiques et de la vo-
lupté.
Quoique le plaisir vénérien soit le résultat d'une sensi-
bilité spéciale, comme la vision, le goût, l'odorat, etc., il
n'en est pas moins sous l'empire do la sensibilité générale,
ety à ce titre, subissant toutes les altérations dont cette son*
sibilité peut être aflectée. Ainsi toutes les maladies des
centres nerveux, oelles des nerfs sacrés qui se distribuent
aux parties génitales de la femme, peuvent amener la sus-
pension ou l'anéantissement de la sensibilité sexuelle.
Je ne puis ici, on le comprend, faire l'énumération de
ces maladies, dont l'étude appartient bien plutôt à un traité
général de pathologie qu'à* une monographie du genre de
celle-ci. Il doit me suffire de noter les relations qui peuvent
eiister entre les altérations de la sensibilité erotique et les
(4) De la ftrostitution dans la ville de Paris, V édit., Paris, 4 837,
1. 1, p. 880.
5S6 KHIGIItlTfe BVMI>ll>NAngtili
afTertiotis si multi|ili'8 et si (iiver<ics Btixi)»elles m>ii1 ei)<
t^H tes rentres neneui et les nerfs qui président h la senn-
bilittS ({^■>>l"'c- Ainsi. |iar exemple, et pour ne citer qa'
seul fait, il est cortuiii, coinme j'ai eu l'occasion de m'
con(aincre dans deux circonstaiH'CS, qu'uitc tumeur pres-
«out dur le pleius sdaliijue est suiiceptible d'amener la
paralysie du nerf lionteas, el, par suite, d'éteindre la mhi^
sibililé vénérienne.
C'est pcul-Mre par une eiplicalion analogue qoe Ton
parviendrait b ne rendre compte de l'indiFTérence qu'éfiroa-
tcnt rerlaineii femmes après des repas copieiii, penduiil la
grossetise on dans un élnt habituel de constipation.
Quoi qu'il en soit, el fi l'on se rappelle que jaillit rom-
bieti était rare lu frigidité jiliupulbii|Ui>. on devra apporter
la plus grande attention dans l'examen de la malade ; car
bien souvent, si l'on s'nrréle è un examen superficiel, on
prendra pour une frigidité essentielle un sjmptAme pur et
•impie de quelque affection, soit de ta moelle, soit des nerfs
qui vont animer les parties génitales de la femme.
Le diagnostic différentiel est donc, en cette circonslance,
de lu plus haute, et je pourrais même dire de l'unique im-
portance, Cor le pronostic et le traitement de la frigidité
sont entièrement subordonnés h la gravité et à la nature de
l'affection première.
Je n'ai donc pas à m'en occuper davantage.
Maladies des organes internes de la génération. —
Quand on réfléchit que te sens vénérien n'est pas iutr«
rbose, pour la physiologie, que l'eicitant et la récompenae,
si je puis ainsi dire, de l'acte reproducteur, on se demande
si, dans les cas où la reproduction est impossible, comme
en l'absence d(t l'utérus et des ovoires, U nature a respecté
un aiguillon dont nous n'avons plus que faire, et une rému-
1
D*UN ÉTAT FATIIOLOGIQUB. 537
iiéraliori dont nous ne pouvons plus nous rendre dignes;
en d'autres termes, l'absence des conditions fondamentales
de la fécondation chez la femme condamne-t-elle le sens
vénérien au silence et au repos?
Qu'on me permette, avant d'aller plus loin, de rapporter
l'observation suivante, prise & THâtel-Dieu, dans le service
de M. Rostan, et que j'ai publiée dans le journal que je
dirige (1).
La femme qui en fait le sujet est une prostituée, c'est
dire que j'ai eu toute facilité dans les moyens d'investi-
gation.
Les organes externes de la génération sont normalement
conformés ; le pubis est couvert de poils, comme chez le
commun des femmes; les grandes et les petites lèvres ont
un développement ordinaire, et le clitoris ne présente rieo
de remarquable pour la forme et pour la grosseur; les
seins ont un volume convenable et sont en harmonie avec
toutes les parties du corps qui offrent les attributs du sexe
féminin ; la voix n'est point mAle, et rien, dans l'habitude
extérieure de cette femme, ne trahit l'étrange conformatico
de ses organes internes de la génération.
Kn introduisant le doigt dans le vagin, on éprouve, dès
l'entrée, une résistance dont on ne tarde pas à se rendre
compte : on est au cul-de-sac vaginal, qu'avec un léger
effort on refoule dans le bassin de toute la longueur du
doigt qui pratique le toucher. Ce cul-de-sac est entier, sans
solution de continuité, et ne porte pas la moindre trace de
col utérin. Exploré dans tous les sens, par le toucher et au
spéculum, pressé dans toutes les directions, il ne laisse
soupçonner aucun vestige de matrice, et l'on cherche vai-
(4) France médicale et pharmaceutique, t. II, p. 449. 4 855.
6&8 FKItimiTi SVUPTOMATIUUK
nenient ce bouton ou cctle e8|ièce il« tuberenle <
par quel(|uus nutours. ^J
L« toucher rectal confirme les donnée* fournies pir ll^
toucher vu<>iriol, et l'uK-riis nu révile sa pré»ence parn* -
cun indice, «juclque faible qu'il »ott. 1^ doifcl. introduit
dans \ii rectum, urrive librement h la reiicuntr« île calai
qoi presse le cul-()u-«acduvu)(iii. et perçuil, sans autre inler-
méiliuire que les membrniies vésicnle et intestinale, une
sonde introduite dans le résertoir urinaire.
Rien évidemment il y u iri nbnonce complète, absolue, de
\'\xlérus.
En est-il de même des ovaires?
M. de tkanvais, àicf de lu clinique de M. Ro»tAn, i
l'obligeance duqtit-lju doi<i rendre hommage, nssure tir les
avoir jamais reoconlrés; pour mui,cn portant le doigt asseï
haut dans le rectum, j'ai bien distinctement louché dcm
corps ovoidea, llottunt dans le bassin, et de la grosseur i
pea près d'une aveline. Sont-ce les ovaires, ou sonl-ce sim-
plement quelques ganglions engorgés du mésentère? Dans
M dernier cas, il faut avouer que la coïncidence est bizarre
et que la nature se plail it semer sur notre voie des sujets
de doutes et d'erreurs.
Comme on le doit penser, l'hémorrhagie menstruelle ne
a'eat jamais montrée chez cette femme, qui, d'une intelli-
gence assez bornée, n'a que des réponses contradietoirea
aur les questions qu'on lui adresse relaiivemeut au mo-
Umen.
Le sens vénérien, sans présenter une grande énergie,
eaiate |.our les désirs et peur la sensation voluptueuse.
Avant de tomber dans la prostitution, cette femme aveit
aimé, et, comme le coit est douloureux, par suite de le
briëteté du conduit vaginal, elle trouve le plaisir dans les
d'un état PATHOLOaiQDB. 5&9
attouchement de l'homme et dans la masturbation , à moins
que le congrès ne s'accomplisse avec certains ménagements,
auquel cas l'union sexuelle lui procure la volupté.
Rapprochons maintenant celte observation des faits ana-
logues que possède la science, et voyons jusqu'à quel point
nous pouvons répondre à la question que nous nous sommes
posée, a savoir : L'absence des ovaires ou celle de la matrice
détruit-elle le sens vénérien ou génésiaque ?
Le rôle secondaire auquel l'utérus a été réduit dans
l'acte de la fécondation par les travaux de Harvey, de Sté-
non, de R. de Graaf et de tous les ovologistes modernes,
fait prévoir que ses anomalies et ses maladies n'ont pas sur
l'appareil génital l'influence que les anciens lui attribuaient.
Baudelocque rapporte un cas d'absence complète de ma-
trice avec conformation normale des organes externes de la
génération (1). Le professeur Heyfelder (d'Erlangen) a
dernièrement publié une observation analogue, et il a noté
que la femme qui portait ce vice de conformation aussi
complet que possible, non-seulement accomplissait le coït
dans toutes les conditions physiologiques, mais encore avait,
à chaque époque menstruelle, une perte de sang par l'urè-
tre (2). On ne peut méconnaître ici l'existence des ovaires.
Krahmer avait déjè rapporté une observation analogue (3),
tandis qu'Rngel et Dupuytren avaient directement cx>nstaté
sur le cadavre la présence des ovaires coïncidant avec
l'absence complète de la matrice. — Le fait que j'ai re-
cueilli à l'HôteUDieu et que j'ai rapporté plus haut, s'il oe
démontre pas l'entière indépendance des ovaires à Tendroit
(1) Art âen accouchement», 1. 1, p. 4 83.
{%) IkuUcheKlimk, 485i, n« 54.
(3) Mandbueh dêr gerichOichen MmUxin. Halle, 4854, p. 480.
5f|(> fHIlilIllyS bVMPTClUATIVlIK
de riitrnis, Lomme les fuils (i'Bri<^el et de DD|)Ujtr«n l'ont
(irouvée nu |iuirit de vue anrttomii{ue, et comme les obs«r-
vulioiis de Kruhmer et de Hfjreldcr l'ont constatée sou» le
rapport pliysiolo^i(|ue ; ce fait, disons-nous, ra|i)iroclté de
ceui que j'tii cités, et dont J'uuruis pu augmenter In nombre,
ne laisse tmcun doute sur l'inanité des relation!! que l'on »
voulu établir entre l'organe gestaleur et l'orgnne topula-
leur, entre les roncttons uléritics et le sens vénérien.
Au point de vue puremenl anatomique de ces relations,
l'observation de Parent-IJuclialelel que j'ai rapportée plut
haut monlr<; que le iirini'îpat orgime du pliiisir, loin d'avoir
.suivi la destinée de l'utérus, n été soumis, ou contraire, i
une loi inverse de développement, et qu'il ne peut être
accusé, par conséquent , de subordonner ses ronclions h
celles de ta matrice. — Ainsi, au nom de la théorie indac-
live et ail nom de l'eipénence, l'absence et les maladies de
la matrice n'altèrent aucune des conditions du coït phju»-
logique, c'csl-ii-dire désirs vénériens, réception de la verge
dans le vngin, et enfin volupté amoureuse.
Mais, au nom de la même théorie inductive , par cela
même que les ovaires rem|ilissent, dans la plivsiulo|iic de It
reproduction, le r<Vle par excellence, et que c'est d'eui qae
partent le signal et len aliments de la faculté ^«'-nérBlrice, t|
Taudruit que tout le sens génital fût sous leur dépendance,
et que leuf empire s'étendit, non-sculemenlsuf les arf^uies
mis au service de ce sens, mois encore sur l'incitateur ra-
terne, sur le consensut intime qui le dirige dans ses toit*
lions.
Iteaucoup de physiologistes l'ont ainsi pensé, el R. de
GraaT a eiprimé cette opinion en cette espèce d'aphorisme :
Cntirala unimalin feminas pytlumtix, dit-il; non solum
fecunditale detliluuntur, sed venerec? volupUUis i
D*UN ÉTAT PATHOLOGIQtJB. 5/il
deponunt appetitum (1). Malheureusemenl, l'observation
lie confirme pas cet axiome, et, en présence de la conser-
vation des désirs et du plaisir vénériens, coïncidant avec
l'absence congénitale ou accidentelle des ovaires , on se
demande si la copulation, dans la race humaine, n'est bien
exclusivement que le premier acte de la génération, et si,
eu égard a notre nature morale, elle n'est pis aussi un
moyen, un instrument, si je puis ainsi dire, de socia-
bilité ?
S'il en est ainsi, comme permet de le supposer la faculté
accordée primitivement h Thomme seul d'accomplir le
congrès en tout temps, et à laquelle prennent graduelle-
ment parties animaux réduits en domesticité, l'absence, et
à plus forte raison les maladies des ovaires , ne doivent
exercer sur le sens vénérien, et, par suite, sur l'appareil
copulateur^ qu'une influence bornée et peut-être nulle.
Il faut se garder d'établir, comme on le fait commune-
ment, une analogie trop frappante entre le testicule et
l'ovaire. Au point de vue de la génération, leurs rôles, il
est vrai, sont identiques : l'un sécrète le produit m&le, et
l'autre le produit femelle, tous deux indispensables pour la
formation d'un individu nouvc.u^ mais, sous le rapport du
plaisir vénérien, tout un monde les sépare : tandis que le
produit de l'ovaire reste complètement étranger au dévc-
loppement de la volupté amoureuse, le produit du testicule,
au contraire, est la source même de cette volupté. Malgré
ce qu'ont pu dire certains physiologistes, le véritable délire
erotique chez l'homme n'a lieu qu'au moment de l'éjacula*
tion spermatique; tandis que, chez la femme, que l'ovaire
(4) De mulier, organis, etc. {Bibliothèque anatomique de Manget,
i. I, p. 643).
5^''2 KRiaiDITt STHPTOUTIVDe
émelli' ou iiod son ovule, )e itlnisir eM le mèm''. Se »êi*
bien (\\i'h i'npprocbe des rèf;les, le «létiir tt^n^rj^ ^t'accroH
et \f s|>flsmi! cynique augmente ; mais cette recruilnrenrc ■
ses motifs «lanii l'état organique de tout rs(i|>areil génjltl.
h la Ruite duquel une héniorrhsgie va seproduire.
Lnisfionii donc une analogie impossible entre len teMîcule»
t)t les DVBtn-s, et n'évoquons pnK les éterneh ftintAn»» des
eunuques et des castrats, qui d'ailleurs abdiquent si peu
leur ri'îiswurre de tiorial>ililé, que tes dûmes romaines du
temps de Perse et de Jurénol en usaient largement pourb
plus grande gloire de leur honneur et le rontentemenl 69
Jcur fomitte.
Sous le rapport anatomiquc, In question de corrélstioB
entre li' dëvelo|ipemrm des ovaires et relui de l'appareil
copulateur est jugée par les faits. Contre un cas de Mor-
gogni, dans lequel l'absence des ovaires coïncidait arec 00
arrêt de développement des organes du roU (1), il serait
facile d'apporter des observations nombreuses oïi la mAme
anomalie esistait avec une bonne conformation de l'appi-
reil génital externe Itien plus. In femme dont Parent-Du-
chatelet nous a tout h l'heure raronté l'bistoire, et chet
laquelle l'absence des ovaires était rendue probable par le
manque absolu de menstruation el par raffaissemenl des
mamelles, cette femme, dis-je, loin de présenter une atro-
phie de l'organe copulateur par excellence , offrait, aa
contraire, un clitoris (énorme. — Notre malade de l'Hôtel-
Dieu, si M. de Kcauvais a porté un diagnostic plus jiiate
que le miin, est un nouvel eiemjile de la parfaite confor-
mation des organes eilernes de la génération coïncidant
avec l'absence congénitale des ovaires.
(<) De Ktdib. et cnu». miirli.,epifit. ilvi, arUSO.
d'un état pathologique. 5&5
Au point de vue physiologique, les ovaires ne me parais-
sent pas avoir sur le sens vénérien toute Tinfluence que
d'aucuns leur attribuent. Il est vrai que Hessychius et Sui-
das accusent Gigès d'avoir fait extraire les ovaires à certai-
nes femmes pour en obtenir plus de volupté; mais, par
contre, quelques autres historiens assurent que les Créo-
phages, peuples de l'Arabie, étaient dans l'usage de prati-
quer cette sorte de castration sur les femmes qu'ils voulaient
employer en qualité d'eunuques dans leur palais ; et
Boerhaave rapporte, d'après Wier et de Graaf, le fait
d'un chètreur de porcs, qui, irrité du désordre dans lequel
vivait sa Glle, lui extirpa les ovaires, et éteignit ainsi chez
elle le feu qui la dévorait auparavant (1).
Des observations tendant à prouver le même fait ont été
rapportées par J.-A. Coock (2), Colombi (3), Robert
Gooch (A), etc. De plus, certaines relations ont été notées,
d'une part, entre l'énergie du sens génital (désirs et plaisirs),
et d'autre part entre l'étal des ovoires et la menstruation :
ainsi, pour les ovaires, Théoph. Bonet raconte l'histoire
d'une jeune Glle dont Tamour contrarié amena la mort, et
qui présenta a l'autopsie les ovaires gonflés et contenant des
vésicules volumineuses (5). Pour les menstrues, on a remar-
qué que le désir et le plaisir vénériens sont plus prononcés
à l'approche des règles qu'à toute autre époque; et que
rbi^morrhagie mensuelle est plus abondante chez les femmes
(4) PrœlectUmes academicœ, t. YI, p. 4 27, et de Graaf, De muUer,
organis (^Biblioth, anatom, de Mangel, 1. 1, p. 643).
(i) Journ.des connaiss. médico-chirurgie. ^ t. IV, p. 4 63.
(3) Frank de Franknau, Satirœ medicœ, p. 44.
(4) Lectures on midwifery^ etc. Londres, 4 830. in-8, chap. I, secl. 2.
(5) Sej[mlchreium, secl. 8. p. 246.
5AA FKIGIDITR SÏMPTOMATIQUI
voluptueuses que chez celles qui vivent dans In chjis-
teté (1).
L'opinion que ces faits expriment u généra k'ment cours
dans la science, è ce point que Ilaller et Carus sont sll^
jusqu'à dire : ^ que la |iropension de In femme aux plaisirs
de Vénus rst en raison directe du plus ou moins de vitalité
dont jouissent les ovaires, et mOmc de leur volume plus ou
moins considérable, et de leur turgescence, u
Je ne puis accepter une opinion aussi absolue en préwMce
des faits dont nous sommes tous les jours les li^moins. La mé-
nopause amène rulropliie des uvairos; après l'A^e critique,
ces organes diminuent de volume, et n'entrent plus en tur-
gescence ; et cependant le sens i^énésinque ne suit pas les
lois de ce dépérissement, et l'on voit, tous les jours, ties
femmes dont les règles ontdisparu depuis longtemps, goAter
les plaisirs de Vénus avec une ardeur à laquelle portcraîenl
envie maintes femmes bien nuiistruées.
Enfin, j'ai connu une jeune femme de vingt-deui ans.qut,
malgré une absence ubsnlue de menstruation, ctail iigilûe par
les désirs vénériens les plus imjiétucui;, et trouvait dans le
coït une source toujours nouvelle et toujours abondante de
voluptés. Celle jeune femme, poussée par le besoin irrésistible
des rapprochements sexuels, sans qu'elle manifestât d'autre
symptôme d'érotomanie, (jiiilla un jour la maison paternelle
el vint dans la ville voisine, où elle ne tarda pas à ne livrer
h la prostitution. Cinq années pnssées dans celle condition
misérable ne purent contenter sa lubricité, à laquelle la
mort mit enlin un terme. A l'nutopsie, à laquelle j'assiMai,
et qui eut lieu à l'Iiâjiital Sainl-fCloi de IMonlpetlier, on coo-
■tata l'alrophie des deui ovaires, qui n'étaient représentés
(1) Bordscl), nuiiolofit. i. 1, p. SU».
Il ii-prcpcain ■
FRIGIDITÉ CONSÉCUTIVE. 5A5
que par des espèces 'de tubercules perdus dans les liga-
ments.
Mais je m'arrête. Sans contester les relations qui, chez
la femme, comme chez l'homme, unissent le sens vénérien
k l'organe génital par excellence, j'estime que c'est aller
trop loin, et que c'est s'exposer à des mécomptes que de
▼oir dans la menstruation (fonction ovarienne) le thermo-
mètre, si je puis ainsi dire, du plaisir vénérien, et de consi-
dérer l'absence de cette fonction , et par conséquent le
manque ou le dépérissement de l'ovaire, comme un signe
tout à la fois d'infécondité et de frigidité.
En résumé :
Le sens vénérien n'est en aucune manière sous l'empire
de l'utérus ; il entretient plus de sympathies avec l'ovaire,
qui n'est pas, tant s'en faut, la source unique de ses exci-
tations.
CHAPITRE IV.
FRIGIDITÉ CONSECUTIVE.
Les circonstances de diverses natures auxquelles peut
succéder la frigidité chez la femme sont beaucoup moins
nombreuses que celles qui amènent l'impuissance chez
l'homme. Aussi, sans admettre en cette place toutes les
divisions que j'ai poursuivies dans le chapitre consacré à
l'impuissance consécutive chez l'homme, je partagerai en
deux grandes classes les circonstances physiologiques ou
pathologiques qui peuvent être suivies de frigidité ; elles
seront générales ou locales.
35
fRIGIDITt CUNtftCUTIVI
i' Circonstances f/énéraies.
Lescirconslances géuéralt-gdont le n't8n(i*»ment torlc
KM génilal est a»sei profond, »oit pour itcifidre lei àénn
vénériens, iioît pour Huspcndru la ««iisibilitÛMpécialede l'ap-
(wreil, apporlieiinent toutes au (Jornaioe pnlhologique; ce
sont prinopalemeni les alfeclions dont l'inOuence délétère
a jiorlé, ou sur l'iunervutîon, ou sur les forces plutiques.
Je ne parle pas ici des altéralioiis orf{anii|ue» de» centre*
nervi-iix, niinmL< le ramollifi^cinent, ks contestions mo-
gulnn»! 011 sén>u<>Cïi, les nom prer^s ions, etc., du cerveau ou
de la moelle, dont la paralysie morale ou physique est sou-
vent In ronsétfuence; mois île les affections |t<^n6rflles de l'tn-
ncrvalion, dont le siège est inconnu, (foi ne laissent aprte
elles niicune (race matérielle de leur passage, et qui aomt
désignées dans la science sous le nom de névroses. De toutes
les névroses, l'épilepsic est celle qui puriilt jouer le rdle le
])Uis important dans le sujet qui nous occupe, et son action
onlisensuelle, si je puis m'eiprimer ainsi, se fait égalemenl
sentir sur le penchant vénérien et sur les organes de ta
volupté.
Ce fait semble pcut-Ëlre on opposition avec la saUcité
remarquable que présentent l(>s idiots, presque tous épile|H
ti<iues; mais celle conlradiclioii n'est qu'apparente, car la
salacilé appartient a l'idiotisme et non à l'épilepsie; et secon-
dement, elle (oinride ovec l'existence de raffection, tondia
que je considère l'état du sens génital après la disparition de
la maladie. Dans le premier cas, la salacité est unsjmptàme
du mal ; dans le second, la frigidité nVn est qu'une consé-
qnence.
Celte langueur vénérienne qui succède parfois é l'éui-
FRIGIDITÉ coNgÈctrrive. 5&7
lepsie a une durée très variable. Si le mal caduc a cessi^
•Tant rétabli.«9emenl des règle», il se peut que la menstrua-
tion ramène la.vie dans le sens génital et fixe dans leur voie
Dormale les aspirations de la puberté ; tout se passe alors
comme à l'ordinaire. Mais si Tépilepsie a existé pendant la
période menstrueilOy soit que la fonction cataméniale ait été
troublée, soit qu'elle ait toujours suivi ses évolutions régu-
lières, l'indifférence, et même l'éloignement pour les plai-
sirs seiuels, s'ils succèdent à l'épilepsie, persistent pendant
un temps dont il est difficile de déterminer la longueur.
Souvent , une crise favorable se produit è la suite d'une
émotion vive, imprévue, comme une grande douleur ou
une grande joie; la gestation peut amener le même ré-
sultat, et alors la femme qui avait conçu sans plaisir trouve
dans sa gcossesse une source toute neuve de voluptés*
Quand la nature est impuissante è ranimer elle seule
l'ardeur du sensgénital, Tart doit intervenir et appeler tout
è la fois è son aide les excitants moraux et les excitateurs
locaux de la sensibilité génitale, sur lesquels je me suis
assez longuement expliqué ailleurs pour qu'il soit inutile d'y
revenir ici.
Il suffit également d'indiquer comme une source de fri-
gidité consécutive toutes les affections qui ont profondé-
ment altéré les forces plastiques de l'économie ; le sommeil
du sens génital est la conséquence logique de l'absence de
la vitalité, et son réveil coïncide avec le retour des forces
vitales. De semblables banalités me dispensent de plus longs
développements.
2* Circonstances locales.
Ces circonstances sont sous la dépendance, ou d'actes
physiologiques, ou d'états morbides; en d'autres termes, la
548 mifllVlTi CONlicUTIVE.
frigidité dont il s'ogit ici est amenée par l'occoniptissetnfinl
ricieni ou nbusifd'une fonrtion |ihytioio(>i(|ue de rappsreil
génital, on est le reliquat d'une maladie de ce fnfrmo ap-
pareil.
An nombre des fondions vicieusement accomplies de
l'appareil g^nilal <]ui peuvent déterminer l'iniiensibililé
génétique, est roccouciiemcnt.
Et parmi les fonctions ahmivement accomplies du même
appareil, sont leii eicôs vénériens par le coït ou la maslof
bation.
Dana le premier cas, la frigidité a pour préteile la lésion
matérielle des organen.
Dans le second cas, au contraire, la frigidité >'etplM|oe
par l'altération de l'innervation générique.
Accouchement. — Pour ceux qui placent dans le clitoris
seul le siège du plaisir sexuel chei la femme, l'accoDche-
menl, quelque laborieux qu'on le suppose, ne doit jamais
porter atteinte è celte fonction, parce que la déchirure de
la vulve, quand elle se produit, a lieu i la fourchette et non
è la commissure supérieure des petites lèvres.
Pour ceux, au contraire, qui, à l'exemple de M. KobHl,
Ibnt découler le plaisir, chei la femme, du jeu harmonique
de tout l'appareil copulnleur, et qui attribuent aux bulbes Ha
vagin un réie considérable, l'acrouchcment long et pénible
peut devenir une cause de trouble dans cet appareil par les
congestions et les déchirures que la tète trop volumineuse de
l'enfant est capable de déterminer sur ces parties; mais ai
l'on considère l'élaslicité dont sont douées les parois Tagi-
nales et la moindre résistance qu'offre la partie inférieure
de la viilte. on avouera que la parturition doit bien rare-
ment amener une lésion des bulbes, et être, par conséquent,
une cause très éloignée de frigidité.
FRIGIDITÉ CON8ÉC0T1VB. 5&9
Il faut reconnaitre eiïectivement que cette couse est exces-
sivement rare et qu'elle a pu échapper d'aulant plus facile-
ment aux observateurs que ses effets, outre qu^ils sont rapi-
dement réparables è cause de la nature même des parties
lésées, se manifestent dans des circonstances peu favo*
râbles au coït.
Que la lésion porte sur le muscle bulbo-caverneux ou
sur le tissu érectile des bulbes eux-mêmes, il n'en est pas
moins démontré pourmoique, dans quelques cas, le passage
i la vulve de la tète de l'enfant détermine une lésion qui
empêche le sang de venir des bulbes dans les corps caver-
neux du clitoris, et qui, par suite, rend impossible l'espèce
d'érection clitoridienne nécessaire pour la manifestation du
plaisir.
Cette impossibilité d'érection, qui entraîne fatalement
l'impossibilité du plaisir, mais non pas celle des désirs
vénériens, a une durée variable, de un à huit jours, pendant
laquelle on peut s'assurer de la réalité de la lésion en titil-
lant le clitoris.
Mon attention fut pour la première fois dirigée de ce côté
par les confidences d'une femme qui, voulant se masturber
quelques jours après son accouchement, ne put jamais,
quoi qu'elle ftt, se procurer les sensations voluptueuses
qu'elle recherchait; elle ne les retrouva qu'après un repos
aasez long.
Cette espèce de frigidité, eu égard à sa courte durée et
aux circonstances au milieu desquelles elle se produit, n'a
pas une importance pratique bien grande, et ne doit pas,
conséquemment, m'arrêter davantage.
Excès vénériens. — Les excès vénériens, outre la satiété
et une certaine répugnance morale dont je parlerai tout à
l'heure^ conduisent à la frigidité par deux voies différentes :
550 FRIOlDITt CONStCUTIVK.
taillât ils émoussent la «eiivibilité gi^oilalc, el taiilftl, au
traire, ils lu Muretcilent ju«i)u'ii en reiitlre let minifetU'
tioiiH morbiden et doulourBURes.
Le pnniicr i<ITt-t semble résulter plus ii|iéciateinetil 4t»
eicè» dfl cuit, taiiilit que lo lerund (tarait âtre )>lua fjartii
lièrctnent som la ilépendauredescicès d'uii.iiiiarue.
Letcnnséfjuenres morale» qu'nnièn«iit ic» deut variété
d'abuM dus mémeH urganes lont ét;Bli>ni«itt différente» :
taridÎK que leK excès de coït ini|)irent la Daliété, eapèce
tle lasaitude et d'alai));uissemi)nt deii désirs, les uitis de
masturbation d(.'teriiitMent uuu r(J|iuUiori plus uu moint
marijuée pour les rapporta leiuels.
il l'oiivienltlonc li'eiumilier siiparémentce» deui nt>pt;cM
d'pxcî'S, d'antani mieux que l<i frigidité qu'ih eiitralneat
exige des indications thérapeutiques dilTérenles.
Etcfes DB COÏT. — Les excès de coil , euvisagéa leulemeot
ious le rapport de la frigidité, exercent une action délé-
tère et sur les organes de la copulation et aur le principe
des dérirs véiii^rieiis.
C'est à ce double point de vue que je me propose de les
étudier.
l'Aclim des excès decoU sur les organes de la copt^ation.
— Qu'on me permette, avant toute chose, de rappeler lea
observations intérestaiitei que Parent-Duchatelet a recueil-
lies sur les prostituées, Ivpe^ , par métier, des escia de
coït: « Les prostituées, dit-il, présentent Tréquemmeot, dans
l'épaisseur des grandes lèvres, des tumeurs qui commenceot
par un petit noyau d'engorgement et se tuméfient à cba<)ue
époqnc menstruelle ; on ne les observe jamaia que d'iw
cdlé è la Tois, et lorsqu'elles sont abandonnées k elles-
mêmes, elles iicquièrent un volume asseï considérable i elle»
sont iudolentes, et ne gênent les femmes qui les portent que
H
FRIGIDITÉ GON8ÈC0TIVK. 55t
d'une manière purement mécanique. Il est rare que ces lu*
meur^ soient fibreuses; le plus ordinairement, elles sont
remplies d'un liquide albuinineux très épais, ou d'une sub-
stance mélicérique. Quelques-unes se développent aussi è la
base des petites lèvres ; ces dernières sont de même nature
que les autres, mais fort douloureuses, et n'acquièrent
jamais un ^rand développement.
» Le métier des prostituées explique le travail inflam*
matoire qui se développe quelquefois dans ces tumeurs et les
fait aboutir, mais elles se remplissent en peu de temps, et
déterminent des fistules désagréables; on ne peut guérir
ces fistules qu'en enlevant les kystes qui les forment ou en
les faisant suppurer.
» Tous ceux qui ont eu occasion de percer ces kystes et
d'enlever ces tumeurs s'accordenl sur la fétidité extrême du
liquide qu'ils contiennent; sous le rapport du désagrément
que procure cette fétidité, aucun liquide pathologique,
suivant ce que m'a dit plusieurs foisDupuytren, ne pouvait
lui être comparé. Celte fétidité est inhérente au liquide, et
ne peut pas être attribuée ù la présence de Pair. Je tiens des
chirurgiens du dispensaire que, lorsqu'ils sont obligés d'ou-
vrir ces tumeurs, ils se servent d'un bistouri à manche très
long, pour éviter le contact du liquide, et, par conséquent,
l'odeur qui , sans celte précaution , resterait inhérente à
leurs mains pendant deux ou trois jours, sans qu'il fût pos-
sible de la faire disparaître.
» Rien de plus fréquent que les abcès ordinaires dans
répaisseur des grandes lèvres ; ils ont toujours une marche
aiguë, et se terminent comme chez toutes les autres femmes
qui y sont fréquemment exposées.
» Il n'en est pas de même de ceux qui se développent
quelquefois dans la cloison recto-vaginale, partie qui, sui-
552 tRiniDiTS (:u!<sA<:iiTivii.
vaiil <|ueli|ues obsertutcurs, est très amiiicm cliex |ps]»rot(i>
tuées i ils dégénèrent souvent en fistules très ilinîciles •
guérir, et que gardent souvent |>eiidnnt toute la >ic relies
qui les portent; le plus ordinairement c!e« Kstutes sn rétré-
cissent et ne mettent pas obstacle h l'ciercice du métier. A
l'époque où je faisais mes reirberclies dans lu prison, il n'j
trouvait cinq on sii filles »vec celle inlïrmilé; les méilerins
de cet établissement estimaient qite le nombre des tilles qui
exerçaient leur métier dans Paris ovet: cettti dégoùlanle
iiilirmité pouvait bien élre de trente. Qui te rroiritit? on
a vu (le ces fistules guérir complètement, malgré l'influence
de tant de causes capables de les entretenir et de les ag-
grover. Ce n'est pas cependant ce qui arrive le plan ordi-
nairement: cbei une fille, les lenlalives que l'on fit poor
obtenir la guéridon déterminèrent une ouverture d'une
dimension telle, que les dcui conduits ne furntaicnl pltn
qu'un seul cloaque, ce qui i>'empécbait pas que rcUc fille
fût une des plus recherchées —
» D'après les observations faîtes dans les infirmerie) ilrs
prisons, ces listules recto-vaginales coïncident presque tou-
jours avec (a plilliisie; un y a vu aussi qu'elles s'accom*
pagnent souvent d'un engorgement des grandes lèvres. Mtis
cet engorgement n'est pas une infiltration ou un œdème
ordinaire, il est dur et résistant ; il ne cède pas h la |iret-
sion et ne détermine pas de douleur.
>i Cette inlirmilé prend quelquefois un tel accroissement
chet quelques tilles, qu'elles ne peuvent plus faire leur mé-
tier, et que, devenues it charge à elles-mêmes, elles cber-
chcnl un asile pour y terminer leur triste eiistencc : e*e»l
ordinairement l'inlirmerie de la prison qu'elles cboisiiSFiit
de préférence, et diins laquelle elles se font enfermer, etc. (t)a.
(I) Dt la protlifuiion lUm* la ville de ParU, t. I, p. SSD el «uhr.
!SD el «uhr. j
FRIGIDITÉ GONSÈGUTIVK. 553
Parmi les infirmités dont Parent-Uuchatelet vient de
nous dérouler le tableau, les unes, et c'est, à ce qu'il parait,
le plus grand nombre, ne produisent aucune douleur, mais
peuvent devenir, soit un obstacle à l'intromission de la
verge, soit un motif de répugnance et de dégoût ; les autres
déterminent des souffrances qui, non-seulement éloignent
les pensées vénériennes, mais encore empêchent toute ma-
nifestation de volupté: dans ce cas sont les tumeurs des
grandes et des petites lèvres, et quelquefois aussi les fistules
vaginales.
Mais ces affections, qui occupent dans le cadre nosolo-
gique une place spéciale, ne doivent pas m'arrèter plus
longlemps.
Il me faut, au contraire, parler d'une transformation que
subit la muqueuse vulvaire et vaginale, et qui n'est pas sans
influence sur le développement du plaisir erotique.
Cette transformation, bien connue du public quia infligé
è la femme qui le porte une dénomination caractéristique,
n'est autre chose que la sécheresse et le durcissement de
cette membrane : on dirait que la muqueuse, sous l'influence
du contact souvent renouvelé de la verge, subit des change-
ments analogues à ceux par lesquels passent chez le fœtus
les téguments externes avant de revêtir les caractères épider-
miqucs ; la muqueuse vulvaireet vaginalerdevient une véri-
table peau, un parchemin ridé, que n'assouplissent plus les
sécrétions sébacées.
Celte transformation, que j'ai eu occasion de constater
quelquefois chez des femmes qui, par métier, faisaient abus
de leurs organes génitaux, tient peut-être moins aux excès
du coït qu'à des lavages fréquents, soit avec de l'eau froide,
soit, et c'est le plus souvent, avec des substances aroma-
tiques et astringentes. Mais que cette transformation recon-
une ȎclMB^|
55& KKiGiuiTft cons^krtTivB.
naisse Ich excèi de coit comm« ratue ilirecle
cause iiiilirecte, toujours csl-il i)uc la sensibilité génilale m
est proruriili^meiil siïectée, et i{ue le plaisir vénéri«o «I,
sinon complétemnit su!i|ien(lu, du oioiiis (-on^wlérableiMOl
afisibli.
Cet Atat, dont la Femme a prc»c|ae tnujoun
est racilemeot recoiinaiititilile nu toucher, l.e doigl, inlrodlîl
dans le vagin sans l« secours il'un corp* gras, gMue dtflM^j
lement entrt; tes parties et ronstate «nnit |>eiQe une »éclMB
reïseetdos rugosités qui ii'j «ont pos ordinaire; la tempé>
rature n'} est psx sensiblemcnl diminuée ou augrovolée, et
l'on; sent rarement les contraclionstibrillaire* détemtiniet
quelquefois par la firésence de l'iuilicateur.
Sans doute, je le répète, le cbaH)!emi-nl que je signale
est insulTisaiit pour amener une complète frigidité; mais
il peut à ce point affaiblir la sensibilité génitale que le
coït, perdant son stimulant naturel, devienne pour la
femme un acte, sinon odieux, du moins à peu près indiffé-
rent.
Il importe donc, surtout si l'on se place au point de vue
des rapports conjugaux, d'obvier k un état qui, sans parler
des inconvénients dont il atteint la femme, peut jeter entre
les deui époux le (rouble et le désordre.
Avant toutes choses, il fuut interdire les lavages froids
ou aromatiques, que l'on rempliicera avec avantage par des
injections ot des bains locaux chauds. On tiendra à demeure
des cylindres mous, enduits d'un corps gras auquel je me
suis toujours bien Iruuvé d'associer l'opium; et dans
quelques circonslances, surtout si la muqueuse est pAle flt
décolorée, on portera sur elle une iiction irritative, comme
celle de la moutarde, par exemple.
Mais si la transformation est complète, c'est-à-dire si les
FRIGIDITÉ GONStCUTlYK. 555
sources de la sécrétion des follicules sont tariesyil ne faut
pas espérer les rouvrir et se bercer d'un cs|)oir qui est au-
dessus des ressources de notre art. Cependant il importe de
De pas trop se hâter d'arriver à cette conclusion, et Von oe
s'avouera vaincu que lorsqu'on aura longtemps rais en
usage les prescriptions que je viens de formuler.
2" Action des excès de coït sur tes désirs vénériens. — •
Esquirol, d'après des tableaux statistiques qu'il avait dres-
sés à la Salpètriëre, établit que Tuliénation mentale est
excessivement, fréquente parmi les prostituées, mais que
rien n'est plus rare chez elles que le délire erotique, que ce
délire soit chronique, comme dans la folie, ou qu'il soit le
résultat de fièvres ou de maladies aiguës.
En raisonnant par déduction, il faut admettre que la pas-
sion erotique est bien aiïaiblie chez les prostituées, puisque
le délire, qui eslordinairement le miroir dans lequel viennent
se réfléchir les passions dominantes, ne porte que très rare-
ment l'empreinte des idées vénériennes, et que, par consé-
quent, le métier auquel elles sont condamnées, c'est-à-dire
les excès de copulation ne sont pas étrangers à cet alao-
guissemeutde l'aiguillon sexuel.
L'observation est ici d'accord avec la théorie; les excès
vénériens, comme toutes les choses dont on fait abus, en-
gendrent la satiété, et, par suite, l'indilTérence. Le monde
nous offre, dans les deux sexes, des exemples nombreux de
cette satiété, et aujourd'hui que les jouissances de l'amour
sont souvent cueillies par un âge qui se devrait seulement
préparera les savourer, on rencontre à chaque pas de ces
jeunes blasés qui se font honneur de la sécheresse de leur
cœur et qui étaleraient volontiers l'impuissance et la flétris-
sure de leurs organes.
La femme ne se soustrait pas plus que l'homme aux suites
55t> KHIGIUITÉ CONSfiCUTIVIi.
inévitables de la satiété, et ne jouit (lus ili; l'iieureut {irni*
lége (le garder en sod ânie, olurs qu'elle abuse de ses
organes génitaux, les aspirations amoureuses et les désirt
vénériens qui la remplissaient naguère. Le vide se fait éga-
lement en elle, et alors elle tombe dans cet état d'apalbîc
morale caractérisée par la sus|)ensioii ou la ruine de tout
sentiment.
Quand il n'y a que suspension, la nature, si on la seconde
par le repos généslaque et par une excitation morale habi-
lement conduite, la nature, dîs-je, lînil toujours par re-
prendre ses droits et par restituer à la Temme les mobiles
sensuels qui la font se rapprocher de l'autre se\e.
L'abolition délinitive des désirs copulateurs, k la suite
d'cicès vénériens, est très rare, et elle n'a guère lieu qne
lorsqu'elle s'accompagne de la frigidité physique. Dans ce
cas, toutes les ressources de l'art sont inutiles, cl la femme
est, en quelque sorte, dans un sexe neutre; mais, je le
répète, ces cas sont plus rares >[u'ot) ne pense, et il suffit
souvent, pour voir renaUre Icsdésiri, de substituer au liber-
tinage une continence soutenue par les dislructions, et en
même temps irritée par des excitations puisées surtout daus
te domaine du moral.
Exchde mustur/Htlion. — Tous les auteurs qui ont pris
la masturbation pour sujet de leurs études, se sont plu, dans
une intention louable sons doute, mais qui, bien souieot,
n'a pasatteint le butqu'ilsse proposaient, se sont plu. dis-je,
i rembrunir sans mesure les couleurs avec lesquelles il»
peignaient les maux qu'entraîne cette funeste habitude ;
l'ouvrage de Tissot est resté, sous ce rapport, un litre
classique.
Si ce n'était pas sortir de mon cadre, il serait facile de
prouver combien ces peintures sont tout h la fuis etagé-
FRIGIDITÉ G0N8ÉGUTIYB. 557
rées, inutiles, et même dangereuses; la stricte vérité est
suffisamment hideuse par elle-même pour qu'il ne soit
pas nécessaire de la charger d'images purement imagi-
naires.
Cependant il est incontestable que les excès d'onanisme
attaquent la vie dans sa source et pervertissent quelquefois
Iq sensibilité d'une manière étrange. Au point de vue qui
nous occupe, la perversion que je viens de signaler se porte
moins sur la sensibilité physique que sur la sensibilité mo*
raie; car sous le rapport organopathique, la sensibilité
générale est bien plus souvent atteinte que la sensibi*
lité génitale.
Mais celle-ci, par suite des troubles apportés dans la
sensibilité morale, ne se soustrait point à l'influence néfaste
de l'onanisme; elle la subit d'une manière bien réelle,
quoique indirecte, et mérite par conséquent que l'on s'y
arrête.
Le masturbateur, quel que soit le sexe auquel il appar--
tienne, finit toujours par se complaire exclusivement dans
ses plaisirs solitaires, et passe progressivement, vis-à-vis de
l'autre sexe, de l'indifférence à Taversion la plus prononcée.
— Ce caractère est constant et a été noté partons lesobser--
vateurs. — Je ne cherche point à en trouver les motifs dans
une timidité poussée à l'extrême, ou dans un sentiment
exagéré de la pudeur ; car si la timidité ou la pudeur peu-
vent être le point de départ, ou mieux encore, l'excuse de
la masturbation, elles ne sauraient être la source de la per-
version qui affecte la sensibilité morale. L'habitude ne me
paraît pas davantage rendre raison du trouble que je signale,
et je préfère le considérer comme un désordre morbide
intimement lié è l'onanisme, ainsi que le sont la consomption,
le rachitisme, la folie, etc.
55S rfiiRiniTk cofriftcrtivR.
D'nilleurs l'éluigiiviiit'iit (>our te» |ilfli*iirti i)u OMt n't§l
pHs la seule elteitito quV))raut(> |p moral qui, tans fiarkf
deraiïoibliiDipmf^nl firoroml Ae» InculléR inlelleclucllt'ii, |iml
aller jusiju'À In Mie el In lii'mence - tout le momie Kotl «]im
lu niaslurliatGur sv réiùk- par un cachet tout {isrliculier Je
son <^Ere moral, et que je n'ai |)a.« a faire roMorttr iri.
La répogiinnce que le ma)>turbBleiir é()rouvc (lour le*
rapport» setuels ii'odI en aui-uiie façuit coinparabif i la
aatitïli^ iinVngfti liront lt-5 excii de coil : ci'ucci «^loufTant la
voix des tulnpléfl géiiéiiaqneii, qunlle que loit d'ailleun
l'imafte sou» laquelle se |>réienteiit ce» voluptés, tandi* qnc
le*( excès d'onanisme ne glacent que les dé^rs il« la o>pl-
lation, o( laiitseiit nubalïter, a'ih ne l'augmentent encore,
l'ardeur pour le.» plainira solitaire».
Sans doule la frigidité que ces habitudes entraînent o'eat,
k proprement perler, qu'une frigidité relative, pui»i|B'il
reste à In sensibilité génitale un mode de manifestalHm.
Cependant, en rentrant dans les lois de lu physiologie, el en
considérant que l'onaniiime n'est pas l'etcitation natorelle
de la sensibilité génitale, on peut dire que l'aiersion éprou-
vée par les ma«iurbatt<urs à l'endroit du rapprochemenl
sexuel ronstilne un état morbide du moral, aggravé de la
perveraion de la sensibilité g<'-nitale.
C'est donc ù la cause première de tous ces désODJreSf
c'est-à-dire à l'onanisme, que la médication devra d'abord
s'adresser, et vr ne sern qu'nprcs l'oloignement détinitif da
cette cause que l'on pourra, s'il en est besoin, ramener
dans la voie normale l'excitant léoérien qui s'épuisait eo
des plaisirs solitaires.
Je nui pas à raconter tous les niujens miii en usage,
jirières, menaces, terreurs, appareils protecteurs ou c<w-
tcntiîs, elc, etc., pour prétenir uu comba<tre la t
prigiditA gonsécdtiyb. 559
habitude de la masturbation ; les ouvrages de TiMot(l) et
de Deslandes (2) renferment, sur ces divers points, des
instructions précieuses et auxquelles je renvoie.
Cependant le point de vue spécial sous lequel je me suis
ici placé, c'est-à-dire la masturbation chez la femme, me
fait un devoir d'insister sur un moyen que les auteurs cités
plus haut n'ont pas suffisamment indiqué, et qui m'a bien
souvent réussi, alors qu'avaient échoué toutes les ressources
ordinaires du raisonnement et de l'intimidation.
Ce moyen est la mise en jeu du sentiment maternel, au-
quel bien peu de femmes sont insensibles. Nous verrons
plus loin quelle est l'influence exercée par la masturbation
sur les facultés procréatrices de la femme; en attendant, il
nous suffit de savoir que celte influence est acceptée comme
néfaste par les gens du monde, et que le médecin sera tou-
jours cru quand il fera remonter jusqu'à elle la stérilité
future ou présente d'une femme.
Il peut même aller plus loin , et réveiller, toujours au
nom du sentiment de la maternité, les désirs et les plaisirs
seiuels que lonanisme avait glacés; il sufiit d'évoquer la
nécessité de la volupté dans le coït, pour que l'imagination
rétrouve les douces images, et par suite les ineffables sensa-
tions, compagnes de l'amour.
Mais qu'en de pareils conseils préside une sage pru*
dei.ce; car presque toutes les femmes savent que la féconda-
tion ne s'accomplit pas fatalement au sein de la volupté, et
elles pourront sur ce point vous citer l'exemple de telles ou
(4J Onanisme, dissertation sur les maladies produites par la mM-
turbatiofi,
(%) De V onanisme et des autres abus vénériens conêidéréê dans U%»ri
rapports avec la santé. Paris, 4835, iD-8.
560 FHIGIDire COKStnUTIVE.
telles de leurs amies qui sont d<.'tcniiei ciirciiiles su railico
de l'indtiïérenoaf^énérieniie la plus complùto. Il Taul, ea
semblable circonsluiicc, prévenir luut conflit entre le mé*
«it'ciii et la mnlaile, parce que relle-ci, en une rostière
qu'elle croit être plutôt de la t-ompélciice de soo ses» que
de celle de l'homme de l'art, s'en rérérera laujoars •
l'emiéricnre acquise, soit par elle-même, ioil par set
rompn^ficDi aussi, je le répète, la plus firnnde circoittpce-
lioii de»ra être observée sur ce point, et l'on verra pltts
loin, alors que j'établirai les conditions nécessairei * U
fécondiition, les ar((iiments que l'on pourra tirer de la pré-
sence ou de l'absence du plaiitîr.
Mais si le médecin échoue sur ce point, c'est-à-dire s'il
ne peut cunvoincrc la femmr de la nécessité du plaisir
seiuel pour la fécondation, ou s'il s'adresse à une femme
enceinte ou déjà mère, il lui reste la ressource de plaider la
cause des enfaiils, et de les lui montrer frappés de rachi-
tisme ou de scrofule: rarement une femme résiste h de pa-
reils arguments, car dans ses rêves dorés de jeune fille oa
de mère, elle donne à ses enfants une beauté idéale et une
santé impossible.
Je le répèle, le sentiment de la mnlernilé, adroitement
dirigé, est, chez les mnsturbatrices, un moyen puissant,
non-seulement pour les arracher i leurs funestes habitudes,
m:iis encore, dans quelques rirconslances, pour éveiller en
leur imagination les tendres pi usées et les amoureai
désirs.
Quelquefois des excllanls moraux plus directement éro-
lique<i , comme In lecture des romans, la société des
liommcï, les spectacles, etc., doivent être mis en usage.
Mais ici, comme en général toutes les fois que l'on voudra
ncoiirir à de semblables ressources, la plus grande dr-
FIIIGIDlTé 8YMPATII1QUB. 561
conspection est commandée par les danoers mêmes que ces
moyens présentent, car tantôt ils pervernB^ent l'esprit sans
atteindre le but que Ton se propose, et tantôt ils ramènent
à l'onanisme les malheureuses que l'on était parvenu avec
peine k lui arracher.
Je me suis ailleurs longuement eipliqué sur l'emploi de
ces moyens et sur les précautions que leur usage réclame;
je n'y reviendrai pas ici.
CHAPITRE V.
PRIGmiTÊ SYMPATHIQUE.
Pas plus chez la femme que chez l'homme, les conditions
du plaisir \énérien ne sont indépendantes de la sensibilité
générale, soit physique, soit morale, et tous les (roubles de
cette sensibilité, alors même qu'ils n'ont pour théâtre
qu'un appareil et même qu'un organe, retentissent plus ou
moins sûr le sens copulateur, selon les relations plus ou
moins étroites qui unissent cet appareil ou cet organe avec
relui de la génération.
En parlant de l'impuissance sympathique chez l'homme.
J'ai dit que les appareils qui cntrvtennicnt avec le sens gé-
nital les relations les plus inlimes, rt dont les désordres y
trouvaient par conséquent un écho plus sur et plus direct,
étaient l'appareil digestif et l'appareil cérébral, en compre-
nant dans ce dernier les fonctions de l'innervation et les
facultés du moral.
Chez la femme, les mêmes rapports existent, mais ils
n'ont d'influence que sur une seule condition du coït nor-
mal, le plaisir, tandis que chez l'homme ils peuvent s'op««
36
581 vtiininiT*^ KVMftTHivim.
poser 11 In m(iiiif.'*l(iliaii <!<• loiitPs Im fircoii«t»nee« fP-"^
connues néri'.wair.n pour In ropiilnlioii, cVst-i-dire IVrec-
Uen lie In verge, ri'-janiln(ioii du .iiicrme. cl enRit le plsiiir.
Gepeniliiiit <|iiBnil on roii«iilfre que, chez la femme, les
désirs Téiiériciii et tn \nlii|>l(^ t^roliijue conMiltienI toul
It rAle ictiT ({nVlle joue Aam \e coït, et que cVst prérl^-
mant inr ce* it^sin et rel(f> votiipté qu'agis»?»! sympitbi-
quemcnl ](-■> iroubk's il« t'hiiK'rtntioii on rt>ut dn mont,
on est conduit à sdmcttnf que l'orlion de vfs sympilbies
est îdentiqur rhoz l'homme et chez la femme, car d«as
l'un et iloiK l'outre, cette aciioti nVsl évidente que dans U
portion oftiic ilc leur rôle respncfif.
Pourtunl toute itympithie, toit pliysiologique, «loit mor-
bide, n';i jins 1,1 iii^^iiie imporhirirc cIk-ï les dcm se\es ;
ain<iî, [lor ftcmple, rinfliience de In répli^tion stomacale est
bien moins sensible chei In femme que rbci l'homme, (andi*,
au contrnire, que l'influencf nioriile, par suite de IVdiica-
tîon, du senirmeni de pudeur, de In sensibilité plus evquïse
de la femme, e|r., est bien pino marquée chez elle que chci
riiomme. Rondelet cite l'etemple d'une femme qui tombait
dons des attaques de catalepsie loutes les fois qu'elle était
en congrès a\er son mari, qn'elle n'nimoil pdinl et qu'on
lui »*;iît fuit épouser par fore ■.
Cependant, quoique les s)m[i;ilhies sur la rat'iilté volup-
tueuse se mantfeslenl dans les deui; sexes'n des degrés divers,
leur action est identique, et le < hnpiire que je leur ni con-
sacré dans la partie de cet ouvmgc relative è l'impuissance
de l'homme, est tellement npplirnhle i la frigidité sjmjra-
thique de la femme, que je ne siiurais y njniiter rien de plus,
et que j'v renvoie le lecteur.
3CSK
LIVRE DEUXIÈME
DE LA STÉRILITÉ.
La stérilité est l'inaptitude h la procréation.
Comme la procréation (il est bien entendu qu'il ne s'agit
ici que de Tespèee humaine), comme la procréation eiige
In coopération de deux individus è organisation génital#
différente, la nature n'a pas plus garanti à l'un l'immuable
intégrité des conditions de son concours qu'elle n'n réservé
h l'autre toutes les altérations capables de s'opposer à l'ac-
complissement de cette importante fonction ; elle a tenu
entre les deui seies une balance impartiale, vi les a con-
damnés, chacun dans les limites de ses attributions r(*spec-
tives, k des états morbides divers, dont l'étude fait le sujet
de ce livre.
Nous aurons donc à examiner les états morbides suscep*
tibles d'entrainer l'inaptitude è la procréation : i* chei
l'homme ; 2** chez la femme.
Mais fc côté de ces altérations anatomiques, qui, chez
l'un comme chez l'autre sexe, nous rendront compte du
trouble de la fonction, n'y n-t-il pas des conditions géné-
rales qui, sans se rattacher aux circonstances de l'ége, du
tempérament, de l'état de maladie, etc., et<;., semblent
exercer, aussi bien chez l'homme que chez la femme, une
influence fâcheuse sur leur faculté procréatrice?
De plus, ne divrais-jc pas admettre, à l'exemple de mes
devanciers, que la nécessité du concours de deux individus
è organisation diiïérente crée des conditions de synergie
56Ji DK LA STfiRlUTft.
dont le «ii^rniigement constiliitt un autre ortirc de raufet
d'agénésteet marque une noiitt-lle espèce de .«(érililé? Peul-
ètre; moi-i il,'iiis loi)« k-:4 cas, lu question est a.<i^pz itnpor*
tante pour mériter d'être uiaiiiinée.
Dans lin premier {)nragrn|ihc, j'étudierai eu fuit «-Irange,
et jusqu'à prirent niul interprété, il'uii indiiidu, n'iniporlr
le 8C\e, qui, ilnns lescondîtion.s en a{i|inrence les plus hto-
rablesh lit procréation, ne peut parvenir a reproduire son
semMablf. — J'oppclli; nionieiUanénient t-et état xlérililé
idiosyncrnsiqtic, tiirje montrerai tout a l'heure que In mol
stérililé f.■^t C(3mptétoment impropre.
Dans un serond pnragrnphe, j'eiamincrsi les circonslanii»
capables d'ullérer les comlitionit de synergie, et je dirai <t4iNs
quel cercle plus restreint il funt df'sormnis rcnferiner ce
qu'on désigne généralement par «stérilité relative.
^ I _ Mérllllé l(liM7acritah|ae
Tous les éleveurs d'iinimauv savent que, pour perpétuer
une race, il faut accoupler les individus de familles difTé-
rentes, et que, sans ce croisement (c'est le mot consacré), la
race dépéril au milieu des oIToits inutiles des mAles et des
Temelles.
Sismonde de Sismundi, dans ses considérations sur la
noblesse européenne, fait jouer, pour le dépérissement de
celle-ci, un rdle considérable uu préjugé par lequel un noble
ne pouvait s'unir qu'à une personne de su cnste, et qui
aurait bien plus proinplement amené ce triste résultat, m
des liAtards n'eussent constamment apporté à la race de
nouvtiiut germes de force el de vie {1).
.1) Ijinsiiltex sur celte inléressanle question, Benoialon de Château-
neuf, Mi'mnirr mir In liuri'e ilft (amilln rnihln île Fmive [Anitaln
(fftK(i>iif pnW!?'!', I. XXXV. p 27)
SrÈKILITft IDI0SYNCRA8IQUE. 565
Les bonnes religions, dont les dogmes ne sont souvent
que d'excellents préceptes d'hygiène, défendent les mariages
entre parents trop rapprochés, et consacrent, par ainsi, une
loi physiologique connue de toute antiquité.
Évidemment, la violation de cette loi, que, pour abréger,
j'appellerai la loi du croisement des races, crée uneidiosyn*
crasie, ou , si l'on aime mieux, une diathèse dont l'action
néfaste se porte sur la faculté procréatrice.
D'autres dialhèses sont accusées d'exercer une influence
analogue sur la même faculté } la syphilis, la scrofule, la tU"
berculie^ le cancer, etc. . etc., sont dans ce cas ^ et pourtant,
si l'on examine le sperme de l'homme, on le trouve animé par
des spermatozoïdes, etsi l'on interroge la femme, on acquiert
la certitude que la menstruation est parfaitement régulière.
Cependant Thomme, quelle que soit la femme avec la-,
quelle il ait des rapports, et la femme, quel que soit
l'homme qui la seconde, sont l'un et l'autre inhabiles à se
reproduire.
Ainsi qu'on le voit, j'écarte de suite toute idée de stérilité
relative, comme j'éloigno toute condition morbide, générale
ou locale, susceptible d'entratner la stérilité.
Je me place dans un état de sanlé en apparence parlaite,
et au milieu des circonstances, générales et locales, les plus
favorables en apparence à Tacte de la procréation.
Que l'on ne pense pas que cet état est imaginaire; il est
commun au contraire, on le rencontre souvent dans la pra«
tique, et l'on voit tous les jours des ménages dans lesquels
l'un des deux époux ne peut avoir des en fants , et pourtant,
si c'est rhomme, il est impossible de constater un trouble
quelconque dans la fonction séminale, dont le produit a tous
les caractères du meilleur sperme; si c'est la femme, les
actes ovarien et utérin s'accomplissent dans les conditions les
MB lift rt ITtHILlTll.
plus normale!!, & co point quD lu cotiRéquenc* ilfl owï
Ib menstruation, ett |iirriJieni«nt réftulière.
l'IiiH ji3 rt^néctiisxnii a vc»iaiuéUan^e»el filii» je Ina Irott-
\m en désjiccurd avec len loi» Huivaiites, que j« eonaiilAra
comme IcsoiiomoK >lo lu [ih}Miulogie de respàRe :
i' Tout tiomme dont le «ipernie ronlierit «le* animelculw
doué»<le tie etit aplu h la procréai ion ;
2" Toute Temme dont la munnlruatinii est régulière Ml
Hpteh h récoiiilalion.
Lr Iravatl de IV1.l)u|ilnyt qui avait rmconlrt^ dp»«periM*
loioiilesdans la liqueur g^ininHleile*> tieillard*, ite conlnbui
pat pi-u fi nu^metilor mon embarras, iiiirlout avant que je
FuM» pai tenu il rn'eipliqiier leur nti^rililé ; mail il finît, loat
il iirrupn mon (><|)i'it, |i)ir mi' (ni'llre <iur lu \uie <tc m qiif jis
crois élrc la vérité.
Quoi qu'il eu soit, pour bien faire comprendre cctli
vérité, je vais dire p<ir quellei phaies diverses passa ma
pensée pour arriver jusqu'à elle.
Ce fut dans le cadre de la syphilis que je me renferniai
•l'abord.
S'il est vnii, et l'observation journalière ne laisse aocaa
doute sur ce point i,l), s'il est vrai que le virus syphilitique
tue renfant et en détermine l'expulsion ù une époque plus
ou nioiii.s avancée de son dé(cloppoment, on doit admettra
que cette anlion fœliride n'ciorce, pourne parler que de la
vie intra-ulériiie, depuis le moment de l'imprégnation da
germe jusqu'à celui qui marque le terme naturel de la
gestation. Quund l'accident arrive après la manirestation des
sympldmes de la grossesse, il ne reste aucun douta sur
(I ) Voyei Traité de la typMlii det riounrau^n^i si dot «N/tutU à ta
KMmfU*, par H. Diday, (89», i vi>l.in-B, p, IIB.
STÉKILITÉ IDlUSYNCHASIliUK. 567'
ravortenieiit ^ maii» si, au contraire, roocident se produit
dans les premiers jours de la fécondation, et surtout si l'in-
tervalle qui sépare l'imprégnation du germe et son 6ipul-
sion n'a que la durée d'un mois, l'avortement passe ina-
perçu, et la femme ne se doute ni qu'elle a été fécondée,
ni qu'elle a fait une fausse couche.
Ce fait d'avortement aussitôt après l'imprégnation du
germe peut se reproduire à l'infini, et alors, soyei-en con^*
vaincu, l'individu qui est porleur du virus syphilitique est
bel et bien accusé et convaincu de stérilité.
Et pourtant, est-cj bien là l'expression qui doive carac-
tériser son état ? Le résultai final de la copulation a été
atteint: un germe a été fécondé; il n'y a pas de stérilité. Si
l'embryon arrive jusqu'au sixième mois de son développe-
ment, on n'accusera de stérilité ni le père ni la mère; mais
si le même embryon n'atteint que le sixième jour de son im*
préguation, on n'est pas plus fondé que précédemment à
déclarer un des deux parents stérile. Dans l'un et l'autre
cas, il n'y a qu'un avortement, et toute leur différence
se résume en une question de temps.
On le prévoit déjà, je commençais à rentrer dans les limites
des deux grandes lois physiologiques que j'ai énoncées tout
à l'heure.
Cette hypothèse d'avortement précoce dans les cas de
prétendue stérilité syphilitique, je l'appliquai non-seule*
ment à tous les états dialhésiqucs accusés de produire l'iii-
fécondité, mais encore à ces idiosyiicrasies, sans germe
patent d'affection, qui, jusqu'à présent, n'avaient servi qu'à
masquer notre ignorance.
Il s'agissait de vérifier la réalité de cette hypothèse.
Dans quelques cas, il est poMible d*avoir la preuve maté-
rielle de l'avortement en retrouvant l'ovule entier; deux
â6H DE LA HTtMLIIK.
Fui» j'ai i;ti ce bonheur : [n première fou cho une |ir<
luée (le la rue GeorTroi -Marie i l'ovuli!, cipulsé snns Ton
du l'ulérus, s'était httM dans le tngin, où pendant quelqw
lempit je le prîii pour iiii coillot dr sang; la scronileroï*
tlie» la femme d'un cordonnier Je In rue Lninartinc ; l'ovulff,
Rorli du vugin, fut retrouvé entier au milieu àe cailliili
saiigiiini) i]ui remjdisïaient un vase. Cliez leii deii\ fi-iiitur«,
t'aïoitemeiil sY-tnit produit danii le premier luuis de leur
grossesse, à l'éfioque correspondante à leur menstruation.
si bien que ni l'une ni l'autre ne »f: croyaient cb-
ceinlcu.
Les prostituées, que leur niélicr etpo«e plu» Hpécialcmeat
aux Tiiisses couches, sont tort au courant de ce phénomène,
comme nous l'apprend le passage suivant de l'urent-Du-
cliAtclcl : n J'ai parlé plus haut, dit-il, de l'irrégularité de
U menstruation chez quelques prostiluoes et des intciruu'
lions que présentait, rhei elles, celle évacuation dans une
foule de cirronstancesi; ne pourrait-on pas les attribuer à
une conception et à une véritable grossesse '? Cette opinion,
qui a été émise devant moi par plusieurs médecins et phv-
sioloftistes distingués, acquiert une très grande probabilité
par les observations faites par M. Serres, lorsque les prosti-
tuées étaient soignées dans une des divisions de Is Filié. Je
transcris ici les réponses que cet académicien fit à mes ques-
tions : ■ Les pertes abondantes sont rares chez ces femmes ;
mais les plus jeunes ont souvent des retards dans leurs règles
qui su terminent par l'expulsion de ce qu'elles appellent uû
bondon. Pendant deui années, je nefispas attention i cette
expression ; mais ayant dirigé mes recherches sur l'embrjo-
logie, j'examinai aiec soin ces productions, et il me fut
facile d'} reconnaître tous les caractères de l'œuf huraain;
j'ai pu dans uncourt espace de temps en recaeillir un grand
ST6kiLITÉ IDlOSYNGRASIiiOK. 569
nombre qui tous étaient sortis è une époque qui indiquait
une conception de quatre à cinq semaines (1). »
On le voit, Tofiinion que j'émets ici n'est pas nouvelle dans
la science; seulement, semblable à beaucoup d'autres, elle
n'a pas suffisamment attiré l'attention du pratideo.
Mais comme dans tous les r^s d'avortement précoce, il
n'est pas possible de retrouver l'ovule, parce qu'il se rompt
avec la plus grande facilité et que ses débris se perdent en-
traînés par le sang qui s'échappe de la vulve, il me fallait
d'autres témoignages et plus constants et aussi certains.
Je les trouvai dans la symplomalologic même de la gros-
sesse et de l'avortement, et, en conséquence, je formai
deui groupes de symptômes :
1*" Symptômes relatifs à la grossesse ;
2® Symptômes relatifs h l'avortement.
Les femmes interrogées avec soin se rappellent qu'elles
éprouvent quelquefois et sans cause connue des malaises, des
hauts de cœur, surtout le malin en se levant; presque
toutes l'attribuent è une mauvaise disposition et prennent
contre ces accidents essentiellement passagers, celles-ci de
la limonade, celles-là un j.urgatif, et beaucoup d'entre elles
n'y prêtent aucune attention; quelquefois les règles sont en
retard, et alors tous ces phénomènes morbides trouvent une
facile eiplication; dans d'autres cas, au contraire, les mens-
trues devancent l'époque de leur apparition, et ce dérange-
ment est encore accepté comme la cause évidente de tous
les accidents.
Rarement, dans ces circonstances, la femme consulte son
médecin, d'autant mieui qu'après Vapparition des règles
tout rentre dans l'ordre normal.
(4) Ik la fn-tMtitution dans la ville de Paris, %• édil., t. I, p. ^35
et 236.
571) DN LA «rkiitir*.
liiterrufreimuinteiiunll.i feinino!>urrétal(iiuaicu»true»«|ii
suivent immf^difl terne tit ces mnliiiieH; presquo toujours dit!
sont ou avaiit-ées uu relarJéef, cl, choie é peu prêt voniUole,
)'hémorrlii>gi« v»l olom plus aboiidsiilu (|u'à l'urdiniirc.
Ce|ii^ii(lunt, (-ftte h^iiiorrhaiiio peut arrit«T à l'époi^iw
muoitruclle liabituelle; liHDk ce cas, ratofleiiimtl prérooe
est provoi|ué par le travail inDaminutoiro qui ne fait dans loal
l'appareil f(é»ilal ii IV'ptjijue ciilamâtiiale, de telle »orti- qu*
dans l'esprit de lafL-mme, laitouridunta généraux ol l'éiaul**
uient aanguiii de 1» vulve ae lit-nt et l'otpliquenl les iinti pw
len Butrei), i oc puiiil iju'il lui est impoxsilile d'aïuir l'idét de
grossesse ou d'avortrment. Pour vile, comme pour les pur»
sonnes non prévenui-s , tout xe réduit à un déraitgeiiiriit
passager de lu mttnstruulion, (luijucl il rst toujours f.irilcde
trouver une cause au milieu des ('ircun>lon<:r!i diverws, mo-
rales ou physiques, qui agissent sur la sensibilité de la femme
J'ai déjà plus de deui cents observations dirigées dana ce
sans, et il est facile i tout praticien de vérilier l'etactitudt
de ce que j'avance. Dans la majorité des cas que j'ai re-
cueillis, le coit avait eu lieu peu de jours après l'époque
menstruelle, c'est-à-dire pendunt le temps, selon M. Pou-
chet(l], le plus favorablei la fécondation ; tantôt la femiae
ignorait complètement la portée de mon interrogiitoire. qui,
OD le comprend, doit être très minutieux, et lauldt je liiî
faisais part de la pensée qui me dirigeait. J'obtenais aioM,
selon le degré de confiance que m'inspirait la femme, des
renseignements prétis et circonstanciés.
Ces observations me donnent même le droit d'aller plus
Iota. Je suis convaincu que toute copulation entre individu
possédant les caractères de fécondité que j'ai indiqués plw
(I) Thiorit potitive lU l'omilation tponUnM «1 d« la (JmMJatioà.
Paris, I8i7. p. i70.
STÉRILITÉ IDIOSYNGRABIQUB. bH
haut, est fatalement, nécessairement suivie d'ane féconda-
tion, et que beaucoup de frmmes qui portent un enfant à
terme, après un certain temps de stérilité, ont éprouvé un
nombre plus ou moins considérable d'avortements précoces.
Il est des femmes qui avortent régulièrement au siiième on
au septième mois de leur grossesse, et qui ne parviennent h
terme qu'après un nombre plus ou moins grand de fausses
couches; pourquoi ne pas admettre qu'il y en ait d'autres qui
avortent constamment dans le premier mois de la féconda*
tion, alors que les causes d'avortcment sont tout è la fois plus
nombreuses et plus actives? Toute la différence entre le fait
du développement de l'embryon et celui de l'avortement
précoce tient h ce que, dans le premier cas, l'œuf fécondé a
pu se fixer n la face interne de Tutérus, et que, dans le se-
cond, il n'a pu le faire, soit parce que l'œuf n'avait pas par
lui-même une suffisante vitalité, soit parce que l'utérus était
dans un état pathologique h ne pas permettre cette union.
C'est ainsi que s'explique la fécondité de certaines femmes
après un temps plus ou moins long de stérilité : chez celle-
ci, l'œuf ne pouvait se fixer à cause d*un état spasmodique
de la matrice sous l'influence des excitations amoureuses;
l'habitude, le mariage, cet étei^noir de l'amour, comme on
dît, ont amené le calme dans l'organe, et la femme devient
enceinte ; chez celle-là, l'œuf ne se pouvait fixer à cause
d'un état atonique de l'utérus; la femme va aux eaui fer*
rugineuses , aux bains de mer et on revient fertile ; chez
une troisième, l'œuf ne se pouvait fixer è cause d'un étal
phlegmasique de la matrice ; la femme est prise d'une fièvre
typhoïde, d'une pharyngite, etc., etc., et ces affections, en
déplaçant l'inflammation de l'organe gestateur , mettent un
terme k sa stérilité.
Comment, avec les explications ordinaires, comprendre
^^ STÉRILITÉ RBLATIVB. 573
^ comme jo Tui dit plus haut; tantôt il la rattachera à Tétai
<lébile (les animalcules spermaliques, ainsi qu'il arrive chez
quelques vieillards, chez les individus affaiblis par de longues
privations ou des maladies graves ; tantôt enfin, et c'est le cas
le plus commun, il la rencontrera dans un état morbide,
organique ou dynamique, de l'utérus.
C'est surtout dans ce dernier organe qu'est la source la
plus ordinaire du phénomène dont je parle, car nous voyons
tous les jours les diathèses se transmettre d'une génération à
une autre, et je dirai plus loin que l'on doit, d'après les travaux
les plus récents, éloigner, dans la majorité des cas, la pensée
d'une altération quelconque des spermatozoïdes du vieillard.
Comme on le voit, la question de la stérilité idiosyncra-
siquc est bien plutôt du domaine d'un traité d'accouche-
ment (1) qu'elle ne rentre dans les limites de ce livre, car
notre rôle finit là où l'embryon est fécondé ; cependant, j'ai
dû l'aborder, mais j'ai du aussi la ramener dans les bornes
que l'observation m'a permis de lui assigner, è ce point que
ce problème, déchu de son importance, se réduit, la plupart
du temps, à un simple chapitre de pathologie utérine.
Je renvoie donc le lecteur, pour les détails pratiques, a la
partie de cet ouvrage où j'examine les maladies de la ma-
trice, et je me liAle d'arriver au second point que je me suis
proposé d'examiner en cette place, c'est-à-dire la stérilité
relative, pour faire voir combien ici encore on a laissé un
libre cours à l'imagination.
S II. — Ntérllllé relative.
Si l'on considère, d'une part, le mystère au milieu duquel
s'accomplit la fécondation, et, d'autre part, la retraite
[\ ) Voyez Chailly-Honoré, Traité pratique de CaH des aeeouchemenU,
Paris, 1853, io-8.
57^ Itl LA llAKILITft.
presque iniicce«<iiblD '■> nos inov«ns d'inveitiftAlioti où mmiI
tenu* In plu|iart de* ortianeii ijui eancuiireiil à l'acrnmpli*-
«emonl île cet acte, on ■«ouers qu'il esit hrilL' île m^i-on*
nnltre, finns beaucoup décati, la cause réelle d'une ilérililé.
et l'on Irouvern moini exlrnordinnire que l'eapHl humain,
h qui, en iléfliiilivc, il faut loujuurs une eipliralion bonne
ou mauTuise, ail ndiniii den hypothJ^spii complètement imo-
ginaircfi, et aiilmir deR({iielle!i son! venu* ne fjrouper, ou de
gré ou Aïs force, tous le« fait» qui sortaient des foii le* plut
vulgnirrn de la pnlliolo^ie.
Parmi cet hypoltièsa», il en est une qui a joui d'nn fniti
crédit el qui est enrore oujuurd'iiui même entourée de la
faveur gt^nérale, c'est celle que l'un désigne romiDunémenl
sous le iiom d'Admionie d'amour.
Cette harmonie a pour base des rapporta soit de simili-
tude, loit de dissemblance, et se tire tantAt de la nature
phjtique el tantAt de la nature morale dea deui conjoinU.
€ Comment, a'écrie Virey, qui a consacré à la défenae de
cette opinion les phrases les plus redondantes de son aljle
imagé, comment s'établit l'amour le plus pénétrant, le plus
parfait entre les seies? C'est lorsque lu femme est lu plus
bmclle, et que l'homme est le plus viril ; c'est quand ua
mâle brun, velu, ser, chaud et impétueux, trouve l'autre
•ete délicat, humide, lisse el blanc, timide el pudique. L'un
doit donner, l'I l'antre est constituée jiour rerevoir; le pre-
mier, par cette raison, doit avoir un principe de surabon-
dance, de furce, de (;ériérosilé, de libéralité qui aspire i
s'épanclier ; la seconde, nu rontniirc, étant constituée en
moiriJ, doit, par ua timidité, tendre ft riTueillir, & absorber,
avec nue sorte de besoin el d'économie, le Irnp de l'autre,
pour établir l'égalilé, lit niveau complcl. Ainii lu résultat
de l'union conjugale, ou but de la procréalimi d'un DomH
STABILITÉ BELATIVB. 575
être, ne peut être rempli que por cette unité physique et
morale dont parlent Pythngore et Platon, au moyen de
laquelle les deui seies s'égalent, se saturent pour ainsi
dire réciproquement (1). d
Et, comme si ces paroles ne rendaient pas toute sa pen^»
sée et qu'il craignit qu'on ne les appliquât qu'à la partie
sensuelle ou altraetive de la fonction de la génération ,
Virey revient plus loin sur son système d'harmonie et en
montre toute l'influence sur la fécondité : « En eflet, dit-il,
si Ton unit deux tempéraments semblables, mâle et femelle,
comme Voltaire et la marquise du Chêtelet, qui ne pou-
faient ni se quitter, ni se souffrir longtemps ensemble,
cette similitude d'égalité produit une source de querelles,
et devient une cause de stérilité très remarquable. Ainsi
l'on a vu deux époux, ensemble stériles, ets'accusant mêmt
d'impuissance et de froideur, devenir, par leur divorce,
féconds et ardents avec d'autres individus d'une constitutioi
opposée, etc. ("2). »
Cette théorie est si ingénieuse et plait tant è l'imagim-
tion que chaque auteur qui l'a adoptée semble, pour le dire
en passant, s'en attribuer la paternité; cependant, ele
appartient à Aristote, qui, en ce point, s'éloigne des idies
hippocratiques : (' Evenit sane^ dit-il, muliis et mulicrims
et viris^ ut qui conjuncti inier se nequeant procreare^ ubi
diisociati se junxere cum aliis^ queant (â). » Boerhaave
va plus loin, et, après avoir avancé qu'Aristote rapportait
des exemples en faveur de cette théorie, ce qui n'existe pas,
car le passage que je viens de citer n'est accompagné J'au-
(t) De la femme, sous to« rapports physiologique, moral et littéraire,
p. 496.
(2) !Md., p. f 07.
(3) HiêloHa animaMum, édit. de 4 679, lib. Vf, r vol.. p. 439.
DE LA SrfcRIUTtl.
cuiie Libftervalioii, il racoiiU' lui-inèi»e le fuit xuivanl : t in
Galliâ illuilris casus conlûjil : prtncefm {S. (i., nuMù^
erat (/ui diii cum ofitimd v.rore tu xlerili ronjtigio viixenii,
fJllinio ej-judifio sufiremœ curitf vonjugium lolutum eak,
Bodem concilia caplo, mnritus in viduum Utonitn altam
uxoretn ducil, et vidua nupsH alieri; et ilh fUiot. hcH
prolem Irriter ex si'cundo cnnjugio tulit. - Kt IFucrhacve
lijuulK : i< Apparat fecttndilalem etiam a mutuA quâdam
latione pfindere passe, absque uUo abtoluto vîtio nul %nri
'lut femina il), «
Toiifi les ailleurs qui ont ér-ril sur la matiire nont ansM
taconi(|ucsr)ue Boi'Hiaavc; nulle port une iiidicalioa même
inmmain- de l'i^lol île» organes {{énitnui ; ce» organes, qiu
pueiil ri'iienlinnt li* prriiripnt râle, sont comme s'ils ii'etis-
bieiit pas. Ou comprend celte absence de détails de la part
iluii liislorieu, comme Tacite, par exemple, qui rapporte
qie l.i>ie, uii^out point eu d'enfant avec César, qiioi-
<|rcllc on fût lenJrcmeiil aimée, donna le jour à Tibère
et Driisus dans un second mariage qu'elle coiilrsGla avec
Tiière-Néron.
A de pareils observateur.", on pourruit répéter le mot que
Beiserade répondit au marquis de Langey (2) ; mais la
(1) 0^' pritlfcl. ornrf., l IV, !' pari., p. !B6.
{i> Lp marquis de Lungey. accusé d'impuissance par sa femme, vit
son nariage déclaré nul après l'épreuve du congrès. Malgré la défeaM
qui lii eu Fui faite, il se remaria en Belgique avec madetnoiMlle Diane
de Utoiault-Navaille^, ei eu eul sept enranls. De retour en Fraoce, il
lira m légitime orgueil de sa progéniture, et, comme il s'en vaaiail fc
loiit |ro|)OJ, Bfnserade lui dit un jour : Mui», monnifii!^, }t n'ai jamait
Jouir Tif iniiilrmmxfllf de Sarailltt nt fût tapiible d' tngendrtr . — C'est
Tallenaol iIm Héani qui rapporte celte méclianceié (voyei ses ffialo-
rffKi-i, 1 VI hiHorittlr lif madame de Lnn<iey. édition de MU. De
Monmerqué ei Paulin Paris, t864-IS56, Techener).
I
STÈRILITft RELATIVE. 577
science a des devoirs plus sévères, et uvant d'admettre .la
théorie des contrastes ou celles des similitudes, j'ai dû véri-
fier les bases sur lesquelles elles reposaient.
Sans doute, par cela même que deux individus sont né-
ce^8ai^es pour la formation d'un nouvel être, les conditions
de ce concours sont soumises h des lois dont la violation,
compromettant l'inlégrité de ces rapports, en doit néces-
sairement annihiler les résultais ordinaires ou normaux.
Quelle est donc la loi de ces rapports? Repose-l-elle sur
la dissemblance ou sur la similitude des conjoints, et, dans
Tun ou l'autre cas, cette harmonie uait-elle du contraste
ou de l'homogénéité des habitudes générales de Torganisme,
ou se contcnte-t-elle des mêmes conditions dans l'appareil
génital seulement? En d'autres termes, la fécondité obéit-
elle à la loi des contrastes ou h celle des ressemblances, dans
le développement de l'intelligence, dans les passions, dans
le tempérament , dans la constitution , dans l'ardeur des
plaisirs vénériens, etc., etc., en un mot dans des circon-
stances éloignées de l'appareil générateur?
11 ne faut pas une bien longue observation pour se
convaincre que si la théorie des contraires ou celle des
semblables peut être invoquée pour la manifestation des
sympathies amoureuses, quoique les anciens, aussi bons
observateurs que nous, aient mis un bandeau sur les yeux
de l'Amour, il ne faut pas une longue observation, dis-je,
pour se convaincre que l'une et l'autre de ces théories sont
complètement erronées quand il s'agit de la fécondité ; il
suflit de regarder autour de soi ; dans ce tourbillon im-
mense qui constitue le monde on verra l'espèce se perpé-
tuer au milieu des conditions les plus diverses, et chaque
procréation, pour ainsi dire, donner un démenti aux rêves
harmoniques des philosophes et des poêles.
37
PE LA ftTtltlLfTft.
OfMMiiliiiil, tl r»l tli-n rnil<> £trnn^c5 qui wniMent MUk
d'une manière irrôfrnf-iibic une loi quelconijup <!« rêp)inrb:
ce sont ccui (lonii lesqMls Heut iiidivttius, liomtnp el fprame,
voient l«ur uiuon Mérilu, alors quv rharuii (l'eiii donne tle
•on rôt* lie» jireiives mRiiirntns île férondilé.
Mai» (l'uboril ve oiii» coinmiinsi i^ii'on M
potirmit rrnirp, el t d'Mi ègle, il* rfiii<(lita«nt une
ln''<< rnre ftceplioii ; il n r fiËs logif|ue de fonder
nur eut une lui ronilam 'ériger nne eiceplîon en
Biiotne iiiexnrsble.
Ce|ii*n<lanl, quelque rares s fuMiMit . re» fnils, pur
cela m^e qu'ils )>e [irnili !>nt viv^mont etrité mon
■tteiiliiHi, Pt J ni ai, pour me former une opinion <iur Imr
rompti', ni" jm!> iiii' rontonlcr de siriiplps iijifvnri'niv'i
A cL-t efTn, j'ai cherché, aillant que me le permettait
l'état lie nos roiinois^aoces annlomiques et physiologiques,
à me rendre compte des conditions iionnale*) de férondilé
rhet l'un et l'autre sene, it je me suis assuré ensuite si dam
les Ciis exce|)tioimels dont il s'agit, ces conditions éleienl
intactes el s'accump lissaient d'après les principes tcquis k
la science.
Il est nécessaire de rappeler brièvement ces comKtions «I
ces principes.
Du c6té de l'homme :
Ëjaculation dans la direction de l'aie de la verge et pro-
priété spéciale (fécondante) d'un liquide appelé sperme.
De ces deui conditions, la dernière, c'est-à-dire fa corn-
position du sperme, est acceptée sans conteste. Ce n'est pas
ici le lieu d'evposcr cctie composition; il suftit simplement
il'cn murquer l'absolue néressilé.
I.'éjaculation, c'est-à-dire le bncement du sperme avec
une certaine force, a perdu quelque choie de ma mpor-
STÉRILIIÉ ItELATIVE. 579
tanee depuis les eipérieiices Ae Spallaiizani ; cependant et
malgré ces expériences, je crois In fécondation, dons l'espace
humaine, très difficile, sinon impossible en dehors de celte
condition, è moîos que les deux conjoints n'aient recours à un
artifice qui supplée en quelque sorte à Téjaculation, ou que
la femme ne soit affectée d'un prolapsus de matrice.
La direction suivant laquelle s'accomplit l'éjaculation ne
me semble pas aussi une circonstance sans valeur ; je sais bien
que tous les hypospades ne sont pas stériles, et je tiens même
de M. Ricord que ce vice de conformation s'est montré h
lui d'une manière héréditaire sur trois générations, preuve
bien évidente qu'aucune d'elles ne fut inféconde ; mais sans
contester, en nous appuyant sur la position problématique
de l'utérus des femmes que fécondent les hypospades, les
conséquences que l'on tire de ces faits, reconnaissons que
ceux-fi forment une exception, et que dans l'immense
majorité des cas la fécondation n'a lieu qu'à la suite d'une
éjaculation spermatique dans le sens de l'axe du canal
urétral.
Du côté de la femme, les conditions anatomiques ont
jusqu'à présent paru seules nécessaires pour sa fécondation,
et c'est à l'oubli dans lequel ont été laissées plusieurs au-
tres circonstances qu'il faut peut-être rapporter les incer-
titudes et l'ignorance qui planent encore aujourd'hui sur
cette partie de la pathologie féminine.
Cependant quelques-unes de ces circonstances ne sont
pas entièrement méconnues , et la discussion soulevée è
l'Académie de médecine, (i) è l'occasion du pessaire intra-
utérin, a prouvé que les meilleurs esprits et les hommes
• (4) BmUetin de r Académie de médecine. Paris, 4864, t. XIX,
p. 628 et saiv.
UK LA STÉRILITÉ.
plus pratiques ailmettnient les iléviatloii.« ulàrines pannî
causes de siiiriliiiS du In femme.
Je m 'explique rai longuem'nl ailleurs <ur l'hnportance
des déplaccmr-nts utérins ou point de vue qui nous orcupc ;
mais je dois établir ici, pour rintelligetice de ce <|ui va suivre,
qui', dans un trts gn lo B cas, et principalomeol
dans les cas de version, ces emcnt* ne faisant qu'al-
térer les rapports nonnnui di> conjonction, déterminent ane
stérilité qui n'est ni relative adivc, mais simplement
rcflot du défaut i)'e\urte opposition de l'orgune mAle et de
l'organe femelle.
Pour mui, en effet, il est iiorH de doute que dans Iw con-
ditions normales de fécondation, le méat urinairc du metiH
bre viril doit se trouver en fac de l'ouverture inférieure de
la matrice, afin que le sperme puisse pénétrer dans ce der-
nier organe en sorloni par saccades do la verge de l'homme j
et que toutes les fois que, par un motif quelconque, cette
mise en présence de l'orifice urétral de l'homme et de
Tarifice utérin est détruite, la fécondation n'a pas li«u;
c'est ce qui arrive, en effet, dans les cas de descente ou de dé-
viation antérieure, postérieure ou latérale de l'utérus, dans
lesquels la verge, portée sur les câtés du col de la matrice,
lance le sperme contre le cul-de-snc vaginal que vient battre
sans profit le lluidc fécondant. Et cela est si vrai , qae «
les conjoints, par un artifice de position, ou l'art par des
moyens dont j'aurai à m'ocruper ailleurs, parviennent k
rétablir l'aie fictif des deux orifices dont il s'agit, la stéri-
lité cesse aussitôt, en admettani , bien entendu, qu'il n'esiste
pas d'autres causes d'ugénésie , et la femme , jusqu'tlort
iiiféronde, peut, comme je le montrerai tout à l'heure,
donner le spectiicle d'un de ces faits réputés étranges par
les esprits superficiels.
I
STÉRILITÉ 'UELATIVE. 581
Mais ce n'est pas tout : à côté des conditions anatomi-
qncs, dont il est superflu de parler ici; h câté des condi*
lions de topographie, qu'on me passe le mot, dont il vient
d'être question, il en existe une autre que j'appellerai con-
dition physiologique.
Qu'on me permette de légitimer cette expression.
Chaque tissu, chaque organe, chaque appareil possèdent,
en dehors de la sensibilité générale à laquelle sont soumis
tous les corps organisés , une sensibilité spéciale qui les
caractérise et qui leur est propre. Cette sensibilité se déve-
loppe sous l'empire d'excitants spéciaux, dont l'influence
est nulle sur un autre tissu, sur un autre organe, sur un
antre appareil. — C'est VcUpha de la physiologie.
A cette sensibilité succède la contractilité d'une manière
si fatale que l'on a désigné par un seul mot, irritabilité, et
la sensation excitée sur l'organe par l'impression du corps
étranger et la contraction de l'organe réagissant sur ce
corps.
Cette action et cette réaction ne sont pas nécessaire-
ment sous l'empire de la conscience, et ces deux opéra-
tions s'exécutent souvent en dehors de notre volonté.
L'utérus et plus particulièrement son col ne font pas
exception aux lois physiologiques que je viens de rappeler
en peu de mots. Ils ont une irritabilité spéciale dont le
moteur est le fluide spermatique.
Cette irritabilité n'est ni sous la dépendance de la volonté,
ni sous l'empire de la conscience; si elle eût été soumise
h la volonté, la femme aurait pu se soustraire à l'obligation
de la gestation, et la nature n'a pas voulu que la volonté
qui acceptait le plaisir eût le pouvoir de repousser la fonc-
tion dont ce plaisir n'était que la récompense de Taccom-
plissement; elle est également indépendante de la con-'
«ciencc, cur celle iiiilé|ieudanre est pour la ualure one
gtraiitic certaine de In buiiiie eséi-utîmi île l'acte ; auuî
faul-il rangi^r jiarmi k'« iltufion» île rima);iitaUoit \ea tre»-
sotlIemeiiU ut ies x|i»»ine!« [larticuliers (]ue ccrtaiiiei feniM)
prélenilonl re.osciitir au moment d'un coit fécondant. Il eal
maiiifeste qu'il ne i ci des treMaillemenl* et
d«ji «[lafiRics iimnur eignenl un haut degré
d'inleiisilé [leiidanl l'ejai le l'Iiommo par >oit« Jet
mouvements NpuRmoitiifues els la verj^c eit alors tm
proie, et par suite aussi it alioii de la température
délerœinée tout ii la fois fai ution vilulo do l'artv c|w
a'tcconipUt et par la présence du sperme.
L'irritabilité utérine, celle qui nous occupe ici, c«l spéciale
et ne sV'iercc que sous rinfluenco du Ituidc Kpermatifguf
J'ai poussé sur le museau de tanche de divers aoimaux
des liquides de difTérenles sortes, excitants, astringent!,
caustiques, etc., et jamais l'ulérus, immédinlemenl ouvert,
ne m'a fourni In moindre Inirc du liquide injecté.
On a rapporté aux tressaillements amoureux^ à la «ensa-
tion de volupté la source de cette irritabilité ; mais alors
comment ex|>liquer la fécondation de ces femmes insensible!
uu plaisir, de ces jeunes filles violées et prises de force, et
pour lesquelles la copulation est un sujet d'elTroi et de dou-
leur? Non, le plaisir n'est pas plus t'eicilanl de celte irri-
tabilité que les ttquideft dont je parlais tout k l'heure.
L'électricité, dont je dirai plus loin le râle dans le traite-
menl de l'infirmité qui m'occupe, a-t-elle sur l'irritabilité
de l'utérus une action marquée et manifeste ?
Comme beaucoup de médecins, j'ai triomphé quelque-
fois de la stérilité au moyen du fluide électrique; et les
cas |iréFi<émeiit où cet agent m'a paru avoir l'indicatioo la
plu* précise, et où, en effet, le succès a couronné les les-
STÉHILIIÉ RELATIVE. 58â
tatives, sont ceux où l'irritabilité de Tutérus, ou plutôt du
col de Tutérus , semblait aiïaiblie et ne pas suffisamment
répondre à l'action de son excitant ordinaire, le sperme.
Cependant, h Tétat physiologique, si l'on dirige sur cette
partie un courant galvanique, il advient, dans la très grande
majorité des cas, que la sensibilité et la contractilité de
l'organe ne semblent en aucune façon iniluoncées; seule-
ment, si l'action électrique est prolongée pendant quelque
temps, le col de la matrice se phlogose avec les phéno-
mènes de rougeur, de chaleur et de tuméfaction qui, dans
les circonstances ordinaires, accompagnent ou caractérisent
cet état pathologique.
Aussi il est constant pour moi que dans les cas où le
fluide électrique exerce une heureuse inilucnce sur la stéri-
lité, cette action est due non h une modilication spéciale
apportée par l'électricité, mais au rappel dans le col de
l'utérus des conditions normales de la vitalité générale.
Je ne puis donc admettre que l'électricité, malgré les
services qu'elle rend dans raffuiblissement de l'irritabilité
utérine, soit un excitant spécial de cette irritabilité.
Ce lôle, je le répète, appartient exclusivement au
sperme.
Cependant il ne faut pas pousser trop loin ce principe, et
pour faire une juste part à toute chose, il importe de recon-
naître que les émotions amoureuses et que les sensations
voluptueuses, en éveillant la sensibilité générale de ra;i|)a-
reil génital, sont le premier signal et comme la source de
l'irritabilité spéciale de Tutérus, et que, par conséquent, le
degré de cette irritabilité est en proportion de l'intensité des
émotions amoureuses et des sensations voluptueuses.
C'est ainsi que s'explique la stérilité des femmes trop
passionnées, car, en cette matière comme en beaucoup
56& BE LA BI&B1L1TË.
il'sDlros, les cauie» les plus opposées antùncnt ilcs résullsl^
idenliquL's
On voit ûî-jh le (»« qu'il Taut faire de ces »lérilit^« reta-
tives basées sur les iiicompalibilités d'humeur, la haine, le
néprii, eu un mut, sur toutes les passioitti répuUites à9
l'Ame; cl l'on devine ~ '' '~ ' ou contraire, rnpporter i
BDe circonstance essenin orfjanique , matérielle ,
buucoup de ces sié i dont on s'ingéniait à placer les
causes dan!i le domaine de l'i
irait pu livrera nos passion:
ion œuvre.
Lesci)usi<lénitions<|ue je vie
itions lo|iograplii(|ueï, i[u'oi
jtion, comme si la naluro
rtie U plus esscrilielled
( d<.> pi'éseuler
! pas'B te mol,
ir les coo-
el phr^io-
logiques du col de l'uléruit dons l'ado de la fécMnda(i«
me poussèrent h regarder de plus près ces prétendues sté-
rilités relatives dont j'ai perlé au début de ce chapitre, et
sur la réalité desi|uelles le fait suivant me suggéra le pre-
mier doute.
Après cinq années d'un mariage stérile, madame X...
a des rapports avec un jeune homme et, à son grand éton-
nement, elle devient enceinle; je dis i son grand étonne-
ment, parce que le mari ayant eu des enfants avec une de
ses domestiques qu'il avait séduite, madame X... croyait
porter en elle seule la cause de l'infécondité qui avait
frappé la courhe conjugale. En présence d'une grossesse
aussi inattendue, il fut démontré ous deui amants que la
stérilité dont la dame X... avait été affectée pendant cinq
années, alors qu'elle u'avail eu de relations qu'avec son
mari, était bien réellement produite par un défaut d'har-
monio entre les deui époui.
Lié d'amitié avec l'amant et par suite de circonstances
qu'il est inutile de rapporter ici, je fus mis dans le secret
STÉRILITÉ UBLATIVE. 585
de l'aventure. Comme le fait me paraissait bizarre et que je
n'avais, d'autre part, aucun moyen de vérification, ne con-
naissant pas madame X..., j'en fus réduit aux explica-
tions bien superficielles que me donnait le jeune homme ;
cependant une circonstance, à laquelle les deux amants
n'avaient prêté aucune attention, me frappa : c'est que
dans leurs ébats amoureux, le coït avait été plusieurs fois
accompli dans une position anormale et surtout différente
de celle que le mari avait l'habitude de prendre.
Je ne pouvais contrâler les suppositions que me suggé-
raient ces confidences; d'ailleurs eussé-je pu soumettre
madame X... à mes investigations, que cet examen n'aurait
probablement pas amené une certitude, car si, comme je le
supposais, la stérilité de madame X... tenait à une dévia-
tion du col de l'utérus, ce déplacement devait avoir dis-
paru, ainsi qu'il arrive souvent, par TelTet de la gestation.
Je ne pus donc retirer aucun enseignement positif de ce
fait, mais il me donna l'éveil sur la possibilité de certaines
circonstances trop négligées jusqu'ici, et de la valeur des-
quelles il était facile de s'assurer.
L'occasion s'en offrit bientôt à moi.
M. X..., habitant la rue des Vieux-Augustins, marié
depuis six ans, sans enfants, vint me consulter sur la cause
de l'infécondité de son mariage. Soumis à un examen
sévère tant sous le rapport de ses organes que de son
sperme, et à un interrogatoire minutieux sur toutes les cir-
constances qui accompagnaient le coït, il me parut n'avoir
en lui aucun motif de stérilité, et je le priai, en consé-
quence, de décider sa femme à subir mes investigations.
Le désir que celle-ci éprouvait d'avoir des enfants leva
tous ses scrupules ; petite, mais bien conformée, d'un tem-
pérament lymphatico - nerveux , madame X... avait été
68H w LA vrKHiurk.
réglai' lie quinze à seite uns , et depun ctUe ^poijor
(elle en avait oUn» vin{(t-()Ufitre) elle avait été régiitiè-
remenl et as^ez abonilamincnl numitrui^e. Quelque!! fliiuun
blanches evistnient, ii ai» en Irè» faible aboitilunce ; seule-
meiiL elles augmentaient un |>tju, uinit qu'il arrive cbu
1 menstruelles.
beaucoup (le femmes, nui ^
Les tJésirs véni^rieiis étaient ini déré», et le coil u'oOroil
rien il'auormal un point de vu» le« œani(t':«t«tio»s tuiup-
lueuseï^.
L'ennmen abdominal ne rien soufti^oimer «lu çMé
de la matrice et de ses unneiLes, mais le touriier va^tiiMl
me Rt constater une déviation antérieure du rot de l'utérus
avec renversement eu arrière du corp* do col organe.
Ce di^plaremenl de l'organe ge^tateur me parut jtrt! la
csu<ie de la stérilité.
S'il en était ainsi, la férondalion devait s'opérer, si, par
un arti6ce quelconque, le col de l'utérus était ramené dans
son aie normal, ou plutAt dans l'aie du plan suirant lequel
s'opérait l'éjaculation de l'homme.
Deux mojens s'olîrnient à l'esprit :
Ou changer la position du col de l'utérus et faire ren-
trer, ne fût-ce que momentanément jiendant le coït, le mu-
■eau de tanche dans la diriiction du ji-t spermatique; ou,
par un artifice de position pendant l'accouplement, modilier
la diiection de te jet, de sorte qu'elle ne fût plus relie <le
l'axe du vagin, mais qu'elle fût portée en avant et en ItauU
Je m'arrêtai au premier de ces inojeiis, qui était tout à la
fois le plus médical et le plus décent.
Un tampon, porté dans le rectum, aida, non à faire bas-
culer l'utérus, ce qui me paraît fort diflicile, mais à le
porter et à le soutenir dans un plan moins incliné.
Eu même temps que je plaçai ce tampon, je i
STÉEILITÉ RELATIVE. 587
autant que je le pus le col de la matrice en arrière, et je
glissai entre lui et la paroi antérieure du vagin un cylindre
préparé d'épongé. Cette espèce de coin, dont le volume
devait nécessairement augmenter par les mucosités dont sa
présence rendait la sécrétion plus abondante, avait pour mis-
sion de maintenir le col dans Taxe du vagin et d'exposer ainsi
le museau de tanche au jet direct de la liqueur spermatique.
Le coït fut accompli au milieu de ces conditions, qui ne
le gênaient d'ailleurs en rien, et le mois suivant les règles,
contre leur habitude, ne parurent pas; madame X .. était
enceinte; sa grossesse n'oiïrit rien de remarquable ; elle est
accouchée l'année dernière à Sens, son pays natal, et je ne
puis dire, ne l'ayant pas revue depuis, si elle a eu une
seconde fécondation.
Pour le fait que je viens de rapporter, je me suis de-
mandé si la présence de l'éponge, appliquée contre les
surfaces antérieures du vagin et du col utérin , n'avait pas
été la source d'une excitation absente du museau de tanche,
et nécessaire, comme je l'ai dit plus haut, pour la fécon-
dation de la femme.
Sans doute, on peut jusqu'à un certain point faire une
part quelconque à cette influence ; mais cette part doit être
bien minime si on la compare à celle qui revient au change*
ment de position éprouvé par le col utérin ; d'ailleurs, dans
d'autres circonstances que je ne puis rapporter ici, cette
excitation a complètement fait défaut, car il n'y avait de
modiOé que la direction du jet spermatique.
En résumé, les déviations du col de l'utérus, sur les-
quelles je m'expliquerai plus longuement ailleurs, constituent
fréquemment une cause de stérilité chez la femme ; mais
l'obstacle que ces déviations apportent à la fécondation
n'étant pas autre chose qu'un défaut de rapports topogra-
im LA eiftmtiifi.
phiques erilrn l'orf^ane char^t^ de donner vt l'or^tviic i
à recevoir, il advient <]ue ces rap;-ortK, brisés daon rer-
Uines circonstanciés, peuvent se rt^Ublir dsits d'autn'A, al
•lors on a le speclacie de gestations t»rdivc« ou île féron-
dations relatives, sans qu'il soit besoin de recourir m\ csplj-
cations métapliysinnes des *■ 'es ou des contraMes.
CependonI, il ne Tnudrait pas )irc qne toules Ifsgro*- l
lesses tardives ou relatives se peuvent eipli'juvr par i
déviation utérine; l'erreur c{iin''"'ombatN eût éié tropgrot» j
siâre et m'aurait donné trop lenl l>esu jeu.
Mais, ainsi que je le disais plus haut, la stérilité de t% i
femme tient quelquefois à l'eicitahilité trop grande ou frop I
bible du col utî'rin, et cet élal, dun^ ici inanifc» talions «■
deièi ou eu de^à, moins farilemeiit ronstatable qu'une <)é- J
vîalion, n'est pas tellement indépendant des sensations du
congrès qu'il n'en subisse parfois l'inHui-nce.
Or, s'il est incontestable que la femme, pendant le roïl,
règle sa volupté sur le thermomètre des sentiments qui
l'animent, et qu'elle assiste â l'acte, selon l'homme qui l'ac-
complit, avec l'indifférence la plus complète ou avec le délire
erotique le plus prononcé, on est en droit d'admettre que
Teicitabillté utérine a également sa part dans ces lluclua-
tions de la volupté féminine.
Je sais bien, et je m'en suis expliqué plus haut, que le
plaisir vénérien n'est pas le stimulant de cette excitabilité ;
mais il en est dans bea'bcoup de cas un indice , et j'eslims
que, sans établir entre eut des rapports de came à efTet, on
est autorisé à leur prêter certaines relations de parenté.
Qu'on me permette un eiemple : Voici deux femmes,
toutes deux d'un tempérament lymphatique, fibres lAcbes,
désirs vénériens languissants ^ on les marie chacune à un
homme vers lequel rien ne les pousse; admettons mdroe
STÉRILITÉ RELATIVE. 589
que l*une et Tautre aient au cœur un amour discret de jeune
fille et qu'elles n'apporlent h la couche nuptiale que Tin-
dirrérence la plus profonde, que la froideur la plus marquée.
Au bout d'un temps plus ou moins long de stérilité^ Tune,
entourée par son mari de soins et de prévenances, oublie
(car tout s'oublie dans ce monde, même l'amour le plus
insensé ! !), oublie son affection déjeune fille, et, vaincue
par les délicates attentions dont elle est l'objet, elle reporte
sur son mari la tendresse qu'elle avait jusqu'alors éloignée
de lui, et, s'nnimant enfin sous ces caresses, elle obtient un
fruit de son nouvel amour. L'autre, cédant au sentiment
qui la domine, ou, si Ion préfère, poussée par une fatalité
que les circonstances expliquent sans la légitimer, déserte
la couche maritale, et trouve au milieu des voluptés de
l'adultère une fécondité qui l'avait fuie dans le calme du
devoir.
Dira-t-on que chez ces deux femmes la faculté pro-
créatrice est sous la dépendance de leur affection nnorale ?
mais s'il en est ainsi, si l'état de l'Ame influe à ce point sur
la fécondité de la femme, on ne peut espérer la détruire
qu'en modifiant les aspirations morales, et alors le médecin
n'a plus que faire, il doit s'en remettre i la prévoyance de
ce petit dieu malin sur les yeux duquel les anciens avaient
rois un bandeau.
Et cependant les toniques à l'intérieur et surtout Télec-
tricité sur place peuvent, sans lui donner le plaisir véné-
rien, restituer à la femme la faculté procréatrice. Les faits
de guérison de ce genre ne manquent pas dans la science,
et j'aurai l'occasion d'en parler plus longuement ailleurs.
Mais d'ores et déjà, dans les cas où l'électricité seule est
appliquée, quelle modification , je le demande, a-t-on
apportée soit à l'économie générale, soit aux sentiments
non DK LA KTftniLtTft.
niorain <le In ff-mnift? — L'fti?liun n'fst-cllp [tu toolf
torak-? tfl p»rre ijiio le plaisir >ënérieii, nn indice «le t'fïcî-
tnbililé ulërine, r«t «ou< l'cntiire dëpendaïu-ff lanlAt iIb
tempérumeiit, et lûntAt i!e« HlTertionH dp l'Ami-, m (îoii-on
conclure ijuc ccHe ctritubilit^ obéit nu» mfme* maltrM ri
aiii mêmes etrituter — s'il en était iiinii, jamus
une fille violée, une rcmir lo force ne devien liraient
enceinte!!, car rfon^ n* rt an|;es, tl ^ s ptni f\w 4e
l'indifTérPHce ou du la fn j- n quHquiîfni» la hatn«,
mats toii)oiit8 II' mépris feur pour l'hnmme qoi
l'accomplit.
Je le répMe encore, le plaisir vénérien n'eut point te
Mimoins de l'eicitobilité utérine; il n'en est <|u'tio imltoe
el fn«lc|tief<ii« le «ignal.
Cependant cet indice n'est pas infaillible, et l'on ren-
contre des femmes qui, avec une volujité contenue dans de
justes limites, et ait milieu des meilleures rondîtiont de la
santé pénératc et des afTertions de l'ime, n'ont aucune exci-
tabilité du c6té de l'utérns et restent stériles.
Mais ce sujet m'occupera ailleurs ; il me suffît ici d'ét**
blif que l'eicitabililé de l'utérus, bien qu'indépendante da
ptaisir vénérien . peut cepemlant subir son influence ; et
que eeltu influence, qui se traduit par un état essentielle-
ment local, et qui n'emprunte rien aux idées d'harmonie
on de contrastes, rend parfaitement compte de certaines
grossesses tardives et de certaines stérilités relatives.
En résumé, et telle est la conclusion que je tire des con-
sidérations qui précèdent, il v a (rois sortes de stérilité : une
qni est te fait de l'homme; une qui appartient en propre i
la femme, et une troisième qui résulte d'un vice dans les
rapport-* des conjoints.
Uam eetu dernière espèce de stérilité, la sevle ^
STÉRILITÉ RELATIVE. 591
m*nit ici occupé, le vice qui TenUalne est toujours local ;
tantôt il est le résultat d'un déplacement d'organe, et tantôt
d'une modification vitale dos tissus.
Il n'y a donc pas de stérilité relative dans le sens que
Ton a jusqu'à présent donné à ces mots, c'est-à-dire une
stérilité relative basée sur des analogies ou des dissemblances
générales.
Pour moi toute stérilité relative est locale, et est tantôt
une stérilité de position, et tantôt une stérilité de vitalité.
Les causes de la stérilité relative peuvent tout aussi bien
«e rencontrer choc t'tiomme que chez la femme; elles sont
cependant plus communes chez cette dernière.
La médication que réclame celte sorte de stérilité est
purement locale, et l'on n'y doit point renoncer sous pré-
texte que les deux conjoints ont une incompatibilité ou une
similitude, soit de tempérament, soit de constitution , soit
de facultés intellecluelles, soit de passions, etc., etc.
La stérilité relative n'étant pas autre chose qu'un acci-
dent local, son histoire ne saurait exister; elle se confond
avec celle des accidents locaux qui, chez l'homme ou chez la
femme, déterminent la stérilité.
SECTION PREMIERE
«TÉBILITÉ CHEZ L*H«liniB.
Tandis que chez la. iiniroe Tacte de la reproduction
implique, sans parler de la copulation, l'exercice de deaz
fonctions bien distinctes, dont Tune, la fonction ovarienne,
n pour but de fournir le germe à féconder, et dont Tautre,
!i9'2 i^rËiiiLiTÈ CHBic l'ikihhs.
la functioii ulériiK', ti pour mission île mellre en rnppnrl II
éléments récoiiilanlK des deux sexes, diez rhomni« lo rn^mc
aute est tout entier rontemi dans to fonctinn s|iermali(|uc.
MsiK cette fonction, pour ittteinilre le résultat «luVIlt^ s«
propose, c'est-à-dire pour porter dans les or^anL-s île la
fenime, ov ec les conditions jx pnr la nature, un liquide
spéi'iiil appela sperme, est soumise, pour ninsi parler, h Iroî»
étapes i)ui me serviront, comnK n le verra par la siuile. de
point» de ralliement : dons la prci ièrc, )c sjicrme »e forme,
c'est Ui fonction de sécrétion i dans la seconde, le sperme
formé est mis en réserve, c'est h fonction «te conservation ;
dans la troisième, enlin, Ir sperme est projeté au deliorf,
c'est la fonction d'émission.
Dans cliarunc du ces trot« étapes et ilnns le parcoure de
l'une à l'autre, le sperme est eiposé à des alténilions diverses
t^u'i portent tantdt sur sa constitution intime, et par consé-
quent sur ses ptopriétés fécondantes, et lantAt sur les COB-
ditioiis de sa marche depuis l'organe de sécrétion jus(|u*i
l'organe d'émission.
La pathologie offre donc au sujet qui m'occupe une
ditision rationnelle, et je l'aurais sans doute adoptée si !■
division physiologique que je me propose de suivre ne la
contenait pas implicitement et n'était tout k la fois plus
complète et plus simple qu'elle.
Mais pour comjircndre les développemenls dans lesquels
je tais entrer, il est nécessaire que le lecteur se reporte eut
considérations générales qui sont en tète de cet ouvrage et
dans lesquelles il trouvera la description des organes sper-
miiliqties et le mécanisme de la fonction qu'ils remplis-
sent (1 ]. Ces notions anatomiques et physiologiques devaient
'1} Voyez les pages i< elsoiv.
TBOVBLBS DÉPENDATOT d'uN tXAT GÉNÉRAL. 59d
être roppelées dans une inlroJuclion, mais ne pouvaient
trouver place au milieu d'un livre consacre à la pathologie,
où elles eussent, sans grand profit, ralenti la rapidité du
discours.
CHAPITRE ^^
TROUBLES DE LA F0MCT10N DE SÉCRÉTION SPEHMATIQUE.
Les causes qui peuvent jeter le trouble dans la sécrétion
spormati(|ue en amenant pour résultat final soit Tabsence
complète do cette sécrétion, soit une altération dans la
nature intime du sperme, tiennent tantôt h un ^'tat général,
soit physiologique, soit morbide, et tantôt à un état patho-
logique de l'appareil sécréteur lui-même.
Je vais les examiner sous ces deu\ chefs principaux.
(^ I. — Tronble» dépendant d*an élnt général.
lo Age, — f^iei liesse.
Les deux extrémités de la vie sont peu propres à la
fécondité; la nature ne nous a dévolu la mission de perpé-
tuer l'espèce qu'ajirès le complet développement des
organes et avant leur dépérissement, afin qu(> nous pu ssions
transmettre à nos descendants une plus grande somme de
force et de vitalité.
L'établissement de la fonction génitale est chez l'homme
le signal d'une transformation morale et physique dont je
n'ai point ici a retracer les caractères, mais qui indique
d'une manière certaine que l'individu a déi>ormais acquis
l'aptitude à la procréation.
38
iMATtOUK. ^1
09& TROD|li,BS DK LA FONCTION ÙÈ 8fiCitÉT10l<l t^HltATtOtlK.
En est-il dp même lorsqiio celle niilitiidt* ilitpnrgtl?
d'aatrei ternii>.« la nnturt; o-t-clle a^si^ri6 un terme i pea
|)ris coiistanl h Vewrr'm^ de lo fonrlinri proc r^otrire , el
a-l-elle roumi d< s signes iiuiquels on puiï^so rcronnallre
l'anéantissement de cctlo Toiirtion?
Les opinions Icx plus orcrédit^c!! di-» pliyniolugi^tt-f mo-
dernes relalivi-nu'iit ti In riictilté fécondante de» vieillards,
semblent en cotitroilidion avec des fuils oulhenti']ues et
qui (l'ailleui> st- renouvellenl tous les jours, et surtout avec
les rechercbi's toutes réientCD de M. Dupiny, sur les({aelles
j'aurai i rercnir tout ti l'iieurc.
Il est incoiilrstablu (]ue dnns l'ordre réjzulier des choses
et dons la tri^s Kramle majorité îles ras. l'homme arrivé a
un certain â;;e penl In fanillé il« se r^^pro'luife; en ron»^-
quence, comme dans les idées les plus généralement admises
aujourd'hui, on plare toute la puissance fécondante daos les
zoosjiermt^s, on en a eonrln que les nnimaliulcs manquaient
chez lev vieilhirds. .-c Le développement des spermaloioatres,
dit J. iMiiller, roiiimenceilur;int lajciuiesse dans la classe des
mtimmifiTi's; il n';i lieu qu'à l'époque de la puberté dans
l'espèce liumniiie, el resse duns l'âj^e av'ancé{l). » M. Lon-
get n'i'>t pas moins cx|hlicile que Millier : « Kartzœker,
dil-il, Georfroy, Anilry ont remarqué les premiers qu'il n'y
a pns de spermaloîoaires riiez renfanl; Daker n'en a pas
rencontré davanlaj'e chez les hommes épuisés par les eicès
vénériens. Knfin ils disparaissent complètement chez
l'homm'- par le progrès de Tùge, c'est-à-dire en même
temps que la pni^s'oncc virile (2). «
Cependant ^^ ngiicr émet une opinion toute contraire :
I) Mniiiii-i <ir phijiinii-gie, irsduil dc l'allemand, f édit. Parit.
1851, I. II. p. 6^6.
(2) TrixiU tU pti\i*iologie, l. Il, p. Si.
TROUBLES DÈPBNDAIft d'uN frfAT QÉNÉiAL. 596
« L'appétit vénérien, dit-il, diminue chez l'homme, mais ta
faculté d*engcndrer semble subsister pondant toute ta vie
chez ceux qui jouissent d'une bonne santé... J'ai troavé
chez tes hommes très âgés des spermatozoaires dans les
testicules ; chez des hommes de soixante à soitante-dix
ans j'ai toujours trouvé des spermatozoaires dans les tes-
ticules; fréquemment il n'y en avait plus dans le canal
déférent, mais en général les vésicules séminales en conte-
naient (1).»
Comme on le voit, il était assez diflicile de se former
une opinion au milieu de ces contradictions d'autorités
également respectables, quand les recherches de M. Du-
piny, entourées de toutes les garanties de savoir, de talent
et de probité que l'on doit exiger d'un expérimentateur,
ont aplani bien des doutes sur cette face de la question.
Pour les li'cteurs superficiels, la lumière apportée par
M. Duplay, loin d'avoir éclairé le difficile problème de la
fécondation, l'a replongé dans de nouvelles ténèbres, car,
dira-t-on, si la sécrétion spermutique s'efTectue chez le
vieillard aussi normalement que chez l'adulte, et si le pre-
mier n'a plus comme le second l'aptitude de procréer, cette
aptitude évidemment ne réside pas dans la composition da
sperme, ou pour simplitier, dans la présence des sperma-
tozoaires, et il en faut revenir ù l'opinion de Burdoch, qui
dit : « Ce n'est point aux spermatozoaires qu'est due la
faculté procréatrice ; ils ne sont qu'un elTet accessoire et un
phénomène concomitant de cette faculté, motif pour lequel
ils manquent chez les enfants, les vieillards et tes mlh
iades (â). »
(4} Histoire de la génération^ traduction française, p. 1 4 et 34 .
(SJ Traité de physiologie, irad. par A.-J.-L. Joordan. Paris, I8S7,
1. 1, p. 434.
L
596 TUUUILIS DB LA FUACtIon DE litCftftTIOft ^MIHATltH
Jg dirai loul o l'Iieure cumincrit rojiiiiioii lic \Vagiu
les résultais lies ubser\nlioiis de M. Uiiiila) »onl iiorfiiite-
ineiit coni|inlib'es avcr In sl6riti(é di's licillanls, tguoi'
que admellaiit la conlinuiilioii de la séii^lion iiofinale du
Hperme. Pour \r momriil jf tloi' lu'aiiCivr un iii<il9nt aux
ei[iérienres de M. Dii|tlay. cor elles élnbli-seiil un poiat
rotidamental ilaiis la (guesliun qui uous oau)i4>, el tlool
l'importiince e>i immense, iion-i^culrmt'iit en pli^siologie et
en piiliiulo^ii', mais encore iint jio iiN île itio de la morale,
de la rumille et de lu médecine li'gnte. Ou me |inrdoiinera
ilunc, eu égard à celle im|)or(aiici' mullijilis les eni|'runU
lettuels <|ue je |)Uurnit Tairtr au Iraiail de noire confrère.
M. Uu|i1ay a examiné thct 51 vieillards le I quiile cod-
limu dans li-g vésicules séminales et tes canaux déférents, et
trente-sept fois il a const'iti dnns ce liquide la présence des
spermatiizoaires. Ces animalcules ne •'C «opit pas loujour*
présenléit dans le m£me étnl. n Unni> ta majorité des ct«
('27 fuis), dit M. Uuplay, ils étaient porfailemcnl bien con-
furmés, la tète était vuliimineusi', la queue lon};ue et re-
courbée, enfin, ils ne diiïémienl en rien de ceui qac l'on
obser>e dans le Sfierme de l'adulte ; quelquefuis {i foi») U
tète était ronfurmée cummc rbcz l'iidulle, mais la quMM
était moins loii<(ue et ne se terminai) plu« par un libmeBt
auvsi lun^elausi-i recourbé; une fuis 1rs spcrmalotoaîret,
quoique se terminant par tin pru'on;:eiiient Iri-s lon|! e( |rè)
recourbé, pré-^enlaient une tôle moins lulumincu^o qae
dans les cas ordinaires; une autre fuis on totait. dans le
champ du microscope, un •>raiid nombre de télés de sper-
mslotoairet.donl qufl'|ui's-une!( éluirnt huiiies d'une wrie
de tronçon de queue bruï^qtK'meiil coupée; cinq fuis ;ius>i j'ai
ob^rté un mélange de ces deux états des fpcnnoloioatres.
Aiiiti, à cAié de zooiipernies bien conformé» et présenlauttM
TROUBLES DÉPENDANT d'uN ÉTAT GÉNÉRAL. 597
mêmes caractères que chez ratiiilte^on en rencontrait plu-
sieurs à queue tronquée, et i*on \0}ait, à côté d'eux, de
petits corps qu*il était Ticile lie reconnaitre pour des tètes
de spermatozoaires. Dans un cas, j'ai constaté, avec ta pré*
sence des animalcules spermatiqu^s , celle d'une assex
grande quantité de petits cristaux dont je n'ai pu déterminer
la nature. Ajoutons que, quelquefois aussi, à côté des sper-
matozoaires bien développés , on apercevait un grand
nombre de granules, soit i>olés, soit contenus en certain
nombre dans une vésicule commune, et entièrement ana*
logue à celles d'où Ton voit les spermatozoïdes s'isoler,
ainsi que l'ont signalé les ph>siologistes qui ont étudié les
diverses phases de leur développement. M. Davaine, avec
qui j'ai observé plusieurs fois cette particularité, était
aussi fortement porté a croire que ces agglomérations de
granules étaient des spermatozoaires en voie de dévelop-
pement.
» Quant à !a quantité des spermatozoïdes, elle n'a pas
été toujours la même : dans quelques c^s, ils étaient aussi
abondants que chez l'adulte ; ainsi, le champ du microscope
en était couvert, on les voyait, très rapprochés les uns des
autres, s'entrecroiser dans tous les sens. Chaque gouttelette
de sperme soumise a l'examen en présentait la même quan-
tité. J'ai constaté sept fois cette abondance excessive dea
animalcules spermatiques, et le sperme d'un de ces sujets a
été soumis a Tcxamen de RtM. les membres de la
Société de biologie. D'autres fois, quoique encore abon-
dants, les spermatozoaires Tétaient moins que dans le cas
précédent; ils étaient moins pressés les uns contre les
autres, quoique le champ du microscope en présentât encore
un grand nombre. J*ai observé seize fois ce second état.
Enfin quelquefois les animalcules étaient rares; on n'en
199 THUDMJ» DB LA Ff>KOIU^ Dl «iCKftilOK ei>IWAtlQ|iR.
t^fcevuit |)lus <|iii^ qiieti]Uf!s-uii5, inaièa ou milieu d'i
lifoide i)iii ))fésc[>(ait dt- (Ji'lilcï gruiiulalioiis e( Je« débris
<lf (ii-ltules i-pitliL-lialeii. Quulortc fuis j'ai caiisUtii ccUa
^ireté de» »|>erin<)lutonircs, i|ui iouvenl, quoique |ieu nom-
^Ux, éloîenl (tarliiilemenl iléii;lo|i[ié5.
a Les fpermatuiuoiTe» *g rencuoiraiciit soit ilaii» tuuie
r^odoo lies vaics spermaliqucs, re que j'ni rencoolré
nii£l-xit r»t!i, soil dans un seul poiiil de ra)ip«rcil cicré-
taiir>AiiiKi, (ruii foi^, le sperme ïciil ronlenu dJins les
ciMux dërérciilï rciireniiail des luospermcs, et relui de»
véliculeR n'en laissait apercevoir nueuii ; un« fuis leur
IHréssnce a èiè eoiinlotéc dans le liquide dos «éiirules t^mi-
ulcs et no ))u l'ôlrc duiis \e» ennsui d^fi^reiitX; enBo, il
M'e^t Hrri(é sept fols dVii trouver dans iinesfule téMcule,
quatre Tois dans la vésicule droite et trois foin dans la
gauclie, à l'exclusion de celle du edté opposé et des deui
canaui dtTt'renlsfi). «
L'absence des spermaloioaires cliei les qualorse indi-
vidus restsul de la statistique de M. Uupla), ne se peut
eipliquer par rien d'anormal, v Quant aui leslicules, dit
l'auteur que nous citons, leur (issu propre était sain sur In
(jUltortu cas ; on observait toujours cet état de Daccidité de
rorgaiie> qui est presque con^laut cbei le vieillard, el que
nous avons déjà signalé. Uans un seul cas, les testicules
étaient etcessitenieiil petits élevaient subi une véritable
atrophie. Cioq fois j'ai rencontré l'Iiydrocèle de la ta-
nique vai^inale, et, dans un seul cas, un kjste de l'épidi-
djme (2). »
EaGn, comme il est impossible de reproduire ici tout la
(<) Archirfi gén^alei de mè'lecine, l' séfie, t. XXX, décembre
1861, p. 393.
(t) /M., p. 403.
TBODBLES DÉPENDANT d'uN ÉTAT GÉNÉRAL. 599
travail de M. Duplay, je terminerai par les remarquables
conclusions qu'il tire des faits étudiés par lui :
« 1** La sécrétion du sperme continue h s'ciïectuer chez les
vieillards. Quoique, parmi ceux qui ont été soumis à notre
observation, le plus Agé eût quatre-vingt-six ans, et que
nous n'ayons pas eu Toccasion d'étendre nos recherches au
delà de cet âge, tout porte à croire que la sécrétion spcrma-
tique se prolonge jusque dans un âge beaucoup plus avancé.
» 2"" Cette sécrétion est généralement moins abondante
que chez l'adulte; ce qui le prouve, c'est la prédominance
du liquide sécrété par la membrane muqueuse des vésicules
séminales, dans le sperme que renferment ces réservoirs.
Cependant, par une exception rare, à la vérité, et même
chez des octogénaires, la sécrétion du sperme parait être
aussi abondante que chez l'adulte, car le liquide que renfer-
ipent les vésicules séminales de ces sujets privilégiés parait
aussi consistant que chez les sujets encore dans la force de
l'ige-
a &"" Contrairement à l'opinion généralement admise par
les physiologistes, les spermatozoïdes se retrouvent dans le
sperme des vieillards. Les cas contraires, loin d'être la
règle, doivent être considérés, d'après nos recherches,
comme l'exception. Si dans certains cas, les spermatozoaircs
sont moins nombreux que chez l'adulte, ou répandus moins
uniformément que chez ce dernier dans toute retendue des
voies spermatiques ; si, dans certains cas, ils présentent une
conformation moins parfaite, dans d'autres aussi, et quel-
quefois chez des sujets très âgés, on les retrouve avec tous
les caractères qu'ils présentent pendant la période moyenne
de la vie.
» li^ Si les vieillards ne sont plus aptes à se re|»ro(luire,
ce que Ton observe le plus généralement, et si, d'un autre
HOO rKUtlRLES DE LA FONCTION t>B SËCHÊTIOR SPiRHittQCE.
ràtc, ia présence des spermolorunires constilue la qualité
récondoiite de la liqueur séiniiialc, c'esl moins » In coin-
posilion de leur sperme qu'iiux iiutres cnnJilifliis «le l'iicle
reproducteur (ju'îl fuut atlribuiT l'inri^coridilé des iJtril-
Inrds (1). ..
A côlé île rc remarquable Iravoil, ilonl j'oi été heureux
de reproduire leUiicllemeiil les prînrijiaui }iO!i«ngi-s,et qui,
le premier, oppose des Tails aulhirnliqncs il une pure hypo-
thèse des ph\siulo<>isti's. je crois irmlile ilc mentionner quel-
ques observotions qui me sont propres, et qui, d'ailleurs,
concordent exactement atec les rê»ull^iU annoncés par
M. Dnpiay. Aussi, bien i-Dii\nincu de Texislenre des sper-
matozoaires dnns la liqueur séminub' de» vieillard», et, d*an
HUtrecàlé. Torct^ d'udmettre l'inaplitude de ceui-ei à se re-
produire, j'ai cherché quelle puutail être In condilioo de
rgclerepruducleurqui faisait défaut nu vicillord; oprùs ans
observalion Dllentiie du jeu et de liinpnrluncc de ces coft-
dilions, je crois nvoir acquis la cerlilude que l'iitrécuadïté
de l'jl^e awiiicé tetinil, dans ta majorilé des cas, rhrs lei
individus surtout qui punsèdenl des animalcules spermntiques
normaux, a une diminution notable de la force d'émiMtoD
de la liqueur séminale.
Cette cau^c du* itlérilité, sur laquelle j'aurai à revenir
plus loin, e><t quelquefois manifeste chez l'adulte; elle K
trahit d'ordinaire par une ère (ion molle et fl'i«que. Les
ma<iturbaieiir-i, par exemple, offrenl souvent auprès dei
femmes celte faiblesse d'érection, qu'il In faille allribueri
leur répugnance pour le »e\e. ou à rulTiitbli-<^emeii( de leurs
organes, et presque toujours alors ils sont inhabiles k «e
reproiluire, bien que leur sperme contienne des aniniakules
(Il ir.h.
. iJécemhre I86ï, p 103.
TRODBLBS DÉPENDANT D*UN ÉTAT GÉNÉRAL. 601
fécondants. Cette ina|)titucle h la Fécondation se perpétue
tant que dure la faiblesse dos érections, et la fécondité
re|iarait a\ec le retour de la furce érectile.
Pourquoi n'(*nscrait-il pas de mâmepour le vieillard? II
est incontestable que les fibres contractiles, quelles qu'elles
soient, qui concourent à Tcxpulsion du sperme, participent
chez lui h raffiiiblissement qui frappe toutes les parties de
Torganisme et qu'elles ne restent pas seules, énergiques et
vivaces, au milieu du dépérissement de toute l'économie.
]\lais de même que, chez certains individus, la vitalité
générale conserve plus longtemps ses heureux attributs, de
même il e>t des \ieillnrds dont les vésicules séminales et les
plans musculaires qui les recouvrent, gardent une force de
contraction qui n'est pas ordinaire à cet Age. Il en devait
être ainsi chez tous ceux dont Thistoire a noté le souvenir
de la paternité tardive : Caton le censeur, Massinissa, roi
de Numidie, Ladislas, roi de Pologne, etc., qui engen-
drèrent des enfiintsi Tàgiule quatre*\ingts et quatre-vingt-
dix ans. S.ins doute, il est impossible de s'appuyer sur de
pareils exemples pour défendre Topinion que j'émets ici,
car l'histoire, on le ('om|)rend, est muette sur ce point de
physiologie : mais quand on a attentivement observé ce qui
se passe dans les cas d'impuissance, il est impossible de ne
pas admettre que la furce d'émission du sperme joue un
grand rôle dans l'acte générateur.
Je sais bien que Spallanzani a fécondé des chiennes en
portant sur leur utérus la liqueur séminale du mâle; mais
que prou\ent ces expériences ? Les conditions de fécondation
sont- elles identii|ues dans la race canine et dans l'espèce
humaine? Et puis, dans cette dernière, n'a-ton pas va
des hommes, avec une force d'éjaculation à peu près nulle,
féconder exceptionnellement une femme atteinte de prolap-
099 TBOVpfES DB LA FOKCTIOn RB ïkCIIÉTlOn SPEBHATIOim.
SUS ulériri? iJ'ailk'urs, le» ex|jérion(is ilu S(iBiluuwni.«
point de vue ({ui nous occujic, ii'uiit pcul-£tri> paf loult
l'importance i|u'oii ïeiait tcnl^ île leur iloiinfr nu (Hcmiei
■bord, si l'on rcflt-iliit (jiie l'illustre obbé ci|<ériment*il
avec une seiin^^ur, et qu'il impriainil, par ronséi|ui^Dl, iia
lî<)uiJe une icilalnu furi'c d'ini|iulsi(iu; tnCn. ce» ei|t^
rienccit n'ont j.iinuis i't6 ronsid^r<!'e« aiec raison que coranu)
de curii'USCS CKTijlions nui lois or<liiiairo$ de U riconda-
tion, et reicffitiontijuc ]e sache, n'a janiaiH conalilut: une
règle.
Pour moi, je le rép&lc, la cansf |»rinci|iole, sinon uiii<)ue,
de l'inféconililé do ucilUrds dont le sperme est iiormil
comme celui >li; l'adulu-, réside dans lu fjiblcsse de l'éjatu-
lalion, et se ralladie, par consé(|uent,aut conditions de U
puissance virile.
Je reviendrai plus toin sur le même sujet, alors <]uc, dsoi
le chapitre consacre nui (roubles de la fonction d'i-mission,
j'étudierai l'impiiiïS'ance tommerau^cdeïlcnlilc^j je renittic
donc h ce (liujiilre pour compléter les considérations dont
je nefdis ici cjue poser les h^sa.
2" Tempérament. — Constitution. — État de maladie.
Tempérament. — Dans la i^étcrc acception du mol, il
n'est aucun tempérament (]ui soit à lui .•>cul cause de atéri-
lité; mais le Icmpémmetil peut être une prédisposition à
certains troubles, h ccrNiines ctaj^iV.'i lions fonctionnelles,
qui, cu\,!ionldes causes prorliaine.s d'inféronilité. Ainsi, il
est incontcslable <|u'un i oit arcoriipli aiec une exoltalioo de
voluptés, proi'lics parents de ré|Mli'psic, donne osseï ordi-
uuiremcnl, iiu point de vue de la génération, des résultais
négatifs. Or, tous les tempéraments n'étant pas suscepliUif
raOUBLBS DÉPENDANT d'dN ÉTAT GÉNÉRAL. 60ft
d^atteindre ce iiaut degré de sureicitation, celui qui y prér
dbposera pourra donc être regardé comme une cause indi-
recte et éloignée d'infécondilé.
Cependant, le tempérament n'est pas toujours et fatale-
ment la source de voluptés étranges ; d'autres conditions
sont nécessaires pour amener des plaisirs épilepliques, et
parmi elles, il faut mettre au premier rang la tension de
Tamour moral , le refoulement plus ou moins prolongé
des désirs vénériens, la continence plus ou moins lon-
gue, etc.
D'ailleurs, cet état de sureicitation épileptiforme qui,
quelquefois, est bien réellement un motif d'infécondité, est
essentiellement relatif et passager; le changement Tultère,
rbabitude l'émousse et la satiété le détruit.
Dans les conditions normales d*escitation vénérienne|
conditions essentiellement variables avec chaque individu, il
n'existe, je le répète, aucun tempérament infécond ; et s'il
tu est qui prédisposent à la stérilité par un excès en plus ou
eo moins d'excitation vénérienne, cette prédisposition se
corrige, d'un côté, par l'habitude, et de l'autre, par un peu
plus d'amour.
CoHStiMion. — Il en est de même des constitutions, en
tant qii*elles n'ont pas franchi les barrières de la santé ;
je n'en sais aucune qui soit fjtalement cause de stérilité,
car on rencontre tous les jours dans le monde des hom-
mes faibles et délicats procréer des enfants robustes et
vigoureux.
Il est incontestable que chez les individus dont les sources
de la vie sont languissantes, la sécrétion sperraatique doit
être moins énergique que chez ceux dont la vitalité est exu-
bérante; mais il importe peu, pour le succès delà fécondar
ticffi, que cette sécrétion soit plus oi| ipoini abondante,
t.
601 TROUBLES DE L* PO^*CTIO^ DB SlCRËTIOK SmHATIQCB.
jiourvu <|ii'cllc !i'ui:coiii|)li!<>e au milieu ilcs Fomlilions nnr-
malcs, c c<it-<^-(lirL- 1 oiirtu (|iie le ^iicrm» |>r(.W('iitr \n |iro>
priétiis l'tnsiijui'S et ii>iinii|ijps qui li^ roii^liluctil li>|urur
récoiidnnle. Soun le ni|i|iorl, \v le r<^)ièlo, il n'vfi aucuiiP
c(in>liluliun (|iit s'o]i|iose i hi stVrélioti noininlv rlu liquide
proliliifuu ; nous alluiii iiiëinu voiri|ue relie sl'i-i i^t ion ii'e*l
ui oltérdc, ni .«u«|>etiJue [iiir des eirroti>(ainr'« piilliulu«i>
que qui IrauKrorment cd vt^riloLlv Hoi rauibido une con-
slilulion iitiilhi>ureusc.
Étal (le maladie. — Il ne [»cul i^lre ici quclion que àet
matadii-s clironiquc» ; iiu |joiiil de t uc qui iiou'i (>(-i.-u|ie, il
n'csl l'ii iiui'uue fin;(ui iitlL^nsi^nrit do *inoir si le* «|ierit'B-
loioaircs tiveul iii-nditiil une Rcvre h|>hi)ï.le. ou ilnns te
cours d'une fiueuinunir, cnr les rondilimi* iiu miticu det-
quelles se trouve l'or-ijinisme lui iitlcrilisenl l'ciiTiii-e d'une
fonrtioii dont riii'L'um]>li>'?omciii, nliirii môme qu*il »enit
possible, compronieltrail grnveinoril lu snnltï^AntValc.
Il m; pi-ut duiii' ^'n^ir ici que de mnindics rliruniques dont
la durée et lu li^génrlt^, ou l'inlerfliiltenre des ntcklenU,
aulofiseiil l'œuvre de lu |iro|in^aliun de rfKjiicfl.
Que n-s iUiils niuibidi's !iL- liuutnil souo tu di^penihiDrc
d'une diiitlièso, ou ^uienl plus simplemenl h tfart>r<innAlkin
d'un <^ltit murltide aigu, il» ne seiiibleiit pi>!< ntuir utic
influcneu Irès miirqué.- sur la ^ét-rétioii Sjiermutique.
lian* W> casd'uiïecliiinH diiillié«ii|ues, nlors que le ^cnne
morbiiletic s'c>l (loiiit eiiture InidutI nu dehors, le s|>enne
ne subit uui'uiie iilténiliuii, |iuisi|ue nous \o}oiis ee!* «iccs
pathulo^ii|UCS ne Inintmetlre d'une f;6nératton i l'autre;
Ionique In d<<ilbè-e a fuit e\|ilo-inri , lorsque, sortant de
l'étnt UtenI, ell>' a iillaqué les sources de lu tie, comme
cbei les phllii^iquiïs cl les riinci^reui,|inf e\eniple, la térrè-
tiofl fipermiiliqtie m p«rnM pa« davanlnge «ll*r«ie : na nn-
TMOBLBS DÈPBNDANT Ù*W ÉTAT QÉIltlIAL. 006
contre toas les jours des luberculeux ou deuxième ot même
ou troisième de«;rù, qui deviennent pères; et combien n'y
a-t-il pas d'hommes qui ont des enfants avec des cancers
en pleine suppunilion? Ces fails sont si conslnnlset siavé'
rés que quel(|ues rêveurs, dans Tespérance d'une régéné-
ration com|ilèle de Tesi ère humaine, ont entre\u la pos-
sibilité d'interdire le mariage aux individus atteints d'une
dialhesc morbi<le Iransmissible par hérédité.
Le fait de l'exislenre des spermatozonires pendant les
maladies chroniques, ronslalé par Tobservalinn clinique, a
été confirmé par l'examen microscopique. C'est encore aux
rechenhcs de M. Dupliy qu'il faut avoir recours.
Parmi les Ircnle-sepl vieillards chez lesquels cet expéri-
mentateur a renconlié des animalcules spermatiques, vingt
et un avaient succombé a des maladies ai;*uës et .^eize h des
maladies chrnni(|iies, dont plusieurs^ dit l'auteur, avaient
déterminé cet état décachette et de marasme dans lequel^
suivant r opinion de certains auteurs^ les spermatozoaires
disparaissent même chez Vadulle.
Au nombre de ces maladies chroniques nous voyons :
Entérite chronique 4
Aiïeclion organique du cœur 4
Tubercules pulmonaires 3
Bronchite chroni({ue 2
M('M)in*zile chronique 2
Ramolli^isemenl du cerveau %
Cancer de l'estomac 4
Squirrhe du pancréas \
Cependant, sur les quatorze vieillards dans le sperme
desquels des animalcules n'ont pas été rencontrés, quatre
seulement avaient succombé à des maladies aiguës; les dix
600 TRDUBLtS D< LA TOKCTION t» «tCHtTIOII srS«HATIQt'K.
autres se r^fiarlitsaicnl, par rap|iQrl k la caive de leur mM
de U manit-re suitonti* :
Scorbut et tnéniogita chroniqtw. .... I
Tuterculea pulmooair<;s t
ttBmoUissKnifDt cbroniijue du corvuD. ... t
Suppuration énorme, mirasme ... . . I
Méningite chronique I
Cnlarrlie chronique. ....... .... ♦
Uféliie chronique I
Cancer du c<Mon. I
ruralyeie. «echare, tnaraune. .... ■ . 4
Kii jiréï^ciicc (lu re» résulluls iruntruiiicloir«t, il aérait
déraisoiiuntile d'adinellre i]iic l'nbsciircdesupermatoioairet,
daii!) les dix diiniiers cas, e$l due à la maladie cliroiii(|ue qui
a entruiné In mort, |iui>qii'on vuil que, dans d'uutres cas,
les mêmes étals morbides n'ont pas déterminé la disparr-
lion des animalcules spermatiiiucs.
lit ponrliint des auteurs. Ouij entre autres, n'oiil |>H
craint il'tïlnblir cti lui <|iie ^'£ maladies chroniques qui te
terminent pur la mort urrélcnt lasêcrèlion des animalcules
Sfiermatiiities (\). M.iis il ciic>l di; cette loi tomme de beau-
coup d'autres trop raellenient admises dans le su^ct »i peu
connu i[ui nous occupe : cllf ri'ot s-incliuniiée ni pur l'ob-
ser>ation clinitjue ni par l'Olude rit.'crOjisi()ue.
(IJ Tht Edinb. mrii. and lurif, ;oiirn.. et Gaitlte
tROUBLES DÉPENDANT d'oN ÉTAT LOCAL. 6Ô7
g II. — Trouble* dépendant d*an état loenl.
1^ Anomalies des testicules.
Ces anomalies portent : 1^ sur la position ; 2<^ sur le
volume du testicule.
Je ne m'arrêterai ici qu'à la première de ces deux caté-
gories, parce que la^seconde, dans laquelle l'atrophie seule
de la glande nous intéresse, rentrera dans l'histoire de cet
étal morbide que peuvent amener des circonstances acci-
dentelles et que j'examinerai tout à l'heure.
Absence des leslicules. — Jusqu'à Hunter, les analo-
mistes n'ont fait aucune didicullé d'admettre, non-seule-
ment comme possible, mais encore comme assez commune^
l'absence des deux testicules; bien plus, cette absence
ajaut été constatée chez des individus qui avaient fait
preuve tout è la fois de désirs vénériens, de virilité et de
fécondité, on en avait naturellement conclu que les testi-
cules n'étaient pus nécessaires à la fonction génitale; aussi,
Gtbrol n'é|)rouvait aucune répugnance, dans des cas pareils,
à conseiller le mariage, a Vous entendrez, dit-il, qu'estant
moy à Beaucaire, je feus appelle pour avoir advis de moy
par les parents d'un jeune homme de ladicte ville, aagé de
XXII ans ou enuron, pour scavoir si on le marierait ou si on
le ferait d'église, veu qu'il n'avait point aucun testicule. Je
leur conseillay de le marier, le voyant gaillard, non effé-
miné. Il est encore en vie et a eu deux enfants de sou ma-
riage (1). w
Et comme s'il eût senti combien peu était rigoureuse
une semblable observation, le même auteur raconte lliis-
toîre d'un homme qui fut pendu, pour viol, à Montpellier,
(4) Alphabet anatomique, p. 87.
QOS TtOOnU DB LA FuriCTION DS seCRlTION SPMVATlQllf.
et dont il fui itiarfié ili> Wire l'uutops^e. « VaiU^ aulro i'h»>
SOS, dit Ciibrol , le |il()« tnro c'chl qu'il ne lui rvuiil Iroui^
aucun lesliL'ulu, ni c\lérieiireineiit ni intt^rieiiremt.-nl : bien
luy trou«a<im<?!>noiiHse!igBrilnui'lies ou içrcnierKOulaitt rem-
plis de scniericc >|ii'à hoinine que j'nye anallinmi^^ dv«puit;
cela esloiiiia mmoilleusi'ineiit toute raHMstanre (1), ••
Bien que l'ofiiiiion de Cnlirol, »ur l'inutililé île» lut»-
eules dnni i'ncti- ^én^rntGur ne soil pluf niimitc aujoanl'hiii,
et qu'il iK se roncoit'iAI |ins un médecin mpiible àr ron-
seiller le mjiriii|>r- à un li<>mmo ilunl l'ub-'eiicf do» (e^licutes
serait un Tiit jniifiiili'mi'nl nc(|nt!>, il h'ogil d<* tiatoinii relie
absence pput ri)nK>'uilnleni('nl sa {irodntrc.
Dan5 un tmtnil tria n'imirifuntile Nur les anomalies de
position el les alroiilnex lia lP!tlirule(-î), M, Fwlltn paraft
di.ijiONé il ntliibiiiT h rnlrO|iliic du lc>liriitc k><i cas où cflle
çinnd'' ne se rcnconln- |m«. A r.'i|i|iui de celte manière de
voir, il eite deux roits qui lui pnruissetit rourlunnls : n Le
premier, dil-il, ii été uioiilré piir moi ix la Sociéli^ de bio-
logie en nntW 1850; le sceoiid n 6[é rommuniqué pir
M. Gosselin, ô l'A épidémie de méileciiie.daiis la séance d«
h fé»rier 1851 (3). Jedonucroî ces dcui rails mer quelques
détails, cnr. outre leur rorett', ils me pamissenl aïoir cela
deremnrquob'e qu'nuenncnutn' lésinn de l'iippiireil c^nila)
ne les iircom|ia{:ne; uirisi, sur le scrotum, m. Ile cicnlrice,
et, dans les autres \oies excrétoires du spermi-, rien qui
indique même une diiïérence a»er le côté ii|<|iosé. »
Ces deux observiilioris, que l'on trouiera dans le recueil
(1) Alph'ihrl iinoMiiiii/U''.
(î) A'tt(.(.-,< pti."(OFnii).ir« f( i>,ilh;hyUi.„,s„r !<■> wiomal.ri de f>o*i(MM
,■1 Im airoyhic* du teslicvle (.IccAir. ,j,-ui r. ,!,■ nml . juillpl 1851 \.
(31 BulMiii .Ir r AcKlémù- noiio-ftir de mfd'nui; Paris. (8SI,
l XYI, p tii3.
TKODBLBS DÉPENDAIT d'uN ÉTAT LOCAL» 609
que je cite, n'ont peut-être pas toute l'importance que
semble leur attribuer M. Follin, car rien ne prouve, en
eiïet, que le testicule manquant ail originairement existé,
et qu'il faille attribuer son absence à sa disparition pro*
gressive. On peut, avec une égale raison, croire è une
absence congénitale de la glande.
Cette anomalie ne serait pas, d'ailleurs, sans précédents :
Blandin (1) a noté un cas où il n'existait, d'un côté, ni
testicule, ni canal déférent, ni vésicule séminale ; et M. VeU
peau (2) en rapporte un autre dans lequel l'artère et la veine
spermatiques étaient égalenfierit absentes.
Tant que ce vice de conformation n'affecte qu'un seul
côté et que Vappareil spermatique existe intact du côté
opposé, le mal, au point de vue qui nous occupe, n'est pas
très considérable, et il serait facile de citer des faits qui
prouvent que la présence d'un seul testicule a suffi pour
accomplir la fécondation.
Mais le dommage serait plus réel et irrémédiable si les
deux glandes manquaient à la fois.
Quand un seul testicule est absent du scrotum, le dia-
gnostic différentiel de cette absence peut oiïrir des diffi-
cultés insurmontables, car il n'existe alors aucun signe qui
puisse faire croire à Tarrèt de la glande dans la cavité abdo-
minale.En admettant même l'opinion de M. Follin sur
l'atrophie du testicule retenu dans un point de son parcours,
opinion dont je parlerai longuement toute l'heure, on n'a,
pour s'éclairer, ni le critérium des désirs vénériens ni les
ressources du microscope, car l'individu pourvu d'un testi*
(4) Analomie iopographique^ p. 443.
(2) Anatomie chirurgicale, p. 4 92. —Voyez aassi Geoffroy SainU
Hilaire, Histoire des anomalies de f organisation eh^z l'homme et les
antmatio?. Paris, 4832, t. I. p. 390.
39
irtinte le M ■
(HO THOUBLBS m. I.^ POKCTIUN M HfitHfiTIOR «MtlIriiTIQat.
culi; r(.'Siteni les ;ir<Jeiir!i (lerumouf.romtni* te |iroav« left
«ommnnii^u^ [xir M. 4>(>»!<e1ih, t>t ])n^sciita (Isi)i Sk lK|Ufiir
s4ttiiiiiile tien onimaltulo» fi|iermo(ii)W4.
-- Ma» si Isa ileiiii teslkules manquaient, ri «iirtout si celle
■bfienre étoit tniiiiénitBle, \k lioute ne .«erail plu.t poDstbIe.
L'iiidiviiiii ri'i) nlor5 Hucun des cnrartère^ qui ronntilnml
l'hnmme : tes furmeit arrondies H m pr'BU blam-tip Pl di^-
ptturvue de \\a\\t lui ilunni'iit [|ueh|iic rhme de féminin,
que légilimcnt de plun la timidité et la |iu»illaiiimitô de kod
teit-. l.tia vunuqui'K, dil-oii, Kont fiicure i'a|)ab)es dn doitner
la volupti^ HUx feinmcs : rVut \rai, mai)' ils ne pfiitriil
leur |irocurcr le bonheur iVUtt^ mères; le liquide qa'il»
Mm-lent cl qu'il» |ierdeiit pendant le simulsrrc dp lear >e-
luplé, nul eutiùreineiit privi'r do KpirmatuioîdM t-l im|)r«pre
à la fécondalion.
En résumé, l'absence rongénilnle d'un testicule, accident
suiis influerco bien uiarijuén el sur les désirs vénériens et
•ur Tncte fécondant, so rencontre, à n'en pas douter, dans
respèie humaine.
L'absenr« ron^énilaledesdeut leslicules, ratise radirale
d'impuissance et de atérililé, est possible, el se traduit Iod-
joars par l'absence des désirs vénériens el des sperma-
toKoIdes, el pnr U substitution îles iittribuls physiques et
moraux de la femme nui cararlèreg cnnstilulifs de l'homme.
Déplaeemettts des letticvlf*. — Depuis Hunier, les dé-
placements conf;énilani des leslirules ont, sous le rapport
qui nous occupe, une importance considérable, car le grand
t'hirnr^ien anglais a émis l'opinion que les Irstîcnles
absents du srrutuni, <:'est-à-dirt; retenus dans un point de
leur pnrrourii, étaient alropliié:i el, piir conséquent, cessaient
de sécréter le sperme.
(iette opinion, conibaltueparHichard Owen, i
TROtBLCS DtPBNDiINT t)'vn tTAt LOCAL. 611
de Hunier (1), a été reprise par M. Follin, qui s'est altaché
A montrer les transformations que subit In glande séminale
retenue dans le ventre.
Outre une diminution notable dans son volume, le testt^
cule, selon cet auteur, se modiBe encore dons sa structure :
tentât il reiét une apparence fibreuse par suite du retrait
de la substance séminifère, et tantôt il devient le siège d'une
transformation graisseuse complète, par le dépôt, dans son
intérieur, d'une matière grasse qui, comme dans le tissu
musculaire, fait disparaître l'élément normal do l'organe.
Mais pour nous le fait le plus grave dans ces altérations
des testicules, est l'absence absolue de tout zoosperme.
« Nous devons déjà à un vétérinaire fort distingué, M. le
professeur Goubaux, dit M. Follin, des détails intéressants
sur la structure des testicules retenus dans le ventre chez le
cheval (2). Outre des altérations dans le volume et dans
l'aspect de la substance du testicule, devenue aussi molle
que celle du fœtus, M. Goubaux a remarqué que le sperme
contenu dans la vésicule séminale, du côté où le testicule
était dans l'abdomen, n'oiïrait pas d'animalcules sperma»
tiquea. J'ai, dans trois cas, examiné le sperme contenu dans
la vésicule séminale correspondante au testicule retenu
dans l'anneau, et chaque fois j'y ai trouvé une absence coro«
plète de spermatozoïdes. L'examen comparatif du côté
opposé m'a fait voir que les spermatozoïdes ne manquaient
pas dans la vésicule séminale. Dans un quatrième cas, il n'y
avait des spermatozoïdes ni d'un côté ni de l'autre. Il s'agia*
sait là d'un homme mortàBicètre d'une affection descentrts
nerveux, datant de longues années. Mais ce qu'on trouve
(4) OEuvres complètes de J. Hunier, trad. par Ricbelot. t'âris,
4843, l. lY, p. 63 et suiv.
(2) ikeueU d$ médecine vétérinaire prutiqw^ t. XXIY, p. 434.
613 TROinUS PB LA F0RC1I0N DE SËCRÈTIOD 8l>RI«ATIQCt.
roiistamnienl daiig ce li<^uidc, il6pour\u de spcrinatoioidn,
c'est une abondiinle production d'une malîèro jounAtre, <)ui
se Trnfïmente, comme les malières grasses, en ^lobuln
arrondis, et me parait en aïoir quelques-unes Jes pro-
priétés fl).»
Celte opinion de lluuter, si savamment défendoe par
M. Fulliu, n'est cependant pas D l'abri de toute rrilique.
J'ai déjà dit i^ue Richard Owen l'avait regardée comnie
rftcheuse et comme le résultat d'une fausse analogie.
M. Cloquet a rencontré dans l'abdomen un testicule qui
était d'un volume é^al it celui qui se trouvait dans le scro-
tum. Un élève d'.\. Coopur, désespéré de n'avoir aucun
testicule dans les bourses, se suicida, et ses deux gltodes
séntrnalcs, retenues dons l'abdomen près de l'anneau ingui-
nal interne, étaient d'une grosseur è peu près normale.
M. JurJBvay rapporte deux Taits presque analogues, a J'ai
vu celte année, dit-il, ii l'hàpital de hi Cliarilé, un homme
de cinquante-cinq ans, dont la glande séminale droite
n'était pos lo{;ée dans le scrotum. Sortie de l'oiitice ei-
(erne du canal inguinal, rllc s'était placée un peu au-
dessus de l'arcade apunévroli<|iic de Poupnrl, vers le milieu
de ss longueur; upparcmnn nt, les mouvements defleiionde
la cuisse sur l'abdomen avaient ainsi occasionné ta progresMon
graduelle du testicule dans le lissu cellulaire sous-cutané j
toujours est-il que ce testicule était aussi volumineni que
celui du scrotum ; que de sa [inrlie interne, coilTée d« l'^ti-
didjme, qui élait rcconnaissuble par le touclicr, parUït le
canal déférent que les doigts sentaient même i son
entrée dans l'orilice eilernc du canal inguinal, et que cet
homme n'arait point été sobre de désirs vénériens ni do
(t) <trrMrr* v<4irra(M <f« MMwiM, 4814, I. XXVI, pi S«i.
TROUBLES DÉPENDANT D*UN ÉTAT LOCAL. 613
coït. Ches un autre malade que j'ai observé dans le service
dcBlandin à rHùtel-Dieu, le testicule» encore contenu dans
le canal inguinal, était le siège de douleurs vives, quoiqu'il
n'existAt aucune trace d'inflammation, doulcursqui portaient
le malade à implorer la castration. Le testicule gauche, qui
était dans le scrotum, avait le volume de l'état normal (1). »
Un de mes amis, qui est mort chirurgien de marine à la
Martinique, n'avait qu'un testicule dans le scrotum, et le
folume de celui-ci n'avait rien d'anormal ; les désirs véné-
riens n'étaient point aiïaiblis, et le coït s'eierçait comme
dans les conditions ordinaires.
EnBn, et, pour moi, ce fait est décisif contre l'opinion
émise par Hunter, j'ai connu un homme de trente-deux
ans, tapissier, doué de tous les attributs de la masculinité,
marié, père de deux enfants, et dont le scrotum était veuf
de tout testicule. Cet homme m'a assuré avoir toujours été
dans cet état. Le scrotum ne présentait aucune trace de
raphé, il était petit, ratatiné et comme rempli d'un tissu
cellulo-graisseux. A travers ce tissu et du cùté gauche sen-*
lement on sentait le cordon spermatique, mais il était im*
possible de distinguer le canal déférent. Le côté droit ne
laissait rien soupçonner, et les testicules étaient insaisis-
sables au toucher dans quelque point qu'on essayât de les
chercher.
Sans doute ici comme dans les prescriptions de la loi, la
recherche de la paternité est interdite, et, quoique je ne
poisse admettre une argumentation qui ne tend à rien moins
qu'à faire suspecter la vertu de toutes les femmes, je veux
bien ne pas insister sur la paternité de cet homme, mais
il faut au moins reconnaître que les désirs vénériens exis*-
taient et que le coït s'accomplissait normalement à l'époque
(4) Traité d'anatomU ehirwgicale, t. I, p. 276. Paris, 485S-4854.
Q\k THUI'IILBS MB LA FUXCTIVN W «-ÉCHàTION SMHBAIIQt'R.
QH J9 t'otistsiais inui-inAme l'iiliNcrice lic* iloui tCRticukf
■UbI In H'iotum. Lv» cirronittonces, ut (t'uit un point que
j'«i toujoiift* regretté iliin.-! cette nbtervtition, ne me p«niii-
tint pa» il'utdmiiii'i' le sperme de cet horamo qui partit poif
l'Afrique A\Ci- la colonie parinieiine de 18AS, et doat j'ti
perdu toule trace (tepiilt celle époque.
Toiiii ces fails suiil-ii» suEtitaiiU pour inlirmer l'opinioa
<|ui «eiil que l'ntrophie du testicule anit la coii»éi|uuiici> (itak
de aoti arrêt dans un point de loii parcourt? Kvideniment
aOQ ; les observation» de llunlor el celles plu» rêcrnles 6e
M. Follin, doivent peser dans la balance «1 lonjuiir» tire
prénotcs il l'esprit du médecin coimuiinut cl k celui du
médecin It^jiistc.
Si d(-« siftne» eitérieuni ue peuvent acouner l'atropbir dei
leslicules, $1 l'atrophie et le .«impie déplacement de cet
organes se IrnduisenI, dans la plupart des cas, par des carac-
tèrcH en (juelque Dorte négiitifs, il reste, pour éclairer soa
diagnostic, d'un càté, l'énergie de la puissance virile, et de
l'autre, l'exameo microscopique du liquide rendu par lei
voies génileles.
IjCs déplacemenis des testicules ee rangent dans qnalre
catégories que M. l''ollin énumère dans l'ordre auivaot:
1' Cag où le testicule est retenu dans le ventre on au
conal inguinal dans se<f rapports normaux avec l'épididyine
et lo canal déférent, le scrotum contenant du tiuo cel-
lulaire ;
3* Cas où le testicule eil retenu dans le ventre ou h
canal inguinal, l'épidjdjme et le canal déférent se IroBiail
en plus ou moins grande partie dans le scrotum en afant
du testicule ;
'6° Os où le testicule s'est dirigé vers le périnAe)
A* Cas où le testicule a passé è travers le canal craral.
TaOUBLKS DftFKNOANT d'uN KTAT LO'JAL. 615
Je n'ai point à décrire ici ces quatre variétés de dépla-
cement, dont l'histoire apiiarlient k ranatomie chirurgicale
des testicules; je dirai seulement qu'en admettant même
dans sa plus grande rigueur l'opinion de llunter, il ne fau-
drait déclarer un homme impuissant et stérile, pour cause
d'atrophie testiculaire, que si les deui testicules étaient re-
tenus dans le ventre ou à l'aine, car la présence d'un aeul
de ces organes dans le scrotum suffit non-seulement pour
éveiller les désirs vénériens, mais encore pour setisfaire à
toutes les conditions de la fécondité.
La possibilité de l'atrophie des testicules, que ces or-
ganes n'occupent pas leur place ordinaire, doit être pour ie
chirurgien un motif de surveillance dans les premiers temps
de la vie, car alors il est peut-être possible d'amener le
testicule dans le scrotum et de Ty retenir au moyen d'un
bandage; mais plus tard, lorsque l'anneau inguinal a perdu
l'élasticité de ses parois, que le testicule a pu contracter
des adhérences avec les parties voisines qui le pressent, sa
sortie de Tabdomcn n'est plus réalisable, et le ipaladc es^
condamné à une infirmité inguérissable.
i"" /atrophie des testiculen.
J'ai déjà fait pressentir plus haut que la diminution dans le
volume des testicules n'était pas toujours due à des circon-
stances accidentelles, et que l'on rencontrait quelques-unes
de ces atrophies dont un vice de conformation était bien
réellement la seule raison d'être. Aussi pour ne pas scinder
cet article, ai-je réservé pour cette place l'histoire de cette
anomalie, qui n'a une importance véritable pour nous que
lorsqu'elle s'étend sur les deui testicules.
L'état anatomique du testicule atrophié n'est pas le même
()16 rnocBi-Bs de la fonction ne sftciiftTioH sptsnuATiQVE.
dans (ous los cns : lniil4t , lorsi)u'tt n'y a [<tn fonle com-
plète du tissu tesliculoire, ta luniigue albugintfe, flasque et
décolorée, forme une poche trop vnsie pour les restes de
l'organo, et doniieulor^, comme dit M. FoIIÎd, la sensation
obscure d'un liquide contenu dans cette loge tibreusc; tan-
lAt la substance lesliculairo, subissant une transrurmalion,
passe ou è l'état Gbreux , surtout quand une phlegma^ie
est la cause de l'accident, ou h l'élol graisseux, ainsi que
M. Foltin en rupporlc un exemple; InnlAt enfin, la di«|ia-
rition est complète, et il ne reste plus des testicules que les
enveloppes sur lesquelles l'épididymc se oon^erve parfois
dans une intégrité parfaite.
Quand un seul testicule est atteint, le diagnostic cit ordi-
nairement facile, parce qu'on a comme point de romparaisoo
le teKticule sain ; miiis qunnd les deui glandes ont subi on
arrAt de dévelop|icmeril, qu'il n'y a que »implu dimiiiutioii
dans leur volume, on peut Ôlre embarrassé pour se pro-
noncer, car la grosseur de ces organes est essentiellement
variable selon les individus.
Mais s'il peut ëlre intéressant pour l'histoire morbide du
testicule de noter la limite eiacte qui marque un change-
ment en plus ou en moins dans son volume, il nous importe
moins de prendre un tel souci , si ce n'est pour donner
réveil au malade et prévenir une aggravation, voire même
une fonte complète des orgnne».
Cependant cet embarras n'est pas tel que d'aucuns ont
voulu le dire : quand l'atrojihic tient il un arrêt de dévelop-
pement et que l'individu a atteint l'Age de la puberté, la
diiïérence dans le volume de ses tosticnlcs, comparé ii celui
des hommes de son Age, sera trop marquée pour laisser le
moindre doute »ur la véritable cause de cette dilTércnce;
d'ailleurs l'appareil génital eiterne tout entier, la terge et
^
TKOUBLES DÉPENDANT D*I]N ÉTAT LOCAL 617
le scrotum, n'ont pas suivi le développement progressif des
autres parties du corps, et l'adulte offre alors, comme je le
dirai tout à Theure, un pénis et des testicules d'un enfant
de cinq h huit ans.
Quand Tatrophie arrive d'une manière accidentelle, le
malade a toujours, pour se guider, la comparaison de Tétat
passé et de Tétat présent de ses testicules, de telle sorte
qu'à moins d'une diminution imperceptible, le diagnostic
n'offre pas dans la pratique les difficultés qu'ont élevées les
auteurs en exigeant une mensuration absolue.
Le pronostic, au point de vue de la fécondité, est tou-
jours excessivement grave; mais cette gravité n'est réelle,
il ne faut pas se lasser de le répéter, que tout autant que
l'atrophie attaque les deux testicules, et encore, dans ce cas,
il est nécessaire que Tatrophie soit complète; car je dirai
tout à l'heure que dans les simples arrêts de développe-
ment, par exemple, il n'est pas rare de voir l'appareil génital
sortir un jour de sa léthargie, et les testicules, sous l'in-
fluence de cette vie nouvelle , acquérir le volume normal
qu'ils possèdent dans l'Age adulte.
Le traitement, quand il sera possible d'espérer dans les
ressources de l'art , sera nécessairement subordonné à la
cause qui aura donné naissance à l'atrophie.
Ces causes sont nombreuses, et pour mettre quelque
ordre dans leur énumération, je les rangerai sous six chefs
principaux :
V Arrêts de développement ou vices de conformation .
S"* Lésions de l'innervation ;
â* Compression ;
k* Inflammation ;
5* Actions de certaines substances;
6* Causes diverses et inconnues.
61tl TIOOU.BS Db U t'UNGTIUK UK HÉCHÏTIlHl SPXKJIATIQVI.
1' Mrréi lie dévi^opiminent. — Je n>- revienilrat pM iri
sur ce qua j'ui dit plus iiaiit lio l'arrèi ilo dBvelop)tt'ni«iil
qu'éprouvent les K-sticules retenu» dans un |ioiiil de leur
parcours. Je n'i-nteiuls [turler eu collu \Aar.t que dt l'aUit»
pbie dei lettîcuK'» parvenus dan» les buuMo».
Les eu du c« geure itout rooiiis rares ({u'on no pu
Ltllemand , Cuilin;; , Wll'iuii , kIc. , en rap|iarlsnt <
Dl«mplei; j'en ui tnoi-méine obtnrvû i|0(:l(|uc«-uiu, ot j'u
leDguement rn|){iorlî-, dons lu |)ieinièrt.- (larlie de <-«l o««1
vruge (1), riii>loiro d'un jeune Brésilien, que U léauîtd de
sa Tcrge enipècliait d(> i;oàler les voluplé.s du t:utl. Je ne
rappelle ce fait que [lour faire rttmarquer t)ue la diini-
nation des lo>lii'ii|tts , quelque ron^idérable iju'elle miiI,
n'est pas toujour» un mulif d'impui^Hunce et de slénlil^,
ainsi que le prouve le fait de Wilson, rappelé par M. FoU
lin : « Wilson, dit-il, fut couîullé par un lionime de tiogt-
sii ans, qui avait le pénis et le» lesliculcs aussi petits que
ceux d'un enfant de Imit ans. Cet homme se maria, devint
père de famille, et à vingt-liuit ans cos parties s'éloîeot
accrues au volume de celles d'un adulte {Lectures on th$
urinary and genit»! orf/ans). >• L'etereice de la fonclion
génitale suflit, dans ces cas, pour amener les testicules à uu
volume plus considérable, comme on le toit par le fait de
Wilson et par celui que j'cii cité moi-même.
Mais quand l'atrophie e^t complète, quand h substance
lesticulaire est enlièrement absente de la tunique aibut;iiiée,
l'art est impuissaitt, la stérilité est incurable, et de plus, tout
le sens };énital est mort : nul désir vénérien, nulle aspira-
tion vers les voluptés amoureuses , que serait d'ailleurs
incapable de faire guùler et d'éprouver elle-même une verge
réduite n des proportions microscopiques.
(1) Voyec la page 160.
TgOUBLBS DEPENDANT D*UN ÉTAT LOGAL« 619
2<» irions de l'innervation. — Les lésions de l'inner*
vation comme causes d*atrophie des testicules ne peuvent
être mises en doute ; les faits abondent pour en constater la
réalité : Lawrence (1), Curling (2), Larrey (3), Lalle
mand (&), citent des exemples d'alrophie testiculaire sur-
venue à la suite de blessures à la tête. Wardrop raconte
que le même accident survint chez un homme qui avait reçu
un coup violent au niveau de la région lombaire (5); enfin,
et pour terminer par une considération de physiologie com«
parée, M. Follin écrit : « M. le docteur Brown-Sequard,
dans ses belles expériences sur la section et la régénération
de la moelle chez les cobayes, m'a dit s'être assuré que les
testicules subissaient après cette lésion une diminution ma-
Difeste de volume (6). »
â° Compression, — L'effet que la compression amène
dans la consistance et le volume des testicules, que celle-ci
a'exerce sur la glande elle-même ou sur le canal déférent^
a été noté dès la plus haute antiquité par Hippocrate et
parGalien, et d'aucuns, depuis eux, ont considéré certaines
affections qui déterminaient une semblable compression,
Thydrocèle, par exemple, comme des causes certaines de
stérilité. Cependant il faut se garder d'attribuer à quelques
uns de ces accidents une importance qu'ils n'ont pas, è moins
qu'ils n'aient acquis une durée et un développement eon*
sidérables ; ainsi l'hydrocèie et le varicocèle, par exemple,
sont accusés d'êtro des motifs de stérilité, et j'ai vu plusieurs
(1) Medico-chirurg. <ransac(., t. IV, p. 24 4.
(2) Treaiise on the diseases of the testiele,
(3) Mémoires de chirurgie militaire, p. 262.
(4) Pertes séminales involontaires, t. II, p. 42.
(5) CKuvTM de Saillie, êdilioa de Wardrop, toi. II, p. 346.
(6) Archives générales de médeday», juillet 4 854 .
620 TKUtBLES UE I.A PONCTIOX DE »flCllftTI4»N SPUliTtOfl.
fois des hommes purtanl l'une tic ci.'f deui affrcliDn» salîl*
fnire parfailement aux conilitions |irocréatrice«. . J
Loi» (le moi hi pensée iJe niiT d'une mariiire Bbsolflf^
l'actioii délétère de ces niuUdies, innis j'eitinif! c|uc pour
amener ['alro|iliie du testicule, relie action doit s'exenrr
longtemps et d'une manière assez énergi<|ite; d'.irllcrir», il
faut se garder de porter inconssidcrémonl un pronoslîr A-
cheui sur la cupacité génératrice du mnhde, car ri fandrail,
pour que la stérilité se produisil, que la compression s'eiw-
çM sur les deui testicules, et l'on sait qu'il ml rare de ren-
contrer simultanément des deux cAtés une hjdrocile on on
varicocèle. Cela est si vrai que M. Vidal (de Cassis) met an
nombre des causes du varicocèle l'influence héréditaire, lai
qui cependant Tait valoir la stérilité fomme un motif détef'
minant de l'opération.
Quoi qu'il en soit, il est impossible de nier l'action (!•
cheuse d'une compression longtemps continuée, que celte
compression soit produite par une hydrocèle, par une liéma-
tocèle, par un varicocèle, par une hernie, par un éléphan-
tiasis ou par toute autre phénomène, et cette possibilité
doit entrer dans l'appréciation des causes de la stérilité
chei l'homme.
Dans la très grande majorité des cas, surtout quand l'alro-
pbie testiculaire n'est pas complète, on peut prévenir la
fonte totale de la glande en faisant cesser la compression.
M. Vidal (de Cassis) raconte qu'un jeune homme, porteor
d'un varicocèle congénital des deux cAtés, perdit sa toii de
castrat et recouvra tous ses attributs mflles après la double
opération du laricocèlc (!)■
(1) Df la Cure radicaie du varieoeile par t'cnroaltnteat de$ vrimn
du eordoH ip«rmijligu«. Paris, 1860.
TBOUBLfiS DÉPENDANT d'uN ÉTAT LO€AL. 621
Ln gymnastique, un régiaie alimentaire fortifiant et exci-
tant tout à la fois, et rexercice modéré de la fonction géni-
tale, sont, avec les bains de mer et quelques embrocations
ammoniacales ou cantharidées , les seules ressources qui,
après réioignement de la cause qui produisait la compres-
sion, puissent aider le retour de la fonction génitale , qui
d'ailleurs le plus souvent revient d'elle-même sans le se-
cours d'une thérapeutique quelconque*
k^ Inflammation. — Hunter, qui reconnaît expresse--
ment que la compression peut amener Tatrophie des testi-
cules, et il en cite comme preuves les cas de hernie dont
Pott a rapporté des exemples et l'hydrocèle dont lui-même
fut témoin, Hunter, dis-je, n'est pas moins explicite sur l'in-
fluence de l'inflammation, quelle que soit la cause de cette
dernière : o D'autres fois il (le testicule) s'enflamme, dit-il,
ou d'une manière spontanée, ou à cause de sa sympathie avec
l'urètre ; il devient gros et commence ensuite h diminuer,
comme dans la résolution d'une inflammation ordinaire;
mais cette diminution ne s'arrête point lorsque le testicule
est réduit à son état naturel, elle continue encore jusqu'à
ce qu'il disparaisse entièrement (1). »
Et Hunter rapporte trois faits de ce genre, dont je de-
mande la permission de transcrire le second , parce qu'il
nous oiTre l'exemple de la disparition successive des deux
testicules. Hunter l'inscrit dans son livre comme lui ayant
été communiqué par M. Nanfan*
Cl Un jeune homme d'environ dix-huit ans, qui n'avait
jamais eu aucune maladie vénérienne, a perdu ses deux
(4) Traité de la maladie vénérienne, traduit par le docteur G. Ri-
cheloi, avec des notes et des additions, par le docteor Ph. Ricord.
2«édil..Pari8,4852, p. 374.
fi3'2 THouitLEs ni! LA pnnfTioff ni «ficntTion ffMmuATiijvt.
testicules île In niunière suitaiile : l>« 3 Tévrirr I7j5, a|>t^
uvoir (taliné petiilnnt i{uelqii«<i heures, «uns avoir, h f» nn-
iiBiHaiire, reçu ouruiic lé!<ion, il épronvA iitifi violpilte iWh
leur daiiN le tcsliculp gouclif , qni n'enflamma, «t qm M
peu (le jours srquit un volume uoïKidérnble. Un rhirur^ien,
qui fut B|)pcli- (iii|irès du niul , fmiiloyn Im moyen* A*
(rtitemenl ordinairement usilt^scn pareil cas. L'iiiflamnialiMi
et l« gonllemenl se diMipîrenl graduellement dana l'etpace
d'environ tu taernoinea, et il ne resta plu* qu'un peu d'iu-
duratiun. On ap|ili(]ua alors un emptftlre mercnriel qui fal
abandonné npr^s avoir ét^ p»rlé |i*ndflnl quelque l«mp«.
UcpuiN relte époque le leslinile a roiittnui^ h tlécroKre gra-
duellement, et maintenant il n'est pn< plus gr(M qu'une th*
du mursi» ; le cnrpit du tPstitule etl entièrement rl^troit, •*(
ce qui reste paraît n'èlre autre chose qu'une partie de l'épi-
didjme. Cette portion n'est le siège d'aucune douleur, 1
moins qu'on ne la comprime; elle est très dure et in^^le
à sa surface. Le cordon spermatique n'est pas le moins de
monde altéré. Le 20 octobre 1777, le malade Tut pris des
mêmes SYmplAmes dan* le testicule droit, sanscauiteappré-
ciiible, et je fus appelé k lui donner des soins. Il fut saigné
immédiatumeni, prit une mitturc laxatite, puis une miiture
saline avec le lartre stibié; on Kt des fomenlalions et des
cmbrocations sur le leslirtile avrr l'esprit de Mindereros
et l'alcool. Le 27, on appli(|ua un rataplasmr de farine de
graine de lin arrosé d'eau végéto-minérale. Ce Iniitement ht
continué jusque vers le milieu du mois de novembre. L'in-
flammation se dissipa, et le testicule parut £tre dans mhi
état naturel. Le 19 décembre, on m'appela de nouveau.
Lu testicule paraissait s'indurer et diminuer de tolume de la
même manière que l'autre, ce qui affectait vivement k
malade. Je prescrivis quelques pilule* de catomel et d'émé-
TROUBLES DÉPENDANT d'DN ÉTAT LOGJIL. 62S
lH|ue, dons rcspoir d'accroître la sécrétion des glandes en
général et de déterminer quelque modification dans le tes-
tieule. Ce traitement parut d'abord produire un Bon eflet,
mais il ne tarda pas à devenir inefficace, et le testicule
commença à s'atrophier comme avait fait l'autre.
x> Je fus appelé en consultation avec Adair et Pott, mais
nous ne trouvâmes rien qui pât offrir quelques chances de
succès. Je conseillai au malade de faire fonctionner l'organe
aillant que ses penchants naturels pourraient Ty porter,
mais tout fut sans résultat. Le testicule continua à décroître
jusqu'à ce qu'enfin il n'en restât plus aucun vertige. »
De son côté, Hamilton (1) cite deux observations d'or-
cbite parotidienne, avec atrophie du testicule consécutive-
ment, et il ne serait pas difficile de trouver des exemples
(i'orchite vénérienne suivie du même accident.
Ainsi donc, que la cause soit spontanée, métastatiquc,
vénérienne, traumatique ou autre^ il faut reconnaître que
l'inflammation testicolaire amène dans certains cas la fonte
lie l'organe, il est difficile, pour ne pas dire impossible, de
noter les conditions qui favorisent ce dépérissement, et il
faut admettre, pour les cas où il se produit, une prédispo-
sition spéciale, diathésique, pour ainsi parler, dont les
signes échapjient entièrement à nos moyens d'investiga**
tien.
J>e pronostic, qui ne peut être porté que lorsque le vo-
lame du testicule a commencé h diminuer, est toujours
grave, car il est h craindre, comme on l'a vu dans l'obser-
vation rapportée par Hunter, que la cessation de TinOam-
mation n'arrête pas la fonte du testicule. Selon toutes les
probabilités, le travail phlegmasique désorganise la sub«
(f) Phih§. tranêaet. Rdinb., t. II, art. tx, p. 59.
Gi'ih TROUBLES DB U FONCTION DE gàCn&TlUN SPBRVATtVll-
!>laiic(ï losliculuirc en le mélamurpliosoiit en une es[)èce it
lymphe |j|nsti(|ue, loquelle est y\as tord lentement rt^sorb^.
C'ost ce qui ressort à yen prùs Je loutcs les observatio»
de ce genre : la diminution du testicule n'a jamai» lieu pen-
ilunt l'indammation elle-même; elle commence aprè* la
disparition Je tous les sjmpidmes de cette dernière, et qoel-
(juefoig longtemps après, niors qu'on semblait ne plu) rien
devoir cruindre sous ce rapport.
Celle manière de toir trace tout naturellement U coti-
duilc Ju chirurgien. Les antiphlogistiques sous tuutes ta
foimcs seront QppelL'!) à combatire riiillammation et i en
diminuer les ratnges ; et les fondanls, tels que les prépara-
lii)n>i mcrrurielle.-) et iodées, la (iguë, elc , etc., ouroM
pour bul de prévenir ou de dissoudre les en'-orgcmenta et
les nodosilL^ que la plilegniasie pourrait produire.
Mais quand ralro|>liie du testicule a commencé, il faut
impérieusement éloigner It-s fondants, sous peine de hâter
l'accident que l'on se propose précisémenl de cumbaltre,
et insister sur les Ioniques et m6nic les astringents. Ln
eaux ferrugineuses, tont à l'intérieur qu'i l'estérieur, Itt
bains de mer e[ même les bains de rivière, auront dans ee*
circonstances un ovunlage marqué. Le coit, ou tout au
moins les e^cilnlions vénériennes modérées, font h mon atî»
indispensables, car l'eiercicc régulier d'une fonction peut
ramener l'orgone dans les conditions normoles de sa stroc-
ture ; c'est ce que nous vojons tous les jours pour des mui-
des atrophiés au(qu< Is le jtu des parties qui tes soutiennent
redonne la force et le volume qu'ils a\aient perdus. Mail
il ne faut pas, d'un autre cMé, que ces excitations réoi-
Tiennes et surtout que le coit deviennent des excès, car
l'on précipiterait îi coup silr un dénouement funeste en
augmentant par une excitation voisine de l'irrilation la
TKOUDLKS DÉPENDANT d'iUN ÂI'AT LOCAL. 0*25
puissance absorbante qu'il s*agit au contraire de modérer
et de conduire.
5^ Action de certaines substances, — On ne doit pas
espérer trouver ici, je ne dirai pas la description, mais sim-
plement rénumération de celte foule de substances aux-
quelles l'imagination de nos pères prêtait les vertus les plus
surprenantes; ce livre n'est point un recueil de fables ridi-
cules, et il nous importe peu de savoir, par exemple,
qu'Arnaud de Villeneuve recommandait, pour éteindre la
sécrétion spermatique, de porter dans sa poche un couteau
dont le manche serait fait avec le bois de Vagnuscastitë. Où
voit-on encore des femmes mettre leur chasteté sous la
sauvegarde de lits faits avec les feuilles du vitex, du nénu*
phar ou de la laitue ? Laissons donc toutes ces histoires
absurdes oii la science et la raison n'ont que faire, et où
le merveilleux coudoie la jonglerie et le mensonge.
Cependant, ne poussons pas le scepticisme jusqu'à nier
l'action bien manifeste de certains agents sur les glandes en
général, et en particulier, sur les testicules. Parmi ces
agents, il en est un surtout dont l'inlluence désorganisa-
trice ne saurait être mise en doute; je veux parler de l'iode*
Depuis que cette substance a été introduite dans la thé-
rapeutique, son emploi a pris une telle extension qu'il a été
facile de recueillir de nombreux exemples de son action
délétère. M. Cullerier en a rassemblé un assez grand
nombre de cas (1), et j'en ai moi-même recueilli quelques-
uns.
J'ai souvent remarqué, en administrant l'iodure de mer-
cure ou de potassium contre les accidents constitutionnels
de la syphilis, que les malades éprouvaient un allanguisse-
(4) MévMiren de la Société de chirurgie , t. t.
40
RS DE L* FOHCTIUS Oit ll(tCII*Tl(»« «peilll *rH)Cl.
mriit iiuiaulu dati» les ilt'ftîfs f étiiWicns vt iin «(Tuibliumeal
inariiffsle dons leur |mUsaiu»; virile, oïsiH mAme qu'il (iW
possible (le coiisloler H mfimft île soupçonner on« dim»-
iiuliun dans le volume des leslicules; j'ai même conno use
penonne chet laquelle cette action des préparations knMo
était ni active qu'il '"■ —'^"■' — -^r #prou*er les accidenls
; une doM minime de ce
dan* i-eï e«<i, que l'iode,
organisation ou la (bote
rnd, ralentit ou toni h
lie, nu point d'amener un
dont celle térrélion Mt
Ou bien l'iode, en debnrt
eslicule, pterce-l-il étaà
opulaleiir?
:; rien ne juMifie, doit s'eF-
e l'iode sur la substance
dont je viens de [
médicament. IVut-wii
avant même de cummei
de lu substance lesticulairi
moinit pervertit In sécrétion Si
trouble notable dans la
tout À la fois l'eicitB ti
de son influence sur le tissu du
nn em|)ire ni^riMe
Celle dernière hypothèse, qui
facer devant l'action biiii réelle <
leiticulaire ; aussi en atlnbuont b celte action l'allanguiMe-
tnent des désirs vénériens et l'ofTaiblissement de la puissance
copulatricc, on rentre dans In loi physiologique qui place
dans tes testicules le siège et le moteur de la virilité. Il e«l
probable qu'il se fait alors dans ces organes un travail
sourd de désorganisation, dont les elFets se font d'abord
sentir pendant l'eaercice île la fonction, avant de se traduire
par un désordre anatomique de lu glande. Le sperme, en
eiïet, examiné au microscope, présente des animalcules el
moins vivants et en moins grande quantité qu'è l'état normal.
Bien évidemment, une modiricalion llcheuse s'est opérée
dans la sécrétion du sperme.
Si l'iode est continué longtemps , s'il est surtout admi-
nistré en nature, comme dans le Iruitemenl de la phthi>ie
pulmunaire piir la méthode de MM. Chartroule et Piorrj,
tllOUftKES Dftt>B?<DANT d'uN ÉTAT LOCAL, 627
cette modification se Irnliil par des signes non équivoqnes
d'atrophie testiculaire. J'en ai vu un remarquable exemple
dans lequel les inhalations des vapeurs d'iode avaient bien
réellement amendé une phthisie pulmonaire, mais qui avaient
amené dans l'espace de six à huit mois la fonte totale des
testicules, lie malade, à l'époque où je l'examinais, avait
? ingt-sept ans, et ne possédait plus, dans le scrotum flétri
et diminué à son tour de volume, que deux espèces de
poches ratatinées et plates, suspendues au canal déférent,
qui, lui, était dans toutes les conditions normales. Chei cet
homme, Timpuissnnce était complète, la stérilité absolue.
En présence de pareils faits accomplis, l'art n'a qu'à se
voiler la face ; il ne lui est pas permis de tenter l'impossible;
mais il peut heureusement intervenir avant que la destruction
testiculaire soit entière; alors, mais seulement alors, en
éloignant la cause qui produit la fonte des testicules et en
recourant aux toniques généraux, à une alimentation sub*
stantielle et à l'exercice modéré de la fonction génitale, on
peut espérer arrêter une désorganisation funeste et conser-
ver h l'organe atteint une force de sécrétion suRisante,
non-seulement pour exciter l'ardeur vénérienne, mais en*
fore pour produire et animer l'élément essentiel à la fécon-
dation, c'est-à-dire les loospermes.
6* Causes diverses et inconnues. — S'il fallait en croire
un fait rapporte par Wardrop, le système circulatoire ne
serait pas sans influence sur l'atrophie testiculaire. Cet
autour raconte que, chez un homme dont le scrotum ne
contenait plus que la tunique albuginée, on trouva un
anévrysme de l'aorte formé à l'origine des artères sperme-
tiques quî étaient complètement oblitérées (1). Bien évi«-
[1] œuvres de Baillie, i. II, p. 345.
63S TROUBLES OS L\ n>?iCTIO^ IkK liftCR&TlUTi Si>KR1IATIQFK.
dcmment, ce ii'csl point Ii riiiK^vrtsnie, miii« bien à \\i
[érntion des arléres spermati()uefi, qu'il Taut otlnbucr.dsiH
ce cas, l'alropliie des testicules. I.11 raison en est truA
simple pour nous y arrilcr davniitage.
Mais en csl-il de ni^me des ciccg téni^riens aut(|a«l)i
liorrry et H. Brodie prêtent une inllucnre rerinine?!! fan-
drail peut-être s'entendre sur 1 nulurc même ilc celle
inllncncc, ainnt de in nier ou de l'aceoptcr sur la simple
di^cloralion de res deut hommes émincnis.
Si l'un suppose <|ue les ctciVj éiiérirng amènent l'aUo-
phic des testicules par suite An l'arfaibliitemenl duul îb
frappent l'organisnie (ont enlier, je nie Tonne llemeiit celle
action, pnrec qu'elle choque les notions les plus éléroen-
laires de fa physiologie.
Si, au (■(Milrnirc, on consiiliTi^ Ifs excès \(''pn''iirii'i tomme
une source Téconde et permanente d'e\citations testicu-
laires capables de déterminer dans ces glandes une in-
flammation désorganisai rice, je puis admettre cette eipli-
cation que tégiliment, justju'ii un certain point, l'espèce
d'empAlement el la douleur que l'on remarque dans les
testicules après des excès de coït.
Ce ne serait donc que secondairement que ces escèt
amèneraient l'atrophie des loslicules, et l'on retomberait
alors dans les cas que j'ai examinés plus haut et qui reron-
naissent l'inflammation pour cause.
Enfin, dans un certain nombre de circonstunces, il est
impossible de ratlaclier h quoi que ce soit l'atrophie des
testicules. M. Follin fait une déclaration identique :
«Depuis que mes études, dit-il, sont dirigées vers cet objet,
j'ai trouvé dans les hèpilau\ un cerlnin nombre de malades
dont les leslicnles étaient plus ou moins atrophies, cl ta
cause m'a écliappé,à moins qu'on n'admette les ctcès téné-
TBOUBLES DÉPEKDANr D*UN ÉTAT LOCAL. 6^20
riens ou autres, comme paraissent le croire Larrcv et
B. Brodie(l). »
Je viens de dire la part qu'il fallait faire aux excès
vénériens, je n*y reviendrai pas.
3** Dégénérescence des testicules. — Ca>stration.
Toute dégénérescence, quelle que soit sa nature, en
altérant profondément les conditions anatomiques du testi-
cule, jetle fatalement le trouble dans ses conditions physio-
logiques, tantôt en tarissant la source de la sécrétion sper-
matique, et tantôt en faisant perdre au produit de celte
sécrétion ses éléments ou attributs de liqueur fécondante.
Les transformations morbides que peut subir le testicule
sont nombreuses, que ces transformations soient bénignes,
comme dans les cas d'hydatides, ou qu'elles présentent le
caractère de malignité, comme dans le cancer.
L'histoire de ces affections est du domaine d'un traité
général de pathologie ; elle ne peut qu'entrer incidemment
dans les limites d'un ouvrage spécial sur les maladies de
l'appareil génital, et ne doit, par conséquent, figurer que
pour mémoire dans un livre de la nature de celui-ci.
Mais si le cadre qui m'est tracé m'interdit toute apjiré-
ciation sur le squirrhe, l'encéphaloïde, les dégénérescences
fibreuses, osseuses, etc., du testicule, je dois m'arrèter un
instant sur les conséquences qu'entratne la castration né-
cessitée presque toujours par la gravité de ces nombreuses
affections.
Quand l'opération n'enlève qu'un seul testicule, alors
que son congénère n'est pas malade, la faculté fécondante
(I) Archives de médecine, juillet 1 854 , p. 283.
MO TlOirRlKt) Df. LA POÎICIlUN UB nICHITIOM «PISIIATIOtR. \
Mt GOnKt tév ; «ll<' iiV'sL cuiDiilélcinfiil t'iuintc que lun
les deui teslinili'ssoiit extirpés.
Queh sorpi les r.as (|ui peutenl inspirer iti diirurgieB u
si grnve (ii^lRrmiimliun? A<itley Cooper, pesant let arçon-
sUnces i\p: rififRCtiuii gém^rnlei se inontrL- \rt:* r)r(-on*|>ef-t
quand jl it'agit des tignanUt (c'est le trrmt
doDt il si: sert poui i s arTiTtions di^ maursùu;
IMture, c'est-à-ilire le sq le forigiis hématod*], ri
s^ble accepter la cas! i iliAkulté dam les cas de
névralgie dii testicule, uu ta oppellu taticnle itoutim-
rwat. « Dans la niy it uti'iule, dil-il, le malade
demande iiiiel^uefuis a raiiipulaliDri, (]uJittd U*
eiïorls de In m< ,.» cuner les douleurs oal
icfaoué,o( ifuiiiiiJ les HiiuITrunce» iiint dcveiiiie<^ si eruellnf et
si persistantes, que la vie lui est à charge par l'impiusibilîlé
oà il est de \aquer à uucune afTaire. »
Et A. Cooper ajoute :
« Dansres eus, l'opérntiou n'est dungercuse uî pour le
moment, ni pour l'avenir, et se;» suites n'eiigent aucun soie
particulier, etceplé ceuv qui auraient pour but l'aoïéliori-
tioii de la santé générale (Ij. «
Je ne puis parlnger l'optiiniMne du chirurgien aDglatt}
une névralgie, quelque douloureuse et persistante qu'elle
soit, ne me paraît pas un motir sufligant pour cnleter des
organes aussi importants que le.stestinules, et, dût l'opéra*
tioit ne porter que sur une seule de ces glande>, je conseil-
lerai encore l'abstention, car c'est toujours une choae tri*
grave que d'iiugmenler les rhames d'inféiondilé.
Je ne puis rcconnaitre des motifs j la castration que dans
(1) OE'icres chirurgiculef il'A i:ioo|)or, Ifdd par MM. ChasgaigDK
et Ricbelot, p. 47i.
TB0UBLK8 DÉPBNDAM d'oN ÉTAT LOCAL. 631
une aiïection menaçant la vie du malade, ou dans un de ces
états qui, en tarissant la sécrétion spermatique, constituent
une incommodité insupportable , comme ces tumeurs
énormes connues sous le nom d'éléphantiasis.
Quoi qu'il en soit, après l'ablation des deux testicules, le
malade perd-il instantanément la faculté d'engendrer,
ou conserve-t-il pendant quelque temps encore le pou-
voir de reproduire son semblable? Cette question n'est
évidemment qu'un épisode dans mon sujet et ne présente
une importance réelle qu'en médecine légale. Aussi je ne
l'aborderai que d'une manière incidente, et me rangerai à
Topinion d'Ortila, qui trouve surtout la solution du problème
dans les causes qui ont amené la castration (l).
il n'est pas en eiïet déraisonnable d'admettre que, si
avant leur ablation, les testicules étaient sains, la faculté
fécondante ne se conserve encore pendant un certain temps,
due à la présence du sperme contenu dans les vésicules
séminales ; mais, ainsi que Marc le fait justement remar-
quer (2) , cette faculté se doit perdre après une ou deux
éjaculations. Quand les testicules, au contraire, ont été
extirpés à la suite d'une dégénérescence quelconque, il est
déraisonnable d'admettre que la faculté fécondante survit
roéme temporairement, car, ainsi que je l'ai dit plus haut,
par l'effet seul de la dégénérescence, la sécrétion sperma-
tique est depuis longtemps viciée ou abolie.
Les stigmates que la castration imprime à la victime
diffèrent selon que l'opération a été subie avant ou après la
puberté. Dans le premier cas, l'individu est pour toujours
privé des signes et des attributs de la masculinité; la barbe
(4) Traité de médecine légale, 4* édil., t. 1, p. 180.
(3) Dictionnaire des sciences médicales^ art Castiation.
Cl^'i'i TRIIIJUUS W I A FONCTK» MU KËCR^ttON HrKIHATIQini.
(«1 nbït'fiie ilu vUa^e; \r^ poilu r.ircs <<l fin* au |tubi)} Il
liMU^ruisSi'UX et le<> farmvN nrnimlie^ prédominml ï
cbcit tes Temmcs ; If h mainelle<> ar<]uière[)l gn lolume iaM
roiilnm^ {lendaiil que \es orgotics etterne« <le la g<hi(Vnitiaii
Kont mnnrqunbks {>ar knr pclilcfsc; In toix gnnlp un
ttmbtv roCantin l e pUinM-hnnI de In chn-
Mlle Mtlù«; enhi moralrs et tniclicctaellcs
mfcinif^T ftirr m'm" lalion qui tc-i liarnioiiiw
«««c l'kvAinearnt de la n jstqw.
Qvaad bf«str«liona eu lieu ï-s In pob«rl<^, le«altril(Ut^
Mwi*(W M perdent pas; !ieiik>nii ot, lo barbe «(eiiciil mnini
tMifsue et moins éfinissc , i;t l« morol subit un cbaiifienieiit
Aii»r«te : le malheureiii mulili^ lionleux de lui-tnêmc,
inniile à t'cspèce, tombi' dniix une mélnnrolie profonde qoi
ïfiiivent n'a d'autre refuge que le suicide.
!l' MaJadies des emelopiies du testicule.
J'ai déjjk indiqué plus linut, alors que je parlais de l'atro-
phie des testicules, l'action morbide exercée sur ces
organes par les alTeclions dont le siège se trouve sur leurs
cnvelo[)[ies, qu'on les rencontre, soit dans les tuniques testi-
culaircs, comme l'hydrocële; soit dans le cordon sperma-
tique, rommo le tarirorèle; soit dans les tissus Ju scro-
tum, comme riiémiitocèle, l'éléplianliasis; soit enfin dans
plusieurs de ces éléments, comme cerlntnes tumeurs solides
ou certaines autres formées par l'accumulation d'un liquide.
Je n'aurai donc pas h m'élendre longuement sur ces af-
fcclions.
Ci'pciidnnl, je ferai remarquer que l'alropliie tcsiirulaire
n'esl plis toujours cl fatalement un résultot de leur existence,
et que, diins un 1res grand nombre de cas , ta fonction
TROlItLËS DÉPENDANT d'uN ÉTAT LOCAL, 633
.spormali<|iic fi*esl altérée ni par une hydrocèle, ni par un
varicocèlc,ni par une hématocèle, ni par toute autre tumeur,
quelque volumineuse qu'on la suppose. Il n'est pas un pra-
ticien qui n'ait constaté la vérité de cette assertion.
De plus, dans les cas où par suite d'une maladie des
enveloppes du testicule, la faculté procréatrice se suspend,
on ne doit pas fatalementconclure à l'atrophie de la glande,
car, ainsi qu'on va le voir, la stérilité, ou si l'on veut,
l'absence des spermatozoïdes dans le liquide éjaculé, peut
être le résultat d'une simple action mécanique et non celui
d'une altération de la sécrétion testiculaire.
Voici le fait ass('z curieux sur lequel je m'appuie :
Un homme de vingt -six ans à peu près, employé dans
un des manèges de Paris, portait une double hydrocèle,
qui finit par prendre un volume assez considérable pour
engager le malade à me consulter, malgré l'eiïroi que lui
inspirait la pensée d'une opération quelconque. Marié et
père déjà de deux enfants, il m'avoua que depuis quelque
temps il paraissait avoir perdu ses facultés fécondantes ;
je constatai, en effet, que le liquide éjaculé ne contenait pas
de spermatozoïdes. Je crus à une atrophie testiculaire déter-
minée par rhydrocèle, et, dans la pensée d'arrêter, s'il en
était temps encore, la désorganisation complète de l'organe,
je proposai la ponction de la double tumeur.
Le malade, ainsi que je l'ai dit, était très pusillanime ;
il consentit a la ponction, mais ne voulut & aucun prix per-
mettre l'injection d'une liqueur irritante, préférant, disait-il,
se faire reponctionner si la tumeur se reproduisait.
Je dus céder devant une volonté si fermement arrêtée, et
je ne pratiquai que la double ponction à vingt-quatre heures
d'intervalle.
Comme on devait s'y attendre, surtout chez cet homme
63/i TROUBLES DK LA FOKCTIUN PK N&CIIKIIori tfntSATIQn.
qui moriUil {ou* les jouff à cht'val, l'hyilrocèlc reparut;
maii^, lions l'inlenalle ijui «'écoula entre la puiii-liuo <l« U
tumeur et ie letour de celle-ci uu voUinic énorme qui «lait
ameiiL- nUst moi le malade, co dernier u>uit recoutré i»
facultés fécondanles, car, outre la ^rossosse de u femnir
(ce nui [leut-être n'""^* "•" ■*'■* "tie preuve h l'abri do tout
reproche), je constat \ : des tpcrniatozoide» ilan*
ei liqueur îiémiitale.
Qusiiil riiydrorèleprési Douveau l'énorme lulume
de la première fois, lesaniu i «permaliquet disparuiunl
encore du liquide éjaculj, et irurent a[iri>« uue »ecuitd«
ponction de la tumeur.
Enliri, le malade «e décida a supporter l'injection miiv,
qui \e déharra-HSa tout à la foisi de son hy<tro|iisie de la tunique
vaginale et de sa stérilité temporaire.
Les testicules n'étaient nullement atropliiés, et il est
impossible d'eipliquerriiifécoudité passagère de cet homme
autrement que par la pression eiercée par l'hydrocile sur
l'épididj'me dont les parois, mises en contact, interceplaieDl
l'intérieur de ce conduit. La présence des spermatotoidei
dans la liqueur séminale, après l'éloignement de l'obstacle
à la libre circulation du sperme, produit par la pre&sion ie
l'hydrocèle, confirme, ce me semble, celte manière de voir,
qui est, en quelque sorte, le corollaire de ce que je dirai
tout à l'heure de l'occlusion pathologique de l'épididymt'.
£n résumé, l'influence exercée par les maladies des enve-
loppes du testicule sur la faculté procréatrice, est de deui
sortes : 1* tantôt cesmatadiesn'ont qu'une action purement
mécanique; elles créent un obstacle à la circulation du
sperme, mais n'en tarissent pas ta source ; 2° taal6t, au coa-
Iroirc, rites suspendent la sécrétion spermalîque, en ame-
uant lu désorganisation du tissu même de l'organe sécréteur.
TIOUBLBS DÉPENDANT d'uN ÉTAT LOCAL. 655
Le volume des testicules, quand l'examen en pourra être
fait, permettra, dans la majorité des cas, de distinguer ces
états l'un de l'autre, et la gravité du pronostic sera néces*
sairement subordonnée au diagnostic porlé et à la nature de
la maladie qui détermine la compression.
Est-il besoin ici de parler de traitement? Quand In stéri-
lité est produite par une simple pression sur Tépididyme,
Téloignement de cette pression est tout ce qu'on doit faire ;
quand elle est due à Tatrophie des testicules, les ressources
de la thérapeutique sont minimes, ainsi que je l'ai dit dans
Tarticle précédent auquel je renvoie le lecteur.
5® Maladies des annexes du testicule. — Épididyme.
— Ciinal déférent.
Il y a à peu près dix ans, un de mes bons amis, vieux et
distingué praticien de la province, me disait à l'occasion de
la stérilité de son mariago sur laquelle je le questionnais :
a Mon infécondité date de plus de vingt ans. Pendant le
cours de mes études médicales à Montpellier, des abcès,
sans motif vénérien, je te jure, envahirent mes épididymes
de chaque côté, et furent successivement ouverts par Del-
pech. Lescicatrices qui résultèrent de ces petites opérations
ont obstrué les canaux épididymaires, au point que la cir-
culation du produit testiculaire est entièrementinterrompue.
Tu peux, d'ailleurs, t'assurer toi-même de la réalité du
fait, car, même après un laps de temps aussi long, on sent
encore un nodus à la queue de l'épididyme. »
Je constatai, en effet, sur la partie indiquée un point
dur et comme Gbreux.
« Ces sortes d'indurations, ajouta mon vieil ami, causes
certaines de stérilité, sont peu connues; mieux étudiées
indiqua le premier, comB
de répidiHjime, il a prisi
tofil avniitiinf- |iar In liiml
lomie |ialliolugii{ui; et auI
|ilongL- eiirore dans los lél
Mullieurcusoincnt, lesl
portent que sur les indurol
qui surcèdcnl à l'iiillnml
A uni dire, lu spécifîcilJ
aurtin râle, et |)uiirluiil, 1
iiitlamniatioris s|)oritani.'es |
résultats parriiitemeiil ideii
nérieniie.
J'cssayi rui, par des faits
au silence de M. Gosselin.
Les observations qui sei
tais parler se rapportent
épididjniites bilatérales, ca
intact, il est impossible d'i
niodiricalionssiirvenue^ dm
testicule sain continue h foi
c'est-fl-dirc les S[iermntoioi
TROUBLES DÉPENDANT d'uN 6tAT LOCAL. 637
Jeux catégories, selon que les épydidymites étoient plus ou
moins récentes.
Dans la première catégorie, composée de quinze faits,
l'inflammation des épididymes remontait à quelques semaines
ou a quelques mois. Tous les malades de cette catégorie se
ressemblaient sous les trois rapports suivants : 1® ils conser-
vaient, è l'époque où la guérison leur semblait être com*
plète, une induration, sorte de noyau ou de durillon, au
niveau de la queue des épididymes; 2** rien ne leur paraissait
changé dans leurs fonctions génitales : désirs, érections,
éjaculations, tout était revenu comme avant la maladie ; le
sperme n'oiïrait même aucun changement dans sa quantité,
sa couleur et son odeur: il conservait toutes les propriétés
chimiques que lui a reconnues Berzelius, ainsi que M. Gos-
selin s'en est assuré, dans un cas, avec le préparateur de
chimie à la Faculté de médecine; 3® en6n, le sperme,
examiné au microscope, n'offrait, pendant les premiers
temps, aucune apparence de spermatozoïdes.
La seconde catégorie, remplie par cinq observations, se
rapporte h des épididymites datant de plusieurs années.
Chez quatre de ces individus, dont les épididymes présen-
taient une induration comme dans les faits précédents, le
sperme avait perdu'sa propriété fécondante, tout en conser-
vant ses caractères physiques et chimiques; chez le cin-
quième, l'induration n'a pu être constatée que d'un seul
cAté, et l'on a trouvé des spermatozoïdes dans la liqueur
séminale.
Enfin, ainsi que M. GosselinTavait établi dans un précé-
dent mémoire (1), toutes les fois que les épididymites n'ont
(4) Comptes rendus des séances de l'Acndèmi'; des sciences séance
do 14 juin 4847.
63S rnotiiiLiit m la fonction dk sAchAtion SfBkiiATiQi!!.
fins M^ suivies il'rndarntioii, in fonction !ii;minBle n'n «nhi
nucuri Iroiihle, et ilfs spcrmnlotoidi^s «tut étA tu» dtns le
liquide éjarul^.
C'eut (ionr à fexiiitemre d« celle iiiiliirntio», qui Tonte
un obstacle mécanique à la morche du (iroduit iMliculaire,
qu'il fnut rapporter i'»i>">"—
ques.
Cette hypolbège ai
vérité, n'est point née
circonHtnuces )ihj'Kiolo^iqiies
«eniklent, eu premier abord, ii
Hg!i nnimnlnileii Kjtermati-
itt être IVipfesRtou de II
la [tersiïlancfl d^ autm
I» fonction i;énilale qni
donner un démvnli. Le»
désirs vénériens et In puiManri* virik» n'éprnuvrnt aw-unv
diminution, parre que la ién ion leslicuUire continue,
quoique le produit de cette i^éiTCtion, au Heu d'Aire rejeté
au tiehors par \c cnnnl île l'iir^tn-, rentre dans l'orfiani-mr
par la résorption; le liquide éjacuté présL'ute lei: carailère»
physiques et cliiniiques qu'il offre è l'état normiil , parce que
ce!> carnclèrcs sont ceni du produit de la sécrétion des \ési-
i;ules séminales ; — dans les las dont il s'agit ici, la liqueur
éjaculée est du spt;rmevésiculaire duquel est comptétemenl
nb'etit le sperme te.'ticuluire. — Les ronsiiléralions plivsio-
lo^iqucs, placées dan^ l'inlroduclioii de cet ouvrage (1),
et relatives au râle respectif joué dans la fonction séminale
par les tésicules et les te>t)cules, permettront au lecteur de
se rendre compte des circon.'itaiices que j'indique ici, stH
qu'il suit nécessaire de m'y arrêter plus longlcmjis. D'ail-
leurs, on pourru toujours recourir au Iratnil de M. Got-
selin, dunt je ne puis, on le comprend, qu'analyser les par-
lies 1rs plus saillantes et les plus appropriées A mon sujet.
Cependant, au nom même de l'intérêt de ce sujet, qu'on
;ij Voyez la pa^ceit.
TR01IBLB8 DÉPENDANT d'uM ÉTAT LOCAL« 639
me permette de reproduire les conclusions pathologiques
que i'outeur a tirées de ses recherches. Cette citation, tout
en abrégeant le discours, rendra ma pensée plus lucide, car
Je partage sur ce point tous les errements de M. Gosselin.
a Cette oblitération , dit-il , occupe le plus souvent la
queue de Tépididyme; mais elle peut, à la rigueur, se trou-
fer sur un autre point de cet organe. Comme, è partir de son
corps, c'est un conduit unique qui se forme en s'enroulant,
il suffit que le calibre de ce conduit s'eiïace en un point
pour qu'il y ait obstacle au passage du sperme.
» Elle n'occasionne pas de douleurs ; on voit, il est vrai,
des malades qui souiïrent longtemps à la suite d'une or-
chite blennorrhagique ; mais je Tai attribué, dans quel-
ques-unes de mes observations, à un reste d'inflammation
au niveau du noyau, car les douleurs étaient augmentées
par la marche et les travaui pénibles, tandis que l'éjacu-
lation n'avait sur elles aucune influence. La pression du
point induré les augmentait, tandis que les autres parties
de l'épididyme étaient peu sensibles.
» Elle n'entratne pas de changement appréciable pour
les malades dans les fonctions des organes génitaux. Si
même on voyait, à la suite d'une orchite, les érections et
les éjaculotions diminuer, il faudrait craindre une affection
tuberculeuse, et explorer, à l'aide du toucher rectal, les
vésicules séminales et la prostate.
» Quand l'oblitération existe des deux côtés, elle occa-
sionne nécessairement la stérilité; quand elle existe d'un
seul côté , la fécondation est possible, à la condition que
l'autre testicule soit sain
K La durée de l'oblitération est variable. Je suis heureux
d'avoir pu démontrer aussi clairement que possible qu'au
bout de trois, quatre, cinq et même de huit mois, elle peut
]
0^0 TROUBLBfl DE LA FIlNCTIIIK DE SfcCa&TIOS SPBRaAIlOOK^
(li«|)ariiUre el leisiscr libre la circulation du .«iiermc. Ji
pas (If Toit qui me [trouve que robliu^ralioii puisse Ji«>)iurallfe
après un temps {ihiK long, mais il n'y a pa» de raison jiour
regarder la clioijc comme impassible, je ne toudruit même
pas assigner un terme an iJrlà duquel ou ne devrait plut
compter sur la {{uérison. P^tir nbteiiir h cet éj^ard de« ré-
sultats satisfaisants , il faudraii Ixtaucoup ptus d'obtert*-
tiong que je n'en possède; je impte recueillir avec swin
toutes celles que le hasard me |ierriiellra de sui%rc; nuib,
vu leur rareté et le^ diflïculliîs iniiérenles h ce genre île
rerliercbcs, il faudra riéccssniremt-ut un lem|>s assez long.
Au point où en est aujourd'hui la que»lioii. un peut cun-
cevoir cependant que certains individus, après atoir clié
stériles pendant les premiers mois qui nuivcnl ane épîdi*
iljmite di)ubli', puissi-nl, «u bout d'un ci'rtain t> mji?, rede-
venir aptes à la fécondation (1). a
Certes, il est diflîeile de rien reprendre à ce chapitre
ajouté h l'histoire de l'épididymite btennnrrliagique; maii
au point de vue de te livre, le cadre esl trop restreint, elje
dois rechercher si la blennorrhagie est la seule cause d'io-
Oanimalion épididymaire, capable d'amener l'oblitération de
ce conduit et, par suite, la slérililé.
Hippocratea noté que les Scylhes étaient pour la plupart
stériles, et il attribuait leur inlirmité h l'habitude qu'ili
avaient de monter à cheval. Depuis le père de la médecine,
la même observation a été faite bien souvent, et l'on ren-
contre tous les jours des hommes, caNalters par état, qui,
avec les apparences de la plus énergique virililé, sont inha-
biles à la fécondation, surtout s'ils n'ont pas l'habitude de
soutenir te scrotum dans un suspensoir. J'ai eu l'occasion
(t) Archivée grnérakt de médecint, septembre ( Hi)3.
TI0UBLK8 DiPBNDANT d'oN tTAT LOCAL. 6&1
d'exainioer quelques individus de cette profession, et j'ai
constaté sur plusieurs d'entre eux l'induration caractéris-
tique décrite par M. Gosselin. Les chirurgiens des régi-
ments de cavalerie pourraient sous ce rapport donner à la
science des renseignements certains; c'est un intéressant sujet
d'études que je leur signale. En attendant des bits con6r-
matifs plus nombreux, je crois que l'observation d'Hippo«
crate est vraie, comme è peu près toutes les propositions de
ce grand homme, et que l'explication anatomique du phé-
nomène se trouve tout entière dans l'organisation et la
transformation fibreuse de la lymphe plastique au niveau de
la queue des épididymes, et due è l'inflammation que finis-
sent par amener, dans ces organes, les frottements et les
chocs des testicules contre le pommeau de la selle.
En tirant de ce fait sa conséquence la plus logique, il faut
admettre qu'il en sera de même de toute inflammation à
cause franchement traumatique, et, par une nouvelle déduc-
tion, on arrivera è comprendre dans le même cadre toute
inflammation épididymaire, quelle qu'en soit la cause, ainsi
que le justifie le fait dont j*ai parlé au début de ce cha-
pitre.
Généralisant donc l'étude de M. Gosselin, on doit re-
connaître que toute épididymite double, qu'elle soil véné-
rienne, traumatique, métastatique, etc., etc., en favorisant
le dépôt de la lymphe plastique sur un point de Tépidi-
dyme, peut devenir une cause de stérilité soit temporaire,
soit définitive : temporaire, si la lymphe plastique qui forme
obstacle au passage du sperme testiculaire est résorbée ;
définitive, si l'induration persiste.
Pour prévenir, autant que possible, ce dernier résultat,
le traitement, pendant la période aiguë de ^'inflammation,
devra tendre surtout à obtenir une résolution rapide. Les
41
042 rnoliBLRIi DK LA l'ONCTION l>R Sftril*TIO» SPERVAIIOIE.
^nu!isio(]!i sanguiiicsi lornles, r^|<i-lû» plii^jeur» Fuii M-foii
les Turcen et la coRKlilulion du malailr, marquerniil le débat
■lu IrBiteinL-nl ; \e» piir^iiurs, donnéK tous le» Imii ou quatre
joiirs, romp laperont ensuite le« *an((iiup^, el l 'engorgement
■cra de bonne heure altnqiié par len fondanlf, surtout pu*
le mercure Joui l'introiluctiori (hn« tes voies rirculntoim,
ainni qui) le dit M. (<o<i»elin, parait Ttivorable h la résols-
tion des épancliements plnstiquos dnri» le leslicule al l'^i-
d intime.
Si, après la dr«parilion de (oiin )ei tymptAmn inflam-
niatoire«, l'induration épididjniaîre pcrtiitifl, il ne faut
point hésiter ë recourir Ji l'iodorc de pols»sium h l'inléricur
et intme h l'iodun' de plomb en friclion». Sans doute, il ««I
h rrnindrr, ainsi que je l'ai dit plus haut, quu l'iode am^M
l'atrophie des testicule», et que, pour éviter un ma! , on
tombe daiiH un pire. Crrlainemenl le danger n'est pas i
dédaigner, mois on peut jusqu'à un certain point s'en ga-
rantir eu nppoilntil à l'adminislroliou du médicament une
réserve et une allcntion souleiiin-s.
Rst-il besoin de faire remaripier que toutes les connidé»
rations que jo viens de préfi^ntcr sur ce moile d'oblitératii»
de l'épididj-me, peuieiit se rapporter nu lanol déférent? Sans
doute, l'induration qui intercepte la libre circulation dan*
l'intérieur de ce ciiiial est motus facilement appréciable au
toucher que celle don! le siège est è l'épididyme, parce
qu'elle <>!'t protéj^éc par des paroi.i plus résistantes, el dé-
robée quelquefois dans les profondeurs de l'nbdomen ; mais
comme celle de l'épididyme. elle s'accompagne de désirs
vénériens normaux , d'éjacuintions aussi nboiidantes qu'i
l'état ordinaire, et complétem"iit privées <le spermaloinîdes.
Sous ces rapports, que l'induration se liie i l'épididyme on
au (uiial déférent, les résultats sont parfaitement idenliquei.
TBOOBLEg DÉPENDANT d'uN ÉTAT LOCAL. 6AS
L'iiiflammalion n'est pas la seule source qui fouruisse
des obstructions au conduit vecteur du sperme testiculaire :
les tubercules, le cancer peuvent y déposer leurs produits
morbides, ainsi qu'on en a des exemples dans la science,
«t Ton comprend m6me qu'il puisse s'y former des dépôts
d'autre nature , véritables calculs comme on en observe
dans toutes surfaces creuses.
Le diagnostic différentiel de ces divers genres d'obstruc*
tioD, surtout en dehors de Tépididymile, présente une obs-
curité sur laquelle peuvent jeter quelque jour les diatlièses
tuberculeuse et cancéreuse, mais que les antécédents et
l'état actuel du malade n'éclairent, dans les autres cas, que
d'une lumière douteuse.
La présence, dans le produit de l'éjaculation, de pus, de
sang, de matière tuberculeuse, cancéreuse ou autre, n'est
point un signe irréfragable, car cis matières peuvent éga-
lement provenir du canal de Turètre, de la prostate, des
canaux éjnculoteurs ou des vésicules séminales.
Cependant, comme la présence de ces matières morbides
dans le sperme n'en éloigne point les spermatozoïdes, ainsi
que l'ont constaté les observations des micrographes, on
est en droit de conclure que la suppuration, la phlegmasie,
la tuberculisation, le cancer, etc., de l'urètre, de la pro-
state, des canaux éjaculateurs et des vésicules séminales ne
sont point de suffisantes raisons pour expliquer l'absence du
sperme testiculaire, et qu'il se peut faire que les matières
morbides, décelées dans le produit de Téjaculation, s'éten-
dent jusqu*au canal déférent et même jusqu'à l'épididyme.
De cette manière, on arrive à déterminer : !<> par In quan-
tité du liquide éjaculé , qu'aucun obstacle n'existe sur le
parcours des voies spermatiques compris entre le méat uri-
naire et les vésicules séminales; ^^ par l'absence des spef-
6A& THOUBLHH DK L* FONCTION) VB AUNSERVATtOIT.
itiatozoiJL's (en BU|iposHiit <{<ril n'j a nucuiie autre came Al
«lérililé), qu'un obslacle les etnptclie d'aller du IcMicule •
la iésirult:sémtnule; S° enfin, |)nrla pri!-»cnr(; d'uni! matittie
morbide dnns le produit de l'i^oculiilion, c]uu l'obilacle est
|irobablpment dA h h pénétration d« celle inuliire morbide
dnns c caoul durèrent et même (1aii!i l'épiilidyine.
Je duin à la vérité di! dire ((u« r'cKt par induclion qss
j'éloblis ce diagnostic diiïérenliel; je ne puis l'apputer ca-
core sur nutun fuil clinique, moi» il iti'u paru as^et logii|iM
pour être indiqué ici, afin i(iie de:! recherches ulléricures el
diverses en constatent ou en itilîrmenl In réalité.
CHAPITRE 11.
TROUBLES DB LA FONCTION l)B CONSeRVATtON.
Les vésicules séminale!< dans lesquelles se passe toute la
fonction dont j'iii ici o examiner les troubles, remplissent
un double Tà\c h l'endroit du sperme te^ticulairc : 1* elles
lui oiïrent un asile en attendant son expulsion ; 3* elles lui
préparent les mojens d'exécuter celte expulsion sûrement
el fructueusement.
Quand les tésicutes séminales refusent au sperme l'asile
qu'elles sont destinées i lui procurer, en d'autres terme*,
quand elles ne peuvent le garder en réserve et qu'elles le
laissent échapper en dehors des conditions normales de
son espuUion, c'est-à-dire l'cicitation ténérienne, il ; a ce
qu'on a appelé spermatorrhée , pertes sémiiuUes, etc.
Je me suis déjà longuement occupé du cette af feclion, et
Je dois renvoyer le lecteur au chapitre qui lui est consacré (I).
(I) Voyez ta page 3SN, et l'ouvrage de V. Ullemand, On frrlm
têminalt* involonlairti. Parla, l'<36-1t)il, 3 vol. Jn-8.
TROUBLES DE LA POKCTION DK CONSERVATION. 6&5
Sous le second rapport, c'est-à-dire sous celui des vési-
cules séminales considérées, non plus comme organes de
conservation du sperme testiculoire, mais comme organes
de sécrétion, on peut dire avec les auteurs qui ont enrichi
la science de nécropsies intéressantes, que « les vésicules
séminales sont susceptibles d'états morbides les plus variés,
depuis la simple inflammation et la suppuration, jusqu'aux
diverses dégénérescences tuberculeuses, soit que les tuber-
cules se soient également développés dans les poches, ou
qu'ils s'y soient formés en même temps que dans d'autres
régions du corps, et plus particulièrement dans les cas de
sarcocèle scrofuleux. »
M. Civialc, qui a pris soin d'analyser toutes les lésions
cadavériques signalées par les auteurs sur les vésicules sé-
minales , termine cet examen par les lignes suivantes qui
résument l'état actuel de la science sur cette partie de Tana-
tomie pathologique : « En résumé , dit-il , les aiïections
principales des vésicules séminales et des conduits sporma-
tiques se rapportent, pour le plus grand notftibre, h l'in-
flammation, soit aiguë, soit surtout chronique, et aux suites
qu'elle peut entraîner. Mais la phlegmasie elle-même a été
bien moins souvent observée que les altérations do texture
qui en procèdent. D'ailleurs, elle n'est jamais bornée, et
toujours elle s'accompagne de l'inflammation des parties
voisines, telles que le testicule, la vessie, le rectum et prin-
cipalement la prostate. Elle parait se terminer assez fré»
qoemment par suppuration et bien plus souvent encore par
induration. Le pus, quand il s'est produit, s*échappe tantôt
par les voies naturelles, tantôt par des trajets iistuleux ,
communiquant soit avec la vessie, comme l'a vu M. Andral,
soit avec le rectum , comme le dit M. Martin , soit avec
l'extérieur du corps, comme le constatent des faits récents
difS TROOBLBS I)B 1.1 FOHRTION DK COHmVArHIH.
et l'omnii- je l'ni obscrȎ pliKi'iirx fois. Il faut rnfifirnirlii-r
de lu suppurslioii, du inuiris ijusnl h sea pro<luil«, la IuImt-
cuti.«alion dfi vi^ciciilcs 8éniiiial>'s, doiil pari'* M. l>ouis,
et 4411! aiatl élé nieiilionix^e; les faJU igiie je vimx île rap-
porter prouvent en effet <|iie celle lerminoMon u'fH pu rare.
A l'induration se rapportent égnlrmenl la cartilaitinilicalioii
et rmsillcatioii, dont, indépendamment des cas pr^c^drtD-
roent décrits, il s'en (ruuve |iiuiti(>uri dans les onvrn^» iIb
Saiidifort, Suemmering el Voigtel. KiiHn, le» v^arrules témi-
iiales ont été vues iitrophiées par ilaillie el Mor|^ai-nL Je am
borne à inL-ntionncr les colculs Irouvéït dans leur intérieur,
iloiil j'ui piirk' dans un aulre oiivni^<', el doni (^rmann,
Ricdlin. Slnlpnrt van d<.-r Wiol, Hartmann, Metkel, llein*
mann, Itaillir, de, eilenl dei« exemples (1). •
(Cependant la distinction que ta physiologie établit entre le*
attributs des vésicules séminales, en les considérant, d'un cAtA,
comme organes de conservation du sperme (eslicularre, et,
d'autre part, comme orgiincsde sécrétion, entrnltie-l-elle une
distinction analogue dans l'ordre pathologique? en d'autre*
termes, les oITections des vésicules séminales, en tant qu'or-
g.1ne^ de conservation, sont-elles si distinctes des nfTecliom
[les mêmes parties, en tant qu'organes de sécrétion, qu'il
soit possible de les étudier séparément et d'en former deoi
classes dans le cadre nosoiogique?
Je ne le pense pas,
Pi'ul-on admettre, un elTel, que dans un espace au«
étroit que relui qne présentent les vésicules séminales, une
léxion quelle qu'elle soit, re*pec1ern telle propriété, alors que
les antres seront tro'ibléc^ et mAme anéanties? Voiei ce
(1] Traiif pnilique «ur (m initUidief itfs onj'iiu'* gfnibi-urirutirtt,
Paris, <8t(0, I li, p. 135-
TI0UBLB8 DB LA FONCTION DB CONSERTATIOlf. 6iSl7
qui te passe pour la plus simple de ces lésions, la phle^*
masie. Elle déterminei tous les travaux modernes ne lais-
sent aucun doute sur ce point, elle détermine la spermator-
rhée, tout en activant, d'une manière morbide, le travail
sécrétoire des vésicules séminales, car comment expliquer,
sans cette sursécrétion, la quantité énorme de liquide que
perdent les tabescents?
Cependant, n'exagérons pas ces prémices jusqu'à établir
comme une loi que toute aiïection des vésicules séminale»
est fatalement suivie do spermatorrbée ; les faits nous don-
neraient un éclatant démenti : on a trouvé sur le cadavre
d'individus dont rien, pendant la vie, ne faisait pressentir une
lésion du côté des voies génitales, des vésicules tubercu-
leuses, cancéreuses, purulentes, etc., etc.; rien, je le ré-
pète, ni douleur, ni pertes séminales, n'avait attiré l'atten-
tion du malade de ce côté, et, si la puissance virile avait
peut-être perdu quelque chose de son énergie, cet afTaiblis-
sement était mis sur le compte de la diathèse générale ou
sur celui de quelque aiïection concomitante.
Il semblerait, d'après cos faits, que les auteurs qui m'ont
précédé ont eu raison de regarder comme très difficile, sinon
impossible, un diagnostic exact des maladies des vésicules
séminales. Sans doute, avant l'intervention du microscope
dans les études médicales, certaines lésions devaient passer
inaperçues, ou leurs symptômes se confondre avec ceux
d'autres lésions voisines ou éloignées ; mais ie microscope
a jeté sur le sujet qui nous occupe une lumière si vive et
si éclatante que l'on s'étonne de ne rencontrer les résultats
qu'il fournit dans aucune partie de l'ouvrage de M. Civiale,
qui se contente de cette simpie note s « Quelques modernes
comptent beaucoup sur un nouveau moyen de diagnostic
qu'il ne faut pas négliger, muis qui n'a peut-être pas toute
668 T1I0UBI.RS DE LA FOHCriON DE CaUtKlirATKMI.
la ccrlitiidc qu'on lui supriose. Il s'unit de la pr^Kince Aw*
Boospermes, conMalée au moyen du microscope ilanii Ica
flaides cx|iulsés nalurelletnciit ou trouvés dans Il-s véoirules
■éiiiinales et k's conduits déférenls. Sans vouloir atténuer
la portée de ce moyen explorateur, je croîs 6tre en droit de
faire remnrquer cjue sa mise en uiuvrc réclame des soins cl
des précautions qu'on néglige trop gouvoni, et les diver-
gences d'opinions sur ce sujet n'ont peut-Aire pas d'autre
cause {!). "
On comprend difficilement comment M. Cifiale n'a pas
pris toutes les précautions nécessniros pour se procurer re
moyen de diagnostic qui eût nécessairement donné à xi
appréciations une valeur qui leur man(|ue.
Quoi qu'il en soit, et .«ans tenir compte de (oos lei ph^
iiomènes généraux dont les auteurs ont grossi l'hisloiro des
moladies des vésicules séminales, et qui sont le cortège
obligé d'une roule d'autres nITections, même étrangères i
l'appareil génital, je crois que les maladies que j'examine
en ce moment ont des caractères asseï tranchés pour les
faire distinguer facilement dans le cadre nosologique.
Ces caractères sont ou cliniques ou microscopiques.
Les caractères cliniques varient avec t'aflecliou qu'elle!
(rahisseni, cl, pour les énumérer tous, il faudrait faire la
■ymptomatologie de l'inflammation, du cancer, de la Uiber-
culisation, etc., etc.
Mais au milieu de ce cortège changeant avec rbaqua
afleclion, il est un signe constant, que l'on rencontre dans
toutes les maladies des vésicules séminales, et qui est carac-
térisé par on trouble quelconque dans la fonction génitale.
Ce trouble est t'intàt l'impuissance, c'est-à-dire l'inertie
(t) Traité pratique nur In maladin de» orgatut gAulo-urmoar»*,
I. Il, p. tSI.
mOUILIS DB LA rONGTlOlf DE GOKSBKVATIOll. 6ft9
absolue de la viTgc ; tantôt il se traduit par des érections
lentes, difficiles et incomplètes ; tantôt réjaculation s'opère
alors que le pénis n'a qu'une demi-rigidité, ou même quand
il est dans une entière flaccidité, etc. , etc.
Il est probable, pour expliquer la constance de c« carac-
tère morbide, que les testicules ne restent pas étrangers aux
affections des vésicules séminales et qu'ils y prennent une
part plus ou moins active.
Les caractères microscopiques varient avec la nature de
la maladie elle-même : ainsi on trouve mêlé au sperme,
tantôt du sang, tantôt du pus, tantôt de la matière tuber^
culeuse, cancéreuse, etc., selon que l'aiTection des vésicules
séminales est une phlegmasie avec ou sans suppuration, le
tubercule, le cancer, etc., etc.
Mais la présence de ces matières morbides dans le pro«
duit des vésicules séminales n'est pas suffisante pour expli-
quer l'absence des zoospermes, car on sait que les mi-
crographes, M. Donné (1) entre autres, ont rencontré des
spermatozoïdes parfaitement vivants mêlés à du sang, du
pus, etc. , etc.
Il faut donc chercher ailleurs la cause de cette absence
de spermatozoïdes dans le sperme des individus malades du
côté des vésicules séminales.
Dans quelques circonstances, le phénomène est facile à
expliquer. Quand de la matière tuberculeuse ou encépha-
loïde remplit les vésicules séminales, ces produits morbides
se peuvent rencontrer aussi dans les canaux déférents, de
telle sorte qu'ils empêchent le sperme testiculaire de par-
venir jusqu'à leurs réservoirs : on retombe alors dans les cas
d'obstruction dont j'ai parlé plus haut.
Dans d'autres circonstances, comme dans l'inflammation
(4) Cam-ê de mieroêcapie. Paris, 4844, p. 306.
6M TKOUflLBS UE LA FOnCTlON UB CONSKiTATIOH.
dea vésiciiloi), par exemple, l'abnenre iie« ^|iprinnlaaoîilM
ne peut s'expli(|ucr <{ue par le Iroublo que celte plilef[-
muie, iiropo^ée jusqu'aux testicules, iippiirte clans (■ hitc-
lion séiTt^loirp Je rt-s dernieri. Il est ilink-ilu de «p^îBer li
nature de ce trouble, cur, <lai>i la plupart des cm, rien
d'anormal ne ne révèle dans la forme, le volume el la sensi-
bilité du testicule; c'est probablement uu ili^iordre dtna-
mique qui ne se trnliit qu(> dans tes résultat* de la fonctiuN.
Cepetiduiil , r«b!>ence des spernintoioides n'est pa> un
caractère constant et absolu dans k-s maladies des léMcnles
séminales, surtout quand ces maladies sonl pou intenses »•
à leur déhut. J'ai plus d'une fuis runoonlré ces sniinolrulrs
dani le sperme d'individus atteints de sprrmaliirili^c. mais
dont les pertes séminales n'éuipnl pas fréquenle» ou da-
taient depuis peu de temps. Il est probable que, dam ces
cas, lu lésion vésiculaire n'est pas assez forte ou pas asseï
ancienne pour pouvoir encore inlluencer la fonction lesti-
culuire. Plus tard et sans que la lésion des vésicules s'ag-
grave, mais par le fait seul de perles séminales qui ne sonl
pas un rapport uvcc In quantité de speime «lécrété, le testi-
cule, pour réparer «es perles incessantes, devient le ^ié^o
d'une sursécrétiiin qui, après plus ou moins longtemps, linil
par tarir la source même de ta sécrétion, soit en épuisant
la force dynamique de la glande, soit en appelant dans se»
tissus une irritation morbide.
Comme on le voit, les affections des vésicules séminales,
qu'elles soient caractérisées par des pertes de semence on
par la présence de matières morbides dans le produit de
l'éjuculdlion, deviennent, après un temps plus ou moins
loii^, It! point de départ [l'une impuissance et d'une stéri-
lité toujours facilement coiistalables.
Leur gra> ité el leur durée sont, comme ou le doit corn-
TROUBLES DB LA PONCTION o'iXGIliTlON. 651
prendre, en raison directe de raiïection qui lear donne nais-
sance; mais, en général, on peut dire que le pronostic est
grave, tant a cause des organes aiïectés que parce que la
position de ceux-ci les dérobe à Taction immédiate des
moyens thérapeutiques.
Ces moyens aussi variables que les aiïections qui en récla*
ment l'emploi, ont été longuement exposés ailleurs (1) pour
les cas de pertes séminales.
Quand les troubles de la fonction vésiculaire reconnaissent
pour cause une aiïection organique, comitie la tuberculisa-
tion ou le cancer, il Faut avoir le courage d'épargner au
malade les ennuis et les douleurs d'un traitement long et
inutile. Le mal e^t au dessus des ressources (\e la médecine.
On doit se contenter de palliatifs et ne s'occuper qu'à adoucir
à la malheureuse victime les souffrances auxquelles elle est
fatalement condamnée.
CHAPITRE 111.
TROUBLES DE LA FONCTION d'eXCRÉTION.
En quittant les vésicules séminales et avant d'arri\er au
dehors, le sperme traverse deux nouveaux conduits : les
canaux éjaculateurs et le canal de l'urètre, et n'est lancé,
avec une certaine force, qu'à la condition de la rigidité de
la verge.
Il me reste donc à étudier les circonstances qui peuvent
mettre obstacle à cette nouvelle et dernière phase de hi fonc-
tion spermatique; pour que cette étude ait toute In clarté
désirable en pareille matière, je la partagerai en trois pa-
(I) Voy. la page 401 .
652 TRO0BI.RS l)B Lt PnXCTION 1>'lXCIlftriO<T.
rugraphCK : ilnns le [ireraicr, j'etamtiienii Im ifreclions iIm
CfinduiU éjoculalcurN et (Je la proKlutCi àam le serood, je
pasHPrai en revue les acnident^ si nombreui ri !>i variés iloBl
le cnnsl de l'urètre est le siège ; dans le Iroisiicne, enfin,
abordunt d'une Tat^oi) plus (-om|ililc <|ue je ne l'ai Tait \>ré-
cédrmineiil, la qucslion de l'tijaculalion, j'aurai k me de-
mander M rim|iuisgance est toujoiirs et riitalement une caste
lie stérilité.
SI — «ffeellona écn «•Mtas «jM«lal«BrB »■ de ta pr«MM«.
Pour obéir à la lD^ii|uc que m'imposait en quulcgue sorte
la marche du sperme h travers les nombreui organes qu'il
traverse, j'ai dO ciominer séparément les alTi'clions des vési-
cules séminales et celles des canaut éjoculateurs et de la
prostate. Cette distinction purement physiologique ne sau-
rait subsister dans l'ordre pathologique, et je suis le pre-
mier i\ reconnaître que les canaux éjaculateurs participent
toujours plus ou moins aui maladies des vésirules séminales.
Aussi les considérations que j'ai présentées à l'occasion de
ces dernières, sont-elles entièrement applicables aui con-
duits éjoculateurs et à ta prostate.
Cela est si vrai que, dans les cas de spermalorrhée, par
eiemple, on le caustique eierce une influence heureuse,
cette influence n'est pas due à l'action immédiate de la
cautérisation sur les vésicules séminales, puisque le nitrate
d'argent ne louche que la prostate et l'ouverture citerne
des canaut éjnculateurs. C'est donc en modifiant l'état de
ceui-ci, que lo pierre infernale finit par modifier celui des
vésicules séminales.
Cependant, celte liaison morbide n'est pas tellement
intime qu'il n'eiiste des cas où l'un de ces organes est
APPBCT. MU CANAUX ÉiAGULATSUM Et DB LA PKOSTATB. 653
malade, tandis que l'autre est parfaitement sain, ou n'est
tout au moins aiïecté que d'une manière insignifiante.
Ainsi, lorsque dans le produit de Péjaculation on constate
de la matière tuberculeuse, cancéreuse, etc., et que, par le
toucher rectal et le cathétérisme, on s'est assuré que celte
matière ne vient ni de la prostate, ni du canal de l'urètre,
ni de la vessie, il faut bien admettre la libre circulation des
canaux éjaculateurs, et en même temps la présence dans les
vésicules séminales du produit du tubercule ou du cancer;
car, ainsi que je le dirai tout à l'heure, si les canaux éjaca-
lateurs étaient obstrués dans un point de leur parcours, il
n'y aurait point d'éjaculation ; il n'y aurait qu'un suintement
de fluide prostatique, dont la minime quantité suffit tou-
jours, à défaut d'autre caractère, pour le distinguer du pro*
doit de la sécrétion vésiculaire.
D'autre part, il est telles affections de la prostate et
même des conduits éjaculateurs, auxquelles restent parfai-
tement étrangères les vésicules séminales, ainsi que l'ont
montré des nécropsies dans lesquelles la prostate et les
canaux éjacuiateurs étaient gorgés de pus, alors que les
vésicules séminales étaient dans un parfait état d'inté-
grité.
Cependant, il faut le reconnaître, ces cas sont très rare^.
Quand de si graves désordres ont attaqué un point de l'ap-
pareil spermatique, il est commun de les voir se répéter
sur toutes les parties de l'appareil, même sur les points les
plus éloignés de leur source, ainsi que Tout observé
MM. Ândral,.Croveilhier, Lallemand, Dalmas, Albert, etc. ,
qui ont vu des lésions identiques exister è la fois sur la
prostate, les canaux éjacuiateurs, les vésicules séminales, les
canaux déférents et les testicules.
Quoi qu'il en soit, au point de vue de la stérilité, les aiïec-
65ft THOUBI.ES BU LA FOHCTION B'KCR^tlOK.
lions (les conduits éjorulateiirs ri df! tn proslsti- pcuTenl «e
partagpr en ilcut^ranileiirlBsseK, Helun l«« réitulUlsquVIhs
proiliiiiieol
DaiiH la [iremièrc classe se rangent Icti lésionfi Boatotni-
ques suHCL'plibk's de metlrc obstacle à la dJrMion normale
du sperme, soit en s'opfiosant *i sn marche, Boii en lai fai-
sant prendre une route diiïérente de celle iju'il doit mitre.
La seconde rinssa comprend les ufTertion* qui, l«i»MRl
complètement libru cette portion de la raie Kpermatique,
altèrent les conditions dynamiques psr lesquelles a'accomptit
la marche du fluide séminal.
Comme sans doate on le prewenl, ces deux genreu i'tf-
foetioni ont une tiymptnmatnlogie tellement différente qu'il
est impossible de l'-s mpproctier et de les confondre. TaailH
qui'dnnsles secondes, une certaine quantité de liquide sper-
mnlique s'écoule au dehors, les premières sont entièrement
veuves d'éjaculation et se trahissent par un suintement, que
dis-je?par une simple Inimîdité produite par les glandes
qui tapissent le canut de l'urètre.
Les premières créent à la mnrrbe du sperme nn em|tè-
cbcmeiit mécanique; les secondes, bu contraire, ne lui
opiïosent, qu'on me pa^^se le mot, que des obstacles djni*
miques.
l'Auminonsdonc séparément chacune de ces deui clatM*
d'aiïections, où, comme on va le voir, il est nécesuire
d'admettre des degrés.
1 ° ObsUicles mécanù/ues à la marche normale du tperme,
— Lis obstacles sont lantAt dans les canaui éjaculateun
en\-niémes('t lautdt dsnsla prostate.
Toutes les causes que nous avons vues précédemment sua-
(vptibles d']imrner l'oblitération des canaux déférents, pe»
vent o(i)ir une action analogue sur les caaaui éjaculsteiirsi
APFEGT. DBS CANAUX tJACULATKURS BT DE LA PBOBTATE. 655
rinflommatioii, la tuberculisatioii, le cancer, rossificalion,
aingi que Lallemand Ta observé, le dépôt de concrétions
terreuses, comme l'a constaté M. Mitchell,8ont tout autant
de causes qui peuvent empêcher le sperme de passer des
vésicules séminales dans Turètre.
Dans d'autres cas, l'obstacle siège dans la prostate } Pin-
duration de cette glande, ses dégénérescences, son hyper*
Iropbie, sa phlegroasie avec ou sans formation de pus, etc.,
sont également des circonstances capables d'amener, d'une
manière ou d'une autre, l'oblitération de la partie des
canaux éjaculateurs qui la traverse.
Ces oblitérations, que la cause siège dans les canaux
éjaculateurs ou dans la prostate, sont souvent très difficiles
è constater sur le vivant, quand l'oblitération n'a lieu que
pour un seul cAté des voies spermatiques. Dans ce cos, le
côté resté libre fournit assex de fluide pour que la sollici-
tude dn malade ne soit pas éveillée, et pour rendre beaucoup
moins grave le pronostic, au point de vue seulement où nous
sommes placé. Sans doute, quand on songe aux circonstances
nombreuses qui, eu égard à la délicatesse et la multiplicité
des organes, peuvent empêcher la fonction spermatique, il
est toujours sérieux de constater une lésion dans un de ces
organes doubles, car, par le fait de cette lésion, le malade
a perdu plus que la moitié de ses chances de fécondité.
Cependant, en tout état de choses, il n'est point stérile,
et, pour qu'il le devienne dans le cercle où nous sommes à
présent enfermé, il faut que l'oblitération se produise dans
les deux canaux éjaculateurs.
Cette simultanéité d'obstruction n'est pas commune;
elle a été cependant observée: MM. Lallemand, Ricord^
Gaussail, Cullerier, etc., ont rencontré dans ces organes.
656 TIODBLBS DE LA FONCTION D'eiCRtTlOIf.
Ianl6tde l'cncéphuloiilc , lanliM du liibcrcul<' , laiilAl ilt-i
granulalioiis osseuses , et tantAt des molièrcs morbides
venues de In prostate.
Duns tous ces cas, l'éjnculation et même le suiolement
du fluide Kpermatique, sont impossibles. Pas nV»l besoin
d'examiner au microscope le pus, le liquide rendu, pour j
chercher les spenualozoides ; la quantité de ce liquide, h
défaut d'autre caractère physique ou chimique, suffit toujours
pour en trahir la source. Cette absence d'éjnculalion, ou
plutôt de fluide spermatique, est un symptôme cafiilBl, 4|ui,
ropproché des signes fournis par le loucher rectal e( le €■•
ihétérisnie, peut permettre de fiier la désignalion eiacte do
siège de la maladie.
il est des circonstances on le fluide spermatique manqua
complètement, comme dans les cas rapportés plus haut,
tonl que la verge est en érection, mais s'écoule au dehors
en bavant, ou mêlé i> l'urine, dès que le pénis revient è U
flaccidité, a Ue la rejronie parle d'un homme qui avait dëji
eu trois enfants, et qui, à la suite d'une ^onorrhée dont il
négligea le traitement, faisait de vuins elTorts pour éjaculer
le sperme, qui ue sortait qu'en bavant, peu de lempa sprâ
le coil ; l'urine, cependant, était rendue sans difGcuUé, c«
qui ne permettait pas de supposer un rétrécissement ou tout
autre obstacle dans l'urètre. A l'ouverture du cadavre, on
trouva une cicatrice sur l'éminence de lu portion du veru-
motiUinum qui regarde la vessie ; les brides de colle àct-
trice avaient changé la direclion des vnisseaui éjaculoluîres,
de manière que leurs ouvertures, au lieu d'élre dirigée*,
comme elles le sont nalurctlemenl, vers le bout delà verge,
l'étaientdans le sens contraire, c'est-à-dire vers le roi de la
vessie; aussi, le sperme iie pouvant plus se diriger ters le
AFFBCT. DBS CANAUX ÊJAGULATBURS ET DB LA PROSTATE. 657
bout du gland, était réQéchi vers le edté droit du col de la
vessie (1). p
L'hypertrophie totale ou partielle de la prostate peut
aussi changer la direction des conduits éjaculateurs et repro-
duire l'accident observé par de la Peyronnie.
Ce dyspermatisrae, pour me servir de l'expression de
Pinel, ou cetaspermatisme, pour employer une expression
qui me paratt rendre plus fidèlement ce phénomène, n'estpas'
toujours la conséquence d'une lésion de la prostate ; il est
tantôt sous la dépendance d'un rétrécissement de l'urètre,
et tantôt sous celle de contractions spasmodiques de ce
canal, et même de contractions semblables des conduits
éjaculateurs.
Le diagnostic diiïérentiel de ces diverses aiïections a la
plus haute importance pour le traitement, car (ouïe médi-
cation intempestive peut indéfiniment perpétuer Timpossi?
bilité de l'éjaculation.
Le toucher rectal, le cathétérismc et Técoulement de
l'urine sont les bases du diagnostic diiïérentiel de la lésion
de la prostate et de celle de Turctre. Il est impossible qu'un
examen qui tiendra compte des signes fournis par ces trois
modes d'investigation ne conduise pas à l'exacte détermi-
nation du siège de la maladie.
Mais cette certitude est plus difficile à acquérir quand
l'aspermatisme reconnaît pour cause un spasme nerveux.
Les signes sont tous alors négatifs. Malheureusement, il est
certaines lésions de la prostate, telles, par exemple, que
l'induration profonde d*un de ses lobes, qui échappent h tous
nos moyens d'investigations, et qui, par cela même, peuvent
faire croire h un état spasmodique. Dans d'autres circon-
(4) Mémoires de V Académie de chirurgie^ t. I. — Orfila, Traité de
médecine légale, 4*édit., t. I, p. 186.
42
668 TRODIILES ni! LA FONCTION l>'Ktr.RftTIOfl.
■tances, BU controire, une t^gèn^hypcrlropliie ilelt proslnte
peut simuler ile.s il^sonircii forictionncls iloiil elle e«t
(Mrfaitement innocente, et qui llenuenl bien réellement n ud
étatnerveut de celle })artie des voies ii|)crn)slir|ue». C'est n
qui, en effi'l, m'est arrivé bien posilitemcnt une foi». Par
le toucher rcclol.j'tiviiis consUlé un dévf^loppement anor-
mal du lobe mojcn rie la proslalc, et ji* rrUR <]iie l'impoMÏ-
bilité (Inns laquellu se trouvait le malade il'uetwmplir !'#]••
Gulalion, n'avait pas il'nutre etm'^e que cette hypertrophie
partielle <le la friande, qu'expliquaient d'ailleurs plasiearf
blennorrhagies successives et mal soi^n^^es, ConTainea de
la bonté de mon diagnostic, j'in^i^tai sur les émt»iort« «an-
guines locales, et plus je recourais k ce moven thérspealiqno
rt plus il semblait nii malade que son afTeclîon ^'nfif^init.
Le malade se fatigua de rinniililé de mes soiifs et alla
consulter un confrère, qui, inteiii inspiré que moi, et pro-
Btant probablement aussi de l'expérience fournie par mon
traitement, ordonna les bains, les onctions opiacées et bel-
ladonées, les antispoHmodiques elle camplire ft l'inlérieur.
Sous l'influenrc de cette médication, le mahde recouvra
l'exercice normal de ses facultés f;énératrtces , et je pus
constater l'erreur que j'avais commise en retrouvant intacte
l'hypertrophie de la pro^tole.
Que ce fait, dont les an8lo;;ues se rencontrent tous les
jours dans la pratique, et que, par un sentiment mal placé
(l'amour-propre, leurs auteurs mettent grand soin ^cacher ;
que ce fait soit une leçon prolîlable pour le jeune méderin,
car rien n'est aussi difHcile que le diagnostic différentiel des
maladies de l'appareil génital.
Mais revenons, pour les résumer, aun lésions des
canaux éjiicuiflteurs el de la prostate qui mettent obstacle à
la marche naturelle du sperme.
AFPBCT. DIS CANAUIC ^ACULATEUtlS ET DE LA PROSTATE. 659
Ces maladies, qui Tormcnt la première clasjte des affections
de ees organes, considérées au point de vue do la stérilité,
doivent se subdiviser en deux ordres : 1^ celles qui créent
un obstacle permanent è la marche du sperme, et qui sont
caractérisées par l'oblitération de cette partie des voies
spermatiques, quelle que soit la cause de l'oblitération ;
2* celles qui ne Font que détourner le sperme de sa route
naturelle et qui ne s'opposent à sa sortie que dans l'étal
d'érection de la verge.
Ainsi que je lai déjà dit, l'aspermatisme, qui est lié aux
affections du premier ordre, réclame une médication variable
selon l'espèce de ces affections. Je ne reviendrai pas sur ce
point qui m'a longuement occupé.
L'aspermatisme, caractérisé par l'impossibilité de l'éja*
culation pendant l'érection du pénis, et la sortie de la liqueur
séminale lorsque la verge reprend sa flaccidité, est la consé-
quence, sans parler encore des états morbides du canal de
l'urètre, tantôt d'une lésion anatomique de la prostate, et
tantôt d'un état spasmodiquedes canaux éjaculateurs, auquel
participent souvent la prostate et le col de la vessie.
Dans le premier cas, lorsqu'il est possible de constater la
nature de la lésion prostatique, le traitement de l'asperma-
tisme se confond entièrement avec celui de la lésion de la
glande, puisque c'est cette lésion elle-même qui produit
l'impossibilité de Téjaculation. Je n'ai point à faire ici
l'histoire de ces diverses lésions, et je ne puis que renvoyer
le lecteur aux traités généraux ou spéciaux de pathologie.
L'état nerveux des canaux éjaculateurs, de la prostate et
do col vésicalqui, en se contractant spasmodiquement sont
Peicitation vénérienne, empêchent l'éjaculation de se pro-
duire, rentre dans la seconde classe des maladies de ces
organes qui, laissant complètement libre cette portion des
u«t„;a tiyuamti/iie
I. éj«cul«lio„ S|.eriMNque
"enl, radi„„ ,i„„-^ j^ ,
TOnlnclion, ,les ran.u, éj
il»lM,jMc.riai„,|éférenl!,
l'^liidiJjme, cou Irncl Ions ni
quelles il f,„,e„j„j,jj,^^l^
el celles Ju muscle de \\ il,
la porlion membraneuse de
Les coNsidéralions que je
'"">••' ''»"» «■«l.pliquer è
»perm«li.|ues que je ,i™s ,|,
du discours, el alin Je pr<i,e,
j'«i du réunir ,li„, un seul c
nomiques Je r,ijaculalion.
Ces conditions onl un Ijp
J"!!-»! il J a Irouble el Jcso,
En Jeià Je ce Ijpe, on rei
dations.
Kn delj de ce ijpe „„ ,,„„
pirlais tout i l'Iieure.
Aous ayons Jonc ici Jeui c
lions, caractérisées, la premièi
APPBGT. DBS CANAUX ÉJACULATEUKS ET DE LA PROSTATE. 661
pabie d'eiécuter par elle seule l'ascension du fluide dans les
canaux déférents; il se résorbe sur place ou dans Tépidi-
dyme, et il se comporte exactement comme si un obstacle
mécanique Tempéchait de circuler dans cette première por-
tiondes voies spermaliques; d'un autre cAté, les vésicules
séminales continuant ù accomplir la fonction sécrétoire qui
leur est dévolue et ne pouvant retenir le liquide ainsi produit,
celui-ci s'écoule au fur et à mesure qu'il est formé, ou est
chassé par le moindre eiïort qui presse sur les vésicules sémi-
nales. On a alors afTaire à une véritable spermatorrhée, à
celte variété des pertes séminales qui, ainsi que je l'ai dit
ailleurs, cède à l'emploi des toniques ou des excitants,
comme le seigle ergoté, la noix vomique, etc.
Dans le second cas, au contraire, lorsque la contractilité
a dépassé le type normal, le resserrement spasmodique des
conduits, juxtaposant leurs parois internes, efface complè-
tement leur cavité, et empêche ainsi le'liquide séminal de
circuler dans les voies qu'il doit parcourir pour aller du tes-
ticule au méat urinaire. On peut avoir, de celte manière,
un aspermalisme incomplet on complet; incomplet, si le
sperme est parvenu jusque dans les canaux éjaculateurs ou
i*urètre, et qu'il s'écoule en bavant lorsque a cessé la con-
traction spasmodique qui le retenait; complet, lorsque la
liqueur séminale ne se montre ni pendant ni après l'érec-
tion, ainsi qu'il arrive dans les cas d'obstruction ou d'oblité-
ration des canaux éjaculateurs.
Comme on le voit, les désordres dus aux troubles de la
contractilité des voies spermatiques, donnent naissance h deux
ordres d'aiïections, aussi entièrement opposées sous le rap-
port de la symptomatologie que sous celui du traitement.
Elles n'ont de commun que l'inaptitude à la fécondation
dont elles frappent le malheureux qui en est atteint.
663 TR0UBLB8 ne i,* poncnu» ii'isxditfio».
Le proiioAtic, au point de vue île la r^conilité, e«l plu
grave dans l'afTtfction qui revAt In fotvae »[>eimatotr\téh\we
que dans celle qui est carectiîrii'éL' jiur l'a>|ierinaliRme, parce
que la perte incvssaiile ilu sperme e«t elle-infime une csoM
d'airaiblisscmetit généml qui perpétue et aggrive l'iiurtn
des voies spermatiques.
C'e»tl dans ces eau que lea iniale|itique» et les fortiRaot»,
lei toniques h l'intérieur et a l'extérieur, Ip!i bains froids île
rivière, les bains de mvr, les eeiii rurrii^îneUAes, etc., »ecoiH
dent merveilleusement l'nclion des cicitonu (aiil inlcroc*
qu'externe''-. Ln masturbation et les v\cbs du coil êlMl
souvent la cause de cet alTaiblissctnent de In ronlraclililj,
on s'explique les succèa que, dons ces circonalancet, Tinol
et d'autres méilerins nnl obtenus de l'emploi des rsiii de
Spa, de Passj, de Forges, etc., etc.
Diins les cas, au contraire, de surexcitation de cette con-
Iractilité , les calmunU et tes antispasmodiques seroùt
administrés sous toutes les furtnes. Les bains tièdes pro-
longés pendant une lieure sont des mojens dont ou retirera
presque toujours des avantages marqués. Les opiacés occu-
pent dans cette médication une place que légitimeol de
Dombreui succès, si un les associe aui antispasmodiques,
parmi lesquels je jiluce au premier rang la talériane, l'asa
fœtida, le casloréum et If musc. 1^ camphre, par son action
sédative, est iip|;elé à rendre de très grands >er\ices, sur-
tout s'il y a lendnncc au [iriapisme. Dans le même ordre
d'indications \ient se placcrle lupulin, dont j'ai nilleunt fait
connaître les propriétés anaphrodisiaques.
$11. - .tffec«lonii da canal dp l'arttrc.
L'urètre est le dernier canal que le sperme traverse poar
arriver au deliorsj comme lus autre.^ conduits que j'ai
AFFECTIONS DU CANAL DE l'uRÈTKB. 66A
examinés, ce dernier tronçon, qa'on me permette l'expres-
sion, peut être obstrué plus ou moins complètement, et par
suite ralentir la marche du fluide séminal et même s'opposer
entièrement à son passage.
De plus, par sa position au milieu des corps caverneui,
le canal de l'urètre déterminant la direction du jet sperma*
tique, que j'ai dit être une condition de l'acte fécondant chez
l'homme, il advient nécessairement que les changements
anatomiques, survenant dans le canal de Turètre, doivent
profondément altérer l'axe suivant lequel s'opère l'éjacula*
tion.
En conséquence, eu égard à sa double fonction physio*
logique, l'urètre présentera donc deux ordres d'affections.
Le premier ordre contiendra celles de ces affections qui
porteront sur la capacité du canal, c'ost-è-dire qui mettront
obstacle soit à la vitesse, soit à la sortie du sperme, en
rétrécissant ou en oblitérant le conduit.
Le second ordre comprendra celles de ces aiïeclions qui,
tout en permettant la sortie du sperme avec la vitesse im-
primée par les vésicules séminales et les conduits éjacula-
teurs, modi6eroDt la direction suivant laquelle le fluide se*
minai doit arriver dans les organes sexuels de la femme.
On va comprendre toute l'importance et la vérité de celte
division.
l"" Obskicle^ à la sortie du sperme» — Les obstacles par
lesquels le sperme peut être arrêté dans sa marche a tra-«
vers le canal de l'urètre, et empêché d'arriver dans les or-
ganes génitaux de la femme, siègent tantôt dans l'urètre
même, tantôt dans le voisinage de ce conduit, et tantôt daoa
le fourreau de la verge, dont le prolongement en avant
sous le nom de prépuce constitue, pour ainsi dire, le vet«
tibule de ce canal.
66& ItIUUBUÏ IIK LA RtNCTIUK »'fe;S<.HtT|l>A.
Les obstacle!; qui nJt'gcnt diinH i'ur^tre même ::ii>nt, aimi '
que je l'ai précédemment inditjué, oudyiiami<{ue5ou méc*-
niques.
Les I remiers sont nssez rare;!. Sans douto oit rencontre
«Mes souvent des névralgies de l'ur^trt', locnlikées siirloul
k la fosse naviculair» ou au méal, mai» ces névralgies ne
délerminenl presque jamais des xpa^mcs capables de »'o|i'
poser h la sortie du sperme. Je n'en ronnai.s pas d'exemple
el n'eo ai pos moi-mëine observé. Bien plus, les douleurs
que ces névralgies déterminent sont rarement asscK internes
pouremp&tlicr le coït tj'ni soigné un jeune Allemand atteint
de celle aiffclion, qni accomplissait l'etle coputaleur pen-
dant l'accès même de sa iiévral^^ic iirétrnle.
Quant nii\ <ipnsmes do l'urL-trc, tous \at cbirurgienï ne
sont [IBS d'accord sur leur réalité, du moins dans certaines
parties du canal j personne ne eonlestc que la région mem-
braneuse ne soil, en elFi-t, rontraclile ; mais des divergences
se manifestent quand il s'agit de la contraclilité de la région
spongieuse.
Cependant, sans parler des eiemples de spasmes morbides
dans cette région, rapportés par MM. Bégin, Civiale, Amus>
sat et Reybnrd, it est incontestable que cette partie du canal
aide à l'expulsion de l'urine, et, que dans le cathétérisme, la
sonde est tantôt arrêtée en ce point par lu contraction des
parois urélrales qui forment alors une véritable obstruction,
tantôt repoussée au dehors par la même cause , et quel-
quefois, ainsi que le remarque M. Reybard, entraînée dans
la vessie, comme si elle était attirée par une sorte d'aspira-
tion (1).
li n'y a pas de doute que c'est dans la région membra-
neuse que les spasmes de l'urètre se rencontrent le plusordi-
(1) Traîièpruiii/uc de* rétréciuemettU du eanaldt l'urètre, f. 33.
AFPKOTIONS DU CANAL DE l'urATRC. 665
nairement; mais leur moindre fréquence dans la région
spongieuse ne doit pas faire conclure à leur impossibilité.
Pour moi, je ne puis ne pas les admettre dans Tune et
l'autre de ces deux régions.
Mais ces spasmes, sur la réalité desquels le caihétérisme
ne permet aucun doute, peuvent-ils se montrer en dehors
de l'excitation causée par la présence d'un corps étranger
dans Turètre, en d'autres termes, ces spasmes peuvent-ils
se produire d'une manière morbide?
La sensibilité et la contractililé dont ce canal est doué
suffiraient pour répondre à priori par l'affirmative, si des
■aits cliniques ne consacraient pas l'existence deces affections
spasmodiqnes. J'ai rapporté dans la première partie de cet
ouvrage plusieurs observations de ce genre, puisées soit
dans les auteurs, soit dans ma pratique particulière, et je ne
puis que renvoyer le lecteur à ce passage de mon livre.
Mais bien plus communs que les lésions de la vitalité,
aont les obstacles purement mécaniques siégeant dans
l'urètre lui-même.
Ceux-ci se divisent en deux ordres, selon qu'ils ont été
amenés dans le canal, ou qu'ils se sont formés sur place.
Dans le premier ordre, se rangent tous les corps étran-
gers introduits dans l'urètre; dans le second, se trou-
vent les aflections connues sous le nom générique de rétré-
cissements.
Les corps étrangers introduits dans l'urètre viennent
tantôt de l'extérieur et tantôt de la vessie.
La nature des premiers est excessivement variable : on
trouve dans la science des faits que l'on reléguerait volon-
tiers dans le domaine de l'imagination, s'ils n'étaient attestés
par des témoins honnêtes et dignes de foi. Ce n'est point
ici la place de semblables observations.
AFFECTIONS DU CANAL DB l'urATEB. 667
taineur située sur le trajet ou dans le voisinage de l'urètre.
« Il est des nodosités, dit M. Vidal (de Cassis), qui se
forment dans les corps caverneux et qui rétrécissent plus
ou moins Turètre sans que ce canal soit directement af-
fecté (1). »
Enfin, et pour terminer le paragraphe relatif aux obsta^^
des qui s'opposent à la sortie du sperme, il faut mentionner
l'ocelusion accidentelle du prépuce qui , par les dangers
dont elle menace la vie des malades, ne saurait être long-
temps une cause de stérilité.
En résumé, les circonstances qui peuvent empêcher la
liqueur -séminale de circuler dans l'urètre sont de quatre
sortes :
1* Les lésions vitales de l'urètre, surtout de sa contrac-
tiiité ;
2^ La présence d'un corps étranger dans l'intérieur du
canal ;
3* La pression exercée par une tumeur voisine sur les
parois du conduit qu'elle rapproche;
II"* Enfin, le rétrécissement et même l'oblitération com-
plète du canal par un état morbide de la muqueuse urétrale
ou des tissus sous*jacents.
Dans toutes ces circonstances , le pronostic ne saurait
être le même, et je ne parle ici que du pronostic au point
de vue de la fonction procréatrice; en effet, un spasme de
l'urètre qui peut n'être que le résultat d'une trop violente
ardeur amoureuse, d'une trop vive excitation vénérienne,
et dont le repos et quelques bains font justice, ne
doit point être comparé à un rétrécissement de Turètre
dont la cause est quelquefois une profonde altération des
(^)\Trailéd$pattH>logi6inUniêf 4*édit., Paris, 4855, t. IV, p. 544.
^^V 1"'"" craclère commui
^F '"i'"l'<! n'«ig« J.iis ouc
^m ''' l'»f™lion ,u>||i, ,„„
^B Je n'ai donc pas à ,„•(
■ le cercle des arfeclions ou
■ «Pl»«'lc.allér.lio,„Jc
H M d'arréler le .pc™, d.„
■ ' •" '"i""! lequel il Joi
■ leui de la femme.
H Cet aie n'esl aulre que
■ ■ '°"""" J" glMd, Je ma„,
■ ™" '"^">«' semblables
■ """'• '""'M le» foi, ,„,
■ celle p„,i|i„„^ 1, j.,^^|.^^
■ """"''«• '1 «lo« il s'agil ,1
m genre, la fécondalion csl cm
m Maij o,a„i d'aborder cell
I '''"'""'il''"e„p.„demol,
■ l'en' s ouvrir l'urèlre.
1 ■•« P"'"n d'abord de, ,
1 •"'"'"■ le» <l»l» morbide, qui
AFFECTIONS DU CANAL DE l'urATIIE. 669
tiplicité (les méats urinaires; fto déviations de l'urètre.
Les états morbides, au contraire, ne renferment que
deux classes : l"" absence de Turètre par suite de la dispa-
rition de la verge ; 2^ perte de substance dans les parois de
l'urètre, c'est-à-dire fistule urétrale avec ou sans oblitéra-
tion partielle du canal.
!• Absence congénitale de l'urètre. — Ce vice de conforma-
tion se rencontre plutôt chez la femme que chez Thomme;
cependant ce dernier en a offert des exemples. P. Borelli
cite une exstrophie de la vessie, avec division de la verge sur
la ligne médiane, et dans laquelle cet auteur assure très
positivement que l'urètre manquait dans son entier (l) ;
quelquefois une portion de ce canal existe seule, et c'est
ordinairement alors la portion inférieure. Pinel rapporte
une observation dans laquelle la portion supérieure était
complètement absente, tandis que l'inférieure était intacte
ainsi que le vérumontanum, ce qui permit de sonder les
canaux éjaculateurs et de constater la présence des conduits
prostatiques (2).
2"* Oblitération partielle de T urètre. — L'urètre peut être
oblitéré dans une portion plus ou moins étendue de son
parcours, et alors les liquides qui traversent la partie restée
libre s'écoulent par une ouverture plus ou moins rapprochée
des bourses, selon l'étendue de la portion oblitérée.
Cette ouverture s'ouvre tantôt i la face inférieure et tan-
tôt à la face supérieure de la verge. Le premier cas con-
stitue l'hypospadius et le second l'épispadias.
Cette ouverture anormale existe quelquefois avec la per-
méabilité complète de tout l'urètre, de sorte que celui-ci
(4 ] Observalions fMdicales, obs. XIX.
(t) Mémoiret de la Soeiélé médicale d'émulation, t. lY.
670 trouhlrs rr la poncrion n'RXCKRTiON.
présente alors ileui ouverlure<i, iJont la prcmiôrr c.«t sîU
»ur un point (jUGlcoiique ûo la verge, et dunl la secontte '
occupe nu platée ordinaint au commet du f^lnntJ.
Dan» ij'autrcs rirconRlsiicuit, l'oblitération de l'urètre h
commenre i\»b sur un point nsoei éloigné ile l'ouverlnre
anormale, de telle manière qu'une partie dulT<|ut(le K'iraaie
directument par cette ouvcrturr, tandis que la partie qui ne
l'a pu franchir, ei^l poussée jusque dan» le cul-tle-sar form^
par l'oblitération, cl eut obligée de rebrousser chemin poor
retrouver In seule isiiue (]ui lui est oITerte.
3" MuUiiilicité des méats urinaires. — L'urètre peut 4i-
bouchor au gland pur plusîeurii ouvertures. Fabrire de
llilden donne i une de sex observotions an titre qui ferait
su|>|io«rr en même temps l'eiistence do dom nrètre» : fit
dupiicx dvctu vrinario (1). Haller parle même de trois
ouvertures : Tria oatta m uno glando (2), et M . Vidal (de
Cassis) assure avoir observé un fait analogue : « Il y avait
encore ici trois ouvertures, dit-il; deui perçaient le gland,
et la troisième était & la partie lu plus inférieure de la fosse
nnviculairc, i la buse même du frein. Celle-ci était la plus
large; les deux du gland, extrêmement étroites, ne laissaient
passer l'urine que quand elle était fortement projetée; le
sperme ne pouvait les traverser, etc. (3). » Ce fait n'est
qu'une variété de l'hypospadias incomplet dont j'ai parlé
tout à l'heure, et carsctériNé pordeut ouvertures, dont l'une
est k sa place ordinaire, et dont l'autre siège entre le gland
et les bourses, plus rapprochée tantôt du gland et lantAt
des bourses.
(1 ) OhteTt:aUma chtrurifkitlei. cenl. 1 .
[t] Eltmenta }>h>jstuloijiŒ . t. Vit, lib. xivii, p. 170.
(3) Traitr âe pathoiogùexUrw, i'èiil., Paris, 186S,l. IV.p. tB6.
APVIGTlOlfS DU CANAL DE l'urATM» 671
Cette multiplicité d'ouvertures doit-elle faire odmettrela
multiplicité de Turètre, comme quelques auteurs Tout cru
d'après l'observation de Fabrice de Hilden? Cette question
n'est pas précisément pour nous d'une importance majeure,
car il importe peu, pour le résultat qu'il s'agit d'atteindre,
c'est-à-dire la fécondation, que le sperme s'échappe par
deux voies différentes, pourvu qu'il s'échappe dans les con-*
ditions nécessaires h l'imprégnation, c'est*è-dire avec une
certaine force et dans l'axe de la verge. Cependant, un
urètre double modifierait asseï profondément ces conditions
pour qu'il soit nécessaire de rassurer les praticiens sur
l'exiatence de cette anomalie. Il est incontestable, en effet,
que plusieurs ouvertures ont été observées au gland, et
que toutes ne communiquaient pas avec le même canal ; mais
il est également certain qu'il n'a jamais eiisté qu'un seul
urètre. Les autres conduits qui s'ouvraient à côté du méat
urinaire étaient de fausses routes ou des canaux artificiels
qui n*avaient aucun des caractères du canal de l'urètre.
4* Déviations de Vurètre, — Les ouvertures anormales que
j'ai dit tout à l'heure constituer l'hypospadias etl'épispadias,
ne sont pas toujours liées, ainsi que je l'ai fait remarquer,
à une oblitération partielle de l'urètre ; elles sont quelque*
fois la conséquence d'une déviation de ce canal, comme il
arrive le plus ordinairement dans l'épispadias, par exemple,
où l'urètre longe le dos de la verge.
Quelquefois, les conditions normales des rapports de
l'urètre avec les corps caverneux sont encore'*plus profondé-
ment modifiées que je ne viens de dire, et on voit l'urètre
s'ouvrir h la région inguinale, ainsi que Haller en rapporte
un exemple (1).
D'autres anomalies de direction peuvent modifier les
(4) Ekmenia physiologiœ, t. VU, lib. xxvii.
67'2 TBOIBLBS DE LA POKCTION d'hICNHiOX.
ro|i|)orU de l'urètre et de lo proslalt.', maù jam«» usa
profonilénnenl pour emjiècher les canaux éjaculaUurs de
s'ouvrir dans l'urèlre et ojifiorler ainsi un obsUdc irrémé-
difible H I» fécondation. Je n'ai donc pa«ini*en occuper ici.
Les lésions orgaiii(]ues que je vais maintenant examiner
forineiit, ainsi que je t'ai dîl, deux groupes :
1" absence accidentelle de l'urètre. — Quand ce i>'e*l
(luiiilnolurcllementque i 'urètre fait défaol, cecinal ne petit
nioiiquer que dans l'étendue de la verge, car »'il s'ouvrait
derrière le pubis, l'urine ne tarderait pas h déterminer dei
accidents murlcU.
L'urèlre peut être accidentellement emporté daoi la
lolalilé ou dans une {inrlie neulemeiit du parcours que je
viens de signaler, peudunt que les autres parliez de la
verge gardent toute leur intégrité.
Dans ce cas, on se doit considérer comme en présence
d'une espèce d'Iiypospadias avec oblitération partielle de
l'urètre, et dont louverlure de cetui-ci se trouve plu5 oo
moins rapprochée du scrotum.
Dans d'autres circonstances, loscorpscaverneui subissent
la destinée de l'urètre et sont emportés par un accident quel-
conque, gangiène, opération chirurgicale, etc.
La stéritité n'est pas toujours une conséquence de cette
mutilation, et je dirai tout à l'heure comment la fécondation
peut encore avoir lieu, même au milieu des conditions les
moins favorables a son arcomjdissemcnt.
2" Plaies de l'urèlre. — Fislulei urinaires. — Saufli
cause qui le produit et au point de vue où nous sommes
placé, cet accident est anologue ou fait d'ouvertures multi-
ples de l'urèlre. Les considérations que l'un m'inspirera se-
ront donc enliéremenl applicables à l'antre.
Tels sont, en résumé, les anomalies et les états morbide*
AFFECTIONS DU CANAL DB l'cRÈTRE* 67S
de Torètre sasceptibles de modifier la direction du jet sper-
matiqae; tous n'ont pas, sous le rapport de la stérilité, une
importance égale. Je vais essayer de faire à chacun la part
qui lui revient.
Élaguons d'abord ceux de ces états dont l'action est nulle
sur la fonction de la reproduction*
La multiplicité des méats urinaires est dans ce cas,
pourvu toutefois qu'une de ces ouvertures se trouve au
sommet du gland. Si aucune n'occupait cette place, on
tomberait alors dans les cas d'hypospadias ou d'épispadias
dont je vais parler tout à l'heure.
Notons également, pour ne plus y revenir, les états con-
génitaux ou accidentels de l'urètre qui s'opposent radicale-
ment à la fécondation et qui se trouvent d'une manière
absolue au-dessus des ressources de l'art. De ce nombre
est l'absence complète de l'urètre, soit que, conformément
au fait cité par Haller, ce canal, s'afTranchissant de ses
rapports avec les corps caverneux, s'ouvre à la région ingui-
nale, soit qu'il ait été détruit en totalité par une opération
pratiquée sur la verge; et encore, dans ce dernier cas^ qui
est une allusion à l'amputation du pénis, faut-il que la verge
ait été enlevée au niveau ou presque au niveau du pubis. Si
une portion du membre viril était conservée, la fécondation
et le coït seraient également réalisables ; dans le cas con-
traire, qui crée une impossibilité absolue d'intromission,
le jet spermatique, s'égarant à l'entrée du sanctuaire de la
femme, ne saurait parvenir jusqu'à l'organe gestateur.
Je sais bien qu'artificiellement, surtout si la femme
était affectée d'un prolapsus utérin, la fécondation pourrait
à la rigueur se produire; j'ai même lu quelque part la
description d'un appareil cylindrique destiné à conduire le
sperme jusqu'au col de l'utérus et à remplacer ainsi le canal
43
67A TROVBLIIS DK LA FOKCTIDS D'SXCIltTin!(.
de l'urètre abs'enl. Ces arliGce». iDdi{;(ii;« iIg l'hoaDèlele
médicale, sernieiil bien cerloincmcnl repou^sib pur la trt*
grindi' tnBJHrtlé des fepiniifs euxquelle» o« le» (irojiOK-rwl,
et il en est |>eu <|ui voulussent m-lictcr l« bonheur û'tUt
Q^rcï ail prit de rim(iuilcur cjue leur iinpvaetaiL loul
insiruincnl de cette nature.
Le terrain des nfTcctions congénitales ou Bcddeolelle» do
l'uri'tn- t'ianl débarmi;**^, d'une pari, des lîlats morbide* »am
Klton sur l'acte de In Técondi , et d'autre }>art, i!» inlii-
mile!) complètement irréinédiiiuit.-s, il noui re»te un corlaïn
nombre d'afTeclionH, |>lus rré(|Uentes que les pf^étlenlrf,
et (]ui peuvent, considérées à notre («oint de vue, te rançor
Miu duut chel's principaiii : l'btpospadiai et l'épispcdias.
L'hipospadiaH, qui ent raractémé, ainot qu'on le Mit.
nar la situation de l'ouverture uréirale externe h la face
inférieure de la verge, constitue-l-il une cause radicale de
stérilité? Moscliion, Galien, Paul d'Ëgtne, Albucasis cbei
les anciens, répondent par l'oriirmative j non, dit Galieo,
parce que les hommes ainsi conforiués manquent desemeoce
féconde, mais parce que crlie humeur, ralentie par lu lor-
tuosilé du canal, ne f.c porte pas directement dan* l'utérus.
Chez les modernes, quelques auteurs, et principalement des
légistes, ont adopté cette manière de voir ; ainii le prolet-
scur Mahon est sur ce point très explicite : « Toutes les
Tuis, dit-il, qu'il j a déviation du canal de l'urètre, soit qu'il
se termine h lu Tace inférieure ou supérieure du gland, ou
bien encort^ de la verge, le coit peut, dans ce cas, avoir
lieu, mais il ne sera jamais prolifique ; et reipériencevteDt
à l'appui de celle proposition, c'est-à-dire qu'aucun lodivida
ainsi conformé n'a jamais été propre à la génération (1). ■
Cependant, Fabrice d'Aquapeiidente assurait déji detoo
(1) TraiU lit médcanp ttgaU et d# potka mMuai*, t. 1, p. At.
AFnCTIONfi DU CANAL DE l'urÈTRE. 675
temps qu'il avait vu des enfants engendrés par des hypo-
spades (1). Les Éphémérides des curieux de la nature
coDlieDoent, dans leurs années 1672 et 1679, des observa-
tions confirmatives de Tassertion de Fabrice ; et Ruysch,
qui avait primitivement partagé l'opinion de Galicn, modifia
un peu sa manière de voir et déclara que Thypospade
féconde rarement sa femme au lieu de porter en lui une
cause radicale de stérilité : Homines hocaffectu laborantes
RARo imprégnant uœores^ uipote semine non recto tramite
prosiliente (2).
J.-P. Frank a connu un hypospade père de trois en^
fêots (3) ; J. Sédillot cite un exemple du même genre (&) ;
Petit-Radel (5) , Morgagni (6) en rapportent aussi ; enGn,
M. Ricord m'a assuré avoir constaté cette anomalie sur
trois membres successifs de la même famille : Taïeul, le fils
et le petit- fils.
En présence de tant d'autorités que devient l'opinion si
absolue de Mahon? Doit-on la reléguer parmi cette foule
d'erreurs longtemps accréditées, et qui se dissipent à la
lumière d'une observation plus rigoureuse? ou, la rame-
nant à des termes moins absolus, la doit^on regarder comme
l'expression d'une partie seulement de la vérité?
Le lecteur va en juger lui-même.
L'ouverture anormale qui constitue l'hypospadias n'oc-
cupe pas constamment la même place; tantôt elle se trouve
(4) Opéra eMrurgiea^ cap. 69.
{%) Ammadveri. 4.
(3) De eurandiêhom, morb,^ lib. VI, p. 643.
(4) Journal général de médecine ^ de chirurgie et de pharmacie, —
Reûueil périodique de la Société de médecine de Paris, h 4' année. Paris,
4840, t.XXXVII, p. 363.
(6) Encyclopédie méthodique, art. Ghiiubgii.
(5) De êêdi^ue #t cotwif morfromm, epîst. 46, art. 8, 1. S.
676 TROURLES DE LA PONCTION C'Rir.IttTIOl*.
i la base <lu glnml, o lu fosse naviculntrc ; tanlAt pla» oo
moins près des bourses, et lantAt, l'iiiin, au fand d'une
dîrision longitudinale du scrotum, où clic a é\é pri» «]»et*
qu^oispour la vulve el Tuit croire a riicrm&phrodisme,
De ces trois variétés d'hypospadias, il ciit inconlcsloble
ifue la dernière eal une couse certaine de stérilité ; cependant
elle ne condamne pas rinfortuné fjui laporlei une infécondité
éternelle, el II est une circortsfanco (]ui la rend fitcilemenl
jasticiablc de la médecine ; c'est lorsque le canal de l'urètre
est libre dans tout son parcours, et rgu'une membrane seule
oblitère le méat urinaire. Ainsi, on lit dans le tome Vlll du
Recueil pModique de la Société de médecine de P»ris
« qn'un soldat nommé Si-hmit, Agé de trentc-qaatre ans,
portail depuis son enfance une porfuralioii de l'aritre,
située au périnée, par où sortaient les urines et le sperme.
Le docteur Alareslin, ajant reconnu, en introduisant un
ilylet boulonné par celte ouverture, que le canal de l'urètre .
était creuv jusqu'à l'eitrémité du gland, où il se trouvait
bouché par une membrane qui avoit probablement causé la
crevasse du périnée, Gt placer ce soldat comme pour l'opé-
ration (!e la taille, el soulevant ta membrane avec nn stjlet
boutonné, pratiqua une incision qui remédia complète-
ment è celle infirmité, u
En dehors de celte circonstance heureuse, dont le méde-
cin deira toujours s'ussurer, cette variété de l'hypospadiss
e»t une cause radicale de stérilité, car le sperme ne va
même pas tubrificr les organes génitaux externes de la
femme, el tombe entre les jambes de ce triste inRrmc.
Mais en est-il de même des deux autres variétés? Les
faits que j'ai rapportés et dont j'aurais pu grossir le nombre,
ne pL-rmeltcnt plus de répondre par l'aflirmalive et forcent
la conviction en faveur de la faculté fécondante des hjpo-
AFFECTIONS DU CANAL DE l'uRÉTRE. 677
spades. Mais alors comment expliquer le mécanisme de ce
pouvoir fécondant, puisque j'ai établi comme une des condi-
tions de l'acte la projection du sperme contre la matrice?
Devons-nous adopter l'étrange hypothèse avancée dans le
Dictionnaire des sciences médicales^ par les auteurs de
l'article Hypospadias, et qu'ils expriment ainsi : c< S'il était
permis de chercher à expliquer physiologiquement le méca-
nisme de l'imprégnation dans le cas qui nous occupe, on
pourrait peut-être en trouver le moyen dans une force at-
tractive de succion imprimée à tous les organes de la géné-
ration au moment de la copulation. Cette force, qui ten-
drait i diriger le sperme jusque dans l'utérus et les trompes
de Fallope, peut être appréciée par opposition avec la force
d'expulsion imprimée aux mêmes organes lors de l'accou-
chement, et qui est telle, que tous les corps étrangers intro-
duits à cette époquedans le vagin en sont rejetés à l'instant. »
Cette hypothèse, qui n'est qu'une variante de celle de
VauraseminaliSj ne repose sur aucun fait certain, sur aucune
observation directe. Parce qu'un organe se débarrasse vio-
lemment des corps étrangers introduits dans son intérieur,
il ne s'ensuit pas que ce même organe attire à lui les corps
environnants; le premier phénomène trouve dans les lois de
l'organisme une explication qui est l'alpha de la physiologie
pathologique; le second, au contraire, exige une exception
aux règles les mieuxassises etieplus légitimement acceptées.
Non, l'utérus, s'il se contracte, ainsi que je l'ai dit ail-
leurs, sous l'action du contact immédiat du fluide sperma-
tique, n'est pas doué d'une force de succion capable de lui
amener la liqueur séminale.
Il faut trouver une autre explication à la fécondité des
hypospades.
L'ouverture, qui constitue l'hypospadiaSi est modifiée
678 TROUBLES ne LA PONCTION n'BICtÉTION.
dans sa forme et Aans sn direction, selon que la vei^e «
tr<Mi*e h iVtfit <Jc repos ou de turgi^scence ; i)nn<i )c premier
caa, roBverliire, plus ou moins arrondit^ pnr \» [lacndilé
dèa tissus, regarde directement rd hn» et même en arrière ;
pradant IVrectiuii. uu conlruire, qui distend les tnam, oelM
ooTerture devient oblongne et prend la Im*b, pêm «M
dire, d'an bec de Odte, et cela ert si frai qne M AÊàftmmt
commence à se produire par le redreMBDMHl aoé éë It
verge contre les parois de l'abdemes.
Or, s'il était possible d'appliqwr à ce bae 4ê Mla^ «H
gouttière inférieure et se prolongaint joiqv'è l'oInMlA
du gland, on simulerait une espèce decaMldoat Ispmi
supérieure serait formée par la (ace inférieure de kwf|m
et la paroi inférieure par la gouttière deM je vieiM^^irhr,
canal artiRciel dans lequel le sperme pourrait, jus()B*i m
certain point, librement circuler.
La muqueuse vaginale remplit à mon sens la fonction de
cette gouttière et prête un de ses plis longitudinani an rMe
qu'elle doit ici remplir.
Cette eiplicatioii, quoique toute mécanique, a l'immense
avantage de respecter \ci conditions physiologiques de la
fécondation cl de rendre également compte des faitsavancés
pour et contre lo fécondité des hypospades, car dans les cas
d'un coit négatif, on doit constater que l'ouverture anor-
male ne subit pas, par l'effet de l'érection, les changements
(le forme et de direction que j'ai dit se produire dans lescas
d'une copulation fécondante.
En résumé, que l'ouverture insolite de la face inférieure
du canal de l'urèlre soit le résultat d'un vice de conformation
ou de quelque circonstance accidentelle, cette ouverture
n'o>t une citusu absolue l't radicale de stérilité : i» que si
elle Kiége au périnée ou è la base de la verge avec oblitéra-
AwnenwB du canal bb t'uRÉtit. 679
tioD de la partie antérieure de Turètre ; 2* que si» par Teflet
de rérection, elle ne sabit aocun changement de forme et
de direction, et reste loornée en bas ou en arrière.
Dans tons les autres cas, Phypospadias congénital ou
accidentel ne saurait être regardé, d'une manière absolue,
comme une cause de stérilité.
Je dois, a? ant de terminer ce paragraphe, déclarer que
l'explication que je viens de donner se troufe depuis (Mg-
temps dans la science, et que, pour la soutenir, Morgagni
la corrobore par i'exemple du péni» dea tortues et des vi-
pères, dont le pfancher hirériéor de F*tffèffe manque natu-
rellement et se trouve suppléé, pendant le coït, par la tuni-
que vaginale.
Je ferai également remarquer que cet artifice dans le
mécanisme de la fécondation serait annulé dans le cas où le
gland, par une cause quelconque, se renverserait en arrière
pendant le coït, et s'interposerait ainsi entre la matrice
et l'ouverture urétrale. Cette aggravation se présente :
l^' quand le gland ne participe pas à la turgescence de la
verge, ainsi que Morgagni Ta observé; 2* quand le filet a
une étendue trop peu considérable et ne s'est pas rompu.
A cette occasion, je signalerai la facilité avec laquetle
les personnes peu exercées peuvent prendre pocrr un bypo-
spadias une simple brièveté du frein. Je me souviens encore
qu'au début de ma carrière, je commis une semblable er-
reur, et qu'après la section du filet, dont l'indication était
formelle, je dus^ modifier un diagnostic et un pronostic qu'il
était impossible de dissimuler au malade. Il est vrar que
celoi-ci avait cinquante ans, n'avait pas toujours, vécu dans
une chasteté exemplaire, et que je n'avais pas asseas d'expé*
rience pour savoir qu'il est des filets qui ne cèdent que sous
le bistouri on les ciseaux.
680 TRVUULCS DS LA FuttcnoK n'sxcitftTioN.
L'^p'^l'^'"''^' "" P**'"^ ^*^ *"^ 1"i "^^'^ orrupe, ne £(•
l^re dû rhj'pospadias qtie par «a plus grande rareté, et (|tie
par la position de t'ouverturu urétrale. Le mëcaitismc qui
rend l'hjpospnde fi^rtik, reslilue In facullé récondaole k
répispode,avec celte diiïéreiice »eulcme»t (jue, dans ce der-
nier IMS, la iiiu<]ueii»e ia[;inolu forme le plancher sapérieur
du ciinal urliflciel, tondis que daus l'hjpospadias elle ea
fornie la face inférieure.
.^ III. — États c^BB^nlIaoK on nvcMcBtrb «r la **•«•
<«piibI«<B d>a(rslacr la «(^rllUA.
Parmi les élals rongénileun on nrigui» de la verge, incom*
patibles avec la puissance fécondante, il ne peut être icj
rjnpslioii (jup dn volume du pi'rls pendant le roit, car en
exceptant le canal de l'urètre dont je tiens d'étudier les
altérations, cet organe ne remplit ([u'un râle de sustentation
dans l'acte de la fécondation.
Comme difformité congénitale, la petitesse eitrème de la
verge, soit en longueur, soit en circonférence, peut, daoi
\cs conditions normales de conformation de la femme, être
une cause de stérilité. Le vagin n'étant point distendu par
un pénis suffisamment gros, laisse en contact les plis de la
muqueuse, lesquels, interposés entre le museau de tanctw
et le gland du pénis, rc^^oivent le jet spermatique et l'empè'
chent d'arriver jusqu'à l'ouverture de l'utérus.
Dans certaines conditions anormales du câté de la femme,
comme dans les cas de descente de matrice, la fécondatioo
e»l rendue possible par ce déplacement même de l'organe
utérin qui, lui, alors efface les plis de la muqueuse vaginale.
Un pénis trop volumineui, pouvant a peine franchir la
vulve, amène aus^i îles résultats négatifs par un niéca-
ÉTATS CONGÉNITAUX OU ACCIDENTELS DB LA VERGE. 681
nisme entièrement analogue è celui d'une verge trop courte.
Je ne parle pas de la douleur éprouvée par la femme qui,
sous son influence, se livre h des mouvements bien souvent
contraires à la fécondation, comme on le verra plus loin.
Une verge trop longue , en dépassant l'ouverture infé-
rieure de l'utérus et en allant perdre sa tète dans le cul-de-
sac vaginal^ égare le fluide spermatique et l'éloigné de son
point de mire, qui est le museau de tanche. Un peu de
précaution du côté de l'homme ou un mouvement de recul
du côté de la femme peuvent facilement obvier à ce désa-
vantage.
Toutes les anomalies dont il vient d'être rapidement
question, sont rarement assez exagérées pour entraîner l'in-
fécondité ; d'ailleurs, par cela même qu'elles n'aflectent que
le volume de la verge, et que, d'autre part, la capacité du
vagin et la position de Putérus sont essentiellement varia-
bles, il s'ensuit que ces anomalies ne sont les causes que
d'une stérilité relative, et qu'elles n'annulent aucune des
conditions de la fécondation chez Thomme considéré isolé-
ment.
Mais il n'en est plus de même quand la verge ne possède
pas la rigidité de l'érection, car alors une des conditions
de la fécondation chez l'homme, l'éjaculation, est fatale-
ment détruite.
Il est incontestable que la stérilité n'est pas une cause
d'impuissance. Cette proposition a été bien souvent mise
hors de doute dans le cours de cet ouvrage. Mais en est-il de
même pour la proposition renversée ? En d'autres termes,
puissance est -elle une cause de stérilité ?
En restant dans les conditions ordinaires du coït, je n'hé-
site pas h répondre par l'affirmative : oui, l'impuissance est
une cause de stérilité.
de ta verge.
De toutt^ leK rondilions que j'a
cMé <lc l'hoinme, m t'acrompliNii
la flaiTidrti^ ilo la ver^r n'en ilét
du »[ieriue i onlre If museau de t<
latiori sémttiolG.
Sam donte, on peut avec de 1'
dnire dans lu vagin une ver^e nol
tion (Ips réspriorr« .«permaliqnes
l'on hmf, on n'obtiendra jamais i
est lancci le nperme dans les circo
|j« liqueur séminale ne pénètre
1* parce i]ue, aorlanl sans forre,
pure qui si^pure le museau de tan
en admettant mémi- que les plis
ment effacé»; '1' pnne que l'uléi
eicitaiit nularel, le fperine, se soi
qne j'ui dit être si fatorable à lu i
Or, il e»l étiilent que si, pur u
arrite t luppléer n celle double
autres conditions de In férondalioi
d«iii actes, un peut nourrir l'esp<
I - ■
»lui
comtmTAOi ou accidbntkls m la timb. fl8&
la matrice, est réalisée en premier Itea lorsque FoQvertare
inférieiire de Tutéras est largement béante^ ainsi qufon le
rencontre chez quelques femmes ; et secondement, c'est-fc-
dire sous le rapport de la contractilité du musean de tanche,
elle est obtenue par de légères frictions, soit sèches, soit
avec du jus de citron, pratiquées, avant la conjonction, sur
le col de la matrice, ou mieui encore, par TefTet d^nn co»-
rant galvanique.
Quoique la théorie permette d'admettre la possibilité de
la fécondation dans les conditions exceptionnelles qoe je
signale, il ne faut pas se faire illusion sur la bonté <Pun
semblable moyen et fonder des espérances exagérées sor
cette ressource extrême.
D'abord, les deux conditions, abaissement de l'utérus
et dilatation de son ouverture inférieure, ne se rencon-
trent pas toujours, à point nommé, sur la femme ayant
nn intérêt quelconque à être fécondée par nn impuissant;
en second lieu, la contractilité utérine peut parfaite-
ment ne pas se produire , malgré le plaisir que par des
manœuvres on communique è la femme, malgré les frie-
tiens, malgré le galvanisme, puisque nous savons que Tex-
dtant normal de cette contractilité est le sperme lancé par
saccades ; troisièmement, enfin, en dehors de ces difficultés
qoe j'appellerai de relation, il s'agit de savoir si, par une
loi fatale de corrélation inéluctable, Timpuissance, quelle
qu'en soit la cause, n'entratne pas nécessairement une alté-
ration du sperme capable de produire la stérilité.
Sans doute, il est parfaitement établi en physiologie que
lorsqu'une fonction ne s'accomplit plus, les organes qui lui
étaient conscierés finissent pas s'altérer et se perdre» Or,
l'impuissance, sauf les cas exceptionnels de bcilités rela-
tives donc je viens de parler et au méenisaw 4eaylt la
quaiiiJ elle s'oxerce des le^tio
que les caMrnts el les fiiiiii^i.
tenicnt inijiutsïarils, ne jouiss
bornées.
En est-Il de même de l'inO
«or l'organe sécréteur du spi
le produit de cette sécrétion?
problème d'une manière gén^
■emble devoir fournir le mien
tenir sur les causes si nombrei
emyer de formuler une réponi
j'*i dirigées dans ce sens, et et
fécondante de la liqueur sémin
iÊO$ Il présence des loospermi
Quand l'impuissance ne s'a^
torrhAe, «juaud elle n'était pa;
■••t général, d'une détériorai
■ot, quand elle o'aTsit pour ca
Mneai ou qu'elle était produ
des qui concourent è l'érection,
au moment où j'écris ces lignei
IfOOfé des loospermes dans li
ÉTATS CONGÉNITAUX OU ACCIDENTELS DE LA VERGE. 685
malgré des pollutions nocturnes qui se renouvellent une ou
deux fois par semaine. La masturbation détermine l'excré-
tion du sperme, avec jouissance et avec des saccades asseif
faibles et proportionnées à la ténuité de l'érection. Chez ce
malade dont l'impuissance est survenue, sans cause connue,
pendant la traversée de Montevideo au Havre, la liqueur
séminale contient des zoospermes. L'anaphrodisie date de
sh mois environ et s'améliore sensiblement sous l'action
des courants galvaniques répétés tous les jours pendant
vingt minutes.
Mais quand l'organisme est profondément altéré, quand
l'impuissance est le résultat de pertes séminales ou autres,
qui ont jeté la constitution dans l'alTaiblissement et le ma-
rasme, les testicules participent à cette faiblesse générale
sans que le trouble de leur sécrétion puisse raisonnablement
être attribué à l'impuissance; ce sont deux phénomènes
concomitants de l'altération de l'organisme, et ils n'ont
entre eux que les relations qui unissent les symptômes
d'une même affection.
En résumé» l'impuissance en elle-même, c'est-i-dire
circonscrite dans le fait seul de la non-érection de la verge,
n'empêche pas la sécrétion normale du sperme.
Mais, ainsi que je l'ai dit h l'occasion de l'impuissance
idiopathique , l'impuissance étant rarement une affection
isolée, et se liant presque toujours à un état morbide, soit
de l'organisme général, soit de quelque partie de l'appareil
génital , soit de quelque organe éloigné ou voisin de cet
appareil, c'est à cet état morbide qu'il faut rapporter le
trouble de la sécrétion spermatique.
Comme on le voit, en tenant compte, d'un côté, des dif-
ficultés, j*allais presque dire de l'impossibilité de l'accoo*
plement, et de l'autre, de la fréquence des états patholo*
CIUPIT
ÉTAT PATHOLOQIIJ
Ja M me diMiaiale pis que I
bien étraoge k oertaJne école
cieaiw, pour qui (oui eut mot
imn par une lésioa organiqu
iMWnt qu'an liquide sécrété
tilàfi vous le report pbysiq
intégrité des organes sécréteur
Qiwlqiv élnnge que te h
•dmettre, car il est; et. dût-on
fcnwnriWM depuis longtemps ,
W giitfioet d'obserratioos quf
|HH Dptwici uu état de ttérUiU
l0at i Cut eo dehors des con
8Mr«lea, aoit locales, que j'ai
tna précédents.
ftTAT PATBOLOGIQQS DU ftPBEMB. 687
point de vue de l'iotérèt social, prend quelquefois une im-
portance très grande, parce qu'il est souvent le résultat
d'institutions humaines évidemment trop c^n opposition avec
tes lois de la nature.
L'indication de quelques-uns de ces phénomènes sociaux
va mieux faire comprendre ma pensée.
La loi du croisement des races, dont je me suis déji
précédemment occupé, vient se placer en première ligne, et
je ne puis, à son égard, que répéter les considérations que
je lui ai consacrées au début du livre sur la stérilité.
Le luxe, la vie molle et efféminée, la satisfaction trop
complète de tous les besoins, sont encore des causes de
cet état, et ne se traduisent par aucune lésion anatomique*
Leur action, quelquefois méconnue chez les individus, est
souvent manifeste chez les peuples. Rome, tant qu'elle
honora et pratiqua la pauvreté, put suffire à elle seuJe,
sans admettre les peuples conquis dans son armée, à une
reproduction inouïe d'hommes qu'elle perdait dans ses
guerres continuelle^} mais quand le luxe, fruit de ses con^
quêtes, eut pénétré dans ses mœurs, une décroissance no-
table se manifesta dans le recensement des citoyens. Tite-
Live se plaint de cette dégradation dans le chiflre de la
population; Auguste ordonne aux chevaliers romains de se
marier : vaine précaution I les mariages des chevaliers
romains sont stériles ; le sénat s'emplit d'étrangers qui con*
voitent le trône devenu vacant; et bienlôt l'empire, d%m
lequel le luxe foit la solitude, tombe aux mains des nations
du nord, pauvres, mais fécondes.
En Asie, sous un climat fortuné et avec la faculté de
prendre plusieurs femmes, les Orientaux manquent de braa
pour défricher les terres.
En Europe, lea villes les plus riches seraient |)iwl^
"""""■« 'l« M»iss«nres
pauvres el Je, quenie,,
Nnus-inJuirs, n'obse
Mruins iniii.iJu, relirm
["•' »«Jour 4 I, cm„„.
'«lignes de la rhnae ou
P«rt stérile rcnml quel,:
peuliquc Jes él.bl,„emi
■l'ulresecw.e, „,,„,■„
■""' "" «"e 1u-e.„ce
fmrsellesdisirMious
Wwemeul, de „ genre
l-i'iue je ,ie,„ j.^„
'»'=l'«l„el|„,,j„.,p;.,„_^.
"«■«■queronna,,,,
«1 qii. le. gei,i d eip,i,
O" ta p«o de l.lo,i p,
Çe"«,.oiU bien de, cire,
»"«..u„„lle„dese.„j';,i„„
"""l^plus.lta.irnef.,,,;
ÉTAT PATflOLOGlQUE DU SPBBMK. 689
ordinaire de la liqueur spermutique; les vésicules séminales,
la prostate, les glandes de Cowper, sécrètent leur mucus
comme d'habitude ; en un mot, l'investigation la plus
minutieuse ne dénote rien de morbide dans une partie quel-
conque de l'appareil générateur; seulement, si Ton soumet
le sperme au microscope, on le trouve tantôt complètement
yeuf d'animalcules, et tantôt animé par quelques zoospermes
rares, petits et ne se livrant pas aux mouvements désor-
donnés auxquels ils sont en proie d'habitude.
On observe souvent aussi sur les animalcules qui semblent
inaptes h la fécondation , cette altération, signalée par
MM. Wagner et Pouchet, et qui est caractérisée par la
chute, ou plutôt par le renversement de l'épithélium. Cette
altération m'a surtout paru coïncider avec ce que j'ai nommé
les avortements précoces, pour me faire croire que l'homme
n'était pas toujours étranger à la débilité de la gestation.
Quoi qu'il en soit, comment expliquer cette altération du
sperme qu'aucune lésion anatomiquc ne légitime? Dira-t-on
que c'est un effet de l'influx nerveux ? Je veux bien que
l'innervation ne se dérobe pas à l'empire de certains faits
dont j*ai tout à l'heure énuméré les principaux; mais la
question ne fait que changer de place, et je demanderai
alors en quoi consiste cette modification morbide de l'inner-
Talion. J'en vois bien les résultats dans le sperme, mais j'en
cherche le mécanisme.
Sans doute, nous ne connaissons pas davantage le méca-
nisme de l'altération du liquide séminal ; mais en restant
dans les limites de ce dernier, nous avons le bénéfice de ne
pas introduire dans le problème un élément qui n'aide en
rien à sa solution.
Le sperme infécond, qu'on me passe l'alliance de ces deux
expressions, conserve quelquefois toutes ses qualités phy-
44
6<>0 tïAT rATRnLOfilQDf! DU SPBkM.
■iqui-s : con!*istariCf, odeur, conlcur, on le dirait («rftrte-
laenl «pie i la léfonciâlion ; miiis, Maminé la nirrovraiie,
it ne lUVèle na* reiislence dfi Kporinatotoîdea, ou s'il en
|ai«e Bperreioir rfes traces, il wl farilc cle<'as*urfr <\af m
ai>iniat*-iil" »'»"* "' '■ 'onSUPt"", ni surlool la ritarité fl
l'iolffiri** <•* forme qu'ils prAseiiteiil il'ordinaire.
Ce toMres deui phénomènes, ab<ienre on étal «nontial
^ HwnMlotoiil^*. qui loniititiieiit réellcmi-nt l'alléralmn
,„^tfj^r lie la liqueur »^miiial« ; quclqui^fni* nlle-n est
■hM^ rfaireet plux limpide que d'Iiabitiide; ellp a une odeur
anitt* caracH^rislique, mais contient deo «prnnalotoaim
cotnnif' t l'ordinaire; dan» r^ vas, elle coii»i rve (ouln »e*
■tropriéléfi rérondnntfR, et, au point de tue de la Mt^riNlé
letlr que je l'fli définie et non sous le rapjiori di- l'aivrle-
ipent précoce, elli; ne sourait être nccusée d'être malade.
Il but donc le dire bien linut : Dans la Torme de «lérililé
«ni m'ocru|ie ici, deux circonstances seules peuvent directe*
nient éclairer le diagnostic : les antécédents du malade et
l'eiamen microscopique du iiperme.
Mais pour que cis deux indicntions aient toute la T'Ieor
que le médecin en doit attendre, it Taut, au préalable, s'assu-
rer de l'intégrité parraitedel'npparerl génital, et de l'absence
de toutes tes causes de stérilité, soit générales, soil locales,
que j'oi passées en revue dans les divers chapitres précé-
dents. Il luut se souvenir que les altérations du speme,
sans modifications de la suiité générale et sans lésions analo-
miqties, si elles peuvent incontestablement se produire,
constituent des cas rares, el qu'on ne les doit accepter
qu'nvec la plus fcromle circonspection.
L)e plus, une distinction capitule, el sur laqaelle )e M
jaurais trop insister, se tire de l'absence complète ou sim-
plement d'un état anormal des apermatoieaires ; 4n» le
*TAT PATHOLOGIQOB DU SPERME. 691
premier cas» ia slérilité est radicale et absolue; dans le
second, il peut n'y avoir qu'insuffisance de vitalité qui^
se commaniquant au produit de la conception, en déter-
mine la mort avant le terme ordinaire de la gestation.
Tandis que d'un côté Tart est obligé de confesser son im->^
puissance, on est en droit d'espérer que, dans le second
cas, il pourra favorablement intervenir lorsque l'histoire
pathologique des zoospermes sera faite.
Quoi qu'il en soit, on peut dire déjà que le traitement
des altérations des spermatozoaires ne saurait être uni-
forme ; quand l'affection, par exemple, se rattache au dé-
périssement héréditaire amené par un défaut de croisement
de familles, la médecine n'a que des ressources extrêmement
bornées ; j'ai institué sur ce point quelques essais de théra-
peutique, mais les résultats que j'en ai retirés ont été si
complètement nuls, que je crois notre art tout à fait désarmé
en pareille occurrence. L'hygiène ne m'a pas mieux réussi
que la matière médicale, à ce point que j'estime cette espèce
d'altération entièrement incurable.
Il n'en est point ainsi de celle qui reconnaît pour cause
une vie molle et efféminée; la thérapeutique doit ici céder
le pas i l'hygiène, et il n'est aucun agent pharmaceutique
qui puisse remplacer les travaux champêtres ou les travaux
manuels opérés en plein air; une nourriture sobre, frugale,
mais restaurante; l'éloignement des bals, des fêtes, des
spectacles ; le coucher de bonne heure, le lever avec l'au-
rore, en un mot la vie agreste des habitants des champs ou
des montagnes. Il serait facile de rapporter des exemples des
résultats heureux obtenus par ces changements dans le mode
d'existence, car on rencontre tous lesjours dans le monde des
époux dontlacouche,longtempsstérile,nes'estpeuplée qu'au
milieu d'une transformation complètedans la manière de vivre.
693 KtAT PATOOLOGIQtlK DU HPBKM.
Enfin, ut |>our iic pas pioloiiger des cnnAÎdéniliuiu ^ue
loul me sollicite ù abn-ger, je finirai, pour les rt^ d'eici-
Utioo amoureuse trop violente, en disant over îMonUîgu,
dont j'ai déji^ |ir^<:éilt>Tnincnt cité k' prt'ccjile ; « J'en «m» 1
qui il a aervy d'y apporter le corps mesnie, dem; rassasié
d'ailleurs, pour endormir l'ardeur de cette fureur, et qoi,
par l'aage, se tronve moins impuissant de «e qu'il est moins
puissant (1] •>
SECTION DEUXIEME.
■TtaiLiTÈ c«mz i.t wtmmK.
i.a femme, dans l'acte de la génération, remplit un rAle
essentiellement complexe, sans parler de la copulation dont
je n'ai plus h m'occuper ici.
Comme l'homme, elle sécrète dans les profondeurs de
ses organes un produit qui, pour arriver du lieu de sa
sécrétion ù celui de son eicrétion, parcourt des voies aussi
semées d'écueils et aussi fertiles en obstacles que celles
que le sperme franchit pour aller des testicules au méat
urinaire.
Pour l 'accomplissement de ce premier acte de son r4le,
la femme se sufTil ù elle-même ; elle le remplit par les lois
seules de son organisation, et le concours que quelques phy-
siologistes ont prétendu que lui prêtaient certaines circoU'
stances extérieures, telles que le climat, le coit, etc., e«t
d'une importance secondaire et (oui au moins douteuse.
(!) Euai», liv. I, chap. u. p 407. «dit. 17i3.
STÉBILITft CBEZ LA PKMME. 693
Mais après cet acte qui, avec la sécrétion spermatique,
est en qnelque sorte le prélude de la fonction génératrice,
if faut, pour que celle-ci s'accomplisse, que la femme sorte
de son égoisme et réalise ce que , dans un style figuré,
madame de Staël appelait un égoîsme à deux.
La part que la femme prend dans cette nouvelle phase
de son rôle devient de plus en plus complexe. Ses organes
étant le théâtre sur lequel va se passer le grand acte de la
formation d'un nouvel être, elle doit recevoir et conduire
jusqu'au produit de sa sécrétion propre l'élément indispen-
sable que lui fournit le mâle, et, une fois ces deux éléments
en présence,présider à leur union, et leur offrir un lieu con-
venable où le résultat de cette union rencontre toutes les
conditions nécessaires à son développement ultérieur.
En prenant séparément chaque partie du râle si com-
pliqué de la femme dans l'acte de la génération, on trouve
cet acte partagé en quatre étapes, si parfaitement distinctes,
qu'il est impossible de ne pas les accepter comme bases
d'une division méthodique.
Ces quatre étapes sont :
l^ L'acte de sécrétion et de progression du produit
femelle , c'est-à-dire l'ovulation y comprenant la fonction
ovarienne et la fonction tubaire ;
2"* L'acte de réception et de progression du produit
mêle, comprenant les fonctions du col de Tutérus ;
9f* L'acte de réunion du produit mâle et du produit
femelle, comprenant la fonction d'imprégnation ;
&* L'acte de gestation, comprenant les fonctions utérines.
Cette division toute physiologique me paraît être le guide
le plus sûr pour nous reconnaître au milieu des causes si
nombreuses et encore si mal étudiées de la stérilité chez la
fsmme ; aussi, après en avoir pesé les avantages et les incon-
TKOOBLM DE l'oVULATION. 695
pour arriver à la connaissance des étals morbides des autres.
Il est incontestable, et je ne sais aucun fait authentique
qui prouvé le contraire, que Tabsence congénitale, la perte
accidentelle et l'atrophie des ovaires sont constamment suivis
de l'absence ou de la disparition du Oux menstruel ; mais
l'inverse est-il aussi vrai? En d'autres termes, l'absence ou
Il disparition de l'écoulement cataménial dénote4-elle tou*
jours l'absence congénitale, In perte accidentelle ou l'atrophie
des ovaires, et par conséquent l'impossibilité de l'ovulation?
M. Bischoiï (1) , considérant l'hémorrhagie menstruelle
comme un- symptôme de menstruation dont le fait capital
est l'évolution d'un œuf, avoue que ce symptôme peut man*
quer sans que le phénomène générateur, l'évolution de
l'œuf, cesse de se produire. Dans ce cas, la fécondation esl
possible. « Il est tout aussi facile, dit-il, de prouver que la
fécondation est liée à l'évolution menstruelle. Lorsqu'on a
soutenu le contraire, on a confondu la menstruation avec
l'hémorrhagie menstruelle. Il peut y avoir conception sans
hémorrhagie, de même qu'il peut y avoir une évolution
menstruelle sans aucun écoulement de sang. Le dévelop*
pement de l'œuf est le phénomène important de la mens*
truation, les autres peuvent manquer ; lorsqu'ils n'ont pas
lieu, cela indique ordinairement une imperfection dans la
fonction , et la stérilité est ordinairement , comme on le
sait, le résultat de ce trouble fonctionnel. Cependant la
conception peut avoir lieu, caries conditions essentiel lea
de la menstruation sont remplies, mais ce sont des cas excep-
tionnels. On a dit qu'il pouvait y avoir fécondation dtm
des cas oii ces conditions ont manqué et ou l'hémorrhagie
avait en lieu ; mais aucun fait ne vient h l'appui de cette
(4) Traité du développement de Vhomwèê et dei ammau9* Paris,
4a43, in-a, avecfig.
THOUBLBS DIS LA FONCTION OVAHIENNB. 697
ensemble de phénomènes qui, réunis et groupés, sufBsent
pour établir la certitude médicale. Je n'ai point i dresser
ici l'inventaire de ces phénomènes dont i'énumération arri-
vera successivement avec l'étude de i'aiïection qui leur donne
naissance, et je terminerai ces quelques considérations pré-
liminaires par deux mots sur la question si controversée du
temps auquel peut s'opérer la fécondation après l'époque
menstruelle.
S'il est vrai, comme l'établit M. Bischoiï, que la fécon-
dation et la conception sont intimement liées à la menstrua--
tion qui représente la période de maturité et d'expulsion de
Vœufy il faut de toute nécessité que la fécondation et la
conception soient contenues dans les limites du temps mens-
truel, à moins que le coït, l'alimentation, le climat ou toute
autre circonstance, ne favorisent la maturité et ne déter-
minent l'expulsion de l'œuf.
Une semblable inQuence ne saurait être admise; sans
doute le climat, l'alimentation, les habitudes, les excès de
coït peuvent modiGer le type de la menstruation, c'est-à-
dire changer la physionomie des manifestations symptoma-
tologiques par lesquelles elle se traduit d'ordinaire, comme
récoulement sanguin, le gonOement des mamelles, les dou-
leurs lombaires, la fétidité de l'haleine, etc., etc. ; mais il
faut ioujours faire intervenir une cause pathologique toutes
les fois que les règles reviennent avant l'époque fixée dé
leur réapparition. D'ailleurs, si ces circonstances exer-
çaient réellement l'empire qu'on leur suppose, il faudrait
que le coït, par exemple, amenât un flux cataménial toutes
les fois qu'il est exercé, ce qui n'est pas, ainsi que tout le
monde le sait.
M. Coste, qui défend l'influence du coït sur la maturité
et rexpuisioD de l'ovule, se tire de ce mauvais pas en sup-
cou csl liUiliMiieiil tfniutëi:
S»i,s ,l„„|,.. ., r»|,|,rorl„. ,|,
lincrgl.iuc |,l,i;,ir vénérien |ieul
produit lUns loul r.pp,r,i| gé,
dire d«fia tout l'organiaine, ja
ri^vM fit, pir suite, l'apparilif
hl<pila, celle iuOuence ne >i
■icrélion et la maturiU de l'evu
Si doue, cette maturiti arrin
de l'our n'obéit qn'ani loii de s
h ttcouialioB ('accomplisse av
>V|ane qui doit «Ire ou sa ti
diveloppemenl ultérieur.
£r «OB.séi}u«nce, s'appuyant
annlalia i|u'i| est inutile de rapp<
qM rmnle hmI de deui 1 ail j.
fù aifare l'ovaire de l'utérus, i
«iwmenw igu'i la 6n de l'é|ioi|ii
n<dinliai«it après la cessation i
■04» aenlMiMnl lorsqu'il s'est é(
i|f<trij«nrs (pria sa terminaisoi
IWH Mapfer l'oiule gu'olle i
TR0ITBLB8 DB LA FONCTIOM OTIRUMNB. Q99
de deai à sii jours par la decidua eisudée à la sarface de
la muqueuse vers le déclin de Tirritation qui suit l'époque
menstruelle. » Et un peu plus loin : « Or, comme nous
avons reconnu que la decidua tombait constamment du
dixième au douzième jour de Tintermenstruation , il ré-
sulte conséquemment de ce fait que la conception ne peut
s'opérer que du premier au douzième jour qui suivent les
règles, et que jamais elle n'a lieu après cette époque (1). »
Beaucoup de physiologistes, parmi lesquels je citerai
MM. Courty et Bischoiï, ont adopté cette opinion à la-
quelle des faits nombreux ont été opposés ; ainsi, le doc-
teur Kirsch (2) cite, entre autres, les lois de Moïse qui ne
permettaient le coït qu'à partir du septième jour depuis la
cessation des règles, c'est-à-dire du douzième environ de-
puis leur apparition ; ces lois étaient observées rigoureuse-
ment, et cependant on sait que les femmes juives étaient
remarquables par leur fécondité. Des exemples de féconda-
tion opérée pendant la seconde période de l'époque inter-
menstruelle ont été rapportés par MM. R. Wagner (â),
Leuckart (&), Raciborski (5), et M. Bischoiï lui-même
avoue qu'il connaît plmieurs cas où la conception a eu
lieu douze el seize jours après la fin de la période mens^
truelle (6).
(4) Théorie poiitive de fonulation spontanée, Paris, 4847, p. 274
61275
(2) ZeiUehrift fUr ration. Mediein, v. Henle und G. Pfeuffer, 4 852,
l. II, p 427.
(3) Wagner*8, HaniÊD9n9rbuck der pk^sMÊfgie, art. GÉKÉiiTfoir,
p.40l6.
(4) Wagner's, Handw^terbuch der physiologie, art. FicoimtATiOH,
p. 886.
(6) De ta puberté et de Cdge critique chez la femme^ p. 458 et soiv.
(6) Archives de médecine, mai 4851, p. 860.
' ^'-i '"^c iiNns
alIcnJu nu passiig,. ,|„'|,
toinritc |irciiu-s, ils at,ii„
quelle» des .|,ermaloz„,-,|
ii»ii»Ciilérii,, |,|,isieur,jo
Quelle qntsoill'eiplici
ijjw conslaoi que de non,
«a «poioM pin, on moin
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Période inlermenslroelle co
•térililé pour I. femme. Je,
h concepllon o p|„j de clisi
'°''""j»""q"i»ui.enlimn
"""«'lutae jour» qui lej
"penliqne, nneimporl.occ,
loçr dan, |e cour, de cet ou
« miem miiinlen.ni i |
«• ovairM.
l* Kole Momalic des orai
ANOMALIKS DBS 0VA1M&. 701
ces organes existe bien conformé, la conception peut se
produire , ainsi que divers auteurs en ont rapporté des
exemples (1).
L'absence complète des deux ovaires a été observée plu-
sieurs fois ; et toujours, quand elle était congénitale, non-
seolement Thémorrhagie menstruelle et la fécondation
n'avaient pas lieu, mais encore les autres parties de l'ap-
pareil génital participaient plus ou moins à cet arrêt de
développement. Je ne me livrerai pas à Ténumération fasti-
dieuse de tous les cas d'absence des ovaires rapportés par
les auteurs, et je me contenterai de reproduire les conclu-
sions générales que M. Chcreau tire de tous ces faits, après
les avoir scrupuleusement passés en revue : «L'absence
congénitale des ovaires, dit cet auteur, n'est point accom^
pagnée nécessairement de celle de l'utérus. Seulement ce
dernier organe, n'étant pas soumis à TinQuence sympathi-
que des organes reproducteurs, ne prend pas i la puberté,
le développement qu'il acquiert dans les circonstances ordi-
naires, et c'est pour cette raison qu'on le trouve alors plus
petit et comme atrophié ; par contre, l'absence congénitale
de la matrice n'est pas toujours accompagnée de celle des
ovaires. L'absence complète des deux ovaires a une telle
influence sur tout l'organisme, que la femme affectée de ce
vice de conformation, ne se revêt plus des caractères pro-
pres qui la distinguent de fhomme; le bassin ne s'élargit
point, les mamelles n'acquièrent aucun développement et
les règles sont nulles. Les parties génitales externes subis-
sent aussi des modifications: le vagin est plus étroit, les
(1) Pour les faits de celte nature, voyez Philosophieal iramaetions,
année 4 S4 8, fait rapporté par Granville ; Bulletin de la Faculté de mé-
decine de Parié, année 4 84 7, p. 457, fait dû à Cbaussier ; Traité des
aecouchemenlB de Gardien, 1. 1, p. 4 67, etc., elc»
— -"'""c tiliiinemi
tile de ("ovaire, dit iM
menl, m cperj à soi, ,„
<le.e< veines; la nalure ,
«|>er.iacti„|„e„, i, ;■„,,
lllM.oi,uela.,le,^,é|
T"*"' 1«i porte (iriiiripal
"""■"••OM liriicipalM ,
h «mclère |j.rlicu|ie, de
. . ' •■ «'ïèt, les ovairei
"*i*^ * loulea aorlea J'tli
'•■* •■•««r aans crainte,
•*" h ieaiaa no orgaee
•«W Walléraiion, palt„
_"""""''■» •' ■•• co„,é,„,
•Hleelnni porulenles, lUgi,
^^•- «l>'eu.e,,„é.,„
~*«^»»iil«ei, cariil,
■nfllaueaueto, hernies, etc.,
/V'»"^ «Ml ,nel,uefa
*•*•• fM l'ea ne reiii^onlre «
MM (i). .
0. ^ J.:. -r .
LÉSIONS FHTSIQUSS DIS 0T1IRB8. 70S
gique de chaeune de ces aiïections à laquelle se refusent les
limites de cet ouvrage, bien que la stérilité soit l'elTet le
plus commun de ces maladies.
Cependant , pour que l'inaptitude à la fécondation soit
complète, il faut: 1^ que les deux ovaires soient simulta-
nément atteints; 2^ et qu'aucune partie de leur tissu ne
reste intacte.
Si Tan des deux ovaires conservait son intégrité, en
supposant son congénère aussi profondément altéré que
possible, la femme ne perdrait aucun des attributs de son
sexe, l'ovaire sain pouvant i lui seul déterminer l'hémor-
rhagie menstruelle et sufBreaux nécessités de la conception.
Il serait facile, en effet, de trouver dans la science des
exemples de fécondation dans des cas où, par suite d'atro-
phie, de dégénérescence, de déplacement, de hernie ou de
toute autre cause, un seul ovaire peut émettre l'ovule;
mais, je le répète, lorsque les deux ovaires manquent à la
fois, ou sont profondément altérés, l'infécondité de la
femme est fatale et absolue.
Cependant, pour que l'altération des deui ovaires amène
ce résultat, il feut qu'elle atteigne toutes les parties du
tissH ovarien. Cette condition est indispensable. Morgagni
avait déjà fait cette remarque (l),que tous les observateurs
qui l'ont suivi ont pleinement confirmée. « On a vu, dit
M. ChereaUy des femmes atteintes de dégénérescences
énormes des deui ovaires, et cependant devenir encore
mères ; mais un examen attentif a démontré encore dans ces
cas , qu'une portion de l'un des organes reproducteurs; ou
de tous les deux en même temps, était encore saine (2). »
Cette double condition que, pour se produire, la stérilité
(4) De tedibus et cousis marhorum, epist. XLV, art. 47.
(t) Lot. eil., p. 99.
'einiilio, „.,„.>,„|,,„,„ I
Jolior, ne s„,„ ,„„ i„|;
Iruellepersislc- celle ci f,
nieiilj nolobles cl de loule:
dll lisin de l'ovaire est c;
grnSenn», l'évololion el I
«eut l'efTecluer comme dai
l'organe licrileur, el par 9
C'eat aimi q„e s'eif li,„e„
«^lionsorrenanlan milieu
"Wea de l'hémorrliagie me
Il eal bien difficile, po„r
«W». de déterminer d'u„e
*iucondilion.de»lërililéd,
«relatiïeij'alléralionlolale
direela que nous (lotsédons f
I" palptlion d« parois abdo
cnllaUoD, la mensuralion, |,
'«'•I- Ce dernier est le plus
1«. «M lui, il est pre.,„e
«•••lie, je ne dis pas cerlaii
aurJea maladie* .1» ....:.--
LÉSIONS PHYSIQUES DES OVAIRES. 705
rien ne fixe cède sous la pression exercée sur lui et fuit;
enfin, sans parler des obstacles ou tout au moins des em-
barras que crée assez souvent la présence d'une couche plus
ou moins épaisse de tissu cellulaire, on ne peut prétendre
eiplorer l'intérieur de Tovaire, et il faut se contenter d'ap-
précier seulement les conditions relatives à sa forme, i son
volume et à son poids. C'est beaucoup, dira-t-on; sans
doute, mais ce n'est pas assez, surtout pour la solution du
problème de la stérilité.
Aussi, tout en recommandant, d'une manière expresse,
de ne jamais négliger ce moyen d'investigation , j'estime
qu'on ne doit lui accorder qu'un certain degré de con-
fiance , et ne pas en faire la base exclusive de son appré-
ciation.
Je ne dis rien des autres modes d'examen dont les res-
sources sont encore plus aléatoires que celles du toucher
rectal, mais dont il faut cependant tenir compte, ne fût-ce
que comme termes de comparaison.
Heureusement nous avons, pour marcher au milieu des
ténèbres de cette nuit profonde, un guide à peu prés infail-
lible, et dont le témoignage égale et surpasse, à lui seul,
tous les signes fournis par les moyens directs que j'ai
énumérés tout à l'heure. On devine déjà que je veux parler
de l'hémorrhagie menstruelle.
Sans doute, et je l'ai reconnu plus haut avec M. Bischoiï,
il y a des menstruations sans hémorrhagie, et dans ces cas
alors il semble difficile de décider si l'absence de l'écoule-
ment cataménial tient à une idiosyncrasie ou à une affection
des ovaires. D'abord, les faits de menstruation régulière
sansQux menstruel et avec intégrité de l'organe qui fournit
le sang, c'est-à-dire l'utérus, sont beaucoup moins fré-
quents qu'on ne pense, et doivent être relégués parmi ces
45
'; ;— .i-,,„,,„;„;,
'» moJilicalioijs dcK ,,..,,,
vieiinenl <loiilo„,ei„ ; |,,, ',,
lemenls pénible», de trjnch,
»«liI«foi!, l'écoulemenl ».
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"'*'"' ««■. elt. (,luoi (ju'il e,
■TOWra.iion régulière, c'ejl-
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!;°" '"'"»'rb.gi,n„ par ,„i,e ,
W«", eerle, „„n. Si rbémorrb.
"""'''''•'""■«"«•bsem.ee.u
LÉSIOlfS PHYSIQUES MÈ OVAIRES. 707
4
des phénomènes insolites, soit généraux, soit localisés sur
un point de Téconoroie.
Si l'afTection des ovaires entraîne la suppression de Thé-
morrhagie utérine, l'habitude des menstrues antérieures
éloigne la pensée que cette suppression est due i une idio-
syncrasie ; de plus, la sécrétion, lé développement et l'ex-
pulsion de la vésicule graafienne ne se faisant plus par
suite de la maladie des ovairc.«, on ne remarquera pas aux
époques menstruelles les phénomènes insolites que j'ai dit
remplacer Thémorrhagie cataméniale dans les cas d'inté-
grité des ovaires.
Comme on le voit, l'absence ou la suppression de l'écou-
lement menstruel, liées à une lésion des ovaires, ne sau-
raient être confondues avec l'absence du même écoulement
menstruel dépendant d'une idiosyncrasie.
Mais, dira-t-on, par cela même que l'écoulement mens-
truel est produit par la face interne de l'utérus, ne peut-il
pas arriver ^ue, par suite d'un état pathologique quelconque,
cet organe se refuse à cette hémorrhagie, sans que pour ce
motif la fonction ovarienne soit interrompue ou seulement
même troublée ? Sans doute, et je reviendrai plus loin sur
ce point intéressant et encore mal connu de la palhogénie
utérine, la matrice peut ne pas fournir les éléments du flux
menstruel, bien que l'ovaire sécrète un ovule, le porte à
maturité et j'expulse. Nous retombons ici dans les cas de
menstruation sans menstrues oii celles-ci sont remplacées
par les phénomènes anormaux dont il a été plus haut
question.
Nous sommes donc en mesure de formuler les lois sui-
vantes, qui me paraissent être l'expression la plus exacte
de la vérité.
1® La menstruition régulière, c'est-à-dire la sécrétion,
phénomène loli général, soil
2° La menstruation régui
ledé.clop|,emenletl'c.puls,
pont se projuire sans hémo
J'un étal morbide Je l'uléru,
est possible, eu éiianl. I,it„
nmne, et la menstruation es
phénomène soit général, soit
3* La menstruation régiilii
le développement et l'c.pulsio
interrompue ou supprimée par
pend ou tarit (ou/ours récoulei
îencederiiémor.bagiemenstn
}i(ruxli,iumml |,ar un pliénon
Si maintenant Ii ces donn.
menstruelle on ajoute les signer
directs énumérés plus haut, se
malade, soit par le, altérations
I économie, etc., etc., ou arrii
près certain de la stiriliii d„„|
res, dont I, cause est une altérai
conséquemment, le pronostic e,
dent avec le ,.r,.r,.,c.:. -, ■. . .
LÉSIONS VITALES DKS 0VAIRB8. 709
S 111. — Lésions vitales des ovaires.
Il ne peut être ici question que de cette vitalité par
laquelle une vésicule est sécrétée, s'accrott et, en fin de
compte, est expulsée ; les résultats des troubles de cette
vitalité doivent se rencontrer sur la vésicule, et Tanatomie
pathologique démontre, en elTet, que cette vésicule est sou-
mise, pendant son évolution, h des causes d'avortement dont
la source est précisément dans une altération de cette acti-
vité vitale de l'ovaire, qui lui fait sécréter, développer et
expulser un ovule.
Malheureusement l'histoire pathologique de ces lésions
est encore à faire; l'anatomie morbide les a seule éclairées
de quelque jour, et dans la pauvreté où, sous ce rapport, se
trouve la science, il nous faut bien nous contenter des études
d'amphithéâtre, d'autant mieux qu'après avoir lu attentive-
ment les observations relatives aux avortements des vési*
cules de deGraaf, on peut, sans grand dommage.* au point de
vue de la stérilité, appliquer à ces lésions les considérations
que je viens de présenter sur les lésions organiques des
ovaires.
Quoi qu'il en soit, je dois exposer ici les conclusions tirées
par l'anatomie pathologique des faits observés par elle, et
je ne puis mieux faire que de les emprunter è un des hommes
les plus compétents en pareille matière , à M. Négrier
(d'Angers).
« Les conclusions suivantes, dit-il en terminant son tra-
vail sur l'anatomie et la physiologie des ovaires, me parais-
sent être autant de déductions naturelles des recherches et
des observations qui précèdent.
» 1* Les vésicules ovariques sont susceptibles d'éprouver
des altérations qui, loin d'empêcher de reconnaître ces
">•'«■ f rinn,,,-,!,. ,1,. ,., I J,!,"
■■f -i.™. „.,:■,
(To. Imiik; commune, <iui roi
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tePfe.».». d'„„, de, portie, „
<*«»«eiiieot daoi leun ,.,..„.. .
ALTÉRATIONS DE POSITION DBS OVAIRES. 711
» lO"* Ces mêmes avortements partiels, lorsque les vési-
cules sont à Tétat de bourses grises, sembleraient être l'ori-
gine des masses fibreuses, squirrheuses et encéphaloïdes
des ovaires.
» 11* L'avortement pastiel des organes vésiculaires ,
quand ils sont i Tétat de vésicules jaunes^ est la source des
tumeurs enkystées de Tovaire, qui contiennent une matière
d'apparence butjreuse.
» 12^ Enfin, c'est à des cas de fécondation sans sépara-
tion de Tovule de sa vésicule qu'il faut attribuer l'origine
de ces productions fœtales qu'on trouve dans l'ovaire, où
elles se développent sous l'influence des adhérences vascu-
laires qui s'établissent entre elles et les membranes qui les
renferment (1). »
Comme on le voit, ainsi que je l'ai dit plus haut, l'étude
de la stérilité n'éprouve pas un grand dommage d*' l'absence
des détails cliniques relatifs à l'avortement des véiiicules ova-
riques, car ces accidents sont ou nuls ou le point de départ
d'allérationsf dont j'ai examiné l'influence, sous notre point
de vue, dans le chapitre précédent.
S IV. — Alflératlons de position des ovaires.
Quand on songe, d'une part, à la multiplicité et à la
variété des circonstances qui peuvent entraîner les ovaires
loin de la position qui leur est assignée, et d'autre part, à
l'influence considérable que ces dérangements exercent sur
les conditions de la fécondation, on s'étonne de ne pas voir
un nombre plus grand de femmes stériles que celui que l'ou
rencontre. C'est qu'ici encore la prévoyance de la nature
a été extrême, et qu'elle a su proportionner la valeur de ses
(4) Bêcherehêi anaUmiqwi el phytiologiqueB sur les ovair$ê dam
Vnpèeê humaine^ p. 4 4 7 et suiv.
Jior c\em[,l,. , ,(,. ,j,
■e lliiT(i(
'"'"'* "" '" inouirmeiils ,1,
'■"•"•" ''"' " rosiiio,, „„„
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•""•""'« ""«"le peut l'en rapp
™pp»rl. fonelionnel. indispensa,
I orule.
des
C'eal dini ce lens quil faoi
ALTÈBATIONS DE POSITION DBS OVAIRES. 713
ceux-ci peuvent rompre à la fois les rapports qui les unis-
sent aux trompes, et, sans espoir de fécondation, laisser
tomber et se perdre dans les profondeurs du bassin le pro-
duit de leur sécrétion.
Ces changements de position sont simples ou compliqués :
simples, si Tovaire, altérant seulement ses rapports anato-
roiques, reste plus ou moins flottant dans le ventre ; com-
pliqués, si lovaire, s'engageant dans une ouverture normale
ou accidentelle, cesse de nager dans Tabdomen.
Dans le premier cas, il n'y a que déplacement; dans le
second, il y a hernie.
Disons quelques mots de chacune de ces deux manières
d'être.
Déplacements des ovaires. — Les déplacements des
ovaires se rangent sous deux chefs, selon la cause qui les
produit : tantôt ils sont la conséquence d'un état patholo-
gique des ovaires mêmes, et sont déterminés par l'aug-
mentation du volume et du poids de ces organes; tantôt ils
sont les résultats d'adhérences avec les parties voisines, et
sont amenés et entretenus par la présence de brides ou
de toute autre production anormale.
Dans la première variété, le déplacement s'opère de deux
manières bien différentes : ou les deux ovaires voient si-
multanément augmenter leur poids et leur volume, ou un
seul est malade pendant que son congénère reste sain.
Dans le premier cas, le mécanisme du déplacement est
direct : les deux ovaires quittent leur position par l'effet
de leur propre poids; dans le second cas, au contraire, le
déplacement est indirect: l'ovaire sain n'abandonne sa place
que parce que l'ovaire malade lui imprime un mouvement,
soit de traction, soit de bascule.
Dans la seconde variété, les causes du déplacement sont
<twi!
■I»"> le. n,„>,H.me„i, .„„
créerai, „„e |,„i,ij„j ,„,.^
ici. San. coiilesler la ,i,y„,
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>'!"yo,u,r„„pM„„„j„„^,,^^
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»TOr«>. I|9rmia le, ca, Jauff
l»><l< 4e ce, organe,, „,,„.
«Iwari |,pa|pa,io„ ,bd„„i;,
r»wiii.M„|,„e^e.J„„nfc,i„t
• H"" Srf> i!!i|ii(iManle J irou.
WP«"Wl«!fanlemenll„iJ(
liMlM. 1,'Wn.i.rrl..»;.
ALTÉRATIONS DR POSITION DRS 0TA1RRS. 715
hërences, ont une importance réelle, si Ton réDéchit au
mécanisme de ces adhérences qui, presque toujours, suc-
cèdent è une péritonite ou à l'inflammation de quelque
organe du bassin ; c'est ainsi qu'il me fut un jour possible
de m'expliquer la stérilité d'une femme qui , deux années
avant son mariage, mais après l'établissement de la mens-
truation j avait eu une phlegmasie assez intense des gan-
glions lymphatiques lombaires. Bien que l'autopsie ne m'ait
pas fourni ses moyens de contrôle , puisque la femme vit
encore, tout me porte à croire qu'à la suite de l'inflamma-
tion de ces ganglions, des brides se seront formées entre
eux et les ovaires, poussés a leur rencontre par la pression
des intestins, et par la position horizontale sur le dos.
Les antécédents de la malade, bien plus que les autres
symptômes qui n'avaient qu'une valeur négative, me mirent
sur cette voie. Mais dans benucoup de cas, ces antécé*
dents n'auront eu)i -mêmes qu'une importance minime, et
Ton retombera dans toutes les incertitudes d'un diagnostic
excessivement obscur.
Heureusement, cette ignorance ne nous doit point in-
spirer de grands regrets pour le traitement, car par\int-on
à pénétrer la cause réelle du déplacement, je me dcmantle
quelle pourrait être la thérapeutique à employer? Je prévois
bien qu'en cas d adhérences, on pourrait tenter, par le rec-
tum, de rompre ces adhérences ; mais, outre que l'entre-
prise me parait difficile, elle exposerait à des dangers réels
|a femn^e qui s'y soumettrait, et j'estime qu'il vaut mieux,
en ces circonstances, avoir le courage d'avouer son impuis-
sance que de montrer une témérité compromettante tout à
la fois pour la science et pour la malade.
Hernie des ovaires. — Cette affection n'est bien connue
que depuis que Deneus^ a consacré i son (listQire quelques
TROUDLB!) DE I, OVL'LATIOK.
Heur traité sur la malîA
716
pages, ()ui sont encore le tneil
Cependant In science en possédait quolqueii obsenationi
bien aullientic|ues avnnt le travail de l'accoucheur TrançaM,
et il pnraît que c'est à Soraiius d'Kphfese qu'il Faut altribarr
l'honneur d'en avoir Tait mention le premier. Après qaintc
siècles d'un mutisme absolu, Bessière, rétùbre chirurgieti
de Paris, attira rattenlion sur les hernies des «nneies de
l'utérus, en signalant un Tait qui lui avait montra le paiiU
Ion (Je la trompe de Fallope à côté d'une anse inle»lioale
dans l'anneau inguinal; l'ovaire n'élait pas compris dans
la tumeur. Ce fut César Verdier, 1c (ollaboraleur de
J.-L. Petit, qui, plus de quatre-vingts ans aprè» Is coin-
munication de Bessitre, tit connaître (2) un fait analogue à
celui de Soriinus d'Éphëse, et enlin, ilaller (3), en 1755,
en donna une nouvelle observation, qui fut la troifièaie
inscrite dans la science.
A partir de cette époque, tes exemples de hernie
ovarienne deviennent plus nombreux. En 1757. Per-
cival Pott (6) décrit une liernie inguinale des dent
ovaires, dont je parlerai tout à l'heure; Camper (5),
Balin (6), Uesault(7), Lallement (8), Ussus[9). Everurf
(I) Hfcherchrt »ur Ut AcniiM dr 1 iituirr. Paris, <8t3,
(i) D'titriation Dur I«i htmie» dt la ««lif. tasérée dau Iw Mé*
moireê dt l'Académie royale de chirurgie, I. Il, p. 3
(3) Diiputal. ehinirg lelect . I. Itl, p. 313
(i) OPucm ehirurv'nilf*. t. 1. p. iU3.
(H) Demoiulrat. anatom -jialholog., lib l[; CVrca pafi^ feMMW
fabncam el marlmt. AmMerditm. in-fol.. 4760. p. 17.
(6) Arl du guérir let hfrnin. Pari», 1768.
(7} DeMult el CLoparl, TraiU- lU» maladie» chirurgiealM. Ptnt,
1779. l il. p. 3ÎS.
(8) Mtmoire* de la SnciéU tnédicalr d'^mulalioa, l III, p. 311.
(gj Patholofi4 eUrurgitalt. PariB, 180», t. II. p. 101.
ALTÉRATIONS DE POSITION DES OVAIRES. 717
Home (1), Murât (2), P.-L. Verdier (3), etc., rencontrent
l'ovaire soit dans le canal inguinal, soit à l'anneau crural,
soit à l'ouverture ischiatique, soit à une solution de conti-
nuité faite accidentellement aux parois de Tabdomen'; toutes
sont méconnues dans le diagnostic et constatées seulement
sur le cadavre ou après une opération qui met ces orgaues
à nu.
Sous ce dernier rapport et au point de vue spécial qui
nous occupe, aucune des neuf observations de hernie de
l'ovaire consignées dans la science, n'a une valeur égale à
celle du fait rapporté dans l'ouvrage de Percival Pott.
Qu'on me permette de reproduire cette observation in-
structive, la seule qui nous intéresse réellement : «Une Glle,
dit le chirurgien anglais, Agée de vingt*trois ans, et d'une
bonne constitution , entra à l'hdpital de Saint-Barthelemy
pour deux tumeurs qui , situées aux aines , lui causaient
depuis plusieurs mois des douleurs si vives, qu'elle ne pou-
vait «e livrer à ses occupations ordinaires.
» Cette Glle, vigoureuse, d'une bonne santé et bien réglée,
avait le ventre libre et n'éprouvait d'autre incommodité que
celle qui résultait de la compression des tumeurs lorsqu'elle
se baissait, ou que, par d'autres mouvements, elles se trou-
vaient gênées. D'ailleurs, elles étaient sans inflammation,
molles, inégales à leur surface, très mobiles et placées à
l'extérieur des oriBces tendineux des muscles tosto- abdo-
minaux.
» Les saignées, les purgatifs et les tentatives de réduction
(4J Introduction à la pratique den accouchements, par Thomas Den-
man. Gand, 4 802, 1. 1. p. 4 47.
(2) Dictionn, des scienc, médical. ^ art. Oviirb, t. XXXIX, p. 35.
(3) Traité pratique des hernies, déplacements et maladies de la ma-
trice, Paris, 4840.
718 TROOkLIW DR LOVDLATIOn.
Toiles [lar plusiours cliirurgien* ajnnl élé wns elTcl, on w
détermina à l'op^ralio». Ln peau étant d»i*<^, on décoiH
vril un sac membrarieuii el minre, dans lequel on troui* ua
corps si rct!<iernt>lBiil h un ovaire qu'il éiuit im|>oisible de le
prendre [lOiir nuire iliose; on fit la Itgnlurc pr*« lie Tm-
ni-ou i.'t on le ro piVotion fui pr^tiquie de
l'iiutrc côté et l'on ilécouvrit ab-oluim-nt la nn^me iho»e.
tant en opérant i|u e>
» D> puis lors, U f
ses sein» s' uITu insèrent.
place de l'emboiipoinliiui
minance virile du >jol
Sialgré tout le r
Poil, je ne puis ne pus r
n>il lis parliez etlirpî-ea.
d'une bonne «inl é ; raaii
ne vinrrnl plus, cl 1 la
I la. ili>'élnblit une prétlo*
luire {1}.«
n inspire le nom de Percital
rirr lie lo l^nf-relé aier la-
quelle le grand chirurgien lit l'ublation des deui otaires,
alors qu'il était possible de les faire rentrer dans l'abdo-
men, comme 7 parvint Lassus. par une compression pro-
longée. Il faut admcllre, pour Ibonui'ur de l'opéraleur
anglais, que les ovaires élaienl alleints de (juelque dégéné-
rescence, et qu'il eùl été' imprudent et maludroil en même
lemps de les replacer dans une pu^ilio^ qui les soustrait i
l'action de nos niojcns curateurs ; niiiis dans ce cas, il le
faut au moins reconnaître, le chirurgien devait justifier el
légitimer aui yeui de son lecteur une d^'lermination aussi
grave.
Des neuf observations de hernie otarienne que nous
possédons, trois scuiement se rapportent au déplacement
simultané des deui otaires : celle de Percivul IVlt, que
l'unvienl de lir<>; celle de Uesiiult, qui trouva dans lenièoie
sac la matrice, les deui Ironipes el les dcut ovaires ; enfin,
[i) Loc. eu.
ALTÉRATIONS DE POSITION DBS OVAIRES. 719
celle de Murat, qui rencootra dans une hernie crurale,
l'utérus, ses appendices et une partie du vagin.
S'il en fallait croire Portai, on devrait ajouter une qua-
trième observation de hernie ovarienne double aui trois
que je viens de rappeler, et d*autant plus remarquable, que
l'ovaire droit sortait par Téchdncrure ischiatique, et que le
gàiiche, rempli d'hydatides, faisait partie d'une épiplom-
jphalé. C'est à Camper que Portai (1) prête celte observa-
tion recueillie, dit-il, sur le cadavre. Deneux a vainement
cherché dans l'ouvrage de Tanatomiste hollandais à justi-
fier l'assertion du médecin français; je n'ai pas été plus
heureux que Deneux. Camper parle bien de la sortie de
l'ovaire gauche par l'ouverture ischiatique, mais il se tait
absolument siir lé passage de l'ôvairë droit par l'ombilic.
Évidemment, Portai a commis une erreur de citation, et
nous restoifis seulement avec nos trois faits bien authen-
tiques, bien avérés de hernie double de l'ovaire.
Le déplacement que j'exâfnine ici parait n'exercer au-
cune modification sur la vitalité des ovaires. La femme
opérée par Peircival Pott avait continué à être bien réglée,
malgré la présence de ses deux tumeurs inguinales; et la
turgescence dont ces organes sont le siège aux époques
menstruelles a été notée sûr les ovaires hernies par Mauri-
ceau, Littre, Deneux, sur le cadavre, et par M. P. -L. Verdier
sur le vivant.
Ce n'est donc pas en suspendant le travail physiologique
de l'ovaire que la hernie de celui-ci met obstacle à la fé-
condation.
La cause de cet obstacle est purement mécanique et se
trouve dans la rupture des rapports topographiques qui
(4) Cours à'anatomie médieaU. Paris, 4 804, t. Y, p. 556.
720 TBOUBLBS Dh l'ovtLATIOh,
uoissent l'ovaire et la lrom[ie. Dan<i le ras où tous lessp-
pendices de la malrine ^unt cuni|iri» dans le sor, il peal
arriver que la Ironifie s'applique encore sur l'ovaire et que
l'obstacle à In ft^condulion se trouve nlori) dan) la courbure
ou rétrariglemeni que In (rompe subit i l'anneau «t qoi
l'opposent au passage de 1
Ces eiplicalionsjon doi> n^ comprendre, !>on( purement
hypothi^tiqucs, et je me gt <. jà peut-61rc trop arrèti: i
une areclion dont la raru irlout avec les cooditivu
indispensables h la producl.u.. ue la sti^rililé, c'esl-i-Jire
la bernie double des ovaires, me commandait plui de ré-
serve et plus de brièveté.
Ij \'. — Carpa élraacrai air* o*«lrv«.
Je n'entreprendrai point ici l'énumération fastidieuse Je
toutes les productions qui ont été rencontrées dans les
ovaires, parce que l'inDuence qu'elles exercent sur la fa-
culté génératrice est identiquement la même que celle des
lésions pbysiques étudiées plus haut. L'histoire de ces
productions, presque toujours enfermées dans un kjste,
rentre pour nous dans l'histoire des kystes de l'ovaire, et,
d'une manière plus générale, dans l'histoire aotigéaésiqoe
des lésions physiques de ces organes. C'est donc su $ U de
ce chapitre que je dois renvoyer le lecteur.
II. TXODBtES OK Lk FO.fCTlON TUBAIRE.
8i l'on rédéchit au r41e important que la (rompe utérine
joue dans le mécanisme de la génération, et it l'étroitesse
du canal qui la constitue, et par lequel passe l'ovule pour
aller subir l'imprégnation du sperme, on comprendra de
TROUBLES DB LA FONCTION TUBAIRB. 721
quelle voleur doivent être, nu point de vue où nous sommes
placée les moindres allérations de cet organe. Ct'pendant,
ainsi qae je l'ai déjà fait remarquer pour les testicules et
les ovaires, les chances TAcheuses que créent de semblables
conditions anatomiques et pathologiques sont diminuées de
moitié par le fait seul de la duplicité de Tapparcil. De plus,
leur position dans les profondeurs de la cavité abdominale
met les trompes à l'abri des violences extérieures, tout en les
exposant, il est vrai, par la mobilité dont elles doivent jouir
pour remplir leurs fonctions, à des déplacements dont
on a déjà pu se faire une idée par cequej^ai rapporté
plus haut.
Cette mobilité est surtout manifeste au pavillon des-
tiné, comme on sait, à venir s'appliquer sur Tovaire pour
recueillir Tovule que celui-ci laisse échapper.
Quelle est la nature de cette union de la trompe et
de l'ovaire? Y a-t-il simplement juxtaposition? ou se
fait-il entre eux un lien de formation nouvelle, destiné
à assurer les rapports passagers de l'un et de l'autre or-
gane?
Chez certains animaux, la loutre, le putois, le pho-
que, etc., ces deux parties sont unies entre elles au moyen
d'une espèce de capsule fournie par le péritoine, close de
toutes parts, et dans laquelle sont renfermés Tovaire et l'ex-
trémité de la trompe. La même disposition a été signalée
chez les carnivores par Rudolph Wagner (1), et chez plu-
sieurs autres animaux par Von Baër (2) ; eiiGn, dans la race
canine, cette capsule n'est pas close de toutes parts, mais
(4) Lehrbuch der vergleichenden Analomie. Leipsick, 1827, p. 353.
(2) De ovi mammo/ttim et hominis geneii ; episiola ad Acad, (kn,
Petropolitanam, Leipsick, 4837, p. 72.
46
■ II.'
nlih
de rien -;ii>ir (|iii ro-ciiiIiMl
formation, qiiori(l,L'n 18/|3,
publia, en Allem.-igiie, un n
ea 8'a|>|iuyanl sur ui.e ol
Irompc et de l'ovaire ne se
eani(]ué, ma» qu'elle t'o|icn
gani(]<ie, comme clici hs oui
MalheureuKCin: lit, tli:» ob*
docteur Pnnck n'onl pas ilù I
que les occAfiioiis île srnib'a
ramaenl, i>oit que le fuit itulé
«it élé une eicC|ilioii, |iPut-<
tbologique.
Auwi. ne m'arrêtera i-je p
j'ai dA cependanl consigner i'
de te Taire pour tous les fait
)]Di s'adressaient à l'appareil
Je reviens i la palholugie
La situattoo des trompes i
LÉSIONS PHYSIQUES DES TROMPES UTÉRINES. 725
intimes qu'elles entretiennent uvec le péritoine, Tutérus et
les ovaires, constituent des obstacles presque insurmon-
tables au diogoostic de leurs maladies : leur position les
soustrait h nos moyens directs d'investigation ; et leurs rap-
ports de voisinage mÊJenl , dans une symptomatologie
commune, les signes de leurs lésions avec ceux des aiïections
péritonéales, utérines du ovariennes.
Cependant, je ne veux pas dire d'une manière absolue
que les trompes ne puissent pas être malades essentielle-
ment: mais, qu'elles le soient seules ou consécuti\emeni à
l'aiïection d'un organe voisin, le diagnostic de leurs lésions
est entouré de tant de mystères et leur traitement de tant
de difficultés, que leur histoire se réduit, pour ainsi dire, à
qvelques faits d'anatomie pathologique.
Je ne rappellerai ici que les plus importants.
g I. — ¥lces de confomuiUoii des tromjpe» utérines.
Baillie est peut-être le seul auteur qui ait noté une àno-
inaliëdé ces organes (1); elle cdrisistait dans l'absence du
corps frangé et dans Toblitération de leur extrémité supé*
rieure qui se terminait en cul-de-sac. Cette conformation
existant sur les deux trompes & la fois, était fatalement une
cause de stérilité par l'impossibilité de la jonction dujiroduit
mflle et du produit femelle, sans parler de la rupture des
rapports nécessaires entre la trompe et l'ovaire, amenée par
Tabsencedu corps frangé.
S U. — IiésiMie physiques des tronlpes ntérlaeé.
Rupture de la trompe utérine. — En dehors des gros-
(4) Mnatêmie pathologique des orfonei U$ plu$ importants eu borpi
traduit de raoglais par Guerbois, 4S45, p. 234.
72& TROUBLBS DS LOVCUTrOM.
gesses tubaires, ]inr l'arlion ilesquolk;
bien que le» Irompes ne- crèvent, on sast ilemindé si OM
rujtture se puuvoit |>n)(lutre sur ces organes. La Kienos
n'en possède qu'un eieni|>le dA h Oodelle (i), et dont rm-
lérèt cul tout entier dans des djttils d'aniitoniie path^
logique.
Obtitéralion des Ulope. — L'oblili^raliu
comptëtc ou inrom ulTisfiiite re|iendanl pour
inlerrp|]ler te |ias« est, ée toutes ie« aiïec-
tiong de» lr<>m|ies i ]ui i éti le plis conwMlyj
liément observée sui J
C'est (]ue des cai et de nature fort dîiKreoia
peuvent amener c ne pour r^pidiiljnie, l'»-
Hammiition est soi de d/'fiarl d'une matiire
plasli<{uo i)ui réunit l'une à i'niitre les |inrois du cjiriI;
tantôt c'est à un détritus cancéreux ou tuberculeux qu'il
Tout attribuer l'obstacle ; lanldt c'est le produit d'noe groa-
sesse tubaire qui est la cause de l'obliléralion ; quelquefim
même celle-ci est simplemeot due k la présence de maco'
silés.
La science possède des eiemples de chacun de ces genrei
d'obstruction , et il me serait facile d'en faire passer ni
certain nombre sous les yeux de mes lecteurs. Mais quel
enseignement pratique retirerions-nous de celle eihibitioa
annlomo-pathologiqiie? Tout le monde comprend, sans qoe
j'v insiste davantage, l'influence néfaste qu'exerce fatalement
sur In génération l'oblitération des deux trompes utérines,
et l'histoire des faits nécroscopiques ne nous appreod mal-
heureusement pas grand'chose sur la symptomalologie de
cette alfei'lioM.
Comme je le faisais remarquer plus haut, les i
(I ) NouotlU UblMlUfH* MMieab. 1. 1, p. S61 .
LÉSIONS PHYSIQCES DES TROMPES UTÉRINES. 725
des organes voisins avec lesquels les trompes ont des rela-
tions pathologiques si étroites, que beaucoup d'auteurs nient
qu'elles puissent être aiïectées d'une manière essentielle!
les maladies des organes voisins, dis-je, masquent les signes
propres aux lésions tubaires, et ce n'est que par une espèce
d'intuition que celles-ci peuvent être soupçonnées sur le
vivant.
Cependant un chirurgien anglais, M.TylerSmith, s*ap*
payant sur la méthode d'exclusion, croit être parvenu, sinon
h diagnostiquer certainement l'oblitération des trompes, du
moins à acquérir certaines présomptions relativement à son
existence; fort de cette espèce d'instinct secondé par l'ex-
périence, il est allé même plus loin, et a eu la prétention,
bien souvent conçue avant lui, de pratiquer le cathété-
risme, et par conséquent la désobstruction des trompes de
Fallope.
Je comprends que l'on puisse arriver, dans certains cas
éclairés par des renseignements de toutes sortes, à diagnos-
tiquer d'une manière plus ou moins certaine l'oblitération
des trompes; maisvouloirsur le vivant introduire une sonde
dans ces mêmes trompes, la prétention me parait exagérée,
et si l'entreprise réussit, je crois qu'il en faut rapporter tout
l'honneur au hasard.
Quoi ! sur le cadavre et l'utérus étant ouvert, on ne par-
vient pas sans peine h faire entrer un corps étranger dans
les trompes, et Ton veut que, sur le vivant, cette opération
aoit possible autrement que par Teffet du hasard, au milieu
des variations de forme, de longueur et de position de la
matrice, si difficilement appréciables pendant la vie, et dont
la détermination me semble pourtant nécessaire pour arriver
exactement à l'ouverture supérieure des trompes.
Je m'abuse peut-être sur les difficultés de j'opératioo.
5
I
4
7M l'ROETBUt DR l'OVCLITIM.
car M. T\|pr Smilh a fuit construire de« Kondea ■vm Ii
quelles, assure-l-il, il e»t noii-«eulemenl jxinenu ju«|u'aui
trompes, mais cncorL' il a iI^barroM^ tes organe* de» nw-
lières i|iii les nbslrunient, Pt a rendu ainsi la féceodil44 ■
des rcmmeti qui en ^lait^nl iiriv^s.
J'oieKsu}é»ur le desdactiirargienanf^iis, '
et je n'iii jnmais pu iler Iji Uont|>e ; qurlqiMl
personHL'i qui élaii nt pan été plut heurvusn,
el il m'a semblé qi étaient non-seulement du
au dî-Tunl d'Iiobituti. '!;, muis encore et turlnat
.fut ilinirult^ti firesu ibic» de ro{i<^ralion.
J'innoresi M, >li4 un bon ouvrage mfm
•ii)Ct (1), conlinii ' pralïque^r ttce nicrè* la
cutliélfrismi' des trompi-s dp roilo[ip, mai* je »«» fju'mi
Frunce personne ne s'est Fail le champion d'une pr*<iqM
dont l'eiipériciice a dcjmis longtemps montré l'inaBité «t
les dangers.
Celte l'onclusion est d'autant moins consolante que l'art
est rompli5tcment désarmé contre de semblables aflerltoM,
et qu'il nous fuut remettre à la nature le soin eiclaaifd'nM
guérisoD devenant, par cela même, pluiqueproblémaliqst.
S ni. ~ L«alaBB TllalcB de* tr»mpmm mttrtmm-
Sur ce sujet rien n'existe dons la science ; nais H s'est
pas déraisonnable d'admettre que, dans certains cas, lei
trompes, noiitme atteintes de paralj'sie, ne se portent ptv
sur les ovaireii, et que, dans d'autre) eirconstancet, ■■
contraire, elles sont |>rises de mouvements ^HnediqB«a
qui rendent impossible leur jonction avec ces orgaaei.
Je n'émets ici qu'une opinion hypothétique; ces affiee-
( I ) Parlurilim and llu priiwipln and praetice of obêUlrit*. Loadraa,
MpUCBUBNT DE8 TROMPES UT^.RINB8. 737
lions qui portent exclusivement sur la motiljlé et la sensi-
bilité des oviducteSy ne laissent aucune trace sur le cadavre,
et ressemblent, si elles existent, aux autres lésions des
trompes qui confondent leurs symptômes avfic ceux des
maladies des organes voisins.
Je ne m'arrêterai donc pas davantage sur des idées pure-
ment spéculatives, qui n'ont même pas encore un premier
fait pour assurer leur probabilité.
S ÏÏV* — Déplaeement des Irompes otérlne».
En parlant de la hernie des ovaires, j'-ai indiqué l'obser-
vation de Bessière, dans laquelle le pa\illon seul de la
troippe fut trouvé à côté d'une anse d'épiploon, et celles d^
Desault et de Murât, dans lesquelles l'ulérus et ses annc:|fes
occupaient le sac.
Je ne reviendrai pas sur ces divers faits, et je rappellerai
que M. Dolbeau a présenté, en 185/i, à la Société analo-
mique une observation analogue a celle de Bessière, et que
le secrétaire de celte société, M. Baucbet, a résumé de la
manière suivante : « Une malade était entrée, dit-il, dans
le service de M. Velpeau, avec une tumeur rou<;e Qucluante
dans le pli de l'aine, au niveau du canal inguinal, tumeur
pariaitcment irréductible et qui fut incisée. 1| s'écoula du
pus ; puis, deux jours après, survint une péritonite qui en-
leva promptcment la malade. On trouva h l'autopsie cette
poche purulente qgi s^était formée danf un s^c herniaire ;
dans ce sac, la trompe qui portait elle-même un kyste de
000 pavillon. A l'ouverture intra-abdomipaJe du ^an») in-
guinal se trouvait! 'ovaire qui ne s'était pas hernie (1). »
Les considérations que j'ai présentées plus haut fur les
(I) MùniUur de§ hôpitaux, 4** mai 4 865.
liaiicnt etie* '
728 TROUBLES DB LA RfiCEPTIOH tPtIlKATIQVK.
dé|)laci'incnlit el les hernies des otairvi, s'appliquent etie-
tement aux déjilacemeiitt el am hernies <l<d iromjieï, «M nu
dispensent, par coiiséqueiil, do m'étendrc daiBOlat;p lur
des afferliunit dunt l'anatumie pathologique relire à pM
près seule tous les enseignements.
IHOUBLBS I }H SPEIlllAIIQtB.
i
Je n'ciamint'i itre que les afTertinnu du
eolde l'utérus. P< jusqu'au bfiut, je devrais
aussi piis^er en revu. )rps de cet or::nni!!, rar le
sperme ne fait que traverser le col et est réellemeot reçn
dans la cavité de la matrice.
Mais outre que, dans cet acte de réception, le rAle le
plus dlITicile est dévolu sa col, le corps de l'utérus aecon-
plit plusieurs autres missions sur lesquelles je dois n'arrêter
plus loin, de telle sorte que je crois préférnble, et pour te
lecteur et pour moi, de réserver pour un seul cadre, qn
sera le chapitre suivant, toutes les ofTeL-tioDs du corps et da
fond de la matrice, et de n'admettre dans celui-ci que lei
lésions seules du col.
S I. — Vteca *« «•■rariMMUa 4n c*l de Tmtéw^
Absence du eolde l'utérus. — Atrophie. — Ce vice de
conformution se présente, ou avec l'absence du corps de la
matrice, ou avec la parfaile intégrité de ce dernier.
Dans le premier cas, la Técondation est de tous poiot*
impossible et l'intervention de l'art compléteneot ioBlile.
VICES DE CONFOnMATION DU COL DE L (ITÉHUS. 729
Dans le .second cas, rini|)régnalion du germe n'est pas
.radicalement irréolissble.
Mais d'abord l'absence complète du col est-elle compa-
tible avec l'intégrité du corps de l'utérus? Divers auteurs
en citent des exemples; mais quand on les lit avec quelque
^ attention, on se prend à douter de la réalité des résultats
^'ils annoncent. Je parle ici de l'abeieiice congénitale du
col, car il est bien évident, ainsi qui? je le dirai tout k
l'heure, que cet organe s'atrophie quelquefois d'une ma-
nière morbide et dispnrait souvent par l'cITet de l'âge. Sans
doute, le col de l'utérus peut ne pas avoir les dimensions
I^u'il [irésenle d'ordinaire, quoiqu'il soit presque impossible
lie rien déterminer à cet égard h cause des nombreuses
variations individuelles qu'oiïre cet organe; mais il y a loin
(Cependant d'uu volume moindre à une absence complète.
On comprend dilïi('ilement, en effet, comment un arrêt de
développement pourrait frapper cette partie de l'organe
geslateur tout en respectant le reste de l'appareil géné-
rateur; aussi, je n'hésite pas h admettre que, dans les
kl»s cités comme absence complète du col de la matrice
■ avec développement normal du corps , on avait affaire h
DO déplacement de l'organe, à une forte déviation en
arrière.
Mais si l'absence du col me parait difficilement admis-
Inble, à l'état congénital, dans les conditions queje spécifie,
elle est inconteslable dans certaines circonstances morbides
et surtout après l'âge critique.
Il y a alors atro|ihie du col.
Mais cette atrophie, quand elle est un peu considérable,
marche rarement i-eule jelles'accompagne presque toujours
d'une diminution notable dans le volume de la matrice,
ainsi qu'il arrive chei les vieilles femmeg, et alors la stérilité ^J
a sa sonrce bien mnins dans les altérations du f^t qu« iliD*
les fhungemenis subis jiur l'uti^nis tout eulicr.
Cependant ratrD|)biQ du col peut (trc indépMHiinlc
d'une altération île l'orgotic geslalcur, et alura il »'ogit it
savqir si cetti; atrophie seule est capable d'empècfacr 1|
réconilation Je la femme.
Il €»l bien entendu que j'iidmeU la libre communicatiM
entre le vagin (;t lu cavité uti^riiie, car dans Ica cat^ de no^
commun icatioa la stérilité e^t inili^cutnbl«-
Le col de l'utérui, pour ri-m|ilir l'arlc de rècefilifio de
la liqueur Kpermn tique, n dcui rooien», si je puis ainii
dire^qu'il troute, l'tiit dans sa Icituri' {irnpre > t l'autri
dons sp forme : eu é{;ard k sa tcilure, il est coiislitué par
des fibres mu^rulaircsi'onreulriqiies. qui, en «e dilaliinl el
en (if corilrnrtiirit lour h tour, utTr!.-»! aci >|)rriiif un oiii:*
et une progression plus fi^rfîes ; par rupjtort 0 sa form
allongée e( au museau de tanche qui resseii)b|e si fort ^^
glanu de la verge, il va ati-devant du péni) pi forme
avec lui un cantil toulinu qui perpiet au sperme de p^ssef,
sons se perdre, de l'organe de l'homme dan» ce|i)j de 1|
femme.
Ces deux moyens sont-ils indispensables & la fécoo^ilioi),
et le sperme ne peut-il pas, en leur absence, péiféUfr
dans l'utérus?
^ï est toute la question.
Quand j<- col de l'utérus a ses proportions normale»,
l'organe mâle ot l'organe femelle s'abouchent, pour ainsi
dire, de telle façon qu'il est presque impossible au sperme de
s'égarer et de «e perdre ^ mais qqand te col est atropb>^t o»
seulement quand il p'a pas sa longueur ordinafre, ou quai^
le membre viril est lui-même d'une difpension trop court*,
l'orgape mâle el l'or|p)np Feqielle sûdI séparés p#r uo '*otfi-
Tien DK eoneKVATioii m col m L'siteos. TSl
valle assex grand pour permettre an sperme, turtoift si
l'éjaciilalion n'est pas très énergique, d'abandonner ta
direction que lui imprime l'urètre. — Dana ces cas, la ti-
condation peut très bien ne pas se produire.
Mais si l'espace qui, dans ces circonstances, sépare l'or-
gane mAle de l'or^one femelle, vient à être comblé, soit par
nn abaissement de l'utérus, koiI par une longueur plus con-
sidérable de ta verge, les conditions physiologiques du poU
fécondant sont rétablies, et l'introduction du sperfae dai(s la
matrice est rendue plus fiicile.
J'insiste sur ces considérations parce que, sons aller juB*
qu'è l'atrophie complète, le i!ol de l'utérus a quelquefois
des proportions a^seI exiguës pour amener les résultats que
je signale, surtout quand ce dcfaut de volume n'est pu
compensé, dans te coït, pnr une longueur de la verge pluf
grande qu'i l'ordinaire. Ces circontlances sont quclquefais
une cause de stérilité relative à laquelle le médecin ne
prend souvent pas garde, et qui, j'en suis convaincu, ont
dâ être confondues, en maintes occosions, avec ces prédis-
positions morales ou physiques, désignées sous le nom
d'harmonie d'amour, et dont j'ai précédemment moniri
l'inanité de Tinlluence. — C'est un chapitre de plus à ajonter
k l'histoire de la stérilité relative.
Comme on le voit, l'eiamen de Torgaoe roAle et celui
de l'organe femelle sont ici nécessaires pour établir un dia-
gnostic certain; avec ces deux éléments, il est presque
impossible de méconnaître le genre de stérilité auquel on
a affaire.
Malheureusement, eatte eonaaiisaBce n'eat pas d'us
grand secours pour la thérapeutique, r^r la médecine ne
doit jamais prescrire ce que défendent la loi, la morale et II
religion. Il n'en senït pas Af vA«e W ]» wMlMV» il>it
t'oit élre consiiliTi'e. tlnii.s ,
enliùrenieiit iiij-(Ie>sti< des r.
Ilyperlropliie du ml de I
ici que de railoiiecmeiil ,
prodoJMnl en dehors de loi
gène. Celle augmentation d
h lolalM do col et Unt«l ,
■Dieiu de tanche. Dugèi et
•tenpiea de l'un et de Taot
porte (2) une obser?alion qui
qoe cet allongement peut atb
"itale que ton In auteurs ne
Une semblable dilTormili ci
•Unces, enpéeher la récondatii
h-eol nlérin, poussé par la t
•oit « nail, soit en arrière,
l'oorerture du museau de tan<
>«bre riril, de telle sorte q
*iis le eol-de- sae du vagin.
A cet drcoastances puremen
racomatlre la possibilité, Lisfr
«««'ilité dans le cas qui nous o.
VIGI8 Dl CONrORMATlON DU COL DB l'oTÉRUS. 733
qui est en bas, dit-il, oiïre à peine le diamètre de 2 milli-
mètres 1/2 environ (une ligne) ; il est percé à son centre
d'une petite ouverture qu'on dirait avoir été pratiquée avec
une vrille très fine; toujours, jusqu'aujourd'hui, j*ai observé
que l'extrémité inférieurede la matrice gagnait en longueur
ce qu'elle perdait en largeur. La disposition sur laquelle
j'insiste, et que j'ai le premier indiquée, rend la conception
très difficile et même ordinairement impossible. Sur le très
grand nombre de personnes que j'ai touchées, ou que j'ai
examinées avec le spéculum, j'ai reconnu que la forme da
col utérin dont je m'occupe rendait les femmes stériles dix-
neuf fois sur vingt, et j'ai toujours appris, en les interro-
geant, que celles qui avaient été assez heureuses pour
devenir enceintes n'avaient fait ordinairement qu'un enfant
et très rarement deux. J'écris ce que j'ai observé, et je ne
soutiens point que les faits ne puissent pas oflrir des ex-
ceptions (1). x>
Il est difficile de comprendre, à moins de recourir è l'ex-
plication mécanique que j'ai fait connaître tout è l'heure,
comment la forme conique du col ne peut permettre qu'une
ou tout au plus deux fécondations. Si cette forme est un
obstacle au passage du sperme dans le col de l'utérus, cet
obstacle doit exister tant que la forme conique elle-même
n'a pas été modifiée.
Je crains bien que Lisfranc n^ait pris ici l'elTet pour la
cause: il est inconteslable que dans l'allongement considé-
rable du col de la matrice, le sommet de ce col gagne en
longueur ce qu'il perd en largeur, et ne présente plus qu'une
ouverture excessivement étroite ; or , l'étroitesse plus
grande de cet orifice le dispose fatalement à une occlusion
(4) Clinique chirurgicale de Vhôfital de la Pitié, t. Il, p. 439.
?ftà
plus Tacilej et l'*n comprend «Ion b W^—ee étiuiàm
Hté ri'nne part, et é9 l'autre le petil neâfcra ii peiiHll
qde «HDpteat les feminei efledées d'ase aMailie ffr
rei)le<
Peitr obvier è cet incviiTiniBiit^ LirfrMe pirepdMf'jIMp»
tslion dii col «le CelArei^ et il cite nèaia iém cm ateeHi
tpiretlon ftK preti<)aée evec iMcèi, r>te ptr lui* M II
Kconde par un Htre idMeeio qu'il ne neamepeti *L'«f4
ration dont je vieni d'entretenir le ledeart 4it-il •■ l—î
ihant, entreral-elle dans le domaiiie èa h lAderfae *fi^
ntoirt ? Je latue k f etpérienea le tein de ééeiddr ciM
grande qoAtliont >
L'eipérienn, grâce ft la pra^eate r^Mrte det aMetiMb
n'a pu pronorieer sor un problème dont la leUtieB Ml
àé\h donnée par la raison. Esl-it nére^saire, en eflet, de
pratiquer rei(ir|ialion du col quand il suflit dans la Irêa
gronde tnajurilt^ des cas, ilonscciiTi surloiit dont parle Lit-
franc, de dilaler l'ouvi-rture uléro-vagrnale Irop étroite, ou
tout au moiiiit de la délia rrusser des miicogiléit, dea bridi-a ou
des adh^ienccR qui m obstruent la ratilé';' Celle amiile
manieuirc, laiildt de dilalalion et tanlAt de dé^ob»trul-lioa,
amène le^ mêmes ré^iullats que l'amputalioii , et n'eipoie
pa!i Ih femmes aux graves dangers qui, néceMuireiMBl ,
accompagnent une geuibluble upéralioii.
L'eitirpalion du roi serait cerlaineroenl plu» logiqee »i
elle se proposait de prévenir reiitrecroisemeni du col
utérin et de la verge; maïs quoud ou soiifieque l'aerroiiise-
ment du col de l'utérus nlteinl rareini-ul lit longueur du
vagin; que même, dan^ re i-us etliénie, U cunceplion
peut encore avoir lieu, comme le ilémunlre uue obter-
(ulioi) (te M. Dupurcque ; et qu'eiilin, il e>t possible à
l'homme de parère cet ioeouvénieut eu n'introduisant «len
VlCii DE CONPORUATlOlf DU COL DK L^OTÊRUS. 735
la cavité vaginale que la moitié et même le tiers de la
verge, on recule devant une opération si pleine de périls
pour la vie de la malade, et dont les résultats peuvent être
obtenus à des conditions moins onéreuses et pour la femme
el pour le chirurgien.
J'estime donc que l'extirpation du col utérin doit être
proscrite dans les circonstances dont il est ici question, et
que la stérilité résultant de rallongement trop considérable
du col de la matrice ^era combattue, tantôt parla dilatation
de l'ouverture utéro-vaginale, surtout quand le museau de
tanche présentera la Forme cohiquc signalée par Lisfranc,
el tantôt par la position que le mari devra prendre pendant
le toit, et par une moindre introduction du membre viril
dans la cavité vaginale.
J'aurai l'occasion de revenir tout à l'heure sur chacun de
ces détail!), quand je parlerai de l'étroitesse et de l'occlusion
de l'erilicfi inférieur de l'utérus et des déplacements divers
de l'organe gcstateur.
Obliléfntion de l* ouverture utéro-vaginale. — L'oblité-
ration congénitale du col utérin, la seule qui m'occupe ici,
peat, eu égard à son siège, se trouver, ou à l'ouverture
taginale, ou sur un point, ou sur la totalité du parcours du
eanal; eu égard à son étendue, l'oblitération peut être
complète ou incomplète.
Arrêtons-nous d'abord au siège de Toblitération.
A l'orilice externe, l'oblitération est souvent constituée
|iar la muqueuse vaginale qui tapisse sans interruption tout
le museau de tanche; il est facile de constater la nature de
raccluèion, soit par le toucher vaginal, soit par Texamen
de Torganeii l'époque menstruelle. Par le toucher vaginal,
lé doigt Délit, àù milieu du museau de lancht*, une légère
dépresstoti , qui n'eèt autre chose que l'oUvertUrê uté-
736 noDBLU M u Màawnm mmimmumi- •
rine ; sa fonnc , ion étandna tt n (:oiiliM ■• lifanM
•ucQO dou(e lur h nitura ; de plu, nn dpoqMi am^
traellei, cette diiposition duptnti et Mt r—plicéi fÊtm»
émineDce due k la preuioa qoe It uo§ aocanalft 4m
l'utérua eterce sur cette partie noa edUnalt à» h ■»
queuK vaginale.
Il Mt bien évideat qae je bit id ibatradioi im MoJnli
^e peut déleminer et que détenniae en efleC ■owte<
obstacle h l'écoulepieat dei réglée. Cep—iMl il wriM
quelquefois que ta nature ae lalGt à elle mtmtB, nîlw
rendant moins abondant le Duïde catamteid, aait ca «|^
Tant lei forces de l'abiorptioo, de telle bçoe qM «ertMH
femmes peuvent presque impnnimeot porter l'aMaaSe
dont il s'agit ici.
Mais si leur santé générale eit quelquefois cnupatible
avec cet état, leur féconilité est fatalement compromise
jusqu'au jour où un libre passage sera ouvert au sperme;
heureusement, dans ru ras, celte condition est facilement
réolisabte, et le premier instrument venu, bislouri, tro-
cari ou ciseaux, est bon pour fendre la muqueuse vaginale
sur lu point correspondant i l'orifire citerne de l'utérus.
Je ne sais qui a projtosé de choisir l'époque menstruelle
pour cette opération, sous préleile que la tumeur sanguine,
alors opporeiite, la rend tout k la fois plus facile et plus
sûre. Je ne partage pas cet avis. Comme facilité, ta dépres-
sion que l'on sent bit-n distinctement au museau de tanche
dirige la main du chirurgien non moins sûrement qu'une
tumeur, et comme sûreté, il y a moins k craindre les ecd>
dents iiiOammaloiresi l'époque intermenstruel le que pen-
dant l'écoulement calaménial.
Quoiqu'il en soit, après l'incision de la muqueuse vagi>
nale , il est nécessaire d'cmpécber celle-ci de reUire
vir.es DE coïtponuATioN du col de l'vituvs. 7â7
L>^'oblitéralioii |jur railhi^rcnce des bords divisés, cl, à ccl
I cflet, on introduit et oei luifse en |ilace dnns le conduit ulù-
' rio, jusqu'à parruilc cicolrisiilion de la muigueuse, une
mècbe de char|jic, ou mieux encore, un pelil cilindre d'é-
ponge qui fait en mèrni! temps l'oriice de dilatnleur, alors,
bien entendu, que le canal est parr^ilement perméuble.
Car celte perméabilité est quelquefois abolie, c'est-
à-dire que le col de la matrice est plein, et que son centre
n'est pas traversé, comme dans l'élal normal, d'un con-
duit qui fait communiquer la cavité utérine avec la cavité
vaginale.
tj'ai observé deux fois ce vice de conformation ; dans
In deui cas les femmes qui le portaient étaient remarqua-
Mes par le peu de développement de l'aftpareil génital et
4es organes qui entretiennent avec lui des relations inli-
Ines. Ainsi chez une de ces fummes, âgée de vingt-trois ans,
Fntérus avait tout au plus le volume qu'il présente tl l'âge
dsdii anSj la vuhe, bien que des rapprochements umoureux
•Basent eu lieu, était étroite, et les lèvres à peine saillan-
tes; les poils du pubis, sans force, étaient clair-semés et ne
frisaient pas; enlin, les seins étaient d'une petitesse extrême,
et leurs mamelons ignoraient cet érûlliismc que produisent
les désirs vénériens, les attouchements de riiomnie et quel-
quefois la menstruation, [,'hémurrhagie menstruelle, néces-
sairement absente, semblait avoir pris une autre voie et
n'occasionnait même pas de congestions légères soit aux
poumons, suit au cerveau, soit à tout autre organe, ainsi
qu'il arrive souvent ilans les cas de ce genre.
En présence d'un tel état de choses, le chirurgien, s'ar-
mant du fer rouge ou du bislouri, doit-il creuser le cnnal
oublié par la nature? — Ëvidemme[it la vie de la malade
n'est pas compromise j il Taut simplement remédier à la
IT
iAmons okganiqdbs du col de l^dtébus. 789
inflainiDatoires qu'il fallut à tout prix combattre, on ne
pat entretenir Tou^erture artificielle qui avait é(é pratiquée,
«i que, lorsqu'on eut triomphé de la métro-péritonite, il
eAt été nécessaire de recommencer le percement du col, ce
qui, j'aime à le croire, ne vint même pas è la pensée de
l'opérateur.
Cependant, je ne proscris pas l'opération d'une manière
absolue ; mais j'estime que lorsqu'une décision aussi grave
est prise, la malade doit avoir quelques chances de recouvrer
une faculté pour laquelle elle expose son existence même.
Le chirurgien est donc tenu, pour l'honneur de sa pro-
fession et dans l'intérêt de sa malade, de s'assurer de l'in-
tégrité de tout l'appareil génital, et, s'il constate une autre
cause irrémédiable destérilité, de s'abstenir et de repousser
une opération tout è la fois dangereuse et inutile.
g II. — liésloiui organique» dn eol de l'ntéras.
Si l'on excepte quelques dégénérescences, qui même ne
•OBt pas toujours une cause de stérilité, puisqu'on a vu des
femmes portant un cancer au col de l'utérus être fécondées,
je ne sais aucune lésion organique qui , par elle-même ,
empêche le sperme d'arriver dans la matrice. Sans doute
beaucoup de ces affections, ainsi que je vais le dire, peu-
vent consécutivement créer des obstacles au passage du
fluide séminal ; mais il n'est, je le répète, aucune rougeur,
aucune érosion , aucune ulcération qui , par leur nature
seule, soient capables de s'opposer è la conception.
Mais il n'en est plus de même quand on les considère
dans les conséquences que quelques-unes d'entre elles peu-
vent entraîner, et aussi au point de vue du traitement
qu'elles réclament.
' fiooi ces rapports, les affections dont il s'agit n^aboutis-
B LESIONS OHGAMgties DU COL DE l'uTÊRUS. 7/11
tants <le grosseur et très souvent cle ilouleur à In pression,
que le simjile lourher vaginal suffît [iresque toujours pour
le faire reconnailrc.
_ Quand le rétrécissement ne siège «{ue sur un point du
m canal utérin, il est égnlemcnt uisé de le bons(:iler par le
I eathétérisme, mais il n'est pas aussi facile de déterminer
la nnlure du rélrénissetnenl. Sans doute, une mnin exercée
ponrre faire la part de ce ({ui revient ou au durcissement de
la muqueuse, ou ou bourrelet du tissu cellulaire sous-jacent,
ou à l'induration du (issu même du col ; mais pour la ma-
jorité des médecins, j'estime celte distinction très difficile;
fort lieureusement, elle n'a pas dans la pratique i'impor-
lance que l'on pourrait éire tenlé de lui attribuer, ainsi
qu'on le verra tout à l'heure par ce que je dirai du Iraito-
ment h leur opposer.
Le seul point réellement essentiel est de déterminer
l'état pnthologique du col, car lu thérapeutique â employer
sera toute diftérente, selon que celui-ci sera ou ne sera pas
t engorgé.
Je n'ai point à faire ici l'histoire de l'engorgement du
col utérin, que je dois considérer en lui-même, indépen-
damment des maladies, ulcérations, dégénérescences, etc.,
dont il n'est le plus souvent qu'un épiphénomène.
Presque toujours, quelle que soit la forme que revête l'en-
gorgement, et qui l'a fait appeler lanlût engorgement ron-
geslif, lantât engorgement dur, rniïeclion est produite par
un état phlcgmasiquc qui réclome ini)iérieuscment et eiclu-
sivemeiit l'emidoi des nntiplilogisliques. Je ne parle pas de
l'engorgement œdémateux ou œdèm..' du col utérin, qui
n*a ordinairement lii'u qu'à la suite des ruucliLs, et qui, selon
M. Duparcque, se dissipe toujours avec la fièvre de lait,
car une pareille arfeclion ne saurait entrer dans le cadre
Ihi TROtIM.KS DB LA ll6GKr>TI0|i| SPEIIIIATIQIIB.
d'un liviesiir Ia iiléniilé, Or, ni une phle^masîp Mt \e. (to
lie i)<^((arl de l'eiiftorfii^inent utérin, et conM^'iurmint-nl iti
ri^tri^cisKcinenl du roi de h matrice, il faut busn »e garder,
*uu!i préteite d'obvier è c« demîtir nccid«Pt, de recovrir k
de» mo^fliiH qui auniiont |irécis^in«*nl(iour résultat) d'ing-
léquenl, tout dilal«trar
in ne n'occupêre (|0c de
jntralner* celte du rHr^
i«nfl in ca« dfi r^tréinn»-
e( |iar suite mos phlef-
nrpii di1nl«iil« sont i)*uH
>cut-6lre eixrorf! pins de
tnenler l'état inflnmm
sera soigneusement proi
l'enfEurgcmeiit dont la diti
cisoemeiit.
Mai*i il n'en «si |irs
menLi partieU mm tnf^OT^vm
masie du col de l'ulérn*; ici les
inconteslnble utilité, el rendenl
services que dans Ips rétrériKscrarnbi du canal de l'iirèlrp.
La posilion mobile de l'utérus dans l'eicavation du baff>
lin, et la dirertion de son orilice vulvaire ne permettent pas
de laisser h demeure des rorps rigides et lourds, qni eape>
•eraienl la femme h des dan^rers réels, comme ne l'a qae
trop montré h discussion de l'Académie de méderine lur It
redresseur intra-utérin de M. Simpson et de M. Valleix {I ).
Mais si des sondes métalliques ne sauraient tire laîasées ee
place, on |ieut sans incon>énieDl pratiquer le ealhéléritiBe
avec des sondes dont le calibre ira en au|{aienlSDl. Le séjov
de la sonde dans la cavité du col aura une durée pfopor*
lionuelle aut eiïorts qu'il Tnudra faire pour surmonter tt
rétrécissement; cependant, en thèse générale, la sonda
peut être maintenue dans le canal utéro-vulvaire depiii cïm
minutes jusqu'à une demi-heure et même davanlafte.
Mais si les dilatateurs rigides ne doivent point être placé*
(t) Bitiiêtin itê fAetnUmù tU m^dteimi; Paris, iail«. t XlX,
LÉSIONS 0»GAKIV>UE$ PC GOL DE l'uTÉIU». 7/|â
à demeure dans la eavité du col de la matrice, on peut leur
substituer des substances qui, augmentant de voiunie sous
l'aetion de Thumidité « produisent une dilatation lente et
progressive, et presque toujours exempte d'accidents fà-
cheoi.
De toutes les substances dont on pourrait tirer parti ,
l'éponge me parait réunir les conditions les plus favorables:
disposée à prendre la forme que Ton désire, facile à intro-
daire dans la cavité utérine, assez légère pour être main-
tenue en place par les plis du vagin, et présentant à un
haut degré les propriétés bydrophiles , elle me semble
mériter, sous tous les rapports, la préférence sur les autres
corpa dilatants avec lesquels on a construit les diverses
espèces de bougies.
On taille dans un morceau d'épongé préparée un cylindre
dont le volume doit égaler le diamètre de l'ouverture uté-
rine^ et, après y avoir fixé un fil qui permette de le retirer,
en le place dans la canule d'un trocart que l'on introduit
dans la cavité du col de la matrice. Pendant qu'avec une
tige on pousse le cylindre d'épongé vers le bord supérieur
de la canule, on retire lentement celle-ci qui abandonne
dans le canal utérin le cylindre qu*elle y a porté.
. L'éponge peut rester plusieurs jours sans être retirée;
il m'est arrivé de la laisser dii et même douze jours sans
qu'elle déterminât le moindre accident; seulement la sécré-
tion muqueuse est considérablement augmentée, et Thy-
gièoe, bien plutôt que la crainte de quelque accident, fait
un devoir de remplacer le cylindre toutes les vingt-quatre
ou toutes les quarante-huit heures.
Il arrive quelquefois que la dilatation, quelque méthodi-
que et quelque bien faite qu'elle soit, est impuissante h faire
disparaître le tissu anormal qui constitue le rétrécissement,
et qu'il Tout, comme dans les rélrécis<'t>iiirnls du canal iu
l'iirèlre, recourir o la scarilicnliun cl à la raiil4ri»alion.
Ces di-uc o|i(^rarions éloiit égaleiiienl i)ùce»it^rs par la
présence de brides ou du Taiisses membranes d£ielo(i|tto
dans le ennui utérin, je renvoie leur eiumeii au paragraflw
i(ui va suivre, et qui s
productions anormal
Obstruction du cath
ulérii) )ieul être amenée
verses natures: tanlAt
de [tlusivurs calculs; larilO
semblables il des bi )n
d'une vi^rilnble végt
' en partie à l'élude de cet
-L'ufa»lniclion du cual
li-b circon^lancet de di-
! h la présence d'un un
lit h des granulations <|ui,
rniis, rcmplisseal le col
elle est occasionnée |>er
la formiilion de brides ou l'eisudalion de fausses membranes,
comme dans Tobservalion de métritc diplilbéritiqQe que je
rapporterai tout à l'heure; tanldt, enfin, et ce sont lei ces
les plus fréquents, elle reconnaît pour cause les mucosttéf
aécrélées par l'utérus, et dont l'abondance ou le darcisse-
ment créent, au passage du sperme, un obstacle souTeat
infranchissable.
On comprend de quelle Importance est, uu point de voe
du traitement, le diagnostic dilTércnticI de ces simple* rauMi
d'obstruction, car en agissant h l'u^eugle on s'etposerait
h aggraver le mal au lieu de le détruire.
L'inspection au spéculum et le rathétérisme utérin mbI
ici d'une absolue nécessité.
Si l'obotruction est occasionnée par des calculs, li «oode
en acrusira h présence por un bruit et par un choc bien
connus des chirurgiens; ni l'enrhaloniiement, ni la mobî>
lité, ni la multiplicité des concrétions pierreuses ne ren-
drent le diagnostic difficile et n'empicberont de recoa-
naître la nature de l'obstacle. Une bride on une cicatrici
LiSIONS ORGANIQUES DU COL DB l'uTÉIUS. 7&5
ficieuse, formées h une hauteur plus ou moins grande du
canal, peuvent seules être confondues avec un calcul ;
mais pour une main un peu exercée, cette confusion sera
aisément écartée par la sensation d'une résistance plus
ferme opposée par la pierre, et surtout par le bruit que
produit en arrivant sur elle le bout d'une sonde métallique.
Dans les cas de bride ou de cicatrice , l'obstacle semble
céder devant reiïort de la sonde, et ne donne pas le bruit
caractéristique des concrétions pierreuses.
Dans toutes les autres espèces d'obstruction , l'exameQ
au spéculum établit le diagnostic d'une manière certaine»
et il n'est souvent pas nécessaire d'écarter les lèvres du
museau de tanche pour constater la présence soit de granu*
lations, soit de mucosités liquides ou solides.
Le pronostic de ces diverses affections, au point de vue
de la stérilité, n'a rien de grave ; c'est ici que l'on peut,
avec toute raison, appliquer le fameux axiome : Sublatâ
eausd toUUureffeciuSy et c'est en effet là, h l'enlèvement de
la production normale, que se résume tout le traitement de
Tniaptitude i la procréation.
Dans les cas de calculs, ceux-ci seront saisis, s'ils peuvent
l'être, et amenés au dehors. Une pince a pansement dont
les branches sont seulement un peu plus longues que
celles des pinces ordinaires, suffît dans la majorité des cas,
surtout si le calcul n'est pas très volumineux. Mais il est
des circonstances ou la pierre violemment engagée dans le
canal, après avoir franchi le sphincter utérin, refoule les
tissus qui forment devant elle un bourrelet et en rendent
par cela même l'extraction impossible. Dans ces cas, il faut
se garder de toute manœuvre intempestive d'extraction, et
se borner i repousser le calcul dans la cavité utérine, o& au
besoin on le broierait par les mêmes procédés employés pour
LÉSIONS OMIMIQOBS DU COL DB l'oTÉBUS. 7/^7
que j'introduis rapidement dans toute la longueur du canal
utérin^ et que je remplace ensuite par une mèche de charpie
fortenient enduite de cérat pour prévenir radhéreuce des
parois cautérisées. Cette manœuvre n'empêche en aucune
façon on traitement général, s'il est nécessaire, comme dans
les cas de végétations syphilitiques, ou un traitement local
mieux approprié h la nature de Taflection. Le nitrate d'ar-
gent porté dans le canal utérin n'a d'autre prétention que
celle de débarrasser ce canal des obstructions qui en gênent
le parcours, mais il ne doit point s'élever jusqu'au titre de
spécifique. Sans doute, dans beaucoup de circonstances, son
action modifiera heureusement la vitalité des tissus et con-
courra ainsi à la disparition de la maladie mère, si je puis
ainsi dire; mais cette action purement locale sera dans beau-*
coup de cas insuffisante et réclamera le concours d'une mé«
dication générale. Je n'ai point ici a faire l'histoire de cette
médication, mais j'ai dû la signaler comme un complément
indispensable du traitement de ce genre d'aiïections du col
de la matrice.
Si l'obstruction est formée par des brides, une nodosité»
une cicatrice vicieuse , ou par toute autre production de
tissu anormal, que la dilatation telle que je l'ai expliquée
plus haut est impuissante à faire disparaître, on ne devra
pas hésiter à recourir aux scarifications, ainsi qu'on les pra*
tique sur le canal de l'urètre. Quel que soit l'instrument
dont on fas^e usage, que ce soit celui de M.Âmussat^ceiui
de M. Leroy d'Etiolles, ou celui de M. Reybard, on devra
toujours agir de haut en bas, c'est-à-dire de dedans en de-
hors, et ne pas intéresser les tissus sains du col de l'utérus.
Enfin, les mucosités que l'on rencontre si fréquemment
dans le «mal utérin et qui sont plus souvent qu'on oe peoaa
un obstacle réel au passage du sperme, rentrent tellemenidaM
ni tnr la Idik. ^^
7&8 TROCILBS nE ■.* RÉCrPTION SPBBM^TIQIII.
lesconsiiiénitionsqucj'imrni i {iri'KCiiler|i|ii!f tard sarla l«»
corrhée, que je croi!i detotr réserver leur ùluile pour le <-llft>
pilre consucré à riiifliicnce etercée [lor li-s prrtes blanrhn.
Cepeiidont je firai observer ici, pour n'y plus teyeaii,
que 51 les mucosilés s'étaient durries, il les rnudrait wftJ
sidérer comme du vi^nlr*^'*! -' -|I* et en opérer l'cùrM''
lion de la manière ([uc ut^-e plus Imut.
Oblitération du canal tUèrin. — Une graiMlc difT^rence
exinio entre l'oblitération t taie dont j'sidéjt parié el
l'obliléfAtion accidentelle e sujet de ce parsftraphf.
Dans l'oblitération congt eu faisant abstraction <te>
cas constitués por rimperlun i do la muqueuse vaginale,
le col est plein, le (jns^age au sperme n'a jamais ckisié,
et l'art, s'il inlervicnt, est forcé de percer un canal à
travers des tissus compactes. Dans l'oblitération tctUta*
telle, en admettant l'adhérence tout entière des ptrois da
conduit utérin, circonstance rare et extrême, la chirurgie
opère sur des tissus anormaui et a, pour se conduire et ponr
garant de son entreprise, les limites mêmes du canal naturel.
Aussi, autant je me suis montré opposé à l'idée de créer oa
canal alors que la nature n'en avait point marqué la voie,
autant j'estime que l'art doit avantageusement intervenir
dans les cas où il y a simple adhérence des parois d'un
conduit etistant dcjà.
L'inflammation, l'ulcération et la cautérisation do col
utérin sont les causes les plus ordinaires deson oblitération;
celle-ci, comme je viens de le dire, s'opère par l'adhérence
d'un ou de plusieurs points, ou de la totalité de la muqueuse
utérine du cot. On l'obserte assox souvent k la aaite de
chancres siégeant sur cette partie, et non moins fréquem-
ment après des cautérisations au nitrate d'argent, n'im-
porte pour quel motif, alors que le chirurgien n'a pea ea k
LiSIONS ORGANIQUES DO COL DB l'uTÈRUS. 7&9
soin d'introduire une mèche de charpie ou de linge entre
les deux lèvres du col.
Si k une époque où l'on fait abus des cautérisations, et
si an milieu des cas si nombreux d'inflammations et d'ul-
cérations, spécifiques ou non, du col utérin qui se présen-
tent è la pratique médicale, on ne rencontre pas plus sou-
vent l'accident dont il est ici question, il faut l'attribuer à
la sécrétion muqueuse qui, dans toutes ces circonstances,
est accrue, et dont le produit fait précisément l'ofBce du
corps isolant dont je viens de parler, mèche de charpie ou
languette de linge. De plus, dans les cas de cautérisation,
l'eachare contribue aussi à isoler les surfaces avivées, car
l'adhérence dont il s'agit se montre de préférence après
une cautérisation légère, après l'action du nitrate d'argent,
par exemple, plutôt qu'après celle du nitrate acide de mer-
cure ou celle du fer rouge.
Cependant en dépit de ces circonstances heureuses, la
matière plastique ne parvient pas toujours à être maintenue
sur les parties où elle se forme, et alors, jetant des racines
sur on point opposé, elle rapproche et réunit, en ces points,
les parois du conduit utérin, et y détermine une oblitération
complète sur une étendue plus ou moins considérable de
son parcours.
Cet accident est sans doute une condition fAcheuse pour
récoulement des règles ; mais il n'en faut pas déduire une
impossibilité absolue, car des faits patents prouvent que le
tissu vasculaire de l'intérieur de la matrice n'a pas seul le
privilège de laisser échapper le sang des menstrues.
Mais si le flux cataménial peut venir au dehors malgré
l'oblitération du col utérin, le sperme est incapable de pé-
nétrer dans la cavité de la matrice, car pour lui le canal
vagino-atérin est la seule et unique voie qui lui soit permise.
750 moniLKS ne i.a Ktr.f.rtmn npiRvji'nort.
Il f»ut ilonc, soiis peinp ilVin|)*rh(»r ;! jnmiiH la j
du produit mAlt? et du produit retni'lle, rétablir Ir fUMafcc
dans son int^priK^ ou tout an moîni rfnnn sa «iabîlilé.
Comme poiir l'oblîtérnlion confiétiitale «( ptiir les cm
d'obdtructioii , IVtnmon bu nfiérulnm vl k raihéiMMM
permettront toujoiirn df> c< rr l'nb^tarle apporta à la
pro^r«f;ition de la liiitieur »é e,
Jf ne refiendrni pas 5iir le» coiiMdéralioHs que j'ai
préoentéeN h ce* occasion! «luetlc!) je renvoie le lae>
leur.
Qaant fe l'opérstion i -Ile conaiale tanlM «q m
liniple d^bridemeiit et Ianl4t en une drMerttnii des pana
adhérentes; qucl<{uefois m^mt^ , iguand l'obi itérai ion o«
perte que itnr un point, il suffit de forwr l'obsiado avpc la
boot d'une sonde, et alors on retombe daaa i«a ou ia
dilatation dont j'ai longuement parlé plos haut.
A moim d'm état de dégénérescence de l'organa mi de
loate autre eonlre-indication formelle, le cbîrargien doit
toujours agir dans les circonstances qui nons occnpeal.
L'opération en elle-même, quelle que soit l'étenda* de
l'oblitération, n'ext ni difficile pour l'homcDe de l'ut, ni
dangereuse pour la patiente; tandis qu'elle est, au poial
de vue de la fécondation, de la plus haute importâ«te, puia-
iiu'olle remidie à uoe cause certaine de stérilité.
Lo col de l'utérus, sous l'enpirede reirilalion du ooit,
et surtout sous l'action du sperme violeaanieot projeté
«ootre lui, entre dans un étal particulier d'eicilafatlil^ ^
imprime à ses tibres circulaires et lorif^itudinalea des lau
MBWli saeeaaaib de «oatnction et de dilalali— . Cm a»»-
LÉMOm TITALBft DU GOL DE l'uTÉMM. 751
tractions et ces dilatations alternatives produisent un effet
h peo près analogue à celui des pompes aspirantes» pré-*
sentent ao sperme sortant de la ?erge une ouveKure de
réception plus grande, et le facilitent en même temps dans
sa progression à travers le col.
Ces mouvements, ou si Ton aime mieoi cette excitabilité
du col utérin, seconde si puissamment l'entrée et la marche
du sperme dans Torgane femelle , que son absence , et
flième son insuffisance, doivent être, dans beaucoup de cas,
no empêchement a Tarrivée du sperme dans l'utérus, soit
en Ini offrant une ouverture trop restreinte, soit en Taban»
flonnant h non propre poids dans le canal du col de la ma«
trice. Sans éoote, le hasard peut tellement aboucher Torifiee
du museau de tanche et le méaturinaire de la verge que la
liqueur proliBque arrive jusque dans Tutérus par la seule
ibrce de projection qui lui est imprimée, surtout si le col
ntérin est d'une asseï grande brièveté ; mais ces minutieuses
circonstances, si elles créent des exceptions dont il faut tenir
eom^ite, s'éloignent trop des conditions générales et régu-
lières de la fécondation pour entrer dans les prévisions de
la science et du bon sens le plus commun. Elles peuvent
servir à expliquer certains faits anormaux que, sans elles,
fions ne pourrions comprendre ; mais, je le répète, dans la
Inès grande majorité des cas, il ne faut point espérer en
elles pour remplacer rexcitabilité du col.
Cependant, i ne suffit pas que cette excitabilité existe
fKiur que la fécondation se produise; il importe encore
q«'eMe aoii contenue dans de certaines limites afin d'éviter
la prédominance exclusive, soit des contractions, soit des
dilatations, dont le résultat, dans l'un et l'autre ces, est la
noo«errivée d« sperme dans l'utérus.
Eo conséquence, les lésions vitales du eei de la matrice
752 TROtlBLM DE LA RtCKPTION itPBIIllATIQCK.
lusreplibles de ronlrari^r le pa^snfte do U li'|uear sémÎMli
(le l'orfiftiie niàlo dons lorgnne fumclte, «>iil ronstilufe*.
tnnliU ])Br la diminution el laiilAt par raugnietilnlion lie
l'eicitiibilité néreMnire à la réception pI i la pro^reMioo
d u sperme.
Nous avons Jonc ainsi di hase» d'aQiectioiu, l'iim
par aslli^nie et l'autre par :.
Mais avant d'aborder le xpéciolf dr chacune d'elles,
<]u'on me permette de re ir une quettiwi dont j'ai
précédemment poné le^ lei t qui comprend les rel^
lions <|ue cette excilabilitt entretient arec le plaûér
sexuel chei la femme, afin ivoir s'il est possible de for-
muler, d'après des données connues, le eritérium de b
féconilité rhe/ le seie féminin.
En restant dans les termes absolus de causalité, on eft en
droit de dire que le plaisir seiuel et l'eicitabilité du colde
la matrice ne découlent pas de la même source ; mais lont
en avouant que l'un et l'autre obéissent chacun è on eid-
lant spécial qui, pour lo volupté, est le désir, et poar
l'eicitabilité utérine, le sperme, il faut reconnaître que Ici
organes qui, respectivement, les manifestent, i" soDt aoH
la dépendance des lois générales qui régissent toute réM"
nomie ; 3° qu'ils ont entre eus des relations de voisiaage
que rend plus intimes encore le but commun auquel ils coo-
courent.
Avec ces prémisses, dont j'ai constaté la réalité par dei
expériences et des observations nombreuses dont la place
n'est point ici, est-on autorisé h préjuger de la fécondilé
d'une femme d'oprés la somme de plaisir qu'elle prend à la
copulation? Je n'hésite pas i répondre par la négative.
Tous les jours, des femmes sont fécondées en apportant
•o coït l'indifférence, le dégoût et même la baine ; tons Im
.LÉSIONS VITALES DU COL DE L'uTfiilUS* 753
joars, des femmes sont fécondées au milieu des souffrances
qu'entraîne souvent la perte de la virginité, ou au milieu des
douleurs morales et physiques du viol ; évidemment, dans
toutes ces circonstances la volupté^ ou même la plus simple
émotion amoureuse n'ont point été nécessaires pour Tei-
citabilité du col utérin ; celle-ci a obéi à son excitant natu-
rel, le sperme, et le col de la matrice, pour se contracter et
se dilater, n'a pas^eu besoin d'un signaf parti du consensus
intime ou du clitoris. La fécondation s'est faite en dehors
des relations que Tulérus entretient avec l'économie tout
entière, par Faction seule de la vitalité propre de la ma- ^
trice.
Cependant je possède plusieurs observations de stérilité
chez des femmes atteintes de frigidité congénitale, parmi
lesquelles se trouvent quatre cas d'absence originelle du cli-
toris. Y a-t-il ici simple concomitance ou bien le sommeil
de l'appareil copulateur aurait-il gagné l'organe geslateur ?
Du reste, dans les diverses observations que j'ai recueillies,
rien ne faisait pressentir la frigidité et la stérilité; toutes
ces femmes avaient normalement développées, sauf le clito-
ris, toutes les parties sexuelles de la génération ; les poils du
pubis n'étaient ni moins fournis ni moins frisés qu'à l'ordi-
naire; les seins avaient acquis un développement normal, et
la menstruation s'accomplissait avec une régularité remar-
quable. Une de ces femmes, dont j'ai sous les yeux l'obser-
vation très détaillée, était un type de ce que, dans le monde,
on appelle une femme passionnée : originaire de Marseille,
et ayant dans les veines du sang arabe et italien, elle avait
la peau d'une couleur brune, mais qui paraissait blanche h
côté de tes longs cheveux noirs, dont l'abondance et la
fermeté accusaient une vitalité exubérante. Ses yeux noirs,
largement fendus en amandes, dardaient des rayons de vo-
is
7&lk TBODVLtS nB LA ktCtPTION flPKIIKATItïtB.
loplaense convoitise, et sa taille cambrée, nemblaDl en
continuelle révolte contre li>s liens qui l'^treigoaienl, Bflit
des mouTemenls si souples et si ondu1é<i que l'irnsçinaliM
I«plu5 pares«ei»ela rëvail ie (ordnnl soiio l'étreinte d'an
baisrr. Celte femme était |]Our ttvu<i \i-* hommes qui h
vojaipnl, le prototype de la pn^sion et de lu toloplé; M
cependant, douée de ce que j'ai appelé le lempénnieiil
inlellectuel, elle n'avait jamais rotinu li'S délire» de l'amoar j
elle apiioriait au coït une froide indiiïérenre.et *•» «i
•rdeni dé<tr d'avoir des enfants, elle n'eAt pas iéterti 11
roucbe conjugale qu'elle accusait de sa stérilité. S<-s BinanU
n'ayant pa^ été plus beureui que son ninri. elle rnr i-oii*ulti
tt tiM fil aton l'avea de Tupècs de dégoAi que lui inspirait
Iff copulation.
Il me fut impossible de rien constater d'aDormal dam son
appareil générateur, et, subissant l'ignoranM oà me te-
tiaient alors des études trop saperBcielles, j'imtitiM aoe
médication qui n'amena aucun henreui résultat.
Je dirai tont è l'heure ce que l'expérience depan cette
époque m'a appris k ce sujet, et ce qu'en des circoiitlaMaB
semblables je prends pour guide de mon diagoostie et de
mon Uailement.
En cette place je refteiu aax relationsqni leableirt exis-
ler entre le plaisir vénérien et la fécondité chex lefemMe.
Nou» venons de voir, non-seulement qne l'abseiMe 4a
plaii>irratiuUlear, mais encore que l'existence de eonditioM
tout opposées , c'esl-a-dire de la douleur physique •■
morale, n'étaient point des obstacles k la fécondalioa, et
que »i, (Isni quelques cas, la stérilité de la femme se a»»-
trait en même temps qne sa frigidité, ce fait était BBeMOiple
coïncidence bien plutôt qu'un résultat de cause à eflét.
Ma» SI le fécondité de la femoM, o« plolM si l'e
iJtlOMS VITALES DU COL DB l'oTÉROS. 755
Hté otérine paraît être indépendante, dans de certaines
limites, de Texistence du plaisir vénérien, il n'en csl plus
de même quand ce plaisir atteint une puissance trop forte;
la matrice retombe alors sous l'empire des lois générales
de l'organisme et prend sa part de Texaltaiion que le coït
communique à Téconomie tout entière.
C'est ce qui arrive en effet.
Les mariages d'amour à leur début et les femmes trop pas-
sionnées sont également stériles. Dans les ardeurs et les tres-
saillements d'un coït épileptiforme, l'utérus, spasmodique-
ment contracté, resserre et bouche l'ouverture du museau de
tanche et force ainsi le sperme à se perdre sans profit dans
la cavité vaginale; de plus, dans les convulsions de la vo-
lupté, les rapports d'opposition de l'organe mâle et de l'or-
gane femelle sont altérés, et celte cause, toute mécanique,
bien connue des femmes habiles dans l'art d'éviter les gros-
sesses, joue un rôle plus important qu'on ne pense dans la
stérilité des personnes à tempérament de feu.
Cependant, toutes les femmes qui trouvent dans la copu-
lation des voluptés convulsives, ne sont pas fatalement con-
damnées à l'infécondité, et je pourrais citer de nombreui
exemples de fécondation accomplie au milieu du délire ero-
tique le plus prononcé. Dans ces cas, l'ulérus ne participe
pas h l'escitation générale, et tout l'érélhisme se concentre
dans l'appareil copulateur ; je suis convaincu que si l'on
pouvait examiner la matrice dans ces rapides instants du
délire cynique, on serait étonné de sa régularité fonction-
nelle au milieu du désordre d'action qui caractérise toutes
les facultés de l'organisme, ici encore, le plaisir véoérieD
ne prai être pris comme thermomètre de l'excitabilité ut^
rine, et c'est ailleurs qu'il faut chercher les signes de la
dûninution ou de l'augmentation de son énergie.
Oïliililaiilc siirloulcs les p
Il niulrico II
1 |J;i.s le |,h,i
se placent ces di.ers éi,|,
miner plu,ieu,s fois et qi
"Iri6nble,p|„,„„„|„|,
li»eetio»ir,e(e„,ej,,„,|,
■''""'•'«prolongée., le,
■'.'""■"' '°"' oe,ui .Hère p
ne plastique.
D«Mceicircomt.ncei,|«
'MbrrrinDuencedeceacani
I Mgane tout entier, qm di*
géoérilion participée cet et.
. "'"• l'inaptitude 1 la Kc,
O» commune au. o„ire,, ,
'""''"' P""" «rangement
"•""'"'""• Dan» ce, circo,
f.ol.d,„ig,eràlWtiedu
'".'''" Pl"»«*l'aireclion de,
," '"»'"'"«""l« l'MeilaWliM ,
LÉSIONS VITALES DU COL DE l'iTÉRUS. 757
h cette inertie dans les cas de stérilité dont nous nous oc-
cupons.
Il est peu aisé , j'en conviens, de tracer les limites
exactes de ces deux causes morbides dont les actions con-
courent au même résultat; mais cette difficulté de diagnostic
différentiel est de peu d'importance pour la thérapeutique,
car les deux affections, reconnaissant la même origine,
réclament un traitement identique.
' Je ne reviendrai pas ici sur ce que j'ai dit plusieurs fois
dans le courant de cet ouvrage, relativement aux moyens
de combattre avec succès les divers états d'affaiblissement
général, et j'ai hAte d'arriver aux circonstances dont l'ac-
tion toute locale détermine une diminution dans l'excitabilité
utérine.
Parmi ces circonstances, les abus vénériens doivent se
trouver en première ligne, que ces abus aient été des excès
de coït ou des excès de masturbation.
Parlons d'abord des premiers.
Les abus des organes sexuels par la copulation peuvent
avoir lieu de deux manières : ou le consensus intime reste
étranger au rapprochement des sexes et le coït se réduit
alors, selon l'expression de Champfort, au contact de deux
épidermes : c'est la copulation des Olles publiques ; ou le
consensus intime intervient par le désir, et la volupté est
alors la conséquence, j'allais presque dire la récompense de
cette intervention. Dans le premier cas, il n'y a abus que
de l'organe copulateur, c'est-à-dire il n'y a abus que d'un
tissu organique, dont les altérations sont celles de tout
autre tissu analogue soumis aux mêmes influences; dans
le second cas, au contraire, il y a abus du sens générateur,
abus de tous ses attributs: désirs, tressaillements amou-
reux, volupté, etc., etc.
Jo (larlerai d'abo<
Aïonl les rechercûci
aion courante que U
riles ; on ne H rem
cette infécondité, fltt *
un nllribut futal de
rnrent-UuLbdletet
lé^lèrcset il (.'iitropril Hb
758 TBOnUEl Dl LA KÉCSmOM «PBBHATKIOI.
Pour le» dislingiier les uns de» sulrei, je nommeni
ïolonlieri les résultats des premiers, frjteiî copulat^un ; «l |
ceux des seconds, excès votupttuniX.
La distinction que j'établis ici est très importante, <
0(t ia le voir par es que je vais dire de l'inOiteaGe de chk-
cun de ces ctcès.
ulateur».
tucliAlelet, il ëtait d'opt-
taienl généralement *(é-
)le eiBCl des tnoliri dk .
de informé, on en (aisnlj
létier. '
nta pu ite rtuoni auM)
une base solide à l'opiaiou,
quelle qu'elle fùl, que l'un detoit se faire de l'ujitilude dei
prostituées à la Técoodation.
Ses recherches ramenèrent i des résultaU bien diflérenb
de ceui sur lesquels reposait U croyance commune, et* s'il
reconnut, en eiïet, qu'un petit nombre de prostitvées par-
vient jusqu'au terme ordinaire de la gestation, il constau,
qu'en général , ces malheureuses n'avaient point perdi
l'aptitude il la fécoodalion. Soit qu'elles le provoquent par
des mojens crimioela, soit que les circoustances aoor-
malej de leur vie de débauche et de désordres le favo-
risent, un BTOrlement plus ou moins précoce est le résultat
ordiuaire de leur conception. Sans nous arrêter à l'avor'
lement provoqué par des manœuvres coupables et dont
personne ne met en doute la fréquence, je rappellerai,
comme confirmant les idées que j'ai déji émises sur tesavor-
tements précoces eldontj'aurai plus loinii étudier l'étiologie,
je rappellerai le passage suivant du litre de Pareiit-Du-
cliAlc el, qui contient en même temps l'opinioa d'un dea
Lisions VITALES DU COL DB l'uTÉROS. 759
hommes les plus compétents en embryologie, de M. Serres:
« J'ai parlé plus haut, dit Parent-Duchàtelel»de Tirrégula-
rite de la menstruation chez quelques prostituées et des
interruptions que présentaient chez elles cette évacuation
dans une foule de circonstances; ne pourrait-on pas les
Attribuer à une conception et à une véritable grossesse?
Cette opinion, qui a été émise devant moi par plusieurs
médecins et physiologistes distingués, acquiert une grande
probabilité par les observations faites par M. Serres, lorsque
les prostituées étaient soignées dans une des divisions de la
Pitié. Je transcris ici les réponses que cet académicien Gt à
mes questions : « Les pertes abondantes sont rares chez ces
» femmes, mais les plus jeunes ont souvent des retards dans
» leurs règles, qui se terminent par Texpulsion de ce qu'elles
» appellent un bondon. Pendant deux années je ne fis pas
» attention à cette expression ; mais, ayant dirigé mes re-
V cherches sur l'embryologie, j'examinai avec soin ces pro-
«ductions, et il me fut facile d'y reconnailre tousies carac-
» tères de l'œuf humain. J'ai pu, (fans un court espace de
» temps, en recueillir un grand nombre, qui tous étaient
«sortis à une époque qui indiquait une conception de quatre
» à cinq semaines; c'est toujours sur des filles de dix-huit à
» vingt-quatre ans que j'ai pu faire ces observations (!)• »
Cette dernière phrase semblerait indiquer que l'exercice
prolongé du métier de prostituée fait même perdre le triste
privilège de Tavortement précoce par Tabsence complète de
toute conception ; cependant, il est d'une notoriété incon-
testable que, lorsqu'une de ces malheureuses dit adieu au
lupanar, se marie ou rentre dans les conditions d'une vie
régulière, non-seulement elle montre, comme toute autre
(I) Df (a ftroitiluUm dans la viUe de Parié, 2* édit., 1. 1, p. 235
et S36.
760 TIIOI}IILt:i HE LA HeCEFTlolt ïPKBHATlVtlK.
remme, l'aplitudeà laft-rotulation, roais cucoreellf retrouve
la faculté de forter » terme le Trait de sa conception vl ilc
lui communiquer mie \ilalité qui n'est pas inférieure à relie
des autres enfants.
Comme on le voit, les eJii^ts eopulntcurs ne défbérileiit
la femme, ni tinnsie présent ni dans l'avenir, de sosdroîtsi
la moternilé \ seulement ces cicès, se produisant nii milieu
rie circonslannt's générales ou spériates qui p^élliïposl^nl i
l'atorlement d'une manière étrange, font classer Ici mal-
heureuses qui les commotlent dans une partie du cadre noso-
lof^ique oij elles n'ont qm; faire, alors qu'elle* défraient
trouver place dans une division adjacente.
En est-il de inCme pour les excès amoureui ? Je ne le
pense pas, et c'est cette difTérencc dans tes rénilUU amené*
d'un cAté par les eicës copulsteurs, et de l'iulre par jet
cicès voluptueux, qui m'a fait considérer comme très impor-
tante la distinction que j'ai établie entre eui.
Les quelques considérations qui vont suivre se rapportent
k tous les eicès voluptueui, qu'ils soient produits par le
coït ou par la masturbation.
Sous le rapport des eicès voluptueui par le coït, Paris
est, saos contredit, ta ville d'Europe qui offre le plut vaste
champ i l'observation. Par l'état de ses mœurs, par la tour-
nure de son esprit, par la légèreté de son caractère, par soa
amour du tute et par les app&ts sans nombre dont elle en-
toure les plaisirs, Paris possède une dusse de femmes,
intermédiaires entre la prostituée et la femme honnête, qaî,
tout en prenant des amants par intérêt et par espoir de
lucre, se réservent le droit de les choisir, et se sauvegar-
dent ainsi un excitant fc la copulation autre que le gain.
On prévoit que je veux parler de ces femmes entrelenoes el
de ces femmes de lliéAtrc que l'on ne rencontre que déi-
LÉSIONS VITALES DU COL DB L'UTÉKUg. 761
garées dans les autres capitales, et dont Paris possède des
types aussi nombreux que variés.
Ces femmes, quel que soit le nom pompeux sous lequel
eHes cachent leur métier, ne font pas autre chose que de la
prostitution clandestine, et, comme les prostituées sou«
mises h la surveillance de la police, elles commettent des
excès copulateurs; mais se séparant ici de leurs rivales des
rues, elles apportent dans ces excès un élément de plus, le
plaisir. Â leur début dans la carrière elles ont fréquemment
des conceptions, et il n'est pas rare, quand elles consentent
è cesser leurs orgies, leurs veilles remplies par la débauche,
et à se mettre en garde contre les chutes et les coups très
fréquents dans leur position, il n'est pas rare, dis-je, de les
voir arriver au terme ordinaire de la grossesse. Mais après
un temps plus ou moins court de cette vie exubérante de
plaisirs et de voluptés, elles perdent toute aptitude i la
fécondation et ne rendent même plus le bondon des filles
publiques.
Contrairement & ce qui arrive chez les prostituées, elles
ne recouvrent pas en général la faculté procréatrice alors
qu'elles rentrent dans le calme de la vie conjugale, de telle
sorte qu'on peut dire que les excès voluptueux compromet-
tent chez la femme les droits & la maternité non -seulement
dans le présent, mais encore dans l'avenir.
J'ai acquis la conviction que je viens d'exprimer en inter-
rogeant plus de 200 de ces femmes, dont les unes étaient
dans leurs débordements et dont les autres s'étaient mariées
ou vivaient maritalement avec un seul homme.
Sur les 200 femmes dont j'ai recueilli les aveux, qu'elles
n'avaient aucun intérêt à fausser, il m'a été permis d'exa-
miner les organes génitaux d'au moins 150, et chez la plus
gronde majorité il m'a été impossible de rattacher la stérilité
leur et tluiis sa |ii»ilioii, iiuiuiii;
rendre riiixm de lu >U'riliU'.
C'est alors i|uc je jiensnis ii li
vitale, et que je M>n{;eais i(ue |>eul
suite l'excitabilité utérine s'élaienl
l« eicès méaK auxquels l'une et
nÎMi.
Le toucher et l'eiamen au sp4
me révéler, je n'eus d'autre ress
Ib tbtirapeutique, et de lever ainsi.
me donnerait, les dilGcuUés du diaf
évidemmeat l'agent qui sollicitait
rentes, et ce Tut à lui, en elTet, qui
cooGrniatioi] de mes soupçons.
J'espérimeotai pour la premii
remme de vingt-trois ans , petite,
penchaot très prononcé pour li
Élevée è la pension des légionnai
avait une culture d'esprit qui cont
sureiciter ses instincts vénériens.
BOB d'éducution, cVst-à-dire i dit-
Dae femme entretenue et avait par
LtaORB WnàVEê DU COL Dl L'UTftftQf. 76d
vint l'étrange pensée de se marier. Elle crut que pour dé-
cider son amant i accomplir cet acte, il lui fallait l'excuse
d'un enfant» et que, semblable à l'amour du poëte, son titre
de mère lui ferait aux yeux de son mari une nouvelle vir-
ginité. Que ce motif fût légitime ou chimérique, la jeune
femme ne rêva plus, dès ce moment, que grossesse, et,
dans son désir de réaliser un vœu toujours déçu, elle se rap-
pela qu'à une époque où la gestation lui eût été une charge,
je l'avais interrogée et eiaminée au point de vue de sa sté-
rilité, et elle pensa qu'ayant dirigé mes études de ce cété,
je pourrais lui rendre une faculté qui était alors le but uni-
que de toute son ambition. Elle vint me voir. Aucun trou-
ble général, aucune lésion locale de l'appareil générateur,
ne pouvant me rendre compte de cette inaptitude & la fécon-r
dation, je m'arrêtai, comme je l'ai dit plus haut, à la pensée
d'une altération vitale de l'utérus qu'expliquaient suffisam-
ment d'ailleurs les excès vénériens précédemment commis.
En conséquence, m'appuyant sur les succès obtenus par
quelques praticiens au moyen de l'électricité (1), j'entrepris
mon expérience dans le double but de contréler un dia-
gnostic difficile et de tracer les limites d'action d'une res-
source thérapeutique préconisée jusqu'alors sans indication
précise.
Je me servis d'une pile à aimant de l'invention de
MM. Breton frères; un des pèles était tantôt tenu dans la
main de la jeune femme et tantôt appliqué sur l'abdomen ;
l'autre, armé du pinceau métallique, fut immédiatement
porté sur le col de l'utérus à travers un spéculum de verre
qui, au besoin, aurait garanti de l'électricité les parties
adjacentes à la matrice.
(4) Voyes Dachenne, De VélêciriêatUm loealUéê $1 de seg ajtpHealioni
à la pkyHologie, à la pathologie et à la thérapeutique, Paris, 4 855, io-S.
LÉSIONS VITALES DU COL I>E l'uTÉBUS. 765
qui, après des excès voluptueux prolongés plus ou moins
longtemps, n'ont pu retrouver leur fécondité dans le calme
d'une vie régulière ; quand je pense à la stérilité qui ,
pendant de longues années, succède à des excès de mas-
turbation, alors que la malheureuse victime les rachète
par un ardent désir de maternité constamment déçu au
milieu des conditions les plus heureuses du mariage, je
me demande si le repos des organes sexuels, si la régularité
des rapprochements amoureux, en un mot, si de meilleures
conditions sociales ont bien réellement, après des excès vo--
loptueux, rinfluence heureuse qu'il n'est pas possible de
leur contester après les excès copulateurs. Ainsi que je
viens de le dire, des exemples nombreux m'autorisent à ne
pas leur accorder une importance trop considérable, et je
pense que l'art doit bien plutôt compter sur les moyens thé-
rapeutiques qu'il met directement en usage , que sur des
prescriptions hygiéniques qui peuvent seconder un traite-
ment, mais non en constituer la base.
Celle-ci doit être, à mon sens, puisée dans l'électricité.
Depuis l'observation que j'ai longuement rapportée plus
haut, j'ai employé cette médication un nombre assez consi-
dérable de fois avec des chances diverses de succès. Sans
doute ce moyen n'est pas infaillible, mais il réussit six fois
sur dix ; et même dans beaucoup de cas ou je l'ai vu échouer,
ta lésion vitale du col de l'utérus s'accompagnait d'une
constitution misérable , d'un affaiblissement des forces
de l'organisme , qui n'étaient probablement pas sans in-
fluence sur l'inertie utérine, et qui, à la place de rélectri«>
cité , réclamaient une médication générale fortiGante et
tonique. D'ailleurs^ une médication qui réussit dans plus
de la moitié des cas où elle est employée, mérite une place
honorable dans la thérapeutique, et je n'bésite pas à la
766 1 ROVBLBS DR LA fttCRPTIOH 8P»HATiO«l.
réclamer pour l'électrinté •Isn:» If» circonsbiace* qui ■wu
occupent.
La lésion vilste qui Tait le «QJet de ce pingrapbe, n'cat-
ft-(lire rsiï«ihli<i8ement de l'eteilAbilité utérine, n'ai pat
toujours Bm(.-né« par den e\cki «oluptuAus, aoil île mil, Mil
<(e mastiirbnlion ; ?!i i[ni pré^iiknt sut aé-
\toift, peuvent lui c,el ce»c«u»*fonlqMl-
quefois nI obscureti Mtic tlirt-cl de rînertieda
col o»t presque imr loucher, ni à IViamea lo
spL^culuRi, rien ne e il'unc lésion titole ; aae
leucorrhée n'e^t pas qcI il bille atloclier qvd-
i|ue importance, ca n téelles inertie» olérioet
sans flueurs blau eur» blanches très abon-
ilantt's sans inertie i
Comme je l'ai déjà dit, on n'a que le critérium A* !■
thérapeutique ; aussi dans tous les cas ou la sléhlilé d'oM
femme ne Irouvero !>on explication ni ilnns une slléralîeii
afntiéàùhic J'uiie partie quelconque du l'appareil géoiUl,
DÎ dans les condilioiu générale* de l'organàme nécMiairei
aa libre eierciee de la faculté procréatrice, od deira diriger
BD courant électrique du cAté du col de l'uléma, d'atfaat
■ieux que ce moyen, alors même qu'il échoue, m eompro-
■ct lu (a santé générale de la malade, ai les fonction! géni-
tatea ellea-inèmes. Si des escès de coït ou de naatlurbalioa
entrent dans l'histoire dea antécédenla de la [emme, la lëaioa
dont je parle peut être légitimement admise, «■( alors l'élec*
tricité doit être emplojée avec plus de confiance que daas
lea cas où le diagnostic eat pour ainsi dire négatif.
Il est évident que si t'ioertie utérine était liée i qaelqM
trooble des fonctions générales , ainsi que je le sigoalaii
plus haut i l'occasioD de certains liiils observés par bmh, il
eat évident» dii-je, qs'à l'uiploi de l'électfkité il bitdrait
LÉSIONS VITALES DU GOL DB l'uTÉRUS. 767
ajouter la médication nécessaire pour combattre ces trou-
bles, et remplir toutes les indications que des états spéciaux
pourraient réclamer.
Mais ces préceptes sont trop élémentaires pour m'ar-
rèter davantage, et j'ai bAte d'arriver h la seconde forme
que présentent les lésions vitales du col de l'utérus, c'est-à-
dire à l'augmentation de son excitabilité.
Augmentation de V excitabilité du col de l'utérus. —
L'excitabilité morbide du col de l'utérus revêt trois formes :
elle se présente tantôt à l'état spasmodique, tantôt à l'état
névralgique, et tantôt à un état latent qui ne se révèle par
aucun signe pathognomonique. Il est assez difficile de pré-
ciser les circonstances qui font prendre à l'affection telle
forme plutôt que telle autre, car je les ai vues toutes les trois
se produire au milieu de conditions parfaitement identiques.
Cependant il est une cause qui semble plus spécialement
donner naissance a l'état latent, et comme cet état n'occa-
sionne pas de douleur, ne trouble en aucune manière la
santé de la femme, ou a fait très peu attention h lui d'abord,
ett par suite, à la circonstance qui, très fréquemment, en est
la source. Cette cause, je me bâte de le dire ici, bien que je
me réserve de l'étudier plus longuement ailleurs, cette cause
est le coït incomplet, c'est-à-dire pour la femJH l'eicita-
tion voluptueuse sans réception de la liqueur spermatique
dans ses organes.
Des trois formes que revêt l'excitabilité morbide du col
de l'utérus, une seule, la forme spasmodique, me parait
pouvoir empêcher l'entrée du sperme dans la matrice ; les
deux autres, et la forme spasmodique peut également amener
le même résultat, prédisposent seulement à ce que j'appelle
les avortemenls précoces^ or, comme j'ai Tiotention de
consacrer le dernier chapitre de cet ouvrage à cette espèce
7r)S TROUBLES DE I.A RÉCRFTIOM SI>E»MATIVt'K.
dimimsibilitè de faire des enfants, je renvoie naturclle-
inciil à ce chapitre les considérnlions que j'ai à présenter
sur cet ôial morbide, sans même m'arrèter ici à la forme
spasmoJique dont la ploce est dans un des paragraphes sui-
\anl$. consacré nus changements de position que subit le
I j^, |*ii(érus soit pendant le coït, soit en dehors de la
copulation.
c If. ^ Corps étrancrra dana le col de Vatérae.
Sans parler des productions morbides, telles que tumeur,
noivpe, etc., qui m'ont déjà occupé h Toccasion de Tobli-
tération accidentelle du col de l'utérus, je dois signaler
la possibilité de Tintroduction dans la cavité du col d un
corps élranjzcT, vomi du dehors. Mais la présence de ce
corps étrîin<:er pressant sur une inuquense et Kiritre un
orcane au«i >asrulairc (|ue Tulérus, ne tarderait pa< ;i
déterniinei des arridenls Irè^^ «;ra>es; par runséquent. la
stérilité qu'elle déterminerait serait excessivement p,issat:ère
et tellement liée à un de re«^ é(a(< aimis dont fai a\i*c «ijn
é\ilé ^hi^loire, (|ur ji» irois inutih; «le m'arrrlfr sur ih*<
accidents dont il suHil (récrire le litre jïour en compremlr»*
tout à la fois limportance et h' traitement.
« \. - %llérnti«m«> dr po«ltlf»ii du <*c»l de Tu trrii«.
^i Ton se rcml hien (omplr du mécanisme par lequel h*
fluidi» séminal pas^iO il«» Tor;: irn» mAh» dans ri>r{»ane feimMIe,
on l'oniprcndra comment une dé\inti<m du cn| de Tutéru'^
doient iariliUH'nt une < in^^e certaine de iM>n-iéconriatif>n.
De |»lu*i, rn rélléchi^saiil aux rondilion^idiverse^ qui peuvent
rouqiroli-s rappnrtsd'opposilinn du méat nrinairede l'homme
▲LtArATIONS de position du col DB L*UTÉRliS. 769
etda museau de tanche, on explique, comme je le disais
plus haut, beaucoup de faits qui paraissent étranges, tels que
la conception après un long temps de stérilité, ou la fécon-
dation facile avec un individuet impossible avec un autre, etc.
Je ne prétends pas dire que toutes les bizarreries signa-
lées dans les résultats de la fonction génératrice trou-
vent leur explication dans une altération des rapports de
^organe mâle et de l'organe femelle; mais j'estime que le
nombre de ces bizarreries serait de beaucoup diminué, si,
dans leur appréciation, on tenait un plus grand compte dé
la position du col utérin considérée, non pas tant d'une
manière absolue que relativement a la verge pendant le coït.
La difficulté de sa constatation est peut-être le motif qui
a empêché d'accorder à cette circonstance toute la portée
qu'elle possède, car, hAtons-nous de le dire, l'utérus, et
surtout son col, subissent, pendant la copulation et à Tinsu
de la femme, des mouvements qui altèrent les rapports d'op-
position qui doivent exister entre l'ouverture de la verge et
celle du museau de tanche, pour que la fécondation s'ac-
complisse.
Incontestablement, il est facile, dans la majorité des cas,
de reconnaître une déviation utérine permanente, et il ne
viendra à l'esprit de personne de contester un déplacement,
quand, par exemple, le col de la matrice sera appliqué
contre la paroi abdominale, ou que, recourbé en arrière, il
présentera son ouverture à la concavité du sacrum; il ne
viendra également à l'esprit de personne de ne pas admettre
une inflexion de l'utérus^ quand celui-ci, incliné sur lui-
même, formera tumeur au cul-de-sac du vagin.
Ces déplacements sont à ce point manifestes et tellement
grossiers, pour ainsi dire, qu'ils sont aisément constatés et
reconnus par le doigt le moins exercé au toucher vaginal.
49
M^ g^ Jh d^plaremenU ijui ne se prudubral (jv'k
M^^^4i«ait;qupInL-0|>utaliotiioit nuttreet <lH(>ar«lln
^^^^mtI* pitliologieordinnirR peul bien d^ditigncr,
^^^—^■'onl aucune inOueiice sur lu Ksnté île li frtatnt,
^^ ^pl h nalhntogie «pértale iJe la slérillt^ iloil Irnir
_^igMrie, pui!>([i)*il!( se montrent ou momenl m^inooi
^ -i^àtr' norniflU' <le l'or^anL* L'!it le plus ri^ccMiire.
Gv ifflncement» pasiiegers Pt Fii^Hres, <{ui ne Uiawat
^g0^ inre a\>Th la co))ulalîon (|ui en fournit tout à h
w k caujie et le mécanisme, ont )>eu attiré l'atleotiofe
MM 'ici, parce i)u'il e»l presque impossible de les
^^ k fiit. qu'on me pasite reipre«<iîuti, et parce <]u« ncHtt
^(■f l'kabiluilc de n'accepter que ce que nos moTens d'in*
iff^Miion nous loni directement constaler. CepeinJanl,
4«9 déplacements !ont bien r<^el<i, et je vain euater île
^tutrtt que, diinx quelques rsM, il e>l possible de le« re>
^«wnatlre au*^^i sûrement qu'une d('-%inlion permanente, et
Mf, <Ia»s d'aulrex, on e»it nulurisé ii les AitmeMre ausii
Intimement que lorsqu'on admet, par eiemple, une afTec-
lîon <le la moellf nu du cerveau ilnns une fiaraljsie partielle.
J'aurai cloue A examiner séparément, car, ainsi qu'on le
fcrra, leur histoire c»t toute difTc^renle ■
A. l'es déplacements utérins dépendants du coït ;
H. Les déplacements utérins indcpendanb du coîl.
A. Ut'pliMtwvnti ul^rfn* (li*f>i-ndanU du eotf.
Il est peu de femmes dont l'utérus, et «urtout le col, le
iruincnl eiairli'mcnl dans l'ave du tagin. e( qui, h une ei-
uloraliun allentivi-, ne ilécclent une déviation lé^sùre. tantôt
fo atant, taitlût en arriére, ou lunldl .-ur les idlés; mais
«iile iléviatTon eut insuffiMDte poor prmlutre la Bléritité, o«*
I
ALTiRATIONS DB POSITION DU COL DE L^OTÉRUS. 771
en nous servant d'un langage explicatif du |»hénon}ène, pour
empêcher le passage du sperme de la verge dans la matrice,
car beaucoup de ces femmes arrivent h h conception.
Chez celles dont le résultat de la copulation est négatif,
et qui n'ont pas d'autres motifs de stérilité, il faut admettre
que cette déviation légère s'accrott, pendant le coît^ au point
d'altérer assez profondément les rapports d'opposition de
la verge et du museau de tanche pour ne plus permettre la
transmission du sperme de celle-ci dans celui-là.
Cette supposition est-elle admissible ou faut-il la reléguer
parmi les rêveries pathologiques dont l'esprit abuse quel-
quefois dans on vain amour de classiGcation? Pour moi,
c'est plus qu'une hypothèse, c'est une réalité, et j'espère
que le lecteur, quand il connaîtra les motifs et les faits sur
lesquels je m'appuie, partagera, lui aussi, la conviction qui
me dicte ces lignes.
Les causes qui, pendant le coït, peuvent agir sur la sta-
bilité de l'utérus, sont de deux sortes :
l"" Elles sont mécaniques;
2® Elles sont vitales.
Voyons donc l'influence de chacune de ces circonstances.
1* Cames mécaniques du déplacement utérin pendant le
ccit. — Les déplacements qui tiennent à cette causer ne se
peuvent produire que par une mobilité extrême de l'utérus,
au moyen de laquelle l'organe gestateur subit l'influence
des mouvements divers qu'exécute le bassin ; cette mobilité
est presque toujours constatable en dehors du coït, grâce aux
différences de position qu'affecte le col utérin selon la situa-
tion que l'on donne à la femme soumise au toucher vaginal.
Cette mobilité est amenée par diverses causes : tantôt elle
est due à la laxité des tissus qui doivent maintenir la matrice
en place ; Unt6t elle s'eiplique par Teogorgeroent d'un
T7$ noVUKS DS LA IIÈCXPTION HM^BMATIQim.
■■■t^ rvténi* []ui, itisufliiiaiit fiour iJélcraiiner one N|i
ieiiM.nlr«lHe tout l'orgone par son |jropre poiils lorsqu'à
mAîm bionblf! du bnsïiii lui \ictit en aiiie ; taolAl enfi^
liant 4e ce mouvement tic bascule siège dans un dMdsi
DtM lc5fss de ce genre, le cotl n'agît que par b poii-
li^ <!■« In femme prend pour l'accomjtlir; au(.*i, commejc
tt4ini»plu>i haut, un peut, en reproduisant celle potilioi,
<4ttriatfr direrleinent la déviation utérine. Je liens k M
fcJTt titrer dans mon esprit aucune peiist'-e, et à ne laiscr
ffftir «le ma plume aucune expression que »c puissent arccp*
Mt lliomiAleté et la science ; mais je doit dire dans l'inlérèt
^ celle-ci el grâce oui pures intentions qui ui'aniinenl,4|H
i*ai connu une dame, mère de quatre enfants, dont let rip-
Mrls seiueUont toujours eu un résultat ni^f^alifdans la pn-
fition horiionlole, et que, les qiiiilre fois où elle e»l détenue
mAm, «Ile a été fécondée alors que le bassin se trouvait dans
)■ position verticale. Kn cette position, le col de l'utériu
^aitbien duns l'axe du vagin ; mais dès que la Femme se cou-
rhait, je ronstnlais une version très prononcée, tanlAt en
■vaut, lanlAt en arri(>rr, lontAt sur les calés, selon qu'elle
M mettait sur le dus, sur le vitntre ou sur les Qanc^s. Celle
mobilité en toussent m'n toujours fait croire ii unegntnde
laiité des ligaments, d'autant mreui que la femme, d'un
lemp' rnmentij'mplialiqiic tré> accusé, avait toutes les cbain
d'une mollesse ettrëme.
Quand In direction du déplacement est déterminée par
rauiimeiitation de poids d'un des deux ovaires ou d'une
porlion de l'ulérus engorgée, la déviation de la matrice, on
Icconiprend, ne se produit que daU'^ une seule jiosilion, et
il j il iilors bien plus de cliaiicesde fécondation que dans le
(gs précédent. Ici encore la constatntinn du déplacement est
^
ALTÉRATIONS DB POSITION DO COL DB l'uTÉRUS. 773
facile» et même dans quelque cas, la cause peut en être re-
connue par le toucher rectal.
S'il fallait admettre avec Hippocrate que chez les femmes
chargées d'embonpoint, la stérilité est due à une déviation
de l'utérus amenée par la pression que Tépiploon exerce sur
Torgane gestateur, on pourrait supposer le même pouvoir à
la vessie distendue par l'urine et à l'intestin gorgé de ma-
tières fécales. M. Huguier est même allé jusqu'à ériger en
principes de thérapeutique contre les déplacements utérins,
la rétention des urines dans la vessie et la conservation des
excréments dans le rectum ; mais ces moyens bizarres, pour
ne rien dire de plus, sont tout aussi incapables de redresser
on utérus renversé que de produire le renversement du même
organe. Chez la femme dont j'ai parlé plus haut, et dont la
matrice avait une mobilité si grande, la réplétion du rectum
et celle de la vessie étaient sans aucune influence, ainsi que
j'ai pu m'en assurer plusieurs fois en pratiquant le toucher,
la femme étant debout.
Je crois donc que les déplacements mécaniques de l'uté-
ros pendant le coït naissent de la position que prend la
femme, et s'expliquent par l'une des deux circonstances que
j'ai indiquées, ou par toutes les deux h la fois, c'est-à-dire
laxité des ligaments, inégalité de poids sur on point quel-
conque de l'organe gestateur.
Ao pointdevue de la stérilité, ces accidents n'ont aucune
gravité, puisqu'ils n'ont pas empêché la femme dont je par-
tais tout à l'heure de devenir mère quatre fois; c'est qu'en
effet il suffit, pour contre-balancer leur influence, de con-
seiller à la femme une position convenable pendant le coït, et
dont un examen préalable détermine les éléments.
Quant à la cause du déplacement, qu*il est utile de com-
battre, moins pour obtenir la fécondation rendue facile par
-1
iriircnir ds H
nh TI9VBU& DS L* itCBrTIOH «PBJUIATtOVI-
quelijues jirécaulioru liui» le roït, que pour firiircnir il
BccidenU ultérieur!) plu.<! reiJaulables, il Uni d'abord M
rechercher la ijuture et y conformer sa lliérapeuliqtie.
Dans les cas de laiiti^ des lif^amenU, wurtoul «'il y ■ ^ré-
doiniiiaiiCL' du ïyKtètne lvm|)tia(iquc. on recourra aui toih
quel $ouâ toiite-< le» rormeti, iu (luiuquina, aux martiaui,
el l'on )ire»crira une hygiène doril j'ni plun d'une toi» dau
cet ouvrage cifiosé les principes, et sur tenquels je Di; pai>
ni ne dois ici m'arréltT davantaf{e.
Opeudniit, comme thérapeutique locale, il Taudr» ÎMÎtlar
fiu les injections vaginales froides, tuniques, au besou aitai
un peu aromatiques, telles que la décoction de quinquina, dtt
lh>ni. <!'* câmurin, et même une solution fuiblu d'alun; da
phit on prescrira, en mAtne |pmp!> qtieces moyen*, des lave-
BHPtf froids, des bains de siéf;e froids, el surtout, st la cImmo
eat possible, des bnins de mer, avec Teau de laqoslle dai
j^ectioBs vaginales seront pratiquées.
Dans les cas oii des accidents nerveux emptefaeraieBl
l'awge des moyens que je viens d'indiquer, on se trouvera
bien des fumigations vaginales faites avec des plaotMara-
«itiques dont on verse la poudre sur un brisier placé aoH
{ai organes génitaux; on peut encore administrer le* vapeon
da« mêmes plantes aromatiques, aoit sous farine dedouckei,
toit même en simple» fumigations.
Quand l'engorgement d'une portion de l'utérus, ou i|uand
une affection des ovaires est la cause déterminante du dépifr
garoent, on doit se renfermer dans les limites d'une médica'
tion que je n'ai point à exposer ici et pour laquelle je renvoie
la lecteur iiux ouvrages généraux qui la renferment.
>2* Causes vitales det déptacemetUs utérins pendant le
fifit. - Quelques pages plus haut, en perlant de l'aug-
ptalion de l'exciubilité du col de l'utéros, j'ai dit ^
k
ALTÉRATIONS DE POSiriOK DU COL DB l'utARDS. 775
cette excitabilité morbide se présentait sous trois formes,
doDt Tone pouvait empêcher l'entrée du sperme dans la
matrice par les mouvements spasmodiques qui s'emparaient
du col de l'utérus.
Ces mouvements dont la femme a rarement conscience
au moment du coït, surtout si celui-ci est voluptueux, mois
qu'elle perçoit quelquefois en dehors de la copulation, comme
une espèce de crampe qui s'irradie dans plusieurs parties
du bassin ; ces mouvements, dis-je, sont de véritables dé-
placements pour les résultats qu'ils amènent, et doivent par
cela même nous arrêter un instant ici.
J'ai dit précédemment qu'aucun lien direct n'unissait
l'organe récepteur du sperme et l'appareil copulateur, et,
que par conséquent, on ne pouvait pas mesurer le degré de la
vitalité utérine sur l'énergie des jouissanees erotiques; j'ai
cependant fait observer que la matrice et l'appareil sensuel
avaient nécessairement entre eux des rapports de voisinage,
et étaient l'un et l'autre soumis aux lois de la sensibilité
générale; que, par conséquent, sans établir une échelle de
gradation commune i tous deux, on pouvait jusqu'è un cer-
tain point préjuger de l'activité de l'une par la puissance de
l'autre, comme, par exemple, on peut, d'après l'ardeur avec
laquelle s'accomplit le coit, établir l'état de la circulation et
de la respiration.
Ces rapports entre les spasmes cyniques et ceux du col
utérin, qui découlent, je le répète encore, non d'une
sympathie directe, mais des lois générales de l'économie,
ont été de tous temps notés, non-seulement par les méde-
cins, mais encore par lespoëtes. Mercurialis, en rapportant
deux vers de Lucrèce^ se range è l'avis de l'auteur de la
nature des choses : Est et aliud quod peto^ dit-il, audiatis
sine risUf scilicet forma et ratio concubitus; tjuia si mu-
ALTÉRATIONS DB POSITION DU COL DE L^UTÉRUS. 777
Ces prévisions, on le comprend^ se tirent des circon-
stances mêmes qui augmentent l'excitation erotique ; les
unes morales, comme Tamour comprimé, la lecture des ro-
mans, les concerts, les spectacles, etc.; les autres physiques,
telles que le tempérament, les habitudes de mollesse, la ré-
pétition fréquente du congrès, etc.
Mais je le répète encore, parce qu'on ne saurait trop le
redire, les spasmes cyniques n'impliquent pas fatalement les
spasmes utérins, et de même que les premiers peuvent at-
teindre une activité considérable sans la manifestation des
seconds, de même ceux-ci peuvent se produire au milieu du
calme d'un coït indiiïérent.
Par conséquent, le congrès ne doit pas être accusé de
susciter les spasmes utérins, et si ces derniers se montrent
pendant l'accouplement, il ne faut voir dans ces deux faits
qu'une simple coïncidence, qu'un pur phénomène du hasard.
Cependant, par cela même qu'il arrive que, quelle que
soit la froideur que la femme apporte à la copulation, il se
produit dans ses organes sexuels, par la seule présence de
la verge* une action, toute locale si l'on veut, mais qui,
prolongée, 6nit quelquefois par se changer en excitation
voluptueuse, on peut admettre que la même influence se
fait aussi sentir sur l'utérus et que le coït devient ainsi la
cause occasionnelle de ses mouvements spasmodiques.
Quoi qu'il en soit, il faut reconnaître que la source de
ces derniers est surtout dans les circonstances diverses qui
déterminent l'état spasmodique d'un organe quelconque.
Sous ce rapport, l'utérus ne se soustrait pas aux lois géné-
rales de l'organisme, et cette subordination me dispense de
passer en revue toutes les causes assignées aux troubles de
l'innervation.
Cependant, parmi ces circonstances, il en est une spéciale
778 TROUBLES DB LA HtCBrilOn Sl-BBHITIUOB-
à fscfe seiuel, et sur latjuelk' je ii«vrais p«r ooii»é«)iiMl(
m'jirrêlcr un instaiU; je leui jiarlcr Ju cuit incomplet (xtv
ta femme. Mais, uiriKi ijue je l'ai A^h dit (ilus haut, cette
circon^laiire, bien que pouvant afîiener U forme »p«Mn»-
diqiie (le la surencitubilité ulériiie, et>t si kouvciiI la cau|
d'un ét.it latent d'e»"'*»'''''"^ "-e je rroi» ea devoir r«-
mellrc riiiïitoirc im
eut latent. H «iuitm
pour 80[i e\Binen, r*
da cet uuvrage.
Les acridentfl qui i
aucune gravité, mime au y
reminc. Si le» s\n
règle l'eialtolioM Om tuiu)t
tuiles, [il -.allolé, les distraction-
lacré k l'iuQueDce Ue etl
signaler ccttv cjuk, el,
L^teur au dernier cha|iiUe
de ce ]iarai;raphe n'oai
vue de la fécondité de !■
finbleni obéir à la loi 401
érieiiiics, l'âge, let babt-
les |ui^(HTii|iiilioi»d'e<jjrtl,
la Tatigue corporelle, etc., en modérant celles-ci, calmeot
aussi les premiers. — Anciennement on plaçait une grande
confiance danscertainsagenlsde la matière médicale, appelé!
hypnotiques, et ilonl l'emploi serait en efTet ralionnel dam
les circonstances qui nous occupent, si leun propriété*
anafihrodisiatjues avaient des bases un peu plus solides ifiie
toutes tes fables que l'on s'est plu à écrire sur leur compte:
ni le njDiphen, ni l'agnug casius, ni le nitrate de potasse,
ni les semences froides n'éteignent les désirs et ne refroi-
dissent les trans|iorts amoureux. — J'aurais plus de ronfiance
dans les bains de siège froids, d'autant mieui que leuractioo
s'étend jusque sur l'utérus, ainsi que le prouve la pratique
des éleveurs d'animaut, qui font des alîusiond froides sur
la croupe, par exemple, des inesses, au moment où elles
sont abandonnées par le mAle Je reviendrai plus tard sur
cette idée du bain de siég<' froid administré immédiatement
après le coil.
ALTteATlONS Dl POSITION DU COL DB L'OTiftUS. 779
Les antispasiDodiqQes, alors qu'il ne faut agir que sur
l'utéruSy jouent un rôle notable dans la médication, et
parmi eui, je signale surtout Tasa fœtida, le castoréum et
la valériane, comme ayant une action en quelque sorte spé-
ciale sur l'organe gestateur.
Dans ces derniers temps , on a proposé le cathétérisme
intra-utérin comme modificateur de la sensibilité utérine;
j'ai plus d'une fois retiré des avantages de ce moyen ; mais
comme il réussit surtout dans les cas de névralgie, je
renvoie son appréciation au chapitre où cette affection
est abordée.
B. Déptaeemenii uUrim Mlépindantê du e&it,
La détermination de l'axe de l'utérus peut être intéres-
sante sous ie rapport anatomique, mais elle est à coup
sAr d'une minime valeur sous celui de la pathologie, de
celle surtout qui fait de la stérilité le sujet de ses études ;
c'est qu'à ce point de vue cet axe est celui du vagin, qu'il
est toujours facile d'apprécier malgré les variations de ca-
pacité auxquelles est soumis le conduit de la pudeur y en
d'autres termes, c'est que l'axe de l'ulérus se confond avec
celui du vagin, ou pour mieux dire, c'est que ces deux or-
ganes n'ont qu'un seul axe parlant du milieu de la vulve et
allant aboutir au sommet de la matrice, après avoir passé par
l'ouverture du museau de tanche et le canal qui lui fait suite.
Les déplacements de l'utérus dont il me reste à m'occu-
per se font tantôt dans la direction de cet axe et tantôt en
dehors du plan tracé par cet axe.
Cette distinction donne naissance à deux groupes de dé-
placements qui, eux-mêmes, se subdivisent en drux genres,
selon que la totalité de l'organe ou seulement la portion la
DÉPLACBVBNT SUIVANT L*AXB DO TAGIN. 78S
harmonie avec celle du vagin ; mais cette harmonie est bien
souvent irréalisable , et son application ne peut, dans l'im-
mense majorité des cas, être conseillée par le médecin.
Heureusement, cette inBrmité est peu fréquente et rare-
ment poussée au point d'empêcher la fécondation. Quand
elle existe, elle est, comme je l'ai dit plus haut, liée à une
affection de l'utérus, des trompes ou des ovaires; ou bien
encore, elle est amenée par la présence d'une tumeur ou
par des adhérences, suites d'une péritonite ou d'une mé-
trite. Dans tous ces cas, c'est à ces causes diverses qu'il faut
adresser la médication pour ne pas compromettre la santé
générale de la femme dans des tiraillements inutiles et
intempestifs.
Cependant, on pourra recourir à quelques moyens inof-
fensifs et dont l'action locale peut, en toutes circonstances
faciliter rabaissement de l'utérus : tels sont, par exemple,
les bains chauds longtemps prolongés, la marche, Téquita-
tion, la danse, et enGn une ceinture épigastriquc dont la
pression s'exercerait de haut en bas.
Hors ces moyens, j'estime dangereux et inutiles les tirail-
lements exercés sur l'utérus, soit directement, soit à l'aide
d'un spéculum-ventouse, soit de toute autre manière.
Déplacement en bas. — Quand les déplacements de cette
espèce sont peu prononcés, ils constituent bien plutôt une
condition favorable qu'un obstacle à la fécondation, en ce
qu'ils diminuent l'espace que doit franchir le jet de la liqueur
séminale.
Quand ils sont plus considérables, que l'utérus remplit la
totalité ou la presque totalité du vagin, la copulation seule
est rendue difBcile et demande pour son accomplissement
certaines précautions.
Enfin, quand le déplacement est complet, quand l'utérus
78& TllOU8l.es tu LA RtCBPTlDN M-EBMATtQDI.
|>eiiti au (icl)ors «lu la vulve, lo cmigrt.-5 e*l iinpoiMble, et b
fécinidnlion, cjue l'on prévoit pouvoir s'elTccloer eacore, a'»
lieu qu'au milieu ilo roiitlilions anormales vl iii»olitcft.
Comme on le voit, \e$ déplacements dv ulte espèce JmiI
les trois degrés que je viens d'énuiuérer onl été défigoét
•ous It's noms d'aAa*
malrice, n'cïcrccnt
COndité (le la Temmc. oi
sont une condition fa
le congrès 8'accom|
cnlalioa n'est pasiuiisu;
OD n'a pas doiiué
âansqueli{ues cas, e
Uin» individus, tels t|ui
prolapsus et de chtitt <k
tible influence sur la le-
tmme je l'ai déjà dit, iU
iHccplion,suilout lonque
mme dont la force d'éja-
Ite circoiislsnce à laquelle
m qu'elle mérite , peut,
udulté prucréatrÎL-c que cer*
rd, le débauché usé a*aat
l'Age, etc., montrent avec telles l'emmes et perdent avec
telles aulrej. C'est un chapitre de plus à rajer de l'histoire
des Liinrreries de lo génération.
Quand te déplacement est assez considérable pour que
l'utérus franchisse la vulve, la conception, ai-je dit, peut
encore avoir lieu, mois alors elle s'accomplît sans copala-
lion et au milieu de circonstances étranges. Je ne sais si U
fécondation a jamais élé réali>ée dans des condilioos si pe«
engageantes, mais on comprend très bien qu'elle puisse
avoir lieu pur le dordemeni du sperme contre l'ouverture
du museau de tunclic mis à découvert.
Quoi qu'il en suit, jier cela même que la fécondation est
possible, il convient de la ramener dans les conditions ordi-
naires de son accompli.<sument, et pour cela faire, on re-
pousse l'utérus dans l'icilérieur et on le retient en place par
des mojens contcnlifs, dont je n'ai point à m'occuper ici, et
au premier rang desquels se trouvent les pessaircs, les tam-
pons d'épongé et les ceintures hjpogaslriques, dont je dirai
DÉPLACEMENT SUIVANT l'aXE DU VAGIN. 785
tout à l'heure quelques mots à l'occasion des déplaceiuenls
de l'utérus hors 'Se l'axe du vagiii^ c'est-à-dire o Toccasion
des versions.
B. Déplacement du corps de f utérus. — Renversement de la matrice.
Le déplacement dont il s'agit ici est, sans contredit, le
plus bizarre de tous ceux que subit Tutérus : le fond de
celui-ci se déprime en cul de bouteille dans Tintérieur
même de son corps, se précipite vers l'ouverture inférieure,
s'y engage et vient faire hernie au museau de tanche. Tout
le corps de la matrice peut ainsi s'invaginer et même, selon
Dugès et madame Boivin (1), la portion la plus inférieure
de la matrice, c*est-à-dire le museau de tanche, se retourner
quelquefois elle-même.
Ce phénomène étrange se montre le plus souvent à l'état
aigu^ si je puis ainsi dire, mais on l'a aussi observé à Tétat
ihroniqite.
A rétat aigu, il est presque toujours amené par quelque
manœuvre intempestive ou brutale d'obstétrique, ou par la
brièveté du cordon ombilical, et s'accompagne d'accidents
graves qui, en menaçant prochainement la vie de la femme,
le font sortir du cadre de cet ouvnige.
Mais il n'en est plus ainsi quand le renversement de la
matrice se produit en dehors de l'enfantement; il n'allèie
point alors la santé de la femme, et, comme nous le verrons
tout a l'heure, celle-ci ne se doute même pas, la plupart du
temps, de l'inGrmité qu'elle porte.
Il me faut donc arrêter un instant sur cet accident heu-
reusement fort rare qui , malgré une étrange observation
(I) Traité pratique des maladies de Vulèrus^ l. I, p. 221.
^ 50
DÉPLACEMENT SUlVAKT L*AXB DU VAGIN. 787
éprouvé que des accideols très simples , se soupçonna
grosse, parce qu'elle éprouvait des dégoûts et des incom«
modités presque inséparables des premiers temps de la gros-
sesse. Au terme de trois mois, elle ressentit dans le bas-
ventre, et surtout dans les reins, de légères douleurs, qui
augmentèrent graduellement jusqu'au cinquième jour;
alors elles devinrent très fortes, elles expulsèrent une masse
considérable, que MM. Thuilier, médecin, et Vager, chi-
rurgien de Chàteau-Gonthier, virent et reconnurent pour la
matrice renversée. Sans croire à l'existence d'une grossesse,
M. Vager tenta trois jours de suite, mais inutilement, la
réduction de cette matrice ; ne pouvant l'obtenir, il con-
sulta de nouveau M. Thuilier et M. Paroissien, chirurgien,
qui lui conseillèrent de la repousser seulement dans le bassin,
comme l'avait fait la sage-femme, puisqu'on ne pouvait
espérer de faire plus. Six jours après, la femme, qui ne se
croyait plus enceinte, rendit un fœtus bien formé, long de
5 pouces, qui n'était nullement altéré, que iM. Vager vit
et examina presque à l'instant de son expulsion. M. Che-
vreul crut longtemps que la femme n'avait qu'un polype,
que ses confrères de Château-Gonthier s'étaient trompés
en le prenant pour la matrice; mais il leur rendit justice en
1782, après avoir examiné la femme et s'être assuré que
le renversement de ce viscère existait réellement et était
entier; alors il pensa que le fœtus s'était développé dans
une des trompes (l). »
L'ouvrage auquel nous empruntons cette observation
bizarre, la fait suivre des observations de M. Moreau, aux-
quelles je ne puis mieux faire que d'adhérer. «Nous ne sau-
rions, dit ce professeur, accepter cette explication. Si la
(4 ) Bibliothèque du médecin praticien. Paris, 4 843, 1. 1 {Maladiei dee
fimm^i), p. 364.
7S8 THOUBLKH DB LA HScimiO!* NFEIMitTIQUI.
conception ovail eu lieu duiis l'une des trompes, on o'anrait
pss vu le fuDlus sortir de ta cavité du vagin, maû de l'ua
de ses cuiiduit!i, dont des orifices, placés près du Fond de
l'organe renversé, se trouveteiit en delior* de la vulve;
ou dans les essais ({iii furent tentés pour réduire l'utériu,
on aurait trouvé l'un* >s gonllée, son orifice
dilaté. Kien d<.' cela n'i ', noii5 tenons porté ii
croire qu'il n') a eu prii qu'une simple précîpi-
Uli«n, et SI plus lard le lit s'est opéré, il n'a eu
lieu qu'au moment de l'avori En adoptant celle snf
position tout le merveillens L »
Quoi qu'il en soit de ce it-éire unique dans 11
science , le renversemt le us doit £lro considété
comme un obstacle rudica) k la fécondation, et que, par
conséquent, on doit, par tous les moyens possibles, en
tenter la réduction. Celle-ci n'est pas toujours rjcile, et la
tumeur a, comme nous l'avons vu, une tendance très pro-
noncée à se reproduire. Aussi on doit s'cslimtr heureui
de pouvoir contenir dans le vagin la matrice même renver-
sée, alin d'éviter l'ublation de cet organe, opération dont
quelques r.ires sucit's tie peuvent contrebalancer les nom-
brcui revers, qu'elle soit faite par la ligature, ou par
l'instrument traniliant.
II. ntPLACEMr.NTS EN nEHOHti DB l'axe nu Tu:iH.
A. Drplactmenti' de lu lolalitc de l'utrmt. — VfTJijoiM.
Depuis que Levret, par sa noble franchise à publier une
erreur qu'il aiait commise (1), n fité rallenlion sur l'anlé-
(I) Journal de mfdrcint el de chirurgie, janvier <783, t. Ll.\,
p. sn el suiv.
DÉPLAGBMENT8 Bit DBHOBS DE l'aXE DU VAGIN. 789
version, et depuis que Grégoire, chirurgien français, a
comprfs dans ses leçons d'accouchement la description de
la rétroversion de laquelle Walter Wall fournit bientôt à
G. HuDter l'occasion de donner une observation (1), Tétude
des déplacements de Tutérus en dehors de Taxe du vagin a
fait de très grands progrès, quoique beaucoup de points de
leur histoire soient encore enveloppés de doutes et de ténè
bres.
Est-il besoin de légitimer la place que je donne ici à ces
déviations, et, par tout ce que j'ai dit précédemment , ne com -
prend-on pas le râle important qu'elles jouent dans l'étio*
logie de la stérilité? Il n'est pas nécessaire» pour que l'infé-
condité se produise, que le déplacement atteigne des limites
extrêmes, car j'ai souvent rencontré des déplacements qui
l'occasionnaient et qui respectaient en même temps toutes les
autres fonctions qui, d'ordinaire, sont plus ou moins alté-
rées par la pression que l'utérus exerce sur leurs organes.
La version est constituée par le déplacement de la tota-
lité de l'utérus hors de l'axe du vagin, de telle sorte que le
col de l'organe se trouve fatalement dans une direction
opposée à celle qu'occupe le corps ; c'est la position de
cette dernière partie qui détermine la désignation que l'on
donne à la déviation. Quand le corps de l'utérus se porte
en avant, qu'il vient s'appuyer contre l'arcade du pubis, ou
faire saillie à travers les parois de l'abdomen, le col se re-
courbe en arrière et porte plus ou moins son ouverture vers
la concavité du sacrum; il y a alors antéversion. Quand au
contraire le corps de la matrice est déjeté en arrière, le col
vient s'appuyer contre l'arcade du pubis, et il y a rétrovet"
sion; enfin, quand le corps de l'utérus se porte à droite ou
à gauche, le col se déplace dans un sens opposé, et il se
(4) Medie. observalions and. inquiriei, t. IV, p. 40 f.
700 TROuuLes ne la HerepTioii spnHATioiw.
produit alorM une laléroveraion h droite od h gauche, iflon
la direction qu'a prise le corps.
L'ohsliiclc à la fi^condotion qui iiatl de ces vhnD^emtaM
de position est tout mt^ranique; il cul constitua ]iar le
défaut d'opposition Irarmoniaue entre le méat uriiiaire â*
rhommft et l'ouvcrti de lanchp, qui ne per-
met [ilus h la liqueur ! passer du premier dam
1b sccotidi-, et qui lu Iniwf" nt'iit se perdre dans Ici
profondeurs du vagîn. I iver^ion et les Inl^roier-
slons, l'arradc du pul Pliant pas au col de se
recnnrlier sur lul-ni^^i k ^joit déplarement une
limite qu'il ne peut I rululion sperm&ttque se
fait contre le cuMe t la partie posiérienre
dans k' firemier cas, et sur les coies dans les liiléro'erMons.
Dans l'anléversion, au contraire, la concavité do sacrum
laissant un \asle cliiimp de déplacement au rot, celui-ci
se recourbe plus ou moins, porte en arrière et en haut !00
inuse.111 de tiinche, et présente au sperme qni vient le frap-
per l'angle ijiii se forme au point de sa courbure.
Ce môcunismc est important k connaître, car an point de
vue de la fécondation, le seul qui me doive occuper ici, il
établit une difTérence notable entre la rétroTcrsion et l'an-
tévtTsion, non pas tant peut-être pour le traitement que
pour la possibilité de la conception on dehors de toute thé-
rapeutique, el pnr le seul effet de la position des conjoints
peo'lant le coit.
Dans la rétroversion et les latéroversion< (il est bien en-
tendu que je faix la part des cas exceptionnels qui peuvent
»e présenter), le col de l'utérux, empêché par l'areade du
pubis dons son mouvement de bascule, ne ces«e pan d'avoir
le miiseiiii di> tanche dirigé en bas, dans le sens oà se bit
l'iiM'ension du Dutdc spermatique; seulement l'opposttîoa
DftPLACEVBNTS E!^ DEHORS DE LAIE DO VAGIN. 791
harmonique entre la verge de Thomme et le col de la ma*
trice est détruite par la déviation de celui-ci hors de Taxe
du vagin, et par la persistance, au contraire, du membre
viril dans la direction de cet aie. Il faut donc ou ramener le
col dans Taxe du vagin et, par conséquent, dans celui de
la verge, ou dévier celle-ci dans la direction du col, de ma-
nière à rétablir l'opposition harmonique des deux organes
dans un axe accidentel, artificiel pour ainsi dire. — Ce der-
nier moyen est possible, comme je le dirai tout h l'heure.
Dans l'antéversioD, au contraire, le museftn de tanche
est non-seulement dévié de son axe, mais encore il dirige
son ouverture dans un sens diamétralemc^nt opposé à celui
par lequel s'eflectue l'ascension du sperme; par conséquent,
il ne servirait à rien de remettre les deux organes dans le
même axe, si au préalable on n'avait pas ramené l'ouver-
ture utérine dans sa direction normale, c'est-à-dire dans la
direction de la vulve. L'intervention de l'art est donc d'une
absolue nécessité, et sans elle, quelques efforts que fassent
et quelque position que prennent les conjoints pendant le
coït, la conception est radicalement impossible.
Sans doute, toutes les versions n'arrivent pas au degré
extrême dont je viens de parler, et il en est de très nom-
breuses qui sont sans aucune influence non-seulement sur la
santé de la femme, mais encore sur sa faculté procréatrice.
Ce n'est pas à dire pourtant que la condition d'opposition de
l'organe mêle et de l'organe femelle puisse être éludée sans
inconvénient, ou qu'une légère déviation de l'utérus soit sans
importance pour le maintien de cette condition; loin de moi
cette pensée, car j*estime que la condition d'opposition est
une nécessité absolue pour la fécondation, et que cette con*
dition est rompue par la plus légère déviation utérine, en
admettant que la verge reste exactement dans l'axe du vagin.
IVfî TUIItHlK» DK LA HfcCtirtlOh »rlHlt*TIQUI.
OU |ior iiiiP rt^ïifllion de la vergft, qnnnd c'est le col i)« b
malriœ qui reste dnns cel a*ii. Les fcmm*'» ndroilM «a mil
ol intéreisffcB & lie» ro|iproihcroents Btt-riles saïcnt (rè* bien
(outcs ct'S choses, et porviennoiil, ompc ud peu d'tinbilude,
|)«r un mouvenicnl du bossin ou moment de rt^jatuUlion ,
fl rompie l'aie do la
Mai'i par cela mèi
il Taudra pru d'i'ITatl
Vfau dt) r»>l, cl m '
milM^i <)r9>iiielleK k
nlak H la pla* n
4f. r(^ <inMUta«a
il de l'uti^rui.
tlioii utt'rin« est tégèrp,
U irrgp dant I'pir nnu-
X contliliunf dîtor^s nu
I, intoe d«n4 ta lie nu-
«tlra EKilement qu'une
M WB— ttUnélMlH lir«
(e l'hoMM ti de l'or-
odatioB apombl*! un*
v^W' nmvnstanre forluile et iiirnntprise par ks conjoiDlJ.
|>)«nil U dét iatron utérine est plu» prononcer, sans qu'elle
mIIo n-penifant, pour la rétroversion, jusqu'à la relnite do
caI «ous l'arcade du pubis, et pour l'anléveraion, jusqu'à l:i
nturbureeii arrière du même col utérin, la férondatioo est
Mirorc possible sans les secours de In naédecine, mais à la
roitdiliori cependant de certaines précautions prises par les
ronjoiiitsau moment du coït. — On comprend que c'est de le
posture dont je veux ici parler. — Le lecteur, par leseipli-
calions que j'ui précédemment données, doit suffisamment
MÎsir le mécanisme qu'il faut résliscr, pour qu'il soit inu-
tile de m'appesantir davantage sur un sujet qui louche de
trop prè-i au domaine de la luxure.
Enlîn, quand la déviation a nlleint des limites inaccewi-
bles à toutes les précautions copulatrices, l'art doit inter-
tenir et ramener lespnrties déplacées dans leur aie normal.
Miiis ici apparaissent les >érilab1es difficultés du pro-
blème, ot des points litigieux se présentent en foule.
DéPLAGBMKNTS KN DfiUOBS DE l'aXE DU VAGIN. 793
Je signalerai les principaux, ceux surtout qui touchent le
plus directement à mon sujet.
Les déplacements utérins sont-ils essentiels, ou simple-
ment les résultats d'un état morbide quelconque?
Là est le point de départ de toutes les contradictions.
Si les déplacements de la matrice peuvent exister sans
lésion organique, s'ils peuvent se produire par la seule force
de la nature et persister par TelTet d'une circonstance for-
tuite, légère^ comme la présence d'une anse intestinale, etc.,
il est incontestable que le redressement direct et mécanique
est non-seulement utile, mais encore l'unique moyen de
réussite.
Mais si le déplacement de l'utérus est amené et entretenu
par une cause morbide, quelle qu'elle soit, le redressement
mécanique sera impuissant à remettre l'organe à sa place,
et dans beaucoup de circonstances, il sera même compro-
mettant pour la santé et même pour la vie de la femme.
Comme on le voit, la question prend une importance pa-
thologique qui n'est plus exclusivement de mon sujet, mais
qui, cependant, l'intéresse assez vivement pour que je ne la
laisse pas tout à fait dans Tombre.
Les deux manières d'expliquer les déplacements utérins
ont eu chacune son école et ses partisans. La première, celle
qui consacre l'essentialité des déviations, a été, dans ces der-
niers temps, soutenue avec un certain éclat par M. Simpson,
en Angleterre, qui, conséquent avec ses principes, aimaginé
un appareil auquel son nom est resté, et à l'aide duquel il
ramène mécaniquement Tutérus dans sa position normale.
Les idées et l'instrument de M. Simpson ont été importés
et adoptés en France par M. Valloix, qui a fait subir aux
unes et à l'autre des modifications inspirées par l'expérience
et la profonde érudition qui distinguait ce praticien.
lUh TROUBLES DB LA RSCEPTKin !(FKRN4Tltftm.
M. Simpson, <i« son cMà, H M. Valleii du »îeii, proclt-
maient l'inocuitc' de leur m<^lhodfl et Biirionçaient des succèi
presque conïlaïKn, non -seulement rf»ns le redretMment de
la dé>iiitiun, mais encore (et iti c't^Uît le m^iledn snglaâ
<]ui ('lait le plus eiplicite) daus le traitement de li stérilité
dépendant de resdép
phe furftit troublés par
^oo'senlemcnt.diMiienl
B MM, Simpson et Vi
is encore ils fipo»ent'
I impossible de conjtiEr
uveilhier et ItroM pr^
e (I), des obsertalitH»
[)tiration du pessBÎr*' âr
Mais btoiitM ces
la r»ou»ellp ic reten trèf-
les contradicteurs, les
leii ne redressent pas
remmn h des dangers <|
rer. » El coup sur coi<n
seiilèrem, à l'Acailé
de femme* mortes Ji la
M. Vftlleii.
Comme on le pense bien, l'émotion fut grande, et l'Aca-
démie de médecine voulut enfin éditier les praticiens sur une
méthode thérapeutique (|ue patronnaient deux hommes im-
portants et honorables, mais contre laquelle se dressMcnt
des Tails terribles.
Ce fut M. Depaul qui, au nom d'une Commission, ports
les premiers coups, non-seulement ani instruments de
MM. Simpson «t Valleïx, mais encore i l'essentialilé des
déplacements utérins. A t'ajipui de sa thèse, il Tournit des
Tails tr^s graves puisés dans la pratique même de M. Val-
leii, et Ib discussion qui s'engagea h la suite de ce rapport
ne laissa aucun doute sur l'inanité et les dangers de cet
moyens purement mécaniques.
Cependant, il est incontestable que, dorant font le temps
que l'utérus est soumis k l'action de la sonde, il demeore
fi] ButMin de l'Académie impériale da médtciitt. Paria, <8Si,
l. XIX, p. 3SSflt387.
par ■
DÉPLAGB1I8NT8 EN DBHOBS DB l'aXB DU yA€ll«. 795
clans la position que ^instrument lui impose, et qu'il ne
revient à sa position normale que lorsqu'il est de nouveau
abandonné à lui-même.
Or, si Ton réfléchit que, dans beaucoup de cas, la dévia-
tion de la matrice est la cause unique de la stérilité de la
femme ; que l'aiïection qui donne naissance au déplacement
est par elle-même incapable de produire Tagénésie; et que
même, dans quelques circonstances, une grossesse est un
palliatif à ces affections, comme dans Tétat atonique et
certains engorgements partiels de l'organe geslateur, on
est conduit à rechercher un moyen qui, en permettant le
coït et en exonérant la femme de tous dangers, main-
tienne l'utérus redressé, sinon d'une manière constante, du
moins pendant la durée de la copulation. La sonde de
M. Simpson et le pessaire de M. Valleii ne remplissent
aucune de ces conditions. Sans revenir sur les dangers qu'ils
font courir à la femme, il faut reconnaître que le rappro-
chement sexuel est impossible pendant leur application, et
que, par conséquent, les espérances qu'ils peuvent donner
reposent sur la continuité du redressement qu'ils ont opéré,
continuité qui est loin d'exister, ainsi que l'a prouvé la
discussion de l'Académie de médecine (1).
Les pessaires ordinaires, non pas, bien entendu, les
pessaires en bilboquet^ dont la tige s'oppose au coït; mais
les pessaires en gimbleltes^ répondent mieux au but que l'on
se propose, car, pour l'eiïetque l'on veut produire, l'action
principale du pessaire doit porter sur le col. Cependant, ces
instruments offrent des inconvénients de plus d'un genre,
dont le plus grave, dans le sujet qui nous occupe, est la faci-
lité avec laquelle ils se déplacent. Il no faut pas avoir appli*
(I) Bulletin de l'Académie impériale de médecine ^ t. XIX, p. 742
à 976 paê9im.
796 TBOUBI-ES liK LA BÉIIKI-TIOS SPERMtTtOCE.
que un très grand nombre- île po^saires {X'ur «avoir en HTri
que huit fois sur dix ces appareils (fuilteiit Is po^ïlion qu'on
leur a donnée, bnsnilent sur {•ti\-m6me!i et prcnnvnl une
(lîreclion verticale eu abandunnont le col h l'irréf^ubrilé de
se» déplacenienl!'.
De plus, en occupant une as^iei grande pinre lUn* !■
cavité vaginalti, \\n peuvent rendre le roït sinon complète-
ment impossible, du moins le contrarier d'une mftnièrc ixsrt
notable pour Torccr la rcmm enlever nu moment <le U_
copulation, L'elTet qtu;, sous ( pporl, les possarre« prOKfl
doisent, esl de deux sortes : I» ils ^nent les momcmenls ■»!
l'entière intromiMion de la verge dans le vagin; 3* il« peu*
vent inspirer h l'homme un sentiment de surprise, d'effroi
ou de dé(ioilt qui lui rend le coït impossible. Je connais plu-
sieurs Taits de ce genre, et les femmes savent si bien l'im-
pression que l'homme éprouve de la présence d'un pessaire
au moment du rapprochement sexuel, que tes unes l'enlètcnl
avant de s'abandonner uui altoucliemenis amoureui, et
que les autres s'abstiennent de toute copulation si elle*
n'ont pas eu le temps de le faire disparaître.
Sans nous arrêter à un sentiment de coquetterie dont, en
définitive, il faut toujours faire ta part chei la femme, les
pessaires ont des inconvénients si graves que l'on s'occupe
constamment, soit à les remplacer, soit k leur faire subir des
modifications plus ou moins heureuses.
Si, nous renfermant dans les limites delà stérilité amenée
par une déviation de la matrice, nous faisons abstraction
des buts divers que l'on se propose par l'application d'un
pessaire, nous sommes obligé de reconnaître que les pes-
saires ordinaires ne remplissent pas les conditions que nous
recherchons, c'est-à-dire la possibilité du cuit, en prenant
ces mots dans leur plus large acception, et le redressement.
DirLACUUXIft » MlOiS DE l'aXE DC VAOIIC. 797
sioon roDSttiDt, da moins momentaoé da col de l'atérus. Il
faat donc chercher un moyen qui satisfasse à cette double
indication : un morceau d'épongé taillé en cylindre me parait
réunir tous ces avantages, et, je me h&te de le dire, Texpé*
rience a pleinement conBrmé les espérances que la théorie
permettait d'entre? oir.
Après aîoir constaté la direction et le degré du déplace*
ment, on taille un cylindre d'épooge dont le volume doit à
peu près égaler la moitié du diamètre vaginal, et dont la
longueur doit être suffisante pour embrasser la moitié du
col utérin; on graisse le cylindre ainsi préparé pour iMi iiici-
liter le glissement, et on le conduit, avec le doi^t indicateur,
derrière la déviation du col, de manière à lui faire occu«
per l'espace compris entre le col et la paroi vaginale que
regarde le museau de tanche. Les mucosités va^^inales dont
lasécrétioli est augmentée par la présence de Téponge, gon-
flent celle-ci, et par suite de cette augmentation de \o«
lume, le col est repoussé ci maintenu loin de la paroi vaginalo
contre laquelle il appuyait auparavant.
Sans doute, car je ne me fais pas illusion sur Timpor^
tance de ce moyen, l'éponge serait insuflisanto si elle devait
maintenir longtemps la déviation réduite, et surtout si elle
avait à vaincre une résistance trop énergique de la part dt»
l'utérus; mais dans la très grande mojorité des cas, et dansi
le seul but que nous voulons atteindre, le cylindre d*épou)^o
répond à toutes les indications, pourvu qu'il ne d(^pav<«e pa»
les lèvres du museau de tonche, et qu*il rejette Nulliinnimenl
le col du côté opposé à la déviation.
A rôle du fait que j'ai précédemment rar.tMili^ (\), et
dans lequel l'opplication du cylindre d'épongé fiitfiUhiedu
plushcureux succès, je pourrais placer pInsieurN olnei \ nliiMiM
(I) Voir les pages 585 et suivantes.
798 TROCKLBS riB LA II&CKPTIU.S «PBBHATIQOI-
OÙ (Ifig résultais anulogut-s oui été obtenus ; miû j« erou ce
({etirc de preuve inutile pniir un nio>pn depuis longlcBpl
dans la science, et dunt loij bons effets du «oui mism doolt
pur [lersonne.
Je le répète, qu'on ne me prâtc pas la pensée de ilonner è
ce mojen une importance
pas. Palliatif momentané
ne peut ni en éloigner
manière rontinuc; elle
cesser la stérilité, iobis
guérir une dérialion. Le ■
rallc-ci, importe sans dou
mais il rentre tellement dam
renvoie le lecteur h l'Iiittoire ^iWiérali
utérines.
tique (|ueicn«lut MUf»)K»f
lacement utérin, rcfion^c
e, ni s'y opposer d'uoc
granti secours ptiur faire
tement insuftiuinle pour
L'Ut médical, définitif de
coup au iujet do ce livre;
itliologte commune ^ue je
lies
B. Dépl
du corpf teul de l'utérut. — Flexion*.
Quand le corps seul de l'utérus est dévié de soa aie cl
que te col reste clans sa position normale, le déplacement
est appelé flexion, et, comme ta version, il prend le nom
d'antéQeiion, de rétruOcxion ou de lutéroDeiion, selon que
le renversement de l'organe a lieu en avant, en arrière ou
sur les cAlés.
Le mécanisme par lequel la flexion devient une cause
de stérilité est tout différent de celui que je \iens de décrire
àl'occa-ion de la version ; tandis que dans celle-ci laMénlilé
est produite par lu rupture des rapports d'opposition entre
l'organe mâle et l'organe femelle, dans la flexion où l'iiar-
monie de ces rapports reste intacte, la stérilité est amenée
par l'occlusion du canal utérin résultant du renversement de
la malrice sur elle-même. Au point de sa courbure, l'utérus
forme un angle rentrant dioa lequel ws paroi», mieet en
DiPLACBWNTS Blf DBH0R8 DB l'aXB DO VAGIN. 799
contact, interceptent le passage au sperme et Tempéchent
ainsi d'aller faire sa jonction avec l'ovule.
Mais pour que cet empêchement soit complet, pour que
cet obstacle soit absolu, il faut, on le comprend, que le
déplacement de l'utérus atteigne certaines limites, car si le
canal n'est pas entièrement bouché et si les parois utérines
ne sont pas étroitement collées l'une contre l'autre, le
sperme, grâce aux contractions de l'organe gestateur,
peut franchir le défilé et aller remplir son rôle comme
dons les circonstances ordinaires.
Les conditions de ce mécanisme rendent suflisamment
compte de la place secondaire que, relativement aux ver-
sions, les flexions occupent dans Tétiologic de la stérilité.
Si un déplacement du corps de l'utérus est chose assez
commune, pour que quelques anatomistes l'aient con-
sidéré comme un état normal jusqu'à la première gesta-
tion (1), une flexion capable d'intercepter comfilétement
le canal utérin, et, par suite, d'entraîner la stérilité, est
une chose assez rare et contre les observations de laquelle il
importe de se mettre en garde.
Cependant, malgré leur peu de fréquence, on ne peut
entièrement les révoquer en doute, etTétiologie agénésique
les doit faire entrer dans son cadre; mais, hâtons-nous de le
dire, arrivée à ce point extrême, la flexion utérine déter-
mine des accidents, soit du côté du rectum, soit du cêté de
la vi'ssie, sans parler des douleurs dans les reins, dans les
lombes, etc., qui, bien plus que le rétablissement de la
faculté procréatrice, sollicitent l'attention du médecin.
En présence de ces accidents et de ces douleurs, et avec
(1) Quelquiê motn nur Vutérwi, thèse inaugurale de M. Boullard.
Paris, 1863.
800 TIIOtiBLES DR LA HKCËPTIU> M'EKHAtlVUK.
les données fournies fiar le toucher vaginal, et au b»oin par
le toucher rectal, le diagnostic ne saurait être dilTinle, Le
corps lie l'utérus llécht sur lui-mAme vient Tain' tunirur au
cul-ile-sar du xigin, it trB\crs lequel le doigt le moins exerce
le reconnut! et le limite.
lA n'est pas l'embar ' oot entier dans In ih^-
peutique.
Tout h l'heure, dons In i, le chirurgien stait la
ressource li'ngir sur lo co rimer à tout l'orfinne un
mouvement de bascule qui lait dans sa position nor-
male ; <ljins ta IleKion, cette i -ce n'eiiste pas, et ii faut
atleiiidru une partie perdue da l'etcavotion dti bassjn, et
sur laquelle nous n'avons que miiji;ns indirects d'action.
Par lii tnéthoile de MM. ISimp^oii et Vulleii , surtout
avec la sonde du premier, on agit bien directement sur le
corps de l'utérus; mais cette ressource, comme je l'ai déjà
dit précédemment, est tout à la fois dangereuse et aléatoire.
Les|iessairesutérins, si ce n'est |)eut-élre celui de M. Her-
vezdeChégoin,qui, même dans les cas de version, veutqu'on
agisse sur le corps et non sur le col de la matrice, les pes-
saires utérins, disons-nous, n'ont qu'une influence négative.
Les pessaires vogiiiaui répondraient mieux à l'indication
qu'il s'agit de remplir, s'ils pouvaient être liiés d'une ma-
nière plus solide qu'ils ne le sont ordinairement, et s'ils
n'étaient pns un obstacle insurmontable pour le coït.
Les cylindres de liii^e ou d'éjionge, introduits dans le
rectum, outre qu'ils n'obvient qu'à une variété de flexions,
mettent ob^tacle à l'etercicc d'une des fonctions les plus
importantes de l'économie, et sont, par cela même, relé-
gués dans le domaine de la théorie, à cdté des espérances
que l'on avait fondées sur la plénitude de la vessie et sur
celle de l'intestin.
TROUBLES DB l'aGTE d'iMPRÉGNATION. 801
En dehors de ia position et des ressources roiirnies par
un bandage contentif, j'estime que tout moyen mécanique
doit le plus souvent échouer dans le redressement du corps
de l'utérus. Il importe donc de recourir au traitement mé-
dical et de combattre la cause elle-même de la déviation,
sans perdre son temps dans des tentatives vaines et qui pour-
raient bien ne pas être toujours exemptes de dangers.
CHAPITRE m.
TROUBLES DE l'aCTE d'iMPRÉGNATION.
Je ne reviendrai pas ici sur la discussion que soulèvent
deux points de Thistoire de la conception que j'ai traitée
dans une autre partie de cet ouvrage (l),etqui sont relatifs:
l^'au lieu où se fait la rencontre du produit mâle et du pro-
duit femelle; 2"* au mode d'union de ces deux produits.
Sous le premier rapport, je me suis rangé à l'opinion qui
place dans l'utérus même, ou dans la partie de la trompe ia
plus voisine de cet organe, l'acte de l'imprégnation; et en
ce qui regarde le second point, c'est-à-dire la manière par
laquelle cette imprégnation s'opère, j'ai franchement avoué
notre ignorance, et je me suis abstenu de toute décision en
présence d'observations contradictoires et de théories que
rien ne légitime.
En conséquence, après avoir suivi séparément le produit
mâle et lo produit femelle, depuis le lieu de leur sécré-
tion respective jusque dans celui où leur réunion doit se
faire, il ne me reste plus qu'à chercher les obstacles qui
(4) Voyez les pages 93 et suiv.
5t
e j* t'ni itil, il sernil i
■ l«9 caraclire» de »e« mniUU
rmaea crie ici une Inruite qui ii'e»t
ragnitablr qu'elle semble le parullre,
<|t»e Utules les chukcs J'altéralion
(lu ftratluit femelle unt agi sur eut y
■|u'tlK pi)r<:iiiirent à travers de» t!-cuei
^'■u mumenl su|)r£tne de leur utiio
fusion iiement ne réside |)lus en eut, |
()■ l'orguiiu chargé Je protéger el de I
uenient.
Cet or^iane est, comme je i'ei dit plui
C'est donc k lui ijue uous atluna ma
vomfite des nouvellen cause» de «léritité
examiner.
Miiis avant d'aller plus loin, enlevons
)»art <|u'ori lui a faitf jusqu'à présent
l'infécondité; la place <|ui lui revient
au point de vue de la réception du ï^pei
molrici' est, comme nom l'avun» vu,
l'uU-rus proprement dit ne remplit <|u'u
au moment KUpr(me ou le spcrmalo.
l'ovule . l'-ilvnn ni^gjJiMgii^Mt
ANOMALIES DR I.A MATRirE. H{)1\
rencontre; i'utéros est alors réellement nctif; il (ie\ient
l'agent, que dis-je, lu source à laquelle le nouvel être va
puiser sa vitalité, et l'on comprend que lu moindre de ses
altérations suffit pour porter atteinte h cette fonction ; aussi,
la pathologie utérine , après avoir déchu dans l'histoire
proprement dite de la stérilité, reprend-elle tous >es <lroits
et en acquiert peut-être de nouveaux , comme je le dirai
dans l'histoire de Tavortement précoce. On ne s'étonnera
donc pas de me voir passer rapidement ici sur cette patho-
logie, car, je le répète, si les affections qui lu composent
eiercent une action très étendue et légitime sur le déve-
loppement de l'œuf fécondé, elles ont, hormis quelques cas
que je vais spéciGer, une influence à peu pn*s nulle sur la
faculté procréatrice de la femme et sur Tacte de la fécon-
dation .
I. — ÉLmowÊÊmUem de la Huitrlee.
Absence de Vutérus, — L'absence complète de l'utérus
est plus rare qu'on ne pense: dans la très grunde majorité
des cas, il y a simplement atrophie de l'organe ou formation
d'une poche membraneuse. Cependant, on ne peut lu nier
d'une manière absolue; mais qu'elle soit complète ou in-
complète, l'absence de la matrice est une cause d(* stérilité
dont il est oiseus de faire ressortir l'iinportunce ; il ««nflit
d*en marquer la possibilité, et, sous ce rapport, len exem-
ples divers que j'ai rapportés ne peuvent laisser aucun
doate (!].
L'absence de la matrice offre à la physiologie des ovaires
et du sens génital, un sujet intérenvant d'étude que j'ai
effleuré dans une autre partie de cet ouvrage ^2;, â la'|uelle
ri} Voyez la page 639.
(2) Voyez les pages 536 et soiv.
80f| Tuui)tii.K.4 DK l'acte D'iMPItttr.nAriON.
Je renvoie le Ivrteur puur los ilivemes iibsefratHins rriitivM
è re vice île conformntion.
Division (/c la matrice. — Celte anomiilic (>'c*l pni prt
méin<!iit une cause d'agiJn^iiv ; elle g»I plutdl, qu'oD ne
fusse 1 'ci pression, une chtnce de tlérililé; el, en eflel, ri
I (les deut ovuin
Irumpes est lésée di
di«iïe l'utérus »e prolv
cet ur^siie , il foudr
plisse, t]ue le sperme |
l'uvoire et À l'oviilude f
AUe empêchée de sui
«tances diverse:^, parmi i
tioii ilvji deux conjoiots petiflani
ou M l'une des dent
m, et si la cIdùod i]!»
l'ouverhire inférieure <le
la fécondation s'accon*
is la division attciianlsi
la liqueur séminale peit
>ie par l'crrt!! de ctrcom
! citeriii seulement la ftm-
'oil, une iiiDeiina latérale
de la matrice, l'obstruction, par des mucosités, de celle partie
de l'ouverture du museau de tanche, obslruclion rendue
plus fucile par la diminution même de l'orifice., etc , etc. '
Bien évidemment, si ta cloison membraneuse, nu lieu
d'être longitudinale et de partager la cavité utérine en deui
portions lutéralcs, était horizontale, située au-dessous des
ouvertures des trompes de Follope, de manière à diviser la
matrice en deux parties, l'une supérieure et l'autre infé-
rieure, bien évidemment, dis-je, celle disposition serait une
cause absolue de stérilité, puiaqu'il ne pourrait plus j avoir
contact immédiat enlrc le produit mâle cl le produit femelle,
Heureusement, cette anomalie doit être très rare, <-ar je
n'en connais dans lii science aucun exemple bien authen-
tique. Tous les faits de matrice bilobée, au contraire, se
rapportent à une division longitudinale et rentrent, par
conséquent, dans le cas de possibilité d'agénésie, sans aug-
menter le cadre de ceux où la stérilité est fatalement né-
ressaire.
LÉSIONS OKGAMQUES DE l'uTÉHUS. 8U5
$ II. — Lésloiui orf^Biqaes ée l'aléras.
Lésions de continuité. — 11 ne s'agit point ici des plaies et
des contusions de la matrice, qui, en dehors des cicatrices
vicieuses qu'elles peuvent laisser après elles, ne sauraient
empêcher Tovule d'arriver et d'être retenu dans Torgane
gestateur; il ne peut non plus être question de la rupture
de l'utérus, car cet accident entraine presque toujours la
mort de la malade; je ne veux parler en cette place que des
perforations qui se produisent, quand elles ne sont pas con*
génitales, à ta suite de quelque aiïection chronique, comme
le carcinome, par eiemple, et qui, se prolongeant jusqu'au
rectum ou la vessie, établissent une communication (islu-
leuse entre ces organes et la matrice.
Sans doute^ une semblable perforation n'est pas fatale-
ment une cause de stérilité : l'ovule, parvenu dans Tutérus,
peut s'y loger loin de la fistule et recevoir encore l'impré-
gnation du sperme; mais il peut arriver aussi, surtout si la
face interne de l'utérus est le siège d'une sécrétion abon-
dante, que l'ovule soit entraîné vers la fistule et porté de là
dans le rectum ou la vessie, soit par son mouvement propre,
soit par la contraction des fibres musculaires de la matrice,
soit par le courant des mucosités utérines.
C'est encore, comme on le voit, une chance de stérilité.
Cette lésion est bien rarement justiciable des ressources
de notre art, surtout quand la communication se fait avec la
vessie ou la partie la plus supérieure du rectum. Dans la
plupart de ces cas, fort rares, il faut en convenir, on doit
attendre la guérison de la nature et la fécondation du hasard.
Métrite. — La métrite, qu'elle soit aiguë ou chronique,
ne saurait être par elle-même une cause de stérilité. Nous
80fj tHODILBS RB l'aC» ll'llinikGIlATtOK.
lui >erronti loiil à l'tieurn jou^r un rdie important, llott
que j'i'iaminerai les contlitions t\m (iriijdenl sui avorte-
rneiits|irérocea. Mais, en celle |ilBro, elle n'a <fu«(qac valeur
que par les acciilenli ilont elle peut Aire Huivie.
M. Chomel (1) a vu, ^ la auite delà inélritechroaif|oe, le
col ohliléré par une t"
admettre que cette ai
lacavit* utérine, et que i
espère de cloison infra
et i l'ovule?
Quoique je n'aie;
nature et que je n'ei
•Dleur!!, je conçois II
le cd<> échéant, la eei
■ — lédiatr ; ne peut-on pt»
c sur nn point tn^^e de
i^nsversaks formeiil uite
'animalcule 9pennatM)aa
n mot, de hits de a(to
Htirun exemple dam 1«
me wmblable lésioii, ei,
h-ililé.
Il serait Tort dillicile de constater un pareil état sur le
vivant, et je ne sais vraiment à quel symplAme le diagnoalic
devrait s'arrêter. On pourrait bien pratiquer le cathélériHne
utérin, c»plorpra*ec une sonde loal l'intérieurde ruténii;
mais outre les dangers qu'une semblable manœuvre ferait
courir H la mulail<-, je doute furl, h moins d'une expérience
consommée, que l'on parvint h un résultat sérieui, car les
enuses d'erreur sont ici flagrantes et nombreuses.
Ct'tle ignorance, ou plutAt cette absence d'un diagnostic
certain, doit nous donner peu de ref^reta en présence de*
ressources douteust-s et en petit nombre que l'art mettrait
entre nos matins. Sans douti', un instrument porté dans
l'utérus pourrait essayer de couper les adliérences et déga>
ger ni^^i l'ouverture des trompes; mois (|ui oserait en-
treprendre une pareille manœuvre quand la vie de la
femme n'est pas sérieusement menacée ? Et puis oà trouver
fl) Dictio
. XXX, i
. UTtH*(l
LÉM0N8 ORGANIQUES DE l'uTBRO». 807
une garantie de succès, alors que Ton opère en dehors de
tout moyen capable de diriger la main du chirurgien ? Et
puis encore, en admettant la section des adhérences, com-
ment prévenir leur reconstitution, que ne roan<|ucrait pas
d'amener TinOammation même déterminée par le caustique
ou l'instrument tranchant?
Evidemment, ce sont là des impossibilités insurmon*
tables qui, fort heureusenient, grâce au peu de fréquence
de raiïection, mettent rarement à l'épreuve la hardiesse du
chirurgien.
DipfUhérite utérine, — La métrite chronique avec for-
mation de fausses membranes était une affection non encore
décrite, quand j'en rencontrai un exemple dans un journal
espagnol , el Siglo medico. Je traduisis littéralement cette
observation, due à M. Benavente, et je finséroi dans le
journal que je rédige (1). On lira sans doute avec intérêt
le récit d'un fait tout nouveau dans la science, et qui montre
une cause encore inconnue de stérilité chez la femme.
Voici cette observation :
«r Dona F... E..., non mariée, Agée de vingt-huit ans,
d'un tempérament sanguin-nerveux, vintconsulter M. Bena-
vente le 7 octobre 1851 : elle avait toujours ou les règles
diilGcileset douloureuses; le 1*' mars 18/i7, époque corres-
pondante aux menstrues, elle consulta pour la première
fois un médecin, qui constata tous les symptômes d'une mé-
trite aiguë, c'est-à-dire douleur , sensation de poids et
tuméfaction dans la région hypogastrique, dysurie, consti-
pation, soif, nausées, chaleur générale, pouls fréquent et
dur, céphalalgie occipitale, etc., etc. ; les antiphlogistiques,
la diète et le repos triomphèrent de cet état au bout de
(4) France méâioale, t. II, année 4855, p. i3.
lire pertJH
iaes fMr- ^^
808 TROnBLBS DK L^ArTH n'iHpiifiaNATion.
ciiiq jours, cl la scène si- termtiiH par uno lAs^rc
sanguine du vftlé du vagin. Le» niâmes pbi'nomènçs fiwr-
bides se reiirésentèrpnt tous \(fs mois, {icntlont prh» <l*un an,
avec lies eiacerbalions plm ou tnuifis inarqui^f-s, vl Hoimt
por complélcinuiil (li<(ieraUfe souk l'inlluenee de »oim pro-
longés, h ce point ()i
((éliiiitive.
»IV1ui<i un livéneme
7 mai 18â0, occasion
gaiies lie Joua Florent
B Sa mnisoii Tut t
allant fermer une po
i\ai* qui, s'oMurant
mort si cite appelait
nr\c fermeli^ virile, t^iPi-inu
essaya de sVihappi
> nut croire k une gwArùe
iii arriva dans la nuit do
u djïurdrc dans les or-
'-» voleurs. ïtiirprisr, en
par duui hominrit tnai-
'nt, la tncnarèrPDt de U
Kiine tille s'y réfute arec
luniièri» quVHc |>orlAil et
ipr une porto étroite qui se trouvait
près de là ; moisau passage, elle reçut un coup de poignard
dans lu puitrine, dont la garantit le buse de Min corset, et,
ressaisie pur les bandits et voyant sa vie compromise, elle
fit un eiïurt désespéré et se délit ra de ses assassins.
» Malgré (ouïes les précautions possibles, les symptdmea
inflommatoires se représentèrent du câté de l'ntérus à
l'époque in<>nslruclle suivante, accompagnés cette fois d'une
réaction générale alarmante : fièvre intense, agitation,
contutsions, soubresauls des tendons, assoupissement, etc.,
accidents qui résistèrent a In médicution an lipb logistique
locale et gi'nérale la mieui ordunnée, et qui ne s'amendè-
rent qu'à lu suite d'une légère niétrorrhngie. Dès ce mu-
ment, tout rentra dans le calme, el, uu bout de quiit/e
jours, la mnlade put vaquer à ses aiïiiircs,
H Les rù:;les ne reparurent pas le mois suivant ; mais la
si'oiiiile é[ini|iie nu'nsliuelle depuis la crise dont nous \c-
LÉSIONS OKGANIQUES DE L^UTÉRUS. 809
nons de parler, offrit un nouveau symptôme et une termi-
naison inattendue : outre les phénomènes ordinaires dont il
a déjà été question, la malade se plaignit d'un ténesme
utérin, d'une douleur qui l'obligeait à faire des efforts pour
rejeter quelque chose ; on visita et Ton observa ce qui suit :
la membrane muqueuse du vagin était sèche, rugueuse,
engorgée et sensible; le col utérin était rétracté, comme si
une production étrangère se trouvait dans l'intérieur de
l'organe^ ce fut alors que la malade déclara que, précé-
demment, dans les cas analogues, on lui avait eitrait de la
matrice des fragments d'un tissu membraneux. On essaya
de dilater le col utérin avec l'éponge préparée et la pom-
made de belladone, et après plusieurs tentatives réitérées,
on réussit à saisir avec les doigts et à extraire trois fausses
membranes : une de A pouces de longueur sur 3 de largeur,
et deux plus petites de formes irrégulières; immédiatement
après l'extraction de ces corps, un flux de sang eut lieu,
dura deux jours et termina cet étrange accès.
» La malade me raconta, dit M. Benavente, que, pen-
dant trois ans, depuis le mois de septembre 18/i9 jusqu'en
octobre 1852, elle avait souffert constamment de ces atta-
ques aux époques de ses règles, qui, il est vrai, ne se mon-
traient plus que tous les deux ou trois mois; et que ces
attaques se terminaient toujours par Texpulsion de plusieurs
membranes de formes et de grandeurs différentes, de ma-
nière qu'il y en avait une si grande quantité d'extraites
qu'elle possédait deux flocons très grands qui en étaient
pleins.
M Elles sont do texture cellulo-libreuse, résistantes,
élastiques ; quelques-unes de l'épaisseur de la dure-mère et
les autres minces, demi-transparentes, de couleur blanche
et grise; la surface interne lisse et brune, el l'externe iné^
810 THltUBLIItl OK l'acte tl'lllPHfeGnATIOII.
^alc c\ iirrnititt>ticori! des lambeaut de imu cellulxtreqai
□i> laissent niicuti doute sur l'aiiMrcnru de celle sarCace. La
forme offi'cli^c pur ces membraite» e>t Uès variable: eWv nt
quadran^uloirr, Iriatijtulairc, semi-lunaire, etc. ; mais cellei
de ces productions qui appellent [ilus pnrlicultéretnenl l'ai-
tention sont d(> forme —'■^~ — inttèremmt setobUblet â
nue motrice
uj'ai en ma pOiis
consentes dans do I
D, Pedro Gonialei 1
pathologique, oii poui
médecins do Madrid
» Après avoir réuni
scrupulfuïmifnt h mali
I ceM fausset membranes
ai donné uneè moii ani
r son cabinet annlomo'
r cl ru%BmiDer loii> In
le d<^r.
salérédeols el etammé
reconnus qu'il «'«kirmiI
d'une affection non encore décrite par les noso^raphes, et il
ne parut, eu égard aux caractères qu'elle présentait, que ta
dénomination qui lui convenait le mieui était celle de m^-
trite chronique pseudo- membraneuse.
» La coïiicidenredc ce» ntt^iques avec les périodes men-
Blruetles aurait pu faire croire h une espèce de disménor-
rhée, si les sj'mptùmes de la métrite chronique, tels qu'en-
gorgement de l'utérus, sensation de poids dans l'épigaslre,
liradlemenlsdons les aines, etc., etc., ii'nt aient fias persisté
d'une époque nieiis<ruclle à l'autre. Eu égard aux carac-
tères particuliers dc« fiiusses Aicmbrones, on ne pouvait pas
davantage (leiixer au mâle hjdalidc. décrit par madame Uoi-
vin, et qui est toujours le ré^ultut d'un coït fécondant.
D'ailleurs, dans les ras dont parle lu célèbre accoucheuse,
et sans tenir compte îles phénomènes qui précèdeot l'et-
pulsion du m6le,^ celui-ci nous offre un sac membraneut
sans ouverture, et contenant dans son intérieur un liquide
plus ou moins semblable h l'eau de l'amuios. Dans le cas qui
LÉSIOIIB OMARIQUM DB l'dTÉRUB. 811
nous occupe, au contraire, les membranes ont toutes une
ouverture naturelle, de la forme quelquefois de celle du col
utérin, et ne peuvent, par conséquent, contenir aucun li-
quide; aussi, la malade perd-elle seulement une petite
quantité de sang après l'eipulsion de la fausse mem-
brane.
» Quel est le mode de formation de ces tissus morbides?
Il est probable que la face interne de l'utérus, alors qu'elle
est le siège d'une phlegmasie spéciale, eibale une lymphe
plastique qui se condense et adhère à la membrane mu-
queuse de la matrice, comme il arrive dans tous les cas
d'inflammation dipththéhtique ; le tissu ainsi formé acquiert
d'autant plus de volume qu'il séjourne plus longtemps dans
la cavité utérine, par la simple raison que la congestion
sanguine qui se produit aux époques menstruelles lui fournit
de nouveaux aliments pour se développer. L'analogie per-
met de comparer au mode de formation de la caduque celui
de ces fausses membranes, avec cette diiïérence seulement
que la première dépend d'un acte physiologique, et que les
secondes sont produites par une aiïection morbide.
» Je ne puis m'expliquer comment il se fait que la métrite
chronique, une affection aussi commune, n'ait jamais été
observée sous la forme que je viens de décrire. J'ai l'espé-
rance que, l'éveil étant à présent donné, on ne tardera pas
à en signaler de nouveaux exemples. »
Sans doute, la stérilité déterminée par la présence de
fausses membranes dans l'intérieur de Tutérus n'est que
temporaire, c'est-à-dire d'une durée égale a celle de cette
forme de métrite chronique; mais ai l'on fait attention à
la persistance avec laquelle se perpétue l'inflammation chro*
nique de la matrice, on avouera que cette cause de stérilité,
eoaune nous en avons d'ailleurs la preuve dans l'observa-
81*2 THODBLEK »K l'aCTK n'ilinitGNATION.
tion qui précède, a une adinn trop proloDj^éf' pour ne pu
fixer l'allenlion Au pratirjen. On dvvra liom-. recourir «ui
moyens préconisés roiilrc cette forme tic la plilegmane, et
qu'il ne m'appartient pas île rappeler ici, poi«fue lew
orliaii sur la stérililé n'eil quA cotis^cBtive.
Dégénérescences. — " ""' "iScrirB le titre de ce f»n-
graphe pour saisir imm t l'influence fftvIieuK i|uc
duivciil eiercer sur la f( non leii maladie* tlhertei
qu'il exprime. Qu'elle soit < t multgne ou bfiiif;n«. Ii
dé^énéreiicence do la matrice faitanl perdre aui lûra»
les condilion8 aiialomiques qui s cunslitueni, allJ-re faU-
lemciil les fonction» vitales de trgane. Comment ruucc-
vuir, pur ciemiile, la coi n de la contrai-ttlité 4%m
un n^^nIll! musculaire dont le res sont lanlAt métamor-
phosées en une espèce de bouillie, comme dans l'encépha-
loide; tantôt rendues ineitensibles, comme dans le Kbro-
plastique; lanldt durcies, comme dans l 'ossification. etc. .etr.
Je n'oi point h fuirc ici l'histoire de cette partie de la
patholo|:ic utérine; l'étude du cancer, de la lubcrculi.«a-
tioii, de l'ossification et des antres espèces de dégénères-
cences de la matrice ne rentre pas dans les limites restreintes
de l'ouvrage que j'écris; je me dois contenter d'en mar-
quer l'importance au point de vue de l'objet qui m'occupe,
et d'en abandonner la description aus traités généraux des
maladies des organes reproducteurs chez la femme.
D'ailleurs, si nous en exceptons le cancer et ses diver>es
formes, et lu tuberculisation dont la réalité n'est pas admiiv
par tous les auteurs , nous sommes forcé de reconnaître
que, généralement, les dégéiiéreKcentes utérines arrivent
à un Age où depuis longtemps déjà la faculté procréatrice
s'est éteinte, de telle sorte qu'en entreprenant l'examen de
ces aiïections, nous ressemblerions fort au héros de Cer-
CORPS ÉTRANGERS DE l'uTÈRI'S. 818
vailles, qui épuisait ses forces et son courage contre des
ennemis imaginaires. — Quant au cancer, son étude m'en-
trainerait dans de telles discussions étiologiques et sympto*
matiqueSy que je paraîtrais, à coup sûr, faire bien plutôt
un travail de pathologie générale qu'une œuvre limitée et
restreinte au seul cas de stérilité.
Je le répète donc, il me parait suffisant d'énoncer le
titre de ce paragraphe, pour que chacun comprenne le rôle
néfaste que jouent, dans la fécondation de la femme, les
dégénérescences diverses qui rentrent dans son cadre.
g III. — liéstoMs vitale* d« r«tér«ii.
Dans le chapitre précédent, je me suis longuement étendu
sur les lésions vitales du col de l'utérus, parce que ces lé-
sions, comme on a pu s'en convaincre, exercent bien réel-
lement une influence fâcheuse sur Taptitudc procréatrice de
la femme; il n'en est plus de même quand elles siègent sur
le corps même de l'organe; la faculté génératrice n'en est
pas aiïectée, et ces lésions, d'ailleurs, rarement indépen-
dantes des lésions analogues du col, n'ont une réelle impor-
tance que dans la production de l'avorlement précoce, de
telle sorte que les considérations que je pourrais présenter
sur elles se trouvent tout à la fois dans le chapitre précédent
et dans celui qui suit, auxquels je dois nécessairement ren-
voyer le lecteur.
§ lY. — Corps é<raBgen de l'oténui.
Il en est de ce paragraphe comme de celui qui précède :
pour l'intelligence de la question relative à la stérilité, il
suffit d'en écrire le titre; mais pour les développements
I
811k TROVBLBS DK t'ACIt D'mPnAeNATKm,
que le Mujel comporte, il fiiudritit faire on de* cli«jtitrei te*
plus étendus de la pathologie uténnt; ; on oonçoit rn «Un
<fu« In cavité de \a mfltnn> n'est |>a« n»et grandi- pour <)m
j'ovule, queltjur: petit qu'il «oit, trouve j> $'y lo^er (|iui»d
des calculs, une liiinour ou un polype la tt>mplis«enl. Va
udmettaiit même igue
ilont) l'uléru!', sa joi;
sible par la préseuced
d'un véritable écran
dans le trompe, ut
Cependiint si l'obtiii
cavité utérine, U fécontli
ainsi qu'on en a descxei
la tumeur anormale est c
i germinole arrive }h»<|K
nperme phI rendue ini|>i»-
n^or, qui fait «)or« l'ofBcc
s. l'fltiile es! réaorbé «Hl
it dans l'utérus lui-méM.
iTupait |>as en totalité la
irrail encore se produirr,
alors le corps étranger ua
lefois expulsé aiec l« pro-
duit de Is conception. <■ Quand la grossesse complique lei
polypes, dit Lisfranc, ces productions organiques aroiden-
telles, qui siègent k des hauteurs difTérentes dans la matrice,
sont tantôt expulsées par le fœtus au momi-nt où il se dé-
gage lui-même de la capacité de l'utérus, tantôt elles res-
tent dans cet organe après l'accouchement. Le docteur
Rhodamel m'a montré une tumeur polypeuse du volume
d'un gros oeuf de poule; elle éluit située dans le col de la
matrice; file proéminait légèrement dans le va^in ; elle fut
chassée des organes génitaui par le produit de la concep-
tion à mesure qu'il en sortit lui-même. J. liatin pratique
un accouchement qui n'offre rien d'extraordinaire ; le délivre
sort spontanément, tout se passe hien d'abonl; mais \ers
le quiniième jour, une perte rouge se manifeste ; nous som-
mes appelé ; nous touchons la malade et nous partageons
l'opinion de notre confrère, qui avait constaté la présence
d'un polype; cette tumeur formait au-dessous du col utérin
une tria légère saillie; elle pénétrait dans l'utérus ii one
TROCBLBS Dfc LA FONCTION DB GESTATION. 815
hauteur qu'il était impossible de reconnaître ; la femme avait
perdu une très grande quantité de sang; elle était presque
anémique. M. Bouillaud la vit avec nous ; je portai une
ligature dans le fond de la matrice; l'écoulement de sang
fut immédiatement arrèlé ; il ne survint aucun accident, la
malade guérit parfaitement (1). »
Il n'a pu être question jusqu'ici que des corps étrangers
«olides dont le maintien dans la cavité utérine n'implique
pas l'occlusion de celle-ci ; mais si le corps étranger était un
liquide ou un gaz, comme dans les cas d'hydromètre et de
tjmpanite, la fermeture, quelle qu'en soit la cause, de
l'orifice utéro-vaginal serait un motif de stérilité de plus
è ajouter à ceux que détermine déjà la présence du corps
étranger.
Les obstacles qui, en fermant l'ouverture inférieure de la
matrice, s'opposent à l'écoulement des fluides contenus dans
l'intérieur de l'organe gestateur, m'ont assez occupé précé-
demment pour qu'ici je ne m'étende pas davantage sur eux.
CHAPITRE IV.
TROUBLBS DB LA FONCTION DB GESTATION.
Les considérations que j'ai placées en tête de la partie de
cet ouvrage relative à la stérilité me dispensent de certains
développements, nécessaires en la place que je désigne,
mais qui peut-être ici eussent été un hors-d'œuvre; ce
chapitre, en effet, est un simple appendice de mon tra-
vail, et ne saurait rentrer dans les limites que je m'étais
(4) Clinique chirurgicale de Vhôfiital de la Pitié, t. III, p. 466.
816 TftO(;8LKS DK LA FONCTION DE VB&TAtlOK.
imposéci, car, je le répète, le cadre de la stérîlilé i
pas nu delà de rin)|)ré{;Tialiui) de l'ovule, et, cette îni|irf-
^iialion obtenue, ou se trouve dans le domaine de la (troi-
sesse, et partant dutis celui de» ouvroges tl'ob»l^lrii]U«.
Pour toutes ces roisotiii, je serai très bref daus ce <|ai me
reste à dire.
Les cau^fs do la
delà partuiitiflii, se irui
et tantôt, c'est le i
tuteur.
Quand rsvorleme
conditions de l'ovul
k considérer comme
le produit iiiAlc. soit aan:
uf avant l'i^poque normale
lAl dans l'ovule iui-in<)iiM>,
inmun, dam l'organe get-
I sa raiaoo d'élre ilau lu
de cet étal que loul porte
le, se renconUf soit daiu
'oduit femelle.
Il m'est impossible, ifuant à présent, de déterminer d'une
manière précise les circonstances qui flltèrcnl la vitalité du
zoosperme ; l'histoire pathologique des aDimnlcules sperma-
liques est encore à faire; j'ai entrepris ce travail, dont je
publierai un jour tes résuUiits. Cependant, je puis dire
déjà que l'ultération signalée par MM. W'a^^ner et Pouchet,
et qui consiste dans la chute do réjiilliélium , nie parait
être une cou^e d'ofîaiblissement de ces animalcules; plu-
sieurs fois j'ai rencontré cette disposition sur les itpernialo-
toides d'individus dont le coït donnait toujours des résul-
tats négatif>, et quelquerois même j'ai pu constater que les
femmes qui aviiient reçu les caresses de ces hommes pré-
sentaient les symptômes, énumérés ailleurs, de l'avurte-
ment précoce, l/opinioii que j'avance ici n'est jtotnt une
rertitutle, je le répète; saus £lre ab^oinmellt une théorie
spéculative, elle n'a pas encore suflisammenl subi le con-
trôle de t'cipérimentulion pour être acceptée en toute con-
fiance; je la livre comme un doute de mon esprit, comme
TIOUBLBS Dl LA FONCTION DB GESTATION. 817
an premier jalon dans Thistoire pathologique du zoosperme.
Il en est à peu près de même pour les conditions d'af-
faiblissement qui se trouvent dans Tovule. La connaissance
de ces conditions est encore plus difficile a acquérir que
celle des conditions relatives à l'animalcule spermatique,
car ToYule ne peut être soumis, comme ce dernier, à notre
investigation directe. Cependant, les causes générales d'af-
faiblissement, dont l'action se fait sentir sur toutes les fonc-
tions de l'organisme, exercent incontestablement une in-
fluence fâcheuse sur la vitalité du produit de la sécrétion
ovarienne, et peuvent servir à expliquer, jusqu'à un certain
point, la stérilité dont sont accusées les chlorotiques, les
femmes anémiques, en un mot toutes celles dont le sang est
appauvri par un motif quelconque. Sans doute, l'utérus, qui
prend sa part de l'alTciiblissement général, rend tout aussi bien
compte, comme nous le verrons tout à l'heure, de l'avorte-
ment précoce, et il n'est peut-être pas nécessaire d'admettre
nne hypothèse dont il est bien difficile de constater l'exacti-
tude.— Comme on le voit, je ne me fais point illusion sur
ce point, et j'arrive à un sujet moins rempli d'ombres et
de ténèbres.
C'est la part dévolue è l'utérus dans la production du
phénomène que j'examine.
Cette part est très grande, car je ne sais pas un seul état
pathologique de l'organe gestateur qui ne soit capable d'ame-
ner le dépérissement et la chute précoce de Tœuf. Cependant
je ne veux pas dire que l'évolution fœtale ne se puisse faire
et ne se fasse en effet qu'au milieu des conditions les plus
normales d'une matrice saine ; non, car il n'est pas rare de
rencontrer des utérus profondément malades porter jusqu'à
terme le produit de la conception, et ne le dépouiller d'au-
cun genre de vitalité. Mais de même que tout état morbide
5S
ï r
8IK ooniBR DK Li roneno» dk AUTArmia.
a liesoin, pour »e produire, non-Kulenioiil tl'uii« oiaw
déli'irminaiite, ocnasioiirielle, main Riirore de certaine* con-
(IJliotiJi idiosyncrasiqnes dont l'cittence rioun e<l ineonnae, pI
(|ui, au milieu do ciruutrKlaticcs en a|i|iaren<^i> idtful)(|De9, ren-
dent l'action d'uni! cauDP morhide UiiiliM Icrribk rt (onlM
nttllp; de même, l'ato
l'înHueiicc- d'un l'iat
i]ue tout niilaiil (ju'etiste
Néanmoins, en
m)iném(>nl, une inronni
ilans len |irublèm^ d«
morbide de l'utéroft,
tiniiH ort^nniques ou
cuïO ne «'ocfomplit, ^oii«
I ï|U«lrofK|utf de rulérua,
Rc de |irédt<ipo«ilioB faUle.
' romme «n Iv fait roni-
tt imi'OMible de d^^ai^rr
m peut dire quti loiit fiai
ne (]u'il inodilir les coodi-
le cet organe, e«t «uatvp-
lible dfi Iroiiblcr kb fonrtmn (tctialrire, et fonȎijiipmmPMt
de déterminer la chute de l'œuf.
Jo n'ai point k faire ici l'hiDloire de la pattiologie utérine,
et je ne Teiii ni ne doiit m'arrèter un instant que lur deui
circonslsnceii i|tii ne sont pas ordinairement comprises dans
le cadre de cette histoire.
Ce* cinoiistflnres sont la masturbation et le coit Incom-
plet qui, ainsi qu'on va le voir, n'est, pour la femme, qu'une
variété de masturbation.
l'ourrunctriiulrccasil se passedans toute la matrice, et
surtout au miiseuu de tanche, un phénomène analogue k celui
qui se produit dans l'appareil génital do l'homme, lorsqu'à l«
suite d'une vive uicilation érotii|ue l'éjaculatio» du sperme
n'est pas le di^nouement d'une érection pfolon<iée. Moina
fiche en nerfs que li s testicules et le cordon spermatique,
muis [dus abondamment pourvue qu'eux de vaisseaui san-
guins, la matrice, si «Ile ne trahit point, romme les organe*
de riiomme, une sensibilité douloureuse, n'en est pas moins
le siège d'un travail pathologiqu* dont l« résultat ae Ira-
tnOOBLBS DB LA PONCTION DE r.RSTATIOTI. 810
doit tantôt par une lésion des tissus et tantôt par une alté-
ration de la vitalité.
Sans reprendre ici la thèse si souvent débattue dans le
cours de cet ouvrage, des relations synergiques entre le
plaisir vénérien et l'excitabilité utérine, je rappellerai que
j'ai été conduit à conclure que, s'il n'était pas possible de
formuler comme une loi l'existence de ces relations^ on était
aulortsé à admettre certains rapports légitimés par le voisi-
nage des organes respectivement affectés à l'accomplisse-
ment de ces deux faits, de telle sorte que la matrice reste
rarement tout à fait étrangère au spasme cynique.
Comme chez l'homme, il semble que le spasme cynique
ches la femme n'est complet et physiologique qu*à la con-
dition delà présence du sperme; on dirait que re liquide
est nécessaire pour calmer l'excitation à laquelle est en
proie tout Tappareil génital, et que, semblable à une rosée
bienfaisante, il apporte la fraîcheur et le calme à des ardeurs
trop dévorantes.
Si l'action en quelque sorte antispasmodique du sperme
ne se fait pas sentir à l'utérus au moment de la plus grande
exaltation amoureuse, si celle-ci est obligée de s'épuiser et
de s'éteindre dans ses propres tressaillements, les conges-
tions successives dont la matrice et surtout son col sont le
siège à la suite de ces excitations répétées, amènent tantôt
une sorte de phlogose et tantôt un état nerveux, l'une et
l'autre incompatibles avec la fonction gestatrice de l'utérus.
C'est ainsi que, dans la plupart des cas, s'expliquent la pré-
tendue stérilité des femmes qui se sont livrées a la masturba-
tion, et celle bien plus étrange encore de ces infortunées qui,
après avoir eu le bonheur d'être mère, ne peuvent plus jouir
de cette félicité, lorsque, rompant avec des habitudes que
leur avait inspirées la crainte d'une trop nombreuse progéni-
que, Cl sont <|ucl,,uef(ii» le p
plu'gca.esi j'.i lo conviclioi
iëiiMlri.u„i.,eml,lab|e„pi„|
aujoanl'hui Je, ™„ce„ uWrii
Ju toii i„coni|,|oi ,ue lu ai
ont mi|,osé à pre.que loule.
Quand i'e,l l'iiiniTnUo,,
•Cleinle, Icsdijordrejselr.di
modique, laiiui |,„ „„,, ,|,,j
"»'5lall,ta,(dilBclleU.W,
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TROUBLBS DE LA FONCTION DE GESTATION. 821
matique ou essentielle, n'acquiert une certaine importance
pour l'explication du phénomène qui nous occupe, qu'à la
condition d'élrc très abondante, car son action est exclusive-
ment mécanique. Sans doute, si la leucorrhée est produite
par une métrite ou par une asthénie de l'utérus, et si l'ovule
s'échappe peu de temps après son imprégnation, on ne doit
en aucune façon attribuer ce résultat aux pertes blanches^
mais bien h l'état organopathique de la matrice. Pour que
les flueurs blanches, je le répète, concourent à la sortie
anticipée de l'ovule, il faut que par leur abondance elles
noient, pour ainsi dire, et entraînent avec elles l'œuf fé-
condé, avant que celui-ci ait eu le temps de jeter ses pre-
mières racines sur la face interne de l'utérus. Mais quand la
leucorrhée atteint ce degré d'intensité, il est rare que son
action ait à s'exercer sur l'ovule fécondé; elle est bien plu-
tôt, ainsi que je l'ai dit ailleurs, un obstacle soit à l'entrée
du spermatozoïde dans Tutérus, soit à la rencontre du pro-
duit mâle et du produit femelle, de telle sorte que les flueurs
blanches sont une cause de stérilité véritable bien plus que
le point de départ de l'avortement précoce.
Mais il n'en est pas de même des métrorrhagies : outre
l'action mécanique dont l'explication est bien plus compré-
hensible ici que dans les cas de leucorrhée, les pertes san-
guines tarissent dans l'utérus les sources mêmes de la vie et
le frappent de débilité , à ce point que la gestation est ,
pour ainsi dire, rendue impossible.
Cette transformation vitale de l'utérus n'est pas toujours
sous la dépendance d'une cause aussi locale qu'une métror-
rhagie ; elle a souvent son point de départ dans des condi-
tions générales d'aiïaiblissement, telles que l'anémie, la
chlorose, la débilité succédant à des maladies longues et
graves, etc., etc.
8â'2 TIODRLSS DK LA PONCTION IMS GtSTiTtOM.
Maisqii'ellessnifîiit l'etTetil'uii phénomène purement l(
ou qu'elles soient aménités par un d^énssernctil K^néralJ»!
l'organinme, lt!<i altération» subie* fMir l'at^n» «ont iileap*-]
tiques: tnntAt, frapper d'uiiti nionic profuodc, la nulriwa
•lenl tarir en elle toutes lefi Murce» de la vie, el cieviflot 1
incapable ilc ronrour
d'un nouvel i^trc ; tant
désordrps de l'innervation
fauts de la vie pla)(ti(|n<
tressa i I leme n ts doulou reu i
racinf , pour uinni jtaHe
(|ni brisent dans leur*
atlaelies que lente cet <
L'étal lie débilité de l'oi
>n et au dévelop|»cmMifr I
raire, subiKaanl tous IM
int ordinairement le* A
le »\ég« de spavmes, i
ïchenl l'ovule de pren^rv 1
■e inlern« de l'uléru», i
liordonoéc Ica prcmitrM 1
) ICefltAleur, qu'il «'
pagne ou non de phénomènes nerveux, est très commun,
et il doit en être ainsi, en égard è celte multitude de cirron-
staiices qui agissent sur la vitalité générale, uns parler de
celles dont les elTets te concentrent sur la matrice elle-même;
seulement cet étal de débilité n'a pas la même intensité cbei
toutes les femmes, car tandis que chei l'une, l'ovule sert
abandonné dès le premier mois de son imprégnation, il sera
supporté chez l'autre jusqu'au cinquième ou septième mob
de la grossesse, époque è laquelle son poids dépasse el
brise la force de soutènement que lui avait jusqu'alors prélé
la matrice. Tous les accoucheurs sont parfaitement au cou-
rant de ce phénomène, car è toute femme qui a précé-
demment fait de fausses couches, ou en qui ils signalent les
conditions aloniques générales ou locales dont je parle ,
ils ordonnent, dès le début de la grossesse, al surtout
pendant les premiers mois de la gestation , le repos le
plus absolu, le plus complet, dans la position horisoa-
talc ; el ils ont raison, car si celte indication est néceiMir*
TROUBLES DB LA FONCTION DB GESTATION. 82â
pour prévenir une fausse couche au sixième ou septième
mois, elle est surtout indispensable pour éviter l'avorte-
ment dans le premier mois de la grossesse.
Je ne veux point empiéter ici sur les ouvrages d'obsté-
trique; j'en ai dit assez pour montrer que parmi les cir-
constances qui mettent de bonne heure obstacle à la fonc-
tion de gestation, doivent se placer toutes celles qui amènent
Tavortement à une époque plus ou moins avancée de la
grossesse. J'aurais pu me contenter de cette simple indica-
tion, en faisant seulement remarquer que Taction de ces
causes est bien plus active au début de la gestation, alors
que l'embryon n'a presque aucune force de réaction à leur
opposer; et si je me suis arrêté quelques instants sur l'in-
fluence fœticide de la masturbation et du coït incomplet,
j'en ai trouvé mon excuse dans l'ignorance où nous étions
encore à l'endroit de cette influence ; j'avoue même que, si
je n'avais craint d'outrepasser sans mesure les limites que
m'imposait ce livre, j'aurais plus profondément sondé uo
terrain qui me semble neuf, et j'aurais montré combien de
dangers, en apparence insignifiants, entourent les premiers
moments de notre formation.
Ce sera peut-être là, un jour, la matière d'un nouvel
ouvrage, mais, à coup sûr, ce sera pour moi un sujet constant
d'expériences et de méditations.
FIN DU TOMB 8BG01ID.
SECTION DEUXIÊMB. - ï CHEZ t.K miMR. 4.tg
""- <40
u 4&I
CHAPITIIE i". — Viei m 45.1
§ I. Aniim«liu d' •.,,.., ., ^iZ
A. A<>anii[iG*ft< utn. 4U
b. Ai>oin*li«* il 4&8
jn. A..«m.li«J 4C«
ClMI'tTRK 11. — i^ l'irNittL cOFn.4n««. 4M
CIIAPITnK III. - I.UIDN1 t ii-1-.i.iiL enp<JL«Tn*.. . i|S8
CEIAI'ITItË IV. ~ UiiuRt Hàci:<i(ruM is LippAneu. ci>P(it*iii>. Jij.S
j 1. Tuiucurt de la TuUc . (gô
iii. T..i,i.ii..<l,i..Bm........ S»o
§ iir, Curpi élraiiKcrt de rii|>|iaml copuUli
ImpDi*uB« par fi
De !-• iiieiDiTt
CHM'ITlîK I". - KâiciLiTi p» «ic[iDicoiiroi.Hiiiuii 5i5
GIKPlTilE 11. — Fiin.i.>iTi ii>i.ii.,Tiin,i,E 5i7
CHAl'ITlîK III. — KM«iDiti nuiTuHiTjffin s 18
J 1, Krigidil^ »jipploiniilii|ov 11*110 i'iat phji>iulo)(ique.. .. ii$
A. Agi- SiB
1). CuaMÎrtillon S ig
C. Toinpi>raimul 5lo
{ 11. rii((iililO tTiiipl»iiiilîcpic d'uii OUI jialliulogi()iic, . . , 55o
A. Mibdi.» |iii.tr»lK- 55o
B. Hahdie* lu<.iil<-> SSn
I ' Maladi» (Ji> orf(aiic> cilvriio dr la K'<>'r> ■■»■>. . . &3i
1' M.iUdlu (Ici orgiue* inlcriio dv U gi^iiéraliua.. . SJ6
CHAI'ITRF, IV. — 1-ii.r.iDiTè coyttcvTii,: 545
{ 1. Circon.U.ic« g-^ikTik-i SiG
S". Circo ,c.-.l..ral,.. SJ;
A. AtcouclLimiil Si»
U. Eicè» Tciiéni^i» 549
CHAI'ITHE V. — JBJOIUITB 1IW1TBI«LI, 5«i
TABLE DES MATIÈRES. 825
LIVRE DEUXIÈME.
WE LA STÉRILITÉ.
DÉriNITlOTI DB L4 5TiBILITé • 563
§ r. Slérililé idiosjucrasiqac 564
§ II. Stérilité relative . . • • • SyS
SECTION PnBlIlèRE. — STÉRILITÉ CHEZ LUOIf ME 691
CHAPITRE I". — Tboublbs db la fohction db sicBinoiv
«PBBVATI QUB ••• • SqS
§ I. Troubles dépendant d*an état géuéral • , , « SgS
A. Age. — Vieilleffo , Sgd
B. Tcmpéramcut, constitation, état de maladie 609
§ II. Troubles dépendant d'un état local 607
A. Affections des testicules ••• •• 607
1^ Anomalies des testicules • 607
a* Atrophie des lenticules , 6i5
3** Dégénérescences des testicules. — Castration.. . . 699
F. Maladies des enveloppes des testicules 63i
G. Maladies des annexes des testicules. • • • 655
CHAPITRE H. — Tboublbs db la fonction db consbbtation. . . 644
CHAPITRE m. — Tboublbs db la ponction D*BxcniTiON 65 1
§ I. Affections des canaux éjaculaleurs et de la prostate. 65a
§ II. Affections du canal du Tarètrc. ...• ••••• 661
A. Obstacles à la sortie du sperme 663
B. Obstacles ii la direction normale du sperme 668
Hypospadias et ëpispadias • 673
§ III. Affections de la verge 680
CHAPITRE IV. — État pathologiqub du spbbmb 686
SECTION DEUXIÈME. — STÉRILITÉ CHEZ LA FEMME. ... 69a
CHAPITRE I*'. — Tboublbs db l ovulation 694
Troubles db la ponction ovabibnnb. 694
§ I. Anomalies des ovaires 700
§ II. Lésions physiques des ovaires 70a
§ III. l«ésions vitales des ovaires 709
§ IV. Altératious de position des ovaires 711
§ V. Corps étrangers des ovaires. 790
Tboublbs db la ponction tubairb • 7ao
J I. Anomalies des trompes utérines 7a3
§ II. Lésions physiques des trompes utérines 7a3
§ III. Lésions vitales des trompes utérines 7a6
{ IV. Déplacement des trompes utérines • • 7a7
CHAPITRE II. — Tboublbs db la aicBrriOfi spbbmatiqub. • • • . 738
S36 TABUt ou MATIÈHU.
} I. Anumalies dn col de l'at^ru* 7tt
J Jl. (.étions organiqneu du trol du l'al^rui., ........... -jif
g lu. L6*]otia vittlei do eol d« t'aléra*. . . . . . • ^Aa
|i> Corp* £tr*DgFridiii<lt col ilrl'uMni*. 7M
j «. AIlCratlonsdcpoMliou tlacol iloraUriu. 7M
A. DépUcfmeiiti il^pcodanla da eolt 77*
b. DépUceiueiiUindi'peBiliiitt du COi( 77$
I* n^ptacoiDCDl *iiî*ant l'aie (In ii^n ■*. 781
Oéplaci:»"' Tel
D6placen nrapiui ni cbaU. jtS
Hanierw ,.i. tU
1' D^fiUfemeni m ii> l'aie da vagin.. ■>.•>■ f(8
VEriiont .... •.*••• jU
FleiIoDt. , 798
CHAPITRE m, -T., MVHMb Soi
S [. Anooialiei de 8qS
i II. I^niont grgao t. to&
I III. Ution* TÎIalM -. SiS
) If. Corj» ^IranoiT* 8iS
UlUriTIIË IV. — TkiM iSHNW. &*&
TABLE ALPHABETIQUE
DES AUTEURS
DONT LES OPINIONS OU LBS OUTRAGES SONT CITÉS
DANS CES DEUX VOLUMES.
Adelon, 11.
Albert, 653.
Aibucasis, 674.
AIcméOD, 87.
Alibert, 222.
Amossat, 455, 465, 664, 747.
Andral, 653.
Andrieax, 781.
Aristote, 64, 68, 104, 575.
Arnaud (G.), 485.
Arnaud de Villeneuve, 344.
Astruc, 90, 92, 94.
A?icennes, 68.
Aubert-Roche, 309.
B
BAcon, 345, 366.
Baer (?on), 45, 57,721.
Baillie, 472, 723.
Balin, 716.
Barruel, 121.
Barry, 57, 95.
Baudelocque, 104, 786.
Begin, 664.
Belhomme, 286.
Bell (Cb.), 322.
Bellini,507.
Bena?ente, 807.
Benevoli, 474, 478.
Benoistonde CbAteanneof, 114» 564.
Benserade, 576.
Bérard(Pb.), 11.
3erDbardt, 60.
Bessière, 716.
Bicbat, 3, 14, 18,118.
Bird(Gol.), 203.
Biscboff, 53, 57, 58, 59, 78, 106t
695, 776.
Blandin, 609.
Boerbaave, 85, 91, 255, 543, 575.
Boileaa (Pabbé), 214.
BoWin (madame), 781, voir Dugès.
Booel (Tb.>, 543.
Bonnet (Cb.), 72, 76.
Bono, 85.
Borelli, 669.
Boocbardat, 112, 317.
Boullard, 799.
Bourguignon, 295.
Boyer, 482.
Brantdme, 152.
Brierre de Boismont,101, 112, 113.
114.
Broea, 794.
Brodie(BenJ.), 628.
Brown-Sequard, 619.
Brugnonne, 45.
BafToD, 69, 85, 372.
Bardicb, 45, 96, 109, 118, 121,
127,129, 132, 413,595.
Cabanif, 152, 239.
Cabrol, 607, 608.
Caillot, 472.
Camper, 716, 719.
Camus (Le), 87.
Carat, 36, 58, 78, 544.
<;iitn.arl, 173,
Civwr^ IN,, 3,-^ .j._,,^ ^^^
Cloquel ,J.). 498, Cl^.
CotkbDfD. Îi6, 445.
CûJnmbni, (60, 5*3
'^widWae, 417.
Coaiuodo, 106
CoBlour. », Miifbt
Ooodi. 543.
C»2*'(A0. 487,505.630
^'•>Kr,ï74.
CoiH. 58, 60. 78, 94 in^
Coqrt(Te{de), 309.
««rtr, 57, 5t, 78. 9*.
'=^M-~»P.J,72,79,8,.82.|
*^»W, 44.
^.«. M».
FobmiDn, 11.
Folllo, 608, 611,616, 638.
Foolenellv, ISl.
Fnnk (J.-P.), 673.
Gllien, 40, 373, 674.
Gall, IST, 411.
GauMiil, GS5.
Oilraoi, 301.
Gcndrin, 105.
Gerber, S4.
Geiner, !IB, 339.
Giin»ninl, SOS.
Godellt, 734.
Gooch, B43.
GoMcliD, 46, 54, 636.
Grur, V. Régnier de Gntf.
GnnTille, 701.
Grtgoin, 789
Grimaud de Caui et UiTtin Siint-
Ange, 77, 78.
H
Hallenuaa, 55.
Haller,7S, 73,109,113,114,160,
544,670,716.
ElaroiltoD, 633.
Hamm, 53, 68, 84.
Harder, 44.
HartMeker, 52, 68, 84.
Harrey, 68, 7Ï, 77, 79, 80.
HanamaDD, 14,
Heiiter, 83.
Hell, SOS.
Henle, 53.
Hcnei deCbegola, 800.
Herrelder, 539.
Hildantu, 414.
Htppocrate, G4, 80, 193, 391, 640,
773.
Hoffmann, 371.
Home (Eï.), 717.
HugO(VicL), 151.
Huguier, 171, 773.
Hanter, 9, 1 r , 4S, 610, 611 , 789.
Hiucbke,il,4i, 59, 6S.
J
JaiJaTar, 34, 513, 61t.
Jobert (de Umballe), 503, 503.
JobDMn (Ab.), 333.
JODM, 60, 106.
Jnrénal, 333.
K
RanU, 34.
Keitcren, 109.
KiTKh, 699.
Kobelt, 11, 13, 13, 14, 17, 30, 91,
23, 34, 35, 36, S7, 38, 39, 30,
31, 3t, 35, 38, 50,513.
Kollîker, SS.
Krahroer, 539.
KraOïe, 1 1 , 33, 49.
L
Lacbaue, 114.
UfoDtsiDe, 364.
Lallemand, 55. 91, 181, 398, 618,
619, 633. 655.
Lïllcmcnt, 716.
Ijiromiguière, 417.
Larrer, 619, 6S8.
Laïaui, 716.
Latour(Am.),4ST.
LiTagu, tl3.
I.awrenee, 500, 619.
Lecat, 105.
Ut, 106.
LegiNllu, 501.
Len>Td'Etiolet,T47.
Levckarl, 699.
Ueawenbowk, 44, 5S, 53, 54, 68,
B4,90.
U»r«, 788.
Licnuud, 35.
LlgiMc(de), S46, 365, 363, 3M.
Uirrane, 489, 490, 733, 734, 814.
Littre, 719.
Locke, 4t7.
Lohroerer, 305.
Londe, 350.
Longet, III, 591,
Louii, 483.
LTCurgue, 131,
B30
T4BI.R ALPBAfttTlgtlR
Millcbrinilit. TS.
Uirc, 94, 243, 631.
tiare d'EipiM, 109-
UarliD Saiui-Ante, voir 6riBMi)d de
Ctu\.
Uucigni. U-
Ualteucci, 203.
Uaudoll, 201.
Maupenuis, 60, 77, 88.
Maurkeaa, 719.
Uaf»iAlM.], 119.
Majer [itiatom.), S7.
MMkcl, U, 4S, ISS-
Ueibcmini, 314.
Henile, I3S.
Mercier, 10.
Il*, 77S.
U«(lri« (de U), 81.
Hlilbe, 3IS, 3fT,
Ullcbell, eïï,
MoDdst, 161.
Uonulgiir, 139. 3SS.4M
UoDlrggiii. SOIS,
UoDiesquiru, 14S.
Uontgumerj, 106.
Uonud, 4I>4, 472.
llorcau(AlH.), 9t.
Uareaii (pror».). 460, 486, T87.
Uomu (de Tounj, 30».
Uorst«ni. 31)5. 542, G7S, 679, 703.
MMfhioD, 674.
Uoulini#, 325.
Unller, 11.14, 18, 37, 594.
Mural, 717.
N
NUU. 123.
Néedhiro, 85.
Néirierld'Aogen', 58, 78, 105, 709.
NélatoD. 1S7.
Micolaut, 414.
Niebubr, 14ti.
tljiua, 473.
O
Oliiirr, 146.
Orlila, 157. 302, 304, 631.
OwcD (Ricbard), 610.
PAntiia, 14, 18, iS.
Parchavpe, 3i7. S90. '
Pir^ (AnibroiM). 439. *fiO. IT8.
Parmi DurhatelM. 4S0. 534, SM.
.%6H, 75».
Patcball*. 69.
Pairrun. 100.
Paul d'Egine. «74.
(A.). 464.
IJ-L.). IS4, 109, SM, SU,
5, 48).
Radel. 675.
iqnln, 113.
idU, 507.
Ibe. 365.
Mleldr la), 656.
le la Hirudolf, IIS-
d, 9<i.
•I. IM
Vey.l
, 184, «».
(M, 1H. t47, ntt «lé. 4Mk
t.„,MrlAt 11. 85.
PlaloD, S7, 134.
PlaiioDi, 486.
Plioe. 344. 360.
Pluiarqur, ST. 360.
Portai, 7 1 9.
Pourbel, 54. 57, 59. 61, 91, 9t, 95,
105, 106. lit, «89,698. 816
Pouflrni. 483.
PrFvoil ri Dumai, 45, 93, 9!l.
Prideaui, 99.
Prucbaïka, 42.
Pato*. 786.
Pythogare, 87,149.
Bain. 415.
Ramai I in i, 368-
Ratiiail. 121. 308.
Hïramier. 746.
HrgDierde Graaf, 9, 4S, 68, TS. UO.
Bcichfrt, 55.
Heaati, 14S.
DKB ADTKDBS.
BéTrilU-PtriM, HT, 138, 355.
Berbard, 324, 664, 147.
RkberaiHl, 131.
Ricord, 211, 57», 65S, 675.
Eliolap, 3.
Riptult, i 10.
RiUbie, 58.
Rin (delà), SOI.
Robin (Cb.), 55, S6, 96.
Rocbe, 374.
RoC, 333.
Roich, 360.
HoCmI, 74.
Rmlerer, 57.
HognetU, 502.
Rollo, 311.
Rondelet, 45, 562.
Roaueau (J.-J.), 313. 366.
HovHcl, 66, 69.
Ruelle, 154.
Rujrtch, 418, 615.
Stbttier, 504.
Sancbei, 483.
Sarlioditre, 201.
Scarpa, 321.
Scbenk, 156.
Sfbw*DD, 54
S<:hweiphœLiser,(05,tl2.
SMilloi,615.
Semi, 121. 380, 568, 7.19.
SiropHm, 7(3,193.
Si «monde >l« SUmondi, S64.
Smith (T)ler), 125.
SroiU, 141.
SœnunerriDg, 45.
SoIdd, 134.
Soraniu, 716.
Sorbaii (PanI de), 414, 485.
SpalliQMDi, 54, 13, 14, 85.
Spnnheim, 411,
Stanlej, II.
Strnon, 6S, 73.
Stengel, 344.
Swammerdam, 44, 6S, 73, 14, 76.
SwMiaur, 396.
Tancbou, 489.
Tanqarr«l Aet PttDchM, 274, 303,
Tauvry i*. 395.
Thuilier 7BT
TiMot, 364, 361, 370, 383, KSft.
TonriKiiiiiie, 483.
207, 210.
Vaser, 187.
ValenUn, H , 16, 18, 27, 46, 54, 60.
Valiinieri, 16, 85, 132.
Valleil, 314, 143, 104.
Van-SwiéleD, 414.
Viuquelin SI
Velpean, 94, 501, 609, 727.
Venelle, 138,343.
Verdier (OMr), 319, 716.
Verdier (P.-L.), 117, 119,
Verherea, IT, 79.
V#ule, 9.
Vidal (de CaMii), 469, 470, 630,
667, 670.
Villenné, 141,148, 150.
Virer, 186, 3S3, 444, 449, 514.
VolneT, 146, 141.
Wagner, 44, 53, 55, 59, 594, 689,
699. 731, B16.
Wall iWalter), 189.
Wardrop, 619, 627.
Warlon, 44.
Weber(E.-H.), 44, 46.
Weber (E,-L-F.).45.
Wedefcind, 121.
Weikard, 329.
Wictamann, 395.
Wilton, 618.
Winikiw, 9.
Wretbolm, 99.
Wntier, 404.
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