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Full text of "Traité de l'impuissance et de la stérilité v. 1-2"

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'  ES»!!  ^fflfiglliMi:  PtlNJi 


UNE  MEWCAL  UBMii* 
STANFORD  UNIVESSin 

MEOICAl  eaitEiî 

SIANfO».  CALIF.  M» 


t  I  . 


TRAITÉ 


DE 


» .       .♦ 


^IMPUISSANCE 


IT  DE 


LÀ  STÉRILITÉ 


CHEZ  L'HOMME  ET  CHEZ   LA    FEMME. 


1. 


l/wtour  el  réditeur  de  c«t  ouvrifc  se  rvuenrenl  le  droit  de  le  Iradsire  oa  de  le  idrt  trt- 
d«ire  mi  loatet  laiif^iv*.  IL«  pounulTrofil  m  vertu  des  loi»,  ddcrett  el  traitdi  InteniilieMUi, 
louift  rontiffacon*  ou  loulm  tndurtioiu  failet  an  méprU  de  leur»  droite. 

Le  ddpdl  léiral  de  cet  ouvrage  a  éii  fait  ■  Paris  le  13  août  1855,  el  tontes  l»  fDrmiUtds 
présentes  par  lee  traité*  sont  remplies  daas  les  divers  Élela  avec  lesqueb  U  France  a  conclu 
des  conventions  littéraireit. 


OUVRAGES  DE  M.  FÉLIX  ROUBAUD, 

CHBZ  LES  MÉMBS  LIMAIEIS. 


AMUVAXBM  llil»XOA&  ST  WHAMMAQMOTiqWÊ  US  IiA 
VAAVOB,  8*  année,  18S6.  Un  fort  TOlame  in-1).  4  fr. 

I.ei  lepi  premières  annéei,  eniemble  24  fr* 

MIÊfTOtmM  ST  ftTATISTIQUS  HX  VAOÂJ^ÉMMM  IMWà' 
Mfâli»  US  MÈDMOiMMf  depuis  s«  fondation  Jusqa'en  septembre 
I8&2,  in-8.  75  €. 


■OVITAUZ  au  point  de  Tue  de  leur  origine  et  de  leur  utilité,  det 
eoaditions  hygiéniques  qu'ils  doïTent  présenter,  et  de  leur  administration. 
Paris,  18&3,  in-l9.  S  f r. 


i»«ii*.  —  Impiintrrii*  «1.-  !..  «UaTintT,  rne  Mignon,  i. 


TRAITÉ 


DE 


L'IMPUISSANCE 


ET  DE 


LA^  STÉRILITÉ 

CHEZ  L'HOMME  ET  CHEZ  LA  FEMME, 

•  •  • 

L*BXPOSinON    DBS  MOYENS  RECOMllANDâS  POim   Y  REMÂDIER. 


fAM 


lie  DMtom»  VEI^IX  K#IJBAIJB. 


TOME  PREMIER. 


PARIS, 

CHEZ  J.-B.  BAILLIÈRE, 

LIBBAIBE    DE    L'ACADÊMIE    IMPÉRIALE    DE    MÉDEGIIIE» 

rae  Hwtofranie,  i9. 

LONDRES,  H.  BAIUiÂRB,        ?        NEW-YORK,  H.  BAlLUteE, 
fl«9.  RcftaUSlTMl.  6  <90,  Broadway. 

MAMUO,    CmZ   BAlLLY-BAILUàliB,    CAtLB   DIL    PIUTIOFI,    ii. 

1855 

l/MrtMir  H  rédHMT  w  réitnmA  k  droit  4«  «ndudiofl. 


•  •  " 
•         •  •  • 


L'oubli  dans  lequel  est  restée  jusqu'à  nos  jours  l'histoire 
pathologique  de  la  fonction  génératrice,  est  une  conséquence 
logique  de  ce  principe  immuable  de  notre  science  que  la  noso- 
logie est  fille  de  l'anatomie  et  de  la  physiologie. 

Tant,  en  effet,  que  l'anatomie  et  la  physiologie  de  l'appareil 
génital  ont  été  couverts  d'ombres  et  de  ténèbres,  la  pathologie 
de  ce  même  appareil,  ballottée  dans  les  contradictions  de  mille 
systèmes,  s'est  lassée  de  poursuivre  un  fanlôme  insaisissable  et 
en  a  abandonné  la  recherche  aux  vicissitudes  du  hasard  et  aux 
hardiesses  de  l'empirisme  le  plus  grossier.  Celui-ci  ne  s'est  fait 
faute  ni  de  théories  extravagantes,  ni  d'explications  incroyables, 
ni  de  médications  impossibles  ;  aussi  quand  on  ose  sonder  ce 
dédale  d'absurdités  où  l'infamie  se  glisse  souvent,  on  conçoit  lu 
réprobation  dont  les  esprits  honnêtes  et  sérieux  frappaient  jadis 
cette  partie  du  domaine  médical. 

Aujourd'hui  cette  réprobation  n'a  plus  de  raison  d'être. 

Sans  prétendre  que  toutes  les  obscurités  ont  été  dissipées  dans 
l'histoire  de  la  génération,  on  doit  reconnaître  que  les  travaux 
des  anatomistes  et  des  physiologistes  du  xvin*  siècle,  et  plus 
encore  ceux  des  modernes,  ont  suffisamment  élucidé  le  pro* 
blême  pour  en  rendre  légitimes  les  déductions  pathologiques. 

C*est  cette  œuvre  que  j'ai  entreprise  et  que  j'offre  aujourd'hui 
au  public. 

Bien  qu'aucun  des  lecteurs  auxquels  s'adresse  ce  livre  n'ignore 
les  progrès  accoiliplis  dans  cette  branche  de  nos  connaissances, 
j'ai  cru  devoir,  sacrifiant  aux  lois  de  la  logique,  faire  précéder 
l'histoire  pathologique  de  la  génération  de  l'exposition  des  prin- 
cipes anatomiques  et  physiologiques  d'où  cette  histoire  elle- 
même  découle.  Ce  rapprochement  offre  en  outre  l'avantage  de 
constater  sans  fatigue  combien  peu  j'ai  donné  accès  aux  vaines 
théories  et  à  ces  écarts  de  l'imagination  dont  avaient  si  étrange- 
ment abusé  nos  ancêtres.  —  A  ce  double  titre,  on  me  pardon- 


VI 

nera,  je  Tespère,  les  développements  que  j'ai  donnés  à  la  phy- 
siologie de  l'espèce. 

Ces  développements ,  d'ailleurs,  n'ont  en  rien  diminué  le 
cadre  que  je  m'étais  tracé  et  auquel,  depuis  plus  de  dix  ans,  je 
travaille  (1).  C'est  à  la  lueur  dos  principes  qu'ils  renferment  que 
j'ai  constamment  poursuivi  mes  recherclies  et  mené  mes  médi- 
tations. Aussi  je  crois  avoir  accompli  une  œuvre  utile  en  essayant 
de  faire  rentrer  dans  le  sanctuaire  de  la  science,  par  les  grandes 
portes  de  l'anatomie  et  de  la  physiologie,  tout  un  groupe  de 
maladies  que  les  vendeurs  du  temple  et  les  illuminés  en  avaient 
fait  sortir. 

Sans  doute  cette  entreprise,  conduite  par  un  esprit  plus  ha- 
bile et  signée  d'un  nom  plus  autorisé  que  les  miens,  eût  ren- 
contré des  obstacles  tout  à  la  fois  moins  nombreux  et  moins 
variés  que  ceux  dont  mon  insuffisance  a  eu  n  triompher,  et 
l'oBUvro  eût  été  meilleure  ;  mais  j'ai  suppléé  aux  qualités  qui 
me  manquaient  par  un  travail  dont  l'ardeur  n'a  été  égalée  que 
par  la  pureté  des  intentions  qui  m'animaient,  à  ce  point  que, 
quel  que  soit  le  sort  réservé  à  cet  ouvrage,  jt'  reste  avec  la  con- 
science de  n'avoir  laissé  dans  l'ombre  aucune  partie  de  l'histoire 
physiologique  et  pathologique  de  la  fonction  génératrice,  et  en 
même  temps  de  n'avoir  jamais  enfreint  les  lois  de  la  morale  et 
de  la  chuteté,  car  la  science  a  sa  pudeur.  —  Aussi,  dirai-je  en 
terminant  :  si  quelqu'un  cherche  dans  cet  ouvrage  autre  chose 
que  de  la  science,  s'il  compte  y  trouver,  non  une  intention, 
mais  seuleaiênt  un  mot  de  luxure,  qu'il  n'aille  pas  plus  loin;  il 
serait  complètement  déçu  dans  ses  espérances. 

\y  Félix  ROUBAUD, 

■fèdactnv  en  ckcf  de  la  Ptmmce  métUcat». 

* 

Ao*t  1855. 


(1)  Déjà  en  1847,  il  y  a  SQjourd^hQi  huit  ans,  |e  pablîais  dam  la  Gazelta 
det  h&pUaux^  doot  ]'étaif  alors  un  des  rédacteuri,  un  travail  atsf x  étendu 
sur  rimpoiiMnce  au  point  de  vue  de  la  médecine  légale. 


TRAITÉ 


DE  L'IMPUISSANCE 


ET 


DE  LA   STÉRILITÉ. 


PHYSIOLOGIE  DE  L'ESPÈCE. 

Dans  l'acte  (le  la  reprodudion  de  l'espèce  humaine  Jesdeux 
sexes  jouent  un  râle  également  important,  dont  le  caractère 
mal  apprécié  a  donné  naissance  à  divers  systèmes  ou  théories 
que  j 'exposerai  tout  à  l'heure.  Ce  râle,  que  remplissent 
des  organes  propres  à  la  fonction  génératrice,  s'exécute 
dans  des  conditions  physiologiques  qu'il  est  important  de 
ronnaitrc,  et  au  milieu  de  circonstances  diverses  qu*il  est 
non  moins  intéressant  de  passer  en  revue,  car  les  unes  et 
les  autres  ont  une  action  marquée,  non-seulement  sur 
l'énergie  de  la  fonction  reproductive,  mais  encore  sur  les 
maladies  qui  font  le  sujet  de  ce  livre. 

Ces  maladies  ont  été  confondues  par  beaucoup  d'auteurs. 
T^s  uns,  ne  voyantque  le  but  final,  que  le  résultat  à  atteindre, 
donnent  indistinctement  le  nom  d'impuissance  ou  de  sté- 
rilité aux  états  morbides,  quels  qu'ils  soient,  qui  empé' 
chenl  la  reproduction  de  l'espèce:  pour  eux,  ces  deux  mots 
sont  synonjmes  et  désignent  exactement  le  même  genre 
d'affections.  Les  autres,  considérant  que,  dans  l'acte  de  la 
génération, le  rôle  do  la  femme  est  en  quelque  sorte  passif. 


2  PHYSIOLOGIB    RB   l'espÈCB. 

tandis  que  «lui  de  l'homme  rsl  entièrement  sons  l'empire 
de  II  volonté,  appellent  impUMunt  l'homme  qui  ne  peut 
procrésr,  qu«llo  que  soit  la  cause  èe  cette  inipossibilité,  et 
nomment  sti.'rilc  In  Tcmme  qui  se  trouve  dans  le  même  cas. 

Je  ne  puis  me  ranger  n  aucune  de  ces  dcui  opinion!). 
La  dernière  repose  sur  une  distinction  grammaticale,  inad- 
missible dans  la  science;  car,  sous  peine  de  tomber  dans 
une  logomachie  inextricable,  les  mfimcs  états  pathologiques 
réclament  ta  m^mc  dénomination. 

L'autre  opinion  semble,  au  premier  abord,  plus  sérieuse, 
par  cela  mâroe  qu'elle  parait  plus  scientifique  ;  mai*  en  por- 
courantleradre  nosologiquc  de  l'appareil  générateur,on  ne 
larde  pas  A  su  convoincre  qu'une  plus  grande  eiactitude 
doit  être  apportée  dans  la  désignation  des  divers  étals  qui 
le  remplissent.  Qu'on  me  permette  de  citer  on  ou  dcui 
exemples  h  l'appui  de  cette  assertion.  Les  faits  d'occlusion 
incomplète  du  vagin  permettant  la  fécondation,  et  non  l'in- 
tromission de  la  verge,  ne  sont  pas  rares  dans  l'histoire  de 
la  chirurgie  :  Riolan,  entre  autres  auteurs,  raconte  l'hi.'!- 
loirc  d'une  femme  qui,  accusant  son  mari  d'impuissance, 
fut,i  la  visite  des  experts,  reconnue  enceinte,  quoique  pré- 
sentant une  occlusion  vaginale  qui  ne  permettait  pas  le 
coït.  Quel  nom  donner  h  cet  état  pathologique  ?  D'après  les 
auteurs  dont  je  combats  l'opinion,  tes  mots  impuissance  et 
stérilité  seraient  impropres,  puisque  te  but  final  est  atteint, 
et  pourtant  ta  copulation,  cette  partie  importante  de  la 
fonction  génératrice,  ne  peut  avoir  lieu.  — D'autre  part, 
voici  deux  hommes.  Ctiex  l'un,  l'érection  de  ta  verge  est 
impossible,  n'importe  par  quel  motif;  impossible,  par  con- 
séquent, est  le  coït,  et,  par  conséquent  encore,  dans  ta 
majoritt'^  ilf-s  cas,  impossible  est,  de  sa  part,  toute  action 
fécondante;  diez  l'autre, l'érection  de  la  verge  est  pleine 


PHY8I0L0GIK    DE   l'eSPÈCK.  A 

et  entière,  le  coït  s'accomplit  normalement,  mais  l'action 
fécondante,  par  une  cause  quelconque,  ne  s'exerce  pas: 
est-il  raisonnable  de  placer  ces  deux  hommes  sous  la  même 
rubrique  nosologique?  Pour  un  même  trait  dans  la  physio- 
nomie,  quelle  dissemblance  dans  les  autres,  quel  éloigne- 
ment  dans  les  caractères  !  !  !  D'un  côté ,  la  fonction  gé- 
nératrice tout  entière  abolie,  annihilée,  détruite;  avec 
elle,  dépérissement  et  souvent  atrophie  des  organes  géni- 
taux ;  avec  elle,  troubles  profonds  dans  les  facultés  morales, 
depuis  le  simple  sentiment  de  honte  jusqu'à  la  monomanie 
du  suicide,  et  qui  ne  sont  pas  sans  exercer  une  action  délé- 
tère sur  les  principales  fonctions  de  l'organisme.  De  l'autre 
càté,  abolition  incomplète  de  la  faculté  génératrice,  que 
n'accompagnent  presque  jamais  des  désordres  dans  les  fonc- 
tions organiques  et  dans  les  facultés  morales.  L'acte  copu- 
lateur,  dont  on  ne  tient  aucun  compte,  creuse  entre  ces 
deux  hommes  un  abîme  sans  fond.  Non,  leurs  états  patho> 
logiques  ne  sont  pas  les  mômes;  les  symptômes  qui  les  révè- 
lent et  les  accidents  qui  les  suivent,  en  font  des  entités  dis- 
tinctes, dont  chacune  réclame,  dans  le  langage  nosologique, 
une  dénomination  spéciale. 

Cette  dénomination  ne  doit  avoir  rien  d'arbitraire  ;  elle 
doit  désigner  un  état  exactement  limité,  parfaitement  défini, 
dont  je  vais  essayer  de  tracer  le  cadre. 

La  fonction  de  la  reproduction  se  compose,  dans  les  deux 
sexes,  de  deux  actes  tellement  distincts,  que  pour  l'exercice 
de  i'un,  ia  volonté  est  forcée  d'intervenir,  et  que  cette 
volonté  reste  entièrement  étrangère  è  l'accomplissement  de 
Tautre.  La  première  est  une  fonction  animale  ou  de  relation, 
la  seconde  est  une  fonction  organique  ou  interne,  comme 
aurait  dit  Bichat.  Après  le  rapprochement  de  l'homme  et  de 
la  femme,  pour  l'exécution  duquel  la  volonté  a  dû  agir. 


&  niYSIOLOGIB    DK   L*E8Pft€e. 

toul,  dans  Tnclc  reproducteur,  se  passe  à  notre  insu,  et  la 
génération  se  fait  en  dehors  de  notre  conscience. 

Cette  intervention  de  la  volonté,  sans  parler  du  senti- 
ment voluptueux  qui  accompagne  le  coït,  ne  sulTit-elle  pas 
pour  diiïérenrier  deux  actes  d'une  même  fonction,  il  est 
vrai,  et  ne  rend-elle  pas  légitime  la  ligne  de  démarcation 
è  établir  entre  les  états  pathologiques  qui  mettent  obstacle 
a  l'accomplissement  ou  de  Tune  ou  de  l'autre?  Je  l'ai  tou- 
jours pensé  ainsi,  et  j'estime  que  le  mot  impuissance  doit 
être  donné  à  tout  état  morbide  qui,  chez  l'homme  ou  chez 
la  femme,  s'oppose  i  l'union  physiologique  des  deux  sexes, 
c'est-iVdire  au  coït,  et  le  mot  stérilité  être  réservé  i  tout 
état  morbide  qui,  chez  l'un  ou  chez  l'autre  sexe,  empêche 
la  reproduction  de  l'espèce. 

Il  Y  a  donc,  d'après  ces  considérations  que  je  crois  très 
légitimes  : 

Une  impuissance  de  l'homme  ; 

Une  impuissance  de  la  femme  ; 

Une  stérilité  de  l'homme  ; 

Une  stérilité  de  la  femme. 

Kn  d'autres  termes,  les  affections  qui  font  le  sujet  de  cet 
ouvrage  se  peuvent  partager  en  deux  groupes  :  le  premier 
renferme  les  troubles  de  l'acte  copulateur  chez  l'homme  et 
chez  la  femme;  le  second  présente  les  conditions  morbides 
qui,  dans  les  deu](  sexes,  empêchent  l'acte  fécondateur. 

dette  distinction  n'est  point  arbitraire;  elle  a  pour  base 
la  physiologie  de  la  fonction  génitale,  et  va  me  servir,  dans 
les  considérations  générales  que  je  vais  présenter  sur  Tap- 
pareil  reproducteur,  a  mieux  établir  ce  qui  est  du  domaine 
de  rimpuissaïKC  et  ce  qui  appai tient  h  la  stérilité. 


COPULAIIOM.    ACTIS   COPULATEUR    CHEZ    l'uoMIIE.        5 

CHAPITRE  PREMIER. 

COPULATION. 
S  I.  —  Acte  copalaiear  ehes  rhnmin 

Il  est  incontestable  que  la  sécrétion  spermatiquc,  c'est- 
à-dire  l'acte  lesticulaire,  a  une  action  notable,  non-seule- 
ment  sur  les  changements  que  subit  la  verge  dans  ses 
dimensions,  mais  encore  sur  l'énergie  de  l'acte  copulateur 
lui-même.  L'exemple  des  castrats  avant  la  puberté,  dont 
les  organes  génitaux  sont  arrêtés  dans  leur  développement, 
et  dont  les  désirs  vénériens  et  la  \igueur  virile  sont  à  peu 
près  nuls,  ne  permet  aucun  doute  à  cet  égard. 

Il  serait  donc  logique  de  placer  ici  l'étude  physiologique 
de  la  liqueur  séminale;  mais  si  l'on  Fuit  allenlion  que  c'est 
à  ce  liquide  qu'appartient  toute  la  puissance  fécondante  de 
l'homme,  on  comprendra  que  je  réserve  son  histoire  pour 
le  paragraphe  assigné  h  l'acte  Fécondateur  lui-même,  et 
que  je  me  concentre  ici  dans  la  seule  étude  des  conditions 
de  la  copulation,  en  admettant  comme  normale  la  fonction 
testiculaire. 

Ces  conditions  sont  au  nombre  de  quatre,  et  si  parfaite- 
ment distinctes  entre  elles,  malgré  leur  union  intime,  par 
leur  ordre  de  succession  et  par  leurs  manifestations,  que 
l'absence  de  l'une  n'entraîne  pas  fatalement  la  suspension 
des  autres.  Pour  l'accomplissement  de  l'acte  physiologique, 
elles  se  manifestent  dans  l'ordre  suivant  :  1^  désirs  véné- 
riens; 2^  érection  de  la  verge;  3®  expulsion  d'un  liquide 
spécial;  b?  eu6n,  plaisir  au  moment  de  cette  évacuation. 

Ces  circonstances  ne  sont  pas  toutes  exclusivement 
affectées  au  coït;  il  en  est  une  surtout,  l'éjaculation  sper- 


6  CtlfULAl'IUK. 

nislii|ut','  ifiii  t:st  tellement  esseiitjt-lic  à  lu  récoiidntioii,  f]uc 
je  renvoie  son  histoire  physiologique  à  la  jtartic  consacrée  ii 
l'exameiKte  l'acte  reproducteur  |iroj)rcment  dit. 

Je  n'ai  donc  dans  ce  paragraphe  qu'à  m'occuper  du» 
désirs  vénériens,  ile  l'érection  de  la  verge  et  du  plaisir. 

Les  désirs  fénériensont  Aea  mobiles  nombreux  et  variés  : 
ils  ne  sont  pas  toujours,  comme  on  pourrait  le  croire,  sous 
l'empire  de  In  volonté,  car  l'instinct  qui  les  éveille  chez  les 
animaux  à  l'époque  du  rut,  les  excite  également  chez 
l'homme  ;  cependant,  l'inslioct  n'a  une  action  bien  sensible 
que  dans  les  premières  oiinécï  de  la  puberté,  ou  pendant 
une  longue  continence,  ou  au  milieu  dt>  la  vie  calme  et 
retirée  des  champs. 

Plus  tard,  lorsque  l'Age,  l'habitude  ou  la  sotisfeclion  des 
besoins  les  plus  pressants  o[it  calmé  les  premières  ardeurs 
de  l'instinct,  les  désirs  vénériens  ne  répondent  plus  qu'à  la 
voix  des  sensations  ou  de  l'imagination. 

Tous  tes  sens  ont  la  puissance  de  les  éveiller.  Ceux  de  la 
vue,  du  toucher  et  de  l'ouïe  ont  une  action  si  directe,  qu'on 
pourrait  les  appeler  les  sens  de  l'amour.  L'odorat  jouit 
aussi  d'une  influence  décisive,  et  lu  nature  a  placé  dans 
les  organes  génitaux  de  tous  les  animaux  une  odeur  sui 
(jeiieris  i[ui  surexciti:  leur  sensualité;  certains  parfums 
possèdent  le  même  privilège,  et  la  galanterie  sait  hcu< 
reusement  les  mettre  à  profit.  Le  goût  lui-même,  moins 
favorisé  que  tes  autres  sens,  éveille  parfois  aussi  l'appétit 
vénérien  :  un  de  mes  amis  ne  jiuuvait  jamais  manger  de  la 
crème  fouettée  sans  avoir  immédiatement  quelque  idée 
voluptueuse. 

Cependant,  malgré  la  réalité  incontestable  du  pouvoir 
des  sensotions  sur  lo  dévi;lojij»cment  des  désirs  vénériens,  il 
faut  reconnaître  que,  dans  la  majorité  des  cas,  cette  puis- 


ACTE    COPULATEUR    CHEZ    l'iIOMMB.  7 

sauce  est  insuRisante,  et  qu'il  lui  faut  le  secours  de  l'élément 
moral. 

Chez  les  animaux,  c'est  i*instinct  qui  seconde  les  sensa- 
tions ;  chez  l'homme,  être  de  raison,  c'est  la  volonté. 

La  volonté  exerce  sur  le  sens  génital  un  empire  presque 
absolu:  l'histoire  d'Ulysse  se  bouchant  les  oreilles  pour  ne 
|)as  se  laisser  séduire  par  le  chant  des  sirènes,  est  une  fable 
poétique  en  contradiction  avec  la  nature,  surtout  en  ayant 
égard  h  l'Age  et  à  l'expérience  du  roi  d'Ithaque.  Ne  voyons- 
nous  pas  tous  les  jours  l'homme,  aussi  bien  que  la  femme, 
résister  aux  séductions  les  plus  provocantes  et  sortir  victo- 
rieux d'une  lutte  où  les  deux  adversaires  étaient  les  sens  et 
l'imagination  ? 

Sans  doute,  si  l'on  ne  se  prémunit  pas  contre  la  tentation, 
les  excitations  extérieures  entraîneront  la  volonté,  car  le 
silence  de  celle-ci  équivaut  à  son  consentement. 

Bien  plus,  la  volonté,  par  sa  seule  puissance  et  sans  le 
secours  d'aucune  sensation,  peut  évoquer  les  désirs  véné- 
riens. C'est  alors  qu'elle  éveille  l'imagination,  par  qui  le 
passé  se  ranime  et  l'avenir  se  fait  réalité;  grâce  à  (;lle, 
l'heure  présente  se  peuple  de  formes  indicibles  que  le  regard 
caresse,  que  les  lèvres  embrassent  et  que  les  mains  sai- 
sissent; fantômes  gracieux  dont  l'existence  tout  à  la  fois 
idéale  et  réelle  plonge  l'Ame  et  les  sens  dans  l'extase  volup- 
tueuse de  l'amour  le  plus  complet.  Les  poètes,  les  roman- 
ciers, les  artistes,  tous  ceux  enfin  chez  qui  l'imagination 
occupe  une  large  place,  jouissent  de  la  réputation  méritée 
d'être  fort  enclins  à  l'amour;  mais  ce  n'est  point  A  dire 
qu'ils  soient  les  plus  aptes  A  accomplir  l'acte,  car  nous  ver- 
rons ailleurs  l'influence  fAcheuseque  les  travaux  de  l'intelli- 
gence exercent  sur  l'énergie  virile.  Mais  tel  est  l'empire 
de  l'imagination  que,  par  sa  seule   force,  en    dehors  de 


H  t:OI*ULATIU?i. 

l'instiiict  et  de  tonte  sensation,  clic  peut  non-seulement 
|>ro(luire  l'érélhismc  vénérien,  mais  encore  déterminer  l'éjn- 
culotion  spemiatique,  oinsi  qu'il  arrivait  i  un  de  mes  cama- 
rades d'études  toutes  les  fois  qu'il  peosait  isa  maltresse. 

Quel  qu'ait  ét^  le  promoteur  des  désirs  vénériens.,  ceux- 
ci,  une  Tois  éveillés,  réagissent  sur  l'appareil  génital,  «t 
pendant  que,  sous  leur  influence,  la  sécrétion  spermatiqae 
augmente  d'énergie  ,  la  verge  subit  une  métamorphose 
presque  complète,  duns  loquelte  son  volume  est  accru  et  H 
direction  entièrement  changée. 

Celle  mélamorpbose  est  ce  qu'on  appelle  l'érection,  dont 
je  lais  essayer  d'expliquer  le  mécanisme. 

li'eismcu  auquel  je  vais  me  livrer  n'a  pas  un  intérêt 
{luromentscientiliipie;  il  est,  Àmesyeut,  d'une  telle  impor- 
tance pratique  que,  seul,  il  nous  rendra  compte  de  certoins 
ciis  d'inipui$snnrc  dont  (es  couses,  méconnues  jusqu'à 
aujourd'liui,  ont  été  uovécs  duiis  ce  vague  médical  dont 
l'ignorance  entoure  IcsToiit-lionsdu  système  nerveux.  Telle 
impuissance  snrtcnnnt  à  la  suite  d'excès  vénériens  ou  de 
masturbation,  telle  autre  rr.ip|jant  un  liommc  dont  l'égc 
n'a  pas  encore  marqué  l'heure  de  la  retraite,  ctc  ,  etc.,  ne 
trouveront  souvent  d'autres  cipliratlons  que  dans  l'altéra- 
tion des  organes  servant  i  l'érection,  sans  qu'il  soit  besoin 
de  recourir  ti  l'influx  nerveux  dont,  en  dehors  de  certaines 
maladies  de  lu  moelle  épinièrc,  il  est  quelquefois  îmjiossible 
d'expliquer  la  diniinulion. 

Si  la  science  est  encore,  sous  ce  rapport,  dans  les  langes, 
il  en  faut  nccuser,  d'une  part,  l'onbli  dans  lequel  est  tenue 
celle  partie  de  la  médecine,  et  d'autre  part  l'incerlilude 
qui,  jusque  diins  ces  derniers  temps,  faute  de  délails  anato- 
miqucs  suni^anls,  a  régné  sur  le  mécanisme  de  l'érection. 
A  l'époque    où  les  esprits  animaux  étaient  considérés 


ACTK    COFLLATKOR    CHEZ    l'uOMMK.  9 

comme  les  moteurs  de  la  machine  humaine,  on  pensait  que 
ces  asprits  remplissaient  la  verge,  et  que  les  muscles  du 
périnée  soutenaient  celle-ci  et  la  redressaient  comme  un 
bAton  retenu  par  des  cordes.  Vésale  consacra  cette  opinion 
en  donnant  i  ses  muscles  le  nom  de  ereclares  penis^  que 
W  inslow  changea  contre  celui  A* ischio- caverneux ^  qu'ils 
portent  encore  aujourd'hui.  R.  de  Graaf  s'éleva  contre 
cette  explication  qui,  malgré  ses  efforts,  continua  à  être 
acceptée  parla  majorité  des  anatomisles. 

Et  cependant,  ce  savant  était  sur  la  voie  delà  vérité  ;  le 
premier  il  soutint  et  démontra  expérimentalement  que 
l'érection  résulte  de  lo  présence  du  sang  accumulé  dans  la 
verge.  Ayant  lié  le  pénis  d'un  chien  ù  sa  racine  au  moment 
du  coït,  il  trouva  ce  corps  rempli  de  sang  et  le  vit  revenir  à 
sa  flaccidité  ordinaire  lorsque  le  liquide  en  eut  été  expulsé. 
De  plus,  ayant  injecté  de  l'eau  par  les  veines  honteuses 
dans  la  verge  d'un  cadavre,  il  obtint  une  distension  et  une 
érection  plus  énergiques  encore  que  sur  le  vivant.  Il  près-* 
sentit  aussi  que  lu  turgescence  des  corps  caverneux  pouvait 
tenir  à  un  défaut  d'équilibre  entre  la  sortie  et  l'arrivée  du 
liquide  sanguin,  et  il  se  demanda  quels  étaient  les  obstacles 
qui  s'opposaient  à  l'écoulement  du  sang  veineux.  Les 
muscles  ischiocaverneux,  dont  il  avait  nié  le  rdie  comme 
suspenseurs,  furent,  a  ses  yeux,  les  moteurs  de  cet  obstacle. 
Cependant,  les  rapports  anntomiques  ne  lui  rendant  pas 
suffisamment  compte  de  cette  action ,  de  Graaf  avoue  que 
l'action  de  ces  muscles  est  indirecte. 

Hunter,  et  la  majorité  des  anatoroistes  du  xviii*  siècle, 
adoptèrent  cette  opinion,  qui  est  même  encore  partagée  par 
quelques  physiologistes  de  nos  jours;  mais  alors,  comme 
aujourd'hui,  on  ne  s'accordait  pas  sur  l'obstacle  qui  s'oppo- 
sait à  la  sortie  du  sang  veineux. 


1(1  COflLATlUN. 

Mcn-iur  [irtiteiidiiit  en  lioii\ci'  ruvjtlirutioii  dans  les 
ilisjiositioiis  !inatoini(|ueï  liei  teines  Ue  la  verge,  qui,  oelon 
lui,  iù  rciideiil  tuutes  aii\  ïiiiu&  <I^  SaiiUuiiii,  leM(]ut:l!<  ainuii, 
un  allant  rejoiiiilrc  K's  teiiies  h)|jugaMriqucï,  furœeiit  des 
)ilcxus  iiumbrcui.surloulaut  fuics  latérales  de  laftrostatc, 
il  \\ac  là  ces  sinus  se  trou^fitt  compriinés  pi'iiittiiit  la  i;on- 
Irai'ltuii  des  mysLU-s  pelvieus.  Cetlt-  ctpliratioti  est  iiiud- 
miisible.  comme  le  fuit  juilicieusementreinarquerM.Uebrou; 
lar  s*il  en  était  ain»i,  des  personnes  afTectées  de  rétention 
d'urines  ou  d'li\pcrtrophie  de  la  proslati-,  devraient  être 
luurnicntèes  par  des  éietliuus  rontiouelles, ce  qui  n'a  point 
ciiiore  Otê  noté  parmi  les  s;n)ptl)me^  du  ces  maladien. 

M.  Debrou,  qui  se  range  du  côté  de  Vésale,  en  ce  <|ui 

resarJe  l'aitiou  dts  muscler  ischio-raverneut,  adresse  aut 

partisaits  de  la  stase  du  sang  ilaiii  la  ver^e  une  objection 

^éner^le  qui  a  beaucoup  perdu  de  son  importance  depuis  lu 

l'ublKJi'.ion  iieslrjiaa\deM.Kobell,  mais  qui  mérite  cr- 

pcnJ.int  de  (router  place  iri  :  «  Je  reconnaîtrai,  dit-il,  que 

lou$  lt!$  auteurs  qui  adoptent  l'une  des  nuances  Je  cettu 

divtriDo  a<licetteDt  implicitement,  sinon  rormellcment,  que 

l'obMidc  à  li  sortie  du  sang  veineui  n'est  que  partiel  et 

ii..î-:7;:;t.  car  autrt-'ment,  la  gangrène  du  pénis  serait  la 

»ui:;  .Votiiah:*  ii"une  slase  indéfinie  do  sang.  Mois  même 

.vft  .vt;e  rë«Me.  qui  est  de  toute  nécessité,  il  y  a  des 

.•  ffi.a;:»  qe:  *m'1  inoonciliables  a»ec  la  Ihéoric  ;  celle-ci, 

;.«   \îmf  :  Aufoinmencemenl  de  l'éreclion,  il  est  pos- 

'.r  -p  'oiî    '■-■  siris  artériel  apporté  ne  s'échappe  point 

^-  «*  «««s  ;  mtii  si  l'éreclion  persiale  et  dure  longtemps, 

»  ^^koures-ainci qu'on  l'a  i«  dans  certains  co»  de  Mty- 

iMt  t"*'"  qu'»"'""'  •''■'  ■''■''?  "*•"'*  ^"'''  *""  •'"''■e, 

,ri^c  rf  «J»*:^'"^  '"^   surti.-nt  point-  Or,  si   «ulant  de 

i^  «•  «'"^  •'"'*  1'^™*''**"  (""oloHjl^e.  comment 


ACTE    COFULATKL'K    CllEZ    l'hoMME.  11 

admettre  qu'il  n'eu  est  pas  ainsi  dans  la  turgescence  ordi- 
naire ?»  Quand  j'exposerai  tout  ù  l'heure  la  théorie  qui 
ressort  des  recherches  anatomiques  et  expérimentales  de 
M.  Kobelt,  on  comprendra  combien  cette  objection  perd  de 
sa  valeur,  car  on  verra  qu'il  y  a  des  contractions  alternatives 
analogues  à  la  diastole  et  à  la  systole  du  cœur,  contractions 
qui  n'empêchent  pas  la  circulation  veineuse. 

J.  Millier  (l)a  voulu  faire  jouer  un  râle  important  aux  ca- 
pillaires artériels,  répandus  dans  les  corps  caverneux,  en  les 
présentant  comme  constitués  par  de  petits  renflements  con- 
tournés on  forme  de  diverticules  clos,  et  qu'il  appelle  artères 
hélicines;  maison  est  loin  d'être  d'accord  sur  l'existence 
et  les  rapports  de  ces  dilatations  artérielles,  et  l'on  recule 
devant  une  théorie  fondée  sur  des  bases  que  conleslcnt  des 
hommes  tels  que  Valentin,  Kraiise  et  lluschkc. 

M.  Bérard,  professeur  de  physiologie  à  la  Faculté  de 
Paris,  se  fondant  sur  des  dispositions  anatomiques  notées 
par  Millier,  Valentin,  liunter  et  Stanley,  a  émis,  dans  ses 
leçons  orales,  une  opinion  d'après  laquelle  il  existerait, 
dans  les  parois  des  vacuoles,  des  hbres  contractiles  sur  les- 
quelles reposerait  le  mécanisme  de  l'érection. 

ËnGn,  et  pour  en  iinir,  Chaussier  et  M.  Adelon  rap- 
portent la  turgescence  de  la  verge  à  une  propriété  sut 
generis  dont  est  doué  le  tissu  érectile,  et  qu'ils  appellent 
érectiliié.  Cette  manière  de  se  tirer  d'embarras  est  renou- 
velée des  anciens,  qui,  pour  expliquer  la  génération, 
admettaient  une  faculté  génératrice  inhérente  a  la  matrice. 

Dans  ces  derniers  temps,  un  professeur  d'anatomie  à 
l'université  de  Fribourg,  M.   le  docteur  Kobelt  (2),  s'ap- 

(1)  Encyclop.  Wurterbuch  der  mediz.  Wissenschaften  :  Erbctile 
iiKWEBE.'^ Manuel  de  physiologie.  Paris,  4  851,  t.  I,  p.  181. 

(2)  De  l'appareil  du  sens  génital  des  deux  sexes  au  point  de  vue  ana- 


1:2  t:OFtLAllUN. 

puyaiit  sur  des  données  anatomiques  toutes  nouvelles,  a 
émis  sur  le  sujet  qui  m'occupe  une  théorie  ingénieuse  et  à 
laquelle  je  n'hésite  pas  à  donner  la  préférence,  parce  qu'elle 
m'a  rendu  compte  de  plusieurs  faits  pathologiques  et  thé- 
rapeutiques dont  il  m'était  impossible  de  pénétrer  le 
acns. 

Mais  avant  d'exp.oser  le  mécanisme  développé  par  le 
professeur  de  Fribourg,  il  est  indispensable  d'aborder  les 
considérations  anatomiques  sur  lesquelles  il  repose. 

«  Partout  où  nous  devons  percevoir  des  sensations 
claires,  nettes,  bien  tranchées,  dit  M.  Kobelt,  avec  un 
caractère  spécial,  comme  le  sont  celles  que  donnent  les 
organes  des  isens,  on  rencontre,  en  tète  de  l'appareil,  un 
organe  principal  abondannnent  pourvu  de  nerfs,  véritable 
foyer  auquel  aboutissent  les  diverses  parties  qui  concourent 
a  ce  but.  Ce  centre  particulier,  dont  l'excitabilité  est  mise 
en  jeu  [nr  les  impressions  extérieures  ou  intérieures,  a 
sous  ses  ordres,  comme  auxiliaires,  d'autres  organes  moins 
imporlanis.  » 

Dans  l'appareil  du  sens  génital  chez  l'homme,  le  centre 
autour  duquel  viennent  aboutir  toutes  les  actions  est  le 
gland,  et  les  organes  auxiliaires  sont  :  le  corps  spongieux 
de  l'urètre,  le  bulbe  et  le  muscle  bulbo-ca\crneux.  Quant 
aux  corps  caverneux  de  la  ver<;e,  ils  sont  déchus,  et  avec 
juste  raison,  de  leurs  anciennes  prérogatives  et  ne  rein* 
plissent  plus  que  le  rôle  de  support  et  celui  d'excitant  pour 
l'autre  sexe. 

Voici  d'ailleurs,  aussi  succinctement  que  possible,  les 
données  anatomiques  qui  militent  en  fa\eur  de  cette  ma- 
nière de  voir. 

tomitiHt'  vt  phyaioloijique,  par  lo  doclear  Kobelt,  iraduil  de  l'allemand 
par  le  docteur  H.  Kaaia.  Strasbourg,  1851,  1  vol.  grand  în-8. 


ACTE    COPULATEOR    €HfcZ    l'iIOMME.  13 

Gland.  —  Tout  le  monde  connaît  la  forme  du  gland ^ 
que  Ton  a  comparé  à  celle  d'un  cane  tronqué  coupé 
obliquement  ù  sa  base,  cl  dont  un  lacis  veineux,  excessive- 
ment  riche  en  nombreuses  anastomoses,  constitue  le  paren- 
chyme; les  dernières  ramifications  de  ces  anastomoses, 
d'une  extrême  ténuité,  aboutissent  à  In  surface,  et  quel- 
quefois même  sur  la  couronne  de  Torgane,  et  simulent  des 
espèces  de  houppes  veineuses  qui  sont  l'épanouissement  et 
la  continuation  la  plus  fine  des  veines  plus  considérables  du 
corps  spongieux  de  l'urètre. 

Quant  aux  connexions  des  ramuscules  veineux  du  gland 
avec  les  veines  voisines,  M.  Kobelt  les  décrit  de  la  manière 
suivante  : 

<t  l"*  Les  rameaux  antérieurs  et  les  branches  de  la  veine 
dorsale  de  la  verge  tirent  leurs  racines  les  plus  ténues  des 
ramifications  les  plus  délicates  de  ce  réseau  veineux,  et  sur- 
tout du  bord  postérieur  de  la  couronne  du  gland,  de  sorte 
qu'ici  comme  dans  le  foie,  les  dernières  terminaisons  d'une 
«cinc  s'abouchent  avec  les  premières  racines  d'une  autre 
veine. 

»  S""  Si  sur  une  préparation  injectée  on  sépare  le  gland 
de  l'extrémité  conique  du  corps  caverneux  de  la  verge,  on 
met  h  nu  un  réseau  de  veines  assez  considérables  qui  pro- 
viennent de  la  surface  iuterne  infundibuliforme  du  paren- 
chyme du  gland.  De  ce  réseau  naissent  les  veines  qui 
reparaissent  sous  le  bord  postérieur  du  gland  comme  des 
rameaux  plus  considérables  de  la  veine  dorsale.  Dans  l'érec- 
tion res\eincs  doivent  éprouver,  pendant  leur  trajet,  une 
compression  entre  le  gland  à  l'état  rigide  et  l'extrémité 
antérieure  du  corps  caverneux  de  la  verge  ;  mais  lorsque 
le  membre  viril  commence  à  se  relâcher,  elles  rendent  le 
retour  du  sang,  hors  du  gland,  beaucoup  plus  libre  et  plus 


ih  COPULATION. 

facile  que  s'il  avait  lieu  par  les  minuscules  très  ténus  de  la 
veine  dorsale,  que  nous  avons  mentionnés  d'abord. 

»  â""  Du  réseau  veineux  lui-même,  situé  entre  le  gland 
et  le  corps  de  la  verge,  partent  encore  d'autres  veines  qui 
pénètrent  dans  l'intérieur  du  corps  caverneux  ;  elles  éta- 
blissent ainsi  une  communication  entre  le  gland  et  l'extré- 
mité antérieure  des  corps  caverneux  du  pénis,  disposition 
qui  paraît  avoir  échappé  à  la  plupart  des  anatomistes,  bien 
que  Bichat  Tnit  déjà  signalée  (1).  n 

Les  artères  du  gland  viennent  principalement  des  artères 
dorsales  de  la  verge;  elles  ont  cependant  des  communica- 
tions avec  les  artères  bulbo-urélrales  et  même  avec  les 
artères  profondes  du  pénis,  mais  toutes  communiquent  avec 
les  reines  du  gland,  ainsi  qu^Hausmann  s'en  est  assuré  sur 
une  verge  de  cbien  injectée  au  mercure.  On  trouve  encore 
quelquefois  aussi  des  artères  hélicines;  mais  comme  le 
système  artériel  ne  joue  pas  le  principal  rôle  dans  le  phé- 
nomène qui  m'occupe,  je  ne  m'étendrai  pas  davantage  sur 
cet  appareil,  ainsi  que  sur  les  vaisseaux  lymphatiques  pour 
l'étude  desquels  nous  renvoyons  aux  travaux  de  Mascagni, 
de  Fohmann  et  de  Panizza. 

H  n'en  saurait  être  de  même  de  l'appareil  neneux;  le 
gland  jouit  d'une  sensibilité  si  exquise  que,  même  sans  le 
secours  de  l'anatomie,  on  prévoit  que  cet  organe  doit  être 
richement  doté  de  nerfs  scnsitifs.  Cependant,  jusqu'b 
IVl.  Kobelt,  on  connaissait  fort  peu  la  distribution  et  la  dis- 
position de  ces  nerfs  dans  le  gland  lui-même,  et  Ton  accep- 
tait comme*  article  de  foi  cette  hypothèse  émise  par  Millier  : 

{{)  L'extrémité  qui  termine  le  corps  caverneux  est  arrondie,  assez 
étroitement  unie  à  la  base  du  gland,  qu'elle  supporte,  et  percée  d'ouver- 
tures pour  les  communications  vascolaires.  (Bichat,  Anatom.  df script., 
t.  V,  p.  2M.^ 


ACTE    COPi;ff.ATBDR    CHEZ    l/lIOMMR.  15 

«  La  mojeurc  partie  de  lo  masse  des  nerfs  dorsanx  de  la 
Terge  pénètre  dans  le  gland,  h  l'endroit  de  la  couronne  et 
en  traverae  rîntérieur  avec  ses  rameaux.  Ces  ramiGcations 
se  dirigent  vers  la  surface  du  gland  et  paraissent  principa- 
lement destinées  à  cette  surface  douée  d'une  sensibilité  si 
exquise  (i).  » 

M.  Kobelt  s'est  emparé  du  problème  et  a  apporté  à  sa 
solution  des  données  toutes  nouvelles  quMI  est  impossible 
d'analyser  t  «  Il  résulte  do  mes  recherches,  dit-il,  que  ces 
ramuscoles  nerveux  étant  arrivés  sur  le  bord  du  gland,  une 
partie  d'entre  eux  y  pénètre  directement  et  fournit  des 
rameaux  distincU^,  tandis  que  l'autre  partie  glisse  sous  ce 
bord,  le  traverse  sans  s'y  arrêter,  pénètre  dans  la  concavité 
du  gland  et  s'y  dirige  en  rayons  rayonnant  dans  tontes  les 
directions.  Ils  se  réunissent  de  nouveau  dans  le  parenchyme 
de  Torgane,  en  réseaux  tellement  entrelacés,  qu'on  sernit 
tenté  de  les  considérer  comme  des  plexus  ganglionnaires. 
Cependant,  je  ne  suis  jamais  parvenu  à  y  rencontrer  les 
cellules  ganglionnaires.  lisse  dirigent  ensuite  vers  la  surface 
du  gland,  s'épanouissent  de  nouveau  en  ramuscules  isolés, 
et  forment,  en  se  développant  dans  la  peau  de  cette  partie, 
des. arcades  considérables  et  des  plexus  de  plus  en  plus 
ténus  à  mesure  que  l'on  avance  vers  la  superficie  du  gland, 
jusqn'h  ce  qu'enfin  les  dernières  ramifications  nerveuses 
échappent  à  l'œil  de  l'observateur;  aussi  n'al-je  jamais  pu 
reconnaître  avec  certitude  les  courbures  terminales  de  ces 
anses  nerveuses.  D'autres  de  ces  nerfs  se  dirigent,  en  con- 
vergeant, vers  la  surfacede  la  muqueuse  urétrale,  et  traver- 
sent le  gland  pour  se  ramifier  sur  cette  muqueuse,  comme 

(1  )  Ceber  die  organ^nehen  Serven  der  erectilen  mànnlichen  GescMechtê" 
Organe  deê  Menschenund  der  SdugelMere.  Berlin,  4  830,  p.  40. 


16  COPLLATION. 

ils  le  font  dons  la  peau  extérieure  de  cet  organe.  En  ce 
point  j*ai  vu  les  nerfs  du  gland  s'anastomoser  avec  d'autre» 
nerfs  qui  proviennent,  sous  forme  de  petits  rameaui,  de 
l'intérieur  des  corps  spongieux  del'urèlrc,  et  qui  se  divisent, 
a  leur  entrée  dans  le  gland,  comme  les  veines  de  cette  partie, 
en  filaments  très  déliés.  » 

Il  est  incontestable,  ainsi  que  Valentin  (1)  Ta  montré, 
que  quelques  nerfs  organiques  se  rendent  dans  le  gland  ; 
mais  ils  ont  si  peu  d'importance,  que  leur  examen  serait  ici 
une  superfluité,  et  que  leur  action  s'efface,  pour  ainsi  dire, 
devant  le  rôle  principal  que  jouent  les  nerfs  sensitifs  dont  je 
viens  de  parler. 

En  résumé,  le  gland  est  surtout  remarquable  par  le  dé? ^ 
loppement  de  son  appareil  veineux  et  de  son  appareil  ner- 
veux ;  je  dirai  tout  à  l'heure  combien  cette  double  richesse 
correspond  aux  fonctions  que  l'organe  est  appelé  à  remplir. 
Pour  le  moment,  il  me  reste  n  faire  l'anatomie  des  organes 
auxiliaires,  qui  sont,  d'après  Tordre  où  je  vais  les  étudier; 
1*  le  corps  spongieux  de  l'urètre  ;  2^  le  bulbe  ;  3^  le  muscle 
bulbo-cavcrncux. 

Corps  spongieux  de  l'urètbe.  —  Situé  immédiatement 
autour  de  la  muqueuse  du  canal  de  l'urètre,  à  laquelle  il 
constitue  une  espèce  de  gaine  as^ez  épaisse,  se  dirigeant, 
selon  la  longueur  de  ce  conduit,  de|)uis  le  bulbe  jusqu'au 
gland,  le  corps  spongieux  de  l'urètre  forme  un  véritable 
reie  mirabile  venoaum ,  dont  les  expansions  vascuiaires 
rampent  en  droite  ligne  et  en  avant,  en  conservant  un 
calibre  h  peu  près  égal  dans  leur  gaine  fibreuse  commune. 

Cet  organe  sert  évidemment  d'intermédiaire  entre  le 
bulbe  et  le  gland. 

(4)  ValenliD,  Névrologik,  Encyclopédie  analomiquc ,  Induit  par 
A.-J.-L.  Jounlan.  ParU.  I8i3,  vol. IV.  p.  660. 


ACTE    COPULATBUR   CHEZ    l'uOMME.  17 

Selon  M.  Kobclt,  le  parenchyme  veineux  du  corps  spon- 
gieui  de  l'urètre  communique  avec  les  veines  voisines  de  la 
manière  suivante  : 

A  1"  Immédiatement  derrière  le  gland,  dit-il,  dans  le 
sillon  des  corps  caverneux  qui  loge  la  portion  spongieuse, 
on  voit  naître,  de  la  partie  latérale  du  corps  spongieux  de 
Turètre,  par  des  veines  très  déliées,  les  premiers  rameaux 
delà  veine  dorsale  ;  ils  se  rendent,  en  entourant  la  convexité 
latérale  de  la  verge»  sur  le  dos  de  Torgane^pour  s'engager 
dans  la  partie  antérieure  de  la  veine  dorsale. 

»  S""  Lorsque  sur  une  pièce  convenablement  injectée,  on 
détache  avec  soin  le  corps  spongieux  de  l'urètre,  de  la 
gouttière  que  forment  les  deux  corps  caverneux,  on  tombe 
sur  un  réseau  veineux  si(ué  entre  les  gatnes  fibreuses  de 
ces  trois  corps  siHmgieuœ^  réseau  qui  n'a  pas  été  décrit 
jusqu'ici.  Les  veines  assez  fortes  qui  entrent  dans  sa  com- 
position proviennent,  par  deux  rangées  presque  symé- 
triques, des  troncs  de  la  face  dorsale  du  corps  spongieux  de 
Turèlre.  Ce  réseau  lui-même  fournit  un  autre  ordre  de 
rameaux  veineux  d'un  certain  calibre,  qui  émergent  du  sil- 
lon des  corps  caverneux,  pour  se  diriger  de  là  en  haut,  vers 
la  veine  dorsale,  en  passant  sur  la  surface  latérale  du  corps 
de  la  verge.  Les  rameaux  postérieurs  de  ces  veines  latérales 
ne  versent  plus  leur  sang  dans  la  veine  dorsale  ;  mais  se 
rendent,  après  avoir  reçu  les  veines  scrotales,  sur  les  côtés 
de  la  base  du  pénis,  dans  un  réseau  veineux  très  riche,  à 
peine  remarqué  jusqu'ici  ;  ce  réseau  se  déploie  sur  les  côtés 
de  la  racine  de  la  verge,  et  communique  librement,  d'une 
part,  avec  les  veines  inguinales  cutanées,  et  de  l'autre,  avec 
la  veine  obturatrice  et  le  plexus  pudendalis. 

»  S''  Les  troncs,  qui  naissent  de  la  face  dorsale  du  corps 
spongieux  de  l'urètre,  pénètrent  en  même  temps  dans  les 


18  COPI-LATION. 

ror|:s  cavorneut,  en  partie  par  l'intermédiairo  du  réseau 
leineux  ri-dessus  indiqué,  en  partie  immédiatement  au 
mojen  d'une  double  rangée  d'ouvertures  qui  longent  les 
bords  de  cette  gouttière.  Ces  vaisseaux  établissent  ainsi  une 
communication  veineuse  entre  le  corps  spongieui  et  les 
corps  caverneux.  Cette  disposition  a  été  généralement 
niée.  Panizza^  cependant,  rapporte  (i)  qu'il  a  observé  une 
rangée  de  communications  entre  les  deux  corps  spongieux, 
après  avoir  détaché,  sur  dos  pièces  injectées,  le  corps  spon- 
gieux de  l'urMre  des  corps  caverneux  delà  verge.  Bichat, 
aussi,  connaissait  cette  communication  vasculaire  (2) 

»  /r  Enfin,  los  petits  troncs  qui  émergent  sur  les  côtés  du 
corps  spongieux  de  Turètre,  reçoivent  encore  plusieurs 
veines  cutanées  qui  naissent  du  frein^  du  prépuce  et  de  l'en- 
veloppe cutanée  externe  de  la  surface  antérieure  et  infé- 
rieure de  la  verge.  » 

Aucune  artère  spéciale  n'est  dévolue  au  corps  spon- 
gieux de  l'urètre;  mais  le  sang  artériel  lui  arrive  par  les 
artères  bulbo-urétrales  qui  viennent  du  bulbe,  et  dont  les 
rameaux  ont  des  communications  assez  libres  avec  ceux  des 
artères  dorsales  et  profondes  de  la  verge. 

L'a|»pareil  nerveux  du  corps  spongieux  de  Turètre  est 
inférieur  sous  tous  les  rapports  à  celui  que  nous  avons  vu 
au  gland.  Selon  Millier  et  Valentin,  contre  lesquels  M.  Ko- 
belt  n'élève  aucune  sérieuse  objection,  les  nerfs  de  cette 
partie  appartiennent  surtout  au  système  nerveux  de  la  vie 
végétative,  ce  qui  viendrait  à  l'appui  de  l'opinion  du  pro- 
fesseur de  Fribourg,  qui  veut   que   le  corps  spongieux  du 

(1)  Osservuzioni  tuilroiH}-zootoiniCihfi^iohgichi\  p.  10  el  H. 

(2)  L'ni  uu  corps  caverneux  par  des  vaisseaux  qui  8e  voient  très 
bien,  quand  on  sépare  TurèUe  do  la  gouUière  dans  laquelle  il  est  revu, 
(Bichat,  Anaîomif  (le^criplite,  I.  V.) 


ACTE    COPULATEUR    CHEZ    l'hOMIHE.  19 

canal  de  l'urètre  constitue  au  fond  un  système  de  conduits 
vasculaircs,  composé  de  nombreux  sinus  ?eineux  contenus 
dans  une  enveloppe  tendineuse,  inexpansible,  appareil  dont 
je  dirai  tout  à  l'heure  la  destination. 

Bulbe.  —  Le  parenchyme  du  bulbe  est  érectile,  c'est-^ 
à-dire  composé  d'un  lacis  veineux  comme  celui  des  deux 
organes  précédents  ;  il  se  continue  en  avant  avec  le  corps 
spongieux  de  l'urètre,  et  se  termine  en  arrière  par  deux 
renflements  latéraux  hémisphériques,  séparés  l'un  de  l'autre 
par  une  dépression  longitudinale  située  sur  la  ligne  médiane 
inférieure. 

Outre  ces  deux  renflements  latéraux,  il  existe  entre  eux 
en  arrière  et  en  haut,  une  troisième  éminence  moins  large 
que  les  autres  et  donnant  passage  h  la  portion  membra^ 
neuse  de  l'urètre,  aux  vaisseaux  et  aux  nerfs  du  bulbe  et 
aux  deux  conduits  excréteurs  des  glandes  de  Cowper,  qui 
sont  couchées  immédiatement  en  arrière,  au  milieu  d'une 
roa5se  veineuse. 

Une  enveloppe  fibreuse  contient  partout  le  bulbe;  mais 
elle  devient  plus  mince  vers  le  sommet  des  deux  hémi- 
sphères, pour  leur  permettre  de  former  une  saillie  plus 
considérable  lorsqu'ils  se  remplissent  de  sang. 

Le  parenchyme  du  bulbe  envoie  en  arrière  et  en  haut  un 
prolongement  tubiforme  qui  se  continue  h  travers  la  portion 
prostatique  jusque  dans  le  col  vésical,  lance  des  ramifica- 
tions rayonnantes  dans  les  parois  antérieure  et  inférieure 
de  la  vessie,  et  disparait  insensiblement  entre  les  membranes 
vésicales,  en  s'abouchnnt  avec  les  veines  vésicales  exté- 
rieures. Ce  prolongement  vasculaire  se  déploie  très  riche- 
ment sur  le  verunwntanum^  et  donne  h  ette  éminence 
toutes  les  propriétés  d'une  crête  érectile.  Par  suite  de  ce 
faîl,  c'est-è-dire  par  la  présence  du  tissu  érectile  dans  le 


20  COPULATION. 

capvt  gallinaginis^  in  vessie  est  nrmée  d'un  obturateur  qiii^ 
pendant  l'érection,  empêche  le  sperme  de  tomber  dons  le 
réservoir  urinaire,  et  rend  très  difficile  l'expulsion  des 
urines.  Chez  la  femme,  où  ces  dispositions  anatomiques 
n'existent  pas^  il  n*est  pas  rare  de  noter  rémission  urinaire 
comme  un  des  troubles  qui  accompagnent  le  coït,  et  Gûn- 
Iher  rappelle  que  chez  la  jument,  pendant  qu'elle  est  cou- 
verte, il  y  a  émission  d'urine  et  écoulement  du  mucus  par  le 
va{;in. 

D'après  M.  kobelt,  les  veines  qui  ramènent  le  sang  hors 
du  bulbe,  sont  : 

l*"  i<es  troncs  qui  perforent  la  paroi  supérieure  du  bulbe 
derrière  la  bifurcation  des  corps  caverneux,  environ  è 
13  millimètres  avant  le  pofinl  de  jonction  de  la  portion 
membraneuse  de  l'urètre  avec  le  bulbe.  Ces  vaisseaux  se 
dirigent  en  haut,  derrière  la  symphyse  du  pubis  jusque  dans 
le  labyrinthe  veineux  de  Santorini  :  venœ  bulbo-uretrales. 

!2<*  D'autres  troncs  naissent  du  collictdus  bulbi  intertne- 
dius^  se  dirigent  en  nrrière  et  latéralement,  et  se  réunissent 
aux  veines  honteuses  :  venœ  bulbosœ. 

Quiinl  au  sang  artériel,  il  arrive  au  bulbe  par  six  artères 
constantes  d'un  rertnin  calibre,  à  sa\oir  :  les  deu.r  bul- 
bernes,  les  (leu.v  bulb<i-urélrales  cl  les  rameaux  principaux 
dex  deux  dorsales  de  la  verge.  «  Ot  appareil,  ajoute 
M.  Kobelt,  est  visiblement  plus  riche  en  artères  (au  point 
de  \ue  absolu  et  relatif)  que  les  rorps  caverneux  de  la  verge, 
organe  de  transmission,  plus  considérables  cependant  et  plus 
volumineux  que  lui. 

»  Le  bulbe  est,  au  contraire,  très  pauvre  en  neifs:  il  ne 
revoit  qut:  des  nerfs  ganglionnaires,  et  les  lilets  assez  con- 
sidérables du  nerf  honteux  qui  paraissent  s'v  rendre  sont, 
sehm  toute  a|)parence,  destinés  au  muscle  bulbo-ca\erneux, 


ACTE    GOPULATEUK    CHEZ    l'uoMME.  21 

à  la  peau  du  périnée  et  à  la  surface  postérieure  du  scrotum.» 

Muscle  bulbo-caverneux.  —  Ce  muscle  joue,  dans  la 
théorie  de  l'érection  que  j'adopte,  un  rôle  assez  important 
pour  que  j'en  emprunte  la  description  entière  au  livre  de 
M.  Kobelt. 

a  Ce  muscle  pair  aplati,  se  compose  essentiellement  de 
deux  couches  superposées  : 

»  1*  La  couche  musculaire  superficielle  du  bulbo-ca?er- 
neux  natt  du  raphé  fibreux  situé  sur  la  ligne  médiane  ^  elle 
représente  les  derniers  vestiges  de  la  fente  embryonnaire 
du  périnée  (sinus  uro-genitalis),  ou  plutôt  elle  résulte  de 
la  réunion  ultérieure  des  deux  moitiés  latérales  de  cette 
région.  En  effet,  cette  couche  superficielle  se  subdivise  en 
deux  portions,  dont  les  fibres  confondues  à  leur  origine, 
s'insèrent  cependant  dans  des  points  tout,  à  faits  diift;rents. 
Ainsi  : 

»  A.  Les  fibres  des  trois  quarts  postérieurs  de  cette 
couche  superficielle  s'ajustent  (en  se  dirigeant  en  avant  et 
en  dehors)  autour  de  la  surface  inférieure  cl  latérale  du 
bulbe,  et  se  terminent  par  un  feuillet  tendineux  qui  se 
réunit  sur  la  ligne  médiane  supérieure  avec  le  muscle  du 
côté  opposé.  Cette  portion  du  muscle  embrasse  donc  le 
bulbe,  sous  forme  d'une  gatne  musculo-fibreuse,  qu'on  peut 
isoler  complètement  etqui  doit  comprimer  le  bulbe  d'arrière 
en  avant  (mttëculiiscofnpressorlnilbiproprius).  Le  sphincter 
externe  de  l'anus  et  le  muscle  transverse  superficiel  du 
périnée  s'unissent  en  arrière  sur  la  ligne  médiane,  à  cette 
première  portion  du  bulbo-caverneux. 

»  B.  Le  quart  antérieur  des  fibres  de  cette  couche  mus- 
culaire superficielle  contourne,  de  chaque  côté,  la  racine 
de  la  verge,  logée  dans  une  espèce  d'étranglement  inaperçu 
jusqu'ici;  arrivé  sur  la  face  dorsale  du  pénis,  il  se  termine 


i'2  COFtLAIIU.N. 

avec  les  libres  du  côté  opposé,  dans  un  feuillet  londineuiiL 
commun  qui  recouvre  les  vaisseaui  et  les  nerfs  dorsaux. 
Dans  ce  tendon  sont  quelquefois  comprises  les  libres  mus- 
culaires très  courtes,  que  Krauss  a  ligurées,  mais  qu'il  a 
rapportées  au  tendon  du  musrie  ischio-caverneui.  D'après 
cela,  l'action  de  cette  portion  musculaire  ne  s'étend  pas 
seulement  à  la  partie  antérieure  du  bulbe,  mais  encore  en 
même  temps  sur  la  racine,  les  vaisseaux  et  les  nerfs  de  la 
verge  (véritable  inwsculus  hulbo-cavernosus^  seu  mwcului 
emstrictor  radicis  petits^  scu  compressorvenœdorsalù). 

»  Toute  cette  couche  musculaire  superiicielle,  même 
dans  le  plus  grand  degré  d'expansion  du  bulbe,  ne  repose 
sur  cet  organe  que  d'une  manière  très  lâche;  ses  Sbres  pri- 
mitives présentent  des  stries  transversales. 

w  2*  La  couche  profonde  se  compose  de  deux  moitiés 
latérales  symétriques  ;  mais  clic  ne  s'étend  que  sur  la  pro- 
tubérance postérieure  du  bulbe.  Ses  fibres  naissent  de 
rétranglement  tendineux  longitudinal  qui  existe  à  la  sur- 
face inférieure  et  postérieure  du  bulbe  jusque  vers  le  colli* 
eulus  huibi  itUermediiis  ;  les  fibres  antérieures  de  celte 
couche  se  dirigent  transversalement  autour  de  l'hémisphère 
du  cAté  correspondant.  Les  fibres  moyennes  recouvrent  la 
face  convexe  de  cet  hémisphère  du  colliculiis  intermedius 
InUbi  ;  enfin  ,  toutes  ces  fibres  convergent  et  finissent 
ensemble  par  un  tendon  étroit  aplati,  qui  s'unit  au  tendon 
du  cAté  opposé  au-devant  de  l'entrée  de  la  portion  membra- 
neuse de  l'urètre  dans  le  bulbe. 

»  Ces  deux  moitiés  embrassent  donc,  d'après  cela,  les 
deux  hémisphères  du  bulbe  à  la  manière  d'une  fronde  ou 
d'une  roiiïe  musculaire.  Elles  sont  séparées  de  la  couche 
superficielle  par  du  tissu  cellulaire  dans  lequel  rampent  des 
nerfs;  elles  s'en  distinguent  encore  par  la  direction  et  Tin- 


ACTE    CUPULAlEiJR    CHEZ    L^ilUMME.  2S 

sertioii  de  leurs  Gbres.  Cette  couche  profonde,  exclusive- 
ment destinée  a  comprimer  les  deux  hémisphèrest  pourrait 
être  désignée  comme  muscle  particulier,  sous  le  nom  de 
musculus  compressor  hemisphœrium  bulbi.  Ses  libres  pri- 
mitives présentent  des  stries  transversales.  » 

Corps  caverneux.  —  Les  corps  caverneux  prennent  une 
grande  part  dans  le  phénomène  de  l'érection,  mais  semblent 
ne  jouer  aucun  rùle  dans  la  manifestation  de  la  volupté. 
Cette  manière  de  voir  est  manifeste  chez  certains  animaux 
dont  la  très  grande  partie  de  la  verge  est  constituée  par  un 
os,  comme  chez  Tours,  la  marte,  le  chien,  le  phoque,  la 
loutre,  le  raton  laveur,  le  blaireau,  etc.,  etc.  D'ailleurs, 
quand  même  les  nerfs,  en  très  petit  nombre,  qui  se  rendent 
aux  corps  caverneux,  donneraient  à  ces  parties  une  certaine 
sensibilité,  celle-ci  serait  toujours  très  inférieure  à  la  sensi- 
bilité exquise  du  gland,  surtout  si  Ton  considère  que  les 
corps  caverneux  du  pénis  sont  enveloppés,  comme  par  une 
forte  cuirasse,  par  une  membrane  tendineuse,  dure,  insen- 
sible, qui,  chez  certains  animaux,  constitue  la  majeure 
partie  de  cette  subdivision  de  la  verge.  Des  expériences  ten- 
tées par  M.  Kobelt  sur  des  chiens,  il  résulte  qu'une  irrita- 
lion  compressive  exercée  des  deux  côtés  de  la  verge  à  l'état 
d*érection,  si  elle  n'atteint  pas  les  nerfs  dorsaux,  n*a  pour 
ciïct  ni  chatouillement  voluptueux,  ni  mouvement  réflexe 
du  muscle  bulbo-caverneux,  ni  même  du  muscle  ischio- 
caverneux. 

Bien  évidemment,  les  corps  caverneux  n'ont  d'autres 
fonctions  que  celles  de  supporter  les  organes  du  plaisir,  de 
les  introduire  dans  le  lieu  qui  leur  est  réservé  et  de  servir 
d'excitant  aux  parties  voluptueuses  de  la  femme. 

Jusqu'en  ces  derniers  temps,  on  avait  prétendu  que  les 
racines  des  corps  caverneux  s'inséraient  sur  la  lèvre  interne 


S/i  GOPUrATIO>. 

deTischion.  M.  Kobelt  a  le  premier  conslatii  qu'elles  sonl 
situées  au  devant  de  l'arcade  pubienne,  contre  laquelle  ces 
parties  sont  comme  accolées,  et  que  leur  face  postérieure 
seule  repose  sur  les  crètestrnnchantes  delà  lèvre  eiterncdc 
la  branche  descendante  du  pubis,  et  cela  par  une  surface 
linéaire.  Cette  position ,  qu'il  était  important  de  fixer, 
comme  on  le  verra  dans  plusieurs  parties  de  cet  ouvrage, 
a  sollicité  mon  attention,  et  je  me  suis  plus  d'une  fois 
assuré  du  fait  avancé  par  M.  Kobelt  sur  des  verges  parfai- 
tement injectées. 

J'ai  é{;alemcnt  constaté  sur  les  mêmes  pièces,  que  chaque 
racine,  avant  de  se  réunir  avec  celle  du  côté  opposé, 
présentait  un  ronflement  bulbiforme,  signolé  seulement 
par  quelques  anatomistes,  et  ignoré  par  le  plus  grand 
nombre.  J'ai  même  cru  remarquer  que  ce  bulbe  était  plus 
prononcé  à  droite  qu'h  gauche,  circonstance  qui  me  parait 
tenir  a  l'habitude  de  déjeter  la  verge  à  gauche,  dans  l'in- 
tention d'éviter  In  coulure  médiane  du  pantalon. 

La  partie  antérieure  des  corps  caverneux  se  prolonge  et 
se  perd  dans  la  substance  du  gland  ;  de  plus,  le  bord  supé- 
rieurdc  leur  cloison  dépasse  l'extrémité  antérieure  conoiile 
des  corps  caverneux,  sous  forme  d'une  gorge  ouverte  par 
en  bas,  sous  laquelle  la  partie  antérieure  du  canol  de 
l'urètre  se  dirige  vers  son  orifice  cutané.  De  ce  prolonge- 
ment compacte  et  tendiniforme  de  la  cloison,  descendent 
encore,  dans  la  couronne  du  gland,  en  dehors  et  en  bas, 
deux  autres  prolongements  ailés  destinés  à  servir  de  base  à 
ce  bourrelet  si  sensible. 

La  forme  générale  du  corps  de  l'organe  est  plutrtl  fusi- 
forme  que  cylindrique,  et  sa  plus  grande  ampleur  existe 
dans  son  tiers  antérieur.  Dans  un  membre  parfaitement 
injecté,  on  remarque  sur  toute  la  longueur  du  pénis  des 


ACTE    COPULATELR    CUKZ    L*UOMMB.  25 

sillons  transversaux  étroils  qui  servent  à  recevoir  et  à  Kxcr 
les  branches  de  la  veine  dorsale  et  à  les  protéger  contre 
tout  frottement,  contre  toute  compression  pendant  le  coTt. 

L'écoulement  du  sang  provenant  des  dcu\  corps  caver- 
neux du  péniSy  se  Tait,  d'après  M.  Kobelt,  de  la  manière 
suivante  : 

«  l""  De  la  gouttière  inférieure  du  corps  de  la  verge,  à 
travers  des  fentes  particulières,  entre  les  fibres  transversales 
de  l'enveloppe  fibreuse,  naissent  de  nombreuses  radicules, 
qui  montent  vers  la  veine  dorsale  comme  des  vaisseaux  dis- 
tincts, ou  se  réunissent  aux  veines  du  corps  spongieux  de 
Turètre.  Ses  veines  provenant  de  la  racine  de  la  verge,  ne 
se  rendent  plus  à  la  veine  dorsale;  mais  les  unes  se  déver- 
sent dans  le  réseau  veineux  situé  sur  le  côté  de  la  racine, 
et  les  autres  remontent  pour  se  joindre  aux  veines  cutanées 
abdominales 

V  2^  Sur  toute  la  surface  dorsale  de  la  verge,  sur  tout  le 
long  de  la  cloison,  de  nombreux  rameaux  très  courts  émer- 
gent des  corps  caverneux  et  s'abouchent  avec  les  rameaux 
el  le  tronc  de  la  veine  dorsale.  On  constate  le  mieux  leur 
existence  et  leur  origine  en  fendant  le  tronc  elles  rameaux 
de  la  veine  dorsale;  une  sonde  introduite  dans  ces  vais- 
seaux pénètre  jusque  dans  le  corps  caverneux  du  pénis. 

»  â*  De  l'angle  formé  par  la  bifurcation  de  la  racine  de 
la  verge,  surgissent  plusieurs  gros  troncs  veineux,  placés 
sur  lescAtés  delà  veine  dorsale,  qui  se  dirigent  sous  l'arcade 
pubienne  et  se  jettent  derrière  celle-ci  dans  les  plexus  pros- 
tatique et  vésical.  Ces  veines  profondes  du  pénis  paraissent 
être  les  principaux  vaisseaux  efférents  de  l'organe  de  trans- 
mission. 

»  &*  Enfin,  j'ai  vu  encore  plusieurs  veines  sortir  de  la 
face  interne  des  piliers  de  la  verge,  en  passant  entre  les 


S6  COPILATION. 

fibres  des  muscles  ischio-cavcriieux,  reno*  frii/6as(P;x?ni5; 
en  partie,  elles  donnaient  leur  sang  à  la  veine  honteuse  ;  en 
partie  aussi^elles  contournaient  les  racines  delà  >erge  pour 
se  rendre  dans  la  veine  obturatrice.  » 

Quant  aux  artères  des  corps  caverneux  de  la  verge, 
IVl.  Kobelt  se  croit  en  droit  d'établir,  d'après  ses  recherches, 
les  propositions  suivantes  : 

a  li'artère  honteuse,  après  avoir  fourni  des  deux  côtés 
Tartère  bulbo-urétrale,se  divise  en  dorsale  et  en  profonde 
de  la  verge  ;  celte  dernière  envoie  dans  la  profondeur  un 
rameau  de  1  millimèlre  d'épaisseur  qui  |)éiiètrc  dans  le 
renflement  de  la  racine  du  corps  raverneux  {artenabHUH)sa 
penis)^  et  s'y  divise  aussitôt  en  un  lacis  vasculaire  très  abon- 
dant, aux  ramifications  ténues  duquel  pendent  des  diverli^ 
cidum  artériels  réunis  en  loulTes  comme  les  fleurs  de  chè- 
I refeuille.  Un  nimuscule  distinct  de  ce  lacis  se  dirige  en 
arrière,  dans  l'extrémité  inférieure  du  pilier;  un  autre 
rameau  se  rend  en  avant,  dans  l'intérieur  du  corps  caver- 
neux, pour  s'anastomoser  en  cet  endroit  avec  l'ortère  caver- 
neuse de  la  verge. 

»  En  eflct,  l'artère  profonde  s'unit  dans  Tangle  de  la 
racine  de  la  verge  avec  celle  de  l'autre  côté,  en  une  arcade 
vasculaire  très  courte,  de  la  convexité  de  laquelle,  de 
chaque  côté,  part  une  artère  caverneuse  du  pénis,  qui 
pénètre,  d'arrière  en  avant,  dans  le  corps  caverneux  cor- 
respondant, et  s'y  prolonge  jusqu'à  son  extrémité  anté- 
rieure. De  cette  manière,  elle  fournit  de  nombreux  rameaux 
au  parenchyme  des  corps  caverneux,  et  contracte  des  anas- 
tomoses fréquentes  avec  sa  congénère,  à  travers  la  cloison 
des  corps  caverneux  du  pénis.  Klle  est  aussi  munie  de  diver- 
ticulum  artériels,  quid(*vicnnrnt  plus  rares  en  avant.  Entin, 
des  rameaux  de  diverses  grandeurs,  provenant  de  l'artère 


ACTE    COPULAIËUU    CHEZ    l'iIOMME.  "21 

dorsale  du  pénis,  pénètrent  de  haut  en  bas  dans  la  profon- 
deur des  corps  caverneux. 

»  Oa  estime  facilement  que  ces  petites  artères  doivent 
apporter  dans  le  corps  si  volumineux  de  la  verge,  du  sang 
artériel  en  bien  moins  grande  quantité  que  ne  le  font  les 
six  artères  assez  considérables  qui  fournissent  au  bulbe,  au 
corps  spongieux  et  au  gland.  Au  reste,  si  l'organe  passif 
(gland^  corps  spongieux  et  bulbe)  a  besoin,  pour  entrer  en 
action,  d'un  sang  artériel  viviGant,  l'organe  de  transmis- 
sion (t^er^e),  au  contraire,  parait  plutcH  être  mis  en  jeu  par 
la  rétention  du  sang  veineux.  » 

Les  travaux  de  Tiedemann,  de  Mayer,  de  Millier,  de 
Valentinetde  M.  Kobelt  lui-même,  nous  apprennent  fort 
peu  de  chose  sur  la  distribution  des  nerfs  dans  le  paren- 
chyme des  corps  caverneux  du  pénis.  On  sait  seulement 
qu'ils  viennent  presque  tous  du  système  sympathique  ; 
mais  on  ignore  si  les  6lets  qui  les  traversent  leur  appar*- 
tiennent  en  propre. 

Muscle  isghio-gaverneux.  —  Aux  corps  caverneux  du 
pénis  se  trouve  annexé  le  muscle  ischio-caverneux.  Si  Ton 
injecte  la  verge  et  si  Ton  enlève  le  bulbe,  ce  muscle  répond 
h  la  forme  générale  des  piliers  des  corps  caverneux,  qu'il 
dépasse  beaucoup  en  longueur  en  bas.  Sa  longueur  est  de 
8  centimètres  ;  il  se  compose  d'une  partie  inférieure  charnue 
et  d*une  partie  supérieure  tendineuse.  Ses  faisceaux  mus- 
culaires proviennent  de  trois  points  différents,  sans  cepen- 
dant être  divisés  en  trois  chefs  distincts. 

La  partie  moyenne  ou  principale  prend  son  point  de 
départ  à  âO-AO  millimètres,  sous  l'extrémité  arrondie  du 
pilier  de  la  face  interne  de  la  tubérosilé  de  Tischion,  se 
dirige  en  haut,  soit  sous  la  branche  de  l'arcade  pubienne, 
pour  se  rendre  sur  le  pilier  de  la  verge,  où  elle  se  termine 


Ûa  COPULATION. 

h  peu  près  tout  entière  dans  un  feuillet  teudineux  triangu- 
laire. Ce  dernier  recouvre  le  bulbe  du  pilier  de  la  verge, 
de  telle  façon  que  sa  base  repose  sur  Tétranglement  de  la 
racine  du  pubis.  D'autres  Bbres  musculaires  partent  de  la 
lèvre  interne  de  rurcade  pubienne  et  se  dirigent  oblique* 
ment  en  avant  et  en  haut  vers  le  bord  interne  de  ce  feuillet 
tendineux.  Une  troisième  portion  nait  de  la  lèvre  externe 
de  l'arcade  pubienne,  se  dirige  en  liaut  et  en  avant  et  s'at- 
tache au  bord  externe  de  l'aponévrose  triangulaire  de  la 
première  portion. 

L'ischio-cnverneux,  ajoute  M.  Kobelt,  n'est  donc  pas 
un  muscle  rubané,  mais  un  muscle  creux,  en  forme  de 
cornet,  qui  renferme  dans  sa  cavité  toute  la  surface  libre  du 
pilier  et  de  son  bulbe. 

La  nouvelle  théorie  explicative  de  l'érection,  moin< 
encore  que  les  déductions  pathologiques  qu'on  en  peut  tirer, 
sont  mon  excuse  pour  la  longueur  des  détails  anatomiques 
que  je  viens  d*oxposer  ;  on  en  comprendra  toute  l'importance 
alors  que  j'établirai  sur  ces  données  tout  un  groupe  de 
causes  d'impuissance,  et  que  je  fonderai  également  sur  elles 
tout  un  système  de  médication. 

Mais  il  me  faut  a  présent  poursuivre  l'œuvre  physio- 
logique ,  et  expliquer  comment  agissent  les  uns  sur  les 
autres  les  divers  organes  que  je  viens  de  passer  en  revue, 
gour  produire,  non -seulement  l'érection,  mais  encore  les 
sensations  voluptueuses  inhérentes  h  l'acte  de  la  copula- 
tion. 

Lorsque  l'instinct  ou  la  volonté  éveille  en  nous  l'orgasme 
lénérien,  il  se  produit  au  gland  une  excitabilité  spécifique, 
sut  generiSy  propre  au  sens  génital  ;  cette  excitabilité,  qui 
n'u  aucune  analogie  avec  la  sensibilité  générale,  puisqu'elle 


ACTE    COPULATBUR    €HEZ    l'hOMMB.  29 

ne  .saurait  être  éveillée  par  l'impression  des  agents  extérieurs, 
a  cependant  de  tels  rapports  avec  celte  sensibilité  que  relie* 
ci  ne  tarde  pas  à  entrer  en  jeu  et  à  faire  éprouver  son 
action  à  l'appareil  nerveux  si  riche  du  gland.  La  vie  propre 
de  celui-ci  commence  alors;  il  devient  pour  Tindividu  un 
organe  tout  à  fait  nouveau  dans  lequel  Téréthisme  vénérien 
se  développe  par  suite  des  changements  survenus  dans  sa 
sensibilité. 

Cet  éréthismc  du  gland  appelle  dans  son  parenchyme  un 
alllux  plus  considérable  de  sang  artériel,  lequel  est  néan- 
moins insuffisant  et  ne  détermine  pas  une  compression  inté- 
rieure assez  intense  et  assez  rapide  pour  produire  l'excita- 
tion vénérienne.  Il  faut  ici,  dit  M.  Kobelt,  quelque  chose 
d'analogue  au  choc  du  cœur,  un  cœur  des  organes  sexiœls. 
C'est  l'appareil  musculaire  du  bulbe,  inactif  pendant  la 
première  période,  qui,  dès  le  début  de  la  seconde,  est  mis 
en  mouvement  par  l'excitation  du  gland  :  phénomène 
réflexe  qui  a  pour  eiïet  la  participation  involontaire  de  cet 
appareil  musculaire. 

Ainsi,  pour  relier  entre  elles  les  actions  diverses  du  gland, 
du  corps  spongieux  de  l'urètre,  du  bulbe  et  du  muscle 
bulbo-caverneux,  nous  devons  considérer  tout  cet  appareil 
comme  une  véritable  machine  hydraulique,  dont  le  jeu  accroît 
û  chaque  instant  la  force  motrice.  L'éréthisme  vénérien, 
en  éveillant  la  sensibilité  générale  du  gland,  attire  dans 
cette  partie  une  plus  grande  quantité  de  sang,  dont  l'elTot 
est  d'augmenter  suffisamment  la  sensibilité  générale  pour 
qu'elle  aille  retentir  dans  les  centres  nerveux.  Par  suite, 
l'excitabilité  des  muscles  bulbo-caverneux  est  éveillée  à  son 
tour,  et  ses  contractions,  en  comprimant  le  bulbe,  chassent 
vers  le  gland,  par  le  corps  spongieux  de  l'urètre,  un  plus 
grand  afflux  de  sang,  lequel  augmente  encore  la  sensibilité 


30  COPULATION. 

(iii  gland  qui,  à  son  tour,  double  l'énergie  contractile  du 
muscle  bulbo-caveriieux  et,  oinsi  de  suite,  jusqu'au  moment 
où  rémission  du  sperme,  annonçant  que  la  fonction  est 
remplie,  ramène  le  calme  au  milieu  de  tout  cet  appareil  si 
violemment  agité. 

L'expérience,  dit  M.  Kobelt,  m'a  démontré  que  la  na- 
ture emploie  eiTectivement  ce  moyen.  Sur  des  chiens 
récemment  étranglés  ou  sur  le  point  d'être  asphyxiés  par  la 
strangulation,  chez  lesquels  j'avais  mis  à  nu  la  racine  de 
la  verge  depuis  en  bas  jusque  sur  le  muscle  bulbo-caver- 
neuXy  chaque  fois  que  j'excitais  le  gland  plus  ou  moins 
turgescent,  le  muscle  bulbo-caverneux  se  contractait,  par 
saccades,  sur  le  bulbe  rempli  de  sang  et  poussait  par  coups 
rapides  le  liquide  à  travers  les  conduits  vasculaircs  du  corps 
spongieux  de  l'urètre  jusque  dans  le  gland  qui  arrivait  ainsi 
à  un  développement  complet.  Souvent  une  seule  excitation 
était  suivie  de  plusieurs  de  ces  contractions  régulières  rhyth- 
miques  ;  durant  ces  alternatives  de  contraction  et  de  dila- 
tation, on  vojait  le  sang  aniuerpar  les  artères  dans  le  bulbe, 
en  être  expulsé  et  porté  vers  le  gland  ;  on  ne  saurait  mé- 
connaître une  ressemblance  Frappante  de  ce  mode  d'action 
avec  la  systole  ei  la  diastole  du  cœur. 

Les  contractions  du  bulbo-caverneux  sont  également 
appréciables  chez  l'homme  pendant  le  coït  ;  elles  sont  mani- 
festement sensibles  à  la  région  du  périnée  et  sous  la  sym- 
physe du  pubis. 

D'autres  circonstances  secondaires  augmentent  encore  la 
sensibilité  du  gland  à  chaque  propulsion  de  In  verge  intro- 
duite dans  le  vagin  :  le  prépuce  est  ramené  sur  la  couronne 
du  gland;  et  le  frein  est  tiré  en  arrière  et  en  bas,  de  manière 
que  la  peau  du  gland,  dont  la  sensibilité  est  déjà  si  forte- 
ment exaltée,  se  trouve  tendue  autant  que  possible  par  ce 


ACTE    COrULAIEUR    CHEZ    l'hoMME.  31 

petit  ligament  vi  soumise  h  une  friction  immédiate  avec  les 
parois,  elles-mêmes  turgescentes,  du  vagin. 

Les  corps  caverneux  de  la  verge  dont  je  n'ai  pas  parlé 
josqu'à  présent  sont  soumis  au  même  mécanisme  que  les 
organes  dont  je  viens  de  m'occupcr.  Leurs  racines,  que  Ton 
peut  comparer  au  bulbe,  sont  recouvertes  par  les  muscles 
ischio-c^verneux  et  comprimées  par  eux  pendant  leurs 
contractions  déterminées  par  l'irritabilité  du  gland. 

Cependant,  malgré  le  mécanisme  dont  je  viens  de  rendre 
compte,  les  nerfs  du  gland  n'arriveraient  pas  è  l'état  de 
compression  momentanée  désirable ,  si  le  sang  pouvait 
s'échapper  de  l'appareil  avec  chaque  contraction  des  mus- 
cles bulbo-caverneux  et  ischio-caverneux. 

«  Pour  prévenir  ce  dégorgement  trop  rapide,  dit  M.  Ko- 
belt  en  parlant  de  l'organe  qu'il  appelle  passif  (gland,  corps 
spongieux  de  Turètre,  bulbe  et  muscle  bulbo-caverneux), 
la  portion  antérieure  du  muscle  bulbo-caverneux,  c'est-ù- 
dire  le  muscle  compresseur  de  la  racine  de  la  verge,  com- 
prime le  tronc  déférent  veineux  principal  de  l'organe  passif, 
à  savoir,  la  veine  dorsale  du  pénis  qui  passe  sous  son  ten- 
don; en  même  temps  le  bord  supérieur  du  muscle  com- 
presseur des  hémisphères  embrasse  è  la  manière  d'un 
sphincter  les  veines  bulbeuses  qui  «laissent  du  colltculus  bulbi 
inlermedius.  De  cette  façon,  chez  l'homme,  le  sang  est 
retenu  dans  le  gland  d'une  double  façon  au  moyen  du 
même  appareil  musculaire,  qui  y  détermine  un  afDux  san- 
guin plus  considérable,  en  même  temps  qu'il  s'oppose  à 
récoulement  trop  rapide  de  ce  liquide.  » 

En  ce  qui  concerne  les  corps  caverneux,  M.  Kobelt  n'a 
pas  été  plus  heureux  que  ses  devanciers  dans  la  recherche 
de  l'appareil  de  rétention  pour  les  grosses  veines  profondes 
qui  passent  sous  la  symphyse  du  pubis,  émergeant  des  corps 


32  Lori'UTion. 

csvL'rticui.  (Cependant  les  vipérienccs  tcrili-cs  iluris  o'  l>ut 
ilorineiil  ;i  [lenser  que  rct  obsincie  l'xtsle,  et  M.  hubelt 
croit  iju'il  y  est  (leut-^tro  constitué  par  les  petits  reuiltcls 
niembruiieut  situés  sur  1»  face  interne  de  la  giiliie  rii)reuse 
des  l'orjis  cuverneux,  qui  fiTment,  coiume  des  valvules,  les 
(irilices  internes  de  ces  vaisseaux  cITérents. 

Telle  est  la  tliéorie  de  M.  kobelt  sur  l'érection  el  sur 
les  sensations  voluptueuses  du  sens  génital. 

l'our  on  faire  comprendre  toute  la  (alfur  uu  point  de 
vue  de  l'impuissonre  el  cicuscr  ainsi  les  développements 
que  j'ai  donnés  â  .ion  eiposilioii,  il  me  suflira,  devançant 
ici  un  chapitre  de  cet  ouvrage,  d'indiquer  la  palhogénie 
toute  nouvelle  de  l'nnapiirodisie  qui  en  découle. 

Les  phénomènes  qui  se  produisent  dans  l'érection  sont, 
dans  l'ordre  suivant  :  1"  excitation  du  gland;  S'alllut  plus 
considérable  de  fan^  artériel  vers  cette  jiarlie  ;  5"  contrac- 
tion des  muscle»  bulbo-covenicut  et  iscliio-cavcrneut; 
h"  refoulcmeiit  du  i^iin^  du  bulbe  dans  le  corps  spongieux 
de  l'urètre;  5"  enlin  compression  de  In  veine  dorsale  du 
pénis  par  ht  portion  antérieure  du  muscle  liulbo-cavcrneux. 

Si  quelqu'un  de  ces  phénomènes  est  entravé  dans  sa 
marche,  l'impuissance  se  produira.  Supposez  que  le  laciti 
veineux  qui  constitue  le  corps  spongieux  de  l'urètre  pré- 
sente des  tumeurs  variqueuses  ou  que  le  muscle  bulbo- 
caverneux  soit  frappé  de  paralysie  ;  le  sang,  n'arrivant  pi* 
en  suffisante  quantité  au  gland,  ne  pourra  continuer  l'exci- 
talion  primitive  de  celui-ci,  et  l'éréthismc  vénérien,  se  tas- 
sant d'appeler  en  vaîn  la  sensibilité  générale  du  gland,  s'é- 
teindra au  milieu  de  ces  efforts  inutiles. 

Les  indications  thérapeutiques  seront  également   diiïé- 
rcntes,  »eloii  que  l'on  aura  ii  combattre  une  varici 
darsljuie. 


J 


ACTB   COPDLATEt'R   CHEZ    LA    FEMME.  ââ 

Od  verra,  quand  je  serai  arrivé  à  celte  partie  de  mon 
travail  y  quelle  part  minime  il  faut  faire  désormais,  dans 
l'étiologie  de  Timpuissance,  à  l'influx  nerveux,  ce  bouclier 
de  l'ignorance,  et  combien  souvent  Tanaphrodisie  reconnaît 
pour  cause  des  lésions  matérielles  aussi  appréciables  à 
l'observateur  que  celles  de  tout  autre  organe  du  corps 
humain. 

S  II.  —  Aele  eopalate«r  cImb  la  femme. 

Chez  l'homme  le  coït  n'est  complet  qu'à  la  condition 
d'an  sentiment  voluptueux  pendant  l'éjaculation  sperma* 
tique;  de  même  chez  la  femme,  la  copulation  n'est  entière 
que  lorsque  le  plaisir  accompagne  l'approche  du  mAle. 

Sans  doute  plus  favorisée  que  l'homme,  la  femme,  en 
dehors  de  quelques  vices  de  conformation  et  de  quelques 
cas  pathologiques  que  je  ferai  connaître  ailleurs,  peut  tou- 
jours, du  moins  passivement,  se  prêter  au  rapprochement 
des  sexes;  mais  si  son  sens  génital  n'est  pas  tiré  de  sa  tor- 
peur, si  sa  sensibilité  reste  étrangère  à  l'acle,  si,  en  un 
mot,  l'orgasme  vénérien  n'a  pas  porté  le  trouble  dans  son 
organisme ,  l'action  copulatrice  est  physiologiquement 
incomplète,  aussi  incomplète  que  si  le  membre  viril  se  con- 
tentait d'exciter  le  clitoris,  sans  pénétrer  dans  la  cavité 
vaginale. 

J'aurai  donc  k  examiner  la  copulation  chez  la  femme  au 

double  point  de  vue  : 

1*  Du  rôle  que  jouent  ses  organes  dans  leurs  rapports 
atcc  ceux  de  l'homme; 

2^  De  la  volupté  qui  chez  elle,  comme  chez  l'homme, 
complète  l'acte  copulateur. 

L'intromission  de  la  verge  dans  le  vagin  n'impose  à  la 

3 


&l\  <:0I>1  LATION. 

rumine  (|u'un  rAjc  entièrement  pn^sif;  la  conformution  île 
>es  oriinncs  la  dispense  >uns  ce  rapport  de  toule  prépora- 
tion  antérieure,  et  pour  accomplir  cette  partie  de  Ttictc, 
elle  n'a  besoin  ni  d\*\cilation  M'nériennCy  ni  de  désirs  ero- 
tiques y  il  sullit  que  sa  volonté  s'elTace  et  livre  sans  opposi- 
tion l'appareil  copulateur. 

Mais  il  n'en  est  pas  de  même  pour  la  volupté  qu'elle  doit 
trouver  dans  le  coït;  ici  sa  volonté,  à  défaut  de  l'instinct, 
est  nécessaire  pour  faire  naître  jes  désirs  vénériens  et  rendre 
è  la  fois  le  plaisir  plus  vif  et  plus  complet;  ensuite  ce 
plaisir  est,  comme  chez  Thommc,  le  résultat  d'un  méca- 
nisme dont  les  troubles  correspondent  à  des  états  morbides 
qui  devront  m'occuper  plus  tard. 

Je  dois  donc  ici,  h  rexem|ile  de  ce  que  j'ai  fait  pour 
l'homme,  examiner  ce  mécanisme  tout  à  la  fois  en  repos  et 
en  activité. 

C'est  encore  à  IVI.  Kobelt  que  nous  emprunterons  la 
solution  de  ce  nouveau  problème  (1). 

L'appareil  sensuel  chez  la  femme  est  analogue  à  celui 

(1)  Sans  vouloir  en  aucune  fa(;on  diminuer  la  valeur  des  bejlos  re- 
cherches de  M.  KolHîit ,  je  dois  à  la  vérité  de  dire  que  le  musée  analomique 
de  la  Faculté  de  médecine  de  Paris  possède,  admirablement  préparés, 
left  a|>|>areils  et  le«  organes  dont  parle  le  professeur  de  Fritx)urg  :  que 
la  très  grande  majorité  do  ces  pièces  sonl  antérieures  à  la  pul)lication 
do  In  Mmuujrnphie  do  M.  Kobelt.  et  je  citerai  entre  autres  la  prépara- 
tion des  bulbes  du  vestibule  et  du  réseau  intermédiaire,  faite  en  1843 
par  M.Jarjavay,  et  qui  porte  le  n"  95.  L'ouvra;ze  de  M.  Kobelt  n'a 
paru  qu'en  1H44  et  n'a  guère  été  connu  en  France  que  par  la  traduc- 
tion qu'en  a  donnée*  M.  Kaula  en  1H5i.  Si  la  plupart  des  détails  ana- 
tomiques  fournis  par  M.  KolK*lt  perdent  ainsi  un  peu  de  leur  pri- 
meur, il  reste  au  professeur  de  Fribonrg  tout  le  mérite  physiologique, 
et  il  peut  entièrement  revendiquer  comme  lui  appurleoanl  en  propre 
la  théorie  qu'il  a  su  en  déduire  et  que  j'ai  exposée  plus  haut. 


ACTE    COPULATBDH    CUfl    l\    FEMME.  SB 

que  nous  menons  d'étudier  chez  l'hoiniDe,  et  Iq  ro.c(w)nisQ)p 
de  l'un  est  entièrement  identique  avec  celui  de  l'autre. 

Le  gland  du  clitoris,  la  partie  la  plus  sensible  (je  Iput 
rappareil,  est  mis  en  relation  a\oc  les  deux  bulbes  au  moyen 
d'un  réseau  veineux  que  M.  Kobelt  appelle  réseau  inlef**? 
médiaire. 

Les  (Jeux  bulbes  du  vestibule,  placés  sur  les  parties  laté- 
rales de  l'entrée  du  vagin,  sous  les  branches  de  Tarcajje 
pubienne,  ont  non-seulement  la  même  fonction  que  nous 
avons  vue  dévolue  au  (julbe  de  Thomme,  mais  encore  ils 
activent  la  copulation  en  resserrant  l'entrée  vaginale,  et 
par  conséquent  en  comprimant  la  verge. 

Ce  double  elTet  est  obtenu  au  moyen  du  muscle  con^ 
strictor  cunni^  qui,  malgré  la  confusion  dans  laquelle  sont 
tombés  beaucoup  d'anatomistes,  est  l'analogue  du  muscle 
bulbo-cavernenx  chez  l'homme. 

Je  ne  re\iendrai  pas  ici  sur  le  mécanisme  du  sens  génital 
qui  m'a  longuement  occupé  dans  le  paragraphe  précédent , 
il  est  exactement  le  même  chez  la  femme;  seulement  je 
dois  ne  pas  laisser  dans  l'ombre  une  circonstance  heureuse 
pour  le  développement  de  la  volupté  chez  elle,  circonstance 
depuis  longtemps  signalée  par  Liculaud,  quand  il  disait  : 
«Le  clitoris  n'a  point  la  direction  de  la  ver^^e;  il  se  porte 
dans  un  sens  contraire,  c'est-à-dire  de  haut  en  bas,  sans 
qu'il  puisse  se  relever  dans  son  action  (1).  »  Celle  direction 
du  clitoris,  déterminée  par  les  éléments  anatomiques  qui 
l'entourent,  en  déjetant  son  ginnd  au-devant  du  rebord  su- 
périeur de  l'entrée  vaginale,  augmente  les  frottements  que 
|a  verge  est  appelée  h  exercer  sur  l'organe  le  plus  sensible 
de  l'appareil  génital  chez  la  femme,  et  accroît  par  consé- 

(1)  Euai»  anatomiquen,  volll,  p.  310. 


36  COPULATION. 

qoent  chez  elle  la  somme  dos  voluptés  qui  lui  est  dévolue. 
Le  vagin,  quoique  moins  bien  doté  que  l'iipporeil  dont 
je  viens  de  parler,  est  cependant  pourvu  d'un  tissu  éreclilc 
qui  rampe  dans  foule  sa  longueur,  entre  les  diverses  mem- 
branes qui  le  constituent.  liS  partie  la  plus  étroite  de  ce  con- 
duit se  trouve  à  Tentrée,  circonstance  remarquable  au  poiot 
de  vue  du  plaisir  chez  l'homme  et  chez  la  femme.  Enfin,  la 
volupté  de  cette  dernière  est  encore  augmentée  par  la  pré- 
sence des  poils  qui  garnissent  le  mont  de  Vénus,  et  dont 
rinfluence  sur  la  sensibilité  de  cette  partie  n'avait  pas 
échappée  Carus  (1). 

S  III.  —  C«palatloa. 

Dans  les  deui  paragraphes  précédents  j'ai  fait  connaître 
séparément,  dans  chaque  sexe,  Tappareil  qui  sert  à  leur 
rapprochement,  et  j'ai  essayé,  d'après  M.  Kobelt,  de  rendre 
physiologiqucment  raison  des  sensations  voluptueuses  que 
l'un  et  l'autre  éprouvent  dans  la  satisfaction  de  leurs  désirs 
vénériens. 

Il  nous  faut  maintenant  assister  à  ce  ropprochement, 
étudier  :  l""  le  double  mécanisme  que  j'ai  décrit,  et  ^  l'é- 
branlement que  l'exercice  de  la  fonction  génitale  imprime 
à  tout  l'organisme;  en  un  mot,  il  me  faut  parler  du  coït, 
de  la  copulation  proprement  dite. 

Étudié  dans  la  sphère  des  or<;anes  copulatcurs,  c'est- 
à-dire  examiné  dans  les  phénomènes  purement  locaux,  le 
coït  ne  peut  avoir  lieu  qu'après  une  période  de  prépa- 
ration pendant  laquelle  les  organes  des  deux  sexes  entrent 
en  érection  sous  Tinfluence  de  l'éréthisme  vénérien.  Quand 
le  membre  viril  pénètre  dans  le  vestibule,  le  gland  du  pénis 

(I)  Phyniohiçie,  vol.  III.  p   :\^. 


CUPULAIION.  37 

vient  heurter  le  gland  da  clitoris  qui,  placé  à  l'entrée  du 
canal  copulateur,  peut  céder  et  se  Qéchir  à  la  faveur  de  sa 
position  et  de  l'angle  que  fait  son  corps.  Après  cette  pre- 
mière excitation  des  deux  foyers  sensitifs,  le  gland  pénien 
glisse  sur  le  rebord  des  deux  bulbes,  par  un  mouvement 
brusque  et  saccadé;  le  collet  et  le  corps  du  pénis  sont  em- 
brassés par  la  saillie  de  ces  bulbes;  le  gland,  au  contraire, 
qui  s'est  avancé  plus  loin,  est  en  contact  avec  la  surface 
fine  et  délicate  de  la  muqueuse  vaginale,  rendue  elle-même 
élastique  par  la  doublure  que  lui  constitue  le  tissu  érectilo 
que  j'ai  dit  ramper  entre  ses  membranes.  Cette  disposition, 
en  permettant  au  vagin  de  se*  mouler  sur  le  volume  de  la 
verge,  augmente  encore  la  turgescence,  et  par  conséquent 
la  sensibilité  du  clitoris,  en  forçant  le  sang,  chassé  des  parois 
du  vagin,  de  se  rendre,  en  partie  du  moins,  aux  bulbes  du 
vestibule,  à  travers  les  veines  émissaires  dépourvues  de  val- 
vules, et  de  parvenir  ainsi,  d'une  manière  médiate  et  directe, 
jusqu'au  clitoris.  A  son  tour,  la  turgescence,  et  par  consé- 
quent la  sensibilité  du  gland  pénien,  est  accrue  par  l'action 
compressive  du  tissu  vaginal  de  plus  en  plus  turgescent  et 
par  celle  des  deux  bulbes  du  vestibule. 

De  plus,  le  clitoris,  abaissé  fortement  et  porté  h  la  ren- 
contre de  la  face  dorsale  du  gland  et  du  corps  de  la  verge, 
par  la  portion  antérieure  du  muscle  compresseur,  subit  de 
la  part  du  pénis  et  lui  inflige  à  son  tour  des  frottements  vo- 
luptueux, de  sorte  que  chaque  mouvement  de  copulation 
influe  à  la  fois  sur  les  deux  sexes,  et  concourt,  au  point 
culminant  de  cette  excitation  mutuelle  et  réciproque,  à 
amener  d'un  câté  l'éjaculation  et  de  l'autre  la  réception 
de  la  liqueur  séminale  dans  la  matrice. 

M.  Kobelt,  en  terminant  sa  monographie,  se  croit  en 
mesure  de  décider  auquel  des  deux  sexes  appartient  la  plus 


86  COPULATION. 

grande  somme  do  volupté  dans  Tacle  vénérien.  Je  ne  sais, 
en  présence  do  lodtcs  les  rircoiistances  qui  influent  sur  le 
sens  génital,  s'il  est  possible  de  résoudre  à  priori  un  sem- 
blable [irobleme.  Ce|M*ndnnt  la  question  a  trop  souvent 
tlC(:upé  des  hommes  srrioux,  pour  que  je  ne  fasse  pas  con- 
Aaitrô  la  pensée  de  M.  Kobolt,  résuméo  ainsi  dans  une  note 
finale  :  «  Avor  ers  donnoos  analomiques  et  physiologiques, 
dit-il,  si  nous  essayons  de  résoudre  In  question,  controversée 
Itïii  de  fois,  relativement  à  la  somme  de  volupté  ou  d'or- 
gasme qui  revient  à  chacun  des  sexes  dans  Pacte  de  la  copu- 
lation, nous  trouverons,  quant  à  Tindividu  féminin,  que  la 
dimension  considérable  de  ses  bulbes,  comparée  au  \olume 
du  gland  du  clitoris,  que  leur  action  immédiate  sur  cet 
organe,  que  la  compression  (Miergi(|ue  qu*ils  éprouvent  de 
la  part  de  l;i  vcrj^o,  et  surtout  le  grand  nombre  de  nerfs 
concentrés  dans  un  si  petit  espace  { multum  in  minimo)^ 
tout  cela  joint  a  la  grande  sensibilité  générale  de  la  femme, 
sont  aut  int  de  raisons  pour  nous  faire  admettre  que  la  part 
qui  lui  revient  est  la  plus  considérable.  >^ 

Plus  tard,  lorsque  j'étudierai  Tirifluence  du  tempérament, 
de  la  (  onslitution  et  d'une  foule  de  circonstances  tant  par- 
ticulières que  générales,  on  se  convaincra  que  si  la  question 
de  la  différence  de  volupté  entre  les  deux  sexes  n'a  pas 
encore  reçu  une  solution  convenable,  on  se  convaincra,  dis- 
je,  que  la  question  est  insoluble  au  milieu  de  toutes  les 
conditions  diverses  dont  on  ne  peut  faire  une  abstraction 
entière;  et  cela  est  si  vrai,  qu'il  est  très  diflicile  de  dresser 
le  tableau  exact  et  complet  des  phénomènes  généraux  qui 
accompagnent  le  coit:  tandis  que  chez  l'un  la  volupté  se 
traduit  par  quel(]iies  tressaillements  ù  peine  sensibles,  elle 
atteint  chez  l'aulre  le  paroxysme  de  l'exaltation  tant  morale 
que  physique.  Les  nuances,  entre  ces  deux  étals  extrêmes, 


COPULATION»  39 

sont  intiiiies  :  la  circulation  s'accélère,  les  artères  battent 
fortement;  le  sang  veineux,  arrêté  dans  les  vaisseaux  par  la 
contraction  des  muscles,  augmente  la  chaleur  générale,  et 
cette  stagnation,  plus  prononcée  au  cerveau  par  la  contrac- 
tion des  muscles  du  cou  et  le  renversement  de  la  tète  en 
arrière,  détermitie  une  congestion  cérébrale  momentanée, 
pondant  laquelle  rintelligènce  se  perd  et  toutes  les  facultés 
^'anéantissent.  Les  yeux,  violemment  injectés,  deviennent 
hagards,  et  rendent  le  regard  incertain,  ou,  dan^la  majorité 
des  cas,  se  fernlent  spasmoJiquement  pour  éviter  le  contact 
de  la  lumière. 

La  respiration,  haletante  et  entrecoupée  chez  quelques- 
uns,  se  suspend  chez  quelques  autres  par  la  contraction 
spasmodique  du  larynx,  ot  l'air,  quelque  temps  comprimé, 
se  ftfit  enfin  jour  au  dehors,  à  tnivers  des  paroles  sans  suite 
et  des  mots  inconnus. 

Les  centres  nerveux,  conj^estionnés  comme  je  le  disais 
tout  è  l'heure,  ne  communiquent  plus  que  des  sensations  et 
des  volitions  confuses  :  la  motilité  et  la  sensibilité  accusent 
un  désordre  inexprimable  ;  les  membres,  saisis  de  convul- 
sions et  quelquefois  de  crampes,  s'agitent  dans  tous  les 
sens,  ou  se  tendent  et  se  roidissent  comme  des  barres  de  fer; 
les  mâchoires,  serrées  Punè  contre  l'autre,  font  grincer  les 
dents,  et  quelques  personnes  portent  It^  délire  erotique 
si  loin,  qu'oubliant  le  compagnon  de  leurs  voluptés,  elles 
mordent  jusqu'au  sang  une  épaule  qu'on  a  l'imprudence  de 
ien^  abandonner. 

Cet  état  frénétique,  cette  épilepsie  et  ce  délire  dureÂt 
peu  d'ordinaire;  ils  suffisent  cependant  pour  épuiser  les 
forces  de  l'organisme,  surtout  chez  l'homme  où  cette  sur- 
excitation se  termine  par  une  évacuation  de  sperme  plus  ou 
moins  abondante.  Une  prostration  arrive  alors,  et  d'autant 


4U  COPULATION. 

plus  forte  que  réréthiëmca  été  plus  violent.  Cet  abattement 
subit,  cetle  faiblesse  générale  et  cette  tendance  au  sommeil 
i]ui  s'emparent  Je  l'homnic  après  la  consommation  de  l'acte, 
sont  incontestablement  dus  à  l'émission  de  la  liqueur  sémi- 
nale, car  la  femme,  quelque  énergie  qu'elle  ait  apportée  dans 
le  coït,  n'éprouve  qu'une  lassitude  passagère  incompara- 
blement inférieure  à  la  prostration  de  l'homme,  et  qui  loi 
permet  bien  plus  rapidement  qu'à  ce  dernier  la  répétition 
de  l'acte.  fiTriste  est  omne  animal post coitum ,  prœtermu- 
lierem  gallumquej  »  a  dit  Galien,  je  crois,  et  cet  axiome 
est  essentiellement  vrai  pour  l'espèce  humaine. 

A  partir  de  ce  moment,  la  fonction  génératrice  échappe 
a  notre  conscience;  le  râle  de  l'homme  est  fini,  celui  de  la 
femme  commence  h  devenir  réellement  actif.  Mais  tout,  au 
début,  s^e  passe  encore  à  son  insu;  ce  ne  sera  que  plus  tard, 
•lors  que  la  formation  m>\^térieuse  d'un  nouvel  être  sera 
consommée,  qu'elle  acquerra  In  connaissance  des  droits  et 
des  devoirs  nouveaux  qui  lui  sont  dévolus  par  la  nature. 
Mais,  pour  la  formation  de  ce  nouvel  être,  l'homme  et 
la  femme  n'ont  rempli  qu'une  bien  faible  partie  de  leurs 
obligations  par  le  coït  que  je  viens  de  décrire,  car  la  mis- 
sion principale  de  l'un  est  le  dépôt,  dans  les  organes  de 
l'autre,  d'une  liqueur  prolifique,  sans  laquelle  la  reproduc- 
tion est  impossible. 

Nous  allons  donc  étudier  cette  seconde  partie  de  la  fonc- 
tion génitale,  tant  chez  l'homme  que  chez  la  femme,  et 
compléter  ainsi  ce  qu'on  appelle  dans  la  science  la  physio- 
logie de  l'espèce. 


A€TB   SÉMINAL.  /^l 

CHAPITRE   II. 

FÉCONDATION. 
S  L  —  Aete  séiMlnal. 

Avant  de  foire  connaître  la  composition  du  sperme,  %t  le 
rôle  que  joue  chacun  de  ses  éléments  dans  l'acte  de  la 
fécondation,  il  me  semble  plus  rationnel  d'assister  d'abord 
h  sa  sécrétion,  et  èsa  translation  depuis  le  testicule  jusqu'au 
canal  de  l'urètre,  et  de  ne  nous  occuper  de  lui  que  lorsque 
nous  serons  parvenus  a  l'amener  au  dehors  à  travers  tous 
le^  obstacles  dont  sa  marche  est  semée. 

Mous  aurons  donc  à  examiner  le  sperme  aux  points  de 
vue:  1*  de  sa  sécrétion;  2"  de  son  excrétion;  â""  de  sa 
composition. 

A.  Sécrétion  du  sperme. 

Le  testicule  est  composé  d'éléments  (ubulés  qui  se  ter- 
minent tantôt  en  cuUde-sac,  tantôt  par  des  anastomoses  des 
conduits  entre  eux.  La  disposition  anatomique  des  conduits 
séminiferes  permet  de  penser  que  la  sécrétion  se  fait  dans 
toute  leur  étendue,  et  que  la  quantité  de  cette  sécrétion  est 
très  minime,  si  l'on  a  égard  au  petit  volume  de  ces  glandes, 
au  nombre  et  à  la  ténuité  des  conduits  séminifères,  au  peu 
de  sang  qu'y  apportent  les  artères  spermatiques  où  la  cir- 
culation est  ralentie,  et  à  la  longueur  et  à  l'étroitesse  des 
canaux  déférents.  Cette  quantité  paraîtra  encore  plus  faible, 
si  l'on  se  rappelle  que,  chemin  faisant,  une  foule  de  glandes 
viennent  mélanger  leurs  produits  à  la  liqueur  séminale. 
Cependant  la  sécrétion  spermatique  est  accrue  dans  cer- 


&â  FÉCONDATION. 

laines  circonsluiices,  comme  par  exemple  sous  riiitlueiice 
des  excitations  vénériennes,  de  certains  aliments  ou  de  cer- 
'taines  substances. 

L'appareil  sécrétoire  du  testicule  ne  laisse  aucun  doute 
sur  sa  tendance  à  opérer  un  mélange  intime  du  sperme  ; 
sans  parler  des  anastomoses  qui  s'établi^^sent  h  Textrémité 
des  conduits,  les  canalicules  contournés,  lorsquMs  sont 
arrivés  à  une  ou  deui  lignes  de  distance  du  réseau  du  tes- 
ticule, cessent  d'être  lleiucux  ;  plusieurs  s'unissentensemble 
et  forment  alors  les  canalicules  séminifèresdroitSj  qui  sont 
au  nombre  de  plus  de  \ingt.  Ces  conduits  s'anastomosent 
ensuite  en  réseau,  et,  en  traversant  l'albuginée,  forment  le 
réseau  de  lialler,  où  le  sperme  se  mélange  encore.  De  l'ex- 
trémité supérieure  du  réseau  de  lialler  partent  à  travers 
l'albuginée  des  canalicules  un  peu  moins  nombreux  que  les 
canalicules  droits;  on  les  nomme  conduits  spermatiques 
efféreniSy  et  Ton  en  compte  ordinairement  neuf;  ch.irun  de 
ces  canaux,  en  se  contournant,  forme  un  cdne  et  va  tou- 
jours en  diminuant  de  calibre  du  cùté  de  Tépididyme,  sans 
présenter  des  valvules,  comme  le  croyait  Prochaska. 

La  force  qui  fait  circuler  le  sperme  dans  celte  partie  du 
trajet  qu'il  doit  parcourir,  ne  peut  être  que  la  visa  tergo; 
car  les  parois  des  conduits  n'offrent  pas  d'éléments  suscep- 
tibles de  contractions  ;  il  est  également  présumable  qu'il  y  a 
en  même  temps  un  effet  de  capillarité,  puisque  le  sperme 
chemine  contre  les  lois  de  la  pesanteur.  Dans  tous  les  cas, 
sa  marche  est  excessivement  lente,  pour  permettre,  sans 
doute,  aux  animalcules  de  parcourir  toutes  les  phases  de 
feur  développement,  avant  d'arriver  dans  un  lieu  où  peut- 
être  ils  ne  trouveraient  plus  les  conditions  nécessaires  à  leur 
accroissement. 


AGT£    SÉMINAL.  /^3 

B.  Excrétion  du  sperme. 

Je  partagerai  en  deux  étapes  la  route  que  parcourt  le 
Sperme  depuis  le  testicule  jusqu'au  dehors.  La  première 
comprendra  t'espace  compris  entre  l'épididjme  et  (es  vési- 
cules séminales,  et  la  seconde  depuis  ces  dernières  jusqu'à 
la  sortie  de  la  liqueur  proIi6que  par  le  canal  de  l'urètre. 

1*  Pour  se  rendre  du  testicule  dans  les  vésicules  sémi- 
nales, le  sperme  traverse  Tépididyme  et  le  canal  déférent. 
Dans  Tépididyme,  il  parcourt  des  rannux  flexueux  très  rap- 
prochés les  uns  des  autres,  et  dont  la  longueur  est  quarante 
fois  plus  grande  que  celle  de  l'épididyme.  Dans  le  canal 
déférent,  qui  fait  suite  à  l'épididyme,  le  sperme  ne  parcourt 
plus  qu'un  conduitsans  Hexuosités,  mais  qui  s'élè\c  jusqu'à 
l'anneau  inguinal,  où  il  forme  une  anse,  dont  la  convexité 
regarde  en  haut;  puis  il  descend,  en  abandonnant  la  paroi 
antérieure  du  bassin,  vers  le  bord  latéral  de  la  vessie;  se 
rapproche  beaucoup,  surtout  a  la  partie  postérieure  de  la 
prostate,  de  celui  du  côté  opposé,  et  Huit  par  se  jeter, 
presque  verticalement,  dans  le  bord  interne  de  la  vésicule 
séminale. 

Eq  parcourant  le  long  trajet  que  je  viens  de  décrire,  le 
sperme  rencontre  des  obstacles  multipliés  à  sa  marche  : 
c'est  d'abord  le  réseau  de  Haller  ;  plus  loin,  c'est  l'épidi- 
dyme avec  ses  mille  flexuosités  ;  plus  loin  encore,  c'est  le 
canal  déférent  dont  la  longueur  est  si  considérable  et  le 
calibre  si  étroit,  et  dans  lequel  la  viscosité  du  liquide  donne 
souvent  naissance  à  des  obstructions;  je  montrerai  plus  tard 
avec  quelle  facilité  les  canaux  de  l'épididyme  s'oblitèrent 
sous  l'influence  de  certaines  maladies,  oblitérations  qui 
(fétefminènt  falalemeat  alors  la  stérilité. 


)slucles  (juc  je  \ivii 
nature  recourt  à  Irois  forces  :  1°  la  cepillarilé;  2'  la  visa 
lergo,  qui  csl  tellement  considérulile,  que,  si  il  l'époque  du 
rut,  on  lie  le  canal  déférent,  relui  ci  se  ronqit  au-dessous 
de  la  ligature  ;  3*  la  force  élastique  des  giorois  du  conduit, 
dépendante  d'une  tunique  musculeuse  d'un  jaune  brutiAtrc, 
t'orn[ioséc',  d'après  Leeuwenlioeck,  J.-F.  Meckel,  Cowper, 
Ë.-fl.  AVeber,  liuschke,  do  libres  longitudinales  et  de 
lilircs  circulaires.  D'après  ce  dernier  auteur,  ces  fibres 
seraient  surtout  de  nature  élastique,  et  cette  tunique 
devrait  pliilAt  è  son  élosticité  qu'è  sa  contraciiliié  muscu- 
laire, la  propriété  de  contribuera  la  propulsion  du  sperme. 

D'autres  forces  secondaires  contribuent  encore  à  la 
marclie  du  fluide  pruliiique,  entre  autres,  les  contractions 
alternatives  du  créma>[er,  te  décubitus  horizontal,  les  mou- 
vements d'élévaliuu  et  d'abaissement  du  testicule  corres- 
pondant fi  la  respiration,  etc.,  etc. 

S°La  seconde  étape,  qui  marque  la  lin  du  trajet  que 
parcourt  le  sperme  pour  arriver  au  dcbors,  est  remplie  par 
les  vésicules  séminales,  les  canaux  éjacnlateurs  et  le  canal 
Je  l'urètre,  auxquels  sont  annevés  la  prostate,  les  glandes 
de  Mérj-  ou  de  Cowper  et  les  follicules  de  Littre. 

Il  importe  ici  de  nous  arrêter  un  instant  h  chacun  de  ces 
organe!^,  et  d'étudier  leur  mécanisme  d'une  manière  toute 
spéciale. 

f-^ésicules  sémiimlea.  —  Le  râle  des  vésicules  séminales 
n'est  pas  le  même  pour  tous  les  auteurs.  Les  uns  en  ont 
fait  des  j^landes  et  k's  autres  les  ont  considérées  exclusive- 
ment comme  les  réservoirs  du  sperme. 

Oui  qui  ont  soutenu  que  les  vésicules  séminales  n'étaient 
que  des  glandes  sont  :   Tli.  Wharlon,  Debotne,  Swai 
merdam,  Harder,  Dan.  Tauvry,  R.  Wagner;  mais  c'est  i 


J 


ACTE   SÉMINAL.  &5 

Hunter  (i),  surtout,  que  cette  opinion  doit  son  éclat.  Les 
arguments  sur  lesquels  il  se  fonde  sont  :  1*  La  présence  dans 
les  vésicules  séminales  d'un  liquide  différent  de  celui  qui  se 
Iroave  dans  le  canal  spermatique  ;  2**  l'identité  des  liquides 
contenus  dans  les  deux  vésicules  séminales  d'un  homme 
ayant  depuis  longtemps  perdu  un  testicule;  S""  l'existence, 
chez  certains  animaux,  d'un  conduit  spécial  de  la  vésicule, 
qui  ne  s'abouche  pas  avec  le  canal  déférent;  A*"  la  présence 
de  liquide  dans  les  vésicules  séminales  de  personnes  faibles 
et  de  vieillards,  et  des  autres  individus  après  le  coît;5*en' 
Gn,  une  douleur  testiculaire  après  des  excitations  véné- 
riennes, sans  consommation  de  l'acte  :  preuve  évidente,  dit 
Hunter,  que  ce  qui  est  fourni  dans  la  copulation  vient  du 
testicule,  et  qu'il  n'y  a  pas  de  réservoir  pour  le  liquide  qui 
devait  être  éjaculé. 

L'opinion  contraire,  c'est-à-dire  celle  qui  veut  que  les 
vésicules  séminales  soient  exclusivement  des  réservoirs  du 
sperme,  a  pour  défenseurs:  Rondelet,  Fallopc,  qui  décou- 
vrit ces  organes  chez  l'homme  ;  de  Graniï,  Sœmroerring, 
Brugnonne,  J.-F.  Meckel,  Prévost  et  Dumas,  Burdach, 
Panizza,  E.-L.-F.  Weber,  Gurlt  et  J.  Davy. 

L'une  et  l'autre  de  ces  deux  manières  de  voir  sont  trop 
exclusives.  Les  vésicules  séminales  sont  tout  à  la  fois  des 
glandes  et  des  réservoirs:  elles  sont  des  glandes  parce  que 
Tanatomie  montre  des  follicules  nombreux  dans  leur  mcm- 
braoe  muqueuse,  et  parce  que  les  observations  de  Hunter 
sont  exactes  et  parfaitement  concluantes  en  faveur  de  cette 
opinion;  mais  elles  sont  aussi  des  réservoirs  du  sperme, 
parce  qu'une  injection  poussée  par  le  canal  déférent  arrive 
jusqu'à  elles,  parce  que   le  liquide  qu'elles  renferment 

(t)  OEuvreê  de  J.  Hunier,  Irad.  par  Richelot.  Paris,  4  843,  l.  IV, 
p.  82. 


présente  qu  microscope  des  animalcules  spermaliqpos,  ainii 
(|ue  Tont  att*  sté  Q^er,  Vnlontin,  \V  eber,  elc. 

Enfin,  des recherc|ics toutes réceiiles  cl'anatQmie  patholo- 
gique, entreprises  par  M.  Gosselin,  à  l'occasion  dp  l'oMité- 
ration  des  épididjmes  consécutive  h  l'inflammation  de  ces 
organes,  ne  laissent  aucun  doute  sur  le  double  rôle  assigné 
aux  vésicules  séminales.  Qu'on  me  permette  de  reproduire 
ici  les  conclusions  physiologiques  que  cet  eipériaiepUteiif 
tire  de  ses  recherches,  sur  lesquelles  je  reviendrai  pilleuri 
quand  j'étudierai  les  causes  de  la  stérilité  :  «  On  cpMJectiire 
bien,  dit-il,  depuis  les  travaux  de  Huntcr,  que  celui  (Ip 
liquide)  qui  vient  des  testicules  est  peu  abondant,  et  qpp  |p 
pins  grande  quantité  provient  des  vésicules  scmipales,  qiyj 
ont  reçu  en  dépôt,  depuis  un  temps  plus  ou  moins  long,  le 
produit  testiculaire.  Mes  observations  me  paraissent  démon- 
trer que  cette  conjecture  est  une  réalité,  et  même  que  la 
quantité  de  liquide  testiculaire  est  encore  plus  faible  qu'on 
n'est  disposé  à  le  croire.  On   y  remarque,  en  eiïet,  dpux 
phénomènes   capitaux  :     1**   les  éjaculations    sont    aussi 
abondantes,  malgré  l'oblitération  des  voies  spermatiques, 
que  dans  les  cos  où  ces  dernières  sont  libres  ;  i*"  la  disten- 
sion du  canol  épidid> maire  par  le  sperme  ne  donne  pas  à 
ce  canal  des  proportions  très  considérables,  et  n'occasionne 
pas  de  souiïranres  sur  le  vivant.  Sans  doute,  il  se  fajt  une 
résorption  ;  mais  si   la   sécrétion   testiculaire   était   aussi 
active  qu'on  le  suppose  généralement,  cette  résorption  qe 
serait  pas  assez  rapide  |)Our  empêcher  si  complètement  les 
eiïels  de  la  distension.  Il  ressort  de  ces  deuv  points  que  la 
quantité  habituellement  fournie  par  les  testicules  est  très 

faible,  quoiqu'elle  soit  la  plus  importante 

.     .      •     Quant  à  la  composition  du   liquide  éjaculé,  il 
résulte  de  mes  observations  que,  dans  les  cas  d*oblitératiqn, 


ACTE    S^}1INA^.  /|.7 

i|  a  la  même  conjeur,  In  même  otj^eur,  |a  rpéifjp  con$i9(§ncp 
<|u*è  l'élat  normal  ;  la  seule  (|ilTéreiice  est  donnée  |)ar  l'exa- 
men microscopique,  qui  démontre  Tabsenre  des  spprn)<Uo- 
zoides  dans  un  cas,  leur  présence  dans  l'autre.  I|  est  donc 
permis  d'établir  que,  normalement,  le  testicule  np  fjQMiie 
pas  autre  chose  au  produit  de  réj^culatiofi  au^  |§  s^^^t^nce 
fécondante,  caractérisée  par  les  animalcules,  et  que  les 
matériaux  au  milieu  desquels  ceux-cj  sont  plongés  se 
développent  et  vivent,  proviennent  surtout  des  vésiciiles 
séminales.  C'est  au  produit  de  ces  dernières  que  le  sperme 
doit,  en  réalité,  sa  couleur,  son  odeur  ettoutes  les  substances 
que  l'analyse  chimique  y  fait  découvrir  (1).  v 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  râle  que  jouent  les  vésicules  sémi- 
nales dans  réjacijlation  spermatique  est  identique  avec  celui 
de  la  vésicule  biliaire  dans  l'excrétion  du  produit  fourni 
par  le  foie.  Le  réservoir  spermatique  se  contracte  d'une 
manière  lente  et  chasse  le  liquide  qu'il  contient  dans  les 
canaux  éjaculateurs.  Cette  contraction  est  effectuée  au 
moyen  d'une  couche  de  tissu  musculaire  qui  eptre  dans  la 
composition  de  ses  parois,  et  qui,  appartenant  a  la  vie  orga- 
nique, ne  se  contracte  pas  d'une  manière  brusque  et  sac- 
cadée comme  les  fibres  d'un  muscle  de  la  vie  ^nimaje. 
Pressé  de  toutes  parts,  le  liquide  ne  peut  refluer  dans  |e 
canal  déférent  à  cause  du  sperme  qui  y  arrive  en  plusgran()Q 
abondance,  et  est  forcé  de  s'échapper  par  Touverlufe  pos- 
térieure des  canaux  éjaculateurs  admirablement  disposée 
pour  cet  effet. 

Canaux  éjaculaleiirs.  —  Il  résulte  de  la  disposition 
anatomique  des  conduits  éjaculateurs,  ainsi  que  de  Tétroi- 
tesse  de  leur  diamètri}  et  de  la  direction  oblique  de  leifr 
orifice,  que  dans  l'état  de  tranquillité  et  de  santé,  ces  par- 

(i)  Archivée  généralêi  de  médecine,  septembre  4  853. 


FÉCONDATION. 
[ii|)ressioii  nssez  forte   pour  em|iflcher 
ruies  séminales  Juns  l'urMre  ; 
I  |iL'tiélri^s,  ils  doivutil.au  niojea 


lies  éprouvent  iinci'i 

le  .«pcrme  de  couler  des  \ii 

mais  lorsque  le  sperme  les  a 

de  la  cotitrndinn  de  leurs  libres,  conlribuer  ii  favoriser  m 

marche  vers  le  canal  de  l'urtlrc. 

Canal  de  l'urètre.  —  Grflce  au  réseau  veineux  que  noos 
avons  vu  entourer  In  mur^ueiisc  de  l'urèlre  et  qui  constitue 
le  corps  spongieut  dont  j'ai  longuement  parlé  en  rendant 
compte  du  mécanisme  de  l'érection,  le  cniial  de  l'urètre  se 
trouve  largement  ouvert  dans  toute  sa  longueur  pendant  la 
turgescence  du  membre,  et,  par  consi^qucnt,  admirablement 
disposé  pour  donner  un  libre  passage  à  la  liqueur  prolifique. 

Mais  son  rôle  n'est  pas  entièrement  passif;  il  s'arcomplil 
du  calé  de  la  prostate,  sur  le  vcrumontanum  même,  un 
phénomène  curieux  de  turgescence  qui  empècbe  tout  b  la 
fois  le  sperme  de  tomber  dans  la  vessie  et  l'urine  de  sortir 
de  son  réservoir.  J'ai  décrit  plus  haut  ce  phénomène,  au- 
quel il  est  inutile  de  revenir  ici, 

Après  avoir  franchi  les  deui  ouvertures  antérieures  des 
conduits  éjarulaleurs  qui  s'ouvrent,  ainsi  qu'on  le  sait,  sur 
let  parties  latérales  et  antérieures  du  verumonlanum,  et 
nvoir  pénétré  dans  le  canal  de  l'urètre,  le  sperme  s'accu- 
mule-t-il  dans  ce  canal  ou  en  est-il  chas>é  immédiati'ment? 
On  n'a  pas  craint  d'avancer  quu  le  bulbe  n'était  autre  chose 
qu'un  réservoir  dans  lequel  s'amoncelsil  le  sperme  pendant 
la  copulation,  pour  être  lancé  tout  o  coup  en  saccades  par  les 
contractions  du  muscle  bulbu  cuverncui.  Cette  opinion  de 
l'élargissement  de  la  portion  bulbeuse  du  lanal  de  l'urèlrj 
est  contredite  par  un  examen  de  M.  Kobelt,  qui  n  prisl'em- 
preinte  exacte  de  la  lumière  ilu  canni  ;  l'élargissement  qui 
»c  fait  à  partir  de  la  portion  membraneuse  a  lieu  d'une 
manière  régulière,  continue,  et  r'esl  par  lu  seule  présence 


sence         [ 


ACTE    SÉMINAL.  &9 

ilu  sperme  dans  le  bulbe  que  les  muscles  de  Turètre  se  coii- 
Iraclent  et  chassent  en  avant  la  liqueur  prolifique. 

Mais  on  se  demande  alors  s'il  n'y  a  pus  une  espèce  de 
contradiction  entre  la  ténuité  de  canaux  éjaculateurs  et  la 
quantité  assez  considérable  de  liquide  chassé  par  l'éjacula- 
lion.  Sans  doute,  Tobjeclion  aurait  quelque  gravité,  si  Ton 
ne  savait  que  la  plus  grande  partie  du  liquide  éjaculé  n'est 
pas  de  la  semence,  et  n*est  autre  chose  que  le  produit  des 
difTércntes  sécrétions  glandulaires  dont  il  me  reste  a  parler. 

Le  fluide  prostatique  est  un  liquide  filant,  transparent, 
hyalin,  qui  se  mêle  au  sperme  au  moment  de  son  émission, 
etdans  lequel  Kraiise  a  trouvé  des  flocons  troubles,  contenant 
des  granulations  de  1/900*  à  1/300^  de  ligne  de  diamètre. 
Il  n'a  point  encore  été  soumis  à  l'analyse  chimique  et  il  est 
assez  difficile  de  dire  l'influence  qu'il  peut  avoir  dans  la 
fécondation. 

Ln  autre  liquide,  sécrété  par  les  glandes  de  Cowper  ou  de 
iMéry,  vient  également  se  mêler  au  sperme.  D'après  Kraiise, 
il  est  filant,  clair,  visqueux;  il  contient  quelques  flocons 
dans  lesquels  sont  amassés  des  granulations  de  1/900*  à 
1/370*;  il  a,  par  conséquent,  une  grande  analogie  avec  le 
fluide  prostatique.  «  De  même  que  le  fluide  prostatique 
fraie  la  voie  au  sperme  dans  les  portions  prostatique  et  mem- 
braneuse, dit  Huschke,  de  même  le  liquide  des  glandes  de 
Cowper  les  garantit  de  l'urine  qui  pourrait  être  restée  dans 
les  portions  bulbeuse  et  spongieuse  du  canal.  » 

Les  follicules  de  JJttre  et  de  Morgagni  sécrètent  a  leur 
tour  un  liquide  qui  lubrifie  les  parois  du  canal  et  se  mêle 
au>si  au  sperme. 

Parvenu   dans  la    portion  membraneuse  du   canal   de 

l'urètre  où  il  est  déjà  mélangé  avec  les  divers  liquides  que 

je  \iens  d^énumérer,  le  sperme  s'échappe  au  dehors  par 

i 


\ 


g0  FÉCONDATION. 

saccades»  comme  chassé  par  les  contractions  alternatives 
d'un  muscle.  Ce  muscle  eiiste-t-il  réellement?  Jusque 
dans  ces  derniers  temps  on  a  voulu  Taire  jouer  ce  rAle  au 
muscle  bulbo-caverneui. 

M.  Kobelt,  dont  je  ne  saurais  trop  citer  les  ingénieuses 
in?esti<'ationSy  réfute  cette  opinion  par  de.^  raisons  physio- 
loffiques  et  par  Tanalomie  comparée,  et  conclut  que  Ton 
ne  peut  rapporter  cette  action  qu'au  seul  muscle  de  rurrtrc, 
c'est4-dire  &  cette  couche  musculaire  qui,  dans  les  deux 
sexes  chez  l'homme  comme  chez  les  animaux,  enveloppe 
dans  toute  son  étendue  In  portion  mi'mbraneuse  de  l'urètre 
avec  ses  fibres  circulaires,  n  C'est  aussi  dans  sa  circonscrip- 
tion d'action,  contiuua-t-il,  que  viennent  se  déverser,  chez 
les  mâles,  les  produits  des  canaux  séminifëres,  des  vésicules 
séminales,  des  vésicules  séminales  accessoires,  de  la  prostate, 
tous  les  produits  destinés  à  être  portés  au  dehors.  » 

Cuvier,  qui  avait  examiné  cvW'  rouche  musculaire  dans 
toute  une  série  d'animaux,  lui  donne  le  nom  iVaccélcratetir 
de  ta  marche  de  l'urine  et  du  sperme,  et  s*cxprime  ainsi  à  son 
sujet  :  <^  On  prévoit  qu'elle  doit  a\oir  pour  usage,  en  contrac- 
tant la  première  portion  du  canal  de  l'urètre,  d'en  expulser 
la  semence  et  de  servir  ainsi  à  réjaculatinn:  voilà  pourquoi, 
sans  doute,  elle  est  si  épaisse  dans  les  animaux  dont  la  verge 
est  fort  longue,  tels  que  les  ruminants,  etc.,  et  dans  ceux 
qui  ont  ce  même  organe  fort  court,  tels  que  les  chats.  Dans 
le  premier  cas,  il  fallait  une  grande  force  pour  chasser  la  se- 
mence à  travers  un  si  long  canal  ;  il  en  fallait  une  également 
très  grande  dans  le  second,  afin  que  ce  liquide,  qui  n'aurait 
pas  été  porté  assez  avant  par  celte  courte  verge,  fût  lancé 
loin  de  cet  organe,  jusqu'au  lieu  où  il  doit  atteindre  (1).  >> 

(I)  Analomie  compurêe^  yoI.  V,  p.  78. 


ACTC    SÉMmAL.  51 

Pourtant  M.  Kobelt  ajoute  en  note  :  «  Je  ne  l'eftise  pas 
au  bulbo-caverneux  toute  espèce  d'action  sur  ces  fluides; 
mon  but  est  seulement  de  démontrer  que  ce  n'est  pas  là  sa 
▼éritable  fonction.» 

• 

C.  (Composition  du  sperme. 

Le  sperme  est  un  liquide  épais,  filant,  d'une  couleur 
blanch&tre,  plus  pesant  que  l'eau,  d'une  odeur  spéciale, 
suî  generis^  d'une  réaction  légèrement  alcaline,  qui  est  due 
peut-être  au  fluide  prostatique,  soluble  dans  l'eau  et  les 
acides,  coagulable  par  l'alcool.  Abandonné  à  lui-même,  il 
laisse  déposer  des  prismes  à  quatre  pans,  terminés  par  de 
longues  pyramides  quadrangulaires  et  groupés  vn  étoiles, 
qui  sont  du  phosphate  calcaire  et  du  phosphate  ammo- 
niaco-magnésien.  Ensuite  il  se  dessèche  en  une  lamelle 
jaune  fendillée,  insoluble  dans  l'eau,  et  répand  une  odeur 
de  corne  brûlée.  Il  a  donné  à  l'analyse  chimique  de 
Vauquelin  : 

Eau 000 

Mucilage  animal 60 

Soude 4  0 

Phosphate  de  chaux 30 

L'examen  microscopique  a  fourni  des  résultats  plus  ri- 
goureux que  Tanaiyse  chimique,  il  a  fait  constater  dans  le 
sperme  :  1*  une  partie  fluide;  3!^  des  globules  analogues  aux 
globules  muqtieux;  3*  des  granules  élémentaires;  &<*  et 
par-dessus  tout  une  innombrable  quantité  de  corpuscules 
mouvants,  filiformes,  que  l'on  appelle  spermatozoïdes  y  zoo- 
spermes^  animalcules  spermatiqtiesj  etc.,  etc. 

Je  ne  m'occuperai  ici  que  des  spermatozoïdes  qui  con- 


52  FÈCONilÀTIOV. 

stituent  la  partie  riiellcmetit  récondaiile  de  lu  li(|uuur  itv- 
minale. 

Les  spermetoioides  ont  èlé  découverts,  eti  aoâl  1677, 
par  un  jeune  étudiant  nllcmand,  l.oiiîs' llamm.  l.eeuwen- 
tiocck,  à  qui  ils  furent  montréti.  on  lit  l'objet  de  ses  études, 
et  peu  (le  lem|is  après,  llartsicker  les  décrivit  pour  la  pre- 
mière fois  dans  le  Journal  des  savants.  Ils  se  rencontrent 
ches  toti''  tes  animaux  à  IV'poque  du  rut,  et  n'apparaissent 
rbcK  l'homme  qu'tt  l'ège  où  s'élal>lit  la  fonction  génératrice. 
Ceui  de  l'homme,  comme  <xu\  d'un  très  grand  nombre 
d'animaui,  présentent  une  partie  renflée  à  laquelle  on  a 
donné  le  nom  de  cor/ts  ou  de  léle,  et  un  filament  que  l'on 
désigne  sous  le  nom  de  quexie;  la  léte  est  ovoïde  et  un  peu 
aplatie;  b  queue,  faisant  suite  à  la  grosse  extrémité  du 
corps,  est  esser.  épaisse  h  son  origine,  s'amincit  peu  à  peu 
et  se  termine  par  un  iilament  très  délié.  \  un  grossissement 
de  300  ou  àOO  fois,  on  voit  que  leur  longueur  totale  est 
de  1/20'  de  millimètre,  et  que  le  grand  diamètre  de  leur 
fCte  est  de  1/200'  â  1/300"=  de  millimètre. 

Quand  on  les  observe  au  microscope,  les  animalcules 
spermatiques  se  fout  surtout  remarquer  par  la  rapidité 
el  la  nature  de  leurs  mouvements  :  ils  nu  suivent  aucune 
direction  déterminée  ;  ils  vont  en  avant,  reviennent  en 
arrière,  plongent  au  fornl  du  liquide  ou  arrivent  a  su 
iturfiicc,  se  heurtent,  se  croisent  entre  eux,  putisent  entre 
les  lamelles  épitliélialcs  ou  lus  globules  muqueui  qui  les 
environnent  ;  en  un  mot,  ils  semblent  obéir  à  une  impulsion 
volont:iiro.  D'après  Ilenle,  ils  peuvent  parcourir  un  espace 
de  2  centimètres  en  sejil  ou  huit  minutes.  Ce  mouvement, 
qui  parait  èlre  produit  par  les  ondulations  de  l'animal,  cesse 
après  quelques  instants,  sous  l'influence  du  froid,  d'une 
température  élevée  ou  du  dessèchement  j  mais  en  dehom  de 


J 


AGTB    SftlIlNAL.  5ft 

ces  circonstanœs  défavorables,  les  spermatozoïdes  peuvent 
pendant  plusieurs  heures  manifester  leur  existence  ;  Wagner 
assure  même  qu'il  a  noté  ces  signes  de  vie  après  vingt-quatre 
heures. 

'  Cependant  les  animalcules  spermatiqueSf  observés  dans 
les  organes  de  la  femme  qui  les  doivent  normalement  re- 
cevoir, vivent  un  temps  beaucoup  plus  long  dans  ces  organes  ; 
plusieurs  observateurs  ont  acquis  cette  certitude,  en  exami- 
nant le  sperme  trouvé  dans  le  vagin,  et  surtout  dans  l'utérus 
et  les  trompes  de  Fallope.  Leeuwenhoeck  pensait  que  les 
spermatozoïdes  pouvaient  se  mouvoir  dans  ces  organes  pen- 
dant huit  jours;  Prévost  et  Dumas  ont  vu  les  zoospermes 
s'agitant  encore,  dans  les  trompes  de  chienne,  sept  jours 
après  le  coït,  et  M.  BischolTa  observé  le  même  phénomène 
dans  les  trompes  de  lapines,  huit  jours  après  l'accouplement. 
La  motilité  des  animalcules  spermatiques  est  dinninuée 
et  même  détruite  par  certaines  circonstances  que  les  obser- 
vateurs ont  notées;  parmi  elles  je  citerai  le  froid,  le  chaud, 
l'électricité  par  décharge,  les  acides,  l'acide  cyanhydrique 
(Prévost  et  Dumas),  la  strychnine  (Wagner),  les  narcoti- 
ques, le  mucus  vaginal  dont  l'acidité  est  augmentée,  et  le 
mucus  utérin  dont  l'alcalinité  est  plus  prononcée  (Donné)  ; 
d'un  autre  cdté,  le  mucus,  la  salive,  le  lait,  le  pus  (Donné), 
l'urine  (Wagner),  n'ont  aucune  influence  sur  cette  même 
motilité. 

On  a  également  remarqué  que  les  spermatozoïdes  n'ont 
pas  toujours  la  même  énergie,  la  même  densité,  les  mêmes 
dimensions  depuis  le  moment  où  ils  se  rencontrent  dans  le 
testicule,  jusqu'à  celui  où  on  les  examine  après  le  coït.  Ils 
peuvent  être  plus  ou  moins  nombreux,  très  rares,  rem- 
placés par  des  produits  incomplets,  et  même  manquer  com- 
plètement chez  certains  malades.    M.  Duplay    dans   un 


5&  ricoNUATioiii 

travail]  dont  j'surni  i  m'oci'Uper  plus  tard  (l),  ovuiico  (|ue 
U  sécrétion  «permatiiiuf*  «'cITectue  encore  cliei  les  vieillards 
ile  quatre-vingt-six  ans,  quoiqu'elle  soit  moins  tibondante 
que  chez  l'adulte,  et  que,  contrairement  à  l'opinion  géné- 
ralumenl  admise,  les  »permalOEoides  se  retrouvent  encore 
dans  leur  liqueur  séminale.  Enfin,  dans  ses  recherclies  sur 
l'oblitération  des  voies  spennaliques  (2),  M.  Gosselin  n  con- 
staté  que  le  nombre  des  imimalcules  va  en  au(;menlanl, 
depuis  le  tesliciilu  et  l'épidtdymc,  où  ils  sont  très  rares, 
jusqu'aux  vésicules  séminales ,  où  ils  sont  très  nombreux , 

l.a  nature  des  spermatozoïdes  est  vivement  controversée 
aujourd'hui.  Les  premiers  observateurs,  Leeuwenhoeck, 
Spallnnzani,  etr. ,  n'élevnient  nucuti  doute  sur  leur  anima- 
lité, et,  s'appnyant  sur  cetlo  opinion,  Ehrenberg  les  pla^a 
parmi  les  micruiooaires  suceur<i,  tandis  que  Ciermak,  les 
faisant  rentrer  dans  les  infusoires,  classa  les  uns  dans  les 
vibriunides,  les  autres  dans  les  cerraires,  etc.,  etc. 

Leur  organiiRlion  a  été  diversement  décrite  par  les  au- 
Ipurs.  Valentin  a  signalé  dans  If"  spermiitotoides  de  l'ours 
un  suvoir  antérieur,  un  anus,  dos  vésicules  stomacales  ou 
itm  circonvolutions  d'intostin .  Gerbcr  .JSïure  avoir  distingué 
des  organes  de  ^énéniliun  dans  les  spermatozoïdes  du 
tabiai.  Scbwann  prétend  qu'il  existe,  au  centre  de  la  t^tc 
lUi  ipermatoiuides  de  l'homme,  une  ventouse  ou  un  suçoir 
analogue  ù  celui  des  cercniro»  et  des  douves.  M.  Pouchel, 
sur  les  travaux  duquel  j'aurai  à  revenir  bientôt,  a  noté  en 
avant  une  sorte  de  ventouse  stomacale,  en  arriére  une  cir- 
COQfolution  intestinale,  faisant  suite  i  ce  premier  organe, 

(1)  ntr^reSeï   lur  Ir   tprrmr  det  vieittard*  [Anhitet  d<  mMrcàu, 
(862,  f  s^no.  I,  XXX.  p.  3l(6). 
(t)  Arcluvtt  lUnti-Utinc.  Pans.  11147,  t.  XtV,  p.  40&. 


J 


AGTB    SÉMINAU  55 

et  recoQoati  qae  toute  la  surface  des  spermatozoïdes  est  re- 
couverte d'uD  feuillet  épithélial. 

Ainsi  que  je  le  disais  plus  haut,  l'animalité  des  sperma- 
tozoïdes est  vivement  attaquée  aujourd'hui,  et  la  nature  de 
ces  prétendus  animaux  ne  serait  autre  chose  qu'une  cellule 
embryonnaire. 

Les  travaux  et  les  observations  de  Wagner,  de  Lalle- 
mand,  de  Hallemann,  et  surtout  de  Kœiliker,  ont  le  plus 
contribué  à  propager  cette  manière  de  voir.  M,  Charles 
Robin,  se  rangeant  sous  ce  drapeau,  a  mieux,  peut-être  que 
ses  devanciers,  décrit  le  développement  des  spermatozoïdes, 
dans  un  Mémoire  qui  fixa  tout  d'abord  l'attention  du  monde 
sa\ant  (1).  Après  avoir  interprété  les  recherches  de  Rei- 
cherl  sur  le  développement  des  spermatozoïdes,  il  décrit 
celui  des  spermatozoïdes  des  méduses  :  «  Leurs  tubes  sper- 
magènes,  dit^il,  sont  creux,  et  renferment,  hors  l'état  de 
gestation,  de  petites  cellules  sphériques  granuleuses;  au 
milieu  de  celles-ci  apparaissent  des  vésicules  qui  se  distin- 
guent des  premières  par  un  volume  plus  grand,  un  contenu 
clair  et  transparent  avec  un  noyau  ou  vésicule  germinative 
au  centre.  Leur  volume  grandit,  au  point  d'atteindre  un 
diamètre  de  0°',10;  en  même  temps,  le  vitellus  devient 
granuleux,  masque  plus  ou  moins  la  vésicule  germinative; 
leur  paroi  ou  membrane  vitelline  amorphe  devient  très 
épaisse,  et  une  couche  assez  cohérente  de  cellules  au  milieu 
desquelles  elles  sont  nées  les  Gxe  à  la  face  interne  des  tubes 
en  doigt  de  gant.  Ceux-ci,  qui  avaient  au  plus  1  millimètre 
de  long,  deviennent  quatre  ou  cinq  fois  plus  longs  et  larges 
en  proportion.  A  cette  période,  les  mâles  se  distinguent  des 

(1)  Mémoire  8ur  iexittence  d'un  CBuf  ou  ofmle  chez  les  mdles  comme 
ekes  (et  femeltêi  [Complet  rendue  de  l'Académie  dee  sciences) ,  4848, 
t.  XXYIl,  p.  4S7. 


56  FiCO.MlATIOM. 

femelles  par  la  couleur  gris  bleu  de  leurs  organes  généra- 
teurs, qui  sont  gris  rosé  sur  ces  dernières;  mais  chaque 
ovule  pris  séparément  est  semblable  :  Taspect  général,  le 
volume,  sont  les  mêmes;  il  n'y  a  de  dilTérenre  que  dans 
l'enveloppe  vitellinedes  ovules  mules,  qui  est  de  moitié  plus 
mince  que  celle  des  ovules  Tcmelles.  )> 

Quant  au  développement  de  la  queue  de  ces  cellules 
etnbryonnaires  du  mâle  ou  sperm^itozoïdes,  et  aux  mouve- 
ments dont  elles  sont  douées,  M.  Cli.  Kobin  compare  le 
premier  au  développement  des  cils  vibratilcs,  et  les  mouve- 
ments ù  la  surface  de  Tépithélium  des  muqueuses  et  des 
téguments  d'êtres  adultes  de  toutes  les  classes  ou  è  Tétat 
de  larves. 

Je  dirai  plus  loin  comment  iM.  Ch.  Robin,  par  suite  de 
l'assimilation  qu'il  fiiit  de  l'ovule  mAle  à  l'ovule  feuiolle, 
explique  le  rAle  des  spermatozoïdes  dans  l'acte  de  la  géné- 
ration. 

S  II.  —  .%rl«  ovnrlcn. 

Quelques  animaux  n'ont  (|u'un  seul  ovaire,  comme  les 
myxinoides  et  quelques  squales;  llatlikcn'a  rencontré  qu'un 
seul  ovîiire  et  qu'un  seul  testicule  chez  plusieurs  poissons 
osseux.  Chez  la  plupart  des  oi<;eaux,  à  l'exception  dos 
rapaces,ilne  se  développe  que  rovairoeirovitlucle  gauches; 
mais  ceux  du  cùté  droit  existent  a  Télat  rudimentuire  chez 
le  fœtus.  D'autres  animaux  inférieurs,  au  contraire,  comp- 
tent un  nombre  plus  ou  moins  grand  de  ces  organes:  ainsi 
chez  les  vers  cestoïdes  les  organes  génitaux  mAles  et  femelles 
se  répètent  dans  chacun  de  leurs  anneaux  parvenus  à  ma- 
turité. 

Dans  l'espèce  humaine,  dont  je  nroccuperai  dési»rmais 
exclusivement,  \q^  o\.'urcs  sont  au  nombre  de  deux,  flottant 


ACTE   OVARIEN.  57 

dans  le  bassin  et  appendus  an  repli  postérieur  du  ligament 
large;  leur  tissu  propre,  que,  depuis  Baër,  on  désigne  sou- 
vent sous  le  nom  de  slroma^  renferme,  pendant  tout  le 
temps  que  l'individu  est  apte  h  la  génération,  un  nombre 
plus  ou  moins  considérable  de  vésicules  ou  petits  sacs 
membrancui,  fort  apparents,  que  l'on  connaît  sous  le  nom 
de  vésicules  de  de  Graaf. 

Ces  vésicules  doivent  un  instant  fiier  notre  attention. 

L'ovaire  de  la  femme  en  présente  de  douze  à  vingt, 
d'après  la  plupart  des  observateurs;  Rœderer  et  quelques 
autres  assurent  en  avoir  compté  jusqu'à  cinquante;  outre 
celles-ci ,  IVIM.  Barrv  et  Pouchet  en  ont  signalé  encore  un 
grand  nombre  d'autres ,  que  le  microscope  seul  permet 
d'apercevoir. 

Ces  vésicules  ont  une  double  enveloppe  :  l'une,  externe, 
plus  forte,  rétraclile..  ne  se  distingue  pas  du  tissu  propre  de 
l'ovaire;  l'autre,  interne,  appelée  membrane  épithéliale 
granuleuse  de  Baè'r^  composée  de  vésicules  microscopiques 
à  parois  translucides,  sillonnée  de  vaisseaux  ,  selon  M.  Pou- 
chet, et  en  manquant  entièrement,  selon  MM.  BischoiTel 
Courty,  forme  un  sac  entièrement  fermé.  C'est  cette  mem- 
brane granuleuse  qui ,  en  s'accroissant  considérablement, 
constitue  plus  tard  les  corps  jaunes.  D'une  ténuité  excessive, 
à  ce  point  qu'il  est  très  difficile  de  l'obtenir  intacte  par  la 
dissection,  elle  n'est  pas  égale  partout;  lorsque  la  vésicule 
de  de  Graaf  se  prépare  n  émettre  son  œuf,  la  membrane 
granuleuse  se  trouve  refoulée  vers  le  point  où  va  se  pro- 
duire la  déchirure  et  forme  autour  de  l'œuf  un  coussin 
protecteur  au  milieu  duquel  il  est  placé ,  et  auquel  Buër 
avait  donné  le  nom  de  cumulus  ou  disque  proligère. 

Le  liquide  contenu  dans  la  vésicule  de  de  Graaf  est  très 
abondant,  clair,  visqueux,  ne  contenant  que  de  rares  gra- 


58  rtCONDATIOM. 

Dulalions  moléculaires  et  des  gouttes  d'huile.  Quand  on 
ouvre  la  vésicule  de  de  Graaf,  ce  liquide  s'en  échappe  avec 
force  et  entruine  avec  lui  le  disque  proligère  ayant  encore 
l'ovule  dans  son  épaisseur. 

L'œuf  préexiste  h  la  fécondation;  sans  recourir  à  l'ana- 
logie, des  observations  directes  ont  mis  cette  assertion  hors 
de  doute,  non-seulement  pour  les  vertébrés  et  les  mammi- 
fères, mais  encore  pour  lespèce  humaine.  On  u  constaté 
les  œufs  è  divers  degrés  de  développement  sur  des  individus 
vierges  et  même  dans  les  premiers  temps  de  la  vie.  Duvernoy, 
après  les  avoir  notés  chez  les  fœtus  de  quelques  poissons, 
assure  que  Ton  peut  reconnaître  les  premiers  vestiges  des 
œufs  dans  les  o\nires  de  jeunes  lilles  de  quatre  ans  et  sur 
ceux  des  sujets  morts  peu  de  temps  après  la  naissance. 
Carus  a  décrit  des  ovules  trouvés  dons  les  mêmes  conditions 
d'âge.  Kitchie  si  constaté  que  les  ovaires  des  enfants  nou- 
veau-nés et  des  enfants  plus  âgés  oiïraient  quelquefois,  en 
assex  grand  nombre,  des  vésicules  ovariennes  qui  sont  le 
siège  d'une  injection  très  vi\e  à  partir  de  la  sixième  année, 
et  qui  ont  déjè  un  volume  assez  considérable,  depuis  celui 
d'une  graine  de  coriandre  jusqu'à  celui  d'un  petit  grain  de 
raisin  (vers  la  quatorzième  année).  Dans  ces  derniers  temps, 
MM.  >iégrier,  Itischoiï,  Courly,  et  Cosle  en  particulier,  ont 
fait  des  observations  coniirmati\es  des  faits  constatés  par 
leurs  prédécesseurs. 

Le  nombre  des  œufs  contenus  dans  l'ovaire  est  excessi- 
vement considérable,  eu  égard  à  ceux  qui  doivent  être  fé- 
condés. U'après  M.  Coste,  Tovaire  de  la  femme,  destiné  à 
n'émettre  qu'une  petite  quantité  d'œufs,  n*est  pourtant  pas 
moins  richement  pourvu  que  celui  des  mammifères  les  plus 
féconds;  d'où  il  faut  conclure  qu'un  très  grand  nombre  de 
ceux-ci  doivent  avorter  de  bonne  heure,  périr  et  être  ré- 


ACTK   OVAIIIV.  59 

sorbes.  Je  dirai  tout  à  l'heure  comment  les  autres,  ayant 
subi  toutes  les  phosesdeieurdéyeloppemenl,  sont  expulsés 
de  la  vésicule  qui  les  contient;  je  dois  à  présent  faire  con- 
naître la  structure  aoatomique  de  l'œuf. 

Il  a  la  forme  d'une  petite  sphère  d'un  diamètre  de  1/15* 
k  1/20*  de  millimètre;  Huschke  dit  l'avoir  trouvé  arrondi, 
mais  oblong,  chez  une  jeune  fille  de  sii  semaines.  Son 
volume  augmente  un  peu  après  sa  sortie  de  l'ovaire  ;  sa  cou- 
leur est  jaunâtre,  claire,  translucide.  Plusieursobservateurs 
en  ont  trouvé  deux  et  même  trois  dans  la  même  vésicule  de 
de  Graaf. 

On  n'est  pas  d'accord  sur  la  position  qu'il  occupe  dans 
la  vésicule.  Suivant  Wagner,  l'œuf  du  chien,  encore  très 
petit  et  non  parvenu  à  maturité,  serait  situé  au  centre  du 
follicule,  et  h  maturité,  il  serait  très  près  de  la  membrane 
interne;  M.  BischolT  prétend  que  c'est  sur  la  membrane 
granuleuse  qu'il  se  trouve  implanté;  M.  Poucbet,  au 
contraire,  assure,  d'après  des  observations  sur  la  truie, 
répétées  un  grand  nombre  de  fois,  qu'il  se  développe  à  la 
surface  interne  de  la  membrane  granuleuse,  mais  qu'une 
fois  formé  il  est  placé  au  point  le  plus  superficiel  de  l'ovisac, 
et  conserve  invariablement  la  même  position  et  ses  rapports 
avec  le  disque  proligère. 

La  structure  de  Tovule  présente  trois  points  à  examiner  : 
1*  la  membrane  vitelline;  2*  le  vitellus;  3*"  la  vésicule  ger- 
minniive. 

Membrane  vitelline.  —  C'est  l'enveloppe  protectrice  du 
vitellus,  h  laquelle  on  donne  aussi  les  noms  de  chorion^  de 
zone  transparente  de  Baër,  de  colemma  pellucidum  de 
Kraiise.  Close  de  toutes  parts,  elle  apparaît  sous  forme 
d'anneau  fort  clair  et  large,  dont  les  contours  externe  et 
interne  sont  accusés  par  deux  lignes  circulaires  bien  tran- 


fiO  FtCONOAIION. 

ch4es,  taiiHia  que  l'intervnlle  e»l  pnrfailemcnt  trnnspfirenl; 
crtle  érorce  n  une  i^paissf>ur  de  1/50,000"  de  mîllimîilre  et 
offre  une  osseï  grande  solidité  ;  elle  e^it  formée  d'une  »uh- 
stanci-  loul  à  fait  liomogène.  incolore  pI  «iftn«  gfotntiatinns. 

f^ilelltis.  —  Conlenii  dons  In  memliroiie  vitelline,  il 
ronsiste  en  une  quantité  tnnomhrnble  de  1res  lins  ^ninules, 
unis  ensemble  par  une  humeur  très  visqueu<ie  et  snsrepttide 
d'éprouver  un  retrait  en  masse,  lorsque  l'cnu  pénètre  par 
endosmose  entre  lui  et  la  membrane  vttelline. 

Vésimle  germinalive  ou  de  Purkiiije.  —  Dérouvorte 
par  M.  Coste,  et  étudiée  par  MM.  Joues.  Vulenlin.  Bern- 
hardl,  c'est  tine  petite  vésicule  de  0""',035  il  0""',OftO,  1res 
fragile  et  transparente.  Elle  est  située  nu  milieu  des  gra- 
nules du  vitellus  qui  peuvent  la  dissimuler.  Klleesl  liyntinc 
et  renferme  un  liquide  qui  contient  des  granules  d'un  jaune 
verdfttre.  Ceui-ci  la  remplissent  en  partie  et  forment  A  son 
centre  un  noyau  «'avançant  presque  jusqu'uu  contact  de  la 
paroi  interne.  C'est  cet  amas  de  granules  coloré?  qui  con- 
stitue la  tache  f/erminative  de  Waj;ner  dont  l'etistenrc  a 
été  constatée  dans  l'espèce  humaine,  les  mammifères  et  la 
plupart  des  animaux. 

L'œuf  que  je  viens  de  décrire  ne  peut,  on  le  comprend, 
subir  dfs  accroissements  ultérieurs,  sans  briser  et  aban- 
donner la  vésicule  de  de  Granf,  et  par  conséquent  sans 
sortir  de  l'ovaire.  Je  vais  rapidement  décrire  ce  double 
travail  d'expulsion  qui  s'opère,  soit  h  l'époque  de  In  mens- 
truation, soit  sous  l'influence  de  l'excitation  du  coit. 

On  «ail  que  les  vésicules  de  de  (Iraaf  sont  d'abord  très 
pelitc.i  et  ensevelies  dans  le  tissu  même  de  l'ovaire.  Elles 
s'arrêtent  quelque  temp^i  à  ce  premier  degré  de  dételop 
pemcnt  pend.int  qu'il  s'en  forme  de  nouvelles;  puis  elle! 
gagnent  le  bord  libre  do  cet  organe,  apparaissent  ù  sj  sur 


J 


ACTE   OVARIBN.  61 

face»  mais  ne  s'isolent  et  ne  se  pédiculeot  jamuis,  comme 
chez  l'oiseau.  Toute  la  portion  de  la  vésicule  qui  s'élève 
au-dessus  de  l'ovaire  devient  mince  et  transparente»  tandis 
que  les  vaisseaux ,  comprimés  par  suite  de  la  dilatation, 
s'atrophient,  s'oblitèrent  même  dans  le  point  le  plus 
saillant. 

Parvenus  ainsi  au  terme  de  leur  accroissement,  les  vési- 
cules semblent  rester  stationnaires  jusqu'au  moment  où 
une  surexcitation  provoquée,  soit  par  In  maturité  de  l'œuf, 
soit  par  le  rapprochement  des  sexes,  vient  en  déterminer  la 
rupture.  Sous  l'influence  de  cette  stimulation ,  le  liquide 
qui  les  remplit  est  sécrété  en  plus  grande  abondance  et 
distend  la  cavité  outre  mesure;  aussi  ses  parois  se  déchi- 
rent dans  le  point  le  plus  culminant,  et,  en  se  rétractant, 
expriment  avec  violence  le  liquide  qu'elles  contenaient. 
On  a  comparé  cette  rupture  h  celle  d'un  abcès  qui  s'ouvre 
spontanément  pour  la  pression  du  liquide  et  pour  la  résorp- 
tion des  parois. 

Le  liquide  exprimé  pnr  le  retrait  du  follicule,  rencon- 
trant sur  son  passage  le  disque  proligère  et  l'œuf  qu'il  ren- 
ferme, détache  et  entraîne  celui-ci,  pendant  que  de  son  c6té 
le  pavillon  de  la  trompe  vient  le  saisir  et  le  diriger  vers  son 
intérieur,  par  l'action  contractile  dont  IS  trompe  est  douée, 
et  par  celle  des  cils  vibratiles  développés  sur  le  pavillon  et 
dans  son  intérieur  et  dont  l'action  s'exerce  de  dedans  en  de- 
hors, selon  les  observateurs  qui  en  ont  constaté  l'existence. 

La  rupture  de  la  vésicule  ne  se  fuit  pas  sans  une  inflam- 
mation assez  intense,  laquelle  se  traduit  par  une  sorte  d'hy- 
pertrophie et  de  tuméfaction  de  la  membrane  interne,  et 
par  la  dilatation  des  vaisseaux  qui  se  trouvent  dans  son 
épaisseur.  Le  feuillet  externe,  au  contraire,  fibreux,  élas- 
|i'{ue,  en  ropport  avec  le  stroma  do  l'ovaire,  ne  participe 


6d  PÉGONDATION. 

pas  0  rinflamrontion ,  et  commence  h  se  rétracter.  La  ré- 
traction de  ce  second  feuillet,  coïnciilant  avec  la  tuméfac- 
tion du  premitT,  qui  est  lié  avec  lui  dans  certains  points 
par  des  brides  fibreuses,  détermine  dans  le  feuillet  interne 
la  formation  de  plis  qui,  croissant  de  plus  en  plus,  arrivent 
bientôt  au  contact  et  donnent  à  l'intérieur  de  la  vésicule 
ovarique  l'aspect  des  circonvolutions  cérébrales.  «  Ce  n'est 
qu'en  dernier  lieu  et  assez  tard,  dit  M.  Pouchet,queles  cir- 
convolutions, après  s'être  avancées  lentement  vers  la  partie 
centrale  de  la  vésicule,  parviennent  k  s'y  rencontrer  et  h  se 
(confondre,  et  alors  la  cavité  de  cet  organe  se  trouve  désor* 
mais  totalement  remplie  par  l'extension  di>  la  membrane 
propre  ;  alors  celle-ci  constitue  un  corps  plus  ou  moins  glo- 
buleux ou  ovdide,  dont  Tintéricur  présente  une  couleur 
d'un  rougr  grisâtre  ou  jaunâtre  pâle,  et  une  consistance 
pulpeuse  qui  semble  tout  ù  fait  analogue  à  la  substance 
grise  du  cerveau  :  c'est  là  le  corps  jaune ^  corpus  lu- 
teiim(l).  » 

Les  corps  jaunes  ont  été,  depuis  leur  découverte,  le 
sujet  de  plusieurs  controverses.  Huschke,  adoptant  dans 
son  entier  la  théorie  de  la  ponte  périodique,  veut  que  l'on 
distingue  les  corps  jaunes  en  vrais  et  en  faux^  les  premiers 
succédant  è  la  fécoAdation,  et  les  seconds  survenant  après 
les  règles.  Mais  cette  distinction  est  inadmissible  dans  l'état 
actuel  de  la  science,  car  il  est  impossible  d'alTirmcr  au- 
jourd'hui que  la  menstruation  implique  toujours  et  fatale- 
ment la  rupture  d'une  vésicule  de  de  Graaf. 

Ku  égard  aux  relations  qui  existent  entre  l'utérus  et 
l'ovaire,  on  peut  dire  que  la  durée  des  corps  jaunes  est  très 
longue.  Le  corpus  luteum  a  atteint  son  apogée  vers  la  fin 

( I  )  Thème paitite  de  Vovulatwn sponianée.  Paris,  4  847, 4  vol.  in-8. 


étHÉKAtioif.  6S 

flo  premier  mois  de  la  gestation.  Au  quarantième  jour,  il 
y  a  adhérence  des  plis  de  la  membrane  interne  et  la  tumé- 
Taction  est  la  plus  grande  possible.  Il  reste  dans  cet  état 
jusqu'au  troisième  mois;  au  quatrième,  il  diminue  de  vo- 
lume, mais  lentement  ;  vers  le  huitième  mois,  il  a  encore 
le  tiers  de  son  volume.  Au  moment  de  l'accouchement,  il  a 
le  volume  d'une  cerise  ;  un  mois  après,  il  ressemble  à  un 
tubercule  lardacé  et  est  gros  comme  un  pois. 

Les  ténèbres  qui  enveloppent  les  débuts  de  la  vie  sont 
aussi  éfiaisses  que  celles  qui  en  masquent  le  terme.  Des 
théories  sans  nombre,  des  hypothèses  diverses,  ont  été 
émises  pour  percer  ces  ténèbres,  et  l'histoire  de  ces  théo- 
ries, dont  la  connaissance  importe  plus  qu'on  ne  croit,  mé- 
rite de  trouver  ici  une  place. 

Quels  que  soient  le  nombre  et  la  diversité  des  systèmes 
produits,  on  peut  tous  les  ramener  è  deux  principes  seule- 
ment :  l'un  admettant  que  l'individu  nouveau  se  forme  de 
toutes  pièces  par  le  mélange  de  ce  que  fournit  l'un  et  l'au- 
tre sexe^  et  l'autre  soutenant  que  l'un  des  sexes  fournit  le 
germe  qui,  à  la  suite  de  divers  développements,  constituera 
l'individu  nouveau. 

Le  premier  de  ces  principes  est  dit  théorie  de  l*épi* 
genèse; 

Et  le  second  est  connu  sous  le  nom  de  théorie  de  l'évo^ 
ItUion. 

J'aurai  pu  prendre  chacune  de  ces  théories  comme  un 
centre  autour  duquel  se  seraient  groupés  les  systèmes  qui 
reconnaissent  son  principe,  mais  j'ai  craint  la  confusion. 

L'ordre  chronologique  m'a  paru  préférable,  parce  que 


6&  FÉCONDATION. 

de  nos  jouri),  grâce  aux  progrès  de  Tanatomie,  la  question 
de  la  préexislencc  des  germes  a  perdu  presque  à  peu  près 
sou  importance,  et  que  de  tous  les  problèmes  ancienne- 
ment débattus  il  n'en  reste  réellement  plus  que  deux, 
par  Texamen  desquels  je  terminerai  ces  considérations  phy- 
siologiques. 

k,  1jp9  séminiêtfH. 

llippocratc  et  Âristote  ont  fourni,  chacun  séparément, 
les  points  de  départ  des  variétés  d'opinions  qui  ont  la  se- 
mence pour  base  :  l'un ,  en  attribuant  un  rôle  h  peu  près 
égal  aux  deux  sexes  dans  l'acte  de  la  génération,  et  l'autre 
en  réservant  au  mftie  seul  la  faculté  réellement  active  et 
réellement  productive. 

llippocrate  (1)  admettait  chez  l'homme  et  chez  la  femme 
deux  sortes  de  semencos  :  la  semence  forte,  qui  produisait 
le  mftie,  et  la  semence  faible,  qui  produisait  la  femelle.  Se- 
lon la  prédominance  de  l'une  ou  de  l'autre  de  ces  semences, 
naissait  un  homme  ou  une  femme  :  <«  Si  la  semence  plus  forte 
vient  des  deux  cdtés,  dit-il,  le  produit  est  mftie;  si  la  se- 
mence est  plus  faible,  le  produit  est  femelle.  Celle  des  deux 
qui  remporte  en  quantité  prédomine  aussi  dans  le  produit  : 
si,  en  efTet,  la  semence  faible  est  beaucoup  plus  abondante 
que  la  forte,  la  forte  est  vaincue,  et,  mêlée  à  la  faible,  se 
transformf*  en  femelle  ;  si  la  forte  est  plus  abondante  que 
la  faible,  la  faible  est  vaincue  et  se  transforme  en  mftie.  De 
même  si ,  mêlant  ensemble  de  la  cire  et  de  la  graisse,  et 
mettant  plus  de  graisse,  on  fait  fondre  le  mélange  au  feu, 
tant  qu'il  sera  liquide ,  on  ne  distinguera  pas  quelle  est  la 

(1)  OEuvres  iT llippocrate,  trad.  parE.  Littré;  liv.  De  la  Généba- 
Tio!»    Parib,  l«5«.  t.  VII,  p.  47î». 


GÉNÉBATION.  65 

sobslancc  qui  l'emporte;  mais  après  coagulation,  on  recon» 
nait  que  la  graisse  est  plus  abondante  que  In  cire.  Il  en  est 
ainsi  pour  la  semence  mule  et  pour  la  semence  femelle  (1).» 

Comme  on  le  voit,  Hippocrate  est  très  explicite,  quand 
il  s'agil  de  la  prédominance  simultanée  chez  les  deux  sexes 
de  Tune  ou  de  l'autre  semence;  mais  il  se  tait  sur  les  résuU 
tats  qu'amènerait  le  mélange  égal  de  la  semence  mâle  d'un 
c6ié,  et  de  l'autre  de  la  semence  femelle.  Dans  ce  système, 
et  le  cas  échéant,  ne  pourrait-on  pas  considérer  cette  cir- 
constance comme  une  cause  de  stérilité  relative? 

Mais  ne  nous  arrêtons  pas  à  de  semblables  hypothèses,  et 
poursuivons. 

Cette  double  semence  venait  de  toutes  les  parties  du 
corps,  et  en  constituait  la  portion  la  plus  active,  la  véritable 
essence.  L'une,  celle  de  l'homme,  avait  pour  réservoirs 
les  testicules,  et  celle  de  la  femme  était  tenue  enfermée 
dans  la  matrice.  Pendant  l'acte  de  la  copulation,  la  semence 
de  l'homme  se  mêlait  à  celle  de  la  femme  dans  l'utérus,  et 
de  ce  mélange,  rendu  écumeux  par  la  chaleur  de  la  ma- 
trice, résultait  le  nouvel  individu,  comme  par  l'effet  d'une 
cristallisation  animale. 

Hippocrate,  qui  rapportait  ordinairement  les  causes  des 
actes  biologiques  et  pathologiques  à  une  force  inconnue  qu'il 
nommait  evoppv,  a  recours  cette  fois  aux  lois  d'une  physique 
grossière  dont  je  demande  la  permission  de  citer  un  échan* 
tiJIon  :  «Si  la  semence  venue  des  deux  parents,  dit-il,  de- 
meure dans  les  matrices  de  la  femme,  d'abord  elle  se  mêle, 
attendu  que  la  femme  n'est  pas  immobile;  elle  se  condense 
et  s'épaissit  en  s'échauiïant  ;  puis  elle  a  du  souille,  et  parce 

(4)  Œuvres  complètes  d'Hippocrate^  traduites  par  M.  Liltré,  t.  VII, 
p.  479. 


66  FtCONDATION. 

qu'elle  est  en  lieu  chaud  et  parce  que  la  mère  respire. 
Quand  elle  est  remplie  de  souflle,  le  soufDc  se  fait  à  lui- 
mfime  une  voie  vers  Texlérieur,  au  milieu  de  la  semencei 
par  où  il  sort.  Quand  une  voie  vers  Textérieur  a  été  faite 
au  souffle  qui  est  chaud,  un  autre  souffle  froid  vient  de 
la  mère  par  inspiration.  El  celte  alternative  dure  tout  le 
temps La  semence  ainsi  soufflée,  s*enloure  d'une  mem- 
brane; autour  d'elle  s*clend  la  partie  extérieure  qui  est 
continue»  a  cause  de  sa  viscosité.  C*esl  ainsi  que  sur  le  pain 
cuit  s'étend  une  mince  supcrflcie  membraneuse  ^  car  le  pain 
échauffé  et  rempli  de  souffle ,  se  soulève ,  et  là  où  il  est 
soufflé  se  forme  la  substance  membraneuse  (1).  o 

Roussel  (2),  en  adoptant  les  idées  du  père  de  la  méde- 
cine, les  a  débarrassées  de  cet  arsenal  inutile,  et  lésa  rame- 
nées dans  le  véritable  giron  hippocratique,  c'est-à-dire  sous 
le  pouvoir  de  l'evopaov. 

GrAce  à  la  présence  de  la  semence  chez  la  femme,  et 
gr&ce  à  l'hypothèse  de  la  semence  forte  et  de  la  semence 
faible,  on  expliquait  facilement  la  ressemblance  entre  les 
enfantH  et  les  parents,  l'hérédité  de  certaines  maladies,  le 
sexe  du  produit,  etc.  IVIalheureuscment,  si  la  théorie  était 
attrayante,  les  bases  qui  lui  servaient  de  fondement  ne 
pouvaient  souffrir  un  examen  un  peu  sérieux.  U'abord, 
Uippocrate  n^appuie  sur  aucune  preu>e  l'existence  de  la 
double  semence;  il  établit  comme  article  de  foi,  comme  un 
axiome  qu'il  n'est  pas  nécessaire  de  démontrer,  la  présence 
chez  rhomme  et  chez  la  femme  de  la  semence  mêle  et  de 
la  semence  femelle. 

Pour  établir  que  la  femme  possède,  comme  l'homme, 

{!)  OEuvrcs  compU'ti'S  d'HipiKtcmU'^  traduites  par  M.  Liliré,  l.  VII, 
p.  487  el  4S9. 

.'t)  Systèmi.'  lihysitjuc  et  moral  de  la  femme,  édition  Cerise,  p.  201. 


GiNÉRATIOR.  67 

anc  liqueur  indispensable  h  la  génération,  il  se  fonde  sur 
les  quatre  propositions  suivantes  : 

1°  La  femme  rend  de  la  semence  comme  Thomme  ; 

2*  Elle  ressent  la  môme  volupté; 

3*"  La  tendresse  pour  les  enfants  est  égale  deux  cAtés; 

&®  Les  enfants  ressemblent  aux  deux  époux. 

La  première  de  ces  propositions  pouvait  élrc  acceptée 
comme  vraie  du  temps  d'IIippocrate,  mais  les  progrès  de  la 
science  ne  permettent  plus  aujourd'hui  de  comparer  nu 
sperme  In  sérosité  que  sécrètent  la  plupart  des  femmes  pen- 
dant l'acte  du  coït. 

La  volupté,  d'après  Hippocrnte,  étant  duc  chez  Thommc 
a  l'émission  du  sperme,  il  était  raisonnable  d'admettre 
que  chez  la  femme  les  mêmes  effets  étaient  produits  par  la 
même  cause.  Je  prouverai  ailleurs  que  l'émission  du  sperme, 
loin  d'être  le  promoteur  de  la  volupté,  est,  au  contraire, 
le  signal  de  sa  terminaison. 

La  tendresse  pour  les  enfants  est  rarement  égale  des 
deux  côtés  :  dans  la  grande  majorité  des  cas,  l'amour  ma-* 
ternel  laisse  bien  loin  derrière  lui  l'affection  du  père,  et 
l'on  ne  peut  recourir,  pour  l'explication  de  faits  purement 
physiques,  à  des  considérations  morales,  essentiellement 
variables  selon  les  circonstances  au  milieu  desquelles  elles 
se  produisent. 

Enlin^  la  ressemblance  entre  les  enfants  et  le»  parents 
n'est  pas  une  preute  tellement  exclusive  de  Tcxistence  de 
la  semence  chez  la  femme,  qu'elle  n*ait  été  également 
et  tour  à  tour  invoquée  par  les  ovaristes  et  les  animal- 
cul  istes. 

Conume  on  le  voit,  les  raisons  sur  lesquelles  se  fonde 
Hippocratc  pour  admettre  une  liqueur  séminale  dans  les 
deux  sexes  n'ont  pas  plus  de  fondement  que  la  proposition 


08  FÉCONDATIOS. 

iiar  la<iucllu  il  soulienl  que  la  semence  mâle  est  sûitl-Uo 

du  côté  droit,  et  In  semence  remelle  du  cillé  {•niitlie  (1). 

Aristote  ('2)  s'éloigne  de  ro|iinion  d'Ilippocrnle  eu 
n'admettant  pas  une  semence  chei  la  femme.  C'est  au  s  mens- 
trues qu'il  attribue  le  râle  que  In  femme  joue  dans  Tucle 
de  In  génération,  et  r.'cst  à  ce  sang  qui  constitue  la  base 
de  l'individu  nouveau,  que  le  sperme  de  l'homme  vient  don- 
ner la  vie  et  la  forme  qu'il  doit  rovMir;  en  d'autres  termes, 
et  pour  nous  servir  des  e»|ires5ions  métaplioriqucs  d'Aris- 
tole  lui-métne,  le  sang  des  règles  est  le  mnrbre,  le  sperme 
le  sculpteur,  et  te  fœtus  In  statue. 

Avicenne  adoptn,  sans  la  modifier,  la  tiiéorie  d'Aristote, 
et  la  répandit  ainsi  dans  tonte  l'érole  arabique. 

Malgré  d'incontestables  progrès  accomplis  diins  cvttu 
partie  de  la  science,  malgré  les  cupifriences  de  llaney,  et 
les  di^couverlcs  dn  Sténon,  de  de  Granf,  de  Snammcrdam, 
JeHam,deLeeuwenliuekel  llorlsœker.quclques  modernes 
ont  repris  les  idées  d'Hippocralc  et  d'Aristote,  en  leur  im- 
primant seulement  le  caractère  du  systime  scientifique 
dominant  h  leur  époque.  Ucscartes,  que  l'on  s'étonne  de 
trouver  ici  en  compagnie  des  péripotéticiens,  veut  que 
l'individu  nouveau  se  forme  par  suite  d'un  mouvement  du 


(I)  C'est  i  colle  opinion  d'Hippocrato  qui!  faut  faire  remonter 
l'itaege  que  daa  matrones  c^uscrvem  mËmo  encore  aujourd'hui  dans 
certains  pays,  du  faire  couclior  par  terre  uno  fenime  grosse  el  de  lui 
ordonuer  ensuiio  do  se  lever.  Si  elle  prend  son  point  d'appui  à  droite, 
l'enfant  A  DalLru  sera  un  gardon,  ut  vkt  versa.  De  nombreuses  obser- 
vations BoaUimo-iialhologiques  proteste  raient  facilement  contre  l'opi- 
nion d'UippocrelL',  si  tout  te  monito  no  savait  pas  qu'un  homme  privé 
d'an  testicule  engendre  indi^iincteuieiil  des  dites  el  des  garçons. 

(S)  Util,  animât.,  lib.  Vil,  cap.  xtii,  et  Genrrat.  animai. ,liix.  II, 


OÉlfiRATION.  G9 

fermentation  qui  s'établit  dans  les  semences  des  deux  sexes. 
PascholiSf  fidèle  aux  principesdeTécoleiatro  chimique,  voit 
dans  la  semence  de  l'homme  une  substance  acide,  et  dans 
celle  de  la  femme  une  substance  alcaline ,  et  considère  le 
fœtus  comme  le  résultat  de  la  combinaison  de  ces  deux 
corps  hétérogènes.  Roussel ,  cAtoyant  la  philosophie  de 
Rousseau,  prête  à  la  matrice  un  admirable  instinct  :  «Dans 
notre  supposition, dit-il,  la  semence,  au  lieu  d'être  un  amas 
d*organes  ébauchés,  ne  sera  qu'une  matière  animalisée, 
dont  chaque  partie  sera  capable  de  devenir  un  centre  d'ac- 
tivité, comme  chacun  d'un  morceau  d'un  polype  peut  de- 
venir un  polype.  Cette  matière,  lancée  dans  la  matrice,  s'y 
attachera  en  totalité  ou  en  partie;  cet  organe,  frappé  par 
la  sensation  qu'il  désirait,  et  que  la  présence  de  cette  matière 
lui  procure,  s'en  emparera  aussitôt,  y  ajoutera  ce  qui  lui 
manque  pour  former  un  fœtus,  la  couvrira  des  enveloppes 
qui  doivent  la  mettre  à  Tabri  des  accidents,  et  concourir  avec 
les  autres  moyens  à  lui  donner  le  degré  de  perfection  qu'elle 
y  doit  recevoir  (1).  »  Maupertuis(*2),  dominé  par  les  idées 
matérialistes  de  son  école,  reconnaît  que  les  semences  des 
deux  sexes  contiennent  toutes  les  parties  de  l'individu 
nouveau,  et  que  dans  leur  mélange,  pendant  le  coït,  cha- 
cune de  ces  parties  s'attire  et  s'agrège  par  une  sorte  de 
cristallisation. 

Malgré  son  immense  génie  et  son  talent  d'observation, 
Buffon  (â)  n'a  brodé  qu'un  roman  sur  les  idées  d*Hippocrate, 
et  ses  molécules  organiques  et  sa  force  vitale  qu'il  ne  faut 

(1)  Système  physique  et  moral  de  la  femme^  chap.  III,  p.  300,  édi- 
tion Cerise. 

(2)  Vénus  phymque. 

(3)  Histoire  naturelle,  t.  III,  chap.  ii,  m,  iv,  vi,  vu  cl  vin,  t.  IV, 
chap.  X  el  XI. 


I 


70  FkCONDATION. 

pM  «wfiMiilrc  a\ne  celle  île  Gardiez,  t-oul  les  fruit»  d'uno 
iMH;wilinn  brillaiile  et  amoureuse  ilii  merveillcui, 

D'ipr^  cet  illuïitro  iialurolisk%  il  exiMe  ilans  la  nnlurc 
émit  oulièref,  t'uitc  vivante,  et  l'autre  morte,  i|iii,  pur  leurs 
ditvrwt  combinaisons,  donnent  naissance  à  tous  les  êtres 
ot^iiniitûii.  La  matière  vivante  est  formée  par  une  iniinilé 
ilo  petites  particules  incorruptibles,  iiiijiérisitables,  passant 
tour  t  tour  (les  végétaui  aux  nnimuiiv,  cl  des  animaux  nut 
v^étaut,  pur  lu  nutrition  et  la  mort,  et  dont,  par  consi^- 
quvnt,  le  nombre  est  à  jainai.4  délcrmini^  dans  l'univers; 
cet  particules  sont  ce  que  BulTuii  appelle  tes  niolécules 
organiques.  Ces  molécules,  doiit  la  forme  est  indécise,  sa 
moulent  d'uliuril  Kur  les  végétoux  et  les  animiiui,  et  corn 
courent  ensuite  à  leur  nutrition  et  à  leur  dételoppement. 
Lorsque  co  développement  est  complut,  les  aniinaui  et  les 
végétaux  renvoient  dans  des  réservoirs  spéciaux  les  molécules 
superflues,  après  toutefois  <|ue  ces  molécules  ont  rovAtu  la 
forme  de»  organes  où  elles  étaient  contenues,  de  telle  sorte 
qu'elles  sont  des  extraits  de  toutes  les  parties  du  corps. 

Tel  est  le  mode  de  formation  des  semences  de  l'un  cl 
l'autre  sexe. 

Pour  accomplir  la  génération,  ces  semences  se  mêlent 
pendant  te  coil,  ctlaméme  forrequi  tantôt  assimilaitlcs  mo- 
lécules organiques  aux  parties  du  corps  pour  nourrir  cl  faire 
croître  celles-ci,  les  rapprochi?  alors  et  les  fuit  s'agréger, 
La  prédominance  des  molécules  du  mâle,  ou  des  molécules 
de  la  femelle,  rend  compte  du  sexe  du  proJutt  ;  la  formation 
de  la  semence,  qui  est  lu  réunion  des  muléculei  organiques 
Hiipcfflues,  fuit  comprendre  la  nécessité  de  certains  phéno- 
mènes, tels  que  l'impossibilité  de  reproduire  son  semb'able 
avant  l'époque  du  développement,  la  maigreur  qui  suit  les 
ibns  vénériens,  cl  l'embonpoint,  au  contraire,  qui  earac- 


GÉlVÉRATIOll.  71 

tërise  les  eunuques  et  les  animaux  mutilés,  etc.  La  ressem- 
blance entre  les  enfants  et  le  père  ou  la  mère  tient  à  une 
plus  grande  quantité  de  molécules  organiques  fournies  par 
le  mAle  ou  par  la  femelle,  et  la  supériorité  numérique  des 
garçons  sur  les  filles  dans  l'espèce  humaine  aurait  pour 
cause  la  faiblesse  plus  grande  des  femmes,  qui  fournissent 
une  semence  plus  faible  que  celle  de  Pbomme ,  ou  qui  en 
émettent  moins  que  lui. 

Je  le  répète,  malgré  le  génie  de  Buffon,  cette  tbéorie 
est  insoutenable»  parce  qu'elle  ne  repose  sur  aucune  obser-* 
vation  rigoureuse.  Il  n'est  pas  vrai  qu'il  existe  deux  ma* 
tières,  Tune  vivante,  l'autre  morte  :  la  matière  organisée 
n'est  que  la  matière  générale  modifiée  par  un  principe 
inconnu  qu'on  appelle  la  vie  et  qui  tend  sans  cesse  à  se  dér 
Iruire  pendant  que  la  matière  générale  tend  à  s'organiser. 
De  plus,  d'où  viennent  ces  moules  constitués  par  les  ani* 
maux  et  les  végétaux  7  et  puis,  si  les  molécules  organiques 
tenues  en  dépdt  dans  les  testicules  de  l'homme  et  dans  les 
ovaires  de  la  femme,  ne  sont  que  la  reproduction  de  cer- 
taines parties  du  corps^  de  quelle  manière  comprendre  que 
des  enfants  bien  conformés  naissent  de  parents  mutilés,  et 
comment  expliquer  l'existence  des  parties  annexes  du 
fœtus? 

Si  de  pareilles  difficultés  naissent  des  conclusions  de  la 
théorie,  que  sera-ce  si  nous  abordions  les  bases  mêmes  du 
svslème?  De  quel  droit  Buffon  donne-t-il  aux  animalcules 
spermatiqucs  les  propriétés  qu'il  reconnaît  aux  molécules 
organiques?  et  par  quelle  expérience  a-t-il  reconnu  que  le 
liquide  contenu  dans  l'ovaire  était  identique  avec  la  liqueur 
séminale  de  l'homme? 

Non,  cette  théorie^  quelque  brillanle  qu'elle  soit,  quel- 
que autorité,  quelque  garantie  qu'elle  puise  dans  le  nom 


72  FtCONDATION. 

de  son  auteur,  ne  peut  pas  plus  être  admise  que  les  idées 
d'Hippocrote,  d'Aristolc  et  de  tous  les  séminisles  (1). 

B.  Le$  ovariêiei. 

Jusqu'à  la  renaissance  des  lettres,  c'est-à-dire  jusque 
fers  la  fin  du  xV"  siècle,  les  physiciens,  comme  on  appelait 
alors  les  physiologistes,  se  contentaient  du  système  d'Hip* 
pocrate  ou  d'Aristote,  et  ne  concevaient  pas  autrement  la 
génération  que  par  le  mélange  de  la  liqueur  prolifique  de 
l'homme,  avec  un  liquide  également  prolifique  fourni  par 
la  femme,  que  ce  liquide  fût  de  la  semence,  comme  le  voulait 
Hippocrate,  ou  qu'il  fût  constitué  par  les  menstrues,  ainsi 
que  le  prétendait  Aristote. 

Mais,  lorsque  les  sciences  prirent  un  nouvel  essor  sous 
l'inspiration  des  savants  chasses  de  Constonlinople,  l'ana- 
tomie  et  la  physiologie  secouèrent  les  langes  dans  lesquels 
les  avait  tenues  enfermées  le  moyen  âge ,  à  ce  point  que 
Harvey,  rompant  avec  les  anciennes  traditions,  proclama 
son  aiiome  célèbre  :  Omnevivum  abovo. 

A  peu  près  à  la  même  époque,  Sténon,  de  Graaf  et 
Swammerdam  se  disputèrent  l'honneur  d'avoir  découvert, 
dans  les  testicules  de  la  femme,  autre  chose  que  ce  que 
les  anciens  s'étaient  obstinés  à  y  voir,  et  proclamèrent  que 
ces  organes,  loin  de  sécréter  une  semence,  comme  l'avait 
pensé  l'école  hippocralique,  étaient  des  réservoirs  dans 
lesquels  la  nature  déposait  les  œufs  que  devait  féconder  le 

(I)  Le  système  do  Buflbn  a  trouvé  beaucoup  do  contradicteurs, 
mais  les  plus  im|>ortanls  sont  Hallcr  (//ixfotr/*  mi/uri'/M,  Ch.  Bonnet 
(  CoMideralions  sur  les  corits  organises),  et  l'auteur  anonyme  de  VArl 
de  faire  des  ynrçons,  que  l'on  fcait  être  Procopc  Coutreau. 


GÉNÉRATION.  7S 

sperme  de  rhonime;en  conséquence,  ces  organes  cessèrent 
de  s'appeler  testicules  et  prirent  le  nom  d^ovaires. 

Le  mystère  de  la  génération  parnt,  dès  lors,  h  jamais 
dévoilé,  et  à  la  femme  seule  fut  dévolu  tout  le  mérite  de  la 
propagation  de  l'espèce. 

Les  partisans  de  Técole  qui  se  forma  à  la  suite  de  la  dé- 
couverte des  œufs  sont  connus  dans  riiisloire  sous  la  déno- 
mination d'ovarisles. 

Harvey  avait  été  amené  h  dire  que  tout  animal  vient  d'uQ 
œuf,  par  l'observation  de  ce  qui  se  passe  chez  les  ovipares, 
et  à  attribuer,  dans  l'acte  de  la  génération,  le  rôle  prin-» 
cipal  à  la  femme,  par  analogie  avec  celui  de  certaines 
femelles  qui  pondent  leurs  œufs  avant  même  d'avoir  été 
fécondées.  Plus  tard,  lesovaristes  trouvèrent  d'autres  points 
de  comparaison,  non-seulement  dans  la  série  animale,  mais 
encore  parmi  les  végétaux,  et  ces  études  comparatives  les 
amenèrent  a  admettre  également  pour  l'homme  la  préexis- 
tence des  germes.  En  effet,  il  était  didicile  de  nier  que  dans 
les  plantes,  la  graine  existe  en  rudiments  dans  la  fleur, 
bien  avant  que  le  pollen  lui-même  soit  arrivé  à  maturité; 
que  dans  la  classe  des  oiseaux,  l'ovulation  ait  lieu  chez 
les  femelles  vierges;  que  chez  les  poissons,  les  reptiles 
batraciens,  la  fécondation  ne  s'opère  qu'après  la  sortie  des 
œufs,  etc.,  etc.  En  même  temps,  Spallanzani  constata  la 
présence  de  têtards  dans  des  œufs  de  grenouille  non  fécondés, 
et  ïlaller  fit  la  même  remarque  à  l'égard  de  l'œuf  de  poule, 
à  l'occasion  du  vitellus  qu'il  regarde  comme  une  dépendance 
de  l'intestin  du  fœtus. 

Les  ovaristes,  auxquels  étaient  faites  des  objections  que  je 
rapporterai  tout  h  l'heure,  étayaient  leur  système  sur 
diverses  autres  considérations.  Ils  citaient,  comme  prouvant 
la  préexistence  du  germe  chez  la  femelle,  ce  qui  se  passe 


7&  P^GORDATIOIV. 

chez  certaines  espèces  animales,  où  une  seule  ropiilalion 
suffit  pour  féconder  plusieurs  générations  successives  :  cette 
particularité  esl,  en  eflety  incontestable  chez  les  pucerons, 
où  neuf  générations  sont  produites  par  une  seule  fécon- 
dation, et  chez  les  monocles,  où  cet  efTet  s'étend  jusqu'à  la 
quinzième  génération. 

Enfin  les  expériences,  lentées  d'obord  par  Swammcrdam, 
puis  par  Roësel,  et  en  dernier  lieu  par  Spallanzoni,  et  ayant 
pour  but  des  fécondotions  artificielles,  parurent  aux  ova- 
ristes  ne  loisser  aucun  doute  sur  la  préexistence  du  germe 
dans  l'œuf  de  la  femelle. 

Mais,  objectait-on  aux  ovaristes,  en  admettant  cette  pré- 
existence, comment  expliquer  la  ressemblance  de  l'enfant 
et  du  père?  comment  se  rendre  compte  de  certaines  mons- 
truosités, et  comment  concevoir  l'influence  du  mAle  dans 
la  production  des  hybrides  chez  les  végétaux,  des  métis  chez 
les  animaux,  et  des  mul&tres  chez  Thomme?  Evidemment, 
répondairnt  les  ovorisles,  le  mAle  joue  un  rdie  queN 
conque  dans l'acle  de  la  génération;  sans  lui,  la  reproduction 
est  impossible,  et  les  œufs,  condamnés  i\  subir  son  influence, 
ne  roroivent  l'impulsion  que  de  lui. 

Mais,  cette  influence,  il  leur  était  impossible  de  la  spéci- 
fier et  de  lu  limiter;  ils  la  reconnaissaient  comme  indispen- 
sable, et  lui  ropportaient  les  difficultés  qu'ils  rencontraient 
dans  leur  marche.  D'ailleurs,  ajoutaient-ils,  Taccouplement 
irrégulier  d'où  résultent  les  hybrides  et  les  métis  n'a  guère 
lieu  qu'entre  des  espèces  et  des  variétés  fort  rapprochées,  et 
n'a  jamais  été  ol)«4cr\é  entre  des  espèces  un  peu  distantes; 
on  doute  nu>me  de  la  possibilité  du  jumart,  qui  résulterait  du 
ra|iprocliement  du  taureau  et  de  la  cavale;  de  plus,  ces 
produits,  s'ils  ne  sont  pas  stériles,  ne  peuvent  donner  nais- 
sance à  un  nou>el  être  que  jus(|u'à  un  certain  nombre  de 


GÉKiRATIONk  75 

générations,  et  reviennent  promptement  au  type  maternel, 
s'ils  sont  abandonnés  à  eux-mêmes.  Par  conséquent,  tout  en 
admettant  Tinfluence  du  mâle  dans  l'acte  de  la  reproduction, 
il  faut  reconnaître  que  le  rôle  principal  est  dévolu  à  la 
femelle,  qui  est  le  dépositaire  des  germes  que  le  sperme 
vient  aviver. 

Mais  ce  germe  préexistant  h  toute  fécondation,  quand  et 
comment  se  forme  t- il?  Est-ce  une  partie  inhérente  et 
essentielle  n  l'organisme  de  la  femelle,  comme  la  matrice, 
la  glande  mammaire,  etc.?  où  est-ce  le  produit  d'une 
sécrétion  plus  ou  moins  lente?  En  un  mot,  par  quelle  mys- 
térieuse opération  le  germe  se  trouve-t-il  logé  dans  le 
corps  de  la  femme? 

A  ce  point  de  vue,  les  ovaristcs  offrirent  entre  eux  trois 
principales  dissidences  que  je  vais  ropidemcnt  passer  en 
re\ue. 

1®  Panspermie,  ou  dissémination  des  germes.  —  Dans  ce 
système,  les  germes  de  tous  les  êtres  vivants,  tant  végétaux 
qu'animaux,  auraient  été  créés  dès  le  commencement  du 
monde  et  répandus  dans  l'espace,  attendant,  pour  se  déve- 
lop|)er,  des  corps  capables  de  les  retenir  et  de  les  faire 
croître,  c'est-à-dire  des  corps  semblables  à  eux.  La  faculté 
dont  jouissent  tous  les  êtres  vivants  de  reproduire  plus  ou 
moins  exactement  les  parties  dont  ils  sont  accidentellement 
privés  était  le  motif  principal  sur  lequel  reposait  cette 
étrange  opinion.  Il  est  incontestable,  en  effet,  que  cette 
faculté  est  réelle,  et  d'autant  plus  appréciable  que  les  ani- 
maux sur  lesquels  on  l'observe  sont  moins  élevés  dans 
l'échelle  zoologique.  Mais,  en  acceptant  cette  hypothèse,  il 
faut  nécessairement  admettre  un  terme  à  toutes  les  espèces 
vivantes  connues,  cnr,  quelque  considérable  que  l'on  sup- 
pose le  nombre  des  germes  créés,  ce  nombre  va  graduelle- 


7r. 

mcnl  s'aiïiiiblissanl 

on  instant  où  noiro  f-lolie  mnnquern  tout  il  In  Tois  de  vi^g^- 

loux  et  (l'onimauK.  Mois  il  c$t  inutile  do  nous  nrrrter  plus 

tunglem}>$  sur  un  syslùnie   dont   l'ubsurditiJ    Tait  tout  (c 

mérite. 

2°  EmboUemenl  lies  germes.  —  Ccsyslf-mc,  inicnlépar 
Vallisnicri  ou  Swanimerdiini,  et  Hf^fendu  nvee  nrdenr  pnr 
Bonnet,  veut  qui-  ùnws  l'ovnire  de  In  premitTc  fentinu  se 
soient  trouvés  les  gprines  de  toute  In  race  humaine.  Cette 
opinion  bitarre,  (]uc  Mnlcbninclic  n'u  pas  craint  il'udopter, 
étonne  l'esprit  sur  la  divisibilité  de  la  matière.  Le  privilège 
de  rinlîni  dont  on  n  doit!'  notre  première  mère  doit  Cire 
égiitement  allribui^  à  toutes  les  femmes,  de  telle  sorte  (]n*il 
Taut  admettre  non-scnleniont  un  iuRnî  créé,  mats  encore 
une  inKnilé  d'infinis  créés  ocluellcnient  existants,  et  une 
infinité  d'înlinis  a  \cnir:  Oîi  s'arrêter  sur  relie  pente  incoin- 
mensuroble?  D'ailleurs,  l'iiifini  est-il  bien  de  ce  monde,  et 
esl-il  donné  à  t'homme  de  jouir  d'une  chose  sons  Un?  Pour 
échapper  ù  cette  objection,  les  partisans  de  rcmbottemenl 
des  germes  ont  odmis  que  cet  emboîtement  avait  un  terme, 
et  qu'à  un  moment  donné  tes  oeufs  n'en  contiendraient  plus 
d'autres.  Cette  concession  failc  aui  dogmes  religieux  est 
loin  de  lever  toutes  les  dtflicultés;  il  reste  h  savoir  com- 
ment Kve  a  été  instituée  la  première  dépositaire  du  genre 
humutn,  et  combien  cliuijue  femme  revoit  pour  su  part  du 
germes  emlioités,  (^luelque  faible  que  soit  celle  part,  et  en 
considérant  le  pi-tit  nombre  d'individus  qui  voient  te  jour  en 
comparaison  des  germes  créés,  on  se  prend  n  douter  de  la 
sagesse  de  la  nature,  qui  sncrilie  li  un  seul  inditidu  des 
millions  et  peul-étre  de*  milliards  d'êtres  sur  lesquels  su 
puissance  créatrice  s'était  étendue 

Malgré  l'outorité  et   le  talent  de  ses  défenseurs,  cette 


J 


GÉNÉRATION.  77 

cause,  trop  rortcmciit  compromise  par  les  élans  d'une  ima- 
gination amoureuse  d'hypothèses,  n*a  pas  trouvé  grâce 
devant  la  postérité,  qui,  cette  fois,  s'est  rangée  à  l'avis  de 
Buiïon  contre  Bonnet. 

â'  Génération  gemmipare^  ou  unovisles.  —  Harvey ,  qui, 
le  preroier,'avait  formulé  Taiiome  :  Omne  vivum  ab  ovo^  et 
qui,  selon  l'heureuse  expression  de  Maupertuis  (1),  fit  un 
massacre  savant  d<!S  biches  et  des  daines  des  parcs  de 
Chafles  I",  désespérant  de  pénétrer  jamais  expérimentale- 
ment le  secret  de  la  génération,  eut  recours  h  une  hypothèse 
étrange:  comme  il  n'avait  jamais  rencontré,  contrairement 
à  Verheyen,  des  traces  de  sperme  dans  la  matrice  et  les 
ovaires,  il  avança  que  la  femelle  est  fécondée  par  le  mâle, 
comme  le  fer,  après  qu'il  a  été  touché  par  l'aimant,  acquiert 
la  vertu  magnétique.  En  terminant  cette  dissertation 
obscure,  Harvey  finit  par  comparer  la  matrice  au  cerveau, 
et  veut  que  l'une  conçoive  le  foetus  comme  Vautre  les  idées 
qui  s'y  forment. 

L'opinion  de  Harvey  a  trouvé  des  partisans  dans  les 
temps  modernes  ;  seulement  l'action  sécrétoire  a  été  enlevée 
à  la  matrice  et  dévolue  à  l'ovaire.  MM.  Grimaud  de  Caux 
et  Martin  Saint-Ange  sont  on  ne  peut  plus  explicites  sur  ce 
point  :  «  Ce  n'est  pas  ici  le  lieu,  disent-ils,  de  prouver  que 
le  produit  fourni  par  l'ovaire  est  le  fait  d'une  véritable  sé- 
crétion ;  c'est ,  pour  nous,  une  vérité  que  nous  essaierons 
peut-être  un  jour  d'établir  sur  des  fondements  irrécusables. 
Nous  dirons  seulement  aujourd'hui  que  les  grains  que  l'on 
remarque  h  la  grappe  des  gallinacés  ne  sont  pas  des  œufs; 
que  la  poule,  par  exemple,  ne  perd  pas  un  grain  de  sa 
grappe  toutes  les  fois  qu'elle  pond  un  œuf;  que  chaque 

(1)  Vénui  pAysigutf,  chap.  vu,  p.  54,  édition  de  4777. 


78  FECONDATION. 

gruin,  nu  contrnirc,  doil  être  considiSré  comme  un  conduit 
excréteur  de  l'orgnne  de  sécrëtion  qui  est  pro|)remont 
l'oviiirc.  Or,  si  l'ovaire  est  un  orgunc  sécrétoirc,  il  est  évi- 
dent qu*il  rentre  dans  la  condition  de  tous  les  autres  organes 
analogues  de  Téconomic  animale,  qui,  avec  des  matériaux 
semblables  apportés  par  le  sang  artériel,  fournissent  chacun 
des  produits  nouveaux  et  diiïérenls  en  tout  point  des  élé- 
ments qui  ont  concouru  h  les  former  (1).  » 

l)*après  les  faits  récents  acquis  k  la  science,  il  faudrait 
supposer,  en  admettant  l'opinion  de  MM.  Grimaud  deCaux 
et  Marlin*Suint-Ange,  que  la  sécrétion  ovarique  précède 
de  beaucoup  toutes  les  autres  fonctions  de  ce  genre ,  car 
Mi\l.  iNégrier,  Bischofi',  Courty,  et  (loste  en  particulier,  ont 
fait  des  observations  confirmatives  de  celles  de  Carus  qui 
avait  rencontré  des  œufs  dans  li*s  o> aires  des  fictns,  de  telle 
sorte  que  la  femme  enceinte  porte  avec  elle  trois  géné- 
rations. 

Ces  faits,  <|ui  nous  nunèneiil  h  la  théorie  de  l'évolution 
dont  nous  éloignaient  les  idées  de  llarvey  et  celles  de 
MM.  (irimaud  de  (]au\  et  Mnrtin-Saint-Ânge,  établissent 
que  Tiruf  e^t  un  élément  anatomique,  et,  comme  tel,  se 
formant  de  toutes  pièces. 

Dans  les  divers  systèmes  auxquels  donna  naissance  la 
découverte  des  œufs,  et  que  je  viens  d'e\poser,  on  accor- 
dait le  nMe  principal ,  dans  l'acte  de  la  génération ,  à  ces 
nouveaux  organes  de  la  femme,  et  l'on  n'attribuait  au 
sperme  qu'une  faculté  pénétrante,  active,  capable  de  fé- 
conder Tœuf  en  donnant  la  vie  h  l'embryon  qui  y  est  con- 

Ij  /*/»t/«io/«j/iV  (/f /Vs/H'iv  ^   histoire   tic  lu   ijnirnilion  ilc  i  homme , 
I  vol.  gr.  in-4,  p.  446. 


GÉNÉRATION.  79 

tenu.  Mais  le  problème  n'était  pas  eotièremenl  résolu,  et 
il  restait  à  savoir  comment  le  sperme  arrivait  à  l'œuf,  dans 
quelle  partie  des  organes  de  la  femme  cette  rencontre  avait 
lieu,  et  de  quelle  manière  la  fécondation  s'opérait. 

Sous  le  premier  rapport,  les  expériences  de  Harvey  je^ 
tèrenl  les  physiologistes  dans  un  grand  embarras.  Comme 
l'illustre  expérimentateur  n'avait  jamais  trouvé  de  traces  de 
sperme  dans  la  matrice  des  biches  et  des  daines,  dont  il  avait 
fait  on  savant  massacre^  quelques  instants  après  l'approche 
du  mÂle,  les  uns  admirent  un  aura  «emma/ii  qui,  sous  forme 
de  vapeur,  arrivait  jusqu'à  l'ovaire  en  traversant  la  matrice 
et  les  trompes;  et  les  autres  prétendirent  que  le  sperme 
était  absorbé  par  les  vaisseaux  de  la  matrice,  porté  dans 
la  masse  du  sang,  et  ramené  ainsi,  par  les  secondes  voies, 
jusqu'à  Tovaire.  Ces  derniers  donnaient  pour  prouve)  de 
leur  manière  de  voir,  les  changements  qui  s'opèrent  chex 
les  femelles  fécondées  :  les  accidents  que  la  femme  éprouve 
au  début  d*une  grossesse  étaient  dus  à  la  présence  du  sperme 
dans  le  sang,  et  Todeur  dont  la  chair  et  le  lait  de  certaines 
femelles  s'imprègnent  après  la  fécondation ,  comme,  par 
exemple,  la  chair  de  la  chèvre  qui  sent  le  boue,  devait  être 
rapportée  à  la  même  cause. 

Cependant  Verheyen  avait  été  plus  heureux  que  Harvey, 
et  avait  découvert  une  fois  du  sperme  dans  la  matrice  d'une 
vache.  Les  uns  nièrent  le  fait,  et  les  autres  n'y  attachèrent 
auconc  importance,  disant  avec  l'auteur  de  Y  Art  de  faire 
des  garçons (i)  :  «Si  cela  est  arrivé  une  fois,  c'est  par  un 
accident  qui  ne  tire  point  à  conséquence;  c'était  le  coup 
d'essai  d^one  jeune  vache,  dont  la  matrice,  novice  encore,  ne 
savait  apparemment  pas  bien  son  métier,  et  retint  mal  à 

(I)  On  sait  que  Taoteur  est  Procope  Coutreau,  édition  de  Mont- 
pellier, 1782,  p.  4  08. 


80  FÉCONDATION. 

propos  pour  elle  ce  qui  lui  a\Qil  clé  confié,  pour  le  faire 
passer  ailleurs.  » 

Faites  donc  de  la  science  avec  de  semblables  raison- 
nemenls  !  !  ! 

La  détermination  du  point  de  rencontre  du  sperme  et  do 
l'œuf  di\isa  moins  profondément  les  savants  que  les  autres 
parties  du  problème.  Les  expériences  de  Ilarvcy  s'oppo- 
saient a  admettre  cette  rencontre  dans  la  matrice^  contrai- 
rement à  Ilippocrate,  qui  l'avait  supposée  pour  les  liqueurs 
séminales  de  Thomme  et  de  la  femme;  et  rexistcnce  bien 
constatée  de  certaines  grossesses  tubaires  lit  penser  a  quel- 
ques-uns que  la  fécondation  ou  l'imprégnation  de  Tœuf 
pouvait  avoir  lieu  dans  les  trompes  de  Fallope.  Cependant 
cette  opinion  eut  |jcu  de  partisans,  et  le  plus  grand  nombre 
considéra  l'ovaire  comme  un  petit  ermitaye  oit  le  germe 
recevait  la  visite  du  sperme^  soit  indirectement,  soit  sous 
forme  de  vapeur,  soit  mêlé  avec  le  sang.  C'était  pendant 
cette  visite  que  le  sperme  mettait  en  action  sa  faculté  active, 
pénétrante  et  fécondante  ;  après  quoi  l'œuf  fécondé  se  dé- 
tachait de  l'ovaire,  pénétrait  dans  In  trompe,  et  arrivait 
enfin  dans  la  matrice. 

Quelques  savants,  plus  physiciens  que  phjsiologistes,  se 
révoltèrent  contre  la  faculté  attribuée  au  sperme,  et  la 
repoussèrent  comme  une  hypothèse  gratuite  et  inintelligible 
à  régale  de  la  faculté  génératrice  des  anciens  et  du  nisus 
formativns  des  modernes.  Ils  se  replièrent  sur  la  chimie, 
eurent  recours  à  une  espèce  de  fermentation  qu'ils  décorè- 
rent du  nom  harhfkvcd'intussuiceptiony  et,  comme  il  leur  fal- 
lait deux  liquides  pour  obtenir  cette  opération  chimique,  ils 
établirent  un  svstèmc  mixte  entre  les  séministes  et  les  ova- 
ristcs,  et  aux  partisans  duquel  je  donnerai  le  nom  de  semenr 
ovaristes. 


GÉNÉRATION.  81 

C.  Lez  semen-ovisleB. 

Les  prorootears  de  cette  théorie  n'ont  abandonné  Tidëe 
bippocratique  que  parce  que  les  lois  de  la  physique  ne  leur 
permettaient  pas  de  conaprendre  comment  la  liqueur  sé- 
minale de  la  femme  restait  dans  la  matrice,  alors  que  par 
son  propre  poids  elle  eât  dû  s*écouler  au  dehors.  Quant  aut 
œufs  dont  ils  ne  pouvaient  plus  nier  l'existence  depuis  les 
démonstrations  de  deGraar,deSténon,de  Swammerdam  et 
d'ipeu  près  tous  les  anatomistes,  ils  en  firent  les  réservoirs 
de  la  semence  fémiriine,  et  conservèrent  aux  ovaires  les 
attributs  que  les  anciens  avaient  reconnus  aux  testicules. 

Pour  eux  la  semence  du  m&le  et  celle  de  la  femelle  décou- 
lent du  même  principe  de  formation  :  a  La  matière,  dit  l'au- 
teur de  VArt  de  faire  des  garçons^  est  une  et  la  même 
partout.  Ses  parties,  c'est-i-dire  les  corps  ne  diffèrent  entre 
eux  que  par  la  quantité  de  mouvement  présent  ou  passé; 
par  la  configuration  des  molécules  et  par  la  diversité  d'au- 
tres modifications  contingentes  dont  ils  sont  affectés.  De  I& 
le  dangereux  espoir  de  convertir  en  or  tous  les  autres  mé- 
taux. Le  plus  ou  moins  de  mouvements  dépend  de  la  figure 
plus  ou  moins  propre  5  le  recevoir,  à  le  conserver.  La  figure 
elle-même  vient  des  cribles,  des  filières,  des  matrices  par 
on  passent  les  parties  de  la  matière.  Les  cribles,  les  filières, 
les  matrices  sont  des  espèces  de  moules  formés  par  le  rap- 
port, la  connexion  des  parties  voisines  et  par  la  pression 
générale  des  corps  environnants.  C'est  la  source  commune 
de  tous  les  fossiles,  des  métaux,  des  pierres  précieuses, 
des  camaïeux,  des  végétaux,  des  animaux,  en  un  mot  de 
l'homme  même(l).  n 

(I)  Loe.  ctl.,  p.  474. 


82  FÉCONDATION. 

Ces  principes  plus  ou  moins  obscurs  de  cosmogonie  une 
fois  admis,  la  formation  des  corps  est  la  chose  la  plus  élémen- 
taire. Les  uns  se  constituent  par  la  simple  juxtaposition ,  et 
n'exigent  rien  de  plus;  ce  sont  les  fossiles,  les  métaux,  les 
pierres  précieuses,  etc.  Les  autres  commencent  aussi  par  la 
juxtaposition,  mais  ont  besoin,  pour  se  compléter,  de 
l'espèce  de  fermentation  qu'ils  appellent  Vintussusception^ 
tels  sont  les  végétaux  et  les  animaux.  «  La  petite  portion  de 
matière,  dit  l'auteur  de  VArl  de  faire  des  garçons^  l'esproe 
de  levain  contenu  dans  la  graine  des  plantes  fermente  avec 
les  sucs  convenables  de  la  terre,  et  la  semence  des  animaux 
mfties  avec  celle  de  leurs  femelles  (1).  » 

Le  mélange  ou  plutôt  la  fermentation  de  deux  semences 
se  fait  dans  l'œuf.  Le  sperme  de  l'homme  est  dardé  direc- 
tement dans  la  matrice  qui,  sous  l'impression  que  lui  fait 
éprouver  ce  fluide,  entre  dans  une  contraction  générale 
qui  la  referme  exactement  ;  de  celte  façon,  le  sperme  de 
l'homme,  quel  que  soit  son  poids  spécifique,  est  obligé  de 
rester  dans  l'utérus;  mais  celui-ci  se  contractant  de  plus  en 
plus,  ses  deux  faces  se  collent  l'une  contre  l'outre,  cl  obli- 
gent la  semence  qu'elle  a  reçue  a  d'enfiler  rapidement  les 
trompes  de  Fallope,  semblables  au  jus  d'une  cerise  pressée 
entre  deux  doigts,  qui  s'échappe  de  cdté  et  d'autre.  Les 
trompes  de  Fallope  n'ont  pu  se  dispenser  d'essuyer  les 
secousses  de  la  matrice,  »  et  vont,  en  conformité  de  ces 
secousses,  se  porter  sur  les  ovaires  où  elles  charrient  la 
semence  de  l'homme.  «  Là,  car  il  me  faut  encore  citer 
textuellement,  elle  pénètre  la  première  membrane  d'un  ou 
de  plusieurs  œufs,  qui  s'en  imbibe  par  des  pores  garnis  de 
valvules  propres  à  permettre  aisément  l'entrée  de  la  liqueur 

(<)  Loc.  cit.,  p.  475. 


et  i  s'opposer  à  sa  sortie.  Le  mélange  de  ce  fluide  avec  ce- 
lui qui  est  contenu  entre  la  première  et  la  seconde  mem- 
brane de  l'œuf»  le  chorion  et  l'amnios,  cause  une  fermenta- 
tioo.  L'œuf  s'enfle,  et  cette  enflure  sufBt  pour  le  détacher 
de  l'ovaire,  d'où  il  tombe  dans  la  trompe  de  Fallope.  Elle 
le  descend  tout  doucement  dans  la  matrice,  a  laquelle  il 
se  colle;  il  s'attache  yraisemblablement  par  l'endroit  par 
lequel  il  tenait  à  l'ovaire.  Pendant  ce  temps,  la  fermentation 
continue,  augmente.  Les  parties  les  plus  grossières  de  la 
semence  du  mêle  restent  entre  les  deux  membranes  de 
l'œuf.  La  portion  la  plus  subtile  traverse  Tamnios,  et  se 
mêle  dedans,  y  fermente  avec  la  partie  la  plus  épurée  de  la 
semence  qui  y  est  contenue;  et  c'est  de  ce  dernier  mélange 
que  se  forme  le  fœtus  (2).  » 

Et  de  la  Metlrie,  à  qui  Tidée  de  cette  théorie  est  attri- 
buée, s'écrie,  avant  d'en  commencer  l'exposition  :  aJ 'admire 
toujours  qu'on  ne  m'ait  pas  prévenu  dans  cette  découverte 
si  simple,  car  je  ne  m'en  fais  pas  accroire,  il  y  avait  déjà 
longtemps  que  toutes  les  parties  de  cet  édifice  étaient  con- 
nues, il  ne  s'agissait  plus  que  de  les  arranger,  p 

Lb  découverte  était,  en  eflet,  facile  à  faire;  on  n'avait 
qu'à  ouvrir  l'ouvrage  du  père  de  la  médecine  et  il  sufBsait, 
pour  frapper  la  théorie  hippocratique  au  coin  de  la  nou- 
veauté, de  changer  le  lieu  où  les  semences  du  mâle  et  de  la 
femelle  se  rencontrent.  Hippocrate  les  faisait  fermenter  dans 
la  matrice ,  les  semen-ovistes  les  font  intussusceptimner 
dans  l'ovaire.  On  pourrait  se  rencontrer  de  plus  loin;  aussi 
les  critiques,  adressées  au  système  du  médecin  de  Cos, 
reviennent-elles  de  droit  aux  semen-ovistes.  Je  ne  les 
renomellerai  pas  ici  et  je  renverrai  le  lecteur  à  la  partie  de 
cette  introduction  qui  les  renferme. 

(4)  Loc.  c<«.,p.  477. 


8&  FÉCONDATION. 

D.  Lci  anitnaleuliBles. 

Le  sperme  de  Thomme  qui,  dans  les  systèmes  des  ancienSi 
marchait  Tégal  de  la  semence  ou  des  menstrues  de  la 
femme; qui,  dans  la  théorie  des  ovaristes,  était  réduit  à  un 
râle  en  quelque  sorte  secondaire,  et  qui  avait  recouvré 
quelque  importance  dans  l'opinion  des  semen-ovistes , 
acquit  vers  le  milieu  du  xvii*  siècle  une  telle  valeur  qu'il 
fut  considéré  comme  l'élément  constitutif  de  l'embryon. 

Cette  révolution  était  due  à  la  découverte,  faite  en  167& 
par  Ilamm  et  Leeuwenhoeck  d'une  part,  et  par  Hartsœker  de 
l'autre,  de  petits  corps  animés  et  se  mouvant  dans  le  sperme, 
auxquels  on  donna  le  nom  d'animalcules  spermaiiques  ou 
zoospermes.  Ces  animalcules  furent  aussitôt  regardés,  soit 
comme  le  germe,  soit  comme  l'embrjon  lui-même. 

Dos  observations  faites  par  les  partisans  de  ce  nouveau 
système,  il  résulta  :  1*  que  le  sperme  seul  contient  de  sem- 
blables animaux,  et  que  tous  les  autres  liquides  de  l'éco* 
nomie  en  sont  dépourvus  ;  2*  que  ces  animalcules  diiïèreni 
d'espèces  à  espèces,  et  qu'ils  sont,  au  contraire,  identiques 
dans  le  sperme  d'un  même  animal,  et  dans  celui  des  indi- 
vidus d'une  même  espèce  ;  â*  que  le  sperme  de  tout  animal 
ne  contient  des  animalcules  qu'à  l'âge  où  l'acte  de  la  géné- 
ration est  possible,  et  qu'il  en  est  dépourvu  pendant  la 
première  et  la  dernière  époque  de  la  vie  ;  h?  que  le  nombre 
de  ces  animalcules  est  excessivement  considérable,  puisqu'il 
est  de  50,000  dans  une  goutte  de  sperme  de  coq,  égalante 
peine  en  volume  un  grain  de  sable,  et  que  cette  multiplicité, 
en  rendant  compte  des  expériences  de  Spallanzani,  rentrait 
dans  les  lois  de  la  nature  qui  déploie  une  prodigalité  remar** 
quable  pour  la  reproduction  de  toutes  les  espèces  vivantes. 


GéNÉRATlON.  85 

CependaDt  quelques  objections  fureut  faites  à  Tcxistence 
des  aDimalcules  dans  le  sperme  de  Thomme  :  Spallanzani  les 
considéra  comme  des  animaux  infusoires  ordinaires,  et 
rappela  qu'il  avait  elTectué  des  fécondations  artificielles  avec 
de  si  faibles  guttules  de  sperme,  qu'il  n'était  pas  possible 
d'admettre  qu*el les  continssent  des  zoospermes  ;  Buffon  pré- 
lendit que  ces  animalcules  n'étaient  autre  chose  que  ses 
molécules  organiques  (1)  ;  Needham  (2)  assura  avoir  décou- 
vert dans  la  semence  du  calmar  «  de  petits  corps  à  ressort, 
qui  paraissent  être  analogues  aui  vers  spermatiques,  et  qui 
pourraient  faire  douter  que  ces  vers  soient  de  véritables 
animaux  ;  »  les  uns  prétendirent  n'avoir  pu  découvrir  les 
animalcules  dans  la  semence  de  quelques  animaux  ;  d'autres, 
au  contraire,  assurèrent  en  avoir  aperçu  dans  la  semence 
de  quelques  femelles  de  quadrupèdes;  Vallisnieri,  Heisler, 
et  d'autres  observateurs  avancèrent  que  presque  toutes  les 
liqueurs  contiennent  des  animaux  semblables  aux  zoo* 
spermes;  Bono  (â)  soutint  que  les  animalcules  étaient  très 
visibles  dans  le  sperme,  mais  lorsque  celui-ci  est  corrompu, 
ce  qui  arrive  en  très  peu  de  temps;  enfin,  un  médecin  de 
Montpellier,  de  la  Plantade,  sous  le  pseudonyme  deDalem- 
pazius,  annonça  les  découvertes  les  plus  absurdes  et  essaya 
de  tuer  par  le  ridicule  l'opinion  de  ses  adversaires  ;  cepen- 
dant  cette  plaisanterie  fut  prise  au  sérieux  par  quelques 
grands  esprits  :  Buffon  descendit  jusqu'à  réfuter  les  obser- 
vations de  Dalempazius  et  Boerhaave,  s'appuyant  sur  elles, 
battit  un  système  dont  je  dirai  quelques  mots  plus  loin. 

(f  ]  Voyez  plus  haut  le  système  de  Baffoo,  p.  70. 

(2)  N&uvellei  découvertes  faites  avec  U  microscope,  Leyde,  1747, 

cbap.  V. 

(3)  Article  GiiiiiATioN,  du  Dictionnaire  d^anatomie  et  de  physiologie. 

Paris,  1765. 


86  FÉGONDATIOH. 

Pourtant,  malgré  ces  objections,  la  découverte  de  Leeu*- 
wcnhoeck  fut  accueillie  avec  un  engouement  presque 
général;  on  crut  enfin  avoir  pénétré  le  secret  de  la  géné- 
ration, et  le  zoosperme  fut  définitivement  regardé  comme  le 
rudiment  même  du  nouvel  être. 

Mais  d'où  venait  cet  animalcule?  Par  quelle  voie  mysté- 
rieuse étnit-il  arrivé  dans  le  sperme  ?  Les  uns  appliquèrent 
aux  zoospcrmos  le  système  de  la  dissémination  avec  lequel 
on  avait  voulu  expliquer  la  présence  du  germe  dans  i*œuf; 
les  nutros,  adoptant  les  idées  de  Bonnet  sur  l'emboitemenl 
des  gcrmrs,  dépouillèrent  Eve  on  faveur  d'Adam  de  llieu- 
reux  privilège  d'avoir  porté  en  lui  toute  la  race  humaine; 
«  il  fnut  bien  qno  chacun  ait  son  tour,  dit  l'auteur  del'^W 
rfe  faire  fies  garçons  ;  et  je  sais  bon  gré  a  Leeuwenhoeck 
d'avoir  fait  venir  celui  des  mâles;  mais  si  j'avais  été  à  sa 
place,  je  ne  m'en  serais  pas  tenu  In.  Au  défaut  du  mérite  de 
l'invention,  j'aurais  voulu  enchérir  sur  l'extravagance  de 
mon  antagoniste,  la   doubler,  la  tripler.  Les  infinitovistes 
n'avaient  attribué  qu'aux  femelles  la  faculté  tie  renfermer 
en  elles  tous  les  individus  do  leurs  races  :  les  animovistes 
se  sont  contentés  de  la  transporter  aux  mâles;  pour  ne  point 
faire  do  jaloux,  j'aurais  libéralement  accordé  aux  deux  sexes 
cette  contenance  infinie.  L'un  aurait  contenu  les  logements 
bAlis  les  uns  dans  les  autres  à  l'infini  (les  œufs);  l'autre 
auri>it  renfermé  tous  leurs  petits  hôtes  futurs  (les  animaux 
spormati(|ues)  ;  et  je  n'en  aurais  point  fait  à  deux  fois,  je 
leur  aurais  tout  de  suite  donné  la  vie  dès  le  commencement 
du  monde,  avec  le  pouvoir  de  sauter,  de  cabrioler  et  de 
faire  la  culbute  les  uns  dans  les  autres  à  l'infini,  pour  les 
amuser,  les  pauvres  jietits,  en  attendant  qu'ils  devinssent 
grands;  avec  tout  cela  j'aurais  encore  délié  les  infinitovistes 
et  les  animovistes  de  trouver  mon  opinion  plus  ridicule  que 


fiÉNÉBATION.  87 

ne  le  8001  les  leors.  La  divisibilité  de  la  matière  les  rend  toutes 
également  possibles  ;  et  plus  elles  sont  difficiles  a  compren-» 
dre,  plus  elles  semblent  admirables  à  certains  yeox  (1).» 

Le  Camus  se  rappelant  sans  doute  que  Pythagore  avait 
dit  que  le  sperme  était  la  fleur  du  sang  le  plus  pur;  Pla- 
ton, une  effusion  de  la  moelle  spinale;  Epicurc,  unepar^ 
celle  de  l'âme  et  du  corps,  et  plus  particulièrement  Alc- 
méon,  une  portion  du  cerveau  (2)  ^  Le  Camus,  dis-je,  a 
voulu  que  le  sperme  fût  l'assemblage  d'une  infinité  de 
petits  cerveaux  (â).  Quoique  Tauteur  ne  s'en  explique  pas 
catégoriquement,  il  est  probable  que,  dans  sa  pensée,  les 
animalcules  spermatiques  représentent  les  petits  cerveaux. 
Ceux-ci,  primitivement  produits  par  le  grand  cerveau,  se 
rendent  aux  testicules  par  le  moyen  des  nerfs  ;  celui  de 
ces  petits  cerveaux  qui  doit  produire  le  nouvel  être,  une 
ibis  porté  dans  la  matrice,  s*y  gonOeet  ne  présente  d*abord 
qu'un  petit  cerveau  qui  donne  successivement  naissance  aux 
extrémités,  absolument  comme  les  lobes  d'une  lève  qui  se 
gonflent  d'abord  et  poussent  ensuite  la  tige  et  les  racines. 

Le  Camus  ne  fut  pas  le  seul  à  ne  tenir  aucun  compte  des 
découvertes  de  de  Graaf,  de  Sténon,  et  de  Swammerdam. 
Les  plus  enthousiastes  des  animalculistes,  répudiant  toute 
solidarité  avec  les  ovaristes  et  accordant  à  peine  aux  ovaires 
les  fonctions  que  les  anciens  leur  avaient  attribuées,  voulu- 
rent que  l'animalcule,  appelé  à  se  métamorphoser,  s'atta- 
chât à  quelque  point  particulier  de  la  matrice  d'où  il  tirait 
la  nourriture  destinée  à  le  faire  croître.  Cette  opinion,  en 
tenant  comme  non  avenues  des  découvertes  très  légitimes 

(4)  Loc.eiC.p.  4 57  et  458. 

(i)  Plotarqoe,  Det  optnUms  des  philoiophei,  liv.  V,  cbap.  III. 

(3)  Mémoire  iur  diverê  niieU  de  médecine,  4760,  premier  mémoire. 


88  FÉCONDATION. 

acquises  à  la  science,  s'enfermait  ainsi  dans  un  tel  isolement 
que  le  nom  de  son  promoteur  n'est  même  pas  arrivé  jusqu'à 
nous  (1).  Les  animalcuiistes  plus  sages  accordèrent  à  la 
femme  un  râle  plus  actif,  et,  les  uns  restant  fidèles  au  sys- 
tème d'Hippocrate,  et  les  autres  acceptant  les  données  de 
la  science  sur  l'existence  des  œufs,  se  porlogèrent  en  deux 
grandes  écoles  que  je  vais  examiner  sous  les  noms  de  semen* 
animalcuiistes  et  de  avo-animalculistes. 

E.  Lf$  semen'aninMÎculiMteê, 

Maupertuis  est  le  promoteur  de  ce  système  (2)  :  admet- 
tant que  la  semence  de  Thomme  et  celle  de  la  femme 
s'unissent  dans  l'utérus  par  une  espèce  d'attraction,  il 
veut  que  les  animalcules  sperroatiques,  sans  être  les  rudi- 
ments de  l'embryon,  «  servent  à  meltre  ces  liqueurs  proli- 
Gques  en  mouvement;  è  rapprocher  par  là  des  parties  trop 
éloignées,  et  à  faciliter  l'union  de  celles  qui  doivent  se 
joindre,  en  les  faisant  se  présenter  diversement  les  unes 
aux  autres.  »  Maupertuis  avoue  qu'après  beaucoup  de  ten- 
tatives il  n'a  jamais  pu  rencontrer  des  animalcules  dans  la 
liqueur  prolifique  de  la  femme,  et,  sans  croire  formellement 
à  leur  absence,  il  n'est  pas  éloigné  de  penser  qu'ils  peu- 
vent bien  rester  dans  l'utérus.  Dans  tous  les  cas  les 
zoospermes  de  l'homme  suffisent  pour  remplir  les  fonctions 
qu'il  leur  attribue,  et  en  terminant  l'exposition  de  ses  idées, 
Maupertuis  s'écrie  :  <c  Que  cet  usage  auquel  nous  nous 
imaginons  que  les  animaux  spermatiques  pourraient  être 
destinés,  ne  vous  étonne  point  :  la  nature,  outre  ses  agents 

(4)  Bonnet,  Connidéralion$  sur  les  corpn  organitén,  i.  I,  p,  4  f. 
(2)  Vénui  phyBiquf,  1'«  partie,  chap.  XYII  et  XVIII. 


fiÉNÉRATlON.  89 

principaux  pour  la  production  de  ses  ouvrages,  emploie 
qoelqueibis  des  mlDislres  suballernes.  Dans  les  isles  do 
Tarchipel  ou  élève  avec  grand  soin  une  espèce  de  mouche* 
ron  qui  travaille  à  la  fécondation  des  figues.  » 

Ce  syslème  est  un  petit  roman,  qui  ne  repose  sur  aucune 
observation  :  sans  m'arrèter  à  la  semence  de  la  femme  dont 
l'existence  n'est  plus  admissible  aujourd'hui,  sur  quel  fait 
expérimental  Maupertuis  s'appuie-t-il  pour  investir  les  ani- 
malcules spermatiques  des  fonctions  de  ministres  subal- 
ternes de  la  nature?  D'ailleurs,  rendons  justice  à  l'auteur 
qui  a  reconnu  lui-même  que  sa  théorie  était  un  enfant  de 
son  imagination,  et  comme  telle  ne  loi  réservons  que  la 
place  d'un  simple  souvenir. 

F.  Les  oDoanimalculistei, 

Quoique  appuyé  sur  deux  faits  aussi  importants  que  ceux 
de  la  présence  d'animalcules  dans  le  sperme  de  l'homme  et 
de  l'existence  d'œufs  dans  les  ovaires  de  la  femme,  le  pro- 
blème de  la  génération  semble  n'avoir  pas  fait  un  pas  de 
plus,  et  sa  solution  ,  bonne  ou  mauvaise  ,  que  l'on  devait 
croire  la  même  pour  tous,  donne  naissance,  dans  les  nouvelles 
limites  que  lui  imposait  la  connaissance  des  zoospcrmcs  et 
des  œufs,  à  presque  autant  de  systèmes  qu'en  avaient  pro- 
duit les  solutions  par  les  deux  semences  ,  par  les  œufs,  par 
les  animalcules  ou  par  la  combinaison  de  ces  éléments. 

Les  dissidences  se  montrèrent  surtout  &  l'occasion  du 
lieu  où  se  faisait  la  rencontre  de  l'œuf  et  du  zoosperme,  et 
de  la  manière  dont  cette  rencontre  s'opérait.  Aussi,  pour 
mettre  quelque  ordre  dans  l'historique  de  ces  opinions  diver- 
gentes, convient- il  de  partager  en  deux  ordres  les  ovo- 
animalculistes,  selon  que  le  lieu  de  rencontre  de  l'œuf  et  du 


90  FitCONDATIOM. 

loosperme  sera  la  matrice  oa  i'ofaire,  tout  en  rattachant 
à  chaque  nystème  l'explication  qu'il  donne  relatifement  à 
Ja  manière  dont  se  fait  cette  rencontre  ;  nous  aurons  ainsi 
les  ovo-animalculistes-utériiu  et  les  ovo-animalculisteS'' 
ovariens. 

Ovfy-animalculisteS'-utérins.  —  Deux  opinions  se  sont 
produites  sur  ce  terrain,  selon  que  leurs  auteurs  plaçaient 
le  germe,  soit  dans  Tanimalcule  spermatique,  soit  dans 
l'œuf.  Leeuwenhoeck,  qui  prétendait  à  l'honneur  de  la  dé- 
couverte des  zoospermes,  attribuait  à  ceux-ci  le  rôle  le  plus 
actif  dans  la  génération,  et  voulait  en  conséquence  que  les 
animalcules  projetés  dans  l'utérus  y  attirassent  les  œufs  et 
les  y  convertissent  en  de  véritables  embryons.  On  s'étonne 
qu'un  esprit  aussi  émiiient  que  Leetiwenhoeck  ait  émis  des 
idées  qu'aucune  observation  ne  justifie  et  que  la  raison 
repousse  non  moins  sûrement  que  la  science. 

D'autres,  appelant  à  leur  aide  cet  aura  setninalis  dont 
le  bon  sens  a  fait  depuis  longtemps  justice,  à  défaut  des 
expériences  de  Spallanzani,  veulent  que  cet  aura^  porté 
jusqu'aux  ovaires,  «  procure  dans  l'œuf  ou  dans  les  œufs 
mûrs  de  l'un  ou  de  tous  les  deux  ovaires,  ce  changement 
appelé  fécondation  qui  met  l'œuf  en  état  de  croître»  de 
rompre  su  cellule,  de  tomber  dans  la  trompe  et  de  des- 
cendre dans  la  matrice  (1).  »  Là,  l'œuf  ainsi  fécondé  ren- 
contre les  animaux  spermatiques  dont  l'un  parvient  à 
s'enfermer  dans  son  intérieur  qui  lui  sert  de  lit  et  de  loge- 
ment. L'animalcule  s'attache  è  la  matrice  par  son /)/ac6n(a, 
et,  protégé  par  l'œuf  d'où  il  se  garde  bien  de  sortir,  il  se 
développe  et  attend  l'époque  du  part. 

La  théorie  des  ovo-animalculistes-utérins,  dégagée  des 

(I)  Astruc,  Maladiei  dff  femmeê.  Paris,  4765,  t.  V,  p.  ft9. 


6ÉNÉBATION.  91 

ténèbres  dont  les  premiers  partisans  l'araient  entourée,  i 
été  reprise  de  nos  jours  par  M.  Poucbet  et  par  les  physio- 
logistes éminents  dont  je  ferai  tout  à  Thenre  connaître  les 
opinions,  qui,  jusqu'à  preuve  du  contraire  et  malgré  le  fait 
des  grossesses  extra-utérines  (i),  me  paraissent  être  les  plus 
conformes  i  la  vérité. 

Ovo-animalculisteS'Ovariens.  — Sur  ce  terrain  encore, 
deux  sentiments  partagent  les  physiologistes  relativement 
h  la  manière  dont  les  spermatozoïdes  arrivent  à  l'ovaire  : 
les  uns  en  rapportent  tout  le  mérite  aux  animalcules,  tandis 
que  les  autres  trouvent  les  motifs  de  cette  progression  dans 
les  contractions  utérines. 

Parmi  les  premiers  nous  trouvons  Boerhaave  ;  et  i  la 
tète  des  seconds  nous  rencontrons  Astruc. 

Boerhaave  qui,  ainsi  que  je  Tai  dit  plus  haut,  prit  au  sé- 
rieux les  observations  imaginaires  de  Dalempazius,  veut  que 
les  zoospermes  se  livrent  dans  la  matrice  à  une  véritable 
course  au  clocher  dont  la  trompe  de  Fallope  est  le  but;  là, 
dans  cet  espace  réservé ,  éclate  alors  une  lutte  sans  trêve 
ni  merci  ;  les  animalcules,  avec  toute  la  rage  du  désespoir, 
se  livrent  entre  eux  à  un  combat  dont  l'œuf  est  le  prix;  le 
plus  fort  ou  le  plus  rusé,  après  avoir  jonché  le  champ  de 
bataille  des  cadavres  de  ses  ennemis ,  va  triomphalement 
\ers  l'ovaire,  en  détache  l'œuf  qui  lui  appartient  désormais 
par  le  droit  de  conquête,  et  le  ramène  dans  l'utérus  avec 
toute  la  pompe  et  tout  l'orgueil  de  la  victoire.  —  Ne  vous 
semble-t-il  pas  assister  à  un  de  ces  carrousels  du  moyen 

(1)  Beaacoap  de  travaux  odI  été  faiu  sur  les  grossesses  extra-uté- 
rines et  il  n'est  pas  un  seul  traité  d'accouchement  qui  ne  leur  consacre 
un  ou  deux  chapitres.  On  aura  une  idée  de  tous  ces  travaux  en  con- 
sultant la  thèse  de  concours  pour  l'agrégation  de  M.  Alexis  Moreau  : 
Des  groiiesses  extra-utérinês,  Paris,  4853. 


92  FiCONDATION. 

âge  où  le  chevalier  victorieux  s'avance  vers  la  tribune  des 
darooiselles,  relève  enfin  la  visière  de  son  casque,  et  reçoit 
avec  récliarpe  aux  couleurs  favorites,  la  main  et  le  cœur  de 
la  dame  de  ses  pensées?  A  Boerliaave  !  quel  immense  tribut 
ton  génie  a-t-il  payé,  en  cette  circonslance,  à  la  fragilité  de 
la  nature  humaine,  et  combien  tu  nous  rappellerais,  si  nous 
pouvions  l'oublier,  que  les  plus  belles  intelligences  ne  se 
peuvent  jamais  et  complètement  affranchir  de  Terreur  !!! 

Aslruc,  ainsi  que  je  le  disais  tout  a  l'heure,  trouve  dans 
les  contractions  utérines  l'explication  de  la  marche  ascen- 
dante du  sperme  vera  les  trompes  d'abord,  et  vers  l'ovaire 
ensuite.  «  L'orifice  de  la  matrice,  dit-il  (1),  se  ferme  par  la 
contraction  des  fibres  circulaires  qui  l'entourent,  et  la  .se- 
mence une  fois  reçue,  ne  peut  plus  s'écouler  par  là.  Les 
fibres  radieuses  qui  sont  autour  des  ouvertures  des  trompes 
dans  la  matrice,  se  contractent,  et  par  leur  contraction  to- 
nique, l'ouverture  des  trompes  se  trouve  dilatée;  par  une 
suite  de  la  même  impression,  les  trompes  se  raccourcissent 
et  se  redressent  par  la  contraction  de  leurs  fibres  longitu- 
dinales; leurs  pavillons  conctractés  s'attachent  à  la  partie 
inférieure  des  ovaires  que  leurs  bords  frangés,  qui  sont  de 
véritables  muscles,  embrassent  étroitement.  »  Au  milieu  de 
ces  contractions  diverses,  les  libres  musculaires  de  la  ma* 
trice  ne  restent  pas  inertes,  elles  se  contractent  également 
et  diminuent  ainsi  la  capacité  de  l'utérus;  «dans cet  état, 
poursuit  Astruc,  la  semence  pressée  par  la  matrice  qui  se 
resserre,  et  n'ayant  point  d'issue  par  l'orifice  de  la  matrice 
qui  est  fermée,  est  obligée  d'enfiler  l'ouverture  des  trompes 
qui  sont  alors  béantes;  et  par  ce  moyen  elle  est  portée  jus- 
qu'aux ovaires  qui  en  sont  baignés.  »  Un  animalcule,  plus 

(4)  Maladiei  df$  femmeê,  L  Y,  p.  61  et  soiv. 


GÉNilATIO?!.  9â 

agUe  ou  jdus  heureux  peut-êire^  s'insinue  dans  l'œuf  par 
la  fente  de  la  tunique  des  ovaires,  s'y  niche,  et  vatlà^  s'écrie 
Aslruc ,  un  œuf  fécondé. 

Les  idées  d'Astruc,  à  l'époque  où  il  les  émettait,  durent 
jouir  d'un  certain  crédit;  elles  ne  choquaient  ni  la  raison, 
ni  la  plupart  des  faits  admis  alors  par  la  science  ;  mais  au- 
jourd'hui, quelques-unes  de  ces  idées,  celles  surtout  qui  se 
rapportent  à  l'introduction  du  spermatozoïde  dans  l'œuf,  ne 
sont  plus  acceptables,  en  raison  des  connaissances  nouvelles 
acquises  à  la  science,  et  que  je  vais  exposer  dans  le  para- 
graphe suivant. 

État  actuel  de  la  science. 

Malgré  les  connaissances  plus  positives  que  nous  possé-* 
dons  aujourd'hui  sur  le  sperme  et  les  œufs,  et  que  j'ai  pré- 
cédemment exposées,  le  problème  de  la  fécondation  est  loin 
d'être  résolu;  il  est  réduit,  il  est  vrai,  en  deux  points  seu-* 
lement,  mais  ce  sont  les  points  les  plus  ardus  et  les  plus 
difGciles  h  pénétrer;  à  peu  près  toute  la  question*  est  au* 
jourd'hui  de  savoir  :  l"*  dans  quel  organe,  ovaire,  trompe  ou 
utérus,  se  fait  la  rencontre  du  sperme  et  de  l'œuf;  2'  quelle 
est  la  nature  de  leur  contact,  l'essence  de  leur  union. 

!•  Lieu  où  se  fait  la  fécondation.  —  Les  ovaires,  les 
trompes  et  l'utérus  ont  été  tour  à  tour  regardés  comme  la 
scène  sur  laquelle  se  rencontrent  le  produit  mâle  et  le  pro- 
duit femelle.  Des  expériences  nombreuses  et  contradictoires 
ont  jeté  la  confusion  sur  cette  partie  du  problème,  et  l'on 
hésite  à  accorder  sa  con6ance  ou  aux  physiologistes  qui 
assurent  avoir  trouvé  du  sperme  jusque  dans  l'ovaire,  ou  à 
ceux  qui  nient  positivement  la  réalité  de  ces  observations. 
Cependant,  en  lisant  sans  esprit  de  parti  et  dans  le  but 
unique  d'arriver  à  la  vérité,  la  relation  de  toutes  les  expé- 


9&  PiCORiATIOII. 

riences  et  les  argnroeots  de  chaque  ad? enaire,  on  ne  peut 
se  défendre  d'un  sentiment  de  préférence  pour  la  théorie 
de  M.  Pouchet  qui  place  dans  Tutérus  ou  dans  la  partie  des 
trompes  la  plus  voisine  de  cet  organe,  la  rencontre  de  l'œuf 
et  du  sperme.  «  La  structure  des  trompes,  dit-il ,  leur  vitalité, 
et  la  nature  des  xoospermes  empêchent  de  supposer  que  ce 
fluide  {le  sperme)  puisse  remonter  plus  haut,  et  d'ailleurs 
le  mucus  infranchissable,  qui  remplit  ces  conduits,  oppose 
aui  spermatoioaires  un  obstacle  invincible  (1).  » 

L'ouvrage  de  M.  Pourhet  est  trop  connu  pour  que  j'ana- 
lyse seulement  les  arguments  et  les  expériences  qu'il  cite  è 
l'appui  de  son  opinion,  et,  malgré  une  récente  communica- 
tion de  M.  Coste  (2)  &  Tlnstitut,  parlaquclle  l'auteur  répudie 
sa  première  manière  de  voir  pour  placer  le  siège  de  la  fé- 
condation dans  l'ovaire,  je  crois,  d'après  quelques  cipé- 
riences  personnelles  dont  il  est  inutile  de  surcharger  cette 
introduction,  je  crois,  dis-je,  que  la  rencontre  de  l'œuf  et 
du  fluide  séminal  se  fait  normalement  dans  Tutérus  ou  dans 
la  première  portion  des  trompes. 

Les  grossesses  extra-utérines  ne  peuvent  plus  être  con- 
sidérées aujourd'hui  comme  un  argument  en  faveur  des 
fécondations  ovariennes  contre  les  fécondations  utérines. 
Âstruc,  Marc,  Lallemand,  Velpeau,  etc.,  ont  suflisamment 
montré  que  ces  grossesses  anormales  étaient  produites  par 
quelque  sensation  ou  quelque  émotion  extraordinaires  au 
moment  du  coit  ;  cette  explication  me  parait  encore  plus  plau- 
sible et  surtout  mieux  démontrée  par  des  observations  scru- 
puleuses que  cette  assertion,  émise  par  des  physiologistes 
recommandables  d'ailleurs,  tels  que  MM.  Pouchet  et Courty, 

(4)  Théftrie  poêitive  de  l* ovulation  spontanée  et  de  la  fécondation. 
4  vol.  în-S.  4847,  p.  S98. 
{%)  Académêê dm miencm,  séanoeda  S9  mai  4a50. 


GftiltlIATION.  -96 

par  eiemple,  et  par  laquelle  on  voudrait  que  l'œuf,  tombé 
dans  l'abdomen  au  moment  de  refiroî,  y  fât  fécondé  plus 
tard  par  le  sperme.  Si  le  sperme  ne  peut,  par  les  raisons 
que  M.  Poucbet  lui-même  énumère,  parcourir  les  trompes, 
il  est  impossible  qu'il  arrive  jusque  dans  l'abdomen  pour  y 
féconder  l'œuf  qui  serait  tombé  dans  sa  cavité.  Il  est  plus 
rationnel  d'admettre  que  l'œuf  a  déjà  reçu  l'imprégnation 
de  la  liqueur  séminale,  lorsque  par  suite  des  sensations  et 
des  émotions  extraordinaires  dont  je  parlais  plus  haut,  il 
quitte  le  lieu  normal  de  sa  résidence,  soit  pour  se  fixer  dans 
les  trompes,  soit  pour  tomber  dans  l'abdomen. 

2®  Union  de  Vœuf  avec  le  sperme.  —  La  nature  de 
l'union  du  principe  générateur  mAle  avec  le  principe  géné- 
rateur femelle  échappe  complètement  i  l'observation  dans 
l'état  actuel  de  la  science.  Prévost  et  Dumas,  trompés  par 
les  apparences ,  pensaient  qu'au  niveau  de  la  matricule 
dans  l'œuf  des  oiseaux,  il  existe  un  pertuis  dans  lequel  ils 
croyaient  avoir  vu  des  spermatozoïdes  s'introduire  dans  le 
vitellus.  Barry  prétend  avoir  observé  la  même  disposition 
sur  la  lapine,  et  avoir  vu  aussi  un  zoosperme  s'enfoncer 
dans  la  zone  transparente  qui  circonscrit  l'ovule.  M.Pouchet 
assure  que  ses  recherches  sur  les  mollusques  semblent  par- 
faitement constater  l'existence  d'une  solution  de  continuité 
à  la  surface  de  la  membrane  vitelliiie. 

Mais  toutes  ces  observations  n'ont  pas  tellement  un  ca- 
ractère d'authenticité  qu'on  les  doive  accepter  comme  l'ex* 
pression  fidèle  de  la  réalité.  Je  préfère  admettre  que  l'union 
du  principe  générateur  mâle  avec  le  principe  générateur 
femelle  se  fait  par  endosmose,  et  que,  lorsque  le  sperme  se 
trouve  en  contact  avec  l'œuf^il  s'établit  à  travers  celui-ci, 
de  dehors  en  dedans,  des  courants  spermatiques  qui  entraî- 
nent avec  eux  les  spermatozoïdes. 


96  DURÉE    DB   LA   PONCTION   GÉNÊRATIIICI. 

M.  Charles  Robin,  considérant,  ainsi  que  je  l'ai  dii  plus 
haut,  les  spermatoioïdes  comme  des  espèces  d*œuls  oa  cel- 
loles  embryonnaires,  Teut  que  «la  nature  de  cette  union 
consiste  dans  la  dissolution  des  spermatozoïdes,  avec  pénétra- 
tion endosmotique  molécule  à  molécule  dans  Tovule  femelle, 
d'où  formation  des  cellules  embryonnaires  femelles  (i).  » 


CHAPITRE  III. 

DUR&E  DE  LA  FONCTION  GÉNÉRATEICB. 

On  peut  élablir  comme  une  loi  des  corps  organisés  que 
la  fonction  procréatrice  «  étant  le  point  culminant  du  déve- 
loppement, dit  Burdach,  elle  apparaît  d'aulant  plus  tôt  que 
la  marche  de  la  vie  est  plus  simple,  l'individualité  moins 
prononcée,  l'organisation  plus  simple ,  le  corps  plus  petit 
et  la  vie,  en  général,  plus  pauvre  (1).  »  L'homme,  qui  doit 
seul  m'occupcr  ici,  est  de  tous  les  êtres  vivanls  celui  qui 
acquiert  le  plus  tard  cette  faculté,  non  pas  seulement  d'une 
manière  absolue,  mais  même  encore  eu  égard  è  la  durée  de 
sa  viC)  car  chez  lui  le  rapport  entre  cette  dernière  et  le 
temps  qui  s'écoule  depuis  la  naissance  jusqu'à  la  puberté 
est  de  1  :  &  ou  5,  tandis  qu'il  est  de  i  :  18  chez  le  la- 
pin ;  de  1  :  8  ou  9  chez  le  loup,  le  renard  et  le  blaireau; 
de  1  :  5  ou  6  chez  le  cerf,  etc. 

L'époque  è  laquelle  apparaît  la  faculté  de  procréer  n*a 
rien  de  fiie  ;  elle  peut  être  avancée  ou  retardée  par  une 
foule  de  circonstances  dont  j'aurai  à  examiner  les  princi* 

(I)  Manuel  de  phymlogie^  par  M.  Béraud.  Paris,  4853,  p.  44t« 
(S)  Traité  de  pAyatofogie,  Irad.  par  Joardao,  t.  V,  p.  36. 


DUttC    DB    LA    FONCTION   GÉlfÉRATlUGB.  97 

pales  ;  mais  on  peut  dire  d'une  manière  générale  que  dans 
nos  climats  tempérés  la  puberté  se  montre  de  quinze  h  dix- 
huit  ans,  et  un  peu  plus  tôt  chez  la  femme  que  chez  l'homme. 

Des  causes  qui  peuvent  avancer  ou  retarder  l'apparition 
de  la  faculté  génératrice,  les  unes  sont  inhérentes  à  l'indi- 
vidu, et  les  autres  lui  sont  extérieures;  parmi  les  premières 
se  rangent  le  développement  de  l'organisme,  l'état  de  santé 
ou  de  maladie,  la  constitution,  le  tempérament,  les  habi- 
tudes, la  manière  de  vivre,  l'éducation,  la  moralité,  etc.;  et 
parmi  les  secondes  se  classent  la  latitude  géographique,  les 
climats^  les  races,  l'état  de  la  civilisation,  la  religion,  etc. 

Toutes  ces  circonstances,  tant  individuelles  que  générales, 
n'agissent  pas  seulement  sur  le  développement  de  l'âge  pu- 
bère; elles  ont  encore  une  influence  marquée  sur  l'énergie 
de  la  fonction  génératrice.  Or,  comme  pour  compléter  ces 
études  physiologiques  j'ai  dû  réserver  un  chapitre  h  l'exa- 
men des  circonstances  qui  exercent  une  action  salutaire  ou 
funeste  sur  la  faculté  génitale,  j'estime  que  leur  exposition 
doit  se  trouver  en  une  seule  et  même  place,  pour  ne  pas 
faire  double  emploi,  et  que  cette  place  doit  clore  cette  intro- 
duction, parce  que  pour  être  bien  compris,  l'examen  de  ces 
circonstances  exige  la  connaissance  des  rapports  delà  faculté 
génitale  avec  toutes  les  autres  fonctions  des  vies  organique 
et  animale,  rapports  qui  feront  le  sujet  du  chapitre  suivant. 

Cependant  je  dois  placer  ici  TétuJe  d'une  fonction  dont 
l'apparition  marque  toujours  l'éveil  de  la  faculté  procréa- 
trice chez  la  femme,  mais  qui  n'a  avec  l'exaltation  véné- 
rienne aucune  espèce  de  corrélation.  Je  veux  parler  de  la 
menstruation. 

D'ailleurs  les  travaux  des  physiologistes  modernes ^  en 
faisant  de  la  menstruation  le  symptôme  le  plus  apparent  de 
la  ponte  périodique  de  la  femme,  rattachent  cette  fonction 

7 


BB  UURAk   lu   la   FUKCTION   G&ri&BATmCK. 

k  l'ovologie,  et  m'imposent  en  quelque  surle  le  devoir  de 
ne  pBS  trop  éloigner  son  examen  des  notions  générales  sur 
l'œuf  que  j'ai  données  dans  le  chapitre  précédent. 

Tous  CL>a  motifs  me  sont  une  excuse  sufTisante  pour  ni'oc- 
cuper  exclusivement  ici  de  la  femme,  et  l'importance  de  II 
menstruation  légitime  l'étendue  (jue  je  vais  coiisutrer  i 
l'étude  de  cette  fonction. 


UENSTRCATION. 
<j  ■•'.  —  ClrcmiaUweeB  qal  IbUbcbI  aar  Ellr. 

La  menstruation  est  toujours  un  indite  certain  de  l'apii- 
lude  de  la  femme  à  l'acte  de  la  procréation  ;  avant  son  appa- 
rition cette  aptitude  o'eiiste  pas,  et  elle  disparaît  avtc  les 
règles  à  un  Age  plus  ou  moins  avancé.  Cependant  on  a  cité 
des  exemples  de  femmes  qui  oui  été  férondées  malgré  l'ab- 
sence complète  des  menstrues,  en  même  temps  que  l'un  voit 
Iréquemmcnt  des  femmes  parfaitement  réglées  être  toujours 
stériles-  Je  dirai  tout  à  l'heure  les  motifs  qu'allègue  la  [)by- 
siologie  pour  expliquer  la  première  de  ces  anomalies,  et, 
dans  une  autre  purtie  de  cet  ouvrage  ,  je  m'étendrai  sur 
l'état  pathologique  ;  pour  le  moment,  il  nous  doit  sufitre  de 
savoir  qu'en  ihèïe  générale  l'aptitude  à  la  fécondation  ne 
se  décèle  réellemt^ut  que  par  la  présence  des  menstruts,  et 
<jue  l'apparition  de  celles-ci  est  tout  i  la  fois  pour  la  femme 
le  signal  de  sa  nubilité  et  de  sa  vie  propre. 

Cette  apparition  n'a  pas  lieu  h  une  époque  Gie  et  la  même 
pour  toutes  les  femmes;  elle  subit  l'ioDuencedecirconstancea 
nombreuses,  dont  je  ne  puis  indiquer  ici  que  les  principales. 

A.  CUmat,  —  Latiltuh  giographiqw.  —  Raeet. 

l.'tmfite  que  la  température  exerce  sur  la  première 


J 


ClâCONSTANCBS   QCl    UltLUKNT   MH   liLB.  99 

éruptîoD  des  règles  a  été  noté  de  tout  temps  ;  les  relations 
des  voyageurs  n'ont  laissé  aucun  doute  sur  ce  point,  et  il 
est  admis  comme  aiiome  que  la  première  menstruation  est 
d'autant  plus  hâtive  que  le  climat  est  plus  chaud.  François 
Picard  et  Prideaux  assurent  qu'en  Perse  et  dans  tous  les  pays 
de  rinde,  de  l'Arabie  et  en  Chine,  les  femmes  deviennent 
mères  à  huit  ou  neuf  ans,  tandis  qu'en  Laponie,  au  dire  de 
M.  Wretholm ,  les  femmes  ne  sëraie.nt  réglées  qu'à  dix- 
huit  ans  lorsqu'elles  restent  dans  les  montagnes. 

GrAceaux  progrès  de  la  science,  les  différences  dans  l'épo- 
que de  la  première  menstruation  selon  les  climats  et  la  lati* 
tude  géographique ,  acceptées  jusqu'à  présent  en  règle 
générale,  ont  été  notées  d'une  manière  plus  précise  ,  et , 
comme  résumé  de  toutes  les  observations  recueillies  dans 
diiïérents  pays ,  je  donnerai  le  tableau  suivant  que  j'em- 
prunte il  l'ouvrage  de  M.  Raciborski  (1). 


■OM   Dl    LA   VILLI. 


Toulon 

Marseille .... 

Lyon 

Paris 

GcBttiDgoe.  .  .  . 
Varsovie  .  .  .  . 
Manchester.   .  . 

Skeen 

Stockholm  .  .  . 
Lapooie  suédoise 


liatiiade 
gëof  rapbiqae. 


43 
43 
46 
49 
52 
52 
53 
59 
59 
65 


Age 


deUp?e»ière    Tempéralore 


éruption 
des  règles. 


OMjeniia 
d«  l'année. 


44,084 
44,045 
4  4.492 
44,465 
46.038 
45.083 
45,491 
45,450 
4  5,590 
48,000 


e 

45 
45 

14.6 

40,6 

8,0 

9,6 
6,0 

5,7 

4.0 


Du  tableau  qui  précède  on  est  en  droit  de  tirer  les  deux 
conséquences  suivantes  :  1*  l'époque  de  la  puberté  se  trouve 
toujours  en  raison  inverse  de  la  latitude  géographique ,  en 

(4)  De  la  pub^té  §t  de  l'âff  ùtiUfiÊê  ûh$»  la  fmme^  p.  47. 


100  DURfiR   t»l    LA    PONCrroN    GfcutHATRin. 


d'aulrcs  termes,  plus  te  degré  de  In  latituile  se  trouve  6\eyé, 
moins  In  puberté  oiïre  de  lendanre  à  ilevonir  précoce  ;  2"  la 
latitude  géogruptiique  n'inlluc  sur  l'époque  de  l.i  puberté 
c|u'aulnnt  qi/ellu  marcIic  d'accord  avec  lu  température,  et 
(jue,  en  a'écartonl  de  In  température  d'un  pays,  clic  perd 
!ïon  inllueiice  sur  l'époque  de  la  puberté  qui  n'obi^it  plui 
alors  qu'b  l'impulsion  donnée  par  In  tempérniurc. 

I/iiiRuence  du  climat  et  de  In  latitude  géographique  sur 
la  premii'rc  apparition  des  rf.-gles  est  si  manifeste,  qu'on  b 
vu  des  jeunes  lilles  de  neuf  ù  dix  ans  réglées  dans  les  Indes 
orientales,  qui,  transportées  en  Europe  et  surtout  en  An- 
gleterre, éprouvaient  une  suspension  dans  leur  menstrua- 
tion jusqu'à  quatumc  on  quinze  ans,  sans  que  dans  l'in- 
tervalle leur  santé  parût  en  souiïrir  (t). 

Cependant  M.  Raciborski  rappelle  que  Icsnégrosses  nées 
en  Europe  lonserveiit  l'aptitude  ù  être  réglées  de  bonne 
heure,  comme  si  elles  étaient  nées  sous  le  ric\  brûlant  de 
l'Afrique  ou  de  l'Amérique  du  Sud,  de  même  que  les  femmes 
créoles  héritent  généralement  des  dispositions  organi- 
ques de  leur  m're.  lorsque  celle-ci  est  née  dans  les  pajs 
tempérés. 

A  rcttc  occasion,  l'auleur  que  je  cile  se  demande  si  les 
races  n'auraient  pas  quelque  itil1uenci3  sur  l'époque  de  In 
puberté  chez  lu  femme.  Kiaminant  la  race  juive  en  Pologne 
où  les  i^ruélites  fuiment  encore  jusqu'à  présent  une  vérî- 
loblc  colonie  ayant  conservé  leurs  mœurs,  une  partie  de 
leur  rostume  et  leur  religion,  M.  Ilaciborski  conclut  que 
ta  menstruation  est  proportionnellement  plus  litlive  diez 
les  juives  que  chez  les  femmes  de  la  race  slave.  Ainsi,  ajoute 
l'auteur,  tandis  que  sur  cent  femmes  de  celle  dernière  race 

(t)  Tht{fcloptiiao(fri)cUcùimeaiei»e,\o\.Ut,f.  HO. 


GIRCOHSTiNCES   QCl    INFLUENT   SUR   ELLE.  iOi 

00  peut  k  peine  en  troQver  une  qui  soit  réglée  à  treize  ans, 
00  eo  trouve  déjà  douze  parmi  les  juives  (1). 

B.  SoeiabilUé,  —  Habitude».  —  Régime. 

S'il  est  un  fait  généralement  admis  et  constaté  par  toutes 
les  statistiques,  c'est  celui  de  l'apparition  hâtive  des  règles 
chez  les  femmes  des  villes  et  surtout  des  capitales.  En  pré- 
sence d'un  semblable  phénomène  et  de  la  diversité  des 
éléments  qui  entrent  dans  la  composition  des  grands  cen- 
tres de  population,  il  faut  reconnaître  que  le  système  ner- 
veui  joue  un  très  grand  rôle  dans  la  fonction  que  j'eiamine, 
et  que  M.  Brierre  de  Boismont  a  raison  de  dire,  en  parlant 
du  développement  rapide  de  ce  système  dans  les  grandes 
villes  :  a  II  semble  que  cette  précocité  du  système  nerveux 
soit  une  véritable  serre  qui  fasse  éclore  les  règles  et  qui 
remplace  ainsi,  jusqu'à  un  certain  point,  la  chaleur  des 
contrées  équatoriales  (2).  » 

Est-il  besoin  de  faire  ressortir  les  (JifTérences  qui  existent 
entre  les  mœurs,  la  manière  de  vivre,  les  habitudes,  les 
plaisirs,  le  régime,  etc.,  des  femmes  des  grandes  villes,  et 
les  mœurs,  la  manière  de  vivre,  les  habitudes,  les  travaux 
et  le  régime  des  femmes  de  la  campagne  ?  Ne  sait-on  pas 
l'inOuence  qu'exercent  sur  l'imagination,  sur  les  passions, 
sur  les  sens,  sur  la  circulation,  sur  l'organisme  tout  entier, 
et  plus  particulièrement  sur  le  système  nerveux,  les  bals, 
les  spectacles,  les  arts,  et  surtout  la  musique  à  laquelle  ne 
purent  rester  insensibles  les  éléphanls  du  Jardin  des  plantes 
dont  les  désirs  amoureux  s'éveillèrent  pendant  un  concert 

(4)  Loe.ciL,  p.  32. 

()]  De  la  menstruation  eomidérée  dam  êes  rajtporU  phyiiologiquei  et 
patholoçiqueê^  p.  4  5. 


102  Dimfte   DE    LA    POHCTtON    GÈRÉIIATIICE. 

qu'on  leor  donna  (i)?  Chez  les  femmes  de  la  campagne  au 
contraire  tout  contribue  è  hftter  d'abord  le  développement 
du  système  musculaire,  et  Ton  trouve  rarement  parmi 
elles  ces  organisations  chétives  et  avortées  dont  toute  la 
vie  semble  se  concentrer  dans  la  tète,  et  dont  les  salons  des 
capitales  n'offrent,  hélas  !  que  de  trop  nombreux  eiemplea. 
Tandis  qu'il  n'est  pas  rare  Je  rencontrer  dans  les  hautes 
classes  de  la  société,  parmi  celles  dont  Teiistence  s'écoule 
dans  le  luie,  les  boudoirs,  les  théètres,  les  bals  et  les  con- 
certs, de  jeunes  personnes  réglées  à  sept,  huit,  neuf  et  dii 
ans ,  il  est  très  peu  de  filles  de  la  campagne  dont  la  pre- 
mière menstruation  apparaisse  avant  la  onzième  année. 

En  thèse  générale,  on  peut  dire,  d'après  les  statistiques 
dressées  sur  ce  sujet,  que  l'âge  moyen  auquel  la  première 
menstruation  apparaît  est,  pour  les  femmes  de  la  campagne, 
la  seizième  année;  pour  celles  des  villes,  la  quinzième  ;  et 
pour  celles  de  Paris,  sans  distinction  de  position  et  de  for- 
tune, la  quatorzième. 

C.  Constitution,  —  Tempérament.  —  Tcùlle,  etc. 

Parmi  les  causes  individuelles  qui  ont  une  influence  mar- 
quée sur  l'apparition  des  menstrues,  il  hixi  placer  en  pre- 
mière ligne  la  constitution.  Il  est  généralement  admis  que 
les  femmes  d'une  constitution  robuste  sont  réglées  de  meil- 
leure heure  que  celles  qui  présentent  une  constitution  faible; 
la  différence  serait  assez  notable,  d'après  M.  Raciborski, 
car  les  premières  seraient  réglées,  en  terme  moyen,  è  l'âge 
de  quatorze  ans:  3/i/&9;  et  les  secondes  è  quinze  ans:  &6/87. 

(I)  On  peut  lire  le*  détails  de  ce  concert  donné  aux  éléphants  du 
Jardin  des  plantes,  le  4  0  prairial  an  vi,  dans  la  Dreade  phihiophiqw 
et  dans  le  Dictionnaire  de$  êcienccs  médicales,  l.  XXXV. 


SiGRtPIGATION   DE   LA    MBNSTRrATION.  fOS 

D'après  ce  que  j'ai  dît  plus  haut  de  TmOuence  du  système 
nerreux  sur  le  développement  de  la  menstruation,  on  com- 
prend déjk  le  râle  que  doivent  jouer  les  divers  tempéra- 
ments sur  l'évolution  de  cette  fonction.  La  statistique  prouve 
en  effet  que  les  tempéraments  nerveux  et  nervoso-sanguins 
sont  les  plus  favorables  de  tous  h  la  rapide  nppatition  des 
menstrues,  et  que  le  tempérament  lymphatique,  celui  qui 
donne  les  sensations  les  plus  lentes  et  les  plus  obtuses,  est 
ordinairement  marqué  par  un  retard  dans  l'apparition  du 
phénomène  ;  ainsi,  d'après  M.  Raciborski,  les  règles  appa- 
raîtraient à  quatorze  ans  chez  les  filles  d'un  tempérament  ner- 
veui  ou  nervoso-sanguin,  tandis  qu'elles  ne  se  montreraient 
qu'è  quinze  ans,  17/27,  chez  les  jeunes  personnes  d'un  tem-. 
pérament  lymphatique. 

Quelques  auteurs,  poussant  leurs  investigations  jusqu'aux 
dernières  limites ,  ont  essayé  de  déterminer  la  part  d'in- 
fluence qui  peut  revenir  à  la  couleur  des  cheveux ,  h  la 
taille,  etc.;  et  M.  Marc  d'Espine  est  allé  jusqu'à  regretter 
de  n'avoir  pu  examiner  l'influence  des  taches  de  rousseur, 
des  nœvij  etc.  (1).  J'estime  ces  investigations  non-seulement 
inutiles,  mais  encore  nuisibles  h  la  science,  parce  qu'elles 
introduisent  dans  un  problème  déjà  si  compliqué  des  élé- 
ments sans  valeur,  et  qui  sont,  comme  la  couleur  des  che* 
veux  ou  la  taille,  sous  la  complète  dépendance  des  causes 
que  j'ai  déjà  examinées. 

Je  ne  m'y  arrêterai  donc  pas  plus  longtemps. 

S  II.  —  fliKBiflcailoa  «Te  la  ■ienstraailoa  oa  paaie  p«rlo4M|ac. 

Il  ne  faudrait  pas  croire  que  l'Age  moyen  de  la  puberté 
chez  la   femme,  que  j'ai   indiqué  plus    haut ,  fdt  une  loi 

I)  Archivée  généraleê  de  médecine,  2*"  série.  4  835,  i.  IX. 


i 


10&  DORltB   DE    LA   FO>CTI0M    GftNÉRATRICB. 

constante  pour  la  nature  ;  il  existe  sous  ce  rapport  de 
nombreuses  exceptions,  et  la  science  possède  plus  d*un 
exemple ,  soit  de  menstruation  excessivement  hâtive,  soit 
de  menstruation  très  retardée.  Je  ne  puis  entreprendre  ici 
rhistoire  de  tous  ces  faits,  et  à  ceux  que  ces  documents 
intéresseraient,  j'indiquerai  un  intéressant  mémoire  publié 
par  le  journal  l'Expérience  (1),  où  l'auteur,  M.  Dézci- 
meris,  a  réuni  la  plupart  des  observations  de  ce  genre 
disséminées  dans  les  annales  de  la  science. 

Malgré  ces  anomalies,  ou  plutôt  h  cause  même  de  ces 
anomalies,  la  menstruation,  ainsi  que  je  le  disais  plus  baot, 
t  toujours  été  regardée  comme  le  signe  le  plus  certain  de 
l'aptitude  de  la  femme  à  la  procréation.  En  rapprorliant 
ce  fait  de  celui  qui  se  passe  chez  les  animaux  à  Tépoquc  du 
rut,  on  ne  peut  s'empêcher  de  reconnaître  entre  eux  une  cer- 
taine anologic.  Aristote  Tarait  si  bien  compris  qu'il  donna 
le  nom  de  memlrues  et  au  flux  rataménial  de  la  femme  et  à 
l'écoulement  périodique  qui  suinte  par  la  vulve  des  mam* 
mileres  en  chaleur.  Chez  ces  derniers,  une  corrélation  éii« 
dente  exi^^le  entre  ce  phénomèile  et  la  maturité  des  folli- 
cules  de  de  Graaf,  puisque  cet  écoulentent  ne  se  montre 
qu'à  l'époque  où  la  fécondation  peut  avoir  lieu. 

En  est-il  de  même  pour  la  femme?  Y  a-t-il,  entre  les 
phénomènes  extérieurs  et  intérieurs  quelque  point  de  con- 
tact ?  Les  uns  sont-ils  cause  et  les  autres  eiïet,  ou  sont-ils 
simplement  concomitants?  D'après  les  travaux  récents  des 
physiologistes  dont  je  parlerai  tout  à  Theuro,  la  menstrua- 
tion et  le  détachement  de  l'œuf  des  follicules  de  de  Grauf 
soraient  unis  par  un  lien  certain  et  entreiu  bien  longtemps 
a>»nt  notre  époque;  Bnudelocquc  ,  en  effet,  disait  que 

(I;  L Eriièrience,  t.  Il,  p.  li. 


SIGNIFICATION    DE   LA    MENSTRUATION.  105 

la  menstruation  n'était  qu'un  avortcipent  périodique; 
liecot  la  considérait  comme  une  espèce  de  phlogose  amou- 
reuse, et  Ernett  comme  une  véritable  érection  des  parties 
génitales;  bien  plus,  Dugès  et  madame  Boivin,  se  fondant 
sur  ce  que  des  femmes  portant  un  utérus  sans  ovairo 
n'avaient  jamais  été  réglées,  ou  que  la  menstruation  avait 
cessé  avec  l'extirpation  de  ces  organes,  disent  textuellement 
dans  leur  Traité  des  maladies  de  V utérus  i  <  C'est  &  l'in- 
>  fluence  sympathique  de  l'ovaire  sur  la  matrice,  comme 
«sur  tout  l'organisme,  que  sont  dus  ce  molimen  et  cette 
»  exhalation  locale  du  sang  dans  la  cavité  utérine.  »  En  1835, 
Schweigliœuser  annonçait  que  la  menstruation  devait  être 
considérée  comme  la  maturation  périodique  de  la  substance 
destinée  à  produire  le  fruit;  quelques  années  plus  tard,  en 
18/i7,  M.  Pouchet,  qui  revendique  pour  lui  l'honneur  de 
la  découverte,  assurait,  dans  un  écrit  remarquable  (1),  que 
dès  1835  il  rendait  publique  sa  théorie  de  l'ovulation 
spontanée,  dans  ses  cours  faits  au  Muséum  d'histoire  natu* 
relie  de  Rouen.  M.  Cosle  professa  dès  l'année  suivante  la 
doctrine  nouvelle;  mais  des  faits  positifs  manquaient  encore; 
M.  Gendrin  les  fournit  le  premier  {^)  :  se  fondant  sur  trois 
observations  de  femmes  mortes  pendant  la  période  mens- 
truelle, ce  praticien  fut  conduit  à  considérer  l'hémorrhagic 
menstruelle  comme  étant  liée  à  une  fonction  spéciale  des 
ovaires,  qui  consiste  dans  la  rupture  d'une  vésicule  et  dans 
l'expulsion  d'un  ovule.  De  son  côté,  M.  Négrier,  d'Angers, 
publia,  en  18&0,  quinze  observations  directes  qui  laissent 
supposer  que,  depuis  longtemps  déjà,  il  étoit  en  possession 
du  fait  de  concordance  de  l'évolution  et  de  la  rupture  d'une 

;l  ;  Théorie  positive  de  Vovulation  spontanée  et  de  la  fécondation^ 
(S)  Traité  d§  médecine  pMloeophique,  t.  IL 


40G  DinitB    DE    LA    PONCTION   GtlfÈMniGt. 

vésicule  de  de  Graafavec  la  menstraation.  A  partir  de  cette 
époque,  les  travaui  se  multiplient,  et  ceui  de  Jones  (I), 
de  Paterson  (2),  de  Lee  (A),  de  Montgomery  (&),  et  les 
ouvrages  de  Courty  (5),  de  Pouchet(6),  de  Coste  (7),  Bis- 
choiï  (8),  Coiistancio  (9) ,  Raciborski  (10),  etc.,  com- 
plètent la  découverte,  et  lui  donnent  une  apparence  de 
certitude  qu'elle  n'avait  pas  eue  jusqu'alors. 

J'ai  étudié,  dans  l'article  consacré  à  l'ovologie,  les  phé- 
nomènes qui  s'accomplissent  dans  la  vésicule  de  de  Graaf 
au  moment  de  la  sortie  de  Tœuf.  Je  n'y  reviendrai  pas  ici. 
Je  dirai  seulement  que,  eu  égard  à  ce  qui  se  passe  chei  les 
mammifères  soumis  à  l'observation  directe,  on  peut  sup- 
poser que  les  vésicules  de  de  Graaf  s'ouvrent  tout  à  fait  h  la 
fin  de  la  période  menstruelle;  aussi  M.  Pourhet  se  croit-il 
en  droit  de  pouvoir  déterminer  l'époque  à  laquelle  l'œuf  est 
fécondé.  Qu'on  me  permette  de  citer  le  passage  de  son  livre 
relatif  à  ce  point  très  important  pour  nous:  «  lia  vésicule  de 
de  Graaf  (car  il  n'y  en  a  presque  constamment  qu'une),  qui 

(4)  Practieal  obiervaîions  on  diteaseê  ofuHm^en,  Ixmôon,  4839. 
(t)  Edinb.  med,  and  $urg.  joum.,  4  840. 

(3)  Med.  cMr.  tram.,  i.  XXII,  p.  329. 

(4)  On  ihe  êigm  of  pregnancy,  p.  Ï6. 

(5)  De  rœuf  et  de  son  développement  dans  l'espèce  hunuùne,  Monl- 
pellier.  4  845. 

(6)  Théorie  positive  de  Vovulation  spontanée  et  de  la  fécoiuiation, 
Paris,  4847. 

(7)  Histoire  générale  et  particulière  du  développement  des  corps  orga» 
nisés.  Paris,  4  8«8. 

(8)  Traité  du  développement  de  l'homme  et  des  mammifères.  Paris, 
I    43,  in-H  el  allas;  el  Mémoire  présenté  à  l'Institut,  août  4  843. 

(9)  De  la   mmstruation  et   de   ses   rapports  avec  l* imprégnation. 
Bruiellea,  4  844. 

{\0)  De  la  puberté  et  de  fûge  erUéqmtkez  la  femme.  Paria,  4844. 


SramPiCATION    DE    LA    MBHSTRUATIOIV.  ll)9 

doit  éflnettre  Tovule,  se  développe  pendant  le  coars  de 
répoque  menstruelle.  Puis,  soit  immédiatement  après  la 
cessation  du  Oui  cataméniai,  soit  seulement  lorsqu'il  s'est 
écoulé  un,  deui,  trois  ou  quatre  jours  après  sa  terminaison, 
eette  vésicule  s'ouvre  et  laisse  échapper  Tovule  qu'elle 
contenait. 

i>  L'œuf  est  alors  saisi  par  le  pavillon,  et  il  entre  dans  la 
trompe,  qu'il  parcourt  avec  lenteur.  Je  pense  qu'il  met 
ordinairement  de  deux  à  six  jours  à  la  franchir  et  è  se  rendre 
de  l'ovaire  dans  l'utérus. 

x>  Arrivé  dans  la  matrice,  il  s'y  trouve  encore  retenu  de 
deux  è  six  jours  par  la  decidua  exsudée  è  la  surface  de  la 
muqueuse,  vers  le  déclin  de  l'irritation  qui  suit  l'époque 
menstruelle. 

»8i  l'œuf  n'est  point  alors  imprégné  de  sperme,  il  ne  se 
Gxe  pas  à  l'utérus,  et  se  trouve  enlevé  avec  la  dtcidua\ 
celle-ci  tombe  ordinairement  du  dixième  au  douzième  jour, 
à  compter  de  la  cessation  des  menstrues. 

»  L'expérience  ayant  prouvé  que,  chez  les  mammifères, 
le  fluide  séminal  versé  è  l'intérieur  des  organes  génitaux 
des  femelles  y  conservait  plus  de  trente  heures  sa  vertu 
|iroliiique,  il  est  probable  qu'il  en  est  de  même  sur  notre 
espèce.  Aussi  un  rapprochement  opéré  un  et  peut-être  deux 
jours  a\ant  le  passage  de  l'œuf  dans  l'endroit  où  il  subît 
l'imprégnation  peut-il  devenir  fécond. 

»  Mais  tout  rapprochement  sexuel  opéré  après  la  chute 
simultanée  de  la  deddua  et  de  l'œuf,  et  durant  tout  le 
temps  qui  sépare  cette  chute  de  l'invasion  de  la  période 
mensiruelle,  est  absolument  infécond. 

«  Or,  comme  nous  avons  reconnu  que  la  deddua  tombait 
constamment  du  dixième  au  douzième  jour  de  l'intermens- 
truatiou,  il  résulte  conséquemmeot  de  ce  fait  que  la  coneep- 


108  DURftI   DB   LA    FONCTION   GtNtRATRICE. 

tioD  ne  peut  8*opérer  qae  do  premier  au  douzième  jour  qui 
luiveot  les  règles,  et  que  jamais  elle  D*a  lieu  après  celte 
époque  (i).  » 

Courly,  de  son-  côté,  sans  être  aussi  aflirmatif  que 
M.  Pourhety  s'eiprime  ainsi  :  «  Nous  sommes  porté  à  con- 
clure que,  en  général,  chez  la  femme,  la  conception  ne 
peut  aroir  lieu  que  pendant  les  huit  à  dix  premiers  jours 
qui  suivent  les  règles  (2).  » 

Celte  théorie  est  très  séduisante,  il  en  faut  convenir^  et 
simplifie  singulièrement  le  didicile  problème  de  la  féconda- 
tion; mais  malheureusement  elle  est  en  désaccord  avec 
Tobservation  journalière,  qui  montre  la  possibilité  de  la 
conception  chez  la  femme  à  toutes  les  époques  de  la  période 
inlermenstruellc,  et  quelquefois  Tinutilité  du  coit  au\  épo- 
ques filées  par  MM.  Pouchet  et  Courty  comme  les  seules 
propres  è  la  fécondation. 

M.  Coste  a  cherché  à  aplanir  ces  difKrultés,  cl,  pour 
répondre  à  la  dernière  objection,  il  assure  que  le  travail  de 
Tovaire  peut  être  incomplet  malgré  la  régularité  des  règles, 
et  que  la  vésicule,  parvenue  à  un  certain  degré  de  dévelop- 
pement, peut  rester  quelque  temps  stationnaire,  puis  avor« 
ter  sans  se  rompre. 

Quant  à  la  corrélation  de  la  menstruation  et  de  la  chute 
naturelle  de  Tœuf,  M.  Coste  reconnaît  qu'elle  n'est  pas 
constante,  et  qu'il  est  des  circonstances  capables  de  hAter  ou 
de  retarder  le  travail  de  Tovaire.  Il  distingue,  pour  la  ma- 
turation et  la  chute  de  l'œuf,  des  époques  naturelles  et  des 
époques  artificielles,  c'est-à-dire  provoquées  par  des  cir- 

(I)  Théorie  ptmlive  de  l'ovulation  Mpontamr  et  de  la  (ècondaiion, 
p.  271-270. 
(S)  De  Comf  ei  de  9on  développement  dan$  Veepèce  humahê^  p.  84 . 


PBÉllOllftNBS   ACCOMPAGNANT   LA   VBNBIHOATION.     109 

coDfttances  extérieares.  Au  nombre  de  celles-ci,  on  doit 
citer  les  conditions  d'abri  et  de  températare,  l'abondance  et 
la  qualité  des  aliments,  la  cohabitation  des  rofties  et  des 
femelles;  ainsi,  prenant  Tcxemple  d'une  lapine  dont  le  rat 
se  renouvelle  tous  les  deux  mois,  quand  elle  est  isolée,  et 
qni  se  laisse  de  nouveau  couvrir  peu  après  la  cessation  du 
rut,  quand  elle  est  avec  le  mâle,  M.  Coste  se  demande  si, 
en  considérant  que  l'espèce  humaine  disposée  son  gré  de 
toutes  ces  conditions  h  Tégard  d'elle-même  et  jouit  du  pri- 
vilège d'une  aptitude  permanente  au  rapprochement  des 
sexes,  on  ne  pourrait  pas  conclure  qu'elle  aussi  est  soumise 
à  ces  influences,  et  admettre  que  les  phénomènes  de  la  ma- 
turation et  de  la  chute  de  l'œuf  chez  la  femme  ne  sont  pas 
toujours  spontanés  ni  invariablement  fixés  par  la  période 
menstruelle. 

Quoi  qu'il  en  soit,  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances 
il  serait  injuste  de  repousser  la  théorie  de  l'ovulation  spon* 
tanée,  ainsi  que  l'a  fait  le  docteur  W.-B.  Kesteven  (1), 
qui  refuse  de  la  ranger  parmi  les  théories  indnctives  légiti- 
mes, et  ne  la  regarde  que  comme  un  ingénieux  arrangement 
de  l'esprit,  et  d'admettce  comme  causes  de  la  menstruation 
les  explications  données  par  Haller  et  Burdach. 


%  III.  —  ¥héMÊmmèmem  accm^pacmaiit  la 

La  menstruation  s'accompagne  de  phénomènes  locaux  et 
généraux  qu'il  est  important  de  connaître. 

Parmi  les  phénomènes  locaux,  le  premier  fait  caractérisa 
tique  de  l'invasion  des  règles  est  la  manifestation  d'une 
odetir  spéciale  que  contracte  le  mucus  excrété  par  les  organes 
génitaux,  et  qui  est  comparable  à  celle  que  répandent  les 

(1}  Archites  générahs  de  médecine ,  4850. 


410  DOlàl   M   LA    VONCTION   OÉNÉMATUGB. 

émaiiatioDS  des  parties  géuitaies  des  fomelles  à  l'époque  du 
rut.  Quelquefois  ce  phénomène  est  précédé  ou  accoai|>agné 
par  des  coliques,  des  niau\  de  reins,  et  un  sentimeut  de 
pesanteur  dans  le  bassin.  Le  museau  de  tanche  se  tuméUe, 
se  ramollit  légèrement,  et  Tutérus  semble  s'abaisser.  M.  fti- 
paull,  de  Dijon,  en  niant  ces  deux  derniers  caractères,  dit 
que  la  seule  exallation  des  forces  vitales  dont  l'œil  puisse 
invariablement  s'assurer,  consiste  dans  la  saillie  d'une  veine 
bleu&lre,  quelquefois  de  deux,  aiïerlant  une  direction  irré- 
gulièrement transverse,  et  formant  un  relief  sur  la  lèvre 
antérieure  du  col. 

Bientôt  le  mucus  utéro-vaginal  change  de  couleur  :  de 
blanc  qu'il  est  d'ordinaire,  il  devient  brunâtre,  et  cette  colo» 
ration,  tantôt  précède  Técoulcment  sanguin  d'une  manière 
immédiate,  et  tantôt  disparait  pendant  un  jour,  après  lequel 
du  sang  presque  pur  s'échappe  parla  \ulve. 

C'est  lu  seconde  période  qui  commence. 

Cette  période  n'a  pas  iinr  durée  é^ale  chez  toutes  les 
femmes.  D'après  les  calculs  de  la  statistique,  cette  durée, 
fixée  sur  562  femmes,  a  été,  dans  l'ordre  de  fréquence, 
huit,  trois,  quatre,  deux,  cinq,  six,  dix,  sept  jours.  Maison 
peut  dire  d'une  manière  générale  que  l'écoulemont  mens- 
truel se  prolonge  plus  longtemps  ch<'z  les  femmes  des  villes 
que  chet  les  femmes  de  la  campagne  ;  chez  les  femmes 
petites,  délicates,  nerveuses,  que  chez  celles  qui  sont  grandes, 
fortes,  sanguines  ;  chez  les  personnes  qui  mènent  une  ^ie 
sédentaire,  molle,  voluptueuse,  que  chez  celles  <|ui  se  li\rent 
a  des  occupations  actives  et  dont  les  habitudes  et  les  mœurs 
sont  régulières. 

D'après  ces  considérations,  on  comprend  combien  doit 
être  variable  lu  quantité  de  sang  perdue,  comparée  d'une 
femme  à  une  autre  ;  cette  quantité  n'est  même  pas  égale 


PHtROlfAlW   AiCCOMPAGlIAlfT   LA    MSNSTBOATION .     1(1 

chez  la  même  femme  à  chaque  menstruation,  et  il  est  du 
reste  presque  impossible  de  Tapprécier  expérimentalemeoi 
d'une  manière  exacte  ;  cependant  on  estime  que  Dehaeo 
s'est  le  plus  rapproché  de  la  vérité  en  Gzant  cette  quantité 
en  chiiïre  de  90  à  150  grammes. 

Après  une  durée  plus  ou  moins  longue  de  cette  seconde 
période,  la  quantité  de  sang  excrété  devient  de  moins  eo 
moins  abondante,  sa  couleur  passe  du  rouge  au  brun,  et, 
peu  a  peu,  le  mucus  utéro-vaginal  pâlit  d'abord,  s'épaissit 
et  recouvre  ses  qualités  premières. 

Quand  l'écoulement  menstruel  a  cessé,  des  plaques  épi- 
théliales  nombreuses,  d*abord  presque  intactes,  mais  bientdt 
réduites  en  fragments  plus  ou  moins  ténus,  se  détachent  de 
la  face  interne  de  l'utérus  et  surtout  du  vagin.  En  ce  mo- 
ment, c'est-à-dire  le  dixième  jour  environ  après  la  cessation 
des  règles,  tomberait  constamment,  d'après  M.  Pojchet, 
un  flocon  albumineux,  élastique,  d'une  teinte  opaline,  produit 
par  la  surface  de  l'utérus,  et  qui  serait  une  véritable  decidua 
se  formant  normalement  dans  la  matrice  après  chaque  pé- 
riode menstruelle ,  se  détachant  normalement  aussi  pendant 
chaque  intervalle  des  règles,  lorsqu'il  n'y  a  pas  eu  fécondation- 

Parmi  les  symptômes  généraux  qui  accompagnent  d  ordi- 
naire l'écoulement  des  règles,  il  faut  noter,  avec  les  coliques 
et  les  douleurs  des  reins,  une  lassitude  dans  les  jambes  et  la 
tuméfaction  des  mamelles  ;  pendant  la  durée  de  l'évacua- 
tion sanguine,  l'intensité  des  battements  du  pouls  diminue, 
les  yeux  se  creusent  et  s'entourent  d'un  cercle  livide,  et 
quelquefois  l'haleine  devient  fétide.  Enfin  si  l'hémorrhagie 
se  fait  avec  difBculté,  surtout  la  première  fois,  apparaissent, 
ainsi  que  le  remarque  M.  Longet,  de  véritables  symptômes 
morbides. 

La  menstruation  se  reproduit  périodiquement  chez  la 


113  HUBAR    tiS    LA    FO\CTlaN    «(tN^lBATRICR, 

femme  tous  les  mois.  M.  Brîerre  île  lloismont  iiNsure  que 

l'intervalle  d'une  ptîrioile  ii  l'aulre  est  de  30  jours,  il'après 

Sirhweigs,  il  serait  seulement  de  27  5  28  jours  ;  très  souvent 

les  rtf^les  nnlici|iont  sur  l'époque  suitanle,  rarement  elles 

rclardenl. 

\,a  menstruation  se  suspend  d'ordinaire  pendunl  la  gros- 
sesse et  l'iillailemcnl;  je  dis  d'ordinaire,  parce  qu'il  n'est 
pas  très  rare  de  rencontrer  des  femmes  ré;j;Iées  pendont  ces 
deux  périodes  de  leur  vie;  mais  dans  te  premier  cas,  les 
menstrues  se  montrent  plutât  pendant  les  trois  ou  quatre 
premiers  mois  que  pendant  tout  le  reste  de  lu  grossesse. 
Chez  un  grand  nombre  de  nourrices,  la  menstruulion  repo- 
rott  sî\  ou  Iiuît  mors  après  l'accouchement,  tandis  que  cbei 
d'autres,  elle  se  montre  aussi  liAtivemenI  que  cliez  les  femmes 
qui  ne  nourrissent  pas  ;  celles-ci  reviennent  ordinairement 
k  h  menstruotion  si\  semaines  ou  deux  mois  après  l'accou- 
chement. 

La  nature  du  liquide  ctcrélé  n'est  ni  vénéneuse,  ni  félidc  ; 
la  fétiililé  des  menstrues  doit  <ïlre  rapportée  à  la  malpro- 
preté, h  ]<i  clialeurou  b  un  long  séjour  dans  les  organes.  Son 
pou  de  disposition  a  rc  coaguler  et  à  se  séparer  par  le  repos 
en  caillot  et  en  sérum,  at  ait  fait  supposer  qu'il  était  dépourvu 
de  Bbri  ne.  Cette  opinion,  que  Lavagnaavoil  surtout  partagée, 
est  démentie  par  les  analyses  plus  récentes  de  M.  Denis  et 
de  M.  Itoucbardat,  et  par  l'ctamen  microscopique. 

D'après  llitllcr,  l'écoulement  cataménial  serait  produit 
par  les  artères  de  la  mutricc;  d'après  M.  Coste,  le  sang 
s'échapporiiit  des  vaisseaux  superficiels  de  la  muqueuse  uté- 
rine par  de  petites  gerçures  microscopiques. 

La  cessation  définitive  des  règles  ou  ménopause  n'arrire 
pas  h  une  époque  fixe  et  égale  pour  toutes  les  femmes.  Sur 
4R1  femmes  dont  l'Age  critique  a  été  noté  par  M.  Krierre 


j 


DURÉE   DE   LA    FO:<CTION   GÉNÉRATRICE.  113 

de  Boismont,  11/i  ont  cessé  d'être  rt^glces  de  quarante  h 
cinquante  ans;  21,  de  cinquante  et  un  à  citiqnante-cinqans; 
5,  de  cinquante-cinq  h  soixante  ans.  Les  AI  femmes  restantes 
ont  vu  tarir  leurs  menstrues  avant  quarante  ans  :  chez  25^ 
la  cessation  a  eu  lieu  de  trente-cinq  h  quarante  ans  ;  chez  1 0, 
de  trente  à  trente-cinq;  et  chez  7,  de  vingt  et  un  à  trente 
ans.  Les  relevés  statistiques  faits  h  Lyon  par  M.  Pétrequin, 
et  à  la  Salpètrière  par  M.  Raciborski,  concordent  avec  ceui 
que  je  viens  de  citer,  et  Ton  peut  dire,  en  règle  générale, 
que  l'âge  critique  apparaît  de  quarante  à  cinquante  ans. 

La  cessation  des  règles  coïncide  avec  des  phénomènes 
ovariques  inverses  de  cou.\  qui  accompagnent  rétablissement 
des  menstrues.  La  diminution  et  Tutrophic  des  ovaires  font 
plisser  leur  enveloppe  extérieure,  et  les  rides  profondes  qui 
en  résultent  leur  donnent  un  aspect  singulier  que  M.  Raci- 
borski  com|)are  à  celui  du  noyau  de  pèche.  Les  vésicules 
de  de  Graaf  sont  grisâtres  ou  d'un  blanc  opaque  à  parois 
froncées.  Le  liquide  qu'elles  renferment  a  disparu,  quelque- 
fois  même  leurs  cavités  sont  effacées,  et  leurs  parois  épais- 
sies forment  une  espèce  de  tubercule  oiïrant  à  peine,  h  son 
centre,  trace  de  l'ancienne  cavité.  Quelquefois  plus  rien  n'est 
reconnaissable,  et  l'ovaire  fortement  réduit  est  transformé 
en  substance  cellulo-fibreuse. 

L'utérus  et  les  glandes  mammaires,  dont  nous  avons  vu 
le  développement  s'accomplir  lors  de  rétablissement  des 
règles,  s'atrophient  aussi  dans  de  certaines  limites,  et  suivent 
le  dépérissement  des  ovaires. 

Des  phénomènes  généraux  divers,  et  d'une  durée  va- 
riable, accompagnent  ou  suivent  d'ordinaire  la  ménopause. 
Iftl  femmes  interrogées  par  M.  Brierre  de  Boismont  ont 
présenté  les  résultats  suivants  :  dans  ftO  cas,  les  règles  se  sont 
supprimées  tout  à  coup  d'un  mois  a  l'autre,  sans  que  rien 

8 


11  &      DOIÉS  DB  LA  FONCTION  GÉNÉIATIICB. 

d'avance  Tait  pQ  faire  prévoir  ;  26  fois  cette  termioaisK)!! 
brusque  s'est  opérée  après  les  couches,  le  sevrage,  des 
émotions,  des  chutes,  des  coups,  etc.  Les  retards,  notés 
30  fois,  ont  varié  entre  une  semaine  et  une  année  ;  les  irré- 
gularités constituent  le  phénomène  le  plus  fréquent,  il  s*esi 
montré  60  fois  ;  les  unes  ont  leurs  menstrues  toutes  les  trois 
semaines,  deui  fois  et  même  trois  fois  pur  mois;  chez  d*au- 
tres,  les  règles  diminuent  graduellement  de  quantité;  enfin, 
chez  les  troisièmes,  la  cessation  n*a  lieu  qu'après  des  alter- 
natives de  diminution  et  de  retours  réguliers. 

L'accident  le  plus  fréquemment  noté  est  la  métrorrhagie, 
il  Ta  été  57  fois  par  M.  Brierre  de  Boismont.  Chez  quelques 
femmes,  aui  règles  succèdent,  pendant  un  temps  plus  ou 
moins  long,  des  écoulements  blancs  continus,  ou  qui  oiïreut 
des  alternatives  de  flux  et  de  suppression. 

Cependant  les  accidents  qui  peuvent  accompagner  la 
ménopause  n'ont  pas  la  gravité  (|ue  leur  prêtent  quelques 
personnes,  car  les  importantes  statistiques  de  MM.  Laohaise, 
Muret  de  Vaud,  Benoiston  de  Chàtcauneuf  et  Deparcieuz, 
n'accusent  pas  une  augmentation  de  mortalité  parmi  les 
femmes  pendant  la  période  de  quarante  à  cinquante  ans. 

Il  arrive  quelquefois  qu'à  l'époque  ordinaire  de  Tàge 

ritique,  les  règles  se  suspendent  pour  reparaître  après  un 

temps  plus  ou  moins  long.  Dans  ce  cas,  la  fécondité  revient 

avec  la  menstruation,  et  llallera  vu  des  femmes  desoitante- 

dii  ans  qui  avaient  encore  des  enfants. 

Mais  si  la  menstruation  ne  s'est  jamais  montrée,  ou  tout 
au  moins  si  les  phénomènes  qui  accompagnent  cette  fonction 
ont  toujours  été  absents,  on  peut  assurer  que  la  stérilité  de 
la  femme  est  une  conséquence  fatale  de  cet  état.  On  a  cité, 
je  le  sais,  des  exemples  dans  lesquels  la  femme  a  été  fécon- 
dée sans  qu'elle  eût  été  jamais  réglée,  ou  pendant  que  ses 


BAPM1T8   M    LA    FONCTION   6ÉNÉIIAT1ICI,    ITG.       115 

règles  étaient  suspendues.  Je  conteste  formellement  le  fait, 
et  je  suis  convaincu  que,  chez  ces  femmes,  la  menstruation 
n'apparaissait  pas  par  suite  d'un  état  particulier  des  ovaires 
ou  de  l'utérus,  mais  qu'à  chaque  mois,  à  l'époque  correspon- 
dante au  travail  des  vésicules  de  deGraaf^des  phénomènes 
spéciaux  se  devaient  faire  sentir,  soit  du  côté  des  organes 
génitaux,  soit  dans  les  glandes  mammaires,  soit  dans  l'orga- 
nisme tout  entier. 

Les  détails  dans  lesquels  je  suis  entré  dans  ce  chapitre 
trouvent  leur  excuse  dans  cet  axiome  si  important  pour  nous: 
Sans  metuirtuUianf  point  de  fécondation  de  la  femme. 


CHAPITRE  IV. 

RAPRORTS    ni    LA    PONCTION    GÉNÉRATRICE   AVEC     LES   AUTRB8 

FONCTIONS   DE  l'oRGANISKB. 

L'homme  n'est  appelé  à  reproduire  son  semblable  qae 
lorsque  toutes  les  fonctions  de  l'organisme  s'exécutent  avec 
une  énergie  suffisante  ;  la  fonction  génératrice  est  la  der- 
nière à  entrer  en  exercice  et  la  première  à  disparaître  de 
la  scène  de  la  vie,  parce  que  la  nature  a  voulu  que  le  pro- 
duit de  cette  fonction  portât  l'empreinte  de  la  vitalité  la  plus 
forte,  et  que  la  grande  et  sublime  mission  de  la  perpétua- 
tion de  l'espèce  s'accomplit  au  milieu  des  conditions  les 
plus  favorables  de  toutes  sortes. 

Avant  la  mise  en  jeu  des  organes  génitaux,  l'homme, 
pour  ne  parler  ici  que  de  lui,  n'a  qu'une  vie  individuelle,  ne 
participe  au  monde  e^érieur  que  pour  la  satisfaction  de  ses 
personnels,  et,  par  cet  égoisme  d'un   instant,  i| 


116  lAPFORTS  DB   LA    FONCTION   GÈNtlIATIICB 

s'ouvre  la  voie  de  reiistence  dont  le  bot  unique,  aux  yeui 
de  la  nature,  est  la  production  d'un  être  nouveau  et  sem-* 
blabic  à  lui.  Avant  la  puberté,  riiomme,  si  je  puis  ainsi  dire, 
n'est  pas  une  réalité,  ce  n*est  qu'une  espérance  ;  il  n'est 
rien  dans  le  passé,  il  est  peu  dans  le  présent,  il  est  tout 
dans  l'avenir.  Confondus  sous  la  dénomination  commune 
d'enfants,  les  deux  sexes  se  ressemblent  au  physique  et  au 
moral  ;  mais  a  mesure  qu'ils  avancent  vers  l'époque  oà  cha- 
cun d'eux  aura  à  remplir  une  fonction  spéciale,  les  formes 
extérieures  se  modifient,  la  \ie  végétative  semble  ne  plus 
obéir  au  même  courant,  et  des  tendances  difTérentes  dirigent 
leurs  jeunes  esprits;  ces  divergences  se  prononcent  de  plus 
en  plus  tous  les  jours,  et  lorsque  la  fonction  génératrice 
apparaît,  ces  dissemblances  se  montrent  plus  prononcées  et 
plus  caractéristiques  :  chez  la  jeune  fille,  la  menstruation 
prend  un  type  plus  fixe;  les  seins  se  développent,  leurs  ma- 
melons deviennent  plus  larges  et  plus  gros;  l'auréole,  qui 
était  rosée  chez  les  blondes  et  jaunâtre  chez  les  brunes, 
devient,  dans  le  premier  cas,  d'un  rouge  sale,  et  dans  le 
lecond,  d'un  brun  plus  foncé  ;  le  mont  de  Vénus  acquiert 
plus  d'élévation  et  de  largeur;  les  poils  qui  le  garnissent 
deviennent  plus  roides,  plus  frisés  et  plus  foncés  en  couleur; 
chez  l'homme,  les  formes  perdent  leurs  contours  et  devien- 
nent ar\guleuses;  la  barbe  croit  à  la  figure,  et  des  poils  se 
montrent  à  la  poitrine,  aui  aisselles  et  sur  les  membres  ;  la 
voix  devient  grave,  la  marche  plus  assurée,  et  la  raison 
tempère  la  fougue  de  l'imagination. 

Et  la  preuve  que  tous  ces  changements  sont  dus  a  l'éveil 
de  la  fonction  génératrice,  c'est  que,  chez  les  castrats,  le 
système  adipeux  l'emporte  sur  le  s}stème  musculaire,  et 
conserve  aux  formes  extérieures  ces  contours  moelleux  qui 
sont  l'apanage  de  la  f^^mme  ;  leur  figure  ne  se  garnit  pas  de 


AVEC   LES   ADTBES    FONCTIONS    DE    l'oRGAKISHE.       117 

Wbe,  et  les  poils  manquent  aussi  ou  sont  rares  et  mal 
plantés  aux  autres  parties  du  corps  ;  chez  la  femme  stérile, 
au  contraire,  par  atrophie  ou  absence  congénitale  des 
ovaires,  des  poils  naissent  sur  la  lèvre  supérieure  et  au 
menton,  et  ses  habitudes  extérieures  ont  tellement  perdu 
le  cachet  du  sexe  féminin,  qu'elles  lui  ont  valu  chez  les 
anciens  le  nom  de  virago^  et  chez  nous  celui  d'hommasse. 

Des  changements  analogues,  mais  en  sens  contraire,  ont 
également  lieu  lorsque  la  fonction  génératrice  est  éteinte. 
Chez  les  deux  sexes,  les  formes  gracieuses  qui  les  distin- 
guaient s'effacent  peu  à  peu  sous  des  rides  nombreuses;  les 
cheveux  et  les  poils  accusent  l'afTaiblissement  des  forces  vi- 
tales par  leur  chute  ou  leur  changement  de  couleur;  les 
fonctions  digestives,  plus  languissantes,  ralentissent  la  cir- 
culation etdiminuent  par  conséquent  la  caloricité  (1)  ;  Tintel- 
ligence  s'affaiblit  à  son  tour,  et  quand  la  décrépitude  est 
assez  avancée  et  quand  sont  éteints  tous  les  signes  distinctifs 
de  l'un  et  l'autre  sexe,  Thomme  et  la  femme  tombent  en 
enfance^  selon  l'heureuse  expression  populaire,  c'est-à-dire 
dans  cet  état  amorphe  où  les  deux  sexes  se  confondent  dans 
un  mutuel  oubli  de  leurs  attributs. 

Malgré  ce  tableau  ébauché  à  grands  traits,  on  doit  com- 
prendre le  rôle  important  que  joue  la  fonction  génératrice 
dans  l'histoire  de  l'homme  :  une  fonction  qui  tient  ainsi  sous 
sa  dépendance  l'accroissement  et  le  dépérissement  de  Por- 
ganisme,  doit  avoir  avec  toutes  les  autres  fonctions  des 
rapports  intimes  qui  établissent  entre  elles  des  influences 
réciproques. 

Ce  sont  ces  rapports  que  je  me  propose  d'examinp.r  dans 
ce  chapitre. 

(4)  Voyez  Réveillé  Parise,  Traité  de  la  vieillesse  hygiénique,  moral 
H  philMopkiqtêe.  Paris,  4853,  p.  Ô2. 


H  s  BAPraiTS   DB   LA    FOlfCTtOll   OtlftlATIICB 

Je  les  étudierai  d*abord  ao  point  de  voe  des  fonctions  de 
la  vie  organique,  comme  aurait  dit  Bichat,  ou  de  la  vie  plas- 
tique, comme  dit  Burdach  ;  et  je  terminerai  par  l'examen 
des  relations  de  la  fonction  génératrice  avec  les  fonctions 
de  la  vie  animale. 

A.  Rapporté  avec  la  vie  orgamquê, 

1*  Nutrition.  —  «  La  nutrition  et  la  génération,  dit  Bur- 
dach, sont  des  directions  opposées  de  la  vie.  Cependant  il 
}  a  sympathie  entre  elles.  Une  nutrition  abondante  et  une 
bonne  digestion  sont  des  circonstances  favorables  à  la  pro- 
création, car  la  formation  de  l'individualité  est  la  condition 
nécessaire  de  toute  formation  dirigée  dans  les  intérêts  de 
l'espèce.  Le  défaut  de  nutrition  commence  par  suspendre  la 
sécrétion  du  sperme  et  éteindre  les  désirs;  puis  les  testicules 
commencent  par  se  flétrir.  La  fécondité  dépend  aussi  de  la 
nutrition,  C4ir  elle  est  plus  grande  quand  la  nourriture  abonde 
ou  choz  les  nniroaux  qui  trouvent  facilement  à  se  nourrir, 
ceu\  par  exemple  qui  habitent  la  mer  (1).  » 

Il  ne  faut  pas  ici  confondre  lu  nutrition  avec  un  résultat 
quelquefois  exa'^éré  de  cette  fonction,  le  développement 
tro|)  considérable  du  tissu  graisseux,  car  leur  influence  sur 
la  fonction  génératrice  est  complètement  opposée. 

Cette  réserve  admise,  doit-on  accepter  comme  expression 
de  la  \érité  les  paroles  de  Burdach?  Je  ne  le  pense  pas. 
Sans  chercher  mes  exemples  dans  les  hautes  classes  de  la 
société,  où  le  luxe,  la  paresse  et  mille  autres  causes  d'inner- 
vation, peuvent  masquer  l'action  de  la  nutrition,  je  citerai 
la  fécondité  proverbiale  des  paysans  et  du  peuple,  qui  ont 
une  nourriture  souvent  insuflisante  et  toujours  malsaine. 

( I  )  Traité  de  phytiologte,  irad.  par Joordan.  Paris,  ia97,  t.  ▼,  p.  Il . 


ATBC    LIS   AUTEES   FONCTIONS    DE    l'oIGANISM.        119 

Lirlande,  les  contrées  les  plus  pauvres  de  rAllemagne  et 
de  la  Russie,  fournissent  toutes  les  années,  sans  s'amoindrir 
et  s'éteindre,  des  contingents  considérables  à  Témigration. 

Cette  influence  d'une  nutrition  trop  abondante  sur  la 
fonction  reproductrice  n'est  pas  spéciale  à  l'espèce  humaine  ; 
elle  se  retrouve  dans  l'histoire  de  tous  les  êtres  organisés, 
et  l'industrie  l'a  su  mettre  h  profit  pour  multiplier  outre 
mesure  certaines  espèces  dont  elle  tire  parti  :  «  Les  étangs 
de  la  Sologne,  dit  le  docteur  Mayer,  sont  si  favorables  h  la 
croissance  des  carpes,  que  la  rapidité  du  développement  de 
leur  taille  —  luxe —  les  rend  tout  à  fait  infécondes,  et  qu'ils 
sont  obligés,  eui  propriétaires,  pour  conserver  de  la  graine 
de  leur  poisson,  d'avoir  des  carpières  de  misère^  où  ils  tien- 
nent les  carpes  exclusivement  destinées  à  la  reproduction. 
Ces  carpières,  spéciales  à  la  reproduction,  sont  d'étroites 
pièces  d'eau  où  les  carpes  femelles  sont  entassées  par  my- 
riades, sont  les  unes  sur  les  autres,  meurent  de  faim,  en  un 
mot.  Ne  pouvant  profiter,  ces  carpes  pondent  ;  et  ces  pon- 
deuses fécondes  ont  été  baptisées  en  Sologne  du  nom  signi- 
ficatif de  petnarcb(l).  » 

Cependant,  que  l'on  n'eiagère  pas  ma  pensée  :  je  suis 
loin  de  prétendre  que  des  privations  prolongées,  que  des 
carpières  de  misère^  pour  me  servir  de  l'expression  des 
habitants  de  la  Sologne,  sont  des  conditions  heureuses, 
sinon  les  plus  favorables  à  la  reproduction  ;  non,  telle  n'est 
pas  ma  manière  de  voir  ;  mais  je  suis  convaincu  qu'une 
nourriture  frugale,  grossière  même,  mais  snflisante,  est  infi- 
niment préférable  pour  le  but  à  atteindre,  que  ces  raffine- 
ments culinaires  inventés  par  les  palais  blasés^  et  que  ces 
excès  de  table  dont  toute  civilisation  avancée  donne  le 

(I)  lh$  ropports  conjugaux.  Paris,  4  854 ,  p.  95. 


120  aAPFOITl»   DB   LA   FONCTION   GkNÉRAniCK 

triste  spectacle.  On  a  depuis  longtemps  fait  la  remarque 
que  Rome  eût  péri  avant  la  fin  de  la  République,  si  les 
étrangers  n'eussent  continuellement  comblé  les  \ides  que 
son  intempérance  creusait  sans  cesse.  Mais  il  ne  suRit  pas, 
pour  que  la  faculté  procréatrice  atteigne  sa  plus  haute  énergie, 
que  la  nourriture  réunisse  les  conditions  que  je  viens  d'énu- 
mérer,  il  faut  encore  que  les  fonctions  digcstives  s'accom- 
plissent dans  leur  intégrité.  Je  dirai  ailleurs,  alors  que  j'ex- 
poserai les  causes  de  Timpuissance,  combien  les  aflections 
de  l'estomac  et  des  intestins  influent  sur  l'acte  de  la  copula- 
tion, et  je  raconterai  l'histoire  d'un  garçon  de  café,  soumis 
à  mon  observation,  qui,  sous  l'empire  d'un  état  morbide  de 
l'estomac,  était  incapable  d'entrer  en  érection,  et  qui,  cet  étal 
s'améliorant,  ne  pouvait  exercer  le  coit  que  dans  des  positions 
où  l'épigastre  était  soustrait  à  toute  espèce  de  pression. 

De  son  cdlé,  la  génération  influe  aussi  sur  la  nutrition. 
L'exercice  de  cette  fonction,  quand  il  est  modéré  et  en  rap- 
port avec  les  forces  de  l'individu,  aiguise  Tappétit  et  favo- 
rise la  nutrition  ;  quand  au  contraire  il  franchit  les  bornes 
tracées  par  l'âge  et  la  constitution,  les  fonctions  digcstives 
s'aflaiblissent,  l'estomac  languissant  ne  s'assimile  plus  les 
portions  alibilesdes  aliments,  et  l'émaciation  générale  est  la 
conséquence  fatale  de  cette  perversion  de  la  nutrition. Qui  ne 
connaît  les  suites  funestes  des  excès  de  l'onanisme  ou  du  coït? 

La  suppression  de  la  faculté  génitale,  à  son  tour,  retentit 
profondément  sur  la  nutrition  :  elle  la  favorise,  l'exaspère 
même  ;  les  castrats  sont  ordinairement  charges  d'embon- 
point, et  les  hommes  qui  deviennent  inhabiles  à  la  procréa- 
tion, à  la  suite  d'une  vie  licencieuse,  ne  tardent  pas  à  en- 
graisser. On  dirait  que  la  force  vitale,  ne  pouvant  plus 
s'échapper  par  irémondoire  dont  le  siège  est  dans  les  or- 
ganes génitaux,    se  réfugie  tout  entière  dans  les  facultés 


AVBC   LU   AUTBES   FONCTIONS   DE   l'oBGANISME.       131 

nutritif  es,  et  qu'alors  elle  emploie  à  produire  toute  Ténergie 
qu'elle  mettait  à  dépenser. 

2"*  Circulation;  respiration.  La  respiration,  selon 
l'heureuse  expression  de  Burdach,  élant  une  tendance  du 
sang  a  se  porter  au  dehors  pour  entrer  en  conflit  avec  Tat* 
mosphère,  nous  réunissons  dans  le  même  paragraphe  les 
fonctions  du  cœur  et  celles  du  poumon. 

L'uneet  l'autre  ont  des  rapports  directsavec  la  génération. 

La  première,  par  le  calorique  qu'elle  développe,  accom- 
pagne  et  favorise  les  actes  génitaux,  et  tout  le  monde  sait 
que  la  chaleur  animale  augmente  à  l'époque  de  la  puberté. 
Bien  plus,  la  vie  du  sang  est  exaltée  par  la  faculté  procréa- 
trice. D'après  les  expériences  de  MM*  Barruel  (l),Wede- 
kind(2)  et  Raspail  (3),  l'odeur  qu'exhale  la  vapeur  de  ce 
liquide  est  plus  forte  chez  l'homme  que  chez  la  femme  et 
l'enfant,  et  présente  un  caractère  particulier  que  l'on  ne 
rencontre  pas  chez  les  castrats,  les  vieillards  et  les  individus 
inhabiles  à  la  fécondation  ;  elle  pénètre  la  chair  des  animaux, 
.  et  nul  n'ignore  combien  elle  est  caractéristique  dans  la  chair 
du  bouc,  du  taureau,  et  en  général  de  tous  les  animaux  qui 
n'ont  pas  été  coupés.  Quelques-uns  ont  prétendu  que  cette 
odeur  sut  generis  était  due  à  l'absorption  de  la  semence  ; 
mais  Burdach,sans  repousser  entièrement  cette  explication , 
attribue  au  phénomène  une  autre  cause  et  ajoute  :  «  Ce  qui 
prouve,  au  contraire,  que  la  fonction  procréatrice  perfec- 

(I  ]  Mémoire  sur  r existence  d'un  principe  propre  à  caractériser  le 
sang  de  l'homme  et  celui  des  diverses  eepèces  d'animaux,  inséré  dans  les 
Annales  d  hygiène,  t.  I,  p.  267  ;  t.  II,  p.  217. 

(2)  Moyen  de  distinguer  le  sang  humain  du  sang  des  animaux ^ 
{Annales  ^hygiène,  U  XI,  p.  205.) 

(3)  Nouveau  système  de  chimie  organique,  Paris  4  838,  t.  III, 
p.  209  et  soiv. 


m  BArrOKTC   M    LA    PONCTION   aMtMATMCI 

tioDne  la  formation  da  sang  en  général,  c'eat  que  Tinter- 
raption  de  la  menstruation,  sa  non-apparition,  le  défaut  de 
satisfaction  de  l'instinct  génital  et  fonanisme  amènent  la 
chlorose,  état  dans  lequel  le  sang  a  une  teinte  pAle  et  sale, 
le  caillot  est  friable,  la  Bbrine  ressemble  à  Talbumine,  et 
les  sels  existent  en  moins  grande  quantité,  de  même  que 
probablement  aussi  le  fer.  Lorsque  l'activité  des  organes 
génitaux  s'éveille  et  suit  une  marche  régulière,  notamment 
sous  Tinfluence  du  mariage,  le  sang  acquiert  sa  constitution 
normale  (I).  » 

De  même  que  Teiercice  modéré  de  la  génération  exerce 
une  heureuse  influence  sur  l'organisme,  en  éliminant  le 
snperflu  de  la  substance,  et  que  les  excès  de  coït  et  les  abus 
de  l'onanisme  amènent  des  pal|»itations  et  la  syncope  ;  de 
même  tout  épuisement,  tout  état  valétudinaire  fait  cesser 
l'instinct  sexuel,  à  moins  que  celui-ci  ne  soit  stimulé  par  une 
irritation  maladive  ou  contre  nature. 

Les  rapports  réciproques  de  la  génération  et  de  la  respi- 
ration, tant  au  point  de  vue  physiologique  que  patholo- 
gique, sont  si  connus,  qu'il  me  parait  è  peine  nécessaire 
de  les  énoncer.  L'éveil  de  l'instinct  génital  est  annoncé  chei 
l'adulte  par  les  changements  qui  se  produisent  dans  le 
timbre  de  la  voix  ;  la  respiration  est  haletante  et  précipitée 
sous  l'empire  de  cet  instinct,  et  les  |>oumons  exécutent  des 
mouvements  désordonnés  pendant  l'acte  du  coït.  Les  excès 
des  plaisirs  de  l'amour,  les  grossesses  trop  souvent  répétées^ 
et  un  allaitement  trop  prolongé  déterminent  souvent  la  for- 
mation de  tubercules  dans  les  poumons,  tandis  que  l'ona- 
nisme n'est  pas  moins  souvent  accompagné  de  l'asthme;  la 
suppression  des  règles  est  fréquemment  la  cause  de  douleurs 

(4)  Loc.  cti.,  p.  4  6. 


AVIG    LIS    ADTRBS   PONCTIOlfS   DB    L'oMAinSHB.       fS8 

de  poitrine  etde  looi  ;  la  blennorrhagie syphilitique  est  qael- 
qoefois  annoncée  par  des  douleurs  dans  la  trachée-artère  et 
le  larynx,  et  l'hémoptysie  est  souvent  arrêtée  par  des  appli- 
cations froides  sur  les  organes  génitaux. 

L'influence  de  la  respiration  sur  la  fonction  génitale  est 
également  manifeste:  les  organes  génitaux  ne  se  dévelop- 
pent pas  ordinairement  chez  les  individus  atteints  de  cyano- 
pathie,  et  Nasse  remarque  que  cette  affection  retarde  aussi 
les  règles,  en  diminue  l'abondance  ou  même  les  empêche 
de  s'établir;  nul  n'ignore  la  lascivité  des  phthisiques,  et 
tout  le  monde  sait  que  la  pendaison  et  la  strangulation  déter- 
minent l'érection  et  réjaculalion,  qui  ont  même  lieu  quelques 
fois  après  la  mort;  enGn  Meckel  a  noté  qu'aux  altérations 
du  larynx  se  joignent  quelquefois  l'cndolorissementet  l'atro- 
phie des  testicules,  accidents  qui  augmentent  à  mesure  que 
la  maladie  primitive  fait  des  progrès. 

Je  ne  poursuivrai  pas  Ténumération  de  ces  rapports  pa- 
Ihologiques,  parce  que  j*aurai  à  y  revenir  plus  longuement 
dans  une  autre  partie  de  cet  ouvrage;  mais  ceux  que  j'ai 
énoncés  suffisent  à  montrer  quelles  étroites  relations  unissent 
la  faculté  génitale  et  les  fonctions  circulatoire  et  respiratoire. 

â*  Excrétions.  —  Divers  appareils  d'excrétion  existent 
dans  l'organisme  humain  ;  tous  ont  plus  ou  moins  de  rap- 
ports avec  la  faculté  génitale;  mais  je  n'examinerai  ici  que  les 
principaux,  qui  sont  :  excrétion  rectale,  excrétion  vésicale 
ou.  urinaire  et  excrétion  cutanée  ;  je  dirai  aussi  quelques^ 
mots  des  relations  génésiaques  avec  les  parties  du  corps  qui, 
plus  que  d'autres,  portent  en  elles  le  caractère  d'excrétions 
organisées,  comme  les  os,  les  poils  et  les  cheveux. 

Le  voisinage  du  rectum  et  des  organes  génitan  est, 
pour  le  praticien,  d'un  grand  secours,  non-seulement  pour 
le  diagnostic  de  certaines  maladies  de  ces  derniers  organes, 


i3&  BAPP0BT8   DB    LA    FONCTiOK    GftNftBATBIGB 

mais  encore  au  point  de  vue  ihérupeuUquc,  cor  (ou(cs  les 
substances  introduites  dans  le  rectum,  par  lavement  ou  sous 
toute  autre  forme,  réagissent  sur  l'appareil  génital  ;  on  verra 
plus  loin  le  parti  que  j'ai  plus  d'une  fois  tiréde  cette  indication 
anatomique.  De  plus,  la  dureté  des  matières  fécales  rete- 
nues dans  le  rectum  est  souvent  In  cause  d'une  érection  fati- 
gante et  même  d'une  espèce  d'éjaculation  chez  les  individus 
affaiblis  par  les  excès.  Le  retentissement  des  affections  de  la 
matrice  sur  le  rectum  et  de  celles  du  rectum  sur  la  matrice 
est  si  généralemcntconnu  qu'il  me  paraît  simplement  néces- 
saire de  rappeler  ce  point  de  pathologie  médico-chirurgicale. 

Ces  considérations  peuvent  également  s'appliquer  aui 
rapports  de  l'appareil  génital  avec  l'appareil  urinaire  :  le 
prurit  du  gland  chez  les  graveleui  et  lescalculeui,  la  dimi- 
nution de  l'urée  chez  les  castrats,  et  l'impuissance  des  dia- 
bétiques, prouvent  suflisamment  les  relations  dont  Je  parle. 

Lorsque  les  désirs  vénériens  se  font  sentir,  la  peau  de- 
vient le  siège  d'une  transpiration  plus  abondante  et  impré- 
gnée d'une  odeur  spéciale.  Chez  les  castrais,  la  peau  est 
molle,  pâle,  lisse,  rarement  sujette  aux  exanthèmes  et  pro- 
duisant une  transpiration  aigrelette. 

Les  os,  de  leur  côté,  dont  la  formation  cesse  lorsque 
commence  la  sécrétion  testiculaire,  répandent  une  odeur 
spermatique  quand  on  les  lime  ou  qu'on  les  scie. 

Les  poils  du  pubis  sont  ordinairement,  dans  les  deux  sexes, 
eu  égard  a  leur  quantité,  à  leur  couleur  et  h  leur  frisure, 
un  indice  de  l'énergie  de  la  faculté  génitale.  La  barbe,  qui 
ne  se  développe  pas  chez  les  castrats,  et  qui  est  peu  fournie 
et  tombe  de  bonne  heure  chez  les  individus  qui  ont  subi 
l'opération  à  Tépoque  de  la  puberté,  est  implantée  avec 
force  et  ne  disparait  que  fort  rarement,  même  dans  un  âge 
avancé,  chez  les  personnes  qui  jouissent  de  toute  leur  puis- 


AVEC   LBS   AUTRES   FOllCTIONS   DE   l'oRGANISIIE.       125 

sancc  virile.  Tandis  que  les  poils  à  la  lèvre  supérieure  et  au 
menlon  sont  pour  l'homme  un  signe  de  virilité,  ils  sont 
quelquefois  chez  lafemme,  ainsi  quejc  Tai  déj'i  dit,  un  signe 
de  stérilité  surtout  quand  leur  présence  coïncide  avec  la 
perte  des  autres  attributs  extérieurs  du  sexe  Téminin.  On 
prétend ,  mais  je  n'ai  pu  m'assurer  jusqu'à  quel  point 
celte  assertion  est  fondée,  que  l'habitude  de  so  raser  sti- 
mulait les  organes  génitaux. 

B.  Rapports  avec  la  vie  animale. 

La  génération  dont  on  a  fait  un  sens  spécial  sous  le  nom 
de  génésiquey  appartient  essentiellement  h  la  \ie  animale 
ou  de  relation;  mais  tandis  que  les  autres  sens  entrent  en 
exercice  sous  Tinfluence  d'une  excitation  extérieure,  comme 
la  lumière  pour  la  vue,  les  odeurs  pour  l'odorat,  etc.,  le 
sens  génital  n'exécute  ses  fonctions  que  sous  l'empire  d*une 
excitation  interne  que  l'on  nomme  instinct,  désir  vénérien. 
Cependant,  les  excitations  extérieures  ne  sont  pas  sans  ac- 
tion sur  l'éveil  du  désir,  quelquefois  même  celui-ci,  inerte  ou 
paresseux ,  ne  sort  de  son  apathie  que  par  la  vue  d'une  belle 
femme  ou  par  des  attouchements  licencieux;  mais,  je  le 
répète,  l'érection  de  la  verge  et  celle  du  clitoris,  et  par  suite 
le  plaisir^  chez  les  deux  sexes,  obéit  entièrement  au  sens 
intime,  à  l'Ame,  è  l'imagination,  en  un  mot  à  la  partie  intel- 
lectuelle de  notre  être.  La  femme  violée  ou  contrainte  au 
coït  avec  un  homme  que  son  cœur  repousse,  est  passive  dans 
l'acte  qu't  Ile  laisse  accomplir  sans  volupté  ;  et  cependant 
le  stimulus  extérieur  ne  lui  a  pas  manqué:  les  frottements 
de  la  verge  contre  ses  parties  génitales  ont  eu  lieu,  et  ces 
frottements  qui,  en  d'autres  circonstances,  l'eussent  plongée 
dans  des  ravissements  frénétiques,  la  trouvent  maintenant 


Iâ6  feirPOlTS  DB   LÀ   FONCTION   OtNiBiniCB 

froide  et  insensible,  parce  que  Tiniliation  morale  loi  a  fait 
défaut.  On  a  dit  que  les  préludes  du  coït  valaient  mieui  que 
le  coït  lui-même,  et  cela  est  vrai  jusqu'à  un  certain  point, 
parce  que  la  perle  de  la  semence,  d'un  cAté,  et  Varroi&' 
ment  du  museau  de  tanche  par  le  sperme  de  l'autre,  en 
enlrainant  la  raison  au  milieu  de  la  tempête  qu'ils  soulèvent 
dans  Torganisme,  lui  enlèvent  la  conscience  du  stimulus 
inléricur,  et  ne  lui  laissent  qu'une  conception  troublée  et 
affaiblie  des  sensations  vénériennes. 

L'àmc,  le  sens  intime,  l'intellect,  comme  on  voudra  l'ap- 
peler, et  qui  comprend  l'imagination,  les  facultés  attractives 
et  répulsives,  a  non-seulement  des  rapports  très  intimes 
avec  le  génésique,  mais  encore  est  indispensable  à  son 
eiercice.  Ces  rapports,  auxquels  je  reviendrai  tout  à  l'heure, 
ne  se  bornent  pas  à  la  partie  immatérielle  de  notre  âme  ;  ils 
existent  aussi  avec  sa  partie  matérielle,  si  je  puis  ainsi  dire, 
avec  le  cerveau,  que  \e»  philosophes  et  les  physiologistes 
s'accordent  à  lui  donner  pour  siège. 

Par  l'exaltation  momentanée  que  révèlent  les  facultés 
morales  sous  l'empire  des  désirs  vénériens  ou  du  coït,  on 
peut  conclure  que  le  cerveau  prend  une  large  part  à  la  géné- 
ration, et  que  son  exercice  détermine  dans  cet  organe  une 
congestion  passagère,  un  afflux  plus  considérable  de  sang, 
c'est  ce  qui  arrive  en  eiïet  assez  fréquemment  chez  les  vieil- 
lards, pour  qui  ces  épanchemcnts  sont  plus  à  craindre,  à 
cause  de  l'inertie  de  réaction  de  la  force  vitale.  De  plus,  les 
excès  de  coït  et  l'onanisme  sont  presque  toujours  suivis  de 
céphalalgie,  de  vertiges,  d'hallucinations,  quelquefois 
même  de  dégénérescence  du  cerveau,  notamment  de  la  sup- 
puration et  de  l'induration.  La  compression  des  testicules 
occasionne  une  stupeur  qui  peut  devenir  mortelle,  comme 
des  laits  trop  nombreux  l'ont  prouvé,  et  qui  a  été  mise  à 


AVIG   LB8   AUTRES   FONCTIONS   DE    L^OEGINISIIB.       1^27 

profil  pour  se  rendre  mattre  des  animaui  les  plus  indomp- 
tables. Le  cerveau  lui-même  ne  réagit  pas  moins  sur  la 
fonction  génératrice  :  on  a  vu  la  lubricité  être  produite  par 
renfoncement  des  os  du  crâne,  par  l'hydrocéphale  ou  le 
ramollissement  du  cerveau,  tandis  que  l'impuissance  venait 
à  la  suite  de  plaies  de  la  tète  ou  de  la  suppuration  de  l'en- 
céphale ;  enfin  Burdach  assure  que  l'hydropisie  chronique 
des  ventricules  oo^asionne  l'imperfection  du  développement 
des  organes  génitaux,  le  peu  d'abondance  des  règles  et  l'ab- 
sence  de  désirs  vénériens  (1). 

Mais  de  tous  les  points  du  centre  encéphalique,  le  cerve- 
let est  celui  qui  entretient  avec  la  fonction  génitale  les  rap- 
ports les  plus  intimes.  C'est  lui  que  Gall  avait  noté  comme 
le  siège  du  sens  génésique;  et,  en  eiïet,  le  développement 
du  cervelet  et  des  muscles  de  la  nuque  est  presque  toujours 
en  I  roportion  directe  avec  l'énergie  de  la  faculté  procréa- 
trice, car  tandis  que  l'on  trouve  la  nuque  large  et  bombée 
chez  les  individus  qui  font  preuve  d'une  grande  virilité,  on 
la  constate  étroite  et  aplatie  chez  les  hommes  et  les  animaux 
qui  ont  subi  la  castration. 

Plusieurs  fois  je  suis  parvenu  à  calmer  le  priapisme  ou  à 
éteindre  des  érections  fatigantes,  au  moyen  d'applications 
froides  a  la  nuque,  et  M.  Serres  a  démontré,  par  une  série 
d'observations^  qu'un  épanchement  du  sang  au  cervelet 
s'annonce  par  une  turgescence  des  parties  génitales,  qui 
est  parfois  accompagnée  de  pollutions,  et  qui  dure  même 
après  la  mort.  La  pathologie  est  remplie  d'exemples  de 
pareilles  sympathies,  et  Burdach  prétend  même  que  les 
ulcères  de  la  matrice  font  naître  des  douleurs  à  l'occiput  et 
des  spasmes  dans  la  nuque  (2). 

(4)  Vom  Bau  md  Ubm  éB$  Géhinu,  t.  III,  p.  76. 
(t)ioc.  «il.,  p.  423. 


138  1A?H)BTS   DB   LA    FONCTION   GINÉBATBICB 

iiù  moelle  épiiiière,  elle  aussi,  rntreliont  ovec  la  faculté 
génitale  les  relations  les  plus  intimes.  Depuis  Hippocra te, qui 
Ta  si  admirablement  décrite,  tout  le  monde  connaît  la  con- 
somption dorsale  qu'cntraincnt  les  excès  vénériens  et  Tona- 
nisme.  La  suppression  des  règles  détermine  quelquefois  dans 
cet  orgone  des  congestions,  des  phlegmasics,  des  épanchc- 
ments  de  snng  ;  et  les  organes  génitoux  se  flétrissent  lorsque 
le  cordon  rarhidien  est  frappé  de  phthisie.  Ces  relations, 
qu'indiquent  les  notions  analomiques  les  plus  superficielles, 
sont  quelquefois  invoquées  par  la  débauche  et  la  vieillesse 
avides  de  luxure,  qui  cherchent  dans  la  flagellation  une 
énergie  et  dos  voluptés  qui  les  fuient. 

Les  sens,  qui  sont  sous  une  dépendance  si  complète  du 
cerveau,  partagent  avec  lui  les  relations  qu'il  nourrit  avec 
la  fonction  génitale. 

La  vue,  en  portont  h  l'éme  Timage  de  Tnutre  sexe,  éveille 
et  exalte  le  sens  génésique.  Les  excès  vénériens  et  l'ona- 
nisme diminuent  la  faculté  visuelle,  dilatent  la  pupille,  ter- 
nit^sent  le  regard,  et  cernent  Tœil  d'un  cercle  bleu  et  pro- 
fond. Au  moment  du  coit,  la  vue  acquiert  une  telle  sensibilité 
que  la  moindre  lumière  l'impressionne  d'une  monière 
désagréable. 

L'odorat  exerce  sur  les  organes  génitaux  une  action  que 
Ton  ne  peut  méconnaître  :  l'odeur  qui  s'exhale  de  ces  organes 
est  [our  les  deux  sexes  un  stimulus  puissant,  et  les  courti- 
sanes et  les  roués  se  servent,  avecavantoge,  de  certains  par* 
fumsque  je  nommerai  volontiers  aphrodisiaques,  tels  que  la 
vonille,  l'œillet,  le  girofle,  etc. 

L'ouïe  ogit  quelquefois  sur  la  fonction  génitale  d'une 
manière  étrange.  J'ai  connu  une  personne  dont  le  sens 
génésique  s'éveillait  au  seul  frôlement  d'une  robe  de  soie, 
et  une  autre  a  qui  ce  même  frôlement  produisait  un  effet 


AVEC    LES    ADTBES    FONCTIONS   BÈ   L^ORGANISME.       129 

tOQt  contraire;  il  est  vrai  de  dire  que  chez  ce  dernier  imli- 
vidu,  la  sensibilité  générale  étoit  douloureusement  aiïectée 
parla  vae,  le  toucher  ou  le  bruit  de  la  soie,  comme  quelques 
personnes  le  sont  par  la  peau  veloutée  de  la  pèche  ou  le 
brillant  raboteux  du  satin.  L'ouïe,  après  le  coït,  supporte 
avec  peine  le  moindre  bruit,  et  les  excès  vénériens  déter- 
minent des  bourdonnements  d'oreille  et  quelquefois  la 
surdité. 

Le  goût  n'a  pas  de  relations  directes  avec  la  génération^ 
mais  ses  organes  accessoires,  tels  que  les  glandes  salivaires 
et  parotides,  la  langue  et  les  lèvres,  en  entretiennent  de  très 
intimes  :  tous  ces  organes  entrent  en  turgescence  quand 
les  désirs  vénériens  se  font  sentfr  ;  le  développement  des 
glandes  salivaires  est  en  rapport  avec  l'énergie  génitale,  et 
leur  sécrétion  augmente  pendant  le  coït  et  h  l'époque  des 
règles.  Burdachcite  l'observation  d'une  mélancolie  produite 
par  des  désirs  non  satisfaits  et  guérie  par  la  salivation.  Sou- 
vent avec  l'orchite,  quelle  que  soit  sa  nature,  apparaît  Tin* 
flammotion  des  carotides.  M.  Desportes  assure  que  l'angine 
couenneuse  amène  parfois  un  état  d'orgasme  des  parties 
génitales,  même  avant  la  manifestation  ou  après  la  dispari^ 
tion  de  la  faculté  procréatrice  (1). 

Le  toucher  a  une  telle  influence  sur  le  sens  génésique, 
qu'il  est,  pour  ainsi  dire,  le  compagnon  inséparable  de  la 
copulation,  dont  les  baisers  sont  les  préludes,  le  complément 
et  la  fin.  La  main  de  l'homme  caresse  avec  volupté  les  seins 
et  les  formes  arrondies  de  la  femme,  et  ces  attouchements 
envoient  à  l'àme  dos  deux  conjoints  des  excitations  plus 
vives,  qui  appellent  la  volupté  et  hâtent  la  formation  d'un 
nouvel  être. 

(I)  Revue  médicale.  4828,  t.  IH,  p.  Ui. 


130  BAPINJUT»   DB   LA    FONCTION   silltBATBICI 

Enfin,  et  pour  ea  finir  arec  les  organes  (lépenijant  des 
centre*  nerveui,  l'appareil  musciilairi!  jouit  de  sa  plus 
groiidu  éner^ii;  peiiiliiiit  reii>tvnce  île  la  fucuUé  procréu- 
tfice  :  sans  furrc  rhei  rciifnnt  el  aiïflitilîs  chez  le  lieillanl, 
les  muïclos  sont  HiisqucH  et  pAles  chez  le  uisirat,  i]ai,  comme 
lri>to  compensation,  est  à  jumaîï  eicmpt  de  la  goutte. 

L'ftme,  dont  J'ai  déjà  parlé  tout  à  l'heure,  a  toutes  ses 
Taculléseii  rapiiofls  intimes  aiec  lu  générnlion.  L'acte  pro- 
créateur trouve  dans  la  joie  cl  dans  luutt-s  l(-<i  diïposilioi»  à 
l'allé^jreiiieuneeiciiation  heureuse,  tandis  qu'il  e^t  eiiqucl- 
ifue  sorte  paruhsé  pur  les  chagrins,  les  soucis,  la  crainte, 
la  frajeur  et  les  préoccupations  trop  prunoncùes  de  l'eRpril. 

Le  [louvoir  de  l'imoginnlion  est  ici  immense:  c'est  par 
elle  i|ue  naissent  les  désirs  vcnériens ,  que  se  produit 
l'érection,  et  que  s 'accom plissent  plu>ieurs  autres  actes  de 
l'appareil  généraieur.  Pulion  rapporte  qu'une  Tomme  de 
quuranle-huit  an^,  dont  l'&gu  tiilique  avait  passé  depuis 
quatre  ans,  et  ilunt  la  sensibilité  était  furt  eialtée,  fut 
prii.e,  en  assistant  i  l'accourhemciit  long  et  pénible  d'une 
de  SCS  sœurs,  de  douleurs  semblables  à  cellts  de  la  par- 
turilion  ;  que  ifuelqucN  heures  après  se  déclara  une  faémor- 
rhagie  par  les  parlies  génitales,  qui  dura  pendant  plu~ 
sieurs  jours,  et  que  trois  jours  après  la  cessation  de  ret 
écoulement,  les  seins  non-seuirmcnt  se  luméliùrenl,  mais 
encore  fournirenl  une  sécrétion  de  lail(1}.  Si  la  puissance 
de  l'imagination  n'est  pas  en  rapport  direct  ovvc  l'énergie 
delà  génération,  on  peut  dire  que  la  première  ne  peut  guère 
citster  sans  la  seconde,  car  on  ne  cunnall  aucune  produc- 
tion intellectuelle  portaut  le  cachet  de  l'originahté  qui  soil 
émanée  d'un  eunuque. 


(<)  Anhivei  giairalci  d§  mtdecix^,  L.  XVtl,  p.  litS, 


me   Ui   lUTBBi   FONCTIONS   Dt    L^ORGAillêlIB.       t&l 

La  raison,  cette  faculté  mère,  si  je  puis  ainsi  m'exprimcr, 
dans  laquelle  viennent  se  confondre  la  mémoire,  le  jugement, 
la  volonté,  etc.,  entretient,  elle  aussi,  des  relations  réci- 
proques avec  fa  faculté  génitale.  Les  imbéciles,  les  crétins 
surtout,  s'adonnent  ardemment  h  Tonanisitie  (1),  et  les  excès 
vénériens  ou  la  [pasturbation  conduisent  ceux  qui  s'y  aban- 
donnent, tantôt  a  Timbécillité^  tantôt  à  la  manie  du  suicide, 
et  tantôt  à  la  démence  (2). 

Le  caractère  n'est  pas  à  l'abri  de  l'influence  de  la  géné- 
ration :  l'impuissant  et  le  masturbateur  tombent  dans  une 
mélancolie  profonde,  deviennent  timides,  sont  fuible<  de  vo- 
lonléy  montrent  de  l'indifTérence  pour  tout,  et  nourrissent 
un  amer  dégoût  de  la  vie  (3);  les  eunu(|ues  sont  pusilla- 
nimes, lâches  et  ne  savent  pas  mourir  ;  Richerand  a  fait  la 
remarque  que  les  amputés  de  la  verge  sont  pris  d'une  mélan- 
colie qui  les  dispose  éminemment  aux  lièvres  de  mau>ais 
caractère,  et  les  conduit  souvent  h  la  mort,  tandis  que  les 
hommes  auxquels  on  coupe  un  membre  supportent  gaiement 
cette  mutilation  (&). 

Enfin,  et  pour  en  finir,  le  génésique  développe  chez  les 
deux  sexes  le  sentiment  de  la  sociabilité,  puisqu'il  exig^ 
le  rapprochement  de  deux  individus.  C'est  également  sous 
son  inQuence  que  se  perfectionnent  les  peuples,  et  que  la 
civilisation  marche  toujours  vers  de  nouvelles  et  plus  bril- 
lantes destinées. 

(4)  Esquirol,  Maladies  mentales^  t.  II,  p.  353  et  soiv. 

(5)  Esquirol,  Maladies  mentales,  t.  II,  p.  219. 

(a)  Deslandes,  De  l'Onanisme  et  des  autres  abus  vénériens.  Paris, 
4836,  p.  4  33. 

(4)  Diction,  dêê  KiêHCêt  médicaUê,  t.  XL,  p.  4  93. 


!3*2  cincnnsTAKCKS  ym  i>»xuem  sir  le  D^veu>i'PRMKKr 


CIRCONSTANCES  DIVERSES  (jUI    l?IFLlt>T   SUR  I.E  DÈveLOPrEMENT 
ET  l'exercice   RE  LA  GËNËnATION. 

Ces  circonstances  sont  de  deux  sortes  :  A  ,  celles  qui  sont 
inhérentes  h  l'inJiviJu  ;  B,  celles  qui  sont  en  dehors  de  lui. 
(l'est  lions  cet  onlre  que  je  vais  les  ciaminer. 

A.   (7irci)nil(incr'l  inhi'rFntex  <i  t'nuliridx. 

Les  principflles  de  ces  circoiislanrcs  sont  l'Age,  la  consti- 
tution, le  tempérament,  les  passions,  les  hahitudes,  le  ré- 
(lime,  les  professions  et  les  travaui. 

Age.  —  Lb  vraie  maturité  procréatrice,  dit  Mendc(l), 
est  l'élat  de  la  vie  dons  lequel  les  fonctions  génitales  peuvent 
s'accomplir  sans  porter  ntteînle  à  la  santé  de  l'individu,  ni 
sous  le  rapport  physique,  ni  sous  le  point  de  vne  moral,  cl 
de  telle  sorte,  en  outre,  que  le  raraclère  de  l'espèce  soït 
imprimé  aux  produits  de  la  monièrc  îi  la  fois  la  plus  pro- 
fonde et  la  plus  complète.  En  un  mot,  c'est  l'époque  où 
l'individu,  parvenu  an  point  de  pouvoir  se  conserver  lui- 
mfime,  devient  apic  h  concourir  au  maintien  de  l'espèce. 

Celte  époque  n'est  pas  celle  de  la  puberté.  Une  fonction, 
surtout  la  génération,  ii'ai:(]uiert  pas  toute  son  énergie 
au  moment  de  son  apparition  j  îl  fnul,  comme  l'observe 
judicieusement  tturdacii,  que  la  {luissonce  existe  pendant 
quelque  temps  sans  entrer  eu  exercice,  pour  qu'elle  puisse  se 
développer  parfaitement,  ili^ployer  en  entier  ses  eiïuts,  etse 
répandre  sur  tout  l'ensemble  de  l'oraanisme.  Choi  (es  ani- 


(t)   Uattdbtich  rUr  ftriekllifhfn  tfnl'rt»,  I,  IV.  p.  Ilï. 


■J 


n  l'bxibcics  de  la  génkbation.  133 

maui,la  nature  a  pris  soin  d'empêcher  raccouplementimmé* 
diatement  après  l'éveil  du  seus  génital  :  sans  parler  de  la  loi 
du  plus  fort,  qui  donne  aux  mâles  seuls  complètement  déve- 
loppés la  puissance  de  repousser  les  rivaux  et  de  conquérir  la 
femelle,  je  citerai  Teiemple  du  cerf,  qui,  à  trois  ans»  entre 
bien  en  rut,  mais  qui  est  dépourvu  de  la  voix  propre  à  attirer 
la  femelle  ;  cette  voix  commence  è  se  faire  entendre  l'année 
suivante,  mais  faible  encore,  et  ce  n'est  qu'à  cinq  ans  qu'elle 
acquiert  toute  sa  force. 

A  la  puberté,  c'est-à-dire  à  l'époque  de  l'éveil  du  sens 
génital,  l'érection  chez  l'homme  semble  ne  pas  être  com- 
plètement encore  sous  l'empire  de  l'ème  ;  elle  se  produit, 
qu'on  me  passe  le  mot,  à  tort  et  è  travers,  sans  but  bien 
déterminé  et  sous  l'influence  de  circonstances  diverses  ;  chex 
la  femme,  le  plaisir  ne  parait  pas  atteindre  les  limites  de  la 
volupté,  et  ce  n'est  pas  sans  raison  que  les  hommes  vérita- 
blement sensuels  préfèrent  la  femme  de  vingt  à  trente  ans. 
D'un  autre  côté,  les  enfants  dont  les  parents  sont  trop 
jeunes,  la  mère  surtout,  ont  rarement  une  complexion  ro- 
buste. Comme  toutes  les  autres,  la  faculté  procréatrice  s'ac- 
croit  jusqu'à  un  certain  point  par  l'exercice,  et  l'on  a  re- 
marqué que  les  produits  d'une  conception  trop  hâtive  sont 
fréquemment  d'une  constitution  plus  frêle  et  plus  délicate, 
toutes  choses  égales  d'ailleurs,  que  ceux  qui  correspondent 
au  milieu  de  la  vie  procréatrice;  on  a  également  noté  que  le 
premier  accouchement  a  ordinairement  lieu  avant  l'expira- 
tion complète  du  temps  de  la  grossesse.  Enfin  les  glandes 
mammaires  participent  aussi  à  cette  inertie  de  i  appareil 
génital,  et  sécrètent  beaucoup  moins  de  lait  qu'à  une  époque 
ultérieure  de  la  vie  utérine. 

Lorsque  la  puissance  a  suffisamment  accru  l'énergie  de 
la  fonction  génitale,  l'homme  et  la  femme  deviennent  nu- 


13&     CIRCOKSTANGM  Qf'l  inrLVRNT  IVR  Ll  HtTELOPPEMENT 

biln;  r'phI  alors  qun  les  or^nneM  dans  (oute  kur  forcfl 
acrompliisfiil  la  ^i^rii^ralion  snriii|iéril  pour  l'individn  et  fiani 
(locnmiige  |)Our  rt3«|)èrc.  La  nubrlité,  (ju'il  faut  atuir  auîn 
de  iji^liiiguer  de  In  puberté,  commence  à  >iti^t  ans  pour  les 
femmes  et  û  vingt  i|ualre  nns  pour  les  hommes;  l'usage  la 
recuiR  môme  presrpie  toujours  de  quelt^ue^  années,  et  le* 
léjcixlations  uni  varié  i  l'inlini  pour  la  fiiiilion  de  l'époque 
éa mariage.  I.yrur^ne  vouhiit  quples  hommes  se  mnriasseni 
à  trente-si'pt  uns  et  If  femmes  à  dii-sept  ;  l'Iolon  prescrÎTait 
aai  premieri  l'A^cdclrenlL'  ans,  et  aux  autres  celui  de  vingt; 
Solon  liia  le  morisge  des  hommes  i>  trente-sept  ans,  et  II 
Rome,  il  ne  leur  fut ,  pendant  quel'jne  temps,  permit  de 
te  mnrier  qu'à  quarante  ans.  Aujourd'hui  les  lois  sont  moiru 
léièrei,  mai«les  mœurs  et  les  usages  fout  qu'en  moyenne, 
en  France  du  moins,  les  hommes  se  marient  de  trente  1 
(juarante  ans  et  les  Femmes  de  dii-htiit  h  lîngl-sii. 

La  fjiculté  procréatrice  s'éteint,  chez  la  femnie,  atec  l« 
menstruation;  je  ne  reviendrai  pus  ici  sur  ce  que  j'ai  dit 
précédemment  de  celte  fonction.  Chei  l'homme,  la  retraite 
de  la  m6me  Taculié  est  moins  liée  que  chez  lu  femme  h  une 
époque  déterminée,  et  ne  présente  pas,  comme  chei  l'autre 
seie.  des  aciideuls  plus  ou  moins  funestes.  En  général,  i 
partir  ds  la  cinquantième  année,  lu  faculté  {jénilale  diminue, 
et  cet  ab»i»<'mcnt  duns  l'énergie  de  la  force  procr^otrire  ve 
en  augmenlaul  ursduellement  jusqu'à  la  soivonle-diiièmet 
où  lei  désirs  ont  mfme  en  général  disparu.  Je  dirai  aillenn 
loi  csraiiéros  que  prc»euto  le  sperme  des  tieiilards,  mait 
on  |>eut  déjà  pressentir  que  les  produits  du  la  vieillesse  sont 
cacDchymcx,  délicats,  et  plus  que  tous  autres  tournis  k  Vin- 
fllience  des  couses  morhiliqiies, 

Comlitution ;  tempérament.  —  Bien  que  les  metlan 
■Ml»  le  méiM  rubrM]ue,  je  doi«  me  garder  de  confondra  le 


J 


R   È'klBIGICB    DB    LA  GIrIrITIOII»  185 

coMtitulton  et  le  tempérament,  comme  Pont  fait  et  le  Tont 
encore  qaelquea  auteurs.  La  constilution^  éminemment  sous 
l'empire  de  la  plasticité,  exprime  le  degré  de  développement 
et  d'activité  des  organes,  tandis  que  le  tempérament  désigne 
la  prédoroinence  et  l'influence  d'une  partie  de  l'organisme 
sur  toutes  les  autres,  coïncidant  d'ailleurs  avec  un  état  par- 
fait de  santé. 

On  comprend  dès  lors  quels  sont,  d'un  côté,  la  constitu- 
tion, et  de  l'autre,  le  tempérament  qui  Tavorisent  et  secondent 
le  plus  heureusement  l'éveil  et  l'exercice  de  la  génération. 

Lafdculté  procréatrice,  par  les  lois  mêmes  qui  président 
à  sa  destinée,  ne  doit  entrer  en  action  qu'après  l'entier  dé« 
veioppement  de  tout  Torganisme,  ainsi  que  je  Tai  dit  eo 
parlant  de  la  nubilité,  et  s*éteint  lorsque  ta  vitalité  générale 
diminue,  lorsque  les  forces  plastiques  et  animales  com- 
mencent è  perdre  de  leur  intensité  ;  par  conséquent,  il  doit 
exister  nne  relation  intime  entre  la  fonction  génitale  d'une 
part,  et  la  constitution  de  l'autre,  qui  marque  précisément 
le  degré  de  développement  et  d'activité  de  toutes  les  parties 
de  Torganisme. 

C'est  ce  qui  arrive  en  effet. 

Les  individus  dont  toutes  les  fonctions  s'exécutent  non- 
seulement  avec  régularité,  m:iis  encore  avec  énergie, comme 
ceux  qui  sont  doués  d'une  constitution  athlétique,  sont  les 
plus  aptes  tout  à  la  fois  à  la  copulation  et  à  la  fécondation  ; 
les  Messalines  choisissent  de  préférence  les  hommes  de  cette 
trempe,  et  les  amis  de  la  santé  publique  doivent  souhaiter 
è  tous  les  enfants  des  pères  et  des  mères  aussi  heureusement 
dotés. 

Les  constitutions  faibles,  cacochymes,  qu'elles  soient  le 
résultat  d'un  vice  héréditaire  ou  d'un  mal  acqofs,  reten- 
tiasent  profondément  snr  la  génération .  Moins  tcwttentéea 


136     CIHCUNSTANCE»  V0>  IKPI.UBM  ^IJt  LB  DtVBUJfPSMEhT 


de  àésirt 


milles  aui  I 


1  vulu|i- 


I  imprcssium 

luGuses,  elles  semblent  accomplir  l'acle,  non  comme  un 
plaisir,  mais  comme  un  detoir,  et  celte  nonchalance,  cetlc 
froideur  dans  le  coït  est  incapable  d'imprimer  une  énergie 
bien  «ive  au  produit  de  la  conceptiun,  sans  parler  des  alïec- 
tions  héréditaires  que  cette  absence  de  vitalité  chez  les  pa- 
rents est  loin  de  contre-bnlnneer  el  de  détruire. 

Quelquefois  même  l'apathie  générale  se  communique  ii 
la  fonction  génitale  elle-même,  et  alors,  selon  qu'elle  frappe 
plus  particulièrement  les  organes  de  In  copulation  ou  ceui 
de  ia  fécondation,  elle  détermine  l'impuissance  ou  la  stéri- 
lité. Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  parler  de  ces  états  patholo- 
giques, et  je  reocoie  le  lecteur  au  chapitre  de  cet  ouvrage 
qui  les  concerne. 

Au  point  de  vue  génital,  plus  encore  que  sous  tout  autre 
rapport,  le  tempérament  joue  un  rôle  de  la  plus  liautc  im- 
portance ;  c'est  par  le  muL  tempérament  que  le  monde  ex- 
prime l'aptitude  ou  l'inhabileté  aux  plaisirs  de  Vénus:  Cette 
femme  n'o  point  de  tempérament,  dit-on  ;  cette  autre  a  un 
tempérament  de  feu. 

L'observation  journalière  vient  conGrmer  la  vérité  du 
langage  populaire,  et  quoiqu'il  soit  diflîcile  d'établir  une 
ligne  de  démarcation  bien  tranchée  entre  les  tempéraments, 
on  les  distingue  d'ordinaire  par  une  habitude  extérieure 
particulière,  un  état  spécial  des  fonctions  physiques  et  des 
facultés  morales,  par  un  genre  propre  de  maladies,  en  un 
mot,  par  un  ensemble  de  phénomènes  physiologiques,  psy- 
chiques et  pathologiques  faciles  i  saisir  et  à  classer. 

Les  anciens,  dont  la  délicatesse  d'observation  était  inlinie, 
avaient  admis  i|uatre  tempéraments  primordiaux  :  le  hUieuw 
ou  colérique,  le  sanrjuin,  le  mélaticoli'iue  ou  alrubiUiire, 
el  le  pitmleuaj  on  pliiegmatique.  Mais  comme  la  prédomi- 


J 


ET   L'BXEftClCB   DE   LA    GÉNÉHATlOIf.  157 

naoce  de  l'activité  porte  rarement  sor  un  seul  système,  it 
suiBl  de  combiner  ces  expressions  deux  à  deux  ou  trois  à 
trois,  pour  peindre  toutes  les  nuances  que  présente  la  nature. 

Afin  de  mieux  faire  saisir  l'empire  des  tempéraments  sur 
la  génération,  je  rappellerai  les  considérations  que  j'ai  déjè 
présentées  sur  l'action  des  climats  et  des  âges,  en  exposant 
les  ingénieux  rapprochements  que  les  anciens  établissaient 
entre  ces  diverses  conditions  d'influence.  Â  chacun  des  tem- 
péraments primordiaux  que  j'ai  énoncés  plus  haut,  nos 
pères  rattachaient  un  des  quatre  âges  de  la  vie,  une  des 
quatre  saisons  de  l'année  et  un  des  climats  du  globe  :  au 
tempérament  bilieux  correspondaient  l'âge  adulte,  l'été  et 
les  climats  chauds  ;  le  tempérament  sanguin  était  celui  de  la 
jeunesse,  du  printemps  et  des  pays  tempérés;  le  tempéra- 
ment atrabilaire  était  celui  de  l'âge  mûr,  de  l'automne  et 
des  contrées  équatoriales  ;  enfin,  le  tempérament  pituiteux 
était  celui  des  vieillards,  de  l'hiver,  et  des  pays  humides  et 
froids. 

Ces  rapprochements,  grâce  aux  notions  qui  précèdent, 
expliquent  mieux  que  je  ne  le  pourrais  faire,  l'influence  des 
tempéraments  sur  la  génération  ;  ainsi  la  mollesse  des  tissus 
et  l'inertie  des  fonctions  qui  caractérisent  le  tempérament 
lymphatique,  étant  peu  compatibles  avec  les  ardeurs  de 
l'amour,  les  anciens  l'avaient  fait  Tapanage  des  vieillards, 
dont  la  puissance  génératrice  est  nulle;  de  l'hiver,  dont  les 
frimas  glacent  les  désirs,  et  des  pays  froids  et  humides, 
dont  l'action  est  tout  aussi  débilitante  que  celle  de  l'hiver. 
Au  contraire,  l'âge  adulte,  l'été,  les  climats  chauds,  toutes 
choses  favorables  aux  plaisirs  sexuels,  sont  le  propre  de 
Phomme  bilieux,  «dont  le  tempérament  est  si  chaud  et  si 
amoureux,  qu'il  aurait  beau  avoir  la  vertu  des  personnes  les 
plus  saintes,  sa  nature  lui  donnera  toujours  une  pente  è 


1SB    CIHCORSrjttMIM  VVt  IIIPI,L-BNT  S(I)I  LK  DKVILOPPBMENT 

l'amoitr  des  remmex.  On  aurait  pluldt  éteint  un  grnnd  f«a 
avec  une  ^onlte  dVau,  et  l'on  nbligernil  plutAt  un  fleave 
r-i|iiile  h  remonter  vers  *n  source, .que  de  corriger  l'inrlina- 
lion  (le  cel  homme  (l).» 

A»ec  Af  iiareiltps  donnée*,  il  rst  fiirile  d'étnblir  la  gro'la- 
tion  de»  tem]>érampnt«  tjui  éïtillenl  et  sureicilenl  In  faculté 
procrénirice,  et  île  noter  reu»,  au  contraire,  i|ui  lemfièrenl 
OH  éleignent  les  désirs  de  l'ainour. 

Faniliés  uuiralft  ;  passions.  —  l'Iu?  que  toute  autre 
partie  de  l'or^nnî^me,  l'ap|iareil  "(nital  iiubil  l'influence 
du  moral.  Fn  ce  qui  concerne  les  fucullés  intolleiluelles,  on 
[leiil  dire,  totileii  clioses  <^gale.4  d'ailleiir»,  que  t'élendne  de 
re8|iril  et  l'nrdeur  de  l'imnginalion  dgiiisenl  plui  vivfinent 
sur  le  !ien4  <-(^nilal  i|ue  Icx  intelligonres  bornées  et  pares- 
seuse!); c'est  il  ce  titre,  [ilus  encon-  peut-éire  qo'nu  point 
de  rue  de  leor  vanilé,  que  les  femmes  recherchent  l'amour 
éfi  articles,  de^i  .«avants  et  des  titl^raleurs  ;  malheureuse- 
ment, lei  Irnvniix  «bstniits  et  les  m6ililations  auxquels  cette 
claMed'hommes  est  soumise,  surtout  h'SSOTantx,  diminuent 
beaucoup  l'hcufeuse  influence  de  leur  euprrt,  et  frappent 
quelquefois  mAme  I eu r:i  organes  sexuels  d'impuinance  et  de 
«lérililé,  ainsi  que  nous  le  verrons  aill'-urs  f3). 

Les  Mnlimerils  de  l'àmc-  i^xercenl  sur  la  génération  an 
empirn  il  peu  près  absolu,  el  l'on  ne  comprendrait  pas  qu'il 
en  fi)t  aulrcment,  puisque  c'est  dans  l'éme  que  réside  le 
consensus  intime  qui  éieilli.'  et  anime  le  sens  génésique. 
Mais,  de  m^mo  que  les  sentiments  ou  les  facultés  de  l'Ame 


(l)   VeOflllo.   Tableuit  du    Camour   conjit^iil 


{*)  Phjlioloyie  rt  hygifie  dr*  hommtt  livré*  ■ 
pwlBiocMm-HenilM  PsriM.  Pane,  I8U. 


f  parlio,   i;hap.  fV, 
ux  Irovaux  4t  (ttpeH, 


J 


Et  l'iIÉRCICB   M   LA   CtlVtRATfOlf;  489 

99  p6QTent  ranger  en  deui  groupes  distincts  et  opposés,  de 
même  rinfluence  qu'ils  exercent  sur  Tactivité  gdnilale  est 
contraire;  car  tandis  que  les  facultés  aiïectives  la  favofisent, 
lea  facultés  répulsives  en  éteignent  Tardeur  et  en  glacent 
le»  Toluptés. 

Les  passions,  qui  ne  sont  que  les  facultés  de  TAme  sur- 
excitées, élevées  à  une  plus  haute  puissance  d'expression, 
agissent  dans  le  même  sens  que  les  facultés  auxquelles 
elles  répondent,  mais  seulement  avec  plus  d'énergie  et  do 
vivacité. 

Cependant  cette  énergie  et  cette  vivacité  des  sentiments 
afTectîfs,  qoi  sont,  sans  contredit,  des  excitants  heureux  da 
génésiqoe,  doivent  être  contenties  dans  de  certaines  limites. 
—Les  extrêmes  se  touchent,  dit-on. —  Jamais  maxime  ne  fut 
plus  applicable  qu'en  cette  circonstance.  Un  amour  violent, 
longtemps  réprimé  dans  ses  désirs,  plonge  tout  l'organisme, 
au  roomenl  de  sa  réalisation,  dans  une  espèce  d'extase  oè 
l'Ame,  c'est-à-dire  la  partie  immatérielle  de  notre  être^ 
semble  concentrer  en  elle  toute  force  et  toute  vitalité,  et 
parait  oublier  les  organes  qui  lui  servent  d'ordinaire  pour 
transmettre  ses  volitions.  Le  consensus  s'est  replié  en  lui- 
même,  et  comme  le  sens  génital  ne  s'éveille  qu'aux  excita- 
tions de  ce  consensus,  il  faut  attendre,  pour  que  tout  rentre 
dans  Tordre,  que  la  surexcitation  morale  ait  cessé,  ou  qu'elle 
loit  revenue  du  moins  au  type  normal  de  la  simple  excita* 
lion.  Le  plaisir  qui  suit  cette  détente  générale  et  qui  suc*- 
cède  à  cette  impuissance  momentanée,  est  d'ordinaire  plus 
ardent  et  la  fécondation  plus  facile.  «J'en  sçay,  dit  Mon- 
taigne, que  j'aurai  plus  d'une  fois  occasion  de  citer  è  propos 
de  l'influence  du  moral  sur  le  génésiqoe,  j'en  sçay  a  qui  îl 
a  servy  d'y  apporter  le  corps  même,  demy- rassasié,  d'ail- 
leurs, pour  endormir  l'ardeur  de  cette  fureur^  et  qui ,  par 


1A(1    C(RC0NSTAllr.e8  ull  nFLLEItT  SI  H  LE  DAvRLOPPRHBNT 

l'aage,  se  trouve  moins  impuissunt  de  ce  iju'il  esl  moini 
puissant  (1).  " 

Habituiies.  —  S'il  est  vrai  que  l'habitude  soit  une  seconde 
nature,  il  est  facile  de  romprcndre,  par  ce  que  j'ai  dit  pré- 
ci^deiiiment  de  la  constitution,  du  tempérament  et  des  Ta- 
cultés  de  l'Ame,  l'empire  qu'elle  peut  exercer  sur  la  gêné- 
ralioti. 

Mais  eu  dehors  des  habitudes  physiques  et  morales  dont 
je  parlerai  tout  à  l'heure,  et  qui  modifient  plus  ou  moins  les 
prédispositions  de  l'organisme  et  les  tendances  de  l'esprit, 
il  est  une  habitude  spéciale  au  sujet  qui  m'otxupc,  et  qui 
doit  par  cela  même  lUer  la  première  mon  attention.  Je 
donne  à  cette  habitude  l'épithèle  de  coptUatrire ,  parce 
qu'elle  résulte  de  l'ciercice  longtemps  prolongé  du  coïl 
entre  deux  individus. 

L'habitude  copulatrice  ne  produit  pas  les  mêmes  elTets 
sur  toutes  les  personnes,  ou  du  moins  les  manifestations  de 
ces  effets  ne  sont  pas  identiques  dnns  tous  les  cos. 

Le  plus  généralement,  l'uniformité  des  rapports  engendre 
une  espèce  de  satiété  qui  enlève  au  consensus  l'aiguillon  de 
la  nouveauté  et  au  plaisir  le  charme  de  l'imprévu;  en  l'sb* 
sence  de  ces  excitants,  le  sens  génital  languit,  devient  pares- 
6eui,  et  se  refuse  quelquefois  même  à  accomplirsa  fonction. 
Quand  un  poète  a  dit  que  l'amour  mourait  de  nourriture, 
il  a  nécessairement  voulu  parler  de  l'habitude  copulatrice, 
qui  pousse  tant  de  maris  hors  de  la  couche  conjugale,  ot 
qui  rompt  tant  de  liens  formés  sous  les  plus  favorables  au»- 
pices. 

Quelquefois,  au  contraire,  Thabilude  copulalriL-e  produit 
un  elTel  diamétralement  opposé  à  celui  qucjeviensdesigna- 


(1)  £|M{|,  1. 1,  p.  101,  édil.  ds  «713.  Paris. 


J 


BT   L*BXIiCICB    DB    LA   GiNÉRATION.  Iftl 

1er:  non-seulement  elle  éveille  les  désirs  et  soutient  l'éré- 
thisme  génital,  mais  encore  elle  glace  toute  ardeur  génési- 
que,  et  repousse  tout  excitant  qui  n'a  pas  sa  source  dans  la 
personne  qui  est  l'objet  de  cette  habitude.  Je  possède  dans 
mes  notes  une  curieuse  obsertation,  qui  trouvera  ailleurs  sa 
place,  mais  que  je  crois  utile  d'analyser  brièvement  ici,  pour 
montrer  jusqu'où  peut  aller  l'empire  de  cette  habitude.  Marié 
•  vingt-deux  ans  à  une  femme  qu'il  aimait  profondément, 
M.  X...  devint  veuf  h  l'âge  de  trente-sept  ans,  S9ns  jamais 
avoir  éprouvé  aucune  défaillance  dans  ses  fonctions  génitales 
et  sans  avoir  jamais  déserté  la  couche  conjugale.  La  mort, 
en  frappant  sa  femme,  sembla  avoir  glacé  ses  organes  géni- 
taux, et,  malgré  des  désirs  réels,  il  ne  put,  à  partir  de  son 
veuvage,  obtenir  une  érection  suffisante  pour  le  coït.  C'est 
alors  qu'il  vint  me  consulter,  et  qu'il  m'avoua  qu'il  n'obte* 
nait  une  demi-érection  qu'auprès  des  femmes  qui,  par  leur 
tournure,  la  couleur  de  leurs  cheveux  et  la  forme  de  leur 
taille,  lui  rappelaient  le  mieux  son  épouse;  de  plus,  ces 
demi-érections  n'étaient  possibles  qu'au  lit  et  que  lorsque 
la  femme  était  dons  le  simple  opporeil  de  la  couche  maritale* 
Mais  l'illusion  du  malheureux  ne  pouvant  aller  plus  loin, 
h  cause  de  l'absence  de  ces  mille  petits  riens  qui,  tous  les 
jours  répétés,  engendrent  l'habitude,  Térection  s'arrètoit 
aussi,  et  le  coTt  devenait  impossible. 

L'impuissance  de  ce  malade  tenait  bien  évidemment  à  la 
cause  que  je  signale,  car  après  une  année  laborieusement 
employée  è  oublier  le  souvenir  de  sa  femme,  M.  X...  recou- 
vra toute  sa  virilité,  ayant  toutefois  conservé  une  préférence 
très  marquée  pour  les  personnes  du  sexe  qui ,  par  leurs 
qualités  physiques,  lui  rappelaient  le  plus  servilement  son 
épouse. 

Les  habitudes  physiques  sont  tellement  liées  au  régime 


iM    CIRCONSTAHCBÏ  QUI  INPLUBNT  f-V»  Ll  DftVEI.OPPEMF.NT 
cl  H  la  profcii&ioM,  el  les  liab>tu<Je«  murales  au  genre  île  tra- 
vail Je»  iriilîviOus,  qui'cetiuiEJ'ui  è  Jire  iie«  unes  eliles  autres 
trouvera  iiaturellmneut  sa  |ilai;e  ilatis  Us  articles  suitmits. 

Régime.  —  On  peut  poser  en  rtftli'  générale  que  (oui  ce 
qui  luiid  à  établir  la  prédomina  me  ilu  H\slème  iiurveui, 
ou  plulAt  du  sjstènie  nenoso-sanfiuin  sur  les  aulrei  partiel 
de  l'organisme,  el  h  diminuer  l'inlluence  du  sjstème  Ijm- 
gibstiquc,  doit  èlre  considéri^  comme  esseciliellemeiit  Favo- 
rable il  l'exercice  de  1»  ((^■■t'rotioii.  Pourtant  il  est  un  pré- 
cepte non  moins  général  et  non  moins  vrai,  qui  veut  qn*:  l» 
prédominance  du  sjstème  nerveux  soit  enfermée  dans  d« 
certaine»  bornes,  el  que  les  fonctions  du  ce  gv!>t>''me,  ne  tub- 
Etiluant  h  toutes  tes  autres,  ne  Iransfonnent  pas  tes  mal- 
beureu\  qui  le  possèdent  en  tristes  sensilives  qu'effraie  le 
moindre  bruit,  qu'aiïeL'le  l'odeur  lu  plus  doute,  etc. 

Le  régime  joue  un  très  gruml  rAle  dan»  le  développe- 
ment de  cei  pauvfes  natures.  C'est  parmi  les  femmes,  sur- 
tout tes  femmes  des  capitales  et  des  boudoirs  parfumés, 
^ue  se  rencontrent  ces  élres  chélifs,  maigres,  dont  (ouïe  !• 
vitalité  se  concentre  dans  la  ligure,  qui,  munie  de  quelque* 
muscles  san»  ampleur,  jouît  d'une  eipression  saisùsable 
wulemefit  i  la  lumière  des  bougies.  Ofi  tes  voit  dans  les 
ulons  loucher  du  piano,  pincer  de  la  barpe  et  chanter  la 
romance,  et  cepi'ndanl,  malgré  soi,  on  se  dil  que  la  vie 
n'anime  ni  ces  mams  ni  cette  voii,  et  que  ces  accords  et  ces 
chants  sont  froids  comme  la  mort  et  faibles  comme  le  néant. 

Ce  n'e^t  painl  auprès  de  ces  femmes  que  la  copulation  est 
ricbe  de  loluplés;  ce  n'ist  point  avec  elles  que  se  perpétue 
l'espèce.  Si  les  hi-ibitunts  des  petites  tilles  ol  ceui  de  le  cam- 
pagne, parmi  lesquels  se  renconireni  rarement  de  sembla- 
bles organisalions,  ne  vi'naient  pas  conslammenl  remplir 
les  places  vides  dans  les  capitales,  la  population  de  celles-ci 


If  L^VBICICB   OB   LA    GÉHtBATIOlf.  illA 

rariit  bieotôt  disparu,  laÎMant,  après  quelques  géoérations, 
■D  désert  k  la  place  du  bruit  et  du  mouvement.  L'assimi- 
lation des  étrangers  que  Rome  opérait  dans  son  sein  n'avait 
évidemment  pas  d'autre  but,  et  Ton  a  depuis  longtemps 
remarqué  que,  sans  ce  sjslèmie,  la  capitale  du  monde  alors 
connu  aurait  péri  après  quelques  générations. 

Le  régime,  ou,  pour  mieux  dire,  la  manière  de  vivre  esf 
donc,  au  point  de  vue  qui  nous  occupe,  de  la  plus  haute 
importance  ^  mais  comme  je  ne  fais  point  ici  un  livre  d1iy«- 
giène,  et  que,  dans  ces  considérations  générales  surtout,  il 
me  doit  suffire  d'indiquer  le  buta  atteindre,  je  répéterai  que 
pour  seconder  efficacement  l'acte  génital,  le  régime  doit 
favoriser,  dans  de  certaines  limites,  la  prédominance  du 
tempérament  nervoso-sanguin,  et  combattre  les  tendances  à 
la  suprématie  du  tempérament  lymphatique. 

Profeision;  travaux.  —  Les  professions,  que  l'on  ne 
doit  pas  s'attendre  k  voir  passer  ici  en  revue,  se  partagent 
en  deux  grandes  classes  :  l""  celles  qui  n'exigent  que  les 
forces  purement  corporelles,  et  que  l'on  apjielle  métiers; 
2*  celles  qui  réclament  l'intervention  de  l'intelligence,  et 
que  l'on  nomme  professions.  Les  premières,  toutes  choses 
égales  d'ailleurs,  favorisent  plus  que  les  secondes  l'acte  vé- 
nérien :  en  activant  la  circulation,  elles  augmentent  la  nutri- 
tion, et  partant  toutes  les  sécrétions  dont  l'abondance,  ce- 
pendant, ne  saurait  troubler  l'harmonie  de  l'économie,  à 
cause  de  la  transpiration  plus  considérable  que  détermine 
l'exercice  prolongé  du  corps. 

Mais  tous  les  métiers  ne  sont  pas  dans  ces  heureuses  con- 
ditions :  les  tailleurs,  les  bottiers,  etc.,  renfermés  presque 
toujours  dans  des  pièces  sans  air  et  sans  lumière,  accroupis 
sur  des  tables  ou  des  escabeaux,  et  soumis  en  quelque  sorte 
à  un  exercice  négatif,  arrivent,  par  toutes  espèces  de  priva- 


ihh     CIBr.ONSrAKCKS  QV^  INFLUKNT  SUR  I.R  DtVELnpPEMENT 

tioiis,  à  cet  ^(a(  malodir  et  iiorveui  dont  je  parlais  tout  h 
l'heure.  C'est  i1bii§  rclte  rlnsse  de  lu  p(i[iublioii  ouvrière  (|ue 
se  rcMcniitrc  le  p\m  grnnd  nombre  d'èlres  niolingres  et  dtlTor- 
mes;  c'est  dans  elle  aussi  que  germent  le  plus  de  vices  et  que 
les  mauvaises  passions  se  recrutent.  La  ronclton  génératrice 
participe  d'ordinaire  b  cette  dégradation  physique  et  morale, 
et  si  quelque  maladie  héréditaire  ou  cette  sorte  d'empri- 
sonnement ne  relnntissent  pas  d'une  manière  suflisaniment 
n^roste  sur  la  génération,  le  roiiloct  journalier  des  deui 
sexes,  des  conversations  et  de<i  exemples  fatalement  licen- 
cieuT,  poussent  ces  malheureux  à  des  eicès  et  à  des  vices  qui 
épuisent  bientôt  leur  faculté  génératrice. 

Il  en  est  il  peu  près  de  même  pour  les  ouvriers  des  ma- 
nufactures, dont  la  vie  s'étiole  au  milieu  d'une  atmosphère 
empcMéc  ou  chargée  de  molécules  délétères. 

Les  professions  libérales  ou  celles  qui  exigent  l'interven- 
tion de  l'inlelligeiice  sont  éminemment  favorobles  è  l'acte 
de  la  génération.  Par  h  politesse  dont  elles  ont  j'upanage, 
et  par  la  ciillure  des  arts  et  des  sciences,  elles  donnent  au 
système  nerveux  une  pins  grande  délicatesse  de  sensibilité, 
et  par  k'  travail  auquel  l'esprit  est  soumis,  elles  ne  laissent 
point  s'affaisser  et  dormir  li;  consensus  qui  lient  sous  sa  dé- 
pendanre  le  sens  génésique. 

Celle  influence  est  encore  plus  marquée  pour  les  profes- 
sions qui  s'adressent  [dus  spéci-ilement  h  l'Ame,  comme  tous 
les  beau\-arts  en  général.  Cependant  il  est  a  remarquer 
que  tous  les  grands  artistes  et  les  grands  poètes  ont  eu  fort 
peu  d'enranls,  et  cette  observation  n'a  pas  échappé  à  Des- 
loiiches,  qui  lo  consigne  ainsi  dans  son  Philoxnphc  marié: 


On  dit  qu'on  n'a  jamsis  ions  lei  dons  à  la  rois. 

El  que  les  grands  e:iprifs,  dailleurs  Irès  oslimable^, 

Ont  tort  pea  de  lalrnt  pour  fonner  leurs  Mint>liblw. 


J 


ET   l'eYERGICB   de    LA    GfiNÉRATION.  1&5 

Les  conceptions  sublimes  doivent  élrc  précédées  de  mé- 
ditations profondes,  même  chez  les  hommes  de  génie,  qui 
obéissent  alors  h  la  loi  commune  qui  nous  apprend  que 
rénergie  de  la  fonction  génitale  n'est  jamais  en  raison  directe 
de  la  longueur  et  des  difficultés  des  travaux  intellectuels. 

Je  dirai  en  eiïet  ailleurs  que  les  études  abstraites  et  trop 
longtemps  prolongées  constituent  une  cause  assez  fréquente 
d'impuissance  et  parfois  de  stérilité. 

B.  Circonslancea  étrangères  à  V individu. 

Ces  circonstances  sont  nombreuses  et  se  peuvent  déduire 
de  cette  infinité  d'accidents  qui  accentuent  le  cours  de  la 
vie;  on  comprend  que  je  ne  puis  ici  aborder  une  pareille 
énumération,  et  que  je  me  dois  contenter  de  signaler  les 
causes  les  plus  générales  qui,  n'ayant  point  un  siège  dans 
l'organisme  ou  n'étant  point  soumises  à  la  volonté,  exercent 
sur  le  développement  et  l'énergie  de  la  fonction  génératrice 
une  influence  marquée  et  incontestable.  Parmi  ces  causes, 
je  citerai  les  climats,  les  saisons,  les  années,  le  jour,  la  nuit, 
dans  les  considérations  desquelles  seront  compris  le  froid, 
le  chaud,  l'humide,  la  latitude,  la  position  géographique,  etc. 

Climats.  —  J'ai  dit,  en  parlant  de  la  menstruation,  que 
les  femmes  étaient  réglées  de  meilleure  heure  dans  les  pays 
chauds  que  dans  les  contrées  froides  ou  tempérées,  et  que 
cette  influence  de  la  chaleur  ne  saurait  être  mise  en  doute, 
lorsqu'on  voit  les  femmes  des  pays  très  froids,  comme  les 
Samoîèdes,  vivant  presque  toute  l'année  dans  des  souter- 
rains où  règne  une  chaleur  étouflante  produite  par  de  l'eau 
jetée  sur  des  pierres  rougies,  quand  on  voit  ces  femmes, 
dis -je,  être  aussi  précoces  que  celles  des  tro|)ique«. 

Montesquieu,  donnant  à  ce  fait  une  importance  plus  que 

40 


166    CIRCON8TANCB8  QUI  INFLOBNT  801  Ll  DtTBLOmmniT 

physiologique,  le  classe  parmi  les  causes  de  la  polygamie  : 
a  Les  femmes,  dit-il,  sont  nubiles,  dans  les  climat*^  chauds, 
h  huit,  neuf  et  dix  ans  ;  ainsi  l'enfance  et  le  mariage  y  vont 
presque  toujours  ensemble  ;  elles  sont  TÎeilles  à  ?ingt  ans. 
La  raison  ne  se  trouve  donc  jamais  rhex  elles  avec  la  beauté. 
Quand  la  beauté  demande  l'empire,  la  raison  le  fait  refuser; 
quand  la  raison  pourrait  l'obtenir,  la  beauté  n'est  plus. 
Les  femmes  doivent  être  dans  la  dépendance,  car  la  raison 
ne  peut  leur  procurer  dans  la  vieillesse  un  empire  que  la 
beauté  ne  leur  avait  pas  donné  dans  la  jeunesse  même.  Il 
est  donc  très  simple  qu'un  homme,  lorsque  la  religion  ne 
s'y  oppose  pas,  quitte  sa  femme  pour  en  prendre  une  autre, 
et  que  la  polygamie  s'introduise  (1).  » 

Chervin,  dans  sa  thèse  inaugurale  (2),  a  vivement  com- 
battu l'assertion  de  Montesquieu.  II  est  inconteslable,  en 
effet,  par  les  rapports  des  voyageurs  (3),  que  les  hommes 
sont  également  pubères  de  meilleure  heure  dans  les  pays 
chauds  que  sous  les  climats  tempérés,  et  qu'ils  subissent  pro- 
fondément, au  point  de  vue  des  plaisirs  vénériens,  l'influence 
excitatrice  de  la  chaleur.  Selon  Miebuhr  (&),  Volney  (5),  et 
beaucoup  d'autres  voyageurs  (6),  rien  n'est  plus  commun 
dans  le  Levant  que  de  rencontrer  des  hommes  de  trente 


(4)  EêpHî  deê  Mê,  4764,  io-48,  liv.  XYI,  cbap.  ii. 

(i)  Rechefxheê  médicO'pkilùiopMqueê  $w  les  cau$e$  phy$ique$  de  la 
polygamie  danê  it$  poy«  chaud».  Paris,  4  84  %, 

(3)  Yoy.  Saize,  dans  Histoire  médicale  de  l*armé$  d'Ori^t,  par 
De&geneUes.  Paris.  1802,  îd-S*',  II*  partie,  p.  425;  et  Uiitoire  de 
l'Afrique  françaiêe,  par  l'abbé  DemaDol,  1767,  in-4  2,  t.  II,  p.  60. 

(i)  Deêcription  de  l'Aratie,  4779,  in-4»,  l.  I. 

(5)  Voyage  en  Syrie,  n m,  in-S. 

(6)  Olivier,  Voyage  dam  l'empire  ottoman,  an  IX,  io-8, 1. 1,  p.  4  60: 
et  Renali,  dans  Uiêtoire  médicale  de  l'armée  d'Orient,  II*  partie. 


IT    l'eIIRGIGB    de    la    r.ÊNÉRATION.  i&7 

ans  aUetnls  d'impuissance.  ^<  C'est  la  maladie,  dit  Voliiey, 
|K>ur  laquelle  les  Orientaux  consultent  davantage  les  Euro- 
péens, en  leur  demandant  du  Madjoun^  c'est-à-dire  des 
pilules  aphrodisiaques  (1).  » 

L'empire  des  climats  chauds  sur  la  précocité  du  déve- 
loppement et  sur  l'énergie  du  génésiquc  est  donc  incontes- 
table, et  l'influence  contraire  des  pays  froids  est  également 
mise  hors  de  doute  par  toutes  les  relations  des  vojagours. 

Saisons,  — D'après  ce  qui  précède,  il  semblerait  naturel 
de  conclure  que  la  saison  la  plus  chaude  de  Tannée  doit  être 
la  plus  favorable  à  l'exercice  de  la  génération  ;  pourtant  il 
n'en  est  point  ainsi,  et  l'influence  du  printemps  est  de 
beaucoup  supérieure  à  celle  de  l'été. 

Ce  fait,  en  rattachant  l'excitation  génitale  de  l'espèce 
humaine  à  la  loi  du  phénomène  du  rut,  était  connu  dès  la 
plus  haute  antiquité;  mais  il  appartenait  à  notre  époque  de 
rétablir  sur  une  base  réellement  scientifique,  et  ce  progrès  est 
dû  aux  travaux  statistiques  de  M.  Viliermé,  en  France  (2), 
et  de  IMIVI.  Quetelet  et  Smits,  en  Belgique  (â). 

EUi  compulsant  les  registres  des  naissances,  et  en  mar- 
quant, pour  chaque  mois,  le  nombre  des  conceptions, 
M.  Viliermé  a  cru  devoir  classer  les  mois  de  l'année  dans 
Tordre  suivant,  en  commençant  par  les  plus  féconds: 


Mai. 

Janvier. 

Jain. 

Août. 

Avril. 

Novembre. 

Juillet. 

Septembre. 

Février. 

Octobre. 

Mars  et  décembre. 

(I)  Loe,  eiX,  t.  II,  p.  145. 

(S)  Annaleê  d'hygiène.  Paris,  483S,  t.  VIII,  p.  459. 

(3)  Annaies  d'h\fgièM.  Paris,  4833,  t.  IX,  p.  308. 


1&8     CIRCONSTANCES  QVl  INFLUENT  SUS  LE  DÉVELOPPEMENT 

Comme  on  le  voit»  c'est  h  Tépoquc  correspondant  au 
rut  des  animaux,  au  printemps,  alors  que  toute  la  nature 
semble  renatlre  h  la  vie,  que  s'opère  dans  l'espèce  humaine 
le  plus  grand  nombre  de  conceptions.  Les  recherches  entre- 
prises en  Belgique  dans  le  même  sens  ont  donné  des  résul- 
tats parfaitement  identiques  avec  ceux  qu'avait  obtenus 
M.  Villermé  en  France. 

Cependant  on  pourrait  se  demander  si  l'action  des  pre- 
mières chaleurs,  limitée  à  la  fécondation,  s'exerce  égale- 
ment sur  la  copulation,  en  d'autres  termes,  si  cette  action 
n'est  pas  spéciale  à  la  fécondité,  en  donnant  au  sperme 
et  aux  ovaires  des  propriétés  reproductives  plus  énergiques. 

M.  Villermé,  pour  résoudre  cette  question,  s'est  adressé 
aux  comptes  généraux  de  la  justice  criminelle,  et  il  a  trouvé 
que  l'époque  de  Tannée  à  laquelle  il  se  commettait  le  plus 
de  viols  et  d'attentats  h  la  pudeur  était  précisément  celle  du 
printemps,  pendant  laquelle  se  fait  aussi  le  plus  grand 
nombre  de  conceptions.  Et  que  l'on  n'invoque  pas,  pour 
expliquer  la  plus  grande  fréquence  de  ces  crimes  pendant 
le  printemps,  les  circonstances  des  promenades  solitaires, 
des  vêtements  légers,  des  rencontres  dans  les  bois  et  lieux 
écartés,  car  les  mêmes  circonstances  se  reproduisent,  ou  è 
peu  près,  pendant  les  mois  d'août  et  de  septembre,  classés 
des  derniers  pour  les  viols  et  les  conceptions. 

Cette  influence  du  printemps  n'est  pas  limitée  aux  pays 
tempérés;  elle  s'étend  à  toutes  les  zones,  de  telle  sorte  que 
l'on  peut  dire  que  l'homme  est  assujetti,  jusqu*&  un  certain 
point,  h  une  sorte  de  rut  périodique  dont  le  retour  a  lien, 
chaque  année,  au  printemps. 

Mais  de  même  que  le  rut  cesse  d'être  périodiquement 
marqué  chez  les  animaux  qui,  de  l'étal  sauvage,  passent  h 
celui  de  domesticité,  de  même  l'influence  du  printemps  est 


BT   l'bxERCICB    DB   LA   GÉNÉRATION.  1A9 

moins  manifeste  chez  les  habitants  des  villes,  et  surtout  des 
capitales,  que  chez  les  populations  des  campagnes.  Chez  les 
premiers,  en  effet,  mille  causes  tiennent  sans  cesse  en  éveil 
le  sens  génital,  sans  parler  du  climat  artificiel  que  la  civi- 
lisation leur  apprend  a  se  faire,  et  qui  rend  compte  du  maxi» 
mum  de  conceptions  que  présentent  en  Suède,  en  Finlande, 
h  Saint-Pétersbourg,  les  mois  de  décembre  et  de  janvier, 
les  plus  froids  sans  contredit  de  toute  l'année. 

Années.  —  Pythagore,  en  proclamant  sa  doctrine  des 
nombres,  dopna  naissance  aux  années  climatériques .  Mal- 
gré l'empire  que  cette  croyance  a  exercé  sur  Tesprit  des 
anciens,  les  auteurs  sont  loin  d'être  d'accord  sur  les  années 
qui  méritent  cette  désignation.  Suivant  les  uns,  chaque  sep- 
tième année  présente  ce  caractère,  tandis  que  pour  les  autres, 
il  ne  faut  regarder  comme  telles  que  celles  qui  sont  le  pro- 
duit de  la  multiplication  du  nombre  7  par  les  nombres  im- 
pairs â,  5,  7  et  9.  La  grande  climatérique  est  la  63^  année  ; 
les  autres  années  climatériques  remarquables  sont  la  7%  la 
21*,  la  &9*  et  la  h&  année.  Outre  les  changements  dans  le 
tempérament,  les  maladies,  la  fortune,  etc.,  que  les  années 
climatériques  apportaient,  les  anciens  étaient  convaincus,  et 
quelques  esprits  de  nos  jours  partagent  cette  conviction,  que 
les  organes  génitaux  externes  de  la  femme  se  resserrent  et 
reviennent  a  une  espèce  de  forme  virginale  qui,  tout  en 
donnant  un  nouvel  aiguillon  aux  voluptés  de  Thommc, 
augmente  les  désirs  et  l'énergie  génitale  de  la  femme. 

Il  est  superflu  de  discuter  l'inanité  de  pareilles  asser- 
tions; cependant  il  est  incontestable  que  les  désirs  vénériens 
et  l'ardeur  copulatrice  présentent,  chez  la  femme,  un  sur- 
croît d'intensité  aux  approches  de  l'âge  critique  ;  on  dirait 
iinc  lampe  qui.  avant  de  s'éteindre,  jette  une  dernière  lueur 
plus  vive  et  plus  éclatante  que  celles  qui  l'ont  précédée. 


150      CIRCONSTANCBS  QOI  IMFLOBNT  BUB  LB  DftVBLOPPBMENT 

Il  est  éf^alement  démontré  que  la  Técondîté  de  l'espèce 
humaine  est  très  considérable  pendant  les  années  qui  suivent 
une  disette,  une  famine,  une  épidémie  et  les  discordes 
civiles  qui  jettent  le  trouble  et  la  confusion  dans  les  rap* 
ports  sociaui,  et  qu'au  contraire  elle  diminae  considérable- 
ment pendont  ces  époques  de  calamité  publique.  Les  pra- 
tiques religieuses  du  jeûne,  que  l'on  observe  pendant  le 
rnrème,  peuvent  être  assimilées  k  la  disette,  selon  M.  Vil- 
lermé,  et  produisent  les  mêmes  résultats  (1).  Cet  auteur, 
è  l'occasion  des  Recherches  statistiqfies  s^tr  la  ville  de  Paris 
et  le  département  de  la  Seine^  qu'a  fait  publier  M.  de  Cha- 
brol, a  rédififé  des  Considérations  sur  la  fécondité^  oà  se 
trouve  le  passage  suivant  :  <t  II  résulte  de  mon  travail,  qui  est 
fondé  sur  plus  de  13,000,000  de  naissances  énumérées  mois 
par  mois,  que  le  très  petit  nombre  de  naissances  du  mois  de  dé- 
cembre, qui  n  pour  neuvii^me  antécédent  le  mois  de  mars,  est 
l'effet  des  abstinences  du  carême.  Une  cîrconMance  curieuse, 
c'est  que  le  mois  de  mars  devient  progressivement  chargé  de 
plus  de  conceptions  h  dater  de  la  fin  du  règne  de  Louis  XV, 
c'est-è-dire  è  dater  du  temps  ou  le  relâchement  s'est  progres- 
sivement introduit  dans  les  mœurs,  et  un  changement  dans 
les  idées  et  les  pratiques  religieuses.  Enfin  le  mois  de  mars, 
qui  était  autrefois  le  dernier  dans  l'ordre  des  conceptions,  est 
maintenant  le  septième.  Les  mœurs  du  peuple,  la  mesure  de 
ses  opinions,  sont  donc  quelquefois  écrites  dans  les  résultats 
de  la  statistique;  il  ne  faut  que  savoir  les  lire  (2).  » 

(I  )  De  la  distribution  par  mois,  des  conceptions  et  des  naissances  de 
l'homme  (Annalm  d'hyijiène  publique.  Paris,  1831,  t.  V.  p.  :i5). 

f2)  Sans  cnnlpsl'^r  d'une  manière  ab«ioluo  rinduence  du  jeAne  sur  le 
nombre  des  conceptions,  influence  qui.  si  elle  était  admise  aussi  im- 
portante  que  le  prétend  M.  Villermé,  serait  en  opposition  avec  ce  que 
j*ai  dit,  page  M9,  touchant  les  rapports  de  la  notritioo  et  de  la 


iT  l'bibbcke  de  la  génération.  151 

Le  jinxr;  la  tmii.  — On  demandait  un  jour  à  Fontenelle 
s'il  n'avait  jamais  songé  à  se  marier:  «Quelquefois,  répondit 
le  philosophe,  le  malin.  »  Est*ce  que  les  désirs  vénériens 
seraient  plus  énergiques  après  le  repos  de  la  nuit  qu'à  toute 
autre  heure  de  la  journée?  Cependant  un  grand  poëte, 
Victor  Hugo,  a  dit  : 

Le  plaisir,  fils  des  nuits,  dont  l'œil  brillant  d'espoir 
S'éteint  vers  le  matin  et  se  rallume  au  soir. 

Qui  a  raison  du  philosophe  ou  du  poëte?  Je  crains  bien 
que  l'un  et  l'autre  aient  tort,  au  point  de  vue  où  chacun 
il'eoi  s'est  placé. 

Le  soir,  avant  l'abattement  de  l'excitation  générale  pro- 
duite par  la  veille,  avant  le  repos  de  l'imagination  et  le 
calme  des  sens,  le  stimulus,  et  partant  les  désirs,  sont  plus 
îiolents.  Mais  il  fout  se  garder  de  conclure  de  la  violence 
des  désirs  à  une  plus  grande  énergie  dans  la  fécondité  et  le 
plaisir.  Il  est  d'observation  que  les  premiers  temps  des  ma- 
riages d'amour  ou  d'inclination  sont  très  souvent  stériles,  et 
que  cet  état  cesse  avec  l'affaiblissement  des  désirs,  amené 
par  la  satisfaction  ou  Thabitude.  Il  est  également  d'obser^- 
vation  que  des  désirs  trop  longtemps  prolongés  amènent 
momentanément  l'impuissance  chez  l'homme,  et  changent 
quelquefois  les  voluptés  en  douleurs  poignantes,  dont  une 
hémorrhagie  par  lo  canal  de  l'urètre  signale  l'intensité. 
Donc  le  plaisir  vénérien  n'est  pas  toujours  en  raison  directe 
des  désirs. 

De  plus,  le  coït,  exercé  le  soir,  n'a  pas  sur  l'organisme 

faculté  génitale,  je  dois  faire  remarquer  qu'au  temps  des  pratiques 
sévères  de  la  religion ,  le  carôme  était  une  époque  non-seulement 
d*ci&s(menc^,  mais  encore  de  continence,  et  que  les  mœurs  se  sont 
également  relâchées  sur  le  jeûne  et  sur  l'œuvre  de  la  cbair. 


152     CIRCONSTANCES  QUI  INFLUENT  SUE  LE  DÉVELOPPEMENT 

rcmpire  absola  qui  lui  opparlient,  en  raison  même  de  Tagi- 
tation  générale  et  de  l'exaltation  des  facultés  inteliectuclles. 
Apiès  un  bal,  où  certes  les  stimulants  erotiques  ne  manquent 
pas,  on  savoure  mal  les  |)laisirs  de  Tamour.  Après  la  veille, 
l'économie  réclame  le  repos  et  non  une  nouvelle  fatigue; 
et  puis  rimaginalion,  cette  folle  du  logis,  comme  la  nomme 
Brantôme,  loin  de  rester  où  Tappelle  le  désir  vénérien,  fait 
quelquefois  Técole  boissonnière,  qu'on  me  passe  le  mot,  au 
moment  même  où  son  intervention  est  le  plus  nécessaire,  et 
enlève  au  plaisir  un  aliment  précieux  qu'elle  donne,  soit  a 
un  souvenir,  soit  à  une  espérance,  soit  à  un  calcul. 

Je  ne  parle  pas  de  la  fatigue  plus  grande,  de  l'épuise- 
ment plus  profond  qui  succèdent  au  coït  du  soir  ;  je  ne  fais 
pas  non  plus  intervenir  l'hygiène,  dont  les  prescriptions 
sont  contraires  aux  rapprochements  conjugaux  avant  le 
sommeil;  je  ne  veux  constater  ici  que  Tinfluence  exercée 
sur  l'acte  génital  par  les  excitations  de  la  veille,  et  je  suis 
forcé  de  reconnaître  qu'en  ces  circonstances  le  désir  acquiert 
une  énergie  qui  est  loin  de  se  communiquer  au  plaisir. 
Victor  Hugo  serait  donc  plus  dans  la  vérité  s'il  remplaçait 
le  moi  plaisir  pav  celui  de  désir. 

Au  matin,  après  le  calme  et  le  repos  de  la  nuit,  l'orga- 
nisme et  les  facultés  intellectuelles  sont  dans  une  espèce  de 
sérénité  béate,  si  je  puis  ainsi  dire.  La  sensibilité  a  tonte  la 
virginité  de  ses  impressions,  et  la  folle  du  logis^  encore  en- 
dormie, ne  trouble  par  ses  divagations  ni  les  émotions  de 
l'âme,  ni  la  rectitude  de  la  raison.  L'ôtre  |)hysique  et  Tètre 
moral  sont  tout  entiers  à  la  première  sensation  qui  les  solli- 
cite, et  s'y  associent  d'autant  plus  complètement  que  rion 
encore  ne  les  a  distraits;  sans  doute  l'impression  qu'ils  en 
reçoivent  ne  contrarie  pas  rpilepliquemont  les  libres,  mais 
les  distend,  comme  dirait  Cabanis,  et  constitue   tout  è  la 


BT    l'exercice    de   LA    GÉNÉBATIOR.  153 

fois  une  jouissance  calme  pour  le  corps  et  une  joie  douce 
pour  TAme.  Oui,  le  coït,  exercé  le  matin,  après  une  nuit  de 
sommeil  et  de  repos,  n'est  pas  précédé  de  ces  violents 
désirs  qu'engendrent  les  excitations  de  la  veille,  mais  il  est 
accompagné  d'une  volupté  qui,  quoique  moins  délirante, 
porte  la  satisfaction  et  le  bien-être  dans  toutes  les  parties 
de  notre  être.  Ce  ne  pouvait  donc  pas  être  le  désir  véné- 
rien qui  donnait  ù  Fonteneile  l'envie  de  se  marier. 

Il  est  sans  doute  beaucoup  d'autres  circonstances^  telles 
que  la  digestion,  l'équitation,  etc.,  qui  influent  sur  la  gêné* 
ration  ;  mais  comme  leur  empire  peut  aller  jusqu'à  produire 
l'impuissance  ou  la  stérilité,  je  réserve  leur  étude  pour  le 
corps  de  cet  ouvrage,  et  je  clos  ici  une  introduction  dont  la 
longueur  trouve  son  excuse  dans  les  nécessités  mêmes  de 
mon  sujet,  qui  réclamait  ces  considérations  générales,  afin 
de  me  débarrasser  d'explications  sans  nombre  qui  m'eussent 
entravé  à  chaque  pas. 


LIVRE    PREMIER. 


DE   L'IMPUISSANCE. 


L'impuissance  (impotentia^  anaphrodisié)  est  Timpossî- 
bilité,  pour  l'un  et  Tautn*  sexe,  de  remplir  toutes  les 
conditions  du  coït  physiologique. 

Ces  conditions  sont,  ainsi  que  je  l'ai  établi  ailleurs  (1): 

Pour  riiomme:  1*  désirs  vénériens;  2*  érection  de  la 
verge;  3*  éjaculation  spermatique  ;  A*  enfin  plaisir  au  mo- 
ment de  cette  évacuation. 

Pour  In  femme  :  1*  désirs  vénériens;  2*  réception  de  la 
verge  dons  le  vagin  ;  3*  plaisir  a  la  suite  de  cette  intro  - 
mission. 

Comme  on  le  *oit,  je  donne  au  mol  impuissance  une 
large  acception,  et,  sans  revenir  ici  sur  la  distinction  fon- 
damentale que  j'ai  faite  de  cet  état  et  de  la  stérilité,  je  ne 
le  réserve  pas,  à  l'exemple  de  quelques  auteurs,  à  exprimer 
seulement  l'impossibilité  de  Térection  chez  l'homme  et  de 
l'intromission  chez  In  femme.  Pour  moi,  le  dyspermatisme 
de  PincI,  par  exemple,  ou  l'absence  des  désirs  et  des  plai- 
sirs vénériens,  sont  tout  aussi  bien  des  cas  d'impuissance 
que  la  non-érection  de  la  verge  et  l'occlusion  de  la  vulve 
ou  du  vauin. 

Cependant  quelques  auteurs,  considérant  que  la  passivité 
dans  le  coït  n'est  \)i\^  pour  la  femme  l'état  physiologique,  en 
firent  une  entité  morbide  qu*ils  désignèrent  sous  le  nom  de 

(I  )  Voyez  les  pages  5  cl  33 


DE  l'impuissance.  155 

frigidité.  Mais  la  confusion  vint  tout  aussitôt  détruire  les 
bénéfices  de  cette  heureuse  distinction,  car  pour  les  uns,  la 
frigidité  fut  l'absence  des  désirs  vénériens,  et  pour  les  autres, 
ce  mot  exprimait  l'absence  du  plaisir. 

De  plus,  quelle  que  fiU  d'ailleurs  l'acception  que  l'on 
donnât  à  la  frigidité,  cet  état  morbide,  qui  généralement  (1) 
n'entraîne  pas  la  stérilité,  n'était  ni  impuissance  ni  stérilité, 
maïs  quelque  chose  à  part,  que  l'impossibilité  d'introduire 
dans  une  classification  méthodique  rejetait  dans  la  classe 
des  névroses,  comme  si  Tabsence  congénitale  ou  acciden- 
telle du  clitoris,  par  exemple,  qui  est  une  cause  puissante 
de  frigidité,  pouvait  entrer  dans  le  cadre  des  affections  ner- 
veuse*». 

En  considérant  le  plaisir  comme  une  des  conditions  phy- 
siologiques du  congrès  chez  la  femme,  et  en  déKnissant 
l'impuissance,  l'impossibilité  d'accomplir  le  coït  selon  toutes 
les  lois  de  la  nature,  la  frigidité  devenuit  un  cas  d'impuis- 
sance. C'est  ainsi,  en  effet,  que  je  classe  cet  état  morbide, 
qui  constitue  également  chez  l'homme  une  variété  d'ana- 
plirodisie. 

En  agrandissant  ainsi,  pour  les  deux  sexes,  les  c^s  d'im- 
puissance, je  me  suis  surtout  proposé  de  faire  cesser  la 
confusion  regrettable  qui  règne  dans  l'histoire  des  deux 

(4j  Je  n'emploie  pas  une  expression  absolue,  parce  que  je  possède 
quatre  observations  d^absence  congénitale  du  clitoris  bien  authentiques, 
recueillies  par  moi,  et  qui  toutes  quatre  étaient  accompagnées  de  la 
stérilité  de  la  femme.  Est-ce  une  simple  coïncidence  ou  est-ce  l'état 
normal  ?  Les  auteurs  qui  m'ont  précédé  ne  m'ont  rien  appris  à  cet 
égard,  et  si  quatre  observations  ne  sont  pas  suffisantes  pour  former 
une  conviction,  elles  ont  été  du  moins  assez  fortes  pour  m'inspirer 
un  doole  et  me  faire  suspendre  mon  jugement.  Je  reviendrai  -plus 
longuement  aillenrs  sur  ce  point  intéressant  de  pathologie. 


156  IMPUISSANCE    PAB    VICKS   DB   GONFOIMATION. 

maladies  qui  font  le  sujet  de  cet  ouvrage,  et  de  ramener 
leur  étude  dans  la  voie  d*uiie  méthode  réellement  scienli- 
iique.  Je  n'ose  me  flatter  d'avoir  entièrement  atteint  cet 
heureux  résultat,  mais  j'aime  h  croire  que  mes  eiïorts  sur 
ce  point  ne  seront  pas  complètement  inutiles. 


SECTION  PREMIERE. 

inPVISSANGB    CBBZ    I.*BOHinB, 


CHAPITRE  V. 

IMPUISSANCE     PAR    VICES    DE     CONFORMATION. 
g  I.  —  AaoBMilles  ée  la  verge. 

Absence  de  la  verge.  —  Ce  vice  de  conformation,  très 
grave  au  point  de  vue  qui  nous  occupe,  est  heureusement 
peu  fréquent.  Schenk(l)  et  Catticr  (2)  en  ont  rapporté 
deux  observations,  et  Fodéré  raconte  qu'il  a  traité  et  guéri 
d'une  incontinence  d'urine  un  jeune  soldat  plein  de  courage 
et  de  vigueur,  qui,  avec  des  testicules  bien  conformés, 
n'avait  è  la  place  de  la  verge  qu'un  bouton,  comme  un 
mamelon,  par  lequel  se  terminait  l'urètre.  «  Il  m'assura, 
ajoute  Fodéré,  avoir  toujours  été  ainsi,  et  que  ce  bouton 
se  renflait  quelquefois  en  la  présence  des  jeunes  personnes 
du  sexe,  et  qu'il  en  sortait  par  le  frottement  une  humeur 
blanche  (3).  » 

(I)  Obê.  med.^  1.  IV,  c.  ix. 

(2]  Jêaaci  Cattieri  obi.  med.  Borello  communicat.,  obs.  XIX. 

(3)  Médecine  légale,  t.  1,  p.  364. 


ANOMALIES   DE   LA    VERGE.  157 

Un  semblable  (iéfaut  de  conrormation  entraîne  fatalement 
rimpaissance,  mais  n'est  pas  absolument  une  cause  de  sté- 
rilité. Il  importe,  en  eiïet,  que  le  bouton,  le  mamelon,  en 
un  mot  la  saillie  du  corps  caverneux  remplaçant  le  pénis, 
ait  une  ouverture  extérieure  communiquant  avec  les  organes 
spermatiqnes,  bien  conformés  d\nilleurs,  pour  que  la  fécon- 
dation s'accomplisse;  car  il  suffit,  dans  quelques  ca^,que  le 
fluide  séminal  soit  déposé  h  l'entrée  des  organes  génitaux 
féminins,  et  qu'un  certain  éréthisme,  comme  nous  le  ver- 
rons ailleurs,  existe  chez  la  femme.  Aussi  M.  Orfila,  d'ac- 
cord ici  avec  la  plupart  des  auteurs,  tout  en  reconnaissant 
la  possibilité  de  la  fécondation,  repousse-t-il  Taccusation  de 
^iol  portée  contre  on  individu  atteint  de  ce  vice  de  confor- 
mation (1).  Cependant  le  pénis  peut  manquer  complètement 
sans  qu'il  y  ait  même  trace  du  canal  de  l'urètre;  au  mo- 
ment où  j'écris  cet  ouvrage,  un  journal  en  rapporte  un 
exemple  assez  intéressant  pour  trouver  place  ici. 

ex  II  s'est  présenté  mercredi  matin,  dit  ce  journal,  à  la 
consultation  de  M.  Nélaton  un  cas  très  curieux  : 

»  Une  sage-femme  est  venue  consulter  M.  Nélaton  sur 
le  sexe  d'un  enfant  qu'elle  apportait;  elle  était  très  embar- 
rassée pour  déclarer  son  sexe  h  l'état  civil. 

»  Cet  enfant,  qui  était  né  depuis  deux  jours,  était  par- 
faitement bien  conformé  et  tétait  très  bien.  Le  scrotum  était 
à  la  place  où  il  se  trouve  habituellement,  mais  il  y  avait 
absence  complète  de  pénis;  à  sa  place,  il  n'y  avait  pas  de 
traces,  il  n'y  avait  pas  de  cicatrice.  On  ne  savait  pas  ce  qui 
était  contenu  dans  le  scrotum  :  était-ce  la  vessie  ou  les  testi- 
cules ? 

»  Après  un  examen  attentif,  M.  Nélaton  reconnut  que 

(I)  Médecine  légale,  t.  f,  p.  477,  478. 


158  IBIPDI88ANCB   PAR    VICR8   DK   CONfOlMATION. 

c'étaient  bien  les  testicules  qui  se  trouvaient  dans  \e»  bour- 
ses. Ils  étaient  bien  i  leur  place,  mais  du  côté  gauche«  il 
y  avait  un  épanchement  de  sérosité  dans  la  tunique  vagi- 
nale;  il  y  avait  uue  hydrocèle.  C'était  donc  un  garçon. 

»  L'enfant  se  portait  bien,  ne  paraissait  nullement  souT- 
frir  de  l'absence  d'un  organe  aussi  important  que  le  pénM^ 
il  fallait  donc  que  Turine  s'écoulât  par  quelque  endroit. 

»  On  examina  à  cet  effet  l'ombilic  pour  voir  si  l'urine  ne 
sortait  pas  par  là;  car  c'est  presque  toujours,  comme  chei 
le  bœuf,  par  Touraque,  restée  perméable,  que  l'urine  sort 
quand  le  pénis  est  imperforé  ou  manque  complètement; 
mais  le  cordon  ombilical  ne  présentait  rien  d'anormal  ;  il 
était  ce  qu'il  est  naturellement  deux  jours  après  la  nais- 
sance, flasque,  mou,  tombant  sur  le  ventre;  la  ligature  était 
intacte.  Il  était  don(  certain  qu^il  ne  donnait  pas  passage  à 
Turinc 

I)  Ce  liquide  ne  pouvait  sortir  que  par  la  dernière  voie 
qu'on  n'avait  pas  explorée,  le  rectum.  On  questionna  la 
sage-femme  à  l'eiïel  de  savoir  comment  étaient  les  selles  de 
l'enfant  ;  elle  répondit  qu'elles  étaient  toujours  liquides  et 
semblaient  contenir  de  l'urine.  Il  n'j  avait  plus  de  doute: 
c'était  donc  par  le  rectum  que  la  vessie  se  vidait.  Il  y  avait 
une  communication  entre  ces  deux  cavités,  une  espèce  de 
cloaque  où  se  mélangeaient  1* urine  et  le  méconium,  pour 
être  ensuite  expulsés  par  l'anus (t).  » 

Dans  de  pareilles  circonstances,  en  admettant  que  l'enfant 
atteigne  l'âge  adulte,  non-seulement  le  coit,  mais  encore  la 
fécondation  sont  impossibles. 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  médecine  est  impuissante  et  la  chi- 
rurgie désarmée  devant  une  semblable  inGrmité;  il  n*est 

(I)  Gazetu  deê  hôpitaux,  2S  janvier  4  854,  n*  li. 


ANOItALIIS    DB    LA    VERGI.  159 

pat  âu  pouvoir  de  l'homme  de  suppléer  la  nature  dans  les 
fonctions  de  la  fie  plastique. 

Dimennans  eœ^émes  du  pénis,  —  Ces  dimensions 
eitrèmes  peuTent  être  en  plus  ou  en  moins. 

Le  développement  excessif  de  la  verge  n'est  pas  généra- 
lement admis  comme  une  cause  d'impuissance,  et  si  quelques 
auteurs  loi  donnent  ce  caractère,  ils  ont  soin  d'ajouter  que 
l'impuissance  n'est  alors  que  relative.  Sans  doute,  à  ne  con- 
sidérer que  l'acte  copulateur  en  lui-même,  le  volume  trop 
considérable  du  pénis,  soit  en  épaisseur,  soit  en  longueur, 
D'empèche  pas  rigoureusement  l'exercice  de  cet  acte  ;  mais 
si  Ton  fait  attention  que  le  coït  doit  être,  pour  les  deux 
sexes,  une  source  de  voluptés  et  non  de  douleurs,  on  con- 
viendra que  le  but  proposé  est  rarement  atteint  dans  de 
pareilles  circonstances.  Le  développement  anormal  en  gros- 
seur peut  produire  des  contusions,  des  déchirements  dans 
les  organes  génitaux  de  la  femme;  et  sa  longueur  excessive 
peut  amener  au  col  de  l'utérus  des  inflammations,  et  par 
suite  le  squirrhe;  je  ne  parle  pas  de  la  douleur  qui,  dans  ce 
cas,  est  toujours  très  grande,  ainsi  que  le  prouve  l'exemple, 
rapporté  par  P.  Zacchias,  de  cette  courtisane  de  Rome 
qu'une  semblable  organisation  d'un  de  ses  amants  faisait 
toujours  tomber  en  syncope. 

Toute  médication  est,  en  ces  circonstances,  parfaitement 
inutile.  Le  râle  du  médecin  se  borne  à  quelques  conseils 
pour  l'homme  et  à  l'emploi  d'un  pessaire  pour  la  femme. 
Au  premier,  on  recommandera  d'user  de  ménagements  dans 
l'intromission  de  la  verge,  d'enduire  celle-ci  d'un  corps  gras 
pour  faciliter  son  glissement,  si  la  dimension  est  en  gros- 
seur, et  de  n'introduire  que  la  moitié,  le  quart,  etc.,  du 
membre  viril,  si  la  longueur  de  celui-ci  constitue  l'anomalie. 
Du  côté  de  la  femme,  le  pessaire,  en  refoulant  aussi  haut 


160  IHpniBSANCI    MR    TICB9    Dl   COMPOMATtON 

que  possible  l'utérus,  garaolira  égalemeol  le  museau  de 
tanche  par  la  proéminence  de  ses  bords.  Enfin  on  aurasoio 
que  le  coït  ne  s'eierce  que  dans  la  posilton  horiiontsie  et 
dans  des  directions  variables  selon  les  c«s,  et  qu'il  est  inutile 
d'énumérer  ici. 

Le  défaut  contraire,  c'est-i-dire  la  petitesse  extrtme  du 
|>énis,  a  été  mis,  ou  point  de  vue  de  l'impuissance,  sur  )e 
même  picn que  son  développement  excessif.  Cependant roid 
un  fait  oii  le  coït,  c'est-à-dire  le  plaisir  suifi  de  l'éjacnlitioo 
était  impossible,  et  par  conséquent  l'impuissance  absolue. 
Un  étudiant  en  médecine,  de  dis-neul  k  vingt  ans.  Brésilien 
d'origine,  se  présenta  k*roo  consultation  dans  le  courant  de 
novembre  1852.  Sa  stature  était  grêle,  sa  voix  Téminine  ;  le 
sy!<lème  musculaire  ft  peine  développé,  sans  prédominance 
aucune  du  tissu  graisseux  ;  les  cheveux  chitains,  pèles  et 
clair-semés,  étaient  sang  vigueur;  la  figure  et  la  poitrine 
ne  présentaient  aucune  Irocc  de  poils;  le  pubis  n'en  était 
p.is  cnlièrcmenl  dépourvu,  mais  ils  étBientfins,asseE  courts, 
et  ne  frisaient  pns.  Avant  de  me  montrer  ses  orgones,  le 
malade  me  dit  qu'il  avait  non-seulement  des  déurs  vénériens, 
mais  encore  des  érections  frcquentcs,  et  que  lorsqu'il  se 
masturbait,  l'éjaculation  avait  lieu  avec  tous  les  phénomènes 
voluptueux  qui  l'accompagnent  d'ordinaire,  tandis  que  pen- 
dant le  coït,  l'éjaculation,  quelque  effort  qu'il  pdt  faire,  ne 
s'était  Jamais  produite.  Le  cas  était  bizarre,  et  avant  de  me 
perdre  dans  l'hypothèse  d'une  surexcitation  nerveuse  qui 
aurait  mis  obstacle  à  la  libre  circulation  du  sperme,  je  de- 
mandai à  voir  les  organes  de  la  génération.  Quel  ne  fut  pas 
mon  étonnemeiit  de  rencontrer  une  verge  presque  imper- 
ceptible, dont  il  était  diflicile  de  découvrir  le  gland.  Le 
scrotum,  les  testicules,  les  canaux  déférents,  tout  l'appareil, 
en  un  mot,  avait  également  des  proportions  lilliputiennes. 


AN0BIALIB8   DI   LA    VIBQB.  161 

La  verge  en  érection  avait  à  peu  près  la  grosseur  d'un 
piquant  ordinaire  de  porc-épic  et  était  longue  de  2  pouces. 
Les  testicules  atteignaient  à  peine  le  volume  d'une  aveline, 
et  étaient  difficiles  à  rencontrer  lorsque  le  scrotum,  en  se 
ratatinant,  les  refoulait  en  haut. 

A  part  cet  arrêt  de  développement,  tout  l'appareil  génital 
était  parfaitement  conformé.  Cependant  l'ouverture  du  pré- 
puce était  étroite  à  ce  point  qu'il  était  peu  aisé  d'y  faire 
passer  le  gland.  Celui-ci  n'avait  jamais  vu  le  jour,  et  entre 
lui  et  son  enveloppe  s'était  amassée  une  assez  grande  quan* 
tité  de  matière  sébacée  mêlée  à  du  sperme,  laquelle  avait 
formé  des  calculs  que  je  ne  retirai  pas  sans  occasionner  au 
malade  quelques  douleurs. 

Évidemment  la  pression  exercée  dans  le  coït  par  les  pa- 
rois vaginales  sur  la  verge  de  ce  jeune  homme  était  nulle, 
ou  tout  au  moins  insuffisante  pour  porter  le  prépuce  en 
arrière  dans  les  mouvements  de  va-et-vient,  et  pour  déter- 
miner l'excitation  nécessaire  à  l'éjaculation. 

Le  malade,  à  qui  je  développais  cette  manière  de  voir, 
qu'il  n'avait  jamais  soupçonnée,  voulut  bien,  en  sa  qualité 
d'étudiant  en  médecine,  se  soumettre  à  l'expérience  suivante  : 
un  cylindre  en  caoutchouc,  de  la  grosseur  d'un  pénis  ordi- 
naire, et  dans  l'intérieur  duquel  était  taillé  un  canal  dont  le 
diamètre  était  exactement  celui  de  la  verge  en  érection,  fut 
oiaintenu  au  pubis  au  moyen  d'une  lanière,  également  en 
caoutchouc,  passée  sur  les  lombes  comme  un  bandage  de 
corps.  L'élasticité  de  cette  lanière  permettait  les  mouve- 
ments de  va-et-vient  du  coït  au  cylindre,  qui  tes  trans- 
mettait à  la  verge,  emprisonnée  dans  son  intérieur.  Une 
prostituée  s'étant  prêtée  à  l'expérience,  cette  espèce  de 
copulation  s'eiïectua  complètement,  c'est-à-dire  que  Téja- 

culation  et  les  phénomènes  voluptueux  qui  l'accompagnent 

M 


468  mPOIMARGI   i^Al    VIGU  M   CORntMATIOH. 

•ttrcnt  lieu  comme  dans  les  rapprochements  ordinaires  des 
scies. 

Ce  témoignage,  qui  ne  me  laissa  pins  aucun  doute  sur  la 
cause  de  Timpuissance  du  jeune  Brésilien,  me  suggéra  le 
traitement  que  je  crus  devoir  metlre  en  usage.  Me  rappelant 
cette  loi  physiologique  d'une  grande  vérité,  à  savoir  que  le 
développement  d'un  organe  est  toujours  en  rapport  avec 
son  exercice,  en  d'autres  termes,  que  plus  un  organe  est 
mis  en  activité  et  plus  il  prend  d'accroissement,  je  conseillai 
au  malade  de  se  livrer  au  coït  aussi  fréquemment  que  sa 
constitution  délicate  le  lui  permettait,  armé  de  l'appareil 
que  je  lui  avais  fait  construire  et  dont  le  canal  intérieur 
devait  être  lapi^sé  d'un  corps  gras  très  pur,  autant  pour 
faciliter  les  mouvements  du  cylindre  sur  la  verge  que  pour 
donner  un  aiiment  à  l'obsorplion.  Je  ne  négligeai  point  les 
ressources  de  l'hygiène,  et  je  prescrivis  en  même  temps  une 
nourriture  succulente,  un  régime  tonique  et  les  exercices 
corporels,  tels  que  Tescrime,  ta  natation  à  la  mer,  etc. 

Je  n'ai  revu  qu'une  seule  fois  le  malade,  trois  mois  après 
sa  première  visite;  la  verge  s'était  considérablement  accrue, 
et  il  m'annonça  qu'il  avait  deux  fois  exercé  naturellement 
le  coit,  en  ayont  soin,  quelque  temps  avant  la  copulation, 
de  faire  pratiquer  des  lotions  astringentes  aux  organes  géni- 
taux de  la  femme.  Je  ne  sais,  au  moment  où  j'écris,  si  le  sujet 
de  cette  observation  est  encore  i  Paris  ou  s'il  est  retourné 
en  Amérique  ;  je  regrette  vivement  cette  absence,  car  j'au- 
rais voulu  connaître  les  résultats  d'une  médication  que 
j'emplojais  pour  la  première  fois  et  qu*il  n'est  pas  donné 
de  recommencer  souvent.  ^  ^ 

Mondât  parle  d*un  instrument  de  son  invention,  dont  je 
laisse  au  lecteur  le  soin  d'apprécier  le  mérite,  mais  que  je 
dois  exposer  ici,  pour  ne  tenir  dans  Tombre  aucun  moyen 


ANaMAUBS   Vfi  LA   TBMB.  46ft 

rfe  Iraitement.  «  J'ai  imaginé,  dit-il,  un  instrument  qui  pré* 
sente  une  forme  cylindrique,  de  5  a  8  pouces  de  longueur, 
de  10  i  16  lignes  de  diamètre,  ayant  une  extrémité  libre, 
tandis  que  l'autre  est  montée  sur  un  appareil  auquel  vient 
s'adapter  une  pompe  aspirante.  On  introduit  le  pénis  dans 
le  cylindre,  avec  le  soin  de  ramener  en  arrière  le  prépuce; 
on  dirige  l'instrument  sur  un  plan  incliné  vers  le  haut,  Tin- 
dîvidu  étant  debout.  Le  congesteur  est  fixé  par  une  main, 
tandis  que  l'autre  imprime  au  piston  de  légers  mouvements 
pour  faire  le  vide;   le  corps  caverneux  ne  tarde  pas  à  se 
gonfler;  peu  i  peu  le  sang  le  pénètre  de  toutes  parts,  tout 
l'appareil  génital  subit  l'impulsion  érectile  du  pénis,  que 
Ton  fait  durer  de  cinq  à  vingt  minutes  (1).  » 

Mondât  se  servait  aussi  de  cet  instrument  pour  déterminer 
l'érection  d'une  verge  bien  conformée  dans  les  cas  d'ana- 
phrodisie.  Je  dirai,  lorsque  je  serai  arrivé  à  ce  genre  d'im* 
puissance,  les  résultats  que  m'a  donnés  le  congesteur  de  ce 
praticien. 

Bifurcation  de  la  verge. —  Tous  les  ouvrages  de  méde* 
cioe  légale,  tous  les  dictionnaires  de  médecine  et  les  traités 
spéciaux  des  maladies  des  organes  générateurs  parlent  de 
la  bifurcation  de  la  verge  comme  entraînant  tantôt  l'impuis- 
sance absolue  et  tentât  l'impuissance  relative.  Ce  vice  de 
conformation  se  rencontre  rarement  seul  ;  il  accompagne 
presque  toujours  quelque  anomalie  de  l'appareil  urinaire, 
et  surtout  l'extrophie  de  la  vessie.  C'est  donc  au  paragraphe 
qae  je  consacre  plus  loin  à  cette  infirmité  que  je  renvoie  le 
lecteur  pour  la  description  de  la  bifurcation  de  la  verge. 

f^icieuse  direction  du  pénis,  —  Cette  anomalie  congé- 
nitale n'est  jamais  due  k  la  rétraction  de  la  peau  ni  a  la 
brièveté  du  filet  de  la  verge;  elle  réside  essentiellement 

[i)  D9la  stérilité  de  thomme  et  de  la  femme j  p.  91 . 


Ifi/l  IMPUISSARf-E    PAR    VICRS    DE    CORt^ORUATtOK. 

dons  les  cor|tg  cnverneui,  se  présente  très  rarement  ft  l't^Ut 
de  simfilicité,  et  accompagne  pre9i|ue  toujours  uii  vice  de 
conrormation,  soit  de  l'urHre,  soit  de  la  vessie,  J.-L.  l'etit, 
qui  nous  a  laissé  de  précieux  documents  sur  les  maladies 
de  la  verge,  rap|)orle  à  ce  sujet  une  observation  et  unit 
nécropsie  r|iii  méritent  de  trouver  ici  une  place.  «  Un  étran* 
gcr,  dit  le  célèbre  cliirurgten,  me  consulta  pour  savoir  si 
la  mauvaise  conTormation  de  sa  verge,  qu'il  avait  apportée 
de  naissance,  pouvait  se  réparer,  ou  si,  telle  qu'elle  était, 
etio  le  rendrait  impropre  nu  mariage  qu'il  était  près  de  con- 
tracter :  il  avait  la  verge  si  considéruLtement  recourbée,  que 


nit  d'enveloppe  dans  toute  sa 


la  peau  du  scrotum 
partie  inférieure.  Le  gland  était  la  siule  partie  saillante  lors 
de  l'érection,  ou  jilulAl  lors  du  gonflement  des  corps  cavcr- 
neui  et  du  gland  ;  l'ouverture  de  l'urètre  était  placée  k 
l'endroit  de  la  fusse  navicuhiire,  de  manière  que  quand  il 
rendait  son  urine,  elle  sortait  en  nappe  et  mouillait  tout  le 
scrotum.  Je  le  jugeai  impropre  nu  mariage,  et  lui  conseillai 
de  ne  se  point  rendre  aux  raisons  de  ceux  qui  auraient  envie 
de  le  délivrer  de  son  incommodité  par  quelques  opératiann. 
Je  lui  dis  que,  quoique  les  parties  qu'on  aurait  à  couper 
en  faisant  une  opération  ne  fussent  pas  de  conséquence,  les 
suites  pouvaient  en  être  dangereuses;  mais  lic  plus,  qu'il 
n'obtiendrait  jamais  et;  qu'il  espérait;  que,  quand  même  il 
n'arriverait  aucun  accident,  quand,  après  la  cicatrice,  la 
verge  se  trouverait  entièrement  séparée  du  scrotum,  elle 
resterait  toujours  courbée  en  se  gonflant,  parce  que  la  cica- 
trice ne  pourrait  jamais  se  prêter  h  l'allongement  de  la 
TCrge;  que,  outre  cela,  il  y  avait  une  autre  cause  de  cour- 
bure è  laquelle  l'opération  ne  pourrait  remédier.  Il  ne  suivît 
point  mon  conseil  :  un  autre  le  ))ersuada.  Cependant,  quoi- 
que je  fusse  d'un  avis  contraire,  le  malade  désira  quej 


J 


AROMALIKS   DB   LA    VBHGE.  165 

tasse  k  Topération  :  elle  fut  faite  a? ec  beaucoup  de  dextérité; 
mais  la  verge,  quoique  exactement  séparée  du  scrotum, 
conservait  sa  courbure  et  jamais  ne  put  être  redressée  ;  elle 
resta  telle  après  la  cicatrice  (1).  » 

J.-L.  Petit  pense  que  dans  les  cas  de  courbure  originelle 
de  la  verge,  les  cellules  du  corps  spongieux  de  Turètre  ou 
des  corps  caverneux,  selon  que  la  partie  concave  est  tournée 
en  bas,  en  haut  ou  sur  les  côtés,  sont  plus  petites  ou  moins 
nombreuses  que  les  autres,  et  que  la  moindre  quantité  de 
sang  qui  y  afQue  détermine  de  ce  côté  un  volume  moins 
considérable  du  pénis. 

A  Tappui  de  cette  manière  de  voir,  il  rapporte  la  né« 
cropsie  suivante  :  «  J*ai  eu  occasion,  dit-il,  de  me  convaincre 
de  la  réalité  de  ce  fait  sur  le  cadavre  d'un  enfant  que  l'on 
m'avait  fait  voir  le  jour  même  de  sa  naissonce,  et  auquel  je 
ne  voulus  faire  aucune  opération  :  on  me  l'avait  amené 
plusieurs  fois  pendant  le  cours  de  sa  vie,  espérant  que  je 
pourrais  trouver  quelques  moyens  de  le  guérir  de  l'hypo- 
spadias,  accompagné  d'une  courbure  pareille  h  celle  dont  il 
s'agit.  Je  le  renvoyais  toujours  sans  lui  rien  faire,  disant 
aux  père  et  mère  que  cette  difformité  était  irréparable.  Cet 
enfant  mourut  d'une  fluxion  de  poitrine  à  l'Age  de  dix  à 
douze  ans.  Je  demandai  d'en  faire  l'ouverture,  ne  voulant 
pas  échapper  cette  occasion  de  satisfaire  ma  curiosité. 

V  Je  découvris  d'abord  l'un  des  corps  caverneux  ;  j'y  Gs 
ouverture;  j'y  passai  un  tuyau  dans  lequel  je  soufflai;  la 
verge  se  gonfla,  se  courba  en  dessous,  et,  pour  la  con- 
server dans  cette  figure,  je  fis  une  ligature  au  moyen  de 
laquelleje  retins  l'air,  puis  je  disséquai  la  verge  et  je  trouvai 
que  tout  l'urètre  était  fort  court;  qu'il  était,  pour  ainsi 

(I)  OEuvreê  eamplètes,  édit.  4  837,  p.  745. 


166  IBIPniSSANCI    PAR    VICIS   DB   COHfOlMATIOX. 

dire,  ligamenteux  et  inrapnble  de  s'étendre,  n'ayant  aucun 
tissu  cellulaire.  Je  le  séparai  des  deux  corps  caverneui  fort 
exactement,  mais  avec  beaucoup  de  peine;  malgré  cette 
sépflratioii,  les  corps  caverneux  ne  s'allongèrent  que  fort 
peu;  la  verge  resto  courbe,  ce  qui  me  fit  juger  que  la  mau- 
vaise conformation  de  l'urètre  n'était  pas  la  seule  cause 
de  la  courbure,  et  que  le  dessous  des  corps  caverneux  y 
avait  quelque  part.  Pour  examiner  la  chose  à  loisir,  j'em- 
portai les  pièces  chez  moi  :  ayant  sé|)aré  les  corps  caver- 
neux d<'  toute  autri'  partie,  j'observai  qo*en  les  tirant  par 
les  deux  bouts,  je  ne  poii\ais  les  allonger;  et,  les  soufflant 
de  nouveau  por  la  première  ouverture  que  j'avais  faite,  ils 
reprenaient  la  figure  courbe,  ce  que  j'attribuai  d'abord  à 
une  bande  ligamenteuse  qui  régnait  h  l'endroit  d'où  j'avais 
séparé  l'urètre.  Je  séparai  de  cette  bande  tout  ce  que  je 
pus  sans  ouvrir  les  corps  caverneux  ;  je  coupai  même  trans- 
versalement les  fibres  que  je  n'avais  pu  enlever;  malgré 
tout  cela,  et  malgré  l'air  que  jesonllldis  avec  force,  lescorpa 
cavernvMix  conservèrent  toujours  leur  courbure.  Les  avant 
soufflés  pour  la  dernière  fois,  j'y  retins  l'air  par  une  liga- 
lun*  et  les  lis  sécher.  Quelque  temps  après,  je  les  coupai, 
l'un  lon«>ituiiinalement,  l'autre  par  tronçons;  je  reconnus 
qne  la  figure  courbe  qu'ils  avaient  toujours  conservée  dépen- 
dait de  ce  que  leurs  cellules  étaient  presque  bouchées  dans 
la  partie  cave  de  la  courbure,  et  que,  par  degrés,  elles 
s'élargissaient  jusqu'à  la  partie  convexe,  où  étaient  les  plus 
grandes,  soit  que  ces  celluliMi  aient  été  ainsi  dès  la  première 
conformation,  ou  qu'avant  toujours  été  gênées  par  l'urètre 
et  par  la  bande  ligamenteuse,  elles  soient  restée.^i  petites, 
n*o\ant  pas  eu  la  facilité  de  s*étcndre  comme  les  autres  (l).» 

(1     bK'   CI/.,  p.  717,  718. 


iimiALlBS   B9   PRÉPIJGB.  102 

La  eoorbare  congénitale  de  la  verge«  dépendant  des  corps 
caverneux  ou  du  corps  spongieux  de  l'urètre,  ne  doit  point 
tenter  Tbabileté  du  chirurgien;  elle  est  inguérissable; 
rimpuîssance  qu'elle  entraîne  est  par  conséquent  absolue» 

Le  même  accident,  et  ayant  le  même  siège,  peut  se  pro- 
duire à  la  suite  de  certaines  aiïections,  comme  la  blennor- 
rhagie,  les  contusions  de  la  verge,  etc.^  et  peut  alors,  ainsi 
que  je  le  dirai  plus  loin,  réclamer  efticacement  les  secours 
de  l'art. 


S  n.  —  ABOotallM  ém 

Ahsencedu  prépuce.  — Ce  vice  de  conformation  ne  pro« 
duit  pas  ordinairement  l'impuissance,  et  nous  ne  le  signalons 
ici,  en  passant,  que  parce  qu'il  enlève  au  gJand  une  partie 
de  sa  sensibilité  et  rend,  par  conséquent,  le  coït  beaucoup 
moins  voluptueux. 

Cette  dernière  circonstance  n'est  pas,  on  le  comprend^ 
sans  avoir  une  certaine  influence  sur  les  désirs  vénériens. 

Depuis  longtemps  on  a  cherché  i  faire  artiBciellement 
un  prépuce,  d'autant  mieux  que  sadisparition  a  quelquefois 
liea  accidentellement,  à  la  suite  de  la  circoncision  ou  de 
la  gangrène  de  cet  organe.  Ceisc  indique  deux  procédés 
opératoires,  dont  l'un  est  applicable  à  l'absence  congénitale 
du  prépuce,  et  l'autre  h  sa  chute  accidentelle. 

Le  premier,  qui  seul  nous  intéresse  ici,  consiste  à  inciser 
circulairement  au-dessous  du  gland  la  peau  de  la  verge,  de 
manière  à  partager  en  deux  cylindres  le  fourreau  du  pénis. 
Le  cylindre  antérieur  est  attiré  sur  le  gland  et  maintenu 
dans  cette  position  pur  des  Gis  attachés  à  une  sonde  intro- 
duite dans  le  canal  de  l'urètre,  tandis  que  l'on  interpose 
de  la  charpie  aux  lèvres  de  l'incision  circulaire  pour  roain- 
teoir  l'espace  qui  les  sépare.  Malheureusement,  la  rétrac- 


I 


168        lapurssAitce  fai  vicbs  db  conFoiiHATio%. 

tilité  de  la  cicolritc  neulnilise  les  efTorti  de  l'art,  et  rend 

cette  [telitR  inlirmité  incurable. 

Quelqucrois  le  pri^pucc  tie  manque  pas  enlièretncnt,  et 
il  ert  existe  un  ou  deux  lambeaui  qui  ginent  plus  ou  moins 
l'acte  copulaleur. 

Quand  il  n'v  u  qu'un  lambeau,  il  se  trouve  ordinntrcment 
i  la  face  dorsole  de  la  tcrge,  et  peut  lanlAt  dépasser  le 
glund,  tantôt  n'arrêter  i  so  couronne  sous  forme  de  bour- 
relet. Dans  l'un  el  l'uulre  cas,  où  il  est  faciL'  do  comprendre 
combien  le  coït  e»t  dérectueui,  l'etciHion  est  indiqut^e;  on 
produit  alors  l'absence  complète  du  prépuce,  qui,  ai  elle 
prive  le  gland  d'une  eensibitilé  plus  exquise,  ne  met  pas, 
du  mains,  obstacle  à  ta  copulation. 

Quand  deui  ou  plusieurs  lambeaux  existent,  ils  pcutenl 
èlrc  ou  lous  indépendants  tes  uns  des  autres,  ou  réunie  pur 
un  seul  de  leurs  bords.  — C'est  une  espèce  de  bcc-dc-liitre 
du  prépuce,  simple  ou  multiple.  —  La  réunion  des  bords 
libres  peut  se  faire,  soit  nu  mo>en  de  ligatures,  »oit  en  avi- 
vant ces  bords;  mais  il  faut  avotrsotn  de  laisser  une  érhnn- 
crure  ti  la  partie  aiiti^ricure  du  prépuce,  pour  que  cet  ori- 
Kcc  donne  librement  passage  au  gland.  Cette  opération 
n'est  ni  sans  dangers  ni  sans  inconvénients  :  les  dangers 
résuKent  de  la  ligature  qui  pourrait  produire  le  pbimosis  ou 
le  paraphimosis,  el  les  inconvénients,  de  ce  que  la  portion 
du  prépuce  qui  cnrresponil  h  sa  diviMon,  pourrait,  après  la 
réunion  de  sn  fenic,  n'avoir  pas  a<sei  d'étendue  pour  loisscr 
librement  passer  le  gland.  Aussi  faut-il  s'abstenir  de  toute 
opération  dans  le  cas  oîi  la  dirTorniilé  n'est  pos  considérable, 
et,  quand  l'ort  est  obligé  d'intervenir,  n'employer,  à  défaut 
de  l'avivemenl,  que  la  suture  la  plus  simple,  celle  à  anse 
on  celle  à  surjcl. 

Phimoais.  —  Le  pliimosts  est  constitué  par  un  ollongo- 


ANOMALIES   DU    PRÉFUCB.  169 

meot  plus  ou  moins  considérable  du  prépuce  avec  rétrécis- 
sement plus  ou  moins  marqué  de  cette  enveloppe,  et  qui 
peut  aller  jusqu'à  son  occlusion  complète.  Cette  dernière 
circonstance  rendrait  impossibles,  non-seulement  le  coît| 
mais  encore  la  fécondation,  si  les  individus  qui  en  sont 
atteints  pouvaient  conserver  ce  vice  de  conformation  jusqu'à 
la  puberté  ;  on  comprend,  en  eiïet,  qu'à  moins  d'une  ouver- 
ture anormale  de  l'urètre,  une  prompte  opération  soit 
nécessaire  pour  évacuer  l'urine  amassée  entre  le  gland  et 
le  prépuce  fermé,  et  prévenir  ainsi  les  accidents  les  plus 
graves. 

Je  ne  m'occuperai  pas  plus  longtemps  de  celte  espèce 
de  phimosis. 

Le  phimosis  ordinaire,  celui  qui  ne  présente  qu'un  rétré- 
cissement  plus  ou  moins  considérable  du  prépuce,  avec  une 
longueur  trop  grande  de  cette  enveloppe,  n'est  pas,  rigou* 
reusement  parlant ,  une  cause  d'impuissance,  —  il  serait 
plutôt  un  motif  de  stérilité;  —  mais  il  contrarie  de  deux  fa- 
çons le  coït,  et  c'est  à  ce  titre  que  je  lui  donne  ici  une  place. 

Par  son  rétrécissement,  le  prépuce  prive  le  gland  de  cette 
cicitation  voluptueuse  qu'il  acquiert  par  son  contact  tfvec 
la  muqueuse  du  vagin ,  et  peut  s'opposer  à  son  érection 
complète  par  l'espèce  d'emprisonnement  qu'il  lui  fait  subir 
dans  sa  partie  rétrécie.  Je  ne  parle  pas  d'une  complication 
asseï  fréquente  du  phimosis  naturel,  la  brièveté  du  frein,  à 
laquelle  je  reviendrai  tout  à  l'heure,  et  qui,  dans  le  cas  qui 
nous  occupe,  augmente  les  inconvénients  que  je  viens  de 
signaler. 

Eu  égard  à  sa  longueur,  le  prépuce  gène  le  coït,  en 
formant  au-devant  du  gland  un  véritable  bourrelet  qui  peut, 
5oit  blesser  les  organes  de  la  femme,  soit  rendre  doulou- 
reuse pour  l'homme  l'intromission  de  la  verge. 


170  IMFUIS8ANCB    MM    VIGI8    UB   COHVOMVATIOR. 

Heureusement,  l'art  n'est  pas  désarmé  de? anl  une  pareille 
infirmité,  et  la  chirurgie  peut  toujours  la  faire  disparaître. 
Trois  méthodes  eiislent  pour  atteindre  ce  résultat  :  TiDci* 
sion,  l'excision  et  la  circoncision. 

Si  Ton  réfléchit  que  le  phimosis  congénital  est  constitué 
tout  k  la  fois  par  rallongement  et  le  rélrécissement  du  pré- 
puce, on  repoussera  l'incision  comme  n'obviant  qu'au  rétré- 
cissement, et  la  circoncision  comme  ne  détruisant  que  la 
partie  superflue  du  prépuce.  Cependant  ces  deux  caractères 
du  phimosis  naturel  ne  sont  pas  tellement  inséparables  que 
Tun  pui>se  se  montrer  sans  l'autre,  et  alors,  selon  la  dif- 
formité »  détruire,  on  pourra  recourir,  soit  à  l'incision, 
soit  a  la  cirroncision. 

Mais  dans  les  cas  ordinaires,  lorsqu'il  faudra  faire  dispa- 
raître tout  à  la  fois  l'allongement  et  le  rétrécissement  du 
prépuce,  il  sera  nécessaire  d'opérer  l'excision. 

Par  le  procédé  ordinaire,  on  pratique  d'abord  l'incision. 
Celle-ci  se  fait  en  insinuant  entre  le  gland  et  le  prépuce,  è 
la  face  supérieure  et  sur  la  ligne  moyenne  jusqu'au  cul-de- 
sac  de  la  muqueuse,  une  sonde  cannelée  ordinaire.  Pendant 
qu'un  aide  soutient  la  verge  en  rapport  avec  la  sonde,  et 
attire  la  peau  en  arrière  afin  que  l'incision  ne  Tintéresse 
pas  trop  loin,  le  chirurgien  lient  lui-même  la  sonde  de  la 
main  gauche,  et  fuit  glisser  sur  sa  cannelure  un  bistouri 
droit  è  lame  étroite  et  à  pointe  aiguë.  Quand  il  sent  que  le 
bistouri  est  parvenu  au  cul-de-sac  de  la  sonde,  il  relève  la 
pointe  de  l'instrument  qui  pénètre  dans  les  téguments,  et 
attire  la  lame  mntre  lui,  en  incisant  le  prépuce  d'arrière  en 
avant.  On  termine  l'opération  en  divisant,  k  l'aide  des 
ciseaux,  la  petite  bride  que  forme  d'ordinaire  la  muqueuse 
au  delà  de  l'incision. 

Après  ce  premier  temps  de  Teicision,  on  saisit  l'un  après 


ANOMALIES   BU    PRBIlf.  I7f 

Tautre  les  deax  lambeaux  du  prépuce,  on  les  tend  suffisam- 
ment, et  Ton  en  excise  on  morceau  triangulaire  avec  le 
bistouri  ou  éa  forts  ciseaui. 

On  pourrait  è  la  rigueur,  si  le  rétrécissement  et  rallon- 
gement du  prépuce  étaient  assez  prononcés,  pratiquer 
d'abord  la  circoncision  pour  retrancher  la  partie  superflue 
et  recourir  ensuite  à  l'incision  pour  opérer  le  débridement. 
C'est  ainsi  que  je  me  suis  comporté  dans  une  circonstance 
OQ  Texcision  ne  m*aurait  donné  qu'un  résultat  incomplet. 

On  réunit  la  peau  et  la  muqueuse,  soit  par  quelques 
points  de  suture,  soit  par  des  serres  fines,  qui,  très  fréquem- 
ment, amènent  la  réunion  par  première  intention. 

Adhérence  du  prépuce  et  du  gland,  —  C'est  ordinaire- 
ment une  complication  du  phimosis,  et,  quoique  cette  com- 
plication soit  souvent  accidentelle  et  résulte  de  la  balanite, 
elle  peut  cependant  être  originelle  et  accompagner  comme 
telle  le  phimosis  congénital. 

Sans  doute  la  gène  dans  le  coït  est  augmentée  par  cette 
complication,  dont  toute  la  gravité  réside  cependant  dans 
le  traitement  chirurgical.  C'est  une  dissection  longue,  pé- 
nible et  douloureuse  qu'il  faut  faire,  et  qui  doit  constam- 
ment respecter  le  gland,  pour  éviter  une  hémorrhagie, 
quelquefois  très  difficile  k  arrêter. 

S  m.  —  Ab^omIIm  dm  Ênîm. 

Brièveté  du  frein.  —  Cette  anomalie  trop  prononcée, 
en  tirant  fortement  en  bas  le  méat  urinaire,  a  pu  faire 
croire  è  des  observateurs  superficiels,  soit  à  Teiistence  d'un 
hypespadias,  soit  &  une  courbure  de  la  verge. 

Mais  si  la  trop  grande  brièveté  du  frein  ne  fait  que  simuler 
ces  deux  vices  de  conformation,  elle  donne  naisaaooe  aus 


172  I1IPUI88ANCB   PAl   VICE8  DB   CORPOiMATION. 

menues  accidents,  et  peut  être,  par  conséquent,  regardée 
comme  contraire  i  une  copulation  régulière. 

Heureusement  le  mal  n'est  pas  considérable^  parce  <|ue 
rien  n*est  plus  facile  que  d'y  remédier  :  il  suffit  de  couper 
le  frein.  Sou? ent  cette  petite  opération  se  fait  naturellement 
aui  premières  approches,  surtout  si  la  vulve  oiïrc  une 
ouverture  étroite.  Mais  quand  cette  rupture  ne  s  est  pas 
opérée  pendant  le  coït,  on  incise  le  filet,  soit  par  un  coup 
de  ciseaui,  soit  avec  le  bistouri,  en  ayant  soin  de  placer  un 
peu  de  charpie  entre  les  lèvres  de  la  plaie  pour  prévenir 
leur  réunion. 

S  IW.  —  AB^nalIcs  ém  slaaJ  et  de  rarétrc. 

Les  vices  de  conformation  du  gland  se  confondent  avec 
ceux  de  Turètre,  parce  que  ces  difformités  portent  toutes 
sur  le  méat  urinairc,  qui  est  In  terminaison  ou  l'ouverture 
extérieure  de  ce  canal. 

De  plus,  la  description  de  ces  anomalies  ne  doit  point 
trouver  place  dans  ce  chapitre,  car  de  deux  choses  l'une, 
ou  l'urètre  n'existe  pas,  ou  il  est  vicieusement  conformé. 

S'il  n'existe  pas,  ou  s'il  est  oblitéré  dans  un  point  de 
son  étendue,  la  chirurgie  aura  dû  intervenir  avant  que  l'in- 
dividu ne  soit  apte  à  la  génération;  et  si  ce  canal  a  été  réta- 
bli dans  sa  position  normale  ou  dans  une  direction  artifi- 
cielle, mais  de  manière  à  donner  passage  à  l'urine,  la  stérilité 
pourra  en  être  la  conséquence,  mais  l'impuissance  n'en  sera 
pas  fatalement  un  effet. 

De  même,  dans  la  vicieuse  conformation  de  l'urètre, 
comme,  par  exemple,  dans  les  cas  d'hypospadias  et  d'épi- 
spadi9s,les  résultats  sont  analogues  à  ceux  que  je  viens  de 
citer,  et,  par  conséquent,  l'examen  des  anomalies  qui  affec- 
tent le  canal  de  Turètre  et  le  gland  trouve  plus  naturelle- 


ANOMAUBS   DB   LA    VBS8IB.  17S 

ment  sa  place  dans  le  livre  consacré  à  la  stérilité  de  rhorome 
que  dans  celai  dont  l'impuissance  fait  le  sujet. 

Par  les  mêmes  motifs  et  pour  éviter  les  redites,  je  renvoie 
au  cadre  de  la  stérilité  la  description  des  anomalies  du  veru- 
montanomi  des  canaux  éjaculateurs,des  vésicules  séminales, 
des  canaux  déférents  et  des  testicules,  tout  en  me  réservant 
le  droit  d'indiquer  celles  de  ces  anomalies  qui  seront  tout  à 
la  fois  causes  d'impuissance  et  de  stérilité. 

Des  diiïérents  vices  de  conformation  qui  affectent  la  vessie, 
un  seul  rentre  dans  mon  sujet  :  c'est  l'exstropliie  ou  la  hernie 
congénitale  de  cet  organe. 

L'exstrophie  de  la  vessie  n'est  pas  précisément  par  elle- 
même  une  cause  d'impuissance;  mais,  dans  la  majorité  des 
cas,  elle  s'accompagne,  soit  d'une  atrophie,  soit  d'une  vi- 
cieuse conformation  de  la  verge,  qui  entraînent  à  leur  suite 
l'anaphrodisie,  et  qui  me  forcent  par  cela  même  a  lui  donner 
ici  une  place. 

L'exstrophie  de  la  vessie,  que  l'on  appelle  encore  l'extro- 
version,  l'inversion,  la  hernie  congénitale  de  la  vessie,  est 
caractérisée  par  l'absence  de  la  paroi  antérieure  de  cet  organe 
et  par  la  sortie  de  sa  paroi  postérieure  à  travers  les  fibres 
écartées  de  la  ligne  blanche.  Cette  tumeur  est  globuleuse, 
fongoïde,  et  présente  un  volume  variable  selon  l'âge  du 
sujet,  selon  sa  position  et  selon  l'état  de  repos  et  de  fatigue. 
Sa  surface,  d'un  rouge  plus  ou  moins  vif,  enduite  de  mu- 
cosités, est  facilement  irritable  et  continuellement  le  siège 
d*un  suintement  involontaire  d'urine. 

Cet  état  a  la  plus  grande  influence,  non-seulement  sur 
la  fonction  urinaire,  dont  je  n'ai  pas  i  m'occuper,  mais  en^ 
core  sur  la  fonction  copulatrice  et  fécondante. 


i7&  I1IPUI88ANGI   PA9L    VIGM   DB   CMrOiVATIOlf. 

Au  point  de  vue  de  la  copulalion,  elle  peut,  dans  quelqi 
cas  rare?»  ne  porter  atteinte  ni  au&  désirs  véoéheos,  ni  an 
coït.  M.  Iluguier  en  a  rencontré  un  eseniple  è  l'IiApitai  de 
la  Charité  de  Paris,  alors  qu'il  suppléait  M.  Gerdy.  Passant 
en  revue  les  diverses  lésions  de  l'appareil  dénito-ttrmâiffe 
qui  accompagBaieot  l'eistrophie  de  la  messie  dont  il  raixNile 
l'observation,  il  arrive  à  la  verge,  et  dit  :  «  Ise  pénis  de  ce 
sujet  présente  aussi  des  vices  de  conformation.  Cet  organe  a 
l'aspect  d*un  tubercule  long  d*un  pouce  environ;  il  est 
pourvu  d*un  gland  imperforé  ;  le  canal  de  l'urètre  manque 
entièrement.  La  totalité  du  pénis  rudimentaire  est  formée 
par  les  corps  caverneux  médiocrement  développés.  Le  ma- 
lade nous  a  assuré  cependont  qu'il  pouvait  accomplir  par- 
faitement l'acte  du  coït.  Il  parott  même  que  depuis  Tàge  de 
quinze  ans  il  se  li\re  aux  plaisirs  de  l'amour.  Dans  ce  mo- 
ment-là, dit-il,  la  verge  enlre  en  érection  et  acquiert  une 
longueur  de  (rois  pouces  environ.  Le  spasme  voluptueux 
est  toujours  suivi,  au  dire  du  sujet,  d'une  émission  sperma- 
tique;  lo  fluide  se  répond  alors  autour  de  la  base  de  la 
tumeur;  il  n'est  pas  lancé,  il  coule  en  nappe (1).  » 

Mais,  ainsi  que  je  le  disais  plus  haut,  les  cas  où  la  fonction 
copulatrice  est  conservée  sont  rares.  Tantôt  la  verge,  réduite 
a  quelques  centimètres  chez  l'adulte,  présente  è  sa  partie 
supérieure  une  gouttière  formée  par  la  paroi  inférieure  de 
l'urètre,  et  au-dessous  du  gland,  un  lambeau  de  peau  qui 
rappelle  un  prépuce  fi*ndu  dans  sa  partie  supérieure;  tantôt 
le  pénis  oITre  une  bifurcation  dont  une  seule  branche  su(h- 
porte  le  gland  ;  tantôt  eniin  les  désirs  vénériens  eux-mêmes 
sont  anéantis,  comme  pour  ne  pas  éveiller  des  organes  inca* 
pables  de  remplir  les  fonctions  qui  leur  sont  dévolues. 

Qu'on  me  permette,  à  cet  eiïet,  de  rapporter  deux  exem* 

(«)  GauUê  dei  hôpitaux,  lànn.  4  840,  n"*  H  7,  p.  467. 


11I0HALII8   Dl   LA   V1UIB.  475 

phi  ie»  iBonMlies  dont  la  verge  peut  élre  Trappée  k  ta  soite 
de  l'eitrophie  de  la  vessie. 

J'empruDlertii  le  premier  A  l'observation  fioreraontqoée 
0B  1769,  par  Deschamps,  è  l'Académie  de  chirorgie,  ei 
rappMtée  par  Chopari(l)  :  «  Un  homme  Agé  d'environ 
lienle  am,  mort  d'une  fièvre  putride  è  rhà|iital  de  la  Cha- 
rité, avait  les  parties  de  la  génération  tellement  conrormées 
que  l'étendoede  la  verge, depuis  la  symphyse  du  pubis,  était 
d'M  pouce,  «t  depuis  la  racine  du  scrotum  de  deax  pouces» 
Ce  corps  était  aplati  supérieurement  et  convexe  tiiférieure» 
iMBt.  Cet  aplatissement  présentait  une  gouttière  prolongée 
iiepais  la  pointe  du  gland  juiqu'i  un  corps  rougeAtre,  situé 
entre  les  os  pubis,  d'oîi  l'urioe  s'écoulait  par  la  paroi  pos- 
térieure de  la  vessie.  Cette  gouttière  était  plus  large  A  son 
origine,  et  l'on  voyait  dans  le  milieu  de  cette  partie  le  vera- 
■Bonlanum,  les  orifices  des  canaui  éjaculateurs  et  ceux  des 
conduits  de  la  glande  prostate.  Le  gland  était  divisé  en 
deus  parties.  L'orifice  des  corps  caverneux  n'oirrail  rien  de 
remarquable  ;  mais  ces  deux  corps,  au  lieu  de  se  confondre 
k  la  «erge,  étaient  seulement  appliqués  l'un  contre  l'autre 
et  oe  se  réunissaient  que  par  leur  extrémité  antérieure  A  la 
base  du  gland.  Cette  union  était  telle  que  l'air,  poussé  dans 
M  de  ces  corps,  ne  passait  point  dans  l'autre. . .  u 

Le  second  exemple  est  encore  plus  remarquable  que 
edui-ci,  parce  qu'avec  les  vices  de  conforination  de  la  verge  « 
il  oOrc  l'abseBce  complète  des  désirs  vénériens.  It  est  rap> 
porté  par  Uevilleneuve,  en  1767,  et  a  pour  sujet  un  mosi- 
cien  de  Béliers,  Agé  de  quarante -deux  ans,  nommé  Alexandre- 
Louis  Fabre.  Après  la  description  de  l'exstropbie  de  ta 
feasie  «t  des  anonali«s  de  l'appareil  arinaire,  l'aulear 

(I)  IVaiUdc*  niaJadJMrfNWMiiiri«airM.Pww,tl34,ti.i,p.l80. 


476  IHPUISSANCB    tÀR    VICES    DE    COKFOIIMAT)0<>. 

aborde  l'appnrcil  gétiërntcur,  et  s'exprime  ninsi  :  ■  Immé- 
diatement sous  la  lumeur  était  une  vcrj^e  irtrurme,  courte, 
chétive,  et  comme  fendue  ett  dessus  et  tout  de  son  long.  Le 
gland  ^tuit  fort  reconnaissable  et  sa  couronne  aussi.  Sa 
couleur  et  sn  substance  spongieuse  étaient  dans  leur  état 
naturel  ;  on  y  lojait  quelques  lacunes  sébacées  ;  ce  bout  de 
verge  semblait  avoir  le  dessus  et  le  dessous  en  sens  iniersc; 
h  la  partie  supérieure,  on  vojait  comme  \a  Irocc  de  l'urètre 
ouvert;  ce  trajet  était  exprimé  par  une  espèce  di;  bande- 
lette longilutlinale,  mais  n'était  enduit  d'oucune  humeur, 
comme  j'iii  dit  que  l'était  le  velouté  de  la  vessie.  On  jufje 
bien  que  le  gland  devait  (tre  imperforé,  comme  il  l'était  en 
eflel.  Des  observateur»!  prétendent  avoir  vu,  dans  la  com- 
missure du  pénis  et  de  la  tumeur,  une  portion  supérieure 
de  l'urètre  rjui  n'était  pas  fendue  comme  le  reste  du  IrajcI. 
Il  n'était  pas  aisé  de  vérilier  lu  chose,  à  cause  de  l'obscurité 
et  de  la  douleur  que  l'écartenient  des  parties  causait  au 
sujet,  et  du  rétrécissement  du  réduit.  Mais  attendu  l'inuti- 
lité dont  élait  l'urètre,  ne  charriant  rien,  le  fait  ne  me 
parait  pas  important.  On  n'avait  point  sondé  ce  reste 
d'urètre;  on  ne  vovoit  qu'un  petit  bout  antérieur  des  corps 
caverneux,  comme  si  le  reste  fût  caché  dans  le  bas  de  l'hy- 
pogaslre...  Ce  qu'il  y  a  de  très  curieux,  mais  en  même 
temps  de  très  étonnant,  c'est  que  (si  la  bouche  d'Alexandre 
est  sincère)  il  n'avait  jamais  ressenti  :  1*  de  désirs  char- 
nels ni  d'érection  ;  2*  pas  même  de  chatouillement  au 
tact,  etc.(l).  « 

De  pareilles  infirmités  ne  sont  susceptibles  d'aucun  trai- 
tement, car  les  sujets  qui  en  sont  atteints,  parvinssent-ils  h 
accomplir  l'acte  de  la  copulation,  seraient  pour  toujours  et 


(4)  jMnMJd«MM«eiM,  t.XXVII,p.36. 


J 


lUPUlSSAKCE    IDIOfATHIOttK.  177 

fatalement  voués  h  h  slérililé,  comme  je  le  dirai  plus  loin, 
â  cause  de  la  diirormilû  de  l'urûlrc  qui  accompagne  con- 
slamment  la  hernie  congénitale  du  réservoir  uriiiaire. 


CHAPITRE  II. 

IMPUISSANCE    IDIOPATIIIULE. 


J'oppelle  impuissance  idiopaltiique  l 'impossibilité  d'excr* 
cer  le  coït  en  dehors  lie  toute  lésion  apjinrcnle  ou  consta- 
lakle  àvs  organes  génitaux,  on  dehors  de  tout  état  palho- 
logirjuc  d'un  appureil  quelconque  autre  que  l'appareil 
f;énilal,  en  dehors  des  lois  ph}siologiqucs  qui  réj^isscnt  les 
Ages,  les  constitutions  et  les  lempérnments,  en  dehors  de 
l'inlenenlion  des  racultés  morales,  en  un  mol,  un  état 
t)'inertie  de  Tuctivité  génésique  que  n'ex|ilir|uent  ni  l'aiin* 
lomic  normale,  ni  l'analomie  pathologique,  ni  les  rapports 
de  sympathie  physiologique  ou  morbide  du  sens  générateur 
8«cc  les  autres  fonctions  de  l'économie  iinimale.  C'est  a 
cet  état  seulement  que  convient  la  dénomination  de  nt^nis^ 
<Du  de  syncope  génitale. 

Celte  névrose  est  eicessivement  rare. 

Telle  n'est  pas,  je  le  sais,  l'opinion  des  auteurs  qui  m'ont 
précédé.  Les  anciens,  privés  des  lumivres  de  l'analomrc 
pathologique,  ne  pouvant,  par  conséquent,  rattacher  à  cer- 
taines lésions  locales  l'inertie  des  organes  génitaux ,  et  n'ayant 
que  des  notions  superficielles  sur  les  rapports  sympathii]oes 
des  diverses  parties  de  l'économie  entre  elles,  rapportaient 
Tolontiers  A  des  troubles  de  l'innervation  ou  de  la  (orce 
vitale,  s'ils  étaient  de  l'école  do  Barlhez,  les  affections  dont 
la  cause  et  le  siège  véritables  leur  échappaient,  Ce  diagnos- 
tic, on  plutdt  celte  absence  de  diagnostic,  a  étendu  sur  le 


176  mPOIBSilIfCB    IDIOPATHIQim. 

sujet  qui  m'occupe  d'épaisses  ténèbres  qui  sont  encore  loin 
d'être  dissipées.  Il  n'en  poufait  être  autrement,  puisqu'on 
mettait  dans  le  même  cadre,  sans  rappeler  la  confusion 
presque  généralement  admise  de  l'impuissance  et  de  la  sté- 
rilité, l'impuissance  symptomatique  du  diabète  et  de  la  sper- 
matorrhée,  i  c6té  de  l'impuissance  consécutive  i  la  mastur- 
bation, aux  excès  de  tout  genre,  de  l'impuissance  amenée 
sympathiquement  par  un  état  particulier  de  l'estomac,  des 
facultés  morales,  etc,  etc.,  et  toujours,  pour  masquer  son 
ignorance,  on  accusait  de  ces  désordres  l'innenration  ou  la 
force  vitale,  ces  deux  inconnues  de  la  médecine,  que  Ton  n'a 
pu  encore  parfaitement  dégager. 

Du  chaos  dans  lequel  était  plongée  Tétiologie  de  l'im- 
puissance, ne  pouvait  sortir,  on  le  comprend,  une  théra- 
peutique rationnelle  :  le  hasard,  entravé  encore  par  une  idée 
préconçue,  fit  tous  les  frais  de  la  médication.  Comme  l'inner- 
vation ou  la  force  vitale  étaient  accusées  d*inertie,  on  re- 
courut, pour  les  relever  de  leur  faiblesse,  aux  échauffants 
de  toutes  sortes,  aux  excitants  de  toute  espèce,  et  l'on 
classa  sous  le  titre  d'aphrodisiaques  des  agents  dont  la  liste 
est  inépuisable;  les  trois  règnes  de  la  nature  furent  mis  à 
contribution  :  on  fouilla  les  entrailles  des  animaux,  on  confia 
k  l'alambic  les  végétaux  des  deux  mondes,  et  Ton  soumit 
les  minéraux  aux  réactions  les  plus  aventureuses  de  l'al- 
chimie. L'esprit  recule  épouvanté  devant  tout  ce  qu'inventa 
l'imagination  pour  réveiller  l'énergie  abattue  de  l'innerva- 
tion génitale. 

On  alla  plus  loin  encore  :  on  appela  k  son  aide  la  polj- 
pharmacie,  et  grâce  a  son  complaisant  concours,  on  com- 
posa des  préparations  incroyables  que  l'on  décora  de  titres 
pompeux,  comme  pour  ajouter  une  vertu  nouvelle  i  toutes 
celles  qu'on  leur  prêtait  avec  complaisance.  Le  nombre  des 


tlIPniSSANCB    IDIOPATHIQUË.  179 

formoles  aphrodisiaques  que  nous  ont  laissé  nos  |)ré(léces- 
seurs  est  Jmmense  ;  je  ne  rapporterai  comme  type  du  genre 
que  celle  que  Zaculus-Lusitanus  nous  a  conservée  sous  le 
nom  de  cachunde^  et  que  les  grands  de  la  terre  estimaient 
d'une  manière  toute  spéciale,  tant  à  cause  de  ses  vertus 
surprenantes  que  pour  son  prix  très  élevé.  Ce  dernier  motif 
ne  saurait  être  mis  en  doute,  quand  on  saura  que  les  pierres 
tes  plus  précieuses  entraient  en  quantité  assez  considérable 
dans  ce  remède,  dont  voici  la  formule  : 


I  âS   90   _ 


Terre  de  Cimole I^DOOgram 

Ambre iOO  — 

Musc 

Ambre  gris 

Calambac 300  — 

Perles   préparées 90  — 

Rubis 

Êmeraudes 

Grenat >***<»- 

Hyacinthe  préparée 

Sandal  rouge 400  — 

Sandal  jauoe 90  ^-t 

Mastic \ 

Jonc  odoriférant \ 

Galanga 

Cannelle 

Aloôe  lavé  avec  le  sac  de  roses.  .  .  . 

Rhubarbe ^  a»    60  — 

MiroboJans  bellirigues 

Mirobolans  d'Inde 

Absinthe 

Corail  rooge 

Bol  d'Arménie 

Ivoire  calciné -    350  — 

oc  Broyez  ces  ingrédients  et  les  réduisez  en  poudre  la  plus 
fine  -f 


IflO  llll'OISSA^CB    IDKirAlUIQliB. 

»  Képandi'z  dessus  des  vins  odorir^ranls,  des  baumes,  et 
de  l'eaii  distillée  des  Itcurg  de  l'arbre  qui  porte  Ja  cannelle  ; 

D  Faites  sécher  le  lout  ii  l'ombre; 

»  Mèlrz  une  quanlilé  suffisante  de  sucre  te  plus  fin  ; 

»  Enlin  réduiseï  le  tout  en  une  masse  visqueuse  et  smci 
tenace,  d'une  couleur  passablement  rouge,  avec  un  muri- 
lage  de  ^omme  adragont  et  de  gomme  arabique.  « 

Vollii  la  Tormulc  de  celle  |ifttc,  ù  laquelle  les  marchands 
doniioicril  dos  formes  iliverscs,  et  qu'ils  cipédiaîent  dans 
toutes  les  parties  dti  monde  et  surtout  à  Lisbonne. 

Voici  maintenant  les  propriétés  fubuleuses  de  celte  pré- 
paration. S'il  en  rallnil  croire  /acutus-Lusilonus,  que  je  vais 
traduire  servilement,  on  devrait  reconnaitroquela  médecine 
eM  en  voir  ilûcroissnnie,  et  que  l'nrl  de  guérir  n'est  plus 
aujouril'liui  qu'une  .liïrcuse  mytililinilion.  »  Les  prince» 
indiens  et  les  grands  de  la  (Iliinc,  ilil  /iiculus-Lusitanus,  en 
tiennent,  pondant  lejour,  dans  leur  bouclie,  une  petite  quan- 
tité, gros,  par  exemple,  comme  une  lentille  ;  cette  petite 
portion  rend  en  .se  fonilant  un<^  liqueur  douce  et  odorante, 
qui  desneml  insensiblement  clans  l'estomac,  et  donne  à  leur 
haleine  une  odeur  si  agréable  que  tous  ceux  qui  les  ap- 
proelieiit  en  sont  frappés.  O  remède  mérite  vraiment  que 
l<>s  rois  et  les  grands  en  fassent  usage  :  il  est  bon  pour 
la  conservation  de  ta  clialcur  naturelle;  il  garantit  le  corps 
de  la  cnrruplion  ;  il  prévii-nl  le.s  funestes  inlluencos  de  l'aîr 
empesté;  il  di*sipc  les  iliituir lires,  et  il  soula;;c  merteilleu- 
sèment  ceu\  qui  sont  itllnqués  de  métanrotic.  Il  arrête  les 
palpitations  de  cœur,  giiéiit  la  canlialgie,  l'apoplexie  et 
ré|iilepsie;  ranime  les  esprits  aniniaui  et  vitous,  forliiie 
toutes  les  fieultés,  rél.,blit  reslomac,  et  résiste  aui  poisons 
do  toute  espèce.  Il  fait  du  bien  au  cerveau,  et  c'est  le  meil- 
leur remède  que  l'on  puisse  employer  contre  l'infection  de 


I 

IMPUISSANGK    IDIOPATIIIljUK.  181 

rbaleine.  Il  excite  &  Tacle  vénérien;  c'est  par  cette  raison 
que  les  deux  sexes  en  font  un  si  grand  usage  dans  l'Inde. 
En  un  mot,  c'est  un  remède  vraiment  royal  :  il  prolonge  la 
?ie,  il  éloigne  la  mort;  aussi  se  vend-il  fort  cher.  Ceux  qui 
remploieront  ue  pourront  s'empêcher  d*en  admirer  les  eiïets 
surprenants  (1).  » 

Les  modernes,  grâce  aux  progrès  de  la  chimie  et  h  Tin- 
Ouencc  qu'a  exercée  la  doctrine  de  Broussais,  ne  tombent 
plus  dans  les  écarts  d'une  poly pharmacie  ridicule;  mais 
comme  l'étiologie  de  Timpuissance  ne  leur  est  guère  mieux 
connue,  et  comme,  suivant  en  cette  voie  les  erremc*nts  des 
anciens,  ils  continuent  i  rapporter  à  l'alTaiblissenicnt  de 
l'innervation  la  très  grande  majorité  des  cas  d'impuissance, 
ils  poursuivent  la  pensée,  i  l'exemple  de  leurs  prédéces- 
seurs ,  d'activer  l'énergie  vitale  et  de  relever  le^  forces 
nenreuses  du  génésique.  A  cet  eiïet,  ils  recourent  tantôt 
aux  excitants  généraux,  tels  que  la  vératrine,  la  strych- 
nine, etc.,  tantôt  aux  excitants  spéciaux,  tels  que  le  phos- 
phore, Télectricité,  les  cantharides,  dont  l'action  sur  les 
organes  génitaux  n'est  que  consécutive. 

Cette  simplification  dans  la  médication  n'amène  pas  des 
résultats  plus  heureux  que  les  préparations  polypharma- 
ciques  des  anciens;  et  il  en  doit  être  ainsi,  puisque  la  même 
confusion  règne  dans  l'étiologie,  et  par  conséquent  dans  le 
choix  du  traitement. 

Cependant,  quelques  rayons  de  lumière  ont  pénétré  les 
ténèbres  de  cette  nuit  profonde;  les  travaux  de  MM.  Lalle- 
mand,  Civiale  (2),  etc.,  ont  dépouillé  du  titre  de  névrose 


(1)  De  medic  princip,  hi$t.,  lib.  I,  obs.  37. 

(2)  Traité  pratique  des  maladies  des  organes  fjénito-urinairei,  Paris, 
4  850. 


183  I1IP0I86A1<ICB    IDIOPATBIQOB* 

certaines  impuissances  doiil  la  cause  manifeste  est  dans  Itlé" 
sion  d'une  partie  de  Tappareil  génital;  mais  leurs  oufraget, 
limités  par  leur  nature  même  à  une  seule  face  de  la  question 
dont  je  dois  embrasser  l'ensemble,  n'ont  pu  Tarracher  tout 
entière  aux  nuages  où  l'ignorance  et  l'imagination  Tavaient 
entraîner,  et  lui  donner  le  caractère  de  positivisme  qui  dis- 
tingue aujourd'hui  h  pi'u  près  toutes  les  parties  de  la  science. 

C*est  U*  de%oir  que  je  me  suis  imposé  eo  écrivant  ce  livre^ 
c'est  la  route  que  je  me  suis  tracée  en  étudiant  Timpiiii- 
sance  et  la  stérilité. 

En  suivant  cette  voie  tout  opposée  k  celle  de  mes  defan* 
ciers,  je  n*ai  pas  tardé  é  me  convaincre  que  la  névroae  gé- 
nitale, dégagée  de  toute  lésion  locale  et  de  toute  sympathie, 
en  d'autres  termes  que  l'impuissance  idiopatbique  était 
excessivement  rare. 

Cependant  je  l'ai  bien  manifestement  observée,  comme 
je  le  dirai  tout  k  l'heure,  et  je  dois,  par  conséquent,  lui 
donner  ici  une  place. 

Mais  l'impuissance  idiopatbique  est  loin  de  se  présenter 
constamment  avoc  les  mêmes  caractères,  et  il  est  très  essen- 
tiel, au  point  de  vue  du  traitement,  de  déterminer  d'une 
manière  précise  les  formes  diverses  qu'elle  peut  revêtir,  car 
ces  formes  sont  intimement  liées  aux  modifications  que  subit 
l'énergie  virile. 

Bien  que  la  turgescence  de  la  verge  soit  sous  la  dépen- 
dance de  la  circulation  et  de  l'innervation,  je  ne  considé- 
rerai ici  que  la  fonction  érectile  dans  son  ensemble,  me 
réservant  de  faire  ressortir,  dans  la  partie  consacrée  è  la 
th(Ta|ieuli<{ue,  1rs  indications  plus  spécialement  relatives  è 
rinilux  nerveux,  et  relies  que  réclament  les  troubles  de  la 
circulation  de  Tappareil  copulaleur. 

Les  phénomènes  de  la  vie  ont,  dans  chaque  individualité, 


I1IPUI8SÂNGB    IDIOPATHIQUB.  188 

uo  lype  normal,  régulier,  qui  n'est  pas  le  même  pour  tous 
les  hommes,  et  qui,  combinés  entre  eux  d'une  manière 
harmonique,  constituent  l'état  de  santé. 
Eo  dehors  du  type  normal  est  la  maladie. 
Mais  les  altérations  que  peuvent  éprouver  les  phéno* 
mènes  ou,  pour  mieux  parler,  les  fonctions  de  l'organisme, 
sont  de  différentes  sortes  ;  elles  doivent  être  ramenées  sous 
quatre  chefs  principaux  : 

1*  La  fonction  peut  être  abolie; 

^2"  La  fonction  peut  être  simplement  affaiblie,  c'est-i-dire 
s'exercer  avec  moins  d'énergie  que  dans  l'état  normal; 

3*  La  fonction  peut  être  pervertie,  c'est-à^ire  ne  plus 
obéir  è  ses  excitants  naturels  -, 

A""  Enfin,  la  fonction  peut  être  exaltée,  c'est-à-dire  se 
produire  avec  une  intensité  plus  grande  que  dans  le  type 
régulier. 

Appliquons  h  l'érection  cette  division  si  légitimement 
vraie  des  altérations  dont  toute  fonction  est  susceptible,  et 
nous  aurons  alors  : 

1*  L'impuissance  par  l'abolition  ou  l'anéantissement  de 
la  force  copulatrice; 

2*  L'impuissance  par  la  diminution  de  l'énergie  virile; 
3*  L'impuissance  parla perversiondel'cxcitation génitale; 
&*  Enfin,  l'impuissance  par  un  surcroît  anormal  d'excita- 
bilité. 

Le  premier  genre  d'impuissance  n'est  jamais  idiopathiquej 
il  est  sous  la  dépendance,  soit  d'une  cause  physiologique, 
comme  chez  les  vieillards,  soit  d'une  mutilation,  comme 
chez  certains  eunuques,  soit  d'une  cause  morbide,  comme 
dans  quelques  affections  des  centres  nerveux. 
Je  n'aurai  donc  pas  à  m'en  occuper  ici. 
Les  trois  autres  espèces,  au  contraire,  fixeront  séparé- 


18&  iaiPI'l89JlXCK    IDIOFATHIQUK. 

ment  mon  ottention,  parce  que  chocone  d'elles  présente  une 
physionomie  porticulière  et  réclame  une  médication  propre. 

g  I.  <-  InipalaMMee  IdiopAïkl^He  par  ëéittwi  ë'éaergle. 

Celte  espèce  d'impuissance  peut  être  congénitale  ou  acci- 
dentelle. 

Quand  elle  est  congénitale,  c'est-à-dire  lorsque  le  ma- 
lade n'a  pas  eu  d'érection,  elle  est  presque  toujours  liée 
à  un  état  déplorable  de  la  constitution  et  h  l'atrophie,  ou 
tout  au  moins  h  un  arrêt  de  développement  de  l'appareil 
génital,  de  telle  sorte  qu'il  est  très  difficile  de  décider  si, 
dans  ce  cas,  l'impuissance  est  cause  ou  effet.  Cependant 
Planque  cite,  d'après  les  éphémérides  d'Allemagne,  un  fait 
d'impuissance  congénitale  au  milieu  des  conditions  les  plus 
favorables  au  coït:  «On  n'aurait  pas  si  bien  réussi,  dit-il, 
avec  ce  stupide  impuissant  dont  parle  Hartmann  (1).  Il  était 
fort  et  robuste  et  avait  les  testicules  fort  gros,  la  verge 
courte,  petite  et  flasque,  mais  il  ne  connaissait  ni  érection 
ni  semence,  et  n'avait  jamais  eu  de  sentiment  d'amour  (:2).  » 

Cette  observation  laconique  ne  peut,  on  le  comprend, 
servir  de  base  à  une  opinion  ;  d'autre  part,  il  ne  s'est  jamais 
présenté  à  mon  examen  un  impuissant  de  naissance  sans  vices 
de  conformation  ou  sans  maladies,  et  offrant  tous  les  carac- 
tères d'une  parfaite  virilité;  aussi  suis-jc  porté  à  croire  que 
cette  impuissance  idiopathique  congénitale,  si  elle  existe^  est 
excessivement  rare,  et  qu'il  faut  se  mettre  en  garde  contre 
les  exemples  qu'en  pourraient  citer  des  observateurs  super- 
Gciels. 

Comme  tous  les  cas  d'impuissance  congénitale  qu'il  m'a 

(I)  Kph.  germ  ,  dec.  3,  an  4,  obs.  85,  p.  f  84. 

(i)  Biblioihèque  choitie  de  médecine^  t.  VI,  p.  i39,  an.  iMPUittAiici. 


IMPUISSANCE  IDIOFATUIQUIS  l*AR  DÉFAUT  D*ÉNEKG1E.      185 

été  permis  d*obscrver  étaient  accompagiu^s  d'une  grande 
faiblesse  dans  la  constitution  ou  d'un  nrrèt  de  développe- 
ment des  organes  génitaux,  j'ai  toujours  employé  une  thé- 
rapeutique que  j'exposerai  dans  le  chapitre  suivant,  auquel 
je  renvoie  le  lecteur. 

Mais  si  l'impuissance  idiopathique  congénitale  était  par- 
Taitcment  constatée,  j'estime  qu'il  faudrait  mettre  en  usage 
les  moyens  destinés  à  combattre  l'impuissance  idiopathique 
accidentelle  dont  je  vais  maintenant  parler. 

Cette  impuissance  peut  se  produire  de  deu\  manières  : 
ou  primitivement,  ou  secondairement. 

Primitivement,  l'impuissance  survient  sans  cause  connue, 
sans  motif  plausible,  au  milieu  de  la  santé  la  plus  parfaite» 
des  désirs  les  plus  vifs,  de  la  quiétude  morale  la  plus  com- 
plète; en  un  mot,  au  milieu  des  conditions  les  plus  favo- 
rables à  la  copulation. 

Secondairement,  l'impuissance  se  montre  h  la  suite  d'un 
accident  qui  aurait  pu  entraîner,  et  qui  même  a  entraîné 
rinertie  de  la  verge,  mais  qui,  disparu  depuis  plus  ou  moins 
longtemps,  ne  peut  plus  exercer  son  influence  sur  l'énergie 
virile;  je  m'explique:  —  Pris  d'une  indigestion  à  la  suite 
d'un  repas  copieux, M.  X...,  avoué  près  la  cour  impériale 
de  Paris,  est  frappé  pendant  toute  la  nuit  d'une  impuissance 
absolue.  Le  lendemain,  remis  de  leur  fatigue,  les  organes 
digestifs  reprennent  normalement  leurs  fonctions  sans  que 
les  organes  génitaux  suivent  leur  exemple.  L'impuissance 
persiste  pendant  quinze  jours  environ,  malgré  l'éloignement 
de  la  cause  qui  l'avait  produite,  et  dont  l'action,  fugitive 
d'ordinaire,  n'avait  pu  laisser  des  traces  dans  l'appareil  gé- 
nérateur. 

Il  ne  faut  pas  confondre  cette  impuissance  idiopathique 
secondaire  avec  l'impuissance  entretenue  par  un  sentiment 


186  IHPOlSftAIlCB    IDIUPATHIQUI. 

de  crainte  ou  de  honte.  L'homme,  ainsi  que  je  le  dirai  lon- 
guement lorsque  j'examinerai  l'empire  que  le  moral  exerce 
sur  le  génésique^  l'homme  dont  les  désirs  ont  une  fois  trouvé, 
par  une  cause  quelconque»  des  organes  rebelles,  lâche  gé- 
nérniement,  qu'on  me  passe  la  locution,  la  bride  k  son  ima- 
gination,  qui,  se  faisant  un  tableau  a?ec  les  cooleurs  les  plus 
sombres,  frappe  le  malheureuii  d'impuissance,  selon  l'ex- 
pression de  Virey,  par  la  crainte  d'être  impuissant. 

li'onaphrodisie  idiopathîque  secondaire  ne  reconnaît  que 
des  causes  éloignées  essentiellement  fugitives. 
Ces  causes  peuvent  être  ou  physiques  ou  mprales. 
I         Parmi  les  premières,  il  faut  placer  tout  ce  qui  trouble 
)     vivement  et  rapidement  l'organisme  :  Tindigestion,  dont  j'ai 
déjà  parlé,  l'ivresse  non  habituelle^  le  passage  trop  brusque 
du  chaud  au  froid  de  tout  le  corps  ou  simplement  des  or- 
,;    ganes  génitaux.   Ln  médecin  de  jNantes  en  qui  j'ai  toute 
confiance  m'u  dit  avoir  donné  des  soins  à  un  négociant  de 
Bucharest,  devenu  impuissant  à  la  suite  d'un  bain  de  mer 
pris  au  mois  de  janvier, 
t         Ia's  causes  morales  sont  incontestablement  celles  dont 
l'action  est  ici  la  plus  énergique:  toute  émotion  violente, 
tout  sentiment  vif,  qu'il  soit  sympathique  ou  antipathique, 
comme  une  grande  joie,  une  terreur  profonde,  peuvent 
amener  une  syncope  génitale.  J'ai  soigné  un  homme  dont 
l'énergie   virile  s'émoussa  tout  à  coup  en  apprenant  qu'il 
avait  gogné  un  lot  de  30,000  francs  dans  une  des  nom- 
breuses loteries  qui  s'établirent  après  la  révolution  de  février. 
J'en  ai  connu  un  autre  qui  nfa  assuré  n'avoir  pu  obtenir 
une  érection  pendant  les  six  mois  qui  suivirent  l'accident  du 
chemin  de  fer  de  la  live  gauche  de  Versailles,  dans  lequel, 
sauvé  comme  par  un  miracle,  il  avait  éprouvé  un  eiïroi  indi- 
cible. 


IMPUISSANGB  IDIOPATHIQUB  PAR  DftPAIJT  d'ÉNERGIE.     187 

Aucune  douleur,  soit  générale,  soit  locale,  aucun  trouble 
dans  la  fonction  urinaire,  rien  ne  dénote  Taltéralion  sur- 
venue dans  les  fonctions  génératrices  :  la  verge  est  molle» 
flasque,  décolorée  ;  le  gland  pâle  et  ridé  ;  l'artère  dorsale 
du  pénis  cède  à  la  moindre  pression,  et  ses  battements  sont 
à  peine  perceptibles;  le  scrotum,  distendu  et  pendant,  est 
insensible  à  l'action  du  froid  et  des  attouchements  erotiques. 
Quelquefois  cependant  la  verge  et  le  scrotum  présentent  des 
caractères  tout  opposés  :  le  gland  à  sa  coloration  normale; 
le  corps  du  pénis  est  dur,  résistant,  comme  dans  l'engorge- 
ment des  corps  caverneux,  mais  reste  pendant,  et  ne  s'élève 
pas,  comme  dans  Térection,  contre  la  paroi  antérieure  de 
l'abdomen  ;  les  bourses,  sans  atteindre  le  degré  de  contrac- 
tion de  celles  d'un  homme  sain,  ne  sont  pas  complètement 
étrangères  à  l'influence  des  agents  extérieurs. 

Ces  différences  dans  l'état  des  organes  génitaux  externes 
sont  importantes  à  noter,  car  c'est  sur  elles  que  reposent 
certaines  indications  thérapeutiques  dont  je  parlerai  tout  à 
l'heure. 

La  sonde,  introduite  dans  la  vessie,  ne  décèle  rien  d'anor« 
mal  sur  tous  les  points  de  son  parcours.  Quelquefois,  sous 
l'empire  d'un  rêve  lascif,  et  même  par  la  seule  influence 
de  la  chaleur  du  lit  et  de  la  position  horizontale  sur  le  dos, 
une  pollution  nocturne  se  produit,  tantôt  sans  érection  ni 
plaisir,  tantôt  avec  érétisme  de  la  verge  et  sensation  volup- 
tueuse. Ces  pollutions  sont  peu  fréquentes  et  ne  se  répètent 
qu'à  des  époques  assez  éloignées  les  unes  des  autres;  aucune 
perte  séminale  ne  se  manifeste  durant  le  jour,  ni  à  la  suite 
des  urines,  ni  pendant  les  eflbrts  de  la  défécation.  Dans 
quelques  eus,  sous  lempire  de  vifs  désirs  vénériens,  d'attou- 
chements lascifs,  pendant  l'équilation  ou  une  promenade  en 
voiture,  le  pénis  semble  vouloir  reprendre  sa  force  perdue. 


i88  lMi*tlS8ANCE    IDIOFATUIIHIB* 

et  alors  un  suintement  blanch&tre  et  gluant  se  montre  au 
méat  urinaire  ;  les  malades  ne  manquent  jamais  de  prendre 
ce  liquide  p  ur  du  sperme,  et  demeurent  convaincus  qu'ils 
sont  atteints  de  pertes  séminales. 

C'est  avec  cette  opinion  qu'ils  se  présentent  au  médecin. 

Combien  de  fois  n'ai-jc  pas  eu  h  redresser  de  pareilles 
erreurs,  et  combien  l'expérience  m'a  appris  qu'il  était  dif- 
Bcile  de  les  détruire  !  Étrange  bizarrerie  humaine  !  L'âme 
éprouve  autant  de  difficulté  h  se  débarrasser  d'une  préoccupa- 
tion douloureuse  qu'à  renoncer  aux  pensées  les  plus  douces 
et  les  plus  consolantes  !  Presque  toujours  le  moral  du  ma- 
lade est  profondément  aiïecté  ;  son  esprit  inquiet  a  multiplié 
et  grossi  les  symptômes  ;  son  imagination,  nourrie  et  faussée 
en  même  temps  par  la  lecture  de  livres  de  médecine  ou  par 
les  récits  des  gens  du  monde,  se  |)erd  dans  un  abîme  de 
maux  dont  le  fond,  qui  est  la  tombe,  ne  lui  apparaît  qu'à 
travers  des  souffrances  inouïes  et  Tinanité  de  désirs  qui  font 
tout  à  la  fois  son  désespoir  et  sa  honte. 

C'cïil  en  de  pareilles  circonstances  que  des  ménagements 
de  toutes  sortes,  des  précautions  de  toute  nature,  sont  d'une 
absolue  nécessité  :  si  le  médecin,  après  avoir  fait  au  moral 
la  large  part  qui  lui  revient,  et  avoir  dégagé  l'impuissance 
de  tous  les  accidents  qu'une  imagination  effrayée  a  créés 
ou  grossis,  dispute  dès  l'abord  au  malade  l'afTection  dont  il 
se  croit  atteint,  tout  est  perdu;  la  confiance  que  l'on  avait 
en  ses  lumières  lui  est  retirée,  et  le  malade  l'accuse  inté- 
rieurement de  ne  rien  comprendre,  ou  tout  au  moins  de  ne 
pas  croire  à  son  mal. 

L'excès  contraire,  c'est-à-dire  le  rembrunissement  du 
tableou  créé  par  lo  peur,  a  aussi  ses  dangers;  il  prépare  à 
la  thérapeutique  des  entraves  dont  il  ii*est  pas  toujours 
facile  de  se  débarrasser,  s'il  n'étouffe  pas  aussi  la  confiance 


IMPUISSANCE  IDIOPATIIIQUB  PAR  DÉFAUT  d'ÉNERGIE.     189 

dans  Tesprit  du  malade,  en  lui  donnant  l'idée  ou  que  le 
médecin  confond  son  aiïeclion  avec  une  autre,  ou  que  son 
mal  est  au-dessus  des  ressources  de  l'art. 

La  conduite  la  plus  sage,  ainsi  que  je  l'expliquerai  ail* 
leurs,  alors  que  je  parlerai  de  la  toute-puissance  du  moral 
sur  le  sens  générateur,  me  paraît  être  la  suivante  ;  au  début, 
accepter  comme  vrais  les  accidents  signalés,  sembler  croire 
8  Texistence  du  mal  accusé,  et  s'attacher  surtout  et  avant 
toute  chose  à  faire  disparaître  le  symptôme  dont  le  malade 
se  préoccupe  le  plus. 

Pour  un  esprit  prévenu,  un  résultai  heureux  a  mille  fois 
plus  de  valeur  que  les  dissertations  et  les  médications  les 
plus  savantes^  les  charlatans  le  savent  bien,  car  ils  ne  font 
jamais  qu'une  thérapeutique  de  symptômes. 

Pour  les  cas  dont  il  est  ici  question,  l'impuissance  est 
rarement  l'accident  dont  se  tourmente  le  plus  le  malade.  Se 
croyant  atteint  d'une  affection  de  la  prostate  ou  des  vésicules 
séminales,  le  malheureux  considère  som  anaphrodisie  comme 
la  conséquence  çle  ces  affections,  et  n'attache  réellement 
une  importance  pathologique  et  médicalrice  qu'à  ce  qu*il 
croit  la  cause  de  tous  les  désordres  dont  il  se  plaint. 

Le  suintement  du  liquide  blanchâtre  et  gluant  dont  je 
parlais  tout  à  l'heure  est,  dans  la  majorité  des  cas,  le  signe 
dont  le  malade  est  le  plus  affecté;  quelquefois,  mais  plus 
rarement,  ce  sont  des  élancements  dans  le  canal  de  l'urètre, 
élancements  que  le  malade  compare  toujours,  pour  leur 
rapidité  et  leur  acuité,  à  des  coups  d'épingle;  et  moins 
'fréquemment  encore,  car  je  ne  Tai  observé  qu'une  seule 
fois,  c'est  une  espèce  de  titillation  ou  de  névralgie  du 
gland. 

Dans  toutes  ces  circonstances,  il  est  assez  facile  de  se 
rendre  maitre  des  accidents  qui  ne  sont  sous  la  dépendance 


490  laraiMANGB  imoPAmovi. 

d'aucune  aiïection  organique  et  d'aucun  trouble  de  la  force 
nerfeuse  générale. 

Dans  les  cas  de  suintement  au  méat  urinaire  du  liquide 
blanchâtre,  qui  n'est  autre  que  du  fluide  prostatique,  on 
épargnera  h  la  prostate  toute  eicitation  capable  d'aug- 
menter sa  sécrétion  :  le  commerce  des  femmes,  les  lectures 
erotiques,  les  théâtres  seront  proscrits  ;  Téquilation,  les 
promenades  en  voiture,  la  position  assise  trop  longtemps 
prolongée  seront  défendues  ;  tout  excitant  sera  rayé  du 
régime  alimentaire,  et  l'on  ordonnera  soir  et  matin  des  ablu- 
tions d'eau  froide  sur  le  périnée  et  les  organes  génitaux. 

Les  élancements  dans  le  canal  de  Turètre  céderont  faci- 
lement à  l'emploi  des  opiacés  i  l'intérieur  et  k  Teitérieur, 
et  i  des  bains  chauds  pris  tous  les  jours  ou  tous  les  deux 
jours. 

Enfin,  dans  les  cas  de  titillation  du  gland,  je  me  suis 
senfi  avec  avantage  d'une  pommade  composée  de  parties 
égales  d'extrait  d'opium  et  d'extrait  de  belladone  dont  je 
recou\rais  le  gland,  après  avoir  fait  pratiquer  sur  lui  et  avec 
la  même  pommade  une  friction  de  dix  minutes  de  durée. 

Après  ce  premier  succès,  le  malade,  dont  l'esprit  s'ouvre 
è  l'espérance,  appartient  au  médecin  corps  et  âme.  Alors, 
mais  seulement  alors,  l'homme  de  l'art,  dont  les  assertions 
s'appuient  sur  une  base  irrécusable  et  sont  légitimées  par 
un  fait,  peut  essayer  de  combattre  Terreur  du  malade  et 
lui  faire  partager  ses  convictions. 

Cependant  cette  règle  de  conduite  souffre  de  nombreuses 
exceptions,  et  il  vaut  souvent  mieux  paraître  poursuivre 
rafTection  supposée,  de  peur  que  l'imagination,  se  préoc- 
cupant trop  de  l'unaphrodisie,  ue  donne  accès  à  des  ap- 
préhensions qui  entreliendnnent  Timpuissance. 

Le  médecin  agira  selon  la  connaissance  qu'il  aura  acquise 


IWUISSANGB  miOPATHIQUfi  PAS  DÉFAUT  D*ÉNER6IB.     19l 

de  $on  malade;  mais  quelle  que  soit  sa  détermination,  il 
doit  sérieusement  s'occuper  des  moyens  les  plus  propres  è 
dissiper  la  syncope  génitale. 

Ces  moyens  sont  nombreui  ;  ils  se  proposent  tous  de 
réveiller  Faction  nerveuse  aiïaiblie  ou  relâchée,  et  c'est  dans 
leur  cadre  que  viennent  naturellement  se  placer  les  médi- 
caments dits  aphrodisiaques. 

Je  partagerai  en  trois  grandes  classes  les  ressources  que 
la  thérapeutique  fournit  pour  combattre  l'impuissance  idio- 
pathique  par  défaut  d'énergie  virile  : 
1®  Agents  médicamenteui  ; 
2o  Agents  physiques; 
fto  Moyens  mécaniques. 

Chacun  de  ces  modes  de  traitement  a  une  action  très 
distincte,  et  il  est  de  la  plus  haute  importance  de  se  rendre 
an  compte  exact  de  sa  manière  d'agir.  Les  ténèbres  qui 
enveloppent  la  thérapeutique  de  l'impuissance  me  paraissent 
tenir,  en  dehors  de  toute  considération  de  diagnostic,  à  la 
confusion  que  l'on  a  faite  de  toute  médication,  en  employant 
indistinctement  et  au  hasard,  tantôt  les  échauffants,  tantôt 
les  excitants  généraux  ou  locaux,  ici  l'acupuncture,  là  l'élec- 
tricité, etc. 

L'expérience  m'a  appris  qu'il  n'existait  pas  de  spécifique 
contre  la  syncope  génitale  ;  que  le  traitement  variait,  pour 
ainsi  dire,  avec  chaque  individu,  avec  chaque  idiosyncrasie, 
et  que  les  agents,  décorés  du  nom  d'aphrodisiaques,  ne  mé* 
ritaient  pas  cette  dénomination  dans  la  sévère  acception  du 
mot,  ou  qu'il  fallait  alors  l'appliquer  aux  trois  quarts  des 
substances  de  la  matière  médicale. 

On  comprend  que  je  ne  puisse  ici  passer  en  revue  cette 
immense  nomenclature  ;  mais  il  est  essentiel,  comme  on  le 
verra  par  la  suite,  de  se  bien  pénétrer  du  mode  d'action, 


192  IMPUISSAKCB   IDIOPATHIQUI. 

noil-seulement  de  la  méthode  de  troitcmcnt  que  l'on  met 
eu  usoge,  mais  encore  de  l'agent  ou  du  moyen  que  Ton 
appelle  n  son  nide. 

C'est  ce  que  je  vais  essayer  de  faire  en  terminant  ce  para- 
graphe. 

\^  A(jenis  médicamenteux. 

G)mmc  leur  nom  l'indique,  ces  agents  sont  tous  fournis 
par  la  matière  médicale  et  appartiennent  aux  trois  règnes 
de  la  nature. 

On  1rs  doit  distinguer  de  deux  monières  :  1*  selon  le  lien 
où  se  foit  sentir  leur  action;  2*  selon  leur  mode  même  d'agir. 

Sous  le  premier  point  de  vue,  je  divise  les  médicaments 
dont  il  .s^)git  en  deux  classes  :  1^  ceux  dont  l'action  s'étend 
sur  toute  Péconomie  ;  2"  ceux  dont  l'inlluence  est  limitée 
à  un  appareil  ou  à  un  organe;  ces  derniers  se  partagent  en 
agents  dont  l'action  est  directe  sur  legénésique,  et  en  agents 
quiogisscnt  sur  un  appareil  ou  sur  un  orgone  spécial  chargé 
de  transmettre  u  l'appareil  co|)ulatcur  les  modifications  qu'il 
a  reçues. 

Sous  le  second  rapport,  dont  l'importance  est  extrême, 
je  distingue  également  les  aphrodisia(|ues  en  deux  classes  : 
1*  ceux  qui  agissent  sur  le  système  vasculaire  et  les  nutri- 
tions; 2"^  ceux  qui  agissent  sur  Tinnervation.  J'appelle  les 
premiers  excitants  et  les  seconds  excitateurs. 

Je  classerai  donc  de  la  manière  suivante  les  agents  que 
fournit  la  matière  médicale  pour  la  thérapeutique  de  l'im- 
puissance iiliopatliique  par  défaut  d*énergie  : 

-  (  I"  Excitants  généraux. 

Excitants  :  J  °  .       « 

^2»  ExcilanU  locaux.  (''  E^itanU  gfnésiqueâ  direct». 

(  2*  EsciUnts  locaox  divera. 


laraiSSANGB  IDIOPATBIQUB  PAR  DfiFAUT  D* ÉNERGIE.     193 

U-Excitaleorslgcaux.  { «•Exc.taleursgénés.quesd.rec.s. 

(2*Excilateurs  locaux  divers. 

Si  Ton  se  rappelle  que  Térection  de  la  verge  se  produit 
à  la  suite  d'une  surexcitation  nerveuse  générale  et  locale, 
eld*un  grand  afQux  de  sang  dans  le  tissu  éreclile  du  pénis; 
et  que  ces  deux  phénomènes,  augmentation  de  l'innerva - 
(ion  et  accélération  de  la  circulation,  sont  constamment 
sous  la  dépendance  l'un  de  l'autre,  on  comprendra  tout  à  la 
fois  la  légitimité  et  l'importance  de  mes  divisions.  En  eiïet, 
qu'une  impuissance  idiopathique  s'accompagne  d'une  con- 
stitution faible,  d*un  tempérament  lymphatique,  de  la  laxité 
de  la  fibre,  de  l'apathie  des  fonctions  digestives,  etc.,  etc., 
nais  dans  des  limites  pourtant  compatibles  avec  l'exercice 
de  la  virilité,  si  vous  recourez  aux  excitateurs,  soit  généraux, 
comme  la  strychnine,  la   vératrine,  soit  locaux,  comme 
le  phosphore,  la  rue  odorante,  vous  avez  dix  chances  contre 
une  pour  ne  pas  réussir.  N'est-il  pas  vrai  qu'au  milieu  des 
circonstances  physiologiques  que  je  viens  d'énoncer^  le  sys- 
tème nerveux  présente  une  susceptibilité  plus  grande,  et 
que  dans  la  majorité  des  cas,  il  la  faut  contenir  au  lieu  de 
l'exciter  ?  Sans  doute,  cette  susceptibilité  peut  être  irrégu-* 
lière,  elle  peut  faire  subir  aux  organes  génitaux  des  écarts 
qu'il  est  utile  de  combattre  ;  mais  cette  indication,  que  je  suis 
bien  loin  de  nier,  est  en  quelque  sorte  secondaire,  et  se 
trouve  parfois  remplie  par  celle  qui  se  tire  de  l'étal  de  h 
circulation;  car  n'oubliez  jamais,  en  thérapeutique,  celte 
porole  si  profonde  du  père  de  la   médecine  :  «  sanguis 

MODERATOR  NERVORUM.  f> 

Comme  on  le  voit,  il  n'est  pas  indifférent  d'abandonner 
au  hasard  le  choix  de  la  médication  h  prescrire ,  et  c'est 
ici  qu'à  défaut  de  symptômes  précis,  nettement  dessinés, 

13 


i9&  IHH1I88ANCB   IDIOPATIlOOlé 

rhomroe  de  l'art  doit  faire  appel  h  son  tact  oa  plutôt  k  aan 
instinct  médical. 

Cependant  je  vais  essayer  de  donner  à  cette  partie  de  la 
thérapeutique  une  base  moins  inc«rtatne^que  Tinstinct,  et 
fiier  autant  qu'il  me  sera  possible  les  conditions  physiolo- 
giques et  pathologiques  qui  réclament  telle  méthode  de 
traitement  à  l'exclusion  de  telle  autre. 

Mais  avant  d'aller  plus  loin,  rappelons  que  si  les  organes 
génitaui  jouissent  d'une  sensibilité  particulière  qui  les  met 
sous  la  dépendance  de  certains  indtateurs,  ils  sont  soumis 
aui  lois  de  la  sensibilité  générale,  et  que  bien  souvent  il 
suffit  de  ranimer  celle-ci  pour  que  la  première  rentre  dans 
son  état  normal. 

Cet  axiome  physiologique  montre  toute  l'importance  que 
l'on  doit,  avant  toutes  choses,  attacher  à  l'état  général  du 
malade,  c'est-à-dire  à  sa  constitution,  à  son  tempérament 
et  à  son  état  de  sauté  ou  de  maladie. 

De  ce  premier  examen  sortira  l'indication  du  traitement 
général. 

On  n'a  pas  jusqu'à  présent,  ce  me  semble,  attaché  une 
sufGsante  importance  à  cette  partie  du  traitement;  on  a  trop 
oublié  les  liens  qui  rattachent  l'appareil  génital  au  reste  de 
l'économie,  et  l'on  a  ainsi  perdu  de  vue  les  ressources  que 
l'on  pouvait  tirer  de  ces  relations.  Les  exigences  des  malades 
ne  sont  sans  doute  pas  étrangères  à  cet  oubli  des  lois  de  la 
physiologie  :  les  gens  du  monde  ne  comprennent  pas  d'or- 
dinaire les  longs  détours  auxquels  la  médecine  est  quelque- 
fois condamnée,  et,  dans  l'impatience  de  leurs  désirs,  ils 
n'apprécient  bien  que  les  roojens  locaux  ou  ceux  dont  l'ac- 
tion est  directe  sur  forgane  malade.  Que  le  médecin  sache 
résister  à  cet  enlraineroent;  son  honneur  et  son  devoir 
rexigerit.  Il  pourra  bien  quelquefois,  à  l'aide  de  médica- 


iKPtJtSSANGB  IDIOPATBIQCB   PAK  DÉFAUT  d'éNEBGIB.     195 

menls  énergiques,  comme  le  phosphore  ou  les  cantharides, 
amener  une  érection  de  la  verge  ;  mais  celte  érection  Forcée, 
plus  douloureuse  que  voluptueuse,  sera  passagère  et  Fugi- 
tive  comme  l'action  de  l'agent  qui  l'aura  produite,  et  le 
malade  sera  peut-être  après  plus  inhabile  encore  à  la  copu- 
lation, sans  parler  des  complications  qui  peuvent  surgir  de 
l'emploi  de  moyens  aussi  violents. 

Une  médication  générale  me  paraît  donc  nécessaire  avant 
l'usage  des  moyens  locaux  ou  directs,  ou  tout  au  moins 
concurremment  avec  lui  ;  les  indications  en  seront  puisées 
dans  les  conditions  physiologiques  et  morbides  de  l'éco- 
nomie tout  entière,  et  devront  se  proposer  comme  but  final 
d'activer  ou  de  régulariser  l'innervation,  soit  en  agissant 
directement  sur  les  centres  nerveux,  soit  en  opérant  d*abord 
sur  le  système  vasculaire  et  les  nutritions. 

Il  est  impossible,  on  le  comprend,  de  peindre  toutes  les 
variétés  des  idiosyncrasies,  où  viennent  se  mêler  et  se  fondre, 
tout  en  conservant  quelquefois  leur  physionomie  spéciale, 
la  constitution,  le  tempérament,  les  tendances  morales, 
rinergie  intellectuelle,  les  habitudes,  le  régime,  etc.,  etc., 
et  qui  font  de  chaque  homme  une  individualité  propre  que 
le  médecin  véritablement  digne  de  ce  nom  doit  étudier  et 
connaitre  avant  la  prescription  de  toute  thérapeutique.  C'est 
la  connaissance  et  la  rapide  appréciation  des  idiosyucrasies, 
de  la  force  d'action  et  de  réaction  des  divers  organismes,  qui 
constituent  les  grands  praticiens  et  forment  tout  le  secret  de 
leurs  succès. 

Cet  art,  qui  bien  souvent  a  l'instinct  médical  pour  guide, 
exige  une  appréciation  exacte  des  lois  qui  président  aux 
synergies  physiologiques  et  pathologiques,  et  ne  peut,  par 
conséquent,  être  développé  dans  un  ouvrage  de  la  nature  de 
celui-ci.  C'est  en  se  conformant  aux  principes  de  cet  art  que 


lOG  IMPUISSANCE    IDIOPATHIQUB. 

le  praticien  trouvera  rindication,  tantôt  des  eicitanls,  tanlAi 
des  excitateurs  généraux ,  et  quelquefois  de  Tunion  simul- 
tanée de  ces  deux  ordres  d'agents. 

La  médication  directe  sur  les  organes  génitaux  concor* 
dera,  dans  la  majorité  des  cas,  avec  le  traitement  général, 
cVst-à-dire  l'usage  des  excitants  généraux  sera  suivi  ou 
accompagné  de  celui  des  excitants  directs,  et  Temploi  des 
excitateurs  généraux  entraînera  celui  des  excitateurs  directs. 

Cependant  cette  règle  souffre  des  exceptions,  cl  Télat 
local  des  organes  génitaux  peut,  dans  beaucoup  de  cas, 
éclairer  la  thérapeutique. 

Lorsque  la  verge  sera  flasque  et  molle,  que  le  gland  sera 
pAle,  décoloré  et  ridé,  ainsi  que  le  fourreau  du  pénis;  lors* 
que  Tarière  dorsale  aura  des  battements  Faibles,  facilement 
compressibles,  et  que  les  veines  dorsales  et  superficielles 
seront  affaissées  et  peu  saillantes  ;  iorsqu'enfin  le  scrotum 
distendu  ne  se  contractera  sous  Tinlluence  ni  du  froid,  ni 
des  ottouchementâ  amoureux,  on  donnera  la  préférence  aux 
excitants  directs,  afin  de  rappeler  et  d'activer  dans  les  or- 
ganes «zénératours  la  nutrition  et  la  calorification  qui  sem- 
blent principalement  leur  faire  défaut. 

Ces  conditions  des  organes  copulateurs  légitiment  éga« 
lement  l'emploi  des  excitants  dont  l'action  se  porte  sur 
des  organes  voisins  de  l'appareil  génital  ;  c'est  dans  ces 
circonstances  que  les  cantliarides  peuvent  être  utiles  :  l'usage 
des  meloé  détermine  à  la  vessie  une  irritation  qui,  se  com- 
muniquant de  proche  en  proche,  active  la  circulation  dans 
les  parties  qui  en  sont  le  siège,  et  qui,  en  amenant  le  sang 
dans  leur  système  \asculaire,  y  rappelle  tout  u  la  fois  la  cha- 
leur cl  la  vie. 

Mais  la  \iolence  de  leurs  eiïols  et  leur  mode  mémo  d'ac- 
tion sur  l'appareil  génital  exigent,  dans  leur  emploi,  la 


IVPUISâAhCE  lDIOPATUIi}0B  PAR  DEFALT  D*É^ERGIE.      197 

Circonspection  la  plus  grande  :  sans  parler  ici  des  accidents 
que  les  cantharides  déterminent  dans  le  réservoir  urinaire, 
je  ferai  remarquer  qu^in  usage  inconsidéré  de  cet  agent 
peut  amener  le  priapisme,  autre  sorte  d'impuissance  que 
j'examinerai  tout  à  l'heure,  au  lieu  de  la  simple  turgescence 
de  la  verge  nécessaire  au  coït. 

De  plus,  l'action  des  cantharides  sur  les  organes  génitaux 
est  essentiellement  pathologique,  et  il  n'est  pas  toujours 
sans  danger  d'appeler  tout  à  coup  une  irritation  presque 
inflammatoire  dans  des  organes  aiïaiblis  et  depuis  longtemps 
en  repos;  la  force  de  réaction  peut  être  alors  insulTisanlc, 
et  l'on  a  à  redouter  des  accidents  très  graves,  tels  que  la 
gangrène  ou  la  mortification  de  la  verge. 

Je  le  répète  donc,  la  plus  rigoureuse  prudence  présidera 
à  l'administration  des  cantharides,  et  le  sage  praticien  n'y 
aura  recours  qu'après  l'usage  infructueux  ou  insuffisant  des 

excitants  directs. 

« 

Lorsque  la  verge  présentera  des  caractères  opposés  a 
ceux  que  je  viens  de  signaler,  c'est-à-dire  lorsqu'elle  sera 
dure,  tendue,  quoique  pendante,  lorsque  le  gland  aura  sa 
coloration  normale,  et  que  les  veines  bleuiront  sous  les 
téguments,  les  excitateurs  directs  réclament  la  préférence, 
car  tout  indique  que  l'innervation  affaiblie  ne  peut  plus 
réagir  pour  chasser  le  sang  amoncelé  dans  le  tissu  vasculaire. 

Ces  indications,  qu'on  le  croie  bien,  ne  sont  point  le 
résultat  d'idées  spéculatives  ;  je  les  ai  puisées  dans  des  expé- 
riences entreprises  k  cet  égard  sur  des  hommes  sains,  et 
dans  des  observations  pratiques  qu'il  m'a  été  permis  de 
faire  sur  des  malades.  Elles  m'auraient  peut-être  échappé, 
comme  elles  sont  passées  inaperçues  pour  mes  devanciers, 
si  je  n'avais  en  à  ma  disposition  que  les  agents  médicamen* 
teux  dont  l'action  est  en  eflet  lente  et  difficile  à  sai^ir  au 


498  IIIPUIMAIIGB    IIMOPAraïQOI. 

milieu  de  conditions  de  toutes  sortes  essentielleneDi  varia- 
bles et  très  souvent  changeantes. 

Heureusement,  les  agents  physiques  et  les  moyens  mé- 
caniques, dont  les  uns  agissent  sur  l'innervation  et  les  autres 
sur  le  système  vasculaire,  ont  une  action  rapide  et  aaisis- 
sabie  que  j*ai  su  mettre  à  profit  pour  le  sujet  qui  m'oc- 
cupe. GrAce  à  eux,  j'ai  pu  établir  les  distinctions  que  je 
formulnis  tout  à  l'heure,  car,  semblables  aux  agents  de  la 
matière  médicale,  les  uns  sont  excitants,  et  les  autres  eici<* 
tateurs. 

C'est  ce  que  nous  allons  voir,  en  eiïet,  dans  les  deux 
alinéa  suivants. 

2*  Agents  physiques. 

Ijes  agents  physiques  comprennent  le  calorique  dans  ses 
divers  degrés  d'élévation  ou  d'abaissement  (la  chaleur,  le 
froid),  l'électricité,  n'importe  la  source  d'oii  elle  émane, 
électricité  statique  ou  de  tension,  électricité  de  contact  ou 
galvanisme,  électricité  d'induction  ou  électro-magnétique, 
enfin  le  magnétisme,  auxquels  viennent  se  joindre  comme 
adjuvant  et  complément  l'acupuncture. 

Les  uns  excitants,  comme  le  calorique,  les  autres  excita- 
teurs, comme  l'électricité,  ces  divers  agents  exercent  une 
action,  soit  générale,  soit  locale,  selon  le  lieu  et  le  mode  de 
leur  application. 

Je  vois  rapidement  indiquer  les  conditions  thérapeutiques 
de  chacun  d'eux. 

CALoaiQUB.  —  L'action  du  calorique  sur  l'organisme  peut 
aller  depuis  la  plus  simple  excitation  jusqu'à  l'altération  et 
In  destruction  des  parties  soumises  a  son  contact.  La  chi- 
rurgie met  t|uel(|U(.'rois  à  profit  cette  action  destructive  j 


IMPUISSANCB  IDlOPATUIQUfi  PAB  DÉFAUT  D*ÉNBRGIE.      199 

mai»  pour  le  sujet  qui  nous  occupe,  on  n'y  a  jamais 
recoure*  Aussi  il  doit  bien  rester  entendu  que  dans  tout 
le  cours  de  cet  ouvrage,  à  moins  d'une  déclaration  pré- 
cise, je  ne  parlerai  jamais  que  d'une  élévation  de  tempéra- 
tare  compatible  avec  l'intégrité  des  tissus. 

Comme  je  l'ai  dit  plus  haut,  le  calorique  exerce  une 
action  générale  ou  locale,  selon  le  mode  de  son  application. 

Les  formes  sous  lesquelles  on  l'administre  comme  excitant 
général  sont  :  les  boissons  chaudes,  l'insolation  générale, 
l'exposition  devant  un  foyer  de  chaleur,  l'étuve  sèche  et 
humide,  tous  les  procédés  de  bains  de  vapeur,  le  bain  liquide, 
les  bains  solides,  le  contact  du  corps  de  Tbomme  ou  d'autres 
animaux,  etc. 

Les  moyens  dont  on  se  sert  pour  produire  Taction  locale 
sont:  l'insolation  peu  concentrée  par  des  verres  lenticulaires 
faibles,  les  douches  de  vapeur,  les  bains  liquides  partiels,  le 
cautère  objectif  instantané,  l'application  de  briques,  bou- 
teilles, sachets,  linges  chauffés,  etc.,  etc. 

Je  me  suis  assez  longuement  étendu  plus  haut  sur  le 
diagnostic  thérapeutique  des  excitants,  soit  généraux,  soit 
locaux,  pour  que  je  croie  inutile  de  revenir  sur  ces  considé- 
rations à  l'occasion  du  calorique.  Je  dirai  seulement  que, 
dans  l'impuissance  idiopathique,  c'est  à  l'action  locale  du 
calorique  que  j'ai  principalement  recours;  la  forme  à  laquelle 
je  donne  la  préférence  est  la  douche  de  vapeur,  quand  à 
l'action  du  chaud  je  veux  joindre  l'action  de  la  percussion, 
moyen  assez  puissant  pour  activer  la  fonction  pyrétogé- 
nésique  locale,  sans  addition  de  calorique  non  naturel; 
tandis  que  je  me  contente  de  l'application  de  sachets  ou 
de  linges  chauffés  sur  le  scrotum ,  le  périnée  et  la  verge, 
quand  l'irritabilité  du  sujet  se  révolte  contre  une  médica- 
tion plus  énergique. 


200  IMPOISSANGI    IDIOPATHIQUI . 

Dans  quelques  cas  cependant  où  le  resserrement  du 
système  vasculaire  général  parait  ne  pas  être  sans  influence 
sur  l'atonie  des  organes  génitaui,  en  diminuant  l'activité 
circulatoire  de  toute  l'économie,  on  pourra  recourir  è  l'étuve 
sèche  ou  humide,  ou  bien  encore  au  bain  russe.  Mais  on 
aura  soin  de  limiter  à  un  quart  d'heure  ou  une  deroi*heure 
au  plus  la  durée  de  cette  excitation  générale,  car  cette  exci- 
tation prolongée  est  suivie.d'une  faiblesse  et  d'un  épuisement 
général  dont  les  organes  génitaux  prennent  leur  part. 

Froid.  —  Le  froid,  que  je  considère  ici  comme  un  simple 
abaissement  de  température,  et  qui,  dans  les  circonstances 
où  nous  sommes  placé,  Ta  rarement  jusqu'à  la  congéla- 
tion de  l'eau,  doit  présenter  des  pro|)riétés  opposées  è  celles 
de  la  chaleur,  c'est-à-dire  ajoir  une  action  byposthéni- 
santé. 

C'est  ce  qui  a  lieu,  en  eflct,  pour  la  glace,  dont  la  méde- 
cine et  la  chirurgie  tirent  de  grands  avantages  dans  les  cas 
de  congestion  et  d'inflammation. 

Mais  si  l'on  se  rend  un  compte  exact  de  l'action  du  froid 
précisément  dans  les  circonstances  que  je  viens  de  rappeler, 
on  se  convaincra  qu'elle  est  surtout  caractérisée  par  le  res- 
serrement des  tissus  sur  lesquels  elle  s'exerce,  resserrement 
qui  empêche  l'afflux  du  sang  dans  les  parties  malades  et  qui 
facilite  l'écoulement  de  celui  qui  constituait  soit  la  conges- 
tion, soit  rinflammation.  Un  froid  moins  intense  doit  né- 
cessairement produire  un  effet  moins  énergique,  et  l'on 
peut  ainsi  ramener  l'action  resserrante  du  froid  à  une  action 
purement  tonique. 

C'est  en  eiïet  ce  que  Texpérience  m'a  prouvé  ;  et  bien 
souvent  j'ai  eu  à  me  louer  de  l'action  modérée  du  froid  dans 
les  cas  d'atonie,  de  relâchement  du  tissu  de  la  verge. 

Le  froid  appliqué  d'une  manière  générale,  comme  dans 


I1IFUISSA^GE  IDIOPATHIQUB  PAR  DÉFAUT  d'ÉNERGIE.      201 

les  bains  de  mer,  dans  les  bains  de  rivière,  surtout  en  été, 
est  une  puissante  ressource  entre  les  mains  du  médecin,  et 
j'aurai  plus  d'une  fois  occasion  d'y  revenir  dans  le  courant 
de  cet  ouvrage. 

Mais  dans  Timpuissance  idiopathiquc,  c'est  surtout  à 
l'application  locale  du  froid  modéré  que  j'ai  recours.  J'or- 
donne ordinairement,  comme  simple  adjuvant  d'une  médi- 
cation plus  énergique,  des  lavages  à  l'eau  froide  sur  les 
parties  génitales,  le  périnée,  et  quelquefois  les  lombes, 
tous  les  matins,  et  j'ai  eu  bien  souvent  à  me  louer  de  cette 
pratique. 

Électricité.  —  Les  applications  thérapeutiques  de  l'élec- 
tricité se  sont  modifiées,  on  le  comprend,  avec  les  progrès 
de  la  physique  sur  celte  branche  de  la  science  :  avant  la 
découverte  de  Galvani,  l'électricité  statique  ou  de  tension 
était  seule  employée,  soit  sous  forme  de  bain,  soit  sous 
forme  d'étincelles  (1)  ;  plus  tard,  après  l'invention  de  la  pile 
deVolta,  on  s'adressa  aux  courants,  soit  continus,  soitinter- 
mittents;  et  enfin,  dans  ces  dernières  années,  lorsque 
MM.  Faraday  et  A.  de  la  Rive  (2)  eurent  fait  connaître  les 
influences  réciproques  des  courants  sur  les  aimants  et  des 
aimants  sur  les  courants,  on  recourut  aux  appareils  con- 
sacrés a  celte  nouvelle  forme  d'électricité. 

Mise  ainsi  en  possession  de  trois  modes  différents  d'élec- 
trisation  :  1^  électricité  statique  ou  par  tension  ;  2*  électri- 
tricité  galvanique  ou  par  contact,  et  3<*  électricité  magné- 
tique ou  par  induction,  la  médecine  se  devait  d'étudier  leurs 

(1)  Voyez  roavrage  de  Maaduyt,  Mémoire  iur  les  différentes  mc^ 
nières  d'administrer  V électricité,  et  observations  sur  les  effets  qu'elles  ont 
produits^  4  vol.  in-8,  1784,  imprimé  par  ordre  du  roi. 

(2)  Traité  d'électricité  théorique  et  appliquée^  Paris,  1854  et  4855, 
2  vol.  iD-8. 


IDIOPATHIQVB. 

^^wiic*^  7^»^jJW4ues  et  pathologiques  diverses,  eo  d'au- 
v^N  4iin0i»s  elk  de%ait  s'assurer  s'il  était  iiidiiïérenide  pui* 
y^  j^  i\t§tc  de  ces  trois  sources,  ou  s'il  fallait  établir  eotre 
^li>.  i^^  distinctions  basées  sur  une  diversité  d'action. 

C\';4  en  eiïet  ce  qu'elle  n'a  pas  manqué  de  faire. 

Lt  bain  électrique  positif  a  été  généralement  abandonné 
è  cause  de  la  nullité  de  ses  effets,  et  le  bain  électrique  né- 
^«lif  n'est  conservé  que  par  l'école  italienne,  en  raison  de 
4Uii  pouvoir  lijpostbénisant  très  vanté  par  Giacomini. 

L*électrisation  par  étincelles  ou  pur  la  bouteille  deLeyde 
a  seule  été  maintenue  dans  la  thérapeutique,  et  ses  effets 
ont  été  depuis  longtemps  distingués  de  ceui  du  galvanisme: 
•  Bien  que  l'électricité  que  l'on  obtient  au  moyen  du  frotte- 
ment  par  la  machine  électrique  soit  de  même  nature  que 
eelle  produite  par  la  pile  galvanique,  nous  devons  faire 
remarquer  cependant  que  la  première  convient  mieui  quand 
il  s'agit  d'eiLciter  les  muscles  de  la  \ic  de  relation.  Le  gal- 
vanisme, uu  conlraire,  est  préférable  lorsqu'on  \eutagir  sur 
la  sensibilité  et  sur  les  organes  délicats  ou  sur  les  muscles 
de  la  ue  organique  (1).  • 

M.  Duchenne  (Je  Boulogne)  est  loin  de  partager  l'opi- 
nion de  Pallas,  qui  est  celle  de  tous  ses  devanciers.  Dans  un 
ouvrage  im|)ortant.  De  l'éleclrisation  localisée^  cet  auteur, 
après  avoir  reproché  à  Télectricité  de  tension  de  n'agir  que 
sur  les  muscles  superlicicls,  et  de  produire  des  commotions 
qui  ne  sont  pas  sans  danger,  conclut  de  la  manière  suivante  : 
cf  En  somme,  dit-il,  l'excitation  musculaire  par  l'électricité 
statique  doit  ôtre  exclue,  selon  moi,  de  la  pratique,  d'autant 
plus  qu'elle  peut  être  remplacée  par  un  autre  agent  élec- 

(f)  Pallas,  De  l'infltêence  de  l'éleclricité  atmosphérique  et  têrrutre 
$ur  V organUaiion,  S  vol.  in-8.  Paris,  4  847,  p.  75. 


IHPUlSSAlfCB  IDIOPATBIQUB  KAR  DÉFAUT  d'ÉNBRGIE.      90ft 

trM|lie  qui  eicite  plus  éoergiquemént  et  pind  efficacemeot 
la  contractilité  musculaire,  sans  ôlTrir  aucun  de  ses  incoD-* 
féoients.» 

Cependant  M.  Duchenne  est  obligé  de  reconnaître  que 
réiectrisation  par  étincelles  ou  par  la  bouteille  de  Leyde. 
n'est  pas  toujours  aussi  insigniBante  qu'il  le  prétend,  et  il 
s'en  console  en  avouant  que  «ces  résultats  prouvent  seule- 
ment que  certaines  paralysies  guérissent  toujours  sous  l'in- 
fluence de  réiectricité,  de  quelque  manière  et  sous  quelque 
forme  qu'on  l'administre.  »  Ces  résultats  heureux  ne  sont 
pas  aussi  exceptionnels  que  semble  le  croire  M.  Duchenne, 
car  le  docteur  Golding  Bird,  chargé  de  l'application  de 
l'électricité  à  l'hôpital  Guy,  à  Londres^  qui  ne  se  sert  que 
de  la  machine  à  frottement,  accuse  des  succès  presque  con- 
stants dans  les  paralysies  qui  ne  sont  pas  sous  la  dépendance, 
d'une  affection  des  centres  nerveux. 

L'électricité  par  contact  ou  le  galvanisme  agit  à  travers 
les  tissus,  dans  la  plus  grande  profondeur,  sur  les  muscles, 
sur  les  os  même,  et  de  plus  son  action  peut  être  limitée  sur 
un  point  donné.  Sa  puissance  excitatrice  ne  se  développe 
qu'avec  un  courant  intermittent,  car  M.  Mattemxi,  tirant 
des  déductions  thérapeutiques  de  ses  vivisections,  a  conseillé 
l'emploi  d'un  courant  continu,  comme  byposthénisant  du 
système  nerveux  dans  le  tétanos.  Mais  pour  obtenir  cette 
puissance  excitatrice,  pour  lutter  contre  des  paralysies  du 
mouvement,  celles  surtout  dans  lesquelles  la  nutrition  mus- 
culaire est  altérée  et  la  sensibilité  diminuée,  il  faut  recourir 
à  des  batteries  très  fortes,  de  100  à  120  piles  de  Bunsen, 
dont  l'emploi,  on  le  comprend,  pourrait  ne  pas  être  sans 
danger.  D'ailleurs,  comme  le  fait  justement  remarquer 
M.  Duchenne,  les  appareils  galvaniques  (batteries  de 
Cruikshank,  de  Bunsen,  piles  de  Wollaston)  sont  difBciler 


20i  IMPUIMANCK    IDIOPATUIQUK. 

ment  applicables  dans  la  pratique,  soit  à  cause  de  leur 
volume,  soit  à  cause  de  l'emploi  des  acides  qu'ils  néce^si* 
tent,  soit  a  cause  des  gaz  qui  s*en  dégagent.  Enfin  l'inten- 
sité de  leurs  courants  est  trop  variable  pour  être  soumise 
à  une  graduation  exacte  et  précise. 

M.  Duclienne,  dont  toutes  les  préférences  sont  acquises 
à  l'électricité  d'induction,  en  fait  ressortir  comme  il  suit 
les  avantages  :  «  L'électricité  d'induction,  dit-il,  est  celle 
qui  convient  le  mieux  à  l'excitation  musculaire  dans  le  trai- 
tement des  paralysies  du  mouvement,  dans  les  affections 
choréiques;  on  peut  en  effet  l'appliquer  h  la  contractilité 
musculaire  sans  produire  de  douleurs,  sans  craindre  de 
surexciter  le  sujet,  a  quelque  dose  qu'on  agisse,  pourvu  que 
les  intermittences  du  courant  soient  assez  éloignées  les  unes 
des  autres. 

h\l  est  souvent  besoin  d'un  courant  des  plus  intenses 
dans  le  traitement  de  certaines  affections  musculaires,  ainsi 
que  je  l'ai  déjà  fait.  Dans  ce  cas,  l'électricité  d*induction 
est  la  seule  applicable,  parce  qu'elle  n'exerce  pas  d'action 
calorifique,  comme  l'électricité  de  contact. 

»  Enfin  les  appareils  d'induction  peuvent,  sous  un  petit 
volume,  agir  sur  la  contractilité  avec  une  puissance  consi- 
dérable; ce  qui  facilite  singulièrement  leur  application(i).  » 

Grèce  aux  courants  électriques,  qu'ils  soient  dus  au  gai- 
vanisme  ou  &  l'électricité  d*induction,  on  peut  porter  l'ac- 
tion thérapeutique  de  cet  agent  jusque  dans  les  profondeurs 
les  plus  reculées  des  organes,  ce  qu'il  était  impossible  d'ob- 
tenir a\ec  l'électricité  statique.  Le  vérumontanum ,  les 
conduits  éjaculateurs,  les  vésicules  séminales,  tous  les  points 
du  parcours  de  l'urètre  peuvent  directement  recevoir  l'in- 

(1)  De  félectritation  localiêée  et  de  son  application  à  la  physiologie ^  à 
la  pathologie  et  à  la  thérapeutique .  Paris,  1855,  p.  25,  26. 


IMPUISSANCE  IDIOPATUIQUE  PAR  DÉFAUT  D'ÉlfEHGIB.      205 

flaencc  éleclrique  et  £tre  traversés  par  un  courant,  sons  qao 
les  parties  voisines  participent  à  cette  excitotion. 

Je  ferai  connaître  le  mode  opératoire,  au  fur  et  h  mesure 
que  les  indications  se  présenteront ,  mais  j'ai  tenu  ici  à 
indiquer  d'avance  les  ressources  nouvelles  que  Télectricité 
dynamique  a  mises  entre  les  mains  du  praticien,  en  variant 
è  rinfini  les  modes  de  son  application. 

Magnétishb.  —  Les  expériences  d'OErsted^  d'Ampère 
et  d'Arago  ayant  démontré  l'identité  des  phénomènes  ma^* 
gnétiqucs  et  des  courants  électriques,  j'aurai  peu  de  chose 
à  ajouter  sur  la  vertu  thérapeutique  des  aimants  à  ce  que 
j'ai  dit  des  propriétés  excitatrices  de  l'électricité,  d'autant 
plus  que  des  insuccès  par  le  magnétisme  me  font  toujours 
préférer,  dans  le  traitement  de  l'impuissance,  l'électrisalion, 
soit  statique,  soit  dynamique. 

Les  plaques  aimantées  ne  conviennent  guère  que  chez 
les  sujets  pusillanimes,  chez  les  personnes  excessivement 
irritables  et  dans  les  cas  de  sensibilité  exagérée  des  organes 
génitaux. 

C'est  à  ce  titre  que  les  armures  aimantées  du  père  Hcll 
trouvent  ici  une  place. 

Ces  armures  sont  composées,  on  le  sait,  de  plusieurs 
pièces  d'acier  aimanté,  percées  à  leurs  extrémités  de  trous 
destinés  aux  lacets  a  l'aide  desquels  on  les  attache  les  unes 
aux  autres,  en  ayant  soin  de  les  opposer  pùle  à  pôle,  c'est- 
à-dire  que  le  pôle  sud  de  l'une  regarde  le  pâle  nord  de 
Tautre. 

Dans  les  expériences  que  j'ai  faites  sur  les  organes  géni« 
taux,  je  me  suis  servi  de  deux  ou  troi;)  plaques.  L'une  en- 
tourait la  verge,  surtout  u  sa  base,  où  se  trouvent  les  der- 
nières Gbres  de  rischio-caverneux;  l'autre,  placée  au  périnée, 
jusque  sur  la  bulbe  de  l'urètre^  embrassait  le  bulbo-caver- 


fH)6  mPOlMAlICt   IDIOPATIIQOt. 

Deux  dans  toute  son  étendue,  depuis  le  muscle  trtnsverse 
du  périnée,  le  sphincter  et  le  releveor  de  Tanus,  jusqu'à  la 
racine  des  corps  caverneux.  Enfin,  dans  les  circonstances 
où  je  me  suis  servi  de  trois  plaques,  je  mettais  la  troisième 
à  la  partie  inférieure  des  lombes,  dans  la  portion  du  sacmm 
correspondante  au  plexus  sacré. 

Les  plaques  peuvent  rester  en  place  depuis  quelques 
jours  jusqu'à  un  mois;  mais  il  faut  avoir  soin,  lorsqu'elles 
doivent  demeurer  en  contact  avec  la  peau  plus  de  quinie 
jours,  de  les  faire  réaimanler  avant  ce  temps,  ou  de  recou* 
vrir  la  face  interne  des  armures  d'une  feuille  d'argent  ou 
de  platine. 

3*  Moyens  mécaniques. 

Les  moyens  mécaniques  sont  ou  excitants,  ou  excita- 
teurs; ils  exercent,  les  uns  une  action  complètement  géné- 
rale; les  autres  une  action  soit  générale,  soit  locale,  selon 
le  lieu  de  leur  application  ;  d'autres  enfin  une  action  pure* 
ment  locale. 

Les  moyens  mécaniques  généraux  sont  le  massage; 

Les  moyens  mécaniques  généraux  ou  locaux  sont  les 
frictions,  les  douches  d'air  ou  de  vapeur; 

Les  moyens  mécaniques  purement  locaux  sont  l'acu- 
puncture, Téleclro-puncture,  la  flagellation,  la  ventouse  el 
le  sinapisme. 

Je  vais  rapidement  passer  tous  ces  moyens  en  revue,  en 
indiquant  pour  chacun  d'eu\  son  action  excitante  ou  exci- 
tatrice. 

Massaob.  —  Le  massage,  employé  comme  moyen  hygié- 
nique chez  tous  les  peuples  de  l'Orient  et  du  nord  de  l'Eu- 
rope, dont  il  relève  les  forces  et  Ténergic,  s'administre  tou- 
jours à  une  haute  température,  de  25  à  35  degrés  Réaumur^ 


IMPUISSAlfCB  IMOPITBIQCS  MS  BiFAOT  d'ÉNERGIB.      M7 

90Ît  dans  one  étu?e  sèche,  soit  dans  une  étu?e  humide, 
soit  dans  le  bain.  Comme  il  est  toujours  possible  de  varier 
la  température  de  l'étave  et  de  modifier  le*  milieu  dans 
lequel  on  place  le  malade  avant  0:1  après  le  massage,  on 
comprend  que  Ton  peut,  selon  la  constitution  et  le  tempe-. 
rament  du  sujet,  ou  d'après  certaines  circonstances  indivi- 
daelles,  augmenter  ou  diminuer  le  degré  d'excitation  que 
Ton  se  propose. 

«  Il  est  difficile  de  croire  ^  disent  MM.  Trousseau  et 
Pidoux,  qu'un  pareil  moyen  n'ait  pas  une  influence  puis« 
santé  sur  Thomme  malade,  —  aussi  est-il  d'expérience  que 
dans  les  rhumatismes  aigus  non  fébriles,  dans  les  rhuma^ 
tismes  chroniques,  dans  les  paralysies  qui  sont  en  voie  de 
goérison,  dans  l'impuissance  vénérienne,  cette  médication 
est  suivie  d'heureux  résultats  (1).» 

Pourtant  le  massage  ne  peut  constituer  à  lui  seul  toute 
la  médication  ;  c'est  un  adjuvant  énergique  dont  j'ai  retiré 
de  bons  eiTets  dans  maintes  circonstances,  mais,  je  le  répète^ 
ce  n'est  qu'un  adjuvant,  ou  plutôt  un  complément  de  mé- 
dication, comme  dans  les  paralysies  en  voie  de  guérison. 

M.  Sarlandière,  considérant  la  difficulté  de  rencontrer 
dans  nos  pays  des  personnes  assez  habiles  dans  l'art  du  mas- 
sage, et  prenant  égard  à  la  fatigue  qu'il  cause  à  celui  qui 
Texerce,  a  pensé  que  l'on  pourrait  atteindre  le  même  but 
par  une  percussion  molle,  plus  ou  moins  forte,  plus  ou  moins 
lente,  a  l'aide  d'un  corps  non  contondant  et  placé  au  bout 
d'un  levier,  afin  de  moins  fatiguer  l'opérateur.  A  cet  effet, 
il  a  fait  confectionner  des  battoirs  élastiques  dont  la  palette 
circulaire,  de  quatre  pouces  de  diamètre,  est  adaptée  à  un 
manche  de  dix  pouces  de  longueur.  Les  palettes,  rembour- 

(4)  Traité  de  thérapeutique  et  de  matière  médicale,  2*  édit.,    t.  I, 

p.  86a. 


208  mPUIMARCB   IDIOPATBIQUI» 

rues  de  crin,  sont  recouvertes  de  flanelle  poar  les  perçus* 
sions  à  sec,  et  de  feulre  et  de  caoutchouc  pour  les  percus- 
sions au  milieu  de  la  vapeur  aqueuse. 

Ce  mode  de  massage,  dont  je  suis  loin  de  contester  les 
avantages,  et  dont  Taction  eicitalrice  est  nécessairement 
limitée  aux  parties  sur  lesquelles  elle  s'exerce,  a  tellement 
d'analogie  avec  la  flagellation,  non-seulement  pour  le  mode 
opératoire,  mais  encore  pour  Icseiïcts  produits,  que  je  ren- 
voie h  Vùr{k\e  FlageUatim  les  considérations  que  je  pourrais 
ajouter  sur  le  massage  par  percussion. 

FaicTioNs.  -  On  distingue  les  frictions  en  frictions  sèches 
et  en  frictions  humides. 

Les  frictions  sèches  se  pratiquent  avec  la  paume  de  la 
main,  avec  une  brosse  ordinaire,  avec  une  brosse  on  fla* 
ncllc,  avec  un  morceau  de  drap,  etc. 

Les  frictions  humides  s'exécutent  nu  moyen  d'une  brosse 
en  flanelle  ou  d'un  tampon  en  un  tissu  quelconque,  imprégné 
d'un  agent  n^édicamenteux,  ftoit  en  poudre  fine,  soit  en 
liquide. 

Les  frictions  sèches  ou  humides,  qu'on  les  fusse  tout 
le  long  de  la  colonne  vertébrale,  on  qu'on  les  limite  au 
périnée  et  à  la  base  de  la  verge,  sont  d'un  puissant  secours 
dans  des  cas  nombreux  d'impuissance. 

L'action  tout  h  la  fois  excitante  et  excitatrice  des  frictions 
peut  être  singulièrement  augmentée  por  la  présence  d'un 
agent  médicamenteux  excitant  ou  excitateur  qui,  grâce  aux 
modifications  subies  pnr  la  peau  et  par  les  bouches  les  plus 
superricicllcs  des  vaisseaux  absorbants,  pénètre  avec  plus  de 
facilité  dans  l'organisme,  et  porte  ses  propriétés  d'abord 
sur  le  point  qui  lui  donne  accès,  et  plus  tard  dans  l'éco- 
nomie tout  entière. 

DoucuES.  —  J'ai  déjà  parlé  des  douches  de  vapeur,  je  ne 


IHFOlâSANCE  IDIOPATHIQUF.  PAR  DÂFALf  d'É.NERGIE.       209 

reviendrai  pas  ici  sur  ce  que  j'en  ai  dit  précédemment.  J'in- 
diquerai comme  étant  d'un  grand  secours,  dans  les  cas  de 
laxiié  et  de  mollesse  des  tissus,  les  douclics  sèches,  cVsl-a- 
dire  les  douches  d'air  chaud.  A  cet  eiïet,  et  a  défaut  d'ap- 
pareil plus  compliqué,  on  peut  se  servir  d'une  seringue  qui 
fait  l'oRice  d'une  pompe  aspirante  ;  dans  la  majorité  des 
cas,  il  suffit  de  faire  chauffer  le  corps  de  l'instrument  avant 
d'y  introduire  l'air  par  le  refoulement  en  haut  du  piston,  et 
d'administrer  la  douche  quelques  minutes  après;  dans  les 
cas  où  une  élévation  plus  grande  de  température  est  néces- 
saire, on  fait  d'abord  pénétrer  Tair  dans  Tintérieur  de  la 
seringue,  et,  après  avoir  hermétiquement  fermé  l'ouverture 
de  la  canule,  pour  prévenir  la  sortie  de  l'air  qui  se  dilate 
sous  rinOuence  de  la  chaleur,  on  chauffe  la  seringue,  ou 
au  bain-marie,  ou  a  un  foyer  plus  ardent. 

Les  douches  d'air  chaud  se  dirigent,  soit  sur  les  organes 
génitaux,  sur  le  périnée  ou  les  lombes,  comme  excitateur 
local,  soit  sur  la  colonne  vertébrale  et  à  l'occiput,  comme 
excitateur  général. 

On  peut  remplacer  l'air  par  la  fumée  résultant  de  la 
calcination  d'un  agent  médicamenteux.  Dans  quelques  cas, 
de  simples  fumigations  suffisent  ;  mais  alors  on  doit  toujours 
se  proposer  d'agir  localement  sur  les  organes  génitaux.  Le 
malade  est  assis  sur  une  chaise  percée,  les  reins  entourés 
d'une  couverture  qui,  embrassant  le  siège  dans  ses  plis, 
tombe  jusqu'à  terre.  Un  réchaud  est  placé  sous  la  chaise,  et 
l'on  projette  de  temps  en  temps  sur  la  braise  qu'il  contient 
le  médicament  en  poudre  dont  on  veut  faire  usage. 

Dans  les  cas,  au  contraire,  où  l'action  mécanique  de  la 

douche  doit  être  ajoutée  à  l'action  physique  de  la  chaleur 

et  à  l'action  médicamenteuse  de  Tagent,  on  recueille  cette 

fumée  dans  une  vessie  ou  dans  un  flacon  h  tube,  et  on  la 

44 


210  IMP0I88ANGI    IDIOPAniQllt. 

fait  passer  dans  la  seriogoe  préalablement  chaufTée.  Pour 
siinpii6er  ce  mécanisme  et  abréger  la  durée  des  opérations, 
j*ai  fait  confectionner  un  appareil  peu  embarrassant  et  facile 
à  manœuvrer.  A  la  base  d'une  seringue  ordinaire,  à  côté  de 
fembout  où  s'adapte  la  canule,  est  percée  une  ouverture 
munie  d*une  soupape  s'ouvrent  de  bas  en  haut  ou  de  dehors 
en  dedans  ;  à  cette  ouverture  est  adaptée  un  tube  commu- 
niquant avec  une  cloche  de  métal  destinée  a  recevoir  les 
fumées  dégagées  par  la  calcination  du  médicament.  En 
bouchant  le  bout  de  la  canule  et  en  faisant  manœuvrer  le 
piston,  la  fumée  est  attirée  dans  la  seringue,  et  en  est  chassée 
ensuite,  lorsqu'on  pousse  le  piston,  par  la  voie  de  la  canule 
que  l'on  a  soin  de  déboucher;  la  soupape,  qui  se  ferme  par 
la  pression  exercée  sur  le  fluide  contenu  dans  la  seringue, 
empêche  ce  fluide  de  rentrer  dans  le  tube,  et  par  suite  dans 
la  cloche. 

Cet  appareil,  très  simple,  je  le  répète,  a  l'avantage  de 
conserver  à  la  fumée  une  température  sulTisante  pour»  pro- 
duire rcxcitation  que  Ton  recherche,  et,  dans  plus  d'une 
circonstance,  j'en  ai  retiré  des  avantages    incontestables. 

Acopo^CTORB•  ÉLBCTao-puRCTtSE.  —  «  Il  cst  bien  évident, 
disent  MlM.  Trousseau  et  Pidoux,  que  l'aiguille  enfoncée 
dans  les  fibres  musculaires  de  la  vie  animale  ou  de  la  vie 
organique,  agit  en  excitant  leur  contraction,  et  ce  phéno- 
mène tout  expérimental  peut  se  passer  sous  nos  yeux  ;  à  ce 
titre,  l'acupuncture  doit  évidemment  se  ranger  parmi  les 
moyens  excitateurs  (1).  » 

De  tous  les  travaux  qui  ont  été  publiés  sur  l'acupuncture, 
aucun  n'est  relatif  à  l'emploi  de  ce  moyen  contre  l'impuis- 

(4)  TraUé  de  tKérapêuiiquê  $1  de  matièr§  méHeaU,  t«  édit.,  t.  I, 
p.  854 . 


1IIP0I8SANCB  miOPATHIQOE  PAB  DÉFAUT  D*ÉNBRG1B.       211 

Mnce;  on  Ta  préconisé  avec  raison  dans  le  rhumatisme,  la 
aciatique,  les  névralgies,  etc.;  elles  essais  que  j'ai  tentés  dans 
l'anaphrodisie  m'ont  expliqué  le  silence  des  auteurs  sur  ce 
point.  A  moins  que  Timpuissance  ne  soit  accompagnée  d'an 
▼ice  rhumatismal,  Tacupuncture  m'a  toujours  paru  un 
moyen  douteux  et  d'un  elTet  peu  durable.  Une  ou  deux  fois 
ao  plus^  sur  vingt  expériences,  je  suis  parvenu  à  réveiller 
momentanément  et  légèrement  la  sensibilité,  et  j'ai  constam- 
ment échoué  dans  les  autres  cas. 

Mais  il  n'en  est  pas  de  même  de  l'électro-puncture  ;  c'est 
une  ressource  heureuse  et  énergique  pour  conduire  pro- 
fondément l'électricité  qui,  ainsi  que  nous  l'avons  vu,  agit 
superficiellement  lorsqu'elle  est  appliquée  par  les  moyens 
ordinaires.  Mais  en  raison  même  de  la  pénétration  du  fluide 
dans  les  tissus  les  plus  cachés,  l'opération  exige  certaines 
précautions  qu'il  est  utile  d'observer.  Si  c'est  à  l'électricité 
statique  que  l'on  a  recours,  une  seule  aiguille  peut  suflire: 
on  rimptante  tantôt  dans  les  muscles  du  périnée,  tantôt 
dans  les  fibres  supérieures  du  bulbo-caverneux,  et  l'on 
peut  même,  après  avoir  traversé  rischio-caverneux,  aller 
jusqu'aux  branches  des  corps  caverneux.  On  met  alors  l'ai- 
guille en  communication  avec  un  des  conducteurs  de  la 
machine  électrique,  ou  avec  l'armature  extérieure  de  la 
bouteille  de  Lejde  médiocrement  chargée,  et  l'on  tire 
quelques  étincelles.  L'opération  ne  doit  pas  durer  plus  d'un 
quart  d'heure,  et  le  nombre  des  étincelles  sera  toujours 
proportionné  à  la  sensibilité  locale  ou  générale  du  sujet. 

Les  courants  galvaniques  peuvent  s'établir  avec  une  seule 
aiguille  :  celle-ci  est  alors  mise  en  communication  avec  le 
pôle  positif  de  la  pile,  tandis  que  le  pôle  négatif  est  en  con- 
tact avec  une  autre  partie  du  corps  ;  mais  le  plus  ordinaire- 
ment on  se  sert  de  deui  aiguilles  dont  les  têles,  percées 


212  IMPriSft.INCE    IDIOPATHigUE. 

d'une  ouverlurc,  reçoivent  les  conducteurs  de  la  pile.  Le 
lieu  où  les  aiguilles  sont  placées  est  très  variable  :  le  pé« 
rinée,  la  base  de  la  verge,  le  scrotum,  les  corps  caverneux 
eux-mêmes,  peuvent  recevoir  les  aiguilles,  et  le  choix  en  est 
déterminé  par  les  indications  particulières  que  présentent 
les  sujets. 

Mais  dans  tous  les  cas,  il  faut  avoir  soin  de  ne  donner 
d*abord  que  de  légères  secousses,  et  de  n'augmenter  l'in- 
tensilé  et  In  durée  des  courants  que  si  la  partie  est  profon- 
dément insensible  et  si  le  malade  les  supporte  avec  facilité. 
En  règle  générale,  Télectricité,  que  ce  soit  rélectricité 
statique  ou  galvanique,  unie  h  Tacupuncture,  exige  que  les 
secousses  soient  d'autant  plus  énergiques  et  d*autant  plus 
souvent  répétées,  que  Timpuissance  est  plus  ancienne,  que  la 
circulotion  capillaire  est  moins  active,  et  que  les  tissus  sur 
lesquels  on  opère  sont  doués  d'une  moindre  sensibilité. 

Flacellation.  LaTicATiON. — c(  Je  connais,  dit  Pic  de  la 
Mirandole,  et  il  existe  encore  un  homme  dont  le  tempé- 
rament amoureux  et  les  excrs  n'ont  peut-être  jamais  eu 
d'exemple: il  ne  peut  caresser  une  femme,  malgré  la  vio- 
lence de  ses  désirs,  s'il  n'est  auparavant  fustigé.  En  vain  sa 
raison  lui  fait  regarder  comme  un  crime  ce  raffinement  de 
volupté,  sa  fureur  pour  ce  cruel  plaisir  est  (elle  qu'il  encou- 
rage lui-même,  et  accuse  de  mollesse  et  de  hkheté  celui 
qui  le  fouette,  lorsque  la  fotigue  ou  la  pitié  lui  font  ralentir 
ses  eiïorls.  Le  patient  n'est  au  comble  de  ses  plaisirs  qu'en 
voyant  ruisseler  le  sang  dont  une  grêle  ufTreuse  de  coups  a 
couvert  les  mi^mhres  innocents  du  libertin  le  plus  effréné. 
Ce  malheureux  réclame  ordinairement  pour  ce  service,  avec 
les  plus  instantes  supplications.  In  main  de  la  femme  avilie 
dont  il  veut  jouir,  lui  donne  lui-même  les  verges  qu'il  a 
fait  tremper  dès  la  veille  dans  le  vinaigre,  et  lui  demande  k 


IHFUISSAKCE  IDIOFATHIQUE  l'AM  DÉFAUT  o'ÉMfRGIE.       213 

genoux  la  faveur  insigne  d*étre  ainsi  déohiré.  Plus  clic 
frappe  avec  violence,  plus  elle  acquiert  de  droits  à  son  amour 
et  è  sa  reconnaissance,  en  lui  rendant  des  feux  qu'il  n'avait 
plus,  jusqu'à  ce  que  le  dernier  période  de  la  soulTrancc  et 
l'épuisement  tolal  de  ses  forces  lui  fussent  goûter  la  pléni- 
tude de  la  volupté  en  égale  proportion.  Trouvez  un  seul 
homme  pour  qui  le  comble  de  ta  douleur  et  cette  espèce  de 
torture  doivent  être  celui  du  plaisir,  et  si  d'ailleurs  il  n'est 
pas  entièrement  corrompu,  lorsque  de  sang-froid  il  connaîtra 
sa  maladie,  il  rougira  de  ses  excès  et  les  détestora  (1).  » 
La  flagellation,  employée  comme  moyen  d'éveiller  le 
sens  vénérien,  nous  a  été  transmise  par  les  anciens;  presque 
tous  les  auteurs  grecs  et  romains  en  font  mention,  ainsi 
que  des  fêtes  instituées  en  l'honneur  de  Priape,  pendant 
lesquelles  les  hommes  et  les  femmes  se  battaient  mutuelle- 
ment de  verges,  pour  mieux  s'exciter  à  l'amour.  Tamerlan, 
celui*là  même  qui  se  faisait  appeler  le  Fils  de  Dieu,  fut 
père  de  cent  enfants,  et  ne  parvint,  dit-on,  à  cette  innom- 
brable progéniture  qu'avec  l'aide  de  la  flagellation.  L'abbé 
Terrasson,  l'auteur  du  Voyage  de  Séthos^  qui,  au  dire  de 
Voltaire,  prenait  un  goût  particulier  à  se  faire  administrer 
le  fouet  par  les  courtisanes,  s'attira  une  épigramme  fort 
connue  dont  je  ne  rappellerai  que  le  dernier  vers  :  Frap- 
pez fort^  il  a  fait  Sélhos,   J.-J.   Rousseau  a  décrit  l'elTet 
qu'il  ressentit,  étant  enfant,  à  la  suite  de  la  correction  que 
lui  administra  mademoiselle  Lambercier  :  «  Assez  longtemps, 
dit-il,  elle  s'en  tint  è  la  menace,  et  cette  menace  d'un  châ- 
timent tout  nouveau  pour  moi  me  semblait  très  effrayante; 
mais,   après  l'exécution,  je  la  trouvai  moins  terrible  à 

(I)  Œuvres  complètes,  Dotogoe,  4  495,  4  vol.  in-folio.  —  Contra 
aêirolagoSf  lib.  lll,  cap.  xxyii. 


21  &  IHHiraSANGI  iDiorAraïQiii. 

répreuve  que  TaUente  ne  Tavait  été;  et  ceqa'îl  y  a  de  plus 
bizarre,  c'est  que  ce  diàtiment  m'aiïectionoa  davantage  eiH 
core  h  celle  qui  me  l'avait  imposé.  Il  fallait  même  toute  la 
vérité  de  cette  aiïi*ction  et  toute  ma  douceur  naturelle  pour 
m'empècher  de  chercher  le  retour  du  même  traitement  en 
le  méritant  ;  car  j'avais  trouvé  dans  la  douleur,  dans  la  honte 
même,  un  mélange  de  sensualité  qui  m'avait  laissé  plus  de 
désirs  que  de  crainte  de  l'éprouver  derechef  par  la  même 
main  (1  ).  »  4  une  seconde  correction,  mademoiselle  Lam- 
bercier  s'étant  ûperçu^'^  à  quelque  signe^  de  l'espèce  de  sen- 
sualité qu^éprouvait  Jean-Jacques,  comprit  que  le  châtiment 
n'atteignait  pas  le  but  qu'elle  se  proposait,  et  y  renonça. 

Plusieurs  ouvrages  ont  été  consacrés  a  la  flagellation,  el 
parmi  les  principnui  on  pourra  consulter  ceui  de  J.-H.  Meî- 
bomius  (2),  de  Dollet  (3),  et  de  l'nbbé  Boiteau  (&). 

J'avais  été  moi-même  plusieurs  fois  témoin  deTelBcacité 
d'un  pareil  moyen;  mais  ses  eiïets,  essentiellement  passa- 
gers, mo  l'avaient  toujours  fait  regarder  comme  ta  suprême 
espérance  de  ceui  qui  n'en  ont  plus,  et  je  l'avais  mis  au 
rang  des  étranges  auxiliaires  de  la  débauche  dont  notre 
ministère  ne  doit  jamais  être  le  complice. 

Cependant,  en  songeant  que  les  pratiques  de  notre  art 
sont  légitimées  par  l'esprit  qui  les  dicte  et  l'intention  qui 
les  dirige,  je  me  demandais  si  la  luxure  seule  devait  proBter 

(<)  ConfenionM^  lit.  I. 

(9)  De  fiagrorum  usu  in  re  medioA  et  venereû  et  himbormm  fWMnn- 
qne  officio.  Texte  latin  et  tmductioo,  I  vol.  iD-3S,  4795.  Paris,  cbec 
Mercier. 

(3)  Traité  du  fouet  et  de  mi  e/fetn  iur  le  physique  de  Vamour  ou 
aphrodisiaque  externe,  par  D...,  médecin.  4  vol.  in-3î,  4  788.  Paris, 
sans  nom  de  libraire. 

(4)  Histoire de$  flageHanê,  par  {'•bbé  Boileaa,  tradaii  du  latin,  t  vd . 
in-1%.  Amsterdam.  4  701. 


I1IPU188ANCB  IDlOFATHIi^UB  PAR  DÉFAUT  d'ÉNBRGIB.       215 

des  bénéOces  de  cetle  excitation,  et  si  la  médecine  n'avait 
pas  le  droit,  comme  Molière,  de  prendre  son  bien  partout 
où  elle  le  trouvait.  Sans  doute  la  science  doit  se  détourner 
de  ces  vieillards  débauchés  et  de  ces  libertins  usés  avant 
ràgequi  lui  demandent  un  moment  d'énergie  factice,  pour 
s'enivrer  dans  une  dernière  orgie  et  pour  outrager  la  nature 
dans  une  volupté  contrainte  et  pleine  de  dangers  ;  mais  il 
ne  lui  est  pas  permis  de  dédaigner  une  ressource,  par 
cela  seul  que  le  libertinage  Ta  acceptée  et  consacrée  ;  la 
scieoce  est  comme  le  feu,  elle  purifie  tout  ce  qu'elle  touche. 

Je  pensai  donc  à  utiliser  la  llagellation,  non  comme  la 
pratiquent  les  courtisanes,  mais  par  un  procédé  et  dans  une 
intention  que  pussent  avouer  la  morale  la  plus  sévère  et  la 
dignité  de  notre  profession. 

Je  repoussais  d'abord  l'idée  d'une  excitation  énergique 
et  passagère,  et  je  fus  ensuite  conduit  è  modifier  les  instru- 
ments meurtriers  dont  on  fait  ordinairement  usage.  Dans 
ma  pensée,  la  flagellation  devait  agir,  non  par  la  violence 
de  son  application,  mais  par  son  usage  modéré  et  souvent 
répété.  De  même  que  l'ingestion  d  une  grande  quantité 
d'alcool  trouble  les  facultés  morales  et  détruit  l'organisme, 
une  dose  plus  faible  du  même  liquide  prise  tous  les  jours 
excite  doucement  l'intelligence  et  fortifie  l'économie.  A  cet 
effet,  une  ou  deux  fois  par  jour  au  plus,  je  fais  pratiquer 
pendant  cinq  ou  dix  minutes  une  flagellation  plus  ou  moins 
anodine,  selon  les  sujets,  sur  les  lombes  et  sur  les  fesses  ; 
je  m'arrête  ordinairement  lorsque  la  peau  devient  rouge,  et 
je  ne  pousse  jamais  l'opération  jusqu'au  saignement  des 
parties  frappées. 

Les  lanières  et  les  cordes  nouées  présentent  de  tels  incon- 
vénients, que  depuis  fort  longtemps  ou  les  a  remplacées  par 
des  verges  que  quelques-uns  trempent  dans  du  vinaigre 


216  mrUIMANGB    IDlOrATHIQUI. 

avanl  de  s'en  servir,  comme  le  faisait  la  personne  dont 
parle  Pic  de  la  Mirandole.  Mais  les  verges,  outre  qu'elles 
sont  exposées  h  se  casser,  produisent,  à  cause  de  leur  inéga- 
lité de  grosseur,  une  excitation  peu  uniforme,  et  détermi- 
nent conséquemment  des  ecchymoses  ou  des  blessures  qui 
fatiguent  beaucoup  le  malade. 

Pour  parer  autant  que  possible  à  ces  désavantages,  j'ai 
fait  construire  un  balai  métallique  qui,  par  la  diversité  des 
éléments  qui  le  composent,  dégage  une  certaine  quantité 
d'électricité  dont  l'action  ne  peut  être  ici  que  très  salutaire. 
Au  bout  d'un  manche  a  marteau  ordinaire,  j'ai  fait  placer 
une  virole  de  cuivre  dans  laquelle  viennent  s'implanter  des 
fils  de  cuivre,  de  laiton,  de  fer,  de  platine,  etc.,  au  nombre 
de  80  h  100  et  d'une  longueur  de  kO  h  50  centimètres.  Ces 
fils  fle\ibles,  et  pourtant  rigides,  se  nuMcnt  et  se  choquent 
dans  leur  extrémité  libre  pendant  l'opération,  et  en  raison 
même  de  leur  flexibilité,  présentent  toujours  aux  parties 
frappées  une  surface  égale  et  uiiirorme. 

La  flagellation  ainsi  pratiquée,  c'est-è-dire  avec  une 
grande  modération,  tous  les  jours  et  à  Taide  d*un  balai 
métallique,  modifie  progressivement  et  d'une  manière  heu- 
reuse la  sensibilité  de  la  peau,  et  la  stimulation  f: régressive 
qu'elle  y  détermine  se  communique  aux  organes  génitaux 
et  en  modifie  favorablement  aussi  l'excitabilité. 

Les  motifs  qui  m'ont  fuit  tout  a  l'heure  proscrire  la  fla- 
gellation telle  que  l'entendent  les  libertins  et  les  courti- 
sanes, me  font  également  repousser  l'urtication,  qui  n'est 
qu'une  variété  de  flagellation  violente  dont  on  augmente 
la  force  par  les  aiguillons  des  orties.  Le  médecin  ne  doit 
point  disputer  aux  lupanars  une  pareille  rci^source,  qui  ne 
produit  qu'un  eflet  passager,  et  qui  est  plutôt  du  domaine 
de  la  débauche  que  de  celui  de  la  thérapeutique. 


I3IPLISSANCE  IDIOPATHIQUB  PAR  DÉVAUT  d'ÉNERGIF,       217 

Vertouse.  —  J'ai  déjà  parlé  de  ce  moyen  très  vanté  par 
Mondot.  On  se  propose,  h  Taidc  d*un  cylindre  armé  d*une 
pompe  aspirante,  d'attirer  le  sang  dans  les  corps  caverneux 
et  de  déterminer  mécaniquement  une  érection.  Ce  moyen, 
qui  ne  réussit  pas  toujours,  pourrait  ne  pas  6tresans  danger 
si  Ton  agissait  brusquement  et  avec  violence;  il  ne  faut 
arriver  que  progressivement  à  un  vide  complet,  et  la  durée 
et  le  nombre  des  séances  seront  proportionnées  à  la  force 
élastique  des  tissus;  de  plus,  on  s'abstiendra  de  Temploî 
d*un  semblable  mojen  chez  les  malades  irritables  et  dont  la 
sensibilité  générale  ou  locale  est  facilement  mise  en  jeu; 
on  ne  devra  guère  y  recourir  que  pour  les  sujets  lympha- 
tiques, pour  ceux  dont  la  circulation  est  paresseuse  et  chez 
lesquels  le  système  vasculnire  est  en  quelque  sorte  frappé 
d*otonie.  Il  suit  de  là  que  l'usnge  seul  de  la  \entouse  est 
complètement  impuissant  à  produire  une  érection  durable, 
et  qu'une  médication  générale  excitante  en  doit  seconder  et 
soutenir  les  effets. 

Sinapisme.  —  Le  but  que  l'on  se  propose  avec  le  cy- 
lindre à  pompe  aspirante  m'a  donné  l'idée  d'arriver  au 
même  résultat  en  m'appuyant,  non  sur  les  lois  de  la  méca- 
nique, mais  sur  les  lois  vitales,  et  j'ai  pensé  qu'il  était  quel- 
quefois préférable  d'augmenter  l'afflux  du  sang  dons  les 
corps  caverneux  et  le  gland  par  une  modification  patholo- 
gique des  tissus,  modification  qui  n'offre  aucun  inconvénient 
puisqu'on  est  toujours  maître  d'en  graduer  l'intensité.  A 
cet  effet,  je  fais  préparer  un  cataplasme  composé  de  farine 
de  graine  de  lin  et  de  farine  de  moutarde,  dans  des  propor- 
tions différentes  selon  l'action  que  Ton  veut  produire,  et  j'en 
enveloppe  toute  la  verge,  qui  reste  ainsi  dans  cette  espèce 
de  fourreau  plus  ou  moins  longtemps,  de  dix  minutes  à  un 
quart  d'heure  d'ordinaire. 


Si8  IMMJiaSAlfCI    IDIOPATIHHIS* 

Ce  muveii,  que  je  suis  étonné  de  n'avoir  vu  indiqué  nulle 
part  (1)«  m'a  rendu  parfois  de  signalés  services»  et  a  beu- 
reuHemeut  remplacé  Tiostrument  mécanique  dont  je  parlais 
ioutàrtieure. 

L'application  sur  la  verge  d'un  sinapisme,  même  adouci 
par  la  préi>ence  de  la  farine  de  graine  de  lin,  n'est  pas  tou- 
jours sans  douleur,  et  le  coït,  exercé  sous  l'empire  d*uu 
semblable  excitant,  pourrait  être  plutôt  un  supplice  qu  une 
volupté  ;  pour  calmer  cette  souffrance,  qui  quelquefois  ne 
se  fait  pas  sentir  ou  qui  est  passagère,  j'ordonne  de  prati- 
quer sur  le  pénis  des  lotions  a\ec  l'eau  fraîche,  et  cette 
simple  précaution  permet  souvent  au  malade  une  copulation 
sans  douleur. 

Le  cataplasme  sinapisé  est  un  mo)en  énergique,  et  qui, 
par  conséquent,  réclame  de  la  prudence  et  de  la  circonspec- 
tion. En  agissant  en  aveugle,  on  s'expose  au  pénitis  ou 
inflammation  de  la  \erge,  et  même  à  la  gangrène  de  c*et 
organe.  Il  faut,  en  rèj;le  générale,  enlever  le  cataplasme 
dès  que  le  malade  accuse  ce  qu'il  appelle  des  picotements  ; 
presque  toujours,  un  elTet  suflisant  est  alors  produit,  et  l'on 
ne  doit  faire  une  nou\elle  application  que  le  lendemain  ou 
même  plusieurs  jours  après  la  première.  Le  nombre  total 
de  ces  applications  ne  saurait  être  déterminé  à  l'avance, 
mais  il  sera  subordonné  aux  clfets  obienus  et  à  Tétat  d'irri- 
tation de  la  verge. 

Bien  évidemment  la  médication  générale  ne  ^e^a  point 
négligée,  et  Ton  \  apportera  d'autant  plu>de  soins  que  le 
malade  sera  moins  sensible  à  l'action  du  sinapisme. 

(IMl  esl  vrai  que  Gesner  et  Cbaptal  vantenl  la  moutarde  comme 
aphrodisiaque,  mais  ils  l'employaiefli  soos  forme  de  bains.  — Voyei 
l'article  Ibpoimance  du  DictkmMin  dn  $eience$  mrdrrci/et,  t.  XXIV, 
p.  «92. 


1MPU188ANCB  IDlOrATHIQUB  PAR  PlftVBftSlON  d'ÉNBKGIB.    219 


S  tM,  —  MipMNaaBBH  IdlopatU^se  par  pcrvcrslMi  d'éa«rfto. 

GîUe  espèce  d'impoissance  est  moins  rare  que  l'on  ne 
pense,  et  si  elle  n'a  pas  trouvé  place  dans  le  cadre  des  au- 
teurs qui  m'ont  précédé,  c'est  qu'elle  a  été  confondue  avec 
riropaissance  produite  par  la  crainte  ou  toute  autre  cause 
morale.  Cependant,  en  j  regardant  de  près,  on  ne  tarde 
pas  i  reconnaître  entre  elles  une  telle  différence,  que  l'on 
s'étonne  de  la  confusion  dans  laquelle  sont  tombés  les  noso- 
graphes. 

Sans  doute,  chez  quelques  individus,  un  premier  échec 
de  ce  genre  peut  en  amener  un  second,  mais  dans  ce  cas 
on  reconnaîtra  toujours  Tinfluence  du  moral  à  une  érection 
plus  faible  et  moins  franche  que  dans  les  circonstances  ordi- 
naires. 

L'impuissance  idiopathique  par  perversion  d'énergie 
est  une  de  celles  qui  affectent  le  plus  profondément  rânie 
du  malade,  parce  qu'au  sentiment  de  honte  qu'éprouvent 
tous  ces  infortunés,  se  joint  l'amère  déception  produite  par 
la  perte  de  douces  espérances  que  Térection  fait  concevoir  ; 
cette  déception  est  d'autant  plus  cruelle  que  l'individu  se 
sent  plein  de  force  et  de  virilité.  El  en  eiïet,  en  dehors  du 
coït,  des  érections  ont  lieu,  et  d'autant  plus  fréquentes  et 
énergiques  que  l'esprit  du  malade  est  constamment  fixé  sur 
l'état  de  ses  organes  sexuels,  et  que  les  évacuations  sperma- 
tiques  ne  sont  pas  en  rapport  avec  l'excitation  qui  emplit 
constamment  les  vésicules  séminales  ;  de  plus,  des  pollu- 
tions nocturnes  avec  érection  et  plaisir,  amenées  par  des 
rêves  lascifs,  sont  pour  l'infortuné  une  preuve  de  sa  puis- 
sance, si  déjà,  par  la  masturbation,  il  ne  s'est  convaincu  de 
l'intégrité  de  ses  organes. 


230  IMPOIStSAKCE    IDtOPATHiVOI* 

Il  y  0  divers  degrés  dans  cet  état  bizarre  :  tanlAt  l'érec- 
tion est  complètement  rebelle  à  ses  excitants  naturels  ;  tantôt 
après  s*étre  produite  plus  ou  moins  parfaitement,  elle  tombe 
à  la  porte  même  du  sanctuaire  féminin,  après  quelques 
instants  è  peine  de  durée  ;  tantôt,  au  contraire,  elle  se  sou-* 
tient  asseï  longtemps  dans  le  vagin  même,  et  disj-aralt» 
comme  chez  ces  présomptueux  qui  veulent  montrer  coup 
sur  coup  une  vigueur  qu'ils  n*ont  pas,  au  moment  même  où 
ils  croient  toucher  au  but;  dans  tous  les  cas,  l'éjaculation 
n*a  pas  lieu,  et  Thomme  est  frustré  du  plaisir  qu'il  se  pro- 
mettait. Un  malade  h  qui  j'ai  donné  des  soins,  pour  ne  pas 
perdre  le  fruit  de  son  érection,  et  peut-être  plus  encore 
pour  sauvegarder  son  honneur,  m'avoua  que  sous  prétexte 
d'attouchements  préparatoires  au  coït,  if  se  faisait  mas- 
turber par  sa  maîtresse,  et  obtenait  ainsi  une  éjacutation 
impossible  penJant  raccoii|)iemcnt,  et  qui  le  dispensait 
honorablement  d'un  acte  qu'il  se  savait  inhabile  h  ac- 
complir. 

Cette  aberration  étrange  du  sens  génital,  à  laquelle  il 
est  quelquefois  dirticile  d'assigner  une  cause,  a  son  siège 
tantôt  dans  le  consensus  moral,  tantôt  dans  l'appareil  gé- 
nital lui-même,  et  tantôt  dans  Tun  et  Tautre  h  la  fois. 

C'est  que  dans  l'état  physiologique,  la  fonction  génitale 
ne  s'accomplit  qu'à  la  condition  de  la  mise  en  jeu  de  l'etri- 
tabilité  morale  qui  d'abord  donne  naissance  aux  désirs 
vénériens,  produit  ensuite  l'érection  de  la  verge,  première 
manifestation  de  l'excitabilité  physique,  la  soutient,  est 
accrue  par  elle,  et  concourt  pour  une  bonne  part  h  amener 
l'éjaculation.  Il  se  passe  donc  un  mouvement  réflexe  entre 
l'excitabilité  morale  et  l'excitabilité  physique,  dont  le  point 
de  départ  est  dans  la  première ,  sollicitée  normalement 
par  des  impressions  ou  des  pensées  relatives  h  l'autre  sexe. 


IMPtL^ANCE  lOIOPATHlQUE  PAR  PERVERSION  d'ÊNERCIE.    221 

Telles  sont  les  condilions  d*c\nlabilrié  pour  Texcrcice 
du  coït  physiologique. 

Mais  ces  condilions  peuvent  èlrc  altérées,  non  par  Tab- 
sence  de  Texcitabililé  ou  morale  ou  physique,  ce  qui 
constitue  une  forme  d'impuissance  que  j'ai  déjà  examinée, 
mais  par  la  vicieuse  direction  de  cette  même  excitabilité;  en 
d'autres  termes,  le  consensiLS  ou  le  sens  génital  peuvent 
simultanément,  ou  chacun  de  son  côté,  se  montrer  rebelles  o 
leurs  excitants  naturels  et  ne  répondre  qu'à  des  sollicitations 
anormales. 

C'est  ce  que  j'appelle  l'impuis^sancc  par  perversion. 

Cette  perversion  est  complète  ou  incomplète. 

Dans  le  premier  cas,  l'excitabilité  morale,  et,  par  une 
conséquence  fatale,  rexcilabilité  physique,  restent  sourdes 
a  tout  ce  qui  les  éveille  et  les  surexcite  dans  Tétai  physio- 
logique. 

La  perversion  est  incomplète  lorsqu'après  un  commen- 
cement d'excitation  interne  et  d'érection,  celles-ci  ne  se 
peuvent  soutenir  malgré  la  persistance  de  l'action  exci- 
tatrice, et  s'aiïaissent  avant  l'entière  consommation  de 
l'acte. 

Je  dois  examiner  h  part  chacune  de  ces  deux  formes  de 
l'impuissance  qui  m'occupe  ici. 

Pbrvbrsior  complète.  —  Si  la  médecine  n'était  pas  une 
science  d'observation,  et  si  elle  re|)Osail  exclusivement  sur 
des  idées  spéculatives,  on  devrait  admettre,  comme  pouvant 
exister  séparément  et  d'une  manière  distincte,  une  perver- 
sion complète  de  l'excitabilité  morale  et  une  perversion 
complète  de  l'excitabilité  physique;  car  d'un  cdté  nous 
voyons,  sous  l'empire  d*un  amour  violent,  les  organes  ne 
pas  répondre  h  l'ardeur  des  désirs,  et  d'autre  part  la  verge 
entrer  en  érection  pendant  la  nuit  et  le  sommeil,  sans  rêves 


33S  tMMIIUAN€E    lHlOPAniQini. 

lascifs,  par  la  seule  influence  de  la  chaleur  du  lit,  de  la  posi- 
tion, de  la  plénitude  de  la  vessie,  etc. 

Sans  doute,  l'excitabilité  morale  et  l'eicitabilité  physique 
peuvent  ne  pas  toujours  marcher  d'accord  dans  certaines 
circonstances  pathologiques  ou  irrégulières  de  Tune  d'elles, 
comme  dans  les  exemples  que  je  viens  de  citer;  mais  dans 
le  type  normal  de  l'excitation,  la  perversion  de  l'excitabilité 
morale  entraîne  toujours  Tinertie  des  organes  pour  le  coït, 
et  la  perversion  de  l'excitabilité  physique  ne  peut  se  pro* 
duirc  avec  Tinlégrité  de  l'excitabilité  morale. 

J'explique  ma  pensée  par  un  exemple. 

Voici  deux  hommes:  l'un  éprouve  la  plus  profonde  indif- 
férence, je  dirai  même  de  l'aversion  pour  le  sexe  ;  l'autre, 
au  contraire,  sent  les  désirs  vénériens  s*éveiller  sous  l'em* 
pire  des  excitants  naturels,  la  vue,  les  attouchements  d'une 
femme,  l'espérance  ou  le  souvenir  des  \olii|)lés,  etc.,  etc. 
Qu'arrivera-t-il  chez  ces  deux  hommes  dont  Icxcilabililé 
morale  est  per\ertie  dans  l'un  et  normale  dons  l'autre  ?  Le 
premier,  soyez-en  convaincu,  ne  pourra,  quoi  qu'il  fasse, 
éveiller,  par  les  moyens  naturels,  Texcitabilité  physique; 
la  perversion  de  son  excitabilité  morale  le  frappe  d'impuis- 
sance auprès  de  la  femme;  l*  second,  au  contraire,  s*il  n'a 
pas  d'autre  cause  d'anaphrodisie,  ne  rencontrera  pas  des 
organes  rebelles  è  ses  désirs,  parce  que,  je  le  répète,  la 
perversion  de  l'excitabilité  physique  est  entièrement  sous 
la  dépendance  de  la  perversion  de  l'excitabilité  morale. 

La  masturbation,  l'amour  contrarié,  l'attention  trop 
vivement  préoccupée,  les  excès  de  travaux  intellectuels,  le 
genre  même  de  ceux-ci,  sont  les  causes  les  plus  ordinaires 
de  cet  état  bizarre.  Âlibert  rapporte  un  fait  excessivement 
curieux  de  cette  espèce,  et  je  le  dois  reproduire  ici  pour 
montrer  tout  à  la  fois  l'étrangeté  de  la  cause  qui  lui  donna 


niPniUANCI  IDIOFATBIQDS  PAR  PBITSUIOR  D'ËNSaGIB.    33ft 

mittance  et  l'entretenait,  et  la  facilité  a*ec  laquelle  la  mé- 
decine parvint  i  triompher  de  cette  aberration  morale. 

•«  Un  jeune  homme,  dit  Alibert,  élevé  dan>  une  pension, 
contracta  dans  son  enEince  Thabiluile  de  l'onanisme.  Le 
livre  que  Tiasot  a  écrit  sur  ce  sujet  ayant  été  mis  entre  s«s 
mains  l'effraya  sans  le  corriger  entièrement.  Cette  lecture 
le  porta  néanmoins  à  plus  de  modération,  et  il  iie  se  livra 
à  la  triste  volupté  de  la  masturbation  qu'à  de  longs  înter- 
Tilles  et  lorsqu'il  y  était  excité  par  des  désirs  très  violents. 
Cette  attention  fit  que  son  tempérament  n'en  fut  point  du 
tout  altéré;  il  demeura  robuste,  et  ses  facultés  morales 
coniervàrent  toute  leur  énergie.  Mais  ralfreuse  habitude 
qu'il  avait  contractée  empêcha  de  se  développer  en  lui  le 
moindre  germe  du  penchant  qui  attire  un  sexe  vers  l'autre. 
11  était  parvenu  a  trente  ans,  et  ses  sens  n'avaient  jamais 
été  émus  par  la  vue  d'une  femme;  ils  n'étaient  vivement 
provoqué)  que  par  de  vaines  images  ou  des  fantémes  que 
lui  créait  son  imagination  déréglée.  Il  avait  tie  bonne  heure 
étudié  le  dessin,  et  il  s'en  était  toujoursoccupé  avec  ardeur. 
La  beauté  des  formes  de  l'homme,  dans  ce  beau  idéal  des 
peiotres,  que  la  nature  n'a  jamais  réalisé,  le  frappa  et  finit 
par  lui  inspirer  une  émotion  eitruord inaire,  une  [lassion 
vague  et  bizarre,  dont  il  disait  lui-même  ne  pouvoir  se 
rendre  compte  et  sur  laquelle  il  répugnait  à  s'appesantir. 
Il  est  nécessaire,  néanmoins,  d'avertir  que  cette  passion 
n'avait  aucun  rapport  avec  les  goûts  des  sodomistes,  et 
qn'elle  ne  ponvnit  être  provoquée  par  l'aspect  d'aucun 
homme  vivant.  Telle  était  la  situation  aussi  étrange  qu'ac- 
cablante dans,  laquelle  se  trouvait  cet  individu,  lorsqu'il 
réclama  mes  conseils.  Il  n'offrait  alors,  je  le  répète,  à  l'es- 
lériear  aucun  symptâme  physique  d'impuissance.  Il  était 
HÎa  «t  bien  coosUtué,  et  n'avait  point  été,  h  cet  égarit. 


ââA  IIIPUISSAKCB    IDIOFAlHI^Ue. 

maUrnité  par  la  nature  ;  mais  il  avait  tellement  interverti 
Tubage  de  ses  dons,  qu'il  ne  connaissait  plus  les  moyens  de 
les  ramener  a  leur  véritable  but.  lie  malade,  d*aillcurs, 
connaissait  e(  sentait  vivement  son  élat  :  «  Il  n*est  aucun 
»  eiïort,  m'écrivait-il,  que  je  ne  fusse  prêt  à  faire  pour  sortir 
9  de  mon  i<;nominieuse  situation,  pour  arracher  de  ma  pen- 
»  sée  les  infâmes  images  qui  viennent  l'assaillir  malgré  moi; 
»  elles  m'ont  privé  jusqu'ici  des  jouissances  légitimes  que 
•  procure  l'union  des  deux  sexes,  et  de  la  faculté  dont 
»  jouissent  les  plus  vils  animaux,  de  reproduire  leur  espèce. 
»  Je  me  meurs  de  chagrin  et  de  honte.  » 

uPour  ce  qui  me  concerne,  poursuit  Alibert,  je  ne  vis 
dans  cette  maladie  qu'une  perversion  de  l'appétit  vénérien, 
et  je  pensai  que  l'indication  la  plus  urgente  était  de  replacer 
dans  son  vrai  Ijpc  la  nature  dérayée.  En  cfTi't,  l'individu 
était  très  robuste  a  l'époque  où  il  me  consultait.  Depuis 
longtemps  il  no  s'était  livré  qu'avec  une  extrême  réser\c 
aux  plaisirs  solitaires^  surtout  depuis  la  lecture  de  l'ona- 
nisme de  Tissot;  d'ailleurs,  comme  je  l'ai  déjà  dit,  la  beauté 
des  formes  idéales  de  l'homme  excitait  en  lui  dos  sensations 
voluptueuses  a  l'approche  desquelles  les  organes  de  la  géné- 
ration s'érigeaient  et  éjaculaient,ce  qui  devait  faire  présumer 
un  état  réel  d'énergie  dans  les  forces  radicales  de  son  éco- 
nomie. Il  n'y  avait  donc  ni  destruction,  ni  altération  essen- 
tielle dans  la  sensibilité  physique,  mais  plutôt  fausse  direc- 
tion de  cette  faculté  de  l'organisme  :  voici  en  conséquence 
le  traitement  que  je  proposai.  J'ai  déjà  dit  que  l'individu 
dont  il  s'agit  aimait  passionnément  le  dessin,  et  qu'il  s'ap- 
pliquait à  ce  genre  d'occupation  avec  cette  ardeur  dévorante 
qui  distingue  les  grands  peintres  et  qui  e»i  le  plus  sûr  ga- 
rant du  succès  ;  j  exigeai  de  lui  qu'il  fit  une  étude  appro- 
fondie des  formes  du  sexe  féminin  pour  les  reproduire  par 


mPOISSANCB  IDIOFATHIQl  E  PAR  PERVEDSION  D*ÉNERG1E.    225 

son  talent.  K  lui  en  coûta  sans  doute  pour  rompre  la  chaîne 
de  SCS  habitudes,  et  de  renoncer  h  l'Apollon  du  BcIvéJer 
pour  la  Vénus  de  Médicis.  Mais  peu  è  peu  la  nature,  plus 
forte  que  tous  les  penchants  factices,  reprit  ses  droits.  Dès 
qu'il  fut  parvenue  préférer  des. bras  faibles,  mais  gracieux, 
à  des  bras  musculeux  et  redoutables ,  dès  qu'il  se  plut  h 
contempler  l'élégance  des  formes  et  la  mollesse  des  contours, 
olors  sa  guérison  commença  h  s'opérer.  Après  s'être  fait  un 
modèle  imaginaire,  il  le  chercha  dans  le  monde  physique. 
II  fallut  du  temps,  de  la  persévérance  ;  mais  il  se  rétablit 
entièrement  (1).  » 

L'exemple  que  je  viens  de  rapporter,  d'après  Alibert,  est 
sans  contredit  un  des  plus  remarquables  que  je  connaisse  en 
ce  genre;  il  me  dispense  de  tout  développement  et  prouve 
que  le  traitement  de  l'impuissance  par  perversion  complète 
du  génésique  doit  être  surtout  un  traitement  moral,  car,  je 
le  répète,  l'excitabilité  physique  n'est  jamais  malade  dans 
ce  cas,  ou  du  moins  elle  n'est  pervertie  quc^econdairement 
a  la  perversion  de  l'excitabilité  morale. 

Mais  il  n'en  est  pas  de  même  dans  la  perversion  incom'- 
plète  que  je  vais  maintenant  examiner. 

Perversion  incomplète.  —  Dans  cette  espèce  d'impuis- 
sance, il  se  produit  toujours  un  commencement  d'excitation 
physique  et  d'érection  qui  ne  se  soutiennent  pas  jusqu'à 
rentier  accomplissement  du  coït,  c'est-à-dire  jusqu'il  Téja- 
culation. 

Les  motifs  de  cet  état  appartiennent  tantôt  au  domaine 
du  moral  et  lanldtrau  domaine  du  physique. 

Dans  le  premier  cas,  l'excitation  interne  se  produit, 
comme  a  l'ordinaire,  sous  l'influence  de  ses  causes  physio- 

(I)  Nouveaux  élémenls  de  thérapeutique  et  de  matière  médicale ^ 

i"  édil.,  t.  II,  p.  556  et  suiv. 

45 


23fe6  iMPCisiAxcf  iMorATiigirau 

logiques,  mais  s'aiïaisise  bientôt,  malgré  la  penislaoce  de 
raclion  de  la  cause  elle-même,  et  alors,  si  l'imagioatioo  o*a 
pas  assez  d'empire  pour  tenir  au  secours  des  excitants  doat 
rîofluence  est  émoussée,  l'appétit  vénérien  s'apaise,  et  ai<« 
lui  disparait  l'érection  qu'il  avait  un  instant  produite. 

Le  pouvoir  de  l'imagination  es^t  si  réel  dans  les  cas  •■ 
les  agents  directs  de  l'excitabilité  morale  ont  perdu  leur 
empire,  que  beaucoup  d'hommes  ne  peuvent  achever  un  ooit 
commencé  qu'en  se  transportant  par  la  pensée  auprès  d'oae 
autre  personne ,  et  qu'en  transformant  les  formes  de  la 
femme  qu'ils  tiennent  dans  leurs  bras  m  des  charmes  ima- 
ginaires ou  entrevus  dans  un  songe. 

Aussi  faut-il  tenir  compte  de  cette  double  circonstance  : 
faiblesse  de  l'excitabilité  morale  et  allourdissement  de  Tima- 
ginalioii  erotique,  si  j(*  puis  ain>i  dire. 

La  cau>e  la  plus  commune  de  cet  état  est,  sans  contredit, 
l'applicaliori  exclusive  et  trop  longtemps  soutenue  d'une 
faculté  de  Te^prit;  on  dirait  que  toute  Texcitation  se 
porte  bur  cette  faculté,  à  l'exclusion  des  autres  ;  ainsi  les 
savuntM,  les  poêles,  les  grands  artistes,  dont  toute  l'activité 
cérébialc  se  concentre  sur  un  objet,  sont  nécessairement 
disposés  à  cette  espèce  d'impuissance  ;  les  sentiments  de 
l'ànu*,  quelle  (ju'en  soit  la  nature,  trop  vivement  tendus  vers 
un  |)oint,  peuvent  également  absorber  a  leur  proKt  une 
partie  de  l'excitation  génésiaque.  J'ai  vu  un  malade  qui, 
pendant  plus  de  six  mois,  ne  put  accomplir  le  coït,  malgré 
des  érections  et  des  pollutions  nocturnes  fréquentes,  parce 
qu'il  était  dominé  par  le  chagrin  que  lui  causait  la  perte 
d'un  enfant  chéri. 

J'eiposerai  plus  longuement,  dans  une  autre  partie  de 

cal  ouvrage,  l'inlluence  de  l'âme  sur  le  génésiquc  ;  mais  j'ai 

É  ki  indiquer,  au  moins  en  passant,  son  action ,  afin  que  l'on 


IIIPDI88AIICB  iDIOPATfilQUfi  PAR  PBKVBESION  d'éNERGIE.    227 

en  tieooe  compte  dans  le  diagnostic  et  la  ihéra])eulique  de 
rimpuîssance  qui  m'occupe  en  ce  moment. 

Un  symptôme  très  important  à  noter,  et  qui  constitue  le 
aeul  signe  diiïérentiel  de  la  perversion  de  Texcitabilité  fn<h 
raie  et  de  la  perversion  de  Texcitabilité  physique  dont  je 
tais  parler,  c'est  que,  dans  le  premier  cas,  la  chute  de 
l'érection  peut  se  produire  pendant  la  masturbation,  tandis 
que  dans  le  second,  elle  n'ajamais  lieu  qu'à  l'occasion  du  coït. 

Je  reviendrai  tout  à  l'heure  sur  ce  phénomène  intéressant, 
dont  l'explication  ne  saurait  être  comprise  qu^après  quelques 
considérations  sur  les  causes  prédisposantes  de  la  perversion 
de  l'excitabilité  physique,  dont  je  vais  de  suite  m'occuper. 

Le  tempérament  lymphatique  et  la  prédominance  du  tissu 
adipeux  sont  une  prédisposition  h  cette  espèce  d'impuis- 
sance; de  plus,  une  sécrétion  abondante  de  mucosité  ches 
la  femme  pendant  le  coït  est  une  circonstance  qui  favorise 
aussi  la  manifestation  de  ce  phénomène  morbide  ;  une  dis- 
position contraire,  c'est-à-dire  la  sécheresse  extrême  de  la 
muqueuse  vaginale  peut  également  la  produire,  ainsi  que 
cela  est  arrivé  plusieurs  fois  à  un  confrère  qui  me  Ta  confié* 
Mais  dans  la  majorité  des  cas,  la  verge  s'aiïaisse  au  milieu 
du  liquide  qui  remplit  le  vagin  et  qui  s'en  échappe,  et  qui 
exerce  sur  elle  une  action  débilitante  analogue  à  celle  d'un 
bain  d*eau  chaude. 

Cependant  cette  circonstance,  quoique  essentiellement 
propre  à  déterminer  l'impuissance  dont  je  parle,  n'est  pas 
une  condition  indispensable  à  sa  production  ;  sous  ce  rap- 
port,  il  est  difficile  de  fournir  une  donnée  certaine  ;  mais  il 
est  des  dispositions  de  tempérament  et  de  constitution, 
comme  je  le  disais  plus  haut,  dont  il  faut  tenir  compte,  ainsi 
que  de  certains  états  morbides,  tels  que  le  varicocèle,  par 
exemple. 


228  IMPUISSAKCE    IDiOFATHIQUg. 

Assez  généralement»  même  dans  Tétai  complet  de  santé, 
la  verge  en  érection,  chez  les  individus  lymphatiques  on 
chargés  d'embonpoint,  n*a  pas  cette  roideur  qui,  chez  les 
personnes  nerveuses  ou  sanguines,  la  fait  comparer  k  une 
barre  de  fer;  elle  a  je  ne  sais  quoi  de  flasque  qui  s'harmo- 
nise avec  la  mollesse  des  autres  tissus ,  et  qui  dénote  le 
calme  et  la  lenteur  des  désirs  vénériens  qui  caractérisent  ce 
tempérament. 

D'un  autre  côté,  et  comme  nouvelle  conséquence  do 
peu  d'énergie  virile,  l'érection  est  lente  k  se  produire,  et 
pour  la  déterminer,  il  faut  des  attouchements  prolongés 
et  de  toutes  sortes. 

On  comprend  sans  peine  que  si  de  semblables  prédispo- 
sitions sont  un  peu  exagérées,  une  érection  obtenue  avec 
tant  d'artifices  ne  se  soutienne  pas  et  cède  facilement  à  la 
moindre  fatigue  et  h  la  plus  petite  cause  débilitante. 

C'est  ce  qui  arrive  en  eflet. 

Soit  que  le  système  nerveux  ait  été  surexcité  au  delà  des 
limites  imposées  par  une  constitution  phlegmatique,  soit,  au 
contraire,  que  cette  excitation  n'ait  pu  atteindre  une  énergie 
suffisante,  toujours  est-il  que  l'influx  nerveux  cesse  bientôt 
d'animer  la  verge,  par  suite  de  la  lassitude  qu'occasionnent 
les  eflbrts  tentés  pour  amener  la  turgescence  du  membre, 
et  que  le  sang,  n'étant  plus  retenu  dans  les  corps  caverneux, 
rentre  dans  la  circulation  générale  ;  et  cela  est  si  vrai  que 
l'érection  se  soutient  tant  que  les  mêmes  moyens  d'excita* 
tion  continuent  à  agir,  et  qu'elle  tombe,  au  contraire,  pen- 
dant la  suspension  ou  le  changement  des  excitants;  c'est  ce 
qui  explique  pourquoi,  dans  l'onanisme,  où  le  mode  d'exci- 
tation est  continu,  Térection  du  pénis  ne-disparatt  d'ordi- 
naire qu'après  l'éjaculalion  du  sperme,  tandis  que,  dans  le 
rapprochement  des  sexes,  la  turgescence  de  la  verge  s'af- 


IMPUISSANCE  IDIOPATUIQIË  PAR  PERVERSION  d'ÉNERGIE.    229 

faisse  eo  passant  de  l'excitation  des  attouchements  ou  des 
manœuvres  lascives  à  l'excitation  vaginale. 

On  doit  maintenant  comprendre  le  symptdme  difTérentiel 
que  j'établissais  plus  haut  entre  l'impuissance  produite  par 
la  perversion  de  l'excitabilité  morale  et  l'impuissance  ame- 
née par  la  perversion  de  l'excitabilité  physique ^  à  savoir  : 
que,  dans  le  premier  cas,  la  chute  de  l'érection  peut  arriver 
entre  les  doigts  du  masturbateur,  tandis  que  dans  le  second 
elle  n'a  jamais  lieu  qu'à  l'occasion  du  coït. 

Comme  on  le  voit,  ce  signe  est  très  important  à  noter,  et 
bien  souvent  il  a  lui  seul  éclairé  mon  diagnostic.  Je  me  rap- 
pelle un  jeune  malade  dont  le  succès  dans  l'onanisme  faisait 
le  supplice,  car,  me  disait-il,  si  j'étais  complètement  impuis- 
sant et  incurable,  j'en  prendrais  mon  parti  et  me  créerais 
des  compensations  ;  mais  loin  de  là,  j'entre  en  érection, 
j'éjacule  dans  le  silence  de  la  masturbation,  et  ne  suis  privé 
que  de  la  volupté  du  coït,  que  les  plaisirs  solitaires  me 
font  encore  plus  vivement  désirer. 

Qu'elle  soit  produite  par  la  perversion  de  l'excitabilité 
morale,  ou  qu'elle  soit  le  résultat  de  la  perversion  de  l'exci- 
tabilité phjsique,  l'impuissance  qui  fait  le  sujet  de  ce  para- 
graphe est  rarement  au-dessus  des  ressources  de  l'art,  et,  si 
très  souvent  elle  n'était  pas  compliquée  et  entretenue  par 
un  sentiment  de  crainte,  par  l'appréhension  d*un  échec,  elle 
n'opposerait  pas,  surtout  l'impuissance  par  perversion  de 
l'excitabilité  physique,  de  grands  obstacles  à  la  thérapeutique* 

Il  faut  donc,  avant  toute  chose,  rassurer  le  moral  du 
malade;  ici  le  râle  du  médecin  est  facile  à  remplir  :  on 
s'attachera  à  convaincre  l'infortuné  qu'il  n'est  point  atteint 
d'impuissance,  et  on  lui  en  fournira  la  preuve  en  lui  rappe- 
lant les  érections  dont  il  est  capable  et  l'éjaculation  qu'il 
produit  par  l'onanisme.  L'impuissant,  lui  dira-t-on,  et  c'est 


9S0  muissANcs  idiopathiqui. 

Ift  te  symptAme  radical  de  sa  maladie,  est  inhabile  à  Térec- 
lion  et  h  rémission  voluptueuse  du  sperme;  si  l'érection 
se  produit,  n*importe  dans  quelle  circonstance,  si  i'éjacula- 
tion  séminale  la  suit,  n'importe  par  quel  procédé,  Pimpuis- 
sance  n'existe  pas;  il  peut  y  avoir  des  défaillances,  des 
erreurs  de  la  force  virile,  mais  ces  erreurs  et  ces  défaillances 
sont  loin  d*ètre  l'anéantissement  et  la  mort  de  cette  force. 

Ce  thème,  adroitement  développé,  produit  presque  con- 
stamment un  grand  oiïct  sur  l'esprit  du  malade  ;  il  est  è  la 
portée  des  intelligences  les  moins  cultivées  et  leur  semble 
toujours  d'une  logique  irréprochable. 

Mais  lorsque  ce  raisonnement  n'a  pas  amené  la  convic- 
tion que  je  poursuis,  je  recours  à  un  artiGce  qui  manque 
rarement  son  but  :  je  détermine  une  excitation  génitale  pas- 
sagère, mais  assez  énergique  cependant  pour  permettre  le 
coït,  et  je  re\iens  alors,  avec  beaucoup  plus  de  chances  de 
succès,  au  raisonnement  de  tout  à  Theure,  c'est-è-dire  à  la 
comparaison  des  erreurs  de  la  force  virile  et  de  l'impuissance 
absolue. 

l*e  phosphore  et  les  cantharides  sont  ordinairement  les 
agents  dont  je  me  sers  pour  produire  l'excitation  passagère 
dont  j'ai  besoin  ;  je  dis  ordinairement^  parce  qu'il  est  des 
circonstances  où  ces  deux  substances  sont  essentiellement 
nuisibles.  Dans  ces  cas,  il  faut  régler  ses  prescriptions,  soit 
sur  l'état  général,  soit  sur  l'état  local  des  organes;  mais, 
lorsque  rien  n'en  contre-indiqne  l'emploi,  j'ordonne  au  ma- 
lade la  potion  suivante,  dont  il  prend  une  cuillerée  h  bouche 
d'heure  en  heure,  trois  ou  quatre  heures  avant  le  coït. 

Élher  phosphore 450  centigr. 

Teinture  de  cantharides 15  goutt. 

Teinture  de  vanilla 30     — 

Teinture  de  coccinelle 50     -  * 


IMPUISSANCE  IDIOPATHIQUB  PAR  PBRTBB8I0N  d'ÂNERGIE.    23i 

Extrait  de  noix  vomîqae 0J5  centigr. 

Sîrop  «impie q.  8. 

Eaa  distillée 325  grain. 

Et  une  heure  avant  le  coït,  je  fais  pratiquer  des  frictions  sur 
le  périnée  et  à  la  base  de  la  verge  avec  la  préparation  sui- 
vante : 

Teinture  de  myrrhe 6  gram. 

Teintare  de  cantharides 8    — 

Éther  phosphore 4    — 

«        Huile  volatile  de  sabine \ 

Halle  volatile  de  roe [aa.  4  goutt. 

Haile  volatile  de  romarin J 

Ban  ynlDéraire 30  gram. 

Ces  deux  préparations,  qui  m'ont  rendu  de  très  grands 
services  toutes  les  fois  qu'il  s'est  agi  de  déterminer  une 
érection  passagère  (et  les  circonstances  qui  réclament  cette 
indication  ne  se  bornent  pas  au  cas  dont  il  s'agit  ici,  comme 
on  le  verra  dans  la  suite  de  cet  ouvrage),  ces  deux  prépara- 
tions, dis-je,  peuvent  et  doivent  être  modifiées  selon  une 
foule  de  particularités  individuelles  qu'il  est  impossible  de 
rapporter,  et  dont  le  médecin  est  seul  juge. 

D'ailleurs,  que  Ton  se  borne  h  faire  appel  h  la  raison  du 
malade,  ou  que  l'on  ait  recours  à  l'artifice  de  l'érection 
passagère,  peu  importe;  la  chose  capitale  est  d'agir  sur  le 
moral  de  l'infortuné,  et  d'éloigner  de  son  ème  tout  senti* 
ment  de  crainte,  toute  appréhension  de  ne  pas  réussir. 

Ce  premier  but  étant  atteint,  la  médication  de  l'impois* 
sauce  sera  différente,  selon  que  celle-ci  aura  son  principe 
dans  le  moral  ou  son  siège  dans  les  organes  génitaux. 

Sous  le  premier  point  de  vue,  il  sera  important  de  recon^ 
naître  si  l'eicitation  génésiaque  est  détournée  au  profit 


4'3fl«?  comité  <ri  d'un  ftentimeot  asIie»  que  la  iêcullc  gêné- 
fâqce.  OQ  fî  r  masÎBalioo  érotk|oe,  comme  je  le  disais  plus 
biut.  ea  laD::iii«MDte  el  alloordie. 

Dans  le  premier  cas,  oo  s'attachera  à  rétablir  l'équilibre 
dVt:oD  eotre  les  facoltés  iolellectaellcs  et  morales  ;  on 
arrachera  le  saiant  à  ses  méditations,  le  poète  a  ses  rè%es, 
rarlt<te  à  ses  idéalités;  on  éloignera  du  cœur  les  joies  trop 
eiclusiîes  ou  les  douleurs  trop  poignantes. 

Ces  résultats  ne  sont  pas  faciles  i  atteindre;  on  a  souvent 
k  lutter  contre  la  volonté  des  malades,  contre  leurs  habi- 
tudes, contre  leurs  goûts,  contre  les  nécessités  de  leur 
position,  etc.,  etc.;  ce  sont  là  des  obstacles  qu'il  n'est 
pas  toujours  donné  de  vaincre,  et  dont  la  présence,  en  per- 
pétuant la  cause  du  mal,  est  à  coup  sAr  un  empêchement 
presque  absolu  i  toute  bonne  thérapeutique. 

C'est  h  la  raison  du  malade  que  le  médecin  devra  surtout 
s'adresser;  il  déroulera  devant  lui  le  tableau  des  influences 
réciproques  de  la  faculté  copulatrice  et  des  facultés  intel- 
lectuelles et  morales,  et,  pour  aider  l'infortuné  a  résister 
i  ses  hobitudes,  à  ses  goûts  ou  à  ses  sentiments,  il  lui 
prescrira  des  distractions  de  toutes  sortes  :  les  voyages,  les 
spectacles,  les  bals,  les  concerts,  des  travaux  manuels  ou 
des  occupations  intellectuelles  différents  de  ses  travaux  et 
de  ses  occupations  ordinaires. 

Souvent  ces  indications  purement  morales  suffisent  au 

Jrailement  ;  mais  quelquefois  la  médication  exige  davantage 

dhNt  porter  sur  l'organe  ^ocitateur  même  de  la  faculté 

iiqoe» 

ovfaoe,  malgré  quelques  dénégations  que  j'aurai 

I  d'eiamioer  plus  loin,  est  bien  réellement  le  cer- 

ir  lui  qu'il  est  nécessaire  d'agir. 

dinaires,  c'est-à-dire  quand  il  n'est  pas 


IMPUISSAKCE  IDIOPATUli>tJE  PAR  PËHVER810N  d'ÉKBRGIE.    2ââ 

nécessaire  de  produire  un  eiïet  énergique  et  rapide,  on  peut 
se  contenter  de  lotions  d'eau  froide  sur  Tocciput,  répétées 
deux  ou  trois  fois  par  jour;  Teau  froide  pourra  être  rem* 
placée  avec  quelque  avantage  par  une  décoction  de  plantes 
aromatiques  ;  je  me  sers  communément  de  thym,  de  roma- 
fin,  de  sauge  et  de  fenouil,  que  je  fais  bouillir  ensemble  et 
dont  je  laisse  lentement  refroidir  le  produit  en  macération. 
.  Si  ces  moyens,  continués  pendant  quelque  temps,  n'amè- 
nent aucun  résultat,  je  fais  administrer,  d'abord  tous  les 
deux  jours,  puis  chaque  jour,  trois  ou  quatre  douches,  soit 
de  vapeurs  aromatiques,  soit  d'air  chaud,  sur  la  partie  pos- 
térieure et  inférieure  du  crâne. 

Enfin  si  l'impuissance  persiste,  j'applique  à  la  nuque  un 
large  vésicatoire  sur  lequel  je  dépose  chaque  jour  quelques 
milligrammes  de  strychnine  ou  de  brucine. 

Habituellement,  il  ne  faut  pas  prolonger  trop  longtemps 
cette  dernière  médication;  après  cinq  ou  six  jours  de  son 
emploi,  on  ferme  le  vésicatoire,  sauf  à  y  revenir  plus  tard» 
et  l'on  reprend  soit  les  lotious  froides  ou  aromatisées ,  soit 
les  douches. 

Il  est  quelquefois  nécessaire  de  persévérer  quelque  temps 
dans  l'usage  alternatif  de  ces  moyens,  surtout  si  l'impuis- 
sance tient  i  la  faiblesse  du  consensus,  c'est-à-dire  au  peu 
d'énergie  de  la  faculté  génésiaque. 

Si  ce  sont  les  organes  génitaux  qui  sont  indociles  à  l'exci- 
tation vénérienne,  en  d'autres  termes,  si  l'impuissance  dont 
je  m'occupe  a  sa  source  dans  la  perversion  de  l'excitabilité 
physique,  la  médication  doit  exclusivement  porter  sur 
l'appareil  génital  lui-même. 

Cette  médication  a  deux  faces,  si  je  puis  ainsi  dire  :  l'une 
hygiénique  ou  prophylactique,  et  l'autre  réellement  active. 

Jja  médication  prophylactique,  en  dehors  du  régime 


33&  IHPOIMANCi    IDIOPATHIQUI. 

toni(|ue  approprié,  est  très  simple  :  elle  consiste  à  faire 
prntiquer  sur  les  parties  inrérieures  du  tronc,  et  deux  fois 
par  jour,  des  lavages  froids  è  grande  eau,  soit  simple,  soit 
addrtioiinéode  quelques  gouttes  d'acétate  de  plomb  (extrait  de 
Saturne),  soit  aromatisée  avec  Teau  de  Cologne  ou  tout  autre 
liquide  odorant.  Je  me  suis  toujours  loué  de  cette  pratique, 
et  je  le  déclare  ici  d'une  manière  générale  et  comme  axiome 
hygiénique  du  sujet  qui  m'occupe,  l'habitude  de  pratiquer, 
chaque  matin  en  se  levant,  des  lotions  froides  sur  les  organes 
génitaux  et  le  périnée,  est  un  excellent  moyen,  noD*seule- 
ment  de  prolonger  l'existence  de  la  facalté  géoératrice, 
mais  encore  de  prévenir  ses  défaillances  et  la  mollesse  des 
érections. 

La  thérapeutique  active  doit  être  ordonnée  en  vue  d'un 
coït  prochain  :  une  ou  deux  heures  avant  l'acte,  on  prescrira 
au  malade  une  Triction  de  dix  minutes  au  moins  sur  le  pé- 
rinée et  il  la  base  de  la  verge  avec  une  préparation  exci- 
tante, semblable  à  celle  dont  j'ai  tout  k  l'heure  donné  la 
formule  ;  puis,  comme  excitant  génésique,  sans  parler  des 
baisers  et  des  attouchements  lascifs,  on  dirigera  sur  les  parties 
génitales  des  fumigations  aromatiques.  A  cet  effet,  le  ma- 
lade, assis  sur  une  chaise  percée  ou  sur  le  bord  d'un  fauteuil, 
la  ceinture  serrée  par  une  couverture  qui  enveloppe  le 
bassin  et  les  membres  inférieurs  dépouillés  de  leurs  vête- 
ments, un  brasier  est  placé  immédiatement  au-dessous  des 
organes  génitaux,  destiné  i  réduire  en  fumée  la  poudre  des 
agents  que  l'on  projette  sur  lui.  Le  calorique  qui  se  dégage 
do  brasier,  et  les  vapeurs  chaudes  et  excitantes  qui  vont 
frapper  les  tissus  de  l'appareil  générateur  portent  dans 
Mloi-€Î  one  excitation  assex  grande  pour  affronter  l'épreuve 

«Mt,  si  lea  conditions  qui  l'ont  produite,  c'est-è-dire  la 
',  est  fidèleroeot  conservée.  Pour  cela  faire,  lorsque 


IMPUISSANGB  IDIOPATHIQDB  PAR  EXCÈS  d'ÉNBRGIE.       235 

le  malade  jagera  Térection  et  l'orgasme  vénérien  suffi- 
sants, il  deyra,  loin  de  se  débarrasser  de  la  couverture  qui 
le  protège,  la  serrer,  au  contraire,  autour  de  son  corps  et 
exécuter  la  copulation  dans  un  lit  chauiïé  à  Pavance . 

Une  certaine  hAte  doit  être  apportée,  surtout  dans  les 
premiers  temps,  à  Teiécution  du  coït,  car  en  dilTérant 
de  le  pratiquer,  on  retomberait  dans  les  oppositions  d'exci- 
tations que  le  traitement  a  précisément  pour  but  de  faire 
disparaître. 

Cependant,  è  mesure  que  Ton  avance  dans  la  médication, 
cette  condition  devient  de  moins  en  moins  rigoureuse,  et  sa 
non-observance,  suivie  de  succès,  est  un  heureux  symptdme 
de  guérison. 

La  thérapeutique  active  de  l'impuissance  par  perversion 
de  l'excitabilité  physique  n'est  certainement  pas  bornée  à  ce 
aeol  moyen  ;  elle  comporte  quelquefois  l'emploi  de  Télec- 
tricîté,  du  galvanisme,  de  tous  les  excitateurs  locaux  ;  elle 
réclame  aussi,  dans  quelques  circonstances,  l'usage,  tant 
eilerne  qu'interne,  des  agents  médicamenteux  ;  mais  comme 
j'ai  longuement  parlé  plus  haut  de  toutes  ces  ressources,  je 
crois  inutile  d'y  revenir  ici,  d'autant  mieux  que  l'emploi  de  ces 
divers  agents  on  de  ces  divers  moyens  est  indiqué  plutdt  par 
des  considérations  idiosyncrasiques  que  par  des  symptAmea 
spéciaux;  c'est  donc  au  praticien  à  juger  de  l'opportunité 
des  uns  à  l'exclusion  des  autres,  et  non  à  l'écrivain  qui, 
semblable  au  législateur,  ne  peut  ni  ne  doit  prévoir  tous 
les  cas. 

# 

$  III.  —  ImpialMaiiee  Idlopsthl^ac  par  exeès  d*éM«rf  l«. 

Depui  que  l'auteur  de  l'article  Sattriasis  du  Dictûm* 
naire  de$  sciences  médicales^  a  établi  iei^  signes  différen* 


3d6  IMPUUiSiiNCB   IDIOPiTUIQUB. 

tiels  du  priapisme,  du  satyriasis  et  de  l*érotonianiC|  on 
est  généralement  d*accord  pour  classer  et  nommer  de  la 
manière  suivante  les  accidents  génésiques  causés  par  eicès 
d'énergie  :  priapùme^  érection  sans  désirs  vénériens  ; 
érolomanie^  désirs  amoureux  sans  érection;  enGn  taty^ 
riasiSy  érections  continuellesi  désirs  immodérés  du  coït  et 
délire  erotique. 

Cependant  ce  cadre  n'est  pas  complet,  et  Ton  est  étonné 
de  ne  pas  y  voir  figurer  une  maladie  que  j'ai  observée  plu* 
sieurs  fois»  et  dont  l'existence»  empêchant  le  coït  tel  que  je 
l'ai  caractérisé,  c'est-à-dire  érection  de  la  verge,  accouple- 
ment des  sexes,  plaisir  et  éjaculation  chex  l'homme  du 
liquide  spermatique,  constitue  une  espèce  d'impuissance 
qui  doit,  de  toute  nécessité,  trouver  ici  sa  place. 

Cette  maladie  se  traduit  surtout  par  l'impossibilité  de 
l'éjoculation  séminale,  non  comme  dans  le  priapisme,  mais 
avec  des  érections  normales  et  des  désirs  vénériens  ordi- 
naires. 

Je  donne  le  nom  A'aspermaiisme  à  cette  sorte  d'ana* 
phrodisie. 

Au  premier  abord,  on  s'étonnera  de  voir  entrer  celte 
infirmité  dans  le  cadre  de  l'impuissance^  alors  que  sa  place 
parait  être  naturellement  marquée  dans  celui  de  la  stérilité. 

Sans  doute,  si  je  ne  m'étais  appuyé  que  sur  des  déduc- 
tions théoriques,  j'aurais  suivi  cette  voie  et  je  n'aurais  pas 
reculé  les  limites  déjà  si  étendues  de  l'anaphrodisie  ;  mais 
les  faits  que  j'ai  soigneusement  interrogés  et  étudiés  m'ont 
imposé  la  marche  que  j'adopte,  et  j'espère  prouver  tout  à 
rheure  que  cette  marche  est  en  eflct  la  seule  vraie  et  la 
seule  scientifique. 

L'impuissance  idiopathique  par  excès  d'énergie  se  pré- 
sentera donc  à  nous  sous  les  quatre  formes  suivantes  : 


IMPUISSANCE  miOPATDIQUE  PAR  EXCÈS  D*ÉNERGIE.       237 

1*  Érection  sans  désirs  vénériens  (jpriapismé)  ; 

2*  Désirs  vénériens  sans  érection  (érotomanie); 

&""  Désirs  vénériens  et  érection  sans  éjaculation  (asper- 
nuUisme)  ; 

A*  Désirs  vénériens,  érection  et  éjaculation  avec  délire 
erotique  {satynasis). 

Ces  quatre  états  pathologiques  ont  chacun  un  groupe 
de  sjmptâroes  qui  lui  est  propre,  mais  tous  offrent  un  carac- 
tère commun  qui  les  rattache  à  Timpuissance,  c'est  l'absence 
du  plaisir.  La  volupté  est  une  condition  essentielle  de  la 
copulation  ;  c'est  la  récompense  de  notre  obéissance  ù  la 
loi  de  la  propagation  de  l'espèce,  et  son  défaut  est  une  déro- 
gation complète  aux  prescriptions  de  la  nature.  Bien  plus, 
en  ne  considérant  que  la  Gn  prochaine  du  coït,  c'est-à-dire 
en  faisant  un  moment  abstraction  du  but  sublime  caché 
sous  les  délices  du  rapprochement  sexuel,  le  plaisir  n'est-il 
pas  cette  fin  prochaine,  et  celui  qui  ne  pourra  l'atteindre, 
soit  par  i'éloignement  des  désirs  vénériens,  comme  dans  le 
prîapismc,  soit  par  défaut  d'éjaculation,  comme  dans  l'asper- 
matisme,  soit  par  surexcitation  physique  et  morale,  comme 
dans  le  satyriasis,s'estimera-t-il  moins  impuissant  que  celui 
dont  la  verge  ne  peut  entrer  en  érection  ?  Les  uns  et  les 
antres  sont  bien  réellement  impuissants,  car  l'impuissance, 
je  ne  saurais  trop  le  répéter,  n'est  autre  chose  que  l'absence 
d'une  ou  de  plusieurs  des  conditions  nécessaires  à  un  coït 
normal,  et  lé  plaisir,  nul  n'oserait  le  contester,  constitue 
une  de  ces  conditions  au  même  titre  que  l'érection  de  la 
verge  ou  que  l'éjacuiation  du  sperme. 

Je  vais  donc  passer  en  revue  ces  quatre  états  patholo- 
giques, en  faisant  surtout  ressortir  pour  chacun  d'eux  les 
caractères  qui  le  font  rentrer  dans  le  cadre  de  l'impuissance. 
!•  Prtapisme.  —  L'érection  de  la  verge,  dans  le  pria- 


2&8  IMFOISgAMGB   IDIOPATBKKIB* 

pisme,  peut  être  comparée  aux  mouvemenU  qa*exécu(aient 
les  membres  de  la  grenouille  dans  l'expérience  de  Galvani  ; 
c'est  un  corps  sans  àme,  que  Ton  me  passe  Teipression, 
obéissant  à  une  cause  anormale  et  étrangère.  L'ème,  eo  effeii 
représentée  dans  Tacte  de  la  copulation  par  Tamonr  et 
les  désirs  y  est  absente,  et  l'excitation  qui  la  remplacé, 
par  cela  même  qu'elle  ne  rentre  pas  dans  les  vues  de  la  na- 
ture, s'accompagne  de  douleurs  et  donne  quelquefois  nais- 
sance à  des  accidents  graves  et  même  mortels. 

Les  causes  de  cette  surexcitation  sont  fort  diverses  :  tantôt 
on  les  trouve  dans  l'emploi  de  certains  ageniSi  comme  les 
cantharides  ^  tantdt  on  les  explique  par  l'existence  de  cer- 
tains états  pathologiques  dont  le  priapisme  est  alors  un 
symptôme  ou  une  complication^ comme  la  blennorrbagie,  le 
calcul  vésical,  les  maladies  herpétiques,  l'hypochondrie, 
Tépilepsie,  le  tétanos,  etc.;  tantôt  ellos  se  rencontrent  dans 
l'usage  d'aliments  irritants,  de  boist^ons  alcooliques;  tantôt 
elles  découlent  de  certaines  habitudes,  comme  le  coucher 
sur  le  dos  et  dans  un  lit  trop  chaud,  ou  eiiGn  de  certains 
accidentii,  comme  une  chute  sur  le  rectum,  etc.,  sans  parler, 
comme  étranger  à  mon  sujet*  du  priapisme  si  connu  des 
pendus. 

Quelquefois  le  priapisme  ne  reconnaît  aucune  de  ces 
causes  et  constitue  alors  une  maladie  essentielle;  dans  ce 
cas,  (les  conditions  le  fuvorisent,  et  parmi  elles  je  citerai  : 
le  tempérament  sanguin,  avec  prédominance  du  s}stème 
hépatique;  l'Age  adulte  et  même  la  vieillesse;  les  saisons  et 
les  climats  chauds,  quoique  Zncutus  Lusitanus  rapporte 
l'exemple  d'un  priapisme  occasionné  par  un  froid  extrême; 
les  excitants  génésiaques  de  toutes  bortes,  tels  que  spectacles 
licencieux,  lectures  obscènes,  danses  voluptueuses,  tableaui 
lascifs,  etc.,  sans  que  l'excitation  produite  soit  satisfaite. 


IMPUISSANCE  IDIOPATUIQUB  PAR  EXCÈS  d'ÉNERGIE.       239 

Mais  de  toutes  les  causes  déterminantes  ou  occasionnelles 
du  priapisme,  nulle  n'est  aussi  fréquente  et  aussi  active  que 
TuMge  des  cantharides  è  l'intérieur  et  même  leur  emploi  à 
Teiiérieur. 

Au  point  de  ?ue  de  l'impuissance,  le  priapisme  oiïre  deux 
sjroptdraes  saillants  à  noter,  ainsi  qu'une  de  ses  terminaisons 
possibles.  Les  deux  symptômes  sont  :  1°  l'absence  de  désirs 
vénériens;  2*  l'existence  de  douleurs  plus  ou  moins  vives  ; 
et  la  terminaison  est  la  gangrène,  et  par  suite  la  perte  de 
la  verge. 

A  son  début,  et  quand  il  n'a  pas  encore  atteint  un  cer-> 
tain  degré  d'acuité,  le  priapisme  n'est  ordinairement  pas 
douloureux  ;  il  fatigue  tout  au  plus  le  malade  et  cède  le 
plus  souvent  à  l'action  lie  quelques  lotions  froides.  - 

Mais  lorsque  l'afTection  devient  plus  intense,  soit  que 
cette  intensité  arrive  par  degrés,  soit  qu'elle  se  montre  tout 
àcoup^  des  symptômes  d'excitation  générale  et  d'excitation 
locale  se  manifestent;  une  sorte  de  mouvement  fébrile  se 
fait  sentir;  la  soif  s'allume,  la  tète  devient  douloureuse  et 
le  délire  même  peut  surgir  ;  une  anxiété  pénible  fatigue  le 
malade  qui  cherche  en  vain  le  repos  et  le  sommeil. 

Du  côté  des  organes  génitaux,  la  tension  de  la  verge  se 
communique  au  pubis  et  au  périnée,  qui  participent  souvent 
à  la  gangrène  qui  attaque  le  membre  viril.  Quelquefois 
uile  éjaculatioo  spermalique  se  produit,  mais  celte  déplé- 
tion,  loin  de  calmer  le  priapisme,  irrite  davantage  encore 
la  muqueuse  Je  l'urètre  dont  la  sensibilité  est  extrême; 
il  n'est  pas  rare  alors  d'observer  une  hémorrhagie  urétrale. 
Tout  le  monde  connaît  le  fait,  rapporté  par  Cabanis,  de  cet 
étudiant  en  médecine  qui,  dans  un  violent  accès  de  ja- 
lousie, fut  pris  pendant  plusieurs  heures  d'un  priapisme  très 
douloureux,  pendant  lequel  se  produisaient  tour  à  tour 


2&0  IMPUISSANCE   IDIOPATRIQ€B< 

des  émissions  ilc  semence  et  des  pertes  de  sang  presque 
pur. 

Dans  d'outrés  circonstances,  les  contractions  de  l'urètre 
sont  si  violenles  que,  iion-seuicroent  le  sperme  ne  peut  se 
frayer  une  issuo,  mais  que  les  urines  elles-mêmes  sont  corn- 
ptilement  arrêtées.  On  ne  saurait,  on  le  comprend,  songer 
au  cathétérisme,  car  la  présence  d'une  sonde  augmenterait 
les  accidents  au  lieu  de  les  calmer;  d'ailleurs  le  cathéter 
risme  est  inutile  dans  beaucoup  de  cas  :  à  ce  degré  de  pria- 
pisme,  la  sécrétion  urinaire  est  1res  souvent  suspendue; 
mais  lorsqu*cllc  persisie  et  que  l'émission  de  son  produit 
peut  se  faire,  l'urine  est  rouge,  boueuse,  et  laisse  au  fond 
du  vase  un  sédiment  très  abondant. 

Un  état  aussi  grave  ne  peut  se  prolonger  longtemps  sans 
danger,  surtout  si  la  cause  du  priapismc  se  trouve  dans 
l'usage  des  cantharides;  presque  toujours  alors  la  maladie 
se  complique  d'une  cystite  ou  d'une  entérite  très  souvent 
mortelles;  mî^mc  en  l'absence  de  pareilles  circonstances,  le 
priapisme  peut  se  terminer  par  la  mort. 

Quelquefois  la  perte  de  Torgnuo  génital  seul  est  la  con« 
séquence  de  cet  état  pathologique,  et,  dans  ce  cas,  le  pria- 
pisme est  le  point  de  départ  d'une  impuissance  absolue  et 
contre  laquelle  la  médecine  est  entièrement  désarmée. 

Il  est  donc  de  la  plus  haute  importance  de  prévenir  de 
semblables  résultats  et  de  s'opposer  par  tous  les  moyens  pos  • 
sibles,  soit  à  la  mort  du  malade,  soit  à  la  perte  de  son  organe 
copulateur. 

Quand  le  priapismc  arrive  graduellement,  c'est-à-dire 
quand  les  érections  deviennent  peu  h  peu  plus  fréquentes, 
et  ci'deiit,  soit  à  un  changement  de  température,  soit  h  des 
lotions  froides,  on  n'a  le  plus  souvent  besoin  que  d'un 
régime  alimentaire  approprié,  dont  les  aliments  douf ,  les 


ISIPUISSANCB  IDIOPATHIQUE  PAR  EXCÈS  d'éNERCIE.       2&1 

légumes  herbacés  et  le  lait  feront  la  base^  ainsi  que  les 
boissons  rafratchissantes  ou  acidulés,  prises  à  une  basse 
température.  Le  lit  du  malade  ne  sera  ni  trop  mou  ni  trop 
chaud,  et  le  patient  aura  soin  de  ne  pas  coucher  sur  le  dos; 
è  cet  effet,  on  a  donné  le  conseil  de  couvrir  le  ventre  avec  une 
serviette  dont  on  nouerait  les  bouts  sur  le  rachis;  on  com- 
prend que  la  serviette  peut  èlre  remplacée  par  une  pelote 
dure,  par  un  tampon,  un  morceau  de  bois,  en  un  mot  par 
tout  corps  saillant  qui  blessera  le  malade  dès  qu'il  essaiera 
de  prendre  la  position  qu'il  doit  éviter. 

Les  bains  généraux  ou  les  bains  de  siège  a  une  tempé- 
rature de  16,  18  et  20  degrés,  l'air  pur  de  la  campngne, 
les  distractions  en  plein  air,  Téloignement  des  excitants 
vénériens  seront  prescrits  comme  hygiène. 

La  thérapeutique,  dans  ces  cas  peu  graves,  se  réduira  h 
quelques  émulsions  ou  juleps  camphrés  et  h  des  lavements 
froids  ou  émollients,  ou  dans  la  composition  desquels  entrera 
une  faible  dose  de  camphre  dissous  dans  un  jaune  d'œuf. 
On  retirera  des  avantages  marqués  de  l'usage  du  lupulin 
(partie  active  du  houblon)  dont  on  a,  dans  ces  derniers 
temps ,  constaté  Taction  spécialement  sédative  sur  les  or- 
ganes génitaux  (i)  à  la  dose  progressive  de  1  i  10  grammes 
en  nature,  en*  teinture  et  surtout  en  saccharure.  Les 
opiacés  et  la  ciguë  pourront  être  essayés ,  mais  avec 
modération  dans  leur  emploi  et  leur  dose,  dans  la  crainte 
d'augmenter  les  accidents  qu'il  s'agit  de  combattre. 

Quand  le  priapisme  se  présente  avec  des  caractères  plus 
graves,  c'est-i-dire  lorsque  les  érections  sont  persistantes, 
douloureuses,  et  qu'il  y  a  menace  de  gangrène,  il  ne  faut 
pas  hésiter  à  pratiquer  une  saignée,  si  la  constitution  du 
malade  le  permet,  ou  h  appliquer  des  sangsues  aux  lombes. 

(1)  Bulletin  générai  de  thérapeutique,  4  854.  t.  XLVII,  p.  464. 

16 


2/l2  IMPUISSANCE    IDIOPATBIODE. 

Le  malade  sera  tenu  longtemps  dans  un  bain,  et  Tod  pla- 
cera sur  les  organes  génitaux  des  cataplasmes  émollients 
arrosés  de  laudanum.  Dans  un  cas  grave  de  priapisme,  où 
les  accidents  les  plus  terribles  étaient  à  craindre,  après  avoir 
vainement  employé  les  saignées,  les  bains,  les  préparations 
camphrées  et  narcotiques,  les  lavements  émollients  et  anti- 
spasmodiques, je  me  décidai  è  pratiquer  des  mouchetures 
sur  les  corps  caverneux  de  la  verge;  la  déplétion  san- 
guine qui  en  résulta  amena  un  ramollissement  de  l'organe 
et  prévint  ainsi  la  gangrène,  qui,  sans  cette  circonstance 
heureuse,  eût  peut-être  été  hAtée  par  les  mouchetures 
mêmes.  Je  suis  loin  d'ériger  cette  opération  en  principe, 
mais  je  crois  qu'on  en  doit  user  comme  ressource  extrême, 
lorsque  tous  les  autres  moyens  ont  échoué  et  lorsqu'il 
n'existe  encore  aucun  symptôme  de  spliacèle. 

D'ailleurs  le  traitement  du  priapisme  sera  toujours  subor- 
donné ù  lu  cause  qui  Ta  produit.  Zuculus  liUsitanus  raconte 
l'histoire  d'un  \ice'roi  diS  Indes  qui,  n*a>ant  pu  se  débar- 
rasser d'un  priapisme  qui  le  tourmentait  de|iuis  longtemps, 
lit  usage  d*uneeau  distillée  de  clous  de  girolle,  préparation 
essontiellemont  excitante  que  ce  médecin  conseille  de  rem- 
placer par  uno  eau  de  fleurs  de  cannello  des  Indes,  autre 
pré|)aiation  non  moins  excitante  que  la  |)renHêrc.  Il  est 
probable  ([ue  le  priapisme  du  vicr-roi  des  Indes  a\ailpour 
cause  une  r.\ibles>e  gi'iiérale,  el  il  est  certain  que.  la  théra- 
penti(|ne  onlonn/^e  par  Zacutus  Lusitanus  serait  funeste  à 
un  adulte  dinis  toute  la  force  de  Và^i\ 

Enlin.  si  le  priapisme  tient  à  une  aflection  dartreuse,  s'il 
reconnail  pour  cause  un  calcul  d.ius  la  u'ssie,  Tusage  des 
canlliarides,  etc.,  on  s'attachera  à  détruire  cette  cause  par 
les  niojens  que  la  médecine  el  la  cliiiurgie  mettent  à  la 
disposition  du  praticien,  el  dont  je  n'ai  pas  à  m'occuper  ici. 


IMPUISSANCE  IDIOPATHIQUE  PAR  EXCÈS  d'ÉNERGIE.        2^3 

2®  ËROTOMANiE.  —  L'érolomanie  est  une  névrose  de 
rintelligence  bien  plus  que  des  organes  génitaux;  c'est  une 
penrersion  de  Timagination  poursuivant  un  objet  réel  et 
quelquefois  imaginaire  ;  c'est  ce  qu'on  appelle  commune* 
ment  l'amour  platonique.  Rarement  le  génésique  par- 
ticipe à  l'exaltation  des  facultés  intellectuelles  de  l'éroto- 
manîaque,  mais  rarement  aussi  son  énergie  est  amoindrie  et 
éteinte.  Un  de  mes  amis,  condisciple  à  l'école  de  médecine, 
tomba  i  vingt  ans  dans  une  folie  amoureuse  parfaitement 
caractérisée:  les  incitations  génitales  étaient  nulles  près  de 
la  personne  aimée,  et  toujours,  quand  je  lui  demandais  ce 
qu'il  ferait  de  son  amante  couchée  avec  lui,  il  me  répondait 
avec  eialtation  :  Je  l'adorerais  ! 

Cette  insensibilité  génitale  ne  se  produisait  qu'à  Tocca- 
sîoD  de  l'objet  de  son  amour,  car  le  malade  jouissait  de 
toutes  ses  facultés  viriles,  fort  énergiques,  je  vous  assure, 
quand  il  se  trouvait  avec  une  autre  femme. 

L'érotomanie  n'est  donc  en  réalité  qu'une  impuissance 
essentiellement  relative;  elle  est  bien  plutôt  du  domaine  des 
aliénistes  qu'un  sujet  de  cet  ouvrage  (1)  ;  d'ailleurs  j'aurai 
à  revenir  sur  l'influence  que  l'imogination  exerce  sur  les 
fonctions  copulotricos,  et  je  dirai  alors  les  caractères  et  le 
traitement  de  cette  bizarre  maladie. 

â""  AspERMATiSMB.  —  L'ospermatisme  est  caractérisé  par 
l'impossibilité  de  l'éjaculalion  avec  une  érection  normale, 
contrairement  au  priapi^nme,  et  sans  perversion  ni  exaltation 
des  facultés  morales,  contrairement  u  Térotomanie. 

Je  dois,  ainsi  que  je  m*}  suis  engagé  plus  haut,  légitimer 
la  place  que  je  donne  ici  à  ce  nouveau  genre  d'impuissance, 
car  si  l'émission  de  la  semence  n'est  pas  la  source  de  la 

(1)  Voyez  Esqoipol,  Dea  maladies  mentales.  Paris,  1838,  t.  tl , 
p.  32  el  suiv.  — Marc,  De  la  folie.  Paris,  4  840,  t.  H,  p.  48!  et  soîv. 


2^&  IMPUISSANCB    IDIOPATBIQOI. 

voluplc  amoureuse,  l'aspermaiisme  doit  être  rois  parmi  les 
causes  de  la  stérilité  et  non  de  Timpuissancc. 

Je  vais  d'abord  rapporter  l'observation  qui,  In  première, 
éveilla  dans  mon  esprit  les  considérations  physiologiques 
qui  me  font  rattocher  la  jouissance  vénérienne  è  réjacnja- 
lion  de  la  liqueur  séminale. 

Un  jeune  homme  de  vingt  ans,  d'une  santé  parfaite  et 
d*un  tempérament  sanguin,sc  présente  un  jour  k  ma  consul- 
tation et  me  raconte  les  faits  suivants  :  «  J*entre  facilement 
en  érection^me  dit-il  ;  mes  désirs  vénériens  sont  d'autant  plus 
vifs  que  je  n'ai  jamais  éprouvé  lei  jouisumce$  de  Vamùur; 
rintromission  de  la  verge  dans  les  organes  de  la  femme  se 
fait  sans  difliculté  et  sans  douleur;  mais  cette  intromission 
obtenue,  je  ne  puis,  quelque  effort  que  je  fasse,  ressentir 
la  volupté  dont  mes  amis  m*ont  parlé  ;  après  un  temps  plus 
oumoins  long  de  tentatives  infructueuses,  pendant  lesquelles 
j'appelle  a  mon  aide  toutes  les  ressources  de  mon  imagina* 
tion  et  toute  mon  énergie  amoureuse,  je  ploie  sous  la  fatigue, 
et  ma  verge,  participante  cet  abattement  de  tout  mon  être, 
8*uiïaisseet  devient  molle  sans  qu'il  m'ait  été  possible  d'ob* 
tenir  l'éjaculation.» 

Dans  l'interrogatoire  que  je  fis  subir  au  malade  d'après 
cetle  première  donnée,  je  recueillis  les  renseignements  sui- 
vants :  l'éjaculation  ne  s'était  jamais  produite  à  l'état  de 
veille,  soit  par  la  masturbation,  soit  par  le  coït;  mais  elle 
avait  lieu  quelquefois  pendant  le  sommeil,  tantôt  sous  Tin* 
fluence  de  rêves  lascifs,  tantôt  sans  cause  connue;  et,  ce 
que  ces  circonstances  étronges  présentent  de  remarquable, 
c'est  que  si  le  malade  venait,  par  un  motif  ou  par  un  autre, 
h  s'éveiller  pendant  l'éjaculation,  celle-ci  s'interrompait 
instantanément,  de  telle  sorte  que  le  malheureux  n'avait 
pas  même  une  idée  confuse  du  plaisir  vénérien. 


IMPUISSANCE  lUlOrAlHIUUË  PAK  EXCÈS  d'ÉNEUGIE.        2^5 

Ce  qu'il  éprouvait  aux  approches  de  la  remme  était  un 
sentiment  de  bien-èlre,  une  excitation  générale  qui  n'était 
pas  sans  charmes,  il  est  vrai,  mais  qui  n'était  pas  lajouis«- 
saoce  génésique;  tous  les  hommes  aussi  éprouvent  ce  bien* 
être  et  cette  excitation  générale,  et  s'ils  les  considèrent 
comme  les  doux  préludes  du  plaisir,  ils  ne  les  estiment  pas 
comme  le  plaisir  lui-même,  et  nul  ne  croirait  avoir  goûté 
les  voluptés  de  Tamour,  si  ces  voluptés  se  réduisaient  h  ce 
bien-être  et  è  cette  excitation  préparatoire. 

Cependant,  quelques  physiologistes,  abusant  de  la  langue 
et  de  la  logique,  ont  avancé  que  l'éjaculation  séminale  n'était 
pas  le  plaisir,  mais  le  signal  de  la  fin  du  plaisir;  et  à  cet  eiïet 
ils  citent  l'exemple  des  enfants  masturbateurs  qui  éprouvent 
du  plaisir  sans  éjaculation.  La  définition  et  l'exemple  qui 
Tappuie  sont  aussi  mauvais  l'un  que  l'autre  :  la  définition 
est  aussi  irréprochable  que  si  Ton  disait  de  la  vie  qu'elle  est 
le  signal  de  la  mort;  quant  à  l'exemple,  il  est  fort  douteux 
que  l'enfant,  dans  l'onanisme,  éprouve  le  même  plaisir  que 
riiomme  pendant  l'éjaculation,  et  il  est  probable  que  la 
volupté  du  premier  se  réduit  h  une  excitation  générale 
et  locale  qui  n'est  ni  s^ans  charmes  ni  sans  attraits. 

Non,  l'éjaculation  spermatique  n'est  pas  plus  le  signal  de 
la  fin  du  plaisir  que  la  vie  n'est  le  signal  de  la  mort.  Sans 
doute,  en  n'ayant  égard  qu'aux  destinées  de  ce  monde, 
toute  chose,  par  cela  même  qu'elle  est,  doit  avoir  un  terme^ 
de  telle  sorte  que  son  existence  est  la  preuve  même  et  le 
signal  de  sa  destruction.  Mais  ce  caractère,  inhérent  à  toute 
réalité,  ne  peut  servir  a  aucune  de  signe  distinctif,  pas  plus 
à  réjaculation  qu'à  Térection,  qui,  ace  point  de  vue,  pour* 
fait  être  définie  le  signal  de  la  lin  de  l'orgasme  vénérien  ; 
ce  qui  serait  absurde. 

L'éjoculation,  lorsqu'elle  s'accomplit  dans  les  conditions 


Sè6  uffoiiiARci  imorATBiQini. 

Bormales,  dans  les  conditions  voulues  par  la  nalnrei  e'esit- 
à-dire  par  saccades,  pendant  réreclion  de  la  verge  et  après 
une  eidtation  amoureuse  suffisante,  n'est  peut-être  pas  le 
plaisir  unique  de  la  copulation,  mais  elle  en  constitue,  du 
OMins,  Teipression  la  plus  haute  et  la  plus  vive.  Par  consé« 
quent,  le  début  de  l'émission  spermatique,  en  rendant  le  coït 
incomplet,  crée  un  genre  d'impuisMnce  dont  on  n'avait  jus- 
qu'ici tenu  aucun  compte,  et  pour  la  désignation  duquel  je 
me  suis  vu  forcé  d'employer  le  mot  nout eau  d*ttMpermàtume. 
Cependant,  des  fails  è  peu  près  analogues  fc  celui  que  j'ai 
mentionné  plus  haut  sont  consignés  dans  la  science.  Une  ob- 
servation fort  curieuse  de  ce  genre  est  rapportée  par  Cock- 
burn(i)  :  «  Un  noble  vénitien,  dit  ce  dernier  auteur, épousa, 
à  l'ége  où  l'amour  fovorise  un  homme  avec  complaisance, 
une  jeune  demoiselle  très  aimable,  avec  laquelle  il  se  com- 
porla  asset  vigoureusement  ;  mais  l'essintiei  manquait  è  son 
bonheur  :  tout  annonçait  dans  ses  transports  le  moment  de 
l'eiiase,  et  le  plaisir  qu'il  croyait  goûter  s'échappait.  L'illu- 
sion lui  était  plus  favorable  que  la  réalité,  puisque  les  songes 
qui  succédoient  à  ses  eiïoris  impuissants  le  réveillaient  par  des 
sensations  délicieuses,  dont  les  suites  n'étaient  pas  équivo- 
ques sur  sa  capacité.  Cet  épout  malhcureui,  rassuré  sur  son 
état,  voulait-il  prouver  efficacement  sa  puissance  et  réaliser 
iQS  plaisirs?  Il  en  procurait  sans  pouvoir  les  partager^  en  un 
mot,  réreclion  la  plus  forte  n'était  pas  accompagnée  de  ce 
jaillissement  précieux  qui  fait  connattro  toute  l'étendue  de 
la  volupté.  On  fit  inutilement  plusieurs  remèdes  pour  pro- 
curer des  plaisirs  è  un  homme  qui  méritait  de  les  connaître 
et  que  son  amour  consumait  depuis  asses  longtemps.  On 

(I)  Eisais  et  obiervationn  tie  mMccine  d'Edimbourg.  Parts,  1740, 
t.  I,  p.  391.  —  l>e  Lignac,  De  t'homme  et  de  la  femmê^  t.  1,  p.  84t 
et  suiv. 


IMPUISSANGB  IDIOPATHIQUB  PAR  EXCÈS  d'ÉT«IERG1E.        !2i|t7 

pria  en6n  les  ambassadeurs,  que  la  république^de  Venise 
eotretieDl  dans  les  différentes  cours  de  l'Europe,  de  fouloir 
bien  consulter  les  plus  fameux  médecins  des  lieux  où  ils 
faisaient  leur  résidence,  sur  la  cause  de  celte  incommodité, 
aussi  bien  que  sur  les  moyens  dont  il  fallait  se  servir  pour 
y  remédier.  J'attribuai  cette  impuissance,  dit  le  docteur 
Cockburn,  à  la  trop  grande  vigueur  de  Térection,  qui  bou- 
chait le  conduit  de  l'urètre  avec  tant  de  force  (1)  qu'elle 
ne  pouvait  être  surmontée  par  les  moyens  qui  obligent  la 
semence  à  sortir  des  vésicules  séminales;  au  lieu  que  cette 
pression  étant  moins  forte  dans  les  songes,  l'évacuation  se 
fait  avec  plus  de  liberté.  » 

La  Gazelle  de  santé t  ihns  son  n'*  52,  rd|)por(e  une  obser- 
vation À  peu  près  semblable,  d'après  Schevetel;  enfin 
Planque  fait  mention  d'un  homme  de  trente  -huit  ans, 
qui  se  plaignait  d'être  impuissant,  parce  que  In  semence  ne 
pouvait  point  sortir ,  quoiqu'il  fût  souvent  en  érection. 
Il  passa  ainsi  une  année  à  se  tourmenter,  et  la  nature  se 
fit  un  chemin  à  la  région  épigastrique  du  côté  droit.  La 
semence  passait  par  trois  petits  trous,  quand  cet  homme 
exprimait  cette  partie  ;  mais  il  mourut  peu  après  de  con- 
somption (2).  » 

Je  ne  m'arrête  pas,  on  le  comprend,  a  cette  prétendue 
fistule  séminale;  Terreur  est  trop  grossière  pour  mériter 
d'être  discutée. 

Comme  on  le  voit,  les  faits  analogues  à  celui  qui  s'est 
offert  à  mon  observation  et  que  j'ai  rapporté,  sans  être  très 

(1)  Celte  explicalion  n'est  plus  admissible,  car  on  sait  au  contraire 
aujourd'hui  que  l'érection  dilate  le  canal  de  l'urètre.  Il  serait  plus 
rationnel  d*attribuer  celte  impossibilité  d*éjaculation  aux  contractioDS 
spasmodiques  des  conduits  éjacula leurs. 

{%)  Bibliothèque  ohoiêie  de  nMeemey  t.  VI,  art.  Impuissance. 


2&8  IMPUKMiAKCK    IDIOPITUIQUB. 

communs  dans  les  annales  de  la  science,  étaient  suflLsanls 
cependant  pour  attirer  l'attention  des  praticiens»  et  Ton 
i*étonne  que  Ton  ait  jusqu'ici  confondu  ce  genre  d'impuis- 
sance avec  celui  que  justifie  le  priapisme  ou  que  caractérise 
la  non-érection  de  la  verge. 

Presque  toujours,  Taspermatisme  tient  è  un  état  spas- 
modique  des  conduits  éjaculateurs  ou  de  rurètrc;  et  cette 
cause  doit  être  acceptée  comme  la  seule  vraie  dans  les  cas 
où,  comme  chez  mon  malade  et  chez  le  Vénitien  dont  parle 
Cockburn,  des  pollutions  ont  lieu  pendant  le  sommeil; 
cette  circonstance,  qui  jeta  une  si  vive  lumière  dans  l'esprit 
du  médecin  écossais,  ne  doit  jamais  être  perdue  de  vue  par 
le  praticien. 

ii'absence  de  l'éjaculation  peut  également  tenir  è  l'obli- 
tération  des  conduits  éjaculateurs,  que  cette  oblitération 
soit  native  ou  le  résultat  d'un  état  morbide.  Dans  ce  cas, 
aucune  émission  de  sperme  n'a  lieu,  ni  pendant  le  sommeil 
ni  pendant  la  veille,  ainsi  que  je  le  dirai  plus  loin,  quand 
je  parleroi  de  cette  couse  de  stérilité. 

L'oblitération  des  conduits  éjaculateurs  est  une  aiïeclion 
rare^  elle  est  ordinairement  produite  par  la  matière  tuber- 
culeuse ou  concéreusc  dont  le  dépôt  peut  ùlrc  limité  è  ces 
conduits,  mais  qui,  le  plus  souvent,  se  rencontre  aussi  dans 
les  vésicules  séminales  et  les  canaux  déférents.  Comme  on 
doit  le  comprendre,  ces  altérations  constituent  des  infirmi- 
tés  presque  toujours  au-dessus  des  ressources  de  l'art. 

Mais  il  n*en  est  pas  de  même  de  l'état  spasmodique  des 
conduits  éjaculateurs  et  de  Turèlre;  abandonnée  à  elle- 
même,  celle  névrose  pourrait  disparailrc  a\ec  Tàgc,  c'csl- 
A-dire  avec  In  dimiiiulion  des  désirs  et  de  Tor^^nsmo  >éné-> 
rien  ;  mais  il  csl  peu  de  malades  qui  consenlenl  ù  attendre 
une  pareille  terminoi»on,  et  tous,  on  le  comprend  sans 


IMrUISSAKCI  IDIOPATBIQUB  FAE  IXCÈS  d'ÉNBRGIE.        SftO 

peioe»  réclament  impérieusement  le  secours  de  la  médecine. 

Quand  le  sujet  est  jeune  et  vigoureux  et  qu'il  n'existe 
pas  chex  lui  de  contre-indications,  il  faut  commencer  le 
traitement  par  une  émission  sanguine  avec  la  lancette»  ou 
tout  au  moins  par  des  sangsues  au  périnée.  La  saignée, 
quand  elle  est  possible,  doit  être  préférée,  comme  agissant 
mieux  sur  l'ensemble  de  l'innervation,  et  parce  qu'elle 
laisse  libre  une  place  sur  laquelle  on  a  à  agir,  soit  par  des 
frictions  ou  des  onctions,  soit  par  des  vésicatoires  volants, 
ainsi  que  je  vais  le  dire. 

Après  cette  émission  sanguine,  on  essaiera  tour  à  tour, 
an  commencement,  les  narcotiques  et  les  antispasmodiques, 
tant  à  l'intérieur  qu'à  Textérieur. 

A  rintérieur,  j'ai  retiré,  dans  le  cas  que  j'ai  cité,  des 
avantages  réels  des  pilules  suivantes  : 


Âssa  fœlida 

Castoréum 

Extrait  gommeox  d*opium  .... 

Extrait  de  ciguë 

Conserve  de  roses q*  s 


\a,        4  gram. 
jâià.   0^50  ceDtigr. 


On  fait  avec  cette  préparation  de  15  u  20  pilules,  et  le 
iDolade  en  prend  quatre  par  jour. 

A  l'extérieur,  des  frictions  sur  le  périnée  et  les  lombes 
avec  les  opiacés,  la  ciguë,  la  belladone,  seront  prescrites 
avec  succès. 

Les  mêmes  agents  et  les  antispasmodiques,  l'assa  fœtida 
surtout)  pourront  être  ordonnés  en  lavement. 

Les  bains  généraux  et  les  bains  de  siège  devront  jouer 
un  grand  rôle  dans  la  thérapeutique  de  l'aspcrmatisme; 
leur  température  variera  selon  les  indications  spéciales, 
depuis  1  degré  jusqu'à  âO. 

Chez  les  sujets  lymphatiques,  irritables,  les  bains  de 


250  IIIP0I68A1ICB    IDIOPATBI0tni« 

mer  oiïriront  des  ressources  inespérées,  et  dans  bien  des  cas 
ils  seront  le  seul  remède  au  mal. 

Ces  moyens,  secondés  par  un  régime  convenable  et  appro- 
prié au  tempérament  et  h  la  constitution  du  malade,  suffi- 
sent d'ordinaire  pour  triompher  de  la  maladie  ;  il  faut  quel- 
quefois en  prolonger  assez  longtemps  l'usage  et  les  associer 
à  quelques  précautions  hygiéniques  relatives  au  coucher, 
comme,  par  exemple,  la  proscription  d'un  lit  trop  chaud  et 
trop  mou,  et  d'un  sommeil  ou  d'une  paresse  trop  prolongés. 

Enfin ,  dans  les  cas  où  les  progrès  vers  la  guérison  ne 
seraient  ni  assez  rapides  ni  assez  sensibles,  on  pourrait  les 
hâter  en  employant  les  opiacés,  par  la  méthode  ender- 
mique.  C'est  ce  que  je  fis  avec  un  plein  succès  sur  le  malade 
dont  j'ai  parlé  eu  début  de  cet  article;  j'appliquai  sur  le 
périnée  un  vc^sicatoire  non  cantharidé^  que  je  saupoudrai 
pendant  trois  jours,  matin  et  soir,  avec  Ix  milligrammes 
de  chlorhydrate  dr  morphine. 

li*  Satyriasis.  —  Je  me  dois  contenter  ici  de  mentionner 
le  sat\  riasis,  cor  ce  serait  étranglement  abuser  des  ressources 
de  la  classification,  si  dans  un  livre  consacré  k  l'impuissance, 
je  décrivais  le  type  de  la  luxure  et  Tidéal  de  la  lubricité. 

Sans  doute,  on  conçoit  que  le  satyriasis  puisse  devenir 
une  cause  d'impuissance  et  que  les  exploits  amoureux  qu'il 
suscite  soient  suivis  de  tristes  revers  ;  mais  alors  sa  place  est 
marquée  dans  un  autre  cadre  :  dans  celui  où  il  sera  question 
de  l'impuissance  consécutive.  U'ailleurs,  le  satyriasis,  exces- 
sivement rare,  surtout  dans  les  pavs  froids  et  les  régions 
tempérées,  est  moins  une  cause  d'impuissance  que  de  mort, 
ainsi  que  le  prouvent  les  quelques  observations  que  la 
science  possède.  Je  suis  donc  autorisé  à  ne  pas  faire  entrer 
dans  les  limites  de  cet  ouvrage  une  aiïection  que  tant  de 
motifs  en  éloignent. 


IHFOlSSiNGB   STMrrOMATlQUB.  251 


CHAPITRE  IIK 

IMPUISSANCE    STMPTOMATIQUE. 

S'il  me  fallait  rapporter  toutes  les  maladies  qui  s'accom- 
pagnent de  la  suspension  des  fonctions  génitales,  il  me 
faudrait  passer  en  revue  le  cadre  presque  tout  entier  de  la 
pathologie;  il. n'est  pas  en  eiïet  une  affection  aiguë  qui 
ne  suspende  ou  les  désirs  vénériens  ou  la  puissance  érectile. 

Mais  qu'a  à  faire  l'impuissance  dons  une  fièvre  typhoïde, 
dans  une  pneumonie,  dans  une  fracture,  etc.,  etc.?  Ne 
serait-ce  pas  tomber  dans  une  exagération  ridicule  que 
d'étudier  un  pareil  symptôme  parmi  ceux  qui  compromettent 
si  gravement  la  vie  du  malade,  et  de  pensera  la  propagation 
de  l'espèce,  alors  qu'il  s'agit  de  conserver  le  propagateur 
lui-même  ? 

Évidemment  une  pareille  prétention  ne  peut  entrer  ni 
dans  mon  esprit  ni  dans  le  cadre  de  ce  livre. 

L'impuissance,  en  tant  que  sjmptdme^  suppose  l'exercice 
de  la  vie  de  relation  et  exclut  toute  menace  de  mort  pro- 
chaine; tantôt  elle  coïncidera  avec  une  maladie  véritable^  et 
en  sera  un  des  principaux  caractères,  comme  par  exemple 
dans  le  diabète,  les  pertes  séminales,  etc.,  etc.;  tantôt  au 
'contraire  elle  ne  marchera  avec  aucune  altération  locale  ou 
générale,  et  sera  simplement  alors  l'attribut  d'un  état  phy- 
siologique, comme  l'âge,  la  constitution,  etc.,  etc. 

Le  cercle  que  j'ai  à  parcourir  dans  ce  chapitre  se  trouve 
donc  naturellement  partagé  en  deux  parties  bien  distinctes  : 

1^  Impuissance  symptomatique  de  certains  états  physio- 
logiques ; 

S""  Impuissance  symptomatique  de  certains  états  patholo- 


llll'UlbdANCg   SYlirrOIIATIQVI. 

giques  dont  la  chronicité  et  lo  longue  durée  ne  suspendent 
|ias  la  vie  de  relation  du  malade. 

C'est  dans  cet  ordre  que  j'eiaminerai  le  sujet  de  ce 
chapitre. 

1*  IMPUISSANGK  SYMPTOMATIQUE  DB  CfiBTAIllS  ÉTATS 

PBTSI0L061QDB8. 

SL  —Ages. 

Je  ne  puis  faire  ici  que  de  Thygiène,  de  Thygiène  spé- 
ciale,  si  Ton  veut ,  mais  rien  que  de  Thygiène,  car  il  n'est 
permis  à  personne,  au  médecin  moins  qu*è  tout  autre,  de 
transgresser  les  lois  de  la  nature  et  d'établir  des  préceptes 
en  dehors  de  la  volonté  qui  régit  notre  organisation  et 
règle  les  phases  de  notre  vie. 

L'exercice  de  la  fonction  génitale,  oi-je  dit  dans  les 
considérations  physiologiques  placées  en  tète  de  cet  ou- 
vrage, n'a  lieu  (|u*ù  l'époque  de  la  plus  grande  activité 
organique,  oprès  rentier  développement  de  Tiiidi^idu  et 
avant  sa  décadence.  Les  deux  phases  extrêmes  de  la  u'c 
humaine  sont  donc  marquées  par  le  repos  des  organes  de 
la  génération. 

Il  est  impossible  de  déterminer  d'une  manière  générale 
les  Ages  précis  auxquels  la  puissance  génitale  apparaît  et 
s'éteint;  il  est,  sous  ce  rapport,  des  prédispositions  tenant 
aux  causes  les  plus  diverses,  telles  que  le  climat,  le  tempé- 
rament, l'état  de  maladie  ou  de  sonté,  l'éducation,  les  habi- 
tudes, etc.,  etc.,  prédispositions  qui  font  de  chaque  individu 
une  espèce  d'être  h  part,  et  par  l'influence  desquelles  les 
organes  génitaux  ont  en  quelque  sorte  leurs  lois  propres 
d'évolution  et  de  dépérissement. 

Si  la  fonction  «génératrice  n'était  dominée  que  par  des 
causes  générales,  indépendantes  de  nous,  comme  le  climat, 
la  constitution  et  jusqu'à  un  certain  point  le  tem|)éra- 


AGES.  253 

ment, etc.)  on  pourrait  préciser  d'une  manière  assez  exacte 
les  époques  diverses  du  cercle  qu'elle  parcourt;  malheu* 
reosement  il  n'en  est  point  ainsi,  et  les  modifications  les  plus 
profondes  que  subit  son  action  lui  viennent  de  circonstances 
changeantes  et  variables  comme  chaque  individu. 

On  a  dit  depuis  longtemps  qu'il  n'eiistait  pas  deux  êtres 
hamains  parfaitement  semblables;  cetle  proposition,  dont 
je  n*ai  pas  à  discuter  la  vérité  d'une  manière  générale,  est 
inattaquable,  appliquée  au  sujet  qui  nous  occupe.  Sous  ce 
rapport,  chacun  est  son  modèle,  chacun  reste  lui,  et,  plus 
qu'en  toute  autre  circonstance,  on  doit  recommander  ici 
le  connais-toi  toi-même  du  philosophe  grec. 

Aussij  adolescents  et  vieillards,  vous  que  poussent  vers 
des  voluptés  défendues  et  par  conséquent  pleines  de  dangers 
et  d'amertume,  soit  de  vagues  aspirations  vers  des  délices 
encore  inconnues,  soit  le  souvenir  ou  le  regret  de  la  perte 
d'an  bien  pour  toujours  irréparable,  ne  regardez  jamais 
autour  de  vous ,  ne  mettez  pas  votre  ambition  à  suivre  les 
traces  de  votre  voisin  :  la  mesure  de  vos  forces  est  en  vous 
et  non  ailleurs. 

Certes  les  exemples  de  précocité  et  de  longévité  amou- 
reuses ne  manquent  pas  :  sous  ce  rapport,  et  pour  ne  parler 
ici  que  de  notre  sexe,  saint  JérAmc  assure  qu'un  enfant  de 
dix  ans  fit  goûter  les  plaisirs  amoureux  h  une  nourrice  avec 
laquelle  il  couchait  et  qu'il  finit  par  la  rendre  enceinte; 
Planque  rapporte  Thistoire  de  deux  enfants  qui,  à  l'Age  de 
quatre  ans,  avaient  les  organes  génitaux  si  développés  qu'ils 
pouvaient  accomplir  l'acte  vénérien  (1).  L'ancien  Journal 
i/e  médecine  renferme  plusieurs  observations  de  ce  genre,  et 
entre  autres  celle  qui  lui  fut  communiquée  par  Fagès  deCa- 
telles,  et  dans  laquelle  il  est  dit  qu'au  mois  de  juillet  1753^ 

(I)  BUdiothhitie  choiêiê  de  médecine,  t.  I,  art.  ÂccioissEMEirr. 


.....o.  m  :'>.>ii:  fue  Tnit  |tut  croin»  en  ph-îiie 

,,    ^     î  .1.  ~?J'i*.  l-""or;;jim'!nlt' 1.1  ••l'iiérnlinn 

....  .-.  f.-\-if'nenl  la  forme  exléru'itii'  (pi'ils 

^  ..t  'i  niiiii'  ilt>  Irciilc  ans  hien  ivnfnniK'  ; 

.    .  mi''it  Eemps  un  pcticliaiil  bicii  tlÎTJili'^  (loiir 

..:iijt,  spIuii  les  csprossiuiis  (le  Tniiti-ur.  h  se 

>.''  liilts  nubile»,  au|irès  <li.-M|ui-lle!i  il  iiiaiii- 

^v       '^  .1 -K  l>'S  |)luN  )ms?<i»iicit'>s.  M.  Iciluclcur  l'uielle 

,^:i  -'■■!■    a  ubxurvé  uri  fiiit  «le  giulicrlé  iiuii  iiiuiiLs  pré- 

-.v.  ^i>  Jii  [■cil  <:ai\-oii  i)*-  Irui^  ni)»  et  quatre  luuis  (I  ;. 

«.^  «\eiii|ile>  lie  ^ieillillllN  ilitiil  les  furce»  |;éiiitit1i>$  se 
<'iiM.'i«t.-iviit  jusi(U(!  dans  nn  A^ie  avaiieé  sont  encore  plus 
MiUijieuii  i|ue  c'eii\  ilenfaiils  à  lirililr  préi'oce.  MRssiiiis<u, 
•j.  tic  ?iunii(lii-,  cn^oriiln)  MeliiMinule  ,  an  ilirc  il<>  ^'.1lt■^e 
\ljiimc,  flprtV  SO  mis  :  W  iiilislas,  nii  i)e  IVilo^iie.  eut  ilciix 
^jivi>ns  à  ['i\[-<'  <l<'  '.)(}  iiiis;  enliii  (imt  le  niuiiih-  ((iniiiiil 
;  licliiiie  iliici'lilirc  An<;liiis 'riinmns  l'arr,  <|ui,  !i  l'A^c  île 
tYiitiiiiSifii^iil  |iai(.i^i-r'  ii  t-a  l'fiiini<-,i)iii('ri  fil  r.iu-n.  loiiU's 
k•^  ^olll|.té^  lie  lu  cihuIh-  ninju^ali'. 

Sans  <luiil<',  les  i-\''i)i|ilpa  t}iii'  ji'  iieM<  de  riipjiorler  et 
dont  j'iiMiui>  jiu  >iw*  |ieiiii-  iiu^tiui-iiliT  le  iiMnilin-,  rinisti- 
lueiil  di's  e\tf|iliuii.  ijii'i.  i-sl  liicri  niri'ini'nl  iirnui»  il'iniiltT , 
et  [I  ouu'iil  iiiiriitelte  niKlièn'il  n'j  ii  i)iriiiiediirértMK-e  de 
plus  1)11  il>-  moins. 

Kt  cela  est  xi  inii  (]iie  l'un  rcnainlre  tous  les  jniirs  des 
liuinmes  dans  lt>ute  io  rmce  de  l'i^^e,  de  :iO  à  3r>  ans,  pur 
exemple,  plus  tieu\,  plus  ilécréfiib,  au  point  île  tue  de  lu 
l'unclion  r»,  idiitriie,  ipii'  reilnins  tieilliuijs  de  (>5  a  H)  uns  ^ 
et,  I  •iH-e  i|Ui'  eelui'ii  inontri'iu  encute  i|uel(|iie  tulenr  eon- 
jn^iiile,  le  preiiiii'i  diMiil-il  Imiiinenlcr  sesoi^anes  fali^zués 
lui  usi':>.nunl  rA^i'.'.Nijii.ltii-nôkJJuiiinientiion.et  lu  science, 
(I;  llulirliiidelAcaduiHiiilrmtiliciiM,  l'dris,  ItiJ,  t.  VIII,  p.  liii. 


AGES.  255 

d'accord  ici  avec  la  sagesse,  lui  prescrira  de  régler  l'exercice 
de  la  fonclion  copulalrice  d'après  les  forces  qui  lui  restent  et 
les  désirs  qui  Tamment. 

Jeunes  et  vieux  imprudents,  qui  voulez  courir  après  des 
voluptés  qui  vous  fuient,  ne  demandez  ni  au  libertinage,  ni 
k  la  médecine  une  énergie  factice  et  toujours  funeste;  chaque 
âge  a  ses  plaisirs,  le  vdtre  ne  doit  point  connaître  ceux  de 
Tamour;  vous  que  sollicitent  les  charmes  d'un  monde  en^ 
core  inconnu,  résistez  à  ces  tentations  étranges  et  nouvelles, 
et  sachez  être  enfants;  la  vie  s'offrira  à  vous  avec  tous  ses 
sourires,  et  les  organes  que  vous  aurez  ménagés  vous  pro- 
cureront plus  tard  des  voluptés  complètes  et  sons  amertume; 
et  vous  dont  l'imagination  a  dû  se  réfugier  dans  la  mémoire, 
éloignez  de  votre  esprit  les  souvenirs  trop  doux  et  les  regrets 
trop  amers;  sachez  être  vieux (1);  La  Rochefoucauit  avance 
que  la  maxime  est  difficile  à  suivre;  mais  pour  adoucir  et  faci- 
liter votre  obéissance  à  cette  loi  fatale  de  notre  être,  songez 
que  la  récompense  de  votre  sacrifice  est  la  conservation  et 
la  prolongation  de  la  vie,  ce  bien  suprême,  ce  don  magni- 
fique de  Dieu. 

On  a  prétendu,  en  s'appuyant  sur  l'exemple  du  roi  David, 
qu'il  était  possible  de  redonner  au  vieillard  les  forces  per- 
dues en  le  faisant  coucher  avec  des  adultes  sains  et  bien  por- 
tants de  l'un  ou  de  l'autre  sexo,  et  surtout  du  sexe  fémi- 
nin. A  cet  effet,  Boerhaave  raconte  qu'un  vieux  bourg- 
mestre d'Amsterdam,  étant  tombé  dans  un  épuisement 
profond,  coucha,  d'après  ses  conseils,  entre  deux  jeunes 
iilles,  belles  et  d'une  bonne  santé,  et  en  retira  un  si  grand 
avantage  que,  après  quelque  temps  de  ce  traitement,  la 
grossesse  d'une  des  deux  femmes  l'avertit  de  suspendre  la 
médication,  afin  de  ne  pas  voir  le  remède  devenir  à  son 
(I)  Réveillé  Parise,  Trailé  de  la  vieiUeMB,  Paris»  4863. 


2t56  m  PUISSANCE  symptomatioub. 

tour  cause  de  la  maladie.  Le  roi  David,  pour  avoir  élé  moins 
prudent,  paya  de  sa  vie  Tusage  trop  répété  du  remède, 
quoique  son  historien  ne  l'accuse  pas  d'être  sorti  des  bornes 
de  la  bienséance  avec  la  belle  Abisag. 

Est-il  besoin  de  rappeler  les  arguments  avec  lesquels  les 
anciens  auteurs  soutenaient  une  pareille  médication?  La 
vie  exhalée  d'un  côté  et  absorbée  de  l'autre  !  Quelle  étrange 
fontaine  de  Jouvence  !  C'est  la  fable  du  vampire  élevée  h 
la  hauteur  de  la  science.  N'est-il  pas  plus  rationnel  d'ad- 
mettre que  rhistoricn  du  roi  Uavid,  voulant  cacher  les 
désordres  de  la  vieillesse  de  celui  que  l'on  appelait  grand  et 
saint  entre  tous,  inventa  cette  explication  physiologique  que 
l'ignorance  accepta  d'abord  et  que  la  tradition  consacra 
ensuite ,  sans  que  le  servum  pecus  qui  In  recevait  en  héri- 
tage ait  pris  la  peine  d'en  pénétrer  le  sens  véritable.  Abisag 
n'était  pas  autre  chose  pour  le  roi  Uavid  qu'un  médicament 
aphrodisiaque;  les  deux  jeunes  filles  dont  jmrle  Boerhaave 
répondaient  à  la  même  indication  auprès  du  vieux  bourg- 
mestre d'Amsterdam. 

Vieillards,  fuyez  cet  aphrodisiaque  comme  les  autres; 
son  action  est  peut-être  plus  terrible  encore  que  celle  du 
phosphore  ou  du  geng-seng;  n'étreignez  pas  dans  vos  bras, 
sous  prétexte  d'une  absorption  imaginaire,  déjeunes  filles 
saines  et  belles,  car,  plus  actif  que  la  robe  de  Déjanire, 
leur  feu  consumerait  bientôt  vos  chairs  et  tarirait  les 
sources  de  la  vie. 

Je  n'entends  parler  ici  ni  des  constitutions  pathologiques^ 
si  je  puis  ainsi  dire,  ni  des  accidents  inoffensifs  qu^entruinent 
parfois  certains  tempéromenls,  comme  l'obésité  par  exemple, 
qui  survient  h  la  suite  du  tempérament  lymphatique  ;  — 


GonsTiTOTioN,  TB11P611AMENT.  257 

les  unes  et  les  autres  trouveront  ailleurs  leur  place;  — 
j«  ne  dors,  pour  le  momenl,  considérer  ()ue  les  constitutions 
et  les  tempéraments  compatibles  avec  l'état  de  santé. 

Qu'on  me  permette,  en  passant,  de  m'inscrire  en  faux 
contre  les  physiologistes  qui  ont  fait  de  la  santé  un  étot 
type,  auquel  ils  ont  assigné  des  attributs  immuables  et  des 
caractères  imaginaires.  Non,  la  santé  n'est  pas  un  état 
absolu  ;  on  la  trouve  sous  les  formes  les  plus  diverses,  et 
c'est  i  Bon  occasion  que  l'on  peut  sâretnent  dire  que  les 
apparences  sont  trompeuses.  Un  de  mes  amis,  que  sa 
constitution  fréle  et  délicate  avait  tenu  éloigné  du  régime 
des  collèges,  et  que  ses  parents  entouraient  de  soins  inces- 
sants et  constamment  dirigés  par  la  meilleure  hygiène, 
quitte  enfin  ii  dix-huit  ans  la  maison  paternelle  pour  aller  faire 
ses  études  de  droit  dans  une  ville  voisine.  Les  recomman- 
dations, comme  on  le  pense  bien,  ne  lui  manquèrent  pas, 
et  la  sollicitude  maternelle  épuisa  les  conseils  que  lui  suggé- 
rèrent l'amour,  ta  raison  et  la  science,  pour  conserver  une 
existence  que  le  moindre  soufQe  semblait  devoir  briser.  Le 
jeune  homme,  qui  voyait  luire  pour  la  première  fois,  comme 
il  me  récrivait,  une  étoile  de  liberté  au  ciel  de  son  /tt,  en 
fut  si  ébloui,  que  sa  mémoire  perdit  le  souienîr  des  craintes 
et  des  recommandations  de  sa  mère.  Il  se  jeta,  avec,  toute 
l'ardeur  d'un  néophyte,  dans  une  vie  de  débauche  et  d'orgie. 
Ses  nuits,  quand  elles  n'étaient  pas  consacrées  au  jeu,  se 
passaient  dans  des  excès  de  femmes;  les  bouillons,  les 
potages,  le  chocolat,  la  cAtelelle,  tout  le  régime  si  ponc- 
tuellement suivi  pendant  de  longues  années  dans  la  maison 
paternelle,  furent  abondonnés  et  remplacés  par  des  repas 
digues  de  Sardanapale  ou  de  Gamache  ,  et  que  les  vins  de 
toutes  sortes  arrosaient  de  leurs  Dots  écumanls. 

Pendant  trois  ans,  ces  excès  dejeu,  de  femmes  et  de  table 


â58  IMPUISSANCE   SVMPTOMATIQOB. 

auxquels  eût  peut-être  succombé  riiomme  doué  de  Tétat 
type  de  santé,  n'eurent  aucune  fâcheuse  influence  sur  celui 
dont  Pexistence  semblait  être  un  prodige  de  l'art  mé- 
dical et  de  l'amour  d'une  mère;  depuis  quinze  ans,  au 
milieu  des  agitations,  des  tourments  et  des  plaisirs  de  la 
vie,  la  santé  du  jeune  homme  n'a  subi  aucune  atteinte, 
malgré  les  apparences  toujours  trompeuses  de  sa  consti- 
tution. 

Reconnaissons  donc  que  la  santé  est  un  état  essentielle- 
ment variable,  autant  dans  ses  manifestations  que  dans  ses 
conditions  d'existence.  Parce  qu'un  homme  aura  une  moindre 
vitalité  et  présentera  un  développement  moins  considérable 
des  instruments  de  la  vie  que  le  type  ordinaire  de  ses  sem- 
blables, devra-t-on  en  conclure  que  là  n'existe  pas  la  santé? 
Évidemment  non.  La  santé,  je  le  répèle,  n'est  point  un 
être  abstrait,  absolu;  c'est  un  rés^ullat,  c'est  le  fruit  du  jeu 
normal  et  régulier  des  organes;  que  cette  action  se  produise 
avec  une  activité  plus  ou  moins  grande,   la  conséquence 
n'en  sera  pas  modifiée.  Quand  un  convoi  de  chemin  de  fer, 
qu'on  me  permette  cette  comparaison,  est  lancé  sur  une 
voie,  quo  la  \itcsse  soit  grande  ou  petite,  le  convoi  n'en 
suit  pas  moins  la  même  direction;  il  peut  y  avoir  une  diiïé- 
rence  de  vitesse,  mnis  la  marche  est  toujours  normale.  Il  en 
est  de  mêm<'  de  la  santé  :  que  la  force  vitale  soit  énergique 
ou  languissante,  pourvu  qur  les  organes  ne  soient  point 
altérés,  le  résultat  sera  analogue,  il  n'y  aura  qu'une  dilTé- 
rence  de  plus  ou  de  moins. 

Ces  considérations  purement  physiologiques  ne  sont  pas 
aussi  étrangères  à  mon  sujet  qu'elles  semblent  lo  paraître; 
car  si  la  santé  est  compatible  avec  toutes  les  nuances  do  l'or- 
ganisation harmonique,  l'impuissance,  état  essentiillement 
|>atbologique,  ne  peut  coexister  avec  aucune  constitution 


CONSTITUTION,    TEMPÉRAMBNT.  25tt 

et  aucoD  tempérament  tels  que  j'ai  déclaré  les  devoir  consi- 
dérer dans  ce  paragraphe. 

C'est  ce  que  l'expérience  prouve  en  eiïet. 
Aussi  je  ne  crains  pas  de  poser  en  principe  que,  en  dehors 
de  tout  état  maladif,  il  n'existe  aucune  constitution  et  aucun 
tempérament    capables    do    produire   l'impuissance   chei 
rbomme. 

Qu'on  n'accuse  pas  cette  proposition  d'être  trop  absolue , 
elle  est  l'expression  exacte  de  la  vérité  ^  si  elle  est  contraire 
a  ce  que  l'on  trouve  généralement  dans  les  auteurs,  je  suis 
convaincu  que  ceux-ci  sont  tombés  dans  l'erreur  pour  n'avoir 
pas  auflisamment  séparé  ce  qui  était  santé  et  ce  qui  était 
maladie.  Ne  serait-ce  pas  tomber  dans  une  confusion  étrange 
que  de  prétendre,  par  exemple,  que  l'hystérie,  Tépilep- 
sîe,  etc.,  sont  des  attributs  d'une  constitution  délicate  ou 
d'un  tempérament  nerveux  ?  Sans  doute  une  constitution 
semblable  et  un  tempérament  pareil  peuvent  être  des  causes 
prédisposantes  de  ces  affections,  mais  à  coup  sûr  l'hystérie  et 
Tépilepsie  sont  des  états  pathologiques  parfaitement  dis- 
tincts et  indépendants  de  toute  constitution  et  de  tout  tem- 
pérament. 

L'impuissance  est  dans  le  même  cas  :  c'est  une  maladie 
et  non  un  attribut  ;  et  en  cette  qualité,  elle  reconnaît  des 
causes  déterminantes,  occasionnelles  et  prédisposantes. 

Parmi  ces  dernières,  une  constitution  faible  et  un  tempé*- 
rament  lymphatique  occupent  le  premier  rang,  et  l'on  con- 
çoit qu'il  n'en  peut  être  différemment,  si  l'on  considère  que 
c'est  au  milieu  de  ces  conditions  organiques  que  la  vitalité 
est  la  moins  grande  et  les  forces  plastiques  les  moins  éner- 
giques. 

De  plus,  et  comme  conséquence  forcée  de  ces  pré- 
misses, sous  l'empire  de  pareilles  circonstances,  les  désirs 


!260  IMPUISSANCE   8YlirrOlfATIQt;i. 

vénériens  sont  [>aresseux  et  la  puissance  virile  languissante. 
De  tous  les  faits  nombreux  de  ce  genre  que  j'ai  vus,  je 
ne  citerai  que  l'observation  d'un  avoué  de  première  instance 
du  tribunal  de  la  Seine,  qui  Jouissant  d'une  santé  parfaite, 
malgré  un  tempérament  lymphatique  type^  ne  s'abandonne 
aux  rapprochements  sexuels  que  tous  les  deux  ou  trois  mois, 
avec  une  érection  lente  et  difficile  à  se  produire.  Loin  de  se 
plaindre  de  cette  apathie  du  sens  génital,  il  s'en  réjouit, 
au  contraire,  et  se  loue  de  ne  pas  subir  le  joug  de  passions 
qui  l'entraveraient  dans  ses  aiïaires  et  ses  plaisirs  de  prédi- 
lection. 

Évidemment  cet  homme,  malgré  la  faiblesse  de  ses  désirs 
et  la  difficulté  de  ses  érections,  n'est  pas  impuissant;  seule- 
ment la  fonction  génitale  participe  de  la  langueur  qui  frappe 
toutes  les  autres  fonctions,  et  cette  liormonic  qui,  sans  nul 
doute,  est  le  polladium  dosa  sonté,  serait  h  coup  sur  rompue 
par  des  désirs  vénériens  plus  vifs  et  une  énergie  génitale 
plus  forte. 

Pour  conserver  cette  harmonie,  si  nécessaire  au  maintien 
de  la  sonté,  il  faut  bien  se  garder  d'activer  une  fonction  au 
détriment  des  autres;  aussi,  dans  les  cas  de  cette  nature, 
le  médecin  prudent  et  sage  ne  doit  point  céder  aux  sollici- 
tations du  malade  qui,  no  se  préoccupant  que  de  la  faiblesse 
des  organes  génitaux,  demande  une  médication  excitante  et 
purement  locale. 

Répondre  à  ce  vœu  imprudent  serait  non-seulement  faire 
de  la  médecine  pitoyable,  mais  encore  s'exposer  à  jeter  le 
trouble  dans  un  organisme  sain. 

La  modification  à  produire  doit  porter  sur  l'économie  tout 
eiitiète,  et  tenez  pour  assuré  que  Taclivité  génitale  croîtra 
en  proportion  directe  de  Ténergie  de  la  force  plastique. 

C'est  ici  que  l'on  obtiendra  un  véritable  triomphe  avec 


CONSTITUTION,    TBMPÉRAMBNT.  261 

une  hygiène  bien  ordonnée  et  secondée  par  les  ferrugineiii 
comme  médicament.  Un  régime  alimentaire  fortifiant  et 
tonique  jouera  nécessairement  un  grand  rôle  à  côté  des 
ciercices  corporels  en  plein  air  et  au  soleil. 

Les  organes  génitaux  n'exigent  pas  ordinairement  des 
soins  spéciaux  ;  ils  participent,  comme  les  autres  organes, 
au  surcroît  de  vitalité  que  le  traitement  amène,  et  ce  n'est 
que  dans  des  cas  assez  rares  qu'il  est  nécessaire  d'agir 
directement  sur  eux.  Dans  les  circonstances  où  il  est  utile 
d'éveiller  et  de  surexciter  le  génésique  endormi,  en  dehors 
da  régime  et  du  traitement  fortifiants,  il  faut  se  garder  de 
recourir  è  des  excitants  internes,  afin  de  ne  pas  déterminer 
dans  les  premières  voies  une  inflammation  ou  même  un  état 
d'irritation  qui,  en  annihilant  Taction  digestive  de  l'esto- 
mac et  des  intestins,  rendrait  illusoires  et  impossibles  les 
principales  bases  de  la  médication. 

Ce  sont  les  moyens  externes  et  les  moyens  moraux  que 
le  praticien  sage  appellera  h  son  aide. 

Parmi  les  premiers,  il  aura  à  choisir  entre  les  onctions, 
les  fomentations  et  les  frictions  pratiquées  sur  le  périnée, 
les  lombes  et  la  base  de  la  verge,  avec  les  substances  aroma- 
tiques, ou  avec  les  agents  dont  l'action  est  excitante.  La  fla- 
gellation, exercée  avec  modération  et  comme  je  l'ai  indiqué 
ailleurs,  oiïrira  une  ressource  précieuse,  en  appelant  vers 
les  régions  du  bassin  un  afflux  plus  considérable  de  sang. 
L'électricité,  le  magnétisme  et  l'acupuncture,  sans  être  for- 
mellement contre-indiqués,  seront  d'un  bien  faible  secours, 
car  leur  action,  ainsi  que  je  l'ai  dit  autre  part,  est  essen- 
tiellement excitatrice. 

Les  moyens  moraux  doivent,  dans  cette  médication  di- 
recte, occuper  une  place  importante*  Les  romans,  les  bals, 
les  spectacles,  les  tableaux  lascifs,  tout  ce  qui  parle  à  l'ima- 


262  IMPinSSARCB   SYMnOMATlQUI. 

gination,  tout  ce  qui  éveille  les  désirs,  tout  ce  qui  s'adresse 
au  sens  vénérien,  devra  être  mis  h  contribution  ;  la  société 
des  femmes,  de  celles  surtout  dont  les  mœurs  permettent 
certaines  privautés  et  certaines  libertés  de  langage,  sera 
conseillée,  dans  les  limites,  bien  entendu,  de  la  décence  et 
de  l'honneur.  Cette  dernière  condition  est  tout  autant  une 
maxime  de  morale  qu'un  précepte  de  médecine,  car  l'excès 
dans  l'emploi  de  ces  moyens  moraui,  loin  de  produire  la  salu- 
taire excitation  que  Ton  recherche,  amène  souvent,  surtout 
chez  les  malades  de  cette  espèce,  le  dégoût  et  l'aversion  pour 
les  pratiques  amoureuses.  Le  médecin  ne  saurait  donc  être 
trop  circonspect  dans  cette  partie  de  la  médication,  et,  avant 
de  l'ordonner,  il  devra  mesurer,  en  quelque  sorte,  l'énergie 
et  In  tendance  des  facultés  intellectuelles  de  son  malade. 

2'*  IMPCISSANCE  SYMPTOMATIQUE   D*DN  ÉTAT  PATflOLOGlQDE. 

S  I.  —  De  la  ■■trIUoB. 

Comme  en  beaucoup  de  circonstances,  dans  la  nutrition, 
au  point  de  vue  spécial  qui  nous  occupe,  les  extrêmes  so 
touchent.  L'obésité  et  le  marasme,  en  prenant  ces  mots 
comme  expressions  de  la  difTérence  en  plus  ou  en  moins  de 
Tasèimilation  sur  la  déperdition,  quoique  présentant  des 
caractères  fort  opposés,  peuvent  cependant  tous  les  deux 
amener  l'impuissance. 

En  raison  de  ce  point  de  contact  de  leur  histoire,  ces 
deux  afTections  trouvent  à  côté  l'une  de  l'autre  une  place 
dans  ce  chapitre  ;  mais,  eu  égard  à  la  dissemblance  de  leur 
physionomie,  elles  demandent  à  être  séparées  et  è  être  étu- 
diées isolément. 

C'est  ce  que  je  vais  faire  en  conservant,  pour  bien  préciser 
na  pensée»  les  mots  obésité  et  marasme. 


DB    LA    NUTRITION.  263 

ObAsité.  —  Quand  on  songe  au  tissu  graisseux  dont  les 
eunuques  sont  chargés,  et  à  Tembonpoint  qu'acquièrent  les 
individus  dont  le  génésique  est  paresseux  ou  s'est  éteint 
avant  TAge,  on  se  demande  s*il  ne  conviendrait  pas  mieux 
de  considérer  l'obésité  comme  un  signe  de  l'impuissance, 
au  lieu  d'en  faire  un  état  pathologique  dont  Tanaphrodisie 
est  un  symptôme. 

Sans  doute,  cotte  manière  de  voir  est  tout  aussi  vraie  que 
celle  que  j'ai  adoptée,  et  toutes  les  deux  s'expliquent  par 
les  lois  qui  régissent  les  sympathies.  Qu'on  me  permette 
d'éclairer  ma  pensée  |)ar  un  exemple  commun,  et  par  cela 
même  connu  de  tous. 

A  la  suite  d'une  indigestion  ou  d'une  mauvaise  disposition 
de  l'estomac,  il  n'est  pas  rare  de  voir  survenir  un  violent 
mal  de  tétc,  une  migraine  intense  3  de  même  un  violent  mal 
de  tète,  une  migraine  intense  déterminent  souvent  des 
nausées,  des  vomissements,  une  véritable  indigestion.  N'esl- 
il  pas  évident  que,  conséquemment  aux  relations  intimes 
qui  unissent  le  cerveau  et  l'estomac,  les  maladies  de  Tud 
sont  tour  h  tour  causes  et  effets  des  maladies  de  l'autre  ? 

Ces  sortes  de  sympathies,  dont  la  physiologie  tient 
grand  compte,  et  que  j'aurai  moi-même  a  examiner  dans 
ane  autre  partie  de  cet  ouvrage,  ne  sont  pas  limitées  aux 
organes  et  aux  fonctions  normales  de  l'économie;  elles 
s'étendent  à  divers  états  pathologiques,  et  ce  qui  se  passe 
entre  l'obésité  et  l'impuissance  en  est  une  preuve  certaine. 

Ces  deux  affections,  en  effet,  peuvent  être  tour  à  tour 
cause  et  elfet  l'une  de  l'autre;  et  il  n'est  pas  plus  rare  de 
voir  un  obèse  impuissant  qu'un  impuissant  pourvu  d'un  em- 
bonpoint considérable. 

Ici  je  ne  dois  m'occuper  de  l'obésité  qu'en  tant  qu'elle 
produit  l'anaphrodisie. 


26&  IMPUISSANCE   SYMPTOMATIQUB. 

L'obésité,  il  Tautbien  le  reconnatire,  n'est  pas  toujours  le 
résultat  d'une  nutrition  vicieuse;  elle  est  quelquefois  due  a 
une  prédisposition  particulière,  h  une  idiosjncrasie  spéciale  : 
dans  ce  cas,  elle  est  presque  constamment  accompagnée 
d'une  impuissance,  sinon  complète,  au  moins  d'une  indilTé- 
rence  pour  les  plaisirs  vénériens  et  d'une  paresse  des  organes 
génitaux  qui  touchent  de  bien  près  à  l'impuissance.  Chez 
les  individus  atteints  de  polysarcie  naturelle,  la  verge  et  les 
testicules  contrastent  étrangement,  par  leur  petitesse,  avec 
les  formes  énormes  de  toutes  les  autres  parties  du  corps;  ils 
sont  cachés  et  perdus  dans  un  monceau  de  graisse,  et  leur 
présence  est  à  peine  signalée  par  quelques  poils  rares  et 
clair-semés. 

Dans  l'obésité  accidentelle,  c'est-h-dire  dans  celle  qui  appa- 
raît h  rtge  moyen,  h  la  suite  d'une  alimentation  copieuse  et 
succulente,  d'une  vie  molle,  sans  fatigues  physiques  et  sans 
préoccupations  morales,  les  organes  génitaux  conservent 
ordinairement  le  volume  qu'ils  présentaient  avant  l'embon- 
point, mais  le  développement  énorme  des  parties  voisines  , 
avec  lesquelles  on  les  compare  naturellement,  les  fait  pa- 
raître plus  petits  ;  quelquefois,  il  est  vrai,  les  testicules, 
obéissant  à  la  loi  ph}siologique  qui  proportionne  le  volume 
d'un  organe  à  l'exercice  de  sa  fonction,  s'atrophient  et 
rendent  alors  réelle  la  diminution  des  parties  génitales  ex- 
ternes. 

Mais  que  cette  atrophie  soit  vraie  ou  fausse,  le  coït  est 
assez  souvent  rendu  impraticable  par  le  développement  con- 
sidérable de  l'abdomen;  c'est  un  obstacle  mécanique  dont 
l'homme  triomphe  quelquefois  par  la  position  qu'il  prend 
et  qu'il  donne  à  la  femme,  mais  qu'il  lui  est,  quelquefois 
aussi,  impossible  de  surmonter. 

La  morale  et  les  bienséances  semblent  se  révolter  contre 


DE   LA    NUTRITION.  !265 

de  pareilles  prescriplions  médicales,  et  il  me  faut,  pour  les 
justifier,  m'appuyer  sur  l'autorité  de  de  Lignac  :  o  On  peut, 
dit-il,  pour  faciliter  les  époux,  permettre  la  situation  qui 
leur  est  la  plus  commode.  La  religion  ne  s'y  oppose  pas, 
lorsque  le  but  où  tendent  ces  eflbrts  est  la  multiplication  de 
l'espèce.  Il  est  plus  contraire  à  la  sainteté  des  dogmes  de 
la  religion  de  jouir  des  plaisirs  stériles  que  de  chercher  è 
les  rendre  féconds  par  les  moyens  qu'indiquent  la  nature  et 
rinstinct  à  tous  les  animaux.  Je  n'entends  pas  conseiller  aux 
époux  ces  postures  inventées  par  la  débauche  et  le  liber-* 
tinage  le  plus  effréné,  capables  de  causer  la  stérilité,  bien 

loin  d*y  remédier Que  ces  attitudes  trompeuses,  qui 

semblent  oflrir  l'image  de  la  volupté  aux  cœurs  corrompus 
et  flétris,  restent  dans  les  lieux  où  l'amour  n'a  jamais  pé- 
nétré sans  horreur,  dans  ces  lieux  où  le  plaisir  ftt  un  monstre 
auquel  on  sacrifie  avec  les  transports  de  la  fureur  !  L'hymen, 
plus  attentif  à  donner  de  l'énergie  à  la  volupté  qu'à  multi- 
plier les  sacrifices  qui  l'appellent,  bannit  de  ses  mptères 
tout  ce  qui  peut  effaroucher  la  pudeur  et  la  décence  ;  car 
il  en  est  une,  quoi  que  en  disent  les  cyniques.  Toute  pos- 
ture qui  tend  à  écarter  de  la  jouissance  les  fruits  qu'on 
a  lieu  d'en  espérer,  est  contraire  aux  lois  naturelles;  et 
toutes  celles  qui  aplanissent  les  obstacles  qui  s'opposent 
h  la  conception  doivent  être  admises  dans  les  cas  qui  les 
exigent  (1).» 

Cependant,  pour  que  l'obésité  constitue  un  empêchement 
absolu  au  coït,  il  faut  qu'elle  ait  atteint  des  proportions  con- 
sidérables, car  l'esprit,  poussé  par  le  démon  de  la  voluptéj 
a  des  ressources  infinies,  et,  sous  ce  rapport,  l'homme  n'est 

(4)  De  l'homme  et  de  la  femme  considérés  physiquement  dans  l'état 
de  moHage,  4777, 1. 1,  p.  292  et  293. 


266  IMPUISSANCE    SYMPTOMATIQUB. 

pas  inférieur  aux  autres  êtres  de  la  création,  dont  le  poète 
a  dit  : 

El  dans  les  doux  instants  de  leurs  folles  ardeors, 
Les  bétes  ne  sont  pas  si  bètes  que  l*on  pense. 

Malheureusement  Tobstacle  mécanique  n*est  pas  la  plus 
grande  difficulté  à  vaincre  ;  Tobésité  détermine  une  débilité 
génitole  plus  ou  moins  prononcée,  et  qui  peut  même  aller 
jusqu'à  l'impuissance  complète.  Les  organes  copulateurs 
ne  sont  pas  seuls  à  subir  cette  influence  :  Tenthousiasme 
vénérien  s'aiïaiblit,  les  désirs  s'éteignent,  et  l'homme  par- 
yenu  è  cet  état  n'a  plus  d'autres  passions  que  celles  de  la 
table,  et  ne  rêve  d'autre  bonheur  que  celui  d'une  vie  sans 
agitation,  dans  la  plus  parfaite  quiétude  de  l'âme  et  du  corps. 

Quelquefois,  et  ce  sont  les  cas  les  moins  communs, 
l'aiguillon  intérieur  ne  s'est  émoussé  qu'incomplétemen(, 
et  alors  l'organe,  devenu  paresseux,  ré|)ond  faiblement  et 
même  ne  répond  pas  du  tout  h  lu  voix  de  Timagination. 
C'est  le  cas  de  ces  sybarites  qui ,  voulant  avoir  toutes  les 
délices  à  la  fois,  appellent  h  leur  table  somptueuse  des 
femmes  sémilliintes  d'esjirit  et  de  beauté,  et  dont  les  demi- 
toilettes,  les  poses  lascives  et  les  propos  badins,  évoquent 
une  ombre,  un  \Me  fantAme  de  volupté  d'amour. 

La  durée  et  la  gravité  de  Tespcce  d'impuissance  que 
j'examine  ici  sont  entièrement  sous  la  dépendance  de  l'obé- 
sité qui  la  produit  :  si  l'obt^sité  tient  à  une  idiosyncrasie,  à 
une  prédisposition  native,  l'impuissance  sera  à  peu  près, 
comme  cette  sorte  d'obésité,  incurable.  Seulement,  si  l'ana- 
phrodisie  n'est  qu'incomplète ,  c'est-à-dire  si  les  désirs  véné- 
riens ne  sont  que  paresseux  et  Térection  de  la  verge  et 
l'éjaculation  do  sperme  lents  à  se  produire,  on  s'adressera 
avec  avantage  à  la  médication  excitante  tant  interne  qu*ex- 


DE   LA   NUTRITION.  267 

terne,  tant  générale  que  locale.  L'exercice,  la  fatigue  cor- 
porelle même,  rinsolation,  les  bains  de  mer,  ceux  d'eaui 
minérales  contenant  en  dissolution  le  fer  ou  ses  composés, 
lutteront  tout  à  la  fois  contre  Tobésité  et  l'impuissance  j  les 
excitants  généraux,  dont  la  liste  est  fort  longue,  mais  parmi 
lesquels  je  citerai  la  cannelle,  le  fenouil,  le  galanga,  le  gin- 
seng,  la  maniguette,  la  vanille,  etc.,  se  partageront,  avec 
les  excitants  spéciaux  des  organes  génitaux,  tels  que  Tacide 
formique,  le  phosphore,  etc.,  les  bases  du  traitement.  On 
ne  négligera  point  les  toniques  qui,  administrés  à  propos, 
rendront  des  services  signalés  :  les  lotions  et  les  ablutions 
d'eau  froide,  soit  seule,  soit  chargée  de  principes  aromati- 
ques, seront  pratiquées  sur  le  périnée  et  les  organes  copula- 
teurs;  j'ai  quelquefois  retiré  des  avantages  d'une  décoction  de 
garance  prise  à  la  dose  d'un  petit  verre  deux  fois  par  jour. 
Quand  l'obésité  est  accidentelle,  le  traitement  de  l'impuis- 
sance se  confond  avec  le  traitement  de  l'obésité  elle-même. 
Celui-ci  est  aussi  variable  que  les  causes  qui  peuvent  donner 
naissance  è  la  maladie  principale;  mais  on  peut  dire  d'une 
manière  générale,  que  Ton  doit  surtout  s'attacher  à  faci« 
liter  et  h   augmenter  les  excrétions;  pour  atteindre  ce 
but,  la  manière  de  vivre  et  le  régime  diététique  joue- 
ront  un   grand  rôle.  On  raconte  qu'un  Hollandais,   sé- 
duit par  la  nouvelle  de  la  guérison  radicale  d'un  obèse, 
obtenue  au  moyen  d'une  opération  par  le  chirurgien  Rotho- 
net,  qui,  pour  le  dire  en  passant,  avait  fait  ce  miracle  en 
enlevant  huit  livres  d'épiploon  dans  le  débridement  d'une 
hernie  ventrale,  ce  Hollandais,  dis-je,  se  rendit  a  Paris 
pour  se  soumettre  à  la  même  opération  ;  heureusement  pour 
lui ,  un  seigneur  de  sa  connaissance  se  chargea  de  sa  cure 
et  le  fit  enfermer  à  la  Bastille,  d'où,  après  deux  mois  passés 
au  régime  du  pain  et  de  l'eau,  le  Hollandais  sortit  trop 


268  IMPUIStUNGI   SYMFTOlUTIQni. 

complètement  guéri,  à  ce  qu'il  parait,  car  il  loi  fallot  suivre 
on  nouTcao  régime  poor  réparer  la  maigreur  citrème  à 
laquelle  il  était  réduit. 

Quoique  la  durée  et  la  persistance  de  Tanaphrodisie 
soient  réglées  sur  celles  de  Tobésité,  et  que  dans  la  plupart 
des  cas,  il  ne  soit  pas  nécessaire  de  diriger  contre  l'impuis- 
sance un  traitement  spécial,  il  est  utile  néanmoins  de  ne 
pas  entièrement  abandonner  à  la  nature  le  soin  de  réTeiller 
les  désirs  vénériens  et  de  rappeler  la  vigueur  perdue  dans 
les  organes  copulateurs;  il  la  faut  seconder  dans  ce  but 
louable,  et  pour  cela  Taire,  on  se  conformera  aui  conseils 
que  j'ai  donnés  plus  haut  h  l'occasion  de  Timpuissance 
amenée  par  Tobésité  native,  et  on  recourra  aux  excitants 
moraux  dont  j'ai  parlés  dans  le  paragraphe  relatif  aux  tem- 
péraments. 

Amaigiissemekt.  —  Les  causes  de  Pamaigrissemcnl 
sont  encore  plus  nombreuses  que  celles  de  l'obésité;  mais 
quelle  que  soit  la  nature  de  ces  causes ,  l'amaigrissement 
qui  en  résulte  est  toujours  caractérisé  par  une  perturbation 
dans  les  facultés  assimilatrices  et  réparatrices,  perturbation 
qui  amène  progressivement,  mais  continuellement,  une 
déperdition  de  substance. 

C'est  à  ce  titre  que  l'amaigrissement  trouve  ici  sa  place  : 
mais,  par  cela  même  que  je  ne  l'accueille  qu'en  vertu  d'un 
de  ses  caractères  les  plus  généraux,  je  ne  dois  présenter  sur 
lui  que  des  considérations  générales,  car  j'aurai  h  l'examiner 
plus  d'uno  fois  et  d'une  maniiTe  plus  spéciale  sous  les  noms 
de  marasme^  consomption ^  etc.,  quand  il  se  trouvera  lié  à 
certains  étals  pathologiques,  tels  que  le  diabète,  la  sperma- 
torrhée,  etc,  qui  solliciteront  particulièrement  mon  attention. 

Le  marasme,  qui  est  le  dernier  degré  de  l'amaigrissement, 
n'exerce  pas  toujours ,  abstraction  faite  de  la  cause  qui  le 


DE    LA    NUTRITION.  269 

produit,  la  même  influence  sur  les  organes  génitaux  :  tandis 
que  le  marasme  du  tabès  dorsalis  s'accompagne  d*une  im- 
puissance h  peu  près  complète,  la  consomption  de  la  phthi- 
aie  pulmonaire,  au  contraire,  se  montre  communément  avec 
des  désirs  vénériens  intenses  et  la  faculté  de  les  satisfaire. 

On  cherche  vainement  l'explication  de  ces  faits  étranges, 
et  le  système  nerveux,  que  la  science  aux  abois  a  l'habitude 
d'appeler  à  son  aide ,  est  incapable ,  quelque  théorie  que 
l'on  adopte,  de  nous  rendre  suffisamment  raison  de  ce 
phénomène. 

Cependant,  ne  donnons  pas  à  ce  fait  un  caractère  de 
généralité,  et  sachons  renfermer  dans  les  limites  de  l'excep- 
tion l'influence  excitatrice  exercée  sur  le  sens  génital  par 
la  consomption  tuberculeuse  :  la  règle,  acceptée  par  la 
théorie  et  reconnue  par  l'expérience,  veut  que  le  marasme, 
par  cela  même  qu'il  attaque  les  sources  de  la  vie  dans  les 
fonctions  plastiques  de  l'économie,  frappe  de  débilité  et  de 
mort  toutes  les  parties  de  l'organisme,  sans  même  en  excep- 
ter les  facultés  les  plus  nobles  de  notre  être,  les  facultés  de 
r&me  et  celles  de  l'esprit. 

En  dehors  d'une  de  ces  exceptions  étranges  dont  la 
nature  garde  le  secret  comme  pour  nous  rappeler  sans  cesse 
l'infériorité  de  notre  intelligence  et  la  vanité  de  notre  am- 
bition, on  comprendrait  difficilement  comment,  au  milieu 
du  trouble  profond,  de  la  désorganisation  générale  dont 
toute  l'économie  est  frappée  par  le  marasme,  on  compren- 
drait difBcilement,  dis-je,  comment  une  seule  fonction, 
la  plus  délicate ,  la  plus  capricieuse  de  toutes ,  resterait 
intacte  et  complète.  Ce  problème  heureusement  n'a  point 
été  posé  h  l'investigation  de  la  science,  et  les  faits,  en 
tenant  toujours  compte  de  l'exception,  nous  avertissent  que 
le  9enfl  génital  et  l'appareil  copulateur  participeut  au  dépé- 


270  IUPDISSjIKCB  symptomatiqde. 

risscmeiit  général,  et  suivent  dans  leur  marche  deKODdaiile 

toutes  les  autres  Tonctions  de  l'organisme. 

Avec  la  (It'trissure  de  la  verge  et  l'atropliie  des  testi- 
cules, les  désirs  vénériens  s'étrigncnt  et  l'imagination 
s'alTaiblit.  Vainement  vous  tenterci  le  malade  par  les  images 
les  plus  lascives,  par  les  discours  tes  plus  badins;  comme 
ceui  dont  parle  l'Écriture,  il  ii  des  ycut  pour  ne  pas  voir, 
et  des  oreilles  pour  ne  pu  entendre }  si  l'Age  lui  permet  des 
souvenirs,  sa  mémoire  oublieuse  ne  lui  retrace  plus  le 
tableau  des  voluptés  passées,  et  son  tmagioation  décolorée 
ne  rêve  plus  de  ce  mondo  si  plein  d'eitases  et  de  délices. 
A  moitié  descendu  dans  la  tombe,  peut-il  donner  A  autrui 
la  vie  qui  lui  échappe?  les  Torces  qui  lui  restent,  ne  Ici 
doit-il  pas  consacrer  h  sa  conservation  propre?  La  nature, 
plus  prévoyante  que  nous,  l'a  tuulu  ainsi,  et  le  marasme, 
en  glu^'ant  notre  imagination,  nous  montre  sa  sollit-itude 
même  au  milieu  des  niiiux  dont  elle  nous  accable. 

Le  marasme  est  ordinairement  incurable,  et  la  médecine 
n'est  pas  appelée  à  combattre  l'impuissance  qui  raccom- 
pagne. 

Mais  l'amaigrissement  n'arrivera  pas  toujours  à  cette 
limite  eitlréme ,  et  alors  l'art  peut  intervcuir  aveu  des 
cliances  de  succès. 

Avant  toute  chose,  il  faut  rechercher  la  cause  de  l'amai- 
grissemcnt  et  la  combiitlre.  Le  nombre  des  causes  qui 
peuvent  umeiier  cet  élut  est,  je  le  répèle,  fort  considé- 
rable; je  n'ai  pas  ici  à  en  faire  l'énumérotiun,  que  l'on  Irou- 
ver.i  dans  les  ouuogt<!>  généraux  de  pathologie;  mui<,  je 
le  redis  encore,  le  traitement  de  rinipuissutico  ne  devra 
venir  i|ii'a|ir*.'S  l'éloignemenl  de  la  cause,  et  se  confondra 
lmi  beauc()ii[i  de  points  avec  relui  de  l'iimaigrissemenl.  Ces 
rapports  se  rencontreront  dans  le  régime  qui,  aprè»  la  mé- 


DE    LA    NUTRITION.  271 

Jicalion  spécialement  relative  à  la  cause  première  du  mal, 
est  un  des  points  les  plus  importants  dans  la  thérapeutique 
de  cette  sorte  d'impuissance. 

Les  substances  que  les  anciens  appelaient  analeptiqxAes 
joueront  ici  un  grand  rôle  :  parmi  celles-ci,  les  unes  sont 
nourrissantes  et  les  autres  toniques  et  stimulantes;  c'est  par 
les  premières  qu'il  faut  ordinairement  commencer.  On  pres- 
crira les  bouillons  de  coq,  de  vieille  perdrix,  de  chapon,  de 
poule,  légèrement  aromatisés  avec  la  cannelle;  le  chocolat, 
le  riz,  le  salep,  le  sagou,  préparés  au  jus  de  bœuf;  le  mou- 
ton et  la  volaille  rôtis;  quelquefois,  selon  Télat  ou  les 
dispositions  de  Testomac,  on  se  trouvera  bien  de  Tusage  du 
lait  pur  ou  coupt^  avec  le  lichen  d'Islande,  car  le  meilleur 
analeptique  n'est  pas  celui  qui  contient  le  plus  de  parties  nu- 
tritives, mais  bien  celui  qui  est  le  plus  facilement  assimilable. 

Il  est  nécessaire  que  ce  régime  diététique  soit  secondé 
par  Phabitation  l\  la  campagne^  la  quiétude  complète  de 
Tème,  un  exercice  modéré,  les  promenades  à  cheval^  et  par 
un  sommeil  long  et  tranquille. 

Lorsque,  sous  l'empire  d'une  semblable  hygiène,  les 
chairs  auront  repris  tout  à  la  fois  plus  de  volume  et  plus  de 
ton,  lorsque  les  forces  générales  auront  retrouvé  quelque 
énergie,  il  conviendra  de  passer  aux  toniques  et  aux  stimu- 
lants généraux  et  locaux. 

Le  régime  alimentaire  sera  à  peu  près  le  même  que 
celui  que  je  viens  d'indiquer;  seulement,  on  donnera  la 
préférence  aux  viandes  noires  et  rôties ,  comme  bœuf, 
gibier,  etc.  ;  les  Irufles  et  les  légumes  frais  en  feront  éga- 
lement partie,  ainsi  que  les  vins  généreux,  surtout  ceux  du 
Midi. 

Quant  à  la  médication  proprement  dite,  les  agents  que 
l'on  peut  appeler  à  son  aide  sont  très  nombreux ,  depuis 


27*2  IMPUISSANCE   SYMPTOMATIQUB. 

Télixir  de  Garus  jusqu'au  fer  et  au  phosphore.  Mais  il  faut 
se  garder  de  précipiter  sa  marche  et  d'arriver  trop  tdt  aux 
agents  les  plus  énergiques.  Il  importe,  avant  tout,  de  ména- 
ger les  voies  digestives  dont  l'inflammation  ramènerait  tout 
h  la  fois  l'abattement  général  et  l'atonie  des  organes  géni- 
taux ;  le  médecin  réglera  donc  sa  conduite  d'après  l'état  des 
premières  voies,  et  agira  avec  toute  la  circonspection  que  la 
science  lui  impose  en  pareil  cas. 

Quant  à  Timpuissance,  elle  n'exige  pas  un  traitement 
spécial.  La  débilité  des  organes  de  la  génération  étant  liée 
intimement  h  la  débilité  générale,  ou  pluldt  la  première 
n'étant  pas  autre  chose  qu'une  manifestation  de  la  seconde» 
disparaîtra  avec  celle-ci. 

Cependant  il  est  quelquefois  utile  d'agir  simultanément 
sur  les  organes  génitaux,  afm  de  hâter  leur  retour  sous  les 
lois  de  la  vitalité  normale.  On  donnera  la  préférence  aux 
agents  dont  l'application  est  externe,  puisque  j'ai  déjà  dit 
que  dans  la  médication  générale  et  interne  pouvaient  entrer 
tous  les  stimulants  tant  généraux  que  spéciaux.  Les  frictions 
sèches  ou  toniques  et  aromatiques;  pratiquées  sur  les  lombes, 
les  lotions  froides  avec  les  décoctions  de  quinquina  ou  de 
cascarille  sur  le  périnée  et  les  organes  copulateurs^  les 
embrocations  sur  les  mêmes  parties  avec  l'huile  cantharidée 
ou  réther  phosphore,  sont,  avec  les  bains  de  mer,  les  bains 
de  rivière  et  ceux  d'eaux  minérales  tenant  en  dissolution 
le  soufre  ou  le  fer,  les  moyens  dont  on  retirera  le  plus 
d'avantages. 

S  n.  •—  De  la  drcvlatlon. 

C'est  ici  le  cadre  de  ces  maladies  diverses ,  connues  sous 
le  nom  générique  de  fièvres^  et  dont  les  dénominations  spé- 
ciales ont  varié  avec  chaque  nosologiste;  mais  qu'on  les 
appelle,  avec  les  anciens,  fièvre  muqueuse,  fièvre  bilieuse, 


DE    LA    CIRCULATION.  273 

fièvre  maligne,  fièvre  putride,  etc.,  ou  qu'on  les  désigne 
avec  les  modernes  sous  le  nom  commun  de  fièvre  typhoïde, 
leur  étude,  au  point  de  vue  spécial  de  Timpuissance,  ne  sau- 
roit  entrer  dans  mon  sujet. 

L'homme,  comme  d'ailleurs  tous  les  êtres  organisés,  n'a, 
aux  yeux  de  la  nature,  d'autre  mission  en  recevant  la  vie 
que  celle  de  perpétuer  son  espèce  ;  mais  cette  mission  n'est 
réalisable  que  tout  autant  que  l'individu  n'est  pas  menacé 
dans  son  existence  propre,  et  qu'il  peut  communiquer  la 
vie  à  autrui  sans  que  la  sienne  soit  prochainement  en  danger. 

Cette  condition  ne  se  rencontre  pas  dans  l'état  patholo- 
gique connu  sous  le  nom  do  fièvre. 

Aussi  pas  plus  qu'ailleurs,  la  nature,  sous  ce  rapport,  ne 
s'est  montrée  marâtre  envers  nous. 

Dans  toutes  les  maladies  aiguës,  quelle  qu'en  soit  d'ail- 
leurs la  cause,  l'inaction  et  le  silence  ont  été  imposés  aux 
organes  et  au  sens  vénériens.  Comme  dans  un  pays  envahi 
par  l'ennemi  et  dont  tous  les  corps  d'armée  abandonnent 
leurs  retranchements  et  leurs  garnisons  pour  se  porter  sur 
le  point  menacé,  on  dirait  que  les  forces  vitales  délaissent 
les  appareils  où  leur  action  peut  sans  péril  être  momenta-' 
nément  suspendue,  afin  d'opposer  une  résistance  plus  éner- 
gique au  mal  qui  se  présente. 

Aussi  l'impuissance,  dans  ces  états  pathologiques,  est- 
elle  un  de  ces  symptômes  qu'il  serait  dangereux  de  com- 
battre; et  il  n'est  venu  h  l'esprit  de  personne,  que  je  sache, 
de  songer  à  sauvegarder  la  vie  de  propagation  pendant  le 
coma  d*un  fièvre  typhoïde  ou  les  accès  d'une  fièvre  inter- 
mittente pernicieuse. 

Je  ne  m'arrêterai  donc  pas  davantage  à  une  impuissance 
fatale  et  salutaire,  je  pourrai  même  dire  naturelle,  mais  non 
physiologique,  et  j'aborderai  la  seule  maladie  de  la  circula- 
is 


27/i  1MPOI88AKCB   SYMPTOllAnQOE . 

tioii,  qui,  sans  menacer  immédiatement  la  vie  de  l'individu, 
offre  quelquerois  l'impuissance  comme  un  de  ses  symptômes. 
Celle  maladie  est  la  chlorose. 

Cblorose.  — Il  n'est  plusaujourd*liui  personne  qui  sou- 
tienne, avec  Hoiïmann,  que  la  cblorose  est  une  maladie 
spéciale  aux  femmes;  les  observations  publiées  par  Cope- 
land  (1)»  Roche  (2),  Désormaux  (3)  et  Tanquerel  des 
Planches  (&),  J.  Uzac  (5),  confirmées  tous  les  jours  par  des 
observations  nouvelles,  ne  laissent  aucun  doute  sur  la  réa- 
lité de  celle  affeclion  chez  les  hommes. 

Je  ne  viens  pas  grossir  le  nombre  des  faits  confirmatifs 
de  celte  opinion  ;  je  veux  seulement  réparer  un  oubli  qui 
s'est  glissé  dans  l'histoire  de  la  chlorose  de  l'homme,  et 
que  la  connaissance  que  nous  avons  de  celle  de  la  femme 
aurait  dû  cependant  prévenir.  ^ 

Je  veux  parler  de  l'étal  de  l'orgasme  vénérim. 

Est-il  besoin  de  rappeler  que  la  chlorose  a  toujours, 
chez  les  personnes  du  sexe,  un  retentissement  plus  ou  moins 
profond  sur  les  fondions  de  l'appareil  génital,  à  ce  point 
que  quelques  auteurs,  prenant  f'exception  pour  la  règle, 
mais  voulant  consacrer  par  une  désignation  spéciale  l'in- 
fluence exercée  par  lu  maladie  sur  la  fonction  génératrice, 
rappellent  /ferre  anwureuse^  fièvre  d\imour? 

Ces  circonstances,  qui  m'avaient  depuis  longtemps  frappé, 
me  firent  soupçonner  In  même  influence  chez  Thomme,  et 
mes  investigations,  dirigées  vers  ce  but,  ne  tardèrent  pas  à 
me  convaincre  de  la  réalité  de  ma  supposition. 

(«)  Dict.  ofPract.  med.,  t.  I,  p.  87. 

(2)  youveaux  éléments  de  paUwUujiey  Paris,  4  844,  l.  II,  p.  389. 

(.))  Répertoire  général  des  êciencei  médicales^  art.  CaLOfeoti. 

(4)  Presse  nu'dicale,  n'  54,  juillet  4837,  p.  4io. 

(.jj  Dr  la  chlorose  chez  V homme,  Paris,   4  853. 


DB    LA    CIRCULATION.  275 

Un  des  faits  les  plus  saillants  qui  s'olTrircnt  ù  moi  fut  lo 
suiYanl  : 

Un  jeune  homme  de  vingt-cinq  ans,  maigre,  pâle,  aux 
mouvements  et  à  la  parole  lents,  au\  cheveux  châtain  clair, 
originaire  de  Pologne,  et  alors  instituteur  dans  une  maison 
particulière,  se  présente  à  ma  consultation  comme  atteint 
d'impuissance. 

Il  accuse  depuis  longtemps  des  troubles  du  côté  des 
voies  digestives,  et  ces  troubles  ont  pris  une  telle  intensité 
que  toute  digestion  est  devenue  presque  impossible;  la  con- 
stipation est  permanente,  mais  il  n'existe  de  douleurs  ni  au 
ventre  ni  à  l'estomac. 

Les  fonctions  de  l'innervation  sont  encore  plus  aiïectées: 
la  sensibilité  physique  est  devenue  tellement  exquise  que 
le  moindre  changement  de  température,  que  le  plus  petit 
bruit,  le  plus  léger  frottement  l'aflectent  d'une  manière 
pénible  ;  la  sensibilité  morale  n'est  pas  plus  sauvegardée, 
car  le  malade  ne  peut  lire  sans  pleurer  et  sans  être  profon- 
dément ému,  je  ne  dis  pas  un  roman,  mais  les  nouvelles 
diverses  enregistrt^cs  par  les  journaux;  le  sommeil  est  nul 
et  l'opium  est  impuissant  è  le  rappeler. 

Au  milieu  de  ces  désordres,  les  facultés  intellectuelles  ne 
sont  pas  restées  intactes,  et  le  malade  est  atteint  d'une  hypo- 
chondrie  profonde  qui  le  pousse  incessamment  vers  le 
suicide. 

A  ce  cortège  si  connu  des  symptômes  de  la  chlorosOi 
auquel  il  faut  ajouter  la  décolorationd  e  la  peau  et  la  flacci- 
dité des  chairs,  il  manquait  un  signe  dont  la  présence  n'est 
pas  d'une  absolue  nécessité  pour  caractériser  l'alTection, 
mais  dont  je  devais  tenir  compte  dans  mon  diagnostic. 

Je  veux  parler  du  bruit  de  souffle  signalé  dans  quelques 
artères,  et  surtout  dans  les  carotides. 


!270  IMPUISSANCE    SYMPTOMATIQUE. 

Hors  ce  signe,  rien  ne  mQn(|uailau  tableau  ordinaire  de 
la  chlorose. 

l.cs  organes  génitaux  ne  présentaient  extérieurement 
rien  de  particulier.  La  verge  et  les  testicules  avaient  leur 
volume  ordinaire,  et  la  peau  du  scrotum  se  contractait  en- 
core sous  l'impression  du  froid  ou  de  la  main. 

Les  désirs  vénériens  étaient  absents,  et  les  plaisirs  de 
Tamour  inspiraient  même,  je  ne  dirai  pas  du  dégoût,  mais 
une  indilTérence  bien  proche  de  la  répulsion. 

Les  érections  étaient  nulles,  quelle  que  fût  la  nature  des 
excitations  appelées  h  les  provoquer.  Â  des  intervalles  assex 
éloignés,  et  sans  influence  de  rêves  lascifs  ou  de  pensées 
amoureuses,  des  éjaculatîons  se  produisaient  pendant  la 
nuit,  tantôt  a  Tétat  de  veille,  tantôt  pendant  le  sommeil, 
occasionnant  une  certaine  volupté,  mais  laissant  après  elles 
une  lassitude  générale  dont  le  malade  se  ressentait  |)lusieurs 
jours  de  suite. 

Tous  ces  accidents  du  côté  de  l'appareil  génital  étaient 
contemporains  de  ceux  qui  m'avaient  été  signalés  du  côté 
des  voies  digeslives  et  de  l'innervation,  .\vant  leur  arrivée, 
la  fonction  génitale  s'accomplissait,  sinon  avec  énergie,  du 
moins  avec  régularité  et  sans  inspirer  aucune  crainte. 

En  présence  de  tous  ces  faits,  je  ne  pus  douter  que  j'avais 
affaire  a  une  impuissance  symptomatique  de  la  chlorose. 

[.e  traitement  devait  être  la  pierre  de  touche  de  ce 
diignostic. 

Il  le  fut  en  effet,  et  ne  me  laissa  aucun  doute  sur  la  vérité 
de  mon  jugement:  le  quinquina  d'abord,  h  cause  de  l'état 
du  tube  iligcslif,  et  les  ferrugineux  ensuite,  associés  au  ré- 
gime a|)|)ro|)rié  ii  la  chlorose  et  à  l'habitation  de  la  cam- 
pagiii»,  oiireiil  rai*Jon,  dons  moins  de  huit  mois,  de  tous  les 
phénomènes  morbides,  tant  physiques  que  moraux 


DE   LA    GIBGULATION.  277 

Les  organes  génitaux  ne  furent  l'objet  d'aucune  théra- 
peutique spéciale;  sous  l'iniluence  du  traitement  général 
de  la  chlorose,  ils  reprirent  peu  h  peu  leur  énergie  perdue, 
et  les  désirs  vénériens  reparurent  au  fur  et  i\  mesure  que  la 
mélancolie  et  les  idées  de  suicide  s'affaiblissaient. 

Depuis  deux  ans  à  peu  près»  la  guérison  ne  s'est  pas 
démentie,  et  le  malade,  que  je  vois  de  temps  en  temps, 
jouit  de  l'intégrité  parfaite  de  toutes  ses  fonctions. 

Deux  autres  faits  analogues  d'impuissance,  mais  avec  des 
caractères  moins  tranchés  du  côté  des  fonctions  générales, 
également  traités  et  guéris  par  les  ferrugineux  et  le  régime 
tonique,  prouvent  que  la  chlorose  chez  l'homme  exerce  sur 
les  organes  génitaux,  comme  chez  la  femme,  une  influence 
bien  marquée,  et  que  cette  influence  est  identique  dans  les 
deux  sexes,  non-seulement  sur  les  désirs  vénériens  qu'elle 
glace,  mais  encore  sur  les  organes  génitaux  qu'elle  Tnippe, 
chez  l'un  d'impuissance  et*  chez  l'autre  de  frigidité.  Com- 
ment se  fait- il  donc  que  jusqu'à  présent  les  rapports  qui 
unissent  l'impuissance  et  la  chlorose  dans  notre  sexe  aient 
été  passés  sous  silence,  et  que  les  désordres  de  la  fonction 
génitale  chez  la  femme  n'aient  pas  provoqué  l'examen  de 
la  même  fonction  chez  l'homme?  Le  peu  de  fréquence  de  la 
chlorose  chez  ce  dernier,  et  les  opinions  diverses  que  l'on  a 
émises  sur  la  nature  de  la  maladie  sont  peut-être  la  cause 
de  cet  oubli  des  observateurs. 

Je  ne  sais  si  la  chlorose  syphilitique  décrite  par  M.  Ri* 
cord  peut,  comme  la  chlorose  ordinaire,  s'accompagner 
d'impuissance.  Je  n'ai  pas  eu  occasion  d'observer  cette  va- 
riété de  la  maladie. 

Quoi  qu'il  en  soit,  l'histoire  de  l'impuissance  dont  il  est 
ici  question  se  confond  tellement  avec  celle  de  la  chlorose, 
que  rétiologie,  le  pronostic  et  le  traitement  de  l'une  sont 


I 

278  IMPUISSANGB   STM^TOMATI QUB . 

idefi(i<|ucmenl  les  mêmes  que  l'étiologie,  le  pronostic  et  le 
traitement  de  l'autre. 

S  m.  Bm  riwMrvatlMi. 

Les  altérations  de  Tinnerration  se  partagent  en  deux 
grandes  classes  :  1*  celles  qui  sont  liées  à  one  lésion  ma* 
tériellc  des  organes,  et  qui  ont,  si  je  pois  ainsi  dire,  une 
anatomio  pathologique  ;  2*  celles  qui  ne  laissent  après  elles 
aucune  trace  dans  les  organes,  et  que  l'on  désigne  généra- 
lement sous  le  nom  de  névroses. 

Les  altérations  organiques  du  système  nenreux  qui  jettent 
le  trouble  dans  Tionervation  génitale,  sensibilité  et  moti- 
lité,  peuvent  exister,  soit  dans  les  centres  nerveux,  cerveau 
et  moelle  épiiiiîTe,  soit  sur  le  trajet  des  nerfs  conducteurs, 
soit  sur  les  nerfs  eux-mêmes  de  l'appareil  copulateur. 

(Je  renverrai  celte  dernière  catégorie  au  chapitre  consa- 
cré nux  maladies  des  organes  génitaux,  ainsi  que  je  l'ai  déjà 
fait  à  roccasion  de  la  nutrition  et  de  la  circulation,  a6n  de 
pouvoir  embrasser,  dans  un  seul  coup  d'œil,  le  tableau  com- 
plet des  maladies  locales  qui  entraînent  l'impuissance.) 

A  C(Hé  des  troubles  de  l'innervation,  qui  se  traduisent 
et  s'expliquent  par  des  altérations  matérielles  des  organes, 
il  en  est  (raulres  sur  lesquels  ne  jette  aucun  jour  l'examen 
nécroscojtique,  et  dont  quelques-uns  ont  une  influence  bien 
manifeste  sur  le  sens  génital. 

Je  \cux  parler  des  névroses. 

Les  névroses  se  partagent  en  deux  grandes  classes,  selon 
qu'elles  nfrectent  plus  spécialement  ou  l'innervation  orga- 
nique ou  I  innervation  inlellecUielle,  si  je  puis  ainsi  dire. 

Ainsi,  en  récapitulant  toutes  les  divisions  que  je  viens 
d'admettre,  j'aurai  à  examiner: 


DE  l'innervation.  279 

1*  Les  troubles  de  l'innervation  avec  altérations  analo- 
miques,  qui  comprendront,  selon  le  siège  de  ces  altéra- 
tions : 

a.  Maladies  des  centres  nerveux  ; 

b.  Maladies  des  nerFs  intermédiaires  des  centres  nerveux 
et  de  l'appareil  génital  lui-même. 

2*  Les  troubles  de  l'innervation  sans  altérations  anato- 
miques,  qui  comprendront  : 

a.  Les  névroses  organiques; 

b.  Les  névroses  intellectuelles. 

C'est  dans  cet  ordre  que  je  vais  envisager  ce  cadre  si 
vaste. 

!•  Troubles  de  l'innervation  avec  altérations  anatormques. 

a.  Maladies  des  centres  nerveux.  —  Pour  répondre  à 
toutes  les  données  de  ce  programme,  il  faudrait  passer  en 
revue  la  pathologie  entière  du  cerveau,  de  la  moelle  et  de 
leurs  enveloppes,  car  il  n'est  pas  une  seule  des  alTections  de 
ces  organes  qui  ne  puisse  agir  et  qui  n'agisse  en  effet  sur 
le  sens  et  l'appareil  de  la  génération. 

Mais  si,  comme  je  l'ai  fait  pour  la  circulation,  j'éloigne 
de  mon  cadre  les  maladies  qui,  par  leur  acuité  et  leur  r.ipi- 
ditéy  menacent  prochainement  la  vie  de  l'individu,  et  parmi 
lesquelles  se  trouvent  la  grande  famille  des  phlegmnsies,  les 
bémorrhagies,  etc.,  il  ne  reste  plus  que  quelques  affections 
dont  les  unes,  comme  l'hydrocéphale  chronique,  le  ramoN 
lisseiiient  du  cerveau,  etc.,  appartiennent  d'ordinaire  à  des 
Ages  où  l'appareil  vénérien  n'a  pas  encore  commencé  ou  a 
déjà  fini  son  râle,  et  dont  les  autres,  comme  le  cancer,  les 
tubercules,  les  hydatides  du  cerveau  ou  de  la  moelle,  et 
les  altérations  diverses  des  méninges  cérébrales  ou  rachi* 


S80  i«poi8aAiici  sïurroMATiQOi. 

dieones»  n'offrent  partout  dans  leur  bistoiro  qae  doa  con- 
tradictions et  des  doutes. 

Cependant  on  peut  dire  d'une  maniire  générale,  en 
s'appuyanl  sur  les  lois  mêmes  de  Tinnervation  »  que  toules 
lea  maladies  des  centres  nenreuii  quelle  qu'en  soit  d'ailleurs 
la  nature  9  ont  un  retentissement  quelconque  sur  la  fonc- 
tion génitale ,  soit  en  abolissant  ou  pervertissant  l'intelli- 
gence, et  par  suite  les  désirs  vénériens,  soit  en  agissant 
directement  d*une  manière  ou  d*vne  aidrt  sur  les  organes 
génitaui  eux-mêmes,  car  celte  action  est  loin  d*ètre  tou- 
jours débilitante,  puisque  M.  Serres  a  noté  Térection  du 
pénis  six  fois  sur  onie  cas  d'hémorrhagie  cérébelleuse. 

Mais  si  le  cadre  de  cet  ouvrage  ne  me  permet  pas  d'abor- 
der la  description  de  chacune  de  ces  maladies ,  je  dois  les 
signaler  à  l'attention  du  médecin  comme  un  point  de  départ 
très  fréquent  de  riropuissance. 

Evidemment,  je  ne  parie  pos  ici  de  ces  affections  aiguës, 
la  méningite,  l'apoplexie,  la  cérébrile,  la  myélite,  etc., 
qui  arrachent  celui  qu'elles  frappent  à  ses  attributs,  à  ses 
besoins,  à  ses  facultés,-  en  un  mot  à  sa  mission  sur  cette 
terre  ;  mais  de  ces  maladies  à  marche  lente  et  quelquefois 
tortueuse  qui,  tout  en  apportant  &  l'organisme  un  germe  de 
mort,  respeclent  longtemps  encore  les  sources  de  la  vie: 
parmi  elles  sont  les  tumeurs  de  toute  nature,  exostose  intra- 
crànienne  ou  intravertébrale,  productions  morbides,  dégé- 
nérescences, etc.,  etc.,  en  un  mot  toutes  les  affections  qui 
amènent  une  altération  lente  et  progressive  des  centres 
nerveux. 

La  possibilité  d'une  de  ces  affections  dont  le  début  est 
bien  souvent  insidieux,  de\ra  toujours  être  présente  a  l'es- 
prit du  médecin  et  a\oir  sa  place  dans  Tétiologie  de  Timpuis* 
sance;  il  sufiit  que  l'attention  soit  éveillée  sur  ce  point,  car 


DE  l'innervation.  281 

aussitôt  des  symptômes  tels  que  fourmillements  dans  les 
membres  inférieurs,  fatigue  rapide,  constipation,  etc.,  dont 
le  malade  ne  tient  encore  aucun  compte,  tant  ils  sont  légers 
et  fugitifs,  prennent,  aux  yeux  du  médecin  averti,  une  im- 
portance et  une  gravité  faciles  à  comprendre.  Que  de  mal- 
heureux eussent  été  sans  doute  conservés,  si  les  premiers 
signes  de  leur  mal  avaient  pu  être  appréciés  à  leur  juste 
valeur!  Je  le  répète  donc,  car  je  ne  saurais  trop  insister  sur 
ce  point,  toutes  les  fois  que  l'origine  d'une  impuissance  sera 
dîiBcile  h  saisir,  que  sa  source,  comme  il  n'arrive  que  trop 
souvent,  se  perdra  dans  des  méandres  inextricables,  qu'on 
interroge  avec  soin  l'innervation  générale,  et  qu'on  ne 
l'abandonne  qu'après  avoir  minutieusement  exploré  l'intel- 
ligence, la  sensibilité  et  la  motilité. 

Que  l'organe  copulateur,  par  suite  d'une  affection  des 
centres  nerveux,  soit  frappé  d'asthénie  ou  de  paralysie,  le 
résultat  est  le  même,  l'érection  est  impossible  (1);  que 
l'altération  porte  sur  In  sensibilité  ou  sur  la  motilité,  le 
traitement  de  l'impuissance  n'en  subit  aucune  modification, 
ou  plutôt  ce  traitement  est  nul,  toute  l'attention  du  méde- 
cin et  toutes  les  ressources  de  l'art  devant  s'adresser  à  la 
maladie  mère,  à  l'affection  des  centres  nerveux ,  source  de 
tous  les  désordres. 

Il  n'en  est  pas  ainsi  lorsque,  l'affection  des  centres  ner- 
veux ayant  disparu,  l'impuissance  persiste.  Il  est  alors 
nécessaire  de  recourir  à  un  traitement  spécial  que  j'expo- 
serai dans  le  chapitre  sui\ant,  alors  qu'il  sera  question  de 
l'impuissance  consécutive. 

6.  Maladies  des  nerfs  intermédiaires  des  centres  ner- 

(4)  Voyez  le  mécanisme  de  !*érectiondaD9  les  considéralions  physio- 
logiques placées  en  lôle  de  cet  ouvrage,  page  28. 


282  1MPU188A1IGB    STMrrOMATlQOB. 

veiuD  et  de  l^appareil  copuUUeur.  — Les  mahdies  dm  nerfs 
intermédiaires  qui  peuvent  amener  la  paralysie  de  la  verge 
sont  de  deux  sortes  :  1**  celles  dont  la  cause  est  appréciable 
et  saisissable,  comme  la  compression  Ja  dégénérescence,  la 
section  du  nerf;  2*  celles  dont  la  cause  est  entièrement 
vitale. 

La  paralysie  symptomatique  des  aiïections  du  premier 
groupe  est  facile  à  comprendre,  elle  porte  en  quelque  sorte 
son  explication  avec  elle.  Mais  il  n'en  est  pas  de  même  de 
la  paralysie  sans  lésion  analomique,  sans  excuse  mécanique, 
si  je  puis  ainsi  dire,  dont  il  n'est  cependant  pas  possible  de 
contester  l'existence,  car  on  sait  que  Thystérie  peut  amener 
la  paralysie  de  quelques  muscles  seulement  ;  que  dans  cer- 
taines intoxications  saturnines,  le  nerf  radial  est  frappé  d'im- 
mobilité, et  que  des  faits  de  paralysies  de  la  vessie  et  du 
rectum  ont  été  rccuoillis,  sans  qu'il  ait  été  possible  de  les 
rattacher  à  une  lésion  matérielle  quelconque. 

C'est  là  une  espik'e  de  névrose  que,  pour  la  logique  de 
mes  divisions,  j'ai  di\  considérer  à  part,  mais  qui,  dans 
l'application  de  la  science,  se  confond  a\ec  la  névrose  géni- 
tale elle-m^mo,  tant  au  point  de  vue  de  la  séméiotique  que 
sous  le  rap|)ort  du  traitement. 

Je  renvoie  donc  le  lecteur  nu  chapitre  que  j'ai  consacré 
précédemment  h  l'impuissance  idiopathique,  et  je  reviens 
ici  aux  aiïections  des  nerl's  intermédiaires,  avec  lésions  ana- 
tomiques  et  produisant  In  parahsie  de  l'organe  copulateur. 

Ces  aiïections  présentent  toutes  un  caractère  commun  : 
celui  d'em|)écher  la  libre  circulation  du  fluide  nerveux,  en 
d'autres  termes,  et  pour  ne  pas  tomber  dans  les  abstractions 
métaphysiques,  elles  sont  constituées  par  un  arrêt  de  com- 
munication sur  un  des  points  du  trajet  des  nerfs  entre  les 
centres  ner\eu\  et  l'appareil  génital. 


DB    L'iNNBRYATlOlf.  288 

L'obstacle  qui  intercepte  ainsi  la  communication  peut 
être  de  diverse  nature  :  tantôt  c'est  un  organe  voisin  du  nerf, 
déplacé  ou  hypertrophié;  tantôt  c'est  une  tumeur  développée 
dans  le  voisinage  du  nerf  ou  dans  le  névrilème  lui-même; 
tantôt  c'est  une  dégénérescence  du  nerf;  tantôt  enfin  c^est 
la  section  même  du  filet  nerveux. 

Si  Ton  réfléchit  à  la  position  qu'occupe  dans  le  bassin  le 
plexus  sacré  d'où  émanent  les  nerfs  principaux  qui  vont 
animer  l'organe  copnlateur,  on  comprendra  la  difficulté, 
je  dirai  même  l'impossibilité  de  constater  sur  le  vivant,  et 
d'une  manière  directe,  les  lésions  que  je  viens  de  si- 
gnaler. 

Les  symptômes  pathogéniques  sont  des  guides  moins 
incertains,  mais  ils  ne  sont  pas  tellement  distincts  des  signes 
que  présentent  les  affections  des  centres  nerveux  qu'on  leur 
doive  accorder  une  pleine  confiance.  N'est-il  pas  vrai,  en 
effet,  que  l'hémiplégie,  que  la  paralysie  générale  n'accom- 
pagnent pas  toujours  les  lésions  du  cerveau  et  de  la  moelle, 
et  que,  de  leur  côté,  ces  lésions  se  traduisent  quelquefois 
aussi  par  de  simples  paralysies  partielles?  S'il  en  est  ainsi, 
et  la  science  nous  en  pourrait  fournir  de  nombreux  exemples, 
comment  distinguer  les  paralysies  partielles  dues  aux  lésions 
des  centres,  des  paralysies  partielles  déterminées  par  les 
lésions  des  nerfs  intermédiaires? 

Notre  art,  il  faut  le  reconnaître,  laisse  beaucoup  à  dési- 
rer sous  ce  rapport,  et  notre  ignorance  est  ici  d*autant  plus 
regrettable  que,  en  Tabsence  d'un  diagnostic  certain,  on 
peut  adresser  h  la  moelle,  par  exemple ,  une  médication 
dont  elle  n'a  que  faire. 

Au  point  de  vue  tout  spécial  de  l'impuissance,  l'absence 
d'un  diagnostic  différentiel  certain  est  également  une  chose 
fâcheuse,  car  le  traitement  de  la  paralysie  génitale  se  con- 


28A  IMPUISaANGI  gYMrrOMATIQOB. 

fondant  avee  celui  de  la  maladie  qai  la  produit,  peut  8*égarer 
dans  des  indications  contraires  ou,  tout  au  moins,  dou*» 
teuses. 

2o  Troubles  de  rinnervation  sans  Usions  anatamiques. 

a.  Névroses  organiques*  — -  Sans  parler  des  né? roses  de 
l'intelligence  sur  lesquelles  tout  le  monde  est  à  peu  près 
d'accord ,  de  nombreuses  classifications  ont  été  proposées 
pour  les  névroses  organiques.  Je  ne  dois  point  ici  discoter 
la  valeur  de  tous  ces  travaux,  et,  sans  prendre  parti  pour 
aucun  d'eux,  j'estime  qu'en  considérant  le  rAle  bien  distinct 
que  jouent  la  sensibilité  et  la  molilité  dans  la  vie  de  relation 
et  dans  la  vie  de  nutrition,  on  peut  établir,  en  ne  tenant 
aucun  compte  des  névroses  symptomatiques  et  sympa- 
thiques, quatre  grandes  classes  qui  seront  : 

1  **  Névroses  de  la  sensibilité  de  la  vie  de  relation  :  ou  elles 
sont  spéciales  aux  sens,  comme  la  berlue,  la  diplopie,  etc., 
pour  la  vue;  le  tintouin.  In  p.racousie,  etc.,  pour 
rouie,  etc.;  ou  elles  sont  générales,  comme  toutes  les 
névralgies. 

2*  Névroses  de  la  molilité  de  la  vie  de  relation  :  Tépi- 
lepsie,  réclampsie,  la  catalepsie,  les  convulsions  essentielles, 
le  tétanos,  la  chorée  et  la  paralysie. 

3*  Névroses  de  la  sensibilité  de  la  vie  de  nutrition  :  la 
gastralgie,  la  cardialgie,  Thystéralgie  et  en  général  toutes 
les  viscéralgies. 

d"*  Névroses  de  la  motilité  de  la  vie  de  nutrition  :  aphonie, 
spasme  du  larjnx,  coqueluche,  asthme,  angine  de  poitrine, 
palpitation,  s}ncope,  spasme  œsophagien,  vomissements 
nerveux  et  diarrhée. 

Ce  n'est  pas  un  vain  amour  des  classifications  qui  m'a 


DE    L*lHlfBRVATI01l.  285 

conduit  h  foire  rëDumération  que  Ton  vient  de  lire;  j'ai 
voulu,  dans  Tintention  d'économiser  Tespoce  et  le  temps, 
que  Ton  saisit  dans  un  seul  coup  d'œil  l'ensemble  des  névroses 
organiques,  afin  qu'on  s'assurât  combien  peu  l'impuissance 
a  de  relations  avec  elles. 

Sans  doute  les  secousses ,  surtout  quand  elles  sont  sou- 
vent répétées,  imprimées  au  système  nerveux  par  l'épilepsie, 
la  catalepsie,  l'hystérie,  etc.,  peuvent  amener,  après  un 
temps  plus  ou  moins  long,  un  aiïaiblissement  général  dont 
rinnervation  génitale  aura  sa  part,  ainsi  qu'il  arrive  quel- 
quefois pour  l'ouïe,  la  vue,  le  goût,  etc.,  etc.;  mais  alors 
l'impuissance  (1)  n'est  plus  symptomatique  ;  elle  est  le  ré- 
sultat plus  ou  moins  éloigné  d'un  état  morbide  qui  bien 
souvent  même  a  cessé  d'exister,  et,  dans  ce  cas,  je  la  dois 
distraire  de  ce  chapitre  et  en  réserver  l'étude  pour  celui 
que  je  consacre  à  l'impuissance  consécutive. 

b.  Névroses  de  rintelligence  ou  vésanies.  —  Les  prin- 
cipes les  plus  simples  de  la  physiologie  indiquent  d'avance 
les  rapports  intimes  qui  doivent  exister  et  qui  existent  réel- 
lement entre  les  troubles  de  la  fonction  génératrice  et  les 
désordres  de  Tintelligence.  Seulement,  quand  on  pénètre 
dans  l'étude  de  ces  troubles  et  de  ces  désordres,  et  que  l'on 
remonte  aux  causes  des  vésanies,  l'esprit  s'arrête  devant  des 
doutes  qu'il  n'est  pas  toujours  facile  d'éclaircir. 

Je  m'explique  : 

Est-il  toujours  possible  de  déterminer  si  l'impuissance, 


(t)  Le  mot  impuissance  n'est  pas  rigoureasement  l'expression  dont 
je  devrais  me  servir  ici,  car  les  troubles  de  Tinnervation  génitale,  à  la 
suite  des  névroses  dont  je  parle,  peuvent  se  traduire  par  un  état  tout 
opposé  à  Fimpuissance,  ainsi  que  le  signale  Esquirol  à  ToccasioD  de 
répilepsie  (Des  maladies  mentales,  t.  I,  p.  S83).  —  Cest  seulemeDt 


286  IMPUISSANCE   STVPTOMATIQUB. 

quand  elle  existe  concurremment  avec  une  névrose  de  Tin- 
telligeiice,  est  un  symptôme  de  cette  névrose? 

Je  ne  le  crois  pas,  et  c*est  ici  que  commencent  les  hésita- 
tions de  l'esprit. 

Il  est  incontestable  qu'un  certain  nombre  des  causes 
des  vésanies  peuvent  également  produire  l'impuissance  ; 
telles  sont,  par  exemple,  les  passions  tristes»  les  préoccu- 
pations fixes  de  Tàme,  les  troubles  de  la  digestion,  les  excès 
de  toute  nature,  etc. 

Il  est  également  hors  de  toute  discussioo  que  certains 
symptômes  de  vésanie  peuvent,  par  leur  présence  seule, 
jeter  Torgane  copulateur  dans  Tanaphrodisie,  comme  cet 
hypochondriaque  dont  parle  M.  Belhomme,  qui,  se  croyant 
impuissant,  l'était  en  réalité. 

Par  conséquent  étant  donnée  une  névrose  de  l'intelli- 
gence, la  manie,  la  nostalgie,  Thypochondrie,  par  exemple, 
trois  hy|;othèses  se  présentent  : 

1*  Ou  rimpuissance  est  liée  à  la  névrose  et  en  est  un 
symptôme  ; 

2''  Ou  rimpuissance  est  une  aflection  intercurrente  à  la 
névrose; 

3^  Ou  rimpuissance  est  un  épiphénomène  de  la  névrose. 
Est-il  possible  d  élablir  entre  ces  trois  origines  de  l'im- 
puissance un  diagnostic  diiïérentiel  qui,  tout  ii  la  fois,  satis- 
fasse IVsprit  et  mette  sur  la  voie  des  indications  pratiques? 
Je  crois  la  solution  de  ce  problème  possible,  mais  non 
facile. 

Deux  circonstances  doivent  surtout  attirer  l'attention  : 
1®  les  causes  de  la  vésanie,  2*  la  nature  objective  des  désor- 
dres de  rintelligence. 

pour  ne  pas  abandonner  mon  terrain  et  ne  pas  empiéter  sur  celui  des 
(,  que  je  me  soit  servi  du  moi  impaisaance. 


DE  l'innebvation.  287 

Sous  le  premier  point  de  vue  et  en  y  comprenant  toutes 
les  formes  de  vésanie,  depuis  la  simple  illusion  des  sens 
jusqu'à  la  folie  la  mieux  caractérisée,  les  causes  se  partagent 
en  morales  et  en  physiques,  les  premières  bien  plus  fré- 
quentes que  les  secondes.  Selon  M.  Parchappe  (1),  les  dix 
causes  les  plus  fréquentes  de  l'aliénation  mentale  se  classe- 
raient de  la  manière  suivante  pour  les  hommes  :  !<>  abus 
de  boissons  alcooliques,  S"*  revers  de  fortune,  3"^ perte  d'une 
personne  aimée,  4®  frayeur,  5*  idiotisme,  6*  chagrins  do- 
mestiques, T  colère,  8*  dévotion  exaltée,  9°  amour  con- 
trarié, lO""  inquiétude  à  propos  d'argent. 

Parmi  ces  dix  causes  d'aliénation  mentale,  il  en  est  cer- 
tainement six  qui  peuvent  à  leur  tour  produire  l'impuis- 
sance, ce  sont  :  les  abus  de  boissons,  la  perte  d'une  personne 
aimée,  la  frayeur,  les  chagrins  domestiques,  la  dévotion 
exaltée  et  l'amour  contrarié. 

Au  point  de  vue  du  pronostic,  ces  diverses  causes 
n'ont  pas  une  importance  égale  :  tandis  que  l'abus  de  bois- 
sons peut  frapper  les  organes  génitaux  d'une  impuissance 
incurable,  la  perte  d'une  personne  aimée,  la  frayeur,  les 
chagrins  domestiques  et  l'amour  contrarié  ne  produisent 
qu'une  aphrodisie  passagère  et  même  relative,  et  la  dévotion 
exaltée  et  la  colère  une  impuissance  intermittente,  coïnci- 
dant avec  les  moments  d'extase  ou  de  contemplation  et  les 
accès  de  la  colère. 

Ces  circonstances  sont  essentielles  à  noter  pour  le  dia- 
gnostic, car,  à  l'exception  des  causes  qui  peuvent  amener 
une  impuissance  absolue,  si,  après  un  temps  plus  ou  moins 

(4  )  De  la  prédaminance  des  cawes  morales  dans  la  génération  de  la 
folie.  Mémoire  inséré  dans  les  Annales  médico-psychologiques,  tome  XI, 
p.  358. 


288  IMPUISSANCE   STMPTOMATIQOB. 

long,  rinertic  des  orgnnes  gériilaux  persiste  concurremment 
ovec  la  vésanie,  on  devra  nécessairement  supposer  une 
autre  cause  5  cette  persistance  de  Tanaphrodisie. 

Cependant  cette  proposition  ne  doit  pas  6tre  prise  dans 
un  sens  trop  absolu,  car  l'impuissance  peul  paraître  et 
disparaître  plusieurs  fois  pendant  l'existence  de  la  névrose 
intellectuelle,  et  la  cause  de  ces  intermittences  être  toujours 
celle  de  la  vésanie. 

J'explique  ma  pensée  par  un  exemple. 

Un  homme  de  lettres  avait  épousé,  quelques  mois  avant 
la  révolution  de  février,  une  jeune  personne  qu'il  aimait 
passionnément;  jusqu'à  l'avènement  de  la  république,  le 
nouveau  ménage  ne  connut  aucun  chagrin,  car  le  mari, 
grâce  à  un  travail  fructueux  et  abondant,  pouvait  satisfaire 
les  goûts  et  même  les  caprices  de  sa  femme.  I.a  révolution 
de  février  brisa  tout  ce  bonheur;  en  tarissant  les  sources 
du  travail  du  mari,  elle  apporta  dans  le  ménage  d'abord  la 
gène  et  ensuite  in  misère.  La  jeune  femme  n'eut  le  cou- 
rage ni  de  supporter  ce  revers  de  fortune,  ni  d'accepter  des 
espérances  en  un  avenir  meilleur.  Un  jour,  elle  quitta  la 
maison  conjugale,  et  l'on  apprit  qu'elle  vivait  h  Londres  au 
milieu  du  luxe  et  de  l'opulence  que  lui  fournissait  un  gé- 
néreux amant. 

L'époux  abandonné  fut  si  affecté  de  cette  découverte 
qu'il  tomba  dans  une  misanthropie  profonde  et  fut  en  même 
temps  frappé  d'impuissance. 

Voici  h  quelle  occasion  il  vint  réclamer  mes  soins. 

Une  jeune  veuve,  par  conséquent  maîtresse  de  ses  ac- 
tions et  juge  de  sa  conduite,  était,  de  tous  les  amis  de 
l'homme  de  lettres,  restée  à  peu  près  seule  fidèle  à  son  revers 
de  fortune  et  u  son  malheur  domestique.  Les  consolations 
qu'elle  avait  apportées  au  jeune  ménage  lorsque  In  gène  et 


DB  l'innërvatiobi.  289 

la  misère  avaient  successivement  ciivaiii  son  intérieur,  de-* 
vinrent  plus  pressantes  et  plus  aiïectucuses  lorsqu*un  plus 
grand  chagrin  frappa  le  mari  délaissé. 

Celui-ci,  soit  par  un  ciïet  de  son  imagination  malade» 
soit  que  les  ottentions  de  la  veuve  dépassassent  réellement 
les  bornes  d'une  simple  amitié,  vit  un  sentiment  et  des  sol- 
licitations d'amour  dans  les  prévenances  dont  il  était  robjct. 

Il  s*assura  que,  si  ses  suppositions  étaient  c&a^érées  pour 
le  présent,  il  pouvait  du  moins  former  les  espérances  les 
plus  douces,  car  la  pitié,  dans  le  cœur  de  la  femme,  est  déjà 
une  nuance  de  l'omour. 

Malheureusement,  le  souvenir  de  la  fugitive  était  sans 
cesse  présent  o  son  esprit,  et  toutes  les  fois  qu*ii  lui  ciU  été 
permis  de  prouver  à  son  amie  qu*il  a\ait  oublié  Tiniidèle,  ce 
souvenir  jetait  le  trouble  en  son  Ame  et  glaçait  ses  organes. 

(Vcii  dans  cet  état  qu'il  se  présenta  a  moi. 

En  véritable  hypochondriaquc  qu'il  était,  il  me  raconta 
dans  leurs  moindres  détoils  toutes  les  circonstances  de  sa 
vie  :  les  joies  de  son  moriagc,  les  tortures  de  son  abandon  et 
les  douceurs  de  l'amitié  de  la  jeune  veuve.  Un  double  sen- 
timent le  poussait  vers  la  possession  de  celle-ci  :  un  senti- 
ment de  reconnaissance  et  un  sentiment  de  vengeance; 
malheureusement,  il  lui  était  impossible  de  prouver  outre- 
ment  que  par  des  |;oroles,  la  gratitude  dont  son  cœur  était 
rempli  pour  son  omie,  et  le  mépris  dont  il  se  croyait  onimé 
contre  sa  femme.  Malgré  lui,  le  souvenir,  tantôt  agréobloi 
tantôt  mauvais  de  cette  dernière,  l'obsédait  sans  cesse^  rem- 
|ilissait  son  esprit  des  idées  les  plus  tristes,  et  étouffait  tous 
les  désirs  de  son  imogination  et  tous  les  efforts  de  sa  volonté. 

Bien  évidemment,  dons  ce  cos,  l'impuissance  et  l'hjpo- 
cliondrie  ovoient  la  même  couse;  mais  G*était  là  leur  seul 
point  de  contact.  Âpiës  cette  origine  communci  les  deui 

49 


200  mPUISSARCB   SVMrrOMATIQOB. 

alfeclions  licieiiaient  si  |Karfaitcmeiit  diilincles,  que  l'vM 
pouvait  dUparaUre  et  l'autre  persÎ8tf*r  :  teii  deui  court  d*eaii 
|iarlis  de  la  même  source,  doiil  un,  après  quelques  sinuo-  « 
silés,  se  perd  au  milieu  du  sable  de  sa  route,  et  dont  Tautre 
(loursuit  sa  marche  jusqu'à  la  rivière  prochaine. 

Le  raisonnement,  les  distractions,  un  voyage  k  la  mer  et 
le  retour  au  travail,  secondés  par  une  hygiène  convenable, 
rendirent  au  malade  ses  facultés  viriles  sans  le  débarrasser 
des  tristes  préoccupations  qui  Tobsédaienl.  Bientôt  mémo 
l'orgasme  vénérien  devint  asseï  impérieui  pour  fisire  erain* 
dre  que  tous  ses  désirs  ne  fussent  pos  Teipression  d'un  état 
normal  et  régulier. 

Gipeiidant  cet  orgasme  était  quelquefois  terrassé,  et  l'im- 
puissance rendait  alors  illusoires  Ifs  apprêts  à  de  nouvelles 
voluptés.  CcUe  inertie,  médisait  le  malade,  se  produit  tanlùt 
à  la  vue  d'un  objet  qui  fut  cher  h  ma  femme,  et  tantôt  au 
simple  souvenir  des  caresses  que  j'échangeais  avec  elle; 
aussi,  pour  prévenir  le  retour  de  ce  souvenir,  avait-il  soin 
de  ne  jamais  courber  avec  sa  maîtresse  dans  la  chambre  et 
surtout  dans  le  lit  qu'il  avait  partagés  avec  la  fugitive. 

Cette  impuissance  n'était  que  passagère;  elle  s'évanouis- 
sait avec  l'émotion  produite  par  l'impression  ou  le  souvenir, 
et  n'avait,  comme  au  début,  qu'un  point  de  contact  avec 
l'hypochondrie. 

Dans  cet  exemple,  comme  dans  quelques  autres  que  je 
pourrais  rapporter,  la  cause  de  l'impuissance  et  sa  distinc- 
tion de  la  vésianie  ne  pouvaient  être  appréciées  que  par  la 
durée  même  de  l'nnaphrodisie. 

Mais  il  n'en  est  pas  ainsi  dans  tous  les  cas,  et  je  vais 
indiquer  reui  où  l'impuissanie  se  prolonge  autant  et  quel- 
quefois même  plus  que  la  vésanie. 

Unna  le  mémoire  que  j'ai  déjicité,  M.  Parcbappo  établit 


ttB  L'iNfienVATiON.  3dl: 

qoe,  chpi  les  hommes,  sur  cent  aliénnlioiis  mentnlei,  on  en 
peot  Bltribuer  trente  aui  excès  intellectuels  cl  sensuels  ;  or, 
comme  je  le  dirai  plus  tant,  les  ncis,  quelle  que  soit  leur 
nature,  étant  des  caaiies  fréquentes  d'anophrodisie  opiniAtre, 
peuvent  tout  h  la  fois  produire  l'impuissance  et  la  vésonie. 

Il  est  des  cas  où  il  est  fucile  d'attribuer  è  la  première  la 
caose  véritable  :  ce  sont  ceui  dons  lesquels  la  luxure  constitue 
pour  ainsi  dire  un  caractère  palhognomonique  de  la  seconde. 
J'ai  connu  un  homme  qui,  adonné  h  l'ivrognerie  la  plua 
crapuleuse,  vit  tont  à  la  fois  diminuer  ses  facultés  intellec* 
tuelles  jusqu'à  l'idiotie,  et  ses  forces  viriles  jusqu'à  l'impuis* 
unce.  Bien  évidemment  l'ivrognerie  était  l'unique  cause 
de  cettu  dernière  affection,  puisque  tous  les  aliénistes  ont 
noté  la  loiure  comme  un  des  caractères  distinclifs  des  idiots. 

Dans  d'autres  circonstances,  c'est  la  nature  même  des 
cicès  qui  met  sur  la  voie  des  causes  de  l'impuissance:  ninsi 
les  «ces  de  masturbation  et  de  coït,  lorsqu'ils  arfuiblisscnl 
les  facultés  intellectuelles,  sureicilent  au  ronlroire  tes  or- 
ganes génitaui.  u  Ce  qui  mérite  d'être  remarqué  chez  les 
masturbateurs  qui  tombent  dans  l'idiotie,  dit  M.  Deslandes, 
cVsl  que,  tandis  que  les  sens  evterneg  et  rinlelligence  dimi- 
nuent, la  seuïiibilité  génitale  ne  fait  que  s'accroître.  Toutea 
les  facultés  semblent  s'être  confondues  on  une  seule,  dont 
les  projjortions  détiennent  d'autant  plus  ;;rnndes  que  les 
outres  !ie  rapetissent  davantage ( t ).  »  Par  (-uuséqucnl,  si, 
sans  aller  jusqii'b  l'idiotie,  limite  extrême  de  rafruiblrs.«croent 
intellectuef,  un  homme  livré  à  lii  nin>(urbii(ioii  ou  oui  eicès 
du  coU  était  tout  h  la  fuis  atteint  d'hjpochondrie  et  d'impuis- 
atn<!^,  il  ne  faudroit  pas  se  hAler  d'attribuer  l'anaplirodisie 
nux  cicès  vénériens,  qui  ceppndaiit  la  pruduisent  souveol, 
ainsi  que  je  le  dirai  plus  loin,  mais  s'assurer  si  elle  ne  serait 

(<}  B»e«ittmfm»tlàuaulnialmvéitéHm,f  tSft. 


292  IIIPUI8SA1ICB   SYMrrOMATiQUB. 

pas  plutAl  amenée  et  entretenue  par  la  ? ésunie  elle«fii£nie« 
puisque  les  nbus  de  Torgnue  copulateur  augmentent  parfow 
Torgasmc  de  celui-ci  au  lieu  de  l'abattre.  S'il  en  était  ainsi, 
riropuissanco  ne  serait  plus  une  aflection  distincte  de  la 
névrose,  elle  en  seroit  un  symptôme  ou  même  simplement 
un  épipliénomène. 

Par  ce  qui  précède,  on  doit  maintenant  Gom|irendre  com- 
bien rétiologie  de  Timpuissance  est  quelquefois  ardue;  et 
encore  je  me  suis  volontairement  placé  dans  un  cercle  que 
le  praticien  ne  trace  pas  toujours  avec  facilité.  Un  malade, 
|)ar  exemple,  se  présente  h  lui  ;  il  accuse  une  inertie  com- 
plète des  organes  génitaui ,  cl,  par  les  détails  qu'il  donne, 
par  les  regrets  qu'il  éprouve,  par  les  craintes  qu'il  manifeste, 
enfin  par  les  longueurs  et  les  tristesses  dont  il  surcharge 
son  rérit,  il  ne  permet  nucun  doute  sur  l'état  de  son  intelli- 
gence :  il  est  profondément  hyporhondriaquc. 

Mais  l'hypocliomirio  produit  tatUAt  limpuissancc  et  tantôt 
est  amenée  par  elle.  —  Première  difliculté  que  les  antécé- 
dents du  maloile  .n|)lanissent  quelquefois ,  mais  qu'ils  ne 
lèvent  pns  toujours. 

Admettons  que  les  souvenirs  du  malade  soient  fidèles,  et 
que  l'hypoclioiidrio  oit  prén'ilc  l'impuissance. 

Celle-ci  n-i-clle  bion  n'olloment  so  source  dans  l'hypo- 
chondrie,  o  i  ne  reronnail-clle  pns  une  autre  cause? 

Seconde  didiculté,  dont  la  solution  exige  toute  la  science, 
tout  le  (net  et  tout  le  jugement  du  méderin. 

Aucune  lésion  locale  ou  éloignée,  aucune  prédisposition 
d'âge  ou  de  (empérament,  rien  cnlin  ne  fait  pressentir  que 
l'impuissonre  est  liée  a  un  lout  autre  état  morbide  que  la 
vésniiie. 

Mais  quelle  e>l  la  nature  de  ce  lien?  N'y  a-t-il  entre  les 
deu\  aiïeiiions  «|u*un  simple  rapport  de  causalité,  ou  bien 


D*1}NE    INTOKIGATION.  29S 

Tune  est-cllc  dircctemenl  ou  môme  secofiiiairemcnt  pro* 
duite  par  Tautre  ? 

Que  de  dillicuU<is  !  que  de  causes  d'erreur  !  et  cependant, 
parce  que  la  sym|)lomatologie  de  l'impuissance  est,  dans  la 
majorité  des  cas,  d'une  simplicité  désespérante,  on  rencontre 
des  auteurs,  recommandables  d'ailleurs,  qui,  dans  la  crainte 
de  sembler  occuper  leur  esprit  do  choses  trop  faciles  et  trop 
élémentaires,  consacrent  à  peine  quelques  phrases  dédai* 
gneuses  h  l'histoire  de  Tanaphrodisie.  Cette  retenue,  je  dirai 
presque  ce  mutisme,  est,  pour  tous  ceux  qui  ont  abordé  ce 
sujet,  une  preuve  d'ignorance,  car  il  n'est  peut-être  pas  dans 
la  science  une  aiïcction  dont  l'étiologieet  le  traitement  aient 
été  moins  étudiés  et  soient,  par  conséquent,  moins  connus. 

S  ÏÏW,  —  Vune  Intox lciiil«B. 

Qu'on  me  permette  d'employer  ici  le  mot  intoxication 
dans  son  sens  le  plus  Inrge,  dans  son  acception  la  plus 
générale,  et  d'entendre  pnr  cette  expression  l'introduction 
dans  l'organisme  d'un  agent  morbide,  \irus  ou  poison, 
capable  de  produire  les  accidents  les  plus  graves  et  même 
la  mort,  mais  à  la  condition  de  ne  les  produire  que  lente- 
ment et  pour  oinsi  dire  à  la  longue. 

Cette  dernière  circonstance  distingue  l'intoxication  de 
Tcmpoisonnement.  Celui-ci,  en  eiïet,  est  caractérisé  par  la 
rapidité  de  l'action  de  l'agent  morbide,  et,  lorsqu'il  n'en* 
traîne  pas  promptement  la  mort ,  il  laisse  quelquefois  après 
lui  des  altérations  dont  j'aurai  à  m'occuper  de  quelques* 
unes,  alors  que  j'examinerai  l'impuissance  consécutive. 

En  cette  place,  mon  attention  ne  doit  être  acquise  qu'à 
I  *  impuissance-symptôme . 

A  l'occasion  du  mot  virus,  que  j'ai  écrit  plus  haut^  je 
n'entrerai  pas  dans  une  discussion  stérile  ici,  sur  l'existence» 


S9&  IMPUISSAHCI   SYMPTOMATIQIIB. 

la  nature  »  les  iiropriéiés,  etc.,  des  viros:  je  prends,  je  le 
ré|  ète,  le  mot  intoxication  dans  son  acception  la  plas  large, 
soit  que  l'agent  morbide  tombe  sous  nos  sens,  comme  l'nr- 
lenic,  le  plomb,  etc.;  soit  qu'il  déjoue  toute  analyse,  comme 
le  virussjpbilitiquo;  soit  qu'il  pénètre  dans  l'économie  par 
la  respiration,  par  les  premières  ou  les  secondes  voies,  etc. 
Ces  courtes  lignes  d'explication  m'ont  paru  nécessaires 
pour  légitimer  lu  jirésence,  dans  le  même  cadre,  de  quel- 
ques aiïections  qu'on  n*est  pas  accoutumé  à  rencontrer 
cAte  à  côte  dans  les  ouvrages  de  pathologie:  cette  nou- 
veauté d'ailleurs  est  plus  apparente  que  réelle,  et,  si  c'était 
ici  le  lieu,  je  montrerais  que  la  route  où  je  m*eugage  a 
déjà  éié  parcourue  par  de  hardis  et  savants  etplorateurs  ; 
mais  il  me  siiflit  do  faire  mes  réserves,  alin  de  prévenir  tout 
reproche  et  toute  critique. 

1°  Inloxiration  syphilitique. 

L*action  que  le  virus  syphilitique  exerce  sur  la  fonction 
génitale,  taillât  est  liiniléc.  aux  organes  génitaux,  et  tantôt 
ne  relonlit  sur  cu\  qu*après  a\oir  pénétré  l'organisme  tout 
entier. 

Il  ne  peut  être  iii  ((uestion  de  l'action  purement  locale 
qui  nroccujiera  dans  Tuii  des  paragraphes  suivants,  et  je  ne 
dois  m'arrèler  qu'à  rimprégiiation  générale  de  réconomie. 

L'intoxication  sy|iliililique  se  manifeste  sous  des  formes 
diverses  dont  la  majeuro  partie  a  une  importance  à  peu 
près  nulle  au  point  de  vue  qui  nroccupe.  Si  i*on  excepte, 
en  effet,  les  exostoses  intracrànienncs  qui,  par  la  com- 
pres.sion  qu'elles  exercent  >ur  le  cerveau  ,  troublent  les  fa- 
cultés intellectuelle^,  amènent  des  paral}sies  soit  générales, 
soit  partielles,  et,  par  >uile,  Timpuissance;  si  l'on  e\i:ep((* 
encore,  avec  les  accidents  limités  aux  organes  génitaux  et 


d'urs  imtoxigation.  395 

dont  j'ai  rerois  à  plus  loin  reiamen,  la  chlorose,  dont  parle 
M*  Ricordy  ei  la  cachexie,  dont  je  vais  m'occtiper,  noua 
n'avons  que  faire  de  tous  les  accidents  secondaires  ei  ter- 
tiaires adoptés  par  les  sypliiliographes. 

Les  faits  de  eacheiie  syphilitique  ne  sont  pas  rares , 
mais  il  en  est  bien  peu  qui  attaquent  profondément  la  fonc* 
tion  copulatrice  ;  quelquefois,  il  est  vrai,  le  sperme  semble 
perdre  ses  propriétés  fécondantes,  mais  le  sens  génital  est 
respecté  dans  ses  désirs  et  dans  son  énergie. 

Cependant  il  est  des  cas  oà  la  faculté  copulatrice  parti- 
cipe elle-même  è  Taltération  générale,  et  je  ne  sais  pas,  sous 
ce  rapport,  d'exemple  plus  frappant  que  celui  que  M.  Bour- 
guignon ,  alors  interne  des  hôpitaux,  communiqua  h  l'Aca- 
démie de  médecine,  le  12  juillet  18/i2. 

Cette  observation  Y  excessivement  curieuse,  mérite  de 
trouver  place  ici  ;  qu'on  me  permette  de  la  transcrire  en 
entier  et  dans  toute  son  intégrité  : 

a  Le  nommé  Prince  (Charles),  graveur,  Agé  de  trente 
ans,  est  couché  è  l'hôpital  des  Vénériens,  dans  la  salle  8« 
lit  &,  service  de  M*  Puche. 

»  Â  vingt  ans ,  en  1830^  après  trois  jours  d'un  coTt 
suspect,  douleurs  dans  le  canal  de  l'urètre,  plus  vives  dans 
l'eicrétion  des  urines.  Quatre  jours  après  l'apparition  de  ces 
douleurs,  une  ulcération  se  montre  au  méat  urinaire ,  et 
plusieurrs  autres,  quelques  jours  après,  à  la  base  du  gland. — 
Entrée  à  l'hôpital  des  vénériens.  Traitement  :  injections  d'un 
liquide  caustique  dans  le  canal  de  Turètre,  suivies  d'un  bain 
de  siège  pendant  quinze  jours ,  jusqu'à  cessation  des  dou- 
leurs ;  charpie  sèche  sur  les  ulcères  ;  frictions  mercurielles 
8or  la  partie  interne  des  cuisses  pendant  vingt  jours;  la 
salivation  les  fait  supprimer;  cicatrisation  et  sortie  de  l'hô- 
|iilal  après  deux  mois  de  séjour. 


300  IHrUI8SilKGB   SVMPTOMAfiQUB. 

»  Vm  1853,  urétrito  (Prince  csl  entré  au  service,  il  \à 
au  VaNc^rAce)  :  Irailement  éroollient,  puis  anliblennor* 
rhagiquc.  —  Guérison. 

»  En  1833,  ulcère  de  Timpasie  du  prépuce.  Traiteoieul  : 
onguent  mercuriel,  bains  locaux  avec  solution  d*afétaie  de 
plomb.  —  Guérison  en  quatre  jours  ;  mau  une  marche 
forcée  amène  une  adénite  volumineuse  —  Entrée  i  l'hApî* 
ta!.  Traitement  :  ponction  du  bubon;  liqueur  de  Wan-Swio« 
ten  à  la  dose  dune  cuillerée  à  bouche  pendant  vingt-quatre 
heures,  jusqu'à  salivation;  frictions  mercuriellea  sur  les 
cuisses  quelques  jours  après.  —  Guérison.-^ Dorée  du  trai- 
tement i  soixante-trois  jours. 

»  A  la  lin  de  1833,  mal  k  la  gorge.  Traitement  :  garga- 
rismes  acidulés,  tisane  de  Felti,  cautérisation  de  la  gorge 
avec  un  pincenu  trempé  dans  un  acide.  —  Guérison  après 
trois  semaines  de  traitement. 

M  En  1835,  après  deux  ans  d*une  santé  parfaite  (Prince 
est  en  garnison  a  Alger),  nouvelle  infection  ;  les  ulcèros 
siègent  sur  le  corps  du  gland.  Le  malade  les  conscne  trois 
semaines  sans  songer  a  les  guérir.  —  Entrée  i  Thôpilal. 
Traitement .  bains  locaux,  charpie  avec  onguent  mercuriel  ; 
prompte  ricatrisolion  des  ulcères. —  Mais  pendant  le  trai- 
tement, éruption  de  boutons  sur  le  cuir  chevelu;  des  croates 
leur  succèdent.  Huit  jours  de  frictions  mcrcurielles,  après 
avoir  au  préalable  rasé  la  tète,  en  font  justice. 

»  En  1836,  réapparition  de  l'éruption  pustuleuse;  d'a- 
bord bornée  è  la  tète,  elle  g.igne  bientôt  le  tronc  et  les 
membres. — Entrée  è  l'hôpital.  Traitement  :  frictions  mer- 
corielles  de  la  tète  aux  pieds,  pendant  dix-huit  jours; 
tiiane  de  salsepareille,  pilules  de  1  è  8  (le  malade  ne  sait 
fê»  dire  quelle  était  leur  nature  et  pendant  combien  de 
tanps  il  lea  a  prises).  —  Guérison. 


d'une    INTO&IGATIOK.  5i97 

»  En  18d8,  ccphalulgie  des  plus  vives,  d*une  activité 
extrême  la  nuit. — Entrée  à  l'hôpital  du  Dey.  Traitement  : 
vésicatoirc  à  la  nuque,  vésicatoire  monstre  sur  toute  la  tète  s 
leur  effet  est  nul ,  et  déjà  commence  pendant  ce  traitement 
rétonnante  transformation  qui  doit  s'opérer  chei  Prince* 

»  Il  était  bien  développé,  vigoureux  ;  sa  barbe  était  noire, 
longue  et  bien  fournie,  et  cependant,  au  bout  d'un  mois, 
ses  formes  athlétiques  ont  disparu,  ses  membres  sont  chétifs 
el  grêles;  sa  barbe  s'en  est  allée  poil  è  poil  ;  ses  favoris, 
SCS  moustaches  ne  laissent  plus  trace  de  leur  existence.  Le 
principe  morbifique  porte  encore  plus  profondément  son 
action  destructive  :  Prince  voit  ses  organes  génitaux  mena- 
cés d'une  atrophie  presque  complète,  il  en  est  des  poils  du 
pubis  comme  de  ceux  de  sa  face;  ils  tombent  tous,  sans 
exception.  Sa  verge,  d'une  dimension  autrefois  ordinaire, 
perd  surtout  de  son  >olume,  et  ses  bourses,  jadis  grosses  et 
pendantes,  sont  petites  et  fortement  revenues  sur  elles- 
mêmes.  Ce  travail  alrophique  dure  ainsi  plusieurs  mois, 
sans  que  la  céphalalgie  perde  de  son  intensité  ;  elle  ne  cède 
qu*è  l'application  d'un  mo\a  derrière  l'oreille  droite ,  au 
sixième  mois  environ. 

»  Délivré  de  ses  douleurs  céphaliques,  Prince  reprend 
des  forces,  cl  obtient  son  congé  définitif  è  la  fin  de  1839; 
il  revient  à  Paris,  où  sa  santé  s'améliore  encore.  IVlais  son 
étrange  caractère,  sa  répulsion  pour  les  plaisirs  de  son  Age, 
contrastent  d'une  manière  frappante  avec  ses  antécédents. 
Chacun  s'en  étonne  et  le  lui  fait  remarquer;  il  le  voit,  il  le 
comprend ,  veut  prendre  sur  lui  de  se  faire  l'homme  d'au- 
trefois, et  ses  efl'orts  ne  lui  font  que  mieux  sentir  son  im- 
puissance. 

»  Chose  étrange  !  quoique  la  convalescence  et  l'embon* 
point  se  maintiennent,  l'atrophie  des  organes  génitaux  n'en 


298  IHPUISSilMCB   tTMPTOllATlQUB. 

marche  pas  moins  activement.  Inquiet  sur  les  suites  de 
cette  diminulion  progressive  de  ses  organes  sexuels.  Prince 
se  décide  ii  faire  Tépreuve  de  ses  moyens,  ii  constater  ce  qui 
lui  reste  de  ses  vertus  prolifiques.  Il  se  rend  dans  une  mai- 
son publique ,  y  rencontre  une  ancienne  connaissance  qu'il 
choisit  de  préférence,  comme  il  le  faisait  dans  des  temps 
meilleurs.  Mais  aujourd'hui  c*est  pour  un  tout  autre  motif  : 
il  a  besoin  de  sa  discrétion,  peut-être  de  sa  complaisance. 
En  effet  sa  nature  lui  fait  complètement  défaut;  une  mastur- 
bation prolongée  a  pu  seulement  lui  procurer  une  légère 
sensation  voluptueuse  sans  la  moindre  éjaculation. 

»  Quelques  mois  se  passent  ainsi  sans  apporter  de  chan- 
gement i  son  état;  mais  au  commencement  de  18&0,  une 
tumeur  lacrymale  se  montre  è  gauche;  de  vives  douleurs, 
plus  intenses  la  nuit,  se  font  sentir  au  niveau  des  os  |)ropres 
du  nez;  enfin  il  rejette,  au  milieu  du  mucus  nasnl, des  débrin 
osseux,  noirs,  infcrl^,  sortant  par  la  narine  droite.  —  Tisane 
de  Feitz;  guérison.  —  Durée  du  séjour  à  Thùpital  :  deut 
mois. 

»  En  octobre,  même  année  18/iO,  In  céphalalgie  reparait 
plus  intense  qu'elle  n'a  jamais  été;  la  tumeur  lucr)male 
se  montre  de  nouveau  ;  des  exosloses  se  sont  développées 
sur  le  front  à  droite  et  u  gauche,  ainsi  que  sur  les  os  propres 
du  nez,  et  sont  le  siège  de  douleurs  hincinantes.  —  Entrée 
du  malade  è  l'hôpital;  traitement:  sangsues  sur  la  tumeur 
lacrymale,  tisane  sudorifique,  iodurede  potassium  (110  gr. 
dans  l'espace  de  sii  semaines).  Le  malade  sort  notablement 
aoulagé  de  ses  douleurs;  les  ezostoses  se  sont  affaissées. 

«En  18&1,  après  dit  mois  d'une  santé  passable,  les 
nostoses  déjà  existantes  reviennent  à  leur  premier  volume; 
•ont  aussi  douloureuses  qu'autrefois.  —  Entrée  à  l'ho- 
l«  Aa  dire  du  malade,  M.  Cullericr  aurait  fuit  remarquer 


d'une  intoxication.  399 

aux  élèves  ud  ramollissement  du  frontal  ;  les  doigts,  en 
comprimant  le  front  au  niveau  des  exosloses,  faisaient  céder 
la  table  externe.  Traitement  :  friction  sd'onguent  roercuriel 
sur  le  front,  pilules  de  Vallet.  Les  accidents  sont  palliés 
pour  huit  mois,  et  c*èst  le  26  janvier  18&S  qu'il  entre  à  l'kA- 
pitai  des  Vénériens  pour  la  cinquième  fois,  et  toujours  pour 
ses  cxostoses,  et  de  plus  pour  des  douleurs  ostéocopes  géné- 
rales, plus  prononcées  la  nuit.  C'est  alors  que  le  malade 
s'est  présenté  à  notre  observation.  —  Disons  un  mot  de 
son  état  général,  en  passant  en  revue  les  difTérents  organes 
et  leurs  fonctions;  cet  examen  est  digne  d'intérêt. 

»  Prince  est  d'une  taille  moyenne;  il  est  bien  développé  ; 
il  était,  dit-il,  vigoureusement  constitué;  nous  pouvons 
le  croire  :  il  était  autrefois  garçon  de  pharmacie  à  l'hôpital, 
et  les  infirmiers  qui  l'ont  connu  alors  certifient  qu'il  était 
un  fort  gaillard.  Quel  changement  aujourd'hui  dans  toute 
sa  personne  !  Ses  traits  portent  l'empreinte  d'une  vieillesse 
précoce;  ils  ont  une  douce  expression  où  perce  l'insouciance  ; 
son  regard  est  craintif,  sa  démarche  chancelante  ;  ses  mou- 
vements lents  et  mesurés:  il  y  a  de  la  femme  dans  son 
allure.  C*est  qu'en  eiïet  il  en  a  pris  toutes  les  formes  :  la 
peau  est  d'une  parfaite  blancheur,  douce  nu  toucher;  un 
léger  duvet  la  recouvre  à  peine  dans  les  régions  où  le  sys- 
tème pileux  était  fort  développé  autrefois.  Un  tissu  cellu- 
laire abondant  donne  à  tout  son  corps  de  gracieux  contours; 
les  extrémités  supérieures  et  inférieures  ont  acquis  des 
formes  inconnues  ù  notre  sexe.  La  main,  surtout  chez  un 
individu  occupé  plus  d'une  fois  à  de  rudes  travaux,  a  subi 
une  transformation  surprenante;  l'artiste  la  trouverait 
irréprochable:  i  ne  voir  que  le  doigt,  l'anatomiste  nierait 
le  sexe.  Les  organes  génitaux  sont  aussi  ceux  d'un  enfant 
de  cinq  ans  :  leur  blancheur,  leur  formcj^  leur  volume,  tout 


SOO  lltfFUISSANCB   SYHrTOMATigUB. 

le  ferait  croire.  Le  (ourhor  perçoit  doux  oiipareiices  do 
testicules  de  la  grosseur  d'une  petite  noisette,  l^a  verge  a 
peut-être  proportionnellement  éprouvé  une  atrophie  moins 
considérable  ;  le  canal  de  l'urètre  a  conservé  en  largeur  les 
dimensions  de  celui  de  Thomme  odufte  ;  le  méat  urinaire 
de  Prince  est  même  plus  large  que  chei  beaucoup  d^autrci 
malades  couchés  dans  la  même  salle  que  lui. 

»  Du  re!$te,  le  moral  s*est  montré  esclave  du  physique  : 
en  perdant  les  organeii,  il  a  perdu  les  fondions.  Son  tem- 
pérament  est  le  type  du  lymphatique;  son  caractère  est 
fort  doui,  son  intelligence  obtuse,  et  la  mémoire,  fort 
bonne  autrefois,  est  toujours  très  infidèle.  Les  fonctions 
organiques  n'ofTrent  rien  de  particulier,  seulement  les 
liqueurs  le  mettent  dans  une  excitation  nervense  remar- 
quable. Deux  verres  de  vin  blanc,  pris  h  différentes  époques, 
lui  ont  donné  des  attaques  épileptiformes.  -  Dans  notre 
examen  nous  n'avons  point  oublié  les  organes  de  In  voix  : 
sa  corrélation  avec  les  organes  génitaux  nous  le  rappelait 
suHisr.mmrnt  ;  mais  la  voix  n'est  que  légèrement  modifiée. 

»^  Tel  était  rétat  de  Prince  en  janvier  dernier.  Aujour- 
d'hui sa  constitution  s'est  améliorée;  il  semble  se  ré<;énérer 
sous  l'inHuencc  du  traitement  qu'il  a  suivi  et  que  nous  note- 
rons en  quelques  mots.  M.  Puche  lui  fait  prendre  son  sirop 
antisyphilitique  composé ,  dont  voici  la  formule  : 

lodhydrargyrate  neutre  de  polasftium.  I  gram. 

Iode  pur I     — 

Proto-ioduro  de  potassium tOO     — 

Eau  distillée 398     — 

pour  500  parties.  —  Dose  du  sirop  de  25  h  100  grammes. 
»  Jusqu'à  ce  jour  le  malade  en  aurait  pris  au  total  envi- 
600  grammes.  C'est  en  subordonnant  le  troitement  aux 


d'urb  intoxication.  301 

s)in|i(6mcsy  c'est  en  veillanl  surtout  i  r«ilimento(iofi  du 
malade,  que  M.  Puche  est  parvenu  à  arrêter  les  progrès 
eiïraynnts  de  cet  éliolement  général.  Aujourd'hui  Prince 
est  |iius  dispos,  il  se  sent  plus  fort,  il  semble  remonter  peu 
à  peu  les  degrés  qu'il  o  descendus;  toutes  ses  douleurs  ont 
disparu.  Les  fosses  nasoles  sont  le  seul  point  en  souiïrance, 
et,  la  encore,  la  nature  prend  le  dessus.  En  eiïet,  la  nécrose 
élimine  de  temps  en  temps  de  petites  esquilles,  el  le  malade 
s'en  trouve  mieui.  Notons  cependant  que  l'apophyse  mon* 
tante  de  l'os  maxillaire  supérieur  droit  a  presque  entière- 
ment disparu  por  suite  de  ces  éliminations. 

x>  Le  léger  duvet  qui  recouvrait  les  régions  autrefois  abon« 
damment  pourvues  de  barbe  devient  plus  touffu  ;  il  noircit; 
cela  se  voit  surtout  aux  moustaches.  Les  organes  génitaux 
eux-mêmes  reviennent  de  leur  inertie.  Le  mois  dernier,  Prince 
n  eu  deux  érections;  ce  sont  les  seules  qu'il  oit  éprouvées 
depuis  le  jour  de  ses  fameux  exploits;  en  un  mot,  notre 
malade  marche  incontestablement  vers  la  conquête  de  la 
|iremière  nature. 

•»  Nous  n'avons  rien  dit  de  la  chute  des  cheveux  :  le  rasoir 
Tayant  plus  d'une  fois  artificiellement  produite,  cet  acci- 
dent perdrait  par  ce  fnit  beaucoup  de  sa  voleur  (1).  » 

Après  celte  intéressonte  communic.ition ,  M.  Rourgui' 
fS^non  présenta  à  l'Académie  le  malade  qui  en  était  l'objet, 
et  il  fut  facile  de  se  convaincre  de  l'exoctitude  du  récit 
que  nous  venons  de  rapporter. 

Il  n'enire  pns  dons  mon  sujet  d'exposer  les  ressources 
qu'offre  la  thérapeutique  contre  la  syphilis  ;  mais  je  dois 
noter,  sons  m'y  appesantir,  que  le  traitement  de  l'impuis- 
sonce  produite  pnr  le  virus  vénérien  doit  se  confondre, 

(4)  BuUetm  de  l'Académie  de  médiMiinê,?àr\A,\Sil,  t.  Vfl,  p.  974. 


M4  IVHIliiAMi  STWrOVAIHHIB* 

ttlion,  mèiM  alori  qu'il  était  ai  coevalesceiioe»  fut  incapable 
d*6iercer  le  eoit.  Un  de  noa  oonGrèrett  q«i  ne  l!a  rapporté 
Itt-mèoie,  éprouva  la  même  impombililé  pendant  un  lampa 
aiaei  long  qu'il  subit  l'inloence  saturnine. 

Il  est  néoMsaire  de  rappeler  id  les  professions  qui  expo- 
sent i  rintoiieation  dont  je  parle»  car  dans  qndqnes  cîr* 
constances»  alors  qne  les  ncddents  Iniques  sont  peu  pro» 
nonces ,  elles  peuvent  aMttre  sur  la  voie  de  la  cause  .de 
l'impuissance. 

Ces  professions  sont  : 

Ouvriers  cérusier»,  ouvriers  des  fabriques  de  minium»  dca 
fabriques  de  iilbarge,  peintres  en  bètiaokenls,  peintres  d*at* 
tribut!i,  de  voitures,  dore  un  sur  bois,  %emissenrs  de  nsétanit 
fabricants  de  papiers  peints,  broyeurs  de  oouleura»  fabri* 
cents  de  cartes  d'Allemagne,  ceintoronniers,  pçtiers,  bien* 
ciers,  verriers,  ouvriers  des  mine«  de  plomb,  af6neurS| 
plombiers,  fondeurs  de  cuivre,  fondeurs  de  bronie,  fondeurs 
de  caractères  d'imprimerie,  imprimeurs,  fabricants  de  plomb 
de  chasse,  lapidaireu,  tailleurs  de  cristaoi,  ouvriers  des  ma- 
nufactures de  glaces,  ouvriers  des  fabriques  de  nitrate,  de 
cbromate,  d'acétate  de  plomb. 

Quand  Tabsorption  du  plomb  sera  la  cause  de  l'impuis- 
sance, celle-ci  n'esigera  pas  d'autre  traitement  que  celui  de 
l'intoiication  saturnine  dont  je  ne  dois  point  m'occupcr  ici, 
et  pour  laquelle  je  renvoie  le  lecteur  aui  traités  spéciaui 
sur  la  matière. 

â''  InioxicatiMM  anlimoniale  H  arsenicale. 

Dans  son  Traiié  de  ioœicologie,  en  parlant  de  l'action 
des  vapeurs  antimoniales,  OrGla  s'exprime  ainsi  :  «  M.  Loli- 
merer  a  vu  quatre   individus  qui   étaient  fréquemment 


d'une  intoxication  â05 

eiposés  h  des  émanations  anlimonialcs  dans  un  élnblis* 
sèment  où  Ton  préparait  en  grand  du  (artre  slibié,  du 
beurre  et  du  verre  antimoniés,  où  Ton  fondait  de  la  poudre 
d'Algaroth,  et  où  il  se  dégageait  surtout  des  vapeurs  d'acide 
antimonieux ,  d'acide  anfimoniquo  cl  de  chlorure  d'anti- 
moine. Il  a  observé  les  symplAmes  suivants  :  douleurs  de 
tète,  difficultù  dé  respirer,  point  de  côlu  et  douleur  pongi- 
live  dans  le  dos  ;  r&le  mu(|neu\  et  silTIcmciit  dans  la  poitrine, 
expcctoralion  difTirile  de  quelques  grumeaux  (enaccs;  in-* 
somnie,  sueurs  abondantes  et  ubatlemrnt  général;  anorexie, 
diarrhée  ,  dysurie  avec  écoulement  de  mucosités  causant  un 
sentiment  de  brûlure  dans  rurotre;  flaccidité  delaverge^ 
dégoût  du  cott^  impuissance  complète  ;  pustules  sur  diiïé- 
renlcs  parties  du  corps,  mais  principalement  sur  les  cuisses 
Cl  sur  le  scrotum;  douleurs  dans  les  testicxdes^  atrophie  de 
ces  organes  ainsi  que  du  pénis,  »  (Jonmal  de  chimie  médi- 
cale, année  1840,  page  629,) 

Mais  Orfila  ajoute  : 

c\\  n'est  pas  douteux  que  Taclion  prolongée  de  ces  va- 
peurs ne  puisse  amener  la  mort;  mais  il  n'est  pas  encore 
démontré  que  les  accidents  dont  il  vient  d'être  fait  mention 
ne  soient  dus,  en  partie  du  moins,  aux  vapeurs  arsenicales 
que  fournissent  la  plupart  des  antimoines  du  commerce, 
lorsqu'ils  sont  chauffés  ou  truites  par  quelques  agents  éner- 
giques (1).  » 

D*après  M.  Lohmerer,  rintoxiration  antimoniale, et,  par 
suite,  l'impuissance  qu'elle  produit,  doivent  être  combattues 
|iar  les  anliphlogistiques,  le  lait,  et  plus  tard  par  l'opium, 
le  tannin,  et  surtout  le  quinquina  h  l'intérieur  et  en  lotion. 

(I]  Traité  de  toxicologie,  l.  I,  p.  650  el  65t. 

20 


306  IMFUISSANCB    SYMPTOIUTIQUB. 

/i<>  Intoxication  iodiguê. 

Comme  (ous  les  ogenlf»  aclib  da  li  matière  médicale^ 
rioda  a  ét<^  loué  et  aliaqué  oulre  mcgure.  Parmi  les  re- 
proches r|u'on  lui  n  adreasiV«i,  les  accidents  du  rôté  du 
système  nerveux  et  la  fonle  des  glandes ,  par  conséqucni 
celle  des  testicules,  sont  les  plus  graves,  et«  comme  ses 
partisans  ne  pouvoient  nier  ces  faits  «  ils  ont  prétendu 
que  ces  accidents  étaient  e&cessiiement  rares,  et  que  <■  c'est 
à  peine  si  un  médecin ,  dans  le  cours  d'une  longue  pra- 
tique ,  a  l'occasion  d*ot^ener  un  ou  deui  faits  de  ce 
genre  (1).  » 

Je  ne  i^ais  jusqu'à  quel  point  on  peut  et  l'on  doit  par- 
tager la  confiance  da^  partisans  de  l'iode,  car  il  m'a  été 
donné,  dann  l'espace  de  moins  de  dii-liuil  mois,  d'obser\er 
quatre  cas  irimpuissance,  avec  atrophie  plus  ou  moins  consi- 
dérahledes  testicules,  survenant  pendant  ou  immédiatement 
après  le  traitement  de  la  phlhisie  pulmonaire  par  lo  méthode 
de  M.  Cliartroule,  c'esl-à-ilirtï  par  l'absorption  des  sapeurs 
diode. 

Chez  l'un  de  ces  quatre  malades,  molgré  l'impossibilité 
de  l'érection  de  la  ^ergc,  les  désirs  \énériens  étaient  con- 
servés et  les  testicules  avaient  leur  volume  à  peu  près  nor- 
mal. Chez  les  trois  autres,  qui  offraient  une  bien  évidente 
atrophie  des  testicules,  rindillérence  pour  le  coït  était  assez 
marquée  pour  ne  leur  pas  faire  regretter  les  voluptés  per- 
dues, et  ils  ne  lenaioil  réclonier  mes  soins  que  pour  satis- 
faire soil  le  devoir  conjugal,  .^oil  le  désir  d'avoir  un  enfant. 

(I  )  Traité  de  thêrapêuliquâ  $t  ie  matière  médîMle^  par  MM.  Trous- 
seau et  Pidouz,  2   édit.,  t.  i,  p.  265. 


D^UNB    INTOXICATION.  807 

D'tQlres  composés  d'iode,  sans  avoir  une  action  aussi  dé- 
létère que  celle  des  vapeurs  de  celle  subslance,  n'en  agissent 
pas  moins  sur  les  organes  génilauv.  Un  de  mes  nmis  qui,  à 
la  suite  d'accidents  syphilitiques  assez  graves,  avait  pris  Tha- 
bitude  d'user,  au  prinlemps  et  en  aulomne,  de  Tiodure  de 
potassium  à  dose  dépuralive,  m'a  avoué  que,  pendant  tout  le 
temps  qu'il  faisait  usage  de  ce  médicament,  il  était  moins 
porté  vers  les  plaisirs  de  l'amour  et  perdail  sensiblement  de 
son  énergie  virile. 

Au  moment  où  j'écris  ces  lignes,  un  de  mes  malades, 
dans  loulc  la  force  de  Tège,  i  qui  je  fais  prendre  du  proto- 
îodure  de  mercure  contre  des  accidents  secondaires  de  la 
ajpliiliS)  m'a  accusé  une  certaine  défaillance  dans  sa  virilité 
et  une  froideur  pour  les  plaisirs  vénériens,  qui  ont  porté  le 
trouble  dans  son  imagination. 

Dans  les  deux  cas  que  je  viens  de  citer,  il  est  impossible 
d'attribuer  à  la  syphilis  les  accidents  qu'éprouve  le  sens 
génilal,  car  il  n'existe  ni  cachexie  vénérienne  ni  désordre 
local  qui  lea  puissent  expliquer. 

Quand  l'action  de  l'iode  se  traduit  simplement  par  nne 
diminution  dans  les  forces  génitales,  sans  atrophie  des  testi- 
cules, il  suffit  ordinairement  de  suspendre  l'emploi  du  médi- 
cament pour  voir  revenir  les  choses  h  Uur  état  normal. 

Quand  les  testicules  sont  entièrement  atrojihié!*,  In  mé- 
decine doit  déclarer  son  incomfiétence;  eilc  ne  peut  rcfnire 
des  organes  perdus. 

Mais  il  est  rare  que  l'intoxication  iodique  atteigne  ces 
limites  extrêmes  du  côté  des  organes  génitaux,  avant  d'avoir 
produit  des  désordres  graves  du  côté  de  quelque  organe 
important  k  la  vie,  de  telle  sorte  que  l'on  a  presque  toujours 
affaire  à  une  alrophie  incomplète  des  glandes  spermatiqoeSi 
^oand  00  malade  réclame  des  soins  contre  son  impuissance. 


à 


SOS  IHPDIIUKCI   BTBrrOllATtQDB. 

Dbi»  ce  esR,  un  régime  analeplique,  k  tijonr  i  U  nm- 
pagnc  et  l'excrtit-c  au  griml  air,  sont  de  tonte  néeetut^,  et 
ibiit  la  base  de  lamdJicalion.  Plus  lard,  et  si  aucun  trouble 
n'ciisic  du  c6tù  du  tube  digeatif,  lei  marliaui  al  te  quinquina 
peuvent  rendre  des  service*;  mais,  je  le  repaie,  il  faut,  avant 
toute  diosc,  s'ollacher  i  uii  rûgime  rcconrorlant,  et  ne  re- 
courir que  plus  tard  oui  agents  médicsmenlcut  propre- 
ment  dïli . 

&*  tntoaoicatùm  par  le  camphn. 

L'action  sédatite  du  camphre  est  aujourd'hui  uaei 
généralcnient  admire  pour  qu'il  ne  soit  pas  néceiaaire  de 
rétablir  par  de  nouvelle!  eipériencea.  Mais,  et  c'est  ce  qui 
nie  fera  très  peu  arrêter  a  ccllu  action,  les  elTets  sont  pas- 
sagers et  lu  sédiiliu.)  |iroduilc»e  dissipe  rocilemeiil. 

Cependant  l'usi^tc  longtcmiis  ri>ittiiiué  du  camphre,  sur- 
tout Eous  forme  mulOculuin-,  |.eul  amener  une  faiblesse 
dans  l'éiiergiu  5Ciuclle  {|ui,  si  elle  n'est  pa^  l'impuissance 
complète,  trouble  assez  l'orprit  des  malades  pour  les  faire 
recourir  è  la  médecine.  J'nieu  occasion  d'observer  plusieurs 
faits  de  ce  genre  à  l'époque  où  il  étoit  de  mode  de  tenir 
dans  su  bouclic  un  tujiiu  dr  plume  ri-nfermant  un  morceau 
de  camphre,  et  (fiii.-M.  Kuspail,  son  inventeur,  avait  nommé 
cigareUe  de  camfihre. 

I.'i'ffi-I  nna)iliri)disioc)ue  de  re  petit  appareil  était  entière- 
ment  |>ln»i<{iiv;  t'sdt^iis  u-inTicns  subsistaient  dans  toute 
leur  éncr»ii',  l'orgniic  sc:il  fiiindit  défaut,  quoique  l'action 
sidalive  ilu  nimpliru,  aiu>.i  <(ue  le  mollirent  les  eipériences 
et  les  fail'i  d'(>iii|iuis(>iiiicmciit,  paraisse  s'eicrccr  aussi  bien 
sur  les  centres  iior>en\  ipie  sur  lus  ramifications  de  ce 
sjsième. 

D'ailU'iirti,  dans  les  cas  dont  je  parle  el  qui  offraient  une 


U'UKK   r^TUIlCATlON.  309 

ÏDtoiicatioii  lunli*  et  proluile  par  îles  doses  iiilîniléslmoles, 
je  n'aijomais  eu  à  noter  le  délire,  la  stupeur  ou  (oui  autre 
désordre  du  cerveau  et  du  la  moelle  épinJèrc;  queiquerois 
UDC  céphoiaigie  légère  occompognait  l'inertie  de  la  verge; 
mais,  je  le  répète,  dons  la  majorité  des  cas,  l'altéralion  de 
la  virilité  paraissait  enlièremcnt  locale  et  .xans  relations  avec 
un  trouble  général  quelconque. 

Cependant,  malgré  toutes  ces  probabilités  de  local iaaiion, 
je  n'ai  jamais  négligé  d'exercer  une  action  stimulante  sur 
la  colonne  terlébrnle,  et  je  me  suis  toujours  loué  des  fric-' 
lions  sur  cette  pnrtie  ti\ec  l'alcool  ou  une  subslnrice  aroma - 
liquc.  Si  la  sédiition  était  ossez  intense,  il  serait  utile  de 
recourir  à  la  flagellation,  ou  mieux  encore  &  l'urlication. 

Quant  nu  traitement  essentiellement  locol,3'e.«limc  que, 
sauf  les  conire-indicalions  bien  manifestes,  il  doit  se  borner 
i  l'usage  de  l'électricité  Le  bain  électrique  e^l  ici  préfé- 
rable, et  l'on  soutire  les  étincelles  du  périnée,  du  scrotum 
et  de  la  verge  dans  toute  sa  longui'ur.  Quelques  séances 
suEBsent  d'ordinaire,  et  cette  médication  manque  rarement 
de  produire  son  effet,  quand  au  préiilable  on  a  soustrait  le 
malade  i  l'inilucnce  toxique  du  camplire. 

fi"  intoxicalion  parle  haschich. 

Les  auteurs  qui  ont  écrit  sur  le  Itascliicli,  MM.  Auberl- 
Roche(l),  Moreau  (de  Taurs)  (2),  dis  Courlivc  (3),  n'ont 
point  étudié  les  effets  de  cette  substance  au  point  de  vue 
qui  nous  occupe.  Séduits  par  les  phénomènes  psychiques 

(1  ]  Dila  fMila  «I  du  lypkas  d'Orient. 
11)  Du  haiehich  et  de  t'aliéiialimt  mmibtle. 

(3]  Batehieh,  Etude  lùtlorique,  chimiquL-  et  phj/tiologiqut.  TlièM 
•ootennekl'écdeda  pharmacie  de  Paris,  <847. 


MO  mruiauiKi  ■thptonaiiqoi. 

dont  il)  étiieitt  les  t^ffloini  on  qu'ih  éproQTiieot  e 

ik  ont  coDcenIré  leur  allention  sur  In  troubles  des  fseellés 

inlclievtuellcs,  et  onl  itéilaigné  de  raniigner  deni   leera 

observation»  les  cluiigcmenli  ipportés  pir  le  baKhicb  dans 

(en  loHclioiii  gi'nituleii. 

Et  cefieddanl  l'selton  dn  Canmbia  mdiea  anr  le  mim  de 
la  génération  est  bien  remirqmble,  eer  (es  délicei  qu'il 
produit,  les  eituses  où  il  plonge,  n'ont  rien  de  cbentel,  je 
vousassuri>,  Ltu  visions  pleines  de  fenmesaacostaae léger, 
et  mAine  nues,  aux  dentés  lescives,  ans  regords  provoca- 
teurs, n'éireillenl  aucun  désir  et  n'etcilenl  aucone  aetisue- 
lilé  ;  tout  est  idéal,  tout  est  spiritualisé. 

Ce  ftilent-e  de  l'appélil  vénérien,  celte  déchéane  de 
pouvoir  de  rniia^inaliuii,  me  surprirent  aussi  {irofondé- 
nienl  que  Icï  plictiomt-nes  psji'liiqun,  L>t  je  résolus  i)c 
porlvr  mes  iiiiestigutions  sur  un  point  jusqu'ici  laissé  dans 
l'ombre. 

C'est  sur  moi-même  que  j'et|iérimenlai4,  car  je  n'avais 
point  oublié  cen  paroles  Ire^jitslcs  de  M.  Moresn  (de  Tours): 
«  L'obiwrvutiun,  eu  pardi  rus,  lorsqu'elle  s'eierce  sur  d'au* 
très  que  noiis-niAin'-si ,  n'atteint  que  des  apparences  qni 
n 'apprennent  ab<ulnnieri(  rien,  ou  peuvent  faire  tomber 
dans  les  plu»  {{rossièros  erreurs.  L'etpérienee  personnelle 
est  ici  le  critérium  <le  lu  vérité.  Je  conlesle  k  quiconque  le 
droit  de  parler  dus  cITels  du  liascbich,  s'il  ne  parle  en  son 
nom  propre,  et  s'il  n'a  été  k  mime  de  les  apprécier  par  un 
usage  sulTisammenI  répété  (I).  d 

Avnni  de  commencer  le  réril  de  mes  eipérienres,  je  pro- 
teste (le  nouveau  contre  toute  pensée  malhonnête  que  l'on 
vomirait  me  (irétcr;  je  fnis  de  la  science,  et  la  science  est, 

(fj  Lk.cîi.,  p.  i. 


d'unb  i.itoxigation.  814 

comme  l'art ^  chaste  et  pudique  dans  sa  nudité;  je  dis  avec 
le  poëte  : 

Nuda  recède  Venus,  non  eët  luus  iste  libellos. 
Diftce  verecundo  saoclius  ore  loqui 

» 

Mes  premières  expériences  sur  le  haschtch  datent  de  18èS* 
Les  diverses  préparations  de  cannabis  indica  dont  je  fis  usage 
me  furent  fournies  par  mon  confrère  le  docteur  Foocarf,  qui 
les  tenait  lui-même  deM*  Louradour,  phnrmacirn. 

Ainsi  que  je  le  disais  plus  haut,  l'action  du  cannabis 
indica  sur  le  sens  vénérien  me  frappa  dès  rria  première  fan* 
tasia»  et,  comme  elle  se  reproduisait  exactement  la  même  à 
chaque  ivresse,  je  résolus  de  diriger  spécialement  mon 
observation  sur  ce  point* 

A  cet  efTet,  je  me  haschichnis  avec  une  femme  dont  les 
mcfiurs  taciles  ne  pouvaient  apporter  d'obstacles  à  l'expé- 
rience. 

Après  la  période  d'hilarité  qui  fut  pour  ma  compagne  une 
période  de  larmes  et  de  terreurs,  je  m'étudiai  h  tourner 
mon  esprit  vers  des  idées  lascives.  L'imagination  ne  répon* 
dit  point  à  ma  volonté;  j'eus  alors  recours  aux  baisers,  aux 
•ttoucbementf  4  en  un  mot  aux  excitants  physiques. 

Sollicité  tour  h  tour  par  les  vi^otrs  tout  idéales  dues 
au  bascbich,  et  par  la  volonté  de  fer  dont  j'étais  animé, 
j'étais  dans  un  trouble  extrême,  et  il  me  sembla  enfin ^ 
après  des  efforts  inouïs ,  que  l'érection  du  membre  viril 
s'était  produite. 

Je  voulus  alors  me  livrer  au  coït. 

Alaisao  moment  oà  je  croyais  atteindre  le  but,  an  obstacle 
infranchissable  s'opposa  à  l'intromission  de  la  verge,  et 
mes  forces  s'usèrent  à  le  vaincre  ;  brisé  de  fatigue  et  couvert 
lie  sueur,  je  dus  renoncer  h  accomplir  cette  œuvre  immense^ 


M9  iiipuihaih:k  aYanttaATHtm. 

l'organe  co|)ul»(eur  participant  lut-nièaut  k  rabalUsiMOI  d« 

lonl  l'organiime. 

Je  recommençai  mes  itUi|aei  on  nombre  infini  de  foie, 
et  lonjoun  jo  dui  céder  t  l'otMlacle  dont  je  pariait  luut  k 
l'beare,  et  qui,  selon  loote  probabilité,  n'était  entra  chose 
qM  la  flaccidité  de  la  verga. 

Toute*  cet  tentatives  infructueuses  avaient  réullement 
abattu  mes  forces.  —  Je  me  mis  an  lit  avec  la  eompagnc  de 
mea  tristes  cipluib.  —  Dès  co  moment,  lea  souvenirs  me 
Ibol  iléiaut,  et  il  est  pour  moi  certain  que  je  m'endormis 
d'un  sommeil  presque  léthargique. 

lie  li'mlemain  au  rcveit  je  me  aentia  brisé  et  étourdi 
comme  si  je  ni'étnis  livré  toute  la  nuit  à  des  eicès  exagérés 
du  Cuit.  J'inlerrogcoi  ma  compagne ,  elle  ne  s'iitait  mArno 
pas  douté  de  mon  voisinage.  J'cvaminai  les  tlrajis  et  je  ne 
constatai  aucune  tarhe  de  sperme.  D'où  venait  donc  cet 
anéantissement  qu'uui'uiie  perte  ii'cipliquait  ? 

J'ai  répété  la  même  expérience  deux  fois  et  ù  des  inter- 
valles osseï  éloignés ,  et  toujours  j'ai  noté  l'absence  don 
désîn  vénériens,  la  flaccidité  de  la  vei^e  et  la  rétention  du 
sperme. 

Cet  état  du  sens  génital  ne  se  prolonge  pas  d'ordinaire 
au  deli  du  l'itrGsxe  amenée  par  le  hascliicli;  cependant  une 
langueur  m  fait  quelquefois  sentir  pendonl  un  ou  deux 
jours,  mais  elle  se  dissipe  d'elle-même,  à  moins  que  l'on 
ne  fiis^e  un  usage  abusif  de  ce  narcotique,  auquel  cas  l'im- 
puissance peut  advenir. 

Cette  circonstance  est  rare  dans  nos  pajs;  on  ne  la  ren- 
contre guère  que  ehei  les  peuples  d'Afrique  et  d'Asie  qui 
font  du  liaschicii  leur  boisson  faiorite  et  journalière.  C'est 
une  de.-)  mille  causes  qui  rendent  les  Orientaux  le  plus 
proraplement  el  le  pins  longtemps  impuissants}  car  le  plos 


AFFKCriON    DE    l'aPFAKBIL    g6NIT0*URINAIKE.  315 

efficiicc  cl  pcul-élre  Tunique  remède  au  mal ,  est  de  dis- 
continuer l'usage  du  haschich,  ce  que  ces  peuples  elTéminés 
ne  veulent  ni  ne  peuvent  faire. 

S  W.  —  B^uie  afléetlMi  ii«  l'appareil  séallo-nrlnalre. 

il  eût  été  plus  logique  d'examiner  séparément  les  maladies 
des  organes  urinaires  et  celles  des  organes  génitaux;  mais 
ai  Ton  réfléchit  que  ces  deux  appareils  ont  les  rapports  les 
plus  intimes  de  voisinage,  on  conviendra  qu'il  était  difficile 
de  les  séparer  dans  un  examen  pathologique;  celte  néces- 
sité de  les  comprendre  dans  le  même  cadre  ressortira  bien 
roaniFestement  à  l'occasion  des  maladies  de  la  prostate  et 
du  canal  de  l'urètre. 

J'aurai  donc  h  passer  en  revue,  sous  le  rapport  de  l'im- 
puissance : 

1*  Les  maladies  des  reins,  des  bassinets  et  des  uretères  ; 

2®  Les  maladies  de  la  vessie; 

â*  Les  maladies  du  col  de  la  vessie  et  de  la  prostate  ; 

&*  Les  maladies  des  vésicules  séminales  et  des  conduits 
éjaculateurs  ; 

5^  Les  maladies  du  canal  de  l'urètre; 

6*  lios  maladies  de  la  \erge; 

7°  Les  maladies  du  cordon  spermatique  et  des  testicules. 

1°  Maladies  des  reins,  des  bassinets  et  des  uretères. 

Diabète.  —  Quoique  la  nature  du  diabète  ne  soit  pas 
connue  et  qu'il  soit  loin  d'être  démontré  qu'elle  est  une 
aiïec'tion  des  reins,  j'ai  dâ  me  conformer  à  l'usage  et  la  ran- 
ger parmi  les  maladies  de  l'appareil  urinaire ,  en  raison 
nnènie  des  symptùmes  les  plus  importants  dont  cet  appareil 
est  le  siège. 


ut 

A  edti  dm  déMrdrai  JmI  U  léorétioo  réiwl*  oOra  It 
•peeUde,  In  iMNtioM  génératrion  MdMwnl  4m  «lUnlÎMM 
qai  légitiment  !■  place  que  je  4»Qam  îd  mi  diabète. 

<  Let  foncliont  géaéralrieet,  dît  M.  Valleii  k  l'articte 
GlvâPturiff  iQfit  preCTiMéiHiit  ironMefi  Ij69  értclioni 
n'ont  plus  lieu;  il  n'y  a  plut  de  désirs  vénériens;  parfois 
même,  si  l'on  «o  croit  quoliiaei  auleurs,  le  leslicule  s'alro- 
phte  et  le  serotnm  ilevient  Baaqne.  Sunaol  M.  EHralaon, 
cet  état  l'obacrve  sealement  neoTroM  aor  dit;  mais  il  edf 
été  néressaire  de  diru  ai  les  matndef  avaient  été  înterrag^ 
t  ce  injel  é  tentes  les  époqaes  de  leur  maladie  ;  car  cette 
altération  des  foncliona  génératn'cei ,  qui  a  été  remarquée 
par  lous  les  obserfatenn,  ne  aurfient  que  jiradnellement, 
et  l'on  conçuit  très  bien  qu'i  une  époque  rnpprocliée  du 
début,  elle  peut  être  Irèa  Taibln  et  peu  appréciable.  Le 
même  auteur  a  noté  que  la  sécrétion  du  !i|H>rme  cessait  de 
ic  faire  (1).  » 

Jo  tais  essnyer  de  suppléer  au  silence  dont  se  plaint 
M.  Valleit. 

Le  diabète,  outre  les  symplémes  relatifs  au  produit  irii- 
Dairi',  présente  comme  pliénomùne  gémirai  et  cousiaiil  une 
diminution  notable,  et  même  la  suppression  efiliëre  de  luuli-s 
les  sécrétions,  h  ce  point  qu'il  semble  que  le  tyttème  uri- 
naire  attire  en  quelque  torte  à  lui  seul  la  plut  grande  partie 
des  hutneurs  qui  devraienl  avoir  une  direction  différente. 
Ainsi  la  perjtpiration  cutanée  est  suspendue  ot  la  peau  jiré- 
aente  une  surface  érailleuse,  sècbe  et  aride;  la  sécrétion 
des  larinaa,  celle  de  la  salive,  éprouvent  une  diiuiuulion 
notable,  et  Dupuytreo  elThenard  ont  même  obsené  que 
d'anciens  ulcères  aux  jambes  diseonlinuaient  de  suppurer  et 
se  séchaient  spontanément. 

(1)  Guida  dm  rnédum  fntkien,  V  édll.,  l.  III,  p.  54*. 


AirpsCTIOM    DE   (.'apPARBIL   titlIITO-IIIIMAIBB.  S15 

bien  évidemment,  In  sécrétion  ipermatique  a'eit  ptB 
•Gule  é|iargnAe  au  milieu  des  Iroubleii  qui  atteignenl  toutM 
les  autres  sécrétions,  el  l'obsfrvstioD  île  M.  Ëlliolsoniurli 
ccMstioii  (le  la  fonilioD  lesticulsire  cil  parraitemenl  exacte. 

La  sécrétioD  du  Sficrme,  sauf  dam  (juclques  rares  etcep- 
lion!:,  C!it,  comme  nous  le  verrons  plus  loin,  une  des  condi- 
tions de  la  virilité  ;  par  conséquent,  cette  sécrétion  venant  à 
diminuer  d'une  manière  notable  et  même  k  cesser  complè- 
tement, la  puiii»ance  virile  doit  décrollre  et  même  s'nnéantir 
enlièremcnl. 

Entre  ces  deux  laits,  c'eit-^dire  la  virilité  et  la  sécrétion 
spennatique,  il  existe  une  telle  corrélation  que  l'on  peut 
juger  de  l'énergie  de  l'une  par  la  nature  de  l'autre.  Un 
sperme  aboi>danl,  normal  et  bien  lié  est  toujours  l'indice 
d'une  grande  Turce  copulatrice  ;  je  ne  dis  pas  une  éjaculation 
abondante,  qu'on  le  remarque  bien,  parce  qu'nu  proJuit  de 
l'éjaculatiun  se  trouvent  mêlés  des  fluides  bien  dillérenls  du 
sperme. 

Il  s'agit  doue  de  savoir,  pour  marquer  le  commencement 
de  la  décadence  virile,  quond  la  sécrétion  spermatique  dimi- 
nue d'une  manière  assez  notable  ou  cesse  de  se  faire. 

Evidemment,  le  moment  précis  de  cette  diminution  uu 
de  cette  suspension  ne  peut  être  noté  ;  mais  tout  jiortc  à 
croirequ'elle  suit  la  marche  des  autres  sécrétions,  ainsi  qu'il 
parait  résulter  de  la  remarquable  observation,  communiquée 
à  l'Académie  de  méderini'  par  MM.  Mialhe  et  Contour  (1), 
et  avec  laquelle  concordent  la  plupart  des  faits  que  j'ai 
moi-même  observés.  Chei  le  malade  de  ces  deux  auteurs, 
l'anéanliasement  de  la  force  virile  n'avait  pas  allendu,  pour 
se  produrre,  l'amaigrissement  et  le  marasme  ;  l'impuissance 

(()  $MÊtlnà»fAoatUmk  4t  «Mmom,  jniHel48U,  i.  IX,  p.  »77. 


f 


ftl6  IIIHItSttAKCI   SVMrTOMATigUI. 

s'était  montrée  quelques  mois  à  poino  aprèt  la  dîmkialion 
dei  sécrétions,  et  comme  rien  ne  décelait  la  continuation  de 
la  sécrétion  spermatique,  il  est  permis  d*admettre  que  les 
testicules  avaient  suivi  Teiemple  des  glandes  lacrymales, 
salivaires,  etc. ,  etc. ,  et  que  cette  inaction  avait  enchaîné 
Tesercice  de  la  virilité. 

Plusieurs  observations  recueillies  par  moi-roènie,  comme 
je  le  disais  plus  haut,  m'autorisent  à  croire  que  les  choses 
se  passent  réollement  ainsi,  c'est-^-dire  que  ce  n'est  point 
à  la  faiblesse  générale  qu'il  faut  rapporter  Timpuissance  des 
diabétiques,  puisque  cette  impuissance  se  montre  bien  avant 
le  marasme ,  mais  plutôt  à  la  suppression  de  la  sécrétion 
lesticulaire  dont  l'existence,  concordant  avec  l'anéantisse- 
ment ou  la  très  grnnde  diminution  des  outres  sécrétions, 
est  attestée  par  Tabsence  des  désirs  vénériens,  des  poilu* 
tiens,  etc.,  etr. 

D'après  ces  données,  et  en  admettant  avec  tous  les  auteurs 
trois  périodes  clans  le  diabète,  le  début  de  l'anaphrodisie  doit 
être  placé  dans  la  seconde  période,  la  première  étant  rem- 
plie pur  le  développement  de  la  cause  qui  produit  la  suspen- 
sion de  la  \irilité.  —  C'est  ce  que  l'observation  prouve 
en  eiïet. 

Mais  comme  le  diabète  n'a  rien  de  fixe  dans  sa  marche, 
que  sa  dun^e  varie  de  quelques  mois  à  plusieurs  années, 
chaque  période  met,  h  parcourir  ses  phases,  un  temps  qu'il 
est  imposible  de  déterminer ,  on  ne  peut  donc  préciser  d'une 
nMnière  absolue  l'époque  de  l'apparition  de  l'impuissanrc 
è  partir  du  début  de  la  maladie  ;  mais  on  peut  dire  que  Tana- 
phrodisie  apparaîtra  d*autant  plus  tardivement  que  la  marche 
des  phénomènes  morbides  sera  plus  lente  et  les  sécrétions 
moins  taries ,  et  quVIle  se  montrera  d'autant  plus  tôt  que 
l'éiolution  de  la  première  période  aura  été  plus  rapide. 


.tPFECTION    DK    l'APPARBIL  GÉNITO-UItlNAIIIR.  347 

La  tlurûe  <le  l'impuissance  diabétique  est  entièrement 
subordonnéo  è  la  (lersistonce  de  la  maladie  principale;  c'est 
avouer  qu'aucun  troilement  spécial  n'est  ici  nécessaire. 
Dans  l'obscrvaliuii  rapportée  par  MM.  Mialhe  et  Contour, 
le  Irailcroent  pnr  les  alcalins  que  ces  auteurs  préconisent 
contre  la  glucosuiie  suffit,  au  bout  d'un  mois  et  demi  envi* 
ron,  à  Irluniplier  tout  h  la  fois  du  diabète  et  du  l'imputs- 
sancc.  Quel  que  soit  donc  le  mode  de  Irsitemcnt  que  l'on 
adopte,  celui  de  Rollo,  celui  de  M.  Buuchardiit  (1),  celui 
de  M.  Mialhe,  etc.,  on  ne  s'adressera  jamniss[ié('iolement 
aux  organes  de  la  généralinii ,  el,  plus  qu'ailleurs  peut- 
être,  on  se  gardera  de  faire  une  médecine  de  sympt/lnies. 

2^  Maladies  de  la  vessie. 

Depuis  quelques  années, mats  surtout  depuis  les  travaux  de 
M.  Ciïiale{2),  on  a  apporté  une  distinction  nécessaire  entre 
les  aiïeclions  du  col  de  la  vessie  et  celtes  du  corps  de  cet 
organe.  Cette  séparation  m'est,  plus  qu':i  tout  nuire,  indis- 
pensable. Si  l'on  rélléclut  qu'au  col  de  la  vessie  se  trouvent 
réunis  h  prostate,  l'oiibce  du  canal  de  l'urètre  et  l'ouier* 
lure  des  canaux  éjaculatours,  on  com]>rcndra  le  retentisse- 
ment que  doivent  aïoir  sur  les  fonctions  génitales  les  mala- 
dies lie  celle  porliun  de  l'appareil  urinnirc;  tandis  que  le 
corps  (le  la  vessie,  relégué  dons  la  cavité  pelvienne,  sans 
[ommuniralion  directe  avec  les  organes  spermatiques,  et 
n'ayant  aveu  les  tésicutes  séminales  que  des  rapports  de 
ju\tb|.osilion,  ne  peut  exercer  par  ses  étals  morbides  une 
influente  ilireclement  spéciole  sur  les  fonctions  reproduc* 

{I  )  Du  ilinbèle  nurrr.  nn  gltiroturir.  mn  Irallnnent  hygiénique,  ParJS, 
1861,  in-t. 

(S]  Ttailr  prtiftfw  dm  malaiin  in  organe»  ^énShi-urinairrr. 


M8  mratMAiici  mvToiiATfQM. 

UicM.  Senlenent,  I»  alléntioni  dool  le  réwnoir  orimire 
paot  èlra  ■llfinl  mnI  rarament  Imitée*  a>  corps  de  l'orw 
geoe  ;  elles  envahissent  tsseï  souvent  to  col  et  relenlîsseiit 
aiiMÎ  secondairrmcnt  snr  les  voies  génitnles. 

11  en  est  de  mémo  d'un  calcul  dans  la  vessie  qiit  sollirile  le 
malade  k  eieresr  des  trarlions  sur  la  verpe.  Ces  Iraetions  ont 
i|ad«|ueroi4  pour  réinllat  une  hjparlrofihie  molleet  flasi|Qe 
tanUk  du  prépuce  et  lanlAt  du  pénis  tout  enlîer  ;  de  telle 
aorte  <|ue  les  rapports  d'harmonie  entre  l'of^aiie  mtia  et 
l'OTftane  de  la  Femme  peuvent  être  rom|>us,  et  cetla  dispro* 
portion  amener  una  impuissance  relative.  Tous  les  aotears 
<|M  ont  écrit  sur  la  présence  de  la  pierre  dans  la  vesaie  ont 
noté  l'hyperlrophie  de  la  verge  rhoi  tes  calculeut,  et  je  re- 
produirai tout  à  l'heure  re  que  M.  Clvialu  a  dit  sur  ce  sujet. 

Mai])  il  est  un  état  anormal  de  la  vessie  que  je  dois  sigiio- 
larici,  parce  qu'il  est  le  seul  capable d'nmener  l 'impuissance. 

Je  vcui  purler  du  rjstocèle  inguinal. 

La  hernie  inguinale  de  la  vessie  s'oppose  de  deiu  maniires 
i  l'accomplissement  du  cort  :  1*  par  la  tumeor  qu'elle  forme 
au  pubis;  2*  par  la  rilraclion  de  la  verge. 

S'il  n'uiistnit  que  le  premier  empêchement  k  la  copula- 
tion, on  pourrait  dire  que  l'impuissance  ne  serait  pas  ronli-> 
nae,  puisque  l'évacuation  de  l'urine,  en  alTatfsant  lest  parois 
liHcalea  hemiées ,  liiil  disparaître  Is  tumeur. 

Mais  la  rétraction  de  la  verge  est  un  obslncle  qui  est  lié 

à  l'eiisteoGO  même  du  cyatooèle,  et  qu'il  n'est  |ins  possible, 

pareenaéquent,  de  faire  disparaître  à  volonté. 

.-.  Opconçoil,  en  effet,  que  le  corps  de  la  ve<iRic>,  entraîné  an 

m  du  canal  inguinal,  eierce  des  Iraetions  Kur  les  parties 

li  aOBt  attenantes,  et  attire  son  col,  et,  par  suite,  le 

it  l'nrètre,  en  haut  el  en  dedans.  I.n  longueur  du 

miÊmin  f  feporiioaa  asaaa  lemiblei. 


AFPBCTIOR    K    l'aPPABSIL  6kNlT0-UIIINAIRB.  M9 

et  cette  dimination  est  encore  aggrivée  par  la  tumeur  du 
cyttocèle  lui-même.  La  verge,  chex  le«  perwnnes  alteintei 
de  celle  infirmité,  cnrhée  tous  l'arcade  du  pubia,  opparatt 
comme  on  tubercule  au  milieu  dea  Urrus  et  dei  poils  qui 
l'environnent,  et  ne  peut,  même  par  l'érection,  dépattaer  jei 
éminenceii  qui  la  dominent,  aurloul  quand  le  cyslocëie  eit 
compliqué,  ninni  qu'il  arriie  fréquemment,  d'une  hernie 
inteatinole  ou  épiploïque. 

Rien  évidemment,  cet  obstacle  mécanique  ne  produit 
principalement  dofis  le  cy.slocèle  complet,  c'est-à-dire  lors- 
que les  paroi»  antérieure  et  postérieure  de  la  vessie  se 
IroHvciit  simultanément  engagée»  dans  l'anneau,  el,  ù  plus 
forte  raison,  dans  le  cyslocèlc double,  dont  il  n'etiste  qu'une 
xeule  observnlion,  je  crois,  rapportée  par  Verdier(l). 

l>a  réduction  de  la  hernie  est,  on  le  comprend,  le  seul 
remède  l'i  l'impuissance  que  ce  déplacement  occasionne,  et 
je  renioie  pour  lu  mode  opératoire  aux  ouvrngea  spéciaui 
sur  la  mntière. 

3"  Maladies  du  col  de  la  ves.iie,  de  la  prostate  et  des  conduits 
éjaculaieurs. 

En  dehors  de  l'obstacle  que  les  filtératrons  de  la  pruslats 
Apportent  à  la  sortie  régulière  du  sperme,  elqui  sera  l'objet 
d'un  examen  approfondi,  alors  que  je  rechercherai  leBrniiie* 
de  ta  stérilité,  les  affections  profondes  du  col  de  In  vessie 
el  de  la  prostate  déterminent  un  développement  considé- 
rable de  la  verge  qui,  h  lui  seul,  peut  constituer  une  impuis- 
sance relative. 

Cette  hypertrophie,  qui  se  montre  au«!>i  chei  les  calcu- 
leni  i  la  suite  des  tractions  que  teut-ci  eiercent  sur  leur 

(1)  M^mofrfgiitl'AmdémieiUeMnirglt,  t.  Il,  p.  3S. 


330  IHNIISSAKCIt   SIlinoilATIQOI. 

verge,  et  chet  les  individus  alleiula  de  rélrécisseiiienti  de 
l'urèlre,  par  une  action  purement  sympathique,  m'occupera 
tout  k  l'heure  d'une  manière  toute  spéciale. 

Les  conduits  éjaL-ulateurs  loges  dans  Tépaissi-ur  de  la 
prostate  restent  rarement  étrangers  aux  nllératioiis  do  cet 
organe;  les  vésicules  séminales  jouissent,  quoique  moins 
rauvent  cependant  que  les  conduits  éjaculalcurit,  de  ce  triste 
pritilégr,  de  telle  sorte  que  l'élude  de  toutes  ces  aiïccUons 
doit  se  trouver  dans  le  même  cadre  et  ne  tonner  qu'un  seul 
tableau. 

Mais  en  réflécliissaiit  aux  roiiséqucnrcs  qu'i.'lles  entraî- 
nent, on  no  torde  pas  h  s'nperceioir  que,  tout  en  détermi- 
nant l'impuissance  dons  la  large  acception  que  nous  avons 
donnée  ù  ce  mot,  ces  alTections,  telles,  por  exemple,  que 
riiyperlrflphic  de  hi  inoslale  et  surtout  du  vcrumuntanum, 
In  spermntotrhre,  etc.,  se  traduisent  prin(-i|iftlemehl,  (ontdt 
par  un  obstacle  a  l'(.-\i'réti<in  normale  du  S|)eriiic,  et  lunldt 
par  une  alléralîoii  dans  la  nulure  de  ce  liquide, circonstances 
qui  ont  pour  rénulliil  immédiat  et  certain  ta  stéritité. 

Je  (Tois  donc  plus  rationnel  et  j>lus  utile  tout  à  U  fois  de 
renvoyer  l'histoire  de  ces  muladiesù  la  partie  de  cet  (iu> rage 
consacrée  ù  la  stériliti^  chez  l'homme,  me  résenant  dores  et 
déjà  de  compléter  alors  la  portinn  dn  cadre  de  l' impuissance 
que  je  néglige  de  remplir  ici. 

h*Malailie.s  des  véxiaiUi  .mmnata. 

Les  maladies  desiosicules  séminales  eapuliles  d'entraîner 
l'impuissance  ont  pour  c^irartùrc  commun  la  sortie  invulon- 
laire  de  la  liqueur  séminale,  ce  cpii  les  a  Tût  cliisser  sons  le 
titre  uni(]ue  de  speniiatorrhée. 

Les  causes  de  la  spcrmatorr liée  sont  multiples  et  diverses, 


d'uRB  AFFECTIOK    DK    l'apPABEIL    GAniTO-tltlINAlHE.     321 

mais  parmi  elles  les  excès  vénériens  jouent  inconleslable- 
ment  un  r6le  considérable.  Or  comme  j'ai  h  m'étendre 
longuement  sur  l'inDucncc  fâcheuse  qne  ces  cicès  ont  sur 
la  faculté  copulatrice,  je  renvoie  l'étude  de  la  spermalor- 
rhée,  en  tant  que  source  de  l'impuissance,  au  paragraphe 
relatif  è  l'action  des  obus  des  organes  génitaux,  afin  d'em- 
brasser dons  leur  ensemble  les  résultais  néfastes  de  cette 
cause  si  commune  d'anaplirodisic. 

5"  Maladies  de  l'urètre. 

Tontes  les  moladics  qui  iilfeclent  spécialement  l'urètre 
diminuent  plus  ou  moins  le  calibre  de  ce  canal,  ilc  telle 
sorte  que,  ramonées  au. point  de  vite  qui  nous  occupe,  cites 
rentrent  toutes  par  quelques  points  importants  de  leur 
histoire  dans  la  fumiile  des  rétrécissements. 

Ceux-ci  constituent  une  cause  fréquente  Je  stérilité  chet 
l'homme  en  mettant  obstacle  h  h  libre  sortie  du  sperme,  et 
leur  élude,  comme  celle  des  affections  de  la  prosliitc,  des 
vésicules  séminales  et  des  conduits  éjaculalcurs,  trouvera 
sa  place  dans  la  seconde  partie  de  cet  ouvrage. 

Cependant  ils  ne  sont  pos  s.nns  exercer  une  influence  fâ- 
cheuse sur  la  fonction  copulntrice,  et  comme  cette  iniluence 
est  entièrement  distincte  <le  celle  qu'ils  ont  sur  le  cours  de 
la  semence,  je  vais  l'exposer  ici  pour  n*avoir  plus  o  y  reve- 
nir plus  tard. 

Les  rétrécissements  du  canni  de  l'urètre  agissent  sur  la 
fonction  copulatrice  en  altérant,  soit  les  conditions  anato- 
miques  de  la  verge,  soit  !es  conditions  physiologiques  de 
l'érectioa. 

Sous  le  premier  rapport,  la  tuméfaction  du  prépuce  est 
nn  accident  que  l'on  rencontre  ossez  fréquemment,  et  qui 


322  mruiMANCB  syhptomath^ob. 

11*8  rien  Je  commun  avec  la  iuroébction  produite  par  Tio- 
lillralion  de  l'urine.  La  plupart  des  auteurs  qui  ont  écrit 
sur  les  réirécissemeuts  de  l'urètre  prennent  soin  d'avertir 
de  l'erreur  dans  laquelle  on  serait  tombée  s'il  en  faut  croire 
Ch.  Itell,  et  M.  Civiale  fait  ainsi  ressortir  toute  Timporlance 
de  celle  disliiiclion  :  «  Au  commencement  de  l8Ai ,  dil-il,  il 
s'est  présenté  dans  le  service  des  calculeui  deu«  maladea 
aiïeclés  de  rélréci«sement  et  de  grandes  difficultés  d'uriner^ 
qui  avuicnl  rexirémilé  de  !a  verge  très  dure  et  très  volu- 
mineuse. Chez  l'un  d'eux  l'induration  occupait  le  gland  et 
le  prépuce,  dans  l'étendue  de  treize  lignes  environ  ;.  elle 
était  la  conséquence  d'un  rétrécissement  fort  long  et  Irè^ 
ancien,  que  je  fus  obligé  d'inciser  profondément,  ik  plusieurs 
reprise».  Chez  l'autre,  le  gonflement  énorme  du  prépuce^ 
avec  iiitluration  eiilréroe,  se  ratlachait  h  une  véritable  infiU 
tration  trurine  cl  à  des  iislules  (1).  » 

La  cause  de  celte  tuméfaction  n'est  pas  connue;  c'est  un 
elTcl  sympathique  du  rétrécissement. 

liO  prépuce  n'esl  pas  toujours  seul  k  éprouver  cette  hy- 
perlrophic  :  la  verge  tout  entière  peut  augmenter  de  volume, 
et  tel  accroisM^nient  du  pénis,  qu'il  faut  bien  distinguer  de 
ceui  que  produisenl  Tonanisme  ou  les  tractions  eicrcées par 
le  malade  dans  le  ras  d'un  calcul  vésical,  est  tout  aussi 
inexplicable  que  la  luméfaction  du  prépuce.  Ecoutons  en- 
core sur  ce  sujet  un  des  hommes  les  plus  compétents  en 
fait  (le  maladies  de  Turèlre  :  «  On  trouve,  dit  M.  (jviale, 
quelques  malades  chez  lesquels  le  pénis  prend  un  dévelop- 
pement extraordinaire.  Presi|ue  toujours  alors  il  y  a  des 
Itsions  profondes,  soit  de  la  prostate,  soit  de  la  vessie.  On 

(t)  Traité  pratique  sur  le»  maladiei  de$  organes  génito-urinaires, 
tiédit.,  Paris,  I85#,  V*  partie, p.  U4. 


d'L^NE    affection    de    l/A^^AHEIL   OÊNlTO-UlilN.AlRE.    828 

Ée  rend  diflicilement  raison  de  cette  iitftaence,  mais  e)le 
eiiste  ;  j'tfi  eu  occasion  de  Tobserver  chez  un  certain  nombre 
de  malades,  et  Charles  Bell  en  a  fait  le  sujet  d'une  de  ses 
belles  planches  sur  les  aiïections  des  organes  génitaux.  Il 
faot  bien  distinguer  cet  état  de  celui  qui  a  pu  être  déterminé 
par  la  masturbation  ou  par  les  tractions  que  In  plupart  des 
ealcdleui  ont  coutume  d'exercer  sur  leur  verge.  Ce  déve- 
loppement  anormal  du  pénis  m'a  paru  se  lier  essentiellement 
mx  efforts  prolongés  et  longtemps  continués  que  les  ma- 
lades exécutent  pour  chasser  l'urine  de  leur  vessie.  Ce  qui 
▼ient  h  l'appui  de  cette  opinion  ^  c'est  qu'on  observe  le 
même  phénomène  chez  certains  calculeux  qui  se  sont  livrés 
pendant  longtemps  h  des  efforts  analogues,  dont  la  prostate 
et  la  vessie  n'offrent  aucune  trace  de  lésions  profondes,  et 
qui  n'ont  pas  contracté  l'habitude  de  se  tirailler  la  verge. 
D'ailleurs  il  n'y  a  pas  seulement  développement  du  pénis 
ici,  car  cet  organe  est  en  même  temps  empftté,  dur  cl  rigide; 
tandis  que  la  seule  influence  des  tractions  et  des  tiraille- 
ments se  borne  généralement,  du  moins  chez  les  vieillards, 
à  l'allonger,  en  le  laissant  mou  et  flasque  (1).  » 

Cette  altération  dans  les  conditions  anatomiques  de  la 
▼erge  constitue  un  obstacle  purement  mécanique  à  la  copu^ 
lation,  et  s*il  n'en  existait  pas  d'autre,  on  en  pourrait  faci- 
lement triompher  par  le  moyen  de  quelques  mouchetures. 

Mais  les  rétrécissements  de  l'urètre  a^^issent  aussi  sur  les 
conditions  physiologiques  de  l'érection,  et  compliquent 
d'une  manière  fâcheuse  l'impuissance  qu'ils  déterminent, 
et  Parmi  ceux  des  autres  effets  locaux  des  rétrécissements 
de  l'urètre,  dit  M«  Civiale,  qui  méritent  aussi  de  fixer  Vai-» 
tention  des  praticiens,  parce  qu'ils  fournissent  de  précieuses 

(t)  Loo.  ett.t  p.  44t. 


32&  ISIPUISSANCB   SYMPTOMATIQUE. 

notions  pour  rétablissement  du  diagnostic  et  rappréciation 
des  pro<;rès  de  la  maladie,  se  placent  en  première  ligne  l<*s 
désordres  qu'on  observe  dans  les  fonctions  de  la  génération. 
Les  érections  ont  rarement  lieu  comme  choz  l'homme  en 
parfaite  santé,  soit  que  le  pénis  ne  puisse  plus  se  redresser, 
h  cause  de  la  rigidité  du  canal,  soit  que  le  sang  ne  parvienne 
point  on  suflisante  quantité  dans  les  corps  caverneux (!)•  » 
M.  Reybard  n'est  pas  moins  explicite  que  M.  Civiale: 
«Contrairomnit  à  re  que  nous  avons  vu  plus  haut, dit-il,  les 
coarctations  urétrales  peuvent  devenir  une  cause  d'impuis- 
sance génératrice  par  la  difliculté  ou  l'impossibilité  de  l'érec* 
lion  (2).  » 

Toute  médication  spéciale  est  ici  contre-indiquée  ;  on  ne 
doit  s'attacher  à  combattre  que  \o.  rétrécissement  de  l'urrtre, 
car  la  «^uiTison  d'*  co  dernier  amènera  celle  deTimpuissance. 

()*  Maladies  de  la  verge. 

Les  maladies  qui  ont  la  ver<;o  pour  siège  et  l'impuissance 
pour  sjmptùmo  sont  aussi  nombreuses  que  variées;  mais 
toutes  nVntraiiient  pas  le  même  genre  d'impuissance:  les 
unes  altèrent  le  plaisir,  que  j'ai  dit  être  une  des  conditions 
du  coït  normal  ;  I  *s  autres,  en  augmentant  ou  en  diminuant 
le  volume  du  pénis,  détruisent  les  rapports  d'harmonie  né- 
cessaires entre  les  organes  des  deux  sexes;  d'antres  enfin 
s'opposent  à  l'éreclion  mémo  du  membre  ^iril. 

Celle  division  loule  physiologi(|ue  m'a  paru  tout  à  la  fois 
plus  rationnelle  et  plus  intéressante  que  celle  qui  aurait  pour 
bise  l'analomie  |  athologique,  car,  ainsi  qu'on  le  lerra  tout 

Loe.ciL,  p.  167. 
mÊêê  fraliqne  te  rétrrciMMemmti  de  T urètre,  p.  170. 


D*(JNe    AFFECTION    DE    l'apPAREIL    GÉMIO -URINAIRE.     325 

à  rhcure,  de  ces  maladies  si  diverses,  celles-ci  uUaquenl  lu 
verge  tout  entière,  et  celles-là  n'afTectent  qu'une  ou  plusieurs 
de  ses  parties. 

A.  Impuisianee par  aUéralion  du  plaiiir. 

Dansée  groupe  viennent  se  ranger  toutes  les  phlegmusies 
simples  ou  spécifiques,  avec  ou  sans  ulcérations,  dont  le 
pénis  ou  quelqu'une  de  ses  parties  peut  être  le  siège  : 
lo  phimosis  et  le  paraphimosis  accidentels,  la  balanite,  la 
balano-postite,  le  chancre,  la  cristalline  ou  herpès  prœpu- 
HaliSj  l'inflaramalion  simple  on  œdémateuse  du  fourreau  de 
la  verge,  et  que  M.  Moulinié  appelle pénitis  (1),  l'influm- 
malion  érysipélaleuse,  gangreneuse,  etc.,  du  pénis,  etc., 
sont  de  ce  nombre.  Il  suffit  de  cette  simple  énumération 
pour  caractériser  ce  groupe  de  maladies  et  pour  faire  com- 
prendre combien  peu  nous  devons  nous  y  arrêter,  tant  elles 
rentrent  dans  le  domaine  do  la  pathologie  générale. 

B.  Impuisscmee  par  aUéralion  du  volume  de  la  vergf. 

Il  en  est  de  ce  groupe  comme  du  premier;  il  comprend 
la  grande  classe  des  dégénérescences,  dont  s'occupent  tous 
les  ouvrages  de  chirurgie  :  dégénérescences  cartilagineuses, 
osseuses,  carcinomateuses,  squirrheuscs,  cancéreuses,  dont 
la  plupart  exigent  l'amputation  totale  ou  partielle  de  l'or- 
gane. Je  n'ai  donc  pas  à  m'en  inquiéter  dans  ce  livre  tout 
spécial,  d'autant  mieux  que  la  guérison  de  ces  affections, 
c^est'à'-dire  l'amputation  de  la  verge,  détermine  précisément 
l'infirmité  dont  je  suis  chargé  d'exposer  les  moyens  curatifs. 

(4)  Maladiei  des  organes  génilaux  et  un'fioîres,  t.  I,  p.  79. 


3i6  mpoiesANCB  svHrroiiATiQiii* 

Ce  serait  donc,  sortir  de  mon  cadre  que  de  m'y  arrêter 
plus  longtemps. 

C.  ImpuîMance  pur  défaut  d'érfction. 

Pour  comprendre  les  maladies,  fort  rares  d'ailleurs,  qui 
font  le  sujet  de  ce  paragra|ihe,  il  faut  se  rappeler  le  méca- 
nisme de  rérection  que  j'ai  longuement  eiposé  dans  les 
ronsidérations  physiologiques  placées  en  tète  de  cet  ou- 
vrage (1),  et  que  je  vais  résumer  ici  en  deui  mots. 

Le  sang  rouge  est  apporté  k  la  verge  par  l'artère  hon- 
teuse qui,  avant  de  se  diviser  en  dorsale  et  profonde  du 
pénis ,  fournit  les  artères  bulbeuses ,  les  artères  bulbo- 
urétraies,  lesquelles  constituent,  avec  les  rameaus  prin- 
cipaux des  tlru\  tlorsalcs,  tout  Tappareil  artériel  de  ce  que 
Koheit  appelle  Torgane  passif,  c*esl-à-dire  le  gland,  le 
cor|»s  spongieux  de  I  iirclre  et  le  bulbe. 

Lrs  \aisseaux  aiïérents  du  pénis  sont  très  nombreux  :  k 
pari  quehjues  \:jos  Irorus  >eiiieux,  placés  sur  les  calés  de 
la  \ciiie  dorsale,  qui  se  dirigent  sons  Tarcarde  pubienne  et 
qui  >o  jellcnl  «lorritTc  c(îlle-ci  dans  les  plexus  prostatique 
et  vésical,  la  m  ijt'ure  partie  de  ces  \aisseaux  aboutit,  à  des 
hauteurs  difTénMiles  et  par  des  anastomoses  (|ui  embrassent 
les  corps  caverneux,  dans  la  \eine  dorsale  de  la  verge. 

ICnlin  l'appareil  copulateur  est  couq)lété  par  deux  muscles, 
le  bulbo-caverneux  etrischio-c:t\erneux  ,  dont  les  fonctions 
consistent  h  s'opposer  à  la  sortie  du  sang  pénien,  en  com- 
primant, par  leurs  contractions,  la  veine  dorsale  et  les  pi- 
liers de  la  verge. 

Tous  ces  organes  constituent  un  appareil   hydraulique 


(I)  Voyez  la  ^go  Si. 


d'une  affection  de  l'appareil  génito-ukinaire.    827 

dont  le  jeu  régulier,  sous  Tinfluence  des  désirs  vénériens 
et  de  rinnervatîon ,  amène  et  soutient  la  turgescence  du 
pénii.  Une  altération  quelconque  dans  Tune  de  ces  parties 
trooblera  donc  le  jeu  de  tout  l'appareil ,  comme  il  arrive 
pour  les  rouages  d'une  montre  ou  les  engrenages  d'une 
nMchine.  Il  faut  par  conséquent  rechercher  les  affections 
dont  peuvent  être  frappés  les  systèmes  musculaire  et  circula- 
toire de  la  verge. 

Les  muscles  buibo-cavcrneux  et  ischio-caverneux  9ont, 
comme  tous  les  muscles  de  l'économie,  exposés  à  la  para- 
lysie et  è  l'anesthésie.  Ces  états  morbides  sont  quelquefois 
indépendants  de  toute  maladie  des  centres  nerveux,  mais  le 
plus  généralement  ils  sont  amenés  par  une  affection  de  la 
moelle  épinière. 

Dans  le  premier  cas,  ces  états  morbides  rentrent  dans 
ce  que  j'ai  appelé  l'impuissance  idiopathique,  qui  fait  le 
sujet  du  second  chapitre  de  cet  ouvrage  ;  dans  le  second 
cas,  ils  appartiennent  h  l'impuissance  symptomatique  des 
maladies  de  l'innervation  qui  nous  a  précédemment  occupé. 

Je  ne  puis  donc  que  renvoyer  le  lecteur  à  ces  deux  par- 
ties du  livre. 

Les  affections  du  système  circulatoire  du  pénis  sont  exces- 
sivement rares,  et  sous  ce  rapport  l'onatomie  pathologique 
est  d*une  pauvreté  désespérante.  Cependant  Scarpa ,  je 
crois,  dit  avoir  constaté  une  fois  l'anévrysme  de  l'artère 
dorsale  de  la  verge ,  et  ce  fait,  quoique  unique  pcut-ètie 
dans  la  science,  jette  une  vive  lumière  sur  certaines  circon- 
stances inexplicables  sans  son  secours. 

Si  l'on  considère  la  ténuité  et  la  délicatesse  des  vaisseaux 
artériels  et  veineux  dans  lesquels  oircule  le  sang  si  nécessaire 
a  l'excitation  et  à  l'érection  de  la  verge,  on  conviendra  que 
nos  moyens  d'investigation  doivent  être  souvent  trop  gros- 


S38  IMHIISAANCB    kYMPTOMATH^K. 

lien  pour  noui  faire  ap|irécier  toutes  les  lésions  dont  ces 
organes  sont  susceptibles,  cl  qu'il  doit  se  produire  i  par 
eiemple,  des  dilatations  ou  des  ruptures  de  ces  Taisseaux 
sans  qu'il  nous  soit  possible  de  les  apprécier  oomne  boos  le 
faisons  sur  les  gros  troncs  f  eineui  et  artériels. 

Je  ne  me  dissimule  pas  que  je  ne  puis  étayer  celle  ma- 
nière de  voir  sur  quelque  pièce  d*anatoinic  pathologiquei  et 
que  cette  opinion  est  déduite  à  priori  du  fait  rapporté  par 
Scarpa. 

Mais  si  Ton  réfléchit  è  l'action  si  souvent  salutaire  des 
astringents  cl  des  toniques  locaui  dans  des  cas  de  faiblesse 
et  même  d'impuinance  complète,  on  conviendra  qu'il  n'est 
pos  entièrement  déraisonnable  d'admettre,  soit  la  résdation 
de  quelque  caillot  sanguin,  soit  le  rerserrcment,  et  par  eon- 
séqucnt  l'énergie  imprimée  oux  parois  des  vaisseaux. 

Les  altérations  de  io  circulation  locale  de  la  verge  me 
paraissent  encore  démontrées  par  l'aspect  que  présente  le 
pénis  des  impuissants  par  suite  d'excès  de  coït  ou  d'abus 
d'onanisme.  Ces  malheureux  ont  presque  tous  une  verge 
plus  dure  et  plus  ré!:i>tantc  que  dans  les  autres  cas  d'ana- 
phrodisic:  on  dirnil  que  le  sang,  amassé  dans  l'organe,  s'est 
coagulé  dans  les  \  aisseaux  et  ne  circule  plus.  C'est  qu'en 
eflcl,  les  tuniques  de  ces  vaisseaux,  trop  souvent  distondues 
par  le  coït  ou  la  masturbation ,  perdent  peu  h  peu  leur 
élasticité  et  leur  conlroctilité,  et  finissent  par  laisser  stagner 
le  sang  dans  leur  cavité  doublée  de  «olume. 

Cette  explication  est  si  vraie,  en  faisant  une  large  part  è 
la  fatigue  éprouvée  par  l'innervation,  que  dans  l'impuis- 
sance propre  aux  débauchés  et  aux  mosturbateurs ,  l'eau 
froide  ou  la  glace  même  sont»  de  toutes  les  applications 
locales,  colles  qui  réussissent  le  mieux. 

Il  ne  me  parait  donc  pas  entièrement  contraire  à  la  vérité 


D*U5Ë    AFFECTION    DE    l'aPHAREIL    GÉMTO  URINAIHE.     329 

scieiilitiquc  (l'ndmctire  que  dans  certaines  impuissances, 
la  cause  du  mal  est  tout  entière,  soit  dans  une  lésion  de 
Toppareil  circulatoire  de  la  verge,  soit  dans  une  altération 
de  cette  circulation. 

Cette  opinion  m'est  peut-être  moins  personnelle  qu'on 
ne  pourrait  le  croire.  On  lit,  en  efTety  dans  Fodéré  les  lignes 
suivantes:»  Dos  vices  locaux  dans  les  vaisseaux,  dans  les 
nerfs  ou  dans  les  muscles  de  l'organe,  empêchent  parfois 
que  les  cellules  des  corps  caverneux  ne  se  remplissent  de  la 
quantité  de  sang  nécessaire  pour  Térection,  ce  qui  produit 
une  atonie  approchant  de  la  paralysie.  Chaptnl  et  Gcsner 
ont  guéri  de  pareilles  atonies  du  membre  viril,  qui  duraient 
depuis  (rois  ans,  par  des  immersions  répétées  dans  une 
décoction  de  semence  de  moutarde.  Weikard  a  eu  le  même 
succès  avec  le  musc  donné  intérieurement  à  un  homme 
presque  octogénaire.  D*autres  médecins,  en  employant  des 
bains  froids  et  le  fer,  ont  réussi  sur  des  sujets  que  trop  de 
jouissances  ou  la  masturbation  avaient  réduits  à  Timpuis- 
sance.  Mahon  a  obtenu  guérison  en  faisant  baigner  la  par- 
tie dans  un  mélange  de  liqueurs  minérales  d'Hoiïmann  et 
d'eau,  et  en  l'enveloppant  ensuite  de  linges  imbibés  du 
même  mélange  (1).  » 

Ainsi  que  je  le  disais  plus  haut,  il  est  très  souvent  im- 
possible de  constater  matériellement,  soit  la  lésion  anato- 
mique,  soit  l'obstacle  h  la  marche  du  fluide  sanguin  ;  il  faut 
alors  recourir  h  la  méthode  d'exclusion  dont  la  certitude 
n'est  malheureusement  pas  absolue  ici,  puisque  le  praticien 
se  trouvera  toujours  en  face,  en  dernière  analyse,  de  l'im- 
puissance idiopathique. 

Il  reste  alors  le  critérium  fourni  par  la  thérapeutique. 

Alalheureusement  ce  critérium  n'est  pas  d'une  valeur 

(t]  Traité  de  médecine  légale  et  d* hygiène  publique^  t.  I,  p.  382. 


880  iHMiMAïai  ivarroHAf HH». 

ÎMMtefUbto,  parce  qot  lei  ittriiigeDls  et  let  Imh|Mi 
n'oDt  pai  unt  actioo  tellemeiit  apéciali  qu'ils  m  rénimteiit 
que  dans  cei  drconstancat,  et  que  nème,  eea  eireoMiaiicef 
existant  réellement,  les  médications  aslringmlea  «t  tOMquaa 
M  puissent  pas  écboner  quelquefois. 

En  tout  état  de  choses,  cette  ignorance,  je  pourrais  mèflM 
dire  celte  absence  d*ttn  diagnostic  certain ,  est  moins  è  re» 
gretter  qu'on  ne  pense  ;  car,  pour  que  le  scalpel  de  Técole 
anetoroique,  aidé  du  microscope»  s'il  Teût  fallut  p*ait  pas 
enrichi  la  science  d'observations  analogues  à  eelies  de 
Scarpa,  il  faut  que  les  dilalatioM  ou  les  ruptures  des  vais* 
seeuK  de  la  verge  soient  asseï  rares^  ou  mèoM  trop  (êà^ 
lement  réparables  pour  laisser  des  traces  après  la  oMurt  de 
l'individu  • 

T  Maladies  du  cordon  spermatique  et  des  testicules. 

Les  meladies  du  cordon  spermstique  et  celles  qui  aiïec- 
tenl  les  testicules  ont  entre  elles  de  telles  r^nneiions,  que 
je  crois  devoir  les  réunir  dans  un  même  paragraphe,  d'au- 
tant mieux  que,  me  proposant  plu»  tard  de  les  mettre 
dens  leur  véritable  jour,  c*est*à-diro  de  les  considérer 
comme  causes  de  stérilité,  je  ne  veux  les  sborder  ici  que 
dans  leurs  résultats  par  rapport  k  l'impuissance  ;  en  d'autres 
termes,  je  n'ai  l'intention  de  discuter  que  la  question  sui- 
vante dont  l'intérêt  n'échappera  à  personne  : 

LatiériUté  eêtelU  une  cause  tVimpui9$ance  ? 

Il  est  évident  que  je  ne  vais  pas  anticiper  ici  sur  l'histoire 
de  la  stérilité,  qui  m'occiiperu  dans  une  autre  partie  de  cet 
ouvrage,  et  que,  sans  rechercher  les  causes  nombreuses  qui 
ches  l'homme  annihilent  la  faculté  procréatrice ,  je  limite  la 
question  en  ces  termes  :  l«a  présence  du  sperme  est-elle 


d'une    affection   de    l'appareil   OÉNITO-URINAIRE.    831 

nécessaire  pour  l'accomplissement  du  coit?  ou  bien  encore  : 
Les  désirs  vénériens,  l'érection  de  la  verge  et  le  plaisir, 
corop9gnons  ordinaires  de  la  copulation,  se  peuvent-ils 
produire  non^euleroent  avec  une  sécrétion  morbide  du 
sperme,  mois  encore  en  dehors  de  toute  sécrétion  de  ce 
liquide? 

La  solution  de  ce  problème  n'est  pas  seulement  intérêt 
sanie  aui  points  de  vue  do  la  pathologie  et  du  mariage  ; 
elle  acquiert  une  importance  (rès  grande  en  médecine  légale 
dans  les  qu<>stions  d'adultère  et  de  viol. 

A  cété  de  (^  problème,  il  en  est  un  autre  d'un  intérêt 
tout  aussi  majeur,  qui  complète  l'euîsemble  de  la  question 
et  que  j'aborderai  également  quand  l'heure  sera  venue: 
c'est  de  savoir  si  Tiropuissance  est  une  cause  de  stérilité. 

Pour  le  moment,  je  dois  me  borner  à  la  première  propo* 
sitioD  que  j*ai  formulée  dans  les  termes  les  plus  généraui. 

Quand  on  étudie  l'histoire  des  eunuques  et  des  castrats, 
on  est  obligé  d'établir  une  distinction  fondamentale  au 
point  de  vue  qui  nous  occupe,  à  savoir  :  si  l'absence  des 
organes  spermatiques  est  congénitale  ou  accidentelle ,  et, 
dans  c^  dernier  cas ,  à  quelle  époque  de  la  vie  a  eu  lieu 
l'eilirpation  ou  l'atrophie  des  testicules, 

Quand  l'absence  des  glandes  spermatiques  est  le  résultat 
d'un  vice  de  conformation,  l'impuissance  çn  est  une  consé- 
quence fatale  ;  nçn-seulement  la  verge  est  incapable  d'érec- 
tion, mais  encore  l'infortuné  atteint  de  cette  infirmité  n'a 
jamais  de  désirs  et  ignore  toujours  les  charmes  d'un  se&c 
sur  un  autre  (1), 

Il  n'est  pas  nécessaire,  pour  que  la  virilité  se  produise,  que 

(t)  Je  ne  préjuge  point  ici  la  réalité  de  l'absence  congénitale  des 
glaadai  spermallqu^s.  Voyez  plqs  loin,  pour  la  solution  de  ce  point  con- 
troversé d'analomie,  le  chapitre  consacré  aux  anomalies  du  testicule 


-  ^  ■ 


SS3  1MHIIS6ANGB   ftTmTOUATIQOB. 

lei  losttculei  occiipenl  leur  place  ordinaire  dam  le  «crolum  : 
les  cryptorchidca,  ou  ceut  dont  lesdidjmes  sont  rcsiés  dans 
Tabdomen,  jouissent  de  tous  les  attributs  eopulaletên  d'on 
homme  bien  conrormé.  Je  dis  les  attributs  copolatears, 
parce  que  je  montrerai  ailleurs  que  cet  arrêt  des  testicules 
au-dessus  de  Tanneau  inguinal  (.eut,  dans  quelques  circon* 
stances,  être  une  cause  do  stérilité. 

Mais,  pour  en  revenir  h  notre  sujet,  lorsque  les  testicules 
ne  se  trouveront  ni  diins  les  bourses,  ni  dans  l'abdomen, 
et  que  cette  absence  sera  une  de  ces  erreurs  irréparables 
dont  la  nature  nous  donne  trop  souvent,  hélas!  le  spectacle, 
l'impuissance  5era  complèle,  radicale  et  au-dessus  de  toutes 
les  ressources  do  Tari. 

On  dirait  que  Torgane  sécréteur  du  sperme  contient  le 
souffle  qui  doit  donner  la  vie  nu  sens  génital,  qu'il  renferme 
un  principe  vital,  un  evop(i.<>v  spécial  h  ce  sens,  et  qu'il  le 
lui  communique  seulement  à  l'époque  de  la  puberté. 

Et  cela  est  si  vrai,  que  la  cas^tration  ou  l'atrophie  occiden- 
telle  des  testicules  après  cet  Age  ii*entratnent  pas  fatale- 
ment une  impuissance  radicale.  Sans  doute,  les  désirs  véné- 
riens cl  la  force  \irile  n*ont  pas,  toutes  choses  égales 
d'ailleurs,  l'énergie  qu'ils  présentent  chez  un  homme  non 
mutilé,  et  si  Teunuque  ou  le  castrat  ne  peuvent  accomplir 
des  exploits  comporobics  à  ccut  de  ce  Cntalan  dont  une 
reine  d'Arngon  fut  obligée,  par  ordonnoiice,  de  régle- 
menter les  uctoires  (I),  ils  sont  encore  capables,  non- 
seulement  d'éprouver  des  trans|)orts,  mais  encore  de  les 
faire  partager  à  la  fi*mme.  Les  dames  romaines  n'ignoraient 
point  cette  particularité,  et,  désireuses  de  jouir  du  conçu- 

(1)  On  lira  avec  plaisir  le  récit  de  ce  jageoienl  dans  llootaigoe  : 
FfMtj,  liv.  Ill.cbap.  V. 


D*UNE    AFFECTION    DE    l'aPPAREIL    GÉNITO-UHINAIRE.      333 

bitus  sine  Lucind  (1),  elles  la  mettaient  a  profit  ^  comme 
nous  l'apprend  Juvénal  : 

Sunt  quas  eunuchi  imbollcs,  ac  mollia  semper 
Oscula  délectent,  ac  desperatio  barbae  ; 
Et  quod  abortivo  dod  est  opas  ..  (2) . 

Ainsi,  arrivant  après  rétablissement  de  la  puberté,  l'ab- 
scDce  des  testicules,  et  par  conséquent  de  la  sécrétion 
spermatique,  c'est-à  dire  la  stérilité  essentielle,  fondamen- 
tale, certaine,  n'est  pas  fatalement  une  cause  d'im|)uissance. 
Que  l'absence  de  cette  sécrétion  soit  déterminée  par 
l'extirpation  de  l'organe,  par  sa  dégénérescence,  par  sa 
rom|:ression ,  par  l'oblitération  des  vaisseaux  séminaux 
ou  par  quelque  autre  cause  que  ce  soil ,  l'influence  qu'en 
ressent  la  faculté  copulatrice  est  toujours  la  même.  Qui  ne 
sait  en  effet  que  les  individus  poVleurs  d'un  sarcocèie  double, 
d'un  varicocèle  volumineux  ,  dont  les  facultés  fécondantes 
sont  éteintes,  conservent  cependant  la  possibilité  d'exercer 

(I)  En  4750,  parut  à  Londres,  sous  le  nom  d'Abraham  Johnson, 
un  mémoire  en  forme  de  lettre  adressée  è  la  Société  royale  de 
Londres,  et  ayant  pour  titre  :  Lucina  sine  concubiltt.  —  Peu  de  temps 
après,  Richard  Roe  publia,  en  réponse  au  mémoire  do  Johnson,  une 
dissertation  ayant  pour  titre  :  Concubitus  sine  Lucinû,  dans  laquelle 
Tanleur  se  flattait  d'apprendre  à  l'humanité  un  secret  bien  plus  avan; 
lageux  que  celui  de  faire  des  enfants  sans  congrès,  Lucina  sine  coti- 
cubilu,  et  qui  n'était  autre  chose  que  le  coït  sans  la  fécondation,  con- 
cubitus  sine  Lucina,  ou  le  plaisir  sans  peine.  —  C'est  cette  expression, 
heureusement  choisie,  qui  m'a  servi  à  peindre  les  intentions  des  dames 
romaines  lorscju'elles  introduisaient  des  castrats  dans  leur  couche. 

(t)  Sat.  VI,  vers  364.  Voici  la  traduction  de  ces  vers,  par  Méchin  : 

Pour  (i'aiitrr*,  un  eunuque  a  d*autant  plus  (Pallraits, 
Que,  s'il  ofTie  à  leurs  sens  des  plaisirs  imparfuits 
Ses  baisers  sont  plus  doux;  de  leurs  feux  udullères 
Leurs  Hancs  ne  pourront  point  révéler  les  mystèrei. 


*l^ 


6M  HMMiAUct  9twmmiftHfÊÊ, 

h  Mit?  StffM  doute  li  hnllé  ciipolatriMi  il  itM  flhi  h» 
désirs  vénériens,  n*ont  plus  ni  la  méMl  éMrgie  ni  la  wiêwa 
fréquence  de  besoins  ;  ils  dimiouent  d^intensité ,  cela  est 
vrai,  et  la  suppression  de  la  sécrétion  sémiMle  n'a  généra- 
lement sur  eui  qu*un«  indvenca  do  plM  on  do  moins. 

I/altéra(ion  du  sperme ,  qu'elle  qu'on  soit  d'ailleurs  sa 
nature,  a  une  action  Micore  moins  marquée  <|oé  âa  sdppres-  ' 
sion  sur  l'organe  copulaleur.  Il  fatit  Id  M  pas  cdfifoMfre  atec 
ce  que  j'entends  par  altéfalion  dd  spermfl  eef taiMtf  lllécfioiis 
des  organel  qui  allèrfflt  eu  elfet  la  semeficé ,  codimfl  les 
abcès  des  testicules  ou  des  vésicules  séminales,  te  cancer  do 
(a  prostate,  etc.,  etc.  J'ai  esaminé  déi spermes  qui  ne  con- 
tefisient  oucuné  trace  d'aniinalcules,  et  je  pofa  assurer  que 
les  itidÎTidus  qui  me  Tataient  fourni  étaient  fcfin  de  se 
plaindre  d'impuissnnre.  D'autres  fois  le  sperme  est  si  fluide, 
qu'on  le  prendrait  volontiers  pour  le  produit  de  la  sécrétion 
prostatique,  et  pourtant  la  faculté  copulatrice  n'en  est 
point  diminuée.  On  pourrait  multiplier  les  exemples  dans 
lesquels  l'altérotion  du  sperme  n'a  en  rien  affaibli  la  force 
virile  des  individus  qui  la  présentaient,  et  l'on  compren- 
drait diflicilemcnt  qu'il  n'en  fAt  pas  ainsi,  alors  que  l'abla- 
tion des  testicules  n'entraim  pas  fatalement  la  mort  de  tout 
l'appareil  génital. 

Je  rappellerai  ces  considérations  lorsque  j'examinerai 
l'influence  de  l'impuissance  sur  la  stérilité,  et  je  rappro- 
cherai les  conséquences  auxquelloi  je  suis  arrivé  ici  de  celles 
que  me  fournira  alors  l'examen  du  second  problème. 


IMPUISSilFICB   G01<f9t€UTIVft,  ETC.  986 

CHAPITRE  IV. 

IMPOISSANCK  CORSÉCUTIVB. 

J'aî,  dans  le  chapitre  précédent,  passé  en  revue  les  états 
divers,  physiologiques  ou  pathologiques,  qui  s'accompagnent 
de  Taltération  d'une  ou  de  plusieurs  des  conditions  que 
nous  avons  reconnues  nécessaires  pour  constituer  chez 
rhommc  le  coït  normal  ;  je  vais  maintenant  m'occuper  des 
circonstances  qui,  disparues  depuis  un  temps  plus  ou  moins 
long,  laissent,  comme  trace  de  leur  passage  dans  l'orga- 
nisme, ^inaptitude  à  l'acte  copulateur. 

Parmi  ces  circonstances,  les  unes,  purement  et  entière* 
ment  physiques,  ne  sont  pas  autre  chose  que  les  états 
pathologiques,  la  maladie  proprement  dite^  les  autres,  au 
contraire,  soumises  à  notre  libre  arbitre,  ont  eu  besoin  pour 
se  produire,  de  l'incitation  interne  que  l'on  appelle  la  vo- 
lonté. 

C'est  dans  cette  division  que  je  comprendrai  toute  la 
matière  de  ce  chapitre. 

S  1.  ^  Impnlsnaiice  coniiécntlTe  h  mn  état  orgaoo- 

Les  états  pathologiques  qui  laissent  après  eui  l'imptri^ 
sance  sont  excessivement  nombreux  ^  la  majorité  de  eeuf 
qui  la  comptent  au  nombre  de  leurs  symptômes  peut  être 
rangée  dans  cette  catégorie,  car  le§  «Itérations  locales,  sott 
de  rinnervation^  soit  de»  tissus,  sont  souvent  assez  ffih 
fonde»  pour  survivre  b  la  cnose  qui  let  avait  produites.  G# 
fait,  d'un  ordre  de  pathologie  générale,  se  montre  ton»  l6i 
jours,  par  exemple^  dan»  le»  aiïection»  comateuse»,  dont  la 


*#* 


S86  WPDIStAKCB   CORStCOTIVK 

paralysie  ou  Taneslbésie  persistent  en  tout  ou  en  partie 
après  la  disparition  de  rapoplexie  ou  de  j'accideiit  cérébral 
qui  les  avaient  au  nombre  de  leurs  sjmptAmes. 

Je  me  suis  ailleurs  suffisamment  occupé  des  adections 
qui  s'accompagnent  d'impuissance,  pour  qu'il  me  soit  permis 
Je  ne  plus  y  revenir  ici  ;  je  dirai  seulement  d'une  manière 
générale  que  la  suspension  de  la  fonction  copulatrice  peut 
persister,  dans  les  cas  où  la  maladie  n'avait  pas  son  siège 
sur  l'appareil  génital  lui-même,  toutes  les  fob  que  Tinner* 
valion  ou  les  forces  plastiques  de  l'organisme  ont  été  pro- 
fondément troublées,  comme,  par  exemple,  dansé  peu  près 
toutes  les  aiïcclions  .des  centres  nerveux,  dans  les  maladies 
débilitnnlcs  et  dons  les  conialescences  longues  et  pénibles. 

Quelquefois  ces  mêmes  affections,  sans  ai oir  produit  l'im- 
puissance, et  même  après  avoir  occasionné  un  état  tout  à 
fait  contraire,  lèguent  au  malade  ce  triste  accident.  J*ai 
observé  un  fjil  de  co  genre,  et  il  en  existe  plusieurs  exem- 
ples dans  la  science;  ce  fait  o  rapport  h  une  apoplexie  du 
cervelet  qui,  pendant  tout  le  temps  qu'elle  dura,  produisit 
une  espèce  de  prinpisme,  et  laissa,  après  sa  guérison,  une 
impuissance  complète  qui  ne  se  dissipa  qu'après  plusieurs 
mois  d'une  médication  localrmciit  excitatrice. 

Les  pertes  trop  abondantes  de  sang,  d'urine,  de  matières 
fécales,  etc.,  agissent  comme  les  maladies  débilitantes,  et 
doivent  être  rangées  dans  le  cadre  de  celles  qui  portent 
atteinte  aux  forces  plastiques. 

En  résumé,  les  maladies  générales  auxquelles  l'impuis- 
sance consécutive  peut  être  rapportée  se  divisent  en  deux 
grandes  classes  :  1*  celles  dont  Taclion  délétère  s'est  exercée 
sur  l'inneriation;  2*  celles  dont  l'influence  s'est  principale- 
ment fait  sentir  sur  la  vie  de  nutrition. 

Uans  le  premier  cas,  l'impuissance  a  surtout  pour  carac- 


A    V'S    ÉTAT    ORGANO-PATHOLOGIQUE.  337 

(ère  rimpossibilité  de  l'iTcction  ;  presque  toujours  les  désirs 
vénériens  subsistent,  l'organe  seul  fait  défaut. 

Dans  te  second  cas,  au  contraire,  la  flaccidité  de  la  verge 
s'accom|iagne  presque  conslaroinent  d'indiiïérence  pour  le 
sexe;  l'apalhie  morale  est  au  niveau  de  la  faiblesse  génitale, 
elle  malade,  privé  de  désirs,  n'obéit  qu'à  sa  raison  en 
voulant  ressaisir  des  jouis'sanccs  vers  lesquelles  rien  ne  le 
pousse. 

Aussi  la  médication,  est-il  besoin  de  le  dire,  diiïérera 
complètement  dans  l'un  ou  Taulro  cas  :  excitatrice  lorsque 
l'impuissance  sera  consécutive  à  une  aiïeclion  des  centres 
nerveux,  elle  sera  fortifiante  d'abord  et  excitante  ensuite 
lorsque  lanaphrodisie  succédera  à  des  altérations  des  forces 
plastiques. 

J'ai  dit  ailleurs  (1)  les  ressources  qu'offre  chacune  de 
ces  médications;  je  n'y  reviendrai  pas  ici,  et  j'aborde  la 
partie  la  plus  intéressante  de  ce  parogniphc,  c'est-à-dire 
celle  qui  se  rapporte  aux  maladies  dont  l'appareil  génital 
est  le  siège. 

En  première  ligne,  et  pour  ne  rien  omcKre,  je  dois 
signaler  les  accidents  Iraumatiques  et  la  gangrène  qui  ont 
emporté  l'organe  copulaleur,  ainsi  que  les  affections  diverses 
qui  ont  déterminé  l'amputation  de  la  verge*  —  Insister  sur 
ces  circonstances  serait  tomber  dans  les  facéties  de  M.  de 
la  Palisse.  —  Cependant  on  s'est  demandé  si  le  congrès 
était  encore  possible  alors  qu'il  ne  restait  plus  au-devant 
du  pubis  qu'un  morceau  de  verge.  — La  question  est  fort 
intéressante,  je  l'avoue,  au  point  de  vue  de  la  médecine 
légale  et  de  la  fécondation,  mais  elle  me  parait  complète- 
ment résolue  par  rapport  au  coït  tel  que  je  l'ai  déOni. 

(1)  Voyez  les  pages  102  el  suivantes. 

22 


-fr 


JISB  IHPUItillAlICK  COMÉCQTIVK 

En  eiïel,  le  gland  étant  le  «iége  eu  plawir tipédal,  firf  gêné' 
riSf  que  luocure  Tcicitation  vénérienne,  il  eM  bien  évUenl 
^qo'en  Tobienoe  de  cet  orf^ane,  la  aenaation  apéciale  dont  je 
parla  ne  te  produira'  poa,  et  que  le  congru  ne  pourra  déter- 
miner qu'une  roanifeatalion  de  la  aensibilité générale.  Anni, 
en  admettant  que  l'érection  do  morceau  restant  de  le  verge 
MNt  suflBaante  pour  permettre  un  rapprochement  seioel,  le 
coït  sera  incomplet  et  Timpuissance  réelle  par  début  de 
véritable  volupté. 

D'ailleurs,  lorsqu'il  est  admis  que  les  corps  catemen  d*on 
pénis  accidentellement  raccourci  se  peuvent  gorger  de  sang 
comme  dans  une  érection  normale,  la  question  du  ont  perd 
beaucoup  de  son  importance,  à  cause  de  toute  absence  de 
thérapeutique,  et  il  ne  reste  véritablement  d'intéressant  que 
la  question  de  fécondation,  tant  an  point  de  vue  de  In  mé- 
decine légale  que  par  rapport  à  l'ordre  social. 

Ce  n'est  point  ici  le  lien  d'aborder  ce  problème,  que  je 
renvoie  à  une  autre  partie  de  cet  ouvrage. 

Je  fais  In  même  réserve  pour  les  maladies  du  testicule, 
du  cordon  spermatique ,  des  vésicules  séminales  et  de  la 
prostate,  qui  seront  mieui  plocées  clans  le  cadre  réservé  è 
la  stérilité,  et  je  ne  m'occuperai  ici  que  de  quelques  affec- 
tions de  la  verge  dont  les  suites  peuvent  entrotner  Tinopti- 
tudeà  la  copulation. 

Le  phimosis  se  présente  en  première  ligne,  quoique  la 
difliculté  du  coïtqui  lui  succède  doive  être  rapportée  moins 
à  la  maladie  elle-même  qu'au  mode  opératoire  qui  a  amené 
sa  guérison. 

Écoutons  sur  ce  point  J.-L.  Petit,  qui,  discutant  les  avan- 
tages qu'oflre  l'incision  unique  et  supérieure  do  prépuce 
sur  la  double  incision  latérale,  dit,  avec  cette  «zrande  raison 
qui  Ta  si  haut  placé  dnns  l'estime  des  chirurgiens  :  a  Outre 


A    UN   ÉTAT    ORGANO-MIHOLOGIQUE.  dAO 

les  atantages  que  procure  rincision  qui  partoge  le  prépuce 
en  déni  parties  égales,  on  peut  ajouter  que  l'incision  ou  iea 
incisions  latérales  sont  difformes  et  nuisent  aui  Fonctions 
de  la  verge;  Tincision  latérale  découvre  le  gland  d'un  côté 
seulement,  pendant  que  la  partie  du  gland  opposée  est 
entièrement  cachée,  sans  qu'on  puisse  la  découvrir,  surtout 
lorsqu'il  y  a  gonflement  et  inflammation  ;  car  alors  le  pré- 
puce ne  peut  plier,  soit  par  son  épaisseur,  soit  par  sa  dureté. 
Après  la  guérison,  la  difformité  qui  reste  nuit  à  la  généra- 
tion, en  ce  que  le  prépuce  se  trouve  tout  d'un  côté  et  forme 
un  paquet  de  peau  qui  rend  Tinlroduction  de  la  verge  diflB- 
cile  et  même  douloureuse  ;  mais  la  diiïormité  est  encore 
plus  grande  lorsqu'on  coupe  des  deui  cAtés,  parce  qu'il 
reste  un  lambeau  entre  les  deux  coupures,  qui  fait  è  peu 
près  le  même  effet  que  dans  le  cas  précédent  (1).  » 

Ces  sages  et  judicieuses  observations  n'ont  pas  peu  con*^ 
Iribué  à  faire  abandonner  l'incision  ou  les  incisions  laté- 
rales dans  Topération  du  phimosis  ;  mais  si  le  mode  opéra* 
toire  que  proscrit  J.-L.  Petit  avait  été  employé,  et  si  les 
lambeaux  médians  présentaient  l'incommodité  dont  il  est 
question,  il  ne  faudrait  pas  hésiter,  ainsi  que  le  propose  le 
chirurgien  que  je  cite,  à  faire  l'amputation  de  ces  lambeaux 

Avant  de  quitter  le  domaine  de  la  médecine  opératoire, 
je  dois  signaler  toutes  les  opérations  pratiquées  sur  la  verge 
comme  capables  de  déterminer,  i  la  suite  des  cicatrices,  une 
courbure  de  cet  organe  qui  rende  impossible  ou  tout  au 
moins  très  difficile  son  intromission  dans  la  cavité  vaginale. 

Soit  que  l'opération  n'intéresse  que  le  fourreau  de  la 
verge,  comme  dans  les  cas  où  l'on  veut  nrtiticiellement  for- 
mer un  prépuce  dans  le  paraphimosis  naturel;  soit  qu'elle 

(-l)  OEuvres  complètes,  p.  698. 


SiO  IWUISSARCK  CORSÉCOTIVi 

•Iteigne  lecorpn  npongieui  de  l'urètre  on  lei  corps  ctTer* 
neui,  le  rësultot  eut  identique  ;  des  sdhérences  s'éliblMeiil« 
dsns  le  premier  cas, entre  les  parties  des  tégooMnls  incisés, 
de  sorte  que  la  peau,  retenue  par  ces  adhérences,  résiste 
sur  ces  points  au  développement  de  la  verge  etrincline  fata- 
lement de  ce  cAté  ;  dans  le  second  cas,  les  adhérences  ont 
lieu  entre  les  cellules  des  corps  spongieoi  de  Turèlre  oo 
des  corps  caverneui,  et  la  courbure  est  déterminée  par 
rimpossibilité  qu'éprouve  le  sang  de  pénétrer  ces  adhé* 
rences,  pendont  qu'il  remplit  toutes  les  autres  parties  de 
Torgane  copulateur. 

Les  mêmes  ciïets  se  produisent  aussi  dans  les  états  patho- 
logiques qui  omènent  des  solutions  de  continuité  dans  les 
tissus  de  l'appareil  génital,  comme,  par  esemple,  dans  les 
vM  de  brûlure  ou  de  gangrène  qui  enlèvent  quelques  por- 
tions du  scrotum  ou  de  la  peau  de  la  verge. 

Cet  accident,  c'cst-a-dire  la  courbure  de  la  verge,  dû 
a  une  cicatrice  vicieuse  ou  à  des  adhérences  des  cellules  du 
tissu  ërcctile,  scroit  sans  nul  doute  prévenu,  s'il  était  pos« 
sibic  de  maintenir  rércction  du  pénis  pendant  tout  le  trai- 
tement de  la  mnladie  ;  malheureusement  cet  état  ne  saurait 
être  obtenu  pendant  un  si  long  temps,  même  d'une  manière 
artificielle,  d'autant  mieux  qu'un  priapisme,  venant  compli- 
quer les  accidents  inflammatoires  dont  s'accompagnent  tou- 
jours les  circonstances  dont  il  est  ici  question ,  pourrait 
occasionner  des  accidents  plus  graves  que  la  maladie  prin* 
cipale  et  que  riniirroité  dont  elle  est  quelquefois  suivie. 

Celle-ci  est  assez  rarement  au-dessus  des  ressources  de 
l'art  ;  mais  il  est  h  craindre  de  voir  échouer  toute  thérapeu- 
tique lorsque  les  adhérences  seront  anciennes,  ou  lorsque 
des  érections  vigoureuses  ne  succéderont  pas  è  la  cicatri- 
sation. 


A  UN  Atat  organo-pathologiquë.  âftl 

Dans  les  cirronstances  opposées,  c'est-à-dire  lorsque  les 
adhérences  sont  récentes  et  que  le  sang  afDue  avec  abon« 
dance  dans  les  corps  caverneux,  il  suffit,  la  plupart  du  temps, 
de  seconder  simplement  la  nature.  Les  fondants,  tels  que 
les  iodures,  le  mercure  et  la  ciguë,  appliqués  localement, 
rendent  de  très  grands  services,  si,  en  même  temps,  je  le 
répète,  les  érections  de  la  verge  se  soutiennent  régulières 
et  énergiques. 

Cette  dernière  condition  est  si  importante  qu'elle  a  été 
soigneusement  notée  par  J.-L.  Petit  :  «  J'ai  remarqué,  dit* 
il,  en  parlant  des  adhérences  qui  se  forment  entre  les  cel- 
lules du  corps  spongieux  de  l'urètre  et  des  corps  caverneux 
pendant  l'inflammation  blennorrhagique,  j*ai  remarqué  que 
ces  tumeurs  se  fondent  ordinairement  pendant  le  traitement, 
soit  d'une  chaude-pisse  cordée  ou  de  toute  autre  inflamma- 
tion de  la  verge  ;  mais  qu'elles  subsistent  toujours  h  ceux 
qui  perdent  l'érection  et  qui  ne  la  recouvrent  point  pendant 
le  traitement  ou  immédiatement  après  (1).  » 

Ces  lignes  de  J.-L.  Petit  nous  apprennent  qu'à  cdté  des 
accidents  traumatiques  ou  des  opérations  pratiquées  sur  la 
verge  qui  font  le  sujet  de  ce  paragraphe,  on  doit  placer  les 
inflammations  urétrales  où  du  pénis  tout  entier,  quelle  que 
soit  d'ailleurs  la  nature  de  cesphlegmasies.  On  ne  peut  nier 
qu'il  n'y  ait  là  en  eiïet  une  cause  bien  réelle  d'adhérence 
entre  les  cellules  du  tissu  éreclile  ;  j'ai  eu  occasion  d'ob- 
server plusieurs  fois  les  tumeurs  qui  en  résultent,  mais 
toutes  celles  que  j'ai  vues  n'étaient  pas  assez  volumineuses 
pour  enlrainer  une  courbure  de  la  verge;  je  me  rappelle, 
entre  autres  faits,  celui  d'un  commissaire-priseur  chez  qui 
toute  blennorrhagie  (et  il  en  avait  souvent)  était  annoncée 

(4)  Loc.  eit.^  p.  74  6. 


Sis  IHMMUHU  QOIWACUTITI 

par  la  priaenM  au  eorpt  spongieui  d*  l'urètr«,  d'um  i&  cm 
petites  tnmsttri  qui  disparaiMait  h  la  luite  du  IrulaaMDl 
antiblannorrliagiqup,  làm  jamaN  avoir  inqoidtA  la  malada. 
Cependant  on  coni|irend  que  la  courbure  de  la  verge 
puiaasAtre  amande  par  l'inflaniiation  de  l'urèlre  olda  pdnia, 
c'e>t-h-dire  par  lei  adhdrcDCM  que  eei  étata  détemÎMnt} 
l'obienialion  de  J.-L.  I*etit  raato  tout  entière,  et  dam  ce 
cas  les  indications  thérapeutiques  sont  confonmi  i  eellea 
que  j'ai  indiquées  plus  hant,  h  roecaiion  dei  courbareade 
la  verge  succddant  i  de*  opintions  ou  à  des  accidenta  trtu- 
maliques  sur  cet  organe. 


t  n.  —  iMyln— ■  iiwilMllTatwienwf  >ta«ti— . 

Leii  cirronslanres  morbifiques  dont  il  va  être  question  ne 
sauroient  être  ronrondues  avec  ce  qu'en  pathologie  gêné- 
rak  on  appelle  causes  prédisposantes,  déterminantes  ou 
oci'ai^ronnclles  :  toujours  placées  sous  la  dépeodance  de  la 
volonté,  et  ne  raisniil  sentir  leur  notion  anaplirodisiaque 
qu'iiprès  un  temps  plus  uu  moins  long ,  elles  ne  compren- 
nent ni  les  temp6romeiits,  ni  les  constitutions  qui  sont  du 
domaine  des  causes  pri'di «posantes;  ni  l'Age,  ni  les  aiïcctions 
morbides,  tont  générales  que  locales,  qui  rentrent  dans  le 
cadre  des  causes  déliTmiiiantes;  ni  la  crainte,  ni  les  supersti- 
tioifi,  ni  les  senliments  antijinthiques,  qui  sont  essentielle- 
ment des  causes  occasionnelles. 

Toujours  dé|)endanles  de  la  volonté ,  les  circonstances 
qui  font  In  sujet  de  ce  paragraphe  se  distinguent  par  ce 
caractùrn  des  états  morbides  dont  je  viens  de  parler,  qui, 
evi,  ne  ressorlent  pas  de  li  conscience,  commo,  p.ir 
etempli-,  les  maladies  du  cerveau  t't  de  la  moelle  épiniùre. 
les  affections  de  l'iippnrcil  génital,  etc.,  etc. 


A    UN    ÉTAT    FATIIOGÉNigUt.  â/lS 

Mais  ce  câraclère,  excellent  sans  doute  pour  délerraiiier 
leur  physionomie,  ne  sufHt  pas  pour  les  faire  mettre  parmi 
les  causes  de  l'impuissance;  il  faut,  pour  qu'elles  aient 
cette  iniluence,  que  leur  action  se  répèle  souvent  et  pen- 
dant un  laps  de  temps  plus  ou  moins  long;  en  d'autres 
termes,  il  faut  qu'il  y  ait  excès  dans  l'exercice  de  la  fonction 
mise  en  jeu  par  ces  circonstances,  abus  de  l'organe,  et  par 
conséquent  abtis  de  la  circonstance  morbiûque  elle-même. 

Les  mots  eicts  et  abus  ne  doivent  point  être  pris  dans  un 
sens  absolu  ;  la  durée  et  la  fréquence  de  l'acte  qui  consliluent 
ces  états,  sont  liées  à  tant  de  circonstances  diverses,  physio- 
logiques et  pathologiques,  que  ce  qui  est  excès  pour  l'un 
est  simplement  usage  pour  I  autre.  L'&gc,  le  tempérament, 
la  constitution,  les  habitudes,  l'état  de  santé  ou  de  ma- 
ladie, etc.,  jouent  nécessairement  un  grand  r6le  dans  This* 
toîre  des  excès  et  des  abus,  et  quoique  les  circonstances 
morbiûques  dont  je  parle  se  rangent  parmi  les  causes  les 
plus  fréquentes  et  les  mieux  connues  de  Timpuissance,  il 
faut  dans  l'étiologie  de  cette  dernière,  pour  ne  pas  tom- 
ber dans  des  erreurs  regrettables,  tenir  grand  compte  de 
toutes  ces  influences  et  ne  pas  adopter  sans  eiunien  la 
conviction  des  malades^  surtout  de  ceux  qui  ont  des  préten- 
tions médicales  ou  qui  lisent  les  livres  relatifs  à  notre  art 

A.  Abus  d'agenti  débilitants  ou  ane$théiique$. 

Les  substances  dont  l'usage  abusif  peut  entraîner  l'im- 
puissance  seraient,  s'il  en  fallait  croire  les  anciens,  aussi 
nombreuses  que  variées.  Peu  d'auteurs  se  sont  tenus 
dans  la  réserve  qu'observe  Venelle  sur  ce  point,  el  il  est 
peut-être  utile  de  rappeler  ici  rapidement  quelques-uns  de 
ces  agents  dont  la  réputation  fut  anciennement  très  grande. 


fttft  lUNTIMAHCC  COaStGDflTI 

En  première  ligne  se  place  le  oitar  oa  o^nw  eaifuf, 
■vec  les  branchet  etlei  feuillei  ilnquel' les  dames  d'Albènei, 
wlon  DioH-oride  (1)  «e  dreuaient  de>  lib  pendant  les  itlei 
cooMcrdn  i  Cérès.  Arnaud  de  Villeneuve  va  même  plus 
loin  que  ion  devancier,  et  il  prétend  que  pour  apaiser  les 
aiguillons  de  la  chair,  il  suffit  de  porter  un  eooleaa  dont  le 
manche  lersit  fait  avec  le  bois  de  cet  arbriiseau.  C'est  snr 
la  Toi  de  ces  témoignages  que  t'agnus  castu  était  employé 
dans  Ici  monastères,  k  l'aHéanliiiement  des  déurs  contraires 
k  la  chaileté  de  ces  ssinis  lieai. 

Le  nénuphar  doit  sa  réputation  è  Pline,  qui  assare  «  qae 
ceux  qui  eu  prendront  pendant  donse  jours,  se  trouveront 
incat>ables  de  contribuer  k  la  propagation  de  l'espèce;  et 
que  si  l'on  en  use  l'espace  de  quarante  jours,  on  ne  sentira 
plus  les  aiguillons  de  l'amour  (2).  » 

La  laitue,  dont  on  a  tant  vanté  les  vertus  anaphrodi- 
siaques,  doit  tout  l'honneur  tlont  elle  a  joui  b  un  charmant 
épisode  de  Ib  fable.  Venu*,  d'après  le  récit  des  poêles,  vou- 
lant oublier  ses  amours  adultères,  ensevelit  Adonis  sous 
une  feuille  de  loiluc,  et  garda,  <Ica  tors,  grAcc  è  cette 
plante,  une  choslclû  jicu  conn|ialib!e  avec  ses  goûts  et  ses 
habitudes. 

Le  rate,  que  ses  projiriétés  CKcilantes  nuraienl  dil  mettre 
è  l'nbri  de  loul  r<'|irDrhc  d'uimphrodisic,  a  Otû  vivement 
ntla<)ué  dans  une  thèse  restée  célèbre  et  soutenue  en  1C05, 
è  la  Faculté  de  médecine  de  Paris,  et  n  été  accusé  de  rendre 
tet  hommes  et  teifemiaesinhabilta  à  la  généralion.  Steniel, 
venu  ensuite,  compte  ousii  l'impuissance  parmi  les  maladies 
qu'entraîne  l'usage  immodéré  du  café,  et,  è  cette  orrasion, 

(1]  CoMmtnlairt  deUwKMfcAe,  $ur  h  l"  livn dt  Dioteoridt,  cb.  cxvi 
(i)  Hittatn  4m  MOMb,  Hv.  XXV.  clwp.  ni. 


A    UK    ÉTAT    PATUOGÉMIQUB.  3&5 

il  racoote  une  histoire  qui ,  malgré  son  authenticité  apo- 
cryphe, mérite  d'être  connue  :  «  L'usage  modéré  du  café, 
dit-il ,  loin  d'alTaiblir  la  force  de  ceux  qui  sont  d'un  tempe- 
ramept  vif  et  robuste,  et  qui  ont  les  parties  de  la  génération 
en  bon  état,  sert  au  contraire  à  les  exciter  à  l'amour.  Il 
produit  des  eflets  contraires  dans  les  personnes  faibles  qui 
abondent  en  phicgme,  qui  ont  beaucoup  de  particules  ter* 
restres  superflues,  et  dont  les  organes  de  la  génération  sont 
languissants.  Ue  ce  nombre  était  Mahmud  Kasnin,  roi  de 
Perse,  qui  était  grand  preneur  de  café  et  qui  se  trouva  hoirs 
d'état  de  s'acquitter  du  devoir  conjugal.  Sa  femme  attribua 
son  impuissance  à  l'usage  immodéré  qu'il  faisait  du  café  ; 
et  elle  en  (!^tait  tellement  persuadée,  que-\oyant  un  jour  de 
sa  fenêtre  un  cheval  qu'on  allait  chAtrer,  elle  dit  è  ceux  qui 
le  menaient  qu'ils  pouvaient  se  dispenser  de  faire  souffrir  è 
cet  animal  une  opération  aussi  cruelle,  puisqu'on  lui  donnant 
seulement  du  café,  on  pourrait  le  rendre  aussi  énervé  que 
le  roi  (1).  » 

Le  nitrate  de  potasse  a  été  également  accusé  de  produire 
Tanaphrodisie ,  et  Tusagc  qui  s'en  répandit  en  Angleterre 
lorsque  Bacon  l'eut  mis  en  faveur,  attira  au  chancelier  les 
malédictions  des  dames  :  «  Lo  nitre,  dit  l'auteur  anonyme 
des  Anecdotes  de  médecine^  est  un  sel  dont  l'usage  ne 
dispose  pas  h  l'amour.  C'est  un  puissant  remède  dans  les 
cas  où  il  faut  s'opposer  à  une  disposition  inflammatoire  du 
sang.  Le  chancelier  Bacon  avait  conçu  pour  cette  substance 
saline  une  sorte  d*aflection.  Il  fit  tous  ses  efforts  pour  en 
accréditer  l'usage  :  il  engagea  tous  les  médecins  d'Angleterre 
è  concourir  a  son  dessein.  Le  nitre  devint  à  la  mode.  Sur 
la  parole  d'un, aussi  grand  homme,  on  le  prodigua  dans 

(\)  Toxtcologia^  lib.  I,  Coffœa, 


tà6  IMMlliAKCK  CUmtGIITlVB 

pmquo  toutes  les  maladies.  On  le  prenait  même  dans  la 
meilieure  santé,  comme  un  préservatif}  mais  les  remmes 
proscrivirent  bien(At  ce  remàde.  Elles  trouvèrent  que  leurs 
maris  étaient  moins  portés  à  satisfaire  leurs  désirs  depuis 
qu'ils  en  usaient.  Elles  s'en  prirent  au  chancelier  qui  l'avait 
répandu.  Quelques-unes,  apparammenl  plus  sensuelles  que 
raisonnables ,  allèrent  même  jusqu'à  crier  à  la  sorcellerie, 
au  maléfice,  etc.,  etc.  (1).» 

Je  n'en  finirais  pas,  si  je  voulais  rapporter  toutes  les  sub- 
stances que  la  crédulité  ou  Tigoorance  ont  accusé,  soit 
d'anéantir  les  désirs,  soit  d'abattre  l'éuergie  virile.  J'es* 
time  qu'il  n'y  a  pas  plus  d'anaphrodisiaques  que  d'apbrodi* 
siaques  vraiment  dignes  de  ce  nonu  IjO  sens  génital  est, 
comme  tous  les  aulres  sens,  soumis  sut  lois  de  la  sensibi- 
lité générale,  et,  è  ces  conditions,  accesisible  aux  mouMis 
ordinaires  de  la  thérapeutique.  Quant  à  sa  sensibilité  .spé- 
ciale, qui  le  distingue  et  le  constitue  ce  qu'il  est,  ayons  le 
courage  de  recoiuiotlre  nuire  ignorance,  qui  i^a  jicut  être 
pas  toute  lu  gravité  que  l'on  serait  tenté  «le  lui  attribu:  r 
de  prime  abord.  Uans  l'amaurose,  dans  In  surdité,  s'orcupe- 
t*on  de  la  sensibilité  spéciale  qui  constitue  la  visiun  ou 
l'ouie?  Évidemment  non;  les  moyens  thérapeutiques  les 
plus  certains  et  les  plus  usités  contre  ces  airectioiis  ne  sont 
pas  des  spécifiques;  ils  sont  tous  tirés  du  cadre  de  la  thé- 
rapeutique générale. 

Mais  par  cela  même  que  je  conteste  Teiisteuce  de  sub- 
stances anaphrodisiaqucs  proprement  dites,  j'admets  l'ac- 
tion débilitante  de  certains  agents  sur  les  organes  génitaux; 
tels  sont  ceux  (|ui  dans  la  matière  médicale  portent  les 
noms  de  narcotiques^  slupé fiants,  etc. 

Il  est  incontrstahie,    en  oiïel,   que  rus.ij:^»   ionf^tomps 

(1)  Atiêcilotes  de  médecine^  2*  partie,  aaecd.  CXXXII,  p«  S8. 


A    UN    ÉTAT    FATUOGÉNIOUB.  â/j? 

prolongé  de  Topium,  du  datura,  de  la  jusquiame,  etc.,  ne 
puisse  amener  Tinnpuis  ance;  les  Oriontaui»  (|ui  font  abus 
des  préparations  o.iacées  et  du  chanvre  indien  sous  le  nom 
de  haschicli,  leur  doivent  attribuer  autant,  sinon  plus, 
qu'auK  excès  vénériens,  la  débilité  précoce  qui  les  frappe. 

A  côté  des  stupéfiants  proprement  dits,  viennent  se  placet 
tous  les  agents  qui  exercent  une  action  sédative  sur  le  sys* 
tème  nerveux,  et  qui,  par  conséquent,  est  analogue  a  celles 
des  narcotiques.  Fodéré  mentionne  sous  ce  rapport  le  fait 
suivant  :  «  L'asphyxie  par  la  respiration  de  gaz  impropres  à 
cette  fonction,  dit-il,  cause  quelquefois  une  impuissance 
temporaire  par  suite  de  l'impression  sédative  que  ces  gaz 
produisent  sur  le  système  sensitif,  et  qui  assimile  leurs  pro- 
priétés à  celles  de  l'opium,  de  la  jusquiame,  etc.  J'ai  traité 
un  homme,  âgé  d'environ  quarante  ans,  qui,  ayant  échappé 
à  un  état  apoplectique  occasionné  par  la  vapeur  de  charbon, 
resta  tellement  impuissant  pendant  six  mois,  qu'il  était 
absolument  insensible  à  toutes  les  caresses  que  sa  femme, 
qu'il  aimait  jusqu'à  la  jalousie,  mettait  en  usage  pour  Texci- 
ter.  Il  reprit  complètement  ensuite  son  état  naturel  (1).  » 

L'impuissance  produite  par  l'abus  *des  narcotiques  ou 
des  agents  dont  l'action  est  analogue  à  celle  des  stupé- 
fiants,  respecte  d'ordinaire  les  désirs  vénériens,  et  n'est  ca- 
ractérisée que  par  l'impossibilité  de  l'érection.  Le  systènne 
nerveux  est  seul  atteint,  c'est  sur  lui  seul  qu'il  faut  agir. 

Mais  ici  une  dilliculté  se  présente  :  convient-il  de  s'a- 
dresser aux  masses  encéphalique  et  spinale,  ou  ne  faut-il 
porter  sa  thérapeutique  que  sur  Tappareil  génital  même? 
Quelques  expériences  que  j'ai  faites,  et  quelques  observa- 
tions que  j'ai  recueillies,  m'ont  convaincu  que,  dans  la  ma- 

(I)  Traité  de  médecine  légale,  elc,  Paris,  4  81  S,  t.  I,  p.  382. 


âftS  IMrOISSAKCB    CONStCUnVB 

jori(é  des  cos,  il  fallait  s'abstc  nir  de  tout  eicitateur  gi^né* 
ral,  surtout  des  moyens  internes,  tels  que  la  brocinei  la 
strychnine,  la  noix  vomique,  etc.,  etc. 

Au  contraire,  Télectricité,  limitée  aux  organes  géni- 
taux, et  peut-être  la  flagellation,  me  paraissent,  dans  les 
cas  dont  il  s'agit,  d'une  efficacité  bien  supérieure  h  toute 
autre  médication.  On  ne  dédaignera  pas  les  frictions  sèches 
ou  excitantes  tout  le  long  du  rachis,  car  elles  sont  presque 
toujours  dos  adjuvants  utiles  de  la  flagellation. 

il  est  inutile  de  marquer  que  toute  thérapeutique  serait 
?aine,  si  l'usage  des  substances  qui  ont  amené  riropuis- 
sance,  n'était  pas  complètement  suspendu.  C'est  une  con* 
dition  sitie  quâ  non  de  réussite,  et  toute  médication  doit 
commencer  par  le. 

Il  est  une  autre  classe  d'agents,  dont  l'action,  toute  dif  • 
férente  de  celle  des  narcotiques^  peut  cependant  aussi  pro« 
duire  l'impuissance. 

Ce  sont  les  fondants. 

Tout  le  monde  sait  rinfluencc  exercée  sur  les  glandes 
par  le  merrure,  l'iode  ,  le  brome  ,  Ter,  l'argent ,  etc.,  in- 
fluence qui  peut  aller  jusqu'il  l'atrophie  de  ces  organes.  J'ai 
interroge  un  très  grand  nombre  de  syphilitiques  soumis, 
soitaux  mercuriaux,  soit  aux  préparations  d'iode,  et  presque 
tous  m'ont  avoué  un  affaiblissement  de  l'organe  sexuel, 
après  une  durée  plus  ou  moins  longue  de  leur  traitement. 
De  plus,  j'ai  été  consulté  plusieurs  fois  pour  impuissoncc 
complète  et  absolue  chez  des  phthisiqnes  rendus  i  la  santé 
par  l'inhalation  souvent  répétée  des  vapeurs  diode  (1). 

Aucun  doute  ne  saurait  s'élever  sur  la  réalité  de  l'action 
anaphrodisiaque  des  fondants,  d'autant  mieux  que  l'ana- 

(1)  Voir  la  page  306. 


A    L<N    ÉTAT    PATHOGÉMQUE.  349 

phrodisic  se  trahit  quelquefois  par  l'atrophie  même  des 
testicules.  Cette  dernière  altération  n'est  pas  constante  ou 
du  moins  n'est  pas  toujours  appréciable,  soit  que  l'on  n'ait 
pu  tenir  compte  de  l'état  antérieur  du  testicule,  soit  que 
l'épaississement  ou  l'infiltration  de  quelque  tunique  redonne 
h  l'organe  le  volume  qu'il  a  perdu,  soit  par  tout  autre  motif. 

Cependant,  avouons-le,  pour  que  le  genre  d'impuissance 
dont  il  s'agit  se  produise  avec  une  certaine  gravité,  il  est 
nécessaire  que  l'usage  des  fondants  ait  été  continué  long- 
temps, comme,  par  exemple,  dans  le  traitement  de  la  phthisie 
pulmonaire  par  la  méthode  de  MM.Piorry  ou  Chartroule. 
C'est  ainsi  que  certaines  professions  exposent  ceux  qui  les 
exercent  à  perdre  leur  virilité,  comme  on  peut  s'en  con- 
vaincre chez  les  ouvriers  qui  manient  le  mercure  et  ses  prépa- 
rations. J'ai  examiné  un  certain  nombre  de  miroitiers  et  de 
doreurs  sur  métaux,  et,  chez  presque  tous,  j'ai  constaté 
des  testicules  moins  volumineux  que  chez  les  autres 
hommes. 

Dans  cette  sorte  d'impuissance,  les  malades  sont  peu 
sollicités  par  les  désirs  vénériens.  Ils  montrent  de  l'indiffé- 
rence pour  les  plaisirs  sexuels,  et  quand  ils  veulent  s'y 
abandonner,  ils  trouvent  presque  toujours  un  organe  indo- 
cile  et  peu  actif. 

Quand  ces  dispositions  morales  et  physiques  atteignent 
certaines  limites,  il  est  à  craindre  que  les  organes  testiculaires 
aient  éprouvé  une  altération  profonde  et  se  soient  atrophiés, 
auquel  cas  les  ressources  de  la  médecine  sont  complètement 
nulles. 

Mais  il  est  rare,  je  le  répèle,  que  l'usage  des  fondants  ait 
|iu  être  pousse  assez  loin  pour  déterminer  une  pareille  im- 
puissance, sans  avoir  au  préalable  occasionné  des  désordres 
assez  graves  qui  en  font  suspendre  l'emploi.  Aussi,  dans  la 


SftO  mpOlMAKl  COKltCimtK 

plupart  des  na,  on  n'a  ilTiira  ^H'k  un  ftmpte  aflàiblinr- 
HKnt  du  MHS  lénilal,  et  «Ion  m  bon  régima  aoaleptiqw 
(•t  rnirdft  la  campagne  fBffiaentiTM  letimpi  pour  raiHMr 
loile  l'éitergie  virile. 

B.  Atm  éi  ftmana  mmuMn. 

On  |icut  com^tarer  l«  eiïeti  des  eiercicei  nucalairta 
immodércs  i  ceui  des  Récrétîona  trop  abondaiitM  ;  ili  ae 
Iraduiseni,  comme  dit  M.  Loode  (1),  par  l'épniaeineiit  du 
s}itème  nerveui  cérébral  et  rachidîea,  parrépniiemcnt  dea 
organes  de  relation  et  des  viscèrea*  le  trouble  dei  digeatioM, 
«oil  <|ue  ce  trouble  se  maoifaitc  sooi  rinOaence  d'une  oli- 
mcntalion  slimulaole  ingérée  après  une  grande  ratigM,  soit 
qu'il  ri^sullti  de  l'inerlie  de  l'estomac,  dont  les  plans  muK- 
Gulciiv  ne  ne  contractent  plus  qu'imparroitemenl,  bien  que 
la  membrane  muqueuse  se  trouve  dans  un  état  tout  k  fait 
normal. 

1/épuisemeul,  qui,  par  la  fatigue,  so  produit  dans  fin- 
ntirvalioii,  cl  l'élat  aluniquc  de  l'estomac,  rendent  parfaile- 
moitl  rumpte  du  l'impuissance  qui  surcède  aui  cicès  de 
marche,  de  course,  etc.,  mois  cctlc  impuissance  est  essen- 
tiellement pa!-sa<:ëre,  el  le  repos  et  le  sommeil,  en  répa- 
rant les  pcrtc>  de  l'influi  nerveux,  ramènent  l'énergie  dans 
l'appareil  );étiériileur. 

Cejicndniil,  >\  les  cxvi»  de  l'exercice  musculaire  se  pru* 
lottgcnl  d'une  nionière  continue,  de  façon  que  l'épui- 
>enicut  uerteu\  ne  si  répare  qu'imparfailement ,  il  peut 
arri>er  que  les  organes  reprudutleurs  soient  afTectés  de  ce 
manque  d'équilibre  et  participent  plus  ou  moins  i  la  cadu- 
cité précoce  qui  Trappe  tout  l'organisme. 

(<i  GyMMSNfM  «M(n/*,  Paris,  1M4. 


A    DN    ^TAT    PATMOGfiNlQUE.  $51 

Pourtant  il  faiil  rcronnnttrc  qu'une  5f*mblnble  impuis- 
<nnrc  esl  excessivement  rare,  et  que  Tarlion  des  excès  des 
exercices  actifs  se  porte  plutôt  sur  le  consensus  moral  que 
sur  l'appareil  génital  lui-même.  La  fatigue  corporelle  allan- 
guit  Tesprit  et  émousse  les  passions  ;  la  force  vitale,  con- 
sacrée tout  entière  h  réparer  les  pertes  éprouvées  ,  semble 
n'avoir  plus  assez  d'éner{»ie  pour  seconder  l'imagination 
dans  ses  rêves  amoureux  et  ses  images  lascives.  Près  d'un 
homme  épuisé  par  la  marche  ou  tout  autre  exercice,  la 
femme  étale  en  vain  les  séductions  de  ses  caresses  et  de  sa 
beauté;  ses  charmes  ne  reprendront  tout  leur  empire 
que  lorsqu'un  repos  et  un  sommeil  réparateur  auront  re* 
donné  h  l'imagination  la  vigueur  qui  engendre  les  désirs. 

Presque  toujours  le  régime  alimentaire  doit  venir  au 
secours  de  cette  première  condition  dé  succès,  et  alors  on 
donne  la  préférence  aux  aliments  dont  la  digestion  est  fa- 
cile et  les  sucs  nutritifs.  L'état  de  l'estomac,  on  le  com- 
prend,  détermine  la  nature  de  ce  régime,  car,  nul  ne 
rignorc,  une  substance  est  d'autant  mieux  assimilée  qu'elle 
est  plus  facilement  digérable.  On  ne  peut  donc,  sous  ce 
rapport,  tracer  une  règle  à  priori. 

C.  Abus  de  1* appareil  digestif. 

S'il  est  un  ensemble  d'organes  qui  entretienne  avec 
toutes  les  autres  parties  de  l'économie  des  relations  intimes 
et  constantes,  c'est  à  coup  sûr  l'appareil  qui  sert  à  la  no- 
trition  et  partant  à  la  conservation  de  l'individu  ;  aussi  les 
excès  dont  la  nulrilion  peut  être  l'objet,  qu  ils  soient  eo 
deçk  ou  nu  delà  dn  type  normal,  exercent-ils  une  influence 
ntanifeste  sur  toutes  les  fonctions  tant  organiques  qu'ani* 
maies. 


Iljl  rilPVI«SA:«CE    CONSflCOTIVi 

^,hii  fonction  ^linitnlt',  va  ilrhors  mômo  ilcs  s^mpolbics 
ipécûlo  qu'elle  entEatJiatJiTeelM  liHM;Ua|H.4^gM(^«#f  <l 
^n  je  ferai  mieux  resMrtùr  Mtlaon)  deviU  plop  ffU  tM^ 
avtrc  peul^tni  h  ^cer  wui  >  MftmigM»  de,  cet  «ppu* 
E<il(  puiiqae  son  jnergieiflt  «  fiuiliti  aoot  prQfiortiofUieKet, 
mi  qu«l(|aea  cm  palkpIogifttM.en^lMNHkvli,  à. la  tant 
dU  4éTeIoppein«Bl,  qui  M  ri^l*  ril»-nène  tor  TélH  jlt  lu 
Mi(rilioD. 

,.  Cet  état,  en  debon  dp  tjpa  «eriuti  t'ofte»  ,;jytjp  la 
lUnii  pltu  baul.  hui  deai  tonat»  m^nmaUflfffiliff, 
•'«•Irè-dire  overcicèi  w  moinit  on  ^vec  escitw  ^^*^ 
doBtrinflueneeert,  daiulee  dtM  cas,  égalemeaf  f)iM0ipr 
le  leni  génital.  C'est  dMc  i  «^  double  poiot  de  ynè  %tm 
Mua  devons  coiuidérar  le«  eicè»  do  la  Bulrition  tfû  a'ap- 
pelient,  d'une  part,'  tempérance,  je&ne,  macération,  et, 
d'anlre  port,  inlempérance  ou  goinfrerie,  quand  il  ne  s'agit 
^ne  des  aliments,  et  ivrognerie,  quand  il  s'agit  de  liqueur* 
apirilueuses. 

1*  Excès  de  tempérance.  — ■  L'histoire  de  toutes  les  re- 
ligions, qui  firent  de  la  choslfté  une  vertu  gloriCëe  dans 
leurs  dogmes,  nous  a  conservé  le  nom  de  pieus  solitaires, 
qui,  par  des  jeûnes  et  des  macérations  de  toutes  sortes, 
parvenaient  à  dompter  raiguîllon  de  la  chair  et  à  triompher 
daus  les  luttes  que  leur  fanatisme  engageait  contre  la  na- 
tare.  C'est  ainsi  que  les  saint  Antoine  et  les  saint  JérAne 
purent  résister  aui  séduisants  fanlAmes  qui  les  venaient 
Imter  pendant  leur  sommeil,  et  que  tant  de  fervents  céno- 
bites rapportèrent  à  Dieu  une  virgiuité  qu'ils  avaient  pronis 
de  respecter. 

Sine  Cerere  et  Baceho  friget  Fenm  est  un  vieil  adage 
dont  la  vérité  ne  saurait  être  mise  en  Joule  ;  maia  il  y  a 
loin  de  la  modération  des  ardeurs  amoureuses  rausée  par  la 


A    UN    ÉTAT    PATUOGÉMQUB.  â5S 

tempérance  à  rétouiïeraent  des  désirs  vénériens  et  k  Tim- 
puissBnce  de  l'organe  copulaleor  amenés  par  les  excès  de 
jeûne  et  de  macération. 

La  tempérance,  unie  surtout  è  ia  continence,  loin  de 
porter  atteinte  à  Téncrgic  virile ,  lui  donne,  au  contraire, 
une  force  nouvelle,  et  pour  qu'elle  produise  les  désordres 
génésiques  dont  nous  parions,  il  faut  qu'elle  soit  portée  i 
Teitrème,  et  qu'elle  détermine  cet  état  d'aiïaiblissement 
général  que  j'ai  précédemment  étudié  sous  le  nom  de  con- 
Mmption. 

Je  ne  reviendrai  pas  ici  sur  ce  point,  d*autant  mieux  que 
les  exemples  d'anaphrodisie  par  excès  de  tempérance  sont 
des  mjthes  dans  nos  sociétés  modernes,  et  qu'il  est  plus 
utile  de  nous  étendre  sur  les  infirmités  causées  par  les  excès 
d'intempérance  dont  tous  les  jours,  hélas!  nous. avons  le 
triste  spectacle. 

2»  Excès  d'intempérance.  —  Quoique  Tinlempérance 
aiïecte  spécialement  le  sens  du  goût  (1),  elle  présente  deux 
physionomies  tellement  tranchées,  selon  qu'elle  dérive  des 
excès  de  nourriture  ou  des  excès  de  boisson,  qu'il  est  indis- 
pensable de  rétudier  séparément  sous  chacune  de  ces  deux 
faces.  Nous  aurons  donc  à  examiner  l'intempérance  par 
excès  d'aliments  et  l'intempérance  par  excès  de  boisson. 

!•  Intempérance  par  excès  d'aliments.  —  Les  excès 

(I)  Qoelqoes  auleors,  Virey  entre  antres,  dans  rarticle  iRriiiFi- 
lAHci  du  Dictionnaire  des  scienceê  médicales^  comprennent  sous  le  nom 
d'intempérance  les  excès  du  sens  du  goût  et  ceux  du  sens  génital. 
Celle  confusion  est  regrettable ,  parce  que  le  même  mot  ne  peut  et  ne 
doit  servir  à  exprimer  des  faits  si  éloignés  les  uns  des  autres.  Les 
moralistes,  en  désignant  sous  les  noms  de  continence  et  dlncontimnee 
les  excès  du  sens  génital,  me  paraissent  plus  logiques  et  me  forcent 
ainsi  à  me  ranger  à  leur  opinion. 


85ft  mpinssAiicv  consAcotitë 

d'alimentSy  considérés  sa  point  de  voe  de  rimpuissanca, 
ont  an  triple  mode  d'action  : 

i"  Ils  amènent  Tobésité,  qui,  ainsi  que  nous  Pavons  ?o, 
constitue  quelquefois  un  obstacle  mécanique  k  la  copula- 
tion. 

2*  Ils  absorbent,  au  pro6t  d'une  seule  passion,  tous  les 
stimulants  de  la  vie  morale. 

S""  Enfin,  ils  enlèvent  i  l'appareil  génital  tout  ou  partie 
de  rénergie  vitale. 

L'obésité  m'a  longuement  occupé  dans  une  autre  partie 
de  cet  ouvrage  (1),  je  n^y  reviendrai  pas  ici. 

Je  ne  m'arrêterai  qu'aux  deux  autres  modes  d'action  des 
excès  de  table,  que  l'on  peut  réunir  dans  le  même  cadre, 
parce  qu'ils  découlent  de  la  même  loi  physiologique. 

Celte  loi  est  la  suivante  : 

Tout  organe  ou  tout  oppareil  d'organes  fonctionnant 
avec  excès,  a  besoin  d'un  surcroît  d'activité  qu'il  enlève  aux 
autres  organes,  et  plus  spécialement  à  ceux  qui  entretien- 
nent avec  lui  des  rapports  sympathiques,  ou  qui,  déjà  affai- 
blis, ont  moins  de  force  pour  lui  résister. 

J'ai  déjà  dit,  et  j'exposerai  plus  longuement  tout  h  l'heure, 
que  les  organes  qui  ont  avec  l'appareil  génital  les  relations 
les  plus  intimes  sont  l'estomac  et  le  cerveau,  en  tant  que  ce 
dernier  organe  est  considère'»  comme  le  siège  des  facultés 
intellectuelles. 

Je  n'ai  donc  à  m'occuper  ici,  d'une  part,  que  des  rapports 
de  sympathie  qui  unissent  l'estomac  et  les  facultés  morales 
d'où  naissent  les  désirs  vénériens,  et  d'un  autre  côté  de 
rinfluence  qu'exerce  l'organe  digestif  sur  l'appareil  de  la 
copulation. 

Sous  le  premier  rapport,  les  excès  de  table,  répétés  d'une 

(4)  Yoyei  la  page  263. 


A    UN   ÉTAT   PATBOGftNIQUI.  355 

manière  continoe,  agissent  de  deux  manières  sur  l'organe 
de  la  pensée  :  tantôt  en  lui  enlevant  et  en  appelant  vers 
restomac  une  grande  quantité  d'influx  nerveux,  afin  de 
débarrasser  les  voies  digcstives  des  aliments  qui  les  sur- 
chargent ;  et  tantôt  en  déterminant  dans  la  masse  cérébrale 
de  petites  congestions  qui,  souvent  renouvelées,  finissent  par 
porter  un  trouble  profond  dans  les  fonctions  de  Tencépliale. 
Les  grandes  idées  et  les  nobles  passions  sont  incompatibles 
avec  les  plaisirs  exagérés  de  la  table.  Les  gastrolûtres ^  pour 
me  servir  de  Theureuse  expression  de  Rabelais,  arrivent  h 
la  longue  à  perdre  le  sentiment  de  leur  personnalité  et  k 
9è  dépeiiiller  de  tous  les  nobles  attributs  qui  distinguent 
rhomimede  la  brute.  Voyez  dans  quel  profond  avilissement 
tombent  les  Romains,  lorsque  abandonnant  les  vertus  an- 
tiques, ils  s'asseyent  aux  tables  somptueuses  de  leurs  empe- 
reurs. Vainement  l'amour  les  sollicite,  la  beauté  les  ap- 
pelle;  leurs  pensées,   leurs  désirs,  leurs  passions,  sont 
ailleurs  et  poursuivent  un  autre  but  !  Semblables  au  Grec 
PhiloxènCy   qui  ne  formait  plus  que  le  vœu  d'avoir  un 
gosier  long  comme  l'oie,  afin  de  mieux  savourer  les  mets, 
les  gastrolâtres  concentrent  dans  un  seul  de  leurs  organes 
toutes  leurs  sensations,  toutes  leurs  voluptés,  tous  leurs 
plaisirs,    et    si    quelquefois    leur  imagination    engourdie 
éclairé  leur  pensée  d'un  faible  et  fugitif  éclair,  ils  s'en  <er- 
tent,  non  pour  ressaisir  un  lambeau  de  leur  individualité 
perdue,  maisipour  se  replonger  avec  une  nouvelle  ardeur 
dans  leur  crapuleuse  débauche,  en  rêvant,  comme  disaft 
'd*Afgrefeuille,  une  Académie  de  la  gueule. 

La  diminution  et  quelquefois  même  l'étouffement  dés 
'désirs  vénériens,  amenés  par  les  excès  de  table,  ne  sonti^er- 
tainement  pas  sans  influence  sur  l'énergie  de  l'organe  copû- 
iMesr  lui-même  ;  ils  suffiraient  h  eux  seuls  pour  rendre 


«)66  IlIPUISgAKCE   COKSiCUTlVE 

compte  de  l'impuissance  qui  succède  i  ces  abus,  si  d'aulrea 
circonstances,  que  les  plus  simples  notions  de  la  physiologie 
nous  enseignent,  ne  concouraient  aussi  1  produire  Tana- 
phrodisie. 

Tout  le  monde  sait  qu'après  on  copieux  repas,  surkMit 
si  l'on  a  fait  usage  de  liqueurs  sptritueuses,  les  forces  gécH 
taies  sont  loin  de  répondre  à  l'ardeur  des  désirs }  ceui^i 
sont  le  résultat  de  Texaltation  de  l'imagination,  née  sous 
l'empire  de  Texcitalion  des  voies  digestives,  et  sont  des 
amorces  trompeuses  sur  lesquelles  l'homme  prudent  se 
garde  de  fonder  de  trop  grandes  espérances. 

Nul  n'ignore  que  pendant  le  travail  de  l'estomac,  tontes 
les  fonctions  animales,  c'est-à-dire  toutes  les  foDctiona  de 
relation  semblent  s'anéantir  et  abandonner  leur  vitalité  à 
l'organe  digestif,  qui,  lui,  a  besoin  d'un  surcroît  de  forces 
pourse  débarrasser  des  aliments  qui  le  remplissent.  L'homme 
qui  digère  ne  pense  plus,  se  meut  difficilement,  et  ne  jouit 
pour  ainsi  dire  que  d'une  sensibilité  obtuse;  en  un  mot,  le 
roi  de  la  création  descend  au  niveau  de  la  brute. 

Ces  excès,  longtemps  continués,  en  enlevant  journelle'* 
ment  une  partie  do  leurs  forces  aux  organes  génitaux,  les 
appauvrissent  suffisamment  pour  les.  empêcher  de  remplir 
convenablement  leurs  fonctions. 

l.a  gastronomie  poussée  a  l'excès  agit  donc  de  deux  ma- 
nières différentes  sur  le  sens  génésique  ;  en  d'autres  termes, 
elle  porte  atteinte  a  deux  conditions  du  coït:  1^  aux  désirs 
vénériens,  2'*  à  l'érection  de  la  verge. 

C'est  donc  par  conséquent  sur  ce  double  terroin  que  devra 
marcher  la  thérapeutique. 

Mais  avant  de  rien  entreprendre,  il  est  d'une  absolue 
nécessité  qu'une  vie  régulière  et  frugale  ait  succédé  aux 
excès  qui  ont  donné  naissance  h  l'impuissance  ;  la  fonction 


A    UN    ÉTAT    PATBOGÉNIQUB.  557 

liîgeslive  sera  ramenée  à  un  type  normal,  et  pour  cela 
faire,  le  régime  alimentaire  sera  réglé  sur  Tétat  sain  ou  mor- 
bide des  voies  digeslives. 

Cette  condition  remplie  suffit,  dans  beaucoup  de  cas, 
poar  réveiller  tout  à  la  fois  les  désirs  vénériens  et  Ténergie 
de  la  verge  3  il  ne  faut  plus  que  savoir  attendre  et  persister 
dans  la  sage  et  prudente  hygiène  qui  constitue  la  médication. 

Quelquefois  cependant  ces  prescriptions  sont  insuffisantes, 
et  alors  il  faut  que  la  thérapeutique  intervienne  d'une  ma* 
nière  plus  active. 

Pour  rappeler  les  désirs  éloignés,  on  recourra  aux  exci- 
tants moraux  de  toutes  sortes  :  les  conversations  et  les  livres 
badins,  les  tableaux,  les  gravures  et  les  marbres  représcn-* 
tant  des  scènes  d'amour,  les  spectacles  grivois,  les  théfttres, 
les  bals,  les  concerts,  seront  tour  à  tour  mis  en  usage,  et 
leur  emploi  judicieusement  réglé  sur  les  goûts  du  malade. 
Cette  dernière  circonstance  est  plus  importante  qu'on  ne 
peut  le  croire,  car  la  médication  atteint  un  but  diamé- 
tralement opposé  à  celui  que  l'on  poursuit,  si  elle  froisse 
un  sentiment  ou  un  instinct  quelconque.  J'ai  vu  l'exhi^ 
bîtion  que  l'on  faisait  il  y  a  quelques  années,  à  Paris,  de 
femmes  complètement  nues,  sous  le  nom  da  tableaux  vivants^ 
non -seulement  inspirer  une  profonde  répulsion  pour  ces 
femmes,  dont  la  beauté  des  formes  était  cependant  mani- 
feste, mais  encore  produire  une  véritable  anaphrodisie  que 
perpétuait  le  souvenir  de  ce  spectacle.  J'ai  également  connu 
on  malade  qui,  malgré  son  vif  désir  de  lire  le  roman  de 
Justine^  de  M.  de  Sade,  n'a  jamais  pu  surmonter  le  dégoût 
qo'il  éprouvait  dès  les  premières  lignes  de  cet  ouvrage. 

Il  fautdonc,  sous  peine  de  manquer  complétementson  but, 
apporter  une  certaine  circonspection  dans  le  choix  des  exci- 
tants moraux,  et  ne  se  décider  qu'après  avoir  minutieuse- 


ft58  mpoisaiJici  coiistciiTiTi 

nent  consulté  les  goûU,  les  habitades  et  let  tewtoaces 
morales  du  malade. 

En  môme  temps  que  les  désirs  vénériens  seront  ainsi  sol- 
licilés,  on  s'occupera  à  rappeler  dans  l'organe  copolaleur 
la  virilité  qui  Ta  fui,  et  Ton  tirera  les  indications  de  eette 
thérapeutique  du  mode  de  production,  du  mécanisme»  si  je 
puis  ainsi  dire,  du  mal  qu'il  s'agit  de  combattre. 

L'impossibilité  de  l'érection  e^t  due,  on  se  le  rappelle, 
k  la  soustraction  d'une  partie  de  la  vitalité  qui  anime  les 
organes  génitaux  ;  le  traitement  doit  donc  se  proposer  de 
rendre  h  ces  organes  la  vitalité  perdue. 

Tous  les  mojens  capables  d'attirer  le  sang  vers  les  parties 
inférieures  du  tronc,  et  conséquemment  dans  l'appareil 
copulateur,  seront  mis  en  usage,  car  une  circulation  active 
et  luxuriante  porte  avec  elle  la  vie  et  l'énergie.  C'est  ici  que 
la  ihcrapeuliquc  de  Clia|tlul  et  de  Gcsner,  dont  j'ai  déjà 
parlé  (1),  trou\e  une  indication  formelle,  et  que  les  immer- 
sions r(^pélées  de  la  verge  dans  une  décoction  de  semence 
de  moutarde .  employées  avec  succès  par  ces  praticiens, 
amènent  les  résultats  les  plus  heureux  ;  on  peut  même, 
ainsi  que  je  l'ai  fait  plusieurs  fois,  substituer  h  ces  lotionsi 
dont  Taction  n'est  pas  assez  rapide,  de  véritables  sina- 
pisnies  appliqués  sur  le  périnée,  et  même  sur  la  verge; 
il  suflit  de  produire  une  simple  rubéfaction,  et  Ton  renou- 
velle tous  les  jours  l'emploi  de  ces  cataplasmes  de  moutarde. 

Le  môme  eiïet  est  également  obtenu  par  la  chaleur,  soit 
sèche,  soit  humide,  et  sous  ce  rapport  on  aura  garde  de  se 
priver  des  bénéfices  des  bains  chauds.  Les  bains  froids,  sur- 
tout au  début  de  la  médication,  sont  essentiellement  contre- 
inJiqués,  u  moins  que  quefque  circonstance  spéciale  n'en 
réclame  l'usage. 

(4)  Voyez  les  pages  24  8  et  3S9. 


A    UN    AT  AT    PATHOGÀNIQUB.  âÔ9 

La  flagellation,  rurlication,  le  massage  et  les  frictioDS 
sèches  sur  les  lombes  font  également  partie  de  l'arsenal  thé- 
rapeutique où  le  praticien  devra  puiser. 

Tous  ces  moyens  ne  seront  point  employés  simultané- 
ment; on  les  appellera  tour  à  tour  à  son  aide  au  fur  et  k 
mesure  que  l'un  d'eux  échouera.  Il  est  aussi  telle  disposi- 
tion individuelle  qui  peut  décider  le  choii  du  médecin,  et  i| 
faut  laisser  à  la  sagacité  do  celui-ci  les  soins  que  cette  déci* 
sion  comporte. 

2*  Excès  de  boissotis.  —  Les  boissons  se  partagent  en 
deux  grandes  classes  :  l*"  les  boissons  fermentées;  2*"  le^ 
boissons  non  fermentées. 

Les  premières  se  subdivisent  à  leur  tour  en  boissons  fer- 
mentées simples  et  en  boissons  fermentées  distillées;  et  lef 
secondes  en  boissons  aqueuses  rafraîchissantes  et  en  boisr 
sons  aqueuses  stimulantes. 

Au  point  de  vue  spécial  qui  nous  occupe,  les  boissons 
uon  fermentées  ne  sauraient  m'arrèler  longtemps,  car  si 
Ton  comprend  que  les  boissons  aqueuses,  prises  en  très 
grande  abondance,  soient  capables  de  débiliter  l'organismiQ 
au  point  de  produire  l'impuissance,  on  conçoit  difiicilement 
les  motifs  qui  pourraient  amener  de  tels  excès;  le  temps  de 
l'inquisition  et  des  pénitences  exemplaires  est  bien  loin  de 
nous,  et  ce  serait  poursuivre  un  fantôme  que  de  rechercher 
l'anaphrodisie  par  abus  de  l'eau  introduite,  bien  entendu, 
dans  les  voies  digestives. 

Mais  il  n'en  est  pas  de  même  pour  les  boissons  alcoo- 
liques, au  nombre  desquelles  je  comprendrai  toutes  les 
boissons  fermentées  simples  ou  distillées,  parce  que  leur 
action  sur  le  goût  et  sur  les  facultés  inlellectuelles  sollicite 
l'homme  à  en  faire  un  usage  trop  souvent  abusif. 

L'alcool  introduit  dans  l'estomac  agit  d'abord  d'une  ma- 


â60  mPOIMANCB   G0N8ÉCUTIVB 

nîère  irritante  sur  la  muqueuse  de  ce  viscèrei  et  secondai- 
rement d'une  manière  excitante  sur  le  système  ner?eux  encé- 
phalique ;  en  conséquence  et  eu  égards  aux  sympathies  que 
j'ai  déjà  signalées  comme  reliant  entre  eux  le  certeau» 
instrument  de  la  vie  morale,  Torgane  digestif  et  le  sens 
génital,  on  doit  comprendre  la  double  influence  exercée  sur 
celui-ci  par  les  excès  de  boissons  alcooliques. 

«  Ceux  qui  boivent  beaucoup  de  vin,  mesmement  tout 
»  pur,  dit  Plutarque,  sont  lâches  à  l'acte  de  la  génération,  et 
»  ne  sèment  rien  qui  vaille,  ni  qui  soit  de  bonne  trempe  pour 
»  bien  engendrer  ;  ains  sont  leurs  conjonctions  avecque  les 
D  Temmes,  vaines  et  imparfaites  (1).  »  Cette  observation 
est  bien  plus  vraie  que  celle  de  Pline,  qui  prétend  que  le 
vin  rend  gentil  compagnon  à  Vendroii  des  dames.  L'en- 
quête ordonnée  i  Londres  en  1720,  sur  les  causes  de 
la  diminution  considérable  que  Ton  avait  constatée  dans 
le  nombre  des  naissances  et  de  laquelle  il  résulta  que 
l'ivrognerie  en  était  la  cause  principale,  vient  a  l'appui 
deTopinion  de  Plutarque,  alors  même  que  la  science  ne  lui 
donnerait  pas  entièrement  raison. 

Et  en  eiïet,  les  excitations  successives  et  souvent  répétées 
que  laissent  après  eux  les  excès  alcooliques  (2),  finissent  par 
émousser  la  sensibilité  générale,  de  telle  sorte  que  le  sens 
génital  se  perd  tout  h  la  fois  par  l'abolition  des  désirs  et  par 
Tanéantissement  de  Torgane  sensitif  lui-même,  li'ivrogne 
de  profession  n'a  plus  de  goût  que  pour  son  vice,  et  le  pen- 
chant qui  l'entraîne  le  pousse  a  une  brutalité  dont  la  source 
n'est  ni  dans  son  cœur  ni  dans  son  imagination^  ces  deux 
foyers  du  sens  génésiaquo. 

(I)  Traduclion  d'Amyot. 

.1)  Voyez  Ch.  Rœ»cb,   De  l'abw  des  boissons  syiriiueusrs,    Paris, 
4S39,  page  72. 


A    UN    ETAT    PATUOGÉNIQUK.  361 

Quelle  que  soit  la  boisson  rermenlée  dont  Tivrogne  fasse 
abus,  que  Talcool  soit  à  l'état  de  presque  pureté,  comme 
dans  reau-de*vie  et  le  trois-six  ;  qu'il  soit  mélangé  à  des 
substances  plus  ou  moins  astringentes,  comme  dans  le  vin; 
qu'il  soit  mêlé,  au  contraire,  à  des  substances  débilitantes, 
comme  dans  la  bière,  les  résultats  définitifs  sont  les  mêmes. 
La  physionomie  des  ivrognes  peut  différer,  ainsi  que  le  mon- 
trent les  buveurs  de  vin  et  de  bière,  mais  les  conséquences, 
sous  le  rapport  qui  nous  occupe,  sont  parfaitement  iden- 
tiques :  tous  perdent,  avec  le  sentiment  de  leur  dignité,  le 
stimulant  moral  qui  pousse  un  sexe  vers  Tautre,  et  en  même 
temps  la  sensibilité  physique  sans  laquelle  nos  organes 
restent  sourds  aux  impressions  extérieures. 

Deux  indications  se  présentent  donc  h  la  thérapeutique 
de  l'impuissance  par  excès  de  boissons  alcooliques:  1*  rap- 
peler les  désirs  mis  en  fuite  ;  S""  ranimer  la  sensibilité  locale 
engourdie. 

Il  est  bien  évident  qu'avant  d'entreprendre  la  médication 
spéciale  au  sens  génital,  il  faut  que  le  malade  ait  renoncé  à 
ses  habitudes  de  buveur,  et  qu'un  traitement  approprié  et 
que  je  n'ai  pas  mission  d'exposer  ici  ait  heureusement  com- 
battu les  accidents  généraux  que  l'ivrognerie  détermine, 
tels  que  paralysie,  démence,  amaigrissement,  cachexie,  etc. 

Quelquefois  le  retour  à  la  sobriété  et  le  traitement  des 
accidents  généraux  suflisent  pour  ramener  l'exercice  normal 
des  facultés  génitales;  ce  résultat  s'obtient  surtout  chez  les 
malades  dont  l'intempérance  n'a  pas  eu  une  longue  durée, 
et  dont  la  transformation  s'est  opérée  au  milieu  de  l'air  pur 
et  vivifiant  de  la  campagne. 

Cependant,  malgré  ces  conditions  favorables,  l'impuis- 
sance survit  quelquefois  à  toutes  les  autres  conséquences  de 
l'ivrognerie,  et  il  est  alors  nécessaire  de  réveiller,  comme 


S62  Ulf  UiMAWft  ONHftGpilU 

çhei  les  bavears  de  profeuioD ,  les  ièmn  féBériepw  il  la 
force  virile  eogoardis. 

Pour  remplir  la  première  ïDdicatioo,  oa  recMirra  av 
eicitaols  moraoi  dont  j'ai  déjà  parlé  pliisiettrs  Ibb».  et  Tm 
observera  dans  leur  mise  eo  pratique  les  coDdiljiMia.qH:Ji'*î 
indiquées  comme  indispeosabias  k  leur  succès  (i)»  . 

Quant  1  rinertie  de  Torgane  génital  luiHnèTOi  ilbiitt 
pour  la  pouvoir  combattre  heureusement,  se  rendre  oooipte 
des  modifications  pathologiques  qui  l'ont  prodoite.  S'il 
m'était  permis  de  détourner  un  mot  de  sa  aJgnificalMHi 
précise,  je  dirais  que»  dans  le  cas  dont  il  s'agit«  raflectîoo  est 
une  phlegmoiie  nerveuie  chronique  détenninée^ 'comme 
beaucoup  de  phlegmasies  chroniques,  par  npe  succeision 
plus  ou  moins  rapide  de  stimulations. 

Par  conséquent,  toute  nouvelle  stimulation,  quelle  que 
soit  sa  nature,  est  formellement  co.ntre- indiquée. 

Mais  si  l'on  réfléchit  que  les  stimulations  alcooliques  se 
sont  presque  exclusivement  fait  sentir  dans  les  centres  ner* 
veux,  et  surtout  au  cerveau,  et  que  TafTaiblissement  des 
extrémités  a  pu  être  amené  par  la  privation  de  l'influx  ner- 
veux, dont  le  centre  faisait  une  dépense  trop  grande  par 
suite  des  stimulations  dont  il  était  le  siège,  on  comprendra 
qu'il  ne  faut  tenir  dans  une  proscription  absolue  que  les 
excitotcurs  généraux. 

Et  en  cflct  lo  strychnine,  la  brucine,  la  noix  vomique,etc. , 
n'ont  aucune  action  dans  les  circonstances  qui  nous  occu- 
|ient,  quand  elles  n'aggravent  pas  les  accidents  qu'il  s'agit 
de  combattre. 

liCs  excitateurs  locaux,  tels  que  l'électricité  et  l'acupunc- 
ture, ont  une  action  plus  certaine  que  les  excitateurs  géné- 

(4)  Voyex  la  page  357. 


A   UN   ÉTAT   PATBQ6ÉICIQDE.  S6S 

rauiy  mais  il  ne  faudrait  pas  croire  qu'ils  réussisseot  d'uoia 
manière  constante;  je  les  ai  ?us  échouer  assez  souvent. 

La  médication  qui  a  paru  me  donner  les  résultats  les  plus 
satisfaisants  est  la  médication  par  le  calorique»  appliquée 
localement,  soit  sous  forme  de  bains,  soit  sous  forme  de 
fumigations  simples  ou  aromatiques.  Pour  obtenir  ce  dernier 
effet,  le  malade  est  assis  sur  une  chaise  percée,  au-dessus 
d'un  réchaud  contenant  quelques  charbons  enflammés  sv^ 
lesquels  on  verse  la  poudre  des  aromates  dont  on  veut  faire 
usage.  Ce  mode  d'excitation,  dont  j'ai  déjà  parlé  ailleurs  (1)^ 
doit  être  rappelé  toutes  les  fois  que  l'occasion  s'en  présente, 
car  il  rend  d'éminents  services  dans  le  traitement  de  diverses 
formes  d'impuissance. 

Quelle  que  soit  la  médication  que  l'on  ait  appelé  à  SOB 
aide,  et  quelque  assurée  que  paraisse  ltt<  guérison  obtenue, 
on  ne  devra  jamais  oublier  que  de  tous  les  accidents  produits 
par  l'ivrognerie,  l'alTaiblissement  génital  est  peut-être  celui 
dont  la  récidive  est  la  plus  constante  au  moindre  retour 
vers  la  vicieuse  habitude.  J'ai  donné  des  soins  à  un  somme- 
lier de  restaurant  qui,  à  cliaque  excès  de  liqueurs  alcoo- 
liques qu'il  commettait,  perdait  toute  énergie  virile,  et  qui 
ne  la  recouvrait  qu'avec  la  sobriété  et  après  une  ou  deux 
fumigations  aromatiques.  Je  le  répète  donc,  la  guérison 
n'est  durable  qu'au  prix  de  la  tempérance,  et  le  médecin 
ménager  de  son  honneur  ne  s'exposera  pas  aux  chances 
d'une  médication  presque  à  coup  sûr  inutile,  si  le  malade^ 
en  réclamant  ses  soins,  ne  fait  qu'un  serment  (Tivrogne. 

D.  Abus  de  Vorffan$  inteUetUul. 

a  On  a  observé,  dit  de  Ligoac,  que  les  mariages  dm 

(4)  Voyez  la  page  209. 


|W  - 


M&  iHNMâilGB  comitiitivi 

fjtûtr  de  lettres  • -étaieDt  pai  ceux  qoi  rapportaient  le  plus  è 
l*£tat  :  «  J'ai  Iq  dans  une  fable  ioeonniie  aux  aoriens,  a  dit 
Dafresny,  qo'ApolloD  s'étaot  marié  an  jonr,  rHippocrèoe 
tarit  le  lendemaio.  Uo  géuie  marié  est  on  géoie  stérile.  En 
effet ,  continue  Doflresnj,  les  productions  de  l'homme  sont 
bornées;  il  Tant  opter,  de  laisser  à  It  postérité  ou  des  on- 
f  rages  d'esprit  ou  des  enrants  (i).  »  (//muiemeiilff  térieu» 
€t  comiqveSf  amosem.  iV). 

La  Table  imaginée  par  Dufresny  con6rme  l'allégorie 
iim  anciens,  qui,  pour  exprimer  l'étoignement  des  lettrés 
pour  les  plaisirs  de  l'amour,  ont  représenté  oMnme  f ierges 
Apollon  et  les  neuf  Muses,  ses  scsurs. 

La  Fontaine,  fort  compétent  en  ces  sortes  de  OMtières, 
dit  que  : 

Uo  maleUar»  I  ce  Jee,  vaot  trois  rois. 

L'observation  médicale  est  ici  entièrement  conforme  a 
Popinion  des  poètes ,  et  s*il  est  vrai  que  les  travaux  de  l'in- 
telligence, poursuivis  dans  une  mesure  raisonnable  et  au 
milieu  d'heureuses  conditions  hygiéniques,  soient  pour  l'or- 
gane cérébral  un  bienfaisant  stimulus  dont  l'inOuence  se 
fait  sentir  jusqu'aux  dernières  ramifications  du  système  ner- 
veux, il  n'est  pas  moins  certain  que  les  excès  dans  les  tra- 
vaux du  l'esprit  amènent,  en  dehors  d'une  foule  d'actions 
qui  peuvent  plus  ou  moins  retentir  sur  le  sens  génital,  une 
débilité  nerveuse  générale,  a  laquelle  les  fonctions  généra* 
trices  ne  sauraient  se  soustraire. 

Parmi  les  causes  qui  président  aux  maladies  des  gens  de 
lettres,  Tissot  en  mentionne  deux  principales  qui  doivent 
également  m'arrèter  un  instant  ;  ce  sont  :  1*  la  contention 
de  l'esprit;  2^  Tinaction  du  corps. 

(4)  De  Vkimme  et  âê  la  femme,  etc.,  t.  II,  p.  47. 


A    UN    ÉTAT    PATDOGÈNIQUB.  565 

La  contention  d'esprit  a  deux  modes  d'action  parfaite- 
ment distincts,  et  s'adresse  tantôt  h  la  partie  morale  et 
tastât  à  la  partie  physique  du  sens  génital. 

Dans  le  premier  cas,  la  contention  d'esprit  a  pour  ré- 
sultat de  détourner  Timagination  du  but  que  Tamour  se 
propose,  comme  dans  Texemple  suivant  cité  par  l'auteur  de 
l'article  Impuissance  du  Dictionnaire  des  sciences  tnédù 
cales  :  a  Peyrilhe  rapportait  dans  ses  cours  l'observation 
suivante  :  Un  mathématicien,  profondément  occupé  de 
certains  problèmes  qu'il  ne  pouvait  résoudre,  s^oubliiit  . 
près  de  son  épouse  chaque  fois  qu'il  allait  partager  ses  feux 
avec  elle,  c'est-à-Jire  que  son  imagination  le  reportant  suur 
ses  problèmes  pendant  l'acte ,  il  lui  était  alors  impossible 
d'éjaculcr.  Sa  femme  vint  consulter  ce  médecin  habile  qui 
lui  conseilla  de  produire  chez  son  mari  une  ivresse  joyeuse, 
et  de  saisir  ce  moment  comme  étant  le  plus  propre  à  rece- 
voir ses.  caresses.  L'avis  de  M.  Peyrilhe,  rigoureusement 
observé,  vint  combler  l'espoir  des  deux  époux  ;  en  un  mot, 
le  mari,  arraché  a  ses  profondes  méditations,  rentra  dans 
tousses  droits.  »  (Maur,  thèse^  Paris,  1805«) 

Quoique  l'auteur  de  cette  observation  soit  d'une  sobriété 
de  détails  désespérante,  on  ne  saurait  admettre  que  l'impos* 
sibilité  de  l'éjaculation  dont  il  parle  fût  analogue  à  cet  état 
que  j'ai  appelé  aspermatisme;  il  est  h  croire,  au  contraire^ 
qu'elle  était  due  1  la  flaccidité  de  la  verge,  qui  se  prodai- 
sait  au  moment  où  l'imagination  cessait  de  présider  1 
l'acte  copulateur.  Cet  eflet  est  très  commun,  et  il  est 
peu  d'hommes  qui  ne  l'aient  éprouvé,  quel  que  fût  le 
motif  qui  détournilit  l'esprit  de  l'opération  amoureuse  près 
d'être  entreprise.  L'impuissance  qui  en  résulte,  quoiqM 
très  réelle ,  est  essentiellement  passagère ,  et  l'imagi- 
nation ,  ramenée  sur  le  théâtre  de  l'amour,  peut  ioconti- 


BMt  fBprottdre  808  droits  6t  birc  oublier  son  nofliieiit  a  lb« 


liais  les  choses  ne  se  ptsseot  pas  tOQJoors  ainsi)  A  ¥m 
préoeecpelioBs  intelleetiielicis  peuvent  à  ce  point  absorber 
l'euprit  que  riniagtnation  soit  sans  images  et  le  conseostis 
saosdésirs.Newton  elW.  PiU  nonnirent  vierges;  Karit  bais- 
sait les  femmes  ;  Bacon  remarque  qn'oocon  grand  boAmé 
de  rantiqnîté  ne  fut  très  adonné  aux  plaisirs  seinels  ;  dt  lëtf 
nctens,  cachant  les  ptos  grandes  Térités  sons  les  plus  mgt- 
iienses  allégories,  avaient  donné  à  Minenre,  la  déesse  de  la 
science,  le  snmom  de  iemme  sans  tnaméUet^  et  ils  la  ga* 
mnlissaient  des  traits  de  TAmoar  avec  la  tête  de  Méduse. 

Cette  influence  de  la  contention  d>sprit  sur  tel  désirs 
vénériens  est  connue  de  tout  le  monde,  et  beaucoup 
d'hommes,  au  milieu  des  circonstances  de  toutes  sortes  qui, 
dans  les  grandes  villes  surtout,  les  sollicitent  i  la  débauche, 
ne  doivent  faire  honneur  de  leur  continence  qu'aux  préoc- 
eopalions  fiévreuses  qui  remplissent  leur  existence. 

Au  point  de  vue  purement  physique ,  les  eicès  de  tra- 
vaux intellectuels  exercent  sur  l'organisme  une  action  débi- 
litante constatée  par  tout  le  monde  !  «  Le  travail  du  cabinet, 
dk  Rousseau,  rend  les  hommes  délicats,  aiïaiblit  leur  tem- 
pérament, et  rime  garde  difficilement  sa  vigueur  quand  le 
corps  a  perdu  la  sienne.  L'étude  use  la  machine,  épuise 
las  esprits,  détruit  les  forces,  énerve  le  courage,  rend  pu- 
sillanime, incapable  de  résister  également  h  la  peine  et  aux 
passions  (!)•  »  Ramaxxini  n*est  pas  moins  explicite  : 
«L'union  de  l'âme  et  du  corps,  dit-il,  est  telle  qu'ils  parta- 
gent réciproquement  le  bien  et  le  mal  qui  leur  arrive  ;  l'es- 
prit est  incapable  de  s'occuper  quand  le  corps  est  fatigué 

(4)  Frê^ltm^dê  Bfuuiiw,  Mvrss diverses,  1. 1,  p.  471. 


A    m    ÉTAT    PATHOGÉNIQUE.  367 

par  les  exercices  excessifs,  et  une  applicotion  trop  soutenue 
à  Pétu^e  détruit  le  corps  en  dissipant  les  esprits  animaux 
qui  sont  nécessaires  k  sa  réparation  (1).  y>  Tissot,  si  com- 
pétent en  pareille  matière,  explique,  comme  il  suit,  l'action 
du  travail  intellectuel  sur  le  dépérissement  de  l'organisme  : 
aPour  comprendre,  dit-il,  ces  influences  du  travail  de  l'es- 
prit sur  la  santé  du  corps,  il  suffit  de  se  rappeler  :  l""  un  fait 
qoe  j'ai  déjà  indiqué,  et  que  le  sentiment  apprend  à  toute 
personne  qui  pense  et  qui  s'observe  penser,  c'est  que  le 
cenreau  est  occupé  pendant  que  l'on  pense;  S""  que  toute 
partie  du  corps  qui  est  occupée  se  fatigue,  et  que  si  le  tra- 
vail dure  trop   longtemps,  ses   fonctions   se   dérangent; 
8*  que  tous  les  nerfs  partent  du  cerveau,  et  de  cette  partie 
précisément  du  cerveau  qui  est  l'organe  de  la  pensée  et 
qu'on  appelle  le  sensorium  commune;  &*"  que  les  nerfs  sont 
l'une  des  parties  principales  de  la  machine  humaine,  qu'il 
n'y  a  aucune  fonction  à  laquelle  ils  ne  soient  nécessaires,  et 
que,  dès  que  leur  action  est  dérangée,  toute  l'économie 
animale  s'en  ressent. 

»  D'après  ces  principes  simples,  chacun  sentira  que  quand 
le  cerveau  est  épuisé  par  l'action  de  l'&me,  il  faut  nécessai- 
rement que  les  nerfs  souffrent  et  que  leur  dérangement 
entraîne  celui  de  la  santé,  et  détruise  enfin  le  tempéra- 
ment sans  qu'aucune  autre  cause  étrangère  y  ait  part  (2).» 

Il  est  donc  incontestable  que  sous  Tinfluence  des  excès 
du  travail  intellectuel,  outre  l'éloignement  des  désirs  véné- 
riens, la  force  virile  s'aiïuiblit  elle-même,  et  cela  en  vertu 
de  la  loi  physiologique  générale  si  bien  indiquée  par  Tissot. 

Mats,  outre  ces  deux  caractères  qui  sont  communs  à 

(4]  Opéra  omnia,  p.  648. 

(8)  De  la  santé  des  gens  de  lettres.  Nouvelle  édition  augmeotée  de 
notes,  par  P.-G.  Boisseau.  Paris,  4  826,  page  24. 


S68  IKHIlMANCt  GORitCOriTI 

plusieurs  autres  espèces  d*aoaphroiiisie,  Timpuissancii  dci 
hommes  de  cabinet  s*accompagnet  pour  le  moral,  d'oM 
hjpochondrie,el,pourlepb;sique,d'aGcidenUducdtédasj»« 
tème  génito-urinaire,  auiquels  ne  sont  peut-être  pu  étran- 
gères l'inaction  et  la  position  assise  que  les  oufriers  de  la 
pensée  gardent  trop  longtemps. 

LMnaclion  amène ,  en  eflet,  des  troubles  dans  les  diges« 
tiens  qui  réagissent  sympatbiquement  sur  Torgane  cérébral; 
et  la  position  assise  livre  aui  congestions  sanguines  les  or- 
ganes contenus  dans  le  bassin,  par  suite  de  Tobatade  matériel 
qu^cile  oppose  à  la  libre  circulation  dans  les  parties  mférieurea 
et  du  repos  lui-même  de  cette  partie  ;  aussi  a-t-on  toujours 
mis  au  nombre  des  maladies  des  lettrés,  la  gastrite  et  la 
gastralgie,  rhvpocbondrie,  la  gravelle,  le  calcul  vésical, 
les  engorgements  de  la  prostate,  etc.,  etc.,  aiïections qui 
ont  toutes,  comme  on  le  sait,  une  influence  Acheuse  sur 
réncrgie  virile. 

Au  moment  où  j'écris  ces  lignes,  je  donne  mes  soins  i  un 
jeune  homme  de  Bruxelles,  ftgé  de  vingt-sept  ans,  d'un 
tempérament  bilioso-sanguin,  dont  Timpuissance  s'acoom- 
paghe  d'accès  assez  fréquents  de  gastralgie,  d'une  bypo- 
chondrie  prorondo  poussée  jusqu'à  des  idées  de  mort,  et  de 
douleurssourdesda  cété  du  col  vésical  suivies  assez  fréquem* 
ment  d'une  perte  blanche  que  le  molade  confond  arec  des 
pertes  séminales,  et  qui  n'est  que  le  résultat  d'une  sécré- 
tion plus  abondante  de  la  prostate.  Ce  jeune  homme  a 
quitté,  il  y  a  dix-huit  mois,  le  service  militaire  pour  se 
livrer  k  des  éludes  métaphysiques;  comme  il  obéissait, 
m'a-t-il  dit,  k  une  vocation  irrésistible,  il  a  sacrifié,  avec 
toute  l'ardeur  d'un  néophyte  désireux  d'apprendre,  sa  vie 
active  et  son  sommeil  réparateur  à  la  lecture  des  ouvrages 
de  Leibnitz,  Descartes,  Malebranche,  Spinosa,  etc.,  etc. 


A    UN    ÉTAT    PATHOGÊNIQtE.  369 

Après  six  mois  d'un  changement  aussi  radical  dans  les  ha- 
bitudes et  le  mode  d'existence,  des  douleurs  vagues  d'abord, 
mais  ensuite  plus  prononcées,  se  firent  sentir  du  côté  de  la 
prostate,  et  leur  plus  grande  acuité,  qui  correspondait  tou- 
jours à  une  augmentation  des  excès  du  travail  intellectuel, 
était  tout  h  la  fois  le  signal  d'une  sécrétion  plus  abon- 
dante de  mucus  prostatique,  et  d'une  impossibilité  d'érec- 
tion, malgré  Taiguillon  de  désirs  vénériens  très  réels. 
Bientôt  des  accidents  nerveux  apparurent  du  côlé  de  l'es- 
tomac et  furent  promptcment  suivis  d'un  amaigrissement 
général,  d'une  teinte  terreuse  de  la  peau  et  d'un  change* 
ment  complet  dans  le  caractère  gai  et  les  idées  riantes  du 
malade. 

Fidèle  au  précepte  de  Tissot  et  ù  celui  de  tous  les  au- 
teurs qui  ont  écrit  sur  la  santé  des  gens  de  lettres  ,  j*arra» 
chai  le  malheureux  à  ses  livres  et  à  ses  philosophes  favoris^ 
j'exigeai  le  retour  h  la  vie  active  d'autrefois,  j'imposai  les 
exercices  corporels  en  plein  air  et  surtout  h  la  campagne,  et 
je  prescrivis  un  régime  analeptique  secondé  par  l'eau  de 
Spa.  Sous  l'influence  de  cette  simple  hygiène,  une  saison 
d'été  suffit  au  malade  pour  renaître  au  monde,  a  ses  espé- 
rances et  à  ses  plaisirs  ;  malheureusement  l'hiver,  en  le 
chassant  de  la  campagne,  l'a  ramené  à  Paris,  où  il  a  retrouvé 
ses  livres,  qu'il  a  cru  pouvoir  reprendre  sans  crainte  d*une 
rechute;  mais  cette  confiance  ne  s'est  point  justifiée,  et  dans 
le  courant  de  mars,  c'est-à-dire  trois  mois  après  la  reprise 
de  ses  études,  le  malade  vint  de  nouveau  réclamer  mes  soins 
et  m'accusa  les  mêmes  accidents  que  ci-dessus,  mais  à  un 
degré  moindre. 

Avant  de  me  venir  voir,  et  sur  le  conseil  d'un  confrère, 
il  avait  essayé  de  faire  usage  du  citrate  de  fer,  et  avait  éprouvé 
de  l'emploi  de  ce  médicament  une  aggravation  dans  l'état 

24 


570  IVOIMAIICI  MMlidOTlft 

oerfeui  da  canal  alimentaire.  Le  bismnth  et  lea  opiaeli 
firent  raison  de  cette  sarexcitation,  et  lea  mojena  hygié- 
■iqaes  précédemment  employés  paraissent  josqn'è  présent 
dtfoir  produire  des  résultats  aussi  benreu  qne  la  pi»* 
mière  fois. 

A  défaut  de  cette  obsenration,  Teipérience  et  la  raiaoB 
commandent  de  n'entreprendre  aucune  médication»  si  au 
préalable  on  n'a  enle? é  le  malade  à  ses  livres,  à  ses  médi- 
tations, en  on  mot  k  la  cause  même  de  son  mal.  Cette  con- 
dition indispensable  est,  il  en  faut  convenir,  la  pins  dilBdlodo 
toutes  à  réaliser.  Tissot,  dont  le  témoignage  eat  d*un  grand 
poids  en  pareille  matière;  ne  cacbe  pas  ses  craintes  à  cet 
égard  :  «  La  première  difficulté,  dit-il,  qu'on  a  à  vaincre  avec 
les  gens  de  lettres,  quand  il  s'agit  de  leur  santé,  c'est  de  les 
faire  convenir  de  leurs  torts  ;  ils  sont  comme  les  amants  qui 
s'emportent  quand  on  ose  leur  dire  que  l'objet  de  leur  pas- 
sion a  des  défauts  ;  d'ailleurs,  ils  ont  presque  tous  cette  es- 
pèce de  fuite  dans  les  idées  que  donne  l'élude,  et  qui, 
augmentée  par  cette  bonne  opinion  de  soi-même,  dont  la 
science  enivre  trop  souvent  ceux  qui  la  possèdent,  fait  qu'il 
n'est  point  aisé  de  leur  persuader  que  leur  conduite  leur  est 
nuisible  :  avertissez,  raisonnez,  priez,  grondez,  c'est  sou- 
vent peine  perdue,  ils  se  font  illusion  k  eui-mèmes  de  mille 
façons  diiïérentes  :  l'un  compte  sur  la  vigueur  de  son  tem- 
pérament, l'autre  sur  lo  force  de  l'habitude  ;  celui-ci  espère 
échapper  i  la  punition,  parce  qu'il  n'a  pas  encore  été  puni  ; 
celui-li  s'autorise  d'exemples  étrangers  qui  ne  prouvent 
rien  pour  lui  ;  tous  opposent  au  médecin  une  obstination 
qu'ils  prennent  pour  une  fermeté  dont  ils  s'opplaudissent, 
et  dont  ils  deviennent  les  victimes  ;  bien  loin  de  redouter  le 
danger  i  venir,  ils  ne  veulent  quelquefois  pas  même  sentir 
le  mal  présent,  on  plutét,  le  plus  grand  des  maux  pour 


A    UN    ÉTAT    PATHOGÉNK^DB.  374 

eux;  c'est  la  privation  du  Irovail,  ils  ne  comptent  pour  rien 
\e%  autres  moyennont  qu'ils  se  soustroient  è  celui-là  (1);  >. 

Lorsque  lo  raison  a  triomphé  de  cette  obstinotion  A- 
cheose  et  aplani  cette  première  difficulté,  il  suflit,  dans  la 
mojorité  des  cas,  de  suivre  la  conduite  que  j'ai  tenue  dans 
l'observation  citée  plus  haut;  les  forces  se  rétablissetit  k 
mesure  que  les  digestions  deviennent  meilleures,  et  l'éner- 
gie physique  s'accroît  de  tout  ce  que  ne  dépense  plus  Télé- 
ment  moral. 

Cependant  il  est  des  circonstonces  où  la  nature  seule  ne 
suffit  pas  à  cette  réparation,  et  qui  nécessitent  l'intervention 
de  Flirt.  Alors  les  ferrugineux,  quand  ils  sont  supportés, 
et  le  quinquina  sont  deux  spécifiques  dont  on  peut  attendre 
merreille,  surtout  si  Ton  o  soin  de  les  associei;  aux  béins 
froids,  et,  quand  rien  ne  s'y  oppose,  aux  excitants,  tels  que 
la  cannelle,  le  girofle,  le  galangu,  etc.,  etc. 

Quelquefois,  mais  plus  rarement  encore,  il  faut  agir  sur 
les  centres  nerveux  eux-mêmes,  soit  par  des  médicaments 
internes,  comme  la  noix  vomique  ;  soit  par  des  moyens 
externes,  comme  l'électricité. 

Mais,  je  le  répète,  la  médication  par  excellence,  celle 
dont  on  doit  attendre  le  plus  de  succès,  est  le  repos  de 
l'esprit,  l'exercice  corporel  en  plein  air,  un  régime  ana- 
leptique, tonique,  fortifiant  et  quelquefois  excitant. 

E.  Abus  de  i appareil  géniial. 

Le  sens  génital,  comme  tous  les  appareils  de  l'économie 
animale,  est  appelé  à  remplir  une  mission,  h  laquelle,  sauf 

(4)  JLm.  cil,,  t^.  4  36. 


.9. 


37S  IMI*l)ia6ARCI  GOMiÉCOTlVI 

quelques  cas  eiceplionnels ,  noat  ne  pooTOos  ooas  sous- 
traire. C'est  en  vain  que  rhomme  essaie  de  se  révolter 
contre  Tempire  de  cette  loi  ;  la  nature,  plus  Torte,  brise  la 
résistance  de  sa  volonté,  ou  lui  impose  des  maoi  inBnis 
comme  châtiment  de  sa  désobéissance.  Buflbn  raconte  les 
souffrances  d'un  curé  de  la  Réolc,  victime  de  la  chasteté,  et 
dont  rhisloire  trop  connue  ne  saurait  ici  trouver  place. 

Dans  rintérèt  de  Tharmonie  physiologique,  qui  n'est  pas 
autre  chose  que  Téncrgie  relative  de  toutes  les  fonctions, 
la  nature  a  établi  pour  chacune  d'elles  un  type  nonnal, 
différent,  il  est  vrai,  selon  les  individualités,  mais  basé  sur 
l'ensemble  de  toutes  les  fonctions,  et  en  deçà  et  an  del|  du- 
quel apparaît  lé  désordre,  la  maladie. 

La  fonction  génitale  ne  fait  pas  exception  k  cette  ri^le 
immuable,  et  son  abstention  ou  son  exercice  immodéré, 
que  l'on  dé<ii<«ne  sous  les  noms  de  continence  et  d'inconti- 
nence, entraînent  à  leurs  suites  des  désordres  nombreux, 
dont  je  ne  dois  ici  considérer  que  ceux  dont  l'action  né- 
faste s'exerce  sur  In  puissance  virile. 

lo  Excès  de  continence.  —  Les  excès  de  continence,  et 
même  la  continence  absolue,  n'ont  pas  chez  tous  les  hommes 
la  même  influence  sur  le  sens  vénérien  :  chez  les  uns, 
cette  continence  irrite  les  désirs,  tandis  qu'elle  les  abat 
chez  les  autres.  C'est  niïaire  de  tempérament  et  de  consti- 
tution. Chez  les  individus  d'un  tempérament  énergique, 
chez  ceux  dont  l'imagination  a  des  élans  irrésistibles,  les 
désirs  vénériens  ont  une  puissance  étrange  qui  s'alimente  de 
rêves  incessants  dans  le  silence  de  la  solitude,  et  qui  trouve, 
dans  les  combats  mêmes  que  la  raison  livre  k  la  folle  du  logis, 
comme  dit  Montaigne,  des  excitants  nouveaux  à  l'œuvre  de 
la  chair.  L'histoire  de  toutes  les  religions  nous  montre  de 
ces  martyrs  de  leur  foi  ^  et ,  dans  l'Iliade  chrétienne,  saint 


A    UN    ÉTAT    PATUOGEMOUE.  373 

Jérôme  est  resté  comme  le  type  des  tristes  victimes  de  la 
continence  et  de  la  chosteté. 

Cependant  les  constitutions  les  plus  vigoureuses  ne  sont 
pas  toujours  une  garantie  contre  les  atteintes  anaphrodi- 
siaques  de  la  continence  ;  Galien  avait  déjà  remarqué  que 
les  chanteurs  et  les  athlètes,  qui,  de  son  temps,  se  vouaient 
i  la  chasteté  pour  conserver  leurs  forces,  avaient  les  parties 
génitales  exilia  et  rugosa  comme  les  vieillards.  «  Un  de 
mes  amis,  dit-il,  étant  venu  me  consulter  h  l'occasion  d'un 
priapisme,  suite  d'une  continence  prolongée,  s'étonna  de 
ce  qu'un  athlète  se  trouvait  placé,  par  la  même  cause,  dans 
une  circonstance  tout  opposée.  Miror^  inquit^  quod  huic 
(athletam  indicans)  ob  continentiam  rugosus^  coltapstisque 
pénis  evaserit  :  mihi  vero  ex  quo  continentiam  servare 
studuij  evenerit  contrarium.  Galien  ajoute  que  ceux,  au 
contraire,  qui,  dans  leur  jeunesse,  s'étaient  abandonnés  sans 
réserve  aux  jouissances  de  l'amour,  avaient  les  parties  gé- 
nitales extrêmement  développées  (1).  » 

Le  médecin  de  Pergame  ne  fait  qu'affirmer  une  loi  phy- 
siologique dont  la  vérité  n'est  contestée  par  personne,  el 
qui  fixe  l'intime  corrélation  existant  entre  le  développement 
d'un  organe  et  l'exercice  de  sa  fonction.  Celte  loi,  dont  un 
exemple  frappant  est  le  défaut  de  symétrie  parfaite  entre  les 
deux  parties  latérales  du  corps  par  suite  du  plus  grand 
usage  d'un  côté  que  de  l'autre,  peut  se  traduire  de  la  ma- 
nière suivante  :  Plus  un  organe  ou  un  appareil  d'organes 
fonctionne,  plus  il  possède  une  nutrition  active,  et  plus,  par 
Gooséquent,  il  s'accroit  en  volume  et  en  énergie;  vi^ 
versdf  moins  un  organe  ou  un  appareil  d'organes  fonctionne, 
et  moins  il  jouit  d'une  nutrition  abondante,  et  plus,  par 

{V.  DicUmuuiirê  </^«  tcienre*  médictiln,  art.  CiAtreri. 


S7&  IMPCIStARCI    COMÉGiniVi 

conséqueDt,  il  e<t  f  «posé  au  dépérissement  et  à  Tatrophie. 

Si  lette  loi  physiologique  n*est  pas  un  mensonge,  on 
comprend  que  Ton  en  pui<se  faire  Tapplication  à  Tappareil 
S(énîtal,  et  que,  ihez  1rs  inditidus  dont  l^imaginalion  para- 
Ijsée  n*é%eille  pas  le  feu  sacré  des  désirs  dont  la  présence 
supplée ,  jusqu'à  un  certain  point,  Teiercice  de  la  fonc- 
tion en  entretenant  dans  les  organes  Tetcilation  et  la  liCi 
oo  comprend,  dis-je,  que  rhei  ces  individus  lèches  de  corps 
et  d'esprit,  r.ip(uireil  pénitaL  par  suite  du  repos  forcé  au- 
quel il  est  condamné,  éprouve  une  sorte  d*arrèt  de  déve- 
loppement,  et  reste ,  comme  cbez  les  enfants ,  k  Tétat  em- 
bryonnaire. 

J'ai  raconté  ailleurs  •  1)  un  eiemple  de  petitesse  eitrème 
de  la  ter^c,  à  laquelle  je  parvins  cependant  à  donner  on 
volume  convenable  par  le  seuiciercicc  de  la  fonction  copu- 
latrice,  grâce  à  la  persistance  chez  le  roala<ie  des  désirs  vé- 
nériens.  Mais  cette  circonstance  lieuroiist>  no  se  rencontre  pas 
toujours,  et  il  est  assez  ordinaire  que  dans  rcs|}ècc  d*im« 
puissance  qui  m'occupe,  on  ait  à  réveiller  tout  à  la  fois 
l'activité  géné>ique  du  moral  et  la  force  annihilée  de  Tor- 
gane  copulatcur. 

Je  ne  reviendrai  pas  ici  sur  les  movens  d*e\citation  mo* 
raie  que  j'ai  longuement  exposés  dans  un  autre  chapitre  de 
cet  ouvrage;  mais  je  ferai  remarquer  que  si  la  continence 
est  le  résultat,  non  de  la  volonté,  mais  de  Tapathie  du 
tempérament,  il  faudra  d«;  toute  nécessité  recourir,  en 
même  temps,  a  une  méilication  fortitiante  dans  laquelle  le 
iér  et  le  quinquina  à  l'intérieur,  et  les  bains  froids  dans 
Tesu  courante ,  et  surtout  dans  la  nter,  occuperont  une 
Iff^e  place. 

Voyvi  la  paga  460. 


A    UN    ÉTAT    PATHOGtlflQOB.  375 

Quant  à  la  médication  locale,  à  celle  qui  aura  plus  spé* 
cialement  pour  objet  de  relever  les  forces  viriles  aiïaiblies, 
je  n'en  sais  pas  de  meilleure  que  Texercice  même  de  la 
fonction. 

Cependant,  pour  arriver  i  la  possibilité  de  cet  exercice, 
k  la  réalisation  du  premier  coït,  on  se  trouvera  bien  de  re- 
courir à  l'intérieur  et  en  frictions,  concurremment  avec  la 
médication  générale  par  les  ferrugineux  et  les  toniques,  aux 
agents  que  les  anciens  désignaient  plus  spécialement  sous  le 
nom  d'aphrodisiaques  :  le  phosphore,  l'acide  formique, 
l'aristoloche,  l'armoise,  la  garance,  la  myrrhe,  la  rue,  la 
Sabine,  le  safran,  etc.;  on  pourra,  dans  quelques  circon- 
stances, mettre  k  proBt  la  stimulation  que  quelques  agents 
exercent  sur  les  organes  urinaires,  tels  que  les  cantharides, 
les  acétates  de  chaux,  de  potasse  et  de  soude,  l'alkékenge, 
le  câprier,  la  racine  de  fenouil,  etc.,  etc. 

Mais  il  ne  faut  pas  se  faire  illusion  et  placer  trop  d'espé- 
rances sur  une  médication  dont  les  effets  sont  souvent  dou- 
teux et  toujours  lents  à  se  produire  ^  car  chez  les  natures 
apathiques,  qu'on  ne  Toublie  pas,  la  continence  prolongée 
a  souvent  déterminé  un  arrêt  de  développement  de  l'appareil 
génital,  auquel  il  n'est  pas  toujours  facile  de  remédier,  sur- 
tout quand  l'imagination  du  malade  ne  seconde  pas  la  médi- 
cation ou  que  le  sujet  a  atteint  déjà  un  certain  êge. 

2®  Excès  dUncontinence,  Excès  vénériens.  —  Les  excès 
vénériens  sont  de  toutes  les  causes  physiques  d'anaphro- 
disic  la  plus  fréquente,  sinon  la  plus  terrible.  L'impuissance 
qu'ils  déterminent  n'est  quelquefois  que  passagère,  mais 
dans  quelques  autres  circonstances  au  contraire,  elle  per- 
siste plus  ou  moins  longtemps,  et  peut  même  devenir  défi- 
nitive si  les  organes  testiculaires  sont  épuisés  et  flétris. 

Je  vais  examiner  les  conditions  diverses  de  chacun  de  ces 


376  IMPOIftiAKCi   COII8ÊC0TITE 

éUts  ;  mais  il  me  parait  utile^  avant  d'entrer  en  matière»  de 
%ider  une  question,  h  laquelle  les  gens  du  monde  et  beaa- 
coup  de  médecins  attachent  un  certain  intérêt  :  je  veui 
parler  de  la  diriercncc  des  résultats  amenés  par  les  eicès  de 
coït  et  par  les  excès  de  masturbation. 

S'il  en  fallait  croire  à  peu  près  tous  les  auteurs  qui  ont 
écrit  sur  Tonanisme,  les  excès  de  ce  vice  aéraient  beaucoup 
plus  funestes  que  les  excès  de  coït  ;  les  raisons  qu^ils  fout 
valoir  on  faveur  de  celte  opinion  ne  me  parabseot  ni  réelles 
ui  fondôes,  et  l'on  peut  même  dire  que,  toutes  cbosea 
égales  d  ailleurs,  la  copulation  détermine  une  excitation 
générale,  un  ébranlement  dans  tout  le  système  nefveui  que 
la  masturbation  ne  saurait  produire  dans  le  silence  de  ion 
isolement. 

Il  est  incontestable  quo  Ton  rencontre  un  plus  grand 
nombre  de  \irlimes  de  roiianisme  que  du  coït,  mais  cette 
dintTonce  en  fa^ellr  do  la  masturbation  tient  a  plusieurs 
causes  : 

l*"  Parce  que  la  masturbation  est  le  plus  fréquemment 
exercée  à  un  A^c  où  les  or<;anes  «génitaux  n*ont  |)oint  encore 
acquis  leur  développement  complet ,  et  que,  par  consé- 
quent, ils  liront  à  opposer  n  la  fatigue  qu'on  Inur  impose 
qu'une  très  faible  force  de  résistance;  tandis  que  le  coït  est 
ordinaiiement  rapana<;e  de  l'Iiomine  arrivé,  sinon  à  une 
évolution  parfaite,  du  moins  à  un  degré  suflisant  d'énergie^ 

2*  Parce  (|ue  les  excès  d'onanisme  sont  plus  facilement  exé- 
cutables que  les  e\rcs  du  coït,  en  ce  que  pour  les  premiers 
une  volonté  seule  suflit,  alors  que  jiour  les  seconds  il  faut 
l'accord  de  deux  volontés  et  la  réunion  de  certaines  cir- 
constances dont  le  masliirhateur  parvient  facilement  »  s'af- 
franchir ;  ainsi,  le  mastnrbateur  n'a  pas  toujours  besoin  de 
la  solitude  pour  satisfaire  ses  vicieux  penchants  ;  r»n  en  a  ui 


A    IN    ÉTAT    PATUOGÈNiQUE.  577 

qui  contentaient  leurs  habitudes  sous  les  yeux  de  leurs 
maîtres  ou  de  leurs  parents,  soit  en  croisant  leurs  jambes 
et  en  balançant  leurs  corps,  soit  avec  la  main  placée  dans  la 
poche  de  leur  pantalon,  soit  en  frottant  Torgane  voluptueux 
contre  un  coussin,  un  meuble,  etc.,  etc.  ;  le  coït,  au  con- 
traire, exigeant  l'isolement  le  plus  absolu,  a  bien  moins  que 
Tonanisme  d'occasions  de  se  satisfaire,  sans  parler  de  l'ac- 
cord parfait  qui  doit  exister  entre  l'homme  et  la  femme. 

C'est  surtout  à  ces  deux  circonstances,  et  non  h  une  dif*  | 
férencc  d'action  du  coït  et  de  la  masturbation ,  qu'il  faut  ■ 
rapporter  les  résultats  notés  par  les  auteurs;  pour  moi,  je 
suis  parfaitement  convaincu  qu'au  milieu  de  conditions  | 
égales,  les  excès  d'onanisme  et  les  excès  de  copulation  amè-  \ 
nent  des  effets  identiques,  soit  sur  l'économie  tout  entière,  l 
soit  seulement  sur  l'appareil  de  la  génération. 

D'ailleurs,  plus  qu'en  toute  autre  occurrence,  l'apprécia- 
tion de  ces  efTets  ne  peut  être  établie  d'une  manière  absolue, 
et  telle  incontinence  qui  sera  excès  pour  Tun,  sera  pour 
l'autre  le  simple  exercice  de  la  fonction.  Les  tempéraments, 
réiat  de  santé  ou  de  maladie  et  les  passions  jouent  ici  un 
très  grand  rôle,  et  sollicitent  toute  Tallention  du  médecin. 

Je  me  suis  déjà  sufTisamment  expliqué  ailleurs  (1)  sur  la 
valeur  de  chacune  de  ces  circonstances,  pour  qu'il  soit  inu- 
tile d'y  revenir  ici. 

En  cette  place,  je  dois  admettre  que  l'acte  vénérien  a  été 
accompli  d'une  manière  abusive,  c'est-è-dire  en  dehors  des 
limites  posées  h  l'individu  ou  par  les  forces  de  son  orga- 
nisme, ou  par  l'existence  d'une  maladie,  ou  par  l'état  de  son 
Ame,  etc. ,  et  que  ces  excès  ont  amené  l'impuissance. 

L'impuissance  produite  par  une  pareille  cause  est  rare- 
ment indépendante  de  tout  autre  phénomène  morbirfe  : 

(1)  Voyez  les  pages  139  el  suivantes. 


S78  IWUIftAlICI   GOmtCOTIfB 

taotAt  elle  est  liée  k  on  anaiblisieiDeQi  général  de  Vi 
nie,  et  tantôt  elle  est  accompognée  de  lésions  anatoniqMa 
locales  dont  elle  paraît  n'être  qu*ane  conséqoence* 

La  première,  presque  toujours  passagère,  est  rareomit 
au-dessus  des  ressources  de  Tart;  la  seconde,  au  contraire, 
résiste  davantage  aui  moyens  thérapeutiques,  et  peut  mêoM, 
dans  quelques  cas,  les  déGer  complètement. 

Je  vais  eiaroiner  k  part  ces  deui  formes  d*anaphrodisie, 
car  leur  distinction,  au  point  de  vue  du  traitement,  est  de 
la  plus  haute  importance. 

a.  Impuissance  par  excès  vénériens  sans  lésûms  onolo- 
mtftfei  locales.  —  Il  ne  peut  être  question  ici,  on  le  com- 
prend, de  cette  impuissance  qui  suit  une  ou  plosieors  nnits 
de  débaudie  ;  Timpossibilité  du  coït  n'est  point  alors  bm 
maladie  qui  réclame  les  secours  de  la  médecine  ;  c'est  pour 
le  physique  une  fatigue  que  le  repos  fait  disparottre,  et  pour 
le  moral  une  satiété  que  la  continence  dissipe;  la  sécrétion 
spermatique,  h  Tége  surtout  où  elle  est  le  plus  active,  a 
bientôt  réparé  les  pertes  nuxquelles  ces  eicès  ont  con- 
damné Torganisme,  et  Tindiudu  ne  tarde  pas  k  rentrer  dans 
toute  la  plénitude  de  ses  droitii. 

Cependant  ce  retour  à  la  vie  sexuelle  se  fait  quelquefois 
vainement  attendre,  et  le  malheureui  dont  Tespoir  est  déçu 
tombe  alors  dans  un  découragement  qui  peut  k  lui  seul 
amener  Timpuissance. 

Dans  ces  cas,  moins  rares  qu^on  ne  croit,  l'impossibilité 
du  coït  ne  se  trahit  par  aucun  autre  symptôme  que  par  la 
non-érection  de  la  verge  :  les  désirs  n*oiit  pas  fui,  et  l'éma- 
ciation  et  le  dépérissement  dont  je  parlerai  tout  k  l'heure 
n*eiistent  pas.  Le  médecin  n'a  pour  éclairer  sa  religion  que 
les  seuls  aveux  du  malade*  dont  la  véracité  d'ordinaire  ne 
saurait  être  mise  en  doute. 


A    UN    ÉTAT    PATHOGÈNIQUB.  379 

Cet  état,  par  lui-même,  n'a  aucune  gravité,  et  disparaît 
assez  facilement  par  le  repos  de  l'organe  et  l'emploi  de 
quelques  moyens  excitateurs  chez  les  malades  dont  l'esprit 
est  resté  inaccessible  à  la  crainte  ;  mais  il  peut  se  prolonger 
plus  ou  moins  longtemps  chez  ceux  dont  le  moral  est  trou* 
blé  par  les  appréhensions  d'une  impuissance  complète. 

Plus  qu'en  toute  autre  circonstance,  les  gens  du  monde 
dont  la  verge  entre  difficilement  en  érection  après  des  excès 
vénériens,  s'abandonnent  à  des  terreurs  imaginaires  et  se 
croient  atteints  de  toutes  les  infirmités  dont  quelques  au- 
teurs, et  Tissot  entre  autres,  leur  ont  fait  un  si  lugubre 
tableau.  Le  médecin  ne  doit  point  partager  de  semblables 
appréhensions,  il  les  doit  attaquer  en  face  et  les  combattre 
avec  toute  l'autorité  que  lui  donne  la  science.  S*il  caresse 
les  terreurs  de  son  malade,  celui-ci,  soyez-en  convaincu,  se 
croira  bientôt  la  victime  de  toutes  sortes  de  fléaux  ;  son  ima- 
gination troublée  lui  Fera  voir  des  flocons  blanchâtres  dans 
ses  urines  ;  elle  lui  fera  prendre  pour  une  perte  séminale  le 
mucus  prostatique  qui  vient  humecter  le  méat  urinaire  sous 
l'empire  d'une  excitation  amoureuse;  elle  lui  créera  mille 
fantômes  plus  absurdes  les  uns  que  les  autres  et  qu'il  est 
quelquefois  très  difficile  de  dissiper.  Je  me  rappelle  un  de 
ces  malheureux  qui  se  croyait  atteint  d'un  sarcocèle,  parce 
que,  me  disait-il,  les  abus  qu'il  avait  faits  de  ses  organes 
génitaux  avaient  amené  dans  les  testicules,  par  suite  du  tra- 
vail forcé  de  la  sécrétion  spermatique,  une  inflammation 
chronique  qui  avait  bien  pu  dégénérer  en  cancer. 

Il  faut  en  pareille  occurrence,  je  le  répète,  que  le  méde- 
cin ne  s'abandonne  è  aucune  faiblesse,  à  aucune  condescen- 
dance; il  ne  doit  point,  comme  dans  quelques  occasions  que 
j*ai  eu  soin  de  spécifier,  user  de  ruse;  la  ruse  est  ici  fu- 
neste, parce  qu'elle  fortifie  la  croyance  du  malade  en  des 


ff 


380  IMHJI88A1ICI   COMttCUriYB 

lésioiM  profondes  et  presque  inaccessibles  au  reisonites 
de  l'art. 

D'ailleurs,  quand  son  eiïroi  ne  lui  a  pas  créé  des  images 
trop  sombreji,  le  malade  ne  tarde  pas  k  revenir  de  son  er- 
reur, et  la  conGance  la  plus  entière  rentre  en  son  âme  au 
plus  petit  retour  de  la  force  virile. 
'  Pour  obtenir  ce  résultat,  la  première  condition  est  de 
soustraire  le  sens  génital  aui  excitations  amoureuses  ;  tout 
ce  qui  peut  éveiller  les  désirs  vénériens,  moralement  ou 
physiquement,  sera  éloigné,  et  Ton  respectera  avec  un  soin 
égal  la  quiétude  de  Tâme  et  le  repos  des  organes. 

Concurremment  avec  ce  calme  général,  et  comme  pour 
forcer  la  nature  à  en  sortir  elle-même  sans  le  secours 
d'excilants  venus  du  dehors,  une  nourriture  fortiBante,  ana- 
leptique, sera  employée,  et  Ton  se  trouvera  bien  de  l'usage 
des  gelées  de  viamie  ou  de  voloillcs  nromalisées  avec  des 
épices,  du  chocolat  à  la  vanille,  du  sagou,  du  salep  assai- 
sonnés avec  le  vin,  la  cannelle,  la  muscade,  les  clous  de 
girofle,  clc,  des  rôties  au  sucre  ou  au  vin,  etc.,  etc.  Des 
promenades  à  la  campagne,  surtout  à  cheval  ou  en  voiture, 
compléteront  cette  hygiène,  qui  suflit,  dans  la  mojorilédes 
cas,  pour  rendre  au  malade  toute  sa  vigueur  première. 

Cependant,  si  ces  moyens  étaient  insuffisants,  et  qu'il 
fallût  recourir  à  une  médication  plus  active,  on  commence- 
rait par  odministrer,  en  guise  de  tisane,  une  décoction  de 
bois  de  quinquina,  a  la  dose  d'un  verre  par  jour,  pris  en 
deux  ou  trois  fois. 

Enfin,  s'il  était  nécessaire  d'agir  d'une  monière  plus 
énergique  encore,  on  pourrait  a\oir  recours  i  l'ocide  for- 
miquc,  au  phosphore  et  mémo  aux  canlharides,  soit  k  l'in- 
térieur, soit  en  frictions  sur  le  périnée  et  In  base  de  la 
verge.  Mais,  je  le  répète,  cette  impuissance  sans  altération 


A    UN    ÉTAT    PATUOGÉNIQDB.  381 

générale,  «ans  lésions  anatomiques,  et  produite  seulement 
par  quelques  excès  vénériens,  est  essentiellement  passagère 
et  réclame  rarement  une  médication  active. 

Il  n'en  est  pas  ainsi  de  celle  qui,  découlant  de  la  même 
source,  s'accompagne  du  dépérissement  de  Torganisme 
et  semble  être  une  conséquence  fatale  de  l'anéantissement 
qui  frappe  toutes  les  fonctions  ;  c'est  qu'en  effet  l'impuis- 
sance, dans  ce  cas,  est  autant  le  résultat  de  l'alTaiblissement 
général  que  de  la  fatigue  des  organes  génitaux,  et  l'on  peut 
dire  que  si  son  point  de  départ  est  dans  les  excès  véné- 
riens, elle  est  entretenue  et  singulièrement  aggravée  par 
l'état  déplorable  de  l'économie  tout  entière. 

Par  suite  de  l'insuffisance  de  nutrition  dépendant,  soit 
d'un  état  morbide  de  l'estomac  ou  des  vaisseaux  absor- 
bants, soit  d'un  alanguissement  de  la  force  vitale  elle-même, 
le  sang  s'appauvrit,  et  dans  beaucoup  de  circonstances  tous 
les  phénomènes  de  la  chlorose  se  montrent;  ceux  dont  le 
système  nerveux  est  le  siège  offrent  parfois  une  acuité  et  une 
persistance  qui  font  le  désespoir  du  malade,  et  il  en  doit 
être  nécessairement  ainsi,  puisque  le  coït,  dont  les  excès 
sont  la  cause  première  de  tous  ces  désordres,  porte  sur  ce 
système  une  action  profonde  et  en  quelque  sorte  spéciale. 

Mais  cette  action,  ainsi  que  celle  de  l'appauvrissement 
général,  se  limitent  assez  souvent  aux  fonctions  organiques 
du  système  nerveux,  et  laissent  dans  leur  intégrité  les  fa- 
cultés intellectuelles  et  affectives.  Aussi  n'est-il  pas  rare  de 
voir  persister  les  attributs  de  l'esprit  chez  ceux-là  même 
qu'une  trop  fréquente  satisfaction  des  désirs  vénériens  a 
conduits  au  marasme  et  h  l'impuissance. 

D'autres  fois,  les  facultés  intellectuelles  et  affectives  ont 
été  entraînées  dans  le  naufrage  des  fonctions  organiques,  et 
seuls  les  désirs  erotiques  surnagent  au  milieu  des  débris 


8N  imititAfici  co!ittc8nirB 

moncelés  autour  d'eux.  La  position  da  malhooretit  iiiai 
frappé  est  biiarre  :  la  mémoire  est  toujoors  plos  oo  moÎM 
profondément  altérée  ;  Tème,  châtrée  de  tout  sentiment, 
languit  dans  rindiiïérence,  et  Torgane  seinel,  atteint  dans 
sa  force,  ne  peut  plus  réagir  contre  les  excitations  qnt  le 
abIKcttent;  aussi,  dans  cette  absence  des  plus  neUea  attri» 
bnts  de  Thomme,  les  désirs  vénériens  ont  qoelqne  dioae 
da  bestial  qui,  s'ils  pouvaient  être  contentés,  ravaleraient 
aetni  qui  les  manifeste  au  niveau  de  la  broie  k  l'époque 
do  rot.  L'irritabilité  dans  laquelle  se  troove  le  système  ner- 
veux aiguillonne  ces  désira  et  change  en  véritable  torture 
rimpossibiiité  de  les  satisfaire.  J'ai  vu  plosienrs  da  ees 
malheureux  condamnés  k  fuir  le  monde,  k  s'éloigner  da  la 
société  des  femmes  el  k  rechercher  une  solitude  où  ils  pas- 
sent tout  k  leur  aise  maudire  leur  fatale  destinée.  L'un 
d'eux,  entre  autres,  qui  m'aurait  convaincu,  si  je  n'avais 
eu  déjà  cette  certitude,  de  rexistcnce  de  l'hystérie  rhei 
l'homme,  portait  des  regards  de  convoitise  5ur  toutes  les 
femmes,  laides  ou  jolies,  qu'il  rencontrait,  et  il  lui  était 
impossible  de  fixer  dans  ses  souvenirs  l'image  de  l'une 
d'elles.  J'allai  avec  lui  au\  Tuileries  un  jour  où  la  mode 
fait  de  ce  jardin  public  un  lieu  de  réunion  pour  les  femmes 
élégantes  de  Paris,  et,  pendant  une  heure  ù  peu  près  que 
nous  y  restâmes,  il  éprouva  des  désirs  constamment  nou- 
veaux :  il  lui  semblait  toujours  \oir  pour  la  première  fois 
las  persoimes  devant  lesquelles  nous  avions  passé  k  plusieurs 
reprises  et  sur  lesquelles  j'avais  attiré  son  attention  dès 
notre  entrée  dans  le  jardin.  L'émolion  ne  se  prolongeait 
jamais  au  delà  de  la  sensation;  l'impression  produite  par  une 
fcmme  s'eiïaçait  presque  instantanément  par  la  vue  d'one 
autre  femme,  et  sa  mémoire  perdait  le  souvenir  de  celle-ci 
i  la  rencontre  d'une  nouvelle.  Cette  mobilité  d'impraaaioat 


A    UN    ÉTAT    PATHOGtNIQOB.  388 

faisait  le  désespoir  du  malade  et  le  força  enfin  à  se  retirer 
à  une  campagne  qu'il  possédait  dans  le  déparlement  de 
l'Oise,  et  dont  la  solitude,  en  lui  permettant  l'observation 
rigoureuse  d'un  traitement,  le  rendit  bientôt  au  monde  de 
Paris,  auquel  rattachaient  sa  fortune  et  sa  position  sociale. 

Dans  d'autres  circonstances  enfin,  les  désirs  vénériens 
ont  subi  la  destinée  de  la  force  virile,  et  comme  elle  se  sont 
noyés  dans  les  excès  de  la  luxure  et  du  coït.  L'homme  n'est 
plus  alors  que  l'ombre  de  lui-même  ;  automate  animé  par 
un  reste  de  vitalité,  il  n'ouvre  ni  son  esprit,  ni  son  àme,  ni 
ses  sens  à  ce  que  la  nature  a  de  plus  sympathique,  à  ce  que 
la  femme  a  de  plus  séduisant.  C'est  à  lui  que  peuvent  s'ap- 
pliquer, sans  parabole,  ces  paroles  de  TËcriture  :  Oculoê 
habet  et  non  vidity  aures  habet  et  non  andiit,  etc. 

Quels  que  soient  les  phénomènes  qui,  du  côté  du 
moral,  accompagnent  les  actions  vitales  résultant  d'excès 
vénériens,  la  première  et  la  plus  importante  indication  à 
remplir  est  la  réparation  des  pertes  éprouvées  par  l'éco- 
nomie; ce  résultat  n'est  pas  toujours  facile  h  atteindre^ 
surtout  au  début  de  la  médication,  parce  que  l'excessive 
irritabilité  de  Testomac  ne  permet  pas  de  recourir  à  une 
alimentation  franchement  analeptique.  Il  faut  ordinairement 
commencer  par  un  régime  lacté  et  n'arriver  que  progres- 
sivement à  une  nourriture  tout  h  la  fois  plus  substantielle 
et  plus  excitante. 

Tissot  recommande  de  faire  prendre  au  malade  du  lait 
froid  coupé  avec  l'eau  de  Spa  :  '<  Un  grand  avantage,  dit-il, 
des  eaux  de  Spa  et  du  quinquina,  c'est  que  leur  usage  fait 
passer  le  lait.  M.  de  la  Mettrie  nous  a  conservé  une  belle 
observation  de  M.  Boerhaave.  Ce  duc  aimable^  je  traduis 
mot  à  mot,  s'était  mis  hors  du  mariage  ^  je  l'ai  remis 
dedans  par  Vxksage  des  eaux  de  Spa  avec  le  lait.  {AfM^ 


S8&  JMMIMAIICK  GOmACUflVI 

Mis  iUe  dua>  $e  poiueral  eœtra  matrimonhÊMs  ego  iUiÊm 
repatui  intra  (I  ).  »  (Supplément  à  l'ouvrage  du  PéMof^^ 
rh.  I,  !;▼.  XXXV.) 

C'est  dans  les  circonstances  qui  nous  occupent  que  les 
anciens  auteurs  recommandaient  de  faire  coucher  le  malade 
avec  une  personne  saine  et  à  vitalité  eiubérante,  et  de  le 
nourrir  avec  du  lait  de  femme.  J'ai,  dans  un  autre  cha- 
pitre (2)«  suffisamment  fait  ressortir  l'inanité  de  ce  premier 
mojren,  et  le  danger  et  l'immoralité  do  second,  pour  qu'il 
soit  inutile  d'y  revenir  ici. 

La  médecine,  grâce  au  ciel  !  poMède  asses  de  ressources 
pour  ne  pas  regretter  de  semblables  cipédients,  et  elle  a, 
dans  le  quinquina,  les  toniques  et  les  ferrugineui»  des  armes 
puissantes,  si  elle  sait  les  manier  avec  prudence  et  avec 
fermeté.  «  Un  homme,  dit  do  Lignac,  s'était  tellement 
épuisé  a\ec  une  courtisane,  qu'il  était  incapable  d'aucun 
acte  de  virilité;  son  estomac  était  aussi  extrêmement  affai- 
bli, et  le  manque  de  nutrition  et  de  sommeil  l'avait  réduit 
à  une  grande  maigreur.  Voici  la  méthode  qu'employa 
M.  Tissot  pour  procéder  h  la  curation  de  cette  impuis- 
sance: A  six  heures  du  matin,  le  malade  prenait  six  onces 
(180  grammes)  de  décoction  de  quinquina,  à  laquelle  on 
ajoutait  une  cuillerée  de  vin  de  Cunaric;  une  heure  aprèis, 
il  prenait  dix  onces  de  lait  de  chèvre  qu'on  v«:nait  Je  tirer, 
auquel  on  ajoutait  un  peu  de  sucre  et  une  once  d'eau  de 
fleur  d'oranger.  Il  dhiait  d'un  poulet  râti,  froid,  de  pain  et 
d'un  verre  d'excellent  vin  de  Bourgogne  avec  autant  d'eau. 
A  six  heures  du  soir,  il  prenait  une  seconde  dose  de  quin- 
quina; à  six  heures  et  demie,  il  enirait  dons  un  bain  froid, 
dans  lequel  il  restait  dix  minutes,  et  au  sortir  duquel  il  en- 

(4)  ùnaniême,  art.  111,  sect.  x,  p.  fOS,  Y  édii.  Ljuzanne,  4765. 
(t)  Voyez  la  page  955 . 


A    UN    ÉTAT    PATIIOGÊNIQUE.  385 

trait  dans  son  lit.  A  huit  heures,  il  reprenait  la  même  quan- 
tité de  lait;  il  se  levait  depuis  neuf  heures  jusqu'à  dix.  Tel 
fut  Teffet  de  ces  remèdes,  dit  M.  Tissot,  qu'au  bout  de 
hait  jours,  il  me  cria  avec  beaucoup  de  joie,  quand  j'entrai 
dans  sa  chambre,  qu'il  avait  recouvré  le  signe  extérieur  de 
la  virilité^  pour  me  servir  de  l'expression  de  M.  deBuiïon. 
Aq  bout  d'un  mois,  il  avait  presque  entièrement  repris  ses 
anciennes  forces  (1).  » 

Grftce  aux  progrès  que  la  chimie  a  fait  faire  a  la  phar- 
macie, la  médecine  dispose  aujourd'hui  de  préparations  fer- 
rugineuses facilement  supportables  et  qui  sont  bien  plus 
singulièrement  actives  que  le  quinquina  ou  le  vin  de  Ca- 
narie.  Cependant  je  me  suis  toujours  loué  d'avoir  commencé 
la  médication  en  mettant  pendant  quinze  jours  le  malade  à 
la  décoction  de  quinquina  et  au  mélange  du  lait  froid  et  de 
l'eau  de  Spa.  Cette  dernière  peut  sans  inconvénient  être 
remplacée  par  tout  autre  eau  ferrugineuse,  comme  celle 
de  Forges  ou  de  Passy,  par  exemple. 

Mais  dès  que  l'estomac  peut  supporter  des  préparations 
de  fer  plus  actrves,  il  faut  se  hâter  de  les  faire  prendre  au 
malade;  les  pilules  de  Yallet,  celles  de  Blaud  et  te  lactate 
de  fer  de  Gelis  et  Conté  m'ont,  dans  de  semblables  circon- 
stances, rendu  des  services  qui  me  les  font  considérer 
comme  indispensables  dans  la  thérapeutique  des  affections 
que  j'examine. 

L'alimentation,  tout  à  la  fois  nourrissante  et  légèrement 
excitante,  facilitée  par  un  exercice  modéré  et  pris  à  la  cam- 
pagne, devra  seconder  l'action  du  quinquina  et  du  fer. 

Ces  moyens,  joints  à  la  privation  totale  des  plaisirs  vé- 
nériens ,  suffisent ,  dans  la  majorité  des  cas,  pour  réparer 


(I)  De  Vhomme  et  de  la  femme^  etc.,  t.  I,  p.  306. 

25 


J 


M6  ivoiMâMi  Gomtcmfi 

l«t  déiordret  généraoi  et  locau  prodctti  par  les  eieèt  4e 
Tamour.  Mais  rimpoissauoe  est  de  tons  les  accideiits  le  der- 
nier 4  disparaître  ;  coinine  dans  révolotton  ph jsîologiqQe,  le 
seos  génital  n'entre  en  eserdce  qu'après  raoqnisitiee  d'une 
soifisante  énergie  par  toates  les  antres  parties  de  Técoiie- 
mie.  Les  bains  froids  de  rivière  et  sortent  4e  mer,  les  la- 
liens  froides  snr  les  lombest  le  périnée  et  l'appereil  génital, 
hâteront  singulièrement  le  réveil  de  celtti-d  ;  qnelqnelbist 
nMÎs  bien  rarement,  qoand  la  réparation  générale  a  été  snf- 
iaante,  il  est  nécessaire  de  recourir  k  des  eidtanls  lecani 
pins  énergiques  :  les  frictions  sèches  on  aroroatiqnes,  le 
masMge,  et«  au  besoin,  la  flagellation,  pourront  rendre 
quelques  services;  plus  rarement  encore,  on  aura  recours 
aut  cantharides,  dont  l'action  sur  la  tessie  serait  ki  plus 
nuisible  qu'utile. 

Les  agents  ou  moyens  e&citateurs  ne  seront  mis  en  usage 
qu'avec  la  plus  grande  circonspection  ;  ils  ne  seraient  pas 
sans  une  iiillucnce  fâcheuse  sur  un  système  qui  a  été  le 
tliéàtre  de  désordres  quelquefois  très  graves. 

Quant  à  Ia  médication  morale  ncitante,  qu'il  faut  appeler 
à  son  aide  quand  le  retour  des  désirs  vénériens  se  lait  trop 
longtemps  attendre,  je  l'ai  suffisamment  eiposée  dans  plu- 
lîeurs  parties  <le  cet  ouvrage,  pour  quil  soit  fastidieux  d'y 
revenir  ici. 

6.  Impuissance  par  excès  vénériens  avec  lésions  onalo- 
miquês  locales.  —  Je  n'ai  point  à  décrire  toutes  les  lésions 
«natomiques  qu'impriment  à  ra|»pareil  génital  les  excès  véné- 
riens  ;  parmi  ces  lésions,  les  unes  n'ont  aucune  influence  sur 
l^énergie  virile,  et  les  autres  aflectentplutét  la  fécondité  que 
le  puissance,  et  n'agissent  que  secondairement  sur  cette  der- 
nière, après  avoir  altéré  les  fonctions  des  testicules,  comme, 
|ar  exemple,  le  cancer  de  ces  orgaues  ou  le  varicocèle. 


A    LN    ÉTAT    PATUOGÉNIQUB.  â87 

Les  premières,  étrangères  ù  mon  sujeî,  ne  doivenl  point 
trouver  ici  de  place;  les  secondes,  naturellement  désignées 
pour  une  aulre  partie  de  cet  ouvrage,  entreront  dans  le 
cadre  de  la  stérilité,  car  leur  étude ,  enfermée  jdans  les  limites 
de  l'impuissance,  serait  nécessairement  incomplète  et  fe- 
rait en  même  temps  un  double  emploi. 

Cependant  je  m'arrêterai  à  une  lésion  qui,  si  elle  affecte 
généralement  la  faculté  reproductrice,  ne  laisse  jamais  intacte 
la  force  copulatrice  ;  c'est  la  lésion  des  vésicules  séminales 
et  des  canaux  éjaculateurs  qui  donne  naissance  aux  pertes 
séminales,  ou  spermatorrhée. 

L'exception,  que  je  fais  en  faveur  de  cette  maladie  en  la 
décrivant  ici,  se  justifie  par  ce  que  je  viens  de  dire  :  que  si, 
arrivée  à  un  certain  degré,  elle  est  une  cause  certaine 
d'impuissance,  elle  n'entraîne  pas  toujours  la  stérilité, 
comme  on  peut  s'en  convaincre  en  examinant  au  micros- 
cope, le  sperme  de  certains  tabescenis  qui  ne  présentent 
également  rien  d'anormal  du  c6té  des  glandes  spermatiques. 

Mais  alors  s'élève  une  autre  question  qui  appellera  ail- 
leurs toute  mon  attention,  et  que  je  ne  veux  qu'indiquer 
présentement,  afin  de  légitimer  tout  a  fait  la  place  que 
j'accorde  ici  à  la  spermatorrhée.  L'éjaculation  sperma- 
tique,  si  difficile  et  le  plus  souvent  impossible  chez  les  indi- 
vidusatteints  de  pertes  séminales,  constituant,  chez  l'homme, 
une  des  conditions  de  la  faculté  fécondante ,  il  semble  que 
son  absence  doive  être  une  cause  positive  de  stérilité.  Sans 
doute,  à  première  vue,  et  en  ne  jugeant  que  par  la  théorie, 
les  choses  paraissent  devoir  se  passer  ainsi  ;  mais  lorsqu'on 
se  rappelle  les  expériences  de  Spallanzani  et  que  l'on  veut 
consulter  les  archives  de  la  science,  on  reste  convaincu  que 
si  l'éjaculation  est  une  des  conditions  normales  de  la  faculté 
fécondante  chez  l'homme,  elle  n'en  est  point  une  condition 


A    UN    ÉTAT    PATHOGÉNIQUE.  389 

considérée  que  comme  une  cause  éloignée  et  plus  ou  moins 
certaine  d'impuissance;  dans  le  second  cas,  au  contraire, 
raiïectioQ  est  complètement  de  notre  domaine,  puisqu'elle 
est  suivie  de  l'abolition  d'une  ou  de  plusieurs  circonstances 
nécessaires  à  l'acte  copulateur. 

Ces  deux  états  se  rencontrent  en  eiïet,  et  il  existe  entre 
eux  un  tel  lien  de  parenté  que,  assez  généralement,  l'un  est 
amené  par  l'autre. 

J'appellerai  polliUioi\  la  perte  de  semence  qui  s'accom- 
pagne de  l'orgasme  vénérien;  et  je  réserverai  le  nom  de 
spermatorrhée  aux  pertes  séminales  qui  ne  sont  sollicitées 
par  aucun  désir  vénérien,  qui  ne  sont  pas  précédées  de 
l'érection  de  la  verge,  et  qui  ne  provoquent  aucune  sensa- 
tion voluptueuse. 

L'impuissance  ne  coexiste  pas  toujours  avec  la  pollution; 
elle  est  au  contraire  un  attribut  constant  de  la  spermatorrhée. 

Pollutions.  —  La  pollution,  que  je  vais  d'abord  examiner 
pour  revenir  tout  à  l'heure  h  la  spermatorrhée,  doit  néces- 
sairement,  pour  constituer  un  état  pathologique,  se  produire 
en  dehors  de  la  volonté  et  des  excitations  naturelles  du 
génésique. 

Eu  égard  u  cette  double  condition,  les  pollutions  ont  été 
distinguées  en  nocturnes  et  diurnes,  comme  s'il  était  pos- 
sible de  limiter  exactement  ce  qui  appartient  aux  excitants 
internes,  et  ce  qui  revient  aux  excitants  physiques. 

Je  m'explique. 

Pendant  le  sommeil  et  précédant  la  pollution  nocturne, 
il  se  produit,  tantAt  des  rêves  lascifs,  tantôt  des  tableaux 
hideux,  des  images  repoussantes,  tantôt  enGn  il  n'existe 
aucun  rêve,  il  ne  se  dessine  aucun  spectacle.  —  Du  côté 
du  corps,  la  choleur  du  lit,  la  position  horizontale,  et  sur- 
tout sur  le  dos,  qui  appelle  une  sorte  de  Quxiou  sur  Textré- 


A    UN    ÉTAT    PATHOGAnIQOE.  391 

8oit  des  conduits  éjacolateurs,  soit  même  du  col  de  la  vessie, 
à  ce  point  que  la  plus  légère  eiritation  détermine  inconti- 
nent la  sortie  du  sperme,  —  c'est  la  goutte  d'eau  qui  Tait 
déborder  le  vase,  —  mais  dans  ces  circonstances,  qui  tien- 
nent évidemment  à  un  état  morbide  local,  la  rapidité  de 
i'éjaculation  ne  saurait  constituer  une  pollution,  puisque 
j'ai  établi  que  cette  dernière  n*existait  qu'en  l'absence  de  la 
volonté . 

A  ceux  qui  nient  la  réalité  de  la  pollution  diurne,  il 
faut  répondre  par  des  faits.  Le  satyriasis  est  Texpression  la 
plus  haute  de  cet  état,  et  malgré  les  restrictions  que  j'ai  faites 
ailleurs  (1)  sur  cette  maladie,  on  me  permettra  de  citer 
l'exemple  suivant  :  <x  Un  jeune  homme  de  vingt  ans,  d'une 
complexion  primitivement  forte,  presque  athlétique,  mais 
affaibli  par  les  excès  dont  je  vais  donner  l'histoire,  s'était, 
depuis  Tàge  de  quinze  à  dix-huit  ans,  livré  à  cet  acte  des- 
tructeur dont  Tissot  a  si  bien  décrit  les  dangers..  Il  s'y  livrait 
de  préférence  dans  le  bain,  et  avait  quelquefois  porté  le 
nombre  des  pollutions  jusqu'à  quinze  dans  un  seul  jour. 
Des  excès  aussi  multipliés  afTaiblirent  sa  constitution,  por- 
tèrent atteinte  à  la  force  de  son  intelligence  et  du  trouble 
dans  sa  mémoire.  D'après  les  avis  de  quelques  personnes 
prudentes,  ce  jeune  homme  renonça  à  cette  funeste  habi- 
tude, et,  depuis  deux  ans,  il  vivait  dans  la  continence  la 
plus  exemplaire.  Sa  constitution  s'était  ralTermie  ;  la  mé- 
moire et  les  autres  facultés  mentales  avaient  repris  leur 
ancienne  vigueur.  Ses  parents,  qui  le  destinaient  au  com- 
merce, le  placèrent  chez  un  négociant  :  il  se  livrait  h  sea 
nouvelles  occupations  avec  tout  le  zèle  et  l'activité  que 
comportaient  et  son  Age  et  sa  constitution  robuste.  Chéri 

(4)  Voyez  la  page  260. 


80$  mrvMsjiHCK  coNKftntiTiVK 

de  ce  négociant  et  du  sa  f<-mtnc,  dont  il  n^ceToit  (ous  l« 
jours  if<-«  tètnoi!:nef;es  li'amiti^,  il  s'obaia  sur  \e  f;enrc 
4'«llKli«atrnt  <{ue  lu  reiiimc  avait  puur  lui,  et  s'ima^îiiu  dVii 
èlra  t«»ilreaictit  aimé^  de  mit  côté,  il  la  pajail  iJ'un  (etidrc 
ffCtoV.  FUvé  entre  la  crainte  de  violer  la  dooirs  de  h  rc- 
nmïnaicc,  ci  le  désir  de  posséder  celte  femme  i[ui  n'était 
cvpeodaot  ni  jeune  ni  jolie,  su  siluatiun  devint  de  jour  va 
jour  plus  pénible  et  plus  cmbarrassaiilc,  Quand  par  hasard 
elle  jct.iii  un  coup  d'œil  sur  lui,  il  entrait  en  érection  H  ne 
tarJaitpas  à  éjaeuler  ;  la  nuit,  il  ovuit  des  polluirons  Tré- 
qwntes,  etc.,  etc.  (1).  » 

J'ai  connu  un  ji-une  bumine  à  peu  prh  dans  la  poMlion 

de  celui  dont  on  vient  du  lire  l'histoire.  Après  dca  cic^ 

de  mnsturbaliun,  qui  avaient  cessé  depuis  assez  lon(;tenip5, 

,Ai-bwt  mois  environ,  ce  jeune  homme  devint  éperdument 

«Mnreax  d'one  demoiselle.  Toutes  les  Tois  <{u'il  se  Irou- 

mH  es  sa  présence  ou  que  ion  image  se  présentait  à  son 

4lfrit«  il  entrait  en  érection,  el  alors  le  moindre  contact 

|«r  II  férge  déterminait   l'éjaculalion.  11  était  obligé  de 

1er  immobile  pour  empfecher  le  rroiteraent  de  son  pan- 

ta  OD  de  sa  chemise  ;  il  lui  est  même  arrivé  d'avoir  sa 

le  séminale  en  loachaut  seulement  la  main  de  la  )ter- 

M  aimée. 

|l«e  cet  état  tienne  à  tine  surexcitation  de  tout  le  sys- 
i  nerveox  ou  simplement  des  organes  génitani,  il  le 
t  admettre  comme  l'eipressiou  d'nne  sitoalion  anormale 
a'est  certes  pas  l'impuissance,  mais  qui  peut  en  être 
rdéa  comme  une  cause  plus  ou  moins  prochaine  ou 
I  ou  moins  éloignée. 

•pendant,  il  est  à  remarquer  que  les  personnes  atteinles 
pollutions,  suit  nocturnes,  soit  diurnes,  perdent  une 
1]  Dktivutain  dn  ttknett  wMkaItt,  art.  Smatâm,  I'.'  L,  p.  SS. 


A    UN    ÉTAT    PATH06ÉNIQUB.  393 

partie  de  leur  empire  sur  le  sens  génital,  c'est-à-dire  que 
celui-ci  se  montre  plus  facilement  réfractaire  que  dans  l'état 
normal  aux  ordres  de  la  volonté  ;  on  dirait  que  l'organe 
générateur  tend  à  perdre  l'habitude  de  cette  obéissance  pour 
subir  rinfluence  d'excitateurs  anormaux.  Ce  commence- 
ment de  révolte  de  l'appareil  copulateur  contre  la  volonté 
passe  très  souvent  inaperçu,  ou  est  expliqué  et  justiGé  aux 
yeux  du  malade  par  les  pollutions  qui  le  fatiguent;  c'est 
une  nuance  dans  le  degré  de.  l'énergie  virile  dont  le  méde- 
cin doit  tenir  compte,  car  cet  état  est  toujours  l'indice  d'un 
mal  plus  grave,  et,  s'il  n'annonce  pas  constamment  la  sper- 
matorrhée,  il  promet  à  coup  sûr,  si  les  passions  se  perpé- 
tuent, un  affaiblissement  génital  plus  ou  moins  prochain. 

Il  y  a  donc  nécessité  de  combattre  les  pollutions,  non 
pas  tant  pour  le  dommage  dont  elles  chargent  le  présent 
que  pour  les  dangers  dont  elles  menacent  l'avenir. 

D'après  ce  que  j'ai  dit  jusqu'à  présent  des  pollutions  noc- 
turnes et  diurnes,  on  doit  admettre  qu'elles  sont  sous  la 
dépendance,  soit  d'une  surexcitation  nerveuse  générale  ou 
locale,  soit  d'une  irritation  phlegmasique  de  l'appareil 
séminal. 

La  médication,  on  le  comprend,  sauf  quelques  pré- 
ceptes généraux,  tels  qu'abstention  de  coït  et  d'onanisme, 
éloignement  de  tout  motif  d'excitation,  soit  morale,  soit 
physique,  etc.,  se  conformera  à  la  nature  propre  de  l'affec- 
tion. 

Dans  le  premier  cas,  les  opiacés,  les  antispasmodiques, 
surtout  le  camphre,  les  bains  chauds,  généraux  ou  lo- 
caux, etc.,  occuperont  une  place  importante.  Si  la  pauvneté 
du  sang  ou  le  délabrement  de  la  constitution  entretenaient 
la  susceptibilité  nerveuse,  on  aurait  recours,  outre  le  régime 
approprié,  aux  ferrugineux,  au  quinquina,  au  lupulin,  qui 


Ml  urmiAiics  coi 

joint,  selon  M.  Zambaco,  à  son  aclion  sédatifo  aor  laa  ot^ 

gaiias  géniUiQi,  uoe  aciioo  tooifianle  non  BMÎna  rtawr^ 

qiiable(l)« 

Dans  la  cas  d'irrilaiioa  phlcgmasiqua  locale,  on  fionl 
avec  avantage  recourir  ani  antipUogistiqaea  loeani,  anr^ 
tout  quand  Je  malade  accuse  de  la  pesantenr  an  |iérinée, 
one  sorte  de  cuisson  ou  de  gène  pendant  on  après  rènmsîoo 
de  Turine,  et  on  sentiment  de  chaleur  dana  la  portion 
prostatique  de  Turètre  aprèii  réjacnlation  spçrmatiqoe.  Si 
la  phlegmasie  était  à  ce  point  légère  qu'elle  ne  se  manifestât 
par  aucun  des  symptèmes  dont  je  viens  de  parleri  on  reti- 
rerait  un  plus  grand  avantage  du  bain  local  froid  qne  dMnd« 
d'applications  toniques  eitemes  que  de  la  eautériaation  de 
la  prostate. 

Mais,  jo  le  répète,  la  continence  morale  et  physique, 
secondée  par  une  hygiène  et  un  régime  convenables,  est  le 
moyen  le  plus  puissant  à  opposer  au\  pollutions,  qui,  dans 
la  majorité  des  cas,  ne  réclament  pas  les  secours  de  la  ma- 
tière médicale. 

Spermatorrhée.  —  Cette  aiïection  a  eu  le  sort  de  beau- 
coup d'autres,  qui,  après  avoir  été  admises  dès  la  plus  haute 
antiquité,  ont  été  révoquées  en  doute  et  même  niées  par 
ceux-là  même  qui  étaient  les  mieux  placés  pour  les  décrire. 
Hippocrate,  avec  cet  esprit  observateur  qui  a  fait  le  déses- 
poir de  tous  ceux  qui  l'ont  sui\i,  mentionne  les  sym- 
ptômes principaux  de  celte  maladie.  »  Elle  attaqut*,  dit-il, 
principalement  les  nouveaux  mariés  et  les  gens  adonnés  aux 
plaisirs  vénériens;  ils  sont  sans  lièvre,  ont  bon  appétit  et 
maigrissent.  Si  vous  les  interroges,  ils  répondent  que  des 
espèces  de  fourmis  leur  semblent  descendre  de  la  tète  le 
long  du  rachis;  après  la  miction  ou  la  défécation,  ils  ren* 

(I)  B^lleHn  d»  îhérapeuti^UÊ,  4S54.  t  XLVII,  p.  464. 


A   im  ÉTAT  PATBMillIQim.  396 

dent  do  sperme  abondant  et  aqueux  ;  iU  n'engendrent  paa, 
ils  ont  des  pollutions  nocturnes,  soit  qu'ils  couchent  ou  non 
avec  une  femme  (1).  »  Celse  n'est  pas  moins  explicite 
qu'Hippocrate  :  Est  etiam,  dit-il  à  son  tour,  eirca  naturalia 
viHum^  guod  sine  venere,  sine  nocturrUs  imaginibus  sic 
fertur^  ut,  irUerposito  spatio^  tabe  hominem  consumcU  (2)« 

Toute  la  symptomatologie  de  la  speraiatorrhée  est  con- 
tenue dans  la  phrase  d'Hippocrate  et  dans  celle  de  Celse,  et 
Ton  a  droit  de  s'étonner  qu'après  des  témoignages  si  expln 
cites  et  des  autorités  si  compétentes,  il  faille  arriver  jusqu'am 
XYU*  siècle  pour  retrouver  quelque  trace  de  cette  affection 
dans  les  auteurs,  même  les  plus  estimés.  Tauvry  (&)  fait 
la  même  observation  qu'Hippocrate ,  et  Morgagni  (&),  tout 
en  reconnaissant,  comme  Celse,  que  chez  les  hommes  affai- 
blis par  la  débauche,  le  sperme  peut  s'écouler  sans  plaisir, 
sans  excitation  vénérienne,  ainsi  qu'il  arrive  par  l'effet  d'un 
lavement  trop  chaud  ou  par  l'excrétion  de  matières  fécales 
endurcies,  remarque  que  le  liquide  de  l'écoulement  vient 
tantôt  de  la  prostate  et  tantôt  des  vésicules  séminales,  et 
commence  ainsi  une  confusion  que  n'ont  même  pas  encore 
entièrement  dissipée  aujourd'hui  les  recherches  de  Wich* 
mann,  de  son  traducteur,  Sainte-Marie,  et  celles  surtout 
de  M.  Lallemand. 

Dans  sa  dissertation,  imprimée  en  1782  à  GœttingeDi 
Wichmann  (5)  s'attache  d'abord  à  distinguer  la  pollution 

(4)  OEuvres  d'Hippocrate,  trad.  par  Litiré,  Paris,  4  851,  t.  VU; 
Des  maladies,  liv.  II,  p.  79. 

(3)  De  medicmA,  lib.  lY,  sec.  xxi.  Edîtio  nova,  corantibus  Fooqutar 
ei  Ralier,  Parisiis,  4823,  p.  475. 

(3)  Nouvelle  anatomie  raisonnée,  4  693,  p.  464. 

(4)  De  causis  et  sedib,  mor6.,   epist.  44,  art.  4  6. 

(5)  De  pollutione  diumd  frequenti,  sed  rarius  observatd,  tabesomUm 
causA,  in-8. 


M  la  pollotioo  BoctarM  (I)»  et  établît  eoMita  les 
camdiffts  JiÉhftifili  de  la  pollutioii  diurne  et  de  toat  lei 
aatm  écodeaMSts  qoe  Toa  eonibndait  aior»  ioos  le  bobi 
Mann^ve  #e  faMfTM0. 

La  pollatiaa  diarne,  oa  ce  qoe  ron  désigne  anjourdlmi 
la  aaai  de  speimstorrhée,  a  lieu  dans  Tétat  de  veille, 
atolalaoa  et  sans  désirs  vénériens,  sans  érection,  sans 
plakir  et  en  l'absence  de  toute  action  d'agents  aphrodi- 
aiafuca;  de  plus,  ajoute  Widimann,  dans  la  pollution 
Ame,  les  naïades  ne  perdent  pas  sans  cesse  leur  semence 
par  une  eicrétion  continuelle  de  cette  liqueur,  comme  les 
fcnmes  sujettes  à  la  leucorrhée;  mais  ils  l'éjacalent  tonte 
k  la  fois  et  en  une  seule  fois,  et  c'est  cetto  circonstance  qui 
a  bit  donner  à  cette  maladie  le  nom  de  polhêHon,  Comme 
Hippocrate  et  Celse,  Wichmann  a  soin  de  mentionner  que 
la  perte  diurne  du  itperme  se  produit  surtout  à  la  fin  de 
rémission  des  urines  et  à  la  suite  des  eiïorts  de  la  déré* 
cation. 

Certes,  à  ces  caractères,  il  est  facile  de  distinguer  la  pol- 
lution diurne  de  l'écoulement  spermatique  qui  se  produit  k 
la  suite  d'entretiens  libidineux  ou  par  certains  attouche- 
ments, et  d'autres  écoulements  de  diverses  natures  qui  se 
font  goutte  i  goutte  et  d'une  manière  continue.  Cependant 
Swedinur,  qui  connaissait  pourtant  le  travail  do  médecin  de 
Hanovre,  retombe  dans  la  confusion  que  ce  travail  avait 
principnlement  pour  but  de  faire  cesser.  «  La  blennorrhée 
de  la  prostate,  dit-il,  est  un  écoulement  morbifique  du  mucus 
de  cette  glande,  ou  de  la  liqueur  des  vésicules  séminales, 
principalement  pendant  le  jour,  sans  désir  vénérien.  Cette 
maladie  est  bientôt  suivie  d'une  faiblesse  ou  débilité  géné- 

'    (I)  L'étal  morbide  quo  noiis  avons  désigné  par  lo  mot  de  iperma^ 
torrhée  est  exprimé  dans  Wicbmaon  par  celui  de  pollution  diurne. 


A    IN    ÉTAT    PATHOGÉNIQUB.  397 

raie;  cet  épuiscmcnl  est  accompagné  d*uiie  émaciation  uni- 
verselle du  corps,  et  mène  par  degrés  à  la  mort,  si  le  ma- 
lade a  diiïéréy  comme  cela  n'arrive  que  trop  souvent,  à 
consulter  un  médecin  éclairé,  ou  que  les  moyens  propres 
n'y  ont  pas  été  employés  à  temps 

»  La  vraie  ou  véritable  gonorrhée  [gonorrhœa  proprie 
sic  dicia)  est  \3}\e  émission  de  la  semence  ou  de  la  liqueur 
spermatique  contre  nature,  fréquente,  alTaiblissante,  avec 
une  sensation  voluptueuse  {liquoris  seminalis  ejectio  fre- 
quens^  libidinosa^  involufUariaj  debiliUms)  ;  on  comprend 
généralement  sous  ce  genre  les  pollutions  nocturnes  ou 
diurnes  accompagnées  d'une  sensation  libidineuse  (1). 

»  Il  y  a  une  autre  espèce .  de  cette  maladie  :  c'est  un 
écoulement  de  la  liqueur  séminale  contre  nature,  fréquent, 
diurne,  affaiblissant,  sans  érection  de  la  verge,  ni  désir  véné- 
rien. Le  docteur  J.  E.  Wichmann,  h  Hanovre,  est  le  seul 
auteur  qui  ait  bien  traité  ce  sujet  dans  un  petit  ouvrage  :  De 
poUtUione  diumâ,  1782(2).» 

En  laissant  de  côté  ce  que  Swediaur  appelle  la  véritable 
gonorrhée,  et  qui  correspond  à  ce  que  j'ai  désigné  sous  le 
nom  de  pollution,  on  se  demande  en  quoi  diffèrent,  au  point 
de  vue  des  symptAmes,  sa  blennorrbée  de  la  prostate  et  la 
pollution  diurne  de  Wichmann. 

Cullerier,  qui  nomme  gonorrhée  toute  sortie  de  l'humeur 
spermatique  hors  de  l'économie^  admet  deux  espèces  de 
gonorrhées  pathologiques  :  l'une  qui  se  produit  pendant  les 
efforts  de  la  défécation  chez  les  personnes  ordinairement 
constipées,  et  qui  disparait  avec  la  constipation  ;  et  l'autre 
qui  ressemble  assez  à  la  pollution  diurne  de  Wichmann, 

(4)  Voyez  Tissot,  Traité  de  V onanisme. 

(2)  Traité  complet  des  maladies  syphili tiques ^  1798,  t.  I,  p.  M  6 
elH7. 


886  UMMMAIICB  GORttCim?! 

m  ee  n'est  qae  par  les  progrès  de  la  niafadie«  réconleinent 
auquel  s'est  jointe  riinroeur  prostatique  /hit  par  devenir 
eantmud  ;  mais  ee  n'eit  plus  gu'une  lymphe  sans  eotisû* 
tanee  qui  s'échappe  du  méat  urinaire  (i  )  • 

Telles  étaient,  d'une  manière  générale,  les  données  de 
ta  adence  anr  ce  svjet,  quand  M.  Laliemand  fitconnaftre  le 
résultat  de  ses  recherches  (3),  et  jeta  sur  œtte  matière  un 
jour  nouveau  et  plus  brillant. 

L'illustre  professeur  de  Montpellier  éoumère  d'une  ma* 
mère  plus  précise  qu*on  ne  ravait  fait  avant  lui,  les  causes 
multiples  qui  donnent  naissance  à  la  sortie  involontaire  du 
sperme;  parmi  ces  causes,  il  place  en  première  ligne  la 
Uennorrhagie,  et  l'on  s'étonne  qu'il  ait  réservé  pour  le 
second  rang  les  eicès  de  masturbation,  surtout  quand  on 
connaît  l'oiplication  qu'il  donne  de  leur  mode  d'action. 

Selon  M.  Laliemand,  la  masturbation  fait  naître,  en  rai- 
son de  sa  fréquence,  dans  les  organes  séminaui,  un  état  de 
phlogose  <|ui  détermine  la  spormatorrhée.  Cette  opinion  est 
acceptable,  mais  è  la  condition  qu'elle  ne  sera  pas  prise 
d'une  manière  absolue,  et  que  Ton  accordera  que  dans  des 
cas  moins  rares  qu'on  ne  croit ,  la  spcrmatorrbée  n'est 
en  aucune  façon  liée  è  un  état  pbicgmasique  des  organes 
génitaui. 

Sans  doute,  les  excès  vénériens  occasionnent  des  urétrites, 
des  orcbites,  des  inOammations  du  canal  déférent,  et  l'on 
comprend  très  bien  que  la  fréquence  et  laltération  de  la  sé- 
crétion séminale  et  l'émission  involontaire  de  son  produit 
soient  le  principal,  sinon  le  seul  symptàme  de  la  phlegmasie 
chronique  du  testicule  et  de  son  appareil  excréteur. 

(4  )  Dictionnairf  dei  scimccê  médkaleê ,  art.  GoroubAb,  t.  XIX, 
p.  4  et  6. 
(S)  Dti  perteê  iéminalti  involonlatr^i, Paris,  4  836-4 S42, 3  vol.  iù4. 


A    UN  ÉTAT    PATH06ÉN1QUB.  399 

Mais  en  dehors  de  ces  altérations,  dont  il  est  aujourd'hui 
im|K>ssible  de  contester  la  réalité,  ne  conçoit-on  pas  que 
les  excès  dont  nous  parlons  aient  pu  porter  leur  action  d'une 
manière  plus  exclusive  sur  le  système  nerveux  génital,  et 
l'aient  frappé  d'atonie  par  la  fatigue  et  les  pertes  qu'ils  lui 
ont  imposées  ? 

L'observation  journalière  et  rigoureuse  des  faits  répond 
par  l'affirmative. 

Sons  le  rapport  de  la  symptomatologie,  toutes  les  sper- 
matorrhées  ne  s'accompagnent  pas  au  début  de  ce  sentiment 
de  souffrance,  de  cuisson,  qui,  avec  le  sperme  sanguino- 
lent, dénote  l'eiistence  d'un  point  phlegmasique. 

Sous  le  rapport  du  traitement,  les  moyens  nombreux, 
qui  tous  comptent  des  succès,  donnent  un  démenti  formel 
è  l'opinion  exclusive  que  je  combats,  et  le  galvanisme  dont 
M.  {^allemand  lui-même  a  eu  à  se  louer  dans  un  grand 
nombre  de  circonstances,  me  semble  militer  en  faveur  de 
l'opinion  que  je  défends. 

La  distinction  que  je  m'attache  à  établir  n  a  pas  un  bat 
parement  spéculatif;  elle  a  une  portée  pratique  dont  on  sen« 
tira  tout  à  l'heure  I  importance,  alors  que  je  formulerai  les 
bases  du  traitement. 

Entre-temps,  je  me  crois  autorisé  è  admettre  deux  sortes 
de  spermatorrhées  : 

t*  La  spermatorrhée  avec  phlegmasie  aiguë  ou  chro- 
nique des  vésicules  séminales; 

S"*  La  spermatorrhée  avec  simple  atonie  nerveuse  de 
l'appareil  génital. 

Il  n'est  pas  toujours  facile,  surtout  à  une  époque  éloignée 
du  début  de  la  maladie,  de  distinguer  Tune  de  l'autre  ces 
deux  variétés  de  la  spermatorrhée  ;  cependant,  en  interro- 
geant le  malade  avec  soin,  en  fixant  ses  souvenirs  sur  lei 


400  iimnttAiici  comicuTivi 

eircoiistances  qui  ont  précédé  et  qui  ont  accompagné  let 
premiers  symptéroes  de  raflectiooi  il  est  possible  d'arriter 
à  an  diagnostic  à  peu  près  certain. 

Quand  une  phlegmasie  est  le  point  de  départ  de  la  aper- 
matorrhéei  le  coït,  alors  qu'il  est  encore  possible,  s'ac- 
complit avec  rapidité,  c'est-à-dire  que  l'éjaculatioD  ne 
se  fait  pas  attendre  longtemps;  celle-ci  s'accompagne  d'un 
sentiment  de  chaleur,  de  cuisson  même  du  cAté  de  la 
prostate,  et  le  sperme  peut  présenter  quelques  stries  san- 
guinolentes. 

Dans  la  spermatorrhée  atonique,  au  contraire,  l'appa- 
reil génital  semble  frappé  d'une  espèce  de  langueur  qui 
n'est  pas  encore  l'impuissance,  mais  qui  eiige,  pour  être 
secouée,  l'intervention  très  énergique  de  l'imagination. 
L'éjaculation,  lente  à  se  produire,  n'occasionne  aucune  dou- 
leur et  ne  présente  jamais  un  sperme  sanguinolent. 

Des  pollutions,  d'nbord  nocturnes  et  ensuite  diurnes, 
précèdent  presque  toujours  la  spermatorrhée  phlegmasique  ; 
assez  généralement  ces  pollutions  font  défaut  è  la  sperma- 
torrhée atonique,  qui  se  décèle  progressivement  par  Taffai- 
blissement  de  plus  on  plus  prononcé  de  l'énergie  virile. 

Souvent  des  lésions  plus  ou  moins  graves  de  la  prostate, 
des  canaux  éjaculateurs,  des  vésicules  séminales  ou  de  tout 
autre  organe  de  l'appareil  spermatique,  accompagnent  la 
spermatorrhée  phlegmasique  ;  alors  des  matières  morbides, 
telles  que  du  pus,  du  sang  décomposé,  etc.,  se  trouvent 
mêlés  au  sperme  et  ne  laissent  aucun  doute  sur  la  nature  de 
l'aflection. 

Ce  signe  est  d'autant  plus  important  à  noter  que  dans 
la  spermatorrhée  atonique,  le  produit  de  l'écoulement  a 
perdu  la  consistance  et  l'opacité  normales  du  sperme,  et 
n'offre  plus  que  Tapparonce  d'une  sérosité  à  peine  Blante, 


A    UN   ÉTAT    PATHOGÉNIQOB.  ftOl 

et  qoe,  dans  Tun  et  l'autre  cas,  i'ëmission  de  la  semence  et 
celle  de  Torine  ne  déterminent  ni  cuisson  ni  douleur. 

Tels  sont  les  traits  particuliers  que  je  crois  séparer  les  deux 
variétés  de  spermatorrhée,  lesquelles  ont  d'ailleurs  des  ca- 
ractères communs  qu'il  ne  m'appartient  point  d'eiposer  ici. 
J'ai  dû  m'arrèler  un  instant  aui  principaux  caractères  qui 
les  distinguent,  parce  qu'ils  déterminent  la  nature  du  trai- 
tement a  opposer  à  l'impuissance. 

Sans  la  séparation  que  je  viens  d'établir,  et  sur  laquelle, 
je  le  répète,  j'appelle  sérieusement  l'attention  des  proticiens, 
il  est  impossible  de  s'expliquer  les  succès  que  l'on  retire 
des  médications  les  plus  opposées,  et  qui  conduisent,  ainsi 
que  j'en  ai  acquis  la  conviction  par  moi-même,  h  repousser 
tout  traitement  exclusif,  malgré  l'éloquent  plaidoyer  de 
M.  Lallemand  en  faveur  de  la  cautérisation. 

J'ai  assczsouventporlélecaustiquedans  le  canal  de  l'urètre 
pour  me  croire  le  droit  d'avoir  une  opinion  propre,  et  je  ne 
crains  pas  d'avancer  que,  si  le  nitrate  d'argent  guérit  quel* 
quefois,  il  est  dans  beaucoup  de  circonstances  non -seule- 
ment inutile,  mais  encore  nuisible  ;  je  l'ai  vu,  dans  diverses 
occosions,  augmenter  les  pertes  et  déterminer  des  accidents 
qui,  pour  n'avoir  rien  de  grave,  ne  laissaient  pas  que  de 
compliquer  d'une  manière  fâcheuse  la  position  déjà  si  triste 
du  malade. 

Dans  les  cas  où  la  cautérisation  échouait,  je  réussissais 
tantôt  avec  les  ferrugineux,  tantôt  avec  la  noix  vomique, 
tantôt  avec  l'ergot  de  seigle,  etc.,  etc. 

Bien  évidemment,  et  il  n'en  saurait  être  différemment 
pour  tout  esprit  non  prévenu,  cette  diversité  dans  les  résul- 
tats obtenus  implique  la  variété  dans  la  nature  de  l'aiïection, 
dont  la  connaissance  exacte,  je  le  répète,  épargnera  des 
tâtonnements  au  médecin  et  des  souffrances  au  malade. 

sa 


AOS  nrouMMS  coiilannfB 

Si  la  fihlegmasie  est  aigoë,  c'eit*4-dir«  si  PéjacalatiM 
esl  douloareose  et  le  sperme  Mogaînolent,  on  ne  pent  hé» 
filer  à  reeonrir  aux  anlipblogittiqaes  locaas,  à  moins  que  la 
bibleste  du  sujet  n'en  contredise  formeliemeot  l'emploi; 
les  bains  de  siège  chauds  à  Tean  de  son  on  4e  manfe»  le 
reposv  la  position  horizontale,  le  réginM  laelé  et  l'éloigno* 
ment  de  toutes  les  excitations  amoureuses,  compléteront  le 
traitement  dont  Tindication  estasseï  rare  dans  la  pratique. 

Mais  ce  qui  Test  beaucoup  moins,  c'est  la  phlegmasîe 
chronique  de  l'appareil  eicréteordo  sporme  qui,  saufqneU 
ques  circonstances  exceptionnelles,  n'exige  ni  les  émissions 
sanguines  ni  les  débilitants.  C'est  ici,  surtout  lorsque  la 
phlogose  s'accompagne  de  quelque  ulcération  ou  de  quelque 
désordre  anatomique  du  verumontanum,  que  la  cautérisation 
fait  merveille.  Sous  ce  rapport,  M.  Lallemand  a  rendu  nn 
immen^p  service  h  la  f^cienre  ot  à  riiumanité,  car,  il  le  faut 
bien  reronnaitrc,  avant  lui,  cVst-è-dire  avant  l'introduc* 
tion  fie  sa  méthode  dans  lo  thérapeutique ,  cette  5orte  de 
spernintorrhée  était  souvent  incurable,  et  les  malheureux 
qu'elle  atteignait,  s'acheminaient  lentement  vers  la  tombp, 
à  travers  des  souflrances  et  une  faiblesse  toujours  crois- 
santes. 

Cependant  la  médecine  n'était  pas  entièrement  désarmée, 
et  si  elle  triomphait  moins  fréquemment  qu'aujourd'hui,  elle 
ne  succombait  pas  toujours.  Ainsi,  chez  un  malade  à  qui  la 
cautérisation  inspirait  un  ciïroi  insurmontable,  je  suis  par- 
venu SI  arrêter  les  pertes  et  h  déplacer  la  plilegmasie  en 
entretenant,  pendant  quelque  temps,  un  vésicatoire  sur  le 
périnée;  chez  un  autre,  le  même  résultat  fut  obtenu  au 
moyen  d'applications  souvent  renouvelées  sur  la  même 
partie,  de  vessies  remplies  de  glace,  et  par  des  lavements  è 
l'eau  froide. 


À   tm    ÉTAT    PÀTBOGÉKIQUE.  Ix0& 

Mais,  je  te  répète,  la  ressource  par  excellence  est  la  cau- 
térisation avec  le  nitrate  d'argent,  et  c'est  a  elle  que  Ton 
devra  constamment  recourir,  lorsque  les  appréhensions  du 
naïade  ne  forceront  pas  è  y  renoncer. 

Ce  moyen  sera,  au  contraire,  proscrit  sévèrement  dans  la 
spermatorrhéc  atonique,  et  remplacé  par  les  Ioniques,  les 
astringents  et  les  eicilaleurs,  tant  extérieurement  qu'inté- 
rieurement. 

J'ai  assez  souvent  parlé  de  ces  diverses  médications 
pour^u'il  soit  inutile  d'y  revenir  ici  ;  cependant  je  ne  ter- 
minerai pas  ces  courles  considérations  sur  la  spermatorrhée 
sans  dire  que,  dans  cette  seconde  variété,  j'ai  retiré  les 
plus  grands  avantages  de  l'ergot  de  seigle,  soit  seul,  soit 
même  associé  à  la  noix  vomique.  Sans  doute,  cet  agent  a 
été  employé  avant  moi  dans  dos  cas  pareils  et  avec  un  égal 
saccès,  et  je  m'étonne  de  voir  Al.  Laticmand  le  rejeter 
comme  inutile  et  quelquefois  nuisible,  à  moins  que  le  pro- 
fesseur de  INIontpellier  ne  Tait  expérimenté  que  dans  la 
spermatorrhée  phlegmasique. 

La  formule  dont  je  me  sers  d'ordinaire  e>t  la  suivante  : 

Poudre  d'ergot  do  seigle 4  graçi. 

Conserve  de  roses q.  s. 

On  fait  10  pilules  dont  on  commence  à  donner  une  ma- 
tin et  soir,  et  dont  on  augmente  le  nombre  jusqu'à  ce  qu'on 
soit  arrivé  à  5  par  jour. 

Assez  généralement  je  seconde  l'action  de  ces  pilules  par 
une  infusion  de  sommités  d'absinthe,  que  je  fais  prendre  en 
guise  de  tisane  è  la  dose  de  deux  ou  trois  verres  par  jour. 

La  noix  vomique,  quand  elle  doii  Être  associée  à  Tcrgot 
de  seigle,  est  dosée  de  manière  à  pouvoir  administrer  le 
même  nombre  de  pilules. 


40&  iiipviiiAiiCB  coRstcirriTB. 

D*oprè!i  les  observations  Faites  par  MM.  Debout  (1)  et 
Zambaco  (âf  sur  Taction  tonifiante  du  lupulin  (principe 
actif  do  houblon),  on  peut  espérer  retirer  quelque  avan- 
tage de  l'emploi  de  ce  médicament,  malgré  son  action  sé- 
dative sur  les  organes  génitaux. 

Enfin,  M.  le  docteur  Duclos,  de  Tours»  a  préconisé  dans 
ces  derniers  temps,  contre  la  spermatorrbée  avec  impuis- 
sance, Vextrait  alcoolique  de  la  noix  vomique^  de  la  ma- 
nière suivante  (3)  : 

Exlraitalcooliquedenoix  vomiqoa Sgram. 

Diviser  en  100  pilules  è  administrer  comme  il  suit  : 

Pendant  cinq  jours,  i  pilule  tous  les  soirs. 

Les  cinq  jours  suivants,  1  le  matin,  2  le  soir. 

Pendant  cinq  autres  jours,  31c  matin,  2  le  soir. 

Pendant  cinq  autres  jours  encore,  2  le  matin,  3  le  soir  ; 
et  ainsi  de  suite,  jusqu'à  ce  que  le  malade  en  prenne  8  par 
jour  :  &  à  la  fois  le  matin  et  &  le  soir. 

Quelques  malades  ont  pris,  sans  accident,  jusqu'à  1&  pi- 
lules par  jour. 

A  rcxtérieur,  M.  Duclos  seconde  sa  médication  interne 
en  faisant  faire  sur  les  lombes  et  la  partie  interne  et  supé- 
rieure des  cuisses  des  frictions  avec  le  liniment  suivant  : 

Teinture  de  noix  vomique ^ 

—  d'arnica  ou  de  mélisse.   .  j  ^      ' 

—  decanlharides 45     — 

Enfin,  M.  \\  utzer  (&)  recommande,  dans  le  même  cas, 

(4)  Bulletin  d§  thérapeutique,  tS52.  i  XLIV.  p.  239  et  3S5. 

(2)  Ibid.,  4854,  r.  XLVIl.  p.  461. 

(3)  ibid.,  4  5  juin  1849. 

(4}  Ibid.,  45  septembre  4849. 


IMPUISSANCE    SYMPATHIQUE.  /|05 

\es  pilules  suivantes,  qui  m'ont  moins  bien  réussi  que  Tergot 
de  seigle  ou  la  noix  vomique  : 

Acide  phosphorique  solide 4  gram. 

Camphre  broyé 4,20ceDtigr. 

Poudre  d'écorce  de  quinquina 4  gram. 

Extrait  de  cascarille q.  s. 

Faites  des  pilules  de  10  centigr.,  et  roulez-les  dans  la 
poudre  de  cannelle.  On  en  prend  5  trois  fois  par  jour. 

Le  traitement  de  la  spermatorrhée,  quel  que  soit  celui 
auquel  on  donne  la  préférence,  est  également  celui  de  Tim- 
puissance.  Celle-ci,  n'étant  pour  ainsi  dire  qu'une  consé* 
quencedans  un  cas  et  qu'un  symptôme  dans  l'autre,  s*eiïace 
et  disparait  avec  les  pertes  séminales.  Seulement,  quand  la 
spermatorrhée  a  cessé,  il  faut  qu'un  régime  fortifiant  et 
analeptique  relève  les  forces  générales  abattues,  et  que  la 
plus  grande  réserve  préside  aux  premiers  rapprochements 
sexuels. 


CHAPITRE  V. 

IMPUISSANCE    SYMPATHIQUE. 


L'appareil  génital  joue  un  rôle  trop  important  dans  la 
vie  de  l'homme,  pour  que  des  liens  intimes  n'aient  pas  été 
établis  entre  lui  et  les  autres  appareils  de  l'économie  :  une 
fonction  qui,  pour  ses  manifestations,  a  besoin  de  l'entier 
développement  de  l'organisme,  et  dont  la  cessation  est  le 
signal  de  la  décadence  générale,  ne  peut  être  isolée,  et  doit 
nécessairement  être  unie  ù  toutes  les  autres  fonctions  dont 
elle  est,  en  quelque  sorte  et  tout  à  la  fois,  le  couronnement 
et  le  but. 


è06  mrniiAaGi  smAmom. 

Dans  rintrodQction  de  cet  ouvrage,  j*ai  ÎDdiqoét  ^«oiqM 
en  des  limites  nécessairement  restreintes,  les  inflaencas  ré* 
ciproqijcs  de  la  fonction  génitale  et  des  antres  fonctions  de 
réconomie;  je  ne  reviendrai  pas  ici  sur  ces  relations,  appe* 
lées  synergies,  sympathies  physiologiques,  parce  qu'elles 
appartiennent  ezclusiveroeot  au  domaine  de  la  biologie. 

Mais  en  dehors  de  ces  rapports  normaux,  de  a*s  liens 
physiologiques  dont  la  nature  nous  cache  soigneusement  le 
secTCty  la  maladie  en  établit  d*ciceplionnels  qui,  dans  quel- 
ques cas,  ne  sont  que  TaggraYalion  de  ceoi  qui  existent  è 
l'état  de  santé,  et  qui,  dans  d'autres  circonstances,  consti* 
tuent  bien  réellement  des  états  morbides  distincts,  inédits, 
si  je  puis  me  servir  de  ce  mot. 

C'est  de  ce  genre  de  sympathies,  nées  sous  Tempire  d'un 
état  morbide,  qu'il  sera  question  dans  ce  chapitre. 

Par  cela  même  que  lo  funclion  génitale,  chez  l'homme, 
participe  aux  deux  éléments  qui  constituent  lo  ^ie  hu- 
maine, rélémenl  physique  et  rélément  moral,  je  partagerai 
les  sympathies  ntorbides  de  l'appareil  copulateur  en  deux 
grandos  classes  : 

1^  Les  sympaliiics  morbides  physiques; 

2»  Les  sympathies  morbides  morales. 

C'est  dans  cet  ordre,  qui  me  parait  tout  h  la  fois  le  plus 
simple  et  le  plus  complet,  que  j'exposerai  les  matières  de 
ce  chapitre,  qui  n'est  pas  le  moins  intéressant  de  ce  livre. 

Â.  LéêiOM  vitales . 

Les  considérations  que  j'aurai  h  présenter  ici  sur  les 
sympathies  morbides  des  propriétés  vitales  et  de  la  faculté 
copulatrice  ont  été  longuement  exposées  ailleurs,  alors  que 


SYMPATHIES    MORBIDES    PHYSIQUES.  407 

j'ai  considéré  les  altérations  de  nutrilion»  de  circulation  et 
de  toutes  les  functions  de  la  vie  plastique,  comme  amenant 
consécutivement  Timpuissance.  En  inscrivant  ici  le  titre  de 
ce  paragraphe,  je  ne  puis  avoir  l'intention  de  répéter  ce  que 
j*ai  dit  dans  une  autre  partie  de  cet  ouvrage,  et  il  me  doit 
sullire  d'y  renvoyer  le  lecteur  (!)• 

B.  Lésions  organiques. 

Dans  rétat  physiologique,  l'appareil  génital  entretient 
des  relations  avec  tous  les  organes  de  l'économie;  mais  j'ai 
montré  déjà,  dans  le  cours  de  cet  ouvrage,  que  ces  rapports 
étaient  surtout  plus  intimes  avec  l'organe  cérébral,  aveô 
celui  de  la  phonation  et  avec  celui  de  la  digestion. 

Sans  doute  des  sympathies  morbides  de  genres  diflérents 
existent  entre  le  sens  génital  et  les  autres  parties  de  l'orga- 
nisme, et  je  n'en  veui  pour  preuve  que  la  surexcitation  de 
l'orgasme  vénérien  sous  l'influence  des  tubercules;  mais, 
au  point  de  vue  exclusif  de  ce  livre,  c*est&-dirc  au  point  de 
vue  de  l'impuissance,  je  ne  connais  guère  que  les  trois  or* 
ganes  cités  tout  à  l'heure,  dont  certaines  alTeclions  rcten- 
tissent  d'une  manière  fùcheusc  sur  la  force  virile;  oussî 
est-ce  dans  les  limites  de  ces  affections  que  je  renfermerai 
mon  cadre,  estimant  les  autres  sympathies  morbides  orga- 
niques comme  de  simples  rêves  de  l'imagination. 

1"  Influence  morbide  de  V appareil  digestif.  —  Si  l'on 
réfléchit  que  les  lésions  de  l'appareil  digestif  altèrent  toujours 
plus  ou  moins  les  fonctions  de  la  vie  plastique,  on  est  conduit 
à  se  demander  si  l'impuissance  qui  coexiste  avec  ces  lésions 
ne  devrait  pas  être  plus  rationnellement  attribuée  aui  trou- 
bles apportés  par  la  lésion  vitale  qu'aux  désordres  mêmes 

(4)Yoytipage  335. 


&08  mraïasANGt  stmpathiqw. 

de  rappareil  digentif.  Sans  doute,  en  restanl  dans  la 
sphère  de  la  théorie ,  on  peut  »  avec  quelque  apparence 
de  rai«on,  adopter  et  défendre  cette  manière  de  voir;  mais 
quand  on  descend  dans  le  domaine  des  faits,  quand  on  prend 
pour  guides  rezpérience  et  l'observation,  on  est  forcé  de 
reconnaître  que  si,  par  exemple,  le  cancer  de  Testomacet  la 
surexcitation  de  cet  organe  produite  par  Tacte  de  la  diges- 
tion exercent  Tun  et  l'autre  une  influence  débilitante  sur 
rénergic  virile,  il  faut  reconnaître,  dis-je,  que  la  source  de 
ces  influences  respectives  est  non-seulement  différente,  mais 
encore  opposée,  puisque  dans  le  premier  cas  la  vie  plastique 
est  profondément  atteinte,  tandis  qu'elle  est  accrue  et  portée 
è  son  plus  haut  degré  dans  le  second  cas  par  Pacte  même 
de  la  digestion. 

Si  c'était  oux  altérations  de  la  force  plastique  qu'il  fallût 
rapporter  Timpuissonce  que  je  me  propose  d'examiner  ici, 
je  n'irais  pas  plus  loin  et  je  renverrais  le  lecteur  h  la  partie 
de  ce  livre  consacrée  aux  troubles  de  la  fonction  digestite; 
mais  des  observations  recueillies  par  moi-même  ne  me  per- 
mettent pas  cette  facile  explication,  et  m'autorisent  à  penser 
que  certaines  lésions  de  l'appareil  digestif  agissent  sur  le 
sens  génital  autrement  que  par  les  troubles  généraux  de  la 
nutrition. 

De  plusieurs  faits  que  je  retrouve  dans  mes  notes,  je  m'é- 
tendrai principalement  sur  le  suivant,  à  cause  de  sa  phy- 
sionomie étrange  et  de  certaines  circon^^^tances  curieuses 
qu'il  m'a  présentées. 

M.  X...,  garçon  uu  café  de  la  Rotonde,  vint  me  con- 
sulter pour  un  afTaiblisscment  des  organes  génitaux  qui . 
me  dit-il,  lui  était  survenu  depuis  un  mois  sans  cause  connue; 
les  désirs  vénériens  n'étaient  point  éteints  ;  l'érection,  et, 
par  suite,  l'éjaculation,  étaient  seules  impossibles. 


SYMPATHIES    MORBIDES    PHYSIQUES.  I\09 

Le  malade  étail  Agé  de  vingt-trois  ans,  d'un  tempéra- 
ment lymphatique,  mais  bien  conformé  et  ayant  toujours  joui 
d'une  santé  générale  bonne.  Il  ne  s'était  point  livré  ù  la 
masturbation  ;  il  avait  eu  des  chancres  et  une  blennor- 
rhagic  traités  l'un  et  Tautre  h  l'hôpital  du  Midi,  dans  le 
service  de  M.  Vidal  (de  Cassis),  et  avait  été  antérieurement 
opéré  d'un  varicocële  par  M.  Roux  ;  cette  opération  n'avait 
laissé  aucune  trace,  et,  sans  les  aveux  du  malade,  il  eût  été 
difficile  de  soupçonner  une  ancienne  dilatation  variqueuse 
des  veines  du  cordon  spérmatique. 

Les  organes  génitaux,  parfaitement  conformés,  ne  pré- 
sentaient rien  d'anormal,  et  leur  examen  le  plus  attentif  ne 
put  me  rendre  raison  du  mal  que  j'avais  à  combattre. 

J'étais  fort  embarrassé  du  diagnostic  h  porter,  et  je  pesais 
dans  mon  esprit  les  motifs  d*une  conduite  h  suivre,  quand, 
machinalement*  et  bien  plus,  je  l'avoue,  pour  occuper  les 
loisirs  du  malade  que  pour  éclairer  ma  religion,  je  demandai 
à  voir  la  langue  de  mon  visiteur,  sur  laquelle  je  portai 
instinctivement  les  yeux.  A  cette  vue,  un  horizon  nouveau 
s'ouvrit  devant  moi,  car  la  langue,  rouge  et  piquetée, 
ne  pouvait  me  laisser  des  doutes  sur  l'existence  d'une 
gastrite. 

Dès  ce  moment,  mon  diagnostic  fut  éclairé  d'une  vive 
lumière,  et,  lorsque  je  sus  que  les  premiers  symptômes  de 
l'impuissance  coïncidaient  avec  l'apparition  d'une  douleur 
épigastrique,  de  certains  trolibles  dans  les  digestions,  etc., 
j'eus  la  certitude  (certitude  médicale,  bien  entendu)  que 
l'aiïaiblissement  de  l'organe  copulateur  était  sous  la  dépen- 
dance sympathique  de  l'afTection  de  l'estomac. 

Le  traitement  fut  conforme  à  cette  manière  de  voir,  et  le 
malade,  qui  espérait  s'en  retourner  avec  quelque  formule 
aphrodisiaque  (dans  le  sens  ordinaire  de  ce  root),  se  montra 


4iO  UMIliAKl  SnVATUQIHU 

forl  mécontent  de  la  lûuine  de  mauve  et  da  régime  émoUient 
que  je  lui  prefcrivin. 

Cependant  il  ne  dédaigna  pas  entièrement  les  cooseib 
que  je  lui  donnais,  et  comme  la  santé  générale  s*améliorait 
sous  Tempire  de  cette  médication,  il  crut  devoir  la  coût»- 
nuer,  sinon  pour  remédier  à  sou  impuissance,  du  moins 
pour  se  débarrasser  des  malaises  et  des  troubles  digestîb 
qui  le  tourmentaient. 

Néanmoins,  à  mesure  que  la  langue  devenait  noina 
rouge,  répigustre  moins  douloureui,  et  les  digestions 
plus  laciles,  les  forces  copnlatrices  reparaissaient,  à  ce 
point  que  l'érection  d'abord,  et  le  coït  ensuite,  furent  pos- 
sibles. 

Mais,  et  c'est  ici  que  se  montre  un  caractère  biurre,  la 
copulation  n'était  réalisable,  ni  pendant  les  digestions,  c'est- 
à-dire  pendant  les  dcu&  ou  trois  heures  qui  suivaient  les 
repas,  ni  dans  la  position  horizontale  qui  déterminait  une 
pression  sur  l'épigastre.  L*éreclion  de  In  «erge  se  produi- 
sait comme  dans  les  conditions  normales,  mais  si  l'une  des 
deux  circonstances  que  je  viens  de  signaler,  digestion  ou 
pression  épigastrique,  ciistait,  Térection  ne  se  soutenait 
pas  et  tombait  dans  le  vagin  même  après  quelques  courtes 
tentatives  et  avant  l'éjaculation  du  sperme.  Le  matin,  à 
jeun,  était  le  moment  de  la  journée  le  plus  favorable  a  Tac- 
complissement  de  l'acte ,  pourvu  toutefois  que  le  malade 
évitât  avec  soin  toute  prcs^ioR  sur  Tépi^astre  par  une  pos- 
ture dont  je  dois  m'abstenir  de  parler  ici. 

Cet  état  se  prolongea  assez  longtemps,  parce  qu'il  était 
impossible  au  malade,  eu  égard  k  sa  position  sociale,  garçon 
de  café,  de  suivre  exactement  la  médication  et  surtout  le 
régime  alimentaire  que  réclamait  sa  gastrite.  Comme  il 
était  venu  réclamer  mes  soins  parce  qu'il  avait  l'intention 


SYMPATHIES   MORBIDES   PHYSIQUES.  liH 

de  s'établir  marchond  de  vin  et  de  prendre  femme,  je  lui 
conseillai  vivement  de  se  marier,  en  lui  faisant  sentir  com- 
bien serait  plus  rapide»  sous  l'empire  des  soins  domestiques, 
la  guérison  de  sa  maladie  d'estomac,  et  combien  serait 
aussi  plus  facile  le  coït,  alors  qu'il  serait  exercé  au  milieu  de 
toutes  les  commodités  de  la  couche  conjugale. 

Pendant  assez  longtemps,  le  malade,  reculant  devant  la 
honte  d'un  échec  marital,  n'osa  suivre  mes  conseils,  et 
commença  par  acheter  un  fonds  de  marchand  de  vin,  qui, 
de  serviteur  le  transformant  en  maître,  lui  permit  de  soi-* 
gner  et  de  guérir  sa  gastrite. 

Il  y  a  deux  mois  à  peu  près,  en  mars  185/i,  il  vint  m'an- 
ooncer  son  mariage,  en  réclamant  de  nouveau  et  plus 
consciencieusement  encore  que  précédemment,  Tassuranco 
qu'il  était  propre  à  remplir  ses  devoirs  conjugaux.  Unext» 
mcn  attentif  et  minutieux  ne  modifia  en  rien  ma  manière 
de  voir,  et  cet  homme,  aujourd'hui  marié,  se  loue  tout  è 
la  fois  du  traitement  que  je  lui  ai  fait  suivre  et  des  conseils 
que  je  lui  ai  donnés. 

Un  de  mes  amis,  dont  l'irritabilité  intestinale  est  extrême, 
est  incapable  d'entrer  en  érection  et  d'exercer  le  coït  toutes 
les  fois  que  cette  irritabilité  est  mise  en  jeu,  et  cette  impuis- 
sance se  prolonge  deux  ou  trois  jours,  et  même  plus  long- 
temps, selon  que  les  coliques  et  la  diarrhée  par  lesquelles 
se  manifeste  ralTection  ont  été  plus  ou  moins  longues  et 
violentes. 

Je  pourrais  multiplier  les  exemples  de  cette  nature,  mais 
ceux  que  je  viens  de  rapporter  et  la  connaissance  de  l'empire 
exercé,  à  l'état  physiologique,  par  la  digestion  sur  l'énergie 
virile,  sufGsent,  ce  me  semble,  pour  légitimer  les  sympa- 
thies morbides  de  l'appareil  digestif  et  de  l'appareil  génital, 
sans  recourir  à  des  troubles  de  nutrition  qui  réagiraient  sur 


&i3  mpuiasAiiCB  stiipatbiqob* 

l'énergie  virile  comme  sur  lootes  les  antres  forces  de  l'éco- 

nonie  animale. 

Il  est  rare  que  dans  Timpuissance  sympathique  que  j'exa- 
mine, les  désirs  vénériens  soient  éteints  ;  dans  quelques 
circonstances,  au  contraire,  dans  celles  ovi  l'activité  digea* 
tive  est  augmentée,  les  désirs  présentent  une  intensité  plus 
grande,  è  laquelle  ne  répond  pas  Torganc  copulateur.  C'est 
une  disposition  analogue  à  celle  que  l'on  ressent  après  un 
bon  repas,  alors  que  l'imagination,  surexcitée  par  le  vin  et 
le  café,  s'égare  en  des  rêves  étranges,  dont  aile  demande 
en  vain  la  réalisation  à  un  organe  rebelle  et  sourd  à  ses  pro- 
vocations. 

La  durée  de  cette  impuissance  est  évidemment  subor- 
donnée h  celle  do  la  maladie  qui  la  tient  sous  son  empire; 
elle  gn\ite  dnn.^  la  sph&re  de  celle-ci,  qui  contient  Tana- 
phrodisic  dons  les  limites,  non-seulement  de  son  pronostic, 
mais  encore  de  son  traitement. 

La  disparition  de  Tétat  morbide  de  l'oppareil  digestif, 
en  rompant  les  liens  occultes  qui  lui  enchotnaicnt  le  sens 
génital,  rend  ce  dernier  a  la  vie  qui  lui  est  propre,  sans 
qu'il  soit  nécessaire  d'intervenir  pour  faciliter  ce  retour. 

^*  Influence  morbide  de  V appareil  vocal.  —  Les  relations 
qui,  dans  l'état  physiologique,  unissent  l'appareil  \ocal  et 
l'appareil  génital,  sont  connues  de  tout  le  monde  :  les  chan- 
gements qui,  à  l'époque  de  la  puberté,  s'opèrent  simulta- 
nément dans  chacun  de  ces  appareils,  le  timbre  enfantin  que 
conserve  !a  voix  chez  les  individus  mutilés  et  chez  ceu\  dont 
les  organes  génitaux  sont  atrophiés,  ne  laissent  aucun  Joute 
sur  les  rapports  intimes,  quoi(|ue  inexplicables,  des  fonc- 
tions de  la  phonation  et  de  celles  de  lu  génération. 

Mais  en  est-il  de  même  entre  l'impuissance  virile  et  cer- 
taines aiïections  de  l'appareil  vocal  ?  £n  d'autres  termes. 


SYMPATHIES    MORBIDES    PHYSIQUES.  &13 

existe-t-il  entre  les  appareils  que  j'examine  des  sympathies 
morbides,  comme  il  existe  entre  eux  dos  sympathies  physio- 
logiques ? 

Je  ne  puis  ici  apporter  mon  propre  témoignage  ;  je  n*ai 
jamais  observé  une  impuissance  sympathique  d'une  aiïcc- 
tion  du  larynx;  mais  Rurdach  rapporte,  d'après  Meckel 
(Abhandlungen  aus  der  menschlichen  und  vei^gleichendet^ 
Anatomie^  p.  19/i):  «Qu'aux  altérations  du  larynx  se  joi- 
gnent parfois  Tendolorissement  et  l'atrophie  des  testicules, 
accidents  qui  augmentent  à  mesure  que  la  maladie  primitive 
fait  des  progrès  (!)•  » 

L'asthme  est  à  son  tour  noté  par  quelques  auteurs 
comme  une  cause  sympathique  d'impuissance  ;  mais  il  m'est 
difRcile  d'admettre  une  semblable  corrélation,  et  je  demande, 
en  l'absence  de  tout  détail  clinique,  et  me  rappelant  que  lu 
masturbation  est  souvent  le  point  de  départ  de  celte  ma- 
ladie^  si  l'impuissance  qui  coexiste  avec  cette  dernière  n'est 
pas  plutôt  le  résultat  de  l'onanisme  que  reffet  sympathique 
de  l'aflcclion  spasmodique  des  organes  de  la  respiration  ? 
Des  faits  précis  peuvent  seuls  éclaircir  le  doute  que  j'émets 
ici,  car,  en  cotte  occurrence,  l'observation  clinique  est  la 
seule  sur  laquelle  il  soit  possible  de  se  guider. 

Mais^  je  le  répète,  rien  de  semblable  n'est  à  ma  connais- 
sance, et  de  tous  les  confrères  que  j'ai  interrogés,  je  n'en  ai 
pas  trouvé  de  plus  heureux  que  moi. 

3*  Influence  morbide  du  cerveau,  —  Il  n'en  est  pas 
de  même  de  l'encéphale,  et  surtout  de  sa  partie  postérieure 
et  inférieure,  dont  les  relations  avec  l'appareil  génital  sont 
si  manifestes,  que  les  phrénologistes  placent  dans  le  cervelet 
le  siège  de  la  faculté  procréatrice. 

(I)  Traité  de  physiologie,  trad.  par  Jourdan,  t.  Y,  p.  4  5. 


Il  est  bieo  évident  qoe  je  n'eatends  point  parler  id  des 
•flections  cérébrales  qui,  agissant  sur  la  masse  eocéphaliqMt 
attaquent  dans  sa  source  Tinnervation  générale  dans  laquelle 
est  nécessairement  comprise  rianenration  seiuelle.  J*ai 
ailleurs  abordé  ces  causes  d'impuissance,  je  n'y  revieodni 
pas  ici. 

Mais  il  est  des  accidents,  ou,  si  Ton  aime  mieai,  des 
lésions  du  cerveau  qui,  tout  en  respectant  les  foaetioaa  du 
système  nerveui,  retentissent  sur  le  sens  génital  sans  qu'il 
soit  po^ible  d*eipliqucr  cette  action  autrement  que  par  les 
sympathies  qui  unissent  l'organe  cérébral  et  Toi^^ne  seiuel. 

A  l'article  Ihpoissaiigi  de  sa  BibliùihèquB  choisie  de 
médecine^  Planque  cite  quelques  faits  de  ce  genre,  qu'il 
n'est  pas  inutile  de  rappeler  ici  :  «  Paul  de  Sorbait,  dit-il, 
rapporte  dans  le  Journal  d'Allemagne  (iléc.  1 ,  an  ii , 
obs.  10/i,  p.  177),  qu'un  seigneur,  ovant  été  blessé  à 
l'occiput,  était  resté  impuissant  après  sa  guérison,  n'ayant 
ni  érection,  ni  éjaculation.  Il  n'est  donc  pas  vrai,  répond-il, 
que  la  léte  ne  contribue  en  rien  au  coit  et  à  la  semence. 
Ainsi,  ce  n'était  point  sans  raison  que  Platon  ossurait  qu'elle 
venoit  du  cerveau  et  de  la  moelle  allong(5e;  aussi  avouons* 
nous  que  la  semence  est  un  eicrément  du  dernier  olimrnt 
qui  vient  de  toutes  les  parties,  mais  surtout  de  la  tète.  Au 
reste,  nous  avons  plusieurs  eiemples  d'une  pareille  cause 
d*impuissance.  Nirolaus  dit  avoir  connu  un  juif  qui  devint 
impuissant  par  une  plaie  de  tète.  HiManus(c^nt.  6,  obs.  59) 
assure  avoir  vu  la  même  chose  dans  un  homme  qui,  huit 
ans  auparavant,  avait  reçu  un  coup  de  béton  sur  le  bregma 
droit;  il  n'entendait  point  de  ce  cdté*là.  Hildanus  croit 
qu'après  ce  coup  de  tète,  il  s'était  écoule  contre  nature  une 
matière  qui  a  obstrué  les  nerfs  et  même  les  artères  qui  ser- 
vent h  l'ércctioo  de  la  verge.  Du  autre  homme  a  éprouvé 


SYMPATHIES   MORBIDES   PHYSIQUES.  ki^ 

le  même  sort,  après  une  chute  sur  le  dos;  il  sentait  du 
plaisir,  mais  il  ne  pouvait  point  parvenir  à  l'érection.  Il  y  a 
des  auteurs  qui  prétendent  que  la  semence  vient  du  cer- 
veau. De  ce  nombre  est  Donatus  {Med.  mirab.^  lib.  IV, 
c.  18)  ;  mais  Raies  {Camp,  elys.^  quœst.  med.  58,  §  20) 
combat  ce  sentiment,  et  demandant,  au  sujet  de  cette  ques- 
tion, si  la  saignée  qu'on  fait  derrière  les  oreilles  aut  Scythes 
les  rend  stériles,  il  conclut  (§§  27  et  28)  que  cette  saignée 
qu'on  fait  fréquemment,  et  dans  laquelle  on  lire  beaucoup 
de  sang,  aiïaiblit,  et  que  le  froid  quMIc  produit  à  la  tôte  est 
caase  de  la  stérilité,  sans  nier  cependant  une  sympathie 
occolte  entre  les  oreilles  et  les  parties  de  la  génération. 
C'est  pour  cela  qu'un  jurisconsulte,  au  rapport  de  Dulau- 
rens  (Anat.^  lib.  VIII,  qusst.  A),  a  écrit  qu'il  fallait  couper 
les  oreilles  à  ceux  qui  volaient,  pour  les  empêcher  d'en* 
gendrer  de  petits  voleurs.  Un  soldat  robuste,  et  père  de 
trois  enfants,  eut  les  oreilles  coupées  pour  difTérenls  crimes, 
et  fut  chassé  hors  de  la  ville  {Ibid.y  déc.  2,  an  vu,  ap- 
pead.,  obs.  10,  p.  161);  depuis  ce  temps-là,  il  ne  sentit 
plus  aucun  désir  charnel  et  ne  put  avoir  aucune  érec- 
tion (1).  » 

Malgré  les  bizarres  explications  que  nos  pères  acceptaient 
sur  la  foi  d'Hippocrate,  et  qu'une  observation  plus  saine  et 
les  progrès  de  la  science  ne  permettent^plus  d'admettre 
aujourd'hui,  il  n'en  est  pas  moins  constant  que  des  plaies 
de  tète,  des  coups  sur  le  cervelet,  déterminent  l'impuis- 
sance, qui  persiste  malgré  l'absence  de  toute  lésion  appré- 
ciable et  plusieurs  années  après  la  guérison  des  accidents 
encéphaliques.  Bien  évidemment,  une  corrélation  inexpli- 
cable» un  lieo  occulte  ;  en  un  mot,  une  sympathie  existe 

(I)  ^iMidlAéfiM  é$  méAêciMê^  i.  VI,  p.  tiO  et  S4I . 


&i6  llirUIMAII€l  tTIIPATUQOI» 

entre  Torgane  renrermé  dans  le  crâne  et  celui  qui  sert  à  la 
propagation  de  l'espèce. 

Celte  sympathie  va  recevoir  une  nouvelle  et  éclatante 
démonstration  par  ce  que  j*ai  à  dire  de  Pinfluence  eiercée 
sur  le  sens  génital  par  les  aiïections  du  moral,  dont  lia  fa- 
cultés constituent,  comme  on  le  sait,  la  fonction  la  plus  hante 
et  la  plus  noble  de  Torgaoe  encéphalique. 


S  BL  —  n/ipMlilM 


Me  voici  arrivé  aux  sources  les  plus  fécondes  d'impuia* 
sance,  et  par  conséquent  en  face  de  diflicultés  également 
ardues  pour  fécrivain  et  pour  le  praticien.  C'est  que  l'élé- 
ment moral  de  notre  nature,  qui  cierce  sur  les  organes 

génitaux  un  empire  h  peu  près  absolu,  subit  des  influences 
si  diverses  et  si  mystérieuses,  qu'il  est  presque  impossible 
de  pénétrer  tous  les  motifs  de  ses  déterminations  et  tous 
les  mobiles  de  ses  passions. 

Soumis  aux  exigences  si  nombreuses  de  l'organisme,  l'élé- 
ment moral  en  reflète  les  nuances  multiples,  qu'elles  décou- 
lent, soit  du  tempérament,  soit  de  la  constitution,  soit  de 
l'âge,  soit  du  sexe,  soit  de  Tétat  de  santé  ou  de  maladie,  soit 
des  impressions  du  monde  extérieur,  etc.  Livré  sous  le  con- 
tréle  seul  de  la  conscience  è  toutes  les  inspirations  du  libre 
arbitre,  il  se  modifie  et  change  h  tout  instant  par  l'éduca- 
tion, par  l'instruction,  par  Texpérience  de  la  vie,  par  le 
spectacle  des  vices  et  des  vertus  dont  la  lutte  est  l'essence 
même  des  sociétés  humaines;  de  telle  sorte  que,  méondre 
insoisissable,  l'élément  moral  échappe,  pour  ainsi  dire,  è 
toute  onalyse,  et  se  joue  des  eiïorts  tentés  pour  le  aaisir. 
Aussi  quelle  confusion  parmi  les  philosophes  qui  ont  voulu 
déterminer  le  nombre  el  le  domaine  des  facultés  morales  : 


SYMPATHIES    MORALES.  /(17 

Condillac,  repoussant  les  idées  innées  de  Plalon  el  <le  Des- 
cartes, admet  sept  facultés  primitives  (1)  ;  Laromiguiôre  en 
admet  trois  (2);  Destutt-Tracy  en  admet  quatre  (â); 
Gail  (&),  tout  en  faisant  de  ses  facultés  des  intelligences  in-- 
iividnelles ^  dessine  sur  le  crflne  vingt-sept  facultés,  et  son 
collaborateur  Spurzheiro,  renchérissant  encore,  en  ajoute 
huit  nouvelles. 

Ce  n'est  point  ici  le  lieu  de  faire  de  la  psychologie  ;  je 
n'ai  pas  mission  de  défendre  le  Cogito^  ergo  sum^  de  Des-* 
cartes,  contre  le  Nihil  est  in  intellectu  qui  non  fuit  in  sensu^ 
de  Locke  ;  mais,  quelle  que  soit  la  dortrine  que  Ton  adopte, 
quelle  que  soit  la  source  à  laquelle  s'alimentent  les  idées  et 
les  passions,  il  faut  reconnaître  que  Tàme,  dans  l'acception 
la  plus  large  du  mot,  manifeste  deux  sortes  de  phénomènes, 
uj^is  sans  doute  par  un  lien  commun,  mais  parfaitement 
distingués  par  une  physionomie  propre  et  des  caractères 
spéciaux  ;  ces  phénomènes  sont  ceux  que  l'on  désigne,  les 
uns,  sous  le  nom  de  phénomènes  intellectuels^  et  les  autres, 
sous  le  nom  de  phénomènes  affectifs^  et  qui  conduisent 
h  partager  les  facultés  de  Tàme  en  deux  grandes  classes  : 
facultés  intellectuelles  et  facultés  affectives;  facultés  de  /'en- 
tendement  et  facultés  de  la  sensibilité  morale. 

C'est  sous  chacune  de  ces  deux  faces  que  je  vais  examiner 
l'influence  morbide  exercée  par  l'élément  moral  sur  le  sens 
génésique. 


(4)  Sensation,  attention,  comparaison,  jugement,  réQexioo,  imagi- 
nation et  raisonnement. 

(2)  Attention,  comparaison  et  raisonnement. 

(3)  Perception,  mémoire,  jugement  et  volonté 

(4)  Dei  fimetions  du  cerveau  et  mr  cellen  de  chacune  de  sex  parties, 
Paris,  4  825. 

t7 


&18  lllPinS8ANGI   flTMPAniQOI. 

A.  Faeulléi  intêlUduêlUê. 

Dans  la  thèse  inaugurale  que  je  aoulios,  en  f  Sftft,  devant 
la  Faitulté  de  médecine  de  Paria,  je  trouve  lea  lignée  aui- 
vantea  qui,  à  dix  ans  de  dislance,  sont  encore  l'eiproaiiott 
de  ma  pensée  :  «  Quelles  aooi  les  propriétés  de  rame,  oa, 
pour  nous  eonformer  è  la  langue  des  philosophes^  quelles 
sont  les  facullés  de  rème  relatives  è  Tentendement  ?  Le 
cadre  de  ce  travail  ne  nous  permet  pas  d'entrer  dans  le  do* 
maine  de  la  ps)  cliologie% .  »  Cependant  deui  mots  nous 
semblent  nécessaires,  car  les  psjchologistes  nous  paraissent 
avoir  confondu  les  facultés  primitives  de  Tentendement  avec 
les  résultats  de  ces  mêmes  facultés,  alors  que  Tencéphale  a 
déjà  ressenti  l'action  de  la  force  morale  ;  ainsi  le  jugement» 
le  raisonnement,  la  mémoire,  etc.,  supposent  une  opéra- 
tion préalable  ;  ils  ne  son!  donc  que  des  réf^iiliais  secondaires 
et  non  des  fuculiés  primitives^  comme  on  a  voulu  le  dire. 
Pour  nou!(,  nous  renfermant  dans  Téludc  des  phénomènes 
généraux,  nous  avons  cherché  quels  étaient  les  hommes 
qui  manifestaient  au  plus  haut  degré  les  actes  intellectuels, 
et  nous  n'avons  trouvé  que  des  artistes  ou  des  savants,  Nous 
avons  été  ainsi  conduit  à  n'admettre  que  deux  facultés  pri- 
mitives de  Tentendcment  *  l'imagination  et  la  raison.  Tout 
ce  que  les  psjchologistes  ont  décoré  de  facultés  primitives 
de  rentcndemcnt  ne  sont  que  les  attributs  de  l'imagination 
et  de  la  rai^^on;  ve  sera,  si  l'on  veut,  des  facultés  secon- 
daires, mais  jamais  des  facultés  primitive*;  :  art  et  science, 
voilk  tout  l'entendement  ;  imagination  et  raison ,  voila  les 
deux  piliers  de  l'édifice  (1).  » 

L'imagination  est  cette  faculté  éminemment  créatrice, 
qui  fait  revivre  les  souvenirs  du  passé,  donne  un  corps  aux 

(I)  Dêê  pofikmi,  p.  Î7 


SYMt»ATHIBS   MORALES.  /jlO 

désirs  du  présent  et  anime  les  espérances  de  l'avenir  ;  elle  est 
en  toutes  choses  distincte  de  la  raison  qui,  elle,  nous  fournil 
les  moyens  de  connaître  et  d'apprécier  la  réalité  ;  tandis 
que  l'une  nous  ouvre  sans  cesse  des  horiions  immenses  et 
nous  découvre  des  mondes  remplis  de  fantômes  gracieux  ou 
terribles,  Pautre,  au  contraire^  nous  enserre  dans  les  liens 
d'une  réalité  brutale,  et  nous  montre  la  vie  sans  prisme 
trompeur,  comme  sans  voiles  séduisants. 

Ces  deux  facultés,  dont  l'empire  s'exerce  sur  des  domaines 
si  différents,  ne  sauraient  être  troublées  de  la  même  ma- 
nière, c'est-à-dire  que  les  troubles  de  l'imagination  et  de  la 
raison  ne  sauraient  découler  de  la  même  source  :  les  pre- 
miers, participant  de  l'essence  même  de  là  faculté  qu'ils 
agitent,  s'inspirent  d'un  rêve,  d'une  croyance  purement 
gratuite,  en  un  mot,  d'une  idéalité;  les  seconds,  au  con- 
traire, ont  pour  incitateur  la  réalité  qui  leur  sert  à  la  fois 
de  fondement  et  d'excuse. 

Je  m'explique. 

Deui  hommes,  au  moment  d'accomplir  le  coït,  se  trouvent 
tout  â  coup  frappés  d'impuissance  :  Tun  se  croit  sous  l'in- 
fluence d'un  sortilège,  l'autre  s'est  aperçu  que  la  femme 
avait  ses  règles.  Chez  le  premier,  le  trouble  naît  d'un  men- 
songe; chez  le  second,  le  trouble  a  la  réalité  pour  point  de 
départ;  chez  celui-ci,  l'imagination  s'en  est  laissé  imposer 
par  un  fantdme  ;  chez  celui-là,  la  raison  a  plié  sous  le  poids 
de  la  vérité. 

La  distinction ,  que  je  m'étudie  è  établir  ici ,  est  impor- 
tante au  point  de  vue  qui  nous  occupe,  et  plus  je  réfléchis 
au  parti  que  l'on  en  peut  tirer  pour  le  diagnostic,  le  pro- 
nostic et  surtout  le  traitement  de  l'impuissance  par  sympa- 
thie morale,  plus  je  m'étbnne  de  ne  pas  la  voir,  je  ne  dirai 
pas  indiquée,  mais  ménie  soupçonnée  chez  ceux-lè  même 


kSÛ  mnoêÀMCE  ■larAnuQDi. 

qui  ont  fsit  une  étnde  toute  spécitle  de  l'inflaence  du  raoral 

•ar  le  phyiiqne. 

Je  lOM  doDc,  contriireroenl  i  met  defancien,  cianiner 
■Apirémcnt  l'empire  exercé  sar  le  sens  génilil,  et  per  lei 
troubles  de  rimeglnetion  et  par  cegi  de  la  raiwD. 

1*  In/lueneeda  troubletde  l'imagination. — S'il  ni*était 
permis  de  me  servir  ici  du  laocage  pbiloKiphiqae,  je  dira» 
que  ces  troubles  sont  ou  objectifs  ou  ttUgectift. 

Ils  »ont  objevlib,  quand  ils  ont  leur  source  en  dehors  de 
celui-U  même  qu'ils  allectent  ;  ils  sont  subjectib,  quand  ils 
découlent  de  celui-là  mène  qui  les  éproore. 

Les  premiers  sont  inoontettablement  les  ploi  nombreux, 
car  ils  embrassent  le  temps,  l'espace,  les  lieni,  tout  les  ob- 
jets de  la  création  :  tel  homme  croira  k  l'inDuence  Dcheuse 
d'une  lune,  d'un  saint  du  calendrier,  d'un  jour  duns  le  mois, 
ou  d'un  mois  dans  l'année  ;  tel  autre  s'imaginera  que  la  lu- 
mière, que  le  plein  air  paraissent  ses  organes;  celui-ci 
ajoutera  Toi  aux  diseurs  de  bonne  aventure,  aux  esprits  ma- 
lins qui  jettent  des  sorts  et  quinouenf  /'ai^ui7/eUe;  celui-li, 
inlerprùlaiit,  à  sa  façon,  un  sourire,  un  regard,  une  parole 
delà  femme  aim^e,  ou  môme  par  l'effet  seul  de  son  imagi- 
Dilion,  se  dira  %iclime  de  l'indifférence,  du  dédain  et  même 
dn  mépris  de  l'objet  de  son  amour,  etc.,  etc. 

Certes,  les  exemples  de  ces  sortes  d'impuis»ance  four- 
millent partout  ;  tantdt  fugitive,  lontAt  plus  tenace,  elle 
est  indistinctement  l'apanage  des  intelligences  d'élite  ou 
des  esprits  bornés  et  crédules;  te  catalogue  des  faits  de 
ce  genre  rapportés  por  les  auteurs  serait  pour  mot  une 
mine  féconde,  si  je  me  proposais  d'amuser  bien  plus 
que  d'instruire.  Ct-pendant ,  je  dois  fuîre  une  exception 
en  fateur  de  Montaigne,  dont  on  me  reprorberait  sans 
doute  d'avoir  tu  le  nom  dans  un  sujet  qu'il  a  si  savammeot 


SYMPATHIES    MUKALB8.  021 

et  si  galamment  traité,  d'autant  mieux  que  cette  exception 
se  justifie  elle  même  par  le  haut  enseignement  qui  en  dé- 
coule :  «  Un  comte  de  très  bon  lieu,  dit-il,  de  qui  j'estais 
fort  privé,  se  mariant  avec  une  belle  dame  qui  avait  esté 
poursuivie  de  tel  qui  assistait  h  la  Teste,  mettait  en  grande 
peine  ses  amis  :  et  nommément  une  vieille  dame  sa  parente, 
qui  présidait  à  ses  nopces,  et  les  faisait  chez  elle,  craintive 
de  ces  sorcelleries  :  ce  qu'elle  me  fait  entendre.  Je  la  prioy 
de  s'en  reposer  sur  moy.  J'avoy  de  fortune,  en  mes  coffres, 
certaine  petite  pièce  d'or  platte,  on  cstoyent  gravées  quel- 
ques figures  célestes,  contre  le  coup  du  soleil,  et  pour  oster 
la  douleur  de  teste,  la  logeant  à  poinct  sur  la  cousture  du 
(est  :  et  pour  Ty  tenir,  elle  estoit  cousue  i  un  ruban  propre 
h  rattacher  soubs  le  menton.  Resverie  germaine  i  celle  de 
quoy  nous  parlons.  Jacques  Peletier,  vivant  chez  moy, 
m'avait  faict  ce  présent  singulier  :  J'advisay  d'en  tirer 
quelque  usage,  et  dis  au  comte  qu'il  pourrait  courre  for- 
tune comme  les  aultres,  y  ayant  là  des  hommes  pour  luy  en 
vouloir  prester  une  ;  mais  que  hardiment  il  s'allast  cou- 
cher :  que  je  luy  feroy  un  tour  d'amy,  et  n'cspargneroy  k 
son  besoin  un  miracle  qui  estoit  en  ma  puissance  :  pourveu 
que  sur  son  honneur,  il  me  promist  de  le  tenir  très  fidellc- 
ment  secret.  Seulement,  comme  sur  la  nuict  on  iroit  luy 
porter  le  resveillon,  s*il  luy  estoit  mal  allé,  il  me  fcct  un 
tel  signe.  Il  avoiteu  Tàme  et  les  oreilles  si  battues,  qu'il  se 
trouva  lié  du  trouble  de  son  imagination  :  et  me  fect  son 
signe  h  l'heure  susdicte.  Je  luy  dis  lors  i  l'oreille,  qu'il  se 
leivast,  soubs  couleur  de  nous  chasser,  et  prins  en  se 
jouant  la  robbe  de  nuict  que  j'avoy  sur  moy  (nous  estions 
de  taille  fort  voisine)  et  s'en  vestit,  tant  qu'il  auroit  exécuté 
mon  ordonnance,  qu'il  faut,  quand  nous  serions  sortis,  qu'il 
se  retiras!  à  tomber  de  l'eau  :  dict  trois  fois  telles  paroles, 


A32  mpoiMAiici  trvPiTSiQiji. 

el  fect  tels  mouvemenU.  Qu'à  chicane  de  ces  trois  foie,  il 
ceignist  le  ruban  que  je  luj  mettois  en  maio,  et  oouchast 
bien  soigneusement  la  médaille  qui  y  estoit  attachée  sur  ses 
roignons  :  la  figure  en  telle  posture.  Cela  faict.  ayant  k  la 
dernière  fois  bien  estreint  ce  ruban,  pour  qu'il  ne  se  peut 
ny  dénoiîer,  ny  mouvoir  de  sa  place,  qu'en  toute  asséurance 
il  s'en  retournast  k  son  prix  faict  ;  et  n'oubliait  de  rejetter 
ma  robbe  sur  son  lict,  en  manière  qu'elle  les  abriast  tons 
deui.  Ces  singeries  sont  le  principal  de  l'elTect,  nostre  pen- 
sée ne  se  pouvant  demestre,  que  mojens  si  estranges  ne 
viennent  de  quelque  obstruse  science,  leur  inanité  leur 
donne  poids  et  révérence.  Somme  il  feut  certain,  que  mes 
charactères  8C  trouvèrent  plus  vénériens  que  solaires,  plus 
en  action  qu'en  prohibition  (!)•  » 

Le  moyen  mis  en  usage  par  Montaigne  est  incontesta- 
blement le  plus  propre  à  ramener  Tordre  et  le  calme  dons 
une  imagination  ainsi  troublée.  A  Tinflucnce  néfaste  d*une 
lune,  d'un  saint  du  calendrier,  de  la  lumière,  etc.,  opposeï 
une  influence  contraire  dont  vous  ferez  ressortir  la  supé- 
riorité de  puissance,  et^  avec  la  confiance,  vous  ramènerez 
presque  à  coup  sûr  la  possibilité  du  coït. 

On  ne  croit  guère  plus,  de  nos  jours,  aux  sortilèges  et 
aui  sorciers;  les  noueurs  d'aiguillette  ont  perdu  leur  pres- 
tige et  le  sceptre  de  leur  pouvoir;  mais  il  est  encore  des 
esprits  faibles  ou  ignorants  qui  portent  des  sachets  et  des 
amulettes,  ou  qui  boivent  des  pliiltrcs  enchanteurs  pour 
conjurer  l'infernale  machination  des  mauvais  génies.  Res- 
pectez ces  superstitions,  ne  détruisez  pas  ces  erreurs;  on  ne 
discute  pas  avec  la  foi  ;  les  objets  de  son  culte  sont  ici  sans 
danger,  tandis  que  leur  proscription  amènerait  à  coup  sûr 
l'accident  qu^ils  sont  destinés  h  prévenir. 

(I)  £$$aiê,  1 1.  cb.  zz,  éd.  de  4743,  t  1,  p.  4 05  et  4  06. 


8YIIPATUIBS    MOKiLKg.  /^^S 

Je  ne  puis^  on  le  comprend,  passer  en  revue  toutes  les 
naances  des  troubles  objectifs  de  Timaginalion  ;  rirpagina- 
tion,  cette  folle  du  logis,  comme  l'appelle  Brantôme,  par* 
ticipe  tellement  à  tous  les  actes  de  la  vie,  est  h  ce  point 
tributaire  de  toutes  les  croyances  et  de  toutes  les  supersti- 
tions, que  prétendre  énumérer  ses  mobiles  serait  vou- 
loir analyser  l'état  moral  de  chaque  individu  du  globe.  Il 
m'a  suffi  d'avoir  indiqué  la  nature  des  troubles  objectifs  de 
l'imagination,  pour  poser  la  limite  de  leur  cadre  et  tracer 
la  conduite  à  tenir  en  de  pareilles  circonstances. 

Il  me  faut  maintenant  aborder  les  troubles  subjectifs  de 
l'imagination  qui  constituent,  sans  aucun  doute,  l'impuis- 
sance par  sympathie  morale,  la  plus  difficile  à  guérir. 

Ces  troubles  ont  leur  source  dans  la  personne  même  qui 
les  éprouve,  en  d'autres  termes,  ils  ont  pour  cause  et  pour 
fondement  une  erreur  sur  l'énergie  copulatrice  de  Tappareil 
génital. 

Leur  point  de  départ  est  tantôt  dans  une  croyance  pure- 
ment imaginaire,  et  tantôt  dans  une  erreur  sur  un  fait  réel, 
soit  antérieur,  soit  actuellement  existant. 

Sous  le  premier  rapport,  une  aflection  des  organes  géni- 
taux est  presque  toujours  le  prétexte  derrière  lequel  s'abrite 
le  malade  :  l'un  se  croira  atteint  de  pertes  séminales,  et 
par  suite  impuissant;  l'autre  invoquera  une  dégénérescence 
de  la  prostate.  Comment  voulez-vous  que  j'éjacule,  me 
disait  un  troisième,  j'ai  un  rétrécissement  de  l'urètre  qui 
devient  si  formidable  au  moment  de  l'érection,  qu'il  est 
impossible  au  sperme  de  s'écouler;  et  la  crainte  de  l'asper- 
matisme  glaçait  ses  sens  au  moment  du  coït.  J'ai  donné 
mes  soins  à  un  homme  dont  les  motifs  d'impuissance  se  rat- 
tachaient assez  singulièrement  à  des  somenirs  de  famille  : 
Depuis  trois  générations ,  me  disait-il ,  nous  sommes  tous 


SYMPATHIES    MORALES.  /i25 

le  mot,  qu'un  esprit  troublé  et  ignorant  des  choses  de  notre 
art  établit  entre  les  organes  génitaux  et  les  aiïections  les 
plus  étrangères  à  cet  appareil. 

Je  fus  un  jour  très  sérieusement  consulté  par  un  jeune 
homme  dont  le  tempérament  lymphatique  et  la  constitution 
malingre  s'accordaient  mal  avec  des  désirs  vénériens  ardents 
et  une  virilité  énergique,  et  qui  attribuait,  avec  une  convic- 
tion profonde,  cet  allanguissement  du  sens  génital  à  une 
déviation  congénitale  du  sternum  dont  il  était  aflecté.  Un 
autre,  ayant  eu  connaissance  des  fables  répétées  depuis 
Hippocrate,  qui,  le  premier,  en  fait  mention,  sur  les  rap- 
ports sympathiques  des  oreilles  et  des  organes  génitaux^ 
s'imagina  qu'il  serait  atteint  d'impuissance  (et  cette  pré- 
somption ne  tarda  pas  i  amener  cet  élat)  parce  que,  sui- 
vant la  coutume  de  son  pays,  on  lui  avait  percé  les  oreilles 
pour  y  suspendre  un  bijou. 

Mais  c'est  surtout  vers  les  lésions  de  l'appareil  génital 
que  se  portent  les  préoccupations  du  malade,  et,  sous  ce 
rapport,  les  névralgies  urétrales,  et  celles  du  col  de  la 
vessie  jouent  un  rôle  très  important.  Ici,  les  appréhensions 
du  malade  ont  un  prétexte  réel,  la  douleur,  et,  pour  les 
personnes  étrangères  à  la  médecine,  la  douleur  est  toujours 
le  symptôme  d'une  lésion  anatomique,  d'une  afTection  orga- 
nique; l'intermittence  même  qu'aiïectent  les  douleurs  né- 
vralgiques est,  pour  une  imagination  troublée,  un  motif 
plus  grand  d*elTroi  et  de  terreur  ;  c'est  dans  des  circon- 
stances semblables  que  les  malades  songent  aux  dégéné- 
rescences de  toutes  sortes,  aux  désordres  les  plus  affreux  : 
les  ulcérations  dans  l'urètre,  sur  la  prostate,  dans  les  vési- 
cules séminales,  sont  la  menue  monnaie  dont  les  plus  cou- 
rageux se  contentent;  mais  le  plus  ordinairement,  et  après 
rincubation  d'une  nuit  d'insomnie,  c'est  le  cancer,  c'est  le 


&S6  mruiMAiiGB  swAniQUB. 

carcinome,  oe  sont  des  tuberculei  qu'ils  disent  avoir  envahi 
leur  appareil  génital  et  avoir  desséché  en  eui  toute  source 
de  virilité.  C'est  riiypochondrie  avec  toutes  ses  étrangetés, 
avec  toutes  ses  terreurs. 

D'autres  fois,  aucun  état  morbide  n'eiiste  actuellement, 
et  l'imagination  du  malade  est  trouhlée  par  la  crainte  des 
conséquences  Acheuses  qu'a  pu  amener,  et  qu'a  amenées 
en  eiïet,  une  aiïection  antérieure,  quelque  ancienne  et 
quelque  bénigne  qu'elle  ait  pu  6tre.  Le  tabeacent  guéri 
croit  diiTicilement  au  retour  de  sa  virilité;  le  masturbateur 
dont  les  manœuvres  ont  cessé  depuis  longtemps,  entrevoit 
l'impuissance  comme  un  triste  et  certain  héritage  de  l'ona- 
nisme; la  syphilis  a,  chcs  l'un,  tari  la  sécrétion  spermatique» 
et,  par  suite,  la  source  de  l'excitation  génësiaque;  ehet 
l'autre,  fixée  sur  quelque  point  do  l'appareil  générateur,  elle 
empêche  le  jeu  régulier  des  rouages  et  s'oppose  d'une  façon 
quelconque  au  libre  oxcrcicr  de  la  foiiclion  ('opuIalrice,etc. 
Mais  de  tous  ces  molifs,  il  n'en  est  peut-être  pas  de  plus 
fréquent,  et  l'on  peut  même  dire  de  plus  commun,  qu*un 
échec  ropulaleur  prérédemmenl  essuyé  en  présence  d*une 
femme.  Une  mésavenlure  de  ce  genre,  quelle  qu'en  soit  la 
cause,  laisse  dans  l'esprit  une  préoccupation  fâcheuse,  qui, 
entretenue  et  a{;gravée  par  l'imagination,  détend,  pour 
ainsi  dire,  les  désirs  vénériens,  et  les  empêche  de  réagir 
sufiisamment  sur  l'appareil  copulateur. 

Il  n'est  pas  toujours  aussi  facile  qu'on  le  pense  de  triom- 
pher de  semblables  appréhensions.  Quand  le  malaile  s'ima- 
gine que  son  premier  échec  était  sous  la  dépendance  d'une 
aiïection  quelconque,  on  peut,  en  feignant  le  traitement 
de  cette  affection,  ramener  peu  h  peu  h*  calme  dans  son 
esprit  troublé  ;  mais  quand  Terreur  porte  sur  rèiiergie  copu- 
latrice  elle-même,  c'est-à-dire  quand  le  malade  se  croit 


8YMPATHIBS    MORALES.  I\.^l 

atteint  d'une  impuissance  essentielle,  sans  relation  avec  une 
altération  organique  quelconque,  les  difBcullés  sont  énormes* 
Si  l'on  se  contente  de  vouloir  rassurer  le  moral  du  malade, 
et  que  Ton  essaie  de  lui  prouver  que  l'appareil  génital  n'a 
rien  perdu  de  son  énergie,  on  ne  dissipe  qu'à  nioilié,  si 
même  on  y  parvient,  ses  craintes  chimériques  ;  si,  au  con- 
traire, feignant  de  partager  son  erreur,  on  prescrit,  non  une 
médication,  mais  un  aphrodisiaque,  on  s'expose  à  déplacer 
ou  même  à  augmenter  les  préoccupations  du  malade,  qui, 
au  moment  du  coït,  alors  que  Tattention  doit  être  complè- 
tement absorbée  dans  l'ivresse  des  désirs,  analyse  ses  moin- 
dres sensations  pour  s'assurer  de  reflet  do  l'agent  prescrit. 

Cependant  cette  dernière  méthode  est  la  moins  incertaine  ^ 
mais  en  l'employant,  le  médecin  doit  absolument  user  de 
toute  son  autorité;  il  doit  |)romeltre  le  triomphe,  non  plus 
avec  le  doute  scientifique,  mais  avec  l'assurance  d'une  con- 
viction profonde.  En  pareille  occurrence,  l'hésitation  est 
funeste.  Lu  nature  de  la  proscription  importe  peu;  il  faut, 
avant  tout,  paraître  a.^suré  de  son  efiicacité.  M.  le  docteur 
Amédée  Lalour  a  rapporté,  dans  la  séance  du  3  janvier 
1843  de  la  Société  médicale  du  TemplCy  un  exemple  de  ce 
genre  :  «  Comme  chez  la  plupart  des  gens  du  monde,  dit-il 
avec  raison,  les  conseils  les  plus  sages  et  les  plus  opportuns 
perdraient  de  leur  prix  s'ils  n'étaient  corroborés  par  quelque 
prescription  pharmaceutique,  je  crus  devoir  prescrire  quel- 
ques toniques,  et  je  fis  choix  du  quinquina  et  du  safran.  Mais 
surtout,  la  saison  étant  «Micore  convenable,  j'engageai  forte- 
ment les  deux  é|)Oux  à  aller  prendre  quelques  bains  de  mer. 
J'annonçai  avec  assurance  la  guérison  pendant  le  voyage  (1).» 

Ce  fut  cette  assurance  qui  constitua  la  partie  réellement 
active  de  la  médication. 

(4)  GasetU  de$  hôpitaux,  4843,  p.  95. 


à!28  IIIPIII8«Â1«CB   SYMPATUIWK* 

Les  faits  de  cette  nature  se  rencontrent  tous  les  joors 
dans  la  pratique,  que  les  cause;  de  la  prétendue  impuissance 
soient  rattachées,  ou  à  un  état  morbide  antérieur,  ou  k 
raffaiblissement  nerveux  de  Tappareil  génital  lui-même,  ou 
k  toute  autre  chimère  de  la  folle  du  logis. 

Je  n'ai  pu  rapporter  ici,  on  le  comprend,  que  les  dr^ 
constances  les  plus  ordinaires,  que  les  sujets  d'effroi  les  plus 
communs  ;  mais  on  conçoit  que  leur  catalogue  puisse  être 
plus  étendu  et  embrasser  le  cadre  tout  entier  de  la  noso- 
logie. Leur  énumération,  fastidieuse  au  dernier  point,  ne 
jetterait  aucune  lumière  sur  leur  histoire,  et  ne  révélerait 
aucune  variété  du  type,  qui  est  constamment  le  même. 

Les  divisions  que  j'ai  établies  me  paraissent  suffisantes 
pour  formuler  un  bon  diagnostic  difTérentiel  entre  les  trou- 
bles si  divers  de  Timagination,  et  pour  leur  opposer  une 
médication  convenable,  si  je  puis  me  servir  de  ce  mot. 

Qu*oii  me  permette,  pour  l'inlelligence  de  la  thérapeu- 
tique, de  rappeler  ces  divisions. 

Les  troubles  de  Timagination,  dont  une  erreur  ou  une 
fausse  croyance  sont  esscnliellement  la  cause,  se  distinguent  : 

l"*  En  troubles  objectifs  ; 

2®  En  troubles  subjectifs. 

Ces  derniers  se  rapportent  : 

Ou  à  une  erreur  que  rien  n'autorise; 

Ou  è  une  erreur  qui  a  pour  fondement  un  fait  réel  actuel- 
lement existant  ou  disparu  depuis  un  temps  plus  ou  moins 
long. 

Évidemment,  si  l'on  saisit  bien  toutes  les  nuances  qui 
séparent  ces  états  divers,  on  conviendra  qu'une  même  thé- 
ropeutiquc  n'est  pas  applicable  partout,  et  que  la  conduite 
du  médecin  ne  saurait  être  identique  dans  tous  les  cas. 

Et  d'abord,  en  thèse  générale,  est-il  opportun  de  com- 


SYMPATHIES    MORALBS.  &29 

mencer  par  dissuader  le  malade,  par  attaquer  de  front  et  de 
prime  abord  ses  fausses  croyances,  ses  erreurs?  Je  ne  le 
pense  pas  ;  avant  toutes  choses,  il  importe  de  capter  la  con- 
fiance du  malade;  il  faut  que  de  son  confident,  le  médecin 
devienne  son  ami,  et  qu'il  subjugue  plutôt  par  des  paroles 
de  commisération  que  par  le  ton  impératif  de  l'autorité 
scientifique.  En  rompant  trop  vite  en  visière,  on  s'expose 
presque  h  coup  sûr  à  faire  douter  de  ses  connaissances,  et 
la  suspicion  dans  l'esprit  d'un  malade  imaginaire,  d'un  hy- 
pochondriaque,  est  une  cuirasse  terrible  dont  il  est  difficile 
de  triompher. 

J'estime  donc  que  Ton  devra,  en  thèse  générale,  com- 
mencer par  sembler  croire  à  la  réalité  de  l'impuissance, 
prescrire  même  une  médication  en  apparence  active,  et, 
dans  ce  cas,  insister  sur  les  espérances  que  font  concevoir 
le  pronostic  porté  et  le  traitement  ordonné. 

Chez  quelques  malades,  il  importe  de  soutenir  cet  inno- 
cent mensonge  jusqu'au  bout,  principalement  chez  ceux 
qui  se  croient  atteints  de  quelque  maladie  grave;  c'est  en 
pareille  occurrence  qu'il  faut  savoir  rattacher  Timpuissance 
à  Taffection  imaginaire  et  paraître  accorder  toute  son  atten- 
tion à  cette  dernière,  dont  la  guérison  doit  fatalement  res- 
tituer nui  organes  génitaux  leur  énergie  copulatrice. 

La  même  règle  de  conduite  est  également  prescrite  dans 
les  circonstances  analogues  au  fait  raconté  par  Montaigne  : 
à  une  superstition  il  faut  opposer  une  superstition  plus 
grande  ;  on  ne  tue  la  magie  que  par  des  moyens  magiques. 

Quand  le  malade  aura  acquis  en  son  médecin  une  foi 
inébranlable,  ou  même  une  confiance  assez  vive,  et  si  la 
raison  est  accessible  par  quelque  point  au  milieu  des  fan- 
tômes que  lui  crée  l'imagination ,  on  pourra  aborder  son 
erreur  et  la  combattre  par  l'absurde,  par  des  arguments 


&S0  IMPOIMAHCB  SYlIFATinOtB- 

sérieux  ou  par  les  moyens  qui  paraîtront  les  plus  rtisonna* 
blés.  Mais  gardez-Tous  d'entrer  hordiment  dans  cette  voie  : 
avant  de  vous  y  engager,  sondet,  connaisse!  bien  les  dispo* 
sitions  de  votre  malade  ;  le  moindre  écart  peut  tout  perdre, 
car  rimagination  soucieuse  â*eiïraie  d*une  ombre,  s'épou- 
vante d*un  soupçon. 

Mais  quand  le  premier  pas  est  franchi,  il  faut  marcher 
résolument  dans  le  sentier  tracé;  il  faut  prendre  Terreur 
corps  à  corps,  Tétreiudre,  la  serrer,  la  frapper  avec  toutes 
les  armes  ;  aucun  coup  n*est  trop  rudc'.  Malheur  au  méde* 
cin  qui  folblit  !  qu'il  use  largement  de  toute  son  autorité,  de 
tout  son  ascendant;  il  doit  aller  jusqu'à  faire  comprendre 
au  malade  que  ses  devoirs  lui  imposent  robligalion  de  ne 
prescrire  aucun  traitement,  car  la  médecine  a  pour  mission 
de  rétablir  et  non  de  troubler  les  fonctions  de  Torganismo. 

Mois,  je  le  répète,  ce  terrain  e^t  glissant;  il  faut,  pour 
s'y  engager,  être  sûr  lout  à  la  fois  de  In  confiance  et  de  la 
raison  de  son  malade,  double  condition  diflicile  h  rencon- 
trer dans  les  conditions  morales  qtie  j'examine  ;  le  plus  gé- 
néralement contre  les  troubles  de  l'imagination,  il  faut 
savoir  se  condamner  h  un  mensonge,  (pie  le  but  légitime  et 
que  la  science  autorise,  et  le  soutenir  le  plus  souvent  pen- 
dant tout  le  cours  de  la  médication. 

Telle  est  la  base  de  cette  sorte  d'impuissance  par  sym- 
pathie morale  ;  fondement  bizarre  qui  distingue  In  thé- 
rapeutique des  trouble«i  «le  l'imnginntion  de  celle  des  trou- 
bles de  la  raison,  et  surtout  aussi  de  relie  des  troubles  des 
facultés  affectives,  comme  je  le  montrerai  tout  à  l'heure, 
et  qui  iu.'tilie,  s'il  en  est  besoin  encore,  les  divisions  et  les 
subdi\iMons  que  j'ai  |»récédemment  admises.  Ou  va  voir,  en 
cfTet,  que  si  Timagination,  même  dans  ses  écarts,  a  horreur 
de  la  vérité,  la  raison,  au  contraire,  ne  peut  être  ramenée 


SYMPATHIES    MORALES  A31 

dans  sa  voie  que  par  les  conseils  et  le  spectacle  de  la  réalité. 
-^A  chaque  élément  de  notre  ème,  conservons  son  essence  : 
à  l'imagination  le  mensonge,  à  la  raison  la  vérité. 

2*  Influence  des  troubles  de  la  raison.  — •  La  raison  n'est 
jamais  la  dupe  d*une  chimère;  elle  n'est  que  la  victime  de 
la  réalité.  —  C'est  là  la  physionomie  propre  qui  caracté- 
rise les  troubles  de  cette  faculté,  et  qui  doit  toujours  et  fa- 
cilement les  faire  distinguer  des  troubles  de  l'imagination 
que  je  viens  d'étudier. 

A  proprement  parler,  la  raison,  et  il  ne  s'agit  ici  en 
aucune  manière  de  la  folie,  la  raison  ne  s'altère  pas;  plus 
que  toute  autre  faculté  peut-être,  elle  subit,  dans  le  choix 
de  ses  déterminations,  l'empire  de  toutes  sortes  d'influences 
physiques,  organiques,  morales  ou  sociales,  et  cette  subor- 
dination explique  les  différences  si  tranchées  que  l'on  observe 
dans  les  raisonnements  et  les  jugements,  par  exemple,  du 
jeune  homme  etdu  vieillard,  du  lettré  et  du  paysan,  etc.,  etc. 

Cette  dépendance  de  la  raison  n'est  pas,  en  réalité,  con- 
stituée par  un  aiïaiblissement  ou  un  dérangement  dans  ses 
moyens  d'action,  mais  bien  par  un  obscurcissement,  si  je 
puis  m'exprimer  ainsi,  de  sa  personnalité  ;  en  d'autres 
termes,  les  influences,  dont  je  parlais  tout  à  Theurc, 
agissent  primitivement  sur  une  ou  sur  plusieurs  des  facultés 
intellectuelles  ou  affectives,  lesquelles,  par  les  troubles  dont 
elles  sont  susceptibles,  masquent  les  déterminations  de  la 
raison,  étouffent  sa  voix,  et,  par  suite,  la  rendent  impropre 
à  réagir  contre  la  réalité.  Ainsi,  au  moment  du  coït,  la  vue 
des  règles,  un  bruit  inattendu,  éveillent  dans  l'imagination 
mille  fantômes  hideux  qui,  bourdonnant  autour  delà  raison, 
empêchent  l'homme  de  se  rendre  un  compte  exact  du  sang 
qu'il  aperçoit  et  du  bruit  qu'il  entend  ;  de  même  pour  te^ 
facultés  affectives:  l'annoDce  subite,  au  mtHnent  de  l'acte, 


jfbi|.iMilrjnifi^  remplit  l'àme  d'un  «en* 

|M  h  nifon ,  comme  submergée  dint 

^^^^^  4g^h«r  •«  d'ivresse,  ne  pirtient  même  plus  k 


Al  4MȎiMM*  de  cette  subordination ,  les  troubles  de 
ll^^^jj^  jMiÉlMre  distingués  selon  qu'ils  seront  sous  la 
èr  liasaginalion  ou  sous  l'empire  des  facultés 
M  h  physionomie  qu'ils  emprunteront  a  l'une 
de  ces  deui  intertentions  les  fera  asseï  faci- 
iMttre,  pour  qu'il  soit  inutile  d'entrer  ici  dans 
qui,  peut-être  fastidieui,  seraient  nécessairement 


i«  ibiinction  que  j'établis  peut,  au  premier  abord»  pa- 
bien  métaphysique  pour  un  ouvrage  de  la  nature 
dt  celui-ci;  mais  si  Ton  considérée  combien  de  sources 
^'aliiuente  l'impuissance  par  sympathie  morale,  si  l'on  ré«- 
lécKit  combien  ces  sources  sont  parfois  mystérieuses  et 
Mcrètos»  et  si  Ton  se  rappelle  combien  est  indispensable 
pMr  le  traitement  de  l'anaphrodisie  la  connaissance  des 
causes  qui  ont  fait  naître  et  entretiennent  ruiïection,  on  me 
pardonnera  l'excursion  que  je  me  suis  permise  dans  le  do- 
■Mine  de  la  psychologie,  car,  ainsi  qu'on  va  le  voir,  elle  n 
Iracé  au  praticien  une  route  moins  obscure  et  moins  épi- 
neuse que  celle  de  mes  devanciers. 

Dans  la  majorité  des  cas,  la  raison  ne  perd  que  momen- 
tanément ses  droits,  et  l'impuissance  qui  en  résulte  est, 
comme  les  troubles  de  cette  faculté,  essentiellement  fugace 
et  passagère.  Les  exemples  que  j'ai  rapportés  plus  haut, 
tels  que  ceux  de  Timpuissance  amenée  par  la  vue  des  règles, 
par  l'audition  d'un  bruit  inattendu,  par  la  nouvelle  d*un 
malheur  ou  d'une  grande  joie,  etc.,  font  comprendre  que  la 
force  virile,  un  instant  suspendue,  rentre  bientôt  dans  toute 


SYMPATHIES    MOHALES.  &â3 

la  plénitude  de  ses  prérogatives,  sans  que  la  médecine  ait 
jamais  h  intervenir. 

Cependant  la  cause  première  de  ces  troubles,  exaltation 
de  l'imagination  ou  émotion  des  facultés  aiïectives,  peut 
avoir  été  si  profonde  qu'elle  survive  au  fait  qui  lui  donna 
naissance,  et  se  perpétue  pendant  un  temps  plus  ou  moins 
long.  Je  me  rappelle  un  malade  dont  l'impuissance  datait 
du  jour  de  la  mort  de  son  fils,  et  qui  échouait  h  chaque  ten- 
tative du  coït,  parce  que  son  imagination,  établissant  une 
espèce  de  rapport  entre  l'acte  qu'il  allait  accomplir  et  la 
perte  qu'il  avait  faite,  lui  rappelait,  avec  l'image  de  l'enfant, 
toute  l'étendue  de  sa  douleur. 

J'ai  précédemment  rapporté  le  fait  de  ce  malheureux 
devenu  impuissant  h  la  suite  de  la  frayeur  qu'il  éprouva 
pendant  l'accident  survenu,  en  1839,  sur  le  chemin  de  fer 
de  Versailles  (rive  gauche),  sans  que  quelque  autre  sym- 
ptôme, soit  moral,  soit  physique,  fit  soupçonner  une  lésion 
des  centres  nerveux. 

Bien  évidemment  selon  que  les  troubles  de  la  raison  se- 
ront sous  la  dépendance  de  Timagination  ou  des  facultés 
alTectives,  la  conduite  à  suivre  sera  différente.  Dans  le  pre- 
mier cas,  le  médecin  demandera  a  l'esprit  ses  moyens  d'ac- 
tion ;  dans  le  second,  au  contraire,  il  ne  les  trou\era  que 
dans  le  cœur.  —  On  tlissipe  les  fantômes  de  rimagination, 
non  par  des  larmes  de  joie  ou  de  douleur,  mais  par  le  con- 
traste d'autres  fantômes,  par  la  raillerie,  par  le  raisoime- 
ment,  etc.,  tandis  que  ces  armes  s'émoussent  contre  une 
âme  ivre  de  bonheur  ou  brisée  par  le  chagrin. 

Ces  considérations  doi\ent  suflire  pour  indiquer  la  con- 
duite que  le  médecin  doit  tenir  ;  cependant  ne  peut-on  pas 
se  demander  si,  comme  dans  les  troubles  de  l'imagination, 

il  n'est  pas  néce$!»aire  de  recourir  à  quelque  prescription 

28 


phrimiireatiquc  |>our  contenter  au  moins  letexigeneaifMl- 
quefois  absurdes  des  gens  du  monde  ? 

On  peut  répondre,  en  thèse  générale,  qoe  les  prescrip- 
tions pharmaceutiques  sont  toujours  d'un  effet  ialnlaira 
dans  rimpuissance  par  sympathie  morale,  parce  que  le  ma- 
lade, dans  la  très  grande  majorité  des  cas,  n*a  recours  à 
notre  art  que  pour  les  médicaments  qu*il  prescrit,  et  non 
pourlns  consolations  qu'il  donne.  Il  fout  donc,  je  le  répète, 
établir,  comme  règle  générale  dans  Taffection  qui  noua 
occupe,  la  nécessité  d'une  ordonnance  pharmacenlique ; 
mais  il  fout  prendre  garde  aussi  de  ne  pas  tomber  dans  uo 
écueii  contraire,  et  de  ne  pas  se  foire  accuser  d'erreur  par 
ceux  qui,  se  rendant  parfoitement  compte  de  leur  état  moral, 
ne  îiennetit  demander  au  médecin  que  les  règles  d'une 
conduite  ft  suivre  ou  les  conseils  de  l'amitié. 

A  moins  de  spécifier  tous  les  troubles  moraux,  ce  qui  est 
imj.ossible,  on  ne  peut  rion  prévoir  ni  projuger  d*aiance. 
Les  indications  spéciales  ressortciil  de  circonstances  indivi- 
duelles dont  rappréciation  est  entièrement  abandonnée  au 
tact  et  au  jugement  du  médecin.  C'est  dans  cette  apprécia- 
tion bien  plus  que  dans  des  préceptes  formulés  dans  un 
livre  que  Thomme  de  Tart  doit  chercher  ses  inspirations  et 
trouver  sa  règle  de  conduite. 

B.   Paeultéi  affecUtm. 

La  physiologie,  si  je  puis  me  servir  de  cette  expression, 
la  physiologie  des  fonctions  aiïectives  de  notre  nature  mo- 
rale est  encore  plus  remplie  que  la  psychologie  intellectuelle^ 
de  confusion  et  de  malentendus  :  jetant  dans  un  |.6le-mèle 
inextricable  toutes  les  aspirations  de  TAme  sensilive,  on  en 
a  dressé  une  liste  plus  ou  moins  méthodique,  que  Ton  a 


SYMPATHIES    MORALES.  /i85 

ensuite,  sods  le  nom  de  passions,  classées  dans  un  ordre  la 
plupart  du  temps  arbitraire. 

Cependant  une  distinction  rationnelle  n'est  pas  moins 
importante  h  établir  parmi  les  racullés  aiïeclives  que  parmi 
les  Facultés  intellectuelles  ou  que  parmi  les  fonctions  de 
l'économie  animale,  et  Ton  est  en  droit  de  s'étonner  de 
l'arbitraire  avec  lequel  ont  été  divisés  les  sentiments  de 
l'Ame,  quand  la  nature  elle-même  a  indiqué  les  bases  de 
cette  classiiication. 

En  eiïet,  quand  on  analyse  les  facultés  de  la  vie  aiïective, 
on  ne  tarde  pas  6  se  con\aincre  qu'elles  peuvent  toutes 
èlre  ramenées  à  deux  types  fondamentaux,  la  sym[iathie  et 
l'antipathie,  dont  le  premier  nous  |.ousse  vers  l'objet  qui  a 
ému  notre  Ame,  et  dont  le  second  nous  en  éloigne  au  con- 
traire. 

Mais  de  même  que  toutes  les  fonctions  de  l'organisme 
qui  servent  à  nous  mettre  en  relation  avec  le  monde  exté- 
rieur ont  des  intermittences  d'action,  de  même  les  fonctioDi 
de  la  vie  affective  n'ont  pas  une  continuité  absolue  d'exer- 
cice; cette  suspension  de  ructivitê  affective,  en  arrachant  le 
consensus  intime  h  l'influence  de  ses  excitants  naturels, 
constitue  un  état  passif  de  l'Ame  dont  l'étiologie  de  l'impuii* 
sance  doit  tenir  grand  compte,  comme  on  le  verra  tout  k 
l'heure. 

Je  donne  le  nom  lïapaihie  à  cette  absence  permanente 
ou  momentanée  de  la  sensibilité  morale. 

I^es  facultés  affectives,  quand  elles  s'accomplissent  seloo 
le  type  normal  d'activité  inhérente  à  chaque  idiosyncrasie, 
s'appellent  ^en/i>A2(ïn^^  moraux;  quand,  au  contraire,  elles 
s'exécutent  avec  une  énergie  et  une  impétuosité  étrangères 
au  type  régulier  des  autres  fonctions  de  l'organisme ,  elles 
prennent  le  nom  de  fHUBXonê^  qui  bientôt  entraînent  le  délire 


&36  IMPUItSANCK   STMPATIIQUB. 

et  la  folie,  si  la  faculté  aurexciléa  absorbe  et  annihile  l'eier- 
cice  ties  aiilros  fnruUés. 

La  distinction  que  je  cherche  à  établir  ici  me  parait  de 
la  plus  haute  importance»  car  si  le  sentiment  est  IVipression 
phjsiologique  d*un  phénomène  de  la  vie  morale,  la  passion 
en  est  une  manifestation  morbide  qui  n'est  jamais  sans  in- 
fluence sur  l'exercice  régulier  des  fonction?  de  Torganisme 
00  des  facultés  de  Tesprit.  —  L'histoire  des  sentiments  est 
du  domaine  de  la  physiologie^  tandis  que  Tétude  des  pas- 
sions incombe  fatalement  à  la  pathologie. 

Mais,  ainsi  que  je  l'ai  laissé  pressentir  tout  à  Theore,  la 
passion  est  un  état  essentiellement  relatif,  et  qui  se  mesure, 
non  sur  un  type  donné,  mais  suivant  les  conditions  d'acti- 
vité que  chaque  intli\idu  porte  en  lui;  ainsi  l'homme  du  nord 
se  cioiniilà  coup  sûr  sous  Tempire  <le  la  |Q^sion,  s*il  avait 
l'enthousiasme  et  Texaitation  des  smlimcnls  de  Thomme 
du  midi.  Chacun  sent  à  sa  manière^  dit-on  cummuiié- 
ment,  et  pour  6lrc  dans  le  \rai,  il  faut  que  cliacun  mesure 
ses  pa}i>ions  ou  thermoiiîèlre  de  ses  sensations  et  de  ses 
émotions. 

La  passion  n*étantque  Tcxaltation  des  facultés  aiïcctives, 
leur  dénombrement  et  leur  clasMliration  sont  donc  les 
mêmes  que  ceux  des  sentiments  moraux  ;  nous  aurons  donc  : 

!<"  l.t's  passions  sympathiques  ; 

2*  Les  passions  antipathiques. 
Ou  [)our  les  exprimer  par  les  mots  propres  et  consacrés 
par  le  langage  de  tous,  nous  aurons  : 

■ 

!•  L'amour, 

2"  La  haine  ; 
avec  les  nuances  infinies  dont  les  hasords  innombrables  de 
la  vie  colorent  ces  deux  manifestations  extrêmes  de  TAme. 

Nous  allons  donc  rechercher,  au  point  de  vue  qui  nous 


STMPATHIE6   MORALES.  A37 

occupe,  l'influence  exercée  sur  la  fonction  copulalrice, 
1*  par  l'absence  des  sentiments  rooraui  ou  apathie^  2"*  par 
Tevaltation  des  sentiments  sympathiques  ou  passions  attrac- 
tives^ 3*  par  l'exaltation  des  sentiments  antipathiques  ou 
passions  répulsives. 

V  Influence  de  l'apathie  sur  le  sens  génital  ou  indiffé^ 
rence  amoureuse.  —  Cet  état  étrange  de  TAme,  que  ne 
sauraient  émouvoir  les  plus  grands  comme  les  plus  doux 
spectacles  de  la  nature,  est  lié,  tantôt  à  certaines  circon- 
stances organiques,  comme  le  tempérament  lymphatique, 
la  faiblesse  qui  suit  les  longues  maladies,  les  hémorrbagies 
copieuses,  etc.,  etc.,  et  tantôt  à  certaines  conditions  du 
moral  lui-même. 

Dans  le  premier  cas,  l'absence  des  désirs  vénériens  se 
prolonge  plus  ou  moins  longtemps,  et  sa  durée  est  en 
rapport  avec  celle  des  circonstances  organiques  qui  la  tien- 
nent sous  leur  dépendance. 

Dans  le  second  cas,  la  condition  morale  qui  entraine  l'apa- 
thie tient  à  plusieurs  causes  :  ou  bien  elle  est  le  résultat  de 
l'exercice  exclusif  d'une  faculté  morale,  soit  intellectuelle, 
soit  aiïective,  autre  que  la  faculté  génésiaque,  et  qui  absorbe 
è  son  profit  toute  Tartivité  de  l'Ame,  ainsi  qu'il  arrive  dans 
les  études  abstraites,  dans  l'exaltation  d'un  sentiment  de 
haine,  de  vengeance,  etc.,  etc.  ;  ou  bien  elle  est  amenée 
par  l'affaissement,  par  l'aberration  ou  par  tout  autre  état 
particulier  de  la  faculté  génésiaque  ellc-môme,  comme  chez 
les  sodomites  et  les  maslurbateurs,  par  exemple,  dont  les 
facultés  copulatrices  ne  répondent  plus  à  leurs  excitants  na- 
turels tant  internes  qu'externes. 

Je  me  suis  précédemment  occupé  de  l'empire  qu'exer- 
cent sur  les  désirs  vénériens  les  conditions  vitales  de  l'or- 
ganisme, et  j'ai  suffisamment  étudié  Tinfluence  de  ces 


lliS  IMPUIlUANCB    iYMPlTHIQCE. 

cunditioiis,  Innt  |ili]siulo^ii|utis  i{ue  raorbidcn,  pour  qu'il 
soit  iniililo  li'y  ri*\eiiir  ici. 

Quant  à  ce  qiroii  pourrait  appeler  prédisposilion  morale, 
j'ni  également,  et  par  avance,  défloré  ce  sujet  en  traitant, 
soit  des  e\cè<i  dos  travnui  de  cabinet,  soit  des  troubles  des 
fatuités  intellectuelles,  et  je  compléterai  tout  à  Theure  ce 
cadre  en  parlant  des  troubles  des  fncnltés  aiïectives. 

Il  ne  me  reste  donc  h  examiner  ici  que  cet  état  particulier 
de  Tâme,  dans  lequel  l'homme  sans  haine,  sans  motifs 
légitimes  d*éloignement  pour  la  femme  qui  lui  donne  ses 
caresses,  ne  lrou\e  dans  son  cœur  que  la  froide  indifférence 
qui,  en  étouiïant  le  désir,  arrête  et  suspend  toute  activité 
dans  l'appareil  copulateur. 

On  pourrait  désigner  cet  état  par  lea  mots  A^apathie 
essentielle. 

(À'ilo  apathie  est  amenée  par  les  causes  les  plus di\ erses: 
chez  le  pédéraste  et  |r  masturhalrur,  la  faculté  excitatrice 
du  sens  générateur  semble  s'élrejait  une  autre  nature  sous 
l'empire  de  riinhitude,  et  aioir  déraillé  desaxoie  normale 
pour  subir  rinllurnee  i\(lu>i\e  d'excitations  factices;  chez 
ceux-ci,  un  ^ouiriiir,  quelle  que  soit  In  sphère  où  il  se 
déroule,  a  un  pou\oir  nnaJoKiie  à  c«'lui  de  Thahitude  ;  chex 
ceux-là  enfin,  la  source  de  TindilTérence  amoureuse  se 
perd  dans  ce  labyrinthe  inexlrii  able  <|uc  peuph'ut  le  ca- 
price, les  bizarreries  de  caractère  et  les  excentricités  de 
toutes  sortes. 

1/éluignement  de^t  pédérastes,  de<  sod(»mite< ,  des  tri- 
bades  et  di'S  mastuibatcurs  des  deux  sexes  pour  les  rappro- 
chements «sexuels  est  as^rz  connu  p(Mir  qu'il  soit  inutile  d'en 
rapporter  des  exemptent.  Celui  qui  e^l  sous  la  déjH'ndance 
d'un  caprice,  d'une  élr.m^clé  demœurs  ou  de  caractère,  de 
la    mode   même,  est  tellement   individuel    qu'il    échappe 


STMPATHIKI   M0HALK8.  &39 

en  quelque  sorte  h  raiialyse.  Il  fauclrait  fuire  l'histoire 
des  bizarreries  de  Tesprit  humain,  ce  que  j*estimc  impos* 
sîble,  bien  que  des  essais,  je  crois,  aient  été  tentés  sur  ce 
sujet. 

Cependant,  je  rapporterai  le  fait  suivant,  comme  spéci* 
mendeces  bizarreries,  et  aussi  pour  l'enseignement  théra- 
peutique qui  en  découle. 

IVl.  X...,  (ils  d*un  général  du  premier  empire,  avait  été 
élevé  dans  le  château  de  son  père,  et  n'en  était  sorti,  à  l'âge 
de  dix-huit  ans,  que  pour  entrer  à  l'Ecole  militaire.  Pendant 
cette  longue  solitude  h  la  campagne,  il  avait  été  initié,  à 
l'âge  de  quatorze  ans,  aux  plaisirs  de  l'amour,  par  une  jeune 
dame,  amie  de  sa  famille.  Celte  dame,  alors  â^ée  de  vingt 
et  un  ans,  était  blonde,  portait  des  cheveux  à  ranglaise« 
c'est-à-dire  en  tire-bouchons,  et,  eu  égard  aux  précautions 
qu'elle  était  obligée  de  prendre  pour  cacher  à  tous  les  re- 
gards son  intrigue  amoureuse,  elle  n'avait  jamais  de  rap- 
ports avec  son  jeune  amant  que  dans  un  costume  de  jour, 
c'est-à-dire  chaussée  de  brodequins,  serrée  dans  un  corset 
et  portant  une  robe  de  soie. 

Tous  ct'S  détails,  que  j'énumère  avec  intention,  eurent 
la  plus  grande  inlluence,  non-seulement  sur  la  faculté  exci- 
tatrice du  sens  génital,  mais  encore  sur  toute  l'existence  de 
M.  X... 

La  jeune  dame,  fort  passionnée,  à  ce  qu'il  parait,  abusa 
des  forces  du  jeune  néophyte,  et  il  ne  fallut  rien  moins  que 
le  régime  sévère  et  la  continence  de  l'Ëcole  militaire,  pour 
rendre  aux  organes  génitaux  Ténergie  qu'avaient  compro- 
mise des  pratiques  anticipées  et  trop  fréquentes. 

Mais  lorsque,  rendu  à  la  liberté  et  aux  plaisirs  de  la  vie 
de  garnison,  M.  X...  voulut  jouir  drs  droits  que  la  nature 
semblait  lui  avoir  restitués,  il  s'aperçut  que  les  désirs  véné* 


(40  tMrOIWAlKI    tTBFATmOOB. 

riens  ne  s'éreilInicnlqu'iiiiprèH  do  iTrIatries  remmei,  etiree 
le  concours  <le  cerlnines  rirrunfltanreR;  ornxi,  aiie  fennm 
brnue  n'etcilait  en  lui  aucune  émotion,  et  le  rostume  et 
Buil  suRiuit  pour  éteindre  et  glocer  tout  tnnaport  tiMHi- 
reui. 

Pour  que  son  Ame  IrcMailllt  Mes  l'aiguillon  da  déair  et 
de  la  v<tlu]ilê,  il  Tnllnit  que  le  r.mme  Tilt  blonde,  coifTie i 
riiiplaiiH!,  diauwée  de  brodequins,  emiiriaonnée  dans  ua 
eomcl,  vtMuc  d'utie  robe  de  toie,  en  un  mol,  réunit  toutes 
les  particularité!!  que  le  wuvenir  de  M.  X...  gardiit  de  ses 
Bremiem  ébolK  erotiques. 

Ce  nVluit  |ioint  un  de  ces  souvenirs  d'amour  insené» 
dont  lu  mngîqne  pouvoir  s'étend  sur  toute  une  «tatroee. 
Danx  ses  premiers  rnpprorhements  seiuels,  M  X. . .  n'avait 
apporté  '|uu  rn|i|tniril  de  ses  org.-iiii's  ;  son  rœur  était  tou- 
jours ri!slé  étranger  h  rctlc  union,  dont  le  but  éliiit  leptai> 
Str;  et,  h  vingt-cinq  nns  d'in1crtnllt%  M.  X...,  en  me  con- 
aultaiil  |i<»ur  foti  étrange  inlirmilé,  m'avoua  n'avoir  nimé, 
at'CC  le  cœur,  qu'une  srulu  femme,  ji  laquelle  it  n'nvait 
jtmuis  osé  ailn-sscr  ses  liiimmn»es,  parce  que,  coïncidence 
bitiinc!  cette  femme  était  brune. 

Sa  fortune,  son  nom,  <a  position  sociale  fuisoicnt  depuis 
longtemps  un  devoir  à  M.  X...  de  se  marier,  et  il  avait  tou- 
jours ré-isté  au\  sullicitotions  de  sa  famille  el  de  ses  amïs, 
parce  qu'il  se  >avai(  in(-a|ii)l)le  il'cverccr  le  coît  dans  le  né- 
gli<tédela  eouc-lie  conjngiile.  Certes,  un  ^embfabie  motif 
eât  été  dilTirile  è  pénétrer,  car  riuforluné  jouissait  d'une 
santé  h  toute  épreuve,  était  d'un  tempérament  bilioso^aii- 
guin,  iitait  une  taille  au-dessus  de  la  moyenne,  et  une  con- 
stitution si  robuste  que,  pendant  plus  de  quinic  ans.  il  atait 
^lé  oOicier  dans  un  n^giment  de  grosse  cavalerie. 
-     Bien  évidemment,  M.  \..,  n'était  atteint  que  d'une  im- 


»*  J^. 


.STMPATniES   MOHALBS.  ft/^l 

puissance  essentiellement  relative,  car  lorsque  la  Temme 
était  blonde  et  lorsque  les  conditions  énumérées  plus  haut 
se  trouvaient  réunies,  il  accomplissait  la  fonction  copulatrice 
avec  toute  l'énergie  d'une  forte  constitution  et  Tardeur  d'un 
tempérament  amoureux. 

Rentré  dans  la  vie  civile,  et  tourmenté  plus  que  jamais 
par  sa  famille  au  sujet  de  son  mariage,  il  voulut  tenter  un 
dernier  effort,  et  vint  me  consulter  dans  le  courant  de  l'hiver 
de  1852. 

Pendant  la  longue  conversation  que  nous  eûmes  en- 
semble, je  crus  m'apercevoir  que  M.  X...  n'avait  qu'une 
foi  douteuse,  non-seulement  en  moi,  mais  encore  dans  celte 
branche  spéciale  de  la  thérapeutique,  et  que.  par  conséquent, 
il  me  fallait,  avant  toute  chose,  et  par  quelque  moyen  que 
ce  fût,  conquérir  sa  confiance  en  faveur  de  la  science,  et  en 
même  temps  en  faveur  de  l'ellicacité  du  traitement  que  je 
lui  prescrirais. 

Dans  de  semblables  occurrences,  je  l'ai  déjà  dit  et  je  le 
répète,  parce  que  le  conseil  est  important,  tout  discours  est 
superflu  et  tout  raisonnement  se  brise  contre  l'incrédiilité 
systématique  du  malade  ;  il  lui  faut  un  phénomène  physique, 
palpable,  matériel,  contre  la  négation  duquel  sa  raison  se 
révolte;  ce  phénomène  obtenu,  ^a  coniiance  est  d'au- 
tant plus  absolue  que  son  incrédulité  a  été  plus  profonde. 

En  conséquence,  je  résolus  de  frapper  un  grand  coup, 
et  sachant  bien,  par  l'expérience  que  j'en  avais  acquise,  que 
la  moitié  seule  de  mon  ordonnance  serait  exécutée,  je  pres- 
crivis une  potion  cantharidée  et  phosphorée  assez  énergique, 
et  conseillai  le  coït  avec  une  femme  brune  et  sans  corset, 
deux  heures  après  son  ingestion. 

Ainsi  que  je  l'avais  prévu,  la  potion  fut  avalée,  mais  le 
rapprochement  sexuel  ne  fut  pas  même  tenté,  car  jamais 


■"  1 


Uli  iiiroiiiAiiGi  trariniQiig. 

rhomma  ne  s'e^poso  à  un  écheo  traoureui  qu'il  regarit 
comme  certain. 

Mais  reiïet  que  j'aitendaia  de  Temploi  det  eanlharides 
•'étant  produit,  et  le  malade  ayant  été  toarmeoté  toato 
la  nuit  par  une  érection  qui  n'était  pas  tans  quelque  aovf» 
franco,  la  scène  changea  de  face,  et  M.  X...  crut  avoir 
enfin  rencontré  l'agent  médicamenleni  qui  seul  poorait 
contre-balancer  la  lâcheuse  influence  de  son  morah 

Le  lendemain,  ne  pouvant  venir  me  revoir,  maia  vouianl 
reprendre  un  second  flacon  de  na  ligvmàr  magi^WB^  conme 
il  m'écrivait ,  il  me  demanda  s'il  pouvait  se  servir  encore 
de  la  même  ordonnance,  ce  a  quoi  je  m'opposai,  dans  la 
crainte  d*une  cystite,  et  lui  envoyai  une  prescription  oà  les 
cautliaridcs  et  le  phosphore  ne  jouaient  qu'un  rAle  esaen» 
ticllement  secondaire. 

Cette  seconde  potion ,  fort  peu  active,  je  l'assure,  6t 
autant  d'eiïet  que  la  première,  et  le  mnlaJe  put  enfin 
eicrcer  le  coit  avec  une  femme  brune  et  dépouillée  de  son 
corset. 

Mais  pondant  assez  longtemps,  pendant  plus  de  six  mois, 
les  rapprochements  sc&ucis  ne  furent  possibles  qu'avec 
l'aide  d'une  potion  qui  était  censée  contenir  Tugent  médica- 
menteux assez  puissant  pour  contrc-balonccr  l'empire  de 
l'Ame  ;  ce  ne  fut  que  progressivement  et  h  la  lonj^ue  que 
M.  X...  parvint  a  se  passer^  pour  l'accomplissement  de 
l'acle  copulateur,  du  concours  de  la  médecine,  cl  oujour- 
d*hui  même,  il  e<t  parfaitement  convaincu  que  le  médica- 
ment que  je  lui  ai  prescrit  a  exclusivement  a;;i  sur  ses 
organes,  et  ce  serait  peut-être  s'exposer  au  relourdes  phé- 
nomènes morbides  si  l'on  parvenait  à  le  convaincre  que  le 
traitement  qu'il  a  subi  est  un  traitement  purement  moral. 
La  conduite  que  j'ai  tenue  dans  la  circonstance  que  je 


SYMPATHIES    MORALES.  &&8 

viens  de  rapporter,  quoique  couronnée  d'un  plein  sucrés, 
ne  saurait  être  couscilloe  d'une  manière  absolue;  In  rè<;leà 
suivre  se  tire  des  causes  de  Tapathic  elle-môme.  Cepen- 
dant, comme  auxiliaire  de  celte  médication  spéciale,  indi- 
viduelle,  pour  mieui  dire,  il  faut  souvent  avoir  recours  aux 
excitants  moraux  dont  j'ai  plusieurs  fois  parlé  dans  le  cours 
de  cet  ouvrage,  oinsi  qu'aux  moyens  physiques  dont  l'elTet 
excitateur  se  fait  surtout  sentir  au  cerveau ,  comme  un 
repas  délicat,  l'usage  modéré  des  liqueurs  alcooliques,  la 
musique,  la  lumière,  les  parfums,  etc.,  &  ceux  surtout  qui 
s'odresscnt  de  préférence  aux  sens  dits  intellectuels,  afin 
que  leur  excitation  éveille  la  faculté  génésiaque  endormie. 

D'ailleurs,  dans  la  très  grandie  majorité  des  cas,  l'espèce 
d'impuissance  que  j'examine  ici  est  rt'Iative  et  temporaire, 
ôt  il  suflit,  pour  la  dissiper,  qu'il  entre  dans  le  cœur  du 
malade  un  de  ces  divins  rayons  d'amour  que  la  femme 
sait  si  bien  allumer  à  l'étincelle  de  son  regard,  à  l'éclat 
de  son  sourire  et  au  doux  feu  de  ses  paroles.  Que  le  mé- 
decin ne  dédaigne  point  ces  auxiliaires;  il  est  presque  invin- 
cible s'il  agit  de  concert  avec  l'amante  ou  l'épouse  de  son 
malade. 

2^*  Influence  des  ])assions  sympathiques.  —  Quand  on 
considère  que  l'acte  copulateur  est  sous  la  dépendance  la 
plus  entière  des  sentiments  attractifs,  on  est  conduit  h  pro* 
portionner  l'énergie  de  l'art*,  et  par  conséquent  Tactivilé 
de  rajipareil  copulateur,  6  la  force  de  ressentiments  attrac- 
tifs, en  d'autres  termes,  et  pour  employer  un  langage  plus 
usuel,  on  est  amené  à  penser  que  le  coït  est  d'autant  plus 
facile  et  plus  com|del  que  l'amour  qui  le  sollicite  est  plus 
violent  et  plus  exalté. 

Cette  loi  psycho-physiologique  dont  il  est  impossible  de 
De  pas  reconnaître  la  justesse  et  la  réalité,  souflre  cependant 


A&&  imnisAiiGB  BTNMraïQim. 

des  exceptions  asses  nombreuses  pour  qu'il  soit  utile  de  non 
y  arrêter  un  instant. 

Quand  le  désir  ou  plutôt  quand  l'instinct  du  rapproche- 
ment des  sexes  a  quitté  ce  vague  nuageux  qui,  semblable  i 
une  atmosphère  légère,  entoure  notre  âme,  et  vient  se 
placer  sous  Tempire  de  la  conscience  ;  quand  ses  aspirations, 
abandonnant  les  vastes  horiioiis  de  Tinconnu,  prennent  un 
corps  pour  ainsi  dire,  naissent  è  la  vie  morale,  et  ae  coih 
centrent  dans  la  contemplation  d'un  être  fini  et  réel,  TiD- 
stinct  devient  sentiment,  le  désir  se  fait  amour. 

Fidèle  aux  lois  de  son  essence,  Tamour,  cette  douce  et 
magique  expression  de  la  portion  sympathique  de  notre 
àme,  s'ciaspère  des  lenteurs  et  s'irrite  des  obstacles  ;  pour 
vaincre  les  eniraies  qui  lui  cachent  le  but,  il  appelle  à 
son  aide  toutes  les  forces  de  l'organisme,  toutes  les  graiw 
deurs  de  l'esprit,  toute  rex»ltnlion  des  setitimetils,  et  va 
même  chercher  des  ressources  d»iis  le  monde  des  rives  et 
des  enrlionlcmeiits.  Au  milieu  de  celle  conrusioii  étrange, 
Me  cette  tension  exagérée  de  tous  les  res.sorls  de  la  vie, 
l'àmc  n*extTcc  plus  qu'un  empire  douteux,  qu'une  puis- 
sance trcmb'ante  ;  si  tout  à  coup  elle  est  inondée  '*d'un 
bonbtîur  lungtemps  C4iressé,  si  el!e  est  éblouie  par  l'appa- 
rition inattendue  d*une  félicité  prochaine,  elle  se  noie  elle- 
même  dans  une  immensité  de  joies  et  de  «oluptés,  oban- 
donnant  k  leur  délire,  sons  gouvernail  et  sans  boussole, 
toutes  les  forces  de  l'organisme  :  «  Si  Ton  considère,  dit 
Virey,  que  l'âme  éperdue  nage  dans  un  océan  de  plaisirs  ; 
que  toutes  les  fibres  du  corps  frissonnent  sous  les  plus  ten- 
dres caresses  ;  que  l'on  est  plongé  dans  un  enchantement 
universel,  et  comme  ravi  en  extase  de  l'excès  de  son  bon- 
heur, on  comprendra  qu'il  faut  revenir  de  cette  secousse 
générale  pour  se  livrer  plus  spécialement  à  une  jouissance 


.  r 


SYMPATHIES    MORALES.  A/^S 

particulière  Non,  sans  doute,  on  n'est  pas  froid  dans  ces 
premiers  instants  du  délire  de  la  volupté;  on  s'y  seni,  au 
contraire ,  comme  englouti  et  submergé  ,  on  se  cherche  et 
l'on  ne  se  trouve  pas.  Interdit  de  ce  phénomène,  et 
sentant  néanmoins  sa  vigueur  et  la  plénitude  de  sa  force, 
l'homme  se  croit  lié  et  comme  enchahié  dans  le  cours  de  sa 
victoire  (1).  •> 

Les  exemples  de  ce  phénomène  étrange  ne  sont  pas 
rares,  et  on  les  rencontre  surtout  chez  les  personnes  ner- 
veuses, mélancoliques,  et  dont  l'esprit  se  plaît  dans  les 
rè\eries.  Un  des  acteurs  les  plus  distingués  de  Paris  éprouva 
cet  accident  la  première  nuit  de  ses  noces,  bien  qu'il  eût 
eu  antérieurement  des  rapports  avec  la  femme  qu'il  épou- 
sait; seulement  ces  rapports  ne  s'étaient  produits  qu'au 
milieu  de  la  gène  et  de  la  contrainte  imposées  par  la  sur- 
veillance des  parents  de  la  jeune  lille,  et  le  bonheur  dans 
lequel  le  plongea  la  libre  possession  de  ces  charmes  qu'il 
n'avait  fait  qu'cflleurer,  ne  valut  pas  pour  lui  la  contrainte 
à  laquelle  il  était  auparavant  condamné. 

Dans  les  Essais  de  médecine  d'Edimbourg,  on  trouve 
rapporté,  par  le  docteur  Curkburn,  un  exemple  d'autant 
plus  remarquable  de  TelTet  ana}ihrodisiaque  de  l'excès  d'à* 
raour,  que  l'impuissance  qui  en  fut  la  suite  se  traduisit,  non 
par  le  défaut  d'érection  de  la  verge,  ce  qui  pst  le  cas  le  plus 
commun,  mais  par  l'impossibilité  de  l'éjaculation ,  par  ce 
que  j'ai  appelé  l'aspermatisme. 

Qu'on  me  permette  de  rappeler  une  partie  de  ce  fait 
curieux  dont  j'ai  précédemment  donné  la  narration  en- 
tière (2)  :  «  Un  noble  Vénitien,  dit-il,  épousa  à  l'âge  où 


(t)  De  la  femme,  notes,  p.  390. 
(2)  Voir  la  page  1246. 


Ii6  IMPOniAIICB  tffWATflIQn. 

r«fnoiir  foforiM  un  homme  avec  romploisanco.  one  jMM 
demoisello  Irèt  aimnble,  a^ec  laquelle  il  ise  comporta  aaiei 
vigoureusement  ;  rouis  Tessenticl  manquait  à  son  bonheur  ; 
tout  annonçai!  dans  ses  rapports  le  moment  d'eilase»  et  le 
plaisir  qu*il  crojaii  goâter  s'échappait.  L'illusion  lui  était 
plus  Taiorable  que  la  réalité,  puisque  les  songes  qui  auceé* 
daient  à  ses  elTorls  impuissants  le  réveillaient  par  des  aen* 
salions  délicieuses^  dont  les  suites  n'étaient  pas  équivoques 
sur  sa  r^ipacilé.  Cet  époui  malbeureus,  rassuré  sur  son 
état,  voulait-il  prouver  efliracement  sa  puissance  et  réaliser 
ses  plaisirs,  il  en  procurait  sans  pouvoir  les  partager;  en 
un  mot»  rérection  la  plus  forte  n'était  pas  arcompagnéo 
de  ce  jai  lissement  précieui  qui  bit  connaître  toute  l*élen* 
due  de  la  volupté,  a 

Il  est  probable,  comme  je  l'ai  dit  précédemment,  que 
l'aspermatismc  tenait  a  un  état  ^pn«modique  dos  conduits 
éjaculateurMy  lequel  rcronnalMsait  lui-même  pour  cause  un 
eicès  d*amour,  puii^que  cette  diflirullé  d'éjaculntion  ne  pa- 
rail  |>as  «i\oir  existé  a%Anl  le  mariage  du  malade  qui  ne 
serait  pus  à  coup  itûr  entré  dans  lo  couche  nuptiole  avec 
une  semblable  intirmilé. 

L'aspermolismc^  dans  le  sens  rigoureux  que  j'ai  donné 
à  ce  mot,  est  lo  forme  la  plus  rore  de  Timpuissancc  par 
excès  d'amour  :  en  dehors  des  cas  exceptionnels  comme 
celui  cité  par  Cockburn,  cette  variété  d'anaphrodisie  se 
traduit  ou  por  le  manque  d*ércction  ou  par  une  énergie 
au  contraire  qui  n'e.st  autre  cho^e  que  le  [iriapiiime  ;  mais 
quel  que  «oit  le  c*aractère  qu'elle  répète,  sa  durée  est  ordi- 
nairement assex  courte,  et,  sous  ce  rapport,  Montaigne  a 
pu  dire  avec  raison  aux  époux  tro|)  coûteux  Tun  de 
l'autre  :  <•  Les  mariez,  le  temps  estant  tout  leur,  ne  doib- 
vent  uy  presser  ny  taster  leur  entrcprinse,  s'ils  ne  sont  pas 


SYMPATHIES    MORALES.  tlHl 

prests.  Et  vault  micult  faillir  indécemment  à  estreiner  la 
couche  nuptiale,  [ileinc  (l*agi(a(ion  et  de  Hebyre,  attendant 
une  et  une  aultre  commodité  plus  privée  et  moins  allurmée, 
que  de  tomber  en  une  perpétuelle  misère ,  pour  s'ostre 
estonné  etdé>espéré  du  premier  rrfus.  A\ant  la  posses^nion 
prinse,  le  patient  $e  doibt  l  saillies  et  divers  temps,  Icgiere- 
ment  essayer  et  oiïrir,  sans  se  piquer  et  opiniastrcr  à  se 
convaincre  définitivement  soy-môme  (1).  » 

L'impuissance  par  excès  d'amour  mériterait  h  peine  de 
nous  arrêter,  si  elle  n*avait  pas  secondairement  une  in- 
fluence fârlieuse  sur  Timoglnation  :  elle  est  souvent,  en 
effet,  le  point  de  départ  d'appréhensions  qui,  bien  que  chi- 
méri(]ues,  jouent,  ainsi  que  nous  l'avons  vu,  un  rôle  très 
important  dans  l'acte  copulalcur  en  paralysant  toute  éner- 
gie virile.  Par  conséquent,  il  est  utile,  surtout  chez  les 
esprits  facilement  impressionnables,  de  prévenir  un  premier 
échec  ;  et,  si  la  morale  et  les  devoirs  du  mariage  ne  réprou- 
vaient formellement  un  semblable  expédient,  je  dirais  avec 
Montaigne,  qu*on  ne  peut  trop  se  lasser  de  citer  en  pareille 
matière  :  «  J'en  sçay  à  qui  il  a  servy  d'y  apporter  le  corps 
mesme,  demy  rassasié  d'ailleurs,  pour  endormir  l'ardeur 
de  cette  fureur  :  et  (|ui,  par  l'aago,  se  trouve  moins  impuis- 
sant de  ce  qu'il  est  moins  puissant  (2).  » 

Les  bains  prolongés,  la  diète,  le  régime  lacté,  l'habita- 
lion  à  la  campagne,  le  calme  de  l'esprit  et  les  distractions, 
suffisent  d'ordinaire  pour  ramener  l'équilibre  dans  Texer- 
cice  de  toutes  1l*s  fonctions;  chez  les  individus  pléthoriques, 
on  pourra  aller  jusqu'h  la  saignée  générale,  ou  se  contenter 
de  l'application  de  quelques  sangsues  à  la  nuque  ou  de  fo- 

(1]  Essais,  1. 1,  eh.  xx,  p.  4  07,  édit.  de  4743. 
(2}Loe.  ete.,  p.  4  04. 


menUlioni  froides  sur  la  partie  du  crâne  corre^Ddaiit.  W| 
cerielet.  Chei  let  penonnei  nerveuiet,  «q  coolraire,  HhI 
opiacés,  ou  les  anlispasniodiqaet,  ou  les  uns  et  les  aulret 
combinés  ensemble,  rendront  de  très  grands  services  ;  mais 
tous  ces  mo)ens  devront  céder  le  pas  au  raisonneiMiilt,  et 
avant  de  recourir  à  une  thérapeutique  quelconque,  le  M* 
decin  Fera  toujours  un  appel  pressant  à  la  raison  de  son  pp-i 
lade. 

8*  Influence  dei  affectioiu  antipathiques.  -  -  Planque 
rapporte  d'après  Blegny  {Journal  de  médecine^  t.  I, 
p.  ft89},  qu'une  Femme  éprouvait  pour  son  mari  un  tel 
sentiment  de  répulsion,  qu'elle  était  prise  de  mouvements 
spasmodiques»  et  tombait  même  en  syncope  è  la  vue  seule 
de  rhomme  qu'on  lui  avait  lait  épouser. 

Si  rnntipatbie  est  capable  de  produire  chez  la  femme  de 
^emblnbles  ciïels,  on  comprend  sans  peine  l'aclioii  débili- 
toiilc  quVIle  doit  exercer  sur  les  organes  de  Tbomme  si 
direclemont  soumis  i  Tempirc  de  TAroe. 

Corles,  les  exemples  de  celte  iiillueiire  néfaste  ne  man- 
quent pas ,  et  ils  expliquent ,  sans  les  légitimer  pourtant, 
les  d(*maiides  si  nombreuses  de  nullité  de  mariage  par 
répreuve  du  congrès. 

E^t-il  besoin  d'insister  sur  cette  cause  si  manifeste  d'im- 
puissance, quand  on  connaît  l'essonce  de  Tamour  et  les  lois 
qui  président  au  rapprochement  des  srxes  ?  Me  suffil-il  pas 
d'énoncer  cette  proposition  comme  un  axiome,  à  savoir  : 
que  toutes  les  nuances,  si  nombreuses  et  si  variées  qu  elles 
soient,  du  sentiment  répulsif,  depuis  la  simple  froideur  jus- 
nu  h  la  haine  la  plus  profonde,  sont  les  ennemis  les  plus  im- 
placables des  voluptés  génésiques. 

Si  dans  ces  conditions  fâcheuses  le  coït  doit  être  exercé, 
et  il  est  malheureusement  des  circonstances  sociales  qui 


SYMPATHIBS    MORALES.  &&9 

eiigent  on  pareil  sacrifice,  la  médecine  ne  (leut  intervenir, 
car  elle  n'a  dans  son  arsenal  thérapeutique  une  arme  ni 
assez  fortement  ni  assez  finement  fourbie  pour  éteindre  ou 
même  calmer  la  haine  dans  un  cœur  qui  s'en  enivre.  C'est 
è  Tamitié  qu'il  faut  confier  le  soin  de  la  médication  pour  le 
succès  de  laquelle  le  temps  et  les  distraclions  sont  aussi  de 
poissants  aniiliaires. 


FIN   DU  TOm    PRIMIIR. 


I. 


29 


TAfiLli    DES   HATIËRES 

DD  lOliB  fREHIBII. 


CHAPITRE  l"-  —  Cont«Tior> 8 

g  I.  Airle  oupuldrar  cLm  l'IiainfiM h 

{  (I.  Artf  cupuUtcur  cL(t  U  fcmne •••••  3S 

f  III.  CcpoUtioD S6 

GDAPITHE  il—  ttcoNBinon A% 

^  I.  Arln»«aiîu»l 4> 

A.  îidi-r'iiuu  ilu  ((Hmia 4> 

B.  EicréituD  ilu  tiieriiir hi 

C  Cuiii|ioiilioo  do  tpcrme, ^i 

I  M.  Acia  oTarÎDii 56 

I  ui.  C*D<raliaa 63 

Tbéorin  rdatiTMàli  géD«r«tîoii 65 

A.  Lci  •dmiDiiic* 64 

B.  Lci  oiidM 71 

C.  Le* •ciiwO'OfiilM 6i 

D.  Lai  aDiiiiilcnlUiM. 84 

E.  Lei  temcD-ininialcalUle* 8(t 

F.  Le*  oio-inimalcDUita 8o 

Ëlal  iclucl  de  U  Kwacc 9S 

CBAPirBEDI.  ~  Duiti  M  L4  rOKCTion  cinikinici 96 

HtnnMJATiON {)8 

1 1,  CîrcoDtlancr*  qui  iofloenl  nur  clli 98 

A.  CtiDiat,    lililaJe  g<of;rapfaiquf,  racea 98 

B.  SaciaLilili,  liibiluil»,  répatr 101 

C.  CoDililulion,  lciii|)é rament,  taille,  elc loi 

1  ti.  SîanUicilioD  dcliiDCDMrDalioDoo  poole  périodique.  loS 

I  m.  l'hénoinèiici    accompagoaiil  1*  menalrnaliOD 109 

rllAPITRE  IV.  —  RtproaTM  Là  roNcnon  cinltiTkiCB  aficu* 

AiTTiw  roncTio'ii  i>i  L'uKciKiau itS 

1    I.  KapporU  atec  la  >ic  organique 1 18 

A.  Kulrilion ii8 

B.  Circoldiao  1  rcapiralivn i«i 

C.  EicrMoDi. ii5 

I  II.  RapporU  Mcclarie  animale. laS 


TABiB    DBS    MATlIaSS. 

CHAPITRE  V.  —  ClRCO?(8TANCBS  IiIVBBSES  QUI  L^FLUIflT  SU»  LB  dA- 
TfiLOPPKMENT  ET  L^BXEBCICB    I>B  hk    PACULTB  «BXiBATBICB. 

$  I.  GirconsUiiccf  iubérenlci  k  rindWido 

A.  Age 

B.  ConMiiulion,   tempérament.  • 

C.  Facull^'s  morales,  pasaioni • 

D.  iJiibitudes 

£.  né(j|jme.  ....••.•• ..«• 

F.  Professions,  travaux 

§  II.  Circonstancei  étrangèrei  k  rindmdu 

A.  Climats 

B.  SnisoDs 

C.  Années , 

D.  Jour,  noit 


3a 

3a 
3a 

54 
38 

4o 

43 

45 

45 

47 

49 
5i 


LIVRE   PREMIER. 

DE  L'IHPriSfiAlVCE. 

DéGnilion   de  l'impuissance i54 

ACTION  PREIfU^PQ.  —  IMPUISSANCE  CHEZ  LUOMME..  .  i56 

CHAPITRE  1".  —  Impuissancb  PAB  vicbs  ub  comporiiatioh i56 

§  i.    Anomalies  de  la  verge 1 5(i 

§  II.   Anomalies  du  prépuce 167 

§  m.  Anomalies  du  frciu 171 

§  iT.  Anomalies  du  gland  et  de  Parètre,  • .  • , 17a 

§  ▼.   Anomalies  de  la  vessie 1 73 

CHAPITRE  U.  —  Impuissance  ioiopathiqdb • 177 

S  I.    Impuissance  idiopaibique  par  défaut  d'énergie. ...  184 

Impuissance,  médication 191 

1  **  Agents  médicamenteux 19a 

a"  Agents  physiques. 198 

3"  Moyens  mécaniques ao6 

^  11.  Impuissance  idiopathique  par  perversion  d*énergie.  219 

§  m.  Impuissaucc  idiopaibique  par  excès  d'énergie, ,,. .  a35 

Priapisme a37 

flrolomanie a43 

A^pormalisme a43 

Saty  riasis • a5o 

CHAPITRE  ni.  —  Impuissance  stmptomatiqub* • aSi 

iMPUIHltANCE    6VMPTOMATIQLB  OECERTAIKS  ÉTATS    PHYSIOLOGIQUES.  a5a 

$  1.  Ages a5a 

§  II.  CoDstituliun,  lempérameut a56 

Impuissance  symptomaliquc  d*un  étal  pathologique.  a6a 

§   I.  De  la  nutrition , a6a 

Obésilé a65 

Amaigrissement a08 


TABLI   DU   MATlIlSS. 

§  II.  De  la  dreoUlioo • ty% 

§  III*  De  llnuerfatioD •78 

1*  Trooblet  de  llnnerfeliou   atec  létioiu    anato- 

mîqaes 179 

9*  Troubles  de  l'inner? alion  taot  lé«ioM  asatoinf  • 

qaei  ;  néTHMet  el  féaauiet t84 

§  iT.  D'uoe  inloiicaliou 99S 

loloiication  lypliilllique 9^4 

liitoiîcalîou  talarnine 5ot 

Inloiîcatîoo  aotimouialo  el  arsenicale 5o4 

llnloiicalion  iodiqae   3o€ 

loloxîcalioo  par  le  camphre 5o8 

Intoiication  par  le  hachisch 5oo 

§  f .    D'aac  afreclîoii  do  Tappareil  géoîto-orinaire 3>S 

Maladies  des  reins,  des  bassinets  el  des  uretères SiS 

Maladies  de   la  TcsMe •  •  817 

Maladies  du  col  de  la  fessie,  de  la  prostate  el  des 

conduits  éjaculateurs S19 

Maladies  des  vésicules  séminales. «••  3to 

Maladies  de  Turètre 5ti 

Maladies  de  la  Ycrgi^ S34 

Maladies  du  curdon  spermaliqoe  et  des  leslieolei..  58o 

^:UA!MTRE  IV.  —  Impl'Issa!«cb  coNsicuriTt 355 

§  I.  Impuissance  consécotiTe  à  on  étal  organo-patbolo- 

giqiie 335 

H  II.  Impuissance  conséculiTeà  un  étal  palbogéuiquc. . . .  543 

A.  Abus  d'agents  débilitants  ou  ancMliésique».  .......  543 

H.  Abus  de  l'appareil  musculaire 55o 

C.  Abus  de  Tappareil  digestif 55 1 

I).  Abus  dt*  Torgane  iutellectueJ 565 

E.  Abus  de  l'appareil  génital 571 

1*  Eicès  de  continence 571 

2*  Excès  d'iucontinence«  excès  vénériens 575 

Pollutious • 589 

S|>ermatorrbée,  pertes  séminales 594 

CHAPITRE  V.  —  Impcissancb  sympathique 4^^ 

{  I.  Sympathies  morbides  pb)-»i(|ues ^o6 

A.  Lésions  Titalcit. 4<>€ 

B.  I^^ions  organiques 407 

I II  Sjmp.ithies  moraleit • .  4^^ 

A.  Facultés  inlellectucllco 4 >8 

B.  Facultés  .iffertÎTcs 454 


riM  nr.  l\  taslk  on  tovb  premier. 


■rf*», 


TRAITÉ 


DE 


L'IMPUISSANCE 


Ï.T  DK 


LA    STÉRILITÉ 


CH£Z  L'HOMME  ET  CHEZ   LA   FEMME. 


il. 


fMk.  -  ifrttrti  de  u  MtRinn,  r 


TRAITÉ 

nB 

L'IMPUISSANCE 

LA  STÉRILITÉ 

CHEZ  L'HOMME  ET   CHEZ  LA   FEMME. 

L'EXPUSmuN   DES  UOVENS  RECOUUANDÉS   JHJUII   Y  HËMËtirH:!!. 


VEUn  ROVB&VD. 


TOME  SECOND. 


PARIS. 

CHEZ   J.-B.  BAILLIÉRE, 

LiBHAIBE    DK    L'ACADËMIB    lUPÉilIALE    DB    HËOECIMB, 

ruoIliulMFuilli',  in. 

UOMDRES,    H.    BAH-LIÉnE.     ?      NKW-VOItK,  H.  DA1I.Lli»E, 

119,  nigiul-Stnil.  i  KO,  Braidtts;. 


TRAITE 


DE  L'IMPUISSANCE 


BT 


DE  LA  STERILITE. 


■•■ 


SECTION  DEUXIÈME. 


DHPUISSANCE  CHEZ  I.A  FEHME. 


Il  est  incontestable  que  si  j'avais  enfermé  le  mot  impuis- 
sance dans  les  limites  étroites  de  la  définition  que  l'on  donne 
ordinairement  a  cette  expression ,  à  savoir  :  inaptitude 
permanente  ou  temporaire  à  la  copulation,  la  femme,  en 
dehors  de  quelques  rares  vices  de  conformation  et  de  quel- 
ques cas  de  maladies  non  moins  rares,  serait  peu  eiposée 
&  cette  infirmité,  car,  ainsi  que  le  dit  Vircy,  elle  peut  tou- 
jours recevoir  passivement  les  caresses  de  Thomme. 

Cependant  le  rôle  de  la  femme,  dans  le  coït  normal, 
n'est  pas  entièrement  passif;  elle  ne  saurait  être  déshéritée 
des  douces  émotions  et  du  plaisir  attachés  à  l'acte  de  la 
génération,  car,  si  sa  volonté  est  nécessaire  à  la  réalisa- 
tion de  cet  acte,  la  même  volonté  peut  s'opposer  à  son  ac- 
complissement en  refusant  les  approches  de  l'homme.  Il 
faut  donc  à  la  femme  un  appAt,  un  mobile  pour  ne  p«s 
repousser  l'accouplement,  et  en  même  temps,  comme  ré- 
compense, si  Ton  peut  ainsi  dire,  attachée  h  l'accomplisse-* 


n. 


29* 


/i50  i>II'LlSSAM:i£    CIIKZ    LA    FëMMK. 

mont  dr  (ouic  fonction  |)liysiolo<;i(]ue,  iiiir  scn<«iUion  (!o 
bicn-ètre  cl  un  sentiment  de  bonheur. 

Les  désirs  et  le  plaisir  vénérieos  incombent  donc  à  la 
femme  au  même  titre  qu'ils  appartiennent  k  Thomme,  et 
les  uns  et  les  autres  rentrent  dans  Tordre  normal  des  con- 
ditions physiologiques  du  coït. 

Dans  les  actes  de  la  vie  de  relation,  tous  les  êtres,  quel 
que  soit  le  degré  qu'ils  occupent  dans  rérlielle  zoologique, 
remplissent  un  râle  actif,  que  cette  activité  soit  sous  la  dé- 
pendance de  l'instinct  ou  de  la  conscience;  sans  désirs  et 
sans  plaisir  dans  la  copulation,  la  femme  ferait  seule  excep- 
tion à  cette  loi  universelle  <le  la  nature,  ce  qui  évidemment 
n'est  ni  admissible  ni  vrai. 

Le  coït  est  donc  chez  lu  femme,  comme  chez  l'homme, 
soumis  ù  de  certaines  conditions;  cl  s'il  est  incontestable 
qu'un  état  pathologique  existe  (ou'.cs  1rs  rois(|(rune  fonction 
ne  s'accomplit  pas  dans  les  limites  (|ui  lui  son(  tracées  par 
la  nature,  il  faut  adii^cltre  que  l'absence  d'une  ou  de  plu- 
sieurs des  conditions  du  coït  normal  chez  lu  femme  con- 
stitue un  état  morbide  ou  pathologique. 

C'est  cet  état  morbide  que  j'a[q)elle  impuissance. 

L'impuissance  n'est  donc  pas  pour  moi,  ainsi  (|ue  l'ont 
définie  mes  devanciers,  l'inaptitude  permanente  ou  tempo- 
raire à  la  co|)ulntion,  mais  bien  l'absence  d'une  ou  de  plu- 
sieurs des  conditions  du  coït  physiologique. 

J'ai  dit  ailleurs  quels  étaient,  chez  l'homme,  le  nombre 
et  la  nature  de  ces  conditions. —  Je  n'y  retiendrai  pas  ici. 

Chez  la  femme,  elles  sont  au  nombre  de  trois  : 

La  première ,  désirs  vénériens ,  est  entièrement  sous 
l'empire  de  l'Ame  ; 

La  seconde,  réception  dans  le  \ngin  de  la  verge  de 
ThommC;  appartient  exclusivement  au  domaine  organique; 


IMPDiSSAlfCB    PAR    OBSTACLES   A    L'iNTROIlIflSIOlf.       ftSl 

Et  la  troisième,  plaisir,  prend  (oui  à  la  foin  sn  source  et 
dans  l'Ame  et  dans  les  organes. 

Je  sais  que  celle  dernière  proposition  ne  sera  pas  accep- 
tée sans  conleste,  car,  ainsi  que  le  dit  je  ne  sais  quel  au- 
teur, souvent  un  coïl ,  commencé  dans  rindiiïércnce,  se 
termine  par  la  voluplé.  Mais  je  ne  m*y  arrélorai  pas  davan- 
tage ici,  et  je  renverrai  en  son  lieu  et  place  lo  discussion  de 
ce  point  en  lilige. 

Quoi  qu'il  en  soit,  et  pour  simplifier  encore  plus  la  ques- 
tion, on  peut  dire  que  lu  femme  a  deui  rôles  dans  le  coït  : 
l'un  passif,  conslilué  pnr  la  réception  de  la  verge  de  Thomme 
dans  son  conduit  vaginal;  l'autre  actif,  rempli  par  les  dé* 
sirs  et  le  plaisir  vénériens. 

L'un  et  l'autre  de  ces  deux  rôles  peuvent  être  suspendus, 
et  alors,  selon  que  rincapocité  porte  sur  la  partie  passive  oa 
active  de  l'acte ,  on  a  deux  genres  d'impuissance  chez  la 
femme  que  je  désignerai,  pour  ne  pas  tomber  dans  une 
technologie  prétentieuse,  par  des  expressions  connues  de 
tous,  à  savoir  : 

1®  Impuissance  par  obstacles  h  l'intromissioD  ; 

2°  Impuissance  par  frigidité. 

C'est  à  ce  double  point  de  vue  que  je  traiterai  Timpuis- 
sonce  chez  la  femme. 

IMPUISSANCE  PAR  OBSTACLES  A  L'INTROMISSION. 

La  nature  et  le  siège  des  obstacles  qui  peuvent  s'oppo- 
ser è  l'introduction  de  la  verge  dans  le  vagin,  sont  nom- 
breux et  variés,  et  je  me  trouve,  en  raison  même  de  cette 
diversité,  dans  un  grand  embarras  pour  la  marche  que  je 
dois  'uivredans  leur  exposition. 

Quanta  leur  nature,  ces  obstacles  sont  d'abord  congé- 


VICKS    DE    G0^F0R1IATI0N,    ETC.  ASft 

CHAPITRE  l•^ 

VICES   DE    CONFORMATION   DES    ORGANES   EXTERNES 

DE   LA    GÉNÉRATION. 

A.  Anomaliei  de  la  vulve. 

Je  comprends  sous  le  nom  de  vulve  :  1*  l'ouverture  in- 
férieure du  canal  vaginal  ;  2*  les  grandes  et  petites  lèvres  ; 
S*  le  clitoris.  —  Je  laisse  à  dessein,  comme  ne  rentrant  pas 
dans  mon  sujet,  le  méat  urinaire  qui  s'ouvre,  comme  on  le 
sait,  au  milieu  des  nymphes. 

J'examinerai  séparément  les  vices  de  conformation  des 
divers  organes  qui  composent  la  vulve  ;  mais  je  dois,  avant 
d'aller  plus  loin,  signaler  une  anomalie  excessivement  rare, 
et  qui  s'accompagne  ,  lorsqu'elle  existe ,  de  malconforma- 
tions très  graves  des  organes  internes  de  la  génération  ;  je 
veux  parler  de  l'absence  complète  de  la  vulve.  Les  annales 
de  la  science  offrent  très  peu  d'exemples  de  ce  vice  de  con- 
formation dans  lequel  n'existent  des  traces  ni  des  grandes 
ni  des  petites  lèvres ,  ni  du  clitoris ,  ni  de  l'ouverture  vul- 
vaire,  et  dans  lequel  cette  partie  présente  une  surface  unie, 
sans  poils,  et  comme  la  continuation  de  l'abdomen. 

Il  suflit  d'indiquer,  sans  s'y  arrêter  davantage,  l'existence 
possiblede celte  anomalie,  car,  en  de  pareilles  circonstances, 
la  médecine  est  désarmée  et  l'abstention  est  la  seule  res- 
source de  notre  art. 

1*  Anomalies  de  rouverture  vulvaire.  —  Ces  anoma- 
lies consistent  surtout  dans  l'oblitération  complète  ou  dans 
un  simple  rétrécissement  de  l'ouverture;  mais  au  point  de 
vue  où  nous  sommes  placé ,  il  importe  peu  que  l'occlusion 


nets  BC  eoirroRNATioii 
AOit  crlli^re  oti  pnr(icll<>,  |i(iiin  ii  <]ii'ol  v  rail  siiiri>snle  ponr 
em|j6cllPr  l'introiliiclkin  de  la  *crge  dans  le  viipiii. 

Suiis  (lotilu,  sous  1r  rapport  de  la  )iiinli^  gL^ii^rDlc  il^pm- 
danl  do  la  r^lenliuii  mécanique  des  ri'clc*,  m  je  piiU  ain»i 
dire.  In  ilistindio»  h  Fairo  entre  ce*  (leux  éiot!!  palhologit^u» 
est  im|iorlanle  i  car  si  le  Hm|)le  rétrécissement  i(ui  |)ern)et 
au  smig  cntaméiiiiii  du  l'écouler  auiletior!!,  ne  réclame  pu» 
impérieusement  rinlcrvenlion  de  l'ârl,  il  n'en  est  pas  ilc 
même  de  l'oblilériilion  complète  qui  peut  mettre  en  danger 
Ici  jours  de  lo  malade,  moi»  qui,  dam  tous  le>  va*,  s'scrom- 
pagiie  de  ■>mpl6meii  élraiigeii  et  toujours  douluureui. 

Me  rciifermanl  donc  dans  lo  cadre  qui  m'es!  écliu,  je  ne 
ferai  de  l'ocrlusiou  complète  et  du  rétrécissement  do  l'ou- 
verlure  lulvairo  qu'une  seule  anomalie,  pnrre  que  à  notre 
foiiil  lie  vue,  je  le  répète,  lea  conséquences  «menées  par 
chacun  de  ces  deux  états  sont  identiques,  c'est-à-dire  qu« 
l'un  et  l'autre  s'opposent  h  l'entier  et  facile  sccomplissc- 
inent  de  la  copulation. 

L'occlusion  de  l'orilice  vulvsire  peut  dépendre  ou  des 
parties  dures  ou  des  parties  molles. 

Dans  te  premier  cas,  elle  l'accompngnn  lonjours  d'une 
vicieuse  conformation  du  bassin,  caractérisée  surtout  par 
une  dépression  considérable  du  pubis.  Quelquefois  le 
bossin  est  bien  conformé,  et  co  sont  des  cxosloses  qui 
obstruent  l'entrée  du  conduit  laginol;  mais  comme  j'aurai 
plus  loin  l'occasion  de  parler  des  ctostoses  accidentelles,  je 
reviendrai  ti  leur  sujet  oui  eiosloseï  congénitales.  Qusul 
aux  vices  de  conformation  du  bassin,  il  faut  se  résigner  h  ne 
rien  faire,  le  mal  e»t  au-dessus  des  ressources  de  notre  art. 

L'uccluiion  de  la  vulvo  par  les  parties  molles  a  son  siège, 
tintAt  «ux  lèvres  génitales,  luitlât  oui  parois  mêmes  de 
l'oriDce  vulvaire,  et  tantôt  i  h  membrane  hymen. 


,fv. 


DES  ORGANES  EXTERNES  DE  LA  GÉNÉRATION.    &!)5 

Je  vais  rn|M(leincnl  examiner  charuiic  de  ces  variélés. 

Lorsque  l*occlusion,  qu'elle  soit  ('om|)lète  ou  incomplète, 
dépend  des  lèvres  génitales»  leur  adhérence  |)eut  être  mé- 
diate ou  immédiate. 

La  première  de  ces  variélés  n'est  pas  signalée  par  les 
auteurs;  cependant ,  quoique  inliniment  plus  rare  que 
Tadhérencc  immédiate,  elle  se  rencontre  quelquefois,  et, 
pour  mon  compte  J'en  pourrais  citer  un  ou  deux  exemples. 
Dans  ces  cas,  il  existe  entre  les  deux  petites  lèvres  une  mem* 
brane  plus  ou  moins  résistante  qu'il  ne  faut  pas  confondre 
avec  l'hymen,  car  on  retrouve  celui-ci  au  fond  de  la  vulve^ 
quand  il  existe,  après  la  déchirure  de  la  première  membrane. 

La  membrane  supplémentaire  n'a  ordinairement  que 
quelques  lignes  d'étendue,  est  plus  ou  moins  épaisse,  et 
occupe  tantôt  la  totalité  et  tantôt  quelques  points  seulement 
de  rou\erture  vulvaire.  Il  est  toujours  facile  de  la  recon- 
naître soit  à  l'espace  qu'elle  laisse  entre  les  deux  petites 
lèvres,  et  qui  permet  de  glisser  entre  elles  le  doigt  ou  une 
sonde  cannelée,  soit  a  la  résistance  moins  grande  qu'elle 
oppose  h  la  pression. 

Quand  l'adhérence  des  petites  lèvres  se  fait  d'une  ma- 
nière immédiate,  leurs  parois,  ainsi  que  le  dit  M.  Amussat, 
sont  collées  ou  soudées,  comme  chez  les  jeunes  garçons, 
lorsque  le  prépuce  est  adhérent  au  gland. 

Mais  quel  que  soit  le  mode  suivant  lequel  l'adhérence 
s'établisse,  il  est  d'une  saine  pratique  d'opérer  de  bonne 
heure  le  débridemcnt;  cependant  lorsque  le  canal  de 
l'urètre  ne  participe  pas  h  l'oblitération,  le  chirurgien,  qui  a 
par  devers  lui  un  temps  assez  long,  peut  attendre  l'époque 
qu'il  croira  la  plus  convenable,  quoique  les  faits  cités  par 
M.  Amussat  no  laissent  aucun  doute  sur  le  succès  de  Topé- 
ration  pratiquée  de  bonne  heure,  puisqu'il  a  pu  déchirer 


VICBfi    UK    ClMruBHAtlOK 
g  es  pendant  le  sommeil  de  renfanl.  et  sans  qae 

B-ct  s'o{K-rçùl  ni6me  de  la  |ir^H-iicv  <Iu  liiirur^iieii. 
ttl.  Amussiit  ext  d'avi»  ilc  proscrire  le  bistouri  de  ces 
sortes  d'opi^ruliuti,  !>urlout  rliu/  les  \ths  jeuncii  (illcs.  Il 
il,  selon  lui ,  d'opérer  ries  tractions  pour  déroller  les 
mbrarics  niuqueusos,  et  it  dit  atuir  empluyû  deux  fois  ce 
procédé  avec  un  entier  surcès  (1  ). 

^uand  on  songe  k  l'analogie  que  M.  Amtissal  établit 
même  entrr  li-s  udliérences  de«  grandes  Ijivres  et  celle» 
du  gland  et  du  prépuce,  on  se  demande,  si  dans  les  deux 
Taits  qu'il  cite  dans  son  mémoire  et  auxquels  je  viens  de 
foire  allusion ,  ce  praticien  n'aurait  pas  eu  affaire  è  des 
adhérences  médiates,  auxquels  cas  la  membrane  supplé- 
mentaire se  déchire  en  elTet  très  fadleuicnt,  et  d'autant 
mieu\  que  l'obstacle  est  moins  ancien. 

Ce  sont  tout  è  la  fois  les  termes  de  la  comparaison  de 
M.  Amussat  et  son  procédé  opératoire  qui  m'ont  conduit, 
quand  une  occlusion  vulvaire  se  présentait  &  mon  observa- 
tion,  h  y  regarder  de  plus  prits,  et  Gnalement  à  admettre 
l'adhérence  médiate. 

Dans  ce  dernier  cas,  en  effet,  il  suffit  d'opérer  des  trac- 
tions pour  obtenir  la  désunion;  mais  si  l'adhérence  estim- 
médiate,  si  les  deui  muqueuses  sont  collées  ensemble, 
à  la  manière  du  gland  et  du  prépuce,  les  tractions  non- 
seulement  sont  insuffisantes,  mais  encore  elles  peuvent 
devenir  dangereuses  par  les  déchirures  qu'elles  sont  suscep- 
tibles de  déterminer  aux  lèvres.  Il  faut  alors  recourir  k 
riutrumeut  Iranchaol. 

Quand  l'occlusion  est  incomplète,  l'opération  est  simple: 

(t)  OlMervalioa  sur  une  opérslioD  de  vagin  artiHcwl,  lue  i  l'Aca- 
démie des  scieDCM  le  i  novemt>re  I83S,  p.  88. 


1>E8    0HGANB8   BXTKRNBS    DE   LA    GÉNÉHATION.  &57 

il  sufiit  d'agrandir  une  ouverture  qui  existe  déjà.  C'est  un 
débridement  que  Ton  pratique  avec  un  bistouri  conduit  par 
la  sonde  cannelée,  et  dirigé  quelquefois  en  haut,  le  plus 
souvent  en  bas. 

Quand  Tocclusion  est  complète,  l'opération,  sans  être  aussi 
simple  que  la  précédente,  n'offre  pas  de  très  grandes  diffi- 
cultés. On  incise  d'abord  couche  par  couche  les  tissus  qui 
se  trouvent  sur  la  ligne  médiane  en  suivant  la  direction  du 
raphé  périnéal,  et  quand  un  point  de  l'occlusion  est  ouvert, 
on  termine  comme  si  l'on  avait  affaire  à  une  occlusion  in- 
complète, et  de  la  même  façon  qu'il  a  été  indiqué  tout  à 
l'heure. 

Il  est  inutile,  ne  faisant  point  ici  un  traité  de  chirurgie, 
de  recommander  de  prévenir  une  nouvelle  occlusion,  dé^ 
terminée  cette  fois  par  la  cicatrisation  des  tissus  divisés, 
en  introduisant  entre  les  lèvres  de  la  plaie,  soit  une  canule, 
soit  une  mèche  de  charpie,  soit  tout  autre  corps  étranger. 

Quand  l'occlusion  de  la  vulve  a  son  siège  sur  les  parois 
mêmes  de  l'ouverture  de  ce  canal ,  la  conduite  à  tenir  est 
identique  avec  celle  que  je  viens  d'indiquer.  Le  débride- 
ment n'offre  pas  de  particularité  à  noter,  d'autant  mieux 
que  cette  variété  d'occlusion  est  rarement  indépendante  de 
l'adhérence  des  lèvres. 

L'hymen  peut  être  également  la  cause  de  cette  occlusion; 
son  imperforalion  est  tantôt  complète,  et  alors  la  copula- 
tion et  l'excrétion  calaméniale  sont  impossibles;  tantôt  elle 
est  incomplète  et  forme  simplement  obstacle,  par  la  résis- 
tance de  son  tissu,  à  l'accomplissement  de  Tacte  copulaieur. 
—  Il  est  bien  entendu  qu'il  ne  s'agit  point  ici  de  féconda- 
tion, car  la  science  possède  plus  d'un  exemple  de  grossesse 
avec  un  hymen  dont  l'ouverture  presque  imperceptible 
laissait  è  peine  passer  un  stylet. 


Tins   n    CO^VORMATION 

Qiinnd  la  iléchitiiro  di!  l'li]nii-ii  ist  inin[inlili-  \it  por- 
mellre  l'introduelinn  dt*  In  ver(tc,  ri  que  \n  (irrmi^re» 
approchi-s  dt:  rhoinme  n'ont  jiu  l'a-tmiidir  d'uni.'  nionii'ra 
notuble,  il  stiflit  d'un  roii|i  iln  cisroiiv  ou  de  bittouri.dirifté 
toit  en  hntit,  >oi(  rn  bnf,  mats  dons  le  svm  de  \a  ligne  mé- 
diane, jioiir  ouvrir  un  p.issage  rofivonabli!  l'i  rendre  siiut 
posKille  la  CDfiulalioii. 

Quand  l'iiymcn  <-!>l  imperforé,  ou  lieu  d'une  incision  lon- 
gitudinale, il  ooKiiciil  mieux  do  Inirc  une  ouverture  en  T, 
dont  le»  lombcaui  sont  cntuitt!  tailla»,  afin  que  pnr  lt>iir 
lonjçueur  i\»  ne  fuMcnt  pan  le  coit,  »inon  réalisable,  du 
nioiiis  lioiiluureui  |iOur  k'n  deux  (conjoint».  On  peut  niâii>e, 
dann  les  cas  d  imiierforotion  înconiplùle,  dunner  rcKo  lomic 
è  t'outerlurc  arlifitiellr,  surtout  l»rïi]u'on  o  à  craindre qaa 
U'S  lainliiMui  (le  l'Inn.en  iniin^  no  se  K^ums-.i-nl  pendant  le 
travail  de  la  cicalrisalion,  ou  ne  restent  durs  et  pendants, 
comme  dans  l'imperforation  romplëlc. 

2°  j4nomatie  des  lèvret.  —  Je  ne  reviendrai  pas  ici  sur 
l'adliérence  ilcs  grandes  et  des  petites  lèvres  entre  elles, 
dont  je  viens  de  parler  ;  je  no  m'arrêterai  pas  davantage  è 
l'abscnro  ou  h  la  petitesse  de  ces  oriianon,  parce  ({ue  rei 
inumalies  n'empêchent  point  la  copulation,  ot  je  n'indi- 
qucroi  comme  vice  de  conformation  suscoplilile  de  s'np- 
poser  au  rapprochement  setuel,  que  le  volume,  quelquefois 
énorme,  que  pri^scntcnt  les  petites  lèvres. 

Ce  n'est  guère  que  dans  les  pays  chauds,  p|  surloat  en 
Afrique,  que  les  petites  lèvres  acquièrent  ce  développement 
considérable  ;  dans  ces  contrées,  l'oxcision  de  ces  (larties 
constitue  une  règle  d'hygiène  comparable  è  la  cirooncision, 
et,  de  même  que  cette  dernière  opération  est  sortie  dn  do- 
maine purement  chirurgical,  l'ablation  d'une  portion  des 
petites  lèvres  est  la  spécialité  de  certains  hommes  étranger! 


è'>b\ 


DES  ORGANES  EXTERNES  DE  LA  GÉNÉRATION.    A59 

(I  notre  nrl  et  i\u'\  s'en  vont  [»ar  los  rues  en  criant  :  Quelle 
est  celle  qui  veut  être  coupée  (1  )  ? 

Cet  usage  a  disparu  despnjs  oùs'est  établie  la  civilisation 
européenne,  mais  le  fait  ana(omi(|()c  qui  lui  avait  <lonné 
naissance  existe  toujours,  ainsi  que  Ta  constaté  M.  le  doc- 
teur DuchcsnOy  en  visitant  les  prostituées  mauresques  de  la 
ville  d'Alger  (2). 

On  rencontre  rarement  une  semblable  anomalie  dam 
nos  climats  tempérés,  et  si  quelques  femmes  présentent  un 
volume  des  nymphes  plus  considérable  que  dans  Tétat  nor« 
mal,  ce  volume  n'atteint  jamais  des  proportions  incompa- 
tibles avec  le  coït. 

Cependant,  si  une  pareille  conformation  existait,  il  serait 
facile  de  la  faire  disparaître  en  pratiquant  Texcision  des 
petites  lèvres,  qui  s'exécute  avec  de  grands  ciseaux  ;  Thé* 
morrhagie  qui  en  résulte  n*exige,  pour  s'arrêter,  que  l'em- 
ploi de  compresses  d'eau  froide  ou  de  glace,  et  l'inflamma- 
tion s'éteint  d'elle-même  par  quelques  jours  de  repos 
au  lit. 

3°  Anomalies  du  clitoris.  —  Ces  anomalies  sont  de  deux 
sortes  :  ou  col  organe  manque  complète  ment,  ou  bien  il 
acquiert  des  dimensions  a>sez  considérables  pour  lui  donner 
les  apparences  d'une  verge  \éritable. 

Dans  le  premier  cas,  Tintroduction  du  membre  viril  dans 
le  vagin  n'en  est  pas  empêchée;  seulement,  les  plaisirs  du 
coït  dévolus  ù  la  femme,  s'ils  ne  sont  pas  entièrement  abolis, 
en  sont  profondément  atteints.  Le  doute  que  j'émets  ici 
m'est  suggéré,  non  par  l'observation  directe,  mais  par  les 
études  anatomiques  de  M.  Kobelt,  que  j'ai  rapportées  dans 

(1)  Voyez  Amb.   Paré,  Œuvres  complètes,  t.   III,  p.  4  9.  édil.  de 
J.-F.  Mdlgaigne,  Paris,  1841. 

(2)  De  la  prostitution  dans  la  ville  d'Alger,  Paris,  1853,  p.  414. 


VICU   Dfi   COKFOHMATION 

Moduclion  (le  cet  outrage,  i?l  itw»\  par  rerloinoi  consi- 
stions  <|ue  je  ferai  valoir  plus  loin,  iilurs  i|ue  j'esami- 
Deni  lc!>  circonstances  auxquelles  doit  être  rApporlée  la 
frigidité. 

Eo  cette  ()lace,  je  ne  veux  m'occuper  <\w  de  ta  €0|mts- 
tioD  propri'm<ïiit  dite,  c'est-à-dire  d«  celle  partie  de  l'acte 
caractArisée  pnr  l'introduction  de  la  verge  dan!i  1c  tagin,  e( 
je  dois,  par  conitéqueut,  remettre  i  [dus  tord  les  considéra- 
tiooi  que  je  me  propose  de  présenter  sur  l'absence  et  U 
petitesse,  congénilaleii  ou  ncifuises,  du  clitoris. 

Je  ne  porterai  ici  <]ue  de  son  volume  ei  Ira  ordinaire. 

Qaelf|ues  auteurs  portent  cv  volume  à  des  propartions 
eiorbilantes  ;  Columbu»  cite  un  clitoriN  dont  In  lonftueur 
Agalsit  celle  du  petit  doigt  ;  Hallcr  donne  ù  un  autre  7  pou- 
ces, et  l'on  vamèmc  jiiKtgu'a  IV^pulcr  au  volume  de  In  verge, 
que  dis -je?  on  ne  recule  pas  jusqu'à  lui  accorder  12  pouces  ! 

Ces  proportions  sont  évidemment  exag6rée<; ,  ou  du 
moins  les  exemples  de  semblables  clitoris  sont  excessive- 
ment rares;  les  cas  les  plus  ordinaires  sont  des  clitoris  de 
U  longueur  du  pouce,  tel  que  celui  observé  et  décrit  par 
M.  Moreau(l}. 

Les  Temmes  qui  présentent  un  pareil  vice  de  conforma- 
tion ont  été  accusées  de  tout  temps  d'un  penchant  très  pro- 
noncé non-seulement  pour  la  luxure,  mais  encore  pour  la 
tribadie,  ce  vice  honteux  qui  fait  rechercher  aux  femmes 
les  individus  de  leur  sexe  :  n  Les  doctes  africains,  dit  Am- 
broise  Paré,  appellent  telles  Temmes  saheuxit,  qui  vaut  en 
latin  fricatrices,  parce  qu'elles  se  frottent  l'une  l'autre  par 
plaisir  ;  et  véritablement  elles  sont  atteintes  de  ce  méchant 
vice  d'user  charnellement  les  unes  avec  les  autres  (2).  » 

(<)  Traité  pratique  dt*  aceoaekemmtii,  l.  I,  p.  10&. 
{t)Ue.cit.,p.  (8. 


I 


DES  ORGANES  EXTERNES  DE  LA  GÉNÉRATION.    461 

Les  observations  de  Parent-Duch&telet  ne  permettent 
plus  d'ajouter  foi  à  ces  croyances  populaires.  Cet  auteur, 
dont  la  véracité  est  au-dessus  de  tout  soupçon,  assure  que 
le  développement  du  clitoris  est  rare  chez  les  prostituées  ; 
que  ce  développement,  quand  il  existe,  ne  coïncide  pas  chez 
elles  avec  des  penchants  contre  nature,  et  que  les  tribades 
n'ont,  dans  la  eonformation  de  leurs  organes  sexuels,  rien 
qui  les  distingue  de  ceux  des  autres  femmes (1).  S'il  m'était 
permis  de  me  citer  après  Parent-Duch&telet,  je  dirais  que 
les  hasards  de  la  vie  ou  les  nécessités  de  ma  profession 
ni'ayant  fait  connattre  plusieurs  tribades,  je  les  ai  très  at- 
tentivement examinées  et  n'ai  signalé  chez  elles  rien  d'anor- 
mal dans  les  parties  externes  de  la  génération.  Seulement, 
elles  étaient  a  peu  près  toutes  remarquables  par  une  ab- 
sence à  peu  près  complète  des  seins  et  par  un  penchant  très 
prononcé  pour  l'équitation. 

Assez  généralement  les  tribades  éprouvent  de  l'éloigne- 
ment  pour  le  commerce  des  hommes,  et  sont  frappées  a  leur 
endroit  d'une  sorte  de  frigidité  qui  légitime  les  courtes 
considérations  que  je  viens  de  présenter  et  sur  lesquelles 
j'aurai  à  revenir  plus  longuement  ailleurs. 

Il  faut  que  le  clitoris  atteigne  des  dimensions  assez  con- 
sidérables pour  s'opposer  à  la  copulation,  et  si  l'excision 
n'en  était  pratiquée  que  dans  ce  but,  elle  serait  à  coup  sûr, 
dans  nos  contrées,  une  des  opérations  les  plus  rares  de  la 
chirurgie.  Mais  il  est  incontestable  qu'un  clitoris  volumi- 
neux, exposé  dans  la  marche  à  un  frottement  continuel  de 
la  part  des  vêlements,  ou  par  toute  autre  cause,  entretient 
un  orgasme  qui  peut  conduire  la  femme  à  la  nymphomanie 
et  è  toutes  les  fâcheuses  conséquences  qui  en  découlent. 

(1)  De  \n  pronlUntion  dan$  la  ville  de  Parût,  t.  I,  p.  220  et  SuW. 


vicEt  DB  coin'nnMATKm 

Quoi  qi     I  fn  wit,  et  i^uel  «itm  [HiiMe  èlrr  le  hiit  que 

l'on  ne  iirnpone  on  (■vcisorit  le  €lil(iri«,  l'op^rtilion  <4t  Iris 

mnplc.  Si   l'orf^nno  eitt  voluminciii,  nn  l(>  prpnd  atpc  li 

nimii  gnurlie  et  on  le  Irnnilre  d'un  rnii)i  de  Itûlouri,  el  t'il 

moiiiï^rorl,  on  le  saisit  avec  une  piitre,  et  on  rn  oyins  la 

on,  soit  avec  un  aver  des  ci<ieau%.  —  Il 

convient  pas,  ilans  l'inlci  e  pràienir  une  liémor- 

nM^ic  ijue  I  on  iiciil  artMer  a\L-c  la  cauli^tiialion,  de  lier 
l'org.niie.  et  il'cii  J^lerminiT  ninii  la  mort îtica lion  et  la 
■hule.  Ce  procédé,  oulre  qu'il  eit  Ion;;  et  douloureux, 
eipoite  il  des  uceidenla  de  gongrï-DO  qui  no  lool  paa  A 
oraindre  avec  l'emploi  du  bi»lourt  ou  des  ciseoui.  Si  nne 
qnnace  d'hi'morrlia^ie  cii!<lBit  réellement,  el  si  le  clilorii 
^it  atsvi  \u]un)iiieui,  nn  pourrail  lier  ou  lordte  li>«  orlé- 
rioles  qui  alimeoleitt  cet  organe.  Mais,  je  le  répèle,  It 
glace,  cl  au  besoin  la  c.-iulérisalion,  r6|iundeHt  dant  la 
presque  totalité  des  cas  à  loulcs  les  indications. 

B,  Anomalie»  du  vagin. 

Les  anomalies  du  vngrn  sont  nombreuses  et  Tort  diverses; 
tODies  ne  ronstiluent  pas  une  imposnibililé  radicale  k  la  ro- 
pilation,  mais  celles  qui  la  permettent  encore  lo  rendent 
OD  douloureuse  ou  didicile. 

Pour  mettre  quelque  ordre  dans  l'examen  des  vices  ie 
conlorroalion  de  rel  organe,  je  les  classerai  sous  les  cinq 
chefs  principaux  suivants  :  1*  absence  du  vagin  :  2*  rétrA- 
dsscroents  ;  3*  obturation  ;  ft*  bilidilé  ;  5*  communication 
ITec  les  orgiines  voisins. 

Quelques-uns  de  ces  vices  de  conformalion  s'opposent  k 
la  férondation,  d'autres,  au  contraire,  pcrmetlrnl  encore 
cet  acii',  mais  &p)iorlrtil  plus  ou  moins  de  diflicuilés  ù  la 
lortie  du  produit  de  la  comceplion. 


DES  ORGANES  EXTERNES  DE  LA  GÉNÉRATION.    &0S 

On  me  permettra,  pour  ne  pas  scinder  cet  article  intéres- 
sant, d'anticiper  sur  la  partie  de  cet  ouvrage  consacrée  ù  la 
stérilité  de  la  femme,  et  d'indiquer  h  chacune  des  anomalies 
qoe  je  vais  eiaminer  les  particularités  qui  s'y  rattachent. 

Absence  du  vagin.  —  L'absence  complète  du  va^in  est 
un  fait  heureusement  fort  rare  et  qui  s'accompagne  générale- 
ment, quand  elle  existe,  c'est-à-dire  quand  le  vagin  ne  se  con- 
fond ni  avec  le  rectum,  ni  avec  le  canal  de  l'urètre,  de  l'ab- 
sence ou  toutou  moins  do  l'atrophie  complote  de  la  matrice. 
Le  fait  suivant,  rapporté  par  Fodéré,  fera  mieux  com- 
prendre ma  pensée  :  «  Le  6  août  1722,  dit  cet  auteur,  dans 
la  paroisse  du  Temple,  à  Paris,  une  fille  égée  de  vingt* 
cinq  ans  et  demi,  jouissant  d'une  bonne  santé  et  d'un  exté* 
rieur  agréable,  fut  mariée  à  un  jeune  homme  nommé 
Lahure.  Il  se  passa  six  ans  sans  que  le  mariage  pût  être 
consommé;  5  cette  époque,  la  femme  consentit  à  ôtrc  visi- 
tée par  une  sage-femme  qui  déclara  n'avoir  vu  aucun  des 
organes  propres  h  la  génération,  et  que  ce  qui  constitue  le 
sexe  était  occupé  ici  par  un  corps  solide  percé  d'un  petit 
trou  ;  la  femme  même  avança  n'avoir  jamais  été  réglée  et 
s'être  néanmoins  toujours  bien  portée. 

»  Un  chirurgien  nommé  Déjaux  fut  ensuite  appelé,  et, 
après  avoir  observé  la  même  chose,  il  crut  pouvoir,  par 
une  inciMon  dans  les  chairs  qui  interceptaient  la  communi- 
cation extérieure  des  parties  sexuelles,  les  développer  et 
leur  rendre  l'usage  dont  cette  barrière  les  privait.  L'opé- 
ration fut  fuite  en  i73ti,  mais  en  vain.  Le  chirurgien,  ayant 
enfoncé  le  scalpel  à  la  profondeur  d'environ  deux  travers 
de  doigt,  au  lieu  du  vide  qu'il  pensait  rencontrer,  ne 
trouva  que  dos  chiurs  très  résistantes  ;  il  jugea  alors  qu'il 
n'y  avait  rien  h  espérer  en  allant  plus  avant,  et  qu'on 
courait  risque,  au  contraire,  d'iutéresser  le  rectum  et  la 


^f)/l  VICES    DE     IIONFORMATION 

tesste  i  il  sv  contenla  dune  il'eritrt'teiiir  l'ouverture  qu'il 
avait  faite,  en  la  tenant  soigneusement  dilatée  par  le 
moyen  d'une  grosse  tente,  et  cette  ouverturi-,  qui  n'était 
autre  chose  que  celle  de  la  plaie,  subsista  toujours,  mais 
conserva  toujours  aussi  la  forme  d'une  cicatrice. 

»  La  piiix  régnu  encore  dans  le  ménage  jusqu'en  17&3, 
temps  où  le  mari,  dégoûté  de  sa  femme,  forma  la  demande 
en  cassation  du  mariage.  I.evret  et  Saumet,  consultés,  rap- 
portèrent,  après  leur  visite,  que  l'orilice  de  lu  vulve  était 
ouvert  de  manière  qu'ony  pouvait  introduire  deux  ou  trois 
doigts  jusqu'à  In  profondeur  de  deu\  a  trois  pouces,  mais 
qu'ils  ne  pouvaient  aller  plus  avant,  en  étant  empêchés  par 
une  substance  sulide  qui  bouchait  l'orilice  de  la  matrice } 
que  les  vestiges  de  l'opération  faite  en  173A  annonçaient 
qu'elle  n'avait  pas  réussi,  parce  qu'on  n'avait  pas  suffisam- 
ment débridé  les  parties  qui  faisaient  obstacle,  ce  qui  pou- 
vait être  arrivé  par  la  timidité  de  l'opérateur,  ou  par  la 
prudence  qui  lui  avait  fait  craindre  de  blesser  les  viscère* 
souslrnits  à  la  vue  et  masqués  par  l'effusion  du  sang. 

u  Les  célèbres  Ferrin  ,  Petit  et  Morand,  consultés 
ensuite,  décidèrent  que  l'opération  avait  été  bien  faite  et 
qu'elle  aurait  été  le  seul  moyen  de  remédier  b  l'impuis- 
sance de  cette  femme  ;  mais  qu'il  était  uiitnrel  de  penser, 
d'après  les  détails  fournis  par  l'opérateur,  que  In  malade 
n'avait  jamais  été,  ni  avant  ni  depuis  son  mariage,  pour- 
vue dos  paities  nécessaires  &  la  génération.  La  mort  de  la 
femme  eu  question,  arrivée  à  Lyon  environ  dii  ons  après, 
confirma  ce  dernier  jugement ,  car  l'autopsie  cadavérique 
fit  voir  le  vagin  et  la  malrire  ne  formant  qu'une  substance 
dore,  compacte  et  sans  cavité  il).  « 

20*  cause.  - 


(t)  Cau»»  eéUbra.  I.  Vil  et  X. 
fgixif,  1. 1,  p.  aailetsaiv. 


-Ffldéré,  Méilttint 


À 


I 


VrS    ORC^NGS    BITEBKES    flE    L.t    tiliNBnATIO^.  /|65 

Sans  doute  le  récil  de  Foil^rr  laisse  ilaiig  l'nmbrn  cer- 
taines parliculoritcs  qu'il  eût  été  inléressnnt  de  ronnnitre, 
ainsi,  par  exemple,  l'esislence  des  grnndes  et  petilt's  lèvres, 
il  est  bit'n  vrai  que  In  No;;e-remine  déclare  n'avoir  vu  * 
aucun  des  organes  propres  à  la  génération,  mais  plus  lard 
Levret  et  Saumet  semblent  admettre  l'eaî.'^tcnce  d'un  vagin 
incomplet,  et  il  est  probable  qu'ils  n'eussent  pas  manqué 
de  noter,  si  cela  eût  été,  l'absence  des  lèvres  génitales. 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  matrice  n'était  plus  cet  organe 
creui  que  l'on  connaît;  c'était  un  corps  membraneut, 
plein,  sans  ouverture,  on  un  mot,  ce  n'était  plus  l'organe 
de  la  conception,  et  cette  IransforinBlion  équivalait  à  une 
Térilable  absence. 

Cependant  il  ne  faut  pas  admettre  d'une  manière  absolue 
que  l'absence  du  v^igin  entraîne  toujours  et  fatalemenl 
celle  de  la  mnlrice.  M.  Amussat  n  lu  à  l'Institut,  le  5  no- 
vembre 1835,  une  observation  d'absence  de  vagin  avec 
présence,  non-seulement  de  l'utérus,  mais  encore  d'émis- 
sions menstruelle.'.  Le  sujet  était  une  jeune  Allemande  de 
quÎDie  ans  et  demi,  dont  le  ventre,  très  développé  par  les 
règles  accumulées  dans  la  matrice,  ollVail  h  sa  partie  inTé- 
rieure  une  tumeur  volumineuse,  dure,  sensible  à  la  pression. 
La  vulve  était  parfaitement  couFormée^  seulement,  en  écar- 
tont  les  grandes  et  les  petites  lèvres,  uu  lieu  de  rencontrer 
l'ouverture  qui  s'y  trouve  ordinairement,  on  vojuit  une  sur- 
face concave  et  lisse,  presque  au  centre  do  laquelle  était  le 
méat  uriiiairc,  situé  beaucoup  plus  bas  que  dans  l'état  nor- 
mal. Le  doigt  introduit  dans  le  rectum  sentait  parfaitement 
l'utérus  distendu  qui  occupait  toute  l'excavation  du  bassin. 
L'opération  pratiquée  par  M.  Amussat,  et  sur  laquelle  je  re- 
viendrai tout  à  l'heure,  ne  laissa  aucun  doute  sur  l'existence 
de  l'utérus  et  sur  l'activité  de  sa  fonction  cataméniale. 
30 


VICKS    ni    rOWORHATlOS 

[,L'sfiriiie»es  de  lii  mnlricc  [ipineiit  t'fîolemcnt  mannoer 
ptrliellemt'iil  ou  J'utie  matiifrre  romplètc.  daiii  le»  cm 
d'abiciice  du  tn^in.  la  (iazelle  des  hâpiUmiy  r8pi»orte, 
d'aiirè*  un  journal  onglais,  que  Soroli  Riihanison,  S^ie  <le 
loiïarile-iioiiïe  ans,  *lant  tiorie  d'une  niiiladie  chronique 
des  poiimt  ■     ""  'i"gl-<luntro  heures  après. 

Dorniil  de  '  iinncps  îuivniilea  :  «  L'oraira 

droit  n'eiil  pi  '^^  ettrémiiâ  sup^rifUra  ou  libfC 

Btlni'lié  p"'  '  'Iroit  ti'<  P^tit  "'C  ovale.  Un  liga- 

il  ranil,  t  I  o^nirc,  se  perd  duns  le  tiitsu  cellolatre 

riëro  le  cot  Ae  la  '*«•■•»(■.   A  h  place  de  l'oiuîre  gnurha 
jne  lutneitr  fibreuse  de  Torme  irri^giilièremeiil  arrondie, 
,ie  par  un   li{;umfrit  rond  plus  pvlil  que  celui  du  rAté 
>it  ci  qui  se  rend  de  ni^me  fi  la  vpsiie.  Les  trompes  de 
Fallope  mariquetil  ;  le  ti$su  relluloîre  pinré  au-dessous  de  la 
vessie  faîl  Taire  au  pi^ritoine  situé  derrière  une  li^gèrc  saillie. 
Irialgr^  les  leclierches  les  plus  etailes  et  les  plus  minu- 
tieuses, on  ne  peut  dtïcourrir  aucune  trace  d'ulcrus.  Les 
parties  eitcniesde  la  ^énénilion  n'oiïrcnt  rien  d'anormal  : 
le  mont  de  Vénus  est  h  peine  couvert  de  poils  ;  un  cul-de- 
lac  d'environ  un  demi-pouce  de  prurundcur,  situé  ou-des- 
)us  de  l'orinre  de  t'urètrc,  constitue  tout  ce  q'  i  existe  du 
icin.  hes  morne  Iles  élurent  assez  développées  (I).  » 

Les  détails  dans  les<)uels  j'ai  cru  devoir  entrer,  i  Toc- 
ition  d'une  onomalie  que  quelques  praticiens  estiment  au- 
fgsus  des  ressources  de  l'art,  se  légitiment  par  l'eiamen 
e  je  ferai  tout  è  l'heure  de  l'opportunité  des  opérations 
e  l'on  a  proposées,  pour  détruire  celte  infirmité,  car  on 
itnprend  déjjk  que  si  l'absence  du  tagin  enirntnait  toujours 
jlle  de  la  motrice,  il  n'y  aurait  oucun  motif  qui  pût  déci-* 

{\)Gasettt  dtt  hôpitaux,  mn.  I84i,n'  93,  supplèm,,  p.  430,  M 
tmidon  nitiito-thirurg .  (rantactiOKt,  l.  VI, 


DES    ORGANES    EXTERNES    DE    LA    GÉNÉRATION.  t\61 

der  un  chirurgien  honnête  et  jaloux  de  son  honneur  &  tenter 
rétablissement  d'un  vagin  artifiriel.  En  elTet,  dans  la  très 
grande  majorité  des  cas ,  (|uand  l'urètre  ne  participe  pas  & 
Pocclusion  vaginale,  ce  n'est  qu'à  TAge  de  la  puberté  que 
Ton  s'aperçoit  de  l'anomalie  qui  m'occupe;  jusqu'alors 
l'attention  se  porte  rarement  vers  un  appareil  que  Ton  sait 
ne  devoir  entrer  en  Fonction  que  plus  tard,  et  la  sollicitude 
des  parents  ou  de  la  malade  ne  s'éveille  qu'à  Tépoque  où 
apparaissent  d'ordinaire  les  premiers  symptômes  de  cette 
activité. 

L'absence  des  règles,  car  c'est  là  le  premier  signal  qui 
sollicite  l'attention,  n*est  accompagnée  d'aucun  dérange^ 
ment  dans  la  santé  générale,  ou  détermine  tous  les  accidents 
qui  suivent  d'habitude  l'aménorrhée. 

C'est  sur  celte  diiïérencede  sjmplomalologie  que  repose 
l'importante   question    de   la    nécessité  d'une    opération. 

Quand  l'utérus  existe,  qu'on  peut  en  constater  la  présence 
à  travers  les  parois  abdominales,  et  que  les  règles,  retenues 
dans  son  intérieur,  l'ont  forcé  h  un  développement  anormal, 
il  est  de  toute  éviilence,  qu'à  moins  de  contre-indications 
trop  formelles,  l'opération  doit  être  tentée. 

Quand  la  matrice  existe,  mais  lorsque  les  menstrues  n'ont 
donné  aucun  signe  de  leur  |)réscnce,  et  que  la  santé  géné- 
rale n'est  pas  altérée,  la  prudence  et  Thonneur  de  l'art  exi- 
gent une  sage  réserve,  et  la  temporisation  me  semble  alors 
de  toute  rigueur. 

Si,  au  contraire,  comme  dans  le  cas  rapporté  par  Fodéré, 
la  matrice  est  atrophiée,  si  les  règles  font  défaut,  et  si  la 
santé  générale  est  bonne,  tout  se  réunit  pour  s'opposer  à 
l'opération,  et  le  chirurgien  ne  devro  jamais  compromettre 
son  ort  pour  faciliter  un  coït  dont  le  but  final,  la  féconda- 
tion, ue  pourrait  être  atteint. 


^68  vrCES  ne  comoiiiiatk» 

Après  nvoir  hirn  IJniilé  les  ni!)  ilaiis  lesquels  l'opi^ralloii 
iJoit  ëlre  prati<]U(!e,  les  cliirurgjcns  se  sont  demandi^  à  (juvlk 
ûpoqiic  ro|i<!rntion  devait  être  entreprise.  Il  me  semble 
qu'une  bien  grande  incertitude  ne  peut  régner  à  cet  égnrJ. 
Si  le  cbirurgien,  averti  de  bonne  heure,  upère  avant  l'entier 
développement  des  organes,  il  double  les  chnm-cs  tnallieu- 
reuses  de  l'opération  en  augmentunt  les  facilités  d'intéresser 
le  rectum  ou  la  vessie,  et  en  se  privant,  comme  point  de 
repaire  [lour  conduire  le  bistouri,  de  la  tumeur  sanguiae 
produite  par  les  règles  accumulées  dons  la  matrice. 

CependanI,  s'il  attend  trop  tard,  c'est-à-dire  s'il  attend 
que  plusieurs  mois  se  soient  écoulés  depuis  l'établissement 
des  menstrues,  l'opération,  il  est  vrai,  en  sera  peut-être 
plus  Tacile,  mais  tes  accidents  consécutifs  seront  à  coup  sûr 
et  plus  nombrcui  et  plus  formidables. 

Il  convient  donc  d'attendre  l'approche  des  premières 
règles,  mais  il  importe  aussi  de  ne  pas  tempuri.<er  au  point 
de  permettre  leur  accumulation  dans  la  matrice. 

Une  fois  l'upération  résolue,  le  cliirurgien,  avant  de 
s'armer  du  bistouri,  devra  bien  se  convaincre  qu'il  va  porter 
l'instrument  tranchant  entre  deux  organes  importants,  très 
rcpprochés,  et  dont  la  lésion  est  toujours  grave  ;  un  s  vu  la 
mort  résulter  de  la  blessure  de  la  vessie,  ou  tout  au  moios 
des  fistules  très  difticilesà  guérir. 

Pour  se  mettre  en  ganlc  contre  de  pareils  accidents,  les 
précautions  les  plus  minutieuses  sont  indispensables  :  U 
faut  d'abord  introduire  une  sonde  dans  la  ves>ie  et  ensuite 
['index  de  la  main  j^auche  dans  le  rectum,  n\ec  lequel  on 
Ts  à  la  reciierche  de  la  sonde  à  travers  les  tissus  dont  oo 
peut  ainsi  mesurer  l'épaisseur;  de  cette  fa^on,  on  s'nssore 
fi  l'oblitération  du  vagin  est  complète,  ou  si  ce  canal  foroie 
le  cul-dc-ptac  qui  reçoit  le  col  utérin.  Dans  ce  cas,  le  cul- 


I 


DES    OBUANËS    EXTERNES    PE    LA    GÉNÉRATION.  q69 

de-sac  oiïre  une  rt^sislance  assez  cotisidéruble  par  suite  île 
raccumulntion  du  sang  menstriiel  i^ui  s'}  est  faite. 

Quand  toutes  ces  précautions  auront  i^té  prises,  et  quand 
la  vessie  sera  vidt'e ,  l'opérateur  confiera  la  sonde  h  un 
aide,  et  laissera  son  index  f;auche  dons  le  rectum,  afin 
d'avoir  un  guide  dans  In  voie  qu'il  va  tracer. 

A  quelques  lignes  au-dessous  du  méat  unnaire  dont  la 
position  lui  est  indiquée  par  la  sonde,  le  chirurgien  prati- 
quera une  incision  dans  le  sens  des  I6vres  génitales,  et  pé- 
nétrera plus  avant  dans  la  direction  du  vagin ,  selon  l'iixe 
du  petit  bassin,  et  ira  ii  la  recherche  du  col  de  l'utérus. 

Celle  partie  de  l'opération,  véritable  dissection,  sera 
faite  lentement  et  avec  précaution;  on  comprend  la  pru- 
dence qui  doit  présider  à  chaque  coup  de  bi-slouri,  afin 
d'éviter  tes  deus  urgnnes  entre  lesquels  on  chemine,  et  pour 
oe  pas  intéresser  lu  col  de  l'utérus  lui-même.  La  main  de 
l'opérateur,  quittant  le  bistouri,  devra  souvent  exjilorcr  la 
plaie  et  s'assurer  de  la  position  de  la  sonde  et  de  l'index 
resté  dans  le  rectum.  Si  la  nature  des  adhérences  le  per- 
met, il  vaut  mieux  déchirer  avec  le  doigt  le  tissu  cellulaire 
qni  unit  les  parois  vaginolcs  que  de  le  disséquer  atec  le 
bistouri,  car  quelque  attention  que  l'on  apporte,  on  n'est 
jamais  sûr  de  nu  pas  touchi'r  la  vessie  ou  le  rectum. 

Knfin,  si  le  cul-de-sac  existe,  et  si  l'on  a  constaté  l'exis- 
tence d'une  tumeur  sanguine,  il  convient  de  ne  pas  ouvrir 
celte  dernière  par  une  large  incision  qui  laisst^rait  sortir 
tout  h  coup  tout  le  sang  accumulé.  M.  Vidal  (de  Cassis] 
propose  de  faire  une  petite  ponction  a>ec  un  de  ces  trocarts 
h  robinet  ou  h  soupape  qu'on  a  imaginés  pour  vider  les 
cmpjèmes  sans  permettre  l'introduction  de  l'air  dans  les 
cavités  pleurales.  Après  l'écoulement  de  tout  le  liquide,  on 
ferait  usage  de  corps  dilnlanls  pour  agrandir  le  canal  que 


VICKS    IIK    (.UNFOHHATIOÎI 
l'on  a  cri'iisÈ  et   lui  pi-rmetlrL"   rie  compl^tir  ses  paroit, 

ComiDi'  on  le  ilolt  comp rendre,  le  rétablissemi'nt  ilii  vugjo 
pstune  opi^ntioii  excessivement  (^rnve,  et  Ji  ce  potnl,  que 
Boyer,  malgré  les  rfaiigerii  ijue  fuit  courir  h  lu  femme  la 
rétention  du  sang  inenDtruel,  con.«eille  île  >'abalenir.  "  J'ai 
Vu  pratiquer  trois  fuis  celle  opération,  ilit  M.  Vidal  (de 
Cassis),  et  trois  Tois  In  mort  en  n  H&  la  con<«^i{ucnce  plu» 
oa  moins  promplc,  Let>  ninlailes  ont  iiuccombé  è  une  espèce 
lie  fièvre  qui  utuit  la  plus  (•rnnile  aiialogie  avec  la  lièvre  de 
résorption.  Il  paraît  qu'nprè»  l'évaruntion  promjiti'  ite  l'hu- 
meur qui  était  depuis  luii<>temps  accumulée  dans  U  ma- 
trice, cet  orgunc  ne  revient  pas  assez  promplement  sur  lui- 
même  ;  l'uir  [léiiëtre  itaiis  sa  cavité  j  de  là  dc!i  occidents  qui 
ont  une  grande  niintogie  avec  ceux  qui  succèdent  i  l'inertie 
de  la  matrice  !i|)[ès  l'écouli-menl,  et  avec  te  qui  iirriie  h  la 
suite  de  l'ouierturc  de  certains  abcès  symptomaliques  h 
larges  poches  (l).  a 

L'accident  signalé  par  M.  Vidal,  s'il  n'est  complètement 
prévenu,  est  au  moins  assez  considérablement  aiïaibli  par  ta 
modification  que  cet  auteur  lui-même  pro|iose,  pour  qu'il 
ne  soit  pas  une  contre-indication  formelle  à  l'opération. 

D'oilleurs  a  cdlé  des  cas  mallmnreux  notés  jiar  les  au- 
teurs, la  chirurgie  compte  quelques  succès  qui  peuvent  au 
besoin  engager  è  l'opération. 

Mais  si  ces  considérations  étaient  insufllsantes  poar 
lever  tous  les  scrupules,  on  pourrait  recourir  au  procédé 
en  plusieurs  temps  qu'employa  M.  Amussot  dans  l'obser- 
valion  dont  j'ai  déjii  parlé. 

Voici  ce  procédé  tel  que  le  décrit  M.  I^Iatgaigne  :  <•  Une 
jeune   Rlle,  de  quinze  oiis  et  demi ,  avait  le  vagin  obli> 

(0  TVoiU  d*  pathologie  exurn*.  l  V,  ch>p.  it.  irt.  ni,  4*  idiu 
Puia,  IBSS. 


DES    ORGANES    EXTERNES    DE    LA    UÉNÉKATION.  j|71 

téréau  moins  dans  les  deux  tiers  de  son  étendue  ;  au-dessus, 
les  règles  accumuli^es  formaient  une  tumeur  fluctuante.  La 
malade  ajant  été  préparée  par  un  bain,  un  lavement  et 
un  cataplasme  sur  la  vulve,  le  chirurgien,  armé  d'une 
grosse  sonde  droite,  en  appuya  l'extrémité  au-dessous  de 
l'urètre,  là  où  rorifice  du  vagin  aurait  dû  se  trouver,  et 
poussa  dans  la  direction  du  vagin,  de  manière  à  refouler  la 
muqueuse  et  h  produire  un  léger  enfoncement.  Il  répéta 
cette  manœuvre  avec  le  petit  doigt,  après  avoir  mis  au 
préalable  un  autre  doigt  dans  le  rectum  pour  servir  de  con- 
ducteur; la  pression  fut  douloureuse,  mais  déjà  efTicace,  et 
l'impression  du  petit  doigt  resta.  Pour  mieux  atteindre  son 
but,  il  attira  alors  le  périnée  en  arrière  en  le  pinçant  avec 
un  doigt  dans  l'anus  et  le  pouce  dans  la  vulve,  tandis  que, 
d^autre  part,  il  cherchait  à  attirer  en  haut  l'urètre  pour 
récarter  du  rectum  et  laisser  plus  d'espace  entre  ei|x.  Il 
resta  un  trou  sans  déchirure  ni  effusion  de  sang.  Pour  con- 
server cette  dilatation,  on  plaça  dans  ce  petit  enfuncement, 
en  forme  de  doigt  de  gant,  une  éponge  préparée.  Trois 
jours  après,  on  répéta  Tintroduction  et  l'impulsion  du  doigt; 
on  introduisit  deux  doigts  pour  opérer  une  distension  plus 
forte;  il  y  eut  en  ciïet  un  véritable  éraillement  dans  la 
muqueuse  avec  effusion  de  sang.  On  remit  l'éponge  pré- 
parée. Après  cinq  autres  tentatives  ainsi  faites  h  un  ou  deux 
jours  d'intervalle,  on  avait  créé  un  conduit  artificiel  de  près 
de  6  centimètres  de  longueur  :  alors ,  ou  fond  de  ce  con- 
duit, on  dirigea  sur  l'indicateur  un  trocart  qu'on  plongea 
dans  la  tumeur.  Puis  on  remplaça  le  trocart  par  le  bistouri 
garni  de  linge  dans  les  cinq  sixièmes  de  sa  lame  ;  il  n  y  avait 
plus  qu'une  épaisseur  de  12  à  15  millimètres  à  traverser. 
Il  sortit  de  350  h  380  grammes  d'un  sang  gluant  et  noi- 
râtre. On  introduisit  dans  ce  vagin  nouveau  une  grosse 


473  VICES    DE    COKVnnMATinN 

canule  en  ^ominc  élastique  j  et  a|irès  divers  acciilenU  li 
gaérison  s'ucheva ,  l-(  elle  dure  déji  depuis  plosieml 
années,  u 

A  cet  euposi^  de  la  ronduile  du  M.  AmuMat,  M.  Mat- 
geigne  ajoute  son  expérience  personnelle  :  «  J'ni  eu  k  Taire, 
poursuit-il,  une  opération  analogue  sur  unu  rt'mine  ijai 
avait  eu  le  viigîn  oblitéré  à  la  suite  d'un  accourbement.  Je 
commençai  pnr  iHmsct  In  ricotrico  (extérieure  ijui  arri>ait 
presque  au  nivirnii  de  la  vulve  ;  puis,  après  la  première 
émission,  je  (lérliimi  \v»  partios  avec  l'indicateur  poussé 
en  avant,  rt  éinr^is.sant  liMoic  de  droJti-  à  gauche  jusqu'à  ce 
qu'eulin  je  lombni  dans  une  petite  cavité  où  je  riconnus  le 
col  utérin.  Il  fallut  maintenir  le  vagin  dilaté  pendant  plot 
d'une  anni'c  avec  des  tentes  de  gentiane  ;  mais  enfin  il  per- 
sista et  se  prêta  porr^ilemcnt  aui  relations  conjugales.  La 
femme  n'est  pas  devenue  enceinte  jusqu'à  présent  (1).  » 

Rétrécissement  du  vagin.  —  L'altération  de  la  capacité 
du  xagin  ne  porte  pas  seulement  sur  son  diamètre  trans- 
verse ;  toujours  ce  canal  oblitéré  ou  rétréci  a  une  longueur 
bien  inférieure  ii  celle  qu'il  présente  dans  l'état  normalj 
les  fnils  observés  et  rapportés  par  Bail  lie  (2),  S.  Morand  (5), 
Caillot  (A),  Cliau>sler  (5),  ne  laissent  aucun  doute  à  cet 
égard  ;  j'ai  constaté  moi-même  celte  diminution  dans  la 
longueur  du  vagin  chez  une  jeune  fille  de  dii-neuf  ans,  que 
l'étroitesse  de  cet  organe  empêchait  de  se  livrer  è  la  pro- 
stitution. 

(\)  Manuel  de  mrittciae  optraloirt,  6'  édit.,  p.  703-703,  Paril, 
1854. 

(i)  Analomie  iialliologiijue. 

(J)  0,miiul(»il--clii,-irgie.  Paris.  1768. 

[i]  .Vcmoires  ite  lu  SociéU^  mêjtriilr  litmuliition. 

(5)  tiullrlin  île  ta  Facnllé  île  mrdi-fiitr  de  Parié. 


I 


DES  ORGANES  EXTERNES  DE  LA  GÉNÉRATION.    A.7â 

L'étroitesse  du  vagin  est  quelquefois  limitée  sur  un  point, 
mais  le  plus  ordinairement  elle  occupe  le  canal  tout  entier. 
Nysten  a  inséré,  dans  le  Journal  de  médecine  de  Corvisart 
et  de  Leroux,  une  observation  sur  laquelle  je  reviendrai 
longuement  ailleurs,  et  de  laquelle  il  résulte  que  l'ori6ce 
du  vagin  présentait  seul  un  resserrement  énorme. 

Mais,  ainsi  que  je  viens  de  le  dire,  c*est  le  plus  ordinai- 
rement sur  toute  la  longueur  du  canal  que  porte  Tétroitesse; 
les  faits  de  ce  genre  ne  sont  pas  très  rares  ;  je  n'en  rappor- 
terai que  deux  exemples,  remarquables,  le  premier  par  sa 
disparition  naturelle,  et  le  second  par  le  traitement  mis  en 
usage  et  dont  le  succès  doit  engager  à  imiter  l'auteur  en 
de  semblables  circonstances. 

Le  sujet  de  la  première  observation,  consignée  dans  les 
Mémoires  de  l'Académie  des  sciences  de  Paris^  est  une 
jeune  personne  dont  le  vagin  [louvait  h  peine  admettre  une 
plume  à  écrire.  A  chaque  époque  menstruelle,  elle  éprou- 
vait dans  la  matrice  une  tension  douloureuse  très  forte,  et 
les  règles  coulaient  avec  une  très  grande  difficulté.  Mariée 
à  Tége  de  seize  ans  h  un  homme  jeune  et  vigoureux,  elle 
ne  put  recevoir  ses  embrassements,  et,  visitée  par  des  mé- 
decins, elle  fut  déclarée  par  eux  impropre  a  la  copulation. 
Cependant,  après  onze  années  d'impuissance  et  de  stérilité, 
et  sans  que  le  vagin  eût  acquis  une  capacité  plus  grande, 
cette  femme  devint  enceinte;  son  état,  on  le  comprend, 
inspira  les  plus  vives  craintes,  car  on  prévoyait  que  Tac- 
couchement  serait  impossible  par  les  voies  naturelles. 
Mais  vers  le  cinquième  mois  de  la  grossesse,  le  vagin  com- 
mença à  se  dilater,  et  sur  la  fin,  il  avait  acquis  les  dimen- 
sions convenables  pour  permettre  la  sortie  de  l'enfant  (1). 

(4)  Mémoires  de  l'Académie  des  sciences  de  Paris. 


47A  VICES   UB    COKFOnilAriOIl 

Ce  fait  e!<t  cxce^sivettiL'iit  rcmari]uable  |>ar  la  terminaÎHoii 
qu'ila  présciilt^ei  il  e^t  |»ri)t-étrc  Ipsi'uI  ilaiis  la  fcipnre,  et 
en  face  d'um-  exception  mm  rare,  il  }  nurail  l'ulie  k  s'abi- 
teoir  et  k  cumplcr  sur  la  nnlure. 

Dans  le»  cas  <lc  eu  genre,  il  faut  que  l'url  interricnne,  et 
je  vais  dire,  eu  rncontont  le  seconil  fdit  c|ue  j'ai  choi»i,  de 
quelle  matiii-rc  se  doit  Taire  cette  irilervcntion. 

Le  vagin  iW'.  lu  rumme  cii  question  étiit  à  ce  point  res- 
serré dans  Inuk-  >oti  étendue  qu'il  pouvait  è  peine  admettre 
le  lujBU  d'utiir  plume  û  éciire.  Mari£«  îi  uu  horoine  dool  la 
force  vjriti'  it'ét;!itpa!i  deuteuNe,  celte  infnrlun^e  ne  put  lui 
faire  goAttr  les  plaisirs  de  la  couche  nuptiale,  cl  elle  allait 
voir  son  mari.-igi'  dcclari^  nul,  quiind  liincvoli  consulté  mit 
en  usage  lu  iiit-ilic.i(ion  cuivaiile  :  il  emploja  d'alinr<l  lea 
fonicnlalioii'-  îiiiullii-iilo.^;  ensuite  il  inlru(lu'>il  un  pessuire 
de  racine  de  genliiiiie  dans  toute  la  longueur  du  canal, 
comme  s'il  se  lui  agi  d'a^nindir  uni'  iislulo,  et  il  augmuiila 
progrcssivemcnl  le  lohinie  de  ce  pcssiiire  jusqu'à  ce  qu'il 
put  le  rcmpliicer  par  b  moelle  d'une  lige  de  maï>,  et  arriver 
ensuite  à  l'éponge  pré|iaréo.  Ces  diverses  substances,  en 
s'iniprégnanl  des  niuto>ités  vn^inales,  ^e  gonflèrent,  dila- 
tèrent proj;ressivemenl  le  vagin,  et  le  rendirent  apte  à 
remplir  ses  fonitious  (1). 

Il  suffît  il'indiquer  celte  médicaliun  pour  que  tout  le 
monde  en  comprenne  les  avantages,  et  <|ue,  dans  nii  cas 
pareil,  on  suite  l'ingénieuse  et  sage  conduite  de  Uenetoli. 

Obturation  du  vat/iit.  —  Cette  anomalie  est  constituée 
par  la  présence  d'une  membrane  plus  ou  moins  rénislante 
et  placée  plus  ou  moins  haut  dans  l'etcavulion  vaginale. 

(!)  Vin-SwiHen.Commenl  in  aphoriim.  Boerh.,  §  1Î90,  et  Boyer, 
Malad.  ehirurç.,  I"  édil.,  l.  X,  p.  340. 


DES    ORGANES    EXTERNES    DE    LA    GÉNÉRATION.  475 

C'est  une  véritable  cloison  qui  coupe  le  vagin  en  deux  :  une 
partie  supérieure,  et  une  partie  inférieure.  Nous  verrons 
tout  à  rhourc,  dans  les  cas  de  bifiJité,  cette  cloison  se 
diriger  dans  le  sens  vertical  ot  diviser  le  vagin  en  deux  por- 
tions latérales. 

La  cloison  obturatrice  dont  j'ai  à  m'occuper  ici  est  tantôt 
incomplète  et  tantât  complète.  La  distinction,  on  le  com- 
prend, est  de  la  plus  haute  importance  sous  le  rapport  de 
la  stérilité. 

Une  des  observations  les  plus  remarquables  de  cloison 
incomplète  que  possède  la  science,  est  celle  que  rapporte 
J.-L.  Pelit. 

Le  sujet  est  une  jeune  femme  que  noire  chirurgien  avait 
examinée  alors  qu'elle  était  encore  iille,  dans  le  but  de 
constater  les  dimensions  du  bassin.  Après  avoir  reconnu  la 
bonne  conformation  de  cette  partie,  J.-L.  Petit  se  refusa 
de  visiter  les  organes  internes  de  la  génération,  ne  voulant 
pas  détruire  les  signes  de  la  \irginité. 

Ija  jeune  iille  s^étant  mariée,  et  le  motif  allégué  par  le 
chirurgien  n*e\istant  plus,  celui-ci  reprit  l'examen  inler- 
rom|)U,  et  con*;tala  ce  qui  suit  :  «  Je  trouvai,  dit-il,  au- 
dessus  de  rorifice  du  vagin,  une  tumeur  de  la  grosseur  d'un 
œuf,  laquelle  s'élargissait  en  montant  ;  comme  la  malade 
ne  souffrait  point,  je  portai  mon  doigt  aussi  avant  qu*il  me 
fut  possible,  et  comme  si  j'avais  percé  une  poche,  il  sortit 
en  abondance  du  sang  rouge  et  fluide,  puis  des  caillots 
noirs,  et  en  pressant  tout  Tespace  qu'occupait  la  tumeur, 
je  la  vidai  tout  entière;  puis  portant  mon  doigt  au-d(*ssus, 
h  droite  et  à  giuche,  je  recormus  que  cette  poche  avait  la 
forme  d'un  panier  de  pigeon^  ayant  son  fond  en  bas,  et  son 
ouverture,  qui  était  fort  grande,  était  en  haut,  de  manière 
que  le  sang  menstruel,  au  lieu  de  sortir,  tombait  dans  cette 


A76  VICBS   DB    COItFORMATIOK 

poche  Qt  la  remplissait  au  point  <{u'elle  rormait  une  tunienr 
qui  boucliait  tout  le  vagin.  Tout  ce  que  jf  viens  (Je  dire  se 
pessa  sans  douleur.  Pour  remédier  ii  cet  accident,  (]uo]t|ae 
la  membrane  qui  formait  celle  poche  eùl  l'épaisseur  d'un 
écu,  je  fus  d'avis  de  la  Tendre  dans  presque  toute  sa  Ion- 
gueur  ;  et  si  l'on  m'avait  cru,  cette  dame  ne  serait  pas  morte. 

»0n  consulta  à  mon  insu  dirTércDles  personnes,  i|ui 
rejetèrent  bien  loin  l'idée  de  celle  opération,  el  en  tirent 
une  description  telle  que  la  nà-re,  le  gendre  et  In  lille  en 
furent  elTrayés. 

uOn  conseilla  un  pessaire,  qui,  introduit  cl  placé  à  pro- 
pos, au  commencement  ilos  règles,  presserait  lu  poche  el 
)o  tiendrait  appliquée  contre  le  vagin ,  pour  empêcher 
qu'elle  ne  se  remplît,  pendant  que  le  snng  coulerait  libre- 
ment (lor  l'ouverture  du  pessaire.  Cette  idée  fut  suinc.  La 
malade  eut  ses  règles  ;  le  pessaire  réussit  pnrrailement,  el 
l'on  crut  la  malade  guérie.  La  dame  dei  int  grosse  ;  la  gros- 
sesse se  passa  s.ins  incommodité;  l'accouchement  ne  se 
passa  pas  (le  m^nie  ;  la  poche  en  foi  me  de  panier  de  pigeon, 
h  laquelle  un  ne  sungeiiil  plus,  <.!  dont  lii  sage-Femme  ne 
fut  point  prévenue,  relarda  longtemps  l'aicouchemcnl,  et 
s'étaiit  enfin  déchirée,  un  lira  heureusement  l'enfant,  que 
l'on  trouva  mort;  mais  lu  tète  avait  été  retenue  si  long- 
temps au  passage  i|uc  lu  poche,  le  vagin  el  la  vessie,  qui 
avaient  été  fort  comprimés  contre  le  pubis,  tombèrent  en 
gangrène  ;  je  fus  appelé  k  ce  désastre  :  le  déchirement  et  II 
pourriture  régnaient  dans  tout  le  vagrn  et  lu  vessie,  el  la 
gangrène  attaquait  mémo  l'urètre,  le  clitoris,  les  njmpbei 
et  l'intérieur  des  grandes  lèvres,  etc.  (1).  >> 


(!)  alH. 


itHpItUf. 


■  TraiU   dei    nuiladhâ  chininj.,   Paris, 


tl4t.  p.  7»t.Mil.  de  la  Bibliothèqvt ehimrgitalt 


À 


DES  ORGANES  EXTERNES  DE  LA  G&NÉRATION.    &77 

Comme  le  voulait  faire  J.L.  Petit,  qui  se  trouvait  en 
présence  d'une  véritable  valvule,  Texcision  de  la  cloison 
651  la  seule  ressource  que  l'art  mette  à  notre  disposition. 

Quelquefois,  surtout  quand  l'obturateur  n'est  ci  trop 
étendu  ni  trop  épais,  on  peut  se  contenter  de  le  fendre  en 
deux,  soit  avec  les  ciseaux,  soit  avec  le  bistouri,  et  les  lam- 
beaux, en  se  rétractant,  se  perdent  dans  les  plis  du  vagin 
et  ne  sont  plus  un  obstacle  h  la  copulation  et  à  la  sortie  des 
règles. 

Mais  si  la  cloison  était  très  étendue,  sans  être  cependant 
complète,  et  si  elle  était  constituée  par  une  membrane  dure, 
épaisse,  calleuse,  il  en  faudrait  faire  l'extirpation  entière, 
opération  qui,  grâce  au  spéculum,  n'oiïre  aucune  difficulté. 

Quand  la  cloison  est  complète,  c'est-à-dire  quand  elle 
produit  l'efTet  d'un  diaphragme  placé  en  travers  du  vagin, 
le  diagnostic,  surtout  a  l'âge  où  s'établissent  les  menstrues, 
ne  peut  s'égarer.  Outre  le  sentiment  de  pesanteur  que  la 
malade  éprouve  du  côté  de  la  matrice,  outre  le  développe- 
ment de  l'abdomen  dû  à  l'accumulation  du  sang  dans  l'uté- 
rus, les  règles,  pressant  sur  la  membrane  qui  forme  la  cloi- 
son, la  refoulent  en  bas,  et  constituent  ainsi  une  tumeur 
fluctuante  que  l'on  aperçoit  à  l'entrée  de  la  vulve  quand 
l'obstacle  est  placé  assez  bas,  mais  que  Ton  reconnaît  tou- 
jours en  introduisant  le  doigt  dans  le  vagin. 

L'indication  à  remplir  se  devine. 

Quelquefois  le  sang  accumulé  brise  par  son  propre  poids 
la  membrane,  et  épargne  ainsi  au  chirurgien  un  coup  de 
bistouri  ou  de  trocart. 

Mais  le  plus  ordinairement,  l'art  est  obligé  d'intervenir 
et  de  donner  issue  au  liquide,  sauf  à  couper  ensuite  leslam* 
beaux  flottants  dans  le  vagin. 

Les  exemples  d'obturation  vaginale  sont  moins  rares 


-    (78  VICKS    ns    r.ONFObMATIOtl 

qu'on  ne pen<i(^;  i\mbfoi!tePurô,  rtuyM-h.Fabriredellilden, 
Benefoll,  J.-L.  Petit  un  rapporletil  |i|ii!'ieui'!>,  et  l'on  en 
rencontre  Un  as^i-t  ^roiid  nomlirp  dnitt  Ips  recueils  et  le» 
Journaut  de  mt^dprinc. 

Bi fixité  du  vagin.  -  Ainsi  (jiieje  ie  dicais  iihi-;  haiit,  la 
cloison  dont  ji-  vietiji  de  [larler,  au  liuu  d'élre  triinmeMnlc, 
dl*[ibrsgtnaiii[tir,  peut  être  Inn^iliidinnlo,  c'i>st-ô-dîrc  dan» 
le  Déni  de  l'iuc  du  v.if:iii,  el  partngcr  nin»!  ce  connl  on  dcui 
portion!!  laliViile».  Celle  cloison  u.ot  tanldt  incomplète  ct 
(aniAt  compti'ic. 

Elle  est  iricoTn|ilètG  i|iianil  elle  n'ocrupe  pns  Intttc  la 
longueur  du  can;il.  ({u'elle  Romraencc  ii  un  [luiiit  plus  oo 
moins  éloigni^  de  la  vuUc. 

Elle  est  (om[iK'to,  nu  contraire.  (|iiaiid  elle  divise  le  tn^iin 
dann  tnnlc  «ton  élcnilu<.>  ;  assez  généralt-meiit  niors,  ta  nia- 
triie  cllc-mômc  pnriii'ipc  ù  cftlo  anomalie,  et  pri^senle  une 
bilidité  sur  Iii(|uellc  j'auroi  h  rrvfiiir  plus  Inrd.  Dont-e  a 
inséra,  dans  les  /archives  de  médecine,  une  obsirinlion  de 
ce  grnre  recueillie  sur  une  femme  mortr  à  l'IIÔtcl-Dieu, 
et  ft  br|uell(-je  dois  donner  ici  une  place,  pour  mieux  Tuire 
comprendre  le  vice  de  conformiitinn  dont  il  s'agit  :«  Une 
membrane  continue,  dit-il,  divisait  le  va->in  dans  toute  la 
longueur,  à  jiartir  du  m6nt  uriniiire  et  de  In  commissure 
postérieure  de  la  iul>e  jusqu'au  milieu  du  col  utérin.  Cette 
cloison  avait  environ  une  demi-ligue  d'épai^^ieur  ;  elle  était 
ferme,  rt^istante,  lopi«sée  de  cbn'jue  cAlé  par  la  membrane 
mu(iueu>e  vaginale,  qui  .«e  continuait  de  ji.irl  et  d'autre  sans 
interru|>ttun.  I.e  col  de  lu  matrice  ne  formait  point  de  saillie 
ap{iarcnte  dans  la  cavité  de  ce  double  va^i[i;  son  eitré- 
mité  inférieure  était  plutât  aplatie  qu'arrondii'  ;  h  droite  et 
a  goucbe  de  cette  >urface,  on  voyait  deui  simples  trous  de 
Tonne  ronde,  de  1b  grandeur  d'un  petit  tujau  de  plume, 


DES  ORGANES  EXTERNES  UB  LA  GÉNÉRATION.    à?9 

n'étant  point  couronnés  par  deux  lèvres,  ne  présentant  point 
l'apparence  de  fente  transversale  comme  dans  Tétat  naturel. 
Ces  trous  aboutissaient  isolément  dans  une  loge  correspon- 
dante de  la  matrice,  dont  la  cavité  était  ainsi  sé|iarée  en 
deux  par  un  septum  médian.  Vers  les  angles  supérieurs  de 
cet  organe,  existaient  deux  prolongements  latéraux  d*un 
ponce  et  demi  à  deux  pouces  de  longueur,  ajant  le  volume 
du  doigt,  une  texture  identique  avec  celle  des  parois  uté- 
rines, dont  ils  étaient  une  continuation,  une  forme  arrondie 
et  conoide,  se  terminant  enfin  par  leur  sommet  en  donnant 
naissance  aux  deux  trompes.  La  longueur  de  ces  derniers 
canaux  était,  à  partir  de  ce  point  jusqu'à  leurs  pavillons^, 
aussi  grande  que  dans  Tétat  naturel.  Le  corps  de  la  matrice 
ar ait  un  très  petit  volume  ;  sa  hauteur,  jointe  à  celle  du 
col,  était  seulement  de  deux  pouces;  sa  texture  ne  diiïérait 
point  de  celle  d'une  matrice  ordinaire;  elle  ne  paraissait 
point  avoir  été  en  aucun  temps  le  siège  de  la  fécondation. 
Les  ovaires  étaient  petits  et  comme  ratatinés,  l'urètre  et 
le  clitoris  bien  conformés  (1).  » 

La  bilidité,  car,  en  définitive,  c'est  à  ce  point  de  vue 
qu'elle  nous  intéresse,  peut-elle  empêcher  la  copulation? 
Rigoureuscmenl,  elle  ne  constitue  pas  une  impossibilité 
absolue,  un  obstacle  infranchissable,  mais  elle  est  une  gêne 
et  une  source  non  douteuse  d'ennuis  et  de  douleurs  pour 
les  deux  conjoints.  Une  jeune  fcmme^  dont  la  bifidité  du 
vagin  était  incomplète,  pouvait  se  livrer  h  la  copulation,  il 
est  vrai,  mais  avec  de  telles  précautions  qu'elle  réclama  mes 
soins  pour  être  débarrassée  de  cette  infirmité.  La  verge, 
en  pénétrant  dans  le  canal,  heurtait  quelquefois  le  bord 
inférieur  de  la  cloison,  qui  était  à  peu  près  à  deux  travers 

(4)  Archives  générales  de  médecine,  ann.  4  829,  t.  XX,  p.  S3S. 


ARO  VICES    DB    r.ONFOBMATION 

Je  doi{;l  lie  l'orifice  vuWaire,  el  ce  clioc  nVloil  pas  «ans  dou- 
leur pour  riinmme  et  surtout  pour  la  Tenimp  ;  dons  tous  les 
cas,  quel  que  Tilt  le  cAté  où  su  logeât  la  verge,  la  poche 
vaginale  n'ayonl  plus  que  la  moitii^  de  $a  cnpacilé  ordinaire, 
était  distendue  outre  mesure,  et  celte  distension  faisait  da 
coit  un  sujet  coiistunt  de  souiïrances. 

A  ne  considérer  que  l'acte  copuLi  leur,  l'opportunité  d'une 
opération  ne  snuniit  être  douteuse  ;  maïs  quand  la  bifidité 
du  ïDgiii  se  prolonge  jusqu'au  col  de  l'utérus  et  pénètre  dan* 
cet  organe,  il  peut  être  utile  de  s'abstenir  et  de  laisser  sub- 
sister un  obstacle  au  coït,  atin  de  prévenir  tes  accidents 
ultérieurs  que  déterminerait  it  cotiy  silr  une  grossesse;  ctr 
le  produit  de  lu  conception,  en  se  développant  dans  une 
cavité  trop  étroite,  ï'il  ne  succombait  pas  lui-même,  pour- 
rait bien  déterminer  la  rupture  de  la  poctie  utérine  dans 
laquelle  il  serait  contenu,  sans  parler  des  douleurs  nom- 
breuses qui  accompagneraient  cette  distension  Forcée;  et 
puis  la  cloiiion  longitudinnle  partageant  en  deux,  comme 
dans  l'observation  de  Dance,  l'ouverture  inférieure  de  la 
matrice,  on  prévoit  quelles  diflicultés,  et  même  quelle  im- 
possibilité, présenterait  l'accoucbement. 

Par  toutes  ces  considérations,  dans  les  cas  de  bifidité  du 
vagin  et  de  l'utérus,  j'estime  qu'il  convient  de  respecter 
l'obstacle  apporté  par  la  nature  k  l'entraînement  de  la  pas- 
sion, et  de  considérer  la  cloison  vaginale  comme  une  sage 
prévision  de  la  providence. 

Mais  quand  Ij  bilïdité  n'intéresse  que  le  vagin,  quand  la 
matrice  reste  étrangère  k  cette  anomalie,  «n  est  autorisé  à 
débarrasser  ta  femme  d'une  iuKrmité  qui,  outre  les  ennuis 
dont  cite  remplit  son  etislence,  serait,  dans  le  cas  de  gras* 
scsse,  la  source  de  nombreux  acciilenl«  au  moment  de  la 
parturition. 


À 


DBS  ORGANES  EXTERNES  DE  LA  GÉNÉRATION.    &81 

Communication  du  vagin  avec  les  organes  voisins.  — 
Les  organes  avec  lesquels  ces  communications  s'établissent 
sont  Turètre,  la  vessie  et  le  rectum;  elles  s'opèrent  par  des 
solutions  de  continuité  des  parois  vaginales,  et  constituent 
ainsi  des  Gstules  qui  presque  toujours  sont  au-dessus  des 
ressources  de  l'art. 

Au  point  de  vue  exclusif  de  la  copulation ,  le  dommage 
n'est  pas  grand,  car  le  coït  est  toujours  possible;  seule- 
ment ces  dispositions,  en  laissant  sortir  par  le  vagin,  soit 
les  urines,  soit  les  excréments,  inspirent  le  dégoût,  et  de- 
viennent ainsi  la  source  de  répulsions  morales. 

Il  n'en  est  pas  de  même  au  point  de  vue  de  la  féconda- 
tion qui,  ainsi  que  je  le  dirai  plus  loin,  peut  être  profondé- 
ment atteinte. 

Les  communications  du  vagin  avec  l'urètre  et  la  vessie, 
quoique  peu  fréquentes,  se  rencontrent  cependant  plus 
souvent  que  la  communication  du  vagin  avec  le  rectum. 
J.-L.  Petit  rapporte  les  deux  exemples  suivants  des  deux 
premières  anomalies  :  «J'ai  vu,  dit-il,  une  fille  à  l'âge  de 
quatre  ans,  qui  était  venue  au  monde  n'ayant  ni  urètre,  ni 
nymphes,  ni  clitoris:  elle  avait  un  vagin  assez  large;  mais 
n'ayant  pas  d'urètre,  ou  du  moins  la  partie  de  ce  canal  où 
se  trouve  le  sphincter  manquant,  elle  rendait  involontaire- 
ment ses  urines;  j'en  ai  vu  une  autre  qui  avait  tout  l'exté- 
rieur de  la  vulve,  le  clitoris,  les  nymphes  et  les  grandes 
lèvres  bien  conformés,  mais  à  qui  il  manquait  tout  l'urètre 
et  le  col  de  la  vessie;  elle  rendait  ses  urines  à  l'entrée  du 
vagin  par  un  trou  assez  large  pour  y  mettre  le  petit 
doigt  (1).  » 

(4)  Œuvres  complètes  y   édition  de  la  Bibliothèque  chirurgieals , 
p.  798. 

31 


fKtS    Df    rWtVOHATIOII 

L*Mmrtur«  ia  tai;in  dtnt  le  reftum  e*t  nnmftmtnl 
ntt,  ft  d«  pamiivs  ul»enatr'>iii,  (t'(i|irè«  Boyer,  n'oni  Hé  * 
hile*  t|u'un  lrè«  gielit  nombre  d«  hit  :  on  cm    Irume  un 
fli«in|t(«  lUii»  l«  Jtnimal  dej  mvtmts,  annif  1777,  pI  on 
skoimI  daii*  l«  Mémoires  fie  Berlin,  innée  1774-  L'illuMre 
«eirt^uiri'  de  l'Acadt-mie  dt-  L-liirurgic,  l.ouîs.  en  dir  on 
troÎM^''  eiempte  sur  lequel  jo  rfetnainle  \a  pcrmisiion  Jb    ^ 
Bi'arr4ti>r  un  initttint.è  rau^fl  desrirronManre»  qui  t'accoiiM  ^| 
pogiièrent  l^l  dtà  la  diftfusiiioii  è  laquelle  il  dunna  lieo,  et  (|«f  ^| 
et|  Tort  |>eu  cuiinue. 

llniiK  une  Ihé^  soutenue  80U!i  ^a  pri^«ideiire  aui  éctifes 
de  rliirurgîp,  et  dont  len  bibliomane»  D'iicrnrdpnl  h  lui  attri- 
buer la  (laternité,  Loui»  raconte  qu'une  Jeune  fille,  chei 
laquelle  il  n'existait  aucune  trace  des  parties  eiterneu  de  la 
génération,  i^tait  r^gli^e  yor  l'anus.  Son  amant.  |ioiir«uil-il, 
lui  arracha  l'aveu  de  ce  vice  de  conformation,  et,  dan*  sei 
transports  amoureut,  il  la  supplia  de  lui  permettre  de  s'unir 
à  elle  par  la  seule  voie  qui  lui  restait  :  elle  y  consentit,  de- 
viot  enceinte,  et  accoucha  à  terme,  par  l'anus,  d'un  enfant 
bkn  constitué  (l). 

Comme  conséquence  de  cette  observation ,  Louis  de- 
manda aui  casuisles  si  une  femme ,  privée  de  vulve,  était, 

(I)  Voici  m  enlier  le  l«ite  même  de  c«(ta  curieuse  obaervalkm  : 
<  Alii  i  m  perron  lion  19  «pparentis  «pecies  liic  manel  recensenda  de  qui 

•  DOn  ita  pridem  Psrisiis  vidimus  eiemplum  noLatu  dignum,  veroicale 

■  in  Bcademiarum  commentariis  non  Iradendum,  ob  verecundiam  dere 

■  pudendi  Mrvindim.   Adolefcentola  in  quA  naiiom  vuIveb  et  vaginn 

•  veaiigivm,  par  anum  pui^aliooM    menalruat  pauettitur  :  eam  rir 
>  quidem  adamavii,  et  buic  quA  data  vjA  se  commisil,  non  tangaarii 

■  transiliens  vada,  quod  alibi  neraoda  ruissel  telidaE  in  hoc  casu  Fuit 

•  (ecnndùm   nalurœ   intenlum.    Gravida  enim  facta  fœtum  lempore 

•  opportnao  enlia  est,  laceralo  ani  aptiinciore.  An  uxore  aie  dispositt, 

•  ttti  Tu  ait  judiceoi  (beologi  moralesï  i 


DES   ORGANES   E1TBRNES   DE    LA    GÉNÉBATION.  /^SS 

oai  OU  non  y  en  droit  de  chercher  dans  l'anus  In  voie  de  la 
propagation.  Les  théologiens  s^émurenl,  des  cris  de  répro- 
bation s'élevèrent  contre  le  célèbre  chirurgien  qui  ne  tarda 
pas  à  avoir  contre  lui  le  parlement  et  la  Sorbonne. 

Il  fut  interdit. 

Cependant  la  question  n'était  pas  neuve  pour  les  ca- 
suistes  et  avait  été  bien  longtemps  avant  Louis  approfondie 
par  les  pères  Cucufe  et  Tournemine.  A  ce  problème  :  An 
imper forcUa  mulier  possit  concipere?  les  deux  savants 
pères  que  je  viens  de  citer  avaient  décidé  «  qu'une  fille, 
privée  de  la  vulve  en  apparence,  devait  trouver  dans  l'anus 
des  ressources  pour  remplir  le  vœu  de  la  reproduction.  » 
Sanchez,  le  fameux  casuiste  espagnol  que  tout  le  monde 
connaît,  avait  partagé  l'opinion  des  pères  Cucufe  et  Tour- 
nemine, et  cependant ,  malgré  cette  unanimité  de  trois 
grandes  lumières  de  la  théologie,  les  papes  avaient  fait  un 
cas  résc^rvé  aux  jeunes  filles  qui  tenteraient  cette  voie. 

Louis,  par  sa  question  indiscrète  :  Anvxoresicdispositâ^ 
uti  fas  sit  judicent  theologi  morales?  mettait  donc  en 
suspicion  les  décisions  de  Rome,  et  justifia  jusqu'à  un  certain 
point  les  rigueurs  exercées  contre  lui  par  la  Sorbonne  et 
le  Parlement. 

Cette  affaire,  on  le  comprend,  ne  se  passa  pas  dans  le 
huis-clos,  et  le  problème,  fort  débattu  en  France,  fut  de 
nouveau  soumis  à  la  sagesse  du  souverain  pontife.  Le  pape 
Benoît  XIV,  qui  portait  alors  la  tiare,  plus  philosophe  et 
plus  éclairé  que  ses  prédécesseurs,  permit  l'usage  de  la 
parte-poste  dans  le  sens  du  père  Cucufe. 

En  présence  d'une  pareille  décision  et  en  souvenir  da 
fait  rapporté  par  Louis,  Pougens  n'hésite  pas  h  donner  le 
conseil  suivant  :  «  Les  jeunes  femmes  stériles  seraient  peut- 
être  autorisées,  ou  devraient,  au  contraire,  tenter  lea  deux 


I  ORflAMQieS  ne  L  APPADEIL  COl'UIJlTRtiH. 
I,  yuui  n'assurer  de  lu  véritable  route  <Je  lii  propags- 

^tnme  on  le  voit,  Puugciis  répudie  cette  maiime  de  Iji 
wgesse  des  notions  :  Dans  le  doute,  abstient-^oi. 


CHAPITRE  II. 

LftSIONS    OnSAMQL'ES    DE    l'aPPARKU.     r.OPl'LATEl'M. 

Ce  chnpiire  liera  un  des  plus  courts  de  l'ouvrnge,  car  « 
Im  diverses  aflerliong  qui  peuvent  }  iîfjurer  ont  vue  impor- 
tlDce  nsfcz  grande  dans  la  palliologie  ^^nérale  des  organes 
gAoiUux  de  ta  femme,  elles  ne  présentent  qu'une  valeur 
SMondaire  ou  point  de  vue  qui  noui*  uecupe. 

Ces  aiïections  sont  lontei  plus  ou  moins  douloureoMs,  et 
l'augmentation  des  sourTrances  que  déterminerait  k  coup 
sAr  la  présence  d'un  corps  étranger  mis  en  contact  avec  les 
parties  malades,  est  un  motif  suffisant  pour  faire  redouter 
aux  femmes  l'acte  du  coït.  Cette  abstention  est,  il  est  vrai, 
momentanée,  et  prend  sa  source  dans  une  série  d'accideats 
qui  ne  rentrent  que  d'une  manière  subsidiaire  dans  le  cadre 
de  mon  sujet. 

Je  ne  m'y  arrêterai  donc  pas  davantage. 

Mais  si  ces  phénomènes  morbides,  en  tant  qu'ils  consti- 
tuent par  enx-mèmes  un  obiilacle  è  la  copulation,  méritent 
à  peine  d'élre  mentionnés  dans  un  ouvrage  de  la  nature  de 
eeluÏM'i,  il  n'en  est  plus  de  même  quand  on  les  étudie  dans 
leurs  conséquences,  et  qu'on  les  considère  comme  causes 
déterminantes  de  l'impuissance  chez  la  femme. 

Et,  en  effet,  un  des  résultais  les  plus  fftcheui,  h  notre 
point  de  vue,  (\ae  ces  affections  peuvent  produire,  est  te 
(I)  Dielitimain  tt»  mêdediu  praitçi»,  t.  IV,  p.  (626,  3*  édit. 


LÉSIOBIS   ORGANIQUES   DE    l'aPPAREIL   COPULATEUR.     /|85 

rétrécissement  ou  Toblitération  du  vagin  ou  de  la  vulve, 
soit  par  l'agglutination  immédiate  des  parois  vulvaircs  ou 
vaginales^  soit  par  la  formation  de  brides  ou  de  callosités. 

Les  plaies,  les  ulcérations,  les  eiroriations,  les  déchi- 
rures, l'inHammation,  elc,  peuvent  amener  l'un  ou  l'autre 
des  accidents  que  je  \iens  de  signaler,  et  les  exemples  n'en 
sont  pas  très  rares  dans  la  science. 

Paul  de  Sorbait  raconte  qu'une  jeune  fille  s'étant  endor- 
mie sur  un  vase,  dans  lequel  elle  avait  placé  dos  charbons 
pour  se  chauffer,  brisa  ce  ^ase  et  se  bnlla  toute  la  région 
du  périnée,  de  la  vulve  et  du  pubis.  Cet  accident,  mal  soi- 
gné, détermina  la  réunion  des  grandes  lèvres,  et  ne  laissa 
plus  entre  elles  que  deux  petites  ouvertures,  l'une  près  de 
l'anus  et  l'autre  au-dessous  du  pubis.  La  femme  devint  plus 
tard  enceinte,  et  il  fallut,  pour  que  Taccouchement  s'eiïec- 
tuât,  inciser  la  cicatrice. 

Arnaud  cite  le  fait  d'une  jeune  fille  qui,  à  la  suite  d'une 
course  h  Ane,  éprouva ,  aux  parties  génitales  externes  ,  une 
inflammation  avec  excoriation  des  grandes  lèvres  ;  celles-ci, 
abandonnées  à  elles-mêmes,  s'agglutinèrent,  en  respectant 
toutefois  le  méat  urinaire,  et  en  laissant  un  trou  par  lequel 
s'écoulaient  les  règles.  Comme  dans  l'observation  précé« 
dente,  la  jeune  fille  se  marie,  devient  enceinte  et  doit  subir 
l'incision  de  la  cicatrice  pour  permettre  le  passage  à  l'enfant. 

Les  ulcérations  syphilitiques  sont  souvent  la  cause  d'une 
semblable  adhérence ,  et  il  arrive  quelquefois  alors  que  la 
preuve  manifeste  d'une  faute  antérieure  au  mariage  devient 
pour  l'époux  un  signe  non  équivoque  de  virginité.  Dupuy- 
tren  fut  appelé  un  jour  pour  détruire  une  de  ces  adhérences 
qui  avait  résisté  h  toutes  les  approches  conjugales,  et  se 
garda  bien,  comme  on  doit  le  comprendre,  de  dissiper 
l'heureuse  erreur  du  mari. 


OtfiAmQOU  DB  L  AfPAtKIL  GOPOLATiei. 
ouirrlure  tttlviiirc  peut  encore  être  rétrécir  h  \»  suite 
It  déchirure  du  |)érinée,  que  celte  déchirure  arrive  d'anc 
anjèfc  traiimstique  ou  qu'elle  soit  (trnduile  {lor  uu  bc- 
■Mekement.  Les  eus  de  ce  f;enre  se  teiiconlrent  anvi  fr^- 
MHirnenl  duns  la  pratique  et  KUiil  eu  nombre  s$iEei!  «ufS- 
tMk  dans  tous  les  ouvrages  d'obstétrique,  pour  qu'il  soit 
janlilc  d'en  ruppeler  ici  quelqucs-uus. 

Ln  ruplure»  du  vugiii,  par  Loiise  Irautnatique  ou  pendant 

leouehemeiit,   sans  être  fréquentes,  ne  sont  ecpciidani 

wiis  rares.  Cet  accident,  toujours  firave,  eM  presque 

amnieut  suivi  d'une  périlonile    ofseï  géuéralemeut 

telle,  ce  qui  me  dispensa  de  m'y  urri^ler  davaiita^çe. 

n  en  est  h  peu  près  de  même  des  autres  solutions  de  con- 

liMlité  des  parois  vaginales,  lésion  qui,  s'il  fout  en  croire 

qwl^uea  aulears,  se  serait  produite  pendant  l'icte  du  eoïL 

Ainsi,  Diemerbroeck  rapporte  l'observation  d'une  déchinre 

4a  vagin  amenée  par  la  présence  de  la  verge,  et  qui  dtfter- 

nina  une  bémorrhagie  mortelle  ;  Dugèi  cite  un  exemple  du 

nème  genre  dans  le  Dictionnaire  de  médecin»;  et  de  chirur- 

mi»  pratiques  ;  Plaiioni  a  rencontré  une  lésion  anal<^ae 

lae  i  la  même  cause,  etc. ,  etc.  ;  mais,  je  le  répète,  ces  ■£• 

eidente,  fort  intéressants  dans  un  ouvrage  sur  les  maUdtet 

ie>  femmes,  ne  méritent  ici  qu'une  simple  tneotioii. 

Il  n'en  est  pas  de  même  pour  tes  accidents  qui  laissent 
•pr^s  eui  un  rétrécissement  ou  une  véritable  oblitération 
éa  vagin.  Un  accoucbemeot  long  et  pénible  peut  amener 
an  semblable  résultat,  et  M.  Moreau  cite  l'observatioa 
d'ane  dame  anglaise  dont  le  rétrécissement  vaginal,  i  la 
faite  d'uo  premier  accoachement ,  ne  laissait  même  plu 
passer  les  menstrues. 

lies  injections  vaginales  caustiques  sont  la  source  i  la- 
>aelle  il  faut  le  plus  fréquemment  faire  remonter  l'obltté> 


LÉSIOHS    0B6A1I1QUBS    DE    l'aPPAKBIL   COPULATBUR.     &87 

ration  du  vagin.  Une  allumeuse  de  réverbères  de  Genève 
s'étant  injecte  du  vitriol  dans  l'organe  copulateur,  afin  de 
provoquer  un  avortement,  les  parois  de  ce  canal  contractè- 
rent de  telles  adhérences  que  le  produit  de  la  conception 
ne  put  passer,  et  la  femme  mourut. 

Quelquefois  il  ne  se  forme  pas  des  adhérences,  surtout 
quand  les  injections  sont  purement  astringentes,  mais  alors 
les  parois  vaginales  deviennent  dures,  calleuses,  et  s'épais- 
sissent au  point  d'amener  un  rétrécissement  incompatible  avec 
le  coït.  Les  prostituées  savent  tout  le  parti  qu'elles  peuvent 
tirer  de  ces  circonstances,  et  il  en  est,  surtout  en  Italie,  qui 
vendent  pendant  de  longues  années,  et  grâce  à  des  injections 
de  ratanhia  ou  de  tannin,  une  prétendue  virginité  que  la 
syphilis  a  plus  d'une  fois  marquée  de  stigmates. 

Quelle  que  soit  la  cause  à  laquelle  il  faille  rapporter 
soit  Tadhérence  des  parois  vulvaires  ou  vaginales,  soit  le 
rétrécissement  ou  l'oblitération  de  l'organe  copuluteur, 
nous  avons  toujours  affaire  à  une  série  d'aiïections  dont 
rbistoire  m'a  occupé  déjà,  et  qui  ne  dillerent  des  premières 
que  par  les  causes  qui  leur  donnent  naissance. 

Le  traitement  de  celles-ci  sera  donc  à  peu  près  identique 
avec  le  traitement  de  celles-là  ;  cependant,  dans  les  cas  où 
l'obstacle  est  constitué  par  des  brides  solides  ou  des  callo- 
sités, la  dilatation  progressive  que  j'ai  recommandée,  à 
l'exemple  de  Benevoli,  est  insufiisante,  et  il  convient,  tout 
en  utilisant  l'action  des  corps  dilatants,  do  recourir  à  quel- 
ques incisions  et  scarifications  pour  détruire  les  cicatrices 
et  les  brides  les  plus  résistantes.  L'opérateur  devra  faire 
lui-même  le  pansement  que  cette  thérapeutique  exige,  car, 
négligée,  la  médication  deviendrait  bientôt  elle-même  une 
nouvelle  cause  d'obturation. 


/{SS         LËS1U!>IS    VITAI 


i    UE     L  APPAREIL    COPVLATBCS. 


CHAPITIÎE   III. 

LÉSIONS    VITALES    DE    l'aPI'AREIL    COPlLATEtlR 

Les  ofTeclions  qui  remplissent  ce  nouveau  chapitre  de 
l'histoire  des  «bslaclos  n|iportés  h  l'inlromission  de  la  verge 
dans  les  organes  sexuels  de  lu  femme,  sont  les  ni^vralgies 
de  In  vulve  el  du  va^în  et  l(>s  spaisnics  du  vagin. 

D/^vralgie  de  la  vulve  et  tlu  vagin.  —  A*»iit  Lisfranc, 
cette  nlTectioii  était  peu  connue;  mais  depuis  que  eu  chirur- 
gien l'a  décrite  avec  ses  loiidances  un  pi-u  trop  prononcées, 
peut-être,  ters  les  idées  de  Brou-sais,  elle  a  été  l'objet 
(l'éludes  «érieuscs,  et  l'on  a  droit  «le  s'étonner  qu'après  le 
travail  consciencieux  de  Tanchou,  dont  je  parlerai  tout  à 
l'heure,  M.  Paul  Uubols  oit  prétendu,  dans  te  cours  de  la 
discussion  acodémique  sur  le  tniileinent  de*  déviations  de 
l'utérus  pnr  le  pessaire  inlra-ulérin,  qu'il  élnit  te  premier  à 
gif^nalcr  cette  affection;  je  montrerai  bienldl,  t-n  faisante 
chacun  la  part  qui  lui  revient,  ce  qu'il  faut  penser  de  celte 
assertion  do  M.  Dubois. 

Bien  que  Lisfrnnc  et  Tnnchou  aient  décrit  isolément 
les  névralgies  de  la  vulve,  il  parait  diflicde  d'admettre  qoe 
cette  névralgie  ne  s'irradie  pas  jusque  sur  le  vagin,  el  reste 
limitée  OUI  grandes  el  au\  petites  lèvres.  J'ai  ru  occasion 
d'observer  quatre  cas  de  celte  maladie,  el,  dans  tons,  le 
vagin  était  aussi  douloureux  que  la  vulve. 

De  plus,  et  pour  légitimer  le  rapprochement  que  je  fais 
ici,  les  mêmes  causes  peuvent  amener  la  névmlgie  sur  l'un 
ou  l'autre  organe,  vl.  quel  que  soit  son  »iége,  les  mêmes 
symptAmes  l'accompagnent,  les  mêmes  conséquences  li 
suivent  et  le  même  Iraitement  lui  convient. 

H  me  parait  donc  superflu  et  même  illogique  de  cooper 


i|uv  uc  cvupw        I 


LfiSlOffS    VITALES    DE    l'aPPARBIL    COPULATSCB,        A89 

en  deux,  ainsi  qu'on  l'a  fait  dans  les  ouvrages  généraux  de 
pathologie,  une  seule  et  même  aiïection,  sous  le  prétexte 
spécieux  qu'elle  siège  sur  des  organes  distincts,  comme  si  la 
nature  s'accommodait  des  divisions  factices  que,  pour  sa 
commodité,  l'esprit  admet  et  se  trace. 

La  névralgie  de  la  vulve  et  du  vagin  est  tantôt  idiopa- 
thique  et  tantôt  symptomatique  d'une  aiïection  de  Tutérus. 
Lisfranc  (1)  assure  qu'elle  est  héréditaire  dans  certaines 
famillesy^dont  toutes  les  femmes  la  présentent  alors  à  des 
degrés  variés.  U'après  Tanchou(!2),  l'époque  de  retour  se- 
rait souvent  marquée  par  cet  état  névralgique,  «  et  alors, 
dît-îl,  ces  névroses  peuvent  être  considérées  comme  une 
déviation  du  travail  menstruel;  l'excitation  fonctionnelle 
qui  avait  son  siège  dans  les  nerfs  de  l'ovaire  et  de  l'utérus, 
se  transporte  sur  ceux  de  la  vulve.  »  Enfln  le  travail  de  la 
menstruation  détermine  souvent  l'affection  dont  il  s'agit,  et 
alors  la  sensibilité  des  organes  externes  de  la  génération 
n'est  exaltée  que  quelques  jours  avant  et  quelques  jours 
après  l'écoulement  des  règles. 

Dans  d'autres  circonstances,  la  névralgie  dont  je  parle 
est  liée  à  un  état  morbide  de  l'utérus  ;  pour  Lisfranc,  cet 
état  morbide  était  l'engorgement  ou  l'ulcération  du  col  ; 
pour  IVl.  Paul  Dubois,  c  est  tantôt  un  état  phlegmasique  de 
la  muqueuse  utérine,  tantôt  une  déviation  de  l'organe, 
tantôt  enfin  une  névralgie  même  de  la  matrice  qui  rayonne 
sur  le  vagin  et  s'étend  jusque  sur  la  vulve. 

A  ce  point  de  vue,  M.  Dubois  pourrait  bien  avoir  raison, 
ainsi  que  je  le  dirai  en  parlant  de  la  thérapeutique. 

Mais  qu'elle  soit  idiopathique  ou  symptomatique  d'une 
aiïection  quelconque  de  l'utérus,  la  névralgie  de  la  vulve  et 

(1)  Clinique  chirurgicale  de  l'hôpital  de  la  Pitié,  t,  II,  p.  4Ç3|  et 
GazetUdes  hôpitaux,  12  mars  4  842. 

(2)  GazetU  des  hôpitaux,  4  4  juillet  4848. 


h90        LtMONB   VITALIU   DB   l 'APPilEIL  COPULATIOI. 

(lu  vaf^iii  réclame  inifiériciitctnont  hs  noins  du  la  n 
n  La  fenime,  ilit  Lisfrane,  dont  iiiuii  eiftérieuce itenoaiteUt 
atu-sle  I4»  iKirolex,  la  femme  a  (luur  lu  cuit  lui-m£ne  une 
f>ruiiile  ri:pu^tiiiiiu\  el,  (juuîqur  le  M'iitimenl  du  devvir  ■! 
In  cruiiitc  de  |ierdri>  l'alTeclioii  dv  son  mari  la  ilomilieut,  elle 
s'en  éloigiiK  d'abord  autant  c|iiq  le  lui  jicrmctU'nt  let  cir- 
coMlaiHXK,  et  puis  eufin  il  detieiil  si  irritant,  si  b{(bc«i4,  b 
douloureux,  qu'elle  le  refuse  et  le  rejette  aver  un«  lorle 
(l'elTroi  :  refuK  terrible,  qui,  presque  toujours,  eoirilne  bieo- 
tdl  uprès  lui  les^ténenents  les  (iIuk  funi-atcs  k  l'union  i-on- 
jugale.  Je  ii'eisgère  rien  ici,  car  ou  m'a  raconté  dci^Kénw 
déplorable»  ;  j'en  ni  quelquefoi»  été  témoin.  L'étal  liont  nous 
nous  occupons  eiiftc  donc  l'alleulion  la  plu»  sérieuse  dé  la 
(larl  ilu  médedii.  Son  minislère  e5t  ici,  non  pas  «eulement 
de  ^uiVir,  iiiiii>  L'rii'orc  de  rrinln'  uiic  t^puu.H'  à  su»  marî. 
un  père  è  te»  enfants,  eu  rétablissant  la  paix  au  tein  d'une 
famille  désolée.  » 

Ce  tableau  n'est  point  chargé  k  plaisir,  et  loui  ceui,  Tas- 
chou,  M.  Dubois,  etc.,  qui  onteu  occasion  d'observer  cette 
névralf^ie,  s'accordent  sur  la  gravité  qu'elle  présente  au 
point  de  vue  du  rapprochement  des  setee,  et  M.  DuiMÎa  la 
considère  même  comme  une  cause  do  stérilité. 

Il  but  donc  nous  arrêter  sur  la  thérapeutique  la  fUu 
convenable,  et  d'autant  plus  sérit:usement  que  les  moyeu 
caratifs  ordinaires  échouent  asseï  souvent,  et  qu'il  me  fau- 
dra faire  ici  comme  un  atant-propos  de  ce  que  je  dirai  plut 
loin  sur  l'action  thérapeutique  du  redresseur  intra-utérin. 
Quand  la  névralgie  est  essentielle,  qu'elle  n'est  sou*  la 
dépendance  d'aucun  état  morbide  de  l'utérus,  son  traitement 
est  celui  de  toutes  les  névralgies  en  géuéral.  Cependant,  si 
je  dois  prendre  en  considération  certains  résultats  que  j'ai 
obtenus  aiecla  valériane  et  l'asa  fœtida^je  me  crois  autorisé 
à  penser  que  ces  deui  •■tispesmodiques  ont  une  action  en 


^ 


LESIONS    VITALES    DU   l,'Al>PAi<ErL    COPULATBIJI.        ^91 

quelque  Borle  spéciale  sur  l'innervalion  des  organes  géoi- 
luut  ;  celle  action  m'a  (joru  [lius  prononcée  riiez  ta  Temme 
que  chez  l'Iiommc,  et  je  suis  parvenu  avec  eus  à  des  rémis- 
sions complètes  d'hjïtéralgie  et  de  névralgie  de  la  vulve  et 
du  vagin  qui  avaient  opiniâtrement  résisté  à  toutes  sortes 
(Je  médications. 

Aussi,  dan!irrin'ection(iui  m'occupe,  je  n'hésite  pas  à  con- 
seiller de  prescrire  l'asu  fcEtida  et  la  valériane  combinées 
ensemble,  soit  en  pilules,  soit  en  potion,  ce  qui  n'empèciie 
en  aucune  manière  les  moyens  externes  généralement  re- 
commandés, tels  que  bains  froids  ou  chauds,  Triclions  opia- 
céei,  belladonéed,  etc. 

Quand  la  névralgie  est  sous  la  dépendance  d'un  état 
palliologique  de  l'utérus,  d'une  phlegmasie,  d'une  ulcéra- 
tion ou  d'un  déplacement,  il  est  raLionnel  de  s'adresser 
d'abord  et  directement  à  l'aiïeclion  utérine,  cause  de  la 
douleur  vulvo-vaginale.  Je  n'ai  pas  à  décrire  ici  le  traite- 
ment de  ces  diverses  maladies;  cependant  il  est  des  cir- 
constances où  l'état  nerveux  dont  je  parle,  quoique  existant 
avec  une  phlegmasie,  une  ulcération  ou  un  engorgement 
de  la  matrice,  est  déterminé  par  le  poids  de  l'utérus  plutôt 
que  par  la  lésion  organique  qu'il  présente;  la  femme 
éprouve  alors  des  douleurs  de  reins,  des  tiraillements  dans 
les  lombes,  de  la  pesanteur  ait  périnée,  etc.,  etc.  Dans  ce 
c«s,  et  si  la  lésion  organitjue  permet  de  les  appliquer,  tout 
moyen  qui  aura  pour  but  de  soutenir  l'utérus  amènera  de 
bons  résultats  :  lu  ceinture  hypugaslrique  et  les  pessaires 
ordinaires  répondent  d'habitude  à  cette  indiculion  ;  le  pes- 
saire  intra-utérin  de  AI.  Simpson  ou  celui  de  M.  Valleix 
peuvent,  d'aprùs  M.  UubDis(l),  amener  les  mêmes  effets,  en 

{^\)  Bttilttin  de  \' Aradèmie  impériale  rfa  médecine,  l.  XIX,  Paria, 
4»»i,  p,  aSâ  olg33. 


&93         LfiSIOKS    VITALES    DE    l.'APfAHEIL    COPIltATErR. 

oITraiit  à  l'ul^rus  iiii  |i(>inl  ii'ii|i|)iii  nu  ili^  ^ontènemenl.  Sans 
aucun  doute,  le  pessaire  de  M.  Vollfit  oITre,  romtno  mojen 
iik'i'Ii nique  (le  «ustentatinii,  les  mêmes  nvai)ln£>c!i  qae  les 
[leMaires  onlirinircs;  mais  il  [(rési-iile  le  prave  inconvénient 
d'au;:meii(er  lu  |)lilegma<iie  et  même  de  Taire  naître  une 
inHnmmolion  qui  ii'csl  pas  sons  danger,  nin^i  que  l'espé- 
rience  ne  l'a  que  trop  démotitrê. 

L'action  brenrtnsaiilo  du  pessuire  de  M.  Vslleît  est  muim 
contestable  quand  l'étui  patliolugique  de  l'ulérus  est  un  état 
h^slùriformc,  sans  lésion  organique,  mai»  seulement  avec 
troubli's  plus  ou  moins  graves  du  cAlé  de  l'mnervalion.  Daiu 
ce  cas,  l'iipplication  du  pessaire  n'a  pas  besoin  de  se  pro- 
longer longtemps,  et  ne  peut,  pnr  conséquent,  en  dehon 
de  certains  ras  eiceptionneh  rl'idiosyniTasie,  et  tout  h  fait 
au-di'ssus  des  prévisions  liumainis,  déterminer  tes  accidents 
que  M.  Depaut  a  signalés  dans  son  rapport  à  i'Ae«<léinie 
do  médecine.  Son  action  se  burni^  alors  k  modifier  d'une 
manière  spéciale  la  sensibilité  utérine,  et,  par  suite,  celle  de 
tout  le  reste  de  l'appareil  génital,  qui  est  sous  sa  dépen- 
dance. M.  Dubois,  il  faut  le  reconnaître,  fut  le  premier  à 
signaler  rrtte  action  du  pessaire  de  M.  Valleix,  et  depub 
j'ai  eu  moi-même  occasion  d'en  constater  la  réalité.  Sins 
doole  ce  mojen  ne  réussit  pas  d'une  manière  constante; 
il  est  des  cas  rebi-lles  même  dans  lesquels  le  mal  parait 
s'accroître  sous  la  pression  eiercée  par  la  lige  du  peuaire; 
mais  il  en  est  d'antres,  je  le  répète,  comme  relui  qu'a  cité 
M.  Malgaigne  dans  son  premier  discours  dans  la  discussion 
académique  sur  le  traitement  des  déviations  utérines,  on 
l'efTet  est  si  complet  cl  si  immédiat  que  l'on  pourrait  croire 
k  quelque  supercherie  de  lu  femme. 

A  re  point  de  tue,  mais  à  ce  point  de  vue  seul,  ainsi  que 
j'aurai  l'occasion  de  le  démontrer  plus  loin,  le  pesnira 


LÉSIONS    VITALES    DE    l' APPAREIL   GOPULATEUR.         &9S 

intra-utérin  doit  être  conservé^  car  il  modifie  quelquefois  la 
sensibilité  utérine  là  où  tous  les  moyens  ordinaires  ont 
échoué. 

Spasmes  du  vagin.  —  A  l'encontre  des  névralgies  de  la 
vulve  et  du  vagin ,  qui  sont  un  empêchement  en  quelque 
sorte  moral  au  rapprochement  des  sexes ,  les  spasmes  du 
vagin  constituent  un  obstacle  matériel  à  l'intromission  de 
la  verge  dans  les  organes  sexuels  de  la  femme.  Le  resserre- 
ment convulsif  de  ce  canal  est  quelquefois  si  prononcé  qu'à 
peine  l'ouverture  vulvaire  peut  admettre  un  tuyau  de  plume 
à  écrire.  Fort  heureusement ,  ces  conslrictions  sont  inter- 
mittentes, et  lorsqu'elles  sont  continues,  elles  coexistent 
avec  la  vaginite  ou  avec  Tétat  puerpéral,  comme  si  la  nature 
avait  voulu  prévenir  l'homme,  par  cet  empêchement  formel, 
de  s'abstenir  d'un  coït  compromettant  ou  impossible. 

Quoi  qu'il  en  soit,  et  d'après  ce  que  je  viens  de  dire,  les 
spasmes  du  vagin  sont,  tantôt  idiopathiques,  tantôt  sympto- 
matiques  d'une  vaginite,  et  tantôt  mixtes,  c'est-à-dire  se 
montrant  pendant  le  travail  de  l'accouchement. 

Quand  l'affection  est  essentielle,  qu'elle  ne  s'accompagne 
ni  de  rougeur,  ni  d'excoriations  sur  les  lèvres  et  le  vagin, 
les  accès  sont  intermittents,  plus  ou  moins  rapprochés,  et 
d'une  durée  plus  ou  moins  longue.  Les  tentatives  du  coït 
les  déterminent  quelquefois,  mais,  dans  ce  cas,  les  spasmes 
disparaissent  d'eux-mêmes,  quand  la  muqueuse  vaginale  est 
lubréfiée  par  les  mucosités.  — En  dehors  de  celte  circon- 
stance, dont  on  comprend  d'ailleurs  le  mode  d'action,  il  est 
assez  difficile  de  déterminer  les  causes  prochaines  qui  don- 
nent naissance  à  une  pareille  affection.  Cependant,  les 
femmes  nerveuses  y  paraissent  plus  disposées  que  toutes 
autres,  surtout  si  elles  éprouvent  de  fortes  émotions  mo- 
rales, et  si  elles  caressent  des  idées  erotiques.  C'est  à  i'ou- 


&9/i         LESIONS    V1TALBB    BB    l'aPPARBIL    eaPCLATtini. 

vertiire  viilvo-vajiinale  (jne  la  ronulriction  esl  le  pittt  pro- 
noncée, et,  rommii  je  le  disais  plu»  hoiil,  le  reswrreioMtl 
est  quelquefois  si  consitlérahlc  qu'il  pcul  h  ppine  l»m«r 
piisser,  et  non  encore  sans  douleur,  un  luynu  de  plnmc  > 
écrire. 

Lea  spasmes  du  vagin  qui  sont  déteminâs  psr  une  in- 
flammation franche  ou  spécifique  de  eut  orf^anc.  sont  con- 
tinus et  suivent  les  périodes  de  la  moliiilie  qui  les  lient  sons 
SB  dépendance.  Cette  corrélntioii  est  lonjour»  facile  h  con- 
stater au  moyen  des  sjmptdmw  si  traiicliés  de  la  lapinile 
qui  se  décèlent  toujours  h  l'examen  le  moins  atlenlif 

Il  en  <-st  de  niéme  di's  spasmes  qui  accompagnent  le  tra- 
vail de  l'accu ucliement,  et  (|ui  ne  m  prutongenl  pas  sa  itih 
du  temps  de  la  partnrition.  Au  point  de  vue  du  dia^ooMîe 
(ilfférenliet,  et  pwur  ne  pas  k'S  conxi'li^rrr  (■(Htime  une  rnu** 
sérieuse  de  djstocie,  les  antécédents  de  la  femme  permet- 
troBt  loujouri  de  distinguer  les  spasmes  du  vagin  de  quelque 
vice  de  ronfonnalion  ou  de  quelque  maladie  qui  aonit 
amené  un  état  permanent  d'étroitesse  du  vagin. 

Comme  on  le  doit  présumer,  les  spasmes  s^mptomaliquet 
et  les  spasmes  milles  n'exigent  point  une  thérapealique  spé* 
ciale  :  les  premiers,  liés  à  la  vaginite,  disparaîtront  avec 
elle  ;  et  le*  seconds,  complication  de  l'accouchemenl,  m 
dinipent  toujours  avec  la  délivrance  de  la  femme,  et  récl*- 
ment  quelquefois,  pour  que  la  pnrturilion  s'accomplisse, 
Tussge  habilement  combiné  des  aniiphlogistiques. 

Restent  donc  les  spasmes  essentiels.  —  Comme  ils  soll 
ordinairement  l'apanage  des  femmes  nerveuses  et  livrées 
aui  pensées  erotiques,  il  faut  recourir  presque  toujours  i 
one  médication  générale,  dont  les  fortifiants,  le  fer  et  Im 
distractions  feront  la  base,  et  employer  eo  même  temps  an 
traitament  focal  dont  les  ressources  sont  les  bains  entiert  •■ 


TOIHDBS   DB   LA   ¥!».▼«•  &95 

de  siège,  les  injections  narcotiques  et  les  onctions  avec  la 
pommade  bclladonée  II  est  rare  que  ces  moyens,  tant  gé- 
nérani  que  locaux,  bien  combinés  et  bien  conduits,  n'amè- 
nent promptement  la  rémission  d'une  maladie  qui  est  un 
véritable  tourment  pour  les  femmes  qui  en  sont  atteintes. 


CHAPITRE  IV. 

LÉSIONS    MÉCANIQUES   DE    l'aPFAREIL   GOPULATEUR. 

TUMEURS.  —  CORPS  ÉTRANGERS. 

Si  pour  là  logique  de  la  classification  je  rapproche  les 
tumeurs  et  les  corps  étrangers  développés  ou  introduits 
dans  l'appareil  copulateur,  je  dois  les  examiner  séparément, 
parce  qu'en  dehors  du  seul  point  de  contact  qu'ils  présen- 
tent dans  leurs  résultats  par  rapport  à  la  copulation,  ils  n'ont 
rien  de  commun  dans  leur  histoire,  et  s'ofTrent  à  l'obser- 
vateur avec  une  éliologie,  une  marche  et  une  terminaison 
qui  me  forcent  de  donner  à  chacun  d'eu:^  une  place  distincte. 

TUMEURS  DE  L'APPAREIL  COPULATEUR. 

Il  est  ici  indispensable,  tant  sous  le  rapport  du  diagnostic 
que  sous  celui  du  traitement,  de  séparer  les  tumeurs  dont  la 
vulve  est  le  siège  de  celles  qui  aiïectent  plus  spécialement  le 
fagin. 

S  1.  —  Tamenra  de  la  Ynlvc. 

Je  les  diviserai  en  deux  classes  :  l""  celles  qui  sont  le 
prodail  d'une  lésion  organique  de  la  vulve  ;  2*  celles  qai 
sont  formées  par  la  présence  anormale  et  accidentelle  d'oR 
organe  voisin. 


USIOKS  MËCANIQtlES  DE  L  APPARBII.  COnUTIOI. 


A.  Tirriieiir»  de  la  ruifr  par  l/êion*  orifaniqve». 

Parmi  \es  tumeurs  de  lo  vulve  par  lésion  organique,  let 
unes  HlTecIciil  une  marclie  aiguë  et  rapide,  et  les  autres  UM 
marclie  lente  et  clironiijiie. 

Au  nombre  des  |)rcmiéres  se  placent  les  abcès  et  let  la- 
meurs  sanguines  ou  tbrombus  de  la  vulve. 

Parmi  les  secondes  se  rangent  l'éliïphantiasis,  les  kystes, 
les  loupes,  les  corps  fibreux  et  le  cancer  de  la  vuUe. 

Je  passetat  rapidement  sur  chacune  de  ces  alTertioo), 
car  si  leur  histoire  offre  une  fuce  (|ui  regarde  notre  sujet, 
elles  appartiennent  bien  plus  à  la  pathologie  gi^iiéralc  des 
orgones  génilaut  de  la  femme  i\n'ii  un  traité  aar  l'impais- 
sance.  De  plus,  les  tumeurs  5  manlic  aiguë  ont  une  exis- 
tence si  fugitive  qu'elles  niérilent  h  peine  ici  une  mention; 
d'ailleurs  l'une  d'elles,  le,  ihrombus,  se  produit  générale- 
ment au  milieu  de  circonstances  peu  favorables  au  coït,  car 
tous  les  auteurs  qui  s'cii  sont  occupés  le  signalent,  suit 
comme  un  occident  des  derniers  temps  de  la  grossesse,  sott 
comme  un  épiphénoméiic  de  l'accouchement. 

Sans  doule  les  abcès  et  les  ibrombus  de  la  vulve  peuvent 
par  leur  volume  empJ^cher  l'intromission  de  la  verge  dans 
le  vagin  cl  constituer  un  obstacle  matériel  au  congrès; 
mais  c'est  surtout  par  les  douleurs  qu'ils  occasionnent  qu'ils 
doiient  être  considérés  comme  s'oppo^ant  k  ta  copulalioa. 

Il  n'en  est  pas  de  même  des  tumeurs  à  marche  chronique, 
presque  toujours  indolentes  et  ne  gênant  le  rapprochement 
sevuel  que  par  l'ubsluclc  que  leur  volume  uppuse  k  l'ac- 
complissemcnt  de  cet  acte.  Assez  rares  et  ne  se  montraol 
pour  1b  plupart  qu'à  un  âge  avancé  de  la  vie,  elles  etigent 
toutes  rinlerveutiuii  de  la  médecine  opératoire,  et  rentrent 
par  cela  même  iluus  le  ilomuine  de  la  chirurgie  générale- 


J 


TUMEURS    DE    LA    VULVE.  /|97 

B.  Tumeurs  de  la  vulve  duei  à  la  présence  d'un  organe  voisin» 

Les  organes  qui  peuvent  venir  faire  tumeur  à  la  vulve 
sont  le  vagin,  la  matrice  et  Tintestin. 

Le  vagin  et  la  matrice  n'apparaissent  à  ToriGce  vulvaire, 
et  par  conséquent  ne  s'opposent  à  la  copulation  que  par 
suite  de  déplacements  qui  m'occuperont  ailleurs. 

La  présence  de  l'intestin  dans  les  grandes  lèvres  m'ar- 
rêtera ici  un  instant,  parce  que  ce  genre  de  hernie  est  peu 
connu,  et  que,  d'après  les  rares  exemples  que  nous  en 
avons,  il  parait  alTectionner  l'âge  le  plus  propre  &  la  géné- 
ration. 

Cette  hernie  signalée,  je  crois,  pour  la  (fremière  fois  par 
A.  Cooper,  qui  en  a  donné  deux  observations  et  qu'il 
appelait  pudendal  hernia^  est  ainsi  décrite  d'après  lui 
dans  la  Bibliothèque  du  médecin  praticien  :  «  La  tumeur 
formée  par  cette  hernie  parait,  à  l'extérieur,  un  peu  au- 
dessus  d'une  ligne  qui,  partant  de  l'orifice  extérieur  du 
vagin,  se  dirigerait  de  dedans  eu  dehors.  Cette  hernie 
débute  comme  la  hernie  périnéale  et  la  hernie  vaginale 
latérale.  Elle  pousse  d'abord  en  bas  le  péritoine,  qui  va  du 
vagin  au  rectum,  et  puis,  au  lieu  de  se  développer  dans  le 
premier  de  ces  canaux  comme  la  hernie  vaginale,  au  lieu 
de  proéminer  sur  un  point  très  voisin  de  l'anus,  comme  la 
hernie  périnéale,  la  hernie  vulvaire  se  développe  surtout 
dans  l'épaisseur  de  la  grande  lèvre,  sur  le  point  indiqué 
par  A.  Cooper;  pour  y  parvenir,  les  organes  déplacés  pas- 
sent d'abord  derrière  un  ligament  large  de  l'utérus,  pous- 
sent devant  eux  le  péritoine  dans  le  sillon  rempli  de  tissu 
cellulaire  qui  sépare  le  vagin  du  rectum;  puis  ces  organes 

écartent  les  fibres  des  aponévroses  périoéales»  celles  du 

3t 


&94  LiiSIONS  KËCAIIIUUB8  DE  l'aPFAIIIL  COPtLATRtl. 
muscle  felcveur  du  l'aiius  an  moment  où  il  va  «'insérer  »ur 
les  cAtés  du  vagin.  D'ajtr^!!  cette  mnrche  de  In  hcrriiu  ol  le 
siège  <|ue  son  font!  va  occnj>er,  on  peut  prévoir  (|ue  Car* 
tère  vaginale  sora  placée  en  dcdan)!  du  .itic ,  l'artère  hon- 
teusc  intenie  en  dehor:*.  Lu  position  de  cm  dent  vaitscaui 
fait  entrevoir  la  nécetsitif  d'un  dêbrid(?ment  méthodique 
dans  les  cas  d'étranglement  (t).  » 

J'ai  dit  tout  h  l'IiL'ure  [}uc  cette  hernie  était  peu  connue, 
et  qu'on  l'avait  loujoun  obiervéi;  ii  l'Age  le  plas  Tavorable 
a  la  cojiulation  ;  In  science,  en  eiïet,  n'en  possède  que  Irolt 
exemples  bien  aulhentiqueï ,  dcu\  qui  appartiennent  k 
A.  Cooper,  et  le  troisifrine  communiqué  par  M.  S.  Clo- 
queth  Murât,  l'uuleur  de  l'article  VuLvt  du  Dictionnaire 
des  sriences  médicales.  Les  malades  du  rhirur{;ien  sn(;lat3t 
n'avaient  i]ue  uiigt-dem  ans,  cl  celle  de  M.  Ctoqurl  vingt- 
quatre. 

Qu'on  me  permette  de  rapporter  en  entier  celle  deroii  re 
observation,  qui  me  dispensera  de  plus  longs  développe- 
ments sur  ce  sujet.  «  La  domestique  du  garde-magasto  de 
l'hdpitnl  Saint-Louis,  jeune  fille  Agée  de  vingt-quatre  ans, 
d'une  constitution  sëctie  et  nerveuse,  vient  me  consulter, 
dit  M.  J.  Cloquet,  au  mois  de  février  de  la  présente  année. 
sur  une  maladie  qui  lui  était  survenue,  dcpuii!  peu  de  temps, 
au\  organes  ciléricurs  de  la  génération.  L'ajant  eiami- 
née,  je  trouvai,  dans  la  piirlic  postérieure  de  la  grande 
lèvre  droite,  une  tumeur  arrondie,  rénilcnle,  du  volume 
d'un  gros  marron,  qui  iioulevail  la  peau  et  faisait  saillie  en 
dedans  do  la  vulve.  Cette  tumeur,  un  pi'U  douloureuse  an 
toucher,  se  prolongeoit  à  la  partie  latérale  droite  du  vagin, 
sous  la  forme  d'une  saillie  longitudinale,  longue  de  deui 

(I)  Bibliothèquf  du  midtein  pralkie»,  t.  I,  p.  13. 


TUMEURS    DE    LA    VULVE.  /|99 

pouces  environ,  dure  et  résistante;  la  pression  exercée  avec 
le  doigt  sur  cette  dernière  portion  n'y  occasionnait  que  des 
douleurs  sourdes.  La  tumeur  augmentait  sensiblement  de 
volume,  devenait  plus  dure  et  plus  tendue,  lorsqu'on  faisait 
tousser  la  malade.  La  jeune  fille  y  ressentait  de  temps  à 
autre  des  engourdissements,  et  éprouvait  de  légères  co« 
liques  dans  toute  la  partie  inférieure  de  la  cavité  abdomi- 
nale ;  du  reste,  les  autres  fonctions  s'exerçaient  librement, 
h  l'exception  de  la  marche,  qui  était  pénible,  à  raison  de  la 
gène  que  produisait  la  tumeur  par  son  volume,  et  des  dou- 
leurs qui  s'y  manifestaient  lorsque  la  malade  s'était  fati- 
guée par  quelque  exercice  forcé.  Cette  tumeur  avait  paru 
peu  à  peu,  sans  douleur,  depuis  environ  quinze  jours;  elle 
n'avait  jamais  causé  de  vives  douleurs,  des  nausées,  ni  de 
vomissements.  La  malade  attribuait  son  e/for^  à  des  mouve- 
ments considérables  qu'elle  avait  faits  pour  lever  des  pa- 
quets de  linge  et  des  baquets  remplis  d'eau.  Comme  elle 
était  habituellement  constipée,  je  pense  que  les  efforts  né^ 
cessités  pour  la  défécation  ont  dû  contribuer  aussi  très  puis- 
samment à  la  production  de  sa  maladie.  Ayant  fait  coucher 
la  malade  sur  le  dos,  dans  la  position  ordinaire  pour  l'opé- 
ration du  taxis,  je  parvins,  à  l'aide  d'une  pression  assez 
forte,  exercée  méthodiquement  selon  la  direction  de  la 
tumeur,  h  diminuer  d'abord  son  volume,  et  à  en  obtenir 
ensuite  l'entière  réduction,  laquelle  se  fit  subitement  par 
l'ascension  brusque  des  parties  déplacées,  qui  glissèrent 
tout  à  coup  sous  mes  doigts,  en  faisant  entendre  ce  bruit 
particulier  qu'on  a  désigné  sous  le  nom  de  gargouillement... 
Je  pratiquai  ensuite  le  toucher  dans  la  position  verticale  du 
corps;  les  viscères  déplacés  ne  reparurent  pas,  et  la  jeune 
fille  put  marcher  librement  comme  avant  l'accident.  Je 
voulus  lui  appliquer  un  pessaire  en  bondon,  afin  de  com- 


îiOO    LÉSIONS    MtCANIQDRJi    DE    l'aPPARKIL   COPIJUTICII. 

primer  et  île  retenir  la  portion  relAchée  du  vagin  qui  avait 
livré  pnssage  h  l'iotestin,  mais  la  lanlaile  ne  voulut  pas 
s'assujettir  a  le  porter^  et,  bien  qu'elle  ait  repris  ses  occu- 
pations habituelles  depuis  cette  époque,  sa  tumeur  ne  s'est 
point  reproduite,  et  elle  jouit  actuellement  d'une  parfaite 
ganté  (1)..' 

(Quoique  M.  J.  Cloquel  ne  parle  pus  de  In  copulution, 
et  qu'il  di^e  que  toutes  les  fonctions,  hors  celle  de  la  mar- 
che, se  fai.'jaient  avec  facilité  et  comme  h  l'état  normal,  il 
ne  peut  être  douteux  que  le  cuit,  s'il  eût  été  tenté,  aurait 
été,  sinon  entièrement  impossible,  du  moins  1res  doulou- 
reux. La  réserve  de  l'écrivain  élnit  commandée  por  la  posi- 
tion lie  SB  malade,  bien  qu'il  ait  protiqué  sur  elle  le  toucher 
vaginal. 

Quoi  qu'il  en  soit,  par  le  fait  que  je  viens  de  rapporter, 
et  par  les  exemples  analogues  de  A.  Cooper,  relatés  dans 
ses  OEuvn's  chirurgicales,  et  consignés  dans  le  Traité  da 
hemicM  de  M.  Lawrence,  la  hernie  yulvnire  n'offre  aucun 
danger,  n'expose  pas  a  la  récidive,  et  cède  facilement  i  In 
réduction.  C'est  donc,  par  conséquent,  une  cause  esseo- 
tiellement  passagère  d'impuissance,  et  sons  la  rareté  qui  la 
caraclérise,  je  n'aurais  pas  donné  à  son  histoire  une  place 
aussi  étendue  dans  ce  livre. 

^  II.  —  TMDMSwa  ém  wlt^m. 

Comme  pour  les  tumeurs  de  la  vulve,  j'admettrai  pour 
cell«s  du  vagin  deux  classes  :  1°  les  tumeurs  produites  par 
une  lésion  organique;  2'  les  tumeurs  con.«tiluées  par  la 
présence  anormale  et  accidentelle  d'un  organe  voisin. 

(Il  nirtimn.  df» ivimieet  mMi(.tlft.  art.  Vli.ve.  t.  LVIII,  p.  itS, 


J 


TUMBORS    DU    VAGIN.  501 

A .  Tumeurs  du  vagin  produites  par  une  lésion  organique, 

Conrormémentà  ce  que  j'ai  dit  des  tumeurs  de  la  vulve, 
les  tumeurs  du  vagin  par  lésion  organique  peuvent  oiïrir, 
les  unes  un  caractère  aigu,  les  autres  une  marche  chro- 
nique. 

Mais  les  unes  et  les  autres  ne  me  doivent  point  arrêter 
longtemps,  parce  que,  je  le  répète,  elles  rentrent  bien 
plutôt  dans  le  cadre  des  ouvrages  généraux  de  chirurgie  et 
d'obstétrique  qu'elles  ne  ressortent  de  mon  domaine. 

En  effet,  les  tumeurs  sanguines  du  vagin,  si  bien  dé- 
crites par  Legouais  et  Deneux,  sont  presque  toujours  des 
accidents  de  la  parturitiou,  et  les  abcès  du  vagin,  ou  pour 
parler  plus  exactement,  les  abcès  faisant  saillie  dans  cet 
organe,  et  dont  la  fréquence  s'explique  par  la  présence  du 
tissu  cellulaire  qui  soutient  les  parois  de  ce  canal,  n'offrent 
rien  de  remarquable  à  notre  point  de  vue,  si  ce  n'est  qu'ils 
obstruent  le  libre  passage  du  vagin,  et  éloignent  la  femme 
de  toute  copulation,  par  les  douleurs  atroces  qu'ils  déter- 
minent pendant  cet  acte. 

Les  tumeurs  à  marche  chronique,  les  kystes  et  les  po« 
lypes,  ne  présentent  réellement  dans  leur  histoire  qu'un 
point  intéressant  à  étudier  :  c'est  leur  diagnostic.  Comme 
on  va  le  voir,  alors  que  je  vais  parler  des  hernies  vaginales.» 
il  est  de  la  plus  haute  importance  de  distinguer  les  kystes 
et  les  polypes  de  ces  hernies,  car  si  l'instrument  tranchant 
doit  être  porté  sur  les  premiers,  il  faut  soigneusement  aK^ 
garder  d'ouvrir  la  vessie  et  l'intestin.  —  Mais  toutes  ces 
considérations  appartiennent  à  la  pathologie  chirurgicale, 
qui  fournit  les  éléments  du  diagnostic  diiïérentiel  et  les  bases 
du  traitement. 


B.   Tiirmufi  I 

Eu  égard  aux  orgoiioii  i]ui  avoixiiieiit  le  vagin,  il  ne  peut 
y  avoir  que  l'iiléni!!,  la  vesm  el  le  rflctutn  qui  fienneDt 
foire  ticrnic  dans  ce  umial. 

La  hernie  déterminée  |iar  la  matrice,  c'cil-ji-dire  les 
dépliicement»  de  cet  of^niip,  m'ocrii|i<Toiil  longuement  dam 
une  autre  parti»  du  crt  uu«ro^e,  où  je  me  réncnt  de  faire 
reisorlir  leur  inlluence  Rkchcuse  tout  h  la  fois  sur  la  copuJa* 
lion  et  la  récomlllé  tie  la  femme. 

La  hernie  proUuile  par  la  présence  de  la  vessie  m'occu- 
pera un  instant  fo»»  le  nom  de  cyslocèle. 

Et  ta  liernifl  déterminée  par  la  procidcnce  de  rmlestio 
m'arrêtera  aussi  un  mottu-nt  sous  les  noms  de  hernie  vayi~ 
nale  f>roprement  dite,  et  de  rectocèle,  quand  c'esil  le  rectum 
qui  fuit  saillie  dans  le  vagin  et  sort  par  la  vulve. 

Il  ne  faut  pas  croire  que  chacune  de  ces  hernies  se  pré- 
sente dans  la  pr;itique  isolément,  déf;agée  de  toute  compli- 
cation :  dons  la  très  grnnde  mujurilé  des  cas,  fe  cjstocàle 
■'accompagne  d'un  prolapsus  plus  ou  moins  prononcé  de 
l'utérus,  et  lu  horoie  vuginule  et  surtout  le  reclocèîe  se  com- 
pliquent de  cjstocèle  et  quelquefois  aussi  d'ubsissemeot  de 
la  matrice. 

Je  ne  les  sépare  ici  que  pour  la  rlurté  du  discours,  sa- 
chant bien  que  la  nature  tic  se  piéte  ni  aux  méliiodes  de 
l'art,  ni  aux  rummoilités  de  l'écrivain. 

Cyslocèle  vaginale.  — D'après  les  eipériences  de  M,  Ro- 
gnella  (1)  sur  le  cadavre,  et  d'après  les  observations  de 
M.  Jobert  (de  Laniballe)  (2),  la  cyslocèle  vaginale  serait 
produit,  soit  par  la  laxité  de  la  paroi  antérieure  du  vajjio, 

(I)  MéiHfitre  tar  let  prolaptal,  1833. 

(3)  Mèmotrei  de  l'Àaulému  <U  méilrcnt»,  t.  VIII,  p.  703. 


TOmUES  DU   VAGIN.  503 

soit  par  le  relàchenient  des  moyens  d'union  qui  eiistent 
entre  cet  organe  et  les  parties  environnantes,  comme,  par 
exemple,  Taponévrose  qui  se  prolonge  du  coi  de  la  vessie 
et  de  la  paroi  postérieure  du  pubis  sur  les  côtés  du  vagin. 

Il  en  doit  être  réellement  ainsi,  car  la  cystocële  se  ren- 
contre bien  rarement  chez  les  jeunes  Dites,  tandis  qu'on 
l'observe  presque  toujours  chez  les  femmes  qui  ont  eu  beau- 
coup d'enfants  ;  la  lenteur  et  les  difficultés  de  l'accouche- 
ment ne  paraissent  pas  avoir  la  même  influence  que  la 
quantité  des  parturitions;  aussi  est-il  plus  ordinairement 
l'apanage  de  Tàge  mùr  que  de  la  jeunesse,  quoique  cepen- 
dant il  se  produise  à  une  époque  où  les  fonctions  généra- 
trices de  la  femme  n'ont  pas  cessé. 

Quoique  la  tumeur  formée  par  le  prolapsus  de  la  vessie 
soit  réductible  è  la  suite  de  l'évacuation  de  l'urine,  elle 
n'en  constitue  pas  moins  un  obstacle,  je  ne  dirai  pas  insur- 
montable, mais  du  moins  fort  gênant  pour  la  copulation. 
Située  à  l'entrée  du  vagin,  entre  les  petites  lèvres,  elle  en 
obstrue  le  passage,  soit  par  son  volume  propre,  soit  par  les 
moyens  contentifs  qu'on  lui  oppose,  tels  que  pessaire, 
éponge,  etc.  Aussi,  en  nous  plaçant  à  notre  point  de  vue 
exclusif,  devons-nous  accorder  la  préférence  au  traitement 
curatif  sur  les  moyens  palliatifs  ordinairement  mis  en  usage. 

Ce  traitement  a  été  tenté  avec  succès  par  M.  Jobert 
(de  Lambaile),  qui  se  proposait  de  diminuer  le  volume  de 
la  tumeur,  et  de  donner  plus  de  résistance  à  la  cloison  vésico- 
vaginale.  «  Je  dessinai  sur  la  tumeur,  dit  ce  chirurgien,  au 
moyen  du  nitrate  d'argent,  les  deux  lignes  transversales 
dont  j'ai  parlé,  et,  les  attaquant  à  différentes  reprises  et  à 
plusieurs  jours  d'intervalle,  avec  le  même  caustique,  j'ar- 
rivai è  détruire  graduellement  et  sans  aucun  accident  inflam- 
matoire, toute  l'épaisseur  correspondante  du  vagin.  Je  ne 


biik     LBt)IO>!«    KËCAniVtJI!!«    OK    l'aPPARBIL    CUPULATBUK. 

revicndnii  pas  sur  la  longueur,  la  lurgeur  de  ces  lignes, 
elles  avaient  »n  lignes  environ.  Ceci  fait,  il  me  fut  facile  (te 
reconnaître  la  situation  et  l'état  des  parties,  de  raviver  sans 
crainte  avec  le  bistouri  les  bords  de  lo  surface  colaméc  par 
le  caustique  et  de  laisser  le  fond  intact.  Je  pus  facilcnifriit 
remettre  en  rapport  les  deux  plaies  saignantes  et  les  main- 
tftiir  en  contact  au  moyen  de  la  suture  entortillée  [1  '-  » 

M.  Jobert  dit  avoir  pratiqué  plusieurs  fois  avec  succè« 
l'opération  dont  je  viens  de  foire  connaître  le  but  ;  aatsi, 
quoique  des  faits  assez  nombreux  et  ossez  authentiques  n'en 
démontrent  ni  la  parfatti;  innocuité,  ni  la  réussite  constante, 
on  la  devra  tenter  quand  aucune  circonstance  ne  la  contre- 
indiquera,  et  quand  surtout  lu  cvstocète  sera  un  obstacle 
insurmontable  à  la  copulation. 

llrrnie  vaginale.  —  Rectocèle.  —  Quand  la  tumeur 
vaginale  est  constituée  par  le  paquet  intestinal,  on  a  la 
hernie  vaginale  des  auteurs,  qui  n'est,  en  réalité,  que  la 
hernie  incomplète  de  lu  vulve  ;  le  rectocèle  vaginal,  au  ron< 
Iroire,  est  formé,  comme  dit  Sabatier,  /xir  l'intestin  rectvm, 
qui  pintsse  en  avant  lu  paroi  du  vagin  sur  laquelle  ïl  po$e 
et  avec  lequel  H  a  îles  connexions  ('!). 

Comme  on  doit  le  comprendre  déjà,  le  diagnostic 
de  ces  deui  espèces  de  hernies  est  très  important  à  éta- 
blir, non  pas  tant  peut-être  au  point  de  vue  de  l'impuis- 
sance de  la  femme  que  sous  le  rapport  de  la  pathologie 
chirurgicale;  cor  si  un  bon  diagnostic  est  la  source  d'oîi 
découle  un  bon  traitement,  l'art  n'a,  ju^qti'à  préseut,  h 
opposer  à  l'une  et  ù  l'autre  de  ces  infirmités  que  des  mojens 


(I)  De  la  ctfilocélr  vayiiuilf  ofirrtf  pur  «n  iinKédf   >ior 
iMMrvi  de  lAcaiUmie  ite  miileeiti»,  Paris,  ISiO.  I.  Vltl  } 
(1)  ilcnwim  de  lAeaiténti»  d*  chtnirgu,  U  111. 


(»<- 


É 


TUMBUE8   DU   VAGIN.  505 

palliatifs  qui,  de  leur  nature,  constituent  eux-mêmes  des 
obstacles  à  la  copulation. 

Cependant,  et  en  raison  même  de  cette  incurabilité,  il 
importe  que  le  praticien  ne  puisse  confondre  ces  hernies 
avec  un  prolapsus  de  la  matrice  ou  du  vagin,  et  ne  tente 
pas  une  guérison  dont  les  moyens  seraient  non-seulement 
intempestifs,  mais  encore  dangereux. 

«La  hernie  vaginale,  dit  A.  Gooper,  se  forme  dans 
l'espace  compris  entre  futérus  et  le  rectum,  lieu  dans 
lequel  s'engagent  les  intestins.  Cet  espace  est  fermé  en  bas 
par  le  péritoine,  qui  forme  un  cul-de-sac  en  se  réfléchissant 
de  la  partie  postérieure  du  vagin  sur  la  partie  antérieure  du 
rectum.  Entre  ce  cul-de-sac  péritonéal  et  le  périnée,  se 
trouve  un  tissu  cellulaire  lâche.  La  pression  de  l'intestin 
sur  cette  partie  du  péritoine  la  déprime  en  bas  vers  le  pé- 
rinée; mais  plus  tard,  étant  arrêtée  dans  sa  marche  ulté- 
rieure en  ce  sens,  elle  passe  contre  le  vagin  et  pousse  en 
avant  la  paroi  postérieure  de  ce  conduit  (1).  » 

il  est  incontestable  que  de  nombreux  accouchements 
sont  une  prédisposition  à  ce  genre  de  hernie,  mais  ce 
n'est  là  qu'une  prédisposition,  car  on  l'a  rencontrée  sur  des 
femmes  qui  n'avaient  jamais  eu  d'enfants.  Les  chutes  sur  le 
siège  et  les  efforts  pour  soulever  un  fardeau  sont  les  causes 
les  plus  ordinaires  de  sa  formation. 

La  hernie  vaginale  présente  quelquefois  un  volume 
extraordinaire,  est  facilement  réductible,  arrondie  et  à  large 
base,  et  peut,  par  la  pression  qu'elle  exerce  sur  le  rectum 
et  le  canal  de  l'urètre,  amener  la  constipation  et  la  difli- 
culte  d'uriner. 

Le  rectocèle  vaginal  est  la  tumeur  que  l'on  a  le  plus 
confondue  avec  les  procidences  de  la  matrice,  et  principa- 

(I)  Œuvres  complètes,  p.  359. 


p. 

SO0  >M   HeCANIQU»   DB    l'aPPAHUL   COPtILATBUl. 

lemAiit  avec  cvlli's  du  tagiii,  et  il  iiV»t  {>as  d'une  eipctitwti 
scrupuleune  Je  lui  donner  k  nom  île  hernie,  car  elle  Di^rca- 
Tcrme  pos  une  an^e  du  rectum,  5  l'cxeniple  des  ti«ruic«  ordi- 
nairen,  qui  ruritiennent  une  anse  du  petit  ou  du  gros  intes- 
Lio.  Dans  le  rcclocèle,  la  piroi  postérieure  du  rcclum  a'a 
pas  été  déptaciie;  elle  est  toujours  udiiiïrente  au  sacrum 
par  l'aponévrose  pelvienne  ;  ce  nVst  que  In  paroi  antérieure 
et  encore  une  portion  de  cellu  (larui,  ()uia  suLi  des  mudifi- 
cations  qui  l'ont  oontttilut^e  à  l'élnt  de  hernie. 

D'après  M.  MHlgai(;ne  (1),  qui  a  véritïé  toutes  lei 
aisertioni  de  Clarke  et  de  Monleg^io,  il  est  an»ei  ilifTicile 
(l'assigner  au  reclocële  une  (-aii^e  ii  peu  prtïs  cL-rlaine.  Les 
chute»,  tes  cfTorl!!,  les  growesscs  répétées,  etc.,  ov  (larai*- 
Wnt  pas  eiplii{Uer(]an»  Iduh  les  eau  le  prolnfiiasdu  recluoi, 
et  i'on  est  forcé  d'admettre  que  l'anection  arrive  bien  >ihi> 
veut,  comme  leN  hernies  abdominales,  sans  cause  connue. 

Le  volume  de  ta  tumeur  est  essentiellement  variablej  il 
peut  n'être  représenté  que  par  un  pli  de  la  muqueuse  vagi- 
Dale  et  aller  jusqu'à  la  grosseur  du  poing. 

Les  arcidenls  que  le  rectocèle  vaginal  détermine  sont 
surtout  remarquables  du  r6lé  des  voies  digeslives,  et  il  faot 
que  la  hernie  ait  atteint  un  certain  volume  pour  empAcbar 
la  copulation. 

Le  toucher  anal  et  les  troubles  de  la  digestion  ferool 
toujours  di>tinguer  le  prolapsus  du  rectum  du  cjstocile  st 
de  la  procidence  de  ta  matrice  et  du  vagin. 

Ainsi  que  je  le  disais  plus  haut,  la  médecine  n'a  guère  i 
opposer  à  la  hernie  vaginale  et  au  redocC'le  que  des  pallis- 
tifs,  c'est-è'dire  des  moyens  de  contenlion  dont  les  pessaires 
font  ordinairement  ta  base.  Ce|ie()danldes  tentatives  ont  été 
faites  pour  amener  la  cure  radicale  de  l'une  et  de  l'autre  de 
(1)  Mémotmdt  l'Acadétiat  royaU  d«  m^d«cin«,  l.  Vil. 


TU1IBUR8   DU    VAGIN.  S07 

ces  infirmités  :  ainsi,  on  parle  (1)  d'une  opération  pratiquée 
par  Petrunti  contre  la  hernie  vaginale  ;  mais  ce  fait  est 
révoqué  en  doute,  et  surtout  par  M.  Velpeau,  qui  dit  très 
eipliciteroent  que  la  prétendue  hernie  vaginale  opérée  par 
le  chirurgien  italien  pourrait  bien  n'avoir  été  qu'un  abcàs 
recto*vaginal  (2).  De  même  encore  M.  Malgaigne  rappelle 
dans  le  Mémoire  que  j'ai  déjà  cité,  qu'il  a  reproduit  (3) 
une  opération  tentée  par  M.  Bellini,  de  Florence,  pour  un 
rectocèle  du  volume  d'un  gros  œuf  de  poule;  mais  il  ajoute 
que,  pour  lui,  ce  rectocèle  n'était  autre  chose  qu'un  pro* 
lapsus  vaginal. 

En  résumé,  les  tentatives  faites  jusqu'à  aujourd'hui  pour 
obtenir  une  guérison  radicale  de  la  hernie  vaginale  et  du 
rectocèle  ne  paraissent  ni  assez  concluantes  ni  assez  authen- 
tiques pour  engager  les  praticiens  à  entrer  dans  cette  voie, 
et  à  abandonner  celle  des  palliatifs  qui,  s'ils  augmentent 
encore  les  obstacles  à  la  copulation,  ne  font  du  moins  cou* 
rir  aucun  danger  à  la  femme. 

CORPS  ÉTRANGERS  DE  L'ÀPPARBIL  COPULATEtJR. 

Il  est  bien  évident  qu'il  ne  peut  s'agir  ici  que  des  corps 
étrangers  introduits  dans  le  vagin,  car  ceux  qui  seraient 
appliqués  sur  lu  vulve  seraient,  ou  sous  la  dépendance  de  la 
volonté  de  la  femme,  et  si,  par  conséquent,  ils  n'étaient  point 
enlevés,  l'empêchement  a  l'introduction  de  la  verge  dans  le 
vagin  reconnaîtrait  une  cause  tout  a  fait  étrangère  à  l'orga- 
nisme; ou  sous  la  dépendance  d'une  volonté  autre  que  celle 
de  la  femme,  mais  plus  forle  qu'elle .  Dans  ce  groupe  vien- 

(1)  Gazelle  médicale  de  Parin,  1826,  p.  424. 

(2)  Médecine  opéraloire,  2*  édilion.  Paris»  4  839,  t.  lY,  p.  214. 

(3)  Gazelle  médicale,  4836,  p.  200. 


508     LËSIOMit    HËCAMVUES    DE    l'aPI>ARKIL    COPUI.ATBDK. 

drail  se  placer  l'iriGbulation,  si  relie  mélhode  barbare  de 
garder  la  virginité  des  filles  et  l'honneur  des  remcnes  n'était 
pas  frappée  de  toute  la  réprobation  qu'elle  mérite,  el  *i  je 
ne  m'étais  pas  interdit  dans  cet  ouvrage  toute  excursion  en 
dehors  du  domaine  de  la  médecine  proprement  dite. 

Je  n'aurai  donc,  ainsi  que  je  le  disais  tout  h  l'heure,  cju'â 
■n'occuper  des  corps  étrangers  introduits  dans  le  vagin. 

L'eiamen  comparatif  des  accidents  que  peut  amener  l'in- 
troduction d'un  corps  étranger  dans  ta  cavité  vaginale,  aui 
points  de  vue  de  l'impuissance  el  de  la  slérililé  de  la  femme, 
mérite ,  à  coup  sûr,  une  certaine  attention,  car  les  faits  de  ce 
genre  se  présentent  fréquemment  dans  la  pratique,  depuis 
surtout  que  l'on  fait  un  usage  presque  obusif  des  pessaires. 

Il  est  incontestable  que  certains  corps  étrangers  intro- 
duits dans  le  vagin  n'occasionnent  ni  impuissance  ni  st^t- 
lité,  etbien  plus,  que  leur  présence  facilite  au  contraire  la 
fécondité  de  la  femme.  Il  m'est  jilus  d'une  fois  nrriié 
(l'introduire  une  éponge  dans  le  vagin  pour  alteindn  M 
résultat,  soit  que  je  voulusse  modiËcr  momentanùinent  la 
direction  du  col  utérin,  soit  que  je  me  proposasse  de  déter- 
miner sur  cet  organe  une  excitation  indispensable  à  la 
fécondation,  comme  je  le  dirai  ailleurs,  et  qui  faisait déftul. 

Je  n'ai  donc  pas  à  in'occuper  ici  de  cette  classe  de  corpt 
étrangers. 

Il  en  est  d'autres  qui,  sans  empêcher  la  fécondation, 
s'opposent  complètement,  ou  tout  au  moins  d'une  manière 
douloureuse,  au  rapprochement  des  sexes;  de  ce  nombre 
est  la  très  grande  majorité  des  pessaires,  surtout  s'il  oiirte 
un  prolapsus  de  la  matrice  assez  prononcé  cl  une  latité  det 
parois  vaginales  asset  grande  pour  laisser  couler  l'instrument 
contenteur,  et  par  suite,  pour  ne  plus  pcrmcllrcà  celui-d 


de  soutenir  la  matrice. 


É 


TUMEORS    DD    VAGIN.  509 

D'autres  enfin,  en  obstruant  complètement  la  cavité  vagi- 
nale, déterminent  tantôt  la  stérilité  seulement  et  tantôt 
l'impuissance  et  la  stérilité,  suivant  la  hauteur  à  laquelle 
le  corps  étranger  est  arrêté. 

Comme  on  le  voit,  la  distinction  est  importante  à  faire, 
non  sous  les  rapports  de  Tétiologie  et  du  traitement,  mais 
aux  points  de  vue  des  symptômes  et  surtout  des  accidents 
divers  que  peut  entraîner  la  présence  de  ces  corps  étrangers. 

Les  motifs  qui  amènent  l'introduction  d'un  corps  étran- 
ger dans  le  vagin  sont  nombreux  et  variés  ;  tantôt,  comme  je 
le  disais  plus  haut,  c'est  le  médecin  lui-même  qui  a  placé  un 
pessaire,  une  éponge,  ou  tout  autre  objet  qui,  oublié  par  la 
malade,  séjourne  dans  Torgane  pendant  un  temps  quelque- 
fois très  long  ;  tantôt  c'est  une  pensée  de  luxure,  Tappàt  du 
plaisir  vénérien  qui  a  sollicité  l'introduction  dans  la  cavité 
vaginale  d'un  corps  quelconque,  et  qui ,  au  moment  du 
spasme  cynique,  comme  disaient  les  anciens,  a  échappé 
des  mains  de  la  femme  et  est  resté  dans  l'appareil  copu- 
lateur,  protégé  par  un  sentiment  de  honte  ou  de  pudeur; 
tantôt  enfin  la  présence  du  corps  étranger  dans  le  vagin 
eat  le  résultat  d'un  acte  criminel  ou  de  brutalité,  comme 
dans  le  fait,  observé  par  Dupuytrcn,  de  cette  fille  de  la  cam- 
pagne, qui  portait  un  petit  pot  dont  la  concavité  regardait 
le  col  de  l'utérus,  et  qui  avait  été  placé  1^  par  des  soldats, 
après  le  viol  commis  par  eux  sur  la  jeune  fille. 

Quel  que  soit  le  motif  qui  ait  amené  le  corps  étranger 
dans  le  vagin,  il  est  incontestable  que  sa  présence  s'oppose 
plus  ou  moins  à  l'entier  accomplissement  de  la  fonction 
génitale.  Je  ne  parle  pas  des  autres  accidents  pathologiques 
qui  en  peuvent  résulter,  tels  que  la  douleur,  l'inOamma- 
lion,  la  déchirure,  la  gangrène  même  des  parois  vaginales, 
car  je  me  dois  renfermer  dans  le  cadre  de  ma  thèse. 


us    LËSIUNA    MftCAMQDSS    ilH    I.'AVMItRII.    C0PI3LATBVB. 

A  ce  point  (le  vuo  eicluslf,  In  précence  du  cnrp»  étranger 
peot  ne  rendre  que  le  coït,  ou  impo»iible,  ou  »iin|tlefflenl 
doalourcut,  siin%  empêcher  la  f^condiition;  ou  bien,  lotit 
CD  étint  un  obstacle  plus  ou  ntoios  ab<ioln  à  la  ropulalion, 
il  peut,  en  même  temps,  s'opposer  i  l'urritée  du  «(wriue 
iêo»  l'utérus,  et  par  conséquent,  rendre  impoisthle  rimpré- 
gDIlion. 

On  conçoit  très  bien,  en  effet,  que  si  le  col  de  l'alénu 
abais)iéA'i;ii|;(i)iCiluni4  un  pesMiri-,  le  congrus  sera  înrofflplet, 
douloureux  pour  la  femmo,  dont  le  musenu  de  tanche  ann 
i  lup|)urlL>r  len  chws  de  la  ter^f.,  et  pt'nibli'  peur  l'Iioinme, 
dOBt  te  gland  viendra  heurter  \v%  parois  endurdfs  du  pc»- 
Htre^  muis,  niat^rn  ces  cirronstnnceN  défavorables  uo  pli>> 
sir,  non  ti'cm|i<^rhera  le  itperme  de  venir  frapper  le  mnseao 
de  tanche,  de  pénétrer  dans  l'utérus  sans  qu'il  soit  arrtié 
par  la  tuméfadion  que  présente  ordinairement,  en  Km- 
blable  occurrence,  le  col  de  la  matrice, et  d'accomplir  l'acte 
de  la  fécondation. 

Dans  l'observatioD  de  Dupujtren,  la  femme  était  faUl** 
ment  condamnée  à  une  stérilité  d'une  durée  plus  ou  moiai 
longue,  puisque  l'ouverture  inférieure  de  l'utérus  était  en- 
Uirement  soustraite  k  l'action  de  la  liqueur  Rperraatiqoe. 

La  thérapeutique  des  corps  étrangers  du  vagin  est  boiét 
sur  les  prJDcipes  généraui  de  la  médecine  opératoire  dtt 
corps  étrangers  en  général.  —  Je  ne  dots  donc  pas  m'y 
arrêter  ici.  —  Seulement  je  ferai  remarquer  que  dans  cer- 
taines circonstances  cette  ettraction  est  entourée  des  plu 
grandes  diflicultés,  parce  que  très  souvent  des  concrélJMM 
se  forment  sur  le  corps  étranger  et  en  empêchent  le  glisse- 
ment, et  parce  qu'aussi  quelquefois  des  végétations  fon- 
gueuses se  développent  sur  ta  muqueuse,  s'étendent  jusqM 
sur  le  corps  étranger,  et  lui  conatitueot  ainsi  du  lient  q>i 


IMPUISSANCE    PAR   FRIGIDITÉ.  511 

le  retiennent  en  place.  Dans  d'autres  cas,  le  corps  étran- 
ger a  perforé  la  paroi  vaginale,  a  pénétré  dans  la  vessie  ou 
la  rectum,  et  c'est  alors  par  ces  organes  que  Ton  est  obligé 
de  l'extraire. 

G>nin[ie  on  le  voit,  la  conduite  du  chirurgien  ne  peut 
être  réglée  d'avance  ;  elle  devra  s'inspirer  des  circonstances 
relatives  à  la  nature,  à  la  position  du  corps  étranger,  aui 
complications  qui  l'accompagnent  et  aux  désordres  qu'il  a 
déjà  produits. 

IMPUISSANCE  PAR  FRIGIDITÉ. 

D'après  les  lois  de  la  nature,  la  femme,  pas  plus  que 
l'homme,  ne  doit  être  inactive  pendant  l'acte  du  coït  :  comme 
lui,  des  désirs  la  sollicitent,  et  comme  chei  lui  encore  la 
volonté  est  nécessaire  pour  la  réalisation  de  ces  désirs  ; 
mais  pour  que  cette  volonté  ne  fassepasdéfaut,  pour  qu'elle 
seconde  et  favorise  la  copulation,  but  des  désirs  incitateurs,  il 
faut  qu'un  attrait  puissant  lu  décide,  qu'une  suprême  ré- 
compense, pour  ainsi  dire,  soit  attachée  a  sa  soumission; 
cet  attrait  c'est  le  plaisir,  cette  récompense  c'est  la  volupté. 

Le  plaisir  est  donc  une  condition  du  coït  normal  chez  la 
femme,  et  par  conséquent  son  absence  constitue  un  état 
antiphysiologique  dont  les  conséquences,  hàlons-nous  de  le 
dire,  sont  préjudiciables  plutôt  aux  liens  conjugaux  qu'à  la 
santé  générale  de  la  femme  et  qu'à  l'acle  de  la  génération. 

Mais  de  ce  que  la  frigidité  n'altère  aucune  des  fonctions 
nécessaires,  soit  à  renlretien  de  la  vie,  soit  à  la  propagation 
de  l'espèce,  il  n'en  faut  pas  déduire  que  cet  état  anormal 
est  indigne  de  l'attention  du  médecin  et  des  méditations  du 
philosophe.  Indiflérente  d'abord  pour  un  acte  vers  lequel 
ne  la  sollicite  aucun  attrait,  la  femme  froide  finit  toujours 


IMPUHSAKCR    TAR    FRIliltUTft. 

|iur  passer  de  l'indilTérence  h  In  répulsion,  surloiil  nprè^tmr 
ou  plusieurs  grossesses,  dont  le  plninir  ne  lui  Tait  oublier  ni 
les  ennuis  ni  les  douleurs;  alors  cette  répulsion,  mal  com- 
prise ou  mal  interprétée  par  l'homme,  entendre  cnirp  1rs 
deux  époux  des  querelles  et  des  luttes  i{ui  brisent  'quelque- 
fois le  nœud  conjugal,  mais  qui  retentissent  toujours  plus 
oa  moins  Tortement  sur  le  caractère  de  la  Temme  et  le  bon- 
heur du  fover  domestique.  Le  médecin  est  souvent  consollé 
pour  cette  infirmité,  et  l'excuse  dp  ce  recours  k  la  science 
est,  il  faut  le  reconnaître,  bien  moins  dans  la.  plaisir  que 
dans  la  p»ix  du  ménage. 

Deux  puissants  motifs  militent  donc  en  fateur  de  l'étude 
el  de  la  guérison  de  cet  état,  que  tout  autorise  k  appeler 
morbide  ;  en  y  obéissant,  le  médecin  accomplit  une  double 
mission  sociale  ;  celle  de  favoriser  la  propagation  de  l'es- 
pèce, et  celle  de  sauvegarder  la  base  de  toute  société,  le 
mariage. 

Il  n'est  pas  dans  mon  rAle  de  m'appesantir  davantage 
sur  l'intérêt  que  présente,  au  point  de  vue  social,  la  frigi- 
dité de  la  femme,  qui,  sous  ce  rapport,  a  presque  tonte  la 
valeur  de  l'impuissance  chez  l'homme  ;  il  a  dd  me  sufBre 
d'indiquer  cet  important  cAlé  de  la  question,  afin  de  me 
faire  pardonner  la  sollicitude  avec  laquelle  j'ai  étudié  tel 
état,  s'il  était  besoin  de  justifier  cette  sollicitude  de  la  part 
de  la  médecine,  lorsqu'il  s'agit  d'une  infraction  aux  lois 
physiologiques  de  notre  nature. 

Je  reviens  donc  à  la  partie  purement  médicale  da  pro- 
blème. 

Mais  pour  bien  comprendre  t'éliologie  si  mal  connue  de 
Is  frigidité,  il  faut  se  rapporter  i  ce  que  j'ai  dit  ailleur9(4) 

(()  Voyez  la  page  31. 


IHPUISSANCB    PAR    FRIGIDITÉ.  513 

sor  le  mécanisme  du  plaisir  chez  la  femme,  et  se  rendre 
bien  compte  du  rôle  que  jouent,  d'une  part*  les  bulbes  du 
Yagin,  et  d'autre  part  le  clitoris. 

Je  vais,  pour  l'intelligence  de  ce  qui  va  suivre,  rappeler 
ce  mécanisme  en  deux  mots  :  anatomiquement.et  physiolo- 
giquement,  les  bulbes  du  vagin  sont  les  analogues  du  bulbe 
de  l'urètre  chez  l'homme,  et  le  clitoris  est,  comme  la  verge, 
pourvu  d'un  gland  et  de  corps  caverneux  dont  la  base 
communique,  au  moyen  de  veines  nombreuses ,  avec  les 
bulbes  du  vagin,  ainsi  que  l'ont  démontré  les  injections  faites 
par  MM.  Kobelt  (1),  Jarjavay  et  Deville  (2). 

Sous  l'influence  des  désirs  erotiques,  les  bulbes  se  gor- 
gent  de  sang  et  envoient  ce  liquide  en  plus  grande  quantité, 
par  le  réseau  intermédiaire,  aux  corps  caverneux  et  au  gland 
du  clitoris,  dont  la  sensibilité,  ainsi  accrue,  se  réfléchit 
avec  plus  d'intensité  sur  le  conslrictor  cunnt,  ce  muscle 
symétrique  qui,  en  tout  semblable  au  bulbo-caverneux  chez 
l'homme,  recouvre  et  comprime  dans  ses  contractions  les 
bulbes  du  vagin. 

Ainsi,  pour  que  l'éréthisme  vénérien,  et,  par  suite,  le 
plaisir,  se  produise  chez  la  femme,  il  faut  l'intégrité  et  le 
libre  exercice  des  organes  suivants  :  i"*  bulbes  du  vagin  et 
leur  muscle,  le  conslrictor  cunni ;  S"*  le  réseau  intermé- 
diaire ;  â*  enfin  le  clitoris,  surtout  la  partie  libre,  c'est-à-dire 
le  gland. 

La  distinction  que  je  viens  de  faire  n'est  pas  une  simple 
curiosité  anatomique;  elle  est,  comme  on  le  verra  plus 
loin,  d'une  importance  extrême  pour  l'étiologie  de  la  frigi- 


(4)  Dtf  Vappareil  du  sens  génital  dei  deux  iexes^  trad.  de  l'allemand 
par  M.  Kaula,  p.  78  et  suiv. 

(2)  Traité  d'anatamie  chirurgicale,  par  M.  Jarjavay,  t.  I,  p.  316. 

33 


tiipcosANCE  CAn  psiainiTt. 
dite,  et  t'es.1  à  elle  que  jo  doJK  ilu  m'ètn;  rendu  oompic,  i 
pluHieurN  circon»t»iicei,  d'une  absenc»  de  [ilaisir  véoéneo 
<]u'aiiciine  lésion  du  clilorî)  no  poafnit  n)'cipli(|iier;  aiofi, 
et  ponr  n'en  citer  <|u'un  ciumpte  afin  du  ne  pas  empiéter 
sar  l'étude  <|ui  rn  suivre,  j'ai  rencontré  àes  femmes  qui, 
h  la  Nuite  il'un  nccoiichement  bboricut  ot  pendunt  lequel  II 
vulve  avait  plus  ou  moins  «oufTert,  perdaient  (ont  aenti- 
m<>nt  voliiptiicun,  nans  fjne  le  clitori»  pr^nenlAt  la  rnoiiMlre 
trace  d'altération.  —  Ces  cas  ne  sont  pas  très  rares.  ^  La 
frigidité  pernistc  plus  ou  moins  longtemps;  laatAt  la  facallé 
erotique  est  complètement  et  pour  toujours  éteinte,  el 
tantôt,  après  une  suspcaiiion  dont  lu  durûe  ohI  très  varilblc, 
elle  réparait  nans  rnu»e  connue,  el  sann  qu'aucune  médira- 
lion  ail  été  lenlée  pour  In  rappeler.  Dans  ces  caf,  moiai 
rare*  qu'on  ne  pense,  je  le  répMc,  on  Irouve,  itan«  une 
lésion  des  bulbes,  et  plus  souvent  encore  dans  la  déchirure 
du  conslriclor  cunni,  l'eiplicalion  de  ce  trouble  que,  dans 
leur  ignorance,  les  auteurs  qui  m'ont  précédé  mettent  to- 
lonliers  sur  le  co;nplede  lu  sjncope  génitale,  d'une  névrose, 
et  voire  même  de  la  paralysie  du  cliloris. 

C'est  il  ce  défaut,  je  dirai  mt^me  h  celte  absence  de  toit 
diagnostic  différentiel  que  la  frigidité  doit  d'être  obandoimée 
dei  médecins  comme  incurable  et  partant  comme  indigne  de 
leurs  méditations.  Aussiiii-jetrouté  bien  peu  de  chose  chet 
mes  devanciers,  qui  m'ont  laissé  un  champ  tout  en  rridw  et 
dans  lequel  j'ai  e5soyé  de  tracer  quelques  sillons. 

Ainsi  que  je  l'ai  fait  pour  l'impuissance  chez  l'homme,  je 
considérerai  la  frigidité  au  point  de  vue  de  son  étiologie,  el 
j'admettrai  les  cinq  ditisiunii  >uiiaiites  : 

1°  Frigidité  naturelle,  ou  par  vices  de  ronfornialkto  j 

•2"  Frigidité  idiopalliique; 

'i"  Frigidilé  stmplomatique; 


FRIGIDITÉ   i^All    VICES   DB    CÔHf^OllffAtK^;  tÀS 

fto  Frigidité  consécutive  ; 
S"*  Enfin  frigidité  iiyiDpnthiqUe  où  mofHlë.     - 
Ces!  dans  cet  oi'dfe  que  je  rais  étudier  cet  état  hhatP6 
de  l'appareil  vénérien  chez  la  femme. 


CHAPITRE  I«. 

FRIGIDITÉ   PAR    VICES   DB   CONFORMATION. 

La  sente  anomalie  dont  il  sera  ici  question  est  l'ab- 
sence ou  tout  au  moins  la  petitesse  extrémb  du  clitoris. 
L'abséfice  complète  du  clitoris,  avec  la  parfaite  conformation 
de  la  vulve,  est  excessivement  rare  ;  je  ne  Tai  jamais  ob- 
servée et  n'en  ai  pu  trouver  des  exemples  chez  les  auteurs. 

Mais  il  n'en  est  pas  de  même  de  Tarrét  de  développe- 
ment que  peut  éprouver  cet  organe,  et  pas  n'est  besoin 
alors  do  la  coexistence  d'un  vice  de  conformation  de  la 
vnlve.  J'ai  vu  le  clitoris  rédtirt  à  uhe  forme  presque  mi- 
croscopique, et  on  ne  lé  retrouvait  qu'avec  les  plus  gratids 
soins  caché  sous  son  prépuce  et  dans  les  plis  de  la  com- 
missure des  lèvres.  Si,  dans  ces  cas,  toute  sensibilité  ero- 
tique n'est  pas  éteinte,  on  est  en  droit  d'admettre  qu'elle 
est  au  moins  considérablement  affaiblie,  et  qtie  celle  du  cli- 
toris en  particulier  est  singulièrement  obtuse. 

Cependant,  quand  on  réfléchit,  d'une  part  au  tissu  érec- 
tile  qui  entoure  le  vagin,  et  d'autre  part  à  l'existence  otro- 
phique,  il  est  vrai,  mais  enGn  à  l'existence  du  gland  du 
clitoris,  on  ne  peut  raisonnablement  admettre  une  insensi- 
bilité complète,  et  j'ai  vu  en  efTet  des  femmes  avec  un  cli- 
toris excessivement  petit  ne  pas  rester  entièrement  froides 
aux  caresses  de  l'homme. 


f 


ïblXÈ    nu    VtCES    DE    CONFORHATtON. 

,i  doute  tes  femmes  n'ont  ni  les  iiislinclN,  ni  ks  rurcunt 
une  Messaliiie;  ellc*i  xunt  lentes  a  sY-inouvojr,  maiiireslcnt 
u  (le  ilétirs  et  n'entrent  en  jouissance  (gii'à  la  longue  <>l 
pir  des  rasnwufres  savamment  conduites;  mais  h  la  fin  lu 
plaisir  !tVveille,  et  cV'st  pour  rette  classe  ilo  femmes  que  l'on 
peut  dire  quo  bien  souvent  \c  coît  commencé  avec  iiuJifFé- 
■ence  et  mi^mc  a>ec  iléportt,  ^e  termine  dans  lu  *olupté. 

Évidemment  une  thérnpeuli(]uc  essentiellement  médicale 

l'a  que  faire  en  {inrcilles  circonstances  :  si  le  clitoris  manque 

pment,  l'urt  ne  (leut  se  compromettre  dans  une  plas- 

oii  1»  vie  et  la  sensibilité  furjiient  défaut;  et  si  l'organe 

'arrêté  dans  son  dcvi'luppnment,  l'intervention  mé- 

alors  <]u'l'II€  cït  a{)|ielée.  n'olTre  guère  plus  d'avao- 

,  car  on   nu  s'aperçoit  d'urilinsire  d'une   pareille  in- 

nrmité  qu'A  un  Age  oii  les  olrophies  sont  au>des»us  des 

fessources  de  l'art. 

Cependant,  en  vertu  de  cette  loi  physiologique  qui  nous 

iB|irend  qu'un  organe  se  développe  en  proportion  directe 

deson  usage,  on  pourra  essayer  les  eicilations  erotiques, 

oit  morales,  soit  physiques;  mais  on  n'oubliera  jamais, 

ans  l'emploi  de  ces  moyens,  les  devoirs  que  la  société 

.  la  morale  imposent  à  la  pudeur  de  la  femme.  Aussi 

médecin    doit-il    être    très   cirronspect   et  ne    manier 

avec  la  plus  grande  prudence  cette  arme  dangereuse, 

^iritation  cynique  cbes  la  femme. 


1 


FHtGinHÈ    IDIOl'ATHIQUIi 

CHAPITRE  II. 

FRIGIDITÉ     iniOPATHltJUE. 


» 


I 


En  parlant  de  l'impuissance  idiopalhiquc  citez  l'homme, 
j'ai  dit  que  chez  ce  dernier  la  syncope  génitale,  dégagée 
dL'  toute  lésion  organique  locale  et  de  toute  oiïiclion  gêné' 
raie,  était  rnrej  mais  bien  plus  rare  encore  est  la  Trigidité 
idiopathiquc  chez  la  femme,  et  celle  diiïérencc  s'explique 
tout  à  la  fois  et  par  la  simplicité  du  rôle  que  la  femme  rem- 
plit  dans  te  coil,  et  par  la  moimlre  complication  de  son 
appareil  copulateur,  ou  plutôt  de  son  appareil  sensitifde  la 
génération.  Pour  mon  compte,  je  n'ai  jamais  vu  celte  va- 
riété de  frigidité,  et  n'en  ai  point  trouvé  d'exemples  dans 
tes  auteurs  ;  toujours,  quand  une  femme  m'a  avoué  ne  pou- 
voir prendre  part  aux  plaisirs  de  la  couclie  conjugale,  j'en 
ai  trouvé  la  cause,  soit  dans  les  conditions  générales  de 
l'organisme,  soit  dans  des  conditions  locales  de  l'appareil 
générateur. 

Cependant  la  théorie  permet  d'admcllrc  celte  sorte  de 
frigidité,  et  l'on  conçoit  1res  bien  que  le  clitoris  puisse  être 
Trappe  de  paraljsie  esserilielle,  ou  même  sim|>lemenl  d'un 
engourdissement  plus  ou  moins  prolongé  de  sa  sensibilité. 
Dans  ce  cas,  et  si  un  pareil  fait  se  jiré.senlait  il  mon  obser- 
vation, j'eslime,  en  jugeant  par  analogie,  que  l'électricité 
serait  le  moyen  tout  à  la  fois  le  plus  rationnel  et  le  plus 
avantageux.  Mais,  jo  le  répèle,  sans  appui  et  sans  preuves 
en  celte  matière,  je  ne  puis  que  fournir  des  hypothilities  qui, 
ne  reposant  sur  aucun  fuit  clinique,  n'onl  évidemment 
qu'une  valeur  minime. 

Cependant  il  est  une  forme  de  frigidité  que  l'on  admet- 


fHKilDITfi    Sïm-TOKATltttlK 

volontiers  comme  idiopathiquc,  rI  rll(>  n'élait  pas  life 
a  certaines  l'ircoiistnnco^  ijue  je  ilévolopperai  touguemetil 
dans  le  chapitre  suivunt,  alors  que  je  parlerai  de  la  frigidité 
par  tempérnment. 


CHAPITKE  m. 

irRKilDITB    NVMl'TOHATK'I^K- 

Conme  rimpuinsniire  ('liez  l'homme,  la  frif^idil^  ilr  la 
femme  est  symplomali(]ue,  ta[il<M  d'un  étui  ph}siologi(|ue, 
comme  l'Age,  la  constitulion,  le  tempérament,  et  taol4l 
d'un  état  morbide,  soit  général,  soit  local. 

C'est  i  Cf^  double  point  de  vue  que  je  vais  successivement 
me  placer. 

S 1.  —  FrifMIM  BTMrUMMiiqM  «■««  él*t  phjalatocMiHc 

1"  j4ge.  —  Il  est  incontestable,  par  le  Tait  de  la  mastur- 
bation chez  les  pelilcs  iîlles  et  par  les  exemples  de  lascivité 
que  présentent  quelques  vieilles  femmes,  que  la  sensibilité 
génitale  du  scie  n'est  pas  entièrement  sous  la  dépendance 
de  la  menstruation  (1),  Mais  cette  sensibilité,  pour  être 
plus  etquise  et  plus  délicate  que  la  sensibilité  générale  tac- 
tile, est-elle  cette  sensibilité  voluptueuse,  sut  generis.  seu* 
lement  apanage  de  l'amour;  et  la  sensation  qui  en  découla 
est-elle  aussi  ce  plaisir  inelîable  qui  porte  tout  h  la  fois  uo 
trouble  divin  dans  notre  âme  et  un  frisson  indicible  dans 
nos  libres? 

(l)  Dans  toul  le  cours  de  cet  ouvrage,  le  mol  ni«rulrual«m  doit  èM 
pris  comme  synonyme  d'évolution  ovarienne  dont  l'bémorFbagie  noM- 
Irnelle  ^l  le  priocipal  ByuplAme. 


d'un    état   PHYSIOLOGIQUk.  519 

Sans  doute,  en  restant  dans  les  limites  de  la  théorie,  le 
vrai  plaisir  vénérien,  la  vraie  sensibilité  amoureuse  et  la 
véritable  volupté  erotique  ne  doivent  exister  ni  avant,  ni 
après  Tège  de  la  menstruation,  puisqu'ils  ne  sont  que  les 
incitateurs  h  la  propagation  de  l'espèce,  et  que  cette  propa- 
gation ne  peut  se  produire  que  pendant  la  vie  menstruelle 
de  la  femme. 

Cependant  quand  on  aborde  le  domaine  de  l'observa* 
tion,  on  est  forcé  de  ac  départir  d'une  théorie  aussi  rigou* 
reuse,  et  en  présence  de  faits  bien  authentiques  et  bien 
avérés,  on  se  demande  si  le  coït,  dans  l'espèce  humaine, 
n'est  pas  tout  à  la  fois  un  moyen  de  sociabilité  et  un  aiguillon 
à  la  génération. 

Ce  n'est  point  ici  le  lieu  d'aborder  un  semblable  pro- 
blème, dont  on  trouvera  la  solution  plus  loin,  alors  que 
j'examineroi  rinflucnce  exercée  sur  le  sens  vénérien  par 
l'absence  de  l'utérus  et  des  ovaires. 

2"*  Constitution,  —  On  se  tromperait  grandement  si  Ton 
croyait  qu'une  mauvaise  constitution  est  une  cause  de  frigi- 
dité pour  la  femme;  bien  souvent,  dans  les  organisations 
délabrées  et  cacochymes,  la  vie  purait  se  retirer  tout  entière 
dans  le  système  nerveux,  qui  est  alors  d'une  susceptibilité 
excessive  et  d'une  impressionnabilité  étrange.  Si,  dans  ces 
circonstances,  la  femme  vit  au  milieu  du  luxe  et  de  la  pa- 
resse, si  elle  s'abandonne  à  la  lecture  des  romans,  fréquente 
les  thé&tres,  les  bals,  les  musées,  etc.,  etc.,  si  elle  s'expose 
à  l'empire  énervant  d'une  civilisation  rafiinée,  toutes  ces 
excitations  retentiront  profondément  sur  les  organes  de  la 
génération,  et  la  sensibilité  erotique  s'accfottra  de  tous  les 
désordres  du  système  nerveux  et  de  tous  les  écarts  de  l'ima- 
gination. 

Cependant  toutes  les  constitutions  frêles  et  délicates  ne 


5'20  KBIfilBITÉ    SVMPTOHATIQUK. 

|irésrnlPiU  }ins  cette  ciritabilité  est-essive,  et  il  en  est  c4iei 
les<]iielles  toutes  les  sourci'S  du  la  vie  coulent  avec  une  leii' 
leur  et  une  mollesse  désespérantes.  A  peine  asseï  furies  pour 
se  sufRre  à  elles-mêmes,  pour  retenir  le  faible  soufTli'  cfui  le* 
anime,  ces  frôles  créatures  ne  peuvent  avoir  l'ambition  de 
perpétuer  l'espèce,  de  communiquer  k  autrui  une  vitalité 
ijui  leur  écbappe,  et  la  nuture,  toujours  prévoyante,  même 
dans  les  malheurs  dont  elle  nous  afflige,  leur  réfute  les 
désirs  qui  sollicitent,  et  hs  plaisirs  qui  récompensent  l'acle 
de  la  reproduction. 

N'essajez  pas,  par  des  excilulions  intempestives,  de  con- 
trarier les  desseins  de  la  nature;  vous  n'arriveriez  ija'à 
faligntir  davantage  et  Ji  briser  même  les  faibles  rcssorb  tyù 
soulitfunenl  la  macbtne;  que  tous  vos  soins,  que  toute  votre 
sollicitude  se  bornent  ù  au^^menter  l'élasticité  du  ressort  tl 
la  résistance  de  l'organisme  ;  avec  les  forces,  avec  le  déve- 
loppement osseux  et  muscubire,  avec  l'accroiiseinent  d« 
l'innervation,  en  un  mot  avec  l'énergie  vitale,  le  sens  géailil 
apparaîtra,  riche  de  ses  attributs,  c'est-è-direaiecsesdésin 
ft  sa  sensualité. 

3*  Tempérament.  —  Les  anciens,  dont  les  sagarcs  obser- 
vations se  cachaient  souvent  sous  les  allégories  les  pli» 
ingénieuses,  admettaient  quatre  lempéramcnts,  qu'ils  fai- 
saient correspondre  aui  quatre  âges  de  la  vie,  aux  quMre 
saisons  de  l'année  et  aux  quatre  climats  du  globe  :  ainsi  le 
tempérament  sanguin  était  l'apanage  de  Injeunesse,  du  pria- 
temps  l't  des  pays  tempérés;  le  tempérament  bilieui  con- 
cordait avec  l'Age  adulte,  avec  l'été  et  les  climats  chauils; 
le  tempérament  atrabilaire  était  l'analogue  de  l'âge  mdr,  de 
l'automne  et  des  pays  équatoriaut;  enlin  le  tempérament 
pituitt'ut  correspondait  è  la  vieillesse,  à  l'hiver  et  aui 
pajs  humides  et  froids. 


J 


d'un  état  physiologique.  521 

Il  n'est  pas,  à  coup  sûr,  de  façon  plus  ingénieuse  et  plos 
vraie  do  caractériser  les  aptitudes  génésiaques  des  difers 
tempéraments,  et  si  Ton  voulait  dresser,  au  point  de  vue 
qui  nous  occupe,  leur  échelle  de  gradation,  on  n'aurait  qu'k 
se  conformer  aux  notions  les  plus  vulgaires  sur  Tinfluence 
des  âges  et  des  climats  relativement  aux  manifestations  de 
l'amour. 

Cependant  il  faut  se  garder  d'accepter  dans  toute  leur 
rigueur  de  semblables  rapprochements,  car  si  la  vieillesse 
est  complètement  insensible  aux  excitations  vénériennes, 
les  habitants  des  pays  froids  ne  sont  pas  déshérités  de  tout 
plaisir  erotique,  même  pendant  l'hiver. 

Cette  distinction  nous  amène  naturellement  à  une  ques- 
tion qui  n'est  pas  sans  importance,  h  savoir  s'il  existe  des 
tempéraments  complètement  froids,  c'est-à-dire  si  l'absence 
absolue  de  désirs  et  de  plaisirs  vénériens  peut,  d'une  manière 
exclusive,  être  le  résultat  du  tempérament;  en  d'autres 
termes,  si  un  tempérament  quelconque  peut,  sans  devenir 
état  morbide,  être,  comme  la  vieillesse,  une  cause  absolue 
de  frigidité,  ou  s'il  ne  constitue,  ainsi  que  l'hiver  et  les 
climats  froids,  qu'une  prédisposition  à  l'allanguissement  de 
la  fonction  génitale.  • 

Toute  question  posée  carrément  exige  une  réponse  caté- 
gorique. —  Oui,  je  crois  qu'il  est  des  femmes  complètement 
froides  par  tempérament,  qui,  sans  préoccupations  intellec- 
tuelles, sans  contre-indications  morales ,  sans  maladie 
locale  ou  générale,  en  un  mot,  sans  aucun  de  ces  mille 
motifs,  moraux,  sociaux  ou  physiques,  qui  paralysent  le  sens 
Gopulateur,  n'ouvrent  leur  âme  à  aucun  désir  et  leurs  sens 
à  aucune  volupté.  —  Sans  doute,  cette  insensibilité  com- 
plète, absolue,  est  plus  rare  qu'on  ne  pense,  et  l'on  rencontre 
souvent  des  femmes  qui  doivent  leur  frigidité,  soit  à  la  ma- 


539  KKIGIbllft    SVMPTUHAIltjDK 

[adresse  de  leur  mari,  soit  au  défaut  d'Iiiirtnonie  entre 
leara  mutucllifs  evrilatioiit.  Mais  pour  èlre  peu  commuita, 
l'entière  frij^iditi^  par  vice  Je  icmpt-niment  eiiite  bien 
réelle,  jo  le  répète,  et  ce  fait,  &  défaut  de  diagnostic  infaiU 
lible,  trouvu  une  nouvelle  confîrmalion  dans  le  auccèt  d«bl 
médication  mise  en  usa|;e. 

l,e»  (ffame9  dont  l'itislincl  gétiilnl  ne  «'eM  pas  éveillA  k 
l'Age  lie  la  puberré.et  relies  mAme  dont  les  mBuifeitalions 
de  cet  iiisliuct  sonl  languissantes  et  pareiiseuse»,  présenleal 
un  ensemble  de  phénomènes  qui  les  fait  toujotirs  facilenicnl 
roconnailre.  Ces  phénomène»,  pour  In  plupurl  du  muin», 
pris  isolément,  n'ont  pas  constonimenl  une  valeur cerldinr, 
el  l'on  s'eipuserait  h  des  erreurs  ((■''■^^^  <'*  nombreuse*  si 
l'on  appréciait  l'ardeur  erotique  d'une  femmes  jtur  un  miuI 
de  ces  signes  ;  ainsi,  par  exemple,  une  menstruation  peu 
abondante,  déréglée  et  à  sang  pftic,  est  notée  par  tous  les 
auteurs  r«mme  un  symptAme  de  frigidité,  et  pourtant,  j'ai 
vu  des  femmes  très  ardentes  au  plaisir  et  chei  lesquellea  lea 
règles  n'appuroissaicnt  que  de  loin  en  loin  et  en  quantité 
presque  insigniliante  ;  j'en  ai  même  connu  une  entièrement 
privée  de  menstrues,  et  dont  les  désirs  insatiables  amenaient, 
quand  ils  étaient  satisfuils,  une  véritable  crise  nerveuse. 

11  faut  donc,  avant  de  se  prononcer  sur  les  disipositioas 
erotiques  d'une  femme,  étudier,  non-seulement  te»  niani- 
festations  extérieures  de  son  organisation,  mais  encore  h 
degré  d'énergie  de  la  vitalité  qui  se  trahit  toujours  dans  le* 
habitudes  du  corps  et  dans  les  sentiments  de  l'Ame. 

Tous  les  attributs  du  tempérament  lymphatique  domi> 
uent  chei  les  femmes  froides  par  tempéramenl.  Je  n'ai  point 
ici  è  les  passer  eu  revue  ;  seulement,  je  noterai  que  le 
système  pileux  joue,  dans  le  sujet  qui  nous  occupe,  u» 
rùle  assez  important  pour  fournir  à  lui   seul  des  signe*  i 


d'un   état    PHY8I0L0GIQDK.  593 

peu  près  certains.  Tout  ce  système  est  remarquable  par  la 
langueur  de  sa  vitalité  :  les  cheveux  sont  blonds,  finii»  clair*« 
•emés  et  plats  ;  ils  n'offrent  point,  comme  daQs  les  natares 
ardentes,  de.petites  touiïes  firiséessur  les  tempes  et  semblent 
subir  plus  que  tout  autre  l'influence  hygrométrique  de  l'at*? 
mosphère  ;  les  sourcils  pfties  et  à  peine  distincts  de  la  pean 
transparente  qui  les  supporte,  laissent  entre  eux,i  la  racine 
do  nei,  un  espace  considérable  et  ne  recouvrent  pas  dana 
une  grande  étendue  l'arcade  sourcilière;  les  aisselles, 
quoique  facilement  baignées  par  une  sécrétion  nauséeuse 
des  follicules  sébacés,  n'offrent  que  quelques  rares  poils  à 
couleur  douteuse  et  à  consistance  nulle;  enfin,  le  pubis,  à 
travers  un  duvet  court,  p&le  et  décoloré,  laisse  plutôt  devi^ 
ner  que  voir  un  mont  de  Vénus,  dont  la  maigreur  et  Tari- 
dite  doivent  être  un  épouvantai!  pour  la  volupté. 

Sans  doute,  ces  caractères,  en  quelque  sorte  passifs,  di^ 
système  pileux,  ne  sont  pas  constamment  et  à  coup  sur 
des  signes  irréfragables  de  frigidité,  mais  ils  en  conslitvient 
certainement  un  indice  probable,  surtout  s'ils  concordent 
avec  les  autres  attributs  physiques  dn  tempérament  lympha--* 
tique,  avec  un  allanguissement  dans  les  facultés  intellect 
tuelles  et  avec  une  certaine  apathie  dans  les  affections  de 
i'ftme. 

Mais  de  ce  que  les  caractères  que  je  viens  de  noter  si- 
gnalent presque  toujours,  sinon  une  frigidité  absolue,  du 
moins  un  allanguissement  dans  la  faculté  volupfueuse  des 
organes  de  la  génération,  il  n'en  faut  pas  conclure  que  la 
frigidité  complète  ou  incomplète  s'accompagne  fatalement 
de  cette  physionomie.  Le  tempérament  lymphatique  n'est 
pas  le  seul  à  produire  cet  état;  il  en  est  un  autre,  peu 
étudié  par  les  physiologistes,  qui  tire  ses  attributs  plutôt 
de  la  nature  intellectuelle  que  de  la  nature  physique  de  la 


FHIGIDITË    SYHPTOMATIUUK 

,  [lour  ces  moiif!s,  j'appelle  (fm/M-Viirnenf 


5n 

femni'',  el  i|i 
inlellecturl. 

Pour  caractériser  ce  tempérament,  je  ne  pu»  inicut 
faire  que  de  ra|i|ieler  ce  que  me  disait  un  jour  une  femme 
d'inlinimehl  d'esprit.  Elle  ilispiilnil  h  une  rivale  lieureuae 
la  possession  d'un  liumme,  non  pour  les  plaisirs  que  l'amour 
puuvnit  lui  procurer,  mais  [tour  h  position  sociale,  c'est-i- 
dirfl  pour  le  iiiarioge,  dont  cet  amour  pouvait  £tre  la  con- 
séquence U'un  lempérumeiit  sunguin,  d'une  beauté  rare, 
d'une  nmnbilitc  pi'U  commune,  elle  était  en  tout  supérieare 
h  sa  rivale,  qui,  néanmoins,  avait  le  (-rond  ovnntage  li'èlre 
aimée,  La  lutte  s'établit  entre  ces  deux  ft-mmes;  d'un  cdté^ 
le  Cifiur,  le  dévouement,  l'amour;  de  l'autre,  la  beauté, 
l'adresse  et  l'esprit.  «  Je  suis  ta  plus  forte,  me  disait  on 
jour  celle  des  deut  femmes  dont  les  prétentions  étaient  le 
résultat  d'un  calcul  ;  mis  sens  et  mon  cœur  sont  lii.sjoula- 
t-elle  en  frapjiant  son  front,  et  la  tète  est  bonne...  "  Onî, 
les  femmes  de  l^le,  comme  dit  le  vulgaire,  chez  lesquelles 
la  raison  domine  eu  souveraine,  sont  souvent  insensibles 
aux  charmes  d'une  douce  liaison  et  aui  enivrements  de 
l'amour.  l'tijsiquement,  rien  ne  décèle  celte  froideur; j'ai 
même  connu  des  femmes  qui  lu  cochaient  sous  les  appa- 
rences d'une  nature  passionnée  et  sous  les  attributs  d'un 
tempérament  fuugueut.  Ce  n'est  que  dans  les  muiura,  la 
tournure  d'esprit  de  ces  femmes,  qu'il  est  possible  de  péné- 
trer les  conditions  d'une  semblable  insensibilité.  Presque 
toujours  ces  personnes  ont  quelque  chose  de  viril  dans  le 
caractère,  une  volonté  ferme  et  un  jugement  qui  ne  s'inspire 
pas  de  lu  timidité  de  It'ur  >ete  -,  ces  attributs  de  leur  na- 
ture morale  donnent  it  leur  démarche  et  à  leurs  mouve- 
ments une  sûreté  et  une  fierté  qui  ne  sont  pas  ordinaire- 
ment l'apanage  de  la  femme,  et  jtourtanl  ci 


elles  ne  porleal        J 


d'un  état  physiologique.  525 

pas  les  signes  de  ces  virago  dont  parle  le  poëte;  leurs 
formes  sont  i^légantes  et  arrondies  ;  leur  beauté,  quoique 
mêle,  n'a  rien  de  dur  et  de  viril  ;  leurs  manières  sont  sédui- 
santes, leur  voix  douce  ;  en  un  mot,  elles  sont  complète- 
ment femmes,  et  n'ont  pas,  comme  les  virago^  les  penchants 
obscènes  de  la  tribadie;  elles  éprouvent,  non  de  l'aversion, 
mais  une  indifférence  absolue  pour  les  plaisirs  vénériens, 
quelle  que  soit  d'ailleurs  la  source  d'où  ces  plaisirs  dé* 
coulent. 

La  menstruation  ne  fournit  pas  de  signes  plus  certains 
que  les  autres  habitudes  du  corps  ;  quelquefois  elle  paraît 
moins  abondante  qu'elle  ne  semblerait  l'être  ;  mais  il  est  dif- 
ficile, pour  ne  pas  dire  impossible,  de  rien  préciser  à  cet 
égard,  tant  la  quantité  des  menstrues  varie  avec  chaque 
femme;  seulement,  cette  fonction  est  constamment  remar- 
quable par  sa  régularité,  que  l'on  attribuerait  volontiers  à 
l'absence  de  toute  excitation  génésiaque. 

Les  seins  n'offrent  également  rien  de  particulier;  les 
glandes  mammaires  acquièrent  leur  développement  normal 
et  subissent  les  influences  ordinaires  qu'exercent  sur  elles 
la  menstruation  et  la  grossesse,  car,  disons-le  par  antici- 
pation, la  frigidité,  quel  qu'en  soit  le  motif,  n'est  jamais 
une  cause  de  stérilité. 

Je  le  répète,  ce  n'est  point  à  des  signes  physiques  que 
se  reconnaîtra  la  froideur  dont  je  parle;  il  en  faut  chercher 
lesmanifestationsdans  les  mœurs,  les  habitudes  et  le  carac- 
tère moral  de  la  femme,  quoique  ces  circonstances  n'aient 
pas  toujours  par  elles-mêmes  une  valeur  bien  grande,  et, 
dans  la  majorité  des  cas,  s'en  rapporter  aux  aveux  de  la 
malade,  qui,  en  les  faisant  à  un  médecin,  ne  peut  guère 
être  soupçonnée  de  supercherie. 

On  s'étonnera  peut-être  de  me  voir  placer  ici  c^tte  forme 


536  piierDiTft  svMMoaATivce 

ife  rri^iditt^,  i?l  l'on  «e  ilfmatidffni  <>i  «on  ^tiiile  nWil  f>n 

miouK  figura  Aou»  le  cliapilre  relatif  h  la  Triitrilil^  iilmpa- 

thH|iie  DU   h  relui    ijuc  je  fODimcrerBi    luut  k  l'ht-urf   h   \» 

frigidili^  (inr  cnuse  morale.  Qu'on  me  permetlp  un  mnt  it'ci- 

pliratioii  <|ui  liitora  en  mAme  lemps  l'étiologïe  de  r^lât  qw 

j'etainine. 

Cette  Tormc  de  frigidité  ne  pouvait  entrer  dans  le  cadrt 
de  la  frigidité  idiopalhiqiic,  pnrre  <)u'elle  esl  la  maniresis- 
tion,  je  |iourrai.<i  presque  dire  le  sympldme  d'un  état  parfai- 
tement dc^fini,  ik  itatoir.  la  prédominante  de  l'élément 
intellectuel. 

Elle  lie  devait  pas  non  plu»  trouver  5a  place  a  cAté  de  la 
frigidité  par  fniiie  morale,  parre  qne,  ainsi  que  nous  le 
terrons  pn  temp»  cl  lie»,  celte  frij^iilit^  eut  loul  h  la  toi* 
pnssng^r("  el  relative,  el  (jue,  [i«ur  nt:  produire,  il  lui  fuul 
on  mobile  extérieur,  un  aliment  étranger,  pour  ainsi  dire, 
tandis  que  la  frigidité  dont  il  est  ici  question  est  per- 
manente, absolue,  el  a  »a  source  dam  un  des  éléments  de 
notre  nature. 

Que  si  l'on  réfléchit  à  ce  que  l'on  doit  entendre  par 
tempérament ,  r'est-ft-dire  In  prééminence  d'un  des  syt- 
lèmes  de  l'organisme,  concordant  avec  un  état  parfait  de 
santé,  on  con>ienilra  que  la  prééminence  de  l'élément 
intellectuel,  sans  altération  de  la  santé  générale,  constitue 
une  condition  analogue  k  celles  qui  font  le  tempérament 
sanguin,  pituileui,  etc.  ;  seulement,  l'élément  dominateur 
n'obéissant  point,  comme  les  appareils  de  l'organisme,  aai 
lois  de  la  matière,  j'ai  <iu  créer  une  nouvelle  variété  de 
tempérament  caractérisée  par  lu  suprémiitie  de  Télémest 
intellectuel,  qui,  fatalement,  lui  devait  donner  son  nom. 

i'ar  c<'smotifi4,  le  tempérament  intelleclucl  a  toutaussi  bien 
sa  raison  d'être  que  les  autres  tempéraments  généralement 


d'un    ÉTTAT    P1IY81OLO6IQ0B.  527 

admis,  et  si  Ton  se  rappelle  sous  quelle  dépendance  l'élé'- 
ment  moral  tient  l'excitalioii  et  les  jouissances  vénériennes, 
on  admettra  et  Ton  concevra  sans  peine  que  la  préémi*- 
nence  de  cet  élément  soit,  chez  la  femme  comme  chei 
l'homme,  une  cause  de  frigidité  et  agisse  sur  Torgasme 
génésique  à  la  façon  des  débilitants,  parmi  lesquels  Bgare 
en  première  ligne  le  tempérament  lymphatique. 

Seulement,  la  médication  n'est  pas  identique  dans  les 
deux  cas,  et  il  en  doit  être  ainsi,  puisque  les  éléments  à 
combattre  sont  d'une  nature  si  dissemblable. 

Dans  le  premier  cas,  c'est-à-dire  dans  la  frigidité  par 
tempérament  lymphatique,  il  faut  surtout  insister  sur  la 
médication  générale  que  tout  le  monde  connaît,  et  dont  le 
fer,  les  toniques  et  les  analeptiques  font  la  base,  et  ne  pas 
se  hftter  d'agir,  soit  localement,  soit  spécialement,  sur  les 
organes  génitaux.  Dans  le  second  cas,  au  contraire,  c'est- 
i^dire  dans  la  frigidité  amenée  par  la, prééminence  de  l'élé- 
ment intellectuel,  aucune  médication  générale  n'est  néces^ 
saire  ;  il  faut  s'adresser  d'une  manière  presque  exclusive  et 
en  même  temps  au  consensus  génital,  c'est-à*dire  au  foyer 
des  désirs  vénériens  et  à  l'organe  lui^^mème,  instrument  dt 
ces  désirs. 

Pour  atteindre  le  but  de  la  première  médication,  et  lorsque! 
l'organisme  aura  été  relevé  par  les  martiaux  et  les  toniques 
de  Tallanguissement  où  le  tenait  l'abondance  des  humeurs 
blanches,  il  peut  se  présenter  la  nécessité  d'agir  sur  les 
facultés  génésiaques  de  la  femme,  tant  morales  que  phy* 
siques;  en  d'autres  termes,  il  peut  être  nécessaire  d'éveiller 
les  désirs  vénériens  endormis  et  l'appareil  génital  languis^ 

sant. 

Sous  le  premier  rapport,  on  mettra  en  usage  les  excl"* 
tants  moraux  dont  j'ai  donné  ailleurs  la  nomenclature; 


323  FRIGIDITft    $TlfPTON;ITtQ0B 

mais  dans  l'emploi  de  ces  mojciis,  qui  louchent  de  si  |irè9 
aux  prescriptions  de  la  mortilc,  le  médecin  ne  doit  jama» 
oublier  le  respecl  auquel  ont  droil  le  sete  auquel  il  s'adresse, 
l'Age  et  l'état  social  de  la  mulode,  l'Iiouneur  et  les  verliu 
du  foyer  domeslique.dont  ne  peuvent  ni  ne  doivent  te 
dé[iartir  la  femme,  l'épouse  et  la  mère. 

Comme  médication  etcitunte  de  l'organe  copulnteur,  je 
place  en  première  ligne  les  moyens  loraui,  tels  que  bain»  de 
roer,  lotions  froides  ou  chaudes  sur  la  vulte  el  li's  lombes, 
frictions  sèches  ou  composées  sur  le  périnée,  fumigalions 
aromatiques  sur  les  parties  etlerttes  de  la  génération,  et 
enfin, dans  quelques  ca<i,  réleclricité. 

Les  agents  médicaux  internes,  décorés  du  nom  d'aphrodi- 
siaques, tels  que  phosphore,  aride  formique,  ^inseng,  etc., 
ne  paraissent  pas  avoir  sur  la  femme  la  même  action  que  *ar 
l'homme.  J'ai  fait,  sous  ce  rapport,  quelques  expériences  qui 
ne  m'ont  amené  o  aucun  résultat  décisif;  mai»  il  est  vrsî  de 
direausïi  que  l'influence  qu'ils  exercent  sur  le  générique  de 
l'homme  est  si  inconstante  et  si  fautive,  que  l'on  ne  pcutsàrt- 
mentpas  conclure^  leur  entière  inanité  sur  la  femme.  Il  n'en 
est  pas  de  même  des  cantharides,  qui,  chei  les  deui  sexes* 
agissent,  non  comme  aphrodisiaques  proprement  dits,  mata 
bien  en  déterminant  une  irritation  vésical  qui  retentit  lur 
l'appareil  génital,  grAce  iiu  vuisinage  qui  rapproche  relui'^ 
de  l'appareil  urinaire.  On  pourra  donc,  au  bei^oin,  recourir 
aux  cantharides,  soit  en  frictions  sur  le  périnée  et  les 
lombes,  soit  à  l'inlérieur,  avec  toutes  les  précaulioM 
qu'exige  l'administraliuii  d'un  agent  aussi  toxique  et  que  je 
n'ai  point  k  spécilior  ici. 

Dans  le  traitement  de  la  frigidité  par  tempérament  iDtel- 
lectuel,  c'est  aux  excitants  moraux  qu'on  donnera  tout  è 
la  fois  la  préférence  et  son   attention.   Il  faut  d'un    calé 


J 


D*ON    ÉTAT    PHYS10LO6IQUB.  529 

dimiDuer  l'importance  de  Télément  intellectuel  qui  prédo- 
mine, et  de  l'autre  éveiller  la  partie  sensible  de  l'Ame. 

Pour  remplir  la  première  indication,  on  aura  presque 
toujours  à  lutter  contre  des  tendances  ambitieuses,  n'im- 
porte le  but  de  l'ambition,  contre  des  goûts  de  vanité,  des 
habitudes  d'amour-propre  ;  on  dérangera  souvent  des  cal- 
culs, on  traversera  parfois  des  espérances  :  n^importe,  mettez 
dans  vos  prescriptions  de  la  persistance  et  de  la  fermeté;  le 
succès  seulement  est  à  ce  prix,  caria  femme,  qui  est  Umte  tête  ^ 
a  une  force  de  volonté  peu  commune. 

En  même  temps  que  l'on  arrachera  la  femme  k  sespréoc- 
cupations,  tantôt  graves,  tantôt  futiles,  on  lui  procurera 
des  distractions  capables  d'éveiller  tout  à  la  fois  sa  sensibilité 
morale  et  sa  sensibilité  physique.  Ces  distractions  ne  sau- 
raient être  les  mêmes  pour  toutes  les  femmes  :  aux  unes,  il 
faudra  le  bal,  les  spectacles,  In  société  des  hommes;  aux 
autres,  la  poésie,  les  romans,  la  solitaire  contemplation  de.H 
beaux-arts;  chez  celles-ci,  la  vue  de  la  nature,  la  solitude 
des  bois,  le  charme  de  la  campagne,  exciteront  de  tendres 
émotions;  chez  cellos-lè,  enfin,  l'&me  ne  s'ouvrira  qu'aux 
impressions  douces  ou  aux  émotions  terribles  des  voyages. 

On  ne  peut  donc,  à  priori^  Gxer  les  règles  à  suivre  dans  le 
choix  de  ces  distractions.  L'élément  moral  a,  pour  se  déter- 
miner, tant  d'excitants  divers,  tant  do  mobiles  à  nuances  si 
changeantes,  qu'il  faudrait,  pour  tracer  ces  règles,  établir 
le  bilan  de  chaque  individualité  et  dresser  l'inventaire  de 
chaque  Ame  en  particulier  ;  c'est  impossible  :  cette  tAche, 
cette  pénétration  des  individualités  morales  doit  être  laissée 
au  tact  du  praticien,  à  l'observation  du  médecin  et  à  l'es* 
prit  d'analyse  du  philosophe. 

Quant  aux  moyens  purement  physiques  que  l'organe 
copulateur  peut  réclamer  en  pareille  circonstance,  j'estime 

34 


^  .^ 


ftSO  fnisiniTt  fiyMfTOMATiijCB 

que  le»  ftxcitniilti  liteaux  liont  j'ai  parlé  tout  à  l'hfure 
sont  loul  à  In  foin  les  seuls  el  les  tnGilleur!>  que  l'on  fOiiM 
etnpiojcr.  Les  caotharides,  Innt  h  l'inlArieur  qu'A  l'ei- 
teneur,  doivent  élre  proscrites  ;  |i-s  béfiélircD qu'on  en  [tour- 
rait  retirer  ue  ttauraiont  oompeitser  les  daiigrr<i  dont  s'nr- 
compiignu  souvent  leur  administi      m. 

S  ■■•—  PrIcIdlM  •jmptoBiMiltiM*  d'an  é*»t  paUiolosHaF 

Comme  je  l'ni  fait  pour  l'impi  «sauce,  je  Jivuerai  lei 
maladies  qui  s'acronipagiieiil  de  Trigidité:  1*  en  celleji  qui 
intërcs3>enl  toute  l'économie  ;  3°  en  celles  qui  n'aiïeclenl 
que  les  organes  de  la  t(énérntion. 

A.  italadit»  gfnirales. 

Il  ne  peut  être  ici  question  des  maladies  aiguës;  cette 
résprve,  ({ue  j'ai  déjà  établie  plusieurs  fois  daus  le  cours  de 
cet  ouvrage ,  n(>  doit  plus  désormais  se  trouver  sous  ma 
plume. 

Parmi  les  airections  compatibles  avec  l'existence,  od  a 
cité  l'embonpoint  excessif  comme  entraînant  la  frigidité. 
J9  ne  partage  point  cette  opinion  :  le  développement 
énorme  des  formes  et  de  l'abilomen  peut  s'opposer  au  voïl. 
Il  l'intromission  de  la  verge  dans  le  vagin,  en  un  mot  au 
rapprochement  des  setes,  mais  i)  n'éteint  ni  les  désirs  DÎ 
la  sensibilité  génitale  chez  la  femme.  J'en  pourrai  citer  pln- 
■ieurs  exemples,  un  entre  autres,  d'une  femme  dont  Im 
passions  étaient  si  ardcnlen,  que,  ne  pouvani  les  satisbire 
avec  son  mari,  elle  payait  un  étranger  pour  se  faire  mas- 
lurlier,  mulgré  les  prrticipcs  religieux  et  honnêtes  qa'clla 
avait  puisés  dans  sa  famille. 

li'eKessive  mnigretir  n'est  pas  non  plus  une  einae  4b 


d'un  état  pathologique.  5S1 

frigidité  ;  elle  est  même  souvent  l'attribut  des  Temnies  pns- 
sioDDées. 

Quelques  aiïectioDS  nerveuses  s'accompagnent  parfois 
d'insensibilité  génitale,  Tépilepsie  est  dans  ce  cas  ;  d'autres, 
au  contraire,  comme  l'hystérie,  amènent  dans  quelques 
circonstances  une  telle  surexcitation  génésiaque,  que  le 
coït  est  comme  une  source  de  voluptés  amères  et  même  de 
véritables  souffrances.  Dans  l'excès  de  sensibilité  les  deux 
extrêmes  se  touchent  :  la  jouissance  est  sur  la  lisière  de  la 
douleur. 

Dans  les  névroses  de  l'intelligence  et  du  sentiment,  la 
sensibilité  génitale  est  quelquefois  abolie,  mais  plus  généra- 
lement pervertie.  Dans  l'idiotisme^  dans  la  folie,  les  femmes 
éprouvent,  dans  quelques  cas,  une  répulsion  profonde  pour 
les  rapprochements  sexuris;  tandis  que^  dans  d'autres,  elles 
s'abandonnent  &  la  masturbation  avec  une  espèce  de  fureur. 

  peu  près  toutes  les  maladies  dont  les  centres  nerveux 
sont  le  siège  peuvent  amener  tout  h  coup  ou  progressive- 
ment, par  suite  des  troubles  qu'elles  jellont  dans  l'innerva- 
tion générale,  l'anéantissement  partiel  ou  total  de  la  faculté 
voluptueuse.  D'abord  ces  affections,  quand  elles  intéressent 
les  organes  intracrèniens ,  respectent  rarement  l'inlelli- 
gence,  et  tarissent,  par  conséquent,  les  désirs  \énériens 
dans  leur  source  même;  en  second  lieu,  elles  allèrent  plus 
on  moins  profondément  les  fonctions  du  système  nerveux 
sous  la  dépendance  duquel  se  trouvent  toutes  les  impres- 
sions, et  par  conséquent  les  impressions  vénériennes. 

Enfin,  toutes  les  maladies  débilitantes,  toutes  celles  qui 
attaquent  la  vie  plastique,  peuvent  enlever  aux  organes  du 
plaisir  la  force  qui  leur  est  nécessaire  pour  réagir  sous 
les  impressions  vénériennes,  les  recevoir  et  les  transmettre 
au  consensus  intime. 


D*UII    6rAT    PATHOLOGIQUE.  5SS 

une  véritable  érection  et  se  courbe  en  bas,  entre  (es  deux 
nymphes,  pour  présenter  son  extrémité  libre,  sa  partie  la 
plus  sensible,  aux  frottements  de  la  verge  pendant  Tacle  du 
coït  ;  à  n'en  pas  douter  le  clitoris  joue  un  rôle,  et  un  rôle 
très  important,  dans  la  manifestation  du  plaisir  erotique  chez 
la  femme,  puisque  Térotomanie,  et  les  exemples  n'en  sont 
pas  rares,  a  été  guérie  par  l'amputation  de  cet  organe. 

Mais  ce  double  fait,  l'un  physiologique  et  l'autre  patho- 
logique, établit-il  la  concentration  absolue  de  la  sensibilité 
génitale  dans  le  clitoris?  Je  ne  le  pense  pas.  D'abord,  et 
maintes  observations  l'attestent,  l'amputation  du  clitoris^ 
en  faisant  cesser  les  accès  d'érotomanie,  n'a  pas  tari  chei 
la  femme  la  source  des  voluptés;  secondement,  pendant  le 
rapprochement  sexuel,  les  époux  prennent  quelquefois  des 
postures  où  il  est  impossible  que  le  clitoris  soit  touché  par 
la  verge  de  l'homme,  et  pourtant  la  femme  n'est  pas  frustrée 
dans  ses  droits,  on  dirait  même  qu'elle  atteint  une  plus 
grande  somme  de  volupté.  Bien  plus,  des  femmes  m'ont 
avoué  être  complètement  insensibles  aux  titillations  du 
clitoris  et  n'éprouver  du  plaisir  que  par  les  frottements  de 
la  verge  ou  de  tout  autre  corps  contre  les  parois  de  rentrée 
du  vagin;  ainsi  s'expliquent  les  manœuvres  de  certaines 
roasturbatrices  qui,  dédaignant  la  sensibilité  du  clitoris, 
introduisent  dans  la  cavité  vaginale  des  corps  de  toute 
forme  et  de  toute  espèce  :  évidemment ,  si  le  clitoris  était 
le  siège  exclusif  du  plaisir,  il  serait  aussi  le  siège  unique 
sur  lequel  porteraient  les  manœuvres  des  femmes  livrées  à 
l'onanisme. 

Il  faut  donc  reconnaître  que,  dans  l'évolution  du  plaisir 
sexuel,  le  clitoris  remplit  un  rôle  important,  mais  que  ce 
rôle  ne  lui  appartient  pas  d'une  manière  absolue,  et  que 
les  autres  organes  de  In  génération  ont  une  part  plus  ou 


ft'àd  FRIGIDITÉ   syHrTOHJiTIQini 

moiiiH  grandu  duiit  lo  (lévelu|>|ieinent  île  cette  •eoûbililâ 
•péniale. 

En  voiit-on  un  ei«mple?  Pareot-Duchalolet  cite  i«  f«il 
■uiviint,  dnns  IpiuoI  I«  clilDriii  élait  fr.i|i|ié  d'inspiiKibililé 
mttgré  son  déveiop|iemenl  considérable,  niBi<i  à  vause  p«ul- 
ètra  dt'  l'ebsence  des  orf<ani;»  génitaux  inlorne»  :  <•  A  l'époque 
où  jo  TuiMis  ci.'8  recberclifti,  dit  c.H  excellent  obnervaleur,  on 
ne  connai)i»ait  k  Pùris  que  trois  prostituées  dont  le  clitoris 
|>râ«entait  un  di^veluppemeol  noli  le  ;  nioiii  sur  unti  •l'elln 
M  dôrcloppnment  était  énorme,  rnr  cet  oritaoe  avait  la  loo* 
(tueur  do  8  centimÈlres  (3  pouces),  et  en  grosseur  it  égnluil 
I*  doifit  indicateur;  on  jr  remarquait  un  gland  bi«n  foriné 
K  recouvert  d'un  prépuce,  au-dftiïoiis  duquel  xe  trouvait 
de  la  matière  xébncée  :  c'était,  à  s'^  méprendre,  la  verge 
d'un  enfant  de  douze  à  quatorze  ans,  peu  avant  u  puberté. 
Celte  fille,  Agée  de  vingt-trois  ans,  n'avait  jamaw  été 
réglée  e(  n'offrait  pas  la  moindre  trace  de  mamelles  ;  il  Mt 
probable  qu'elle  manquait  également  d'ulérui,  car  le  toa- 
cher  par  le  vagin  ne  faisait  reconnaître  qu'un  tubercule 
■phériquc  sans  ouverture,  et  Is  même  eiploratioo  pratiquée 
par  le  rectum  constatait  l'absence  de  l'organe;  malheo- 
,  reuscment  on  n'a  pas  eu  recours  su  spéculum  pour  eM 
eiamen  important.  Celte  fille  ayant  été  pendant  long- 
temps i  la  prison  des  Madelonnettes,  les  médecins  de  cette 
prison  ont  cherché  k  découvrir  quelle  pouvait  être  l'is- 
flnence  d'un  pareil  état  >ur  l'activité  des  passions  erotiques  ; 
mais  cette  fille  leur  a  toujours  dit  qu'elle  était  auisi  iodtf- 
férenle  pour  les  hommes  que  pour  les  personnes  de  ton 
ie\e;  qu'elle  ne  s'était  livrée  à  la  prostitution  que  par 
l'excès  de  In  misère  et  du  besoin,  et  que  si  elle  avait  CB 
pendant  quatre  ans  nn  amont  dans  son  pays,  elle  n'était 
restée  avec  lui  que  parce  qu'il  pourvoyait  à  t 


d'un    état   PATHOLOQIQUB.  5ft5 

J'ai  fait  surveiller  cotte  fille  pendant  sii  seniainesy  je  l'ai 
fait  questionner  par  plusieurs  personnes,  et  jamais  elle  n'a 
varié  dans  ses  réponses.  Sortie  de  prison,  elle  a  tenu  un 
langage  semblable  aux  médecins  du  dispensaire,  qui  me 
l'ont  rapporté. 

«  Cet  état  d'indifférence  pour  un  autre  sexe,  malgré 
on  développement  aussi  considérable  du  clitoris,  pourrait, 
jusqu'à  un  certain  point,  s'expliquer  chez  cette  fille  par 
l'absence  de  l'utérus,  et  probablement  par  celle  de  ses 
annexes  (1).» 

Si  un  développement  aussi  considérable  du  clitoris  coïn- 
cide avec  une  frigidité  tout  à  la  fois  morale  et  physique,  il 
faut  bien  admettre,  à  moins  de  repousser  toute  idée  physio- 
logique, que  cet  organe  n'est  pos  le  siège  exclusif  du  plaisir 
chei  la  femme,  et  qu'il  ne  concourt  que  dans  une  certaine 
mesure  à  la  manifestation  des  désirs  erotiques  et  de  la  vo- 
lupté. 

Quoique  le  plaisir  vénérien  soit  le  résultat  d'une  sensi- 
bilité spéciale,  comme  la  vision,  le  goût,  l'odorat,  etc.,  il 
n'en  est  pas  moins  sous  l'empire  do  la  sensibilité  générale, 
ety  à  ce  titre,  subissant  toutes  les  altérations  dont  cette  son* 
sibilité  peut  être  aflectée.  Ainsi  toutes  les  maladies  des 
centres  nerveux,  oelles  des  nerfs  sacrés  qui  se  distribuent 
aux  parties  génitales  de  la  femme,  peuvent  amener  la  sus- 
pension ou  l'anéantissement  de  la  sensibilité  sexuelle. 

Je  ne  puis  ici,  on  le  comprend,  faire  l'énumération  de 
ces  maladies,  dont  l'étude  appartient  bien  plutôt  à  un  traité 
général  de  pathologie  qu'à*  une  monographie  du  genre  de 
celle-ci.  Il  doit  me  suffire  de  noter  les  relations  qui  peuvent 
eiister  entre  les  altérations  de  la  sensibilité  erotique  et  les 

(4)  De  la  ftrostitution  dans  la  ville  de  Paris,  V  édit.,  Paris,  4  837, 
1. 1,  p.  880. 


5S6  KHIGIItlTfe    BVMI>ll>NAngtili 

afTertiotis  si  multi|ili'8  et  si  (iiver<ics  Btixi)»elles  m>ii1  ei)< 
t^H  tes  rentres  neneui  et  les  nerfs  qui  président  h  la  senn- 
bilittS  ({^■>>l"'c-  Ainsi.  |iar exemple,  et  pour  ne  citer  qa' 
seul  fait,  il  est  cortuiii,  coinme  j'ai  eu  l'occasion  de  m' 
con(aincre  dans  deux  circonstaiH'CS,  qu'uitc  tumeur  pres- 
«out  dur  le  pleius  sdaliijue  est  suiiceptible  d'amener  la 
paralysie  du  nerf  lionteas,  el,  par  suite,  d'éteindre  la  mhi^ 
sibililé  vénérienne. 

C'est  pcul-Mre  par  une  eiplicalion  analogue  qoe  Ton 
parviendrait  b  ne  rendre  compte  de  l'indiFTérence  qu'éfiroa- 
tcnt  rerlaineii  femmes  après  des  repas  copieiii,  penduiil  la 
grossetise  on  dans  un  élnt  habituel  de  constipation. 

Quoi  qu'il  en  soit,  el  fi  l'on  se  rappelle  que  jaillit  rom- 
bieti  était  rare  lu  frigidité  jiliupulbii|Ui>.  on  devra  apporter 
la  plus  grande  attention  dans  l'examen  de  la  malade  ;  car 
bien  souvent,  si  l'on  s'nrréle  è  un  examen  superficiel,  on 
prendra  pour  une  frigidité  essentielle  un  sjmptAme  pur  et 
•impie  de  quelque  affection,  soit  de  ta  moelle,  soit  des  nerfs 
qui  vont  animer  les  parties  génitales  de  la  femme. 

Le  diagnostic  différentiel  est  donc,  en  cette  circonslance, 
de  lu  plus  haute,  et  je  pourrais  même  dire  de  l'unique  im- 
portance, Cor  le  pronostic  et  le  traitement  de  la  frigidité 
sont  entièrement  subordonnés  h  la  gravité  et  à  la  nature  de 
l'affection  première. 

Je  n'ai  donc  pas  à  m'en  occuper  davantage. 

Maladies  des  organes  internes  de  la  génération.  — 
Quand  on  réfléchit  que  te  sens  vénérien  n'est  pas  iutr« 
rbose,  pour  la  physiologie,  que  l'eicitant  et  la  récompenae, 
si  je  puis  ainsi  dire,  de  l'acte  reproducteur,  on  se  demande 
si,  dans  les  cas  où  la  reproduction  est  impossible,  comme 
en  l'absence  d(t  l'utérus  et  des  ovoires,  U  nature  a  respecté 
un  aiguillon  dont  nous  n'avons  plus  que  faire,  et  une  rému- 


1 


D*UN    ÉTAT    FATIIOLOGIQUB.  537 

iiéraliori  dont  nous  ne  pouvons  plus  nous  rendre  dignes; 
en  d'autres  termes,  l'absence  des  conditions  fondamentales 
de  la  fécondation  chez  la  femme  condamne-t-elle  le  sens 
vénérien  au  silence  et  au  repos? 

Qu'on  me  permette,  avant  d'aller  plus  loin,  de  rapporter 
l'observation  suivante,  prise  &  THâtel-Dieu,  dans  le  service 
de  M.  Rostan,  et  que  j'ai  publiée  dans  le  journal  que  je 
dirige  (1). 

La  femme  qui  en  fait  le  sujet  est  une  prostituée,  c'est 
dire  que  j'ai  eu  toute  facilité  dans  les  moyens  d'investi- 
gation. 

Les  organes  externes  de  la  génération  sont  normalement 
conformés  ;  le  pubis  est  couvert  de  poils,  comme  chez  le 
commun  des  femmes;  les  grandes  et  les  petites  lèvres  ont 
un  développement  ordinaire,  et  le  clitoris  ne  présente  rieo 
de  remarquable  pour  la  forme  et  pour  la  grosseur;  les 
seins  ont  un  volume  convenable  et  sont  en  harmonie  avec 
toutes  les  parties  du  corps  qui  offrent  les  attributs  du  sexe 
féminin  ;  la  voix  n'est  point  mAle,  et  rien,  dans  l'habitude 
extérieure  de  cette  femme,  ne  trahit  l'étrange  conformatico 
de  ses  organes  internes  de  la  génération. 

Kn  introduisant  le  doigt  dans  le  vagin,  on  éprouve,  dès 
l'entrée,  une  résistance  dont  on  ne  tarde  pas  à  se  rendre 
compte  :  on  est  au  cul-de-sac  vaginal,  qu'avec  un  léger 
effort  on  refoule  dans  le  bassin  de  toute  la  longueur  du 
doigt  qui  pratique  le  toucher.  Ce  cul-de-sac  est  entier,  sans 
solution  de  continuité,  et  ne  porte  pas  la  moindre  trace  de 
col  utérin.  Exploré  dans  tous  les  sens,  par  le  toucher  et  au 
spéculum,  pressé  dans  toutes  les  directions,  il  ne  laisse 
soupçonner  aucun  vestige  de  matrice,  et  l'on  cherche  vai- 

(4)  France  médicale  et  pharmaceutique,  t.  II,  p.  449.  4  855. 


6&8  FKItimiTi   SVUPTOMATIUUK 

nenient  ce  bouton  ou  cctle  e8|ièce  il«  tuberenle  < 

par  quel(|uus  nutours.  ^J 

L«  toucher  rectal  confirme  les  donnée*  fournies  pir  ll^ 
toucher  vu<>iriol,  et  l'uK-riis  nu  révile  sa  pré»ence  parn*  - 
cun  indice,  «juclque  faible  qu'il  »ott.  1^  doifcl.  introduit 
dans  \ii  rectum,  urrive  librement  h  la  reiicuntr«  île  calai 
qoi  presse  le  cul-()u-«acduvu)(iii.  et  perçuil,  sans  autre  inler- 
méiliuire  que  les  membrniies  vésicnle  et  intestinale,  une 
sonde  introduite  dans  le  résertoir  urinaire. 

Rien  évidemment  il  y  u  iri  nbnonce  complète,  absolue,  de 
\'\xlérus. 

En  est-il  de  même  des  ovaires? 

M.  de  tkanvais,  àicf  de  lu  clinique  de  M.  Ro»tAn,  i 
l'obligeance  duqtit-lju  doi<i  rendre  hommage,  nssure  tir  les 
avoir  jamais  reoconlrés;  pour  mui,cn  portant  le  doigt  asseï 
haut  dans  le  rectum,  j'ai  bien  distinctement  louché  dcm 
corps  ovoidea,  llottunt  dans  le  bassin,  et  de  la  grosseur  i 
pea  près  d'une  aveline.  Sont-ce  les  ovaires,  ou  sonl-ce  sim- 
plement quelques  ganglions  engorgés  du  mésentère?  Dans 
M  dernier  cas,  il  faut  avouer  que  la  coïncidence  est  bizarre 
et  que  la  nature  se  plail  it  semer  sur  notre  voie  des  sujets 
de  doutes  et  d'erreurs. 

Comme  on  le  doit  penser,  l'hémorrhagie  menstruelle  ne 
a'eat  jamais  montrée  chez  cette  femme,  qui,  d'une  intelli- 
gence assez  bornée,  n'a  que  des  réponses  contradietoirea 
aur  les  questions  qu'on  lui  adresse  relaiivemeut  au  mo- 
Umen. 

Le  sens  vénérien,  sans  présenter  une  grande  énergie, 
eaiate  |.our  les  désirs  et  peur  la  sensation  voluptueuse. 
Avant  de  tomber  dans  la  prostitution,  cette  femme  aveit 
aimé,  et,  comme  le  coit  est  douloureux,  par  suite  de  le 
briëteté  du  conduit  vaginal,  elle  trouve  le  plaisir  dans  les 


d'un   état    PATHOLOaiQDB.  5&9 

attouchement  de  l'homme  et  dans  la  masturbation ,  à  moins 
que  le  congrès  ne  s'accomplisse  avec  certains  ménagements, 
auquel  cas  l'union  sexuelle  lui  procure  la  volupté. 

Rapprochons  maintenant  celte  observation  des  faits  ana- 
logues que  possède  la  science,  et  voyons  jusqu'à  quel  point 
nous  pouvons  répondre  à  la  question  que  nous  nous  sommes 
posée,  a  savoir  :  L'absence  des  ovaires  ou  celle  de  la  matrice 
détruit-elle  le  sens  vénérien  ou  génésiaque  ? 

Le  rôle  secondaire  auquel  l'utérus  a  été  réduit  dans 
l'acte  de  la  fécondation  par  les  travaux  de  Harvey,  de  Sté- 
non,  de  R.  de  Graaf  et  de  tous  les  ovologistes  modernes, 
fait  prévoir  que  ses  anomalies  et  ses  maladies  n'ont  pas  sur 
l'appareil  génital  l'influence  que  les  anciens  lui  attribuaient. 
Baudelocque  rapporte  un  cas  d'absence  complète  de  ma- 
trice avec  conformation  normale  des  organes  externes  de  la 
génération  (1).  Le  professeur  Heyfelder  (d'Erlangen)  a 
dernièrement  publié  une  observation  analogue,  et  il  a  noté 
que  la  femme  qui  portait  ce  vice  de  conformation  aussi 
complet  que  possible,  non-seulement  accomplissait  le  coït 
dans  toutes  les  conditions  physiologiques,  mais  encore  avait, 
à  chaque  époque  menstruelle,  une  perte  de  sang  par  l'urè- 
tre (2).  On  ne  peut  méconnaître  ici  l'existence  des  ovaires. 
Krahmer  avait  déjè  rapporté  une  observation  analogue  (3), 
tandis  qu'Rngel  et  Dupuytren  avaient  directement  cx>nstaté 
sur  le  cadavre  la  présence  des  ovaires  coïncidant  avec 
l'absence  complète  de  la  matrice.  —  Le  fait  que  j'ai  re- 
cueilli à  l'HôteUDieu  et  que  j'ai  rapporté  plus  haut,  s'il  oe 
démontre  pas  l'entière  indépendance  des  ovaires  à  Tendroit 

(1)  Art  âen  accouchement»,  1. 1,  p.  4  83. 

{%)  IkuUcheKlimk,  485i,  n«  54. 

(3)  Mandbueh  dêr  gerichOichen  MmUxin.  Halle,  4854,  p.  480. 


5f|(>  fHIlilIllyS    bVMPTClUATIVlIK 

de  riitrnis,  Lomme  les  fuils  (i'Bri<^el  et  de  DD|)Ujtr«n  l'ont 
(irouvée  nu  |iuirit  de  vue  anrttomii{ue,  et  comme  les  obs«r- 
vulioiis  de  Kruhmer  et  de  Hfjreldcr  l'ont  constatée  sou»  le 
rapport  pliysiolo^i(|ue  ;  ce  fait,  disons-nous,  ra|i)iroclté  de 
ceui  que  j'tii  cités,  et  dont  J'uuruis  pu  augmenter  In  nombre, 
ne  laisse  tmcun  doute  sur  l'inanité  des  relation!!  que  l'on  » 
voulu  établir  entre  l'organe  gestaleur  et  l'orgnne  topula- 
leur,  entre  les  roncttons  uléritics  et  le  sens  vénérien. 

Au  point  de  vue  puremenl  anatomique  de  ces  relations, 
l'observation  de  Parent-IJuclialelel  que  j'ai  rapportée  plut 
haut  monlr<;  que  le  iirini'îpat  orgime  du  pliiisir,  loin  d'avoir 
.suivi  la  destinée  de  l'utérus,  n  été  soumis,  ou  contraire,  i 
une  loi  inverse  de  développement,  et  qu'il  ne  peut  être 
accusé,  par  conséquent ,  de  subordonner  ses  ronclions  h 
celles  de  ta  matrice.  —  Ainsi,  au  nom  de  la  théorie  indac- 
live  et  ail  nom  de  l'eipénence,  l'absence  et  les  maladies  de 
la  matrice  n'altèrent  aucune  des  conditions  du  coït  phju»- 
logique,  c'csl-ii-dire  désirs  vénériens,  réception  de  la  verge 
dans  le  vngin,  et  enfin  volupté  amoureuse. 

Mais,  au  nom  de  la  même  théorie  inductive ,  par  cela 
même  que  les  ovaires  rem|ilissent,  dans  la  plivsiulo|iic  de  It 
reproduction,  le  r<Vle  par  excellence,  et  que  c'est  d'eui  qae 
partent  le  signal  et  len  aliments  de  la  faculté  ^«'-nérBlrice,  t| 
Taudruit  que  tout  le  sens  génital  fût  sous  leur  dépendance, 
et  que  leuf  empire  s'étendit,  non-sculemenlsuf  les  arf^uies 
mis  au  service  de  ce  sens,  mois  encore  sur  l'incitateur  ra- 
terne,  sur  le  consensut  intime  qui  le  dirige  dans  ses  toit* 
lions. 

Iteaucoup  de  physiologistes  l'ont  ainsi  pensé,  el  R.  de 
GraaT  a  eiprimé  cette  opinion  en  cette  espèce  d'aphorisme  : 
Cntirala  unimalin  feminas  pytlumtix,  dit-il;  non  solum 
fecunditale  detliluuntur,  sed  venerec?  volupUUis  i 


D*UN    ÉTAT    PATHOLOGIQtJB.  5/il 

deponunt  appetitum  (1).  Malheureusemenl,  l'observation 
lie  confirme  pas  cet  axiome,  et,  en  présence  de  la  conser- 
vation des  désirs  et  du  plaisir  vénériens,  coïncidant  avec 
l'absence  congénitale  ou  accidentelle  des  ovaires ,  on  se 
demande  si  la  copulation,  dans  la  race  humaine,  n'est  bien 
exclusivement  que  le  premier  acte  de  la  génération,  et  si, 
eu  égard  a  notre  nature  morale,  elle  n'est  pis  aussi  un 
moyen,  un  instrument,  si  je  puis  ainsi  dire,  de  socia- 
bilité ? 

S'il  en  est  ainsi,  comme  permet  de  le  supposer  la  faculté 
accordée  primitivement  h  Thomme  seul  d'accomplir  le 
congrès  en  tout  temps,  et  à  laquelle  prennent  graduelle- 
ment parties  animaux  réduits  en  domesticité,  l'absence,  et 
à  plus  forte  raison  les  maladies  des  ovaires ,  ne  doivent 
exercer  sur  le  sens  vénérien,  et,  par  suite,  sur  l'appareil 
copulateur^  qu'une  influence  bornée  et  peut-être  nulle. 

Il  faut  se  garder  d'établir,  comme  on  le  fait  commune- 
ment,  une  analogie  trop  frappante  entre  le  testicule  et 
l'ovaire.  Au  point  de  vue  de  la  génération,  leurs  rôles,  il 
est  vrai,  sont  identiques  :  l'un  sécrète  le  produit  m&le,  et 
l'autre  le  produit  femelle,  tous  deux  indispensables  pour  la 
formation  d'un  individu  nouvc.u^  mais,  sous  le  rapport  du 
plaisir  vénérien,  tout  un  monde  les  sépare  :  tandis  que  le 
produit  de  l'ovaire  reste  complètement  étranger  au  dévc- 
loppement  de  la  volupté  amoureuse,  le  produit  du  testicule, 
au  contraire,  est  la  source  même  de  cette  volupté.  Malgré 
ce  qu'ont  pu  dire  certains  physiologistes,  le  véritable  délire 
erotique  chez  l'homme  n'a  lieu  qu'au  moment  de  l'éjacula* 
tion  spermatique;  tandis  que,  chez  la  femme,  que  l'ovaire 

(4)  De  mulier,  organis,  etc.  {Bibliothèque  anatomique  de  Manget, 
i.  I,  p.  643). 


5^''2  KRiaiDITt   STHPTOUTIVDe 

émelli'  ou  iiod  son  ovule,  )e  itlnisir  eM  le  mèm''.  Se  »êi* 
bien  (\\i'h  i'npprocbe  des  rèf;les,  le  «létiir  tt^n^rj^  ^t'accroH 
et  \f  s|>flsmi!  cynique  augmente  ;  mais  cette  recruilnrenrc  ■ 
ses  motifs  «lanii  l'état  organique  de  tout  rs(i|>areil  génjltl. 
h  la  Ruite  duquel  une  héniorrhsgie  va  seproduire. 

Lnisfionii  donc  une  analogie  impossible  entre  len  teMîcule» 
t)t  les  DVBtn-s,  et  n'évoquons  pnK  les  éterneh  ftintAn»»  des 
eunuques  et  des  castrats,  qui  d'ailleurs  abdiquent  si  peu 
leur  ri'îiswurre  de  tiorial>ililé,  que  tes  dûmes  romaines  du 
temps  de  Perse  et  de  Jurénol  en  usaient  largement  pourb 
plus  grande  gloire  de  leur  honneur  et  le  rontentemenl  69 
Jcur  fomitte. 

Sous  le  rapport  anatomiquc,  In  question  de  corrélstioB 
entre  li'  dëvelo|ipemrm  des  ovaires  et  relui  de  l'appareil 
copulateur  est  jugée  par  les  faits.  Contre  un  cas  de  Mor- 
gogni,  dans  lequel  l'absence  des  ovaires  coïncidait  arec  00 
arrêt  de  développement  des  organes  du  roU  (1),  il  serait 
facile  d'apporter  des  observations  nombreuses  oïi  la  mAme 
anomalie  esistait  avec  une  bonne  conformation  de  l'appi- 
reil  génital  externe  Itien  plus.  In  femme  dont  Parent-Du- 
chatelet  nous  a  tout  h  l'heure  raronté  l'bistoire,  et  chet 
laquelle  l'absence  des  ovaires  était  rendue  probable  par  le 
manque  absolu  de  menstruation  el  par  raffaissemenl  des 
mamelles,  cette  femme,  dis-je,  loin  de  présenter  une  atro- 
phie de  l'organe  copulateur  par  excellence ,  offrait,  aa 
contraire,  un  clitoris  (énorme. —  Notre  malade  de  l'Hôtel- 
Dieu,  si  M.  de  Kcauvais  a  porté  un  diagnostic  plus  jiiate 
que  le  miin,  est  un  nouvel  eiemjile  de  la  parfaite  confor- 
mation des  organes  eilernes  de  la  génération  coïncidant 
avec  l'absence  congénitale  des  ovaires. 

(<)  De  Ktdib.  et  cnu».  miirli.,epifit.  ilvi,  arUSO. 


d'un  état  pathologique.  5&5 

Au  point  de  vue  physiologique,  les  ovaires  ne  me  parais- 
sent  pas  avoir  sur  le  sens  vénérien  toute  Tinfluence  que 
d'aucuns  leur  attribuent.  Il  est  vrai  que  Hessychius  et  Sui- 
das accusent  Gigès  d'avoir  fait  extraire  les  ovaires  à  certai- 
nes femmes  pour  en  obtenir  plus  de  volupté;  mais,  par 
contre,  quelques  autres  historiens  assurent  que  les  Créo- 
phages,  peuples  de  l'Arabie,  étaient  dans  l'usage  de  prati- 
quer cette  sorte  de  castration  sur  les  femmes  qu'ils  voulaient 
employer  en  qualité  d'eunuques  dans  leur  palais  ;  et 
Boerhaave  rapporte,  d'après  Wier  et  de  Graaf,  le  fait 
d'un  chètreur  de  porcs,  qui,  irrité  du  désordre  dans  lequel 
vivait  sa  Glle,  lui  extirpa  les  ovaires,  et  éteignit  ainsi  chez 
elle  le  feu  qui  la  dévorait  auparavant  (1). 

Des  observations  tendant  à  prouver  le  même  fait  ont  été 
rapportées  par  J.-A.  Coock  (2),  Colombi  (3),  Robert 
Gooch  (A),  etc.  De  plus,  certaines  relations  ont  été  notées, 
d'une  part,  entre  l'énergie  du  sens  génital  (désirs  et  plaisirs), 
et  d'autre  part  entre  l'étal  des  ovoires  et  la  menstruation  : 
ainsi,  pour  les  ovaires,  Théoph.  Bonet  raconte  l'histoire 
d'une  jeune  Glle  dont  Tamour  contrarié  amena  la  mort,  et 
qui  présenta  a  l'autopsie  les  ovaires  gonflés  et  contenant  des 
vésicules  volumineuses  (5).  Pour  les  menstrues,  on  a  remar- 
qué que  le  désir  et  le  plaisir  vénériens  sont  plus  prononcés 
à  l'approche  des  règles  qu'à  toute  autre  époque;  et  que 
rbi^morrhagie  mensuelle  est  plus  abondante  chez  les  femmes 


(4)  PrœlectUmes  academicœ,  t.  YI,  p.  4  27,  et  de  Graaf,  De  muUer, 
organis  (^Biblioth,  anatom,  de  Mangel,  1. 1,  p.  643). 

(i)  Journ.des  connaiss.  médico-chirurgie. ^  t.  IV,  p.  4  63. 

(3)  Frank  de  Franknau,  Satirœ  medicœ,  p.  44. 

(4)  Lectures  on  midwifery^  etc.  Londres,  4  830.  in-8,  chap.  I,  secl.  2. 

(5)  Sej[mlchreium,  secl.  8.  p.  246. 


5AA  FKIGIDITR    SÏMPTOMATIQUI 

voluptueuses  que  chez  celles  qui  vivent  dans  In  chjis- 
teté  (1). 

L'opinion  que  ces  faits  expriment  u  généra k'ment  cours 
dans  la  science,  è  ce  point  que  Ilaller  et  Carus  sont  sll^ 
jusqu'à  dire  :  ^  que  la  |iropension  de  In  femme  aux  plaisirs 
de  Vénus  rst  en  raison  directe  du  plus  ou  moins  de  vitalité 
dont  jouissent  les  ovaires,  et  mOmc  de  leur  volume  plus  ou 
moins  considérable,  et  de  leur  turgescence,  u 

Je  ne  puis  accepter  une  opinion  aussi  absolue  en  préwMce 
des  faits  dont  nous  sommes  tous  les  jours  les  li^moins.  La  mé- 
nopause amène  rulropliie  des  uvairos;  après  l'A^e  critique, 
ces  organes  diminuent  de  volume,  et  n'entrent  plus  en  tur- 
gescence ;  et  cependant  le  sens  i^énésinque  ne  suit  pas  les 
lois  de  ce  dépérissement,  et  l'on  voit,  tous  les  jours,  ties 
femmes  dont  les  règles  ontdisparu  depuis  longtemps,  goAter 
les  plaisirs  de  Vénus  avec  une  ardeur  à  laquelle  portcraîenl 
envie  maintes  femmes  bien  nuiistruées. 

Enfin,  j'ai  connu  une  jeune  femme  de  vingt-deui  ans.qut, 
malgré  une  absence  ubsnlue  de  menstruation,  ctail  iigilûe  par 
les  désirs  vénériens  les  plus  imjiétucui;,  et  trouvait  dans  le 
coït  une  source  toujours  nouvelle  et  toujours  abondante  de 
voluptés.  Celle  jeune  femme,  poussée  par  le  besoin  irrésistible 
des  rapprochements  sexuels,  sans  qu'elle  manifestât  d'autre 
symptôme  d'érotomanie,  (jiiilla  un  jour  la  maison  paternelle 
el  vint  dans  la  ville  voisine,  où  elle  ne  tarda  pas  à  ne  livrer 
h  la  prostitution.  Cinq  années  pnssées  dans  celle  condition 
misérable  ne  purent  contenter  sa  lubricité,  à  laquelle  la 
mort  mit  enlin  un  terme.  A  l'nutopsie,  à  laquelle  j'assiMai, 
et  qui  eut  lieu  à  l'Iiâjiital  Sainl-fCloi  de  IMonlpetlier,  on  coo- 
■tata  l'alrophie  des  deui  ovaires,  qui  n'étaient  représentés 


(1)  Bordscl),  nuiiolofit.  i.  1,  p.  SU». 


Il    ii-prcpcain       ■ 


FRIGIDITÉ    CONSÉCUTIVE.  5A5 

que  par  des  espèces 'de  tubercules  perdus  dans  les  liga- 
ments. 

Mais  je  m'arrête.  Sans  contester  les  relations  qui,  chez 
la  femme,  comme  chez  l'homme,  unissent  le  sens  vénérien 
k  l'organe  génital  par  excellence,  j'estime  que  c'est  aller 
trop  loin,  et  que  c'est  s'exposer  à  des  mécomptes  que  de 
▼oir  dans  la  menstruation  (fonction  ovarienne)  le  thermo- 
mètre, si  je  puis  ainsi  dire,  du  plaisir  vénérien,  et  de  consi- 
dérer l'absence  de  cette  fonction  ,  et  par  conséquent  le 
manque  ou  le  dépérissement  de  l'ovaire,  comme  un  signe 
tout  à  la  fois  d'infécondité  et  de  frigidité. 

En  résumé  : 

Le  sens  vénérien  n'est  en  aucune  manière  sous  l'empire 
de  l'utérus  ;  il  entretient  plus  de  sympathies  avec  l'ovaire, 
qui  n'est  pas,  tant  s'en  faut,  la  source  unique  de  ses  exci- 
tations. 


CHAPITRE  IV. 

FRIGIDITÉ     CONSECUTIVE. 


Les  circonstances  de  diverses  natures  auxquelles  peut 
succéder  la  frigidité  chez  la  femme  sont  beaucoup  moins 
nombreuses  que  celles  qui  amènent  l'impuissance  chez 
l'homme.  Aussi,  sans  admettre  en  cette  place  toutes  les 
divisions  que  j'ai  poursuivies  dans  le  chapitre  consacré  à 
l'impuissance  consécutive  chez  l'homme,  je  partagerai  en 
deux  grandes  classes  les  circonstances  physiologiques  ou 
pathologiques  qui  peuvent  être  suivies  de  frigidité  ;  elles 
seront  générales  ou  locales. 


35 


fRIGIDITt    CUNtftCUTIVI 


i' Circonstances  f/énéraies. 


Lescirconslances  géuéralt-gdont  le  n't8n(i*»ment  torlc 
KM  génilal  est  a»sei  profond,  »oit  pour  itcifidre  lei  àénn 
vénériens,  iioît  pour  Huspcndru  la  ««iisibilitÛMpécialede  l'ap- 
(wreil,  apporlieiinent  toutes  au  (Jornaioe  pnlhologique;  ce 
sont  prinopalemeni  les  alfeclions  dont  l'inOuence  délétère 
a  jiorlé,  ou  sur  l'iunervutîon,  ou  sur  les  forces  plutiques. 

Je  ne  parle  pas  ici  des  altéralioiis  orf{anii|ue»  de»  centre* 
nervi-iix,  niinmL<  le  ramollifi^cinent,  ks  contestions  mo- 
gulnn»!  011  sén>u<>Cïi,  les  nom prer^s ions,  etc.,  du  cerveau  ou 
de  la  moelle,  dont  la  paralysie  morale  ou  physique  est  sou- 
vent In  ronsétfuence;  mois  île  les  affections  |t<^n6rflles  de  l'tn- 
ncrvalion,  dont  le  siège  est  inconnu,  (foi  ne  laissent  aprte 
elles  niicune  (race  matérielle  de  leur  passage,  et  qui  aomt 
désignées  dans  la  science  sous  le  nom  de  névroses.  De  toutes 
les  névroses,  l'épilepsic  est  celle  qui  puriilt  jouer  le  rdle  le 
])Uis  important  dans  le  sujet  qui  nous  occupe,  et  son  action 
onlisensuelle,  si  je  puis  m'eiprimer  ainsi,  se  fait  égalemenl 
sentir  sur  le  penchant  vénérien  et  sur  les  organes  de  ta 
volupté. 

Ce  fait  semble  pcut-Ëlre  on  opposition  avec  la  saUcité 
remarquable  que  présentent  l(>s  idiots,  presque  tous  épile|H 
ti<iues;  mais  celle  conlradiclioii  n'est  qu'apparente, car  la 
salacilé  appartient  a  l'idiotisme  et  non  à  l'épilepsie;  et  secon- 
dement, elle  (oinride  ovec  l'existence  de  raffection,  tondia 
que  je  considère  l'état  du  sens  génital  après  la  disparition  de 
la  maladie.  Dans  le  premier  cas,  la  salacité  est  unsjmptàme 
du  mal  ;  dans  le  second,  la  frigidité  nVn  est  qu'une  consé- 
qnence. 

Celte  langueur  vénérienne  qui   succède  parfois  é  l'éui- 


FRIGIDITÉ  coNgÈctrrive.  5&7 

lepsie  a  une  durée  très  variable.  Si  le  mal  caduc  a  cessi^ 
•Tant  rétabli.«9emenl  des  règle»,  il  se  peut  que  la  menstrua- 
tion ramène  la.vie  dans  le  sens  génital  et  fixe  dans  leur  voie 
Dormale  les  aspirations  de  la  puberté  ;  tout  se  passe  alors 
comme  à  l'ordinaire.  Mais  si  Tépilepsie  a  existé  pendant  la 
période  menstrueilOy  soit  que  la  fonction  cataméniale  ait  été 
troublée,  soit  qu'elle  ait  toujours  suivi  ses  évolutions  régu- 
lières, l'indifférence,  et  même  l'éloignement  pour  les  plai- 
sirs seiuels,  s'ils  succèdent  à  l'épilepsie,  persistent  pendant 
un  temps  dont  il  est  difficile  de  déterminer  la  longueur. 
Souvent ,  une  crise  favorable  se  produit  è  la  suite  d'une 
émotion  vive,  imprévue,  comme  une  grande  douleur  ou 
une  grande  joie;  la  gestation  peut  amener  le  même  ré- 
sultat, et  alors  la  femme  qui  avait  conçu  sans  plaisir  trouve 
dans  sa  gcossesse  une  source  toute  neuve  de  voluptés* 

Quand  la  nature  est  impuissante  è  ranimer  elle  seule 
l'ardeur  du  sensgénital,  Tart  doit  intervenir  et  appeler  tout 
è  la  fois  è  son  aide  les  excitants  moraux  et  les  excitateurs 
locaux  de  la  sensibilité  génitale,  sur  lesquels  je  me  suis 
assez  longuement  expliqué  ailleurs  pour  qu'il  soit  inutile  d'y 
revenir  ici. 

Il  suffit  également  d'indiquer  comme  une  source  de  fri- 
gidité consécutive  toutes  les  affections  qui  ont  profondé- 
ment altéré  les  forces  plastiques  de  l'économie  ;  le  sommeil 
du  sens  génital  est  la  conséquence  logique  de  l'absence  de 
la  vitalité,  et  son  réveil  coïncide  avec  le  retour  des  forces 
vitales.  De  semblables  banalités  me  dispensent  de  plus  longs 
développements. 

2*  Circonstances  locales. 

Ces  circonstances  sont  sous  la  dépendance,  ou  d'actes 
physiologiques,  ou  d'états  morbides;  en  d'autres  termes,  la 


548  mifllVlTi    CONlicUTIVE. 

frigidité  dont  il  s'ogit  ici  est  amenée  par  l'occoniptissetnfinl 
ricieni  ou  nbusifd'une  fonrtion  |ihytioio(>i(|ue  de  rappsreil 
génital,  on  est  le  reliquat  d'une  maladie  de  ce  fnfrmo  ap- 
pareil. 

An  nombre  des  fondions  vicieusement  accomplies  de 
l'appareil  g^nilal  <]ui  peuvent  déterminer  l'iniiensibililé 
génétique,  est  roccouciiemcnt. 

Et  parmi  les  fonctions  ahmivement  accomplies  du  même 
appareil,  sont  leii  eicôs  vénériens  par  le  coït  ou  la  maslof 
bation. 

Dana  le  premier  cas,  la  frigidité  a  pour  préteile  la  lésion 
matérielle  des  organen. 

Dans  le  second  cas,  au  contraire,  la  frigidité  >'etplM|oe 
par  l'altération  de  l'innervation  générique. 

Accouchement.  — Pour  ceux  qui  placent  dans  le  clitoris 
seul  le  siège  du  plaisir  sexuel  chei  la  femme,  l'accoDche- 
menl,  quelque  laborieux  qu'on  le  suppose,  ne  doit  jamais 
porter  atteinte  è  celte  fonction,  parce  que  la  déchirure  de 
la  vulve,  quand  elle  se  produit,  a  lieu  i  la  fourchette  et  non 
è  la  commissure  supérieure  des  petites  lèvres. 

Pour  ceux,  au  contraire,  qui,  à  l'exemple  de  M.  KobHl, 
Ibnt  découler  le  plaisir,  chei  la  femme,  du  jeu  harmonique 
de  tout  l'appareil  copulnleur,  et  qui  attribuent  aux  bulbes  Ha 
vagin  un  réie  considérable,  l'acrouchcment  long  et  pénible 
peut  devenir  une  cause  de  trouble  dans  cet  appareil  par  les 
congestions  et  les  déchirures  que  la  tète  trop  volumineuse  de 
l'enfant  est  capable  de  déterminer  sur  ces  parties;  mais  ai 
l'on  considère  l'élaslicité  dont  sont  douées  les  parois  Tagi- 
nales  et  la  moindre  résistance  qu'offre  la  partie  inférieure 
de  la  viilte.  on  avouera  que  la  parturition  doit  bien  rare- 
ment amener  une  lésion  des  bulbes,  et  être,  par  conséquent, 
une  cause  très  éloignée  de  frigidité. 


FRIGIDITÉ    CON8ÉC0T1VB.  5&9 

Il  faut  reconnaitre  eiïectivement  que  cette  couse  est  exces- 
sivement rare  et  qu'elle  a  pu  échapper  d'aulant  plus  facile- 
ment aux  observateurs  que  ses  effets,  outre  qu^ils  sont  rapi- 
dement réparables  è  cause  de  la  nature  même  des  parties 
lésées,  se  manifestent  dans  des  circonstances  peu  favo* 
râbles  au  coït. 

Que  la  lésion  porte  sur  le  muscle  bulbo-caverneux  ou 
sur  le  tissu  érectile  des  bulbes  eux-mêmes,  il  n'en  est  pas 
moins  démontré  pourmoique,  dans  quelques  cas,  le  passage 
i  la  vulve  de  la  tète  de  l'enfant  détermine  une  lésion  qui 
empêche  le  sang  de  venir  des  bulbes  dans  les  corps  caver- 
neux du  clitoris,  et  qui,  par  suite,  rend  impossible  l'espèce 
d'érection  clitoridienne  nécessaire  pour  la  manifestation  du 
plaisir. 

Cette  impossibilité  d'érection,  qui  entraîne  fatalement 
l'impossibilité  du  plaisir,  mais  non  pas  celle  des  désirs 
vénériens,  a  une  durée  variable,  de  un  à  huit  jours,  pendant 
laquelle  on  peut  s'assurer  de  la  réalité  de  la  lésion  en  titil- 
lant le  clitoris. 

Mon  attention  fut  pour  la  première  fois  dirigée  de  ce  côté 
par  les  confidences  d'une  femme  qui,  voulant  se  masturber 
quelques  jours  après  son  accouchement,  ne  put  jamais, 
quoi  qu'elle  ftt,  se  procurer  les  sensations  voluptueuses 
qu'elle  recherchait;  elle  ne  les  retrouva  qu'après  un  repos 
aasez  long. 

Cette  espèce  de  frigidité,  eu  égard  à  sa  courte  durée  et 
aux  circonstances  au  milieu  desquelles  elle  se  produit,  n'a 
pas  une  importance  pratique  bien  grande,  et  ne  doit  pas, 
conséquemment,  m'arrêter  davantage. 

Excès  vénériens.  —  Les  excès  vénériens,  outre  la  satiété 
et  une  certaine  répugnance  morale  dont  je  parlerai  tout  à 
l'heure^  conduisent  à  la  frigidité  par  deux  voies  différentes  : 


550  FRIOlDITt   CONStCUTIVK. 

taillât  ils  émoussent  la  «eiivibilité  gi^oilalc,  el  taiilftl,  au 
traire,  ils  lu  Muretcilent  ju«i)u'ii   en   reiitlre  let  minifetU' 
tioiiH  morbiden  et  doulourBURes. 

Le  pnniicr  i<ITt-t  semble  résulter  plus  ii|iéciateinetil  4t» 
eicè»  dfl  cuit,  taiiilit  que  lo  lerund  (tarait  âtre  )>lua  fjartii 
lièrctnent  som  la  ilépendauredescicès  d'uii.iiiiarue. 

Letcnnséfjuenres  morale»  qu'nnièn«iit  ic»  deut  variété 
d'abuM  dus  mémeH  urganes  lont  ét;Bli>ni«itt  différente»  : 
taridÎK  que  leK  excès  de  coït  ini|)irent  la  Daliété,  eapèce 
tle  lasaitude  et  d'alai));uissemi)nt  deii  désirs,  les  uitis  de 
masturbation  d(.'teriiitMent  uuu  r(J|iuUiori  plus  uu  moint 
marijuée  pour  les  rapporta  leiuels. 

il  l'oiivienltlonc  li'eiumilier  siiparémentce»  deui  nt>pt;cM 
d'pxcî'S,  d'antani  mieux  que  l<i  frigidité  qu'ih  eiitralneat 
exige  des  indications  thérapeutiques  dilTérenles. 

Etcfes  DB  COÏT.  —  Les  excès  de  coil ,  euvisagéa  leulemeot 
ious  le  rapport  de  la  frigidité,  exercent  une  action  délé- 
tère et  sur  les  organes  de  la  copulation  et  aur  le  principe 
des  dérirs  véiii^rieiis. 

C'est  à  ce  double  point  de  vue  que  je  me  propose  de  les 
étudier. 

l'Aclim  des  excès  decoU  sur  les  organes  de  la  copt^ation. 
—  Qu'on  me  permette,  avant  toute  chose,  de  rappeler  lea 
observations  intérestaiitei  que  Parent-Duchatelet  a  recueil- 
lies sur  les  prostituées,  Ivpe^ ,  par  métier,  des  escia  de 
coït:  «  Les  prostituées,  dit-il,  présentent Tréquemmeot,  dans 
l'épaisseur  des  grandes  lèvres,  des  tumeurs  qui  commenceot 
par  un  petit  noyau  d'engorgement  et  se  tuméfient  à  cba<)ue 
époqnc  menstruelle  ;  on  ne  les  observe  jamaia  que  d'iw 
cdlé  è  la  Tois,  et  lorsqu'elles  sont  abandonnées  k  elles- 
mêmes,  elles  iicquièrent  un  volume  asseï  considérable  i elle» 
sont  iudolentes,  et  ne  gênent  les  femmes  qui  les  portent  que 


H 


FRIGIDITÉ    GON8ÈC0TIVK.  55t 

d'une  manière  purement  mécanique.  Il  est  rare  que  ces  lu* 
meur^  soient  fibreuses;  le  plus  ordinairement,  elles  sont 
remplies  d'un  liquide  albuinineux  très  épais,  ou  d'une  sub- 
stance mélicérique.  Quelques-unes  se  développent  aussi  è  la 
base  des  petites  lèvres  ;  ces  dernières  sont  de  même  nature 
que  les  autres,  mais  fort  douloureuses,  et  n'acquièrent 
jamais  un  ^rand  développement. 

»  Le  métier  des  prostituées  explique  le  travail  inflam* 
matoire  qui  se  développe  quelquefois  dans  ces  tumeurs  et  les 
fait  aboutir,  mais  elles  se  remplissent  en  peu  de  temps,  et 
déterminent  des  fistules  désagréables;  on  ne  peut  guérir 
ces  fistules  qu'en  enlevant  les  kystes  qui  les  forment  ou  en 
les  faisant  suppurer. 

»  Tous  ceux  qui  ont  eu  occasion  de  percer  ces  kystes  et 
d'enlever  ces  tumeurs  s'accordenl  sur  la  fétidité  extrême  du 
liquide  qu'ils  contiennent;  sous  le  rapport  du  désagrément 
que  procure  cette  fétidité,  aucun  liquide  pathologique, 
suivant  ce  que  m'a  dit  plusieurs  foisDupuytren,  ne  pouvait 
lui  être  comparé.  Celte  fétidité  est  inhérente  au  liquide,  et 
ne  peut  pas  être  attribuée  ù  la  présence  de  Pair.  Je  tiens  des 
chirurgiens  du  dispensaire  que,  lorsqu'ils  sont  obligés  d'ou- 
vrir ces  tumeurs,  ils  se  servent  d'un  bistouri  à  manche  très 
long,  pour  éviter  le  contact  du  liquide,  et,  par  conséquent, 
l'odeur  qui ,  sans  celte  précaution ,  resterait  inhérente  à 
leurs  mains  pendant  deux  ou  trois  jours,  sans  qu'il  fût  pos- 
sible de  la  faire  disparaître. 

»  Rien  de  plus  fréquent  que  les  abcès  ordinaires  dans 
répaisseur  des  grandes  lèvres  ;  ils  ont  toujours  une  marche 
aiguë,  et  se  terminent  comme  chez  toutes  les  autres  femmes 
qui  y  sont  fréquemment  exposées. 

»  Il  n'en  est  pas  de  même  de  ceux  qui  se  développent 
quelquefois  dans  la  cloison  recto-vaginale,  partie  qui,  sui- 


552  tRiniDiTS  (:u!<sA<:iiTivii. 

vaiil  <|ueli|ues  obsertutcurs,  est  très  amiiicm  cliex  |ps]»rot(i> 
tuées  i  ils  dégénèrent  souvent  en  fistules  très  ilinîciles  • 
guérir,  et  que  gardent  souvent  |>eiidnnt  toute  la  >ic  relies 
qui  les  portent;  le  plus  ordinairement  c!e«  Kstutes  sn  rétré- 
cissent et  ne  mettent  pas  obstacle  h  l'ciercice  du  métier.  A 
l'époque  où  je  faisais  mes  reirberclies  dans  lu  prison,  il  n'j 
trouvait  cinq  on  sii  filles  »vec  celle  inlïrmilé;  les  méilerins 
de  cet  établissement  estimaient  qite  le  nombre  des  tilles  qui 
exerçaient  leur  métier  dans  Paris  ovet:  cettti  dégoùlanle 
iiilirmité  pouvait  bien  élre  de  trente.  Qui  te  rroiritit?  on 
a  vu  (le  ces  fistules  guérir  complètement,  malgré  l'influence 
de  tant  de  causes  capables  de  les  entretenir  et  de  les  ag- 
grover.  Ce  n'est  pas  cependant  ce  qui  arrive  le  plan  ordi- 
nairement: cbei  une  fille,  les  lenlalives  que  l'on  fit  poor 
obtenir  la  guéridon  déterminèrent  une  ouverture  d'une 
dimension  telle,  que  les  dcui  conduits  ne  furntaicnl  pltn 
qu'un  seul  cloaque,  ce  qui  i>'empécbait  pas  que  rcUc  fille 
fût  une  des  plus  recherchées — 

»  D'après  les  observations  faîtes  dans  les  infirmerie)  ilrs 
prisons,  ces  listules  recto-vaginales  coïncident  presque  tou- 
jours avec  (a  plilliisie;  un  y  a  vu  aussi  qu'elles  s'accom* 
pagnent  souvent  d'un  engorgement  des  grandes  lèvres.  Mtis 
cet  engorgement  n'est  pas  une  infiltration  ou  un  œdème 
ordinaire,  il  est  dur  et  résistant  ;  il  ne  cède  pas  h  la  |iret- 
sion  et  ne  détermine  pas  de  douleur. 

>i  Cette  inlirmilé  prend  quelquefois  un  tel  accroissement 
chet  quelques  tilles,  qu'elles  ne  peuvent  plus  faire  leur  mé- 
tier, et  que,  devenues  it  charge  à  elles-mêmes,  elles  cber- 
chcnl  un  asile  pour  y  terminer  leur  triste  eiistencc  :  e*e»l 
ordinairement  l'inlirmerie  de  la  prison  qu'elles  cboisiiSFiit 
de  préférence,  et  diins  laquelle  elles  se  font  enfermer,  etc.  (t)a. 
(I)  Dt  la  protlifuiion  lUm*  la  ville  de  ParU,  t.  I,  p.  SSD  el  «uhr. 


!SD  el  «uhr.  j 


FRIGIDITÉ    GONSÈGUTIVK.  553 

Parmi  les  infirmités  dont  Parent-Uuchatelet  vient  de 
nous  dérouler  le  tableau,  les  unes,  et  c'est,  à  ce  qu'il  parait, 
le  plus  grand  nombre,  ne  produisent  aucune  douleur, mais 
peuvent  devenir,  soit  un  obstacle  à  l'intromission  de  la 
verge,  soit  un  motif  de  répugnance  et  de  dégoût  ;  les  autres 
déterminent  des  souffrances  qui,  non-seulement  éloignent 
les  pensées  vénériennes,  mais  encore  empêchent  toute  ma- 
nifestation de  volupté:  dans  ce  cas  sont  les  tumeurs  des 
grandes  et  des  petites  lèvres,  et  quelquefois  aussi  les  fistules 
vaginales. 

Mais  ces  affections,  qui  occupent  dans  le  cadre  nosolo- 
gique  une  place  spéciale,  ne  doivent  pas  m'arrèter  plus 
longlemps. 

Il  me  faut,  au  contraire,  parler  d'une  transformation  que 
subit  la  muqueuse  vulvaire  et  vaginale,  et  qui  n'est  pas  sans 
influence  sur  le  développement  du  plaisir  erotique. 

Cette  transformation,  bien  connue  du  public  quia  infligé 
è  la  femme  qui  le  porte  une  dénomination  caractéristique, 
n'est  autre  chose  que  la  sécheresse  et  le  durcissement  de 
cette  membrane  :  on  dirait  que  la  muqueuse,  sous  l'influence 
du  contact  souvent  renouvelé  de  la  verge,  subit  des  change- 
ments analogues  à  ceux  par  lesquels  passent  chez  le  fœtus 
les  téguments  externes  avant  de  revêtir  les  caractères  épider- 
miqucs  ;  la  muqueuse  vulvaireet  vaginalerdevient  une  véri- 
table peau,  un  parchemin  ridé,  que  n'assouplissent  plus  les 
sécrétions  sébacées. 

Celte  transformation,  que  j'ai  eu  occasion  de  constater 
quelquefois  chez  des  femmes  qui,  par  métier,  faisaient  abus 
de  leurs  organes  génitaux,  tient  peut-être  moins  aux  excès 
du  coït  qu'à  des  lavages  fréquents,  soit  avec  de  l'eau  froide, 
soit,  et  c'est  le  plus  souvent,  avec  des  substances  aroma- 
tiques et  astringentes.  Mais  que  cette  transformation  recon- 


une  ȎclMB^| 


55&  KKiGiuiTft  cons^krtTivB. 

naisse  Ich  excèi  de  coit  comm«  ratue  ilirecle 

cause  iiiilirecte,  toujours  csl-il  i)uc  la  sensibilité  génilale  m 

est  proruriili^meiil  siïectée,  et   i{ue   le   plaisir  vénéri«o  «I, 

sinon  complétemnit  su!i|ien(lu,  du  oioiiis  (-on^wlérableiMOl 

afisibli. 

Cet  Atat,  dont  la  Femme  a  prc»c|ae  tnujoun 
est  racilemeot  recoiinaiititilile  nu  toucher,  l.e  doigl,  inlrodlîl 
dans  le  vagin  sans  l«  secours  il'un  corp*  gras,  gMue  dtflM^j 
lement  entrt;  tes  parties  et  ronstate  «nnit  |>eiQe  une  »éclMB 
reïseetdos  rugosités  qui  ii'j  «ont  pos  ordinaire;  la  tempé> 
rature  n'}  est  psx  sensiblemcnl  diminuée  ou  augrovolée,  et 
l'on;  sent  rarement  les  contraclionstibrillaire*  détemtiniet 
quelquefois  par  la  firésence  de  l'iuilicateur. 

Sans  doute,  je  le  répète,  le  cbaH)!emi-nl  que  je  signale 
est  insulTisaiit  pour  amener  une  complète  frigidité;  mais 
il  peut  à  ce  point  affaiblir  la  sensibilité  génitale  que  le 
coït,  perdant  son  stimulant  naturel,  devienne  pour  la 
femme  un  acte,  sinon  odieux,  du  moins  à  peu  près  indiffé- 
rent. 

Il  importe  donc,  surtout  si  l'on  se  place  au  point  de  vue 
des  rapports  conjugaux,  d'obvier  k  un  état  qui,  sans  parler 
des  inconvénients  dont  il  atteint  la  femme,  peut  jeter  entre 
les  deui  époux  le  (rouble  et  le  désordre. 

Avant  toutes  choses,  il  fuut  interdire  les  lavages  froids 
ou  aromatiques,  que  l'on  rempliicera  avec  avantage  par  des 
injections  ot  des  bains  locaux  chauds.  On  tiendra  à  demeure 
des  cylindres  mous,  enduits  d'un  corps  gras  auquel  je  me 
suis  toujours  bien  Iruuvé  d'associer  l'opium;  et  dans 
quelques  circonslances,  surtout  si  la  muqueuse  est  pAle  flt 
décolorée, on  portera  sur  elle  une  iiction  irritative,  comme 
celle  de  la  moutarde,  par  exemple. 

Mais  si  la  transformation  est  complète,  c'est-à-dire  si  les 


FRIGIDITÉ   GONStCUTlYK.  555 

sources  de  la  sécrétion  des  follicules  sont  tariesyil  ne  faut 
pas  espérer  les  rouvrir  et  se  bercer  d'un  cs|)oir  qui  est  au- 
dessus  des  ressources  de  notre  art.  Cependant  il  importe  de 
De  pas  trop  se  hâter  d'arriver  à  cette  conclusion,  et  Von  oe 
s'avouera  vaincu  que  lorsqu'on  aura  longtemps  rais  en 
usage  les  prescriptions  que  je  viens  de  formuler. 

2"  Action  des  excès  de  coït  sur  tes  désirs  vénériens.  — • 
Esquirol,  d'après  des  tableaux  statistiques  qu'il  avait  dres- 
sés à  la  Salpètriëre,  établit  que  Tuliénation  mentale  est 
excessivement,  fréquente  parmi  les  prostituées,  mais  que 
rien  n'est  plus  rare  chez  elles  que  le  délire  erotique,  que  ce 
délire  soit  chronique,  comme  dans  la  folie,  ou  qu'il  soit  le 
résultat  de  fièvres  ou  de  maladies  aiguës. 

En  raisonnant  par  déduction,  il  faut  admettre  que  la  pas- 
sion erotique  est  bien  aiïaiblie  chez  les  prostituées,  puisque 
le  délire,  qui  eslordinairement  le  miroir  dans  lequel  viennent 
se  réfléchir  les  passions  dominantes,  ne  porte  que  très  rare- 
ment l'empreinte  des  idées  vénériennes,  et  que,  par  consé- 
quent, le  métier  auquel  elles  sont  condamnées,  c'est-à-dire 
les  excès  de  copulation  ne  sont  pas  étrangers  à  cet  alao- 
guissemeutde  l'aiguillon  sexuel. 

L'observation  est  ici  d'accord  avec  la  théorie;  les  excès 
vénériens,  comme  toutes  les  choses  dont  on  fait  abus,  en- 
gendrent la  satiété,  et,  par  suite,  l'indilTérence.  Le  monde 
nous  offre,  dans  les  deux  sexes,  des  exemples  nombreux  de 
cette  satiété,  et  aujourd'hui  que  les  jouissances  de  l'amour 
sont  souvent  cueillies  par  un  âge  qui  se  devrait  seulement 
préparera  les  savourer,  on  rencontre  à  chaque  pas  de  ces 
jeunes  blasés  qui  se  font  honneur  de  la  sécheresse  de  leur 
cœur  et  qui  étaleraient  volontiers  l'impuissance  et  la  flétris- 
sure de  leurs  organes. 

La  femme  ne  se  soustrait  pas  plus  que  l'homme  aux  suites 


55t>  KHIGIUITÉ    CONSfiCUTIVIi. 

inévitables  de  la  satiété,  et  ne  jouit  (lus  ili;  l'iieureut  {irni* 
lége  (le  garder  en  sod  ânie,  olurs  qu'elle  abuse  de  ses 
organes  génitaux,  les  aspirations  amoureuses  et  les  désirt 
vénériens  qui  la  remplissaient  naguère.  Le  vide  se  fait  éga- 
lement en  elle,  et  alors  elle  tombe  dans  cet  état  d'apalbîc 
morale  caractérisée  par  la  sus|)ensioii  ou  la  ruine  de  tout 
sentiment. 

Quand  il  n'y  a  que  suspension,  la  nature, si  on  la  seconde 
par  le  repos  généslaque  et  par  une  excitation  morale  habi- 
lement conduite,  la  nature,  dîs-je,  lînil  toujours  par  re- 
prendre ses  droits  et  par  restituer  à  la  Temme  les  mobiles 
sensuels  qui  la  font  se  rapprocher  de  l'autre  se\e. 

L'abolition  délinitive  des  désirs  copulateurs,  k  la  suite 
d'cicès  vénériens,  est  très  rare,  et  elle  n'a  guère  lieu  qne 
lorsqu'elle  s'accompagne  de  la  frigidité  physique.  Dans  ce 
cas,  toutes  les  ressources  de  l'art  sont  inutiles,  cl  la  femme 
est,  en  quelque  sorte,  dans  un  sexe  neutre;  mais,  je  le 
répète,  ces  cas  sont  plus  rares  >[u'ot)  ne  pense,  et  il  suffit 
souvent,  pour  voir  renaUre  Icsdésiri,  de  substituer  au  liber- 
tinage une  continence  soutenue  par  les  dislructions,  et  en 
même  temps  irritée  par  des  excitations  puisées  surtout  daus 
te  domaine  du  moral. 

Exchde  mustur/Htlion.  —  Tous  les  auteurs  qui  ont  pris 
la  masturbation  pour  sujet  de  leurs  études,  se  sont  plu,  dans 
une  intention  louable  sons  doute,  mais  qui,  bien  souieot, 
n'a  pasatteint  le  butqu'ilsse  proposaient, se  sont  plu.  dis-je, 
i  rembrunir  sans  mesure  les  couleurs  avec  lesquelles  il» 
peignaient  les  maux  qu'entraîne  cette  funeste  habitude  ; 
l'ouvrage  de  Tissot  est  resté,  sous  ce  rapport,  un  litre 
classique. 

Si  ce  n'était  pas  sortir  de  mon  cadre,  il  serait  facile  de 
prouver  combien  ces  peintures  sont  tout  h  la  fuis  etagé- 


FRIGIDITÉ   G0N8ÉGUTIYB.  557 

rées,  inutiles,  et  même  dangereuses;  la  stricte  vérité  est 
suffisamment  hideuse  par  elle-même  pour  qu'il  ne  soit 
pas  nécessaire  de  la  charger  d'images  purement  imagi- 
naires. 

Cependant  il  est  incontestable  que  les  excès  d'onanisme 
attaquent  la  vie  dans  sa  source  et  pervertissent  quelquefois 
Iq  sensibilité  d'une  manière  étrange.  Au  point  de  vue  qui 
nous  occupe,  la  perversion  que  je  viens  de  signaler  se  porte 
moins  sur  la  sensibilité  physique  que  sur  la  sensibilité  mo* 
raie;  car  sous  le  rapport  organopathique,  la  sensibilité 
générale  est  bien  plus  souvent  atteinte  que  la  sensibi* 
lité  génitale. 

Mais  celle-ci,  par  suite  des  troubles  apportés  dans  la 
sensibilité  morale,  ne  se  soustrait  point  à  l'influence  néfaste 
de  l'onanisme;  elle  la  subit  d'une  manière  bien  réelle, 
quoique  indirecte,  et  mérite  par  conséquent  que  l'on  s'y 
arrête. 

Le  masturbateur,  quel  que  soit  le  sexe  auquel  il  appar-- 
tienne,  finit  toujours  par  se  complaire  exclusivement  dans 
ses  plaisirs  solitaires,  et  passe  progressivement,  vis-à-vis  de 
l'autre  sexe,  de  l'indifférence  à  Taversion  la  plus  prononcée. 
— Ce  caractère  est  constant  et  a  été  noté  partons  lesobser-- 
vateurs.  —  Je  ne  cherche  point  à  en  trouver  les  motifs  dans 
une  timidité  poussée  à  l'extrême,  ou  dans  un  sentiment 
exagéré  de  la  pudeur  ;  car  si  la  timidité  ou  la  pudeur  peu- 
vent être  le  point  de  départ,  ou  mieux  encore,  l'excuse  de 
la  masturbation,  elles  ne  sauraient  être  la  source  de  la  per- 
version  qui  affecte  la  sensibilité  morale.  L'habitude  ne  me 
paraît  pas  davantage  rendre  raison  du  trouble  que  je  signale, 
et  je  préfère  le  considérer  comme  un  désordre  morbide 
intimement  lié  è  l'onanisme,  ainsi  que  le  sont  la  consomption, 
le  rachitisme,  la  folie,  etc. 


55S  rfiiRiniTk  cofriftcrtivR. 

D'nilleurs  l'éluigiiviiit'iit  (>our  te»  |ilfli*iirti  i)u  OMt  n't§l 
pHs  la  seule  elteitito  quV))raut(>  |p  moral  qui,  tans  fiarkf 
deraiïoibliiDipmf^nl  firoroml  Ae»  InculléR  inlelleclucllt'ii,  |iml 
aller  jusiju'À  In  Mie  el  In  lii'mence  -  tout  le  momie  Kotl  «]im 
lu  niaslurliatGur  sv  réiùk-  par  un  cachet  tout  {isrliculier  Je 
son  <^Ere  moral,  et  que  je  n'ai  |)a.«  a  faire  roMorttr  iri. 

La  répogiinnce  que  le  ma)>turbBleiir  é()rouvc  (lour  le* 
rapport»  setuels  ii'odI  en  aui-uiie  façuit  coinparabif  i  la 
aatitïli^  iinVngfti liront  lt-5  excii  de  coil  :  ci'ucci  «^loufTant  la 
voix  des  tulnpléfl  géiiéiiaqneii,  qunlle  que  loit  d'ailleun 
l'imafte  sou»  laquelle  se  |>réienteiit  ce»  voluptés,  tandi*  qnc 
le*(  excès  d'onanisme  ne  glacent  que  les  dé^rs  il«  la  o>pl- 
lation,  o(  laiitseiit  nubalïter,  a'ih  ne  l'augmentent  encore, 
l'ardeur  pour  le.»  plainira  solitaire». 

Sans  doule  la  frigidité  que  ces  habitudes  entraînent  o'eat, 
k  proprement  perler,  qu'une  frigidité  relative,  pui»i|B'il 
reste  à  In  sensibilité  génitale  un  mode  de  manifestalHm. 
Cependant,  en  rentrant  dans  les  lois  de  lu  physiologie,  el  en 
considérant  que  l'onaniiime  n'est  pas  l'etcitation  natorelle 
de  la  sensibilité  génitale,  on  peut  dire  que  l'aiersion  éprou- 
vée par  les  ma«iurbatt<urs  à  l'endroit  du  rapprochemenl 
sexuel  ronstilne  un  état  morbide  du  moral,  aggravé  de  la 
perveraion  de  la  sensibilité  g<'-nitale. 

C'est  donc  ù  la  cause  première  de  tous  ces  désODJreSf 
c'est-à-dire  à  l'onanisme,  que  la  médication  devra  d'abord 
s'adresser,  et  vr  ne  sern  qu'nprcs  l'oloignement  détinitif  da 
cette  cause  que  l'on  pourra,  s'il  en  est  besoin,  ramener 
dans  la  voie  normale  l'excitant  léoérien  qui  s'épuisait  eo 
des  plaisirs  solitaires. 

Je  nui  pas  à  raconter  tous  les  niujens  miii  en  usage, 
jirières,  menaces,  terreurs,  appareils  protecteurs  ou  c<w- 
tcntiîs,  elc,  etc.,   pour  prétenir  uu  comba<tre  la  t 


prigiditA  gonsécdtiyb.  559 

habitude  de  la  masturbation  ;  les  ouvrages  de  TiMot(l)  et 
de  Deslandes  (2)  renferment,  sur  ces  divers  points,  des 
instructions  précieuses  et  auxquelles  je  renvoie. 

Cependant  le  point  de  vue  spécial  sous  lequel  je  me  suis 
ici  placé,  c'est-à-dire  la  masturbation  chez  la  femme,  me 
fait  un  devoir  d'insister  sur  un  moyen  que  les  auteurs  cités 
plus  haut  n'ont  pas  suffisamment  indiqué,  et  qui  m'a  bien 
souvent  réussi,  alors  qu'avaient  échoué  toutes  les  ressources 
ordinaires  du  raisonnement  et  de  l'intimidation. 

Ce  moyen  est  la  mise  en  jeu  du  sentiment  maternel,  au- 
quel bien  peu  de  femmes  sont  insensibles.  Nous  verrons 
plus  loin  quelle  est  l'influence  exercée  par  la  masturbation 
sur  les  facultés  procréatrices  de  la  femme;  en  attendant,  il 
nous  suffit  de  savoir  que  celte  influence  est  acceptée  comme 
néfaste  par  les  gens  du  monde,  et  que  le  médecin  sera  tou- 
jours cru  quand  il  fera  remonter  jusqu'à  elle  la  stérilité 
future  ou  présente  d'une  femme. 

Il  peut  même  aller  plus  loin ,  et  réveiller,  toujours  au 
nom  du  sentiment  de  la  maternité,  les  désirs  et  les  plaisirs 
seiuels  que  lonanisme  avait  glacés;  il  sufiit  d'évoquer  la 
nécessité  de  la  volupté  dans  le  coït,  pour  que  l'imagination 
rétrouve  les  douces  images,  et  par  suite  les  ineffables  sensa- 
tions, compagnes  de  l'amour. 

Mais  qu'en  de  pareils  conseils  préside  une  sage  pru* 
dei.ce;  car  presque  toutes  les  femmes  savent  que  la  féconda- 
tion ne  s'accomplit  pas  fatalement  au  sein  de  la  volupté,  et 
elles  pourront  sur  ce  point  vous  citer  l'exemple  de  telles  ou 


(4J  Onanisme,  dissertation  sur  les  maladies  produites  par  la  mM- 

turbatiofi, 

(%)  De  V onanisme  et  des  autres  abus  vénériens  conêidéréê  dans  U%»ri 
rapports  avec  la  santé.  Paris,  4835,  iD-8. 


560  FHIGIDire   COKStnUTIVE. 

telles  de  leurs  amies  qui  sont  d<.'tcniiei  ciirciiiles  su  railico 
de  l'indtiïérenoaf^énérieniie  la  plus  complùto.  Il  Taul,  ea 
semblable  circonsluiicc,  prévenir  luut  conflit  entre  le  mé* 
«it'ciii  et  la  mnlaile,  parce  que  relle-ci,  en  une  rostière 
qu'elle  croit  être  plutôt  de  la  t-ompélciice  de  soo  ses»  que 
de  celle  de  l'homme  de  l'art,  s'en  rérérera  laujoars  • 
l'emiéricnre  acquise,  soit  par  elle-même,  ioil  par  set 
rompn^ficDi  aussi,  je  le  répète,  la  plus  firnnde  circoittpce- 
lioii  de»ra  être  observée  sur  ce  point,  et  l'on  verra  pltts 
loin,  alors  que  j'établirai  les  conditions  nécessairei  *  U 
fécondiition,  les  ar((iiments  que  l'on  pourra  tirer  de  la  pré- 
sence ou  de  l'absence  du  plaiitîr. 

Mais  si  le  médecin  échoue  sur  ce  point,  c'est-à-dire  s'il 
ne  peut  cunvoincrc  la  femmr  de  la  nécessité  du  plaisir 
seiuel  pour  la  fécondation,  ou  s'il  s'adresse  à  une  femme 
enceinte  ou  déjà  mère,  il  lui  reste  la  ressource  de  plaider  la 
cause  des  enfaiils,  et  de  les  lui  montrer  frappés  de  rachi- 
tisme ou  de  scrofule:  rarement  une  femme  résiste  h  de  pa- 
reils arguments,  car  dans  ses  rêves  dorés  de  jeune  fille  oa 
de  mère,  elle  donne  à  ses  enfants  une  beauté  idéale  et  une 
santé  impossible. 

Je  le  répèle,  le  sentiment  de  la  mnlernilé,  adroitement 
dirigé,  est,  chez  les  mnsturbatrices,  un  moyen  puissant, 
non-seulement  pour  les  arracher  i  leurs  funestes  habitudes, 
m:iis  encore,  dans  quelques  rirconslances,  pour  éveiller  en 
leur  imagination  les  tendres  pi  usées  et  les  amoureai 
désirs. 

Quelquefois  des  excllanls  moraux  plus  directement  éro- 
lique<i ,  comme  In  lecture  des  romans,  la  société  des 
liommcï,  les  spectacles,  etc.,  doivent  être  mis  en  usage. 
Mais  ici,  comme  en  général  toutes  les  fois  que  l'on  voudra 
ncoiirir  à  de  semblables  ressources,  la  plus  grande  dr- 


FIIIGIDlTé    8YMPATII1QUB.  561 

conspection  est  commandée  par  les  danoers  mêmes  que  ces 
moyens  présentent,  car  tantôt  ils  pervernB^ent  l'esprit  sans 
atteindre  le  but  que  Ton  se  propose,  et  tantôt  ils  ramènent 
à  l'onanisme  les  malheureuses  que  l'on  était  parvenu  avec 
peine  k  lui  arracher. 

Je  me  suis  ailleurs  longuement  eipliqué  sur  l'emploi  de 
ces  moyens  et  sur  les  précautions  que  leur  usage  réclame; 
je  n'y  reviendrai  pas  ici. 


CHAPITRE  V. 

PRIGmiTÊ     SYMPATHIQUE. 

Pas  plus  chez  la  femme  que  chez  l'homme,  les  conditions 
du  plaisir  \énérien  ne  sont  indépendantes  de  la  sensibilité 
générale,  soit  physique,  soit  morale,  et  tous  les  (roubles  de 
cette  sensibilité,  alors  même  qu'ils  n'ont  pour  théâtre 
qu'un  appareil  et  même  qu'un  organe,  retentissent  plus  ou 
moins  sûr  le  sens  copulateur,  selon  les  relations  plus  ou 
moins  étroites  qui  unissent  cet  appareil  ou  cet  organe  avec 
relui  de  la  génération. 

En  parlant  de  l'impuissance  sympathique  chez  l'homme. 
J'ai  dit  que  les  appareils  qui  cntrvtennicnt  avec  le  sens  gé- 
nital les  relations  les  plus  inlimes,  rt  dont  les  désordres  y 
trouvaient  par  conséquent  un  écho  plus  sur  et  plus  direct, 
étaient  l'appareil  digestif  et  l'appareil  cérébral,  en  compre- 
nant dans  ce  dernier  les  fonctions  de  l'innervation  et  les 
facultés  du  moral. 

Chez  la  femme,  les  mêmes  rapports  existent,  mais  ils 
n'ont  d'influence  que  sur  une  seule  condition  du  coït  nor- 
mal, le  plaisir,  tandis  que  chez  l'homme  ils  peuvent  s'op«« 

36 


581  vtiininiT*^  KVMftTHivim. 

poser  11  In  m(iiiif.'*l(iliaii  <!<•  loiitPs   Im  fircoii«t»nee«   fP-"^ 
connues  néri'.wair.n  pour  In  ropiilnlioii,  cVst-i-dire  IVrec- 
Uen  lie  In  verge,  ri'-janiln(ioii  du  .iiicrme.  cl  enRit  le  plsiiir. 

Gepeniliiiit  <|iiBnil  on  roii«iilfre  que,  chez  la  femme,  les 
désirs  Téiiériciii  et  tn  \nlii|>l(^  t^roliijue  conMiltienI  toul 
It  rAle  ictiT  ({nVlle  joue  Aam  \e  coït,  et  que  cVst  prérl^- 
mant  inr  ce*  it^sin  et  rel(f>  votiipté  qu'agis»?»!  sympitbi- 
quemcnl  ](-■>  iroubk's  il«  t'hiiK'rtntioii  on  rt>ut  dn  mont, 
on  est  conduit  à  sdmcttnf  que  l'orlion  de  vfs  sympilbies 
est  îdentiqur  rhoz  l'homme  et  chez  la  femme,  car  d«as 
l'un  et  iloiK  l'outre,  cette  aciioti  nVsl  évidente  que  dans  U 
portion  oftiic  ilc  leur  rôle  respncfif. 

Pourtunl  toute  itympithie,  toit  pliysiologique,  «loit  mor- 
bide, n';i  jins  1,1  iii^^iiie  imporhirirc  cIk-ï  les  dcm  se\es  ; 
ain<iî,  [lor  ftcmple,  rinfliience  de  In  répli^tion  stomacale  est 
bien  moins  sensible  chei  In  femme  que  rbci  l'homme,  (andi*, 
au  contrnire,  que  l'influencf  nioriile,  par  suite  de  IVdiica- 
tîon,  du  senirmeni  de  pudeur,  de  In  sensibilité  plus  evquïse 
de  la  femme,  e|r.,  est  bien  pino  marquée  chez  elle  que  chci 
riiomme.  Rondelet  cite  l'etemple  d'une  femme  qui  tombait 
dons  des  attaques  de  catalepsie  loutes  les  fois  qu'elle  était 
en  congrès  a\er  son  mari,  qn'elle  n'nimoil  pdinl  et  qu'on 
lui  »*;iît  fuit  épouser  par  fore  ■. 

Cependant,  quoique  les  s)m[i;ilhies  sur  la  rat'iilté  volup- 
tueuse se  mantfeslenl  dans  les  deui;  sexes'n  des  degrés  divers, 
leur  action  est  identique,  et  le  <  hnpiire  que  je  leur  ni  con- 
sacré dans  la  partie  de  cet  ouvmgc  relative  è  l'impuissance 
de  l'homme,  est  tellement  npplirnhle  i  la  frigidité  sjmjra- 
thique  de  la  femme,  que  je  ne  siiurais  y  njniiter  rien  de  plus, 
et  que  j'v  renvoie  le  lecteur. 


3CSK 


LIVRE    DEUXIÈME 


DE    LA    STÉRILITÉ. 


La  stérilité  est  l'inaptitude  h  la  procréation. 

Comme  la  procréation  (il  est  bien  entendu  qu'il  ne  s'agit 
ici  que  de  Tespèee  humaine),  comme  la  procréation  eiige 
In  coopération  de  deux  individus  è  organisation  génital# 
différente,  la  nature  n'a  pas  plus  garanti  à  l'un  l'immuable 
intégrité  des  conditions  de  son  concours  qu'elle  n'n  réservé 
h  l'autre  toutes  les  altérations  capables  de  s'opposer  à  l'ac- 
complissement de  cette  importante  fonction  ;  elle  a  tenu 
entre  les  deui  seies  une  balance  impartiale,  vi  les  a  con- 
damnés, chacun  dans  les  limites  de  ses  attributions  r(*spec- 
tives,  k  des  états  morbides  divers,  dont  l'étude  fait  le  sujet 
de  ce  livre. 

Nous  aurons  donc  à  examiner  les  états  morbides  suscep* 
tibles  d'entrainer  l'inaptitude  è  la  procréation  :  i*  chei 
l'homme  ;  2**  chez  la  femme. 

Mais  fc  côté  de  ces  altérations  anatomiques,  qui,  chez 
l'un  comme  chez  l'autre  sexe,  nous  rendront  compte  du 
trouble  de  la  fonction,  n'y  n-t-il  pas  des  conditions  géné- 
rales qui,  sans  se  rattacher  aux  circonstances  de  l'ége,  du 
tempérament,  de  l'état  de  maladie,  etc.,  et<;.,  semblent 
exercer,  aussi  bien  chez  l'homme  que  chez  la  femme,  une 
influence  fâcheuse  sur  leur  faculté  procréatrice? 

De  plus,  ne  divrais-jc  pas  admettre,  à  l'exemple  de  mes 
devanciers,  que  la  nécessité  du  concours  de  deux  individus 
è  organisation  diiïérente  crée  des  conditions  de  synergie 


56Ji  DK    LA    STfiRlUTft. 

dont  le  «ii^rniigement  constiliitt  un  autre  ortirc  de  raufet 
d'agénésteet  marque  une  noiitt-lle  espèce  de  .«(érililé?  Peul- 
ètre;  moi-i  il,'iiis  loi)«  k-:4  cas,  lu  question  est  a.<i^pz  itnpor* 
tante  pour  mériter  d'être  uiaiiiinée. 

Dans  lin  premier  {)nragrn|ihc,  j'étudierai  eu  fuit  «-Irange, 
et  jusqu'à  prirent  niul  interprété,  il'uii  indiiidu,  n'iniporlr 
le  8C\e,  qui,  ilnns  lescondîtion.s  en  a{i|inrence  les  plus  hto- 
rablesh  lit  procréation,  ne  peut  parvenir  a  reproduire  son 
semMablf.  —  J'oppclli;  nionieiUanénient  t-et  état  xlérililé 
idiosyncrnsiqtic,  tiirje  montrerai  tout  a  l'heure  que  In  mol 
stérililé  f.■^t  C(3mptétoment  impropre. 

Dans  un  serond  pnragrnphe,  j'eiamincrsi  les  circonslanii» 
capables  d'ullérer  les  comlitionit  de  synergie,  et  je  dirai  <t4iNs 
quel  cercle  plus  restreint  il  funt  df'sormnis  rcnferiner  ce 
qu'on  désigne  généralement  par  «stérilité  relative. 

^  I    _  Mérllllé  l(liM7acritah|ae 

Tous  les  éleveurs  d'iinimauv  savent  que,  pour  perpétuer 
une  race,  il  faut  accoupler  les  individus  de  familles  difTé- 
rentes,  et  que,  sans  ce  croisement  (c'est  le  mot  consacré),  la 
race  dépéril  au  milieu  des  oIToits  inutiles  des  mAles  et  des 
Temelles. 

Sismonde  de  Sismundi,  dans  ses  considérations  sur  la 
noblesse  européenne,  fait  jouer,  pour  le  dépérissement  de 
celle-ci,  un  rdle  considérable  uu  préjugé  par  lequel  un  noble 
ne  pouvait  s'unir  qu'à  une  personne  de  su  cnste,  et  qui 
aurait  bien  plus  proinplement  amené  ce  triste  résultat,  m 
des  liAtards  n'eussent  constamment  apporté  à  la  race  de 
nouvtiiut  germes  de  force  el  de  vie  {1). 

.1)  Ijinsiiltex  sur  celte  inléressanle  question,  Benoialon  de  Château- 
neuf,  Mi'mnirr  mir  In  liuri'e  ilft  (amilln  rnihln  île  Fmive  [Anitaln 
(fftK(i>iif  pnW!?'!',  I.  XXXV.  p   27) 


SrÈKILITft    IDI0SYNCRA8IQUE.  565 

Les  bonnes  religions,  dont  les  dogmes  ne  sont  souvent 
que  d'excellents  préceptes  d'hygiène,  défendent  les  mariages 
entre  parents  trop  rapprochés,  et  consacrent,  par  ainsi,  une 
loi  physiologique  connue  de  toute  antiquité. 

Évidemment,  la  violation  de  cette  loi,  que,  pour  abréger, 
j'appellerai  la  loi  du  croisement  des  races,  crée  uneidiosyn* 
crasie,  ou ,  si  l'on  aime  mieux,  une  diathèse  dont  l'action 
néfaste  se  porte  sur  la  faculté  procréatrice. 

D'autres  dialhèses  sont  accusées  d'exercer  une  influence 
analogue  sur  la  même  faculté  }  la  syphilis,  la  scrofule,  la  tU" 
berculie^  le  cancer,  etc. .  etc.,  sont  dans  ce  cas  ^  et  pourtant, 
si  l'on  examine  le  sperme  de  l'homme,  on  le  trouve  animé  par 
des  spermatozoïdes,  etsi  l'on  interroge  la  femme,  on  acquiert 
la  certitude  que  la  menstruation  est  parfaitement  régulière. 

Cependant  Thomme,  quelle  que  soit  la  femme  avec  la-, 
quelle  il  ait  des  rapports,  et  la  femme,  quel  que  soit 
l'homme  qui  la  seconde,  sont  l'un  et  l'autre  inhabiles  à  se 
reproduire. 

Ainsi  qu'on  le  voit,  j'écarte  de  suite  toute  idée  de  stérilité 
relative,  comme  j'éloigno  toute  condition  morbide,  générale 
ou  locale,  susceptible  d'entratner  la  stérilité. 

Je  me  place  dans  un  état  de  sanlé  en  apparence  parlaite, 
et  au  milieu  des  circonstances,  générales  et  locales,  les  plus 
favorables  en  apparence  à  Tacte  de  la  procréation. 

Que  l'on  ne  pense  pas  que  cet  état  est  imaginaire;  il  est 
commun  au  contraire,  on  le  rencontre  souvent  dans  la  pra« 
tique,  et  l'on  voit  tous  les  jours  des  ménages  dans  lesquels 
l'un  des  deux  époux  ne  peut  avoir  des  en fants ,  et  pourtant, 
si  c'est  rhomme,  il  est  impossible  de  constater  un  trouble 
quelconque  dans  la  fonction  séminale,  dont  le  produit  a  tous 
les  caractères  du  meilleur  sperme;  si  c'est  la  femme,  les 
actes  ovarien  et  utérin  s'accomplissent  dans  les  conditions  les 


MB  lift    rt    ITtHILlTll. 

plus  normale!!,  &  co  point  quD  lu  cotiRéquenc*  ilfl  owï 
Ib  menstruation,  ett  |iirriJieni«nt  réftulière. 

l'IiiH  ji3  rt^néctiisxnii  a  vc»iaiuéUan^e»el  filii»  je  Ina  Irott- 
\m  en  désjiccurd  avec  len  loi»  Huivaiites,  que  j«  eonaiilAra 
comme  IcsoiiomoK  >lo  lu  [ih}Miulogie  de  respàRe  : 

i'  Tout  tiomme  dont  le  «ipernie  ronlierit  «le*  animelculw 
doué»<le  tie  etit  aplu  h  la  procréai  ion  ; 

2"  Toute  Temme  dont  la  munnlruatinii  est  régulière  Ml 
Hpteh  h  récoiiilalion. 

Lr  Iravatl  de  IV1.l)u|ilnyt  qui  avait  rmconlrt^  dp»«periM* 
loioiilesdans  la  liqueur  g^ininHleile*>  tieillard*,  ite  conlnbui 
pat  pi-u  fi  nu^metilor  mon  embarras,  iiiirlout  avant  que  je 
FuM»  pai  tenu  il  rn'eipliqiier  leur  nti^rililé  ;  mail  il  finît,  loat 
il  iirrupn  mon  (><|)i'it,  |i)ir  mi'  (ni'llre  <iur  lu  \uie  <tc  m  qiif  jis 
crois  élrc  la  vérité. 

Quoi  qu'il  eu  soit,  pour  bien  faire  comprendre  cctli 
vérité,  je  vais  dire  p<ir  quellei  phaies  diverses  passa  ma 
pensée  pour  arriver  jusqu'à  elle. 

Ce  fut  dans  le  cadre  de  la  syphilis  que  je  me  renferniai 
•l'abord. 

S'il  est  vnii,  et  l'observation  journalière  ne  laisse  aocaa 
doute  sur  ce  point  i,l),  s'il  est  vrai  que  le  virus  syphilitique 
tue  renfant  et  en  détermine  l'expulsion  ù  une  époque  plus 
ou  nioiii.s  avancée  de  son  dé(cloppoment,  on  doit  admettra 
que  cette  anlion  fœliride  n'ciorce,  pourne  parler  que  de  la 
vie  intra-ulériiie,  depuis  le  moment  de  l'imprégnation  da 
germe  jusqu'à  celui  qui  marque  le  terme  naturel  de  la 
gestation.  Quund  l'accident  arrive  après  la  manirestation  des 
sympldmes  de  la  grossesse,  il  ne  reste  aucun  douta  sur 

(I  )  Voyei  Traité  de  la  typMlii  det  riounrau^n^i  si  dot  «N/tutU  à  ta 
KMmfU*,  par  H.  Diday,  (89»,  i  vi>l.in-B,  p,  IIB. 


STÉKILITÉ    IDlUSYNCHASIliUK.  567' 

ravortenieiit  ^  maii»  si,  au  contraire,  roocident  se  produit 
dans  les  premiers  jours  de  la  fécondation,  et  surtout  si  l'in- 
tervalle qui  sépare  l'imprégnation  du  germe  et  son  6ipul- 
sion  n'a  que  la  durée  d'un  mois,  l'avortement  passe  ina- 
perçu, et  la  femme  ne  se  doute  ni  qu'elle  a  été  fécondée, 
ni  qu'elle  a  fait  une  fausse  couche. 

Ce  fait  d'avortement  aussitôt  après  l'imprégnation  du 
germe  peut  se  reproduire  à  l'infini,  et  alors,  soyei-en  con^* 
vaincu,  l'individu  qui  est  porleur  du  virus  syphilitique  est 
bel  et  bien  accusé  et  convaincu  de  stérilité. 

Et  pourtant,  est-cj  bien  là  l'expression  qui  doive  carac- 
tériser son  état  ?  Le  résultai  final  de  la  copulation  a  été 
atteint:  un  germe  a  été  fécondé;  il  n'y  a  pas  de  stérilité.  Si 
l'embryon  arrive  jusqu'au  sixième  mois  de  son  développe- 
ment, on  n'accusera  de  stérilité  ni  le  père  ni  la  mère;  mais 
si  le  même  embryon  n'atteint  que  le  sixième  jour  de  son  im* 
préguation,  on  n'est  pas  plus  fondé  que  précédemment  à 
déclarer  un  des  deux  parents  stérile.  Dans  l'un  et  l'autre 
cas,  il  n'y  a  qu'un  avortement,  et  toute  leur  différence 
se  résume  en  une  question  de  temps. 

On  le  prévoit  déjà,  je  commençais  à  rentrer  dans  les  limites 
des  deux  grandes  lois  physiologiques  que  j'ai  énoncées  tout 
à  l'heure. 

Cette  hypothèse  d'avortement  précoce  dans  les  cas  de 
prétendue  stérilité  syphilitique,  je  l'appliquai  non-seule* 
ment  à  tous  les  états  dialhésiqucs  accusés  de  produire  l'iii- 
fécondité,  mais  encore  à  ces  idiosyiicrasies,  sans  germe 
patent  d'affection,  qui,  jusqu'à  présent,  n'avaient  servi  qu'à 
masquer  notre  ignorance. 

Il  s'agissait  de  vérifier  la  réalité  de  cette  hypothèse. 

Dans  quelques  cas,  il  est  poMible  d*avoir  la  preuve  maté- 
rielle de  l'avortement  en   retrouvant  l'ovule  entier;  deux 


â6H  DE    LA    HTtMLIIK. 

Fui»  j'ai  i;ti  ce  bonheur  :  [n  première  fou  cho  une  |ir< 
luée  (le  la  rue  GeorTroi -Marie  i  l'ovuli!,  cipulsé  snns  Ton 
du  l'ulérus,  s'était  httM  dans  le  tngin,  où  pendant  quelqw 
lempit  je  le  prîii  pour  iiii  coillot  dr  sang;  la  scronileroï* 
tlie»  la  femme  d'un  cordonnier  Je  In  rue  Lninartinc  ;  l'ovulff, 
Rorli  du  vugin,  fut  retrouvé  entier  au  milieu  àe  cailliili 
saiigiiini)  i]ui  remjdisïaient  un  vase.  Cliez  leii  deii\  fi-iiitur«, 
t'aïoitemeiil  sY-tnit  produit  danii  le  premier  luuis  de  leur 
grossesse,  à  l'éfioque  correspondante  à  leur  menstruation. 
si  bien  que  ni  l'une  ni  l'autre  ne  »f:  croyaient  cb- 
ceinlcu. 

Les  prostituées,  que  leur  niélicr  etpo«e  plu»  Hpécialcmeat 
aux  Tiiisses  couches,  sont  tort  au  courant  de  ce  phénomène, 
comme  nous  l'apprend  le  passage  suivant  de  l'urent-Du- 
cliAtclcl  :  n  J'ai  parlé  plus  haut,  dit-il,  de  l'irrégularité  de 
U  menstruation  chez  quelques  prostiluoes  et  des  intciruu' 
lions  que  présentait,  rhei  elles,  celle  évacuation  dans  une 
foule  de  cirronstancesi;  ne  pourrait-on  pas  les  attribuer  à 
une  conception  et  à  une  véritable  grossesse  '?  Cette  opinion, 
qui  a  été  émise  devant  moi  par  plusieurs  médecins  et  phv- 
sioloftistes  distingués,  acquiert  une  très  grande  probabilité 
par  les  observations  faites  par  M.  Serres,  lorsque  les  prosti- 
tuées étaient  soignées  dans  une  des  divisions  de  Is  Filié.  Je 
transcris  ici  les  réponses  que  cet  académicien  fit  à  mes  ques- 
tions :  ■  Les  pertes  abondantes  sont  rares  chez  ces  femmes  ; 
mais  les  plus  jeunes  ont  souvent  des  retards  dans  leurs  règles 
qui  su  terminent  par  l'expulsion  de  ce  qu'elles  appellent  uû 
bondon.  Pendant  deui  années,  je  nefispas  attention  i  cette 
expression  ;  mais  ayant  dirigé  mes  recherches  sur  l'embrjo- 
logie,  j'examinai  aiec  soin  ces  productions,  et  il  me  fut 
facile  d'}  reconnaître  tous  les  caractères  de  l'œuf  huraain; 
j'ai  pu  dans  uncourt  espace  de  temps  en  recaeillir  un  grand 


ST6kiLITÉ    IDlOSYNGRASIiiOK.  569 

nombre  qui  tous  étaient  sortis  è  une  époque  qui  indiquait 
une  conception  de  quatre  à  cinq  semaines  (1).  » 

On  le  voit,  Tofiinion  que  j'émets  ici  n'est  pas  nouvelle  dans 
la  science;  seulement,  semblable  à  beaucoup  d'autres,  elle 
n'a  pas  suffisamment  attiré  l'attention  du  pratideo. 

Mais  comme  dans  tous  les  r^s  d'avortement  précoce,  il 
n'est  pas  possible  de  retrouver  l'ovule,  parce  qu'il  se  rompt 
avec  la  plus  grande  facilité  et  que  ses  débris  se  perdent  en- 
traînés par  le  sang  qui  s'échappe  de  la  vulve,  il  me  fallait 
d'autres  témoignages  et  plus  constants  et  aussi  certains. 

Je  les  trouvai  dans  la  symplomalologic  même  de  la  gros- 
sesse et  de  l'avortement,  et,  en  conséquence,  je  formai 
deui  groupes  de  symptômes  : 

1*"  Symptômes  relatifs  à  la  grossesse  ; 

2®  Symptômes  relatifs  h  l'avortement. 

Les  femmes  interrogées  avec  soin  se  rappellent  qu'elles 
éprouvent  quelquefois  et  sans  cause  connue  des  malaises,  des 
hauts  de  cœur,  surtout  le  malin  en  se  levant;  presque 
toutes  l'attribuent  è  une  mauvaise  disposition  et  prennent 
contre  ces  accidents  essentiellement  passagers,  celles-ci  de 
la  limonade,  celles-là  un  j.urgatif,  et  beaucoup  d'entre  elles 
n'y  prêtent  aucune  attention;  quelquefois  les  règles  sont  en 
retard,  et  alors  tous  ces  phénomènes  morbides  trouvent  une 
facile  eiplication;  dans  d'autres  cas,  au  contraire,  les  mens- 
trues devancent  l'époque  de  leur  apparition,  et  ce  dérange- 
ment est  encore  accepté  comme  la  cause  évidente  de  tous 
les  accidents. 

Rarement,  dans  ces  circonstances,  la  femme  consulte  son 
médecin,  d'autant  mieui  qu'après  Vapparition  des  règles 
tout  rentre  dans  l'ordre  normal. 

(4)  Ik  la  fn-tMtitution  dans  la  ville  de  Paris,  %•  édil.,  t.  I,  p.  ^35 
et  236. 


571)  DN  LA  «rkiitir*. 

liiterrufreimuinteiiunll.i  feinino!>urrétal(iiuaicu»true»«|ii 
suivent  immf^difl terne tit  ces  mnliiiieH;  presquo  toujours  dit! 
sont  ou  avaiit-ées  uu  relarJéef,  cl,  choie  é  peu  prêt  voniUole, 
)'hémorrlii>gi«  v»l  olom  plus  aboiidsiilu  (|u'à  l'urdiniirc. 

Ce|ii^ii(lunt,  (-ftte  h^iiiorrhaiiio  peut  arrit«T  à  l'époi^iw 
muoitruclle  liabituelle;  liHDk  ce  cas,  ratofleiiimtl  prérooe 
est  provoi|ué  par  le  travail  inDaminutoiro  qui  ne  fait  dans  loal 
l'appareil  f(é»ilal  ii  IV'ptjijue  ciilamâtiiale,  de  telle  »orti-  qu* 
dans  l'esprit  de  lafL-mme,  laitouridunta généraux  ol  l'éiaul** 
uient  aanguiii  de  1»  vulve  ae  lit-nt  et  l'otpliquenl  les  iinti  pw 
len  Butrei),  i  oc  puiiil  iju'il  lui  est  impoxsilile  d'aïuir  l'idét  de 
grossesse  ou  d'avortrment.  Pour  vile,  comme  pour  les  pur» 
sonnes  non  prévenui-s ,  tout  xe  réduit  à  un  déraitgeiiiriit 
passager  de  lu  mttnstruulion,  (luijucl  il  rst  toujours  f.irilcde 
trouver  une  cause  au  milieu  des  ('ircun>lon<:r!i  diverws,  mo- 
rales ou  physiques,  qui  agissent  sur  la  sensibilité  de  la  femme 

J'ai  déjà  plus  de  deui  cents  observations  dirigées  dana  ce 
sans,  et  il  est  facile  i  tout  praticien  de  vérilier  l'etactitudt 
de  ce  que  j'avance.  Dans  la  majorité  des  cas  que  j'ai  re- 
cueillis,  le  coit  avait  eu  lieu  peu  de  jours  après  l'époque 
menstruelle,  c'est-à-dire  pendunt  le  temps,  selon  M.  Pou- 
chet(l],  le  plus  favorablei  la  fécondation  ;  tantôt  la  femiae 
ignorait  complètement  la  portée  de  mon  interrogiitoire.  qui, 
OD  le  comprend,  doit  être  très  minutieux,  et  lauldt  je  liiî 
faisais  part  de  la  pensée  qui  me  dirigeait.  J'obtenais  aioM, 
selon  le  degré  de  confiance  que  m'inspirait  la  femme,  des 
renseignements  prétis  et  circonstanciés. 

Ces  observations  me  donnent  même  le  droit  d'aller  plus 
Iota.  Je  suis  convaincu  que  toute  copulation  entre  individu 
possédant  les  caractères  de  fécondité  que  j'ai  indiqués  plw 

(I)  Thiorit  potitive  lU  l'omilation  tponUnM  «1  d«  la  (JmMJatioà. 
Paris,  I8i7.  p.  i70. 


STÉRILITÉ    IDIOSYNGRABIQUB.  bH 

haut,  est  fatalement,  nécessairement  suivie  d'ane  féconda- 
tion, et  que  beaucoup  de  frmmes  qui  portent  un  enfant  à 
terme,  après  un  certain  temps  de  stérilité,  ont  éprouvé  un 
nombre  plus  ou  moins  considérable  d'avortements  précoces. 
Il  est  des  femmes  qui  avortent  régulièrement  au  siiième  on 
au  septième  mois  de  leur  grossesse,  et  qui  ne  parviennent  h 
terme  qu'après  un  nombre  plus  ou  moins  grand  de  fausses 
couches;  pourquoi  ne  pas  admettre  qu'il  y  en  ait  d'autres  qui 
avortent  constamment  dans  le  premier  mois  de  la  féconda* 
tion,  alors  que  les  causes  d'avortcment  sont  tout  è  la  fois  plus 
nombreuses  et  plus  actives?  Toute  la  différence  entre  le  fait 
du  développement  de  l'embryon  et  celui  de  l'avortement 
précoce  tient  h  ce  que,  dans  le  premier  cas,  l'œuf  fécondé  a 
pu  se  fixer  n  la  face  interne  de  Tutérus,  et  que,  dans  le  se- 
cond, il  n'a  pu  le  faire,  soit  parce  que  l'œuf  n'avait  pas  par 
lui-même  une  suffisante  vitalité,  soit  parce  que  l'utérus  était 
dans  un  état  pathologique  h  ne  pas  permettre  cette  union. 

C'est  ainsi  que  s'explique  la  fécondité  de  certaines  femmes 
après  un  temps  plus  ou  moins  long  de  stérilité  :  chez  celle- 
ci,  l'œuf  ne  pouvait  se  fixer  à  cause  d*un  état  spasmodique 
de  la  matrice  sous  l'influence  des  excitations  amoureuses; 
l'habitude,  le  mariage,  cet  étei^noir  de  l'amour,  comme  on 
dît,  ont  amené  le  calme  dans  l'organe,  et  la  femme  devient 
enceinte  ;  chez  celle-là,  l'œuf  ne  se  pouvait  fixer  à  cause 
d'un  état  atonique  de  l'utérus;  la  femme  va  aux  eaui  fer* 
rugineuses ,  aux  bains  de  mer  et  on  revient  fertile  ;  chez 
une  troisième,  l'œuf  ne  se  pouvait  fixer  è  cause  d'un  étal 
phlegmasique  de  la  matrice  ;  la  femme  est  prise  d'une  fièvre 
typhoïde,  d'une  pharyngite,  etc.,  etc.,  et  ces  affections,  en 
déplaçant  l'inflammation  de  l'organe  gestateur ,  mettent  un 
terme  k  sa  stérilité. 

Comment,  avec  les  explications  ordinaires,  comprendre 


^^  STÉRILITÉ    RBLATIVB.  573 

^  comme  jo  Tui  dit  plus  haut;  tantôt  il  la  rattachera  à  Tétai 
<lébile  (les  animalcules  spermaliques,  ainsi  qu'il  arrive  chez 
quelques  vieillards,  chez  les  individus  affaiblis  par  de  longues 
privations  ou  des  maladies  graves  ;  tantôt  enfin,  et  c'est  le  cas 
le  plus  commun,  il  la  rencontrera  dans  un  état  morbide, 
organique  ou  dynamique,  de  l'utérus. 

C'est  surtout  dans  ce  dernier  organe  qu'est  la  source  la 
plus  ordinaire  du  phénomène  dont  je  parle,  car  nous  voyons 
tous  les  jours  les  diathèses  se  transmettre  d'une  génération  à 
une  autre,  et  je  dirai  plus  loin  que  l'on  doit,  d'après  les  travaux 
les  plus  récents,  éloigner,  dans  la  majorité  des  cas,  la  pensée 
d'une  altération  quelconque  des  spermatozoïdes  du  vieillard. 

Comme  on  le  voit,  la  question  de  la  stérilité  idiosyncra- 
siquc  est  bien  plutôt  du  domaine  d'un  traité  d'accouche- 
ment (1)  qu'elle  ne  rentre  dans  les  limites  de  ce  livre,  car 
notre  rôle  finit  là  où  l'embryon  est  fécondé  ;  cependant,  j'ai 
dû  l'aborder,  mais  j'ai  du  aussi  la  ramener  dans  les  bornes 
que  l'observation  m'a  permis  de  lui  assigner,  è  ce  point  que 
ce  problème,  déchu  de  son  importance,  se  réduit,  la  plupart 
du  temps,  à  un  simple  chapitre  de  pathologie  utérine. 

Je  renvoie  donc  le  lecteur,  pour  les  détails  pratiques,  a  la 
partie  de  cet  ouvrage  où  j'examine  les  maladies  de  la  ma- 
trice, et  je  me  liAle  d'arriver  au  second  point  que  je  me  suis 
proposé  d'examiner  en  cette  place,  c'est-à-dire  la  stérilité 
relative,  pour  faire  voir  combien  ici  encore  on  a  laissé  un 
libre  cours  à  l'imagination. 

S  II.   —  Ntérllllé  relative. 

Si  l'on  considère,  d'une  part,  le  mystère  au  milieu  duquel 
s'accomplit  la   fécondation,   et,   d'autre  part,  la   retraite 

[\  )  Voyez  Chailly-Honoré,  Traité  pratique  de  CaH  des  aeeouchemenU, 
Paris,  1853,  io-8. 


57^  Itl    LA    llAKILITft. 

presque  iniicce«<iiblD  '■>  nos  inov«ns  d'inveitiftAlioti  où  mmiI 
tenu*  In  plu|iart  de*  ortianeii  ijui  eancuiireiil  à  l'acrnmpli*- 
«emonl  île  cet  acte,  on  ■«ouers  qu'il  esit  hrilL'  île  m^i-on* 
nnltre,  finns  beaucoup  décati,  la  cause  réelle  d'une ilérililé. 
et  l'on  Irouvern  moini  exlrnordinnire  que  l'eapHl  humain, 
h  qui,  en  iléfliiilivc,  il  faut  loujuurs  une  eipliralion  bonne 
ou  mauTuise,  ail  ndiniii  den  hypothJ^spii  complètement  imo- 
ginaircfi,  et  aiilmir  deR({iielle!i  son!  venu*  ne  fjrouper,  ou  de 
gré  ou  Aïs  force,  tous  le«  fait»  qui  sortaient  des  foii  le*  plut 
vulgnirrn  de  la  pnlliolo^ie. 

Parmi  cet  hypoltièsa»,  il  en  est  une  qui  a  joui  d'nn  fniti 
crédit  el  qui  est  enrore  oujuurd'iiui  même  entourée  de  la 
faveur  gt^nérale,  c'est  celle  que  l'un  désigne  romiDunémenl 
sous  le  iiom  d'Admionie  d'amour. 

Cette  harmonie  a  pour  base  des  rapporta  soit  de  simili- 
tude, loit  de  dissemblance,  et  se  tire  tantAt  de  la  nature 
phjtique  el  tantAt  de  la  nature  morale  dea  deui  conjoinU. 
€  Comment,  a'écrie  Virey,  qui  a  consacré  à  la  défenae  de 
cette  opinion  les  phrases  les  plus  redondantes  de  son  aljle 
imagé,  comment  s'établit  l'amour  le  plus  pénétrant,  le  plus 
parfait  entre  les  seies?  C'est  lorsque  lu  femme  est  lu  plus 
bmclle,  et  que  l'homme  est  le  plus  viril  ;  c'est  quand  ua 
mâle  brun,  velu,  ser,  chaud  et  impétueux,  trouve  l'autre 
•ete  délicat,  humide,  lisse  el  blanc,  timide  el  pudique.  L'un 
doit  donner,  l'I  l'antre  est  constituée  jiour  rerevoir;  le  pre- 
mier, par  cette  raison,  doit  avoir  un  principe  de  surabon- 
dance, de  furce,  de  (;ériérosilé,  de  libéralité  qui  aspire  i 
s'épanclier  ;  la  seconde,  nu  rontniirc,  étant  constituée  en 
moiriJ,  doit,  par  ua  timidité,  tendre  ft  riTueillir,  &  absorber, 
avec  nue  sorte  de  besoin  el  d'économie,  le  Irnp  de  l'autre, 
pour  établir  l'égalilé,  lit  niveau  complcl.  Ainii  lu  résultat 
de  l'union  conjugale,  ou  but  de  la  procréalimi  d'un  DomH 


STABILITÉ    BELATIVB.  575 

être,  ne  peut  être  rempli  que  por  cette  unité  physique  et 
morale  dont  parlent  Pythngore  et  Platon,  au  moyen  de 
laquelle  les  deui  seies  s'égalent,  se  saturent  pour  ainsi 
dire  réciproquement  (1).  d 

Et,  comme  si  ces  paroles  ne  rendaient  pas  toute  sa  pen^» 
sée  et  qu'il  craignit  qu'on  ne  les  appliquât  qu'à  la  partie 
sensuelle  ou  altraetive  de  la  fonction  de  la  génération , 
Virey  revient  plus  loin  sur  son  système  d'harmonie  et  en 
montre  toute  l'influence  sur  la  fécondité  :  «  En  eflet,  dit-il, 
si  Ton  unit  deux  tempéraments  semblables,  mâle  et  femelle, 
comme  Voltaire  et  la  marquise  du  Chêtelet,  qui  ne  pou- 
faient  ni  se  quitter,  ni  se  souffrir  longtemps  ensemble, 
cette  similitude  d'égalité  produit  une  source  de  querelles, 
et  devient  une  cause  de  stérilité  très  remarquable.  Ainsi 
l'on  a  vu  deux  époux,  ensemble  stériles,  ets'accusant  mêmt 
d'impuissance  et  de  froideur,  devenir,  par  leur  divorce, 
féconds  et  ardents  avec  d'autres  individus  d'une  constitutioi 
opposée,  etc.  ("2).  » 

Cette  théorie  est  si  ingénieuse  et  plait  tant  è  l'imagim- 
tion  que  chaque  auteur  qui  l'a  adoptée  semble,  pour  le  dire 
en  passant,  s'en  attribuer  la  paternité;  cependant,  ele 
appartient  à  Aristote,  qui,  en  ce  point,  s'éloigne  des  idies 
hippocratiques  :  ('  Evenit  sane^  dit-il,  muliis  et  mulicrims 
et  viris^  ut  qui  conjuncti  inier  se  nequeant  procreare^  ubi 
diisociati  se  junxere  cum  aliis^  queant  (â).  »  Boerhaave 
va  plus  loin,  et,  après  avoir  avancé  qu'Aristote  rapportait 
des  exemples  en  faveur  de  cette  théorie,  ce  qui  n'existe  pas, 
car  le  passage  que  je  viens  de  citer  n'est  accompagné  J'au- 

(t)  De  la  femme,  sous  to«  rapports  physiologique, moral  et  littéraire, 
p.  496. 

(2)  !Md.,  p.  f  07. 

(3)  HiêloHa  animaMum,  édit.  de  4  679,  lib.  Vf,  r  vol..  p.  439. 


DE    LA    SrfcRIUTtl. 

cuiie  Libftervalioii,  il  racoiiU'  lui-inèi»e  le  fuit  xuivanl  :  t  in 
Galliâ  illuilris  casus  conlûjil  :  prtncefm  {S.  (i.,  nuMù^ 
erat  (/ui  diii  cum  ofitimd  v.rore  tu  xlerili  ronjtigio  viixenii, 
fJllinio  ej-judifio  sufiremœ  curitf  vonjugium  lolutum  eak, 
Bodem  concilia  caplo,  mnritus  in  viduum  Utonitn  altam 
uxoretn  ducil,  et  vidua  nupsH  alieri;  et  ilh  fUiot.  hcH 
prolem  Irriter  ex  si'cundo  cnnjugio  tulit.  -  Kt  IFucrhacve 
lijuulK  :  i<  Apparat  fecttndilalem  etiam  a  mutuA  quâdam 
latione  pfindere  passe,  absque  uUo  abtoluto  vîtio  nul  %nri 
'lut  femina  il),  « 

Toiifi  les  ailleurs  qui  ont  ér-ril  sur  la  matiire  nont  ansM 
taconi(|ucsr)ue  Boi'Hiaavc;  nulle  port  une  iiidicalioa  même 
inmmain-  de  l'i^lol  île»  organes  {{énitnui  ;  ce»  organes,  qiu 
pueiil  ri'iienlinnt  li*  prriiripnt  râle,  sont  comme  s'ils  ii'etis- 
bieiit  pas.  Ou  comprend  celte  absence  de  détails  de  la  part 
iluii  liislorieu,  comme  Tacite,  par  exemple,  qui  rapporte 
qie  l.i>ie,  uii^out  point  eu  d'enfant  avec  César,  qiioi- 
<|rcllc  on  fût  lenJrcmeiil  aimée,  donna  le  jour  à  Tibère 
et  Driisus  dans  un  second  mariage  qu'elle  coiilrsGla  avec 
Tiière-Néron. 

A  de  pareils  observateur.",  on  pourruit  répéter  le  mot  que 
Beiserade  répondit  au  marquis  de  Langey   (2)  ;  mais  la 

(1)  0^'  pritlfcl.  ornrf.,  l  IV,  !'  pari.,  p.  !B6. 

{i>  Lp  marquis  de  Lungey.  accusé  d'impuissance  par  sa  femme,  vit 
son  nariage  déclaré  nul  après  l'épreuve  du  congrès.  Malgré  la  défeaM 
qui  lii  eu  Fui  faite,  il  se  remaria  en  Belgique  avec  madetnoiMlle  Diane 
de  Utoiault-Navaille^,  ei  eu  eul  sept  enranls.  De  retour  en  Fraoce,  il 
lira  m  légitime  orgueil  de  sa  progéniture,  et,  comme  il  s'en  vaaiail  fc 
loiit  |ro|)OJ,  Bfnserade  lui  dit  un  jour  :  Mui»,  monnifii!^,  }t  n'ai  jamait 
Jouir  Tif  iniiilrmmxfllf  de  Sarailltt  nt  fût  tapiible  d' tngendrtr .  —  C'est 
Tallenaol  iIm  Héani  qui  rapporte  celte  méclianceié  (voyei  ses  ffialo- 
rffKi-i,  1  VI  hiHorittlr  lif  madame  de  Lnn<iey.  édition  de  MU.  De 
Monmerqué  ei  Paulin  Paris,  t864-IS56,  Techener). 


I 


STÈRILITft    RELATIVE.  577 

science  a  des  devoirs  plus  sévères,  et  uvant  d'admettre  .la 
théorie  des  contrastes  ou  celles  des  similitudes,  j'ai  dû  véri- 
fier les  bases  sur  lesquelles  elles  reposaient. 

Sans  doute,  par  cela  même  que  deux  individus  sont  né- 
ce^8ai^es  pour  la  formation  d'un  nouvel  être,  les  conditions 
de  ce  concours  sont  soumises  h  des  lois  dont  la  violation, 
compromettant  l'inlégrité  de  ces  rapports,  en  doit  néces- 
sairement annihiler  les  résultais  ordinaires  ou  normaux. 

Quelle  est  donc  la  loi  de  ces  rapports?  Repose-l-elle  sur 
la  dissemblance  ou  sur  la  similitude  des  conjoints,  et,  dans 
Tun  ou  l'autre  cas,  cette  harmonie  uait-elle  du  contraste 
ou  de  l'homogénéité  des  habitudes  générales  de  Torganisme, 
ou  se  contcnte-t-elle  des  mêmes  conditions  dans  l'appareil 
génital  seulement?  En  d'autres  termes,  la  fécondité  obéit- 
elle  à  la  loi  des  contrastes  ou  h  celle  des  ressemblances,  dans 
le  développement  de  l'intelligence,  dans  les  passions,  dans 
le  tempérament ,  dans  la  constitution ,  dans  l'ardeur  des 
plaisirs  vénériens,  etc.,  etc.,  en  un  mot  dans  des  circon- 
stances éloignées  de  l'appareil  générateur? 

11  ne  faut  pas  une  bien  longue  observation  pour  se 
convaincre  que  si  la  théorie  des  contraires  ou  celle  des 
semblables  peut  être  invoquée  pour  la  manifestation  des 
sympathies  amoureuses,  quoique  les  anciens,  aussi  bons 
observateurs  que  nous,  aient  mis  un  bandeau  sur  les  yeux 
de  l'Amour,  il  ne  faut  pas  une  longue  observation,  dis-je, 
pour  se  convaincre  que  l'une  et  l'autre  de  ces  théories  sont 
complètement  erronées  quand  il  s'agit  de  la  fécondité  ;  il 
suflit  de  regarder  autour  de  soi  ;  dans  ce  tourbillon  im- 
mense qui  constitue  le  monde  on  verra  l'espèce  se  perpé- 
tuer au  milieu  des  conditions  les  plus  diverses,  et  chaque 
procréation,  pour  ainsi  dire,  donner  un  démenti  aux  rêves 
harmoniques  des  philosophes  et  des  poêles. 

37 


PE    LA    ftTtltlLfTft. 

OfMMiiliiiil,  tl  r»l  tli-n  rnil<>  £trnn^c5  qui  wniMent  MUk 
d'une  manière  irrôfrnf-iibic  une  loi  quelconijup  <!«  rêp)inrb: 
ce  sont  ccui  (lonii  lesqMls  Heut  iiidivttius,  liomtnp  el  fprame, 
voient  l«ur  uiuon  Mérilu,  alors  quv  rharuii  (l'eiii  donne  tle 
•on  rôt*  lie»  jireiives  mRiiirntns  île  férondilé. 

Mai»  (l'uboril  ve  oiii»  coinmiinsi  i^ii'on  M 

potirmit  rrnirp,  el  t       d'Mi  ègle,  il*  rfiii<(lita«nt  une 

ln''<<  rnre  ftceplioii  ;  il  n  r  fiËs  logif|ue  de  fonder 

nur  eut  une  lui  ronilam  'ériger  nne  eiceplîon  en 

Biiotne  iiiexnrsble. 

Ce|ii*n<lanl,  quelque  rares  s  fuMiMit .  re»  fnils,  pur 

cela  m^e  qu'ils  )>e  [irnili  !>nt  viv^mont  etrité  mon 

■tteiiliiHi,  Pt  J  ni  ai,  pour  me  former  une  opinion  <iur  Imr 
rompti',  ni"  jm!>  iiii'  rontonlcr  de  siriiplps  iijifvnri'niv'i 

A  cL-t  efTn,  j'ai  cherché,  aillant  que  me  le  permettait 
l'état  lie  nos  roiinois^aoces  annlomiques  et  physiologiques, 
à  me  rendre  compte  des  conditions  iionnale*)  de  férondilé 
rhet  l'un  et  l'autre  sene,  it je  me  suis  assuré  ensuite  si  dam 
les  Ciis  exce|)tioimels  dont  il  s'agit,  ces  conditions  éleienl 
intactes  el  s'accump lissaient  d'après  les  principes  tcquis  k 
la  science. 

Il  est  nécessaire  de  rappeler  brièvement  ces  comKtions  «I 
ces  principes. 

Du  c6té  de  l'homme  : 

Ëjaculation  dans  la  direction  de  l'aie  de  la  verge  et  pro- 
priété spéciale  (fécondante)  d'un  liquide  appelé  sperme. 

De  ces  deui  conditions,  la  dernière,  c'est-à-dire  fa  corn- 
position  du  sperme,  est  acceptée  sans  conteste.  Ce  n'est  pas 
ici  le  lieu  d'evposcr  cctie  composition;  il  suftit  simplement 
il'cn  murquer  l'absolue  néressilé. 

I.'éjaculation,  c'est-à-dire  le  bncement  du  sperme  avec 
une  certaine  force,  a  perdu  quelque  choie  de  ma  mpor- 


STÉRILIIÉ   ItELATIVE.  579 

tanee  depuis  les  eipérieiices  Ae  Spallaiizani  ;  cependant  et 
malgré  ces  expériences,  je  crois  In  fécondation,  dons  l'espace 
humaine,  très  difficile,  sinon  impossible  en  dehors  de  celte 
condition,  è  moîos  que  les  deux  conjoints  n'aient  recours  à  un 
artifice  qui  supplée  en  quelque  sorte  à  Téjaculation,  ou  que 
la  femme  ne  soit  affectée  d'un  prolapsus  de  matrice. 

La  direction  suivant  laquelle  s'accomplit  l'éjaculation  ne 
me  semble  pas  aussi  une  circonstance  sans  valeur  ;  je  sais  bien 
que  tous  les  hypospades  ne  sont  pas  stériles,  et  je  tiens  même 
de  M.  Ricord  que  ce  vice  de  conformation  s'est  montré  h 
lui  d'une  manière  héréditaire  sur  trois  générations,  preuve 
bien  évidente  qu'aucune  d'elles  ne  fut  inféconde  ;  mais  sans 
contester,  en  nous  appuyant  sur  la  position  problématique 
de  l'utérus  des  femmes  que  fécondent  les  hypospades,  les 
conséquences  que  l'on  tire  de  ces  faits,  reconnaissons  que 
ceux-fi  forment  une  exception,  et  que  dans  l'immense 
majorité  des  cas  la  fécondation  n'a  lieu  qu'à  la  suite  d'une 
éjaculation  spermatique  dans  le  sens  de  l'axe  du  canal 
urétral. 

Du  côté  de  la  femme,  les  conditions  anatomiques  ont 
jusqu'à  présent  paru  seules  nécessaires  pour  sa  fécondation, 
et  c'est  à  l'oubli  dans  lequel  ont  été  laissées  plusieurs  au- 
tres circonstances  qu'il  faut  peut-être  rapporter  les  incer- 
titudes et  l'ignorance  qui  planent  encore  aujourd'hui  sur 
cette  partie  de  la  pathologie  féminine. 

Cependant  quelques-unes  de  ces  circonstances  ne  sont 
pas  entièrement  méconnues ,  et  la  discussion  soulevée  è 
l'Académie  de  médecine,  (i)  è  l'occasion  du  pessaire  intra- 
utérin,  a  prouvé  que  les  meilleurs  esprits  et  les  hommes 

•  (4)  BmUetin  de  r Académie  de  médecine.  Paris,  4864,  t.  XIX, 
p.  628  et  saiv. 


UK    LA    STÉRILITÉ. 

plus  pratiques  ailmettnient  les  iléviatloii.«  ulàrines  pannî 

causes  de  siiiriliiiS  du  In  femme. 

Je  m 'explique  rai  longuem'nl  ailleurs  <ur  l'hnportance 
des  déplaccmr-nts  utérins  ou  point  de  vue  qui  nous  orcupc  ; 
mais  je  dois  établir  ici,  pour  rintelligetice  de  ce  <|ui  va  suivre, 
qui',  dans  un  trts  gn        lo  B  cas,  et  principalomeol 

dans  les  cas  de  version,  ces  emcnt*  ne  faisant  qu'al- 

térer les  rapports  nonnnui  di>  conjonction,  déterminent  ane 
stérilité  qui  n'est  ni  relative  adivc,  mais  simplement 

rcflot  du  défaut  i)'e\urte  opposition  de  l'orgune  mAle  et  de 
l'organe  femelle. 

Pour  mui,  en  effet,  il  est  iiorH  de  doute  que  dans  Iw  con- 
ditions normales  de  fécondation,  le  méat  urinairc  du  metiH 
bre  viril  doit  se  trouver  en  fac  de  l'ouverture  inférieure  de 
la  matrice,  afin  que  le  sperme  puisse  pénétrer  dans  ce  der- 
nier organe  en  sorloni  par  saccades  do  la  verge  de  l'homme  j 
et  que  toutes  les  fois  que,  par  un  motif  quelconque,  cette 
mise  en  présence  de  l'orifice  urétral  de  l'homme  et  de 
Tarifice  utérin  est  détruite,  la  fécondation  n'a  pas  li«u; 
c'est  ce  qui  arrive,  en  effet,  dans  les  cas  de  descente  ou  de  dé- 
viation antérieure,  postérieure  ou  latérale  de  l'utérus,  dans 
lesquels  la  verge,  portée  sur  les  câtés  du  col  de  la  matrice, 
lance  le  sperme  contre  le  cul-de-snc  vaginal  que  vient  battre 
sans  profit  le  lluidc  fécondant.  Et  cela  est  si  vrai ,  qae  « 
les  conjoints,  par  un  artifice  de  position,  ou  l'art  par  des 
moyens  dont  j'aurai  à  m'ocruper  ailleurs,  parviennent  k 
rétablir  l'aie  fictif  des  deux  orifices  dont  il  s'agit,  la  stéri- 
lité cesse  aussitôt,  en  admettani ,  bien  entendu,  qu'il  n'esiste 
pas  d'autres  causes  d'ugénésie  ,  et  la  femme  ,  jusqu'tlort 
iiiféronde,  peut,  comme  je  le  montrerai  tout  à  l'heure, 
donner  le  spectiicle  d'un  de  ces  faits  réputés  étranges  par 
les  esprits  superficiels. 


I 


STÉRILITÉ 'UELATIVE.  581 

Mais  ce  n'est  pas  tout  :  à  côté  des  conditions  anatomi- 
qncs,  dont  il  est  superflu  de  parler  ici;  h  câté  des  condi* 
lions  de  topographie,  qu'on  me  passe  le  mot,  dont  il  vient 
d'être  question,  il  en  existe  une  autre  que  j'appellerai  con- 
dition physiologique. 

Qu'on  me  permette  de  légitimer  cette  expression. 

Chaque  tissu,  chaque  organe,  chaque  appareil  possèdent, 
en  dehors  de  la  sensibilité  générale  à  laquelle  sont  soumis 
tous  les  corps  organisés ,  une  sensibilité  spéciale  qui  les 
caractérise  et  qui  leur  est  propre.  Cette  sensibilité  se  déve- 
loppe sous  l'empire  d'excitants  spéciaux,  dont  l'influence 
est  nulle  sur  un  autre  tissu,  sur  un  autre  organe,  sur  un 
antre  appareil.  —  C'est  VcUpha  de  la  physiologie. 

A  cette  sensibilité  succède  la  contractilité  d'une  manière 
si  fatale  que  l'on  a  désigné  par  un  seul  mot,  irritabilité,  et 
la  sensation  excitée  sur  l'organe  par  l'impression  du  corps 
étranger  et  la  contraction  de  l'organe  réagissant  sur  ce 
corps. 

Cette  action  et  cette  réaction  ne  sont  pas  nécessaire- 
ment sous  l'empire  de  la  conscience,  et  ces  deux  opéra- 
tions s'exécutent  souvent  en  dehors  de  notre  volonté. 

L'utérus  et  plus  particulièrement  son  col  ne  font  pas 
exception  aux  lois  physiologiques  que  je  viens  de  rappeler 
en  peu  de  mots.  Ils  ont  une  irritabilité  spéciale  dont  le 
moteur  est  le  fluide  spermatique. 

Cette  irritabilité  n'est  ni  sous  la  dépendance  de  la  volonté, 
ni  sous  l'empire  de  la  conscience;  si  elle  eût  été  soumise 
h  la  volonté,  la  femme  aurait  pu  se  soustraire  à  l'obligation 
de  la  gestation,  et  la  nature  n'a  pas  voulu  que  la  volonté 
qui  acceptait  le  plaisir  eût  le  pouvoir  de  repousser  la  fonc- 
tion dont  ce  plaisir  n'était  que  la  récompense  de  Taccom- 
plissement;  elle  est  également  indépendante  de  la  con-' 


«ciencc,  cur  celle  iiiilé|ieudanre  est  pour  la  ualure  one 
gtraiitic  certaine  de  In  buiiiie  eséi-utîmi  île  l'acte  ;  auuî 
faul-il  rangi^r  jiarmi  k'«  iltufion»  île  rima);iitaUoit  \ea  tre»- 
sotlIemeiiU  ut  ies  x|i»»ine!«  [larticuliers  (]ue  ccrtaiiiei  feniM) 
prélenilonl  re.osciitir  au  moment  d'un  coit  fécondant.  Il  eal 
maiiifeste  qu'il  ne  i  ci  des  treMaillemenl*  et 

d«ji   «[lafiRics    iimnur  eignenl    un    haut    degré 

d'inleiisilé  [leiidanl  l'ejai  le  l'Iiommo  par  >oit«  Jet 

mouvements  NpuRmoitiifues  els  la  verj^c  eit  alors  tm 

proie,  et  par  suite  aussi  it  alioii  de  la   température 

délerœinée  tout  ii  la  fois  fai  ution  vilulo  do  l'artv  c|w 
a'tcconipUt  et  par  la  présence  du  sperme. 

L'irritabilité  utérine,  celle  qui  nous  occupe  ici,  c«l  spéciale 
et  ne  sV'iercc  que  sous  rinfluenco  du  Ituidc  Kpermatifguf 

J'ai  poussé  sur  le  museau  de  tanche  de  divers  aoimaux 
des  liquides  de  difTérenles  sortes,  excitants,  astringent!, 
caustiques,  etc.,  et  jamais  l'ulérus,  immédinlemenl  ouvert, 
ne  m'a  fourni  In  moindre  Inirc  du  liquide  injecté. 

On  a  rapporté  aux  tressaillements  amoureux^  à  la  «ensa- 
tion  de  volupté  la  source  de  cette  irritabilité  ;  mais  alors 
comment  ex|>liquer  la  fécondation  de  ces  femmes  insensible! 
uu  plaisir,  de  ces  jeunes  filles  violées  et  prises  de  force,  et 
pour  lesquelles  la  copulation  est  un  sujet  d'elTroi  et  de  dou- 
leur? Non,  le  plaisir  n'est  pas  plus  t'eicilanl  de  celte  irri- 
tabilité que  les  ttquideft  dont  je  parlais  tout  k  l'heure. 

L'électricité,  dont  je  dirai  plus  loin  le  râle  dans  le  traite- 
menl  de  l'infirmité  qui  m'occupe,  a-t-elle  sur  l'irritabilité 
de  l'utérus  une  action  marquée  et  manifeste  ? 

Comme  beaucoup  de  médecins,  j'ai  triomphé  quelque- 
fois de  la  stérilité  au  moyen  du  fluide  électrique;  et  les 
cas  |iréFi<émeiit  où  cet  agent  m'a  paru  avoir  l'indicatioo  la 
plu*  précise,  et  où,  en  effet,  le  succès  a  couronné  les  les- 


STÉHILIIÉ    RELATIVE.  58â 

tatives,  sont  ceux  où  l'irritabilité  de  Tutérus,  ou  plutôt  du 
col  de  Tutérus ,  semblait  aiïaiblie  et  ne  pas  suffisamment 
répondre  à  l'action  de  son  excitant  ordinaire,  le  sperme. 

Cependant,  h  Tétat  physiologique,  si  l'on  dirige  sur  cette 
partie  un  courant  galvanique,  il  advient,  dans  la  très  grande 
majorité  des  cas,  que  la  sensibilité  et  la  contractilité  de 
l'organe  ne  semblent  en  aucune  façon  iniluoncées;  seule- 
ment, si  l'action  électrique  est  prolongée  pendant  quelque 
temps,  le  col  de  la  matrice  se  phlogose  avec  les  phéno- 
mènes de  rougeur,  de  chaleur  et  de  tuméfaction  qui,  dans 
les  circonstances  ordinaires,  accompagnent  ou  caractérisent 
cet  état  pathologique. 

Aussi  il  est  constant  pour  moi  que  dans  les  cas  où  le 
fluide  électrique  exerce  une  heureuse  inilucnce  sur  la  stéri- 
lité, cette  action  est  due  non  h  une  modilication  spéciale 
apportée  par  l'électricité,  mais  au  rappel  dans  le  col  de 
l'utérus  des  conditions  normales  de  la  vitalité  générale. 

Je  ne  puis  donc  admettre  que  l'électricité,  malgré  les 
services  qu'elle  rend  dans  raffuiblissement  de  l'irritabilité 
utérine,  soit  un  excitant  spécial  de  cette  irritabilité. 

Ce  lôle,  je  le  répète,  appartient  exclusivement  au 
sperme. 

Cependant  il  ne  faut  pas  pousser  trop  loin  ce  principe,  et 
pour  faire  une  juste  part  à  toute  chose,  il  importe  de  recon- 
naître que  les  émotions  amoureuses  et  que  les  sensations 
voluptueuses,  en  éveillant  la  sensibilité  générale  de  ra;i|)a- 
reil  génital,  sont  le  premier  signal  et  comme  la  source  de 
l'irritabilité  spéciale  de  Tutérus,  et  que,  par  conséquent,  le 
degré  de  cette  irritabilité  est  en  proportion  de  l'intensité  des 
émotions  amoureuses  et  des  sensations  voluptueuses. 

C'est  ainsi  que  s'explique  la  stérilité  des  femmes  trop 
passionnées,  car,  en  cette  matière  comme  en  beaucoup 


56&  BE    LA    BI&B1L1TË. 

il'sDlros,  les  cauie»  les  plus  opposées  antùncnt  ilcs  résullsl^ 
idenliquL's 

On  voit  ûî-jh  le  (»«  qu'il  Taut  faire  de  ces  »lérilit^«  reta- 
tives  basées  sur  les  iiicompalibilités  d'humeur,  la  haine,  le 
néprii,  eu  un  mut,  sur  toutes  les  passioitti  répuUites  à9 
l'Ame;  cl  l'on  devine  ~  ''  '~  '  ou  contraire,  rnpporter  i 
BDe  circonstance  essenin  orfjanique  ,   matérielle  , 

buucoup  de  ces  sié        i  dont  on  s'ingéniait  à  placer  les 


causes  dan!i  le  domaine  de  l'i 
irait  pu  livrera  nos  passion: 
ion  œuvre. 

Lesci)usi<lénitions<|ue  je  vie 
itions  lo|iograplii(|ueï,  i[u'oi 


jtion,  comme  si  la  naluro 
rtie  U  plus  esscrilielled 


(  d<.>  pi'éseuler 
!  pas'B  te  mol, 


ir  les  coo- 
el  phr^io- 


logiques  du  col  de  l'uléruit  dons  l'ado  de  la  fécMnda(i« 
me  poussèrent  h  regarder  de  plus  près  ces  prétendues  sté- 
rilités relatives  dont  j'ai  perlé  au  début  de  ce  chapitre,  et 
sur  la  réalité  desi|uelles  le  fait  suivant  me  suggéra  le  pre- 
mier doute. 

Après  cinq  années  d'un  mariage  stérile,  madame  X... 
a  des  rapports  avec  un  jeune  homme  et,  à  son  grand  éton- 
nement,  elle  devient  enceinle;  je  dis  i  son  grand  étonne- 
ment,  parce  que  le  mari  ayant  eu  des  enfants  avec  une  de 
ses  domestiques  qu'il  avait  séduite,  madame  X...  croyait 
porter  en  elle  seule  la  cause  de  l'infécondité  qui  avait 
frappé  la  courhe  conjugale.  En  présence  d'une  grossesse 
aussi  inattendue,  il  fut  démontré  ous  deui  amants  que  la 
stérilité  dont  la  dame  X...  avait  été  affectée  pendant  cinq 
années,  alors  qu'elle  u'avail  eu  de  relations  qu'avec  son 
mari,  était  bien  réellement  produite  par  un  défaut  d'har- 
monio  entre  les  deui  époui. 

Lié  d'amitié  avec  l'amant  et  par  suite  de  circonstances 
qu'il  est  inutile  de  rapporter  ici,  je  fus  mis  dans  le  secret 


STÉRILITÉ    UBLATIVE.  585 

de  l'aventure.  Comme  le  fait  me  paraissait  bizarre  et  que  je 
n'avais,  d'autre  part,  aucun  moyen  de  vérification,  ne  con- 
naissant pas  madame  X...,  j'en  fus  réduit  aux  explica- 
tions  bien  superficielles  que  me  donnait  le  jeune  homme  ; 
cependant  une  circonstance,  à  laquelle  les  deux  amants 
n'avaient  prêté  aucune  attention,  me  frappa  :  c'est  que 
dans  leurs  ébats  amoureux,  le  coït  avait  été  plusieurs  fois 
accompli  dans  une  position  anormale  et  surtout  différente 
de  celle  que  le  mari  avait  l'habitude  de  prendre. 

Je  ne  pouvais  contrâler  les  suppositions  que  me  suggé- 
raient ces  confidences;  d'ailleurs  eussé-je  pu  soumettre 
madame  X...  à  mes  investigations,  que  cet  examen  n'aurait 
probablement  pas  amené  une  certitude,  car  si,  comme  je  le 
supposais,  la  stérilité  de  madame  X...  tenait  à  une  dévia- 
tion du  col  de  l'utérus,  ce  déplacement  devait  avoir  dis- 
paru, ainsi  qu'il  arrive  souvent,  par  TelTet  de  la  gestation. 

Je  ne  pus  donc  retirer  aucun  enseignement  positif  de  ce 
fait,  mais  il  me  donna  l'éveil  sur  la  possibilité  de  certaines 
circonstances  trop  négligées  jusqu'ici,  et  de  la  valeur  des- 
quelles il  était  facile  de  s'assurer. 

L'occasion  s'en  offrit  bientôt  à  moi. 

M.  X...,  habitant  la  rue  des  Vieux-Augustins,  marié 
depuis  six  ans,  sans  enfants,  vint  me  consulter  sur  la  cause 
de  l'infécondité  de  son  mariage.  Soumis  à  un  examen 
sévère  tant  sous  le  rapport  de  ses  organes  que  de  son 
sperme,  et  à  un  interrogatoire  minutieux  sur  toutes  les  cir- 
constances qui  accompagnaient  le  coït,  il  me  parut  n'avoir 
en  lui  aucun  motif  de  stérilité,  et  je  le  priai,  en  consé- 
quence, de  décider  sa  femme  à  subir  mes  investigations. 

Le  désir  que  celle-ci  éprouvait  d'avoir  des  enfants  leva 
tous  ses  scrupules  ;  petite,  mais  bien  conformée,  d'un  tem- 
pérament lymphatico  -  nerveux ,  madame  X...  avait  été 


68H  w  LA  vrKHiurk. 

réglai'  lie  quinze  à  seite  uns ,  et  depun  ctUe  ^poijor 
(elle  en  avait  oUn»  vin{(t-()Ufitre)  elle  avait  été  régiitiè- 
remenl  et  as^ez  abonilamincnl  numitrui^e.  Quelque!!  fliiuun 
blanches  evistnient,  ii  ai»  en  Irè»  faible  aboitilunce  ;  seule- 
meiiL  elles  augmentaient  un  |>tju,  uinit  qu'il  arrive  cbu 


1  menstruelles. 


beaucoup  (le  femmes,  nui  ^ 

Les  tJésirs  véni^rieiis  étaient  ini  déré»,  et  le  coil  u'oOroil 
rien  il'auormal  un  point  de  vu»  le«  œani(t':«t«tio»s  tuiup- 
lueuseï^. 

L'ennmen  abdominal  ne  rien  soufti^oimer  «lu  çMé 

de  la  matrice  et  de  ses  unneiLes,  mais  le  touriier  va^tiiMl 
me  Rt  constater  une  déviation  antérieure  du  rot  de  l'utérus 
avec  renversement  eu  arrière  du  corp*  do  col  organe. 

Ce  di^plaremenl  de  l'organe  ge^tateur  me  parut  jtrt!  la 
csu<ie  de  la  stérilité. 

S'il  en  était  ainsi,  la  férondalion  devait  s'opérer,  si,  par 
un  arti6ce  quelconque,  le  col  de  l'utérus  était  ramené  dans 
son  aie  normal,  ou  plutAt  dans  l'aie  du  plan  suirant  lequel 
s'opérait  l'éjaculation  de  l'homme. 

Deux  mojens  s'olîrnient  à  l'esprit  : 

Ou  changer  la  position  du  col  de  l'utérus  et  faire  ren- 
trer, ne  fût-ce  que  momentanément  jiendant  le  coït,  le  mu- 
■eau  de  tanche  dans  la  diriiction  du  ji-t  spermatique;  ou, 
par  un  artifice  de  position  pendant  l'accouplement,  modilier 
la  diiection  de  te  jet,  de  sorte  qu'elle  ne  fût  plus  relie  <le 
l'axe  du  vagin,  mais  qu'elle  fût  portée  en  avant  et  en  ItauU 

Je  m'arrêtai  au  premier  de  ces  inojeiis,  qui  était  tout  à  la 
fois  le  plus  médical  et  le  plus  décent. 

Un  tampon,  porté  dans  le  rectum,  aida,  non  à  faire  bas- 
culer l'utérus,  ce  qui  me  paraît  fort  diflicile,  mais  à  le 
porter  et  à  le  soutenir  dans  un  plan  moins  incliné. 

Eu  même  temps  que  je  plaçai  ce   tampon,  je  i 


STÉEILITÉ    RELATIVE.  587 

autant  que  je  le  pus  le  col  de  la  matrice  en  arrière,  et  je 
glissai  entre  lui  et  la  paroi  antérieure  du  vagin  un  cylindre 
préparé  d'épongé.  Cette  espèce  de  coin,  dont  le  volume 
devait  nécessairement  augmenter  par  les  mucosités  dont  sa 
présence  rendait  la  sécrétion  plus  abondante,  avait  pour  mis- 
sion de  maintenir  le  col  dans  Taxe  du  vagin  et  d'exposer  ainsi 
le  museau  de  tanche  au  jet  direct  de  la  liqueur  spermatique. 

Le  coït  fut  accompli  au  milieu  de  ces  conditions,  qui  ne 
le  gênaient  d'ailleurs  en  rien,  et  le  mois  suivant  les  règles, 
contre  leur  habitude,  ne  parurent  pas;  madame  X  ..  était 
enceinte;  sa  grossesse  n'oiïrit  rien  de  remarquable  ;  elle  est 
accouchée  l'année  dernière  à  Sens,  son  pays  natal,  et  je  ne 
puis  dire,  ne  l'ayant  pas  revue  depuis,  si  elle  a  eu  une 
seconde  fécondation. 

Pour  le  fait  que  je  viens  de  rapporter,  je  me  suis  de- 
mandé si  la  présence  de  l'éponge,  appliquée  contre  les 
surfaces  antérieures  du  vagin  et  du  col  utérin ,  n'avait  pas 
été  la  source  d'une  excitation  absente  du  museau  de  tanche, 
et  nécessaire,  comme  je  l'ai  dit  plus  haut,  pour  la  fécon- 
dation de  la  femme. 

Sans  doute,  on  peut  jusqu'à  un  certain  point  faire  une 
part  quelconque  à  cette  influence  ;  mais  cette  part  doit  être 
bien  minime  si  on  la  compare  à  celle  qui  revient  au  change* 
ment  de  position  éprouvé  par  le  col  utérin  ;  d'ailleurs,  dans 
d'autres  circonstances  que  je  ne  puis  rapporter  ici,  cette 
excitation  a  complètement  fait  défaut,  car  il  n'y  avait  de 
modiOé  que  la  direction  du  jet  spermatique. 

En  résumé,  les  déviations  du  col  de  l'utérus,  sur  les- 
quelles je  m'expliquerai  plus  longuement  ailleurs,  constituent 
fréquemment  une  cause  de  stérilité  chez  la  femme  ;  mais 
l'obstacle  que  ces  déviations  apportent  à  la  fécondation 
n'étant  pas  autre  chose  qu'un  défaut  de  rapports  topogra- 


im  LA  eiftmtiifi. 
phiques  erilrn  l'orf^ane  char^t^  de  donner  vt  l'or^tviic  i 
à  recevoir,  il  advient  <]ue  ces  rap;-ortK,  brisés  daon  rer- 
Uines  circonstanciés,  peuvent  se  rt^Ublir  dsits  d'autn'A,  al 
•lors  on  a  le  speclacie  de  gestations  t»rdivc«  ou  île  féron- 
dations  relatives,  sans  qu'il  soit  besoin  de  recourir  m\  csplj- 
cations  métapliysinnes  des  *■ 'es  ou  des  contraMes. 

CependonI,  il  ne  Tnudrait  pas  )irc  qne  toules  Ifsgro*-  l 
lesses  tardives  ou  relatives  se  peuvent  eipli'juvr  par  i 
déviation  utérine;  l'erreur  c{iin''"'ombatN  eût  éié  tropgrot»  j 
siâre  et  m'aurait  donné  trop  lenl  l>esu  jeu. 

Mais,  ainsi  que  je  le  disais  plus  haut,  la  stérilité  de  t%  i 
femme  tient  quelquefois  à  l'eicitahilité  trop  grande  ou  frop  I 
bible  du  col  utî'rin,  et  cet  élal,  dun^  ici  inanifc» talions  «■ 
deièi  ou  eu  de^à,  moins  farilemeiit  ronstatable  qu'une  <)é-  J 
vîalion,  n'est  pas  tellement  indépendant  des  sensations  du 
congrès  qu'il  n'en  subisse  parfois  l'inHui-nce. 

Or,  s'il  est  incontestable  que  la  femme,  pendant  le  roïl, 
règle  sa  volupté  sur  le  thermomètre  des  sentiments  qui 
l'animent,  et  qu'elle  assiste  â  l'acte,  selon  l'homme  qui  l'ac- 
complit, avec  l'indifférence  la  plus  complète  ou  avec  le  délire 
erotique  le  plus  prononcé,  on  est  en  droit  d'admettre  que 
Teicitabillté  utérine  a  également  sa  part  dans  ces  lluclua- 
tions  de  la  volupté  féminine. 

Je  sais  bien,  et  je  m'en  suis  expliqué  plus  haut,  que  le 
plaisir  vénérien  n'est  pas  le  stimulant  de  cette  excitabilité  ; 
mais  il  en  est  dans  bea'bcoup  de  cas  un  indice ,  et  j'eslims 
que,  sans  établir  entre  eut  des  rapports  de  came  à  efTet,  on 
est  autorisé  à  leur  prêter  certaines  relations  de  parenté. 

Qu'on  me  permette  un  eiemple  :  Voici  deux  femmes, 
toutes  deux  d'un  tempérament  lymphatique,  fibres  lAcbes, 
désirs  vénériens  languissants  ^  on  les  marie  chacune  à  un 
homme  vers  lequel  rien  ne    les  pousse;  admettons  mdroe 


STÉRILITÉ    RELATIVE.  589 

que  l*une  et  Tautre  aient  au  cœur  un  amour  discret  de  jeune 
fille  et  qu'elles  n'apporlent  h  la  couche  nuptiale  que  Tin- 
dirrérence  la  plus  profonde,  que  la  froideur  la  plus  marquée. 
Au  bout  d'un  temps  plus  ou  moins  long  de  stérilité^  Tune, 
entourée  par  son  mari  de  soins  et  de  prévenances,  oublie 
(car  tout  s'oublie  dans  ce  monde,  même  l'amour  le  plus 
insensé  !  !),  oublie  son  affection  déjeune  fille,  et,  vaincue 
par  les  délicates  attentions  dont  elle  est  l'objet,  elle  reporte 
sur  son  mari  la  tendresse  qu'elle  avait  jusqu'alors  éloignée 
de  lui,  et,  s'nnimant  enfin  sous  ces  caresses,  elle  obtient  un 
fruit  de  son  nouvel  amour.  L'autre,  cédant  au  sentiment 
qui  la  domine,  ou,  si  Ion  préfère,  poussée  par  une  fatalité 
que  les  circonstances  expliquent  sans  la  légitimer,  déserte 
la  couche  maritale,  et  trouve  au  milieu  des  voluptés  de 
l'adultère  une  fécondité  qui  l'avait  fuie  dans  le  calme  du 
devoir. 

Dira-t-on  que  chez  ces  deux  femmes  la  faculté  pro- 
créatrice est  sous  la  dépendance  de  leur  affection  nnorale  ? 
mais  s'il  en  est  ainsi,  si  l'état  de  l'Ame  influe  à  ce  point  sur 
la  fécondité  de  la  femme,  on  ne  peut  espérer  la  détruire 
qu'en  modifiant  les  aspirations  morales,  et  alors  le  médecin 
n'a  plus  que  faire,  il  doit  s'en  remettre  i  la  prévoyance  de 
ce  petit  dieu  malin  sur  les  yeux  duquel  les  anciens  avaient 
rois  un  bandeau. 

Et  cependant  les  toniques  à  l'intérieur  et  surtout  Télec- 
tricité  sur  place  peuvent,  sans  lui  donner  le  plaisir  véné- 
rien,  restituer  à  la  femme  la  faculté  procréatrice.  Les  faits 
de  guérison  de  ce  genre  ne  manquent  pas  dans  la  science, 
et  j'aurai  l'occasion  d'en  parler  plus  longuement  ailleurs. 
Mais  d'ores  et  déjà,  dans  les  cas  où  l'électricité  seule  est 
appliquée,  quelle  modification ,  je  le  demande,  a-t-on 
apportée  soit  à  l'économie  générale,  soit  aux  sentiments 


non  DK    LA    KTftniLtTft. 

niorain  <le  In  ff-mnift?  —  L'fti?liun  n'fst-cllp  [tu  toolf 
torak-?  tfl  p»rre  ijiio  le  plaisir  >ënérieii,  nn  indice  «le  t'fïcî- 
tnbililé  ulërine,  r«t  «ou<  l'cntiire  dëpendaïu-ff  lanlAt  iIb 
tempérumeiit,  et  lûntAt  i!e«  HlTertionH  dp  l'Ami-,  m  (îoii-on 
conclure  ijuc  ccHe  ctritubilit^  obéit  nu»  mfme*  maltrM  ri 
aiii  mêmes  etrituter        —  s'il  en  était  iiinii,  jamus 

une  fille  violée,  une  rcmir  lo  force  ne  devien liraient 

enceinte!!,  car  rfon^  n*  rt  an|;es,  tl  ^  s  ptni  f\w  4e 

l'indifTérPHce  ou  du  la  fn  j-  n  quHquiîfni»  la  hatn«, 

mats  toii)oiit8  II'  mépris  feur  pour  l'hnmme  qoi 

l'accomplit. 

Je  le  répMe  encore,  le  plaisir  vénérien  n'eut  point  te 
Mimoins  de  l'eicitobilité  utérine;  il  n'en  est  <|u'tio  imltoe 
el  fn«lc|tief<ii«  le  «ignal. 

Cependant  cet  indice  n'est  pas  infaillible,  et  l'on  ren- 
contre des  femmes  qui,  avec  une  volujité  contenue  dans  de 
justes  limites,  et  ait  milieu  des  meilleures  rondîtiont  de  la 
santé  pénératc  et  des  afTertions  de  l'ime,  n'ont  aucune  exci- 
tabilité du  c6té  de  l'utérns  et  restent  stériles. 

Mais  ce  sujet  m'occupera  ailleurs  ;  il  me  suffît  ici  d'ét** 
blif  que  l'eicitabililé  de  l'utérus,  bien  qu'indépendante  da 
ptaisir  vénérien  .  peut  cepemlant  subir  son  influence  ;  et 
que  eeltu  influence,  qui  se  traduit  par  un  état  essentielle- 
ment local,  et  qui  n'emprunte  rien  aux  idées  d'harmonie 
on  de  contrastes,  rend  parfaitement  compte  de  certaines 
grossesses  tardives  et  de  certaines  stérilités  relatives. 

En  résumé,  et  telle  est  la  conclusion  que  je  tire  des  con- 
sidérations qui  précèdent,  il  v  a  (rois  sortes  de  stérilité  :  une 
qni  est  te  fait  de  l'homme;  une  qui  appartient  en  propre  i 
la  femme,  et  une  troisième  qui  résulte  d'un  vice  dans  les 
rapport-*  des  conjoints. 

Uam  eetu  dernière  espèce  de  stérilité,  la  sevle  ^ 


STÉRILITÉ    RELATIVE.  591 

m*nit  ici  occupé,  le  vice  qui  TenUalne  est  toujours  local  ; 
tantôt  il  est  le  résultat  d'un  déplacement  d'organe,  et  tantôt 
d'une  modification  vitale  dos  tissus. 

Il  n'y  a  donc  pas  de  stérilité  relative  dans  le  sens  que 
Ton  a  jusqu'à  présent  donné  à  ces  mots,  c'est-à-dire  une 
stérilité  relative  basée  sur  des  analogies  ou  des  dissemblances 
générales. 

Pour  moi  toute  stérilité  relative  est  locale,  et  est  tantôt 
une  stérilité  de  position,  et  tantôt  une  stérilité  de  vitalité. 

Les  causes  de  la  stérilité  relative  peuvent  tout  aussi  bien 
«e  rencontrer  choc  t'tiomme  que  chez  la  femme;  elles  sont 
cependant  plus  communes  chez  cette  dernière. 

La  médication  que  réclame  celte  sorte  de  stérilité  est 
purement  locale,  et  l'on  n'y  doit  point  renoncer  sous  pré- 
texte que  les  deux  conjoints  ont  une  incompatibilité  ou  une 
similitude,  soit  de  tempérament,  soit  de  constitution ,  soit 
de  facultés  intellecluelles,  soit  de  passions,  etc.,  etc. 

La  stérilité  relative  n'étant  pas  autre  chose  qu'un  acci- 
dent local,  son  histoire  ne  saurait  exister;  elle  se  confond 
avec  celle  des  accidents  locaux  qui,  chez  l'homme  ou  chez  la 
femme,  déterminent  la  stérilité. 


SECTION  PREMIERE 

«TÉBILITÉ  CHEZ  L*H«liniB. 


Tandis  que  chez  la.  iiniroe  Tacte  de  la  reproduction 
implique,  sans  parler  de  la  copulation,  l'exercice  de  deaz 
fonctions  bien  distinctes,  dont  Tune,  la  fonction  ovarienne, 
n  pour  but  de  fournir  le  germe  à  féconder,  et  dont  Tautre, 


!i9'2  i^rËiiiLiTÈ  CHBic  l'ikihhs. 

la  functioii  ulériiK',  ti  pour  mission  île  mellre  en  rnppnrl  II 
éléments  récoiiilanlK  des  deux  sexes,  diez  rhomni«  lo  rn^mc 
aute  est  tout  entier  rontemi  dans  to  fonctinn  s|iermali(|uc. 

MsiK  cette  fonction,  pour  ittteinilre  le  résultat  «luVIlt^  s« 
propose,  c'est-à-dire  pour  porter  dans  les  or^anL-s  île  la 
fenime,  ov ec  les  conditions  jx  pnr  la  nature,  un  liquide 

spéi'iiil  appela  sperme,  est  soumise,  pour  ninsi  parler,  h  Iroî» 
étapes  i)ui  me  serviront,  comnK  n  le  verra  par  la  siuile.  de 
point»  de  ralliement  :  dons  la  prci  ièrc,  )c  sjicrme  »e  forme, 
c'est  Ui  fonction  de  sécrétion  i  dans  la  seconde,  le  sperme 
formé  est  mis  en  réserve,  c'est  h  fonction  «te  conservation  ; 
dans  la  troisième,  enlin,  Ir  sperme  est  projeté  au  deliorf, 
c'est  la  fonction  d'émission. 

Dans  cliarunc  du  ces  trot«  étapes  et  ilnns  le  parcoure  de 
l'une  à  l'autre,  le  sperme  est  eiposé  à  des  alténilions  diverses 
t^u'i  portent  tantdt  sur  sa  constitution  intime,  et  par  consé- 
quent sur  ses  ptopriétés  fécondantes,  et  lantAt  sur  les  COB- 
ditioiis  de  sa  marche  depuis  l'organe  de  sécrétion  jus(|u*i 
l'organe  d'émission. 

La  pathologie  offre  donc  au  sujet  qui  m'occupe  une 
ditision  rationnelle,  et  je  l'aurais  sans  doute  adoptée  si  !■ 
division  physiologique  que  je  me  propose  de  suivre  ne  la 
contenait  pas  implicitement  et  n'était  tout  k  la  fois  plus 
complète  et  plus  simple  qu'elle. 

Mais  pour  comjircndre  les  développemenls  dans  lesquels 
je  tais  entrer,  il  est  nécessaire  que  le  lecteur  se  reporte  eut 
considérations  générales  qui  sont  en  tète  de  cet  ouvrage  et 
dans  lesquelles  il  trouvera  la  description  des  organes  sper- 
miiliqties  et  le  mécanisme  de  la  fonction  qu'ils  remplis- 
sent (1  ].  Ces  notions  anatomiques  et  physiologiques  devaient 

'1}  Voyez  les  pages  i<  elsoiv. 


TBOVBLBS   DÉPENDATOT    d'uN    tXAT    GÉNÉRAL.  59d 

être  roppelées  dans  une  inlroJuclion,  mais  ne  pouvaient 
trouver  place  au  milieu  d'un  livre  consacre  à  la  pathologie, 
où  elles  eussent,  sans  grand  profit,  ralenti  la  rapidité  du 
discours. 


CHAPITRE  ^^ 

TROUBLES    DE    LA    F0MCT10N    DE    SÉCRÉTION    SPEHMATIQUE. 

Les  causes  qui  peuvent  jeter  le  trouble  dans  la  sécrétion 
spormati(|ue  en  amenant  pour  résultat  final  soit  Tabsence 
complète  do  cette  sécrétion,  soit  une  altération  dans  la 
nature  intime  du  sperme,  tiennent  tantôt  h  un  ^'tat  général, 
soit  physiologique,  soit  morbide,  et  tantôt  à  un  état  patho- 
logique de  l'appareil  sécréteur  lui-même. 

Je  vais  les  examiner  sous  ces  deu\  chefs  principaux. 

(^  I.  —  Tronble»  dépendant  d*an  élnt  général. 

lo  Age,  —  f^iei liesse. 

Les  deux  extrémités  de  la  vie  sont  peu  propres  à  la 
fécondité;  la  nature  ne  nous  a  dévolu  la  mission  de  perpé- 
tuer l'espèce  qu'ajirès  le  complet  développement  des 
organes  et  avant  leur  dépérissement,  afin  qu(>  nous  pu  ssions 
transmettre  à  nos  descendants  une  plus  grande  somme  de 
force  et  de  vitalité. 

L'établissement  de  la  fonction  génitale  est  chez  l'homme 
le  signal  d'une  transformation  morale  et  physique  dont  je 
n'ai  point  ici  a  retracer  les  caractères,  mais  qui  indique 
d'une  manière  certaine  que  l'individu  a  déi>ormais  acquis 
l'aptitude  à  la  procréation. 

38 


iMATtOUK.      ^1 


09&    TROD|li,BS  DK  LA  FONCTION  ÙÈ  8fiCitÉT10l<l  t^HltATtOtlK. 

En  est-il  dp  même  lorsqiio  celle  niilitiidt*  ilitpnrgtl? 
d'aatrei  ternii>.«  la  nnturt;  o-t-clle  a^si^ri6  un  terme  i  pea 
|)ris  coiistanl  h  Vewrr'm^  de  lo  fonrlinri  proc r^otrire ,  el 
a-l-elle  roumi  d<  s  signes  iiuiquels  on  puiï^so  rcronnallre 
l'anéantissement  de  cctlo  Toiirtion? 

Les  opinions  Icx  plus  orcrédit^c!!  di-»  pliyniolugi^tt-f  mo- 
dernes relalivi-nu'iit  ti  In  riictilté  fécondante  de»  vieillards, 
semblent  en  cotitroilidion  avec  des  fuils  oulhenti']ues  et 
qui  (l'ailleui>  st-  renouvellenl  tous  les  jours,  et  surtout  avec 
les  rechercbi's  toutes  réientCD  de  M.  Dupiny,  sur  les({aelles 
j'aurai  i  rercnir  tout  ti  l'iieurc. 

Il  est  incoiilrstablu  (]ue  dnns  l'ordre  réjzulier  des  choses 
et  dons  la  tri^s  Kramle  majorité  îles  ras.  l'homme  arrivé  a 
un  certain  â;;e  penl  In  fanillé  il«  se  r^^pro'luife;  en  ron»^- 
quence,  comme  dans  les  idées  les  plus  généralement  admises 
aujourd'hui,  on  plare  toute  la  puissance  fécondante  daos  les 
zoosjiermt^s,  on  en  a  eonrln  que  les  nnimaliulcs  manquaient 
chez  lev  vieilhirds.  .-c  Le  développement  des  spermaloioatres, 
dit  J.  iMiiller,  roiiimenceilur;int  lajciuiesse  dans  la  classe  des 
mtimmifiTi's;  il  n';i  lieu  qu'à  l'époque  de  la  puberté  dans 
l'espèce  liumniiie,  el  resse  duns  l'âj^e  av'ancé{l).  »  M.  Lon- 
get  n'i'>t  pas  moins  cx|hlicile  que  Millier  :  «  Kartzœker, 
dil-il,  Georfroy,  Anilry  ont  remarqué  les  premiers  qu'il  n'y 
a  pns  de  spermaloîoaires  riiez  renfanl;  Daker  n'en  a  pas 
rencontré  davanlaj'e  chez  les  hommes  épuisés  par  les  eicès 
vénériens.  Knfin  ils  disparaissent  complètement  chez 
l'homm'-  par  le  progrès  de  Tùge,  c'est-à-dire  en  même 
temps  que  la  pni^s'oncc  virile  (2).  « 

Cependant  ^^  ngiicr  émet  une  opinion  toute  contraire  : 

I)  Mniiiii-i  <ir  phijiinii-gie,  irsduil  dc  l'allemand,  f  édit.  Parit. 
1851,  I.  II.  p.  6^6. 
(2)    TrixiU  tU  pti\i*iologie,  l.  Il,  p.  Si. 


TROUBLES   DÈPBNDAIft   d'uN    frfAT    QÉNÉiAL.  596 

«  L'appétit  vénérien,  dit-il,  diminue  chez  l'homme,  mais  ta 
faculté  d*engcndrer  semble  subsister  pondant  toute  ta  vie 
chez  ceux  qui  jouissent  d'une  bonne  santé...  J'ai  troavé 
chez  tes  hommes  très  âgés  des  spermatozoaires  dans  les 
testicules  ;  chez  des  hommes  de  soixante  à  soitante-dix 
ans  j'ai  toujours  trouvé  des  spermatozoaires  dans  les  tes- 
ticules; fréquemment  il  n'y  en  avait  plus  dans  le  canal 
déférent,  mais  en  général  les  vésicules  séminales  en  conte- 
naient (1).» 

Comme  on  le  voit,  il  était  assez  diflicile  de  se  former 
une  opinion  au  milieu  de  ces  contradictions  d'autorités 
également  respectables,  quand  les  recherches  de  M.  Du- 
piny,  entourées  de  toutes  les  garanties  de  savoir,  de  talent 
et  de  probité  que  l'on  doit  exiger  d'un  expérimentateur, 
ont  aplani  bien  des  doutes  sur  cette  face  de  la  question. 

Pour  les  li'cteurs  superficiels,  la  lumière  apportée  par 
M.  Duplay,  loin  d'avoir  éclairé  le  difficile  problème  de  la 
fécondation,  l'a  replongé  dans  de  nouvelles  ténèbres,  car, 
dira-t-on,  si  la  sécrétion  spermutique  s'efTectue  chez  le 
vieillard  aussi  normalement  que  chez  l'adulte,  et  si  le  pre- 
mier n'a  plus  comme  le  second  l'aptitude  de  procréer,  cette 
aptitude  évidemment  ne  réside  pas  dans  la  composition  da 
sperme,  ou  pour  simplitier,  dans  la  présence  des  sperma- 
tozoaires, et  il  en  faut  revenir  ù  l'opinion  de  Burdoch,  qui 
dit  :  «  Ce  n'est  point  aux  spermatozoaires  qu'est  due  la 
faculté  procréatrice  ;  ils  ne  sont  qu'un  elTet  accessoire  et  un 
phénomène  concomitant  de  cette  faculté,  motif  pour  lequel 
ils  manquent  chez  les  enfants,  les  vieillards  et  tes  mlh 
iades  (â).  » 

(4}  Histoire  de  la  génération^  traduction  française,  p.  1 4  et  34 . 
(SJ  Traité  de  physiologie,  irad.  par  A.-J.-L.  Joordan.  Paris,  I8S7, 
1. 1,  p.  434. 


L 


596   TUUUILIS  DB  LA  FUACtIon  DE  litCftftTIOft  ^MIHATltH 

Jg  dirai  loul  o  l'Iieure  cumincrit  rojiiiiioii  lic  \Vagiu 
les  résultais  lies  ubser\nlioiis  de  M.  Uiiiila)  »onl  iiorfiiite- 
ineiit  coni|inlib'es  avcr  In  sl6riti(é  di's  licillanls,  tguoi' 
que  admellaiit  la  conlinuiilioii  de  la  séii^lion  iiofinale  du 
Hperme.  Pour  \r  momriil  jf  tloi'  lu'aiiCivr  un  iii<il9nt  aux 
ei[iérienres  de  M.  Dii|tlay.  cor  elles  élnbli-seiil  un  poiat 
rotidamental  ilaiis  la  (guesliun  qui  uous  oau)i4>,  el  tlool 
l'importiince  e>i  immense,  iion-i^culrmt'iit  en  pli^siologie  et 
en  piiliiulo^ii',  mais  encore  iint  jio  iiN  île  itio  de  la  morale, 
de  la  rumille  et  de  lu  médecine  li'gnte.  Ou  me  |inrdoiinera 
ilunc,  eu  égard  à  celle  im|)or(aiici'  mullijilis  les  eni|'runU 
lettuels  <|ue  je  |)Uurnit  Tairtr  au  Iraiail  de  noire  confrère. 

M.  Uu|i1ay  a  examiné  thct  51  vieillards  le  I  quiile  cod- 
limu  dans  li-g  vésicules  séminales  et  tes  canaux  déférents,  et 
trente-sept  fois  il  a  const'iti  dnns  ce  liquide  la  présence  des 
spermatiizoaires.  Ces  animalcules  ne  •'C  «opit  pas  loujour* 
présenléit  dans  le  m£me  étnl.  n  Unni>  ta  majorité  des  ct« 
('27  fuis),  dit  M.  Uuplay,  ils  étaient  porfailemcnl  bien  con- 
furmés,  la  tète  était  vuliimineusi',  la  queue  lon};ue  et  re- 
courbée, enfin,  ils  ne  diiïémienl  en  rien  de  ceui  qac  l'on 
obser>e  dans  le  Sfierme  de  l'adulte  ;  quelquefuis  {i  foi»)  U 
tète  était  ronfurmée  cummc  rbcz  l'iidulle,  mais  la  quMM 
était  moins  loii<(ue  et  ne  se  terminai)  plu«  par  un  libmeBt 
auvsi  lun^elausi-i  recourbé;  une  fuis  1rs  spcrmalotoaîret, 
quoique  se  terminant  par  tin  pru'on;:eiiient  Iri-s  lon|!  e(  |rè) 
recourbé,  pré-^enlaient  une  tôle  moins  lulumincu^o  qae 
dans  les  cas  ordinaires;  une  autre  fuis  on  totait.  dans  le 
champ  du  microscope,  un  •>raiid  nombre  de  télés  de  sper- 
mslotoairet.donl  qufl'|ui's-une!(  éluirnt  huiiies  d'une  wrie 
de  tronçon  de  queue  bruï^qtK'meiil  coupée;  cinq  fuis  ;ius>i  j'ai 
ob^rté  un  mélange  de  ces  deux  états  des  fpcnnoloioatres. 


Aiiiti,  à  cAié  de  zooiipernies  bien  conformé» et  présenlauttM 


TROUBLES  DÉPENDANT  d'uN  ÉTAT  GÉNÉRAL.     597 

mêmes  caractères  que  chez  ratiiilte^on  en  rencontrait  plu- 
sieurs à  queue  tronquée,  et  i*on  \0}ait,  à  côté  d'eux,  de 
petits  corps  qu*il  était  Ticile  lie  reconnaitre  pour  des  tètes 
de  spermatozoaires.  Dans  un  cas,  j'ai  constaté,  avec  ta  pré* 
sence  des  animalcules  spermatiqu^s ,  celle  d'une  assex 
grande  quantité  de  petits  cristaux  dont  je  n'ai  pu  déterminer 
la  nature.  Ajoutons  que,  quelquefois  aussi,  à  côté  des  sper- 
matozoaires bien  développés ,  on  apercevait  un  grand 
nombre  de  granules,  soit  i>olés,  soit  contenus  en  certain 
nombre  dans  une  vésicule  commune,  et  entièrement  ana* 
logue  à  celles  d'où  Ton  voit  les  spermatozoïdes  s'isoler, 
ainsi  que  l'ont  signalé  les  ph>siologistes  qui  ont  étudié  les 
diverses  phases  de  leur  développement.  M.  Davaine,  avec 
qui  j'ai  observé  plusieurs  fois  cette  particularité,  était 
aussi  fortement  porté  a  croire  que  ces  agglomérations  de 
granules  étaient  des  spermatozoaires  en  voie  de  dévelop- 
pement. 

»  Quant  à  !a  quantité  des  spermatozoïdes,  elle  n'a  pas 
été  toujours  la  même  :  dans  quelques  c^s,  ils  étaient  aussi 
abondants  que  chez  l'adulte  ;  ainsi,  le  champ  du  microscope 
en  était  couvert,  on  les  voyait,  très  rapprochés  les  uns  des 
autres,  s'entrecroiser  dans  tous  les  sens.  Chaque  gouttelette 
de  sperme  soumise  a  l'examen  en  présentait  la  même  quan- 
tité. J'ai  constaté  sept  fois  cette  abondance  excessive  dea 
animalcules  spermatiques,  et  le  sperme  d'un  de  ces  sujets  a 
été  soumis  a  Tcxamen  de  RtM.  les  membres  de  la 
Société  de  biologie.  D'autres  fois,  quoique  encore  abon- 
dants, les  spermatozoaires  Tétaient  moins  que  dans  le  cas 
précédent;  ils  étaient  moins  pressés  les  uns  contre  les 
autres,  quoique  le  champ  du  microscope  en  présentât  encore 
un  grand  nombre.  J*ai  observé  seize  fois  ce  second  état. 
Enfin  quelquefois  les  animalcules  étaient  rares;  on  n'en 


199  THUDMJ»  DB  LA  Ff>KOIU^  Dl  «iCKftilOK  ei>IWAtlQ|iR. 
t^fcevuit  |)lus  <|iii^  qiieti]Uf!s-uii5,  inaièa  ou  milieu  d'i 
lifoide  i)iii  ))fésc[>(ait  dt-  (Ji'lilcï  gruiiulalioiis  e(  Je«  débris 
<lf  (ii-ltules  i-pitliL-lialeii.  Quulortc  fuis  j'ai  caiisUtii  ccUa 
^ireté  de»  »|>erin<)lutonircs,  i|ui  iouvenl,  quoique  |ieu  nom- 
^Ux,  éloîenl  (tarliiilemenl  iléii;lo|i[ié5. 

a  Les  fpermatuiuoiTe»  *g  rencuoiraiciit  soit  ilaii»  tuuie 
r^odoo  lies  vaics  spermaliqucs,  re  que  j'ni  rencoolré 
nii£l-xit  r»t!i,  soil  dans  un  seul  poiiil  de  ra)ip«rcil  cicré- 
taiir>AiiiKi,  (ruii  foi^,  le  sperme  ïciil  ronlenu  dJins  les 
ciMux  dërérciilï  rciireniiail  des  luospermcs,  et  relui  de» 
véliculeR  n'en  laissait  apercevoir  nueuii  ;  un«  fuis  leur 
IHréssnce  a  èiè  eoiinlotéc  dans  le  liquide  dos  «éiirules  t^mi- 
ulcs  et  no  ))u  l'ôlrc  duiis  \e»  ennsui  d^fi^reiitX;  enBo,  il 
M'e^t  Hrri(é  sept  fols  dVii  trouver  dans  iinesfule  téMcule, 
quatre  Tois  dans  la  vésicule  droite  et  trois  foin  dans  la 
gauclie,  à  l'exclusion  de  celle  du  edté  opposé  et  des  deui 
canaui  dtTt'renlsfi).  « 

L'absence  des  spermaloioaires  cliei  les  qualorse  indi- 
vidus restsul  de  la  statistique  de  M.  Uupla),  ne  se  peut 
eipliquer  par  rien  d'anormal,  v  Quant  aui  leslicules,  dit 
l'auteur  que  nous  citons,  leur  (issu  propre  était  sain  sur  In 
(jUltortu  cas  ;  on  observait  toujours  cet  état  de  Daccidité  de 
rorgaiie>  qui  est  presque  con^laut  cbei  le  vieillard,  el  que 
nous  avons  déjà  signalé.  Uans  un  seul  cas,  les  testicules 
étaient  etcessitenieiil  petits  élevaient  subi  une  véritable 
atrophie.  Cioq  fois  j'ai  rencontré  l'Iiydrocèle  de  la  ta- 
nique  vai^inale,  et,  dans  un  seul  cas,  un  kjste  de  l'épidi- 
djme  (2).  » 

EaGn,  comme  il  est  impossible  de  reproduire  ici  tout  la 

(<)   Archirfi  gén^alei  de  mè'lecine,   l'  séfie,   t.   XXX,   décembre 
1861,  p.  393. 
(t)  /M.,  p.  403. 


TBODBLES  DÉPENDANT  d'uN  ÉTAT  GÉNÉRAL.     599 

travail  de  M.  Duplay,  je  terminerai  par  les  remarquables 
conclusions  qu'il  tire  des  faits  étudiés  par  lui  : 

«  1**  La  sécrétion  du  sperme  continue  h  s'ciïectuer  chez  les 
vieillards.  Quoique,  parmi  ceux  qui  ont  été  soumis  à  notre 
observation,  le  plus  Agé  eût  quatre-vingt-six  ans,  et  que 
nous  n'ayons  pas  eu  Toccasion  d'étendre  nos  recherches  au 
delà  de  cet  âge,  tout  porte  à  croire  que  la  sécrétion  spcrma- 
tique  se  prolonge  jusque  dans  un  âge  beaucoup  plus  avancé. 

»  2""  Cette  sécrétion  est  généralement  moins  abondante 
que  chez  l'adulte;  ce  qui  le  prouve,  c'est  la  prédominance 
du  liquide  sécrété  par  la  membrane  muqueuse  des  vésicules 
séminales,  dans  le  sperme  que  renferment  ces  réservoirs. 
Cependant,  par  une  exception  rare,  à  la  vérité,  et  même 
chez  des  octogénaires,  la  sécrétion  du  sperme  parait  être 
aussi  abondante  que  chez  l'adulte,  car  le  liquide  que  renfer- 
ipent  les  vésicules  séminales  de  ces  sujets  privilégiés  parait 
aussi  consistant  que  chez  les  sujets  encore  dans  la  force  de 

l'ige- 

a  &""  Contrairement  à  l'opinion  généralement  admise  par 

les  physiologistes,  les  spermatozoïdes  se  retrouvent  dans  le 
sperme  des  vieillards.  Les  cas  contraires,  loin  d'être  la 
règle,  doivent  être  considérés,  d'après  nos  recherches, 
comme  l'exception.  Si  dans  certains  cas,  les  spermatozoaircs 
sont  moins  nombreux  que  chez  l'adulte,  ou  répandus  moins 
uniformément  que  chez  ce  dernier  dans  toute  retendue  des 
voies  spermatiques  ;  si,  dans  certains  cas,  ils  présentent  une 
conformation  moins  parfaite,  dans  d'autres  aussi,  et  quel- 
quefois chez  des  sujets  très  âgés,  on  les  retrouve  avec  tous 
les  caractères  qu'ils  présentent  pendant  la  période  moyenne 
de  la  vie. 

»  li^  Si  les  vieillards  ne  sont  plus  aptes  à  se  re|»ro(luire, 
ce  que  Ton  observe  le  plus  généralement,  et  si,  d'un  autre 


HOO     rKUtlRLES  DE  LA  FONCTION  t>B  SËCHÊTIOR  SPiRHittQCE. 

ràtc,  ia  présence  des  spermolorunires  constilue  la  qualité 
récondoiite  de  la  liqueur  séiniiialc,  c'esl  moins  »  In  coin- 
posilion  de  leur  sperme  qu'iiux  iiutres  cnnJilifliis  «le  l'iicle 
reproducteur  (ju'îl  fuut  atlribuiT  l'inri^coridilé  des  iJtril- 
Inrds  (1).  .. 

A  côlé  île  rc  remarquable  Iravoil,  ilonl  j'oi  été  heureux 
de  reproduire  leUiicllemeiil  les  prînrijiaui  }iO!i«ngi-s,et  qui, 
le  premier,  oppose  des  Tails  aulhirnliqncs  il  une  pure  hypo- 
thèse des  ph\siulo<>isti's.  je  crois  irmlile  ilc  mentionner  quel- 
ques observotions  qui  me  sont  propres,  et  qui,  d'ailleurs, 
concordent  exactement  atec  les  rê»ull^iU  annoncés  par 
M.  Dnpiay.  Aussi,  bien  i-Dii\nincu  de  Texislenre  des  sper- 
matozoaires  dnns  la  liqueur  séminub'  de»  vieillard»,  et,  d*an 
HUtrecàlé.  Torct^  d'udmettre  l'inaplitude  de  ceui-ei  à  se  re- 
produire, j'ai  cherché  quelle  puutail  être  In  condilioo  de 
rgclerepruducleurqui  faisait  défaut  nu  vicillord;  oprùs  ans 
observalion  Dllentiie  du  jeu  et  de  liinpnrluncc  de  ces  coft- 
dilions,  je  crois  nvoir  acquis  la  cerlilude  que  l'iitrécuadïté 
de  l'jl^e  awiiicé  tetinil,  dans  ta  majorilé  des  cas,  rhrs  lei 
individus  surtout  qui  punsèdenl  des  animalcules  spermntiques 
normaux,  a  une  diminution  notable  de  la  force  d'émiMtoD 
de  la  liqueur  séminale. 

Cette  cau^c  du*  itlérilité,  sur  laquelle  j'aurai  à  revenir 
plus  loin,  e><t  quelquefois  manifeste  chez  l'adulte;  elle  K 
trahit  d'ordinaire  par  une  ère  (ion  molle  et  fl'i«que.  Les 
ma<iturbaieiir-i,  par  exemple,  offrenl  souvent  auprès  dei 
femmes  celte  faiblesse  d'érection,  qu'il  In  faille  allribueri 
leur  répugnance  pour  le  »e\e.  ou  à  rulTiitbli-<^emeii(  de  leurs 
organes,  et  presque  toujours  alors  ils  sont  inhabiles  k  «e 
reproiluire,  bien  que  leur  sperme  contienne  des  aniniakules 


(Il    ir.h. 


.  iJécemhre  I86ï,  p    103. 


TRODBLBS  DÉPENDANT  D*UN  ÉTAT  GÉNÉRAL.     601 

fécondants.  Cette  ina|)titucle  h  la  Fécondation  se  perpétue 
tant  que  dure  la  faiblesse  dos  érections,  et  la  fécondité 
re|iarait  a\ec  le  retour  de  la  furce  érectile. 

Pourquoi  n'(*nscrait-il  pas  de  mâmepour  le  vieillard?  II 
est  incontestable  que  les  fibres  contractiles,  quelles  qu'elles 
soient,  qui  concourent  à  Tcxpulsion  du  sperme,  participent 
chez  lui  h  raffiiiblissement  qui  frappe  toutes  les  parties  de 
Torganisme  et  qu'elles  ne  restent  pas  seules,  énergiques  et 
vivaces,  au  milieu  du  dépérissement  de  toute  l'économie. 

]\lais  de  même  que,  chez  certains  individus,  la  vitalité 
générale  conserve  plus  longtemps  ses  heureux  attributs,  de 
même  il  e>t  des  \ieillnrds  dont  les  vésicules  séminales  et  les 
plans  musculaires  qui  les  recouvrent,  gardent  une  force  de 
contraction  qui  n'est  pas  ordinaire  à  cet  Age.  Il  en  devait 
être  ainsi  chez  tous  ceux  dont  Thistoire  a  noté  le  souvenir 
de  la  paternité  tardive  :  Caton  le  censeur,  Massinissa,  roi 
de  Numidie,  Ladislas,  roi  de  Pologne,  etc.,  qui  engen- 
drèrent des  enfiintsi  Tàgiule  quatre*\ingts  et  quatre-vingt- 
dix  ans.  S.ins  doute,  il  est  impossible  de  s'appuyer  sur  de 
pareils  exemples  pour  défendre  Topinion  que  j'émets  ici, 
car  l'histoire,  on  le  ('om|)rend,  est  muette  sur  ce  point  de 
physiologie  :  mais  quand  on  a  attentivement  observé  ce  qui 
se  passe  dans  les  cas  d'impuissance,  il  est  impossible  de  ne 
pas  admettre  que  la  furce  d'émission  du  sperme  joue  un 
grand  rôle  dans  l'acte  générateur. 

Je  sais  bien  que  Spallanzani  a  fécondé  des  chiennes  en 
portant  sur  leur  utérus  la  liqueur  séminale  du  mâle;  mais 
que  prou\ent  ces  expériences  ?  Les  conditions  de  fécondation 
sont- elles  identii|ues  dans  la  race  canine  et  dans  l'espèce 
humaine?  Et  puis,  dans  cette  dernière,  n'a-ton  pas  va 
des  hommes,  avec  une  force  d'éjaculation  à  peu  près  nulle, 
féconder  exceptionnellement  une  femme  atteinte  de  prolap- 


099  TBOVpfES  DB  LA  FOKCTIOn  RB  ïkCIIÉTlOn  SPEBHATIOim. 
SUS  ulériri?  iJ'ailk'urs,  le»  ex|jérion(is  ilu  S(iBiluuwni.« 
point  de  vue  ({ui  nous  occujic,  ii'uiit  pcul-£tri>  paf  loult 
l'importance  i|u'oii  ïeiait  tcnl^  île  leur  iloiinfr  nu  (Hcmiei 
■bord,  si  l'on  rcflt-iliit  (jiie  l'illustre  obbé  ci|<ériment*il 
avec  une  seiin^^ur,  et  qu'il  impriainil,  par  ronséi|ui^Dl,  iia 
lî<)uiJe  une  icilalnu  furi'c  d'ini|iulsi(iu;  tnCn.  ce»  ei|t^ 
rienccit  n'ont  j.iinuis  i't6  ronsid^r<!'e«  aiec  raison  que  coranu) 
de  curii'USCS  CKTijlions  nui  lois  or<liiiairo$  de  U  riconda- 
tion,  et  reicffitiontijuc  ]e  sache,  n'a  janiaiH  conalilut:  une 
règle. 

Pour  moi,  je  le  rép&lc,  la  cansf  |»rinci|iole,  sinon  uiii<)ue, 
de  l'inféconililé  do  ucilUrds  dont  le  sperme  est  iiormil 
comme  celui  >li;  l'adulu-,  réside  dans  lu  fjiblcsse  de  l'éjatu- 
lalion,  et  se  ralladie,  par  consé(|uent,aut  conditions  de  U 
puissance  virile. 

Je  reviendrai  plus  toin  sur  le  même  sujet,  alors  <]uc,  dsoi 
le  chapitre  consacre  nui  (roubles  de  la  fonction  d'i-mission, 
j'étudierai  l'impiiiïS'ance  tommerau^cdeïlcnlilc^j  je  renittic 
donc  h  ce  (liujiilre  pour  compléter  les  considérations  dont 
je  nefdis  ici  cjue  poser  les  h^sa. 

2"  Tempérament.  —  Constitution.  —  État  de  maladie. 

Tempérament.  —  Dans  la  i^étcrc  acception  du  mol,  il 
n'est  aucun  tempérament  (]ui  soit  à  lui  .•>cul  cause  de  atéri- 
lité;  mais  le  Icmpémmetil  peut  être  une  prédisposition  à 
certains  troubles,  h  ccrNiines  ctaj^iV.'i lions  fonctionnelles, 
qui,  cu\,!ionldes  causes  prorliaine.s  d'inféronilité.  Ainsi,  il 
est  incontcslable  <|u'un  i  oit  arcoriipli  aiec  une  exoltalioo  de 
voluptés,  proi'lics  parents  de  ré|Mli'psic,  donne  osseï  ordi- 
uuiremcnl,  iiu  point  de  vue  de  la  génération,  des  résultais 
négatifs.  Or,  tous  les  tempéraments  n'étant  pas  suscepliUif 


raOUBLBS   DÉPENDANT    d'dN    ÉTAT   GÉNÉRAL.  60ft 

d^atteindre  ce  iiaut  degré  de  sureicitation,  celui  qui  y  prér 
dbposera  pourra  donc  être  regardé  comme  une  cause  indi- 
recte et  éloignée  d'infécondilé. 

Cependant,  le  tempérament  n'est  pas  toujours  et  fatale- 
ment la  source  de  voluptés  étranges  ;  d'autres  conditions 
sont  nécessaires  pour  amener  des  plaisirs  épilepliques,  et 
parmi  elles,  il  faut  mettre  au  premier  rang  la  tension  de 
Tamour  moral ,  le  refoulement  plus  ou  moins  prolongé 
des  désirs  vénériens,  la  continence  plus  ou  moins  lon- 
gue, etc. 

D'ailleurs,  cet  état  de  sureicitation  épileptiforme  qui, 
quelquefois,  est  bien  réellement  un  motif  d'infécondité,  est 
essentiellement  relatif  et  passager;  le  changement  Tultère, 
rbabitude  l'émousse  et  la  satiété  le  détruit. 

Dans  les  conditions  normales  d*escitation  vénérienne| 
conditions  essentiellement  variables  avec  chaque  individu,  il 
n'existe,  je  le  répète,  aucun  tempérament  infécond  ;  et  s'il 
tu  est  qui  prédisposent  à  la  stérilité  par  un  excès  en  plus  ou 
eo  moins  d'excitation  vénérienne,  cette  prédisposition  se 
corrige,  d'un  côté,  par  l'habitude,  et  de  l'autre,  par  un  peu 
plus  d'amour. 

CoHStiMion.  —  Il  en  est  de  même  des  constitutions,  en 
tant  qii*elles  n'ont  pas  franchi  les  barrières  de  la  santé  ; 
je  n'en  sais  aucune  qui  soit  fjtalement  cause  de  stérilité, 
car  on  rencontre  tous  les  jours  dans  le  monde  des  hom- 
mes faibles  et  délicats  procréer  des  enfants  robustes  et 
vigoureux. 

Il  est  incontestable  que  chez  les  individus  dont  les  sources 
de  la  vie  sont  languissantes,  la  sécrétion  sperraatique  doit 
être  moins  énergique  que  chez  ceux  dont  la  vitalité  est  exu- 
bérante; mais  il  importe  peu,  pour  le  succès  delà  fécondar 
ticffi,  que  cette  sécrétion  soit  plus  oi|  ipoini  abondante, 


t. 


601    TROUBLES  DE  L*   PO^*CTIO^  DB  SlCRËTIOK  SmHATIQCB. 

jiourvu  <|ii'cllc  !i'ui:coiii|)li!<>e  au  milieu  ilcs  Fomlilions  nnr- 
malcs,  c  c<it-<^-(lirL- 1  oiirtu  (|iie  le  ^iicrm»  |>r(.W('iitr  \n  |iro> 
priétiis  l'tnsiijui'S  et  ii>iinii|ijps  qui  li^  roii^liluctil  li>|urur 
récoiidnnle.  Soun  le  ni|i|iorl,  \v  le  r<^)ièlo,  il  n'vfi  aucuiiP 
c(in>liluliun  (|iit  s'o]i|iose  i  hi  stVrélioti  noininlv  rlu  liquide 
proliliifuu  ;  nous  alluiii  iiiëinu  voiri|ue  relie  sl'i-i i^t ion  ii'e*l 
ui  oltérdc,  ni  .«u«|>etiJue  [iiir  des  eirroti>(ainr'«  piilliulu«i> 
que  qui  IrauKrorment  cd  vt^riloLlv  Hoi  rauibido  une  con- 
slilulion  iitiilhi>ureusc. 

Étal  (le  maladie.  —  Il  ne  [»cul  i^lre  ici  quclion  que  àet 
matadii-s  clironiquc»  ;  iiu  |joiiil  de  t  uc  qui  iiou'i  (>(-i.-u|ie,  il 
n'csl  l'ii  iiui'uue  fin;(ui  iitlL^nsi^nrit  do  *inoir  si  le*  «|ierit'B- 
loioaircs  tiveul  iii-nditiil  une  Rcvre  h|>hi)ï.le.  ou  ilnns  te 
cours  d'une  fiueuinunir,  cnr  les  rondilimi*  iiu  miticu  det- 
quelles  se  trouve  l'or-ijinisme  lui  iitlcrilisenl  l'ciiTiii-e d'une 
fonrtioii  dont  riii'L'um]>li>'?omciii,  nliirii  môme  qu*il  »enit 
possible,  compronieltrail  grnveinoril  lu  snnltï^AntValc. 

Il  m;  pi-ut  duiii'  ^'n^ir  ici  que  de  mnindics  rliruniques  dont 
la  durée  et  lu  li^génrlt^,  ou  l'inlerfliiltenre  des  ntcklenU, 
aulofiseiil  l'œuvre  de  lu  |iro|in^aliun  de  rfKjiicfl. 

Que  n-s  iUiils  niuibidi's  !iL-  liuutnil  souo  tu  di^penihiDrc 
d'une  diiitlièso,  ou  ^uienl  plus  simplemenl  h  tfart>r<innAlkin 
d'un  <^ltit  murltide  aigu,  il»  ne  seiiibleiit  pi>!<  ntuir  utic 
influcneu  Irès  miirqué.-  sur  la  ^ét-rétioii  Sjiermutique. 

lian*  W>  casd'uiïecliiinH  diiillié«ii|ues,  nlors  que  le  ^cnne 
morbiiletic  s'c>l  (loiiit  eiiture  InidutI  nu  dehors,  le  s|>enne 
ne  subit  uui'uiie  iilténiliuii,  |iuisi|ue  nous  \o}oiis  ee!*  «iccs 
pathulo^ii|UCS  ne  Inintmetlre  d'une  f;6nératton  i  l'autre; 
Ionique  In  d<<ilbè-e  a  fuit  e\|ilo-inri ,  lorsque,  sortant  de 
l'étnt  UtenI,  ell>'  a  iillaqué  les  sources  de  lu  tie,  comme 
cbei  les  phllii^iquiïs  cl  les  riinci^reui,|inf  e\eniple,  la  térrè- 
tiofl  fipermiiliqtie  m  p«rnM  pa«  davanlnge  «ll*r«ie  :  na   nn- 


TMOBLBS   DÈPBNDANT   Ù*W   ÉTAT   QÉIltlIAL.  006 

contre  toas  les  jours  des  luberculeux  ou  deuxième  ot  même 
ou  troisième  de«;rù,  qui  deviennent  pères;  et  combien  n'y 
a-t-il  pas  d'hommes  qui  ont  des  enfants  avec  des  cancers 
en  pleine  suppunilion?  Ces  fails  sont  si  conslnnlset  siavé' 
rés  que  quel(|ues  rêveurs,  dans  Tespérance  d'une  régéné- 
ration com|ilèle  de  Tesi  ère  humaine,  ont  entre\u  la  pos- 
sibilité d'interdire  le  mariage  aux  individus  atteints  d'une 
dialhesc  morbi<le  Iransmissible  par  hérédité. 

Le  fait  de  l'exislenre  des  spermatozonires  pendant  les 
maladies  chroniques,  ronslalé  par  Tobservalinn  clinique,  a 
été  confirmé  par  l'examen  microscopique.  C'est  encore  aux 
rechenhcs  de  M.  Dupliy  qu'il  faut  avoir  recours. 

Parmi  les  Ircnle-sepl  vieillards  chez  lesquels  cet  expéri- 
mentateur a  renconlié  des  animalcules  spermatiques,  vingt 
et  un  avaient  succombé  a  des  maladies  ai;*uës  et  .^eize  h  des 
maladies  chrnni(|iies,  dont  plusieurs^  dit  l'auteur,  avaient 
déterminé  cet  état  décachette  et  de  marasme  dans  lequel^ 
suivant  r opinion  de  certains  auteurs^  les  spermatozoaires 
disparaissent  même  chez  Vadulle. 

Au  nombre  de  ces  maladies  chroniques  nous  voyons  : 

Entérite  chronique 4 

Aiïeclion  organique  du  cœur 4 

Tubercules  pulmonaires 3 

Bronchite  chroni({ue 2 

M('M)in*zile  chronique 2 

Ramolli^isemenl  du  cerveau % 

Cancer  de  l'estomac 4 

Squirrhe  du  pancréas \ 

Cependant,  sur  les  quatorze  vieillards  dans  le  sperme 
desquels  des  animalcules  n'ont  pas  été  rencontrés,  quatre 
seulement  avaient  succombé  à  des  maladies  aiguës;  les  dix 


600   TRDUBLtS  D<  LA  TOKCTION  t»  «tCHtTIOII  srS«HATIQt'K. 

autres  se  r^fiarlitsaicnl,  par  rap|iQrl  k  la  caive  de  leur  mM 
de  U  manit-re  suitonti*  : 

Scorbut  et  tnéniogita  chroniqtw.       ....  I 

Tuterculea  pulmooair<;s t 

ttBmoUissKnifDt  cbroniijue  du  corvuD.   ...  t 

Suppuration  énorme,  mirasme  ...       .    .  I 

Méningite  chronique I 

Cnlarrlie  chronique.  .......      ....  ♦ 

Uféliie  chronique I 

Cancer  du  c<Mon.       I 

ruralyeie.  «echare,  tnaraune.  ....      ■  .  4 

Kii  jiréï^ciicc  (lu  re»  résulluls  iruntruiiicloir«t,  il  aérait 
déraisoiiuntile  d'adinellre  i]iic  l'nbsciircdesupermatoioairet, 
daii!)  les  dix  diiniiers  cas,  e$l  due  à  la  maladie  cliroiii(|ue  qui 
a  entruiné  In  mort,  |iui>qii'on  vuil  que,  dans  d'uutres  cas, 
les  mêmes  étals  morbides  n'ont  pas  déterminé  la  disparr- 
lion  des  animalcules  spermatiiiucs. 

lit  ponrliint  des  auteurs.  Ouij  entre  autres,  n'oiil  |>H 
craint  il'tïlnblir  cti  lui  <|iie  ^'£  maladies  chroniques  qui  te 
terminent  pur  la  mort  urrélcnt  lasêcrèlion  des  animalcules 
Sfiermatiiities  (\).  M.iis  il  ciic>l  di;  cette  loi  tomme  de  beau- 
coup d'autres  trop  raellenient  admises  dans  le  su^ct  »i  peu 
connu  i[ui  nous  occupe  :  cllf  ri'ot  s-incliuniiée  ni  pur  l'ob- 
ser>ation  clinitjue  ni  par  l'Olude  rit.'crOjisi()ue. 

(IJ   Tht  Edinb.   mrii.   and  lurif,  ;oiirn..  et  Gaitlte 


tROUBLES    DÉPENDANT    d'oN    ÉTAT    LOCAL.  6Ô7 

g  II.  —  Trouble*  dépendant  d*an  état  loenl. 

1^  Anomalies  des  testicules. 

Ces  anomalies  portent  :  1^  sur  la  position  ;  2<^  sur  le 
volume  du  testicule. 

Je  ne  m'arrêterai  ici  qu'à  la  première  de  ces  deux  caté- 
gories, parce  que  la^seconde,  dans  laquelle  l'atrophie  seule 
de  la  glande  nous  intéresse,  rentrera  dans  l'histoire  de  cet 
étal  morbide  que  peuvent  amener  des  circonstances  acci- 
dentelles et  que  j'examinerai  tout  à  l'heure. 

Absence  des  leslicules.  —  Jusqu'à  Hunter,  les  analo- 
mistes  n'ont  fait  aucune  didicullé  d'admettre,  non-seule- 
ment comme  possible,  mais  encore  comme  assez  commune^ 
l'absence  des  deux  testicules;  bien  plus,  cette  absence 
ajaut  été  constatée  chez  des  individus  qui  avaient  fait 
preuve  tout  è  la  fois  de  désirs  vénériens,  de  virilité  et  de 
fécondité,  on  en  avait  naturellement  conclu  que  les  testi- 
cules n'étaient  pus  nécessaires  à  la  fonction  génitale;  aussi, 
Gtbrol  n'é|)rouvait  aucune  répugnance,  dans  des  cas  pareils, 
à  conseiller  le  mariage,  a  Vous  entendrez,  dit-il,  qu'estant 
moy  à  Beaucaire,  je  feus  appelle  pour  avoir  advis  de  moy 
par  les  parents  d'un  jeune  homme  de  ladicte  ville,  aagé  de 
XXII  ans  ou  enuron,  pour  scavoir  si  on  le  marierait  ou  si  on 
le  ferait  d'église,  veu  qu'il  n'avait  point  aucun  testicule.  Je 
leur  conseillay  de  le  marier,  le  voyant  gaillard,  non  effé- 
miné. Il  est  encore  en  vie  et  a  eu  deux  enfants  de  sou  ma- 
riage (1).  w 

Et  comme  s'il  eût  senti  combien  peu  était  rigoureuse 
une  semblable  observation,  le  même  auteur  raconte  lliis- 
toîre  d'un  homme  qui  fut  pendu,  pour  viol,  à  Montpellier, 

(4)  Alphabet  anatomique,  p.  87. 


QOS  TtOOnU  DB  LA  FuriCTION  DS  seCRlTION  SPMVATlQllf. 
et  dont  il  fui  itiarfié  ili>  Wire  l'uutops^e.  «  VaiU^  aulro  i'h»> 
SOS,  dit  Ciibrol ,  le  |il()«  tnro  c'chl  qu'il  ne  lui  rvuiil  Iroui^ 
aucun  lesliL'ulu,  ni  c\lérieiireineiit  ni  intt^rieiiremt.-nl  :  bien 
luy  trou«a<im<?!>noiiHse!igBrilnui'lies  ou  içrcnierKOulaitt  rem- 
plis de  scniericc  >|ii'à  hoinine  que  j'nye  anallinmi^^  dv«puit; 
cela  esloiiiia  mmoilleusi'ineiit  toute  raHMstanre  (1),  •• 

Bien  que  l'ofiiiiion  de  Cnlirol,  »ur  l'inutililé  île»  lut»- 
eules  dnni  i'ncti-  ^én^rntGur  ne  soil  pluf  niimitc  aujoanl'hiii, 
et  qu'il  iK  se  roncoit'iAI  |ins  un  médecin  mpiible  àr  ron- 
seiller  le  mjiriii|>r-  à  un  li<>mmo  ilunl  l'ub-'eiicf  do»  (e^licutes 
serait  un  Tiit  jniifiiili'mi'nl  nc(|nt!>,  il  h'ogil  d<*  tiatoinii  relie 
absence  pput  ri)nK>'uilnleni('nl  sa  {irodntrc. 

Dan5  un  tmtnil  tria  n'imirifuntile  Nur  les  anomalies  de 
position  el  les  alroiilnex  lia  lP!tlirule(-î),  M,  Fwlltn  paraft 
di.ijiONé  il  ntliibiiiT  h  rnlrO|iliic  du  lc>liriitc  k><i  cas  où  cflle 
çinnd''  ne  se  rcnconln-  |m«.  A  r.'i|i|iui  de  celte  manière  de 
voir,  il  eite  deux  roits  qui  lui  pnruissetit  rourlunnls  :  n  Le 
premier,  dil-il,  ii  été  uioiilré  piir  moi  ix  la  Sociéli^  de  bio- 
logie en  nntW  1850;  le  sceoiid  n  6[é  rommuniqué  pir 
M.  Gosselin,  ô  l'A  épidémie  de  méileciiie.daiis  la  séance  d« 
h  fé»rier  1851  (3).  Jedonucroî  ces  dcui  rails  mer  quelques 
détails,  cnr.  outre  leur  rorett',  ils  me  pamissenl  aïoir  cela 
deremnrquob'e  qu'nuenncnutn'  lésinn  de  l'iippiireil  c^nila) 
ne  les  iircom|ia{:ne;  uirisi,  sur  le  scrotum,  m. Ile  cicnlrice, 
et,  dans  les  autres  \oies  excrétoires  du  spermi-,  rien  qui 
indique  même  une  diiïérence  a»er  le  côté  ii|<|iosé.  » 

Ces  deux  observiilioris,  que  l'on  trouiera  dans  le  recueil 

(1)   Alph'ihrl  iinoMiiiii/U''. 

(î)  A'tt(.(.-,<  pti."(OFnii).ir«  f(  i>,ilh;hyUi.„,s„r  !<■>  wiomal.ri  de  f>o*i(MM 
,■1  Im  airoyhic*  du  teslicvle  (.IccAir.  ,j,-ui  r.  ,!,■  nml  .  juillpl  1851  \. 

(31  BulMiii  .Ir  r AcKlémù-  noiio-ftir  de  mfd'nui;  Paris.  (8SI, 
l   XYI,  p    tii3. 


TKODBLBS   DÉPENDAIT    d'uN    ÉTAT   LOCAL»  609 

que  je  cite,  n'ont  peut-être  pas  toute  l'importance  que 
semble  leur  attribuer  M.  Follin,  car  rien  ne  prouve,  en 
eiïet,  que  le  testicule  manquant  ail  originairement  existé, 
et  qu'il  faille  attribuer  son  absence  à  sa  disparition  pro* 
gressive.  On  peut,  avec  une  égale  raison,  croire  è  une 
absence  congénitale  de  la  glande. 

Cette  anomalie  ne  serait  pas,  d'ailleurs,  sans  précédents  : 
Blandin  (1)  a  noté  un  cas  où  il  n'existait,  d'un  côté,  ni 
testicule,  ni  canal  déférent,  ni  vésicule  séminale  ;  et  M.  VeU 
peau  (2)  en  rapporte  un  autre  dans  lequel  l'artère  et  la  veine 
spermatiques  étaient  égalenfierit  absentes. 

Tant  que  ce  vice  de  conformation  n'affecte  qu'un  seul 
côté  et  que  Vappareil  spermatique  existe  intact  du  côté 
opposé,  le  mal,  au  point  de  vue  qui  nous  occupe,  n'est  pas 
très  considérable,  et  il  serait  facile  de  citer  des  faits  qui 
prouvent  que  la  présence  d'un  seul  testicule  a  suffi  pour 
accomplir  la  fécondation. 

Mais  le  dommage  serait  plus  réel  et  irrémédiable  si  les 
deux  glandes  manquaient  à  la  fois. 

Quand  un  seul  testicule  est  absent  du  scrotum,  le  dia- 
gnostic différentiel  de  cette  absence  peut  oiïrir  des  diffi- 
cultés insurmontables,  car  il  n'existe  alors  aucun  signe  qui 
puisse  faire  croire  à  Tarrèt  de  la  glande  dans  la  cavité  abdo- 
minale.En  admettant  même  l'opinion  de  M.  Follin  sur 
l'atrophie  du  testicule  retenu  dans  un  point  de  son  parcours, 
opinion  dont  je  parlerai  longuement  toute  l'heure,  on  n'a, 
pour  s'éclairer,  ni  le  critérium  des  désirs  vénériens  ni  les 
ressources  du  microscope,  car  l'individu  pourvu  d'un  testi* 

(4)  Analomie  iopographique^  p.  443. 

(2)  Anatomie  chirurgicale,  p.  4  92.  —Voyez  aassi  Geoffroy  SainU 
Hilaire,  Histoire  des  anomalies  de  f  organisation  eh^z  l'homme  et  les 
antmatio?.  Paris,  4832,  t.  I.  p.  390. 

39 


irtinte  le  M    ■ 


(HO    THOUBLBS  m.  I.^  POKCTIUN  M  HfitHfiTIOR  «MtlIriiTIQat. 

culi;  r(.'Siteni  les  ;ir<Jeiir!i  (lerumouf.romtni*  te  |iroav«  left 
«ommnnii^u^  [xir  M.  4>(>»!<e1ih,  t>t  ])n^sciita  (Isi)i  Sk  lK|Ufiir 
s4ttiiiiiile  tien  onimaltulo»  fi|iermo(ii)W4. 
--  Ma»  si  Isa  ileiiii  teslkules  manquaient,  ri  «iirtout  si  celle 
■bfienre  étoit  tniiiiénitBle,  \k  lioute  ne  .«erail  plu.t  poDstbIe. 
L'iiidiviiiii  ri'i)  nlor5  Hucun  des  cnrartère^  qui  ronntilnml 
l'hnmme  :  tes  furmeit  arrondies  H  m  pr'BU  blam-tip  Pl  di^- 
ptturvue  de  \\a\\t  lui  ilunni'iit  [|ueh|iic  rhme  de  féminin, 
que  légilimcnt  de  plun  la  timidité  et  la  |iu»illaiiimitô  de  kod 
teit-.  l.tia  vunuqui'K,  dil-oii,  Kont  fiicure  i'a|)ab)es  dn  doitner 
la  volupti^  HUx  feinmcs  :  rVut  \rai,  mai)'  ils  ne  pfiitriil 
leur  |irocurcr  le  bonheur  iVUtt^  mères;  le  liquide  qa'il» 
Mm-lent  cl  qu'il»  |ierdeiit  pendant  le  simulsrrc  dp  lear  >e- 
luplé,  nul  eutiùreineiit  privi'r  do  KpirmatuioîdM  t-l  im|)r«pre 
à  la  fécondalion. 

En  résumé,  l'absence rongénilnle  d'un  testicule, accident 
suiis  influerco  bien  uiarijuén  el  sur  les  désirs  vénériens  et 
•ur  Tncte  fécondant,  so  rencontre,  à  n'en  pas  douter,  dans 
respèie  humaine. 

L'absenr«  ron^énilaledesdeut  leslicules,  ratise  radirale 
d'impuissance  et  de  atérililé,  est  possible,  el  se  traduit  Iod- 
joars  par  l'absence  des  désirs  vénériens  el  des  sperma- 
toKoIdes,  el  pnr  U  substitution  îles  iittribuls  physiques  et 
moraux  de  la  femme  nui  cararlèreg  cnnstilulifs  de  l'homme. 

Déplaeemettts  des  letticvlf*.  — Depuis  Hunier,  les  dé- 
placements conf;énilani  des  leslirules  ont,  sous  le  rapport 
qui  nous  occupe,  une  importance  considérable,  car  le  grand 
t'hirnr^ien  anglais  a  émis  l'opinion  que  les  Irstîcnles 
absents  du  srrutuni,  <:'est-à-dirt;  retenus  dans  un  point  de 
leur  pnrrourii,  étaient  alropliié:i el,  piir  conséquent,  cessaient 
de  sécréter  le  sperme. 

(iette  opinion,  conibaltueparHichard  Owen,  i 


TROtBLCS    DtPBNDiINT    t)'vn   tTAt   LOCAL.  611 

de  Hunier  (1),  a  été  reprise  par  M.  Follin,  qui  s'est  altaché 
A  montrer  les  transformations  que  subit  In  glande  séminale 
retenue  dans  le  ventre. 

Outre  une  diminution  notable  dans  son  volume,  le  testt^ 
cule,  selon  cet  auteur,  se  modiBe  encore  dons  sa  structure  : 
tentât  il  reiét  une  apparence  fibreuse  par  suite  du  retrait 
de  la  substance  séminifère,  et  tantôt  il  devient  le  siège  d'une 
transformation  graisseuse  complète,  par  le  dépôt,  dans  son 
intérieur,  d'une  matière  grasse  qui,  comme  dans  le  tissu 
musculaire,  fait  disparaître  l'élément  normal  do  l'organe. 

Mais  pour  nous  le  fait  le  plus  grave  dans  ces  altérations 
des  testicules,  est  l'absence  absolue  de  tout  zoosperme. 
«  Nous  devons  déjà  à  un  vétérinaire  fort  distingué,  M.  le 
professeur  Goubaux,  dit  M.  Follin,  des  détails  intéressants 
sur  la  structure  des  testicules  retenus  dans  le  ventre  chez  le 
cheval  (2).  Outre  des  altérations  dans  le  volume  et  dans 
l'aspect  de  la  substance  du  testicule,  devenue  aussi  molle 
que  celle  du  fœtus,  M.  Goubaux  a  remarqué  que  le  sperme 
contenu  dans  la  vésicule  séminale,  du  côté  où  le  testicule 
était  dans  l'abdomen,  n'oiïrait  pas  d'animalcules  sperma» 
tiquea.  J'ai,  dans  trois  cas,  examiné  le  sperme  contenu  dans 
la  vésicule  séminale  correspondante  au  testicule  retenu 
dans  l'anneau,  et  chaque  fois  j'y  ai  trouvé  une  absence  coro« 
plète  de  spermatozoïdes.  L'examen  comparatif  du  côté 
opposé  m'a  fait  voir  que  les  spermatozoïdes  ne  manquaient 
pas  dans  la  vésicule  séminale.  Dans  un  quatrième  cas,  il  n'y 
avait  des  spermatozoïdes  ni  d'un  côté  ni  de  l'autre.  Il  s'agia* 
sait  là  d'un  homme  mortàBicètre  d'une  affection  descentrts 
nerveux,  datant  de  longues  années.  Mais  ce  qu'on  trouve 

(4)  OEuvres  complètes  de  J.  Hunier,  trad.   par  Ricbelot.  t'âris, 
4843,  l.  lY,  p.  63  et  suiv. 
(2)  ikeueU  d$  médecine  vétérinaire prutiqw^  t.  XXIY,  p.  434. 


613  TROinUS  PB  LA  F0RC1I0N  DE  SËCRÈTIOD  8l>RI«ATIQCt. 
roiistamnienl  daiig  ce  li<^uidc,  il6pour\u  de  spcrinatoioidn, 
c'est  une  abondiinle  production  d'une  malîèro  jounAtre,  <)ui 
se  Trnfïmente,  comme  les  malières  grasses,  en  ^lobuln 
arrondis,  et  me  parait  en  aïoir  quelques-unes  Jes  pro- 
priétés fl).» 

Celte  opinion  de  lluuter,  si  savamment  défendoe  par 
M.  Fulliu,  n'est  cependant  pas  D  l'abri  de  toute  rrilique. 
J'ai  déjà  dit  i^ue  Richard  Owen  l'avait  regardée  comnie 
rftcheuse  et  comme  le  résultat  d'une  fausse  analogie. 
M.  Cloquet  a  rencontré  dans  l'abdomen  un  testicule  qui 
était  d'un  volume  é^al  it  celui  qui  se  trouvait  dans  le  scro- 
tum. Un  élève  d'.\.  Coopur,  désespéré  de  n'avoir  aucun 
testicule  dans  les  bourses,  se  suicida,  et  ses  deux  gltodes 
séntrnalcs,  retenues  dons  l'abdomen  près  de  l'anneau  ingui- 
nal interne,  étaient  d'une  grosseur  è  peu  près  normale. 
M.  JurJBvay  rapporte  deux  Taits  presque  analogues,  a  J'ai 
vu  celte  année,  dit-il,  ii  l'hàpital  de  hi  Cliarilé,  un  homme 
de  cinquante-cinq  ans,  dont  la  glande  séminale  droite 
n'était  pos  lo{;ée  dans  le  scrotum.  Sortie  de  l'oiitice  ei- 
(erne  du  canal  inguinal,  rllc  s'était  placée  un  peu  au- 
dessus  de  l'arcade  apunévroli<|iic  de  Poupnrl,  vers  le  milieu 
de  ss  longueur;  upparcmnn  nt,  les  mouvements  defleiionde 
la  cuisse  sur  l'abdomen  avaient  ainsi  occasionné  ta  progresMon 
graduelle  du  testicule  dans  le  lissu  cellulaire  sous-cutané  j 
toujours  est-il  que  ce  testicule  était  aussi  volumineni  que 
celui  du  scrotum  ;  que  de  sa  [inrlie  interne,  coilTée  d«  l'^ti- 
didjme,  qui  élait  rcconnaissuble  par  le  touclicr,  parUït  le 
canal  déférent  que  les  doigts  sentaient  même  i  son 
entrée  dans  l'orilice  eilernc  du  canal  inguinal,  et  que  cet 
homme  n'arait  point  été  sobre  de  désirs  vénériens  ni  do 


(t)  <trrMrr*  v<4irra(M  <f«  MMwiM,  4814,  I.  XXVI,  pi  S«i. 


TROUBLES  DÉPENDANT  D*UN  ÉTAT  LOCAL.      613 

coït.  Ches  un  autre  malade  que  j'ai  observé  dans  le  service 
dcBlandin  à  rHùtel-Dieu,  le  testicule»  encore  contenu  dans 
le  canal  inguinal,  était  le  siège  de  douleurs  vives,  quoiqu'il 
n'existAt aucune  trace  d'inflammation,  doulcursqui  portaient 
le  malade  à  implorer  la  castration.  Le  testicule  gauche,  qui 
était  dans  le  scrotum,  avait  le  volume  de  l'état  normal  (1).  » 
Un  de  mes  amis,  qui  est  mort  chirurgien  de  marine  à  la 
Martinique,  n'avait  qu'un  testicule  dans  le  scrotum,  et  le 
folume  de  celui-ci  n'avait  rien  d'anormal  ;  les  désirs  véné- 
riens n'étaient  point  aiïaiblis,  et  le  coït  s'eierçait  comme 
dans  les  conditions  ordinaires. 

EnBn,  et,  pour  moi,  ce  fait  est  décisif  contre  l'opinion 
émise  par  Hunter,  j'ai  connu  un  homme  de  trente-deux 
ans,  tapissier,  doué  de  tous  les  attributs  de  la  masculinité, 
marié,  père  de  deux  enfants,  et  dont  le  scrotum  était  veuf 
de  tout  testicule.  Cet  homme  m'a  assuré  avoir  toujours  été 
dans  cet  état.  Le  scrotum  ne  présentait  aucune  trace  de 
raphé,  il  était  petit,  ratatiné  et  comme  rempli  d'un  tissu 
cellulo-graisseux.  A  travers  ce  tissu  et  du  cùté  gauche  sen-* 
lement  on  sentait  le  cordon  spermatique,  mais  il  était  im* 
possible  de  distinguer  le  canal  déférent.  Le  côté  droit  ne 
laissait  rien  soupçonner,  et  les  testicules  étaient  insaisis- 
sables au  toucher  dans  quelque  point  qu'on  essayât  de  les 
chercher. 

Sans  doute  ici  comme  dans  les  prescriptions  de  la  loi,  la 
recherche  de  la  paternité  est  interdite,  et,  quoique  je  ne 
poisse  admettre  une  argumentation  qui  ne  tend  à  rien  moins 
qu'à  faire  suspecter  la  vertu  de  toutes  les  femmes,  je  veux 
bien  ne  pas  insister  sur  la  paternité  de  cet  homme,  mais 
il  faut  au  moins  reconnaître  que  les  désirs  vénériens  exis*- 
taient  et  que  le  coït  s'accomplissait  normalement  à  l'époque 

(4)  Traité  d'anatomU  ehirwgicale,  t.  I,  p.  276.  Paris,  485S-4854. 


Q\k  THUI'IILBS  MB  LA  FUXCTIVN  W  «-ÉCHàTION  SMHBAIIQt'R. 
QH  J9  t'otistsiais  inui-inAme  l'iiliNcrice  lic*  iloui  tCRticukf 
■UbI  In  H'iotum.  Lv»  cirronittonces,  ut  (t'uit  un  point  que 
j'«i  toujoiift*  regretté  iliin.-!  cette  nbtervtition,  ne  me  p«niii- 
tint  pa»  il'utdmiiii'i'  le  sperme  de  cet  horamo  qui  partit  poif 
l'Afrique  A\Ci-  la  colonie  parinieiine  de  18AS,  et  doat  j'ti 
perdu  toule  trace  (tepiilt  celle  époque. 

Toiiii  ces  fails  suiil-ii»  suEtitaiiU  pour  inlirmer  l'opinioa 
<|ui  «eiil  que  l'ntrophie  du  testicule  anit  la  coii»éi|uuiici>  (itak 
de  aoti  arrêt  dans  un  point  de  loii  parcourt?  Kvideniment 
aOQ  ;  les  observation»  de  llunlor  el  celles  plu»  rêcrnles  6e 
M.  Follin,  doivent  peser  dans  la  balance  «1  lonjuiir»  tire 
prénotcs  il  l'esprit  du  médecin  coimuiinut  cl  k  celui  du 
médecin  It^jiistc. 

Si  d(-«  siftne»  eitérieuni  ue  peuvent  acouner  l'atropbir  dei 
leslicules,  $1  l'atrophie  et  le  .«impie  déplacement  de  cet 
organes  se  IrnduisenI,  dans  la  plupart  des  cas,  par  des  carac- 
tèrcH  en  (juelque  Dorte  négiitifs,  il  reste,  pour  éclairer  soa 
diagnostic,  d'un  càté,  l'énergie  de  la  puissance  virile,  et  de 
l'autre,  l'exameo  microscopique  du  liquide  rendu  par  lei 
voies  génileles. 

IjCs  déplacemenis  des  testicules  ee  rangent  dans  qnalre 
catégories  que  M.  l''ollin  énumère  dans  l'ordre  auivaot: 

1'  Cag  où  le  testicule  est  retenu  dans  le  ventre  on  au 
conal  inguinal  dans  se<f  rapports  normaux  avec  l'épididyine 
et  lo  canal  déférent,  le  scrotum  contenant  du  tiuo  cel- 
lulaire ; 

3*  Cas  où  le  testicule  eil  retenu  dans  le  ventre  ou  h 
canal  inguinal,  l'épidjdjme  et  le  canal  déférent  se  IroBiail 
en  plus  ou  moins  grande  partie  dans  le  scrotum  en  afant 
du  testicule  ; 

'6°  Os  où  le  testicule  s'est  dirigé  vers  le  périnAe) 

A*  Cas  où  le  testicule  a  passé  è  travers  le  canal  craral. 


TaOUBLKS   DftFKNOANT    d'uN    KTAT    LO'JAL.  615 

Je  n'ai  point  à  décrire  ici  ces  quatre  variétés  de  dépla- 
cement, dont  l'histoire  apiiarlient  k  ranatomie  chirurgicale 
des  testicules;  je  dirai  seulement  qu'en  admettant  même 
dans  sa  plus  grande  rigueur  l'opinion  de  llunter,  il  ne  fau- 
drait déclarer  un  homme  impuissant  et  stérile,  pour  cause 
d'atrophie  testiculaire,  que  si  les  deui  testicules  étaient  re- 
tenus dans  le  ventre  ou  à  l'aine,  car  la  présence  d'un  aeul 
de  ces  organes  dans  le  scrotum  suffit  non-seulement  pour 
éveiller  les  désirs  vénériens,  mais  encore  pour  setisfaire  à 
toutes  les  conditions  de  la  fécondité. 

La  possibilité  de  l'atrophie  des  testicules,  que  ces  or- 
ganes n'occupent  pas  leur  place  ordinaire,  doit  être  pour  ie 
chirurgien  un  motif  de  surveillance  dans  les  premiers  temps 
de  la  vie,  car  alors  il  est  peut-être  possible  d'amener  le 
testicule  dans  le  scrotum  et  de  Ty  retenir  au  moyen  d'un 
bandage;  mais  plus  tard,  lorsque  l'anneau  inguinal  a  perdu 
l'élasticité  de  ses  parois,  que  le  testicule  a  pu  contracter 
des  adhérences  avec  les  parties  voisines  qui  le  pressent,  sa 
sortie  de  Tabdomcn  n'est  plus  réalisable,  et  le  ipaladc  es^ 
condamné  à  une  infirmité  inguérissable. 

i""  /atrophie  des  testiculen. 

J'ai  déjà  fait  pressentir  plus  haut  que  la  diminution  dans  le 
volume  des  testicules  n'était  pas  toujours  due  à  des  circon- 
stances accidentelles,  et  que  l'on  rencontrait  quelques-unes 
de  ces  atrophies  dont  un  vice  de  conformation  était  bien 
réellement  la  seule  raison  d'être.  Aussi  pour  ne  pas  scinder 
cet  article,  ai-je  réservé  pour  cette  place  l'histoire  de  cette 
anomalie,  qui  n'a  une  importance  véritable  pour  nous  que 
lorsqu'elle  s'étend  sur  les  deui  testicules. 

L'état  anatomique  du  testicule  atrophié  n'est  pas  le  même 


()16  rnocBi-Bs  de  la  fonction  ne  sftciiftTioH  sptsnuATiQVE. 
dans  (ous  los  cns  :  lniil4t ,  lorsi)u'tt  n'y  a  [<tn  fonle  com- 
plète du  tissu  tesliculoire,  ta  luniigue  albugintfe,  flasque  et 
décolorée,  forme  une  poche  trop  vnsie  pour  les  restes  de 
l'organo,  et  doniieulor^,  comme  dit  M.  FoIIÎd,  la  sensation 
obscure  d'un  liquide  contenu  dans  cette  loge  tibreusc;  tan- 
lAt  la  substance  lesliculairo,  subissant  une  transrurmalion, 
passe  ou  è  l'état  Gbreux ,  surtout  quand  une  phlegma^ie 
est  la  cause  de  l'accident,  ou  h  l'élol  graisseux,  ainsi  que 
M.  Foltin  en  rupporlc  un  exemple;  InnlAt  enfin,  la  di«|ia- 
rition  est  complète,  et  il  ne  reste  plus  des  testicules  que  les 
enveloppes  sur  lesquelles  l'épididymc  se  oon^erve  parfois 
dans  une  intégrité  parfaite. 

Quand  un  seul  testicule  est  atteint,  le  diagnostic  cit  ordi- 
nairement facile,  parce  qu'on  a  comme  point  de  romparaisoo 
le  teKticule  sain  ;  miiis  qunnd  les  deui  glandes  ont  subi  on 
arrAt  de  dévelop|icmeril,  qu'il  n'y  a  que  »implu  dimiiiutioii 
dans  leur  volume,  on  peut  Ôlre  embarrassé  pour  se  pro- 
noncer, car  la  grosseur  de  ces  organes  est  essentiellement 
variable  selon  les  individus. 

Mais  s'il  peut  ëlre  intéressant  pour  l'histoire  morbide  du 
testicule  de  noter  la  limite  eiacte  qui  marque  un  change- 
ment en  plus  ou  en  moins  dans  son  volume,  il  nous  importe 
moins  de  prendre  un  tel  souci ,  si  ce  n'est  pour  donner 
réveil  au  malade  et  prévenir  une  aggravation,  voire  même 
une  fonte  complète  des  orgnne». 

Cependant  cet  embarras  n'est  pas  tel  que  d'aucuns  ont 
voulu  le  dire  :  quand  l'atrojihic  tient  il  un  arrêt  de  dévelop- 
pement et  que  l'individu  a  atteint  l'Age  de  la  puberté,  la 
diiïérence  dans  le  volume  de  ses  tosticnlcs,  comparé  ii  celui 
des  hommes  de  son  Age,  sera  trop  marquée  pour  laisser  le 
moindre  doute  »ur  la  véritable  cause  de  cette  dilTércnce; 
d'ailleurs  l'appareil  génital  eiterne  tout  entier,  la  terge  et 


^ 


TKOUBLES   DÉPENDANT    D*I]N    ÉTAT    LOCAL  617 

le  scrotum,  n'ont  pas  suivi  le  développement  progressif  des 
autres  parties  du  corps,  et  l'adulte  offre  alors,  comme  je  le 
dirai  tout  à  Theure,  un  pénis  et  des  testicules  d'un  enfant 
de  cinq  h  huit  ans. 

Quand  Tatrophie  arrive  d'une  manière  accidentelle,  le 
malade  a  toujours,  pour  se  guider,  la  comparaison  de  Tétat 
passé  et  de  Tétat  présent  de  ses  testicules,  de  telle  sorte 
qu'à  moins  d'une  diminution  imperceptible,  le  diagnostic 
n'offre  pas  dans  la  pratique  les  difficultés  qu'ont  élevées  les 
auteurs  en  exigeant  une  mensuration  absolue. 

Le  pronostic,  au  point  de  vue  de  la  fécondité,  est  tou- 
jours excessivement  grave;  mais  cette  gravité  n'est  réelle, 
il  ne  faut  pas  se  lasser  de  le  répéter,  que  tout  autant  que 
l'atrophie  attaque  les  deux  testicules,  et  encore,  dans  ce  cas, 
il  est  nécessaire  que  Tatrophie  soit  complète;  car  je  dirai 
tout  à  l'heure  que  dans  les  simples  arrêts  de  développe- 
ment, par  exemple,  il  n'est  pas  rare  de  voir  l'appareil  génital 
sortir  un  jour  de  sa  léthargie,  et  les  testicules,  sous  l'in- 
fluence de  cette  vie  nouvelle ,  acquérir  le  volume  normal 
qu'ils  possèdent  dans  l'Age  adulte. 

Le  traitement,  quand  il  sera  possible  d'espérer  dans  les 
ressources  de  l'art ,  sera  nécessairement  subordonné  à  la 
cause  qui  aura  donné  naissance  à  l'atrophie. 

Ces  causes  sont  nombreuses,  et  pour  mettre  quelque 
ordre  dans  leur  énumération,  je  les  rangerai  sous  six  chefs 
principaux  : 

V  Arrêts  de  développement  ou  vices  de  conformation  . 

S"*  Lésions  de  l'innervation  ; 

â*  Compression  ; 

k*  Inflammation  ; 

5*  Actions  de  certaines  substances; 

6*  Causes  diverses  et  inconnues. 


61tl    TIOOU.BS  Db   U  t'UNGTIUK   UK  HÉCHÏTIlHl  SPXKJIATIQVI. 

1'  Mrréi  lie  dévi^opiminent.  —  Je  n>-  revienilrat  pM  iri 
sur  ce  qua  j'ui  dit  plus  iiaiit  lio  l'arrèi  ilo  dBvelop)tt'ni«iil 
qu'éprouvent  les  K-sticules  retenu»  dans  un  |ioiiil  de  leur 
parcours.  Je  n'i-nteiuls  [turler  eu  collu  \Aar.t  que  dt  l'aUit» 
pbie  dei  lettîcuK'»  parvenus  dan»  les  buuMo». 

Les  eu  du  c«  geure  itout  rooiiis  rares  ({u'on  no  pu 
Ltllemand ,  Cuilin;; ,  Wll'iuii ,  kIc.  ,  en  rap|iarlsnt  < 
Dl«mplei;  j'en  ui  tnoi-méine  obtnrvû  i|0(:l(|uc«-uiu,  ot  j'u 
leDguement  rn|){iorlî-,  dons  lu  |)ieinièrt.-  (larlie  de  <-«l  o««1 
vruge  (1),  riii>loiro  d'un  jeune  Brésilien,  que  U  léauîtd  de 
sa  Tcrge  enipècliait  d(>  i;oàler  les  voluplé.s  du  t:utl.  Je  ne 
rappelle  ce  fait  que  [lour  faire  rttmarquer  t)ue  la  diini- 
nation  des  lo>lii'ii|tts ,  quelque  ron^idérable  iju'elle  miiI, 
n'est  pas  toujour»  un  mulif  d'impui^Hunce  et  de  slénlil^, 
ainsi  que  le  prouve  le  fait  de  Wilson,  rappelé  par  M.  FoU 
lin  :  «  Wilson,  dit-il,  fut  couîullé  par  un  lionime  de  tiogt- 
sii  ans,  qui  avait  le  pénis  et  le»  lesliculcs  aussi  petits  que 
ceux  d'un  enfant  de  Imit  ans.  Cet  homme  se  maria,  devint 
père  de  famille,  et  à  vingt-liuit  ans  cos  parties  s'éloîeot 
accrues  au  volume  de  celles  d'un  adulte  {Lectures  on  th$ 
urinary  and  genit»!  orf/ans).  >•  L'etereice  de  la  fonclion 
génitale  suflit,  dans  ces  cas,  pour  amener  les  testicules  à  uu 
volume  plus  considérable,  comme  on  le  toit  par  le  fait  de 
Wilson  et  par  celui  que  j'cii  cité  moi-même. 

Mais  quand  l'atrophie  e^t  complète,  quand  h  substance 
lesticulaire  est  enlièrement  absente  de  la  tunique  aibut;iiiée, 
l'art  est  impuissaitt,  la  stérilité  est  incurable,  et  de  plus,  tout 
le  sens  };énital  est  mort  :  nul  désir  vénérien,  nulle  aspira- 
tion vers  les  voluptés  amoureuses ,  que  serait  d'ailleurs 
incapable  de  faire  guùler  et  d'éprouver  elle-même  une  verge 
réduite  n  des  proportions  microscopiques. 

(1)  Voyec  la  page  160. 


TgOUBLBS  DEPENDANT  D*UN  ÉTAT  LOGAL«      619 

2<»  irions  de  l'innervation.  — Les  lésions  de  l'inner* 
vation  comme  causes  d*atrophie  des  testicules  ne  peuvent 
être  mises  en  doute  ;  les  faits  abondent  pour  en  constater  la 
réalité  :  Lawrence  (1),  Curling  (2),  Larrey  (3),  Lalle 
mand  (&),  citent  des  exemples  d'alrophie  testiculaire  sur- 
venue à  la  suite  de  blessures  à  la  tête.  Wardrop  raconte 
que  le  même  accident  survint  chez  un  homme  qui  avait  reçu 
un  coup  violent  au  niveau  de  la  région  lombaire  (5);  enfin, 
et  pour  terminer  par  une  considération  de  physiologie  com« 
parée,  M.  Follin  écrit  :  «  M.  le  docteur  Brown-Sequard, 
dans  ses  belles  expériences  sur  la  section  et  la  régénération 
de  la  moelle  chez  les  cobayes,  m'a  dit  s'être  assuré  que  les 
testicules  subissaient  après  cette  lésion  une  diminution  ma- 
Difeste  de  volume  (6).  » 

â°  Compression,  —  L'effet  que  la  compression  amène 
dans  la  consistance  et  le  volume  des  testicules,  que  celle-ci 
a'exerce  sur  la  glande  elle-même  ou  sur  le  canal  déférent^ 
a  été  noté  dès  la  plus  haute  antiquité  par  Hippocrate  et 
parGalien,  et  d'aucuns,  depuis  eux,  ont  considéré  certaines 
affections  qui  déterminaient  une  semblable  compression, 
Thydrocèle,  par  exemple,  comme  des  causes  certaines  de 
stérilité.  Cependant  il  faut  se  garder  d'attribuer  à  quelques 
uns  de  ces  accidents  une  importance  qu'ils  n'ont  pas,  è  moins 
qu'ils  n'aient  acquis  une  durée  et  un  développement  eon* 
sidérables  ;  ainsi  l'hydrocèie  et  le  varicocèle,  par  exemple, 
sont  accusés  d'êtro  des  motifs  de  stérilité,  et  j'ai  vu  plusieurs 

(1)  Medico-chirurg.  <ransac(.,  t.  IV,  p.  24  4. 

(2)  Treaiise  on  the  diseases  of  the  testiele, 

(3)  Mémoires  de  chirurgie  militaire,  p.  262. 

(4)  Pertes  séminales  involontaires,  t.  II,  p.  42. 

(5)  CKuvTM  de  Saillie,  êdilioa  de  Wardrop,  toi.  II,  p.  346. 

(6)  Archives  générales  de  médeday»,  juillet  4  854 . 


620    TKUtBLES  UE  I.A   PONCTIOX    DE  »flCllftTI4»N  SPUliTtOfl. 

fois  des  hommes  purtanl  l'une  tic  ci.'f  deui  affrcliDn»  salîl* 
fnire  parfailement  aux  conilitions  |irocréatrice«.  .  J 

Loi»  (le  moi  hi  pensée  iJe  niiT  d'une  mariiire  Bbsolflf^ 
l'actioii  délétère  de  ces  niuUdies,  innis  j'eitinif!  c|uc  pour 
amener  ['alro|iliie  du  testicule,  relie  action  doit  s'exenrr 
longtemps  et  d'une  manière  assez  énergi<|ite;  d'.irllcrir»,  il 
faut  se  garder  de  porter  inconssidcrémonl  un  pronoslîr  A- 
cheui  sur  la  cupacité  génératrice  du  mnhde,  car  ri  fandrail, 
pour  que  la  stérilité  se  produisil,  que  la  compression  s'eiw- 
çM  sur  les  deui  testicules,  et  l'on  sait  qu'il  ml  rare  de  ren- 
contrer simultanément  des  deux  cAtés  une  hjdrocile  on  on 
varicocèle.  Cela  est  si  vrai  que  M.  Vidal  (de  Cassis)  met  an 
nombre  des  causes  du  varicocèle  l'influence  héréditaire,  lai 
qui  cependant  Tait  valoir  la  stérilité  fomme  un  motif  détef' 
minant  de  l'opération. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  impossible  de  nier  l'action  (!• 
cheuse  d'une  compression  longtemps  continuée,  que  celte 
compression  soit  produite  par  une  hydrocèle,  par  une  liéma- 
tocèle,  par  un  varicocèle,  par  une  hernie,  par  un  éléphan- 
tiasis  ou  par  toute  autre  phénomène,  et  cette  possibilité 
doit  entrer  dans  l'appréciation  des  causes  de  la  stérilité 
chei  l'homme. 

Dans  la  très  grande  majorité  des  cas,  surtout  quand  l'alro- 
pbie  testiculaire  n'est  pas  complète,  on  peut  prévenir  la 
fonte  totale  de  la  glande  en  faisant  cesser  la  compression. 
M.  Vidal  (de  Cassis)  raconte  qu'un  jeune  homme,  porteor 
d'un  varicocèle  congénital  des  deux  cAtés,  perdit  sa  toii  de 
castrat  et  recouvra  tous  ses  attributs  mflles  après  la  double 
opération  du  laricocèlc  (!)■ 

(1)  Df  la  Cure  radicaie  du  varieoeile  par  t'cnroaltnteat  de$  vrimn 
du  eordoH  ip«rmijligu«.  Paris,  1860. 


TBOUBLfiS   DÉPENDANT   d'uN    ÉTAT   LO€AL.  621 

Ln  gymnastique,  un  régiaie  alimentaire  fortifiant  et  exci- 
tant tout  à  la  fois,  et  rexercice  modéré  de  la  fonction  géni- 
tale, sont,  avec  les  bains  de  mer  et  quelques  embrocations 
ammoniacales  ou  cantharidées ,  les  seules  ressources  qui, 
après  réioignement  de  la  cause  qui  produisait  la  compres- 
sion, puissent  aider  le  retour  de  la  fonction  génitale ,  qui 
d'ailleurs  le  plus  souvent  revient  d'elle-même  sans  le  se- 
cours d'une  thérapeutique  quelconque* 

k^  Inflammation.  —  Hunter,  qui  reconnaît  expresse-- 
ment  que  la  compression  peut  amener  Tatrophie  des  testi- 
cules, et  il  en  cite  comme  preuves  les  cas  de  hernie  dont 
Pott  a  rapporté  des  exemples  et  l'hydrocèle  dont  lui-même 
fut  témoin,  Hunter,  dis-je,  n'est  pas  moins  explicite  sur  l'in- 
fluence de  l'inflammation,  quelle  que  soit  la  cause  de  cette 
dernière  :  o  D'autres  fois  il  (le  testicule)  s'enflamme,  dit-il, 
ou  d'une  manière  spontanée,  ou  à  cause  de  sa  sympathie  avec 
l'urètre  ;  il  devient  gros  et  commence  ensuite  h  diminuer, 
comme  dans  la  résolution  d'une  inflammation  ordinaire; 
mais  cette  diminution  ne  s'arrête  point  lorsque  le  testicule 
est  réduit  à  son  état  naturel,  elle  continue  encore  jusqu'à 
ce  qu'il  disparaisse  entièrement  (1).  » 

Et  Hunter  rapporte  trois  faits  de  ce  genre,  dont  je  de- 
mande la  permission  de  transcrire  le  second ,  parce  qu'il 
nous  oiTre  l'exemple  de  la  disparition  successive  des  deux 
testicules.  Hunter  l'inscrit  dans  son  livre  comme  lui  ayant 
été  communiqué  par  M.  Nanfan* 

Cl  Un  jeune  homme  d'environ  dix-huit  ans,  qui  n'avait 
jamais  eu  aucune  maladie  vénérienne,  a  perdu  ses  deux 


(4)  Traité  de  la  maladie  vénérienne,  traduit  par  le  docteur  G.  Ri- 
cheloi,  avec  des  notes  et  des  additions,  par  le  docteor  Ph.  Ricord. 
2«édil..Pari8,4852,  p.  374. 


fi3'2  THouitLEs  ni!  LA  pnnfTioff  ni  «ficntTion  ffMmuATiijvt. 
testicules  île  In  niunière  suitaiile  :  l>«  3  Tévrirr  I7j5,  a|>t^ 
uvoir  (taliné  petiilnnt  i{uelqii«<i  heures,  «uns  avoir,  h  f»  nn- 
iiBiHaiire,  reçu  ouruiic  lé!<ion,  il  épronvA  iitifi  violpilte  iWh 
leur  daiiN  le  tcsliculp  gouclif ,  qni  n'enflamma,  «t  qm  M 
peu  (le  jours  srquit  un  volume  uoïKidérnble.  Un  rhirur^ien, 
qui  fut  B|)pcli-  (iii|irès  du  niul  ,  fmiiloyn  Im  moyen*  A* 
(rtitemenl  ordinairement  usilt^scn  pareil  cas.  L'iiiflamnialiMi 
et  l«  gonllemenl  se  diMipîrenl  graduellement  dana  l'etpace 
d'environ  tu  taernoinea,  et  il  ne  resta  plu*  qu'un  peu  d'iu- 
duratiun.  On  ap|ili(]ua  alors  un  emptftlre  mercnriel  qui  fal 
abandonné  npr^s  avoir  ét^  p»rlé  |i*ndflnl  quelque  l«mp«. 
UcpuiN  relte  époque  le  leslinile  a  roiittnui^  h  tlécroKre  gra- 
duellement, et  maintenant  il  n'est  pn<  plus  gr(M  qu'une  th* 
du  mursi»  ;  le  cnrpit  du  tPstitule  etl  entièrement  rl^troit,  •*( 
ce  qui  reste  paraît  n'èlre  autre  chose  qu'une  partie  de  l'épi- 
didjme.  Cette  portion  n'est  le  siège  d'aucune  douleur,  1 
moins  qu'on  ne  la  comprime;  elle  est  très  dure  et  in^^le 
à  sa  surface.  Le  cordon  spermatique  n'est  pas  le  moins  de 
monde  altéré.  Le  20  octobre  1777,  le  malade  Tut  pris  des 
mêmes  SYmplAmes  dan*  le  testicule  droit,  sanscauiteappré- 
ciiible,  et  je  fus  appelé  k  lui  donner  des  soins.  Il  fut  saigné 
immédiatumeni,  prit  une  mitturc  laxatite,  puis  une  miiture 
saline  avec  le  lartre  stibié;  on  Kt  des  fomenlalions  et  des 
cmbrocations  sur  le  leslirtile  avrr  l'esprit  de  Mindereros 
et  l'alcool.  Le  27,  on  appli(|ua  un  rataplasmr  de  farine  de 
graine  de  lin  arrosé  d'eau  végéto-minérale.  Ce  Iniitement  ht 
continué  jusque  vers  le  milieu  du  mois  de  novembre.  L'in- 
flammation se  dissipa,  et  le  testicule  parut  £tre  dans  mhi 
état  naturel.  Le  19  décembre,  on  m'appela  de  nouveau. 
Lu  testicule  paraissait  s'indurer  et  diminuer  de  tolume  de  la 
même  manière  que  l'autre,  ce  qui  affectait  vivement  k 
malade.  Je  prescrivis  quelques  pilule*  de  catomel  et  d'émé- 


TROUBLES    DÉPENDANT    d'DN    ÉTAT    LOGJIL.  62S 

lH|ue,  dons  rcspoir  d'accroître  la  sécrétion  des  glandes  en 
général  et  de  déterminer  quelque  modification  dans  le  tes- 
tieule.  Ce  traitement  parut  d'abord  produire  un  Bon  eflet, 
mais  il  ne  tarda  pas  à  devenir  inefficace,  et  le  testicule 
commença  à  s'atrophier  comme  avait  fait  l'autre. 

x>  Je  fus  appelé  en  consultation  avec  Adair  et  Pott,  mais 
nous  ne  trouvâmes  rien  qui  pât  offrir  quelques  chances  de 
succès.  Je  conseillai  au  malade  de  faire  fonctionner  l'organe 
aillant  que  ses  penchants  naturels  pourraient  Ty  porter, 
mais  tout  fut  sans  résultat.  Le  testicule  continua  à  décroître 
jusqu'à  ce  qu'enfin  il  n'en  restât  plus  aucun  vertige.  » 

De  son  côté,  Hamilton  (1)  cite  deux  observations  d'or- 
cbite  parotidienne,  avec  atrophie  du  testicule  consécutive- 
ment, et  il  ne  serait  pas  difficile  de  trouver  des  exemples 
(i'orchite  vénérienne  suivie  du  même  accident. 

Ainsi  donc,  que  la  cause  soit  spontanée,  métastatiquc, 
vénérienne,  traumatique  ou  autre^  il  faut  reconnaître  que 
l'inflammation  testicolaire  amène  dans  certains  cas  la  fonte 
lie  l'organe,  il  est  difficile,  pour  ne  pas  dire  impossible,  de 
noter  les  conditions  qui  favorisent  ce  dépérissement,  et  il 
faut  admettre,  pour  les  cas  où  il  se  produit,  une  prédispo- 
sition spéciale,  diathésique,  pour  ainsi  parler,  dont  les 
signes  échapjient  entièrement  à  nos  moyens  d'investiga** 
tien. 

J>e  pronostic,  qui  ne  peut  être  porté  que  lorsque  le  vo- 
lame  du  testicule  a  commencé  h  diminuer,  est  toujours 
grave,  car  il  est  h  craindre,  comme  on  l'a  vu  dans  l'obser- 
vation rapportée  par  Hunter,  que  la  cessation  de  TinOam- 
mation  n'arrête  pas  la  fonte  du  testicule.  Selon  toutes  les 
probabilités,  le  travail  phlegmasique  désorganise  la  sub« 

(f)  Phih§.  tranêaet.  Rdinb.,  t.  II,  art.  tx,  p.  59. 


Gi'ih  TROUBLES  DB  U  FONCTION  DE  gàCn&TlUN  SPBRVATtVll- 
!>laiic(ï  losliculuirc  en  le  mélamurpliosoiit  en  une  es[)èce  it 
lymphe  |j|nsti(|ue,  loquelle  est  y\as  tord  lentement  rt^sorb^. 
C'ost  ce  qui  ressort  à  yen  prùs  Je  loutcs  les  observatio» 
de  ce  genre  :  la  diminution  du  testicule  n'a  jamai»  lieu  pen- 
ilunt  l'indammation  elle-même;  elle  commence  aprè*  la 
disparition  Je  tous  les  sjmpidmes  de  cette  dernière,  et  qoel- 
(juefoig  longtemps  après,  niors  qu'on  semblait  ne  plu)  rien 
devoir  cruindre  sous  ce  rapport. 

Celle  manière  de  toir  trace  tout  naturellement  U  coti- 
duilc  Ju  chirurgien.  Les  antiphlogistiques  sous  tuutes  ta 
foimcs  seront  QppelL'!)  à  combatire  riiillammation  et  i  en 
diminuer  les  ratnges  ;  et  les  fondanls,  tels  que  les  prépara- 
lii)n>i  mcrrurielle.-)  et  iodées,  la  (iguë,  elc  ,  etc.,  ouroM 
pour  bul  de  prévenir  ou  de  dissoudre  les  en'-orgcmenta  et 
les  nodosilL^  que  la  plilegniasie  pourrait  produire. 

Mais  quand  ralro|>liie  du  testicule  a  commencé,  il  faut 
impérieusement  éloigner  It-s  fondants,  sous  peine  de  hâter 
l'accident  que  l'on  se  propose  précisémenl  de  cumbaltre, 
et  insister  sur  les  Ioniques  et  m6nic  les  astringents.  Ln 
eaux  ferrugineuses,  tont  à  l'intérieur  qu'i  l'estérieur,  Itt 
bains  de  mer  e[  même  les  bains  de  rivière,  auront  dans  ee* 
circonstances  un  ovunlage  marqué.  Le  coit,  ou  tout  au 
moins  les  e^cilnlions  vénériennes  modérées,  font  h  mon  atî» 
indispensables,  car  l'eiercicc  régulier  d'une  fonction  peut 
ramener  l'orgone  dans  les  conditions  normoles  de  sa  stroc- 
ture  ;  c'est  ce  que  nous  vojons  tous  les  jours  pour  des  mui- 
des  atrophiés  au(qu<  Is  le  jtu  des  parties  qui  tes  soutiennent 
redonne  la  force  et  le  volume  qu'ils  a\aient  perdus.  Mail 
il  ne  faut  pas,  d'un  autre  cMé,  que  ces  excitations  réoi- 
Tiennes  et  surtout  que  le  coit  deviennent  des  excès,  car 
l'on  précipiterait  îi  coup  silr  un  dénouement  funeste  en 
augmentant  par  une  excitation  voisine  de   l'irrilation   la 


TKOUDLKS    DÉPENDANT    d'iUN    ÂI'AT    LOCAL.  0*25 

puissance  absorbante  qu'il  s*agit  au  contraire  de  modérer 
et  de  conduire. 

5^  Action  de  certaines  substances,  —  On  ne  doit  pas 
espérer  trouver  ici,  je  ne  dirai  pas  la  description,  mais  sim- 
plement rénumération  de  celte  foule  de  substances  aux- 
quelles l'imagination  de  nos  pères  prêtait  les  vertus  les  plus 
surprenantes;  ce  livre  n'est  point  un  recueil  de  fables  ridi- 
cules, et  il  nous  importe  peu  de  savoir,  par  exemple, 
qu'Arnaud  de  Villeneuve  recommandait,  pour  éteindre  la 
sécrétion  spermatique,  de  porter  dans  sa  poche  un  couteau 
dont  le  manche  serait  fait  avec  le  bois  de  Vagnuscastitë.  Où 
voit-on  encore  des  femmes  mettre  leur  chasteté  sous  la 
sauvegarde  de  lits  faits  avec  les  feuilles  du  vitex,  du  nénu* 
phar  ou  de  la  laitue  ?  Laissons  donc  toutes  ces  histoires 
absurdes  oii  la  science  et  la  raison  n'ont  que  faire,  et  où 
le  merveilleux  coudoie  la  jonglerie  et  le  mensonge. 

Cependant,  ne  poussons  pas  le  scepticisme  jusqu'à  nier 
l'action  bien  manifeste  de  certains  agents  sur  les  glandes  en 
général,  et  en  particulier,  sur  les  testicules.  Parmi  ces 
agents,  il  en  est  un  surtout  dont  l'inlluence  désorganisa- 
trice  ne  saurait  être  mise  en  doute;  je  veux  parler  de  l'iode* 

Depuis  que  cette  substance  a  été  introduite  dans  la  thé- 
rapeutique, son  emploi  a  pris  une  telle  extension  qu'il  a  été 
facile  de  recueillir  de  nombreux  exemples  de  son  action 
délétère.  M.  Cullerier  en  a  rassemblé  un  assez  grand 
nombre  de  cas  (1),  et  j'en  ai  moi-même  recueilli  quelques- 
uns. 

J'ai  souvent  remarqué,  en  administrant  l'iodure  de  mer- 
cure ou  de  potassium  contre  les  accidents  constitutionnels 
de  la  syphilis,  que  les  malades  éprouvaient  un  allanguisse- 

(4)  MévMiren  de  la  Société  de  chirurgie ,  t.  t. 

40 


RS  DE  L*  FOHCTIUS  Oit  ll(tCII*Tl(»«  «peilll  *rH)Cl. 

mriit  iiuiaulu  dati»  les  ilt'ftîfs  f  étiiWicns  vt  iin  «(Tuibliumeal 
inariiffsle  dons  leur  |mUsaiu»;  virile,  oïsiH  mAme  qu'il  (iW 
possible  (le  coiisloler  H  mfimft  île  soupçonner  on«  dim»- 
iiuliun  dans  le  volume  des  leslicules;  j'ai  même  conno  use 
penonne  chet  laquelle  cette  action  des  préparations  knMo 
était  ni  active  qu'il  '"■  —'^"■'   — -^r  #prou*er  les  accidenls 


;  une  doM  minime  de  ce 
dan*  i-eï  e«<i,  que  l'iode, 
organisation  ou  la  (bote 
rnd,  ralentit  ou  toni  h 
lie,  nu  point  d'amener  un 
dont  celle  térrélion  Mt 
Ou  bien  l'iode, en  debnrt 
eslicule,  pterce-l-il  étaà 

opulaleiir? 

:;  rien  ne  juMifie,  doit  s'eF- 
e  l'iode  sur  la  substance 


dont  je  viens  de  [ 
médicament.  IVut-wii 
avant  même  de  cummei 
de  lu  substance  lesticulairi 
moinit  pervertit  In  sécrétion  Si 
trouble  notable  dans  la 
tout  À  la  fois  l'eicitB  ti 

de  son   influence  sur  le  tissu  du 
nn   em|)ire  ni^riMe 

Celle  dernière  hypothèse,  qui 
facer  devant  l'action  biiii  réelle  < 
leiticulaire  ;  aussi  en  atlnbuont  b  celte  action  l'allanguiMe- 
tnent  des  désirs  vénériens  et  l'ofTaiblissement  de  la  puissance 
copulatricc,  on  rentre  dans  In  loi  physiologique  qui  place 
dans  tes  testicules  le  siège  et  le  moteur  de  la  virilité.  Il  e«l 
probable  qu'il  se  fait  alors  dans  ces  organes  un  travail 
sourd  de  désorganisation,  dont  les  elFets  se  font  d'abord 
sentir  pendant  l'eaercice  île  la  fonction,  avant  de  se  traduire 
par  un  désordre  anatomique  de  lu  glande.  Le  sperme,  en 
eiïet,  examiné  au  microscope,  présente  des  animalcules  el 
moins  vivants  et  en  moins  grande  quantité  qu'è  l'état  normal. 

Bien  évidemment,  une  modiricalion  llcheuse  s'est  opérée 
dans  la  sécrétion  du  sperme. 

Si  l'iode  est  continué  longtemps ,  s'il  est  surtout  admi- 
nistré en  nature,  comme  dans  le  Iruitemenl  de  la  phthi>ie 
pulmunaire  piir  la  méthode  de  MM.  Chartroule  et  Piorrj, 


tllOUftKES    Dftt>B?<DANT    d'uN    ÉTAT    LOCAL,  627 

cette  modification  se  Irnliil  par  des  signes  non  équivoqnes 
d'atrophie  testiculaire.  J'en  ai  vu  un  remarquable  exemple 
dans  lequel  les  inhalations  des  vapeurs  d'iode  avaient  bien 
réellement  amendé  une  phthisie  pulmonaire,  mais  qui  avaient 
amené  dans  l'espace  de  six  à  huit  mois  la  fonte  totale  des 
testicules,  lie  malade,  à  l'époque  où  je  l'examinais,  avait 
? ingt-sept  ans,  et  ne  possédait  plus,  dans  le  scrotum  flétri 
et  diminué  à  son  tour  de  volume,  que  deux  espèces  de 
poches  ratatinées  et  plates,  suspendues  au  canal  déférent, 
qui,  lui,  était  dans  toutes  les  conditions  normales.  Chei  cet 
homme,  Timpuissnnce  était  complète,  la  stérilité  absolue. 

En  présence  de  pareils  faits  accomplis,  l'art  n'a  qu'à  se 
voiler  la  face  ;  il  ne  lui  est  pas  permis  de  tenter  l'impossible; 
mais  il  peut  heureusement  intervenir  avant  que  la  destruction 
testiculaire  soit  entière;  alors,  mais  seulement  alors,  en 
éloignant  la  cause  qui  produit  la  fonte  des  testicules  et  en 
recourant  aux  toniques  généraux,  à  une  alimentation  sub* 
stantielle  et  à  l'exercice  modéré  de  la  fonction  génitale,  on 
peut  espérer  arrêter  une  désorganisation  funeste  et  conser- 
ver h  l'organe  atteint  une  force  de  sécrétion  suRisante, 
non-seulement  pour  exciter  l'ardeur  vénérienne,  mais  en* 
fore  pour  produire  et  animer  l'élément  essentiel  à  la  fécon- 
dation, c'est-à-dire  les  loospermes. 

6*  Causes  diverses  et  inconnues.  —  S'il  fallait  en  croire 
un  fait  rapporte  par  Wardrop,  le  système  circulatoire  ne 
serait  pas  sans  influence  sur  l'atrophie  testiculaire.  Cet 
autour  raconte  que,  chez  un  homme  dont  le  scrotum  ne 
contenait  plus  que  la  tunique  albuginée,  on  trouva  un 
anévrysme  de  l'aorte  formé  à  l'origine  des  artères  sperme- 
tiques  quî  étaient  complètement  oblitérées  (1).  Bien  évi«- 

[1]  œuvres  de  Baillie,  i.  II,  p.  345. 


63S    TROUBLES  OS  L\  n>?iCTIO^  IkK  liftCR&TlUTi  Si>KR1IATIQFK. 

dcmment,  ce  ii'csl  point  Ii  riiiK^vrtsnie,  miii«  bien  à  \\i 
[érntion  des  arléres  spermati()uefi,  qu'il  Taut  otlnbucr.dsiH 
ce  cas,  l'alropliie  des  testicules.  I.11  raison  en  est  truA 
simple  pour  nous  y  arrilcr  davniitage. 

Mais  en  csl-il  de  ni^me  des  ciccg  téni^riens  aut(|a«l)i 
liorrry  et  H.  Brodie  prêtent  une  inllucnre  rerinine?!!  fan- 
drail  peut-être  s'entendre  sur  1  nulurc  même  ilc  celle 
inllncncc,  ainnt  de  in  nier  ou  de  l'aceoptcr  sur  la  simple 
di^cloralion  de  res  deut  hommes  émincnis. 

Si  l'un  suppose  <|ue  les  ctciVj  éiiérirng  amènent  l'aUo- 
phic  des  testicules  par  suite  An  l'arfaibliitemenl  duul  îb 
frappent  l'organisnie  (ont  enlier,  je  nie  Tonne llemeiit  celle 
action,  pnrec  qu'elle  choque  les  notions  les  plus  éléroen- 
laires  de  fa  physiologie. 

Si,  au  (■(Milrnirc,  on  consiiliTi^  Ifs  excès  \(''pn''iirii'i  tomme 
une  source  Téconde  et  permanente  d'e\citations  testicu- 
laires  capables  de  déterminer  dans  ces  glandes  une  in- 
flammation désorganisai rice,  je  puis  admettre  cette  eipli- 
cation  que  tégiliment,  justju'ii  un  certain  point,  l'espèce 
d'empAlement  el  la  douleur  que  l'on  remarque  dans  les 
testicules  après  des  excès  de  coït. 

Ce  ne  serait  donc  que  secondairement  que  ces  escèt 
amèneraient  l'atrophie  des  loslicules,  et  l'on  retomberait 
alors  dans  les  cas  que  j'ai  examinés  plus  haut  et  qui  reron- 
naissent  l'inflammation  pour  cause. 

Enfin,  dans  un  certain  nombre  de  circonstunces,  il  est 
impossible  de  ratlaclier  h  quoi  que  ce  soit  l'atrophie  des 
testicules.  M.  Follin  fait  une  déclaration  identique  : 
«Depuis  que  mes  études,  dit-il,  sont  dirigées  vers  cet  objet, 
j'ai  trouvé  dans  les  hèpilau\  un  cerlnin  nombre  de  malades 
dont  les  leslicnles  étaient  plus  ou  moins  atrophies,  cl  ta 
cause  m'a  écliappé,à  moins  qu'on  n'admette  les  ctcès  téné- 


TBOUBLES  DÉPEKDANr  D*UN  ÉTAT  LOCAL.      6^20 

riens  ou   autres,  comme  paraissent  le   croire  Larrcv   et 
B.  Brodie(l).  » 

Je  viens  de  dire  la  part  qu'il  fallait  faire  aux  excès 
vénériens,  je  n*y  reviendrai  pas. 

3**  Dégénérescence  des  testicules.   —  Ca>stration. 

Toute  dégénérescence,  quelle  que  soit  sa  nature,  en 
altérant  profondément  les  conditions  anatomiques  du  testi- 
cule, jetle  fatalement  le  trouble  dans  ses  conditions  physio- 
logiques, tantôt  en  tarissant  la  source  de  la  sécrétion  sper- 
matique,  et  tantôt  en  faisant  perdre  au  produit  de  celte 
sécrétion  ses  éléments  ou  attributs  de  liqueur  fécondante. 

Les  transformations  morbides  que  peut  subir  le  testicule 
sont  nombreuses,  que  ces  transformations  soient  bénignes, 
comme  dans  les  cas  d'hydatides,  ou  qu'elles  présentent  le 
caractère  de  malignité,  comme  dans  le  cancer. 

L'histoire  de  ces  affections  est  du  domaine  d'un  traité 
général  de  pathologie  ;  elle  ne  peut  qu'entrer  incidemment 
dans  les  limites  d'un  ouvrage  spécial  sur  les  maladies  de 
l'appareil  génital,  et  ne  doit,  par  conséquent,  figurer  que 
pour  mémoire  dans  un  livre  de  la  nature  de  celui-ci. 

Mais  si  le  cadre  qui  m'est  tracé  m'interdit  toute  apjiré- 
ciation  sur  le  squirrhe,  l'encéphaloïde,  les  dégénérescences 
fibreuses,  osseuses,  etc.,  du  testicule,  je  dois  m'arrèter  un 
instant  sur  les  conséquences  qu'entratne  la  castration  né- 
cessitée presque  toujours  par  la  gravité  de  ces  nombreuses 
affections. 

Quand  l'opération  n'enlève  qu'un  seul  testicule,  alors 
que  son  congénère  n'est  pas  malade,  la  faculté  fécondante 

(I)  Archives  de  médecine,  juillet  1 854 ,  p.  283. 


MO   TlOirRlKt)  Df.  LA  POÎICIlUN  UB  nICHITIOM  «PISIIATIOtR.  \ 

Mt  GOnKt tév  ;  «ll<'  iiV'sL  cuiDiilélcinfiil  t'iuintc  que  lun 
les  deui  teslinili'ssoiit  extirpés. 

Queh  sorpi  les  r.as  (|ui  peutenl  inspirer  iti  diirurgieB  u 
si  grnve  (ii^lRrmiimliun?  A<itley  Cooper,  pesant  let  arçon- 
sUnces  i\p:  rififRCtiuii  gém^rnlei  se  inontrL-  \rt:*  r)r(-on*|>ef-t 
quand  jl  it'agit  des  tignanUt  (c'est    le  trrmt 

doDt  il  si:  sert   poui   i  s    arTiTtions  di^  maursùu; 

IMture,  c'est-à-ilire  le  sq  le  forigiis  hématod*],  ri 

s^ble  accepter  la  cas!  i  iliAkulté  dam  les  cas  de 

névralgie  dii  testicule,  uu  ta  oppellu  taticnle  itoutim- 

rwat.  «  Dans  la  niy  it        uti'iule,  dil-il,  le    malade 

demande  iiiiel^uefuis  a  raiiipulaliDri,  (]uJittd  U* 

eiïorls  de  In  m<  ,.» cuner  les  douleurs  oal 

icfaoué,o(  ifuiiiiiJ  les  HiiuITrunce»  iiint  dcveiiiie<^  si  eruellnf  et 
si  persistantes,  que  la  vie  lui  est  à  charge  par  l'impiusibilîlé 
oà  il  est  de  \aquer  à  uucune  afTaire.  » 

Et  A.  Cooper  ajoute  : 

«  Dansres  eus,  l'opérntiou  n'est  dungercuse  uî  pour  le 
moment,  ni  pour  l'avenir,  et  se;»  suites  n'eiigent  aucun  soie 
particulier,  etceplé  ceuv  qui  auraient  pour  but  l'aoïéliori- 
tioii  de  la  santé  générale  (Ij.  « 

Je  ne  puis  parlnger  l'optiiniMne  du  chirurgien  aDglatt} 
une  névralgie,  quelque  douloureuse  et  persistante  qu'elle 
soit,  ne  me  paraît  pas  un  motir  sufligant  pour  cnleter  des 
organes  aussi  importants  que  le.stestinules,  et,  dût  l'opéra* 
tioit  ne  porter  que  sur  une  seule  de  ces  glande>,  je  conseil- 
lerai  encore  l'abstention,  car  c'est  toujours  une  choae  tri* 
grave  que  d'iiugmenler  les  rhames  d'inféiondilé. 

Je  ne  puis  rcconnaitre  des  motifs  j  la  castration  que  dans 


(1)  OE'icres  chirurgiculef  il'A   i:ioo|)or,  Ifdd    par  MM.  ChasgaigDK 
et  Ricbelot,  p.  47i. 


TB0UBLK8    DÉPBNDAM     d'oN    ÉTAT    LOCAL.  631 

une  aiïection  menaçant  la  vie  du  malade,  ou  dans  un  de  ces 
états  qui,  en  tarissant  la  sécrétion  spermatique,  constituent 
une  incommodité  insupportable ,  comme  ces  tumeurs 
énormes  connues  sous  le  nom  d'éléphantiasis. 

Quoi  qu'il  en  soit,  après  l'ablation  des  deux  testicules,  le 
malade  perd-il  instantanément  la  faculté  d'engendrer, 
ou  conserve-t-il  pendant  quelque  temps  encore  le  pou- 
voir de  reproduire  son  semblable?  Cette  question  n'est 
évidemment  qu'un  épisode  dans  mon  sujet  et  ne  présente 
une  importance  réelle  qu'en  médecine  légale.  Aussi  je  ne 
l'aborderai  que  d'une  manière  incidente,  et  me  rangerai  à 
Topinion  d'Ortila,  qui  trouve  surtout  la  solution  du  problème 
dans  les  causes  qui  ont  amené  la  castration  (l). 

il  n'est  pas  en  eiïet  déraisonnable  d'admettre  que,  si 
avant  leur  ablation,  les  testicules  étaient  sains,  la  faculté 
fécondante  ne  se  conserve  encore  pendant  un  certain  temps, 
due  à  la  présence  du  sperme  contenu  dans  les  vésicules 
séminales  ;  mais,  ainsi  que  Marc  le  fait  justement  remar- 
quer (2)  ,  cette  faculté  se  doit  perdre  après  une  ou  deux 
éjaculations.  Quand  les  testicules,  au  contraire,  ont  été 
extirpés  à  la  suite  d'une  dégénérescence  quelconque,  il  est 
déraisonnable  d'admettre  que  la  faculté  fécondante  survit 
roéme  temporairement,  car,  ainsi  que  je  l'ai  dit  plus  haut, 
par  l'effet  seul  de  la  dégénérescence,  la  sécrétion  sperma- 
tique  est  depuis  longtemps  viciée  ou  abolie. 

Les  stigmates  que  la  castration  imprime  à  la  victime 
diffèrent  selon  que  l'opération  a  été  subie  avant  ou  après  la 
puberté.  Dans  le  premier  cas,  l'individu  est  pour  toujours 
privé  des  signes  et  des  attributs  de  la  masculinité;  la  barbe 

(4)  Traité  de  médecine  légale,  4*  édil.,  t.  1,  p.  180. 
(3)  Dictionnaire  des  sciences  médicales^  art  Castiation. 


Cl^'i'i  TRIIIJUUS  W  I  A  FONCTK»  MU  KËCR^ttON  HrKIHATIQini. 
(«1  nbït'fiie  ilu  vUa^e;  \r^  poilu  r.ircs  <<l  fin*  au  |tubi)}  Il 
liMU^ruisSi'UX  et  le<>  farmvN  nrnimlie^  prédominml  ï 
cbcit  tes  Temmcs  ;  If  h  mainelle<>  ar<]uière[)l  gn  lolume  iaM 
roiilnm^  {lendaiil  que  \es  orgotics  etterne«  <le  la  g<hi(Vnitiaii 
Kont  mnnrqunbks  {>ar  knr  pclilcfsc;  In  toix  gnnlp  un 
ttmbtv  roCantin  l  e  pUinM-hnnI  de  In  chn- 

Mlle  Mtlù«;  enhi  moralrs  et  tniclicctaellcs 

mfcinif^T  ftirr  m'm"  lalion  qui  tc-i  liarnioiiiw 

«««c  l'kvAinearnt  de  la  n  jstqw. 

Qvaad  bf«str«liona  eu  lieu  ï-s  In  pob«rl<^,  le«altril(Ut^ 
Mwi*(W  M  perdent  pas;  !ieiik>nii  ot,  lo  barbe  «(eiiciil  mnini 
tMifsue  et  moins  éfinissc ,  i;t  l«  morol  subit  un  cbaiifienieiit 
Aii»r«te  :  le  malheureiii  mulili^  lionleux  de  lui-tnêmc, 
inniile  à  t'cspèce,  tombi'  dniix  une  mélnnrolie  profonde  qoi 
ïfiiivent  n'a  d'autre  refuge  que  le  suicide. 


!l'  MaJadies  des  emelopiies  du  testicule. 


J'ai  déjjk  indiqué  plus  linut,  alors  que  je  parlais  de  l'atro- 
phie des  testicules,  l'action  morbide  exercée  sur  ces 
organes  par  les  alTeclions  dont  le  siège  se  trouve  sur  leurs 
cnvelo[)[ies,  qu'on  les  rencontre,  soit  dans  les  tuniques  testi- 
culaircs,  comme  l'hydrocële;  soit  dans  le  cordon  sperma- 
tique,  rommo  le  tarirorèle;  soit  dans  les  tissus  Ju  scro- 
tum, comme  riiémiitocèle,  l'éléplianliasis;  soit  enfin  dans 
plusieurs  de  ces  éléments,  comme  cerlntnes  tumeurs  solides 
ou  certaines  autres  formées  par  l'accumulation  d'un  liquide. 

Je  n'aurai  donc  pas  h  m'élendre  longuement  sur  ces  af- 
fcclions. 

Ci'pciidnnl,  je  ferai  remarquer  que  l'alropliie  tcsiirulaire 
n'esl  plis  toujours  cl  fatalement  un  résultot  de  leur  existence, 
et  que,  diins  un  1res  grand   nombre  de  cas ,  ta   fonction 


TROlItLËS    DÉPENDANT    d'uN    ÉTAT    LOCAL,  633 

.spormali<|iic  fi*esl  altérée  ni  par  une  hydrocèle,  ni  par  un 
varicocèlc,ni  par  une  hématocèle,  ni  par  toute  autre  tumeur, 
quelque  volumineuse  qu'on  la  suppose.  Il  n'est  pas  un  pra- 
ticien qui  n'ait  constaté  la  vérité  de  cette  assertion. 

De  plus,  dans  les  cas  où  par  suite  d'une  maladie  des 
enveloppes  du  testicule,  la  faculté  procréatrice  se  suspend, 
on  ne  doit  pas  fatalementconclure  à  l'atrophie  de  la  glande, 
car,  ainsi  qu'on  va  le  voir,  la  stérilité,  ou  si  l'on  veut, 
l'absence  des  spermatozoïdes  dans  le  liquide  éjaculé,  peut 
être  le  résultat  d'une  simple  action  mécanique  et  non  celui 
d'une  altération  de  la  sécrétion  testiculaire. 

Voici  le  fait  ass('z  curieux  sur  lequel  je  m'appuie  : 

Un  homme  de  vingt -six  ans  à  peu  près,  employé  dans 
un  des  manèges  de  Paris,  portait  une  double  hydrocèle, 
qui  finit  par  prendre  un  volume  assez  considérable  pour 
engager  le  malade  à  me  consulter,  malgré  l'eiïroi  que  lui 
inspirait  la  pensée  d'une  opération  quelconque.  Marié  et 
père  déjà  de  deux  enfants,  il  m'avoua  que  depuis  quelque 
temps  il  paraissait  avoir  perdu  ses  facultés  fécondantes  ; 
je  constatai,  en  effet,  que  le  liquide  éjaculé  ne  contenait  pas 
de  spermatozoïdes.  Je  crus  à  une  atrophie  testiculaire  déter- 
minée par  rhydrocèle,  et,  dans  la  pensée  d'arrêter,  s'il  en 
était  temps  encore,  la  désorganisation  complète  de  l'organe, 
je  proposai  la  ponction  de  la  double  tumeur. 

Le  malade,  ainsi  que  je  l'ai  dit,  était  très  pusillanime  ; 
il  consentit  a  la  ponction,  mais  ne  voulut  &  aucun  prix  per- 
mettre l'injection  d'une  liqueur  irritante,  préférant,  disait-il, 
se  faire  reponctionner  si  la  tumeur  se  reproduisait. 

Je  dus  céder  devant  une  volonté  si  fermement  arrêtée,  et 
je  ne  pratiquai  que  la  double  ponction  à  vingt-quatre  heures 
d'intervalle. 

Comme  on  devait  s'y  attendre,  surtout  chez  cet  homme 


63/i  TROUBLES  DK  LA  FOKCTIUN  PK  N&CIIKIIori  tfntSATIQn. 
qui  moriUil  {ou*  les  jouff  à  cht'val,  l'hyilrocèlc  reparut; 
maii^,  lions  l'inlenalle  ijui  «'écoula  entre  la  puiii-liuo  <l«  U 
tumeur  et  ie  letour  de  celle-ci  uu  voUinic  énorme  qui  «lait 
ameiiL-  nUst  moi  le  malade,  co  dernier  u>uit  recoutré  i» 
facultés  fécondanles,  car,  outre  la  ^rossosse  de  u  femnir 
(ce  nui  [leut-être  n'""^*  "•"  ■*'■*  "tie  preuve  h  l'abri  do  tout 
reproche),  je  constat        \  :  des  tpcrniatozoide»  ilan* 

ei  liqueur  îiémiitale. 

Qusiiil  riiydrorèleprési  Douveau  l'énorme  lulume 

de  la  première  fois,  lesaniu  i  «permaliquet  disparuiunl 

encore  du  liquide  éjaculj,  et         irurent  a[iri>«  uue  »ecuitd« 
ponction  de  la  tumeur. 

Enliri,  le  malade  «e  décida  a  supporter  l'injection  miiv, 
qui  \e  déharra-HSa  tout  à  la  foisi  de  son  hy<tro|iisie  de  la  tunique 
vaginale  et  de  sa  stérilité  temporaire. 

Les  testicules  n'étaient  nullement  atropliiés,  et  il  est 
impossible  d'eipliquerriiifécoudité  passagère  de  cet  homme 
autrement  que  par  la  pression  eiercée  par  l'hydrocile  sur 
l'épididj'me  dont  les  parois,  mises  en  contact,  interceplaieDl 
l'intérieur  de  ce  conduit.  La  présence  des  spermatotoidei 
dans  la  liqueur  séminale,  après  l'éloignement  de  l'obstacle 
à  la  libre  circulation  du  sperme,  produit  par  la  pre&sion  ie 
l'hydrocèle,  confirme,  ce  me  semble,  celte  manière  de  voir, 
qui  est,  en  quelque  sorte,  le  corollaire  de  ce  que  je  dirai 
tout  à  l'heure  de  l'occlusion  pathologique  de  l'épididymt'. 

£n  résumé,  l'influence  exercée  par  les  maladies  des  enve- 
loppes du  testicule  sur  la  faculté  procréatrice,  est  de  deui 
sortes  :  1*  tantôt  cesmatadiesn'ont  qu'une  action  purement 
mécanique;  elles  créent  un  obstacle  à  la  circulation  du 
sperme,  mais  n'en  tarissent  pas  ta  source  ;  2°  taal6t,  au  coa- 
Iroirc,  rites  suspendent  la  sécrétion  spermalîque,  en  ame- 
uant  lu  désorganisation  du  tissu  même  de  l'organe  sécréteur. 


TIOUBLBS  DÉPENDANT  d'uN  ÉTAT  LOCAL.      655 

Le  volume  des  testicules,  quand  l'examen  en  pourra  être 
fait,  permettra,  dans  la  majorité  des  cas,  de  distinguer  ces 
états  l'un  de  l'autre,  et  la  gravité  du  pronostic  sera  néces* 
sairement  subordonnée  au  diagnostic  porlé  et  à  la  nature  de 
la  maladie  qui  détermine  la  compression. 

Est-il  besoin  ici  de  parler  de  traitement?  Quand  In  stéri- 
lité est  produite  par  une  simple  pression  sur  Tépididyme, 
Téloignement  de  cette  pression  est  tout  ce  qu'on  doit  faire  ; 
quand  elle  est  due  à  Tatrophie  des  testicules,  les  ressources 
de  la  thérapeutique  sont  minimes,  ainsi  que  je  l'ai  dit  dans 
Tarticle  précédent  auquel  je  renvoie  le  lecteur. 

5®  Maladies  des  annexes  du  testicule.  —  Épididyme. 

—  Ciinal  déférent. 

Il  y  a  à  peu  près  dix  ans,  un  de  mes  bons  amis,  vieux  et 
distingué  praticien  de  la  province,  me  disait  à  l'occasion  de 
la  stérilité  de  son  mariago  sur  laquelle  je  le  questionnais  : 
a  Mon  infécondité  date  de  plus  de  vingt  ans.  Pendant  le 
cours  de  mes  études  médicales  à  Montpellier,  des  abcès, 
sans  motif  vénérien,  je  te  jure,  envahirent  mes  épididymes 
de  chaque  côté,  et  furent  successivement  ouverts  par  Del- 
pech.  Lescicatrices  qui  résultèrent  de  ces  petites  opérations 
ont  obstrué  les  canaux  épididymaires,  au  point  que  la  cir- 
culation du  produit  testiculaire  est  entièrementinterrompue. 
Tu  peux,  d'ailleurs,  t'assurer  toi-même  de  la  réalité  du 
fait,  car,  même  après  un  laps  de  temps  aussi  long,  on  sent 
encore  un  nodus  à  la  queue  de  l'épididyme.  » 

Je  constatai,  en  effet,  sur  la  partie  indiquée  un  point 
dur  et  comme  Gbreux. 

«  Ces  sortes  d'indurations,  ajouta  mon  vieil  ami,  causes 
certaines  de  stérilité,  sont  peu   connues;  mieux  étudiées 


indiqua  le  premier,  comB 
de  répidiHjime,  il  a  prisi 
tofil  avniitiinf-  |iar  In  liiml 
lomie  |ialliolugii{ui;  et  auI 
|ilongL-  eiirore  dans  los  lél 

Mullieurcusoincnt,  lesl 
portent  que  sur  les  indurol 
qui  surcèdcnl  à  l'iiillnml 
A  uni  dire,  lu  spécifîcilJ 
aurtin  râle,  et  |)uiirluiil,  1 
iiitlamniatioris  s|)oritani.'es  | 
résultats  parriiitemeiil  ideii 
nérieniie. 

J'cssayi  rui,  par  des  faits 
au  silence  de  M.  Gosselin. 

Les  observations  qui  sei 
tais  parler  se  rapportent 
épididjniites  bilatérales,  ca 
intact,  il  est  impossible  d'i 
niodiricalionssiirvenue^  dm 
testicule  sain  continue  h  foi 
c'est-fl-dirc  les  S[iermntoioi 


TROUBLES    DÉPENDANT    d'uN    6tAT    LOCAL.  637 

Jeux  catégories,  selon  que  les  épydidymites  étoient  plus  ou 
moins  récentes. 

Dans  la  première  catégorie,  composée  de  quinze  faits, 
l'inflammation  des  épididymes  remontait  à  quelques  semaines 
ou  a  quelques  mois.  Tous  les  malades  de  cette  catégorie  se 
ressemblaient  sous  les  trois  rapports  suivants  :  1®  ils  conser- 
vaient, è  l'époque  où  la  guérison  leur  semblait  être  com* 
plète,  une  induration,  sorte  de  noyau  ou  de  durillon,  au 
niveau  de  la  queue  des  épididymes;  2**  rien  ne  leur  paraissait 
changé  dans  leurs  fonctions  génitales  :  désirs,  érections, 
éjaculations,  tout  était  revenu  comme  avant  la  maladie  ;  le 
sperme  n'oiïrait  même  aucun  changement  dans  sa  quantité, 
sa  couleur  et  son  odeur:  il  conservait  toutes  les  propriétés 
chimiques  que  lui  a  reconnues  Berzelius,  ainsi  que  M.  Gos- 
selin  s'en  est  assuré,  dans  un  cas,  avec  le  préparateur  de 
chimie  à  la  Faculté  de  médecine;  3®  en6n,  le  sperme, 
examiné  au  microscope,  n'offrait,  pendant  les  premiers 
temps,  aucune  apparence  de  spermatozoïdes. 

La  seconde  catégorie,  remplie  par  cinq  observations,  se 
rapporte  h  des  épididymites  datant  de  plusieurs  années. 
Chez  quatre  de  ces  individus,  dont  les  épididymes  présen- 
taient une  induration  comme  dans  les  faits  précédents,  le 
sperme  avait  perdu'sa  propriété  fécondante,  tout  en  conser- 
vant ses  caractères  physiques  et  chimiques;  chez  le  cin- 
quième, l'induration  n'a  pu  être  constatée  que  d'un  seul 
cAté,  et  l'on  a  trouvé  des  spermatozoïdes  dans  la  liqueur 
séminale. 

Enfin,  ainsi  que  M.  GosselinTavait  établi  dans  un  précé- 
dent mémoire  (1),  toutes  les  fois  que  les  épididymites  n'ont 

(4)  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Acndèmi';  des  sciences  séance 
do  14  juin  4847. 


63S   rnotiiiLiit  m  la  fonction  dk  sAchAtion  SfBkiiATiQi!!. 
fins  M^  suivies  il'rndarntioii,  in  fonction  !ii;minBle  n'n  «nhi 
nucuri  Iroiihle,    et  ilfs  spcrmnlotoidi^s  «tut  étA  tu»  dtns  le 
liquide  éjarul^. 

C'eut  (ionr  à  fexiiitemre  d«  celle  iiiiliirntio»,  qui  Tonte 
un  obstacle  mécanique  à  la  morche  du  (iroduit  iMliculaire, 


qu'il  fnut    rapporter   i'»i>">"— 
ques. 

Cette  hypolbège  ai 

vérité,  n'est   point  née 

circonHtnuces    )ihj'Kiolo^iqiies 
«eniklent,  eu  premier  abord,  ii 


Hg!i   nnimnlnileii  Kjtermati- 

itt  être  IVipfesRtou  de  II 
la  [tersiïlancfl  d^  autm 
I»  fonction  i;énilale  qni 
donner  un  démvnli.  Le» 
désirs  vénériens  et  In  puiManri*  virik»  n'éprnuvrnt  aw-unv 
diminution,  parre  que  la  ién  ion  leslicuUire  continue, 
quoique  le  produit  de  cette  i^éiTCtion,  au  Heu  d'Aire  rejeté 
au  tiehors  par  \c  cnnnl  île  l'iir^tn-,  rentre  dans  l'orfiani-mr 
par  la  résorption;  le  liquide  éjacuté  présL'ute  lei:  carailère» 
physiques  et  cliiniiques  qu'il  offre  è  l'état  normiil ,  parce  que 
ce!>  carnclèrcs  sont  ceni  du  produit  de  la  sécrétion  des  \ési- 
i;ules  séminales  ;  —  dans  les  las  dont  il  s'agit  ici,  la  liqueur 
éjaculée  est  du  spt;rmevésiculaire  duquel  est  comptétemenl 
nb'etit  le  sperme  te.'ticuluire.  —  Les  ronsiiléralions  plivsio- 
lo^iqucs,  placées  dan^  l'inlroduclioii  de  cet  ouvrage  (1), 
et  relatives  au  râle  respectif  joué  dans  la  fonction  séminale 
par  les  tésicules  et  les  te>t)cules,  permettront  au  lecteur  de 
se  rendre  compte  des  circon.'itaiices  que  j'indique  ici,  stH 
qu'il  suit  nécessaire  de  m'y  arrêter  plus  longlcmjis.  D'ail- 
leurs,  on  pourru  toujours  recourir  au  Iratnil  de  M.  Got- 
selin,  dunt  je  ne  puis,  on  le  comprend,  qu'analyser  les  par- 
lies  1rs  plus  saillantes  et  les  plus  appropriées  A  mon  sujet. 
Cependant,  au  nom  même  de  l'intérêt  de  ce  sujet,  qu'on 


;ij  Voyez  la  pa^ceit. 


TR01IBLB8    DÉPENDANT   d'uM   ÉTAT   LOCAL«  639 

me  permette  de  reproduire  les  conclusions  pathologiques 
que  i'outeur  a  tirées  de  ses  recherches.  Cette  citation,  tout 
en  abrégeant  le  discours,  rendra  ma  pensée  plus  lucide,  car 
Je  partage  sur  ce  point  tous  les  errements  de  M.  Gosselin. 

a  Cette  oblitération ,  dit-il ,  occupe  le  plus  souvent  la 
queue  de  Tépididyme;  mais  elle  peut,  à  la  rigueur,  se  trou- 
fer  sur  un  autre  point  de  cet  organe.  Comme,  è  partir  de  son 
corps,  c'est  un  conduit  unique  qui  se  forme  en  s'enroulant, 
il  suffit  que  le  calibre  de  ce  conduit  s'eiïace  en  un  point 
pour  qu'il  y  ait  obstacle  au  passage  du  sperme. 

»  Elle  n'occasionne  pas  de  douleurs  ;  on  voit,  il  est  vrai, 
des  malades  qui  souiïrent  longtemps  à  la  suite  d'une  or- 
chite  blennorrhagique ;  mais  je  Tai  attribué,  dans  quel- 
ques-unes de  mes  observations,  à  un  reste  d'inflammation 
au  niveau  du  noyau,  car  les  douleurs  étaient  augmentées 
par  la  marche  et  les  travaui  pénibles,  tandis  que  l'éjacu- 
lation  n'avait  sur  elles  aucune  influence.  La  pression  du 
point  induré  les  augmentait,  tandis  que  les  autres  parties 
de  l'épididyme  étaient  peu  sensibles. 

»  Elle  n'entratne  pas  de  changement  appréciable  pour 
les  malades  dans  les  fonctions  des  organes  génitaux.  Si 
même  on  voyait,  à  la  suite  d'une  orchite,  les  érections  et 
les  éjaculotions  diminuer,  il  faudrait  craindre  une  affection 
tuberculeuse,  et  explorer,  à  l'aide  du  toucher  rectal,  les 
vésicules  séminales  et  la  prostate. 

»  Quand  l'oblitération  existe  des  deux  côtés,  elle  occa- 
sionne nécessairement  la  stérilité;  quand  elle  existe  d'un 
seul  côté ,  la  fécondation  est  possible,  à  la  condition  que 
l'autre  testicule  soit  sain 

K  La  durée  de  l'oblitération  est  variable.  Je  suis  heureux 
d'avoir  pu  démontrer  aussi  clairement  que  possible  qu'au 
bout  de  trois,  quatre,  cinq  et  même  de  huit  mois,  elle  peut 


] 


0^0    TROUBLBfl  DE   LA  FIlNCTIIIK  DE  SfcCa&TIOS  SPBRaAIlOOK^ 

(li«|)ariiUre  el  leisiscr  libre  la  circulation  du  .«iiermc.  Ji 
pas  (If  Toit  qui  me  [trouve  que  robliu^ralioii  puisse  Ji«>)iurallfe 
après  un  temps  {ihiK  long,  mais  il  n'y  a  pa»  de  raison  jiour 
regarder  la  clioijc  comme  impassible,  je  ne  toudruit  même 
pas  assigner  un  terme  an  iJrlà  duquel  ou  ne  devrait  plut 
compter  sur  la  {{uérison.  P^tir  nbteiiir  h  cet  éj^ard  de«  ré- 
sultats satisfaisants ,  il  faudraii  Ixtaucoup  ptus  d'obtert*- 
tiong  que  je  n'en  possède;  je  impte  recueillir  avec  swin 
toutes  celles  que  le  hasard  me  |ierriiellra  de  sui%rc;  nuib, 
vu  leur  rareté  et  le^  diflïculliîs  iniiérenles  h  ce  genre  île 
rerliercbcs,  il  faudra  riéccssniremt-ut  un  lem|>s  assez  long. 
Au  point  où  en  est  aujourd'hui  la  que»lioii.  un  peut  cun- 
cevoir  cependant  que  certains  individus,  après  atoir  clié 
stériles  pendant  les  premiers  mois  qui  nuivcnl  ane  épîdi* 
iljmite  di)ubli',  puissi-nl,  «u  bout  d'un  ci'rtain  t>  mji?,  rede- 
venir aptes  à  la  fécondation  (1).  a 

Certes,  il  est  diflîeile  de  rien  reprendre  à  ce  chapitre 
ajouté  h  l'histoire  de  l'épididymite  btennnrrliagique;  maii 
au  point  de  vue  de  te  livre,  le  cadre  esl  trop  restreint,  elje 
dois  rechercher  si  la  blennorrhagie  est  la  seule  cause  d'io- 
Oanimalion  épididymaire,  capable  d'amener  l'oblitération  de 
ce  conduit  et,  par  suite,  la  slérililé. 

Hippocratea  noté  que  les  Scylhes  étaient  pour  la  plupart 
stériles,  et  il  attribuait  leur  inlirmité  h  l'habitude  qu'ili 
avaient  de  monter  à  cheval.  Depuis  le  père  de  la  médecine, 
la  même  observation  a  été  faite  bien  souvent,  et  l'on  ren- 
contre tous  les  jours  des  hommes,  caNalters  par  état,  qui, 
avec  les  apparences  de  la  plus  énergique  virililé,  sont  inha- 
biles à  la  fécondation,  surtout  s'ils  n'ont  pas  l'habitude  de 
soutenir  te  scrotum  dans  un  suspensoir.  J'ai  eu  l'occasion 

(t)  Archivée  grnérakt  de  médecint,  septembre  (  Hi)3. 


TI0UBLK8   DiPBNDANT   d'oN    tTAT   LOCAL.  6&1 

d'exainioer  quelques  individus  de  cette  profession,  et  j'ai 
constaté  sur  plusieurs  d'entre  eux  l'induration  caractéris- 
tique décrite  par  M.  Gosselin.  Les  chirurgiens  des  régi- 
ments de  cavalerie  pourraient  sous  ce  rapport  donner  à  la 
science  des  renseignements  certains;  c'est  un  intéressant  sujet 
d'études  que  je  leur  signale.  En  attendant  des  bits  con6r- 
matifs  plus  nombreux,  je  crois  que  l'observation  d'Hippo« 
crate  est  vraie,  comme  è  peu  près  toutes  les  propositions  de 
ce  grand  homme,  et  que  l'explication  anatomique  du  phé- 
nomène se  trouve  tout  entière  dans  l'organisation  et  la 
transformation  fibreuse  de  la  lymphe  plastique  au  niveau  de 
la  queue  des  épididymes,  et  due  è  l'inflammation  que  finis- 
sent par  amener,  dans  ces  organes,  les  frottements  et  les 
chocs  des  testicules  contre  le  pommeau  de  la  selle. 

En  tirant  de  ce  fait  sa  conséquence  la  plus  logique,  il  faut 
admettre  qu'il  en  sera  de  même  de  toute  inflammation  à 
cause  franchement  traumatique,  et,  par  une  nouvelle  déduc- 
tion, on  arrivera  è  comprendre  dans  le  même  cadre  toute 
inflammation  épididymaire,  quelle  qu'en  soit  la  cause,  ainsi 
que  le  justifie  le  fait  dont  j*ai  parlé  au  début  de  ce  cha- 
pitre. 

Généralisant  donc  l'étude  de  M.  Gosselin,  on  doit  re- 
connaître que  toute  épididymite  double,  qu'elle  soil  véné- 
rienne,  traumatique,  métastatique,  etc.,  etc.,  en  favorisant 
le  dépôt  de  la  lymphe  plastique  sur  un  point  de  Tépidi- 
dyme,  peut  devenir  une  cause  de  stérilité  soit  temporaire, 
soit  définitive  :  temporaire,  si  la  lymphe  plastique  qui  forme 
obstacle  au  passage  du  sperme  testiculaire  est  résorbée  ; 
définitive,  si  l'induration  persiste. 

Pour  prévenir,  autant  que  possible,  ce  dernier  résultat, 
le  traitement,  pendant  la  période  aiguë  de  ^'inflammation, 
devra  tendre  surtout  à  obtenir  une  résolution  rapide.  Les 

41 


042  rnoliBLRIi  DK  LA  l'ONCTION  l>R  Sftril*TIO»  SPERVAIIOIE. 
^nu!isio(]!i  sanguiiicsi  lornles,  r^|<i-lû»  plii^jeur»  Fuii  M-foii 
les  Turcen  et  la  coRKlilulion  du  malailr,  marquerniil  le  débat 
■lu  IrBiteinL-nl  ;  \e»  piir^iiurs,  donnéK  tous  le»  Imii  ou  quatre 
joiirs,  romp laperont  ensuite  le«  *an((iiup^,  el  l 'engorgement 
■cra  de  bonne  heure  altnqiié  par  len  fondanlf,  surtout  pu* 
le  mercure  Joui  l'introiluctiori  (hn«  tes  voies  rirculntoim, 
ainni  qui)  le  dit  M.  (<o<i»elin,  parait  Ttivorable  h  la  résols- 
tion  des  épancliements  plnstiquos  dnri»  le  leslicule  al  l'^i- 
d  intime. 

Si,  après  la  dr«parilion  de  (oiin  )ei  tymptAmn  inflam- 
niatoire«,  l'induration  épididjniaîre  pcrtiitifl,  il  ne  faut 
point  hésiter  ë  recourir  Ji  l'iodorc  de  pols»sium  h  l'inléricur 
et  intme  h  l'iodun'  de  plomb  en  friclion».  Sans  doute,  il  ««I 
h  rrnindrr,  ainsi  que  je  l'ai  dit  plus  haut,  quu  l'iode  am^M 
l'atrophie  des  testicule»,  et  que,  pour  éviter  un  ma! ,  on 
tombe  daiiH  un  pire.  Crrlainemenl  le  danger  n'est  pas  i 
dédaigner,  mois  on  peut  jusqu'à  un  certain  point  s'en  ga- 
rantir eu  nppoilntil  à  l'adminislroliou  du  médicament  une 
réserve  et  une  allcntion  souleiiin-s. 

Rst-il  besoin  de  faire  remaripier  que  toutes  les  connidé» 
rations  que  jo  viens  de  préfi^ntcr  sur  ce  moile  d'oblitératii» 
de  l'épididj-me,  peuieiit  se  rapporter  nu  lanol  déférent?  Sans 
doute,  l'induration  qui  intercepte  la  libre  circulation  dan* 
l'intérieur  de  ce  ciiiial  est  motus  facilement  appréciable  au 
toucher  que  celle  don!  le  siège  est  è  l'épididyme,  parce 
qu'elle  <>!'t  protéj^éc  par  des  paroi.i  plus  résistantes,  el  dé- 
robée quelquefois  dans  les  profondeurs  de  l'nbdomen  ;  mais 
comme  celle  de  l'épididyme.  elle  s'accompagne  de  désirs 
vénériens  normaux ,  d'éjacuintions  aussi  nboiidantes  qu'i 
l'état  ordinaire,  et  complétem"iit  privées  <le  spermaloinîdes. 
Sous  ces  rapports,  que  l'induration  se  liie  i  l'épididyme  on 
au  (uiial  déférent,  les  résultats  sont  parfaitement  idenliquei. 


TBOOBLEg    DÉPENDANT    d'uN    ÉTAT    LOCAL.  6AS 

L'iiiflammalion  n'est  pas  la  seule  source  qui  fouruisse 
des  obstructions  au  conduit  vecteur  du  sperme  testiculaire  : 
les  tubercules,  le  cancer  peuvent  y  déposer  leurs  produits 
morbides,  ainsi  qu'on  en  a  des  exemples  dans  la  science, 
«t  Ton  comprend  m6me  qu'il  puisse  s'y  former  des  dépôts 
d'autre  nature ,  véritables  calculs  comme  on  en  observe 
dans  toutes  surfaces  creuses. 

Le  diagnostic  différentiel  de  ces  divers  genres  d'obstruc* 
tioD,  surtout  en  dehors  de  Tépididymile,  présente  une  obs- 
curité sur  laquelle  peuvent  jeter  quelque  jour  les  diatlièses 
tuberculeuse  et  cancéreuse,  mais  que  les  antécédents  et 
l'état  actuel  du  malade  n'éclairent,  dans  les  autres  cas,  que 
d'une  lumière  douteuse. 

La  présence,  dans  le  produit  de  l'éjaculation,  de  pus,  de 
sang,  de  matière  tuberculeuse,  cancéreuse  ou  autre,  n'est 
point  un  signe  irréfragable,  car  cis  matières  peuvent  éga- 
lement provenir  du  canal  de  Turètre,  de  la  prostate,  des 
canaux  éjnculoteurs  ou  des  vésicules  séminales. 

Cependant,  comme  la  présence  de  ces  matières  morbides 
dans  le  sperme  n'en  éloigne  point  les  spermatozoïdes,  ainsi 
que  l'ont  constaté  les  observations  des  micrographes,  on 
est  en  droit  de  conclure  que  la  suppuration,  la  phlegmasie, 
la  tuberculisation,  le  cancer,  etc.,  de  l'urètre,  de  la  pro- 
state, des  canaux  éjaculateurs  et  des  vésicules  séminales  ne 
sont  point  de  suffisantes  raisons  pour  expliquer  l'absence  du 
sperme  testiculaire,  et  qu'il  se  peut  faire  que  les  matières 
morbides,  décelées  dans  le  produit  de  Téjaculation,  s'éten- 
dent jusqu*au  canal  déférent  et  même  jusqu'à  l'épididyme. 
De  cette  manière,  on  arrive  à  déterminer  :  !<>  par  In  quan- 
tité du  liquide  éjaculé ,  qu'aucun  obstacle  n'existe  sur  le 
parcours  des  voies  spermatiques  compris  entre  le  méat  uri- 
naire  et  les  vésicules  séminales;  ^^  par  l'absence  des  spef- 


6A&  THOUBLHH  DK  L*  FONCTION)  VB  AUNSERVATtOIT. 
itiatozoiJL's  (en  BU|iposHiit  <{<ril  n'j  a  nucuiie  autre  came  Al 
«lérililé),  qu'un  obslacle  les  etnptclie  d'aller  du  IcMicule  • 
la  iésirult:sémtnule;  S°  enfin,  |)nrla  pri!-»cnr(;  d'uni!  matittie 
morbide  dnns  le  produit  de  l'i^oculiilion,  c]uu  l'obilacle  est 
|irobablpment  dA  h  h  pénétration  d«  celle  inuliire  morbide 
dnns  c  caoul  durèrent  et  même  (1aii!i  l'épiilidyine. 

Je  duin  à  la  vérité  di!  dire  ((u«  r'cKt  par  induclion  qss 
j'éloblis  ce  diagnostic  diiïérenliel;  je  ne  puis  l'apputer  ca- 
core  sur  nutun  fuil  clinique,  moi»  il  iti'u  paru  as^et  logii|iM 
pour  être  indiqué  ici,  afin  i(iie  de:!  recherches  ulléricures  el 
diverses  en  constatent  ou  en  itilîrmenl  In  réalité. 


CHAPITRE    11. 

TROUBLES  DB  LA  FONCTION  l)B  CONSeRVATtON. 

Les  vésicules  séminale!<  dans  lesquelles  se  passe  toute  la 
fonction  dont  j'iii  ici  o  examiner  les  troubles,  remplissent 
un  double  Tà\c  h  l'endroit  du  sperme  te^ticulairc  :  1*  elles 
lui  oiïrent  un  asile  en  attendant  son  expulsion  ;  3*  elles  lui 
préparent  les  mojens  d'exécuter  celte  expulsion  sûrement 
el  fructueusement. 

Quand  les  tésicutes  séminales  refusent  au  sperme  l'asile 
qu'elles  sont  destinées  i  lui  procurer,  en  d'autres  terme*, 
quand  elles  ne  peuvent  le  garder  en  réserve  et  qu'elles  le 
laissent  échapper  en  dehors  des  conditions  normales  de 
son  espuUion,  c'est-à-dire  l'cicitation  ténérienne,  il  ;  a  ce 
qu'on  a  appelé  spermatorrhée ,  pertes  sémiiuUes,  etc. 

Je  me  suis  déjà  longuement  occupé  du  cette  af  feclion,  et 
Je  dois  renvoyer  le  lecteur  au  chapitre  qui  lui  est  consacré (I). 

(I)  Voyez  ta  page  3SN,  et  l'ouvrage  de  V.  Ullemand,  On  frrlm 
têminalt*  involonlairti.  Parla,  l'<36-1t)il,  3  vol.  Jn-8. 


TROUBLES   DE   LA    POKCTION    DK    CONSERVATION.        6&5 

Sous  le  second  rapport,  c'est-à-dire  sous  celui  des  vési- 
cules séminales  considérées,  non  plus  comme  organes  de 
conservation  du  sperme  testiculoire,  mais  comme  organes 
de  sécrétion,  on  peut  dire  avec  les  auteurs  qui  ont  enrichi 
la  science  de  nécropsies  intéressantes,  que  «  les  vésicules 
séminales  sont  susceptibles  d'états  morbides  les  plus  variés, 
depuis  la  simple  inflammation  et  la  suppuration,  jusqu'aux 
diverses  dégénérescences  tuberculeuses,  soit  que  les  tuber- 
cules se  soient  également  développés  dans  les  poches,  ou 
qu'ils  s'y  soient  formés  en  même  temps  que  dans  d'autres 
régions  du  corps,  et  plus  particulièrement  dans  les  cas  de 
sarcocèle  scrofuleux.  » 

M.  Civialc,  qui  a  pris  soin  d'analyser  toutes  les  lésions 
cadavériques  signalées  par  les  auteurs  sur  les  vésicules  sé- 
minales ,  termine  cet  examen  par  les  lignes  suivantes  qui 
résument  l'état  actuel  de  la  science  sur  cette  partie  de  Tana- 
tomie  pathologique  :  «  En  résumé ,  dit-il ,  les  aiïections 
principales  des  vésicules  séminales  et  des  conduits  sporma- 
tiques  se  rapportent,  pour  le  plus  grand  notftibre,  h  l'in- 
flammation, soit  aiguë,  soit  surtout  chronique,  et  aux  suites 
qu'elle  peut  entraîner.  Mais  la  phlegmasie  elle-même  a  été 
bien  moins  souvent  observée  que  les  altérations  do  texture 
qui  en  procèdent.  D'ailleurs,  elle  n'est  jamais  bornée,  et 
toujours  elle  s'accompagne  de  l'inflammation  des  parties 
voisines,  telles  que  le  testicule,  la  vessie,  le  rectum  et  prin- 
cipalement la  prostate.  Elle  parait  se  terminer  assez  fré» 
qoemment  par  suppuration  et  bien  plus  souvent  encore  par 
induration.  Le  pus,  quand  il  s'est  produit,  s*échappe  tantôt 
par  les  voies  naturelles,  tantôt  par  des  trajets  iistuleux , 
communiquant  soit  avec  la  vessie,  comme  l'a  vu  M.  Andral, 
soit  avec  le  rectum ,  comme  le  dit  M.  Martin ,  soit  avec 
l'extérieur  du  corps,  comme  le  constatent  des  faits  récents 


difS  TROOBLBS  I)B  1.1  FOHRTION  DK  COHmVArHIH. 
et  l'omnii-  je  l'ni  obscrȎ  pliKi'iirx  fois.  Il  faut  rnfifirnirlii-r 
de  lu  suppurslioii,  du  inuiris  ijusnl  h  sea  pro<luil«,  la  IuImt- 
cuti.«alion  dfi  vi^ciciilcs  8éniiiial>'s,  doiil  pari'*  M.  l>ouis, 
et  4411!  aiatl  élé  nieiilionix^e;  les  faJU  igiie  je  vimx  île  rap- 
porter prouvent  en  effet  <|iie  celle  lerminoMon  u'fH  pu  rare. 
A  l'induration  se  rapportent  égnlrmenl  la  cartilaitinilicalioii 
et  rmsillcatioii,  dont,  indépendamment  des  cas  pr^c^drtD- 
roent  décrits,  il  s'en  (ruuve  |iiuiti(>uri  dans  les  onvrn^»  iIb 
Saiidifort,  Suemmering  el  Voigtel.  KiiHn,  le»  v^arrules  témi- 
iiales  ont  été  vues  iitrophiées  par  ilaillie  el  Mor|^ai-nL  Je  am 
borne  à  inL-ntionncr  les  colculs  Irouvéït  dans  leur  intérieur, 
iloiil  j'ui  piirk'  dans  un  aulre  oiivni^<',  el  doni  (^rmann, 
Ricdlin.  Slnlpnrt  van  d<.-r  Wiol,  Hartmann,  Metkel,  llein* 
mann,  Itaillir,  de,  eilenl  dei«  exemples  (1).  • 

(Cependant  la  distinction  que  ta  physiologie  établit  entre  le* 
attributs  des  vésicules  séminales,  en  les  considérant,  d'un  cAtA, 
comme  organes  de  conservation  du  sperme  (eslicularre,  et, 
d'autre  part, comme  orgiincsde sécrétion, entrnltie-l-elle  une 
distinction  analogue  dans  l'ordre  pathologique?  en  d'autre* 
termes,  les  oITections  des  vésicules  séminales,  en  tant  qu'or- 
g.1ne^  de  conservation,  sont-elles  si  distinctes  des  nfTecliom 
[les  mêmes  parties,  en  tant  qu'organes  de  sécrétion,  qu'il 
soit  possible  de  les  étudier  séparément  et  d'en  former  deoi 
classes  dans  le  cadre  nosoiogique? 

Je  ne  le  pense  pas, 

Pi'ul-on  admettre,  un  elTel,  que  dans  un  espace  au« 
étroit  que  relui  qne  présentent  les  vésicules  séminales,  une 
léxion  quelle  qu'elle  soit,  re*pec1ern  telle  propriété,  alors  que 
les  antres  seront  tro'ibléc^  et  mAme  anéanties?  Voiei  ce 

(1]  Traiif  pnilique  «ur  (m  initUidief  itfs  onj'iiu'*  gfnibi-urirutirtt, 
Paris,  <8t(0,  I    li,  p.  135- 


TI0UBLB8    DB    LA    FONCTION    DB    CONSERTATIOlf.        6iSl7 

qui  te  passe  pour  la  plus  simple  de  ces  lésions,  la  phle^* 
masie.  Elle  déterminei  tous  les  travaux  modernes  ne  lais- 
sent aucun  doute  sur  ce  point,  elle  détermine  la  spermator- 
rhée,  tout  en  activant,  d'une  manière  morbide,  le  travail 
sécrétoire  des  vésicules  séminales,  car  comment  expliquer, 
sans  cette  sursécrétion,  la  quantité  énorme  de  liquide  que 
perdent  les  tabescents? 

Cependant,  n'exagérons  pas  ces  prémices  jusqu'à  établir 
comme  une  loi  que  toute  aiïection  des  vésicules  séminale» 
est  fatalement  suivie  do  spermatorrbée  ;  les  faits  nous  don- 
neraient un  éclatant  démenti  :  on  a  trouvé  sur  le  cadavre 
d'individus  dont  rien,  pendant  la  vie,  ne  faisait  pressentir  une 
lésion  du  côté  des  voies  génitales,  des  vésicules  tubercu- 
leuses, cancéreuses,  purulentes,  etc.,  etc.;  rien,  je  le  ré- 
pète, ni  douleur,  ni  pertes  séminales,  n'avait  attiré  l'atten- 
tion du  malade  de  ce  côté,  et,  si  la  puissance  virile  avait 
peut-être  perdu  quelque  chose  de  son  énergie,  cet  afTaiblis- 
sement  était  mis  sur  le  compte  de  la  diathèse  générale  ou 
sur  celui  de  quelque  aiïection  concomitante. 

Il  semblerait,  d'après  cos  faits,  que  les  auteurs  qui  m'ont 
précédé  ont  eu  raison  de  regarder  comme  très  difficile,  sinon 
impossible,  un  diagnostic  exact  des  maladies  des  vésicules 
séminales.  Sans  doute,  avant  l'intervention  du  microscope 
dans  les  études  médicales,  certaines  lésions  devaient  passer 
inaperçues,  ou  leurs  symptômes  se  confondre  avec  ceux 
d'autres  lésions  voisines  ou  éloignées  ;  mais  ie  microscope 
a  jeté  sur  le  sujet  qui  nous  occupe  une  lumière  si  vive  et 
si  éclatante  que  l'on  s'étonne  de  ne  rencontrer  les  résultats 
qu'il  fournit  dans  aucune  partie  de  l'ouvrage  de  M.  Civiale, 
qui  se  contente  de  cette  simpie  note  s  «  Quelques  modernes 
comptent  beaucoup  sur  un  nouveau  moyen  de  diagnostic 
qu'il  ne  faut  pas  négliger,  muis  qui  n'a  peut-être  pas  toute 


668        T1I0UBI.RS    DE    LA    FOHCriON    DE    CaUtKlirATKMI. 

la  ccrlitiidc  qu'on  lui  supriose.  Il  s'unit  de  la  pr^Kince  Aw* 
Boospermes,  conMalée  au  moyen  du  microscope  ilanii  Ica 
flaides  cx|iulsés  nalurelletnciit  ou  trouvés  dans  Il-s  véoirules 
■éiiiinales  et  k's  conduits  déférenls.  Sans  vouloir  atténuer 
la  portée  de  ce  moyen  explorateur,  je  croîs  6tre  en  droit  de 
faire  remnrquer  cjue  sa  mise  en  uiuvrc  réclame  des  soins  cl 
des  précautions  qu'on  néglige  trop  gouvoni,  et  les  diver- 
gences d'opinions  sur  ce  sujet  n'ont  peut-Aire  pas  d'autre 
cause  {!).  " 

On  comprend  difficilement  comment  M.  Cifiale  n'a  pas 
pris  toutes  les  précautions  nécessniros  pour  se  procurer  re 
moyen  de  diagnostic  qui  eût  nécessairement  donné  à  xi 
appréciations  une  valeur  qui  leur  man(|ue. 

Quoi  qu'il  en  soit,  et  .«ans  tenir  compte  de  (oos  lei  ph^ 
iiomènes  généraux  dont  les  auteurs  ont  grossi  l'hisloiro  des 
moladies  des  vésicules  séminales,  et  qui  sont  le  cortège 
obligé  d'une  roule  d'autres  nITections,  même  étrangères  i 
l'appareil  génital,  je  crois  que  les  maladies  que  j'examine 
en  ce  moment  ont  des  caractères  asseï  tranchés  pour  les 
faire  distinguer  facilement  dans  le  cadre  nosologique. 

Ces  caractères  sont  ou  cliniques  ou  microscopiques. 

Les  caractères  cliniques  varient  avec  t'aflecliou  qu'elle! 
(rahisseni,  cl,  pour  les  énumérer  tous,  il  faudrait  faire  la 
■ymptomatologie  de  l'inflammation,  du  cancer,  de  la  Uiber- 
culisation,  etc.,  etc. 

Mais  au  milieu  de  ce  cortège  changeant  avec  rbaqua 
afleclion,  il  est  un  signe  constant,  que  l'on  rencontre  dans 
toutes  les  maladies  des  vésicules  séminales,  et  qui  est  carac- 
térisé par  on  trouble  quelconque  dans  la  fonction  génitale. 

Ce  trouble  est  t'intàt  l'impuissance,  c'est-à-dire  l'inertie 

(t)  Traité  pratique  nur  In  maladin  de»  orgatut  gAulo-urmoar»*, 
I.  Il,  p.  tSI. 


mOUILIS    DB    LA    rONGTlOlf   DE   GOKSBKVATIOll.        6ft9 

absolue  de  la  viTgc  ;  tantôt  il  se  traduit  par  des  érections 
lentes,  difficiles  et  incomplètes  ;  tantôt  réjaculation  s'opère 
alors  que  le  pénis  n'a  qu'une  demi-rigidité,  ou  même  quand 
il  est  dans  une  entière  flaccidité,  etc. ,  etc. 

Il  est  probable,  pour  expliquer  la  constance  de  c«  carac- 
tère morbide,  que  les  testicules  ne  restent  pas  étrangers  aux 
affections  des  vésicules  séminales  et  qu'ils  y  prennent  une 
part  plus  ou  moins  active. 

Les  caractères  microscopiques  varient  avec  la  nature  de 
la  maladie  elle-même  :  ainsi  on  trouve  mêlé  au  sperme, 
tantôt  du  sang,  tantôt  du  pus,  tantôt  de  la  matière  tuber^ 
culeuse,  cancéreuse,  etc.,  selon  que  l'aiTection  des  vésicules 
séminales  est  une  phlegmasie  avec  ou  sans  suppuration,  le 
tubercule,  le  cancer,  etc.,  etc. 

Mais  la  présence  de  ces  matières  morbides  dans  le  pro« 
duit  des  vésicules  séminales  n'est  pas  suffisante  pour  expli- 
quer l'absence  des  zoospermes,  car  on  sait  que  les  mi- 
crographes, M.  Donné  (1)  entre  autres,  ont  rencontré  des 
spermatozoïdes  parfaitement  vivants  mêlés  à  du  sang,  du 
pus,  etc. ,  etc. 

Il  faut  donc  chercher  ailleurs  la  cause  de  cette  absence 
de  spermatozoïdes  dans  le  sperme  des  individus  malades  du 
côté  des  vésicules  séminales. 

Dans  quelques  circonstances,  le  phénomène  est  facile  à 
expliquer.  Quand  de  la  matière  tuberculeuse  ou  encépha- 
loïde  remplit  les  vésicules  séminales,  ces  produits  morbides 
se  peuvent  rencontrer  aussi  dans  les  canaux  déférents,  de 
telle  sorte  qu'ils  empêchent  le  sperme  testiculaire  de  par- 
venir jusqu'à  leurs  réservoirs  :  on  retombe  alors  dans  les  cas 
d'obstruction  dont  j'ai  parlé  plus  haut. 

Dans  d'autres  circonstances,  comme  dans  l'inflammation 

(4)  Cam-ê de mieroêcapie.  Paris,  4844,  p.  306. 


6M       TKOUflLBS   UE    LA    FOnCTlON    UB    CONSKiTATIOH. 

dea  vésiciiloi),  par  exemple,  l'abnenre  iie«  ^|iprinnlaaoîilM 
ne  peut  s'expli(|ucr  <{ue  par  le  Iroublo  que  celte  plilef[- 
muie,  iiropo^ée  jusqu'aux  testicules,  iippiirte  clans  (■  hitc- 
lion  séiTt^loirp  Je  rt-s  dernieri.  Il  est  ilink-ilu  de  «p^îBer  li 
nature  de  ce  trouble,  cur,  <lai>i  la  plupart  des  cm,  rien 
d'anormal  ne  ne  révèle  dans  la  forme,  le  volume  el  la  sensi- 
bilité du  testicule;  c'est  probablement  uu  ili^iordre  dtna- 
mique  qui  ne  se  trnliit  qu(>  dans  tes  résultat*  de  la  fonctiuN. 

Cepetiduiil ,  r«b!>ence  des  spernintoioides  n'est  pa>  un 
caractère  constant  et  absolu  dans  k-s  maladies  des  léMcnles 
séminales,  surtout  quand  ces  maladies  sonl  pou  intenses  »• 
à  leur  déhut.  J'ai  plus  d'une  fuis  runoonlré  ces  sniinolrulrs 
dani  le  sperme  d'individus  atteints  de  sprrmaliirili^c.  mais 
dont  les  pertes  séminales  n'éuipnl  pas  fréquenle»  ou  da- 
taient depuis  peu  de  temps.  Il  est  probable  que,  dam  ces 
cas,  lu  lésion  vésiculaire  n'est  pas  assez  forte  ou  pas  asseï 
ancienne  pour  pouvoir  encore  inlluencer  la  fonction  lesti- 
culuire.  Plus  tard  et  sans  que  la  lésion  des  vésicules  s'ag- 
grave, mais  par  le  fait  seul  de  perles  séminales  qui  ne  sonl 
pas  un  rapport  uvcc  In  quantité  de  speime  «lécrété,  le  testi- 
cule, pour  réparer  «es  perles  incessantes,  devient  le  ^ié^o 
d'une  sursécrétiiin  qui,  après  plus  ou  moins  longtemps,  linil 
par  tarir  la  source  même  de  ta  sécrétion,  soit  en  épuisant 
la  force  dynamique  de  la  glande,  soit  en  appelant  dans  se» 
tissus  une  irritation  morbide. 

Comme  on  le  voit,  les  affections  des  vésicules  séminales, 
qu'elles  soient  caractérisées  par  des  pertes  de  semence  on 
par  la  présence  de  matières  morbides  dans  le  produit  de 
l'éjuculdlion,  deviennent,  après  un  temps  plus  ou  moins 
loii^,  It!  point  de  départ  [l'une  impuissance  et  d'une  stéri- 
lité toujours  facilement  coiistalables. 

Leur  gra>  ité  el  leur  durée  sont,  comme  ou  le  doit  corn- 


TROUBLES    DB    LA    PONCTION    o'iXGIliTlON.  651 

prendre,  en  raison  directe  de  raiïection  qui  lear  donne  nais- 
sance; mais,  en  général,  on  peut  dire  que  le  pronostic  est 
grave,  tant  a  cause  des  organes  aiïectés  que  parce  que  la 
position  de  ceux-ci  les  dérobe  à  Taction  immédiate  des 
moyens  thérapeutiques. 

Ces  moyens  aussi  variables  que  les  aiïections  qui  en  récla* 
ment  l'emploi,  ont  été  longuement  exposés  ailleurs  (1)  pour 
les  cas  de  pertes  séminales. 

Quand  les  troubles  de  la  fonction  vésiculaire  reconnaissent 
pour  cause  une  aiïection  organique,  comitie  la  tuberculisa- 
tion  ou  le  cancer,  il  Faut  avoir  le  courage  d'épargner  au 
malade  les  ennuis  et  les  douleurs  d'un  traitement  long  et 
inutile.  Le  mal  e^t  au  dessus  des  ressources  (\e  la  médecine. 
On  doit  se  contenter  de  palliatifs  et  ne  s'occuper  qu'à  adoucir 
à  la  malheureuse  victime  les  souffrances  auxquelles  elle  est 
fatalement  condamnée. 


CHAPITRE  111. 

TROUBLES  DE  LA  FONCTION  d'eXCRÉTION. 

En  quittant  les  vésicules  séminales  et  avant  d'arri\er  au 
dehors,  le  sperme  traverse  deux  nouveaux  conduits  :  les 
canaux  éjaculateurs  et  le  canal  de  l'urètre,  et  n'est  lancé, 
avec  une  certaine  force,  qu'à  la  condition  de  la  rigidité  de 

la  verge. 

Il  me  reste  donc  à  étudier  les  circonstances  qui  peuvent 
mettre  obstacle  à  cette  nouvelle  et  dernière  phase  de  hi  fonc- 
tion spermatique;  pour  que  cette  étude  ait  toute  In  clarté 
désirable  en  pareille  matière,  je  la  partagerai  en  trois  pa- 

(I)  Voy.  la  page  401 . 


652  TRO0BI.RS    l)B    Lt    PnXCTION    1>'lXCIlftriO<T. 

rugraphCK  :  ilnns  le  [ireraicr,  j'etamtiienii  Im  ifreclions  iIm 
CfinduiU  éjoculalcurN  et  (Je  la  proKlutCi  àam  le  serood,  je 
pasHPrai  en  revue  les  acnident^  si  nombreui  ri  !>i  variés  iloBl 
le  cnnsl  de  l'urètre  est  le  siège  ;  dans  le  Iroisiicne,  enfin, 
abordunt  d'une  Tat^oi)  plus  (-om|ililc  <|ue  je  ne  l'ai  Tait  \>ré- 
cédrmineiil,  la  qucslion  de  l'tijaculalion,  j'aurai  k  me  de- 
mander M  rim|iuisgance  est  toujoiirs  et  riitalement  une  caste 
lie  stérilité. 

SI  —  «ffeellona  écn  «•Mtas  «jM«lal«BrB  »■  de  ta  pr«MM«. 

Pour  obéir  à  la  lD^ii|uc  que  m'imposait  en  quulcgue  sorte 
la  marche  du  sperme  h  travers  les  nombreui  organes  qu'il 
traverse,  j'ai  dO  ciominer  séparément  les  alTi'clions  des  vési- 
cules séminales  et  celles  des  canaut  éjoculateurs  et  de  la 
prostate.  Cette  distinction  purement  physiologique  ne  sau- 
rait subsister  dans  l'ordre  pathologique,  et  je  suis  le  pre- 
mier i\  reconnaître  que  les  canaux  éjaculateurs  participent 
toujours  plus  ou  moins  aui  maladies  des  vésirules  séminales. 
Aussi  les  considérations  que  j'ai  présentées  à  l'occasion  de 
ces  dernières,  sont-elles  entièrement  applicables  aui  con- 
duits éjoculateurs  et  à  ta  prostate. 

Cela  est  si  vrai  que,  dans  les  cas  de  spermalorrhée,  par 
eiemple,  on  le  caustique  eierce  une  influence  heureuse, 
cette  influence  n'est  pas  due  à  l'action  immédiate  de  la 
cautérisation  sur  les  vésicules  séminales,  puisque  le  nitrate 
d'argent  ne  louche  que  la  prostate  et  l'ouverture  citerne 
des  canaut  éjnculateurs.  C'est  donc  en  modifiant  l'état  de 
ceui-ci,  que  lo  pierre  infernale  finit  par  modifier  celui  des 
vésicules  séminales. 

Cependant,  celte  liaison  morbide  n'est  pas  tellement 
intime  qu'il  n'eiiste  des  cas  où  l'un  de  ces  organes  est 


APPBCT.  MU  CANAUX  ÉiAGULATSUM  Et  DB  LA  PKOSTATB.     653 

malade,  tandis  que  l'autre  est  parfaitement  sain,  ou  n'est 
tout  au  moins  aiïecté  que  d'une  manière  insignifiante. 
Ainsi,  lorsque  dans  le  produit  de  Péjaculation  on  constate 
de  la  matière  tuberculeuse, cancéreuse,  etc.,  et  que,  par  le 
toucher  rectal  et  le  cathétérisme,  on  s'est  assuré  que  celte 
matière  ne  vient  ni  de  la  prostate,  ni  du  canal  de  l'urètre, 
ni  de  la  vessie,  il  faut  bien  admettre  la  libre  circulation  des 
canaux  éjaculateurs,  et  en  même  temps  la  présence  dans  les 
vésicules  séminales  du  produit  du  tubercule  ou  du  cancer; 
car,  ainsi  que  je  le  dirai  tout  à  l'heure,  si  les  canaux  éjaca- 
lateurs  étaient  obstrués  dans  un  point  de  leur  parcours,  il 
n'y  aurait  point  d'éjaculation  ;  il  n'y  aurait  qu'un  suintement 
de  fluide  prostatique,  dont  la  minime  quantité  suffit  tou- 
jours, à  défaut  d'autre  caractère,  pour  le  distinguer  du  pro* 
doit  de  la  sécrétion  vésiculaire. 

D'autre  part,  il  est  telles  affections  de  la  prostate  et 
même  des  conduits  éjaculateurs,  auxquelles  restent  parfai- 
tement étrangères  les  vésicules  séminales,  ainsi  que  l'ont 
montré  des  nécropsies  dans  lesquelles  la  prostate  et  les 
canaux  éjacuiateurs  étaient  gorgés  de  pus,  alors  que  les 
vésicules  séminales  étaient  dans  un  parfait  état  d'inté- 
grité. 

Cependant,  il  faut  le  reconnaître,  ces  cas  sont  très  rare^. 
Quand  de  si  graves  désordres  ont  attaqué  un  point  de  l'ap- 
pareil spermatique,  il  est  commun  de  les  voir  se  répéter 
sur  toutes  les  parties  de  l'appareil,  même  sur  les  points  les 
plus  éloignés  de  leur  source,  ainsi  que  Tout  observé 
MM.  Ândral,.Croveilhier,  Lallemand,  Dalmas,  Albert,  etc. , 
qui  ont  vu  des  lésions  identiques  exister  è  la  fois  sur  la 
prostate,  les  canaux  éjacuiateurs,  les  vésicules  séminales,  les 
canaux  déférents  et  les  testicules. 

Quoi  qu'il  en  soit,  au  point  de  vue  de  la  stérilité,  les  aiïec- 


65ft  THOUBI.ES    BU    LA    FOHCTION    B'KCR^tlOK. 

lions  (les  conduits  éjorulateiirs  ri  df!  tn  proslsti-  pcuTenl  «e 
partagpr  en  ilcut^ranileiirlBsseK,  Helun  l««  réitulUlsquVIhs 
proiliiiiieol 

DaiiH  la  [iremièrc  classe  se  rangent  Icti  lésionfi  Boatotni- 
ques  suHCL'plibk's  de  metlrc  obstacle  à  la  dJrMion  normale 
du  sperme,  soit  en  s'opfiosant  *i  sn  marche,  Boii  en  lai  fai- 
sant prendre  une  route  diiïérente  de  celle  iju'il  doit  mitre. 

La  seconde  rinssa  comprend  les  ufTertion*  qui,  l«i»MRl 
complètement  libru  cette  portion  de  la  raie  Kpermatique, 
altèrent  les  conditions  dynamiques  psr  lesquelles  a'accomptit 
la  marche  du  fluide  séminal. 

Comme  sans  doate  on  le  prewenl,  ces  deux  genreu  i'tf- 
foetioni  ont  une  tiymptnmatnlogie  tellement  différente  qu'il 
est  impossible  de  l'-s  mpproctier  et  de  les  confondre.  TaailH 
qui'dnnsles  secondes,  une  certaine  quantité  de  liquide  sper- 
mnlique  s'écoule  au  dehors,  les  premières  sont  entièrement 
veuves  d'éjaculation  et  se  trahissent  par  un  suintement,  que 
dis-je?par  une  simple  Inimîdité  produite  par  les  glandes 
qui  tapissent  le  canut  de  l'urètre. 

Les  premières  créent  à  la  mnrrbe  du  sperme  nn  em|tè- 
cbcmeiit  mécanique;  les  secondes,  bu  contraire,  ne  lui 
opiïosent,  qu'on  me  pa^^se  le  mot,  que  des  obstacles  djni* 
miques. 

l'Auminonsdonc  séparément  chacune  de  ces  deui  clatM* 
d'aiïections,  où,  comme  on  va  le  voir,  il  est  nécesuire 
d'admettre  des  degrés. 

1  °  ObsUicles  mécanù/ues  à  la  marche  normale  du  tperme, 
—  Lis  obstacles  sont  lantAt  dans  les  canaui  éjaculateun 
en\-niémes('t  lautdt  dsnsla  prostate. 

Toutes  les  causes  que  nous  avons  vues  précédemment  sua- 
(vptibles  d']imrner  l'oblitération  des  canaux  déférents,  pe» 
vent  o(i)ir  une  action  analogue  sur  les  caaaui  éjaculsteiirsi 


APFEGT.  DBS  CANAUX  tJACULATKURS  BT  DE  LA  PBOBTATE.  655 

rinflommatioii,  la  tuberculisatioii,  le  cancer,  rossificalion, 
aingi  que  Lallemand  Ta  observé,  le  dépôt  de  concrétions 
terreuses,  comme  l'a  constaté  M.  Mitchell,8ont  tout  autant 
de  causes  qui  peuvent  empêcher  le  sperme  de  passer  des 
vésicules  séminales  dans  Turètre. 

Dans  d'autres  cas,  l'obstacle  siège  dans  la  prostate }  Pin- 
duration  de  cette  glande,  ses  dégénérescences,  son  hyper* 
Iropbie,  sa  phlegroasie avec  ou  sans  formation  de  pus,  etc., 
sont  également  des  circonstances  capables  d'amener,  d'une 
manière  ou  d'une  autre,  l'oblitération  de  la  partie  des 
canaux  éjaculateurs  qui  la  traverse. 

Ces  oblitérations,  que  la  cause  siège  dans  les  canaux 
éjaculateurs  ou  dans  la  prostate,  sont  souvent  très  difficiles 
è  constater  sur  le  vivant,  quand  l'oblitération  n'a  lieu  que 
pour  un  seul  cAté  des  voies  spermatiques.  Dans  ce  cos,  le 
côté  resté  libre  fournit  assex  de  fluide  pour  que  la  sollici- 
tude dn  malade  ne  soit  pas  éveillée,  et  pour  rendre  beaucoup 
moins  grave  le  pronostic,  au  point  de  vue  seulement  où  nous 
sommes  placé.  Sans  doute,  quand  on  songe  aux  circonstances 
nombreuses  qui,  eu  égard  à  la  délicatesse  et  la  multiplicité 
des  organes,  peuvent  empêcher  la  fonction  spermatique,  il 
est  toujours  sérieux  de  constater  une  lésion  dans  un  de  ces 
organes  doubles,  car,  par  le  fait  de  cette  lésion,  le  malade 
a  perdu  plus  que  la  moitié  de  ses  chances  de  fécondité. 

Cependant,  en  tout  état  de  choses,  il  n'est  point  stérile, 
et,  pour  qu'il  le  devienne  dans  le  cercle  où  nous  sommes  à 
présent  enfermé,  il  faut  que  l'oblitération  se  produise  dans 
les  deux  canaux  éjaculateurs. 

Cette  simultanéité  d'obstruction  n'est  pas  commune; 
elle  a  été  cependant  observée:  MM.  Lallemand,  Ricord^ 
Gaussail,  Cullerier,  etc.,  ont  rencontré  dans  ces  organes. 


656  TIODBLBS    DE   LA    FONCTION    D'eiCRtTlOIf. 

Ianl6tde  l'cncéphuloiilc ,  lanliM  du  liibcrcul<' ,  laiilAl  ilt-i 
granulalioiis  osseuses ,  et  tantAt  des  molièrcs  morbides 
venues  de  In  prostate. 

Duns  tous  ces  cas,  l'éjnculation  et  même  le  suiolement 
du  fluide  Kpermatique,  sont  impossibles.  Pas  nV»l  besoin 
d'examiner  au  microscope  le  pus,  le  liquide  rendu,  pour  j 
chercher  les  spenualozoides  ;  la  quantité  de  ce  liquide,  h 
défaut  d'autre  caractère  physique  ou  chimique,  suffit  toujours 
pour  en  trahir  la  source.  Cette  absence  d'éjnculalion,  ou 
plutôt  de  fluide  spermatique,  est  un  symptôme  cafiilBl,  4|ui, 
ropproché  des  signes  fournis  par  le  loucher  rectal  e(  le  €■• 
ihétérisnie,  peut  permettre  de  fiier  la  désignalion  eiacte  do 
siège  de  la  maladie. 

il  est  des  circonstances  on  le  fluide  spermatique  manqua 
complètement,  comme  dans  les  cas  rapportés  plus  haut, 
tonl  que  la  verge  est  en  érection,  mais  s'écoule  au  dehors 
en  bavant,  ou  mêlé  i>  l'urine,  dès  que  le  pénis  revient  è  U 
flaccidité,  a  Ue  la  rejronie  parle  d'un  homme  qui  avait  dëji 
eu  trois  enfants,  et  qui,  à  la  suite  d'une  ^onorrhée  dont  il 
négligea  le  traitement,  faisait  de  vuins  elTorts  pour  éjaculer 
le  sperme,  qui  ue  sortait  qu'en  bavant,  peu  de  lempa  sprâ 
le  coil  ;  l'urine,  cependant,  était  rendue  sans  difGcuUé,  c« 
qui  ne  permettait  pas  de  supposer  un  rétrécissement  ou  tout 
autre  obstacle  dans  l'urètre.  A  l'ouverture  du  cadavre,  on 
trouva  une  cicatrice  sur  l'éminence  de  lu  portion  du  veru- 
motiUinum  qui  regarde  la  vessie  ;  les  brides  de  colle  àct- 
trice  avaient  changé  la  direclion  des  vnisseaui  éjaculoluîres, 
de  manière  que  leurs  ouvertures,  au  lieu  d'élre  dirigée*, 
comme  elles  le  sont  nalurctlemenl,  vers  le  bout  delà  verge, 
l'étaientdans  le  sens  contraire,  c'est-à-dire  vers  le  roi  de  la 
vessie;  aussi,  le  sperme  iie  pouvant  plus  se  diriger  ters  le 


AFFBCT.  DBS  CANAUX  ÊJAGULATBURS  ET  DB  LA  PROSTATE.    657 

bout  du  gland,  était  réQéchi  vers  le  edté  droit  du  col  de  la 
vessie  (1).  p 

L'hypertrophie  totale  ou  partielle  de  la  prostate  peut 
aussi  changer  la  direction  des  conduits  éjaculateurs  et  repro- 
duire l'accident  observé  par  de  la  Peyronnie. 

Ce  dyspermatisrae,  pour  me  servir  de  l'expression  de 
Pinel,  ou  cetaspermatisme,  pour  employer  une  expression 
qui  me  paratt  rendre  plus  fidèlement  ce  phénomène,  n'estpas' 
toujours  la  conséquence  d'une  lésion  de  la  prostate  ;  il  est 
tantôt  sous  la  dépendance  d'un  rétrécissement  de  l'urètre, 
et  tantôt  sous  celle  de  contractions  spasmodiques  de  ce 
canal,  et  même  de  contractions  semblables  des  conduits 
éjaculateurs. 

Le  diagnostic  diiïérentiel  de  ces  diverses  aiïections  a  la 
plus  haute  importance  pour  le  traitement,  car  (ouïe  médi- 
cation intempestive  peut  indéfiniment  perpétuer  Timpossi? 
bilité  de  l'éjaculation. 

Le  toucher  rectal,  le  cathétérismc  et  Técoulement  de 
l'urine  sont  les  bases  du  diagnostic  diiïérentiel  de  la  lésion 
de  la  prostate  et  de  celle  de  Turctre.  Il  est  impossible  qu'un 
examen  qui  tiendra  compte  des  signes  fournis  par  ces  trois 
modes  d'investigation  ne  conduise  pas  à  l'exacte  détermi- 
nation du  siège  de  la  maladie. 

Mais  cette  certitude  est  plus  difficile  à  acquérir  quand 
l'aspermatisme  reconnaît  pour  cause  un  spasme  nerveux. 
Les  signes  sont  tous  alors  négatifs.  Malheureusement,  il  est 
certaines  lésions  de  la  prostate,  telles,  par  exemple,  que 
l'induration  profonde  d*un  de  ses  lobes,  qui  échappent  h  tous 
nos  moyens  d'investigations,  et  qui,  par  cela  même,  peuvent 
faire  croire  h  un  état  spasmodique.  Dans  d'autres  circon- 

(4)  Mémoires  de  V Académie  de  chirurgie^  t.  I.  —  Orfila,  Traité  de 
médecine  légale,  4*édit.,  t.  I,  p.  186. 

42 


668  TRODIILES    ni!    LA    FONCTION    l>'Ktr.RftTIOfl. 

■tances,  BU  controire,  une  t^gèn^hypcrlropliie  ilelt  proslnte 
peut  simuler  ile.s  il^sonircii  forictionncls  iloiil  elle  e«t 
(Mrfaitement  innocente,  et  qui  llenuenl  bien  réellement  n  ud 
étatnerveut  de  celle  })artie  des  voies  ii|)crn)slir|ue».  C'est  n 
qui,  en  effi'l,  m'est  arrivé  bien  posilitemcnt  une  foi».  Par 
le  toucher  rcclol.j'tiviiis  consUlé  un  dévf^loppement  anor- 
mal du  lobe  mojcn  rie  la  proslalc,  et  ji*  rrUR  <]iie  l'impoMÏ- 
bilité  (Inns  laquellu  se  trouvait  le  malade  il'uetwmplir  !'#]•• 
Gulalion,  n'avait  pas  il'nutre  etm'^e  que  cette  hypertrophie 
partielle  <le  la  friande,  qu'expliquaient  d'ailleurs  plasiearf 
blennorrhagies  successives  et  mal  soi^n^^es,  ConTainea  de 
la  bonté  de  mon  diagnostic,  j'in^i^tai  sur  les  émt»iort«  «an- 
guines  locales,  et  plus  je  recourais  k  ce  moven  thérspealiqno 
rt  plus  il  semblait  nii  malade  que  son  afTeclîon  ^'nfif^init. 
Le  malade  se  fatigua  de  rinniililé  de  mes  soiifs  et  alla 
consulter  un  confrère,  qui,  inteiii  inspiré  que  moi,  et  pro- 
Btant  probablement  aussi  de  l'expérience  fournie  par  mon 
traitement,  ordonna  les  bains,  les  onctions  opiacées  et  bel- 
ladonées,  les  antispoHmodiques  elle  camplire  ft  l'inlérieur. 
Sous  l'influenrc  de  cette  médication,  le  mahde  recouvra 
l'exercice  normal  de  ses  facultés  f;énératrtces ,  et  je  pus 
constater  l'erreur  que  j'avais  commise  en  retrouvant  intacte 
l'hypertrophie  de  la  pro^tole. 

Que  ce  fait,  dont  les  an8lo;;ues  se  rencontrent  tous  les 
jours  dans  la  pratique,  et  que,  par  un  sentiment  mal  placé 
(l'amour-propre,  leurs  auteurs  mettent  grand  soin  ^cacher  ; 
que  ce  fait  soit  une  leçon  prolîlable  pour  le  jeune  méderin, 
car  rien  n'est  aussi  difHcile  que  le  diagnostic  différentiel  des 
maladies  de  l'appareil  génital. 

Mais  revenons,  pour  les  résumer,  aun  lésions  des 
canaux  éjiicuiflteurs  el  de  la  prostate  qui  mettent  obstacle  à 
la  marche  naturelle  du  sperme. 


AFPBCT.  DIS  CANAUIC  ^ACULATEUtlS  ET  DE  LA  PROSTATE.    659 

Ces  maladies,  qui  Tormcnt  la  première  clasjte  des  affections 
de  ees  organes,  considérées  au  point  de  vue  do  la  stérilité, 
doivent  se  subdiviser  en  deux  ordres  :  1^  celles  qui  créent 
un  obstacle  permanent  è  la  marche  du  sperme,  et  qui  sont 
caractérisées  par  l'oblitération  de  cette  partie  des  voies 
spermatiques,  quelle  que  soit  la  cause  de  l'oblitération  ; 
2*  celles  qui  ne  Font  que  détourner  le  sperme  de  sa  route 
naturelle  et  qui  ne  s'opposent  à  sa  sortie  que  dans  l'étal 
d'érection  de  la  verge. 

Ainsi  que  je  lai  déjà  dit,  l'aspermatisme,  qui  est  lié  aux 
affections  du  premier  ordre,  réclame  une  médication  variable 
selon  l'espèce  de  ces  affections.  Je  ne  reviendrai  pas  sur  ce 
point  qui  m'a  longuement  occupé. 

L'aspermatisme,  caractérisé  par  l'impossibilité  de  l'éja* 
culation  pendant  l'érection  du  pénis,  et  la  sortie  de  la  liqueur 
séminale  lorsque  la  verge  reprend  sa  flaccidité,  est  la  consé- 
quence, sans  parler  encore  des  états  morbides  du  canal  de 
l'urètre,  tantôt  d'une  lésion  anatomique  de  la  prostate,  et 
tantôt  d'un  état  spasmodiquedes  canaux  éjaculateurs,  auquel 
participent  souvent  la  prostate  et  le  col  de  la  vessie. 

Dans  le  premier  cas,  lorsqu'il  est  possible  de  constater  la 
nature  de  la  lésion  prostatique,  le  traitement  de  l'asperma- 
tisme  se  confond  entièrement  avec  celui  de  la  lésion  de  la 
glande,  puisque  c'est  cette  lésion  elle-même  qui  produit 
l'impossibilité  de  Téjaculation.  Je  n'ai  point  à  faire  ici 
l'histoire  de  ces  diverses  lésions,  et  je  ne  puis  que  renvoyer 
le  lecteur  aux  traités  généraux  ou  spéciaux  de  pathologie. 

L'état  nerveux  des  canaux  éjaculateurs,  de  la  prostate  et 
do  col  vésicalqui,  en  se  contractant  spasmodiquement  sont 
Peicitation  vénérienne,  empêchent  l'éjaculation  de  se  pro- 
duire, rentre  dans  la  seconde  classe  des  maladies  de  ces 
organes  qui,  laissant  complètement  libre  cette  portion  des 


u«t„;a  tiyuamti/iie 

I.  éj«cul«lio„   S|.eriMNque 

"enl,  radi„„  ,i„„-^  j^    , 

TOnlnclion,  ,les  ran.u,  éj 

il»lM,jMc.riai„,|éférenl!, 

l'^liidiJjme,  cou Irncl Ions  ni 

quelles  il  f,„,e„j„j,jj,^^l^ 

el  celles  Ju  muscle  de  \\  il, 

la  porlion  membraneuse  de 

Les  coNsidéralions  que  je 

'"">••'  ''»"»   «■«l.pliquer  è 

»perm«li.|ues  que  je  ,i™s  ,|, 

du  discours,  el  alin  Je  pr<i,e, 

j'«i  du  réunir  ,li„,  un  seul  c 

nomiques  Je  r,ijaculalion. 

Ces  conditions  onl  un  Ijp 
J"!!-»!  il  J  a  Irouble  el  Jcso, 
En  Jeià  Je  ce  Ijpe,  on  rei 
dations. 

Kn  delj  de  ce  ijpe  „„  ,,„„ 
pirlais  tout  i  l'Iieure. 

Aous  ayons  Jonc  ici  Jeui  c 
lions,  caractérisées,  la  premièi 


APPBGT.  DBS  CANAUX  ÉJACULATEUKS  ET  DE  LA  PROSTATE.  661 

pabie  d'eiécuter  par  elle  seule  l'ascension  du  fluide  dans  les 
canaux  déférents;  il  se  résorbe  sur  place  ou  dans  Tépidi- 
dyme,  et  il  se  comporte  exactement  comme  si  un  obstacle 
mécanique  Tempéchait  de  circuler  dans  cette  première  por- 
tiondes  voies  spermaliques;  d'un  autre  cAté,  les  vésicules 
séminales  continuant  ù  accomplir  la  fonction  sécrétoire  qui 
leur  est  dévolue  et  ne  pouvant  retenir  le  liquide  ainsi  produit, 
celui-ci  s'écoule  au  fur  et  à  mesure  qu'il  est  formé,  ou  est 
chassé  par  le  moindre  eiïort  qui  presse  sur  les  vésicules  sémi- 
nales. On  a  alors  afTaire  à  une  véritable  spermatorrhée,  à 
celte  variété  des  pertes  séminales  qui,  ainsi  que  je  l'ai  dit 
ailleurs,  cède  à  l'emploi  des  toniques  ou  des  excitants, 
comme  le  seigle  ergoté,  la  noix  vomique,  etc. 

Dans  le  second  cas,  au  contraire,  lorsque  la  contractilité 
a  dépassé  le  type  normal,  le  resserrement  spasmodique  des 
conduits,  juxtaposant  leurs  parois  internes,  efface  complè- 
tement leur  cavité,  et  empêche  ainsi  le'liquide  séminal  de 
circuler  dans  les  voies  qu'il  doit  parcourir  pour  aller  du  tes- 
ticule au  méat  urinaire.  On  peut  avoir,  de  celte  manière, 
un  aspermalisme  incomplet  on  complet;  incomplet,  si  le 
sperme  est  parvenu  jusque  dans  les  canaux  éjaculateurs  ou 
i*urètre,  et  qu'il  s'écoule  en  bavant  lorsque  a  cessé  la  con- 
traction spasmodique  qui  le  retenait;  complet,  lorsque  la 
liqueur  séminale  ne  se  montre  ni  pendant  ni  après  l'érec- 
tion, ainsi  qu'il  arrive  dans  les  cas  d'obstruction  ou  d'oblité- 
ration des  canaux  éjaculateurs. 

Comme  on  le  voit,  les  désordres  dus  aux  troubles  de  la 
contractilité  des  voies  spermatiques,  donnent  naissance  h  deux 
ordres  d'aiïections,  aussi  entièrement  opposées  sous  le  rap- 
port de  la  symptomatologie  que  sous  celui  du  traitement. 
Elles  n'ont  de  commun  que  l'inaptitude  à  la  fécondation 
dont  elles  frappent  le  malheureux  qui  en  est  atteint. 


663  TR0UBLB8  ne  i,*  poncnu»  ii'isxditfio». 

Le  proiioAtic,  au  point  de  vue  île  la  r^conilité,  e«l  plu 
grave  dans  l'afTtfction  qui  revAt  In  fotvae  »[>eimatotr\téh\we 
que  dans  celle  qui  est  carectiîrii'éL'  jiur  l'a>|ierinaliRme,  parce 
que  la  perte  incvssaiile  ilu  sperme  e«t  elle-infime  une  csoM 
d'airaiblisscmetit  généml  qui  perpétue  et  aggrive  l'iiurtn 
des  voies  spermatiques. 

C'e»tl  dans  ces  eau  que  lea  iniale|itique»  et  les  fortiRaot», 
lei  toniques  h  l'intérieur  et  a  l'extérieur,  Ip!i  bains  froids  île 
rivière,  les  bains  de  mvr,  les  eeiii  rurrii^îneUAes,  etc.,  »ecoiH 
dent  merveilleusement  l'nclion  des  cicitonu  (aiil  inlcroc* 
qu'externe''-.  Ln  masturbation  et  les  v\cbs  du  coil  êlMl 
souvent  la  cause  de  cet  alTaiblissctnent  de  In  ronlraclililj, 
on  s'explique  les  succèa  que,  dons  ces  circonalancet,  Tinol 
et  d'autres  méilerins  nnl  obtenus  de  l'emploi  des  rsiii  de 
Spa,  de  Passj,  de  Forges,  etc.,  etc. 

Diins  les  cas,  au  contraire,  de  surexcitation  de  cette  con- 
Iractilité ,  les  calmunU  et  tes  antispasmodiques  seroùt 
administrés  sous  toutes  les  furtnes.  Les  bains  tièdes  pro- 
longés pendant  une  lieure  sont  des  mojens  dont  ou  retirera 
presque  toujours  des  avantages  marqués.  Les  opiacés  occu- 
pent dans  cette  médication  une  place  que  légitimeol  de 
Dombreui  succès,  si  un  les  associe  aui  antispasmodiques, 
parmi  lesquels  je  jiluce  au  premier  rang  la  talériane,  l'asa 
fœtida,  le  casloréum  et  If  musc.  1^  camphre,  par  son  action 
sédative,  est  iip|;elé  à  rendre  de  très  grands  >er\ices,  sur- 
tout s'il  y  a  lendnncc  au  [iriapisme.  Dans  le  même  ordre 
d'indications  \ient  se  placcrle  lupulin,  dont  j'ai  nilleunt  fait 
connaître  les  propriétés  anaphrodisiaques. 

$11.      -    .tffec«lonii  da  canal  dp  l'arttrc. 

L'urètre  est  le  dernier  canal  que  le  sperme  traverse  poar 
arriver  au  deliorsj    comme  lus  autre.^  conduits  que  j'ai 


AFFECTIONS    DU   CANAL    DE   l'uRÈTKB.  66A 

examinés,  ce  dernier  tronçon,  qa'on  me  permette  l'expres- 
sion, peut  être  obstrué  plus  ou  moins  complètement,  et  par 
suite  ralentir  la  marche  du  fluide  séminal  et  même  s'opposer 
entièrement  à  son  passage. 

De  plus,  par  sa  position  au  milieu  des  corps  caverneui, 
le  canal  de  l'urètre  déterminant  la  direction  du  jet  sperma* 
tique,  que  j'ai  dit  être  une  condition  de  l'acte  fécondant  chez 
l'homme,  il  advient  nécessairement  que  les  changements 
anatomiques,  survenant  dans  le  canal  de  Turètre,  doivent 
profondément  altérer  l'axe  suivant  lequel  s'opère  l'éjacula* 
tion. 

En  conséquence,  eu  égard  à  sa  double  fonction  physio* 
logique,  l'urètre  présentera  donc  deux  ordres  d'affections. 
Le  premier  ordre  contiendra  celles  de  ces  affections  qui 
porteront  sur  la  capacité  du  canal,  c'ost-è-dire  qui  mettront 
obstacle  soit  à  la  vitesse,  soit  à  la  sortie  du  sperme,  en 
rétrécissant  ou  en  oblitérant  le  conduit. 

Le  second  ordre  comprendra  celles  de  ces  aiïeclions  qui, 
tout  en  permettant  la  sortie  du  sperme  avec  la  vitesse  im- 
primée par  les  vésicules  séminales  et  les  conduits  éjacula- 
teurs,  modi6eroDt  la  direction  suivant  laquelle  le  fluide  se* 
minai  doit  arriver  dans  les  organes  sexuels  de  la  femme. 

On  va  comprendre  toute  l'importance  et  la  vérité  de  celte 
division. 

l""  Obskicle^  à  la  sortie  du  sperme»  —  Les  obstacles  par 
lesquels  le  sperme  peut  être  arrêté  dans  sa  marche  a  tra-« 
vers  le  canal  de  l'urètre,  et  empêché  d'arriver  dans  les  or- 
ganes génitaux  de  la  femme,  siègent  tantôt  dans  l'urètre 
même,  tantôt  dans  le  voisinage  de  ce  conduit,  et  tantôt  daoa 
le  fourreau  de  la  verge,  dont  le  prolongement  en  avant 
sous  le  nom  de  prépuce  constitue,  pour  ainsi  dire,  le  vet« 
tibule  de  ce  canal. 


66&  ItIUUBUÏ    IIK    LA     RtNCTIUK     »'fe;S<.HtT|l>A. 

Les  obstacle!;  qui  nJt'gcnt  diinH  i'ur^tre  même  ::ii>nt,  aimi  ' 
que  je  l'ai  précédemment  inditjué,  oudyiiami<{ue5ou  méc*- 
niques. 

Les  I  remiers  sont  nssez  rare;!.  Sans  douto  oit  rencontre 
«Mes  souvent  des  névralgies  de  l'ur^trt',  locnlikées  siirloul 
k  la  fosse  naviculair»  ou  au  méal,  mai»  ces  névralgies  ne 
délerminenl  presque  jamais  des  xpa^mcs  capables  de  »'o|i' 
poser  h  la  sortie  du  sperme.  Je  n'en  ronnai.s  pas  d'exemple 
el  n'eo  ai  pos  moi-mëine  observé.  Bien  plus,  les  douleurs 
que  ces  névralgies  déterminent  sont  rarement  asscK  internes 
pouremp&tlicr  le  coït  tj'ni  soigné  un  jeune  Allemand  atteint 
de  celle  aiffclion,  qni  accomplissait  l'etle  coputaleur  pen- 
dant l'accès  même  de  sa  iiévral^^ic  iirétrnle. 

Quant  nii\  <ipnsmes  do  l'urL-trc,  tous  \at  cbirurgienï  ne 
sont  [IBS  d'accord  sur  leur  réalité,  du  moins  dans  certaines 
parties  du  canal  j  personne  ne  eonlestc  que  la  région  mem- 
braneuse ne  soil,  en  elFi-t,  rontraclile  ;  mais  des  divergences 
se  manifestent  quand  il  s'agit  de  la  contraclilité  de  la  région 
spongieuse. 

Cependant, sans  parler  des  eiemples  de  spasmes  morbides 
dans  cette  région,  rapportés  par  MM.  Bégin,  Civiale,  Amus> 
sat  et  Reybnrd,  it  est  incontestable  que  cette  partie  du  canal 
aide  à  l'expulsion  de  l'urine,  et,  que  dans  le  cathétérisme,  la 
sonde  est  tantôt  arrêtée  en  ce  point  par  lu  contraction  des 
parois  urélrales  qui  forment  alors  une  véritable  obstruction, 
tantôt  repoussée  au  dehors  par  la  même  cause ,  et  quel- 
quefois, ainsi  que  le  remarque  M.  Reybard,  entraînée  dans 
la  vessie,  comme  si  elle  était  attirée  par  une  sorte  d'aspira- 
tion (1). 

li  n'y  a  pas  de  doute  que  c'est  dans  la  région  membra- 
neuse que  les  spasmes  de  l'urètre  se  rencontrent  le  plusordi- 
(1)   Traîièpruiii/uc  de*  rétréciuemettU  du  eanaldt  l'urètre,  f.  33. 


AFPKOTIONS    DU    CANAL    DE    l'urATRC.  665 

nairement;  mais  leur  moindre  fréquence  dans  la  région 
spongieuse  ne  doit  pas  faire  conclure  à  leur  impossibilité. 
Pour  moi,  je  ne  puis  ne  pas  les  admettre  dans  Tune  et 
l'autre  de  ces  deux  régions. 

Mais  ces  spasmes,  sur  la  réalité  desquels  le  caihétérisme 
ne  permet  aucun  doute,  peuvent-ils  se  montrer  en  dehors 
de  l'excitation  causée  par  la  présence  d'un  corps  étranger 
dans  Turètre,  en  d'autres  termes,  ces  spasmes  peuvent-ils 
se  produire  d'une  manière  morbide? 

La  sensibilité  et  la  contractililé  dont  ce  canal  est  doué 
suffiraient  pour  répondre  à  priori  par  l'affirmative,  si  des 
■aits  cliniques  ne  consacraient  pas  l'existence  deces  affections 
spasmodiqnes.  J'ai  rapporté  dans  la  première  partie  de  cet 
ouvrage  plusieurs  observations  de  ce  genre,  puisées  soit 
dans  les  auteurs,  soit  dans  ma  pratique  particulière,  et  je  ne 
puis  que  renvoyer  le  lecteur  à  ce  passage  de  mon  livre. 

Mais  bien  plus  communs  que  les  lésions  de  la  vitalité, 
aont  les  obstacles  purement  mécaniques  siégeant  dans 
l'urètre  lui-même. 

Ceux-ci  se  divisent  en  deux  ordres,  selon  qu'ils  ont  été 
amenés  dans  le  canal,  ou  qu'ils  se  sont  formés  sur  place. 

Dans  le  premier  ordre,  se  rangent  tous  les  corps  étran- 
gers introduits  dans  l'urètre;  dans  le  second,  se  trou- 
vent les  aflections  connues  sous  le  nom  générique  de  rétré- 
cissements. 

Les  corps  étrangers  introduits  dans  l'urètre  viennent 
tantôt  de  l'extérieur  et  tantôt  de  la  vessie. 

La  nature  des  premiers  est  excessivement  variable  :  on 
trouve  dans  la  science  des  faits  que  l'on  reléguerait  volon- 
tiers dans  le  domaine  de  l'imagination,  s'ils  n'étaient  attestés 
par  des  témoins  honnêtes  et  dignes  de  foi.  Ce  n'est  point 
ici  la  place  de  semblables  observations. 


AFFECTIONS    DU   CANAL    DB    l'urATEB.  667 

taineur  située  sur  le  trajet  ou  dans  le  voisinage  de  l'urètre. 
«  Il  est  des  nodosités,  dit  M.  Vidal  (de  Cassis),  qui  se 
forment  dans  les  corps  caverneux  et  qui  rétrécissent  plus 
ou  moins  Turètre  sans  que  ce  canal  soit  directement  af- 
fecté (1).  » 

Enfin,  et  pour  terminer  le  paragraphe  relatif  aux  obsta^^ 
des  qui  s'opposent  à  la  sortie  du  sperme,  il  faut  mentionner 
l'ocelusion  accidentelle  du  prépuce  qui ,  par  les  dangers 
dont  elle  menace  la  vie  des  malades,  ne  saurait  être  long- 
temps une  cause  de  stérilité. 

En  résumé,  les  circonstances  qui  peuvent  empêcher  la 
liqueur -séminale  de  circuler  dans  l'urètre  sont  de  quatre 
sortes  : 

1*  Les  lésions  vitales  de  l'urètre,  surtout  de  sa  contrac- 
tiiité  ; 

2^  La  présence  d'un  corps  étranger  dans  l'intérieur  du 
canal  ; 

3*  La  pression  exercée  par  une  tumeur  voisine  sur  les 
parois  du  conduit  qu'elle  rapproche; 

II"*  Enfin,  le  rétrécissement  et  même  l'oblitération  com- 
plète du  canal  par  un  état  morbide  de  la  muqueuse  urétrale 
ou  des  tissus  sous*jacents. 

Dans  toutes  ces  circonstances ,  le  pronostic  ne  saurait 
être  le  même,  et  je  ne  parle  ici  que  du  pronostic  au  point 
de  vue  de  la  fonction  procréatrice;  en  effet, un  spasme  de 
l'urètre  qui  peut  n'être  que  le  résultat  d'une  trop  violente 
ardeur  amoureuse,  d'une  trop  vive  excitation  vénérienne, 
et  dont  le  repos  et  quelques  bains  font  justice,  ne 
doit  point  être  comparé  à  un  rétrécissement  de  Turètre 
dont  la  cause  est  quelquefois  une  profonde  altération  des 

(^)\Trailéd$pattH>logi6inUniêf  4*édit.,  Paris,  4855,  t.  IV,  p. 544. 


^^V               1"'""  craclère  commui 
^F                  '"i'"l'<!  n'«ig«  J.iis  ouc 
^m                      '''  l'»f™lion  ,u>||i,  ,„„ 
^B                          Je  n'ai  donc  pas  à  ,„•( 

■  le  cercle  des  arfeclions  ou 

■  «Pl»«'lc.allér.lio,„Jc 
H                      M  d'arréler  le  .pc™,  d.„ 

■  '  •"  '"i""!  lequel  il  Joi 

■  leui  de  la  femme. 

H                          Cet  aie  n'esl  aulre  que 

■  ■                  '°""""  J"  glMd,  Je  ma„, 

■  ™"  '"^">«'  semblables 

■  """'•  '""'M  le»  foi,  ,„, 

■  celle  p„,i|i„„^   1,  j.,^^|.^^ 

■  """"''«•  '1  «lo«  il  s'agil  ,1 
m                     genre,  la  fécondalion  csl  cm 
m                             Maij  o,a„i  d'aborder  cell 
I                        '''"'""'il''"e„p.„demol, 

■  l'en' s  ouvrir  l'urèlre. 

1                          ■•«  P"'"n  d'abord  de,  , 
1                     •"'"'"■  le»  <l»l»  morbide,  qui 

AFFECTIONS   DU    CANAL    DE   l'urATIIE.  669 

tiplicité  (les  méats  urinaires;   fto  déviations  de  l'urètre. 

Les  états  morbides,  au  contraire,  ne  renferment  que 
deux  classes  :  l""  absence  de  Turètre  par  suite  de  la  dispa- 
rition de  la  verge  ;  2^  perte  de  substance  dans  les  parois  de 
l'urètre,  c'est-à-dire  fistule  urétrale  avec  ou  sans  oblitéra- 
tion  partielle  du  canal. 

!•  Absence  congénitale  de  l'urètre. — Ce  vice  de  conforma- 
tion se  rencontre  plutôt  chez  la  femme  que  chez  Thomme; 
cependant  ce  dernier  en  a  offert  des  exemples.  P.  Borelli 
cite  une  exstrophie  de  la  vessie,  avec  division  de  la  verge  sur 
la  ligne  médiane,  et  dans  laquelle  cet  auteur  assure  très 
positivement  que  l'urètre  manquait  dans  son  entier  (l)  ; 
quelquefois  une  portion  de  ce  canal  existe  seule,  et  c'est 
ordinairement  alors  la  portion  inférieure.  Pinel  rapporte 
une  observation  dans  laquelle  la  portion  supérieure  était 
complètement  absente,  tandis  que  l'inférieure  était  intacte 
ainsi  que  le  vérumontanum,  ce  qui  permit  de  sonder  les 
canaux  éjaculateurs  et  de  constater  la  présence  des  conduits 
prostatiques  (2). 

2"*  Oblitération  partielle  de  T urètre.  — L'urètre  peut  être 
oblitéré  dans  une  portion  plus  ou  moins  étendue  de  son 
parcours,  et  alors  les  liquides  qui  traversent  la  partie  restée 
libre  s'écoulent  par  une  ouverture  plus  ou  moins  rapprochée 
des  bourses,  selon  l'étendue  de  la  portion  oblitérée. 

Cette  ouverture  s'ouvre  tantôt  i  la  face  inférieure  et  tan- 
tôt à  la  face  supérieure  de  la  verge.  Le  premier  cas  con- 
stitue l'hypospadius  et  le  second  l'épispadias. 

Cette  ouverture  anormale  existe  quelquefois  avec  la  per- 
méabilité complète  de  tout  l'urètre,  de  sorte  que  celui-ci 

(4  ]  Observalions  fMdicales,  obs.  XIX. 

(t)  Mémoiret  de  la  Soeiélé  médicale  d'émulation,  t.  lY. 


670         trouhlrs  rr  la  poncrion  n'RXCKRTiON. 
présente  alors  ileui  ouverlure<i,  iJont  la  prcmiôrr  c.«t  sîU 
»ur   un   point   (jUGlcoiique  ûo  la  verge,  et  dunl  la  secontte  ' 
occupe  nu  platée  ordinaint  au  commet  du  f^lnntJ. 

Dan»  ij'autrcs  rirconRlsiicuit,  l'oblitération  de  l'urètre  h 
commenre  i\»b  sur  un  point  nsoei  éloigné  ile  l'ouverlnre 
anormale,  de  telle  manière  qu'une  partie  dulT<|ut(le  K'iraaie 
directument  par  cette  ouvcrturr,  tandis  que  la  partie  qui  ne 
l'a  pu  franchir,  ei^l  poussée  jusque  dan»  le  cul-tle-sar  form^ 
par  l'oblitération,  cl  eut  obligée  de  rebrousser  chemin  poor 
retrouver  In  seule  isiiue  (]ui  lui  est  oITerte. 

3"  MuUiiilicité  des  méats  urinaires.  —  L'urètre  peut  4i- 
bouchor  au  gland  pur  plusîeurii  ouvertures.  Fabrire  de 
llilden  donne  i  une  de  sex  observotions  an  titre  qui  ferait 
su|>|io«rr  en  même  temps  l'eiistence  do  dom  nrètre»  :  fit 
dupiicx  dvctu  vrinario  (1).  Haller  parle  même  de  trois 
ouvertures  :  Tria  oatta  m  uno  glando  (2),  et  M .  Vidal  (de 
Cassis)  assure  avoir  observé  un  fait  analogue  :  «  Il  y  avait 
encore  ici  trois  ouvertures,  dit-il;  deui  perçaient  le  gland, 
et  la  troisième  était  &  la  partie  lu  plus  inférieure  de  la  fosse 
nnviculairc,  i  la  buse  même  du  frein.  Celle-ci  était  la  plus 
large;  les  deux  du  gland,  extrêmement  étroites,  ne  laissaient 
passer  l'urine  que  quand  elle  était  fortement  projetée;  le 
sperme  ne  pouvait  les  traverser,  etc.  (3).  »  Ce  fait  n'est 
qu'une  variété  de  l'hypospadias  incomplet  dont  j'ai  parlé 
tout  à  l'heure,  et  carsctériNé  pordeut  ouvertures,  dont  l'une 
est  k  sa  place  ordinaire,  et  dont  l'autre  siège  entre  le  gland 
et  les  bourses,  plus  rapprochée  tantôt  du  gland  et  lantAt 
des  bourses. 


(1  )  OhteTt:aUma  chtrurifkitlei.  cenl.  1 . 

[t]   Eltmenta  }>h>jstuloijiΠ.  t.  Vit,  lib.  xivii,  p.  170. 

(3)   Traitr  âe  pathoiogùexUrw,  i'èiil.,  Paris,  186S,l.  IV.p.  tB6. 


APVIGTlOlfS   DU   CANAL    DE   l'urATM»  671 

Cette  multiplicité  d'ouvertures  doit-elle  faire  odmettrela 
multiplicité  de  Turètre,  comme  quelques  auteurs  Tout  cru 
d'après  l'observation  de  Fabrice  de  Hilden?  Cette  question 
n'est  pas  précisément  pour  nous  d'une  importance  majeure, 
car  il  importe  peu,  pour  le  résultat  qu'il  s'agit  d'atteindre, 
c'est-à-dire  la  fécondation,  que  le  sperme  s'échappe  par 
deux  voies  différentes,  pourvu  qu'il  s'échappe  dans  les  con-* 
ditions  nécessaires  h  l'imprégnation,  c'est*è-dire  avec  une 
certaine  force  et  dans  l'axe  de  la  verge.  Cependant,  un 
urètre  double  modifierait  asseï  profondément  ces  conditions 
pour  qu'il  soit  nécessaire  de  rassurer  les  praticiens  sur 
l'exiatence  de  cette  anomalie.  Il  est  incontestable,  en  effet, 
que  plusieurs  ouvertures  ont  été  observées  au  gland,  et 
que  toutes  ne  communiquaient  pas  avec  le  même  canal  ;  mais 
il  est  également  certain  qu'il  n'a  jamais  eiisté  qu'un  seul 
urètre.  Les  autres  conduits  qui  s'ouvraient  à  côté  du  méat 
urinaire  étaient  de  fausses  routes  ou  des  canaux  artificiels 
qui  n*avaient  aucun  des  caractères  du  canal  de  l'urètre. 

4*  Déviations  de  Vurètre, — Les  ouvertures  anormales  que 
j'ai  dit  tout  à  l'heure  constituer  l'hypospadias  etl'épispadias, 
ne  sont  pas  toujours  liées,  ainsi  que  je  l'ai  fait  remarquer, 
à  une  oblitération  partielle  de  l'urètre  ;  elles  sont  quelque* 
fois  la  conséquence  d'une  déviation  de  ce  canal,  comme  il 
arrive  le  plus  ordinairement  dans  l'épispadias,  par  exemple, 
où  l'urètre  longe  le  dos  de  la  verge. 

Quelquefois,  les  conditions  normales  des  rapports  de 
l'urètre  avec  les  corps  caverneux  sont  encore'*plus  profondé- 
ment modifiées  que  je  ne  viens  de  dire,  et  on  voit  l'urètre 
s'ouvrir  h  la  région  inguinale,  ainsi  que  Haller  en  rapporte 
un  exemple  (1). 

D'autres  anomalies  de  direction  peuvent  modifier  les 

(4)  Ekmenia  physiologiœ,  t.  VU,  lib.  xxvii. 


67'2  TBOIBLBS    DE    LA    POKCTION    d'hICNHiOX. 

ro|i|)orU  de  l'urètre  et  de  lo  proslalt.',  maù  jam«»  usa 
profonilénnenl  pour  emjiècher  les  canaux  éjaculaUurs  de 
s'ouvrir  dans  l'urèlre  et  ojifiorler  ainsi  un  obsUdc  irrémé- 
difible  H  I»  fécondation.  Je  n'ai  donc  pa«ini*en  occuper  ici. 

Les  lésions  orgaiii(]ues  que  je  vais  maintenant  examiner 
forineiit,  ainsi  que  je  t'ai  dîl,  deux  groupes  : 

1"  absence  accidentelle  de  l'urètre.  —  Quand  ce  i>'e*l 
(luiiilnolurcllementque  i 'urètre  fait  défaol,  cecinal  ne  petit 
nioiiquer  que  dans  l'étendue  de  la  verge,  car  »'il  s'ouvrait 
derrière  le  pubis,  l'urine  ne  tarderait  pas  h  déterminer  dei 
accidents  murlcU. 

L'urèlre  peut  être  accidentellement  emporté  daoi  la 
lolalilé  ou  dans  une  {inrlie  neulemeiit  du  parcours  que  je 
viens  de  signaler,  peudunt  que  les  autres  parliez  de  la 
verge  gardent  toute  leur  intégrité. 

Dans  ce  cas,  on  se  doit  considérer  comme  en  présence 
d'une  espèce  d'Iiypospadias  avec  oblitération  partielle  de 
l'urètre,  et  dont  louverlure  de  cetui-ci  se  trouve  plu5  oo 
moins  rapprochée  du  scrotum. 

Dans  d'autres  circonstances,  loscorpscaverneui  subissent 
la  destinée  de  l'urètre  et  sont  emportés  par  un  accident  quel- 
conque, gangiène,  opération  chirurgicale,  etc. 

La  stéritité  n'est  pas  toujours  une  conséquence  de  cette 
mutilation,  et  je  dirai  tout  à  l'heure  comment  la  fécondation 
peut  encore  avoir  lieu,  même  au  milieu  des  conditions  les 
moins  favorables  a  son  arcomjdissemcnt. 

2"  Plaies  de  l'urèlre. —  Fislulei  urinaires.  —  Saufli 
cause  qui  le  produit  et  au  point  de  vue  où  nous  sommes 
placé,  cet  accident  est  anologue  ou  fait  d'ouvertures  multi- 
ples de  l'urèlre.  Les  considérations  que  l'un  m'inspirera  se- 
ront donc  enliéremenl  applicables  à  l'antre. 

Tels  sont,  en  résumé,  les  anomalies  et  les  états  morbide* 


AFFECTIONS    DU    CANAL   DB    l'cRÈTRE*  67S 

de  Torètre  sasceptibles  de  modifier  la  direction  du  jet  sper- 
matiqae;  tous  n'ont  pas,  sous  le  rapport  de  la  stérilité,  une 
importance  égale.  Je  vais  essayer  de  faire  à  chacun  la  part 
qui  lui  revient. 

Élaguons  d'abord  ceux  de  ces  états  dont  l'action  est  nulle 
sur  la  fonction  de  la  reproduction* 

La  multiplicité  des  méats  urinaires  est  dans  ce  cas, 
pourvu  toutefois  qu'une  de  ces  ouvertures  se  trouve  au 
sommet  du  gland.  Si  aucune  n'occupait  cette  place,  on 
tomberait  alors  dans  les  cas  d'hypospadias  ou  d'épispadias 
dont  je  vais  parler  tout  à  l'heure. 

Notons  également,  pour  ne  plus  y  revenir,  les  états  con- 
génitaux ou  accidentels  de  l'urètre  qui  s'opposent  radicale- 
ment à  la  fécondation  et  qui  se  trouvent  d'une  manière 
absolue  au-dessus  des  ressources  de  l'art.  De  ce  nombre 
est  l'absence  complète  de  l'urètre,  soit  que,  conformément 
au  fait  cité  par  Haller,  ce  canal,  s'afTranchissant  de  ses 
rapports  avec  les  corps  caverneux,  s'ouvre  à  la  région  ingui- 
nale, soit  qu'il  ait  été  détruit  en  totalité  par  une  opération 
pratiquée  sur  la  verge;  et  encore,  dans  ce  dernier  cas^  qui 
est  une  allusion  à  l'amputation  du  pénis,  faut-il  que  la  verge 
ait  été  enlevée  au  niveau  ou  presque  au  niveau  du  pubis.  Si 
une  portion  du  membre  viril  était  conservée,  la  fécondation 
et  le  coït  seraient  également  réalisables  ;  dans  le  cas  con- 
traire, qui  crée  une  impossibilité  absolue  d'intromission, 
le  jet  spermatique,  s'égarant  à  l'entrée  du  sanctuaire  de  la 
femme,  ne  saurait  parvenir  jusqu'à  l'organe  gestateur. 

Je  sais  bien  qu'artificiellement,  surtout  si  la  femme 
était  affectée  d'un  prolapsus  utérin,  la  fécondation  pourrait 
à  la  rigueur  se  produire;  j'ai  même  lu  quelque  part  la 
description  d'un  appareil  cylindrique  destiné  à  conduire  le 
sperme  jusqu'au  col  de  l'utérus  et  à  remplacer  ainsi  le  canal 

43 


67A  TROVBLIIS    DK   LA   FOKCTIDS    D'SXCIltTin!(. 

de  l'urètre  abs'enl.  Ces  arliGce».  iDdi{;(ii;«  iIg  l'hoaDèlele 
médicale,  sernieiil  bien  cerloincmcnl  repou^sib  pur  la  trt* 
grindi'  tnBJHrtlé  des  fepiniifs  euxquelle»  o«  le»  (irojiOK-rwl, 
et  il  en  est  |>eu  <|ui  voulussent  m-lictcr  l«  bonheur  û'tUt 
Q^rcï  ail  prit  de  rim(iuilcur  cjue  leur  iinpvaetaiL  loul 
insiruincnl  de  cette  nature. 

Le  terrain  des  nfTcctions  congénitales  ou  Bcddeolelle»  do 
l'uri'tn-  t'ianl  débarmi;**^, d'une  pari,  des  lîlats morbide* »am 
Klton  sur  l'acte  de  In  Técondi  ,  et  d'autre  }>art,  i!»  inlii- 
mile!)  complètement  irréinédiiiuit.-s,  il  noui  re»te  un  corlaïn 
nombre  d'afTeclionH,  |>lus  rré(|Uentes  que  les  pf^étlenlrf, 
et  (]ui  peuvent,  considérées  à  notre  («oint  de  vue,  te  rançor 
Miu  duut  chel's  principaiii  :  l'btpospadiai  et  l'épispcdias. 

L'hipospadiaH,  qui  ent  raractémé,  ainot  qu'on  le  Mit. 
nar  la  situation  de  l'ouverture  uréirale  externe  h  la  face 
inférieure  de  la  verge,  constitue-l-il  une  cause  radicale  de 
stérilité?  Moscliion,  Galien,  Paul  d'Ëgtne,  Albucasis cbei 
les  anciens,  répondent  par  l'oriirmative  j  non,  dit  Galieo, 
parce  que  les  hommes  ainsi  conforiués  manquent  desemeoce 
féconde,  mais  parce  que  crlie  humeur,  ralentie  par  lu  lor- 
tuosilé  du  canal,  ne  f.c  porte  pas  directement  dan*  l'utérus. 
Chez  les  modernes,  quelques  auteurs,  et  principalement  des 
légistes,  ont  adopté  cette  manière  de  voir  ;  ainii  le  prolet- 
scur  Mahon  est  sur  ce  point  très  explicite  :  «  Toutes  les 
Tuis,  dit-il,  qu'il  j  a  déviation  du  canal  de  l'urètre,  soit  qu'il 
se  termine  h  lu  Tace  inférieure  ou  supérieure  du  gland,  ou 
bien  encort^  de  la  verge,  le  coit  peut,  dans  ce  cas,  avoir 
lieu,  mais  il  ne  sera  jamais  prolifique  ;  et  reipériencevteDt 
à  l'appui  de  celle  proposition,  c'est-à-dire  qu'aucun  lodivida 
ainsi  conformé  n'a  jamais  été  propre  à  la  génération  (1).  ■ 
Cependant,  Fabrice  d'Aquapeiidente  assurait  déji  detoo 
(1)  TraiU  lit  médcanp  ttgaU  et  d#  potka  mMuai*,  t.  1,  p.  At. 


AFnCTIONfi   DU   CANAL   DE   l'urÈTRE.  675 

temps  qu'il  avait  vu  des  enfants  engendrés  par  des  hypo- 
spades  (1).  Les  Éphémérides  des  curieux  de  la  nature 
coDlieDoent,  dans  leurs  années  1672  et  1679,  des  observa- 
tions confirmatives  de  Tassertion  de  Fabrice  ;  et  Ruysch, 
qui  avait  primitivement  partagé  l'opinion  de  Galicn,  modifia 
un  peu  sa  manière  de  voir  et  déclara  que  Thypospade 
féconde  rarement  sa  femme  au  lieu  de  porter  en  lui  une 
cause  radicale  de  stérilité  :  Homines  hocaffectu  laborantes 
RARo  imprégnant  uœores^  uipote  semine  non  recto  tramite 
prosiliente  (2). 

J.-P.  Frank  a  connu  un  hypospade  père  de  trois  en^ 
fêots  (3)  ;  J.  Sédillot  cite  un  exemple  du  même  genre  (&)  ; 
Petit-Radel  (5) ,  Morgagni  (6)  en  rapportent  aussi  ;  enGn, 
M.  Ricord  m'a  assuré  avoir  constaté  cette  anomalie  sur 
trois  membres  successifs  de  la  même  famille  :  Taïeul,  le  fils 
et  le  petit- fils. 

En  présence  de  tant  d'autorités  que  devient  l'opinion  si 
absolue  de  Mahon?  Doit-on  la  reléguer  parmi  cette  foule 
d'erreurs  longtemps  accréditées,  et  qui  se  dissipent  à  la 
lumière  d'une  observation  plus  rigoureuse?  ou,  la  rame- 
nant à  des  termes  moins  absolus,  la  doit^on  regarder  comme 
l'expression  d'une  partie  seulement  de  la  vérité? 

Le  lecteur  va  en  juger  lui-même. 

L'ouverture  anormale  qui  constitue  l'hypospadias  n'oc- 
cupe pas  constamment  la  même  place;  tantôt  elle  se  trouve 

(4)  Opéra  eMrurgiea^  cap.  69. 
{%)  Ammadveri.  4. 

(3)  De  eurandiêhom,  morb,^  lib.  VI,  p.  643. 

(4)  Journal  général  de  médecine ^  de  chirurgie  et  de  pharmacie,  — 
Reûueil  périodique  de  la  Société  de  médecine  de  Paris,  h  4'  année.  Paris, 
4840,  t.XXXVII,  p.  363. 

(6)  Encyclopédie  méthodique,  art.  Ghiiubgii. 

(5)  De  êêdi^ue  #t  cotwif  morfromm,  epîst.  46,  art.  8,  1.  S. 


676  TROURLES    DE    LA    PONCTION    C'Rir.IttTIOl*. 

i  la  base  <lu  glnml,  o  lu  fosse  naviculntrc  ;  tanlAt  pla»  oo 
moins  près  des  bourses,  et  lantAt,  l'iiiin,  au  fand  d'une 
dîrision  longitudinale  du  scrotum,  où  clic  a  é\é  pri»  «]»et* 
qu^oispour  la  vulve  el  Tuit  croire  a  riicrm&phrodisme, 

De  ces  trois  variétés  d'hypospadias,  il  ciit  inconlcsloble 
ifue  la  dernière  eal  une  couse  certaine  de  stérilité  ;  cependant 
elle  ne  condamne  pas  rinfortuné  fjui  laporlei  une  infécondité 
éternelle,  el  II  est  une  circortsfanco  (]ui  la  rend  fitcilemenl 
jasticiablc  de  la  médecine  ;  c'est  lorsque  le  canal  de  l'urètre 
est  libre  dans  tout  son  parcours,  et  rgu'une  membrane  seule 
oblitère  le  méat  urinaire.  Ainsi,  on  lit  dans  le  tome  Vlll  du 
Recueil  pModique  de  la  Société  de  médecine  de  P»ris 
«  qn'un  soldat  nommé  Si-hmit,  Agé  de  trentc-qaatre  ans, 
portail  depuis  son  enfance  une  porfuralioii  de  l'aritre, 
située  au  périnée,  par  où  sortaient  les  urines  et  le  sperme. 
Le  docteur  Alareslin,  ajant  reconnu,  en  introduisant  un 
ilylet  boulonné  par  celte  ouverture,  que  le  canal  de  l'urètre  . 
était  creuv  jusqu'à  l'eitrémité  du  gland,  où  il  se  trouvait 
bouché  par  une  membrane  qui  avoit  probablement  causé  la 
crevasse  du  périnée,  Gt  placer  ce  soldat  comme  pour  l'opé- 
ration (!e  la  taille,  el  soulevant  ta  membrane  avec  nn  stjlet 
boutonné,  pratiqua  une  incision  qui  remédia  complète- 
ment è  celle  infirmité,  u 

En  dehors  de  celte  circonstance  heureuse,  dont  le  méde- 
cin deira  toujours  s'ussurer,  cette  variété  de  l'hypospadiss 
e»t  une  cause  radicale  de  stérilité,  car  le  sperme  ne  va 
même  pas  tubrificr  les  organes  génitaux  externes  de  la 
femme,  el  tombe  entre  les  jambes  de  ce  triste  inRrmc. 

Mais  en  est-il  de  même  des  deux  autres  variétés?  Les 
faits  que  j'ai  rapportés  et  dont  j'aurais  pu  grossir  le  nombre, 
ne  pL-rmeltcnt  plus  de  répondre  par  l'aflirmalive  et  forcent 
la  conviction  en  faveur  de  la  faculté  fécondante  des  hjpo- 


AFFECTIONS    DU    CANAL   DE   l'uRÉTRE.  677 

spades.  Mais  alors  comment  expliquer  le  mécanisme  de  ce 
pouvoir  fécondant,  puisque  j'ai  établi  comme  une  des  condi- 
tions de  l'acte  la  projection  du  sperme  contre  la  matrice? 
Devons-nous  adopter  l'étrange  hypothèse  avancée  dans  le 
Dictionnaire  des  sciences  médicales^  par  les  auteurs  de 
l'article  Hypospadias,  et  qu'ils  expriment  ainsi  :  c<  S'il  était 
permis  de  chercher  à  expliquer  physiologiquement  le  méca- 
nisme de  l'imprégnation  dans  le  cas  qui  nous  occupe,  on 
pourrait  peut-être  en  trouver  le  moyen  dans  une  force  at- 
tractive de  succion  imprimée  à  tous  les  organes  de  la  géné- 
ration au  moment  de  la  copulation.  Cette  force,  qui  ten- 
drait i  diriger  le  sperme  jusque  dans  l'utérus  et  les  trompes 
de  Fallope,  peut  être  appréciée  par  opposition  avec  la  force 
d'expulsion  imprimée  aux  mêmes  organes  lors  de  l'accou- 
chement, et  qui  est  telle,  que  tous  les  corps  étrangers  intro- 
duits à  cette  époquedans  le  vagin  en  sont  rejetés  à  l'instant.  » 

Cette  hypothèse,  qui  n'est  qu'une  variante  de  celle  de 
VauraseminaliSj  ne  repose  sur  aucun  fait  certain,  sur  aucune 
observation  directe.  Parce  qu'un  organe  se  débarrasse  vio- 
lemment des  corps  étrangers  introduits  dans  son  intérieur, 
il  ne  s'ensuit  pas  que  ce  même  organe  attire  à  lui  les  corps 
environnants;  le  premier  phénomène  trouve  dans  les  lois  de 
l'organisme  une  explication  qui  est  l'alpha  de  la  physiologie 
pathologique;  le  second,  au  contraire,  exige  une  exception 
aux  règles  les  mieuxassises  etieplus  légitimement  acceptées. 

Non,  l'utérus,  s'il  se  contracte,  ainsi  que  je  l'ai  dit  ail- 
leurs, sous  l'action  du  contact  immédiat  du  fluide  sperma- 
tique,  n'est  pas  doué  d'une  force  de  succion  capable  de  lui 
amener  la  liqueur  séminale. 

Il  faut  trouver  une  autre  explication  à  la  fécondité  des 
hypospades. 

L'ouverture,  qui  constitue  l'hypospadiaSi  est  modifiée 


678  TROUBLES    ne    LA    PONCTION    n'BICtÉTION. 

dans  sa  forme  et  Aans  sn  direction,  selon  que  la  vei^e  « 
tr<Mi*e  h  iVtfit  <Jc  repos  ou  de  turgi^scence  ;  i)nn<i  )c  premier 
caa,  roBverliire,  plus  ou  moins  arrondit^  pnr  \»  [lacndilé 
dèa  tissus,  regarde  directement  rd  hn»  et  même  en  arrière  ; 
pradant  IVrectiuii.  uu  conlruire,  qui  distend  les  tnam,  oelM 
ooTerture  devient  oblongne  et  prend  la  Im*b,  pêm  «M 
dire,  d'an  bec  de  Odte,  et  cela  ert  si  frai  qne  M  AÊàftmmt 
commence  à  se  produire  par  le  redreMBDMHl  aoé  éë  It 
verge  contre  les  parois  de  l'abdemes. 

Or,  s'il  était  possible  d'appliqwr  à  ce  bae  4ê  Mla^  «H 
gouttière  inférieure  et  se  prolongaint  joiqv'è  l'oInMlA 
du  gland,  on  simulerait  une  espèce  decaMldoat  Ispmi 
supérieure  serait  formée  par  la  (ace  inférieure  de  kwf|m 
et  la  paroi  inférieure  par  la  gouttière  deM  je  vieiM^^irhr, 
canal  artiRciel  dans  lequel  le  sperme  pourrait,  jus()B*i  m 
certain  point,  librement  circuler. 

La  muqueuse  vaginale  remplit  à  mon  sens  la  fonction  de 
cette  gouttière  et  prête  un  de  ses  plis  longitudinani  an  rMe 
qu'elle  doit  ici  remplir. 

Cette  eiplicatioii,  quoique  toute  mécanique,  a  l'immense 
avantage  de  respecter  \ci  conditions  physiologiques  de  la 
fécondation  cl  de  rendre  également  compte  des  faitsavancés 
pour  et  contre  lo  fécondité  des  hypospades,  car  dans  les  cas 
d'un  coit  négatif,  on  doit  constater  que  l'ouverture  anor- 
male ne  subit  pas,  par  l'effet  de  l'érection,  les  changements 
(le  forme  et  de  direction  que  j'ai  dit  se  produire  dans  lescas 
d'une  copulation  fécondante. 

En  résumé,  que  l'ouverture  insolite  de  la  face  inférieure 
du  canal  de  l'urèlre  soit  le  résultat  d'un  vice  de  conformation 
ou  de  quelque  circonstance  accidentelle,  cette  ouverture 
n'o>t  une  citusu  absolue  l't  radicale  de  stérilité  :  i»  que  si 
elle  Kiége  au  périnée  ou  è  la  base  de  la  verge  avec  oblitéra- 


AwnenwB  du  canal  bb  t'uRÉtit.  679 

tioD  de  la  partie  antérieure  de  Turètre  ;  2*  que  si»  par  Teflet 
de  rérection,  elle  ne  sabit  aocun  changement  de  forme  et 
de  direction,  et  reste  loornée  en  bas  ou  en  arrière. 

Dans  tons  les  autres  cas,  Phypospadias  congénital  ou 
accidentel  ne  saurait  être  regardé,  d'une  manière  absolue, 
comme  une  cause  de  stérilité. 

Je  dois,  a? ant  de  terminer  ce  paragraphe,  déclarer  que 
l'explication  que  je  viens  de  donner  se  troufe  depuis  (Mg- 
temps  dans  la  science,  et  que,  pour  la  soutenir,  Morgagni 
la  corrobore  par  i'exemple  du  péni»  dea  tortues  et  des  vi- 
pères, dont  le  pfancher  hirériéor  de  F*tffèffe  manque  natu- 
rellement et  se  trouve  suppléé,  pendant  le  coït,  par  la  tuni- 
que vaginale. 

Je  ferai  également  remarquer  que  cet  artifice  dans  le 
mécanisme  de  la  fécondation  serait  annulé  dans  le  cas  où  le 
gland,  par  une  cause  quelconque,  se  renverserait  en  arrière 
pendant  le  coït,  et  s'interposerait  ainsi  entre  la  matrice 
et  l'ouverture  urétrale.  Cette  aggravation  se  présente  : 
l^'  quand  le  gland  ne  participe  pas  à  la  turgescence  de  la 
verge,  ainsi  que  Morgagni  Ta  observé;  2*  quand  le  filet  a 
une  étendue  trop  peu  considérable  et  ne  s'est  pas  rompu. 

A  cette  occasion,  je  signalerai  la  facilité  avec  laquetle 
les  personnes  peu  exercées  peuvent  prendre  pocrr  un  bypo- 
spadias  une  simple  brièveté  du  frein.  Je  me  souviens  encore 
qu'au  début  de  ma  carrière,  je  commis  une  semblable  er- 
reur, et  qu'après  la  section  du  filet,  dont  l'indication  était 
formelle,  je  dus^  modifier  un  diagnostic  et  un  pronostic  qu'il 
était  impossible  de  dissimuler  au  malade.  Il  est  vrar  que 
celoi-ci  avait  cinquante  ans,  n'avait  pas  toujours,  vécu  dans 
une  chasteté  exemplaire,  et  que  je  n'avais  pas  asseas  d'expé* 
rience  pour  savoir  qu'il  est  des  filets  qui  ne  cèdent  que  sous 
le  bistouri  on  les  ciseaux. 


680  TRVUULCS  DS  LA  FuttcnoK  n'sxcitftTioN. 

L'^p'^l'^'"''^'  ""  P**'"^  ^*^  *"^  1"i  "^^'^  orrupe,  ne  £(• 
l^re  dû  rhj'pospadias  qtie  par  «a  plus  grande  rareté,  et  (|tie 
par  la  position  de  t'ouverturu  urétrale.  Le  mëcaitismc  qui 
rend  l'hjpospnde  fi^rtik,  reslilue  In  facullé  récondaole  k 
répispode,avec  celte  diiïéreiice  »eulcme»t  (jue,  dans  ce  der- 
nier IMS,  la  iiiu<]ueii»e  ia[;inolu  forme  le  plancher  sapérieur 
du  ciinal  urliflciel,  tondis  que  daus  l'hjpospadias  elle  ea 
fornie  la  face  inférieure. 

.^  III.  —  États  c^BB^nlIaoK  on  nvcMcBtrb  «r  la  **•«• 
<«piibI«<B  d>a(rslacr  la  «(^rllUA. 

Parmi  les  élals  rongénileun  on  nrigui»  de  la  verge,  incom* 
patibles  avec  la  puissance  fécondante,  il  ne  peut  être  icj 
rjnpslioii  (jup  dn  volume  du  pi'rls  pendant  le  roit,  car  en 
exceptant  le  canal  de  l'urètre  dont  je  tiens  d'étudier  les 
altérations,  cet  organe  ne  remplit  ([u'un  râle  de  sustentation 
dans  l'acte  de  la  fécondation. 

Comme  difformité  congénitale,  la  petitesse  eitrème  de  la 
verge,  soit  en  longueur,  soit  en  circonférence,  peut,  daoi 
\cs  conditions  normales  de  conformation  de  la  femme,  être 
une  cause  de  stérilité.  Le  vagin  n'étant  point  distendu  par 
un  pénis  suffisamment  gros,  laisse  en  contact  les  plis  de  la 
muqueuse,  lesquels,  interposés  entre  le  museau  de  tanctw 
et  le  gland  du  pénis,  rc^^oivent  le  jet  spermatique  et  l'empè' 
chent  d'arriver  jusqu'à  l'ouverture  de  l'utérus. 

Dans  certaines  conditions  anormales  du  câté  de  la  femme, 
comme  dans  les  cas  de  descente  de  matrice,  la  fécondatioo 
e»l  rendue  possible  par  ce  déplacement  même  de  l'organe 
utérin  qui,  lui,  alors  efface  les  plis  de  la  muqueuse  vaginale. 

Un  pénis  trop  volumineui,  pouvant  a  peine  franchir  la 
vulve,  amène  aus^i  îles  résultats  négatifs  par  un  niéca- 


ÉTATS  CONGÉNITAUX  OU  ACCIDENTELS  DB  LA  VERGE.       681 

nisme  entièrement  analogue  è  celui  d'une  verge  trop  courte. 
Je  ne  parle  pas  de  la  douleur  éprouvée  par  la  femme  qui, 
sous  son  influence,  se  livre  h  des  mouvements  bien  souvent 
contraires  à  la  fécondation,  comme  on  le  verra  plus  loin. 

Une  verge  trop  longue ,  en  dépassant  l'ouverture  infé- 
rieure de  l'utérus  et  en  allant  perdre  sa  tète  dans  le  cul-de- 
sac  vaginal^  égare  le  fluide  spermatique  et  l'éloigné  de  son 
point  de  mire,  qui  est  le  museau  de  tanche.  Un  peu  de 
précaution  du  côté  de  l'homme  ou  un  mouvement  de  recul 
du  côté  de  la  femme  peuvent  facilement  obvier  à  ce  désa- 
vantage. 

Toutes  les  anomalies  dont  il  vient  d'être  rapidement 
question,  sont  rarement  assez  exagérées  pour  entraîner  l'in- 
fécondité  ;  d'ailleurs,  par  cela  même  qu'elles  n'aflectent  que 
le  volume  de  la  verge,  et  que,  d'autre  part,  la  capacité  du 
vagin  et  la  position  de  Putérus  sont  essentiellement  varia- 
bles, il  s'ensuit  que  ces  anomalies  ne  sont  les  causes  que 
d'une  stérilité  relative,  et  qu'elles  n'annulent  aucune  des 
conditions  de  la  fécondation  chez  Thomme  considéré  isolé- 
ment. 

Mais  il  n'en  est  plus  de  même  quand  la  verge  ne  possède 
pas  la  rigidité  de  l'érection,  car  alors  une  des  conditions 
de  la  fécondation  chez  l'homme,  l'éjaculation,  est  fatale- 
ment  détruite. 

Il  est  incontestable  que  la  stérilité  n'est  pas  une  cause 

d'impuissance.  Cette  proposition  a  été  bien  souvent  mise 

hors  de  doute  dans  le  cours  de  cet  ouvrage.  Mais  en  est-il  de 

même  pour  la  proposition  renversée  ?  En  d'autres  termes, 

puissance  est -elle  une  cause  de  stérilité  ? 

En  restant  dans  les  conditions  ordinaires  du  coït,  je  n'hé- 
site pas  h  répondre  par  l'affirmative  :  oui,  l'impuissance  est 
une  cause  de  stérilité. 


de  ta  verge. 

De  toutt^  leK  rondilions  que  j'a 
cMé  <lc  l'hoinme,  m  t'acrompliNii 
la  flaiTidrti^  ilo  la  ver^r  n'en  ilét 
du  »[ieriue  i  onlre  If  museau  de  t< 
latiori  sémttiolG. 

Sam  donte,  on  peut  avec  de  1' 
dnire  dans  lu  vagin  une  ver^e  nol 
tion  (Ips  réspriorr«  .«permaliqnes 
l'on  hmf,  on  n'obtiendra  jamais  i 
est  lancci  le  nperme  dans  les  circo 

|j«  liqueur  séminale  ne  pénètre 
1*  parce  i]ue,  aorlanl  sans  forre, 
pure  qui  si^pure  le  museau  de  tan 
en  admettant  mémi-  que  les  plis 
ment  effacé»;  '1'  pnne  que  l'uléi 
eicitaiit  nularel,  le  fperine,  se  soi 
qne  j'ui  dit  être  si  fatorable  à  lu  i 

Or,  il  e»l  étiilent  que  si,  pur  u 
arrite  t  luppléer  n  celle  double 
autres  conditions  de  In  férondalioi 
d«iii  actes,  un  peut  nourrir  l'esp< 


I  -  ■ 


»lui 


comtmTAOi  ou  accidbntkls  m  la  timb.  fl8& 
la  matrice,  est  réalisée  en  premier  Itea  lorsque  FoQvertare 
inférieiire  de  Tutéras  est  largement  béante^  ainsi  qufon  le 
rencontre  chez  quelques  femmes  ;  et  secondement,  c'est-fc- 
dire  sous  le  rapport  de  la  contractilité  du  musean  de  tanche, 
elle  est  obtenue  par  de  légères  frictions,  soit  sèches,  soit 
avec  du  jus  de  citron,  pratiquées,  avant  la  conjonction,  sur 
le  col  de  la  matrice,  ou  mieui  encore,  par  TefTet  d^nn  co»- 
rant  galvanique. 

Quoique  la  théorie  permette  d'admettre  la  possibilité  de 
la  fécondation  dans  les  conditions  exceptionnelles  qoe  je 
signale,  il  ne  faut  pas  se  faire  illusion  sur  la  bonté  <Pun 
semblable  moyen  et  fonder  des  espérances  exagérées  sor 
cette  ressource  extrême. 

D'abord,  les  deux  conditions,  abaissement  de  l'utérus 
et  dilatation  de  son  ouverture  inférieure,  ne  se  rencon- 
trent pas  toujours,  à  point  nommé,  sur  la  femme  ayant 
nn  intérêt  quelconque  à  être  fécondée  par  nn  impuissant; 
en  second  lieu,  la  contractilité  utérine  peut  parfaite- 
ment ne  pas  se  produire ,  malgré  le  plaisir  que  par  des 
manœuvres  on  communique  è  la  femme,  malgré  les  frie- 
tiens,  malgré  le  galvanisme,  puisque  nous  savons  que  Tex- 
dtant  normal  de  cette  contractilité  est  le  sperme  lancé  par 
saccades  ;  troisièmement,  enfin,  en  dehors  de  ces  difficultés 
qoe  j'appellerai  de  relation,  il  s'agit  de  savoir  si,  par  une 
loi  fatale  de  corrélation  inéluctable,  Timpuissance,  quelle 
qu'en  soit  la  cause,  n'entratne  pas  nécessairement  une  alté- 
ration du  sperme  capable  de  produire  la  stérilité. 

Sans  doute,  il  est  parfaitement  établi  en  physiologie  que 
lorsqu'une  fonction  ne  s'accomplit  plus,  les  organes  qui  lui 
étaient  conscierés  finissent  pas  s'altérer  et  se  perdre»  Or, 
l'impuissance,  sauf  les  cas  exceptionnels  de  bcilités  rela- 
tives donc  je  viens  de  parler  et  au  méenisaw  4eaylt  la 


quaiiiJ  elle  s'oxerce  des  le^tio 
que  les  caMrnts  el  les  fiiiiii^i. 
tenicnt  inijiutsïarils,  ne  jouiss 
bornées. 

En  est-Il  de  même  de  l'inO 
«or  l'organe  sécréteur  du  spi 
le  produit  de  cette  sécrétion? 
problème  d'une  manière  gén^ 
■emble  devoir  fournir  le  mien 
tenir  sur  les  causes  si  nombrei 
emyer  de  formuler  une  réponi 
j'*i  dirigées  dans  ce  sens,  et  et 
fécondante  de  la  liqueur  sémin 
iÊO$  Il  présence  des  loospermi 
Quand  l'impuissance  ne  s'a^ 
torrhAe,  «juaud  elle  n'était  pa; 
■••t  général,  d'une  détériorai 
■ot,  quand  elle  o'aTsit  pour  ca 
Mneai  ou  qu'elle  était  produ 
des  qui  concourent  è  l'érection, 
au  moment  où  j'écris  ces  lignei 
IfOOfé  des  loospermes  dans  li 


ÉTATS  CONGÉNITAUX  OU  ACCIDENTELS  DE  LA  VERGE.      685 

malgré  des  pollutions  nocturnes  qui  se  renouvellent  une  ou 
deux  fois  par  semaine.  La  masturbation  détermine  l'excré- 
tion du  sperme,  avec  jouissance  et  avec  des  saccades  asseif 
faibles  et  proportionnées  à  la  ténuité  de  l'érection.  Chez  ce 
malade  dont  l'impuissance  est  survenue,  sans  cause  connue, 
pendant  la  traversée  de  Montevideo  au  Havre,  la  liqueur 
séminale  contient  des  zoospermes.  L'anaphrodisie  date  de 
sh  mois  environ  et  s'améliore  sensiblement  sous  l'action 
des  courants  galvaniques  répétés  tous  les  jours  pendant 
vingt  minutes. 

Mais  quand  l'organisme  est  profondément  altéré,  quand 
l'impuissance  est  le  résultat  de  pertes  séminales  ou  autres, 
qui  ont  jeté  la  constitution  dans  l'alTaiblissement  et  le  ma- 
rasme, les  testicules  participent  à  cette  faiblesse  générale 
sans  que  le  trouble  de  leur  sécrétion  puisse  raisonnablement 
être  attribué  à  l'impuissance;  ce  sont  deux  phénomènes 
concomitants  de  l'altération  de  l'organisme,  et  ils  n'ont 
entre  eux  que  les  relations  qui  unissent  les  symptômes 
d'une  même  affection. 

En  résumé»  l'impuissance  en  elle-même,  c'est-i-dire 
circonscrite  dans  le  fait  seul  de  la  non-érection  de  la  verge, 
n'empêche  pas  la  sécrétion  normale  du  sperme. 

Mais,  ainsi  que  je  l'ai  dit  h  l'occasion  de  l'impuissance 
idiopathique ,  l'impuissance  étant  rarement  une  affection 
isolée,  et  se  liant  presque  toujours  à  un  état  morbide,  soit 
de  l'organisme  général,  soit  de  quelque  partie  de  l'appareil 
génital ,  soit  de  quelque  organe  éloigné  ou  voisin  de  cet 
appareil,  c'est  à  cet  état  morbide  qu'il  faut  rapporter  le 
trouble  de  la  sécrétion  spermatique. 

Comme  on  le  voit,  en  tenant  compte,  d'un  côté,  des  dif- 
ficultés, j*allais  presque  dire  de  l'impossibilité  de  l'accoo* 
plement,  et  de  l'autre,  de  la  fréquence  des  états  patholo* 


CIUPIT 

ÉTAT  PATHOLOQIIJ 

Ja  M  me  diMiaiale  pis  que  I 
bien  étraoge  k  oertaJne  école 
cieaiw,  pour  qui  (oui  eut  mot 
imn  par  une  lésioa  organiqu 
iMWnt  qu'an  liquide  sécrété 
tilàfi  vous  le  report  pbysiq 
intégrité  des  organes  sécréteur 


Qiwlqiv  élnnge  que  te  h 
•dmettre,  car  il  est;  et.  dût-on 
fcnwnriWM  depuis  longtemps  , 
W  giitfioet  d'obserratioos  quf 
|HH  Dptwici  uu  état  de  ttérUiU 
l0at  i  Cut  eo  dehors  des  con 
8Mr«lea,  aoit  locales,  que  j'ai 
tna  précédents. 


ftTAT    PATBOLOGIQQS    DU   ftPBEMB.  687 

point  de  vue  de  l'iotérèt  social,  prend  quelquefois  une  im- 
portance très  grande,  parce  qu'il  est  souvent  le  résultat 
d'institutions  humaines  évidemment  trop  c^n  opposition  avec 
tes  lois  de  la  nature. 

L'indication  de  quelques-uns  de  ces  phénomènes  sociaux 
va  mieux  faire  comprendre  ma  pensée. 

La  loi  du  croisement  des  races,  dont  je  me  suis  déji 
précédemment  occupé,  vient  se  placer  en  première  ligne,  et 
je  ne  puis,  à  son  égard,  que  répéter  les  considérations  que 
je  lui  ai  consacrées  au  début  du  livre  sur  la  stérilité. 

Le  luxe,  la  vie  molle  et  efféminée,  la  satisfaction  trop 
complète  de  tous  les  besoins,  sont  encore  des  causes  de 
cet  état,  et  ne  se  traduisent  par  aucune  lésion  anatomique* 
Leur  action,  quelquefois  méconnue  chez  les  individus,  est 
souvent  manifeste  chez  les  peuples.  Rome,  tant  qu'elle 
honora  et  pratiqua  la  pauvreté,  put  suffire  à  elle  seuJe, 
sans  admettre  les  peuples  conquis  dans  son  armée,  à  une 
reproduction  inouïe  d'hommes  qu'elle  perdait  dans  ses 
guerres  continuelle^}  mais  quand  le  luxe,  fruit  de  ses  con^ 
quêtes,  eut  pénétré  dans  ses  mœurs,  une  décroissance  no- 
table se  manifesta  dans  le  recensement  des  citoyens.  Tite- 
Live  se  plaint  de  cette  dégradation  dans  le  chiflre  de  la 
population;  Auguste  ordonne  aux  chevaliers  romains  de  se 
marier  :  vaine  précaution  I  les  mariages  des  chevaliers 
romains  sont  stériles  ;  le  sénat  s'emplit  d'étrangers  qui  con* 
voitent  le  trône  devenu  vacant;  et  bienlôt  l'empire,  d%m 
lequel  le  luxe  foit  la  solitude,  tombe  aux  mains  des  nations 
du  nord,  pauvres,  mais  fécondes. 

En  Asie,  sous  un  climat  fortuné  et  avec  la  faculté  de 
prendre  plusieurs  femmes,  les  Orientaux  manquent  de  braa 
pour  défricher  les  terres. 

En  Europe,  lea  villes  les  plus  riches  seraient  |)iwl^ 


"""""■«  'l«  M»iss«nres 

pauvres  el  Je,  quenie,, 

Nnus-inJuirs,  n'obse 

Mruins  iniii.iJu,  relirm 

["•'  »«Jour  4  I,  cm„„. 

'«lignes  de  la  rhnae  ou 

P«rt  stérile  rcnml  quel,: 

peuliquc  Jes  él.bl,„emi 

■l'ulresecw.e,  „,,„,■„ 

■""'  ""  «"e  1u-e.„ce 

fmrsellesdisirMious 

Wwemeul,  de  „  genre 

l-i'iue  je  ,ie,„  j.^„ 
'»'=l'«l„el|„,,j„.,p;.,„_^. 

"«■«■queronna,,,, 
«1  qii.  le.  gei,i  d  eip,i, 
O"  ta  p«o  de  l.lo,i  p, 

Çe"«,.oiU  bien  de,  cire, 

»"«..u„„lle„dese.„j';,i„„ 
"""l^plus.lta.irnef.,,,; 


ÉTAT    PATflOLOGlQUE   DU    SPBBMK.  689 

ordinaire  de  la  liqueur  spermutique;  les  vésicules  séminales, 
la  prostate,  les  glandes  de  Cowper,  sécrètent  leur  mucus 
comme  d'habitude  ;  en  un  mot,  l'investigation  la  plus 
minutieuse  ne  dénote  rien  de  morbide  dans  une  partie  quel- 
conque de  l'appareil  générateur;  seulement,  si  Ton  soumet 
le  sperme  au  microscope,  on  le  trouve  tantôt  complètement 
yeuf  d'animalcules,  et  tantôt  animé  par  quelques  zoospermes 
rares,  petits  et  ne  se  livrant  pas  aux  mouvements  désor- 
donnés auxquels  ils  sont  en  proie  d'habitude. 

On  observe  souvent  aussi  sur  les  animalcules  qui  semblent 
inaptes  h  la  fécondation ,  cette  altération,  signalée  par 
MM.  Wagner  et  Pouchet,  et  qui  est  caractérisée  par  la 
chute,  ou  plutôt  par  le  renversement  de  l'épithélium.  Cette 
altération  m'a  surtout  paru  coïncider  avec  ce  que  j'ai  nommé 
les  avortements  précoces,  pour  me  faire  croire  que  l'homme 
n'était  pas  toujours  étranger  à  la  débilité  de  la  gestation. 

Quoi  qu'il  en  soit,  comment  expliquer  cette  altération  du 
sperme  qu'aucune  lésion  anatomiquc  ne  légitime?  Dira-t-on 
que  c'est  un  effet  de  l'influx  nerveux  ?  Je  veux  bien  que 
l'innervation  ne  se  dérobe  pas  à  l'empire  de  certains  faits 
dont  j*ai  tout  à  l'heure  énuméré  les  principaux;  mais  la 
question  ne  fait  que  changer  de  place,  et  je  demanderai 
alors  en  quoi  consiste  cette  modification  morbide  de  l'inner- 
Talion.  J'en  vois  bien  les  résultats  dans  le  sperme,  mais  j'en 
cherche  le  mécanisme. 

Sans  doute,  nous  ne  connaissons  pas  davantage  le  méca- 
nisme de  l'altération  du  liquide  séminal  ;  mais  en  restant 
dans  les  limites  de  ce  dernier,  nous  avons  le  bénéfice  de  ne 
pas  introduire  dans  le  problème  un  élément  qui  n'aide  en 
rien  à  sa  solution. 

Le  sperme  infécond,  qu'on  me  passe  l'alliance  de  ces  deux 

expressions,  conserve  quelquefois  toutes  ses  qualités  phy- 

44 


6<>0  tïAT   rATRnLOfilQDf!   DU   SPBkM. 

■iqui-s  :  con!*istariCf,  odeur,  conlcur,  on  le  dirait  («rftrte- 
laenl  «pie  i  la  léfonciâlion  ;  miiis,  Maminé  la  nirrovraiie, 
it  ne  lUVèle  na*  reiislence  dfi  Kporinatotoîdea,  ou  s'il  en 
|ai«e  Bperreioir  rfes  traces,  il  wl  farilc  cle<'as*urfr  <\af  m 
ai>iniat*-iil"  »'»"*  "'  '■  'onSUPt"",  ni  surlool  la  ritarité  fl 
l'iolffiri**  <•*  forme  qu'ils  prAseiiteiil  il'ordinaire. 

Ce  toMres  deui  phénomènes,  ab<ienre  on  étal  «nontial 
^  HwnMlotoiil^*.  qui  loniititiieiit  réellcmi-nt  l'alléralmn 
,„^tfj^r  lie  la  liqueur  »^miiial«  ;  quclqui^fni*  nlle-n  est 
■hM^  rfaireet  plux  limpide  que  d'Iiabitiide;  ellp  a  une  odeur 
anitt*  caracH^rislique,  mais  contient  deo  «prnnalotoaim 
cotnnif'  t  l'ordinaire;  dan»  r^  vas,  elle  coii»i  rve  (ouln  »e* 
■tropriéléfi  rérondnntfR,  et,  au  point  de  tue  de  la  Mt^riNlé 
letlr  que  je  l'fli  définie  et  non  sous  le  rapjiori  di-  l'aivrle- 
ipent  précoce,  elli;  ne  sourait  être  nccusée  d'être  malade. 

Il  but  donc  le  dire  bien  linut  :  Dans  la  Torme  de  «lérililé 
«ni  m'ocru|ie  ici,  deux  circonstances  seules  peuvent  directe* 
nient  éclairer  le  diagnostic  :  les  antécédents  du  malade  et 
l'eiamen  microscopique  du  iiperme. 

Mais  pour  que  cis  deux  indicntions  aient  toute  la  T'Ieor 
que  le  médecin  en  doit  attendre,  it  Taut,  au  préalable,  s'assu- 
rer de  l'intégrité  parraitedel'npparerl  génital, et  de  l'absence 
de  toutes  tes  causes  de  stérilité,  soit  générales,  soil  locales, 
que  j'oi  passées  en  revue  dans  les  divers  chapitres  précé- 
dents. Il  luut  se  souvenir  que  les  altérations  du  speme, 
sans  modifications  de  la  suiité  générale  et  sans  lésions  analo- 
miqties,  si  elles  peuvent  incontestablement  se  produire, 
constituent  des  cas  rares,  el  qu'on  ne  les  doit  accepter 
qu'nvec  la  plus  fcromle  circonspection. 

L)e  plus,  une  distinction  capitule,  el  sur  laqaelle  )e  M 
jaurais  trop  insister,  se  tire  de  l'absence  complète  ou  sim- 
plement d'un  état  anormal  des  apermatoieaires  ;  4n»  le 


*TAT   PATHOLOGIQOB    DU   SPERME.  691 

premier  cas»  ia  slérilité  est  radicale  et  absolue;  dans  le 
second,  il  peut  n'y  avoir  qu'insuffisance  de  vitalité  qui^ 
se  commaniquant  au  produit  de  la  conception,  en  déter- 
mine la  mort  avant  le  terme  ordinaire  de  la  gestation. 
Tandis  que  d'un  côté  Tart  est  obligé  de  confesser  son  im->^ 
puissance,  on  est  en  droit  d'espérer  que,  dans  le  second 
cas,  il  pourra  favorablement  intervenir  lorsque  l'histoire 
pathologique  des  zoospermes  sera  faite. 

Quoi  qu'il  en  soit,  on  peut  dire  déjà  que  le  traitement 
des  altérations  des  spermatozoaires  ne  saurait  être  uni- 
forme ;  quand  l'affection,  par  exemple,  se  rattache  au  dé- 
périssement héréditaire  amené  par  un  défaut  de  croisement 
de  familles,  la  médecine  n'a  que  des  ressources  extrêmement 
bornées  ;  j'ai  institué  sur  ce  point  quelques  essais  de  théra- 
peutique, mais  les  résultats  que  j'en  ai  retirés  ont  été  si 
complètement  nuls,  que  je  crois  notre  art  tout  à  fait  désarmé 
en  pareille  occurrence.  L'hygiène  ne  m'a  pas  mieux  réussi 
que  la  matière  médicale,  à  ce  point  que  j'estime  cette  espèce 
d'altération  entièrement  incurable. 

Il  n'en  est  point  ainsi  de  celle  qui  reconnaît  pour  cause 
une  vie  molle  et  efféminée;  la  thérapeutique  doit  ici  céder 
le  pas  i  l'hygiène,  et  il  n'est  aucun  agent  pharmaceutique 
qui  puisse  remplacer  les  travaux  champêtres  ou  les  travaux 
manuels  opérés  en  plein  air;  une  nourriture  sobre,  frugale, 
mais  restaurante;  l'éloignement  des  bals,  des  fêtes,  des 
spectacles  ;  le  coucher  de  bonne  heure,  le  lever  avec  l'au- 
rore, en  un  mot  la  vie  agreste  des  habitants  des  champs  ou 
des  montagnes.  Il  serait  facile  de  rapporter  des  exemples  des 
résultats  heureux  obtenus  par  ces  changements  dans  le  mode 
d'existence,  car  on  rencontre  tous  lesjours  dans  le  monde  des 
époux  dontlacouche,longtempsstérile,nes'estpeuplée  qu'au 
milieu  d'une  transformation  complètedans  la  manière  de  vivre. 


693  KtAT   PATOOLOGIQtlK    DU    HPBKM. 

Enfin,  ut  |>our  iic  pas  pioloiiger  des  cnnAÎdéniliuiu  ^ue 
loul  me  sollicite  ù  abn-ger,  je  finirai,  pour  les  rt^  d'eici- 
Utioo  amoureuse  trop  violente,  en  disant  over  îMonUîgu, 
dont  j'ai  déji^  |ir^<:éilt>Tnincnt  cité  k'  prt'ccjile  ;  «  J'en  «m»  1 
qui  il  a  aervy  d'y  apporter  le  corps  mesnie,  dem;  rassasié 
d'ailleurs,  pour  endormir  l'ardeur  de  cette  fureur,  et  qoi, 
par  l'aage,  se  tronve  moins  impuissant  de  «e  qu'il  est  moins 
puissant  (1]   •> 


SECTION  DEUXIEME. 
■TtaiLiTÈ  c«mz  i.t  wtmmK. 


i.a  femme,  dans  l'acte  de  la  génération,  remplit  un  rAle 
essentiellement  complexe,  sans  parler  de  la  copulation  dont 
je  n'ai  plus  h  m'occuper  ici. 

Comme  l'homme,  elle  sécrète  dans  les  profondeurs  de 
ses  organes  un  produit  qui,  pour  arriver  du  lieu  de  sa 
sécrétion  ù  celui  de  son  eicrétion,  parcourt  des  voies  aussi 
semées  d'écueils  et  aussi  fertiles  en  obstacles  que  celles 
que  le  sperme  franchit  pour  aller  des  testicules  au  méat 
urinaire. 

Pour  l 'accomplissement  de  ce  premier  acte  de  son  r4le, 
la  femme  se  sufTil  ù  elle-même  ;  elle  le  remplit  par  les  lois 
seules  de  son  organisation,  et  le  concours  que  quelques  phy- 
siologistes ont  prétendu  que  lui  prêtaient  certaines  circoU' 
stances  extérieures,  telles  que  le  climat,  le  coit,  etc.,  e«t 
d'une  importance  secondaire  et  (oui  au  moins  douteuse. 


(!)  Euai»,  liv.  I,  chap.  u.  p   407.  «dit.  17i3. 


STÉBILITft   CBEZ    LA    PKMME.  693 

Mais  après  cet  acte  qui,  avec  la  sécrétion  spermatique, 
est  en  qnelque  sorte  le  prélude  de  la  fonction  génératrice, 
if  faut,  pour  que  celle-ci  s'accomplisse,  que  la  femme  sorte 
de  son  égoisme  et  réalise  ce  que ,  dans  un  style  figuré, 
madame  de  Staël  appelait  un  égoîsme  à  deux. 

La  part  que  la  femme  prend  dans  cette  nouvelle  phase 
de  son  rôle  devient  de  plus  en  plus  complexe.  Ses  organes 
étant  le  théâtre  sur  lequel  va  se  passer  le  grand  acte  de  la 
formation  d'un  nouvel  être,  elle  doit  recevoir  et  conduire 
jusqu'au  produit  de  sa  sécrétion  propre  l'élément  indispen- 
sable que  lui  fournit  le  mâle,  et,  une  fois  ces  deux  éléments 
en  présence,présider  à  leur  union,  et  leur  offrir  un  lieu  con- 
venable où  le  résultat  de  cette  union  rencontre  toutes  les 
conditions  nécessaires  à  son  développement  ultérieur. 

En  prenant  séparément  chaque  partie  du  râle  si  com- 
pliqué de  la  femme  dans  l'acte  de  la  génération,  on  trouve 
cet  acte  partagé  en  quatre  étapes,  si  parfaitement  distinctes, 
qu'il  est  impossible  de  ne  pas  les  accepter  comme  bases 
d'une  division  méthodique. 

Ces  quatre  étapes  sont  : 

l^  L'acte  de  sécrétion  et  de  progression  du  produit 
femelle ,  c'est-à-dire  l'ovulation  y  comprenant  la  fonction 
ovarienne  et  la  fonction  tubaire  ; 

2"*  L'acte  de  réception  et  de  progression  du  produit 
mêle,  comprenant  les  fonctions  du  col  de  Tutérus  ; 

9f*  L'acte  de  réunion  du  produit  mâle  et  du  produit 
femelle,  comprenant  la  fonction  d'imprégnation  ; 

&*  L'acte  de  gestation,  comprenant  les  fonctions  utérines. 

Cette  division  toute  physiologique  me  paraît  être  le  guide 
le  plus  sûr  pour  nous  reconnaître  au  milieu  des  causes  si 
nombreuses  et  encore  si  mal  étudiées  de  la  stérilité  chez  la 
fsmme  ;  aussi,  après  en  avoir  pesé  les  avantages  et  les  incon- 


TKOOBLM   DE    l'oVULATION.  695 

pour  arriver  à  la  connaissance  des  étals  morbides  des  autres. 

Il  est  incontestable,  et  je  ne  sais  aucun  fait  authentique 
qui  prouvé  le  contraire,  que  Tabsence  congénitale,  la  perte 
accidentelle  et  l'atrophie  des  ovaires  sont  constamment  suivis 
de  l'absence  ou  de  la  disparition  du  Oux  menstruel  ;  mais 
l'inverse  est-il  aussi  vrai?  En  d'autres  termes,  l'absence  ou 
Il  disparition  de  l'écoulement  cataménial  dénote4-elle  tou* 
jours  l'absence  congénitale,  In  perte  accidentelle  ou  l'atrophie 
des  ovaires,  et  par  conséquent  l'impossibilité  de  l'ovulation? 

M.  Bischoiï  (1) ,  considérant  l'hémorrhagie  menstruelle 
comme  un- symptôme  de  menstruation  dont  le  fait  capital 
est  l'évolution  d'un  œuf,  avoue  que  ce  symptôme  peut  man* 
quer  sans  que  le  phénomène  générateur,  l'évolution  de 
l'œuf,  cesse  de  se  produire.  Dans  ce  cas,  la  fécondation  esl 
possible.  «  Il  est  tout  aussi  facile,  dit-il,  de  prouver  que  la 
fécondation  est  liée  à  l'évolution  menstruelle.  Lorsqu'on  a 
soutenu  le  contraire,  on  a  confondu  la  menstruation  avec 
l'hémorrhagie  menstruelle.  Il  peut  y  avoir  conception  sans 
hémorrhagie,  de  même  qu'il  peut  y  avoir  une  évolution 
menstruelle  sans  aucun  écoulement  de  sang.  Le  dévelop* 
pement  de  l'œuf  est  le  phénomène  important  de  la  mens* 
truation,  les  autres  peuvent  manquer  ;  lorsqu'ils  n'ont  pas 
lieu,  cela  indique  ordinairement  une  imperfection  dans  la 
fonction ,  et  la  stérilité  est  ordinairement ,  comme  on  le 
sait,  le  résultat  de  ce  trouble  fonctionnel.  Cependant  la 
conception  peut  avoir  lieu,  caries  conditions  essentiel  lea 
de  la  menstruation  sont  remplies,  mais  ce  sont  des  cas  excep- 
tionnels. On  a  dit  qu'il  pouvait  y  avoir  fécondation  dtm 
des  cas  oii  ces  conditions  ont  manqué  et  ou  l'hémorrhagie 
avait  en  lieu  ;  mais  aucun  fait  ne  vient  h  l'appui  de  cette 

(4)  Traité  du  développement  de  Vhomwèê  et  dei  ammau9*  Paris, 
4a43,  in-a,  avecfig. 


THOUBLBS    DIS    LA    FONCTION    OVAHIENNB.  697 

ensemble  de  phénomènes  qui,  réunis  et  groupés,  sufBsent 
pour  établir  la  certitude  médicale.  Je  n'ai  point  i  dresser 
ici  l'inventaire  de  ces  phénomènes  dont  i'énumération  arri- 
vera successivement  avec  l'étude  de  i'aiïection  qui  leur  donne 
naissance,  et  je  terminerai  ces  quelques  considérations  pré- 
liminaires par  deux  mots  sur  la  question  si  controversée  du 
temps  auquel  peut  s'opérer  la  fécondation  après  l'époque 
menstruelle. 

S'il  est  vrai,  comme  l'établit  M.  Bischoiï,  que  la  fécon- 
dation et  la  conception  sont  intimement  liées  à  la  menstrua-- 
tion  qui  représente  la  période  de  maturité  et  d'expulsion  de 
Vœufy  il  faut  de  toute  nécessité  que  la  fécondation  et  la 
conception  soient  contenues  dans  les  limites  du  temps  mens- 
truel, à  moins  que  le  coït,  l'alimentation,  le  climat  ou  toute 
autre  circonstance,  ne  favorisent  la  maturité  et  ne  déter- 
minent l'expulsion  de  l'œuf. 

Une  semblable  inQuence  ne  saurait  être  admise;  sans 
doute  le  climat,  l'alimentation,  les  habitudes,  les  excès  de 
coït  peuvent  modiGer  le  type  de  la  menstruation,  c'est-à- 
dire  changer  la  physionomie  des  manifestations  symptoma- 
tologiques  par  lesquelles  elle  se  traduit  d'ordinaire,  comme 
récoulement  sanguin,  le  gonOement  des  mamelles,  les  dou- 
leurs lombaires,  la  fétidité  de  l'haleine,  etc.,  etc.  ;  mais  il 
faut  ioujours  faire  intervenir  une  cause  pathologique  toutes 
les  fois  que  les  règles  reviennent  avant  l'époque  fixée  dé 
leur  réapparition.  D'ailleurs,  si  ces  circonstances  exer- 
çaient réellement  l'empire  qu'on  leur  suppose,  il  faudrait 
que  le  coït,  par  exemple,  amenât  un  flux  cataménial  toutes 
les  fois  qu'il  est  exercé,  ce  qui  n'est  pas,  ainsi  que  tout  le 
monde  le  sait. 

M.  Coste,  qui  défend  l'influence  du  coït  sur  la  maturité 
et  rexpuisioD  de  l'ovule,  se  tire  de  ce  mauvais  pas  en  sup- 


cou  csl  liUiliMiieiil  tfniutëi: 

S»i,s  ,l„„|,..  .,  r»|,|,rorl„.  ,|, 
lincrgl.iuc  |,l,i;,ir  vénérien  |ieul 
produit  lUns  loul  r.pp,r,i|  gé, 
dire  d«fia  tout  l'organiaine,  ja 
ri^vM  fit,  pir  suite,  l'apparilif 
hl<pila,  celle  iuOuence  ne  >i 
■icrélion  et  la  maturiU  de  l'evu 
Si  doue,  cette  maturiti  arrin 
de  l'our  n'obéit  qn'ani  loii  de  s 
h  ttcouialioB  ('accomplisse  av 
>V|ane  qui  doit  «Ire  ou  sa  ti 
diveloppemenl  ultérieur. 

£r  «OB.séi}u«nce,  s'appuyant 
annlalia  i|u'i|  est  inutile  de  rapp< 
qM  rmnle  hmI  de  deui  1  ail  j. 
fù  aifare  l'ovaire  de  l'utérus,  i 
«iwmenw  igu'i  la  6n  de  l'é|ioi|ii 
n<dinliai«it  après  la  cessation  i 
■04»  aenlMiMnl  lorsqu'il  s'est  é( 
i|f<trij«nrs  (pria  sa  terminaisoi 
IWH  Mapfer  l'oiule  gu'olle  i 


TR0ITBLB8   DB   LA   FONCTIOM   OTIRUMNB.  Q99 

de  deai  à  sii  jours  par  la  decidua  eisudée  à  la  sarface  de 
la  muqueuse  vers  le  déclin  de  Tirritation  qui  suit  l'époque 
menstruelle.  »  Et  un  peu  plus  loin  :  «  Or,  comme  nous 
avons  reconnu  que  la  decidua  tombait  constamment  du 
dixième  au  douzième  jour  de  Tintermenstruation ,  il  ré- 
sulte conséquemment  de  ce  fait  que  la  conception  ne  peut 
s'opérer  que  du  premier  au  douzième  jour  qui  suivent  les 
règles, et  que  jamais  elle  n'a  lieu  après  cette  époque  (1).  » 
Beaucoup  de  physiologistes,  parmi  lesquels  je  citerai 
MM.  Courty  et  Bischoiï,  ont  adopté  cette  opinion  à  la- 
quelle des  faits  nombreux  ont  été  opposés  ;  ainsi,  le  doc- 
teur Kirsch  (2)  cite,  entre  autres,  les  lois  de  Moïse  qui  ne 
permettaient  le  coït  qu'à  partir  du  septième  jour  depuis  la 
cessation  des  règles,  c'est-à-dire  du  douzième  environ  de- 
puis leur  apparition  ;  ces  lois  étaient  observées  rigoureuse- 
ment, et  cependant  on  sait  que  les  femmes  juives  étaient 
remarquables  par  leur  fécondité.  Des  exemples  de  féconda- 
tion opérée  pendant  la  seconde  période  de  l'époque  inter- 
menstruelle ont  été  rapportés  par  MM.  R.  Wagner  (â), 
Leuckart  (&),  Raciborski  (5),  et  M.  Bischoiï  lui-même 
avoue  qu'il  connaît  plmieurs  cas  où  la  conception  a  eu 
lieu  douze  el  seize  jours  après  la  fin  de  la  période  mens^ 
truelle  (6). 

(4)  Théorie  poiitive  de  fonulation  spontanée,  Paris,  4847,  p.  274 
61275 

(2)  ZeiUehrift  fUr  ration.  Mediein,  v.  Henle  und  G.  Pfeuffer,  4  852, 
l.  II,  p  427. 

(3)  Wagner*8,  HaniÊD9n9rbuck  der  pk^sMÊfgie,  art.  GÉKÉiiTfoir, 
p.40l6. 

(4)  Wagner's,  Handw^terbuch  der  physiologie,  art.  FicoimtATiOH, 
p.  886. 

(6)  De  ta  puberté  et  de  Cdge  critique  chez  la  femme^  p.  458  et  soiv. 
(6)  Archives  de  médecine,  mai  4851,  p.  860. 


'     ^'-i  '"^c  iiNns 

alIcnJu    nu  passiig,.  ,|„'|, 

toinritc   |irciiu-s,  ils  at,ii„ 

quelle»  des   .|,ermaloz„,-,| 

ii»ii»Ciilérii,,  |,|,isieur,jo 

Quelle  qntsoill'eiplici 

ijjw  conslaoi  que  de  non, 

«a  «poioM  pin,  on  moin 

«gles,  et  qu'il  r,„,  „  g, 

Période  inlermenslroelle  co 

•térililé pour  I. femme.  Je, 

h  concepllon  o  p|„j  de  clisi 

'°''""j»""q"i»ui.enlimn 

"""«'lutae  jour»  qui  lej 

"penliqne,  nneimporl.occ, 

loçr  dan,  |e  cour,  de  cet  ou 

«  miem  miiinlen.ni  i  | 

«•  ovairM. 


l*  Kole  Momalic  des  orai 


ANOMALIKS   DBS   0VA1M&.  701 

ces  organes  existe  bien  conformé,  la  conception  peut  se 
produire ,  ainsi  que  divers  auteurs  en  ont  rapporté  des 
exemples  (1). 

L'absence  complète  des  deux  ovaires  a  été  observée  plu- 
sieurs fois  ;  et  toujours,  quand  elle  était  congénitale,  non- 
seolement  Thémorrhagie  menstruelle  et  la  fécondation 
n'avaient  pas  lieu,  mais  encore  les  autres  parties  de  l'ap- 
pareil génital  participaient  plus  ou  moins  à  cet  arrêt  de 
développement.  Je  ne  me  livrerai  pas  à  Ténumération  fasti- 
dieuse de  tous  les  cas  d'absence  des  ovaires  rapportés  par 
les  auteurs,  et  je  me  contenterai  de  reproduire  les  conclu- 
sions  générales  que  M.  Chcreau  tire  de  tous  ces  faits,  après 
les  avoir  scrupuleusement  passés  en  revue  :  «L'absence 
congénitale  des  ovaires,  dit  cet  auteur,  n'est  point  accom^ 
pagnée  nécessairement  de  celle  de  l'utérus.  Seulement  ce 
dernier  organe,  n'étant  pas  soumis  à  TinQuence  sympathi- 
que des  organes  reproducteurs,  ne  prend  pas  i  la  puberté, 
le  développement  qu'il  acquiert  dans  les  circonstances  ordi- 
naires, et  c'est  pour  cette  raison  qu'on  le  trouve  alors  plus 
petit  et  comme  atrophié  ;  par  contre,  l'absence  congénitale 
de  la  matrice  n'est  pas  toujours  accompagnée  de  celle  des 
ovaires.  L'absence  complète  des  deux  ovaires  a  une  telle 
influence  sur  tout  l'organisme,  que  la  femme  affectée  de  ce 
vice  de  conformation,  ne  se  revêt  plus  des  caractères  pro- 
pres qui  la  distinguent  de  fhomme;  le  bassin  ne  s'élargit 
point,  les  mamelles  n'acquièrent  aucun  développement  et 
les  règles  sont  nulles.  Les  parties  génitales  externes  subis- 
sent aussi  des  modifications:  le  vagin  est  plus  étroit,  les 

(1)  Pour  les  faits  de  celte  nature,  voyez  Philosophieal  iramaetions, 
année  4  S4  8,  fait  rapporté  par  Granville  ;  Bulletin  de  la  Faculté  de  mé- 
decine de  Parié,  année  4  84  7,  p.  457,  fait  dû  à  Cbaussier  ;  Traité  des 
aecouchemenlB  de  Gardien,  1. 1,  p.  4  67,  etc.,  elc» 


—  -"'""c  tiliiinemi 

tile  de  ("ovaire,   dit  iM 

menl,  m  cperj  à  soi,  ,„ 

<le.e<  veines;  la  nalure  , 

«|>er.iacti„|„e„,  i,  ;■„,, 

lllM.oi,uela.,le,^,é| 

T"*"'  1«i  porte  (iriiiripal 

"""■"••OM  liriicipalM  , 

h  «mclère  |j.rlicu|ie,  de 

.  .    '  •■  «'ïèt,  les  ovairei 

"*i*^  *  loulea  aorlea  J'tli 

'•■*  •■•««r  aans  crainte, 

•*"  h  ieaiaa  no  orgaee 

•«W  Walléraiion,  palt„ 

_"""""''■»  •'  ■••  co„,é,„, 

•Hleelnni  porulenles,  lUgi, 

^^•-  «l>'eu.e,,„é.,„ 

~*«^»»iil«ei,  cariil, 

■nfllaueaueto,  hernies,  etc., 

/V'»"^  «Ml  ,nel,uefa 

*•*••  fM  l'ea  ne  reiii^onlre  « 

MM  (i).  . 

0.  ^  J.:.  -r  . 


LÉSIONS   FHTSIQUSS   DIS   0T1IRB8.  70S 

gique  de  chaeune  de  ces  aiïections  à  laquelle  se  refusent  les 
limites  de  cet  ouvrage,  bien  que  la  stérilité  soit  l'elTet  le 
plus  commun  de  ces  maladies. 

Cependant ,  pour  que  l'inaptitude  à  la  fécondation  soit 
complète,  il  faut:  1^  que  les  deux  ovaires  soient  simulta- 
nément atteints;  2^  et  qu'aucune  partie  de  leur  tissu  ne 
reste  intacte. 

Si  Tan  des  deux  ovaires  conservait  son  intégrité,  en 
supposant  son  congénère  aussi  profondément  altéré  que 
possible,  la  femme  ne  perdrait  aucun  des  attributs  de  son 
sexe,  l'ovaire  sain  pouvant  i  lui  seul  déterminer  l'hémor- 
rhagie  menstruelle  et  sufBreaux  nécessités  de  la  conception. 
Il  serait  facile,  en  effet,  de  trouver  dans  la  science  des 
exemples  de  fécondation  dans  des  cas  où,  par  suite  d'atro- 
phie, de  dégénérescence,  de  déplacement,  de  hernie  ou  de 
toute  autre  cause,  un  seul  ovaire  peut  émettre  l'ovule; 
mais,  je  le  répète,  lorsque  les  deux  ovaires  manquent  à  la 
fois,  ou  sont  profondément  altérés,  l'infécondité  de  la 
femme  est  fatale  et  absolue. 

Cependant,  pour  que  l'altération  des  deui  ovaires  amène 
ce  résultat,  il  feut  qu'elle  atteigne  toutes  les  parties  du 
tissH  ovarien.  Cette  condition  est  indispensable.  Morgagni 
avait  déjà  fait  cette  remarque  (l),que  tous  les  observateurs 
qui  l'ont  suivi  ont  pleinement  confirmée.  «  On  a  vu,  dit 
M.  ChereaUy  des  femmes  atteintes  de  dégénérescences 
énormes  des  deui  ovaires,  et  cependant  devenir  encore 
mères  ;  mais  un  examen  attentif  a  démontré  encore  dans  ces 
cas ,  qu'une  portion  de  l'un  des  organes  reproducteurs;  ou 
de  tous  les  deux  en  même  temps,  était  encore  saine  (2).  » 

Cette  double  condition  que,  pour  se  produire,  la  stérilité 

(4)  De  tedibus  et  cousis  marhorum,  epist.  XLV,  art.  47. 
(t)  Lot.  eil.,  p.  99. 


'einiilio,  „.,„.>,„|,,„,„  I 
Jolior,  ne  s„,„  ,„„ i„|; 

Iruellepersislc- celle  ci  f, 

nieiilj  nolobles  cl  de  loule: 

dll  lisin  de  l'ovaire  est  c; 

grnSenn»,  l'évololion  el  I 

«eut  l'efTecluer  comme  dai 

l'organe  licrileur,  el  par  9 

C'eat  aimi  q„e  s'eif  li,„e„ 

«^lionsorrenanlan  milieu 

"Wea  de  l'hémorrliagie  me 

Il  eal  bien  difficile,  po„r 

«W».  de  déterminer  d'u„e 

*iucondilion.de»lërililéd, 

«relatiïeij'alléralionlolale 

direela  que  nous  (lotsédons  f 

I"  palptlion  d«  parois  abdo 

cnllaUoD,  la  mensuralion,  |, 

'«'•I-  Ce  dernier  est  le  plus 

1«.  «M  lui,  il  est  pre.,„e 

«•••lie,  je  ne  dis  pas  cerlaii 

aurJea  maladie*  .1»  ....:.-- 


LÉSIONS   PHYSIQUES    DES   OVAIRES.  705 

rien  ne  fixe  cède  sous  la  pression  exercée  sur  lui  et  fuit; 
enfin,  sans  parler  des  obstacles  ou  tout  au  moins  des  em- 
barras que  crée  assez  souvent  la  présence  d'une  couche  plus 
ou  moins  épaisse  de  tissu  cellulaire,  on  ne  peut  prétendre 
eiplorer  l'intérieur  de  Tovaire,  et  il  faut  se  contenter  d'ap- 
précier seulement  les  conditions  relatives  à  sa  forme,  i  son 
volume  et  à  son  poids.  C'est  beaucoup,  dira-t-on;  sans 
doute,  mais  ce  n'est  pas  assez,  surtout  pour  la  solution  du 
problème  de  la  stérilité. 

Aussi,  tout  en  recommandant,  d'une  manière  expresse, 
de  ne  jamais  négliger  ce  moyen  d'investigation  ,  j'estime 
qu'on  ne  doit  lui  accorder  qu'un  certain  degré  de  con- 
fiance ,  et  ne  pas  en  faire  la  base  exclusive  de  son  appré- 
ciation. 

Je  ne  dis  rien  des  autres  modes  d'examen  dont  les  res- 
sources  sont  encore  plus  aléatoires  que  celles  du  toucher 
rectal,  mais  dont  il  faut  cependant  tenir  compte,  ne  fût-ce 
que  comme  termes  de  comparaison. 

Heureusement  nous  avons,  pour  marcher  au  milieu  des 
ténèbres  de  cette  nuit  profonde,  un  guide  à  peu  prés  infail- 
lible, et  dont  le  témoignage  égale  et  surpasse,  à  lui  seul, 
tous  les  signes  fournis  par  les  moyens  directs  que  j'ai 
énumérés  tout  à  l'heure.  On  devine  déjà  que  je  veux  parler 
de  l'hémorrhagie  menstruelle. 

Sans  doute,  et  je  l'ai  reconnu  plus  haut  avec  M.  Bischoiï, 
il  y  a  des  menstruations  sans  hémorrhagie,  et  dans  ces  cas 
alors  il  semble  difficile  de  décider  si  l'absence  de  l'écoule- 
ment cataménial  tient  à  une  idiosyncrasie  ou  à  une  affection 
des  ovaires.  D'abord,  les  faits  de  menstruation  régulière 
sansQux  menstruel  et  avec  intégrité  de  l'organe  qui  fournit 
le  sang,  c'est-à-dire  l'utérus,  sont  beaucoup  moins  fré- 
quents qu'on  ne  pense,  et  doivent  être  relégués  parmi  ces 

45 


'; ;— .i-,,„,,„;„;, 

'»  moJilicalioijs  dcK  ,,..,,, 
vieiinenl  <loiilo„,ei„  ;  |,,,  ',, 
lemenls  pénible»,  de  trjnch, 
»«liI«foi!,  l'écoulemenl  ». 
1"' """*!«»>",  par  Dne  hé 
'"™  "■«■»«  l'«>»ir..  prendre 
"'*'"'  ««■.  elt.  (,luoi  (ju'il  e, 
■TOWra.iion  régulière,  c'ejl- 

arritS  i  ™i„i,é_  „  ^,^^■^  ^^ 
"omène;  ,„e  d,„,  ,,  „j, 
pMnoméne  .,1  „„„  bémorrb, 
"""*"•"»"  ••"■M  *  m.n,„< 
•^  M  produit  DO  e„,e™b|„  j,  ,; 

'';"'"P'»*l«'f"  se  méprend 
»  e>l-il  de  même  do„,  ],,  j, 
!;°"  '"'"»'rb.gi,n„  par  ,„i,e  , 
W«",  eerle,  „„n.  Si  rbémorrb. 
"""'''''•'""■«"«•bsem.ee.u 


LÉSIOlfS   PHYSIQUES    MÈ   OVAIRES.  707 

4 

des  phénomènes  insolites,  soit  généraux,  soit  localisés  sur 
un  point  de  Téconoroie. 

Si  l'afTection  des  ovaires  entraîne  la  suppression  de  Thé- 
morrhagie  utérine,  l'habitude  des  menstrues  antérieures 
éloigne  la  pensée  que  cette  suppression  est  due  i  une  idio- 
syncrasie  ;  de  plus,  la  sécrétion,  lé  développement  et  l'ex- 
pulsion de  la  vésicule  graafienne  ne  se  faisant  plus  par 
suite  de  la  maladie  des  ovairc.«,  on  ne  remarquera  pas  aux 
époques  menstruelles  les  phénomènes  insolites  que  j'ai  dit 
remplacer  Thémorrhagie  cataméniale  dans  les  cas  d'inté- 
grité des  ovaires. 

Comme  on  le  voit,  l'absence  ou  la  suppression  de  l'écou- 
lement menstruel,  liées  à  une  lésion  des  ovaires,  ne  sau- 
raient être  confondues  avec  l'absence  du  même  écoulement 
menstruel  dépendant  d'une  idiosyncrasie. 

Mais,  dira-t-on,  par  cela  même  que  l'écoulement  mens- 
truel est  produit  par  la  face  interne  de  l'utérus,  ne  peut-il 
pas  arriver  ^ue,  par  suite  d'un  état  pathologique  quelconque, 
cet  organe  se  refuse  à  cette  hémorrhagie,  sans  que  pour  ce 
motif  la  fonction  ovarienne  soit  interrompue  ou  seulement 
même  troublée  ?  Sans  doute,  et  je  reviendrai  plus  loin  sur 
ce  point  intéressant  et  encore  mal  connu  de  la  palhogénie 
utérine,  la  matrice  peut  ne  pas  fournir  les  éléments  du  flux 
menstruel,  bien  que  l'ovaire  sécrète  un  ovule,  le  porte  à 
maturité  et  j'expulse.  Nous  retombons  ici  dans  les  cas  de 
menstruation  sans  menstrues  oii  celles-ci  sont  remplacées 
par  les  phénomènes  anormaux  dont  il  a  été  plus  haut 
question. 

Nous  sommes  donc  en  mesure  de  formuler  les  lois  sui- 
vantes, qui  me  paraissent  être  l'expression  la  plus  exacte 
de  la  vérité. 

1®  La  menstruition  régulière,  c'est-à-dire  la  sécrétion, 


phénomène  loli  général,  soil 

2°  La  menstruation  régui 

ledé.clop|,emenletl'c.puls, 

pont  se  projuire  sans  hémo 

J'un  étal  morbide  Je  l'uléru, 

est  possible,  eu  éiianl.  I,it„ 

nmne,  et  la  menstruation  es 

phénomène  soit  général,  soit 

3*  La  menstruation  régiilii 

le  développement  et  l'c.pulsio 

interrompue  ou  supprimée  par 

pend  ou  tarit  (ou/ours  récoulei 

îencederiiémor.bagiemenstn 

}i(ruxli,iumml  |,ar  un  pliénon 

Si  maintenant  Ii    ces  donn. 

menstruelle  on  ajoute  les  signer 

directs  énumérés  plus  haut,  se 

malade,  soit  par  le,  altérations 

I  économie,  etc.,  etc.,  ou  arrii 

près  certain  de  la  stiriliii  d„„| 

res,  dont  I,  cause  est  une  altérai 

conséquemment,  le  pronostic  e, 

dent  avec  le  ,.r,.r,.,c.:.  -,  ■.  .    . 


LÉSIONS    VITALES    DKS    0VAIRB8.  709 

S  111.  —  Lésions  vitales  des  ovaires. 

Il  ne  peut  être  ici  question  que  de  cette  vitalité  par 
laquelle  une  vésicule  est  sécrétée,  s'accrott  et,  en  fin  de 
compte,  est  expulsée  ;  les  résultats  des  troubles  de  cette 
vitalité  doivent  se  rencontrer  sur  la  vésicule,  et  Tanatomie 
pathologique  démontre,  en  elTet,  que  cette  vésicule  est  sou- 
mise, pendant  son  évolution,  h  des  causes  d'avortement  dont 
la  source  est  précisément  dans  une  altération  de  cette  acti- 
vité vitale  de  l'ovaire,  qui  lui  fait  sécréter,  développer  et 
expulser  un  ovule. 

Malheureusement  l'histoire  pathologique  de  ces  lésions 
est  encore  à  faire;  l'anatomie  morbide  les  a  seule  éclairées 
de  quelque  jour,  et  dans  la  pauvreté  où,  sous  ce  rapport,  se 
trouve  la  science,  il  nous  faut  bien  nous  contenter  des  études 
d'amphithéâtre,  d'autant  mieux  qu'après  avoir  lu  attentive- 
ment les  observations  relatives  aux  avortements  des  vési* 
cules  de  deGraaf,  on  peut,  sans  grand  dommage.*  au  point  de 
vue  de  la  stérilité,  appliquer  à  ces  lésions  les  considérations 
que  je  viens  de  présenter  sur  les  lésions  organiques  des 
ovaires. 

Quoi  qu'il  en  soit,  je  dois  exposer  ici  les  conclusions  tirées 
par  l'anatomie  pathologique  des  faits  observés  par  elle,  et 
je  ne  puis  mieux  faire  que  de  les  emprunter  è  un  des  hommes 
les  plus  compétents  en  pareille  matière ,  à  M.  Négrier 
(d'Angers). 

«  Les  conclusions  suivantes,  dit-il  en  terminant  son  tra- 
vail sur  l'anatomie  et  la  physiologie  des  ovaires,  me  parais- 
sent être  autant  de  déductions  naturelles  des  recherches  et 
des  observations  qui  précèdent. 

»  1*  Les  vésicules  ovariques  sont  susceptibles  d'éprouver 
des  altérations  qui,  loin  d'empêcher  de  reconnaître  ces 


">•'«■  f  rinn,,,-,!,.  ,1,.  ,.,  I  J,!," 

■■f -i.™.  „.,:■, 

(To.  Imiik;  commune,  <iui  roi 
l»mn.ent,„,l„merc.lco„ 
»  «•  Celle  M.pension  de 
f"™""«'»"viril.ble.,„,t 
*•'*•''« '«""■"•form.lion 
»  5-  Le.  conjé(,iiencej  de  I 

M  pré.e»te„,  de,  d,irérei.c« 
W  leur  gmviié. 

»  ')''  Le  plu,  ordinairemcnl 
m\f>  et  de  leur,  ,l,i,„,„  „ 

P"»»fnlcomproniellrel,„>   e 
Wi  «e„lpl„,  „„„„,„., .J^l^ 

lu'        ''.'°™"™««  ™m,,lel 
W«.l.n..Uo„.„.c,„p      ,„.„ 

;    '  '*  "■'••«rtemeol  parliel.  -•, 
tePfe.».».  d'„„,  de,  portie,    „ 

<*«»«eiiieot  daoi  leun  ,.,..„.. . 


ALTÉRATIONS   DE    POSITION    DBS    OVAIRES.  711 

»  lO"*  Ces  mêmes  avortements  partiels,  lorsque  les  vési- 
cules sont  à  Tétat  de  bourses  grises,  sembleraient  être  l'ori- 
gine des  masses  fibreuses,  squirrheuses  et  encéphaloïdes 
des  ovaires. 

»  11*  L'avortement  pastiel  des  organes  vésiculaires , 
quand  ils  sont  i  Tétat  de  vésicules  jaunes^  est  la  source  des 
tumeurs  enkystées  de  Tovaire,  qui  contiennent  une  matière 
d'apparence  butjreuse. 

»  12^  Enfin,  c'est  à  des  cas  de  fécondation  sans  sépara- 
tion de  Tovule  de  sa  vésicule  qu'il  faut  attribuer  l'origine 
de  ces  productions  fœtales  qu'on  trouve  dans  l'ovaire,  où 
elles  se  développent  sous  l'influence  des  adhérences  vascu- 
laires  qui  s'établissent  entre  elles  et  les  membranes  qui  les 
renferment  (1).  » 

Comme  on  le  voit,  ainsi  que  je  l'ai  dit  plus  haut,  l'étude 
de  la  stérilité  n'éprouve  pas  un  grand  dommage  d*'  l'absence 
des  détails  cliniques  relatifs  à  l'avortement  des  véiiicules  ova- 
riques,  car  ces  accidents  sont  ou  nuls  ou  le  point  de  départ 
d'allérationsf  dont  j'ai  examiné  l'influence,  sous  notre  point 
de  vue,  dans  le  chapitre  précédent. 

S  IV.  —  Alflératlons  de  position  des  ovaires. 

Quand  on  songe,  d'une  part,  à  la  multiplicité  et  à  la 
variété  des  circonstances  qui  peuvent  entraîner  les  ovaires 
loin  de  la  position  qui  leur  est  assignée,  et  d'autre  part,  à 
l'influence  considérable  que  ces  dérangements  exercent  sur 
les  conditions  de  la  fécondation,  on  s'étonne  de  ne  pas  voir 
un  nombre  plus  grand  de  femmes  stériles  que  celui  que  l'ou 
rencontre.  C'est  qu'ici  encore  la  prévoyance  de  la  nature 
a  été  extrême,  et  qu'elle  a  su  proportionner  la  valeur  de  ses 

(4)  Bêcherehêi  anaUmiqwi  el  phytiologiqueB  sur  les  ovair$ê  dam 
Vnpèeê  humaine^  p.  4  4  7  et  suiv. 


Jior  c\em[,l,. ,   ,(,.   ,j, 


■e  lliiT(i( 


'"'"'*  ""  '"  inouirmeiils  ,1, 

'■"•"•"  ''"'  "  rosiiio,,  „„„ 

reprendre  m,  fonctiom  inlcr, 
I^méMnijmeijiiej'iiiJiiii, 
'""  1"'»"  ne  pense,  ei  jj  „ 
coup  de  cas  1,  eonjerniion  d 
'■  '""""■  =".il"e  précisémenl 
■ont  doué..  Ainsi,  .dmellonsd 
f"  •"«"<>"»  9"i  leur  sonlsic, 
leur  •olume  .'.ccroil  el  le„, 
«I'  "n  li,.i|leme„,  „  se  n,„d 

'•ppareildac«léder„,s.„e, 
'oujonr.  ,e.W  dan.  ,.  p„,i,i„„ 

'"  »M»»«»t  ■  la  forre  ,ni  |c 
"»mpeetnepui,seplu.l„ic„nl 
"■'"  """•'"',  il  élaii  déjà  sép 
•""•""'«  ""«"le  peut  l'en  rapp 
™pp»rl.  fonelionnel.  indispensa, 
I  orule. 


des 


C'eal  dini  ce  lens  quil  faoi 


ALTÈBATIONS    DE    POSITION    DBS    OVAIRES.  713 

ceux-ci  peuvent  rompre  à  la  fois  les  rapports  qui  les  unis- 
sent aux  trompes,  et,  sans  espoir  de  fécondation,  laisser 
tomber  et  se  perdre  dans  les  profondeurs  du  bassin  le  pro- 
duit de  leur  sécrétion. 

Ces  changements  de  position  sont  simples  ou  compliqués  : 
simples,  si  Tovaire,  altérant  seulement  ses  rapports  anato- 
roiques,  reste  plus  ou  moins  flottant  dans  le  ventre  ;  com- 
pliqués, si  lovaire,  s'engageant  dans  une  ouverture  normale 
ou  accidentelle,  cesse  de  nager  dans  Tabdomen. 

Dans  le  premier  cas,  il  n'y  a  que  déplacement;  dans  le 
second,  il  y  a  hernie. 

Disons  quelques  mots  de  chacune  de  ces  deux  manières 
d'être. 

Déplacements  des  ovaires.  —  Les  déplacements  des 
ovaires  se  rangent  sous  deux  chefs,  selon  la  cause  qui  les 
produit  :  tantôt  ils  sont  la  conséquence  d'un  état  patholo- 
gique des  ovaires  mêmes,  et  sont  déterminés  par  l'aug- 
mentation du  volume  et  du  poids  de  ces  organes;  tantôt  ils 
sont  les  résultats  d'adhérences  avec  les  parties  voisines,  et 
sont  amenés  et  entretenus  par  la  présence  de  brides  ou 
de  toute  autre  production  anormale. 

Dans  la  première  variété,  le  déplacement  s'opère  de  deux 
manières  bien  différentes  :  ou  les  deux  ovaires  voient  si- 
multanément augmenter  leur  poids  et  leur  volume,  ou  un 
seul  est  malade  pendant  que  son  congénère  reste  sain. 
Dans  le  premier  cas,  le  mécanisme  du  déplacement  est 
direct  :  les  deux  ovaires  quittent  leur  position  par  l'effet 
de  leur  propre  poids;  dans  le  second  cas,  au  contraire,  le 
déplacement  est  indirect:  l'ovaire  sain  n'abandonne  sa  place 
que  parce  que  l'ovaire  malade  lui  imprime  un  mouvement, 
soit  de  traction,  soit  de  bascule. 
Dans  la  seconde  variété,  les  causes  du  déplacement  sont 


<twi! 


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l»><l<  4e  ce,  organe,,  „,,„. 

«Iwari  |,pa|pa,io„  ,bd„„i;, 

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liMlM.  1,'Wn.i.rrl..»;. 


ALTÉRATIONS   DR   POSITION   DRS   0TA1RRS.  715 

hërences,  ont  une  importance  réelle,  si  Ton  réDéchit  au 
mécanisme  de  ces  adhérences  qui,  presque  toujours,  suc- 
cèdent è  une  péritonite  ou  à  l'inflammation  de  quelque 
organe  du  bassin  ;  c'est  ainsi  qu'il  me  fut  un  jour  possible 
de  m'expliquer  la  stérilité  d'une  femme  qui ,  deux  années 
avant  son  mariage,  mais  après  l'établissement  de  la  mens- 
truation j  avait  eu  une  phlegmasie  assez  intense  des  gan- 
glions lymphatiques  lombaires.  Bien  que  l'autopsie  ne  m'ait 
pas  fourni  ses  moyens  de  contrôle ,  puisque  la  femme  vit 
encore,  tout  me  porte  à  croire  qu'à  la  suite  de  l'inflamma- 
tion de  ces  ganglions,  des  brides  se  seront  formées  entre 
eux  et  les  ovaires,  poussés  a  leur  rencontre  par  la  pression 
des  intestins,  et  par  la  position  horizontale  sur  le  dos. 
Les  antécédents  de  la  malade,  bien  plus  que  les  autres 
symptômes  qui  n'avaient  qu'une  valeur  négative,  me  mirent 
sur  cette  voie.  Mais  dans  benucoup  de  cas,  ces  antécé* 
dents  n'auront  eu)i -mêmes  qu'une  importance  minime,  et 
Ton  retombera  dans  toutes  les  incertitudes  d'un  diagnostic 
excessivement  obscur. 

Heureusement,  cette  ignorance  ne  nous  doit  point  in- 
spirer de  grands  regrets  pour  le  traitement,  car  par\int-on 
à  pénétrer  la  cause  réelle  du  déplacement,  je  me  dcmantle 
quelle  pourrait  être  la  thérapeutique  à  employer?  Je  prévois 
bien  qu'en  cas  d  adhérences,  on  pourrait  tenter,  par  le  rec- 
tum, de  rompre  ces  adhérences  ;  mais,  outre  que  l'entre- 
prise me  parait  difficile,  elle  exposerait  à  des  dangers  réels 
|a  femn^e  qui  s'y  soumettrait,  et  j'estime  qu'il  vaut  mieux, 
en  ces  circonstances,  avoir  le  courage  d'avouer  son  impuis- 
sance que  de  montrer  une  témérité  compromettante  tout  à 
la  fois  pour  la  science  et  pour  la  malade. 

Hernie  des  ovaires.  — Cette  affection  n'est  bien  connue 
que  depuis  que  Deneus^  a  consacré  i  son  (listQire  quelques 


TROUDLB!)    DE    I,  OVL'LATIOK. 


Heur  traité  sur  la  malîA 


716 

pages,  ()ui  sont  encore  le  tneil 
Cependant  In  science  en  possédait  quolqueii  obsenationi 
bien  aullientic|ues  avnnt  le  travail  de  l'accoucheur  TrançaM, 
et  il  pnraît  que  c'est  à  Soraiius  d'Kphfese  qu'il  Faut  altribarr 
l'honneur  d'en  avoir  Tait  mention  le  premier.  Après  qaintc 
siècles  d'un  mutisme  absolu,  Bessière,  rétùbre  chirurgieti 
de  Paris,  attira  rattenlion  sur  les  hernies  des  «nneies  de 
l'utérus,  en  signalant  un  Tait  qui  lui  avait  montra  le  paiiU 
Ion  (Je  la  trompe  de  Fallope  à  côté  d'une  anse  inle»lioale 
dans  l'anneau  inguinal;  l'ovaire  n'élait  pas  compris  dans 
la  tumeur.  Ce  fut  César  Verdier,  1c  (ollaboraleur  de 
J.-L.  Petit,  qui,  plus  de  quatre-vingts  ans  aprè»  Is  coin- 
munication  de  Bessitre,  tit  connaître  (2)  un  fait  analogue  à 
celui  de  Soriinus  d'Éphëse,  et  enlin,  ilaller  (3),  en  1755, 
en  donna  une  nouvelle  observation,  qui  fut  la  troifièaie 
inscrite  dans  la  science. 

A  partir  de  cette  époque,  tes  exemples  de  hernie 
ovarienne  deviennent  plus  nombreux.  En  1757.  Per- 
cival  Pott  (6)  décrit  une  liernie  inguinale  des  dent 
ovaires,  dont  je  parlerai  tout  à  l'heure;  Camper  (5), 
Balin  (6),  Uesault(7),  Lallement  (8),  Ussus[9).  Everurf 

(I)  Hfcherchrt  »ur  Ut  AcniiM  dr  1  iituirr.  Paris,  <8t3, 

(i)  D'titriation  Dur  I«i  htmie»  dt  la  ««lif.  tasérée  dau  Iw  Mé* 
moireê  dt  l'Académie  royale  de  chirurgie,  I.  Il,  p.  3 

(3)   Diiputal.  ehinirg   lelect  .  I.  Itl,  p.  313 

(i)  OPucm  ehirurv'nilf*.  t.  1.  p.  iU3. 

(H)  Demoiulrat.  anatom  -jialholog.,  lib  l[;  CVrca  pafi^  feMMW 
fabncam  el  marlmt.  AmMerditm.  in-fol..  4760.  p.  17. 

(6)  Arl  du  guérir  let  hfrnin.  Pari»,  1768. 

(7}  DeMult  el  CLoparl,  TraiU-  lU»  maladie»  chirurgiealM.  Ptnt, 
1779.  l  il.  p.  3ÎS. 

(8)  Mtmoire*  de  la  SnciéU  tnédicalr  d'^mulalioa,  l   III,  p.  311. 

(gj  Patholofi4  eUrurgitalt.  PariB,  180»,  t.  II.  p.  101. 


ALTÉRATIONS    DE    POSITION    DES   OVAIRES.  717 

Home  (1),  Murât  (2),  P.-L.  Verdier  (3),  etc.,  rencontrent 
l'ovaire  soit  dans  le  canal  inguinal,  soit  à  l'anneau  crural, 
soit  à  l'ouverture  ischiatique,  soit  à  une  solution  de  conti- 
nuité faite  accidentellement  aux  parois  de  Tabdomen';  toutes 
sont  méconnues  dans  le  diagnostic  et  constatées  seulement 
sur  le  cadavre  ou  après  une  opération  qui  met  ces  orgaues 
à  nu. 

Sous  ce  dernier  rapport  et  au  point  de  vue  spécial  qui 
nous  occupe,  aucune  des  neuf  observations  de  hernie  de 
l'ovaire  consignées  dans  la  science,  n'a  une  valeur  égale  à 
celle  du  fait  rapporté  dans  l'ouvrage  de  Percival  Pott. 

Qu'on  me  permette  de  reproduire  cette  observation  in- 
structive, la  seule  qui  nous  intéresse  réellement  :  «Une  Glle, 
dit  le  chirurgien  anglais,  Agée  de  vingt*trois  ans,  et  d'une 
bonne  constitution ,  entra  à  l'hdpital  de  Saint-Barthelemy 
pour  deux  tumeurs  qui ,  situées  aux  aines ,  lui  causaient 
depuis  plusieurs  mois  des  douleurs  si  vives,  qu'elle  ne  pou- 
vait «e  livrer  à  ses  occupations  ordinaires. 

»  Cette  Glle,  vigoureuse,  d'une  bonne  santé  et  bien  réglée, 
avait  le  ventre  libre  et  n'éprouvait  d'autre  incommodité  que 
celle  qui  résultait  de  la  compression  des  tumeurs  lorsqu'elle 
se  baissait,  ou  que,  par  d'autres  mouvements,  elles  se  trou- 
vaient gênées.  D'ailleurs,  elles  étaient  sans  inflammation, 
molles,  inégales  à  leur  surface,  très  mobiles  et  placées  à 
l'extérieur  des  oriBces  tendineux  des  muscles  tosto- abdo- 
minaux. 

»  Les  saignées,  les  purgatifs  et  les  tentatives  de  réduction 

(4J  Introduction  à  la  pratique  den  accouchements,  par  Thomas  Den- 
man.  Gand,  4  802,  1. 1.  p.  4  47. 

(2)  Dictionn,  des  scienc,  médical.  ^  art.  Oviirb,  t.  XXXIX,  p.  35. 

(3)  Traité  pratique  des  hernies,  déplacements  et  maladies  de  la  ma- 
trice,  Paris,  4840. 


718  TROOkLIW   DR   LOVDLATIOn. 

Toiles  [lar  plusiours  cliirurgien*  ajnnl  élé  wns  elTcl,  on  w 
détermina  à  l'op^ralio».  Ln  peau  étant  d»i*<^,  on  décoiH 
vril  un  sac  membrarieuii  el  minre,  dans  lequel  on  troui*  ua 
corps  si  rct!<iernt>lBiil  h  un  ovaire  qu'il  éiuit  im|>oisible  de  le 
prendre  [lOiir  nuire  iliose;  on  fit  la  Itgnlurc  pr*«  lie  Tm- 
ni-ou  i.'t  on  le  ro  piVotion  fui  pr^tiquie  de 

l'iiutrc  côté  et  l'on  ilécouvrit  ab-oluim-nt  la  nn^me  iho»e. 


tant  en  opérant  i|u        e> 
»  D>  puis  lors,  U  f 

ses  sein»  s' uITu insèrent. 

place  de  l'emboiipoinliiui 

minance  virile  du  >jol 
Sialgré  tout  le  r 

Poil,  je  ne  puis  ne  pus  r 


n>il  lis  parliez  etlirpî-ea. 

d'une  bonne  «inl é  ;  raaii 

ne   vinrrnl  plus,   cl  1  la 

I   la.  ili>'élnblit  une  prétlo* 

luire  {1}.« 
n  inspire  le  nom  de  Percital 
rirr  lie  lo  l^nf-relé    aier  la- 


quelle le  grand  chirurgien  lit  l'ublation  des  deui  otaires, 
alors  qu'il  était  possible  de  les  faire  rentrer  dans  l'abdo- 
men, comme  7  parvint  Lassus.  par  une  compression  pro- 
longée. Il  faut  admcllre,  pour  Ibonui'ur  de  l'opéraleur 
anglais,  que  les  ovaires  élaienl  alleints  de  (juelque  dégéné- 
rescence, et  qu'il  eùl  été'  imprudent  et  maludroil  en  même 
lemps  de  les  replacer  dans  une  pu^ilio^  qui  les  soustrait  i 
l'action  de  nos  niojcns  curateurs  ;  niiiis  dans  ce  cas,  il  le 
faut  au  moins  reconnaître,  le  chirurgien  devait  justifier  el 
légitimer  aui  yeui  de  son  lecteur  une  d^'lermination  aussi 
grave. 

Des  neuf  observations  de  hernie  otarienne  que  nous 
possédons,  trois  scuiement  se  rapportent  au  déplacement 
simultané  des  deui  otaires  :  celle  de  Percivul  IVlt,  que 
l'unvienl  de  lir<>;  celle  de  Uesiiult,  qui  trouva  dans  lenièoie 
sac  la  matrice,  les  deui  Ironipes  el  les  dcut  ovaires  ;  enfin, 


[i)  Loc.  eu. 


ALTÉRATIONS    DE    POSITION    DBS   OVAIRES.  719 

celle  de  Murat,  qui  rencootra  dans  une  hernie  crurale, 
l'utérus,  ses  appendices  et  une  partie  du  vagin. 

S'il  en  fallait  croire  Portai,  on  devrait  ajouter  une  qua- 
trième observation  de  hernie  ovarienne  double  aui  trois 
que  je  viens  de  rappeler,  et  d*autant  plus  remarquable,  que 
l'ovaire  droit  sortait  par  Téchdncrure  ischiatique,  et  que  le 
gàiiche,  rempli  d'hydatides,  faisait  partie  d'une  épiplom- 
jphalé.  C'est  à  Camper  que  Portai  (1)  prête  celte  observa- 
tion recueillie,  dit-il,  sur  le  cadavre.  Deneux  a  vainement 
cherché  dans  l'ouvrage  de  Tanatomiste  hollandais  à  justi- 
fier l'assertion  du  médecin  français;  je  n'ai  pas  été  plus 
heureux  que  Deneux.  Camper  parle  bien  de  la  sortie  de 
l'ovaire  gauche  par  l'ouverture  ischiatique,  mais  il  se  tait 
absolument  siir  lé  passage  de  l'ôvairë  droit  par  l'ombilic. 
Évidemment,  Portai  a  commis  une  erreur  de  citation,  et 
nous  restoifis  seulement  avec  nos  trois  faits  bien  authen- 
tiques, bien  avérés  de  hernie  double  de  l'ovaire. 

Le  déplacement  que  j'exâfnine  ici  parait  n'exercer  au- 
cune modification  sur  la  vitalité  des  ovaires.  La  femme 
opérée  par  Peircival  Pott  avait  continué  à  être  bien  réglée, 
malgré  la  présence  de  ses  deux  tumeurs  inguinales;  et  la 
turgescence  dont  ces  organes  sont  le  siège  aux  époques 
menstruelles  a  été  notée  sûr  les  ovaires  hernies  par  Mauri- 
ceau,  Littre,  Deneux,  sur  le  cadavre,  et  par  M.  P.  -L.  Verdier 
sur  le  vivant. 

Ce  n'est  donc  pas  en  suspendant  le  travail  physiologique 
de  l'ovaire  que  la  hernie  de  celui-ci  met  obstacle  à  la  fé- 
condation. 

La  cause  de  cet  obstacle  est  purement  mécanique  et  se 
trouve  dans  la  rupture  des  rapports   topographiques  qui 

(4)  Cours  à'anatomie  médieaU.  Paris,  4  804,  t.  Y,  p.  556. 


720  TBOUBLBS    Dh    l'ovtLATIOh, 

uoissent  l'ovaire  et  la  lrom[ie.  Dan<i  le  ras  où  tous  lessp- 
pendices  de  la  malrine  ^unt  cuni|iri»  dans  le  sor,  il  peal 
arriver  que  la  Ironifie  s'applique  encore  sur  l'ovaire  et  que 
l'obstacle  à  In  ft^condulion  se  trouve  nlori)  dan)  la  courbure 
ou  rétrariglemeni  que  In  (rompe  subit  i  l'anneau  «t  qoi 
l'opposent  au  passage  de  1 

Ces  eiplicalionsjon  doi>  n^  comprendre,  !>on(  purement 
hypothi^tiqucs,  et  je  me  gt  <.  jà  peut-61rc  trop  arrèti:  i 
une  areclion  dont    la  raru  irlout  avec  les   cooditivu 

indispensables  h  la  producl.u..  ue  la  sti^rililé,  c'esl-i-Jire 
la  bernie  double  des  ovaires,  me  commandait  plui  de  ré- 
serve et  plus  de  brièveté. 

Ij  \'.  —  Carpa  élraacrai  air*  o*«lrv«. 

Je  n'entreprendrai  point  ici  l'énumération  fastidieuse  Je 
toutes  les  productions  qui  ont  été  rencontrées  dans  les 
ovaires,  parce  que  l'inDuence  qu'elles  exercent  sur  la  fa- 
culté génératrice  est  identiquement  la  même  que  celle  des 
lésions  pbysiques  étudiées  plus  haut.  L'histoire  de  ces 
productions,  presque  toujours  enfermées  dans  un  kjste, 
rentre  pour  nous  dans  l'histoire  des  kystes  de  l'ovaire,  et, 
d'une  manière  plus  générale,  dans  l'histoire  aotigéaésiqoe 
des  lésions  physiques  de  ces  organes.  C'est  donc  su  $  U  de 
ce  chapitre  que  je  dois  renvoyer  le  lecteur. 

II.    TXODBtES  OK  Lk   FO.fCTlON  TUBAIRE. 

8i  l'on  rédéchit  au  r41e  important  que  la  (rompe  utérine 
joue  dans  le  mécanisme  de  la  génération,  et  it  l'étroitesse 
du  canal  qui  la  constitue,  et  par  lequel  passe  l'ovule  pour 
aller  subir  l'imprégnation    du  sperme,  on  comprendra  de 


TROUBLES    DB    LA    FONCTION    TUBAIRB.  721 

quelle  voleur  doivent  être,  nu  point  de  vue  où  nous  sommes 
placée  les  moindres  allérations  de  cet  organe.  Ct'pendant, 
ainsi  qae  je  l'ai  déjà  fait  remarquer  pour  les  testicules  et 
les  ovaires,  les  chances  TAcheuses  que  créent  de  semblables 
conditions  anatomiques  et  pathologiques  sont  diminuées  de 
moitié  par  le  fait  seul  de  la  duplicité  de  Tapparcil.  De  plus, 
leur  position  dans  les  profondeurs  de  la  cavité  abdominale 
met  les  trompes  à  l'abri  des  violences  extérieures,  tout  en  les 
exposant,  il  est  vrai,  par  la  mobilité  dont  elles  doivent  jouir 
pour  remplir  leurs  fonctions,  à  des  déplacements  dont 
on  a  déjà  pu  se  faire  une  idée  par  cequej^ai  rapporté 
plus  haut. 

Cette  mobilité  est  surtout  manifeste  au  pavillon  des- 
tiné, comme  on  sait,  à  venir  s'appliquer  sur  Tovaire  pour 
recueillir  Tovule  que  celui-ci  laisse  échapper. 

Quelle  est  la  nature  de  cette  union  de  la  trompe  et 
de  l'ovaire?  Y  a-t-il  simplement  juxtaposition?  ou  se 
fait-il  entre  eux  un  lien  de  formation  nouvelle,  destiné 
à  assurer  les  rapports  passagers  de  l'un  et  de  l'autre  or- 
gane? 

Chez  certains  animaux,  la  loutre,  le  putois,  le  pho- 
que, etc.,  ces  deux  parties  sont  unies  entre  elles  au  moyen 
d'une  espèce  de  capsule  fournie  par  le  péritoine,  close  de 
toutes  parts,  et  dans  laquelle  sont  renfermés  Tovaire  et  l'ex- 
trémité de  la  trompe.  La  même  disposition  a  été  signalée 
chez  les  carnivores  par  Rudolph  Wagner  (1),  et  chez  plu- 
sieurs autres  animaux  par  Von  Baër  (2)  ;  eiiGn,  dans  la  race 
canine,  cette  capsule  n'est  pas  close  de  toutes  parts,  mais 

(4)  Lehrbuch  der  vergleichenden  Analomie.  Leipsick,  1827,  p.  353. 
(2)  De  ovi  mammo/ttim  et  hominis  geneii  ;  episiola  ad  Acad,  (kn, 
Petropolitanam,  Leipsick,  4837,  p.  72. 

46 


■  II.' 


nlih 


de  rien  -;ii>ir  (|iii  ro-ciiiIiMl 
formation,  qiiori(l,L'n  18/|3, 
publia,  en  Allem.-igiie,  un  n 
ea  8'a|>|iuyanl  sur  ui.e  ol 
Irompc  et  de  l'ovaire  ne  se 
eani(]ué,  ma»  qu'elle  t'o|icn 
gani(]<ie,  comme  clici  hs  oui 

MalheureuKCin:  lit,  tli:»  ob* 
docteur  Pnnck  n'onl  pas  ilù  I 
que  les  occAfiioiis  île  srnib'a 
ramaenl,  i>oit  que  le  fuit  itulé 
«it  élé  une  eicC|ilioii,  |iPut-< 
tbologique. 

Auwi.  ne  m'arrêtera  i-je  p 
j'ai  dA  cependanl  consigner  i' 
de  te  Taire  pour  tous  les  fait 
)]Di  s'adressaient  à  l'appareil 

Je  reviens  i  la  palholugie 

La  situattoo  des  trompes  i 


LÉSIONS    PHYSIQUES    DES    TROMPES    UTÉRINES.  725 

intimes  qu'elles  entretiennent  uvec  le  péritoine,  Tutérus  et 
les  ovaires,  constituent  des  obstacles  presque  insurmon- 
tables au  diogoostic  de  leurs  maladies  :  leur  position  les 
soustrait  h  nos  moyens  directs  d'investigation  ;  et  leurs  rap- 
ports de  voisinage  mÊJenl ,  dans  une  symptomatologie 
commune,  les  signes  de  leurs  lésions  avec  ceux  des  aiïections 
péritonéales,  utérines  du  ovariennes. 

Cependant,  je  ne  veux  pas  dire  d'une  manière  absolue 
que  les  trompes  ne  puissent  pas  être  malades  essentielle- 
ment: mais,  qu'elles  le  soient  seules  ou  consécuti\emeni  à 
l'aiïection  d'un  organe  voisin,  le  diagnostic  de  leurs  lésions 
est  entouré  de  tant  de  mystères  et  leur  traitement  de  tant 
de  difficultés,  que  leur  histoire  se  réduit,  pour  ainsi  dire,  à 
qvelques  faits  d'anatomie  pathologique. 

Je  ne  rappellerai  ici  que  les  plus  importants. 

g  I.  —  ¥lces  de  confomuiUoii  des  tromjpe»  utérines. 

Baillie  est  peut-être  le  seul  auteur  qui  ait  noté  une  àno- 
inaliëdé  ces  organes  (1);  elle  cdrisistait  dans  l'absence  du 
corps  frangé  et  dans  Toblitération  de  leur  extrémité  supé* 
rieure  qui  se  terminait  en  cul-de-sac.  Cette  conformation 
existant  sur  les  deux  trompes  &  la  fois,  était  fatalement  une 
cause  de  stérilité  par  l'impossibilité  de  la  jonction  dujiroduit 
mflle  et  du  produit  femelle,  sans  parler  de  la  rupture  des 
rapports  nécessaires  entre  la  trompe  et  l'ovaire,  amenée  par 
Tabsencedu  corps  frangé. 

S  U.  —  IiésiMie  physiques  des  tronlpes  ntérlaeé. 

Rupture  de  la  trompe  utérine.  —  En  dehors  des  gros- 

(4)   Mnatêmie  pathologique  des  orfonei  U$  plu$  importants  eu  borpi 
traduit  de  raoglais  par  Guerbois,  4S45,  p.  234. 


72&  TROUBLBS   DS   LOVCUTrOM. 

gesses  tubaires,  ]inr  l'arlion  ilesquolk; 

bien  que  le»  Irompes  ne-  crèvent,  on  sast  ilemindé  si  OM 

rujtture  se  puuvoit  |>n)(lutre  sur  ces   organes.   La   Kienos 

n'en  possède  qu'un  eieni|>le  dA  h  Oodelle  (i),  et  dont  rm- 

lérèt  cul  tout  entier  dans  des  djttils  d'aniitoniie  path^ 

logique. 

Obtitéralion  des  Ulope.  —  L'oblili^raliu 

comptëtc   ou   inrom  ulTisfiiite   re|iendanl  pour 

inlerrp|]ler  te  |ias«  est,  ée  toutes  ie«  aiïec- 

tiong  de»  lr<>m|ies  i  ]ui  i  éti  le  plis  conwMlyj 

liément  observée  sui  J 

C'est  (]ue  des  cai  et  de  nature  fort  dîiKreoia 

peuvent  amener  c  ne  pour  r^pidiiljnie,  l'»- 

Hammiition  est  soi  de  d/'fiarl  d'une  matiire 

plasli<{uo  i)ui  réunit  l'une  à  i'niitre  les  |inrois  du  cjiriI; 
tantôt  c'est  à  un  détritus  cancéreux  ou  tuberculeux  qu'il 
Tout  attribuer  l'obstacle  ;  lanldt  c'est  le  produit  d'noe  groa- 
sesse  tubaire  qui  est  la  cause  de  l'obliléralion  ;  quelquefim 
même  celle-ci  est  simplemeot  due  k  la  présence  de  maco' 
silés. 

La  science  possède  des  eiemples  de  chacun  de  ces  genrei 
d'obstruction  ,  et  il  me  serait  facile  d'en  faire  passer  ni 
certain  nombre  sous  les  yeux  de  mes  lecteurs.  Mais  quel 
enseignement  pratique  retirerions-nous  de  celle  eihibitioa 
annlomo-pathologiqiie?  Tout  le  monde  comprend,  sans  qoe 
j'v  insiste  davantage,  l'influence  néfaste  qu'exerce  fatalement 
sur  In  génération  l'oblitération  des  deux  trompes  utérines, 
et  l'histoire  des  faits  nécroscopiques  ne  nous  appreod  mal- 
heureusement pas  grand'chose  sur  la  symptomalologie  de 
cette  alfei'lioM. 

Comme  je  le  faisais  remarquer  plus  haut,  les  i 
(I  )  NouotlU  UblMlUfH*  MMieab.  1. 1,  p.  S61 . 


LÉSIONS    PHYSIQCES    DES    TROMPES    UTÉRINES.  725 

des  organes  voisins  avec  lesquels  les  trompes  ont  des  rela- 
tions pathologiques  si  étroites,  que  beaucoup  d'auteurs  nient 
qu'elles  puissent  être  aiïectées  d'une  manière  essentielle! 
les  maladies  des  organes  voisins,  dis-je,  masquent  les  signes 
propres  aux  lésions  tubaires,  et  ce  n'est  que  par  une  espèce 
d'intuition  que  celles-ci  peuvent  être  soupçonnées  sur  le 
vivant. 

Cependant  un  chirurgien  anglais,  M.TylerSmith,  s*ap* 
payant  sur  la  méthode  d'exclusion,  croit  être  parvenu,  sinon 
h  diagnostiquer  certainement  l'oblitération  des  trompes,  du 
moins  à  acquérir  certaines  présomptions  relativement  à  son 
existence;  fort  de  cette  espèce  d'instinct  secondé  par  l'ex- 
périence, il  est  allé  même  plus  loin,  et  a  eu  la  prétention, 
bien  souvent  conçue  avant  lui,  de  pratiquer  le  cathété- 
risme,  et  par  conséquent  la  désobstruction  des  trompes  de 
Fallope. 

Je  comprends  que  l'on  puisse  arriver,  dans  certains  cas 
éclairés  par  des  renseignements  de  toutes  sortes,  à  diagnos- 
tiquer d'une  manière  plus  ou  moins  certaine  l'oblitération 
des  trompes;  maisvouloirsur  le  vivant  introduire  une  sonde 
dans  ces  mêmes  trompes,  la  prétention  me  parait  exagérée, 
et  si  l'entreprise  réussit,  je  crois  qu'il  en  faut  rapporter  tout 
l'honneur  au  hasard. 

Quoi  !  sur  le  cadavre  et  l'utérus  étant  ouvert,  on  ne  par- 
vient pas  sans  peine  h  faire  entrer  un  corps  étranger  dans 
les  trompes,  et  Ton  veut  que,  sur  le  vivant,  cette  opération 
aoit  possible  autrement  que  par  Teffet  du  hasard,  au  milieu 
des  variations  de  forme,  de  longueur  et  de  position  de  la 
matrice,  si  difficilement  appréciables  pendant  la  vie,  et  dont 
la  détermination  me  semble  pourtant  nécessaire  pour  arriver 
exactement  à  l'ouverture  supérieure  des  trompes. 

Je  m'abuse  peut-être  sur  les  difficultés  de  j'opératioo. 


5 

I 

4 


7M  l'ROETBUt    DR  l'OVCLITIM. 

car  M.  T\|pr  Smilh  a  fuit  construire  de«  Kondea  ■vm  Ii 
quelles,  assure-l-il,  il  e»t  noii-«eulemenl  jxinenu  ju«|u'aui 
trompes,  mais  cncorL'  il  a  iI^barroM^  tes  organe*  de»  nw- 
lières  i|iii   les  nbslrunient,  Pt  a  rendu  ainsi   la  féceodil44  ■ 
des  rcmmeti  qui  en  ^lait^nl  iiriv^s. 

J'oieKsu}é»ur  le  desdactiirargienanf^iis,  ' 

et  je  n'iii  jnmais  pu  iler  Iji  Uont|>e  ;  qurlqiMl 

personHL'i  qui  élaii  nt  pan  été  plut  heurvusn, 

el  il  m'a  semblé  qi  étaient  non-seulement  du 

au  dî-Tunl  d'Iiobituti.  '!;,  muis  encore  et  turlnat 

.fut  ilinirult^ti  firesu  ibic»  de  ro{i<^ralion. 

J'innoresi  M,  >li4  un  bon  ouvrage  mfm 

•ii)Ct  (1),  conlinii  '  pralïque^r  ttce  nicrè*  la 

cutliélfrismi'  des  trompi-s  dp  roilo[ip,  mai*  je  »«»  fju'mi 
Frunce  personne  ne  s'est  Fail  le  champion  d'une  pr*<iqM 
dont  l'eiipériciice  a  dcjmis  longtemps  montré  l'inaBité  «t 
les  dangers. 

Celte  l'onclusion  est  d'autant  moins  consolante  que  l'art 
est  rompli5tcment  désarmé  contre  de  semblables  aflerltoM, 
et  qu'il  nous  fuut  remettre  à  la  nature  le  soin  eiclaaifd'nM 
guérisoD  devenant,  par  cela  même,  pluiqueproblémaliqst. 

S  ni.  ~  L«alaBB  TllalcB  de*  tr»mpmm  mttrtmm- 

Sur  ce  sujet  rien  n'existe  dons  la  science  ;  nais  H  s'est 
pas  déraisonnable  d'admettre  que,  dans  certains  cas,  lei 
trompes,  noiitme  atteintes  de  paralj'sie,  ne  se  portent  ptv 
sur  les  ovaireii,  et  que,  dans  d'autre)  eirconstancet,  ■■ 
contraire,  elles  sont  |>rises  de  mouvements  ^HnediqB«a 
qui  rendent  impossible  leur  jonction  avec  ces  orgaaei. 
Je  n'émets  ici  qu'une  opinion  hypothétique;  ces  affiee- 
(  I  )  Parlurilim  and  llu  priiwipln  and  praetice  of  obêUlrit*.  Loadraa, 


MpUCBUBNT    DE8    TROMPES   UT^.RINB8.  737 

lions  qui  portent  exclusivement  sur  la  motiljlé  et  la  sensi- 
bilité des  oviducteSy  ne  laissent  aucune  trace  sur  le  cadavre, 
et  ressemblent,  si  elles  existent,  aux  autres  lésions  des 
trompes  qui  confondent  leurs  symptômes  avfic  ceux  des 
maladies  des  organes  voisins. 

Je  ne  m'arrêterai  donc  pas  davantage  sur  des  idées  pure- 
ment spéculatives,  qui  n'ont  même  pas  encore  un  premier 
fait  pour  assurer  leur  probabilité. 

S  ÏÏV*  —  Déplaeement  des  Irompes  otérlne». 

En  parlant  de  la  hernie  des  ovaires,  j'-ai  indiqué  l'obser- 
vation de  Bessière,  dans  laquelle  le  pa\illon  seul  de  la 
troippe  fut  trouvé  à  côté  d'une  anse  d'épiploon,  et  celles  d^ 
Desault  et  de  Murât,  dans  lesquelles  l'ulérus  et  ses  annc:|fes 
occupaient  le  sac. 

Je  ne  reviendrai  pas  sur  ces  divers  faits,  et  je  rappellerai 
que  M.  Dolbeau  a  présenté,  en  185/i,  à  la  Société  analo- 
mique  une  observation  analogue  a  celle  de  Bessière,  et  que 
le  secrétaire  de  celte  société,  M.  Baucbet,  a  résumé  de  la 
manière  suivante  :  «  Une  malade  était  entrée,  dit-il,  dans 
le  service  de  M.  Velpeau,  avec  une  tumeur  rou<;e  Qucluante 
dans  le  pli  de  l'aine,  au  niveau  du  canal  inguinal,  tumeur 
pariaitcment  irréductible  et  qui  fut  incisée.  1|  s'écoula  du 
pus  ;  puis,  deux  jours  après,  survint  une  péritonite  qui  en- 
leva promptcment  la  malade.  On  trouva  h  l'autopsie  cette 
poche  purulente  qgi  s^était  formée  danf  un  s^c  herniaire  ; 
dans  ce  sac,  la  trompe  qui  portait  elle-même  un  kyste  de 
000  pavillon.  A  l'ouverture  intra-abdomipaJe  du  ^an»)  in- 
guinal se  trouvait! 'ovaire  qui  ne  s'était  pas  hernie  (1).  » 

Les  considérations  que  j'ai  présentées  plus  haut  fur  les 

(I)  MùniUur  de§  hôpitaux,  4**  mai  4  865. 


liaiicnt  etie*  ' 


728  TROUBLES   DB   LA   RfiCEPTIOH   tPtIlKATIQVK. 

dé|)laci'incnlit  el  les  hernies  des  otairvi,  s'appliquent  etie- 
tement  aux  déjilacemeiitt  el  am  hernies  <l<d  iromjieï,  «M  nu 
dispensent,  par  coiiséqueiil,  do  m'étendrc  daiBOlat;p  lur 
des  afferliunit  dunt  l'anatumie  pathologique  relire  à  pM 
près  seule  tous  les  enseignements. 


IHOUBLBS   I  }H   SPEIlllAIIQtB. 


i 


Je  n'ciamint'i  itre  que  les  afTertinnu  du 

eolde  l'utérus.  P<  jusqu'au  bfiut,  je  devrais 

aussi  piis^er  en  revu.  )rps  de  cet  or::nni!!,  rar  le 

sperme  ne  fait  que  traverser  le  col  et  est  réellemeot  reçn 
dans  la  cavité  de  la  matrice. 

Mais  outre  que,  dans  cet  acte  de  réception,  le  rAle  le 
plus  dlITicile  est  dévolu  sa  col,  le  corps  de  l'utérus  aecon- 
plit  plusieurs  autres  missions  sur  lesquelles  je  dois  n'arrêter 
plus  loin,  de  telle  sorte  que  je  crois  préférnble,  et  pour  te 
lecteur  et  pour  moi,  de  réserver  pour  un  seul  cadre,  qn 
sera  le  chapitre  suivant,  toutes  les  ofTeL-tioDs  du  corps  et  da 
fond  de  la  matrice,  et  de  n'admettre  dans  celui-ci  que  lei 
lésions  seules  du  col. 

S  I.  —  Vteca  *«  «•■rariMMUa  4n  c*l  de  Tmtéw^ 

Absence  du  eolde  l'utérus.  —  Atrophie.  —  Ce  vice  de 
conformution  se  présente,  ou  avec  l'absence  du  corps  de  la 
matrice,  ou  avec  la  parfaile  intégrité  de  ce  dernier. 

Dans  le  premier  cas,  la  Técondation  est  de  tous  poiot* 
impossible  et  l'intervention  de  l'art  compléteneot  ioBlile. 


VICES    DE    CONFOnMATION    DU    COL    DE    L  (ITÉHUS.        729 

Dans  le  .second  cas,  rini|)régnalion  du  germe  n'est  pas 
.radicalement  irréolissble. 

Mais  d'abord  l'absence  complète  du  col  est-elle  compa- 
tible avec  l'intégrité  du  corps  de  l'utérus?  Divers  auteurs 
en  citent  des  exemples;  mais  quand  on  les  lit  avec  quelque 

^  attention,  on  se  prend  à  douter  de  la  réalité  des  résultats 
^'ils  annoncent.  Je  parle  ici  de  l'abeieiice  congénitale  du 
col,  car  il  est  bien  évident,  ainsi  qui?  je  le  dirai  tout  k 
l'heure,  que  cet  organe  s'atrophie  quelquefois  d'une  ma- 
nière morbide  et  dispnrait  souvent  par  l'cITet  de  l'âge.  Sans 
doute,  le  col  de  l'utérus  peut  ne  pas  avoir  les  dimensions 

I^u'il  [irésenle  d'ordinaire,  quoiqu'il  soit  presque  impossible 
lie  rien  déterminer  à  cet  égard  h  cause  des  nombreuses 
variations  individuelles  qu'oiïre  cet  organe;  mais  il  y  a  loin 
(Cependant  d'uu  volume  moindre  à  une  absence  complète. 
On  comprend  dilïi('ilement,  en  effet,  comment  un  arrêt  de 
développement  pourrait  frapper  cette  partie  de  l'organe 
geslateur  tout  en  respectant  le  reste  de  l'appareil  géné- 
rateur;  aussi,  je  n'hésite  pas  h  admettre  que,  dans  les 
kl»s  cités  comme  absence  complète  du  col  de  la  matrice 
■  avec  développement  normal  du  corps ,  on  avait  affaire  h 
DO  déplacement  de  l'organe,  à  une  forte  déviation  en 
arrière. 

Mais  si  l'absence  du  col  me  parait  difficilement  admis- 

Inble,  à  l'état  congénital,  dans  les  conditions  queje  spécifie, 
elle  est  inconteslable  dans  certaines  circonstances  morbides 
et  surtout  après  l'âge  critique. 
Il  y  a  alors  atro|ihie  du  col. 
Mais  cette  atrophie,  quand  elle  est  un  peu  considérable, 
marche  rarement  i-eule  jelles'accompagne  presque  toujours 
d'une  diminution  notable  dans  le  volume  de  la  matrice, 
ainsi  qu'il  arrive  chei  les  vieilles  femmeg,  et  alors  la  stérilité       ^J 


a  sa  sonrce  bien  mnins  dans  les  altérations  du  f^t  qu«  iliD* 
les  fhungemenis  subis  jiur  l'uti^nis  tout  eulicr. 

Cependant  ratrD|)biQ  du  col  peut  (trc  indépMHiinlc 
d'une  altération  île  l'orgotic  geslalcur,  et  alura  il  »'ogit  it 
savqir  si  cetti;  atrophie  seule  est  capable  d'empècfacr  1| 
réconilation  Je  la  femme. 

Il  €»l  bien  entendu  que  j'iidmeU  la  libre  communicatiM 
entre  le  vagin  (;t  lu  cavité  uti^riiie,  car  dans  Ica  cat^  de  no^ 
commun icatioa  la  stérilité  e^t  inili^cutnbl«- 

Le  col  de  l'utérui,  pour  ri-m|ilir  l'arlc  de  rècefilifio  de 
la  liqueur  Kpermn tique,  n  dcui  rooien»,  si  je  puis  ainii 
dire^qu'il  troute,  l'tiit  dans  sa  Icituri' {irnpre  >  t  l'autri 
dons  sp  forme  :  eu  é{;ard  k  sa  tcilure,  il  est  coiislitué  par 
des  fibres  mu^rulaircsi'onreulriqiies.  qui,  en  «e  dilaliinl  el 
en  (if  corilrnrtiirit  lour  h  tour,  utTr!.-»!  aci  >|)rriiif  un  oiii:* 
et  une  progression  plus  fi^rfîes  ;  par  rupjtort  0  sa  form 
allongée  e(  au  museau  de  tanche  qui  resseii)b|e  si  fort  ^^ 
glanu  de  la  verge,  il  va  ati-devant  du  péni)  pi  forme 
avec  lui  un  cantil  toulinu  qui  perpiet  au  sperme  de  p^ssef, 
sons  se  perdre,  de  l'organe  de  l'homme  dan»  ce|i)j  de  1| 
femme. 

Ces  deux  moyens  sont-ils  indispensables  &  la  fécoo^ilioi), 
et  le  sperme  ne  peut-il  pas,  en  leur  absence,  péiféUfr 
dans  l'utérus? 

^ï  est  toute  la  question. 

Quand  j<-  col  de  l'utérus  a  ses  proportions  normale», 
l'organe  mâle  ot  l'organe  femelle  s'abouchent,  pour  ainsi 
dire,  de  telle  façon  qu'il  est  presque  impossible  au  sperme  de 
s'égarer  et  de  «e  perdre  ^  mais  qqand  te  col  est  atropb>^t  o» 
seulement  quand  il  p'a  pas  sa  longueur  ordinafre,  ou  quai^ 
le  membre  viril  est  lui-même  d'une  difpension  trop  court*, 
l'orgape  mâle  el  l'or|p)np  Feqielle  sûdI  séparés  p#r  uo  '*otfi- 


Tien  DK  eoneKVATioii  m  col  m  L'siteos.  TSl 
valle  assex  grand  pour  permettre  an  sperme,  turtoift  si 
l'éjaciilalion  n'est  pas  très  énergique,  d'abandonner  ta 
direction  que  lui  imprime  l'urètre.  —  Dana  ces  cas,  la  ti- 
condation  peut  très  bien  ne  pas  se  produire. 

Mais  si  l'espace  qui,  dans  ces  circonstances,  sépare  l'or- 
gane mAle  de  l'or^one  femelle,  vient  à  être  comblé,  soit  par 
nn  abaissement  de  l'utérus,  koiI  par  une  longueur  plus  con- 
sidérable de  ta  verge,  les  conditions  physiologiques  du  poU 
fécondant  sont  rétablies,  et  l'introduction  du  sperfae  dai(s  la 
matrice  est  rendue  plus  fiicile. 

J'insiste  sur  ces  considérations  parce  que,  sons  aller  juB* 
qu'è  l'atrophie  complète,  le  i!ol  de  l'utérus  a  quelquefois 
des  proportions  a^seI  exiguës  pour  amener  les  résultats  que 
je  signale,  surtout  quand  ce  dcfaut  de  volume  n'est  pu 
compensé,  dans  te  coït,  pnr  une  longueur  de  la  verge  pluf 
grande  qu'i  l'ordinaire.  Ces  circontlances  sont  quclquefais 
une  cause  de  stérilité  relative  à  laquelle  le  médecin  ne 
prend  souvent  pas  garde,  et  qui,  j'en  suis  convaincu,  ont 
dâ  être  confondues,  en  maintes  occosions,  avec  ces  prédis- 
positions morales  ou  physiques,  désignées  sous  le  nom 
d'harmonie  d'amour,  et  dont  j'ai  précédemment  moniri 
l'inanité  de  Tinlluence.  —  C'est  un  chapitre  de  plus  à  ajonter 
k  l'histoire  de  la  stérilité  relative. 

Comme  on  le  voit,  l'eiamen  de  Torgaoe  roAle  et  celui 
de  l'organe  femelle  sont  ici  nécessaires  pour  établir  un  dia- 
gnostic certain;  avec  ces  deux  éléments,  il  est  presque 
impossible  de  méconnaître  le  genre  de  stérilité  auquel  on 
a  affaire. 

Malheureusement,  eatte  eonaaiisaBce  n'eat  pas  d'us 
grand  secours  pour  la  thérapeutique,  r^r  la  médecine  ne 
doit  jamais  prescrire  ce  que  défendent  la  loi,  la  morale  et  II 
religion.  Il  n'en  senït  pas  Af  vA«e   W  ]»  wMlMV»  il>it 


t'oit  élre  consiiliTi'e.  tlnii.s  , 

enliùrenieiit  iiij-(Ie>sti<  des  r. 

Ilyperlropliie  du  ml  de  I 

ici   que  de  railoiiecmeiil   , 

prodoJMnl  en  dehors  de  loi 

gène.  Celle  augmentation  d 

h  lolalM  do  col  et  Unt«l  , 

■Dieiu  de  tanche.  Dugèi  et 

•tenpiea  de  l'un  et  de  Taot 

porte  (2)  une  obser?alion  qui 

qoe  cet  allongement  peut  atb 

"itale  que  ton  In  auteurs  ne 

Une  semblable  dilTormili  ci 

•Unces,  enpéeher  la  récondatii 

h-eol  nlérin,  poussé  par  la  t 

•oit  «  nail,  soit  en  arrière, 

l'oorerture  du  museau  de  tan< 

>«bre  riril,  de  telle  sorte  q 

*iis  le  eol-de- sae  du  vagin. 

A  cet  drcoastances  puremen 
racomatlre  la  possibilité,  Lisfr 
«««'ilité  dans  le  cas  qui  nous  o. 


VIGI8   Dl   CONrORMATlON    DU    COL   DB   l'oTÉRUS.       733 

qui  est  en  bas,  dit-il,  oiïre  à  peine  le  diamètre  de  2  milli- 
mètres 1/2  environ  (une  ligne)  ;  il  est  percé  à  son  centre 
d'une  petite  ouverture  qu'on  dirait  avoir  été  pratiquée  avec 
une  vrille  très  fine;  toujours,  jusqu'aujourd'hui,  j*ai  observé 
que  l'extrémité  inférieurede  la  matrice  gagnait  en  longueur 
ce  qu'elle  perdait  en  largeur.  La  disposition  sur  laquelle 
j'insiste,  et  que  j'ai  le  premier  indiquée,  rend  la  conception 
très  difficile  et  même  ordinairement  impossible.  Sur  le  très 
grand  nombre  de  personnes  que  j'ai  touchées,  ou  que  j'ai 
examinées  avec  le  spéculum,  j'ai  reconnu  que  la  forme  da 
col  utérin  dont  je  m'occupe  rendait  les  femmes  stériles  dix- 
neuf  fois  sur  vingt,  et  j'ai  toujours  appris,  en  les  interro- 
geant, que  celles  qui  avaient  été  assez  heureuses  pour 
devenir  enceintes  n'avaient  fait  ordinairement  qu'un  enfant 
et  très  rarement  deux.  J'écris  ce  que  j'ai  observé,  et  je  ne 
soutiens  point  que  les  faits  ne  puissent  pas  oflrir  des  ex- 
ceptions (1).  x> 

Il  est  difficile  de  comprendre,  à  moins  de  recourir  è  l'ex- 
plication mécanique  que  j'ai  fait  connaître  tout  è  l'heure, 
comment  la  forme  conique  du  col  ne  peut  permettre  qu'une 
ou  tout  au  plus  deux  fécondations.  Si  cette  forme  est  un 
obstacle  au  passage  du  sperme  dans  le  col  de  l'utérus,  cet 
obstacle  doit  exister  tant  que  la  forme  conique  elle-même 
n'a  pas  été  modifiée. 

Je  crains  bien  que  Lisfranc  n^ait  pris  ici  l'elTet  pour  la 
cause:  il  est  inconteslable  que  dans  l'allongement  considé- 
rable du  col  de  la  matrice,  le  sommet  de  ce  col  gagne  en 
longueur  ce  qu'il  perd  en  largeur,  et  ne  présente  plus  qu'une 
ouverture  excessivement  étroite  ;  or ,  l'étroitesse  plus 
grande  de  cet  orifice  le  dispose  fatalement  à  une  occlusion 

(4)  Clinique  chirurgicale  de  Vhôfital  de  la  Pitié,  t.  Il,  p.  439. 


?ftà 

plus  Tacilej  et  l'*n  comprend  «Ion  b  W^—ee  étiuiàm 
Hté  ri'nne  part,  et  é9  l'autre  le  petil  neâfcra  ii  peiiHll 
qde  «HDpteat  les  feminei  efledées  d'ase  aMailie  ffr 
rei)le< 

Peitr  obvier  è  cet  incviiTiniBiit^  LirfrMe  pirepdMf'jIMp» 
tslion  dii  col  «le  CelArei^  et  il  cite  nèaia  iém  cm  ateeHi 
tpiretlon  ftK  preti<)aée  evec  iMcèi,  r>te  ptr  lui*  M  II 
Kconde  par  un  Htre  idMeeio  qu'il  ne  neamepeti  *L'«f4 
ration  dont  je  vieni  d'entretenir  le  ledeart  4it-il  •■  l—î 
ihant,  entreral-elle  dans  le  domaiiie  èa  h  lAderfae  *fi^ 
ntoirt  ?  Je  latue  k  f  etpérienea  le  tein  de  ééeiddr  ciM 
grande  qoAtliont  > 

L'eipérienn,  grâce  ft  la  pra^eate  r^Mrte  det  aMetiMb 
n'a  pu  pronorieer  sor  un  problème  dont  la  leUtieB  Ml 
àé\h  donnée  par  la  raison.  Esl-it  nére^saire,  en  eflet,  de 
pratiquer  rei(ir|ialion  du  col  quand  il  suflit  dans  la  Irêa 
gronde  tnajurilt^  des  cas,  ilonscciiTi  surloiit  dont  parle  Lit- 
franc,  de  dilaler  l'ouvi-rture  uléro-vagrnale  Irop  étroite,  ou 
tout  au  moiiiit  de  la  délia rrusser  des  miicogiléit,  dea  bridi-a  ou 
des  adh^ienccR  qui  m  obstruent  la  ratilé';'  Celle  amiile 
manieuirc,  laiildt  de  dilalalion  et  tanlAt  de  dé^ob»trul-lioa, 
amène  le^  mêmes  ré^iullats  que  l'amputalioii ,  et  n'eipoie 
pa!i  Ih  femmes  aux  graves  dangers  qui,  néceMuireiMBl , 
accompagnent  une  geuibluble  upéralioii. 

L'eitirpalion  du  roi  serait  cerlaineroenl  plu»  logiqee  »i 
elle  se  proposait  de  prévenir  reiitrecroisemeni  du  col 
utérin  et  de  la  verge;  maïs  quoud  ou  soiifieque  l'aerroiiise- 
ment  du  col  de  l'utérus  nlteinl  rareini-ul  lit  longueur  du 
vagin;  que  même,  dan^  re  i-us  etliénie,  U  cunceplion 
peut  encore  avoir  lieu,  comme  le  ilémunlre  uue  obter- 
(ulioi)  (te  M.  Dupurcque  ;  et  qu'eiilin,  il  e>t  possible  à 
l'homme  de  parère  cet  ioeouvénieut  eu  n'introduisant «len 


VlCii   DE    CONPORUATlOlf    DU    COL    DK    L^OTÊRUS.       735 

la  cavité  vaginale  que  la  moitié  et  même  le  tiers  de  la 
verge,  on  recule  devant  une  opération  si  pleine  de  périls 
pour  la  vie  de  la  malade,  et  dont  les  résultats  peuvent  être 
obtenus  à  des  conditions  moins  onéreuses  et  pour  la  femme 
el  pour  le  chirurgien. 

J'estime  donc  que  l'extirpation  du  col  utérin  doit  être 
proscrite  dans  les  circonstances  dont  il  est  ici  question,  et 
que  la  stérilité  résultant  de  rallongement  trop  considérable 
du  col  de  la  matrice  ^era  combattue,  tantôt  parla  dilatation 
de  l'ouverture  utéro-vaginale,  surtout  quand  le  museau  de 
tanche  présentera  la  Forme  cohiquc  signalée  par  Lisfranc, 
el  tantôt  par  la  position  que  le  mari  devra  prendre  pendant 
le  toit,  et  par  une  moindre  introduction  du  membre  viril 
dans  la  cavité  vaginale. 

J'aurai  l'occasion  de  revenir  tout  à  l'heure  sur  chacun  de 
ces  détail!),  quand  je  parlerai  de  l'étroitesse  et  de  l'occlusion 
de  l'erilicfi  inférieur  de  l'utérus  et  des  déplacements  divers 
de  l'organe  gcstateur. 

Obliléfntion  de  l* ouverture  utéro-vaginale.  —  L'oblité- 
ration congénitale  du  col  utérin,  la  seule  qui  m'occupe  ici, 
peat,  eu  égard  à  son  siège,  se  trouver,  ou  à  l'ouverture 
taginale,  ou  sur  un  point,  ou  sur  la  totalité  du  parcours  du 
eanal;  eu  égard  à  son  étendue,  l'oblitération  peut  être 
complète  ou  incomplète. 

Arrêtons-nous  d'abord  au  siège  de  Toblitération. 

A  l'orilice  externe,  l'oblitération  est  souvent  constituée 
|iar  la  muqueuse  vaginale  qui  tapisse  sans  interruption  tout 
le  museau  de  tanche;  il  est  facile  de  constater  la  nature  de 
raccluèion,  soit  par  le  toucher  vaginal,  soit  par  Texamen 
de  Torganeii  l'époque  menstruelle.  Par  le  toucher  vaginal, 
lé  doigt  Délit,  àù  milieu  du  museau  de  lancht*,  une  légère 
dépresstoti ,  qui  n'eèt  autre  chose  que  l'oUvertUrê  uté- 


736  noDBLU  M  u  Màawnm  mmimmumi-  • 
rine  ;  sa  fonnc ,  ion  étandna  tt  n  (:oiiliM  ■•  lifanM 
•ucQO  dou(e  lur  h  nitura  ;  de  plu,  nn  dpoqMi  am^ 
traellei,  cette  diiposition  duptnti  et  Mt  r—plicéi  fÊtm» 
émineDce  due  k  la  preuioa  qoe  It  uo§  aocanalft  4m 
l'utérua  eterce  sur  cette  partie  noa  edUnalt  à»  h  ■» 
queuK  vaginale. 

Il  Mt  bien  évideat  qae  je  bit  id  ibatradioi  im  MoJnli 
^e  peut  déleminer  et  que  détenniae  en  efleC  ■owte< 
obstacle  h  l'écoulepieat  dei  réglée.  Cep—iMl  il  wriM 
quelquefois  que  ta  nature  ae  lalGt  à  elle  mtmtB,  nîlw 
rendant  moins  abondant  le  Duïde  catamteid,  aait  ca  «|^ 
Tant  lei  forces  de  l'abiorptioo,  de  telle  bçoe  qM  «ertMH 
femmes  peuvent  presque  impnnimeot  porter  l'aMaaSe 
dont  il  s'agit  ici. 

Mais  si  leur  santé  générale  eit  quelquefois  cnupatible 
avec  cet  état,  leur  féconilité  est  fatalement  compromise 
jusqu'au  jour  où  un  libre  passage  sera  ouvert  au  sperme; 
heureusement,  dans  ru  ras,  celte  condition  est  facilement 
réolisabte,  et  le  premier  instrument  venu,  bislouri,  tro- 
cari  ou  ciseaux,  est  bon  pour  fendre  la  muqueuse  vaginale 
sur  lu  point  correspondant  i  l'orifire  citerne  de  l'utérus. 

Je  ne  sais  qui  a  projtosé  de  choisir  l'époque  menstruelle 
pour  cette  opération,  sous  préleile  que  la  tumeur  sanguine, 
alors  opporeiite,  la  rend  tout  k  la  fois  plus  facile  et  plus 
sûre.  Je  ne  partage  pas  cet  avis.  Comme  facilité,  ta  dépres- 
sion que  l'on  sent  bit-n  distinctement  au  museau  de  tanche 
dirige  la  main  du  chirurgien  non  moins  sûrement  qu'une 
tumeur,  et  comme  sûreté,  il  y  a  moins  k  craindre  les  ecd> 
dents  iiiOammaloiresi  l'époque  intermenstruel  le  que  pen- 
dant l'écoulement  calaménial. 

Quoiqu'il  en  soit,  après  l'incision  de  la  muqueuse  vagi> 
nale ,  il  est    nécessaire   d'cmpécber   celle-ci   de   reUire 


vir.es  DE  coïtponuATioN  du  col  de  l'vituvs.  7â7 
L>^'oblitéralioii  |jur  railhi^rcnce  des  bords  divisés,  cl,  à  ccl 
I  cflet,  on  introduit  et  oei  luifse  en  |ilace  dnns  le  conduit  ulù- 
'  rio,  jusqu'à  parruilc  cicolrisiilion  de  la  muigueuse,  une 
mècbe  de  char|jic,  ou  mieux  encore,  un  pelil  cilindre  d'é- 
ponge  qui  fait  en  mèrni!  temps  l'oriice  de  dilatnleur,  alors, 
bien  entendu,  que  le  canal  est  parr^ilement  perméuble. 

Car  celte  perméabilité  est  quelquefois  abolie,  c'est- 
à-dire  que  le  col  de  la  matrice  est  plein,  et  que  son  centre 
n'est  pas  traversé,  comme  dans  l'élal  normal,  d'un  con- 
duit  qui  fait  communiquer  la  cavité  utérine  avec  la  cavité 
vaginale. 

tj'ai  observé  deux  fois  ce  vice  de  conformation  ;  dans 
In  deui  cas  les  femmes  qui  le  portaient  étaient  remarqua- 
Mes  par  le  peu  de  développement  de  l'aftpareil  génital  et 
4es  organes  qui  entretiennent  avec  lui  des  relations  inli- 
Ines.  Ainsi  chez  une  de  ces  fummes,  âgée  de  vingt-trois  ans, 
Fntérus  avait  tout  au  plus  le  volume  qu'il  présente  tl  l'âge 
dsdii  anSj  la  vuhe,  bien  que  des  rapprochements  umoureux 
•Basent  eu  lieu,  était  étroite,  et  les  lèvres  à  peine  saillan- 
tes; les  poils  du  pubis,  sans  force,  étaient  clair-semés  et  ne 
frisaient  pas;  enlin,  les  seins  étaient  d'une  petitesse  extrême, 
et  leurs  mamelons  ignoraient  cet  érûlliismc  que  produisent 
les  désirs  vénériens,  les  attouchements  de  riiomnie  et  quel- 
quefois la  menstruation,  [,'hémurrhagie  menstruelle,  néces- 
sairement absente,  semblait  avoir  pris  une  autre  voie  et 
n'occasionnait  même  pas  de  congestions  légères  soit  aux 
poumons,  suit  au  cerveau,  soit  à  tout  autre  organe,  ainsi 
qu'il  arrive  souvent  ilans  les  cas  de  ce  genre. 

En  présence  d'un  tel  état  de  choses,  le  chirurgien,  s'ar- 

mant  du  fer  rouge  ou  du  bislouri,  doit-il  creuser  le  cnnal 

oublié  par  la  nature?  —  Ëvidemme[it  la  vie  de  la  malade 

n'est  pas  compromise  j  il  Taut  simplement  remédier  à  la 

IT 


iAmons  okganiqdbs  du  col  de  l^dtébus.       789 

inflainiDatoires  qu'il  fallut  à  tout  prix  combattre,  on  ne 
pat  entretenir  Tou^erture  artificielle  qui  avait  é(é  pratiquée, 
«i  que,  lorsqu'on  eut  triomphé  de  la  métro-péritonite,  il 
eAt  été  nécessaire  de  recommencer  le  percement  du  col,  ce 
qui,  j'aime  à  le  croire,  ne  vint  même  pas  è  la  pensée  de 
l'opérateur. 

Cependant,  je  ne  proscris  pas  l'opération  d'une  manière 
absolue  ;  mais  j'estime  que  lorsqu'une  décision  aussi  grave 
est  prise,  la  malade  doit  avoir  quelques  chances  de  recouvrer 
une  faculté  pour  laquelle  elle  expose  son  existence  même. 
Le  chirurgien  est  donc  tenu,  pour  l'honneur  de  sa  pro- 
fession et  dans  l'intérêt  de  sa  malade,  de  s'assurer  de  l'in- 
tégrité de  tout  l'appareil  génital,  et,  s'il  constate  une  autre 
cause  irrémédiable  destérilité,  de  s'abstenir  et  de  repousser 
une  opération  tout  è  la  fois  dangereuse  et  inutile. 

g  II.  —  liésloiui  organique»  dn  eol  de  l'ntéras. 

Si  l'on  excepte  quelques  dégénérescences,  qui  même  ne 
•OBt  pas  toujours  une  cause  de  stérilité,  puisqu'on  a  vu  des 
femmes  portant  un  cancer  au  col  de  l'utérus  être  fécondées, 
je  ne  sais  aucune  lésion  organique  qui ,  par  elle-même , 
empêche  le  sperme  d'arriver  dans  la  matrice.  Sans  doute 
beaucoup  de  ces  affections,  ainsi  que  je  vais  le  dire,  peu- 
vent consécutivement  créer  des  obstacles  au  passage  du 
fluide  séminal  ;  mais  il  n'est,  je  le  répète,  aucune  rougeur, 
aucune  érosion ,  aucune  ulcération  qui ,  par  leur  nature 
seule,  soient  capables  de  s'opposer  è  la  conception. 

Mais  il  n'en  est  plus  de  même  quand  on  les  considère 
dans  les  conséquences  que  quelques-unes  d'entre  elles  peu- 
vent entraîner,  et  aussi  au  point  de   vue  du  traitement 
qu'elles  réclament. 
'    fiooi  ces  rapports,  les  affections  dont  il  s'agit  n^aboutis- 


B  LESIONS    OHGAMgties    DU    COL    DE    l'uTÊRUS.  7/11 

tants  <le  grosseur  et  très  souvent  cle  ilouleur  à  In  pression, 
que  le  simjile  lourher  vaginal  suffît  [iresque  toujours  pour 
le  faire  reconnailrc. 
_  Quand  le  rétrécissement  ne  siège  «{ue  sur  un  point  du 
m  canal  utérin,  il  est  égnlemcnt  uisé  de  le  bons(:iler  par  le 
I  eathétérisme,  mais  il  n'est  pas  aussi  facile  de  déterminer 
la  nnlure  du  rélrénissetnenl.  Sans  doute,  une  mnin  exercée 
ponrre  faire  la  part  de  ce  ({ui  revient  ou  au  durcissement  de 
la  muqueuse,  ou  ou  bourrelet  du  tissu  cellulaire  sous-jacent, 
ou  à  l'induration  du  (issu  même  du  col  ;  mais  pour  la  ma- 
jorité des  médecins,  j'estime  celte  distinction  très  difficile; 
fort  lieureusement,  elle  n'a  pas  dans  la  pratique  i'impor- 
lance  que  l'on  pourrait  éire  tenlé  de  lui  attribuer,  ainsi 
qu'on  le  verra  tout  à  l'heure  par  ce  que  je  dirai  du  Iraito- 
ment  h  leur  opposer. 

Le  seul  point  réellement  essentiel  est  de  déterminer 
l'état  pnthologique  du  col,  car  lu  thérapeutique  â  employer 
sera  toute  diftérente,  selon  que  celui-ci  sera  ou  ne  sera  pas 

t    engorgé. 
Je  n'ai  point  à  faire  ici  l'histoire  de  l'engorgement  du 
col  utérin,  que  je  dois  considérer  en  lui-même,  indépen- 
damment des  maladies,  ulcérations,  dégénérescences,  etc., 
dont  il  n'est  le  plus  souvent  qu'un  épiphénomène. 

Presque  toujours,  quelle  que  soit  la  forme  que  revête  l'en- 
gorgement, et  qui  l'a  fait  appeler  lanlût  engorgement  ron- 
geslif,  lantât  engorgement  dur,  rniïeclion  est  produite  par 
un  état  phlcgmasiquc  qui  réclome  ini)iérieuscment  et  eiclu- 
sivemeiit  l'emidoi  des  nntiplilogisliques.  Je  ne  parle  pas  de 
l'engorgement  œdémateux  ou  œdèm..'  du  col  utérin,  qui 
n*a  ordinairement  lii'u  qu'à  la  suite  des  ruucliLs,  et  qui,  selon 
M.  Duparcque,  se  dissipe  toujours  avec  la  fièvre  de  lait, 
car  une  pareille  arfeclion  ne  saurait  entrer  dans  le  cadre 


Ihi  TROtIM.KS    DB    LA    ll6GKr>TI0|i|    SPEIIIIATIQIIB. 

d'un  liviesiir  Ia  iiléniilé,  Or,  ni  une  phle^masîp  Mt  \e.  (to 
lie  i)<^((arl  de  l'eiiftorfii^inent  utérin,  et  conM^'iurmint-nl  iti 
ri^tri^cisKcinenl  du  roi  de  h  matrice,  il  faut  busn  »e  garder, 
*uu!i  préteite  d'obvier  è  c«  demîtir  nccid«Pt,  de  recovrir  k 
de»  mo^fliiH  qui  auniiont  |irécis^in«*nl(iour  résultat)  d'ing- 


léquenl,  tout  dilal«trar 
in  ne  n'occupêre  (|0c  de 
jntralner*  celte  du  rHr^ 


i«nfl  in  ca«  dfi  r^tréinn»- 
e(  |iar  suite  mos  phlef- 
nrpii  di1nl«iil«  sont  i)*uH 
>cut-6lre  eixrorf!  pins  de 


tnenler  l'état  inflnmm 
sera  soigneusement  proi 
l'enfEurgcmeiit  dont  la  diti 
cisoemeiit. 

Mai*i  il  n'en  «si  |irs 
menLi  partieU  mm  tnf^OT^vm 
masie  du  col  de  l'ulérn*;  ici  les 
inconteslnble  utilité,  el  rendenl 
services  que  dans  Ips  rétrériKscrarnbi  du  canal  de  l'iirèlrp. 

La  posilion  mobile  de  l'utérus  dans  l'eicavation  du  baff> 
lin,  et  la  dirertion  de  son  orilice  vulvaire  ne  permettent  pas 
de  laisser  h  demeure  des  rorps  rigides  et  lourds,  qni  eape> 
•eraienl  la  femme  h  des  dan^rers  réels,  comme  ne  l'a  qae 
trop  montré  h  discussion  de  l'Académie  de  méderine  lur  It 
redresseur  intra-utérin  de  M.  Simpson  et  de  M.  Valleix  {I  ). 
Mais  si  des  sondes  métalliques  ne  sauraient  tire  laîasées  ee 
place,  on  |ieut  sans  incon>énieDl  pratiquer  le  ealhéléritiBe 
avec  des  sondes  dont  le  calibre  ira  en  au|{aienlSDl.  Le  séjov 
de  la  sonde  dans  la  cavité  du  col  aura  une  durée  pfopor* 
lionuelle  aut  eiïorts  qu'il  Tnudra  faire  pour  surmonter  tt 
rétrécissement;  cependant,  en  thèse  générale,  la  sonda 
peut  être  maintenue  dans  le  canal  utéro-vulvaire  depiii  cïm 
minutes  jusqu'à  une  demi-heure  et  même  davanlafte. 

Mais  si  les  dilatateurs  rigides  ne  doivent  point  être  placé* 


(t)   Bitiiêtin  itê  fAetnUmù  tU  m^dteimi;  Paris,  iail«.    t    XlX, 


LÉSIONS    0»GAKIV>UE$    PC    GOL    DE    l'uTÉIU».  7/|â 

à  demeure  dans  la  eavité  du  col  de  la  matrice,  on  peut  leur 
substituer  des  substances  qui,  augmentant  de  voiunie  sous 
l'aetion  de  Thumidité  «  produisent  une  dilatation  lente  et 
progressive,  et  presque  toujours  exempte  d'accidents  fà- 
cheoi. 

De  toutes  les  substances  dont  on  pourrait  tirer  parti , 
l'éponge  me  parait  réunir  les  conditions  les  plus  favorables: 
disposée  à  prendre  la  forme  que  Ton  désire,  facile  à  intro- 
daire  dans  la  cavité  utérine,  assez  légère  pour  être  main- 
tenue en  place  par  les  plis  du  vagin,  et  présentant  à  un 
haut  degré  les  propriétés  bydrophiles ,  elle  me  semble 
mériter,  sous  tous  les  rapports,  la  préférence  sur  les  autres 
corpa  dilatants  avec  lesquels  on  a  construit  les  diverses 
espèces  de  bougies. 

On  taille  dans  un  morceau  d'épongé  préparée  un  cylindre 
dont  le  volume  doit  égaler  le  diamètre  de  l'ouverture  uté- 
rine^  et,  après  y  avoir  fixé  un  fil  qui  permette  de  le  retirer, 
en  le  place  dans  la  canule  d'un  trocart  que  l'on  introduit 
dans  la  cavité  du  col  de  la  matrice.  Pendant  qu'avec  une 
tige  on  pousse  le  cylindre  d'épongé  vers  le  bord  supérieur 
de  la  canule,  on  retire  lentement  celle-ci  qui  abandonne 
dans  le  canal  utérin  le  cylindre  qu*elle  y  a  porté. 
.  L'éponge  peut  rester  plusieurs  jours  sans  être  retirée; 
il  m'est  arrivé  de  la  laisser  dii  et  même  douze  jours  sans 
qu'elle  déterminât  le  moindre  accident;  seulement  la  sécré- 
tion muqueuse  est  considérablement  augmentée,  et  Thy- 
gièoe,  bien  plutôt  que  la  crainte  de  quelque  accident,  fait 
un  devoir  de  remplacer  le  cylindre  toutes  les  vingt-quatre 
ou  toutes  les  quarante-huit  heures. 

Il  arrive  quelquefois  que  la  dilatation,  quelque  méthodi- 
que et  quelque  bien  faite  qu'elle  soit,  est  impuissante  h  faire 
disparaître  le  tissu  anormal  qui  constitue  le  rétrécissement, 


et  qu'il  Tout,  comme  dans  les  rélrécis<'t>iiirnls  du  canal  iu 
l'iirèlre,  recourir  o  la  scarilicnliun  cl  à  la  raiil4ri»alion. 

Ces  di-uc  o|i(^rarions  éloiit  égaleiiienl  i)ùce»it^rs  par  la 
présence  de  brides  ou  du  Taiisses  membranes  d£ielo(i|tto 
dans  le  ennui  utérin,  je  renvoie  leur  eiumeii  au  paragraflw 


i(ui  va  suivre,  et  qui  s 
productions  anormal 

Obstruction  du  cath 
ulérii)    )ieul   être  amenée 
verses  natures:  tanlAt 
de  [tlusivurs  calculs;  larilO 
semblables  il  des  bi  )n 

d'une  vi^rilnble  végt 


'  en  partie  à  l'élude  de  cet 

-L'ufa»lniclion  du  cual 
li-b  circon^lancet  de  di- 
!  h  la  présence  d'un  un 
lit  h  des  granulations  <|ui, 
rniis,  rcmplisseal  le  col 
elle  est  occasionnée  |>er 
la  formiilion  de  brides  ou  l'eisudalion  de  fausses  membranes, 
comme  dans  Tobservalion  de  métritc  diplilbéritiqQe  que  je 
rapporterai  tout  à  l'heure;  tanldt,  enfin,  et  ce  sont  lei  ces 
les  plus  fréquents,  elle  reconnaît  pour  cause  les  mucosttéf 
aécrélées  par  l'utérus,  et  dont  l'abondance  ou  le  darcisse- 
ment  créent,  au  passage  du  sperme,  un  obstacle  souTeat 
infranchissable. 

On  comprend  de  quelle  Importance  est,  uu  point  de  voe 
du  traitement,  le  diagnostic  dilTércnticI  de  ces  simple*  rauMi 
d'obstruction,  car  en  agissant  h  l'u^eugle  on  s'etposerait 
h  aggraver  le  mal  au  lieu  de  le  détruire. 

L'inspection  au  spéculum  et  le  rathétérisme  utérin  mbI 
ici  d'une  absolue  nécessité. 

Si  l'obotruction  est  occasionnée  par  des  calculs,  li  «oode 
en  acrusira  h  présence  por  un  bruit  et  par  un  choc  bien 
connus  des  chirurgiens;  ni  l'enrhaloniiement,  ni  la  mobî> 
lité,  ni  la  multiplicité  des  concrétions  pierreuses  ne  ren- 
drent  le  diagnostic  difficile  et  n'empicberont  de  recoa- 
naître  la  nature  de  l'obstacle.  Une  bride  on  une  cicatrici 


LiSIONS   ORGANIQUES   DU    COL    DB   l'uTÉIUS.  7&5 

ficieuse,  formées  h  une  hauteur  plus  ou  moins  grande  du 
canal,  peuvent  seules  être  confondues  avec  un  calcul  ; 
mais  pour  une  main  un  peu  exercée,  cette  confusion  sera 
aisément  écartée  par  la  sensation  d'une  résistance  plus 
ferme  opposée  par  la  pierre,  et  surtout  par  le  bruit  que 
produit  en  arrivant  sur  elle  le  bout  d'une  sonde  métallique. 
Dans  les  cas  de  bride  ou  de  cicatrice ,  l'obstacle  semble 
céder  devant  reiïort  de  la  sonde,  et  ne  donne  pas  le  bruit 
caractéristique  des  concrétions  pierreuses. 

Dans  toutes  les  autres  espèces  d'obstruction ,  l'exameQ 
au  spéculum  établit  le  diagnostic  d'une  manière  certaine» 
et  il  n'est  souvent  pas  nécessaire  d'écarter  les  lèvres  du 
museau  de  tanche  pour  constater  la  présence  soit  de  granu* 
lations,  soit  de  mucosités  liquides  ou  solides. 

Le  pronostic  de  ces  diverses  affections,  au  point  de  vue 
de  la  stérilité,  n'a  rien  de  grave  ;  c'est  ici  que  l'on  peut, 
avec  toute  raison,  appliquer  le  fameux  axiome  :  Sublatâ 
eausd  toUUureffeciuSy  et  c'est  en  effet  là,  h  l'enlèvement  de 
la  production  normale,  que  se  résume  tout  le  traitement  de 
Tniaptitude  i  la  procréation. 

Dans  les  cas  de  calculs,  ceux-ci  seront  saisis,  s'ils  peuvent 
l'être,  et  amenés  au  dehors.  Une  pince  a  pansement  dont 
les  branches  sont  seulement  un  peu  plus  longues  que 
celles  des  pinces  ordinaires,  suffît  dans  la  majorité  des  cas, 
surtout  si  le  calcul  n'est  pas  très  volumineux.  Mais  il  est 
des  circonstances  ou  la  pierre  violemment  engagée  dans  le 
canal,  après  avoir  franchi  le  sphincter  utérin,  refoule  les 
tissus  qui  forment  devant  elle  un  bourrelet  et  en  rendent 
par  cela  même  l'extraction  impossible.  Dans  ces  cas,  il  faut 
se  garder  de  toute  manœuvre  intempestive  d'extraction,  et 
se  borner  i  repousser  le  calcul  dans  la  cavité  utérine,  o&  au 
besoin  on  le  broierait  par  les  mêmes  procédés  employés  pour 


LÉSIONS   OMIMIQOBS    DU   COL   DB   l'oTÉBUS.  7/^7 

que  j'introduis  rapidement  dans  toute  la  longueur  du  canal 
utérin^  et  que  je  remplace  ensuite  par  une  mèche  de  charpie 
fortenient  enduite  de  cérat  pour  prévenir  radhéreuce  des 
parois  cautérisées.  Cette  manœuvre  n'empêche  en  aucune 
façon  on  traitement  général,  s'il  est  nécessaire,  comme  dans 
les  cas  de  végétations  syphilitiques,  ou  un  traitement  local 
mieux  approprié  h  la  nature  de  Taflection.  Le  nitrate  d'ar- 
gent porté  dans  le  canal  utérin  n'a  d'autre  prétention  que 
celle  de  débarrasser  ce  canal  des  obstructions  qui  en  gênent 
le  parcours,  mais  il  ne  doit  point  s'élever  jusqu'au  titre  de 
spécifique.  Sans  doute,  dans  beaucoup  de  circonstances,  son 
action  modifiera  heureusement  la  vitalité  des  tissus  et  con- 
courra ainsi  à  la  disparition  de  la  maladie  mère,  si  je  puis 
ainsi  dire;  mais  cette  action  purement  locale  sera  dans  beau-* 
coup  de  cas  insuffisante  et  réclamera  le  concours  d'une  mé« 
dication  générale.  Je  n'ai  point  ici  a  faire  l'histoire  de  cette 
médication,  mais  j'ai  dû  la  signaler  comme  un  complément 
indispensable  du  traitement  de  ce  genre  d'aiïections  du  col 
de  la  matrice. 

Si  l'obstruction  est  formée  par  des  brides,  une  nodosité» 
une  cicatrice  vicieuse ,  ou  par  toute  autre  production  de 
tissu  anormal,  que  la  dilatation  telle  que  je  l'ai  expliquée 
plus  haut  est  impuissante  à  faire  disparaître,  on  ne  devra 
pas  hésiter  à  recourir  aux  scarifications,  ainsi  qu'on  les  pra* 
tique  sur  le  canal  de  l'urètre.  Quel  que  soit  l'instrument 
dont  on  fas^e  usage,  que  ce  soit  celui  de  M.Âmussat^ceiui 
de  M.  Leroy  d'Etiolles,  ou  celui  de  M.  Reybard,  on  devra 
toujours  agir  de  haut  en  bas,  c'est-à-dire  de  dedans  en  de- 
hors, et  ne  pas  intéresser  les  tissus  sains  du  col  de  l'utérus. 

Enfin,  les  mucosités  que  l'on  rencontre  si  fréquemment 
dans  le  «mal  utérin  et  qui  sont  plus  souvent  qu'on  oe  peoaa 
un  obstacle  réel  au  passage  du  sperme,  rentrent  tellemenidaM 


ni  tnr  la  Idik.    ^^ 


7&8  TROCILBS    nE    ■.*    RÉCrPTION    SPBBM^TIQIII. 

lesconsiiiénitionsqucj'imrni  i  {iri'KCiiler|i|ii!f  tard  sarla  l«» 
corrhée,  que  je  croi!i  detotr  réserver  leur  ùluile  pour  le  <-llft> 
pilre  consucré  à  riiifliicnce  etercée  [lor  li-s  prrtes  blanrhn. 

Cepeiidont  je  firai  observer  ici,  pour  n'y  plus  teyeaii, 
que  51  les  mucosilés  s'étaient  durries,  il  les  rnudrait  wftJ 
sidérer  comme  du  vi^nlr*^'*!  -'  -|I*  et  en  opérer  l'cùrM'' 
lion  de  la  manière  ([uc  ut^-e  plus  Imut. 

Oblitération  du  canal  tUèrin.  —  Une  graiMlc  difT^rence 
exinio  entre  l'oblitération  t  taie  dont  j'sidéjt  parié  el 

l'obliléfAtion  accidentelle  e  sujet  de  ce  parsftraphf. 

Dans  l'oblitération  congt  eu  faisant  abstraction  <te> 

cas  constitués  por  rimperlun  i  do  la  muqueuse  vaginale, 
le  col  est  plein,  le  (jns^age  au  sperme  n'a  jamais  ckisié, 
et  l'art,  s'il  inlervicnt,  est  forcé  de  percer  un  canal  à 
travers  des  tissus  compactes.  Dans  l'oblitération  tctUta* 
telle,  en  admettant  l'adhérence  tout  entière  des  ptrois  da 
conduit  utérin,  circonstance  rare  et  extrême,  la  chirurgie 
opère  sur  des  tissus  anormaui  et  a,  pour  se  conduire  et  ponr 
garant  de  son  entreprise,  les  limites  mêmes  du  canal  naturel. 
Aussi,  autant  je  me  suis  montré  opposé  à  l'idée  de  créer  oa 
canal  alors  que  la  nature  n'en  avait  point  marqué  la  voie, 
autant  j'estime  que  l'art  doit  avantageusement  intervenir 
dans  les  cas  où  il  y  a  simple  adhérence  des  parois  d'un 
conduit  etistant  dcjà. 

L'inflammation,  l'ulcération  et  la  cautérisation  do  col 
utérin  sont  les  causes  les  plus  ordinaires  deson  oblitération; 
celle-ci,  comme  je  viens  de  le  dire,  s'opère  par  l'adhérence 
d'un  ou  de  plusieurs  points,  ou  de  la  totalité  de  la  muqueuse 
utérine  du  cot.  On  l'obserte  assox  souvent  k  la  aaite  de 
chancres  siégeant  sur  cette  partie,  et  non  moins  fréquem- 
ment après  des  cautérisations  au  nitrate  d'argent,  n'im- 
porte  pour  quel  motif,  alors  que  le  chirurgien  n'a  pea  ea  k 


LiSIONS   ORGANIQUES    DO    COL   DB   l'uTÈRUS.  7&9 

soin  d'introduire  une  mèche  de  charpie  ou  de  linge  entre 
les  deux  lèvres  du  col. 

Si  k  une  époque  où  l'on  fait  abus  des  cautérisations,  et 
si  an  milieu  des  cas  si  nombreux  d'inflammations  et  d'ul- 
cérations, spécifiques  ou  non,  du  col  utérin  qui  se  présen- 
tent è  la  pratique  médicale,  on  ne  rencontre  pas  plus  sou- 
vent l'accident  dont  il  est  ici  question,  il  faut  l'attribuer  à 
la  sécrétion  muqueuse  qui,  dans  toutes  ces  circonstances, 
est  accrue,  et  dont  le  produit  fait  précisément  l'ofBce  du 
corps  isolant  dont  je  viens  de  parler,  mèche  de  charpie  ou 
languette  de  linge.  De  plus,  dans  les  cas  de  cautérisation, 
l'eachare  contribue  aussi  à  isoler  les  surfaces  avivées,  car 
l'adhérence  dont  il  s'agit  se  montre  de  préférence  après 
une  cautérisation  légère,  après  l'action  du  nitrate  d'argent, 
par  exemple,  plutôt  qu'après  celle  du  nitrate  acide  de  mer- 
cure ou  celle  du  fer  rouge. 

Cependant  en  dépit  de  ces  circonstances  heureuses,  la 
matière  plastique  ne  parvient  pas  toujours  à  être  maintenue 
sur  les  parties  où  elle  se  forme,  et  alors,  jetant  des  racines 
sur  on  point  opposé,  elle  rapproche  et  réunit,  en  ces  points, 
les  parois  du  conduit  utérin,  et  y  détermine  une  oblitération 
complète  sur  une  étendue  plus  ou  moins  considérable  de 
son  parcours. 

Cet  accident  est  sans  doute  une  condition  fAcheuse  pour 
récoulement  des  règles  ;  mais  il  n'en  faut  pas  déduire  une 
impossibilité  absolue,  car  des  faits  patents  prouvent  que  le 
tissu  vasculaire  de  l'intérieur  de  la  matrice  n'a  pas  seul  le 
privilège  de  laisser  échapper  le  sang  des  menstrues. 

Mais  si  le  flux  cataménial  peut  venir  au  dehors  malgré 
l'oblitération  du  col  utérin,  le  sperme  est  incapable  de  pé- 
nétrer dans  la  cavité  de  la  matrice,  car  pour  lui  le  canal 
vagino-atérin  est  la  seule  et  unique  voie  qui  lui  soit  permise. 


750        moniLKS  ne  i.a  Ktr.f.rtmn  npiRvji'nort. 

Il  f»ut  ilonc,  soiis  peinp   ilVin|)*rh(»r  ;!  jnmiiH  la  j 

du  produit  mAlt?  et  du  produit  retni'lle,  rétablir  Ir  fUMafcc 

dans  son  int^priK^  ou  tout  an  moîni  rfnnn  sa  «iabîlilé. 

Comme  poiir  l'oblîtérnlion  confiétiitale  «(  ptiir  les  cm 
d'obdtructioii ,  IVtnmon  bu  nfiérulnm  vl  k  raihéiMMM 
permettront  toujoiirn  df>  c<  rr  l'nb^tarle  apporta  à  la 

pro^r«f;ition  de  la  liiitieur  »é  e, 

Jf  ne  refiendrni  pas  5iir  le»  coiiMdéralioHs  que  j'ai 
préoentéeN  h  ce*  occasion!  «luetlc!)  je  renvoie  le  lae> 

leur. 

Qaant  fe  l'opérstion  i  -Ile  conaiale  tanlM  «q  m 

liniple  d^bridemeiit  et  Ianl4t  en  une  drMerttnii  des  pana 
adhérentes;  qucl<{uefois  m^mt^ ,  iguand  l'obi  itérai  ion  o« 
perte  que  itnr  un  point,  il  suffit  de  forwr  l'obsiado  avpc  la 
boot  d'une  sonde,  et  alors  on  retombe  daaa  i«a  ou  ia 
dilatation  dont  j'ai  longuement  parlé  plos  haut. 

A  moim  d'm  état  de  dégénérescence  de  l'organa  mi  de 
loate  autre  eonlre-indication  formelle,  le  cbîrargien  doit 
toujours  agir  dans  les  circonstances  qui  nons  occnpeal. 
L'opération  en  elle-même,  quelle  que  soit  l'étenda*  de 
l'oblitération,  n'ext  ni  difficile  pour  l'homcDe  de  l'ut,  ni 
dangereuse  pour  la  patiente;  tandis  qu'elle  est,  au  poial 
de  vue  de  la  fécondation,  de  la  plus  haute  importâ«te,  puia- 
iiu'olle  remidie  à  uoe  cause  certaine  de  stérilité. 


Lo  col  de  l'utérus,  sous  l'enpirede  reirilalion  du  ooit, 
et  surtout  sous  l'action  du  sperme  violeaanieot  projeté 
«ootre  lui,  entre  dans  un  étal  particulier  d'eicilafatlil^  ^ 
imprime  à  ses  tibres  circulaires  et  lorif^itudinalea  des  lau 
MBWli  saeeaaaib  de  «oatnction  et  de  dilalali— .  Cm  a»»- 


LÉMOm   TITALBft  DU    GOL   DE    l'uTÉMM.  751 

tractions  et  ces  dilatations  alternatives  produisent  un  effet 
h  peo  près  analogue  à  celui  des  pompes  aspirantes»  pré-* 
sentent  ao  sperme  sortant  de  la  ?erge  une  ouveKure  de 
réception  plus  grande,  et  le  facilitent  en  même  temps  dans 
sa  progression  à  travers  le  col. 

Ces  mouvements,  ou  si  Ton  aime  mieoi  cette  excitabilité 
du  col  utérin,  seconde  si  puissamment  l'entrée  et  la  marche 
du  sperme  dans  Torgane  femelle ,  que  son  absence ,  et 
flième  son  insuffisance,  doivent  être,  dans  beaucoup  de  cas, 
no  empêchement  a  Tarrivée  du  sperme  dans  l'utérus,  soit 
en  Ini  offrant  une  ouverture  trop  restreinte,  soit  en  Taban» 
flonnant  h  non  propre  poids  dans  le  canal  du  col  de  la  ma« 
trice.  Sans  éoote,  le  hasard  peut  tellement  aboucher  Torifiee 
du  museau  de  tanche  et  le  méaturinaire  de  la  verge  que  la 
liqueur  proliBque  arrive  jusque  dans  Tutérus  par  la  seule 
ibrce  de  projection  qui  lui  est  imprimée,  surtout  si  le  col 
ntérin  est  d'une  asseï  grande  brièveté  ;  mais  ces  minutieuses 
circonstances,  si  elles  créent  des  exceptions  dont  il  faut  tenir 
eom^ite,  s'éloignent  trop  des  conditions  générales  et  régu- 
lières de  la  fécondation  pour  entrer  dans  les  prévisions  de 
la  science  et  du  bon  sens  le  plus  commun.  Elles  peuvent 
servir  à  expliquer  certains  faits  anormaux  que,  sans  elles, 
fions  ne  pourrions  comprendre  ;  mais,  je  le  répète,  dans  la 
Inès  grande  majorité  des  cas,  il  ne  faut  point  espérer  en 
elles  pour  remplacer  rexcitabilité  du  col. 

Cependant,  i  ne  suffit  pas  que  cette  excitabilité  existe 
fKiur  que  la  fécondation  se  produise;  il  importe  encore 
q«'eMe  aoii  contenue  dans  de  certaines  limites  afin  d'éviter 
la  prédominance  exclusive,  soit  des  contractions,  soit  des 
dilatations,  dont  le  résultat,  dans  l'un  et  l'autre  ces,  est  la 
noo«errivée  d«  sperme  dans  l'utérus. 

Eo  conséquence,  les  lésions  vitales  du  eei  de  la  matrice 


752  TROtlBLM    DE    LA    RtCKPTION    itPBIIllATIQCK. 

lusreplibles  de  ronlrari^r  le  pa^snfte  do  U  li'|uear  sémÎMli 
(le  l'orfiftiie  niàlo  dons  lorgnne  fumclte,  «>iil  ronstilufe*. 
tnnliU  ])Br  la  diminution  el  laiilAt  par  raugnietilnlion  lie 
l'eicitiibilité  néreMnire  à  la  réception  pI  i  la  pro^reMioo 
d  u  sperme. 

Nous  avons  Jonc  ainsi  di  hase»  d'aQiectioiu,  l'iim 
par  aslli^nie  et  l'autre  par  :. 

Mais  avant  d'aborder  le  xpéciolf  dr  chacune  d'elles, 

<]u'on  me  permette  de  re  ir  une  quettiwi  dont  j'ai 

précédemment  poné  le^  lei  t  qui  comprend  les  rel^ 

lions  <|ue  cette  excilabilitt  entretient  arec  le  plaûér 

sexuel  chei  la  femme,  afin  ivoir  s'il  est  possible  de  for- 
muler, d'après  des  données  connues,  le  eritérium  de  b 
féconilité  rhe/  le  seie  féminin. 

En  restant  dans  les  termes  absolus  de  causalité,  on  eft  en 
droit  de  dire  que  le  plaisir  seiuel  et  l'eicitabilité  du  colde 
la  matrice  ne  découlent  pas  de  la  même  source  ;  mais  lont 
en  avouant  que  l'un  et  l'autre  obéissent  chacun  è  on  eid- 
lant  spécial  qui,  pour  lo  volupté,  est  le  désir,  et  poar 
l'eicitabilité  utérine,  le  sperme,  il  faut  reconnaître  que  Ici 
organes  qui,  respectivement,  les  manifestent,  i"  soDt  aoH 
la  dépendance  des  lois  générales  qui  régissent  toute  réM" 
nomie  ;  3°  qu'ils  ont  entre  eus  des  relations  de  voisiaage 
que  rend  plus  intimes  encore  le  but  commun  auquel  ils  coo- 
courent. 

Avec  ces  prémisses,  dont  j'ai  constaté  la  réalité  par  dei 
expériences  et  des  observations  nombreuses  dont  la  place 
n'est  point  ici,  est-on  autorisé  h  préjuger  de  la  fécondilé 
d'une  femme  d'oprés  la  somme  de  plaisir  qu'elle  prend  à  la 
copulation?  Je  n'hésite  pas  i  répondre  par  la  négative. 

Tous  les  jours,  des  femmes  sont  fécondées  en  apportant 
•o  coït  l'indifférence,  le  dégoût  et  même  la  baine  ;  tons  Im 


.LÉSIONS   VITALES    DU    COL    DE    L'uTfiilUS*  753 

joars,  des  femmes  sont  fécondées  au  milieu  des  souffrances 
qu'entraîne  souvent  la  perte  de  la  virginité,  ou  au  milieu  des 
douleurs  morales  et  physiques  du  viol  ;  évidemment,  dans 
toutes  ces  circonstances  la  volupté^  ou  même  la  plus  simple 
émotion  amoureuse  n'ont  point  été  nécessaires  pour  Tei- 
citabilité  du  col  utérin  ;  celle-ci  a  obéi  à  son  excitant  natu- 
rel, le  sperme,  et  le  col  de  la  matrice,  pour  se  contracter  et 
se  dilater,  n'a  pas^eu  besoin  d'un  signaf  parti  du  consensus 
intime  ou  du  clitoris.  La  fécondation  s'est  faite  en  dehors 
des  relations  que  Tulérus  entretient  avec  l'économie  tout 
entière,  par  Faction  seule  de  la  vitalité  propre  de  la  ma-  ^ 
trice. 

Cependant  je  possède  plusieurs  observations  de  stérilité 
chez  des  femmes  atteintes  de  frigidité  congénitale,  parmi 
lesquelles  se  trouvent  quatre  cas  d'absence  originelle  du  cli- 
toris. Y  a-t-il  ici  simple  concomitance  ou  bien  le  sommeil 
de  l'appareil  copulateur  aurait-il  gagné  l'organe  geslateur  ? 
Du  reste,  dans  les  diverses  observations  que  j'ai  recueillies, 
rien  ne  faisait  pressentir  la  frigidité  et  la  stérilité;  toutes 
ces  femmes  avaient  normalement  développées,  sauf  le  clito- 
ris, toutes  les  parties  sexuelles  de  la  génération  ;  les  poils  du 
pubis  n'étaient  ni  moins  fournis  ni  moins  frisés  qu'à  l'ordi- 
naire; les  seins  avaient  acquis  un  développement  normal,  et 
la  menstruation  s'accomplissait  avec  une  régularité  remar- 
quable. Une  de  ces  femmes,  dont  j'ai  sous  les  yeux  l'obser- 
vation très  détaillée,  était  un  type  de  ce  que,  dans  le  monde, 
on  appelle  une  femme  passionnée  :  originaire  de  Marseille, 
et  ayant  dans  les  veines  du  sang  arabe  et  italien,  elle  avait 
la  peau  d'une  couleur  brune,  mais  qui  paraissait  blanche  h 
côté  de  tes  longs  cheveux  noirs,  dont  l'abondance  et  la 
fermeté  accusaient  une  vitalité  exubérante.  Ses  yeux  noirs, 

largement  fendus  en  amandes,  dardaient  des  rayons  de  vo- 
is 


7&lk  TBODVLtS  nB  LA  ktCtPTION  flPKIIKATItïtB. 

loplaense  convoitise,  et  sa  taille  cambrée,  nemblaDl  en 
continuelle  révolte  contre  li>s  liens  qui  l'^treigoaienl,  Bflit 
des  mouTemenls  si  souples  et  si  ondu1é<i  que  l'irnsçinaliM 
I«plu5  pares«ei»ela  rëvail  ie  (ordnnl  soiio  l'étreinte  d'an 
baisrr.  Celte  femme  était  |]Our  ttvu<i  \i-*  hommes  qui  h 
vojaipnl,  le  prototype  de  la  pn^sion  et  de  lu  toloplé;  M 
cependant,  douée  de  ce  que  j'ai  appelé  le  lempénnieiil 
inlellectuel,  elle  n'avait  jamais  rotinu  li'S  délire»  de  l'amoar  j 
elle  apiioriait  au  coït  une  froide  indiiïérenre.et  *•»  «i 
•rdeni  dé<tr  d'avoir  des  enfants,  elle  n'eAt  pas  iéterti  11 
roucbe  conjugale  qu'elle  accusait  de  sa  stérilité.  S<-s  BinanU 
n'ayant  pa^  été  plus  beureui  que  son  ninri.  elle  rnr  i-oii*ulti 
tt  tiM  fil  aton  l'avea  de  Tupècs  de  dégoAi  que  lui  inspirait 
Iff  copulation. 

Il  me  fut  impossible  de  rien  constater  d'aDormal  dam  son 
appareil  générateur,  et,  subissant  l'ignoranM  oà  me  te- 
tiaient  alors  des  études  trop  saperBcielles,  j'imtitiM  aoe 
médication  qui  n'amena  aucun  henreui  résultat. 

Je  dirai  tont  è  l'heure  ce  que  l'expérience  depan  cette 
époque  m'a  appris  k  ce  sujet,  et  ce  qu'en  des  circoiitlaMaB 
semblables  je  prends  pour  guide  de  mon  diagoostie  et  de 
mon  Uailement. 

En  cette  place  je  refteiu  aax  relationsqni  leableirt  exis- 
ler entre  le  plaisir  vénérien  et  la  fécondité  chex  lefemMe. 

Nou»  venons  de  voir,  non-seulement  qne  l'abseiMe  4a 
plaii>irratiuUlear,  mais  encore  que  l'existence  de  eonditioM 
tout  opposées ,  c'esl-a-dire  de  la  douleur  physique  •■ 
morale,  n'étaient  point  des  obstacles  k  la  fécondalioa,  et 
que  »i,  (Isni  quelques  cas,  la  stérilité  de  la  femme  se  a»»- 
trait  en  même  temps  qne  sa  frigidité,  ce  fait  était  BBeMOiple 
coïncidence  bien  plutôt  qu'un  résultat  de  cause  à  eflét. 
Ma»  SI  le  fécondité  de  la  femoM,  o«  plolM  si  l'e 


iJtlOMS    VITALES   DU   COL    DB    l'oTÉROS.  755 

Hté  otérine  paraît  être  indépendante,  dans  de  certaines 
limites,  de  Texistence  du  plaisir  vénérien,  il  n'en  csl  plus 
de  même  quand  ce  plaisir  atteint  une  puissance  trop  forte; 
la  matrice  retombe  alors  sous  l'empire  des  lois  générales 
de  l'organisme  et  prend  sa  part  de  Texaltaiion  que  le  coït 
communique  à  Téconomie  tout  entière. 

C'est  ce  qui  arrive  en  effet. 

Les  mariages  d'amour  à  leur  début  et  les  femmes  trop  pas- 
sionnées sont  également  stériles.  Dans  les  ardeurs  et  les  tres- 
saillements d'un  coït  épileptiforme,  l'utérus,  spasmodique- 
ment  contracté,  resserre  et  bouche  l'ouverture  du  museau  de 
tanche  et  force  ainsi  le  sperme  à  se  perdre  sans  profit  dans 
la  cavité  vaginale;  de  plus,  dans  les  convulsions  de  la  vo- 
lupté, les  rapports  d'opposition  de  l'organe  mâle  et  de  l'or- 
gane femelle  sont  altérés,  et  celte  cause,  toute  mécanique, 
bien  connue  des  femmes  habiles  dans  l'art  d'éviter  les  gros- 
sesses, joue  un  rôle  plus  important  qu'on  ne  pense  dans  la 
stérilité  des  personnes  à  tempérament  de  feu. 

Cependant,  toutes  les  femmes  qui  trouvent  dans  la  copu- 
lation des  voluptés  convulsives,  ne  sont  pas  fatalement  con- 
damnées à  l'infécondité,  et  je  pourrais  citer  de  nombreui 
exemples  de  fécondation  accomplie  au  milieu  du  délire  ero- 
tique le  plus  prononcé.  Dans  ces  cas,  l'ulérus  ne  participe 
pas  h  l'escitation  générale,  et  tout  l'érélhisme  se  concentre 
dans  l'appareil  copulateur  ;  je  suis  convaincu  que  si  l'on 
pouvait  examiner  la  matrice  dans  ces  rapides  instants  du 
délire  cynique,  on  serait  étonné  de  sa  régularité  fonction- 
nelle au  milieu  du  désordre  d'action  qui  caractérise  toutes 
les  facultés  de  l'organisme,  ici  encore,  le  plaisir  véoérieD 
ne  prai  être  pris  comme  thermomètre  de  l'excitabilité  ut^ 
rine,  et  c'est  ailleurs  qu'il  faut  chercher  les  signes  de  la 
dûninution  ou  de  l'augmentation  de  son  énergie. 


Oïliililaiilc  siirloulcs  les  p 


Il  niulrico  II 


1  |J;i.s  le  |,h,i 


se  placent  ces  di.ers  éi,|, 
miner  plu,ieu,s  fois  et  qi 
"Iri6nble,p|„,„„„|„|, 
li»eetio»ir,e(e„,ej,,„,|, 
■''""'•'«prolongée.,  le, 
■'.'""■"' '°"' oe,ui  .Hère  p 
ne  plastique. 

D«Mceicircomt.ncei,|« 
'MbrrrinDuencedeceacani 
I  Mgane  tout  entier,  qm  di* 

géoérilion  participée  cet  et. 
.  "'"•  l'inaptitude  1  la  Kc, 
O»  commune  au.  o„ire,, , 
'""''"' P"""  «rangement 
"•""'"'""•  Dan»  ce,  circo, 
f.ol.d,„ig,eràlWtiedu 

'".'''"  Pl"»«*l'aireclion de, 
," '"»'"'"«""l«  l'MeilaWliM  , 


LÉSIONS    VITALES    DU    COL    DE    l'iTÉRUS.  757 

h  cette  inertie  dans  les  cas  de  stérilité  dont  nous  nous  oc- 
cupons. 

Il  est  peu  aisé ,  j'en  conviens,  de  tracer  les  limites 
exactes  de  ces  deux  causes  morbides  dont  les  actions  con- 
courent au  même  résultat;  mais  cette  difficulté  de  diagnostic 
différentiel  est  de  peu  d'importance  pour  la  thérapeutique, 
car  les  deux  affections,  reconnaissant  la  même  origine, 
réclament  un  traitement  identique. 
'  Je  ne  reviendrai  pas  ici  sur  ce  que  j'ai  dit  plusieurs  fois 
dans  le  courant  de  cet  ouvrage,  relativement  aux  moyens 
de  combattre  avec  succès  les  divers  états  d'affaiblissement 
général,  et  j'ai  hAte  d'arriver  aux  circonstances  dont  l'ac- 
tion toute  locale  détermine  une  diminution  dans  l'excitabilité 
utérine. 

Parmi  ces  circonstances,  les  abus  vénériens  doivent  se 
trouver  en  première  ligne,  que  ces  abus  aient  été  des  excès 
de  coït  ou  des  excès  de  masturbation. 

Parlons  d'abord  des  premiers. 

Les  abus  des  organes  sexuels  par  la  copulation  peuvent 
avoir  lieu  de  deux  manières  :  ou  le  consensus  intime  reste 
étranger  au  rapprochement  des  sexes  et  le  coït  se  réduit 
alors,  selon  l'expression  de  Champfort,  au  contact  de  deux 
épidermes  :  c'est  la  copulation  des  Olles  publiques  ;  ou  le 
consensus  intime  intervient  par  le  désir,  et  la  volupté  est 
alors  la  conséquence,  j'allais  presque  dire  la  récompense  de 
cette  intervention.  Dans  le  premier  cas,  il  n'y  a  abus  que 
de  l'organe  copulateur,  c'est-à-dire  il  n'y  a  abus  que  d'un 
tissu  organique,  dont  les  altérations  sont  celles  de  tout 
autre  tissu  analogue  soumis  aux  mêmes  influences;  dans 
le  second  cas,  au  contraire,  il  y  a  abus  du  sens  générateur, 
abus  de  tous  ses  attributs:  désirs,  tressaillements  amou- 
reux, volupté,  etc.,  etc. 


Jo  (larlerai  d'abo< 
Aïonl  les  rechercûci 
aion  courante  que  U 
riles  ;  on  ne  H  rem 
cette  infécondité,  fltt  * 
un  nllribut  futal  de 

rnrent-UuLbdletet 
lé^lèrcset  il  (.'iitropril  Hb 


758  TBOnUEl  Dl  LA  KÉCSmOM  «PBBHATKIOI. 

Pour  le»  dislingiier  les  uns  de»  sulrei,  je  nommeni 
ïolonlieri  les  résultats  des  premiers, frjteiî  copulat^un  ;  «l  | 
ceux  des  seconds,  excès  votupttuniX. 

La  distinction  que  j'établis  ici  est  très  importante,  < 
0(t  ia  le  voir  par  es  que  je  vais  dire  de  l'inOiteaGe  de  chk- 
cun  de  ces  ctcès. 


ulateur». 
tucliAlelet,  il  ëtait  d'opt- 
taienl  généralement  *(é- 
)le  eiBCl  des  tnoliri  dk  . 
de  informé,  on  en  (aisnlj 
létier.  ' 

nta  pu  ite  rtuoni  auM) 
une  base  solide  à  l'opiaiou, 


quelle  qu'elle  fùl,  que  l'un  detoit  se  faire  de  l'ujitilude  dei 
prostituées  à  la  Técoodation. 

Ses  recherches  ramenèrent  i  des  résultaU  bien  diflérenb 
de  ceui  sur  lesquels  reposait  U  croyance  commune,  et*  s'il 
reconnut,  en  eiïet,  qu'un  petit  nombre  de  prostitvées  par- 
vient jusqu'au  terme  ordinaire  de  la  gestation,  il  constau, 
qu'en  général ,  ces  malheureuses  n'avaient  point  perdi 
l'aptitude  il  la  fécoodalion.  Soit  qu'elles  le  provoquent  par 
des  mojens  crimioela,  soit  que  les  circoustances  aoor- 
malej  de  leur  vie  de  débauche  et  de  désordres  le  favo- 
risent, un  BTOrlement  plus  ou  moins  précoce  est  le  résultat 
ordiuaire  de  leur  conception.  Sans  nous  arrêter  à  l'avor' 
lement  provoqué  par  des  manœuvres  coupables  et  dont 
personne  ne  met  en  doute  la  fréquence,  je  rappellerai, 
comme  confirmant  les  idées  que  j'ai  déji  émises  sur  tesavor- 
tements précoces  eldontj'aurai  plus  loinii  étudier  l'étiologie, 
je  rappellerai  le  passage  suivant  du  litre  de  Pareiit-Du- 
cliAlc  el,  qui  contient  en  même  temps  l'opinioa  d'un  dea 


Lisions    VITALES   DU    COL   DB    l'uTÉROS.  759 

hommes  les  plus  compétents  en  embryologie,  de  M.  Serres: 
«  J'ai  parlé  plus  haut,  dit  Parent-Duchàtelel»de  Tirrégula- 
rite  de  la  menstruation  chez  quelques  prostituées  et  des 
interruptions  que  présentaient  chez  elles  cette  évacuation 
dans  une  foule  de  circonstances;  ne  pourrait-on  pas  les 
Attribuer  à  une  conception  et  à  une  véritable  grossesse? 
Cette  opinion,  qui  a  été  émise  devant  moi  par  plusieurs 
médecins  et  physiologistes  distingués,  acquiert  une  grande 
probabilité  par  les  observations  faites  par  M.  Serres,  lorsque 
les  prostituées  étaient  soignées  dans  une  des  divisions  de  la 
Pitié.  Je  transcris  ici  les  réponses  que  cet  académicien  Gt  à 
mes  questions  :  «  Les  pertes  abondantes  sont  rares  chez  ces 
»  femmes,  mais  les  plus  jeunes  ont  souvent  des  retards  dans 
»  leurs  règles,  qui  se  terminent  par  Texpulsion  de  ce  qu'elles 
»  appellent  un  bondon.  Pendant  deux  années  je  ne  fis  pas 
»  attention  à  cette  expression  ;  mais,  ayant  dirigé  mes  re- 
V  cherches  sur  l'embryologie,  j'examinai  avec  soin  ces  pro- 
«ductions,  et  il  me  fut  facile  d'y  reconnailre  tousies  carac- 
»  tères  de  l'œuf  humain.  J'ai  pu,  (fans  un  court  espace  de 
»  temps,  en  recueillir  un  grand  nombre,  qui  tous  étaient 
«sortis  à  une  époque  qui  indiquait  une  conception  de  quatre 
»  à  cinq  semaines;  c'est  toujours  sur  des  filles  de  dix-huit  à 
»  vingt-quatre  ans  que  j'ai  pu  faire  ces  observations  (!)•  » 

Cette  dernière  phrase  semblerait  indiquer  que  l'exercice 
prolongé  du  métier  de  prostituée  fait  même  perdre  le  triste 
privilège  de  Tavortement  précoce  par  Tabsence  complète  de 
toute  conception  ;  cependant,  il  est  d'une  notoriété  incon- 
testable que,  lorsqu'une  de  ces  malheureuses  dit  adieu  au 
lupanar,  se  marie  ou  rentre  dans  les  conditions  d'une  vie 
régulière,  non-seulement  elle  montre,  comme  toute  autre 

(I)  Df  (a  ftroitiluUm  dans  la  viUe  de  Parié,  2*  édit.,  1. 1,  p.  235 
et  S36. 


760  TIIOI}IILt:i  HE  LA  HeCEFTlolt  ïPKBHATlVtlK. 

remme,  l'aplitudeà  laft-rotulation,  roais  cucoreellf  retrouve 
la  faculté  de  forter  »  terme  le  Trait  de  sa  conception  vl  ilc 
lui  communiquer  mie  \ilalité  qui  n'est  pas  inférieure  à  relie 
des  autres  enfants. 

Comme  on  le  voit,  les  eJii^ts  eopulntcurs  ne  défbérileiit 
la  femme,  ni  tinnsie  présent  ni  dans  l'avenir,  de  sosdroîtsi 
la  moternilé  \  seulement  ces  cicès,  se  produisant  nii  milieu 
rie  circonslannt's  générales  ou  spériates  qui  p^élliïposl^nl  i 
l'atorlement  d'une  manière  étrange,  font  classer  Ici  mal- 
heureuses qui  les  commotlent  dans  une  partie  du  cadre  noso- 
lof^ique  oij  elles  n'ont  qm;  faire,  alors  qu'elle*  défraient 
trouver  place  dans  une  division  adjacente. 

En  est-il  de  inCme  pour  les  excès  amoureui  ?  Je  ne  le 
pense  pas,  et  c'est  cette  difTérencc  dans  tes  rénilUU  amené* 
d'un  cAté  par  les  eicës  copulsteurs,  et  de  l'iulre  par  jet 
cicès  voluptueux,  qui  m'a  fait  considérer  comme  très  impor- 
tante la  distinction  que  j'ai  établie  entre  eui. 

Les  quelques  considérations  qui  vont  suivre  se  rapportent 
k  tous  les  eicès  voluptueui,  qu'ils  soient  produits  par  le 
coït  ou  par  la  masturbation. 

Sous  le  rapport  des  eicès  voluptueui  par  le  coït,  Paris 
est,  saos  contredit,  ta  ville  d'Europe  qui  offre  le  plut  vaste 
champ  i  l'observation.  Par  l'état  de  ses  mœurs,  par  la  tour- 
nure de  son  esprit,  par  la  légèreté  de  son  caractère,  par  soa 
amour  du  tute  et  par  les  app&ts  sans  nombre  dont  elle  en- 
toure les  plaisirs,  Paris  possède  une  dusse  de  femmes, 
intermédiaires  entre  la  prostituée  et  la  femme  honnête,  qaî, 
tout  en  prenant  des  amants  par  intérêt  et  par  espoir  de 
lucre,  se  réservent  le  droit  de  les  choisir,  et  se  sauvegar- 
dent ainsi  un  excitant  fc  la  copulation  autre  que  le  gain. 
On  prévoit  que  je  veux  parler  de  ces  femmes  entrelenoes  el 
de  ces  femmes  de  lliéAtrc  que  l'on  ne  rencontre  que  déi- 


LÉSIONS    VITALES   DU    COL   DB   L'UTÉKUg.  761 

garées  dans  les  autres  capitales,  et  dont  Paris  possède  des 
types  aussi  nombreux  que  variés. 

Ces  femmes,  quel  que  soit  le  nom  pompeux  sous  lequel 
eHes  cachent  leur  métier,  ne  font  pas  autre  chose  que  de  la 
prostitution  clandestine,  et,  comme  les  prostituées  sou« 
mises  h  la  surveillance  de  la  police,  elles  commettent  des 
excès  copulateurs;  mais  se  séparant  ici  de  leurs  rivales  des 
rues,  elles  apportent  dans  ces  excès  un  élément  de  plus,  le 
plaisir.  Â  leur  début  dans  la  carrière  elles  ont  fréquemment 
des  conceptions,  et  il  n'est  pas  rare,  quand  elles  consentent 
è  cesser  leurs  orgies,  leurs  veilles  remplies  par  la  débauche, 
et  à  se  mettre  en  garde  contre  les  chutes  et  les  coups  très 
fréquents  dans  leur  position,  il  n'est  pas  rare,  dis-je,  de  les 
voir  arriver  au  terme  ordinaire  de  la  grossesse.  Mais  après 
un  temps  plus  ou  moins  court  de  cette  vie  exubérante  de 
plaisirs  et  de  voluptés,  elles  perdent  toute  aptitude  i  la 
fécondation  et  ne  rendent  même  plus  le  bondon  des  filles 
publiques. 

Contrairement  &  ce  qui  arrive  chez  les  prostituées,  elles 
ne  recouvrent  pas  en  général  la  faculté  procréatrice  alors 
qu'elles  rentrent  dans  le  calme  de  la  vie  conjugale,  de  telle 
sorte  qu'on  peut  dire  que  les  excès  voluptueux  compromet- 
tent chez  la  femme  les  droits  &  la  maternité  non -seulement 
dans  le  présent,  mais  encore  dans  l'avenir. 

J'ai  acquis  la  conviction  que  je  viens  d'exprimer  en  inter- 
rogeant plus  de  200  de  ces  femmes,  dont  les  unes  étaient 
dans  leurs  débordements  et  dont  les  autres  s'étaient  mariées 
ou  vivaient  maritalement  avec  un  seul  homme. 

Sur  les  200  femmes  dont  j'ai  recueilli  les  aveux,  qu'elles 
n'avaient  aucun  intérêt  à  fausser,  il  m'a  été  permis  d'exa- 
miner les  organes  génitaux  d'au  moins  150,  et  chez  la  plus 
gronde  majorité  il  m'a  été  impossible  de  rattacher  la  stérilité 


leur  et  tluiis  sa  |ii»ilioii,  iiuiuiii; 
rendre  riiixm  de  lu  >U'riliU'. 

C'est  alors  i|uc  je  jiensnis  ii  li 
vitale,  et  que  je  M>n{;eais  i(ue  |>eul 
suite  l'excitabilité  utérine  s'élaienl 
l«  eicès  méaK  auxquels  l'une  et 
nÎMi. 

Le  toucher  et  l'eiamen  au  sp4 
me  révéler,  je  n'eus  d'autre  ress 
Ib  tbtirapeutique,  et  de  lever  ainsi. 
me  donnerait,  les  dilGcuUés  du  diaf 
évidemmeat  l'agent  qui  sollicitait 
rentes,  et  ce  Tut  à  lui,  en  elTet,  qui 
cooGrniatioi]  de  mes  soupçons. 

J'espérimeotai  pour  la  premii 
remme  de  vingt-trois  ans ,  petite, 
penchaot  très  prononcé  pour  li 
Élevée  è  la  pension  des  légionnai 
avait  une  culture  d'esprit  qui  cont 
sureiciter  ses  instincts  vénériens. 
BOB  d'éducution,  cVst-à-dire  i  dit- 
Dae  femme  entretenue  et  avait  par 


LtaORB   WnàVEê   DU   COL   Dl   L'UTftftQf.  76d 

vint  l'étrange  pensée  de  se  marier.  Elle  crut  que  pour  dé- 
cider son  amant  i  accomplir  cet  acte,  il  lui  fallait  l'excuse 
d'un  enfant»  et  que,  semblable  à  l'amour  du  poëte,  son  titre 
de  mère  lui  ferait  aux  yeux  de  son  mari  une  nouvelle  vir- 
ginité. Que  ce  motif  fût  légitime  ou  chimérique,  la  jeune 
femme  ne  rêva  plus,  dès  ce  moment,  que  grossesse,  et, 
dans  son  désir  de  réaliser  un  vœu  toujours  déçu,  elle  se  rap- 
pela qu'à  une  époque  où  la  gestation  lui  eût  été  une  charge, 
je  l'avais  interrogée  et  eiaminée  au  point  de  vue  de  sa  sté- 
rilité, et  elle  pensa  qu'ayant  dirigé  mes  études  de  ce  cété, 
je  pourrais  lui  rendre  une  faculté  qui  était  alors  le  but  uni- 
que de  toute  son  ambition.  Elle  vint  me  voir.  Aucun  trou- 
ble général,  aucune  lésion  locale  de  l'appareil  générateur, 
ne  pouvant  me  rendre  compte  de  cette  inaptitude  &  la  fécon-r 
dation,  je  m'arrêtai,  comme  je  l'ai  dit  plus  haut,  à  la  pensée 
d'une  altération  vitale  de  l'utérus  qu'expliquaient  suffisam- 
ment d'ailleurs  les  excès  vénériens  précédemment  commis. 
En  conséquence,  m'appuyant  sur  les  succès  obtenus  par 
quelques  praticiens  au  moyen  de  l'électricité  (1),  j'entrepris 
mon  expérience  dans  le  double  but  de  contréler  un  dia- 
gnostic difficile  et  de  tracer  les  limites  d'action  d'une  res- 
source thérapeutique  préconisée  jusqu'alors  sans  indication 
précise. 

Je  me  servis  d'une  pile  à  aimant  de  l'invention  de 
MM.  Breton  frères;  un  des  pèles  était  tantôt  tenu  dans  la 
main  de  la  jeune  femme  et  tantôt  appliqué  sur  l'abdomen  ; 
l'autre,  armé  du  pinceau  métallique,  fut  immédiatement 
porté  sur  le  col  de  l'utérus  à  travers  un  spéculum  de  verre 
qui,  au  besoin,  aurait  garanti  de  l'électricité  les  parties 
adjacentes  à  la  matrice. 

(4)  Voyes  Dachenne,  De  VélêciriêatUm  loealUéê  $1  de seg  ajtpHealioni 
à  la  pkyHologie,  à  la  pathologie  et  à  la  thérapeutique,  Paris,  4  855,  io-S. 


LÉSIONS    VITALES   DU    COL   I>E   l'uTÉBUS.  765 

qui,  après  des  excès  voluptueux  prolongés  plus  ou  moins 
longtemps,  n'ont  pu  retrouver  leur  fécondité  dans  le  calme 
d'une  vie  régulière  ;  quand  je  pense  à  la  stérilité  qui , 
pendant  de  longues  années,  succède  à  des  excès  de  mas- 
turbation, alors  que  la  malheureuse  victime  les  rachète 
par  un  ardent  désir  de  maternité  constamment  déçu  au 
milieu  des  conditions  les  plus  heureuses  du  mariage,  je 
me  demande  si  le  repos  des  organes  sexuels,  si  la  régularité 
des  rapprochements  amoureux,  en  un  mot,  si  de  meilleures 
conditions  sociales  ont  bien  réellement,  après  des  excès  vo-- 
loptueux,  rinfluence  heureuse  qu'il  n'est  pas  possible  de 
leur  contester  après  les  excès  copulateurs.  Ainsi  que  je 
viens  de  le  dire,  des  exemples  nombreux  m'autorisent  à  ne 
pas  leur  accorder  une  importance  trop  considérable,  et  je 
pense  que  l'art  doit  bien  plutôt  compter  sur  les  moyens  thé- 
rapeutiques qu'il  met  directement  en  usage ,  que  sur  des 
prescriptions  hygiéniques  qui  peuvent  seconder  un  traite- 
ment, mais  non  en  constituer  la  base. 

Celle-ci  doit  être,  à  mon  sens,  puisée  dans  l'électricité. 

Depuis  l'observation  que  j'ai  longuement  rapportée  plus 
haut,  j'ai  employé  cette  médication  un  nombre  assez  consi- 
dérable de  fois  avec  des  chances  diverses  de  succès.  Sans 
doute  ce  moyen  n'est  pas  infaillible,  mais  il  réussit  six  fois 
sur  dix  ;  et  même  dans  beaucoup  de  cas  ou  je  l'ai  vu  échouer, 
ta  lésion  vitale  du  col  de  l'utérus  s'accompagnait  d'une 
constitution  misérable  ,  d'un  affaiblissement  des  forces 
de  l'organisme ,  qui  n'étaient  probablement  pas  sans  in- 
fluence sur  l'inertie  utérine,  et  qui,  à  la  place  de  rélectri«> 
cité ,  réclamaient  une  médication  générale  fortiGante  et 
tonique.  D'ailleurs^  une  médication  qui  réussit  dans  plus 
de  la  moitié  des  cas  où  elle  est  employée,  mérite  une  place 
honorable  dans  la  thérapeutique,  et  je  n'bésite  pas  à  la 


766  1  ROVBLBS  DR   LA  fttCRPTIOH  8P»HATiO«l. 

réclamer  pour  l'électrinté  •Isn:»  If»  circonsbiace*  qui  ■wu 
occupent. 

La  lésion  vilste  qui  Tait  le  «QJet  de  ce  pingrapbe,  n'cat- 
ft-(lire  rsiï«ihli<i8ement  de  l'eteilAbilité  utérine,  n'ai  pat 
toujours  Bm(.-né«  par  den  e\cki  «oluptuAus,  aoil  île  mil,  Mil 
<(e  mastiirbnlion  ;  ?!i  i[ni  pré^iiknt  sut  aé- 

\toift,  peuvent  lui  c,el  ce»c«u»*fonlqMl- 

quefois  nI  obscureti  Mtic  tlirt-cl  de  rînertieda 

col  o»t  presque  imr  loucher,  ni  à  IViamea  lo 

spL^culuRi,  rien  ne  e  il'unc  lésion  titole  ;  aae 

leucorrhée  n'e^t  pas  qcI  il  bille  atloclier  qvd- 

i|ue  importance,  ca  n  téelles  inertie»  olérioet 

sans  flueurs  blau  eur»  blanches  très  abon- 

ilantt's  sans  inertie  i 

Comme  je  l'ai  déjà  dit,  on  n'a  que  le  critérium  A*  !■ 
thérapeutique  ;  aussi  dans  tous  les  cas  ou  la  sléhlilé  d'oM 
femme  ne  Irouvero  !>on  explication  ni  ilnns  une  slléralîeii 
afntiéàùhic  J'uiie  partie  quelconque  du  l'appareil  géoiUl, 
DÎ  dans  les  condilioiu  générale*  de  l'organàme  nécMiairei 
aa  libre  eierciee  de  la  faculté  procréatrice,  od  deira  diriger 
BD  courant  électrique  du  cAté  du  col  de  l'uléma,  d'atfaat 
■ieux  que  ce  moyen,  alors  même  qu'il  échoue,  m  eompro- 
■ct  lu  (a  santé  générale  de  la  malade,  ai  les  fonction! géni- 
tatea  ellea-inèmes.  Si  des  escès  de  coït  ou  de  naatlurbalioa 
entrent  dans  l'histoire  dea  antécédenla  de  la  [emme,  la  lëaioa 
dont  je  parle  peut  être  légitimement  admise,  «■(  alors  l'élec* 
tricité  doit  être  emplojée  avec  plus  de  confiance  que  daas 
lea  cas  où  le  diagnostic  eat  pour  ainsi  dire  négatif. 

Il  est  évident  que  si  t'ioertie  utérine  était  liée  i  qaelqM 
trooble  des  fonctions  générales ,  ainsi  que  je  le  sigoalaii 
plus  haut  i  l'occasioD  de  certains  liiils  observés  par  bmh,  il 
eat  évident»  dii-je,  qs'à  l'uiploi  de  l'électfkité  il  bitdrait 


LÉSIONS  VITALES   DU    GOL    DB   l'uTÉRUS.  767 

ajouter  la  médication  nécessaire  pour  combattre  ces  trou- 
bles, et  remplir  toutes  les  indications  que  des  états  spéciaux 
pourraient  réclamer. 

Mais  ces  préceptes  sont  trop  élémentaires  pour  m'ar- 
rèter  davantage,  et  j'ai  bAte  d'arriver  h  la  seconde  forme 
que  présentent  les  lésions  vitales  du  col  de  l'utérus,  c'est-à- 
dire  à  l'augmentation  de  son  excitabilité. 

Augmentation  de  V excitabilité  du  col  de  l'utérus.  — 
L'excitabilité  morbide  du  col  de  l'utérus  revêt  trois  formes  : 
elle  se  présente  tantôt  à  l'état  spasmodique,  tantôt  à  l'état 
névralgique,  et  tantôt  à  un  état  latent  qui  ne  se  révèle  par 
aucun  signe  pathognomonique.  Il  est  assez  difficile  de  pré- 
ciser les  circonstances  qui  font  prendre  à  l'affection  telle 
forme  plutôt  que  telle  autre,  car  je  les  ai  vues  toutes  les  trois 
se  produire  au  milieu  de  conditions  parfaitement  identiques. 

Cependant  il  est  une  cause  qui  semble  plus  spécialement 
donner  naissance  a  l'état  latent,  et  comme  cet  état  n'occa- 
sionne pas  de  douleur,  ne  trouble  en  aucune  manière  la 
santé  de  la  femme,  ou  a  fait  très  peu  attention  h  lui  d'abord, 
ett  par  suite,  à  la  circonstance  qui,  très  fréquemment,  en  est 
la  source.  Cette  cause,  je  me  bâte  de  le  dire  ici,  bien  que  je 
me  réserve  de  l'étudier  plus  longuement  ailleurs,  cette  cause 
est  le  coït  incomplet,  c'est-à-dire  pour  la  femJH  l'eicita- 
tion  voluptueuse  sans  réception  de  la  liqueur  spermatique 
dans  ses  organes. 

Des  trois  formes  que  revêt  l'excitabilité  morbide  du  col 
de  l'utérus,  une  seule,  la  forme  spasmodique,  me  parait 
pouvoir  empêcher  l'entrée  du  sperme  dans  la  matrice  ;  les 
deux  autres,  et  la  forme  spasmodique  peut  également  amener 
le  même  résultat,  prédisposent  seulement  à  ce  que  j'appelle 
les  avortemenls  précoces^  or,  comme  j'ai  Tiotention  de 
consacrer  le  dernier  chapitre  de  cet  ouvrage  à  cette  espèce 


7r)S  TROUBLES  DE  I.A  RÉCRFTIOM  SI>E»MATIVt'K. 

dimimsibilitè  de  faire  des  enfants,  je  renvoie  naturclle- 
inciil  à  ce  chapitre  les  considérnlions  que  j'ai  à  présenter 
sur  cet  ôial  morbide,  sans  même  m'arrèter  ici  à  la  forme 
spasmoJique  dont  la  ploce  est  dans  un  des  paragraphes  sui- 
\anl$.  consacré  nus  changements  de  position  que  subit  le 
I  j^,  |*ii(érus  soit  pendant  le  coït,  soit  en  dehors  de  la 
copulation. 

c  If.  ^  Corps  étrancrra  dana  le  col  de  Vatérae. 

Sans  parler  des  productions  morbides,  telles  que  tumeur, 
noivpe,  etc.,  qui  m'ont  déjà  occupé  h  Toccasion  de  Tobli- 
tération  accidentelle  du  col  de  l'utérus,  je  dois  signaler 
la  possibilité  de  Tintroduction  dans  la  cavité  du  col  d  un 

corps  élranjzcT,  vomi  du  dehors.  Mais  la  présence  de  ce 
corps  étrîin<:er  pressant  sur  une  inuquense  et  Kiritre  un 
orcane  au«i  >asrulairc  (|ue  Tulérus,  ne  tarderait  pa<  ;i 
déterniinei  des  arridenls  Irè^^  «;ra>es;  par  runséquent.  la 
stérilité  qu'elle  déterminerait  serait  excessivement  p,issat:ère 
et  tellement  liée  à  un  de  re«^  é(a(<  aimis  dont  fai  a\i*c  «ijn 
é\ilé  ^hi^loire,  (|ur  ji»  irois  inutih;  «le  m'arrrlfr  sur  ih*< 
accidents  dont  il  suHil  (récrire  le  litre  jïour  en  compremlr»* 
tout  à  la  fois  limportance  et  h'  traitement. 

«  \.     -    %llérnti«m«>  dr  po«ltlf»ii  du  <*c»l  de  Tu  trrii«. 


^i  Ton  se  rcml  hien  (omplr  du  mécanisme  par  lequel  h* 
fluidi»  séminal  pas^iO  il«»  Tor;:  irn»  mAh»  dans  ri>r{»ane  feimMIe, 
on  l'oniprcndra  comment  une  dé\inti<m  du  cn|  de  Tutéru'^ 
doient  iariliUH'nt  une  <  in^^e  certaine  de  iM>n-iéconriatif>n. 
De  |»lu*i,  rn  rélléchi^saiil  aux  rondilion^idiverse^  qui  peuvent 
rouqiroli-s  rappnrtsd'opposilinn  du  méat  nrinairede  l'homme 


▲LtArATIONS   de   position    du   col   DB   L*UTÉRliS.      769 

etda  museau  de  tanche,  on  explique,  comme  je  le  disais 
plus  haut,  beaucoup  de  faits  qui  paraissent  étranges,  tels  que 
la  conception  après  un  long  temps  de  stérilité,  ou  la  fécon- 
dation facile  avec  un  individuet  impossible  avec  un  autre,  etc. 

Je  ne  prétends  pas  dire  que  toutes  les  bizarreries  signa- 
lées dans  les  résultats  de  la  fonction  génératrice  trou- 
vent leur  explication  dans  une  altération  des  rapports  de 
^organe  mâle  et  de  l'organe  femelle;  mais  j'estime  que  le 
nombre  de  ces  bizarreries  serait  de  beaucoup  diminué,  si, 
dans  leur  appréciation,  on  tenait  un  plus  grand  compte  dé 
la  position  du  col  utérin  considérée,  non  pas  tant  d'une 
manière  absolue  que  relativement  a  la  verge  pendant  le  coït. 

La  difficulté  de  sa  constatation  est  peut-être  le  motif  qui 
a  empêché  d'accorder  à  cette  circonstance  toute  la  portée 
qu'elle  possède,  car,  hAtons-nous  de  le  dire,  l'utérus,  et 
surtout  son  col,  subissent,  pendant  la  copulation  et  à  Tinsu 
de  la  femme,  des  mouvements  qui  altèrent  les  rapports  d'op- 
position qui  doivent  exister  entre  l'ouverture  de  la  verge  et 
celle  du  museau  de  tanche,  pour  que  la  fécondation  s'ac- 
complisse. 

Incontestablement,  il  est  facile,  dans  la  majorité  des  cas, 
de  reconnaître  une  déviation  utérine  permanente,  et  il  ne 
viendra  à  l'esprit  de  personne  de  contester  un  déplacement, 
quand,  par  exemple,  le  col  de  la  matrice  sera  appliqué 
contre  la  paroi  abdominale,  ou  que,  recourbé  en  arrière,  il 
présentera  son  ouverture  à  la  concavité  du  sacrum;  il  ne 
viendra  également  à  l'esprit  de  personne  de  ne  pas  admettre 
une  inflexion  de  l'utérus^  quand  celui-ci,  incliné  sur  lui- 
même,  formera  tumeur  au  cul-de-sac  du  vagin. 

Ces  déplacements  sont  à  ce  point  manifestes  et  tellement 
grossiers,  pour  ainsi  dire,  qu'ils  sont  aisément  constatés  et 
reconnus  par  le  doigt  le  moins  exercé  au  toucher  vaginal. 

49 


M^  g^  Jh  d^plaremenU  ijui  ne  se  prudubral  (jv'k 
M^^^4i«ait;qupInL-0|>utaliotiioit  nuttreet  <lH(>ar«lln 
^^^^mtI*  pitliologieordinnirR  peul  bien  d^ditigncr, 
^^^—^■'onl  aucune  inOueiice  sur  lu  Ksnté  île  li  frtatnt, 
^^  ^pl  h  nalhntogie  «pértale  iJe  la  slérillt^  iloil  Irnir 
_^igMrie,  pui!>([i)*il!(  se  montrent  ou  momenl  m^inooi 
^    -i^àtr'  norniflU'  <le  l'or^anL*  L'!it  le  plus  ri^ccMiire. 

Gv  ifflncement»  pasiiegers  Pt  Fii^Hres,  <{ui  ne  Uiawat 
^g0^  inre  a\>Th  la  co))ulalîon  (|ui  en  fournit  tout  à  h 
w  k  caujie  et  le  mécanisme,  ont  )>eu  attiré  l'atleotiofe 
MM 'ici,  parce  i)u'il  e»l  presque  impossible  de  les 
^^  k  fiit.  qu'on  me  pasite  reipre«<iîuti,  et  parce  <]u«  ncHtt 
^(■f  l'kabiluilc  de  n'accepter  que  ce  que  nos  moTens  d'in* 
iff^Miion  nous  loni  directement  constaler.  CepeinJanl, 
4«9  déplacements  !ont  bien  r<^el<i,  et  je  vain  euater  île 
^tutrtt  que,  diinx  quelques  rsM,  il  e>l  possible  de  le«  re> 
^«wnatlre  au*^^i  sûrement  qu'une  d('-%inlion  permanente,  et 
Mf,  <Ia»s  d'aulrex,  on  e»it  nulurisé  ii  les  AitmeMre  ausii 
Intimement  que  lorsqu'on  admet,  par  eiemple,  une  afTec- 
lîon  <le  la  moellf  nu  du  cerveau  ilnns  une  fiaraljsie  partielle. 
J'aurai  cloue  A  examiner  séparément,  car,  ainsi  qu'on  le 
fcrra,  leur  histoire  c»t  toute  difTc^renle  ■ 
A.  l'es  déplacements  utérins  dépendants  du  coït  ; 
H.  Les  déplacements  utérins  indcpendanb  du  coîl. 

A.  Ut'pliMtwvnti  ul^rfn*  (li*f>i-ndanU  du  eotf. 

Il  est  peu  de  femmes  dont  l'utérus,  et  «urtout  le  col,  le 
iruincnl  eiairli'mcnl  dans  l'ave  du  tagin.  e(  qui,  h  une  ei- 
uloraliun  allentivi-,  ne  ilécclent  une  déviation  lé^sùre.  tantôt 
fo  atant,  taitlût  en  arriére,  ou  lunldl  .-ur  les  idlés;  mais 
«iile  iléviatTon  eut  insuffiMDte  poor  prmlutre  la  Bléritité,  o«* 


I 


ALTiRATIONS  DB  POSITION  DU  COL  DE  L^OTÉRUS.        771 

en  nous  servant  d'un  langage  explicatif  du  |»hénon}ène,  pour 
empêcher  le  passage  du  sperme  de  la  verge  dans  la  matrice, 
car  beaucoup  de  ces  femmes  arrivent  h  h  conception. 

Chez  celles  dont  le  résultat  de  la  copulation  est  négatif, 
et  qui  n'ont  pas  d'autres  motifs  de  stérilité,  il  faut  admettre 
que  cette  déviation  légère  s'accrott,  pendant  le  coît^  au  point 
d'altérer  assez  profondément  les  rapports  d'opposition  de 
la  verge  et  du  museau  de  tanche  pour  ne  plus  permettre  la 
transmission  du  sperme  de  celle-ci  dans  celui-là. 

Cette  supposition  est-elle  admissible  ou  faut-il  la  reléguer 
parmi  les  rêveries  pathologiques  dont  l'esprit  abuse  quel- 
quefois dans  on  vain  amour  de  classiGcation?  Pour  moi, 
c'est  plus  qu'une  hypothèse,  c'est  une  réalité,  et  j'espère 
que  le  lecteur,  quand  il  connaîtra  les  motifs  et  les  faits  sur 
lesquels  je  m'appuie,  partagera,  lui  aussi,  la  conviction  qui 
me  dicte  ces  lignes. 

Les  causes  qui,  pendant  le  coït,  peuvent  agir  sur  la  sta- 
bilité de  l'utérus,  sont  de  deux  sortes  : 

l"" Elles  sont  mécaniques; 

2®  Elles  sont  vitales. 

Voyons  donc  l'influence  de  chacune  de  ces  circonstances. 

1*  Cames  mécaniques  du  déplacement  utérin  pendant  le 
ccit.  —  Les  déplacements  qui  tiennent  à  cette  causer  ne  se 
peuvent  produire  que  par  une  mobilité  extrême  de  l'utérus, 
au  moyen  de  laquelle  l'organe  gestateur  subit  l'influence 
des  mouvements  divers  qu'exécute  le  bassin  ;  cette  mobilité 
est  presque  toujours  constatable  en  dehors  du  coït,  grâce  aux 
différences  de  position  qu'affecte  le  col  utérin  selon  la  situa- 
tion que  l'on  donne  à  la  femme  soumise  au  toucher  vaginal. 

Cette  mobilité  est  amenée  par  diverses  causes  :  tantôt  elle 
est  due  à  la  laxité  des  tissus  qui  doivent  maintenir  la  matrice 
en  place  ;  Unt6t  elle  s'eiplique  par  Teogorgeroent  d'un 


T7$  noVUKS    DS    LA    IIÈCXPTION    HM^BMATIQim. 

■■■t^  rvténi*  []ui,  itisufliiiaiit  fiour  iJélcraiiner  one  N|i 
ieiiM.nlr«lHe  tout  l'orgone  par  son  |jropre  poiils  lorsqu'à 
mAîm  bionblf!  du  bnsïiii  lui  \ictit  en  aiiie  ;  taolAl  enfi^ 
liant  4e  ce  mouvement  tic  bascule  siège  dans  un  dMdsi 


DtM  lc5fss  de  ce  genre,  le  cotl  n'agît  que  par  b  poii- 
li^  <!■«  In  femme  prend  pour  l'accomjtlir;  au(.*i,  commejc 
tt4ini»plu>i  haut,  un  peut,  en  reproduisant  celle  potilioi, 
<4ttriatfr  direrleinent  la  déviation  utérine.  Je  liens  k  M 
fcJTt  titrer  dans  mon  esprit  aucune  peiist'-e,  et  à  ne  laiscr 
ffftir  «le  ma  plume  aucune  expression  que  »c  puissent  arccp* 
Mt  lliomiAleté  et  la  science  ;  mais  je  doit  dire  dans  l'inlérèt 
^  celle-ci  el  grâce  oui  pures  intentions  qui  ui'aniinenl,4|H 
i*ai  connu  une  dame,  mère  de  quatre  enfants,  dont  let  rip- 
Mrls  seiueUont  toujours  eu  un  résultat  ni^f^alifdans  la  pn- 
fition  horiionlole,  et  que,  les  qiiiilre  fois  où  elle  e»l  détenue 
mAm,  «Ile  a  été  fécondée  alors  que  le  bassin  se  trouvait  dans 
)■  position  verticale.  Kn  cette  position,  le  col  de  l'utériu 
^aitbien  duns  l'axe  du  vagin  ;  mais  dès  que  la  Femme  se  cou- 
rhait,  je  ronstnlais  une  version  très  prononcée,  tanlAt  en 
■vaut,  lanlAt  en  arri(>rr,  lontAt  sur  les  calés,  selon  qu'elle 
M  mettait  sur  le  dus,  sur  le  vitntre  ou  sur  les  Qanc^s.  Celle 
mobilité  en  toussent  m'n  toujours  fait  croire  ii  unegntnde 
laiité  des  ligaments,  d'autant  mreui  que  la  femme,  d'un 
lemp' rnmentij'mplialiqiic  tré>  accusé,  avait  toutes  les  cbain 
d'une  mollesse  ettrëme. 

Quand  In  direction  du  déplacement  est  déterminée  par 
rauiimeiitation  de  poids  d'un  des  deux  ovaires  ou  d'une 
porlion  de  l'ulérus  engorgée,  la  déviation  de  la  matrice,  on 
Icconiprend,  ne  se  produit  que  daU'^  une  seule  jiosilion,  et 
il  j  il  iilors  bien  plus  de  cliaiicesde  fécondation  que  dans  le 
(gs  précédent.  Ici  encore  la  constatntinn  du  déplacement  est 


^ 


ALTÉRATIONS  DB  POSITION  DO  COL  DB  l'uTÉRUS.        773 

facile»  et  même  dans  quelque  cas,  la  cause  peut  en  être  re- 
connue par  le  toucher  rectal. 

S'il  fallait  admettre  avec  Hippocrate  que  chez  les  femmes 
chargées  d'embonpoint,  la  stérilité  est  due  à  une  déviation 
de  l'utérus  amenée  par  la  pression  que  Tépiploon  exerce  sur 
Torgane  gestateur,  on  pourrait  supposer  le  même  pouvoir  à 
la  vessie  distendue  par  l'urine  et  à  l'intestin  gorgé  de  ma- 
tières fécales.  M.  Huguier  est  même  allé  jusqu'à  ériger  en 
principes  de  thérapeutique  contre  les  déplacements  utérins, 
la  rétention  des  urines  dans  la  vessie  et  la  conservation  des 
excréments  dans  le  rectum  ;  mais  ces  moyens  bizarres,  pour 
ne  rien  dire  de  plus,  sont  tout  aussi  incapables  de  redresser 
on  utérus  renversé  que  de  produire  le  renversement  du  même 
organe.  Chez  la  femme  dont  j'ai  parlé  plus  haut,  et  dont  la 
matrice  avait  une  mobilité  si  grande,  la  réplétion  du  rectum 
et  celle  de  la  vessie  étaient  sans  aucune  influence,  ainsi  que 
j'ai  pu  m'en  assurer  plusieurs  fois  en  pratiquant  le  toucher, 
la  femme  étant  debout. 

Je  crois  donc  que  les  déplacements  mécaniques  de  l'uté- 
ros  pendant  le  coït  naissent  de  la  position  que  prend  la 
femme,  et  s'expliquent  par  l'une  des  deux  circonstances  que 
j'ai  indiquées,  ou  par  toutes  les  deux  h  la  fois,  c'est-à-dire 
laxité  des  ligaments,  inégalité  de  poids  sur  on  point  quel- 
conque de  l'organe  gestateur. 

Ao  pointdevue  de  la  stérilité,  ces  accidents  n'ont  aucune 
gravité,  puisqu'ils  n'ont  pas  empêché  la  femme  dont  je  par- 
tais tout  à  l'heure  de  devenir  mère  quatre  fois;  c'est  qu'en 
effet  il  suffit,  pour  contre-balancer  leur  influence,  de  con- 
seiller à  la  femme  une  position  convenable  pendant  le  coït,  et 
dont  un  examen  préalable  détermine  les  éléments. 

Quant  à  la  cause  du  déplacement,  qu*il  est  utile  de  com- 
battre, moins  pour  obtenir  la  fécondation  rendue  facile  par 


-1 

iriircnir  ds    H 


nh  TI9VBU&   DS   L*    itCBrTIOH   «PBJUIATtOVI- 

quelijues  jirécaulioru  liui»  le  roït,  que  pour  firiircnir  il 
BccidenU  ultérieur!)  plu.<!  reiJaulables,  il  Uni  d'abord  M 
rechercher  la  ijuture  et  y  conformer  sa  lliérapeuliqtie. 

Dans  les  cas  de  laiiti^  des  lif^amenU,  wurtoul  «'il  y  ■  ^ré- 
doiniiiaiiCL'  du  ïyKtètne  lvm|)tia(iquc.  on  recourra  aui  toih 
quel  $ouâ  toiite-<  le»  rormeti,  iu  (luiuquina,  aux  martiaui, 
el  l'on  )ire»crira  une  hygiène  doril  j'ni  plun  d'une  toi»  dau 
cet  ouvrage  cifiosé  les  principes,  et  sur  tenquels  je  Di;  pai> 
ni  ne  dois  ici  m'arréltT  davantaf{e. 

Opeudniit,  comme  thérapeutique  locale,  il  Taudr»  ÎMÎtlar 
fiu  les  injections  vaginales  froides,  tuniques,  au  besou  aitai 
un  peu  aromatiques,  telles  que  la  décoction  de  quinquina,  dtt 
lh>ni.  <!'*  câmurin,  et  même  une  solution  fuiblu  d'alun;  da 
phit  on  prescrira,  en  mAtne  |pmp!>  qtieces  moyen*,  des  lave- 
BHPtf  froids,  des  bains  de  siéf;e  froids, el  surtout,  st  la  cImmo 
eat  possible,  des  bnins  de  mer,  avec  Teau  de  laqoslle  dai 
j^ectioBs  vaginales  seront  pratiquées. 

Dans  les  cas  oii  des  accidents  nerveux  emptefaeraieBl 
l'awge  des  moyens  que  je  viens  d'indiquer,  on  se  trouvera 
bien  des  fumigations  vaginales  faites  avec  des  plaotMara- 
«itiques  dont  on  verse  la  poudre  sur  un  brisier  placé  aoH 
{ai  organes  génitaux;  on  peut  encore  administrer  le*  vapeon 
da«  mêmes  plantes  aromatiques,  aoit  sous  farine  dedouckei, 
toit  même  en  simple»  fumigations. 

Quand  l'engorgement  d'une  portion  de  l'utérus,  ou  i|uand 
une  affection  des  ovaires  est  la  cause  déterminante  du  dépifr 
garoent,  on  doit  se  renfermer  dans  les  limites  d'une médica' 
tion  que  je  n'ai  point  à  exposer  ici  et  pour  laquelle  je  renvoie 
la  lecteur  iiux  ouvrages  généraux  qui  la  renferment. 

>2*  Causes  vitales  det  déptacemetUs  utérins  pendant  le 

fifit.    -  Quelques  pages  plus  haut,   en  perlant   de  l'aug- 

ptalion  de  l'exciubilité  du  col  de  l'utéros,  j'ai  dit  ^ 


k 


ALTÉRATIONS  DE  POSiriOK  DU  COL  DB  l'utARDS.        775 

cette  excitabilité  morbide  se  présentait  sous  trois  formes, 
doDt  Tone  pouvait  empêcher  l'entrée  du  sperme  dans  la 
matrice  par  les  mouvements  spasmodiques  qui  s'emparaient 
du  col  de  l'utérus. 

Ces  mouvements  dont  la  femme  a  rarement  conscience 
au  moment  du  coït,  surtout  si  celui-ci  est  voluptueux,  mois 
qu'elle  perçoit  quelquefois  en  dehors  de  la  copulation,  comme 
une  espèce  de  crampe  qui  s'irradie  dans  plusieurs  parties 
du  bassin  ;  ces  mouvements,  dis-je,  sont  de  véritables  dé- 
placements pour  les  résultats  qu'ils  amènent,  et  doivent  par 
cela  même  nous  arrêter  un  instant  ici. 

J'ai  dit  précédemment  qu'aucun  lien  direct  n'unissait 
l'organe  récepteur  du  sperme  et  l'appareil  copulateur,  et, 
que  par  conséquent,  on  ne  pouvait  pas  mesurer  le  degré  de  la 
vitalité  utérine  sur  l'énergie  des  jouissanees  erotiques;  j'ai 
cependant  fait  observer  que  la  matrice  et  l'appareil  sensuel 
avaient  nécessairement  entre  eux  des  rapports  de  voisinage, 
et  étaient  l'un  et  l'autre  soumis  aux  lois  de  la  sensibilité 
générale;  que,  par  conséquent,  sans  établir  une  échelle  de 
gradation  commune  i  tous  deux,  on  pouvait  jusqu'è  un  cer- 
tain point  préjuger  de  l'activité  de  l'une  par  la  puissance  de 
l'autre,  comme,  par  exemple,  on  peut,  d'après  l'ardeur  avec 
laquelle  s'accomplit  le  coit,  établir  l'état  de  la  circulation  et 
de  la  respiration. 

Ces  rapports  entre  les  spasmes  cyniques  et  ceux  du  col 
utérin,  qui  découlent,  je  le  répète  encore,  non  d'une 
sympathie  directe,  mais  des  lois  générales  de  l'économie, 
ont  été  de  tous  temps  notés,  non-seulement  par  les  méde- 
cins, mais  encore  par  lespoëtes.  Mercurialis,  en  rapportant 
deux  vers  de  Lucrèce^  se  range  è  l'avis  de  l'auteur  de  la 
nature  des  choses  :  Est  et  aliud  quod  peto^  dit-il,  audiatis 
sine  risUf  scilicet  forma  et  ratio  concubitus;  tjuia  si  mu- 


ALTÉRATIONS  DB  POSITION  DU  COL  DE  L^UTÉRUS.        777 

Ces  prévisions,  on  le  comprend^  se  tirent  des  circon- 
stances mêmes  qui  augmentent  l'excitation  erotique  ;  les 
unes  morales,  comme  Tamour  comprimé,  la  lecture  des  ro- 
mans, les  concerts,  les  spectacles,  etc.;  les  autres  physiques, 
telles  que  le  tempérament,  les  habitudes  de  mollesse,  la  ré- 
pétition fréquente  du  congrès,  etc. 

Mais  je  le  répète  encore,  parce  qu'on  ne  saurait  trop  le 
redire,  les  spasmes  cyniques  n'impliquent  pas  fatalement  les 
spasmes  utérins,  et  de  même  que  les  premiers  peuvent  at- 
teindre une  activité  considérable  sans  la  manifestation  des 
seconds,  de  même  ceux-ci  peuvent  se  produire  au  milieu  du 
calme  d'un  coït  indiiïérent. 

Par  conséquent,  le  congrès  ne  doit  pas  être  accusé  de 
susciter  les  spasmes  utérins,  et  si  ces  derniers  se  montrent 
pendant  l'accouplement,  il  ne  faut  voir  dans  ces  deux  faits 
qu'une  simple  coïncidence,  qu'un  pur  phénomène  du  hasard. 

Cependant,  par  cela  même  qu'il  arrive  que,  quelle  que 
soit  la  froideur  que  la  femme  apporte  à  la  copulation,  il  se 
produit  dans  ses  organes  sexuels,  par  la  seule  présence  de 
la  verge*  une  action,  toute  locale  si  l'on  veut,  mais  qui, 
prolongée,  6nit  quelquefois  par  se  changer  en  excitation 
voluptueuse,  on  peut  admettre  que  la  même  influence  se 
fait  aussi  sentir  sur  l'utérus  et  que  le  coït  devient  ainsi  la 
cause  occasionnelle  de  ses  mouvements  spasmodiques. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  faut  reconnaître  que  la  source  de 
ces  derniers  est  surtout  dans  les  circonstances  diverses  qui 
déterminent  l'état  spasmodique  d'un  organe  quelconque. 
Sous  ce  rapport,  l'utérus  ne  se  soustrait  pas  aux  lois  géné- 
rales de  l'organisme,  et  cette  subordination  me  dispense  de 
passer  en  revue  toutes  les  causes  assignées  aux  troubles  de 
l'innervation. 

Cependant,  parmi  ces  circonstances,  il  en  est  une  spéciale 


778  TROUBLES    DB    LA    HtCBrilOn    Sl-BBHITIUOB- 

à  fscfe  seiuel,  et  sur  latjuelk'  je  ii«vrais  p«r  ooii»é«)iiMl( 
m'jirrêlcr  un  instaiU;  je  leui  jiarlcr  Ju  cuit  incomplet  (xtv 
ta  femme.  Mais,  uiriKi  ijue  je  l'ai  A^h  dit  (ilus  haut,  cette 
circon^laiire,  bien  que  pouvant  afîiener  U  forme  »p«Mn»- 
diqiie  (le  la  surencitubilité  ulériiie,  et>t  si  kouvciiI  la  cau| 
d'un  ét.it  latent  d'e»"'*»'''''"^  "-e  je  rroi»  ea  devoir  r«- 
mellrc  riiiïitoirc  im 


eut  latent.  H  «iuitm 
pour  80[i  e\Binen,  r* 
da  cet  uuvrage. 

Les  acridentfl  qui  i 
aucune  gravité,  mime  au  y 
reminc.  Si  le»  s\n 
règle  l'eialtolioM  Om  tuiu)t 
tuiles,  [il  -.allolé,  les  distraction- 


lacré  k  l'iuQueDce  Ue  etl 
signaler  ccttv  cjuk,  el, 
L^teur  au  dernier  cha|iiUe 

de  ce  ]iarai;raphe  n'oai 
vue  de  la  fécondité  de  !■ 
finbleni  obéir  à  la  loi  401 
érieiiiics,  l'âge,  let  babt- 
les  |ui^(HTii|iiilioi»d'e<jjrtl, 
la  Tatigue  corporelle,  etc.,  en  modérant  celles-ci,  calmeot 
aussi  les  premiers.  —  Anciennement  on  plaçait  une  grande 
confiance  danscertainsagenlsde  la  matière  médicale,  appelé! 
hypnotiques,  et  ilonl  l'emploi  serait  en  efTet  ralionnel  dam 
les  circonstances  qui  nous  occupent,  si  leun  propriété* 
anafihrodisiatjues  avaient  des  bases  un  peu  plus  solides  ifiie 
toutes  tes  fables  que  l'on  s'est  plu  à  écrire  sur  leur  compte: 
ni  le  njDiphen,  ni  l'agnug  casius,  ni  le  nitrate  de  potasse, 
ni  les  semences  froides  n'éteignent  les  désirs  et  ne  refroi- 
dissent les  trans|iorts  amoureux. —  J'aurais  plus  de ronfiance 
dans  les  bains  de  siège  froids,  d'autant  mieui  que  leuractioo 
s'étend  jusque  sur  l'utérus,  ainsi  que  le  prouve  la  pratique 
des  éleveurs  d'animaut,  qui  font  des  alîusiond  froides  sur 
la  croupe,  par  exemple,  des  inesses,  au  moment  où  elles 
sont  abandonnées  par  le  mAle  Je  reviendrai  plus  tard  sur 
cette  idée  du  bain  de  siég<'  froid  administré  immédiatement 
après  le  coil. 


ALTteATlONS  Dl  POSITION  DU  COL  DB  L'OTiftUS.       779 

Les  antispasiDodiqQes,  alors  qu'il  ne  faut  agir  que  sur 
l'utéruSy  jouent  un  rôle  notable  dans  la  médication,  et 
parmi  eui,  je  signale  surtout  Tasa  fœtida,  le  castoréum  et 
la  valériane,  comme  ayant  une  action  en  quelque  sorte  spé- 
ciale sur  l'organe  gestateur. 

Dans  ces  derniers  temps ,  on  a  proposé  le  cathétérisme 
intra-utérin  comme  modificateur  de  la  sensibilité  utérine; 
j'ai  plus  d'une  fois  retiré  des  avantages  de  ce  moyen  ;  mais 
comme  il  réussit  surtout  dans  les  cas  de  névralgie,  je 
renvoie  son  appréciation  au  chapitre  où  cette  affection 
est  abordée. 

B.  Déptaeemenii  uUrim  Mlépindantê  du  e&it, 

La  détermination  de  l'axe  de  l'utérus  peut  être  intéres- 
sante sous  ie  rapport  anatomique,  mais  elle  est  à  coup 
sAr  d'une  minime  valeur  sous  celui  de  la  pathologie,  de 
celle  surtout  qui  fait  de  la  stérilité  le  sujet  de  ses  études  ; 
c'est  qu'à  ce  point  de  vue  cet  axe  est  celui  du  vagin,  qu'il 
est  toujours  facile  d'apprécier  malgré  les  variations  de  ca- 
pacité auxquelles  est  soumis  le  conduit  de  la  pudeur  y  en 
d'autres  termes,  c'est  que  l'axe  de  l'ulérus  se  confond  avec 
celui  du  vagin,  ou  pour  mieux  dire,  c'est  que  ces  deux  or- 
ganes n'ont  qu'un  seul  axe  parlant  du  milieu  de  la  vulve  et 
allant  aboutir  au  sommet  de  la  matrice,  après  avoir  passé  par 
l'ouverture  du  museau  de  tanche  et  le  canal  qui  lui  fait  suite. 

Les  déplacements  de  l'utérus  dont  il  me  reste  à  m'occu- 
per  se  font  tantôt  dans  la  direction  de  cet  axe  et  tantôt  en 
dehors  du  plan  tracé  par  cet  axe. 

Cette  distinction  donne  naissance  à  deux  groupes  de  dé- 
placements qui,  eux-mêmes,  se  subdivisent  en  drux  genres, 
selon  que  la  totalité  de  l'organe  ou  seulement  la  portion  la 


DÉPLACBVBNT   SUIVANT   L*AXB    DO    TAGIN.  78S 

harmonie  avec  celle  du  vagin  ;  mais  cette  harmonie  est  bien 
souvent  irréalisable ,  et  son  application  ne  peut,  dans  l'im- 
mense majorité  des  cas,  être  conseillée  par  le  médecin. 

Heureusement,  cette  inBrmité  est  peu  fréquente  et  rare- 
ment poussée  au  point  d'empêcher  la  fécondation.  Quand 
elle  existe,  elle  est,  comme  je  l'ai  dit  plus  haut,  liée  à  une 
affection  de  l'utérus,  des  trompes  ou  des  ovaires;  ou  bien 
encore,  elle  est  amenée  par  la  présence  d'une  tumeur  ou 
par  des  adhérences,  suites  d'une  péritonite  ou  d'une  mé- 
trite.  Dans  tous  ces  cas,  c'est  à  ces  causes  diverses  qu'il  faut 
adresser  la  médication  pour  ne  pas  compromettre  la  santé 
générale  de  la  femme  dans  des  tiraillements  inutiles  et 
intempestifs. 

Cependant,  on  pourra  recourir  à  quelques  moyens  inof- 
fensifs et  dont  l'action  locale  peut,  en  toutes  circonstances 
faciliter  rabaissement  de  l'utérus  :  tels  sont,  par  exemple, 
les  bains  chauds  longtemps  prolongés,  la  marche,  Téquita- 
tion,  la  danse,  et  enGn  une  ceinture  épigastriquc  dont  la 
pression  s'exercerait  de  haut  en  bas. 

Hors  ces  moyens,  j'estime  dangereux  et  inutiles  les  tirail- 
lements exercés  sur  l'utérus,  soit  directement,  soit  à  l'aide 
d'un  spéculum-ventouse,  soit  de  toute  autre  manière. 

Déplacement  en  bas.  —  Quand  les  déplacements  de  cette 
espèce  sont  peu  prononcés,  ils  constituent  bien  plutôt  une 
condition  favorable  qu'un  obstacle  à  la  fécondation,  en  ce 
qu'ils  diminuent  l'espace  que  doit  franchir  le  jet  de  la  liqueur 
séminale. 

Quand  ils  sont  plus  considérables,  que  l'utérus  remplit  la 
totalité  ou  la  presque  totalité  du  vagin,  la  copulation  seule 
est  rendue  difBcile  et  demande  pour  son  accomplissement 
certaines  précautions. 

Enfin,  quand  le  déplacement  est  complet,  quand  l'utérus 


78&  TllOU8l.es    tu    LA    RtCBPTlDN   M-EBMATtQDI. 

|>eiiti  au  (icl)ors  «lu  la  vulve,  lo  cmigrt.-5  e*l  iinpoiMble,  et  b 
fécinidnlion,  cjue  l'on  prévoit  pouvoir  s'elTccloer  eacore,  a'» 
lieu  qu'au  milieu  ilo  roiitlilions  anormales  vl  iii»olitcft. 

Comme  on  le  voit,  \e$  déplacements  dv  ulte  espèce  JmiI 
les  trois  degrés  que  je  viens  d'énuiuérer  onl  été  défigoét 
•ous  It's  noms  d'aAa* 
malrice,  n'cïcrccnt 
COndité  (le  la  Temmc.  oi 
sont  une  condition  fa 
le  congrès  8'accom| 
cnlalioa  n'est  pasiuiisu; 
OD  n'a  pas  doiiué 
âansqueli{ues  cas,  e 
Uin»  individus,  tels  t|ui 


prolapsus  et  de  chtitt  <k 
tible  influence  sur  la  le- 
tmme  je  l'ai  déjà  dit,  iU 
iHccplion,suilout  lonque 
mme  dont  la  force  d'éja- 
Ite  circoiislsnce  à  laquelle 
m  qu'elle  mérite ,  peut, 
udulté  prucréatrÎL-c  que  cer* 
rd,  le  débauché  usé  a*aat 
l'Age,  etc.,  montrent  avec  telles  l'emmes  et  perdent  avec 
telles  aulrej.  C'est  un  chapitre  de  plus  à  rajer  de  l'histoire 
des  Liinrreries  de  lo  génération. 

Quand  te  déplacement  est  assez  considérable  pour  que 
l'utérus  franchisse  la  vulve,  la  conception,  ai-je  dit,  peut 
encore  avoir  lieu,  mois  alors  elle  s'accomplît  sans  copala- 
lion  et  au  milieu  de  circonstances  étranges.  Je  ne  sais  si  U 
fécondation  a  jamais  élé  réali>ée  dans  des  condilioos  si  pe« 
engageantes,  mais  on  comprend  très  bien  qu'elle  puisse 
avoir  lieu  pur  le  dordemeni  du  sperme  contre  l'ouverture 
du  museau  de  tunclic  mis  à  découvert. 

Quoi  qu'il  en  suit,  jier  cela  même  que  la  fécondation  est 
possible,  il  convient  de  la  ramener  dans  les  conditions  ordi- 
naires de  son  accompli.<sument,  et  pour  cela  faire,  on  re- 
pousse l'utérus  dans  l'icilérieur  et  on  le  retient  en  place  par 
des  mojens  contcnlifs,  dont  je  n'ai  point  à  m'occuper  ici,  et 
au  premier  rang  desquels  se  trouvent  les  pessaircs,  les  tam- 
pons d'épongé  et  les  ceintures  hjpogaslriques,  dont  je  dirai 


DÉPLACEMENT   SUIVANT    l'aXE    DU    VAGIN.  785 

tout  à  l'heure  quelques  mots  à  l'occasion  des  déplaceiuenls 
de  l'utérus  hors 'Se  l'axe  du  vagiii^  c'est-à-dire  o  Toccasion 
des  versions. 

B.  Déplacement  du  corps  de  f  utérus.  —  Renversement  de  la  matrice. 

Le  déplacement  dont  il  s'agit  ici  est,  sans  contredit,  le 
plus  bizarre  de  tous  ceux  que  subit  Tutérus  :  le  fond  de 
celui-ci  se  déprime  en  cul  de  bouteille  dans  Tintérieur 
même  de  son  corps,  se  précipite  vers  l'ouverture  inférieure, 
s'y  engage  et  vient  faire  hernie  au  museau  de  tanche.  Tout 
le  corps  de  la  matrice  peut  ainsi  s'invaginer  et  même,  selon 
Dugès  et  madame  Boivin  (1),  la  portion  la  plus  inférieure 
de  la  matrice,  c*est-à-dire  le  museau  de  tanche,  se  retourner 
quelquefois  elle-même. 

Ce  phénomène  étrange  se  montre  le  plus  souvent  à  l'état 
aigu^  si  je  puis  ainsi  dire,  mais  on  l'a  aussi  observé  à  Tétat 
ihroniqite. 

A  rétat  aigu,  il  est  presque  toujours  amené  par  quelque 
manœuvre  intempestive  ou  brutale  d'obstétrique,  ou  par  la 
brièveté  du  cordon  ombilical,  et  s'accompagne  d'accidents 
graves  qui,  en  menaçant  prochainement  la  vie  de  la  femme, 
le  font  sortir  du  cadre  de  cet  ouvnige. 

Mais  il  n'en  est  plus  ainsi  quand  le  renversement  de  la 
matrice  se  produit  en  dehors  de  l'enfantement;  il  n'allèie 
point  alors  la  santé  de  la  femme,  et,  comme  nous  le  verrons 
tout  a  l'heure,  celle-ci  ne  se  doute  même  pas,  la  plupart  du 
temps,  de  l'inGrmité  qu'elle  porte. 

Il  me  faut  donc  arrêter  un  instant  sur  cet  accident  heu- 
reusement fort  rare  qui ,  malgré  une  étrange  observation 

(I)  Traité  pratique  des  maladies  de  Vulèrus^  l.  I,  p.  221. 

^  50 


DÉPLACEMENT    SUlVAKT    L*AXB   DU    VAGIN.  787 

éprouvé  que  des  accideols  très  simples ,  se  soupçonna 
grosse,  parce  qu'elle  éprouvait  des  dégoûts  et  des  incom« 
modités  presque  inséparables  des  premiers  temps  de  la  gros- 
sesse. Au  terme  de  trois  mois,  elle  ressentit  dans  le  bas- 
ventre,  et  surtout  dans  les  reins,  de  légères  douleurs,  qui 
augmentèrent  graduellement  jusqu'au  cinquième  jour; 
alors  elles  devinrent  très  fortes,  elles  expulsèrent  une  masse 
considérable,  que  MM.  Thuilier,  médecin,  et  Vager,  chi- 
rurgien de  Chàteau-Gonthier,  virent  et  reconnurent  pour  la 
matrice  renversée.  Sans  croire  à  l'existence  d'une  grossesse, 
M.  Vager  tenta  trois  jours  de  suite,  mais  inutilement,  la 
réduction  de  cette  matrice  ;  ne  pouvant  l'obtenir,  il  con- 
sulta de  nouveau  M.  Thuilier  et  M.  Paroissien,  chirurgien, 
qui  lui  conseillèrent  de  la  repousser  seulement  dans  le  bassin, 
comme  l'avait  fait  la  sage-femme,  puisqu'on  ne  pouvait 
espérer  de  faire  plus.  Six  jours  après,  la  femme,  qui  ne  se 
croyait  plus  enceinte,  rendit  un  fœtus  bien  formé,  long  de 
5  pouces,  qui  n'était  nullement  altéré,  que  iM.  Vager  vit 
et  examina  presque  à  l'instant  de  son  expulsion.  M.  Che- 
vreul  crut  longtemps  que  la  femme  n'avait  qu'un  polype, 
que  ses  confrères  de  Château-Gonthier  s'étaient  trompés 
en  le  prenant  pour  la  matrice;  mais  il  leur  rendit  justice  en 
1782,  après  avoir  examiné  la  femme  et  s'être  assuré  que 
le  renversement  de  ce  viscère  existait  réellement  et  était 
entier;  alors  il  pensa  que  le  fœtus  s'était  développé  dans 
une  des  trompes  (l).  » 

L'ouvrage  auquel  nous  empruntons  cette  observation 
bizarre,  la  fait  suivre  des  observations  de  M.  Moreau,  aux- 
quelles je  ne  puis  mieux  faire  que  d'adhérer.  «Nous  ne  sau- 
rions, dit  ce  professeur,  accepter  cette  explication.  Si  la 

(4  )  Bibliothèque  du  médecin  praticien.  Paris,  4  843, 1. 1  {Maladiei  dee 
fimm^i),  p.  364. 


7S8  THOUBLKH   DB   LA    HScimiO!*   NFEIMitTIQUI. 

conception  ovail  eu  lieu  duiis  l'une  des  trompes,  on  o'anrait 
pss  vu  le  fuDlus  sortir  de  ta  cavité  du  vagin,  maû  de  l'ua 
de  ses  cuiiduit!i,  dont  des  orifices,  placés  près  du  Fond  de 
l'organe  renversé,  se  trouveteiit  en  delior*  de  la  vulve; 
ou  dans  les  essais  ({iii  furent  tentés  pour  réduire  l'utériu, 
on  aurait  trouvé   l'un*  >s  gonllée,  son  orifice 

dilaté.  Kien  d<.'  cela  n'i  ',  noii5  tenons  porté  ii 

croire  qu'il  n')  a  eu  prii  qu'une  simple  précîpi- 

Uli«n,  et  SI  plus  lard  le  lit  s'est  opéré,  il  n'a  eu 

lieu  qu'au  moment  de  l'avori  En  adoptant  celle  snf 

position  tout  le  merveillens  L  » 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ce  it-éire  unique  dans  11 

science ,  le  renversemt       le  us  doit  £lro  considété 

comme  un  obstacle  rudica)  k  la  fécondation,  et  que,  par 
conséquent,  on  doit,  par  tous  les  moyens  possibles,  en 
tenter  la  réduction.  Celle-ci  n'est  pas  toujours  rjcile,  et  la 
tumeur  a,  comme  nous  l'avons  vu,  une  tendance  très  pro- 
noncée à  se  reproduire.  Aussi  on  doit  s'cslimtr  heureui 
de  pouvoir  contenir  dans  le  vagin  la  matrice  même  renver- 
sée, alin  d'éviter  l'ublation  de  cet  organe,  opération  dont 
quelques  r.ires  sucit's  tie  peuvent  contrebalancer  les  nom- 
brcui  revers,  qu'elle  soit  faite  par  la  ligature,  ou  par 
l'instrument   traniliant. 

II.  ntPLACEMr.NTS  EN  nEHOHti  DB  l'axe  nu  Tu:iH. 

A.  Drplactmenti'  de  lu  lolalitc  de  l'utrmt. — VfTJijoiM. 

Depuis  que  Levret,  par  sa  noble  franchise  à  publier  une 
erreur  qu'il  aiait  commise  (1),  n  fité  rallenlion  sur  l'anlé- 

(I)  Journal  de    mfdrcint   el    de  chirurgie,  janvier  <783,  t.  Ll.\, 
p.  sn  el  suiv. 


DÉPLAGBMENT8   Bit    DBHOBS   DE    l'aXE    DU    VAGIN.       789 

version,  et  depuis  que  Grégoire,  chirurgien  français,  a 
comprfs  dans  ses  leçons  d'accouchement  la  description  de 
la  rétroversion  de  laquelle  Walter  Wall  fournit  bientôt  à 
G.  HuDter  l'occasion  de  donner  une  observation  (1),  Tétude 
des  déplacements  de  Tutérus  en  dehors  de  Taxe  du  vagin  a 
fait  de  très  grands  progrès,  quoique  beaucoup  de  points  de 
leur  histoire  soient  encore  enveloppés  de  doutes  et  de  ténè 
bres. 

Est-il  besoin  de  légitimer  la  place  que  je  donne  ici  à  ces 
déviations,  et,  par  tout  ce  que  j'ai  dit  précédemment ,  ne  com  - 
prend-on  pas  le  râle  important  qu'elles  jouent  dans  l'étio* 
logie  de  la  stérilité?  Il  n'est  pas  nécessaire»  pour  que  l'infé- 
condité se  produise,  que  le  déplacement  atteigne  des  limites 
extrêmes,  car  j'ai  souvent  rencontré  des  déplacements  qui 
l'occasionnaient  et  qui  respectaient  en  même  temps  toutes  les 
autres  fonctions  qui,  d'ordinaire,  sont  plus  ou  moins  alté- 
rées par  la  pression  que  l'utérus  exerce  sur  leurs  organes. 

La  version  est  constituée  par  le  déplacement  de  la  tota- 
lité de  l'utérus  hors  de  l'axe  du  vagin,  de  telle  sorte  que  le 
col  de  l'organe  se  trouve  fatalement  dans  une  direction 
opposée  à  celle  qu'occupe  le  corps  ;  c'est  la  position  de 
cette  dernière  partie  qui  détermine  la  désignation  que  l'on 
donne  à  la  déviation.  Quand  le  corps  de  l'utérus  se  porte 
en  avant,  qu'il  vient  s'appuyer  contre  l'arcade  du  pubis,  ou 
faire  saillie  à  travers  les  parois  de  l'abdomen,  le  col  se  re- 
courbe en  arrière  et  porte  plus  ou  moins  son  ouverture  vers 
la  concavité  du  sacrum;  il  y  a  alors  antéversion.  Quand  au 
contraire  le  corps  de  la  matrice  est  déjeté  en  arrière,  le  col 
vient  s'appuyer  contre  l'arcade  du  pubis,  et  il  y  a  rétrovet" 
sion;  enfin,  quand  le  corps  de  l'utérus  se  porte  à  droite  ou 
à  gauche,  le  col  se  déplace  dans  un  sens  opposé,  et  il  se 

(4)  Medie.  observalions  and.  inquiriei,  t.  IV,  p.  40 f. 


700        TROuuLes  ne  la  HerepTioii  spnHATioiw. 
produit  alorM  une  laléroveraion  h  droite  od  h  gauche,  iflon 
la  direction  qu'a  prise  le  corps. 

L'ohsliiclc  à  la  fi^condotion  qui  iiatl  de  ces  vhnD^emtaM 
de  position  est  tout  mt^ranique;  il  cul  constitua  ]iar  le 
défaut  d'opposition  Irarmoniaue  entre  le  méat  uriiiaire  â* 
rhommft  et  l'ouvcrti  de  lanchp,  qui  ne  per- 

met [ilus  h  la  liqueur  !  passer  du  premier  dam 

1b  sccotidi-,  et  qui  lu  Iniwf"  nt'iit  se  perdre  dans  Ici 

profondeurs  du  vagîn.  I  iver^ion  et  les  Inl^roier- 

slons,    l'arradc  du  pul  Pliant  pas  au  col  de  se 

recnnrlier  sur  lul-ni^^i  k  ^joit  déplarement  une 

limite  qu'il  ne  peut  I  rululion  sperm&ttque  se 

fait  contre  le  cuMe  t  la  partie  posiérienre 

dans  k'  firemier  cas,  et  sur  les  coies  dans  les  liiléro'erMons. 
Dans  l'anléversion,  au  contraire,  la  concavité  do  sacrum 
laissant  un  \asle  cliiimp  de  déplacement  au  rot,  celui-ci 
se  recourbe  plus  ou  moins,  porte  en  arrière  et  en  haut  !00 
inuse.111  de  tiinche,  et  présente  au  sperme  qni  vient  le  frap- 
per l'angle  ijiii  se  forme  au  point  de  sa  courbure. 

Ce  môcunismc  est  important  k  connaître,  car  an  point  de 
vue  de  la  fécondation,  le  seul  qui  me  doive  occuper  ici,  il 
établit  une  difTérence  notable  entre  la  rétroTcrsion  et  l'an- 
tévtTsion,  non  pas  tant  peut-être  pour  le  traitement  que 
pour  la  possibilité  de  la  conception  on  dehors  de  toute  thé- 
rapeutique, el  pnr  le  seul  effet  de  la  position  des  conjoints 
peo'lant  le  coit. 

Dans  la  rétroversion  et  les  latéroversion<  (il  est  bien  en- 
tendu que  je  faix  la  part  des  cas  exceptionnels  qui  peuvent 
»e  présenter),  le  col  de  l'utérux,  empêché  par  l'areade  du 
pubis  dons  son  mouvement  de  bascule,  ne  ces«e  pan  d'avoir 
le  miiseiiii  di>  tanche  dirigé  en  bas,  dans  le  sens  oà  se  bit 
l'iiM'ension  du  Dutdc  spermatique;  seulement  l'opposttîoa 


DftPLACEVBNTS    E!^    DEHORS    DE    LAIE    DO    VAGIN.       791 

harmonique  entre  la  verge  de  Thomme  et  le  col  de  la  ma* 
trice  est  détruite  par  la  déviation  de  celui-ci  hors  de  Taxe 
du  vagin,  et  par  la  persistance,  au  contraire,  du  membre 
viril  dans  la  direction  de  cet  aie.  Il  faut  donc  ou  ramener  le 
col  dans  Taxe  du  vagin  et,  par  conséquent,  dans  celui  de 
la  verge,  ou  dévier  celle-ci  dans  la  direction  du  col,  de  ma- 
nière à  rétablir  l'opposition  harmonique  des  deux  organes 
dans  un  axe  accidentel,  artificiel  pour  ainsi  dire.  —  Ce  der- 
nier moyen  est  possible,  comme  je  le  dirai  tout  h  l'heure. 

Dans  l'antéversioD,  au  contraire,  le  museftn  de  tanche 
est  non-seulement  dévié  de  son  axe,  mais  encore  il  dirige 
son  ouverture  dans  un  sens  diamétralemc^nt  opposé  à  celui 
par  lequel  s'eflectue  l'ascension  du  sperme;  par  conséquent, 
il  ne  servirait  à  rien  de  remettre  les  deux  organes  dans  le 
même  axe,  si  au  préalable  on  n'avait  pas  ramené  l'ouver- 
ture utérine  dans  sa  direction  normale,  c'est-à-dire  dans  la 
direction  de  la  vulve.  L'intervention  de  l'art  est  donc  d'une 
absolue  nécessité,  et  sans  elle,  quelques  efforts  que  fassent 
et  quelque  position  que  prennent  les  conjoints  pendant  le 
coït,  la  conception  est  radicalement  impossible. 

Sans  doute,  toutes  les  versions  n'arrivent  pas  au  degré 
extrême  dont  je  viens  de  parler,  et  il  en  est  de  très  nom- 
breuses qui  sont  sans  aucune  influence  non-seulement  sur  la 
santé  de  la  femme,  mais  encore  sur  sa  faculté  procréatrice. 
Ce  n'est  pas  à  dire  pourtant  que  la  condition  d'opposition  de 
l'organe  mêle  et  de  l'organe  femelle  puisse  être  éludée  sans 
inconvénient,  ou  qu'une  légère  déviation  de  l'utérus  soit  sans 
importance  pour  le  maintien  de  cette  condition;  loin  de  moi 
cette  pensée,  car  j*estime  que  la  condition  d'opposition  est 
une  nécessité  absolue  pour  la  fécondation,  et  que  cette  con* 
dition  est  rompue  par  la  plus  légère  déviation  utérine,  en 
admettant  que  la  verge  reste  exactement  dans  l'axe  du  vagin. 


IVfî  TUIItHlK»   DK   LA   HfcCtirtlOh   »rlHlt*TIQUI. 

OU  |ior  iiiiP  rt^ïifllion  de  la  vergft,  qnnnd  c'est  le  col  i)«  b 
malriœ  qui  reste  dnns  cel  a*ii.  Les  fcmm*'»  ndroilM  «a  mil 
ol  intéreisffcB  &  lie»  ro|iproihcroents  Btt-riles  saïcnt  (rè*  bien 
(outcs  ct'S  choses,  et  porviennoiil,  ompc  ud  peu  d'tinbilude, 
|)«r  un  mouvenicnl  du  bossin  ou  moment  de  rt^jatuUlion , 
fl  rompie  l'aie  do  la 


Mai'i  par  cela  mèi 
il  Taudra  pru  d'i'ITatl 
Vfau  dt)  r»>l,  cl  m  ' 
milM^i  <)r9>iiielleK  k 
nlak  H  la  pla*  n 
4f.  r(^  <inMUta«a 


il  de  l'uti^rui. 
tlioii  utt'rin«  est  tégèrp, 
U  irrgp  dant  I'pir  nnu- 
X  contliliunf  dîtor^s  nu 
I,  intoe  d«n4  ta  lie  nu- 
«tlra  EKilement  qu'une 
M  WB— ttUnélMlH  lir« 
(e  l'hoMM  ti  de  l'or- 
odatioB  apombl*!  un* 
v^W'  nmvnstanre  forluile  et  iiirnntprise  par  ks  conjoiDlJ. 

|>)«nil  U  dét  iatron  utérine  est  plu»  prononcer,  sans  qu'elle 
mIIo  n-penifant,  pour  la  rétroversion,  jusqu'à  la  relnite  do 
caI  «ous  l'arcade  du  pubis,  et  pour  l'anléveraion,  jusqu'à  l:i 
nturbureeii  arrière  du  même  col  utérin,  la  férondatioo  est 
Mirorc  possible  sans  les  secours  de  In  naédecine,  mais  à  la 
roitdiliori  cependant  de  certaines  précautions  prises  par  les 
ronjoiiitsau  moment  du  coït. —  On  comprend  que  c'est  de  le 
posture  dont  je  veux  ici  parler. —  Le  lecteur,  par  leseipli- 
calions  que  j'ui  précédemment  données,  doit  suffisamment 
MÎsir  le  mécanisme  qu'il  faut  résliscr,  pour  qu'il  soit  inu- 
tile de  m'appesantir  davantage  sur  un  sujet  qui  louche  de 
trop  prè-i  au  domaine  de  la  luxure. 

Enlîn,  quand  la  déviation  a  nlleint  des  limites  inaccewi- 
bles  à  toutes  les  précautions  copulatrices,  l'art  doit  inter- 
tenir et  ramener  lespnrties  déplacées  dans  leur  aie  normal. 
Miiis  ici  apparaissent  les  >érilab1es  difficultés  du  pro- 
blème, ot  des  points  litigieux  se  présentent  en  foule. 


DéPLAGBMKNTS   KN    DfiUOBS   DE    l'aXE    DU    VAGIN.       793 

Je  signalerai  les  principaux,  ceux  surtout  qui  touchent  le 
plus  directement  à  mon  sujet. 

Les  déplacements  utérins  sont-ils  essentiels,  ou  simple- 
ment les  résultats  d'un  état  morbide  quelconque? 

Là  est  le  point  de  départ  de  toutes  les  contradictions. 

Si  les  déplacements  de  la  matrice  peuvent  exister  sans 
lésion  organique,  s'ils  peuvent  se  produire  par  la  seule  force 
de  la  nature  et  persister  par  TelTet  d'une  circonstance  for- 
tuite, légère^ comme  la  présence  d'une  anse  intestinale,  etc., 
il  est  incontestable  que  le  redressement  direct  et  mécanique 
est  non-seulement  utile,  mais  encore  l'unique  moyen  de 
réussite. 

Mais  si  le  déplacement  de  l'utérus  est  amené  et  entretenu 
par  une  cause  morbide,  quelle  qu'elle  soit,  le  redressement 
mécanique  sera  impuissant  à  remettre  l'organe  à  sa  place, 
et  dans  beaucoup  de  circonstances,  il  sera  même  compro- 
mettant  pour  la  santé  et  même  pour  la  vie  de  la  femme. 

Comme  on  le  voit,  la  question  prend  une  importance  pa- 
thologique qui  n'est  plus  exclusivement  de  mon  sujet,  mais 
qui,  cependant,  l'intéresse  assez  vivement  pour  que  je  ne  la 
laisse  pas  tout  à  fait  dans  Tombre. 

Les  deux  manières  d'expliquer  les  déplacements  utérins 
ont  eu  chacune  son  école  et  ses  partisans.  La  première,  celle 
qui  consacre  l'essentialité  des  déviations,  a  été,  dans  ces  der- 
niers temps,  soutenue  avec  un  certain  éclat  par  M.  Simpson, 
en  Angleterre,  qui,  conséquent  avec  ses  principes,  aimaginé 
un  appareil  auquel  son  nom  est  resté,  et  à  l'aide  duquel  il 
ramène  mécaniquement  Tutérus  dans  sa  position  normale. 

Les  idées  et  l'instrument  de  M.  Simpson  ont  été  importés 
et  adoptés  en  France  par  M.  Valloix,  qui  a  fait  subir  aux 
unes  et  à  l'autre  des  modifications  inspirées  par  l'expérience 
et  la  profonde  érudition  qui  distinguait  ce  praticien. 


lUh  TROUBLES    DB    LA    RSCEPTKin     !(FKRN4Tltftm. 

M.  Simpson,  <i«  son  cMà,  H  M.  Valleii  du  »îeii,  proclt- 
maient  l'inocuitc'  de  leur  m<^lhodfl  et  Biirionçaient  des  succèi 
presque  conïlaïKn,  non -seulement  rf»ns  le  redretMment  de 
la  dé>iiitiun,  mais  encore  (et  iti  c't^Uît  le  m^iledn  snglaâ 
<]ui  ('lait  le  plus  eiplicite)  daus  le  traitement  de  li  stérilité 
dépendant  de  resdép 


phe  furftit  troublés  par 
^oo'senlemcnt.diMiienl 
B  MM,  Simpson  et  Vi 
is  encore  ils  fipo»ent' 
I  impossible  de  conjtiEr 
uveilhier  et  ItroM  pr^ 
e  (I),  des  obsertalitH» 
[)tiration  du  pessBÎr*'  âr 


Mais  btoiitM  ces 
la  r»ou»ellp  ic  reten  trèf- 
les contradicteurs,  les 
leii  ne  redressent  pas 
remmn  h  des  dangers  <| 
rer.  »  El   coup  sur  coi<n 
seiilèrem,  à  l'Acailé 
de  femme*  mortes  Ji  la 
M.  Vftlleii. 

Comme  on  le  pense  bien,  l'émotion  fut  grande,  et  l'Aca- 
démie de  médecine  voulut  enfin  éditier  les  praticiens  sur  une 
méthode  thérapeutique  (|ue  patronnaient  deux  hommes  im- 
portants et  honorables,  mais  contre  laquelle  se  dressMcnt 
des  Tails  terribles. 

Ce  fut  M.  Depaul  qui,  au  nom  d'une  Commission,  ports 
les  premiers  coups,  non-seulement  ani  instruments  de 
MM.  Simpson  «t  Valleïx,  mais  encore  i  l'essentialilé  des 
déplacements  utérins.  A  t'ajipui  de  sa  thèse,  il  Tournit  des 
Tails  tr^s  graves  puisés  dans  la  pratique  même  de  M.  Val- 
leii,  et  Ib  discussion  qui  s'engagea  h  la  suite  de  ce  rapport 
ne  laissa  aucun  doute  sur  l'inanité  et  les  dangers  de  cet 
moyens  purement  mécaniques. 

Cependant,  il  est  incontestable  que,  dorant  font  le  temps 
que  l'utérus  est  soumis  k  l'action  de  la  sonde,  il  demeore 

fi]  ButMin  de  l'Académie  impériale  da  médtciitt.  Paria,  <8Si, 
l.  XIX,  p.  3SSflt387. 


par    ■ 


DÉPLAGB1I8NT8    EN    DBHOBS   DB    l'aXB    DU   yA€ll«.       795 

clans  la  position  que  ^instrument  lui  impose,  et  qu'il  ne 
revient  à  sa  position  normale  que  lorsqu'il  est  de  nouveau 
abandonné  à  lui-même. 

Or,  si  Ton  réfléchit  que,  dans  beaucoup  de  cas,  la  dévia- 
tion de  la  matrice  est  la  cause  unique  de  la  stérilité  de  la 
femme  ;  que  l'aiïection  qui  donne  naissance  au  déplacement 
est  par  elle-même  incapable  de  produire  Tagénésie;  et  que 
même,  dans  quelques  circonstances,  une  grossesse  est  un 
palliatif  à  ces  affections,  comme  dans  Tétat  atonique  et 
certains  engorgements  partiels  de  l'organe  geslateur,  on 
est  conduit  à  rechercher  un  moyen  qui,  en  permettant  le 
coït  et  en  exonérant  la  femme  de  tous  dangers,  main- 
tienne l'utérus  redressé,  sinon  d'une  manière  constante,  du 
moins  pendant  la  durée  de  la  copulation.  La  sonde  de 
M.  Simpson  et  le  pessaire  de  M.  Valleii  ne  remplissent 
aucune  de  ces  conditions.  Sans  revenir  sur  les  dangers  qu'ils 
font  courir  à  la  femme,  il  faut  reconnaître  que  le  rappro- 
chement sexuel  est  impossible  pendant  leur  application,  et 
que,  par  conséquent,  les  espérances  qu'ils  peuvent  donner 
reposent  sur  la  continuité  du  redressement  qu'ils  ont  opéré, 
continuité  qui  est  loin  d'exister,  ainsi  que  l'a  prouvé  la 
discussion  de  l'Académie  de  médecine  (1). 

Les  pessaires  ordinaires,  non  pas,  bien  entendu,  les 
pessaires  en  bilboquet^  dont  la  tige  s'oppose  au  coït;  mais 
les  pessaires  en  gimbleltes^  répondent  mieux  au  but  que  l'on 
se  propose,  car,  pour  l'eiïetque  l'on  veut  produire,  l'action 
principale  du  pessaire  doit  porter  sur  le  col.  Cependant,  ces 
instruments  offrent  des  inconvénients  de  plus  d'un  genre, 
dont  le  plus  grave,  dans  le  sujet  qui  nous  occupe,  est  la  faci- 
lité avec  laquelle  ils  se  déplacent.  Il  no  faut  pas  avoir  appli* 

(I)  Bulletin  de  l'Académie  impériale  de  médecine ^  t.  XIX,  p.  742 
à  976  paê9im. 


796  TBOUBI-ES    liK    LA    BÉIIKI-TIOS    SPERMtTtOCE. 

que  un  très  grand  nombre-  île  po^saires  {X'ur  «avoir  en  HTri 
que  huit  fois  sur  dix  ces  appareils  (fuilteiit  Is  po^ïlion  qu'on 
leur  a  donnée,  bnsnilent  sur  {•ti\-m6me!i  et  prcnnvnl  une 
(lîreclion  verticale  eu  abandunnont  le  col  h  l'irréf^ubrilé  de 
se»  déplacenienl!'. 

De  plus,  en  occupant  une  as^iei  grande  pinre  lUn*  !■ 
cavité  vaginalti,  \\n  peuvent  rendre  le  roït  sinon  complète- 
ment impossible,  du  moins  le  contrarier  d'une  mftnièrc ixsrt 
notable  pour  Torccr  la  rcmm  enlever  nu  moment  <le  U_ 

copulation,  L'elTet  qtu;,  sous  (  pporl,  les  possarre«  prOKfl 
doisent,  esl  de  deux  sortes  :  I»  ils  ^nent  les  momcmenls  ■»! 
l'entière  intromiMion  de  la  verge  dans  le  vagin;  3*  il«  peu* 
vent  inspirer  h  l'homme  un  sentiment  de  surprise,  d'effroi 
ou  de  dé(ioilt  qui  lui  rend  le  coït  impossible.  Je  connais  plu- 
sieurs Taits  de  ce  genre,  et  les  femmes  savent  si  bien  l'im- 
pression que  l'homme  éprouve  de  la  présence  d'un  pessaire 
au  moment  du  rapprochement  sexuel,  que  tes  unes  l'enlètcnl 
avant  de  s'abandonner  uui  altoucliemenis  amoureui,  et 
que  les  autres  s'abstiennent  de  toute  copulation  si  elle* 
n'ont  pas  eu  le  temps  de  le  faire  disparaître. 

Sans  nous  arrêter  à  un  sentiment  de  coquetterie  dont,  en 
définitive,  il  faut  toujours  faire  ta  part  chei  la  femme,  les 
pessaires  ont  des  inconvénients  si  graves  que  l'on  s'occupe 
constamment,  soit  à  les  remplacer,  soit  k  leur  faire  subir  des 
modifications  plus  ou  moins  heureuses. 

Si,  nous  renfermant  dans  les  limites  delà  stérilité  amenée 
par  une  déviation  de  la  matrice,  nous  faisons  abstraction 
des  buts  divers  que  l'on  se  propose  par  l'application  d'un 
pessaire,  nous  sommes  obligé  de  reconnaître  que  les  pes- 
saires ordinaires  ne  remplissent  pas  les  conditions  que  nous 
recherchons,  c'est-à-dire  la  possibilité  du  cuit,  en  prenant 
ces  mots  dans  leur  plus  large  acception,  et  le  redressement. 


DirLACUUXIft   »   MlOiS   DE   l'aXE   DC    VAOIIC.      797 

sioon  roDSttiDt,  da  moins  momentaoé  da  col  de  l'atérus.  Il 
faat  donc  chercher  un  moyen  qui  satisfasse  à  cette  double 
indication  :  un  morceau  d'épongé  taillé  en  cylindre  me  parait 
réunir  tous  ces  avantages,  et,  je  me  h&te  de  le  dire,  Texpé* 
rience  a  pleinement  conBrmé  les  espérances  que  la  théorie 
permettait  d'entre? oir. 

Après  aîoir  constaté  la  direction  et  le  degré  du  déplace* 
ment,  on  taille  un  cylindre  d'épooge  dont  le  volume  doit  à 
peu  près  égaler  la  moitié  du  diamètre  vaginal,  et  dont  la 
longueur  doit  être  suffisante  pour  embrasser  la  moitié  du 
col  utérin;  on  graisse  le  cylindre  ainsi  préparé  pour  iMi  iiici- 
liter  le  glissement,  et  on  le  conduit,  avec  le  doi^t  indicateur, 
derrière  la  déviation  du  col,  de  manière  à  lui  faire  occu« 
per  l'espace  compris  entre  le  col  et  la  paroi  vaginale  que 
regarde  le  museau  de  tanche.  Les  mucosités  va^^inales  dont 
lasécrétioli  est  augmentée  par  la  présence  de  Téponge,  gon- 
flent  celle-ci,  et  par  suite  de  cette  augmentation  de  \o« 
lume,  le  col  est  repoussé  ci  maintenu  loin  de  la  paroi  vaginalo 
contre  laquelle  il  appuyait  auparavant. 

Sans  doute,  car  je  ne  me  fais  pas  illusion  sur  Timpor^ 
tance  de  ce  moyen,  l'éponge  serait  insuflisanto  si  elle  devait 
maintenir  longtemps  la  déviation  réduite,  et  surtout  si  elle 
avait  à  vaincre  une  résistance  trop  énergique  de  la  part  dt» 
l'utérus;  mais  dans  la  très  grande  mojorité  des  cas,  et  dansi 
le  seul  but  que  nous  voulons  atteindre,  le  cylindre  d*épou)^o 
répond  à  toutes  les  indications,  pourvu  qu'il  ne  d(^pav<«e  pa» 
les  lèvres  du  museau  de  tonche,  et  qu*il  rejette  Nulliinnimenl 
le  col  du  côté  opposé  à  la  déviation. 

A  rôle  du  fait  que  j'ai  précédemment  rar.tMili^  (\),  et 
dans  lequel  l'opplication  du  cylindre  d'épongé  fiitfiUhiedu 
plushcureux  succès,  je  pourrais  placer  pInsieurN  olnei  \  nliiMiM 

(I)  Voir  les  pages  585  et  suivantes. 


798  TROCKLBS    riB    LA    II&CKPTIU.S    «PBBHATIQOI- 

OÙ  (Ifig  résultais  anulogut-s  oui  été  obtenus  ;  miû  j«  erou  ce 
({etirc  de  preuve  inutile  pniir  un  nio>pn  depuis  longlcBpl 
dans  la  science,  et  dunt  loij  bons  effets  du  «oui  mism  doolt 
pur  [lersonne. 

Je  le  répète,  qu'on  ne  me  prâtc  pas  la  pensée  de  ilonner  è 


ce  mojen  une  importance 

pas.  Palliatif  momentané 

ne  peut    ni  en  éloigner 

manière  rontinuc;  elle 

cesser   la  stérilité,  iobis 

guérir    une  dérialion.  Le  ■ 

rallc-ci,  importe  sans  dou 

mais  il  rentre  tellement  dam 

renvoie    le    lecteur   h   l'Iiittoire    ^iWiérali 

utérines. 


tique  (|ueicn«lut  MUf»)K»f 
lacement  utérin,  rcfion^c 
e,  ni  s'y  opposer  d'uoc 
granti  secours  ptiur  faire 
tement  insuftiuinle  pour 
L'Ut  médical,  définitif  de 
coup  au  iujet  do  ce  livre; 
itliologte  commune  ^ue  je 
lies 


B.  Dépl 


du  corpf  teul  de  l'utérut.  —  Flexion*. 


Quand  le  corps  seul  de  l'utérus  est  dévié  de  soa  aie  cl 
que  te  col  reste  clans  sa  position  normale,  le  déplacement 
est  appelé  flexion,  et,  comme  ta  version,  il  prend  le  nom 
d'antéQeiion,  de  rétruOcxion  ou  de  lutéroDeiion,  selon  que 
le  renversement  de  l'organe  a  lieu  en  avant,  en  arrière  ou 
sur  les  cAlés. 

Le  mécanisme  par  lequel  la  flexion  devient  une  cause 
de  stérilité  est  tout  différent  de  celui  que  je  \iens  de  décrire 
àl'occa-ion  de  la  version  ;  tandis  que  dans  celle-ci  laMénlilé 
est  produite  par  lu  rupture  des  rapports  d'opposition  entre 
l'organe  mâle  et  l'organe  femelle,  dans  la  flexion  où  l'iiar- 
monie  de  ces  rapports  reste  intacte,  la  stérilité  est  amenée 
par  l'occlusion  du  canal  utérin  résultant  du  renversement  de 
la  malrice  sur  elle-même.  Au  point  de  sa  courbure,  l'utérus 
forme  un  angle  rentrant  dioa  lequel  ws  paroi»,  mieet  en 


DiPLACBWNTS   Blf    DBH0R8   DB   l'aXB    DO   VAGIN.       799 

contact,  interceptent  le  passage  au  sperme  et  Tempéchent 
ainsi  d'aller  faire  sa  jonction  avec  l'ovule. 

Mais  pour  que  cet  empêchement  soit  complet,  pour  que 
cet  obstacle  soit  absolu,  il  faut,  on  le  comprend,  que  le 
déplacement  de  l'utérus  atteigne  certaines  limites,  car  si  le 
canal  n'est  pas  entièrement  bouché  et  si  les  parois  utérines 
ne  sont  pas  étroitement  collées  l'une  contre  l'autre,  le 
sperme,  grâce  aux  contractions  de  l'organe  gestateur, 
peut  franchir  le  défilé  et  aller  remplir  son  rôle  comme 
dons  les  circonstances  ordinaires. 

Les  conditions  de  ce  mécanisme  rendent  suflisamment 
compte  de  la  place  secondaire  que,  relativement  aux  ver- 
sions, les  flexions  occupent  dans  Tétiologic  de  la  stérilité. 
Si  un  déplacement  du  corps  de  l'utérus  est  chose  assez 
commune,  pour  que  quelques  anatomistes  l'aient  con- 
sidéré comme  un  état  normal  jusqu'à  la  première  gesta- 
tion (1),  une  flexion  capable  d'intercepter  comfilétement 
le  canal  utérin,  et,  par  suite,  d'entraîner  la  stérilité,  est 
une  chose  assez  rare  et  contre  les  observations  de  laquelle  il 
importe  de  se  mettre  en  garde. 

Cependant,  malgré  leur  peu  de  fréquence,  on  ne  peut 
entièrement  les  révoquer  en  doute,  etTétiologie  agénésique 
les  doit  faire  entrer  dans  son  cadre;  mais,  hâtons-nous  de  le 
dire,  arrivée  à  ce  point  extrême,  la  flexion  utérine  déter- 
mine des  accidents,  soit  du  côté  du  rectum,  soit  du  cêté  de 
la  vi'ssie,  sans  parler  des  douleurs  dans  les  reins,  dans  les 
lombes,  etc.,  qui,  bien  plus  que  le  rétablissement  de  la 
faculté  procréatrice,  sollicitent  l'attention  du  médecin. 

En  présence  de  ces  accidents  et  de  ces  douleurs,  et  avec 

(1)  Quelquiê  motn  nur  Vutérwi,  thèse  inaugurale  de  M.  Boullard. 
Paris,  1863. 


800  TIIOtiBLES    DR    LA    HKCËPTIU>    M'EKHAtlVUK. 

les  données  fournies  fiar  le  toucher  vaginal, et  au  b»oin  par 
le  toucher  rectal,  le  diagnostic  ne  saurait  être  dilTinle,  Le 
corps  lie  l'utérus  llécht  sur  lui-mAme  vient  Tain'  tunirur  au 
cul-ile-sar  du  xigin,  it  trB\crs  lequel  le  doigt  le  moins  exerce 
le  reconnut!  et  le  limite. 

lA  n'est  pas  l'embar  '    oot  entier  dans  In  ih^- 

peutique. 

Tout  h  l'heure,  dons  In  i,  le  chirurgien  stait  la 

ressource  li'ngir  sur  lo  co  rimer  à  tout  l'orfinne  un 

mouvement  de  bascule  qui  lait  dans  sa  position  nor- 

male ;  <ljins  ta  IleKion,  cette  i  -ce  n'eiiste  pas,  et  ii  faut 

atleiiidru  une  partie  perdue  da  l'etcavotion  dti  bassjn,  et 
sur  laquelle  nous  n'avons  que  miiji;ns  indirects  d'action. 
Par  lii  tnéthoile  de  MM.  ISimp^oii  et  Vulleii ,  surtout 
avec  la  sonde  du  premier,  on  agit  bien  directement  sur  le 
corps  de  l'utérus;  mais  cette  ressource,  comme  je  l'ai  déjà 
dit  précédemment,  est  tout  à  la  fois  dangereuse  et  aléatoire. 
Les|iessairesutérins,  si  ce  n'est  |)eut-élre  celui  de  M.  Her- 
vezdeChégoin,qui,  même  dans  les  cas  de  version,  veutqu'on 
agisse  sur  le  corps  et  non  sur  le  col  de  la  matrice,  les  pes- 
saires  utérins,  disons-nous,  n'ont  qu'une  influence  négative. 
Les  pessaires  vogiiiaui  répondraient  mieux  à  l'indication 
qu'il  s'agit  de  remplir,  s'ils  pouvaient  être  liiés  d'une  ma- 
nière plus  solide  qu'ils  ne  le  sont  ordinairement,  et  s'ils 
n'étaient  pns  un  obstacle  insurmontable  pour  le  coït. 

Les  cylindres  de  liii^e  ou  d'éjionge,  introduits  dans  le 
rectum,  outre  qu'ils  n'obvient  qu'à  une  variété  de  flexions, 
mettent  ob^tacle  à  l'etercicc  d'une  des  fonctions  les  plus 
importantes  de  l'économie,  et  sont,  par  cela  même,  relé- 
gués dans  le  domaine  de  la  théorie,  à  cdté  des  espérances 
que  l'on  avait  fondées  sur  la  plénitude  de  la  vessie  et  sur 
celle  de  l'intestin. 


TROUBLES   DB   l'aGTE    d'iMPRÉGNATION.  801 

En  dehors  de  ia  position  et  des  ressources  roiirnies  par 
un  bandage  contentif,  j'estime  que  tout  moyen  mécanique 
doit  le  plus  souvent  échouer  dans  le  redressement  du  corps 
de  l'utérus.  Il  importe  donc  de  recourir  au  traitement  mé- 
dical et  de  combattre  la  cause  elle-même  de  la  déviation, 
sans  perdre  son  temps  dans  des  tentatives  vaines  et  qui  pour- 
raient bien  ne  pas  être  toujours  exemptes  de  dangers. 


CHAPITRE  m. 

TROUBLES  DE    l'aCTE    d'iMPRÉGNATION. 

Je  ne  reviendrai  pas  ici  sur  la  discussion  que  soulèvent 
deux  points  de  Thistoire  de  la  conception  que  j'ai  traitée 
dans  une  autre  partie  de  cet  ouvrage  (l),etqui  sont  relatifs: 
l^'au  lieu  où  se  fait  la  rencontre  du  produit  mâle  et  du  pro- 
duit femelle;  2"*  au  mode  d'union  de  ces  deux  produits. 

Sous  le  premier  rapport,  je  me  suis  rangé  à  l'opinion  qui 
place  dans  l'utérus  même,  ou  dans  la  partie  de  la  trompe  ia 
plus  voisine  de  cet  organe,  l'acte  de  l'imprégnation;  et  en 
ce  qui  regarde  le  second  point,  c'est-à-dire  la  manière  par 
laquelle  cette  imprégnation  s'opère,  j'ai  franchement  avoué 
notre  ignorance,  et  je  me  suis  abstenu  de  toute  décision  en 
présence  d'observations  contradictoires  et  de  théories  que 
rien  ne  légitime. 

En  conséquence,  après  avoir  suivi  séparément  le  produit 
mâle  et  lo  produit  femelle,  depuis  le  lieu  de  leur  sécré- 
tion respective  jusque  dans  celui  où  leur  réunion  doit  se 
faire,  il  ne  me  reste  plus  qu'à  chercher  les  obstacles  qui 

(4)  Voyez  les  pages  93  et  suiv. 

5t 


e  j*  t'ni  itil,  il  sernil  i 
■  l«9  caraclire»  de  »e«  mniUU 
rmaea  crie  ici    une  Inruite    qui  ii'e»t 
ragnitablr  qu'elle  semble  le  parullre, 
<|t»e   Utules    les    chukcs    J'altéralion 
(lu  ftratluit  femelle  unt  agi  sur  eut  y 
■|u'tlK  pi)r<:iiiirent  à  travers   de»  t!-cuei 
^'■u  mumenl   su|)r£tne  de    leur  utiio 
fusion iiement  ne  réside  |)lus  en  eut,  | 
()■  l'orguiiu  chargé  Je  protéger  el  de  I 
uenient. 

Cet  or^iane  est,  comme  je  i'ei  dit  plui 
C'est  donc  k  lui  ijue  uous  atluna  ma 
vomfite  des  nouvellen  cause»  de  «léritité 
examiner. 

Miiis  avant  d'aller  plus  loin,  enlevons 
)»art  <|u'ori  lui  a  faitf  jusqu'à  présent 
l'infécondité;  la  place  <|ui  lui  revient 
au  point  de  vue  de  la  réception  du  ï^pei 
molrici'  est,  comme  nom  l'avun»  vu, 
l'uU-rus  proprement  dit  ne  remplit  <|u'u 
au  moment  KUpr(me  ou  le  spcrmalo. 
l'ovule .  l'-ilvnn  ni^gjJiMgii^Mt 


ANOMALIES    DR    I.A    MATRirE.  H{)1\ 

rencontre;  i'utéros  est  alors  réellement  nctif;  il  (ie\ient 
l'agent,  que  dis-je,  lu  source  à  laquelle  le  nouvel  être  va 
puiser  sa  vitalité,  et  l'on  comprend  que  lu  moindre  de  ses 
altérations  suffit  pour  porter  atteinte  h  cette  fonction  ;  aussi, 
la  pathologie  utérine ,  après  avoir  déchu  dans  l'histoire 
proprement  dite  de  la  stérilité,  reprend-elle  tous  >es  <lroits 
et  en  acquiert  peut-être  de  nouveaux ,  comme  je  le  dirai 
dans  l'histoire  de  Tavortement  précoce.  On  ne  s'étonnera 
donc  pas  de  me  voir  passer  rapidement  ici  sur  cette  patho- 
logie, car,  je  le  répète,  si  les  affections  qui  lu  composent 
eiercent  une  action  très  étendue  et  légitime  sur  le  déve- 
loppement de  l'œuf  fécondé,  elles  ont,  hormis  quelques  cas 
que  je  vais  spéciGer,  une  influence  à  peu  pn*s  nulle  sur  la 
faculté  procréatrice  de  la  femme  et  sur  Tacte  de  la  fécon- 
dation . 

I.  —  ÉLmowÊÊmUem  de  la  Huitrlee. 


Absence  de  Vutérus,  —  L'absence  complète  de  l'utérus 
est  plus  rare  qu'on  ne  pense:  dans  la  très  grunde  majorité 
des  cas,  il  y  a  simplement  atrophie  de  l'organe  ou  formation 
d'une  poche  membraneuse.  Cependant,  on  ne  peut  lu  nier 
d'une  manière  absolue;  mais  qu'elle  soit  complète  ou  in- 
complète, l'absence  de  la  matrice  est  une  cause  d(*  stérilité 
dont  il  est  oiseus  de  faire  ressortir  l'iinportunce  ;  il  ««nflit 
d*en  marquer  la  possibilité,  et,  sous  ce  rapport,  len  exem- 
ples divers  que  j'ai  rapportés  ne  peuvent  laisser  aucun 
doate  (!]. 

L'absence  de  la  matrice  offre  à  la  physiologie  des  ovaires 
et  du  sens  génital,  un  sujet  intérenvant  d'étude  que  j'ai 
effleuré  dans  une  autre  partie  de  cet  ouvrage  ^2;,  â  la'|uelle 

ri}  Voyez  la  page  639. 

(2)  Voyez  les  pages  536  et  soiv. 


80f|  Tuui)tii.K.4    DK   l'acte  D'iMPItttr.nAriON. 

Je  renvoie  le  Ivrteur  puur  los  ilivemes  iibsefratHins  rriitivM 

è  re  vice  île  conformntion. 

Division  (/c  la  matrice.  —  Celte  anomiilic  (>'c*l  pni  prt 
méin<!iit  une  cause  d'agiJn^iiv  ;  elle  g»I  plutdl,  qu'oD  ne 
fusse  1 'ci pression,  une  chtnce  de  tlérililé;  el,  en  eflel,  ri 


I  (les   deut  ovuin 
Irumpes  est  lésée  di 
di«iïe  l'utérus  »e  prolv 
cet  ur^siie ,  il  foudr 
plisse,  t]ue  le  sperme  | 
l'uvoire  et  À  l'oviilude  f 
AUe  empêchée  de  sui 
«tances  diverse:^,  parmi  i 
tioii  ilvji  deux  conjoiots  petiflani 


ou  M  l'une  des  dent 
m,  et  si  la  cIdùod  i]!» 
l'ouverhire  inférieure  <le 
la  fécondation  s'accon* 
is  la  division  attciianlsi 
la  liqueur  séminale  peit 
>ie  par  l'crrt!!  de  ctrcom 
!  citeriii  seulement  la  ftm- 
'oil,  une  iiiDeiina  latérale 


de  la  matrice,  l'obstruction,  par  des  mucosités,  de  celle  partie 
de  l'ouverture  du  museau  de  tanche,  obslruclion  rendue 
plus  fucile  par  la  diminution  même  de  l'orifice.,  etc  ,  etc.  ' 

Bien  évidemment,  si  ta  cloison  membraneuse,  nu  lieu 
d'être  longitudinale  et  de  partager  la  cavité  utérine  en  deui 
portions  lutéralcs,  était  horizontale,  située  au-dessous  des 
ouvertures  des  trompes  de  Follope,  de  manière  à  diviser  la 
matrice  en  deux  parties,  l'une  supérieure  et  l'autre  infé- 
rieure, bien  évidemment,  dis-je,  celle  disposition  serait  une 
cause  absolue  de  stérilité,  puiaqu'il  ne  pourrait  plus  j  avoir 
contact  immédiat  enlrc  le  produit  mâle  cl  le  produit  femelle, 

Heureusement,  cette  anomalie  doit  être  très  rare,  <-ar  je 
n'en  connais  dans  lii  science  aucun  exemple  bien  authen- 
tique. Tous  les  faits  de  matrice  bilobée,  au  contraire,  se 
rapportent  à  une  division  longitudinale  et  rentrent,  par 
conséquent,  dans  le  cas  de  possibilité  d'agénésie,  sans  aug- 
menter le  cadre  de  ceux  où  la  stérilité  est  fatalement  né- 
ressaire. 


LÉSIONS    OKGAMQUES    DE    l'uTÉHUS.  8U5 

$  II.  —  Lésloiui  orf^Biqaes  ée  l'aléras. 

Lésions  de  continuité.  — 11  ne  s'agit  point  ici  des  plaies  et 
des  contusions  de  la  matrice,  qui,  en  dehors  des  cicatrices 
vicieuses  qu'elles  peuvent  laisser  après  elles,  ne  sauraient 
empêcher  Tovule  d'arriver  et  d'être  retenu  dans  Torgane 
gestateur;  il  ne  peut  non  plus  être  question  de  la  rupture 
de  l'utérus,  car  cet  accident  entraine  presque  toujours  la 
mort  de  la  malade;  je  ne  veux  parler  en  cette  place  que  des 
perforations  qui  se  produisent,  quand  elles  ne  sont  pas  con* 
génitales,  à  ta  suite  de  quelque  aiïection  chronique,  comme 
le  carcinome,  par  eiemple,  et  qui,  se  prolongeant  jusqu'au 
rectum  ou  la  vessie,  établissent  une  communication  (islu- 
leuse  entre  ces  organes  et  la  matrice. 

Sans  doute^  une  semblable  perforation  n'est  pas  fatale- 
ment une  cause  de  stérilité  :  l'ovule,  parvenu  dans  Tutérus, 
peut  s'y  loger  loin  de  la  fistule  et  recevoir  encore  l'impré- 
gnation du  sperme;  mais  il  peut  arriver  aussi,  surtout  si  la 
face  interne  de  l'utérus  est  le  siège  d'une  sécrétion  abon- 
dante, que  l'ovule  soit  entraîné  vers  la  fistule  et  porté  de  là 
dans  le  rectum  ou  la  vessie,  soit  par  son  mouvement  propre, 
soit  par  la  contraction  des  fibres  musculaires  de  la  matrice, 
soit  par  le  courant  des  mucosités  utérines. 

C'est  encore,  comme  on  le  voit,  une  chance  de  stérilité. 

Cette  lésion  est  bien  rarement  justiciable  des  ressources 
de  notre  art,  surtout  quand  la  communication  se  fait  avec  la 
vessie  ou  la  partie  la  plus  supérieure  du  rectum.  Dans  la 
plupart  de  ces  cas,  fort  rares,  il  faut  en  convenir,  on  doit 
attendre  la  guérison  de  la  nature  et  la  fécondation  du  hasard. 

Métrite.  —  La  métrite,  qu'elle  soit  aiguë  ou  chronique, 
ne  saurait  être  par  elle-même  une  cause  de  stérilité.  Nous 


80fj  tHODILBS    RB    l'aC»    ll'llinikGIlATtOK. 

lui  >erronti  loiil  à  l'tieurn  jou^r  un  rdie  important,  llott 
que  j'i'iaminerai  les  contlitions  t\m  (iriijdenl  sui  avorte- 
rneiits|irérocea.  Mais,  en  celle  |ilBro,  elle  n'a <fu«(qac  valeur 
que  par  les  acciilenli  ilont  elle  peut  Aire  Huivie. 

M.  Chomel  (1)  a  vu,  ^  la  auite  delà  inélritechroaif|oe, le 


col  ohliléré  par  une  t" 
admettre  que  cette  ai 
lacavit*  utérine,  et  que  i 
espère  de  cloison  infra 
et  i  l'ovule? 

Quoique  je  n'aie; 
nature  et  que  je  n'ei 
•Dleur!!,  je  conçois  II 
le  cd<>  échéant,  la  eei 


■ — lédiatr  ;  ne  peut-on  pt» 
c  sur  nn  point  tn^^e  de 
i^nsversaks  formeiil  uite 
'animalcule  9pennatM)aa 

n  mot,  de  hits  de  a(to 
Htirun  exemple  dam  1« 
me  wmblable  lésioii,  ei, 

h-ililé. 

Il  serait  Tort  dillicile  de  constater  un  pareil  état  sur  le 
vivant,  et  je  ne  sais  vraiment  à  quel  symplAme  le  diagnoalic 
devrait  s'arrêter.  On  pourrait  bien  pratiquer  le  cathélériHne 
utérin,  c»plorpra*ec une  sonde  loal  l'intérieurde  ruténii; 
mais  outre  les  dangers  qu'une  semblable  manœuvre  ferait 
courir  H  la  mulail<-,  je  doute  furl,  h  moins  d'une  expérience 
consommée,  que  l'on  parvint  h  un  résultat  sérieui,  car  les 
enuses  d'erreur  sont  ici  flagrantes  et  nombreuses. 

Ct'tle  ignorance,  ou  plutAt  cette  absence  d'un  diagnostic 
certain,  doit  nous  donner  peu  de  ref^reta  en  présence  de* 
ressources  douteust-s  et  en  petit  nombre  que  l'art  mettrait 
entre  nos  matins.  Sans  douti',  un  instrument  porté  dans 
l'utérus  pourrait  essayer  de  couper  les  adliérences  et  déga> 
ger  ni^^i  l'ouverture  des  trompes;  mois  (|ui  oserait  en- 
treprendre une  pareille  manœuvre  quand  la  vie  de  la 
femme  n'est  pas  sérieusement  menacée  ?  Et  puis  oà  trouver 


fl)  Dictio 


.  XXX,  i 


.    UTtH*(l 


LÉM0N8   ORGANIQUES    DE    l'uTBRO».  807 

une  garantie  de  succès,  alors  que  Ton  opère  en  dehors  de 
tout  moyen  capable  de  diriger  la  main  du  chirurgien  ?  Et 
puis  encore,  en  admettant  la  section  des  adhérences,  com- 
ment prévenir  leur  reconstitution,  que  ne  roan<|ucrait  pas 
d'amener  TinOammation  même  déterminée  par  le  caustique 
ou  l'instrument  tranchant? 

Evidemment,  ce  sont  là  des  impossibilités  insurmon* 
tables  qui,  fort  heureusenient,  grâce  au  peu  de  fréquence 
de  raiïection,  mettent  rarement  à  l'épreuve  la  hardiesse  du 
chirurgien. 

DipfUhérite  utérine,  — La  métrite  chronique  avec  for- 
mation de  fausses  membranes  était  une  affection  non  encore 
décrite,  quand  j'en  rencontrai  un  exemple  dans  un  journal 
espagnol ,  el  Siglo  medico.  Je  traduisis  littéralement  cette 
observation,  due  à  M.  Benavente,  et  je  finséroi  dans  le 
journal  que  je  rédige  (1).  On  lira  sans  doute  avec  intérêt 
le  récit  d'un  fait  tout  nouveau  dans  la  science,  et  qui  montre 
une  cause  encore  inconnue  de  stérilité  chez  la  femme. 
Voici  cette  observation  : 

«r  Dona  F...  E...,  non  mariée,  Agée  de  vingt-huit  ans, 
d'un  tempérament  sanguin-nerveux,  vintconsulter  M.  Bena- 
vente le  7  octobre  1851  :  elle  avait  toujours  ou  les  règles 
diilGcileset  douloureuses;  le  1*'  mars  18/i7,  époque  corres- 
pondante aux  menstrues,  elle  consulta  pour  la  première 
fois  un  médecin,  qui  constata  tous  les  symptômes  d'une  mé- 
trite aiguë,  c'est-à-dire  douleur ,  sensation  de  poids  et 
tuméfaction  dans  la  région  hypogastrique,  dysurie,  consti- 
pation, soif,  nausées,  chaleur  générale,  pouls  fréquent  et 
dur,  céphalalgie  occipitale, etc.,  etc.  ;  les  antiphlogistiques, 
la  diète  et  le  repos  triomphèrent  de  cet  état  au  bout  de 

(4)  France  méâioale,  t.  II,  année  4855,  p.  i3. 


lire  pertJH 
iaes   fMr-  ^^ 


808  TROnBLBS   DK  L^ArTH    n'iHpiifiaNATion. 

ciiiq  jours,  cl  la  scène  si-  termtiiH  par  uno  lAs^rc 
sanguine  du  vftlé  du  vagin.  Le»  niâmes  pbi'nomènçs  fiwr- 
bides  se  reiirésentèrpnt  tous  \(fs  mois,  {icntlont  prh»  <l*un  an, 
avec  lies  eiacerbalions  plm  ou  tnuifis  inarqui^f-s,  vl  Hoimt 
por  complélcinuiil  (li<(ieraUfe  souk  l'inlluenee  de  »oim  pro- 


longés, h  ce  point  ()i 
((éliiiitive. 

»IV1ui<i  un  livéneme 
7  mai  18â0,  occasion 
gaiies  lie  Joua  Florent 

B  Sa  mnisoii  Tut  t 
allant  fermer  une  po 
i\ai*  qui,  s'oMurant 
mort  si  cite  appelait 
nr\c  fermeli^  virile,  t^iPi-inu 
essaya  de  sVihappi 


>  nut  croire  k  une  gwArùe 

iii  arriva  dans  la  nuit  do 
u  djïurdrc  dans  les  or- 

'-»  voleurs.  ïtiirprisr,  en 
par  duui  hominrit  tnai- 
'nt,  la  tncnarèrPDt  de  U 
Kiine  tille  s'y  réfute  arec 
luniièri»  quVHc  |>orlAil  et 
ipr  une  porto  étroite  qui  se  trouvait 


près  de  là  ;  moisau  passage,  elle  reçut  un  coup  de  poignard 
dans  lu  puitrine,  dont  la  garantit  le  buse  de  Min  corset,  et, 
ressaisie  pur  les  bandits  et  voyant  sa  vie  compromise,  elle 
fit  un  eiïurt  désespéré  et  se  délit  ra  de  ses  assassins. 

»  Malgré  (ouïes  les  précautions  possibles,  les  symptdmea 
inflommatoires  se  représentèrent  du  câté  de  l'ntérus  à 
l'époque  in<>nslruclle  suivante,  accompagnés  cette  fois  d'une 
réaction  générale  alarmante  :  fièvre  intense,  agitation, 
contutsions,  soubresauls  des  tendons,  assoupissement,  etc., 
accidents  qui  résistèrent  a  In  médicution  an lipb logistique 
locale  et  gi'nérale  la  mieui  ordunnée,  et  qui  ne  s'amendè- 
rent qu'à  lu  suite  d'une  légère  niétrorrhngie.  Dès  ce  mu- 
ment,  tout  rentra  dans  le  calme,  el,  uu  bout  de  quiit/e 
jours,  la  mnlade  put  vaquer  à  ses  aiïiiircs, 

H  Les  rù:;les  ne  reparurent  pas  le  mois  suivant  ;  mais  la 
si'oiiiile  é[ini|iie  nu'nsliuelle  depuis  la  crise  dont  nous  \c- 


LÉSIONS    OKGANIQUES    DE    L^UTÉRUS.  809 

nons  de  parler,  offrit  un  nouveau  symptôme  et  une  termi- 
naison inattendue  :  outre  les  phénomènes  ordinaires  dont  il 
a  déjà  été  question,  la  malade  se  plaignit  d'un  ténesme 
utérin,  d'une  douleur  qui  l'obligeait  à  faire  des  efforts  pour 
rejeter  quelque  chose  ;  on  visita  et  Ton  observa  ce  qui  suit  : 
la  membrane  muqueuse  du  vagin  était  sèche,  rugueuse, 
engorgée  et  sensible;  le  col  utérin  était  rétracté, comme  si 
une  production  étrangère  se  trouvait  dans  l'intérieur  de 
l'organe^  ce  fut  alors  que  la  malade  déclara  que,  précé- 
demment, dans  les  cas  analogues,  on  lui  avait  eitrait  de  la 
matrice  des  fragments  d'un  tissu  membraneux.  On  essaya 
de  dilater  le  col  utérin  avec  l'éponge  préparée  et  la  pom- 
made de  belladone,  et  après  plusieurs  tentatives  réitérées, 
on  réussit  à  saisir  avec  les  doigts  et  à  extraire  trois  fausses 
membranes  :  une  de  A  pouces  de  longueur  sur  3  de  largeur, 
et  deux  plus  petites  de  formes  irrégulières;  immédiatement 
après  l'extraction  de  ces  corps,  un  flux  de  sang  eut  lieu, 
dura  deux  jours  et  termina  cet  étrange  accès. 

»  La  malade  me  raconta,  dit  M.  Benavente,  que,  pen- 
dant trois  ans,  depuis  le  mois  de  septembre  18/i9  jusqu'en 
octobre  1852,  elle  avait  souffert  constamment  de  ces  atta- 
ques aux  époques  de  ses  règles,  qui,  il  est  vrai,  ne  se  mon- 
traient plus  que  tous  les  deux  ou  trois  mois;  et  que  ces 
attaques  se  terminaient  toujours  par  Texpulsion  de  plusieurs 
membranes  de  formes  et  de  grandeurs  différentes,  de  ma- 
nière qu'il  y  en  avait  une  si  grande  quantité  d'extraites 
qu'elle  possédait  deux  flocons  très  grands  qui  en  étaient 
pleins. 

M  Elles  sont  do  texture  cellulo-libreuse,  résistantes, 
élastiques  ;  quelques-unes  de  l'épaisseur  de  la  dure-mère  et 
les  autres  minces,  demi-transparentes,  de  couleur  blanche 
et  grise;  la  surface  interne  lisse  et  brune, el  l'externe  iné^ 


810  THltUBLIItl    OK     l'acte     tl'lllPHfeGnATIOII. 

^alc  c\  iirrnititt>ticori!  des  lambeaut  de  imu  cellulxtreqai 
□i>  laissent  niicuti  doute  sur  l'aiiMrcnru  de  celle  sarCace.  La 
forme  offi'cli^c  pur  ces  membraite»  e>t  Uès  variable:  eWv  nt 
quadran^uloirr,  Iriatijtulairc,  semi-lunaire,  etc.  ;  mais  cellei 
de  ces  productions  qui  appellent  [ilus  pnrlicultéretnenl  l'ai- 
tention  sont  d(>  forme —'■^~ —  inttèremmt  setobUblet  â 
nue  motrice 

uj'ai  en  ma  pOiis 
consentes  dans  do  I 
D,  Pedro    Gonialei  1 
pathologique,  oii    poui 
médecins  do  Madrid 

»  Après  avoir   réuni 
scrupulfuïmifnt    h    mali 


I  ceM  fausset  membranes 
ai  donné  uneè  moii  ani 
r  son  cabinet  annlomo' 
r  cl  ru%BmiDer  loii>  In 
le  d<^r. 

salérédeols  el  etammé 
reconnus  qu'il  «'«kirmiI 
d'une  affection  non  encore  décrite  par  les  noso^raphes,  et  il 
ne  parut,  eu  égard  aux  caractères  qu'elle  présentait,  que  ta 
dénomination  qui  lui  convenait  le  mieui  était  celle  de  m^- 
trite  chronique  pseudo- membraneuse. 

»  La  coïiicidenredc  ce»  ntt^iques  avec  les  périodes  men- 
Blruetles  aurait  pu  faire  croire  h  une  espèce  de  disménor- 
rhée,  si  les  sj'mptùmes  de  la  métrite  chronique,  tels  qu'en- 
gorgement de  l'utérus,  sensation  de  poids  dans  l'épigaslre, 
liradlemenlsdons  les  aines,  etc., etc.,  ii'nt aient  fias  persisté 
d'une  époque  nieiis<ruclle  à  l'autre.  Eu  égard  aux  carac- 
tères particuliers  dc«  fiiusses  Aicmbrones,  on  ne  pouvait  pas 
davantage  (leiixer  au  mâle  hjdalidc.  décrit  par  madame  Uoi- 
vin,  et  qui  est  toujours  le  ré^ultut  d'un  coït  fécondant. 
D'ailleurs,  dans  les  ras  dont  parle  lu  célèbre  accoucheuse, 
et  sans  tenir  compte  îles  phénomènes  qui  précèdeot  l'et- 
pulsion  du  m6le,^  celui-ci  nous  offre  un  sac  membraneut 
sans  ouverture,  et  contenant  dans  son  intérieur  un  liquide 
plus  ou  moins  semblable  h  l'eau  de  l'amuios.  Dans  le  cas  qui 


LÉSIOIIB   OMARIQUM   DB    l'dTÉRUB.  811 

nous  occupe,  au  contraire,  les  membranes  ont  toutes  une 
ouverture  naturelle,  de  la  forme  quelquefois  de  celle  du  col 
utérin,  et  ne  peuvent,  par  conséquent,  contenir  aucun  li- 
quide; aussi,  la  malade  perd-elle  seulement  une  petite 
quantité  de  sang  après  l'eipulsion  de  la  fausse  mem- 
brane. 

»  Quel  est  le  mode  de  formation  de  ces  tissus  morbides? 
Il  est  probable  que  la  face  interne  de  l'utérus,  alors  qu'elle 
est  le  siège  d'une  phlegmasie  spéciale,  eibale  une  lymphe 
plastique  qui  se  condense  et  adhère  à  la  membrane  mu- 
queuse de  la  matrice,  comme  il  arrive  dans  tous  les  cas 
d'inflammation  dipththéhtique  ;  le  tissu  ainsi  formé  acquiert 
d'autant  plus  de  volume  qu'il  séjourne  plus  longtemps  dans 
la  cavité  utérine,  par  la  simple  raison  que  la  congestion 
sanguine  qui  se  produit  aux  époques  menstruelles  lui  fournit 
de  nouveaux  aliments  pour  se  développer.  L'analogie  per- 
met  de  comparer  au  mode  de  formation  de  la  caduque  celui 
de  ces  fausses  membranes,  avec  cette  diiïérence  seulement 
que  la  première  dépend  d'un  acte  physiologique,  et  que  les 
secondes  sont  produites  par  une  aiïection  morbide. 

»  Je  ne  puis  m'expliquer  comment  il  se  fait  que  la  métrite 
chronique,  une  affection  aussi  commune,  n'ait  jamais  été 
observée  sous  la  forme  que  je  viens  de  décrire.  J'ai  l'espé- 
rance que,  l'éveil  étant  à  présent  donné,  on  ne  tardera  pas 
à  en  signaler  de  nouveaux  exemples.  » 

Sans  doute,  la  stérilité  déterminée  par  la  présence  de 
fausses  membranes  dans  l'intérieur  de  Tutérus  n'est  que 
temporaire,  c'est-à-dire  d'une  durée  égale  a  celle  de  cette 
forme  de  métrite  chronique;  mais  ai  l'on  fait  attention  à 
la  persistance  avec  laquelle  se  perpétue  l'inflammation  chro* 
nique  de  la  matrice,  on  avouera  que  cette  cause  de  stérilité, 
eoaune  nous  en  avons  d'ailleurs  la  preuve  dans  l'observa- 


81*2  THODBLEK    »K    l'aCTK    n'ilinitGNATION. 

tion  qui  précède,  a  une  adinn  trop  proloDj^éf'  pour  ne  pu 
fixer  l'allenlion  Au  pratirjen.  On  dvvra  liom-.  recourir  «ui 
moyens  préconisés  roiilrc  cette  forme  tic  la  plilegmane,  et 
qu'il  ne  m'appartient  pas  île  rappeler  ici,  poi«fue  lew 
orliaii  sur  la  stérililé  n'eil  quA  cotis^cBtive. 

Dégénérescences.  —  "  ""'  "iScrirB  le  titre  de  ce  f»n- 
graphe  pour  saisir  imm  t  l'influence  fftvIieuK  i|uc 

duivciil  eiercer  sur  la  f(  non  leii  maladie*  tlhertei 

qu'il  exprime.  Qu'elle  soit  <  t  multgne  ou  bfiiif;n«.  Ii 

dé^énéreiicence  do  la  matrice  faitanl  perdre  aui  lûra» 
les  condilion8  aiialomiques  qui  s  cunslitueni,  allJ-re  faU- 
lemciil  les  fonction»  vitales  de  trgane.  Comment  ruucc- 
vuir,  pur  ciemiile,  la  coi  n  de  la  contrai-ttlité  4%m 

un  n^^nIll!  musculaire  dont  le  res  sont  lanlAt  métamor- 
phosées en  une  espèce  de  bouillie,  comme  dans  l'encépha- 
loide;  tantôt  rendues  ineitensibles,  comme  dans  le  Kbro- 
plastique;  lanldt  durcies,  comme  dans  l 'ossification. etc.  .etr. 

Je  n'oi  point  h  fuirc  ici  l'histoire  de  cette  partie  de  la 
patholo|:ic  utérine;  l'étude  du  cancer,  de  la  lubcrculi.«a- 
tioii,  de  l'ossification  et  des  antres  espèces  de  dégénères- 
cences  de  la  matrice  ne  rentre  pas  dans  les  limites  restreintes 
de  l'ouvrage  que  j'écris;  je  me  dois  contenter  d'en  mar- 
quer l'importance  au  point  de  vue  de  l'objet  qui  m'occupe, 
et  d'en  abandonner  la  description  aus  traités  généraux  des 
maladies  des  organes  reproducteurs  chez  la  femme. 

D'ailleurs,  si  nous  en  exceptons  le  cancer  et  ses  diver>es 
formes,  et  lu  tuberculisation  dont  la  réalité  n'est  pas  admiiv 
par  tous  les  auteurs  ,  nous  sommes  forcé  de  reconnaître 
que,  généralement,  les  dégéiiéreKcentes  utérines  arrivent 
à  un  Age  où  depuis  longtemps  déjà  la  faculté  procréatrice 
s'est  éteinte,  de  telle  sorte  qu'en  entreprenant  l'examen  de 
ces  aiïections,  nous  ressemblerions  fort  au  héros  de  Cer- 


CORPS   ÉTRANGERS   DE    l'uTÈRI'S.  818 

vailles,  qui  épuisait  ses  forces  et  son  courage  contre  des 
ennemis  imaginaires.  —  Quant  au  cancer,  son  étude  m'en- 
trainerait  dans  de  telles  discussions  étiologiques  et  sympto* 
matiqueSy  que  je  paraîtrais,  à  coup  sûr,  faire  bien  plutôt 
un  travail  de  pathologie  générale  qu'une  œuvre  limitée  et 
restreinte  au  seul  cas  de  stérilité. 

Je  le  répète  donc,  il  me  parait  suffisant  d'énoncer  le 
titre  de  ce  paragraphe,  pour  que  chacun  comprenne  le  rôle 
néfaste  que  jouent,  dans  la  fécondation  de  la  femme,  les 
dégénérescences  diverses  qui  rentrent  dans  son  cadre. 

g  III.  —  liéstoMs  vitale*  d«  r«tér«ii. 

Dans  le  chapitre  précédent,  je  me  suis  longuement  étendu 
sur  les  lésions  vitales  du  col  de  l'utérus,  parce  que  ces  lé- 
sions, comme  on  a  pu  s'en  convaincre,  exercent  bien  réel- 
lement une  influence  fâcheuse  sur  Taptitudc  procréatrice  de 
la  femme;  il  n'en  est  plus  de  même  quand  elles  siègent  sur 
le  corps  même  de  l'organe;  la  faculté  génératrice  n'en  est 
pas  aiïectée,  et  ces  lésions,  d'ailleurs,  rarement  indépen- 
dantes des  lésions  analogues  du  col,  n'ont  une  réelle  impor- 
tance que  dans  la  production  de  l'avorlement  précoce,  de 
telle  sorte  que  les  considérations  que  je  pourrais  présenter 
sur  elles  se  trouvent  tout  à  la  fois  dans  le  chapitre  précédent 
et  dans  celui  qui  suit,  auxquels  je  dois  nécessairement  ren- 
voyer le  lecteur. 

§  lY.  —  Corps  é<raBgen  de  l'oténui. 

Il  en  est  de  ce  paragraphe  comme  de  celui  qui  précède  : 
pour  l'intelligence  de  la  question  relative  à  la  stérilité,  il 
suffit  d'en  écrire  le  titre;  mais  pour  les  développements 


I 


811k  TROVBLBS    DK    t'ACIt    D'mPnAeNATKm, 

que  le  Mujel  comporte,  il  fiiudritit  faire  on  de*  cli«jtitrei  te* 
plus  étendus  de  la  pathologie  uténnt;  ;  on  oonçoit  rn  «Un 
<fu«  In  cavité  de  \a  mfltnn>  n'est  |>a«  n»et  grandi-  pour  <)m 
j'ovule,  queltjur:  petit  qu'il  «oit,  trouve  j>  $'y  lo^er  (|iui»d 
des  calculs,  une  liiinour  ou  un  polype  la  tt>mplis«enl.  Va 


udmettaiit  même  igue 
ilont)  l'uléru!',  sa  joi; 
sible  par  la  préseuced 
d'un  véritable  écran 
dans  le  trompe,  ut 

Cependiint  si  l'obtiii 
cavité  utérine,  U  fécontli 
ainsi  qu'on  en  a  descxei 
la  tumeur  anormale  est  c 


i  germinole  arrive  }h»<|K 
nperme  phI  rendue  ini|>i»- 
n^or,  qui  fait  «)or«  l'ofBcc 
s.  l'fltiile  es!  réaorbé  «Hl 
it  dans  l'utérus  lui-méM. 
iTupait  |>as  en  totalité  la 
irrail  encore  se  produirr, 
alors  le  corps  étranger  ua 
lefois  expulsé  aiec  l«  pro- 


duit de  Is  conception.  <■  Quand  la  grossesse  complique  lei 
polypes,  dit  Lisfranc,  ces  productions  organiques  aroiden- 
telles,  qui  siègent  k  des  hauteurs  difTérentes  dans  la  matrice, 
sont  tantôt  expulsées  par  le  fœtus  au  momi-nt  où  il  se  dé- 
gage lui-même  de  la  capacité  de  l'utérus,  tantôt  elles  res- 
tent dans  cet  organe  après  l'accouchement.  Le  docteur 
Rhodamel  m'a  montré  une  tumeur  polypeuse  du  volume 
d'un  gros  oeuf  de  poule;  elle  éluit  située  dans  le  col  de  la 
matrice;  file  proéminait  légèrement  dans  le  va^in  ;  elle  fut 
chassée  des  organes  génitaui  par  le  produit  de  la  concep- 
tion à  mesure  qu'il  en  sortit  lui-même.  J.  liatin  pratique 
un  accouchement  qui  n'offre  rien  d'extraordinaire  ;  le  délivre 
sort  spontanément,  tout  se  passe  hien  d'abonl;  mais  \ers 
le  quiniième  jour,  une  perte  rouge  se  manifeste  ;  nous  som- 
mes appelé  ;  nous  touchons  la  malade  et  nous  partageons 
l'opinion  de  notre  confrère,  qui  avait  constaté  la  présence 
d'un  polype;  cette  tumeur  formait  au-dessous  du  col  utérin 
une  tria  légère  saillie;  elle  pénétrait  dans  l'utérus  ii  one 


TROCBLBS    Dfc    LA    FONCTION    DB    GESTATION.  815 

hauteur  qu'il  était  impossible  de  reconnaître  ;  la  femme  avait 
perdu  une  très  grande  quantité  de  sang;  elle  était  presque 
anémique.  M.  Bouillaud  la  vit  avec  nous  ;  je  portai  une 
ligature  dans  le  fond  de  la  matrice;  l'écoulement  de  sang 
fut  immédiatement  arrèlé  ;  il  ne  survint  aucun  accident,  la 
malade  guérit  parfaitement  (1).  » 

Il  n'a  pu  être  question  jusqu'ici  que  des  corps  étrangers 
«olides  dont  le  maintien  dans  la  cavité  utérine  n'implique 
pas  l'occlusion  de  celle-ci  ;  mais  si  le  corps  étranger  était  un 
liquide  ou  un  gaz,  comme  dans  les  cas  d'hydromètre  et  de 
tjmpanite,  la  fermeture,  quelle  qu'en  soit  la  cause,  de 
l'orifice  utéro-vaginal  serait  un  motif  de  stérilité  de  plus 
è  ajouter  à  ceux  que  détermine  déjà  la  présence  du  corps 
étranger. 

Les  obstacles  qui,  en  fermant  l'ouverture  inférieure  de  la 
matrice,  s'opposent  à  l'écoulement  des  fluides  contenus  dans 
l'intérieur  de  l'organe  gestateur,  m'ont  assez  occupé  précé- 
demment pour  qu'ici  je  ne  m'étende  pas  davantage  sur  eux. 


CHAPITRE  IV. 

TROUBLBS  DB  LA  FONCTION  DB  GESTATION. 

Les  considérations  que  j'ai  placées  en  tête  de  la  partie  de 
cet  ouvrage  relative  à  la  stérilité  me  dispensent  de  certains 
développements,  nécessaires  en  la  place  que  je  désigne, 
mais  qui  peut-être  ici  eussent  été  un  hors-d'œuvre;  ce 
chapitre,  en  effet,  est  un  simple  appendice  de  mon  tra- 
vail, et  ne  saurait  rentrer  dans  les  limites  que  je  m'étais 

(4)  Clinique  chirurgicale  de  Vhôfiital  de  la  Pitié,  t.  III,  p.  466. 


816  TftO(;8LKS   DK   LA    FONCTION    DE   VB&TAtlOK. 

imposéci,  car,  je  le  répète,  le  cadre  de  la  stérîlilé  i 
pas  nu  delà  de  rin)|)ré{;Tialiui)  de  l'ovule,  et,  cette  îni|irf- 
^iialion  obtenue,  ou  se  trouve  dans  le  domaine  de  la  (troi- 
sesse,  et  partant  dutis  celui  de»  ouvroges  tl'ob»l^lrii]U«. 

Pour  toutes  ces  roisotiii,  je  serai  très  bref  daus  ce  <|ai  me 
reste  à  dire. 


Les  cau^fs  do  la 
delà  partuiitiflii,  se  irui 
et  tantôt,  c'est  le  i 
tuteur. 

Quand  rsvorleme 
conditions  de  l'ovul 
k  considérer  comme 
le  produit  iiiAlc.  soit  aan: 


uf  avant  l'i^poque  normale 
lAl  dans  l'ovule  iui-in<)iiM>, 
inmun,  dam  l'organe  get- 

I  sa  raiaoo  d'élre  ilau  lu 
de  cet  étal  que  loul  porte 
le,  se  renconUf  soit  daiu 
'oduit  femelle. 
Il  m'est  impossible,  ifuant  à  présent,  de  déterminer  d'une 
manière  précise  les  circonstances  qui  flltèrcnl  la  vitalité  du 
zoosperme  ;  l'histoire  pathologique  des  aDimnlcules  sperma- 
liques  est  encore  à  faire;  j'ai  entrepris  ce  travail,  dont  je 
publierai  un  jour  tes  résuUiits.  Cependant,  je  puis  dire 
déjà  que  l'ultération  signalée  par  MM.  W'a^^ner  et  Pouchet, 
et  qui  consiste  dans  la  chute  do  réjiilliélium ,  nie  parait 
être  une  cou^e  d'ofîaiblissement  de  ces  animalcules;  plu- 
sieurs fois  j'ai  rencontré  cette  disposition  sur  les  itpernialo- 
toides  d'individus  dont  le  coït  donnait  toujours  des  résul- 
tats négatif>,  et  quelquerois  même  j'ai  pu  constater  que  les 
femmes  qui  aviiient  reçu  les  caresses  de  ces  hommes  pré- 
sentaient les  symptômes,  énumérés  ailleurs,  de  l'avurte- 
ment  précoce,  l/opinioii  que  j'avance  ici  n'est  jtotnt  une 
rertitutle,  je  le  répète;  saus  £lre  ab^oinmellt  une  théorie 
spéculative,  elle  n'a  pas  encore  suflisammenl  subi  le  con- 
trôle de  t'cipérimentulion  pour  être  acceptée  en  toute  con- 
fiance; je  la  livre  comme  un  doute  de  mon  esprit,  comme 


TIOUBLBS  Dl   LA   FONCTION   DB   GESTATION.  817 

an  premier  jalon  dans  Thistoire  pathologique  du  zoosperme. 

Il  en  est  à  peu  près  de  même  pour  les  conditions  d'af- 
faiblissement qui  se  trouvent  dans  Tovule.  La  connaissance 
de  ces  conditions  est  encore  plus  difficile  a  acquérir  que 
celle  des  conditions  relatives  à  l'animalcule  spermatique, 
car  ToYule  ne  peut  être  soumis,  comme  ce  dernier,  à  notre 
investigation  directe.  Cependant,  les  causes  générales  d'af- 
faiblissement, dont  l'action  se  fait  sentir  sur  toutes  les  fonc- 
tions de  l'organisme,  exercent  incontestablement  une  in- 
fluence fâcheuse  sur  la  vitalité  du  produit  de  la  sécrétion 
ovarienne,  et  peuvent  servir  à  expliquer,  jusqu'à  un  certain 
point,  la  stérilité  dont  sont  accusées  les  chlorotiques,  les 
femmes  anémiques,  en  un  mot  toutes  celles  dont  le  sang  est 
appauvri  par  un  motif  quelconque.  Sans  doute,  l'utérus,  qui 
prend  sa  part  de  l'alTciiblissement  général,  rend  tout  aussi  bien 
compte,  comme  nous  le  verrons  tout  à  l'heure,  de  l'avorte- 
ment  précoce,  et  il  n'est  peut-être  pas  nécessaire  d'admettre 
nne  hypothèse  dont  il  est  bien  difficile  de  constater  l'exacti- 
tude.—  Comme  on  le  voit,  je  ne  me  fais  point  illusion  sur 
ce  point,  et  j'arrive  à  un  sujet  moins  rempli  d'ombres  et 
de  ténèbres. 

C'est  la  part  dévolue  è  l'utérus  dans  la  production  du 
phénomène  que  j'examine. 

Cette  part  est  très  grande,  car  je  ne  sais  pas  un  seul  état 
pathologique  de  l'organe  gestateur  qui  ne  soit  capable  d'ame- 
ner le  dépérissement  et  la  chute  précoce  de  Tœuf.  Cependant 
je  ne  veux  pas  dire  que  l'évolution  fœtale  ne  se  puisse  faire 
et  ne  se  fasse  en  effet  qu'au  milieu  des  conditions  les  plus 
normales  d'une  matrice  saine  ;  non,  car  il  n'est  pas  rare  de 
rencontrer  des  utérus  profondément  malades  porter  jusqu'à 
terme  le  produit  de  la  conception,  et  ne  le  dépouiller  d'au- 
cun genre  de  vitalité.  Mais  de  même  que  tout  état  morbide 

5S 


ï   r 


8IK  ooniBR  DK  Li  roneno»  dk  AUTArmia. 

a  liesoin,  pour  »e  produire,  non-Kulenioiil  tl'uii«  oiaw 
déli'irminaiite,  ocnasioiirielle,  main  Riirore  de  certaine*  con- 
(IJliotiJi  idiosyncrasiqnes  dont  l'cittence  rioun  e<l  ineonnae,  pI 
(|ui,  au  milieu  do  ciruutrKlaticcs  en  a|i|iaren<^i>  idtful)(|De9,  ren- 
dent l'action  d'uni!  cauDP  morhide  UiiiliM  Icrribk  rt  (onlM 


nttllp;  de  même,  l'ato 
l'înHueiicc-  d'un  l'iat 
i]ue  tout  niilaiil  (ju'etiste 

Néanmoins,  en 
m)iném(>nl,  une  inronni 
ilans  len  |irublèm^  d« 
morbide  de  l'utéroft, 
tiniiH  ort^nniques  ou 


cuïO  ne  «'ocfomplit,  ^oii« 
I  ï|U«lrofK|utf  de  rulérua, 
Rc  de  |irédt<ipo«ilioB  faUle. 
'  romme  «n  Iv  fait  roni- 
tt  imi'OMible  de  d^^ai^rr 
m  peut  dire  quti  loiit  fiai 
ne  (]u'il  inodilir  les  coodi- 
le  cet  organe,  e«t  «uatvp- 


lible  dfi  Iroiiblcr  kb  fonrtmn  (tctialrire,  et  fonȎijiipmmPMt 
de  déterminer  la  chute  de  l'œuf. 

Jo  n'ai  point  k  faire  ici  l'hiDloire  de  la  pattiologie  utérine, 
et  je  ne  Teiii  ni  ne  doiit  m'arrèter  un  instant  que  lur  deui 
circonslsnceii  i|tii  ne  sont  pas  ordinairement  comprises  dans 
le  cadre  de  cette  histoire. 

Ce*  cinoiistflnres  sont  la  masturbation  et  le  coit  Incom- 
plet qui,  ainsi  qu'on  va  le  voir,  n'est,  pour  la  femme,  qu'une 
variété  de  masturbation. 

l'ourrunctriiulrccasil  se  passedans  toute  la  matrice,  et 
surtout  au  miiseuu  de  tanche,  un  phénomène  analogue  k  celui 
qui  se  produit  dans  l'appareil  génital  do  l'homme,  lorsqu'à  l« 
suite  d'une  vive  uicilation  érotii|ue  l'éjaculatio»  du  sperme 
n'est  pas  le  di^nouement  d'une  érection  pfolon<iée.  Moina 
fiche  en  nerfs  que  li  s  testicules  et  le  cordon  spermatique, 
muis  [dus  abondamment  pourvue  qu'eux  de  vaisseaui  san- 
guins, la  matrice,  si  «Ile  ne  trahit  point,  romme  les  organe* 
de  riiomme,  une  sensibilité  douloureuse,  n'en  est  pas  moins 
le  siège  d'un  travail  pathologiqu*  dont  l«  résultat  ae  Ira- 


tnOOBLBS    DB    LA    PONCTION    DE    r.RSTATIOTI.  810 

doit  tantôt  par  une  lésion  des  tissus  et  tantôt  par  une  alté- 
ration de  la  vitalité. 

Sans  reprendre  ici  la  thèse  si  souvent  débattue  dans  le 
cours  de  cet  ouvrage,  des  relations  synergiques  entre  le 
plaisir  vénérien  et  l'excitabilité  utérine,  je  rappellerai  que 
j'ai  été  conduit  à  conclure  que,  s'il  n'était  pas  possible  de 
formuler  comme  une  loi  l'existence  de  ces  relations^  on  était 
aulortsé  à  admettre  certains  rapports  légitimés  par  le  voisi- 
nage des  organes  respectivement  affectés  à  l'accomplisse- 
ment de  ces  deux  faits,  de  telle  sorte  que  la  matrice  reste 
rarement  tout  à  fait  étrangère  au  spasme  cynique. 

Comme  chez  l'homme,  il  semble  que  le  spasme  cynique 
ches  la  femme  n'est  complet  et  physiologique  qu*à  la  con- 
dition delà  présence  du  sperme;  on  dirait  que  re  liquide 
est  nécessaire  pour  calmer  l'excitation  à  laquelle  est  en 
proie  tout  Tappareil  génital,  et  que,  semblable  à  une  rosée 
bienfaisante,  il  apporte  la  fraîcheur  et  le  calme  à  des  ardeurs 
trop  dévorantes. 

Si  l'action  en  quelque  sorte  antispasmodique  du  sperme 
ne  se  fait  pas  sentir  à  l'utérus  au  moment  de  la  plus  grande 
exaltation  amoureuse,  si  celle-ci  est  obligée  de  s'épuiser  et 
de  s'éteindre  dans  ses  propres  tressaillements,  les  conges- 
tions successives  dont  la  matrice  et  surtout  son  col  sont  le 
siège  à  la  suite  de  ces  excitations  répétées,  amènent  tantôt 
une  sorte  de  phlogose  et  tantôt  un  état  nerveux,  l'une  et 
l'autre  incompatibles  avec  la  fonction  gestatrice  de  l'utérus. 
C'est  ainsi  que,  dans  la  plupart  des  cas,  s'expliquent  la  pré- 
tendue stérilité  des  femmes  qui  se  sont  livrées  a  la  masturba- 
tion, et  celle  bien  plus  étrange  encore  de  ces  infortunées  qui, 
après  avoir  eu  le  bonheur  d'être  mère,  ne  peuvent  plus  jouir 
de  cette  félicité,  lorsque,  rompant  avec  des  habitudes  que 
leur  avait  inspirées  la  crainte  d'une  trop  nombreuse  progéni- 


que,  Cl  sont  <|ucl,,uef(ii»  le  p 
plu'gca.esi  j'.i  lo  conviclioi 
iëiiMlri.u„i.,eml,lab|e„pi„| 
aujoanl'hui  Je,  ™„ce„  uWrii 
Ju  toii  i„coni|,|oi  ,ue  lu  ai 
ont  mi|,osé  à  pre.que  loule. 
Quand  i'e,l  l'iiiniTnUo,, 

•Cleinle,  Icsdijordrejselr.di 
modique,  laiiui  |,„  „„,,  ,|,,j 

"»'5lall,ta,(dilBclleU.W, 

Oaiijt  les  deux  (iremiera  eas 

Jouleui  ;  ,1  l'esl  davanlage  di 

toujours  mi,  ,u,  ,„  ,,„„  p, 

l'aïoncmenl  |)réioee  iju'il  déle 

Aucun  de  ce,  élal,  |,ai|,„|< 

1                       ressource,  do  l'url;  la  médical 

■  surlou.  ,u.„J  elle  a  à  cumballi 

■  """J'I^fVlo,  iU.t..ce« 

■  '"'  "'™  'M»mt  ,„,  ,„„ye„, 
l|                      ""f=. '"|uojcn'ai|,„i„,j,, 
L                          "l"*"  !■  """.lurbalion  et  le  , 

TROUBLBS    DE    LA    FONCTION    DE    GESTATION.  821 

matique  ou  essentielle,  n'acquiert  une  certaine  importance 
pour  l'explication  du  phénomène  qui  nous  occupe,  qu'à  la 
condition  d'élrc  très  abondante,  car  son  action  est  exclusive- 
ment mécanique.  Sans  doute,  si  la  leucorrhée  est  produite 
par  une  métrite  ou  par  une  asthénie  de  l'utérus,  et  si  l'ovule 
s'échappe  peu  de  temps  après  son  imprégnation,  on  ne  doit 
en  aucune  façon  attribuer  ce  résultat  aux  pertes  blanches^ 
mais  bien  h  l'état  organopathique  de  la  matrice.  Pour  que 
les  flueurs  blanches,  je  le  répète,  concourent  à  la  sortie 
anticipée  de  l'ovule,  il  faut  que  par  leur  abondance  elles 
noient,  pour  ainsi  dire,  et  entraînent  avec  elles  l'œuf  fé- 
condé, avant  que  celui-ci  ait  eu  le  temps  de  jeter  ses  pre- 
mières racines  sur  la  face  interne  de  l'utérus.  Mais  quand  la 
leucorrhée  atteint  ce  degré  d'intensité,  il  est  rare  que  son 
action  ait  à  s'exercer  sur  l'ovule  fécondé;  elle  est  bien  plu- 
tôt, ainsi  que  je  l'ai  dit  ailleurs,  un  obstacle  soit  à  l'entrée 
du  spermatozoïde  dans  Tutérus,  soit  à  la  rencontre  du  pro- 
duit mâle  et  du  produit  femelle,  de  telle  sorte  que  les  flueurs 
blanches  sont  une  cause  de  stérilité  véritable  bien  plus  que 
le  point  de  départ  de  l'avortement  précoce. 

Mais  il  n'en  est  pas  de  même  des  métrorrhagies  :  outre 
l'action  mécanique  dont  l'explication  est  bien  plus  compré- 
hensible ici  que  dans  les  cas  de  leucorrhée,  les  pertes  san- 
guines tarissent  dans  l'utérus  les  sources  mêmes  de  la  vie  et 
le  frappent  de  débilité ,  à  ce  point  que  la  gestation  est , 
pour  ainsi  dire,  rendue  impossible. 

Cette  transformation  vitale  de  l'utérus  n'est  pas  toujours 
sous  la  dépendance  d'une  cause  aussi  locale  qu'une  métror- 
rhagie  ;  elle  a  souvent  son  point  de  départ  dans  des  condi- 
tions générales  d'aiïaiblissement,  telles  que  l'anémie,  la 
chlorose,  la  débilité  succédant  à  des  maladies  longues  et 
graves,  etc.,  etc. 


8â'2  TIODRLSS    DK    LA    PONCTION    IMS    GtSTiTtOM. 

Maisqii'ellessnifîiit  l'etTetil'uii  phénomène  purement  l( 
ou  qu'elles  soient  aménités  par  un  d^énssernctil  K^néralJ»! 
l'organinme,  lt!<i  altération»  subie*  fMir  l'at^n»  «ont  iileap*-] 
tiques:  tnntAt,  frapper  d'uiiti  nionic  profuodc,  la  nulriwa 
•lenl  tarir  en  elle  toutes  lefi  Murce»  de  la  vie,  el  cieviflot  1 


incapable  ilc  ronrour 
d'un  nouvel  i^trc  ;  tant 
désordrps  de  l'innervation 
fauts  de  la  vie  pla)(ti(|n< 
tressa  i  I  leme  n  ts  doulou  reu  i 
racinf ,  pour  uinni  jtaHe 
(|ni  brisent  dans   leur* 
atlaelies  que  lente  cet  < 
L'étal  lie  débilité  de  l'oi 


>n  et  au  dévelop|»cmMifr  I 
raire,  subiKaanl  tous  IM 
int  ordinairement  le*  A 
le  »\ég«  de  spavmes,  i 
ïchenl  l'ovule  de  pren^rv  1 
■e  inlern«  de  l'uléru»,  i 
liordonoéc  Ica  prcmitrM  1 

)  ICefltAleur,  qu'il  «' 


pagne  ou  non  de  phénomènes  nerveux,  est  très  commun, 
et  il  doit  en  être  ainsi,  en  égard  è  celte  multitude  de  cirron- 
staiices  qui  agissent  sur  la  vitalité  générale,  uns  parler  de 
celles  dont  les  elTets  te  concentrent  sur  la  matrice  elle-même; 
seulement  cet  étal  de  débilité  n'a  pas  la  même  intensité  cbei 
toutes  les  femmes,  car  tandis  que  chei  l'une,  l'ovule  sert 
abandonné  dès  le  premier  mois  de  son  imprégnation,  il  sera 
supporté  chez  l'autre  jusqu'au  cinquième  ou  septième  mob 
de  la  grossesse,  époque  è  laquelle  son  poids  dépasse  el 
brise  la  force  de  soutènement  que  lui  avait  jusqu'alors  prélé 
la  matrice.  Tous  les  accoucheurs  sont  parfaitement  au  cou- 
rant de  ce  phénomène,  car  è  toute  femme  qui  a  précé- 
demment fait  de  fausses  couches,  ou  en  qui  ils  signalent  les 
conditions  aloniques  générales  ou  locales  dont  je  parle , 
ils  ordonnent,  dès  le  début  de  la  grossesse,  al  surtout 
pendant  les  premiers  mois  de  la  gestation ,  le  repos  le 
plus  absolu,  le  plus  complet,  dans  la  position  horisoa- 
talc  ;  el  ils  ont  raison,  car  si  celte  indication  est  néceiMir* 


TROUBLES    DB   LA    FONCTION    DB    GESTATION.  82â 

pour  prévenir  une  fausse  couche  au  sixième  ou  septième 
mois,  elle  est  surtout  indispensable  pour  éviter  l'avorte- 
ment  dans  le  premier  mois  de  la  grossesse. 

Je  ne  veux  point  empiéter  ici  sur  les  ouvrages  d'obsté- 
trique;  j'en  ai  dit  assez  pour  montrer  que  parmi  les  cir- 
constances qui  mettent  de  bonne  heure  obstacle  à  la  fonc- 
tion de  gestation,  doivent  se  placer  toutes  celles  qui  amènent 
Tavortement  à  une  époque  plus  ou  moins  avancée  de  la 
grossesse.  J'aurais  pu  me  contenter  de  cette  simple  indica- 
tion, en  faisant  seulement  remarquer  que  Taction  de  ces 
causes  est  bien  plus  active  au  début  de  la  gestation,  alors 
que  l'embryon  n'a  presque  aucune  force  de  réaction  à  leur 
opposer;  et  si  je  me  suis  arrêté  quelques  instants  sur  l'in- 
fluence fœticide  de  la  masturbation  et  du  coït  incomplet, 
j'en  ai  trouvé  mon  excuse  dans  l'ignorance  où  nous  étions 
encore  à  l'endroit  de  cette  influence  ;  j'avoue  même  que,  si 
je  n'avais  craint  d'outrepasser  sans  mesure  les  limites  que 
m'imposait  ce  livre,  j'aurais  plus  profondément  sondé  uo 
terrain  qui  me  semble  neuf,  et  j'aurais  montré  combien  de 
dangers,  en  apparence  insignifiants,  entourent  les  premiers 
moments  de  notre  formation. 

Ce  sera  peut-être  là,  un  jour,  la  matière  d'un  nouvel 
ouvrage,  mais,  à  coup  sûr,  ce  sera  pour  moi  un  sujet  constant 
d'expériences  et  de  méditations. 


FIN  DU  TOMB  8BG01ID. 


SECTION  DEUXIÊMB.  -  ï  CHEZ  t.K  miMR.  4.tg 

""- <40 

u 4&I 

CHAPITIIE  i".  — Viei  m 45.1 

§  I.    Aniim«liu  d'  •.,,.., .,  ^iZ 

A.  A<>anii[iG*ft<  utn. 4U 

b.  Ai>oin*li«*  il  4&8 

jn.    A..«m.li«J  4C« 

ClMI'tTRK  11.  —  i^  l'irNittL cOFn.4n««.  4M 

CIIAPITnK  III.  -  I.UIDN1  t  ii-1-.i.iiL  enp<JL«Tn*.. .  i|S8 

CEIAI'ITItË  IV.  ~  UiiuRt  Hàci:<i(ruM  is  LippAneu.  ci>P(it*iii>.  Jij.S 

j  1.     Tuiucurt  de   la   TuUc .  (gô 

iii.   T..i,i.ii..<l,i..Bm........ S»o 

§  iir,  Curpi  élraiiKcrt  de  rii|>|iaml  copuUli 

ImpDi*uB«  par  fi 

De  !-•  iiieiDiTt 

CHM'ITlîK  I".  -  KâiciLiTi  p»  «ic[iDicoiiroi.Hiiiuii 5i5 

GIKPlTilE  11.  —  Fiin.i.>iTi  ii>i.ii.,Tiin,i,E 5i7 

CHAl'ITlîK  III.  —  KM«iDiti  nuiTuHiTjffin s  18 

J  1,  Krigidil^  »jipploiniilii|ov  11*110  i'iat  phji>iulo)(ique.. ..  ii$ 

A.  Agi- SiB 

1).  CuaMÎrtillon S ig 

C.  Toinpi>raimul 5lo 

{  11.  rii((iililO  tTiiipl»iiiilîcpic  d'uii  OUI  jialliulogi()iic, . . ,  55o 

A.  Mibdi.»  |iii.tr»lK- 55o 

B.  Hahdie*  lu<.iil<-> SSn 

I  '  Maladi»  (Ji>  orf(aiic>  cilvriio  dr  la  K'<>'r> ■■»■>. . .  &3i 

1'  M.iUdlu  (Ici  orgiue*  inlcriio  dv  U  gi^iiéraliua.. .  SJ6 

CHAI'ITRF,  IV.  —  1-ii.r.iDiTè  coyttcvTii,: 545 

{  1.    Circon.U.ic«  g-^ikTik-i SiG 

S".  Circo ,c.-.l..ral,.. SJ; 

A.  AtcouclLimiil Si» 

U.  Eicè»  Tciiéni^i» 549 

CHAI'ITHE  V.  —  JBJOIUITB   1IW1TBI«LI, 5«i 


TABLE    DES   MATIÈRES.  825 

LIVRE    DEUXIÈME. 

WE  LA  STÉRILITÉ. 

DÉriNITlOTI  DB  L4  5TiBILITé • 563 

§  r.    Slérililé  idiosjucrasiqac 564 

§  II.  Stérilité  relative . .  •  •  • SyS 

SECTION  PnBlIlèRE.  —  STÉRILITÉ  CHEZ  LUOIf ME 691 

CHAPITRE   I".   —  Tboublbs   db  la  fohction    db  sicBinoiv 

«PBBVATI QUB ••• • SqS 

§  I.  Troubles  dépendant  d*an  état  géuéral • , ,  «  SgS 

A.  Age.  —  Vieilleffo ,  Sgd 

B.  Tcmpéramcut,  constitation,  état  de  maladie 609 

§  II.  Troubles  dépendant  d'un  état  local 607 

A.  Affections  des  testicules ••• ••  607 

1^  Anomalies  des  testicules • 607 

a*  Atrophie  des  lenticules ,  6i5 

3**  Dégénérescences  des  testicules.  —  Castration.. . .  699 

F.  Maladies  des  enveloppes  des  testicules 63i 

G.  Maladies  des  annexes  des  testicules.  •  •  • 655 

CHAPITRE  H.  —  Tboublbs  db  la  fonction  db  consbbtation.  . .  644 

CHAPITRE  m.  —  Tboublbs  db  la  ponction  D*BxcniTiON 65 1 

§  I.    Affections  des  canaux  éjaculaleurs  et  de  la  prostate.  65a 

§  II.    Affections  du  canal  du  Tarètrc.  ...• •••••  661 

A.  Obstacles  à  la  sortie  du  sperme 663 

B.  Obstacles  ii  la  direction  normale  du  sperme 668 

Hypospadias  et  ëpispadias • 673 

§  III.  Affections  de  la  verge 680 

CHAPITRE  IV.  —  État  pathologiqub  du  spbbmb 686 

SECTION  DEUXIÈME.  —  STÉRILITÉ  CHEZ  LA  FEMME. ...  69a 

CHAPITRE  I*'.  —  Tboublbs  db  l  ovulation 694 

Troubles  db  la  ponction  ovabibnnb. 694 

§  I.    Anomalies  des  ovaires 700 

§  II.  Lésions  physiques  des  ovaires 70a 

§  III.  l«ésions  vitales  des  ovaires 709 

§  IV.  Altératious  de  position  des  ovaires 711 

§  V.  Corps  étrangers  des  ovaires. 790 

Tboublbs  db  la  ponction  tubairb • 7ao 

J  I.     Anomalies  des  trompes  utérines 7a3 

§  II.    Lésions  physiques  des  trompes  utérines 7a3 

§  III.  Lésions  vitales  des  trompes  utérines 7a6 

{ IV.  Déplacement  des  trompes  utérines  • • 7a7 

CHAPITRE  II.  —  Tboublbs  db  la  aicBrriOfi  spbbmatiqub.  •  •  • .  738 


S36  TABUt    ou    MATIÈHU. 

}  I.    Anumalies  dn  col  de  l'at^ru* 7tt 

J  Jl.   (.étions  organiqneu  du  trol  du  l'al^rui.,  ...........  -jif 

g  lu.  L6*]otia  vittlei  do  eol  d«  t'aléra*. . . . . . • ^Aa 

|i>    Corp*  £tr*DgFridiii<lt  col  ilrl'uMni*. 7M 

j  «.  AIlCratlonsdcpoMliou  tlacol  iloraUriu. 7M 

A.  DépUcfmeiiti il^pcodanla da  eolt 77* 

b.  DépUceiueiiUindi'peBiliiitt  du  COi( 77$ 

I*  n^ptacoiDCDl  *iiî*ant  l'aie  (In  ii^n ■*.  781 

Oéplaci:»"'  Tel 

D6placen  nrapiui  ni  cbaU. jtS 

Hanierw  ,.i.  tU 

1'  D^fiUfemeni  m  ii>  l'aie  da  vagin..  ■>.•>■  f(8 

VEriiont ....  •.*•••  jU 

FleiIoDt.  , 798 

CHAPITRE  m, -T.,  MVHMb Soi 

S  [.    Anooialiei  de 8qS 

i  II.    I^niont  grgao  t. to& 

I  III.  Ution*  TÎIalM -.  SiS 

)  If.  Corj»  ^IranoiT* 8iS 

UlUriTIIË  IV.  — TkiM  iSHNW. &*& 


TABLE  ALPHABETIQUE 

DES  AUTEURS 

DONT   LES  OPINIONS   OU  LBS   OUTRAGES   SONT   CITÉS 
DANS  CES   DEUX  VOLUMES. 


Adelon,  11. 

Albert,  653. 

Aibucasis,  674. 

AIcméOD,  87. 

Alibert,  222. 

Amossat,  455,  465,  664,  747. 

Andral,  653. 

Andrieax,  781. 

Aristote,  64,  68,  104,  575. 

Arnaud  (G.),  485. 

Arnaud  de  Villeneuve,  344. 

Astruc,  90,  92,  94. 

A?icennes,  68. 

Aubert-Roche,  309. 


B 


BAcon,  345,  366. 

Baer  (?on),  45,  57,721. 

Baillie,  472,  723. 

Balin,  716. 

Barruel,  121. 

Barry,  57,  95. 

Baudelocque,  104,  786. 

Begin,  664. 

Belhomme,  286. 

Bell  (Cb.),  322. 

Bellini,507. 

Bena?ente,  807. 

Benevoli,  474,  478. 

Benoistonde  CbAteanneof,  114»  564. 

Benserade,  576. 

Bérard(Pb.),  11. 

3erDbardt,  60. 


Bessière,  716. 

Bicbat,  3, 14,  18,118. 

Bird(Gol.),  203. 

Biscboff,  53,   57,  58,  59,  78,  106t 

695,  776. 
Blandin,  609. 

Boerbaave,  85,  91,  255,  543,  575. 
Boileaa  (Pabbé),  214. 
BoWin  (madame),  781,  voir  Dugès. 
Booel  (Tb.>,  543. 
Bonnet  (Cb.),  72,  76. 
Bono,  85. 
Borelli,  669. 
Boocbardat,  112,  317. 
Boullard,  799. 
Bourguignon,  295. 
Boyer,  482. 
Brantdme,  152. 
Brierre  de  Boismont,101, 112, 113. 

114. 
Broea,  794. 
Brodie(BenJ.),  628. 
Brown-Sequard,  619. 
Brugnonne,  45. 
BafToD,  69,  85,  372. 
Bardicb,  45,  96,  109,  118,  121, 

127,129,  132,  413,595. 


Cabanif,  152,  239. 
Cabrol,  607,  608. 
Caillot,  472. 
Camper,  716,  719. 
Camus  (Le),  87. 
Carat,  36,  58,  78,  544. 


<;iitn.arl,  173, 

Civwr^   IN,,  3,-^  .j._,,^  ^^^ 

Cloquel  ,J.).  498,  Cl^. 
CotkbDfD.  Îi6,  445. 

CûJnmbni,  (60,  5*3 
'^widWae,  417. 
Coaiuodo,  106 
CoBlour.  »,  Miifbt 
Ooodi.  543. 

C»2*'(A0.  487,505.630 

^'•>Kr,ï74. 

CoiH.  58,  60.  78,   94    in^ 

Coqrt(Te{de),  309. 
««rtr,  57,  5t,  78.  9*. 

'=^M-~»P.J,72,79,8,.82.| 
*^»W,  44. 


^.«.  M». 


FobmiDn,  11. 

Folllo,  608,  611,616,  638. 

Foolenellv,  ISl. 

Fnnk  (J.-P.),  673. 


Gllien,  40,  373,  674. 
Gall,  IST,  411. 
GauMiil,  GS5. 
Oilraoi,  301. 
Gcndrin,  105. 
Gerber,  S4. 
Geiner,  !IB,  339. 
Giin»ninl,  SOS. 
Godellt,  734. 
Gooch,  B43. 
GoMcliD,  46, 54,  636. 
Grur,  V.  Régnier  de  Gntf. 
GnnTille,  701. 
Grtgoin,  789 

Grimaud  de  Caui  et  UiTtin  Siint- 
Ange,  77,  78. 


H 

Hallenuaa,  55. 

Haller,7S,  73,109,113,114,160, 

544,670,716. 
ElaroiltoD,  633. 
Hamm,  53,  68, 84. 
Harder,  44. 

HartMeker,  52,  68,  84. 
Harrey,  68,  7Ï,  77,  79,  80. 
HanamaDD,  14, 
Heiiter,  83. 
Hell,  SOS. 
Henle,  53. 

Hcnei  deCbegola,  800. 
Herrelder,  539. 
Hildantu,  414. 
Htppocrate,  G4,  80, 193,  391,  640, 

773. 
Hoffmann,  371. 
Home  (Eï.),  717. 
HugO(VicL),  151. 
Huguier,  171,  773. 
Hanter,  9, 1  r ,  4S,  610, 611 ,  789. 
Hiucbke,il,4i,  59,  6S. 


J 
JaiJaTar,  34,  513,  61t. 
Jobert  (de  Umballe),  503,  503. 
JobDMn  (Ab.),  333. 
JODM,  60,  106. 
Jnrénal,  333. 

K 
RanU,  34. 
Keitcren,  109. 
KiTKh,  699. 
Kobelt,  11,  13,  13,  14,  17,  30,  91, 

23,  34,  35,  36,  S7,  38,  39,  30, 

31,  3t,  35,  38,  50,513. 
Kollîker,  SS. 
Krahroer,  539. 
KraOïe,  1 1 ,  33,  49. 

L 
Lacbaue,  114. 
UfoDtsiDe,  364. 
Lallemand,  55.  91, 181,  398,  618, 

619,  633.  655. 
Lïllcmcnt,  716. 
Ijiromiguière,  417. 
Larrer,  619,  6S8. 
Laïaui,  716. 
Latour(Am.),4ST. 
LiTagu,  tl3. 
I.awrenee,  500, 619. 
Lecat,  105. 
Ut,  106. 
LegiNllu,  501. 
Len>Td'Etiolet,T47. 
Levckarl,  699. 
Ueawenbowk,  44,  5S,  53,  54,  68, 

B4,90. 
U»r«,  788. 
Licnuud,  35. 

LlgiMc(de),  S46,  365,  363,  3M. 
Uirrane,  489,  490,  733,  734,  814. 
Littre,  719. 
Locke,  4t7. 
Lohroerer,  305. 
Londe,  350. 
Longet,  III,  591, 
Louii,  483. 
LTCurgue,  131, 


B30 


T4BI.R    ALPBAfttTlgtlR 


Millcbrinilit.  TS. 

Uirc,  94,  243,  631. 

tiare  d'EipiM,  109- 

UarliD  Saiui-Ante,  voir  6riBMi)d  de 

Ctu\. 
Uucigni.  U- 
Ualteucci,  203. 
Uaudoll,  201. 
Maupenuis,  60,  77,  88. 
Maurkeaa,  719. 
Uaf»iAlM.],  119. 
Majer  [itiatom.),  S7. 
MMkcl,  U,  4S,  ISS- 
Ueibcmini,  314. 
Henile,  I3S. 
Mercier,  10. 


Il*,  77S. 
U«(lri«  (de  U),  81. 
Hlilbe,  3IS,  3fT, 
Ullcbell,  eïï, 
MoDdst,  161. 
Uonulgiir,  139.  3SS.4M 
UoDlrggiii.  SOIS, 

UoDiesquiru,  14S. 

Uontgumerj,  106. 

Uonud,  4I>4,  472. 

llorcau(AlH.),  9t. 

Uareaii  (pror».).  460,  486,  T87. 

Uomu  (de  Tounj,  30». 

Uorst«ni.  31)5.  542,  G7S,  679,  703. 

MMfhioD,  674. 

Uoulini#,  325. 

Unller,  11.14,  18,  37,  594. 

Mural,  717. 

N 
NUU.  123. 

Néedhiro,  85. 

Néirierld'Aogen',  58, 78, 105, 709. 

NélatoD.  1S7. 

Micolaut,  414. 

Niebubr,  14ti. 

tljiua,  473. 

O 
Oliiirr,  146. 

Orlila,  157.  302,  304,  631. 
OwcD  (Ricbard),  610. 


PAntiia,  14,  18,  iS. 

Parchavpe,  3i7.  S90.  ' 

Pir^  (AnibroiM).  439.  *fiO.  IT8. 

Parmi  DurhatelM.  4S0.  534,   SM. 

.%6H,  75». 
Patcball*.  69. 
Pairrun.  100. 
Paul  d'Egine.  «74. 

(A.).  464. 

IJ-L.).  IS4,  109,  SM,  SU, 

5,  48). 

Radel.  675. 

iqnln,  113. 

idU,  507. 

Ibe.  365. 

Mleldr  la),  656. 

le  la  Hirudolf,  IIS- 

d,  9<i. 

•I.  IM 


Vey.l 
,  184,  «». 

(M,  1H.  t47,  ntt  «lé.  4Mk 
t.„,MrlAt  11. 85. 
PlaloD,  S7,  134. 
PlaiioDi,  486. 
Plioe.  344.  360. 
Pluiarqur,  ST.  360. 
Portai,  7 1 9. 
Pourbel,  54.  57,  59.  61, 91,  9t,  95, 

105,  106.  lit,  «89,698.  816 
Pouflrni.  483. 

PrFvoil  ri  Dumai,  45,  93,  9!l. 
Prideaui,  99. 
Prucbaïka,  42. 
Pato*.  786. 
Pythogare,  87,149. 


Bain.  415. 

Ramai  I  in  i,  368- 

Ratiiail.  121.  308. 

Hïramier.  746. 

HrgDierde  Graaf,  9,  4S,  68,  TS.  UO. 

Bcichfrt,  55. 

Heaati,  14S. 


DKB   ADTKDBS. 


BéTrilU-PtriM,  HT,  138,  355. 

Berbard,  324,  664, 147. 

RkberaiHl,  131. 

Ricord,  211,  57»,  65S,  675. 

Eliolap,  3. 

Riptult,  i  10. 

RiUbie,  58. 

Rin  (delà),  SOI. 

Robin  (Cb.),  55,  S6,  96. 

Rocbe,  374. 

RoC,  333. 

Roich,  360. 

HoCmI,  74. 

Rmlerer,  57. 

HognetU,  502. 

Rollo,  311. 

Rondelet,  45,  562. 

Roaueau  (J.-J.),  313.  366. 

HovHcl,  66,  69. 

Ruelle,  154. 

Rujrtch,  418,  615. 


Stbttier,  504. 

Sancbei,  483. 

Sarlioditre,  201. 

Scarpa,  321. 

Scbenk,  156. 

Sfbw*DD,  54 

S<:hweiphœLiser,(05,tl2. 

SMilloi,615. 

Semi,  121.  380,  568,  7.19. 

SiropHm,  7(3,193. 

Si  «monde  >l«  SUmondi,  S64. 

Smith  (T)ler),  125. 

SroiU,  141. 

SœnunerriDg,  45. 

SoIdd,  134. 

Soraniu,  716. 

Sorbaii  (PanI  de),  414,  485. 

SpalliQMDi,  54, 13, 14,  85. 

Spnnheim,  411, 

Stanlej,  II. 

Strnon,  6S,  73. 

Stengel,  344. 

Swammerdam,  44,  6S,  73, 14,  76. 

SwMiaur,  396. 


Tancbou,  489. 

Tanqarr«l  Aet  PttDchM,  274,  303, 

Tauvry    i*.  395. 

Thuilier    7BT 


TiMot,  364,  361,  370,  383,  KSft. 
TonriKiiiiiie,  483. 

207,  210. 


Vaser,  187. 

ValenUn,  H ,  16, 18,  27, 46, 54, 60. 

Valiinieri,  16,  85, 132. 

Valleil,  314, 143,  104. 

Van-SwiéleD,  414. 

Viuquelin    SI 

Velpean,  94,  501,  609,  727. 

Venelle,  138,343. 

Verdier  (OMr),  319,  716. 

Verdier  (P.-L.),  117, 119, 

Verherea,  IT,  79. 

V#ule,  9. 

Vidal  (de  CaMii),  469,  470,  630, 

667,  670. 
Villenné,  141,148,  150. 
Virer,  186,  3S3,  444,  449,  514. 
VolneT,  146, 141. 


Wagner,  44,  53,  55,  59,  594,  689, 

699.  731,  B16. 
Wall  iWalter),  189. 
Wardrop,  619,  627. 
Warlon,  44. 
Weber(E.-H.),  44,  46. 
Weber  (E,-L-F.).45. 
Wedefcind,  121. 
Weikard,  329. 
Wictamann,  395. 
Wilton,  618. 
Winikiw,  9. 
Wretbolm,  99. 
Wntier,  404. 


1 


«- 


sMNfuso  amvEssiT;  1 

^                                          «ffiiCAlCEnrES            1 
H                                        STANFOSO.  C«lf.  9,305  1 

1IS9     Roubnud.A.T.      1622S        ^^H 

R8S         Traité  de  1  '  Impul s«  .^^H 

_Xaf>!i  sance   et   de  1»  stérill^^H 

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