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Full text of "Traité d'entomologie forestière à l'usage des forestiers, des reboiseurs et des propritaries de bois"

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TRAITÉ 


D'ENTOMOLOGIE FORESTIÈERE 


Tous droits de reproduction, de traduction et d'adaptation réservés pour tous pa 


AS 


Copyright by Berger-Levrault. 1913. 


É Fe TRAITÉ 


D'ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 


A L'USAGE 


PES FORESTIERS, 


DES REBOISEURS ET DES PROPRIÉTAIRES DE BOIS 


Pr AU PAREBEX 


CORRESPONDANT ÉTRANGER DE LA SCCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE DE FRANCE 


| Ouvrage illustré de 350 figures originales et de 8 planches hors texte en couleurs 


exécutées par l'Auteur 


« Je voudrais que les observa- 
« teurs qui travaillent à l’histoire 
« des insectes donnassent des cata- 
« logues de ceux qui se nourris- 
« sent sur chaque plante. » 


RÉAUMUR. 


BERGER-LEVRAULT, LIBRAIRES-ÉDITEURS 


PARIS (6°) NANCY 
RUE DES BEAUX-ARTS, D—7 RAUE DES GLACIS, 18 


1913 


A MON MAITRE 


Nr Le PROFESSEUR D PAULY 


DIRECTEUR DE LA DIVISION DE ZOOLOGIE 


A L'INSTITUT FORESTIER ROYAL DE L'UNIVERSITÉ DE MUNICH 


Souvenir d'affection 


et de sympathique gratitude 
A. BARBEY 


TABLE DES MATIÈRES 


PRÉFACE. 
INTRODUCTION 
PARTIE GÉNÉRALE. 
PARTIE ZOOLOGIQUE . 
PARTIE SPÉCIALE 


Insectes : 
de l'Épicéa 
du SAPIN BLANC. 
des PIxs. 
du PIN CEMBRO . 
du MÉLÈZE. 
des CHÈÊNES 
du HÊTRE . ; 
du CHATAIGNIER . 
des BOULEAUX . 
des PEUPLIERS . 
des TILLEULS. 
des ORMES. 
des ÉRABLES. 
des FRÈNES 
du CHARME. . 
des AUNES. 
des SAULES. 
des ALISIERS et ro 
du ROBINIER Ou ACACIA . 


INSECTES UTILES. . : 
CONGLOMONSE SOU Lt, 
APPENDICE. } 

INDEX en ioure : 
INDEX DES GENRES ET DES Darbese Ù 


PRÉFACE 


L’Entomologie forestière est la branche la plus impor- 
portante de cette partie des sciences forestières qu’on 
appelle Protection des forêts et qui étudie les moyens les 
plus propres à prévenir, à enrayer et à arrêter les dégâts 
causés aux peuplements par les animaux ou les végétaux 
parasites (Mammifères, Oiseaux, Insectes, Champignons, 
etc.), ou par les météores (vent, neige, grêle, etc.). 

Beaucoup de forestiers entrent dans la pratique de 
leur métier sans se rendre suffisamment compte du rôle 
considérable et néfaste que jouent les Insectes dans 
l'existence des végétaux ligneux. Leurs ravages s’accen- 
tuent de jour en jour, surtout depuis l'extension des 
reboisements en résineux (Pins, Épicéa, Mélèze) qui ont 
favorisé le développement d’Insectes autrefois rares en 
France et signalés comme nuisibles seulement de l’autre 
côté des Vosges eue Lyde, Lasiocampe, divers Bos- 
tryches, ete.). 

Seule la connaissance approfondie de la biologie des 
Insectes peut permettre au praticien d'intervenir (quand 
la chose est possible) avec le maximum d'efficacité et le 
minimum de frais, soit pour prévenir, soit pour combattre 
des dommages qui, étant donnée l’extrême fécondité des 


X PRÉFACE 


Insectes, amèneraient fort bien la ruine des peuplements, 
si l’on restait les bras croisés. On pourrait citer de nom- 
breux exemples. 

C'est dans cet esprit que le présent ouvrage a été com- 
posé. 

Il arrive à point, au moment où, plus que Jamais en 
France, l'opinion publique et le Gouvernement accordent 
une attention spéciale à la forêt dont les rôles divers 
(économique, climatologique, esthétique) sont mis de plus 
en plus en lumière. 

L'étude de lEntomologie forestière, et spécialement 
de la biologie des Insectes ravageurs, a été poussée très 
à fond durant les trente dernières années. Alors que les 
sylviculteurs allemands, autrichiens, voire même anglais, 
ont à leur disposition des manuels leur permettant de 
déterminer les Insectes et de connaître les procédés pro- 
pres à entraver leur extension, nous n'avions pas en 
France d'ouvrage moderne sur la matière. 

M. Auguste Barbey, qui, après avoir étudié l’entomo- 
logie forestière auprès de maîtres éminents en Allemagne 
et en Suisse, s'occupe depuis longtemps d’expertises fores- 
tières et de gérance de forêts, qui est en contact permanent 
avec la vie des arbres, est un savant doublé d’un prati- 
cien. Il était dès lors le mieux qualifié pour combler cette 
lacune regrettable de notre littérature. Sachant à quelle 
catégorie de lecteurs il s’adressait spécialement, il a réussi 
à présenter le sujet sous une forme accessible à tous. 
Laissant de côté la classification systématique, 1l a admis 
un groupement biologique basé sur les observations les 
plus élémentaires que le praticien est appelé à faire lors- 
qu'en présence d’un ravage en forêt il désire connaître 
le nom du coupable, savoir s'il doit intervenir et comment 
il doit intervenir. 


PRÉFACE XI 


En parcourant le Traité d’Entomologie forestière, on sera 
frappé du grand nombre de figures qu'il contient, presque 
toutes originales, qui viennent compléter les descriptions 
des Insectes et de leurs ravages; elles constituent une pré- 
cieuse documentation dont on ne trouve pas l’équivalent 
même dans les ouvrages allemands, pourtant richement 
pourvus à cet égard. M. Barbey s’est rendu compte qu'un 
livre de vulgarisation scientifique moderne devait faire 
une large place à l'illustration, ce qui a permis au texte 
descriptif d’être traité d’une façon très succincte, tout 
en demeurant dans le cadre d’une étude rigoureusement 
scientifique. 

Il reproduit aussi un certain nombre de dégâts familiers 
au sylviculteur, mais qui ne sont pas à considérer comme 
des éléments de dépérissement des végétaux ou de leurs 
organes essentiels. Ces dégâts, d’un ordre tout à fait 
secondaire, sont décrits et représentés pour montrer au 
lecteur qu’on ne doit pas leur attribuer de rôle prépondé- 
rant dans la vie des peuplements. 

En groupant les Insectes nuisibles suivant les arbres 
attaqués et suivant les différents organes de ces arbres, 
l’auteur a considérablement facilité la tâche de ceux qui, 
sans être des entomologistes expérimentés, désirent péné- 
trer dans le domaine compliqué de la vie des bois. Plus 
facilement qu’à l’aide de tables dichotomiques, le fores- 
tier, portant surtout son attention sur les faits biologiques 
que l’observation dans la forêt lui permettra de préciser, 
arrivera presque toujours à déterminer rapidement l’auteur 
du dégât. 

La culture raisonnée et méthodique des végétaux 
ligneux, qu'ils soient élevés en ordre dispersé, comme en 
arboriculture, ou en ordre serré, comme en sylviculture, 
est aujourd’hui en grande faveur. En France spéciale- 


XII PRÉFACE 


ment, un mouvement très vif se dessine pour la mise en 
valeur par le boisement de vastes surfaces, autrefois 
cultivées, devenues friches par suite de la dépopulation des 
campagnes. : 

On boise activement de tous côtés, pas toujours avec 
beaucoup de discernement quant au choix des essences, 
et l’on oublie que la forêt artificielle avec ses grandes 
parcelles de peuplements équiens, formés d’une seule 
essence résineuse, offrira toujours un appât de prédilec- 
tion aux ravageurs des forêts. L'ouvrage de M. Barbey 
permettra encore de faire à cet égard un choix judicieux. 

En somme, et pour conclure, l'excellent Traité d'Ento- 
mologie forestière de M. Auguste Barbey, que nous recom- 
mandons chaleureusement aux agents forestiers, aux 
cérants et propriétaires de forêts d’ancienne ou de nou- 
velle origine, est un ouvrage impatiemment attendu et 
qui manquait, nous le répétons, à notre littérature. Il 
leur permettra de déterminer facilement l’auteur des 
dégâts commis, de connaître ses mœurs, de savoir s’il est 
dangereux ou non et quelles sont les mesures les plus 
convenables à prendre soit pour prévenir, soit pour com- 
battre le mal. C’est un livre que doivent posséder tous 
ceux qui s'occupent de propriétés boisées. 

Nancy, 4 juin 1913. 
HENRY, 


Sous-Directeur et Professeur 
à l'École nationale des Eaux et Forêts. 


INTRODUCTION 


L Entomologie forestière est la science qui s'occupe des Insectes 
ravageant les végétaux ligneux. C’est une branche de la « Protection 
des forêts », un des plus vastes chapitres des sciences forestières, qui 
comprend l'étude de la météorologie, de la botanique, de la zoologie, 
du droit et de la police. 

Cette branche ne peut forcément qu'être ébauchée à l École fores- 
tière, car l'histoire des Insectes destructeurs et leur rôle dans l’éco- 
nomie forestière doivent être surtout étudiés dans le grand labora- 
toire qu'est la Nature. 

A l'École forestière, on apprend le nom des ravageurs les plus 
importants ; ces derniers sont présentés piqués dans des boîtes ; 
parfois, on met sous les yeux des élèves des spécimens de leurs dégâts. 
Mais, pour bien des comn:ençants, cette science est hérissée de difi- 
cultés, et ce n’est que lorsque l'étudiant est devenu un praticien, 
qu'ul est apte à comprendre les manifcs'&fions de la vie des bois et 
peut alors être à même d'observer avec profit les animaux qui peu- 
pleni les forêts en compromettant la vitalité des arbres. 

Il est évident que, dans le présent ouvrage, il ne peut être question 
d’initier le lecteur à tous les mystères de l’Entomologie forestière, ni 
d'envisager les différentes phases de l'existence de tous les Insectes. 
Ce livre est un « vade-mecum » à l'usage de l'agent forestier, de 
l'étudiant en sciences forestières, du propriétaire reboiseur et aussi 
du préposé ou employé inférieur des Eaux et Forêts. Nous nous 
sommes donné comme tâche de publier un simple guide dont l'unique 
prétention est de permettre au forestier de reconnaitre à quel ennemi 
u a affaire. Ce traité le mettra à mème de discerner si, out ou non, 


> el INTRODUCTION 


l'intervention de l’homme peut être efficace en cas de ravages appré- 
ciables et s’il est opportun d'appliquer des moyens prophylactiques 
propres à enrayer le mal. 

En vue de faciliter l'étude de l'Entomologie forestière aux syloi- 
culteurs et reboiseurs habitant les pays de langue française, nous 
avons élaboré un plan nouveau et spécial relatif à la répartition 
des ravageurs, espérant par là que l’étude de cette branche de la 
Protection des forêts en sera sérieusement facilitée. Renonçant à 
une classification par ordre systématique, nous avons groupé les 
Insectes suivant les arbres sur lesquels 1ls vivent et les organes 
auxquels ils causent des dégâts. Comme complément, nous avons 
pensé qu'un livre moderne d'histoire naturelle appliquée devait 
être très largement doté d'illustrations. 

L'importance des études d’Entomologie est indiscutable pour 
l'agent forestier ou le propriétaire gérant ses bois; car il ne faut 
pas oublier que la forêt sert de refuge à de nombreux Insectes, dont 
l'évolution ne peut se produire qu'au détriment des végétaux ligneux. 
Mais il est un autre argument qui nous pousse à faire connaître 
cette branche des sciences naturelles au monde des sylviculteurs et à 
provoquer, parmi nos collègues de langue française, le goût de l’'Ento- 
mologie forestière : c’est le développement des connaissances en 
histoire naturelle. En effet, en raison de ses occupations, le forestier 
est placé dans les meilleures conditions pour faire d’intéressantes 
et utiles observations ; car, en parcourant en tous sens la campagne 
et les bois, ul est à même d'observer de près la vie animale dans ses 
différentes manifestations. Les Insectes sont, parmi les êtres animés, 
ceux qui peuvent le plus entraver son intervention et contrecarrer 
ses efforts. À étudier la forêt en qualité de forestier naturaliste, la 
carrière sylvicole gagne en intérêt et le labeur parfois ardu de 
l’homme des bois semble moins monotone. 


TRAITÉ 


D'ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 


ANEUSAGE 


DES FORESTIERS 


DES REBOISEURS ET DES PROPRIÉTAIRES DE BOIS 


PARTIE GÉNÉRALE 


GÉNÉRALITÉS ET PLAN DU TRAITÉ 


Il faut reconnaître que, pour beaucoup, les études d’Entomo- 
logie constituent un épouvantail, en raison même des difficultés 
qui surgissent lorsqu'on aborde les questions de nomenclature. 
D'autre part, il est manifeste que, si un bon nombre de natu- 
ralistes n’avaient pas pour unique but de léguer leur nom à la pos- 
térité en créant de nouvelles espèces ou variétés basées sur des 
caractères plus ou moins discutables, nous ne nous débattrions 
pas dans le dédale des synonymes où il est souvent fort difficile 
de se reconnaître. 

Nous nous efforcerons donc, dans le présent ouvrage, de nous 
en tenir à la nomenclature la plus rationnelle, tout en tenant 
compte des publications d’Entomologie forestière les plus ré- 
centes. 

La principale difficulté inhérente aux études d’Entomologie 
. forestière réside dans la détermination des espèces d’Insectes, 
car, à peu d’exceptions près, la taille minuscule de ces êtres 
nécessite l'emploi de la loupe ou du microscope. En outre, le 
forestier qui veut s'occuper de cette branche de la Protection, 


ENTUMOULOGIE FORESTIÈRE 1 


p PARTIE GÉNÉRALE 


doit avoir une vue d'ensemble sur les caractères des différents 
ordres, car les ravageurs des forêts se recrutent dans toutes les 
subdivisions de la classe des Insectes. 

Il est évident que la durée de la vie d’un forestier ne lui permet 
pas d'étudier le rôle économique de tous les Insectes qui vivent 
en parasites dans les forêts de l’Europe centrale. Il existe encore 
une foule de questions biologiques à résoudre, et, seuls, l’observa- 
tion dans la Nature et les travaux de laboratoire peuvent les 
élucider. 

Un forestier ou un propriétaire gérant ses forêts seraient-ils 
capables, même sans études spéciales, de reconnaître l’ennemi 
qui décime leurs peuplements et, après en avoir déterminé 
l'espèce, de prévoir des mesures préventives et répressives ? 
Nous répondons affirmativement à cette question, si le dit fores- 
tier a le sens de l’observation, doublé d’un amour passionné pour 
l’histoire naturelle et le monde des bois. C’est précisément le 
but de ce livre : de familiariser le sylviculteur, le reboiseur et 
l'administrateur des propriétés forestières avec la science de 
l’Entomologie forestière et de leur faire saisir le rôle si important 
que jouent les Insectes dans l’économie des bois. 

Les régions où les essences résineuses dominent sont beaucoup 
plus exposées aux dégâts des Insectes que celles où les feuillus 
occupent une place prépondérante; nous avons là l'explication 
de ce fait indéniable : les forestiers allemands, autrichiens et 
russes, travaillant principalement dans les forêts de Conifères, 
sont beaucoup plus avancés en Entomologie que les sylviculteurs 
de France dont le domaine boisé est surtout composé d’essences 
feuillues. Les ravages intéressant les arbres à feuilles persistantes 
ont, en général, pour conséquence la destruction de la plante, 
tandis que les atteintes des Insectes sur les feuillus sont moins 
importantes et ne provoquent, souvent, qu'un ralentissement 
dans l’accroissement. ; | 

Les êtres animés présentent la particularité que chaque espèce 
a son développement personnel, des goûts et des instincts qui 
lui sont propres. Or, sans l’étude de la biologie spéciale de telle 
ou telle espèce, il n’est pas possible de lutter contre les ravageurs, 


PARTIE GÉNÉRALE 3 


car le succès de l'intervention de l’homme dépend uniquement 
des conditions dans lesquelles ce dernier pourra agir au moment 
opportun pour contrecarrer l’évolution de l’animal. 

En raison même de la variété infinie des phases de développe- 
ment et surtout des traces que laissent les Insectes de leur pas- 
sage dans les végétaux ligneux, on peut arriver, dans neuf cas 
sur dix, à distinguer l'espèce à l’examen seul des dégâts. C’est là 
un précieux appoint pour la détermination et le choix des moyens 
de lutte préventive et répressive. 

Dans un cas de ravage isolé ou d’invasion, le plus simple 
sera presque toujours de déterminer l'espèce au moyen de deux 
points de repère que le forestier ou le propriétaire pourront fixer 
sans beaucoup de difficulté, à savoir : l’essence attaquée et le 
type de ravages constaté sur tel ou tel organe du végétal. Le 
travail à la loupe ou l’examen microscopique viennent autant 
que possible confirmer cette première détermination; ils sont, 
du reste, indispensables dans les cas douteux. 

Il est indiscutable que l'étude des Insectes forestiers, qui 
apparaissent presque tous sous la triple forme de Larve ou Che- 
nille, de Chrysalide et d’Insecte parfait, est particulièrement 
difficile. Aussi, plus nous pourrons guider les recherches par la 
représentation graphique aussi fidèle que possible de ces Insectes, 
plus la tâche du lecteur sera simplifiée. Naturellement, comme 
c’est le côté biologique qui est spécialement envisagé dans ce 
Traité, nous nous sommes attaché à reproduire par l’image les 
dégâts et à donner, d’une façon aussi scientifique que possible, 
des dessins de l’Insecte ou de telle ou telle partie de son corps 
propre à le faire reconnaitre. 

Nous savons bien que le forestier ou le propriétaire qui auront 
constaté dans leur domaine une invasion de ravageurs, deman- 
dent à l’entomologiste ou au traité d'Entomologie forestière 
moins le nom de l’espèce incriminée que l'indication de ce qui, 
au point de vue économique, peut arrêter le mal. Naturellement, 
si le zoologue forestier se présente comme le guérisseur infaillible, 
il ne pourra, dans la plupart des cas, satisfaire le maître de la 
forêt. En effet, 1l ne faut pas oublier que nous avons affaire à 


4 PARTIE GÉNÉRALE 


une science de création récente et que l’homme demeure parfois 
absolument désarmé devant l'étendue, l’imprévu et la portée de 
telle ou telle invasion. S'il ne peut rendre la vie aux arbres 
contaminés ou en voie de dépérissement, ses efforts doivent 
tendre avant tout à circonscrire l'étendue du mal et à retenir 
l’Insecte prisonnier dans une partie du peuplement où, en vue 
de le capturer, on a d'emblée admis de sacrifier un certain nombre 
d'arbres. Pour réussir dans cette voie, il est indispensable de 
prendre, comme base, la biologie de l’Insecte; elle doit faire 
l’objet d’une étude spéciale pour chaque espèce et pour chaque cas. 

Il n’est pas facile de classer les Insectes forestiers dans des 
compartiments bien définis, car peu d'espèces sont exclusivement 
monophages. Il faut cependant reconnaître que la plupart des 
ravageurs montrent une préférence bien marquée pour tel ou 
tel végétal. Peu d'espèces sont essentiellement polyphages, 
c’est-à-dire s’attaquant indifféremment, ou sous l'influence de 
conditions particulières, aux principales essences ligneuses. 
Nous citerons la Nonne, le Bombyce dissemblable, le Cossus 
gâte-bois, le Bostryche disparate pas les espèces essentielle- 
ment polyphages. 

La partie spéciale de ce Traité commence par l'étude des para- 
sites des Résineux pour se continuer par celle des parasites 
des Feuillus, donc des essences spéciales qui forment la flore 
ligneuse des peuplements de l'Europe centrale. Nous laisserons 
de côté les arbrisseaux et les arbres fruitiers en nous limitant 
ainsi exclusivement aux espèces végétales qui constituent la 
richesse de la forêt européenne. 

Voici la liste des arbres dont les différents organes seront exa- 
minés dans un ordre déterminé avec l’énumération des principaux 


parasites : 

A) ESSENCES RÉSINEUSES : 
1. Épicéa. 4. Pin cembro ou Arolle. 
2. Sapin blanc ou des Vosges. 5. Mélèze. 


3. Pins (sylvestre, noir ou d’Au- 
triche, de montagne, maritime, 
laricio, d'Alep, Weymouth). 


PARTIE GÉNÉRALE 5) 


B) ESSENCES FEUILLUES : 


1. Chênes (pédonculé, rouvre, cer- 8. Érables (plane, sycomore, cham- 
ris, vert, suber, occidental, pêtre, etc.). 
yeuse, etc.). 9. Frêne. 
2. Hêtre. 10. Charme. 
3. Châtaignier. 11. Aunes (glutineux ou noir, blanc, 
k. Bouleaux (blanc et verruqueux). vert). 
5. Peupliers (tremble, blanc, noir 12. Saules. 
du Canada). ‘43. Sorbiers (des oïiseleurs, domes- 
6. Tilleuls (à grandes et à petites tique, etc.). 
feuilles). 14. Alisiers (blanc, torminal, etc.). 
7. Ormes (de montagne, diffus, 15. Robinier (faux-acacia). 
champêtre). 


Nous avons déjà dit plus haut que, dans ce Traité, nous avons 
renoncé à suivre l’ordre systématique, estimant que, dans un 
ouvrage qui prétend venir en aide au forestier, il valait mieux 
s’en tenir aux mamfestations extérieures de la vie et aux ravages 
des Insectes, tout en stimulant le sens de l’observation dans la 
Nature. 

Le sylviculteur, appelé à déterminer des dégâts d’Insectes, 
peut facilement préciser deux points, à savoir : l'essence attaquée 
et l'organe de l’arbre sur lequel les parasites ont laissé des traces 
de leur passage. C’est sur cette base que nous avons établi notre 
classification en groupant les ravageurs dans les compartiments 
suivants, qui partent des organes souterrains pour atteindre la 
cime de l'arbre : 


1. La Racine. 4. Les Rameaux. 

2. L’Écorce du tronc et des branches. 5. Les Bourgeons. 

3. L’Intérieur du bois (Xylophages 6. Les Feuilles. 
proprement dits). 7. Les Fruits. 


Nous ne nous faisons pas d'illusions; cette répartition peut pré- 
ter le flanc à la critique, car il est certains Insectes qui ne peuvent 
être classés dans un compartiment plutôt que dans un autre. 
En outre, il y aura lieu, lorsque nous traiterons des ravageurs 
polyphages, de faire de nombreux renvois, car il existe certains 
Insectes (Cossus ligniperda L., Bombyx dispar L., ete.), que nous 
retrouvons sur presque toutes les essences feuillues et d’autres 
qui attaquent les semis de tous les brins en pépinière (Melo- 


6 PARTIE GÉNÉRALE 


lontha vulgaris L., etc.). Nous croyons néanmoins qu’une répar- 
tition de ce genre sera appréciée par tous ceux qui considèrent 
le présent Traité comme une introduction à l'étude de l’Ento- 
mologie forestière. 


HISTORIQUE 


Nous ne pouvons songer à étudier ici l’évolution de la science 
entomologique appliquée à la sylviculture, n1 à énumérer tous 
les ouvrages qui ont été publiés par des naturalistes ou des 
sylviculteurs. Comme nous l'avons dit plus haut, ce sont les 
contrées forestières peuplées en majorité de Conifères et, par 
conséquent, celles qui ont le plus à souffrir des dégâts des In- 
sectes, qui ont donné na’ssance aux publications les plus remar- 
quables sur cette branche de la Protection. 

Déjà à la fin du dix-huitième siècle, GMELIN (7787) et von 
SrersrorPpr (1794) signalèrent les ravages des Insectes dans les 
sapinières allemandes. Mais c’est au savant RATZEBURG (1837- 
1844) que nous devons le premier ouvrage complet sur l’Ento- 
mologie forestière. Il fit paraître trois volumes aussi documentés 
que richement illustrés et qui, aujourd’hui encore, constituent de 
précieux documents. Après Ratzeburg, ce furent NôRDLINGER, 
ALrum et Théodore HarrTiG qui, en Allemagne, contribuèrent 
le plus à enrichir la littérature entomologique forestière. 

MATHIEU (1848) publia en français son Cours de Zoologie fores- 
tière, qui demeure le seul ouvrage général concernant la branche 
zoologique de la Protection des forêts. Nous rappelons à ce propos 
deux éditions de l'Atlas d’Entomologie forestière de HENRY (1892 
et 1903), qui reproduisent sans texte les planches de l’ouvrage 
de Mathieu et un certain nombre de nouvelles figures. 

Au milieu du dix-neuvième siècle, PEerris (1856) publia son 
étude sur les /nsectes du Pin maritime, qui peut être considérée 
comme un modèle en matière de recherches biologiques. 

La famille des Scolytides ainsi que celle des Bostrychides 
occupent naturellement une place importante dans les publi- 
cations des zoologues forestiers. Ce fut ErcHHorr (7881) qui 


PARTIE GÉNÉRALE 74 


contribua le plus à faire connaître la vie de ces Xylophages que 
nous traiterons d’une manière approfondie. Ce sylviculteur 
a décrit toutes les espèces de Scolytides et de Bostrychides 
connues dans les forêts de l’Europe centrale, il a déterminé les 
phases d'évolution du plus grand nombre d’entre elles. Les 
découvertes d’Eichhoff ont été récemment complétées et en 
partie rectifiées par les publications de LôvenpaL (1898), de 
CHEWYREUV (7905) et de G. Fucus (1907). 

A l’époque de l'apparition du travail d’'Eichhoff, ALrum pu- 
blia un ouvrage de zoologie forestière, peu d’années après la 
première édition de la Protection des Forêts de Hess (1898). 
L’Autrichien HENSCHEL (1895) fit paraître un Manuel d’Ento- 
mologie forestière et horticole, la même année où Jupercx et Nrr- 
SCHE (1895) publièrent leur remarquable travail de plus de 1.400 
pages sur les Znsectes forestiers de l’Europe centrale, ouvrage dont 
l'illustration détaillée égale la valeur du texte et la documentation 
bibliographique. 

Deux ans plus tard, EcksrEin (1897) écrit un ouvrage général 
de zoologie forestière, puis vient NussLin (1905), qui fait paraître 
à Carlsruhe un nouveau Manuel d’Entomologie, destiné spécia- 
lement aux étudiants en sciences forestières. Enfin, dernièrement, 
l’entomologiste GILLANDERS (1908) a écrit en anglais le premier 
ouvrage d'Entomologie forestière publié en Grande-Bretagne, 
pays où les questions économiques forestières commencent à 
intéresser l’opinion publique. 

A côté de cette série de Manuels envisageant cette vaste 
branche dans son ensemble, il faut mentionner les innombrables 
publications malheureusement disséminées dans un beaucoup 
trop grand nombre de Revues scientifiques et forestières. Elles 
sont l’œuvre de praticiens et d’entomologistes forestiers, parmi 
lesquels nous citerons : BARGMANN, BourGEoïs C., CEGcoNI, 
CHapuis, CHoLopkxowsky, Coaz, EGGERs, ERIcHSON, FANKx- 
HAUSER, FUCHS, DE GEER, GERMAR, GYLLENHAL, HENNINGS 
KALTENBACH, KELLER, KNOCHE, KNOTEK, LINDEMANN, Lô- 
VENDAL, MACQUART, MuLsanT, REGIMBEAU, REITTER, SÉVERIN, 
STROHMEYER, THOMSON, TRÉDL, WACHTL, WOLLASTON, etc. 


8 PARTIE ZOOLOGIQUE 


Nous aurons l’occasion dans ce Traité de citer diverses publi- 
cations de ces auteurs. L'ouvrage classique sur lequel nous revien- 
drons à chaque instant est celui de Juperc et Nirscue, dont la 
documentation et l’envergure sont d’une incontestable valeur 
pour tous ceux qui veulent travailler à fond cette branche spé- 
ciale. Tous ces observateurs ont enregistré déjà beaucoup de 
faits; néanmoins, il reste encore énormément à observer dans ce 
vaste laboratoire qu'est la forêt et dans lequel nous proposons 
au lecteur de pénétrer avec nous. Bien des questions biologiques 
sont encore à résoudre et il incombe en particulier au sylviculteur 
de faire avancer la science entomologique forestière. 


PARTIE ZOOLOGIQUE ” 


ZOOLOGIE GÉNÉRALE 


Les Insectes, appelés aussi Æexapodes, en raison du nombre 
de leurs pattes qui s’élève à trois paires, constituent une classe 
de l’embranchement des Arthropodes. Leur corps, à symétrie 
bilatérale, est divisé en trois parties : la tête, le thorax et l’ab- 
domen. La respiration est trachéenne et les sexes sont séparés. 
La tête est une boîte chitineuse portant les antennes, organes du 
tact, les yeux, les pièces buccales; elle est le plus souvent large- 
ment unie au thorax. 

La figure 1 montre le groupement des différents organes, 
parmi lesquels le front, en général compris entre les yeux, sert de 
critère dans la détermination. 

Le thorax se compose de trois parties juxtaposées (fig. 3) : le 
prothorax, le mésothorax et le métathorax. Chacune de ces 
régions se décompose en une plaque chitineuse ventrale (sternite) 


(1) La « partie zoologique » a été rédigée avec la collaboration de M. Mau- 
rice JAQUET, docteur ès sciences, qui a bien voulu se charger également de 
la correction des épreuves de l’ouvrage entier. Nous lui exprimons ici nos 
sincères remerciements pour son précieux concours. 


PARTIE ZOOLOGIQUE 9 


et une plaque dorsale (tergite). Entre ces deux organes on dis- 
tingue des pièces latérales ou pleures, formées par une membrane 
plus ou moins molle. Les organes locomoteurs sont fixés au 
thorax. 


Antennes 

Wed Macille 0 

Ÿ Viadibules 
% Labium 


Pitles 


Coma 


$& [rochanter 


Femur 


Penrs 


Fig. 1. —- Organes extérieurs de l’Ergates Faber L. 1/1 gr. nat. (orig.). 


L’abdomen est, en général, arrondi ou cylindrique; il compte 
de deux à dix segments apodes. 


10 PARTIE ZOOLOGIQUE 


Chez les Guêpes et les Fourmis, par exemple, l’abdomen est 
uni au métathorax par un mince pédoncule. Il porte souvent des 
appendices qu’on nomme cerques. Chez les Insectes xylophages, 


Fig. 2. — Tête de Carabus hortensis L. 

a, sommet; b, œil; c, front; d, bouclier cépha- 
lique; e, antenne; /, lèvre supérieure ; g, man- 
dibules ; h, palpe maxillaire; p, lèvre infé- 
rieure ; J, denticule au milieu du bord antérieur 
du menton; #, menton; {, base de l'antenne; 
m, fossette; n, gorge; 0, occiput ; ?, palpe labial 
(d'ap. Kolbe). à Va 


ces dépendances ont une importance; chez les Sirex, par exemple, 


Fig. 3. — Cerambyx heros Scop. 


T, tête ; 7r, thorax ; 1, prothorax ; 2, mésothorax ; 3, métathorax ; 
Ab, abdomen ; F, élytre ; A, aile postérieure, 1/1 gr. nat. (orig.). 


la femelle se sert de sa tarière pour creuser un trou dans le 
bois et y déposer les, œufs. 


Appendices articulés. — Si l’on examine la partie anté- 
rieure des Insectes, on trouve en premier lieu deux organes 
faisant presque toujours saillie : ce sont les antennes qui, au 


PARTIE ZOOLOGIQUE 11 


nombre de deux, revêtent des formes infiniment variées, même 
chez les espèces forestières européennes. La détermination des 
genres et des espèces s'appuie sur ce critère. 
L'’antenne est filiforme, serriforme, plumu- 
leuse (Microlépidoptères), foliacée, etc. On 
distingue dans cet organe, en général (Coléo- 
ptères, par exemple), trois 
parties (fig. 4) : le scape, qui 
constitue le premier seg- 
ment, le pédicelle qui forme. 
le deuxième, et finalement 
le funicule, le dernier, lequel, 
segmenté, est parfois ter- 
miné par une massue (Bos- 
tryches, par exemple). Chez 


Fig. 5. — Tête de Charançon. 


Fig. 4. — Antenne ê a, œil: b, antenne dont 
date ebay les Charançons dont la tête RE SN ee 


nicule à 6 articles; c, pédi- est prolongée en un rostre ARS ne à 


a, massue à 4 articles; b, fu- 
c, mandibule (d’ap. 


celle; d, scape (origq.). Kolbe). 


(fig. 5) à l’extrémité duquel 
se trouve la bouche, l’antenne est située en arrière de cette der- 
nière; son scape peut se loger dans une rigole pratiquée sur les 
côtés du rostre. 


Pièces buccales. — L'alimentation des Insectes étant infini- 
ment variée, les organes buccaux offrent, de ce fait, des varia- 
tions infinies. Les Insectes sont broyeurs, piqueurs, aspirateurs, 
lécheurs. La première pièce qu’on trouve — toujours en allant 
de l’avant à l’arrière — est le labrum fixé au front, puis les trois 
paires d'organes symétriques : les mandibules, les maxilles anté- 
rieures et les maxilles postérieures (fig. 6). 

Chez les Insectes broyeurs les mandibules sont des pièces 
rigides, chitineuses, non segmentées et portant à leur bord 
interne des dents qui leur permettent de triturer les substances 
solides (le bois par exemple, chez les Bostryches et Céramby- 
cides). 

Les maxilles antérieures et postérieures sont composées de 
plusieurs articles qu’on trouvera représentés dans la figure 6. 


L 


12 PARTIE ZOOLOGIQUE 


Ces organes compliqués ont pour fonction de sélectionner les ali- 
ments triturés grossièrement par les mandibules et de les faire 
parvenir dans la bouche. 


Fig. 6. — Pièces buccales broyeuses 
de Locusta viridiss'ma L. 


A, mandibules ; a et b, apophyses articu- 
laires; B, mâchoires (premières maxilles) ; 
ï, cardo; j, stipes ; #, palpigère; /, lame 
interne ; »m, lame externe ou galea ; n, palpe ; 
C, lèvre inférieure (deuxièmes maxilles ou 
labium) ; c, palpe ; d, galea ; e, lame interne ; 
J, palpigère; g, mentum ; À, submentum; 
D, lèvre interne (d'ap. Kolbe). 


Chez les Insectes suceurs (Papil- 
lons), on remarque une trompe qui, 
au repos, s’enroule en spirale et per-- 
met à l’animal d'extraire la nourri- 
ture liquide qu'il trouve au fond 
des fleurs. 

Les lécheurs (Hyménoptères) ont 
un labre normal, leurs mandibules 
ressemblent à celles des Coléoptères 
et les maxilles antérieures allongées 
forment, en se rapprochant l’une 
de Fautre, un fourreau encerclant 
la maxille postérieure. 

Les Insectes piqueurs (Hémi- 


ptères) sont en même temps suceurs. En général, les maxilles an- 
térieures et les mandibules revêtent la forme de stylets allongés et 
tranchants. L’aspiration du liquide se fait au moyen du labrum 


Fig. 7. — Plaques de plomb transpercées, à gauche, par le Cerambyæ 
rajulus L., à droite, par le Sireæ spectrum L. 1/1 gr. nat. (Orig. coll. 


Standfuss, Zurich). 


et les organes buccaux sont assemblés sous forme de rostre replia- 


ble, au repos, sur la face ventrale de la partie antérieure du corps. 
Certains Insectes xylophages tels que les Cérambycides, les 
Bostryches et les Sirex, ont des mandibules offrant une force de 


perforation considérable. 


PARTIE ZOOLOGIQUE 13 


La figure 7 ci-jointe prouve que même certains de ces Insectes 
parviennent à sortir de boîtes métalliques hermétiquement 
closes par des orifices qu'ils forent à travers les parois. 


Les ailes. — Les organes du vol sont des expansions souvent 
en forme de feuille, articulées et fixées aux flancs du méso et du 
métathorax. On ne remarque jamais plus d’une paire d’ailes 


Fig. 8. — Aïle de Coléoptère (Cerambyx heros Scop.). 

1-7, nervures convexes ; À, cellule cubitale ant. ; B, cellule hu- 
mérale ; C, cellule cubitale post.; D, cellule médiane. Les 
lignes ponctuées indiquent les plis de l’aile à l’état de repos. 
Près de FF, articulation permettant à l'extrémité de l’aile de 
se replier (d'ap. Kolbe). 


fixée à chacun de ces deux anneaux postérieurs. L’antérieur ne 
porte jamais d’ailes. Ces dernières sont formées de deux lames 
minces chitineuses juxtaposées et sillonnées de nervures où 


Fig. 9. — La même aïle que dans la figure 8, à l'état 
de repos sous l’élytre. Les lignes ponctuées in- 
diquent les limites des parties de l'aile pliées, par 
rapport à la surface alajre (d’ap. Kolbe). 
pénètrent du sang, des trachées et des nerfs (HENNEGuY, 1904, 
p. 47). Les deux paires d'ailes peuvent avoir une forme et une 
consistance très différentes (fig. 8 et 9). 
Chez les Coléoptères, les ailes antérieures, très résistantes, sont 


désignées sous le nom d’élytres ; elles recouvrent les ailes posté- 


14 PARTIE ZOOLOGIQUE 


rieures souvent fort minces et délicates. Les Xylophages, en parti- 
culier, sont ainsi en mesure de circuler dans l’intérieur du bois, 
grâce à la forme cylindrique de leurs élytres protecteurs. Nous 
verrons plus loin quel rôle joue, en particulier chez les Scolytides, 
la sculpture de ces appendices pour la détermination des espèces. 
Dans certains ordres (Hyménoptères, par exemple), on utilise 
pour la classification la forme ou la disposition de cellules com- 


prises entre les épaississements chitineux. 


Les pattes. — Les organes de locomotion terrestre sont dépen- 


dants des fonctions vitales particulières à telle ou telle espèce. 


Fig. 10.— Patte de Cerambyx heros Scop. 

a, coxa; b, fémur ou cuisse; €, tibia 
ou jambe; d, éperon ; e, tarse articulé ; 
J, tarse vu de face; g, premier article 
tarsal; h, griffes ou crochets ; à, tro- 
chanter (oriq.). 


Cependant, on distingue toujours trois 
paires de pattes, chacun des anneaux 
thoraciques en porte une paire. La patte 
se compose, en partant du corps (fig. 10), 
de la coxa ou hanche, logée dans un en- 
foncement de la face ventrale du thorax, 
du trochanter souvent composé de deux 
arücles, du fémur ou cuisse, du tibia ou 
jambe, du tarse articulé portant des grif- 
fes ou crochets, parfois même, comme 
c’est le cas chez les Mouches, muni d’une 
pelote jouant le rôle de ventouse. 

On remarque que les pattes de cer- 
tains Insectes ont encore d’autres fonc- 
tions que celle de la locomotion; ainsi, 
les pattes antérieures des Abeilles sont 
disposées de telle façon que les anten- 
nes peuvent être nettoyées à l’aide d’un 
appareil spécial que porte le métatarse. 


Téguments. — Le corps des Insectes peut être lisse, couvert 
d’une pilosité plus ou moins dense et rigide ou d’écailles qui 
revêtent sur le même individu des couleurs infiniment variées. 


Glandes cutanées. — 


Certains Insectes portent des glandes 


PARTIE ZOOLOGIQUE 


15 


sécrétant un liquide que l'animal laisse échapper pour sa 
défense. Chez la Chenille de la Gastropacha 
pini L. et de la Processionnaire du Pin (fig. 11), 
on trouve à la base de chaque poil une glande 
à venin dont le produit se répand au dehors 


Fig. — Hypoderme L ; ë : 
Le le liquide toxique est introduit 
yæ pini L . é J 
poils urticants ; , dans le corps étranger à l’aide 
glandes AVES 1C 


odenne, d, cuticule d’un stylet fixé à l’abdomen. 
(d’ap. Claus). 


Système musculaire. — Les Insectes sont pour- 
vus de museles, tous striés, qui se rencontrent aussi 
bien dans le tronc que dans les membres. Chez les 
espèces ailées, chaque aile compte deux muscles 
extenseurs et un fléchisseur. 


Système nerveux. — Le système nerveux des In- 
sectes s'étend de la tête à l’extrémité du corps; il 
revêt la forme d’un double cordon, fixé à la par- 
tie ventrale, et renflé dans chaque segment en un 
double ganglion. Du premier de ces ganglions par- 
tent deux ramifications qui encerclent l’œsophage 
pour se souder à une masse sus-œsophagienne 
nerveuse remplissant le rôle de cerveau et duquel 
se détachent les nerfs se rendant aux organes des 
sens (fig. 12). 


Organes des sens. — Le sens du tact doit être 
attribué à des poils sensitifs fixés spécialement sur 
les antennes et sur les palpes. Il y a lieu de remar- 
quer que tous les poils ne sont pas munis d’une 
fibre nerveuse. Seuls, ceux dont l’axe renferme une 


lorsqu'on agite l’air autour de la Chenille. 
Les glandes cirières des Abeilles sont pla- 

cées sur la face ventrale des segments abdomi- 

naux. Chez les Hyménoptères porte-aiguillon, 


ZQ À 
VE 


Fig. 12. — Système 
nerveux d'Epheme- 
ra dan'ca A. EF. 
Muller. 


a, gens Lan supérieur 
æsophagien; b,nerf 
de l'antenne; c,nerf 
visuel; d, ganglion 
inférieur  œsopha- 
gien; e, J, g; gan- 
glions. du thorax ; 1, 
commissures (d’ap. 
Kolbe). 


fibre reliée à un ganglion nerveux présentent un pouvoir sensitif. 


16 PARTIE ZOOLOGIQUE 


On admet que le sens de l’olfaction est localisé dans les an- 
tennes et parfois dans les palpes. HENNEGuY (7904, p. 139) 
affirme que le sens olfactif est moins développé chez l’Insecte 
au repos que chez l'animal en mouvement. Parfois, certains 
Insectes portent dans le voisinage des organes buccaux de petites 
fossettes densément garnies de poils sensitifs et qui constituent 
des centres d’odorat. 

Yeux. — Sauf certains Insectes cavernicoles, plusieurs para- 
sites, les soldats et ouvriers des Termites, tous les Insectes 
sont pourvus d’yeux. Ces derniers sont ou bien simples, on les 
désigne en entomologie sous le nom d’ocelles ou de stemmates, ou 
bien composés, ce sont les yeux à facettes. Les ocelles sont généra- 
lement placées sur le sommet de la tête. Les yeux à facettes sont 
envisagés comme la réunion d’yeux simples (ommatidies); ils 
occupent parfois la plus grande partie de la tête et peuvent 
atteindre le nombre de 20.000 pour un seul œil composé. 

Audition. — Certains Insectes possèdent des 
organes auditifs appelés organes chordonotaux. 

Ils sont situés sous les téguments et constitués 

par une cellule nerveuse se prolongeant en un 

filament sur le trajet duquel on trouve un noyau 

(HENNEGUY, 1904, p. 142). Certaines espèces 

produisent des sons par le frottement d’une 

partie de leur corps contre les parois des 
6 objets dans lesquels elles se meuvent, tel l’Ano- 
bium pertinax L. D'une façon générale, c’est 
surtout le mâle qui est capable d'émettre des 
sons, principalement en vue de l’accouplement. 


Æ Système digestif — Le tube digestif est infini- 


PR igestif Ps 
FE Scoynsommt ment varié dans le monde des Insectes, car il 


a, estomac; b, origine : , x » 1: Ê 
des tubes de Malpighi; doit s’adapter à des genres d'alimentation fort 


je ERP NES" différents. Il est très développé, et se laisse tou- 
jours décomposer en trois sections. 
La première partie ou intestin antérieur comprend la bouche, 


l’œsophage et le jabot. Chez les espèces carnassières et lignivores, 


PARTIE ZOOLOGIQUE 17 


une partie de l'intestin antérieur sert à la trituration des ali- 
ments, c’est le gésier, dont la paroi interne se relève en denticules 
ou aspérités chitineuses. Chez les Abeilles, le jabot sert de labo- 
ratoire dans lequel s’opère la fabrication du miel. 

La deuxième section du tube digestif est désignée sous le nom 
d’intestin moyen, elle est d’une consistance non chitineuse. La 
région antérieure de cet intestin moyen forme l’estomac, la pos- 
térieure représente l'intestin grêle qui se confond souvent avec 
l'intestin terminal ou troisième section du tube digestif terminé 
par l’anus qui s’ouvre à l’extrémité postérieure du corps. 


Glandes salivaires. — Ces organes, placés dans la région anté- 
rieure du corps, s'ouvrent à l’origine du tube digestif. Leur rôle 
est, non seulement de collaborer à la digestion des aliments, 


/ b o 


EM RIKININN— 
SP Ca 227 
FE Î| ñ 
NS pre — 
FN 
F 
g 


Fig. 14. — Tube digestif avec accessoires de la Chenille du Bombyæ pini L. 


a, tubes de Malpighi; b, glande filiaire ; ce, glande salivaire; d, intesün moyen; e, œsophage; 
J, intestin grêle ; g, rectum (d’ap. Suckow, ds. Judeich et Nitsche). 


mais ils peuvent également élaborer du venin. Chez certaines 
Chenilles, ces glandes ont le pouvoir de sécréter la matière soyeuse 
qui forme le cocon. On sait que le Bombyx mort L., dont la larve 
est le Ver à soie, fabrique de la soie; or, les fils soyeux sont éla- 
borés par des glandes séricigènes juxtaposées aux glandes sali- 
vaires et débouchant sur la lèvre inférieure. 

On envisage comme glande digestive pancréatique des diver- 
ticules parfois très nombreux de l'intestin moyen. 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 2 


18 PARTIE ZOOLOGIQUE 


Système cireulatoire. — Le sang ne circule pas toujours dans 
des canaux spéciaux, mais pénètre dans des espaces non délimi- 
tés et spécialement dans les pattes et les ailes. Le cœur, organe 
propulseur, est placé au-dessus du tube digestif abdominal; il 
est relié à la paroi dorsale par des fibres conjonctives. Ce vais- 
seau se renfle en une chambre contractile à chaque segment. Le 
sang est le plus souvent incolore ou légèrement teinté de jaune 
ou de vert. Cette coloration est due au plasma liquide. 


Système respiratoire. — La respiration des Insectes s’effectue 
au moyen de trachées qui sont des canaux maintenus ouverts 
par un fil chitineux en spirale. Ces trachées sont presque toujours 
mises en relation avec l'extérieur au moyen de stigmates, petites 


Û 
Û 
| 
| 
| 

Fig. 15. — Larve du Cerambyx heros Scop. 


1, tête ; b, pattes; c, d, callosités ventrales = organes “ locomotion dans les couloirs creusés 
dans le bois ; ol, : les 3 segments thoraciques ; 5-14 : les 10 segments abdominaux ; e, stig- 
mate (d’ap. Kolbe). 


ouvertures entourées d’un cercle chitineux et portant parfois 
intérieurement une garniture circulaire de poils, empêchant 
les corps étrangers d’être aspirés à l’intérieur des trachées. Ces 
stigmates sont distribués en nombre variable sur les flancs du 
thorax et de l’abdomen. Ils sont particulièrement visibles sur 
certaines Larves de Cérambycides (fig. 15). Les trachées sont 
le véhicule de l'air dans l’intérieur du corps. Le mécanisme d'’as- 
piration est provoqué par les contractions musculaires de l’ab- 
domen. 


PARTIE ZOOLOGIQUE 19 


Système excréteur. — Les tubes de Malpighi remplissent les 
fonctions d'organes excréteurs; ce sont de longs canaux sinueux 
dont la partie basale débouche dans l'intestin postérieur. Ils 
éliminent du corps les substances inutilisables. 


Système génital. — Les [Insectes ont les sexes séparés. Les tubes 


ovariens sont allongés; ils renferment des ovules à différents 
stades de développement et débouchent dans deux oviductes 


généralement élargis se réunissant pour former le vagin. Pendant 


la fécondation, et dans les cas où la 
poche copulatrice fait défaut, les zoo- 
spermes sont déposés dans le réservoir 
séminal où 1ls attendent le passage 
des œufs. La fécondation de ces der- 
niers peut avoir lieu longtemps après 
l’accouplement.On remarque que chez 
certaines espèces de Bostryches, les 
femelles ne sont fécondées qu’une 
fois et les œufs sont pondus à inter- 
valles espacés. On trouve, chez cer- 
taines espèces, une cavité copulatrice 
qui reçoit le pénis pendant l’accou- 
plement. Plusieurs 


Fig. 16. — Appareil génital , a 
femelle de l'abeille reine. Insectes P ossèdent AN 
a, ovaires; b, vagin; €, réceptacle 2 TE 
séminal ; d, poches annexes; e,ré- UN oviscapte ou {a- + 2 
ceptacle de l’aiquillun; /, intestin se k z d Jp (n» 
ostérieur ; g, réservoir du venin; jLere qui permet a la CHIRRENERLES 
, glandes collétériques ; 7, glandes AE We 
à venin; j, oviducte (d’ap. Leuck- femelle de perforer \ 
hart ds. Hennequy). \ 
les corps durs dans Le 
lesquels les œufs sont ensuite déposés (Sirex). | 
té 


Chez les Abeilles, par exemple, cette armature gé- 
nitale change de fonction et devient l’aiguillon ‘us males du omicus 


par lequel l’animal introduit le venin dans les 


Fig. 17. — Organes géni- 


typographus L. 
a, testicules; b, canal 
éjaculateur ; c, glandes 


corps étrangers. L'appareil génital mâle se com-  suqueuses : d, canaux 


déférents ; 2, vésicules 


pose (fig. 17) au minimum de deux testicules  séminales{d'ap. Judeich 


qui revêtent des formes allongées ou ramassées. 


et Nitsche). 


Souvent des vésicules séminales sont reliées aux testicules qui 


20 PARTIE ZOOLOGIQUE 


aboutissent à deux conduits déférents accédant à un canal éja- 
culateur. Cet organe peut être revêtu à l’extérieur d’une arma- 
ture chitineuse réversible au dehors, elle est désignée sous le 
nom de pénis. 


Dimorphisme sexuel. — On comprend sous le nom de dimor- 
phisme sexuel les différences extérieures que le mâle et la femelle 
peuvent présenter dans la même espèce. D'une façon générale, la 
femelle est plus volumineuse que le mâle par la raison que son 
abdomen doit contenir des œufs. Les mâles sont souvent munis 
d’appendices qui leur permettent de rechercher et de maîtriser 
la femelle, tel le Lucane cerf-volant. Dans d’autres cas, comme 
chez certains Bostryches du genre T'omicus, la déclivité des élytres 
en forme de panier permet au mâle de seconder la femelle dans 
le nettoiement de la galerie maternelle. Chez les Papillons, on 
trouve parfois pour la même espèce des mâles ailés et des femelles 
aptères. 


Reproduetion. — Le monde des Insectes se reproduit de deux 
façons, soit par reproduction asexuée ou parthénogénèse, soit 
par reproduction sexuée, qui est de beaucoup la plus commune. 
Dans le premier cas, on distingue plusieurs catégories : 

a) La parthénogénèse normale, qu’on trouve, par exemple, chez 
les Abeilles. Dans cette famille, lorsque la femelle, qui porte le 
nom de reine, pond des œufs non fécondés, 1ls donnent naissance 
exclusivement à des mâles (faux bourdons); 

b) La parthénogénèse cyclique ou hétéroparthénogénèse, qu'on 
rencontre chez les Pucerons, le Phylloxéra et le Chermès : On 
remarque au printemps un Insecte femelle aptère, vivipare; 
il enfante, sans fécondation, des jeunes individus, tous du sexe 
femelle. Ces derniers se reproduisent suivant le même procédé 
durant l'été. Ils donnent naissance à des Insectes dont certains 
individus, munis d'ailes, assurent la dissémination de l'espèce. 
A la fin de l'été, les individus qui naissent possèdent les organes 
génitaux bien constitués et souvent aussi des ailes. On dis- 
tingue alors des mâles et des femelles chez les Pucerons. Après 


PARTIE ZOOLOGIQUE 21 


l’accouplement, les œufs fécondés sont déposés dans des ca- 
chettes abritées où ils passent l’hiver. Au printemps suivant, 
des femelles apparaissent et se multiplient suivant le processus 
que nous venons d'exposer; 

c) Dans la troisième catégorie, qu’on appelle parthénogénèse 
larvale ou pædogénèse, c’est la larve qui donne naissance aux 
œufs et l’évolution s’accomplit dans la larve même. 

La ponte des [Insectes se pratique suivant des procédés divers. 
Ainsi les Abeilles construisent des demeures dont les comparti- 
ments abritent chacun un œuf et plus tard une Larve (rayons 
de cire). D’autres Insectes, comme certains Hyménoptères, dépo- 
sent leurs œufs dans des animaux vivants qu'ils paralysent 
préalablement par une piqûre inoculant une substance toxique. 
La Larve, une fois éclose, se trouve placée précisément dans la 
substance animale qui doit lui servir d’alimentation. 

Pour devenir un embryon, l’œuf subit les phases de fraction- 
nement, d'apparition des feuillets, puis des organes. On dis- 
tingue deux cas dans le développement de l’animal : dans le 
premier, l’Insecte sortant de l’œuf ressemble à ses parents, car 
il possède tous les systèmes d'organes; il n’a plus qu'à grandir. 
C'est l’amétabolie, qu'on observe chez les Poux et les Pucerons. 
Dans le second cas, métabolie, l'embryon qui quitte l'œuf subit 
une profonde modification pour devenir semblable à ses parents. 
I passe par les stades de Chenille ou Larve, Nymphe ou Chry- 
salide, puis Imago ou Insecte parfait. 

Dans la métamorphose complète la Larve qui se transforme 
en Nymphe reste immobile sans s’alimenter. Par contre, on parle 
de métamorphose incomplète lorsque, après chaque mue de la 
Larve, cette dernière ressemble toujours plus à la forme parfaite 
qu'elle atteindra sans période de repos. 

I y a lieu de remarquer que la Larve présente souvent des carac- 
tères morphologiques très différents de ceux de l’Insecte parfait. 
Son existence et ses instincts sont souvent absolument opposés 
à ceux des parents. 

Chez les espèces à métamorphose complète on distingue des 
Larves apodes; ce cas se présente chez les Diptères. Chez les Lépi- 


22 PARTIE ZOOLOGIQUE 


doptères et les Coléoptères, les pattes, au nombre de trois paires, 
sont articulées et fixées aux anneaux thoraciques. Certains grou- 
pes ont, en outre, des fausses pattes ou tubercules membraneux 
portés par l’abdomen. 

Un phénomène curieux de la transformation que subissent 
certains Insectes réside dans l’évolution des organes buccaux. 
Ainsi, l'appareil broyeur d’une Chenille devient lécheur ou suceur 
chez l’Insecte parfait (Lépidoptères). 

Au point de vue de la forme extérieure, les Larves qui subissent 
une métamorphose complète se répartissent en cinq groupes : 

a) Les Larves helminthoïdes, qui rappellent les vers dépourvus 
d’appendices articulés et d’yeux avec pièces buccales à peine 
développées (Œstrides); 

b) Les Larves mélolonthoïdes, dont le type est le Ver blanc du 
Hanneton. Le corps de ces Larves est cylindrique avec pattes 
thoraciques, mais sans tubercules membraneux; elles vivent dans 
la matière ligneuse (Cérambycides); 

c) Les Larves campodéiformes ont un corps mince postérieure- 
ment, une tête distincte qui porte des antennes et un appareil 
broyeur; les trois paires de pattes sont bien développées (Coléo- 
ptères, Névroptères); 

d) Les Larves éruciformes ou Chenilles sont propres aux Lépi- 
 doptères; elles se distinguent par leur apparence velue. Outre 
les trois paires de vraies pattes, elles sont munies de fausses 
pattes au nombre de quatre à dix paires. L'appareil buccal est 
broyeur. Certaines Larves peuvent, après une mue, revêtir une 
autre forme que celle qu’elles avaient précédemment; 

e) Finalement, on distingue, sous le nom de naupliforme, une 
forme larvaire par laquelle passent certains Hyménoptères porte- 
aiguillons et qui présente une analogie avec le Nauplius des Crus- 
tacés. Dans ce cas, la partie antérieure du corps s’élargit en bou- 
clier, l'abdomen qui lui fait suite est rétréci et porte des cerques 
à son extrémité. 

Le deuxième stade de la métamorphose des Insectes est 
celui de la Nymphe, pendant lequel l'animal n’absorbe aucune 
nourriture. Chez les Papillons, cette Nymphe se protège en tis- 


PARTIE ZOOLOGIQUE 23 


sant un cocon soyeux ou se renferme dans un fourreau mem- 
braneux construit par la Chenille. 

On distingue trois espèces de Nymphes : 

a) Nymphes proprement dites, lorsque tous les organes de 
l’Imago ou Insecte parfait sont bien visibles et revêtus d’une 
membrane leur laissant la liberté (Coléoptères):; 

b) Chrysalides, chez lesquelles le corps est entouré d’une mem- 
brane transparente formant un fourreau au travers duquel on 
aperçoit les membres blottis contre le corps (Lépidoptères); 

c) Pupes, lorsque la dernière mue larvaire emprisonne l’In- 
secte qu’on n’aperçoit plus du dehors (Mouches). 

Par des procédés d’histolyse et d’histogénèse, l’Insecte, durant 
cette période de nymphose, détruira une partie de ses organes 
pour les reconstituer sur un tout autre plan et arriver à former 
l’Insecte parfait, le plus souvent ailé. C’est là le procédé qu’on 
appelle la nymphose. Certains organes comme les ganglions 
nerveux passent de la Larve à l’Insecte parfait sans transfor- 
mation. 

Le système circulatoire demeure presque tel quel à travers la 
nymphose. 

L'intestin reformé laisse échapper par la bouche et lanus 
l’ancien tube digestif dissous. C’est le système musculaire qui 
subit la plus importante évolution, car avec l’Imago apparaissent 
les organes locomoteurs, les ailes par exemple. 

Les nouveaux tissus se forment aux dépens de petites masses 
cellulaires isolées auxquelles on à donné le nom de disques ima- 
ginaux. 


CLASSIFICATION 


La classification des Insectes est basée sur la forme du corps 
de l’Imago et sur les variations dans l’évolution (Métamorphose). 

La conformation des pièces buccales, du prothorax et des ailes 
constitue aussi un critère très important. 


24 PARTIE ZOOLOGIQUE 


Au point de vue qui nous intéresse, nous partageons la classe 
des Insectes en sept ordres : 


1. Les ORTHOPTÈRES portent des pièces buccales broyeuses, 
ont un prothorax dégagé, deux paires d’ailes, dont l’antérieure 
est plus courte et plus chitineuse, la métamorphose est complète 
(Sauterelle, Grillon). 


2. Les NEUROPTÈRES portent également des pièces buccales 
broyeuses avec prothorax dégagé; les deux paires d'ailes mem- 
braneuses sont semblables, munies de nombreuses nervures 
(Chrysopa). 

3. Les CoLÉOPTÈRES, également munis de pièces buccales: 
broyeuses, avec prothorax dégagé, fortement développé, deux 
paires d’ailes dont l’antérieure est transformée en élytres; la méta- 
morphose est complète (Cérambycides, Bostryches, Charançons). 


4. Les HyMÉNoOPTÈRES portent des pièces buccales broyeuses 
ou lécheuses et broyeuses, le prothorax est soudé au mésothorax, 
tout au moins dans sa partie dorsale; les deux paires d'ailes 
sont membraneuses avec relativement peu de nervures ; la méta- 
morphose est complète (Fourmis, Abeilles, Cynips, Sirex, Lo- 
phyres). 

5. Les LÉPIDOPTÈRES ont des pièces buccales suceuses, un 
prothorax annulaire soudé au mésothorax, deux paires d’ailes 
membraneuses couvertes, ainsi que le corps, d’écailles et de poils; 
la métamorphose est complète (Papillons). 


6. Les DiprèRes sont des Insectes suceurs avec prothorax 
annelé, soudé au mésothorax, la paire antérieure des ailes est 
membraneuse, tandis que la postérieure atrophiée forme le 
balancier; la métamorphose est complète (Cécidomies, Tachines). 

7. Les RayNCHOTES ou HÉMIPTÈRES sont piqueurs et suceurs, 
avec prothorax dégagé et métamorphose incomplète (Ghermès, 
Coccides). 

La grande majorité des Insectes forestiers se recrutent parmi 
les Coléoptères, les Lépidoptères et les Hyménoptères. 


PARTIE SPÉCIALE Ne 25 


PARTIE SPÉCIALE 


INSECTES D'INTÉRÊT GÉNÉRAL AU POINT DE VUE FORESTIER 


Les Insectes compris dans cette première catégorie sont ceux 
que le forestier peut rencontrer à chaque instant dans la forêt, 
mais dont l'existence n’influence pas directement la vitalité des 
arbres. Certaines espèces mentionnées sont même utiles en ce 


sens qu’elles font la guerre à divers Insectes nuisibles. 


Cicindela campestris L. Coréopr., Cicindelidæ 


Cicindèle champètre 


Longueur : 10 à 15 millimètres. L’Insecte, vert à taches Jau- 
nâtres, se rencontre sur les chemins exposés au soleil. Il s'attaque 
aux Larves d’autres Insectes. 


Carabus auratus L. Coréopr., Carabidæ 


Carabe doré ou Jardinière 


Longueur : 25 à 30 millimètres. Corps allongé; élytres et thorax 
d’un vert doré. Ce Carabe court à terre et recherche durant le 
printemps et l’été les Chenilles et les Larves de certains Insectes 
nuisibles. 


Galosoma sycophanta L. Coréorr., Carabidæ 


Calosome sycophante 


Longueur : 25 à 30 millimètres; Larve, 30 à 35 millimètres. 
Élytres vert doré métallique, corselet et pattes bleu foncé. La 


26 PARTIE SPÉCIALE 


Larve, de couleur jaune sale, est ornée de bandes transversales 
d’un brun brillant. Soit l’animal parfait, soit la Larve,rec herchent 
les Insectes nuisibles et sont particulièrement avides de Chenilles 
de Bombycides. 

Peu de Coléoptères sont aussi mobiles que le Calosome qui, 
outre le vol, a la faculté de se mouvoir dans la terre meuble et de 
grimper sur les arbres. 


Orychtes nasicornis L. Coréopr., Scarabæidæ 


Rhinocéros (Fig. 18 a) 


Longueur : 30 millimètres. Le mâle porte à la partie antérieure 
du corselet une corne recourbée en arrière. La Larve vit dans le 
bois pourri du Chêne. 


Lucanus cervus L. CoréoPr., Lucanidæ 


Cerf-volant (Fig. 18 b) 


Longueur, individu mâle : 50 à 70 millimètres; individu fe- 
melle : 35 à 45 millimètres. C’est un des plus gros Coléoptères 
européens. Le mâle est caractérisé par de fortes mandibules qui 
rappellent les bois du Cerf. Ce Coléoptère vole surtout au com- 
mencement de l’été, à la tombée de la nuit. Ses Larvesse trouvent 
dans les troncs des arbres en décomposition, du Chêne principa- 
lement. 


Fig. 18. 
a, Orychtes nasicornis L.; b, Lucanus cervus L.; c, Melolontha vulgaris L., 111 gr. nat. (orig.). 


28 PARTIE SPÉCIALE 


Ergates faber L. Coréopr., Cerambycidæ 


Longueur : 35 à 50 millimètres. L’apparence générale rappelle 
celle du « Grand Capricorne », mais les antennes sont moins lon- 


Fig. 19. — Ergates faber L. 
a, Larve ; b, Insecte parfait; c, Chrysalide, 1/1 gr. nat. (orig., coll. Pauly, Munich). 


gues et leur article basal plus gros. Cet Insecte vit dans les troncs 
pourris (souches) des Pins; il est très fréquent dans le Midi (pine- 
raies des Landes). 


Vespa crabro L. Ivménorr., Vespidæ 


Guêpe-frelon ou Frelon 


Longueur : 30 à 35 millimètres. Les Frelons habitent les anfrac- 
tuosités des troncs gâtés sans montrer de préférence pour une 
essence plutôt que pour une autre. Les nids, qui mesurent parfois 
30 centimètres de circonférence, sont édifiés au printemps par 
la femelle (reine), fécondée déjà en automne. Cette dernière 


PARTIE SPÉCIALE 29 


construit un certain nombre de cellules et dépose un œuf dans 


Fig. 20. — Nid de frelon (Vespa crabro L.) dans le bois, 
1/2 gr. nat. (orig., coll. Standfuss, Zurich). 


chacune d'elles. De cette ponte sortent des ouvrières qui, à l’état 
de Larves, sont nourries par la reine et continuent 
la construction de la demeure. En automne, ap- 
paraissent les Insectes sexués. 

Les Frelons dépouillent de leur écorce certains 
feuillus pour en sucer la sève. Sans être à pro- 
prement parler des ravageurs de forêts, ils peu- 
vent être, ainsi que les Guêpes, considérés 
comme un danger direct pour toute personne 
circulant dans les bois. En conséquence, chaque 
forestier doit savoir les reconnaître et détruire 
leurs nids. 


Fig. 21. — Branche de 
Bouleau rongée par le 
frelon (Vespa crabro 
L.). 3/4 gr. nat. (orig.). 


1. Épicéa, Picea excelsa L. 


Five, Pesse ou Sapin rouge 


RACINES 


Gryllus gryllotalpa L. Orruorpr., Gryllidæ 
(Gryllotalpa vulgaris L.) 


Courtilière commune ou Taupe-grillon 


Longueur : 40 à 50 millimètres. Cet Insecte, bien connu et 
redouté des jardiniers, est caractérisé par ses pattes antérieures 
en forme de pelle dont le bord antéro-ventral est très fortement 
denté. L’extrémité de l’abdomen se prolonge en deux appendices 
fillformes. La Courtilière est conformée spécialement pour les 
travaux souterrains; sa couleur est d’un jaune terreux. L’accou- 
plement s’effectue de nuit, en général au mois de mai. En juin 
ou juillet, l’animai s'enfonce de 15 à 20 centimètres sous terre 
et là pratique une galerie circulaire avec une poche spéciale 
dans laquelle il dépose un amas de 300 à 400 œufs. A leur sortie 
de l’œuf, les jeunes Courtilières ressemblent à des Fourmis de 
couleur blanchâtre. Durant la première année elles subissent 
trois mues, puis s’enfoncent plus profondément en terre pour 
l'hivernement. Au printemps suivant, elles atteignent leur di- 
mension définitive. 

La Courtilière, à l'instar de la Taupe, est carnassière, en ce sens 
que sa nourriture ordinaire se compose de Vers de terre et d’In- 
sectes. Elle cause des ravages dans les pépinières en bouleversant 
les semis et les brins pour faire la chasse à sa proie. Si les Insectes 
font défaut, elle s'attaque aux racines et devient alors vraiment 


32 RACINES 


nuisible. Comme tous les fouisseurs, la Courtilière opère de pré- 
férence dans les sols meubles. 


Moyens répressifs. — Dans les pépinières exposées aux dépré- 
dations de cet Orthoptère il faut avoir soin de faire les tra- 
vaux culturaux lorsque le printemps est très avancé et détruire 
les Courtilières en labourant les carreaux destinés à recevoir 
des graines ou des brins. Le cri répété de l’Insecte, au moment 
de l’accouplement, permet de capturer plusieurs individus. 
Les injections de pétrole allongé d’eau font sortir les Courti- 
lières de leurs cachettes; on les capture ensuite facilement à la 
surface du sol. Enfin, un autre moyen, préconisé par les jardi- 
niers, consiste à enfouir jusqu'à ras du sol des pots de terre 
remplis à moitié d’un liquide toxique. Les Insectes, circulant de 
nuit sur la terre, tombent facilement dans ces pièges. 


Melolontha vulgaris L. Cocéopr., Scarabæidæ 
Hanneton (Fig. 18, c) 


Le plus important, le plus commun et le plus nuisible des 
ravageurs de racines est le Ver blanc (fig. 22), qui n’est autre que 
la Larve du Hanneton. Ce dernier étant essentiellement un en- 
nemi des Chênes, sa biologie sera exposée dans le chapitre des 
« Chênes ». 

Les pépinières établies dans le voisinage des champs et des 
bois de Chênes, à une altitude inférieure à 800 ou 1.000 mètres, 
sont toujours exposées à être bouleversées par les déprédations 
des Vers blancs. Plus la terre est légère, plus les Insectes ailés 
ont de facilité à déposer leurs œufs et plus les Vers blancs jouis- 
sent de liberté dans leurs évolutions. 

Lorsqu'on crée une pépinière dans une contrée particulière- 
ment exposée aux ravages de cet ennemi, il faut éviter de la 
placer à la lisière des bois et sous le vent dominant. Car, 
au moment de l’essaimement, les Insectes ailés venant des 
champs sont entraînés par le vent du côté de la forêt. Ils pondent 
alors instinctivement au bord de la masse boisée qui arrête leur 
vol. Le mieux est d'installer une pépinière ou une bâtardière 


ÉPICÉA 5e 


dans l’intérieur du massif, en ayant bien soin de ne pas donner 
à ces jardins forestiers de grandes dimensions. En effet, la femelle 
du Hanneton, pondant de préférence dans les terrains découverts 
et ensoleillés, il devient parfois dangereux d'agrandir les pépi- 
nières situées dans les chênaies. Lorsque dans une forêt de Chênes, 
il y a un mélange d’essences, 1l est judicieux de créer une pépi- 
nière précisément dans le voisinage immédiat du groupe d'arbres 
dont le feuillage tente le moins les Hannetons. Ce sont naturel- 
lement les résineux qui, dans cette éventualité, doivent être 
choisis. 

Par un temps calme on peut parfois constater la présence de 
Vers blancs dans les pépinières au mouvement qu'ils impriment 
à la plante en s’attaquant aux racines. 


Fig. 22. — Larves de Hanneton (Welolontha vulgaris L.) 
de différentes grosseurs. 
1/1 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich). 


Moyens répressifs. — a) Destruction des Insectes au moment 
de l’essaimement. Ce procédé, connu sous le nom de « Hanneton- 
nage », est obligatoire dans certains pays où le gouvernement 
prend soin des intérêts agricoles. Naturellement, on ne peut son- 
ger à pratiquer cette opération dans les forêts de Chênes; 

b) Destruction des Vers blancs quand, au printemps, ils remon- 
tent à la surface du sol. Ce travail, qu'il est indispensable d’'exé- 
cuter l’année qui suit celle de la ponte, peut se faire au moment 
du labour, avant de semer les graines et de repiquer les brins. 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE : 3 


34 RACINES 


Plus on retardera ces travaux, plus on aura de chances d’attein- 
dre les Vers blancs remontant à la surface sous l’influence de la 
chaleur; 

c) Les traitements au sulfure de carbone, passablement coû- 
teux, ne donnent pas de résultats très encourageants; car, si, 
d’une part, on parvient au moyen d’injections intenses à intoxi- 
quer un certain nombre de Larves, on risque, d'autre part, de 
détruire les végétaux qu'on veut protéger; 

d) Un moyen peu compliqué consiste à planter de mai à 
juillet des salades dans les interlignes des semis. Aucun végétal 
n’attire autant le Ver blanc, et, dès que les racines des salades 
sont attaquées, on recherche le coupable pour le détruire. Le 
pied de salade est remplacé et cette chasse à l'ennemi se continue 
de la même façon durant tout l’été. En agissant ainsi, on aura 
bien des chances de voir les ravageurs négliger les racines des 
semis forestiers pour s'attaquer à celles des salades; 

e) Un autre moyen, qui devrait être expérimenté très sérieu- 
sement, consiste à répandre sur la pépinière (1), précisément au 
moment où les Hannetons volent et s’accouplent, un engrais 
chimique exhalant une forte odeur. Ceux vendus dans le com- 
merce sous le nom de « poudre d'os » ou d’ « engrais complet » 
sont particulièrement à recommander. Il faut, dans le choix de 
ces engrais, attacher une grande importance à ce que ces derniers 
dégagent une forte odeur, et ne considérer les propriétés fertil- 
santes que comme un facteur secondaire; 

f) Finalement, on peut aussi introduire dans une pépinière 
ravagée par les Vers blancs une Taupe, qui ne tardera pas à 
détruire ces parasites. Toutefois, ce remède n’est pas applicable 
en toutes circonstances, car la Taupe bouleverse les carreaux. 

En définitive, le véritable remède efficace, applicable en grand 
et dans des conditions économiques avantageuses, est encore 
à trouver. Dans les situations particulièrement exposées à la 
ponte et aux invasions très intenses qui se produisent tous les 


(1) Dans les pépinières forestières il suffit de répandre un peu avant la 
ponte une couche de feuilles mortes. On peut être certain qu'aucune 
femelle ne viendra y déposer ses œufs. 


ÉPICÉA 


35 


trois ou quatre ans, il ne faut ni installer ni entretenir une pépi- 


nière. 


La lutte est encore plus difficile dans les jeunes plantations. 
Si à l'examen des racines on constate la présence de Larves, il 
faut, en remuant le sol, arracher les pieds malades au moment 
où les Vers blancs sont encore occupés à ronger et ne pas ren- 
voyer cette opération à l’automne. On doit veiller à détruire 
le plus de larves possible et extirper hors de leurs trous les rava- 
geurs, qui, l’année suivante, compromettraient la reprise des 


nouveaux plants. 


Otiorrhynchus niger Fabr. Coréopr., Curculionidæ 


Grand Charançon noir 


et Otiorrhynchus ovatus L. 


Le premier mesure de 8 à 12 millimètres. Il est d’un noir bril- 


lant; le corselet, aussi long que large, est 


densément ponctué. 

Le second atteint de 4,5 à 5 millimètres. 
Il est noir avec pubescence grise. Les anten- 
nes et pattes sont de couleur brun rouge. 

Ces deux Charançons, fréquents dans les 
pépinières, s’attaquent aux racines et au 
collet des brins et semis; la Larve ronge les 
parties corticales sans épargner parfois les 
couches ligneuses. 

L'Insecte parfait, aux ailes atrophiées, 
s’accouple sur le sol, en mai. La femelle 
pond aussitôt après ses œufs dans la terre. 
Les ravages se continuent durant six à huit 
semaines. Le Charançon hiverne dans la 
terre sous sa forme parfaite. 

Fréquents dans les régions montagneuses 


Fig. 23. — Oltiorrhynchus niger 


Fabr. 


(oriq.). 


Grand Charançon noir 


et surtout dans les pépinières établies sur des terrains très meu- 


bles, ces deux Otiorrhynques peuvent s'attaquer à des planta- 


930 RACINES 


tions d'Épicéas âgées de dix ans. Les plants rongés par la larve 
résistent parfois un été, mais présentent un aspect jaunâtre. 


Moyens répressifs. — Récolter les Insectes dans les pépi- 
nières infestées. L'O. ovatus L. s’attaquant de préférence aux 
semis, on peut intercaler entre les lignes de ces derniers des bandes 
de mousse dans lesquelles les Insectes vont se réfugier; 1l est 
facile alors de les capturer. 


Hylastes cunicularius Er. Coréorr., Scolytidæ 


Hylésine mineur 


Longueur : 3,5 à 4,5 millimètres. Caïactérisé par sa couleur 
noire; ses élytres glabres, ruguleux, sont profondément ponctués. 
Ressemble beaucoup à F. ater Payk; mais ce dernier a le corselet 
moins arrondi sur les côtés et la sculpture des élytres moins pro- 
noncée. 

L'Hylésine mineur devrait, à la vérité, être placé entre les 
ravageurs de la racine et ceux du tronc, car 1l s'attaque à ces deux 
parties de l’arbre, surtout dans la région du collet. Nous l’inter- 
calons donc à cette place avant de passer au deuxième groupe 
biologique de l'Épicéa, nous réservant d'exposer plus loin, d’une 
façon générale, les caractères de la famille des Bostrychides à 
laquelle appartiennent les Hylésines. 

L’Hylastes cunicularius Er. hiverne sous forme d’Insecte parfait, 
soit attaché aux racines, soit caché dans l’écorce du 
bas du tronc. La femelle creuse un court couloir de 
ponte vertical, duquel partent latéralement des galeries 
de larves qui finissent par s’entrecroiser. On compte 
deux générations dans les climats tempérés. Dans 


le Jura. nous l’avons rencontré au milieu de jeunes 
; J 


Fig. 24. plantations de Picea pungens E. (Épicéa piquant) à 
Corselet d’Aylas- ; 4 à é MA TE = 2 
tes cunicularius 1.200 mètres d'altitude. Celles-ci étaient dévastées, 
Er MHYyLÉSMEN" ’ We Ed 
mineur (orig.). l’Insecte ayant fait périr presque tous les plants âgés 


de six ans. Les ravages rappellent beaucoup ceux de lHylo- 
bius abietis L. L'animal travaillant principalement sous terre 


ÉPICÉA 1 


ou au niveau du sol, on ne constate sa présence qu'une fois le 
dégât opéré, lors du desséchement des plants. 


mi 25. — Type normal du système de couloirs de 
’Hylastes cunicularius Er. dans Epicéa (tronc) 
1/2 gr. nat. (orig.). 


Moyens répressifs. — Il faut s’efforcer de détruire les In- 
sectes au moment de la ponte, en extirpant, avec leurs racines, 
les arbres contaminés que l’on brûle sur place. On peut aussi 
disposer comme pièges, dans une culture infestée et dans le 
voisinage immédiat des Épicéas encore indemnes, des fragments 
d’écorces ou de branches enfoncés en terre et simulant une tige 
debout. On aura bien des chances d'y attirer les Hylésines. Ges 
pièges sont récoltés et détruits au moment où les Insectes parfaits 
s'y attachent ou immédiatement après la ponte effectuée par 
ces derniers (1). 


(1) Un Papillon dont la Chenille ravage exceptionnellement les radicelles 
des Epicéas, le Noctua segetum Schiff., sera signalé dans le chapitre des 
« Pins ». 


38 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


Les animaux de ce groupe comprennent surtout des Coléoptères 
de la famille des Bostrychides ainsi que des Charançons et des 
Longicornes; ils sont sans contredit les ravageurs les plus connus, 
les plus nombreux et les plus redoutables des forêts. Mais, avant 
de commencer l'étude du Bostryche le plus commun de l’Épicéa, 
nous donnerons un aperçu des caractères de ces Xylophages, aux 
mœurs aussi curieuses que variées, et dont les évolutions cachées 
révèlent une intelligence et un instinct de conservation admi- 
rables que nous ne retrouvons guère que chez les Abeilles et les 
Fourmis. Et maintenant, pourquoi appelle-t-on ces [Insectes 
mineurs « Bostryches » mot qui signifie € garni de poils de 
bœuf »? En effet, sous leur forme parfaite, les Bostryches, qu'on 
appelle également « Scolytiens » ou «Scolytides » et qui vivent en 
parasites dans les forêts de l’Europe centrale, sont, dans la 
majorité des cas, recouverts d’une pilosité jaunâtre qui peut, 
il est vrai, faire parfois défaut sur les élytres ou le corselet. 
Dans certains cas, elle est plus ou moins longue à la partie anté- 
rieure du corselet ou du front, suivant qu'il s'agit du mâle ou de 
la femelle (Tomicus curvidens Germ.). 

On compte environ de quatre-vingts à quatre-vingt-dix 
espèces de Bostryches vivant dans les bois de l'Europe centrale 
et l’on peut affirmer que chacune d'elles vit à sa façon et cons- 
truit, soit dans l’aubier, soit dans les couches corticales, un sys- 
tème de couloirs qui lui est particulier. 

Les caractères saillants permettant de déterminer les genres 
et les espèces résident surtout dans la sculpture et la forme de 
la déclivité des élytres. Les organes buccaux ainsi que la massue 
des antennes constituent aussi des critères de détermination. 
Pour examiner avec sûreté les organes buccaux, les articles des 
antennes et la sculpture des élytres des plus petites espèces, il 
faut nécessairement avoir recours au microscope; le grossis- 
sement de la loupe ne suffit plus. Les travaux au microscope 
et surtout les préparations des pièces anatomiques ne pouvant 


ÉPICÉA 39 


être entrepris par la plupart des forestiers, nous avons laissé de 
côté dans le présent ouvrage les caractères qui ne peuvent être 
reconnus que par un entomologiste expérimenté. Nous nous 


sommes attaché surtout à mettre en relief les particularités 
perceptibles à la loupe et à représenter par une abondante 


Fig. 26. — Tomicus typographus L. Schéma de la face ventrale. 


a, antennes; b, pièces buccales; c, hanche: £, tête ; y, yeux; pt, prothorax ; msi, mésothorax ; 
mtt, métathorax ; », prosternum ; »', mésosternum ; #2", métasternum; æ, abdomen ; p, pattes 
(orig.). 


illustration à forme de ravages propres à chaque Insecte impor- 
tant. Cette méthode d'investigation sera toujours celle que choi- 
sira la grande majorité des sylviculteurs. 

Certains groupes ont les mêmes caractères extérieurs pour les 
deux sexes (par exemple, les Scolytini et les Hylesini). 

Le plus petit Bostryche de l’Europe centrale est le Crypturgus 
pusillus Gyll., et le plus grand le Dendroctonus micans Kug. 

Au point de vue morphologique, les Bostryches se répartissent 
en trois grands groupes caractérisés comme suit (1) : 

1. Corselet arrondi, de la largeur des élytres, recouvrant la 


(1) HaGEeporN (1910, p. 6) divise les Scolytides européens en deux 
groupes, suivant la structure des maxilles. 
Le premier groupe comprend les Insectes qui, au moyen de denticules 


40 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


tête. Élytres non incurvés à leur extrémité. Abdomen tronqué. 
Tibias munis à leur bord externe d’un crochet recourbé. 

Groupe des Scolytint. 

Élytres incurvés vers l'extrémité. Abdomen horizontal. 
Tibias dentelés extérieurement. Troisième article tarsal bilobé. 

Groupe des Hylesinr. 

3. Tête cachée sous le bord antérieur du corselet, ce dernier 
généralement ruguleux en avant. Élytres présentant souvent 
une excavation en forme de panier à déclivité entourée de dents 
ou de tubercules. Troisième article tarsal cylindrique, simple. 

Groupe des Tomicini. 

Certains genres de ce dernier groupe se développent dans les 
couches d’aubier et dans le hber de l'écorce; d’autres genres choi- 
sissent l’intérieur du bois. 

La biologie des Bostryches est fort compliquée. Chaque année, 
plusieurs problèmes sont résolus surtout par les sylviculteurs 
que passionnent les observations touchant la vie des Insectes 
xylophages. Toutefois le voile n’est pas encore complètement 
levé sur le mystère de l’existence scolytienne. 

On peut affirmer aujourd'hui que plus on étudie les mœurs des 
Insectes mineurs, plus on est amené à reconnaître que chacune 
de leurs particularités biologiques est intimement liée à la confor- 
mation de leur corps. Cette corrélation fut encore dernièrement 
mise en lumière par les recherches de CHEWYREUV (/905) à propos 
du rôle de la déclivité des élytres des Tomicin: mâles. Ce natura- 
liste a révolutionné les théories admises Jusqu'en 1905 au sujet de 
la ponte des Xylophages de cette famille et 1l a démontré entre 
autres que, chez les espèces les plus iraportantes (Tomicus typo- 
graphus L, et Myelophilus piniperda L.), 1l était possible de 


dont sont munies leurs maxilles, sont capables de broyer la matière li- 
gneuse; ce sont les Spinidentatæ ou « Bostryches de l'écorce ». 

Chez les Xylophages proprement dits, qui comprennent les genres Lie 
borus, Xyloterus entre autres, les maxilles sont munies de soies. Les Insectes 
de ce groupe ne peuvent digérer les débris de bois, leurs pièces buccales 
n'étant pas disposées en vue de cette fonction; ils se nourrissent des sucs 
ligneux ou de champignons qu'ils cultivent dans leurs couloirs. HAGEDORN 
désigne ce groupe sous le nom de Sætidentatæ. 


ÉPICÉA 41 


reconnaitre, par l'examen seul du système des galeries, si l’arbre 
avait été attaqué sur pied ou abattu. Or, cette constatation peut 
avoir une grande importance dans la pratique forestière. 

Nous avons vu plus haut que, à peu d’exceptions près, tous 
les Bostryches opèrent leur cycle d'évolution dans la matière 
ligneuse. En effet, ces Insectes ne prennent leurs ébats au dehors 
que sous la forme parfaite, dans le but de s'accoupler, de trouver 
de nouveaux centres d'alimentation ligneuse ou de se ménager 
des quartiers d'hiver. 

A l’état de Larve ou de Nymphe, les Bostryches sont toujours 
cachés dans le bois ou l'écorce et ne supportent pas longtemps 
l'exposition aux intempéries, à la pluie et au soleil, en particulier. 
Par contre, enfermés dans leurs cachettes naturelles, ils bravent 
l'humidité et le froid le plus intense dé nos forêts élevées. 

Les Insectes parfaits ont deux ailes membraneuses qui leur 
permettent de se maintenir momentanément dans l’atmosphère 
pour voler d'arbre en arbre. Ces ailes inférieures sont pliables et 
protégées par une carapace chitineuse qui représente les ailes 
supérieures. Ces dernières, qu'on appelle élytres, jouent le rôle 
de protecteurs des ailes membraneuses et n'entravent pas le 
travail de forage des Xylophages. 

Les individus mâles du genre Xyleborus ne possèdent que des 
ailes atrophiées. 

Le vent joue certainement un grand rôle dans le déplacement 
des Bostryches au moment où ceux-c1 ont acquis leur complet 
développement. On observe souvent de ces déplacements passifs 
de foyers d’invasion pendant la prédominance de vents plus ou 
moins violents. 

Les Bostryches sont ou polyphages ou monophages. Certaines 
espèces montrent parfois une préférence marquée pour telle 
essence et ne s’attaquent à un autre arbre que dans des cas ex- 
ceptionnels ou dans le but de satisfaire un appétit qui se révèle 
surtout au moment des invasions intenses. Les annales de lEnto- 
mologie forestière relatent sous ce rapport des faits tout à fait 
remarquables et qui viennent en travers de nos connaissances 
et surtout de nos théories biologiques. Ainsi, dernièrement, nous 


42 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


avons découvert dans la forêt d’Aletsch (Valais, Suisse), à 2.100 
mètres d'altitude dans l'écorce du Pin cembro, un Polygraphus 
grandiclava Thoms, mort à l'extrémité de sa galerie de ponte. 
Or, cet Insecte était connu jusqu'ici comme un parasite du 
Cerisier des régions de plaine et pouvant remonter, mais rare- 
ment, dans la montagne. Comment s’était-il égaré à l’extrême 
limite de la région forestière? Peut-être sous l'influence du vent. 

Certaines essences sociales sont réfractaires aux atteintes de 
ces Xylophages : ainsi le Platane, le Houx, FIf, les Sorbiers et 
les Aliziers n’hébergent pas de Bostryches de l’écorce. L'arbre 
le plus recherché par ces derniers est bien certainement le Pin 
sylvestre, qui abrite un nombre considérable d'espèces. 

L'’hivernement des Bostryches a lieu sous les formes de Larve, 
de Chrysalide et d’Insecte ailé, et la question de succession de 
générations est encore aujourd’hui parmi les plus discutées par 
les sylviculteurs qu'intéressent les problèmes biologiques de 
l’entomologie. Au point de vue de la protection des forêts, le 
nombre annuel de générations et l’époque du travail des Larves 
ont une grande importance; aussi le but principal de cet ouvrage 
est-il précisément d'orienter les forestiers dans cette branche 
essentielle de la conservation forestière. 

Relativement à l'alimentation, les Coléoptères de la famille 
des Bostrychides peuvent être classés en deux groupes, à savoir : 
ceux qui se nourrissent de la sciure du bois ou de l’écorce (c’est 
la grande majorité), et ceux qui sucent la sève ou mangent 
les parasites eryptogames qui s’infiltrent dans certaines galeries 
pratiquées dans le bois. C’est le cas de la plupart des espèces du 
genre Xyleborus. 

La sciure qu’on observe à l’orifice des couloirs d’entrée comme 
derrière le chemin parcouru par les Larves est donc de la substance 
ligneuse non assimilée. Quand, sur un tronc de Sapin, d’Épicéa 
ou de Pin non écorcé, on relève la présence de petits amas de 
sciure blanchâtre, on peut en conclure que l'arbre est ravagé par 
un Xylophage du bois (par exemple, Xyloterus lineatus OI.), tan- 
dis que, si la sciure qui s'échappe des trous est de couleur bru- 
nâtre, le dégât peut être attribué à un Bostryche de l'écorce. 


ÉPICÉA 43 


Le calibre des trous que pratiquent ces Insectes est toujours 
le même pour chaque espèce, ce qui n’est pas le cas pour ceux 
produits par d’autres Coléoptères xylophages, les genres Sirex 
et Lymexylon, par exemple. 


{ 
l 
1 
l 


d 


Fig. 27. — Forme schématique du système de couloirs du Tomicus typographus L. 
a, encoche d’accouplement ; b, chambre nuptiale ou d’accouplement ; e, berceau de Chrysalide; 
d, couloir de ponte ; e, couloir de larve achevé; f, trou de sortie de l’Ins. parf; g, coul. de 
larve commencé; , encoche de ponte; r, orifice d'entrée creusé par le ©’. (orig.). 


On a souvent comparé l’aspect extérieur des troncs à l’inté- 
rieur desquels les Bostryches ont opéré leur cycle d'évolution 
aux traces qu'aurait laissées sur l'écorce la décharge de grenaille 
d’un fusil de chasse. 

Les Bostryches sont monogames (tous les Scolytes, tous les 
Hylésinides ét certains Tomicides), bigames ou polygames. Ils 
laissent dans le bois des traces très visibles de leur évolution 


44 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES | 


sous forme de ce que nous pouvons appeler un « Système de 
couloirs ». Les principaux organes de ce système sont, pour les 
Bostrychides de l'écorce : le trou d'entrée et la chambre d’accou- 
plement creusés par le 

mâle, chez les espèces 
polygames. Chez les 
sun monogames, c'est la 
femelle qui fait tout 
----- Ê Je travail de forage ; 


le mâle n’a d'autre 


----€ tâche que celle de 


s’accoupler, opération 
qui s'effectue sur l’o- 


D rifice d'entrée ou à la 
base du couloir de 


ponte. C’est toujours 


la femelle qui creuse 
Fig. 28. — Insecte femelle du : 2 
Tomicus typographus L. forant CE dernier, appelé 
la galerie maternelle et dépo- à , 
sant ses œufs des deux côtés aussi galerie mater- 
de cette dernière env. 6/1 gr. 
nat. nelle. [1 y a autant 
a, $ occupée à la ponte ; b, amas À 
de détritus ; €, tampon retenant de couloirs de ponte 
l'œuf ds. l’encoche; d, Larve; 


e, œuf. (orig.). que de femelles dé- 


pendant du même système. 

C'est encore CHEWYREUV (7905) qui, 
chez les Bostryches monogames et poly- 
games, a précisé le rôle des deux sexes 


dans les questions d’accouplement. Nous 
£ à ; Fig. 29. — Système de couloirs 
reviendrons plus loin sur les découvertes vu de profil au moment de la 
; à d : ponte (la gal. inf. est supposée). 

fort intéressantes faites par ce naturaliste 4, $ creusant la galerie mater- 
nelle ds. la région cambiale ; 

russe. b, aubier; ce, encoches d’accou- 
plement; d, chambre d’accou- 


On constate toujours dans un système  plement; e, Ins. C'; /, amon- 
2 cellement de sciure coagulée 


AVS TL = Je 2e par la résine; g, orifice d’en- 
achex e sous ecorce, deux ou plusieurs trée: k, écailles de l'écorce: à, 


galeries maternelles, des couloirs de larves  °°%Che Hhéreuse. (orig-). 


et des berceaux de chrysalides. Les figures ci-jointes expliquent 
plus clairement que de longues descriptions la formation de ces 
différents organes. Toutefois, il y a lieu de remarquer que les 


ÉPICÉA 45 


galeries de ponte et celles des larves vivant dans l'écorce ont un 
caractère absolument différent. 

En effet, tandis que les premières présentent sur toute leur 
longueur le même calibre et ne sont presque jamais encombrées 
de sciure, les secondes, en quittant le couloir maternel, augmen- 
tent de largeur à mesure que la Larve grossit. Ces galeries, forées 
par les Larves, sont immanquablement garnies de sciure que le 
perforateur laisse après lui. Le point terminus du canal creusé par 


Fig. 30. — Deux types de couloirs de ponte du Tomicus typographus L. ds. arbre debout 
à dr. avec 3 bras, à g. avec 2 bras. 
a, %, forant la qal. et pondant; b, orifice d'entrée; €, détritus dirigés vers la sortie; d, Ins. 
Oo nettoyant la galerie; e, encoches de ponte; f, couloir de larve; g, encoches d’accouple- 
ment (or1g.). 


la Larve est la chambre de nymphose; elle représente la dernière 
étape du travail de forage. C’est dans cette niche que s'opère 
la transformation de la Larve en Chrysalide, puis en Insecte 
parfait. Ce dernier, ayant atteint son complet développement, 
perce un orifice de même calibre que celui d'entrée pratiqué 
quelques semaines auparavant par ses parents et par lequel il 
sort de l’arbre. 

Si l’on met à nu le système de galeries au moment où la femelle 
est occupée à creuser le couloir principal, on remarque des deux 
côtés de ce dernier, mais toujours sur un même plan, de petites 


46 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


encoches dans lesquelles l'animal dépose un œuf qu'il fixe par 
un tampon pour qu'il ne soit pas entrainé dans le canal principal 
avec les détritus (fig. 28, c). Certaines femelles pondent plusieurs 
œufs à la fois; ceux-ci sont alors déposés dans des couloirs dits 
« de famille » (Dendroctonus micans Kug., Xylechinus pilosus 
Ratz.). D’autres, et c’est la grande majorité, possèdent des ovis- 
captes qui ne leur permettent de pondre qu'un œuf à la fois. 

Jusqu'au moment où CHEWYREUv a mis en lumière le rôle 
principal que jouent les mâles dans la construction de lhabita- 
tion ligneuse, on admettait que les trous et cavités pratiqués per- 
pendiculairement à la galerie maternelle servaient à l’aération 
de cette dernière et cette fonction leur avait valu le nom de « sou- 
piraux » (fig. 29 c). Souvent, nous avons mis en doute cette 
assertion, car ces niches n'étaient la plupart du temps qu’ébau- 
chées, même dans des systèmes entièrement achevés, et nous 
nous demandions comment la famille avait pu complètement 
se développer, privée de cette aération que tous les auteurs 
considéraient comme indispensable. On connaît même des gale- 
ries de plusieurs espèces et, en particulier, celles des monogames, 
où les soupiraux et même leurs ébauches n'existent pas. 

CHEWYREUV (1905, p.55), ayant observé des Scolytes et Hylé- 
sines mis en élevage sous vitres, a pu constater que ces cavités 
n'avaient d'autre but que de permettre au mâle de s’accoupler 
pendant le forage de la galerie de ponte. Ce n’est donc pas la 
mère pondeuse qui pratique ce que nous appellerons les « enco- 
ches d’accouplement ». Le rôle du mâle dans la construction du 
système est done en premier lieu d'assurer la fécondation répétée 
de la femelle, puis de seconder cette dernière dans le nettoyage 
de la galerie maternelle (Voir fig. 30). 


Types de couloirs 


Presque tous les Bostryches européens peuvent être ramenés, 
lorsqu'on envisage les traces qu'ils laissent dans le bois, à l’un 
des types suivants. Un petit nombre d'espèces forment excep- 
tion; nous y reviendrons plus loin. 


ÉPICÉA 47 


A) Bostryches de l'écorce 


1. Couloir de ponte vertical simple propre aux 
espèces monogames, toujours pratiqué de bas 
en haut dans les arbres debout (par exemple, 
Myelophilus piniperda L., Scolytus Ratzebur gi 
Jans.). 


2. Couloir de ponte vertical double propre aux 
espèces polygames (bigames) et construit d’une : 
facon différente, suivant que les arbres sont = 
couchés ou debout. Il y a une chambre d’ac- 


couplement (par exemple, Tomicus typogra- 
phus L.). 


3. Couloir de ponte étoilé longitudinal, 
propre aux espèces polygames, avec 
chambre d’accouplement comptant de 
trois à cinq bras ayant la tendance à 
s’allonger vers la cime et les racines de 
l’arbre (par exemple, Tomicus sexden- 
tatus Bœrn., Tomicus cembræ Heer, To- 
micus bistridentatus Eichh.). 


48 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


4. Couloir de ponte étoilé 
transversal. Même distribution 
que celle du type précédent 
avec ramifications horizontales 
sur l’arbre debout (par exemple, 
Tomicus curvidens Germ.). 


5. Couloir de ponte étoilé simple, avec 
cinq à sept bras de ponte divergeant plus 
ou moins régulièrement de la chambre 
d’accouplement à la façon des rayons 
d’une roue (par exemple, Tomicus chal- 
cographus L., Pityophthorus glabratus 
Eichh.). 


« 
} 6. Couloir de ponte horizontal simple avec un seul 
bras et logeant une seule femelle (par exemple, Sco- 


lytus intricatus Ratz.). 


ÉPICÉA 49 

7. Couloir de ponte horizontal double avec deux bras, formant 
une accolade ouverte en eue 

haut et horizontalement. Les $ NE RON IE) ( 0 0 | 

deux bras, dont l’un peut (ane EP 2 7 

être seulement ébauché, pré- | HUE 

sentent souvent une direction ms 


oblique ou même verticale | 
sur les branches ou les troncs ]l | 
abattus. Le trou d'entrée est À © © ë 
toujours dirigé de façon à tous 

permettre l'évacuation de la sciure. Une seule femelle par sys- 
tème (par exemple, Myelophilus minor Hig., Hylesinus fraxini 
Fabr.). 


8. Couloir de ponte arrondi irrégulier avec 
couloirs de larves disposés en rayons. La cham- 
bre d’accouplement se confond avec la galerie 
de ponte. Espèces monogames (par exemple, 
Xylechinus pilosus Ratz., Cryphalus piceæ 
Ratz.). 


9. Couloir de famille avec galeries de larves Fe A 
indistinctes se confondant les unes avec les au- = é AS 
: _ É Le 
tres (par exemple, Dendroctonus micans. Kug.). S : 
Fig. 39. 
10. Couloirs de ponte et de larves irréguliers 
avec tendance verticale (par exemple, Dryocætes 
alni Georg.). , 
Fig. 40. 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 4 


50 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


11. Couloir de ponte irrégulier présentant 
la forme d’un crochet ou d’un éperon. Les 
galeries de larves quittent perpendiculaire- 
ment le couloir de ponte (par exemple, To- 

? micus laricis Fabr.). 


B) Bostryches du bois 


12. Couloirs en échelons dans lesquels les 


galeries de larves, très courtes et courant 
parallèlement aux fibres du bois, sont en 
même temps des berceaux de Chrysalides 
(par exemple, Trypodendron lineatum Olv.). 


13. Couloirs de famulle irréguliers for- 


mant une cavité entaillée généralement 


NN 


dans la couche tendre du printemps. Elle 
est commencée par la femelle et achevée 
par les Larves (par exemple, Xyleborus 
Saxesent Ratz.). 


14. Couloirs horizontaux fourchus en- 
tièrement creusés par l’Insecte femelle. 
Les œufs sont déposés dans ces canaux, 
et les Larves ne pratiquent pas de gale- 
ries spéciales (par exemple, Xyleborus 
monographus Fabr.). 


15. Couloirs ramuifiés sur plans diffé- 


rents creusés entièrement par les femelles 


SELLES DIS 
sirrsees 


LE 


et sans forage de larves (par exemple, 
Xyleborus dispar Fabr.). 


Fee 


ÉPICÉA 51 


Avec CHEWYREUV (7905, p. 88), nous pouvons formuler la 
règle suivante en ce qui concerne la direction du couloir d’entrée 
des Bostryches de l'écorce. Sur l’arbre debout, tous les canaux 
d'entrée sont creusés verticalement et de bas en haut, avec une 
inclinaison plus ou moins prononcée vers le centre de l’arbre. Par 
contre, sur un tronc à terre, ces mêmes galeries d'entrée sont 
disposées transversalement. Enfin, quand ces mêmes couloirs 
sont creusés sur les côtés latéro-supérieur ou inférieur du tronc 
à terre, ils sont dirigés dans tous les sens. 


Fig. 46. — Couloir de ponte du Torn'cus typographus L. représentant la disposition de la chambre 
d’accouplement et des galeries maternelles dans un arbre abattu. 


a, % forant les coul. de ponte; b, orifice d'entrée du ©’ et de sortie de la sciure; ©, amas de 
détritus évacué par le ©'; d, ©: e, encoche de ponte; f, coul. de larve; g, encoches d’accou- 
plement (orig.). 

En introduisant un brin d'herbe ou de paille dans le trou 
d'entrée, on peut reconnaître de prime abord si l’attaque des 
Bostryches a eu lieu alors que l'arbre était sur pied ou après sa 
chute. Dans le premier cas, le brin de paille suit la direction des 
fibres, tandis que sur les troncs abattus, 1l s’en 1ra dans des direc- 
tions variées, mais de préférence transversalement. 

La durée de l’existence d’une famille scolytienne est excessive- 
ment variable. Actuellement, les entomologistes discutent encore 
beaucoup cette question infiniment complexe, car plusieurs fac- 
teurs peuvent, en effet, accélérer ou ralentir l’évolution de ces 
Insectes mineurs. Le genre d'arbre, son âge, son état de végéta- 
tion, sa situation au milieu d’un peuplement, l'altitude de ce der- 
nier, la saison dans laquelle l’Insecte essaime, la température et, 
en général, les conditions climatériques de la période de végétation 
sont autant de causes qui peuvent entrer en ligne de compte. 

On distingue quatre périodes bien tranchées dans la vie d’une 


d ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


QT 


famille de Scolytides : a) Pessaimage avec l’accouplement qui en 
est la conséquence; b) la ponte qui correspond au forage de la 
galerie maternelle; c) la période larvaire et finalement d) le repos 
de la Chrysalide qui précède l'apparition de l’Insecte parfait, 
capable à son tour de voler et de se reproduire. 

Nous avons dit plus haut que la question de succession des 
générations est très importante pour les sylviculteurs; car toutes 
les mesures prophylactiques que ces derniers doivent prendre à 
l'égard d’un massif infesté par les Bostryches sont la consé- 
quence d’une observation minutieuse des faits biologiques pro- 
pres à telle ou telle espèce. 

Chaque année, la littérature entomologique forestière nous 
apporte des renseignements nouveaux sur la vie et l’évolution 
des Xylophages. C’est surtout à Fucxs (7907) que nous sommes 
redevables des découvertes les plus récentes et importantes dans 
ce domaine. En effet, cet auteur a démontré pour quelles raisons 
certaines femelles de Scolytides, celle du Bostryche typographe 

en particulier, sont amenées à prati- 

quer après la première ponte, des « fo- 

rages de régénération » ou minages 

| stériles, pendant la construction des- 

quels elles bouleversent souvent le 

J système de couloirs ou prolongent la 
galerie maternelle. Il ne faut pas per- 

dre de vue que la femelle pondeuse a 

4 une existence beaucoup plus longue 


mel qu'on ne l’admettait Jusqu'ici et que 


pe AUTRES 8 chez certaines espèces (Bostryche ty- 


pographe), les femelles peuvent essai- 

le) mer deux fois. Après le forage de ré- 

Fig. 47. — « Forage de régénération» génération, ces Insectes procèdent, 
du Tomicus typographus L. ù à k 

a, orifice d'entrée : b, Ins., $ (orig). d'après Fucxs (7907, p. 31), à une 

deuxième ponte. 
Le même entomologiste a désigné sous le nom de « forage com- 
plémentaire » (1907, p. 3) les galeries que pratiquent les Insectes 


nouvellement transformés. Ces couloirs, de forme très variable, 


ÉPICÉA 53 
ne se rencontrent pas chez toutes les espèces de Bostryches et 
sont pratiqués par l’Insecte parfait précisément au moment où il 
achève sa croissance. Durant la période d'attente, son enveloppe 
chitineuse se durcit et le développement de ses organes sexuels 
s'achève. Dans certains cas, l’Insecte, en creusant des forages 
de régénération, agrandit le berceau de chrysalide, tandis que, 
dans d’autres cas (Myelophilus piniperda L., et M. minor Htg., 
Hylesinus fraxini Fabr.), les jeunes Bostryches pénètrent, pour 
effectuer ce stage complémentaire, dans les pousses ou dans des 
écorces fraîches ( « Roses de Frêne »). 


Influences extérieures sur le réveil des Xylophages. — La tem- 
pérature Joue un certain rôle dans l'existence de ces Coléoptères : 
elle exerce son influence tout particulièrement à l’époque de 
l’essaimage. On peut dire qu'avec l’altitude, les circonstances mé- 
téorologiques ont une action considérable sur la propagation 
des invasions. Plus le premier printemps est doux et hâtif, plus 
les Xylophages sont enclins à commencer tôt leurs déprédations. 

La durée des générations est très variable; on peut affirmer 
avec NussLin (1905, p. 151) que, chez les Bostrychides mono- 
games, le cycle d'évolution dure moins longtemps que chez les 
polygames. Nous envisagerons, dans la suite, le développement 
propre à chaque espèce importante. Toutefois, d’une façon tout à 
fait générale, on peut admettre que les Scolytides de plaine ou des 
régions tempérées ont deux générations par an, tandis que ceux 
qui vivent en parasites sur les arbres des montagnes et des con- 
trées froides n’essaiment qu'une fois dans l’espace de douze 
mois. 

En examinant un système de couloirs, on peut se rendre 
compte de la durée de la période de ponte; car, plus il y aura de 
différence entre la longueur des premières galeries de larves 
(donc les plus rapprochées du couloir d’entrée) et les dernières, 
plus la femelle pondeuse aura mis de temps à déposer ses œufs 
des deux côtés de la galerie maternelle. 

Si nous étudions la biologie du Bostryche iypographe, nous 
reconnaissons que, dans des circonstances favorables, en plaine 


54 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


et par un printemps doux, par exemple, l'essaimage peut se 
produire à la fin d'avril. On compte de dix à treize semaines pour 
l’évolution complète de cette première génération. A la fin de 
juin ou dans les premiers jours de juillet, les Insectes ailés issus de 
cette première volée peuvent être en état de s’accoupler et les 
femelles se mettent à pondre. Comme le cycle évolutif de la se- 
conde génération se produit au moment de la belle saison et par 
une température plus élevée, les périodes larvaire et de chrysa- 
lidation sont sensiblement raccourcies. Déjà à la fin d'août, on 
aperçoit des Insectes ailés. Ces derniers hivernent le plus sou- 
vent, mais peuvent aussi parfois pondre en septembre. Dans ce 
dernier cas, l’hivernage a lieu sous la forme larvaire. Fucxs (1907, 
p. 30) a démontré que les femelles du Typographe sont en état 
de vivre de dix-huit à vingt mois. Dans les cas de longévité, les 
Insectes pratiquent alors les « forages de régénération » dont 
nous avons parlé. 

Nous ne pouvons songer à étudier plus à fond ces questions 
de générations successives, bien que dans la lutte contre les Xylo- 
phages on doive en tout premier lieu tenir compte de la période 
d'évolution de ces derniers. Nous nous bornerons à signaler en 
passant les principales observations relatives aux invasions des 
ravageurs les plus intéressants, c’est-à-dire les plus redoutés dans 
les peuplements forestiers. 

Maintenant que nous avons esquissé à grands traits la vie des 
Bostryches, examinons quel est leur rôle en matière de protection 
des forêts. Si nous comparons ces Insectes xylophages à d’autres 
représentants de ravageurs des bois, nous remarquons une parti- 
cularité dans leur travail de désagrégation de la matière ligneuse. 
En effet, ces animaux ne se contentent pas de pondre leurs œufs 
en restant à l’extérieur de l'arbre, comme le font les Céramby- 
cides et les Pissodes, par exemple, mais ils pénètrent dans le 
bois ou sous l’écorce pour effectuer leur ponte, se mettant ainsi à 
l’abri des influences du dehors. Les Scolytiens ne vivent que très 
peu de jours au grand air, soit pour se transporter d'arbre en 
arbre, soit pour chercher à s’accoupler à la surface de l’écorce. 
Il ne faut pas oublier que, chez certaines espèces polygames, 


ÉPICÉA 5 


l’accouplement peut s'effectuer à l’intérieur du système de cou- 
loirs. 

Les Bostryches de l'écorce se multiplient dans des propor- 
tions effrayantes, car une seule femelle peut, en avril, pondre 
de quatre-vingts à cent œufs. En admettant que, parmi les Larves 
nées de cette ponte, il y ait quarante femelles pondeuses, nous 
aurons, si rien ne vient entraver l’évolution, pour la deuxième 
génération essaimant en juin, une production de plus de trois 
mille Larves toutes en travail en juillet et août. On comprendra 
aisément comment ces Insectes mineurs parviennent en si peu 
de temps à provoquer par des forages sans cesse agrandis et 
répétés, une solution de continuité entre l’écorce et les parties 
vitales de l'arbre dans lesquelles la circulation de la sève est 
intense. Très rapidement, surtout au moment de la période de 
végétation, les couches corticales sont criblées de trous, désa- 
grégées et fouillées. La matière libéreuse dépérit et l’aubier perd 
sa protection naturelle. 

On peut affirmer que tout peuplement résineux héberge des 
Bostryches dont le nombre des espèces ainsi que celui des indi- 
vidus varient dans chaque cas. Nous savons qu'une forêt d’âges 
gradués, composée de plusieurs espèces d’essences de conifères ou 
mélangée de feuillus, poussant sur un sol fertile et dans des condi- 
tions d’humidité atmosphérique suffisante, présente plus de résis- 
tance aux déprédations des Insectes et particulièrement des Bos- 
tryches de l'écorce que le massif équien végétant sur un sol 
maigre et par trop ensoleillé. Les coupes rases suivies de planta- 
tions donnant naissance à des forêts résineuses pures et régulières, 
offrent le meilleur champ d’activité aux Bostryches. Les innom- 
brables invasions qui sévissent en Allemagne en sont une preuve 
irréfutable. 

On a groupé les ravages en deux catégories : les ravages pri- 
maires et les ravages secondaires. Les premiers peuvent être 
considérés comme entrainant le dépérissement de l'arbre ou 
de l’une de ses parties. Ils sont plus rares que les seconds, qui 
se manifestent surtout chez les résineux atteints par d’autres 
Insectes (Papillons), par des Champignons ou ayant été tour- 


56 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


mentés par des ouragans, des avalanches ou une perturbation 
quelconque apportant un trouble dans l'existence du végétal. 

Les Scolytides qui se propagent par invasion peuvent s’atta- 
quer à des arbres en pleine vigueur; c’est là une des caracté- 
ristiques de leurs ravages et une des raisons pour lesquelles le 
sylviculteur doit autant que possible intervenir énergiquement 
au moment où il s'aperçoit qu'un foyer d'infection prend de l’ex- 
tension sur des arbres menacés. En d’autres termes, 1l y a danger 
lorsque les ravages, de secondaires qu'ils sont, deviennent pri- 
maires. 

Si le forestier n’a pas le pouvoir de modifier brusquement le 
facies d’un peuplement et de rendre ce dernier plus ou moins 
invulnérable par des mesures d'ordre cultural, il s’efforcera, sur- 
tout dans les forêts résineuses infestées de Bostryches, de tendre 
des pièges aux Insectes et de les engager à pondre dans un cer- 
tain nombre de troncs abattus ou dans des fragments de branches 
munis de leur écorce et laissés sur le sol. Il est évident que ces 
arbres-pièges doivent être surveillés très attentivement; car ilest 
reconnu qu'ils ne peuvent rendre des services qu'autant que le 
personnel des préposés et des bûcherons aura suivi avec attention, 
et dans des cas isolés, le développement de l’Insecte coupable. 
C'est précisément pour l'élaboration de mesures prophylactiques 
que le maître de la forêt, le gérant ou l'agent doivent posséder 
les connaissances relatives à la biologie des ravageurs les plus 
importants. 

Lorsque le trone est habité par les Bostryches, on peut, par un 
temps calme, entendre de l'extérieur le bruissement des Larves en 
travail de forage et se rendre ainsi compte de l'intensité des 
ravages et du degré de danger. 

Lorsque dans un peuplement de résineux on se trouve en 
présence d’un dégât imputable aux Insectes, 1l faut en tout 
premier lieu chercher à se rendre compte si le dépérissement 
de certains arbres ou des bouquets peut être attribué à des Bos- 
tryches seuls ou bien à des Bostryches unis à d’autres Xylo- 
phages déjà établis et ayant commencé l’œuvre de destruction. 
Dans la majorité des cas, on constatera que l'établissement 


ÉPICÉA 57 


des Xylophages a été provoqué et favorisé par les conditions 
défectueuses du peuplement, par sa constitution anormale, par 
la nature du sol, le défaut d’éclaircies pratiquées au moment 
_ propice, par les accidents météorologiques, par les dégâts d’ex- 
ploitation et bien souvent par les atteintes des Champignons 
parasites. Les invasions locales et restreintes sont done la plu- 
part du temps provoquées par un des facteurs que nous venons 
de mentionner. 

Lors des grandes invasions, les Bostryches qui se sont déve- 
loppés dans des conditions favorables ne trouvent plus au 
bout de la première ou de la deuxième génération, du matériel 
anémié en suflisance. C’est alors que, grâce aux influences 
climatériques appropriées, et suivant l'étendue et la constitu- 
tion du massif, les ravageurs se propagent dans des proportions 
énormes et déciment des arbres parfaitement sains. 


Moyens d'enrayer les invasions. — Le sylviculteur possède 
un seul moyen direct de s’opposer à la multiplication de l'espèce 
et à l’envahissement des parties prospères de la forêt, c’est de 
circonscrire la lutte sur un nombre restreint de sujets dont le 
maintien comme arbres d'avenir ne semble pas indispensable. Il 
faut employer ces arbres comme pièges en les abattant au fur et 
à mesure de l’extension des ravages et de l’apparition des géné- 
rations. En jetant à terre des résineux partiellement infestés, on 
offre aux Insectes parfaits des conditions propices à la ponte, car 
la circulation de la sève étant entravée, la vitalité de la plante 
diminue de jour en jour. Les Bostryches se jettent de préférence 
sur ces troncs gisant à terre et y établissent des systèmes de cou- 
loirs très rapprochés. C’est au moment où l’on s’est assuré que 
la première ponte est en train de s’accomplir qu'il faut intervenir 
énergiquement et écorcer très soigneusement tout le tronc pen- 
dant que les femelles sont encore à l’œuvre, cachées dans la galerie 
maternelle. À l’aide de haches et d’écorçoirs, on enlève les cou- 
ches corticales; elles se détachent facilement et l’on bouleverse 
la plus grande partie des Larves et des œufs. Ceux-ci, exposés au 
soleil ou à la pluie, ne peuvent y vivre et l’on parvient à anéantir, 


58 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


avec le concours des éléments météorologiques, cette première 
génération surprise, en général, au moment de la métamorphose 
d'œuf en Larve. 

On a remarqué que les Insectes parfaits offrent une résistance 
autrement plus grande; ainsi des Bostryches emprisonnés durant 
plusieurs semaines dans des fragments de glace, reprennent vie 
dès qu'on les expose lentement à la chaleur. 

Il est évident que l’on doit faire coïincider l’abatage des arbres- 
pièges et leur écorçage avec l’évolution de tel ou tel Bostryche 
dont on a constaté la présence dans un massif. Il peut être indiqué 
dans certains cas, en abattant des arbres-pièges, de ne pas leur 
enlever les branches, mais de les utiliser comme pièges dans les- 
quels ira se loger toute une catégorie de Scolytides (par exemple, 
Tomicus chalcographus L., T. micrographus Gyll.). Là encore 
une observation minutieuse des premiers agissements des ron- 
geurs permettra à l’agent de se rendre compte s'il a à redouter 
seulement la multiplication des Bostryches du tronc, ou s'il 
doit agir également par des moyens analogues contre les parasites 
des branches. Il est évident qu'après examen, ces branches 
devront être brûlées entièrement et non pas écorcées. 

Nous verrons plus loin, en parlant des deux plus redoutables 
ennemis du Sapin, pour quelles raisons les arbres-pièges ne sau- 
raient être employés lorsqu'il s’agit d’entraver l'essor du Tomicus 
curvidens Germ. et du Cryphalus piceæ Ratz. 

Les troncs ou cimes d'arbres employés comme appâts peuvent, 
dans certains cas où l’on craint un desséchement trop rapide, 
être plantés en terre, de façon à retarder l’évaporation qui, sans 
cette précaution, s‘effectuerait trop rapidement par la section 
inférieure. 

Les invasions d'Insectes débutant toujours au moment où la 
végétation s’épanouit, soit durant les premières semaines d'avril 
en plaine, ou à la fin du mois de mai dans les régions élevées, 
on peut déjà réserver durant les coupes de l'hiver un certain 
nombre d’arbres-pièges qu'on n'écorce pas et qui constitueront 
autant de laboratoires de contrôle pour suivre l’évolution des 
Scolytides dans un massif où l’on a des raisons de redouter une 


ÉPICÉA . 59 


invasion estivale. Les préposés, ainsi que les bûcherons intelli- 
gents, seront chargés de suivre l’évolution des Bostryches dès 
leurs premiers ravages sur ces troncs gisant à terre. 

Si le Scolytide produit une seconde génération en juillet, par 
exemple, il faut alors le suivre dans son développement et ne 
pas négliger de lui présenter de nouveaux pièges, car tous les 
Insectes ne seront pas nécessairement capturés par les premiers 
appâts. Nous l’avons déjà dit plus haut, ce moyen est le seul, 
avec l'éducation de peuplements résistants, que l’entomologiste 
forestier puisse conseiller pour entraver, sinon anéantir, le déve- 
loppement des Bostryches; mais encore faut-il que les arbres- 
pièges soient abattus et écorcés au moment propice et qu'ils 
soient répartis suivant l'importance du chantier de l’invasion. 
Seuls, des gardes et des bûcherons capables, actifs et en nom- 
bre suffisant, peuvent être en mesure d'engager la lutte pour en- 
rayer le mal ou le faire disparaître. 

Le sylviculteur ne peut malheureusement guère compter 
sur des auxiliaires naturels pour la destruction de ces minuscules 
Insectes mineurs. Les Oiseaux capables de détacher l'écorce, 
tels que les Pics, préfèrent, en général, des Larves plus volumi- 
neuses, comme celles des Pissodes, des Cérambycides ou des 
Buprestes. Du reste, jamais dans les pays de l’Europe centrale, 
on n’a autant protégé les Oiseaux insectivores qu'actuellement, 
et pourtant les invasions d’Insectes sont toujours aussi nom- 
breuses dans les peuplements purs et à la suite d'accidents que 
nous avons mentionnés plus haut. C’est la preuve que les Oiseaux 
sont incapables d’entraver l’évolution des rongeurs Xylophages. 

On trouve cependant dans les galeries de Scolytides quelques 
Insectes qui font la chasse aux Larves. Parmi les Coléoptères, 
nous citerons : le Rhizophagus depressus Fabr., le Nemosoma 
elongatum L., le Staphilinus erythronterus L., le Clerus formica- 
rius L., etc. 

Nous revenons maintenant au Bostryche typographe, le plus 
répandu des Xylophages de l'Épicéa et aussi le plus nuisible, 
car avec la Nonne, ce Coléoptère a de tout temps été le plus 
redoutable destructeur des forêts de cette essence. 


60 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


Tomicus typographus L. Coréopr., S'colytidæ 


(Bostrichus octodentatus Gyll., Ips typographus Reitter.} 


Bostryche typographe ou de l’Épicéa 


Longueur : 45 à 5,5 millimètres. Ce Scolytide se distingue 
par un denticule placé au milieu du front et par la dentelure 
des élytres qui, chez les deux sexes, peut cependant être con- 
fondue avee celle d’autres espèces telles que Tomicus amitinus 


Fig. 48. — Tomicus typographus L. vu de profil (orig.). 


Eichh. et T. cembræ Heer. Vus de profil, les élytres montrent 
quatre dents dont la troisième à partir du haut, la plus grosse, 
se termine en bouton triangulaire. En examinant la face anté- 
rieure de la massue des antennes, on observe que la deuxième 
suture, en partant de la base, accuse un angle plus ou moins 
aigu. Jusqu'à ces dernières années, on admettait que ce critère 
était indiscutable pour distinguer les deux espèces voisines men- 
tionnées plus haut. KELLER (1910, p. 5) démontre que les 
T. amitinus Eichh. et T. cembræ Heer ne peuvent être envisagés 
comme deux espèces distinctes et que la suture de la massue 
présente des inflexions variables suivant l’altitude et l’essence. 
Nous nous rangeons à cette manière de voir, car les déductions 
de KELLER sont appuyées par des arguments irréfutables. 
Quant au caractère qu’on retrouve dans presque tous les ou- 


ÉPICÉA 61 


vrages d’entomologie forestière et qui consiste à prouver que 
la dépression des élytres est d'aspect mat chez le T. typogra- 


Fig. 49.— Antenne du T'omnicus typographus L, (face ant.) Cliché J. Jullien (orig.). 


phus L. tandis que chez le T. cembræ Heer elle serait bril- 
lante, nous avouons que, dans la plupart des cas, 1l nous a été 


Fig. 50. — Patte du Tomicus typographus L. Cliché J. Jullien (orig.). 


impossible de faire une distinction entre l'apparence mate et bril- 
lante de cette dépression. 


62 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


Au point de vue pratique, et en région montagneuse, le plus 
simple sera toujours de s’en tenir à la forme des couloirs qui, chez 
le Typographe, n’est jamais étoilée, comme c’est le cas pour ceux 
forés par le Bostryche du Pin cembro. 

Le Typographe cssaime plutôt tard au printemps, souvent à 
la fin d'avril et suivant le climat et l’altiiude, seulement les pre- 
miers jours de mail. Les générations se succèdent d’une façon 
fort variable, comme le prouve le calendrier graphique ci- 
dessous (1), où nous représentons les différentes variantes les 
plus fréquentes de l’évolution de cet Insecte qui peut produire 

une et demie, deux ou deux générations et 


ant DAME demie en une année. 
a UP Le facteur principal qui influe le plus sur 
na re le | ET la rapidité de l’évolution des Bostryches est 
re Een la température. D'une manière générale, on 

en e. compte, quand les circonstances sont favo- 
E ere RE 
na Len des robles, toujours deux générations et Fucxs 
Juin..| {li}; (1907, p. 30) affirme que, dans certains cas, 
Juil ..| Ÿ | 4 || les Insectes issus de la deuxième généra- 
Aout APE tion peuvent encore essaimer en automne, 
RE el + mais seulement dans le but de découvrir 
lle de nouvelles cacheites d’hivernage. 

: Le Typographe est un Bostryche de l’é- 

Pen pa | Le corce du tronc qui ne se rencontre presque 
Déc. | T]+ +] jamais dans les branches et rarement dans 


les tiges de faible dimension, telles que celles 
des gaulis ou des bas perchis. En général, l'infection de l'Épi- 
céa commence par sa parte supérieure et descend jusqu'à terre. 
Au printemps, sous l'influence des déprédations sous-corticales, 
la frondaison prend une couleur de rouille et plus tard, à la fin 
de l'été, les aiguilles desséchées finissent par tomber. Finale- 


Œuf. 

Larve ou Chenille. 

Chrysilide. 

Larve non chrysalidée enfermée dans le cocon. 
Insecte parfait. 

Période de ravages. 


(1) 


| 


=+00-e 
IUT 


ÉPICÉA 63 
ment l’écorce, sous laquelle on découvre des amas de sciure pour- 
rie d’aspect noirâtre, se détache par grandes plaques. 

Pour donner une idée de la gravité que peuvent revêtir cer- 
taines invasions du Typographe, citons un cas décrit par Ju- 
DEICH et NiTscHE (1895, p.515). Il s’agit de l’importante invasion 
qui se produisit dans les forêts de Bohême (Bühmerwald), à la 
suite de l’ouragan du 7 décembre 1868. Cet ouragan renversa 
une énorme quantité de bois de cette région montagneuse peu- 
plée surtout d'Épicéas. À ce désastre vint s'ajouter un autre 
malheur : le cyclone des 26 et 27 octobre 1870, qui abattit d’im- 
menses cantons forestiers. L'effet de ces 
deux accidents météorologiques qui se 
produisirent dans l'intervalle de deux 
années, fut l’anéantissement de 100.000 
hectares de forêts situées sur la fron- 
tière séparant la Bohême de la Bavière. 

Les administrations forestières de ces | 
deux pays firent des efforts considéra- 
bles pour lutter contre la propagation du 
Typographe qui, au commencement de 
l'été 1870, s'était jeté sur les Épicéas 
renversés par le premier ouragan. Près | 
de 9.000 bûcherons furent alors occupés | 
à débiter environ 2.700.000 mètres cubes 1 
de bois et, en 1875, après avoir prati- PS re de dquioirs À 
qué des coupes à blanc étoc sur plus de De ne fr Fe 
; nat. (orig., coll. Pauly, Munich). 
6.000 hectares, après avoir abattu plus 
de 300.000 arbres-pièges, l'invasion fut conjurée non sans avoir 
exigé des intéressés des sacrifices pécuniaires énormes. 

Plus récemment, en France, les forêts domaniales et com- 
munales des Vosges, en particulier dans les environs de Gérard- 
mer, ont été ravagées par le Typographe qui s’est jeté sur des 
cantons entiers à la suite de l’ouragan du 1er février 1902. Cet 
ouragan abattit 1.233.283 mêtres cubes de bois résineux dont une 
partie d'Épicéas qui furent envahis par le Typographe. L'Insecte 
s'étant propagé d'une façon inquiétante dans ces cantons, 


Fig. 52. — Système de couloirs achevé du Tomicus typographus L. ds. éc. Épicéa. 1/1 gr. nat, 
(orig., coll. Pauly, Munich). 


ÉPICÉA 65 
l'administration intervint à temps et au moyen d’arbres-pièges 
réussit à arrêter le fléau en 1906. Nous verrons plus loin combien 
les sapinières des mêmes forêts eurent à souffrir des atteintes du 
Tomicus curvidens Germ., et du Pissodes piceæ HI. M. le conserva- 
teur DE GaIL (R. D. E. F.) (1), constata dans cette invasion des 
Vosges l’heureuse action des Staphylins qui pullulaient dans les 
systèmes de couloirs du Typographe. 


Moyens répressifs. — Nous avons vu plus haut que l’abatage 
d’arbres-pièges constitue l'unique mesure prophylactique que le 
forestier puisse employer pour enrayer les dégâts des Bostryches 
de l'écorce et notamment des espèces qu s’attaquent au tronc. 
Ce procédé est spécialement indiqué dans la lutte contre le 
Typographe, et tout ce que nous avons dit des arbres-pièges 
s’applique en premier lieu à cet Insecte. 

Bien souvent on constate, dans les branches des Épicéas, dont 
le tronc est ravagé par le Typographe, la présence d’autres Bostry- 
ches, en particulier du Pityophthorus micrographus GYIl., du Tomi- 
cus chalcographus L., du Polygraphus polygraphus L., et plus par- 
ticulièrement dans le Jura vaudois du Phtorophlœus spinulosus 
Rey, dont les atteintes concourent également au dépérissement 
de la plante. Dans la partie inférieure du tronc des Épicéas 
peuplant surtout les régions montagneuses, on trouve certains 
Cérambycides tels que Lamia sartor F.et L. sutor L., Rhagium 
inquisitor L. Ces derniers Insectes ne peuvent être envisagés que 
comme des éléments secondaires ou tertiaires de la mort de l'arbre. 

Le Typographe s'attaque également au Mélèze, aux différentes 
espèces de Pins et très exceptionnellement au Sapin blanc, ainsi 
qu’à certains Conifères exotiques acclimatés dans les forêts de 
l'Europe centrale. 


(1) Nous devons à l’amabilité de M. le professeur Henry la communica- 
tion d’un rapport manuscrit qu’il a présenté en 1907 à la Direction géné- 
rale des Eaux et Forêts, touchant les invasions d’Insectes qui, de 1900 
à 1906, ont causé des ravages dans les forêts de France. 

Les citations concernant ce rapport seront indiquées dans la suite par 
les lettres R. D. E. F. (Rapport à la Direction des Eaux et Forêts). 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE m1 


66 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


Tomicus chalcographus L. CoréoPr., Scolytidæ 
(Pityogenes chalcographus Bedel, Ips spinosus de Geer.) 


Bostryche chalcographe 


Longueur : 1,5 à 2 millimètres. Ce Bostryche, sensiblement 
plus petit que l’espèce précédente, est reconnaissable, comme 


tous les [Insectes de ce groupe, à la dentelure des élyires qu'il 


est facile de distinguer à la loupe en examinant l'animal de 

profil. Chez le mâle, on remarque trois 
2 dents coniques à peu près de même gros- 
À 3 seur et légèrement inclinées en dedans. 
= Ces dernières sont remplacées chez la 
| $ femelle par trois denticules. Les stries 
FE otémeur der eN.  juxtasuturales sont profondément creu- 


L. Extémité postérieure des ély- 


tres (oriq.) ; ; Sera = 
“ee sées vers la déclivité et les lignes de 


points s’effacent sur la partie postérieure des élytres. 

Le Bostryche chalcographe a généralement deux générations 
par an. Dans les régions montagneuses 11 ne produit, à l'instar 
du Typographe, parfois qu'une seule génération. 

La figure des couloirs de cet Insecte est caractéristique. En 
effet, elle présente toujours une forme étoilée avec quatre à huit 
bras partant d’une chambre d’accouplement presque toujours 
pratiquée dans l’épaisseur de l'écorce. Le Chalcographe est sur- 
tout un ravageur des perches, cimes et branches et, comme 
nous l’avons dit plus haut, il se rencontre très souvent en 
compagnie du Typographe. 

En général, c’est le Chalcographe qui commence l'attaque des 
Épicéas; son compagnon le suit dans la partie inférieure du tronc. 


Moyens préventifs. — Ne pas laisser à terre les chablis sans les 
ébrancher et enlever les Épicéas renversés par les avalanches ou 


les ouragans. 


Moyens répressifs. — Dans les forêts ravagées par le Chalco- 


Rte : : 


ÉPICÉA 67 


graphe il faut ménager, durant la période de végétation, des 
arbres-pièges auxquels on laisse les branches. Les Insectes iront 


Fig. 54. — Couloirs terminés du Tomieus chalcographus L. 1/1 gr. nat. (orig.). 


se nicher dans les rameaux de la cime dont l’écorce est mince, 
tandis que les Typographes rechercheront le tronc. 


Pityophthorus micrographus Gyll. Cocéorr., Scolytidæ 
et P. macrographus Schr. 
(Pityophthorus exsculptus Ratz.) 
, Bostryche micrographe et B. macrographe 


Le premier mesure 1,3 millimètre. C’est un des plus petits 
Bostryches de l'Europe centrale, si l’on fait exception du Car- 


68 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


Re minimus Eichh. et du Crypturgus pusillus Gyll. Le 
Bostryche micrographe n'offre pas 
de déclivité des 
élytres hérissée 


de dents, mais 
PT acte Paru mreeregren hs DICO de: (HO 

Schr.; à droite du P. micrographus ; 

Gyll. (orig.). cature sillonnée 
de la même façon que chez le Chalcogra- 
phe. Les bords extérieurs de la déclivité 
sont de la même hauteur que la suture 
qui relie les élytres. 

Chez le Pityophthorus macrographus 
Schr. qui mesure 2 millimètres de longueur, 
la suture est plus enfoncée que les bords 
externes. Les deux espèces ont une forme 
très allongée. 

Au point de vue biologique, les systèmes 
de couloirs étoilés sont assez différents. La 
chambre d’accouplement est généralement 
entaillée dans l’aubier, les bras de ponte 
s’éloignent dans presque toutes les direc- 
tions et sont au nombre de trois à sept. Les 
galeries maternelles du Macrographe sont 
souvent moins nombreuses, mais elles ont 
toujours une direction longitudinale et 
atteignent parfois 15 à 18 centimètres de 
longueur. 

L'évolution de ces deux Insectes ressem- 
ble beaucoup à celle du Chalcographe et 
leurs ravages se produisent dans les mêmes 
conditions, soit dans les tiges et perches de 
faible dimension, soit dans les branches à 
écorce mince de l'Épicéa. 

Moins communs que l’espèce précédente, 


ces deux Bostryches sont justiciables des , GS doute a Léa 


ne macr op rennes Schr. Epicéa, 


mêmes mesures prophylactiques. D SE DE Or) 


fn LA 


ÉPICÉA 69 


Tomicus quadridens Htg. Cozéopr., Scolytideæ 


Bostryche à quatre dents 


Longueur : 1,5 à 2,2 millimètres. Troncature du mâle large, 
orbiculaire, à bord muni d’un fort crochet recourbé vers le bas 
et, au milieu, d’un denticule co- 
nique, aigu. 

Troncature de la femelle sil- 
lonnée' de chaque côté de la 
suture rebordée en deux bour- 


relets. Souvent chacun de ces ne ou ii tte ture 
bourrelets porte un petit tuber- Huile po ténienre APS EEE ORNE) 
cule verruciforme. 

Le Bostryche à quatre dents est polygame, ses couloirs sont 
étoilés. Sur les branches de faible dimension, les galeries mater- 
nelles, au nombre de trois à sept, prennent une direction verti- 
cale. Cet Insecte s'attaque surtout aux Jeunes plants et aux bas 
perchis. On le rencontre également sur d’autres résineux et dans 


les branches des arbres de forte dimension. 


Phloeophthorus rhododactylus Chap. Coréorr., Scolytidæ 


(Phthorophloeus spinulosus Rey.) 


Longueur : 1,7 à 2 millimètres. Se distingue par la massue 
pointue de ses antennes; elle est formée de trois articles nette- 
ment séparés. Le funicule compte cinq articles dont le premier 
est le plus grand. Les élytres cylindriques sont ornés de stries 
crénelées et d’interstries relevées en carène, portant chacune 
une ligne régulière de tubercules et de soies raides et dressées. 

Nous ne signalons ce Bostryche que parce que fréquemment, 
dans le Jura, on le rencontre dans les branches trainant à terre. 
Son couloir de ponte, très caractéristique, est entaillé dans l’au- 


70 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


bier. Il est formé de deux bras de longueur souvent inégale, 


mais ne mesurant guère plus de 3 centimètres. ÎBs 


La biologie du Phloeophthorus est encore peu connue. Les 


Fig.58.— Couloirs du Phloeophthorus rhodo- 
dactylus Chap. (Phthorophlœus spinulosus 
Rey) Epicéa, 1/2 gr. nat. (orig.). 


mesures à appliquer contre les déprédations de ces deux der- 
nières espèces sont identiques à celles que nous avons indiquées 
pour le Bostryche chalcographe. 


Dryocoetes autographus Ratz. Coréorr., Scolytidæ 


(Bostrichus villosus Gyll.) 


Bostryche autographe 


Longueur : 3 à 4 millimètres. Cet Insecte est sensiblement 
plus grand que les deux espèces précédentes et d’un facies assez 
différent. En effet, la massue est tronquée à son extrémité et le 
corselet, élargi en son milieu, présente une ligne médiane lisse. 
Les élytres sont plus larges que la base du corselet, à épaules 


ÉPICÉA 1€ 


saillantes. La surface est profondément striée et ponctuée, 
l'extrémité est convexe. 

Il est fort difficile de décrire les couloirs de ce Bostryche, car 
c'est généralement dans les écorces épaisses des 
souches d’Épicéas qu’on le découvre, souvent en 
compagnie d’autres Xylophages dont il bouleverse 
les dégâts. La galerie maternelle est, dans la ma- 
jorité des cas, composée d’un court bras vertical, 
plus ou moins élargi, dans lequel les œufs sont dé- Tr 
posés par tas. Les couloirs de larves partent per- HS RE 
pendiculairement de la galerie maternelle, mais finissent par 
s’entrecroiser dans un espace relativement restreint. On trouve 
parfois ce Coléoptère travaillant sous terre, dans les racines, à 
la façon de l’Hylastes cunicularius Er. 

L’Autographe apparaît tôt au printemps, souvent déjà à la fin 
de mars, dans les régions à climat tempéré. Il a, en général, deux 
générations annuelles et hiverne 
sous la forme parfaite. Ce Scolytien 
recherche parfois des reboisements 
et peut faire périr des Épicéas de 
trois à dix ans. Il attaque également 
le Sapin blanc et le Pin Weymouth. 


Moyens préventifs. — Éviter de 
maintenir dans les chantiers de re- 
boisement des souches d’Épicéa dans 
Fig. 60. — Couloirs de ponte du 2 
Dryocoetes autographus Ratz.Epi- lesquelles on a remarque sous les 
céa (orig coll. Pauly, Munich). x , ë 
écorces la présence de l’Autographe. 


Moyens répressifs. — Si l’on n’a pu conjurer l'invasion sur 
les jeunes Épicéas, il faut, surtout au moment de la deuxième 
génération, utiliser comme pièges les troncs encore à terre, 
puis, une fois la ponte achevée, les décortiquer et brûler l'écorce. 
Si les souches sont en nombre insuffisant, on peut y suppléer 
en offrant à l’Insecte des pièges artificiels tels que des sections 
de grosses branches ou des billes recouvertes de leur écorce que 


42 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


les femelles préféreront presque toujours aux Épicéas de faible 
dimension. 


Dendroctonus micans Kug. CoréoPrr., Scolytidæ 
(Hylesinus micans Ratz.) 


Hylésine géant 


Longueur : 8 à 9 millimètres. De tous les Bostryches vivant 
en parasites sur l'Épicéa, celui-ci, le plus grand, ne peut être 
confondu avec aucune autre espèce. La partie antérieure de 
son corselet est échancrée en son milieu et forme ainsi un angle 
obtus. 

Ce que nous avons dit des couloirs de l’Autographe s’applique 
à ceux de l’Hylésine géant; ils sont très difficiles à décrire. 
Cet Insecte construit un couloir de famille composé d’une ga- 
lerie maternelle élargie, irrégulière, en forme de sac, de tuyau 
ou d’entonnoir. La femelle dépose ses œufs en tas, généralement 
en marge du couloir de ponte, dans un élargissement rempli de 
sciure et de débris ligneux. La ponte a lieu par poussées dis- 
tinctes, les œufs étant déposés par paquets. Les Larves rongent 
ensuite les couches corticales et souvent l’aubier d’une façon 
désordonnée, sans qu’on puisse, la plupart du temps, discerner 
des galeries individuelles. | 

Les dégâts de l’Hylésine géant ne peuvent être confondus 
avec ceux d’autres Xylophages. Ils sont presque toujours signalés 
à l’extérieur par des grumeaux ou écoulements de résine plus 
ou moins mélangée à de la sciure d’écorce et qui se coagule en 
dessous de l’orifice du couloir d’entrée. Nos illustrations don- 
nent une idée assez exacte de ce caractère propre aux ravages 
de ce Bostryche. Si l’on met à découvert le système de galeries 
à la fin de l’évolution, donc au moment de la troisième méta- 
morphose, la figure est fort embrouillée, les couloirs de ponte 
et de larves se confondent dans des amas de sciure brune. 

C'est Pauzy (1892, p. 253) qui a mis en lumière la biologie de 
l'Hylésine géant. Ce naturaliste a remarqué en particulier que 


e,E 


OR 


Fig. 61. — Aspect du 


‘stème des couloirs du Dendroctonus micans Kug. au moment de la 
deuxième métamorphose. Epicéa, 1/1 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich). 


74 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


la femelle, après avoir pénétré sous l’écorce, ferme le couloir 
d'entrée au moyen d’un bouchon de sciure. Le développement 
du Dendroctonus micans Kug. est très variable, comme le prouve 


Fig.62. — Ecoulement de résine pro- 
voqué par le Dendroctonus micans 
Kug. Epicéa, 1/2 gr. nat. (orig. 
coll. Pauly, Munich). 


notre graphique. En général, cet 
Insecte essaime entre le mois de mai 
et le mois d'août. Il est peu probable 
que les Insectes issus de la ponte tar- 
dive soient en état de maturité 
sexuelle avant l'hiver. C’est pour cette 
raison que l’évolution de l’Hylésine 
géant est irrégulière et très variable, 
car elle dépend beaucoup des condi- 
tions de température. 

Le Dendroctonus micans Kug. s’at- 
taque exclusivement à l’Épicéa et se 
rencontre en plaine comme à la mon- 
tagne. Dans le Jura, nous l'avons 
trouvé à 1.300 mètres. C’est surtout 
au pied des troncs qu'on remarque les 
vestiges de ses 


déprédations, car |! anv.… . 


les grumeaux de ete 


coup plus abondants à la partie inférieure 
de l'arbre que vers la cime. On remarque 
aussi parfois ses traces sur les racines mai- 
tresses et à l'intersection des arbres dou- 
bles. Ce sont surtout les Épicéas blessés, 
cassés, amputés ou entamés par le gibier 
que ce Bostryche attaque de préférence. 
Les couloirs d'entrée sont généralement pra- 
tiqués dans le voisinage immédiat de ces 
accidents de l’écorce. 

Dernièrement, les forestiers belges et, en 
particulier, Fentomologiste SÉVÉRIN (1902, 


p. 152) ont eu à se plaindre des attaques de cet Insecte qui a 


résine sont beau- E 
Mars 


Avril. . 
Mae 
Jin ee 
UE SRE 
Août . 

Sept... 
DCE 


Nov... 


Dec 


ÉPICÉA 145 


causé de sérieux ravages à certaines pessières poussant dans des 
conditions défectueuses de végétation. QUAIRIÈRE (7904, p. 626) 
signale à son tour une invasion du Dendroctonus micans Kug. 
dans le cantonnement de Nassogne (Belgique), où l’Insecte a, 
entre autres, attaqué des Épicéas parfaitement vigoureux. Brr- 


Fig. 63. — Grumeaux de résine et sciure amalgamés en dessous de l'orifice d’entrée du Dendroc- 
tonus micans Kug. Epicéa, 3/4 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich). 


CHET (1900, p. 409) parle d’un Ichneumon, le Pimpla terebrans 
Ratz., qui détruirait une forte proportion de Chrysalides du Den- 
droctonus micans Kug. 


Moyens préventifs. — Certains Épicéas blessés, sur lesquels 
on à lieu de redouter une infection par l'Hylésine géant, peuvent 
être préservés en badigeonnant le bas du tronc d’un mélange de 
terre glaise, de bouse de vache et de sang de bœuf. Dans les 


76 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


peuplements étendus ces moyens ne peuvent être mis en œuvre. 
Il faut alors se contenter de surveiller l'invasion de très près, 
puis abattre et écorcer durant la période de végétation tous les 
Épicéas contaminés. 


Moyens répressifs. — Les arbres-pièges ne peuvent pas être 
employés avec succès dans la lutte contre cet Insecte, car ce 
dernier n’attaque pas volontiers les troncs abattus. Dans les 
pares où l’on désire sauver certains Épicéas envahis partielle- 
ment, on peut enlever soigneusement les fragments d’écorce 
renfermant les larves et appliquer sur la blessure du goudron 
ou un mastic. 


Polygraphus polygraphus Reitt. (1) Coréorr., Scolykidæ 
(Hylesinus polygraphus Ratz., Polygraphus pubescens F.) 


Hylésine polygraphe 


Longueur : 2 à 2,5 millimètres. Le mâle porte au front une 
touffe de poils jaunâtres et la déclivité des élytres accuse un 
léger enfoncement de chaque côté de la suture. 

Le front de la femelle est muni de deux petits tubercules en- 
tourés d’une légère pilosité. La déclivité des élytres est convexe. 
Chez les deux sexes, la massue des antennes est solide, non ar- 
ticulée et les yeux sont partagés en deux parties. Les élytres 
sont recouverts d'une pubescence squamuleuse et le troisième 
article tarsal est simple. 

Cette espèce se classe, au point de vue systématique, entre les 
Hylésiniens et les Ypidiens ou Tomicides. Nous avons affaire 
ici à l’un des Bostryches de l'Épicéa les plus communs. Ses cou- 
loirs revêtent des formes excessivement variables suivant qu'ils 


(1) Polygraphus subopacus Thoms. est une espèce voisine qui vit égale- 
ment sur l’Épicéa. Polygraphus grandiclava Thoms., sensiblement plus 
grand, mais très semblable aux autres espèces du même genre, attaque 
surtout le Cerisier. 


ÉPICÉA vi: 


sont pratiqués dans les grosses écorces du bas du tronc ou dans 
les couches corticales minces des branches et des tiges de per- 
chis. 

La forme classique du système de galeries est le couloir étoilé 
avec chambre d’accouplement entaillée généralement 
dans l'épaisseur de l’écorce. En outre, il y a trois ou 
quatre bras fouillant le liber, rarement l’aubier. Dans 
la plupart des cas, les ravages de ce Bostryche appa- 
raissent sous une forme embrouillée, les galeries de 
larves s’entrecroisent en tous sens et les fragments de 
couloirs de ponte ressortent comme de petits traits | gé- 
néralement horizontaux, surtout lorsqu'il s’agit d’une 


écorce épaisse. 
Le Polygraphe est le seul Scolytien du groupe des End Poe 
Hylésines qui soit polygame. C'est le seul Hylésine 4 /2npnes 
qui s'attaque au Mélèze et au Sapin blanc. La struc- 
ture anatomique de ses organes génitaux et son tube 
digestif le rapprochent du groupe des Tomicides (Fucxs, 7907, 
p. 52). 
Habituellement le Polygraphe a deux générations par an 
et son vol se produit généralement tard au printemps. Dans le 
Jura, cet Insecte suit l’Épicéa jusque dans les stations les plus 
élevées et, en plaine, là où cette essence a été installée à une 
altitude trop basse, on remarque que le Polygraphe est son para- 
site le plus commun. Après la sécheresse de 1906, qui a eu pour 
effet d’anémier les Épicéas poussant isolément dans les parcs 
bordant le bassin du lac Léman, nous avons constaté, en 1907 
et 1908, de nombreux ravages occasionnés par ce Bostryche. 
En France également, on signale de tous côtés les déprédations 
de cet Insecte dans les perchis et surtout dans les peuplements 
créés dans des conditions anormales ou à la suite d’avalanches 
ou de bris causés par la neige. Le Polygraphe attaque parfois les 
Pins. 


Moyens préventifs. — Parcourir le plus tôt possible les planta- 
tions à l’état de gaulis et s’efforcer d'élever des tiges saines et 


78 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


suffisamment espacées. Écorcer au printemps les Épicéas cassés 
ou abattus par l’ouragan et la neige. 


Moyens répressifs. — Lutter au moyen d’arbres-pièges durant 
toute la période de végétation en suivant les règles indiquées 
pour le Typographe. Ces deux Insectes vivent du reste souvent 


pi 


Fig. 65. — Couloirs de ponte du Polygraphus polygraphus Reïtt. Épicéa, 1j2 gr. nat.(orig.), 


sur le même arbre, le Polygraphe infestant plus volontiers la cime 
que le bas du tronc. 

Quatre autres Bostryches vivant en parasites sur l'Épicéa 
doivent encore être signalés iei, bien qu'à proprement parler, 
ils ne puissent être rangés parmi les Insectes dangereux de cette 
essence. Nous les mentionnons en passant, de façon à per- 


ÉPICÉA 79 


mettre au sylviculteur de reconnaitre leurs traces et de les dé- 
terminer. 

Le Crypturgus pusillus Gyll. est facilement reconnaissable 
par sa taille. En effet, il mesure 1 millimètre de longueur. Ses 
couloirs sont d’un type difficile à décrire, car le système est pres- 
que toujours établi dans le réseau de galeries d’un autre Bostry- 
che (Voir fig. 101). Ses dégâts sont donc secondaires. Le Cryp- 
turgus pusillus GyIl. attaque également d’autres résineux. 


Fig. 66. — Couloirs terminés du Po/ygraphus polygraphus Reitt., avec perfuration de l'écorce 
par les Ins. parf. sortant des berceaux de nymphose. Epicéa, 3/4 gr. nat. (orig.) 


Le Xylechinus pilosus Ratz. mesure de 2 à 3 millimètres. 
Il pratique un couloir de ponte assez typique consistant en une 
galerie maternelle horizontale à deux bras. L'une des branches 
est souvent très courte. Les systèmes sont, en général, très rap- 


80 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


prochés les uns des autres et l’Insecte montre une préférence mar- 
quée pour la cime des tiges d'Épicéa. 

L'Hylesinus palhatus GyIL. mesure 3 millimètres et rappelle 
le Polygraphe, mais s’en différencie par des yeux simples et le 
troisième article tarsal cordiforme. La couleur du Bostryche 
paillé n’est jamais noire, mais toujours d'un brun rouge. Cet In- 
secte pratique un système de couloirs fort embrouillé dans lequel 
on a souvent de la peine à distinguer la galerie maternelle ver- 
ticale; 1l recherche surtout les perches. 


Fig. 67. — Xylechinus pilosus Ratz. 


Système de couloirs achevé. Épicéa, 1/1 gr. nat. (orig.). 


L'Hylastes decumanus L. (H. glabratus Zett.), plus grand que le 
précédent (4 à 5 millimètres), porte un corselet rétréci antérieu- 
rement, aussi long que large en son milieu, très densément et 
profondément ponctué. Les interstries des élytres sont plus larges 
que les stries ponctuées. Le type des couloirs creusés par ce Bos- 
tryche est encore plus difficile à décrire que le précédent, car la 
galerie de ponte, plus ou moins longitudinale, est très variable 
dans sa forme et présente des élargissements sur lesquels se gref- 


ÉPICÉA 81 
fent des couloirs de larves courts, embrouillés et dirigés en tous 


sens. On trouve ce Bostryche également dans les perches, mais 
il est beaucoup plus rare que le précédent. 


Re La JAN AO WA 
AN el. À 


FU  DENRE. à Lt FELEM oc _ an 
Fig. 68. — Hylesinus palliatus Gyll. Aspect du système de couloirs avant la deuxième méta- 


morphose. Epicéa, 1/1 gr. nat. (oriq. coll. Pauly, Munich). 


Nous indiquons, ici, un Insecte dont les ravages dans les grosses 
écorces pourraient faire croire à la présence du Bostryche typo- 
graphe. Il s’agit de : 


Anobium emarginatum Duft. Coréopr., Anobudæ 


Longueur : 4 millimètres. Cet [Insecte appartient au groupe 
des « Vrillettes », bien connu par les ravages techniques qu'il 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 6 


82 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


cause dans les bois ouvragés et plus spécialement dans les meu- 
bles. Nous parlerons plus loin du caractère de ces dégâts. 

L’Anobium emarginatum Duft. est allongé, de couleur brunä- 
tre, avec pubescence gris-jaune. Le ‘corselet porte de chaque 
côté une protubérance faisant saillie latéralement et dont le bord 
antérieur est transversal. En outre, on remarque deux dépres- 
sions situées près de sa base. 

Cette Vrillette est surtout très commune dans les Épicéas 
de grosses dimensions et ses orifices d'entrée se distinguent à 
première vue sur les écailles de l'écorce. En détachant ces der- 
nières, on constate des couloirs embrouillés n’entamant pas le 
liber, mais se confondant dans une poussière brunâtre. Ils ne 
fouillent que les couches corticales extérieures. Nous n'avons 
donc pas affaire à des Insectes nuisibles proprement dits, mais à 
des parasites qui peuvent laisser croire à la présence d’un Xylo- 
phage dangereux, et c’est pour ce motif seulement que nous les 
mentionnons. 

Il n’en est pas de même d’un autre groupe appartenant à la 
famille des Charançons et dont l’importance forestière est indis- 
cutable. Deux de ces espèces se rencontrent dans les écorces de 
l'Épicéa. La plus importante est le : 


Pissodes harcyniæ Hbst. CoréoPr., Curculionidæ 
(Curculio hercyniæ Ratz.) [PI. L fiq. 2] 


Pissode de l’'Epicéa ou Pissode résineux 


Longueur : 7 à 9 millimètres. On compte dans l'Europe cen- 
trale sept espèces de Pissodes. Au point de vue morphologique, 
ce genre se distingue du genre Hylobius par le rapport qui existe 
entre la largeur des élytres et celle du corselet. Chez les Pissodes, 
la base du corselet est de même dimension que la base des élytres, 
tandis que chez l'Hytobe les épaules des élytres sont sensible- 
ment plus larges et forment des proéminences. 

En outre, dans le genre Pissodes les antennes sont insérées 
plus loin de la bouche que ce n’est le cas chez lHylobius. 


{ ÉPICÉA 83 


Les Pissodes, de même que les Bostryches, appartiennent aux 
Xylophages dont les déprédations sont surtout causées par les 
Larves et exclusivement dans les essences résineuses. Moins 
répandus et moins prolifiques que les Scolytides, ils causent 
cependant de sérieux ravages et la dimension de leur corps pro- 
duit un type de dégâts qui, à l'instar de celui des Cérambycides, 
entraine une prompte désagrégation des couches subcorticales 
et, par suite, le desséchement rapide de l’arbre. 

Les ravages des Pissodes revêtent presque toujours le carac- 
tère de dégâts secondaires. En effet, ils parachèvent, dans la 
grande majorité des cas, le dépérissement des arbres renversés 
par l’orage, brisés par le poids de la neige, atteints par des Cham- 
pignons ou par des Bostryches qui se sont installés dans la cime. 

Les dernières études entreprises par Nusszin et Mac Doc- 
GALL (1905, p. 124) montrent que les Pissodes ont une longue 
existence. 

La femelle pond durant toute la belle saison, soit d’avril en 
septembre. La ponte a toujours lieu par paquets situés dans le 
voisinage des nœuds (Pissodes piceæ 1I1.). Les Larves, qui éclosent 
en général trois semaines après la ponte, se dispersent dans 
toutes les directions. De ce fait, le type de couloirs est plutôt 
étoilé. 

En général, l’évolution complète dure une année, mais en 
soulevant l'écorce d’un résineux attaqué par les Pissodes, on 
trouve parfois des individus à l’état de Larve à côté de Chrysa- 
lides et d’Insectes parfaits. Le développement des organes géni- 
taux dure assez longtemps et ne se produit en général qu'après 
un hivernage. 

Les Larves doivent, surtout dans les arbres à écorce mince, 
s’enfoncer dans l’aubier pour effectuer la deuxième métamor- 
phose, et c’est pour cette raison que l’on découvre, presque tou- 
jours, dans les arbres atteints par cette catégorie de ravageurs 
de l'écorce, des berceaux de chrysalides disposés dans le sens 
des fibres du bois et encerclés de détruits ligneux. Ils se déta- 
chent en clair sur le fond brunâtre de l'écorce (fig. 69). 

Le Pissode de l’Épicéa, de couleur noirâtre, porte sur les ély- 


84 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


tres deux bandes transversales claires, souvent interrompues. 
Les troisième et cinquième interstries des élytres sont relevées. 
La femelle s'attaque de préférence à des arbres surcimés, de 


Fig. 69. — Système de couloirs achevé du Pissodes harcynie Hbst. Épicéa, 3/4 gr. nat. (orig.), 


faible ou de moyenne dimension et dépose ses œufs en général 
dans l'écorce mince de la cime. Cependant, lors des invasions, 
la ponte peut également s'effectuer dans la partie inférieure des 


initié 


ÉPICÉA 85 


troncs de gros calibre. Après cette première perforation des 
couches corticales, il se produit presque toujours un écoule- 
ment de résine qui fait croire que l’arbre à été éclaboussé avec 
de la chaux. A l’aide de son oviscapte, la femelle dépose ses œufs 
cénéralement par tas, et les Larves, une fois écloses, fouillant en 
tous sens, construisent un système étoilé dont les galeries finis- 
sent par s’entrecroiser. Comme chez les Bostryches, ces couloirs 
augmentent de dimension jusqu’au berceau de chrysalide qui, 
chez cette espèce, mesure de 8 à 10 millimètres de longueur sur 
environ 5 millimètres de largeur. C’est seulement dans le cas où le 
système entier est établi dans des écorces épaisses qu'on découvre 
dans les couches libéreuses des berceaux de coioration bru- 
nâtre. 

Nous rappelons que, dans les galeries creusées par les Cha- 
rançons, 1l n'existe pas de couloir de ponte, la femelle ne péné- 
trant pas sous l’écorce pour y déposer ses œufs. Pour constater 
le plus facilement la présence des Pissodes dans un tronc, il faut 
chercher à découvrir les berceaux dont le type ne peut être 
confondu avec celui produit par d’autres Xylophages, notam- 
ment les Cérambycides. 

On n’est pas encore complètement fixé sur l’évolution de ce 
Pissode. Cependant, on constate que les Insectes parfaits appa- 
raissent, en général, tôt au printemps et montent le long du tronc 
pour opérer la ponte dans la cime. Dans d’autres cas, ce sont les 
Larves qui hivernent. 

On a remarqué que souvent le Pissode de l'Épicéa attaque les 
massifs ravagés par la Nonne. Cette constatation a surtout été 
faite dans les régions montagneuses de la Bavière et du Wurtem- 
berg. 

Moyens préventifs. — Il faut traiter les peuplements fores- 
tiers comme pour les préserver des atteintes des Bostryches. 
Toutefois, les arbres-pièges ne peuvent pas être employés ici, 
car l’'Insecte pond de préférence sur les arbres debout et dans 
la cime. Il faut, avant tout, pour conjurer une invasion, s’efforcer 
d’écorcer et de brûler sur place les fragments d’écorce renfermant 
des berceaux qu'on aura découverts dans les produits d’éclair- 


86 INTÉRIEUR DU BOIS 


cies. C’est surtout après les invasions de Lépidoptères dans des 
peuplements purs d'Épicéas qu'il faut avoir l’œil ouvert. 


Moyens répressifs. — Lorsque les troncs sont encerclés par un 
anneau de glu, les Pissodes sont retenus prisonniers en dessous 
de ces pièges disposés pour les Chenilles. De cette façon, on peut 
détruire bon nombre de ces Coléoptères (1). 


INTÉRIEUR DU BOIS 


Xyloterus lineatus Oliv. Coréorr., Scolytideæ 
(Trypodendron lineatum Stph.) 
(Tomicus lineatus Oliv.) 


Bostryche liseré 


Longueur : 2,8 à 3 millimètres. Ce Bostryche porte sur chaque 
élytre deux lignes longitudinales brunâtres se détachant sur un 
fond plus foncé. Ce caractère ne se retrouve chez aucune autre 
espèce de Bostryches européens de l'écorce. La massue des 
antennes est légèrement arrondie à son extrémité, non articulée 
et le funicule est composé de quatre articles. Comme chez 
les autres espèces de ce genre, le corselet est plus large que 
long. Le front du mâle est concave, celui de la femelle convexe. 
Souvent, les taches des élytres sont effacées et, chez les individus 
imparfaitement développés, ces bandes foncées ne sont pas 
visibles. 

Le Bostryche liseré appartient à cette catégorie de Scolytides 
dont nous avons déjà parlé, et qui a une tout autre façon de 
vivre que les Bostryches de l'écorce. Avec les Xyloterus quercus 


(1) Pissodes scabricollis Mill. (longueur : 3 à 4 millimètres). Noir : u brun 
noir avec tête, antennes et pattes rougeâtres. L’élytre porte deux bandes 
transversales d’un blanc jaunâtre, dont l’antérieure est la plus petite. Se 
rencontre souvent en compagnie du Pissode de l’Épicéa. Le type de ses 
couloirs rappelle beaucoup celui de son congénère, mais l’ensemble du sys- 
tème est plus réduit. Cet Insecte est moins répandu que le Pissodes har- 
cyniæ Hbst. 


ÉPICÉA 


87 


Eichh. et domesticus L., il forme un groupe dont l’évolution est 
très caractéristique. La femelle creuse un couloir suivant à peu 
près les rayons médullaires; il porte généralement des em- 
branchements de même calibre plus ou moins obliques et 


disposés dans le même plan. Après l’accouple- 
ment qui à lieu le plus souvent dans la galerie 
maternelle ou à son orifice, la femelle pond ses 
œufs alternativement en haut et en bas. Les 
Larves, une fois écloses, prolongent la cavité sur 
une longueur de 5 à 7 millimètres et évacuent 
dans le couloir principal les détritus que les 
parents jettent au dehors. 

Pour effectuer sa métamorphose en Chrysa- 
lide, la Larve se tourne dans la direction de la 
galerie-mère, après en avoir bouché l’ouverture 
au moyen d’un tampon de sciure. Les couloirs 


Fig. 70 


Xylo'erus lineatus Oliv 


de ce type sont connus, en entomologie forestière, sous le nom 
de «couloirs en échelons ». Les Larves vivent de sucs ligneux 


ainsi que de Champignons désignés dans ce cas 
sous le terme d’ « Ambroisie», et dont le mycéllum 
teinte parfois en noir ou en vert foncé les parois 
du bois. 

La génération est, en général, double, comme 
le montre le graphique ci-contre. Dans les régions 
montagneuses qui abritent cet Insecte, lorsque ce 
dernier se trouve dans les plus hautes stations de 
l'Épicéa, une seule génération parvient à matu- 
rité. Dans ce cas, l’essaimement se produit vers la 
fin de mai. 

Il est très facile de déterminer les ravages du 
Bostryche liseré, car ce dernier jette au dehors 
de la sciure vierge de détritus provenant des cou- 
ches corticales et qu'on découvre par petits tas 
coniques, surtout dans les chantiers de troncs 


exposés au soleil et abattus au moment de la sève. L'’Insecte 
s’introduit aussi bien dans les troncs écorcés que dans ceux 


. © (orig.) 


tete) INTÉRIEUR DU BOIS 


encore recouverts de leur écorce, mais il redoute les bois com- 
plètement desséchés. Rarement, on constate des atteintes sur des 
arbres encore debout et en pleine vita- 
lité. Les marchands de bois prennent le 
prétexte de ces petits amas de sciure que 
l’on constate souvent dans les dépôts, 
pour chercher à faire baisser les prix. 
Comme le liseré ne cause de dégâts que 
dans les cernes extérieures des troncs, la 
dépréciation est à peine sensible, attendu 
que les parties perforées sont abandon- 
nées à la scierie sous forme de bordures 
de planches lignées ou de « dosses » (1). 
Le Bostryche liseré attaque tous les ré- 
sineux. 


Moyens préventifs. — Si l’on est obligé 
de faire des exploitations pendant la 
période de végétation, on doit écorcer 
immédiatement, car cette opération per- 


Fig. 71. — Couloirs en échelons forés Fig. 72. — Amoncellements de sciure claire en des- 
par le Xyloterus lineatus Oliv. épi- sous des orifices d'entrée. Epicéa attaqué par le 
céa, 3/4 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Xyloterus lineatus Oliv., 3/4 gr. nat. (orig. coll. 


Munich). Pauly, Munich). 


met une dessiceation rapide des bois, ce qui contrarie le liseré. 
Il faut, en outre, créer des dépôts dans des endroits bien aérés 


et exposés aux courants d'air. 


(1) Dans la Suisse française on appelle les « dosses » des « Cœænnaux ». 


ÉPICÉA 89 


Moyens répressifs. — Dans l'éventualité où un chantier de 
bois, à proximité des scieries par exemple, serait sérieusement 
infesté par ce genre de Xylophages causant des ravages techni- 
ques aux assortiments de valeur, on peut, d’une part, badigeonner 
les troncs avec un goudron protecteur, et de l’autre, disposer 1c1 
et là des sections de troncs ou de perches enfoncées en terre et 
qu'on traitera comme des arbres-pièges des Bostryches de 
l'écorce. 


Gallidium luridum L. (1) Coréorr., Cerambycidee 
(Tetropium luridum L., Gerambyx luridus L.) [PI I, fig. 3} 


Callidie de l’Épicéa 


Longueur : 10 à 16 millimètres. Ce Capricorne appartient au 
groupe d'Insectes comprenant également les deux espèces sui- 
vantes qui ravagent les trones et les branches d'Épicéas debout 
et abattus, alors qu'ils sont généralement déjà en voie de dépé- 
rissement. 

Le Callidium luridum L., dont la couleur varie, est, en général, 
d'apparence foncée, la tête et le corselet sont noirs, les pattes 
rougeâtres et les élytres d’un brun foncé. Les antennes, comme 
celles de tous les Cérambycides, comptent onze articles; elles 
sont plus longues que le corselet. Ce dernier ne porte pas de 
denticule latéral. Les yeux sont divisés extérieurement en deux 
parties. Les élytres sont très finement et très densément ponc- 
tués avec des lignes longitudinales relevées, plus où moins appa- 
rentes. 

L'Insecte pond ses œufs dans les couches corticales du bas 
du trone des Épicéas de fortes dimensions, exceptionnellement 
dans les perches, mais le plus souvent dans les charpentes et 
piquets abattus et qu'on a négligé d’écorcer. 

Après avoir fouillé l’écorce en tous sens et entamé souvent 


(1) Callidium fuscum Gyll., espèce voisine, avec biologie analogue et 
qui attaque également l’Epicéa. 


Li 


90 INTÉRIEUR DU BOIS 


l’aubier, comme le montre la figure 73 a, la Larve, une fois son dé- 
veloppement complet atteint, pénètre dans le bois en creusant 
un couloir en forme de crochet. Il constitue le berceau de chry- 
salide (fig. 73 b). On compte une génération par an. 


Fig. 73 b.— Berceau de chrysa- 


Fig. 73 a. — Couloirs du Callidium luridum L. dans l’au- ide en forme de crochet foré 
bier d’un tronc d’Epicéa, 1/1 gr. nat. (orig. coll. Pauly, par la Lerve du Callidium 
Munich). luridum L. Épicéa(orig.). 


On reconnait facilement cette espèce en soulevant l’écorce des 
résineux envahis, car les couloirs sont aplatis et les entrées dans 
le bois sont ovales. On trouve aussi dans ce système de ravages 
des zones remplies, d’une part, de sciure brunâtre d’écorce et, 


ÉPICÉA 91 
de l’autre, de détritus blanchâtres provenant du forage dans 
l’intérieur du bois (1). 

Exceptionnellement, cet Insecte s'attaque aux Pins et aux 
Mélèzes. 


Moyens préventifs. — Ils sont les mêmes que ceux mis en 
action pour éduquer des peuplements sains et vierges de tiges 
en voie de dépérissement. 


Moyens répressifs. — Comme ce Cérambycide recherche surtout 
les bois abattus, il faut éviter de laisser en période de végéta- 
tion des perches et troncs abattus et non écorcés dans le voi- 
sinage de massifs résineux. On peut également utiliser les chablis 
comme arbres-pièges, mais en ayant soin d’écorcer avant que 
la Larve ait pénétré dans le bois, donc avant l’automne. 


Lamia sartor Fabr. Coréopr., Cerambycidæ | PI. HE, fiq. 1] 


Lamia sutor L. 


Longueur : 25 à 33 millimètres et 16 à 24 millimètres. Ces deux 
Insectes peuvent être examinés ensemble, car leur morphologie 
est assez semblable. Le mâle du premier se distingue par la 
dimension des antennes qui sont beaucoup plus longues que le 
corps. Chez la femelle, ces appendices sont à peine plus longs 
que le corps, et à partir du troisième article, leur racine est 
recouverte d’une pilosité grisâtre. Le corselet est, chez les deux 
sexes, muni de chaque côté d’un denticule. Les élytres chagrinés 
ou finement ponctués sont sensiblement plus larges que le 
corselet et portent sur leur partie antérieure une dépression 
transversale superficielle. L’ensemble de l’Insecte est d'un brun 
noirâtre avec reflets métalliques alternant avec des taches 
pileuses de forme variable. 

Le Lamia sutor L., sensiblement plus petit, se différencie 


(1) Les dégâts d’Anthaxia quadripunctata L. qui présentent une certaine 
analogie avec ceux de la Callidie seront décrits dans le chapitre du « Sapin ». 


92 INTÉRIEUR DU BOIS 


par l'absence de dépression sur les élytres et par la présence 
d’une ligne médiane lisse sur le corselet. 

On ne sait pas grand’chose sur la biologie de ces ; deux Céram- 
bycides. On admet toutefois qu'ils évoluent en une année. Les 
couloirs que, surtout dans les régions élevées, ils pratiquent 
dans les grands Épicéas en voie de dépérissement, sont du même 
type, mais plus gros que ceux du Callidium luridum L. La Larve 
s’enfonce dans le bois, mais ne creuse pas de galerie en forme de 
crochet. 

Dans le Jura et les Alpes, on remarque à tous moments la pré- 
sence de ces Cérambycides dans les souches en voie de décompo- 
sition. Ils ne causent guère que des ravages secondaires (1). 


Formica ligniperda Latr. Hyméxorr., Formicidæ 


Formica herculeana L. [PI. I, fig. 5] 


Fourmis 


On rencontre plusieurs espèces de Fourmis dans la campagne 
et les bois. Nous ne signalons ici que les deux espèces les plus 
importantes au point de vue de la conservation des forêts. 

On sait que les Fourmis, à l’instar des Abeilles, constituent des 
sociétés dans lesquelles on distingue trois sortes d'individus : les 
femelles, les mâles, tous deux ailés et les ouvrières aptères. Les 
femelles perdent leurs ailes après l’accouplement qui se produit 
dans les airs. 

La principale caractéristique morphologique des Fourmis réside 
dans la forme de l’abdomen qui est ovalaire et rattaché au thorax 
par un pédicule très étroit. Les ailes ne sont pas pliables. Les 
organes génitaux des femelles et des ouvrières débouchent 
dans un aiguillon. 

Les Larves apodes sont composées de onze segments, avec tête 


(1) On trouve également dans les couches cambiales de l'Épicéa des 
couloirs sinueux avec berceaux en forme de crochets entaillés dans le bois. 
Ces dégâts sont causés par les Larves d’un Cérambycide, le Molorchus 
minor L. Son importance forestière est minime. 


ÉPICÉA 93 


fortement chitineuse, privée d’yeux. Dans certains cas, l’Insecte 
tisse avant sa chrysalidation un cocon de soie. 

Les deux espèces forestières se différencient par les caractères 
suivants : le premier segment abdominal de l’ouvrière de la 
Formica herculeana L. porte seul une tache rougeâtre. Longueur : 
15 à 17 millimètres. 


Hg 74. — Poutre d'Épicéa ravagée par la Formica herculeana L. (la péripherie est restée 
indemne), 1/2 gr. nat. (oriq.). 


L'’ouvrière de la Formica ligniperda Latr. mesure de 10 à 
14 millimètres de longueur; elle est noirâtre, avec le funicule, 
les pattes et presque toujours la partie antérieure du premier 
segment abdominal brun-rouge. La femelle, qui mesure de 16 à 
18 millimètres de longueur, est brillante, porte des ailes d’un 
brun jaunâtre avec nervures foncées. 

Ces deux espèces vivent dans les troncs de l'Épicéa, du Sapin 
et d’autres résineux, en choisissant de préférence les arbres dont 
le pied est atteint par la pourriture. Les Fourmis peuvent remon- 
ter à l'intérieur du tronc jusqu à 8 à 10 mètres de hauteur et 


94 INTÉRIEUR DU BOIS 


recherchent le bois sain où elles pratiquent des galeries sinueuses 
généralement de { à 5 centimètres de diamètre. Les plus impor- 
tantes sont celles qui ont une direction verticale et qui sont forées 
dans le bois tendre de la première sève. 

Certains systèmes de ravages présentent parfois des feuillets 
verticaux qui sont constitués par les couches ligneuses d’automne 
que l’Insecte évite de ronger, en raison même de leur dureté. 

Ce sont les Pics qui font généralement découvrir la présence 
des Fourmis à l’intérieur des troncs. Les arbres envahis doivent 
être exploités en même temps que les chablis; mais dans certains 
cas, il peut être indiqué de réserver certains d’entre eux comme 
nichoirs pour les Pics qui sont certainement de bons auxiliaires 
des forestiers (1). 


Sirex gigas L. Hyuénorr., Uroceridæ ou S'ericidæ [PI I, fig. 4] 


Sirex géant 


Longueur : femelle, 24 à 45 millimètres (tarière comprise); 
mâle, 20 à 30 millimètres. Les Sirex ne peuvent être confondus 
avec aucun autre Insecte. Ils doivent être classés parmi les 
Xylophages européens les plus grands. Le principal organe dis- 


(1) Ces Fourmis dévastent parfois les bois ouvragés, spécialement les 
colonnes et poutraisons apparentes des chalets, des bois non immunisés 
par une substance préservatrice. 

Une autre Fourmi se rencontre à chaque pas dans les forêts résineuses, 
c’est la Formica rufa L. qui, à l’aide de détritus ligneux, construit de 
grandes fourmilières au pied des troncs ou dans les anfractuosités de ro- 
chers. Si l’on examine ces détritus, on voit qu'ils sont mélangés à des 
débris d’Insectes de tous genres, recrutés spécialement parmi les espèces 
nuisibles, car les Fourmis se nourrissent, non seulement de végétaux, mais 
aussi de substance animale. 

On sait que, dans certaines régions, on récolte les œufs de Fourmis, qui 
sont à proprement parler des cocons, pour la nourriture des Oiseaux. Cette 
coutume ne devrait pas être tolérée et les sylviculteurs devraient protéger 
cette espèce de Fourmi dont le travail contribue à enrichir le sol d’humus 
et à détruire, en particulier, les Chenilles ravageuses qui sont déchirées et 
sucées. 

Le professeur Auguste Forez a publié des études très complètes sur la 
vie des Fourmis et leurs travaux dans les bois et les champs (7874). 


ÉPICÉA 95 


tinctif est la tarière, qui, chez la femelle, se compose d’une gaine 
protégeant un double stylet extérieurement dentelé et un gor- 
geret qui sert à perforer verticalement dans le bois une galerie 
destinée à recevoir l’œuf. La tête et le thorax sont noirs, les 
antennes filiformes; derrière les yeux, on aperçoit deux taches; 
les a'les et les pattes sont jaunes. Le mâle porte sur les seg- 
ments abdominaux de deux à s:x bandes transversales brun- 
rouge. Le premier segment abdominal est noir. Les segments de la 
femelle sont de couleur brun violet. L’extrémité de l'abdomen est 
en forme de spatule recouvrant la région antérieure de la tarière. 

L’essaimage a lieu en juin, et, après l’accouplement, la femelle 
choisit un,emplacement sur le tronc debout ou abattu, avec ou 
sans écorce, pour y opérer sa ponte. C’est au moyen de la iarière 
que les œufs sont déposés individuellement au fond d’un canal 
du calibre d’une a'guille. La Larve, une fois éclose, creuse un 
couloir sinueux ayant jusqu'à 15 à 20 centimètres de longueur. 
Elle parcourt le bois en abandonnant derrière elle des excréments 
ligneux. Le couloir aboutit au berceau de chrysalide d’où l'In- 
secte s'échappe en forant une galerie spéciale cylindrique et en 
arc de cercle. L’Insecte ailé fore parfois sur une longueur de 8 à 
10 centimètres une galerie taillée dans le bois sain pour gagner le 
dehors par le plus court chemin. FABRE (7891, p. 308) a démon- 
tré pour quelles raisons ce couloir ne pouvait être rectiligne. 

En examinant de l'extérieur les troncs ravagés par les Sirex, 
on remarque des trous de calibres très divers, rappelant ceux 
pratiqués par un autre Xylophage des résineux, le Lymexylon 
dermestoides L.; toutefois, les orifices et couloirs des Sirex sont 
sensiblement plus grands. 

On n’est pas encore exactement fixé sur la durée de l’évolution 
des Sirex. Cependant, on admet que la génération dure au moins 
deux ans. 

L’Insecte attaque de préférence des arbres anémiés ou dont 
la partie inférieure du tronc a é‘é blessée, jamais des résineux 
dont le bois est pourri. Les Sirex recherchent aussi souvent des 
charpentes ou des poutres équarries parfaitement saines ou 
abattues à la sève. 


96 INTÉRIEUR DU BOIS 


Il n’est pas rare qu'on introduise inconsciemment, dans les 
bois employés à la construction, des œufs de Sirex. Dans ce cas, 
le travail de forage des Larves se poursuit ‘en sourdine dans les 


Fig. 79. — Ravages du Sirez g gas L. dans un tronc d'Épicéa. L’Insecte est représenté sous ses 
trois formes, 2/3 qr. nat. oriq.). 


charpentes et poutraisons. On ne s'aperçoit du désastre que 
lorsque la substance ligneuse est en partie désagrégée et qu’elle 
laisse échapper des Insectes ailés. 

Le Sirex gigas L. s'attaque également au Sapin et au Pin. 


Moyens préventifs. — Éviter d'abattre des bois au moment de 


ÉPICÉA 97 


la période de végétation. Surveiller les chantiers où l’on remarque 
des vols de Sirex, et, surtout dans les constructions, immuniser 
les charpentes et poutraisons au moyen de liquides insecticides. 

Il n’est pas toujours facile de vérifier si les bois équarris 
renferment des œufs, ces derniers étant de même couleur que la 
matière ligneuse. 


Moyens répressifs. — Dans les coupes dont les souches sont 
criblées de trous forés par les Sirex, 1l peut être indiqué de détruire 
ces cachettes renfermant des Larves. 


Sirex spectrum L. Hyuéxorr., Urocerideæ 


Sirex spectre 


Longueur, femelle : 37 à 45 millimètres (tarière comprise); 
mâle : 16 à 25 millimètres. Le Sirex spectrum L. est d'apparence 
«noirâtre. Il y a peu de différences extérieures entre les deux 


Fig. 76. — Deux Insectes femelles du Sirez spectrum L. occupés à pondre sur un tronc d’Epicéa. 


A gauche 9 se dressant sur ses pattes et commençant la perforation, la gaine étant relevée et 
à 7 5 arquée ; à dr. $ achevant la ponte, la tarière est complètement enfoncée dans le bois 
oriq.). 


sexes, sauf la longueur du corps et l’absence de tarière chez le 
mâle. La forme générale est très allongée, sensiblement plus mince 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE T 


98 INTÉRIEUR DU BOIS 


que celle de l’espèce précédente. Toutefois, chez la femelle, dont 
la tarière est très allongée, les hanches sont foncées. 

La ponte dure quelques minutes à peine. Chaque fois que la 
femelle va déposer un œuf, elle perce un nouveau trou en enfon- 
cant généralement perpendiculairement son stylet dont toute 
la longueur pénètre dans le bois. Pour effectuer cette opération, 
le Sirex spectrum L. s'élève sur les jambes et incline sa tête en 
bas (fig. 76). 

Cette espèce vit généralement sur le Sapin; de même que la sui- 
vante, elle est moins répandue dans les forêts résineuses que le 


Sirex gigas L. 


Sirex juvencus L. Hyménorr., L'roceridæ 
Sirex commun [PI IE, fiq. 4, 7] 


Lengueur, femelle : 15 à 35 millimètres (tarière comprise); 
mâle : 12 à 29 millimètres. L’Insecte présente dans les deux sexes 
une couleur métallique d'un bleu foncé. La femelle a les trois 
paires de pattes jaune-rougeâtre à parür du fémur. La tarière 
est moins longue que celle du Sirex géant. Le mâle a les pattes 
postérieures brun-rouge, à l'exception des fémurs et des tarses 
qui sont d’un bleu foncé métallique. 

Cet Insecte vit également sur l’Épicéa, mais on le rencontre 
le plus souvent dans les Pins. Ajoutons que nous l'avons vu sortir 
d’un parquet de Chêne, mais il est possible qu'il soit éclos dans 
la lambourde d’Épicéa sur laquelle reposait le parquet. 

Les ouvriers forestiers sont souvent effrayés à la vue des Sirex 
volants, qu'ils prennent volontiers pour des Frelons, n’envisa- 
geant que leur couleur et regardant la tarière des femelles comme 
un dard venimeux. 


Anobium domesticum Fourc. Coréopr., Anobudeæ 


Vrillette domestique 


Les Vrnilleties sont des Xylophages proprement dits, soit 
des Coléoptères qui, à l'instar des Bostryches, pénètrent dans le 


ÉPICÉA 99 


bois pour y opérer leur ponte. Ces Insectes, de petite dimension, 
sont de couleur foncée sans aucune tache apparente. Leur tête 
est cachée sous le corselet. Les tarses portent cinq articles et les 
antennes, qui en comptent onze, ont un funicule sans massue. 
Une fine ponctuation orne les élytres. Le corps des Larves est 


Fig. 77. — Poutre d’Épicéa ravagée par l’Anobium domesticum Fourc., 1/1 gr. nat. 
(orig. coll. Pauly, Munich). 


épais, avec renflements transversaux sur les segments. La tête, 
fortement chitineuse, est beaucoup plus étroite que les anneaux 
thoraciques. Les pattes sont bien développées et pileuses. 

Les Vrillettes sont avant tout, des ravageurs de bois ouvragés, 
soit meubles, charpentes ou poutraisons. On appelle communé- 
ment « vermoulure » la poussière qui s'échappe des objets qu'ils 
ont envahis. Ces Insectes ont ceci de particulier, c'est qu'ils se 


100 INTÉRIEUR DU BOIS 


plaisent à évoluer dans les bois absolument desséchés. Le mou- 
vement de sève leur est contraire; ils sont à redouter dans toutes 
les constructions et plus particulièrement dans les bois résineux 
(Sapin et Épicéa). 

L’Anobium domesticum Fourc. mesure de 3 à 4,5 millimètres 
de longueur; 1l est noirâtre. Le corselet porte à sa partie anté- 
rieure un petit tubercule tronqué dont les faces latérales sont 
aplaties; une dépression se trouve de chaque côté de ce tubercule. 
Les élytres sont finement striés, ponctués et convexes à leur extré- 
mité. 

On ne sait pas grand’chose sur l’évolution de ces Insectes, 
mais 1l est certain qu'ils essaiment en juillet et en août. 

D'une manière générale, les Vrillettes, comme nous l’avons dit, 
s’attaquent aux bois ouvragés, recherchant les couches extérieures 
tendres dont les sucs sont plus abondants que dans celles du cen- 
tre. C’est surtout l’amidon de l’aubier quitente ces Xylophages. 
On les remarque dans les meubles et boiseries de Chêne et de 
Noyer dans lesquels leurs ravages s'arrêtent souvent à la limite 
du bois de cœur. 

La Larve de l’Anobium domesticum Fourc. creuse des couloirs 
dans tous les sens, respectant la surface des objets où l’on 
n’aperçoit guère que les orifices de sortie des Insectes parfaits. 
Lorsque les ravages sont intenses, le bois tombe en poussière 
et devient « vermoulu ». 


Anobium molle L. Coréopr., Anobiidæ 


Vrillette molle 


Longueur : 5 millimètres. De couleur brun rouge, oblong, 
recouvert d’une pilosité grisâtre, très fine. Corselet plus large 
que long, de même largeur que la base des élytres. 

Les ravages de cette espèce rappellent beaucoup ceux causés 
par la précédente. 


Moyens préventifs. — Éviter d'employer, pour la construction 


ÉPICÉA | 101 


des maisons et des meubles, des bois abattus à la sève ou insuf- 
fisamment desséchés. Les poutraisons, charpentes et parties 
cachées des boiseries et des planchers, ainsi que tous les bois 
employés en plein air devraient être badigeonnés avec des 
liquides insecticides, comme le préconise le professeur HENRY 
(1909). 


Moyens répressifs. — Dans les endroits où ‘il est facile de 
surveiller le travail des Insectes parfaits, grâce à la sciure rejetée 
au dehors, on peut faire pénétrer dans les systèmes en activité 
des solutions de 5 grammes de sublimé dans un demi-litre d'alcool 
ou de chlorure de zinc. De cette façon, on détruira une certaine 
quantité de Larves et d’Insectes opérant dans les couches exté- 
rieures. 


RAMEAUX 
Magdalis violacea L. Coréopr., Curculionidæ (1) 


Longueur : 3,5 à 4,8 millimètres. Couleur générale bleuâtre, 
veux aplatis, rostre à peine recourbé. Les élytres sont striés, 
ponctués avec des interstries deux fois plus larges et ornées 
d’une ligne pointllée prononcée. Fémur des pattes antérieures 
muni d'un fort crochet. 

L'évolution de ce Charançon dure une année. La femelle 
pond généralement en mai (en juin dans les régions élevées), 
dans les branches et rameaux des Épicéas en voie de dépérisse- 
ment et, le plus souvent, dans les branches ou perches gisant à 
terre ou employées pour des clôtures. De toute façon, cet Insecte 
exige pour sa ponte des bois non écorcés. 

La Larve fouille en tous sens le Liber de l'écorce ainsi que l’au- 
bier pour y pratiquer les berceaux de chrysalide en forme d’é- 
cuelle. Souvent la chrysalidation se produit dans la moelle. 

Le Magdalis violacea L. peut parfois infester les rameaux 


(1) Vivent également sur l’Épicéa les deux espèces voisines: Magdalis 
phlegmatica Hbst. et M. duplicata Germ. 


102 RAMEAUX 


sains. On le trouve également sur d’autres résineux, en particulier 
sur les Pins. Ses ravages sont d'ordre secondaire et sa biologie 
nécessite une étude plus approfondie. 


Chermes abietis Kitb. Ruyxcuotes, Phylloxeride 


Chermes de lEpicéa 


Les Chermes doivent être rangés parmi les Insectes qui se 
reproduisent par parthénogenèse cyclique ou hétéroparthéno- 
genèse, phénomène que nous avons exposé dans la « Partie z00- 
logique ». L'évolution des Chermes est aussi curieuse que compli- 
quée et ressemble à celle du Phylloxéra de la vigne. Nous ne 
pouvons entrer ici dans les détails biologiques sans sortir des 
limites que nous nous sommes imposées. On trouvera dans 
HExNEGuY (1904, p. 241 à 245), Junercx et NirscEe (1895, 
p. 1121 à 1240), et Nusszin (1905, p. 415 à 429) une description 
détaillée de ces Insectes et de leur développement. 

C'est à CHozonkowsKY (2896) que nous devons les plus impor- 
tantes études sur les Chermes. D'après cet auteur, presque 
toutes les espèces de Chermes ont un cycle reproducteur de deux 
ans et comptent au maximum six formes d'individus, souvent 
avec migrations sur des Conifères différents. 

On distingue chez le Chermes abietis Kitb. : a) fondatrices 
femelles vraies; b) émigrantes ailées; c) émigrées ; d) exilées 
sexupares; e) Sexués. 

Cet Insecte évolue en une année et sans migration. Il ne revêt 
que cinq formes. On observe dans ce cas deux générations par- 
thénogenétiques, l’une sans ailes qui hiverne et l’autre ailée qui 
se développe durant la saison estivale. 

La forme ailée porte des antennes à cinq articles et deux paires 
d’ailes transparentes. Elle mesure de 2 à 2,4 millimètres. Les ailes 
antérieures déployées peuvent compter 3 millimètres. Le corps 
est vert jaunâtre, la tête noirâtre. La forme aptère, hivernante, 
porte sur le dos six lignes longitudinales de plaques glandulaires. 
Au printemps, cette forme est d'apparence verdâtre et foncée, 
entourée d'un duvet laineux. 


ÉPICÉA 103 


L’Insecte aptère se fixe en automne à la base d’un bourgeon 
prêt à se développer l’année suivante. Au moment de la sève 
ascendante, l'animal subit plusieurs mues et devient le fonda- 
teur dont les piqüres à la base de la pousse annuelle provoquent 


Fig 78. — Rameau d’Épicéa ravagé par le Chermes abietis Kitb. a, coupe à travers la galle 
montrant les niches des larves, 1/2 gr. nat. (orig.). 


la formation des galles en forme d’ananas si fréquentes dans les 
plantations d'Épicéas de la plaine et de la haute montagne. 

Tout forestier connaît les ravages causés par les Chermes; 
ils déforment les Épicéas de deux à vingt ans. Il ne faut toutefois 
pas assimiler ces ravages à ceux des Papillons et des Xylophages, 
car rarement on constate le dépérissement de la plante, mais, 
bien plutôt, seulement une déformation ou le desséchement 
de certains rameaux latéraux, ou moins souvent encore de la 
flèche. 

En pratique, on ne peut songer à détruire les Chermes qui 


104 RAMEAUX 


sont considérés à tort comme des ennemis redoutables des 
jeunes Épicéas naturels ou issus de plantations. A partir du 


Fig. 79. — Plant d'Épicéa âgé de 18 ans ravagé et déformé par le Chermes abiüetis Kltb., env. 
1/10 gr. nat. (orig.) 


moment où les Épicéas atteignent la dimension de perchis, 
l'influence de ces Insectes est à peu près nulle. 


ÉPICÉA 105 


Chermes strobilobius Kiltb. Ruyncnotes, Phylloxerideæ 


Cet Insecte se différencie du précédent sous le rapport de son 
évolution. En effet, il vit en parasite, non seulement sur l’Épicéa, 
mais encore sur le Mélèze. Après avoir subi quatre mues, les 
Chermes, issus des galles, deviennent aïlés et émigrent sur un 
arbre d’une autre essence, chez nous sur le Mélèze, en Russie 
sur les Pins; c’est la forme des « émigrées » dont nous avons parlé 
plus haut. 

Les galles provoquées par la succion du Chermes strobilobius 


Fig. So. — Chermes strobilobius Kltb. sur rameau d’Epicéa, env. 3/4 gr. nat. (orig.). 


Kltb. sont plus petites et plus globuleuses que celles du Chermes 
abietis Kitb. Les femelles ailées déposent leurs œufs au printemps 
sur les aiguilles du Mélèze. De ces œufs, sortent en automne des 
Larves jaunâtres qui ne sucent que pendant peu de temps les 
aiguilles et hivernent, cachées dans les anfractuosités de l'écorce. 
Au printemps suivant, ces Larves se transforment en femelles 
aptères capables de pondre. Après cette troisième mue, les 
Insectes se divisent en deux groupes : l’un demeure sur le Mé- 


106 BOURGEONS 


lèze, produisant plusieurs générations parthénogenétiques qui 
finissent par dégénérer. Les individus de l’autre groupe, après 
avoir subi une mue, acquièrent des ailes et retournent à l'Épicéa. 
Ils deviennent sexupares en mai ou juin et pondent quelques 
œufs dans les aiguilles des bourgeons en formation. Deux ou trois 
semaines après, les Insectes de la cinquième génération éclosent 
et sucent les aiguilles en provoquant des taches à leur surface. 
La quatrième mue se produit après trois ou quatre semaines 
et les jeunes se transforment en sexués privés d'ailes. L’accouple- 
ment suit, puis il est pondu un seul œuf qui donne naissance à la 
fondatrice (HENNEGUY, 1904, p. 243). 

Dans le Jura, cet Insecte est beaucoup moins commun que 
le précédent. Toutefois, dans certaines parties de la France, le cas 
inverse est plus fréquent. 

Si dans les parcs, cultures, établissements arboricoles, pépi- 
nières, 1l peut être indiqué d’asperger les arbres contaminés au 
moyen d'un liquide insecticide, cette opération ne peut être 
entreprise dans les forêts d’une certaine importance (1). 


BOURGEONS 


Tortrix pactolana 211. Lépioopr., Tortricidæ 


Pyrale des verticilles [PL E, fig. 9] 


Envergure : 12 à 14 millimètres; Chenille, longueur : 9 à 
11 millimètres. Le Papillon est d'apparence grisâtre. Les ailes 
antérieures sont d’un vert olivâtre avec une double ligne mé- 
diane brisée, de couleur blanchâtre, formant une pointe dirigée 
vers la bordure. 


(1) Nous signalons encore parmi les ravageurs des rameaux de l’Épicéa 
un Rhynchote de la famille des Coccides, le Lecanium hemicryphum Dalm. 
qui apparaît dans les cultures et provoque la formation de petites boules 
fendues ayant la forme de grains de café et insérées à la base des verticilles. 
Cet Insecte est beaucoup moins répandu que les Chermes et ses ravages sont 
peu appréciables. 


ÉPICÉA 107 


La Chenille est jaune pâle; sa tête ainsi que l’écusson sont d’un 
brun clair. 

L'évolution de ce Papillon est indiquée par le graphique ei- 
après. En juin, la femelle dépose ses œufs dans les minuscules 
anfractuosités de l’écorce, à la base des verticilles. 
Les jeunes Chenilles pénètrent sous l'écorce où 
elles pratiquent de très courts couloirs irréguliers 
qu'elles garnissent d’un duvet soyeux. Peu detemps || Mars. . 
après la perforation des couches corticales, on re- || avr. . 
marque des amoncellements de sciure brunâtre | 
formant des grumeaux souvent amalgamés par des 
gouttes de résine qui s'échappe de l’orifice d’entrée. 

La chrysalidation se produit à cet endroit et le 
Papillon quitte le cocon, tandis que ce dernier reste 
pris dans la sciure résineuse. Sept . . 

La période de ravages se poursuit jusqu'aux 
premiers froids de l’arrière-automne et peut re- 
commencer parfois déjà en mars si la température 
est élevée. 


Juin . 


. 1 
ae 1 
I 
I 
I 

sen 
3 . 


Je 


Août . . 


-|-l- 1-1.) 


Ce sont les Épicéas âgés de dix à treize ans que ce Papillon 
recherche. On remarque que, sur les jeunes arbres dont les ra- 
meaux supérieurs et la flèche sont encore trop minces, les ravages 
apparaissent le long de la tige à partir du quatrième ou cinquième 
verticille, par la simple raison que l'écorce doit avoir une certaine 
épaisseur pour permettre à la Chenille de construire un système 
de couloirs. Toutefois, les Papillons évitent d'attaquer les Épi- 
céas âgés, revêtus d’une écorce épaisse. 

On comprend facilement quelle est la conséquence de ces 
meurtrissures qui intéressent spécialement la tige des jeunes 
arbres. La sève et la résine s’écoulent avec d’autant plus de rapi- 
dité que l’Insecte aura fouillé une plus grande surface du pour- 
tour de la tige. 

Si la Pyrale des verticilles peut parfois provoquer, surtout 
après les années de sécheresse, le dépérissement des Épicéas, 
ses ravages peuvent également favoriser l'invasion d’autres 
Xylophages ou même de Champignons. 


108 BOURGEONS 


Exceptionnellement, la Tortrix pactolana ZI]. s'attaque au 
Sapin et au Genévrier. 


Fig. 81. — Verticille d'Épicéa attaqué par la Tortriæ pactolana ZI. 
a, Chrysalides retenues dans les amoncellements de sciure brune, env.3// gr. nat. (orig. 
coll. Standfuss, Zurich). 


Moyens préventifs. — Comme nous avons affaire ici, avant 
tout, à un ennemi de l’Épicéa, il faut éviter ses déprédations dans 
les grands chantiers de reboisement et associer d’autres essences 
à l’Épicéa. C’est, du reste, le meilleur moyen de circonscrire, 
d’une manière générale, les ravages de tous les Insectes. 


Moyens répressifs. — Lorsque les foyers d'infection sont peu 


ÉPICÉA 109 
étendus et n'’affectent que des arbres de petite dimension, on 
peut traiter les plaies à l’aide du goudron ou du coaltar. Il est 


aussi indiqué d’abattre et brûler les tiges dont le dépérissement 
est trop avancé. 


Tortrix duplicana Z1l. Lépinopr., Tortricidæ 


Envergure : 15 à 16 millimètres. Ressemble beaucoup au pré- 
cédent. Toutefois, les ailes antérieures sont plus brunâtres et 
la tache claire qui les orne est interrompue par le champ foncé. 

D'après FREY (1880), ce Microlépidoptère se rencontrerait 
dans les Alpes jusqu’à 1.800 mètres d’altitude. 

Sa biologie et ses ravages sont à peu près semblables à ceux 
de la Tortrix pactolana ZI, avec laquelle on l’a longtemps 
confondue (1). 


FPEUNÈLES 


Liparis monacha L. Lépinorr., Ziparidæ 


(Ocneria monacha Hbn., Psilura monacha Stph., Lymantria 
monacha L.) [PI. I, fig. 10, 10 a, 10 b] 


Nonne ou Bombyce moine. 


Nous parlerons ici, à propos de l’Épicéa, du plus dangereux 
ravageur des futaies résineuses, la Nonne, bien que celle-ci soit 
excessivement polyphage et s'attaque à presque toutes les 
essences forestières sociales. Il n’en est pas moins vrai que ce 
sont les forêts pures d'Épicéas de l’Allemagne et de l’Autriche 


(1) Un Insecte de la famille des Élatérides (Coléopt.) ravage l’épiderme 
des bourgeons de l’Épicéa, c’est l’Elater tesselatus L., qui, sous la forme de 
Larve, provoque le dépérissement des pousses au moment de leur dévelop- 
pement. Ce ravageur est rare. 


110 FEUILLES 


qui ont été le plus sérieusement dévastées durant le siècle der- 
nier. 

Les pessières pures de France et de Suisse, recouvrant une 
surface boisée beaucoup moins vaste, restreigrent le champ 
d'activité de la Nonne; aussi, ces pays n’ont pas eu Jusqu'ici 
à déplorer des ravages d’une importance et d’une gravité 
comparables à ceux des régions germaniques où la régénération 
artificielle entreprise presque exclusivement à l’aide de l’Épicéa, 
demeure toujours en faveur. 

En Belgique (Dusots, 1907, p. 149, 489, 579; DRuMAUX et DE 
M., 1908, p. 251, 500, 555, 617, 679), la Nonne a fait plusieurs 
fois son apparition, notamment dans la Campine où des me- 
sures énergiques prises dès le début ont entravé son extension, 
non sans avoir exigé des sacrifices importants de la part des 
propriétaires de forêts envahies. 

Si la Nonne n'est pas un spectre menaçant pour les forêts 
françaises et suisses, 1l n’en est pas moins vrai que les reboise- 
ments artificiels de résineux qui, dans certaines régions, ont pris 
une très grande importance, peuvent offrir dans un laps de temps 
plus ou moins lointain un sérieux appât à ce Papillon. C’est pour- 
quoi nous jugeons opportun d'entrer ici dans certains détails 
concernant la lutte à entreprendre contre ce redoutable ravageur. 

Longueur du Papillon étalé, mâle : 33 à 45 millimètres; fe- 
melle : 40 à 55 millimètres; Chenille, au moment de la sortie de 
l'œuf : 5 millimètres; après la quatrième mue : 50 millimètres. 

Le Papillon a les ailes antérieures d’un blanc crayeux avec des 
lignes en zig-zag noirâtres. Les ailes postérieures sont grises. 
L’abdomen est rétréci chez le mâle, 1l porte à son extrémité un 
pinceau élargi. Sur la face dorsale de l’abdomen, on remarque 
une série de taches noirâtres se détachant sur un fond de couleur 
rosée devenant plus intense vers l'extrémité, surtout chez la 
femelle. Cette dernière porte, en outre, un oviscapte proéminent. 
Les anneaux abdominaux sont dans les deux sexes frangés d’une 
bordure foncée. Les antennes du mâle, comme celles de la plupart 
des Macrolépidoptères, sont allongées, pectinées et de couleur 
grisâtre. 


ÉPICÉA LL 


La couleur de la Chenille et du Papillon varie suivant l’âge et 
l’alimentation. Au moment de la sortie de l’œuf, la Larve est de 
couleur noirâtre; cette pigmentation est concentrée sur six ma- 
melons pileux. Plus tard, cette Larve prend, le plus souvent, une 


Fig. 82. — Aspert d’une futaie d'Épicéas ravagée par la Nonne (Liparis monacha L.) au moment 
d'an second vol des Papillons. Les arbres sont complètement depouillés de leurs aiguilles. 
Forêt d'Ebersberg, Bavière, juillet 1891 (orig. cliché de Tubeuf). 


apparence jaunâtre ou brunâtre avec la tête de teinte claire, 
souvent bleuâtre ou verdâtre. Une tache foncée recouvre le 
deuxième anneau et se poursuit sur les quatrième, cinquième, 
sixième et septième anneaux; elle s'étale en élargissements 
latéraux. Le huitième anneau présente une interruption de ce 
chaînon foncé et un élargissement de teinte claire avec deux 
points foncés. Les anneaux 9 et 10, de couleur également som- 


142 FEUILLES 


bre, portent chacun au milieu de leur surface un point rouge. 
Ce dernier caractère est un des meilleurs critères pour la déter- 
mination de l’espèce. 

On a remarqué que les forêts feuillues nourrissaient des Che- 
nilles claires, tandis que les résineuses hébergeaient plutôt des 
foncées. 

La Chrysalide est bronzée, brillante, revêtue de touffes de 
poils rougeâtres. Elle est entourée d’un filet soyeux très peu 
serré qui lui permet de s’accrocher en particulier aux anfrac- 
tuosités de l'écorce. 

D’après METzGER (1895), on distingue deux espèces de Che- 
nilles dès la Nonne; celle qui a quatre mues et celle qui en a 
cinq. Cette dernière devient plus grosse et la chrysalidation se 
produit plus tard que chez la première. 

Les œufs mesurent environ 1 millimètre d'épaisseur et sont, 
au moment de la ponte, de couleur lilas clair; ils deviennent 
ensuite brun clair, puis, avant l’éclosion, prennent des reflets 
nacrés. 

L'évolution de la Nonne a lieu suivant le gra- 
phique ci-joint; donc dans l’espace d’une année, 
avec hivernement à l’état d'œuf. 

Peu d’Insectes ont suscité autant que la Nonne 
de discussions et de publications dans le monde des 
sylviculteurs et des entomologistes forestiers alle- 
mands. Voici plus d’un siècle qu’on cherche à en- 
traver et à circonscrire ses ravages, mais il faut 
reconnaître qu'actuellement, malgré des efforts 


Mars 


Avril. . 


More 


JUNE 


AH I CRE 


Août . . 


considérables, le danger est toujours aussi grand 
et ce Papillon demeure le fléau menaçant des fu- 


Sept me 


Octobre. taies résineuses de plaine. 
L’essaimement a lieu en juillet, de préférence 


la nuit et au bord des massifs à la lisière des 


clairières. Durant les nuits claires, on remarque 
que les Papillons sont très mobiles et capables de se transporter 
à de grandes distances. En 1891, par exemple, ils ont traversé 
le lac de Constance. Les lumières les attirent et dans les villes 


ÉPICÉA | 115 
avoisinant les forêts contaminées, on a remarqué que les Papil- 


lons essaimaient en grand nombre autour des réverbères. 
L’accouplement a lieu d’une façon assez curieuse et toujours 


Fig. 53. — Papillons de la Nonne sur un tronc d’Épicéa avant la ponte (orig. cliché de Tubeuf) 


au repos, le mâle ayant les ailes pliées en triangle, la tête en bas, 
la femelle dans la même position, mais la tête dirigée vers la 
cime de l’arbre. Dans certains cas, on trouve des Papillons accou- 
plés sur des troncs abattus ou fixés sur d’autres objets, surtout si 
l'invasion est intense. 

La femelle pond 20 à 100 œufs dans un espace très réduit, en 
prenant comme abri les écailles de l’écorce des résineux ou des 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 8 


114 FEUILLES 


lichens des arbres à écorce lisse. La ponte peut s'étendre sur 
toute la longueur du tronc. Au milieu d’avril, les jeunes Larves 
éclosent et- demeurent quelques jours réunies en « miroirs » sur 
un espace de quelques centimètres carrés. Elles forment des mi- 
roirs semblables pour effectuer chacune de leurs mues. 


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Fig. 84. — Chenilles adultes de la Nonne descendant de la cime et arrêtées 
par l'anneau de glu (orig. cliché de Tubeuf). 


Dès leur éclosion, les jeunes Chenilles tissent des fils de soie 
qui leur permettent de grimper le Tong des troncs lisses, du 
Hêtre par exemple, ou de confectionner des voiles qui leur faci- 
litent le passage d’un arbre à l’autre ou les engagent à franchir 
des obstacles de toute nature. Le moindre mouvement se pro- 
duisant dans le voisinage de l’arbre ou une commotion dans 
l’air remplissent la Chenille de crainte et l’engagent à gagner 
rapidement le sol au moyen du fil de so'e. L'animal retourne 


ÉPICÉA 115 


ensuite dans la cime en suivant le tronc. À mesure qu’elle gros- 
sit, la Chenille renonce à tisser des fils qui ne la soutiendraient 
plus et ses migrations se produisent par simple adhérence contre 
le tronc. C’est surtout pendant la nuit que les Larves rongent les 
aiguilles et les feuilles. Le matin, avant le jour, elles redes- 
cendent se reposer au bas du tronc ou souvent dans la mousse. 
Si les troncs sont munis d’un anneau de glu, comme nous le 
verrons plus loin, les Chenilles s’amoncellent au-dessus de cet 
obstacle où certains parasites peuvent les décimer (fig. 84). On 
constate que, au moins une fois durant leur existence de neuf 
à dix semaines, les. Chenilles descendent à terre surtout pour 
chercher de nouveaux arbres à dépouiller ou par la crainte d’un 
danger. C’est en raison de cette mobilité et de cette migration 
que l’on a imaginé de rendre les cimes des arbres plus ou moins 
inaccessibles en entourant le tronc d’un anneau glutineux fai- 
sant fonction de piège. 

La seconde métamorphose, se produisant en juillet, dure 
deux à trois semaines. Elle a lieu dans les anfractuosités de l’é- 
corce, les cocons étant fixés au moyen de fils aux lichens ou à la 
mousse. Lors de fortes invasions, on aperçoit des chainons de 
cocons pendant aux branches ou aux arbrisseaux. 

La Nonne qui, comme nous l’avons dit plus haut, est un des 
ravageurs les plus polyphages de nos forêts, vit à l’état plus 
ou moins endémique de Suède en Corse. Elle affectionne plus 
particulièrement la plaine et ses peuplements forestiers rési- 
neux ou mélangés de feuillus. Elle peut exceptionnellement 
monter Jusqu'à 1.400 mètres dans les Alpes. Toutefois, au-dessus 
de 1.000 mètres, on estime que ses atteintes ne présentent plus le 
caractère d’invasions. 

Comme la Nonne, sous sa forme la plus dangereuse, opère 
ses dégâts précisément au moment où la végétation commence, 
les déprédations sont d’autant plus graves que la Chenille ab- 
sorbe une grande quantité de nourriture tendre pour son alimen- 
tation. Toutefois, la façon de ronger varie suivant les essences; 
ainsi, sur l’Épicéa, le jeune animal entame les bourgeons et les 
pousses qui s’épanouissent, tandis que, après la deuxième mue, 


116 FEUILLES 


elle se jette sur les aiguilles de l’année précédente et les dévore, 
en allant de la pointe à la base. Sur les Pins, par contre, c’est 
l'inverse qui se produit ; les Chenilles, une fois écloses, s’attaquent 
aux anciennes aiguilles en commençant par la base. Les Larves 
adultes coupent par la moitié les aiguilles des Pins, laissant 
tomber à terre la pointe et mangeant le solde jusqu’à sa gaine. 


Fig. 85. — Peuplement d'Épicéas infesté par la Nonne. Les arbres sont munis d’un anneau de glu 
au-dessous duquel les Chenilles se sont amoncelées. Forêt d’Ebersberg, Bavière, juin 1891 
(orig. cliché de Tubeuf). 


Les dégâts sur les essences feuillues varient suivant que les 
feuilles sont sessiles ou non. En général, les jeunes Chenilles 
rongent en premier lieu les bourgeons; puis elles percent les 
feuilles en évitant de toucher aux nervures. Dans d’autres cas, 
en particulier sur le Hêtre, la feuille rongée prend l’aspect d’une 
ancre, la nervure centrale étant épargnée. 

Lors des invasions normales et peu intenses, c’est la partie 
inférieure de la frondaison qui est atteinte en premier lieu, par 


ÉPICÉA 117 


le fait que la ponte a lieu surtout dans le bas du tronc. Lorsque 
les ravages revêtent un caractère aigu, toute la cime est envahie 
par les Chenilles. 

Dans le cas qui nous occupe, on peut faire la même remarque 
propre aux ravages causés par la majorité des Lépidoptères 
vivant en parasites sur les arbres forestiers, c’est qu'une très 
forte proportion de l’appareil foliacé tombant à terre est gaspillée 
sans aucun avantage pour les Chenilles. 


Fig. 86. — Aspect d’une coupe rase dans une futaie d’Épicéas pure après une invasion intense de 
a Nonne. Les boïs ont été exploités et écorcés afin de prévenir une invasion de Bostryches. 
Forêt d’Ebersberg, Bavière, juin 1891 (orig. cliché de Tubeuf). 


D'une façon générale, on peut admettre que la Nonne ne cause 
pas la mort des feuillus et du Mélèze, tant que ces arbres ont 
acquis une certaine dimension, mais provoquent seulement une 
perte d’accroissement et de semence. 

Il n’en est pas de même pour l’Épicéa et les Pins qui, après 
un dépouillement complet de la frondaison, sèchent l’automne 
suivant ou au plus tard au printemps. Parfois, on remarque au 
moment de la sève d’août la formation de bourgeons proventifs 
qui s’épanouissen‘, mais ils ne tardent pas à leur tour à périr. 


118 FEUILLES 


Jusqu'ici on ne peut pas encore juger de quelle façon se com- 
porte le Sapin, car les forêts envahies comptaient peu d’arbres 
de cette essence. 

L'Épicéa a plus à souffrir des atteintes de ce Papillon que les 
Pins, en raison même de la forme conique de sa cime dont les 
branches inférieures gardent plus longtemps leur vitalité que 
celles des Pins. Les Chenilles, qui remontent le tronc de l’Épicéa, 
trouvent donc à proximité immédiate du sol de quoi satisfaire 
leur voracité. Il est évident que, dans les jeunes peuplements 
de Pins, à l’état de perchis par exemple, la Nonne peut, après 
avoir rongé les frondaisons d’une façon intensive, provoquer la 
mort des arbres attaqués. 

Voilà plus de cent vingt ans que les forestiers européens s’oc- 
cupent de ce fléau particulièrement redoutable en Allemagne, 
en Russie, en Autriche et dernièrement en Suède (1898-1901). 
L'homme, malgré tous ses efforts, n’est pas encore arrivé à anéan- 
tir une invasion. Seules, certaines mesures, prises à temps, peu- 
vent circonscrire les ravages et diminuer leur intensité. Nous nous 
bornerons ici à indiquer très brièvement les principales règles 
à suivre, en renvoyant le lecteur, pour des détails complémen- 
taires, aux ouvrages d’entomologie que nous avons déjà cités, en 
particulier, Jupeicx et Nirscne (1895, p. 803-865). 


Moyens préventifs. — 1. Constitution de massifs d’essences 
mélangées en opposition aux peuplements étendus et équiens 
d'Épicéas à l’état pur. 

2. Éclaircies entreprises à temps dans le but de donner très 
tôt de la vitalité à toutes les tiges d'avenir. 

3. Inspections minutieuses et répétées à parür du mois d'avril 
des forêts où l’on a, l’été précédent, remarqué des Papillons de la 
Nonne. 

4. Protection des Oiseaux inseciivores, en particulier des Pics, 
des Étourneaux et des Chouettes. 


Moyens répressifs. — Ils sont nombreux et très variés. C’est 
bien lorsque la Nonne est sous la forme de Chenille adulte qu’on 


ÉPICÉA 119 


peut le mieux lui tendre des pièges et provoquer sa destruc- 
tion. 

1. Les œufs et les « miroirs » de jeunes Chenilles doivent être 
brossés et écrasés au début de l’invasion si la ponte est localisée 
sur un nombre restreint d'arbres qu'on abat durant le mois 
d'avril. 

2. Pendant l’essaimement, on peut déposer en forêt des écrans 
glutineux qu'on éclaire la nuit au moyen de torches et de 
flambeaux, alors que les Papillons opèrent leur vol. C’est une 
façon de capturer un grand nombre de ces Lépidoptères. 

3. Au début de l'invasion, circonscrire au printemps les mas- 
sifs contaminés en creusant tout autour un fossé dont la paroi 
extérieure doit être verticale et mesurer de 40 à 50 centimètres 
de hauteur. Les abords de ces fossés doivent être débarrassés 
de toute la couverture du sol et du sous-bois, car la Chenille se 
jette au besoin sur les arbrisseaux et les plantes parasitaires. 
C'est dans ces fossés qu’on doit concentrer la destruction des 
Chenilles qui cherchent à envahir les peuplements voisins encore 
indemnes. Sur le bord extérieur de ces fossés, on dispose des 
perches qu’on recouvre d’une couche de glu (« Raupenleim » des 
Allemands) qui constitue le piège permettant de retenir les 
Chenilles prisonnières. On peut alors les affamer, les anémier, 
ou bien le personnel les écrase et les détruit en les aspergeant 
d'un insecticide. 

4. A la périphérie de ces zones isolées où la lutte est entre- 
prise d’une façon intensive, on doit, sur une largeur de 50 à 
70 mètres, revêtir d’un anneau de glu tous les arbres de la forêt. 
On contrôle par ce moyen l'invasion d’un massif encore indemne 
et, éventuellement, on entrave la marche ascendante de la Che- 
nille dans la cime des arbres limitant la zone contaminée. 

Le « Raupenleim » se répand au moyen d’une spatule ou d’un 
instrument ad hoc, à hauteur de poitrine sur le pourtour du tronc. 
L’anneau doit avoir environ 3 centimètres de largeur et 3 à 
5 millimètres d'épaisseur. On compte en moyenne de 30 à 100 ki- 
los de glu pour traiter un hectare de pessière dont les troncs ont 
leur partie inférieure dépouillée de branches. Un fût de 100 kilos 


120 FEUILLES 


de cette substance coûte de 15 à 20 francs. L'opération peut être 
entreprise en avril ou en mai au plus tard et, suivant les cas, 
il est nécessaire de la renouveler l’année suivante. 

Ces anneaux, qui constituent un des moyens répressifs les 
plus efficaces, empêchent, d’une part, l'ascension des Chenilles, 
et de l’autre, la descente de ces dernières, alors qu’elles sont 
trop grosses pour se laisser tomber à terre au moyen de leur fil 
de soie. Elles s’amoncellent donc immédiatement des deux côtés 
de cet obstacle et, par suite du manque de nourriture, finissent 
par tomber malades (voir fig. 84 et 85). Elles peuvent, surtout 
en cas d’invasions intenses, être anéanties par les Ichneumons, 
les Diptères, les épidémies cryptogamiques ou bactériennes qui 
provoquent des perturbations dans le tube digestif de la Nonne. 

Toute mesure tendant à entraver ou à détruire ce terrible 
ravageur doit aussi avoir pour but de favoriser les ennemis de 
ce dernier. Ainsi, lorsqu'’au moyen d’anneaux, de perches gluti- 
neuses ou de fossés, on a réussi à concentrer sur un espace réduit 
un grand nombre de Chenilles, il ne faut pas les détruire, mais 
bien plutôt les affamer pour permettre à leurs parasites de se 
multiplier sur leur corps en voie de dépérissement. Remarquons, 
toutefois, que cette mesure n’est applicable qu'aux Chenilles 
ayant atteint la moitié de leur développement. Avant cette 
période de leur évolution, elles tentent moins les ennemis que 
nous venons d’énumérer et doivent être détruites par écrase- 
ment, par le feu ou par un insecticide. 

Lors des grands ravages bavaroiïs qui se produisirent de 1889 
à 1892, on a observé que les Chenilles amoncelées en grappes 
au sommet des pousses terminales étaient plus ou moins immo- 
bilisées, endormies et décimées par une épidémie que le professeur 
de TuBEur (1895, p. 829) a attribuée au Schizophyte nommé 
Bacterium monachæ Tub. qui perfore le tube digestif de la Nonne 
et finit par désagréger le corps de la Chenille (voir fig. 87). 

En outre, les Ichneumons et certaines Mouches carnaires 
(Diptères) pondent leurs œufs dans les Chenilles de la troisième 
ou quatrième mue, alors que le ravageur est le plus vorace et le 
plus dangereux. 


RO 


ÉPICÉA 121 


Après l’encerclage des troncs au moyen du « Raupenleim » entre- 
pris tout au début et qui peut entraver sérieusement l’exten- 
sion de l'invasion, ce sont bien les parasites qui sont les plus 
précieux auxiliaires dans la lutte. L’attention du forestier doit se 


Fig. 87. — Rameaux d'Épicéa couverts de Chenilles 
décimées par le Bacterium monachæ Tub. (orig. cliché de Tubeuf). 


porter sur leur diffusion par les moyens les plus rapides et surtout 
les plus économiques. 

Nos vues photographiques donnent une idée du caractère 
des ravages dans les grandes invasions. La figure 86 représente 
un chantier d'exploitation après le dépérissement d’un peuple- 
ment d’'Épicéas. 


122 FEUILLES 


Il faut, en effet, après le passage de la Nonne meurtrière, 
abattre et écorcer au plus tôt les arbres en voie de desséchement 
afin d'empêcher autant que possible l'installation dans le bois 
des Xylophages tels que les Bostryches, les Charançons, les Cé- 
rambycides, etc., dont les déprédations peuvent s'étendre éga- 
lement aux massifs voisins qui auraient été épargnés par les 
ravageurs des feuilles. 


Nematus abietum Htg. Hyméxorr., Tenthredinidæ 


(Nematus abietinus Christ.) [PI. [, fig. 7] 


Némate de l'Épicéa 


Longueur, Chenille : 14 à 16 millimètres; Insecte mâle : 4,5 à 
5,5 millimètres; femelle : 5,5 à 6 millimètres. Cet Insecte appar- 
tient à la famille des Tenthrédinides dont les représentants 
portent des ailes veinées, deux crochets aux tibias antérieurs 
et un abdomen composé de huit anneaux. La femelle possède 
un oviscapte en forme de scie, qui lui permet de déposer ses 
œufs à l’intérieur des végétaux. La Chenille est pourvue de trois 
paires de pattes thoraciques articulées. Les anneaux abdominaux 
sont munis, ou bien de six à onze paires de fausses pattes, ou 
bien d’une paire d’appendices propulseurs se détachant des deux 
côtés du dernier anneau. 

Le Nematus abietum Htg. porte des antennes à neuf segments. 
Le mâle est brun pâle avec la face dorsale du thorax et de l’ab- 
domen d’un brun noirâtre. La femelle est brun foncé, l'abdomen 
et les pattes sont brun clair. La Larve est verdâtre, soit de la 
même teinte que les aiguilles de l'Épicéa. La tête, le bouclier 
nuchal ainsi que les yeux sont noirs. Au-dessus de chaque fausse 
patte, on remarque une verrue ornée de nombreuses petites 
épines. 

C’est le plus souvent sous la forme larvaire qu'on trouve cet 
Insecte. En examinant l’animal avec attention, on ne peut le 
confondre avec la Chenille de certains Papillons s’attaquant éga- 


ÉPICÉA 123 


lement aux aiguilles de l’Épicéa, bien que, sous le rapport de la 
couleur et de la dimension, 1l rappelle la Chenille de la Tortrix 
tedella CI. 

Ses ravages se constatent presque toujours à la fin de la pé- 
riode d'alimentation intense, soit précisément au moment où 


1 


Fig. 88. — Nematus abielum Htg. Aiguilles de la pousse de l’année ravagées par la Chenille. 
Les aiguilles de l’année précedente sont épargnées. Épicéa, 1/3 gr. nat. (orig.). 


la Larve descend dans la couverture du sol pour s’y chrysalider. 
À cette époque-là, les aiguilles en voie de formation (fin de mai 
ou commencement de juin) prennent une couleur de rouille et 
se déforment. Le plus souvent les bourgeons ne sont pas atteints 
et l’année suivante les arbres reprennent leur aspect ordinaire 
non sans avoir subi une perte d’accroissement. On constate 
rarement le desséchement de la cime ou d’une partie de la fron- 
daison bien que les invasions se succèdent en général plusieurs 
années de suite. 

D'après le calendrier graphique ci-joint, on voit que l’évo- 


124 FEUILLES 


lütion de cet Insecte dure une année avec hivernage sous la forme 
de Chrysalide. La ponte a lieu à la fin d’avril ou 


|) au commencement de mai. Les œufs sont déposés 
Fév.) 0 | sur les rameaux en voie de formation. 
Mars. .| o Le Nematus abietum Htg. est un Insecte de plaine; 
avril. .| +] il n’attaque pas d’autres essences et recherche 
Mai. . .| ? presque exclusivement les Épicéas de dix à vingt- 
DR ral cinq ans. 
Jun. Gr à ee 

dE Moyens préventifs. — Eviter dans les travaux 
Mt :| 0 D de reboisement en plaine de créer de grandes éten- 
Sept..| 0 | dues de peuplements d'Épicéas à l’état pur. 
Octobre. re 
ÉRRREINE Moyens répressifs. — Il est difficile, voire même 
née. |, | impossible, dans les invasions un peu importantes, 


de rechercher les Larves sur les rameaux, de les 
détruire au moyen d’un liquide toxique ou à l’aide d'un badi- 
geonnage d'une solution de 1 % de benzine et d’eau, car les 
frais de ce traitement seraient disproportionnés à l'importance 
des dégâts. La récolte des Chrysalides cachées dans la couver- 
ture morte est encore moins réalisable. 

En somme, cet Insecte est assez commun dans les plantations, 
mais il ne peut être rangé au nombre des ravageurs très nuisibles 
de l'Épicéa. 


Lyda hypotrophica Htg. Hyméxopr., Tenthredinideæ 


Lyde de lEpicéa 


Longueur, Insecte ailé, mâle : 12 millimètres; femelle : 13 mil- 
limètres; Larve : 25 à 30 millimètres. L’abdomen de l’Insecte 
parfait est, chez les deux sexes, d’un jaune-rouge, la tête et 
le thorax d’un noir brillant avec des dessins jaune clair. Les 
antennes comptent de 22 à 28 articles. 

La Larve varie de couleur suivant son âge. Au début, elle est 


s til 


ÉPICÉA 195 


d’une teinte vert clair plus ou moins grisâtre. La tête et les par- 
ties chitineuses plus dures sont noires. Après la dernière mue, 
elles deviennent brun clair. La Chrysalide est de couleur jaune. 

La Lyde essaime soit en mai, soit en juin et s’accouple dans la 


Fig. 89.— Lyda hypotrophica Htg. Amas de débris attaché au verticille d’un Épicéa, 3/4 gr. nat. 
(orig. coll. Pauly, Munich). 


couronne des Épicéas des perches et des vieux peuplements, 
exceptionnellement des jeunes arbres. Les œufs sont déposés par 
paquets de quatre à douze sur le pourtour des aiguilles de 
l’année précédente (Bänr, 1903, p. 171). Après l’éclosion, les 
Larves descendent dans un verticille où elles vivent en colonie. 
Elles rongent les aiguilles des dernières années et tissent un nid 
soyeux qui finit par être rempli d’excréments. Au mois d'août, 
les Larves se laissent tomber à terre et pénètrent à 15 ou 20 centi- 


126 FEUILLES 


mètres de profondeur pour remonter et hiverner dans les couches 
supérieures du sol ou dans la couverture môrte. Au printemps 
suivant, un ou deux ans plus tard, d’après les circonstances, 
la chrysalidation se produit, mais sans tissage de cocon. Nous 
avons donc affaire iei à un Insecte dont l’évolution dure de un à 
trois ans. 

Par le fait que la Lyde s'attaque à des arbres âgés, ses ravages 
revêtent un caractère plus grave que ceux de la Némate. Toute- 
fois, on remarque que, même après un dépouillement complet, 
les bourgeons sont en état de donner naissance, l’année suivante, 
à de nouvelles aiguilles. Naturellement, l’accroissement de l’arbre 
est diminué et ce dernier est menacé des atteintes des Bostryches. 
Parfois certains Épicéas succombent, mais c’est là un fait plutôt 
rare. 

L’Insecte est monogame et peu répandu sous forme d’inva- 
SIOnS. 


Moyens préventifs. — Ils sont identiques à ceux mis en œuvre 
pour lutter contre la Némate. 


Moyens répressifs. — On a remarqué que la femelle est très 
peu mobile; pour gagner la cime en vue de la ponte, elle se laisse 
arrêter par les anneaux de glu (1 Raupenleim ») (LANG, 1897). 
Ce procédé est à appliquer lorsqu'on trouve plus de cinquante 
Larves par mètre carré. : 


Grapholitha tedella Cl. Lépiopr., ortricidæ 
(Tortrix tedella Cl., T. comitana Schiff., T. pinetana Hbn.) 


Tordeuse ou Pyrale des aiguilles de l’Épicéa [P1. r, fig. 6, 6 a] 


Longueur, Papillon, ailes déployées : 12 millimètres. Ce Papil- 
lon a une apparence générale d’un brun rougeâtre; les ailes 
antérieures sont foncées avec reflets dorés et taches argentées 
placées transversalement. Les ailes postérieures sont d’un brun 
grisâtre avec franges blanches. La Chenille, que les forestiers 


ÉPICÉA 127 


ont plus souvent l’occasion d'identifier que le Papillon, est de 
couleur brun jaune avec une double bande longitudinale brun 
rouge. Parfois la Chenille a un aspect verdâtre avec les lignes 
du dos d’un gris sale. 

Cet Insecte est répandu partout où végète l’Épicéa en plaine 
comme dans les Alpes où nous l’avons rencontré en 1907, jusque 
dans les stations les plus élevées de l’Épicéa (Alpes valaisanes, 
Suisse). Dans le Jura, 1l a été également abondant en 1906 et 1907. 

Suivant le calendrier graphique ci-joint, le Pa- 
pillon apparaît à la fin de mai ou au commence- 
ment de juin et dépose quelques œufs isolés sur les 
aiguilles. Au bout de quinze jours, les Chenilles sor- || Mars. . 
tent de l’œuf, pénètrent dans l’intérieur de l’ai- || avril. . 
guille pour y trouver leur nourriture. Nous avons | 
donc, avec cet Insecte, affaire à un genre tout spé- 
cial de ravages, lesquels sont très différents de ceux 
que nous venons d'étudier. Il est évident que, dans 
les fortes invasions et à certaines périodes de leur 
évolution, les Chenilles peuvent couper les aiguilles  ||Sept .- 
en deux. Cctobre. 


JUN 


JUIN. 


Aoùt . . 


Une des manifestations les plus singulières de 
la biologie de cette Tordeuse est la faculté que 
possède la Chenille de rester tard en automne dans 
la cime et de ne gagner le sol qu’au moment où le froid apparaît. 
Ainsi, lors de l'invasion dans le Jura, nous avons constaté dans 
les forêts de Vallorbe (Suisse), les premiers jours de décembre 
1907, des Chenilles qui se laissaient tomber à terre au moyen de 
leur fil de soie. En effet, lorsque la Tordeuse de l’Épicéa craint 
un danger ou sent la frondaison agitée par le vent, elle quitte 
aussitôt son nid et se cache le long du tronc ou dans la couver- 
ture morte. KELLER (1885, p. 10-26) a observé qu'en Suisse 
l’hivernement avait lieu dans la cime. 


La Chenille attaque de préférence les verticilles des petites 
branches et réunit parfois plusieurs aiguilles qu’elle entoure 
d’un filet soyeux qui finit par se remplir d’excréments. 

La Tordeuse de l’Épicéa attaque les arbres de toute dimension 


128 FEUILLES 


et préfère les expositions ensoleillées et les Épicéas des bordures. 
En outre, on observe également sa présence dans les cultures 
dont l’épaisse couverture du sol facilite l’hivernement de la Che- 
nille. Durant l’automne, les cimes des peuplements contaminés 
revêtent une apparence chétive et de couleur de rouille. 


7SSY 


Fig. 90. — Rameau d’Épicéa ravagé par la MES tedellu CL, 3/4 gr. nat. (orig. coll. Pauly, 

MER (1892, p. 215-220) a observé que, lorsque la Tordeuse 
opère ses ravages au moment où la période de végétation est 
avancée, la vitalité de l’arbre est peu compromise, car le travail 
de la zone cambiale est déjà accompli. 


Ua Es 


ÉPICÉA 129 


Ce Papillon n’est donc pas dangereux et ses invasions se per- 
pétuent, en général, deux ou trois ans de suite sans provoquer 
la mort des Épicéas attaqués. 


Moyens préventifs. — La Tortrix tedella CI. étant monophage, 
il faut encore, dans ce cas, éviter de créer des peuplements étendus 
purs. 


Moyens répressifs. — On ne peut guère traiter les peuplements 
âgés en vue de dépouiller leur ramure des Chenilles qui y sont 
attachées. La récolte de ces dernières ou des Chrysalides n’est pas 
non plus possible dans les cultures. 


Tortrix histrionana Froel. Lépinopr., Zortricidæ 


Pyrale des pousses de l’Épicéa [PI. I, fig. 8, 8 a] 


Longueur, Papillon étalé : de 15 à 19 millimètres. Les ailes 
antérieures sont d’un gris bleuâtre, la base porte une bande 
brune transversale en forme de crochet; les espaces médian et 
marginal sont d’un brun foncé et séparés en deux par une 
tache blanche. 

La Chenille est d'un vert tendre avec ligne dorsale foncée. 
La tête est d’un brun foncé. L’écusson, partagé en deux longitu- 
dinalement, est vert foncé dans sa partie antérieure et brun pos- 
térieurement. 

La biologie de ce Tortricide est encore peu connue et son 
importance est minime. Cet [nsecte est beaucoup moins répandu 
que l’espèce précédente. On admet que l’hivernement a lieu sous 
la forme d'œuf. 

La Chenille ronge les aiguilles de l’année précédente après les 
avoir entourées d’un filet soyeux; plus tard, elle attaque les bour- 
geons qui s’'épanouissent. Ces derniers finissent par s'étioler et 
se recoquiller. La rareté des apparitions de ce Papillon nous dis- 
pense d’envisager 1ci les moyens propres à le combattre. 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 9 


130 CÔNES 


CONES 


Trois Anobudes sont à signaler comme causant des dégâts 
aux cônes d'Épicéa : 


Anobium abietis Fabr. Coréopr., Anobudæ 
Anobium longicorne St. 
Anobium angusticolle Ratz. 


Vrillettes 


Le premier mesure 3 à 4 millimètres; le second 2,5 millimètres 
et le troisième 2,5 à 3 millimètres. L’Insecte parfait dépose ses 
œufs dans les cônes alors que ces derniers 
pendent encore aux branches. Les Larves 
éclosent, puis continuent à fouiller l’inté- 
rieurgdes fruits, même lorsque ces derniers 
sont tombés. Ces ravages causent une perte 
de graines à laquelle on peut remédier en 
récoltant en automne les cônes dont les 

Fig. 91. — Tête et antennes écailles laissent échapper de la sciure. 
d'Anobium longicorne St. (orig.). É ; 

Le même genre de ravages est provoqué 


par les deux Lépidoptères suivants : 


Phycis abietella Zk. Léproorr., Pyralidæ 


(Dioryctria abietella Zell. Tinea sylvestrella Ratz. 
T. splendidella H. Sch.) 


Pyrale des cônes 


Longueur, Papillon étalé : 3 centimètres; Chenille, 3 centi- 
mètres. Les ailes antérieures sont d’un gris cendré avec bandes 
transversales noires et blanches. Les postérieures sont d’un blanc 
sale. La Chenille est ou bien verdâtre ou rougeâtre; elle porte une 
étroite bande longitudinale sur le dos et une autre plus large sur 


ÉPICÉA 131 


chacun des deux côtés. Le bouclier et la tête sont bruns. Le Papil- 
lon essaime en juillet, en août dans les régions élevées ou froides. 
Il dépose ses œufs dans les cônes ou sur 
les pousses des Épicéas ayant moins de 
vingt-cinq ans. Dans les tiges des rameaux 
les plus minces, on trouve parfois un cou- 
loir central fouillant la moelle et mesurant 
jusqu’à 30 centimètres de longueur; il est 
foré par la Chenille. 

Nous avons donc affaire, avec ce Papil- 
lon, à la fois à un ravageur et des cônes et 
des pousses. Toutefois, ce sont les cônes 

«qui semblent le plus souvent recherchés. 
Ces derniers, fouillés en tous sens, sauf dans 
l’axe, finissent par se désagréger et tom- 
bent prématurément, avant que la graine 
ait acquis sa faculté germinative. Fig. 92. — Cône d'Épicéa ravagé par 

la Chenille de PAycis ab'etella Zk. 


En octobre, la Chenille descend dans la 4, excréments. 3/4 gr. nat. (orig. coll. 
Pauly, Munich). 


terre, se cache dans la couverture morte 
où elle s’entoure d’un filet soyeux (Azrum, 1881, p. 169). La 
chrysalidation ne se produit qu’au printemps suivant. 

La Pyrale des cônes s’attaque aussi aux pousses du Sapin, 
aux cônes des Pins sylvestre et maritime. La récolte des fruits 
ne peut être conseillée que dans le cas où ces derniers n’ont pas 
encore été délaissés par les Chenilles descendues à terre (1). 


Tortrix strobilella L. Lépinopr., Zortricidæ 


(Tortrix strobilana Hbn.) 


Longueur, Papillon étalé : 10 à 15 millimètres; Chenille : 10 à 
12 millimètres. Ce Papillon est sensiblement plus petit que le 
précédent. Les ailes antérieures sont brun-olive avec bandes 


(4) Voir suite chap. des Pins. 


132 CÔNES 


transversales blanches en forme de crochet. Les postérieures 
sont d'un gris foncé frangées de blanc. 

La Chenille est d’un blanc laiteux avec tête 
et bouclier à peine plus foncé. 

La Tortrix strobilella L. est plutôt un Insecte 
de plaine que de montagne. Il vole en juin et 
dépose ses œufs sur les écailles des cônes. Les 
Chenilles, une fois écloses, pénètrent dans l'in- 
térieur et commencent par ronger l’axe, puis les 
écailles et parfois aussi les graines. Les. ravages 
se poursuivent durant tout l’été et la Chenille 
hiverne dans les amas de ses excréments. La 
chrysalidation a lieu également dans les cônes : 
et, en général, au mois de mai. Cet Insecte opère 
donc toute son évolution dans les cônes sans 
descendre à terre. Il attaque parfois aussi le 
Sapin. 


Fa 93. aie Strobilella 1. 
ône d'Epicéa ravagé par la z = N a 
Chenille. Movens préventifs. — On ne peut guère pré- 
a, écailles coupées laissant voir : x P : 
les amas d’excréments. 3/4 gr. coniser de mesures propres a prevenir les rava- 
1). 


nat. (orig. coll. Pauly, Munic : ue A 
ges de ces deux Papillons qui déciment les cônes. 


Moyens répressifs — Le seul procedé pratiquement applicable 
est la récolte et l’incinération en automne des cônes qu’on trouve 
à terre percés de trous ou laissant échapper de la sciure brune ou 
de la résine. Avant de faire les frais de cette récolte, il faut s’as- 
surer que les Insectes, sous forme de Chenilles, n’ont pas quitté 
les cônes attaqués. 


2. Sapin blanc, Abies pectinata D .c. 


Sapin des Vosges 


RACINES 


Les racines des brins en pépinière sont ravagées par : 
Gryllus gryllotalpa L. 

Melolontha vulgaris L. (à l’état de larve). 
Otiorrhynchus niger Fabr. 

Otiorrhynchus ovatus L. 

Voir : Chapitre de l'Épicéa. 


Pemphigus Poschingeri Holz. Ruynenores, Pemphigidæ 


Pou du Sapin 


Longueur (femelle aptère) : 2,2 à 5 millimètres. La femelle, 
sans ailes, est caractérisée par un quadruple rang de faisceaux 
de filaments de cire placés sur le dos et dont les deux rangées 
externes sont sensiblement plus grosses que les autres. Les 
antennes ont le troisième article allongé, tandis que le sixième 
et dernier est brusquement appointi à son extrémité. La tête 


134 ÉCORCE ET LIBER DU TRONC ET DES BRANCHES 


est noirâtre, le prothorax brun clair, le reste du thorax noir et 
l'abdomen brun clair. 

L'évolution de cet Insecte est encore peu connue et ses ravages 
sont limités exclusivement au Sapin blanc et à certaines espèces 
exotiques du même genre. 

Les atteintes des Poux ont pour résultat le jaunissement des 
aiguilles des brins. 


Moyens préventifs. — Comme pour les espèces citées en tête 
de ce chapitre, il n’en existe aucun. 


Moyens répressifs. — Extirper et brûler à tempsles Sapins dont 
les racines sont couvertes de Poux. 


ÉCORCE ET LIBER DU TRONC ET DES BRANCHES 


Tomicus curvidens Germ. (1) Coréopr., Scolytidæ 
(Tomicus psilonotus $ Germ.) [PI. IL, fig. 2] 


Bostryche curvidenté 


Longueur : 2,5 à 3,2 millimètres. Cet Insecte est très facile à 
reconnaitre par la structure de la déclivité des élytres. En effet, 
ainsi que c’est le cas pour la plupart des espèces du genre T'o- 
micus, cette partie du corps est, chez le mâle, garnie de dents 
et de denticules. Une touffe de poils jaunes orne le front de la 
femelle et la déclivité des élytres porte trois denticules obtus et 
de grandeur à peu près égale. 

Le front du mâle est recouvert d’une fine pubescence. Les 


(1) Deux autres espèces doivent être rattachées au Bostryche curvidenté. 
BarGMANN (1904) en a étudié les caractères. Ce sont le 7. Vorontzowi 
Jacobs, Insecte polygame pratiquant dans la partie supérieure du tronc et 
surtout dans les branches un couloir de ponte étoilé, et le T. spinidens 
Reitt. ou T. heterodon Wachtl, dont ReiTrTEer (1897) a donné une description 
morphologique et biologique. Ces deux Tomicides habitent également le 
Sapin et se rencontrent exceptionnellement sur d’autres résineux. 


SAPIN BLANC 135 


élytres sont sculptés de stries crénelées, profondément ponctuées 
et qui s’élargissent vers la partie postérieure du corps. Les inter- 
stries sont couvertes de rangées de points très fins. La déclivité 
porte de chaque côté cinq dents, dont la première est recourbée 
vers le haut, la deuxième (qui est la plus forte) vers le bas, la 
troisième vers le haut, les deux dernières sont droites. 

La déclivité des élytres de la femelle est munie de trois den- 
ticules qui remplacent les trois crochets du mâle. 

Chez les deux sexes, le corselet est, de chaque côté du disque, 
transversalement impressionné; il est finement 
ponctué postérieurement et présente une ligne 
médiane longitudinale lisse. 

Le Bostryche curvidenté pratique des couloirs 
généralement en double accolade, dont les bran- TNA 
ches, au nombre de deux à cinq, courent trans- 4.9. — FRÉTRS E 

; x Germ. 
versalement. Il n’y a pas, à proprement parler, ii des étytres de la 
de chambre d’accouplement. On admet que l’In- "7e (org 

secte est ou monogame ou polygame, le plus sou- 


te vent bigame; cette question n’est, du reste, pas 
a résolue d’une façon définitive. 
Fr tr La figure 95 donne une idée exacte de la forme 
- = qu’affecte en général le système des galeries, qui 
Mr: 1 demeurent le plus souvent indépendantes les unes 
Mai. . | o | des autres. 
Juin . .| + Une des caractéristiques du travail de forage du 
mil. .| + Bostryche curvidenté réside dans la manière dont 
Août. .| ! cet Insecte pratique son berceau de chrysalide. 
RNA 5 Dans les trones à écorce mince, il est presque tou- 
— || jours foré longitudinalement dans l’aubier (fig. 96). 
TT Dans les troncs à couches corticales épaisses, ce 
Ne: TT berceau est en général établi dans le liber. 
PE pe Dans la plupart des cas, ce Bostryche a deux gé- 


nérations par an et se développe suivant le gra- 
phique ci-joint. La première génération arrive à maturité en Jum 
et la deuxième en septembre. En plaine, le premier essaimement 
se produit parfois en avril et l’hivernement a lieu sous la forme 


SET 


das HA 


Germ. 


omicus curvidens 


dans l'e 


» 


T 


\ 
.). 


ig 


, Ii1 gr. nat. (or 


e du Sapin blanc 


corc 


me de couloirs achevé 


stè 


Sy 


SAPIN BLANC 137 


d’Insecte parfait. L'évolution de cet Insecte est en somme va- 
riable. Il attaque les Sapins en voie de dépérissement, âgés, 
ravagés par le gui ou le chaudron, aux racines ébranlées, et sur- 
tout ceux poussant sur des sols calcaires orientés vers l’est et le 
sud. Dans les invasions intenses, il se jette même sur les arbres 
sains, mais toujours de préférence sur ceux ayant atteint une 
certaine dimension, rarement sur les perches. 

L’invasion débute par quelques cas isolés, puis elle prend de 
l'extension en contaminant des groupes de Sapins prédisposés 
aux attaques de ce Bostryche. 

Le Jura suisse est particulièrement exposé à ces atteintes. 
Dans les années 1893 à 1897, puis à la suite de la sécheresse de 
1906, soit de 1907 à 1909, nous avons pu en suivre l’évolution et 
constater ses ravages, qui sont surtout à redouter aux altitudes 
moyennes (600 à 1.000 mètres). 

En Alsace, les déprédations du Bostryche curvidenté ont éga- 
lement été très intenses en 1897 (BarGManN, 7907, p. 38). 

DE Gaiz (À. D. E. F.) signale dans les Vosges, en 1905, une 
invasion assez importante et qui nécessita l’abatage de plus de 
4.000 arbres dans les environs de Saint-Dié, Senones, Ramber- 
villers. De Gail a observé que le Bostryche curvidenté ne produit 
pas les mêmes désastres que le Typographe, dans ce sens que 
lPinvasion, bien qu’elle s’étale sur de grandes étendues, se pro- 
duit par cas isolés ou éclaboussures. 

Le Sapin blanc étant une essence d'ombre, les massifs de mon- 
tagne présentent généralement un caractère jardinatoire im- 
pliquant le mélange intime des classes d'âge. En conséquence, 
notre ravageur, qui ne recherche pas les perches et les arbres 
d'âge moyen, est obligé de se répandre sur de grandes surfaces 
pour découvrir les Sapins âgés et prédisposés au dépérissement. 

Nous avons souvent constaté sa présence en compagnie du 
Cryphalus piceæ Ratz., qui a les mêmes instincts quant au 
choix des arbres et dont nous parlerons plus loin. Ce dernier 
infeste surtout la partie supérieure des Sapins et les grosses bran- 
ches. Dans le Jura et sur le plateau suisse, on observe également 
le Pissodes piceæ Il., qui vit dans la partie inférieure du tronc et 


138 ÉCORCE ET LIBER DU TRONC ET DES BRANCHES 


intervient comme élément secondaire dans le dépérissement de 
Parbre dont les Bostryches ont provoqué la mort. 


Fig. 96. — Aspect d'un tronc de Sapin blanc infesté par le T'omicus curvidens Germ. 


a, entrée des berceaux de chrysalides ; b, berceaux entaillés longitudinalement dans l'aubier 
et mis à découvert, 1/1 gr. nat. (oriq.). 


Moyens préventifs. — L’expérience prouve que le Bostryche 
curvidenté est monophage et que rarement 1l recherche d’autres 
résineux et les tiges d’âge moyen. C’est une raison de plus en 
faveur de la création et du développement de massifs d’âges et 
d’essences variés, car les invasions ne pourront jamais revêtir 
un caractère aigu dans la futaie mélangée. 


à = 


SAPIN BLANC 139 


Moyens répressifs. — Les arbres-pièges, si utiles dans la lutte 
contre le Bostryche typographe, ne sont pas d’une grande eff- 
cacité pour entraver l’évolution du Bostryche curvidenté, car : 
ce dernier recherche avant tout les frondaisons sur pied et bien 
exposées au soleil. Nous n’avons jamais obtenu de bons résultats 
en tentant l’Insecte par des arbres anémiés ou blessés que nous 
faisions abattre à l’intérieur de peuplements contaminés. Dans 
la plupart des cas, le Curvidenté se jetait de préférence sur les 
Sapins encore sur pied, ne se souciant pas de pénétrer dans les 
parties basses et obscures du peuplement. Il est de toute impor- 
tance, durant la période de végétation, de faire la chasse aux 
arbres contaminés dont les aiguilles, devenant premièrement 
grises, puis couleur de rouille, se remarquent à grande distance. 
Après l’abatage de ces derniers, il faut faire une sélection parmi 
les branches criblées de trous et celles qui sont indemnes. Les 
premières doivent être incinérées sur place, afin d'empêcher 
l’exode de l’animal et son évolution dans d’autres parties de la 
forêt où l’on peut faire des dépôts de bois de feu. Les branchages 
non attaqués peuvent être laissés à terre ou vendus comme assor- 
timents de bois à brüler. En écorçant le tronc, il faut avoir en 
outre soin d'observer la position des berceaux de chrysalide. Si 
ces derniers sont enfermés dans les couches corticales, il suffira 
de brûler sur place l’écorce; si les Larves se sont retirées dans 
l’aubier pour y opérer leur métamorphose (fig. 96), il y a lieu de 
carboniser la périphérie du trone ou tout au moins de l’écor- 
cher à la hache, sinon le Curvidenté continuera son évolution 
même après le transport hors de la forêt des troncs privés 
de leur écorce. 


Cryphalus piceæ Ratz. Cocéopr., Scolytideæ 
Petit Bostryche du Sapin 


Longueur : 1,5 à 1,8 millimètres. Ce Bostryche est caractérisé 
par la forme trapue du corselet dont la base est élargie. Ses 


140 ÉCORCE ET LIBER DU TRONC ET DES BRANCHES 


parties antérieure et médiane sont recouvertes de granules. Les 
élytres, à peine deux fois aussi longs que le corselet, 
ne sont pas striés, mais recouverts de soies pili- 
formes grises, dressées et disposées en rangées. 

Le Cryphalus piceæ Ratz. pratique un couloir de 
ponte arrondi, irrégulier, ressemblant à celui du 
SR Xylechinus pilosus Ratz., mais cependant plus ra- 


du Cryphalus piceæ  massé; il n’est, en général, pas ramifié latéralement, 
Ratz. (orig.). 1 ) ? 


comme c’est le cas chez ce dernier. Les galeries 
de larves sont disposées comme les rayons d’une roue et finissent 
par se confondre. Les systèmes, 
moins étendus que ceux du Cur- 
videnté, sont en revanche beau- 
coup plus rapprochés les uns des 
autres et se confondent lorsque 
les dégâts sont intenses. 

Au point de vue biologique, le 
Cryphalus piceæ Ratz. a beau- 
coup de rapport avec le Tomicus 
curvidens Germ., en compagnie 
duquel on le trouve générale- 
ment. Toutefois, nous avons ob- 
servé que, dans les nombreuses 
invasions qui se sont succédé 
durant les quinze dernières an- 
nées dans les sapinières juras- 
siennes, le Cryphalus piceæ Ratz. 
était beaucoup plus fréquent 
dans les branches de la cime que 
dans la partie inférieure du tronc. 


L'évolution est à peu près la 


même que celle de son compa- Fig. 98. — Type normal des couloirs 
du Cryphalus piceæ Ratz. 


gnon. L’hivernement se produit EDS nt Go 


sous les trois formes, et c’est là 
précisément une des causes qui font des deux Bostryches du 
Sapin des ravageurs les plus difficiles à combattre, car ils se 


SAPIN BLANC 141 


multiplient dans des proportions énormes, à intervalles rap- 


Fig. 99. — Aspect de l'écorce d'un tronc de Sapin blanc ravagé par le Cryphalus piceæ Ratz. 
a, grumeaux de résine coagulée à l'orifice d'entrée. 1/1 gr. nat. (orig.). 


prochés et avec des variantes qui déconcertent les sylvicul- 


teurs. 


449 ÉCORCE ET LIBER DU TRONC ET DES BRANCHES 


On pourrait croire que cet Insecte se laisse facilement ten- 
ter par les arbres-pièges ou des fragments de branches plantés 
en terre dans les massifs infestés; cependant il n’en demeure 
pas moins indiqué de concentrer les efforts sur l’abatage des 
Sapins infestés et d’incinérer sur place Les écorces et les branches 
contaminées. La chrysalidation, qui a presque toujours lieu dans 
les couches corticales, n’entame que rarement l’aubier. 

Nous pouvons préconiser contre cet Insecte les mêmes moyens 
prophylactiques que ceux indiqués pour son compagnon, le Bos- 
tryche curvidenté. 


Cryphalus abietis Ratz. CoLéopr., S'eolytidæ 


Bostryche qranuleux 


Longueur : 1,7 à 2 millimètres. Bien que ce Bostryche soit 
fréquent dans les massifs d’Épicéas, nous le pla- 
çons ici, car il montre une préférence pour les 
Sapins tout en ne dédaignant pas les Pins. Il 
rappelle beaucoup lespèce précédente, mais est 
moins trapu. La plus grande largeur du corselet se 
trouve entre la base et le milieu. La plaque de 


RS ae granules, plus étroite, se prolonge postérieurement 
ra abietis Ratz. en un angle aigu. Les élytres sont plus allongés que 
ceux du petit Bostryche du Sapin, ils ont des lignes 
de soies à peine plus apparentes que le fond couvert d’écailles. 
Le système de couloirs est du même type et établi à peu 
près dans les mêmes proportions, mais presque toujours à l’in- 
tersection des branches, très rarement dans les troncs de fortes 
dimensions. 

Au point de vue biologique, ce Bostryche se comporte à peu 
près de la même façon que l’espèce précédente. Toutefois, il 
est beaucoup moins fréquent et moins dangereux, de sorte qu’il 
n’y à pas lieu de donner ici des indications spéciales sur la façon 
de le combattre. 


SAPIN BLANC 143 


Crypturgus pusillus Gil. 


Voir : Chapitre de l’Épicéa 


Fig. 101. — Type normal des galeries du Crypturqus pusillus Gyll. dans l’écorce de Sapin blanc. 
1/1 gr. nat. (oriq.). 


Pissodes piceæ Ill. Coréopr., Curculionidæ 
Pissode du Sapin [PL IF, fig. 1, 1 a] 


Longueur : 6 à 10 millimètres. Ce Charançon, de couleur brun 
foncé, se distingue par les angles postérieurs du corselet, qui sont 
preéminents en arrière. De chaque côté de la ligne médiane lisse, 
on remarque deux petits enfoncements circulaires tachetés de 
blanc. Les stries des élytres portent des protubérances rectangu- 
laires de grosseur variable et d’un brun velouté; elles sont in- 
terrompues aux deux tiers de la longueur des élytres par une 
bande transversale jaunâtre qui s’élargit sur les côtés. Les 
troisième et cinquième interstries sont élargies et relevées. 

Ce Pissode commun est le seul Charançon qu’on trouve sous 
l'écorce du Sapin blanc; il est monophage. C’est à l’état de Larve 


144 ÉCORCE ET LIBER DU TRONC ET DES BRANCHES 


qu'il commet ses ravages et, à l’inverse des Bostryches, la femelle 
reste à l’extérieur pour opérer sa ponte. Cette dernière a lieu en 
général en juin ou juillet et l’hivernement se passe sous la forme 
larvaire avec une seule génération par an. La ponte des œufs 
s'effectue d’une façon particulière, en ce sens que la femelle 
recherche les nœuds des branches, les blessures ou les anomalies 
de l'écorce provoquées par les chaudrons ou d’autres accidents. Les 
œufs sont déposés en couronne au nombre de 30 à 50. Les Larves, 
une fois écloses, partent en rayonnant dans tous les sens. Le 
calibre des galeries de larves est, au début, de la dimension d’une 
épingle. Le couloir ne tarde pas à perdre sa direction primitive 
et décrit des méandres très variés, pour attemdre souvent, après 
avoir parcouru une longueur de 50 à 70 em, un diamètre de 4 à 
7 millimètres. A l’extrémité de ce couloir de larves, on trouve un 
berceau de chrysalide parallèle aux fibres ligneuses; il est garni 
de débris provenant du bois et généralement se trouve logé dans 
le liber. À 

Le Charançon du Sapin est, avant tout, un habitant des gros 
troncs; il recherche de préférence la partie inférieure des arbres 
dont les grosses écorces lui permettent de construire facilement 
un réseau de galeries de gros calibre. Toutefois, on le trouve éga- 
lement dans la partie inférieure de la tige et dans les perches de 
dimensions moyennes, mais jamais dans les branches. 

Dans les sapinières du Jura, on a constaté que les arbres en- 
vahis par ce Coléoptère, qui les attaque au bas ou au milieu de 
la tige, avaient déjà reçu la visite du Bostryche, qui est intervenu 
en premier lieu dans la frondaison, prédisposant ainsi le Sapin 
au dépérissement. 

DE Gaiz (R. D. E. F.) a constaté en 1905, dans les Vosges, 
une sérieuse invasion du Pissode, coïncidant avec celle du Bos- 
tryche curvidenté et à laquelle nous avons fait allusion en décri- 
vant plus haut les mœurs de cet Insecte. La plupart des chàäblis 
renfermaient des Larves de Pissode, mais, avec de Gail, nous som- 
mes enclins à admettre que, même dans les perchis, les arbres 
ravagés par le Pissode avaient été précédemment envahis dans 
leur cime par les Bostryches. 


ns à HG 


RE DETTE 4 


Fig. 102. — Système achevé des couloirs du Pissodes piceæ TI. montrant le départ des galeries 
de Larves autour de la branche et leur point terminal (berceau de chrysalide recouvert de la 
calotte ligneuse des Pissodes). 1/1 gr. nat. (orig.). 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 10 


146 ÉCORCE ET LIBER DU TRONC ET DES BRANCHES 


Un des critères les plus utiles et les plus communs pour recon- 
naître dans une sapinière les arbres envahis par les Pissodes, 
mais dont la cime n’est pas encore sèche, est l’intervention du Pie 
(majeur surtout). En effet, ce dernier pique et désagrège l’écorce 
pour dénicher les Larves dont il est très friand et qui sont sensi- 
blement plus grosses que celles des Bostryches (voir PI IT, 
fig. 1 a); elles valent celles des Cérambycides xylophages. 

Le Pic, faisant une guerre acharnée au Pissode, doit, à ce titre 
seulement, être protégé; 1l sert d’auxiliaire au garde forestier. 


Moyens préventifs. — Nous répétons ici ce que nous avons dit 
à propos du Bostryche curvidenté, à savoir qu’une sapinière pure 
est beaucoup plus exposée à être décimée par ces ravageurs 
monophages que des peuplements résineux, constitués par plu- 
sieurs essences. Dans les stations ensoleillées, à sol superficiel, 
où l’accroissement n’est pas absolument parfait, on fera bien 
d'associer un autre arbre au Sapin, de façon à désorienter et à 
entraver les attaques du Bostryche et du Pissode du Sapin. 

Nous connaissons cependant une exception frappante à cette 
règle et qui aura certainement arrêté l'attention de tous Les sylvi- 
culteurs qui ont parcouru les belles et riches sapinières qui cons- 
tituent les forêts de la Joux (Jura) et de Levier (Doubs), dont 
la dimension des arbres et l’état de santé sont remarquables. Ce 
n’est pas qu’à Levier ou à la Joux la profondeur du sol soit 
considérable, au contraire, car par places le calcaire affleure; 
mais c’est surtout à la quantité des précipitations atmosphé- 
riques qui, sur ce plateau adossé à l’ouest de la chaîne du Jura, 
sont très abondantes, précisément pendant la période de végéta- 
tion, qu'est dû l’aspect si florissant de ces forêts. Les Sapins, qui 
y sont pour ainsi dire à l’état pur, ne connaissent presque pas les 
invasions d’Insectes, car leur vitalité est parfaite et les arbres 
se développent dans des conditions absolument normales. 


Moyens répressifs. — On peut affirmer que toute forêt rési- 
neuse a des chablis qui doivent être exploités avant les coupes, 
le plus souvent durant l’été ou en automne. On abattra donc et 


SAPIN BLANC 147 


l’on écorcera les Sapins infestés par les Pissodes. Le plus souvent, 
l’écorçage suffit pour écraser les Larves adultes, qui sont beau- 
coup plus visibles que celles des Bostryches. Dans certains cas, 
il faudra incinérer les débris d’écorce dans lesquels la ponte vient 
d’être opérée. Les arbres-pièges peuvent être utilisés avec efi- 
cacité dans les cas d’invasions intenses. A cet effet, on emploiera 
en premier lieu les Sapins déracinés. 


Pityogenes chalcographus Bedel. 
Pityophthorus micrographus GyIl. 
Dryocætes autographus Ratz. 
Voir : Chapitre de l'Épicéa. 
Tomicus laricis Fabr. (1). 

Voir : Chapitre des Pins. 


INTÉRIEUR DU BOIS 


Des dommages techniques sont également causés au bois du 
Sapin blanc par les mêmes Xylophages qui fouillent les char- 
pentes, poutraisons et pièces de bois exposées à l’air et que nous 
avons décrits en particulier dans le chapitre de l’Épicéa (2). 


Xyloterus lineatus OI. 
Formica ligniperda Latr. 
Formica herculeana L. 

Voir : Chapitre de l'Épicéa. 


Toutefois, les Insectes décrits ci-dessous semblent plus parti- 
culièrement propres au Sapin blanc. 


(1) Un papillon, le Sesia cephiformis Ochsh., fouille l'écorce des bour- 
souflements provoqués sur les troncs et les branches par le Champignon du 
« Balai de sorcière ». Ce dégât, d'ordre secondaire, est rare et sans impor- 
tance forestière. 

(2) Parmi ces derniers, il faut citer un Bupreste, Anthaxia quadripunc- 
tata L. dont les Larves forent leurs galeries dans l'écorce et se chrysalident 
dans le bois. Ce ravageur est très commun dans tous les bois résineux en 
voie de dépérissement. 


INTÉRIEUR DU BOIS 


_Lymexylon dermestoides L. Cocéopr., Lymexylonideæ 


“ig. 103. — Insecte femelle 
du Zymeæxylon dermestoides 
L. (orig.). 


Lymexylon dermeste 


Longueur, mâle : 6 à 13 millimètres; fe- 
melle : 9 à 20 millimètres. La famille des 
Lymexylonidæ n’est représentée en Europe 
que par un genre avec deux espèces, toutes 
deux Xylophages proprement dits. Ce sont 
le L. dermestoides L. dans les résineux et le 
L. navale L. dans le Chêne. Au point de 
vue systématique, la famille des Lymexylo- 
nidæ se classe entre les Cantharides et les 
Anobudes que nous avons déjà décrits comme 
des Xylophages très redoutables dans les bois 
ouvragés. 

Le Lymexylon dermestoides L. se distingue 
par son abdomen qui est quatre fois plus long 


que le corselet. Le corps entier est de couleur brunâtre. Chez le 


Fig. 104. — Larves du Lymexylon dermestoides L. parvenues à la moitié de leur développement, 
lorant des couloirs obliques dans le bois de Sapin blanc. 1/1 gr. nat. (orig.). 


mâle, on remarque un appendice pileux, en forme de peigne, fixé 
au deuxième article de la deuxième paire de maxilles. 


SAPIN BLANC 149 


La Larve ne peut être confondue avec aucune autre Larve vivant 
dans le bois. Elle mesure de 15 à 22 millimètres de longueur. Sa 
tête ne porte pas d'antennes. Le prothorax est convexe, son 


Fig. 105. — Coupe transversale des couloirs du Zymeæylon dermestoides L. montrant les diffé- 
rents calibres des Larves rongeant un tronc de Sapin blanc. 1/1 gr. nat. (orig.). 


tergum est granuleux. Le neuvième et dernier anneau abdominal 
est prolongé en un appendice fourchu et chitimeux. 

On ne connaît pas encore exactement l’évolution de cet In- 
secte qui, cependant, est très commun dans les souches de Sapin. 
La Larve fouille le bois en tous sens et rejette au dehors une 
grande quantité de sciure blanche. La ponte a lieu en juin ou 
juillet. La femelle pond de l'extérieur et dépose ses œufs, les 


150 INTÉRIEUR DU BOIS 


uns après les autres, de préférence dans les fentes ou les défauts 
de l'écorce. Les bois contaminés rappellent par lirrégularité des 
trous elliptiques ceux atteints par les Sirex, mais ces orifices 
sont d’un calibre sensiblement plus petit. 

L'importance forestière de ce Coléoptère, qui attaque égale- 
ment le Hêtre, est minime, et, comme cet Insecte ne ravage 
généralement pas les bois de construction, il n’y a pas lieu de 
prescrire à son égard des mesures spéciales. 


Xyleborus Saxeseni Ratz. Coréopr., Scol/ylide 


Longueur, mâle : 1,5 à 2 millimètres; femelle : 1 à 1,5 millimètre. 
Cet Insecte est assurément le Bostryche le plus polyphage, car, 
quoique peu commun, on l’a observé 
sur presque toutes les essences fores- 


rm, SEE 


24 


tières de plaine. Nous en parlons à 
propos du Sapin blanc, bien que 
cette essence ne le tente pas plus 
qu'une autre. 


Fig. 106. — Xyleborus Saxeseni Ratz. à À 
Déclivité des élytres chez les deux sexes Le mâle est sensiblement plus pe- 


en tit que la femelle. Les élytres de 
cette dernière sont finement striés, ponctués; les interstries 
portent des points très fins. La déclivité des élytres est enfoncée 
(fig. 106); la suture et les interstries 3 et 4 portent des granules dis- 
posées en lignes. La deuxième interstrie est sillonnée. Le eorselet, 
plus long que large, est antérieurement granuleux. 11 est très 
finement et éparsement ponctué en arrière. 

La partie centrale du disque thoracique du mâle est lisse; les 
stries des élytres et les granules de la déclivité sont moins mar- 
quées que chez la femelle. Les antennes ainsi que les pattes sont, 
chez les deux sexes, couleur de rouille; le corps est finement pu- 
bescent. Les mâles incapables de voler sont beaucoup plus 
rares que les femelles. 

L'évolution de ce Bostryche offre un caractère particulier en 


SAPIN BLANC 161 


ce sens que la ponte dure très longtemps. Il s'ensuit que lIn- 
secte apparaît simultanément au milieu de l’été sous ses trois 
formes qui vivent ensemble dans le curieux couloir de ponte dont 
la figure 107 donne une idée. L’hivernement a, en général, lieu 


Fig. 107. — Xyleborus Saxeseni Ratz. dans un tronc d’Abricotier. 


Les Larves et Chrysalides sont réunies dans le couloir de famille entaillé irrégulièrement dans 
le bois. 1/1 gr. nat. (orig.). 


sous la forme d’Insecte ailé, après que ce dernier, coloré en brun 
jaune, a passé plusieurs semaines à moitié formé. 

Le X. Saxeseni Ratz. pénètre souvent dans le bois en se ser- 
vant des trous d’entrée d’autres Xylophages (X. monographus 


152 INTÉRIEUR DU BOIS 


F., Dryocætes autographus Ratz., X. dispar F.). Son système de 


galeries se compose d’un couloir de longueur très variable, péné- 


trant horizontalement dans la matière ligneuse et aboutissant à 


Fig. 108.— Xyleborus Sareseni Ratz. 

Élargissement de la galerie creusée 
entre les cernes d'un tronc de Sapin 
blanc. 1/1 gr. nat. (orig.). 


une cavité aplatie entaillée dans les 
couches tendres des cernes du bois (fig. 
108). Cette cavité, dont les formes et les 
dimensions varient suivant l’essence et 
la grosseur de la tige, sert de réceptacle 
de ponte et d'habitation restreinte pour 
la famille dont les Larves se nourrissent 
des sues et des Champignons qui en ta- 
pissent les parois. 

Le Xyleborus Saxesent Ratz. est peu 
commun et ses ravages sont d'ordre se- 
condaire. Bien que cet Insecte recherche 
les troncs et les branches dans lesquels 


la sève circule encore, il s'attaque presque toujours aux arbres 


en voie de dépérissement. Son importance forestière est mi- 


nime. 


Sirex gigas L. 
Sirex spectrum L. 
Sirex juvencus L. 


Voir : Chapitre de l'Épicéa. 


Rhagium inquisitor L. Coréorr., Cerambycidi 


(Stenocorus inquisitor Fabr.)[PI. IL, fig. 10] 


Rhagie chercheuse 


Longueur : 14 à 20 millimètres. Ce Cérambycide est caractérisé 
par ses antennes, qui sont relativement courtes. Les élytres sont 
d’un brun noirâtre avec deux bandes transversales brun jaune. 


SAPIN BLANC 153 


Rhagium indigator Fabr. (1) 
[PI IL, fig. 3] 


Longueur : 15 à 20 millimètres. Il se différencie du précédent 
par la couleur des élytres qui est d’un brun plus ou moins gri- 
sâtre avec deux bandes foncées, transversales, généralement 
irrégulières. Chaque élytre est orné de trois nervures longitudi- 
nales saillantes. 


Fig. 109. — Larve du Rhagium indigaior K. (oriq.). 


Chez les deux espèces, le corselet est muni de chaque côté 
d’une protubérance épineuse. Les pattes de la Larve sont très 
petites, sa tête est large et aplatie. 

Au point de vue biologique, ces deux espèces peuvent être mises 
sur ie même pied. Les Larves adultes pratiquent de gros couloirs 
sinueux, ayant de 1 à 2 centimètres de largeur, dans les écorces 
épaisses des Sapins et des Épicéas. Ces couloirs, comme le montre 


(1) Rhagium bifasciatum Fabr. porte sur les élytres noirâtres des ner- 
vures saillantes et deux bandes obliques d’un jaune pâle. Cet Insecte vit 
également en parasite sous les écorces épaisses des résineux. 


154 INTÉRIEUR DU BOIS 


la figure 110, sont remplis de sciure brunâtre. L’Insecte n’entame 
guère l’aubier que pour se procurer les fragments ligneux dont 


Fig. 110. — Système de couloirs du ARha- Fig. 111. — Insecte parfait du Rhagium 
. . . " > , ET ) . s ; s 

gium indigator F. dans l'écorce épaisse indigator K. pratiquant son trou de 

de Sapin blanc. sortie. 1/1 gr. nat. (orig., coll. Pauly, 


a, galeries de larves remplies de sciure Munich). 


extraite des couches corticales ; b, orifice 
de sortie de l'Insecte parfait; €, détritus 
ligneux entourant le berceau de chrysa- 
lide. 1/1 gr. nat, (orig.). 


il entoure son berceau de chrysalide (fig. 111). Cette chambre 
de nymphose est caractéristique pour toutes les espèces du genre 
Rhagium. 

Les Rhagies du Sapin blanc n’attaquent guère que les arbres 
en voie de dépérissement. Elles sont communes dans les sou- 
ches dont l’écorce est demeurée adhérente au tronc. Rarement 
les arbres sains meurent à la suite des atteintes de ce Céram- 


bycide. 


SAPIN BLANC 155 


Il n’y a pas lieu de lutter contre les ravages des Rhagies. Les 
Pics font une chasse acharnée à ces Insectes (1). 


Callidium bajulus L. Coréopr., Cerambycidæ 
(Hylotrupes bajulus Serv.) [PL IL, fig. 5] 


Capricorne des maisons 


Longueur : 10 à 20 millimètres. Ce Longicorne, dont la lon- 
gueur varie du simple au double, est entièrement noir. Le cor- 
selet, élargi en son milieu et non armé, est muni de chaque côté 
du disque d’un empâtement aplati en demi-lune et brillant. 
Chez le mâle, les empâtements du thorax sont plus grands 
et comme formés de deux tubercules ; leurs extrémités sont 
garnies de quelques points très gros. Les élytres, qui sont en- 
viron trois fois plus longs que le corselet, sont 
chagrinés et portent des taches blanchâtres mal 
définies. hu | 

La Larve adulte, qui mesure de 20 à 22 millimè- 
tres, est du type des Larves de Cérambycides. 

Si cet Insecte intéresse peu le sylviculteur, ïl à 
une importance capitale dans le commerce des bois 
et la technique du bâtiment, car il cause de redou- 
tables ravages dans les immeubles et parfois aussi 
dans les bois ouvragés utilisés en plein air. Mo pire os 

Dans les maisons, il est le compagnon des Ano- (ris 
biüides dont nous avons parlé en traitant de l’Épicéa. Mais, par le 
fait de sa dimension, le Capricorne est beaucoup plus nuisible. 

On ne sait encore exactement de quelle façon il évolue et com- 


(1) Un Bupreste, Buprestis rustica L., pratique de gros couloirs de gran- 
deur variable dans les couches libéreuses et provoque la désagrégation de 
lécorce, surtout sur les perches et les planches débitées qu’on a négligé 
d’écorær. La génération de ce Xylophage dure probablement deux à trois 
ans et la Larve pratique le berceau de nymphose dans l’intérieur du bois. 
Au surplus, ce Bupreste est peu nocif, car il ne provoque pas le dépérisse- 
ment des bois sur pied. 


156 INTÉRIEUR DU BOIS 


bien de temps durent les différentes métamorphoses, mais, avec 


Fig. 113. — Couloir de larve du Calli- 
dium bajulus L. creusé à la surface 
d'une poutre de Sapin blanc (la couche 
ligneuse externe a été enlevée pour 
permettre de voir le système en partie 
rempli de sciure). 1/1 gr. nat. (orig.). 


PErris (/856, p. 456-459), nous 
sommes enclin à admettre que l’évo- 
lution de ce Xylophage peut s’effec- 
tuer entièrement à lintérieur des 
bois ravagés dans lesquels des cavi- 
tés suffisamment vermoulues et élar- 
gles permettent aux Insectes de 
s’accoupler. 

Les trous de sortie forés par le 
Callidium bajulus L. sont rares et de 
forme elliptique. Les Insectes ailés 
qui gagnent le dehors se servent 
volontiers des orifices de sortie déjà 
pratiqués par d’autres congénères. 

Comme c’est le cas chez les Ano- 
büdes dont nous avons déjà étudié 
la biologie, les Callidies recherchent 
surtout les couches d’aubier riches 
en amidon et, respectant la péri- 
phérie des poutres, évitent de signaler 
leur présence à l’extérieur. De cette 
façon, on est porté à admettre que 
les ravages sont insignifiants, alors 
que les charpentes et poutraisons 
‘sont entièrement réduites en pous- 
sière. Des déprédations de cette na- 
ture existent dans beaucoup de bâti- 
ments où l’on a employé des bois 
riches en aubier et abattus à la sève. 

Il y a lieu de signaler le fait que 
la présence de fragments d’écorce sur 
les poutraisons et charpentes econs- 
titue un appât pour les Xylophages 
et tout particulièrement pour les 


Longicornes. On ne saurait assez insister, lors de la construction 


SAPIN BLANC 157 


des immeubles, pour que l'écorce soit entièrement et soigneuse- 
ment enlevée au moment de l’équarrissage (1). 
+ 


Moyens préventifs. — Éviter 
d'employer pour la construc- 
tion des immeubles des bois 
coupés à la sève ou imbibés 
d'humidité. 

I n’est malheureusement pas 
toujours facile de reconnaitre 
si les bois de construction sont 
infestés au moment de leur 


équarrissage, car l’œuf ou la 


jeune Larve sont très petits et 
de même couleur que le bois 
du Sapin blanc. 

Le Callidium bajulus L. ra- 
vage également l’Épicéa et les 
Pins. Aucun immeuble soigné 
ne devrait être édifié sans l’ap- 
plication des procédés antisep- 
tiques préconisés par le pro- 
fesseur HENRY (7907), et qui 
ont pour but d’immuniser les 
charpentes et poutraisons con- 
tre les atteintes des Insectes 
et des Champignons. Ces pro- 
cédés sont relativement peu 
coûteux et devraient être re- 
commandés par les architectes 
et les entrepreneurs. 


Fig. 114. — Fragment d'une poutre de Sapin 
blanc ravagée par la Larve du Callidium 
bajulus L. 171 gr. nat. (orig.). 


Moyens répressifs. — Lorsqu'on est appelé à faire quelques 
réparations dans des maisons infestées par ces Xylophages, il 


(1) Nous avons eu l’occasion, il y a trois ans, de constater dans notre 
voisinage immédiat un désastre technique causé par le Capricorne des 
maisons. En 1907, dans un des bâtiments de l’hospice de Saint-Loup, 


158 FEUILLES 


faut récolter et détruire les Insectes ainsi que les Larves qui 
s'échappent des bois envahis ou simplement incinérer ces der- 
niers. : 


Phycis abietella Zk. — Voir : Chapitre de l'Épicéa. 


FEUILLES 


Les aiguilles des Sapins blancs sont ravagées par les Chenilles 
de deux Papillons qui ont beaucoup fait parler d'eux ces der- 
nières années, en particulier dans le Jura; il s’agit de la Tortrix 
rufimitrana H. Sch. et de la Tortrix murinana Hbn. (1). 


Tortrix rufimitrana H. Sch. Lépinopr., Tortricidæ 


(Grapholitha, Steganoptycha rufimitrana H. Sch.) [PI. I, fig. 9, 9 a] 


Tordeuse du Sapin blanc 


Longueur, Papillon étalé : 12 à 16 millimètres. La tête et le 
prothorax sont de couleur de rouille. Les ailes antérieures ont 
une teinte générale d’un gris jaunâtre avec des lignes blan- 
châtres alternant souvent avec des taches rougeâtres. Les ailes 
postérieures sont d’un gris métallique. 


près La Sarraz (Vaud, Suisse), on remarqua dans un meuble des traces de 
Xylophage; puis le même ravage fut constaté dans les boiseries et les pou- 
tres supportant le plancher d’une chambre. D’autres perquisitions dans le 
bâtiment permirent de reconnaître la présence de ce dévastateur, qui avait 
opéré de la cave au grenier. Le directeur de l'établissement, rassemblant ses 
souvenirs, affirma que, depuis nombre d'années, il entendait, la nuit sur- 
tout, un bruit régulier à l’intérieur d’une poutre. Croyant qu'il s'agissait de 
souris, il n’attacha aucune importance à ce fait. A la suite des recher- 
ches entreprises dans le bâtiment, on en vint à supposer que les Insectes en 
question avaient mis environ trente ans pour réduire en poussière la pou- 
traison et la charpente du bâtiment. Ce désastre eut pour conséquence la 
démolition de la maison et la construction d’un nouvel immeuble avec des 
poutraisons et charpentes de fer d’un coût de 40.000 francs. 

(1) Accidentellement, on trouve vivant en parasite sur les rameaux du 
Sapin blanc, un Charançon, le Strophosomus obesus Marsh. et deux Hémi- 
ptères de la famille des Aphidides, le Lachnus piceæ Fabr., et le L. abie- 
tinus Koch. Ces Insectes n'ont pas d'importance pratique. 


SAPIN BLANC 159 


La Chenille, qui mesure 9 millimètres, a la tête jaune rou- 
geâtre avec deux petites taches foncées derrière les ocelles; le 
reste du corps est jaune wert. 


La Chrysalide, couleur de rouille, mesure 6 milli- |, 1.1 
mètres. RE 
Le graphique ci-joint indique de quelle façon ce TR 
Papillon évolue et à quelle époque ses ravages se 
Avril. 


produisent. 
Un seul point de sa biologie reste encore à fixer, || Maï- - 


c'est le mode de ponte, On admet, jusqu’à preuve || Jun.. 
du contraire, que la femelle dépose ses œufs dans || juin... 
les bourgeons ou les anfractuosités de l'écorce, 


Aoùt . . 
mais ce fait mérite encore confirmation. nie 
L’hivernement a lieu sous la forme d’œuf; la | 
chrysalidation se produit dans la couverture morte “ere 
du sol au pied des Sapins. PE 

La Chenille, éclose en avril ou au commencement Déc. . .| « 


de mai dans les régions montagneuses, commence 

à dévorer les aiguilles de l’année, précisément au moment où 
ces dernières se forment, et c’est là une des raisons qui rend ce 
genre de dégâts encore plus sérieux, car ce ravageur phytophage 
évite de toucher aux anciennes aiguilles (Voir fig. 115). 

La Tordeuse du Sapin blanc est essentiellement monophage, 
et, si parfois, dans les peuplements mélangés, on découvre des 
ravages analogues sur l’Épicéa, on peut en conclure d’une façon 
à peu près certaine qu'il s’agit de dégâts d’un autre Tortricide 
(par exemple : T. histrionana Froel. ou T. tedella C1.). 

En général, la Chenille commence à dévorer l'aiguille par la 
base et ne mange pas cette aiguille en entier, de sorte qu’une 
certaine quantité de débris tombe à terre ou demeure attachée 
au réseau des fils de soie dont le ravageur entoure le rameau sur 
lequel il s’est fixé. 

Dans certains cas, l’épiderme de la pousse est aussi entamé, 
ce qui est beaucoup plus grave, car la flèche peut sécher, d’où 
il résulte une déformation de l’arbre (fig. 116). 

Les atteintes de cet Insecte peuvent s'étendre sur des peuple- 


160 FEUILLES 


ments de tout âge et, en général, parfaitement sains. En effet, lors 
des invasions de 1907 et 1908 dans le Jura, nous avons pu cons- 
tater les dégâts de la Tordeuse aussi bien sur des arbres de 1 mètre 


« 
‘ 


de hauteur que sur des perches et des plantes d’un âge avancé. 


Fig. 115, lortr.x rufimitranu H. Sch. 


Aspect d'un rameau de Sapin blanc dont les jeunes aiguilles ont été rongées par les Chenilles 
(les aiguilles anciennes sont épargnees). 3/4 qr. nat. (oriq.). 


Les peuplements ravagés par cette Chenille revêtent une appa- 
rence couleur de rouille et qu’on distingue de loin. Le public 
est parfois tenté d'admettre qu’un feu a parcouru les frondai- 


sons. En général, le mal apparait alors que l’Insecte a quitte 


SAPIN BLANC 161 


la cime au moyen d’un fil de soie et a gagné le pied de l’arbre en 
laissant les rameaux dépouillés et garnis de débris d’aiguilles des- 
séchées. Du reste, la Chenille s’identifie tellement comme couleur 


Fig. 116. — Pousse terminale d’un Sapin blanc (haut. 2 m.) ayant séché par suite des ravages 
de la Chenille de la Tortrix rufimitrana H. Sch. 1/2 gr. nat. (origq.). 


aux jeunes pousses d’un vert tendre, qu’au moment de la période 
des ravages, on a beaucoup de peine à surprendre les coupables. 

On peut affirmer que des invasions se succédant d’une façon 
intense pendant plusieurs années consécutives ne provoquent 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 11 


162 FEUILLES 


pas le dépérissement des arbres, mais seulement un ralentisse- 
ment dans l’accroissement. 

Dernièrement, durant l’année 1911, les sapinières du Jura 
neuchâtelois (Suisse) situées à une altitude de 700 mètres environ, 
en particulier celles du val de Ruz, ont été de nouveau et d’une 
façon très intense infestées par la Tordeuse. Grâce à la chaleur 
de l'été de 1911, il faut prévoir une extension de cette épidémie 
pour les années prochaines, comme cela fut le cas dans la région 
jurassienne après la sécheresse de 1906. 


Moyens préventifs. — Comme nous avons affaire 1e1 à un rava- 
geur essentiellement monophage, le meilleur moyen de contre- 
carrer son évolution consiste à associer une autre essence au 
Sapin, comme nous l’avons exposé à propos de la lutte contre 
le Bostryche curvidenté. 


Moyens répressifs. — On a tenté de lutter contre la Tordeuse 
à l’aide de fumigations ou d’aspersions d’un liquide toxique 
dans les massifs au moment où la Chenille ronge les aiguilles. 
Ce procédé fort coûteux ne peut donner des résultats satisfaisants 
que lorsqu'il s’agit d'arbres de grande dimension; pratiquement, 
il est inapplicable. La récolte des Chrysalides, qu'on ne peut 
guère distinguer dans les détritus du sol, est aussi un moyen 
parfois préconisé, mais 1l doit être rejeté. 

MonGENOT (7911) affirme que le Ramier et les Ichneumons 
détruisent une grande quantité de Chenilles. En somme, le fores- 
tier demeure à peu près désarmé en présence de ce Microlépi- 
doptère. Il doit cependant se féliciter qu'un ravageur aussi com- 
mun ne provoque pas la destruction des Sapins. 

Le compagnon habituel de la Tortrix rufimitrana H. Sch. est la : 


Tortrix murinana Hbn. Lérinorr., 7ortricidæ 
(T. histrionana Ratz. T. caprimulgana Koch.) [PI. I, fig. 8, 8 a] 


Tordeuse du Sapin blanc 
Longueur, Papillon étalé : 15 à 25 muillimèêtres. Le Papillon 
est très variable comme couleur; le plus souvent la tête et le 


prothorax sont d’un jaune pâle ou grisâtre. Les ailes antérieures 


SAPIN BLANC 163 


ont le fond jaune-pâle, tacheté de brun avec une bande oblique 
foncée séparée en deux parties. Une autre tache brune, placée 
près de l’extrémité, s'étend parallèlement à la bande oblique. 

La Chenille mesure 21 millimètres; elle a la tête noire; l’écusson 
occipital, d’un brun noirâtre, est partagé en deux dans le sens 
de la longueur. 

L'évolution de ce Papillon ressemble singulièrement à celle 
de son compagnon, la T. rufimitrana H. Sch. Ces deux Insectes 
ont tellement les mêmes goûts et les mêmes instincts que leurs 
ravages se confondent presque toujours. Dans certains cas, la 
période de dévastation de la Chenille est déjà achevée à la fin 
de mai, donc de quinze à vingt jours avant celle de la T. rufimi- 
trana H. Sch. Au sujet de la ponte, WacxrL (1882) affirme que 
les œufs sont déposés sur les aiguilles comme les tuiles d’un toit, 
ou encore en paquets sur les rameaux. La chrysalidation se pro- 
duit chez cette espèce dans la frondaison, les Cocons étant sus- 
pendus aux aiguilles ou aux filets soyeux tissés par la Chenille. 

Tout ce que nous avons dit au sujet des ravages de la T. rufi- 
mitrana H. Sch. et de son importance au point de vue forestier 
s'applique également à la T. murinana Hbn. 


Liparis monacha L. — Voir : Chapitre de l’Épicéa. 


Schizoneura abietina Koch. Ruyncu., Schisoneurinæ 


Pou des rameaux du Sapin 


Cet Insecte, d'importance tout à fait secondaire, a été tout 
récemment décrit comme un ravageur des rameaux du Sapin 
par NussLin (1905, p. 408). D’après cet auteur, la femelle, ailée, 
ne sécrête pas de cire. Son abdomen porte des bandes transver- 
sales d’un vert foncé. 

Longueur, femelle étalée : 7 à 9 millimètres. Les œufs sont 
déposés en juin dans les rameaux et plus spécialement dans les 
bourgeons. D’après Nussziw, les Larves n’éclosent qu’en avril ou 
mai de l’année suivante et donnent naissance après trois mues à 
des « Fundatrix » ou femelles parthénogénétiques aptères de 
couleur vert jaune qui sucent les pousses tendres. Cette se- 


164 FEUILLES 


conde génération sécrète une masse laineuse blanchâtre dans 


laquelle les excréments s’amassent. 


r— 


Fig. 117. — Rameau de Sapin blanc dont les aiguilles de l’année sont déformées 
et réunies en faisceau par le Schizoneura abietina Koch. 1 f1 gr. nat. (oriq.). 


Comme le montre la figure 117, les rameaux s’atrophient et 
les aiguilles tordues présentent souvent leur face inférieure tour- 
née vers le haut. Dans les invasions intenses, les aiguilles dépé- 
rissent et le rameau dépouillé se dessèche. 

Cet Insecte, peu répandu, a une minime importance au point 


de vue forestier. 


Boarmia crepuscularia Hbn. LépinoPr., Geometridæ 
(Geometra crepuscularia Hbn.) 

Longueur, Papillon étalé : 35 à 40 millimètres. Le mâle porte 
des antennes courtes doublement ciliées. Le Papillon est, dans 
les deux sexes, d’une couleur blanche grisâtre; il est saupoudré de 
brun avec une tache brune double dans la cellule alaire médiane. 


Sur les nervures cette tache devient plus foncée. 


SAPIN BLANC 165 


La Chenille, qui mesure de 28 à 32 millimètres, est trapue, 
cylindrique, d’un blanc sale plus ou moins foncé avec des raies 
longitudinales brunes courant le long du dos et sur les côtés. 
La tête est ronde, plate, avec des marbrures de couleur gris-brun. 

D’après HENSCHEL (1895, p. 387), ce ravageur se reproduirait 
deux fois dans l’espace de douze mois; il essaime en juin et en 
automne. L’hivernement aurait lieu sous la forme de Chrysalide 
qui se tient cachée dans la couverture morte. 

D’après Jupeicx et NirscHE (1895, p. 972), la Chenille de la 
Boarmia crepuscularia Hbn. qui est un Insecte essentiellement 
polyphage, présente des variations de couleur s’harmonisant 
avec celles du feuillage dont elle s’alimente. 

HENRY (7904, p. 711-713) décrit une invasion de ce ravageur 
ou de son proche perent, la B. consonaria Hbn. dans une sapinière 
du canton d’Ambert (Puy-de-Dôme). Cette invasion débuta 
en 1902 sur une surface de 250 hectares; elle s’est propagée jus- 
qu’en 1904 en s'étendant par taches d’huile. Le sous-bois, d’es- 
pêces variées, était aussi ravagé par les mêmes Chenilles. 

En 1904, dans les pineraies de la vallée de la Loire, sur les ter- 
ritoires des communes de Chamalières et de Vorcy, on a constaté 
également des dégâts de ce Papillon. Ce dernier, par contre, n’a, 
à notre connaissance, jamais été vu dans les forêts suisses. 

HENRY préconise lintroduction de Pores en hiver et au prin- 
temps dans les massifs infestés. Ces animaux, en fouissant le sol, 
détruisent une notable quantité de Chrysalides (1). 


BOURGEONS 


Tortrix nigricana H. Sch. Lérinopr., Tortricidæ 


Tordeuse des bourgeons du Sapin blanc 


Longueur, Papillon étalé : 11 à 13 millimètres. Les ailes an- 
térieures sont d’un gris brun foncé avec une tache sombre à la 
partie basilaire. La cellule médiane est allongée avec taches on- 


(1) Le Chermes piceæ Ratz. a été signalé dernièrement par NussLiN 
(1905, p. 425) comme causant de sérieux dégâts dans les sapinières. 


166 BOURGEONS 


dulées d’un bleu blanchâtre. La cellule cubitale antérieure porte 
des taches irrégulières foncées. Les ailes postérieures sont d’un 
gris sale avec franges claires. 

La Chenille est, au début de son existence, d’un brun rougeâtre 
avec tête noire; elle mesure environ 8 millimètres de longueur. 

Ce Papillon, qui est très peu répandu, peut être considéré 
comme le seul ravageur des bourgeons du Sapin blanc. Il essaime 
en juin ou juillet et dépose ses œufs dans les bourgeons, que 
la Larve ronge en se développant. Elle passe l'hiver dans ces 
cachettes et redevient active en mars et avril, pour se chrysa- 
lider à la fin de mai. 

Les dégâts amènent une atrophie des bourgeons, qui laissent 
échapper de la résine et sont entourés d’un duvet soyeux plus 
ow moins garni d’excréments. 

Ce Lépidoptère attaque les arbres de tout âge, mais, vu sa 
rareté et la difficulté d’entraver son évolution, il n’y a pas lieu 
de chercher à le combattre. 


Phycis abietella Zk. — Voir : Chapitre de l'Épicéa. 


CÔNES 


Phycis abietella Zk. — Noir : Chapitre de l'Épicéa. 


Tortrix margarotana H. Sch. Lépioopr., Tortricidæ 


(Retinia margarotana H. Sch.) 


Tordeuse des cônes du Sapin 


Longueur, Papillon étalé : 14 à 17 millimètres. Ce Papillon, 
dont les ailes antérieures sont d’un brun foncé tirant sur le 
rouge, est très peu répandu. Il ravage les cônes du Sapin et a 
été décrit par WacurTL (1882, p. 43-45). Son importance fores- 
tière est minime (1). 


(4) La T, retiferana Woche, espèce voisine, cause à peu près les mêmes 
ravages. 


3. Les Pins 


Pinus sylvestris L., P. austriaca Hbst., P. montana Mill, P. maritima 
Mill., P. halepensis Mill, P. pinea L., P. strobus L. 


RACINES 


Gryllus gryllotalpa L. 
Melolontha vulgaris L. 
Voir : Chapitre de l’Épicéa. 


Cneorrhinus plagiatus Schall. Coréopr., Curculionidæ 


(C. geminatus Fabr.) 


Longueur : 5 à 6 millimètres. Cet Insecte appartient au 
groupe des Charançons qui, sous la forme d’Insectes parfaits, 
incapables de voler (par exemple, genre Otiorrhynchus), ron- 
gent les racines de certains végétaux ligneux. Le Cneorrhinus 
plagiatus Schall. est de couleur brunâtre avec les côtés écailleux 
et blanchâtres. Les élytres sont convexes, revêtus de poils clairs. 

On n’est päs encore exactement fixé sur l’évolution de ce Cha- 
rançon; cependant il est prouvé qu'il hiverne sous la forme par- 
faite et qu'au printemps et en automne il ronge les racines des 
brins, en pépinière surtout (Jupeicx et Nirscnr, 1895, p. 403). 
Son importance forestière es’ minime. 


\ 
168 RACINES 


Brachyderes incanus L. Coréopr., Curculionidæ 


Longueur : 8 à 11 millimètres. Ce Charançon, de couleur 
brune, porte des écailles d’un brun gris présentant parfois des 
reflets métalliques. Il est trois fois plus long que large. Les an- 
tennes sont d’un brun rouge et les élytres sont finement striés- 
ponctués. 

A l’état de Larve, le Brachyderes incanus L. est nuisible comme 
parasite des racines, et sous la forme parfaite, comme ravageur 
des aiguilles des Pins. L'Insecte hiverne et dépose ses œufs au 
printemps dans l'appareil radicellaire des brins. 

Il suffit, pour débarrasser une pépinière de ces ravageurs, de 
récolter les Insectes parfaits au moment des travaux du prin- 


temps. En somme, l'espèce est peu répandue et ses dégâts peu 
importants. 


Anthomyia rufipes Meig. Dipr., Anthomyinæ 


Longueur, mâle : 5 millimètres; femelle, plus courte; Larve : 
5 millimètres. Ce Diptère possède une tête rougeâtre. Les ailes 
sont d’un gris sale, le thorax d’un noir mal teint. L'’abdomen 
est gris cendré. Une bande dorsale longitudinale court le long 
de l’abdomen; elle est de couleur noire, de même que le premier 
anneau abdominal. | 

L’Anthomyta rufipes Meig. essaime en juillet et les œufs sont 
déposés au pied des petits brins en voie de formation; la racine 
est ensuite ravagée par la Larve. On a remarqué que les carreaux 
de pépinière sur lesquels on avait répandu des cendres souf- 
fraient spécialement des atteintes de ce ravageur. Ce dernier 
attaque parfois aussi les Mélèzes. 

Le moyen le plus simple de se défaire de ce Diptère consiste 
à asperger les carreaux de jus de tabac au moment où l’on con- 
state que les Insectes sont occupés à pondre. 


LES PINS 169 


Noctua vestigialis Rott. Lépinopr., /Voctuæ 
(Noctua valligera Hbn.) 


Noctuelle des Pins 


Longueur : Papillon étalé : 30 à 40 millimètres. La paire 
d’ailes antérieures est d’un brun jaunâtre avec taches claires. 
Une ligne blanche part de la partie basilaire de l’aile et rayonne 
dans la direction de l'extrémité. La cellule marginale porte des 
taches foncées liserées de blanc. 

La Chenille, d'aspect terreux, présente parfois des reflets ver- 
dâtres ou couleur de chair. La face dorsale de la tête porte une 
plaque chitineuse, foncée, allongée transversalement. Elle a la 
forme de deux triangles dont les sommets 'se rencontrent presque 
sur la ligne médiane. La Chenille mesure 3 à 4 centimètres. 

Le Papillon essaime à la fin d'août et dépose ses œufs dans 
le sol sablonneux. La Chenille commence à ronger les radicelles 
des Pins, soit des semis en pépinières, soit des plants en forêt. 
L’hivernement a lieu sous la forme de Chenille à demi-adulte 
et la chrysalidation s'effectue sous terre au mois de juillet. Au 
mois de mars ou d’avril, les dégâts recommencent, précisément 
au moment où les brins bénéficient du mouvement de la première 
sève. Durant la nuit, le Papillon s’attaque également à la tige, 
aux rameaux inférieurs et parfois aussi aux aiguilles (1). 


Moyens préventifs. — Aucun, si ce n’est le changement d’es- 
sence, car Ce ravageur est monophage. Toutefois, dans les sols 
sablonneux, on ne peut pas toujours planter une autre essence 
que celle des Pins. 


Moyens répressifs. — Destruction des Chenilles qui sont atta- 
chées aux radicelles ou rameaux des brins attaqués. 


(1) Une autre espèce voisine, la Noctua segetum Schiff., produit à peu près 
les mêmes ravages et s’attaque également aux Épicéas et aux Mélèzes. En 
somme, ces Noctuelles sont rares. 


170 RACINES 


Strophosomus obesus Marsh. Cocéopr., Curculionidæ 


Longueur : 4 à 5 millimètres. Ce Curculionide est d'apparence 
noirâtre. De petites écailles gris brun, présentant des reflets mé- 
talliques, recouvrent les élytres dont la suture est peu distincte. 
Le corselet ne porte pas de ligne médiane. Le premier et le 
deuxième article du funicule des antennes sont d’égale longueur. 

Bien que nous ayons placé cet Insecte dans le groupe des ron- 
geurs de racines, nous faisons remarquer qu'il peut s'attaquer 
indifféremment à tous les organes des brins en pépinière. [essaime 
au printemps et cause des dégâts également aux plantations d’un 
an en ravageant le collet, la tige et les aiguilles. C’est à l'état 
d'Insecte parfait qu'il commet ses déprédations. Celles-ci peu- 
vent également intéresser le Chêne. 

On peut combattre le Strophosomus obesus Marsh. en lui ten- 
dant les mêmes pièges qu'à l'Hylobius abietis L. 


Heliopathes gibbus Fabr. (1) CoLéopr., Z'enebrionidæ 


Longueur : 7,5 à 8 millimètres. Ce Coléoptère, incapable de 
voler, est noir, brillant, avec tête et corselet finement ponctués. 
Ce dernier est de forme carrée avec les angles postérieurs légè- 
rement en saillie. Les élytres striés-ponctués portent des inter- 
stries relevées et chagrinées. 

La biologie de cet Insecte est presque inconnue bien qu'on ait 
à constater ses ravages dans les racines et les tiges des jeunes 
plants de Pins poussant de préférence sur les sols sablonneux 
des régions maritimes. 

Dans les cas d’invasions, on peut opposer les mêmes moyens 
de destruction que ceux préconisés pour l'Hylobe du Pin. 


(14) L’Opatrum sabulosum L. et l'O. tibiale Fabr., qui appartiennent au 
même groupe, produisent des dégâts à peu près semblables. Ce sont égale- 
ment des ravageurs monophages. 


LES PINS DA 


Hylastes ater Payk. CoréoPr., Scol/ytidæ 


Hylésine noir du Pin 


Longueur : 4 à 5 millimètres. Cet Insecte, qui appartient au 
groupe des « Hylastes » dont nous avons parlé à propos de l'É- 
picéa (1. cunicularius Er.), se caractérise par la couleur foncée 
et l’apparence brillante de tout son corps. Les côtés 
du corselet sont droits et parallèles, tandis que chez 
lH. cunicularius Er., ils sont arrondis. Le troisième 
article tarsal est cordiforme, moins large que les 
deux premiers. La massue des antennes est ovoïde. 
Les antennes et les pattes sont de couleur rougeâtre. 

Ce Coléoptère, de même que les trois Insectes sui- 
vants, essaime très tôt au printemps, parfois déjà en 
mars. Il peut produire deux générations par an et 


(oriq.). 
hiverne sous la forme parfaite. 


Les dégâts de ce groupe de rongeurs des tiges, des collets et des 
racines des Pins, sont sensiblement du même type que ceux de 
l’H. cunicularius Er. (chap. de |’ « Épicéa »). 

Du fait que ce Bostryche s'attaque presque toujours à des 
tiges de très petit calibre, son système de couloirs se présente 
rarement sous sa forme normale. Le plus souvent, vu l’exiguité 
du champ d'action, les galeries de larves se confondent avec le 
couloir maternel et tout le système est encombré de sciure brune. 

Les dégâts dans les couches corticales des jeunes plants provo- 
quent un jaunissement des aiguilles et des écoulements de résine. 

Nous avons vu, en parlant de l’Hylésine mineur de l’Épicéa, 
de quelle façon on peut contrecarrer l’évolution de ce parasite. 
Les mêmes indications s'appliquent à la lutte contre les Hylastes 
des Pins. 


Hylastes attenuatus Er. Coréorr., Scolytidæ 


Longueur : 2 à 2,5 millimètres. Le corselet, à peine plus long 
que large, est étranglé antérieurement. Ses deux parties laté- 


Fig. 118. — Tête de 
Hylastes ater Payk. 


172 RACINES 


rales sont plus finement ponctuées que le milieu qui est coupé 
par une ligne longitudinale lisse. L'extrémité des élytres est 
tronquée presque verticalement. Les stries ponctuées vont en 
s’accentuant à mesure qu'on approche de la troncature; les inter- 
stries convexes portent des granules et des soies. 

Cette espèce rare est plutôt répandue sur les Pins du Midi. 
Sa biologie se rapproche de celle de 7. ater Payk. 


Hylastes angustatus Hbst. Coréopr., Scolytidæ 


Longueur : 2,3 à 3 millimètres. Cette espèce a beaucoup 
d'analogie avec la précédente; cependant, elle est légèrement 
plus grande et son corselet, moins long que large, est profondé- 
ment ponctué avec la ligne médiane relevée. Les élytres, qui sont 
trois fois plus longs que le corselet, portent des interstries se 
rétrécissant vers la troncature. 

L'H. angustatus Hbst. est rare. 


Hylastes opacus Er. Cocéopr., Scolytidæ 


Longueur : 2,5 millimètres. L'’Hylastes opacus Er. ressemble 
beaucoup à l'A. angustatus Hbst.; toutefois, il est moins allongé, 
d'un noir mat, et recouvert d’une pilosité très peu dense. Le cor- 
selet, dont les côtés sont arrondis, est plus étranglé à l’extré- 
mité qu'à la base; la ligne médiane est lisse, saillante. Les élytres 
portent des interstries pubescentes, rétrécies à l'extrémité et mu- 
nies de lignes de tubercules. 

Les mœurs de l’Hylastes opacus Er. ressemblent beaucoup 
à celles des espèces que nous venons de décrire. Ces Insectes 
provoquent la mort des Pins âgés de deux à dix ans. Cepen- 
dant, on trouve pañfois les traces de leurs ravages dans des 
perches de la grosseur du poignet, mais ce sont là des cas excep- 
tionnels. 


Ce que nous avons dit à propos de l'A. cuniculartus Er., sous 


LES PINS 173 


le rapport de la lutte répressive, peut s’appliquer à tous les In- 
sectes de ce groupe (1). 


ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


Les ravageurs de ce groupe sont fort importants chez le Pin; 
car, comme nous l’avons déjà vu, cette essence résineuse attire 
tout spécialement les Xylophages. Les Pins étant surtout plan- 
tés dans des terrains arides, de fertilité médiocre et aussi éduqués 
le plus souvent à l’état pur, les invasions prennent parfois, dès 
le début, un caractère de gravité que nous ne retrouvons pas sur 
d’autres arbres. 

En quittant la racine, nous atteignons le collet qui héberge 
deux ravageurs de la région subcorticale et qui s’égarent parfois 
aussi bien dans l'appareil radicellaire que dans la tige et excep- 
tionnellement dans les branches des perches. Ce sont le Pissode 
noté et l’'Hylobe du Pin, deux Xylophages qui doivent être inter- 
calés, à proprement parler, entre le groupe des rongeurs de la 
racine et celui des ravageurs du tronc. 


Pissodes notatus F. Coréopr., Curculionidæ 


Pissode noté [P1. III, fig. 2] 


Longueur : 5 à 7,5 millimètres. Ce Charançon est carac- 
térisé par la base bisinuée du corselet dont les deux angles sont 
recourbés en pointe trapue dirigée en arrière. La distance qui 
sépare la base de l’antenne de la bouche est plus grande que 
celle de l’Æylobius abietis L. Le corps entier est de couleur brun 


(1) Un autre Insecte de ce groupe, l’Hylurgus ligniperda Fabr., peut 
être rattaché biologiquement aux Hylastes du Pin. 

Deux Élatérides, Elater marginatus L. et E. æneus L., causent également 
des ravages dans les pépinières et les cultures de Pins en rongeant les radi- 
celles des brins. 


174 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


rouge. On remarque très souvent de chaque côté de la ligne mé- 


diane du corselet quatre points blancs disposés en losange. La 
partie antérieure des élytres est ornée d'une bande blanchâtre 


transversale, interrompue des deux côtés de la suture. Une autre 


tache plus large, formée d’écailles blanches et dont les côtés 


latéraux sont d'aspect roux, recouvre toute la largeur des élytres 


immédiatement en arrière de leur milieu. 


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Fig. 119. 
Schéma du travail de forage des Pissodes. 
a, larve; b, couloir de larve; c, berceau de 
chrysalide ; d, calotte de détritus ligneux 
(oriq.). 


La Larve, du type des Charançons, ne 
peut être, sous le rapport de la dimen- 
sion, confondue avec celle des Bostryches 
dont la taille est plus réduite. Elle est 
recourbée en dedans, privée d'yeux et de 
pattes. Quant à la Chrysalide, son rostre 
prolongé permet de la reconnaître sans 
hésitation et de ne pas la confondre avec 
la Chrysalide d’un Longicorne, d’un Sco- 
lytide ou d’un autre Xylophage. 

Nous avons déjà vu dans le chapitre de 
l'« Épicéa » de quelle façon les Pissodes 
opèrent leur ponte et comment, de l’ex- 
térieur, ils déposent leurs œufs. Le Pis- 
sode noté travaillant en général dans les 
tissus des tiges et des branches de petit 
calibre, et sa dimension étant relative- 
ment grande pour un rongeur des cou- 
ches subcorticales, la forme de son sys- 
tème de couloirs est difficile à caractériser. 
Cependant, lorsque l’on découvre les 


dégâts de ce Coléoptère, on remarque presque toujours un bour- 


souflement de l'écorce 


et les berceaux de chrysalides entaillés 


dans l’aubier sont recouverts d’une calotte composée de fibres de 


bois; cette calotte protège l'animal durant sa double métamor- 


phose (Voir fig. 119). Ces berceaux, le plus souvent très rappro- 


chés les uns des autres et disposés à des hauteurs diverses sur 


le pourtour de la tige, 
terminer l'espèce, 


constituent le meilleur critère pour dé- 


LES PINS (79 


Au point de vue de l’évolution, le Pissodes notatus F. parait 
se comporter différemment dans l’Europe centrale et dans le 
Midi. Au Nord, il semble que ce soit sous la forme d’Insecte par- 
fait qu'il hiverne, tandis que dans les régions méridionales, ce 
serait, suivant PErRis (1856, p. 428) plutôt à l’état de Larve. De 


SS 


Fig. 120. — Pissode sortant du ber- 
ceau de chrysalide (orig.). 


toutes façons, une seule génération parvient à maturité durant 
l’espace d’une année. 

C'est surtout comme Larve que ce Curculionide est à redouter, 
car l’Insecte pond ses œufs en tas dans les couches corticales et 
ligneuses des Pins anémiés, malingres et poussant dans des condi- 
tions anormales. Les plantations faites dans des sols pauvres, 
exposées en plein soleil, sont souvent décimées par le Pissode 
noté. R 


Moyens préventifs. — Associer autant que possible d’autres 
essences aux Pins, lorsqu'on crée des peuplements artificiels, 


176 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


puis surtout ne pas mettre en terre des plants de faible consti- 
tution. 


Moyens répressifs. — Ceux-c1 sont bien simples. Lorsqu'on 


découvre dans de jeunes plantations ou sur des perches des traces 


Fig. 121.— Boursouflements provoqués au collet de plants de Pin sylvestre par la Larve 
du Pissodes notatus Fabr. 


a, calotte de détritus ligneux ; b, Insecte parfait sortant du berceau de chrysalide. 
1/1 gr. nat. (oriq.). 


de la présence de ce Charançon, il faut extirper les plantes at- 
teintes avant la troisième métamorphose et brûler sur place 


les bois infestés. 


LES PINS 197 


Hylobius abietis L. (1) Coréopr., Curculionidæ 
(Gurculio pini Ratz.) [PI I, fig. 3] 


Hylobe du Pin 


Longueur : 7 à 13 millimètres. La tête porte un rostre épais, 
légèrement arqué et de chaque côté duquel une rainure peut loger 
le scape de l’antenne. Cette dernière est insérée beaucoup plus 
près de la bouche que ce n'est le cas dans le genre Pissodes. Le 
corselet est plus long que large, densément et profondément 
ponctué. Ses côtés sont arrondis, rétrécis antérieurement. La 
ligne médiane, ou carène, est lisse, revêtue comme les côtés de 
poils roux couchés. Les élytres sont plus larges que le thorax; 
ils sont recouverts de taches de poils roussâtres disposées en 
quatre bandes transversales interrompues. La forme de ces der- 
nières est, du reste, infiniment variable sui- 
vant les individus. Les pattes, d’un brun 
noirâtre, sont garnies de poils cendrés. 

Ce Charançon, très commun et très nui- 


Mars . . 


sible, a une évolution assez compliquée en 
raison même de sa dissémination dans des 
régions et à des altitudes fort variables. C'est 
surtout à l’état d’Insecte parfait que ce ra- res 
vageur occasionne des dégâts. La littérature |! oui . . 


++ |+|+ 


Avril. . 


Mare n 


entomologique forestière renferme beaucoup Ar 


de données relatives à son développement. Dee 
Nous nous en tiendrons au schéma présenté 
par Jupeicx et Nitscne (7695, p. 417); il 
représente bien les différentes phases évolu- 
tives en pays de plaine et nous l’exprimons 


sous forme du calendrier graphique ci-joint. 


OCT 


+|+1+4/+ be lolo)o/lelolo 


L'Insecte essaime au premier printemps et s’accouple dès 


(1) On peut, au point de vue morphologique, envisager ici une autre 
espèce, l'A. pinastri Gyll., mais qui, en matière d’entomologie forestière, 
doit être assimilée à l’H. abietis L. 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 12 


178 ÉCORCE DU 


TRONC ET DES BRANCHES 


u’il a atteint son plein développement sexuel, en: général en 
q g 


mai. La femelle, après l'accouplement, dépose de un à cinq œufs 


au fond d'un trou pratiqué dans l'écorce. Au bout de deux se- 


Fig. 122. — Hylobius abietis L. ron- 
geant une tige de Pin sylvestre. 
1 1/2 gr. nat. (orig.). 


maines, la Larve éclose commence 
à creuser des couloirs qui fouillent 
les couches hbhéreuses et dont le ca- 
libre s'accroît au fur et à mesure 
qu'ils s'enfoncent dans l'aubier. Ces 
galerics aboutissent au berceau re- 
couvert de fragments de bois. Au 
bout de trois à quatre semaines, l’In- 
scele parfait est formé; il creuse 
alors dans cette calotte un trou rond 
qui lui permet de gagner le dehors. 
C'est à ce moment, soit en août ou 
scptombre, qu'il se jette sur les jeu- 
nes cultures et décortique les tiges 
des plants. 

Aucun autre Coléoptère n’a une 
évolution aussiembrouillée, variable 
et même déconcertante que celle de 
l'Hylobe du Pin, et en pratique, ce 
fait cst de nature à compliquer la 
lutte que les sylviculteurs sont sou- 
vent appelés à lui opposer. JupEIcH 
et NirscHE (2895, p. 418) donnent 
un résumé des recherches de von 
OPPEN (1883, p. 547) sur la biologie 
de ce Curculionide. Nous ne pouvons 
développer ici plus longuement cette 
question de l'évolution qui est ex- 


posée, suivant les recherches les plus récentes, dans l'ouvrage 
déjà cité de Nusszix (1905, p. 116). Cet auteur relate que lIn- 


secte parfait a une longue existence ; 1l possède la faculté de 


pondre dans le courant de l’année même de son éclosion et 


peut, grâce à la longueur de la période de ponte, déposer des 


an d 


LES PINS 179 


œufs durant plusieurs mois consécutifs tout en continuant son 
travail de forage. La phase de nocivité est done relativement 
longue et la lutte contre ce ravageur compliquée, car les influen- 


3 


Fig. 123. — Tige de Pin sylvestre ravagée par l’Aylobius abietis L. 1/1 gr. nat. (orig.). 


ces locales peuvent, dans chaque cas, modifier son évolution. 
Fucus (1912, p. 50) confirme ces faits et prouve que la femelle 
peut déposer ses œufs durant trois ou quatre mois sans être 


180 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


fécondée à nouveau. Comme conséquence à cette aptitude, des 
Insectes parfaits apparaissent durant tout l'été. Il est incon- 
testable qu'au point de vue pratique ces naissances successives 
d'Hylobes rendent la lutte très difficile. 

Nous avons vu plus haut que c'est surtout à l’état d’Insecte 
parfait que l'Hylobe cause des déprédations dans les pineraies. 
En effet, il ronge l'écorce des plantules, provoque des écoule- 
ments de résine et met à nu l’aubier (fig. 122). Plus le brin attaqué 
est fort, plus il a de chances de se remettre de ses blessures. En 
général, les Pins âgés de moins de cinq ans et dont plus de la moi- 
tié de la périphérie de la tige est décortiquée, périssent. S' le 
ravage se produit sous forme d’une décortication annulaire du 
tronc près de la terre, l'arbre sèche rapidement. 

L'Hylobius abietis L. peut également devenir redoutable 
dans les jeunes cultures d'Épicéas. On le trouve exceptionnelle- 
ment sur les autres Conifères et parfois sur les feuillus. 

Un des principaux facteurs de l'extension des invasions de ce 
Charançon est le maintien des souches et de l'appareil radicel- 
laire après les coupes rases dans les pineraies. En effet, la ponte 
peut souvent se produire dans les racines, donc sous terre. Ce 
fait complique singulièrement la lutte et la rend très coûteuse. 


Moyens préventifs. — Il est difficile de soumettre les pineraies 
à un traitement spécial, attendu que les peuplements de cette 
essence sont le plus souvent purs et installés dans des terrains 
sablonneux et arides. La régénération des forêts de Pins sylves- 
tres, en particulier, est rarement naturelle, et il faut presque 
toujours parer plus ou moins complètement à son défaut, au 
moyen de plantations où de semis qui donnent naissance à des 
cultures uniformes s'étendant parfois sur de grands espaces. 
C'est sur ces chantiers de reboisement que les invasions prennent 
un caractère de nocuité tellement grave que dans bien des cas, 
le forestier est désarmé. 

On peut parer dans une certaine mesure à ce danger en éta- 
blissant plusieurs assiettes de coupes, ce qui permet aux jeunes 
cultures d'être limitées à de petites surfaces et d'atteindre un 


ba 


LES PINS 181 


certain âge (huit à douze ans par exemple) avant d’être expo- 
sées aux atteintes des Insectes dont le développement serait 
favorisé par une coupe définitive dans le peuplement voisin. 
En d’autres termes, dans une pinerale infestée ou menacée, il 
faut s’efforcer d’éduquer de petites étendues, soit de rajeunisse- 
ment naturel, soit de plantations de Pins dont les plants puis- 
sent résister aux attaques des Insectes s’échappant des massifs 
limitrophes. Il existe un autre moyen de prémunir les peuple- 
ments à créer, c’est le dessouchement après la coupe définitive, 
opération qui implique l’extraction radicale des souches et de 
toutes les racines mesurant plus d’un centimètre de diamètre. 
Ce travail doit être exécuté en été, alors que les Insectes sont 
occupés à pondre. On conçoit ce que cette opération doit être 
onéreuse. Si ensuite, on entoure la dite coupe d’un ou de plusieurs 
fossés protecteurs de 30 à 40 centimètres de profondeur, et dans 
lesquels on ramasse et détruit journellement les Insectes qui y 
tombent, on a bien des chances de pouvoir isoler presque com- 
plètement la surface destinée à être replantée. On peut égale- 
ment compléter ce système d’obstacle par l’adjonction à l’inté- 
rieur des fossés de perches enduites de glu (« Raupenleim »). 
On retiendra ainsi prisonniers un certain nombre de Charançons 
qui auraient réussi à sortir du fossé et à circuler sur le sol. 


Moyens répressifs. — Nous avons vu plus haut que les Insectes 
ont la faculté de pondre pendant un laps de temps prolongé. 
Le forestier, qui est appelé à intervenir contre ce ravageur, doit 
donc tenir compte de cette particularité biologique et capturer 
par tous les moyens qui sont à sa portée les [Insectes alors qu'ils 
déposent leurs œufs dans les souches et racines des chantiers 
de coupe et qu'ils s’attaquent aux jeunes Pins dans les semis 
naturels ou dans les parcelles de reboisement. Un des moyens 
qui donnent le plus de satisfaction pour la capture des Hylobes, 
consiste à répandre dans les massifs infestés des fragments d’é- 
corce encore imbibés de sève (Pins et Épicéas). On les dépose 
à raison de 70 à 120 par hectare; le Liber doit toucher le sol. Ce: 
fragments sont recouverts, si possible, de pierres. Les Insectes 


182 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


sont attirés par ces pièges et trois ou quatre fois par semaine 
(dans certains cas tous les jours) on fait une inspection de ces 
appâts pour détruire les Hylobes qui s'y concentrent. On emploie 
également dans ce but des fragments de rondins ou de perches 
de 30 à 50 centimètres de longueur, qu’on écorce longitudinale- 
ment sur une largeur de 3 à 4 centimètres. La surface décortiquée 
est ensuite placée dans une rigole pratiquée dans la terre et les 
Insectes pondent dans ce piège artificiel qu'ils prennent pour 
une souche. Ces pièges doivent naturellement être visités en même 


temps que les écorces. 


Myelophilus piniperda L. Coréorr., Scolytideæ 
(Dermestes piniperda L., Hylesinus piniperda Gyll.) 


Hylésine du Pin 


Longueur : 4 à 4,5 millimètres. Le genre Myelophilus, qui ne 
comporte que deux espèces, est caractérisé par un funicule de 
six articles, une massue ovalaire légèrement acuminée, articulée, 
non comprimée. Le premier article 
tarsal est plus long que les suivants, 
le troisième est largement bilobé. 


Le Myelophilus piniperda L. est 
a b d'apparence noirâtre, brillante. La 
"hr Ré de eue di Mr Léte est densément ponctuée avec 
philus pin] ; b g 
(orig-). carène longitudinale en arrière de 
la bouche. Le corselet est plus étroit à la partie antérieure qu'à 
la base; il possède une ponctuation très fine, plus intense sur 
les côtés qu'au sommet, qui porte une ligne longitudinale lisse. 
Les élytres sont un peu plus larges que le corselet et trois fois 
plus longs que ce dernier. Le rebord antérieur (à la base) est 
crénelé et lés stries sont finement ponctuées. Les interstries, rugu- 
leusement tuberculées, portent à la partie postérieure une rangée 
de petites pointes sétigères. La deuxième interstrie (comptée à 
partir de Ja suture) est profondément impressionnée à la tron- 
cature et privée de tubercules. Ce caractère est encore plus sail- 
lant chez le mâle (fig. 124). 


LES PINS 183 


Les Bostryches du genre Myelophilus sont les seuls qui, à 
l’état de Larves, ravagent les couches corticales et, à celui d’[n- 
sectes parfaits, se nourrissent de la moelle des pousses terminales. 


Fig. 125. — Grumeaux de résine formés autour des trous d’entrée du Wyelophilus pin'perda L. 
(arbre debout), Pin sylvestre. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich). 


La nocuité revêt donc deux formes absolument différentes. Les 
Allemands appellent cet Insecte « Waldgärtner », c’est-à-dire 
« jardinier des bois » car, en décimant les frondaisons, 1l jardine 
à proprement parler. Il est, après certains Lépidoptères, consi 


184 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


déré comme le plus dangereux ennemi des Pins,et, en tout cas, 


comme le plus éommun. On peut affirmer qu'il joue, vis-à-vis 


Fig. 126. — Ecoulement de résine sur un tronc de Pin maritime provoqué par les ravages 
du Myelophilus piaiperda L. 1/2 gr. nat. (orig.). 


de cette essence, le même rôle que le Bostryche typographe à 
l'égard de l'Épicéa. 
Nous n'avons jamais parcouru une pineraie d'une certaine 


étendue sans rencontrer ce Xylophage redoutable qui décortique 


LES PINS 185 


surtout les chablis, les bris de neige, et, en général, les Pins 
ayant poussé dans des conditions anormales. Lors d’invasions 
d'une certaine importance, il ne redoute pas de se jeter sur les 
arbres sains. 


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Fig. 127. — Schéma du forage du Myelophilus piniperda L. sur un tronc de Pin couché. 
(L'écorce est en partie détachée.) 


a, orifice d'entrée; b, galerie maternelle; c, sciure rejetée au dehors; d, couloir de larve; 
e, encoches de ponte (orig.). 


L'Hylésine du Pin essaime très tôt au printemps, souvent déjà 
en mars. Il choisit, pour pénétrer sous les écorces épaisses, une 
fente, une anfractuosité ou une place facilement vulnérable. 
Parvenu aux couches libéreuses, 11 pratique son couloir vertica- 
lement en se dirigeant vers la cime de l’arbre. Durant le travail 
de forage, opéré par la femelle, un écoulement de résine se pro- 
duit tout autour de l’orifice d'entrée. Chose curieuse, ces écoule- 
ments revêtent des formes différentes suivant la plus ou moins 
grande richesse en résine de telle ou telle espèce de Pin. Ainsi, 
chez le Pin sylvestre, on remarque un grumeau circulaire encer- 
clant le trou d'entrée (fig. 125), tandis que chez le Pin maritime, 
la résine, beaucoup plus abondante, se coagule en grumeaux 
pendants (fig. 126) qui rappellent d’une façon frappante les 
dégâts extérieurs du Dendroctonus micans Kug. de l'Épicéa. 

Dans les troncs abattus, où l’on découvre le plus souvent le 
système de ravages, la galerie maternelle, qui mesure de 9 à 


[86 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


20 centimètres de longueur, est construite dans les deux direc- 
Uons verticales, jamais transversalement. On remarque toujours 
dans ce cas une courbure de la partie initiale du couloir de ponte. 
De cette manière, l'Insecte assure un écoulement facile aux 
détritus qui seront rejetés au dehors et qui ne pourraient facile- 


{ 
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#1 
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Fig. 128. — Schéma du forage du Wyelophilus pini- 
perda L. sur un tronc de Pin debout. (L'écorce est 
en partie détachée.) 
a, $ forant la galerie de ponte; b, © nettoyant la 
alerie maternelle; c, couloir de ponte; 4, encoche 
Ftneneut Po e, galerie de larve; f, encoche de 
ponte ; g, grumeau de résine ; À, amas de sciure; à, ori. 
lice d'entrée (oriq.). 
ment tomber à terre si le trou d'entrée n'était foré à un niveau 
inférieur à celui de la galerie principale (fig. 129). 

Une autre différence entre ces deux types de couloirs réside 
dans la cristallisation de la résine. En effet, si sur les arbres 
debout, cette matière s'écoule naturellement et se durcit autour 
ou en dessous du trou d'entrée, il n’en est pas de même pour 
les arbres abattus. Dans ce cas, en soulevant l'écorce, on décou- 
vre des deux côtés du couloir de ponte une frange résineuse qui 
provient de la résine comprimée sur les bords et qui, faute de 
pente, ne suit pas les détritus évacués au dehors par le mâle. 


Brno) ‘jeu ‘af 1/1 (‘oursox ap stuxeB quos ajuod 9p sx10pn09 so'y) ‘ayons ansoAtfs urq 9p 
ouoxy un ans “y vpaaduid snyydojohiyy np 24oq0e saBvaes op owaisÂs np J9odsy — ‘Gar Br 


188 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


En examinant les deux graphiques ci-après, on se rendra 
compte de l’évolution de l'Hylésine qui peut, suivant l'altitude 
et surtout les circonstances climatériques, essaimer une ou deux 
fois dans l’espace de douze mois. L'hivernage se passe toujours 
au pied des troncs dans les débris d'écorce ou dans la couverture 
morte. 

SÉVÉRIN (1901, p. 761) admet, mais toutefois pas d’une façon 
absolue, qu'en Belgique deux générations arrivent à maturité. 

Durant la fin de l'été et pendant l'automne, l'Insecte parfait 
commet des ravages tout aussi préjudiciables que la Larve, en 
pénétrant dans les pousses annuelles dont la moelle est rongée 
de bas en haut. Le trou d'entrée est ordinairement garni d’un 
bourrelet de résine, surtout si l'arbre attaqué est encore en 
pleine vitalité. Souvent, au haut de ce couloir, qui peut at- 
teindre de 7 à 10 centimètres de longueur, on remarque un 
autre orifice situé à 3 à 4 centimètres au-dessous du bourgeon 
terminal. C’est par cette ouverture que l'animal ressort de la 
galerie; mais, dans bien des cas, il évite ce travail de forage et 
gagne le dehors en empruntant le trou d'entrée. La plupart du 
temps, le vent fait tomber à terre ces pousses évidées, qui se dé- 
tachent précisément à l’endroit où l'Hylésine a pénétré dans le 
bois. 

En parcourant les pineraies infestées par ce Coléoptère, on 
remarque une multitude de ces pousses qui jonchent le sol. 

Les systèmes de couloirs sont très rapprochés et souvent en- 
chevêtrés les uns dans les autres. Parmi les Bostryches rava- 
geant les Pins, — et ils sont nombreux, — aucune autre espèce 
ne se reproduit en aussi grande abondance; il s'ensuit que si en 
hiver ou au printemps on parcourt les peuplements de Pins 
ayant subi, l’année précédente, de sérieuses atteintes du Myelo- 
philus piniperda L., on peut détacher des troncs non décorti- 
qués à temps et gisant à terre des plaques d’écorce dont la face 
interne présente des couloirs de ponte rectilignes, imprégnés de 
résine. Les galeries de larves, qui, dans la règle, sont transver- 
sales au début, surtout sur les gros troncs, et longitudinales 
sur les perches de faible dimension, finissent par s’embrouiller 


189 


et sont à peine perceptibles dans l'épaisse couche de sciure 
brune. On discerne, dans cette dernière, de nombreux trous de 
sortie creusés par les Insectes parfaits qui cherchent à gagner le 


LES PINS 


dehors. 


Le Myelophilus piniperda L. s'attaque à ||) 
toutes les espèces de Pins; 1l est très fréquent [Fév ..| ++ 
dans les forêts de Pins maritimes et d’Alep du ||Mars..| + | + 
midi de la France, où nous l’avons rencontré || 1,4. | .H . 
en aussi grande abondance que dans les pine- fi | 

À Ê s Mal. . . I 
raies de Pins sylvestres de la plaine bavaroise. a 
Juin . 
Au centre de la France, notamment dans les |__| + | 

AT: Juill ..| « 
départements de l'Allier, de la Creuse et du E an 
Puy-de-Dôme, il a été signalé (A. D. E. F.) |Aùt-.|: 
comme ayant causé, de 1894 à 1897, de sérieux |! Sept. .| : 
ravages au milieu des reboisements artificiels |loc«. .. : 
de Pins sylvestres. Dans le canton de Roche- He) 
fort (Puy-de-Dôme), des peuplements situés à = Fa Ex 

: APN Tee AE 
1.200 mètres d'altitude, éclaircis déjà par des 
bris de neige, ont été sérieusement décimés 
S ; : SE ; : Janv + 
per l’'Hylésine du Pin, qui s'était propagé en le 
, "S Fés + 
abondance sur des perches brisées et non écor- 

, Mars . . _ 
cées à temps. 

APT EN EE 

Moyens préventifs. — Ce ravageur n’atta- ||Mai...| °f. 
quant que très rarement d’autres résineux || Juin...| à 
(Epicéa), 1l faut éviter, autant que possible, de fin 1 
créer de vastes peuplements purs de Pins et nie 

AOUL . . 
d'âge uniforme. On sait que cette essence est, 

- ; - . ; Sept 
parmi tous les arbres forestiers, celle qui hé- à #4 
berge le plus d’ennemis de la classe des Insectes. net 
Par conséquent, on ne saurait trcp insister sur 
ce danger, lorsqu'on engage des propriétaires, 


des communes ou des sociétés scolaires fores- 


tières à entreprendre de grands travaux de reboisement sur des 
sols arides et exposés au midi. Nous verrons, dans les conclu- 
sions de cet ouvrage, de quelle façon on doit comprendre la 


190 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


création de peuplements artificiels susceptibles de résister aux 
atteintes des ravageurs xylophages. 

En ce qui concerne l'Hylésine du Pin, la meilleure résistance 
à lui opposer sera de surveiller attentivement l’écorçage et l’en- 
lèvement des chablis et des bris de neige qui constituent pour 
lui un appât de premier ordre. En outre, 1l faut absolument 
éclaireir tôt et fréquemment afin de produire des tiges saines, 
bien espacées et pourvues d'une abondante frondaison. 


Moyens répressifs. — Ces derniers sont identiques à ceux mis 
en œuvre pour combattre le Bostryche typographe. On sait que 
le seul moment propice pour capturer les Scolytides est la période 
larvaire, ou celle de nymphose, alors que les Insectes peu mobiles 
sont concentrés par quantités énormes sur une surface réduite. 
Il faut donc saisir cette circonstance et intervenir brutalement 
en bouleversant toute cette progéniture en voie de métamor- 
phose. L’arbre-piège est la meilleure arme que le forestier ait à 
sa disposition pour décimer un Insecte qui recherche plus volon- 
tiers les gros troncs et perches que les branchages. Des arbres- 
pièges doivent donc être abattus au moment où l’on constate 
le vol des Hylésines, soit en mars ou avril. SÉVÉRIN (7901, p. 763) 
recommande de ne pas laisser tomber à terre la cime ébranchée, 
ce qui permettrait au Bostryche de pénétrer dans l'écorce de 
toute la périphérie du tronc. Il est évident qu'on ne peut prescrire 
d’une façon uniforme le nombre d'arbres à abattre. En thèse 
générale, dans une pinerale qui a déjà été infestée durant une 
ou plusieurs années par ce Coléoptère, 1l faut utiliser tous les 
chablis tombés en hiver et les traiter comme les autres arbres- 
pièges qu'on abat en plus grande quantité dans les parties du 
massif où l’Insecte a concentré ses attaques. A cet effet, l'examen 
et le nombre des pousses gisant à terre ainsi que les grumeaux de 
résine fixés au tronc guideront le forestier. Dans les invasions 
intenses, on peut disposer de dix à quinze arbres par hectare. 
Mais ici, nous répétons ce que nous avons déjà dit à propos de 
la lutte contre le Bostryche Lypographe, à savoir : que le pro- 
cédé des arbres-pièges ne peut être de quelque utilité qu'autant 


LES PINS 191 


que le personnel subalterne forestier surveille scrupuleusement 
l’évolution de l'Hylésine dans ces pièges. Il s’agit d’écorcer rapi- 
dement et de brûler sur place les écorces garnies de Larves et 
de Nymphes. Il est à remarquer, toutefois, que les Larves ou 
Nymphes qui demeurent sur le tronc décortiqué ou qui tombent 
à terre périssent au bout d’un jour ou deux, car les premières ne 
sont pas en état de se mouvoir en dehors de la matière ligneuse 
qui leur procure une alimentation, et les secondes sont tellement 
délicates qu'elles ne sauraient résister au froid de la nuit, aux 
rayons solaires et à la pluie. Toutefois, les Larves peuvent par- 
faitement être enfermées dans l'épaisseur des couches corticales 
au moment de l’écorçage et 1l importe de détruire intégralement 
les écorces par une incinération radicale, sinon l’évolution de 
l'animal se continue même dans l'épaisseur des fragments d’é- 
corce gisant à terre. 


Dans certains cas, on peut se contenter d’écimer les arbres 
malvenants, qu’on abat et écorce ensuite au moment où l’on cons- 
tate une infection générale. Ce procédé moins coûteux est à re- 
commander seulement dans les grandes forêts d'accès difficile et 
au début d’une invasion modérée. Quoi qu'il en soit, l'Hylésine 
du Pin est un redoutable ennemi qui demeure toujours à l’état 


endémique dans chaque pineraie d’une surface un peu consi- 
dérable. 


Myelophilus minor Htg. Coréopr., S'colytidæ 
(Hylesinus minor Htg.) 


Hylésine mineur 


Longueur : 4 millimètres. Ressemble beaucoup au précédent. 
La seule différence essentielle entre les deux Insectes parfaits 
réside dans quelques détails de la troncature des élytres, et 
cela plus spécialement chez le mâle. En effet, chez le Myelo- 
phulus minor Hitg., la deuxième interstrie n’est pas impres- 


192 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


sionnée et la rangée de tubercules sétigères se prolonge jusqu'à 
la partie inférieure de la troncature (fig. 124,b), tandis que chez 
le M. piniperda L., comme nous l'avons dit, la deuxième inter- 
strie de la déclivité est sillonnée. 

Si, au point de vue morphologique, ces deux Insectes sont assez 
semblables, 1l n’en est pas de même de leurs habitudes, car la 


Fig. 130. — Couloirs du Wyelophilus minor Hig. dans l'écorce du Pin sylvestre. 
1/1 gr. nat. (orig.). 


femelle de l'Hylésine mineur pratique une galerie de ponte qui est 
formée de deux branches réunies à l’orifice d'entrée sous un angle 
très ouvert et rappelant le couloir en accolade de l'Hylésine du 
Frêne. Les couloirs de larves, relativement courts, sont parallèles 
aux fibres ligneuses. C’est dans la couche cambiale, se desséchant 
moins facilement, que les Larves de ce ravageur, amateur d'écorces 
minces, se fraient volontiers un chemin. La nymphose se produit 
toujours à l’intérieur d’une niche que la Larve a perforée dans le 
bois, parallèlement à l'axe du tronc. 

CHewWYREUV (7905, p. 47) a démontré que la forme du système 


LES PINS » 193 


de couloirs de ce Bostryche varie à l'infini, suivant que l’Insecte 
attaque les arbres debout ou couchés. Dans le premier cas, les 
deux branches de la galerie maternelle sont presque toujours 
horizontales et chaque extrémité est légèrement recourbée en 
haut. Il peut arriver que l’une ou l’autre de ces branches soit 
seulement ébauchée. Dans le second cas, et suivant la situation 
du système sur la partie supérieure ou les côtés du tronc gisant 
à terre, l’orifice d'entrée et le couloir de ponte sont toujours 
dirigés de telle façon que le mâle, qui féconde à plusieurs reprises 
la femelle, puisse rejeter commodément au dehors la sciure qui 
encombre la galerie de ponte. Il en résulte des formes anormales 
du système qu’on retrouve aussi parfois dans les dégâts de bran- 
ches de Pins. En effet, l’'Hylésine mineur montre une préférence 
pour la partie supérieure de la tige ainsi que pour les branches 
maitresses. Le Myelophilus piniperda L. préfère en revanche, 
la partie inférieure du tronc recouverte d’une écorce épaisse; 
cependant, il arrive aussi qu’on trouve les deux espèces réunies 
sur la même section de l'arbre. 

L'Hylésine mineur offre les mêmes particularités biologiques 
que sen compagnon. Il est plus hardi que ce dernier, en ce sens 
qu'il redoute moins de s'attaquer aux arbres sains et aux per- 
ches. Sous sa forme parfaite, il occasionne les mêmes ravages dans 
les pousses et peut produire, dans des conditions favorables, deux 
générations par an. 

Nous devons cependant constater qu'il est moins répandu que 
son congénère, et dans la plupart des cas où nous examinons 
les pousses répandues sur le sol des pineraies, nous trouvons 
beaucoup plus fréquemment, cachés dans le canal médullaire, 
des M. piniperda L. que des M. minor Htg. 

Les moyens destinés à entraver l'extension de l'Hylésine 
mineur, qui attaque toutes les espèces de Pins, sont en tous points 
semblables à ceux que nous avons exposés à propos du Myelo- 
philus piniperda L. Toutefois, il y a lieu de remarquer que l’écor- 
cage doit être entrepris avant la nymphose, c’est-à-dire avant 
que la Larve ait pénétré dans le bois. C’est ce que nous avons déjà 
fait observer à propos du Bostryche du Sapin qui, le plus sou- 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 13 


194 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


vent, quitte aussi avant la fin de la période larvaire les couches 
corticales pour se nicher dans l’aubier. En écorçant trop tard, 
on n'atteint plus les Larves et les Nymphes qui demeurent à 
l'abri de la hache ou de l’écorcoir dévastateur. 


Tomicus sexdentatus Boern. CoLéorr., S'eolytidæ 
(Bostrichus stenographus Duft.) 


Bostryche sténographe 


Longueur : 6 à 8 millimètres. Le Bostryche sténographe 
tient, avec l'Hylésine géant de l'Épicéa, le record de la grandeur 
parmi les Scolytiens européens. 

En raison même de sa dimension et de la 
troncature des élytres qui porte six dents et 
denticules, cette espèce ne peut être confondue 
avec les six suivantes, qui toutes creusent des 
couloirs de types particuliers dans les couches 
libéreuses des différentes espèces de Pins. 

Nous avons affaire ici à des Bostryches mo- 

ee nophages qui, sauf de très rares exceptions, ne 
re se rencontrent que dans les pineraies. 

En examinant de près le Tomicus sexdentatus Boern, on cons- 

tate que les première et deuxième sutures de la massue sont 

courbées à angle aigu vers l'extrémité. Le corselet, éparsément 


ponctué, a sa partie antérieure recouverte de tubérosités transver- 
sales rappelant la disposition des tuiles sur un toit. La portion 
postérieure, finement et profondément ponctuée, présente une 
ligne médiane lisse. Les élytres, un peu plus longs que le thorax, 
portent des stries grossièrement ponctuées; les deux stries juxta- 
suturales sont plus profondes que les autres. Les interstries des 
côtés des élytres sont densément et ruguleusement ponctuées, 
tandis que ces lignes de points n'existent pas sur le dos. 

La déclivité des élytres est en forme de panier à fond lisse, 
brillant, parsemé de gros points épars. Les deux sexes sont exté- 


rieurement semblables. 


ans l'écorce 


d 


) 


‘omicus sexædentatus Boern 
1/1 gr. nat. (oriq 


, 


é du 7 
sylvestre 


in 


me de couloirs achev 
de P 


ystè 


S 


196 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


En raison même de sa dimension spéciale, ce Bostryche pra- 
tique sous l'écorce des réseaux de galeries de dimensions extra- 
ordinaires, car un système peut parfois s'étendre sur 80"centi- 
mètres de longueur. 

Les couloirs de ponte, au nombre de deux à quatre, rare- 
ment cinq, ont une direction longitudinale, quelquefois oblique, 
mais ils ne sont jamais étoilés. 

Le Tomicus sexdentatus Boern. recherche avant tout les écorces 
épaisses du bas du tronc des gros Pins, rarement les perches 
ou les grosses branches. Il est exclusivement monophage et 
plus fréquent dans les pineraies du Midi et du Centre que dans 
celles du Nord de l'Europe. 

Dans la plupart des cas, on compte deux générations, avec 
essaimement des Insectes ailés en avril et en juillet. La période 
larvaire dure en général quatre semaines et la nymphose de huit 
à douze jours. En somme, toute l’évolution ne demande pas plus 
de huit à neuf semaines. 

Il peut arriver qu'on trouve en hiver, sous l'écorce, à la fois 
des Insectes parfaits et des Larves. Ces dernières sont issues de la 
deuxième génération automnale qui, dans des conditions clima- 
tériques particulièrement favorables, a réussi à pondre avant la 
mauvaise saison. 

Le Bostryche sténographe pratique également ces couloirs de 
régénération dont nous avons déjà parlé à propos du Bostryche 
typographe. Les ramifications de ce type anormal bouleversent 
souvent une partie du réseau de galeries de la famille et rendent 
ce dernier méconnaissable. 


Moyens préventifs. — Malheureusement, comme nous l'avons 
déjà rappelé à différentes reprises, il n’existe guère de procédés 
pour protéger les pineraies contre les atteintes des Xylophages, 
car les Pins étant surtout cantonnés sur les sols sablonneux, 
superficiels, pauvres, on ne peut guère leur associer d’autres 
essences sociales, dans le but de constituer des massifs mélangés 
et éviter ainsi l'éducation de peuplements purs. 

Par tempérament, et en raison même de son besoin intense 


LES PINS 197 


de lumière, la pineraie a toujours la tendance de s’éloigner du type 
de la forêt jardinatoire, surtout si elle est constituée par les Pins 
sylvestres et d'Autriche. Par contre, dans le Midi, on constate, 
mélangés au Pin maritime, des Chênes-lièges, verts, etc.; parfois 
aussi, il existe un sous-bois composé d’essences variées qui recou- 
vrent le sol et maintiennent une certaine fraîcheur propre à favo- 
riser la végétation de l’étage supérieur du peuplement. 

Dans les Landes, pays par excellence des Pins maritimes, 
on a l’œil ouvert sur les menaces de propagation des Xylophages, 
et, grâce à la gestion intensive, activée encore par le gemmage, 
on arrive à arrêter à temps l'extension des ravages. Cependant, 
dans les Landes, le Pin maritime pousse à l’état pur et ses massifs 
ont un caractère d’uniformité qu'on ne peut considérer comme 
l'idéal pour réagir contre les atteintes des Insectes. Il faut tou- 
tefois reconnaitre que le Pin maritime se trouve dans sa véri- 
table station, celle qui réunit toutes les conditions nécessaires 
à son développement, et c’est dans ce fait qu'il faut chercher 
le facteur qui peut le mieux contribuer à rendre les arbres résis- 
tants. 

Moyens répressifs. — Dans les pineraies où l’on constate des 
ravages dus aux Bostryches de l’écorce, on doit procéder de la 
même façon que s'il s'agissait du Bostryche typographe; car, 
chez le Sténographe, de même que pour les cinq espèces suivantes, 
qui toutes recherchent les troncs et exceptionnellement les per- 
ches, l’arbre-piège abattu au bon moment, suivant les circons- 
tances biologiques de chaque Insecte, constitue le seul moyen 
capable d’enrayer les invasions. 


Tomicus acuminatus Gyll. Coréopr., Scol/ytidæ 


(Bostrichus geminatus Zett.) 


Bostryche acuminé 


Longueur : 3 à 3,7 millimètres. Le corselet de cet Insecte 
est plus long que large, légèrement rétréci antérieurement, fine- 
ment et éparsement ponctué sur le dessus, sans ligne médiane 


198 ÉCORCE DU TRONC 


E 


T DES BRANCHES 


lisse. Les élytres, un peu plus longs que le corselet, sont médio- 


crement striés-ponctués, avec 
interstries portant des rangées 


de points. La troncature des 


Fig. 133. — Tomicus acuminatus Gyll. 
Déclivité des élytres (oriq.). 
élytres, vue de profil, présente 
de chaque côté trois dents, 
dont l'inférieure est la plus 
forte. Chez le mâle, la troisième 
dent, soit l’inférieure, est tron- 


quée ; elle semble formée par la 


soudure de deux denticules 
dont on distingue nettement 


les deux extrémités hbres.Gette 
même dent est simple, pointue 
chez la femelle. 

Les couloirs creusés par ce 
d'un calibre 


Bostryche sont 


sensiblement plus petit que 
celui de l'espèce précédente. 
Toutefois, 1ls n’ont pas la même 
forme régulière ni la même 
étendue, et sont plus ou moins 
étoilés suivant la grosseur de 


la 


lesquels 1ls sont creusés. 


branche ou du tronc dans 


. ee sé . 
Une des caractéristiques de 


Fig. 134. — Couloirs forés par le Tomicus acu- 
minatus Gyll. dans une branche de Pin 


sylvestre. 3/4 gr. nat. (origq.). 


ce système de galeries est l'intervalle qui sépare les couloirs de 


larves disposés inégalement des deux côtés des trois ou quatre 


LES PINS 199 


bras de la galerie de ponte. On doit, suivant Fucns (1907, p. 31), 
attribuer ces espaces relativement grands au fait que la femelle 
se passe du mâle et achève la ponte sans rechercher d’autres 
rencontres avec ce dernier. 

Le Tomicus acuminatus GYyIl. est très commun dans les pine- 
raies du Midi où, grâce aux hivers moins longs, il produit 
deux générations par an. Nous l’avons rencontré à 1.700 mètres 
d'altitude, au mont Catogne, dans les Alpes Valaisannes, où 
il creuse des couloirs dans les branches à écorce mince, comme 
aussi dans les racines arrachées par l’ouragan. 

La plupart du temps, à l'instar d’autres Bostryches, lorsque 
l’épaisseur de l'écorce ne suffit pas pour le mettre en süreté, 
lui et sa progéniture, cet Insecte creuse ces différents organes, 
surtout la chambre d’accouplement et les berceaux de nym- 
phose, dans l’aubier. 

En région élevée, le Bostryche acuminé ne produit qu'une 
seule génération et le plus souvent hiverne sous la forme d’In- 
secte parfait. 


Tomicus suturalis Gyll. Cozéopr., Scolytideæ 


(Tomicus nigritus Gyll.) 


Longueur : 3 millimètres. Le corselet de cet Insecte est un 
peu plus long que large, légèrement rétréci antérieurement, den- 
sément et ruguleusement ponctué en 
arrière; la ligne médiane est lisse. Les 
élytres portent des interstries rugu- 
leuses et chacune d’elles possède une 
ligne de points fins. La troncature est 
plus verticale que chez le Bostryche d 
acuminé; elle porte également trois 


. Fig. 135. — Déclivité des élytres du Zo- 
dents, mais recourbécs plutôt en de- PrRnrateGyIle (orge) 


dans, l’inférieure se trouve en dessous du milieu de la hau- 
teur de cette déclivité. Entre la deuxième et la troisième dent, 
on remarque deux petits tubercules. Chez le mâle, les dents de 


200 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


la troncature sont plus saillantes et plus voisines du bord laté- 
ral; celles de la femelle sont obtuses, la deuxième et la troi- 
sième sont situées plus en dedans que la première. 

Le Tomicus suturalis GYIL travaille un peu à la façon du pré- 
cédent et le calibre des couloirs est assez semblable pour les deux 
espèces. On observe, suivant la grosseur du tronc attaqué, de 
deux à six galeries ayant presque toujours une direction longi- 
tudinale et il y a naturellement autant de femelles en activité 
que de bras de ponte. Très souvent les berceaux sont aussi entail- 
lés dans l’aubier, surtout si l'écorce est mince. 

Le Tomicus suturalis GyIl. est moins répandu que le précédent. 
Toutefois, il est à redouter dans les pineraies des Landes où il 
parvient à essaimer deux fois dans l'espace de douze mois, 
quoique le premier vol ait lieu tard au printemps. On constate 
souvent la présence de ce ravageur dans les perches et dans la 
partie supérieure des tiges des Pins de forte dimension. Ce n'est 
qu'exceptionnellement qu'il attaque l’Épicéa et, dans certains 
cas, se Jette sur les jeunes cultures de Pins sylvestres. 


Tomicus proximus Eichh. Coréorr., Scolytidæ 


Longueur : 3 à 4 millimètres. Cette espèce est encore une de 
celles qui s’attaquent aux Pins et dont la troncature des élytres 
varie d’un sexe à l’autre. 

Le corselet, transversalement im- 
pressionné de chaque côté du disque, 
présente une ligne médiane lisse, indis- 
üncte. Les élytres sont rugulés, à stries 
profondes, crénelées. Les points des in- 


terstries ont à peu près le même écar- 
Fig. 136. — Déclivité des élytres tement que ceux des stries. 

NU RE UE Ce Bostryche est sensiblement plus 
rapu que le précédent; la déclivité des élytres porte trois ou 

quatre dents suivant le sexe. Mâle : quatre dents, dont la se- 

conde (comptée à partir du dessus) est légèrement plus grande 

que les autres; elles sont toutes recourbées en dedans. 


Fig. 137. — Système de couloirs du Tomicus proæimus Eichh. dans un tronc de Pin sylvestre. 
1/1 gr. nat. (oriq.). 


202 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


Femelle : trois dents moins accusées que chez le mâle; par- 
fois on remarque un petit tubercule inséré entre la deuxième 
et la troisième dent. 

Il est très difficile de faire une distinction entre les couloirs 
de cet Insecte et ceux forés par le T. suturalis GyIl. Dans la 
plupart des cas, ils ont trois bras et un aspect étoilé. La chambre 
d'accouplement a parfois une forme très irrégulière et les galeries 
larvaires sont souvent plus rapprochées les unes des autres que 
ce n'est le cas chez le T. suturalis GyIl. 

Le Tomicus proximus Eichh. recherche aussi les écorces minces, 
de sorte que sa chrysalidation se passe naturellement dans 
l’aubier. Aussi peu répandu que l'espèce précédente, 1l n’a pas 
été signalé jusqu'ici comme un des Xylophages les plus à re- 
douter dans les pineraies. 


Tomicus laricis Fabr. Coréopr., S'col/ytidæ 


Longueur : 3,5 à 4 millimètres. Le Tomicus laricis Fabr., 
malgré son nom, est avant tout un parasite des Pins, très rare- 
ment des Mélèzes: jamais nous ne l'avons rencontré sur cette 
essence dans sa station naturelle, soit les Alpes. 

Il est caractérisé par un corselet dont la ponctua- 
tion rappelle celle du Tomicus proximus Eichh., ce- 
pendant ses côtés sont plus parallèles que ceux du 
corselet de son proche parent. Les stries des élytres 


= portent des points fins rapprochés et les interstries 
| d sont planes avec points très fins. La déclivité est 


fige Didi orbiculaire, densément ponctuée; elle est, vue de 


du Tomicus laricis 


le ed) profil, presque perpendiculaire à la partie supé- 

rieure des élytres. La troncature porte dans les deux 

sexes trois dents, dont l'inférieure est séparée de la précédente 

par deux petits tubercules. Ces dents sont, chez la femelle, sen- 
siblement moins saillantes. 

Au point de vue biologique, le Tomicus laricis Fabr. offre une 

particularité qui se retrouve chez le Dendroctonus micans Kug. 


LES PINS 203 


En effet, chez ces deux espèces, on constate que la chambre d’ac- 
couplement est essentiellement variable, revêtant parfois la 
forme d’une botte, d’un éperon ou d’un crochet plus ou moins 


Fig. 139.— Couloirs de ponte du Tomicus laricis Fabr. dans l’écorce du Pin sylvestre. 


a, $ déposant les œufs en tas; b, orifice d'entrée; €, ramification de la galerie maternelle. 
1/1 gr. nat. (orig.). 


compliqué. Les œufs sont déposés tout autour par paquets. Chez 
le Tomicus laricis Fabr., les galeries larvaires partent dans toutes 
les directions et, dans la plupart des cas, les Larves forent une 
excavation irrégulière dans laquelle on a de la peine à discerner 
le chemin parcouru par chacune d'elles. On admet que ce Xylo- 


204 ÉCOZCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


phage est polygame, sans en être cependant absolument certain, 
car la biologie de cette espèce rare dans le centre de l'Europe 
est encore trop peu connue. 

Le Tomicus laricis Fabr. se rencontre dans les chantiers de 
bois non écorcés et souvent en compagnie des Bostryches que 
nous venons de décrire, Dans le Midi, on a observé en tout cas 
deux générations par an. 


Tomicus rectangulus Eichh. Cocéorr., S'colytidæ 


(Tomicus erosus Woll., Tomicus laricis Perris) 


Longueur : 3 à 4 millimètres. Get Insecte, que PErris (/848, 
p. 184) a décrit sous le nom de Tomicus laricis, est assez différent 
du précédent. En effet, il est plus allongé, le corselet est posté- 
rieurement plus finement ponctué et ses élytres portent des 
interstries couvertes de points très distants les uns des autres. 

La troncature, comme c’est le cas pour toutes les espèces de 
ce groupe de Tomicides, constitue tou- 
jours le critère le plus certain pour la 
détermination. Cette extrémité des 
élytres est orbiculaire; ses côtés ont la 
même inclinaison que chez le Tomicus 
laricis Fabr. La dentelure des côtés 


offre cependant les caractères suivants : 

nu GE Péctyié de dues Male : porte quatre dents très rap- 

| prochées les unes des autres, la deuxième 

fait saillie sous forme de lame triangulaire, les deux suivantes 
sont coniques. 

Femelle : est munie de trois denticules; entre le deuxième et 
le troisième de ces denticules, on remarque un tubercule plus ou 
moins prononcé suivant les individus. 

Le Tomicus rectangulus Eichh. est essentiellement un parasite 
des pineraies du Midi dans lesquelles il commet des dépréda- 
tions considérables. 

Le système de ses galeries rappelle beaucoup par sa forme celui 


dans un tronc de Pin maritime. 


chh, 
\ 
). 


i 
[1 gr. nat. (orig. 


I 


Fig. 141.— Couloirs du Z'omicus rectangulus E 


es. 


206 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


foré par son compagnon, le Tomicus sexdentatus Boern. Cepen- 
dant, le calibre des couloirs est semblable à celui des T. proximus 
Eichh. et T. suturalis GyI1. La chambre d'accouplement de ce 
Bostryche polygame est de forme régulière; elle sert de point de 
ralliement à deux, trois, quatre ou cinq femelles creusant chacune 
une galerie de ponte mesurant de 5 à 15 centimètres de longueur. 
L'ensemble du système est de forme allongée, revêtant un type 
étoilé dans la partie supérieure de la tige ou dans les branches 
des Pins. 

Nous avons presque toujours remarqué que, lorsque l'Insecte 
travaille sur les arbres couchés, deux des bras de ponte, courant 
parallèlement lun à Fautre, ont la tendance, dès le départ de la 
chambre d’accouplement, de se rapprocher aussi près que pos- 
sible, sans toutefois se confondre l’un avec l’autre (fig. 141). 
Cette caractéristique ne se retrouve chez aucune autre espèce 
voisine. 

On peut affirmer que le Tomicus rectangulus Eichh. est aussi 
fréquent dans les pineraies du Midi — où il se jette à la fois 
sur le Pin d’Alep et sur le Pin maritime — que le Myelophilus 
piniperda L. dans les peuplements de Pins sylvestres de l'Europe 
centrale. 

Nous l'avons observé à maintes reprises dans l’Estérel et sur 
le littoral méditerranéen, dans les Landes, où tous les chablis 
non écorcés avant le mois de mai en sont rapidement et abon- 
damment infestés. 

Le Tomicus rectangulus Eichh. se reproduit avec une rapidité 
effrayante, émettant, lors de conditions climatériques favorables, 
deux et même trois générations par an. L'hivernement a lieu 
sous la forme larvaire et sous celle d’'Insecte parfait. 

L'’arbre-piège abattu et écorcé en temps voulu s'opposera 
seul à la propagation des invasions. 


Tomicus chalcographus L. 
Tomicus typographus L. 


Voir : Chapitre de l'Épicéa. 


LES PINS 207 


Tomicus longicollis Gyll. CoréoPr., S'colytidæ 


Longueur : 3 à 5 millimètres. Ce Bostryche, très allongé, a un 
corselet deux fois plus long que large, portant à sa partie posté- 
rieure des points épars et très fins. La moitié antérieure est rugu- 
leuse; la ligne médiane est large et lisse. Les élytres portent des 
stries profondément ponctuées: les interstries sont munies de 
points très rares sur la partie antérieure et très serrés vers la 
troncature. L’extrémité des antennes est tronquée, elle ne peut 
être confondue avec celle d’autres espèces voisines. 

Mâle : corselet cylindrique, déclivité des élytres portant cinq 
dents dont la première est tronquée, la deuxième 
est en forme de bouton portant une pointe recour- 
bée en dedans, les troisième et quatrième sont 
plutôt de petits tubercules insérés plus en dehors 
que la troisième. 

Femelle : corselet rétréci antérieurement ; les 
dents de la déclivité sont remplacées par des tu- Fig. 142. — Déclivité des 

élytres du Tomicus lon- 
bérosités peu distinctes. gicollis Gyll. & (orig.). 

Le Tomicus longicollis Gyll. est un Scolytide très rare dans 
le centre de l’Europe; il se rencontre plus souvent dans les pine- 
raies du Midi de la France et en Corse. Nous avons pu étudier 
ses ravages sur des échantillons qui nous sont parvenus de la 
vallée de la Tinée (Alpes-Maritimes) et de la Corse. 

Au point de vue biologique, cet Insecte est encore peu connu. 
Cependant CHEWYREUV (7905, p. 81) a décrit la forme si curieuse 
de ses couloirs qui sont d’un type absolument différent de celui 
des galeries forées par les autres Scolytides européens. En effet, 


de la chambre d’accouplement partent plusieurs couloirs de 
ponte, sinueux et ramifiés. Ils sont remplis d’une sciure brunâtre 
que le mâle, en raison même du profil irrégulier de ces canaux, 
n'arrive Jamais à enlever lorsqu'il cherche à rejoindre la femelle 
pour s'accoupler à intervalles répétés. La fécondation s'opère 
dans ces encoches d’accouplement dont nous avons déjà parlé 
et qui permettent aux mâles circulant sur l'écorce de pénétrer 


208 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


dans un système de galeries en formation pour féconder les 


femelles. 


Fig. 143. — Système des couloirs achevés du Zomicus longicollis Gy1l. dans l'écorce 
du Pin maritime. 1/1 gr. nat. (orig.). 


Un autre fait typique que CHEWYREUvV à également mis en 
lumière et qu'on ne retrouve chez aucun autre Bostryche de 


LES PINS 209 


l’Europe, est la disposition des encoches de ponte. En effet, les 
œufs sont presque toujours déposés sur la ligne médiane, soit 
du côté du rhytidome de l'écorce, et non pas sur les faces laté- 
rales de la galerie maternelle. Les couloirs de larves se trouvent 
donc dans l'épaisseur de l'écorce, et ce n'est que lorsque cette 
dernière est trop mince, qu'on aperçoit à sa face interne des 
fragments de galeries larvaires. 

Le Tomicus longicollis GyIl. fait une exception, au point de 
vue des travaux architecturaux que pratiquent les Scolytides. 
Sa biologie est encore peu connue et son importance forestière 
est minime (1). 


Crypturgus mediterraneus Eichh. Coréopr., Scolytideæ 


(Crypturgus numidicus Ferrari) 


Longueur : 1 à 1,3 millimètre. 


Crypturgus cinereus Hrbst. Cocéopr., Scolytideæ 


Longueur : 1,1 à 1,2 millimètre. Ces deux Insectes minuscules, 
pas plus grands que des têtes d’épingles, appartiennent au même 
groupe que le Cryplurgus pustilus Gvyll., dont nous avons déjà 
parlé dans le chapitre de  « Épicéa ». 

Les systèmes de couloirs de ces deux espèces ont beaucoup 
d’analogie. Nous avons décrit ceux du €. mediterraneus Eichh. 
(BaRBEY 1906, p. 217 à 220) que nous avons trouvés en grand 
nombre dans les pineraies du littoral méditerranéen où l’'an:- 
mal vit très souvent en marge des ravages d’autres Bostryches, 
dont 1l bouleverse les canaux. 


(1) Le Tomicus Mannsfeldi Wachtl. est un Bostryche de ce groupe qui 
a été signalé dans les pineraies de la Basse-Autriche. Le système de ses 
couloirs rappelle celui du Tomicus acuminatus Gyll. 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 14 


210 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


Fig. 144. — Couloirs du Crypturgus mediterraneus Eichh. dans l'écorce du Pin maritime. 
1/1 gr. nat. (oriq.). 


Carphoborus minimus Eichh. Coréopr., S'colytidæ 
Hylésine minime 


Longueur : 1,3 à 1,5 millimètre. Nous signalons ici cet Insecte 
fort commun, qu'on rencontre dans les pineraies où 1l infeste 
de préférence les branches gisant à terre. Il porte un corselet 
aussi long que large, rétréci antérieurement et densément ponc- 
Lué avec la ligne médiane peu relevée. Les élytres sont profon- 


LES PINS 211 


dément ponctués, distinctement crénelés et les interstries squa- 
muleuses à leur extrémité postérieure. La suture ainsi que la troi- 
sième interstrie sont élargies, relevées en carène; la deuxième 
interstrie, rétrécie, est approfondie postérieurement. 


Fig. 145.— Couloirs du Carphoborus minimus Eichh. dans une branche de Pin sylvestre 
1/1 gr. nat. (oriq.). 


Le mâle porte deux petits tubercules au milieu du front et la 
femelle une tache lisse au même endroit. 

Ce Bostryche pratique un réseau de galeries, du type étoilé 
avec deux à quatre bras. Le système revêt une forme plus ou 
moins allongée dans les branches de petite dimension. Le Car- 
phoborus minimus Eichh..ravage les branches de toutes dimen- 


212 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


sions et peut parfois provoquer le desséchement d'une partie 
de la frondaison. On le trouve aussi dans les jeunes Pins dont 


il attaque indifféremment les troncs et les branches. 


Tomicus Lipperti Hensch. Coréopr., S'colytidæ 


Longueur : 1,3 à 2 millimètres. Cet Insecte ressemble beau- 
coup aux T. quadridens Hig. et T. bistridentatus Eichh.; sa prin- 
cipale caractéristique réside dans la forme de la troncature des 
élytres du mâle. En effet, entre le crochet supérieur et la dent 
inférieure, on remarque, surtout de profil, deux petits denticules 
filiformes. 

Le type des couloirs forés par ce Tomicide est étoilé; toutefois, 


Fig. 146. — Couloirs du 7omicus Lipperti Hensch dans l'écorce du Pin maritime. 
1/1 gr. nat. (orig.). 
les bras de ponte sont souvent disposés en spirale autour de la 
chambre d’accouplement. Nous avons eu l’occasion d'observer 
l’évolution du Tomicus Lippertt Hensch. dans la forêt de l'Es- 
térel (Var, France), où 1l cause des ravages dans les perches et 
dans les frondaisons des Pins maritimes et d'Alep (BaRBEY, 2906, 
p. 440-443). Le Tomicus Lipperti Hensch., ainsi que presque 
tous les Scolytides qui opèrent dans la région méridionale, 


essaime deux fois par an. 


LES PINS 213 


Il semble qu'il s'agisse ici uniquement d’une espèce du Midi, 
peu commune et monophage. 


Hylastes palliatus GyII. 
Dendroctonus micans Kug. 
Voir : Chapitre de l'Épicéa (1). 


Pissodes pini L. Coréopr., Curculionidæ 


(Curculio abietis Ratz.) [PI. IL, fig. 4] 


Pissode du Pin 


Longueur : 8 à 11 millimètres. Ce Charançon, de couleur 
brun rouge plus ou moins foncé, est couvert de squamules jau- 
nâtres. Les angles postérieurs du corselet, qui est moins large 
que les élytres, sont droits. Les élytres sont ornés de deux bandes 
transversales jaunes ou parfois couleur de rouille. L’antérieure 
est plutôt constituée par une tache de chaque côté de la suture. 

L'évolution de cet Insecte rappelle celle de son proche parent, 
le Pissodes harcyniæ Mrbst. Suivant les circonstances locales, 
il peut y avoir deux générations par an. Le système des couloirs 
revêt rarement un type bien caractérisé, comme c’est le cas 
pour le Pissode du Sapin, par exemple. En général, les œufs 
sont déposés en tas, et, dès son éclosion, chaque Larve fore sa 
galerie sans direction bien déterminée. L'ensemble du réseau 
des couloirs est étendu, mais toujours embrouillé. Les berceaux 
sont souvent entaillés dans l’aubier. 

Le Pissode du Pin est peu commun; il recherche aussi bien 
les écorces épaisses du bas du tronc que les perches et les branches. 

Les moyens à employer pour combattre ce Charançon sont 


(1) Un autre Bostryche, qui mesure de 4 à 5 millimètres de longueur, 
l’Hylurgus ligniperda Fabr., peut être rangé encore parmi les ravageurs de 
l'écorce du tronc et des branches. Il est de forme très allongée et la tête 
densément ponctuée porte une épaisse touffe de poils jaunes. Cet Insecte 
pratique des couloirs de ponte irréguliers, ramifiés. Il est très rare. 


214 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


les mêmes que ceux préconisés pour les autres Pissodes (Voir : 
Chap. de | « Épicéa »). 


Callidium luridum, L. 

Voir : Chapitre de l'Épicéa. 
Lamia aedilis L. 

Voir : Chapitre du Hêtre. 


Monohammus galloprovincialis O1. Coréopr., Cerambycidæ 


(Lamia galloprovincialis 01.) s 


Longueur : 18 à 26 millimètres. Ce Cérambycide fait partie 
du même groupe que le Lamia sartor L. qui a été décrit dans le 
chapitre de l« Épicéa». Le corselet, ridé transversalement, avec 
taches jaunes irrégulières, porte de chaque côté une pointe coni- 
que, dirigée en dehors. Les élytres sont un peu plus larges que 
le prothorax; ils sont rétrécis postérieurement et de couleur brun 
foncé avec des taches claires formant trois bandes transversales 
élargies et irrégulières. Le corselet est ruguleusement ponctué. 

C'est sous la forme larvaire que ce Cérambycide est nuisible. 
Il bouleverse les couches corticales des Pins abattus et non 
écorcés à temps. La chrysalidation s'opère dans un berceau en 
forme de crochet et entaillé dans le bois. Les trous de sortie des 
Insectes parfaits sont ronds et peuvent être confondus avec les 
orifices forés par les Sirex. 

Une seule génération parvient à maturité dans l’espace de 
douze mois. 

Il s’agit ici d’un Xylophage d’une importance secondaire et 
qui doit être combattu comme les autres Cérambycides, c’est- 
à-dire en écorçant à temps les billons et en évitant de laisser 
trop longtemps les chablis sans les débiter. 


Buprestis cyanea Fabr. Coréopr., Buprestidæ 


Longueur : 7 à 10 millimètres. Ce Bupreste, de couleur bleu 
foncé, porte des élytres ruguleusement ponctués. Il est rare dans 


LES PINS DS 


l’Europe centrale, mais cause des ravages dans les branches et 
rameaux du Pin maritime. 

Nous signalons encore un Insecte dont les dégâts dans l’écorce 
des vieux Pins peuvent faire croire à la présence d’un Xylophage 
dangereux; 1l s’agit du : 


Tenthredo cingulata Fabr. Hyménopr., Tenthredinidæ 


dont la Larve, munie de onze paires de pattes, creuse dans les cou- 


Fig. 147. — Tenthredo cingulata Fabr. Système de galeries foré par la Larve dans l'écorce 
de Pin sylvestre. 


a, trous pratiqués de l'extérieur par le Pic. 1/1 gr. nat. (orig.). 


ches corticales des couloirs ramifiés du calibre de ceux du Tomi- 
cus sexdentatus Boern. Le Pic-bois leur fait une chasse acharnée. 


216 INTÉRIEUR DU BOIS 


[l'est à noter que le système de couloirs qui revêt souvent la 
forme des bois d'un cerf, est pratiqué par la Larve uniquement 
en vue de la chrysalidation. L’Insecte parfait se nourrit de 
feuilles de fougères. 

Ce ravageur n'a qu'une importance secondaire. 


INTÉRIEUR DU BOIS 


Callidium bajulus L. 
Rhagium inquisitor L. 
Rhagium bijasciatum Fabr. 
Voir : Chapitre du Sapin. 


Xyleborus lineatus OI. 
Xyleborus Saxeseni Ratzb. 
Voir : Chapitre de l'Épicéa. 


Xyleborus eurygraphus Ratzb. Coréopr., Scolytidæ 


Longueur : 3,5 à 4 millimètres. Ce Bostryche est allongé. 
La partie postérieure de son corselet est rectangulaire et pro- 
fondément ponctuée. Les élytres portent des stries ponctuées 
avec interstries munies de points fins et espacés. Vue de profil, 
la déclivité, presque à angle droit, porte de petits tubercules sur 
les première et troisième interstries. La suture de la troncature 
est munie à sa partie supérieure de deux denticules, la deuxième 
interstrie est privée de ces derniers. Le corselet du mâle est : 
échancré antérieurement, avec protubérance inclinée en arrière. 
La face dorsale du prothorax de la femelle est relevée en bosse, 

Il pratique des couloirs s'enfonçant plus ou moins obliquement 
dans la masse ligneuse et se ramifiant dans le sens vertical un 
peu à la façon de ceux du Xyleborus dispar Fabr. Le forage est 
intégralement opéré par l'Insecte parfait, et la Larve se nourrit 
des sucs ligneux échappés des vaisseaux qui ont été coupés lors 


du creusage des galeries. 


LES PINS 217 


Le Xyleborus eurygraphus Ratzb. est peu connu au point de 
vue biologique, mais, comme tous les Insectes opérant dans le 
Midi, il produit fort probablement deux générations par an. 
Sous le rapport de la protection des forêts, il est d’un intérêt 
plutôt secondaire et n’a guère d'importance que pour les mar- 
chands de bois. 

Jusqu'à présent, on a considéré ce Bostryche comme rava- 
geant surtout les Pins du Midi. 

Parmi les Cérambycides, dont les Larves fouillent les troncs 
et les branches des Pins, nous pouvons citer : 

Prionus coriarus L. 

Spondylis buprestoides L. 

Molorchus minor L. 
dont les berceaux de nymphose creusés dans l’aubier et en forme 
de crochet déprécient la valeur technique des bois. 

Ces Coléoptères, dont les Larves ravagent les troncs ainsi que 
les grosses branches gisant à terre et revêtues de leur écorce, 
n’ont pas d'importance au point de vue de la protection des forêts. 

Les couloirs perforés par ces Insectes ressemblent comme 
type au système pratiqué par le Lamia ædilis L., que nous envi- 
sagerons dans le chapitre du « Hêtre ». 

Les bois ouvragés des Pins sont aussi fouillés par les Vrillettes, 
parmi lesquelles nous citerons l’Anobium domesticum Fourc., 
espèce dont nous avons parlé dans le chapitre de | « Épicéa ». 

Les Sirex juvencus L. et gigas L. s’attaquent également à 
toutes les espèces de Pins. 


Ergates faber L. Coréopr., Cerambycide 


Ergate ou ouvrier forgeron 


Longueur : 35 à 50 millimètres. Nous avons, dans la « Partie 
spéciale », mentionné ce Cérambycide comme un Insecte que le 
forestier rencontre spécialement dans les bois pourris des pine- 
raies du Midi (fig. 19). Nous l’avons trouvé à maintes reprises 
dans les souches du Pin maritime des Landes. Il est nocturne et 


218 INTÉRIEUR DU BOIS 


durant le jour se tient blotti dans les couloirs, comme le montre 
la figure 148. 


Fig. 148. — Tronc de Pin maritime fouillé par la Larve de l’Ergates faber L. 1/1 gr.nat. (orig.}. 


Avant de passer aux parasites des rameaux, nous devons encore 
étudier un animal dont les ravages sont bien connus et qui ne 


cesse de causer des désastres techniques dans les bâtiments du 


LES PINS 219 


Sud de la France. Il s’agit des Termites qui, à proprement parler, 
ne sont pas des ravageurs de forêts, mais s’attaquent aux bois 
ouvragés, spécialement aux charpentes et poutraisons. 

On a beaucoup écrit en France sur ces Névroptères malfaisants 
et nous nous contenterons, dans cet ouvrage de protection fores- 
tière, de décrire brièvement leurs mœurs ainsi que les dégâts 
qu'ils causent à la matière ligneuse. L'espèce qui nous intéresse 
particulièrement est le 


Termes lucifugus Rossi. NévroPrr., Zermitidæ  : 


Termite lucifuge ou Fourmi blanche 


Longueur du corps : 6 à 9 millimètres; des ailes étalées : 18 à 
20 millimètres. Ce Névroptère est de couleur brun foncé, avec 
les extrémités des tibias et des tarses jaunâtres. Il possède deux 
paires d’ailes de même dimension, mais beau- 
coup plus longues que le corps tout entier. La 
tête est pourvue de fortes mandibules. Les an- 
tennes sont courtes, en forme de 


collier de perles. Les tarses comp- 


= tent quatre articles. 
| / C’est à LesPÈs (1856) qu'on doit 


les connaissances biologiques les 
plus autorisées sur les Termites 
qui sont incontestablement les 
Insectes les plus redoutables des 
bois ouvragés du Sud-Ouest de la 
France. 

Ces Insectes sont réunis en co- 


Fig. 149. — Termes l- Jonies dont chacune compteunrot, 
cifugus Rossi. 


? Fig. 150. — Termes lucifugus 
vrier (oriq.). 


une reine ou femelle pondeuse, Aossi- Insecte ailé (orig.). 
puis des ouvriers, des soldats et des Nymphes ressemblant aux 
ouvriers, mais présentant des rudiments d'ailes. Ces trois der- 
nières formes sont asexuées. Les ouvriers sont chargés des tra- 
vaux de forage et les soldats de la défense de la société. LESPÈS 


220 INTÉRIEUR DU BOIS 


(1856) a démontré que, chez ces trois formes neutres, il y a des 
mâles imparfaits et des femelles amoindries. 

La femelle pondeuse ou reine possède donc un abdomen très 
développé, atteignant parfois 30 millimètres de longueur, avec 
les segments tachés transversalement de noir. Elle est naturelle- 
ment sensiblement plus grande que le mâle et les formes neutres. 

D'après PErÈs (1895), qui a publié une étude documentée sur 
la composition et l’évolution des colonies de Termites, on observe 
en automne el au printemps les Larves des sexués mêlées dans 
l'intérieur du bois aux soldats et aux ouvriers. Les Insectes 
sexués sont, après deux mues, pourvus d'ailes dépassant de beau- 
coup l'abdomen (fig. 150) et les organes sexuels externes non 
visibles; les glandes génitales sont rudimentaires. Ces individus 
ailés essaiment par vols et sont pourvus d’yeux, ce qui n’est 
pas le cas des soldats et des ouvriers qui ne quittent jamais l'in- 
térieur du bois où l'obscurité est complète. Les formes ailées 
perdent leurs ailes après le vol et rentrent dans leur nid. On 
remarque encore dans les termitières un autre type de Nymphe, 
dont les étuis alaires sont plus courts que ceux des Insectes 
ailés décrits plus haut. Il donne naissance à des sexués qui, à 
l’état adulte, sont privés d'ailes. 

D'après LespÈs (1856), les ouvriers et soldats sont à l'état per- 
manent dans une termitière. Après une existence larvaire d’une 
demi-année environ, ils vivent douze mois sous leur forme défi- 
nitive. 

Nous ne pouvons décrire ici plus en détail l’évolution de ces 
Insectes xylophages dont la biologie est fort compliquée et dont 
plusieurs manifestations ne sont pas encore connues d'une façon 
certaine. 

Ce sont les ouvriers aux fortes mandibules qui sont les princi- 
paux artisans de la colonie et qui creusent les nids et galeries 
courant en général perpendiculairement aux fibres du bois. 
Pour passer d’une pièce de bois à l’autre, les Termites se fraient 
un passage sous terre, de façon à éviter la lumière. La périphérie 
du bois est épargnée, car l'obscurité complète doit toujours 
régner dans la demeure ligneuse. Si, par suite d’un accident, cette 


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qus Ross 


tu 


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rieur d'une branche de P 
he sans traces de ravages. 


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A gauche 


222 INTÉRIEUR DU BOIS 


dernière est brusquement entr'ouverte, l’orifice est vite bouché 
à l’aide d’excréments agglutinés par de la salive. 

Le rôle des soldats consiste à monter la garde et à détruire les 
autres Insectes qui cherchent à pénétrer dans la Termitière et 
parmi lesquels les fourmis sont les plus fréquentes. 

On sait que le redoutable Termite est un des Xylophages les 
plus polyphages et que, lorsqu'il pénètre dans une habitation, il 
passe du grenier à la cave et dévore papiers, provisions et vête- 
ments. 

Ce sont surtout les souches et débris de Pins maritimes ainsi 
que d’autres essences des Landes qui favorisent l'évolution des 
Termites; mais leurs méfaits sont encore plus à redouter dans les 
bâtiments dont ils provoquent la désagrégation, car ils forent 
leurs galeries aussi bien dans les charpentes que dans les pou- 
traisons et les boiseries. 

D'après une communication de M.le professeur FEYrAUpD, de 
la Faculté des Sciences de Bordeaux, il n’est plus admissible, 
comme on l’a prétendu, que le Termes lucifugus Rossi fut intro- 
duit à La Rochelle par un chargement de bois provenant d’Afri- 
que où il existe plusieurs espèces de Termites. On admet actuelle- 
ment que ce ravageur a toujours vécu dans les forêts du Sud- 
Ouest. Ses ravages se sont multipliés d’une façon inquiétante, 
ces dernières années, dans les deux Charentes, la Gascogne et la 
Gironde et nous connaissons des villes de cette partie de la France 
où les maisons de certaines rues sont invendables pour la seule 
raison que le Termite y est connu à l’état endémique. 


Moyens préventifs. — Ils consistent, dans les régions me- 
nacées, à imprégner les charpentes et poutraisons d'un liquide 
insecticide (créosote et surtout Carbolineum avenarius) ou pour 
certaines parties essentielles des bâtiments, à substituer le fer 
au bois. 


Moyens répressifs. — Un des meilleurs procédés qui soit en 
mesure de détruire une partie des colonies que l’on découvre dans 
un bâtiment, consiste à injecter du sulfure de carbone dans les 


LES PINS 223 


cavités qu’elles ont creusées (1). On doit employer ce liquide 
avec beaucoup de précaution, vu sa grande inflammabilité. 


RAMEAUX 


Les principaux ravageurs des rameaux des Pins sont incontes- 
tablement les : 


Myelophilus piniperda L. 
et Myelophilus minor Htg. 


Fig. 152. — Rameau de Pin Fig. 153. — Insecte du Myelophilus piniperda L. creu- 
maritime ravagé par le sant une galerie dans la moelle d’une pousse de Pin 
Myelophilus piniperda L.; maritime. 1/1 gr. nat. (orig.). 


grumeau de résine coagulée 
autour de l’orifice d’entrée. 
1/1 gr. nat. (oriq.). 


(1) Le Calotermes flavicollis L. cause également des dégâts dans le Midi 
de la France, mais ils sont moins graves que ceux du Termite lucifuge. 


224 RAMEAUX 


dont les formes ailées perforent les pousses et creusent un couloir 
dans la moelle. Nous avons parlé de ce genre de dégât en décri- 
vant les mœurs de ces deux Bostryches, dont les Larves fouillent 


l'écorce des Pins. 


Anobium nigrinum Strum. CoLéopr., Anobride 
Anobium pini Strum. CoréoPr., Anobudeæ 


Ces deux Vrillettes sont également à signaler dans cette caté- 
gorie de dévastateurs de pineraies; leurs Larves fouillant la moelle 
des pousses font souvent croire à la présence des Hylésines. 
Cependant, en examinant la Larve qui porte trois paires de 
pattes, on se rend bien facilement compte qu'il ne s’agit pas d’un 


Scolytide. 


Lamia fasciculata De Geer. Coréorr., Cerambycideæ 
(Pogonochaerus fascicularis Panz.) 

Longueur : 5 à 6,5 millimètres. Ce Longicorne, de petite 
dimension, porte de chaque côté, au milieu de la longueur du 
corselet, une pointe horizontale dirigée en dehors. La partie 
supérieure du prothorax est mumie de deux petits tubercules 
jumeaux et lisses. Les antennes ont à peu près la même longueur 
que le corps; le troisième article (à partir de la base) est un peu 
plus court que le quatrième. Chacun des élytres porte trois 
nervures longitudinales et deux à quatre touffes de poils foncés. 
La partie antérieure de chaque élytre est ornée d’une bande 
blanchâtre courant obliquement d'avant en arrière et de dehors 
en dedans. Ces deux bandes forment donc une sorte d’angle à 
sommet dirigé en arrière. Tout le reste du corps est revêtu de 
poils allongés et peu denses. 

La Larve de ce Longicorne creuse des couloirs sinueux dans 
les rameaux mesurant de un à quatre centimètres d'épaisseur. 
Elle commence par forer dans les couches corticales, mais 
lorsqu'elle grossit, elle attaque dès le début, surtout dans les 
branches de très faible dimension, l’aubier et atteint souvent 
la moelle. Le bercesu de nymphose, presque toujours en forme 
de crochet vertical, est entallé dans le centre du rameau. 


LES PINS 225 


La génération est simple; l’hivernement se produit sous la 


| 
| 


| 
Ave 
Ë ISERE f J ion] 


Fig. 154. — Rameau de Pin sylvestre ravagé par la Larve de Lamia fasciculata De Geer. 
= 1/1 gr. nat. (orig.). 


forme larvaire. Le Lamia fasciculata de Geer, est commun dans 
les pineraies dont le sol est parfois couvert de rameaux tombés 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 15 


226 RAMEAUX 


à terre et ravagés par sa Larve. On admet cependant que seules, 
les branches encore en sève peuvent le tenter. Son importance 
au point de vue de la protection des Pins étant minime, il n°y 
a pas lieu de lui opposer des moyens de lutte particuliers. 

Nous signalons ici trois Charançons d'importance secondaire, 
mais qui causent dans les petites branches des Pins des ravages 


à peu près identiques. 


Magdalis violacea L. Coréopr., Curculionidæ 
Longueur : 3,5 à 4,5 millimètres. 


Magdalis duplicata Germ. Coréorr., Curculionidiæ 


Longueur : 3 à 5 millimètres. 


Magdalis memnonia Fald. Coréopr., Curculionidæ 


Longueur : 4 à 7 millimètres. Ce sont les Larves de ces trois 


Curculionides qui provoquent des dommages en fouillant l'écorce 
et parfois la moelle des petits rameaux de Pins. On constate 
leurs dégâts dans les bois en voie de dépérissement et dans les 
chablis et perches qu’on a négligé d’écorcer. 


Tomicus bidentatus Hbst. Cocéopr., Scol/ytide 
(Tomicus bidens Fabr.) 
Bostryche bidenté 
Longueur : 2 à 2,5 millimètres. Ce Bostryche appartient 
au même groupe que le Tomicus quadridens Htg. de l'Épicéa 
et que le Tomicus bistridentatus Eichh. du Pin cembro (Arolle). 
, Il a les caractères extérieurs propres à 


ces deux espèces, mais s’en différencie 
par la forme de la troncature des ély- 
tres. Cette partie du corps (fig. 155), 
vue de profil, porte chez le mâle un 


pres Peetvilé des elles. Qu 10 EEE RES ORRQUE duquel on re- 


micus bidentatus Mbst. 1/1 gr. nat. 
(oriq.). 


marque parfois un petit denticule. La 
femelle a la déclivité des élytres privée de dents, mais la su- 


ture relevée présente de chaque côté deux bourrelets arrondis. 


LES PINS 227 


La forme des couloirs du Tomicus bidentatus Hbst. est facile 
à reconnaitre. Elle se compose de deux à sept galeries étroites, 
ayant la tendance à s’allonger dans les petits rameaux (fig. 156). 
On compte une femelle par couloir de ponte. Le Tomicus biden- 
tatus Hbst. attaque aussi bien les rameaux que les tiges des 


Fig. 156. — Rameau de Pin sylvestre ravagé par le Tomicus bidentatus Hbst., 1/1 gr. nat. (orig.). 


‘ 


jeunes plants de Pins et l’on a constaté que le mouvement de 
la sève circulant dans les arbres en pleine végétation n’en- 
trave en rien sa marche. Comme il est très nuisible et commun, 
son évolution doit être enrayée par des mesures culturales 


228 RAMEAUX 


appropriées et dont nous avons déjà exposé les principes. L’ex- 
ploitation rapide des chablis et les éclaircies répétées assureront 
avant tout aux peuplements de Pins une vitalité suflisante pour 
résister aux attentes des Xylophages de tous genres. Les arbres- 
pièges ne peuvent être conseillés pour contrecarrer l’évolution 
des Bostryches de cette catégorie, car ces derniers recherchent 
de préférence les branchages et les tiges de petite dimension. 


Tomicus austriacus Wachtl. Coréopr., Scolylideæ 
(Tomicus trepanatus Nœrdl.) 


(Tomicus elongatus Lôwendal) 


Longueur : 1,8 à 2,2 millimètres. Ce Bostryche, particulier au 
Pin noir, rappelle beaucoup au point de vue morphologique le 
Tomicus chalcographus L. de l'Épicéa. Toutefois, il s’en diffé- 
rencie par les caractères suivants : la femelle porte une petite 
fossette au mieu du front; en outre, chez les deux sexes, on 
remarque que les stries atteignent l'extrémité postérieure des 
élytres et que les interstries sont également munies de points 
très fins. 

Les couloirs forés par ce Bostryche sont en général du type 
étoilé, mais la plupart du temps, ils sont pratiqués dans des 
rameaux d’un si petit calibre, que le type normal est difficile- 
ment reconnaissable. , 

Le Tomicus austriacus Wachtl, surtout répandu dans les 
forêts de Pins noirs de la Basse-Autriche, décime parfois les 
frondaisons de cette essence. On le rencontre également sur les 
autres Pins, mais 1l n’y est pas fréquent. 


Tomicus ramulorum Perris. CoLéopr., Scolytideæ 


Longueur : 1 à 1,5 millimètre. Le Tomicus ramulorum Perris 
est surtout un parasite du Pin maritime; il se distingue par 
sa petite taille et la forme de la troncature des élytres qui, de 
chaque côté de la suture, est munie d’une rainure profonde et 


assez large. Les deux sexes sont identiques. 


LES PINS 229 


Perris (1855, p. 193) a signalé ce Bostryche comme abondant 
dans les brindilles du Pin maritime, surtout dans les rameaux 
tombés à terre. Cet auteur a remarqué que le Tomicus ramulo- 
rum Perris, vu le petit calibre des branches dans lesquelles il 
opère sa ponte, ne pratique pas un système de galeries étoilé, 
mais presque toujours allongé et anormal. 

Au point du vue forestier, ce minuscule ravageur n’a qu’une 
importance secondaire. 

Deux autres Bostryches causent à peu près les mêmes ravages 
dans les rameaux et branches des différentes espèces de Pins. 


Pityophthorus Lichtensteini Ratz. Coréorr., Scolytidéæ 


Longueur : 1,5 à 1,7 millimètre. La partie postérieure de la 
ligne médiane du corselet n’est pas carénée. Les élytres por- 
tent des stries simples avec interstries non ponctuées. 

Les couloirs creusés par ce Xylophage sont du type étoilé, de 
deux à cinq, rarement sept bras. Ils courent presque toujours 
dans les rameaux de très petite dimension; le système revêt 
donc une forme allongée. 


Pityophthorus glabratus Eichh. CoréoPr., Scolytidæ 


Longueur : 1,8 à 2 millimètres. Ressemble au précédent, 
quoique plus gros, plus brillant et non pileux. Les élytres por- 
tent des stries très fines et leur déclivité est sillonnée de chaque 
côté de la suture. Cette dernière, ainsi que ses bords, sont à 
peine relevés et recouverts de tubercules presque impereepti- 
bles. La femelle porte sur le front une touffe de poils jaunâtres. 

Le système des galeries est également, comme celui de l’espèce 
précédente, du type étoilé, mais la plupart du temps, lorsqu'on 
découvre les ravages sur un rameau de moins d’un centimètre 
de diamètre, on ne perçoit que des couloirs de ponte longitu- 
dinaux. Souvent les galeries larvaires fouillent des brindilles, 
perforent ces dernières de part en part et, sous l'influence du 
vent, le rameau se brise en plusieurs fragments. 

Dans les régions méridionales, on observe deux générations 


230 RAMEAUX 


annuelles et, en général, l'importance de ces deux Bostryches 
apparait comme secondaire. 


Retinia resinella L. Lépinorr., Zortricidæ 
(Tortrix resinana Fabr.) 


Tordeuse résineuse 


Longueur du Papillon étalé : 16 à 20 millimètres; Chenille : 
15 à 20 millimètres. Les ailes antérieures, brun foncé, portent 
des taches grisàtres transversales. Les postérieures, de même 
que la tête et le corps, sont d’un gris sale. 

La Chenille, de teinte jaune grisâtre, a la tête foncée. 

Ce Papillon, très commun, répandu un peu dans toutes les 
pineraies, essaime en mai et dépose ses œufs en-dessous du bour- 
geon terminal. La Chenille, une fois éclose, ronge l'écorce, puis 
le bois, souvent jusqu’à la moelle et provoque un écoulement 
de résine qui se coagule dès le mois de juillet en un grumeau 
revêtant la forme et la dimension d’un haricot et dans lequel la 
Chenille hiverne. Au printemps suivant, le retour du ravage 
détermine un nouvel écoulement de résine qui englobe souvent 
la base de quelques aiguilles; il forme une nouvelle capsule qui, 
entourant celle de l'été précédent, en augmente le volume. C'est 
au centre de cette double enveloppe résineuse durcie, pleine 
d’excréments, que la chrysalidation s'opère; l’évolution dure 
ainsi deux ans. La conséquence de ce ravage est souvent le 
dépérissement du bourgeon terminal, aussi bien de la flèche que 
des branches latérales des jeunes Pins. Le vent jette fréquem- 
ment à terre des rameaux auxquels restent attachés des frag- 
ments de ces grumeaux. 

La Retinia resinella L. est très répandue dans toutes les pine- 
raies de Europe, mais on ne peut imputer à ses dégâts le dépé- 
rissement des Pins, car seules, les frondaisons peuvent être par- 
tellement décimées (1). 


(1) Un autre Papillon de cette même famille, la Tinea dodecella L., cause 
des ravages insignifiants dans les rameaux des Pins. Sa biologie est encore 
peu connre. 


LES PINS 231 


sit 


Finalement, nous signalons en passant un Insecte qui vit 
en parasite sur les rameaux et sur le tronc du Pin Weymouth 


Fig. 157. — Galle de résine formée sur des pousses de Pin sylvestre par la Chenille 
de la Retinia resinella L. 1/1 gr. nat. (ovig.). 


où il provoque parfois la dessiccation de certaines branches: il 
s’agit du : $ 


Chermes strobi Htg. Ravncuores, PAylloxeridæ 


(Chermes corticalis Kltb.) 


Ce pou attaque également les aiguilles. Son importance fores- 


232 RAMEAUX 


tière est presque nulle. Dans les pares, on peut le combattre en 


Fig. 158. — Rameau de Pin Weymouth attaqué par le Chermes strobi Hitg. 1/1 gr. nat. (orig.). 


traitant les branches et rameaux infestés au moyen d’un liquide 
insecticide. 


LES PINS 239 


BOURGEONS 


Aucune autre essence forestière n’a autant à souffrir que le 
Pin des atteintes de certaines Chenilles qui recherchent parti- 
culièrement les bourgeons. En effet, presque partout, les planta- 
tions de Pins sylvestres en particulier, sont plus ou moins com- 
promises par l’une ou l’autre des trois espèces suivantes : 


Retinia buoliana Schiff. Léproopr., T'ortricidæ 


Pyrale des pousses [PI. IE, fig. 8, 8 a, 8 6! 


Longueur, Papillon étalé : 18 à 22 millimètres; Chenille : 
15 à 22 millimètres. Les ailes antérieures sont de couleur 
orange, avec sept bandes blanches transversales sineuses, 
n’atteignant pas toutes les deux bords de l'aile. Les ailes posté- 


Fig. 159. — Aspect d’un bourgeon terminal de Pin sylvestre dans lequel une Chenille 
de la Tortrix buoliana Schiff. est en activité. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich). 


rieures sont d’un jaune brunâtre. La tête et le corps ont une 
couleur jaune pâle. 

La Chenille, qui compte, outre les vraies pattes, cinq paires 
de fausses pattes, est d’un brun foncé; avant d’opérer sa chrysa- 


234 BOURGEONS 


hdation, elle devient d’une teinte plus claire, La tête et le cou 
sont d’un noir brillant, L'animal, comptant.environ vingt et un 
millimètres de longueur, est recouvert d’une légère pilosité. La 
Cbhrysalide, qui mesure de dix-huit à vingt millimètres, est d’un 
brun jaunâtre; elle porte sur le dos des rangées de fines épines. 

Le Papillon vole en juin ou juillet et dépose ses œufs sur les 
bourgeons terminaux. La Chenille, éclose au commencement 
de l'automne, hiverne dans ces organes de l'arbre après en avoir 
foré le verticille. En avril, le même ravage recommence et la 
Chenille vide la base de la pousse en formation. Il se produit 
alors, suivant les cas, un desséchement de la pousse terminale, 
souvent aussi de l’une ou de plusieurs des pousses latérales. Dans 
la plupart des cas, la terminale attaquée s’incurve, puis se 
redresse avec la sève d'août, précisément au moment où la Che- 
mille va s'arrêter pour se chrysalider dans la pousse minée qui 
laisse échapper de la résine. Les atteintes de la Pvyrale des 
pousses provoquent ces « baïonnettes » (( Posthorn » des Alle- 
mands) que représente notre illustration (fig. 160). 

Souvent ce sont un ou plusieurs bourgeons latéraux qui sont 
attaqués. Comme ils ne parviennent pas à donner naissance à 
des pousses, il résulte de ces atteintes multiples un rabougris- 
sement du rameau qu’on a souvent de la peine à distinguer du 
dégât causé par la ÆRetinia turionana Hbn. Parfois les deux 
espèces attaquent le même arbre et aussi successivement le 
même bourgeon. 

Du nord au sud de l’Europe, toutes les espèces de Pins sont 
ravagées par cette Chenille ainsi que par celle dont la descrip- 
tion vient ensuite. Nous avons constaté leur présence dans les 
Alpes et le Jura jusque dans les stations les plus élevées du Pin 
sylvestre. Quoique le dépérissement de l'arbre ne soit pas la 
conséquence des déprédations de ce Papillon, on peut néanmoins 
aflirmer que ce dernier est un redoutable ravageur des pineraies 
poussant aussi bien sur les sols fertiles que sur ceux de qualité 
inférieure, car il provoque la déformation des cimes et retarde 
sérieusement l'accroissement. 

Dans les périmètres de reboisement du Haut-Var moyen, 


LES PINS 2 


cet Insecte a attaqué, en 1904, de 30 à 90 % des Pins installés 
artificiellement à une altitude de 500 à 1.200 mètres (R. D. E. F.). 


7 


Fig. 160.— Rameau de Pin sylvestre déformé par la Chenille de la T'ortrix buoliana Schifr. 
1/2 gr. nat. (oriq.). 


Moyens préventifs. — La Retinia buoliana Schiff. étant mono- 
phage, il faut éviter de créer des peuplements purs de Pins, tout 


236 BOURGEONS 


au moins sur les sols dont la fertilité permet d’associer une 
autre essence à ce confère. 


Moyens répressifs — On ne peut guère faire la chasse aux 
Papillons et aux Chenilles, car le plus souvent ces animaux sont 
blottis dans leurs cachettes au bout des branches inaccessibles. 
Par contre, nous avons remarqué que certains oiseaux, le Loriot, 
par exemple, recherchent les Chenilles des Pyrales; il est pro- 
bable que les Mésanges en font autant. Il est donc tout indiqué 
de protéger les Oiseaux insectivores et de leur faciliter la nidifi- 
cation dans les pineraies en particulier. e 

SÉVERIN (7901, p. 605 à 678) cite certains Ichneumons comme 
parasites des Chenilles des À. buoliana Schiff. et À. turionana 
Hbn. 


Retinia turionana Hbn. Léripopr., Tortricidæ 


Pyrale des bourgeons [PI IE fig. 5, 5 a] 


Longueur, Papillon étalé : 17 à 20 millimètres. Chenille : 8 à 
10 millimètres. La tête et le thorax de ce Papillon sont d’un brun 
jaune, l’abdomen, ainsi que les ailes postérieures, grisâtres. Ces 
dernières sont plus foncées chez la femelle. Les ailes antérieures 
brunes, rougeâtres vers l’extrémité, sont coupées de bandes 
transversales irrégulières et d’un blanc gris. La Chenille est 
assez difficile à distinguer de celle de l'espèce précédente; elle est 
d'un brun jaunâtre et porte sur le dos deux bandes longitudi- 
nales rousses. 

Le segment anal de la Chrysalide ne porte pas de garniture 
circulaire d’épines. L’essaimement de ce Papillon a heu en juin, 
et trois semaines plus tard, la Chenille pénètre dans le bourgeon 
terminal qu'elle attaque par en haut en l’évidant. Il ne reste à 
la fin de l’été qu'une capsule desséchée et d’un gris sale. L’hiver- 
nement se produit dans un amoncellement de résine de la pousse 
et le printemps suivant, au moment de la montée de la sève, le 
bourgeon terminal attaqué durant la saison précédente, reste 
pendant, tandis que les pousses latérales se développent. Du 


LES PINS 234 


reste, ces dernières sont très souvent attaquées à leur base et 


=. | 


Fig. 161.— Pousse terminale de Pin sylvestre déformée par la Chenille de la Tortrix turionana Hbn. 
: 1/2 gr. nat. (orig.). 


l'on observe alors une déformation buissonnante en boule qui 
dépare complètement l’arbre. 3 


238 BOURGEONS 


Fig. 162. — Verticille de Pin sylvestre dont la pousse centrale a disparn par suite des atteintes 
de la Zortrix turionana Hbn. 1/2 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich). 


Æ 


VU. 


Fig. 163. Plantations de Pins syivestres âgées de 10 ans et périodiquement décimées 
par la Tortrir lurionana Hbn. (oriq.). 


LES PINS 239 


Ce sont surtout les pineraies de cinq à quinze ans poussant 
sur un sol sablonneux, aux expositions ensoleillées, qui sont 
décimées par cette Chenille. Au pied du Jura vaudois, où nous 
ne connaissons pas une seule plantation de Pins sylvestres qui 
soit indemne des dégâts de ces deux Lépidoptères, nous avons 
constaté la Retinia turionana Hbn. plutôt en plus grande abon- 
dance que la Retinia buoliana Schiff. 

Tout ce que nous avons dit des moyens prophylactiques à 
opposer aux attaques de la première de ces espèces, s'applique 
à la Pyrale des bourgeons (1). 


FEUTEIES 


Si les Pins ont un grand nombre d’ennenmus qui s’attaquent 
à leur écorce, les parasites de leur frondaison ne sont pas moins 
nombreux et redoutables; ils se recrutent surtout dans l’ordre 
des Lépidoptères (Macrolépidoptères). 

Deux Hannetons causent parfois des ravages aux aiguilles 
des Pins. 


Melolontha fullo L. Coréorr., Scarabæideæ 


Hanneton foulon 


C’est le plus grand des Hannetons européens; il est fréquent 
dans le Midi où sa Larve se meut facilement dans le sable des 
pineraies des Landes. 

Il est caractérisé par des élytres brun-chocolat recouverts de 
taches b'anchâtres irrégulières. C’est à l’état d’Insecte parfait 
qu'il ronge les aiguilles, en commençant par en entamer le 
bord. 


(1) Une troisième espèce, la Retinia duplana Hbn., qui hiverne égale- 
ment dans les bourgeons, mais à l’état de Chrysalide, provoque à peu près 
les mêmes ravages que la T. turionana Hbn., mais ce Papillon est moins 
répandu que les deux autres espèces dont nous venons d’exposer la bio- 
logie. 


240 FEUILLES 


Melolontha solstitialis L. Coréorr., Scarabæidæ 


Ce ravageur est également à signaler comme causant, sous 
la forme ailée, certains dégâts dans les pineraies. Les aiguilles 
sont rongées de la pointe à la base. 

Ces deux espèces de Coléoptères sont polyphages et se ren- 
contrent également sur les feuilles. 


Anisoplia aenea De Geer. Coréopr., Melolonthuint 


(Anomala Fritschi Fabr.) 


Ce Coléoptère a aussi été signalé comme ravageant les fron- 
daisons des Pins sylvestres. L’aiguille étant entamée à partir 
de la pointe, la nervure médiane reste en général indemne 
(EcksrTein, 1893, p. 10). 

Ces trois Phytophages sont en somme peu répandus et bien 
moins redoutables que les Lépidoptères que nous allons décrire 
ci-dessous. 


Sphinx pinastri L. Lépinorr., Sphingydæ 


Sphinx du Pin [PI. HE, fig. 6] 


Longueur, Papillon étalé : 60 à 75 millimètres. Chenille : 50 à 
60 millimètres. Le Papillon, d'apparence gris brun, se confond 
avec la teinte de l'écorce des Pins. Chacune des ailes antérieures 
porte trois petites taches allongées et obliquement ordonnées; 
elles sont de couleur brun foncé, velouté. Chacun des côtés du 
thorax est orné de deux taches longitudinales formées de pilo- 
sités couleur chocolat. Les franges des quatre ailes sont mou- 
chetées de blanc et de brun. L’abdomen présente une ligne 
médiane foncée et les côtés de ses segments sont également 
pourvus de bandes transversales blanches et brunes. 


La Chenille est caractérisée par l’épine recourbée en arrière 
? 


LES PINS 241 


implantée sur le onzième segment. Sa couleur est fort variable 
suivant son âge. Au début, la Chenille apparait plutôt sous une 
teinte brun jaune. Plus tard, elle devient verdâtre avec les 
stigmates et une large bande dorsale longitudinale rougeâtres 
ou carminés. Chez les adultes, la tête est jaune foncé, avec deux 
bandes latérales plus claires, bordées elles-mêmes en arrière par 
deux petites taches foncées. 

La Chrysalide, de couleur brune, porte à l’extrémité anté- 
rieure un appendice recourbé vers la pointe du corps. 

Le Sphinx du Pin est répandu d’un bout à l’autre de PEurope; 
il essaime en juin ou juillet et dépose ses œufs un peu à la ma- 
nière du Bombyce du Pin, c’est-à-dire en paquets sur les aiguilles. 
Les Chenilles rongent ces dernières jusqu’à la fin de septembre 
sans causer cependant des dégâts bien appréciables, bien qu’elles 
soient assez répandues individuellement. 

L’hivernement a lieu sous la forme de Chrysalide cachée 
dans la couverture morte du sol. 

Les forestiers rencontrent très souvent ce Papillon appliqué 
contre les écailles des troncs des Pins, mais son importance 
économique ne peut être comparée à celle du : 


Gastropacha pini Ochsh. Lérinopr., Bombycidæ 
(Bombyx pini L., Lasiocampa pini Latr.) 
Bombyce du Pin [PI. IV, fig. 1, 1 a, 1 b] 


Longueur, Papillon : 4, 60, ® 65 à 85 millimètres; Chenille 
adulte : 80 millimètres. Chrysalide : 30 à 35 millimètres. La 
couleur de ce Papillon est chez les deux sexes très variable 
suivant les individus. En thèse générale, la tête, le thorax et 
les ailes antérieures sont d’un gris plus ou moins mélangé de 
brun avec des bandes découpées, transparentes, d’un brun foncé, 
bordées chez le mâle de franges gris blanc. Au centre de chacune 
des deux ailes antérieures, on remarque une tache claire entourée 
d'une zone jaunâtre. L’abdomen et les ailes postérieures sont 
bruns et beaucoup d’exemplaires, ayant le corps entier brun 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 16 


242 FEUILLES 


foncé, font mieux ressortir les taches et bandes blanchâtres. 
Ces dernières sont toujours beaucoup plus apparentes chez le 
mâle qui, en outre, porte des antennes pectinées. 
La Chenille est très difficile à décrire, 
\ car elle offre des variations infinies de 
coloration. En tous cas, elle est, à l’é- 
tat adulte, la plus volumineuse de nos 
Chenilles polyphages. Sa robe peut être 
gris jaunâtre, rouge ou brun noirâtre. 
La principale caractéristique de cette 
Chenille sont les deux houppes de poils 
d'un bleu métallique que porte le dos 
des deuxième et troisième segments. 
La face dorsale sert encore d’inser- 
üon à des poils blanchâtres et les seg- 
ments 5 à 8 et 11 sont ornés de touffes 


de poils bleuâtres rigides. 

La Chrysalide est d’un brun brillant 
Le dite AO ER pointe beaucoup moins acuminée 

TM accouplés. 3/4 gr. nat. que celle du Sphinx du Pin. Le Ps 

pillon du Bombyce essaime en juillet 
ou août et dépose ses œufs de couleur opale par paquets ou 
grappes, soit entre les écailles de l’écorce des Pins, soit sur les 
rameaux du sous-bois, quelle qu’en soit l’essence. Environ trois 
semaines après, les Larves apparaissent et se tiennent pendant 
quelques jours dans le voisinage immédiat des coquilles d'œufs 
brisées. Avant leur première mue, elles n’ont pas encore les 
deux taches bleuâtres des deuxième et troisième segments, taches 
qui constituent le meilleur critère d'identification de ce Macro- 
lépidoptère. 

Sitôt que les Chenilles sont devenues mobiles, elles gagnent 
la cime et se mettent à ronger en premier heu les aiguilles par 
le côté en montrant une préférence pour les feuilles de année. 

Cette période de ravages, qui est la moins grave, grâce à la 
taille relativement faible de Panimal, se prolonge jusqu’au mois 


de novembre, soit jusqu’à Papparition des basses températures. 


LES PINS 243 


A ce moment-là, les Chenilles gagnent le pied des Pins et s’en- 
roulent sur elles-mêmes dans la couverture morte pour y passer 
l'hiver. Il y a lieu de remarquer que l’hivernement s’accomplit 
le plus souvent dans le sable et dans les sols secs aussi peu 
recouverts que possible d’humus; ajoutons que cet humus 
entretient l'humidité que la Chenille redoute par dessus tout. 
En revanche, cette dernière supporte plusieurs degrés de froid 
et même d’être gelée. 


Fig. 169. — Gastropacha pini Ochsh. 
A gauche : Chrysalide; à droite : Cocon. 1/1 gr. nat. (orig.). 


Dès que les conditions climatériques le permettent, en général 
à la fin de mars ou au commencement d’avril, l'ascension recom- 
mence et, tout en augmentant de volume, la Chenille monte 
dans la frondaison où, en raison de sa dimension, elle cause des 
ravages considérables, et gaspille une énorme quantité de frag- 
ments d’aiguilles qui tombent à terre. 

Pendant que nous suivions la marche des invasions par un 
temps calme, nous avons souvent remarqué que la chute des 
excréments provenant des Chenilles logées au sommet des Pins, 
produit un bruit qui rappelle celui des premières gouttes de pluie 
précédant une averse. 


244 FEUILLES 


On trouve des Chenilles sur un peu toutes les espèces d’arbris- 
seaux qui poussent en sous-bois dans les pineraies et le Bombyce 
du Pin, quand il est affamé, ne semble pas très difficile à cet 
égard, bien que des invasions ne se produisent pas dans des 
peuplements purs d'Épicéas ou de Sapins. 


La chrysalhdation a lieu en général à la fin de 


Cf juin ou au commencement de juillet, dans un co- 
ec) 1 con soyeux, gris, que tisse la Chenille autour de 
Lars. . Ù son corps, après s'être fixée à l'intersection de deux 
Avril. | 1 rameaux, entre les écailles de l'écorce ou bien sou- 
Du. LU vent aussi sur les branchages du sous-bois. Cette pé- 
mn Lil mode de nymphose, qui dure à peu près trois semaï- 
gr me nes, varie naturellement suivant la température. 
Juill . . k ; ce ta 
VAR Lors de linvasion du Gastropacha pini Ochsh. 
Août. | af dans la forêt d’Ardon (Bas-Valais, Suisse), invasion 
1 


qui a duré deux ans (1909 et 1910), nous avons 
constaté, le 22 juillet 1910, à la fois des Chenilles, 
des Chrysalides et des Papillons, ce qui prouve 


que, dans un espace limité, l’évolution peut varier 
d’une façon sensible suivant les individus. 

RATzEBURG (1840, p. 143), Juoricx et NirscHE (1895, p. 876) 
ont calculé qu’une Chenille consommait, durant son existence, 
en moyenne mille aiguilles. On peut donc se faire une idée de 
l'importance des ravages, si l’on songe que, dans une invasion 
intense, on trouve de 700 à 1.000 Chenilles sur un seul arbre. 
En outre, lorsque les invasions atteignent leur paroxysme et 
que les Chenilles sont à court de feuillage, elles s’attaquent aux 
bourgeons et causent ainsi un dommage encore plus sérieux. 

Ce sont surtout les peuplements de 60 à 100 ans qui souffrent 
le plus; néanmoins, les Pins à l’état de bas perchis ou de plants 
de deux ou trois mètres de hauteur ne sont pas épargnés. 

En général, les invasions durent de trois à six ans et, comme 
toutes les manifestations de la vie des Insectes, subissent lin- 
fluence des températures élevées qui se produisent surtout au 
moment de l’éclosion des œufs et des premières évolutions des 


Chenilles. 


LES PINS 245 


Les dégâts dans la pineraie d’Ardon, auxquels nous avons 
fait allusion plus haut, et qui ont été décrits par FANKHAUSER 


Fig. 166. — Gastropacha pini Ochsh. Chenilles et Cocon fixés aux aiguilles du Pin sylvestre. 
3/4 gr. nat. (oriq.). 


(1909, p. 240-244), ont pris fin avec l’année 1910, à la suite de 
l'été pluvieux durant lequel les Dose n'ont pu assurer la 
perpétuation de leur espèce. 


246 FEUILLES 


Dans la plupart des invasions constatées au cours du siècle 
dernier, en Allemagne, on a remarqué que si, durant deux années 
de suite, on n’entravait pas l’évolution de lInsecte, les Pins 
périssaient en grande partie pendant la troisième année. Le 
Gastropacha pini Ochsh. est done un ennemi sérieux avec lequel 
le sylviculteur doit compter et contre lequel il doit sévir avec 
beaucoup d'énergie dès qu'il constate sa présence dans un can- 
tonnement de Pins. Heureusement que la nature, par ses lois 
admirables d'équilibre, nous offre un aide que nous pouvons 
envisager comme un auxiliaire appréciable. A l’instar de celle 
de la Nonne, la Chenille du Bombyce est attaquée par des 
Champignons parasitaires (par exemple : Cordiceps mulitaris L.). 
Toutefois, on n’est pas encore exactement fixé sur l’évolution 
de ces parasites végétaux. 

Parmi les Ichneumons (Hyménoptères), les espèces du genre 
Microgaster Htg. font une guerre intense aux Chenilles ainsi 
qu'aux Chrysalides du Bombyce du Pin. En effet, ces parasites 
apparaissent sous forme de petits Cocons blancs allongés, qui 
emprisonnent les Chenilles enfouies dans la terre, fixées aux 
rameaux ou bien logées dans les anfractuosités de l'écorce. Ce 
sont bien les Ichneumons qui sont les meilleurs auxiliaires 
naturels des forestiers, et l’histoire de la lutte contre les Lépi- 
doptères phytophages prouve que leur concours a toujours été 
fort apprécié. 

Parmi les Coléoptères, le Calosoma sycophanta L. fait égale- 
ment la chasse aux Chenilles. Les Oiseaux, tels que les Étour- 
neaux, les Corbeaux et les Mésanges, recherchent le Bombyce 
du Pin; mais il ne faut pas compter sur une collaboration eflicace 
de ces animaux, qui sont en beaucoup trop petit nombre dans les 
pineraies pour pouvoir détruire une quantité appréciable de 
Chenilles de grande dimension. 

SCHWABE (7910) donne un aperçu du désastre qui fut la consé- 
quence d’une invasion du Bombyce du Pin dans la pineraie de 
Jagdschloss (Brandebourg), où plus de 5.000 hectares ont été 
envahis et partiellement anéantis. La lutte contre ce fléau 
nécessita le concours non seulement de toute la population 


LES PINS 247 


ouvrière agricole et forestière de la région, mais aussi d’un con- 
tingent de soldats. 

Les pineraies artificielles des sols crayeux de la Champagne 
ont été sérieusement ravagées, de 1892 à 1894, par le Bombyce 
du Pin. 

DE TaiïzLAsson (1894) a décrit cette invasion qui a causé un 
désastre dans cette contrée au sol pauvre, jusque-là inutilisé 
par l’agriculture et que des boisements récents commençaient 
à mettre en valeur. Cet auteur a reconnu qu’en Champagne, 
les Pins d'Autriche et Laricio de quinze à trente ans ont résisté 
d’une façon remarquable. Par contre, les Épicéas disséminés 
par petits groupes parmi les Pins ont été ravagés. Les Ichneu- 
mons et les Corbeaux sont intervenus, et, grâce à l’été pluvieux 
de 1894, l'invasion a pris fin, non sans avoir provoqué l’abatage 
de centaines d'hectares en plein accroissement. Il est à noter 
qu'au cours de cette invasion en Champagne, on n’a pas, sauf 
dans quelques cas isolés, lutté contre la Chenille en employant 
l’encerelage des troncs avec de la glu, opération qui aurait été 
difficile, vu la forme branchue des jeunes Pins et la ramification 
basse des troncs. DE TArLLASsSsON et HickEL (1894) reconnaissent 
que les Corbeaux et Corneilles ont détruit une sérieuse quantité 
de Cocons dont, dans certains cantons, les débris jonchaient le 
sol. 

M. MÉNA, conservateur des Eaux et Forêts, auquel nous 
devons une obligeante communication touchant cette invasion, 
nous affirme qu’en Champagne, le Pin d'Autriche a été épargné, 
et que, d'autre part, les pineraies de sylvestres reposant sur des 
terrains calcaires jJurassiques de cette région n’ont subi aucun 
dommage. Ces observations peuvent avoir une valeur capitale 
dans le choix des différentes espèces de Pins à employer, lors 
de nouveaux boisements. 


Moyens préventifs. — Le meilleur moyen d'empêcher l’exten- 
sion des Insectes nuisibles aux forêts cst d’éduquer des peuple- 
ments normalement constitués, sains et dont les arbres puissent, 
résister aux attaques de leurs ennemis. Le Gastropacha pini Ochsh. 


248 FEUILLES 


étant avant tout un parasite des aiguilles de Pin, il y a lieu de 
créer, autant que le sol le permet, des massifs mélangés dans la 
constitution desquels on fera entrer une aussi forte proportion 
que possible d’essences feuillues. En effet, les feuilles de ces 
dernières tombant à terre chaque année, y maintiennent une 
humidité plus grande que la couverture formée par les aiguilles 
des Conifères. 

Nous avons vu plus haut que les Chenilles redoutent beaucoup 
lhivernement dans le sol humide, car c’est dans l’humus épais 
que les Champignons et les Ichneumons peuvent le plus faci- 
lement infester leur proie. 

Outre la protection accordée aux Oiseaux qui ne jouent jamais 
qu'un rôle secondaire dans la destruction de cette catégorie 
d’Insectes nuisibles, la mesure la plus efficace pour prévenir 
l'extension du fléau sera la surveillance minutieuse des cantons 
dans lesquels on a constaté des vols de Papillons ou des ravages 
isolés de Chenilles. Il est à peine besoin de rappeler que les peu- 
plements équiens et de grandes étendues, constitués unique- 
ment à l’aide de Pins, sont précisément ceux qui favorisent le 
plus les invasions des Papillons. L’aménagiste doit donc s’effor- 
cer de provoquer la formation de massifs relativement de petite 
dimension, en permettant une alternance intime entre les jeunes 
bois et ceux de forte dimension. 


Moyens répressifs. — On admet que ces derniers doivent être 
mis en vigueur lorsque le dénombrement des Chenilles hivernant 
sous terre accuse plus de quarante sujets par tronc dans les 
vieux peuplements et vingt dans les perchis. Ces inventaires 
doivent être faits par surfaces d’essais disséminées dans les 
différents étages de la forêt. Si ces chiffres sont dépassés, on 
doit intervenir, car l'expérience prouve que, dans ce cas, la 
vitalité des Pins est compromise. 

19 Le moyen le plus simple pour lutter contre les ravages du 
Bombyce du Pin est de capturer ce dernier à l’état de Chenille, 
au moment de son ascension, au premier printemps. C’est 1e1 
encore qu'intervient l'anneau de glu (« Raupenleim ») dont nous 


LES PINS 249 


A 


avons parlé à propos de la Nonne, et qui constitue le meilleur 
piège, à condition que l'opération soit faite à temps et à l’aide 
d’une substance de bonne qualité qui ne se durcisse pas pendant 
les trois ou quatre premiers mois de sa mise à l’air libre. 

L'application de la glu doit se faire après avoir décortiqué, 
à hauteur de poitrine, le pourtour du tronc sur une largeur de 
10 à 15 centimètres, de façon à supprimer les aspérités de l’écorce 
et à permettre l’adhérence au hber. L’anneau glutineux, qui doit 
avoir environ 4 centimètres de largeur sur 5 millimètres d’épais- 
seur, est déposé à l’aide d’une spatule de bois. Grâce à ce procédé, 
on a pu, dans les cas d’invasions intenses, capturer jusqu’à 
10.000 Chenilles en dessous de ces pièges (Junrrcx et NITsCHE, 
1895, p. 891). Ces prisonnières ne tardent pas à mourir de faim, 
puis à être décimées par les ennemis dont nous avons déjà parlé. 
L’encerclage des troncs coûte, tous frais compris, de 20 à 60 francs 
par hectare, et l’achat du « Raupenleim » seul, de 17 à 25 francs par 
100 kilos. On compte généralement de 50 à 60 kilos par hectare; 

20 Lorsqu'on remarque que les Chenilles, empêchées par la 
glu de gagner la cime, cherchent à circuler dans le massif ou 
à en sortir pour envahir un autre peuplement non protégé, on 
pratique des fossés de 30 centimètres de profondeur et autant 
de largeur dans le fond desquels on creuse tous les 5 à 8 mè- 
tres des trous de capture de 50 centimètres de profondeur. 
Les Chenilles y tombent et sont détruites par un liquide toxique 
ou par écrasement. Ces fossés doivent être creusés à pic du 
côté extérieur et à pente douce du côté intérieur. Ils sont à 
établir, lorsque cela est possible, le long des chemins ou des 
hmites parcellaires, de façon à ce que les Chenilles ne puissent 
pas, par le chemin des frondaisons, passer d’une partie contami- 
née, dans une partie mise en défends. En d’autres termes, les 
cimes des deux parcelles ne doivent pas avoir de contact par 
des branches s’entrecroisant. 

Comme il est difficile de pratiquer des fossés à parois abruptes 
dans les terrains sablonneux, il faut remédier à cet inconvénient 
en plaçant sur le côté extérieur du fossé des perches glutineuses 
qui offrent aux Chenilles un obstacle en général infranchissable, 


250 FEUILLES 


à la condition que la glu soit assez visqueuse pour rester atta- 
chée aux pattes et aux poils des Chenilles isolées qui ont réussi 
à franchir ces perches; de cette manière, on les immobilise au 
bout de quelques mètres; 

30 La destruction des œufs est diflicile à exécuter; on peut 
toutefois se servir de ce procédé au début, mais seulement dans 
les champs d’invasion tout à fait restreints. 

En employant une brosse fixée au bout d’un long manche, on 
décortique partiellement le trone et lon écrase une certaine 
quantité d'œufs fixés aux écailles de l'écorce. Cependant, on 
ne détruit ainsi qu'une portion seulement de la ponte qu'abrite 
un Pin. Ce procédé, très coûteux, ne peut être conseillé lors 
de fortes invasions; 

4° La destruction des Chenilles en hivernage est également 
dispendieuse, car on ne parvient guère à découvrir et à écraser 
plus de la moitié d’entre elles; 

50 Finalement, on peut aussi tenter de secouer isolément 
pendant l'été les perches de moins de trente-cinq à quarante ans, 
et dont les frondaisons sont couvertes de Chenilles adultes. Le 
poids de ces dernières les fait facilement tomber à terre où on 
les écrase ou détruit par des procédés trop longs à énumérer 101. 

En somme, le Gastropacha pini Ochsh. est un ravageur très 
dangereux, et les forestiers des pineraies doivent avoir l'œil 
ouvert sur cet ennemi redoutable au même titre que la Nonne 
pour les sylviculteurs des pessières. 

Les Pins sont également attaqués par la Nonne. 


Liparis monacha L. 
Voir : Chapitre de l'Épicéa.. 


Cnethocampa pinivora Fr. Lépinopr., Bombycidæ 


Bombyce pinivore (PI. HE, fig. 6) 


Longueur, Papillon étalé : 4, 30, ®, 36 millimètres. Che- 
nille : 30 à 35 millimètres. Le Papillon a les ailes antérieures 
gris bleu plus ou moins jaunâtre, avec taches transversales 


LES PINS 251 


foncées allant en divergeant du bord postérieur au bord an- 
tero-externe. Les ailes postérieures sont blanches avec franges 
d’un gris sale. Le front du Papillon est orné d’une protu- 
bérance chitineuse dont la forme rappelle celle d’une crête de 
coq. 

La Chenille a la tête noire, presque glabre. La face ventrale 
des anneaux est verdâtre et la dorsale noire avec taches circu- 
laires jaunes sur les anneaux 4 à 11. Tous les anneaux sont 
pourvus de 4 à 5 points rouges disposés en travers et portant 
des touffes de poils jaunes. 

La Chrysalide, qui mesure de 15 à 18 millimètres de longueur, 
est d’un brun jaunâtre avec une double pointe 
à l’extrémité anale. 

On confond facilement ce Papillon avec le | | 
Cnethocampa pityocampa Schiff., dont la Che- 
nille est également une processionnaire. 

Le vol se produit en général en mai ou juin, 
rarement en juillet. Après ‘accouplement, les | °°" 
œufs sont déposés en spirale autour d’une paire fun.) 
d’aiguilles et recouverts d’écailles protectrices | ui . . 


Mars. : 


Avril. . 


MATE 


soyeuses. Les Chenilles apparaissent deux àtrois aout. | 
semaines après et rongent en premier lieu les 
anciennes aiguilles qu’elles entament latérale- 
ment; plus tard, elles s’attaquent aux pousses 
de l’année. La chrysalidation a lieu sous terre, 
dans la couverture morte. 


Sept | 


OC EE 


Noy- =: 


Déc:re 


L'évolution de “cet Insecte est très variable, 
et le plus souvent s'effectue suivant le graphique ci-contre. Ce- 
pendant, dans certains cas, on a observé que l’évolution com- 
plète de ce Papillon avait lieu en douze mois avec hivernement à 
l’état de nymphose. Dans d’autres circonstances, cette évolution 
chevauche sur quatre années. 

Les Chenilles dépouillent partiellement les frondaisons des 
Pins, mais, en général, ne font pas périr les arbres. Elles ne 
confectionnent pas de nids soyeux, et, pour opérer leurs mues, 
se réunissent par paquets à l'intersection des branches. Elles 


252 FEUILLES 


circulent de jour par processions simples, doubles ou triples. 
Leurs poils ont un pouvoir urticant. 

L'aire d'extension de la Cnethocampa pinivora Fr. semble 
limitée aux régions tempérées du Nord de l'Europe qui sont 
influencées par le climat maritime. 

Les invasions de ce Bombyce sont peu importantes. En France, 
ZURLINDEN a signalé en 1905 des ravages dans la pineraie de 
Brotonne aux environs de Rouen (R. D. E. F.). Dans une par- 
celle de cette forêt, les frondaisons des Pins ont été complète- 
ment dépouillées, mais par suite d’un écobuage pratiqué au 
printemps de 1906 dans le but de détruire les cocons protégés 
par la couverture morte, l'invasion fut arrêtée et les Pins atta- 
qués ont reverdi la même année. 

Le procédé à préconiser dans les rares cas d’extension de ce 
ravageur consiste dans la destruction, soit des Chenilles amon- 
celées et en repos sur les branches, soit des Cocons hivernant en 
terre. | 


Cnethocampa pityocampa Schiff. Léprnorr., Bombycideæ 


Processionnaire du Pin (PI. IV, fig. 5, 5 a) 


Longueur, Papillon étalé : 4,30, @, 35 à 40 millimètres; Che- 
nille : 30 à 40 millimètres. Ce Papillon a le corps jaunâtre avec 
les segments bordés transversalement de bandes brunes; la tête 
porte sur le front la même protubérance que le Bombyce pini- 
vore. Les ailes antérieures sont d’un gris sale avec deux taches 
transversales foncées presque parallèles, situées près du bord 
externe; les franges sont tachetées et les ailes postérieures blan- 
ches, chacune avec une petite tache gris foncé à leur angle 
postérieur. La Chenille est de couleur noirâtre sur le dos, jau- 
nâtre sur la face ventrale avec taches d’un brun rouge disposées 
sur le dessus et les côtés, à peu près de la même façon que chez 
la Cnethocampa pinivora Fr. 

Ce Lépidoptère est un parasite de toutes les espèces de Pins 
croissant spontanément dans les régions tempérées de l'Europe. 


LES PINS 259 


Il est abondant sur le pourtour du bassin de la Méditerranée, 


Fig. 167.— Nid de soie de la Cnethocampa pityocampa Schiff. fixé à un rameau de Pin sylvestre. 
1/2 gr. nat. (orig.). 


se rencontre au Puy-de-Dôme, dans les pineraies des Landes 


254 FEUILLES 


et dans le Valais (Suisse), jusqu’à 1.000 mètres environ, où il 
bénéficie encore d’un climat très doux. Au pied du Jura vau- 
dois, nous constatons chaque année sa présence par des cas 
isolés jusqu'à 600 mètres d'altitude, zone qu'il ne semble pas 
dépasser dans la contrée située au nord du bassin du Léman. 
Au sud des Alpes, la Cnethocampa pityocampa Schiff. est très 
abondante dans le Tessin, la Valteline, ainsi qu'au nord de 
Adriatique. 

Tout le monde connaît les nids soyeux que tisse sur les ra- 
meaux des Pins la Chenille processionnaire; ils se détachent en 
clair sur le ciel comme des bourses argentées. Toutes les espèces 
de Pins deviennent la proie de ce Papillon, sauf peut-être le 
Pin Weymouth, mais il est probable que si cette 


espèce était cultivée dans le Midi où la proces- dans fn 
sionnaire abonde, elle serait à son tour attaquée. pre Ec 

Si nous envisageons les conditions climatériques re NT 
du versant sud des Alpes, nous constatons que le — | — 
vol du Papillon se produit à la fin de juin ou au Phbee 
commencement de juillet. Les œufs sont déposés, D 
comme c’est le cas pour l’espèce précédente, au- Juin . | 
tour d’une paire d’aiguilles, formant ainsi un man- Juill . . | 
chon. Les Larves éclosent au bout de quatre se- | 
maines environ. Er 

Durant lexistence des Chenilles, on constate  |-———— 
trois mues, la première au début de Pautomne et Fes Lu 
les deux autres au printemps. Peu 

Le nid, construit sur des rameaux dont les ai- Der 


guilles ont été rongées, sert de retraite à l'animal 
lors des mues et du froid de l'hiver, comme aussi durant la jour- 
née, après que les Chenilles ont terminé leur procession nocturne 
sur telle ou telle partie de la frondaison pour se procurer de la 
nourriture. 

Il est à remarquer que la processionnaire, en quittant son 
nid, laisse derrière elle un fil de soie qui lui permettra toujours, 
même dans une obscurité complète, de retrouver sa demeure. 


Cette dernière, remplie d’excréments, possède des parois si 


LES PINS 255 


densément tissées qu'il est difficile d'y pratiquer une incision 
verticale au moyen d’un instrument tranchant. 


Fig. 168. — Chenilles de la Cnethocampa pityocampa Schiff. quittant le nid, Pin sylvestre. 
1/2 gr. nat. (orig.). 


LA 
Au mois de mai ou au plus tard en juin, les Chenilles quittent 
définitivement les frondaisons des Pins et descendent en proces- 


256 FEUILLES 


sions le long du tronc pour se chrysalider dans la couverture 
morte, au pied mème des arbres. 

Le ravage n’entraine pas généralement la mort du Conifère, 
mais lorsque les nids sont abondants, il provoque une défor- 
mation des rameaux, parfois aussi un dépérissement de la cime 
ou d’une partie de la couronne. 

On sait qu'il faut éviter de toucher les Chenilles procession- 
naires, car leurs poils ont un pouvoir urticant qui provoque, 
surtout au cou, au poignet et entre les doigts, des démangeai- 
sons insupportables. 

FABRE (1895, p. 298 à 392), qui a admirablement décrit les 
mœurs de ce Papillon, conclut que la substance toxique que 
la Chenille émet ne provient pas d’une ampoule terminant le 
poil et qui éclaterait au toucher, mais que ce produit urticant 
imprègne probablement le corps de la Chenille et ses poils bar- 
belés. Le moindre mouvement de l’air provoque le dégagement 
de ces émanations toxiques. Il est probable que cette propriété 
vésicante réside dans des poussières ou poils minuscules qui se 
dégagent du corps de la Chenille. 

Ce ravageur est surtout un hôte malcommode pour les fores- 
tiers qui ont à circuler dans les pineraies où il vit à l’état endé- 
mique, ainsi que pour les jardiniers qui veulent en débarrasser 
les Pins exotiques cultivés dans les parcs. 


Moyens préventifs. — Il n'existe aucun procédé permettant 
de se prémunir contre les attaques de la Processionnaire du Pin, 
à moins qu'il ne s'agisse de cantons fortement envahis durant 
une série d'années, et dans lesquels on cherche à introduire un 
mélange d’une autre essence. Mais dans le Midi et sur les pentes 
arides et exposées au sud des vallées méridionales des Alpes, 
on ne peut guère associer une autre essence sociale aux Pins. 


Moyens répressifs. — La chasse aux Chenilles disséminées au 
pied des arbres ne peut être entreprise sans des frais hors de 
proportion avec les résultats obtenus. 

Le meilleur procédé consiste à couper en hiver les mds et à 


LES PINS 251 


les incinérer, ou bien à les brûler sur la branche à l’aide d’une 
torche fixée au bout d’une perche. Cette opération, qui ne se 
fait pas sans danger pour les ouvriers, en raison du pouvoir 
urticant des Chenilles, ne doit être entreprise qu'avec beaucoup 
de précautions dans les pineraies ensoleillées du Midi où le 
danger d'incendie des forêts est toujours à craindre. Lorsque 
les nids sont à des hauteurs considérables, il est possible d’en 
anéantir le contenu en tirant contre eux des charges de gre- 
naille. Finalement, on peut aussi introduire une dose de pétrole 
dans l’intérieur des bourses, comme le recommande CaLas (7897, 
p. 58 à 99). Ce sylviculteur qui, de 1887 à 1897, eut à lutter 
contre une sérieuse invasion de la Processionnaire du Pin dans 
les boisements artificiels des Pyrénées-Orientales, préconise, 
surtout pour les jeunes peuplements, la lutte à outrance dès 
la formation des bourses. Les nids fixés aux branches inférieures 
âgées de plus de trois ans sont coupés et incinérés; ceux qui 
sont construits sur les flèches reçoivent une injection de pétrole 
(environ un demi-litre pour cent bourses). Ce liquide ne tarde 
pas à asphyxier les Chenilles adultes au repos. 

Le travail de Calas expose dans tous ses détails la lutte contre 
ce redoutable Insecte, et son auteur prouve qu’une défense éner- 
gique, entreprise dès le début, peut entraver complètement 
lextension d’une invasion. 


Noctua piniperda Panz. Lépioopr., Voctuæ 


(Trachea piniperda Latr., Noctua griseovariegata Gœtze) 


Noctuelle piniperde (PI. ILE, fig. 7; PI. IV, fig. 2) 


Longueur du Papillon étalé : 30 à 35 millimètres; de la Che- 
nille : 30 à 32 millimètres. Les Noctuelles se distinguent par la 
forme trapue de leur corps et la proportion plutôt réduite de 
leurs ailes. Les antérieures sont étroites, les postérieures sont 
plus courtes, mais légèrement plus larges. 

La MNoctua piniperda Panz. se distingue par la couleur du 
corps qui est d’un gris mêlé de brun rouge; elle est recouverte 
d’une pilosité soyeuse de même nuance. Les ailes antérieures 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 17 


258 FEUILLES 


sont d’un jaune sale avec bandes transversales rougeâtres alter- 
nant avec des taches blanches à contours bien déterminés. Les 
ailes postérieures sont d’un gris foncé plus ou moins brun. 

La teinte de la Chenille varie avec les mues. Au début, la 
tête est brunâtre et le corps vert clair. Le dos est longé par une 
ligne blanche. Chacune des rangées de stigmates est intercalée 
entre deux bandes blanches dont la supérieure est très fine et 
double, Il y a donc sept lignes longitudinales blanchâtres. Après 
chaque mue, la Chenille devient plus foncée; finalement la 
tête et la plaque nuchale chitineuse sont d’un noir brillant. 

Le Papillon, quoique répandu d’une extrémité à l’autre de 
l'Europe, n’est pas très commun. Il essaime en mars ou avril 
suivant l'altitude et surtout d’après les conditions atmosphé- 
riques. Les œufs sont déposés par rangées de quatre à huit sous 
les aiguilles de l’année précédente. La ponte est en général 
d'autant plus forte sur un arbre que la frondaison est densé- 
ment constituée. Ce sont surtout les perchis de Pins que cet 
Insecte recherche. 

La période larvaire coïncide avec l’épanouissement des bour- 
geons, de sorte que les pousses en formation sont 
rongées et se dessèchent rapidement. Au moindre 
mouvement, la Chenille se laisse tomber à terre au 
Mars. .| moyen d’un fil de soie. Les ravages se prolongent 
Avril. jusqu’à la fin de juillet, époque à laquelle l’Insecte 
pepe descend définitivement à terre pour hiverner à 
l’état de Chrysalide dans la couverture morte. La 
Nymphe n’est pas entourée d’un Cocon soyeux. 


Mai. . 


JUN. 


Jul 


SRE L'évolution dure exactement douze mois. 

Eu: Dans les invasions intenses, les ravages s’éten- 
| Sept . .| dent également aux aiguilles de l’année précé- 
Oct. . .| dente, et il arrive que la couronne entière est 


OCR dépouillée, ce qui entraine la mort de l'arbre. 
Un des caractères des invasions de la Noctuelle 


Déc. x 


piniperde est l'apparition précoce de la Chenille, qui 
ravage les bourgeons au moment même de la formation des aiguilles. 
D'après les observations faites en Allemagne (Jupeicx et 


LES PINS 259 


NirscHE, 1895, p. 934 à 937), les invasions n’ont jamais duré 
plus de trois ans, entraînant cependant le dépérissement complet 
des Pins et provoquant des abatages sur de grandes étendues. 

En France et en Suisse, ce Papillon n’a, à notre connaissance, 
jamais été signalé comme auteur de déprédations importantes. 


Moyens préventifs. — On a observé que la Noctuelle déposait 
ses œufs de préférence dans les peuplements à l’état de perchis 
dans lesquels on avait pratiqué le soutrage et la récolte de la 
litière. Ces opérations doivent donc, en thèse générale, être 
proscrites. La pineraie équienne et à l’état pur, s'étendant sur 
de vastes surfaces, constituera toujours un champ propice à 
l’évolution des Insectes nuisibles et en particulier de la Noc- 
tuelle. Il faut donc, lors des revisions d'aménagement et des 
grands travaux de reboisement, éviter de donner de grandes 
dimensions aux massifs de même âge, et surtout chercher à 
associer une autre essence au Pin. 


Moyens répressifs. — Ils sont très difficiles à appliquer. En 
Allemagne on a tenté l’application des anneaux de glu (« Rau- 
penleim »), mais sans beaucoup de suecès. Lorsqu'on peut inter- 
venir au début d’une invasion qui est encore localisée sur de 
petites surfaces, les parcelles envahies devront être circons- 
rites au moyen de fossés ou de perches-pièges dont nous avons 
déjà décrit la disposition à propos du Bombyce du Pin. 

En secouant de mai à Juillet les arbres couverts de Chenilles, 
on peut faire tomber et détruire une bonne quantité de ces 
animaux. Ceux qui échappent aux ouvriers seront retenus pri- 
sonniers dans les fossés ou sur les perches enduites de glu. Enfin, 
un autre procédé qui, dans certains cas, a donné de bons résul- 
tats, consiste à lâcher en forêt, dès le mois d’août, des pores qui 
sont très friands des Chrysalides enfouies dans le sable ou dans 
la couverture morte. Malheureusement l’administration fores- 
tière a souvent beaucoup de peine à obtenir des agriculteurs de 
laisser leurs porcs se nourrir des Noctuelles. Heureusement que 
ces dermières sont très facilement décimées durant la période 
de nymphose par les Tachines et les Champignons parasitaires. 


260 FEUILLES 


Fidonia piniaria Tr. Lépinopr., Geometridæ 
(Geometra piniaria L., Bupalus piniaria Leach) 
Arpenteuse ou Fidonie du Pin (PI. IV, fig. 5, 3 a, 3 b) 


Longueur du Papillon étalé : 30 à 37 millimètres; de la Che- 


/ À. 
f Pr Le 
j. As BA DÆBire + 


Fig. 169. — Plant de Pin sylvestre ravagé par la Chenille de la Fidonia piniaria Tr. 
1/3 gr. nat. (orig. cliché de Tubeuf). 


nille : 27 à 30 millimètres. Le mâle est caractérisé par la couleur 


jaune pâle de ses ailes antérieures dont les extrémités sont d’un 


LES PINS 261 


brun chocolat. On observe sur les ailes postérieures des bandes lon- 
gitudinales jaunâtres nettement limitées et se détachant sur un 
fond foncé. En résumé, l’examen du mâle de la Fidonie montre 
que le jaune occupe autant de place que la teinte chocolat. 

La femelle est rouge brique avec taches d’ailes également 
jaune paille et ayant les mêmes formes que celles du mâle. Le 
corps est dans les deux sexes foncé avec bandes transversales 
jaunâtres; il est recouvert d’une pilosité claire. 

La Chenille est verte, elle porte au milieu du dos une ligne longi- 
tudinale blanche. On remarque sur chacun des côtés une double 
bande vert foncé également longitudinale et au-dessous de la ran- 
gée des stigmates une bande jaune clair. La tête et les pattes sont 
verdâtres, et c’est là un des caractères qui permet de distinguer 
le plus facilement cette Chenille d’autres arpenteuses forestières. 

Généralement le Papillon, fixé sur le tronc ou les rameaux, 
a les ailes à moitié relevées; elles montrent ainsi leur face infé- 
rieure dont la tacheture est à peu près semblable à celle de la 
face supérieure. 

Ce Papillon, répandu sur tout le continent européen, vole 
en juin durant le jour et dépose ses œufs sur la face 


inférieure de l'aiguille, suivant une ligne parallèle eo 
à son axe longitudinal. Les Chenilles, qui au début ne 
de leur existence mesurent 5 millimètres et ont Mars. .| o 
une apparence jaunâtre, commencent par ronger PE 
les côtés puis la pointe de l'aiguille, en épargnant fi 2 
en général la nervure. Cependant, le type de ra- te 


vages est très variable. 

L'évolution de la Fidonie est représentée par 
le graphique ci-joint. Chose curieuse, la Chenille 
poursuit son travail dévastateur jusqu’à l'arrière || Sert -. 
automne et ne se laisse descendre à terre au moyen || oct. 
de son fil de soie que lorsque les premières gelées [x 
apparaissent. La nymphose se produit sans Cocon 
dans la couverture morte, dans le sable ou dans 
la terre meuble. La Chenille attend parfois un ou deux mois 
dans le sol avant de subir sa métamorphose. 


AA 


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…— Ce M 


-hswald (Nuremberg) après l'invasion de 1895 


de la Fidonia piniaria Tr. (orig. cliché de lubeuf). 


Aspect de la pineraie du Reï 


LES PINS 263 


La Fidonie gaspille une énorme quantité de feuilles dont les 
débris tombent à terre. Les couronnes des Pins attaqués finis- 
sent par présenter au moment de la sève d’août une apparence 
grisâtre, puis deviennent couleur de rouille. Si une invasion 
précoce et intense dépouille la moitié de la frondaison, l'arbre 
ne reverdit en général pas l’année suivante, et il suffit que 
pendant cette seconde année la Fidonie réapparaisse avant la 
formation complète des pousses pour que le peuplement soit 
condamné. Toutefois, 1l faut agir très prudemment avant de 
considérer une pineraie comme perdue et ne pas entreprendre, 
au printemps qui suit la première invasion, l’abatage des Pins 
dépouillés avant de s'être préalablement assuré par un examen 
minutieux sur des arbres d'expérience, que la sève ne circule plus. 

Une des invasions les plus importantes qui ait été observée 
au siècle dernier est celle du Reichswald, aux portes de la 
ville de Nuremberg, en Bavière. Nous avons décrit ce désastre 
forestier (BARBE Y, 1895, p. 348 à 352) dont nous avons eu l’occa- 
sion d'étudier sur place les mamfestations. Cette invasion, qui 
a débuté en 1893, s’est continuée en 1894 pour s'étendre en 
1895 sur 40.000 hectares de pineraies poussant sur un sol sablon- 
neux de médiocre qualité. L’administration forestière s’est vue 
dans l'obligation d’abattre plus de 10.000 hectares d’un peu- 
plement d’âge moyen et dont la plus grande partie des produits 
n’a pu être utilisée que comme bois de chauffage. 

Le grand danger de ces calamités provoquées par les Chenilles 
qui dévorent les feuilles des résineux réside dans l'intervention 
subséquente d’ennemis tels que les Xylophages, qui sont d'autant 
plus à redouter que l’abatage et l’écorçage n’ont pu être exécutés 
à temps, c’est-à-dire au printemps. 

Notre illustration représente les forêts de Pins de Nurem- 
berg ravagées par la Fidonie. En Champagne, ce Lépidoptère 
a été signalé parmi les ravageurs qui ont accompagné les inva- 
sions du Bombyce du Pin. HickeL (1894) a observé en juin des 
nuées de Fidonies essaimant autour des cimes des Pins; tepen- 
dant, on ne constata pas alors de déprédations sérieuses dans les 
pineraies champenoises. 


264 FEUILLES 


Moyens préventits, — Comme cet Insecte est surtout un para- 
site des Pins et qu'il ne s'attaque à d’autres Conifères que dans 
des cas exceptionnels, il faut chercher à introduire une ou plu- 


sieurs autres essences lors de la création de nouvelles pineraies, 


Fig. 171. — Sous-bois de Pin sylvestre partiellement dépouillé par la Chenille de la F'donia 
piniaria Tr. (orig. cliché de Tubeuf). 
de facon à empêcher l’anéantissement complet en cas d’inva- 
sions intenses, 
La Chenille de la Fidcnie est recherchée d’un côté par les 
Ichneumons, de l’autre par les Oiseaux tels que les Étourneaux, 
les Coucous, les Grives et les Ccrneilles. On doit done protéger 


ces derniers, mais il ne faut pas s'attendre à ce que les Oiseaux 
Ï 


LES PINS 265 


seuls anéantissent une génération de ces Macrolépidoptères et 
mettent fin à une invasion, car ces auxiliaires sont trop peu 
nombreux dans les forêts pour accomplir une tâche aussi consi- 
dérable. | 


Moyens répressifs. — De même que c’est le cas pour la Noc- 
tuelle, la lutte pratique et efficace contre l’évolution et la dis- 
persion de la Fidonie est difficile; jusqu’à présent, les anneaux 
de glu, l'introduction des Pores dans les forêts, les perches et 
les fossés protecteurs n’ont pas donné de résultats concluants. 
A ce point de vue, les ravages de l’Arpenteuse des Pins se succé- 
dant deux et trois années de suite dans la même pineraie sont 
plus à redouter que ceux de la Nonne et du Bombyce, car les 
obstacles que le forestier peut opposer à la marche des Chenilles 
sont beaucoup moins efficaces (1). 


Lophyrus pini L. Hyméxopr., 7enthredinidæ 
Lophyre du Pin (PI. IE, fig. 1) 


Longueur de l’Insecte étalé, mâle : 16 millimètres; femelle : 
18 millimètres ; Larve : 25 millimètres. Les Insectes ailés de 
cette famille présentent les caractères principaux suivants 
_La tête aplatie est intimement liée au thorax. La forme des 
antennes est très variable suivant les genres. Les ailes trans- 
lucides sont divisées par les nervures en cellules dont les diffé- 
rentes formes constituent des critères importants pour la déter- 
mination. L’abdomen, qui compte huit segments, est ramassé, 
cylindrique ou légèrement aplati; la largeur est la même que 
celle du thorax. Le tibia des pattes antérieures est muni de deux 
crochets. 


(1) Deux autres Arpenteuses doivent encore être mentionnées ici comme 
décimant également les frondaisons des Pins : Geometra prosapiaria L. et 
G. liturata CI. L'une et l’autre hivernant à l’état de Chenilles, ont deux 
générations par an avec vol en mai et en août. Leur importance est secon- 
daire, ces Insectes n’ont pas encore été signalés comme jouant un rôle 
au point de vue de la protection des forêts. 


266 FEUILLES 
Le Lophyrus pini L. mâle porte des antennes longuement 
pectinées; chez la femelle, elles sont serriformes. Le corps est 
noir et les pattes jaunâtres. 
La Larve verdâtre et le plus souvent tordue en forme d’un, 


Fig. 172. — Chenilles du Lophyrus pini L.au repos sur un rameau de Pin sylvestre. 
3/4 gr. nat. (orig.). 


porte vingt-deux pattes dont les six antérieures sont fixées 
aux segments thoraciques. La tête est de couleur brun-rouge. 
On remarque au dessus de la base de chaque fausse patte une 
tache noire représentant un point-virgule horizontal. 

Le Cocon est brun pâle, d’une consistance très dure, surtout 
en ce qui concerne le Cocon d'hiver. 

La biologie est à peu près identique pour toutes les espèces 


LES PINS 267 


du genre Lophyrus, c’est-à-dire que dans les conditions nor- 
males, l’Insecte ailé essaime en avril et pond ses œufs par rangées 
sur les aiguilles. Durant deux mois, soit en mai et en juin, la 
Larve ronge les feuilles de l’année précédente, puis se chrysalide 
sur les rameaux (voir fig. 174). En juillet, l’Insecte de la seconde 
génération apparait et opère sa ponte. La deuxième période 


> 


En 


as 
LÉ ee 


Fig. 173. — Œufs du Lophyrus pini L. déposés sur des aïquilles de Pin sylvestre. 
413 gr. nat. (orig.). 


de ravages de la Larve se produit à la fin de l'été et l’hivernement 
a lieu sous terre à l’état de Larve enfermée dans son fourreau, 
la métamorphose en Chrysalide n’ayant lieu que deux à trois 
semaines avant l’apparition de l’Insecte alé. Celui-ci sort de 
son enveloppe en enlevant un couvercle plus ou moins régulier 
placé à l’une de ses extrémités. 

Jupeicx et NirscHEe (1895, p. 638) prétendent que dans cer- 


tains cas, une partie des Larves issues de la génération du prin- 
temps demeure du mois de juillet au mois de mars de l’année 


268 FEUILLES 


suivante enfouie sous terre, cachée dans des Cocons. Dans ce 
cas, la génération est unique et la période de ravages de la fin 
de l'été est supprimée. 

Parmi tous les ravageurs des frondaisons de Pins, le Lophyre, 


comparé aux Chenilles de Macrolépidoptères de 
taille à peu près semblable, est un des Insectes 
polyphages qui se contente de la plus petite 
quantité de nourriture. Les Larves muent cinq 
à six fois et se réunissent souvent en colonies 
agglomérées (voir fig. 172), principalement lors- 


qu'elles ont ravagé presque toutes les aiguilles 
d'un rameau et qu’elles vont émigrer ailleurs en 


JUN. 


RUE SR 


; quête d’une nouvelle nourriture. 
Re Le Lophyrus pini L. recherche en particulier, 
au début de son existence, les Pins poussant 
sur les sols maigres et exposés au midi le long 


des chemins ou aux lisières des Jeunes peuple- 


ments. La Larve ronge en général toute lai- 


guille, sauf la nervure; devenue adulte, elle 
dévore l’aguille entière. 

On remarque souvent lors de la deuxième période de dégâts 
que la Larve s'attaque aux aiguilles fraiches de l’année. Le 
dépérissement des rameaux ou des Pins entiers est, dans ce cas, 
inévitable, et les invasions deviennent néfastes. Toutefois, 
envisagés comme ravageurs, les Lophyres ne peuvent être assi- 
milés à la Nonne, au Bombyce du Pin ou à la Fidonie du Pin, 
car ils sont beaucoup plus sensibles aux influences météorolo- 
giques que les Papillons et leurs Chenilles. 

Il semble que les Lophyres ne s’attaquent pas à d’autres 
Conifères que les Pins; ils sont répandus d’une extrémité à 
l'autre de l’Europe. Si, dans la plupart des cas, ils ne font pas 
sécher les Pins qui leur ont servi de proie, ils déterminent une 
diminution d'accroissement et favorisent immanquablement les 
attaques des Xylophages. 

A plusieurs reprises, les pineraies de Russie, de Suède et de 
Prusse ont été ravagées par cet Hyménoptère, mas rarement, 


LES PINS 269 


après un dépouillement plus ou moins complet des feuilles, les 
Pins ont dû être abattus par suite de leur dépérissement. 

En France, le Lophyrus pini L. a été signalé à plusieurs re- 
prises comme dévastateur des fo- 
rêts. En particulier, lors de la séche- 
resse de 1906, il a envahi la pineraie 
de Maillargues, dans le Cantal, et 
causé des dégâts qui ont été évalués 
de 4.000 à 5.000 francs(R. D. E.F.). 

Dans la Haute-Loire, des dépré- 
dations imputables au même rava- 
geur ont été constatées en 1906 
jusqu’à une altitude de 1.300 mè- 
tres. Les taches d’invasion intéres- 
saient de préférence les massifs 
hauts de 8 à 18 mètres et étaient 
surtout fréquentes aux bordures 
exposées à l’ouest dans les forêts 
de Saint-Préjit-d’Allier en particu- 
RÉRORAD EST): 


Moyens préventifs. — Le Lophy- 
rus pint L. étant monophage, on ne 
doit pas, comme nous l’avons déjà 
dit dans les pages qui précèdent, 
créer des peuplements équiens sur 
de grandes étendues. La protection 


des Pics et des Souris est à recom- Fig. 174. — Rameau de Pin sylvestre 

dont les aiguilles et l'écorce ont été 

mander, car on a observé que ces D HRFISES NE A One ENT re 

7 pit L., avec Cocons fixés à la bran- 
animaux font la chasse aux Cocons. GR EEE CETRS 

Moyens répressifs. — Ils ne doivent être mis en œuvre que 


lorsqu'on a des raisons de supposer que l’Insecte va se répandre 
sur une grande échelle dans des pineraies particulièrement 
prédisposées au dépérissement et visitées les années précédentes 
par les Lophyres. 


270 FEUILLES 


On ne peut guère intervenir qu’en détruisant les Larves au 
moment où elles sont sur les branches basses ou sur les Pins de 
faible hauteur. On profitera alors de les écraser ou de les asperger 
d'un liquide toxique (pétrole, lysol, jus de tabac dilué, etc.) 
pendant qu’elles sont agglomérées à lintersection des ra- 
meaux. 

Dans certains cas, il peut être indiqué de couper les branches 
qui portent des paquets de Larves, ou de secouer les perches sur 
des draps qu’on a préalablement étendus au pied des Pins. Mais 
le plus souvent, la dépense résultant de cette intervention est 
disproportionnée aux résultats qu’on peut en attendre. Déjà 
Ratzeburg disait que sur cinq cas d’invasion des Lophyres, un 
seul était de nature à provoquer des ravages redoutables (Ju- 
DEICH et NiTsCHE, 1895, p. 642). 


Lophyrus rufus Ratz. Hyméxorr., Tenthredinidæ 


Lophyre roux (PI. IE, fig. 9) 


Longueur de l’Insecte étalé, mâle : 19 millimètres; femelle : 
22 millimètres; Larve : 19 millimètres. La forme ailée femelle 
de ce Lophyre a le corps d’un jaune brun. Le métathorax est 
foncé et les pattes d’un jaune rougeâtre. Le mâle, allongé, est 
d’un noir brillant avec les premiers segments abdominaux brun 
rouge. Les crochets sont noirs dans les deux sexes. 

La Larve a la tête et les pattes thoraciques d’un noir brillant. 
Le corps est gris-vert sale avec une ligne longitudinale dorsale 
claire; sur chacun des côtés se trouvent deux fines lignes presque 
blanches bordant une autre ligne d’un vert plus intense. Le 
Cocon est très clair, moins dur que celui du Lophyrus pini L. 

Il semble que le Lophyrus rufus Ratz. ne produise qu’une géné- 
ration par an (Jupeica et Nirscue, 1895, p. 644) avec période 
de ravages au printemps seulement. On admet, pour le moment, 
que c’est à l’état d'œuf que l’Insecte hiverne. Ce dernier est 
beaucoup moins répandu que le Lophyre du Pin et ses invasions 
ont été jusqu'ici localisées sur de petites superficies. 


LES PINS DTA 


Ce que nous avons dit des mesures à opposer à l'extension 


Fig. 175. — Lophyrus rufus Ratz. sous ses trois formes, rongeant un rameau de Pin sylvestre. 
1/2 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich). 


du Lophyre du Pin s'applique également au Lophyrus rufus 
Ratz:-(T). 


Lyda campestris L. Hyménorr., Tenthredinidæ 


Lyde champètre 


Longueur de l’Insecte étalé : 22 à 25 millimètres; Larve 
18 à 26 millimètres. Le genre Lyda compte quelques espèces 
qui ravagent les résineux. La Lyda campestris L. est la plus répan- 
due parmi les Lydes des Pins; le corps de la forme ailée est 
caractérisé par la couleur métallique d’un bleu noir intense. 


(1) Deux autres espèces du même genre, le Lophyrus pallidus KI. et le 
L. similis Htg., beaucoup plus rares, sont encore à classer parmi les ennemis 
des aiguilles des Pins; leur importance forestière est minime. 


272 FEUILLES 
La partie médiane de l'abdomen est coupée par une tache trans- 
versale jaunâtre, La tête n’est pas soudée au prothorax, comme 


c’est le cas chez les Lophyres, mais bien dégagée. Les antennes 


Fig. 176. — Dégâts de la Zyda campestris L. sur un plant de 4 ans de Pin Banks. 
1/2 gr. nat. (orig.). 


1 


qui comptent de trente-six à cinquante-quatre articles, sont, 
de même que les pattes, d’un jaune paille. 


La Larve, d’un vert sale, avec tête brune, est privée de pattes 


LES PINS 210 


thoraciques. Grâce aux fils de soie qu’elle a la faculté de sécréter, 
elle peut construire les nids si caractéristiques de cette catégorie 
d’Insectes xylophages (Voir fig. 176). 

L’Insecte ailé vole en juin et dépose ses œufs isolément dans 
la pousse terminale des Pins de trois à six ans. La Larve, une fois 
formée, commence à tisser un nid qui ne tarde pas à enlacer le 
dernier verticille. Ce nid, dont la forme est souvent triangu- 
laire, avec base élirgie, est bientôt rempli d’excréments ainsi 
que de débris provenant d’aiguilles nées l’année précédente et 
qui ont été rongées pendant l’été. C’est en général au mois d'août 
que la période de ravages prend fin; la Larve adulte descend 
alors à terre pour hiverner et s’y chrysalider en mai. 

Au point de vue de la protection des forêts, la Lyde cham- 
pêtre, qui attaque presque toutes les espèces de Pins en plaine, ne 
joue pas un rôle important, car seules, la cime ou les extrémités 
de certaines branches des jeunes Pins peuvent sécher à la suite 
de ses atteintes. 


Lyda erythrocephala L. Hyménorr., Tenthredinidæ 
Lyde bleue 


Longueur de l’Insecte étalé : 24 à 26 millimètres; Larve : 
23 à 25 millimètres. Cet Hyménoptère a une apparence d’un 
bleu métallique avec les ailes d’un gris sale. Chez le mâle, la 
région de la tête située en avant de l'insertion des antennes est 
jaunâtre. La tête de la femelle est rouge avec entourage des 
yeux du même bleu que le reste du corps. 

La Larve est d’un vert olive avec tête jaunâtre tachetée de 
brun; sa nuque est noire. Les anneaux abdominaux sont ridés 
transversalement; chacun d’eux, à l'exception du dernier, porte 
sur le dos des taches transversales foncées. L’Insecte construit 
un nid soyeux plus allongé que celui de lespèce précédente, En 
général, on ne trouve qu'une Larve par fourreau de soie plus ou 
moins garni d’excréments. 

L'évolution de la Lyde bleue ressemble à celle de l'espèce 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 13 


274 


FEUILLES 


précédente. Comme cette dernière, cet Hyménoptère attaque 
plusieurs espèces de Pins. Ces deux Insectes sont assez répandus 


dans les jeunes pineraies. 


Lyda stellata Christ. Hyménorr., Tenthredinidæ 


(Lyda pratensis Fabr.) 


Lyde étoilée 


Longueur de l’Insecte étalé, mâle : 20 millimètres; femelle : 
24 millimètres; Larve : 27 à 28 millimètres. Cette Lyde doit son 
nom spécifique à la tache jaune clair en forme d’étoile qui orne 


f 


Fig. 177.— Chenille dela 


Lyda  Sstellata Christ, 


3/4 gr. nat. (oriq.). 


la face dorsale de la tête dont la couleur est 
noirâtre. Les côtés de l’abdomen brun noir 
sont rougeâtres; chez les deux sexes les an- 
tennes et les pattes sont jaunes. La Larve est 
parfois d’un vert jaune avec la tête d’un jaune 
sale tacheté de brun et la nuque noire. La 
face ventrale est claire; la ligne médiane dor- 
sale ainsi que chacun des côtés sont ornés d’une 
raie longitudinale d’un brun foncé, ces bandes 
encadrent entre elles une ligne jaunâtre. Les 
pattes sont cerclées d’anneaux alternative- 
ment bruns et noirs. 

La Lyde étoilée a une biologie un peu difré- 
rente de celle des autres espèces que nous 
venons de décrire. Si elle construit à peu près 
le même type de nids soyeux, son évolution 


dure trois ans et la Larve passe trois hivers sous terre avant 


de se métamorphoser en Chrysalide. 

Cet Insecte attaque les pineraies de tout âge et commence ses 
déprédations par le bas de la frondaison ou des rameaux; une 
grande quantité de débris reste attachée aux nids. Le dépéris- 
sement total ou partiel des couronnes de Pins est parfois la 
conséquence de ces ravages. C’est bien la Lyde étoilée qui est 
la plus redoutable des trois espèces du genre Lyda ; au point de 


LES PINS 275 


vue forestier, son importance n’est toutefois pas à comparer 


PRET 


Fig. 178. — Rameau de Pin Weymouth ravagé par la Lyda stellata Christ. 1/3 gr. nat. (oriq.). 


avec les dégâts causés par les Chenilles des Papillons que nous 
avons décrits plus haut. 


276 FEUILLES 

Moyens préventifs. — La Lyde étant un ravageur monophage, 
il faut agir, en matière de constitution de forêts, suivant les 
principes que nous avons déjà énoncés, c’est-à-dire éviter la 


création de vastes peuplements de Pins à l’état pur. 


Moyens répressifs. — Ils ne peuvent être mis en action d’une 
facon économique et eflicace que lorsque linvasion est à son 
début. Dans les pineraies dont les arbres n ont pas plus de 2 
à 4 mètres de hauteur, on peut atteindre les Larves et les 
détruire au moyen d’aspersions d’un liquide toxique (le pétrole, 
par exemple) ou les écraser alors qu’elles sont prisonnières dans 
leurs nids. 

La Lyde étoilée, qui passe deux années et demie sous terre, 
peut être détruite dans les massifs âgés et au sol nu par des 
labours, sarclages ou hersages pratiqués au pied des arbres. 
Cette opération a pour but de faire sortir de terre les Larves 
endormies qui deviennent alors la proie des Ichneumons et des 


Oiseaux. 


Cryptocephalus pini L. Coréopr., Chrysomelidæ 
(Cryptocephalus abietis Suffr.) 


Chrysomélide jaune du Pin 


Longueur : 3,5 à 4 millimètres. Ce Coléoptère est caracté- 
risé par la couleur jaune pâle des élytres et par la teinte d'un 
brun rougeâtre du corselet qui est densément ponctué. Les pattes 
sont ramassées, épaisses, et d’un brun rouge. 

La Larve est du type de celle des Chrysomélides, nous en 
parlerons plus loin en décrivant la Galéruque de FOrme. 

PEnris (1857, p. 341 à 343) a relaté la présence du Crypto-- 
cephalus pini L. en octobre et novembre dans les cultures de 
six à quinze ans du Pin maritime des Landes. L’accouplement 
avait lieu à ce moment-là et les Pins attaqués étaient en bordure 
ou à la lisière des massifs. 

Il est inopportun de prévoir des mesures prophylactiques 


LES PINS PAIE! 


contre les Chrysomélides et Galéruques des Pins, car leur 
action est d’ordre secondaire et leur biologie est encore trop peu 
connue. 


Galeruca pinicola Duft. Coréopr., Chrysomelidæ 
Galéruque du Pin 


Longueur : 3 millimètres. La tête, le corselet, l'abdomen et 
les élytres sont noirs. Le thorax est deux fois plus large que long 


Fig. 179. — Aïquilles de Pin sylvestre atta- 
quées par la Galeruca pinicola Duft. 
2/1 gr. na 7 (oriq.). 
avec les côtés et les angles arrondis; il est tacheté de jaune 
orange. Les antennes brunes ont les quatre premiers articles 
jaunes. 
Au point de vue économique forestier, ces deux Coléoptères 
causent à peu près les mêmes ravages sur les différentes espèces 
de Pins. Ils sont peu répandus et n’ont qu'une importance 


278 FEUILLES 


secondaire, bien que leurs déprédations aient pour conséquence 
de provoquer le dépérissement de telle ou telle partie de la 
frondaison des Pins attaqués. C’est à l’état d’Insectes parfaits 


qu'ils rongent les aiguilles et l’épiderme des pousses des pieds 


âgés en général de moins de vingt ans. l.4 
La biologie de ce ravageur est encore peu connue. #3 , !, 


Ë É: 


Fig. 180. Phycis sylvestrella L. Fig. 181. — Écoulement de résine 


Ecoulement de résine provoque provoqué par le forage de la 

par le forage de la Chen lle dans Chenille de la Phycis sylves- 

les blessures des « quarres » du trella L. sous une blessure 

Pin maritime. 1/3 gr. nat. (orig. d'élagage du Pin maritime. 

cliché Biquet). 1/3 qr. nat. (orig. cliché Bi- 
quet). 


Tinea piniarella 21]. Coréorr., Tortricidæ 


Longueur du Papillon étalé : 4,5 à 5 millimètres. Ce Lépi- 
doptère, d’un gris sale, est d’une importance minime. La Chenille, 


LES PINS 279 


dont le corps est gris vert, fore l’aiguille des Pins de la pointe 
à la base. Parvenue près de cette dernière, elle construit un 
fourreau formé de deux ou plusieurs aiguilles entourées de soie 
et dans lequel elle se chrysalide. 

Les ravages causés par cette Chenille sont peu communs et 
insignifiants (1). 

A la longue série des ravageurs des feuilles, nous ajoutons 
encore les espèces suivantes dont les dégâts d’une importance 
minime peuvent être observés dans les pineraïes. Ce sont : 
Aspidiotus pini Htg. et abietis Schrk.; Rhizotrogus solsticialis L.; 
Lachnus pini L. et pineti Fabr.; Cantharis fusca L.; Anthono- 
mus varians Payk. 

La description de ces Insectes parasitaires des Pins sort des 
limites que nous impose le cadre de cet ouvrage. 


CÔNES 


Phycis sylvestrella L. Lépinopr., Pyralidé 


Les mœurs et les dégâts de la Chenille de ce Lépidoptère ont 
déjà été étudiés à propos des ravageurs des rameaux des Pins 
et des cônes d’Épicéa. Ces Chenilles s’attaquent également aux 
cônes dont ils anéantissent partiellement la semence (2). 


(1) Une autre Chenille extraordinairement polyphage, n’attaquant 
qu'exceptionnellement les aiguilles des résineux et en particulier celles 
du Pin sylvestre, est la Chenille de l’Orgya antiqua L. Nous la décrirons 
dans la partie de notre étude traitant des essences feuillues. 


(2) Nous avions déjà rédigé notre manuscrit lorsque nous avons reçu 
de M. Biquet, inspecteur des Eaux et Forêts à Bordeaux, des renseigne- 
ments fort curieux sur les dégâts de la Chenille de la Phycis sylvestrella L. 
fouillant l'écorce des Pins soumis au gemmage et à l’élagage, spécialement 
dans la région des Landes. 

En effet, M. Biquet a observé que les pineraies des particuliers, qui ont 
à subir l’élagage, hébergent des Chenilles de ce Lépidoptère. En outre, les 
« quarres » abandonnées et qui ne sont pas rafraîchies périodiquement, 
renferment également dans leurs bourrelets des couloirs forés par la même 


280 CÔNES 


Fig. 182. — Phycis sylvestrella L. sur Pin Weymouth. 


a, orifice d'entrée de la Chenille; b, écoulement de résine. 1/1 gr. nat. 
(orig. coll, Standfuss, Zurich). 


Chenille (voir fig. 180 et 181). L'un et l’autre type de dégâts n’ont, du 
reste, pas pour Conséquence d’entraîner la mort du Pin maritime, essence 
qui, placée dans des conditions absolument normales de végétation, est 
en mesure de résister à des opérations contre nature telles que l’élagage 
des houppiers et le gemmage. 

En résumé, nous pouvons envisager la Phycis sylvestrella L. comme le 
seul Insecte dont la Chenille attaque toutes les parties hors de terre du Pin 
maritime. 


LES PINS 281 


Fig. 183. — Cône de Pin sylvestre portant un grumeau de résine formé par le dégât de la Chenille 
de la Phycis sylvestrella L. 1/1 gr. nat. (orig.). 


Pissodes validirostris Gyll. Coréopr., Curculionidæ 


(Pissodes strobili Redtb.) 


Pissode des cônes 


Longueur : 7 à 9 millimètres. Ce Charançon ressemble beau- 
coup au Pissode noté, ce ravageur du collet du Pin. Son corselet 
est tacheté de deux points blancs; son bord postérieur décrit 
un angle droit avec chacun des côtés. Les élytres portent deux 
bandes transversales d’un jaune brunâtre, la postérieure s’élargit 
sur les côtés. 

Le Pissodes validirostris Gyll. dépose un à trois œufs dans les 
cônes en formation des Pins sylvestre et noir. La Chenille en 
ronge l’intérieur et décime les graines. Le cône tombe en été et 
laisse échapper en septembre l’insecte ailé. 


282 CÔNES 


La métamorphose complète s'opère donc à l'intérieur des 
cônes ravagés qui revêtent alors une forme appointie; les écailles 
sont peu apparentes et de couleur jaunâtre. 

L'évolution de ce Charançon dure douze mois et ses dégâts 
rares ont une importance secondaire (1). 


(1) Phycis elutella Hbn. peut être également rangé au nombre des Lépi- 
doptères dont la Chenille fouille les cônes des Pins et détruit les graines. 


"7 


4. Pin Cembro, Pinus cembra L. 


Arolle 


Comparé aux essences résineuses que nous venons d’étudier, 
le Pin cembro est relativement pauvre en parasites de la classe 
des Insectes. La raison en est bi simple, car 1l s’agit ici d’un 
arbre dont la station naturelle est confinée aux limites supérieures 
de la forêt alpestre, c’est-à-dire à une altitude où, par suite de la 
rigueur du climat, le monde des Insectes est faiblement repré- 
senté. Comme le Pin cembro est susceptible de végéter en plaine 
et de s’y développer, il arrive souvent que les ravageurs xylo- 
phages et phytophages des conifères des régions basses se jettent 
sur cet arbre de la haute montagne; mais ce sont là des cas excep- 
tionnels et pour ainsi dire anormaux que nous ne pouvons envisa- 
ger ici. Nous nous en tiendrons donc aux parasites de la station 
nature'le de cette essence. 


RACINES 


Aucun ennemi particulier, à part les rongeurs de racines qui 
peuvent attaquer les brins de Pin cembro élevés dans les pépi- 
nières de plaine. 

Voir : Chapitres de l’Épicéa et des Pins. 


284 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 
Tomicus cembræ Heer. Cocéorr., Scolytide 


Grand Bostryche du Pin cembro [PI V, fig. 1, 1 a] 


Longueur : 4,5 à 5,5 mullimètres. Nous avons déjà vu, lors 
de Ja descripüon du Bostryche typographe, que le Tomicus cem- 
bræ Heer est synonyme du 7, amitinus Eichh., espèce introduite 
dans la littérature entomologique par Eichhoff (KELLER, 7910, 
p. 10) (1). 

Le Tomicus cembræ Heer ressemble beaucoup au Tomicus 
typographus L. dont nous avons donné une description détaillée, 
toutefois le Bostryche du Pin cembro est plus trapu et la ponc- 
tuation de la troncature des élytres, plus profonde, est plus bril- 
lante. La déchivité, vue de profil, présente également quatre dents, 
dont la troisième, qui est la plus forte, se termine en bouton 
(PI. V, fig. 1 a). La deuxième suture de la massue des antennes” 
forme un angle plus ou moine aigu et la pubescence de l’Insecte 
entier est en général plus dense. 

En somme, la distinction entre ces deux espèces ést fort diffi- 
cile à faire et l’on recourra le plus souvent dans les cas douteux 
à la forme des couloirs. En effet, la galerie maternelle forée 
par le Bostryche du Pin cembro ne court presque jamais parallèle- 
ment aux fibres du bois, mais toujours plus ou moins obliquement 
(Voir fig. 184). Les bras de ponte sont au nombre de trois à cinq et 
l’ensemble de la figure couvre à peu près le même espace que le 
système des couloirs du Bostryche typographe. 

Dans les branches de faible dimension où cet Insecte pullule 
également, la galerie maternelle revêt alors une forme étoilée. 

En ce qui concerne l’évolution de ce Xylophage, nous avons déjà 
mentionné que dans les régions supérieures des Alpes, une seule 
génération parvient à maturité (BaRBEY, 1901, p. 83). KELLER 
(1910, p. 21), qui a eu l’occasion de préciser certaines manifes- 

(1) Cette affirmation vient d’être réfutée par les très récentes recherches 


anatomiques de Fucns (1913, p. 1-45). Cet auteur reconnaît dans le T. ami- 
tinus Eichh. une variété et crée d’autres espèces nouvelles. 


æ Heer. 


bhry 


S Cembr 


ystème de couloirs du T'om'eu 


184. — S 


Fig. 


au moment de 1 


alide. 1/1 gr. nat. (orig.). 


S 


CG 


arve en 


hose de la L 


amor p 


ét 


a Im 


S 


Aspect des galerie 


280 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


tations biologiques de cet Insecte dans les Alpes suisses, admet 
également une seule génération, mais avec deux périodes de 
ponte. La première se produit en juin et il en sort, environ trois 
mois après, des individus ailés qui hivernent. La deuxième, ou 
ponte dite tardive, commence à la fin de juillet ou les premiers 
jours du mois d'août, Dans ce dernier cas, lhivernement se pro- 
duit sous la forme de Larve ou de Chrysalide. 

Le Tomicus cembræ Heer est très abondant dans les branches 
sèches tombées à terre ou dans celles qui dépérissent sur les 
Pins cembros. Nous l’avons rencontré pour ainsi dire dans tous 
les dépôts de cette essence, en particulier dans les scieries des 
hautes vallées. 

Il est à noter que cet Insecte est aussi abondant sur le Mélèze. 
Nous l’avons également trouvé sur l’Épicéa, lorsque cet arbre 
pousse dans la zone des forêts de Pins cembros et de Mélèzes. 

Nous connaissons un Pin cembro qui, depuis soixante à 
soixante-dix ans, végète aux environs de Genève, soit à une alti- 
tude de 415 mètres. Certaines branches de sa frondaison en voie 
de dépérissement hébergent le Tomicus cembræ Heer, sans que 
d’autres résineux poussant dans le voisinage immédiat soient 
infestés par ce Xylophage. 

Jusqu'ici on n’a pas signalé d'importantes invasions de cet 
Insecte dans les forêts des hautes Alpes, où le Pin cembro vit 
plutôt dans un ordre dispersé ou le plus souvent en mélange avec le 
Mélèze, Comme à ces altitudes supérieures, les végétaux ligneux 
ont surtout à souffrir de l’âpreté du climat et des accidents météo- 
rologiques et que la culture forestière est plutôt extensive en 
raison même des intérêts pastoraux, on ne peut guère prévoir de 
mesures prophylactiques en vue de contrecarrer l’évolution des 
Insectes ravageurs. 


Tomicus bistridentatus Eichh. Coréorr., Scolyhidæ 


Petit Bostryche du Pin cembro [PI. V, fig. 2, 2 a] 


Longueur : 2,2 à 2,8 millimètres. Le corselet est impressionné 
transversalement au milieu, rétréci antérieurement, éparsement 


PIN CEMBRO 287 


et finement ponctué postérieu- 


rement, orné d’une ligne mé- 


diane et d’une petite tache 
lisse de chaque côté. Les élytres 
sont finement striés-ponctués. 

Mâle : La troncature des ély- 
tres est orbiculaire, lisse; chacun 
de ses bords latéraux porte un 
fort crochet semblable à celui 
du Tomicus bidentatus Hbst. et 
du T. quadridens Htg. En des- 
sous de ce crochet on remarque 
au milieu de la hauteur de la 
troncature un petit denticule et 
au-dessus de ce même crochet 
un fort tubercule. 

Femelle : Elle porte sur le 
front une touffe de poils jau- 
nâtres et de chaque côté de la 
déclivité deux petits tubercules 
coniques ornés de soies raides. 

En somme, ce Bostryche est 
fort difficile à distinguer du To- 
micus quadridens Htg. Le sys- 
tème de couloirs est formé de 
trois à cinq bras de ponte quit- 
tant la chambre d’accouple- 
ment. Dans les branches de 
faible dimension, on trouve cet 
Insecte même dans des rameaux 
de la grosseur d’un crayon; le 
système entier y revêt alors une 
forme allongée, tandis que dans 
les perches et pièces de bois de 
plus fort calibre, il présente un 
aspect étoilé et ramassé. Les 


Fig. 185. — T'omicus b'Stridentutus Eichh. 
Systèmes embrouillés ces couloirs avec « forages 
complémentaires ». 1/1 gr. nat. (oriq.). 


288 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


couloirs de larves, qui sont beaucoup moins longs que les gale- 
ries maternelles, courent dans tous les sens et sont assez distants 
les uns des autres, ce qui prouve que la ponte est lente et peu 
abondante. 

Le plus souvent les ravages du Tomicus bistridentatus Kichh. 
entament lPaubier, surtout si les branches attaquées ont une 
écorce mince. 

En général, les systèmes sont très embrouillés, enchevêtrés 
les uns dans les autres, comme le montre la figure 185. 

Les observations les plus récentes (KELLER, 2910, p. 24, et 
Fucus, 1907, p. 35) nous enseignent qu’en haute montagne, le 
petit Bostryche du Pin cembro à une seule génération avec une 
longue période de ponte. On aperçoit déjà à la fin de mai l’Insecte 
pénétrant sous l'écorce pour y forer sa chambre d’accouplement. 
On peut encore l’observer en juillet occupé à pondre. De même 
que c’est le cas pour le Tomicus cembræ Heer, qui est du reste 
le compagnon habituel du Tomicus bistridentatus Eichh., on 
découvre au printemps, en soulevant l’écorce des Pins, les cou- 
loirs occupés à la fois par des Insectes ailés, des Larves et des 
Chrysalides. 

Dans les Alpes suisses, ce Bostryche est très abondant; on le 
trouve un peu partout dans les perches et pieux qu'on n’a pas eu 


soin d’écorcer. 


Moyens préventifs. — Ce ravageur étant monophage, on doit 
constituer des peuplements mélangés (à l’aide du Mélèze, du Pin 
de montagne, par exemple), débiter et écorcer à temps les Pins 


cembros cassés ou renversés par les ouragans et les avalanches. 


Moyens répressifs. — Si l’Insecte envahit les peuplements ins- 
tallés artificiellement et souvent en ordre trop serré dans les 
régions mises en défense contre l'érosion et les glissements de 
neige, on peut lutter contre son extension en utilisant les perches 
de moindre valeur comme arbres-pièges. 

L'Aylastes decumanus L., dont nous avons parlé dans le cha- 
pitre de l'Épicéa, est aussi connu sous le nom de //ylastes gla- 


PIN CEMBRO 289 


bratus Zett. C'est KELLER (7910, p. 28) qui l’a signalé comme un 
des Bostryches des régions alpestres attaquant exceptionnellement 
le Pin cembro. Cet auteur l’a trouvé à Zermatt (Suisse) à 1.600 
mètres, et il admet qu’à cette altitude une seule génération arrive 
à maturité dans l’espace de douze mois. 

Nous signalons ici cet Insecte surtout au point de vue biolo- 
gique, car en matière de protection forestière il n’a qu’une impor- 
tance tout à fait secondaire. 


Tomicus quadridens Htg. 
Crypturgus pusillus Gyll. 
Voir : Chapitre de l’Épicéa. 


Pissodes pint L. 
Voir : Chapitre des Pins. 


Pytho depressus L. Cocéorr., Pythidæ 


Longueur : 7,5 à 16 millimètres. Cet Insecte rare, qui fait 
partie d’une famille faiblement représentée dans la faune euro- 
péenne, rappelle les Callidies. La tête et le thorax sont d’un 
bleu métallique, l'abdomen d’un brun plus ou moins rougeâtre. 
Le corselet est une fois et demie plus large que long; sa plus 
grande largeur apparaît en avant du milieu. 

La Larve est aplatie, de même épaisseur sur toute sa longueur; 
son extrémité postérieure est munie de deux pointes. 

C’est KELLER (1910, p. 29) qui, le premier, a décrit ce Co- 
léoptère comme un ravageur du Pin cembro. Il compare les 
couloirs forés par la Larve à ceux des Rhagies. La nymphose 
s’opère dans l’écorce même et l’hivernement a lieu sous la forme 
parfaite. 

Les trous de sortie sont elliptiques. Les ravages du Pytho de- 
pressug L. ont jusqu'ici été découverts surtout dans les Pins 
cembrog en voie de dépérissement. Cette espèce, dont limpor- 


ENTAMOLOGIE FORESTIÈRE 19 


290 INTÉRIEUR DU BOIS 


portance forestière est minime, se rencontre, d’après KELLER, 


également sur le Mélèze, 


Anthaxia quadripunctata L. 
Voir : Chapitre du Sapin. 


Callidium luridum L. 
Voir : Chapitre de l'Épicéa (PI. I, fig. 3). 


INTÉRIEUR DU BÔIS 


Pas de ravägeur dans l’intérieur du bois, à moins que les troncs 
de Pins cembros ne soient descendus dans les scieries et chan- 
üers de plaine où certains Xylophages des résineux peuvent péné- 
trer dans la matière ligneuse. 


RAMEAUX 


Sauf le Tomicus bistridentatus Eichh. que nous avons déjà 
décrit parmi les ravageurs de l'écorce du tronc et des branches, les 
rameaux du Pin cembro n’hébergent pas dans leur station natu- 
relle d’autres parasites de la classe des Insectes. 


FEUILLES 
Tinea copiosella Frey. LéPinopr., 7ineide 


(Ocnerostoma copiosella 211.) [PI. V, fig. 7, 7 a] 


Teigne du Pin cembro 


Longueur, Papillon étalé : 4 à 5 millimètres; Chenille : 5 à 6 mil- 
limètres. Ce Papillon minuscule a les ailes d’un gris argenté, 
très brillantes avec de longues franges de même teinte. Ces der- 
nières sont relevées chez le mâle. La Chenille est d’un brun foncé 


avec tête noire, brillante, 


PIN CEMBRO 291 


C'est BourGrois (1894, p. 9 à 15) qui a fait connaître ce Micro- 
lépidoptère comme un des ravageurs les plus communs des 
aiguilles du Pin cembro et vivant à l’état endémique dans les 
forêts de la Haute-Engadine (Suisse). 


Fig. 186. — Tinea copiosella Frey. 


Ravages de la Chenille à l’intérieur des aiguilles'du Pin cembro. 1/1 gr. nat. 
y (orig. coll. Standfuss, Zurich). 


Le Papillon vole en juillet et après l’accouplement qui a lieu 
à l'extrémité des aiguilles, la femelle dépose un ou deux œufs 
à cet endroit. La Chenille pénètre dans l’aiguille dont elle ronge 
l'intérieur. Après un forage qui dure de cinq à huit semaines, 
l’Insecte sort de son couloir en perçant dans l’épiderme un orifice 


292 FEUILLES 
elliptique. Il se construit un berceau de nymphose à l’aide des 
cinq aiguilles qu'un réseau de fils soyeux réumt en faisceau. 


La question d'évolution n’est pas encore déterminée d’une 


Pousse terminale du Pin cembro ravagée par la Chenille de la Steganopt cha 
pinicolana Zell. 1/1 gr. nat. (orig.). 


Fig. 187. 
facon absolue, D’après KELLER (1910, p. 35), qui a étudié la bio- 
logie de ce Papillon, il faut admettre deux générations. Cet au- 
teur a observé au mois de mars des Chenilles non adultes dans des 
aiguilles provenant des forêts de Samaden (Grisons, Suisse), Dans 
le-cas où deux essaims se produisent dans la même année, lun 


aurait lieu au commencement de juin et l’autre à la fin de juillet, 


PIN CEMBRO 293 


Les aiguilles du faisceau, même celles qui ne sont pas forées, 
deviennent jaunes, puis finissent pas tomber à terre. 

Comme une Chenille ne détériore qu’un faisceau, le dommage 
est beaucoup moins considérable que lorsqu'il s’agit de dégâts 
provenant d’autres Chenilles phytophages. 

Jusqu'ici on n’a pas remarqué que ces atteintes aient provoqué 
la mort des Pins cembros. Du reste, en haute montagne, la culture 
extensive de cette essence ne permet guère l’application de me- 
mesures prophylactiques ayant pour but d’entraver l’évolution 
des Insectes nuisibles. 


Steganoptycha pinicolana ZI. 
Voir : Chapitre du Mélèze. 


{ 
Retinia turionana Hbn. 
Lophyrus rufus Ratz. 
Voir : Chapitre des Pins. 


Lyda erythrocephala L. 
Voir : Chapitre de l’Épicéa. 


Lophyrus elongatulus Klug. Hyméxorr., 7enthredinidæ 


(Lophyrus pallipes Fall.) 


Longueur de l’Insecte étalé, d’ : 12 à 16 millimètres; 9 : 13 à 
19 millimètres; de la Larve : 15 à 18 millimètres. Cet Hymé- 
noptère est allongé; la face dorsale du corps est noire, la ventrale 
et les pattes jaune pâle. Les ailes sont translucides avec ner- 
vures foncées. 

La tête des jeunes Larves est noire, elle devient rouge chez les 
adultes. Le corps est vert avec quatre lignes longitudinales fon- 
cées. 

D’après BourGEots (1894, p. 9 à 15), les femelles essaiment et 
pondent au commencement de mai. Les Larves éclosent environ 
trois semaines plus tard et commencent à ronger latéralement 
les aiguilles en formation. Puis l’Insecte s'attaque également 


294 FEUILLES 


aux aiguilles anciennes en coupant parfois aussi la nervure 
médiane, 
L'hivernement a heu dans un nid soveux construit au commen- 


cement du mois d'août, soit à la fin de la période de ravages ; 


Fig. 188. — Aiguilles du Pin cembro rengées par la Larve du Lophyrus elongatulus Klug. 1/1 gr. 
nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich). 


il est formé de plusieurs aiguilles réunies entre elles. La nymphose 
se produit immédiatement avant le vol printanier. 

BourGEoIs a observé que dans les forêts de Pins cembros de 
l’'Engadine, le Lophyrus elongatulus Klug. attaquait des arbres de 


2 à 5 mètres de hauteur et provoquait souvent leur dépérissement. 


PIN CEMBRO 295 


Les conditions dans lesquelles ce ravageur plutôt rare opère 
dans les forêts des hautes Alpes ne permettent pas de préconiser 
des moyens de lutte pour entraver son évolution. 


Fig. 189. — Aiguilles du Pin cembro minées par le Lachnus pinicolus Kitb., 
1/1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich). 


A cette courte liste des ravageurs des feuilles du Pin cembro, 
nous ajoutons deux Rhynchotes que KELLER (1910, p. 37 à 39) 
a signalés comme causant des déprédations dans les forêts des 
Alpes suisses. 

L’un de ces Pucerons, le Lachnus pinicolus KItb., vit en colonies 


296 FEUILLES 


principalement sur les aiguilles de l’année, dontilronge l’intérieur 
et provoque ainsi le desséchement de faisceaux d’aiguilles et 
parfois de rameaux. 

L'autre Puceron est le Putonia antennata Sign., dont Keller a 
observé la présence en Suisse sur les Pins cembros poustant au- 
dessus de Zermatt (2.200 mètres). La femelle mesure 3 millimètres; 
elle a des veux relativement gros et des antennes allongées. La 
face dorsale du corps est fortement convexe, de couleur brune; 
les pattes sont plus foncées. L’extrémité postérieure porte au 
centre deux protubérances pointues et les côtés de cette extré- 
mité se prolongent en deux cônes de consistance cireuse. En 
suçant la sève des aiguilles, l’Insecte entraine naturellement le 
dépérissement de ces dernières et parfois des rameaux. Des flo- 
cons blancs, adhérents aux aiguilles desséchées, témoignent de la 
présence des carapaces chitineuses des Pucerons. 


9. Mélèze, Larix europæa D. €. 


RACINES 


Gryllus gryllotalpa L. 
Melolontha vulgaris L. 
Otiorrhynchus niger Fabr. 
Otiorrhynchus ovatus L. 

Voir : Chapitre de l’'Épicéa. 


Anthomyta rufipes Meig. 
Noctua segetum Schiff. 
Voir : Chapitre des Pins. 


Une Larve d’Élatéride, l'A griotes aterrimus L., ronge occasion- 
nellement les radicelles des brins éduqués en pépinière. Il en est 
de même d’un Diptère de la famille des Tipulides, la Tipula cro- 
cata L., dont la Larve peut être également comprise dans le 
nombre des rongeurs des racines de plantules. Ces deux Insectes, 
quoique rares, s’attaquent également à d’autres essences rési- 
neuses. 


ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


Tomicus cembræ Heer. 
Tomicus bistridentatus Eichh. 
Voir : Chapitre du Pin cembro. 


298 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


Tomicus typographus L. 
Tomicus chalcographus L. 
Xylechinus pilosus Ratz. 
Hylesinus palliatus GYI. 
Polygraphus polygraphus Reitt. 
Crypturgus pusillus GYyIl. 
Callidium luridum L. 

Voir : Chapitre de l'Épicéa. 


Pithyophthorus glabratus Eichh. 
Tomicus laricis Fabr. 

Pissodes notatus Fabr. 

Voir : Chapitre des Pins. 


Tomicus curvidens Germ. 
Anthaxia quadripunctata L. 
Voir : Chapitre du Sapin. 


Comme on le voit par la liste qui précède, on ne peut découvrir 
dans les couches corticales du Mélèze aucun Insecte spécial à 
cette essence. Il n’en est pas moins vrai que ce Conifère est, de 
même que les autres résineux, attaqué par les Xylophages cons- 
truisant leur système de galeries dans la zone cambiale et dans 
l'écorce. Nous pourr.ons, il est vrai, ajouter à ces espèces certains 
Cérambycides et Buprestes qui, occasionnellement, pénètrent 
dans les troncs en décomposition du Mélèze cultivé, surtout dans 
les régions de plaine où la faune des Insectes ravageurs est riche- 
ment représentée. 

Le plus commun des Bostryches de l'écorce des troncs de 
Méléze, et qu'on rencontre partout dans la région alpestre, est le 
Tomicus cembræ Heer. Ce Scolytide s’installe aussi bien dans les 
Mélèzes en voie de dépérissement que dans les troncs abandonnés 
des dépôts de bois et pourvus de leur écorce. Le système de ses 
couloirs revêt presque les mêmes caractères que lorsqu'il est 
creusé dans les couches corticales du Pin cembro. 


MÉLÈZE 299 


INTÉRIEUR DU BOIS 


Dans cette catégorie, nous constatons également que le Mélèze 
ne compte pas d’Insectes qui lui soient en propre. Les troncs 
descendus en plaine peuvent cependant subir les atteintes de 
certains Cérambycides ou Buprestides parasites des résineux, 
dont les berceaux de chrysalides pénétrant dans l’aubier sont 
susceptibles de faire déprécier les couches extérieures des bois 
de service. 

Nous signalons cependant les Insectes suivants que nous avons 
déjà déerits et qui ont été parfois trouvés dans les Mélèzes des 
hautes Alpes. 


Xyloterus lineatus OI. 
Sirex gigas L. 
Voir : Chapitre de l'Épicéa. 


Xyleborus Saxeseni Ratz. 
Voir : Chapitre du Sapin. 


RAMEAUX 


Vespa crabro L. 
Voir : (Partie spéciale » et Chapitre des Frênes. 


Tomicus bidentatus Hbst. 
Voir : Chapitre des Pins. 


Hylobius piceus De Geer. Cocéopr., Curculionide 
(Hylobius pineti Fabr.) 
Hylobe du Mélèze 


Longueur : 12 à 16 millimètres. Cet Insecte est un proche 
parent de l’Hylobe du Pin dont nous avons décrit en détail 
les mœurs. Il s’en distingue par sa taille qui est plus grande. Il 
est brun noir, couvert d’une pilosité jaune paille très peu dense. 


300 RAMEAUX 


Le corselet est ruguleux, avec carène médiane très accentuée. 
Les élytres portent des stries à points profonds. Les interstries 
sont granuleuses jusqu'à la base de la déclivité et portent des 
touffes de petits poils jaunâtres. Les tibias sont beaucoup moins 
denticulés que ceux de l'Æylobius abielis L. 

Cette espèce, très rare, n’a jusqu’à présent, à notre connais- 
sance, été constatée qu'en plaine (Srurz, 1873, p. 356 à 358) où 
la ponte fut opérée dans des souches. 

Cet Insecte monophage n’a qu'une importance secondaire, 


Tortrix zebeana Ratz. Lépinorr., Tortricidæ 


(Semasia zebeana H. Sch.) [PI. V, fig. 3, 5 a] 


Tordeuse des rameaux du Méleze 


Longueur, Papillon étalé : 15 à 17 millimètres; Chenille : 8 à 
10 millimètres. Les ailes antérieures sont grises avec bord anté- 
rieur noirâtre, coupé de petites taches blanches transversales. 
En arrière de cette bordure on remarque quatre à cinq autres 
taches noires bordées de bleu violet. Elles constituent bien le 
critère le plus frappant pour la détermination de ce Microlépi- 
doptère. 

La Chenille est d’un vert jaune sale. La nuque partagée en 
deux et la région abdominale pileuse sont chitineuses et brunes. 
Chaque anneau porte sur la face dorsale quatre petites verrues 
chitineuses munies chacune d’un poil et disposées suivant les 
anneaux, soit en carré, soit sur une seule ligne transversale. 

Nous avons ici affaire à un Lépidoptère dont les ravages très 
caractéristiques ne peuvent être confondus avec les dégâts d’au- 
tres Insectes. 

Le Papillon essaime en mai ou les premiers jours de Juin dans 
les régions élevées. Il dépose ses œufs individuellement à la nais- 
sance des rameaux de deux ans. S'il s'agit de jeunes Mélèzes, 
la ponte a lieu sur la tige et les branches latérales, tandis que sur 
les arbres d’une certaine dimension, les branches de petite taille 


sont seules infestées. 


Rés 


MÉLÈZE 201 


La Chenille s’introduit sous l'écorce, y creuse une cavité qui 
prend parfois une forme allongée et entame même dans certains 


Fig. 190. — Galles avec écoulements de résine sur l'écorce du Mélèze provoquées par le forage 
de la Chenille de la Zortric sebeana Ralz. 1/1 gr. nat. (oriq.). 


cas l’aubier. Au bout de quelques mois de ravages, cette cavité est 
remplie d’excréments mélangés avec des fils de soie tissés par la 


302 


RAMEAUX 


Chenille, Les excréments s’échappent au dehors par orifice d’en- 


Fig: 191. — Boursouflement d'un 
rameau de Mélèze provoqué par 
les ravages de la Tortrix £e- 
beana Ratz. 1/1 qr. nat. (orig. 
coll. Standfuss, Zurich). 


et surtout favorisent l'infection de la Peziza | avril. | 
Willkommi Htg., un des plus redoutables pa- 


rasites cryptogamiques des forêts de Mélèzes 


en plaine. 


Moyens préventifs. — La Tortrix zebeana 
Ratz. étant monophage, il faut de préférence | Sert. 
associer une ou plusieurs autres essences au |! oct... 
Mélèze lorsqu'on crée de nouvelles forêts; |! xov... 
de cette façon on ne risque pas de voir une 


plantation entière compromise par les atta- 


trée ainsi que la résine, qui se cristallise 
autour de cet orifice et souvent tombe en 
goultelettes soit sur le tronc, soit sur les 
branches inférieures. Il se forme ainsi une 
galle ligneuse atteignant en automne la 
dimension d’un pois. 

La Chenille passe deux hivers dans 
cette cachette et évolue suivant le gra- 
phique ci-dessous. Après le deuxième été 
de forage, la galle, aussi grosse qu'une 
cerise, se recouvre d’une nouvelle couche 
de résine qui est alors plus claire que 
celle de l'été précédent. 

La Tortrix zebeana Ratz. se rencontre 
dans les hautes Alpes et surtout dans 
les cultures artificielles de plaine. Elle est 
monophage. Ses atteintes ont pour consé- 
quencela déformation 


: 1: Janv 
des jeunes Mélèzes ; 


| Févr. 
| 


elles provoquent en 
outre des bris de neige || Mars. . 


| Mai. . . 


ne 


Juill. 


Août , . 


| 
| 
| 
1 
| 
| 
| 
| 
| 


ques d’un Insecte qui décime seulement les Mélèzes. 


Moyens répressifs. 


— Dans certains cas et lorsqu'on peut 


MÉLÈZE 303 


intervenir au début d’une invasion infestant un peuplement pur 
de Mélèzes souvent trop serré et dont les tiges n’atteignent que 
3 ou 4 mètres de hauteur, il peut être indiqué de couper les 
rameaux contaminés où parfois de sacrifier complètement 
certaines tiges sur lesquelles les galles sont trop nombreuses, 
En agissant suivant ce procédé radical, au plus tard en avril, 
on peut espérer un arrêt complet de l’invasion. ALruM (1886, 
p. 44) conseille de badigeonner au printemps les galles avec de 
la glu, afin d'empêcher la sortie des Papillons qui éclosent en 
général au mois de mai. 

Il est évident que dans les Alpes et sur des Mélèzes de grande 
dimension, la lutte est impossible. 


Tinea lævigatella H. Sch. Léprnopr., Tortricidée 


(Argyresthia Zelleriella Htg.) [PI. V, fig. 6, 6 a] 


Tordeuse des pousses du Mélèze 


Longueur, Papillon étalé : 10 à 12 millimètres; Chenille : 
6 à 7 millimètres. La première paire d’ailes est d’un gris cuivré 
avec bord antérieur et franges gris foncé mat. Les postérieures 
sont d’une apparence moins brillante. 

La Chenille, à tête noire, est au début jaune clair; à l’état 
adulte, elle est d’un blanc crème plus ou moins rosé, avec ligne 
longitudinale dorsale foncée. 

Ce Lépidoptère dépose en mai ou juin un œuf à la base du 
rameau en formation. L’œuf est probablement fixé sur l’axe 
d’une aiguille. 

La Chenille, à sa naissance, c’est-à-dire environ trois à quatre 
semaines après la ponte, fore un trou dans l’épiderme de la tige 
pas encore lignifiée. Pendant plusieurs semaines, le dégât n’en- 
trave pas le développement de la pousse, mais dès le milieu de 
l’été, par suite de l’élargissement et de la prolongation du cou- 
loir dans les couches cambiales, la végétation ralentit et le rameau 
dépérit. 


304 BOURGEONS 


L'hivernement se produit à létat larvaire dans la cachette 
remplie d’excréments. Le ravage recommence au printemps et 
ce cesse qu'au moment de la chrysalidation. Nous avons donc 
—— affaire ici à un Insecte qui opère en deux périodes 
bien distinctes, ainsi que le montre le graphique ci-joint. 
Fev: 1 Au commencement de mai, on trouve le cocon 
Mars . . soyeux dans le voisinage immédiat de l’entrée du 
Avril. couloir. 

Far Les dégâts occasionnés par cet Insecte ont le 
| plus souvent pour conséquence de provoquer le des- 


Juin .. 


séchement de la pousse et surtout l’atrophie des 


| Juill . . 


| bourgeons disposés au-dessus de la région forée. Le 

Gone rameau attaqué se flétrit ensuite ou se brise par- 
Re fois sous l'influence du vent. 

| La Tinea lævigatella H. Sch., toujours rare, a été 


jusqu'à présent observée surtout en plaine. Dans 


la région alpestre, elle est encore moins connue et 


son importance minime nous dispense d’entrer dans 
des considérations relatives à la protection forestière. Tout au 
plus, lorsque la Chenille aurait infesté de jeunes cultures de 
Mélèzes, pourrait-on conseiller de couper et brûler durant lété 
les pousses renfermant l’animal occupé à creuser son couloir. 


BOURGEONS 


Cecidomyia Kellneri Hensch., Dirr.. Cecidomyidæ 


Longueur de la Larve : 3 millimètres. On trouve la Larve 
de ce Diptère dans les bourgeons du Mélèze; elle est d’appa- 
rence rougeatre. 

D'après HENSCHEL (1895, p. 474), la ponte a lieu en mai et 
l'Insecte ailé dépose un œuf dans le bourgeon terminal des 
ramuscules et au centre duquel la Larve se fore une cachette 
ovoide, empêchant souvent l'épanouissement des aiguilles. 

Le bourgeon attaqué revêt lapparence d’une galle brune et 
se couvre de résine, L’hivernement se produit à l’état larvaire. 


MÉLÈZE 305 


Les bourgeons ravagés finissent par sécher et leur intérieur est 
nor. 

La Cecidomyia Kellneri Hensch. attaque les Mélèzes de tout 
âge des régions alpestres et de la plaine. DE TuBEeur (1897, 
p. 224) a observé que les bourgeons à fleurs étaient également 
ravagés par cet Insecte. Ce dernier cause des dégâts plus impor- 
tants qu’on ne pourrait l’admettre au premier abord, car cer- 
taines branches finissent par dépérir. On ne peut cependant pas 
indiquer des mesures propres à contrecarrer les évolutions de ce 
ravageur. 


BEUMNBRBES 
Tinea laricella Hbn., LéPinopr., Tineidæ 
(Goleophora laricella 211.) [PI. V, fig. 4, 4a, Ab] 


Teigne minière du Mélèze 


Longueur, Papillon étalé : 9 mullimètres; Chenille : 5 milli- 
mètres. Les ailes antérieures sont d’un brun grisâtre avec franges 
argentées mates, les postérieures pointues et plus 
foncées. La tête et le corps sont d’un gris sale. La 
couleur des antennes du mâle est brun clair; des an- 
neaux alternativement clairs et foncés colorent ces || Mars. . 
_ mêmes organes chez la femelle, Le plus souvent le || Avrit. 
Papillon femelle est légèrement plus petit que le 
mâle. 


Mai 


TD 


La Chenille est brun rouge avec tête et nuque 
foncées. Les pattes thoraciques sont petites, les an- 
nales fortement développées. La Chrysalide, très fine, 
est d’un brun noir. Sept... 

L'évolution de ce Microlépidoptère s’accomplit de || oct... 
la façon indiquée par le graphique ci-joint, avec 
essaimage du Papillon en mai, parfois seulement en 
juin dans les hautes Alpes. 

La femelle dépose un œuf à la pointe d’une aiguille et huit à 
dix jours après, la Chenille minuscule perce l’épiderme pour 


Juill. 


Août . . 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 20 


306 FEUILLES 


creuser un très court couloir longitudinal. Ce forage se poursuit 
tout Pété et en septembre la Chenille s'occupe déjà d’assurer 
son hivernement dans des conditions spéciales que nous ne 
retrouvons chez aucun autre Insecte du monde des bois. Dans 
ce but, elle utilise la portion de l'aiguille excavée et desséchée 
durant l'été pour en faire un petit sac ou gaine ouverte aux 
deux extrémités et dans laquelle elle s’introduit partiellement 
en tenant la moitié antérieure de son corps au dehors. Cette 
position lui permet de se mouvoir et de gagner les bourgeons 
des petits rameaux sur lesquels elle fixe son sac au moyen d’un 
réseau de fils soyeux. On trouve souvent durant l'hiver plusieurs 
Chenilles dans cette position et fixées sur le même bourgeon:; 
d’autres sont retenues dans les fentes de l'écorce ou sur les 
hichens. A la fin du mois d'avril ou au commencement de mai, 
elles sortent de leurs cachettes et se mettent à ronger les aiguilles 
qui s’'épanouissent, en trainant toujours après elles leur sac cou- 
leur de paille. Elles pénètrent d’aiguille en aiguille, de sorte 
qu'à cette époque de son évolution, une seule Chenille peut 
détériorer plusieurs aiguilles d’un même faisceau (PI. V, fig. 4 b). 
Les orifices d'entrée deviennent plus gros et la galerie minière 
augmente de longueur à mesure que la Chenille se rapproche du 
moment où elle doit se chrysalider. À ce moment-là, Pancien 
sac devient trop exigu pour la Chenille adulte qui change alors 
de demeure suivant un procédé fort curieux. 

La Chenille, par quelques fils soyeux, fixe la partie antérieure 
de son sac à l’orifice d'entrée de l'extrémité supérieure de Pai- 
guille fraichement perforée. Les deux sacs étant alors accolés l’un 
à l’autre un peu à la façon de deux doigts d’un gant réunis, la Che- 
nille détruit la paroi mitoyenne de ces étuis et à l’aide de la soie 
parvient à former un nouveau fourreau agrandi qui constitue le 
berceau de nymphose (Loos, 1891, p. 375-379; 1892, p. 425-431). 

On peut affirmer que la Teigne minière du Mélèze vit à l’état 
endémique dans presque tous les massifs d’une certaine étendue 
de la région alpestre. En plaine, elle est plus rare, quoiqu’elle 
se rencontre un peu dans toute l'Europe ot même sur les Mélèzes 


exctiques. 


è 


Fig. 192. — Rameau de Mélèze ravage par la Chenille de la Tinea laricella Hbn. 
a, Chenilles enfermées dans leur sac. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Paulv, Munich) 


308 FEUILLES 


Il est évident qu'un Insecte qui présente une évolution aussi 
particulière et compliquée ne peut s'adapter à d’autres Conifères. 
Nous avons done affaire 1c1 à un ravageur exclusivement mono- 
phage. 

Comme cette Chenille évite de toucher aux aiguilles de la 
pousse de l’année, la vitalité de l'arbre n’est en général pas com- 
promise. Cependant, après les invasions qui durent d'habitude 
trois à quatre ans, on peut constater une perte d’accroissement 
et souvent aussi une anémie qui placent les Mélèzes dans des 
conditions favorables aux attaques d’autres Insectes, les Xylo- 
phages en particulier, Dans certains cas d'infection intense, les 
arbres meurent. 

Nous avons donc ici un ravageur commun, redoutable, qui, 
dans les Alpes suisses surtout et dans les bois exposés au cou- 
chant à une altitude moyenne, cause des dégâts appréciables. 
Les massifs attaqués prennent au milieu de l’été une couleur de 
rouille, comme nous le verrons à propos de la Pyrale grise. 


Moyens préventifs. — Nous avons déjà vu que lorsqu'on a des 
raisons de redouter les déprédations causées par les ravageurs 
monophages, il faut, lors de la création de peuplements artifi- 
ciels, éviter de planter sur de grandes surfaces une seule essence, 
mais lorsque la nature du sol et l'altitude le permettent, associer 
plusieurs espèces ligneuses. 

Certains oiseaux faisant la chasse à la Chenille de ce Micro- 
lépidoptère doivent être protégés; telles sont les Mésanges, entre 
autres. Cependant, on ne doit pas exagérer l'importance de ces 
euxiliaires naturels qui, en haute montagne surtout, sont en pro- 
portion beaucoup trop faible pour pouvoir détruire une quan- 


tité appréciable de ces Insectes qui se comptent par myriades. 


Moyens répressifs. — Il est à peine opportun d'affirmer ici 
qu'il n'existe pas de moyen propre à l’anéantissement de ce 
ravageur, quelle que soit sa forme et surtout lorsqu'il envahit 
les forêts de Mélèzes des Alpes. L'histoire de l’évolution des 


Insectes forestiers prouve qu'après quelques années de ravages, 


MÉLÈZE 309 
la Nature reprend son équilibre et telle espèce qui, à un moment 
donné, a pullulé sur un territoire, finit par disparaître presque 
complètement. On peut à la rigueur et lorsqu'il s’agit d’une inva- 
sion locale qui commence à décimer une culture de Mélèzes en 
plaine, conseiller de couper les rameaux couverts de Chenilles 
en activité; mais c’est là un cas que le forestier rencontrera rare- 
ment dans sa carrière. 

En d’autres termes, la lutte contre ce Microlépidoptère se 
présente dans des conditions spéciales qui désarment le sylvi- 


culteur. 


Steganoptycha pinicolana Z21l., Lérinopr., Tortricide 
(Steganoptycha diniana Gn. Ind.) [PI. V, fig. 5, 5a, 5b] 


Pyrale grise du Mélèze 


Longueur, Papillon étalé : 18 à 20 millimètres; Chenille 
10 à 12 millimètres; Chrysalide : 8 millimètres. Ce Microlépi- 
doptère, qui est sensiblement plus grand que celui dont nous 
venons d'exposer les mœurs si curieuses, a les ailes antérieures 
d’un gris clair brillant, avec dessins bruns et blancs, dont les 
formes varient suivant les individus. Les ailes postérieures sont 
d'un gris uniforme plus foncé sur les bords, avec franges de 
même tente. 

La Chenille ne peut être confondue avec celle d'aucun autre 
Phytophage du Mélèze. Elle est, au début de son existence, d’un 
noir de suie avec tête et nuque chitineuses et brillantes (PI V, 
fig. 5 a). Plus tard, son corps devient moins foncé etrevêt une 
apparence verdàtre avec une ligne noirâtre sur le dos et sur cha- 
cun des côtés (PI. V, fig. 5 b). La face inférieure est du même 
vert clair que les deux raies longitudinales qui se trouvent en 
dessus des stigmates. Les anneaux quatre à dix portent chacun 
quatre mamelons dont les deux antérieurs sont plus rapprochés 
lun de l’autre que les deux postérieurs. Chacun d’eux porte 
un poil. Le onzième anneau est pourvu de trois mamelons dis- 
posés en triangle et dont le postérieur est le plus gros. 


310 FEUILLES 


Le Papillon vole en juillet ou août suivant l'altitude et les 


conditions climatériques, puis dépose ses œufs sur les faisceaux 


Fig. 193. — Rameaux ce Mélèze ravagés par la Cheni le de la Steganoptycha pinicolana ZM. 
1/1 gr. nat. (oriqg.). 


d’aiguilles. L'hivernement se produit à l’état d'œuf et ce n’est 


qu'en mai que la Chenille apparait et se met à ronger les fais- 


MÉLÈZE SE 


ceaux d’aiguilles un après l’autre, puis les abandonne tissés de 
soie et remplis d’excréments. Le faisceau a la forme d’un enton- 
noir que la Chenille ronge presque jusqu’à l’époque de la troi- 
sième mue. Après avoir subi la quatrième mue, elle passe dans 
un nouveau faisceau dont elle fore les aiguilles lune après 
l’autre en entamant l’un des côtés. 

La période des ravages, comme l'indique le calendrier ci-joint, 
dure de trois à quatre semaines après lesquelles 
l’Insecte se laisse choir à terre pour se chrysalider “bts Pet 
dans la couverture morte, parfois aussi dans les an- [1° 
fractuosités de l'écorce ou sur les branchages des || Mars. .| + 
sous-bois. À ce moment les massifs fortement infes- || avr. | . 


tés sont d’un parcours désagréable pour les hommes |! 


L] 

| 

: I 
JUIN 

0 


nombre des branches. —— | — 
oi. 


C’est le forestier suisse DAvALL (1858, p. 54-76) ||" È 


et les troupeaux, car les fils soyeux pendent en grand 


AOUGE. + 


qui le premier a signalé l'importance de ce Micro- 
lépidoptère pour la forêt alpestre. En 1857 et 1858, 
les flancs de la vallée du Rhône (Valais) étaient infes- 
tés et le désastre se renouvela de 1864 à 1866, de 
1878 à 1880 et de 1900 à 1901 aussi bien dans les 
: Alpes suisses que dans les Alpes françaises (HENRY, 
1901). Un renouvellement des ravages de la Pyrale s’est produit 
dans le Valais en 1907 et 1908, et à ce moment nous avons eu 
l’occasion de constater que le dégât était nnputable aussi bien à la 
Pyrale grise qu’à la Tordeuse minière; toutefois, cette dernière 


était en minorité. Des constatations intéressantes ont également 
été faites dans la Suisse orientale (Engadine) par Coaz (1894). 

Les Mélèzes sont ravagés à tout âge et surtout dans la partie 
centrale de la zone forestière occupée par cette essence. Tous 
les forestiers qui ont constaté la présence de ce Papillon dans 
les Alpes, affirment que dans la plupart des invasions, seule, 
une bande relativement étroite est décimée. Au-dessus de cette 
zone, on remarque presque toujours une portion de la masse 
boisée restée indemne; c’est en général la limite supérieure de 
la forêt où la Pyrale n’ose pas s’aventurer. 


312 FEUILLES 


Cet Insecte n’est pas exclusivement monophage et, dans les 
cas de pullulation, il s'attaque aux essences croissant spontané- 
ment avec le Mélèze et plus spécialement au Pin cembro et par- 
fois à l'Épicéa dont les aiguilles et surtout les bourgeons sont 
rongés par la Chenille, . 

Comme la Pvrale a une période de ravages très courte, et se 
terminant à la fin de juin, la majorité des arbres reverdissent 
avec la montée de la sève du mois d'août. La forêt qui, au début 
de l'été, semble décimée par un incendie, tellement les frondaisons 
revêtent une couleur de rouille, reprend petit à petit sa parure 
verte, tandis que la Chenille se transforme en Papillon qui ne 
peut nuire aux végétaux. 

Les forêts de Mélèzes et de Pins cembros de lEngadine 
(Suisse) ont de nouveau été ravagées en 1912 par la Chenille 
de la Pyrale grise. 

Nous devons à M. GAnzont, Inspecteur forestier de Parrondisse- 
ment de Samaden, une obligeante communication écrite touchant 
cette mvasion récente qui va fort probablement se renouveler 
durant deux ou trois étés consécutifs. Ce sylviculteur, qui a 
suivi la marche des dernières invasions de la Pvyrale grise dans 
les hautes Alpes grisonnes, affirme qu'après deux ou trois atta- 
ques répétées, les arbres anémiés, âgés ou prédisposés au dépé- 
rissement succombent. 

Si l’on examine les coupes transversales des troncs de Mélèzes 
attaqués par la Pvyrale, on constate une diminution de lépais- 
seur des cernes correspondant précisément aux années d’inva- 
sion, C’est Jà un phénomène analogue à celui que lon observe 
dans les chênaies à la suite des dévastations causées par les 
Hannetons. 

Coaz (1894) compte beaucoup sur le concours des oiseaux 
insectivores pour la destruction des Chenilles de la Pvyrale, et 
cet auteur déplore la chasse que font les Italiens aux Hirondelles, 
surtout à la frontière septentrionale du Piémont. 

Certains parasites, tels que les Tachines (Diptères), détruisent 
les Chrysalides et les Chenilles de ce Microlépidoptère. 


La Steganoptycha pinicolana ZI. n’est pas seulement un pa- 


MÉLÈZE 913 
rasite des forêts alpestres, mais aussi des Mélèzes installés en 


plaine. 


Moyens préventifs. — Ils consistent à tenir les massifs de 
Mélèzes dans un état normal de vitalité et à éclaircir à temps 
les peuplements issus d’un semis serré. En agissant dans ce 
sens, on formera des arbres sains, fortement constitués et sus- 
ceptibles de résister aux invasions qui durent en général deux 
ou trois ans et cessent ensuite brusquement, non sans avoir 
provoqué la mort des arbres peu résistants. L'association d’au- 
tres résineux tels que l'Épicéa, peut-être aussi de certains 
exotiques bien appropriés au climat et à l'altitude, peuvent 
rendre les déprédations de cet Insecte moins pernicieuses pour 
les forêts qui semblent devoir être périodiquement visitées par 


lui. 


Moyens répressifs. — Le forestier ne dispose d'aucun procédé 
lui permettant d’entraver les agissements de ce parasite du 
Mélèze, qui, tous les six à huit ans, continuera, comme par le 
passé, à colorer en brun les frondaisons des Mélèzes peuplant 
les Alpes. Les apparitions répétées de ce Papillon ne doivent 
cependant pas décourager le sylviculteur montagnard dont la 
tâche consiste à donner toujours plus d'extension aux travaux 
de reboisement. Ceux-ci ne sauraient être compromis par cet 
ennemi d’une nocuité plutôt secondaire (1). 


Nematus Erichsoni Htg. Hyménopr., 7enthredinidie 


Grande Némate du Mélèze 


Longueur, Insecte étalé : 22 millimètres; Larve : 18 à 22 milli- 
mètres. Cet Hyménoptère est d’une couleur dominante noire. Les 


(1) Grapholitha ocellana Fab. est une espèce voisine très rare qui cause 
à peu près les mêmes dégâts. 


314 FEUILLES 


deux pattes antérieures, sauf les hanches, ainsi que la partie 
supérieure des cuisses des deux pattes postérieures et les anneaux 
abdominaux un à quatre, sont d’un jaune rougeâtre. On remarque 
sur le cinquième anneau abdominal deux petites taches dorsales 
qui parfois sont soudées par leur bord interne. Les épaules du 
corselet sont jaunâtres. 

La Chenille est d’un gris vert sur le dos, jaune sur la face ven- 
trale et plus claire sur les flancs. Les pattes thoraciques ainsi 
que la tête sont noires. 

La femelle, qui essaime en mai ou juin, dépose ses œufs à 
l'intérieur de rainures qu'elle pratique dans l'écorce des bour- 
gcons en formation. La Chenille commence par dévorer les 
pousses terminales, puis attaque les faisceaux d’aiguilles pour 
achever ses ravages au mois d'août, époque à laquelle elle gagne 
le sol et se tisse un cocon cylindrique ressemblant à ceux des 
Lophvyres. L'hivernement à donc heu à l’état de Nymphe dans 
la couverture morte. 

Dans certains cas, une invasion intense peut provoquer la 
mort de l'arbre. Jusqu'ici le Nematus Erichsoni Htg. a été 
signalé surtout dans les forêts de Mélèzes du Hartz et du Hol- 
stein (Jupeicx et Nirscne, 1895, p. 662). Dernièrement, les 
importantes cultures de Mélèzes d'Angleterre et d'Écosse ont 
subi une invasion de la Némate qui leur à causé de sérieux 
ravages (HENRY, 1910, p. 705-710). 

A notre connaissance, cet Hyménoptère n’a pas été signalé 
jusqu'ici comme occasionnant des déprédations appréciables dans 
les forêts des Alpes. 

Moyen: préventifs. — Comme il s’agit ici d’un Insecte mono- 
phage, il y a lieu d'associer une autre essence au Mélèze, si l’on 
veut empêcher que tous les pieds d'arbres d’une plantation ne 


soient décimés par un ravageur de cette catégorie. 


Moyens répressifs, — Il n’y a qu'un cas où il soit possible 
d’entraver l’évolution des Némates, c’est lorsque, à l’état larvaire, 
celles-ci sont occupées à dévorer les aiguilles des Mélèzes hauts 


MÉLÈZE 3: 6) 


de 2 à 3 mètres. On peut alors asperger les Chenilles de pétrole 
ou d’un autre liquide toxique ou bien les écraser (1). 


Chermes laricis Th. Hig. Ruyxcu., Phylloxerideæ 


Pou ou Chermès du Mélèze 


Cet Insecte représente la forme des émigrantes du Chermes 
strobilobius Kitb. qui se transportent sur les aiguilles du Mélèze 
pour sucer la sève. 

Nous avons souvent constaté sa présence sur les Mélèzes des 
Alpes poussant en compagnie des Épicéas. Les Poux, revêtus 
d’un duvet blanchâtre, apparaissent généralement à la fin de 
juin. En juillet, les aiguilles se coudent en leur milieu et se dessè- 
chent partiellement (Voir fig. 194). 

Ce genre de dégâts ne peut être confondu avec ceux causés 
par les Microlépidoptères que nous venons d’étudier. Certains 
rameaux peuvent être dépouillés, mais, comme le Mélèze renou- 
velle chaque année ses feuilles, ce Rhynchote ne compromet pas 
la vitalité de l'arbre. 

Nous avons décrit dans le chapitre de l’Épicéa l’évolution des 
Chermès, aussi ne reviendrons-nous pas sur la biologie de cette 
forme émigrante du Chermes strobilobius KItb. 


Tortrix piceana L. 

Sphinx pinastri L. 
Gastropacha pini L. 

Voir : Chapitre des Pins. 


Liparis dispar L. 
Voir : Chapitre du Hêtre. 


(1) Deux autres Némates, les Nematus laricis Htg. et Nematus Wesmaeli 
Fischb., évoluent un peu plus tôt au printemps et provoquent des ravages à 
peu près identiques à ceux de la grande Némate. Leurs Chenilles sont d’un ca- 
libre légèrement plus petit, mais leur importance forestière est presque nulle. 


316 


Fig. 191: 


CÔNES 


Aiguilles de Mélèze coudées par suite des 
attaques du Chermes laricis Th. Htg. 1/1 gr. nat. 
(O1 14. } 


Liparis monacha L. 
Voir : Chapitre de l’Épi- 
céa (!). 


CONES 


Les cônes de Mélèzes n’ont 
pas de ravageurs apparte- 
nant à la classe des Insectes. 


(4) Un Poly- 


drusus cervinus L., sous sa forme 


Charançon, le 
parfaite, ravage occasionnelle- 
ment les aiguilles du Mélèze (Voir 
chapitre des « Chênes »). 


6. Chênes 


Quercus pedunculaita Ehrh., Q. sessiliflora Smith, Q. Tozza D. C., Q. 
Mirbecki Dur., Q. cerris L., Q. rubra L., Q. ilex L., Q. suber L., Q. 
occidentalis Gay. 


RACINES 


Gryllus gryllotalpa L. 
Melolontha vulgaris L. (1). 
Voir : Chapitre de l’Épicéa. 


Noctua segetum Schiff. 
Voir : Chapitre des Pins. 


Elater lineatus L., subfuscus Mull., æneus L. Coréopr., 
Elaterid:æ 


Taupins ou Forgerons 


Ces trois Insectes peuvent être envisagés ensemble, car leur 
importance comme ravageurs des racines, des semis et parfois 
aussi des rameaux de Chênes est presque identique. Au point de 
vue de la forme extérieure, ils présentent une certaine analogie 
avec les Buprestes. Ils se distinguent par la tête fortement en- 
châässée dans le corselet et inclinée en avant. Les antennes ont 


(1) Melolontha hippocastani Fabr. espèce voisine, a une biologie presque 
semblable à celle du Hanneton commun; dans certains cas cependant, son 
évolution dure de quatre à cinq ans. 


318 RACINES 


onze ou douze articles. Le corselet se prolonge postérieurement 
en deux pointes et pousse en avant une pièce pectorale qui sup- 
porte la tête. Les élvtres sont fortement convexes et striés. 

Lorsque les Insectes au repos, c’est-à-dire couchés sur le dos, 
veulent reprendre leur position habituelle, ils exécutent un bond 
pour retomber sur leurs pattes. Une musculature particuhère et 
extrêmement développée leur permet d'accomplir cet exercice qui 
est aussi un moyen de se soustraire à leurs ennemis naturels, et 
que nous ne retrouvons pas chez d’autres Insectes de notre faune. 

Les Larves, recouvertes d’une carapace chitineuse et poilue, 
ont une tête aplatie et comptent six pattes thoraciques. L’extré- 
mité anale porte, suivant les espèces, une ou deux pointes; les 
veux manquent. 

Le premier de ces ravageurs a les dimensions suivantes : 
Insecte parfait : 11-16 millimètres; Larve : 20-23 millimètres. — 
Le second, Insecte parfait : 9 millimètres; Larve : 18-20 milli- 
mètres. — Le troisième, Insecte parfait : 7-10 millimètres; Larve : 
15-18 millimètres. 

L'Elater lineatus L. porte sur les élytres brunâtres deux 
bandes longitudinales plus foncées. Les bords antérieur et posté- 
rieur du corselet ainsi que les pattes et les antennes sont d'un 
brun rouge. 

Cet Insecte se rencontre de préférence dans les pépinières, 

L'Elater subfuscus Mull. est plutôt allongé, d’un brun jaunâtre 
plus ou moins clair. Le corselet est plus large que long, d’une 
teinte brun foncé, excepté les bords qui sont jaunâtres. Les 
élytres sont striés-ponctués avec interstries portant des lignes 
de points extrêmement fins. La Larve biconvexe, jaunâtre, avec 
tête et prothorax foncés, porte sur le dernier anneau une plaque 
terminée par quatre pointes dont les deux externes sont plus 
fortes et recourbées en dehors et en haut. 

L'Elater subfuscus Mull. ravage surtout les glands semés et 
les cotylédons des jeunes Chênes. On le trouve également dans 
les semis de Hêtre, 

L'Elater æneus L. se distingue par sa couleur métallique grise 


ou bleuâtre, un corselet plus large que long et des élytres élargis 


CHÊNES 319 


en arrière du milieu. La couleur des antennes, dont les.articles 3 
et 4 sont d’égale longueur, est d’un brun rougeâtre, Les pattes 
sont jaune foncé, Le dernier anneau des Larves porte deux diver- 
ticules brun foncé et insérés l’un près de lPautre. 

A l’état larvaire, ce Taupin ronge les radicelles et parfois aussi 
le collet des brins. Comme Insecte parfait, 1l peut également 
prendre rang parmi les ravageurs des rameaux. 

Au point de vue biologique, on ne sait pas encore grand’ehose 
sur la durée de l’évolution de ces Insectes, mais on est porté à 
admettre que la génération est de trois ans. Certaines espèces 
hivernent à l’état parfait sous les feuilles ou fixées aux rameaux. 
La ponte a lieu en général dans la couverture du sol. 

Les Élatérides ne sont pas des ravageurs très répandus et 
redoutables. Si l’on constate leur présence dans une pépinière, 1l 
faut les détruire au moment du labour des carreaux et surveiller 
les composts qu’on répand sur les planches de semis. 


Lacon murinus L. Coréorr., Ælaterideæ 


Lacon gris de souris 


Longueur, Insecte parfait : 11 à 16 mulli- 
mètres; Larve : 20 à 26 millimètres. Cet In- 
secte, très répandu, est élargi, recouvert d’une 
pilosité grise et soyeuse. La Larve, également 
aplatie, prolonge son extrémité anale échan- 
crée en deux pointes recourbées en dedans. 

Comme pour les espèces précédentes, c’est 
la forme larvaire de cet Élatéride qui commet 


des ravages dans les pépinières et spéciale- 


Fig. 195.— Lacon murinus L. 
ment dans les semis de Chênes. D RE de EE 
Cynips aptera Fabr. Hyméxorr., Cynipideæ 
(Biorhiza pallidæ Oliv.) 
Longueur, Insecte parfait : 4 millimètres. Cet animal est la 


forme agame (sans sexe) du Cynips terminalis Fabr. dont nous 
parlerons plus loin à propos des parasites des feuilles. 


320 RACINES 


Il ne peut être question dans cette étude, qui est avant tout 
d'intérêt pratique, d'entrer dans des détails relatifs à la famille 
des Cynipides, dont Pévolution compliquée de ses représentants 
est encore peu fouillée, Au point de vue morphologique et biolo- 
gique, elle n’a qu'une importance secondaire pour la protection 
des forêts, 

Nous estimons que le sylviculteur ne doit pas envisager les 
multiples espèces de ces Hyménoptères comme ravageurs im- 
portants des forêts. Nous passerons donc sous silence la des- 
cripüon de chacune des espèces qu’on trouve spécialement sur 
les feuilles, les rameaux et les fruits de certaines essences feuillues 
et nous nous bornerons à indiquer les noms et à reproduire les 
galles des espèces les plus communes de façon à permettre au 
lorestier de les identifier (1). 

Les Cynipides ont de commun avec les représentants d’une 
autre famille du même ordre, les Séricides (Sirex), que nous avons 
décrits au chapitre de l'Épicéa, la présence d’un oviscapte pointu 
leur permettant de déposer leur ponte parfois à quelques milli- 
mètres de profondeur dans la matière ligneuse. 

Le corps est ramassé, l'abdomen bien séparé du thorax porte 
une tarière de longueur variable suivant les espèces, insérée en 
dessous et se recourbant en haut. La tête élargie porte des an- 
tennes de douze à seize articles. Les ailes antérieures ne sont pas 
bordées et comptent de six à huit cellules. 

Les Larves sont blanchâtres, sans pattes, recourbées sur leur 
face ventrale, la tête est peu apparente, non chitineuse, mais 
avec mandibules bien formées permettant à l'animal de se mou- 
voir dans le bois. Une disposition spéciale relative à la reproduc- 
hüion s’observe chez plusieurs des représentants des Cynipides, 
chez lesquels la parthénogénèse cyclique est fort répandue. On 
distingue chez certaines espèces deux formes sexuées (gamogénie) ; 


(1) Nous devons signaler ici le récent et remarquable ouvrage de Houarp 
(1908) sur les Zoocécides des Plantes d'Europe, ouvrage de première valeur, 
richement illustré et qui jette un jour nouveau sur cette branche si vaste 
de la parasitologie végétale. L'ordonnance parfaitement claire de cette pu- 
blication rend son étude accessible. 


CHÈNES DA 


chez d’autres, seule la femelle agame est connue; dans ce cas, la 
reproduction est parthénogénétique. Enfin, la reproduction est 
à la fois gamogénétique et parthénogénétique, avec alternance 
constante (HENSCHEL, 1895, p. 269). 

Dans l’étude des dégâts occasionnés par les Insectes de cette 
famille, on s'attache surtout à observer la forme que revêtent 
les galles ou excroissances ligneuses qui, suivant les espèces, se 


Fig. 196. — d, Cynips aptera Fabr. (forme des racines); &, Cynips terminalis Fabr. 
(forme des feuilles). 1/2 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). 


développent sur tous les organes de l’arbre, en particulier du 
Chêne, et de certains feuillus et arbustes. Le Chêne est cependant 
l'essence sociale qui compte le plus grand nombre de Cynipides. 
Ces derniers sont presque toujours monophages. La femelle, à 
Paide de sa tarière, dépose un ou plusieurs œufs dans un des 
organes de l'arbre. La piqüre, ainsi faite dans la matière ligneuse, 
emprisonne l’œuf en se refermant. La substance qui entoure ce 
dernier s’altère et s’hypertrophie par suite d’une perturbation 
dans la formation des cellules. Ce développement anormal du 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 21 


D 24 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


bois se traduit au dehors par une déchirure ou une monstruosité 
de l’épiderme, c'est la galle. 

L'hivernement a presque toujours heu à l’intérieur de cette 
galle. La formation de celle-e1 coïncide le plus souvent avec 
l’époque d’éclosion de la Larve. Dans les cas où la déformation 
corlicale apparait immédiatement après la ponte, il faut admettre 
que la piqüre introduit dans la matière ligneuse une substance 
toxique qui pénètre dans l’épiderme en même temps que l'œuf. 
Si l’on ouvre une galle d’une certaine grosseur et vieille d’une 
année (par exemple : Cynips terminalis Fabr.), on remarque plu- 
sieurs cavités qui toutes donnent naissance à un court couloir 
avec ouverture sur la périphérie; cette disposition indique que 
plusieurs œufs ont été déposés dans le tissu épidermique au 
moment de la ponte. 

Il est évident que si les galles sont abondantes sur les racines, 
la tige ou les bourgeons d’un jeune pied de Chêne, on aura alors à 
déplorer un ravage d’une certaine importance, mais ce sont là 
des cas individuels et rares qui bien rarement compromettent la 
vitalité d’une plante. Les Cynipides sont surtout très abondants 
sur les feuilles des différentes espèces de Chênes des forêts euro- 
péennes. 

ILest à peine besoin d’aflirmer que la protection des forêts ne 
peut envisager une lutte possible et opportune contre un ennemi 
d’une importance aussi négligeable. Nous nous bornerons donc, 
comme nous l'avons dit plus haut, à indiquer les espèces les plus 
connues et à reproduire leurs galles,. 


ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


Lachnus longirô8tris Alt. Ruyncnores, Aphrdiæ 


Longueur : 4 à 6 millimètres. Ce Rhynchote, comme son nom 
spécifique lindique, est caractérisé par un rostre très allongé; 


il atteint parfois une dimension trois fois plus longue que le corps. 


CHÈÊNES 329 


Ce critère varie, du reste, avec les individus, et l’on rencontre des 
Lachnus longirostris Alt. dont le bec n’est pas plus long que le 
corps. Ce dernier est de couleur brunâtre. Cet Insecte, dont le 
développement est parthénogénétique, peut se présenter sous la 
forme ailée et sous la forme aptère. Il cause des dégâts à peine 
sensibles sur écorce des branches de petite dimension en intro- 
duisant le rostre dans les fentes corticales pour sucer la sève. 
Il provoque parfois des boursouflures sur les rameaux ou les 
troncs de jeunes Chênes. On a observé que les fourmis (Formica 
fuliginosa Latr.) se servent des perforations exécutées par les 
Lachnus pour pénétrer dans le bois et en hâter la désagréga- 
tion. 

Cet Insecte est un parasite des Chênes, des Bouleaux, des Peu- 
pliers et des Érables, mais sa nocivité est à peine perceptible (1). 


Agrilus viridis L. Coréorr., Buprestidæ 
(Buprestis fagi Ratz.) 


Bupreste vert 


ee 


Longueur, Insecte parfait : 5 à 8 millimètres; Larve : 10 à 
12 millimètres. En raison même de sa coloration et de sa grandeur 
variables, ce Bupreste ne compte pas moins de onze noms diffé- 
rents dans la littérature entomologique. Il varie comme couleur 
du vert ou du bleu au bronze brillant. 

Cet Insecte est caractérisé par un corselet beaucoup plus large 
que long, ruguleux, portant de chaque côté, en arrière du milieu, 
deux renflements obliques dirigés vers les côtés. Les élytres sont 
étranglés à leur base et présentent des épaules proéminentes. Ils 
sont très allongés, arrondis à leur extrémité, finement ridés et 
glabres. La Larve est blanchâtre, aplatie, privée d’yeux et de 
pattes. La tête a sa partie postérieure chitineuse, profondément 


(1) Deux autres espèces vivent également sur le Chêne, ce sont le Lachnus 
quercus L. et L. roboris L. 


F 


a, qi 


b, 
Cs 
d, 
1 


324 ÉCORCE DU TRCNC ET DES BRANCHES 


encastrée dans le premier anneau thoracique qui est très grand. 
Ce type de Larve se répète à peu près identique pour les quatre 
espèces suivantes. 

L'Agrilus vrridis L. est très répandu dans les forêts de feuillus. 
I attaque principalement le Chène et le Hêtre, Au milieu de Pété, 
la femelle dépose ses œufs au nombre d’un à cinq dans l'écorce, 
à la façon des Charançons ou des Céram- 
bycides. Après l’éclosion, la Larve fore un 
couloir sinueux entamant les couches cor- 
icales et souvent aussi Paubier surtout 
dans les tiges et les branches dont lé- 
corce est mince. La section transversale 


de ces couloirs est elliptique; cette con- 
figuration est subordonnée à la forme 
aplatie des Larves. Durant la période de 
forage, ces dernières se tiennent en géné- 


ral arquées et la partie postérieure de 


leur corps est dirigée dans la direction 
de la tête (fig. 197, b). Cette caractéris- 


ig. 197. — Agrilus viridis L. 
ilerie larvaire remplie de sciure ; tique ne se retrouve pas dans d’autres 


Larve dans sa position normale ; 
Chrysaïide dans son berceau; familles du monde des Insectes xylo- 
orifice de sortie elliptique. À 

1 gr. nat. (orig.). 


phages. Les berceaux de chrysalide, éga- 
lement à section elliptique, sont creusés obliquement dans lin- 
térieur du bois. Dans les écorces épaisses, on trouve parfois 
les Chrysalides nichées dans le hber. L’Insecte parfait creuse 
dans la paroi du berceau de chrysahde un orifice de sortie 
opposé à l’orifice d'entrée de la Larve (fig. 197, c). 

Le plus souvent les systèmes de couloirs des Buprestes appa- 
raissent sous une forme embrouillée, car les galeries larvaires 
s’entre-croisent en tous sens. Elles sont constamment remplies 
de sciure digérée et sohdement comprimée entre les parois des 
couloirs. 

L'évolution de ces Xylophages dure en général deux ans et lon 
a remarqué que l’Insecte parfait butine sur les fleurs de certaines 
essences à feuilles caduques et se nourrit de pollen. 


On reconnait facilement, en particulier sur les branches des 


CHÈNES 325 


baliveaux en voie de dépérissement, les traces des ravages des 


Fig. 198. — Agrilus viridis L. — Aspect d'un système de coulo’rs dans l’aubier d'un tronc de Hêtre. 
1/1 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich). 


Buprestes, car l’écorce se dessèche rapidement et se détache très 


326 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


vite de la matière Hhigneuse., Ces dégâts sont en outre très com- 


muns sur les piquets et perches de Chênes et de Hôêtres. 


Moyens préventifs, — L’Agrilus viridis L. attaque presque 
exclusivement les Chênes et les Hêtres, mais fait rarement périr 
les arbres sains et d’une certaine taille; il en déforme plutôt 
la frondaison, Là où le traitement et la nature du sol le permet- 
tent, il y a heu de constituer des peuplements d’âges et d’essences 
mélangés. De toute façon, il faut éduquer des perchis bien consti- 
tués et ne pas négliger de faire très tôt des éclaircies qui auront 
pour but d'éliminer les tiges anémiées, trop faibles ou déjà atta- 
quées par d’autres parasites. Plus les jeunes arbres seront sains 
et normalement constitués, plus ils offriront de résistance aux 
Insectes. 

Lorsqu'on emploie des bois de Chêne ou de Hêtre pour les 
constructions, clôtures, etc:, il faut à tout prix les écorcer, car 
le bois écorcé ne peut être infesté par les pontes des Buprestes. 


Moyens répressifs. — Ceux-ci sont difficiles à mettre en action 
dans la grande culture forestière. Cependant, lorsque dans les 
éclaircies et coupes, on découvre une certaine proportion de tiges 
ou de branches renfermant des Larves ou des Chrysalides de 
Buprestes, on doit brûler ces branches et tiges avant le mois de 
juin, c’est-à-dire avant lessaimement des Insectes parfaits. 

Les Buprestes suivants ont une biologie à peu près analogue 
à celle de l'A grilus viridis L. : 

Agrilus angustulus Iig. 

A grilus elongatus Hbst. 

Agrilus biguttatus Fabr. 

Agrilus subauratus Gebl. 

Un autre Insecte de cette famille, très répandu dans les 
Chênaies, l'A grilus affinis Fabr. (Chrysobothrys affinis Fabr.) pro- 
cède à peu près de la même façon que lAgrilus viridis L.; tou- 
tefois, le berceau de chrysalide est ovale, entaillé soit dans 
l'aubier, soit dans le hiber. En outre, la Larve avant de se méta- 


morphoser, se place de façon à avoir sa tête dirigée du côté de 


CHÈNES 


327 


l’orifice d’entrée de telle sorte que l’Insecte ailé gagne le dehors 


sans être obligé de creuser un trou de sortie particulier, mais en 


se servant de l’orifice pratiqué par la Larve pour pénétrer dans 


la chambre de nymphose. L'évolution de cet Insecte dure de 


deux à trois ans et son importance forestière peut être assimilée 


à celle des espèces que nous venons de décrire. 


Agrilus bifasciatus Oliv. Coréopr., Buprestidæ 


(Goræbus bifasciatus Lap.) 


Bupreste ou Coræbus du Chêne (PI. VI, fig. 3) 


Longueur, Insecte ailé : 11 à 15 millimètres; Larve : 11 à 


42 millimètres. Ce Bupreste, qui est du même type que les autres 


espèces que nous avons étudiées dans le paragraphe précédent, 


se distingue facilement par sa couleur d’un vert 
bleu métallique. Chacun des élytres porte sur sa 
partie postérieure deux bandes transversales d’un 
noir bleuâtre. La Larve, qui est d’une dimension 
très variable en raison même de sa longue exis- 
tence et du travail intense qu’elle accomplit à 
l’intérieur du bois dur, modifie légèrement sa 
forme durant son évolution. En effet, au début, 
elle est grêle et aplatie, puis pendant la période 
qui précède sa métamorphose, elle devient pres- 
que cylindrique. Le premier segment, qui est le 
plus élargi, porte sur les faces supérieure et infé- 
rieure une plaque circulaire jaunâtre et chiti- 
neuse. Le dernier segment est terminé par deux 


| 


a 


Fig. 199.— Agrilus bifas 
ciatus Oliv. 
a, jeune Larve: b, Larve 
adulte ; c, Chrysalide, 
1/1 gr. nat. (orig.). 


petits appendices d’un brun foncé, dentelés sur leur côté interne. 


La Chrysalide est'ovoïde, plutôt aplatie dorso-ventralement et 


mesure de 16 à 20 millimètres. 


En examinant le graphique ci-contre, on peut se rendre compte 


de l’évolution de cet Insecte qui est si nocif dans les taillis sous 


futaie du centre de la France et dans les peuplements de Chênes 


verts et de Chênes-hège du Midi et de l'Algérie. Dans les autres 


328 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


régions forestières de l'Europe Centrale, ses dégâts ne se ren- 
contrent que tout à fait exceptionnellement, 
C'est en mai, juin ou juillet, suivant le 


Janv. . 


chmat, Paltitude et l'exposition de la forêt, 

Fee EE que la femelle dépose un seul œuf à la fois 
Mars. | 1Q 1% 18 dans l'écorce d’un rameau, en général de 
Avril. .| ! FE “ l’année. Après son éclosion, la Larve com- 
1 RE _ || mence à ronger les couches corticales in- 
prenons pe | ternes, puis le cambium et pénètre ensuite 
RE 4 dans l'intérieur du bois, toujours en redescen- 
1e) D À Gant la branche qu'elle perfore parfois sur 
rt PE Es AN Rte longueur de 1 mètre à 1M 50, Ce canal 
sept. | 1 |: larvaire est toujours de section elliptique et 
170 SAPIN NE 00 PE demeure, après le passage de la Larve, bourré 
FUIRE AE LE de sciure digérée, On remarque de curieuses 
pe. li al | bizarreries dans le tracé du chemin par- 


—— “ couru; en effet, l’Insecte se laissant proba- 


blement influencer par des causes extérieures et le mouvement 
de la sève, s'éloigne durant ce travail de forage plus ou moins 
du canal médullaire qu'il traverse ou suit parfois (fig. 200, b). 

Si l’on s’en tient aux recherches fort complètes qu'a entreprises, 
dans le midi de la France, de TRÉGOMAIX (1876), il faut admettre 
que dans un climat aussi tempéré, la Larve se chrysalide environ 
vingt mois après sa naissance, done en mai où Juin. À ce mo- 
ment-là, elle arrête sa marche descendante, puis décrit une 
courbe dans la périphérie de la branche sans révéler cependant 
au dehors sa présence (fig. 200, c); puis elle remonte générale- 
ment de quelques millimètres en décrivant souvent des spirales 
irrégulières pour entailler finalement sa chambre de nymphose 
oblique et fortement arquée (fig. 200, g). L'Insecte, arrivé à son 
développement complet, gagne lextérieur en forant un trou 
presque cireulaire et mesurant de 3 à 4 millimètres de diamètre. 

Il est à peine besoin d’insister sur le fait que le système de 
couloirs d’un animal qui a une évolution aussi compliquée et 
dont la durée est si longue, peut présenter des développements 
anormaux et infiniment variables, ALTUM (1879, p. 130) aflirme 


CHÈNES 329 


qu’en Alsace, où il a observé les ravages de ce Bupreste, la période 
larvaire peut durer de trois à quatre ans. 


Fig. 200. — Schéma du travail de forage de l'Agrilus bifasciatus Oliv. a, Larve descendant dans 
Pintérieur de la branche de Chêne ; b, couloir de larve évitant les couches corticales : ce, Larve 
adulte forant la galerie annulaire ; 4, galerie annulaire ; e, Chrysalide ; /, Insecte gagnant le 
dehors ; 4, berceau de chrysalide, 3/4 gr. nat. (orig.). 


3930 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


Au point de vue pratique, on peut facilement s'imaginer qu'une 


Fig. 201. Branche de Chêne vert ravagée par la Larve de l'Agrilus bifasciatus OU. a, galerie 


annulaire forée dans la zone cambiale : b, orifice de sortie de l'Insecte parfait, 3/4 gr. nat. 
org. . 


perforation ininterrompue qui intéresse à la fois tous les organes, 


CHÈNES 391 


entraine fatalement et rapidement la désagrégation d’une tige 
ou d’une partie de la frondaison. Ce sont surtout les Chênes 
méridionaux qui sont attaqués, en particulier les Chênes-hège et 
verts. Cependant les autres espèces ne sont pas indemnes et dans 


Fig. 202. — Galerie remontante et croisée de l’Agrilus bifasciatus Oliv. 
.sur une branche de Chêne vert. 3/4 gr. nat. (oriq.). 


les taiilis sous futaie du Centre, de l'Est et de l'Ouest, le pédonculé 
et le rouvre le tentent particulièrement. Le dégât est facilement 
reconnaissable pendant toute l’année sur les frondaisons des 
Chênes à feuilles persistantes et durant la période de végétation 
sur les autres espèces, car la branche se flétrit rapidement en 
dessus de la chambre de nymphose. En effet, la circulation de la 
sève est interceptée par l’anneau qu’a foré la Larve et la désagré- 


J92 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


gation s'opère facilement en dessus de cette zone. Si, à ce mo- 
ment-là, on tire sur la branche, cette dernière se brise imman- 
quablement à cet endroit et le plus souvent une pression exercée 
sur le bois fouillé écrase la Larve ou la Nymphe. Nous avons 
souvent expérimenté la chose en examinant des Chênes infestés 


par le Corœbus dans les Chênaies à liège du littoral méditerranéen. 


Fig. 203. — Berceau de chrysalide de l'Agrilus bif'asciatus Oliv. a, entrée ; b, orilice de sortie de 
l'Insecte parfait (trou presque cireulaire) ; e, niche de nymphose. 3/7 gr. nat. (oriq.). 

L’'Agrilus bifasciatus Ov. est bien un des ennemis les plus 
nuisibles des Chènes-liège et verts. Nous avons parcouru dans le 
Midi des peuplements de ces essences dont les frondaisons étaient 
complètement déformées par ses attaques répétées. Cependant, 
on ne peut assimiler à ces ravages ceux causés par les Bostryches 
aux essences résineuses et il ne faut pas oublier que le Bupreste 
opère seulement sur une plus où moins grande proportion de la 


cime, sans cependant provoquer dans la règle la mort de l'arbre, 


Moyens préventifs. — Le Coræbus attaquant surtout les bran- 
ches exposées au soleil, donc celles qui sont placées’ en évidence, 


on à remarqué que certains oiseaux, les Pies en particulier, perfo- 


CHÈNES 300 


raient les rameaux en voie de dépérissement pour tâcher de déni- 
cher les Larves. La protection des oiseaux insectivores est donc 
une mesure utile dans le cas présent. Malheureusement le Bu- 
preste du Chêne étant surtout un parasite des Chênaies du Midi, 
il ne faut pas trop compter sur la protection des oiseaux dans une 
région où l’on fait une guerre acharnée à tout ce qui vole. 


Moyens répressifs. — Il n’est pas facile de faire la chasse à cet 
Insecte dont l’existence se passe en grande partie à l’intérieur 
du bois. On ne peut pas songer à tendre des pièges durant le vol 
de la forme ailée. En France, on a cherché à combattre VA grilus 
bifasciatus Olv. en brisant ou coupant les rameaux en voie de 
dépérissement, de façon à le capturer à l’état larvaire. Ce procédé 
est actuellement le seul qui soit à recommander; mais il faut, 
autant que possible, intervenir durant la première période de la 
vie de la Larve, alors que la branche commence à souffrir des 
atteintes de l’Insecte encore occupé à forer dans la partie supé- 
rieure. Plus tard, au moment du creusage du couloir en anneau 
et à l’époque de la métamorphose, on a bien des chances d’écraser 
Panimal en tirant sur la branche au moyen d’un crochet; mais 
à cette époque, on détruit du même coup un Ichneumon décrit 
par de TRÉGOMAIN (1876, p. 115) (pas encore déterminé) et qui 
peut être rangé au nombre des parasites destructeurs des Larves 
de Buprestes. En somme, lorsqu'on ne peut absolument pas agir 
au début des ravages, il est cependant opportun de couper ou 
casser les branches sèches, car il ne faut pas espérer compter 
d’une façon absolue sur le concours des Ichneumons. On détruira 
ainsi une certaine quantité de Coræbus prêts à se reproduire. 


Agrilus undatus Fabr. Coréort., Buprestid: 


(Goræœbus undatus Fabr.) 


Coræbus du liège 


Longueur : 12 à 14 millimètres. Ce Bupreste a le corselet et la 
base des élytres d’un brun clair métallique. La région postérieure 
de ces derniers, d’un bleu noir, porte trois bandes transversales 


99/7 
004 


ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


dentelées, de teinte claire. La Larve est à peu près de même taille 
que celle du Coræœbus bifasciatus Oliv.; les deux pointes chiti- 
neuses qui terminent le dernier segment sont lisses, c’est-à-dire 
non épineuses. 

On ne sait pas grand’chose sur l’évolution de cet Insecte qui est 
surtout répandu dans les forêts de Chênes-hège du Midi et de 
l'Ouest de la France, Son évolution doit certainement être aussi 
longue que celle du Corœbus du Chêne. 

La Larve de l'Agrilus undatus Fabr. creuse de très longs cou- 


loirs sinueux dans la couche cambiale du Chêne-liège; une fois 


a d a 


Fig. 204. — Agrilus undalus Fabr. dans le liège. a, coupes transversales des galeries larvaires. 
1/1 gr. nat. (orig.). 


parvenue à sa pleine maturité, elle pénètre dans le liège qu'elle 
parcourt en tous sens, finissant par désagréger les assortiments 
les plus épais et les mieux formés. 

Durant la première période de ravages, la Larve, fouillant sur- 
tout le cambium, entrave la formation des couches corticales 
et provoque des écoulements de sève qui, à la longue, anémient 
l'arbre. Dans le Sud-Ouest, ce Xylophage est devenu très gènant, 
car ses ravages techniques prennent une certaine importance 
dans les Chênaies établies en vue de la production du liège. Pour 
entraver la marche des ravages, on en est réduit à récolter et 
détruire les Larves et Nymphes qu’on découvre lors de la décor- 
Uücation ou du débitage du liège dans les chantiers de mise en 


valeur de ce produit ligneux. 


(Se) 


© 
CC 
(b j 


CHÈNES 


Apate sexdentata Oliv. Coréorr., Anobudeæ 


(Sinoxylon sexdentatum Oliv.) 


Vrillette ou Apate à six dents 


Longueur : 6 à 7 millimètres. Le groupe des Vrillettes dont les 
ravages techniques déprécient presque toutes les essences ligneu- 
ses employées dans l’industrie, est aussi représenté parmi les 
parasites des branches de Chêne. 

L’Apate sexdentata Ov. a le corps subcylindrique, plutôt 
ramassé, avec tête verticale, presque invisible, vue d’en haut; 
il est d’un brun foncé. Les antennes ont dix articles; les deux 


Fig. 205. — Apate sexdentata Oliv. (oriq.). 


premiers sont à eux deux plus longs que les cinq suivants. La 
massue, aussi longue que le funicule, est formée de trois articles. 
Le corselet est épais, convexe, tuberculé, fortement granulé et 
muni, sur le devant, d’épines courtes et relevées. Les élytres sont 
profondément et irrégulièrement ponctués, leur déclivité est 
munie de six dents dont les deux plus fortes sont insérées au 
milieu de la troncature, de chaque côté de la suture (fig. 205). 
Les tibias sont dentelés et les tarses allongés; le premier article 
tarsal est atrophié, le second est aussi grand que les deux suivants 
réunis. La Larve est du type de celle des Anobiides. 

Cette Vrillette vit en parasite dans les troncs de petites dimen- 
sions et les branches d’une foule d’essences ligneuses de la région 
de l'Europe méridionale. Elle fore les tiges du figuier aussi bien 


PT PAFT el 
Qt 4 


336 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


que les souches de la vigne. C’est comme parasite des Chênes, du 
Chène-rouvre en particulier, qu'elle présente un intérêt pour le 
forestier. 

La femelle pénètre dans les rameaux ou perches ayant de 1 à 


Fig. 206. — Branche de Chène ravagée par l'Apate sexdentata Oliv. 1/1 gr. nat. (orig.). 


2 centimètres de diamètre au minimum, puis creuse une cavité 
plus où moins circulaire dans laquelle laccouplement se produit. 
La ponte est déposée irrégulhièrement sur le pourtour et les Larves 
forent ensuite des galeries particulières, parfois allongées qui, 
restant isolées les unes des autres, courent parallèlement aux 


CHÈNES on 


fibrilles ligneuses. Le réseau de ces couloirs ressemble un peu à 
celui du Xyleborus dispar Fabr. 

Il semble que cet Insecte ne produise qu’une seule génération 
par an, cependant le fait doit être encore confirmé surtout pour 
les stations au climat doux où il est possible que deux généra- 
tions arrivent à maturité. C’est surtout dans les branches plus 
ou moins sèches, tombées à terre, qu’on découvre les vestiges 
du forage des Vrillettes à six dents. On remarque souvent dans 
les Chênaies infestées par le Coræœbus, que les branches brisées 
par le vent à la suite du cerclage causé par la Larve du Bupreste, 
renferment des Larves ou des Insectes parfaits de VA pate ; ils 
achèvent rapidement la désagrégation du bois. 

Il est manifeste que dans des cas de pullulation intense, ce 
Xylophage peut s'attaquer à des rameaux et à des tiges de petit 
calibre et en pleine vitalité. 

Au point de vue de la protection des Chênaies, ce Coléoptère 
n’a qu'une importance secondaire, 1l est infiniment moins à 
redouter que le Coræbus. Tout au plus, peut-on conseiller dans 
les cas de multiplication intense de ses ravages, de récolter et 
brûler les rameaux qui gisent à terre, car 1ls peuvent renfermer 
des Insectes parfaits ou des Larves occupés à forer le bois. 


Nous signalons aussi trois autres proches parents de l'Apate 
à six dents : 

Apate bispinosa Oliv. 

Apate pustulata Fabr. 

Apate capucina L. 

Les Larves de ces Insectes sont polyphages et s’attaquent un 
peu à toutes les espèces de Chênes. 

L’A pate capucina L. qui mesure 8 à 10 millimètres et dont les 
élytres sont rougeâtres, recherche spécialement les bois débités 
du Chêne dans lesquels 1l provoque des ravages d'ordre technique. 


Deux Cérambycides : 
Rhagium mordax de Geer; 
Rhagium sycophanta Schrk., 
ravagent également les grosses écorces et fouillent à la fois 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 22 


398 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 

les couches libéreuses et cambiales des bois de Chênes abattus 
et non écorcés, Nous avons exposé dans le chapitre du Sapin 
blanc les procédés typiques de forage des Rhagies, aussi n’en- 
trerons-nous pas dans d’autres détails biologiques au sujet de ces 
deux espèces qui, en ce qui concerne la protection des Chênaies, 
ne jouent qu'un rôle secondaire. 


Callidium variabile L. 
Callidium sanguineum L. 
Voir : Chapitre du Hêtre. 


Clytus arcuatus L. Coréorr., Cerambycid:æ 


(Plagionotus arcuatus Muls.) 


Longueur : 16 à 22 millimètres. Ce petit Longicorne est de 


Fig. 207. — Berceau denym- Fig. 208. — Couloirs de larves 
phose du Clytus arcua- etorifices de sortie du Clytus 
tus L. 1/1 gr. nat. (orig. arcualus L. 1/1 gr. nat. 


* coll. Muséum, Paris). (oriq. coll. Muséum, Paris). 


couleur noirâtre avec un corselet orné de deux bandes étroites, 


PIEA 


PT EP 7 


CHÈÊNES : 339 


obliques, interrompués. La base de chaque élytre porte quatre 
points jaunes dont un sur l’écusson et l’autre sur la suture; en 
outre, ces organes sont ornés de quatre bandes également jaunes, 


Fig. 209. — Galeries larvaires du Clytus arcuatus L. remplies de sciure comprimée et entaillées 
PARA y : RUES À 2 
dans l’aubier d’un tronc de Chêne. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). 


transversales, arquées et dont la dernière est terminale. Les an- 
tennes et les pattes sont d’un brun rougeâtre. 

A linstar des autres Cérambycides, le Clytus arcuatus L. qui 
recherche en général les essences feuillues et en particulier le 


340 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


Chêne, dépose ses œufs sous l'écorce, Les Larves forent des cou- 
loirs sinueux dans les couches cambiales et finissent par pratiquer 
à l’intérieur du bois une galerie coudée où se passe la nymphose. 

Cet Insecte, dont l'évolution dure probablement deux ans, est 
fréquent dans les branches et troncs en décomposition ou qu’on a 
négligé d’écorcer après labatage, et ce n’est que dans des cas 
tout à fait exceptionnels qu’on peut lui attribuer le dépérissement 


de tiges déjà anémiées (1). 


\ 


Scolytus intricatus Ratz. Coréorr., S'colytidæ 
(Eccoptogaster intricatus Ratz.) 


Scolyte du chène (PI. VI, fig. 11) 


Longueur : 3,5 à 4 millimètres. Ce Bostryche, comme tous les 
représentants du genre Scolytus, vit en parasite exclusivement 
dans les bois feuillus. Les Insectes européens de ce groupe sont 
peu nombreux; ils se distinguent très facilement des Tomicides 
et des Hylésines par la tête visible d’en haut, par le corselet qui 
est généralement plus foncé que les élytres. Ces derniers, non 
convexes à leur extrémité, recouvrent labdomen qui, vu de 
profil, est relevé à partir du deuxième segment. 

Le Scolytus intricatus Ratz. porte un corselet plus court que 
large, brillant, à ponctuation fine et serrée sur les côtés, fine et 
éparse sur le disque. La massue grande, squamuleuse, est légè- 
rement plus longue que le funicule qui compte sept articles. Les 
élytres, rétrécis en arrière du milieu, portent des stries indis- 
tinctes, fines, parfois interrompues par des strioles obliques. Tout 
le corps est recouvert d’une pubescence grise. 

Sauf quelques cas exceptionnels constatés sur le Hêtre, on 
peut affirmer que ce Scolyte est bien monophage. II y a, d’une 
façon générale, chez les Scolytes un couple par système. La 
femelle creuse dans les branches ou les tiges des Chênes un court 
couloir de ponte mesurant de 1 à 4 centimètres de longueur. Les 


(14) Clytus detritus L. et C. tropicus Panz. sont deux espèces voisines qui 
causent des dégâts analogues dans le Chêne. 


CHÈNES 341 


galeries larvaires quittent ce couloir dans les deux directions 
54 


opposées; elles sont plus ou moins sinueuses et atteignent une 


342 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


longueur de 10 à 15 centimètres, au maximum. Suivant l’épais- 
seur de l'écorce, les berceaux de chrysalide sont entaillés plus ou 
moins obliquement ou longitudinalement dans le liber ou lau- 
bier. 

L'évolution dure en général une année; parfois, sous l'influence 
de circonstances climatériques propices, on observe deux géné- 
rations dans l’espace de douze mois. L’hivernement a toujours 
heu à l’état de Larve ou de Nymphe. Souvent en décortiquant 
une branche de Chêne, on aperçoit la femelle morte à l'extrémité 
de la galerie de ponte. Celle-ci est chez tous les Insectes du genre 
Scolytus privée d'une chambre d’accouplement, le rapprochement 
des sexes ayant lieu soit à l’orifice d’entrée, soit dans son voisi- 
nage immédiat. 

Le Scolytus intricatus Ratz. est très fréquent dans les Chênaies 
et à chaque pas on rencontre les vestiges de ses ravages sur les 
tiges et branches gisant à terre, rarement sur les troncs d’une 
certaine dimension. Les piquets et perches qu'on laisse à Fair, 
revêtus encore de leur écorce, sont dans la plupart des cas infestés 
par ce Xylophage qui ne redoute pas de s'attaquer même aux 
tiges et aux branches en vigueur. On cite le cas de la forêt de 
Vincennes, dans laquelle, au commencement du dix-neuvième 
siècle, 50.000 Chênes de vingt à trente ans ont été infestés par le 
Scolyte, puis abattus après un rapide dépérissement (JUDEICH et 
NiTSCHE, 1905, p. 483). 


Moyens préventifs. — Ils consistent à éviter de créer des peu- 
plements de Chênes purs, étendus et du même âge. Les éclaircies 
doivent être entreprises tôt et serviront de prétexte pour enlever 
de la forêt ou de détruire tous les débris pouvant offrir un appât 
au Scolyte qui ne dédaigne pas de pénétrer dans les branches 
gisant à terre. 


Moyens répressifs. — Les arbres-pièges ou aussi les branches- 
pièges peuvent rendre de bons services à condition de les fixer 
en terre, pour leur conserver le plus longtemps possible le mou- 
vement de la sève; il faut ensuite les surveiller attentivement. 


CHÊNE; 343 


Dryocætes villosus Fabr. CoréoPr., S'colytidi 


(Bostrichus villosus Ratz.) 


Longueur : 2,5 à 3 millimètres. Au point de vue systématique, 
ce Bostryche se classe à côté du Dryocætes autographus Ratz., 
dont nous avons parlé à propos des Scolytides creusant des cou- 
loirs dans les troncs et les souches de l'Épicéa. Le corselet a la 


Fig. 211. — Couloirs de ponte du Dryocætes villosus Fabr. dans l'écorce de Chêne. 
1/1 gr. nat. (orig.) 


forme d’une demi-ellipse, il est rétréci antérieurement, tronqué 
transversalement à la base où il égale à peu près la largeur des 
élytres. La face dorsale est entièrement couverte de granulations 
serrées. Les élytres ont des stries à encoches profondes avec 


344 INTÉRIEUR DU BOIS 


interstries garnies de points très fins. Les deux stries Juxtasutu- 
rales sont plus enfoncées que les autres. Tout l’Insecte est recou- 
vert d’une pubescence blonde, 

Les couloirs que creuse le Dryocwtes villosus Fabr. rappellent 
ceux du Bostryche curvidenté, c’est-à-dire que leur type normal 
est horizontal avec deux à sept galeries de ponte coupant trans- 
versalement les fibres du bois. Comme cet animal fouille surtout 
le bas des troncs et les souches à écorce épaisse, son évolution se 
passe exclusivement dans les couches corticales. Les couloirs de 
larves sont courts, irréguliers et embrouillés. 

Il semble que, dans des conditions favorables au point de vue 
chmatérique, ce Xylophage peut produire deux générations 
par an. 

Le Dryocates villosus Fabr. attaque le Chêne, le Châtaigmier et 
accidentellement d’autres essences feuillues. C’est un Insecte 


très peu répandu et en somme très peu nuisible aux Chênaies (1). 


Hylesinus crenatus Fabr. 
Voir : Chapitre des Frênes. 


INTÉRIEUR DU BOIS 


Lucanus cervus L. 
Voir : Partie spéciale. 


Cerambyx heros Fabr. Coréopr., Cerambycidæ 


Hamaticherus cerdo L. 


Capricorne ou héros du Chène (PI. VE, fig. 1) 


Longueur : Insecte parfait : 20 à 50 millimètres; Larve : 65 à 
80 millimètres. Ces chiffres nous montrent que le Capricorne du 
Chêne est un des plus volumineux parasites des forêts euro- 
péennes. Sous sa forme parfaite, il est de couleur brune très foncée, 


(4) On rencontre deux autres Bostryches dans les écorces épaisses du 
Chêne, ce sont : T'aphrorychus Bulmerinqui Kolen et T. villifrons Duft; 
ils sont encore plus rares et moins importants que l’espèce décrite ci-dessus, 


CHÈNES 345 


sans reflets métalliques. Le corselet, grossièrement et irréguliè- 
rement sculpté, porte sur chacun de ses bords latéraux un tuber- 
cule épineux dirigé en dehors. Les yeux, très convexes et appa- 
rents, ont des facettes facilement visibles à l'œil nu. Les an- 
tennes sont, chez le mâle, plus longues que le corps. Les élytres 
rétrécis, brunâtres et finement chagrinés à la partie postérieure, 
présentent une base plus foncée et grossièrement chagrinée. On 
remarque, en outre, à leur extrémité une épine suturale. La Larve, 
dont les proportions sont les mêmes, a ses segments bien dégagés; 
sept d’entre eux portent des plaques dorsales chagrinées. Elle 
est couleur de cire, avec une petite tête brune, aplatie et chiti- 
neuse. La partie antérieure du premier segment thoracique porte 
une bande transversale brunâtre. Les antennes, qui comptent 
trois articles, sont très fines; peu apparentes, les pattes sont 
rudimentaires. 

Le Capricorne du Chêne est commun; 1l essaime en général 
au commencement de l'été (juin ou juillet) et au crépuscule. 
Après l’accouplement, la femelle dépose ses œufs dans les anfrac- 
tuosités, défauts ou blessures des Chênes à écorce épaisse. La 
Larve ne tarde pas à pénétrer non seulement dans les couches 
corticales, mais encore aussi dans le bois le plus sain, où elle 
creuse des couloirs sinueux, proportionnés aux dimensions de son 
corps qui se développe durant trois ou quatre ans. A la fin de 
cette période larvaire, l’animal atteint la grosseur d’un index 
humain et gagne souvent le cœur du bois qui est perforé en tous 
sens. La métamorphose se produit dans une niche garnie de 
débris ligneux et creusée parfois dans les parties les plus reculées 
de ce réseau compliqué. Lorsque l’Insecte ailé est formé, il gagne 
l'extérieur en suivant les galeries larvaires. 

De Pextérieur, on peut facilement reconnaitre la présence de 
ces ravageurs aux écoulements de sève qui se montrent aux ori- 
fices durant la période de végétation, comme aussi aux amas de 
sciure brunâtre et jaunâtre qui s'échappent de ces orifices. Par- 
fois on peut observer, surtout le soir, l’Insecte ailé qui dégage 
difficilement ses antennes de ces ouvertures jamais circulaires, 
mais généralement elliptiques. 


346 INTÉRIEUR DU BOIS 


Le Capricorne héros est done le plus volumineux ravageur de 
nos forêts et celui dont lexistence est la plus longue. 
C'est surtout au point de vue technique que le Cerambyx heros 


Fig. 212, — Cerambyr heros Fabr. dans un tronc de Chène. 1/2 gr. nat. (oriq.). 


Fabr. est à redouter, car il est évident que des grumes de Chênes 
qui sont fouillées par sa Larve sont inutilisables au point de vue 
industriel. 

Cet animal est capable de s'attaquer à des arbres parfaitement 
sains et naturellement, après des forages répétés, il peut pro- 
voquer le dépérissement partiel ou total d’une branche ou d'un 


CHÈNES 347 


tronc. Nous connaissons toutefois un Chêne des environs de 
Genève (que nous représentons par la figure 213), dont la partie 
inférieure du tronc est ravagée par ce Longicorne. Voici trente 
ans que nous lobservons d’année en année et, jusqu’à présent, il 
n’est pas encore complètement desséché. La circulation de la sève 


Fig. 213. — Aspect d'un Chêne pédoneuié dont le tronc a subi 30 ans de ravages 
du Cerambyx heros Fabr. (oriq.). 


est donc encore possible par les couches cambiales demeurées 
indemnes sur la moitié environ de la périphérie du tronc. 

Le Cerambyx heros Fabr. est très commun surtout au centre 
et au sud de l’Europe; il attaque principalement les arbres âgés, 
isolés des pares et des plantations routières; toutefois, il cause 
aussi des dégâts dans les Chênaies et parfois dans les plus beaux 
assortiments de bois de service. 

Par le fait de sa biologie particulière et de son existence passée 


348 INTÉRIEUR DU BOIS 
presque entièrement dans la matière ligneuse solide et saine, la 
capture des Larves ou des Chrysaldes est très difficile; 11 en est 


autrement lorsque, après avoir abattu des Chênes, on sectionne 


E # “y 


EL re 


! rar"! 


Fig. 214. Mème tronc que sur la Fig. 213 montrant le détail des galeries larvaires 
et la décortication naturelle. 1/5 gr. nat. (oriq.). 


des troncs ou des branches infestées. On peut aussi au moyen 
de crochets et avec beaucoup de patience, attirer au dehors des 
orifices de sortie les Longicornes timides qui attendent la tombée 
du jour pour essaimer. Les injec Uüons et fumigations n’ont plus 
d'effet si l’on intervient dans un arbre de grosses dimensions 


envahi depuis longtemps. 


CHÈNES 349 


En somme, ces moyens ne peuvent être utilement mis en œuvre 
par les forestiers et sur une grande échelle, car ce ravageur ne 
cause que rarement des déprédations physiologiques compro- 
mettant la vitalité de peuplements entiers (1). 


Lymexylon dermestoides L. 
Xyleborus Saxeseni Ratz. 
Voir : Chapitre du Sapin blanc. 


* 


Lymexylon navale L. Coréorr., Lymezxylonideæ 


Dermeste du Chêne 


Longueur, Insecte parfait mâle : 5 à 10 millimètres; femelle : 
12 à 13 millimètres; Larve : 11 à 14 millimètres. Nous avons 


Fig. 215. — Lymezxylon navale L. dans une poutre de Chêne. 4, galerie maternelle; 
b, couloirs larvaires. 1/1 gr. nat. (orig.). 


déjà parlé dans le chapitre du Sapin blanc d’une espèce voisine, 
le Lymexylon dermestoides L. qui perfore le bois sain des résineux 


(1) On confond souvent un Longicorne voisin, mais plus petit, le Ceram- 
byx Scopolii Fussl (C. cerdo Scop.) avec le Capricorne héros. Nous parlerons 
de cette espèce polyphage dans le chapitre du Châtaignier. 


MT SRE 


Li 
. 


390 INTÉRIEUR DU BOIS 


et de certaines essences feuillues, Le Dermeste du Chêne présente 
à peu près les mêmes caractères; on lui a donné le nom de « Der- 
meste naval » parce que ses ravages ont, à l’origine, été cons- 
tatés dans les coques des navires. Cet Insecte est de couleur 
variable. En général, le femelle a le corselet et l'extrémité pos- 
térieure des élytres noirâtres, tandis que le reste du corps d’un 


Fig. 216. — Poutre de Chêne She ee par le DT 2 navale L. 


3/4 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). 


jaune brun, est recouvert d’une pilosité fine et serrée. Le corselet 
du mâle se colore le plus souvent de brun foncé. Les pattes sont, 
dans les deux sexes, jaunes, les antennes simples et d’un noir 


Sites. don ds, —. 


de sue. 

La Larve, dont le thorax est convexe, porte sur son dernier 
segment une protubérance épineuse, relevée. 

La biologie de ce Xylophage est encore peu connue; on admet 
que son évolution complète se produit dans lespace d’une année. 
La ponte a lieu au commencement de Pété et la femelle cherche 


CHÈNES a 


presque toujours pour y déposer ses œufs les parties du tronc des 
Chênes sur pied ou abattus et dont l’écorce a été détachée. 

Les couloirs de ponte et de larves sont transversaux et obliques, 
on a parfois de la peine à les distinguer les uns des autres. Comme 
c’est le cas pour le Lymexylon dermestoides L., on remarque qu’une 
grande quantité de sciure d’un brun jaunâtre s'échappe des ori- 
fices dont les dimensions sont variables. Ce sont surtout les bois 
ouvragés et les zones de l’aubier riches en amidon qui deviennent 
la proie de ce Xylophage. 

Un badigeonnage au goudron ou au carbolineum avenarius ou 
même encore une imprégnation à la créosote, peuvent préserver 
les grumes de Chêne des atteintes des Dermestes. Ces derniers 
s’attaquent également au bois du Châtaignier. 


Xyleborus monographus Fabr. Coréorr., S'colytideæ 
(Tomicus monographus Ratz.) 


Bostryche monographe (PI. VI, fig. 5) 


Longueur : 4, 2 à 2,3; @ : 2,3 à 3,2 millimètres. Ce Bostryche a 
le corselet plus long que large, finement ponctué postérieurement, 
granuleux antérieurement avec côtés parallèles. Les élytres 
portent des stries ponctuées avec interstries ornées de lignes de 
points très fins. La déclivité des élytres est abrupte, lisse et munie 
de quatre tubercules dentiformes disposés presque en carré et 
éloignés de la suture; en outre, plusieurs autres petits tubercules 
moins apparents garnissent les bords externes de la troncature. 

Le mâle, incapable de voler, a le corselet plus court, excavé, 
se prolongeant en avant en une corne recourbée vers le haut. 
On n’est pas encore exactement fixé sur l’évolution de ce Bos- 
tryche qui est assez commun dans les bois de Chênes et surtout 
dans les branches gisant à terre et en voie de dépérissement. 

Le système des galeries creusé par la femelle est toujours 
disposé sur un seul plan horizontal. Le couloir d’entrée, qui peut 
aussi passer à travers les couches corticales, a de 2 à 8 centimètres 
de longueur, il est souvent sinueux. Des deux côtés de ce dernier, 


352 INTÉRIEUR DU BOIS 


partent un ou plusieurs bras secondaires de même calibre, égale- 
ment forés par la femelle. Ces ramifications procurent à la mère 
pondeuse des sucs nourriciers durant la période de ponte. Ce sont 
ces embranchements secondaires de la galerie maternelle qui 
logent les œufs déposés très irrégulièrement, mais probablement 
arrangés ensuite par la mère. Les Larves une fois écloses, se 
mettent à ronger la surface des parois de la galerie qui a servi de 
berceau, mais sans forer de couloirs particuliers. Elles se conten- 
tent de sucer à la fois les sucs qui suintent sur le pourtour de leur 


Fig. 217. — Schéma des ravages du Xyleborus monographus Fabr. a, Larves ; b, Chrysalides 
c, Insectes parfaits prêts à sortir ; d, œufs. 1/1 gr. nat. (oriq.). 


demeure cylindrique, ainsi que les champignons désignés dans ce 
cas sous le nom d°« Ambroisie » et dont le mycéhum tente en noir 
les parois du bois. Nous avons signalé le même phénomène en 
décrivant dans le chapitre de l'Épicéa les ravages du Xyloterus 
lineatus Ov. 

Pendant leur métamorphose en Chrysalides, les Larves sont 
placées dans leurs galeries de telle façon que leur tête regarde 
l’'orifice d'entrée; elles sont allongées les unes derrière les autres. 

Le Xyloborus monographus Fabr. est très répandu. S'il n’est pas 
à redouter au point de vue physiologique, il n’en est pas moins, 
aussi bien que les Vrillettes et que le Cerambyx heros Fabr., un 
hôte redouté dans les chantiers de bois débités. Il y a lieu de 


CHÈNES 398 


LC 


préserver les grumes de Chênes au moyen des divers procédés 
d’immunisation dont nous avons déjà parlé. 


Xyleborus dryographus Ratz. Coréopr., Scolytide 


Longueur, j : 2; @ : 2,3 à 2,6 millimètres. Ce Bostryche xylo- 
phage, comme toutes les espèces du genre Xyleborus, présente un 
dimorphisme sexuel très prononcé. Le mâle, plus petit que la 
femelle, est privé de la faculté de voler. Ses élytres sont soudés en- 
semble à la suture. C’est la mère pondeuse qui opère en entier le 
travail de forage. 

Le mâle se distingue par le tubercule médian, prolongeant 
antérieurement le corselet en une pointe acuminée dont l’extré- 
mité est recourbée en arrière. 

Les élytres sont ornés chez les deux sexes de stries finement 
striées-ponctuées, qui sont creusées sur la partie postérieure. 
Les interstries portent à la déclivité une rangée horizontale de 
petits tubercules. 

Le corps est allongé, étroit et cylindrique, le plus souvent de 
couleur brun rougeâtre. 

Ce que nous avons dit de la biologie du Xyleborus monographus 
Fabr. concerne aussi le Xyleborus dryographus Ratz., Insecte 
beaucoup plus rare. Le système de couloirs de cette dernière 
espèce pénètre plus profondément dans le cœur du Chêne et l’on 
trouve parfois des œufs déposés soit dans la galerie principale, 
soit dans ses ramifications latérales, qui sont toujours disposées 
sur le même plan horizontal. En raison même de la profondeur 
que peuvent atteindre ces couloirs de pénétration, le dommage 
technique causé par ce Xylophage est considérable. Son évolu- 
tion est encore peu connue, mais il est probable qu'il essaime deux 
fois par an. On trouve le Xyleborus dryographus Ratz. occasion- 
nellement dans les troncs du Hêtre et de l'Orme. 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 23 


dt: 5 TETE 
L 


394 INTÉRIEUR DU BOIS 


Xyloterus signatus Fabr. Coréorr., S'colytideæ 


(Trypodendron quercus Eichh.; Bostrichus 5 lineatus Adams.) 


Longueur : 3,5 millimètres. Ce Bostryche, qui vit également 


dans le bois de Chêne, est plus allongé que l’espèce précédente. 


Fig. 218. — Xyloterus signatus Fabr. Couloirs en échelons dans le bois de Chêne. 
1/1 gr. nat. (orig.). 


Comme 1e Xyloterus lineatus Oliv., que nous avons décrit dans le 
chapitre de l « Épicéa », cet Insecte porte une bande noirâtre 
longitudinale sur chacun des élytres. Ces derniers sont finement 
striés-ponctués avec interstries faiblement ruguleuses. Les côtés 
du corselet sont également bordés de noir. La massue des an- 
tennes est relativement grande, non articulée, élargie antérieure- 
ment et obtusément acuminée à langle interne. 

Chez le mâle, la partie antérieure du front porte au milieu un 
petit tubercule et le corselet est faiblement arqué antérieurement. 
Cette partie du thorax est plus fortement arquée chez la femelle. 


| 
| 


CHÈNES 9399 


La biologie de cet Insecte du bois ressemble beaucoup à celle 
du Bostryche liseré que nous avons étudié dans le chapitre de 
| « Épicéa ». Les couloirs de ponte sont ramifiés sur un plan 
généralement horizontal, 1ls sont munis en haut et en bas d’en- 
coches de ponte. A la suite du travail de forage des Larves, ces 
encoches sont transformées en petites niches de 5 millimètres 
de longueur qui deviennent les berceaux de chrysalides. Sous sa 
forme larvaire, l'animal parcourt ainsi un espace très restreint 
et, durant cette période, 1l se nourrit à la fois de débris et de sucs 
ligneux. 

On compte deux générations par an, car le Xyloterus signatus 
Fabr., parasite du Chêne, ne se rencontre guère que dans les 
régions tempérées. 

Dans la pratique forestière, et dans le domaine de l’industrie 
des bois ouvragés, on ne peut guère appliquer en grand des pro- 
cédés avantageux d’immunisation. Dans certains cas, où l’on n’a 
pas à préserver des assortiments de Chêne destinés à l’ébénisterie, 
on peut appliquer sur les grumes écorcées des liquides toxiques 
protecteurs qui empêchent les Xylophages de pénétrer dans la 
matière ligneuse. 


Xyloterus domesticus Er. 
Voir : Chapitre du Bouleau. 


Xyleborus dispar Fabr. 
Voir : Chapitre des Érables. 


Cossus aesculi L. 
Platypus cylindrus Fabr. 
Voir : Chapitre du Châtaignier. 


Le Platypus cylindriformis Reitt. est une variété dont la biolo- 
gie ressemble beaucoup à celle du Platypus cylindrus Fabr. Cet 
Insecte fore des couloirs sinueux dans le bois du Chêne, du Hêtre 
et peut-être aussi d’autres essences feuillues. STROHMEYER (7907) 


356 INTÉRIEUR DU BOIS 


Fig. 219. — Système de couloirs du Platypus cylindriformis Reïtt. dans le bois de Chêne. 
q € À ot UI y l ; 
3/4 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich). 


a décrit les ravages de ce Xylophage très rare, dont nous repro- 
duisons les dégâts (fig. 219). 


Sesia asiliformis Rott. Lépinorr., Sestrdæ 
(Sesia cynipiformis Esp.) 


Grande Sésie du Chène 


Longueur, Papillon étalé : 20 à 25 millimètres; Chenille : 22 à 
25 millimètres. Les Sésies constituent une famille tout à fait à 
part dans l’ordre des Lépidoptères. En effet, ces Papillons se 


CHÈNE;: 9397 


distinguent au premier abord par la structure des ailes; les anté- 
rieures sont par places non écailleuses et transparentes. Les pos- 
térieures ne sont jamais recouvertes d’écailles, mais sont d’une 
couleur uniforme, transparente. Le dernier segment abdominal 
porte une touffe de poils foncés. La Chenille, munie de seize pattes, 
est en général blanchâtre, avec tête brune. Le Cocon est brunâtre, 
légèrement centré sur la face ventrale. La face dorsale des seg- 
ments abdominaux porte des rangées transverses de pointes 
recourbées en arrière. L’extrémité anale est garnie d’une cou- 
ronne d’épines. 

Les Chenilles des Sésies ravagent plusieurs essences feuillues, 
en creusant des couloirs sinueux à l’intérieur des jeunes tiges ou 
des branches. L'évolution dure deux ans environ et l’animal 
hiverne le plus souvent sous la forme larvaire. La Chrysalide 
brune reste généralement fixée à l’entrée de l’orifice de sortie 
d’où s'échappe le Papillon. 

La Sesia asiliformis Rott. porte sur les segments abdominaux 
deux, quatre et six taches transversales jaunâtres; en outre, on 
remarque sur chacune des ailes antérieures une bande transver- 
sale de couleur orange. 

Cet Insecte, qui ronge parfois les tiges des taillis de Chênes, est 
très rare et son importance forestière est minime (1). 


Parmi les Vrillettes, qui rentrent dans une famille dont nous 
avons décrit les mœurs dans le chapitre de l « Épicéa », nous 
pourrons citer les : 

Anobium tesselatum Fabr. 

Anobium rufovillosum de Geer. 

Anobium plumbeum NI. 

Anobium pertinax L. 
qui perforent les bois ouvragés du Chêne et sont particulièrement 
à redouter dans les meubles. Nous avons indiqué plus haut par 


(1) On trouve parfois dans les tiges de Chênes une autre Sésie, Sesta 
conopiformis Esp., mais ses ravages n’ont qu’une importance tout à fait 
secondaire. 


398 INTÉRIEUR DU BOIS 


quels procédés les industriels du bois peuvent se prémunir contre 
leurs atteintes. Au point de vue forestier, ces Insectes sont d’un 
intérêt minime; cette raison nous dispense de les étudier ici de 


plus près. 


Ptilinus pectinicornis L. Coréorr., Anobudeæ 


Longueur : 3 à 5 millimètres. Cette Vrillette appartient à un 
groupe de la famille des Anobides chez qui le mâle porte des 
antennes longuement pectinées et couleur de rouille. Les élytres 


Fig. 220, — Plilinus pectinicorns L. dans l’aubier de Chène. 1/1 gr. nat. (orig.). 


sont allongés, bruns, recouverts d’une fine pilosité grise. Le cor- 
selet est antérieurement granuleux. La femelle a des antennes 
dentelées et, de chaque côté du corselet, on remarque une petite 
tache glabre. 

Après sa sortie de l'œuf, la Larve fore le bois le plus sain dans 
toutes les directions, laissant ses couloirs remplis de sciure. 
L’Insecte parfait dépose souvent sa ponte dans les anfractuosités 
de lPécorce ou les défauts du bois. 

Au point de vue biologique, le Ptilinus pectinicornis L. est très 
semblable aux espèces du genre Anobium ; 1 attaque le Hêtre et 


d’autres feuillus encore (1). 


(1) Une autre espèce voisine vit également en parasite dans les bois 
ouvragés de Chêne; c’est le Ptilinus costatus Gyll. 


CHÈNES 359 


Lyctus canaliculatus Fabr. Cocéorr., Cryplophagidæ 


(Lyctus unipunctatus Herbst.) 


Longueur : 3 à 4 millimètres. Cet Insecte, de dimension varia- 
ble, est allongé, brunâtre, avec pattes et antennes couleur de 
rouille. La tête et le corselet sont chagrinés. Ce dernier, de forme 
rectangulaire, est creusé en son milieu d’une fossette longitudi- 
nale, les élytres sont finement striés-ponctués. On remarque une 
ligne de poils très fins entre chaque strie. 


Fig. 221. — Lyclus canaliculatus Fabr. dans le bo's ce Chêne. 
3/4 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich). 


Le Lyctus canaliculatus Fabr. agit à peu près de la même façon 
que les Anobuüdes, dont nous avons déjà parlé. Les ravages ont 
beaucoup d’analogie avec ceux des Vrillettes et sont reconnaissa- 
bles aux amas de sciure très fine qui se forment autour des orifices 
de sortie. C’est naturellement l’aubier, très riche en amidon, qui 
tente surtout ce Xylophage. A l'instar du Callidium bajulus L., 
cet Insecte évite en général de forer ses galeries larvaires dans Ia 
périphérie des objets ligneux qu'il a infestés. Ce sont de pré- 
férence les bois écorcés, ouvragés, abattus à la sève ou insuffi- 
samment desséchés dans des locaux mal aérés, que ce Coléoptère 
recherche. Il est polyphage. 


Moyens préventifs. — Ne pas employer en menuiserie ou en 
parqueterie du bois de Chêne abattu à la sève ou mal dessiqué 
et refuser, pour les assortiments de premier choix, le bois d’aubier. 


360 RAMEAUX 
Moyens répressifs. — Incinérer dans les chantiers les fragments 


ligneux renfermant des vestiges du forage des Larves. 


Cossus ligniperda Fabr. 
Voir : Chapitre des Saules. 


RAMEAUX 
Polydrusus cervinus L. Coréopr., Curculionide 


Longueur : 4 à 4,5 millimètres. Ce Charançon, de couleur noi- 
râtre, tacheté de vert ou de gris sale, a le corselet à peu près aussi 
large que long. 

On trouve cet Insecte, au moment de la formation des feuilles, 
occupé à ronger l’épiderme de ces dernières ainsi que celui des 


bourgeons et des rameaux. Sa biologie est peu connue (1). 


Strophosomus obesus Marsh. (2). 
Hylobius abietis L. 
Voir : Chapitre des Pins. 


Nous signalons ici : Ælater aterrimus L., E. marginatus L., E. 
D 

tesselatus L., E. aeruginosus Oliv., qui, surtout comme Insectes 

parfaits, détériorent l’épiderme des pousses de Chênes, mais 


sont des rongeurs d’une importance secondaire, 


Cantharis obscura L. Coréorr., Cantharideæ 


Longueur : 9 à 13 millimètres. Les Cantharides qui, à l'état 
larvaire, sont carnivores, se nourrissent, comme Insectes parfaits, 


(1) Polydrusus micans Fabr. est aussi commun et attaque également les 


frondaisons des Hèêtres. 
(2) Strophosomus coryli Fabr. vit spécialement sur le Chêne, ainsi que sur 


le Noisetier. 


CHÈNES 361 


des sucs et de l’épiderme des rameaux de Chênes. La Cantharis 
obscura L. a le corselet carré, noir, avec les bords latéraux jau- 
nâtres. Les élytres, de même couleur, sont très allongés, pourvus 
d’une pilosité grise; 1ls recouvrent complètement l'abdomen. 
L'article basal des antennes et la région antérieure de la tête 
sont rougeâtres. 

Au point de vue forestier, on connaît encore peu la biologie 
des Élatérides. Cependant, dans certains cas, on a pu constater 
qu'ils provoquent des plaies sur l’épiderme des tiges et des rejets 
de Chênes à écorce fine (1). 


Coccus quercicola Sign. Ruyxcu., Coccideæ 


On trouve ce pou fixé aux rameaux du Chêne et recouvert 
d’une calotte allongée, convexe, formée par une sécrétion de 
l'animal; cette calotte est bordée de franges cireuses. 

Le Coccus quercicola Sign. attaque presque toutes les espèces 
de Chênes et occasionne, par la succion des rameaux de petite 
dimension, des ravages locaux qui ne sont, toutefois, pas de 
nature à provoquer j’application de mesures prophylactiques. 


Un autre Rhynchote, le : 

Lecanium cambii Ratz. 
a été trouvé sur les rameaux du Chêne. Cet Insecte est encore fort 
peu connu au point de vue biologique. 


Vespa crabro L. 
Voir : Chapitre des Frênes. 


Andricus rhizomæ Hig. 
Andricus testaceipes Htg. (2). 


(1) Cantharis fusca L. et C. rustica Fall. causent des ravages à peu près 
identiques. 
(2) Fig. 222 et 223, orig. coll. Marchal, Paris. 


52 BOURGEONS 


— Andricus testaceipes Higq. 
1/1 gr. nat. (oriq. coll. Marchal, Paris). 


Fig. 222. — Andricus rhisomae Htgq. Fig. 223 


1/1 gr. nat. (orig. coll. Marchal, Paris). 


BOURGEONS 


Barypeithes araneiformis, Schrank. 
Voir : Chapitre des Saules. 


CHÈNES 3063 


Le Phyllobius piri L. attaque parfois les Chênes. 
Voir : Chapitre des Bouleaux. 


Tinea lutipenella Z1l. Lépinopr., 7ineidæ 


Longueur, Papillon étalé : 15 millimètres; Chenille : 10 milli- 
mètres. Ce Papillon, de petite dimension, se distingue par ses 


Fig. 224. — Cynips quercus-calicis Burgsd. sur Chène pédonculé. 1/1 gr. nat. 
(oriq. coll. Marchal, Paris). 


ailes antérieures qui sont d’un jaune terreux avec franges plus 
claires; les postérieures ont un aspect grisâtre. Les antennes 


364 BOURGEONS 


sont claires avec des articles foncés. La Chenille est grise, glabre. 
sa tête est noirâtre. 

Ce très rare Lépidoptère a jusqu'ici causé un seul ravage d’une 
certaine importance, celui de la chênaie de Sonderburg, en 
Prusse (R. HarrTiG, 1870). 


Fig. 225. — Cynips quercus-tozæ Bosc. sur Chêne Tauzin. 1/1 gr. nat.(orig. coll. Marchal, Paris) 


Au moment de la sève printanière, la Chenille pénètre dans 
le bourgeon, le fore partiellement, puis lors de l'épanouissement 
de la végétation, elle se fixe sur un rameau, s’entoure d’un sac 
soyeux et attaque ensuite les feuilles. La métamorphose en 
Papillon a lieu en juillet, précisément avant la sève d'août qui 


CHÈNES 365 


permet à la frondaison attaquée de se reformer et à l'arbre de 
reprendre sa vitalité. Le même phénomène biologique se pro- 
duit avec la Tordeuse du Chêne que nous décrivons plus loin. 


Fiq. 226. — Synophus politus Htq. sur Chêne-liège. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Marchal, Paris). 


On n'est pas encore fixé au sujet du mode d’hivernement de la 


Tinea lutipenella ZI, que bien peu de forestiers ont eu l’occa- 
sion d'observer. 


Fig. 227. — Cynips Kollari Htg. sur Qzercu; Mirbecki Dur. 1/1 gr. nat. 
(orig. coll. Marchal, Paris). 


Fig. 228. — Andricus fecundator Htg. sur Chêne pédoneulé. 3/4 gr. nat. (orig.). 


CHÈNES 


PEUIELES 


367 


Orchestes quercus L. Coréopr., Curculionidæ 


Longueur : 2,5 à 3,5 millimètres. Ce Charançon, qui est un 
proche parent de l'Orcheste danseur, dont nous parlerons dans 
le chapitre du « Hêtre » est de couleur brun jaune qui tourne 
parfois au rouge. Seuls les yeux, le corselet et le premier anneau 
abdominal sont noirs. Les élytres sont recouverts d’une pilosité 
jaune sensiblement plus dense et apparente à la base; elle affecte 


la forme d’une tache prolongée posté- 
rieurement en pointe. 

L'évolution de ce Curculionide se pour- 
suit durant l’espace de douze mois, avec 
hivernement à l'état d'Insecte parfait 
caché dans la couverture morte du sol. 

En général, au commencement de mai, 
l'animal apparait et gagne la frondaison 
précisément au moment de l’épanouis- 
sement des bourgeons. La femelle, après 
avoir fait une incision le plus souvent 
dans la nervure centrale de la feuille, 
dépose ses œufs un par un. La Larve 
commence par ronger cette nervure, puis 
ne tarde pas à s’introduire entre les deux 
épidermes du limbe où elle fore un couloir 
sinueux dirigé vers la périphérie. La 
chrysalidation se produit dans l’épiderme 
même, déjà au commencement de juin. 
A partir de son éclosion, l’Insecte par- 


Fig. 229. — Feuille de Chêne pédon- 
culé ravagée par la Larve de l'Or- 
chestes quercus I. 

a, origine du couloir larvaire ; 

b, région fouillée par la Larve. 3/4 gr. 

nat. (oriq.). 


fait parachève l’œuvre de destruction de la Larve, car, étant 
très mobile, il saute de feuille en feuille et ronge ces dernières 
d'une façon désordonnée. Comme cette période de ravages se 
produit précisément au moment de la sève d'août, il résulte de 
cette diminution de l’appareil foliacé une perte d’accroisse- 


308 FEUILLES 


ment. Cette dernière peut aussi avoir pour conséquence, surtout 
dans les invasions répétées, une anémie de l’arbre qui prédispose 
ce dernier aux attaques d’autres Xylophages plus dangereux 
et de Champignons lignifuges. 

Pratiquement, aucune intervention efficace et économique 
ne peut être entreprise contre ce Charançon (1). 


Attelabus curculionoides L. Coréopr., Curculionideæ 


Longueur : 3 à 5 millimètres. Cet Insecte porte un rostre rela- 
tivement court, épais, moins allongé que le reste de la tête. Le 


Fig. 230. — Attelabus curculionoides L. sur Chêne pédonculé. L 
a, rouleaux confectionnés par l'Insecte parfait, b, nid de la Tordeuse verte. 3/4 gr. nat. (orig.). 


corselet, régulièrement concave, est, de même que les élytres, 
rougeâtre. Ces derniers sont striés longitudinalement de lignes 


(1) Orchestes ilicis Fabr. se rencontre aussi sur les feuilles de’ Chênes. 


CHÈNES 369 


de points relativement gros et distants et d'interstries très 
finement ponctuées. La tête et l'abdomen sont d’un noir intense. 

Ce Charançon fait partie de ce groupe dont les représentants, 
à l’état d’Insectes parfaits, enroulent les feuilles de certaines 
essences forestières et de la vigne pour y déposer leur ponte. 

Au commencement de l'été, l’Attelabus curculionoides L. coupe 
la feuille (ransversalement à une distance variable de la base, 
mais sans toucher à la nervure médiane. L'animal confectionne 
ensuite un cylindre dans lequel un seul œuf est déposé, il don- 
nera naissance à une Larve qui hiverne dans ce rouleau. La 
partie de la feuille qui a été épargnée est formée de deux lobes 
souvent de grandeur différente. 

En général on ne remarque qu'un seul rouleau par feuille, 
mails souvent sur un même rameau on peut constater que cha- 
que feuille a été déformée suivant ce procédé. 

L'Attelabus curculionoides L. recherche surtout les Chênes, mais 
on a observéses dégâts également sur le Châtaignier etsur les Aunes. 


Apoderus coryli Oliv. Cocéopr., Curculionidee 
(Attelabus coryli L.) 


Apodère cigareur 


Longueur : 6 à 7 millimètres. Porte un rostre court et épais, à 
peine plus long que la moitié du reste de la 
tête. Cette dernière, bien détachée et d'un 
noir brillant, se relie au corselet par un 
étranglement. Le corselet rétréci antérieu- 
rement, porte en son milieu une tache noi- 
râtre, étroite, qui atteint la- moitié de sa 
longueur. Le reste du thorax et les élytres 
sont rouges où Jaune rouge. Les antennes 
sont de douze articles avec une massue 
ramassée et pileuse. 

Cet Insecte, très polyphage, est surtout 


très abondant sur les Noisetiers ainsi que 


Fig. 231. — Apoderus coryli Oliv. 


sur certains autres arbustes: il vit égale- (orig.). 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 24 


370 FEUILLES 


ment sur beaucoup d’essences feuillues et recherche aussi les 
Chênes. 


Fig. 232. — Feuille de Noisetier enroulée par l'Apoderus coryli Oliv. 3/4 gr. nat. (oriq.) 


La femelle déforme — comme c’est le cas pour l'espèce pré- 
cédente — la feuille pour y déposer un œuf donnant naissance 


Fig. 233. — Travail de l'Apoderus coryli Oliv. 
a, extrémité de la coupure; a-c, axe du rouleau ; b, plissements de la partie enroulée. 
1/1 gr. nat. (oriq.) 
à une Larve et celle-ci à une Chrysalide dont l'existence se passe 
dans cette niche foliacée. Le ravage est donc uniquement causé 


Br. 4 


CHÊNES 371 
par la forme parfaite et l’évolution entière de lanimal se para- 
chève dans l’espace de deux mois seulement. 

Chez cette espèce, la femelle coupe transversalement la feuille 
à peu près à la même hauteur que le fait l’Attelabus curculio- 
noides L, mais en sectionnant aussi la nervure médiane et une 
partie de l’autre lobe. Ensuite l’animal enroule en spirale fermée 
aux deux extrémités cette portion détachée de la feuille. On 
obtient ainsi une sorte de cigare qui reste suspendu au rameau 
par la partie de la feuille demeurée intacte. 

On ne peut songer à entreprendre une lutte contre ces Cha- 
rançons dont les atteintes n'ont qu'une importance très réduite 
au point de vue de la conservation des Chênaies. 


Phyllobius viridicollis Fabr. 
Voir : Chapitre du Hêtre. 


Melolontha vulgaris L. Coréopr., Scarabæide 


Hanneton vulgaire (Fiq. 18 c) 


Le Hanneton commun est trop connu pour que nous donnions 
ici une description détaillée de ce Coléoptère polyphage qui est 
aussi redouté des maraichers, des arboriculteurs que des sylvi- 
culteurs de la plaine. En parlant des ravageurs des racines de 
l'Épicéa, nous avons déjà signalé son importance, alors qu'il 
est à l’état larvaire et indiqué les moyens propres à défendre les 
pépinières contre ses atteintes. Il convient cependant d’envi- 
sager dans ce chapitre sa vie aérienne, c’est-à-dire la période 
relativement courte durant laquelle, sous la forme d'Insecte 
ailé, il se Jette sur les frondaisons des Chênes en plein épanouis- 
sement printanier. 

Le Hanneton est caractérisé par des taches triangulaires d’un 
blanc mat, rangées sur les côtés de l’abdomen. Ce dernier est 
prolongé postérieurement en une pointe. Les élvtres sont d'un 
brun plus ou moins violacé avec pilosité très fine. Le mâle a les 
antennes lamellaires beaucoup plus développées que celles de 
la femelle. 


DTA FEUILLES 


Le Hanneton a une existence relativement longue, puisque, 
suivant les régions, 1l lui faut de trois à cinq ans pour évoluer. 

En Suisse, en France et dans une partie de la vallée du Rhin, 
les Hannetons apparaissent en règle générale tous les trois ans, 
tandis que dans d’autres parties de l'Europe, en Prusse par 
exemple, ce n'est que tous les quatre ans qu'on constate leur 
sortie de terre et leur ascension. On observe en Suisse trois 
systèmes d'évolution suivant les zones. D'après une obligeante 
et récente communication que nous devons à M. DEcoPPET, 
professeur à l'École forestière de Zurich, lequel s’est fait une 
spécialité de l'étude du Hanneton, nous pouvons admettre qu'ac- 
tuellement cette question n’est nullement fixée définitivement. 
DecoPpper aflirme que ces trois zones s’enchevêtrent et dans 
certaines régions l’évolution dure quatre ans, ce qui complique 
encore la question. La biologie de ce ravageur est donc fort 
embrouillée et il faut espérer que de nouvelles recherches vien- 
dront bientôt fixer d’une façon précise les différentes phases 
de sa vie, car comme nous l’avons dit dès le début de cet ouvrage, 
les mesures de protection des forêts contre les attaques des 
Insectes doivent toujours être basées sur la biologie animale. 

La figure 234 représente d’une manière schématique l’évolu- 
tion du Hanneton. Ce dessin est tiré d’un article du Professeur 
Decopper (1912) paru depuis la publication de la première partie 
de notre ouvrage. Nous verrons plus loin quelles sont les con- 
clusions qu'on peut tirer de ces recherches toutes récentes. 

Examinons maintenant très brièvement les phases de l'exis- 
tence de ce ravageur qui est surtout à redouter dans les Che- 
nalcs. 

L'Insecte parfait que dans le Jura, nous trouvons encore à 
l'altitude de 800 à 900 mètres, essaime en mai, plus ou moins tôt 
suivant la température et le degré d'humidité de l'atmosphère 
qui ont une influence considérable sur ses mouvements et sa 
puissance nocive. Il surgit à ce moment là, par de fraiches ma- 
tinées enscleillées ou au crépuscule, et, poussé par le vent et 
surtout par l'ins‘inct, il se jette sur les forêts de Chênes dont il 
ronge les feuilles en voie de formation, provoquant des ravages 


GIGT TIGT OTET : 606I 


374 FEUILLES 


plus intenses aux lisières et à la périphérie des grandes clairières 


qu'à l'intérieur des massifs denses. 


Fig. 235. — Rameau de Chêne pédonculé ravagé par les Hannetons. 3/4 qr. nat. (oriq.). 


9 


CHÈNES 1 


L'accouplement qui se produit généralement dans l'air est 
suivi de la ponte qui dans la règle, a lieu au commencement du 
mois d'août. La femelle cherche un sol meuble, sec, pas trop 
recouvert d’une végétation herbacée ou buissonnante et pénètre 
à une profondeur de 10 à 20 centimètres pour y déposer en une 
fois une trentaine d'œufs, en un ou plusieurs tas. Elle succombe 
aussitôt cet effort accompli. Le mâle, qui est resté dans la cime 
des arbres, subit le même sort. À ce moment, le végétal, débar- 
rassé de ses hôtes de deux mois, bénéficie de la sève du mois 
d'août et peut alors reconstituer une frondaison nouvelle, 

Quatre semaines environ après la ponte, les jeunes Larves 
se mettent à ronger les radicelles de tous les végétaux ligneux 
et herbacés qu'elles trouvent à leur portée immédiate. Au com- 
mencement d'octobre, subissant déjà les effets des premiers 
froids, elles pénètrent plus profondément dans le sol où, enfouies 
parfois à la profondeur de 80 centimètres, elles s'engourdissent 
du sommeil hivernal. L’ascension à la surface du sol commence 
suivant la précocité de la saison, souvent déjà en mars et c’est 
à partir de cette époque que les Vers blancs causent de vrais 
désastres dans les Jeunes plantations, dans les pépinières, les 
cultures agricoles ou simplement dans les prairies. Pendant la 
première année de l'existence larvaire, les ravages sont limités 
aux radicelles ou aux parties tendres de la racine, mais durant 
la deuxième année, alors que les Larves ont acquis leur dimen- 
sion maximale, elles se disséminent, et leurs exigences en fait 
de nourriture sont telles que les parties les plus coriaces de 
l'appareil radicellaire ne les rebutent pas. En juin ou en juillet, 
toujours suivant les conditions climatériques, l'existence lar- 
vaire cesse, l'animal pénètre profondément dans le sol, parfois 
jusqu’à 1 50 et s’y transforme en Nymphe. Avant le commen- 
cement de l'hiver les Hannetons sont entièrement formés, mais 
ils restent blottis dans ces cachettes profondes jusqu'au prin- 
temps, époque à laquelle leur courte existence aérienne com- 
mence 

Nous avons déjà vu plus haut que ce sont plus spécialement les 
Chênes qui tentent le Hanneton. Il y a lieu de remarquer que les 


376 FEUILLES 


autres essences feuillues des forêts et des parcs lui servent égale- 
ment de pâture. Il en est de même des arbres fruitiers placés 
dans des conditions spéciales, par exemple entre des champs 
à terre meuble et les grands massifs de futaies feuillues ou de 
taillis composés des régions de plaine. I s'établit alors dans ces 
conditions un mouvement intense entre les champs et la forêt, 
mouvement dû aux vols qui se répètent tous les trois ans dans 
la règle. Les arbres fruitiers vivant dans la zone comprise entre 
les berceaux de nymphose et les Chênes constituent les premiers 
appâts sur lesquels l'animal se jette. Il arrive parfois que les 
résineux sont attaqués et plus spécialement les Mélèzes au feuil- 
lage tendre. 

La caractéristique des ravages du Melolontha vulgaris L. est 
précisément cette longue existence et cette double activité 
nocive qui est exercée par l'animal, soit sous la forme d’Insecte 
ailé, soit sous celle de Larve. C'est cette dernière qui est incontes- 
tablement la plus préjudiciable au point de vue de la vie des 
végétaux. Il résulte de ces faits qu'on peut intervenir de deux 
façons dans l'existence de ce redoutable Coléoptère. 

La première, de beaucoup la plus répandue, est expérimentée 
depuis plus d’un siècle; elle consiste à récolter les Insectes ailés 
au moment de leur assoupissement, alors qu'alourdis par leur 
repas, ils demeurent immobiles sur les arbres des vergers et des 
forêts. C’est le « Hannetonnage », coutume qui, dans certains pays, 
est rendue obligatoire et qu'on encourage d’ailleurs par des 
primes accordées par l'État ou les Communes. Dans d’autres 
régions, on oblige le laboureur à faire récolter les Larves que la 
charrue met au Jour. 

Il est bien difficile de dire quelles conséquences ont ces diffé- 
rentes mesures coercitives, qui sont d'autant plus sévèrement 
appliquées que les régions dans lesquelles le Hanneton est à 
l’état endémique sont cultivées d’une façon intensive. En 
d’autres termes, est-il permis d'affirmer que si cette lutte entre- 
prise contre cet ennemi ne se faisait pas, les désastres causés 
par les Vers blancs et les Hannetons seraient plus grands? Nous 
ne croyons pas qu'il soit possible de répondre à cette question. 


CHÈNES 977 
Moyens préventifs. — [ls consistent, au point de vue fores- 
tier, à créer avant tout des massifs mélangés soit d'’essences, 
soit d’âges différents et à protéger les ennemis naturels des 
Hannetons et des Vers blancs. Parmi ceux-ci, nous pouvons 
citer la Marte et le Renard, la Chauve-Souris et la Taupe, puis 
parmi les Oiseaux, le Corbeau-freux, la Corneille, le Chouca, la 
Pie, le Moineau, etc. Mais de quelle minime utilité sont, dans une 
Chênaie, quelques centaines de ces auxiliaires — dont plusieurs 
sont d'autre part nuisibles aux agriculteurs par la destruction 
de certaines graines — en comparaison des myriades de Vers 
blancs et de Hannetons qui vivent aux abords de nos forêts de 
plaine en produisant toujours de nouvelles générations ! 


Moyens répressifs. — Nous avons déjà signalé dans le chapitre 
de l'Épicéa comment il faut envisager, uniquement au point de 
vue de la protection des forêts, la lutte contre le Melolontha 
eulgaris L. 

Les dernières recherches de DEcoppeT (1912) ont mis en lu- 
mière les procédés de destruction par le sulfure de carbone. Si 
actuellement, le résultat n'est pas encore absolument concluant. 
il convient d'enregistrer avec satisfaction les expériences de ce 
sylviculteur, qui du reste n’a pas achevé ses études dans ce 
domaine. 

DECOPPET a expérimenté certains des procédés connus jusqu'à 
présent et que nous avons énumérés au commencement de cet 
ouvrage. Il reconnait que celui que nous avons cité et qui con- 
siste à empêcher la ponte en répandant sur les carreaux d’une 
pépinière menacée une couche de feuilles, n'empêche pas la 
femelle du Hanneton de pénétrer dans le sol à travers ce matelas 
végétal pour y déposer ses œufs. Par contre, cet auteur préconise 
le traitement au sulfure de carbone qu'il décrit dans tous ses 
détails et qui a le mérite, non seulement de détruire partielle- 
ment les Larves rongeuses, mais surtout de provoquer, comme 
agent fertilisateur, une nouvelle vigueur du plant, favorisant ainsi 
la reformation rapide des racines. 

Nous croyons qu'il serait opportun de compléter ces recher- 


® 2) 


7 FEUILLES 


ches par de nouvelles expériences qui auraient pour but de dé- 
terminer le parcours que les Vers blancs sont capables de faire 
horizontalement dans une pépinière, car ces constatations sont 
d'une importance capitale lorsqu'on est appelé à entreprendre 
la lutte au moyen du sulfure de carbone dans une pépinière de 
valeur qu'on veut à tout prix maintenir et défendre contre ces 
redoutables dévastateurs. 

En résumé, la question n'est nullement résolue; elle mérite 
cependant de l'être, car les pépinières forestières ne comptent 
pas de pire ennemi que le Ver blanc (1). 


Haltica erucæ 01. Coréopr., Chrysomelidæ 


(Haltica quercetorum Foudr.) 


Altise du Chêne 


Longueur : 4 à 5 millimètres. Cet Insecte peu répandu est 
reconnaissable à sa couleur d’un bleu vert métallique très bril- 
lant. Le corps est allongé, ovoïde. Le corselet lisse porte en 
avant du milieu un sillon transversal atteignant presque les 
bords latéraux. Les élytres ont une ponctuation très fine et le 
bord externe plissé. 

L'Insecte ailé hiverne dans la couverture morte du sol ou 
dans les crevasses de l’écorce. Dès que les feuilles s'épanouissent 
au mois de mai, l'animal gagne la cime et dépose ses œufs sur 
la face inférieure des feuilles, évitant d'entamer l’épiderme 
supérieur; plus tard, au moment d'atteindre leur forme adulte, 
les Larves dévorent tout, sauf les nervures. La feuille ainsi 
« squelettée » ne tarde pas à sécher. 

La chrysalidation a lieu à la fin de juillet dans le sol ou les 
anfractuosités de l'écorce et le même ravage se reproduit Jusqu'à 
l'apparition des froids de l’automne, mais cette fois par les soins 
de l’Insecte ailé. 

Cet animal relativement peu dangereux attaque occasionnel- 


lement les aunes et les noisetiers. 


(1) Le Melolontha hippocastani Fabr. a la même biologie. 


CHÈNES 379 

Il n'y a pas lieu de faire la guerre à l'Altise du Chêne, car ses 

ravages n'ont qu'une portée secondaire, Tout au plus dans les 

pépinières menacées par ses apparitions fréquentes, peut-on 

conseiller de. la capturer dans des récipients avec pièges gluti- 

neux. Toutefois, ce procédé est assez difficilement applicable, 
vu la grande mobilité de l’animal. 


Sphinx tiliæ L.. 
Voir : Chapitre des Tilleuls. 


Liparis chrysorrhoea L. Lépinopr., Æombycideæ 
(Porthesia chrysorrhoea L.) 
Bombyce chrysorrhée ou eul-brun [PI. VE, fig. 9, 9 a] 
Longueur, Papillon étalé : 35 à 40 mullimètres; Chenille 


25 à 30 millimètres. Ce Papillon est d’un blanc brillant. Le mâle 
porte souvent au milieu des ailes antérieures une 


tache foncée. La partie postérieure de l'abdomen || janv. .| r 
est chez la femelle d’un jaune brunâtre, tandis 4 |, 
que ehez le mâle cette partie du corps est plus NT 
foncée. Les antennes du mâle, de couleur jaunâtre, |———|— 
sont longuement et doublement pectinées. Sa 

La Chenille, qui compte seize pattes, est d’un |": | "E 
brun plus ou moins foncé, elle porte des touffes de | dun. |!) 
longs poils jaunes. La face dorsale est ornée de fout. .| T 
taches d’un brun rouge foncé. Les anneaux un à in, | 28 


trois présentent plusieurs taches transversales, les 


SE ot 

quatre à dix deux bandes en zigzag disposées de |——|— 
COCHE I 

chaque côté de la ligne médiane foncée. Sur les || 
. NOV=r SIM 

anneaux quatre, cinq et onze, on remarque une se de 
DeC Rent 


petite tache poilue noirâtre; elle est frangée de blanc 


sur les autres anneaux. 

Parmi les Papillons nuisibles au point de vue forestier, il en 
est peu qui, dans les régions tempérées et chaudes de l'Europe, 
ont une aire d'extension aussi étendue. En effet, le Bombyce 


380 _ FEUILLES 


cul-brun est fréquent dans toute l'Europe centrale, sur le pour- 
tour de la Méditerranée et jusque dans l'Hymalaya. On le ren- 
contre rarement au nord de la France et dans la région bal- 
tique. 

Son évolution rentre dans le cadre de celle de la plupart des 
autres Lépidoptères dont les Chenilles se nourrissent des feuilles 
de nos essences forestières sociales. 


Le Bombyce cul-brun essaime en général à la fin de juillet 
comme l'indique le graphique ci-contre. C’est surtout à la fin de 
la journée, au crépuscule, qu'on le voit prendre son vol. La 
femelle dépose ses œufs un peu à la façon du Bombyce disparate, 
par paquets qui ressemblent à de minuscules éponges Jaunâtres. 
Deux à trois semaines après la ponte, les jeunes Chenilles 
apparaissent et se mettent à ronger l’épiderme de la feuille sur 
laquelle elles sont écloses, en respectant généralement les ner- 
vures les plus importantes. Lorsqu'elles ne trouvent plus assez 
de nourriture sur cette première feuille, elles s’attaquent à 


CHÈNES 381 


d’autres et l’automne venu, en réunissent quelques-unes par des 
soies, formant ainsi un nid solide qui leur sert de chambre d'hi- 
vernage. La présence de cette dernière constitue en hiver le 
critère le plus facile pour la détermination des dégâts (fig. 236). 

Au réveil de la végétation, en général en avril, les Chenilles 
sortent de cette cachette et se jettent sur les feuilles qui s’épa- 
nouissent, dévastant ainsi avant leur développement les boutons 


Fig. 237. — Colonie de Chenilles de la ZLiparis chrysorrhoea L. 3/4 qr. nat. 
(orig. coll. Pauly, Munich). 


à fleurs. Ce travail est interrompu par les mues qui se produisent 
alors que les individus sont réunis en colonies fixées à l’intersec- 
tion des rameaux (fig. 237). En juin, on observe la chrysali- 
dation, l'animal étant fixé aux feuilles ou caché dans la cou- 
verture morte du sol. 

Le Liparis chrysorrhoea L. est avec le Bombyce disparate un 
des Lépidoptères les plus polyphages qui se rencontrent dans 
les régions forestières de l’Europe centrale. Il recherche avant 
tout les Chênes et les arbres fruitiers et nous l'avons trouvé 
dans la vallée du Rhône, à Ardon (Valais, Suisse) rongeant les 
feuilles de vigne à proximité de Chênes isolés. 


282 FEUILLES 


Le Bombyce cul-blanc à été signalé en 1903 dans les Conser- 
rations de Nimes dont les taillis de Chênes verts étaient infestés. 


Fig. 238.— Rameau de Chêne pédonculé déformé par les Chenilles de la Ziparis chrysorrhoea L. 
1/1 gr. nat. (oriq. coll. Marchal, Paris). 


On a remarqué alors que l'Insecte s’attaquait à toutes les es- 
sences feuillues du sous-bois et en particulier à l’Arbousier. Fait 
remarquable, cette invasion a pris fin brusquement en mai 1904, 


à la suite d’un brouillard épais et froid qui a provoqué la mort 


CHÈNES 9 
instantanée des Chenilles au moment de leur activité printa- 


nière (R. D. E. F.). 


vea L. sur un rameau de Chène pédonculé. 


Fig. 239. — Liparis chrysorrl 
sseurs : b, colonie de Chenilles ; c. Cocon; d, Papillon. 


a, Chenilles de différentes gro à 
3/4 gr. nat. (oriq.). 


384 FEUILLES 


CECR à . : : 
Ce Papillon n'est toutefois pas à ranger parmi les ravageurs 
les plus communs et les plus redoutables des Chênaies. 


Moyens préventifs. — Comme ce Lépidoptère n'attaque pas 
les résineux, on n'a pas à redouter de dégâts importants dans 
les forêts mélangées de résineux et de feuillus, mais il est surtout 
à craindre dans les vergers avoisinant les Chênes qui poussent 
dans un climat tempéré. Aucune mesure culturale n’est à même 
de prémunir un massif de ses atteintes. 


Moyens répressifs. — Dans certains cas qui intéressent plutôt 
les cultures fruitières à proximité des Chênaies, on peut inter- 
venir en faisant couper et brûler en hiver les nids ou bourses 
qu'il est possible d'atteindre à l’aide d’un échenilloir. En avril 
et mai, on peut également écraser les colonies de grosses Che- 
nilles au repos. Il faut toutefois prendre certaines précautions 
lors de cette chasse, car la Chenille a un pouvoir usticant rap- 
pelant celui des Processionnaires du Chêne et du Pin. 


Bombyx quercus L. Lérinorr., Bombycide 


Bombyce du Chène (PI. VE, fig. 2, 2 a, 2 b). 


Longueur, Papillon étalé, 4 : 4,5 à 5,5; ® : 6 à 7 millimètres; 
Chenille : 5 à 6,5 millimètres. Les ailes antérieures et posté- 
rieures sont barrées transversalement et à peu près au milieu 
de leur longueur par une raie claire qui est moins bien arrêtée 
à l'extérieur qu'à l’intérieur. Chez les deux sexes, on remarque 
à peu près au centre des ailes antérieures une tache blanche 
encadrée d’une bordure foncée. La femelle est ocre jaune, tandis 
que le mâle est brun chocolat. 

La Chenille est brun-jaune, fortement velue; chaque anneau 
est séparé du suivant par un cercle noir velouté, très étroit. Les 
côtés sont tachetés longitudinalement de blanc. 

Ce Bombyce, peu répandu et polyphage, essaime en juin et 
hiverne à l’état de Chenille. Cette dernière, devenue adulte, peut 
détruire la frondaison des Chênes et d’autres essences feuillues. 


CHÈÊNES 38) 


On a observé également les ravages du Bombyx quercus L. 
dans les semis de Pins sylvestres. 


Fig. 240. — Bombyx quercus L. Chenilles de différentes grosseurs rongeant les feuilles de Chêne 
pédonculé. 3/4 gr. nat. (oriq.). 


Il s’agit ici d'une espèce rare qui se rencontre plutôt isolé- 
ment et qui n'apparait généralement pas sous la forme d'inva- 
sions. Nous nous dispenserons donc d'étudier les moyens propres 
à prévenir l'extension de ces Papillons. 


to 
ot 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 


380 FEUILLES 


Bombyx neustria L. Lépinorr., Bombycidi 


Bombyce livrée [PI VE, fig. 4, 4a] 


Longueur, Papillon étalé, 4 : 25 à 30; Q@ : 35 à 40 millime- 
tres; Chenille : 30 à 50 millimètres. Ce Bombycide n’a pas la 


Fig. 241. — Bombyx neustria L. sur un rameau de Prunier. 
a, anneau d'œufs ; b, Chenilles ; e, Chrysalides ; d, Cocon; e, Papillon. 3/4 gr. nat. (orig.). 


CHÈNES 307 
tache blanche située près du centre des ail:s antérieures. Le 
corps, les antennes, les pattes et les ailes antérieures sont en 
général d’un jaune ocre ou d’un brun rougeâtre. On remarque 
sur les ailes antérieures une large bande transversale de couleur 
foncée. Les ailes postérieures sont d'une teinte 
plus claire avec bande transversale à peine visible. 

La Chenille est bariolée et facilement reconnais- 
sable à sa tête d’un bleu grisâtre et à la ligne mé- 
dio-dorsale blanchâtre qui se détache sur un fond 
brun. Des deux côtés, on remarque une bande 
longitudinale de même teinte que la tête. Le pre- 


ar 1Û 7 à 7 natiftc Fig. 242. — Bague 
mier et le onzième anneaux portent deux petits Fig. sb 


neustria L. 1/1 gr. 


points verruqueux foncés. La face ventrale de la 7% (orig.). 


Chenille est bleuâtre ou d’un jaune sale. 
C’est en général au mois de juillet qu’on observe le vol de ces 
Papillons dont la femelle a une curieuse façon de déposer sa 


ponte. En effet, elle colle ses œufs, serrés les uns 
Janv . . , : 
contre les autres, sur le pourtour d’un petit rameau 


Re d'une essence quelconque, formant ainsi un anneau 
Mars . de 1 à 1 1/2 centimètre de largeur (fig. 242). 


Avril. . C'est sous cette forme que l’animal hiverne. En 


FE avril, les petites Chenilles éclosent et se mettent à 


LE ronger les Jeunes feuilles et les bourgeons des Chênes 


ainsi que de plusieurs autres essences feuillues. Ce 


Juill . | PA re MATE 
LES dégât est sérieux, car à ce moment là, la végétation 
Août . . 52 + F : : : 4 

a s'épanoult, et les feuilles à peine formées et très 


BED tendres sont dévorées en grande partie par la Che- 
Oct. . . nille qui est précisément en pleine croissance. Les 
Ne ravages de cette dernière se produisent au moment 


où elles sont réunies en colonies qui tissent souvent 


DÉC 


à l'intersection des rameaux des filets soyeux dans 
lesquels les mues s'effectuent. A la fin de la période des rava- 
ges, les Chenilles se disséminent et se chrysalident dans des 
Cocons jaunâtres qui sont accrochés aux rameaux entourés du 
filet soyeux. 

Ce sont surtout les vergers qui sont expesés aux attaques de 


92QQ 


JO FEUILLES 


ce ravageur polyphage. Cependant les taillis de Chênes et les 
cultures de pépinières sont parfois envahis par cette Chenille. 


Moyens préventifs. — Ils consistent à surveiller de près les 
cas isolés qu'on peut constater dans les Chênaies. 


Moyens répressifs. — Le Bombyce livrée se tenant en général 
sur les branches basses des rejets et des baliveaux de Chênes, il 
faut, lors d’invasions sérieuses, écraser en hiver, au moyen de 
brosses métalliques fixées à des perches, les anneaux d'œufs, 
ou bien plus tard, au printemps, anéantir les colonies de Che- 
nilles réunies dans les filets soyeux. On peut également faire 
des aspersions de savon noir liquide, procédé qui donne de bons 
résultats. 


Bombyx lanestris L. 
Voir : Chapitre du Bouleau. 


Liparis dispar L. (1). 
Voir : Chapitre du Hêtre. 


Liparis monacha L. 
Voir : Chapitre de l'Epicéa. 


Liparis similis Füssl. Lépinopr., Bombycidæ 


Bombyce semblable 


Ce Bombyce a, sous ses différentes formes, les mêmes dimensions 
que le Bombyce cul-brun. Il s'en distingue par la pilosité plus 
claire de l’anus ainsi que par l'absence de la cinquième nervure 


(1) Le Liparis detrita Esp. est une espèce très voisine du Liparis dissem- 
blable et qu’on a observée dans l’Allemagne du Nord ainsi qu’en Russie. 
Elle est monophage et trop rare dans l’Europe centrale pour faire l’objet 
d’une description spéciale (Judeich et Niütsche, 1895, p. 793). 


se 


CHÈÊNES 389 


aux ailes postérieures. La Chenille est de couleur brune avec 
tête foncée; la bande dorsale noirâtre est bordée de chaque côté 
par une ligne rouge vermillon. 

Le Papillon essaime en juillet, dépose ses œufs sur la face 
inférieure des feuilles. Les œufs sont jaune paille et agglomérés 
en miroir. Les Chenilles apparaissent en automne et hivernent 
dans un petit Cocon soyeux fixé dans les anfractuosités de 
l'écorce ou dans la couverture morte. 

Les ravages commencent au premier printemps et s'étendent 
aux bourgeons et aux feuilles. 

Ce rare Insecte est encore plus nuisible dans les vergers que 
dans les futaies feuillues où il est peu à redouter (1). 


Phalera bucephala L. Lépiporr., /Votodontide 


[PI. VI, fig. 12] 


Longueur, Papillon étalé, j : 45 à 50; © 50 à 60 millimètres; 
Chenille : 30 à 40 millimètres. La famille des Notodontidæ ne 
compte qu'un représentant parmi les ravageurs européens des 
forêts. Le Papillon est très facilement reconnaissable à ses ailes 
antérieures grisâtres dont l’angle externe est orné d’une tache 
jaune clair en demi-cercle et dont le bord interne arqué est 
épaissi d'une teinte chocolat. Les ailes postérieures sont d'une 
nuance crème. 

Les plaques nucale et anale de la Chenille sont noir brillant, 
chitineuses. Le corps est foncé, mat, recouvert d’une pilosité 
brunâtre avec plusieurs lignes longitudinales d'un jaune ocre, 
coupées à l'intersection de chaque anneau par une bande trans- 
versale brune. 

La Phalera bucephala L. essaime en mai ou Juin et dépose ses 
œufs sur la face supérieure des feuilles qui, peu après l’appari- 

(1) On peut signaler ici la Piéride gazée (Pieris crataegi L.) bien connue 


des jardiniers et des arboriculteurs. On l’a observée parfois sur la frondaison 
des chênes. 


390 FEUILLES 


tion des Chenilles, sont rongées et (squelettées ». A la fin de la pé- 
riode de ravages, qui se prolonge jusqu'en septembre, l'animal 
dévore la feuille entière en ne respectant que la nervure mé 
diane. 

La chrysalidation a lieu sous terre, durant l'hiver et sans la 
protection d’un Cocon soyeux. 

Le Papillon attaque tous les feuillus, et 1l peut être opportun, 
en cas d'invasion dans les parcs, de détruire les Chenilles au mo- 
ment où elles ont acquis leur développement maximal. Dans les 
chênaies, il apparait fortuitement sans causer de ravages sé- 
rieux. 

Noctua aceris L. (1). 

Voir chapitre des Érables. 


Cnethocampa processionea L. Lérinorr., Bombyc:dæ 


Processionnaire du Chène [PI. VE, fig. 7, 7 a] 


Longueur, Papillon étalé, 4: 25 à 30; @ : 30 à 35 millimètres; 
Chenille : 30 à 40 millimètres. La Processionnaire du Chêne 
rappelle beaucoup sous le rapport des dimensions et du tache- 
tage des ailes la Precessionnaire du Pin. Le corps et les ailes 
antérieures sont d’un gris Jaunâtre. Ces dernières ont des ner- 
vures saillantes. Les bandes transversales foncées des ailes 
antérieures sont plus marquées chez le mâle que chez la femelle. 
Les ailes postérieures sont plus claires et sans dessins. Les an- 
tennes du mâle sont pec:inées et d’un jaune orange. 

La Chenille a la tête noire, à peine velue; le corps est d’un gris 
foncé plus ou moins bleui avec cô'és blanchâtres. Les seg- 
ments quatre à onze portent chacun une tache rougeâtre. Chaque 
anneau est crné en son milieu d’une rangée transverse de fais- 
ceaux de longs poils très blonds. 


(1) Noctua coryli L., N. aprilina L., N. incerta Hfn., N. trapezina L., 
N. pulverulenta Esp. se rencontrent parfois sur les frondaisons des Chênes, 
mais ne peuvent cependant être considérées comme des ravageurs typiques 
de cette essence. 


CHÈNES 391 

La Chrysalide, qui mesure 15 millimètres au maximum, est 
brune, régulièrement rétrécie antérieurement et obtusément 
arrondie à son extrémité; elle est munie d’une pointe de chaque 
côté de l'anus. 

L'évolution de ce Lépidoptère se déroule suivant le graphique 
ci-joint, qui nous montre que la période nocive est très courte. 
Le Papillon essaime en août et dépose ses œufs par 
rangées juxtaposées fixées sur l’écorce des branches 
supérieures des grands arbres, ou sur les tiges des 


Janv . 
Fév: 1E/|te 


Mars. . . 


Chênes de petites dimensions. L'Insecte protège le 


plus souvent sa ponte en la recouvrant d'un fin 


AN :4118"e 
duvet soyeux et choisit comme emplacement de | | + 


ponte la face sud des branchages ou des troncs. 


Jin I 


L'hivernement a lieu sous la forme d'œuf, et les |=——-- 
d : ; danse JUIL 0e | 
jeunes Chenilles apparaissent précisément au mo- 


6 1 . Aou SE 
ment de l'épanouissement des feuilles. Ces der- [7° 


nières sont aussitôt rongées en totalité ou en partie; || Sert. 


la Chenille adulte s'attaque ensuite aux bourgeons. 
Comme c'est le cas pour la Processionnaire du Pin, 


dont nous avons décrit les mœurs dans le chapitre 


des Pins, les Chenilles de la Processionnaire du 
Chêne ont une activité nocturne. C'est en effet parce qu'elles 
circulent de nuit sur la frondaison des Chênes, qu'elles laissent 
sur le chemin qu'elles ont parcouru un fil conducteur qui, après 
leur repas, leur permettra de regagner le nid dans lequel elles 
se réunissent durant le jour. Ces nids revêtent les formes les 
plus variables et sont le plus souvent placés à l'intersection 
des branches. Ils hébergent les Chenillcs lors de leurs difré- 
rentes mues et, à la fin de l'évolution d’une génération se 
trouvent, malgré leur taille qui peut parfois atteindre une 
longueur de 1 mètre sur une largeur de 20 à 30 centimètres, rem- 
plis de débris de Chenilles, de Cocons et d’excréments. 

La métamorphose a lieu à la fin de Juillet dans ces cachettes 
soyeuses où la Chenille se sent à l'abri des rayons solaires et de 
la pluie. 


Il arrive fréquemment que dans les chênaies l’on rencontre 


392 FEUILLES 


de jour des processions de deux ou trois rangs de Chenilles cir- 
culant sur les troncs ou sur le sol. Ce phénomène se produit en 
général lorsque l'invasion est intense; alors les Chenilles quittent 
un arbre dont le feuillage ne leur offre plus de nourriture en 


Fig. 243. — Nid de la Crethocampa processionea L. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich). 


suflisance. Il y a de grandes variations dans les dégâts. En effet, 
à la fin de la période des ravages, on remarque parfois que les 
Chenilles dévorent toute la feuille, sauf la nervure médiane et 
certaines nervures latérales, spécialement celles des feuilles 
anciennes. L'intensité de l'invasion varie suivant le développe- 
ment de l’arbre, la forme et l'exposition de sa frondaison. 

On peut envisager les conséquences des invasions de la Pro- 
cessionnaire Comme ayant à peu près la même importance que 
celles de la Tordeuse du Chêne et que nous examinerons plus 
loin. Dans les cas normaux, la période de ravages prenant fin 
précisément au moment où la sève d'août provoque une refor- 


CHÊNES 393 
mation de l'appareil foliacé rongé, la vie du végétal n'est pas 
compromise, seul l'accroissement est diminué. Lors des inva- 
sions intenses et lorsque les bourgeons à fleurs sont détruits, il 
est évident que la production des glands est compromise, 

Dans certains cas exceptionnels, la Processionnaire devient 
polyphage. En toutes circonstances, le pouvoir urticant de ces 


Fig. 244. — Cnethocampa processionea L. sur un tronc Ce Chêne pédonculé. 
a, Chenilles ; b, Papillon g; ce, miroir d'œufs. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich). 


Chenilles rend la cireulation et le travail dans les forêts envahies 
très malaisé durant la phase de nocivité de l'animal. 

Les invasions durent en général deux à trois ans au plus, et 
en Allemagne, plus spécialement, on a observé que dans cer- 
taines chênaies elles se renouvelaient tous les huit à dix ans 
(Judeich et Nitsche, 1895, p. 911). 

En France, dans les départements de l'Aube, de l'Yonne et 


394 FEUILLES 


de la Côte-d'Or, on a constaté de 1902 à 1906 une forte invasion 
qui a atteint son apogée en 1904 et 1905. 

Dans la Côte-d'Or en particulier, les dégâts de la Procession- 
naire ont eu pour effet de détruire les fleurs et par conséquent 


\ \ 


d'annuler à peu près complètement la production des glands 
CREID: Era) 


Moyens préventifs. — Ils consistent à propager et à protéger 
dans les chênaies menacées la Chauve-Souris, qui fait la chasse 
aux Papillons et aux Cocons, et le Calosoma sycophanta L, qui est 
avide de Chenilles et parfois de Chrysalides. 


Moyens répressifs. — Lorsque l’on surprend à la fin de la 
période de ravages des processions de Chenilles qui cireulent 
d'arbre en arbre, on peut employer des enfants à écraser ces 
dernières qui, allourdies par leurs copieux repas, ne peuvent 
s'échapper facilement. 

Un autre procédé, qui. donne également de bons résultats, 
consiste à détruire l'animal durant la période larvaire, alors 
que les Chenilles se sont, pendant le jour, retirées dans leurs 
nids. Des ouvriers, portant des perches munies à une de leurs 
extrémités d’éponges ou de tampons d’étoupe, parcourent alors 
les peuplements infestés. L’éponge ou l’étoupe, étant imbibée de 
pétrole, puis allumée, sert à enflammer les nids de la Procession- 
naire. 


Geometra defoliaria L. Lérinorr., Geometridæ 
(Hibernia defoliaria L.) |PI. VI, fig. 10, 10 a] 
Hibernide ou Phalénide défeuillée 
Longueur, Papillon étalé, 4 : 35 à 40 millimètres; Chenille : 
30 à 35 millimètres. Cette arpenteuse présente un caractère 
spécial que nous ne retrouvons chez aucune autre espèce fores- 


tière de l’ordre des Lépidoptères. En effet, la femelle, longue 
de 8 à 10 millimètres, est complètement privée d'ailes, d'un 


CHÈNES 395 


blanc sale tacheté de noir. Le mâle se distingue facilement par 
les caractères de ses ailes antérieures qui sont, de même que le 
corps, d'un jaune citron, avec deux bandes transversales brun 
chocolat très variables dans leur forme. Les bordures des ailes 
sont souvent blanches. On rencontre parfois des individus de 
la Phalénide défeuillée dont le tachetage alaire est embrouillé 
ou même effacé. Les ailes postérieures sont blanc crème avec 
franges non tachetées. 

La Chenille, jaune blanchâtre, porte dix pattes. Après la der- 
nière mue, la face dorsale revêt une teinte orange foncé, tandis 
que la face ventrale demeure beaucoup plus claire. Les pattes 
postérieures sont rougeâtres. 

Ce Papillon très polyphage essaime en septembre ou en octo- 
bre, parfois seulement en novembre. La Chenille recherche par- 
ticulièrement les feuilles des Chênes et des Hêtres dont elle 
découpe les bords en évitant en général d'entamer les nervures. 
On n’a pas remarqué que cette espèce réunisse quelques feuilles 
en faisceau par un filet soyeux pour en faire un nid. L’hivernage 
a lieu à l’état d'œuf. 

Au point de vue forestier, ce ravageur, qui est à redouter dans 
les vergers, a la même importance que la Geometra brumata L.., 
mais il est beaucoup moins répandu (1). 


Geometra brumata L. Lépipopr., Geometridæ 


(Gheimatobia brumata L.) [PI. VI, fig. 6] 


Cheimatobie hiémale 


Longueur, Papillon étalé,  : 25 à 30 millimètres; @ longueur 
du corps : 5 à 6 millimètres; Chenille : 18 à 22 millimètres. Bien 
que la Cheimatobie hiémale soit à proprement parler un rava- 
geur des vergers, on la redoute également dans les chênaies, 


(1) Les Geometra aurantiaria Esp. G. aescularia Schiff., G. progemmaria 
Hb. jouent, au point de vue de la protection des chênaies, à peu près le 
même rôle, tout en étant encore moins fréquentes que la G. defoliaria L. 


396 FEUILLES 


ainsi que sur tous les autres feuillus, sauf le Hêtre. Ce Papillon 
présente un dimorphisme sexuel très accusé. En effet, le mâle 
est pourvu de deux ailes antérieures d’un gris plus ou moins 
rougeâtre avec rayures transversales un peu foncées. Les ailes 
postérieures claires portent parfois des taches transversales très 
effacées. 

La femelle est munie de rudiments d'ailes qui n’atteignent 
pas la longueur du corps. Les antérieures, d'apparence verdâtre, 
portent deux bandes transversales brunâtres, les 


Janv. 


postérieures seulement une. 
HE La Chenille se reconnaît à ses dix pattes et à 
Mars . la teinte vert jaunâtre de son corps dont la ligne 
Avril. . dorsale est plus foncée. 


oe La biologie de cet Insecte présente ceci de par- 


DE ticulier — son nom l'indique — que l’essaimage 
LUE EE Ets 

oo — se produit au moment des brumes automnales, 
JUIL 


presque au commencement de l'hiver. En effet, les 
AU] © mâles apparaissent à la moindre température clé- 
Sept . - mente de l’arrière-automne et volent, le soir sur- 
Oct. . . tout, autour de la couronne des arbres pour y 
‘xoy.. -l + Ü rechercher les femelles. Ces dernières, fécondées, 


déposent individuellement leurs œufs sur les bour- 


Décret 


geons à fleurs et sur les rameaux. Ces œufs sont 
solidement collés, ce qui leur permet de ne pas être détachés 
durant l'hiver par la pluie et la neige. 

L'apparition des jeunes Chenilles a lieu au moment du réveil 
de la végétation, et ce phénomène est naturellement sous la 
dépendance complète des conditions atmosphériques. L'animal 
pénètre en général en avril dans les bourgeons dont il dévore 
partiellement l’intérieur durant la nuit. Pendant le mois de mai 
et une partie de juin, le ravage se poursuit et atteint les feuilles 
en voie de formation qui sont ordinairement perforées. Plus 
tard, les ouvertures sont agrandies à mesure que la Chenille 
devient plus grosse et active et, à la fin de la période des dégâts, 
on remarque des faisceaux de feuilles réunies par un filet soyeux. 

Parvenue à cette étape de son existence, la Cheimatobie hié- 


CHÈNES 397 


male suspendue à un fil se laisse tomber à terre et se cache dans 
le sol ou dans les débris ligneux pour s’y métamorphoser. Cette 
phase de nymphose dure environ quatre mois. 

La Geometra brumata L. est surtout à redouter dans les ver- 
gers où elle compromet souvent la fructification et, à la suite 
d'invasions successives, provoque la mort de l'arbre ou de cer- 
taines branches, préparant ainsi le chemin aux Insectes poly- 
phages. 

Parmi les essences forestières feuillues, ce sont le Chêne et le 
Charme qui semblent le plus exposés à voir non seulement leurs 
feuilles, mais surtout leurs graines détruites. 

Les forêts de la Haute-Marne ont été envahies par ce Papillon 
de 1904 à 1906. La Cheimatobie évoluait en compagnie de la 
Tordeuse du Chêne et du Bombyce livrée (R. D. E. F.). 


Moyens préventifs. — Comme il s’agit d'un Insecte essentiel- 
lement polyphage et mobile, on ne peut guère prémunir les 
vergers et et les chênaies contre ses atteintes, à moins de prendre 
les devants et d'appliquer préventivement le procédé indiqué 
plus loin. 


Moyens répressifs. — Le moyen le plus employé dans le monde 
des arboriculteurs consiste à fixer, par une ficelle autour du 
trone des arbres envahis ou à protéger, des bandes de papier 
de 10 à 15 centimètres de largeur. Sur ce papier on dépose de 
la glu en un anneau de 1 à 2 centimètres de largeur sur 2 à 3 cen- 
timètres d'épaisseur. Le piège est placé en octobre, soit au 
début de la période d’accouplement des Papillons; il a pour but 
d'arrêter l’ascension des femelles. En effet, ces dernières avec 
leurs rudiments d'ailes sont incapables de voler et deviennent 
facilement prisonnières dans cette matière gluante qui leur 
obstrue le passage lorsqu'elles gravissent le tronc. 

L'usage de ce bracelet de papier offre en outre un autre avan- 
tage dans la culture arboricole, c’est qu'entre l'écorce et le 
papier viennent souvent hiverner d’autres Insectes ravageurs 
qu'on détruit à la fin de l'hiver en détachant le piège glutineux. 


308 FEUILLES 


En protection forestière, on ne peut guère faire usage de pro- 
cédés aussi coûteux; du reste ce ravageur est peu nocif dans les 
chênaies. 


Tortrix viridana L. Lérinorr., Tortricidæ 


Tordeuse verte ou du Chêne [PI. VE, fig. 8, 8 a] 


Longueur, Papillon étalé : 21 à 24 millimètres; Chenille : 
10 à 14 millimètres. Ctte Tortricide se reconnaît facilement à 


Fig. 245. — Ravages de Zortrix viridana L. sur un rameau de Chène pédoncule. 
a, Papillons ; b, Chenilles rongeant les feuilles. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich). 


l'aspect verdâtre, couleur de jeunes feuilles de Chêne, des ailes 
‘antérieures et à la teinte grisâtre de l'abdomen. 
La Chenille, munie de seize pattes, est également verte ou d’un 


CHÈNES 399 


vert noirâtre, à peine pileuse; sa ponctuation et la tête sont 
noires. 

La Chrysalide, d’un noir brillant, est de forme allongée. 

La Tordeusé du Chêne est répandue dans toutes les forêts 
de Chênes de l'Europe; on la même observée 
dans les Alpes grisonnes (Suisse) à 1.100 mètres 
d'altitude. ES: 

La biologie est très simple et ne présente aucune || Mars. . 
particularité, l'hivernement ayant lieu sous la forme || Avri. . 
d'œuf. FETES 

Ce Microlépidoptère apparait fréquemment dans 


Juin . . 
les chênales et ses invasions durent en général de 


Juill , 


trois à six ans. ROUE 
C'est à la fin de juin ou au commencement de | *"*:: 
juillet que le Papillon essaime, et ce ‘vol s'effectue || Sert. 
non seulement au crépuscule, mais encore en plein 
soleil. Le vol est très agité et les Insectes ne de- 


meurent Jamais posés longtemps au même endroit. 


On sait que la ponte s'opère dans la frondaison, 
mais on n'a pas encore pu préciser si les œufs sont fixés aux 
rameaux ou aux bourgeons; cependant la plupart des entomo- 
logistes foresticrs penchent pour cette dernière alternative. 
Comme c'est le cas pour tant d’Insectes phytophages, la pé- 
riode nocive coïncide précisément avec l'épanouissement de 
l'appareil foliacé, c’est-à-dire en plein mois de mai. A cette 
époque, la Chenille commence son carnage et s'attaque en pre- 
mier lieu aux bourgeons à fleurs, puis aux jeunes feuilles dont 
les parties tendres sont dévorées. A la fin de son existence lar- 
vaire, la Tordeuse entame les feuilles formées et se plait à les 
enrouler de diverses façons, parfois en cornet, en cigare, en 
portefeuille triangulaire (fig. 246). Ces travaux de pliage sont 
consolidés par l’adjonction d’un réseau soyeux. Dans certains 
cas, on remarque également des nids formés de plusieurs feuilles 
agglomérées par de la soie. C2s feuilles tordues ou réunies ser- 
vent de retraite aux Chenilles à la fin de la période de ravages; 
c'est dans ces cachettes, à l'abri de la pluie et du soleil, que ces 


400 FEUILLES 


animaux achèvent de se gaver de débris et qu'ils subissent 
leur métamorphose en Chrysalide. 

Lors d'invasions intenses, l'animal change de branche ou se 
laisse tomber à terre, suspendu à un fil qu'il tisse au fur et à 
mesure de la descente. Il atteint ainsi des rameaux couverts de 
feuilles plus ou moins indemnes. On observe aussi, lors de ces 
invasions, que d’autres Papillons arrivent en masse dans les 
forêts et, par un temps calme et sec, on peut entendre la chute 
bruyante des excréments dans les massifs densément infestés; à 
la fin de la période des ravages, la circulation sous les Chênes 
est parfois rendue fort désagréable par les fils qui pendent de 


Fig. 246. — Différentes formes de nids de la Tortri viridana L. 3/4 gr. nat. (oriq.). 


la cime des arbres. La nature se montre dans ce cas si bien équi- 
librée que les dégâts qu'occasionne la Tordeuse prennent pré- 
cisément fin avant la sève d'août. Si done au commencement 
de juillet, les frondaisons des Chênes peuvent paraître dépouil- 
lées à divers degrés, un mois plus tard, sous l'influence de la sève 
montante de l'été, la couronne se garnit à nouveau de feuilles 
plus ou moins anormalement formées il est vrai, mais qui assu- 
rent cependant la vie de l'arbre. Il est évident que cette pertur- 
bation, qui atteint les organes vitaux du végétal, entraine une 
diminution d’accroissement qu'il est facile de constater après 
l'abatage des Chênes, par l'examen des cernes, car ceux qui 


CHÈNES 401 


correspondent aux années d’invasion sont plus minces que 
leurs voisins formés dans des conditions normales. En outre, il 
faut reconnaître que, dans les chênaies ravagées une ou plusieurs 


Fig. 247. — Rameau de Chêne pédonculé avec ravages de la Tortrix viridana L. 
photographié au mois d'août au moment de la reconstitution foliaire. 1/2 gr. nat. (orig.) 


années de suite, la production des glands est sérieusement com- 
promise. 

Nous avons eu l’occasion de suivre attentivement l’évolution 
de la Tortrix viridana L. dans les forêts du plateauvaudois 
(Suisse) durant les années 1903 à 1908 (Bar8e y, A. 1907, p. 49-56). 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 


26 


402 FEUILLES 


Durant cette période, ce Papillon fut également observé un peu 
partout dans les chênaies de l'Europe centrale. 

On peut affirmer que, lorsque la Tordeuse agit seule, sans le 
concours d’autres ennemis des bois, elle ne détermine pas en 
général la mort des Chênes, même de ceux qui sont attaqués 
par elle plusieurs années de suite. Nous avons été amené à lui 
attribuer en partie le dépérissement des trois quarts des bali- 
veaux de Chênes du taillis sous futaie de Chassagne (Ville d'Orbe, 
Vaud, Suisse). En effet, l'invasion citée plus haut a chevauché 
sur deux périodes d'apparition du Hanneton et surtout sur les 
néfastes sécheresses de 1906 et de 1907, cette dernière moins 
caractérisée il est vrai. Ces trois facteurs combinés ont causé un 
vrai désastre forestier dans cette forêt dont l’aménagement a 
dès lors été bouleversé. Il est difficile d'attribuer à la Tordeuse 
la part prépondérante dans cet accident forestier; cependant, 
nous demeurons convaincu que la Chenille, si abondante durant 
cinq années consécutives, a contribué sérieusement au dépouil- 
lement des rameaux et à la destruction des bourgeons qui 
ont pu être ensuite facilement desséchés par l'été torride de 
1906. 

L'invasion citée ci-dessus a pris brusquement fin à la suite 
de la gelée tardive du 27 mai 1908 qui, jointe à une forte chute 
de neige, a surpris la Chenille en pleine activité et mis ainsi fort 
heureusement un terme à son évolution. 

Bien que la Tortrix viridana L. soit essentiellement mono- 
phage, nous avons remarqué qu'au moment de la pullulation 
des Chenilles, ces dernières s’attaquent même aux feuilles des 
arbrisseaux qui constituent le sous-bois des chênaies. 


Moyens préventifs. — Ce sont les seuls qu'on puisse indiquer 
pour la lutte contre l'extension et le renouvellement des ravages 
de la Tordeuse verte. Il y a lieu de favoriser dans les forêts la 
nidification des Oiseaux utiles, tels que les Mésanges, les Étour- 
neaux, etc. C’est la seule mesure préventive que l’on puisse 
conseiller, à moins que par le mélange des essences, on ne cherche 
à créer des forêts de constitution variée, dans lesquelles les 


CHÈNES 403 


Insectes monophages auront de moins en moins la possibilité 
de se propager librement. 


Moyens répressifs. — Il n'existe pas de procédé économique 
efficace pour détruire les Chenilles ou les Papillons de la Tortrix 
etridana L. 


Phycis tumidella Zk. Lépinorr., Tortricidæ 
(Acrobasis consociella Hb., Acrobasis Zelleri Rag.) 


Tordeuse des rameaux de Chêne 


Longueur, Papillon étalé : 20 millimètres; Chenille : 20 milli- 
mètres. Ce Papillon, légèrement plus petit que l’espèce décrite 


Fig. 248. — Nid de la Phycis tumidella Zk. 3/4 gr. nat. (orig.). 


ci-dessus, porte sur chacune des ailes antérieures qui sont d'un 
gris violacé ou rougeâtre et plus foncées à la base, deux taches 
transversales grisâtres, ondulées en zigzags; elles occupent à 
peu près la moitié de la surface alaire. On distingue dans la 


404 FEUILLES 


tache grisâtre interne deux points d’un brun foncé, parfois 
réunis l’un à l’autre. Les ailes postérieures, de même que l’abdo- 
men, sont revêtus d’une teinte gris sale. La tête et le thorax 
sont couleur rouille. 

La Chenille, dont la tête est foncée et le corps d’un vert pâle, 
présente une nuque partagée longitudinalement par un sillon 


Fig. 249. — Feuilles de Chêne pédonculé ravagées par la Phycis tumidella Zk. 1/1 gr. nat. 
(orig. coll. Standfuss, Zurich). 


et sur chaque segment, on remarque deux paires de plaques 
chitineuses revêtues de poils. 

L'évolution de cet Insecte monophage coïncide à peu près 
avec celle de la Tordeuse verte; cependant la façon dont la 
Phycis tumidella Zk. entame les feuilles de Chêne varie légè- 
rement. 

La Chenille de la Phycis tumidella Zk. construit des nids 
composés de feuilles inclinées les unes contre les autres et dont 


CHÈNES 405 


plusieurs des internes sont enroulées en forme de cigare et par- 
tiellement « squelettées ». La chrysalidation s'opère en juillet dans 
la couverture morte du sol, la Chenille se calfeutrant dans un 
Cocon soyeux renforcé par de menus fragments de terre agglu- 
tinés. | 

Ce ravageur est rare, son importance forestière est presque 
nulle. 


Tinea lutipenella 211. Lépinopr., Tortricidæ 
(Argyresthia lutipenella Hbn.) 


Teigne des bourgeons de Chène 


Longueur, Papillon étalé : 15 millimètres; Chenille : 10 milli- 
_mêtres. Cette Teigne a les ailes antérieures et le thorax d’un ocre 
jaune effacé avec franges alaires plus claires. Les ailes posté- 
rieures ainsi que l’abdomen sont d’un gris sale. Les anneaux 
noirs des antennes se détachent sur la couleur fondamentale 
blanche. 

On ne connaît pas encore exactement la biologie de ce Papillon 
fort peu répandu du reste dans les chênaies. Toutefois on a 
observé (Jupeicx et NirscHEe, 1895, p. 1061) que la jeune Che- 
nille pénètre au commencement de l'été dans les bourgeons dont 
elle perfore les écailles et les jeunes feuilles. En juin, la Chenille 
se tisse un cocon qu'elle promène avec elle sur la surface foliaire 
des Chênes, puis elle se fixe solidement sur un rameau pour 
subir sa métamorphose. L'essaimage se produit en juillet, mais 
on ne sait pas encore si la Tinea lutipenella ZM. hiverne à l’état 
d’œuf ou de jeune Chenille. 

Les Chênes attaqués reverdissent avec la sève d'août. 

Aucune mesure protectrice n’est opportune dans les cas d’in- 
vasion de cette Teigne. 


Tinea complanella Hbn. Lérinopr., Tortricid:æ 


(Tischeria complanella Hbn.) 


Teigne déprimée 


Longueur, Papillon étalé : 12 millimètres: Chenille : 6 milli- 


406 FEUILLES 


mètres, Le Papillon rappelle beaucoup la Tinea lutipenella ZW: 
cependant il est sensiblement plus petit et ses ailes antérieures 
sont légèrement brunâtres vers la pointe. Les antennes, la tête 
et le thorax sont jaunâtres, tandis que l'abdomen est d'un gris 
semblable à celui des ailes postérieures. 


Fig. 250. — Feuilles de Chêne pédonculé minées par la T'inea complanella Hbn. 


a, chemin parcouru par la Chenille entre les deux épidermes ; b, Chenille perçant l’épiderme 
desséché, 1/1 gr. nat. (orig.). 


La Chenille est de couleur claire indistincte, presque glabre, 
avec tête et extrémité anale à peine plus foncées. Seules, les 
trois paires de pattes thoraciques sont bien formées, tandis que 
les postérieures restent à l’état de mamelons. 

Le Papillon essaime en mai et dépose ses œufs dans les feuilles 
en formation. La jeune Chenille passe toute son existence, qui 


CHÈNES 407 


dure en général dix mois, emprisonnée entre les deux épidermes 
des feuilles de Chêne et de Châtaignier, pratiquant des couloirs 
sinueux qui augmentent de calibre avec l’âge de l'animal. Fina- 
lement ce dernier, avant de se métamorphoser, creuse un élar- 
gissement de grandeur variable dont les parois supérieure et 
inférieure, se desséchant, prennent une apparence claire (fig. 250). 

Ce ravage que l’on constate surtout sur les rejets ainsi que 
sur les rameaux près de terre est commun, mais il ne peut être 
envisagé comme la cause du dépérissement des Chênes. 

On trouve aussi occasionnellement sur les feuilles de Chêne la 
Tinea cognatella Fr. 


Tinea ferrugana Tr. Lépinort., Tortricidæ 


Tordeuse ferrugineuse 


Longueur, Papillon étalé : 16 à 17 millimètres; Chenille 
11 millimètres. Ce Papillon qui figure dans la littérature ento- 
mologique sous huit noms différents porte une tête et un thorax 
en général ocre Jaune ou brun rougeâtre; l'abdomen, de même 
que les ailes postérieures, présentent de nombreuses variations 
de couleur. Le plus souvent ocre jaune, tachetées de foncé chez 
certains individus, elles apparaissent parfois d’un gris rougeâtre. 
La bordure antérieure est ondulée et le bord antérieur porte 
deux taches brunâtres qui se confondent parfois avec une autre 
tache de même teinte occupant le centre de l’aile. Les franges se 
dessinent en plus clair sur la couleur du fond. 

La Chenille, munie de seize pattes, a la tête et la plaque nucale 
brun foncé; le corps se teinte de brun pâle ou de vert sale. Le 
dos et les côtés sont sillonnés longitudinalement par cinq bandes 
d’un vert olive foncé. Sur le milieu du corps, on remarque des 
deux côtés de la ligne médio-dorsale qui est plus large et d’appa- 
rence bleuâtre de petits points noirs. 

La période du vol de la Tordeuse ferrugineuse a lieu en août 
et se poursuit parfois Jusqu'en octobre. Chose curieuse, l'hiver- 
nement se passe sous la forme parfaite, l’animal se blottissant 


408 FEUILLES 


durant la mauvaise saison dans des feuilles sèches repliées, for- 
mant des nids fixés aux rameaux. 

L'accouplement et la ponte s'effectuent au premier printemps 
et la Chenille se met en mai ou juin à attaquer les jeunes feuilles 
réunies en faisceaux soyeux irréguliers. Elles sont rapidement 
« squelettées » et tombent en débris qui, avec les excréments, 
constituent des amoncellements informes retenus par le réseau 
sOYeUX. 

Dans la plupart des cas, les rameaux qui portent plusieurs 
de ces faisceaux de feuilles rongées dépérissent. Il résulte donc 
de ces dégâts, cependant rares, des déformations de la frondaison. 

La Tortrix ferrugana Tr. attaque également d’autres essences 
feuillues et certains arbrisseaux qui forment le sous-bois des 
chênaies. 

Le forestier n’est guère appelé à intervenir pour entraver 
l’évolution d’un Insecte dont les dégâts sont aussi rares que peu 
prononcés. 

Pour achever l’énumération des parasites des feuilles de 
Chênes, nous signalons encore deux ennemis plus rares : 


Phylloxera quercus Fonsc. Ruynou. Phylloxeridæ 


On observe trois formes chez cette espèce. En été, les Insectes 
aptères parthénogénétiques apparaissent et se mettent à sucer 
l’épiderme de la partie inférieure des feuilles de Chênes. En 
automne, les femelles ailées, de couleur rosée, déposent leurs 
œufs qui donnent naissance à des Insectes des deux sexes. Sur 
les feuilles attaquées, on remarque des pustules jaunâtres qui 
n’ont pas grande importance au point de vue de la protection 
forestière. 


Phyllopertha horticola L. 
Voir : Chapitre des Aunes. 


Fig. 251. — Trigonaspis megaptera Panz. Chêne pédonculé. 
1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). 


Fig. 252. — Andricus inflator Htg. Chêne pédonculé. 3/4 gr. nat. (orig.). 


Fig. 253. — Neuropterus quercus baccharum Oliv. (gén. agame) — Diplolepis lenticularis Oliv. 
Chêne pédonculé. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). 


Fig. 254. — Dryomyia circinans Giraud. Chène pédonculé. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). 


Fig. 259. — Dryophanta folii L. Chêne pédonculé 3/4 gr. nat. (orig.). 


CHÈNES 413 


Fig. 256. — Cecidomyia Lichtensteini Fr. Lôv. Chène yeuse. 
3/4 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). 


GLANDS 


Balaninus elephas Gyll. Coréopr., Curculionideæ 


Balanin éléphant 


Longueur : 9 à 10 millimètres. Les Balanins sont reconnais- 
sables à leur corps trapu, élargi. La tête porte un long rostre 
plus ou moins rectiligne, repliable sous le corps. Les yeux sont 
saillants et relativement grands; les antennes, fines et allongées, 
sont terminées par une massue ovoide. Les élytres sont plus 
larges que le corselet, avec épaules anguleuses, arrondies. L'’écus- 
son, très visible, est régulièrement arrondi. Les cuisses sont 
dentelées et les jambes antérieures portent une épine; les cro- 
chets des tarses sont munis à leur base de dentelures pointues. 


414 GLANDS 


Le Balanin éléphant, de couleur brun clair, se rencontre, sur- 
tout sur les Chênes verts du Midi. Il attaque également les 
Châtaignes. Son évolution, de même que celle des deux espèces 
suivantes, peut avoir lieu en une année, mais souvent elle che- 
vauche sur un laps de temps plus grand. Ce ravageur essaime 
en été, parfois même en automne. La femelle, dont le rostre est 
légèrement plus long que celui du mâle, se promène sur les 
glands demeurés sur l'arbre, puis cherche un fruit encore in- 


b « 


Fig. 257. — Glands de Chêne pédonculé détériorés par la Larve du Balaninus elephas Gyll. 
a, ravage larvaire; b, Gland montrant l'orilice de sortie de la Larve. 3/4 gr. nat. (orig.). 


a 


demne dans lequel, par un travail de forage très long, elle 
enfonce son rostre aussi profondément qu'il peut pénétrer. Après 
l'avoir retiré, elle se retourne et présente l'extrémité de son 
abdomen à l’orifice dont la dimension est celle d’un trou d’une 
très fine aiguille, l'œuf est alors déposé dans cette cachette. 
FABRE (1912, p. 197-221) a découvert que l'abdomen de la fe- 
melle porte dans son intérieur une gaine extensible dont l’extré- 
mité en forme d’ampoule lui permet de prendre l'œuf à sa sortie 
de l’oviducte, puis de le pousser au fond du canal foré préala- 
blement à l’aide du rostre. 

L'œuf arrivé dans le cœur même du gland donne naissance 
à une Larve qui, durant plusieurs semaines, parfois pendant 
des mois, se nourrit de la masse cotylédonaire. Le gland tombe 
à terre, finit par être excavé et prend une couleur noirâtre. La 
Larve gagne le dehors en automne ou en hiver en forant dans 


CHÈNES 415 


l'enveloppe un orifice circulaire (fig. 257, b), puis elle se chry- 
salide dans le sol ou la couverture morte. 

Les dégâts ont souvent pour conséquence la destruction d’une 
bonne partie de la glandée. Dans les cas où l’on tient à obtenir 
le maximum de glands sains, il peut être indiqué de récolter en 
automne les fruits attaqués et de les incinérer sur place. 


Balaninus glandium Marsh. Coréopr., Curculionide 


(Balaninus venosus Germ.) 


Balanin des glands 


Longueur : 6 à 8 millimètres. Ce Balanin dont le rostre de la 
femelle est aussi long que le corps et deux fois plus long que 


NU 
NS 


Fig. 258. — Rostre du Balaninus glandium Marsh. 5/1 gr. nat. (orig.) 


celui du mâle, porte des élytres roux à marbrures et taches 
brunes; l’écusson est grisâtre. On remarque une sorte de touffe 
pileuse à l'extrémité postérieure de la suture des élytres. 


Balaninus nucum L. Coréorr., Curculionidæ 


Balanin des noisettes 


Longueur : 5 à 7 millimètres. Le Balanin des noisettes est 
reconnaissable à ses élytres qui sont d’un brun grisâtre avec 
taches obliques pileuses plus claires. Tous les tibias sont munis 
du côté interne de forts crochets recourbés. On rencontre éga- 
lement la Larve de ce Charançon dans les glands. 


416 .  GLANDS 


Balaninus tesselatus Fourc. Coréopr., Curculionideæ 


Petit Balanin du Chêne 


Longueur : 4 à 6 millimètres. Ce Charançon qui vit également 
dans les noisettes est de couleur gris jaune et tacheté de brun 
sur les élytres. Ces derniers ne sont pas arrondis à leur extrémité, 
mais leurs pointes se touchent à la suture. Le rostre de la femelle 
est légèrement plus long que celui du mâle. 

Ces trois espèces provoquent également à peu près les mêmes 
ravages dans les glands que le Balaninus elephas Gylil, et le 
forestier appelé à protéger les chênaies contre de multiples 
ennemis, n'aura généralement pas à prendre des mesures spé- 
ciales à l’égard des Balanins. En effet, les déprédations de ces 
derniers n’ont d’autre conséquence que celle de diminuer la 
glandée, laquelle demeure presque toujours assez abondante 
pour assurer le rajeunissement des peuplements (1). 


Tortrix splendana Hbn. Lépinopt., Tortricidæ 


(Carpocapsa splendana Tr.) 


Longueur, Papillon étalé : 15 à 18 millimètres; Chenille : 
8 à 9 millimètres. Ce rare Papillon est reconnaissable à la couleur 
d’un blanc sale de ses ailes antérieures qui sont striées en dia- 
gonale par des taches foncées. Le centre de chacune des ailes 
est marqué par une zone plus claire. 

La Chenille est d'apparence claire ou légèrement teintée de 
rose, avec tête, extrémité anale et plaque nucale noirâtres. Cette 
dernière est divisée par un sillon médian longitudinal en deux 
moitiés. Chaque anneau du corps porte deux rangées transver- 
sales de plaques pileuses. 


(1) D’autres Coléoptères, tels que Elater subfuscus Mull., E. æneus L., 
Lacon murinus L. sont également, à l’état larvaire, des ravageurs de glands. 


CHÈNES 417 


On n’est pas encore parfaitement au clair sur l’évolution de 
cette Tordeuse dont la Chenille pénètre dans les glands pour 
en dévorer le contenu. La chrysalidation doit s’opérer au prin- 
temps, soit dans la terre, soit à l’intérieur des glands dans les- 
quels l’hivernement se produit le plus souvent. Les Papillons 
apparaissent en Juin. 

Lorsqu'on ramasse des glands perforés, on reste souvent per- 
plexe en examinant les Larves qui ont fouillé leur intérieur. Si 
ces rongeurs ont des pattes, il s’agit de la Tordeuse ou d’Elaté- 
rides ; dans le cas contraire, ce sont des Balanins (1). 


(1) Tortrix amplana H., espèce voisine, ravage, outre les glands, les noi- 
settes et les châtaignes. 


ENTOMOLOGIE FCRESTIÈRE 


LC 
Le 


1. Hêtre 


Fagus sylvatica L. 


RACINES 


Gryllus gryllotalpa L. 
Melolontha vulgaris L. 
Voir : Chapitre de l'Épicéa. 


Hylobius abietis L. 
Noctua segetum Sch1ff. 
Voir : Chapitre des Pins (1). 


ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


Lachnus exsiccator Alt. Ruyncu., Aphrideæ 


Longueur : 5 millimètres. La forme aïlée de ce Pou de cou- 
leur noire porte des antennes de six articles, plus courtes que 
le corps. Les ailes antérieures translucides ont la moitié externe 
tachetée de noir. 

Le Lachnus exsiccator Alt. attaque les branches et tiges de 
faible dimension du Hêtre, exceptionnellement du Chêne et du 
Châtaignier. Les Poux, réunis en colonies sur l’écorce sucent, 


(1) Un petit Charançon, le Strophosomus coryli Fabr., incapable de voler, 
ronge les radicelles des plants de Hêtre; ses dégâts sont plutôt rares et peu 
importants. 


420 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


celle-ci durant lété. Cette opération provoque un développement 
anormal de la zone cambiale qui, s’accroissant irrégul'èrement, 
produit des déchirures corticales longitudinales. Le ravage est 
rare et sans grande importance (1). 


Coccus fagi Bärensp. Rayncou., Coccideæ 


Longueur de la femelle : 6 millimètres. Cette dernière, de forme 
presque circulaire, d’un blanc sale, est privée de pattes et d’ailes. 
Le mâle est encore inconnu. On trouve en général durant l’été 
les colonies d’Insectes fixées sur les troncs ou branches de 
Hêtre de toute dimension. Un duvet blanchâtre sécrété par 
l'animal recouvre la colonie pendant que les Coccidies sont 
occupées à sucer l’écorce qui se crevasse et revêt une apparence 
chancreuse. Le dégât, répété plusieurs années de suite sur le 
même Hêtre, peut provoquer le dépérissement soit d’une branche, 
soit de la tige entière. 


Agrilus viridis L. 

Agrilus angustulus VI. 
Agrilus elongatus Hbst. 

Voir : Chapitre des Chênes. 


Cimbex variabilis Kiug. Hyménorr., Zenthredinidæ 


Longueur, Insecte parfait : 15 à 30 millimètres; Larve : 20 à 
30 millimètres. Comme son nom l'indique, cet Insecte est non 
seulement de couleur, mais de dimensions très variables. Le 
genre Cimbex est très voisin du genre Lophyrus dont nous avons 
étudié plusieurs espèces dans les chapitres des Pins et du Pin 


(1) Un autre Insecte du même genre, le Lachnus fagi L., qu’on trouve 
également en colonies dans les forêts de Hêtres, est reconnaissable au duvet 
blanchâtre qui le recouvre. Il s'attaque aux cotylédons et aux feuilles en 
plein épanouissement. On constate parfois des ravages appréciables dans 
les semis, mais dans la grande culture forestière, on ne peut facilement 
intervenir contre lui. 


HÊTRE 421 


cembro. Il règne encore une grande confusion dans la nomen- 
clature relative à ce genre, certains auteurs ayant créé des es- 
pèces suivant les essences sur lesquelles ces Hyménoptères 
opèrent leur évolution. Nous ne pouvons entrer ici dans l'examen 
de ces formes, qui n’offrent que peu d'intérêt au point de vue de 
la protection forestière. 

Le Cimbex variabilis Klug. a la tête et le thorax noirs, jaunes 


Fiq. 259. — Deux variétés du Cimbezx variabilis Klug. 1/1°qr. nat. 
(orig. coll. Standfuss, Zurich). 


et noirs ou brunâtres. Entre le thorax et l'abdomen on remarque 
une large plaque articulée blanchâtre. Les ailes sont translucides 
avec l'extrémité parfois d’un brun opaque. Les antennes ont un 
funicule de cinq articles et la massue semble à peine articulée. 

La Larve, munie de vingt-deux pattes, est ornée de verrues 
blanchâtres en rangées transversales et de stigmates encadrés 
de plaques chitineuses en forme de parenthèse. Il est très difficile 
de préciser la couleur des Larves de cette espèce, car elle présente 
tous les tons compris entre le vert Jaune et le brun rougeûtre. 
La face dorsale est parfois tachetée longitudinalement de brun 
foncé ou de noir. En général, les Larves ramassées sur les fron- 
daisons du Hêtre ne sont pas de même couleur que celles qui se 
nourrissent des feuilles de Bouleaux. 


422 


ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


Cet Insecte essentiellement polyphage (essences feuillues seu- 


lement) essaime en avril ou mai et la femelle, se servant de sa 


tarière, dépose les œufs dans l’épiderme des feuilles. En général, 


Fig. 260. — Branche de 
Hêtre ravagée par le 
Cimbex variabilis Klug. 
1/1 gr. nat. (oriq.). 

a, piqure récente; b, dé- 
gât plus ancien avec bour- 
relet. 


la Larve commence par ronger la feuille à partir 
de sa base en se dirigeant vers la pointe. Au re- 
pos, elle se tient volontiers repliée sur elle-même. 
A la fin de l'été, lorsque la période larvaire est 
achevée, il ne reste de la feuille, le plus souvent, 
que la nervüre médiane. L'animal hiverne à l’état 
de Larve cachée dans un cocon qui reste fixé 
aux rameaux et la nymphose s'opère en avril. 
Ce qui doit surtout intéresser le forestier dans 
les mœurs du Cimbex vartabilis Klug., ce n’est 
pas tellement la défoliaison effectuée par la Larve, 
mais bien plutôt les piqûres que font les Insectes 
ailés qui, un peu à la façon de celles du Frelon, 
décortiquent les branches et tiges de faible dimen- 
sion. Cependant les Cimbex ne pratiquent que des 
anneaux très minces qui souvent encerclent com- 
plètement les branches: 1ls dessinent parfois des 
spirales qui, l’année suivante, se recouvrent d’un 
bourrelet (fig. 260). Ce dégât ne doit pas être 
confondu avec celui occasionné par les Souris ou 
les Pics qui souvent provoquent des blessures an- 
nulaires beaucoup plus importantes sur les grosses 


tiges et branches des Hêtres et d’autres arbres. Le Cimbex varia- 


bilis Klug. s 


attaque par contre à des rameaux et rejets de très 


petite dimension dont l'écorce est encore tendre. 


Dans certains cas où l’Insecte pullule, on peut se donner la peine 


de récolter les Larves au moment où&lles sont fixées aux feuilles. 


Callidium variabile L. Cozéopr., Cerambycidæ 


Longicorne variable ou du Hêtre [PI. VIL fig. 8, 8 a] 


Longueur, 
limètres. Cet 


Insecte ailé : 8 à 15 millimètres; Larve : 10 à 14 mil- 
Insecte appartient au groupe des Cérambycides qui 


HÊTRE 423 


est*caractérisé par la tête penchée et non perpendiculaire, par 
les jambes antérieures non sillonnées d’une rigole; les côtés du 
corselet sont arrondis. Le Callidium variabile L. est le plus sou- 
vent d’un jaune brun avec tête foncée; chez certains individus, 
les élytres sont bleuâtres (PL VIT, fig. 8 a); ces derniers sont très 


Q=— 


& 
JE 
œ 
e 
à 
$ 


EP Dre Fes Uk 
Fig. 261.— Callidium variabile L. Fig.262.— Tronc de Hêtreravagé par la Larve du 
Callidium variabile L. (Voir légende fig. 261.) 


de OrRGgtans ARzOne CA Diale stp LAUTe 1/1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich). 


ee 
pon de détritus; f, Chrysalide. 3/4 gr. nat. 
(oriq.). 

finement striés-ponctués et le corselet présente quelques petites 
tubérosités lisses. 

La femelle pond ses œufs dans les anfractuosités de Pécorce. 
La Larve est du type de celles des Longicornes et ressemble 
beaucoup à celle du Callidium bajulus L. Une fois formée, elle 
creuse des couloirs sinueux qui entament à la fois les zones 
cambiale et corticale; ils augmentent de calibre à mesure que 
la Larve devient plus grosse, puis sont remplis de sciure com- 
primée et abandonnés. Pour se métamorphoser, ce Longicorne 


s'enfonce perpendiculairement et ensuite longitudinalement dans 


424 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


le bois même le plus sain, formant ainsi un crochet assez sem- 
blable au nid du Pic-bois et au berceau de chrysalide du Calli- 
dium luridum L. 

Le Callidium variabile L. évolue probablement dans l’espace 
de deux ans. Il est très fréquent dans les dépôts de bois de 
Hêtre dont les troncs et branches n’ont pas été écorcés avec le 
plus grand soin immédiatement après l’abatage. 

Souvent nous avons entendu le bruit produit par les mandi- 
bules en action de ce Longicorne à l’intérieur des bûches de 
Hêtre en dessiceation dans les bûchers. 

Le Callidium variabile L. présente plus d'intérêt au point de 
vue technique qu’au point de vue forestier. 

Trois autres Cérambycides provoquent également des ravages 
du même genre dans le bois de Hêtre non écorcé, ce sont : 


Cerambyx Scopoli Laich.; 
Cerambyx alpinus L. (Rosalia alpina Serv.); 
Callidium sanguineum L. (1). 


Cryphalus fagi Fabr. Coréopr., Scolytidæ 
(Ernoporus fagi Thoms.) 
Bostryche du Hêtre 


Longueur: 1,5 à 1,8 millimètre. La massue des antennes de ce 
Bostryche de petite dimension présente des su- 
tures courbées en cercle; le premier article est 
ovalaire; les suivants, en forme de croissant, en- 
tourent le premier de leurs lignes concentriques. 
Le corselet est relativement petit, aussi long que 
large, arrondi antérieurement et porte sur le mi- 


lieu du bord antérieur deux petits granules fai- 
ap, sant saillie en avant. On remarque en outre sur 
(one la région antérieure du disque du corselet une 

plaque à granules'disposés en lignes arquées (fig. 263). Les 


(1) Necydalis major L. et abbreviatus Panz. de grande dimension se ren- 
contrent également, dans les bois de Hêtre en décomposition. 


HÊTRE 425 


élytres sont deux fois plus longs que le corselet, très densément 

striés-ponctués et chagrinés, couverts de rangées de soies pili- 

formes dressées. 4 
Le type des couloirs creusés par le Cryphalus fagi Fabr. est 


Fiq. 264. — Couloirs du Cryphalus fagi Fabr. dans une branche de Hêtre. 1/1 qr. nat. (orig.). 


difficile à décrire, car rarement on découvre à la face interne 
de l’écorce du Hêtre si crevassée une figure bien nette. La ga- 
lerie maternelle a une tendance à suivre les fibres ligneuses, 
mais elle se ramifie un peu dans tous les sens. Les galeries lar- 
vaires, peu nombreuses, sont aussi courtes et disposées très irré- 
gulièrement. Les berceaux de chrysalides, creusés parfois dans 
Paubier, apparaissent souvent rempls de sciure blanchâtre. 
L’Insecte, qui pullule dans les branches tombées à terre, a 
une influence presque nulle sur les Hêtres en pleine végétation. 


426 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


Taphrorychus bicolor Herbst. Cocéopr., Scolytidæ 


Longueur : 2 à 2,3 millimètres. Un peu plus allongé que l’es- 
pèce précédente, ce Scolytide porte également sur 
la partie antérieure du corselet une ligne de gra- 
nules, mais il est dépourvu de pointes proémi- 
nentes. Les élytres sont à côtés droits parallèles, 
densément striés-ponctués, brusquement obtus à 


la partie déclive où les stries suturales sont en- 
Fig. 269. — Corselet du 


Taphrorychus bicolor foncées. Les stries et interstries ont à peu près 
Herbst. (oriq.). ÿ | 5 

une ponctuation aussi prononcée. La femelle 
porte sur la partie antérieure du front une touffe de poils rigides 


et blonds. 


LR 


Fig. 266. — Système des galeries du Taphrorychus bicolor Herbst. dans l'écorce de Hêtre. 
1/1 gr. nat. (orig.). 


On ne sait pas grand’chose au sujet de l’évolution de ce Bos- 
tryche, moins fréquent que le précédent et qui montre les mêmes 


HÊTRE 427 


préférences pour les branches et les tiges dépérissantes du 
Hêtre. 

Les couloirs présentent un aspect presque aussi confus avec 
un type de galeries maternelles plus rapproché de la forme 
étoilée. 

Bien que parasites du bois non écorcé du Hêtre, ces deux 
Coléoptères, en tant qu’'Insectes nuisibles, n’ont que fort peu 
d'importance (1). 


Scolytus intricatus Ratz. 
Voir : Chapitre du Chêne. 


INTÉRIEUR DU BOIS 


Buprestis berolinensis Herbst. Coréopr., Buprestideæ 


Bupreste de Berlin 


Longueur : 15 à 20 millimètres. L’Insecte parfait est de cou- 
leur bronzée ou parfois d’un vert à reflets métalliques. La Larve, 
du type de celles des Buprestes dont nous avons déjà parlé 
dans les chapitres précédents, creuse des couloirs sinueux dans 
le bois en décomposition du Hêtre et du Charme. 

La biologie de ce ravageur xylophage est encore peu connue. 


Lymexylon dermestoides L. 
Xyleborus Saxeseni Ratz. 
Voir : Chapitre du Sapin blanc. 


Anobium tesselatum Fabr. 
Anobium plumbeum WI. 
Ptilinus pectinicornis L. 
Xyloterus signatus Fabr. 


(1) Taphrorychus Bulmerinequi Kolen. est une espèce voisine qu’on trouve 
dans le midi de l'Europe et qui creuse également des couloirs embrouillés 
sous écorce du Hêtre. 


428 INTÉRIEUR DU BOIS 


Xyleborus dryographus Fabr. 
Voir : Chapitre des Chênes. 


Xyleborus dispar Fabr.; 
Voir : Chapitre des Erables. 


Fig. 67. — Galeries du Buprestis berolinensis Herbst. dans une poutre de Hètre. 
1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). 


Cossus æsculi L. 
Voir : Chapitre du Châtaignier 


Ægosoma scabricorne Fabr. 
Voir : Chapitre des Peupliers. 


HÊTRE 429 


Cossus ligniperda L. 
Voir : Chapitre des Saules. 


Fig. 268. — Ptilinns pectinicornis L. dans Fig. 269. — Anobium tesselatum Fabr. dans un 
une branche de Hêtre. 1/1 gr. nat. (orig. tronc de Hêtre. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, 
coll. Muséum, Paris). Paris). 


Dorcus parallelipipedus L. Coréopr., Lucanidee 


Longueur : 16-22 millimètres. Cet Insecte ressemble beaucoup 
au Lucane cerf-volant, mais il est sensiblement plus petit. Le 
mâle est caractérisé par de fortes mandibules munies en leur 
milieu d’un denticule relevé. Ce Coléoptère se nourrit des sues 
ligneux, tandis que la Larve fouille les troncs en décomposition 


430 FEUILLES 


des Hêtres et d’autres essences feuillues; son importance fores- 
tière est très secondaire (1). 


Fig. 270. — Mäle et Femelle du Dorcus parallelipipedus L. fouillant un tronc de Hêtre en 
décomposition. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). 


FEUILLES 


Un certain nombre de Charançons, dont quelques espèces 
auraient pu à la rigueur figurer dans le chapitre de l’Épicéa 


(14) Pas d’Insectes spéciaux aux « Rameaux » et aux « Bourgeons ». 


HÊTRE 431 


des Pins, du Mélèze et des Chênes, causent particulièrement sur 
les feuilles de Hêtre des dégâts très communs, mais ne compro- 
mettant jamais la vitalité des arbres et ne causant guère de 
perte d’accroissement. Le Polydrosus cervinus L. qu’on recon- 
nait à la couleur cuivrée brillante de ses élytres tachetées de foncé 
et à son bec arrondi, est un des ravageurs les plus répandus de 
cette catégorie. 

Les Phyllobius argentatus L., maculicornis Germ., oblongus L., 
etridicollis Fabr., glaucus, Scop., les Metallites mollis Germ. et 
atomarius Oliv. sont des Phytophages polyphages qui, à l’état 
parfait, perforent les feuilles du Hêtre et d’autres essences 
feuillues. 


Melolontha vulgaris L. 
Melolontha hippocastant Fabr. 
Voir : Chapitre des Chênes. 


Melolontha fullo L. 
Voir : Chapitre des Pins. 


Orchestes fagi L. Coréopr., Curculionidæ 


Orcheste danseur ou du Hêtre [PI. VIL, fig. 1] 


Longueur : 2 à 2,5 millimètres. Ce Charançon de petite dimen- 
sion et de couleur chocolat est caractérisé par un bec plutôt 
allongé, portant de chaque côté en son milieu une antenne à 
funicule de six articles. Les côtés du corselet sont arrondis et les 
élytres striés-ponctués avec interstries planes. Les fémurs anté- 
rieurs sont munis d’un petit crochet et les antennes, tibias et 
tarses sont brun-jaune. 

L'évolution de lOrcheste du Hêtre s’accomplit en une année, 
comme l'indique le graphique ci-joint. C’est après avoir hiverné 
à l’état d’Insecte parfait dans le sol ou les anfractuosités de 
l'écorce que les femelles se jettent sur les feuilles en voie d’épa- 
nouissement pour déposer leurs œufs en général des deux côtés 


432 


FEUILLES 


de la nervure médiane. Huit à dix jours après la ponte, les jeunes 


Chenilles se mettent à forer entre les deux épidermes de la feuille 


un minuscule couloir décrivant des méandres plus 


vue, e& pour celui qui 
n’observe pas de près les causes 
de ce ravage, les hêtraies sem- 
blent avoir subi les atteintes de la 
grêle ou de la gelée, tellement les 
feuilles perforées et à moitié sèches 
sont en forte proportion (fig. 272). 

On a déjà beaucoup discuté sur 


les effets que ces ravages peu-, 


vent avoir sur la vitalité des 
Hêtres qui, au milieu de Pété, 
voient leur frondaison à moitié 
décimée, ainsi que ce fut le cas 
un peu partout dans l'Europe 
centrale en 1912, en plaine comme 
dans les stations les plus élevées 
de cette essence dans les Alpes et 


le Jura. 


| FT ou moins sinueux, pour atteindre une ou deux se- 
ra |] maines plus tard la périphérie de la feuille. Le fo- 
Mars. .| + || rage s’élargit un peu à la façon de celui creusé par la 
Avril. . +4 Tinea complanella Hbn. (Voir Chapitre des « Chênes») 
Ro à et forme le berceau de nymplose. 

TEST Déjà à la fin de juin apparait l’Insecte parfait. 
———— Al Il est très mobile, saute de feuille en feuille, — de là 
“2: ŸM son nom de danseur — jusqu’au moment où le feuil- 
Août | AT Jage devenant trop coriace, il songe à hiverner. 
Sept . .| + C’est sous la forme parfate que cet animal est 
CR EE surtout nocif, car il perfore de part en part les 
Nov. ..| + | leuilles qui ne tardent pas à se dessécher partiel- 
us nes lement. A première 


Fig. 271. — Feuille de Hêtre ravagée 
par l’'Orchestes fagi L. 
a, origine du couloir larvaire; b, zone fouillée 
par la Larve; c, perlorations opérées par l’Insecte 
parfait. 1/1 gr. nat. (orig.). 


En 1902, et dans certaines régions durant les années suivantes, 


on a constaté une forte invasion de l'Orcheste danseur. Ainsi, la 


HÊTRE | 433 


forêt de Fontainebleau entre autres, fut très éprouvée par ce 
ravage plus particulièrement intense dans les parties à sol super- 


Fig. 272. — Rameau de Hêtre présentant des vestiges de ravages intenses de l'Orchestes fagi L. 
1/2 gr. nat. (orig.). 


ficiel. Les Hêtres ont beaucoup souffert depuis et nous avons pu 
constater sur place le desséchement de nombreux arbres et de 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 28 


434 FEUILLES 


branches d’une certaine grosseur. Certains sylviculteurs (R. D. 
E. F.) ont alors cru pouvoir rendre le Charançon responsable 
de ce dépérissement du Hêtre; nous ne pouvons nous ranger à 
cet avis, car, dans les peuplements décimés à ce moment-là, les 
vestiges de Champignons lignifuges étaient surtout abondants. 
Nous demeurons convaincu que le dépouillement partiel de la 
frondaison durant deux à trois années consécutives, détermine 
certainement une perturbation dans la vie du végétal, mais dans 
la grande majorité des cas, il anémie seulement les Hôêtres, 
préparant ainsi la voie à d’autres ennemis xylophages. 

Il n'existe aucun moyen répressif capable d’arrêter l'invasion 
de ce ravageur phytophage qui apparait dans des proportions 
fantastiques et qui, à l’état larvaire, ne semble redouter que 
certaines gelées tardives. 


Rhynchites betuleti Fabr. Coréopr., Curculionidæ 
(Rhynechites alni Mull.) 


Longueur (rostre compris) : 6 à 9 millimètres. Ce Charançon, 


Fig 273. — Feuilles de Hêtre déformées par le Rhynchiles betuleti Fabr. 1/1 gr. nat. 
(orig. coll. Pauly, Munich). 


HÊTRE ; 435 


d'apparence verte ou bleue, a un corselet large et lisse; les élytres 
sont striés de lignes ponctuées. Il est très fréquent dans le vignoble, 
mais déforme également les feuilles de Hêtres et parfois aussi 
d’autres arbres feuillus. Sa biologie ressemble beaucoup à celle 
de l’A poderus coryli L. et de l’Attelabus curculionoides L. Insectes 
que nous avons décrits dans le chapitre précédent. Les dégâts de 
ce Coléoptère phytophage ressemble singulièrement à un cigare. 
Nous signalons en passant le Rhynchites betuleti Fabr. sans lui 
attribuer d'influence nocive sur le développement des hêtraies. 


Geometra boreata Hbn. Lépiporr., Geometrideæ . 


Arpenteuse du Hètre [PI. VII, fig. 5] 


Longueur : Papillon étalé, 4 : 35; ©, 10 millimètres; Chenille : 
20 à 25 millimètres. Le mâle est caractérisé par des ailes anté- 
rieures allongées, d’un gris jaunâtre avec des taches transver- 
sales à peine plus foncées, peu distinctes, formant un angle aigu 
avec le bord antérieur qui est également foncé. Les ailes posté- 
rieures plus claires, portent quelquefois une tache brune au 
centre. 

La femelle, à l’instar de celle de l'espèce voisine Cheimatobia 
brumata L., a des ailes anormales, c’est-à-dire que lorsque les 
antérieures sont repliées, elles atteignent chez l’Arpenteuse du 
Hêtre à peine l’extrémité de l'abdomen. Les ailes antérieures 
du mâle sont grises avec une large bande transversale d’un brun 
foncé. Le corps est également grisâtre, mais tacheté de blanc. 

La Chenille se distingue par sa couleur verdâtre et ses deux 
lignes longitudinales blanches courant de chaque côté de la ligne 
médiane dorsale. Les stigmates, de même que la tête, sont noirs. 

Cette Arpenteuse, qui s'attaque également aux Bouleaux, a 
une biologie rappelant singulièrement celle de la Cheimatobie 
hyémale que nous avons étudiée dans le chapitre des Chênes et 
avec laquelle on est facilement porté à la confondre dans la 
nature. 

Les conséquences des déprédations de la Chenille sur les feuilles 


436 FEUILLES 


de Hêtres sont identiques à celles des invasions de l’espèce 
précitée, c’est-à-dire que la frondaison partiellement anémiée au 
moment de son épanouissement, ne permet pas à l’arbre de 
bénéficier d’un accroissement annuel normal et la production 
des faines en est souvent également compromise. 

Quant aux moyens préventifs et répressifs à opposer à la pro- 
pagation de ce Papillon rare, nous en référons à ce que nous 
avons dit à propos de la Geometra brumata L. 


Geometra defoliaria L. 
Geometra aurantiaria Esp. 
Phalera bucephala L. 

Liparis chrysorrhoea L. 
Liparis similis Fussl. 
Bombyx neustria L. 

Voir : Chapitre des Chênes. 


Orgya pudibunda L. Lépinorr., Bombycideæ 


(Dasychira pudibunda Stph.) 


Orgye pudibonde ou du Hêtre [PI. VIE, fig. 3, 3 a] 


Longueur, Papillon étalé : 35 à 65 millimètres; Chenille : 35 
à 40 millimètres. Ce Bombycide, de relativement grande dimen- 
sion, est d’un gris plus ou moins jJaunâtre, parfois couleur 
chaudron, avec des dessins d’un brun effacé sur les ailes anté- 
rieures. Ces derniers forment spécialement deux bandes trans- 
versales nettement détachées, à peu près au milieu de la longueur 
des ailes. Celles-ci sont, en outre, couvertes d’une fine poussière 
formée d’écailles et de même teinte que les tachetages transver- 
saux. Les franges insérées entre les nervures sont foncées. Les 
ailes postérieures portent à peu près aux deux tiers antérieurs 
de leur longueur une bande brunâtre peu distincte. La tête et 
l'abdomen présentent approximativement la même couleur que 


les ailes. 


HÊTRE 437 


Si le Papillon n'offre pas de caractères bien saillants au point 


Fig. 274. — Orgya pudibunda L. sur le Hêtre. a, jeune Chenille ; b, Chenilles adultes ; c, Cocon ; 
d, Chrysalides ; e, feuilles rongées par les Chenilles. 1/1 gr. nat. (orig.). 


de vue morphologique, 1l n’en est pas de même de la Chenille 
que le forestier peut déterminer au premier coup d’œil, car 


438 . FEUILLES 


aucun autre animal du monde des bois ne lui ressemble. Elle est 
d’un vert jaune avec tête claire; cependant 11 y a lieu de remar- 
quer que la couleur dominante du corps peut varier du jaune 
ocre au brun rouge, c’est du reste un phénomène que nous avons 
signalé en décrivant la Chenille monophage du Bombyce du Pin. 
La Chenille de lOrgye du Hêtre porte au sommet 


Janv | NO à : x , : 

des anneaux 4 à 7 une toulfe de poils très serrés, qui 
Fév..:1 0 semblent avoir été coupés au même niveau avec des 
Mars. .| o || ciseaux et dont la surface de section forme un rec- 


Avril. .| o || tangle transversal. Entre ces quatre houppes pi- 


GE o || leuses, on remarque quatre bandes d’un noir in- 
Mai. . | © 


A +] tense, puis sur les côtés des anneaux 8 à 10, une 
JUIN... 
——— || raie également d’un noir velouté. Mais le critère 
le | ete FaiD : N 2 
|__| principal réside dans le pinceau rougeâtre fixé sur 
A Ù . DR r . r se » 
cl TM le onzième anneau et dont l'extrémité est dirigée 
[Éet-eSrE ll 'entvarrière: 
HE IPS Les Chenilles, à leur sortie de l'œuf, sont recou- 
= À re As 
Nov... | o | vertes d’une pilosité dense permettant de distin- 
— || guer avec peine la couleur du corps. Les toupets 
Déc. .| 0 E 


de poils et le pinceau leur font également défaut, 


ces appendices n’apparaissant qu'après la deuxième ou troisième 
mue. 

Ce Bombycide est peu répandu; il n’a été constaté comme 
causant des ravages importants que dans certaines régions bien 
déterminées de l'Europe centrale, en particulier sur les côtes 
de la Baltique, dans les Vosges, le Hartz, ete., soit dans la patrie 
du Hêtre (Juperca et Nirsce, 1895, p. 790). 

Le Papillon essaime au moment de l’épanouissement des 
feuilles et vole plutôt bas dans les futaies. La femelle dépose ses 
œufs par tas qui comptent parfois plusieurs centaines d’élé- 
ments rangés en séries Juxtaposées sur la partie inférieure des 
troncs. Les jeunes Chenilles apparaissent au commencement de 
juillet, entament généralement les feuilles par leur face infé- 
rieure et les transpercent également. Ce n’est qu'après la première 
mue qu'elles rongent les régions latérales, détachant de grands 


fragments qui, inutiles, tombent à terre. 


HÊTRE 439 


Ce ravage foliaire ressemble beaucoup à celui causé par la 
Nonne. Bien que la Chenille montre moins de vivacité que celle 
de la Liparis monacha L., elle se laisse choir sur le sol au moyen 
d’un fil, dès qu’elle se sent peu en sûreté dans la frondaison ou 
que le vent agite les branches. La chrysalidation a lieu le plus 
souvent dans la couverture morte ou exceptionnellement sur 
les rameaux du sous-bois. C’est à l’état de Chrysalide que l’In- 
secte hiverne. 

Bien que lOrgye pudibonde soit essentiellement un ravageur 
du Hêtre, on la rencontre parfois sur d’autres arbres feuillus et 
accidentellement sur les résineux. Dans la plupart des invasions 
un peu importantes de ce Lépidoptère, on a remarqué que les 
Cocons et Chenilles souffraient particulièrement de humidité 
et étaient attaqués par des Champignons (Cordiceps) dont l’in- 
fluence avait pour effet de mettre un terme à la propagation de 
l'épidémie. 

Au point de vue de la protection forestière, on constate que 
les, Hêtres, dont la frondaison a été envahie par l’Orgya pudi- 
bunda L., peuvent résister à une forte diminution de l'appareil 
foliaire, grâce au fait que la période de ravages se produit rela- 
tivement tard, c’est-à-dire après que le mouvement de la pre- 
mière sève, du printemps a permis à l’arbre de constituer ses 
organes de reproduction. Toutefois, après deux ou trois années 
d’invasions répétées, les Hêtres peuvent voir une partie de leurs 
branches se dessécher. 

Nous n’avons pas affaire ici à un ennemi aussi dangereux que 
la Nonne, dont les déprédations, qui sont surtout à redouter 
parmi les résineux, peuvent avoir des conséquences désastreuses 
sur des arbres au feuillage persistant. 

L'efficacité et l'opportunité des mesures à opposer à lOrgve 
du Hêtre sont très discutables, car la mise en action de ces 
moyens peut entrainer des dépenses hors de proportion avec 
l'importance des déprédations, puisqu'il s’agit seulement d’une 
perte partielle d’accroissement ou d’une diminution de la pro- 
duction des faines et rarement du desséchement d’une portion 
de la frondaison. Dans certains cas exceptionnels, 1l peut être 


440 FEUILLES 


indiqué de racler les œufs fixés sur lécorce du tronc ou de 
circonscrire par des fossés et des perches glutineuses, tel canton- 
nement dans lequel on désire emprisonner et affamer les Che- 
nilles (Voir : « Nonne », chap. de l « Épicéa »). 


Un autre Bombycide, d'importance tout à fait secondaire et 
aux instincts également polyphages, peut être rangé au nombre 
des parasites des feuilles du Hêtre, c’est le Jalias prosinana L. 


Liparis dispar L. Lépinopr., Bombycidæ 


Bombyce disparate [PI VIT, fig. 2, 2 a, 2 b] 


Longueur, Papillon étalé, j : 20 à 25; @ : 45 à 75 millimètres; 
Chenille : 40 à 70 millimètres. Son nom l'indique, ce Bombyce 
offre non seulement une grande divergence de dimension, mais 
aussi de couleur entre les deux sexes; les écarts sont si grands 
qu'on pourrait, à première vue, envisager les deux sexes comme 
des espèces différentes. La femelle se distingue par son corps 
ramassé, couleur café au lait, avec extrémité abdominale plus 
foncée et la tête très pileuse, d’un blanc laiteux. Les ailes anté- 
rieures sont ornées de taches transversales brunes, rappelant, sous 
le rapport de leur forme et de leur disposition, celles de la Nonne. 
Les postérieures sont saupoudrées de jaune et à peu de distance 
de leur bord externe, elles sont sillonnées d’une étroite bande 
transversale fractionnée par les nervures. 

Chez la femelle, les franges de toutes les ailes ont des taches 
brun foncé disposées entre les nervures. 

La Chenille a une tête grisâtre, parsemée de taches noires. Le 
corps, de teinte gris-Jaune, est orné de dessins nolrâtres aux 
formes irrégulières. Le principal caractère distinctif de cette 
Chenille, réside dans les six rangées longitudinales de verrues 
munies de longs poils et qui sont disposées par lignes transver- 
sales de six sur chaque anneau. Les quatre rangées médianes 
des anneaux 1 à 5, sont de couleur bleue; celles des anneaux 9 
à 11, sont brun rouge. En outre, au centre des anneaux 9 et 10, 


HÊTRE 441 


on remarque une petite protubérance verruqueuse également de 
couleur rougeâtre. 

La Chrysalide est d’un brun foncé brillant avec des touffes 
de poils rougeâtres allongés. 

Peu de Papillons ont une aire de dispersion aussi vaste et un 
tempérament souvent porté à s’accommoder d’une nourriture 
phytophage aussi variée. On peut affirmer qu’on a trouvé sa Che- 
nille attaquant presque toutes les essences sociales et bon nombre 
d’arbustes, qui constituent le sous-bois de nos forêts. Cependant, 
en dehors des vergers, c’est bien dans les hêtraies 
que les forestiers ont le plus souvent l’occasion 
d'étudier l’évolution du ZLiparis dispar L. et de 
constater ses ravages. Mars. . 

Le Bombyce dissemblable évolue suivant le gra- |! avrit. . 
phique ci-joint. La période de nocivité dure environ | 
trois mois qui sont précisément ceux de la végéta- 
tion printanière. Après avoir été fécondée, la 
femelle dépose ses œufs sur lécorce des branches 


Jul ee 


Août , 
ou, parfois, lors d’invasions intenses, sur des corps [27 


étrangers tels que des piquets, des clôtures ou des |! Sert -. 
bâtiments en forêt. Les œufs sont groupés par || oc... 
paquets agelutinés et recouverts d’un duvet soyeux, 


brunâtre, qui constitue une protection pour l’hiver- 


nage (fig. 276). En avril ou mai, suivant l'altitude 
et les circonstances climatériques, les Chenilles apparaissent et, 
durant deux à trois semaines, demeurent réunies en colonies sur 
le miroir de ponte dont les débris paraissent leur servir de nour- 
riture. L’ascension commence peu après, elle coïncide avec l’épa- 
nouissement des jeunes feuilles. La manière dont ces dernières 
sont dévorées varie beaucoup, mais 11 Y a presque toujours un 
énorme gaspillage de débris foliacés. Dans certains cas, la 
Chenille s'attaque également aux rameaux non lignifiés ou même 
aux bourgeons. 

A l'instar de la Nonne, la Liparis dispar L. a la faculté de 
circuler dans la frondaison et de se laisser choir au moyen d’un 
fil. En cas de mauvais temps ou d'inquiétude, les Chenilles se 


442 FEUILLES 


réunissent aux fourches des branches, dans les‘anfractuosités de 
l'écorce ou dans le sous-bois; c’est dans ces retraites qu'elles se 
chrysalident au commencement du mois d’août. 

Bien que les ravages du Bombyce dissemblable soient surtout 
à redouter dans les forêts de Hêtres et de Chênes, on a constaté 


Fig. 279. — Liparis dispar L. sur un tronc de Chêne. a, Femelle occupée à pondre; 
b, miroirs d'œufs ; c, Mâle. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich). 


la présence de ces Insectes sur les résineux, l’Épicéa et le Pin 
syvlvestre en particulier. En 1909, nous en avons même observé 
une invasion dans la forêt de Mélèzes d’Isérables, située à 
1.300 mètres d'altitude dans les Alpes valaisannes (BARBEY, 
1909, p. 468-470), mais c’est là un cas exceptionnel. 

En France, c’est surtout sur le Chêne-liège que ses dépréda- 
tions ont été nocives. LomEy (1886, p. 359-363) relate une 
invasion de ce Papillon dans les chênaies de la région de Constan- 
tine (Algérie), où 2.000 hectares environ furent dévastés; il en 


HÊTRE 443 


est résulté une diminution sérieuse de production du liège et 
un important déchet dans la glandée. Les mêmes phénomènes 
ont été observés il y a une quarantaine d'années en Espagne. 


Fig. 276. — Miroirs d'œufs de la Liparis dispar L. recouverts d’un duvet protecteur et fixés 
sur l'écorce du Hêtre. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). 


Plus récemment, dans les départements de la Gironde, de la 
Creuse, du Loiret, du Loir-et-Cher et de la Côte-d'Or, on a pu 
enregistrer, durant les années 1902 à 1906, des déprédations assez 
sensibles dans les forêts feuillues et surtout dans celles où le 


444 FEUILLES 


Chêne occupe une place prépondérante. Dans la forêt d'Orléans, 
la perte d’accroissement a été particulièrement intense. En 
1902, cette forêt fut, sur une superficie d'environ 1.100 hectares, 
dépouillée de sa frondaison et, pendant l'hiver qui suivit, on 
réussit à détruire la ponte sur 500 hectares au moyen d’appli- 
cation sur les miroirs, d’un mélange de goudron et de pétrole. 
Dès l’année suivante, le nombre des Insectes diminua sensible- 
ment, et la disparition n’eut lieu toutefois qu’en 1904 (R. D. E.F.). 

On observe cependant que dans les régions précitées du centre 
et du midi de la France, le Liparis dispar L. vit à l’état endé- 
mique et isolé. Les invasions sont particulièrement néfastes 
dans les vergers, car aucune Chenille ne montre aussi peu de 
préférence pour une espèce spéciale de végétaux, tout lui est 
bon et sa voracité est excessive. 

Les forestiers et arboriculteurs américains sont actuellement 
aux prises avec ce destructeur importé d'Europe, qu'ils cherchent 
à combattre en l’infestant de parasites de la famille des Tachi- 
naires, également importés de l'Ancien Monde. Les premiers 
résultats obtenus avec cette nouvelle méthode sont encoura- 
seants, et celle-ci a également été appliquée à la Liparis chrysor- 
rhoea L. 


Moyens préventifs. — Cette Chenille est tellement polyphage, 
qu'on ne peut guère modifier la condition culturale des peuple- 
ments exposés à ses ravages par l’adjonction d’essences résistant 
à ses attaques. Il faut se borner à éduquer des arbres normale- 
ment constitués, et surtout surveiller attentivement la multipli- 
cation de l’animal dans le canton où il a été signalé par cas 
isolés, puis intervenir énergiquement suivant les procédés men- 


tionnés ci-dessous. 


Moyens répressifs. — Le moyen le plus simple, et que nous 
avons déjà signalé plus haut à propos de l’invasion dans la forêt 
d'Orléans, consiste à faire en hiver la chasse aux miroirs d'œufs, 
qu'on peut détruire au moyen de crochets, brosses métalliques 
ou autres outils plus ou moins rigides qu’on fixe à des perches. 


HÊTRE 445 


Il est prudent d’écraser ou de brüler sur place ces pontes tombées 
à terre, car dans des situations abritées, les intempéries ne par- 
viennent pas toujours à compromettre l’éclosion. Il est égale- 
ment indiqué d'intervenir en juin et juillet contre les agglomé- 
rations de Chenilles adultes, alors que gavées de nourriture, ces 
dernières se reposent aux intersections des branches ou dans les 
anfractuosités des écorces. 

Si, dans des cas exceptionnels, l'animal pullule d’une façon 
intense dans un peuplement, on peut alors, au moyen de fossés 
à pièges, restreindre son activité, l’affamer et permettre ainsi à 
ses ennemis de le décimer. 


Liparis monacha L. 
Voir : Chapitre de l'Epicéa. 


Halias prasinana L. Lépinorr., Bombycidæ 


Longueur, Papillon étalé : 32 à 35 millimètres; Chenille 
30 millimètres. Ce Bombycide est aussi peu connu que répandu. 
On le reconnait à ses antennes rougeâtres et à la couleur ver- 
dâtre de sa tête, de son thorax et de ses ailes antérieures qui 
présentent, en outre, des bigarrures transversales obliques d’un 
jaune effacé. Le mâle a le bord antérieur des ailes de devant 
teinté de rouge, tandis que cette partie est, chez la femelle, d’une 
nuance Jaunâtre. 

La Chenille qu’on trouve accidentellement sur les feuilles du 
Hêtre et encore moins souvent sur d’autres feuillus, est d’un 
vert jaune avec trois lignes dorsales d’un jaune foncé. La tête 
est lisse, verte, avec marbrures Jaunâtres. | 

Seul, ALTUM (1882, p. 114) a décrit une invasion de ce papil- 
lon qui, en 1878, a eu pour théâtre une hêtraie de Westphalie. 


Liparis chrysorrhoea L. 
Liparis simiis Fussl. 
Bombyx neustria L. 
Phalera bucephala L. 
Tortrix viridana L. 


446 l FEUILLES 


Tortrix ferrugana Tr. 
Voir : Chapitre des Chênes. 


Une Noctuelle, la Noctua coryli L. à une Chenille polyphage 
qu'on rencontre parfois sur les frondaisons des Hêtres. En consé- 
quence, on ne peut pas, à proprement parler, ranger ce Papillon 
au nombre des [Insectes parasites de cette essence. 


Il en est de même des deux espèces suivantes : 
Noctua aprilina L. 
Voir : Chapitre des Chênes. 


Noctua aceris L. 
Voir : Chapitre des Érables. 


Megachile centuncularis L. Hyméxorr., Anthophikæ 


Megachile ou Abeille découpeuse 


Cet Insecte qui, étalé, mesure environ 30 millimètres, appar- 
tient à la même famille que les Abeilles. Il est d’un noir violacé 
à reflet très brillant. L’abdomen est large avec partie supérieure 
aplatie chez la femelle, rougeâtre à la face inférieure. Chez le 
mâle, l'abdomen est convexe avec les deux derniers segments 
recourbés en dessous. 

L’Abeille découpeuse n’a que peu d'importance au point de 
vue de la protection des forêts. Nous ne reproduisons ses dégâts 
sur les feuilles du Hêtre que pour permettre de les identifier 
aux ravages que causent les Chenilles nuisibles. 

Le Megachile centuncularis L. découpe d’une façon très régu- 
lière et méthodique les feuilles de plusieurs essences notamment 
du Hêtre, des Érables et aussi des Rosiers (fig. 277). A l’aide de 
ces fragments foliaires, l’Insecte confectionne un petit cigare 
avec couvercle qui ressemble parfois à un dé à coudre de dimen- 
sion moyenne. C’est dans cette cachette que la femelle dépose 
un œuf noyé dans une provision de miel. Ces nids se rencontrent 
dans les bois pourris, parfois aussi dans les couloirs forés par 
d’autres Xylophages de grande dimension ou encore dans la 


HÊTRE 447 


terre. La biologie de cet Hyménoptère rappelle d’une façon 
frappante celle de la Xylocope violacée, décrite dans le chapitre 
des « Saules ». 


Fig. 277. — Feuilles de Hêtre découpées par la Megachile centuncularis L. 
1/1 gr. nat. (oriq.) 


Quand nous aurons encore signalé un Orthoptère, le Pezo- 
tettix alpinus Koll., qui ravage très exceptionnellement les hé- 
traies, nous aurons passé en revue les ennemis les plus typiques 
des frondaisons des Hôêtres. 


Deux Dipteres, de la famille des Cécidies, provoquent sur les 


Fig. 278. — Galles de la Cecidomyia J'agi Th. Htg. sur des feuilles de Hêtre. 1/1 gr. nat. (orig.). 


Fig. 279. — Galles de la Cecidomyia annulipes Th. Htq. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). 
q l I il NI] g 


HÊTRE 449 


feuilles du Hêtre, des galles bien connues des forestiers, mais qui 
n'ont aucune importance en matière de protection des peuple- 
ments, ce sont : , 

Cecidomyia fagi Th. Htg. 

Cecidomyia annulipes Th. Htg. 


FAINES 
Un seul Insecte ravage les faines, c’est la Tortrix grossana 


Hbn.; sa biologie rappelle beaucoup celle de la Tortrix splen- 
dana Hbn., dont nous avons décrit les forages dans les glands. 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE \ 29 


8. Châtaignier 


Castanea vulgaris Lam. 


RACINES 


Les racines des Châtaigniers peuvent, surtout dans les cultures 
en pépinières, être endommagées par les Insectes que nous avons 
décrits dans les chapitres précédents, en particulier par les Vers 
blanes et les Courtilières. Le Châtaignier, sous ce rapport, n'offre 


pas de particularité. 


ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


Callidium variabile L. 
Callidium sanguineum L. 
Voir : Chapitre du Hêtre. 


INTÉRIEUR DU BOIS 


Cossus æsculi L. Lépipopr., Cossid:æ 
ñ 2 
(Zeuzera æsculi Latr.) 


Cossus du Marronnier 


Longueur, Papillon étalé  : 50, @ : 60 à 70 millimètres: 
Chenille : 4 à 5 millimètres. Les ailes de ce Papillon sont d’un 
blanc brillant parsemé de multiples taches bleuâtres, plus effa- 
cées sur les ailes postérieures. La tête, le thorax et l'abdomen sont 


452 INTÉRIEUR DU BOIS 


également blancs; le thorax porte de chaque côté trois taches 


Fig. 280. — Papillons et Chenilles du Cossus æsculi L. 3/4 qr. nat. (orig. Coll. Pauly, Munich). 


Fig. 231.— Chrysalide du Cossus æsculi L. dans son berceau. 3/4 qr. nat. 
(orig. coll. Pauly, Munich). 
bleues bien marquées et l'abdomen des bandes transversales 


également bleues. 
La Chenille, de couleur jaune, munie de 16 pattes, possède 


D - 


CHATAIGNIER 453 


une tête d'un brun foncé au sommet de laquelle se trouve une 
tache jaune en forme d’ancre. La plaque nucale, partagée longi- 
tudinalement et s'étendant sur le premier anneau, est également 
d'un brun très brillant. Les anneaux abdominaux 2 à 11 sont 
ornés de granulations verruciformes noirâtres, 
le douzième porte deux taches de même cou- 
leur. 

Le Cossus du Marronmier, plutôt répandu 
dans le sud et le centre de l'Europe, est ce- 
pendant peu commun. C'est un des Lépidop- 
tères les plus polyphages que nous connais- 
sions, ne montrant pour ainsi dire pas une 
préférence plus marquée pour une espèce 
- feuillue que pour une autre: il n’a pas de 
raison d’être appelé « Cossus du Marronnier » 
plutôt que Cossus du Châtaignier, de l'Érable 
ou des arbres fruitiers. 

Les ravages provoqués par la Chenille rap- 
pellent beaucoup ceux causés par les Sésies. 
La femelle dépose sa ponte en juin ou juillet 
dans les anfractuosités de l'écorce. La Che- 
_nille ronge la zone libéreuse en laissant der- 
rière elle un couloir très irrégulier et rempli 


de sciure. Après un premier hivernage, l’ani- 
mal, toujours à l’état larvaire, remonte en gé- Fig. 282. — Cossus æsculi L. 
: £ À dans tige de Châtaignier. 
néral l'arbre en forant une galerie cylindrique 1/1 gr. nat. (orig.) 
qui s'enfonce plus ou moins profondément 
vers le centre de la branche ou du tronc. Après avoir passé encore 
un hiver dans le bois, la Chenille redescend et se chrysalide près 
de l'onifice par lequel les excréments ont été rejetés au dehors. 
Au moment de la dernière métamorphose, la Chrysalide appa- 
rait à cet orifice et le Papillon est ainsi er état de prendre direc- 
tement son vol. Comme le Cossus du Marronnier attaque surtout 
les tiges de petite dimension, il est, dans la plupart des cas, très 
difficile de mettre la main sur un système de couloirs normale- 
ment établi; le plus souvent les traces de forage de cet Insecte 


45% INTÉRIEUR DU BOIS 


apparaissent sous la forme que nous avons reproduite par 
la figure 282. 

Ces dégâts sont du reste rares et se produisent par cas isolés 
plutôt que par invasions. Les atteintes de la Chenille du Cossus 
æsculi L. sur les tiges des feuillus cultivés en pépinière ou édu- 
qués dans les perchis, ont pour conséquence de provoquer des 
bris ou le dessèchement de trones ou de branches. 

Bien rarement le forestier sera amené à intervenir contre ce 
Xylophage autrement qu'en faisant brûler les troncs et branches 
qui, lors des coupes ou éclaircies, recèlent des Chenilles de ce 
Lépidoptère. 


Cerambyx Scopolii Laich. Coréopr., Cerambycideæ 


(Gerambyx cerdo Ratz.) 


Longueur : 20 à 30 millimètres. Ce Longicorne prête souvent à 
des confusions de détermination avec son proche parent le Grand 
Capricorne dont la biologie à été décrite dans le chapitre des 
Chênes. Le Cerambyx Scopolit Liaich. se distingue de ce dernier 
par l’absence de pointe épineuse à l’angle sutural des élytres, 
par la forme non étranglée postérieurement de ces derniers et 
leur couleur franchement noire. 

Au point de vue des ravages et de ses travaux de forage dans 
le bois de plusieurs essences feuillues, nous n'avons rien de par- 
ticulier à signaler. En général, on admet que cet Insecte évolue 
en deux ans; sa présence a été constatée non seulement dans les 
arbres forestiers, mais aussi dans les fruitiers. Il n’est cependant 
pas commun et semble peu redoutable au point de vue physio- 
logique. 


Xyleborus dispar Fabr. 
Voir : Chapitre des Érables. 


Anobium tesselatum Fabr. 
Lymexylon navale L. 
Dryocætes villosus Fabr. 

Voir : Chapitre des Chênes. 


CHATAIGNIER 


Valgus hemipterus L. 
Voir : Chapitre du Robinier (Ac cia). 


Fig. 83. — Piquet de Châtaignier rongé par le Valgqus hemipterus L. 1/1 gr. nat. 
(orig. coll. Muséum, Paris). 


ED 
Qt 


Qt 


456 INTÉRIEUR DU BOIS 


Platypus cylindrus Fabr. Coréorr., /latypodeæ 


Longueur : 5 millimètres. Nous avons déjà parlé, dans le cha- 
pitre des Chênes, d’une espèce, le Platypus cylindriformis Reïtt. 
qui est à proprement parler une variété du Platypus cylindrus 
Fabr. Ce dernier est caractérisé par une tête verticale plus 
large que le corselet; les yeux sont arrondis, très saillants, les 
antennes courtes, à fumicule de quatre articles, portant une 
grande massue comprimée et solide. Le corselet rectangulaire, 
densément ponctué, présente postérieurement une plaque lisse 
partagée en deux par une profonde ligne longitudinale. Les 
élytres, irrégulièrement ponctués, portent des stries longitudi- 
nales creusées en sillons avec interstries relevées en carène. La 
couleur générale de l'Insecte est d’un brun plus ou moins foncé 
avec posité blonde. 

Chez le mâle, la plaque du corselet est lisse et brillante; à 
l'extrémité des élytres on distingue deux denticules distants lun 
de l’autre. La femelle a cette plaque du corselet très finement 
ponctuée et mate, ainsi que des granulations éparses à l'extrémité 
des élytres. 

La biologie de ce rare Xylophage a été décrite par SrroH- 
MEYER (2906, p. 329, 409, 506). Le Platypus cylindrus Fabr. fore 
des couloirs de ponte très profondément dans le bois sain; des 
galeries larvaires courtes en échelons aboutissent à ces cou- 
loirs principaux. Cependant, suivant la nature des bois attaqués, 
les systèmes peuvent présenter des variétés multiples quant à la 
disposition et à la direction des couloirs. 

Outre le Châtaignier, les Chênes et le Hêtre sont le plus recher- 
chés par le Platypus cylindrus Fabr., qui peut provoquer une 
sérieuse dépréciation des bois ouvragés. Les forestiers seront bien 
rarement mis dans l'obligation d'intervenir pour préserver les 
grumes de Châtaigniers ou d’autres essences contre les atteintes 
de ce Coléoptère xylophage. 


CHATAIGNIER 


RAMEAUX 


Lachnus exsiccator Alt. 
Voir : Chapitre du Hêtre. 


Fig. 284. — Rameaux de Châtaignier attaqués par le Lachnus exsiccator Alt. 
a, colonie d'insectes, b, écorce crevassée longitudinalement. 1/1 gr. nat. (orig.). 


nas 


OT 


458 CHATAIGNES 


BOURGEONS 


Barypeithes araneiformis Schrank. 
Voir : Chapitre des Saules. 


REUINMEIES 


Attelabus curculionides L. 
Voir : Chapitre des Chênes. 


Liparis dispar L. 
Voir : Chapitre du Hêtre. 


Noctua aceris L. 
Voir : Chapitre des Erables. 


CHÂTAIGNES 


Balaninus elephas GyIl. 

Tinea amplana Hbn. 

Tinea splendana Hbn. 

Voir : Chapitre des Chênes. 


Les Chenilles de deux autres Tineides, répandues dans le Midi, 
ravagent parfois les Châtaignes. Il s’agit de la Tinea Reaumuriana 
Hein. et T. grossana Hw. 


9. Bouleaux 


Betula alba L., B. verrucosa Ehrh., B. pubescens L., B. nana L. 


RACINES 


Mêmes ravageurs que ceux mentionnés dans les chapitres pré- 
cédents. 


ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


Agrilus viridis L. 
Voir : Chapitre des Chênes. 


Agrilus betuleti Ratz. Coréopr., Buprestidæ 


Longueur : 5 millimètres. Ce Bupreste se distingue de l'A grulus 
etridis L., que nous avons décrit dans le chapitre des Chênes, par 
la forme du corselet qui, plus large que les élytres, a les côtés 
aplatis et impressionnés. La couleur de ces deux Insectes est à 
peu près semblable. 

L’Agrilus betuleti Ratz vit en parasite dans les branches de 
Bouleaux en voie de dépérissement; 1l est très peu connu. 


Scolytus Ratzeburgi Jans. CoréoPr., Scolytide 
(Eccoptogaster destructor Ratz.) 


Scolyte destructeur ou du Bouleau [PI. VIE, fig. 6] 


Longueur : 4,5 à 6,5 millimètres. Les Scolytes constituent 
un groupe très peu nombreux de la Famille des Bostryches et 


460 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


sont faciles à distinguer par le corselet dont les côtés sont bor- 
dés et par l'extrémité des élytres relevée en auvent; l'abdomen 
ascende vers la partie postérieure. Les Scolytes ont des antennes 
insérées au-devant des yeux, non coudées, avec scape raccourci 
et massue non articulée. Autre caractéristique de ce groupe 
jamais on ne trouve de Scolyte ravageant les essences résineuses. 
Le Scolyte destructeur est une des plus grandes espèces du 


Fig. 285. — Écorce de Bouleau avec « encoches d'accouplement » (vues de l'extérieur) 
du Scolylus Ratzeburgi Jans. 1/1 gr. nat. (orig.) 


groupe; son corselet est d’un noir brillant, finement ponctué, 
tandis que les élytres sont bruns, striés-ponctués, à interstries 
larges, planes, généralement avec une ligne de points très fins. 

Chez le mâle, le troisième segment abdominal est muni d’un 
tubercule verruqueux; le bord du quatrième est relevé en carène; 


4 


LONTERRE | 461 


le front est distinct, densément garni de longs poils jaunes. Chez 
la femelle, les troisième et quatrième segments abdominaux sont 
simples. 

La biologie de ce Scolytide est fort simple. Les Insectes par- 
faits apparaissent en mai ou juin, pondent aussitôt et ce sont 
les Larves et les Chrysalides qui hivernent dans les berceaux de 
nymphose entaillés plutôt dans le liber que dans l’aubier. 

Le système des galeries du Scolyte est assez caractéristique. 
En effet, on ne trouve dans chaque réseau qu'un seul couple; 
c'est la femelle qui commence le forage en creusant l’orifice 
d'entrée et, suivant CHEWYREUW (1905, p. 36), l’accouplement se 
produit dans cette niche où la femelle, à moitié engagée, présente 
son abdomen à celui du mâle dont la tête est dirigée en bas. Dans 
cette position, les deux Insectes sont fixés à angle droit ou aigu, 
le sommet de l'angle étant formé par les extrémités des élytres. 
Aussitôt après ce premier accouplement, la femelle commence à 
creuser la galerie maternelle qui, sur les arbres debout, est toujours 
dirigée en haut, rarement en diagonale. 

Si de l'extérieur, on regarde un système de couloirs du Scoly- 
tus Ratzeburgi Jans. le tracé de la galerie de ponte est très sou- 
vent reconnaissable à la ligne d’orifices qu'autrefois on appelait 
« Soupiraux » et qui ne sont nullement destinés à l’aération des 
forages des Bostryches, mais à permettre des accouplements 
répétés durant la période de ponte. Comme CHEWYREUw l’a 
prouvé (1905, p. 52) et comme nous l'avons déjà signalé au com- 
mencement du chapitre de l'Épicea, ce sont les mâles qui pra- 
tiquent ces « Encoches d’accouplement » tout en visitant la 
femelle dans la galerie maternelle, et en l’aidant à faire tomber 
la sciure au dehors. Ils utilisent ces cavités pour l’accouplement 
de la même façon que lorsqu'ils fécondent pour la première fois 
les femelles sur l’orifice d'entrée. 

Chez cette espèce, les galeries larvaires sont très nombreuses 
et rapprochées, ce qui prouve que la mère a la faculté de déposer 
rapidement et beaucoup d'œufs au cours du forage du couloir 
de ponte (Voir fig. 286). 

Le Scolyte destructeur est monophage; il abonde surtout dans 


462 ÉCORCÉ DU TRONC ET DES BRANCHES 


le nord de l'Europe, particulièrement en Scandinavie et en 


286. — Système de couloirs achevés du Scolytus Ratzeburqi Jans. 
dans l’aubier d’un tronc de Bouleau. 1/1 gr. nat. (orig.). 


BOULEAUX 463 


Russie, pays dans lesquels le Bouleau occupe une place impor- 
tante dans la forêt. Rarement il provoque le dépérissement des 
arbres sains; le plus souvent on constate sa présence sur des 
Bouleaux brisés par l'ouragan, la neige, ou anémiés par des Cham- 
pignons parasitaires. 


Scolytus rugulosus Ratz. Coréorr., Scolytide 


Scolyte ruguleux 


Longueur : 2 à 2,5 millimètres. Ce Scolyte est sensiblement 
plus petit que le précédent; son corps est ovale, allongé, presque 
également rétréci antérieurement et postérieurement. Le cor- 
selet est plus long que large, parsemé de points serrés et profonds, 
un peu plus petits sur le disque, généralement étirés dans le sens 
de la longueur et formant de grossières rugosités. Les élytres 
sont couverts de tubercules ruguleux. L'abdomen ne présente 
pas de protubérances, comme c’est le cas chez le Scolytus Rat- 
zeburgi Jans. 

L'évolution est parfois plus rapide que chez l'espèce précé- 
dente, c'est-à-dire que, dans des contrées tempérées et grâce à 
des circonstances chimatériques favorables, on constate parfois 
deux générations en une année. 

Le couloir de ponte est le plus souvent très court et vertical, 
parfois coudé, oblique ou horizontal, suivant la position des 
troncs ou la direction des branches infestées. Les galeries lar- 
vaires sont, proportionnellement au couloir de ponte, beaucoup 
plus allongées, sinueuses, se croisant dans tous les sens. Les ber- 
ceaux de chrysalides sont en général pratiqués dans les couches 
cambiales, surtout si l'écorce est mince. 

Ce Bostryche est à proprement parler un parasite des arbres 
fruitiers; 1l intéresse plutôt les horticulteurs que les forestiers. 
Nous le citons 1c1, car il arrive parfois qu'il se jette sur les Bou- 
leaux et sur d’autres feuillus forestiers, sans qu'il soit indiqué 
de prendre à son égard des mesures prophylactiques spéciales. 


Fig. 287. — Scolytus rugulosus Ratz. dans une branche de Pommier. 1/1 gr. nat. (oriq.). 


BOULEAUX 465 


INTERIEUR DU BOIS 


Anobium plumbeum WI. 
Voir : Chapitre des Chênes. 


Melasis buprestoides L. Coréopr., Æucnemidæ 


Longueur : 7 à 9 millimètres. Ce Coléoptère appartient à 
une famille intercalée entre les Buprestides et les Elatérides. On 
reconnait le Melasis buprestoides L. à son corselet légèrement 
élargi sur le devant et dont les côtés sont droits, sa ligne médiane 
est enfoncée. Les élytres sont plus étroits que le corselet, profon- 
dément striés et ornés de granulations. Le corps entier est d’un 
noir mat, recouvert d’une pilosité brunâtre. 

Les galeries que creuse ce Xylophage sont irrégulières et cou- 
rent en général perpendiculairement aux fibres ligneuses. 

On ne sait pas encore grand’chose sur l’évolution de cet Insecte 
qui est plutôt rare et en tous cas peu nocif. 


Lymexylon dermestoides L. 
Voir : Chapitre du Sapin. 


Cryptorrhkynchus Lapathi L. 
Voir : Chapitre des Aunes. 


Xyphidria dromedarius Fabr. 
Voir : Chapitre des Saules. 


Xyloterus domesticus Er. Coréopr., S'colytidæ 


(Trypodendron domesticum Er.) 


Longueur : 3 millimètres. Ce Bostryche, qui est un parasite des 
feuillus, se rencontre plus spécialement dans le bois de Bouleau 
et dans celui de Hêtre et de Chêne. Son corselet présente une 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 30 


466 INTÉRIEUR DU BOIS 


bande transversale de points ruguleux. Les antennes sont termi- 
nées par une massue solide dont le bord interne se prolonge en 
un denticule nettement accusé. Les élytres, sillonnés de chaque 
côté de la suture, présentent un angle sutural saillant. La suture 
et l'extrémité des élytres se détachent en noir sur la couleur 
brune du fond. 

Le mâle a le front profondément concave, muni antérieurement 


D an Er 


à res ares 


214 2... TRS M S PAT E. A 2% Ë Hat #e Em Es #| 


Fig. 288. — Couloirs en échelons forés dans le bois de Bouleau 
par le Xyloterus domesticus Er. 1/1 gr. nat. (orig.). 


en son milieu d’une cornicule longitudinale: le corselet est beau- 
coup plus large que long. 

La femelle a le front convexe; le corselet, arqué antérieurement, 
est muni en son mieu de deux denticules très rapprochés qui 
s’avancent jusque sur l’occiput. 

Le plus souvent, le Xyloterus domesticus Er. hiverne à l’état 
d'Insecte parfait et apparaît au premier printemps pour donner 
naissance à une ou deux générations, suivant les conditions clima- 
tériques. | 

Nous avons étudié, dans le chapitre de l'Épicéa, la manière 
de forer propre à un Insecte du même groupe, le Xyloterus linea- 
tus Oliv. Notre Xvlophage du Bouleau opère à peu près de la 
même façon, c’est-à-dire en établissant un réseau de galeries en 
échelons dont nous avons décrit les détails en parlant du Bos- 
tryche liseré. ErcHHorFr (1881, p. 294) a presque toujours trouvé 
dans les systèmes de couloirs de cet Insecte un nombre égal de 


BOULEAUX 


mâles et de femelles, ce qui n’est pas le cas 
autres espèces du même groupe où les 
mâles sont en infime minorité. 

Les moyens de combattre cette espèce 
qui ne cause généralement pas de ravages 
dans les arbres sains, sont identiques à ceux 
que nous avons exposés à propos du Xylo- 
terus lineatus Ov. 


Xyloterus signatus Fabr. 
Voir : Chapitre des Chênes. 


Xyleborus Saxesent Ratz. 
Voir : Chapitre du Sapin. 


Cossus æsculi L. 
Voir : Chapitre du Châtaignier. 


Cossus ligniperda L. 
Voir : Chapitre des Saules. 


Sesia culiciformis L. Lépinorr., S'esudeæ 


Longueur, Papillon étalé : 25 millimètres; 
Chenille, 18 à 22 millimètres. Le corps de 
cette Sésie est d’un bleu noirâtre, avec le 
quatrième anneau abdominal de couleur 
brun rouge. La racine et la bordure anté- 
rieure des ailes de devant sont rougeâtres. 
- La Chenille a 16 pattes de couleur crème; la 
tête chitineuse, brune, porte sur chacun des 
anneaux des poils dressés. Les quatre der- 


467 


pour les colonies des 


Fig. 289. — Branche de Bou'eau 
ravagée par la Chenille du Cos- 
sus æsculi L.1/1qr. nat. (orig.). 


mères paires de pattes abdominales sont munies d’une couronne 


de simples crochets. 


C'est au mois de mai ou en juin que la femelle recherche les 


468 INTÉRIEUR DU BOIS 


anfractuosités ou les blessures de l’écorce des Bouleaux pour y 
déposer sa ponte. Après l’éclosion de l'œuf, la Chenille pénètre 
dans les couches libéreuses et cambiales, puis, lorsqu'elle a acquis 
un certain développement, elle pénètre profondément dans le 
bois, surtout des tiges et des branches de faible dimension. Sur 
les arbres debout, elle remonte le tronc généralement sur une 
longueur de 5 à 6 centimètres. Les excréments tombent à terre 
par une ouverture pratiquée au bas de la galerie larvaire. 

La chrysalidation s'opère au haut du couloir et dans un cocon 
garni de détritus ligneux agglomérés par un réseau de fils soyeux. 

La caractéristique des Sésides réside dans la dernière méta- 
morphose. En effet, au moment où l'animal va prendre son vol, 
la Chrysalide est à moitié sortie de lorifice marquant l'ouverture 
supérieure de sa galerie larvaire. En examinant un tronc ravagé 
par une Sésie, on observera souvent le long de la tige ou des 
branches contaminées des fragments de Chrysalides qui sortent, 
semblables à de petites cornes. 

Cette espèce a une génération par an avec hivernement à l’état 
de Chenille. Elle s'attaque également aux Aunes et peut parfois 
provoquer des dégâts sérieux tout en étant un Xylophage rare (1). 


Moyens préventifs. — Il n’en existe pour ainsi dire pas, tout 
au moins pour la grande culture forestière. 


Moyens répressifs. — Lorsqu'on constate dans une forêt ou 
un parc la présence de Sésides, on peut préserver les arbres de 
valeur en badigeonnant de goudron ou de glu les parties blessées 
et les sections de branches élaguées; cela entravera certainement 
la ponte. On peut aussi, avant l'éclosion des Papillons, déposer de 
la glu autour des tiges ou branches infestées et sur lesquelles on 
a constaté des orifices laissant échapper de la sciure. 


Sesia Spheciformis Grng. 
Voir : Chapitre des Aunes. 


(1) Une autre espèce voisine, la Sesia scoliæformis, Bkh. cause des rava- 
ges à peu près analogues sur les Bouleaux. 


BOULEAUX 469 


RAMEAUX 


Polydrusus cervinus L. 
Strophosomus coryli Fabr. 
Voir : Chapitre des Chênes. 


Cimbex variabilis Klug. 
Voir : Chapitre du Hêtre. 


Vespa crabo L. 
Voir : Chapitre des Frênes et « Partie spéciale ». 


BOURGEONS 


Tortrix ferrugana Tr. 
Tinea lutipenella ZI. (1). 
Voir : Chapitre des Chênes. (2). 


REURLLES 


Melolontha vulgaris L. 
Melolontha hippocastant Fabr. 
Strophosomus coryli Fabr. 
Orchestes ilicis Fabr. 

Voir : Chapitre des Chênes. 


Rhynchites betulæ L. Coréortr., Curculionidæ 


Rynchite du Bouleau 


Longueur : 2, 5 à 4 millimètres. Ce Charançon, de couleur noire, 
recouvert d’une pilosité brunâtre, porte un rostre épais et court 
chez le mâle, plus allongé chez la femelle. La cuisse des pattes 


(1) Tinea milvipennis ZI. est une espèce voisine très rare, qu'on rencontre 
parfois sur les feuilles de Bouleau. 

(2) On peut encore signaler parmi les Insectes qui occasionnellement 
ravagent les Bourgeons des Bouleaux, un Puceron, le Vacuna betulæ Kalt. 
et un Acarien, le Phytoptus calycophthirus Nol. 


470 FEUILLES 
postérieures du mâle est épaissie, munie intérieurement d’une 
rangée de denticules. 

Nous avons déjà parlé à propos de l’Attelabus curculionides L., 
dans le Chapitre des « Chênes », des mœurs et travaux de ce groupe 


Fig. 290. — Feuilles de Bouleau enroulées par le Rhynchites betulæ L. 1/1 nat.(orig.). 


de Curculionides qui découpent les feuilles suivant un système 
propre à chaque espèce. 

Le Rhynchite du Bouleau fabrique avec la feuille découpée en S 
plus où moins irrégulier à la base, un cornet dont la pointe reste 
fixée à cette base par la nervure médiane. 

Ces cornets hébergent au commencement de l'été un ou plu- 
sieurs œufs qui donnent naissance à des Larves tombant sur le 
sol pour s'y chrysalider dans un cocon terreux. 

Les dégâts causés par cette catégorie de Coléoptères phyto- 
phages sont sans portée pour la vitalité des arbres. 


Rhynchites betuleti Fabr. 
Cimbex variabilis Klug (1). 
Voir : Chapitre du Hêtre. 


(1) Hylotoma pullata Zadd. (Hylotoma enodis L.), qui appartient à la 
famille des Tenthredinidæ, a été décrite par AzLTum (7882, p. 262), comme 
rongeant, à l’état parfait, les feuilles de Bouleaux. 


BOULEAUX 


Galeruca alnt L. 
Chrysomela ænea L. 
Voir : Chapitre des Aunes. 


Galeruca capreæ Fabr. 
Voir : Chapitre des Saules. 


Bombyx lanestris L. LéPinopr., Bombycidæ 


(Gastropacha lanestris Ochsh.) [PI. VIE fig. 4, 4 a] 


Bombyce laineux 


A7 


Longueur, Papillon étalé : 30 à 40 millimètres; Chenille 
99 à 40 millimètres. La couleur de ce Bombyce est variable; chez 


certains individus, elle est d’un brun rouge, tan- 
dis que chez d’autres, elle est gris bleu. Les ailes 
antérieures sont plus foncées à la base sur laquelle 
apparaissent des taches blanches que l’on retrouve 
à peu près au milieu de l'aile. Les ailes antérieures 
et postérieures sont sillonnées en travers par une 
bande claire. Les antennes du mâle sont longues 
et doublement pectinées; la femelle porte à l’ex- 
trémité abdominale une touffe de poils laineux. 

La Chenille compte 16 pattes, est de couleur bru- 
nâtre avec tête d’un gris foncé. On remarque, sur 
chacun des anneaux 2 à 11, deux rangées de points 
d'un jaune rouge très marqué; ils sont garnis de 
poils rigides de même couleur. Au dessous de ces 
touffes pileuses, chaque anneau porte le plus souvent 
trois points blancs. 


Janv... 
Fév. .. 
Mars . . 
Avril. . 
Mai . . 


June 


Juill °e: 


Août . 


Sep. 


Le Bombyce laineux essaime en avril, dépose ses œufs sur les 


rameaux et recouvre sa ponte d’un duvet soyeux très caracté- 


ristique. Aussitôt après l’éclosion, en général en mai, les Chenilles 


commencent à gagner les Jeunes feuilles qui viennent de s’épa- 


nouir et qui sont entamées de façon fort variable, Les Chenilles 


472 DFEUILLES 


aiment à vivre et à travailler en colonie; aussi, dès qu'elles sont 
dérangées par le mauvais temps, elles se réunissent à l’intersec- 
tion de branches ou de rameaux où elles construisent un nid 
soyeux qu'elles agrandissent à mesure qu'elles augmentent de 


ET 


Fig. 91. — Nid du Bombyx lanestris L. sur un rameau de Bouleau. 3/4 gr. nat. (orig.). 


grosseur (fig. 291). A la fin de la période des ravages, les excré- 
ments alourdissent le nid qui finit par s’allonger et prend la 
forme d’une bourse pendante qu'on peut apercevoir du pied de 


l'arbre. 


BOULEAUX 473 


Durant la dernière phase de la période de ravages, la Chenille 
opère plutôt seule, puis en juillet, ou au commencement d'août. 
elle se laisse choir sur le sol et, s’entourant d’un cocon soyeux, 
hiverne dans la couverture morte. Parfois la chrysalidation a lieu 
déjà en automne. 

Le Bombyx lanestris L. attaque surtout les Bouleaux et, le plus 
souvent, ne provoque que le dessèchement de certaines branches. 
Exceptionnellement, 1l s'attaque aux Chênes, Tilleuls et Saules 
ainsi qu'aux arbres fruitiers. Il est plus répandu dans le nord de 
l'Europe, peuplé de Bouleaux, que chez nous. 


Moyens préventifs. — Comme 1l s’agit en somme d’une espèce 
peu répandue et ne causant pas de dégâts très redoutables, on 
n’a pas à prendre de mesures spéciales pour prémunir les massifs 
de Bouleaux des atteintes de cette Chenille. 


Moyens répressifs. — Ils consistent à détruire, de mai à 
juillet, les bourses qui pendent des branches et qu'on peut 
facilement atteindre au moven d’un échenilloir. Cette opéra- 
tion doit être entreprise de préférence par le mauvais temps, 
alors que l'animal s'est retranché dans son nid protecteur. 
On peut également détruire les colonies d'œufs fixées aux ra- 
meaux. 


Bombyx neustria L. 

Liparis chrysorrhoea L. 
Liparis similis Fussl. 
Phalera bucephala L. 
Geometra brumata L. 
Geometra dejoliaria L. 
Geometra progemmaria Hbn. 
Geometra aurantiara Esp. 
Noctua incerta Hfn. 

Noctua coryli L. 

Voir : Chapitre des Chênes. 


474 FEUILLES 


Liparis dispar L. 

Orgya pudibunda L. 
Geometra boreata L. 
Halias prasinana L. 

Voir : Chapitre du Hêtre. 


Liparis monacha L. 
Voir : Chapitre de l'Épicéa. 


Orgya antiqua L. Lépinorr., Bombycidæ 


Orgye antique 


Longueur, Papillon étalé : 30 à 33 millimètres; Chenille 
35 millimètres. Les deux sexes de cette espèce sont fort différents. 
Tandis que le mâle à toutes les ailes brunâtres et l'extrémité 
des antérieures plus foncées avec une tache blanche en demi-lune 
à leur angle inféro-externe, la femelle est d’un gris sale avec 
des rudiments alaires qui ne lui permettent pas de voler. 

La Chenille, munie de 16 pattes, a la face dorsale du corps gris 
foncé, la face ventrale est jaune; les côtés, dont la teinte fonda- 
mentale est grise, sont ornés de taches rouges. Les anneaux 4 à 
7, portent des touffes de poils jaunâtres coupés ras. Sur le pre- 
mier anneau, on distingue en outre deux pinceaux foncés dirigés 
en avant et, sur chacun des côtés du quatrième, un autre pin- 
ceau perpendiculaire au corps; enfin, au sommet du onzième 
anneau se trouve un appendice semblable et dirigé en arrière. 

On est d'accord pour reconnaitre que ce Papillon, excessive- 
ment polyphage, essaime deux fois durant l'été, soit en Juin et 
en septembre. La ponte est déposée dans le voisinage immédiat 
du cocon fixé aux branches et l’hivernement a lieu à l’état d'œuf. 
Nous avons signalé ce Papillon dans le chapitre des « Pins ». La 
Chenille peut être rencontrée sur n'importe quelle essence fores- 
tière ou fruitière, mais elle n’est presque Jamais la cause du dépé- 


BOULEAUX 475 


rissement d'un arbre, car elle ne provoque qu une défoliaison 
partielle (1). 


Geometra betularia L. Lépinopr., Geometridæ 


(Amphidasis betularia Tr.) 


Longueur, Papillon étalé : 50 à 60 millimètres; Chenille 
45 à 55 millimètres. Le Papillon de cette arpenteuse a les ailes 
d’un blanc crayeux tacheté de noir. Des bandes foncées en 
zigzag se prolongent sur les ailes postérieures. La Chenille a 
dix pattes, elle est d’un brun marbré, glabre. La tête est carrée et 
présente des dessins en V sur le front. Le Papillon essaime en 
mai et les Chenilles opèrent dans la frondaison durant tout l'été. 
La chrysalidation a lieu dans le sol et l’animal hiverne à l'état 
de Nymphe. Ce Phytophage est aussi peu connu que rare. 


Nematus septentrionalis Ratz. Hyménorr., Tenthredinidiæ 


Longueur, 4 : 7; @ : 11 millimètres; Chenille : 25 à 30 nulli- 
mètres. Cette espèce est très voisine du Nematus abietum Hig. 
que nous avons décrit dans le chapitre de l”« Épicéa ». La tête, 
le thorax et les extrémités antérieure et pcstérieure de l'abdomen 
sont noirs. Les anneaux abdominaux, 2 à 6 de la femelle, et 
9 à 12 du mâle, sont couleur de rouille; les ailes sont transpa- 
rentes et veinées. 

La Chenille, d’un vert jaunâtre, se confond avec le feuillage. 
Le premier anneau et les pattes abdominales sont ocre Jaune. 


(1) Les Chenilles des deux Microlépidoptères : Tortrix cratægana Hbn. et 
Tinea fuscedinella ZM. (Azrum, 1894, p. 639-648), ont été parfois observées 
sur les feuilles de Bouleaux et d’autres essences feuillues. Au point de vue 
forestier, elles sont presque sans importance, étant fort rares. 

On peut encore citer, parmi les ravageurs du feuillage des Bouleaux, la 
Chenille d’un Bombycide, Endromis versicolora L..Cette espèce fort rare est 
à peine connue des forestiers. 


470 - FEUILLES 


La tête, les pattes thoraciques, ainsi que six rangées de taches 
dorsales et une abdominale, sont d'un noir intense. 

Suivant Juneicx et NirscHE (1895, p. 668), cet Insecte peut 
produire deux générations par an, essaimant en mai et en août. 
La femelle dépose jusqu'à 150 œufs sur les nervures de la face 
inférieure des feuilles. Les jeunes Chenilles, rangées en procession, 
se mettent à ronger les feuilles de Bouleaux et parfois des Frênes, 
des Aunes, des Peupliers, etc., en respectant le plus souvent la 
nervure médiane. Ces dégâts ne peuvent provoquer le dépéris- 
sement des arbres. Le Nematus septentrionalis Ratz. est rare, 
presque sans importance au point de vue de la protection fores- 


Uère. 


10. Peupliers 


Populus alba L., P. nigra L., P. canadensis Desf., 


P. tremula L., etc. 


RACINES 


Mêmes Insectes que ceux des autres essences feuillues (Voir 
les chapitres précédents). 


ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


Agrilus viridis L. (1). 
Voir : Chapitre des Chênes. 


Glyptoderes granulatus Ratz. Coréopr., Scolytidæ 


Longueur : 2 à 2,2 millimètres. Ce Bostryche de petit calibre 
est caractérisé par quatre denticules disposés en une rangée 


(1) Trois autres Buprestes pratiquent à peu près un même système de 
galeries dans les couches cambiales du bois de Peuplier; ce sont : Agrilus 
sexguttatus Hbst., Buprestis decastigma Fabr. et B. variolosa Payk. Au point 
de vue de la protection forestière et de la déformation des jeunes tiges de 
Peupliers, ils ont la même importance que l’Agrilus oiridis L., tout en 
étant beaucoup plus rares. 


478 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


transverse au bord antérieur du corselet; ce dernier est légère- 
ment étranglé sur le devant. Les élytres sont finement striés- 
ponctués avec léger enfoncement sutural près de l'extrémité. 


Glyptoderes binodulus Raïz. Coréorr., Scolytidiæ 


(Cryphalus asperatus Gyll.) 


Longueur : 1,5 à 2 millimètres. Encore plus petit que le 
précédent, avec des denticules presque semblables sur la partie 
antérieure du corselet qui est demi-sphérique. On remarque en 
arrière de ces quatre denticules, une large tache formée de mi- 
nuscules tubercules. 

La biologie de ces deux Bostryches est encore peu connue; 
on a observé que la ponte est déposée sous l’épiderme cortical 
et que les Larves rongent d’une façon désordonnée sans forer de 
galeries distinctes. 

Les ravages n’ont guère d'influence sur le développement des 


Peupliers attaqués. 


Cryphalus Grothi Hagd. Coréopr., Scolylide 


Longueur : 1,1 à 2,2 millimètres. Le corselet porte sur le 
devant 4 à 6 denticules, et en arrière de ces derniers se trouve 
une tache de rangées concentriques de granulations qui, sur la 
partie postérieure, se confond avec la ponctuation. Les élytres 
ont les stries Juxta-suturales enfoncées et profondément ponc- 
tuées. Le mâle est muni de chaque côté de la déclivité, d’une 
pointe plus ou moins obtuse suivant les individus; la femelle en 
est privée. 

Cette espèce, encore peu connue et peu répandue, attaque les 
Trembles. HacEeporn (7904, p. 228 à 233, 372 et 373), décrit sa 
biologie et la forme de ses ravages qui intéressent surtout les 


couches corticales extérieures, comme le montre la fig. 292. 


. sé 


PEUPLIERS 479 


Les Trembles ne paraissent pas devoir pâtir de ces atteintes 


superficielles. 


Fig. 292. — Écorce de Tremble ravagée par le Cryphalus Grothi Hagd. 1[1 gr. nat. (orig.). 


INTÉRIEUR DU BOIS 


Xyleborus Saxesent Ratz. 
Voir : Chapitre du Sapin. 


Scolytus multistriatus Marsh. : 
Voir : Chapitre des Ormes. 


Cryptorrkynchus Lapathi L. 
Voir : Chapitre des Aunes. 


480 INTÉRIEUR DU BOIS 


Saperda carcharias L. Coréorr., Cerambycidæ 


(Saperda punctata De Geer) 


Saperde chagrinée [PI. VIE, fig. 9] 


Longueur : 22 à 30 millimètres. Ce Longicorne, d'apparence 
Jaunâtre, possède un corselet dont les côtés sont arrondis, sans 
épines. La tête, échancrée au milieu, porte des antennes pileuses, 
à peu près de même longueur que le corps; le troisième article 
est plus long que le quatrième. Chacun des anneaux, à l'exception 
du dernier, est tacheté de noir à l’extrémité distale. Les élytres, 
sensiblement plus larges que le corselet, ont des épaules saillantes ; 
ils sont profondément et grossièrement ponctués, présentent 
dans la déclivité des granulations peu distinctes, et sont recouverts 
d’une pilosité jaune. L’extrémité postérieure du mâle est plus 
étroite que celle de la femelle. 

La Larve, qui peut atteindre 38 millimètres de longueur, est 
du type de celle des Lamites dont la tête se détache très peu du 
prothorax; ce dernier est recouvert dorsalement par une plaque 
chitineuse brunâtre. Le corps, privé de pattes, est lisse et brillant; 
il porte quelques courts poils isolés. L'ouverture anale est limitée 
par une paroi dont les contours ont la forme d’un Y. Ce Coléo- 
ptère essaime en juin ou juillet et recherche en général les parties 
inférieures des troncs de Peupliers, de Trembles ou parfois encore - 
les branches, les anfractuosités de l'écorce dans lesquelles la 
femelle dépose sa ponte œuf par œuf. La jeune Larve, qui naït 
sous l'écorce, commence par forer une galerie irrégulière. À mesure 
qu'elle augmente de volume, elle pénètre plus profondément et, 
remontant le tronc, pratique un couloir sinueux, aplati, ayant 
une section elliptique. Les systèmes sont remplis de débris 
ligneux qui tombent au dehors et, se coagulant avec la sève, 
forment des grumeaux qui pendent en dessous des orifices de 
dégagement pratiqués par la Larve. Pour opérer sa métamor- 
phose en Chrysalide, qui a lieu après deux hivernages, la Larve 
bouche lorifice de sa niche à l’aide d’un tampon de fragments 


BOULEAUX 481 


de bois (fig. 293). L’Insecte parfait gagne le dehors en mai, done 


3ig. 293. — Berceau de Chrysalide pratiqué par la Saperda carcharias L, 
dans un tronc de Peuplier. 1/1 gr. nat. (orig.). 


après une évolution de deux ans, en pratiquant un trou de sortie 
presque rond. 

De l'extérieur on reconnait facilement les arbres attaqués aux 
écoulements de sève mêlée de sciure et de débris, ainsi qu'aux 
boursouflements provoqués par la déformation de l'écorce. Les 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 31 


482 INTÉRIEUR DU BOIS 


Peupliers et Trembles de faible dimension qui ont subi, pendant 
deux ans consécutifs, les atteintes d’une ou de plusieurs Saperdes 
ne tardent pas à dépérir. Dans les pépinières surtout, les tiges 
et les branches infestées se brisent facilement sous le poids de 
la neige ou par les coups de vent. 

Ces dégâts sont aussi à redouter lors du débitage des grumes 
de Peupliers dont le bois est actuellement fort recherché pour la 
fabrication des caisses d'emballage. La culture du Peuplier est 
fort en honneur en ce moment, et c’est à juste titre qu’on cultive 
cet arbre en grand dans les terrains marécageux assainis, ainsi 
que le long des chaussées et des canaux, car son bois trouve un 
placement assuré et avantageux. 


Moyens préventifs. — Lorsqu'une jeune plantation, une allée, 
une pépinière sont infestées par les Saperdes, on peut préserver 
de la ponte la partie la plus exposée des tiges, soit une zone de 
1,50 à 2 mètres au-dessus du sol, en la recouvrant d’un mélange 
de fumier de vache et d’argile ou encore de glu ((Raupenleim »). 


Moyens répressifs. — Lors de labatage des arbres infestés par 
ces Longicornes, il faut s’efforcer de détruire l’animal sous ses 
différentes formes. Au moment de la période de ponte, alors que 
l’Insecte parfait gagne le dehors ou quand la femelle dépose sa 
ponte, on peut également capturer les Saperdes sur la partie 


inférieure des troncs. 


Saperda populnea L. Coréorr., Cerambycidæ 


Saperde du Tremble ou du Peuplier 


Longueur : 8 à 13 millimètres. La Saperde du Tremble, qu’on 
appelle parfois aussi la Saperde du Peuplier, est surtout fréquente 
dans le Tremble, dont elle constitue le ravageur le plus commun. 
Elle ne peut être confondue avec l'espèce précédente. En effet, 
elle est d’une teinte noire tout en étant beaucoup plus petite. Le 
corselet porte trois lignes longitudinales jaunâtres dont la médiane 
est souvent effacée. Chacun des élytres est recouvert de quatre 


ou cinq taches d’un jaune plus ou moins clair. 


e 
PEUPLIERS 483 


La durée de l’évolution de ce ravageur est également de deux 
ans et coïncide à peu près avec celle de la Saperde chagrinée,. 

La Larve, qu’on trouve surtout dans les tiges, rejets et les 
petites branches de la grosseur du pouce, pratique au début un 


Fig. 294. — Tiges de Tremble déformées par la Larve de la Saperda populnea L. a, origine du 
ravage (encoche de ponte); b, couloir circulaire; e, couloir central; d, galle vue de l'extérieur ; 
e, orifice de sortie. 1/1 gr. nat. (oriq.). 


couloir semi-circulaire creusé entre l'écorce et la moelle; c’est le 
dégât périphérique, suivi l’année suivante du dégât central. En 
effet, la Larve adulte fore au centre de la tige une courte galerie 
remontante dans laquelle elle se chrysalide, la tête tournée vers 
le bas, puis l’Insecte parfait gagne l'extérieur en passant par 
un orifice rond (fig. 294). Ce réseau de couloirs, si ramassé et 
qui héberge l'animal durant deux ans, est plus ou moins rempli 
de sciure et de débris ligneux. 

De l'extérieur, les tiges et branches envahies des Peupliers et 


484 INTÉRIEUR DU BOIS 


des Trembles sont facilement reconnaissables aux renflements 
(fig. 295), qui peuvent se multiplier et parfois se souder l’un à 


Fig. 295. — Rameau de Tremble avec galles de la Saperda populnea L. a, $ occupée à pondre; 
b, Larve adulte ; ce, Chrysalide dans le berceau de nymphose ; d, Insecte parfait prêt à sor- 
tir ; e, galerie larvaire centrale. 1/1 gr. nat. (orig.). 


PEUPLIERS 485 


l’autre. Ces boursouflures sont la conséquence d’une déformation 
des couches cambiales et corticales qui, fouillées au moment de 
la végétation, provoquent une perturbation dans la formation 
du tissu ligneux. Les bris de vent et de neige achèvent souvent 
d’endommager les arbres. Comme le Tremble est dans bien des 
cas un végétal encombrant et nuisible dans certains peuplements 
ou chantiers de reboisement, ses ennemis naturels ne sont pas 
à redouter. Par contre, dans les pépinières de Peupliers, nous 
avons constaté que ce Longicorne est plus répandu et encore plus 
nuisible que la Saperde chagrinée. Il v a lieu d'appliquer aux 
jeunes Peupliers les procédés de préservation que nous avons 
décrits plus haut et de faire la chasse aux Insectes parfaits au 
moment opportun. 


Ægosoma scabricorne Scop. Coréort., Cerambycride 


Longueur : 35 à 50 millimètres. Ce Longicorne peu répandu, 
qui, au point de vue forestier, n’offre qu’un 
intérêt très secondaire, est caractérisé par 
la teinte brun rougeâtre uniforme de son 
corps et surtout par les trois à quatre 
côtes longitudinales plus ou moins sail- 
lantes des élytres. Le mâle a les antennes 
presque aussi longues que le corps et den- 
tées du côté interne (fig. 296). Chez la 
femelle ces organes sont lisses, sensiblement 
plus courts que ceux du mâle. Le corselet, 


plus large que long, est étranglé antérieure- 
ment, en arrière il est muni de chaque 
côté d’une épine. 

La biologie de ce Xylophage de gros ca- 
libre n’est presque pas connue: il est à pré- Fig. 296. — Ægcsoma aschricorne 
sumer que l’évolution rappelle beaucoup Pate MUReb ee 
celle de l’Ergates faber L. que nous avons 


décrite dans le chapitre des « Pins ». La fig. 297 donne une 


486 INTÉRIEUR DU BOIS 


idée de la disposition et du calibre des galeries larvaires qui 


sont forées parfois dans le bois sain. 


Fig. 297. — Tronc de Peuplier foré par la Larve de lÆyosoma scabricorne Scop. 
1/1 gr. nat. (orig. coll, Standfuss, Zurich). 


Cossus ligniperda L. 
Voir : Chapitre des Saules. 


Cossus æsculi L. 
Voir : Chapitre du Châtaignier. 


Sesia apiformis L. Lépinopr., Ses'ide 
(Trochilium apiforme L.) 


Longueur, Papillon étalé : 35 à 40 millimètres. Ce Papillon a 
la tête Jaune avec antennes teintées de noir en dessus et couleur 


PEUPLIERS 487 


de rouille à la face inférieure. Le thorax, d’un brun foncé, est 
orné antérieurement d’une bande bleue; en arrière il présente 


. 


Fig. 298. — Ravages de la Sesia apiformis L. Fig. 299. — Papillons de la Sesia apiformis L. et branche de Peu- 
dans un tronc de Peuplier. a, 9 $ occupées à plier forée par la Chenille. 1/1 gr. nat. (orig. coll, Standfuss, 
pondre ; b, Chenille adulte ; c, détritus ligneux Zurich). 


entassés au bas de la galerie larvaire. 1/2 gr. 
nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich). 


. À nr: & = 
deux taches anguleuses jaunâtres''qui touchent la racine des 
élytres. L’abdomen est également jaune avec les anneaux 1 et 
4 entièrement, les autres partiellement, tachetés de brun ou de 


bleu métallique. 


488 INTÉRIEUR DU BOIS 


L'évolution de cette Sésiide dure deux ans avec double hiver- 
nement à l’état larvaire. Les femelles déposent plus volontiers 


Fig. 300. — Sesia tabaniformis Rott. dans une branche de Peuplier partagée en deux. «a, Che- 
nille prête à se chrysalider ; b, aspect des couloirs larvaires encombrés de détritus ligneux. 
1/1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich). 


leur ponte au pied des trones ou des jeunes tiges de Peupliers 
ou de Trembles cultivés en pépinière. 

La Sesia apiformis L. évolue à peu près dela même façon que la 
Sesia culiciformis L. que nous avons étudiée dans le Chapitre 


des « Bouleaux ». 


PEUPLIERS 489 


La Sesia tabaniformis Rott. peut être également rangée au 
nombre des Xylophages des Peupliers. Il s’agit ici d’un In- 
secte rare et presque sans importance forestière (PI VIT, 
fes 40). 

RAMEAUX 


Cimbex variabilis Klug. 
Voir : Chapitre du Hêtre. 


Vespa crabro L. 
Voir : Chapitre des Frênes. et Partie spéciale (1). 


BOURGEONS 


Pas de ravageurs spéciaux aux Peupliers. 


FEUILLES 


Melolontha vulgaris Fabr. 
Voir : Chapitre de l’Épicéa. 


Melolontha hippocastant Fabr. 
Voir : Chapitre des Chênes. 


Orchestes populi Fabr. CoLéopr:, Curculronide 


Orcheste du Peuplier 


Longueur : 1,5 à 2 m'llimètres. Ce Charançon, qui porte des 
antennes dont le funicule compte six articles, est d’une couleur 
fondamentale noire atténuée d’une pilosité grise; le corselet est 
blanchâtre, les pattes d’un jaune rougeûtre. 

L’Orcheste du Peuplier est fort peu répandu; il opère à peu 


(1) Deux Rhynchotes : Aspidiotus saiicis L. et À. populi Bärsp. dont les 
femelles se couvrent le corps d’une carapace cireuse ovale, sucent l’écorce 
des Peupliers et des Trembles; ils ne jouent aucun rôle au point de vue de 
la protection forestière. 


490 FEUILLES 


près de la même façon que l’Orcheste danseur du Hêtre, c’est-à- 
dire que les dégâts foliaires sont l’œuvre à la fois de la Larve et 
de l’Insecte parfait. 


Rhynchites populi L. CoréoPpr., Curculionidæ 


Rhynchite du Peuplier 


Longueur : 4 à 6 millimètres. Ce Charançon de taille minus- 
cule, à le front profondément sillonné: le dessous du corps est 
bleuâtre, le dessus d’un vert bronzé à reflets métalliques par- 
fois rougeâtres. 

L’'Insecte parfait enroule les fewlles des Peupliers et des 


Fig. 301. — Feuilles de Peuplier enroulées par le RRUACRGES populi L. 1/1 qr. nat. 
(orig. coll. Pauly, unich). 


Trembles, en fait une cigarette de petit calibre dans laquelle la 
ponte est déposée (fig. 301). Les déformations n’apparaissent en 
général que par cas isolés et ne provoquent pas de perturbation 
dans la vie du végétal. 


Rhynchites betulæ L. 
Rhynchites betuleti Fabr. 
Voir : Chapitre des Bouleaux. 


Galeruca alni L. 
Voir : Chapitre des Aunes. 


PEUPLIERS 491 


Galeruca capreæ L. 
Voir : Chapitre des Saules. 


Lytta vesicatoria L. 
Voir : Chapitre des Frênes. 


Lina populi L. Coréopr., Chrysomelidæ 


(Chrysomela populi L. [PI. VIL, fig. 7] 


Chrysomèle du Peuplier 


Longueur : 8 à 10 millimètres. Les Chrysomélides sont carac- 
térisées par la forme ramassée de leur corps; la tête, dépourvue 
de rostre, porte des antennes relativement courtes. Les Larves 
sont facilement reconnaissables à leurs pattes articulées ainsi 
qu'à leur tête, thorax et abdomen nettement distincts les uns 
des autres. 

La Lina populi L. a le corselet, la tête, ainsi que la partie infé- 
rieure du corps d’un bleu verdâtre, presque noir; les élvtres, par 
contre, sont d’un rouge vermillon avec le bord interne de leur 
extrémité noir. 

La Larve blanchâtre, est rétrécie aux deux extrémités; la 
tête est noirâtre, le premier anneau thoracique porte dorsale- 
ment une plaque chitineuse transversale de teinte foncée, les 
anneaux 2 et 3 sont ornés chacun de 4 verrues noires, et de chaque 
côté se trouve une protubérance blanche. Sur les 8 anneaux 
antérieurs de l’abdomen, on remarque huit lignes longitudinales 
composées de taches foncées; les quatre centrales sont plus ou 
moins fondues ensemble. C’est une forme de Larve de Coléoptère 
que nous n'avons pas encore eu l’occasion d'étudier chez les 
espèces précédentes, elle ne peut être confondue avec celle d’au- 
tres Insectes phytophages. 

Les Insectes parfaits, qui hivernent dans la couverture morte, 
apparaissent au premier printemps et s’accouplent sur les feuilles 
à la face inférieure desquelles la femelle dépose ensuite ses œuls 


492 FEUILLES 


par tas allongés. Peu après, donc en mai ou en juin suivant les 
conditions climatériques, les Larves entament le parenchyme et 
dévorent presque toute la matière foliaire comprise entre les 
nervures (fig. 302). Les Insectes parfaits coopèrent également à 


Fig. 302. — Feuille de Peuplier « squelettée » par la Lina populi L. a, Larves adultes. 
1/1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich). 


cette œuvre de destruction, et l’on observe en général deux, 
parfois même trois générations par an. 

La chrysalidation a lieu sur la feuille même; la Nympbhe, d'un 
brun jaunâtre, recouverte de lignesdepointsnoirs, restesuspendue 
à la feuille par son extrémité anale et attend dans cette curieuse 


position sa transformation en Insecte parfait. 


PEUPLIERS 493 


La Lina populi L. anéantit parfois les feuilles des rejets de 
l’année. 

A plusieurs reprises nous avons observé des dégâts intenses 
sur les Trembles dont les feuilles squelettées jonchaient le sol, 
formant ainsi, à la fin de l’année, un tapis de plusieurs centimètres 
d'épaisseur. Les Saules souffrent également des mêmes atteintes 
et dans les oseraies en particulier, on redoute beaucoup ce dépouil- 
lement toujours intensif qui peut parfois anéantir une récolte 
d’osier. 


Moyens préventifs. — II n'existe aucune mesure capable de 
prémunir les Peupliers contre ces Insectes. 


Moyens répressifs. — La seule opération qu’on puisse tenter, 
lors d’invasions répétées dans un même peuplement ou dans des 
pépinières, consiste à ramasser en hiver la couverture morte et de 
lincinérer, afin de détruire les Chrysomèles qu’elle peut renfer- 
mer. 


Lina tremulæ Fabr. Coréopr., Chrysomelidæ 
(Chrysomela tremulæ Fabr.) 


Chrysomèle du Tremble 


Longueur : 7,5 à 9 millimètres. Ressemble beaucoup à l'espèce 
précédente. L’extrémité des élytres n’est pas tachetée de noir 
et les ongles des tarses sont à peine visibles. Le corselet a les côtés 
plus droits et presque parallèles sur le tiers antérieur de leur 
longueur. 

Au point de vue biologique, on ne fait guère de distinction 
entre la Lina tremulæ Fabr. et la Lina populi L. La Chrysomèle 
du Tremble attaque également les feuilles de différentes espèces 
de Saules. Les dégâts de ces deux Phytophages sont tellement 
semblables qu'il est presque impossible d'indiquer auquel des 
deux Insectes il faut les attribuer, si l’on n’a pas l’auteur sous 
les yeux (1). 


e 
(1) Lina longicollis Suftr. plus rare, est également une Chrysomélide qui 
vit en parasite sur les Peupliers, le Tremble et les Saules. 


494 FEUILLES 


Fig. 303. — Rejet de Tremble de l’année ravagé par la Lina tremulæ Fabr. 1/1 gr. nat. (orig.). 


Galeruca alnt L. 
Voir : Chapitre des Aunes. 


Lytta vesicatoria L. 
Voir : Chapitre des Frênes. 


PEUPLIERS 495 


Chrysomela vitellinæ L. 
Chrysomela vulgatissima L. 
Chrysomela viennensis Schrk. 
Galeruca capreæ L. 

Liparis salicis L. 

Voir : Chapitre des Saules. 


Endromis versicolora L. 
Voir : Chapitre des Bouleaux. 


Liparis monacha L. 
Voir : Chapitre de l'Épicéa. 


Liparis dispar L. 
Voir : Chapitre du Hêtre. 


Les Chenilles de deux Papillons de la Famille des Nymphalidæ 
attaquent les arbres fruitiers, et occasionnellement les Peupliers, 
sans cependant provoquer des dommages appréciables à la fron- 
daison de ces arbres; ce sont : Vanessa antiopa L. et Limentis 
populi L. I en est de même des Sphinx populi L. et S. ocellata L. 
que nous ne faisons que signaler. 


Liparis chrysorrhoea L. 
Liparis similis Fussl. 
Bombyx neustria L. 

Geometra defoliaria L. 
Geometra aurantiaria Esp. 
Geometra progemmaria Hb. 
Voir : Chapitre des Chênes. 


Bombyx lanestris L. 
Nematus septentrionalis Ratz. 
Voir : Chapitre des Bouleaux. 


Cladius viminalis Pall. HyménoPrr., Tenthredinidæ 


Longueur : 9 millimètres. La tête et le thorax de cet Hymé- 
noptère sont noirs, sauf cependant la bordure postérieure du 


496 FEUILLES 


prothorax qui est Jjaunâtre, de même que l'abdomen; la face infé- 
rieure des antennes apparait sous une teinte rouge. 

La Larve, munie de 20 pattes, mesure de 15 à 25 millimètres; 
elle est jaune, velue, avec la tête noirâtre. Chaque anneau porte 


Fig. 304. — Galles produites par la piqüre du Pemphigus pyriformis Lieht. 1/2 gr. nat. (oriq.). 


une ligne transversale de points foncés distincts. La femelle pond 
en mai, parfois aussi en août, ses œufs dans le pétiole de la feuille. 
Au début, les jeunes Larves, groupées en colonies, commencent 
par ronger l’épiderme, puis le ravage s'étend en n’épargnant que 
les nervures. La chrysalidation a lieu dans les anfractuosités du 
tronc ou à l'intersection des rameaux; c’est à l’état de Nymphe 
que l’animal hiverne. Celui-ci n’a, du reste, qu’une importance 
secondaire pour la vitalité des Peupliers. 

Quand nous aurons encore cité deux Rhynchotes, les Pemphi- 


PEUPLIERS 497 


gus bursarius L. et P. pyriformis Licht. ainsi qu’un Acarien, 


Fig. 305. — £riophyes dispar Nal. sur des feuilles de Peuplier. 
3/4 gr. nat. (oriy. coll. Muséum, Paris). 


l’Eriophyes dispar Nal., nous aurons passé en revue les principaux 
Insectes parasites des Peupliers. 


© 


19 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 


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11. Tilleuls 


Tilia parvifolia Ehrh., T. grandifolia Ehrh. 


RACINES 


Mêmes ravageurs que ceux mentionnés dans les chapitres 
précédents. 


ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


Agrilus viridis L. (1). 
Voir : Chapitre des Chênes. 


Cryphalus tiliæ Panz. Coréopr., Scolytidæ 
(Ernoporus tiliæ Thoms.) 


Bostryche du Tilleul 


Longueur : 1,3 à 1,8 millimètre. Ce Bostryche qui vit en 
parasite presque exclusivement dans lécorce et 
l’aubier du Tilleul, a un corselet conique, armé 
antérieurement de quatre pointes proéminentes. 
Immédiatement en arrière de ces dernières, cinq 
ou six rangées concentriques de granules sont 


disposées en are de cercle; sur Ia première, les 
Ï ; 
granules sont épars, la deuxième est interrompue fig. 306. — Corselet 

or du Cryphalus tiliæ 
au milieu, enfin sur les autres, les granules sont  Panz. (orig.). 
presque soudés entre eux. Les élytres sont indis- 


tinctement striés, à rangées de soles fines, blanchâtres. 


(1) Agrilus auricollis Kies. est une espèce voisine qui, jusqu’à présent, 
paraît n’avoir ravagé que les branches de faible dimension du Tilleul et 
dont les dégâts sont rares et peu importants. 


500 * ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


Le type de couloirs creusés par cet Insecte est double, hori- 
zontal. Le système établi par une même femelle peut parfois 


Fig. 307. — Galeries maternelles transversales du Cryphalus tiliæ Panz. dans une tige de Tilleul. 
1/1 gr. nat. (orig.) 


présenter des anomalies, ainsi l’une des deux galeries mater- 
nelles peut être atrophiée; dans d’autres cas, elle manque 
complètement. Les galeries larvaires sont courtes et longitu- 
dinales. 

Dans les régions tempérées, il se produit souvent deux géné- 
rations par an et l’hivernement a lieu à l’état parfait. 

Le Tilleul semble rarement souffrir des atteintes de ce Xylo- 


sons ati. : à he. 


et Ds on ie de | he: 


Er Ie 


RU GTS enr a 


TILLEULS 501 


phage qui, le plus souvent, précipite le dépérissement de cer- 
taines branches dont la vigueur a déjà été amoindrie par une 
autre cause (1). 


INTÉRIEUR DU BOIS 
Buprestis rutilans L. Coréopr., Buprestidæ 


Bupreste du Tilleul 


Longueur : 10° à 14 millimètres. Ce Bupreste est un des Insectes 
les plus élégants qu’on puisse rencontrer dans le monde des 
bois de nos régions. En effet, il est d’un vert à reflets métal- 
liques, souvent bleuâtres. Le corselet et les élytres semblent 
parfois avoir été dorés tellement leur éclat est brillant. 

La Larve est du tvpe de celle des Buprestides dont nous 
avons énuméré les caractères à propos du Bupreste vert (Voir : 
chapitre des « Chênes »). Elle fore des couloirs sinueux dans 
le Liber, plus tard dans le bois et pratique une chambre de 
nymphose en forme de crochet dans laquelle l’animal est placé 
la tête en haut; il en sort en creusant un orifice elliptique. 

On n’est pas encore fixé sur la durée de l’évolution du Bu- 
prestis rutilans L., mais on présume que la génération est de 
deux ou trois ans. 

Les Tilleuls sont rarement mutilés par les ravages des Bu- 
prestes dont les systèmes de couloirs achèvent de dessécher 
certaines branches anémiées, atteintes par d’autres Insectes, 
par des Champignons ou encore brisées par la neige et le vent. 


Xyleborus Saxesent Ratz. 
Voir : Chapitre du Sapin. 


Xyleborus dryographus Ratz. 
Xyloterus signatus Fabr. 
Voir : Chapitre des Chênes. 


(1) Nous mentionnons une espèce voisine, le Cryphalus Schreineri Eichh. 
qui vit également dans les couches corticales du Tilleul; il est aussi rare 
que peu important pour la protection des forêts. 


502 FEUILLES 


Xyloterus domesticus Er. 
Voir : Chapitre des Bouleaux. 


Cossus æsculi. L. 
Voir : Chapitre des Châtaigniers. 


Cossus ligniperda L. 
Voir : Chapitre des Saules. 


RAMEAUX 


Strophosomus coryli Fabr. 
Voir : Chapitre des Chênes. 


Strophosomus obesus Marsh. 
Voir : Chapitre des Pins. 


Cimbex variabilis KI. 
Voir : Chapitre des Hêtres. 


Vespa crabro L. 
Voir : Chapitre des Frênes et « Partie spéciale ». 


Lachnus exsiccator Alt. 
Voir : Chapitre du Châtaignier. 


BOURGEONS 


Pas de ravageurs spéciaux. 


FEURÈEES 


Melolontha vulgaris L. 
Melolontha hippocastant Fabr. 
Voir : Chapitre des Chênes. 


TILLEULS 503 


Deux Charançons, le Polydrosus cervinus L. et le P. micans 
Fabr., se rencontrent occasionnellement sur la frondaison des 
Tilleuls dont, à l’état d’Insectes parfaits, ils perforent les feuilles. 


Phyllobius viridicollis Fabr. 
Voir : Chapitre du Hêtre. 


On rencontre parfois sur les Tilleuls un Papillon de grance 
dimension, le Sphinx tiliæ L. dont la Chenille ronge les feuilles 
de plusieurs essences, mais sans causer aucun dommage au 
développement du végétal, car cette espèce n’apparaît pas sous 
forme d’invasions. 


Liparis monacha L. 
Voir : Chapitre de l'Épicéa. 


Rhynchites betulett Fabr. 
Bombyx lanestris L. 
Voir : Chapitre des Bouleaux. 


Noctua aceris L. 
Voir : Chapitre des Érables. 


Orgya pudibunda L. 
Noctua aprilina L. 

Noctua coryli L. 

Voir : Chapitre du Hêtre. 


Liparis similis Fussl. 

Geometra defoliaria L. 

Geometra aurantiaria Esp. 
Geometra brumata L. 

Voir : Chapitre des Chênes (1). 


(1) Au nombre des Insectes se nourrissant occasionnellement des feuilles 
de Tilleul, on peut encore citer une Noctuelle, la Noctua cœruleocephala L., 
qui est plus connue des arboriculteurs que des forestiers. 


504 FEUILLES 


Nematus septentrionalis L. 
Voir : Chapitre des Bouleaux. 


Un Hyménoptère, le Selandria annulipes Klug., a été signalé 
par Jupeicx et Nirscue (7895, p. 670) comme ravageant les 
Tilleuls, sans causer cependant des dommages appréciables. 


12. Ormes 


Uilmus campestris Smith, U. montana Smith., U. effusa Wild. 


RACINES 


Mêmes ravages que ceux mentionnés dans les chapitres pré- 
cédents. 


É CORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 
Scolytus Geoffroyi Gœtze. Coréopr., Scolytidæ 


(Eccoptogaster scolytus Ratz.) 


Grand Scolyte de POrme 


Longueur : 4 à 6 m'llimètres. Nous avons déjà indiqué dans 
les chapitres précédents que le groupe des Scolytes est très 
facile à distinguer de ceux des Hylésines et des 
Tomicides. En effet, la forme de leur massue, de 
leurs élytres et surtout de leur abdomen est ca- ( 
ractéristique (fig. 308). 

Le Scolytus Geoffroyi Gœtze a le corselet noir, 


2 
1 


: à Fig. 308. — Abdomen 
tandis que les élytres sont bruns; ces derniers Dore Geoffroy 
sont en outre rétrécis postérieurement, striés- x 
ponctués, avec interstries parsemées de points réguliers. Dans 
les deux sexes, les troisième et quatrième segments abdomi- 
naux sont munis en leur milieu d’un tubercule verruqueux 


(fig. 308). 


506 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


Ce Bostryche creuse un couloir de ponte vertical, relative- 


Fig 309. — Système de couloirs du Scolytus Geoffroyi Gæœtze dans l'écorce d’Orme. 
1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). 


ment court, toujours dirigé de bas en haut dans les arbres sur 


ORMES 507 


pied. Les galeries larvaires sont d’abord perpendiculaires, plus 
tard elles deviennent sinueuses et finissent par suivre plus ou 
moins irrégulièrement les fibres ligneuses. 

Lorsqu'une forte invasion s’est abattue sur les Ormes, 
l'écorce de ces derniers se détache par grandes plaques et les 
systèmes apparaissent parlois tellement rapprochés et enche- 
vêtrés qu'on a de la peine d’en distinguer les différents éléments. 


Fig. 310. — Ecorce d'Orme perforée (côté extérieur) par le Scolylus Geoffroyi Gœtze 
(gros trous) et le S. multistriatus Marsh. (petits trous). 1/1 gr. nat. (oriq.). 


On observe en général une seule génération par an. Cepen- 
dant, à la faveur de circonstances climatériques favorables, il 
se produit un second essaimage en août. 

Les Scolvtes sont de dangereux ennemis des Ormes et dont 
on a surtout à craindre l'apparition à la suite des atteintes de 
la Galéruque. Les arbres plantés dans les boulevards des villes 


508 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


sont particulièrement exposés à être décimés par ces Xylo- 
phages car, poussant dans des conditions anormales sous le 
rapport du sol, 1l sont facilement anémiés et, par cela même, 
attirent les Insectes de l'écorce. 

Les boulevards de Paris ont de tout temps souffert des ra- 
vages des Scolytes et actuellement avec les pavages en bois et 
les canalisations multiples qui occupent la surface et le sous-sol 
de ces artères, la culture des végétaux ligneux devient bien 
aléatoire. Ce n’est guère que le Platane, essence peu exigéante, 
très résistante et qui ne compte presque pas d’ennemis, qu’on 
peut installer en bordure des artères des grandes villes. 

En général, le Grand et le Petit Scolyte occupent les mêmes 
écorces et, bien que la dernière de ces espèces ait une prédilec- 
tion pour les petites branches et les rameaux, on observe par- 
fois aussi le début d'une invasion du Scolytus Geoffroyi Gœtze 
dans les parties extrêmes de la frondaison. L’Insecte, redoutant 
de s'attaquer au bas du tronc qui bénéficie encore d’un mou- 
vement intense de sève, dépose ses œufs à l’intérieur des rameaux 
dans lesquels la végétation, pour une cause ou pour une autre, 
a déjà été compromise; c’est là le point vulnérable de Parbre 
que les Insectes décortiqueurs recherchent, et une fois installés 
dans l2 haut de la frondaison ils attendent pour poursuivre leur 
forage dans les parties inférieures du tronc, que la sève ascende 
avec moins de vigueur, grâce à la détérioration qu'ils ont accom- 
plie dans les rameaux et bourgeons terminaux. 


Moyens préventifs. — Les Scolvtes de l’Orme que nous décri- 
vons ici et dans les paragraphes suivants sont tous des Insectes 
monophages très actifs et qui apparaissent par invasion. L’Orme 
étant plutôt cultivé à l’état isolé, on peut affirmer qu'il est 
toujours exposé à être décimé par les Scolytes, surtout à un 
âge avancé et à la suite d'accidents, de dépouiilement partiel 
de la frondaison ou d’invasions de la Galéruque. Seuls, les 
arbres normalement constitués et poussant dans un sol favo: 
rable à leur tempérament peuvent résister. 


Moyens répressifs. — Certains arboriculteurs et architectes 


ORMES 509 


paysagistes se sont ingéniés à activer par des moyens radicaux 
le mouvement de la sève et à provoquer la formation de nou- 
velles couches corticales dans le bas du tronc des arbres par- 
tiellement attaqués, en détachant l'écorce par bandes longitu- 
dinales. Des procédés de ce genre ont, paraît-il, donné de bons 
résultats dans certains cas, mais il faut agir avec prudence et 
examiner chaque arbre menacé ou attaqué partiellement. 

De toutes facons, dans les parcs et les allées, 11 faut surveiller 
les Ormes, enlever les branches infestées, puis brûler sur place 
les écorces qui renferment des Scolytes. 


Scolytus multistriatus Marsh. Coréorr., Scolytidæ 


(Eccoptogaster multistriatus Ratz.) 


Petit Scolyte de lOrme 


Longueur : 3,4 à 3,5 millimètres. Il est facile de distinguer 
cette espèce de la précédente, car, outre la dimension sensible- 
ment plus réduite du corps, le corselet est un peu plus long 
que large, densément ponctué, avec des élytres dont les inter- 
stries ont une ponctuation serrée presque aussi pro- 
noncée que celle des stries. La base du deuxième 
segment abdominal est munie d’un appendice épi- 

t 


neux dirigé en arrière et terminé en bouton. ; 


Le mâle a le front déprimé, garni postérieure-  pig.a11. Abdomen 


AU : “EVE du Scolytus mul- 
ment et sur les côtés de longues soiïes dirigées du  #striatus  Marsh. 


côté de la ligne médiane longitudinale, tandis Fe 
que la femelle a le front convexe, faiblement impressionné 
antérieurement, avec les deuxième, troisième et quatrième seg- 
ments abdominaux plus accentués aux angles latéraux. 

Au point de vue biologique, le Petit Scolyte ressemble beau- 
coup au Grand Scolyte sur les mœurs et les instincts duquel 
nous nous sommes étendu dans les pages précédentes. En 
examinant la figure 312, on se rend compte de la caractéris- 
tique du système des couloirs dont le calibre est proportionné 
aux dimensions réduites de l’Insecte. 


510 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


Les dégâts du Scolytus multistriatus Marsh. sont aussi fré- 
quents et ont la même influence sur les Ormes que ceux causés 


Fig. 312. — Systèmes de couloirs du Scolytus multistriatus Marsh. dans l’aubier d’un tronc 
d'Orme. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). 


par le Grand Scolyte. Dans là plupart des cas, quand ces deux 
Insectes travaillent en commun sur le même arbre, le premier 


ORMES 541 


est, d’une façon générale, plus abondant dans les branches que 
dans le tronc. 

Lorsqu'on veut à tout prix immuniser des arbres de valeur 
et qu'on a lieu de redouter une invasion, on peut badigeonner 


Fig. 313. — Système de couloirs du Scolytus lævis Chap. 1/1 gr. nat. (orig.). 


les troncs et les branches principales avec du goudron ou de 
la glu (« Raupenleim »). 

Les Scolytus pygmæus Fabr., S. Kirschi Skal. et S. lævis 
Chap. sont aussi des parasites des Ormes, mais beaucoup plus 
rares que les espèces précédemment décrites. Le Scolytus lævis 
Chap. pratique un couloir de ponte légèrement plus long que 
celui du Petit Scolyte; ses berceaux de nymphose sont en 
général entaillés dans l’aubier. 


Scolytus vittatus Fabr. Coréorr., Scolytideæ 


Longueur : 2 à 2,5 millimètres. Le corselet de cet Insecte est 
plus large que long, étranglé antérieurement, finement ponctué, 


512 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


recouvert d’une pilosité Jaunâtre et parsemé de granules; sa 
ligne médiane est à peine distincte. Les élytres sont convexes 
à l’extrémité postérieure, recouverts de squamules qui forment 


Fig. 314. — Écorce d'Orme ravagée par le Scolytus vittatus Fabr. 1/1 gr. nat. 
(orig. coll. Muséum, Paris). 


des bigarrures irrégulières variant de forme avec chaque indi- 
vidu. | 

Le système des couloirs du Scolytus vittatus Fabr. diffère 
absolument de celui des espèces précédentes. Nous avons ici 
une galerie maternelle horizontale, longue de 2 à 3 centimètres 
avec couloirs larvaires également très courts, maïs verticaux 


= À dé ancré. à 


ORMES 514 


(fig. 314). Cette espèce est rare et encore peu connue au point 
de vue biologique (1). 


INTÉRIEUR DU BOIS 


Buprestis rutilans (2). L. 
Voir : Chapitre des Tilleuls. 


Cerambyx Secopoli Laich. 
Cossus æsculi L. 
Voir : Chapitre du Châtaignier. 


Cossus ligniperda Li. 
Voir : Chapitre des Saules. 


Xyleborus dryographus Ratz. 
Voir : Chapitre des Chênes. 


RAMEAUX 


Cimbex variabilis KI. 
Voir : Chapitre du Hêtre. 


Saperda linearis L. 
Voir : Chapitre du Charme (3). 


BOURGEONS 


Schizoneura lanuginosa Th. Htg. Rayncu., Aphididæ 


Longueur : 1,5 à 2 millimètres. Au point de vue svstéma- 
tique, ce Pou est très voisin du genre Lachnus que nous avons 


(1) Dans l’Europe méridionale on rencontre encore sur les Ormes 
Scolytus Perrisi Chap. et $. vestitus Muls. 

(2) Buprestis decipiens Mannerh. qui a été trouvé dans le bois d'Orme 
est envisagé par certains entomologistes comme synonyme de B. ruti- 
lans L. 

(3) Un Puceron, le Coccus ulmi Geoffr., cause certains ravages sur l'écorce 
des tiges et rameaux des Ormes, provoquant parfois le dépérissement des 
jeunes arbres ou des branches infestées. 


ENTOMOLOGIE FOIRESTIÈRE 55 


514 BOURGEONS 


mentionné dans le chapitre du Châtaignier. La figure 315, b 
représente la galle provoquée par la piqûre de la femelle 
« Fecundatrix » qui attaque au printemps le bourgeon terminal 
d'un rameau latéral, ou parfois plus tard le pétiole ou la nervure 
médiane d’une feuille en voie de formation. L’excroissance 


a 


Fig. 315. — Déformation de bourgeons et de feuilles d'Orme champêtre. 
a, Schizoneura ulmi L.; b, Schisoneura lanuginosa Th. Htq. 3/4 gr. nat. (oriq.). 


qui se produit à la suite de cette piqûre prend la dimension 
d’une noix, dans quelques cas, celle d’une grosse pomme de 
terre recouverte par places d’une sécrétion blanchâtre. Cette 
galle a la forme d’une grosse bourse côtelée qui finit par s'ouvrir 
en automne et laisse échapper les habitants ailés. En hiver, 
cette excroissance, à la base de laquelle on remarque presque 
toujours une ou plusieurs feuilles atrophiées, finit par se des- 
sécher et apparait sous forme de grosses coques épanouies et 
de couleur brune. 

C’est surtout l'Orme champêtre qui est attaqué par ce Rhyn- 
chote, commun sur cette essence. Dans la vallée du Rhône 


ès 


ORMES 515 


supérieur (canton du Valais, Suisse), nous observons depuis 
longtemps l’évolution de ce parasite qui n’épargne pour ainsi 
dire aucun Orme poussant à l’état isolé ou en bordure de route. 
Comme dans cette région, les agriculteurs récoltent en automne 
les rameaux de lOrme pour en donner les feuilles à leurs chè- 
vres, cette nourriture foliacée est sérieusement dépréciée par 
les atteintes de la Schizoneura lanuginosa Th. Htg. 


FEUILLES 


Les feuilles des Ormes sont également déformées par deux 
autres Poux, dont la figure 316 donne la représentation des 
galles; il s’agit de la Tetraneura ulmi De Geer, qui par sa piqüre 


2 


Fig. 316. — Tetraneura ulmi De Geer sur des feuilles d'Orme champêtre. 3/4 gr. nat. (orig.). 


produit des excroissances sur les feuilles et de la Schizoneura 
ulmi L. qui enroule longitudinalement un des côtés de ces 
feuilles (fig. 315, a). Ces deux dégâts sont également fréquents 
et, sans occasionner la mort des Ormes ou de certaines parties 
de la ramure, provoquent cependant une certaine diminution 
d’accroissement (1). 


(1) Les Tetraneura alba Ratz., T. rubra J. Lcht., et Schizoneura compressa 
Koch. produisent également des galles sur les feuilles des Ormes. 


516 : FEUILLES 


Anisoplia ænea De Geer. 
Voir : Chapitre des Pins. 


Orchestes alnr U. 
Voir : Chapitre des Aunes. 


Galeruca xanthomelæna Schrk. Coréorr., Chrysomelidæ 


(Galeruca calmariensis Fabr.) [PI. VIIL, fig. 3] 


Galéruque de lOrme 


Longueur : 7 millimètres. Ce Coléoptère, bien connu des hor- 
ticulteurs et des arboriculteurs, ne peut être confondu avec 
d’autres Insectes ravageant les feuilles des essences feuillues. En 
effet, on le reconnaît à sa couleur d’un brun jaunâtre; il est 
faiblement pileux. La tête, très courte, porte des yeux volumi- 
neux; le corselet brillant a les côtés à peine arrondis, il est un 
peu plus fortement ponctué que la tête; de chaque côté de sa 
ligne médiane on distingue deux petites fossettes et trois ou 
quatre taches foncées, peu apparentes. Chacun des élytres porte 
sur le bord externe une bande longitudinale brun noir. Les 
pattes sont Jaunes, tandis que la partie inférieure de l'abdomen 
est foncée. La Larve, avant sa deuxième mue, est d’un brun 
noir; plus tard, son dos s’orne de deux lignes jaunâtres ainsi 
que d’une bande plus large et de mème teinte sur chacun des 
côtés. Le prothorax porte un double bouclier chitineux. Les 
deux autres anneaux thoraciques, ainsi que les anneaux abdo- 
minaux sont munis de trois bandes chitineuses longitudinales. 

Au printemps, la femelle dépose ses œufs sur la face inférieure 
des feuilles, tout en rongeant ces dernières. La jeune Larve 
« squelette » les feuilles, comme le montre la figure 317. Au 
commencement des ravages, seul Pépiderme inférieur est entamé 
par la jeune Larve, plus tard, la feuille est transpercée. La 
chrysalidation a lieu dans la terre ou dans la couverture morte; 
on ne sait encore exactement si l’hivernement se produit à 


ORMES 547 


Pétat d’'Insecte parfait ou de Nymphe. On compte dans certaines 
circonstances favorables trois à quatre générations par an 


Fig. 317. — Ravages de la Galeruca æanthomelæna Schrk. sur des feuilles d'Orme champêtre. 
1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). 


(Junpeicx et NirscHe 7895, p. 609). Souvent, lorsque le vent 
souffle, les Larves au lieu de descendre le long du tronc pour 
se chrysalider, se laissent tomber à terre, ce qui rend leur cap- 
ture difficile. 


518 FEUILLES 


Nous avons l’occasion de constater assez souvent dans la 
région du bassin du lac Léman les invasions de cette Galéruque 
qui est exelusivement monophage et s'attaque aux Ormes de 
tout âge, mais surtout aux arbres plantés dans les parcs ou 
cultivés le long des routes. Ce Coléoptère est surtout répandu 
dans les régions tempérées et méridionales de l’Europe, plus 
rarement dans le Nord. DavaLzL (1878, p. 181 à 183) a décrit 
une invasion qui s’est prolongée pendant plusieurs années dans 
les parcs des environs de Genève. De 1900 à 1906, nous avons 
eu l’occasion de suivre l’évolution d’une nouvelle invasion qui 
a eu pour effet de produire en plein été le desséchement des 
feuilles. Seuls, certains rameaux de faible dimension ont péri 
et nulle part nous n’avons pu découvrir d’arbres ou de branches 
importantes ayant séché à la suite des atteintes de la Galéruque. 

Ce que l’on est en droit de redouter à la suite des ravages 
foliaires causés par cette Chrysomélide, ce sont les Scolvtes qui 
peuvent profiter d’une anémie de l’arbre pour pénétrer sous 
l'écorce et v opérer des ravages qui entraînent fatalement la 
perte des Ormes. C’est là le principal danger des invasions de 
la Galeruca xanthomelæna Schrk. 


Moyens préventifs. — L’Insecte étant monophage et phyto- 
phage, on ne peut conseiller de mesures propres à immuniser 
d'avance les Ormes des parcs et des promenades publiques. 


Moyens répressifs. — Dans certains cas, comme le conseille 
DavaLL, on peut disposer au pied des troncs un amas circulaire 
de mousse qui sert de piège pour capturer les Larves descendant 
à terre en suivant le tronc. On récolte au moment propice cette 
mousse, puis on la brûle sur place avant que les Insectes aient 
réussi à s’en échapper. Naturellement, lorsque les générations 
se succèdent dans l’espace de quelques mois d’été, 11 faut renou- 
veler cette opération après avoir déterminé avec soin les diffé- 
rentes phases de l’évolution et constaté que l’animal gagne 
plutôt le sol en descendant le tronc qu’en se laissant choir. En 
culture forestière, on n'aura que bien rarement à intervenir 


ORMES 519 


contre la Galéruque de l’Orme. Cependant, mentionnons un 
cas particulier cité par MaTuey (R. D. E. F.). Dans la Côte- 
d'Or, ce sylviculteur a constaté la mort des Ormes cultivés en 
forêt et avant subi l'invasion de 1900 à 1906. 


Vanessa polychloros L. Lépinopr., hopalocera 


Longueur, Papillon étalé : 50 à 60 millimètres. La couleur 
est d’un rouge jaunâtre avec taches noires; il existe en outre 


Fig. 318. — Rameau et feuilles d'Orme champêtre ravagés par la Chenille de Vanessa poly- 
chloros L. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Marchal, Paris). 


sur le bord antérieur des ailes de devant d’autres taches plus 
ou moins circulaires d’un bleu pensée. La Chenille, qui adulte 
mesure de 40 à 59 millimètres de longueur, est d’un bleu noirâtre, 


520 FEUILLES 


parfois aussi gris brun; elle est munie sur la face dorsale de 
poils épineux ramifiés, couleur de rouille. Entre ces derniers on 
remarque une pilosité plus courte, simple et blanche. 

Ce Papillon, peu connu des forestiers, hiverne à l’état parfait: 
il dépose ses œufs par anneaux autour des rameaux ou dans 
les anfractuosités de l’écorce. La période des ravages dure de 
mai au milieu de juillet; à ce moment, la Chenille adulte se 
suspend aux rameaux la tête en baset, dans cette position, subit 
sa métamorphose. 

Les jeunes Chenilles, réunies au début de leur existence, tissent 
un réseau de fils autour des feuilles qu’elles ont entamées. 

Le Vanessa polychloros L. apparait rarement par invasions; 
il est polvphage et se rencontre également sur les arbres frui- 
tiers. 


Liparis monacha L. 
Voir : Chapitre de l'Épicéa. 


Bombyx neustria L. 

Liparis simulis Fussl. 
Liparis chrysorrhoea L. 
Noctua coryli L. 

Geometra brumata L. 
Geometra defoliaria L. 

Voir : Chapitre des Chênes. 


Orgya pudibunda L. 

Liparis dispar L. 

Voir : Chapitre du Hêtre. 

Orgya antiqua L. 

Voir : Chapitre des Bouleaux. 
Cossus æsculi L. 

Voir : Chapitre du Châtaignier. 


Cossus ligniperda L. 
Voir : Chapitre des Saules. 


13. Érables 


Acer pseudoplatanus L., À. platanoides L., A. opulifolium V., 
A. campestre L., A. Monspessulanum L. 


RACINES 


A part les ravages cités dans les chapitres précédents et qui 


Fig. 319. — Forme agame de Pediaspis aceris Fœrst. sur les racines d'Erable. 
1/1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich). 


sont communs aux Erables, nous pouvons signaler un Cynipide 
dont la forme agame produit des galles sur les racines de cette 


522 INTÉRIEUR DU BOIS 


essence. Il s’agit de la Pediaspis aceris Foerst. dont la figure 319 
représente le dégât, du reste sans grande importance au point 
de vue économique. 


Otiorrhynchus niger Fabr. 
Voir : Chapitre de l'Épicéa. 


ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


Callidium hungaricum Hbst. CoLéopr., Cerambycidæ 


Longueur : 18 à 24 millimètres. Ce Longicorne, de couleur 
noire, à le corselet privé de pointes latérales, lisse au milieu, 
finement ponctué sur le reste de sa surface. Les élytres ver- 
dâtres sont légèrement rétrécis vers le centre, leur base est 
orossièérement chagrinée, tandis que les extrémités le sont 
extrèmement finement. 

Cet Insecte monophage est souvent confondu en classifica- 
tion avec le Callidium insubricum Germ. dont certains auteurs 
font une espèce spéciale. Il opère au début de la période larvaire 
dans les couches corticales, puis, après un premier hivernement 
dans des galeries sinueuses du type de celles des Callidies que 
nous avons décrites dans les chapitres précédents, l’animal 
pénètre dans le bois, y pratique un couloir en crochet dont 
l'extrémité est dirigée en bas. C’est dans cette niche que la Larve 
passe un deuxième hiver et attend sa seconde métamorphose. 
L'évolution dure donc vingt-quatre mois environ. 

Au point de vue technique, ce Longicorne déprécie assuré- 
ment les grumes d’Érables, mais il est rare et peu redoutable 
dans les parcs et les forêts. 


INTÉRIEUR DU BOIS 


Xyleborus dispar Fabr. Coréopr., Scolytidæ 
Bostryche disparate [PL VIIL, fig. 4 et 5] 


Longueur, j: 2; @:3 à 3,5 millimètres. Son nom l'indique, 
ce Bostryvche présente une grande différence entre les deux 


ÉRABLES 523 


sexes, non seulement sous le rapport de la dimension, mais 
aussi sous celui des caractères morphologiques. Le mâle est 
caractérisé par sa forme ovoide, son corselet étranglé et abaissé 
antérieurement, ses pattes allongées, le manque d’ailes posté- 
rieures. 

La femelle à le corselet globuleux, lisse avec ligne médiane 


Fig. 320. — Tige d'Érable avec galeries du Xyleborus dispar Fabr. 1[1 gr. nat. 
(orig. coll. Standfuss, Zurica). 


terminée en avant par un petit bourrelet tronqué. Les élytres 
sont ornés Jusqu'à leur extrémité de rangées régulières de points. 
Chaque interstrie porte une ligne de points encore plus fins qui, 
vers la déclivité, se transforment en granules obsolètes. Chez 
les deux sexes, l'animal adulte est noir de poix et couvert d'une 
pubescence blonde. Les figures 4 et 5 de la planche VIIT repré- 
sentent le Xyleborus dispar Fabr. à l’état semi-adulte. 

Le forage des galeries est uniquement l’œuvre de la femelle 
qui construit un couloir de ponte plus ou moins perpendiculaire 
aux fibres ligneuses, puis des ramifications secondaires souvent 
sinueuses, de longueur variable, mais dont la direction générale 


524 FEUILLES 


est parallèle aux fibres. C’est dans ces galeries que les œufs sont 
déposés par tas et plus tard les Larves s’y placent les unes à la 
suite des autres. Elles subissent leur métamorphose dans cette 
position et se nourrissent des sucs ligneux et d” « Ambroïsie », 
évitant tout travail de forage. 

On compte en général deux générations par an 6t l’on sait 
que ce Xylophage s'attaque à toutes les essences feuillues 
faisant périr des tiges et des branches parfaitement saines. Les 
forestiers ne peuvent songer à opposer des moyens de lutte à 
un ennemi dont les déprédations, sans être isolées, sont loin de 
constituer un danger pour la vitalité des peuplements feuillus. 


Xyleborus Saxeseni Ratz. 
Xyloterus signatus Fabr. 
Ptilinus pectinicornis L. 
Anobium tesselatum Fabr. 
Voir : Chapitre des Chênes. 


Xyloterus domesticus Er. 
Voir : Chapitre des Bouleaux. 


Lymexylon dermestoides L. 
Voir : Chapitre du Sapin. 


Cossus ligniperda L. 
Voir : Chapitre des Saules. 


Cossus æsculi L. 


Voir : Chapitre du Châtaignier (1). 


FEUILLES 


Melolontha vulgaris L. 
Melolontha hippocastant &abr. 


(1) De même que c’est le cas pour le Hêtre et d’autres essences feuillues, 
les bourgeons et rameaux des Erables sont indemnes de dégâts dus aux 
Insectes. 


ÉRABLES 525 


Liparis sumilis Fussl. 
Liparis chrysorrhoea L. 
Bombyx neustria L. 

Phalera bucephala L. 
Geometra brumata L. 

Voir : Chapitre des Chênes. 


Liparis dispar L. 
Voir : Chapitre du Hêtre. 


Lytta vesicatoria L. 
Voir : Chapitre des Frênes. 


Noctua aceris L. Lépinopr., Voctuidæ 


(Acronycta aceris Ochsh.) 


Longueur, Papillon étalé : 40 à 45 millimètres; Chenille 
4 à 5 millimètres. Ce Papillon commun et répandu du nord au 
sud de l’Europe, se distingue par la couleur gris bleu de ses 
ailes antérieures qui sont ornées de dessins brunâtres et blancs 
formés par des lignes transversales brisées. Les ailes posté- 
rieures sont d’un gris sale. Détail caractéristique propre à cette 
espèce : les deux sexes ont les antennes identiques. 

La Chenille adulte a le corps d’un jaune rougeâtre avec 
tête noirâtre et des faisceaux de longs poils fauves sur les anneaux 
4 à 12; en outre, chacun des anneaux 1 à 11 porte sur la face 
dorsale une tache blanche frangée de noir. 

Avec l'épanouissement du feuillage, apparaît la jeune Che- 
nille qui ronge les feuilles en ménageant en général les nervures. 
D’après Jupeica et Nirscne (1895, p. 952), les arbres peuvent 
refaire leur frondaison le même été, comme cela se passe avec 
la Tordeuse du Chêne. La chrysalidation se produit dans un 
Cocon solidement fixé aux anfractuosités de l'écorce; l’animal 
hiverne sous forme de Nymphe dans cette enveloppe 

La Noctua aceris L. ravage également la frondaison des Hêtres, 


526 GRAINES 


des Châtaigniers, des Ormes et des Tilleuls, mais elle n’intéresse 
pas spécialement le sylviculteur. En somme, les Érables font 
partie des essences feuillues de la forêt européenne qui attirent 
le moins les Insectes rongeurs. 

Parmi les Hyménoptères, on a signalé la Larve du Phyllotoma 
aceris Kitb. comme ayant ravagé une fois en Hollande des 
feuilles d'Érables (Rirzema-Bos, 1892, p. 9-16). 


GRAINES 


Les graines d’'Érables sont attaquées par la Chenille d’un 
Microlépidoptère minuscule, la Tinea sericopeza ZI. Chose 
curieuse à noter relativement à cette espèce : tandis que les 
jeunes Chenilles de la première génération vivent dans le paren- 
chyme foliaire, celles de la seconde génération — celle du mois 
d'août — fouillent la pulpe de la graine (Jupeicn et NirscHe 
1895, p. 1080). 


14. Frênes 


 Fraxinus excelsior L., F. oxyphylla Bieb., F. ornus L. 


RACINES 


Mêmes espèces que celles citées dans les chapitres précédents. 


ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


Scolytus Geoffroyt Gœtze. 
Scolytus multistriatus Marsh. 
Voir : Chapitre des Ormes. 


Hylesinus fraxini Fabr. Coréopr., Sco/ytidæ 


Hyiésine du Frêne 


Longueur : 2,5 à 3 millimètres. Cette espèce, ainsi que la sui- 
vante, sont très facilement reconnaissables à la 
très grande largeur de leur corselet. Ce dernier, 
chez l’'Hylésine du Frêne, est tronqué, presque 
droit à la base, sensiblement plus large que 
long, finement ruguleusement ponctué et tuber- 
culé en-dessus, couvert de squamules d’un gris 
Jaunâtre et marqué à la base, de chaque côté, 
près de l’écusson, d’une tache brune. Les élytres Fig. dar. — Corselet de 
sont convexes de la base vers l'extrémité qui est à Hi RE à 
peine en pente. Ils sont irrégulièrement marqués 
de squamules d’un gris sale et portent des stries finement ponc- 


528 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


tuées avec interstries planes, tuberculées à la base et munies en 
arrière d’une rangée de granulations. L’abdomen, convexe, est 


Fig. 322. — Système achevé des couloirs de l’Aylesinus fra.cini Fabr. dans l'aubier du Frêne. 
1/1 gr. nat. (origq.). 


relevé vers l’anus. Tout le corps est recouvert d’une abon- 
dante pubescence grise. 


RE - 


FRÈNES 529 


L'essaimement de ce Bostryche se produit en avril, parfois 
encore une seconde fois en août ou septembre. Les galeries ma- 
ternelles sont en accolade et les couloirs larvaires perpendicu- 
laires, très serrés, entourent l’aubier dans les trones et branches 


EU 


Fig. 323. — « Roses de Frêne » (Æylesinus fraæini Fabr.). 1/1 gr. nat. (orig.). 


à écorce fine et le liber dans le cas inverse. Les systèmes de cou- 
loirs sont en général très nombreux et souvent enchevêtrés sur 
le même tronc. Les ravages de cet Insecte se remarquent parfois 
dans les branches de la grosseur d’un crayon. 

Une particularité très curieuse qui ne se retrouve chez aucun 
autre Xylophage, c’est que l’Insecte parfait se creuse dans les cou- 
ches corticales, en vue de l’hivernage, un petit couloir particulier 


, 
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 24 


530 j :#}# |! ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


où il se réfugie durant la mauvaise saison. Comme conséquence 
de ce ravage minuscule, apparait une excroissance anormale de 
l'écorce qui se crevasse dans tous les sens; 1l se produit ce que l’on 
appelle en entomologie forestière des «roses de Frêne » (fig. 323). 


Fig.f324. — Galeries de l'Aylesinus orni Fuchs. a, berceaux de nymphose entaillés dans l’aubier 
du Frêne. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich). 


Le Frêne semble pâtir assez sérieusement des ravages de cet 
Insecte aussi commun qu'abondant et qui vit à l’état endémique 
dans presque tout le groupe de cette essence poussant soit en 
forêt, soit le long des rivières, des routes ou dans les pares. 
Partout où le Frêne a des branches en voie de dépérissement 
ou brisées par le vent ou la neige, l'Hylesinus fraxint Fabr. 


attaque et provoque rapidement leur désagrégation. Il n’est pas 


FRÈNES 531 


de dépôt de bois de Frêne non écorcé, par exemple les chantiers de 
bois de charronnage, qui ne soit infesté par ce Coléoptère, lequel 
attaque parfois aussi lOlivier et les arbres fruitiers. Il peut éga- 
lement provoquer le desséchement de Frênes parfaitement sains, 
surtout si ces attaques se répètent plusieurs années de suite. 


Moyens préventifs. — Comme c’est le cas pour la lutte en géné- 
ral contre les Insectes vivant sous l’écorce, il faut enlever les 
branches des arbres et les tiges des peuplements qui, pour une 
cause quelconque, se dessèchent, offrant ainsi un appât à cette 
catégorie de ravageurs. 


Moyens répressifs. — Ils sont fort simples à mettre en vigueur, 
car peu de Bostryches sont aussi friands des troncs et bran- 
chages laissés à terre. On s’efforcera donc, en vue d’entraver la 
diffusion de l'espèce soit dans une forêt, soit dans un dépôt de 
bois, d’écorcer les Frênes avant la sortie de l’Insecte parfait (1). 


Hylesinus crenatus Fabr. Coréortr., Scolytid: 


Hylésine crénelé 


Longueur : 4 à 5 millimètres. Cette espèce, beaucoup moins 
répandue que la précédente, est munie d’un 
corselet dont la largeur égale presque la lon- 
gueur et qui se prolonge en pointe vers l’écus- 
son. Ses côtés sont fortement arrondis, sa ponc- 
tuation est profonde, serrée avec un point lisse 
sur le disque et une impression de chaque 


côté en avant de l’écusson. Les élytres sont 


Fig. 325. — Corselet de 
peu déclives postérieurement avec stries créne-  (fpisinus erenatus Fabr. 


lées et interstries très ruguleuses munies de 
tubercules à soies très courtes. Le corps est presque glabre, 


(1) Fucus (1906, p. 291 à 293) a décrit les ravages d’une nouvelle espèce 
commune, l’Hylesinus orni Fuchs, dont nous donnons la reproduction 
des dégâts (fig. 324). La caractéristique de ces derniers réside dans les ber- 
ceaux de nymphose qui sont entaillés perpendiculairement dans le liber 
après que la Larve, ayant achevé son couloir, est revenue en arrière, plus 
ou moins près de la galerie maternelle. 


1/1 gr. nat. (orig.). 


s crenalus Fabr. 


ar l’Aylesinu 


ne ravaqgée p 


°réê 


orce du E 


C 


É 


D 


Fiq. 321 


FRÊNES 533 


brillant et noir lorsque l’Insecte a atteint son complet déve- 
loppement. 

La biologie de cet Hylésine est encore peu connue. La forme 
de ses couloirs est très peu régulière. La figure 326 donne une 
idée du type le plus courant du système de ses galeries, mais on 
observe un peu toutes les formes de galeries maternelles et sou- 
vent des couloirs larvaires très allongés, sinueux et enchevêtrés 
les uns dans les autres. C’est plus fréquemment sur les Frênes 
âgés des pares et des avenues que sur les arbres de forêt que l’on 
trouve lHylesinus crenatus Fabr. 

Au point de vue protection, nous pouvons renvoyer le lecteur 
à ce que nous avons dit dans les pages précédentes à propos de 
l’Hylesinus fraxini Fabr. 


INTÉRIEUR DU BOIS 


Cerambyx heros Fabr. 
Voir : Chapitre des Chênes. 


Xyleborus dispar Fabr. 
Voir : Chapitre des Érables. 


Cossus ligniperda L. 
Voir : Chapitre des Saules. 


Cossus æsculi L. 
Voir : Chapitre du Châtaignier. 


RAMEAUX 


Vespa crabro L. Hyménorr., Vespidi 
Guèpe-frelon ou Frelon 
Dans la « Partie spéciale » nous avons déjà parlé du Frelon, 


qui ne mérite pas une description détaillée, car tout le monde 
connaît cet Hyménoptère que chacun redoute. Au point de vue 


534 RAMEAUX 


forestier, il est également à craindre, car il cause aux jeunes 
tiges et rameaux de Frêne en particulier, des détériorations qui, 
surtout dans les jeunes cultures et pépinières d'arbres d’avenue, 
peuvent anéantir les plus beaux Frênes, Bouleaux, Chênes, 


Fig. 327. — Vespa crabro L. décortiquant un tronc de Frène. a, blessures sur la surface 
de l’aubier. 1 1/2 qr. nat. (orig.). 


Aunes, etc., en général toutes les essences feuillues. On est enclin 
à admettre que le Frelon décortique les arbres, d’une part, pour 
se procurer des débris ligneux qui lui permettront d’édifier son 
nid, et, d'autre part, pour provoquer des écoulements de sève 
qu'il suce (Voir fig. 327, a). Les plaies produites à la suite des 


FRÊNES 535 


piqûres de cet Hyménoptère revêtent des formes très variables; 
plus elles encerclent la tige ou la branche, plus elles sont à redou- 
ter, car la partie située au-dessus de la plaie ne tarde pas à 
sécher et le jeune Frêne est alors déformé. 

Durant l’été torride de 1911, nous avons, dans une plantation 
de 3 mètres de hauteur, composée de Frênes âgés de douze ans, 
constaté jusqu’à trois Frelons occupés à décortiquer la tige sur 
une longueur de 20 centimètres. Cette année-là, grâce à la cha- 
leur exceptionnelle, les Frelons ont été abondants. Il est facile 
de les capturer le soir et de les détruire dans leurs nids (1). 


BOURGEONS 


Tinea curtisella Don. Lépinorr., 7neide 


Longüeur, Papillon étalé : 14 à 17 millimètres; Chenille : 7 à 
10 millimètres. Ce Microlépidoptère a les ailes antérieures blan- 
ches, avec une tache grise triangulaire, dont la base arrive au 
bord antérieur de l'aile. Les postérieures sont foncées et pour- 
vues sur leur bord de franges grisâtres. 

Au début de son existence, la Chenille est jaune paille; la 
tête, la plaque nucale et l’extrémité anale sont brunes; dans la 
suite, le corps devient verdâtre, avec reflets rougeâtres sur la 
face dorsale. 

La Tinea curtisella Don. apparaît en juin et dépose ses œufs 
sur les feuilles de Frêne. Aussitôt après leur éclosion, les jeunes 
Chenilles se mettent à ravager les feuilles dont, au début, elles 
entament seulement l’épiderme, puis transpercent plus tard le 
parenchyme et finissent par « squeletter » la feuille entière. Par- 
fois, plusieurs de ces dernières ont été préalablement réunies 
entre elles par un réseau soyeux. 

La chrysalidation s’opère en août dans la couverture morte. 


(1) Les rameaux de Frêne sont également attaqués par un Rhynchote 
de peu d'importance, le Coccus fraxini KItb., dont la larve hiverne dans 
les anfractuosités des bourrelets de recouvrement. 


536 FEUILLES 


Une deuxième ponte a lieu durant le même mois par les soins 
de la seconde génération dont les Chenilles se mettent, comme 
celles de la première génération, à ronger les feuilles, puis, au 
mois d'octobre, quand ces dernières tombent à terre, la Chenille 
gagne le bourgeon terminal qu’elle entoure d’un réseau de fils 
de soie retenant prisonniers les 
exeréments (Voir fig. 328 b). L’ani- 
mal, qui a pénétré dans le bour- 
geon, y passe l'hiver, puis, au 
mois d'avril, creuse un court cou- 
loir médullaire qui redescend de 1 
à 2 centimètres le long de la tige. 
La chrysalidation a lieu en mai 
dans un filet de soie qui pend au 


| rameau et duquel le Papillon 
Fig. 328. — Ravages de la Tinea curtisella 6e où 
an dans les Mineur du Frêne. à, ori- Û échappe en août (JUDErCH et 


fice de sortie de la Chenille; b, Chenille : k E 
prise dans le filet; c, excréments; d, couloir NITSCHE, 1895, P- 1062 1065). 


entaillé dans le bois ; e, Chenille. 1/1 gr. nat. 


Gui) On voit que la biologie de ce 


Papillon est assez compliquée et 
que la première génération compromet le feuillage, tandis que 
celle d'automne, détériorant les bourgeons, provoque vraiment 
un dommage appréciable, car les Frênes sont ainsi déformés, 
leurs tiges s’atrophient et deviennent fourchues. 

Dans la grande culture forestière, on ne peut songer à faire 
la récolte des bourgeons de Frêne renfermant des Chenilles de 
ce Papillon, lequel est fort peu répandu et n'offre en somme 
qu’un intérêt secondaire. 


FEUILLES 


Melolontha vulgaris L. 
Melolontha hippocastani Fabr. 
Voir : Chapitre des Chênes. 


Cionus fraxini De Geer. Coréort., Curculionidæ 


Longueur : 3 à 3,5 millimètres. Ce Charançon, de couleur très 


FRÊNES 537 


variable, mais en général d’un brun rouge, a le corselet ovoide, 
les élytres sont striés-ponctués. Sur le disque on remarque une 
tache et sur les élytres une bande transversale de squamules 
foncées; le rostre et les antennes sont couleur de rouille. 

Cette espèce, de même que la précédente, pourrait figurer 
aussi bien dans le groupe des ravageurs des bourgeons que dans 
celui des ravageurs des feuilles, car ce Coléoptère, qui produit 
deux à trois générations durant le même été, s'attaque aux 
deux organes. Au début de son existence, la Larve se met à 
ronger l’épiderme inférieur ou supérieur de la feuille en évitant 
de toucher aux nervures. Avant de se chrysalider, l'animal se 
replie sur lui-même et se fixe sur une feuille ou dans la couver- 
ture morte, puis s’entoure d’un cocon muqueux dans lequel il 
attend sa dernière métamorphose. Il sort de cette cachette après 
avoir pratiqué un orifice circulaire et se met alors à ronger aussi 
bien les feuilles que les bourgeons. On ne sait pas encore exacte- 
ment sous quelle forme l’Insecte hiverne et l’on admet que l’évo- 
lution d’une seule génération dure en été de trois à quatre 
semaines (Jupeicx et NirscHE, 1895, p. 397). 

Dans le Midi, où ce Charançon est assez répandu, ses dégâts 
sont encore plus redoutés sur l’Olivier que sur le Frêne, car en 
dévorant les feuilles, il compromet la formation des fruits. 

Comme ravageur des forêts, le Cionus fraxint De Geer ne 
joue qu’un rôle peu néfaste et n’a guère plus d'importance que 
la Tinea curtisella Don. 


Lytta vesicatoria L. Coréorr., Meloidæ 


Cantharide du Frêne ou Mouche espagnole [PI. VITE, fig. 6] 


Longueur : 11 à 15 millimètres. Cet Insecte élégant est assez 
connu; il apparait d’un vert brillant, aux reflets infiniment 
variables. Les antennes, plus longues que la moitié du corps, 
comptent onze articles non renflés. La tête est triangulaire, sa 
base présente un sillon médian; le corselet, plus large que long, 


538 FEUILLES 


Fig. 329. — Ravages de la Zytta vesicatoria L. sur les : a, Fraxinus excelsior L.; 
b, À. oæyphylla Bieb.; F. ornus L. 3/4 gr. nat. (oriq.). 


élytres sont allongés, finement chagrinés et portent des lignes 


longitudinales relevées. 


FRÈNES 539 


Nous ne pouvons nous étendre ici sur le développement de 
la Cantharide, qui est anormal (Hypermétamorphose). Qu'il 
nous suffise de signaler que la forme primaire de la Larve compte 
six pattes, que la génération est annuelle, que l’Insecte parfait 
apparait en masse en mai ou juin, dévore les Frênes, puis dépose 
en terre ses œufs par tas de 40 à 50. La Larve vit parfois en para- 
site dans des nids de l’ Abeille domestique. L’hivernement a lieu 
sous la forme larvaire dans la couverture morte. 

L'animal attaque exceptionnellement d’autres essences feuil- 
lues et certains arbrisseaux. 

_ Les dégâts que les Cantharides commettent ne sont pas indif- 
férents, bien au contraire, surtout dans la région méridionale où 
elles sont abondantes. 

Nous devons à l’obligeance de M. le baron d'ENCAUSSE DE 
LaBarTur une observation fort curieuse qu'il a faite en été 1912 
dans la région de Toulouse. Dans une plantation de différentes 
espèces de Frènes poussant sur un terrain superficiel, l’Insecte 
a montré ses préférences en attaquant le FÆ. excelsior L. d’une 
facon intense, le Æ. oxyphylla Bieb. moins sérieusement; il a 
complètement épargné le F. ornus L. cultivé au milieu de lespèce 
précédente. 

C’est là un cas curieux dont la figure 329 donne une idée. La 
récolte et la destruction à l’aide d’essence de térébenthine des 
Mouches espagnoles est, dans bien des cas, nécessaire. On sait 
qu’en pharmacie on utilise ces Insectes desséchés pour en extraire 
la Cantharidine. 


Liparis dispar L. 
Voir : Chapitre du Hêtre. 


Liparis nonacha L. 
Voir : Chapitre de l'Épicéa. 
Geometra brumata L. 


Voir : Chapitre des Chênes. 


On observe parfois sur les feuilles des Frènes les ravages de 
deux Microlépidoptères : Tinea syringella Fabr. et T. podana 


! 


Fig. 330. — Phytoptus fraxini Nal. a, déformations des bourgeons de Frêne. 
1/1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich). 


Fig. 331. — Pemphigus nidificus Fr. Lôw. a, déformations des feuilles de Frêne. 
3/4 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich). 


FRÈNES 541 


Scop. Deux Hyménoptères : Macrophya punctum Fabr. et Se- 
landria nigrita Fabr., dépouillent les frondaisons des Frênes. 

A cette liste des ennemis des feuilles et des bourgeons de cette 
essence, on peut encore ajouter un Acarien, le Phytoptus fraxini 
Nal. (fig. 330), ainsi qu'un Rhynchote, le Pemphigus nidificus 
Fr. Lôw (fig. 331). 


GRAINES 


Les graines de Frênes hébergent parfois la Chenille de la 
Tortriz Conwayana Fabr. 


tes Mr te 
A 
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Lee, 1e 


145. Charme 


Carpinus betulus L, 


RACINES 


Les racines de Charme peuvent être attaquées par les ennemis 
que nous avons signalés dans les chapitres précédents. 


ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


Scolytus carpini Ratz. Corropr., S'colytidæ 


Scolyte du Charme 


Longueur : 3 à 3,5 millimètres. Ce Scolyte très rare, que bien 
peu de forestiers ont eu l’occasion de voir à l’œuvre, porte un 
corselet à peine plus long qu'il est large à sa partie postérieure; 
antérieurement il est étranglé, sa surface est finement et densé- 
ment ponctuée. Les élytres presque parallèles sont plus longs 
que le corselet, à peine rétrécis en arrière; leurs stries sont très 
rapprochées et très régulièrement ponctuées, mais pas chagri- 
nées. 

La femelle creuse un couloir transversal qui court surtout 
dans l’aubier; les galeries larvaires sont plutôt forées dans le 
bois que dans les couches corticales généralement minces chez 
le Charme. 

Le Scolytus carpini Ratz. est pour ainsi dire le seul Xylophage 
de l'écorce qu'on trouve dans les troncs et branches de cette 
essence qui est bien un des feuillus les plus épargnés par les 
Insectes. 


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INTÉRIEUR DU BOIS 


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1 


Fig. 332. — Système de couloirs du Scolytus carpini Ratz. dans l’aubier d’une branche de Charme. 
1/1 gr. nat. (oriq.). 
Callidium variabile L. 
Callidium sanguineum L. 
Voir : Chapitre du Hêtre. 


INTÉRIEUR DU BOIS 


Anobium tesselatum Fabr. 
Buprestis berolinensis Herbst. 
Voir : Chapitre du Hêtre. 


CHARME 545 


Ptlinus pectinicornis L. 
Voir : Chapitre des Chênes. 


Xyleborus dispar Fabr. 
Voir : Chapitre des Érables. 


Xyloterus domesticus L. 
Voir : Chapitre des Bouleaux. 4 


Saperda linearis L. Coréorr., Cerambycidæ 


Longueur : 11 à 15 millimètres. Ce Longicorne d’un noir 
intense porte un corselet sans pointe latérale. La région anté- 
rieure des élytres ainsi que les pattes sont jaunes. 

La Larve, du type de celle des Lamiites, est privée d’yeux 
et apode; adulte, elle mesure de 25 à 30 millimètres. 

L'Insecte ailé essaime en mai ou Juin et la femelle dépose 
ses œufs individuellement dans l'épaisseur de l'écorce. Les 
Larves commencent en général par fouiller l’écorce autour 
de la branche, puis durant le premier été, forent une galerie 
descendante dans le centre de la branche ou de la pousse de 
l’année précédente. L'année suivante, la Larve ayant acquis 
une dimension et des forces plus grandes, s'attaque à des bois 
plus anciens et par conséquent moins tendres. La*chrysali- 
dation a lieu à la fin de la seconde année ou au printemps de 
la troisième, de sorte que toute l’évolution dure deux ans. 

Les perforations de ce Longicorne dans les frondaisons de 
certaines essences feuillues, en particulier dans celles du Charme 
et du Noisetier, ont pour conséquence d’entrainer le dépéris- 
sement de certains rameaux, mais la Saperda linearis L. n’appa- 
rait pas par invasions. 

Un autre Cérambycide, le Leptura scutellata Fabr. dont la 
figure 333 reproduit les ravages, a été trouvé accidentellement 
dans le Charme. En outre un Sirex plutôt rare, le Sirex fusci- 
cornis Fabr. dont nous reproduisons les ravages (fig. 334), vit 
dans les feuillus, en particulier dans le Charme. 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 39 


546 3 RAMEAUX 


Fig. 333. — Couloirs de la Leptura scutel- Fig. 334. — Galeries du Sireæ fuscicornis 
lata Fabr. dans une branche de Charme. Fabr. dans une planche de Charme. a, In- 
1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). secte formé dans le berceau; b, coupe à 


travers la galerie larvaire. 3/4 qr. nat. 
(orig. coll. Muséum, Paris). 


RAMEAUX (1) 
Saperda linearis L. | 
Voir ci-dessus. 


Cimbex variabilis KI. 
Voir : Chapitre du Hêtre. 


(1) Les bourgeons du Charme, comme ceux du Hêtre, semblent être à 
l'abri des atteintes des Insectes. 


CHARME 547 


“ FEUILLES 
Apoderus coryli L. 
Melolontha vulgaris L. 
Melolontha hippocastani Fabr. 
Geometra defoliaria L. 
Geometra brumata L. 
Geometra progemmaria Hb. 
Liparis similis Fussl. 

Liparis chysorrhoea L. 
Bombyx neustria L. 

Phalera bucephala L. 

Tortrix viridana L. 

Noctua coryli L. 

Voir : Chapitre des Chênes. 


Rhynchites betulæ L. 
Voir : Chapitre des Bouleaux (1). 


LEA # 


Fig. 335. — Phytoptus macrotrichus Nal. sur des feuilles de Charme ; &;boursouflements 
de la nervure centrale. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich). 
Liparis monacha L. 
Voir : Chapitre de l'Épicéa. 
(1) On trouve parfois sur la face inférieure des feuilles de Charme les traces 


des dégâts d’un Acarien : le Phytoptus macrotrichus Nal., Insecte très rare 
et peu nocif (Voir fig. 335). 


16. Aunes 


Alnus glutinosa Gaertn., À. incana D. C., À. pubescens Fausch. 


RACINES 


Les racines des Aunes ne sont pas exposées à être ravagées 
par des Insectes spéciaux. Seuls, les semis en pépinière peuvent 
souffrir des atteintes de certaines espèces que nous avons étudiées 
dans les chapitres précédents. 


Otiorrkynchus niger Fabr. 
Voir : Chapitre de l'Épicéa. 


ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


Agrilus viridis L. 
Voir : Chapitre des Chênes. 


Hylobius abietis L. 
Voir : Chapitre des Pins. 


Deux Bostryches, les Dryocætes alni. Georg. et Glyptoderes 
alni Lind., creusent des couloirs irréguliers dans l'écorce; ils 


sont rares et sans importance. 


550 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


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à 
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Fig. 336. — Galeries du Dryocætes alni Georg. forées dans l'écorce d'Aune. 1/1 gr. nat. (orig.). 


Cryptorrhynchus Lapathi L. Coréopr., Curculionideæ 


Cryptorrhynque ou Charançon de lAune [PI. VII, fig. 2] 


Longueur : 7 à 9 millimètres. Ce Charançon ne peut être 
confondu avec les autres Xylophages de cette famille. En effet, 
il porte un rostre fortement arqué aussi long que la tête et le 
corselet réunis. Les élytres rétrécis à l'extrémité sont d’un brun 
noirâtre; leur tiers postérieur ainsi que le corselet et le milieu 
des fémurs sont recouverts d’une pilosité blanche plus ou moins 
bleuâtre ou rosée. On remarque en outre sur le corselet et les 
élytres de petites touffes courtes et éparses de poils noirs. 

Les ouvrages d’entomologie forestière renferment un bon 
nombre d'indications erronées et contradictoires sur l’évolution 
de cet Insecte. Tout dernièrement, SCHEIDTER (1913, p. 279 
à 300) a publié une remarquable étude sur la biologie du Cryp- 


. AUNES 551 


rotrhkynchus Lapathi L. dont il a pu suivre le développement 
soit en laboratoire, soit dans la nature. D’après cet entomolo- 
piste, l'animal apparaît en août et jusqu’à l'hiver, se nourrit 
en forant superficiellement l’écorce des tiges et rameaux de 
l’année. Il hiverne rarement dans la couverture morte, le plus 
souvent dans les anfractuosités de l’écorce ou dans les couloirs 
abandonnés par les générations précédentes. Pendant les pre- 
miers beaux jours de la saison printanière, lPIn- 


secte acquiert son complet développement, s’ac- M Ps 
couple et en mai ou juin commence la ponte. PAPE 
A cet effet, la femelle blesse légèrement l’écorce | Mars. .| + e 
et dépose dans la plaie un œuf à la fois. Cet || avrit. . re CE 
œuf, chose curieuse à noter, hiverne dans cette us |, 
cachette et ne donne naissance à la Jeune Larve ere |EU 
qu’au mois de mars ou d'avril de l'année sui- ||" |- 
vante. La période larvaire durant laquelle le Anne mi 
Charançon perfore en premier lieu les couches || 49%: “ 
cambiales, puis plus tard l’aubier et le centre || Sept. .| + | + 
des petites tiges, dure jusqu’à la fin de juillet, oc. . |. | + 
époque à laquelle Panimal se chrysalide à l’ex- FX |, [5 
trémité de la galerie plus ou moins sinueuse | — RE 


pratiquée de bas en haut. Lorsqu'on découvre 
la cachette dans laquelle le Charançon est blotti en vue de 
sa première métamorphose, on constate que l’animal s’est 
retourné la tête dans la direction de lorifice du couloir lar- 
vaire. Pour gagner le dehors, l’Insecte ailé ne perfore pas 
directement le bois comme c’est le cas pour les Pissodes, mais 
se fraie un passage à travers les détritus ligneux comprimés 
par la Larve à mesure qu’elle allonge sa galerie. 

Nous constatons done chez le Cryptorrhynchus Lapathi L. 
un premier hivernage à l’état d’œut et un second à l’état d’In- 
secte parfait. Souvent, et le cas se rencontre surtout dans les 
tiges de l'Aune d’une certaine dimension, les ravages sont 
opérés par plusieurs Larves dont les systèmes finissent par se 
confondre. 

SCHEIDTER observe également que chaque été on peut trouver 


552 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


des Larves adultes en travail de forage; c’est la preuve que 


Vts 


Fig. 337. — Tiges d’Aune ravagées par le Cryptorrhynchus Lapathi L. «, débris liyneux compri- 
més sous l'écorce; b, galerie larvaire ; €, déchirures de l'écorce; d, orifice de sortie. 3/4 qr. 
nat. (orig.). 


deux cycles d'évolution peuvent simultanément être constatés 
dans le même peuplement. 


AUNES 599 


Un des caractères les plus frappants des détériorations de 
ce Charançon sont les déformations superficielles extérieures 
dont notre figure 337 donne une idée. Ces excroissances qui 
vont en s’accentuant à mesure que la tige ou la branche gros- 
sissent, sont la résultante des forages superficiels de la Larve 
qui travaille, comme nous l’avons exposé plus haut, dans le 
liber avant de s’enfoncer dans le centre de la tige. 

Ces déformations extérieures permettent très facilement 
d'identifier au premier abord l’Insecte xylophage. Le travail 
des Charançons ne peut être confondu avec celui des Sésies 
dont nous parlons plus loin. 


Moyens préventifs. — Dans les plantations ou cultures com- 
plémentaires faites dans les peuplements d’Aunes infestés par 
le Cryptorrhynque, il peut être indiqué de badigeonner en avril 
les jeunes plants avec de la glu CRaupenleim», ce qui aura pour 
effet d'empêcher la ponte. Mais cette opération doit se renou- 
veler plusieurs années de suite, car la glu finit par se dessécher 
et se crevasser à la fin de l’été. 


Moyens répressifs. — Seuls, l'enlèvement et l’incinération 
des tiges renfermant des Larves peuvent être recommandés. 
Les branches et rejets infestés sont facilement reconnaissables 
à la sciure brunâtre qui s'échappe de l’origine des couloirs 
larvaires, cette constatation permet de tirer la conclusion que 
la Larve est en activité à l’intérieur. La récolte des Insectes’ 
parfaits est une opération fort coûteuse et qui ne donne pas 
un résultat satisfaisant. 


INTÉRIEUR DU BOIS 


Buprestis rutilans L. 
Voir : Chapitre des Tilleuls. 


Anobium tesselatum Fabr. 
Ptilinus pectinicornis L. 
Voir : Chapitre des Chênes. 


554 INTÉRIEUR DU BOIS 


Xyleborus dispar L. 
Voir : Chapitre des Érables. 


Xyleborus domesticus L. 
Voir : Chapitre des Bouleaux. 


Xyleborus Pfeili Ratz. Coréorr., Scolytidæ 


Longueur : 2,7 à 3 millimètres. Ce Bostryche dont le mâle 
est une des plus grandes raretés parmi les [Insectes xylophages 
européens, est caractérisé par un corselet plus long que large, 


Fig. 338. — Galeries du Xyleborus Pfeili Ratz. dans le bois d’Aune. 3/4 qr. nat. 
(orig. coll. Muséum, Paris). 


arrondi antérieurement et dont le milieu du disque porte un 
tubercule allongé, très finement et éparsément ponctué posté- 
rieurement. Le corselet du mâle rappelle celui du Xyleborus 


AUNES 555 


dryographus Ratz. Les élytres sont finement striés-ponctués 
avec interstries ruguleuses munies d’une rangée de points plus 
fins; la déclivité est obliquement déprimée. La suture ainsi 
que la troisième interstrie sont munies de tubercules denti- 
formes. 

La biologie de ce Bostryche est encore fort peu connue. Cet 
Insecte fore des galeries qui rappellent celles creusées par le 
Xyleborus monographus Fabr., mais elles pénètrent moins pro- 
fondément dans l’intérieur du bois. 

Le Xyleborus Pfeili Ratz. semble rechercher spécialement le 
bois d’Aune. Il a été trouvé exceptionnellement sur le Tremble. 


Sesia spheciformis Grng. Lépinopr., Seswdeæ 


(Sesia sphegiformis Ratz.) [PI. VIIL, fig. 8] 


Longueur, Papillon étalé : 25 à 30 millimètres. Ce Papillon 
est d’un noir bleuté, quelques taches jaune mat ornent la face 
ventrale du thorax, directement au-dessous de la naissance 
de chacune des paires d’ailes, de même que les côtés du thorax, 
la face dorsale du deuxième et la face inférieure du quatrième 
segment abdominal. La face ventrale des pattes est blanchâtre. 

Nous avons exposé dans le chapitre des Bouleaux les mœurs 
des Sésides qui comptent plusieurs espèces s’attaquant en par- 
ticulier aux Bouleaux, aux Peupliers et aux Aunes, quelquefois 
aussi aux Chênes. 

L'évolution de la Sesia spheciformis Grng. dure une année 
en général, et la façon d’opérer de sa Chenille est semblable à 
celle de la Sesia culiciformis L. qui ravage également les Aunes. 
Nous avons vu que la caractéristique de ces types de ravages 
réside dans la façon dont l’Insecte ailé prend son vol en s’échap- 
pant de la Chrysalide à moitié sortie de l'écorce (fig. 340). 

En parlant de la Sesia culiciformis L., nous avons dit ce que 
les forestiers pouvaient entreprendre pour entraver la multi- 
plication des Sésides en général. 


556 INTÉRIEUR DU BOIS 


Sesia culiciformis L. 
Voir : Chapitre des Bouleaux. 


Fig. 339. — Couloirs Jarvaires de la Sesia Fig. 340. — Tige d’Aune 
spheciformis Grng. dans une tige ravagée par la Sesia 
’Aune, 1/1 gr. nat. (oriq.). spheciformis Grng. 


a, femelle déposant sa 
ponte ; b, Chrysalides. 
3/4 gr. nat. (orig. coll. 

* Standfuss, Zurich). 


AUNES 594 


Cossus ligniperda L. 
Voir : Chapitre des Saules. 


Cossus æsculi L. 
Voir : Chapitre du Châtaignier. 


Saperda linearis L. 
Voir : Chapitre du Charme. 


Xyphidria camelus L. Hyménorr., ÜUroceridæ 


Longueur (tarière comprise) : 20 à 25 millimètres. Cet Hvmé- 


Fig. 341. — Tronc d'Aune ravagé par la Larve du Xyphidria camelus L. 1/1 gr. nat. 
(orig. coll, Muséum, Paris). 


558 INTÉRIEUR DU BOIS 


noptère qui au point de vue systématique est très voisin des 
Sirex, a la tête fixée à l’extrémité d’un prolongement aminci, 
émanant du thorax; les ailes antérieures ont deux cellules 
radiales. 

La Larve qui compte neuf stigmates de chaque côté (JunErcH 
et NiTsCHE, 1895, p. 677) fouille le bois des Aunes et exception- 
nellement des Bouleaux et des Peupliers sans que le type des 
ravages se différencie sensiblement de celui des Sirex (fig. 341). 
Cet Insecte est aussi rare que peu connu. 


Melasis buprestoides L. Corrorr., £uchnemidæ 


Longueur : 8 à 9 millimètres. Cet Insecte, de couleur notrâtre, 


Fig. 342. — Couloirs larvaires du Welasis buprestoides L. dans un tronc d’Aune. 1/1 gr. nat. 
(orig. coll, Muséum, Paris). 


AUNES 559 


porte un corselet qui est élargi antérieurement; ses côtés sont 
droits et la ligne médiane enfoncée. Les élytres sont plus étroits 
que le corselet, profondément striés. Tout le corps est couvert 
d’une pubescence brune. La Larve de ce Coléoptère peu répandu 
et encore moins connue des forestiers, fouille horizontalement 


les troncs des Aunes. 


Liopus nebulosus L. Coréopr., Cerambycidæ 


(Hesperophanes nebulosus Oliv.) 


Longueur : 8 à 9 millimètres. De couleur grise, avec pubes- 
cence fauve, ce Cérambycide très voisin du genre Lamia a des 
élytres qui portent deux bandes transversales noires et glabres. 
La racine des fémurs est rouge et leur extrémité noir foncé. 

Les Larves fouillent le bois de certaines essences feuillues, 
en particulier de lAune, en pénétrant parfois assez profondé- 
ment dans la matière ligneuse où elles laissent derrière elles 
des galeries ayant en général une direction verticale (fig. 343). 

Cet Insecte, peu répandu, n’a qu’une importance tout à 
fait secondaire comparativement à celle des Insectes xylo- 
phages qui compromettent la vie des végétaux ligneux. 


AT 
Us 


TS 


ans le bois d'Aune, a, couloir larvaire avec 


Fig. 343. — Dégâts du Ziopus nebulosus L. d 
1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). 


marques des mandibules; b, excréments. 1/ 


AUNES 561 
RAMEAUX 


Cimbex variabilis Klug. 
Voir : Chapitre du Hêtre. 


Vespa crabro. 
Voir : Chapitre des Frênes et « Partie spéciale ». 


BOURGEONS 


Tinea fuscedinella Z1l. Lépinopr., 7neidæ 


Longueur, Papillon étalé, j : 10, ® : 12 à 13 millimètres. Ce 
Microlépidoptère aux ailes antérieures d’un brun grisâtre foncé, 
a souvent des reflets métalliques couleur laiton. 

La Chenille qui mesure 7 millimètres est de teinte chocolat; 
elle porte sur le dos six lignes longitudinales de tubercules peu 
apparents; elle compte douze pattes, les deux paires abdomi- 
nales étant atrophiées. 

Au premier printemps, la femelle dépose un œuf dans le 
bourgeon des Aunes qui, au bout de deux ou trois semaines 
est fouillé par la jeune Chenille et finit par s’atrophier au moment 
où il devrait donner naissance aux feuilles. Devenue adulte, 
la Chenille s'attaque aux feuilles dont elle ronge l’épiderme, 
plus tard elle les perfore aussi. La chrysalidation s’opère dans 
un petit fourreau un peu à la façon de la Tordeuse du Chêne. 
Suivant JupeicH et NirscHEe (1895, p. 1355), la Tinea fusce- 
dinella ZI. aurait une seconde génération au milieu de l'été, 
mais en somme l’évolution de cette espèce très rare est encore 
à étudier plus à fond. 


BEUIBIRES 


Les feuilles d’Aunes sont occasionnellement ravagées par 
un Coléoptère de la famille des Melolonthini, le Phyllopertha 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 36 


562 FEUILLES 


horticola L. bien connu des jardiniers et des horticulteurs. Un 
Charançon, le Phyllobius Fabr., aussi rare qu'insignifiant, 
peut être rangé également au nombre des Phytophages des 
Aunes. ' 


Galeruca alni L. Coréorr., Chrysomelidæ 


(Agelastica alni) [PI. VIE, fig. 1] 


Galéruque ou Chrysomèle de l'Aune 


Longueur : 5 à 6 millimètres. D’un beau bleu métallique sur 
le dos, cet Insecte a la face inférieure noire, son corselet est plus 
large que long, fortement rétréei sur le devant, de même que 
les élytres; 11 est grossièrement et éparsément ponctué. 

La Larve qui, adulte, mesure 12 millimètres, est noire avec 
reflets verdâtres, fortement pileuse, la tête est aplatie. On 
remarque que chacun des anneaux thoraciques porte une paire 
de fortes pattes. Tous les anneaux thoraciques et abdominaux 
sont relevés de chaque côté de la ligne médiane en une petite 
verrue allongée transversalement. 

L’'Insecte parfait hiverne et apparait au moment où 1e 
végétation s’épanouit pour déposer par paquets sur les feuilles 
des œufs jaunes. Au bout d’une ou de deux semaines environ, 
les jeunes Larves éclosent; leur existence dure approxima- 
tivement un mois et pendant ce temps, elles s’attaquent aux 
feuilles, comme c’est du reste aussi le cas pour les Insectes 
parfaits. Les uns et les autres « squelettent » les feuilles d’Aune, 
comme le montre la figure 344. L’hivernement et la chrysali- 
dation se passent sous terre et il arrive parfois qu’on découvre 
au milieu de l'été, sur les feuilles d’Aunes, la Chrysomèle sous 
ses trois formes; c’est la preuve que la femelle a une longue 
période de ponte. 

La Galeruca alni L. est un Insecte excessivement commun 
et répandu dans toute l'Europe; il attaque exceptionnelle- 
ment les Saules et les Peupliers. 

Il est évident, comme le fait se présente à la suite des dépré- 


AUNES 563 


dations de tant de ravageurs phytophages qui agissent surtout 
au commencement de la période de végétation, que les essences 
à feuilles caduques peuvent, dans une certaine mesure, recons- 


Fig. 344. — Feuilles d'Aune ravagées par la Galeruca alni L. 3/4 gr. nat. 
(orig. coll. Pauly, Munich). 


tituer leur frondaison sous l’influence de la sève d'août ou en 
tous cas, l’année suivante. Il résulte donc en premier lieu de 
l'apparition des Galéruques qui opèrent en masse, une dimi- 
nution d’accroissement, rarement le desséchement de certaines 
branches ou de tiges d’Aunes. 


964 FEUILLES 
Moyens préventifs. — Il ne saurait être question d’immuniser 


une plantation d’Aunes pour la tenir à labri des attaques de 


la Chrysomèle. 


Moyens répressifs. — Dans certains peuplements, les pares 
en particulier, on peut se donner la peine de secouer sur des 
draps les branches sur lesquelles les Insectes parfaits sont 
fixés, puis on incinère ces derniers sur place. Une opération 
aussi minutieuse et coûteuse ne pourra guère être exécutée en 
forêt (1). 


Fig. 345. — Psylla alni L. sur des feuilles d'Aune, 1/1 gr. nat. (oriq.). 


Un Pou très commun sur les feuilles d’Aunes, le Psylla alni L. 


est facilement reconnaissable à la carapace cireuse d’un blane 


(1) La Chrysomela ænea L. espèce voisine, à l'aspect d’un vert métal- 
lique plus ou moins foncé, provoque à peu près les mêmes ravages; elle 
est beaucoup moins répandue et moins connue au point de vue biologique 
que la Galeruca alnt L. 

Une Tortricide aussi rare que peu importante, la Tortrix cratægana Hbn., 
peut occasionnellement s'attaquer sous forme de Chenille aux feuilles 


d’'Aunes. 


AUNES 565 


de neige qui recouvre les Larves (fig. 345). L'Insecte parfait 
est d’un vert bouteille et très mobile. Nous avons rencontré 
ce Rhynchote en grande abondance jusque dans les stations 
les plus élevées de lAune blanc dans les Alpes valaisannes 
(Suisse); 1l attaque également lAune vert, mais ne provoque 
guère de dégâts appréciables. 


Nematus septentrionalis L. 
Voir : Chapitre des Bouleaux. 


Parmi les Insectes de la famille des Tenthredinides, la Selan- 
dria ovata L. peut encore être rangée au nombre des ravageurs 
de l’Aune. En effet, la Larve de cet Hyménoptère commence 
par percer des trous circulaires dans l’épiderme de la feuille: 
elle agrandit toujours davantage ces ouvertures jusqu'à ce que 
la feuille soit dévorée presque entièrement. 


A poderus coryli L. 

Bombyx neustria L. 

Phalera bucephala L. 

Tortrix ferrugana Tr. 

Voir : Chapitre des Chênes. 


Liparis dispar L. 
Voir : Chapitre du Hêtre. 


Orgya antiqua L. 
Voir : Chapitre des Bouleaux. 


17. Saules” 


RACINES 


Les Saules sont rarement cultivés en pépinière, mais plutôt 
propagés par boutures d’osiers qui sont directement mis à 
demeure. Le forestier a donc bien rarement l’occasion de cons- 
tater des ravages d’Insectes sur les racines des Saules dont 
certaines espèces (Saule Marceau, par exemple) poussent spon- 
tanément en forêt. 

Il est évident que certains ravageurs des radicelles tels que 
le Ver blanc et d’autres Insectes que nous avons décrits dans 
cette catégorie peuvent occasionnellement détériorer les Jeunes 


oserales, 


ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 
Hylobius abretis L. 
Voir : Chapitre des Pins. 
Cryptorrhynchus Lapathi L. 


Voir : Chapitre des Aunes. 


Callidium pygmæum Fabr. Coréopr., Cerambycideæ 


(Gracilia minuta Fabr.) 


Longueur : 4,5 à 6 millimètres. On reconnait ce Longicorne 


A 


(1) Nous nous dispensons d'indiquer les noms des multiples espèces et 
hybrides du genre Salix. 


Lo8re ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


aux caractères suivants : Il est de couleur brune avec fine 
pilosité grisâtre; son corselet, qui n’est pas épineux sur les côtés, 


Fig. 346. — Tiges d'Osier ravagées par la Larve du Callidium pygmæum Fabr. 1/1 gr. nat. 
(orig. coll. Muséum, Paris). 


SAULES 569 


est plus long que large, à peine plus élargi que la tête, rétréci 
postérieurement et finement ponctué. Les élytres étroits, plutôt 
aplatis, sont superficiellement et éparsement ponctués. 

Le Callidium pygmæum Fabr. est polyphage, mais assez 
commun sur les rejets et branches des Saules. La ponte est 
déposée par tas à la naissance des rameaux et la Jeune Larve 
commence par pratiquer des galeries sinueuses dans les couches 
hbéreuses (fig. 346). Devenue adulte, elle s'enfonce dans l’aubier 
et s'y chrysalide dans un berceau à section elliptique. Au bout 
de deux ou trois ans seulement, comptés à partir de la ponte, 
l’Insecte parfait gagne le dehors en forant un orifice également 
ovale. 

Le plus souvent ce Longicorne s'attaque à des Saules en voie 
de dépérissement, principalement à des branches cassées ou 
coupées, de sorte que sa nocuité est minime. 


‘ 


INTÉRIEUR DU BOIS 


Lamia textor L. Coréorr., Cerambycidæ 


Longueur : 14 à 20 millimètres. Nous avons déjà parlé dans 
le chapitre de l’Épicéa de deux Insectes du groupe des Lamiites 
(Lamia sartor Fabr. et L. sutor L.). Le Lamia textor L., espèce 
propre aux Saules, se distingue par sa couleur noire et sa forme 
trapue. Son corselet chagriné porte de chaque côté une protu- 
bérance épineuse horizontale et dirigée en dehors. Les antennes 
ne sont pas plus longues que le corps entier, leur deuxième 
article, épaissi, est aussi long que le quatrième. Les élytres sont 
recouverts d’une ponctuation fine, dense et granuleuse, avec 
pilosité éparse présentant parfois des taches jaunâtres. 

La Larve de ce Cérambycide fouille l'écorce et le liber des 
troncs et branches de Saules, exceptionnellement d’autres 
feuillus, recherchant de préférence le bois sain. 

Les dégâts sont plus appréciables dans les oseraies qu'en 
forêt, ce fait nous dispensera de nous étendre plus longuement 
sur les mœurs de ce ravageur. 


570 INTÉRIEUR DU BOIS 


Cerambyx moschatus L. Coréorr., Cerambycidæ 


(Aromia moschata Serv.) 


Longueur : 15 à 30 millimètres. On identifie très facilement 


Fig. 347. — Cerambyx moschatus L. dans le bois de Saule. a, galeries larvaires ; b, Insecte 
parfait dans le berceau de nymhose. 3/4 qr. nat. (oriq.). 


ce Longicorne dont la couleur d’un bleu verdâtre le place parmi 
les plus beaux Insectes du monde des bois. Les antennes du 
mâle, égaiement bleuâtres, sont plus longues que celles de la 


SAULES DA 


femelle. Chez les deux sexes, le corselet est de forme triangu- 
laire, sa sculpture et sa couleur varient suivant les individus. 
Les élytres chagrinés sont à leur naissance deux fois plus larges 
que la partie postérieure du corselet, puis se rétrécissent vers 
leur extrémité et sont ornés de lignes longitudinales à peine 
visibles. 

La Larve qui, adulte, mesure 30 à 35 millimètres de longueur, 
ressemble beaucoup à celle du Cerambyx Scopoli Laich., elle 
est pourvue de pattes et presque glabre. 

Le Cerambyx moschatus L. vit, comme l'espèce précédente, 
‘dans les Saules et pénètre parfois assez profondément dans le 
bois sain où la Larve laisse derrière elle des galeries à section 
ovale et remplies de détritus ligneux. 

Ce sont surtout les souches des oseraies qui sont recherchées 
par ce Xylophage plutôt rare et peu important au point de vue 
de l’économie forestière. 


Oberea oculata L. Coréopr., Cerambycidæ 


(Saperda oculata L.) 


Longueur : 15 à 20 millimètres. Cette Saperde, propre aux 
Saules, se distingue par son corselet d’un jaune rougeâtre, sans 
protubérances latérales et présentant deux points noirs sur le 
disque. Le tête et les antennes sont foncées, ces dernières ne 
sont pas tout à fait aussi longues que le corps qui est allongé 
et cylindrique. Les élytres sont noirs avec des lignes profondes 
ornées de points et taches jaunes sur la partie antérieure; les 
pattes et le corps sont également jaunes. 

L’essaimement de ce Longicorne se produit en juin ou juillet, 
époque à laquelle la femelle dépose ses œufs individuellement 
dans les anfractuosités de l’écorce. La jeune Larve, après avoir 
pénétré à l’intérieur des couches corticales, s'enfonce jusqu’au 
centre de la branche, puis fore un couloir presque cylindrique 
atteignant parfois 30 centimètres de longueur. Le plus souvent 


572 INTÉRIEUR DU BOIS 


il est dirigé de bas en haut, parfois en sens inverse. La nymphose 
a lieu à lextrémité de cette galerie longitudinale qui est en 


Fig. 348. — Tige d'Osier avec forage de la Larve de l'Oberea oculata L. 
1/1 gr. nat. (oriq. coll. Pauly, Munich). 


général forée dans les tiges d’osier ou les branches de Saules 
âgées de deux ans. 

La conséquence de ces détériorations est le dessèchement 
des branches ou des tiges infestées. 


SAULES 5e 


Dans les oseraies on pourra utilement couper et incinérer 
sur place les parties atteintes en automne pendant que l’animal 
est encore dans sa cachette. 


Saperda populnea L. 
Voir : Chapitre des Peupliers. 


Ptlinus pectinicornis L. 
Voir : Chapitre des Chênes. 


Cossus æsculti L. 
Voir : Chapitre du Châtaignier. 


Gossus ligniperda L. Lépinopr., Bombycidæ 
(Cossus cossus L.) [PI. VILLE, fig. 7] 


Cossus gâàte-bois 


Longueur, Papillon étalé Z : 50 à 70; @ : 70 à 90 millimètres; 
Chenille adulte : 80 à 100 millimètres. L’apparence générale 
du corps est d’un gris blanchâtre avec thorax encerclé de noir 
à la partie postérieure. Les ailes antérieures sont ornées de taches 
transversales d’un brun foncé velouté (fig. 349), tandis que les 
postérieures présentent des ondulations de même teinte, mais 
moins importantes et plus effacées. 

La Chenille ne peut être confondue avec aucune autre des 
Papillons vivant dans la matière ligneuse (PL. VITE, fig. 7). Munie 
de seize pattes, elle est de couleur brune ou carminée sur le dos; 
les flancs et la partie inférieure sont Jaunes. La tête est large, 
d’un brun foncé; la plaque chitineuse dorsale du premier anneau 
thoracique est divisée en deux par un sillon longitudinal. La 
tête et chacun des anneaux sont munis de poils fins disposés 
en lignes transversales. Une caractéristique de cette Chenille 
est. l'odeur pénétrante et désagréable qu’exhale son corps. 

Le Cossus gâte-bois est à la fois le plus polvphage des Papil- 


574 INTÉRIEUR DU BOIS 


lons forestiers et le plus gros des ravageurs qu’on trouve dans 
les forêts de l'Europe. Nous avons déjà mentionné ce Lépi- 
doptère dans presque tous les chapitres des esences feuillues 
et l’on peut affirmer que presque tous les arbres à feuilles cadu- 


Fig. 349. — Papillons du Cossus ligniperda L. 1/1 gr. nat. (oriq.). 


ques de nos forêts le tentent. Il v a lieu de remarquer qu'il 
évite de s'attaquer en général aux Conifères, probablement à 
cause de la résine qu'il redoute. 

A l’aide de son oviscapte la femelle dépose en juin ou juillet 
ses œufs par paquets dans les crevasses des grosses et vieilles 
écorces, de préférence au bas du tronc, souvent au niveau du 
sol. Après un forage de quelques semaines dans l’écorce, la 
Chenille, qui augmente de volume et par conséquent dé vigueur, 
pénètre dans le bois sain ou en voie de putréfaction et pratique, 
en remontant le tronc, des couloirs sinueux, embrouillés, rem- 
plis de sciure, et d’une section elliptique. L'animal hiverne deux 
fois sous la forme larvaire et la chrysalidation se produit en 
mai de la troisième année, en général à l'extrémité d’une galerie. 


SAULES 79 


Au moment de sortir, le Papillon entraine avec lui le cocon qui, 
de même que celui des Sésies, reste à moitié engagé dans l’orifice 


pratiqué par l’Insecte parfait (fig. 350). Dans certains cas, la 


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Fig. 350. — Tronc de Saule fouillé par la Chenille du Cossus ligniperda L. a, Papillon opérant 
sa ponte; b, Chenilles semi-adultes; €, Chrysalides à l'orifice de sortie. 3/4 gr. nat. (orig. 


coll. Standfuss, Zurich). 


nymphose a lieu dans la couverture morte, alors la Chenille 
se niche dans un cocon ovoide formé de débris ligneux qu'elle 
recueille au pied du tronc, à l’origine d’un réseau de galeries 


larvaires. 
Les conséquences de ces ravages très communs sont plutôt 


576 INTÉRIEUR DU BOIS 


d'ordre technique. En effet, le Cossus gâte-bois prépare les végé- 
taux parfois en plein épanouissement à être décimés par d’autres 
facteurs, tels que bris de neige, coups de vent, champignons, etc. 

Le sylviculteur est rarement aux prises avec ce Lépidoptère 
que les jardiniers et arboriculteurs se contentent d’anéantir 
en brülant et écrasant les Chenilles qu'ils trouvent lors du 
débitage des bois infestés. 


Sesia formicæformis Esp. Lépinopr., Sesudæ 


Longueur, Papillon étalé : 18 à 20 millimètres. La couleur 


Fig. 351.— Forage de la Sesia formicæformis Esp. dans une tige d'Osier partagée en deux. 
a, Chenilles adultes; b, base de la galerie larvaire. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich). 


SAULES 77 


dominante de ce Lépidoptère est bleu noir avec l'anneau 
abdominal 4, la partie inférieure du cinquième et parfois, chez 
le mâle, le sixième ainsi que la bordure antérieure des ailes de 


Fig. 352.— Ravages de la Chenille de la Sesia crabroniformis Lew. dans une branche de Saule. 
1/1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich). 


devant d’un rouge brique. La face dorsale des deuxième et 
troisième anneaux est saupoudrée de jaune. 

La Chenille, du même type que celle des autres Sésies que 
nous avons décrites dans les chapitres précédents, commence 
par, forer légèrement les couches corticales, puis pénètre direc- 
tement dans la moelle des rejets et branches ayant 2 à 4 centi- 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 31 


578 “INTÉRIEUR DU BOIS 


mètres de diamètre et se chrysalide à l'extrémité de la galerie 
larvaire remontante (fig. 350) (Azrum, 1885, p. 1 à 12). La 
dernière métamorphose se produit le plus souvent dans les 
couches ligneuses externes et le cocon vide, comme c’est le 
cas chez les autres Sésides, demeure à moitié engagé dans 
l’orifice de sortie. 

De même que la Sesia crabroniformis Lew. dont nous reprodui- 


Fig. 353. — Couloirs du Xyphidria dromedarius Fabr. dans le bois de Saule. 1/2 gr. nat. 
(orig. coll. Muséum, Paris). 


sons les travaux de forage (fig. 352), cette espèce est rare et pres- 
que sans importance pour la conservation des forêts, car l’une 
et l’autre s’attaquent surtout aux oseraies. 

Le Xyphidria dromedarius Fabr. est un Sirex peu connu qui 
attaque le bois de Saule et y pratique des galeries larvaires 


SAULES 579 


qu'il n’est guère possible de distinguer de celles creusées par 
les autres espèces de ce genre (fig. 353). 

Nous mentionnons dans cette catégorie de ravageurs des 
bois de Saules, un Diptère, la Cecidomyia saliciperda Duft., 
dont la femelle dépose ses œufs par chainons sur les branches 
et le tronc. Les jeunes Larves perforent l’écorce et atteignent 
perpendiculairement les couches cambiales précisément au 


Fig. 35%. — Coupe à travers une branche de Saule déformée par la Cecidomyia saliciperda 
Duft. a, épaississement de l'écorce; b, cellules larvaires de l’année: €, cellules de l’année pre- 
cédente à moitié bouchées par l'accroissement du bois. 1/1 gr. nat. (oriq.). 

moment de la formation de la couche ligneuse printanière. 

L'animal hiverne dans une niche et, au mois d’avril, l’écorce en 

éclatant, permet à l’Insecte parfait de gagner le dehors. Lorsque 

le dommage encercle la plus grande surface du pourtour de 
la tige, le recouvrement ne se fait pas facilement et cette der- 
nière sèche. Dans les oseraies, ces dégâts sont sérieusement 


redoutés. 


Xylocopa violacea L. Hyméxopr., Anthophora 
Xylocope violacée 
Longueur, ailes étalées : 2,5 à 3,5 millimètres. La Xylocope 


violacée rappelle le Bourdon, mais son abdomen est plus mince 
et plus velu et ses ailes sont plus foncées avec des reflets métal- 


580 INTÉRIEUR DU BOIS 


liques bronzés (fig: 355). La base du troisième article des antennes 
est amincie en forme de pédicule, ce segment est aussi long que 
les trois suivants réunis. 

© Suivant RéaumuRr (1742, p. 33), la femelle voltige au premier 
printemps et en juillet; cet Insecte aurait donc deux généra- 
tions par an, mais il est fort probable que dans certaines régions, 
une seule arrive à maturité. 

7 La Xylocope recherche les poutres, troncs et branches en 


Fig. 355. — Xylocopa violacea L. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich). 


voie de décomposition et fore un couloir qui est d’abord dirigé 
vers l’axe du tronc, mais ne tarde pas à prendre une direction 
longitudinale. Cette galerie maternelle peut avoir jusqu'à 
30 centimètres de longueur et mesure 6 à 8 millimètres de dia- 
mètre. Dans la partie inférieure de cette galerie, la femelle 
dépose un amas de pollen mélangé à du miel, puis y pond un 
œuf. Ensuite elle construit immédiatement au-dessus, à environ 
1 centimètre, un plafond avec anneaux concentriques faits de 
sciure de bois agglutinée avec de la salive. Ce plafond constitue 
aussi le plancher d’une deuxième cellule qui reçoit également 
une provision de nourriture et un œuf. Ces différentes loges 
peuvent être au nombre de douze, parfois moins. La Larve 
sortie de l’œuf mène une existence de recluse, car elle se nourrit 
pendant trois semaines environ des provisions qui lui ont été 
amassées par sa mère, puis elle subit ses métamorphoses en 
Chrysalide et en Insecte parfait. 

D’après BrEnM (1892, p. 242), lorsqu'il s’agit de la seconde 
génération, l’Insecte parfait né dans la cellule inférieure attend, 
pour gagner le dehors, que les autres individus plus jeunes 


SAULES 581 


aient pris leur essor en remontant la galerie. Par contre, en août 
lorsque la première génération arrive à son complet déve- 


Fig. 356. — Système de couloirs de la Xylocopa violacea L. dans un tronc de Saule. a, plafond 
de la cellule; b, Nymphe; c, boulette de pollen. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss,‘Zurich). 


loppement, les Xylocopes les plus âgées n’attendent pas néces- 
sairement que leurs sœurs nées au-dessus d’elles aient perforé 


582 INTÉRIEUR DU BOIS 


les plafonds des différentes cellules; à laide de leurs mandibules, 
elles pratiquent souvent chacune pour son compte, une galerie 


Fig. 357. — Tronc de Saule présentant des systèmes rapprochés de galeries de la Xylocopa 
violacea L. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). 


transversale qui par les chaleurs de l'été, leur permet de gagner, 
rapidement et indépendamment les unes des autres, le dehors où 
elles peuvent alors butiner sur les plantes leur offrant du nectar. 


SAULES 583 


Comme on le voit par cette brève description des mœurs si 
curieuses de cet Insecte, et par l'examen des figures 356 et 357, 
le travail de la Xylocope est fort singulier et ingénieux, il cons- 
titue une véritable merveille biologique dans le monde des 
Insectes xylophages. 

C’est à ce titre seulement que nous signalons cet Hyménoptère 
qui, au point de vue forestier, est très peu nocif. 


RAMEAUX 
Vespa.crabro L. 
Voir : Chapitre des Frênes. 


Fig. 358. — Déformation corticale d’une branche de Saule par le Nematus pentandræ Ratz. 
1/1 gr. nat. (orig.). 


584 FEUILLES 


Cimbex variabilis Klug. 
Voir : Chapitre du Hêtre. 


Un Hyménoptère, le Nematus pentandræ Ratz., provoque 
des déformations corticales sur les rameaux de Saules (fig. 358) (1). 


BOURGEONS 


Un Cureulionide, le Barypeithes araneiformis Schrk., est un 
Insecte polyphage qui peut occasionnellement ravager les bour- 
seons des Saules. Enfin la Larve d’un Diptère, la Tipula pra- 
tensis L., est à ranger dans la même catégorie. 


FEUTLLES 


Galeruca capreæ L. Coréopr., Chrysomelidæ 


Galéruque du Saule 


Longueur : 5 à 6 millimètres. Ce Coléoptère porte un corselet 
jaunâtre dont les angles postérieurs sont coupés en biais. Les 
élytres, de la même teinte que ce dernier, sont densément 
ponctués, mais sans lignes relevées. La tête, le thorax, l'abdomen 
et les cuisses sont noirs. 

La Galéruque du Saule est un Phytophage polyphage dont 
la Larve « squelette » les feuilles. Le ravage est continué par 
l'Insecte parfait qui entame en général le bord de la feuille 
et perfore cette dernière (KronE, 1886, p. 193 et 243). On compte 
une, deux ou trois générations par an. 

La Galeruca lineola Fabr. provoque à peu près les mêmes 
ravages sur les feuilles des osiers. 

Dans la même catégorie d’Insectes ravageant les feuilles, 


(1) Nous nous bornons à mentionner encore les Cecidomyia salicis Schrk. 
et C. terminalis H. Low. dont la description sort des limites de notre do 
maine d'Entomologie forestière. 


SAULES 585 


nous plaçons encore quatre autres Chrysomélides qui n’ont 
qu’une importance absolument secondaire en économie fores- 
tière, ce sont : Chrysomela vulgatissima L., C. viennensis Schrk., 
(. vitellina L., C. versicolora Lich. D’après Juperc et Nirscne 


Fig. 359. — Feuilles de Saule Marceau rongées par la Galeruca capreæ L. 1/1 gr. nat. (orig.). 


(1895, p. 600-605), ces Insectes hivernent sous la forme parfaite 
dans la couverture morte et l’on compte deux, parfois trois 
générations dans l’espace de douze mois. Les dégâts sont causés 
à la fois par les Larves et par les Insectes parfaits. 


Lina longicollis Suftr. 

Rhynchites populi L. 

Orchestes populi Fabr. 

Voir : Chapitre des Peupliers. 


586 FEUILLES 


Rhynchites betuleti Fabr. 
Voir : Chapitre des Bouleaux. 


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Fig. 360. — Feuilles de Saule « squelettées » par la Chrysomela versicolora Laich. «a, Insectes 
occupés à ronger. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich). 


Galeruca alni L. 
Voir : Chapitre des Aunes. 


Halias chlorana L. Lérinort., Cymbidæ 


_;Longueur, Papillon étalé : 20 à 22 millimètres; Chenille : 
20 à 25 millimètres. Ce Papillon peut être confondu avec la 
Tordeuse du Chêne dont il a la même couleur verte dominante. 
La tête, les ailes postérieures, l'abdomen et la bordure anté- 
rieure des ailes de devant sont blancs. 

La Chenille, renflée en son milieu, est blanchâtre avec une 
bande longitudinale brune plus ou moins interrompue sur 
chacun des côtés; la tête est également brune avec col blanc 
sur le premier anneau thoracique. 

La Chenille apparait probablement deux fois par an et réunit 
ensemble plusieurs feuilles de Saules par un réseau de fils à peine 


SAULES 587 


visibles de lextérieur. Elle dévore partiellement ce faisceau 
de feuilles et ne craint pas de ronger également le bourgeon 
terminal autour duquel les feuilles ont été réunies. Le dommage 
est” peu important; dans les oseraies il est facile de couper 
ces nids, puis de les incinérer sur place avec la Chenille unique 
que chacun d’eux renferme. 


Fig. 361. — Nid de la Bombyx neustria L. sur une branche de Saule Marceau. 3/4 qr. nat. 
(orig. coll. Pauly, Munich). 


Liparis chrysorrhoea L. 
Liparis sumilis Fussl. 


588 FEUILLES 


Orgya pudibunda L. 
Bombyx neustria L. 

Phalera bucephala L. 
Geometra brumata L. 

Voir : Chapitre des Chênes. 


Liparis dispar L. 
Voir : Chapitre du Hêtre (1). 


Liparis salicis L. Lépinopr., Bombycidæ 
(Dasychira salicis L.) [PI. VIL fig. 9, 9 a] 


Bombyce du Saule 


Longueur, Papillon étalé, @ : 50 à 52; d : 40 à 45 millimètres; 
Chenille : 40 à 45 millimètres. Ce Bombycide est facilement 
reconnaissable à sa dimension, à la couleur d’un blanc laiteux 
de ses ailes dont la frange des antérieures est d’une teinte jaune 
citron (surtout dans les exemplaires de collection). Les tibias 
et tarses ont des cercles noirâtres. 

La Chenille, munie de seize pattes, a la face inférieure et les 
côtés d’un gris sale. On remarque sur le dos de chaque anneau 
une rangée transversale de six verrues étoilées d’un brun rouge 
et portant de longs poils. Les deux verrues médianes sont plus 
développées que les quatre autres, et entre elles se trouve, 
exactement sur la ligne médio-dorsale, un point blanc ou jaune 
clair; il est remplacé dans chacun des anneaux 4 et 5 par deux 
verrues noires ayant une base commune. 

Ce Papillon, qui est plutôt commun en Europe, essaime en 
juin ou Juillet et dépose ses œufs par paquets sur l'écorce des 
Saules et parfois des Peupliers. Les Chenilles apparaissent soit 
à la fin de l’été, soit seulement le printemps suivant; elles hiver- 
nent dans les crevasses de l’écorce. 


(1) Deux autres Papillons de la famille des Rhopalocera, les Vanessa 
polychloros L. et V. antiopa L., ravagent également les feuilles d’Osiers. 


SAULES 589 


Les dégâts sur les feuilles sont néfastes, surtout s’ils se pro- 
duisent dans l'intervalle compris entre le mois de mai et celui 
de juillet, car, durant cette période, les Chenilles ne se contentent 
pas seulement de « squeletter » mais parfois de dévorer les feuilles 
jusqu’à la naissance du pétiole. 

La nymphose a lieu le plus souvent dans la frondaison ou 
sur le tronc, l’animal s’entourant pour cette transformation 
d’un léger réseau soyeux. 

La Liparis salicis L. apparaît en général par invasions et 
devient nocive surtout dans les oseraies où elle peut anéantir 
la feuillaison d’une saison. Il est possible de lui faire la guerre 
en raclant les œufs, en écrasant les Chenilles ou les Cocons 
fixés aux branches. 

Deux Hyménoptères, le Vematus septentrionalis L. (dont 
nous avons donné la description dans le chapitre des « Bouleaux ») 
et le N. salicis L., sont, à l’état larvaire, également nuisibles 
aux feuilles de Saules. 


18. Alisiers et Sorbiers 


Sorbus aria Crantz., S. scandica L., S. latifolia Pers., S. chamæmes- 
pilus Crantz., S. terminalis Crantz., S. hybrida L., S. aucuparia L. 


Si le nombre des espèces de ce genre est élevé, il n’en est 
pas de même des Insectes qui semblent redouter particulière- 
ment les Sorbiers et les Alisiers pourtant si répandus dans 
les taillis. 

Il nous est impossible de donner une liste exacte des Insectes 
qu’on peut trouver accidentellement sur les différents organes 
de ces essences feuillues. 

Jamais nous n'avons pu constater, par exemple, des Bostry- 
ches en activité sur l’écorce des Alisiers ou des Sorbiers sains, 
probablement parce que le bois de ces essences exhale une 
odeur très prononcée qui éloigne les Xylophages. Il est fort 
possible que l’un ou l’autre des ravageurs de l’écorce et du bois 
puisse fortuitement pénétrer dans le tronc ou les branches à 
moitié desséchées et brisées par le vent ou la neige, mais ce 
sont là des cas exceptionnels qui ne peuvent être envisagés 
dans ce « Traité ». De même, certains Buprestes (A grilus viridis L. 
par exemple) ont été également trouvés dans l’écorce des Sor- 
biers. 

En ce qui concerne les dégâts observés sur les feuilles, nous 
ferons remarquer que plusieurs des Lépidoptères polyphages 
qui ont été mentionnés dans les chapitres précédents peuvent, 


592 ALISIERS ET SORBIERS 


lorsqu'ils apparaissent en masse dans les chênaies ou les hêtraies, 
s'attaquer occasionnellement et par erreur ou par besoin aux 
feuilles de certains Sorbiers ou Alisiers poussant dans les peu- 
plements contaminés. Nous citerons comme rentrant dans cette 
catégorie en particulier la Nonne et, parmi les Coléoptères, le 
Hanneton. 

En résumé les Sorbiers et les Alisiers européens sont parmi 
les essences feuillues de la forêt, celles qui ont le moins à pâtir 
des ravages dus aux [nsectes. 


149. Robinier ou Acacia 


Robinia pseudo-acacia L. 


Le Robinier est aussi très pauvre en Insectes; cependant, il 
compte quelques espèces monophages que nous indiquons 
ci-dessous. 


RACINES 


Mèmes rongeurs que ceux mentionnés dans les chapitres 
précédents. 


ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES 


Hylesinus fraxini L. 
Voir : Chapitre des Frênes. 


INTÉRIEUR DU BOIS 


Un Coléoptère encore très peu connu de la famille des Scara- 
bæidæ, le Valgus hemipterus L., recherche les essences feuillues 
pour y déposer sa ponte, en particulier le bois de Robinier et 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 38 


594 INTÉRIEUR DU BOIS 


de Chêne. Les Larves fouillent le bois en voie de décomposition 
et forent des couloirs à section elliptique (fig. 362). Les piquets 


de Chène, Châtaignier et Robinier sont parfois attaqués par 


Fig. 362. — Branche de Robinier (Acacia) fouillée par la Larve du Valgus hemipterus L. 
1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). 


cet Insecte précisément au niveau du sol et sous terre, là où la 
pourriture commence. 


Xyleborus dispar Fabr. 
Voir : Chapitre des Érables. 


Re, LS de à à de D Sd à 


ROBINIER OU ACACIA 595 


Xyleborus Saxeseni Fabr. 
Voir : Chapitre du Sapin. 


Xyloterus domesticus L. 
Voir : Chapitre des Bouleaux. 


Cossus æscult L. 
Voir : Chapitre du Châtaignier. 


RAMEAUX 


Une seule espèce semble déformer les rameaux des Robiniers, 
c’est un Coccide, le Lecanium robintarium Dougl., dont les Larves 
sucent les feuilles tendres et aussi l'écorce des rameaux en voie 


de formation (1). 


FEUTLEÉES 


Noctua aceris L. 
Voir : Chapitre des Erables. 


Melolontha vulgaris L. 
Melolontha hippocast Fabr.ani 
Voir : Chapitre des Chênes. 


GRAINES 
Les graines du Robinier peuvent être ravagées par un Coléo- 
ptère, le Bruchus villosus Fabr., qui, sous la forme parfaite, pénètre 


dans la gousse et y dévore les graines tendres (fig. 363). La 


(1) Pas de ravageurs des Bourgeons. 


596 GRAINES 


Fig. 363. — Gousses du Robinier (Acacia) avec ravages du Bruchus villosus Fabr. 
1/1 gr. nat. (orig.). 


Chenille de la Tinea sericopeza ZI. commet aussi les mêmes 
dégâts. 


INSECTES UTILES 


Les Insectes utiles sont en infime minorité comparativement 
aux centaines d’espèces de ravageurs dont nous avons étudié 
les principaux représentants dans ce Traité. Certains Insectes 
sont les auxiliaires indirects des forestiers, en ce sens qu'ils 
vivent aux dépens des ravageurs des bois. Plusieurs de ces 
derniers — nous l’avons vu en décrivant l’évolution de la Nonne, 
par exemple — pâtissent également d'infections crvptogami- 
ques qui provoquent des maladies chez les ravageurs et souvent 
l’arrèt complet d’une invasion. 

Nous ne pouvons allonger démesurément notre étude en 
énumérant tous les Insectes qui vivent aux dépens des Insectes 
nocifs; qu'il nous suffise de signaler, parmi les Coléoptères, les 
Calosoma sycophanta L. (PI. V, fig. 8 et 8 a) et C. inquisitor L., 
deux Carabides qui, soit à l’état de Larve, soit à celui d’Insecte 
partait, dévorent les Chrysalides et les Chenilles de la Ziparis 
dispar L. du Bombyx pint L. et de la Liparis monacha L. Parmi 
les Staphilins, on peut signaler le Staphylinus erythropterus L. 
qui se jette sur les Insectes morts ou sur ceux qui sont arrêtés 
dans leur évolution par une cause quelconque. Enfin le Clerus 
formicarius L. (PI. V, fig. 9 et 9 a) fait la chasse, dans les galeries 
de lécorce, aux Larves et Nymphes de certains Bostryches, 
Pissodes et Cérambycides. 

Certains Diptères, les Tachines par exemple, jouent un rôle 
important comme entomophages, en ce sens qu'ils déposent 


598 INSECTES UTILES 


sur les Larves, Chenilles ou Nymphes leurs œufs dont les Larves 
minuscules pénètrent dans leurs hôtes, y opèrent une partie 
de leur évolution et provoquent la mort rapide des Insectes 
aux dépens desquels ils tirent peu à peu leur nourriture. 

Mais ce sont incontestablement les /chneumons (Hyméno- 
ptères) qui jouent un rôleimportant dans l’existence des Insectes 
forestiers. En effet, ces parasites vivent à l’état larvaire sur les 
Insectes de tous les ordres qui opèrent des ravages en forêt. 
Les Ichneumons sont ou monophages ou polyphages et se 
répartissent en un nombre considérable de groupes, de genres et 
d'espèces. Enfin les Fourmis sont utiles en faisant la chasse à 
une foule de ravageurs des bois. 

Nous ne pouvons entrer dans d’autres considérations de 
détail touchant les Insectes nuisibles dont l’évolution présente 
parfois un intérêt capital, lors des invasions de Chenilles des 
Bombycides par exemple. 

Le lecteur aura l’occasion de prendre connaissance de ces 
procédés prophylactiques dans les « Conclusions ». 


CONCLUSIONS 


Le lecteur qui nous aura suivi Jusqu'ici dans la description 
des Insectes nuisibles aux essences de la forêt européenne, aura 
acquis la conviction que chaque espèce d'arbre réagit diffé- 
remment contre les ravageurs xylophages ou phytophages. 

A part quelques exceptions (Cossus ligniperda L., Xyleborus 
dispar Fabr., Liparis dispar L., Melolontha vulgaris L., ete.), 
on peut affirmer que chaque Insecte qui vit aux dépens des 
végétaux a ses préférences, sa vie propre, des mœurs particu- 
lières et provoque des dégâts particuliers qui constituent le 
critère de lespèce. 

Si cette diversité dans l’évolution, l'instinct et les goûts 
n'existait pas, la forêt serait impitoyablement condamnée et 
le sylviculteur resterait désarmé devant une tâche tout à fait 
hors de proportion avec les moyens dont 1l dispose. La nature 
est tellement bien équilibrée, que la forêt, sauf certains cas qui 
constituent plutôt des exceptions, est en état de se maintenir 
sans être anéantie par les invasions de ces êtres minuscules dont 
l’évolution ne peut se produire qu'au dépens de la matière 
ligneuse. On peut affirmer que, lorsqu'une puissance nocive 
prend le dessus, elle est en général la conséquence d’un acci- 
dent météorologique (cyclone, avalanche, sécheresse), et Le plus 
souvent encore, le fait d’une erreur de traitement cultural. 


600 ._ CONCLUSIONS 


Les exemples ne manquent pas pour prouver cet axiome. Nous 
n'en citerons qu’un, celui des invasions répétées de la « Nonne » 
dans les forêts d'Allemagne dont le traitement est depuis un 
demi-siècle orienté vers une production intensive, mais peut-être 
au mépris des lois organiques culturales. Cette culture métho- 
dique qui, d’un côté, a eu incontestablement pour effet d’aug- 
menter la rente de la forêt, a, de l’autre, placé celle-ci dans des 
conditions défavorables au point de vue de la résistance contre 
les attaques des parasites. Actuellement, après de néfastes 
constatations, la sylviculture européenne réagit contre cette 
tendance et de tous côtés s'élève le cri de « Retournons à la 
nature » qui, au-delà des frontières, trouve un écho dans tous 
les milieux sylvicoles progressistes. 


II 


La forêt résineuse pure, qui, en général, donne les meilleurs 
rendements, est infiniment plus exposée aux ravages des Insectes 
que le peuplement composé d’essences résineuses et feuillues 
ou encore que celui uniquement formé d’arbres à feuilles 
caduques. En effet, le pouvoir de reconstitution de la frondaison 
permet aux feuillus de réparer les brèches que peut avoir eau- 
sées l’année précédente un dépouillement de la couronne par 
les Insectes. 

Avec les résineux, la reconstitution des organes d’assimi- 
lation est moins certaine et plus lente; par conséquent, ces 
derniers sont incontestablement plus vulnérables. En outre, 
le groupe des Xylophages de l’écorce des Conifères comprend 
des individus autrement plus actifs et redoutables que celui 
des Insectes vivant aux dépens des couches corticales des 
feuillus. 

Nous courons avec les résineux un double danger: d’une 
part, celui d’une destruction rapide et irrémédiable lors des 
invasions intensives de l'appareil d’assimilation aérien; d’autre 
part, un danger beaucoup plus grand de désagrégation rapide 


CONCLUSIONS 601 


de l’écorce, que chez les essences à feuilles caduques. En effet, 
l’écorce est la cuirasse protectrice des organes essentiels de la 
circulation. Privé de cette protection, l'arbre ne tarde pas à 
succomber et c’est cet organe que la technique forestière doit, 
lors d’invasions présumées de Xylophages, tendre à préserver 
contre toute atteinte et maintenir en pleine vitalité. 


III 


Les facteurs qui, en dehors de l'intervention malheureuse de 
l’homme agissant par application de mesures culturales erron- 
nées, peuvent favoriser l'extension et la propagation des inva- 
sions d’Insectes, sont surtout d’ordre météorologique. Derniè- 
rement, nous en avons eu en Europe deux exemples frappants. 
Ce sont les sécheresses des années 1906 et 1911, lesquelles, 
suivant les régions, ont décimé les cultures artificielles récentes 
en provoquant le dépérissement de peuplements entiers ins- 
tallés dans des conditions anormales et dans des stations ne 
correspondant pas à leurs exigences propres. Nous faisons 
surtout allusion à l’Épicéa cultivé en dessous de sa station 
naturelle dans des régions de plaine où, privé de précipitations 
atmosphériques suffisantes, il a été anémié et a succombé finale- 
ment aux atteintes des Bostryches. 


IV 


L'avenir forestier est à la production des bois d'œuvre et à 
la diminution de la proportion des bois de feu, par consé- 
quent à l'extension de la futaie. La terre en général et le conti- 
nent européen en particulier, ne sauront bientôt plus où trouver 
le bois de service que réclament l’industrie et les constructions 
sans cesse en voie d'extension. Nous pouvons en outre, serrant 
les faits de plus près, affirmer qu'avec la généralisation de 
l'emploi du fer et du béton qui tendent toujours plus à remplacer 


602 CONCLUSIONS 


les bois durs, le Chêne par exemple, ce sont les bois résineux 
qui seront de plus en plus demandés à la forêt. 

Les taillis et le taillis sous futaie en particulier, qui consti- 
tuent une notable proportion de la forêt française, sont bien 
à l’abri des ravageurs les plus communs et redoutés des peu- 
plements équiens résineux. Cette catégorie-là de forêts est 
bien moins exposée à être compromise que les pessières bava- 
roise, saxonne, où la pineraie champenoise ou du Brandebourg 
dont les arbres se développent trop schématiquement en ordre 
régulier, quand ce n’est pas, en outre, sur un sol d’une nature 
peu fertile. 

Ces deux types de forêts bien différents constituent les deux 
extrêmes; entre ceux-ci, on peut intercaler la futaie feuiliue pure 
qui pâtit relativement peu des attaques des Insectes, et la 
futaie mélangée de feuillus et de résineux qui, par la diversité 
de son facies cultural, revêt forcément un caractère jardinatoire, 
qui exclut les vastes peuplements purs et uniformes ainsi que la 
régénération uniquement artificielle. Si nous faisons abstraction 
des régions les plus basses du nord du continent européen, dont 
le climat maritime assure à la futaie feuillue un aspect luxuriant 
et un développement rationnel, nous pouvons admettre que à 
peu d’exceptions près (par exemple, les pineraies sur sol sablon- 
neux de qualité inférieure), la plus grande partie des forêts 
européennes peut, au moyen d’un traitement cultural approprié, 
être petit à petit ramenée à la nature, c’est-à-dire constituée 
d’essences mélangées et d’âges différents. 


V 


Notre préface fait ressortir l’émulation qui règne actuelle- 
ment parmi tous les amis de la forêt et particulièrement en 
France chez les propriétaires du sol, que ee soit l’État qui cherche 
à entraver l'érosion dans les Hautes-Alpes, ou les communes 
et les particuliers de la plaine ou des coteaux d'altitude moyenne, 
qui désirent mettre en valeur des terrains abandonnés par 


CONCLUSIONS | 603 


agriculteur, le viticulteur ou le pâtre. On reboise de tous côtés, 
à toute altitude et dans des circonstances les plus variables, 

En France particulièrement, le monde des forestiers qui a 
pour tâche de cultiver la futaie feuillue et le taillis composé, 
n’a heureusement pas été appelé jusqu’à présent à lutter en 
erand et d’une manière permanente contre Îles Insectes des- 
tructeurs de la forêt. Les sylviculteurs allemands, autrichiens 
et russes, qui traitent surtout des peuplements résineux, ont 
une tâche singulièrement plus compliquée. 

Nous pouvons prédire, en ce qui concerne les conditions 
françaises et avec l’extension toujours plus grande des surfaces 
forestières plantées de Conifères, que le danger d’invasions 
de Xylophages et de Phytophages ira sans cesse en grandis- 
sant. Comment prévenir le mal et empêcher dans une certaine 
mesure ce danger futur? Car, il faut bien le reconnaitre, on 
ne crée pas de nouvelles surfaces de taillis ou de futaies feuillues, 
mais plutôt des pessières et des pineraies qui, par leur nature 
et le caractère d’uniformité de leurs peuplements, constitueront 
pour les Insectes nuisibles de favorables champs de propaga- 
tion. Là encore, nous répéterons aux reboiseurs la devise 
« Retournons à la nature », et, lorsqu'ils auront à élaborer des 
projets de reboisement, nous leur conseillons d'étudier à fond 
les exigences du sol et les conditions climatériques, puis de 
chercher à créer des massifs aussi panachés que possible en 
groupant par petits paquets des espèces ligneuses variées et 
surtout en mélangeant intimement les feuillus aux résineux. 

Assurément cette diversité dans le choix n’est pas toujours 
possible et dans bien des cas on devra se contenter d'installer 
seulement deux essences sur la même surface; cette solution 
permettra d’obtenir, au point de vue protection, des garanties 
plus certaines qu'avec le peuplement pur. 

Nous ne saurions assez insister sur la nécessité qu’il y à de 
faire en art forestier de la culture intensive et d’éduquer des 
peuplements sains dont chaque arbre soit placé dans les meil- 
leures conditions hygiéniques en vue de mieux résister aux 
attaques des Insectes. 


604 CONCLUSIONS 


La culture intensive, les éclaircies précoces, lécorçage et 
l'enlèvement rapide des chablis, une surveillance minutieuse 
des boisés sont tout autant de mesures qui diminuent dans 
une notable proportion les chances d’invasion et d’extension 
des Xylophages et des Phytophages. 

En France, où la forêt privée occupe plus de la moitié de la 
surface boisée, on n’a pas encore compris que la culture intensive 
et méthodique ne sera obtenue que lorsque tous les particuliers 
possédant de grandes forêts auront confié la gestion de ces der- 
nières non pas à des comptables, mais bien à des gens du mé- 
tier, soit à des agents sortis d’une école forestière supérieure. 


NII 


Aux États-Unis, on est actuellement aux prises avec les 
dégâts provoqués dans les cultures fruitières et forestières par 
la Liparis dispar L. et la Liparis chrysorrhoea L. Aussi a-t-on 
créé, de l’autre côté de l'Océan, un vaste service d’'Entomologie 
pratique qui a pour tâche d’étudier les diverses manifestations 
de la vie des Insectes nuisibles et plus spécialement d’assurer 
la diffusion et la propagation des parasites des Insectes nuisibles. 
Jusqu'à présent les premières expériences tentées semblent 
couronnées de succès (VuILLeT, 1911) et il y a bien des chances 
pour que cette nouvelle branche de la protection forestière 
prenne de l’extension; il faut espérer que la vieille Europe 
entreprendra à son tour des essais de ce genre. 


VII 


En résumé, l’extension des invasions d’Insectes dépend en 
tout premier lieu des conditions météorologiques, puis de la 
nature des peuplements, de leur composition, de leur état de 
conservation et enfin de la vigilance du personnel forestier 


CONCLUSIONS 605 


supérieur et inférieur. Plus ce dernier connaîtra la vie des 
Xylophages, plus son intervention pourra devenir efficace. 
Espérons que le Traité d’'Entomologie forestière contribuera 
dans une certaine mesure à augmenter ces connaissances de 
zoologie appliquée ayant comme corollaire la conservation et 


le maintien de la forêt européenne. 


APPENDICE 


Un certain nombre d’Insectes d'intérêt et d’importance 
secondaires n'ayant pu être intercalés à temps dans les chapitres 
précédents, nous les groupons ici suivant le plan admis, c’est- 
à-dire d’après les espèces ravagées. 


Épicéa. — Brachyderes incanus L. A l’état de Larve, ce 
Charançon est nuisible aux racines d'Épicéa et, sous sa forme 
parfaite, aux aiguilles. Voir : Chapitre des Pins. 

Cecidomyia abietiperda Hensch., Cecidomyia piceæ Hensch. 
sont deux Diptères dont les Larves vivent dans les bourgeons 
cet les pousses d’Épicéa où elles s’entourent d’une petite galle 
ovoide. Le dégât est rare, mais peut cependant détruire la 
flèche des arbres. 


Sapin blanc. — Nous avons cité en note, page 165, le 
Chermes piceæ Ratz. comme un des ravageurs importants du 
Sapin blanc. Depuis l'impression du chapitre du Sapin blane, cet 
Insecte s’est révélé comme très nuisible, en particulier dans 
les forêts de la ville de Heidelberg. Tout dernièrement, nous 
apprenions par une communication privée de M. Du PAsQUIER, 
inspecteur des Forêts, à Areuse (Neuchâtel, Suisse) que cet 
Insecte vient d’envahir les sapinières exposées au midi du 


608 APPENDICE 


bas Jura neuchâtelois, provoquant le desséchement et la mort 


Fig. 364. — Chermes piceæ Ratz. sur des rameaux de Sapin. a, femelles pondeuses (forme 
« Exulans ») ; b, pousses de l’année avec déformation des aiguilles. 1/1 gr. nat. (oriq.). 


rapide de Sapins de tout âge. Les moyens propres à combattre 
cet ennemi sont encore à trouver. 


Pins. — Chrysobothrys solieri Lap. est un Bupreste voisin 
de l’Anthaxia quadripunctata L., dont la Larve creuse des 
galeries sinueuses dans le liber et l’aubier des Pins. 

Buprestis martana L., très voisin du Buprestis berolinensis 
Hbst. que nous avons décrit dans le chapitre du Hêtre, a une 
Larve longue d'environ 30 millimètres et qui vit dans le bois 
dépérissant des Pins. 

Spondylis buprestoides L. est un Longicorne assez fréquent 
dans les pineraies du Midi. Sa Larve, longue de 30 à 35 milli- 


APPENDICE 609 


mètres, munie de pattes assez développées, est d'un violet pâle, 
translucide. L’Insecte parfait, qui mesure de 15 à 22 millimètres, 
est noir, mat; chacun de ses élytres porte deux lignes relevées 
n’atteignant pas l'extrémité. 

Lamia ædilis L. est un Cérambycide caractérisé par ses 


A | 


Fig. 365. — Galeries creusées dans le Pin maritime par la Larve de Hesperophanes 
cinereus Villers. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). 


antennes qui chez le mâle sont cinq fois plus longues que le 
corps. La Larve creuse des galeries sinueuses dans les bois des 
Pins avec berceaux de nymphose en forme de crochet entaillé 
dans le bois. 

Hesperophanes cinereus Villers est également un Cérambycide 


ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 39 


610 | APPENDICE 


dont la Larve perfore les troncs du Pin maritime; c’est un 
Xylophage propre au Midi et que les forestiers du Centre et 
du Nord de l’Europe n’ont pas l’occasion de rencontrer. La 
figure 365 donne la reproduction de ses ravages. 

Enfin la Chenille d’un Papillon, l’Orgyia selenetica Eps., 
ravage les frondaisons des Pins et des Mélèzes. 


Mélèzes. — L'’Orgyia selenetica Eps., citée ci-dessus. 


Chênes. — Phyllopertha horticola L. Voir : Chapitre des 
Aunes. 

Callidium lividum Rossi est un Cérambycide dont les mœurs 
et les forages dans le bois de Chêne et de Châtaignier rappellent 
ceux du C. bajulus L. 

Le Cossus æsculi L., également connu sous le nom de Zeuzera 
pyrina L., et que nous avons décrit dans le chapitre du Chà- 
taignier, a été récemment signalé par DE PEYERIMOFF (1912) 
comme causant des ravages très sérieux aux Chênes-lièges 
d'Algérie. Ce forestier entomologiste préconise l’emploi de 
capsules gélatineuses pleines de sulfure de carbone qu’on intro- 
duit dans les galeries logeant les Chenillès en activité. 


Hêtre. — Platypus cylindriformis Reïtt. Voir : Chapitre 
des Chênes. 


Peupliers. — Xyleborus Pfeili Ratz. Voir : Chapitre des 
Aunes. 


Tilleuls. — Les feuilles de Tilleuls peuvent porter des 
galles d’Eriwphyes ti1æ Pag. (fig. 366). 


Fig. 356. — Feuilles de Tilleul déformées par l’£riophyes Uliæ Pag. 3/4 gr. nat. 
(orig. coll. Museum. Paris). 


612 APPENDICE 


Saules. — Le bois en décomposition du Saule est fouillé par 


Fig. 367. — Tronc de Saule perforé par la Larve de la Mordella fasciata Fabr. 
1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). 


la Larve d’un Coléoptère, la Mordella fasciata Fabr. (fig. 367). 


INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 


1879. — Arrum (B.), Der zweibindige Prachtkäfer (Buprestis bifasciata OL.) 
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INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 615 


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616 INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 


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INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 617 


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Vienne. 


INDEX DES GENRES ET DES ESPÈCES 


Acrobasis consoctella Hb. 

— Zelleri Rag.. 
Acronycta aceris Ochsh. 
Ægosoma scabricorne Scop. 
A gelastica alni L. . 

Agrilus angustulus Ilg. 

—  auricollis Kies. 

— betuleti Ratz. 

—  bifasciatus Oliv. . 

—  biguttatus Fabr. . 

—  elongatus Hbst. 

—  elongatus Hbst. 

—  sexguttatus Hbst. 

— _ subauratus Gebl. 

—  undaitus Fabr. . . 

—  viridis L.. 5 
Amphidasis betularia Tr. . 
Andricus rhizomæ Htg. . 

— testaceipes Htg. 
Anisoplia ænea De Geer. 
Anobium abietis Fabr. 

= angusticolle Ratz. . 

— domesticum Fourc. . 

. emarginätum Duft. 

— longicorne St. . 


— molle L. . 
— nigrinum Strum. 
— pertinax Li. . , 


— pini Strum. . 
— plumbeum VI. . 


_ rufovillosum De Geer. 


— tesselatum Fabr. . 
Anomala Fritschi Fabr. 
Anthaxia quadripunctata L. 
Anthomyia rufipes Meig. . 
Anthonomus varians Payk. . 
Apate bispinosa Oliv. . 

—  capucina L. 
—  pustulata Fabr.. 
—  sexdentata Oliv.. 


Pages 


403 
403 
525 
485 
562 
326 
499 
459 
327 
326 
326 
420 
477 
326 
333 
323 
475 
361 
361 
240 
130 
130 

98 


2 
O1 OL OU NH O1 
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D) > > 12 O2 CO CO 9 © RS 
e2 


JO + 


12 
© 


Apoderus coryli Oliv. . Dee 
Aspidiotus abietis Schrk. . . 
— pini Htg. < 
— populi Bärsp. . 
— salicis L. UE 
Argyresthia lutipenella Hbn. . 
— Zelleriella Hig. 
Aromia moschata Serv. 
Attelabus curculionoides L. . 


Balaninus elephas Gyll. . . 
— glandium Marsh. 

h _— nucum L. : 
— tesselatus Fourc. 
= venosus Grerm. VAR 

Barypeithes araneiformis Schrank. 
Biorhiza pallidæ Oliv. . 
Boarmia crepuscularia Hbn. 
Bombyx lanestris L. 
— neustria L. 
— pin L. 
RO TOR CUS ET - 
Bostrichus geminatus Zett. 
— 5 lineatus Adams. 
— octodentatus GyIl. . 
— stenographus Duft. 
— villosus GyIL. . . 
— villosus Ratz. 
Brachyderes incanus L. 
Bruchus villosus Fabr.. 
Bupalus piniaria Leach. . 
Buprestis berolinensis Herbst. 
— cyanea Fabr. 
— decastigma Fabr. 
— decipiens Mannerh. 
— fagi Ratz. 
— mariana L. . 
— rustica L. . 
. rutilans L. 
_ variolosa Payk. 


Pages 
369 
279 
279 
489 
489 
405 
303 
570 
368 


Æ 


Derek me 
© ln OA 


ST 
O1 Où 


© CO 


+ 


620 INDEX DES GENRES 


Pages 

CaltiuMm bal SEEN 5 
— fusC UMA GISEMENT ENS 9 

— hungaricum Hbst.. . . 522 

—- insubricum Germ. . . . 522 

— LOU UM AE OSSE NE RENE 0 

— LU TURAL RENE 0h29 S 

— pygmæum Fabr.. . . . 567 

— sanguineum L. . . . . 424 

— CAIN A ENT VEN COM P 
Calosoma inquisitor L. . . . . . 597 
— SUCOPRAMAUE 2 C025 00507 
Calotermes flavicollis L. . . . . . 223 
GanthariSTUsS COM C2 70 
— OOSCUTONI ENCORE ES O0 

— TUSUCONE ALERT ERES 61] 
Carabus auratus L. . . Ne UEDS, 
Carphoborus minimus Eichh. 00210 
Carpocapsa splendana Tr. . . . . 416 
Cecidomyia annulipes Th. Htg.. . 449 
— abietiperda Hensch. . 607 

— JagveDh Es CN TOR 

= Kellneri Hensch. . . 304 


— piceæ Hensch. . . . 607 
— saliciperda Duft. . . 579 


— SULICIS ISCOTR SEE SE 

— terminalis H. Lôw.. 584 
Cerambyx alpinus L. . - |. . . . 424 
GHADN RETARD Le, DRM 

— CETUDESCOD ER RE IS 20) 

— RETOSÉRAIDT REP TE 

— D IL NE MO EE 89 

—_ MOSCRALUSA I RE TN 70) 

— Scopolit Fussl. . . . . 349 

— Scopolii Laich.. . 424, 454 

_ POrRLAOTEN IT PR NE RE EN !; 
Cheimatobia brumata L. . . . . . 395 
Chermes abietis Kitb. . . . . . . 102 
corticalis Kitb. ARE | 

—  laricis Th. Htg. AO LE Re 

— DiCe IE AIZ IG 5 20607 

— strobi Htg. . . Rp | 

— strobilobius Kitb.… ee l0S 
Chrysobothris solieri Lap. . . . . 608 
Chrysomela æneaL.. . . . . . . 564 
— DO DURE te 0 

— tremulæ Fabr.. . . . 493 

. versicolora Laïich. . . 585 

_ otennensis Schrk. . . 585 

— AIN DE ES MENT TE 

— oulgatissima L. . . . 585 
Cicindela campestris L. . . . . . 25 
Cimbex variabilis Klug. . . . . . 420 


Cionus fraxini De Geer. . . . . . 536 
Cladius viminalis Pall. . . . . . 495 
ClerusNormicarn us MEN PRE 07 
CiytuSIoreuutUuS NEC 38 

der UUsS NE ER TES 0 


ET DES ESPÈCES 


Clytus tropicus Panz. 
Cneorrhinus geminatus Fabr. 
— plagiatus Schall. 
Cnethocampa pinivora Fr. . . 
— pityocampa Schif. 
— processionea L. 
Coccus fagi Bärensp. . . 
—  fraxint KItb. . 
—  quercicola Sign. 
um iGeottr 
Coleophora laricella ZM. . 
Coroebus bifasciatus Lap. 
—  undatus Fabr. . 
Cossus æsculi L. . . 
mn COSSUS SEE 
—  ligniperda L. . : 
Cryphalus abietis Ratz. . . 
— asperatus GYyIl. . . 


— fagi Fabr. . . 
— Grothi Hadg. 
— piceæ Ratz. . 
— Schreineri Eichh. 
tiliæ Panz. ue 
Creil abietis Suffr. . . 
— pini L. . : 


Cryptorrhynchus Lapathi LL. 
Crypturgus cinereus Hrbst. : 
— mediterraneus Eichh. . 
— numidicus Ferrari. . 
— pusillus Gyll. . - 79, 
Curculio abietis Ratz . SR à 
LL iercynie AR al Zee 
— pu Ratz... 
Cynips aptera Fabr.. . 


Dasychira pudibunda Stph. 

— ISUliCIS IE 0 DE 
Dendroctonus micans Kug. . . 
Dermestes piniperda L. 
Dioryctria abietella Zel]. 

Dorcus parallelipipedus L. . 

Dryocoetes alni Georg. Pr 
— autographus Ratz. . 
— villosus Fabr. 


Eccoptogaster destructor Ratz . . 
— intricatus Ratz. 
— multistriatus Ratz. . 
— scolytus Ratz. . 
Elater æneus L. . . PAR AP LIRE 
—  ærUginosus Ov 
—  aterrimus L. 
—  lineatus L... ë Se 
—  marginatus L.. . . . 173, 
—  subfuscus Mull. . . . 317, 
—  tesselatus L. . LAVE SU TE 
Endromis versicolora L. . 


Pages 
340 


420 


475 


INDEX DES GENRES ET DES ESPÈCES 


Pages 
PTE OLES MODE AU AMENE DER RENTE 
Eriophyes dispar Nal. . . . . . . 497 


-- TITERR AC AN OR EN 010 
Ernoporus fagiThoms "1. 424 
— Re OMS MAN 0209 
HRCONIGPG PILE EEE EC EL 0 0 
Fonmicurherculean AE En 2 
0 Heniperdaibair MEET 2 
NU AE PE En SRE 204 
Galeruca alniL. . . . 7-0 
—  calmariensis Fabr. 0010 

D CO DTOR LT AIDE EC de 00 

D DURICOITID UE 0 00297 

—  æanthomelaena Schrk. . . 516 
Gastropacha lanestris L. . . . . . 471 
— D'RAOGChS NES METEO 2 A1 
Geometra aurantiaria Esp. . . . 395 
- DELUIORLOA EE NE EN RE) 5 

— Dore On MEN RSS 

— brumata L. . . 000 

— crepuscularia Hbn. ANT TIGE 

_ deJOLORLA TEE OMR SE 

— BESCUIATLANN EN ENTER M3 095 

— TURIN TERRE RE DE 265 

— piniaria L. . . A 0260 

= progemmarta Hp. DRM NE 

— PTOSDDIOrRIOEENNREE  ON 205 
Glyptoderes ain bind: … : : 549 
— binodulus Ratz. . . . 478 

— granulatus Ratz. . . 477 
Gracilia minuta Fabr. . . . . . . 567 
Grapholitha ocellana Fab. . . . . 313 
— LUC CIRE RER 6 
Cryllo alpaQul ea 31 


GPU USIETRUTIOLU IP ONE RPNMENP ENS 1 


Hiahas®chloran ae EC 586 

— D IPrASINONOANE EE de le 0. 2 CEE) 
Hioticnrernuee OPEN MEN MS 18 

—Nauercetorum FOUdr. "11378 
Hamaticherus cerdo L. . . . . . 344 
Heliopathes gibbus Fabr.. . . . . 170 
Hesperophanes cinereus Villers. . . 609 


— nebulosus Oliv. . . 559 
Hroerniadefohiara li. Un 392 
Hylastes angustatus Hbst. . . . . -172 

UOTE AY OUEN QE CAT 
— GULETUL DES PET RE 
— çunicularius Er. . . . . 36 
— decumanus L. . . . 80, 288 
— glabratus Zett. . . . . . 288 
RO DOCS EI EE EN ones te 192 
Hylesinus crenatus Fabr.. . . . . 531 
— IRON ADTAERNAE 2.010527 


— MLLCONS RATE IE 72 


Hylesinus minor Hlg. . . 
— ornt Fuchs. . . 
= palliatus GyIl. . . 
— piniperda GyIl. . 


— polygraphus Ratz. . . 


Hylobius abietis L. è 
— piceus De Geer. ; 
— pinastri GYyIL . . 
— pineti Fabr. 
Hylotoma enodis Li. . . . . 
— pullata Zadd. . . 
Hylotrupes bajulus Serv.. . 


Hylurgus ligniperda Fabr. . . 


Tps spinosus De Geer.. . 
— typographus Reitter. 


Lachnus abietinus Koch. 
e exsiccator Alt. 
NO Eti: 
—  longirostris Alt. 
—  piceæ Fabr. 
—  pineti Fabr. . 
A A CUT L'Est 
—  pinicolus KItb. 
= MONQUETCUS LI ee 
—_ roboris L. . 
Lacon murinus L.. . 
Lamia ædilis L 


—  fasciculata De Geer. Le 
—  galloprovincialis OL . . 


—  sartor Fabr. 

—  sutor L... 

—  txtor L.. . 
Lasiocampa pini Latr . 
Lecanium cambii Ratz. 

—  robiniarium Dougl, 
Leptura scutellata Fabr. 
Limentis populi L. . 
Lina longicollis Suffr. . . 

—  populti L.. . 

—  tremulæ Fabr.. . 
Liopus nebulosus L.. . . 
Liparis chrysorrhoea L. . 

—" detria ESP... 
UE) ol VON 
—  monacha li. . . 
—  salicis L... 
—  similis Füssl. 


Lophyrus elongatulus Klug. . 


— pallidus KI. . . 
— pallipes Fall. . 
— DInvV IE 0. 
-- rufus Ratz. . . 
— similis Htg.. . 
Lucanus cervus L. ; 
Lyctus  canaliculatus Fabr. 


622 


Lyctus unipunctatus Herbst. 
Lyda campestris L. 

—  erythrocephala id 

—  hypotrophica Htg. 

—  pratensis Fabr. 

—  stellata Christ. . 
Lymantria monacha L. 
Lymexylon dermestoïdes L. . 

— navale L. 
Lytta vesicatoria L. 


Macrophya punctum Fabr. . 


Magdalis duplicata Germ. 101, 
— memnonia Fald. . . 
— phlegmatica Hbst. . 
— oiolacea L. . 104, 


Megachile centuncularis L. . : 
Melasis buprestoides L. . . . 465, 
Melolontha fullo L. Ur 

. hippocastant Fabr. . 

— solstitialis L. . . 

— oulgaris L.. 
Metallites atomarius ON. 

— mollis Germ. 
Molorchus minor L. SES 
Monohammus Orne Le O1. 
Mordella fasciata Fabr. 
Myelophilus minor Htg. . 

= piniperda L. 


92 


Necydalis abbreviatus Panz. 
_ major L. 
Nematus abietinus Christ. 
—  abietum Htg.. 
— Erichsont Htg. . . 
—  laricis Htg. 
—  pentandræ Ratz. 
—  septentrionalis Ratz. 
— Wesmaeli Fischb.. . 
Noctua aceris L. 
—  apriina L. 
— cæruleocephala L. 
— coryli L. A 
= griseovariegata Gœ@ tze. 
_—  piniperda Panz.. 
—  incerta Hin.. 
— pulverulenta Esp. 
—  segetum Schiff. 
— trapezina L. 
_ valligera Hbn. 
—  vestigialis Rott. . 


Oberea oculata L. . . 
Ocneria monacha Hbn.. . 
Ocnerostoma copiosella ZI. . . 
Opatrum sabulosum L. 

—  tibiale Fabr. . . 


= 
Q0 
12 


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ONCO CON NE EU ES 
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JO = =, D D ND 


 & 


INDEX DES GENRES ET DES ESPÈCES 


Orchestes fagi L.. . 
—  ulicis Fabr. 
—  populi Fabr. . 
—  quercus L. . 
Orgya antiqua L. ... 

—  pudibunda L. 
Orgyia selenetica Eps. 
Orychtes nasicornis L. 
Otiorrhynchus niger Fabr. 

— ovatus L. 


Lo] 
CE | 
le] 

Û 


Pediaspis aceris Foerst. 
Pemphigus bursarius L. . . 

— nidificus Fr. Ms 

— Poschingeri Holz. . 

— pyriformis Licht. . 
Phalera bucephala L. è 
Phlæopthorus rhododactylus Chap. 
Phthorophlœus spinulosus Rey. 


Phycis abietella Zk. . . 130, 
—  elutella Hbn. ARE 
—  sylvestrella L. 150, 


—  tumidella Zk. 

Phyllobius argentatus L. 

— glaucus Scop. 

= maculicornis Germ. . 

— oblongus L. . 

— piri L. PRE 

— etridicollis Fabr. 
Phyllotoma aceris KI{b. 
Phylloxera quercus Fousc. 
Phytoptus calycophthirus Nal. . 

_ fraxini Nal. 

— macrotrichus Nal. . 
Pieris crataegt L. . . . . 
Pissodes harcyniæ Hbst.. . 

—  notatus F. 

— piceæ IL. 

— pu L. ; 

—  scabricollis Mill. 

—  strobili Redtb. 

—  palidirostris GYIl. . . 
Pityogenes chalcographus Bedel. . 
Pityophthorus exsculptus Ratz. 

_ slabratus Eichh. . 
== Lichtensteini Ratz. 
= macrographus Schr. 
= micrographus Gyll. 
Plagionotus arcuatus Muls. . 
Platypus cylindriformis Reïtt. 
—  cylindrus Fabr. 
Pogonochærus fascicularis Panz.. . 
Polydrusus cervinus L.. . 
— micans Fabr. 360, 

Polygraphus grandiclava Thoms. . 
— polygraphus Reïtt. . 
— pubescens F. . 


316, 


Pages 
431 
368 
489 
367 
4k74 
436 
610 

26 
39 
39 


INDEX DES GENRES ET DES ESPÈCES 


Pages 
Polygraphus subopacus Thoms. . 76 
Porthesia chrysorrhoea L.. . . . . 379 
Psilura monacha Stph. . . . . . 109 
Plitinus costatus Gyll. . . . . . 358 


CN DECILILICONNIS ec 130 
Putonia antennata Sign. . . . . . 296 
PUtROIdeTEssSUsS TT LE 00289 
Retinia buoliana Schiff. . . . . . 233 

= ROUDIAR CAD RE 00250 
Mars aroiant El SC C0MI66 
TRUE ALES ET NME E 0) 
orne El TU EME 
Rhagium bifasciatum Fabr. . . . 153 

— indigator Fabr. . . . . 153 

— INQUIS UOTE ED Ne HIS 2 

= MmordarelGeer EM 01337 

= sycophanta Schrk. . . . 337 
Rh:zotrogus solsticialis L. . . . . 279 


Rhynchites alni Mull. . . . . . . 434 
— HÉNE NES CARE TRE 


— BELLE ADEME NS 

— DODULDÉSTEREREERET Se 0 0 
Rosalia alpina Serv.. .1. … . . … 2424 
Saperda carcharias L. 480 
— linearis L. . 545 

—  oculata L. 571 

—  popuinea L. À 482 

—  punctata De Geer.. 480 
Sclizoneura abietina Koch. . 163 
— compressa Koch. 545 

= lanuginosa Th. Htg. 513 

_ ulmi L. 515 
Scolytus carpini Ratz. 043 
_ Geoffroyi Gœtze. . 505 

— intricatus Ratz. 340 

— Kirschi Skal. 511 

—  lævis Chap. 511 

—  mulustriatus Maïrsh. 509 
RÉCITS GRADE NE 513 

—  pygmæus Fabr. 511 

—  Ratzeburgi Lans. 459 

—  rugulosus Ratz. 163 

—  vestitus Muls.. . 513 

—  vittatus Fabr. 511 
Selandria annulipes Klug. . 504 
— nigrita Fabr. 541 
Semasia zebeana H. Sch. . 300 
Sesta apiformis L. 486 
—  asiliformis Rott. 396 
—  cephiformis Ochsh. 147 
—  conopiformis Esp. . 397 
—  crabroniformis Serv. 578 
—  culiciformis L. 467 
—  Cynipiformis Esp. 356 
—  formicæformis Esp. 576 
—  scoliæformis Bkh. . 168 


Sesta spheciformis Grng. . 
—  sphegiformis Ratz.. 
—  tabaniformis Rott.. 


Sinoxylon sexdentatum Oliv. 


Sirex fuscicornis Fabr. 
 Msigas Ii. 
—  juvencus L. . 
En Spectrum li 
Sphinx ocellata L. 
—  pinastri L. 
DTA trie 
HO DODUIL IE 
UT AUS Due 
Spondylis buprestoides L. 


Staphylinus erythropterus L. 


Steganoptycha diniana Gn. In 
— pinicolana Zell. 


- rufimitrana H. Sch. 
Stenocorus inquisitor Fabr. . 


Strophosomus coryli Fabr. 


d. 


360, 


= obesus Marsh. . 


Taphrorychus bicolor Herbst. 
— Bulmerinqui Kolen. 


Tenthredo cingulata Fabr. 
Termes lucifugus Rossi. 
Tetraneura alba Ratz. . 
— rubra I. Lcht. 
— ulmi Ratz. . 

Tetropium luridum L. . 
Tinea amplana Hbn. 

—  cognatella Fr. 

—  complanella Hbn. . 

— copiosella Frey. 

—  curtisella Don. 

—  dodecella L. 

—  ferrugana Tr. 

—  fuscedinella ZI. 

— _ grossana Hw. 

—  lævigatella H. Sch. 

—  laricella Hbn. 

—  lutipenella ZI]. 

—  miloipennis ZI. 

—  piniarella ZI. 

—  podana Scop. 


—  Reaumuriana Hein. . 


—  sericopeza ZI]. 
—  splendana Hbn. 


—  splendidella H. Sch. . 


—  sylvestrella Ratz. 

—  syringella Fabr. 
Tischeria complanella Hbn. 
Tomicus acuminatus Gyll. 

—  amitinus Eichh. 


_ austriacus Wacht. 


— bidens Fabr. . . 
— bidentatus Hbst. 


. 130 


> 


623 


Pages 


OÙ 9 > Ot ot 
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624 


Tomicus bistridentatus Eichh. 


— cembræ Heer.' 
—  chalcographus L. . 
— curvidens Germ. . 


—  elongatus Lüwendal. 


—- erosus Woll. . . . 
== heterodon Wachtl. 
= laricis Fabr. . . 
= laricis Perris. 

= lineatus Oliv. 


— Lipperti Hensch. . . 


—  longicollis GYIl. 


_ Mannsfeldi Wacht. . . 
—  monographus. Ratz . . 


—  nigritus Gyll. 

—  proximus Eichh. 
—  psilonotus Germ. . 
—  quadridens Htg. 

—  ramulorum Perris. 


—  rectangulus Eichh. . 


—  sexdentatus Bœrn. 
—  spinidens Reitt. 
—  suturalis GyIl. . 
—  trepanatus Nœrdl. 
—  typographus L. . 


_ Vorontzowr Jacobs. . . 


T'ortrix amplana H.. . 


—  caprimulgana Koch. . . 


—  comitana SChiff. . . 
—  Conwayana Fabr. . 
—  cratægana Hbn. 

—  duplicana ZI]... 

—  ferrugana Tr. . . 
—  grossana Hbn. 

—  histrionana Frœl. . 


—.  margarotana H. Sch. . . 


— murinana Hbn:.. 
—  nigricana H. Sch. . 
—  pactolana ZI. . . 
—  piceana L. . . 


Pages 


286 


INDEX DES GENRES ET DES ESPÈCES 


Tortrix pinetana Hbn. 
—  resinana Fabr. 
—  retiferana Woche. 
—  rufimitrana H. Sch. . 
—  splendana Hbn. . 
—  strobilana Hbn. . 
—  strobilella L. 
—  tedella CI. 
- turionana Hbn. . 
—  oiridana L. . . 
—  zebeana Ratz. . . 
Trachea piniperda Latr. . . 
Trochilium apiforme L. . 


Trypodendron domesticum Er. . 


— lineatum Stph. 
— quercus Eichh. 


Vacuna betulæ Kalt. 
Valgus hemipterus L. 
Vanessa antiopa L. . . 
—  polychloros L. 
Vespacrabro LB... 


ue dispar Fabr. . . 
dryographus Ratz. 


— eurygraphus Ratzb.. . 
— monographus Fabr. . . 


= - Pfeik Ratz: | 

— Saæxeseni Ratz. . . 
Xylechinus pilosus Ratz.. . 
Xylocopa violacea L. . 
Xyloterus domesticus Er. 

—  lineatus Oliv. . . 

—  signatus Fabr. 
Xyphidria camelus L. 


— FRS RTE Fab à 


Zeuzera æsculi Latr. 
—  pyrina L.: 


—_———— 


NANCY-PARIS, IMPRIMERIE BERG ER-LEVRAULT 


TRAITÉ D'ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE PI 


LLA CN 


A. BARBEY del. et pinx. SADAG, imp. 
INSECTES DE L'ÉPICÉA 

1. Lamia sartor L. — 2. Pissodes harcyniae Hbst. 3. Callidium luridum L. 4, Sirex 

gigas L. — 5. Formica herculeana L. — 6, 6a. Grapholita tedella CI. — 7. Nematus abietum 


Htg. 8, 8a. Tortrix histrionana Fr. — 9. Grapholita pactolana Zell. 10, 10a, 10b. 
Liparis monacha L. 


TRAITÉE D'ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE PIRE 


A. BARBEY del. et pinx. SADAG, imp. 
INSECTES DU SAPIN 


1, la. Pissodes piceae [IL — 2. Tomicus curvidens Germ. — 3. Rhagium indigator Fabr. 
— 4,7. Sirex juvencus L. — 5. Cerambyx bajulus L. — 6. Tortrix nigricana H. Sch. 
8, 8a. Tortrix murinana Hbn. — 9,9a. Tortrix rufimitrana H. Sch. — 10. Rhagium inquisitor L. 


TRAITÉ D'ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE PIRE 


A. BARBEY, del. et pinx SADAGC, imp. 


INSECTES DES PINS 


1. Lophyrus pini L. — 2. Pissodes notatus F. — 3. Hylobius abietis L. — 4. Pissodes 
pini L. — 5,5a. Retinia turionana Hbn. — 6. Sphinx pinastri L. — 7. Noctua piniperda 
Panz. — 8,8a,8b. Retinia buoliana Schiff. — 9. Lophyrus rufus Rtzb. 


TRAITÉ D'ENroMoLoGie FORESTIÈRE PIMIVE 


az 


% 
TL RUE 


Res. 
Ddea 
Pau, 


SADAG, imp. 


A. BARBEY del. et pinx. 
| INSECTES DES PINS 


1PAUa Ib -Bombyz pin Le 2, Noctua piniperda Panz. — 3, 3a, 3b. Fidonia piniaria Tr. 
4 Phycis abictella Z: Ke 15,5; Cnethocampa pityocampa Schiff. — 6. Cnethocampa 


pinivora Tr. 


TRAITÉ D'ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 


2. 


SADAG, imp. 


A. BARBEY del. et pinx. 
INSECTES DU PIN CEMBRO ET DU MÉLÈZE ET INSECTES UTILES 


l; la. Tomicus cembrae Heer. — 2,2a. Tomicus bistridentatus Eichh. — 3, 3a. Tortrix 
zebeana Ratz. — 4,4a, 4b. Tinea laricella Hbn. — 5, 5a, 5b. Steganoptycha pinicolana ZII. 
__ 6,6a. Tinea laevigatella H. Sch. — 7,7a. Tinea copiosella Frey. — 8,8a. Calosoma syco- 


phanta L. — 9,9a. Clerus formicarius L. 


7 


TRAITÉ D'ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 21, VAL 


7 
4 


sh SE À 


MMA 


A. BARBEY del. et pinx. imp. SADAG. 
INSECTES DES CHÊNES 


1. Cerambyx heros Fabr. — 2,2a,2b. Bombyx quercus L. 3. Agrilus bifasciatus Oliv. 


4,4a. Bombyx neustria L. — 5. Xyleborus monographus Fabr. — 6. Geometra brumata 
L. — 7,7a. Cnethocampa processionea L. 8,8a. Tortrix viridana L. — 9,9a. Liparis 
chrysorrhoea L. -— 10,10a. Geometra defoliaria L. — 11. Scolytus intricatus Ratz. — 12. 


Phalera bucephala L. 


PI. VII. 


TRAITÉ D'ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 


6. 


SADAG, imp. 


A. BARBEY del. et pinx. 
INSECTES DU HÊTRE, DES BOULEAUX ET DES PEUPLIERS 


1. Orchestes fagi L. 2, 2a, 2b. Liparis dispar L. — 3,3a. Orgya pudibunda L. — 4,4a. 
5. Geometra boreata Hbn. — 6. Scolytus Ratzeburgi Jans. — 7. Chry- 
10. Sesia 


Bombyx lanestris L. — 


- 8,8a. Callidium variabile L. - 9, Saperda carcharias L. 


somela populi L. 


tabaniformis Rott. 


TRAITÉ D'ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE PI. VIIL 


A. BARBEY del. et pinx. SADAG, imp. 
INSECTES DES ORMES, DES ÉRABLES, DES AUNES, DES FRÊNES 
EM DESISAURES 
l. Galeruca alni L. — 2. Cryptorrhynchus Lapathi L. — 3. Galeruca xanthomelæna 
Schrk. — 4. Xyleborus dispar Fabr. O — 5. Xyleborus dispar Fab ©) — 6. Lytta vesicatoria 
L. — 7. Cossus ligniperda Fabr. — 8. Sesia spheciformis Grng. — 9, Ja. Liparis salicis L. 


- 


AUX SYLVICULTEURS ! 


\ 


L'auteur du Traité d'Entomologie forestière se met à la 
disposition des sylviculteurs et propriétaires forestiers pour la déter- 


mination des dégâts causés par les Insectes des forêts. 


Il est recommandé d’envoyer (par échantillon sans valeur ou 
colis postal) des Insectes sous la forme parfaite ou larvaire, à l’état 
vivant si possible et enfermés dans des boîtes métalliques avec orifices 
d’air minuscules. Ces boîtes doivent être à moitié remplies de la nour- 
riture habituelle de l’animal. Si les ravageurs sont découverts morts 
dans leurs cachettes, il faut alors les expédier dans des tubes ou de 


petites bouteilles renfermant de l’alcool. 


Cependant, au point de vue de la protection, les ‘renseignements 
les plus utiles sont fournis par l’examen des dégâts. Il faut, en consé- 
quence et autant que possible, expédier les fragments de feuillage, 
d’écorce ou de bois qui portent les traces de forage. Pour les branches 
et les tiges de faible dimension, il est spécialement recommandé de ne 
pas écorcer une section portant des traces de ravages, mais d'envoyer 


cette dernière intacte à la lonqueur de 20 à 30 centimètres au moins. 


Ces échanges de renseignements et de documents peuvent incon- 
testablement faire progresser la science de l’entomologie forestière et 
compléter, voire même corriger, certains faits biologiques observés 


jusqu'ici d’une façon insuffisante. 


ss A. BARBEY, 


Expert Forestier, 
à MONCHERAND-SUR-ORBE 


(Vaud, Suisse). 


NANCY-PARIS, IMP. BERGER-LEVRAULT — 277-185 


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