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TRAITÉ
D'ENTOMOLOGIE FORESTIÈERE
Tous droits de reproduction, de traduction et d'adaptation réservés pour tous pa
AS
Copyright by Berger-Levrault. 1913.
É Fe TRAITÉ
D'ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE
A L'USAGE
PES FORESTIERS,
DES REBOISEURS ET DES PROPRIÉTAIRES DE BOIS
Pr AU PAREBEX
CORRESPONDANT ÉTRANGER DE LA SCCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE DE FRANCE
| Ouvrage illustré de 350 figures originales et de 8 planches hors texte en couleurs
exécutées par l'Auteur
« Je voudrais que les observa-
« teurs qui travaillent à l’histoire
« des insectes donnassent des cata-
« logues de ceux qui se nourris-
« sent sur chaque plante. »
RÉAUMUR.
BERGER-LEVRAULT, LIBRAIRES-ÉDITEURS
PARIS (6°) NANCY
RUE DES BEAUX-ARTS, D—7 RAUE DES GLACIS, 18
1913
A MON MAITRE
Nr Le PROFESSEUR D PAULY
DIRECTEUR DE LA DIVISION DE ZOOLOGIE
A L'INSTITUT FORESTIER ROYAL DE L'UNIVERSITÉ DE MUNICH
Souvenir d'affection
et de sympathique gratitude
A. BARBEY
TABLE DES MATIÈRES
PRÉFACE.
INTRODUCTION
PARTIE GÉNÉRALE.
PARTIE ZOOLOGIQUE .
PARTIE SPÉCIALE
Insectes :
de l'Épicéa
du SAPIN BLANC.
des PIxs.
du PIN CEMBRO .
du MÉLÈZE.
des CHÈÊNES
du HÊTRE . ;
du CHATAIGNIER .
des BOULEAUX .
des PEUPLIERS .
des TILLEULS.
des ORMES.
des ÉRABLES.
des FRÈNES
du CHARME. .
des AUNES.
des SAULES.
des ALISIERS et ro
du ROBINIER Ou ACACIA .
INSECTES UTILES. . :
CONGLOMONSE SOU Lt,
APPENDICE. }
INDEX en ioure :
INDEX DES GENRES ET DES Darbese Ù
PRÉFACE
L’Entomologie forestière est la branche la plus impor-
portante de cette partie des sciences forestières qu’on
appelle Protection des forêts et qui étudie les moyens les
plus propres à prévenir, à enrayer et à arrêter les dégâts
causés aux peuplements par les animaux ou les végétaux
parasites (Mammifères, Oiseaux, Insectes, Champignons,
etc.), ou par les météores (vent, neige, grêle, etc.).
Beaucoup de forestiers entrent dans la pratique de
leur métier sans se rendre suffisamment compte du rôle
considérable et néfaste que jouent les Insectes dans
l'existence des végétaux ligneux. Leurs ravages s’accen-
tuent de jour en jour, surtout depuis l'extension des
reboisements en résineux (Pins, Épicéa, Mélèze) qui ont
favorisé le développement d’Insectes autrefois rares en
France et signalés comme nuisibles seulement de l’autre
côté des Vosges eue Lyde, Lasiocampe, divers Bos-
tryches, ete.).
Seule la connaissance approfondie de la biologie des
Insectes peut permettre au praticien d'intervenir (quand
la chose est possible) avec le maximum d'efficacité et le
minimum de frais, soit pour prévenir, soit pour combattre
des dommages qui, étant donnée l’extrême fécondité des
X PRÉFACE
Insectes, amèneraient fort bien la ruine des peuplements,
si l’on restait les bras croisés. On pourrait citer de nom-
breux exemples.
C'est dans cet esprit que le présent ouvrage a été com-
posé.
Il arrive à point, au moment où, plus que Jamais en
France, l'opinion publique et le Gouvernement accordent
une attention spéciale à la forêt dont les rôles divers
(économique, climatologique, esthétique) sont mis de plus
en plus en lumière.
L'étude de lEntomologie forestière, et spécialement
de la biologie des Insectes ravageurs, a été poussée très
à fond durant les trente dernières années. Alors que les
sylviculteurs allemands, autrichiens, voire même anglais,
ont à leur disposition des manuels leur permettant de
déterminer les Insectes et de connaître les procédés pro-
pres à entraver leur extension, nous n'avions pas en
France d'ouvrage moderne sur la matière.
M. Auguste Barbey, qui, après avoir étudié l’entomo-
logie forestière auprès de maîtres éminents en Allemagne
et en Suisse, s'occupe depuis longtemps d’expertises fores-
tières et de gérance de forêts, qui est en contact permanent
avec la vie des arbres, est un savant doublé d’un prati-
cien. Il était dès lors le mieux qualifié pour combler cette
lacune regrettable de notre littérature. Sachant à quelle
catégorie de lecteurs il s’adressait spécialement, il a réussi
à présenter le sujet sous une forme accessible à tous.
Laissant de côté la classification systématique, 1l a admis
un groupement biologique basé sur les observations les
plus élémentaires que le praticien est appelé à faire lors-
qu'en présence d’un ravage en forêt il désire connaître
le nom du coupable, savoir s'il doit intervenir et comment
il doit intervenir.
PRÉFACE XI
En parcourant le Traité d’Entomologie forestière, on sera
frappé du grand nombre de figures qu'il contient, presque
toutes originales, qui viennent compléter les descriptions
des Insectes et de leurs ravages; elles constituent une pré-
cieuse documentation dont on ne trouve pas l’équivalent
même dans les ouvrages allemands, pourtant richement
pourvus à cet égard. M. Barbey s’est rendu compte qu'un
livre de vulgarisation scientifique moderne devait faire
une large place à l'illustration, ce qui a permis au texte
descriptif d’être traité d’une façon très succincte, tout
en demeurant dans le cadre d’une étude rigoureusement
scientifique.
Il reproduit aussi un certain nombre de dégâts familiers
au sylviculteur, mais qui ne sont pas à considérer comme
des éléments de dépérissement des végétaux ou de leurs
organes essentiels. Ces dégâts, d’un ordre tout à fait
secondaire, sont décrits et représentés pour montrer au
lecteur qu’on ne doit pas leur attribuer de rôle prépondé-
rant dans la vie des peuplements.
En groupant les Insectes nuisibles suivant les arbres
attaqués et suivant les différents organes de ces arbres,
l’auteur a considérablement facilité la tâche de ceux qui,
sans être des entomologistes expérimentés, désirent péné-
trer dans le domaine compliqué de la vie des bois. Plus
facilement qu’à l’aide de tables dichotomiques, le fores-
tier, portant surtout son attention sur les faits biologiques
que l’observation dans la forêt lui permettra de préciser,
arrivera presque toujours à déterminer rapidement l’auteur
du dégât.
La culture raisonnée et méthodique des végétaux
ligneux, qu'ils soient élevés en ordre dispersé, comme en
arboriculture, ou en ordre serré, comme en sylviculture,
est aujourd’hui en grande faveur. En France spéciale-
XII PRÉFACE
ment, un mouvement très vif se dessine pour la mise en
valeur par le boisement de vastes surfaces, autrefois
cultivées, devenues friches par suite de la dépopulation des
campagnes. :
On boise activement de tous côtés, pas toujours avec
beaucoup de discernement quant au choix des essences,
et l’on oublie que la forêt artificielle avec ses grandes
parcelles de peuplements équiens, formés d’une seule
essence résineuse, offrira toujours un appât de prédilec-
tion aux ravageurs des forêts. L'ouvrage de M. Barbey
permettra encore de faire à cet égard un choix judicieux.
En somme, et pour conclure, l'excellent Traité d'Ento-
mologie forestière de M. Auguste Barbey, que nous recom-
mandons chaleureusement aux agents forestiers, aux
cérants et propriétaires de forêts d’ancienne ou de nou-
velle origine, est un ouvrage impatiemment attendu et
qui manquait, nous le répétons, à notre littérature. Il
leur permettra de déterminer facilement l’auteur des
dégâts commis, de connaître ses mœurs, de savoir s’il est
dangereux ou non et quelles sont les mesures les plus
convenables à prendre soit pour prévenir, soit pour com-
battre le mal. C’est un livre que doivent posséder tous
ceux qui s'occupent de propriétés boisées.
Nancy, 4 juin 1913.
HENRY,
Sous-Directeur et Professeur
à l'École nationale des Eaux et Forêts.
INTRODUCTION
L Entomologie forestière est la science qui s'occupe des Insectes
ravageant les végétaux ligneux. C’est une branche de la « Protection
des forêts », un des plus vastes chapitres des sciences forestières, qui
comprend l'étude de la météorologie, de la botanique, de la zoologie,
du droit et de la police.
Cette branche ne peut forcément qu'être ébauchée à l École fores-
tière, car l'histoire des Insectes destructeurs et leur rôle dans l’éco-
nomie forestière doivent être surtout étudiés dans le grand labora-
toire qu'est la Nature.
A l'École forestière, on apprend le nom des ravageurs les plus
importants ; ces derniers sont présentés piqués dans des boîtes ;
parfois, on met sous les yeux des élèves des spécimens de leurs dégâts.
Mais, pour bien des comn:ençants, cette science est hérissée de difi-
cultés, et ce n’est que lorsque l'étudiant est devenu un praticien,
qu'ul est apte à comprendre les manifcs'&fions de la vie des bois et
peut alors être à même d'observer avec profit les animaux qui peu-
pleni les forêts en compromettant la vitalité des arbres.
Il est évident que, dans le présent ouvrage, il ne peut être question
d’initier le lecteur à tous les mystères de l’Entomologie forestière, ni
d'envisager les différentes phases de l'existence de tous les Insectes.
Ce livre est un « vade-mecum » à l'usage de l'agent forestier, de
l'étudiant en sciences forestières, du propriétaire reboiseur et aussi
du préposé ou employé inférieur des Eaux et Forêts. Nous nous
sommes donné comme tâche de publier un simple guide dont l'unique
prétention est de permettre au forestier de reconnaitre à quel ennemi
u a affaire. Ce traité le mettra à mème de discerner si, out ou non,
> el INTRODUCTION
l'intervention de l’homme peut être efficace en cas de ravages appré-
ciables et s’il est opportun d'appliquer des moyens prophylactiques
propres à enrayer le mal.
En vue de faciliter l'étude de l'Entomologie forestière aux syloi-
culteurs et reboiseurs habitant les pays de langue française, nous
avons élaboré un plan nouveau et spécial relatif à la répartition
des ravageurs, espérant par là que l’étude de cette branche de la
Protection des forêts en sera sérieusement facilitée. Renonçant à
une classification par ordre systématique, nous avons groupé les
Insectes suivant les arbres sur lesquels 1ls vivent et les organes
auxquels ils causent des dégâts. Comme complément, nous avons
pensé qu'un livre moderne d'histoire naturelle appliquée devait
être très largement doté d'illustrations.
L'importance des études d’Entomologie est indiscutable pour
l'agent forestier ou le propriétaire gérant ses bois; car il ne faut
pas oublier que la forêt sert de refuge à de nombreux Insectes, dont
l'évolution ne peut se produire qu'au détriment des végétaux ligneux.
Mais il est un autre argument qui nous pousse à faire connaître
cette branche des sciences naturelles au monde des sylviculteurs et à
provoquer, parmi nos collègues de langue française, le goût de l’'Ento-
mologie forestière : c’est le développement des connaissances en
histoire naturelle. En effet, en raison de ses occupations, le forestier
est placé dans les meilleures conditions pour faire d’intéressantes
et utiles observations ; car, en parcourant en tous sens la campagne
et les bois, ul est à même d'observer de près la vie animale dans ses
différentes manifestations. Les Insectes sont, parmi les êtres animés,
ceux qui peuvent le plus entraver son intervention et contrecarrer
ses efforts. À étudier la forêt en qualité de forestier naturaliste, la
carrière sylvicole gagne en intérêt et le labeur parfois ardu de
l’homme des bois semble moins monotone.
TRAITÉ
D'ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE
ANEUSAGE
DES FORESTIERS
DES REBOISEURS ET DES PROPRIÉTAIRES DE BOIS
PARTIE GÉNÉRALE
GÉNÉRALITÉS ET PLAN DU TRAITÉ
Il faut reconnaître que, pour beaucoup, les études d’Entomo-
logie constituent un épouvantail, en raison même des difficultés
qui surgissent lorsqu'on aborde les questions de nomenclature.
D'autre part, il est manifeste que, si un bon nombre de natu-
ralistes n’avaient pas pour unique but de léguer leur nom à la pos-
térité en créant de nouvelles espèces ou variétés basées sur des
caractères plus ou moins discutables, nous ne nous débattrions
pas dans le dédale des synonymes où il est souvent fort difficile
de se reconnaître.
Nous nous efforcerons donc, dans le présent ouvrage, de nous
en tenir à la nomenclature la plus rationnelle, tout en tenant
compte des publications d’Entomologie forestière les plus ré-
centes.
La principale difficulté inhérente aux études d’Entomologie
. forestière réside dans la détermination des espèces d’Insectes,
car, à peu d’exceptions près, la taille minuscule de ces êtres
nécessite l'emploi de la loupe ou du microscope. En outre, le
forestier qui veut s'occuper de cette branche de la Protection,
ENTUMOULOGIE FORESTIÈRE 1
p PARTIE GÉNÉRALE
doit avoir une vue d'ensemble sur les caractères des différents
ordres, car les ravageurs des forêts se recrutent dans toutes les
subdivisions de la classe des Insectes.
Il est évident que la durée de la vie d’un forestier ne lui permet
pas d'étudier le rôle économique de tous les Insectes qui vivent
en parasites dans les forêts de l’Europe centrale. Il existe encore
une foule de questions biologiques à résoudre, et, seuls, l’observa-
tion dans la Nature et les travaux de laboratoire peuvent les
élucider.
Un forestier ou un propriétaire gérant ses forêts seraient-ils
capables, même sans études spéciales, de reconnaître l’ennemi
qui décime leurs peuplements et, après en avoir déterminé
l'espèce, de prévoir des mesures préventives et répressives ?
Nous répondons affirmativement à cette question, si le dit fores-
tier a le sens de l’observation, doublé d’un amour passionné pour
l’histoire naturelle et le monde des bois. C’est précisément le
but de ce livre : de familiariser le sylviculteur, le reboiseur et
l'administrateur des propriétés forestières avec la science de
l’Entomologie forestière et de leur faire saisir le rôle si important
que jouent les Insectes dans l’économie des bois.
Les régions où les essences résineuses dominent sont beaucoup
plus exposées aux dégâts des Insectes que celles où les feuillus
occupent une place prépondérante; nous avons là l'explication
de ce fait indéniable : les forestiers allemands, autrichiens et
russes, travaillant principalement dans les forêts de Conifères,
sont beaucoup plus avancés en Entomologie que les sylviculteurs
de France dont le domaine boisé est surtout composé d’essences
feuillues. Les ravages intéressant les arbres à feuilles persistantes
ont, en général, pour conséquence la destruction de la plante,
tandis que les atteintes des Insectes sur les feuillus sont moins
importantes et ne provoquent, souvent, qu'un ralentissement
dans l’accroissement. ; |
Les êtres animés présentent la particularité que chaque espèce
a son développement personnel, des goûts et des instincts qui
lui sont propres. Or, sans l’étude de la biologie spéciale de telle
ou telle espèce, il n’est pas possible de lutter contre les ravageurs,
PARTIE GÉNÉRALE 3
car le succès de l'intervention de l’homme dépend uniquement
des conditions dans lesquelles ce dernier pourra agir au moment
opportun pour contrecarrer l’évolution de l’animal.
En raison même de la variété infinie des phases de développe-
ment et surtout des traces que laissent les Insectes de leur pas-
sage dans les végétaux ligneux, on peut arriver, dans neuf cas
sur dix, à distinguer l'espèce à l’examen seul des dégâts. C’est là
un précieux appoint pour la détermination et le choix des moyens
de lutte préventive et répressive.
Dans un cas de ravage isolé ou d’invasion, le plus simple
sera presque toujours de déterminer l'espèce au moyen de deux
points de repère que le forestier ou le propriétaire pourront fixer
sans beaucoup de difficulté, à savoir : l’essence attaquée et le
type de ravages constaté sur tel ou tel organe du végétal. Le
travail à la loupe ou l’examen microscopique viennent autant
que possible confirmer cette première détermination; ils sont,
du reste, indispensables dans les cas douteux.
Il est indiscutable que l'étude des Insectes forestiers, qui
apparaissent presque tous sous la triple forme de Larve ou Che-
nille, de Chrysalide et d’Insecte parfait, est particulièrement
difficile. Aussi, plus nous pourrons guider les recherches par la
représentation graphique aussi fidèle que possible de ces Insectes,
plus la tâche du lecteur sera simplifiée. Naturellement, comme
c’est le côté biologique qui est spécialement envisagé dans ce
Traité, nous nous sommes attaché à reproduire par l’image les
dégâts et à donner, d’une façon aussi scientifique que possible,
des dessins de l’Insecte ou de telle ou telle partie de son corps
propre à le faire reconnaitre.
Nous savons bien que le forestier ou le propriétaire qui auront
constaté dans leur domaine une invasion de ravageurs, deman-
dent à l’entomologiste ou au traité d'Entomologie forestière
moins le nom de l’espèce incriminée que l'indication de ce qui,
au point de vue économique, peut arrêter le mal. Naturellement,
si le zoologue forestier se présente comme le guérisseur infaillible,
il ne pourra, dans la plupart des cas, satisfaire le maître de la
forêt. En effet, 1l ne faut pas oublier que nous avons affaire à
4 PARTIE GÉNÉRALE
une science de création récente et que l’homme demeure parfois
absolument désarmé devant l'étendue, l’imprévu et la portée de
telle ou telle invasion. S'il ne peut rendre la vie aux arbres
contaminés ou en voie de dépérissement, ses efforts doivent
tendre avant tout à circonscrire l'étendue du mal et à retenir
l’Insecte prisonnier dans une partie du peuplement où, en vue
de le capturer, on a d'emblée admis de sacrifier un certain nombre
d'arbres. Pour réussir dans cette voie, il est indispensable de
prendre, comme base, la biologie de l’Insecte; elle doit faire
l’objet d’une étude spéciale pour chaque espèce et pour chaque cas.
Il n’est pas facile de classer les Insectes forestiers dans des
compartiments bien définis, car peu d'espèces sont exclusivement
monophages. Il faut cependant reconnaître que la plupart des
ravageurs montrent une préférence bien marquée pour tel ou
tel végétal. Peu d'espèces sont essentiellement polyphages,
c’est-à-dire s’attaquant indifféremment, ou sous l'influence de
conditions particulières, aux principales essences ligneuses.
Nous citerons la Nonne, le Bombyce dissemblable, le Cossus
gâte-bois, le Bostryche disparate pas les espèces essentielle-
ment polyphages.
La partie spéciale de ce Traité commence par l'étude des para-
sites des Résineux pour se continuer par celle des parasites
des Feuillus, donc des essences spéciales qui forment la flore
ligneuse des peuplements de l'Europe centrale. Nous laisserons
de côté les arbrisseaux et les arbres fruitiers en nous limitant
ainsi exclusivement aux espèces végétales qui constituent la
richesse de la forêt européenne.
Voici la liste des arbres dont les différents organes seront exa-
minés dans un ordre déterminé avec l’énumération des principaux
parasites :
A) ESSENCES RÉSINEUSES :
1. Épicéa. 4. Pin cembro ou Arolle.
2. Sapin blanc ou des Vosges. 5. Mélèze.
3. Pins (sylvestre, noir ou d’Au-
triche, de montagne, maritime,
laricio, d'Alep, Weymouth).
PARTIE GÉNÉRALE 5)
B) ESSENCES FEUILLUES :
1. Chênes (pédonculé, rouvre, cer- 8. Érables (plane, sycomore, cham-
ris, vert, suber, occidental, pêtre, etc.).
yeuse, etc.). 9. Frêne.
2. Hêtre. 10. Charme.
3. Châtaignier. 11. Aunes (glutineux ou noir, blanc,
k. Bouleaux (blanc et verruqueux). vert).
5. Peupliers (tremble, blanc, noir 12. Saules.
du Canada). ‘43. Sorbiers (des oïiseleurs, domes-
6. Tilleuls (à grandes et à petites tique, etc.).
feuilles). 14. Alisiers (blanc, torminal, etc.).
7. Ormes (de montagne, diffus, 15. Robinier (faux-acacia).
champêtre).
Nous avons déjà dit plus haut que, dans ce Traité, nous avons
renoncé à suivre l’ordre systématique, estimant que, dans un
ouvrage qui prétend venir en aide au forestier, il valait mieux
s’en tenir aux mamfestations extérieures de la vie et aux ravages
des Insectes, tout en stimulant le sens de l’observation dans la
Nature.
Le sylviculteur, appelé à déterminer des dégâts d’Insectes,
peut facilement préciser deux points, à savoir : l'essence attaquée
et l'organe de l’arbre sur lequel les parasites ont laissé des traces
de leur passage. C’est sur cette base que nous avons établi notre
classification en groupant les ravageurs dans les compartiments
suivants, qui partent des organes souterrains pour atteindre la
cime de l'arbre :
1. La Racine. 4. Les Rameaux.
2. L’Écorce du tronc et des branches. 5. Les Bourgeons.
3. L’Intérieur du bois (Xylophages 6. Les Feuilles.
proprement dits). 7. Les Fruits.
Nous ne nous faisons pas d'illusions; cette répartition peut pré-
ter le flanc à la critique, car il est certains Insectes qui ne peuvent
être classés dans un compartiment plutôt que dans un autre.
En outre, il y aura lieu, lorsque nous traiterons des ravageurs
polyphages, de faire de nombreux renvois, car il existe certains
Insectes (Cossus ligniperda L., Bombyx dispar L., ete.), que nous
retrouvons sur presque toutes les essences feuillues et d’autres
qui attaquent les semis de tous les brins en pépinière (Melo-
6 PARTIE GÉNÉRALE
lontha vulgaris L., etc.). Nous croyons néanmoins qu’une répar-
tition de ce genre sera appréciée par tous ceux qui considèrent
le présent Traité comme une introduction à l'étude de l’Ento-
mologie forestière.
HISTORIQUE
Nous ne pouvons songer à étudier ici l’évolution de la science
entomologique appliquée à la sylviculture, n1 à énumérer tous
les ouvrages qui ont été publiés par des naturalistes ou des
sylviculteurs. Comme nous l'avons dit plus haut, ce sont les
contrées forestières peuplées en majorité de Conifères et, par
conséquent, celles qui ont le plus à souffrir des dégâts des In-
sectes, qui ont donné na’ssance aux publications les plus remar-
quables sur cette branche de la Protection.
Déjà à la fin du dix-huitième siècle, GMELIN (7787) et von
SrersrorPpr (1794) signalèrent les ravages des Insectes dans les
sapinières allemandes. Mais c’est au savant RATZEBURG (1837-
1844) que nous devons le premier ouvrage complet sur l’Ento-
mologie forestière. Il fit paraître trois volumes aussi documentés
que richement illustrés et qui, aujourd’hui encore, constituent de
précieux documents. Après Ratzeburg, ce furent NôRDLINGER,
ALrum et Théodore HarrTiG qui, en Allemagne, contribuèrent
le plus à enrichir la littérature entomologique forestière.
MATHIEU (1848) publia en français son Cours de Zoologie fores-
tière, qui demeure le seul ouvrage général concernant la branche
zoologique de la Protection des forêts. Nous rappelons à ce propos
deux éditions de l'Atlas d’Entomologie forestière de HENRY (1892
et 1903), qui reproduisent sans texte les planches de l’ouvrage
de Mathieu et un certain nombre de nouvelles figures.
Au milieu du dix-neuvième siècle, PEerris (1856) publia son
étude sur les /nsectes du Pin maritime, qui peut être considérée
comme un modèle en matière de recherches biologiques.
La famille des Scolytides ainsi que celle des Bostrychides
occupent naturellement une place importante dans les publi-
cations des zoologues forestiers. Ce fut ErcHHorr (7881) qui
PARTIE GÉNÉRALE 74
contribua le plus à faire connaître la vie de ces Xylophages que
nous traiterons d’une manière approfondie. Ce sylviculteur
a décrit toutes les espèces de Scolytides et de Bostrychides
connues dans les forêts de l’Europe centrale, il a déterminé les
phases d'évolution du plus grand nombre d’entre elles. Les
découvertes d’Eichhoff ont été récemment complétées et en
partie rectifiées par les publications de LôvenpaL (1898), de
CHEWYREUV (7905) et de G. Fucus (1907).
A l’époque de l'apparition du travail d’'Eichhoff, ALrum pu-
blia un ouvrage de zoologie forestière, peu d’années après la
première édition de la Protection des Forêts de Hess (1898).
L’Autrichien HENSCHEL (1895) fit paraître un Manuel d’Ento-
mologie forestière et horticole, la même année où Jupercx et Nrr-
SCHE (1895) publièrent leur remarquable travail de plus de 1.400
pages sur les Znsectes forestiers de l’Europe centrale, ouvrage dont
l'illustration détaillée égale la valeur du texte et la documentation
bibliographique.
Deux ans plus tard, EcksrEin (1897) écrit un ouvrage général
de zoologie forestière, puis vient NussLin (1905), qui fait paraître
à Carlsruhe un nouveau Manuel d’Entomologie, destiné spécia-
lement aux étudiants en sciences forestières. Enfin, dernièrement,
l’entomologiste GILLANDERS (1908) a écrit en anglais le premier
ouvrage d'Entomologie forestière publié en Grande-Bretagne,
pays où les questions économiques forestières commencent à
intéresser l’opinion publique.
A côté de cette série de Manuels envisageant cette vaste
branche dans son ensemble, il faut mentionner les innombrables
publications malheureusement disséminées dans un beaucoup
trop grand nombre de Revues scientifiques et forestières. Elles
sont l’œuvre de praticiens et d’entomologistes forestiers, parmi
lesquels nous citerons : BARGMANN, BourGEoïs C., CEGcoNI,
CHapuis, CHoLopkxowsky, Coaz, EGGERs, ERIcHSON, FANKx-
HAUSER, FUCHS, DE GEER, GERMAR, GYLLENHAL, HENNINGS
KALTENBACH, KELLER, KNOCHE, KNOTEK, LINDEMANN, Lô-
VENDAL, MACQUART, MuLsanT, REGIMBEAU, REITTER, SÉVERIN,
STROHMEYER, THOMSON, TRÉDL, WACHTL, WOLLASTON, etc.
8 PARTIE ZOOLOGIQUE
Nous aurons l’occasion dans ce Traité de citer diverses publi-
cations de ces auteurs. L'ouvrage classique sur lequel nous revien-
drons à chaque instant est celui de Juperc et Nirscue, dont la
documentation et l’envergure sont d’une incontestable valeur
pour tous ceux qui veulent travailler à fond cette branche spé-
ciale. Tous ces observateurs ont enregistré déjà beaucoup de
faits; néanmoins, il reste encore énormément à observer dans ce
vaste laboratoire qu'est la forêt et dans lequel nous proposons
au lecteur de pénétrer avec nous. Bien des questions biologiques
sont encore à résoudre et il incombe en particulier au sylviculteur
de faire avancer la science entomologique forestière.
PARTIE ZOOLOGIQUE ”
ZOOLOGIE GÉNÉRALE
Les Insectes, appelés aussi Æexapodes, en raison du nombre
de leurs pattes qui s’élève à trois paires, constituent une classe
de l’embranchement des Arthropodes. Leur corps, à symétrie
bilatérale, est divisé en trois parties : la tête, le thorax et l’ab-
domen. La respiration est trachéenne et les sexes sont séparés.
La tête est une boîte chitineuse portant les antennes, organes du
tact, les yeux, les pièces buccales; elle est le plus souvent large-
ment unie au thorax.
La figure 1 montre le groupement des différents organes,
parmi lesquels le front, en général compris entre les yeux, sert de
critère dans la détermination.
Le thorax se compose de trois parties juxtaposées (fig. 3) : le
prothorax, le mésothorax et le métathorax. Chacune de ces
régions se décompose en une plaque chitineuse ventrale (sternite)
(1) La « partie zoologique » a été rédigée avec la collaboration de M. Mau-
rice JAQUET, docteur ès sciences, qui a bien voulu se charger également de
la correction des épreuves de l’ouvrage entier. Nous lui exprimons ici nos
sincères remerciements pour son précieux concours.
PARTIE ZOOLOGIQUE 9
et une plaque dorsale (tergite). Entre ces deux organes on dis-
tingue des pièces latérales ou pleures, formées par une membrane
plus ou moins molle. Les organes locomoteurs sont fixés au
thorax.
Antennes
Wed Macille 0
Ÿ Viadibules
% Labium
Pitles
Coma
$& [rochanter
Femur
Penrs
Fig. 1. —- Organes extérieurs de l’Ergates Faber L. 1/1 gr. nat. (orig.).
L’abdomen est, en général, arrondi ou cylindrique; il compte
de deux à dix segments apodes.
10 PARTIE ZOOLOGIQUE
Chez les Guêpes et les Fourmis, par exemple, l’abdomen est
uni au métathorax par un mince pédoncule. Il porte souvent des
appendices qu’on nomme cerques. Chez les Insectes xylophages,
Fig. 2. — Tête de Carabus hortensis L.
a, sommet; b, œil; c, front; d, bouclier cépha-
lique; e, antenne; /, lèvre supérieure ; g, man-
dibules ; h, palpe maxillaire; p, lèvre infé-
rieure ; J, denticule au milieu du bord antérieur
du menton; #, menton; {, base de l'antenne;
m, fossette; n, gorge; 0, occiput ; ?, palpe labial
(d'ap. Kolbe). à Va
ces dépendances ont une importance; chez les Sirex, par exemple,
Fig. 3. — Cerambyx heros Scop.
T, tête ; 7r, thorax ; 1, prothorax ; 2, mésothorax ; 3, métathorax ;
Ab, abdomen ; F, élytre ; A, aile postérieure, 1/1 gr. nat. (orig.).
la femelle se sert de sa tarière pour creuser un trou dans le
bois et y déposer les, œufs.
Appendices articulés. — Si l’on examine la partie anté-
rieure des Insectes, on trouve en premier lieu deux organes
faisant presque toujours saillie : ce sont les antennes qui, au
PARTIE ZOOLOGIQUE 11
nombre de deux, revêtent des formes infiniment variées, même
chez les espèces forestières européennes. La détermination des
genres et des espèces s'appuie sur ce critère.
L'’antenne est filiforme, serriforme, plumu-
leuse (Microlépidoptères), foliacée, etc. On
distingue dans cet organe, en général (Coléo-
ptères, par exemple), trois
parties (fig. 4) : le scape, qui
constitue le premier seg-
ment, le pédicelle qui forme.
le deuxième, et finalement
le funicule, le dernier, lequel,
segmenté, est parfois ter-
miné par une massue (Bos-
tryches, par exemple). Chez
Fig. 5. — Tête de Charançon.
Fig. 4. — Antenne ê a, œil: b, antenne dont
date ebay les Charançons dont la tête RE SN ee
nicule à 6 articles; c, pédi- est prolongée en un rostre ARS ne à
a, massue à 4 articles; b, fu-
c, mandibule (d’ap.
celle; d, scape (origq.). Kolbe).
(fig. 5) à l’extrémité duquel
se trouve la bouche, l’antenne est située en arrière de cette der-
nière; son scape peut se loger dans une rigole pratiquée sur les
côtés du rostre.
Pièces buccales. — L'alimentation des Insectes étant infini-
ment variée, les organes buccaux offrent, de ce fait, des varia-
tions infinies. Les Insectes sont broyeurs, piqueurs, aspirateurs,
lécheurs. La première pièce qu’on trouve — toujours en allant
de l’avant à l’arrière — est le labrum fixé au front, puis les trois
paires d'organes symétriques : les mandibules, les maxilles anté-
rieures et les maxilles postérieures (fig. 6).
Chez les Insectes broyeurs les mandibules sont des pièces
rigides, chitineuses, non segmentées et portant à leur bord
interne des dents qui leur permettent de triturer les substances
solides (le bois par exemple, chez les Bostryches et Céramby-
cides).
Les maxilles antérieures et postérieures sont composées de
plusieurs articles qu’on trouvera représentés dans la figure 6.
L
12 PARTIE ZOOLOGIQUE
Ces organes compliqués ont pour fonction de sélectionner les ali-
ments triturés grossièrement par les mandibules et de les faire
parvenir dans la bouche.
Fig. 6. — Pièces buccales broyeuses
de Locusta viridiss'ma L.
A, mandibules ; a et b, apophyses articu-
laires; B, mâchoires (premières maxilles) ;
ï, cardo; j, stipes ; #, palpigère; /, lame
interne ; »m, lame externe ou galea ; n, palpe ;
C, lèvre inférieure (deuxièmes maxilles ou
labium) ; c, palpe ; d, galea ; e, lame interne ;
J, palpigère; g, mentum ; À, submentum;
D, lèvre interne (d'ap. Kolbe).
Chez les Insectes suceurs (Papil-
lons), on remarque une trompe qui,
au repos, s’enroule en spirale et per--
met à l’animal d'extraire la nourri-
ture liquide qu'il trouve au fond
des fleurs.
Les lécheurs (Hyménoptères) ont
un labre normal, leurs mandibules
ressemblent à celles des Coléoptères
et les maxilles antérieures allongées
forment, en se rapprochant l’une
de Fautre, un fourreau encerclant
la maxille postérieure.
Les Insectes piqueurs (Hémi-
ptères) sont en même temps suceurs. En général, les maxilles an-
térieures et les mandibules revêtent la forme de stylets allongés et
tranchants. L’aspiration du liquide se fait au moyen du labrum
Fig. 7. — Plaques de plomb transpercées, à gauche, par le Cerambyæ
rajulus L., à droite, par le Sireæ spectrum L. 1/1 gr. nat. (Orig. coll.
Standfuss, Zurich).
et les organes buccaux sont assemblés sous forme de rostre replia-
ble, au repos, sur la face ventrale de la partie antérieure du corps.
Certains Insectes xylophages tels que les Cérambycides, les
Bostryches et les Sirex, ont des mandibules offrant une force de
perforation considérable.
PARTIE ZOOLOGIQUE 13
La figure 7 ci-jointe prouve que même certains de ces Insectes
parviennent à sortir de boîtes métalliques hermétiquement
closes par des orifices qu'ils forent à travers les parois.
Les ailes. — Les organes du vol sont des expansions souvent
en forme de feuille, articulées et fixées aux flancs du méso et du
métathorax. On ne remarque jamais plus d’une paire d’ailes
Fig. 8. — Aïle de Coléoptère (Cerambyx heros Scop.).
1-7, nervures convexes ; À, cellule cubitale ant. ; B, cellule hu-
mérale ; C, cellule cubitale post.; D, cellule médiane. Les
lignes ponctuées indiquent les plis de l’aile à l’état de repos.
Près de FF, articulation permettant à l'extrémité de l’aile de
se replier (d'ap. Kolbe).
fixée à chacun de ces deux anneaux postérieurs. L’antérieur ne
porte jamais d’ailes. Ces dernières sont formées de deux lames
minces chitineuses juxtaposées et sillonnées de nervures où
Fig. 9. — La même aïle que dans la figure 8, à l'état
de repos sous l’élytre. Les lignes ponctuées in-
diquent les limites des parties de l'aile pliées, par
rapport à la surface alajre (d’ap. Kolbe).
pénètrent du sang, des trachées et des nerfs (HENNEGuY, 1904,
p. 47). Les deux paires d'ailes peuvent avoir une forme et une
consistance très différentes (fig. 8 et 9).
Chez les Coléoptères, les ailes antérieures, très résistantes, sont
désignées sous le nom d’élytres ; elles recouvrent les ailes posté-
14 PARTIE ZOOLOGIQUE
rieures souvent fort minces et délicates. Les Xylophages, en parti-
culier, sont ainsi en mesure de circuler dans l’intérieur du bois,
grâce à la forme cylindrique de leurs élytres protecteurs. Nous
verrons plus loin quel rôle joue, en particulier chez les Scolytides,
la sculpture de ces appendices pour la détermination des espèces.
Dans certains ordres (Hyménoptères, par exemple), on utilise
pour la classification la forme ou la disposition de cellules com-
prises entre les épaississements chitineux.
Les pattes. — Les organes de locomotion terrestre sont dépen-
dants des fonctions vitales particulières à telle ou telle espèce.
Fig. 10.— Patte de Cerambyx heros Scop.
a, coxa; b, fémur ou cuisse; €, tibia
ou jambe; d, éperon ; e, tarse articulé ;
J, tarse vu de face; g, premier article
tarsal; h, griffes ou crochets ; à, tro-
chanter (oriq.).
Cependant, on distingue toujours trois
paires de pattes, chacun des anneaux
thoraciques en porte une paire. La patte
se compose, en partant du corps (fig. 10),
de la coxa ou hanche, logée dans un en-
foncement de la face ventrale du thorax,
du trochanter souvent composé de deux
arücles, du fémur ou cuisse, du tibia ou
jambe, du tarse articulé portant des grif-
fes ou crochets, parfois même, comme
c’est le cas chez les Mouches, muni d’une
pelote jouant le rôle de ventouse.
On remarque que les pattes de cer-
tains Insectes ont encore d’autres fonc-
tions que celle de la locomotion; ainsi,
les pattes antérieures des Abeilles sont
disposées de telle façon que les anten-
nes peuvent être nettoyées à l’aide d’un
appareil spécial que porte le métatarse.
Téguments. — Le corps des Insectes peut être lisse, couvert
d’une pilosité plus ou moins dense et rigide ou d’écailles qui
revêtent sur le même individu des couleurs infiniment variées.
Glandes cutanées. —
Certains Insectes portent des glandes
PARTIE ZOOLOGIQUE
15
sécrétant un liquide que l'animal laisse échapper pour sa
défense. Chez la Chenille de la Gastropacha
pini L. et de la Processionnaire du Pin (fig. 11),
on trouve à la base de chaque poil une glande
à venin dont le produit se répand au dehors
Fig. — Hypoderme L ; ë :
Le le liquide toxique est introduit
yæ pini L . é J
poils urticants ; , dans le corps étranger à l’aide
glandes AVES 1C
odenne, d, cuticule d’un stylet fixé à l’abdomen.
(d’ap. Claus).
Système musculaire. — Les Insectes sont pour-
vus de museles, tous striés, qui se rencontrent aussi
bien dans le tronc que dans les membres. Chez les
espèces ailées, chaque aile compte deux muscles
extenseurs et un fléchisseur.
Système nerveux. — Le système nerveux des In-
sectes s'étend de la tête à l’extrémité du corps; il
revêt la forme d’un double cordon, fixé à la par-
tie ventrale, et renflé dans chaque segment en un
double ganglion. Du premier de ces ganglions par-
tent deux ramifications qui encerclent l’œsophage
pour se souder à une masse sus-œsophagienne
nerveuse remplissant le rôle de cerveau et duquel
se détachent les nerfs se rendant aux organes des
sens (fig. 12).
Organes des sens. — Le sens du tact doit être
attribué à des poils sensitifs fixés spécialement sur
les antennes et sur les palpes. Il y a lieu de remar-
quer que tous les poils ne sont pas munis d’une
fibre nerveuse. Seuls, ceux dont l’axe renferme une
lorsqu'on agite l’air autour de la Chenille.
Les glandes cirières des Abeilles sont pla-
cées sur la face ventrale des segments abdomi-
naux. Chez les Hyménoptères porte-aiguillon,
ZQ À
VE
Fig. 12. — Système
nerveux d'Epheme-
ra dan'ca A. EF.
Muller.
a, gens Lan supérieur
æsophagien; b,nerf
de l'antenne; c,nerf
visuel; d, ganglion
inférieur œsopha-
gien; e, J, g; gan-
glions. du thorax ; 1,
commissures (d’ap.
Kolbe).
fibre reliée à un ganglion nerveux présentent un pouvoir sensitif.
16 PARTIE ZOOLOGIQUE
On admet que le sens de l’olfaction est localisé dans les an-
tennes et parfois dans les palpes. HENNEGuY (7904, p. 139)
affirme que le sens olfactif est moins développé chez l’Insecte
au repos que chez l'animal en mouvement. Parfois, certains
Insectes portent dans le voisinage des organes buccaux de petites
fossettes densément garnies de poils sensitifs et qui constituent
des centres d’odorat.
Yeux. — Sauf certains Insectes cavernicoles, plusieurs para-
sites, les soldats et ouvriers des Termites, tous les Insectes
sont pourvus d’yeux. Ces derniers sont ou bien simples, on les
désigne en entomologie sous le nom d’ocelles ou de stemmates, ou
bien composés, ce sont les yeux à facettes. Les ocelles sont généra-
lement placées sur le sommet de la tête. Les yeux à facettes sont
envisagés comme la réunion d’yeux simples (ommatidies); ils
occupent parfois la plus grande partie de la tête et peuvent
atteindre le nombre de 20.000 pour un seul œil composé.
Audition. — Certains Insectes possèdent des
organes auditifs appelés organes chordonotaux.
Ils sont situés sous les téguments et constitués
par une cellule nerveuse se prolongeant en un
filament sur le trajet duquel on trouve un noyau
(HENNEGUY, 1904, p. 142). Certaines espèces
produisent des sons par le frottement d’une
partie de leur corps contre les parois des
6 objets dans lesquels elles se meuvent, tel l’Ano-
bium pertinax L. D'une façon générale, c’est
surtout le mâle qui est capable d'émettre des
sons, principalement en vue de l’accouplement.
Æ Système digestif — Le tube digestif est infini-
PR igestif Ps
FE Scoynsommt ment varié dans le monde des Insectes, car il
a, estomac; b, origine : , x » 1: Ê
des tubes de Malpighi; doit s’adapter à des genres d'alimentation fort
je ERP NES" différents. Il est très développé, et se laisse tou-
jours décomposer en trois sections.
La première partie ou intestin antérieur comprend la bouche,
l’œsophage et le jabot. Chez les espèces carnassières et lignivores,
PARTIE ZOOLOGIQUE 17
une partie de l'intestin antérieur sert à la trituration des ali-
ments, c’est le gésier, dont la paroi interne se relève en denticules
ou aspérités chitineuses. Chez les Abeilles, le jabot sert de labo-
ratoire dans lequel s’opère la fabrication du miel.
La deuxième section du tube digestif est désignée sous le nom
d’intestin moyen, elle est d’une consistance non chitineuse. La
région antérieure de cet intestin moyen forme l’estomac, la pos-
térieure représente l'intestin grêle qui se confond souvent avec
l'intestin terminal ou troisième section du tube digestif terminé
par l’anus qui s’ouvre à l’extrémité postérieure du corps.
Glandes salivaires. — Ces organes, placés dans la région anté-
rieure du corps, s'ouvrent à l’origine du tube digestif. Leur rôle
est, non seulement de collaborer à la digestion des aliments,
/ b o
EM RIKININN—
SP Ca 227
FE Î| ñ
NS pre —
FN
F
g
Fig. 14. — Tube digestif avec accessoires de la Chenille du Bombyæ pini L.
a, tubes de Malpighi; b, glande filiaire ; ce, glande salivaire; d, intesün moyen; e, œsophage;
J, intestin grêle ; g, rectum (d’ap. Suckow, ds. Judeich et Nitsche).
mais ils peuvent également élaborer du venin. Chez certaines
Chenilles, ces glandes ont le pouvoir de sécréter la matière soyeuse
qui forme le cocon. On sait que le Bombyx mort L., dont la larve
est le Ver à soie, fabrique de la soie; or, les fils soyeux sont éla-
borés par des glandes séricigènes juxtaposées aux glandes sali-
vaires et débouchant sur la lèvre inférieure.
On envisage comme glande digestive pancréatique des diver-
ticules parfois très nombreux de l'intestin moyen.
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 2
18 PARTIE ZOOLOGIQUE
Système cireulatoire. — Le sang ne circule pas toujours dans
des canaux spéciaux, mais pénètre dans des espaces non délimi-
tés et spécialement dans les pattes et les ailes. Le cœur, organe
propulseur, est placé au-dessus du tube digestif abdominal; il
est relié à la paroi dorsale par des fibres conjonctives. Ce vais-
seau se renfle en une chambre contractile à chaque segment. Le
sang est le plus souvent incolore ou légèrement teinté de jaune
ou de vert. Cette coloration est due au plasma liquide.
Système respiratoire. — La respiration des Insectes s’effectue
au moyen de trachées qui sont des canaux maintenus ouverts
par un fil chitineux en spirale. Ces trachées sont presque toujours
mises en relation avec l'extérieur au moyen de stigmates, petites
Û
Û
|
|
|
Fig. 15. — Larve du Cerambyx heros Scop.
1, tête ; b, pattes; c, d, callosités ventrales = organes “ locomotion dans les couloirs creusés
dans le bois ; ol, : les 3 segments thoraciques ; 5-14 : les 10 segments abdominaux ; e, stig-
mate (d’ap. Kolbe).
ouvertures entourées d’un cercle chitineux et portant parfois
intérieurement une garniture circulaire de poils, empêchant
les corps étrangers d’être aspirés à l’intérieur des trachées. Ces
stigmates sont distribués en nombre variable sur les flancs du
thorax et de l’abdomen. Ils sont particulièrement visibles sur
certaines Larves de Cérambycides (fig. 15). Les trachées sont
le véhicule de l'air dans l’intérieur du corps. Le mécanisme d'’as-
piration est provoqué par les contractions musculaires de l’ab-
domen.
PARTIE ZOOLOGIQUE 19
Système excréteur. — Les tubes de Malpighi remplissent les
fonctions d'organes excréteurs; ce sont de longs canaux sinueux
dont la partie basale débouche dans l'intestin postérieur. Ils
éliminent du corps les substances inutilisables.
Système génital. — Les [Insectes ont les sexes séparés. Les tubes
ovariens sont allongés; ils renferment des ovules à différents
stades de développement et débouchent dans deux oviductes
généralement élargis se réunissant pour former le vagin. Pendant
la fécondation, et dans les cas où la
poche copulatrice fait défaut, les zoo-
spermes sont déposés dans le réservoir
séminal où 1ls attendent le passage
des œufs. La fécondation de ces der-
niers peut avoir lieu longtemps après
l’accouplement.On remarque que chez
certaines espèces de Bostryches, les
femelles ne sont fécondées qu’une
fois et les œufs sont pondus à inter-
valles espacés. On trouve, chez cer-
taines espèces, une cavité copulatrice
qui reçoit le pénis pendant l’accou-
plement. Plusieurs
Fig. 16. — Appareil génital , a
femelle de l'abeille reine. Insectes P ossèdent AN
a, ovaires; b, vagin; €, réceptacle 2 TE
séminal ; d, poches annexes; e,ré- UN oviscapte ou {a- + 2
ceptacle de l’aiquillun; /, intestin se k z d Jp (n»
ostérieur ; g, réservoir du venin; jLere qui permet a la CHIRRENERLES
, glandes collétériques ; 7, glandes AE We
à venin; j, oviducte (d’ap. Leuck- femelle de perforer \
hart ds. Hennequy). \
les corps durs dans Le
lesquels les œufs sont ensuite déposés (Sirex). |
té
Chez les Abeilles, par exemple, cette armature gé-
nitale change de fonction et devient l’aiguillon ‘us males du omicus
par lequel l’animal introduit le venin dans les
Fig. 17. — Organes géni-
typographus L.
a, testicules; b, canal
éjaculateur ; c, glandes
corps étrangers. L'appareil génital mâle se com- suqueuses : d, canaux
déférents ; 2, vésicules
pose (fig. 17) au minimum de deux testicules séminales{d'ap. Judeich
qui revêtent des formes allongées ou ramassées.
et Nitsche).
Souvent des vésicules séminales sont reliées aux testicules qui
20 PARTIE ZOOLOGIQUE
aboutissent à deux conduits déférents accédant à un canal éja-
culateur. Cet organe peut être revêtu à l’extérieur d’une arma-
ture chitineuse réversible au dehors, elle est désignée sous le
nom de pénis.
Dimorphisme sexuel. — On comprend sous le nom de dimor-
phisme sexuel les différences extérieures que le mâle et la femelle
peuvent présenter dans la même espèce. D'une façon générale, la
femelle est plus volumineuse que le mâle par la raison que son
abdomen doit contenir des œufs. Les mâles sont souvent munis
d’appendices qui leur permettent de rechercher et de maîtriser
la femelle, tel le Lucane cerf-volant. Dans d’autres cas, comme
chez certains Bostryches du genre T'omicus, la déclivité des élytres
en forme de panier permet au mâle de seconder la femelle dans
le nettoiement de la galerie maternelle. Chez les Papillons, on
trouve parfois pour la même espèce des mâles ailés et des femelles
aptères.
Reproduetion. — Le monde des Insectes se reproduit de deux
façons, soit par reproduction asexuée ou parthénogénèse, soit
par reproduction sexuée, qui est de beaucoup la plus commune.
Dans le premier cas, on distingue plusieurs catégories :
a) La parthénogénèse normale, qu’on trouve, par exemple, chez
les Abeilles. Dans cette famille, lorsque la femelle, qui porte le
nom de reine, pond des œufs non fécondés, 1ls donnent naissance
exclusivement à des mâles (faux bourdons);
b) La parthénogénèse cyclique ou hétéroparthénogénèse, qu'on
rencontre chez les Pucerons, le Phylloxéra et le Chermès : On
remarque au printemps un Insecte femelle aptère, vivipare;
il enfante, sans fécondation, des jeunes individus, tous du sexe
femelle. Ces derniers se reproduisent suivant le même procédé
durant l'été. Ils donnent naissance à des Insectes dont certains
individus, munis d'ailes, assurent la dissémination de l'espèce.
A la fin de l'été, les individus qui naissent possèdent les organes
génitaux bien constitués et souvent aussi des ailes. On dis-
tingue alors des mâles et des femelles chez les Pucerons. Après
PARTIE ZOOLOGIQUE 21
l’accouplement, les œufs fécondés sont déposés dans des ca-
chettes abritées où ils passent l’hiver. Au printemps suivant,
des femelles apparaissent et se multiplient suivant le processus
que nous venons d'exposer;
c) Dans la troisième catégorie, qu’on appelle parthénogénèse
larvale ou pædogénèse, c’est la larve qui donne naissance aux
œufs et l’évolution s’accomplit dans la larve même.
La ponte des [Insectes se pratique suivant des procédés divers.
Ainsi les Abeilles construisent des demeures dont les comparti-
ments abritent chacun un œuf et plus tard une Larve (rayons
de cire). D’autres Insectes, comme certains Hyménoptères, dépo-
sent leurs œufs dans des animaux vivants qu'ils paralysent
préalablement par une piqûre inoculant une substance toxique.
La Larve, une fois éclose, se trouve placée précisément dans la
substance animale qui doit lui servir d’alimentation.
Pour devenir un embryon, l’œuf subit les phases de fraction-
nement, d'apparition des feuillets, puis des organes. On dis-
tingue deux cas dans le développement de l’animal : dans le
premier, l’Insecte sortant de l’œuf ressemble à ses parents, car
il possède tous les systèmes d'organes; il n’a plus qu'à grandir.
C'est l’amétabolie, qu'on observe chez les Poux et les Pucerons.
Dans le second cas, métabolie, l'embryon qui quitte l'œuf subit
une profonde modification pour devenir semblable à ses parents.
I passe par les stades de Chenille ou Larve, Nymphe ou Chry-
salide, puis Imago ou Insecte parfait.
Dans la métamorphose complète la Larve qui se transforme
en Nymphe reste immobile sans s’alimenter. Par contre, on parle
de métamorphose incomplète lorsque, après chaque mue de la
Larve, cette dernière ressemble toujours plus à la forme parfaite
qu'elle atteindra sans période de repos.
I y a lieu de remarquer que la Larve présente souvent des carac-
tères morphologiques très différents de ceux de l’Insecte parfait.
Son existence et ses instincts sont souvent absolument opposés
à ceux des parents.
Chez les espèces à métamorphose complète on distingue des
Larves apodes; ce cas se présente chez les Diptères. Chez les Lépi-
22 PARTIE ZOOLOGIQUE
doptères et les Coléoptères, les pattes, au nombre de trois paires,
sont articulées et fixées aux anneaux thoraciques. Certains grou-
pes ont, en outre, des fausses pattes ou tubercules membraneux
portés par l’abdomen.
Un phénomène curieux de la transformation que subissent
certains Insectes réside dans l’évolution des organes buccaux.
Ainsi, l'appareil broyeur d’une Chenille devient lécheur ou suceur
chez l’Insecte parfait (Lépidoptères).
Au point de vue de la forme extérieure, les Larves qui subissent
une métamorphose complète se répartissent en cinq groupes :
a) Les Larves helminthoïdes, qui rappellent les vers dépourvus
d’appendices articulés et d’yeux avec pièces buccales à peine
développées (Œstrides);
b) Les Larves mélolonthoïdes, dont le type est le Ver blanc du
Hanneton. Le corps de ces Larves est cylindrique avec pattes
thoraciques, mais sans tubercules membraneux; elles vivent dans
la matière ligneuse (Cérambycides);
c) Les Larves campodéiformes ont un corps mince postérieure-
ment, une tête distincte qui porte des antennes et un appareil
broyeur; les trois paires de pattes sont bien développées (Coléo-
ptères, Névroptères);
d) Les Larves éruciformes ou Chenilles sont propres aux Lépi-
doptères; elles se distinguent par leur apparence velue. Outre
les trois paires de vraies pattes, elles sont munies de fausses
pattes au nombre de quatre à dix paires. L'appareil buccal est
broyeur. Certaines Larves peuvent, après une mue, revêtir une
autre forme que celle qu’elles avaient précédemment;
e) Finalement, on distingue, sous le nom de naupliforme, une
forme larvaire par laquelle passent certains Hyménoptères porte-
aiguillons et qui présente une analogie avec le Nauplius des Crus-
tacés. Dans ce cas, la partie antérieure du corps s’élargit en bou-
clier, l'abdomen qui lui fait suite est rétréci et porte des cerques
à son extrémité.
Le deuxième stade de la métamorphose des Insectes est
celui de la Nymphe, pendant lequel l'animal n’absorbe aucune
nourriture. Chez les Papillons, cette Nymphe se protège en tis-
PARTIE ZOOLOGIQUE 23
sant un cocon soyeux ou se renferme dans un fourreau mem-
braneux construit par la Chenille.
On distingue trois espèces de Nymphes :
a) Nymphes proprement dites, lorsque tous les organes de
l’Imago ou Insecte parfait sont bien visibles et revêtus d’une
membrane leur laissant la liberté (Coléoptères):;
b) Chrysalides, chez lesquelles le corps est entouré d’une mem-
brane transparente formant un fourreau au travers duquel on
aperçoit les membres blottis contre le corps (Lépidoptères);
c) Pupes, lorsque la dernière mue larvaire emprisonne l’In-
secte qu’on n’aperçoit plus du dehors (Mouches).
Par des procédés d’histolyse et d’histogénèse, l’Insecte, durant
cette période de nymphose, détruira une partie de ses organes
pour les reconstituer sur un tout autre plan et arriver à former
l’Insecte parfait, le plus souvent ailé. C’est là le procédé qu’on
appelle la nymphose. Certains organes comme les ganglions
nerveux passent de la Larve à l’Insecte parfait sans transfor-
mation.
Le système circulatoire demeure presque tel quel à travers la
nymphose.
L'intestin reformé laisse échapper par la bouche et lanus
l’ancien tube digestif dissous. C’est le système musculaire qui
subit la plus importante évolution, car avec l’Imago apparaissent
les organes locomoteurs, les ailes par exemple.
Les nouveaux tissus se forment aux dépens de petites masses
cellulaires isolées auxquelles on à donné le nom de disques ima-
ginaux.
CLASSIFICATION
La classification des Insectes est basée sur la forme du corps
de l’Imago et sur les variations dans l’évolution (Métamorphose).
La conformation des pièces buccales, du prothorax et des ailes
constitue aussi un critère très important.
24 PARTIE ZOOLOGIQUE
Au point de vue qui nous intéresse, nous partageons la classe
des Insectes en sept ordres :
1. Les ORTHOPTÈRES portent des pièces buccales broyeuses,
ont un prothorax dégagé, deux paires d’ailes, dont l’antérieure
est plus courte et plus chitineuse, la métamorphose est complète
(Sauterelle, Grillon).
2. Les NEUROPTÈRES portent également des pièces buccales
broyeuses avec prothorax dégagé; les deux paires d'ailes mem-
braneuses sont semblables, munies de nombreuses nervures
(Chrysopa).
3. Les CoLÉOPTÈRES, également munis de pièces buccales:
broyeuses, avec prothorax dégagé, fortement développé, deux
paires d’ailes dont l’antérieure est transformée en élytres; la méta-
morphose est complète (Cérambycides, Bostryches, Charançons).
4. Les HyMÉNoOPTÈRES portent des pièces buccales broyeuses
ou lécheuses et broyeuses, le prothorax est soudé au mésothorax,
tout au moins dans sa partie dorsale; les deux paires d'ailes
sont membraneuses avec relativement peu de nervures ; la méta-
morphose est complète (Fourmis, Abeilles, Cynips, Sirex, Lo-
phyres).
5. Les LÉPIDOPTÈRES ont des pièces buccales suceuses, un
prothorax annulaire soudé au mésothorax, deux paires d’ailes
membraneuses couvertes, ainsi que le corps, d’écailles et de poils;
la métamorphose est complète (Papillons).
6. Les DiprèRes sont des Insectes suceurs avec prothorax
annelé, soudé au mésothorax, la paire antérieure des ailes est
membraneuse, tandis que la postérieure atrophiée forme le
balancier; la métamorphose est complète (Cécidomies, Tachines).
7. Les RayNCHOTES ou HÉMIPTÈRES sont piqueurs et suceurs,
avec prothorax dégagé et métamorphose incomplète (Ghermès,
Coccides).
La grande majorité des Insectes forestiers se recrutent parmi
les Coléoptères, les Lépidoptères et les Hyménoptères.
PARTIE SPÉCIALE Ne 25
PARTIE SPÉCIALE
INSECTES D'INTÉRÊT GÉNÉRAL AU POINT DE VUE FORESTIER
Les Insectes compris dans cette première catégorie sont ceux
que le forestier peut rencontrer à chaque instant dans la forêt,
mais dont l'existence n’influence pas directement la vitalité des
arbres. Certaines espèces mentionnées sont même utiles en ce
sens qu’elles font la guerre à divers Insectes nuisibles.
Cicindela campestris L. Coréopr., Cicindelidæ
Cicindèle champètre
Longueur : 10 à 15 millimètres. L’Insecte, vert à taches Jau-
nâtres, se rencontre sur les chemins exposés au soleil. Il s'attaque
aux Larves d’autres Insectes.
Carabus auratus L. Coréopr., Carabidæ
Carabe doré ou Jardinière
Longueur : 25 à 30 millimètres. Corps allongé; élytres et thorax
d’un vert doré. Ce Carabe court à terre et recherche durant le
printemps et l’été les Chenilles et les Larves de certains Insectes
nuisibles.
Galosoma sycophanta L. Coréorr., Carabidæ
Calosome sycophante
Longueur : 25 à 30 millimètres; Larve, 30 à 35 millimètres.
Élytres vert doré métallique, corselet et pattes bleu foncé. La
26 PARTIE SPÉCIALE
Larve, de couleur jaune sale, est ornée de bandes transversales
d’un brun brillant. Soit l’animal parfait, soit la Larve,rec herchent
les Insectes nuisibles et sont particulièrement avides de Chenilles
de Bombycides.
Peu de Coléoptères sont aussi mobiles que le Calosome qui,
outre le vol, a la faculté de se mouvoir dans la terre meuble et de
grimper sur les arbres.
Orychtes nasicornis L. Coréopr., Scarabæidæ
Rhinocéros (Fig. 18 a)
Longueur : 30 millimètres. Le mâle porte à la partie antérieure
du corselet une corne recourbée en arrière. La Larve vit dans le
bois pourri du Chêne.
Lucanus cervus L. CoréoPr., Lucanidæ
Cerf-volant (Fig. 18 b)
Longueur, individu mâle : 50 à 70 millimètres; individu fe-
melle : 35 à 45 millimètres. C’est un des plus gros Coléoptères
européens. Le mâle est caractérisé par de fortes mandibules qui
rappellent les bois du Cerf. Ce Coléoptère vole surtout au com-
mencement de l’été, à la tombée de la nuit. Ses Larvesse trouvent
dans les troncs des arbres en décomposition, du Chêne principa-
lement.
Fig. 18.
a, Orychtes nasicornis L.; b, Lucanus cervus L.; c, Melolontha vulgaris L., 111 gr. nat. (orig.).
28 PARTIE SPÉCIALE
Ergates faber L. Coréopr., Cerambycidæ
Longueur : 35 à 50 millimètres. L’apparence générale rappelle
celle du « Grand Capricorne », mais les antennes sont moins lon-
Fig. 19. — Ergates faber L.
a, Larve ; b, Insecte parfait; c, Chrysalide, 1/1 gr. nat. (orig., coll. Pauly, Munich).
gues et leur article basal plus gros. Cet Insecte vit dans les troncs
pourris (souches) des Pins; il est très fréquent dans le Midi (pine-
raies des Landes).
Vespa crabro L. Ivménorr., Vespidæ
Guêpe-frelon ou Frelon
Longueur : 30 à 35 millimètres. Les Frelons habitent les anfrac-
tuosités des troncs gâtés sans montrer de préférence pour une
essence plutôt que pour une autre. Les nids, qui mesurent parfois
30 centimètres de circonférence, sont édifiés au printemps par
la femelle (reine), fécondée déjà en automne. Cette dernière
PARTIE SPÉCIALE 29
construit un certain nombre de cellules et dépose un œuf dans
Fig. 20. — Nid de frelon (Vespa crabro L.) dans le bois,
1/2 gr. nat. (orig., coll. Standfuss, Zurich).
chacune d'elles. De cette ponte sortent des ouvrières qui, à l’état
de Larves, sont nourries par la reine et continuent
la construction de la demeure. En automne, ap-
paraissent les Insectes sexués.
Les Frelons dépouillent de leur écorce certains
feuillus pour en sucer la sève. Sans être à pro-
prement parler des ravageurs de forêts, ils peu-
vent être, ainsi que les Guêpes, considérés
comme un danger direct pour toute personne
circulant dans les bois. En conséquence, chaque
forestier doit savoir les reconnaître et détruire
leurs nids.
Fig. 21. — Branche de
Bouleau rongée par le
frelon (Vespa crabro
L.). 3/4 gr. nat. (orig.).
1. Épicéa, Picea excelsa L.
Five, Pesse ou Sapin rouge
RACINES
Gryllus gryllotalpa L. Orruorpr., Gryllidæ
(Gryllotalpa vulgaris L.)
Courtilière commune ou Taupe-grillon
Longueur : 40 à 50 millimètres. Cet Insecte, bien connu et
redouté des jardiniers, est caractérisé par ses pattes antérieures
en forme de pelle dont le bord antéro-ventral est très fortement
denté. L’extrémité de l’abdomen se prolonge en deux appendices
fillformes. La Courtilière est conformée spécialement pour les
travaux souterrains; sa couleur est d’un jaune terreux. L’accou-
plement s’effectue de nuit, en général au mois de mai. En juin
ou juillet, l’animai s'enfonce de 15 à 20 centimètres sous terre
et là pratique une galerie circulaire avec une poche spéciale
dans laquelle il dépose un amas de 300 à 400 œufs. A leur sortie
de l’œuf, les jeunes Courtilières ressemblent à des Fourmis de
couleur blanchâtre. Durant la première année elles subissent
trois mues, puis s’enfoncent plus profondément en terre pour
l'hivernement. Au printemps suivant, elles atteignent leur di-
mension définitive.
La Courtilière, à l'instar de la Taupe, est carnassière, en ce sens
que sa nourriture ordinaire se compose de Vers de terre et d’In-
sectes. Elle cause des ravages dans les pépinières en bouleversant
les semis et les brins pour faire la chasse à sa proie. Si les Insectes
font défaut, elle s'attaque aux racines et devient alors vraiment
32 RACINES
nuisible. Comme tous les fouisseurs, la Courtilière opère de pré-
férence dans les sols meubles.
Moyens répressifs. — Dans les pépinières exposées aux dépré-
dations de cet Orthoptère il faut avoir soin de faire les tra-
vaux culturaux lorsque le printemps est très avancé et détruire
les Courtilières en labourant les carreaux destinés à recevoir
des graines ou des brins. Le cri répété de l’Insecte, au moment
de l’accouplement, permet de capturer plusieurs individus.
Les injections de pétrole allongé d’eau font sortir les Courti-
lières de leurs cachettes; on les capture ensuite facilement à la
surface du sol. Enfin, un autre moyen, préconisé par les jardi-
niers, consiste à enfouir jusqu'à ras du sol des pots de terre
remplis à moitié d’un liquide toxique. Les Insectes, circulant de
nuit sur la terre, tombent facilement dans ces pièges.
Melolontha vulgaris L. Cocéopr., Scarabæidæ
Hanneton (Fig. 18, c)
Le plus important, le plus commun et le plus nuisible des
ravageurs de racines est le Ver blanc (fig. 22), qui n’est autre que
la Larve du Hanneton. Ce dernier étant essentiellement un en-
nemi des Chênes, sa biologie sera exposée dans le chapitre des
« Chênes ».
Les pépinières établies dans le voisinage des champs et des
bois de Chênes, à une altitude inférieure à 800 ou 1.000 mètres,
sont toujours exposées à être bouleversées par les déprédations
des Vers blancs. Plus la terre est légère, plus les Insectes ailés
ont de facilité à déposer leurs œufs et plus les Vers blancs jouis-
sent de liberté dans leurs évolutions.
Lorsqu'on crée une pépinière dans une contrée particulière-
ment exposée aux ravages de cet ennemi, il faut éviter de la
placer à la lisière des bois et sous le vent dominant. Car,
au moment de l’essaimement, les Insectes ailés venant des
champs sont entraînés par le vent du côté de la forêt. Ils pondent
alors instinctivement au bord de la masse boisée qui arrête leur
vol. Le mieux est d'installer une pépinière ou une bâtardière
ÉPICÉA 5e
dans l’intérieur du massif, en ayant bien soin de ne pas donner
à ces jardins forestiers de grandes dimensions. En effet, la femelle
du Hanneton, pondant de préférence dans les terrains découverts
et ensoleillés, il devient parfois dangereux d'agrandir les pépi-
nières situées dans les chênaies. Lorsque dans une forêt de Chênes,
il y a un mélange d’essences, 1l est judicieux de créer une pépi-
nière précisément dans le voisinage immédiat du groupe d'arbres
dont le feuillage tente le moins les Hannetons. Ce sont naturel-
lement les résineux qui, dans cette éventualité, doivent être
choisis.
Par un temps calme on peut parfois constater la présence de
Vers blancs dans les pépinières au mouvement qu'ils impriment
à la plante en s’attaquant aux racines.
Fig. 22. — Larves de Hanneton (Welolontha vulgaris L.)
de différentes grosseurs.
1/1 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich).
Moyens répressifs. — a) Destruction des Insectes au moment
de l’essaimement. Ce procédé, connu sous le nom de « Hanneton-
nage », est obligatoire dans certains pays où le gouvernement
prend soin des intérêts agricoles. Naturellement, on ne peut son-
ger à pratiquer cette opération dans les forêts de Chênes;
b) Destruction des Vers blancs quand, au printemps, ils remon-
tent à la surface du sol. Ce travail, qu'il est indispensable d’'exé-
cuter l’année qui suit celle de la ponte, peut se faire au moment
du labour, avant de semer les graines et de repiquer les brins.
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE : 3
34 RACINES
Plus on retardera ces travaux, plus on aura de chances d’attein-
dre les Vers blancs remontant à la surface sous l’influence de la
chaleur;
c) Les traitements au sulfure de carbone, passablement coû-
teux, ne donnent pas de résultats très encourageants; car, si,
d’une part, on parvient au moyen d’injections intenses à intoxi-
quer un certain nombre de Larves, on risque, d'autre part, de
détruire les végétaux qu'on veut protéger;
d) Un moyen peu compliqué consiste à planter de mai à
juillet des salades dans les interlignes des semis. Aucun végétal
n’attire autant le Ver blanc, et, dès que les racines des salades
sont attaquées, on recherche le coupable pour le détruire. Le
pied de salade est remplacé et cette chasse à l'ennemi se continue
de la même façon durant tout l’été. En agissant ainsi, on aura
bien des chances de voir les ravageurs négliger les racines des
semis forestiers pour s'attaquer à celles des salades;
e) Un autre moyen, qui devrait être expérimenté très sérieu-
sement, consiste à répandre sur la pépinière (1), précisément au
moment où les Hannetons volent et s’accouplent, un engrais
chimique exhalant une forte odeur. Ceux vendus dans le com-
merce sous le nom de « poudre d'os » ou d’ « engrais complet »
sont particulièrement à recommander. Il faut, dans le choix de
ces engrais, attacher une grande importance à ce que ces derniers
dégagent une forte odeur, et ne considérer les propriétés fertil-
santes que comme un facteur secondaire;
f) Finalement, on peut aussi introduire dans une pépinière
ravagée par les Vers blancs une Taupe, qui ne tardera pas à
détruire ces parasites. Toutefois, ce remède n’est pas applicable
en toutes circonstances, car la Taupe bouleverse les carreaux.
En définitive, le véritable remède efficace, applicable en grand
et dans des conditions économiques avantageuses, est encore
à trouver. Dans les situations particulièrement exposées à la
ponte et aux invasions très intenses qui se produisent tous les
(1) Dans les pépinières forestières il suffit de répandre un peu avant la
ponte une couche de feuilles mortes. On peut être certain qu'aucune
femelle ne viendra y déposer ses œufs.
ÉPICÉA
35
trois ou quatre ans, il ne faut ni installer ni entretenir une pépi-
nière.
La lutte est encore plus difficile dans les jeunes plantations.
Si à l'examen des racines on constate la présence de Larves, il
faut, en remuant le sol, arracher les pieds malades au moment
où les Vers blancs sont encore occupés à ronger et ne pas ren-
voyer cette opération à l’automne. On doit veiller à détruire
le plus de larves possible et extirper hors de leurs trous les rava-
geurs, qui, l’année suivante, compromettraient la reprise des
nouveaux plants.
Otiorrhynchus niger Fabr. Coréopr., Curculionidæ
Grand Charançon noir
et Otiorrhynchus ovatus L.
Le premier mesure de 8 à 12 millimètres. Il est d’un noir bril-
lant; le corselet, aussi long que large, est
densément ponctué.
Le second atteint de 4,5 à 5 millimètres.
Il est noir avec pubescence grise. Les anten-
nes et pattes sont de couleur brun rouge.
Ces deux Charançons, fréquents dans les
pépinières, s’attaquent aux racines et au
collet des brins et semis; la Larve ronge les
parties corticales sans épargner parfois les
couches ligneuses.
L'Insecte parfait, aux ailes atrophiées,
s’accouple sur le sol, en mai. La femelle
pond aussitôt après ses œufs dans la terre.
Les ravages se continuent durant six à huit
semaines. Le Charançon hiverne dans la
terre sous sa forme parfaite.
Fréquents dans les régions montagneuses
Fig. 23. — Oltiorrhynchus niger
Fabr.
(oriq.).
Grand Charançon noir
et surtout dans les pépinières établies sur des terrains très meu-
bles, ces deux Otiorrhynques peuvent s'attaquer à des planta-
930 RACINES
tions d'Épicéas âgées de dix ans. Les plants rongés par la larve
résistent parfois un été, mais présentent un aspect jaunâtre.
Moyens répressifs. — Récolter les Insectes dans les pépi-
nières infestées. L'O. ovatus L. s’attaquant de préférence aux
semis, on peut intercaler entre les lignes de ces derniers des bandes
de mousse dans lesquelles les Insectes vont se réfugier; 1l est
facile alors de les capturer.
Hylastes cunicularius Er. Coréorr., Scolytidæ
Hylésine mineur
Longueur : 3,5 à 4,5 millimètres. Caïactérisé par sa couleur
noire; ses élytres glabres, ruguleux, sont profondément ponctués.
Ressemble beaucoup à F. ater Payk; mais ce dernier a le corselet
moins arrondi sur les côtés et la sculpture des élytres moins pro-
noncée.
L'Hylésine mineur devrait, à la vérité, être placé entre les
ravageurs de la racine et ceux du tronc, car 1l s'attaque à ces deux
parties de l’arbre, surtout dans la région du collet. Nous l’inter-
calons donc à cette place avant de passer au deuxième groupe
biologique de l'Épicéa, nous réservant d'exposer plus loin, d’une
façon générale, les caractères de la famille des Bostrychides à
laquelle appartiennent les Hylésines.
L’Hylastes cunicularius Er. hiverne sous forme d’Insecte parfait,
soit attaché aux racines, soit caché dans l’écorce du
bas du tronc. La femelle creuse un court couloir de
ponte vertical, duquel partent latéralement des galeries
de larves qui finissent par s’entrecroiser. On compte
deux générations dans les climats tempérés. Dans
le Jura. nous l’avons rencontré au milieu de jeunes
; J
Fig. 24. plantations de Picea pungens E. (Épicéa piquant) à
Corselet d’Aylas- ; 4 à é MA TE = 2
tes cunicularius 1.200 mètres d'altitude. Celles-ci étaient dévastées,
Er MHYyLÉSMEN" ’ We Ed
mineur (orig.). l’Insecte ayant fait périr presque tous les plants âgés
de six ans. Les ravages rappellent beaucoup ceux de lHylo-
bius abietis L. L'animal travaillant principalement sous terre
ÉPICÉA 1
ou au niveau du sol, on ne constate sa présence qu'une fois le
dégât opéré, lors du desséchement des plants.
mi 25. — Type normal du système de couloirs de
’Hylastes cunicularius Er. dans Epicéa (tronc)
1/2 gr. nat. (orig.).
Moyens répressifs. — Il faut s’efforcer de détruire les In-
sectes au moment de la ponte, en extirpant, avec leurs racines,
les arbres contaminés que l’on brûle sur place. On peut aussi
disposer comme pièges, dans une culture infestée et dans le
voisinage immédiat des Épicéas encore indemnes, des fragments
d’écorces ou de branches enfoncés en terre et simulant une tige
debout. On aura bien des chances d'y attirer les Hylésines. Ges
pièges sont récoltés et détruits au moment où les Insectes parfaits
s'y attachent ou immédiatement après la ponte effectuée par
ces derniers (1).
(1) Un Papillon dont la Chenille ravage exceptionnellement les radicelles
des Epicéas, le Noctua segetum Schiff., sera signalé dans le chapitre des
« Pins ».
38 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
Les animaux de ce groupe comprennent surtout des Coléoptères
de la famille des Bostrychides ainsi que des Charançons et des
Longicornes; ils sont sans contredit les ravageurs les plus connus,
les plus nombreux et les plus redoutables des forêts. Mais, avant
de commencer l'étude du Bostryche le plus commun de l’Épicéa,
nous donnerons un aperçu des caractères de ces Xylophages, aux
mœurs aussi curieuses que variées, et dont les évolutions cachées
révèlent une intelligence et un instinct de conservation admi-
rables que nous ne retrouvons guère que chez les Abeilles et les
Fourmis. Et maintenant, pourquoi appelle-t-on ces [Insectes
mineurs « Bostryches » mot qui signifie € garni de poils de
bœuf »? En effet, sous leur forme parfaite, les Bostryches, qu'on
appelle également « Scolytiens » ou «Scolytides » et qui vivent en
parasites dans les forêts de l’Europe centrale, sont, dans la
majorité des cas, recouverts d’une pilosité jaunâtre qui peut,
il est vrai, faire parfois défaut sur les élytres ou le corselet.
Dans certains cas, elle est plus ou moins longue à la partie anté-
rieure du corselet ou du front, suivant qu'il s'agit du mâle ou de
la femelle (Tomicus curvidens Germ.).
On compte environ de quatre-vingts à quatre-vingt-dix
espèces de Bostryches vivant dans les bois de l'Europe centrale
et l’on peut affirmer que chacune d'elles vit à sa façon et cons-
truit, soit dans l’aubier, soit dans les couches corticales, un sys-
tème de couloirs qui lui est particulier.
Les caractères saillants permettant de déterminer les genres
et les espèces résident surtout dans la sculpture et la forme de
la déclivité des élytres. Les organes buccaux ainsi que la massue
des antennes constituent aussi des critères de détermination.
Pour examiner avec sûreté les organes buccaux, les articles des
antennes et la sculpture des élytres des plus petites espèces, il
faut nécessairement avoir recours au microscope; le grossis-
sement de la loupe ne suffit plus. Les travaux au microscope
et surtout les préparations des pièces anatomiques ne pouvant
ÉPICÉA 39
être entrepris par la plupart des forestiers, nous avons laissé de
côté dans le présent ouvrage les caractères qui ne peuvent être
reconnus que par un entomologiste expérimenté. Nous nous
sommes attaché surtout à mettre en relief les particularités
perceptibles à la loupe et à représenter par une abondante
Fig. 26. — Tomicus typographus L. Schéma de la face ventrale.
a, antennes; b, pièces buccales; c, hanche: £, tête ; y, yeux; pt, prothorax ; msi, mésothorax ;
mtt, métathorax ; », prosternum ; »', mésosternum ; #2", métasternum; æ, abdomen ; p, pattes
(orig.).
illustration à forme de ravages propres à chaque Insecte impor-
tant. Cette méthode d'investigation sera toujours celle que choi-
sira la grande majorité des sylviculteurs.
Certains groupes ont les mêmes caractères extérieurs pour les
deux sexes (par exemple, les Scolytini et les Hylesini).
Le plus petit Bostryche de l’Europe centrale est le Crypturgus
pusillus Gyll., et le plus grand le Dendroctonus micans Kug.
Au point de vue morphologique, les Bostryches se répartissent
en trois grands groupes caractérisés comme suit (1) :
1. Corselet arrondi, de la largeur des élytres, recouvrant la
(1) HaGEeporN (1910, p. 6) divise les Scolytides européens en deux
groupes, suivant la structure des maxilles.
Le premier groupe comprend les Insectes qui, au moyen de denticules
40 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
tête. Élytres non incurvés à leur extrémité. Abdomen tronqué.
Tibias munis à leur bord externe d’un crochet recourbé.
Groupe des Scolytint.
Élytres incurvés vers l'extrémité. Abdomen horizontal.
Tibias dentelés extérieurement. Troisième article tarsal bilobé.
Groupe des Hylesinr.
3. Tête cachée sous le bord antérieur du corselet, ce dernier
généralement ruguleux en avant. Élytres présentant souvent
une excavation en forme de panier à déclivité entourée de dents
ou de tubercules. Troisième article tarsal cylindrique, simple.
Groupe des Tomicini.
Certains genres de ce dernier groupe se développent dans les
couches d’aubier et dans le hber de l'écorce; d’autres genres choi-
sissent l’intérieur du bois.
La biologie des Bostryches est fort compliquée. Chaque année,
plusieurs problèmes sont résolus surtout par les sylviculteurs
que passionnent les observations touchant la vie des Insectes
xylophages. Toutefois le voile n’est pas encore complètement
levé sur le mystère de l’existence scolytienne.
On peut affirmer aujourd'hui que plus on étudie les mœurs des
Insectes mineurs, plus on est amené à reconnaître que chacune
de leurs particularités biologiques est intimement liée à la confor-
mation de leur corps. Cette corrélation fut encore dernièrement
mise en lumière par les recherches de CHEWYREUV (/905) à propos
du rôle de la déclivité des élytres des Tomicin: mâles. Ce natura-
liste a révolutionné les théories admises Jusqu'en 1905 au sujet de
la ponte des Xylophages de cette famille et 1l a démontré entre
autres que, chez les espèces les plus iraportantes (Tomicus typo-
graphus L, et Myelophilus piniperda L.), 1l était possible de
dont sont munies leurs maxilles, sont capables de broyer la matière li-
gneuse; ce sont les Spinidentatæ ou « Bostryches de l'écorce ».
Chez les Xylophages proprement dits, qui comprennent les genres Lie
borus, Xyloterus entre autres, les maxilles sont munies de soies. Les Insectes
de ce groupe ne peuvent digérer les débris de bois, leurs pièces buccales
n'étant pas disposées en vue de cette fonction; ils se nourrissent des sucs
ligneux ou de champignons qu'ils cultivent dans leurs couloirs. HAGEDORN
désigne ce groupe sous le nom de Sætidentatæ.
ÉPICÉA 41
reconnaitre, par l'examen seul du système des galeries, si l’arbre
avait été attaqué sur pied ou abattu. Or, cette constatation peut
avoir une grande importance dans la pratique forestière.
Nous avons vu plus haut que, à peu d’exceptions près, tous
les Bostryches opèrent leur cycle d'évolution dans la matière
ligneuse. En effet, ces Insectes ne prennent leurs ébats au dehors
que sous la forme parfaite, dans le but de s'accoupler, de trouver
de nouveaux centres d'alimentation ligneuse ou de se ménager
des quartiers d'hiver.
A l’état de Larve ou de Nymphe, les Bostryches sont toujours
cachés dans le bois ou l'écorce et ne supportent pas longtemps
l'exposition aux intempéries, à la pluie et au soleil, en particulier.
Par contre, enfermés dans leurs cachettes naturelles, ils bravent
l'humidité et le froid le plus intense dé nos forêts élevées.
Les Insectes parfaits ont deux ailes membraneuses qui leur
permettent de se maintenir momentanément dans l’atmosphère
pour voler d'arbre en arbre. Ces ailes inférieures sont pliables et
protégées par une carapace chitineuse qui représente les ailes
supérieures. Ces dernières, qu'on appelle élytres, jouent le rôle
de protecteurs des ailes membraneuses et n'entravent pas le
travail de forage des Xylophages.
Les individus mâles du genre Xyleborus ne possèdent que des
ailes atrophiées.
Le vent joue certainement un grand rôle dans le déplacement
des Bostryches au moment où ceux-c1 ont acquis leur complet
développement. On observe souvent de ces déplacements passifs
de foyers d’invasion pendant la prédominance de vents plus ou
moins violents.
Les Bostryches sont ou polyphages ou monophages. Certaines
espèces montrent parfois une préférence marquée pour telle
essence et ne s’attaquent à un autre arbre que dans des cas ex-
ceptionnels ou dans le but de satisfaire un appétit qui se révèle
surtout au moment des invasions intenses. Les annales de lEnto-
mologie forestière relatent sous ce rapport des faits tout à fait
remarquables et qui viennent en travers de nos connaissances
et surtout de nos théories biologiques. Ainsi, dernièrement, nous
42 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
avons découvert dans la forêt d’Aletsch (Valais, Suisse), à 2.100
mètres d'altitude dans l'écorce du Pin cembro, un Polygraphus
grandiclava Thoms, mort à l'extrémité de sa galerie de ponte.
Or, cet Insecte était connu jusqu'ici comme un parasite du
Cerisier des régions de plaine et pouvant remonter, mais rare-
ment, dans la montagne. Comment s’était-il égaré à l’extrême
limite de la région forestière? Peut-être sous l'influence du vent.
Certaines essences sociales sont réfractaires aux atteintes de
ces Xylophages : ainsi le Platane, le Houx, FIf, les Sorbiers et
les Aliziers n’hébergent pas de Bostryches de l’écorce. L'arbre
le plus recherché par ces derniers est bien certainement le Pin
sylvestre, qui abrite un nombre considérable d'espèces.
L'’hivernement des Bostryches a lieu sous les formes de Larve,
de Chrysalide et d’Insecte ailé, et la question de succession de
générations est encore aujourd’hui parmi les plus discutées par
les sylviculteurs qu'intéressent les problèmes biologiques de
l’entomologie. Au point de vue de la protection des forêts, le
nombre annuel de générations et l’époque du travail des Larves
ont une grande importance; aussi le but principal de cet ouvrage
est-il précisément d'orienter les forestiers dans cette branche
essentielle de la conservation forestière.
Relativement à l'alimentation, les Coléoptères de la famille
des Bostrychides peuvent être classés en deux groupes, à savoir :
ceux qui se nourrissent de la sciure du bois ou de l’écorce (c’est
la grande majorité), et ceux qui sucent la sève ou mangent
les parasites eryptogames qui s’infiltrent dans certaines galeries
pratiquées dans le bois. C’est le cas de la plupart des espèces du
genre Xyleborus.
La sciure qu’on observe à l’orifice des couloirs d’entrée comme
derrière le chemin parcouru par les Larves est donc de la substance
ligneuse non assimilée. Quand, sur un tronc de Sapin, d’Épicéa
ou de Pin non écorcé, on relève la présence de petits amas de
sciure blanchâtre, on peut en conclure que l'arbre est ravagé par
un Xylophage du bois (par exemple, Xyloterus lineatus OI.), tan-
dis que, si la sciure qui s'échappe des trous est de couleur bru-
nâtre, le dégât peut être attribué à un Bostryche de l'écorce.
ÉPICÉA 43
Le calibre des trous que pratiquent ces Insectes est toujours
le même pour chaque espèce, ce qui n’est pas le cas pour ceux
produits par d’autres Coléoptères xylophages, les genres Sirex
et Lymexylon, par exemple.
{
l
1
l
d
Fig. 27. — Forme schématique du système de couloirs du Tomicus typographus L.
a, encoche d’accouplement ; b, chambre nuptiale ou d’accouplement ; e, berceau de Chrysalide;
d, couloir de ponte ; e, couloir de larve achevé; f, trou de sortie de l’Ins. parf; g, coul. de
larve commencé; , encoche de ponte; r, orifice d'entrée creusé par le ©’. (orig.).
On a souvent comparé l’aspect extérieur des troncs à l’inté-
rieur desquels les Bostryches ont opéré leur cycle d'évolution
aux traces qu'aurait laissées sur l'écorce la décharge de grenaille
d’un fusil de chasse.
Les Bostryches sont monogames (tous les Scolytes, tous les
Hylésinides ét certains Tomicides), bigames ou polygames. Ils
laissent dans le bois des traces très visibles de leur évolution
44 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES |
sous forme de ce que nous pouvons appeler un « Système de
couloirs ». Les principaux organes de ce système sont, pour les
Bostrychides de l'écorce : le trou d'entrée et la chambre d’accou-
plement creusés par le
mâle, chez les espèces
polygames. Chez les
sun monogames, c'est la
femelle qui fait tout
----- Ê Je travail de forage ;
le mâle n’a d'autre
----€ tâche que celle de
s’accoupler, opération
qui s'effectue sur l’o-
D rifice d'entrée ou à la
base du couloir de
ponte. C’est toujours
la femelle qui creuse
Fig. 28. — Insecte femelle du : 2
Tomicus typographus L. forant CE dernier, appelé
la galerie maternelle et dépo- à ,
sant ses œufs des deux côtés aussi galerie mater-
de cette dernière env. 6/1 gr.
nat. nelle. [1 y a autant
a, $ occupée à la ponte ; b, amas À
de détritus ; €, tampon retenant de couloirs de ponte
l'œuf ds. l’encoche; d, Larve;
e, œuf. (orig.). que de femelles dé-
pendant du même système.
C'est encore CHEWYREUV (7905) qui,
chez les Bostryches monogames et poly-
games, a précisé le rôle des deux sexes
dans les questions d’accouplement. Nous
£ à ; Fig. 29. — Système de couloirs
reviendrons plus loin sur les découvertes vu de profil au moment de la
; à d : ponte (la gal. inf. est supposée).
fort intéressantes faites par ce naturaliste 4, $ creusant la galerie mater-
nelle ds. la région cambiale ;
russe. b, aubier; ce, encoches d’accou-
plement; d, chambre d’accou-
On constate toujours dans un système plement; e, Ins. C'; /, amon-
2 cellement de sciure coagulée
AVS TL = Je 2e par la résine; g, orifice d’en-
achex e sous ecorce, deux ou plusieurs trée: k, écailles de l'écorce: à,
galeries maternelles, des couloirs de larves °°%Che Hhéreuse. (orig-).
et des berceaux de chrysalides. Les figures ci-jointes expliquent
plus clairement que de longues descriptions la formation de ces
différents organes. Toutefois, il y a lieu de remarquer que les
ÉPICÉA 45
galeries de ponte et celles des larves vivant dans l'écorce ont un
caractère absolument différent.
En effet, tandis que les premières présentent sur toute leur
longueur le même calibre et ne sont presque jamais encombrées
de sciure, les secondes, en quittant le couloir maternel, augmen-
tent de largeur à mesure que la Larve grossit. Ces galeries, forées
par les Larves, sont immanquablement garnies de sciure que le
perforateur laisse après lui. Le point terminus du canal creusé par
Fig. 30. — Deux types de couloirs de ponte du Tomicus typographus L. ds. arbre debout
à dr. avec 3 bras, à g. avec 2 bras.
a, %, forant la qal. et pondant; b, orifice d'entrée; €, détritus dirigés vers la sortie; d, Ins.
Oo nettoyant la galerie; e, encoches de ponte; f, couloir de larve; g, encoches d’accouple-
ment (or1g.).
la Larve est la chambre de nymphose; elle représente la dernière
étape du travail de forage. C’est dans cette niche que s'opère
la transformation de la Larve en Chrysalide, puis en Insecte
parfait. Ce dernier, ayant atteint son complet développement,
perce un orifice de même calibre que celui d'entrée pratiqué
quelques semaines auparavant par ses parents et par lequel il
sort de l’arbre.
Si l’on met à nu le système de galeries au moment où la femelle
est occupée à creuser le couloir principal, on remarque des deux
côtés de ce dernier, mais toujours sur un même plan, de petites
46 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
encoches dans lesquelles l'animal dépose un œuf qu'il fixe par
un tampon pour qu'il ne soit pas entrainé dans le canal principal
avec les détritus (fig. 28, c). Certaines femelles pondent plusieurs
œufs à la fois; ceux-ci sont alors déposés dans des couloirs dits
« de famille » (Dendroctonus micans Kug., Xylechinus pilosus
Ratz.). D’autres, et c’est la grande majorité, possèdent des ovis-
captes qui ne leur permettent de pondre qu'un œuf à la fois.
Jusqu'au moment où CHEWYREUv a mis en lumière le rôle
principal que jouent les mâles dans la construction de lhabita-
tion ligneuse, on admettait que les trous et cavités pratiqués per-
pendiculairement à la galerie maternelle servaient à l’aération
de cette dernière et cette fonction leur avait valu le nom de « sou-
piraux » (fig. 29 c). Souvent, nous avons mis en doute cette
assertion, car ces niches n'étaient la plupart du temps qu’ébau-
chées, même dans des systèmes entièrement achevés, et nous
nous demandions comment la famille avait pu complètement
se développer, privée de cette aération que tous les auteurs
considéraient comme indispensable. On connaît même des gale-
ries de plusieurs espèces et, en particulier, celles des monogames,
où les soupiraux et même leurs ébauches n'existent pas.
CHEWYREUV (1905, p.55), ayant observé des Scolytes et Hylé-
sines mis en élevage sous vitres, a pu constater que ces cavités
n'avaient d'autre but que de permettre au mâle de s’accoupler
pendant le forage de la galerie de ponte. Ce n’est donc pas la
mère pondeuse qui pratique ce que nous appellerons les « enco-
ches d’accouplement ». Le rôle du mâle dans la construction du
système est done en premier lieu d'assurer la fécondation répétée
de la femelle, puis de seconder cette dernière dans le nettoyage
de la galerie maternelle (Voir fig. 30).
Types de couloirs
Presque tous les Bostryches européens peuvent être ramenés,
lorsqu'on envisage les traces qu'ils laissent dans le bois, à l’un
des types suivants. Un petit nombre d'espèces forment excep-
tion; nous y reviendrons plus loin.
ÉPICÉA 47
A) Bostryches de l'écorce
1. Couloir de ponte vertical simple propre aux
espèces monogames, toujours pratiqué de bas
en haut dans les arbres debout (par exemple,
Myelophilus piniperda L., Scolytus Ratzebur gi
Jans.).
2. Couloir de ponte vertical double propre aux
espèces polygames (bigames) et construit d’une :
facon différente, suivant que les arbres sont =
couchés ou debout. Il y a une chambre d’ac-
couplement (par exemple, Tomicus typogra-
phus L.).
3. Couloir de ponte étoilé longitudinal,
propre aux espèces polygames, avec
chambre d’accouplement comptant de
trois à cinq bras ayant la tendance à
s’allonger vers la cime et les racines de
l’arbre (par exemple, Tomicus sexden-
tatus Bœrn., Tomicus cembræ Heer, To-
micus bistridentatus Eichh.).
48 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
4. Couloir de ponte étoilé
transversal. Même distribution
que celle du type précédent
avec ramifications horizontales
sur l’arbre debout (par exemple,
Tomicus curvidens Germ.).
5. Couloir de ponte étoilé simple, avec
cinq à sept bras de ponte divergeant plus
ou moins régulièrement de la chambre
d’accouplement à la façon des rayons
d’une roue (par exemple, Tomicus chal-
cographus L., Pityophthorus glabratus
Eichh.).
«
} 6. Couloir de ponte horizontal simple avec un seul
bras et logeant une seule femelle (par exemple, Sco-
lytus intricatus Ratz.).
ÉPICÉA 49
7. Couloir de ponte horizontal double avec deux bras, formant
une accolade ouverte en eue
haut et horizontalement. Les $ NE RON IE) ( 0 0 |
deux bras, dont l’un peut (ane EP 2 7
être seulement ébauché, pré- | HUE
sentent souvent une direction ms
oblique ou même verticale |
sur les branches ou les troncs ]l |
abattus. Le trou d'entrée est À © © ë
toujours dirigé de façon à tous
permettre l'évacuation de la sciure. Une seule femelle par sys-
tème (par exemple, Myelophilus minor Hig., Hylesinus fraxini
Fabr.).
8. Couloir de ponte arrondi irrégulier avec
couloirs de larves disposés en rayons. La cham-
bre d’accouplement se confond avec la galerie
de ponte. Espèces monogames (par exemple,
Xylechinus pilosus Ratz., Cryphalus piceæ
Ratz.).
9. Couloir de famille avec galeries de larves Fe A
indistinctes se confondant les unes avec les au- = é AS
: _ É Le
tres (par exemple, Dendroctonus micans. Kug.). S :
Fig. 39.
10. Couloirs de ponte et de larves irréguliers
avec tendance verticale (par exemple, Dryocætes
alni Georg.). ,
Fig. 40.
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 4
50 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
11. Couloir de ponte irrégulier présentant
la forme d’un crochet ou d’un éperon. Les
galeries de larves quittent perpendiculaire-
ment le couloir de ponte (par exemple, To-
? micus laricis Fabr.).
B) Bostryches du bois
12. Couloirs en échelons dans lesquels les
galeries de larves, très courtes et courant
parallèlement aux fibres du bois, sont en
même temps des berceaux de Chrysalides
(par exemple, Trypodendron lineatum Olv.).
13. Couloirs de famulle irréguliers for-
mant une cavité entaillée généralement
NN
dans la couche tendre du printemps. Elle
est commencée par la femelle et achevée
par les Larves (par exemple, Xyleborus
Saxesent Ratz.).
14. Couloirs horizontaux fourchus en-
tièrement creusés par l’Insecte femelle.
Les œufs sont déposés dans ces canaux,
et les Larves ne pratiquent pas de gale-
ries spéciales (par exemple, Xyleborus
monographus Fabr.).
15. Couloirs ramuifiés sur plans diffé-
rents creusés entièrement par les femelles
SELLES DIS
sirrsees
LE
et sans forage de larves (par exemple,
Xyleborus dispar Fabr.).
Fee
ÉPICÉA 51
Avec CHEWYREUV (7905, p. 88), nous pouvons formuler la
règle suivante en ce qui concerne la direction du couloir d’entrée
des Bostryches de l'écorce. Sur l’arbre debout, tous les canaux
d'entrée sont creusés verticalement et de bas en haut, avec une
inclinaison plus ou moins prononcée vers le centre de l’arbre. Par
contre, sur un tronc à terre, ces mêmes galeries d'entrée sont
disposées transversalement. Enfin, quand ces mêmes couloirs
sont creusés sur les côtés latéro-supérieur ou inférieur du tronc
à terre, ils sont dirigés dans tous les sens.
Fig. 46. — Couloir de ponte du Torn'cus typographus L. représentant la disposition de la chambre
d’accouplement et des galeries maternelles dans un arbre abattu.
a, % forant les coul. de ponte; b, orifice d'entrée du ©’ et de sortie de la sciure; ©, amas de
détritus évacué par le ©'; d, ©: e, encoche de ponte; f, coul. de larve; g, encoches d’accou-
plement (orig.).
En introduisant un brin d'herbe ou de paille dans le trou
d'entrée, on peut reconnaître de prime abord si l’attaque des
Bostryches a eu lieu alors que l'arbre était sur pied ou après sa
chute. Dans le premier cas, le brin de paille suit la direction des
fibres, tandis que sur les troncs abattus, 1l s’en 1ra dans des direc-
tions variées, mais de préférence transversalement.
La durée de l’existence d’une famille scolytienne est excessive-
ment variable. Actuellement, les entomologistes discutent encore
beaucoup cette question infiniment complexe, car plusieurs fac-
teurs peuvent, en effet, accélérer ou ralentir l’évolution de ces
Insectes mineurs. Le genre d'arbre, son âge, son état de végéta-
tion, sa situation au milieu d’un peuplement, l'altitude de ce der-
nier, la saison dans laquelle l’Insecte essaime, la température et,
en général, les conditions climatériques de la période de végétation
sont autant de causes qui peuvent entrer en ligne de compte.
On distingue quatre périodes bien tranchées dans la vie d’une
d ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
QT
famille de Scolytides : a) Pessaimage avec l’accouplement qui en
est la conséquence; b) la ponte qui correspond au forage de la
galerie maternelle; c) la période larvaire et finalement d) le repos
de la Chrysalide qui précède l'apparition de l’Insecte parfait,
capable à son tour de voler et de se reproduire.
Nous avons dit plus haut que la question de succession des
générations est très importante pour les sylviculteurs; car toutes
les mesures prophylactiques que ces derniers doivent prendre à
l'égard d’un massif infesté par les Bostryches sont la consé-
quence d’une observation minutieuse des faits biologiques pro-
pres à telle ou telle espèce.
Chaque année, la littérature entomologique forestière nous
apporte des renseignements nouveaux sur la vie et l’évolution
des Xylophages. C’est surtout à Fucxs (7907) que nous sommes
redevables des découvertes les plus récentes et importantes dans
ce domaine. En effet, cet auteur a démontré pour quelles raisons
certaines femelles de Scolytides, celle du Bostryche typographe
en particulier, sont amenées à prati-
quer après la première ponte, des « fo-
rages de régénération » ou minages
| stériles, pendant la construction des-
quels elles bouleversent souvent le
J système de couloirs ou prolongent la
galerie maternelle. Il ne faut pas per-
dre de vue que la femelle pondeuse a
4 une existence beaucoup plus longue
mel qu'on ne l’admettait Jusqu'ici et que
pe AUTRES 8 chez certaines espèces (Bostryche ty-
pographe), les femelles peuvent essai-
le) mer deux fois. Après le forage de ré-
Fig. 47. — « Forage de régénération» génération, ces Insectes procèdent,
du Tomicus typographus L. ù à k
a, orifice d'entrée : b, Ins., $ (orig). d'après Fucxs (7907, p. 31), à une
deuxième ponte.
Le même entomologiste a désigné sous le nom de « forage com-
plémentaire » (1907, p. 3) les galeries que pratiquent les Insectes
nouvellement transformés. Ces couloirs, de forme très variable,
ÉPICÉA 53
ne se rencontrent pas chez toutes les espèces de Bostryches et
sont pratiqués par l’Insecte parfait précisément au moment où il
achève sa croissance. Durant la période d'attente, son enveloppe
chitineuse se durcit et le développement de ses organes sexuels
s'achève. Dans certains cas, l’Insecte, en creusant des forages
de régénération, agrandit le berceau de chrysalide, tandis que,
dans d’autres cas (Myelophilus piniperda L., et M. minor Htg.,
Hylesinus fraxini Fabr.), les jeunes Bostryches pénètrent, pour
effectuer ce stage complémentaire, dans les pousses ou dans des
écorces fraîches ( « Roses de Frêne »).
Influences extérieures sur le réveil des Xylophages. — La tem-
pérature Joue un certain rôle dans l'existence de ces Coléoptères :
elle exerce son influence tout particulièrement à l’époque de
l’essaimage. On peut dire qu'avec l’altitude, les circonstances mé-
téorologiques ont une action considérable sur la propagation
des invasions. Plus le premier printemps est doux et hâtif, plus
les Xylophages sont enclins à commencer tôt leurs déprédations.
La durée des générations est très variable; on peut affirmer
avec NussLin (1905, p. 151) que, chez les Bostrychides mono-
games, le cycle d'évolution dure moins longtemps que chez les
polygames. Nous envisagerons, dans la suite, le développement
propre à chaque espèce importante. Toutefois, d’une façon tout à
fait générale, on peut admettre que les Scolytides de plaine ou des
régions tempérées ont deux générations par an, tandis que ceux
qui vivent en parasites sur les arbres des montagnes et des con-
trées froides n’essaiment qu'une fois dans l’espace de douze
mois.
En examinant un système de couloirs, on peut se rendre
compte de la durée de la période de ponte; car, plus il y aura de
différence entre la longueur des premières galeries de larves
(donc les plus rapprochées du couloir d’entrée) et les dernières,
plus la femelle pondeuse aura mis de temps à déposer ses œufs
des deux côtés de la galerie maternelle.
Si nous étudions la biologie du Bostryche iypographe, nous
reconnaissons que, dans des circonstances favorables, en plaine
54 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
et par un printemps doux, par exemple, l'essaimage peut se
produire à la fin d'avril. On compte de dix à treize semaines pour
l’évolution complète de cette première génération. A la fin de
juin ou dans les premiers jours de juillet, les Insectes ailés issus de
cette première volée peuvent être en état de s’accoupler et les
femelles se mettent à pondre. Comme le cycle évolutif de la se-
conde génération se produit au moment de la belle saison et par
une température plus élevée, les périodes larvaire et de chrysa-
lidation sont sensiblement raccourcies. Déjà à la fin d'août, on
aperçoit des Insectes ailés. Ces derniers hivernent le plus sou-
vent, mais peuvent aussi parfois pondre en septembre. Dans ce
dernier cas, l’hivernage a lieu sous la forme larvaire. Fucxs (1907,
p. 30) a démontré que les femelles du Typographe sont en état
de vivre de dix-huit à vingt mois. Dans les cas de longévité, les
Insectes pratiquent alors les « forages de régénération » dont
nous avons parlé.
Nous ne pouvons songer à étudier plus à fond ces questions
de générations successives, bien que dans la lutte contre les Xylo-
phages on doive en tout premier lieu tenir compte de la période
d'évolution de ces derniers. Nous nous bornerons à signaler en
passant les principales observations relatives aux invasions des
ravageurs les plus intéressants, c’est-à-dire les plus redoutés dans
les peuplements forestiers.
Maintenant que nous avons esquissé à grands traits la vie des
Bostryches, examinons quel est leur rôle en matière de protection
des forêts. Si nous comparons ces Insectes xylophages à d’autres
représentants de ravageurs des bois, nous remarquons une parti-
cularité dans leur travail de désagrégation de la matière ligneuse.
En effet, ces animaux ne se contentent pas de pondre leurs œufs
en restant à l’extérieur de l'arbre, comme le font les Céramby-
cides et les Pissodes, par exemple, mais ils pénètrent dans le
bois ou sous l’écorce pour effectuer leur ponte, se mettant ainsi à
l’abri des influences du dehors. Les Scolytiens ne vivent que très
peu de jours au grand air, soit pour se transporter d'arbre en
arbre, soit pour chercher à s’accoupler à la surface de l’écorce.
Il ne faut pas oublier que, chez certaines espèces polygames,
ÉPICÉA 5
l’accouplement peut s'effectuer à l’intérieur du système de cou-
loirs.
Les Bostryches de l'écorce se multiplient dans des propor-
tions effrayantes, car une seule femelle peut, en avril, pondre
de quatre-vingts à cent œufs. En admettant que, parmi les Larves
nées de cette ponte, il y ait quarante femelles pondeuses, nous
aurons, si rien ne vient entraver l’évolution, pour la deuxième
génération essaimant en juin, une production de plus de trois
mille Larves toutes en travail en juillet et août. On comprendra
aisément comment ces Insectes mineurs parviennent en si peu
de temps à provoquer par des forages sans cesse agrandis et
répétés, une solution de continuité entre l’écorce et les parties
vitales de l'arbre dans lesquelles la circulation de la sève est
intense. Très rapidement, surtout au moment de la période de
végétation, les couches corticales sont criblées de trous, désa-
grégées et fouillées. La matière libéreuse dépérit et l’aubier perd
sa protection naturelle.
On peut affirmer que tout peuplement résineux héberge des
Bostryches dont le nombre des espèces ainsi que celui des indi-
vidus varient dans chaque cas. Nous savons qu'une forêt d’âges
gradués, composée de plusieurs espèces d’essences de conifères ou
mélangée de feuillus, poussant sur un sol fertile et dans des condi-
tions d’humidité atmosphérique suffisante, présente plus de résis-
tance aux déprédations des Insectes et particulièrement des Bos-
tryches de l'écorce que le massif équien végétant sur un sol
maigre et par trop ensoleillé. Les coupes rases suivies de planta-
tions donnant naissance à des forêts résineuses pures et régulières,
offrent le meilleur champ d’activité aux Bostryches. Les innom-
brables invasions qui sévissent en Allemagne en sont une preuve
irréfutable.
On a groupé les ravages en deux catégories : les ravages pri-
maires et les ravages secondaires. Les premiers peuvent être
considérés comme entrainant le dépérissement de l'arbre ou
de l’une de ses parties. Ils sont plus rares que les seconds, qui
se manifestent surtout chez les résineux atteints par d’autres
Insectes (Papillons), par des Champignons ou ayant été tour-
56 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
mentés par des ouragans, des avalanches ou une perturbation
quelconque apportant un trouble dans l'existence du végétal.
Les Scolytides qui se propagent par invasion peuvent s’atta-
quer à des arbres en pleine vigueur; c’est là une des caracté-
ristiques de leurs ravages et une des raisons pour lesquelles le
sylviculteur doit autant que possible intervenir énergiquement
au moment où il s'aperçoit qu'un foyer d'infection prend de l’ex-
tension sur des arbres menacés. En d’autres termes, 1l y a danger
lorsque les ravages, de secondaires qu'ils sont, deviennent pri-
maires.
Si le forestier n’a pas le pouvoir de modifier brusquement le
facies d’un peuplement et de rendre ce dernier plus ou moins
invulnérable par des mesures d'ordre cultural, il s’efforcera, sur-
tout dans les forêts résineuses infestées de Bostryches, de tendre
des pièges aux Insectes et de les engager à pondre dans un cer-
tain nombre de troncs abattus ou dans des fragments de branches
munis de leur écorce et laissés sur le sol. Il est évident que ces
arbres-pièges doivent être surveillés très attentivement; car ilest
reconnu qu'ils ne peuvent rendre des services qu'autant que le
personnel des préposés et des bûcherons aura suivi avec attention,
et dans des cas isolés, le développement de l’Insecte coupable.
C'est précisément pour l'élaboration de mesures prophylactiques
que le maître de la forêt, le gérant ou l'agent doivent posséder
les connaissances relatives à la biologie des ravageurs les plus
importants.
Lorsque le trone est habité par les Bostryches, on peut, par un
temps calme, entendre de l'extérieur le bruissement des Larves en
travail de forage et se rendre ainsi compte de l'intensité des
ravages et du degré de danger.
Lorsque dans un peuplement de résineux on se trouve en
présence d’un dégât imputable aux Insectes, 1l faut en tout
premier lieu chercher à se rendre compte si le dépérissement
de certains arbres ou des bouquets peut être attribué à des Bos-
tryches seuls ou bien à des Bostryches unis à d’autres Xylo-
phages déjà établis et ayant commencé l’œuvre de destruction.
Dans la majorité des cas, on constatera que l'établissement
ÉPICÉA 57
des Xylophages a été provoqué et favorisé par les conditions
défectueuses du peuplement, par sa constitution anormale, par
la nature du sol, le défaut d’éclaircies pratiquées au moment
_ propice, par les accidents météorologiques, par les dégâts d’ex-
ploitation et bien souvent par les atteintes des Champignons
parasites. Les invasions locales et restreintes sont done la plu-
part du temps provoquées par un des facteurs que nous venons
de mentionner.
Lors des grandes invasions, les Bostryches qui se sont déve-
loppés dans des conditions favorables ne trouvent plus au
bout de la première ou de la deuxième génération, du matériel
anémié en suflisance. C’est alors que, grâce aux influences
climatériques appropriées, et suivant l'étendue et la constitu-
tion du massif, les ravageurs se propagent dans des proportions
énormes et déciment des arbres parfaitement sains.
Moyens d'enrayer les invasions. — Le sylviculteur possède
un seul moyen direct de s’opposer à la multiplication de l'espèce
et à l’envahissement des parties prospères de la forêt, c’est de
circonscrire la lutte sur un nombre restreint de sujets dont le
maintien comme arbres d'avenir ne semble pas indispensable. Il
faut employer ces arbres comme pièges en les abattant au fur et
à mesure de l’extension des ravages et de l’apparition des géné-
rations. En jetant à terre des résineux partiellement infestés, on
offre aux Insectes parfaits des conditions propices à la ponte, car
la circulation de la sève étant entravée, la vitalité de la plante
diminue de jour en jour. Les Bostryches se jettent de préférence
sur ces troncs gisant à terre et y établissent des systèmes de cou-
loirs très rapprochés. C’est au moment où l’on s’est assuré que
la première ponte est en train de s’accomplir qu'il faut intervenir
énergiquement et écorcer très soigneusement tout le tronc pen-
dant que les femelles sont encore à l’œuvre, cachées dans la galerie
maternelle. À l’aide de haches et d’écorçoirs, on enlève les cou-
ches corticales; elles se détachent facilement et l’on bouleverse
la plus grande partie des Larves et des œufs. Ceux-ci, exposés au
soleil ou à la pluie, ne peuvent y vivre et l’on parvient à anéantir,
58 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
avec le concours des éléments météorologiques, cette première
génération surprise, en général, au moment de la métamorphose
d'œuf en Larve.
On a remarqué que les Insectes parfaits offrent une résistance
autrement plus grande; ainsi des Bostryches emprisonnés durant
plusieurs semaines dans des fragments de glace, reprennent vie
dès qu'on les expose lentement à la chaleur.
Il est évident que l’on doit faire coïincider l’abatage des arbres-
pièges et leur écorçage avec l’évolution de tel ou tel Bostryche
dont on a constaté la présence dans un massif. Il peut être indiqué
dans certains cas, en abattant des arbres-pièges, de ne pas leur
enlever les branches, mais de les utiliser comme pièges dans les-
quels ira se loger toute une catégorie de Scolytides (par exemple,
Tomicus chalcographus L., T. micrographus Gyll.). Là encore
une observation minutieuse des premiers agissements des ron-
geurs permettra à l’agent de se rendre compte s'il a à redouter
seulement la multiplication des Bostryches du tronc, ou s'il
doit agir également par des moyens analogues contre les parasites
des branches. Il est évident qu'après examen, ces branches
devront être brûlées entièrement et non pas écorcées.
Nous verrons plus loin, en parlant des deux plus redoutables
ennemis du Sapin, pour quelles raisons les arbres-pièges ne sau-
raient être employés lorsqu'il s’agit d’entraver l'essor du Tomicus
curvidens Germ. et du Cryphalus piceæ Ratz.
Les troncs ou cimes d'arbres employés comme appâts peuvent,
dans certains cas où l’on craint un desséchement trop rapide,
être plantés en terre, de façon à retarder l’évaporation qui, sans
cette précaution, s‘effectuerait trop rapidement par la section
inférieure.
Les invasions d'Insectes débutant toujours au moment où la
végétation s’épanouit, soit durant les premières semaines d'avril
en plaine, ou à la fin du mois de mai dans les régions élevées,
on peut déjà réserver durant les coupes de l'hiver un certain
nombre d’arbres-pièges qu'on n'écorce pas et qui constitueront
autant de laboratoires de contrôle pour suivre l’évolution des
Scolytides dans un massif où l’on a des raisons de redouter une
ÉPICÉA . 59
invasion estivale. Les préposés, ainsi que les bûcherons intelli-
gents, seront chargés de suivre l’évolution des Bostryches dès
leurs premiers ravages sur ces troncs gisant à terre.
Si le Scolytide produit une seconde génération en juillet, par
exemple, il faut alors le suivre dans son développement et ne
pas négliger de lui présenter de nouveaux pièges, car tous les
Insectes ne seront pas nécessairement capturés par les premiers
appâts. Nous l’avons déjà dit plus haut, ce moyen est le seul,
avec l'éducation de peuplements résistants, que l’entomologiste
forestier puisse conseiller pour entraver, sinon anéantir, le déve-
loppement des Bostryches; mais encore faut-il que les arbres-
pièges soient abattus et écorcés au moment propice et qu'ils
soient répartis suivant l'importance du chantier de l’invasion.
Seuls, des gardes et des bûcherons capables, actifs et en nom-
bre suffisant, peuvent être en mesure d'engager la lutte pour en-
rayer le mal ou le faire disparaître.
Le sylviculteur ne peut malheureusement guère compter
sur des auxiliaires naturels pour la destruction de ces minuscules
Insectes mineurs. Les Oiseaux capables de détacher l'écorce,
tels que les Pics, préfèrent, en général, des Larves plus volumi-
neuses, comme celles des Pissodes, des Cérambycides ou des
Buprestes. Du reste, jamais dans les pays de l’Europe centrale,
on n’a autant protégé les Oiseaux insectivores qu'actuellement,
et pourtant les invasions d’Insectes sont toujours aussi nom-
breuses dans les peuplements purs et à la suite d'accidents que
nous avons mentionnés plus haut. C’est la preuve que les Oiseaux
sont incapables d’entraver l’évolution des rongeurs Xylophages.
On trouve cependant dans les galeries de Scolytides quelques
Insectes qui font la chasse aux Larves. Parmi les Coléoptères,
nous citerons : le Rhizophagus depressus Fabr., le Nemosoma
elongatum L., le Staphilinus erythronterus L., le Clerus formica-
rius L., etc.
Nous revenons maintenant au Bostryche typographe, le plus
répandu des Xylophages de l'Épicéa et aussi le plus nuisible,
car avec la Nonne, ce Coléoptère a de tout temps été le plus
redoutable destructeur des forêts de cette essence.
60 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
Tomicus typographus L. Coréopr., S'colytidæ
(Bostrichus octodentatus Gyll., Ips typographus Reitter.}
Bostryche typographe ou de l’Épicéa
Longueur : 45 à 5,5 millimètres. Ce Scolytide se distingue
par un denticule placé au milieu du front et par la dentelure
des élytres qui, chez les deux sexes, peut cependant être con-
fondue avee celle d’autres espèces telles que Tomicus amitinus
Fig. 48. — Tomicus typographus L. vu de profil (orig.).
Eichh. et T. cembræ Heer. Vus de profil, les élytres montrent
quatre dents dont la troisième à partir du haut, la plus grosse,
se termine en bouton triangulaire. En examinant la face anté-
rieure de la massue des antennes, on observe que la deuxième
suture, en partant de la base, accuse un angle plus ou moins
aigu. Jusqu'à ces dernières années, on admettait que ce critère
était indiscutable pour distinguer les deux espèces voisines men-
tionnées plus haut. KELLER (1910, p. 5) démontre que les
T. amitinus Eichh. et T. cembræ Heer ne peuvent être envisagés
comme deux espèces distinctes et que la suture de la massue
présente des inflexions variables suivant l’altitude et l’essence.
Nous nous rangeons à cette manière de voir, car les déductions
de KELLER sont appuyées par des arguments irréfutables.
Quant au caractère qu’on retrouve dans presque tous les ou-
ÉPICÉA 61
vrages d’entomologie forestière et qui consiste à prouver que
la dépression des élytres est d'aspect mat chez le T. typogra-
Fig. 49.— Antenne du T'omnicus typographus L, (face ant.) Cliché J. Jullien (orig.).
phus L. tandis que chez le T. cembræ Heer elle serait bril-
lante, nous avouons que, dans la plupart des cas, 1l nous a été
Fig. 50. — Patte du Tomicus typographus L. Cliché J. Jullien (orig.).
impossible de faire une distinction entre l'apparence mate et bril-
lante de cette dépression.
62 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
Au point de vue pratique, et en région montagneuse, le plus
simple sera toujours de s’en tenir à la forme des couloirs qui, chez
le Typographe, n’est jamais étoilée, comme c’est le cas pour ceux
forés par le Bostryche du Pin cembro.
Le Typographe cssaime plutôt tard au printemps, souvent à
la fin d'avril et suivant le climat et l’altiiude, seulement les pre-
miers jours de mail. Les générations se succèdent d’une façon
fort variable, comme le prouve le calendrier graphique ci-
dessous (1), où nous représentons les différentes variantes les
plus fréquentes de l’évolution de cet Insecte qui peut produire
une et demie, deux ou deux générations et
ant DAME demie en une année.
a UP Le facteur principal qui influe le plus sur
na re le | ET la rapidité de l’évolution des Bostryches est
re Een la température. D'une manière générale, on
en e. compte, quand les circonstances sont favo-
E ere RE
na Len des robles, toujours deux générations et Fucxs
Juin..| {li}; (1907, p. 30) affirme que, dans certains cas,
Juil ..| Ÿ | 4 || les Insectes issus de la deuxième généra-
Aout APE tion peuvent encore essaimer en automne,
RE el + mais seulement dans le but de découvrir
lle de nouvelles cacheites d’hivernage.
: Le Typographe est un Bostryche de l’é-
Pen pa | Le corce du tronc qui ne se rencontre presque
Déc. | T]+ +] jamais dans les branches et rarement dans
les tiges de faible dimension, telles que celles
des gaulis ou des bas perchis. En général, l'infection de l'Épi-
céa commence par sa parte supérieure et descend jusqu'à terre.
Au printemps, sous l'influence des déprédations sous-corticales,
la frondaison prend une couleur de rouille et plus tard, à la fin
de l'été, les aiguilles desséchées finissent par tomber. Finale-
Œuf.
Larve ou Chenille.
Chrysilide.
Larve non chrysalidée enfermée dans le cocon.
Insecte parfait.
Période de ravages.
(1)
|
=+00-e
IUT
ÉPICÉA 63
ment l’écorce, sous laquelle on découvre des amas de sciure pour-
rie d’aspect noirâtre, se détache par grandes plaques.
Pour donner une idée de la gravité que peuvent revêtir cer-
taines invasions du Typographe, citons un cas décrit par Ju-
DEICH et NiTscHE (1895, p.515). Il s’agit de l’importante invasion
qui se produisit dans les forêts de Bohême (Bühmerwald), à la
suite de l’ouragan du 7 décembre 1868. Cet ouragan renversa
une énorme quantité de bois de cette région montagneuse peu-
plée surtout d'Épicéas. À ce désastre vint s'ajouter un autre
malheur : le cyclone des 26 et 27 octobre 1870, qui abattit d’im-
menses cantons forestiers. L'effet de ces
deux accidents météorologiques qui se
produisirent dans l'intervalle de deux
années, fut l’anéantissement de 100.000
hectares de forêts situées sur la fron-
tière séparant la Bohême de la Bavière.
Les administrations forestières de ces |
deux pays firent des efforts considéra-
bles pour lutter contre la propagation du
Typographe qui, au commencement de
l'été 1870, s'était jeté sur les Épicéas
renversés par le premier ouragan. Près |
de 9.000 bûcherons furent alors occupés |
à débiter environ 2.700.000 mètres cubes 1
de bois et, en 1875, après avoir prati- PS re de dquioirs À
qué des coupes à blanc étoc sur plus de De ne fr Fe
; nat. (orig., coll. Pauly, Munich).
6.000 hectares, après avoir abattu plus
de 300.000 arbres-pièges, l'invasion fut conjurée non sans avoir
exigé des intéressés des sacrifices pécuniaires énormes.
Plus récemment, en France, les forêts domaniales et com-
munales des Vosges, en particulier dans les environs de Gérard-
mer, ont été ravagées par le Typographe qui s’est jeté sur des
cantons entiers à la suite de l’ouragan du 1er février 1902. Cet
ouragan abattit 1.233.283 mêtres cubes de bois résineux dont une
partie d'Épicéas qui furent envahis par le Typographe. L'Insecte
s'étant propagé d'une façon inquiétante dans ces cantons,
Fig. 52. — Système de couloirs achevé du Tomicus typographus L. ds. éc. Épicéa. 1/1 gr. nat,
(orig., coll. Pauly, Munich).
ÉPICÉA 65
l'administration intervint à temps et au moyen d’arbres-pièges
réussit à arrêter le fléau en 1906. Nous verrons plus loin combien
les sapinières des mêmes forêts eurent à souffrir des atteintes du
Tomicus curvidens Germ., et du Pissodes piceæ HI. M. le conserva-
teur DE GaIL (R. D. E. F.) (1), constata dans cette invasion des
Vosges l’heureuse action des Staphylins qui pullulaient dans les
systèmes de couloirs du Typographe.
Moyens répressifs. — Nous avons vu plus haut que l’abatage
d’arbres-pièges constitue l'unique mesure prophylactique que le
forestier puisse employer pour enrayer les dégâts des Bostryches
de l'écorce et notamment des espèces qu s’attaquent au tronc.
Ce procédé est spécialement indiqué dans la lutte contre le
Typographe, et tout ce que nous avons dit des arbres-pièges
s’applique en premier lieu à cet Insecte.
Bien souvent on constate, dans les branches des Épicéas, dont
le tronc est ravagé par le Typographe, la présence d’autres Bostry-
ches, en particulier du Pityophthorus micrographus GYIl., du Tomi-
cus chalcographus L., du Polygraphus polygraphus L., et plus par-
ticulièrement dans le Jura vaudois du Phtorophlœus spinulosus
Rey, dont les atteintes concourent également au dépérissement
de la plante. Dans la partie inférieure du tronc des Épicéas
peuplant surtout les régions montagneuses, on trouve certains
Cérambycides tels que Lamia sartor F.et L. sutor L., Rhagium
inquisitor L. Ces derniers Insectes ne peuvent être envisagés que
comme des éléments secondaires ou tertiaires de la mort de l'arbre.
Le Typographe s'attaque également au Mélèze, aux différentes
espèces de Pins et très exceptionnellement au Sapin blanc, ainsi
qu’à certains Conifères exotiques acclimatés dans les forêts de
l'Europe centrale.
(1) Nous devons à l’amabilité de M. le professeur Henry la communica-
tion d’un rapport manuscrit qu’il a présenté en 1907 à la Direction géné-
rale des Eaux et Forêts, touchant les invasions d’Insectes qui, de 1900
à 1906, ont causé des ravages dans les forêts de France.
Les citations concernant ce rapport seront indiquées dans la suite par
les lettres R. D. E. F. (Rapport à la Direction des Eaux et Forêts).
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE m1
66 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
Tomicus chalcographus L. CoréoPr., Scolytidæ
(Pityogenes chalcographus Bedel, Ips spinosus de Geer.)
Bostryche chalcographe
Longueur : 1,5 à 2 millimètres. Ce Bostryche, sensiblement
plus petit que l’espèce précédente, est reconnaissable, comme
tous les [Insectes de ce groupe, à la dentelure des élyires qu'il
est facile de distinguer à la loupe en examinant l'animal de
profil. Chez le mâle, on remarque trois
2 dents coniques à peu près de même gros-
À 3 seur et légèrement inclinées en dedans.
= Ces dernières sont remplacées chez la
| $ femelle par trois denticules. Les stries
FE otémeur der eN. juxtasuturales sont profondément creu-
L. Extémité postérieure des ély-
tres (oriq.) ; ; Sera =
“ee sées vers la déclivité et les lignes de
points s’effacent sur la partie postérieure des élytres.
Le Bostryche chalcographe a généralement deux générations
par an. Dans les régions montagneuses 11 ne produit, à l'instar
du Typographe, parfois qu'une seule génération.
La figure des couloirs de cet Insecte est caractéristique. En
effet, elle présente toujours une forme étoilée avec quatre à huit
bras partant d’une chambre d’accouplement presque toujours
pratiquée dans l’épaisseur de l'écorce. Le Chalcographe est sur-
tout un ravageur des perches, cimes et branches et, comme
nous l’avons dit plus haut, il se rencontre très souvent en
compagnie du Typographe.
En général, c’est le Chalcographe qui commence l'attaque des
Épicéas; son compagnon le suit dans la partie inférieure du tronc.
Moyens préventifs. — Ne pas laisser à terre les chablis sans les
ébrancher et enlever les Épicéas renversés par les avalanches ou
les ouragans.
Moyens répressifs. — Dans les forêts ravagées par le Chalco-
Rte : :
ÉPICÉA 67
graphe il faut ménager, durant la période de végétation, des
arbres-pièges auxquels on laisse les branches. Les Insectes iront
Fig. 54. — Couloirs terminés du Tomieus chalcographus L. 1/1 gr. nat. (orig.).
se nicher dans les rameaux de la cime dont l’écorce est mince,
tandis que les Typographes rechercheront le tronc.
Pityophthorus micrographus Gyll. Cocéorr., Scolytidæ
et P. macrographus Schr.
(Pityophthorus exsculptus Ratz.)
, Bostryche micrographe et B. macrographe
Le premier mesure 1,3 millimètre. C’est un des plus petits
Bostryches de l'Europe centrale, si l’on fait exception du Car-
68 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
Re minimus Eichh. et du Crypturgus pusillus Gyll. Le
Bostryche micrographe n'offre pas
de déclivité des
élytres hérissée
de dents, mais
PT acte Paru mreeregren hs DICO de: (HO
Schr.; à droite du P. micrographus ;
Gyll. (orig.). cature sillonnée
de la même façon que chez le Chalcogra-
phe. Les bords extérieurs de la déclivité
sont de la même hauteur que la suture
qui relie les élytres.
Chez le Pityophthorus macrographus
Schr. qui mesure 2 millimètres de longueur,
la suture est plus enfoncée que les bords
externes. Les deux espèces ont une forme
très allongée.
Au point de vue biologique, les systèmes
de couloirs étoilés sont assez différents. La
chambre d’accouplement est généralement
entaillée dans l’aubier, les bras de ponte
s’éloignent dans presque toutes les direc-
tions et sont au nombre de trois à sept. Les
galeries maternelles du Macrographe sont
souvent moins nombreuses, mais elles ont
toujours une direction longitudinale et
atteignent parfois 15 à 18 centimètres de
longueur.
L'évolution de ces deux Insectes ressem-
ble beaucoup à celle du Chalcographe et
leurs ravages se produisent dans les mêmes
conditions, soit dans les tiges et perches de
faible dimension, soit dans les branches à
écorce mince de l'Épicéa.
Moins communs que l’espèce précédente,
ces deux Bostryches sont justiciables des , GS doute a Léa
ne macr op rennes Schr. Epicéa,
mêmes mesures prophylactiques. D SE DE Or)
fn LA
ÉPICÉA 69
Tomicus quadridens Htg. Cozéopr., Scolytideæ
Bostryche à quatre dents
Longueur : 1,5 à 2,2 millimètres. Troncature du mâle large,
orbiculaire, à bord muni d’un fort crochet recourbé vers le bas
et, au milieu, d’un denticule co-
nique, aigu.
Troncature de la femelle sil-
lonnée' de chaque côté de la
suture rebordée en deux bour-
relets. Souvent chacun de ces ne ou ii tte ture
bourrelets porte un petit tuber- Huile po ténienre APS EEE ORNE)
cule verruciforme.
Le Bostryche à quatre dents est polygame, ses couloirs sont
étoilés. Sur les branches de faible dimension, les galeries mater-
nelles, au nombre de trois à sept, prennent une direction verti-
cale. Cet Insecte s'attaque surtout aux Jeunes plants et aux bas
perchis. On le rencontre également sur d’autres résineux et dans
les branches des arbres de forte dimension.
Phloeophthorus rhododactylus Chap. Coréorr., Scolytidæ
(Phthorophloeus spinulosus Rey.)
Longueur : 1,7 à 2 millimètres. Se distingue par la massue
pointue de ses antennes; elle est formée de trois articles nette-
ment séparés. Le funicule compte cinq articles dont le premier
est le plus grand. Les élytres cylindriques sont ornés de stries
crénelées et d’interstries relevées en carène, portant chacune
une ligne régulière de tubercules et de soies raides et dressées.
Nous ne signalons ce Bostryche que parce que fréquemment,
dans le Jura, on le rencontre dans les branches trainant à terre.
Son couloir de ponte, très caractéristique, est entaillé dans l’au-
70 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
bier. Il est formé de deux bras de longueur souvent inégale,
mais ne mesurant guère plus de 3 centimètres. ÎBs
La biologie du Phloeophthorus est encore peu connue. Les
Fig.58.— Couloirs du Phloeophthorus rhodo-
dactylus Chap. (Phthorophlœus spinulosus
Rey) Epicéa, 1/2 gr. nat. (orig.).
mesures à appliquer contre les déprédations de ces deux der-
nières espèces sont identiques à celles que nous avons indiquées
pour le Bostryche chalcographe.
Dryocoetes autographus Ratz. Coréorr., Scolytidæ
(Bostrichus villosus Gyll.)
Bostryche autographe
Longueur : 3 à 4 millimètres. Cet Insecte est sensiblement
plus grand que les deux espèces précédentes et d’un facies assez
différent. En effet, la massue est tronquée à son extrémité et le
corselet, élargi en son milieu, présente une ligne médiane lisse.
Les élytres sont plus larges que la base du corselet, à épaules
ÉPICÉA 1€
saillantes. La surface est profondément striée et ponctuée,
l'extrémité est convexe.
Il est fort difficile de décrire les couloirs de ce Bostryche, car
c'est généralement dans les écorces épaisses des
souches d’Épicéas qu’on le découvre, souvent en
compagnie d’autres Xylophages dont il bouleverse
les dégâts. La galerie maternelle est, dans la ma-
jorité des cas, composée d’un court bras vertical,
plus ou moins élargi, dans lequel les œufs sont dé- Tr
posés par tas. Les couloirs de larves partent per- HS RE
pendiculairement de la galerie maternelle, mais finissent par
s’entrecroiser dans un espace relativement restreint. On trouve
parfois ce Coléoptère travaillant sous terre, dans les racines, à
la façon de l’Hylastes cunicularius Er.
L’Autographe apparaît tôt au printemps, souvent déjà à la fin
de mars, dans les régions à climat tempéré. Il a, en général, deux
générations annuelles et hiverne
sous la forme parfaite. Ce Scolytien
recherche parfois des reboisements
et peut faire périr des Épicéas de
trois à dix ans. Il attaque également
le Sapin blanc et le Pin Weymouth.
Moyens préventifs. — Éviter de
maintenir dans les chantiers de re-
boisement des souches d’Épicéa dans
Fig. 60. — Couloirs de ponte du 2
Dryocoetes autographus Ratz.Epi- lesquelles on a remarque sous les
céa (orig coll. Pauly, Munich). x , ë
écorces la présence de l’Autographe.
Moyens répressifs. — Si l’on n’a pu conjurer l'invasion sur
les jeunes Épicéas, il faut, surtout au moment de la deuxième
génération, utiliser comme pièges les troncs encore à terre,
puis, une fois la ponte achevée, les décortiquer et brûler l'écorce.
Si les souches sont en nombre insuffisant, on peut y suppléer
en offrant à l’Insecte des pièges artificiels tels que des sections
de grosses branches ou des billes recouvertes de leur écorce que
42 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
les femelles préféreront presque toujours aux Épicéas de faible
dimension.
Dendroctonus micans Kug. CoréoPrr., Scolytidæ
(Hylesinus micans Ratz.)
Hylésine géant
Longueur : 8 à 9 millimètres. De tous les Bostryches vivant
en parasites sur l'Épicéa, celui-ci, le plus grand, ne peut être
confondu avec aucune autre espèce. La partie antérieure de
son corselet est échancrée en son milieu et forme ainsi un angle
obtus.
Ce que nous avons dit des couloirs de l’Autographe s’applique
à ceux de l’Hylésine géant; ils sont très difficiles à décrire.
Cet Insecte construit un couloir de famille composé d’une ga-
lerie maternelle élargie, irrégulière, en forme de sac, de tuyau
ou d’entonnoir. La femelle dépose ses œufs en tas, généralement
en marge du couloir de ponte, dans un élargissement rempli de
sciure et de débris ligneux. La ponte a lieu par poussées dis-
tinctes, les œufs étant déposés par paquets. Les Larves rongent
ensuite les couches corticales et souvent l’aubier d’une façon
désordonnée, sans qu’on puisse, la plupart du temps, discerner
des galeries individuelles. |
Les dégâts de l’Hylésine géant ne peuvent être confondus
avec ceux d’autres Xylophages. Ils sont presque toujours signalés
à l’extérieur par des grumeaux ou écoulements de résine plus
ou moins mélangée à de la sciure d’écorce et qui se coagule en
dessous de l’orifice du couloir d’entrée. Nos illustrations don-
nent une idée assez exacte de ce caractère propre aux ravages
de ce Bostryche. Si l’on met à découvert le système de galeries
à la fin de l’évolution, donc au moment de la troisième méta-
morphose, la figure est fort embrouillée, les couloirs de ponte
et de larves se confondent dans des amas de sciure brune.
C'est Pauzy (1892, p. 253) qui a mis en lumière la biologie de
l'Hylésine géant. Ce naturaliste a remarqué en particulier que
e,E
OR
Fig. 61. — Aspect du
‘stème des couloirs du Dendroctonus micans Kug. au moment de la
deuxième métamorphose. Epicéa, 1/1 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich).
74 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
la femelle, après avoir pénétré sous l’écorce, ferme le couloir
d'entrée au moyen d’un bouchon de sciure. Le développement
du Dendroctonus micans Kug. est très variable, comme le prouve
Fig.62. — Ecoulement de résine pro-
voqué par le Dendroctonus micans
Kug. Epicéa, 1/2 gr. nat. (orig.
coll. Pauly, Munich).
notre graphique. En général, cet
Insecte essaime entre le mois de mai
et le mois d'août. Il est peu probable
que les Insectes issus de la ponte tar-
dive soient en état de maturité
sexuelle avant l'hiver. C’est pour cette
raison que l’évolution de l’Hylésine
géant est irrégulière et très variable,
car elle dépend beaucoup des condi-
tions de température.
Le Dendroctonus micans Kug. s’at-
taque exclusivement à l’Épicéa et se
rencontre en plaine comme à la mon-
tagne. Dans le Jura, nous l'avons
trouvé à 1.300 mètres. C’est surtout
au pied des troncs qu'on remarque les
vestiges de ses
déprédations, car |! anv.… .
les grumeaux de ete
coup plus abondants à la partie inférieure
de l'arbre que vers la cime. On remarque
aussi parfois ses traces sur les racines mai-
tresses et à l'intersection des arbres dou-
bles. Ce sont surtout les Épicéas blessés,
cassés, amputés ou entamés par le gibier
que ce Bostryche attaque de préférence.
Les couloirs d'entrée sont généralement pra-
tiqués dans le voisinage immédiat de ces
accidents de l’écorce.
Dernièrement, les forestiers belges et, en
particulier, Fentomologiste SÉVÉRIN (1902,
p. 152) ont eu à se plaindre des attaques de cet Insecte qui a
résine sont beau- E
Mars
Avril. .
Mae
Jin ee
UE SRE
Août .
Sept...
DCE
Nov...
Dec
ÉPICÉA 145
causé de sérieux ravages à certaines pessières poussant dans des
conditions défectueuses de végétation. QUAIRIÈRE (7904, p. 626)
signale à son tour une invasion du Dendroctonus micans Kug.
dans le cantonnement de Nassogne (Belgique), où l’Insecte a,
entre autres, attaqué des Épicéas parfaitement vigoureux. Brr-
Fig. 63. — Grumeaux de résine et sciure amalgamés en dessous de l'orifice d’entrée du Dendroc-
tonus micans Kug. Epicéa, 3/4 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich).
CHET (1900, p. 409) parle d’un Ichneumon, le Pimpla terebrans
Ratz., qui détruirait une forte proportion de Chrysalides du Den-
droctonus micans Kug.
Moyens préventifs. — Certains Épicéas blessés, sur lesquels
on à lieu de redouter une infection par l'Hylésine géant, peuvent
être préservés en badigeonnant le bas du tronc d’un mélange de
terre glaise, de bouse de vache et de sang de bœuf. Dans les
76 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
peuplements étendus ces moyens ne peuvent être mis en œuvre.
Il faut alors se contenter de surveiller l'invasion de très près,
puis abattre et écorcer durant la période de végétation tous les
Épicéas contaminés.
Moyens répressifs. — Les arbres-pièges ne peuvent pas être
employés avec succès dans la lutte contre cet Insecte, car ce
dernier n’attaque pas volontiers les troncs abattus. Dans les
pares où l’on désire sauver certains Épicéas envahis partielle-
ment, on peut enlever soigneusement les fragments d’écorce
renfermant les larves et appliquer sur la blessure du goudron
ou un mastic.
Polygraphus polygraphus Reitt. (1) Coréorr., Scolykidæ
(Hylesinus polygraphus Ratz., Polygraphus pubescens F.)
Hylésine polygraphe
Longueur : 2 à 2,5 millimètres. Le mâle porte au front une
touffe de poils jaunâtres et la déclivité des élytres accuse un
léger enfoncement de chaque côté de la suture.
Le front de la femelle est muni de deux petits tubercules en-
tourés d’une légère pilosité. La déclivité des élytres est convexe.
Chez les deux sexes, la massue des antennes est solide, non ar-
ticulée et les yeux sont partagés en deux parties. Les élytres
sont recouverts d'une pubescence squamuleuse et le troisième
article tarsal est simple.
Cette espèce se classe, au point de vue systématique, entre les
Hylésiniens et les Ypidiens ou Tomicides. Nous avons affaire
ici à l’un des Bostryches de l'Épicéa les plus communs. Ses cou-
loirs revêtent des formes excessivement variables suivant qu'ils
(1) Polygraphus subopacus Thoms. est une espèce voisine qui vit égale-
ment sur l’Épicéa. Polygraphus grandiclava Thoms., sensiblement plus
grand, mais très semblable aux autres espèces du même genre, attaque
surtout le Cerisier.
ÉPICÉA vi:
sont pratiqués dans les grosses écorces du bas du tronc ou dans
les couches corticales minces des branches et des tiges de per-
chis.
La forme classique du système de galeries est le couloir étoilé
avec chambre d’accouplement entaillée généralement
dans l'épaisseur de l’écorce. En outre, il y a trois ou
quatre bras fouillant le liber, rarement l’aubier. Dans
la plupart des cas, les ravages de ce Bostryche appa-
raissent sous une forme embrouillée, les galeries de
larves s’entrecroisent en tous sens et les fragments de
couloirs de ponte ressortent comme de petits traits | gé-
néralement horizontaux, surtout lorsqu'il s’agit d’une
écorce épaisse.
Le Polygraphe est le seul Scolytien du groupe des End Poe
Hylésines qui soit polygame. C'est le seul Hylésine 4 /2npnes
qui s'attaque au Mélèze et au Sapin blanc. La struc-
ture anatomique de ses organes génitaux et son tube
digestif le rapprochent du groupe des Tomicides (Fucxs, 7907,
p. 52).
Habituellement le Polygraphe a deux générations par an
et son vol se produit généralement tard au printemps. Dans le
Jura, cet Insecte suit l’Épicéa jusque dans les stations les plus
élevées et, en plaine, là où cette essence a été installée à une
altitude trop basse, on remarque que le Polygraphe est son para-
site le plus commun. Après la sécheresse de 1906, qui a eu pour
effet d’anémier les Épicéas poussant isolément dans les parcs
bordant le bassin du lac Léman, nous avons constaté, en 1907
et 1908, de nombreux ravages occasionnés par ce Bostryche.
En France également, on signale de tous côtés les déprédations
de cet Insecte dans les perchis et surtout dans les peuplements
créés dans des conditions anormales ou à la suite d’avalanches
ou de bris causés par la neige. Le Polygraphe attaque parfois les
Pins.
Moyens préventifs. — Parcourir le plus tôt possible les planta-
tions à l’état de gaulis et s’efforcer d'élever des tiges saines et
78 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
suffisamment espacées. Écorcer au printemps les Épicéas cassés
ou abattus par l’ouragan et la neige.
Moyens répressifs. — Lutter au moyen d’arbres-pièges durant
toute la période de végétation en suivant les règles indiquées
pour le Typographe. Ces deux Insectes vivent du reste souvent
pi
Fig. 65. — Couloirs de ponte du Polygraphus polygraphus Reïtt. Épicéa, 1j2 gr. nat.(orig.),
sur le même arbre, le Polygraphe infestant plus volontiers la cime
que le bas du tronc.
Quatre autres Bostryches vivant en parasites sur l'Épicéa
doivent encore être signalés iei, bien qu'à proprement parler,
ils ne puissent être rangés parmi les Insectes dangereux de cette
essence. Nous les mentionnons en passant, de façon à per-
ÉPICÉA 79
mettre au sylviculteur de reconnaitre leurs traces et de les dé-
terminer.
Le Crypturgus pusillus Gyll. est facilement reconnaissable
par sa taille. En effet, il mesure 1 millimètre de longueur. Ses
couloirs sont d’un type difficile à décrire, car le système est pres-
que toujours établi dans le réseau de galeries d’un autre Bostry-
che (Voir fig. 101). Ses dégâts sont donc secondaires. Le Cryp-
turgus pusillus GyIl. attaque également d’autres résineux.
Fig. 66. — Couloirs terminés du Po/ygraphus polygraphus Reitt., avec perfuration de l'écorce
par les Ins. parf. sortant des berceaux de nymphose. Epicéa, 3/4 gr. nat. (orig.)
Le Xylechinus pilosus Ratz. mesure de 2 à 3 millimètres.
Il pratique un couloir de ponte assez typique consistant en une
galerie maternelle horizontale à deux bras. L'une des branches
est souvent très courte. Les systèmes sont, en général, très rap-
80 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
prochés les uns des autres et l’Insecte montre une préférence mar-
quée pour la cime des tiges d'Épicéa.
L'Hylesinus palhatus GyIL. mesure 3 millimètres et rappelle
le Polygraphe, mais s’en différencie par des yeux simples et le
troisième article tarsal cordiforme. La couleur du Bostryche
paillé n’est jamais noire, mais toujours d'un brun rouge. Cet In-
secte pratique un système de couloirs fort embrouillé dans lequel
on a souvent de la peine à distinguer la galerie maternelle ver-
ticale; 1l recherche surtout les perches.
Fig. 67. — Xylechinus pilosus Ratz.
Système de couloirs achevé. Épicéa, 1/1 gr. nat. (orig.).
L'Hylastes decumanus L. (H. glabratus Zett.), plus grand que le
précédent (4 à 5 millimètres), porte un corselet rétréci antérieu-
rement, aussi long que large en son milieu, très densément et
profondément ponctué. Les interstries des élytres sont plus larges
que les stries ponctuées. Le type des couloirs creusés par ce Bos-
tryche est encore plus difficile à décrire que le précédent, car la
galerie de ponte, plus ou moins longitudinale, est très variable
dans sa forme et présente des élargissements sur lesquels se gref-
ÉPICÉA 81
fent des couloirs de larves courts, embrouillés et dirigés en tous
sens. On trouve ce Bostryche également dans les perches, mais
il est beaucoup plus rare que le précédent.
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Fig. 68. — Hylesinus palliatus Gyll. Aspect du système de couloirs avant la deuxième méta-
morphose. Epicéa, 1/1 gr. nat. (oriq. coll. Pauly, Munich).
Nous indiquons, ici, un Insecte dont les ravages dans les grosses
écorces pourraient faire croire à la présence du Bostryche typo-
graphe. Il s’agit de :
Anobium emarginatum Duft. Coréopr., Anobudæ
Longueur : 4 millimètres. Cet [Insecte appartient au groupe
des « Vrillettes », bien connu par les ravages techniques qu'il
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 6
82 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
cause dans les bois ouvragés et plus spécialement dans les meu-
bles. Nous parlerons plus loin du caractère de ces dégâts.
L’Anobium emarginatum Duft. est allongé, de couleur brunä-
tre, avec pubescence gris-jaune. Le ‘corselet porte de chaque
côté une protubérance faisant saillie latéralement et dont le bord
antérieur est transversal. En outre, on remarque deux dépres-
sions situées près de sa base.
Cette Vrillette est surtout très commune dans les Épicéas
de grosses dimensions et ses orifices d'entrée se distinguent à
première vue sur les écailles de l'écorce. En détachant ces der-
nières, on constate des couloirs embrouillés n’entamant pas le
liber, mais se confondant dans une poussière brunâtre. Ils ne
fouillent que les couches corticales extérieures. Nous n'avons
donc pas affaire à des Insectes nuisibles proprement dits, mais à
des parasites qui peuvent laisser croire à la présence d’un Xylo-
phage dangereux, et c’est pour ce motif seulement que nous les
mentionnons.
Il n’en est pas de même d’un autre groupe appartenant à la
famille des Charançons et dont l’importance forestière est indis-
cutable. Deux de ces espèces se rencontrent dans les écorces de
l'Épicéa. La plus importante est le :
Pissodes harcyniæ Hbst. CoréoPr., Curculionidæ
(Curculio hercyniæ Ratz.) [PI. L fiq. 2]
Pissode de l’'Epicéa ou Pissode résineux
Longueur : 7 à 9 millimètres. On compte dans l'Europe cen-
trale sept espèces de Pissodes. Au point de vue morphologique,
ce genre se distingue du genre Hylobius par le rapport qui existe
entre la largeur des élytres et celle du corselet. Chez les Pissodes,
la base du corselet est de même dimension que la base des élytres,
tandis que chez l'Hytobe les épaules des élytres sont sensible-
ment plus larges et forment des proéminences.
En outre, dans le genre Pissodes les antennes sont insérées
plus loin de la bouche que ce n’est le cas chez lHylobius.
{ ÉPICÉA 83
Les Pissodes, de même que les Bostryches, appartiennent aux
Xylophages dont les déprédations sont surtout causées par les
Larves et exclusivement dans les essences résineuses. Moins
répandus et moins prolifiques que les Scolytides, ils causent
cependant de sérieux ravages et la dimension de leur corps pro-
duit un type de dégâts qui, à l'instar de celui des Cérambycides,
entraine une prompte désagrégation des couches subcorticales
et, par suite, le desséchement rapide de l’arbre.
Les ravages des Pissodes revêtent presque toujours le carac-
tère de dégâts secondaires. En effet, ils parachèvent, dans la
grande majorité des cas, le dépérissement des arbres renversés
par l’orage, brisés par le poids de la neige, atteints par des Cham-
pignons ou par des Bostryches qui se sont installés dans la cime.
Les dernières études entreprises par Nusszin et Mac Doc-
GALL (1905, p. 124) montrent que les Pissodes ont une longue
existence.
La femelle pond durant toute la belle saison, soit d’avril en
septembre. La ponte a toujours lieu par paquets situés dans le
voisinage des nœuds (Pissodes piceæ 1I1.). Les Larves, qui éclosent
en général trois semaines après la ponte, se dispersent dans
toutes les directions. De ce fait, le type de couloirs est plutôt
étoilé.
En général, l’évolution complète dure une année, mais en
soulevant l'écorce d’un résineux attaqué par les Pissodes, on
trouve parfois des individus à l’état de Larve à côté de Chrysa-
lides et d’Insectes parfaits. Le développement des organes géni-
taux dure assez longtemps et ne se produit en général qu'après
un hivernage.
Les Larves doivent, surtout dans les arbres à écorce mince,
s’enfoncer dans l’aubier pour effectuer la deuxième métamor-
phose, et c’est pour cette raison que l’on découvre, presque tou-
jours, dans les arbres atteints par cette catégorie de ravageurs
de l'écorce, des berceaux de chrysalides disposés dans le sens
des fibres du bois et encerclés de détruits ligneux. Ils se déta-
chent en clair sur le fond brunâtre de l'écorce (fig. 69).
Le Pissode de l’Épicéa, de couleur noirâtre, porte sur les ély-
84 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
tres deux bandes transversales claires, souvent interrompues.
Les troisième et cinquième interstries des élytres sont relevées.
La femelle s'attaque de préférence à des arbres surcimés, de
Fig. 69. — Système de couloirs achevé du Pissodes harcynie Hbst. Épicéa, 3/4 gr. nat. (orig.),
faible ou de moyenne dimension et dépose ses œufs en général
dans l'écorce mince de la cime. Cependant, lors des invasions,
la ponte peut également s'effectuer dans la partie inférieure des
initié
ÉPICÉA 85
troncs de gros calibre. Après cette première perforation des
couches corticales, il se produit presque toujours un écoule-
ment de résine qui fait croire que l’arbre à été éclaboussé avec
de la chaux. A l’aide de son oviscapte, la femelle dépose ses œufs
cénéralement par tas, et les Larves, une fois écloses, fouillant en
tous sens, construisent un système étoilé dont les galeries finis-
sent par s’entrecroiser. Comme chez les Bostryches, ces couloirs
augmentent de dimension jusqu’au berceau de chrysalide qui,
chez cette espèce, mesure de 8 à 10 millimètres de longueur sur
environ 5 millimètres de largeur. C’est seulement dans le cas où le
système entier est établi dans des écorces épaisses qu'on découvre
dans les couches libéreuses des berceaux de coioration bru-
nâtre.
Nous rappelons que, dans les galeries creusées par les Cha-
rançons, 1l n'existe pas de couloir de ponte, la femelle ne péné-
trant pas sous l’écorce pour y déposer ses œufs. Pour constater
le plus facilement la présence des Pissodes dans un tronc, il faut
chercher à découvrir les berceaux dont le type ne peut être
confondu avec celui produit par d’autres Xylophages, notam-
ment les Cérambycides.
On n’est pas encore complètement fixé sur l’évolution de ce
Pissode. Cependant, on constate que les Insectes parfaits appa-
raissent, en général, tôt au printemps et montent le long du tronc
pour opérer la ponte dans la cime. Dans d’autres cas, ce sont les
Larves qui hivernent.
On a remarqué que souvent le Pissode de l'Épicéa attaque les
massifs ravagés par la Nonne. Cette constatation a surtout été
faite dans les régions montagneuses de la Bavière et du Wurtem-
berg.
Moyens préventifs. — Il faut traiter les peuplements fores-
tiers comme pour les préserver des atteintes des Bostryches.
Toutefois, les arbres-pièges ne peuvent pas être employés ici,
car l’'Insecte pond de préférence sur les arbres debout et dans
la cime. Il faut, avant tout, pour conjurer une invasion, s’efforcer
d’écorcer et de brûler sur place les fragments d’écorce renfermant
des berceaux qu'on aura découverts dans les produits d’éclair-
86 INTÉRIEUR DU BOIS
cies. C’est surtout après les invasions de Lépidoptères dans des
peuplements purs d'Épicéas qu'il faut avoir l’œil ouvert.
Moyens répressifs. — Lorsque les troncs sont encerclés par un
anneau de glu, les Pissodes sont retenus prisonniers en dessous
de ces pièges disposés pour les Chenilles. De cette façon, on peut
détruire bon nombre de ces Coléoptères (1).
INTÉRIEUR DU BOIS
Xyloterus lineatus Oliv. Coréorr., Scolytideæ
(Trypodendron lineatum Stph.)
(Tomicus lineatus Oliv.)
Bostryche liseré
Longueur : 2,8 à 3 millimètres. Ce Bostryche porte sur chaque
élytre deux lignes longitudinales brunâtres se détachant sur un
fond plus foncé. Ce caractère ne se retrouve chez aucune autre
espèce de Bostryches européens de l'écorce. La massue des
antennes est légèrement arrondie à son extrémité, non articulée
et le funicule est composé de quatre articles. Comme chez
les autres espèces de ce genre, le corselet est plus large que
long. Le front du mâle est concave, celui de la femelle convexe.
Souvent, les taches des élytres sont effacées et, chez les individus
imparfaitement développés, ces bandes foncées ne sont pas
visibles.
Le Bostryche liseré appartient à cette catégorie de Scolytides
dont nous avons déjà parlé, et qui a une tout autre façon de
vivre que les Bostryches de l'écorce. Avec les Xyloterus quercus
(1) Pissodes scabricollis Mill. (longueur : 3 à 4 millimètres). Noir : u brun
noir avec tête, antennes et pattes rougeâtres. L’élytre porte deux bandes
transversales d’un blanc jaunâtre, dont l’antérieure est la plus petite. Se
rencontre souvent en compagnie du Pissode de l’Épicéa. Le type de ses
couloirs rappelle beaucoup celui de son congénère, mais l’ensemble du sys-
tème est plus réduit. Cet Insecte est moins répandu que le Pissodes har-
cyniæ Hbst.
ÉPICÉA
87
Eichh. et domesticus L., il forme un groupe dont l’évolution est
très caractéristique. La femelle creuse un couloir suivant à peu
près les rayons médullaires; il porte généralement des em-
branchements de même calibre plus ou moins obliques et
disposés dans le même plan. Après l’accouple-
ment qui à lieu le plus souvent dans la galerie
maternelle ou à son orifice, la femelle pond ses
œufs alternativement en haut et en bas. Les
Larves, une fois écloses, prolongent la cavité sur
une longueur de 5 à 7 millimètres et évacuent
dans le couloir principal les détritus que les
parents jettent au dehors.
Pour effectuer sa métamorphose en Chrysa-
lide, la Larve se tourne dans la direction de la
galerie-mère, après en avoir bouché l’ouverture
au moyen d’un tampon de sciure. Les couloirs
Fig. 70
Xylo'erus lineatus Oliv
de ce type sont connus, en entomologie forestière, sous le nom
de «couloirs en échelons ». Les Larves vivent de sucs ligneux
ainsi que de Champignons désignés dans ce cas
sous le terme d’ « Ambroisie», et dont le mycéllum
teinte parfois en noir ou en vert foncé les parois
du bois.
La génération est, en général, double, comme
le montre le graphique ci-contre. Dans les régions
montagneuses qui abritent cet Insecte, lorsque ce
dernier se trouve dans les plus hautes stations de
l'Épicéa, une seule génération parvient à matu-
rité. Dans ce cas, l’essaimement se produit vers la
fin de mai.
Il est très facile de déterminer les ravages du
Bostryche liseré, car ce dernier jette au dehors
de la sciure vierge de détritus provenant des cou-
ches corticales et qu'on découvre par petits tas
coniques, surtout dans les chantiers de troncs
exposés au soleil et abattus au moment de la sève. L'’Insecte
s’introduit aussi bien dans les troncs écorcés que dans ceux
. © (orig.)
tete) INTÉRIEUR DU BOIS
encore recouverts de leur écorce, mais il redoute les bois com-
plètement desséchés. Rarement, on constate des atteintes sur des
arbres encore debout et en pleine vita-
lité. Les marchands de bois prennent le
prétexte de ces petits amas de sciure que
l’on constate souvent dans les dépôts,
pour chercher à faire baisser les prix.
Comme le liseré ne cause de dégâts que
dans les cernes extérieures des troncs, la
dépréciation est à peine sensible, attendu
que les parties perforées sont abandon-
nées à la scierie sous forme de bordures
de planches lignées ou de « dosses » (1).
Le Bostryche liseré attaque tous les ré-
sineux.
Moyens préventifs. — Si l’on est obligé
de faire des exploitations pendant la
période de végétation, on doit écorcer
immédiatement, car cette opération per-
Fig. 71. — Couloirs en échelons forés Fig. 72. — Amoncellements de sciure claire en des-
par le Xyloterus lineatus Oliv. épi- sous des orifices d'entrée. Epicéa attaqué par le
céa, 3/4 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Xyloterus lineatus Oliv., 3/4 gr. nat. (orig. coll.
Munich). Pauly, Munich).
met une dessiceation rapide des bois, ce qui contrarie le liseré.
Il faut, en outre, créer des dépôts dans des endroits bien aérés
et exposés aux courants d'air.
(1) Dans la Suisse française on appelle les « dosses » des « Cœænnaux ».
ÉPICÉA 89
Moyens répressifs. — Dans l'éventualité où un chantier de
bois, à proximité des scieries par exemple, serait sérieusement
infesté par ce genre de Xylophages causant des ravages techni-
ques aux assortiments de valeur, on peut, d’une part, badigeonner
les troncs avec un goudron protecteur, et de l’autre, disposer 1c1
et là des sections de troncs ou de perches enfoncées en terre et
qu'on traitera comme des arbres-pièges des Bostryches de
l'écorce.
Gallidium luridum L. (1) Coréorr., Cerambycidee
(Tetropium luridum L., Gerambyx luridus L.) [PI I, fig. 3}
Callidie de l’Épicéa
Longueur : 10 à 16 millimètres. Ce Capricorne appartient au
groupe d'Insectes comprenant également les deux espèces sui-
vantes qui ravagent les trones et les branches d'Épicéas debout
et abattus, alors qu'ils sont généralement déjà en voie de dépé-
rissement.
Le Callidium luridum L., dont la couleur varie, est, en général,
d'apparence foncée, la tête et le corselet sont noirs, les pattes
rougeâtres et les élytres d’un brun foncé. Les antennes, comme
celles de tous les Cérambycides, comptent onze articles; elles
sont plus longues que le corselet. Ce dernier ne porte pas de
denticule latéral. Les yeux sont divisés extérieurement en deux
parties. Les élytres sont très finement et très densément ponc-
tués avec des lignes longitudinales relevées, plus où moins appa-
rentes.
L'Insecte pond ses œufs dans les couches corticales du bas
du trone des Épicéas de fortes dimensions, exceptionnellement
dans les perches, mais le plus souvent dans les charpentes et
piquets abattus et qu'on a négligé d’écorcer.
Après avoir fouillé l’écorce en tous sens et entamé souvent
(1) Callidium fuscum Gyll., espèce voisine, avec biologie analogue et
qui attaque également l’Epicéa.
Li
90 INTÉRIEUR DU BOIS
l’aubier, comme le montre la figure 73 a, la Larve, une fois son dé-
veloppement complet atteint, pénètre dans le bois en creusant
un couloir en forme de crochet. Il constitue le berceau de chry-
salide (fig. 73 b). On compte une génération par an.
Fig. 73 b.— Berceau de chrysa-
Fig. 73 a. — Couloirs du Callidium luridum L. dans l’au- ide en forme de crochet foré
bier d’un tronc d’Epicéa, 1/1 gr. nat. (orig. coll. Pauly, par la Lerve du Callidium
Munich). luridum L. Épicéa(orig.).
On reconnait facilement cette espèce en soulevant l’écorce des
résineux envahis, car les couloirs sont aplatis et les entrées dans
le bois sont ovales. On trouve aussi dans ce système de ravages
des zones remplies, d’une part, de sciure brunâtre d’écorce et,
ÉPICÉA 91
de l’autre, de détritus blanchâtres provenant du forage dans
l’intérieur du bois (1).
Exceptionnellement, cet Insecte s'attaque aux Pins et aux
Mélèzes.
Moyens préventifs. — Ils sont les mêmes que ceux mis en
action pour éduquer des peuplements sains et vierges de tiges
en voie de dépérissement.
Moyens répressifs. — Comme ce Cérambycide recherche surtout
les bois abattus, il faut éviter de laisser en période de végéta-
tion des perches et troncs abattus et non écorcés dans le voi-
sinage de massifs résineux. On peut également utiliser les chablis
comme arbres-pièges, mais en ayant soin d’écorcer avant que
la Larve ait pénétré dans le bois, donc avant l’automne.
Lamia sartor Fabr. Coréopr., Cerambycidæ | PI. HE, fiq. 1]
Lamia sutor L.
Longueur : 25 à 33 millimètres et 16 à 24 millimètres. Ces deux
Insectes peuvent être examinés ensemble, car leur morphologie
est assez semblable. Le mâle du premier se distingue par la
dimension des antennes qui sont beaucoup plus longues que le
corps. Chez la femelle, ces appendices sont à peine plus longs
que le corps, et à partir du troisième article, leur racine est
recouverte d’une pilosité grisâtre. Le corselet est, chez les deux
sexes, muni de chaque côté d’un denticule. Les élytres chagrinés
ou finement ponctués sont sensiblement plus larges que le
corselet et portent sur leur partie antérieure une dépression
transversale superficielle. L’ensemble de l’Insecte est d'un brun
noirâtre avec reflets métalliques alternant avec des taches
pileuses de forme variable.
Le Lamia sutor L., sensiblement plus petit, se différencie
(1) Les dégâts d’Anthaxia quadripunctata L. qui présentent une certaine
analogie avec ceux de la Callidie seront décrits dans le chapitre du « Sapin ».
92 INTÉRIEUR DU BOIS
par l'absence de dépression sur les élytres et par la présence
d’une ligne médiane lisse sur le corselet.
On ne sait pas grand’chose sur la biologie de ces ; deux Céram-
bycides. On admet toutefois qu'ils évoluent en une année. Les
couloirs que, surtout dans les régions élevées, ils pratiquent
dans les grands Épicéas en voie de dépérissement, sont du même
type, mais plus gros que ceux du Callidium luridum L. La Larve
s’enfonce dans le bois, mais ne creuse pas de galerie en forme de
crochet.
Dans le Jura et les Alpes, on remarque à tous moments la pré-
sence de ces Cérambycides dans les souches en voie de décompo-
sition. Ils ne causent guère que des ravages secondaires (1).
Formica ligniperda Latr. Hyméxorr., Formicidæ
Formica herculeana L. [PI. I, fig. 5]
Fourmis
On rencontre plusieurs espèces de Fourmis dans la campagne
et les bois. Nous ne signalons ici que les deux espèces les plus
importantes au point de vue de la conservation des forêts.
On sait que les Fourmis, à l’instar des Abeilles, constituent des
sociétés dans lesquelles on distingue trois sortes d'individus : les
femelles, les mâles, tous deux ailés et les ouvrières aptères. Les
femelles perdent leurs ailes après l’accouplement qui se produit
dans les airs.
La principale caractéristique morphologique des Fourmis réside
dans la forme de l’abdomen qui est ovalaire et rattaché au thorax
par un pédicule très étroit. Les ailes ne sont pas pliables. Les
organes génitaux des femelles et des ouvrières débouchent
dans un aiguillon.
Les Larves apodes sont composées de onze segments, avec tête
(1) On trouve également dans les couches cambiales de l'Épicéa des
couloirs sinueux avec berceaux en forme de crochets entaillés dans le bois.
Ces dégâts sont causés par les Larves d’un Cérambycide, le Molorchus
minor L. Son importance forestière est minime.
ÉPICÉA 93
fortement chitineuse, privée d’yeux. Dans certains cas, l’Insecte
tisse avant sa chrysalidation un cocon de soie.
Les deux espèces forestières se différencient par les caractères
suivants : le premier segment abdominal de l’ouvrière de la
Formica herculeana L. porte seul une tache rougeâtre. Longueur :
15 à 17 millimètres.
Hg 74. — Poutre d'Épicéa ravagée par la Formica herculeana L. (la péripherie est restée
indemne), 1/2 gr. nat. (oriq.).
L'’ouvrière de la Formica ligniperda Latr. mesure de 10 à
14 millimètres de longueur; elle est noirâtre, avec le funicule,
les pattes et presque toujours la partie antérieure du premier
segment abdominal brun-rouge. La femelle, qui mesure de 16 à
18 millimètres de longueur, est brillante, porte des ailes d’un
brun jaunâtre avec nervures foncées.
Ces deux espèces vivent dans les troncs de l'Épicéa, du Sapin
et d’autres résineux, en choisissant de préférence les arbres dont
le pied est atteint par la pourriture. Les Fourmis peuvent remon-
ter à l'intérieur du tronc jusqu à 8 à 10 mètres de hauteur et
94 INTÉRIEUR DU BOIS
recherchent le bois sain où elles pratiquent des galeries sinueuses
généralement de { à 5 centimètres de diamètre. Les plus impor-
tantes sont celles qui ont une direction verticale et qui sont forées
dans le bois tendre de la première sève.
Certains systèmes de ravages présentent parfois des feuillets
verticaux qui sont constitués par les couches ligneuses d’automne
que l’Insecte évite de ronger, en raison même de leur dureté.
Ce sont les Pics qui font généralement découvrir la présence
des Fourmis à l’intérieur des troncs. Les arbres envahis doivent
être exploités en même temps que les chablis; mais dans certains
cas, il peut être indiqué de réserver certains d’entre eux comme
nichoirs pour les Pics qui sont certainement de bons auxiliaires
des forestiers (1).
Sirex gigas L. Hyuénorr., Uroceridæ ou S'ericidæ [PI I, fig. 4]
Sirex géant
Longueur : femelle, 24 à 45 millimètres (tarière comprise);
mâle, 20 à 30 millimètres. Les Sirex ne peuvent être confondus
avec aucun autre Insecte. Ils doivent être classés parmi les
Xylophages européens les plus grands. Le principal organe dis-
(1) Ces Fourmis dévastent parfois les bois ouvragés, spécialement les
colonnes et poutraisons apparentes des chalets, des bois non immunisés
par une substance préservatrice.
Une autre Fourmi se rencontre à chaque pas dans les forêts résineuses,
c’est la Formica rufa L. qui, à l’aide de détritus ligneux, construit de
grandes fourmilières au pied des troncs ou dans les anfractuosités de ro-
chers. Si l’on examine ces détritus, on voit qu'ils sont mélangés à des
débris d’Insectes de tous genres, recrutés spécialement parmi les espèces
nuisibles, car les Fourmis se nourrissent, non seulement de végétaux, mais
aussi de substance animale.
On sait que, dans certaines régions, on récolte les œufs de Fourmis, qui
sont à proprement parler des cocons, pour la nourriture des Oiseaux. Cette
coutume ne devrait pas être tolérée et les sylviculteurs devraient protéger
cette espèce de Fourmi dont le travail contribue à enrichir le sol d’humus
et à détruire, en particulier, les Chenilles ravageuses qui sont déchirées et
sucées.
Le professeur Auguste Forez a publié des études très complètes sur la
vie des Fourmis et leurs travaux dans les bois et les champs (7874).
ÉPICÉA 95
tinctif est la tarière, qui, chez la femelle, se compose d’une gaine
protégeant un double stylet extérieurement dentelé et un gor-
geret qui sert à perforer verticalement dans le bois une galerie
destinée à recevoir l’œuf. La tête et le thorax sont noirs, les
antennes filiformes; derrière les yeux, on aperçoit deux taches;
les a'les et les pattes sont jaunes. Le mâle porte sur les seg-
ments abdominaux de deux à s:x bandes transversales brun-
rouge. Le premier segment abdominal est noir. Les segments de la
femelle sont de couleur brun violet. L’extrémité de l'abdomen est
en forme de spatule recouvrant la région antérieure de la tarière.
L’essaimage a lieu en juin, et, après l’accouplement, la femelle
choisit un,emplacement sur le tronc debout ou abattu, avec ou
sans écorce, pour y opérer sa ponte. C’est au moyen de la iarière
que les œufs sont déposés individuellement au fond d’un canal
du calibre d’une a'guille. La Larve, une fois éclose, creuse un
couloir sinueux ayant jusqu'à 15 à 20 centimètres de longueur.
Elle parcourt le bois en abandonnant derrière elle des excréments
ligneux. Le couloir aboutit au berceau de chrysalide d’où l'In-
secte s'échappe en forant une galerie spéciale cylindrique et en
arc de cercle. L’Insecte ailé fore parfois sur une longueur de 8 à
10 centimètres une galerie taillée dans le bois sain pour gagner le
dehors par le plus court chemin. FABRE (7891, p. 308) a démon-
tré pour quelles raisons ce couloir ne pouvait être rectiligne.
En examinant de l'extérieur les troncs ravagés par les Sirex,
on remarque des trous de calibres très divers, rappelant ceux
pratiqués par un autre Xylophage des résineux, le Lymexylon
dermestoides L.; toutefois, les orifices et couloirs des Sirex sont
sensiblement plus grands.
On n’est pas encore exactement fixé sur la durée de l’évolution
des Sirex. Cependant, on admet que la génération dure au moins
deux ans.
L’Insecte attaque de préférence des arbres anémiés ou dont
la partie inférieure du tronc a é‘é blessée, jamais des résineux
dont le bois est pourri. Les Sirex recherchent aussi souvent des
charpentes ou des poutres équarries parfaitement saines ou
abattues à la sève.
96 INTÉRIEUR DU BOIS
Il n’est pas rare qu'on introduise inconsciemment, dans les
bois employés à la construction, des œufs de Sirex. Dans ce cas,
le travail de forage des Larves se poursuit ‘en sourdine dans les
Fig. 79. — Ravages du Sirez g gas L. dans un tronc d'Épicéa. L’Insecte est représenté sous ses
trois formes, 2/3 qr. nat. oriq.).
charpentes et poutraisons. On ne s'aperçoit du désastre que
lorsque la substance ligneuse est en partie désagrégée et qu’elle
laisse échapper des Insectes ailés.
Le Sirex gigas L. s'attaque également au Sapin et au Pin.
Moyens préventifs. — Éviter d'abattre des bois au moment de
ÉPICÉA 97
la période de végétation. Surveiller les chantiers où l’on remarque
des vols de Sirex, et, surtout dans les constructions, immuniser
les charpentes et poutraisons au moyen de liquides insecticides.
Il n’est pas toujours facile de vérifier si les bois équarris
renferment des œufs, ces derniers étant de même couleur que la
matière ligneuse.
Moyens répressifs. — Dans les coupes dont les souches sont
criblées de trous forés par les Sirex, 1l peut être indiqué de détruire
ces cachettes renfermant des Larves.
Sirex spectrum L. Hyuéxorr., Urocerideæ
Sirex spectre
Longueur, femelle : 37 à 45 millimètres (tarière comprise);
mâle : 16 à 25 millimètres. Le Sirex spectrum L. est d'apparence
«noirâtre. Il y a peu de différences extérieures entre les deux
Fig. 76. — Deux Insectes femelles du Sirez spectrum L. occupés à pondre sur un tronc d’Epicéa.
A gauche 9 se dressant sur ses pattes et commençant la perforation, la gaine étant relevée et
à 7 5 arquée ; à dr. $ achevant la ponte, la tarière est complètement enfoncée dans le bois
oriq.).
sexes, sauf la longueur du corps et l’absence de tarière chez le
mâle. La forme générale est très allongée, sensiblement plus mince
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE T
98 INTÉRIEUR DU BOIS
que celle de l’espèce précédente. Toutefois, chez la femelle, dont
la tarière est très allongée, les hanches sont foncées.
La ponte dure quelques minutes à peine. Chaque fois que la
femelle va déposer un œuf, elle perce un nouveau trou en enfon-
cant généralement perpendiculairement son stylet dont toute
la longueur pénètre dans le bois. Pour effectuer cette opération,
le Sirex spectrum L. s'élève sur les jambes et incline sa tête en
bas (fig. 76).
Cette espèce vit généralement sur le Sapin; de même que la sui-
vante, elle est moins répandue dans les forêts résineuses que le
Sirex gigas L.
Sirex juvencus L. Hyménorr., L'roceridæ
Sirex commun [PI IE, fiq. 4, 7]
Lengueur, femelle : 15 à 35 millimètres (tarière comprise);
mâle : 12 à 29 millimètres. L’Insecte présente dans les deux sexes
une couleur métallique d'un bleu foncé. La femelle a les trois
paires de pattes jaune-rougeâtre à parür du fémur. La tarière
est moins longue que celle du Sirex géant. Le mâle a les pattes
postérieures brun-rouge, à l'exception des fémurs et des tarses
qui sont d’un bleu foncé métallique.
Cet Insecte vit également sur l’Épicéa, mais on le rencontre
le plus souvent dans les Pins. Ajoutons que nous l'avons vu sortir
d’un parquet de Chêne, mais il est possible qu'il soit éclos dans
la lambourde d’Épicéa sur laquelle reposait le parquet.
Les ouvriers forestiers sont souvent effrayés à la vue des Sirex
volants, qu'ils prennent volontiers pour des Frelons, n’envisa-
geant que leur couleur et regardant la tarière des femelles comme
un dard venimeux.
Anobium domesticum Fourc. Coréopr., Anobudeæ
Vrillette domestique
Les Vrnilleties sont des Xylophages proprement dits, soit
des Coléoptères qui, à l'instar des Bostryches, pénètrent dans le
ÉPICÉA 99
bois pour y opérer leur ponte. Ces Insectes, de petite dimension,
sont de couleur foncée sans aucune tache apparente. Leur tête
est cachée sous le corselet. Les tarses portent cinq articles et les
antennes, qui en comptent onze, ont un funicule sans massue.
Une fine ponctuation orne les élytres. Le corps des Larves est
Fig. 77. — Poutre d’Épicéa ravagée par l’Anobium domesticum Fourc., 1/1 gr. nat.
(orig. coll. Pauly, Munich).
épais, avec renflements transversaux sur les segments. La tête,
fortement chitineuse, est beaucoup plus étroite que les anneaux
thoraciques. Les pattes sont bien développées et pileuses.
Les Vrillettes sont avant tout, des ravageurs de bois ouvragés,
soit meubles, charpentes ou poutraisons. On appelle communé-
ment « vermoulure » la poussière qui s'échappe des objets qu'ils
ont envahis. Ces Insectes ont ceci de particulier, c'est qu'ils se
100 INTÉRIEUR DU BOIS
plaisent à évoluer dans les bois absolument desséchés. Le mou-
vement de sève leur est contraire; ils sont à redouter dans toutes
les constructions et plus particulièrement dans les bois résineux
(Sapin et Épicéa).
L’Anobium domesticum Fourc. mesure de 3 à 4,5 millimètres
de longueur; 1l est noirâtre. Le corselet porte à sa partie anté-
rieure un petit tubercule tronqué dont les faces latérales sont
aplaties; une dépression se trouve de chaque côté de ce tubercule.
Les élytres sont finement striés, ponctués et convexes à leur extré-
mité.
On ne sait pas grand’chose sur l’évolution de ces Insectes,
mais 1l est certain qu'ils essaiment en juillet et en août.
D'une manière générale, les Vrillettes, comme nous l’avons dit,
s’attaquent aux bois ouvragés, recherchant les couches extérieures
tendres dont les sucs sont plus abondants que dans celles du cen-
tre. C’est surtout l’amidon de l’aubier quitente ces Xylophages.
On les remarque dans les meubles et boiseries de Chêne et de
Noyer dans lesquels leurs ravages s'arrêtent souvent à la limite
du bois de cœur.
La Larve de l’Anobium domesticum Fourc. creuse des couloirs
dans tous les sens, respectant la surface des objets où l’on
n’aperçoit guère que les orifices de sortie des Insectes parfaits.
Lorsque les ravages sont intenses, le bois tombe en poussière
et devient « vermoulu ».
Anobium molle L. Coréopr., Anobiidæ
Vrillette molle
Longueur : 5 millimètres. De couleur brun rouge, oblong,
recouvert d’une pilosité grisâtre, très fine. Corselet plus large
que long, de même largeur que la base des élytres.
Les ravages de cette espèce rappellent beaucoup ceux causés
par la précédente.
Moyens préventifs. — Éviter d'employer, pour la construction
ÉPICÉA | 101
des maisons et des meubles, des bois abattus à la sève ou insuf-
fisamment desséchés. Les poutraisons, charpentes et parties
cachées des boiseries et des planchers, ainsi que tous les bois
employés en plein air devraient être badigeonnés avec des
liquides insecticides, comme le préconise le professeur HENRY
(1909).
Moyens répressifs. — Dans les endroits où ‘il est facile de
surveiller le travail des Insectes parfaits, grâce à la sciure rejetée
au dehors, on peut faire pénétrer dans les systèmes en activité
des solutions de 5 grammes de sublimé dans un demi-litre d'alcool
ou de chlorure de zinc. De cette façon, on détruira une certaine
quantité de Larves et d’Insectes opérant dans les couches exté-
rieures.
RAMEAUX
Magdalis violacea L. Coréopr., Curculionidæ (1)
Longueur : 3,5 à 4,8 millimètres. Couleur générale bleuâtre,
veux aplatis, rostre à peine recourbé. Les élytres sont striés,
ponctués avec des interstries deux fois plus larges et ornées
d’une ligne pointllée prononcée. Fémur des pattes antérieures
muni d'un fort crochet.
L'évolution de ce Charançon dure une année. La femelle
pond généralement en mai (en juin dans les régions élevées),
dans les branches et rameaux des Épicéas en voie de dépérisse-
ment et, le plus souvent, dans les branches ou perches gisant à
terre ou employées pour des clôtures. De toute façon, cet Insecte
exige pour sa ponte des bois non écorcés.
La Larve fouille en tous sens le Liber de l'écorce ainsi que l’au-
bier pour y pratiquer les berceaux de chrysalide en forme d’é-
cuelle. Souvent la chrysalidation se produit dans la moelle.
Le Magdalis violacea L. peut parfois infester les rameaux
(1) Vivent également sur l’Épicéa les deux espèces voisines: Magdalis
phlegmatica Hbst. et M. duplicata Germ.
102 RAMEAUX
sains. On le trouve également sur d’autres résineux, en particulier
sur les Pins. Ses ravages sont d'ordre secondaire et sa biologie
nécessite une étude plus approfondie.
Chermes abietis Kitb. Ruyxcuotes, Phylloxeride
Chermes de lEpicéa
Les Chermes doivent être rangés parmi les Insectes qui se
reproduisent par parthénogenèse cyclique ou hétéroparthéno-
genèse, phénomène que nous avons exposé dans la « Partie z00-
logique ». L'évolution des Chermes est aussi curieuse que compli-
quée et ressemble à celle du Phylloxéra de la vigne. Nous ne
pouvons entrer ici dans les détails biologiques sans sortir des
limites que nous nous sommes imposées. On trouvera dans
HExNEGuY (1904, p. 241 à 245), Junercx et NirscEe (1895,
p. 1121 à 1240), et Nusszin (1905, p. 415 à 429) une description
détaillée de ces Insectes et de leur développement.
C'est à CHozonkowsKY (2896) que nous devons les plus impor-
tantes études sur les Chermes. D'après cet auteur, presque
toutes les espèces de Chermes ont un cycle reproducteur de deux
ans et comptent au maximum six formes d'individus, souvent
avec migrations sur des Conifères différents.
On distingue chez le Chermes abietis Kitb. : a) fondatrices
femelles vraies; b) émigrantes ailées; c) émigrées ; d) exilées
sexupares; e) Sexués.
Cet Insecte évolue en une année et sans migration. Il ne revêt
que cinq formes. On observe dans ce cas deux générations par-
thénogenétiques, l’une sans ailes qui hiverne et l’autre ailée qui
se développe durant la saison estivale.
La forme ailée porte des antennes à cinq articles et deux paires
d’ailes transparentes. Elle mesure de 2 à 2,4 millimètres. Les ailes
antérieures déployées peuvent compter 3 millimètres. Le corps
est vert jaunâtre, la tête noirâtre. La forme aptère, hivernante,
porte sur le dos six lignes longitudinales de plaques glandulaires.
Au printemps, cette forme est d'apparence verdâtre et foncée,
entourée d'un duvet laineux.
ÉPICÉA 103
L’Insecte aptère se fixe en automne à la base d’un bourgeon
prêt à se développer l’année suivante. Au moment de la sève
ascendante, l'animal subit plusieurs mues et devient le fonda-
teur dont les piqüres à la base de la pousse annuelle provoquent
Fig 78. — Rameau d’Épicéa ravagé par le Chermes abietis Kitb. a, coupe à travers la galle
montrant les niches des larves, 1/2 gr. nat. (orig.).
la formation des galles en forme d’ananas si fréquentes dans les
plantations d'Épicéas de la plaine et de la haute montagne.
Tout forestier connaît les ravages causés par les Chermes;
ils déforment les Épicéas de deux à vingt ans. Il ne faut toutefois
pas assimiler ces ravages à ceux des Papillons et des Xylophages,
car rarement on constate le dépérissement de la plante, mais,
bien plutôt, seulement une déformation ou le desséchement
de certains rameaux latéraux, ou moins souvent encore de la
flèche.
En pratique, on ne peut songer à détruire les Chermes qui
104 RAMEAUX
sont considérés à tort comme des ennemis redoutables des
jeunes Épicéas naturels ou issus de plantations. A partir du
Fig. 79. — Plant d'Épicéa âgé de 18 ans ravagé et déformé par le Chermes abiüetis Kltb., env.
1/10 gr. nat. (orig.)
moment où les Épicéas atteignent la dimension de perchis,
l'influence de ces Insectes est à peu près nulle.
ÉPICÉA 105
Chermes strobilobius Kiltb. Ruyncnotes, Phylloxerideæ
Cet Insecte se différencie du précédent sous le rapport de son
évolution. En effet, il vit en parasite, non seulement sur l’Épicéa,
mais encore sur le Mélèze. Après avoir subi quatre mues, les
Chermes, issus des galles, deviennent aïlés et émigrent sur un
arbre d’une autre essence, chez nous sur le Mélèze, en Russie
sur les Pins; c’est la forme des « émigrées » dont nous avons parlé
plus haut.
Les galles provoquées par la succion du Chermes strobilobius
Fig. So. — Chermes strobilobius Kltb. sur rameau d’Epicéa, env. 3/4 gr. nat. (orig.).
Kltb. sont plus petites et plus globuleuses que celles du Chermes
abietis Kitb. Les femelles ailées déposent leurs œufs au printemps
sur les aiguilles du Mélèze. De ces œufs, sortent en automne des
Larves jaunâtres qui ne sucent que pendant peu de temps les
aiguilles et hivernent, cachées dans les anfractuosités de l'écorce.
Au printemps suivant, ces Larves se transforment en femelles
aptères capables de pondre. Après cette troisième mue, les
Insectes se divisent en deux groupes : l’un demeure sur le Mé-
106 BOURGEONS
lèze, produisant plusieurs générations parthénogenétiques qui
finissent par dégénérer. Les individus de l’autre groupe, après
avoir subi une mue, acquièrent des ailes et retournent à l'Épicéa.
Ils deviennent sexupares en mai ou juin et pondent quelques
œufs dans les aiguilles des bourgeons en formation. Deux ou trois
semaines après, les Insectes de la cinquième génération éclosent
et sucent les aiguilles en provoquant des taches à leur surface.
La quatrième mue se produit après trois ou quatre semaines
et les jeunes se transforment en sexués privés d'ailes. L’accouple-
ment suit, puis il est pondu un seul œuf qui donne naissance à la
fondatrice (HENNEGUY, 1904, p. 243).
Dans le Jura, cet Insecte est beaucoup moins commun que
le précédent. Toutefois, dans certaines parties de la France, le cas
inverse est plus fréquent.
Si dans les parcs, cultures, établissements arboricoles, pépi-
nières, 1l peut être indiqué d’asperger les arbres contaminés au
moyen d'un liquide insecticide, cette opération ne peut être
entreprise dans les forêts d’une certaine importance (1).
BOURGEONS
Tortrix pactolana 211. Lépioopr., Tortricidæ
Pyrale des verticilles [PL E, fig. 9]
Envergure : 12 à 14 millimètres; Chenille, longueur : 9 à
11 millimètres. Le Papillon est d'apparence grisâtre. Les ailes
antérieures sont d’un vert olivâtre avec une double ligne mé-
diane brisée, de couleur blanchâtre, formant une pointe dirigée
vers la bordure.
(1) Nous signalons encore parmi les ravageurs des rameaux de l’Épicéa
un Rhynchote de la famille des Coccides, le Lecanium hemicryphum Dalm.
qui apparaît dans les cultures et provoque la formation de petites boules
fendues ayant la forme de grains de café et insérées à la base des verticilles.
Cet Insecte est beaucoup moins répandu que les Chermes et ses ravages sont
peu appréciables.
ÉPICÉA 107
La Chenille est jaune pâle; sa tête ainsi que l’écusson sont d’un
brun clair.
L'évolution de ce Papillon est indiquée par le graphique ei-
après. En juin, la femelle dépose ses œufs dans les minuscules
anfractuosités de l’écorce, à la base des verticilles.
Les jeunes Chenilles pénètrent sous l'écorce où
elles pratiquent de très courts couloirs irréguliers
qu'elles garnissent d’un duvet soyeux. Peu detemps || Mars. .
après la perforation des couches corticales, on re- || avr. .
marque des amoncellements de sciure brunâtre |
formant des grumeaux souvent amalgamés par des
gouttes de résine qui s'échappe de l’orifice d’entrée.
La chrysalidation se produit à cet endroit et le
Papillon quitte le cocon, tandis que ce dernier reste
pris dans la sciure résineuse. Sept . .
La période de ravages se poursuit jusqu'aux
premiers froids de l’arrière-automne et peut re-
commencer parfois déjà en mars si la température
est élevée.
Juin .
. 1
ae 1
I
I
I
sen
3 .
Je
Août . .
-|-l- 1-1.)
Ce sont les Épicéas âgés de dix à treize ans que ce Papillon
recherche. On remarque que, sur les jeunes arbres dont les ra-
meaux supérieurs et la flèche sont encore trop minces, les ravages
apparaissent le long de la tige à partir du quatrième ou cinquième
verticille, par la simple raison que l'écorce doit avoir une certaine
épaisseur pour permettre à la Chenille de construire un système
de couloirs. Toutefois, les Papillons évitent d'attaquer les Épi-
céas âgés, revêtus d’une écorce épaisse.
On comprend facilement quelle est la conséquence de ces
meurtrissures qui intéressent spécialement la tige des jeunes
arbres. La sève et la résine s’écoulent avec d’autant plus de rapi-
dité que l’Insecte aura fouillé une plus grande surface du pour-
tour de la tige.
Si la Pyrale des verticilles peut parfois provoquer, surtout
après les années de sécheresse, le dépérissement des Épicéas,
ses ravages peuvent également favoriser l'invasion d’autres
Xylophages ou même de Champignons.
108 BOURGEONS
Exceptionnellement, la Tortrix pactolana ZI]. s'attaque au
Sapin et au Genévrier.
Fig. 81. — Verticille d'Épicéa attaqué par la Tortriæ pactolana ZI.
a, Chrysalides retenues dans les amoncellements de sciure brune, env.3// gr. nat. (orig.
coll. Standfuss, Zurich).
Moyens préventifs. — Comme nous avons affaire ici, avant
tout, à un ennemi de l’Épicéa, il faut éviter ses déprédations dans
les grands chantiers de reboisement et associer d’autres essences
à l’Épicéa. C’est, du reste, le meilleur moyen de circonscrire,
d’une manière générale, les ravages de tous les Insectes.
Moyens répressifs. — Lorsque les foyers d'infection sont peu
ÉPICÉA 109
étendus et n'’affectent que des arbres de petite dimension, on
peut traiter les plaies à l’aide du goudron ou du coaltar. Il est
aussi indiqué d’abattre et brûler les tiges dont le dépérissement
est trop avancé.
Tortrix duplicana Z1l. Lépinopr., Tortricidæ
Envergure : 15 à 16 millimètres. Ressemble beaucoup au pré-
cédent. Toutefois, les ailes antérieures sont plus brunâtres et
la tache claire qui les orne est interrompue par le champ foncé.
D'après FREY (1880), ce Microlépidoptère se rencontrerait
dans les Alpes jusqu’à 1.800 mètres d’altitude.
Sa biologie et ses ravages sont à peu près semblables à ceux
de la Tortrix pactolana ZI, avec laquelle on l’a longtemps
confondue (1).
FPEUNÈLES
Liparis monacha L. Lépinorr., Ziparidæ
(Ocneria monacha Hbn., Psilura monacha Stph., Lymantria
monacha L.) [PI. I, fig. 10, 10 a, 10 b]
Nonne ou Bombyce moine.
Nous parlerons ici, à propos de l’Épicéa, du plus dangereux
ravageur des futaies résineuses, la Nonne, bien que celle-ci soit
excessivement polyphage et s'attaque à presque toutes les
essences forestières sociales. Il n’en est pas moins vrai que ce
sont les forêts pures d'Épicéas de l’Allemagne et de l’Autriche
(1) Un Insecte de la famille des Élatérides (Coléopt.) ravage l’épiderme
des bourgeons de l’Épicéa, c’est l’Elater tesselatus L., qui, sous la forme de
Larve, provoque le dépérissement des pousses au moment de leur dévelop-
pement. Ce ravageur est rare.
110 FEUILLES
qui ont été le plus sérieusement dévastées durant le siècle der-
nier.
Les pessières pures de France et de Suisse, recouvrant une
surface boisée beaucoup moins vaste, restreigrent le champ
d'activité de la Nonne; aussi, ces pays n’ont pas eu Jusqu'ici
à déplorer des ravages d’une importance et d’une gravité
comparables à ceux des régions germaniques où la régénération
artificielle entreprise presque exclusivement à l’aide de l’Épicéa,
demeure toujours en faveur.
En Belgique (Dusots, 1907, p. 149, 489, 579; DRuMAUX et DE
M., 1908, p. 251, 500, 555, 617, 679), la Nonne a fait plusieurs
fois son apparition, notamment dans la Campine où des me-
sures énergiques prises dès le début ont entravé son extension,
non sans avoir exigé des sacrifices importants de la part des
propriétaires de forêts envahies.
Si la Nonne n'est pas un spectre menaçant pour les forêts
françaises et suisses, 1l n’en est pas moins vrai que les reboise-
ments artificiels de résineux qui, dans certaines régions, ont pris
une très grande importance, peuvent offrir dans un laps de temps
plus ou moins lointain un sérieux appât à ce Papillon. C’est pour-
quoi nous jugeons opportun d'entrer ici dans certains détails
concernant la lutte à entreprendre contre ce redoutable ravageur.
Longueur du Papillon étalé, mâle : 33 à 45 millimètres; fe-
melle : 40 à 55 millimètres; Chenille, au moment de la sortie de
l'œuf : 5 millimètres; après la quatrième mue : 50 millimètres.
Le Papillon a les ailes antérieures d’un blanc crayeux avec des
lignes en zig-zag noirâtres. Les ailes postérieures sont grises.
L’abdomen est rétréci chez le mâle, 1l porte à son extrémité un
pinceau élargi. Sur la face dorsale de l’abdomen, on remarque
une série de taches noirâtres se détachant sur un fond de couleur
rosée devenant plus intense vers l'extrémité, surtout chez la
femelle. Cette dernière porte, en outre, un oviscapte proéminent.
Les anneaux abdominaux sont dans les deux sexes frangés d’une
bordure foncée. Les antennes du mâle, comme celles de la plupart
des Macrolépidoptères, sont allongées, pectinées et de couleur
grisâtre.
ÉPICÉA LL
La couleur de la Chenille et du Papillon varie suivant l’âge et
l’alimentation. Au moment de la sortie de l’œuf, la Larve est de
couleur noirâtre; cette pigmentation est concentrée sur six ma-
melons pileux. Plus tard, cette Larve prend, le plus souvent, une
Fig. 82. — Aspert d’une futaie d'Épicéas ravagée par la Nonne (Liparis monacha L.) au moment
d'an second vol des Papillons. Les arbres sont complètement depouillés de leurs aiguilles.
Forêt d'Ebersberg, Bavière, juillet 1891 (orig. cliché de Tubeuf).
apparence jaunâtre ou brunâtre avec la tête de teinte claire,
souvent bleuâtre ou verdâtre. Une tache foncée recouvre le
deuxième anneau et se poursuit sur les quatrième, cinquième,
sixième et septième anneaux; elle s'étale en élargissements
latéraux. Le huitième anneau présente une interruption de ce
chaînon foncé et un élargissement de teinte claire avec deux
points foncés. Les anneaux 9 et 10, de couleur également som-
142 FEUILLES
bre, portent chacun au milieu de leur surface un point rouge.
Ce dernier caractère est un des meilleurs critères pour la déter-
mination de l’espèce.
On a remarqué que les forêts feuillues nourrissaient des Che-
nilles claires, tandis que les résineuses hébergeaient plutôt des
foncées.
La Chrysalide est bronzée, brillante, revêtue de touffes de
poils rougeâtres. Elle est entourée d’un filet soyeux très peu
serré qui lui permet de s’accrocher en particulier aux anfrac-
tuosités de l'écorce.
D’après METzGER (1895), on distingue deux espèces de Che-
nilles dès la Nonne; celle qui a quatre mues et celle qui en a
cinq. Cette dernière devient plus grosse et la chrysalidation se
produit plus tard que chez la première.
Les œufs mesurent environ 1 millimètre d'épaisseur et sont,
au moment de la ponte, de couleur lilas clair; ils deviennent
ensuite brun clair, puis, avant l’éclosion, prennent des reflets
nacrés.
L'évolution de la Nonne a lieu suivant le gra-
phique ci-joint; donc dans l’espace d’une année,
avec hivernement à l’état d'œuf.
Peu d’Insectes ont suscité autant que la Nonne
de discussions et de publications dans le monde des
sylviculteurs et des entomologistes forestiers alle-
mands. Voici plus d’un siècle qu’on cherche à en-
traver et à circonscrire ses ravages, mais il faut
reconnaître qu'actuellement, malgré des efforts
Mars
Avril. .
More
JUNE
AH I CRE
Août . .
considérables, le danger est toujours aussi grand
et ce Papillon demeure le fléau menaçant des fu-
Sept me
Octobre. taies résineuses de plaine.
L’essaimement a lieu en juillet, de préférence
la nuit et au bord des massifs à la lisière des
clairières. Durant les nuits claires, on remarque
que les Papillons sont très mobiles et capables de se transporter
à de grandes distances. En 1891, par exemple, ils ont traversé
le lac de Constance. Les lumières les attirent et dans les villes
ÉPICÉA | 115
avoisinant les forêts contaminées, on a remarqué que les Papil-
lons essaimaient en grand nombre autour des réverbères.
L’accouplement a lieu d’une façon assez curieuse et toujours
Fig. 53. — Papillons de la Nonne sur un tronc d’Épicéa avant la ponte (orig. cliché de Tubeuf)
au repos, le mâle ayant les ailes pliées en triangle, la tête en bas,
la femelle dans la même position, mais la tête dirigée vers la
cime de l’arbre. Dans certains cas, on trouve des Papillons accou-
plés sur des troncs abattus ou fixés sur d’autres objets, surtout si
l'invasion est intense.
La femelle pond 20 à 100 œufs dans un espace très réduit, en
prenant comme abri les écailles de l’écorce des résineux ou des
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 8
114 FEUILLES
lichens des arbres à écorce lisse. La ponte peut s'étendre sur
toute la longueur du tronc. Au milieu d’avril, les jeunes Larves
éclosent et- demeurent quelques jours réunies en « miroirs » sur
un espace de quelques centimètres carrés. Elles forment des mi-
roirs semblables pour effectuer chacune de leurs mues.
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Fig. 84. — Chenilles adultes de la Nonne descendant de la cime et arrêtées
par l'anneau de glu (orig. cliché de Tubeuf).
Dès leur éclosion, les jeunes Chenilles tissent des fils de soie
qui leur permettent de grimper le Tong des troncs lisses, du
Hêtre par exemple, ou de confectionner des voiles qui leur faci-
litent le passage d’un arbre à l’autre ou les engagent à franchir
des obstacles de toute nature. Le moindre mouvement se pro-
duisant dans le voisinage de l’arbre ou une commotion dans
l’air remplissent la Chenille de crainte et l’engagent à gagner
rapidement le sol au moyen du fil de so'e. L'animal retourne
ÉPICÉA 115
ensuite dans la cime en suivant le tronc. À mesure qu’elle gros-
sit, la Chenille renonce à tisser des fils qui ne la soutiendraient
plus et ses migrations se produisent par simple adhérence contre
le tronc. C’est surtout pendant la nuit que les Larves rongent les
aiguilles et les feuilles. Le matin, avant le jour, elles redes-
cendent se reposer au bas du tronc ou souvent dans la mousse.
Si les troncs sont munis d’un anneau de glu, comme nous le
verrons plus loin, les Chenilles s’amoncellent au-dessus de cet
obstacle où certains parasites peuvent les décimer (fig. 84). On
constate que, au moins une fois durant leur existence de neuf
à dix semaines, les. Chenilles descendent à terre surtout pour
chercher de nouveaux arbres à dépouiller ou par la crainte d’un
danger. C’est en raison de cette mobilité et de cette migration
que l’on a imaginé de rendre les cimes des arbres plus ou moins
inaccessibles en entourant le tronc d’un anneau glutineux fai-
sant fonction de piège.
La seconde métamorphose, se produisant en juillet, dure
deux à trois semaines. Elle a lieu dans les anfractuosités de l’é-
corce, les cocons étant fixés au moyen de fils aux lichens ou à la
mousse. Lors de fortes invasions, on aperçoit des chainons de
cocons pendant aux branches ou aux arbrisseaux.
La Nonne qui, comme nous l’avons dit plus haut, est un des
ravageurs les plus polyphages de nos forêts, vit à l’état plus
ou moins endémique de Suède en Corse. Elle affectionne plus
particulièrement la plaine et ses peuplements forestiers rési-
neux ou mélangés de feuillus. Elle peut exceptionnellement
monter Jusqu'à 1.400 mètres dans les Alpes. Toutefois, au-dessus
de 1.000 mètres, on estime que ses atteintes ne présentent plus le
caractère d’invasions.
Comme la Nonne, sous sa forme la plus dangereuse, opère
ses dégâts précisément au moment où la végétation commence,
les déprédations sont d’autant plus graves que la Chenille ab-
sorbe une grande quantité de nourriture tendre pour son alimen-
tation. Toutefois, la façon de ronger varie suivant les essences;
ainsi, sur l’Épicéa, le jeune animal entame les bourgeons et les
pousses qui s’épanouissent, tandis que, après la deuxième mue,
116 FEUILLES
elle se jette sur les aiguilles de l’année précédente et les dévore,
en allant de la pointe à la base. Sur les Pins, par contre, c’est
l'inverse qui se produit ; les Chenilles, une fois écloses, s’attaquent
aux anciennes aiguilles en commençant par la base. Les Larves
adultes coupent par la moitié les aiguilles des Pins, laissant
tomber à terre la pointe et mangeant le solde jusqu’à sa gaine.
Fig. 85. — Peuplement d'Épicéas infesté par la Nonne. Les arbres sont munis d’un anneau de glu
au-dessous duquel les Chenilles se sont amoncelées. Forêt d’Ebersberg, Bavière, juin 1891
(orig. cliché de Tubeuf).
Les dégâts sur les essences feuillues varient suivant que les
feuilles sont sessiles ou non. En général, les jeunes Chenilles
rongent en premier lieu les bourgeons; puis elles percent les
feuilles en évitant de toucher aux nervures. Dans d’autres cas,
en particulier sur le Hêtre, la feuille rongée prend l’aspect d’une
ancre, la nervure centrale étant épargnée.
Lors des invasions normales et peu intenses, c’est la partie
inférieure de la frondaison qui est atteinte en premier lieu, par
ÉPICÉA 117
le fait que la ponte a lieu surtout dans le bas du tronc. Lorsque
les ravages revêtent un caractère aigu, toute la cime est envahie
par les Chenilles.
Dans le cas qui nous occupe, on peut faire la même remarque
propre aux ravages causés par la majorité des Lépidoptères
vivant en parasites sur les arbres forestiers, c’est qu'une très
forte proportion de l’appareil foliacé tombant à terre est gaspillée
sans aucun avantage pour les Chenilles.
Fig. 86. — Aspect d’une coupe rase dans une futaie d’Épicéas pure après une invasion intense de
a Nonne. Les boïs ont été exploités et écorcés afin de prévenir une invasion de Bostryches.
Forêt d’Ebersberg, Bavière, juin 1891 (orig. cliché de Tubeuf).
D'une façon générale, on peut admettre que la Nonne ne cause
pas la mort des feuillus et du Mélèze, tant que ces arbres ont
acquis une certaine dimension, mais provoquent seulement une
perte d’accroissement et de semence.
Il n’en est pas de même pour l’Épicéa et les Pins qui, après
un dépouillement complet de la frondaison, sèchent l’automne
suivant ou au plus tard au printemps. Parfois, on remarque au
moment de la sève d’août la formation de bourgeons proventifs
qui s’épanouissen‘, mais ils ne tardent pas à leur tour à périr.
118 FEUILLES
Jusqu'ici on ne peut pas encore juger de quelle façon se com-
porte le Sapin, car les forêts envahies comptaient peu d’arbres
de cette essence.
L'Épicéa a plus à souffrir des atteintes de ce Papillon que les
Pins, en raison même de la forme conique de sa cime dont les
branches inférieures gardent plus longtemps leur vitalité que
celles des Pins. Les Chenilles, qui remontent le tronc de l’Épicéa,
trouvent donc à proximité immédiate du sol de quoi satisfaire
leur voracité. Il est évident que, dans les jeunes peuplements
de Pins, à l’état de perchis par exemple, la Nonne peut, après
avoir rongé les frondaisons d’une façon intensive, provoquer la
mort des arbres attaqués.
Voilà plus de cent vingt ans que les forestiers européens s’oc-
cupent de ce fléau particulièrement redoutable en Allemagne,
en Russie, en Autriche et dernièrement en Suède (1898-1901).
L'homme, malgré tous ses efforts, n’est pas encore arrivé à anéan-
tir une invasion. Seules, certaines mesures, prises à temps, peu-
vent circonscrire les ravages et diminuer leur intensité. Nous nous
bornerons ici à indiquer très brièvement les principales règles
à suivre, en renvoyant le lecteur, pour des détails complémen-
taires, aux ouvrages d’entomologie que nous avons déjà cités, en
particulier, Jupeicx et Nirscne (1895, p. 803-865).
Moyens préventifs. — 1. Constitution de massifs d’essences
mélangées en opposition aux peuplements étendus et équiens
d'Épicéas à l’état pur.
2. Éclaircies entreprises à temps dans le but de donner très
tôt de la vitalité à toutes les tiges d'avenir.
3. Inspections minutieuses et répétées à parür du mois d'avril
des forêts où l’on a, l’été précédent, remarqué des Papillons de la
Nonne.
4. Protection des Oiseaux inseciivores, en particulier des Pics,
des Étourneaux et des Chouettes.
Moyens répressifs. — Ils sont nombreux et très variés. C’est
bien lorsque la Nonne est sous la forme de Chenille adulte qu’on
ÉPICÉA 119
peut le mieux lui tendre des pièges et provoquer sa destruc-
tion.
1. Les œufs et les « miroirs » de jeunes Chenilles doivent être
brossés et écrasés au début de l’invasion si la ponte est localisée
sur un nombre restreint d'arbres qu'on abat durant le mois
d'avril.
2. Pendant l’essaimement, on peut déposer en forêt des écrans
glutineux qu'on éclaire la nuit au moyen de torches et de
flambeaux, alors que les Papillons opèrent leur vol. C’est une
façon de capturer un grand nombre de ces Lépidoptères.
3. Au début de l'invasion, circonscrire au printemps les mas-
sifs contaminés en creusant tout autour un fossé dont la paroi
extérieure doit être verticale et mesurer de 40 à 50 centimètres
de hauteur. Les abords de ces fossés doivent être débarrassés
de toute la couverture du sol et du sous-bois, car la Chenille se
jette au besoin sur les arbrisseaux et les plantes parasitaires.
C'est dans ces fossés qu’on doit concentrer la destruction des
Chenilles qui cherchent à envahir les peuplements voisins encore
indemnes. Sur le bord extérieur de ces fossés, on dispose des
perches qu’on recouvre d’une couche de glu (« Raupenleim » des
Allemands) qui constitue le piège permettant de retenir les
Chenilles prisonnières. On peut alors les affamer, les anémier,
ou bien le personnel les écrase et les détruit en les aspergeant
d'un insecticide.
4. A la périphérie de ces zones isolées où la lutte est entre-
prise d’une façon intensive, on doit, sur une largeur de 50 à
70 mètres, revêtir d’un anneau de glu tous les arbres de la forêt.
On contrôle par ce moyen l'invasion d’un massif encore indemne
et, éventuellement, on entrave la marche ascendante de la Che-
nille dans la cime des arbres limitant la zone contaminée.
Le « Raupenleim » se répand au moyen d’une spatule ou d’un
instrument ad hoc, à hauteur de poitrine sur le pourtour du tronc.
L’anneau doit avoir environ 3 centimètres de largeur et 3 à
5 millimètres d'épaisseur. On compte en moyenne de 30 à 100 ki-
los de glu pour traiter un hectare de pessière dont les troncs ont
leur partie inférieure dépouillée de branches. Un fût de 100 kilos
120 FEUILLES
de cette substance coûte de 15 à 20 francs. L'opération peut être
entreprise en avril ou en mai au plus tard et, suivant les cas,
il est nécessaire de la renouveler l’année suivante.
Ces anneaux, qui constituent un des moyens répressifs les
plus efficaces, empêchent, d’une part, l'ascension des Chenilles,
et de l’autre, la descente de ces dernières, alors qu’elles sont
trop grosses pour se laisser tomber à terre au moyen de leur fil
de soie. Elles s’amoncellent donc immédiatement des deux côtés
de cet obstacle et, par suite du manque de nourriture, finissent
par tomber malades (voir fig. 84 et 85). Elles peuvent, surtout
en cas d’invasions intenses, être anéanties par les Ichneumons,
les Diptères, les épidémies cryptogamiques ou bactériennes qui
provoquent des perturbations dans le tube digestif de la Nonne.
Toute mesure tendant à entraver ou à détruire ce terrible
ravageur doit aussi avoir pour but de favoriser les ennemis de
ce dernier. Ainsi, lorsqu'’au moyen d’anneaux, de perches gluti-
neuses ou de fossés, on a réussi à concentrer sur un espace réduit
un grand nombre de Chenilles, il ne faut pas les détruire, mais
bien plutôt les affamer pour permettre à leurs parasites de se
multiplier sur leur corps en voie de dépérissement. Remarquons,
toutefois, que cette mesure n’est applicable qu'aux Chenilles
ayant atteint la moitié de leur développement. Avant cette
période de leur évolution, elles tentent moins les ennemis que
nous venons d’énumérer et doivent être détruites par écrase-
ment, par le feu ou par un insecticide.
Lors des grands ravages bavaroiïs qui se produisirent de 1889
à 1892, on a observé que les Chenilles amoncelées en grappes
au sommet des pousses terminales étaient plus ou moins immo-
bilisées, endormies et décimées par une épidémie que le professeur
de TuBEur (1895, p. 829) a attribuée au Schizophyte nommé
Bacterium monachæ Tub. qui perfore le tube digestif de la Nonne
et finit par désagréger le corps de la Chenille (voir fig. 87).
En outre, les Ichneumons et certaines Mouches carnaires
(Diptères) pondent leurs œufs dans les Chenilles de la troisième
ou quatrième mue, alors que le ravageur est le plus vorace et le
plus dangereux.
RO
ÉPICÉA 121
Après l’encerclage des troncs au moyen du « Raupenleim » entre-
pris tout au début et qui peut entraver sérieusement l’exten-
sion de l'invasion, ce sont bien les parasites qui sont les plus
précieux auxiliaires dans la lutte. L’attention du forestier doit se
Fig. 87. — Rameaux d'Épicéa couverts de Chenilles
décimées par le Bacterium monachæ Tub. (orig. cliché de Tubeuf).
porter sur leur diffusion par les moyens les plus rapides et surtout
les plus économiques.
Nos vues photographiques donnent une idée du caractère
des ravages dans les grandes invasions. La figure 86 représente
un chantier d'exploitation après le dépérissement d’un peuple-
ment d’'Épicéas.
122 FEUILLES
Il faut, en effet, après le passage de la Nonne meurtrière,
abattre et écorcer au plus tôt les arbres en voie de desséchement
afin d'empêcher autant que possible l'installation dans le bois
des Xylophages tels que les Bostryches, les Charançons, les Cé-
rambycides, etc., dont les déprédations peuvent s'étendre éga-
lement aux massifs voisins qui auraient été épargnés par les
ravageurs des feuilles.
Nematus abietum Htg. Hyméxorr., Tenthredinidæ
(Nematus abietinus Christ.) [PI. [, fig. 7]
Némate de l'Épicéa
Longueur, Chenille : 14 à 16 millimètres; Insecte mâle : 4,5 à
5,5 millimètres; femelle : 5,5 à 6 millimètres. Cet Insecte appar-
tient à la famille des Tenthrédinides dont les représentants
portent des ailes veinées, deux crochets aux tibias antérieurs
et un abdomen composé de huit anneaux. La femelle possède
un oviscapte en forme de scie, qui lui permet de déposer ses
œufs à l’intérieur des végétaux. La Chenille est pourvue de trois
paires de pattes thoraciques articulées. Les anneaux abdominaux
sont munis, ou bien de six à onze paires de fausses pattes, ou
bien d’une paire d’appendices propulseurs se détachant des deux
côtés du dernier anneau.
Le Nematus abietum Htg. porte des antennes à neuf segments.
Le mâle est brun pâle avec la face dorsale du thorax et de l’ab-
domen d’un brun noirâtre. La femelle est brun foncé, l'abdomen
et les pattes sont brun clair. La Larve est verdâtre, soit de la
même teinte que les aiguilles de l'Épicéa. La tête, le bouclier
nuchal ainsi que les yeux sont noirs. Au-dessus de chaque fausse
patte, on remarque une verrue ornée de nombreuses petites
épines.
C’est le plus souvent sous la forme larvaire qu'on trouve cet
Insecte. En examinant l’animal avec attention, on ne peut le
confondre avec la Chenille de certains Papillons s’attaquant éga-
ÉPICÉA 123
lement aux aiguilles de l’Épicéa, bien que, sous le rapport de la
couleur et de la dimension, 1l rappelle la Chenille de la Tortrix
tedella CI.
Ses ravages se constatent presque toujours à la fin de la pé-
riode d'alimentation intense, soit précisément au moment où
1
Fig. 88. — Nematus abielum Htg. Aiguilles de la pousse de l’année ravagées par la Chenille.
Les aiguilles de l’année précedente sont épargnées. Épicéa, 1/3 gr. nat. (orig.).
la Larve descend dans la couverture du sol pour s’y chrysalider.
À cette époque-là, les aiguilles en voie de formation (fin de mai
ou commencement de juin) prennent une couleur de rouille et
se déforment. Le plus souvent les bourgeons ne sont pas atteints
et l’année suivante les arbres reprennent leur aspect ordinaire
non sans avoir subi une perte d’accroissement. On constate
rarement le desséchement de la cime ou d’une partie de la fron-
daison bien que les invasions se succèdent en général plusieurs
années de suite.
D'après le calendrier graphique ci-joint, on voit que l’évo-
124 FEUILLES
lütion de cet Insecte dure une année avec hivernage sous la forme
de Chrysalide. La ponte a lieu à la fin d’avril ou
|) au commencement de mai. Les œufs sont déposés
Fév.) 0 | sur les rameaux en voie de formation.
Mars. .| o Le Nematus abietum Htg. est un Insecte de plaine;
avril. .| +] il n’attaque pas d’autres essences et recherche
Mai. . .| ? presque exclusivement les Épicéas de dix à vingt-
DR ral cinq ans.
Jun. Gr à ee
dE Moyens préventifs. — Eviter dans les travaux
Mt :| 0 D de reboisement en plaine de créer de grandes éten-
Sept..| 0 | dues de peuplements d'Épicéas à l’état pur.
Octobre. re
ÉRRREINE Moyens répressifs. — Il est difficile, voire même
née. |, | impossible, dans les invasions un peu importantes,
de rechercher les Larves sur les rameaux, de les
détruire au moyen d’un liquide toxique ou à l’aide d'un badi-
geonnage d'une solution de 1 % de benzine et d’eau, car les
frais de ce traitement seraient disproportionnés à l'importance
des dégâts. La récolte des Chrysalides cachées dans la couver-
ture morte est encore moins réalisable.
En somme, cet Insecte est assez commun dans les plantations,
mais il ne peut être rangé au nombre des ravageurs très nuisibles
de l'Épicéa.
Lyda hypotrophica Htg. Hyméxopr., Tenthredinideæ
Lyde de lEpicéa
Longueur, Insecte ailé, mâle : 12 millimètres; femelle : 13 mil-
limètres; Larve : 25 à 30 millimètres. L’abdomen de l’Insecte
parfait est, chez les deux sexes, d’un jaune-rouge, la tête et
le thorax d’un noir brillant avec des dessins jaune clair. Les
antennes comptent de 22 à 28 articles.
La Larve varie de couleur suivant son âge. Au début, elle est
s til
ÉPICÉA 195
d’une teinte vert clair plus ou moins grisâtre. La tête et les par-
ties chitineuses plus dures sont noires. Après la dernière mue,
elles deviennent brun clair. La Chrysalide est de couleur jaune.
La Lyde essaime soit en mai, soit en juin et s’accouple dans la
Fig. 89.— Lyda hypotrophica Htg. Amas de débris attaché au verticille d’un Épicéa, 3/4 gr. nat.
(orig. coll. Pauly, Munich).
couronne des Épicéas des perches et des vieux peuplements,
exceptionnellement des jeunes arbres. Les œufs sont déposés par
paquets de quatre à douze sur le pourtour des aiguilles de
l’année précédente (Bänr, 1903, p. 171). Après l’éclosion, les
Larves descendent dans un verticille où elles vivent en colonie.
Elles rongent les aiguilles des dernières années et tissent un nid
soyeux qui finit par être rempli d’excréments. Au mois d'août,
les Larves se laissent tomber à terre et pénètrent à 15 ou 20 centi-
126 FEUILLES
mètres de profondeur pour remonter et hiverner dans les couches
supérieures du sol ou dans la couverture môrte. Au printemps
suivant, un ou deux ans plus tard, d’après les circonstances,
la chrysalidation se produit, mais sans tissage de cocon. Nous
avons donc affaire iei à un Insecte dont l’évolution dure de un à
trois ans.
Par le fait que la Lyde s'attaque à des arbres âgés, ses ravages
revêtent un caractère plus grave que ceux de la Némate. Toute-
fois, on remarque que, même après un dépouillement complet,
les bourgeons sont en état de donner naissance, l’année suivante,
à de nouvelles aiguilles. Naturellement, l’accroissement de l’arbre
est diminué et ce dernier est menacé des atteintes des Bostryches.
Parfois certains Épicéas succombent, mais c’est là un fait plutôt
rare.
L’Insecte est monogame et peu répandu sous forme d’inva-
SIOnS.
Moyens préventifs. — Ils sont identiques à ceux mis en œuvre
pour lutter contre la Némate.
Moyens répressifs. — On a remarqué que la femelle est très
peu mobile; pour gagner la cime en vue de la ponte, elle se laisse
arrêter par les anneaux de glu (1 Raupenleim ») (LANG, 1897).
Ce procédé est à appliquer lorsqu'on trouve plus de cinquante
Larves par mètre carré. :
Grapholitha tedella Cl. Lépiopr., ortricidæ
(Tortrix tedella Cl., T. comitana Schiff., T. pinetana Hbn.)
Tordeuse ou Pyrale des aiguilles de l’Épicéa [P1. r, fig. 6, 6 a]
Longueur, Papillon, ailes déployées : 12 millimètres. Ce Papil-
lon a une apparence générale d’un brun rougeâtre; les ailes
antérieures sont foncées avec reflets dorés et taches argentées
placées transversalement. Les ailes postérieures sont d’un brun
grisâtre avec franges blanches. La Chenille, que les forestiers
ÉPICÉA 127
ont plus souvent l’occasion d'identifier que le Papillon, est de
couleur brun jaune avec une double bande longitudinale brun
rouge. Parfois la Chenille a un aspect verdâtre avec les lignes
du dos d’un gris sale.
Cet Insecte est répandu partout où végète l’Épicéa en plaine
comme dans les Alpes où nous l’avons rencontré en 1907, jusque
dans les stations les plus élevées de l’Épicéa (Alpes valaisanes,
Suisse). Dans le Jura, 1l a été également abondant en 1906 et 1907.
Suivant le calendrier graphique ci-joint, le Pa-
pillon apparaît à la fin de mai ou au commence-
ment de juin et dépose quelques œufs isolés sur les
aiguilles. Au bout de quinze jours, les Chenilles sor- || Mars. .
tent de l’œuf, pénètrent dans l’intérieur de l’ai- || avril. .
guille pour y trouver leur nourriture. Nous avons |
donc, avec cet Insecte, affaire à un genre tout spé-
cial de ravages, lesquels sont très différents de ceux
que nous venons d'étudier. Il est évident que, dans
les fortes invasions et à certaines périodes de leur
évolution, les Chenilles peuvent couper les aiguilles ||Sept .-
en deux. Cctobre.
JUN
JUIN.
Aoùt . .
Une des manifestations les plus singulières de
la biologie de cette Tordeuse est la faculté que
possède la Chenille de rester tard en automne dans
la cime et de ne gagner le sol qu’au moment où le froid apparaît.
Ainsi, lors de l'invasion dans le Jura, nous avons constaté dans
les forêts de Vallorbe (Suisse), les premiers jours de décembre
1907, des Chenilles qui se laissaient tomber à terre au moyen de
leur fil de soie. En effet, lorsque la Tordeuse de l’Épicéa craint
un danger ou sent la frondaison agitée par le vent, elle quitte
aussitôt son nid et se cache le long du tronc ou dans la couver-
ture morte. KELLER (1885, p. 10-26) a observé qu'en Suisse
l’hivernement avait lieu dans la cime.
La Chenille attaque de préférence les verticilles des petites
branches et réunit parfois plusieurs aiguilles qu’elle entoure
d’un filet soyeux qui finit par se remplir d’excréments.
La Tordeuse de l’Épicéa attaque les arbres de toute dimension
128 FEUILLES
et préfère les expositions ensoleillées et les Épicéas des bordures.
En outre, on observe également sa présence dans les cultures
dont l’épaisse couverture du sol facilite l’hivernement de la Che-
nille. Durant l’automne, les cimes des peuplements contaminés
revêtent une apparence chétive et de couleur de rouille.
7SSY
Fig. 90. — Rameau d’Épicéa ravagé par la MES tedellu CL, 3/4 gr. nat. (orig. coll. Pauly,
MER (1892, p. 215-220) a observé que, lorsque la Tordeuse
opère ses ravages au moment où la période de végétation est
avancée, la vitalité de l’arbre est peu compromise, car le travail
de la zone cambiale est déjà accompli.
Ua Es
ÉPICÉA 129
Ce Papillon n’est donc pas dangereux et ses invasions se per-
pétuent, en général, deux ou trois ans de suite sans provoquer
la mort des Épicéas attaqués.
Moyens préventifs. — La Tortrix tedella CI. étant monophage,
il faut encore, dans ce cas, éviter de créer des peuplements étendus
purs.
Moyens répressifs. — On ne peut guère traiter les peuplements
âgés en vue de dépouiller leur ramure des Chenilles qui y sont
attachées. La récolte de ces dernières ou des Chrysalides n’est pas
non plus possible dans les cultures.
Tortrix histrionana Froel. Lépinopr., Zortricidæ
Pyrale des pousses de l’Épicéa [PI. I, fig. 8, 8 a]
Longueur, Papillon étalé : de 15 à 19 millimètres. Les ailes
antérieures sont d’un gris bleuâtre, la base porte une bande
brune transversale en forme de crochet; les espaces médian et
marginal sont d’un brun foncé et séparés en deux par une
tache blanche.
La Chenille est d'un vert tendre avec ligne dorsale foncée.
La tête est d’un brun foncé. L’écusson, partagé en deux longitu-
dinalement, est vert foncé dans sa partie antérieure et brun pos-
térieurement.
La biologie de ce Tortricide est encore peu connue et son
importance est minime. Cet [nsecte est beaucoup moins répandu
que l’espèce précédente. On admet que l’hivernement a lieu sous
la forme d'œuf.
La Chenille ronge les aiguilles de l’année précédente après les
avoir entourées d’un filet soyeux; plus tard, elle attaque les bour-
geons qui s’'épanouissent. Ces derniers finissent par s'étioler et
se recoquiller. La rareté des apparitions de ce Papillon nous dis-
pense d’envisager 1ci les moyens propres à le combattre.
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 9
130 CÔNES
CONES
Trois Anobudes sont à signaler comme causant des dégâts
aux cônes d'Épicéa :
Anobium abietis Fabr. Coréopr., Anobudæ
Anobium longicorne St.
Anobium angusticolle Ratz.
Vrillettes
Le premier mesure 3 à 4 millimètres; le second 2,5 millimètres
et le troisième 2,5 à 3 millimètres. L’Insecte parfait dépose ses
œufs dans les cônes alors que ces derniers
pendent encore aux branches. Les Larves
éclosent, puis continuent à fouiller l’inté-
rieurgdes fruits, même lorsque ces derniers
sont tombés. Ces ravages causent une perte
de graines à laquelle on peut remédier en
récoltant en automne les cônes dont les
Fig. 91. — Tête et antennes écailles laissent échapper de la sciure.
d'Anobium longicorne St. (orig.). É ;
Le même genre de ravages est provoqué
par les deux Lépidoptères suivants :
Phycis abietella Zk. Léproorr., Pyralidæ
(Dioryctria abietella Zell. Tinea sylvestrella Ratz.
T. splendidella H. Sch.)
Pyrale des cônes
Longueur, Papillon étalé : 3 centimètres; Chenille, 3 centi-
mètres. Les ailes antérieures sont d’un gris cendré avec bandes
transversales noires et blanches. Les postérieures sont d’un blanc
sale. La Chenille est ou bien verdâtre ou rougeâtre; elle porte une
étroite bande longitudinale sur le dos et une autre plus large sur
ÉPICÉA 131
chacun des deux côtés. Le bouclier et la tête sont bruns. Le Papil-
lon essaime en juillet, en août dans les régions élevées ou froides.
Il dépose ses œufs dans les cônes ou sur
les pousses des Épicéas ayant moins de
vingt-cinq ans. Dans les tiges des rameaux
les plus minces, on trouve parfois un cou-
loir central fouillant la moelle et mesurant
jusqu’à 30 centimètres de longueur; il est
foré par la Chenille.
Nous avons donc affaire, avec ce Papil-
lon, à la fois à un ravageur et des cônes et
des pousses. Toutefois, ce sont les cônes
«qui semblent le plus souvent recherchés.
Ces derniers, fouillés en tous sens, sauf dans
l’axe, finissent par se désagréger et tom-
bent prématurément, avant que la graine
ait acquis sa faculté germinative. Fig. 92. — Cône d'Épicéa ravagé par
la Chenille de PAycis ab'etella Zk.
En octobre, la Chenille descend dans la 4, excréments. 3/4 gr. nat. (orig. coll.
Pauly, Munich).
terre, se cache dans la couverture morte
où elle s’entoure d’un filet soyeux (Azrum, 1881, p. 169). La
chrysalidation ne se produit qu’au printemps suivant.
La Pyrale des cônes s’attaque aussi aux pousses du Sapin,
aux cônes des Pins sylvestre et maritime. La récolte des fruits
ne peut être conseillée que dans le cas où ces derniers n’ont pas
encore été délaissés par les Chenilles descendues à terre (1).
Tortrix strobilella L. Lépinopr., Zortricidæ
(Tortrix strobilana Hbn.)
Longueur, Papillon étalé : 10 à 15 millimètres; Chenille : 10 à
12 millimètres. Ce Papillon est sensiblement plus petit que le
précédent. Les ailes antérieures sont brun-olive avec bandes
(4) Voir suite chap. des Pins.
132 CÔNES
transversales blanches en forme de crochet. Les postérieures
sont d'un gris foncé frangées de blanc.
La Chenille est d’un blanc laiteux avec tête
et bouclier à peine plus foncé.
La Tortrix strobilella L. est plutôt un Insecte
de plaine que de montagne. Il vole en juin et
dépose ses œufs sur les écailles des cônes. Les
Chenilles, une fois écloses, pénètrent dans l'in-
térieur et commencent par ronger l’axe, puis les
écailles et parfois aussi les graines. Les. ravages
se poursuivent durant tout l’été et la Chenille
hiverne dans les amas de ses excréments. La
chrysalidation a lieu également dans les cônes :
et, en général, au mois de mai. Cet Insecte opère
donc toute son évolution dans les cônes sans
descendre à terre. Il attaque parfois aussi le
Sapin.
Fa 93. aie Strobilella 1.
ône d'Epicéa ravagé par la z = N a
Chenille. Movens préventifs. — On ne peut guère pré-
a, écailles coupées laissant voir : x P :
les amas d’excréments. 3/4 gr. coniser de mesures propres a prevenir les rava-
1).
nat. (orig. coll. Pauly, Munic : ue A
ges de ces deux Papillons qui déciment les cônes.
Moyens répressifs — Le seul procedé pratiquement applicable
est la récolte et l’incinération en automne des cônes qu’on trouve
à terre percés de trous ou laissant échapper de la sciure brune ou
de la résine. Avant de faire les frais de cette récolte, il faut s’as-
surer que les Insectes, sous forme de Chenilles, n’ont pas quitté
les cônes attaqués.
2. Sapin blanc, Abies pectinata D .c.
Sapin des Vosges
RACINES
Les racines des brins en pépinière sont ravagées par :
Gryllus gryllotalpa L.
Melolontha vulgaris L. (à l’état de larve).
Otiorrhynchus niger Fabr.
Otiorrhynchus ovatus L.
Voir : Chapitre de l'Épicéa.
Pemphigus Poschingeri Holz. Ruynenores, Pemphigidæ
Pou du Sapin
Longueur (femelle aptère) : 2,2 à 5 millimètres. La femelle,
sans ailes, est caractérisée par un quadruple rang de faisceaux
de filaments de cire placés sur le dos et dont les deux rangées
externes sont sensiblement plus grosses que les autres. Les
antennes ont le troisième article allongé, tandis que le sixième
et dernier est brusquement appointi à son extrémité. La tête
134 ÉCORCE ET LIBER DU TRONC ET DES BRANCHES
est noirâtre, le prothorax brun clair, le reste du thorax noir et
l'abdomen brun clair.
L'évolution de cet Insecte est encore peu connue et ses ravages
sont limités exclusivement au Sapin blanc et à certaines espèces
exotiques du même genre.
Les atteintes des Poux ont pour résultat le jaunissement des
aiguilles des brins.
Moyens préventifs. — Comme pour les espèces citées en tête
de ce chapitre, il n’en existe aucun.
Moyens répressifs. — Extirper et brûler à tempsles Sapins dont
les racines sont couvertes de Poux.
ÉCORCE ET LIBER DU TRONC ET DES BRANCHES
Tomicus curvidens Germ. (1) Coréopr., Scolytidæ
(Tomicus psilonotus $ Germ.) [PI. IL, fig. 2]
Bostryche curvidenté
Longueur : 2,5 à 3,2 millimètres. Cet Insecte est très facile à
reconnaitre par la structure de la déclivité des élytres. En effet,
ainsi que c’est le cas pour la plupart des espèces du genre T'o-
micus, cette partie du corps est, chez le mâle, garnie de dents
et de denticules. Une touffe de poils jaunes orne le front de la
femelle et la déclivité des élytres porte trois denticules obtus et
de grandeur à peu près égale.
Le front du mâle est recouvert d’une fine pubescence. Les
(1) Deux autres espèces doivent être rattachées au Bostryche curvidenté.
BarGMANN (1904) en a étudié les caractères. Ce sont le 7. Vorontzowi
Jacobs, Insecte polygame pratiquant dans la partie supérieure du tronc et
surtout dans les branches un couloir de ponte étoilé, et le T. spinidens
Reitt. ou T. heterodon Wachtl, dont ReiTrTEer (1897) a donné une description
morphologique et biologique. Ces deux Tomicides habitent également le
Sapin et se rencontrent exceptionnellement sur d’autres résineux.
SAPIN BLANC 135
élytres sont sculptés de stries crénelées, profondément ponctuées
et qui s’élargissent vers la partie postérieure du corps. Les inter-
stries sont couvertes de rangées de points très fins. La déclivité
porte de chaque côté cinq dents, dont la première est recourbée
vers le haut, la deuxième (qui est la plus forte) vers le bas, la
troisième vers le haut, les deux dernières sont droites.
La déclivité des élytres de la femelle est munie de trois den-
ticules qui remplacent les trois crochets du mâle.
Chez les deux sexes, le corselet est, de chaque côté du disque,
transversalement impressionné; il est finement
ponctué postérieurement et présente une ligne
médiane longitudinale lisse.
Le Bostryche curvidenté pratique des couloirs
généralement en double accolade, dont les bran- TNA
ches, au nombre de deux à cinq, courent trans- 4.9. — FRÉTRS E
; x Germ.
versalement. Il n’y a pas, à proprement parler, ii des étytres de la
de chambre d’accouplement. On admet que l’In- "7e (org
secte est ou monogame ou polygame, le plus sou-
te vent bigame; cette question n’est, du reste, pas
a résolue d’une façon définitive.
Fr tr La figure 95 donne une idée exacte de la forme
- = qu’affecte en général le système des galeries, qui
Mr: 1 demeurent le plus souvent indépendantes les unes
Mai. . | o | des autres.
Juin . .| + Une des caractéristiques du travail de forage du
mil. .| + Bostryche curvidenté réside dans la manière dont
Août. .| ! cet Insecte pratique son berceau de chrysalide.
RNA 5 Dans les trones à écorce mince, il est presque tou-
— || jours foré longitudinalement dans l’aubier (fig. 96).
TT Dans les troncs à couches corticales épaisses, ce
Ne: TT berceau est en général établi dans le liber.
PE pe Dans la plupart des cas, ce Bostryche a deux gé-
nérations par an et se développe suivant le gra-
phique ci-joint. La première génération arrive à maturité en Jum
et la deuxième en septembre. En plaine, le premier essaimement
se produit parfois en avril et l’hivernement a lieu sous la forme
SET
das HA
Germ.
omicus curvidens
dans l'e
»
T
\
.).
ig
, Ii1 gr. nat. (or
e du Sapin blanc
corc
me de couloirs achevé
stè
Sy
SAPIN BLANC 137
d’Insecte parfait. L'évolution de cet Insecte est en somme va-
riable. Il attaque les Sapins en voie de dépérissement, âgés,
ravagés par le gui ou le chaudron, aux racines ébranlées, et sur-
tout ceux poussant sur des sols calcaires orientés vers l’est et le
sud. Dans les invasions intenses, il se jette même sur les arbres
sains, mais toujours de préférence sur ceux ayant atteint une
certaine dimension, rarement sur les perches.
L’invasion débute par quelques cas isolés, puis elle prend de
l'extension en contaminant des groupes de Sapins prédisposés
aux attaques de ce Bostryche.
Le Jura suisse est particulièrement exposé à ces atteintes.
Dans les années 1893 à 1897, puis à la suite de la sécheresse de
1906, soit de 1907 à 1909, nous avons pu en suivre l’évolution et
constater ses ravages, qui sont surtout à redouter aux altitudes
moyennes (600 à 1.000 mètres).
En Alsace, les déprédations du Bostryche curvidenté ont éga-
lement été très intenses en 1897 (BarGManN, 7907, p. 38).
DE Gaiz (À. D. E. F.) signale dans les Vosges, en 1905, une
invasion assez importante et qui nécessita l’abatage de plus de
4.000 arbres dans les environs de Saint-Dié, Senones, Ramber-
villers. De Gail a observé que le Bostryche curvidenté ne produit
pas les mêmes désastres que le Typographe, dans ce sens que
lPinvasion, bien qu’elle s’étale sur de grandes étendues, se pro-
duit par cas isolés ou éclaboussures.
Le Sapin blanc étant une essence d'ombre, les massifs de mon-
tagne présentent généralement un caractère jardinatoire im-
pliquant le mélange intime des classes d'âge. En conséquence,
notre ravageur, qui ne recherche pas les perches et les arbres
d'âge moyen, est obligé de se répandre sur de grandes surfaces
pour découvrir les Sapins âgés et prédisposés au dépérissement.
Nous avons souvent constaté sa présence en compagnie du
Cryphalus piceæ Ratz., qui a les mêmes instincts quant au
choix des arbres et dont nous parlerons plus loin. Ce dernier
infeste surtout la partie supérieure des Sapins et les grosses bran-
ches. Dans le Jura et sur le plateau suisse, on observe également
le Pissodes piceæ Il., qui vit dans la partie inférieure du tronc et
138 ÉCORCE ET LIBER DU TRONC ET DES BRANCHES
intervient comme élément secondaire dans le dépérissement de
Parbre dont les Bostryches ont provoqué la mort.
Fig. 96. — Aspect d'un tronc de Sapin blanc infesté par le T'omicus curvidens Germ.
a, entrée des berceaux de chrysalides ; b, berceaux entaillés longitudinalement dans l'aubier
et mis à découvert, 1/1 gr. nat. (oriq.).
Moyens préventifs. — L’expérience prouve que le Bostryche
curvidenté est monophage et que rarement 1l recherche d’autres
résineux et les tiges d’âge moyen. C’est une raison de plus en
faveur de la création et du développement de massifs d’âges et
d’essences variés, car les invasions ne pourront jamais revêtir
un caractère aigu dans la futaie mélangée.
à =
SAPIN BLANC 139
Moyens répressifs. — Les arbres-pièges, si utiles dans la lutte
contre le Bostryche typographe, ne sont pas d’une grande eff-
cacité pour entraver l’évolution du Bostryche curvidenté, car :
ce dernier recherche avant tout les frondaisons sur pied et bien
exposées au soleil. Nous n’avons jamais obtenu de bons résultats
en tentant l’Insecte par des arbres anémiés ou blessés que nous
faisions abattre à l’intérieur de peuplements contaminés. Dans
la plupart des cas, le Curvidenté se jetait de préférence sur les
Sapins encore sur pied, ne se souciant pas de pénétrer dans les
parties basses et obscures du peuplement. Il est de toute impor-
tance, durant la période de végétation, de faire la chasse aux
arbres contaminés dont les aiguilles, devenant premièrement
grises, puis couleur de rouille, se remarquent à grande distance.
Après l’abatage de ces derniers, il faut faire une sélection parmi
les branches criblées de trous et celles qui sont indemnes. Les
premières doivent être incinérées sur place, afin d'empêcher
l’exode de l’animal et son évolution dans d’autres parties de la
forêt où l’on peut faire des dépôts de bois de feu. Les branchages
non attaqués peuvent être laissés à terre ou vendus comme assor-
timents de bois à brüler. En écorçant le tronc, il faut avoir en
outre soin d'observer la position des berceaux de chrysalide. Si
ces derniers sont enfermés dans les couches corticales, il suffira
de brûler sur place l’écorce; si les Larves se sont retirées dans
l’aubier pour y opérer leur métamorphose (fig. 96), il y a lieu de
carboniser la périphérie du trone ou tout au moins de l’écor-
cher à la hache, sinon le Curvidenté continuera son évolution
même après le transport hors de la forêt des troncs privés
de leur écorce.
Cryphalus piceæ Ratz. Cocéopr., Scolytideæ
Petit Bostryche du Sapin
Longueur : 1,5 à 1,8 millimètres. Ce Bostryche est caractérisé
par la forme trapue du corselet dont la base est élargie. Ses
140 ÉCORCE ET LIBER DU TRONC ET DES BRANCHES
parties antérieure et médiane sont recouvertes de granules. Les
élytres, à peine deux fois aussi longs que le corselet,
ne sont pas striés, mais recouverts de soies pili-
formes grises, dressées et disposées en rangées.
Le Cryphalus piceæ Ratz. pratique un couloir de
ponte arrondi, irrégulier, ressemblant à celui du
SR Xylechinus pilosus Ratz., mais cependant plus ra-
du Cryphalus piceæ massé; il n’est, en général, pas ramifié latéralement,
Ratz. (orig.). 1 ) ?
comme c’est le cas chez ce dernier. Les galeries
de larves sont disposées comme les rayons d’une roue et finissent
par se confondre. Les systèmes,
moins étendus que ceux du Cur-
videnté, sont en revanche beau-
coup plus rapprochés les uns des
autres et se confondent lorsque
les dégâts sont intenses.
Au point de vue biologique, le
Cryphalus piceæ Ratz. a beau-
coup de rapport avec le Tomicus
curvidens Germ., en compagnie
duquel on le trouve générale-
ment. Toutefois, nous avons ob-
servé que, dans les nombreuses
invasions qui se sont succédé
durant les quinze dernières an-
nées dans les sapinières juras-
siennes, le Cryphalus piceæ Ratz.
était beaucoup plus fréquent
dans les branches de la cime que
dans la partie inférieure du tronc.
L'évolution est à peu près la
même que celle de son compa- Fig. 98. — Type normal des couloirs
du Cryphalus piceæ Ratz.
gnon. L’hivernement se produit EDS nt Go
sous les trois formes, et c’est là
précisément une des causes qui font des deux Bostryches du
Sapin des ravageurs les plus difficiles à combattre, car ils se
SAPIN BLANC 141
multiplient dans des proportions énormes, à intervalles rap-
Fig. 99. — Aspect de l'écorce d'un tronc de Sapin blanc ravagé par le Cryphalus piceæ Ratz.
a, grumeaux de résine coagulée à l'orifice d'entrée. 1/1 gr. nat. (orig.).
prochés et avec des variantes qui déconcertent les sylvicul-
teurs.
449 ÉCORCE ET LIBER DU TRONC ET DES BRANCHES
On pourrait croire que cet Insecte se laisse facilement ten-
ter par les arbres-pièges ou des fragments de branches plantés
en terre dans les massifs infestés; cependant il n’en demeure
pas moins indiqué de concentrer les efforts sur l’abatage des
Sapins infestés et d’incinérer sur place Les écorces et les branches
contaminées. La chrysalidation, qui a presque toujours lieu dans
les couches corticales, n’entame que rarement l’aubier.
Nous pouvons préconiser contre cet Insecte les mêmes moyens
prophylactiques que ceux indiqués pour son compagnon, le Bos-
tryche curvidenté.
Cryphalus abietis Ratz. CoLéopr., S'eolytidæ
Bostryche qranuleux
Longueur : 1,7 à 2 millimètres. Bien que ce Bostryche soit
fréquent dans les massifs d’Épicéas, nous le pla-
çons ici, car il montre une préférence pour les
Sapins tout en ne dédaignant pas les Pins. Il
rappelle beaucoup lespèce précédente, mais est
moins trapu. La plus grande largeur du corselet se
trouve entre la base et le milieu. La plaque de
RS ae granules, plus étroite, se prolonge postérieurement
ra abietis Ratz. en un angle aigu. Les élytres sont plus allongés que
ceux du petit Bostryche du Sapin, ils ont des lignes
de soies à peine plus apparentes que le fond couvert d’écailles.
Le système de couloirs est du même type et établi à peu
près dans les mêmes proportions, mais presque toujours à l’in-
tersection des branches, très rarement dans les troncs de fortes
dimensions.
Au point de vue biologique, ce Bostryche se comporte à peu
près de la même façon que l’espèce précédente. Toutefois, il
est beaucoup moins fréquent et moins dangereux, de sorte qu’il
n’y à pas lieu de donner ici des indications spéciales sur la façon
de le combattre.
SAPIN BLANC 143
Crypturgus pusillus Gil.
Voir : Chapitre de l’Épicéa
Fig. 101. — Type normal des galeries du Crypturqus pusillus Gyll. dans l’écorce de Sapin blanc.
1/1 gr. nat. (oriq.).
Pissodes piceæ Ill. Coréopr., Curculionidæ
Pissode du Sapin [PL IF, fig. 1, 1 a]
Longueur : 6 à 10 millimètres. Ce Charançon, de couleur brun
foncé, se distingue par les angles postérieurs du corselet, qui sont
preéminents en arrière. De chaque côté de la ligne médiane lisse,
on remarque deux petits enfoncements circulaires tachetés de
blanc. Les stries des élytres portent des protubérances rectangu-
laires de grosseur variable et d’un brun velouté; elles sont in-
terrompues aux deux tiers de la longueur des élytres par une
bande transversale jaunâtre qui s’élargit sur les côtés. Les
troisième et cinquième interstries sont élargies et relevées.
Ce Pissode commun est le seul Charançon qu’on trouve sous
l'écorce du Sapin blanc; il est monophage. C’est à l’état de Larve
144 ÉCORCE ET LIBER DU TRONC ET DES BRANCHES
qu'il commet ses ravages et, à l’inverse des Bostryches, la femelle
reste à l’extérieur pour opérer sa ponte. Cette dernière a lieu en
général en juin ou juillet et l’hivernement se passe sous la forme
larvaire avec une seule génération par an. La ponte des œufs
s'effectue d’une façon particulière, en ce sens que la femelle
recherche les nœuds des branches, les blessures ou les anomalies
de l'écorce provoquées par les chaudrons ou d’autres accidents. Les
œufs sont déposés en couronne au nombre de 30 à 50. Les Larves,
une fois écloses, partent en rayonnant dans tous les sens. Le
calibre des galeries de larves est, au début, de la dimension d’une
épingle. Le couloir ne tarde pas à perdre sa direction primitive
et décrit des méandres très variés, pour attemdre souvent, après
avoir parcouru une longueur de 50 à 70 em, un diamètre de 4 à
7 millimètres. A l’extrémité de ce couloir de larves, on trouve un
berceau de chrysalide parallèle aux fibres ligneuses; il est garni
de débris provenant du bois et généralement se trouve logé dans
le liber. À
Le Charançon du Sapin est, avant tout, un habitant des gros
troncs; il recherche de préférence la partie inférieure des arbres
dont les grosses écorces lui permettent de construire facilement
un réseau de galeries de gros calibre. Toutefois, on le trouve éga-
lement dans la partie inférieure de la tige et dans les perches de
dimensions moyennes, mais jamais dans les branches.
Dans les sapinières du Jura, on a constaté que les arbres en-
vahis par ce Coléoptère, qui les attaque au bas ou au milieu de
la tige, avaient déjà reçu la visite du Bostryche, qui est intervenu
en premier lieu dans la frondaison, prédisposant ainsi le Sapin
au dépérissement.
DE Gaiz (R. D. E. F.) a constaté en 1905, dans les Vosges,
une sérieuse invasion du Pissode, coïncidant avec celle du Bos-
tryche curvidenté et à laquelle nous avons fait allusion en décri-
vant plus haut les mœurs de cet Insecte. La plupart des chàäblis
renfermaient des Larves de Pissode, mais, avec de Gail, nous som-
mes enclins à admettre que, même dans les perchis, les arbres
ravagés par le Pissode avaient été précédemment envahis dans
leur cime par les Bostryches.
ns à HG
RE DETTE 4
Fig. 102. — Système achevé des couloirs du Pissodes piceæ TI. montrant le départ des galeries
de Larves autour de la branche et leur point terminal (berceau de chrysalide recouvert de la
calotte ligneuse des Pissodes). 1/1 gr. nat. (orig.).
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 10
146 ÉCORCE ET LIBER DU TRONC ET DES BRANCHES
Un des critères les plus utiles et les plus communs pour recon-
naître dans une sapinière les arbres envahis par les Pissodes,
mais dont la cime n’est pas encore sèche, est l’intervention du Pie
(majeur surtout). En effet, ce dernier pique et désagrège l’écorce
pour dénicher les Larves dont il est très friand et qui sont sensi-
blement plus grosses que celles des Bostryches (voir PI IT,
fig. 1 a); elles valent celles des Cérambycides xylophages.
Le Pic, faisant une guerre acharnée au Pissode, doit, à ce titre
seulement, être protégé; 1l sert d’auxiliaire au garde forestier.
Moyens préventifs. — Nous répétons ici ce que nous avons dit
à propos du Bostryche curvidenté, à savoir qu’une sapinière pure
est beaucoup plus exposée à être décimée par ces ravageurs
monophages que des peuplements résineux, constitués par plu-
sieurs essences. Dans les stations ensoleillées, à sol superficiel,
où l’accroissement n’est pas absolument parfait, on fera bien
d'associer un autre arbre au Sapin, de façon à désorienter et à
entraver les attaques du Bostryche et du Pissode du Sapin.
Nous connaissons cependant une exception frappante à cette
règle et qui aura certainement arrêté l'attention de tous Les sylvi-
culteurs qui ont parcouru les belles et riches sapinières qui cons-
tituent les forêts de la Joux (Jura) et de Levier (Doubs), dont
la dimension des arbres et l’état de santé sont remarquables. Ce
n’est pas qu’à Levier ou à la Joux la profondeur du sol soit
considérable, au contraire, car par places le calcaire affleure;
mais c’est surtout à la quantité des précipitations atmosphé-
riques qui, sur ce plateau adossé à l’ouest de la chaîne du Jura,
sont très abondantes, précisément pendant la période de végéta-
tion, qu'est dû l’aspect si florissant de ces forêts. Les Sapins, qui
y sont pour ainsi dire à l’état pur, ne connaissent presque pas les
invasions d’Insectes, car leur vitalité est parfaite et les arbres
se développent dans des conditions absolument normales.
Moyens répressifs. — On peut affirmer que toute forêt rési-
neuse a des chablis qui doivent être exploités avant les coupes,
le plus souvent durant l’été ou en automne. On abattra donc et
SAPIN BLANC 147
l’on écorcera les Sapins infestés par les Pissodes. Le plus souvent,
l’écorçage suffit pour écraser les Larves adultes, qui sont beau-
coup plus visibles que celles des Bostryches. Dans certains cas,
il faudra incinérer les débris d’écorce dans lesquels la ponte vient
d’être opérée. Les arbres-pièges peuvent être utilisés avec efi-
cacité dans les cas d’invasions intenses. A cet effet, on emploiera
en premier lieu les Sapins déracinés.
Pityogenes chalcographus Bedel.
Pityophthorus micrographus GyIl.
Dryocætes autographus Ratz.
Voir : Chapitre de l'Épicéa.
Tomicus laricis Fabr. (1).
Voir : Chapitre des Pins.
INTÉRIEUR DU BOIS
Des dommages techniques sont également causés au bois du
Sapin blanc par les mêmes Xylophages qui fouillent les char-
pentes, poutraisons et pièces de bois exposées à l’air et que nous
avons décrits en particulier dans le chapitre de l’Épicéa (2).
Xyloterus lineatus OI.
Formica ligniperda Latr.
Formica herculeana L.
Voir : Chapitre de l'Épicéa.
Toutefois, les Insectes décrits ci-dessous semblent plus parti-
culièrement propres au Sapin blanc.
(1) Un papillon, le Sesia cephiformis Ochsh., fouille l'écorce des bour-
souflements provoqués sur les troncs et les branches par le Champignon du
« Balai de sorcière ». Ce dégât, d'ordre secondaire, est rare et sans impor-
tance forestière.
(2) Parmi ces derniers, il faut citer un Bupreste, Anthaxia quadripunc-
tata L. dont les Larves forent leurs galeries dans l'écorce et se chrysalident
dans le bois. Ce ravageur est très commun dans tous les bois résineux en
voie de dépérissement.
INTÉRIEUR DU BOIS
_Lymexylon dermestoides L. Cocéopr., Lymexylonideæ
“ig. 103. — Insecte femelle
du Zymeæxylon dermestoides
L. (orig.).
Lymexylon dermeste
Longueur, mâle : 6 à 13 millimètres; fe-
melle : 9 à 20 millimètres. La famille des
Lymexylonidæ n’est représentée en Europe
que par un genre avec deux espèces, toutes
deux Xylophages proprement dits. Ce sont
le L. dermestoides L. dans les résineux et le
L. navale L. dans le Chêne. Au point de
vue systématique, la famille des Lymexylo-
nidæ se classe entre les Cantharides et les
Anobudes que nous avons déjà décrits comme
des Xylophages très redoutables dans les bois
ouvragés.
Le Lymexylon dermestoides L. se distingue
par son abdomen qui est quatre fois plus long
que le corselet. Le corps entier est de couleur brunâtre. Chez le
Fig. 104. — Larves du Lymexylon dermestoides L. parvenues à la moitié de leur développement,
lorant des couloirs obliques dans le bois de Sapin blanc. 1/1 gr. nat. (orig.).
mâle, on remarque un appendice pileux, en forme de peigne, fixé
au deuxième article de la deuxième paire de maxilles.
SAPIN BLANC 149
La Larve ne peut être confondue avec aucune autre Larve vivant
dans le bois. Elle mesure de 15 à 22 millimètres de longueur. Sa
tête ne porte pas d'antennes. Le prothorax est convexe, son
Fig. 105. — Coupe transversale des couloirs du Zymeæylon dermestoides L. montrant les diffé-
rents calibres des Larves rongeant un tronc de Sapin blanc. 1/1 gr. nat. (orig.).
tergum est granuleux. Le neuvième et dernier anneau abdominal
est prolongé en un appendice fourchu et chitimeux.
On ne connaît pas encore exactement l’évolution de cet In-
secte qui, cependant, est très commun dans les souches de Sapin.
La Larve fouille le bois en tous sens et rejette au dehors une
grande quantité de sciure blanche. La ponte a lieu en juin ou
juillet. La femelle pond de l'extérieur et dépose ses œufs, les
150 INTÉRIEUR DU BOIS
uns après les autres, de préférence dans les fentes ou les défauts
de l'écorce. Les bois contaminés rappellent par lirrégularité des
trous elliptiques ceux atteints par les Sirex, mais ces orifices
sont d’un calibre sensiblement plus petit.
L'importance forestière de ce Coléoptère, qui attaque égale-
ment le Hêtre, est minime, et, comme cet Insecte ne ravage
généralement pas les bois de construction, il n’y a pas lieu de
prescrire à son égard des mesures spéciales.
Xyleborus Saxeseni Ratz. Coréopr., Scol/ylide
Longueur, mâle : 1,5 à 2 millimètres; femelle : 1 à 1,5 millimètre.
Cet Insecte est assurément le Bostryche le plus polyphage, car,
quoique peu commun, on l’a observé
sur presque toutes les essences fores-
rm, SEE
24
tières de plaine. Nous en parlons à
propos du Sapin blanc, bien que
cette essence ne le tente pas plus
qu'une autre.
Fig. 106. — Xyleborus Saxeseni Ratz. à À
Déclivité des élytres chez les deux sexes Le mâle est sensiblement plus pe-
en tit que la femelle. Les élytres de
cette dernière sont finement striés, ponctués; les interstries
portent des points très fins. La déclivité des élytres est enfoncée
(fig. 106); la suture et les interstries 3 et 4 portent des granules dis-
posées en lignes. La deuxième interstrie est sillonnée. Le eorselet,
plus long que large, est antérieurement granuleux. 11 est très
finement et éparsement ponctué en arrière.
La partie centrale du disque thoracique du mâle est lisse; les
stries des élytres et les granules de la déclivité sont moins mar-
quées que chez la femelle. Les antennes ainsi que les pattes sont,
chez les deux sexes, couleur de rouille; le corps est finement pu-
bescent. Les mâles incapables de voler sont beaucoup plus
rares que les femelles.
L'évolution de ce Bostryche offre un caractère particulier en
SAPIN BLANC 161
ce sens que la ponte dure très longtemps. Il s'ensuit que lIn-
secte apparaît simultanément au milieu de l’été sous ses trois
formes qui vivent ensemble dans le curieux couloir de ponte dont
la figure 107 donne une idée. L’hivernement a, en général, lieu
Fig. 107. — Xyleborus Saxeseni Ratz. dans un tronc d’Abricotier.
Les Larves et Chrysalides sont réunies dans le couloir de famille entaillé irrégulièrement dans
le bois. 1/1 gr. nat. (orig.).
sous la forme d’Insecte ailé, après que ce dernier, coloré en brun
jaune, a passé plusieurs semaines à moitié formé.
Le X. Saxeseni Ratz. pénètre souvent dans le bois en se ser-
vant des trous d’entrée d’autres Xylophages (X. monographus
152 INTÉRIEUR DU BOIS
F., Dryocætes autographus Ratz., X. dispar F.). Son système de
galeries se compose d’un couloir de longueur très variable, péné-
trant horizontalement dans la matière ligneuse et aboutissant à
Fig. 108.— Xyleborus Sareseni Ratz.
Élargissement de la galerie creusée
entre les cernes d'un tronc de Sapin
blanc. 1/1 gr. nat. (orig.).
une cavité aplatie entaillée dans les
couches tendres des cernes du bois (fig.
108). Cette cavité, dont les formes et les
dimensions varient suivant l’essence et
la grosseur de la tige, sert de réceptacle
de ponte et d'habitation restreinte pour
la famille dont les Larves se nourrissent
des sues et des Champignons qui en ta-
pissent les parois.
Le Xyleborus Saxesent Ratz. est peu
commun et ses ravages sont d'ordre se-
condaire. Bien que cet Insecte recherche
les troncs et les branches dans lesquels
la sève circule encore, il s'attaque presque toujours aux arbres
en voie de dépérissement. Son importance forestière est mi-
nime.
Sirex gigas L.
Sirex spectrum L.
Sirex juvencus L.
Voir : Chapitre de l'Épicéa.
Rhagium inquisitor L. Coréorr., Cerambycidi
(Stenocorus inquisitor Fabr.)[PI. IL, fig. 10]
Rhagie chercheuse
Longueur : 14 à 20 millimètres. Ce Cérambycide est caractérisé
par ses antennes, qui sont relativement courtes. Les élytres sont
d’un brun noirâtre avec deux bandes transversales brun jaune.
SAPIN BLANC 153
Rhagium indigator Fabr. (1)
[PI IL, fig. 3]
Longueur : 15 à 20 millimètres. Il se différencie du précédent
par la couleur des élytres qui est d’un brun plus ou moins gri-
sâtre avec deux bandes foncées, transversales, généralement
irrégulières. Chaque élytre est orné de trois nervures longitudi-
nales saillantes.
Fig. 109. — Larve du Rhagium indigaior K. (oriq.).
Chez les deux espèces, le corselet est muni de chaque côté
d’une protubérance épineuse. Les pattes de la Larve sont très
petites, sa tête est large et aplatie.
Au point de vue biologique, ces deux espèces peuvent être mises
sur ie même pied. Les Larves adultes pratiquent de gros couloirs
sinueux, ayant de 1 à 2 centimètres de largeur, dans les écorces
épaisses des Sapins et des Épicéas. Ces couloirs, comme le montre
(1) Rhagium bifasciatum Fabr. porte sur les élytres noirâtres des ner-
vures saillantes et deux bandes obliques d’un jaune pâle. Cet Insecte vit
également en parasite sous les écorces épaisses des résineux.
154 INTÉRIEUR DU BOIS
la figure 110, sont remplis de sciure brunâtre. L’Insecte n’entame
guère l’aubier que pour se procurer les fragments ligneux dont
Fig. 110. — Système de couloirs du ARha- Fig. 111. — Insecte parfait du Rhagium
. . . " > , ET ) . s ; s
gium indigator F. dans l'écorce épaisse indigator K. pratiquant son trou de
de Sapin blanc. sortie. 1/1 gr. nat. (orig., coll. Pauly,
a, galeries de larves remplies de sciure Munich).
extraite des couches corticales ; b, orifice
de sortie de l'Insecte parfait; €, détritus
ligneux entourant le berceau de chrysa-
lide. 1/1 gr. nat, (orig.).
il entoure son berceau de chrysalide (fig. 111). Cette chambre
de nymphose est caractéristique pour toutes les espèces du genre
Rhagium.
Les Rhagies du Sapin blanc n’attaquent guère que les arbres
en voie de dépérissement. Elles sont communes dans les sou-
ches dont l’écorce est demeurée adhérente au tronc. Rarement
les arbres sains meurent à la suite des atteintes de ce Céram-
bycide.
SAPIN BLANC 155
Il n’y a pas lieu de lutter contre les ravages des Rhagies. Les
Pics font une chasse acharnée à ces Insectes (1).
Callidium bajulus L. Coréopr., Cerambycidæ
(Hylotrupes bajulus Serv.) [PL IL, fig. 5]
Capricorne des maisons
Longueur : 10 à 20 millimètres. Ce Longicorne, dont la lon-
gueur varie du simple au double, est entièrement noir. Le cor-
selet, élargi en son milieu et non armé, est muni de chaque côté
du disque d’un empâtement aplati en demi-lune et brillant.
Chez le mâle, les empâtements du thorax sont plus grands
et comme formés de deux tubercules ; leurs extrémités sont
garnies de quelques points très gros. Les élytres, qui sont en-
viron trois fois plus longs que le corselet, sont
chagrinés et portent des taches blanchâtres mal
définies. hu |
La Larve adulte, qui mesure de 20 à 22 millimè-
tres, est du type des Larves de Cérambycides.
Si cet Insecte intéresse peu le sylviculteur, ïl à
une importance capitale dans le commerce des bois
et la technique du bâtiment, car il cause de redou-
tables ravages dans les immeubles et parfois aussi
dans les bois ouvragés utilisés en plein air. Mo pire os
Dans les maisons, il est le compagnon des Ano- (ris
biüides dont nous avons parlé en traitant de l’Épicéa. Mais, par le
fait de sa dimension, le Capricorne est beaucoup plus nuisible.
On ne sait encore exactement de quelle façon il évolue et com-
(1) Un Bupreste, Buprestis rustica L., pratique de gros couloirs de gran-
deur variable dans les couches libéreuses et provoque la désagrégation de
lécorce, surtout sur les perches et les planches débitées qu’on a négligé
d’écorær. La génération de ce Xylophage dure probablement deux à trois
ans et la Larve pratique le berceau de nymphose dans l’intérieur du bois.
Au surplus, ce Bupreste est peu nocif, car il ne provoque pas le dépérisse-
ment des bois sur pied.
156 INTÉRIEUR DU BOIS
bien de temps durent les différentes métamorphoses, mais, avec
Fig. 113. — Couloir de larve du Calli-
dium bajulus L. creusé à la surface
d'une poutre de Sapin blanc (la couche
ligneuse externe a été enlevée pour
permettre de voir le système en partie
rempli de sciure). 1/1 gr. nat. (orig.).
PErris (/856, p. 456-459), nous
sommes enclin à admettre que l’évo-
lution de ce Xylophage peut s’effec-
tuer entièrement à lintérieur des
bois ravagés dans lesquels des cavi-
tés suffisamment vermoulues et élar-
gles permettent aux Insectes de
s’accoupler.
Les trous de sortie forés par le
Callidium bajulus L. sont rares et de
forme elliptique. Les Insectes ailés
qui gagnent le dehors se servent
volontiers des orifices de sortie déjà
pratiqués par d’autres congénères.
Comme c’est le cas chez les Ano-
büdes dont nous avons déjà étudié
la biologie, les Callidies recherchent
surtout les couches d’aubier riches
en amidon et, respectant la péri-
phérie des poutres, évitent de signaler
leur présence à l’extérieur. De cette
façon, on est porté à admettre que
les ravages sont insignifiants, alors
que les charpentes et poutraisons
‘sont entièrement réduites en pous-
sière. Des déprédations de cette na-
ture existent dans beaucoup de bâti-
ments où l’on a employé des bois
riches en aubier et abattus à la sève.
Il y a lieu de signaler le fait que
la présence de fragments d’écorce sur
les poutraisons et charpentes econs-
titue un appât pour les Xylophages
et tout particulièrement pour les
Longicornes. On ne saurait assez insister, lors de la construction
SAPIN BLANC 157
des immeubles, pour que l'écorce soit entièrement et soigneuse-
ment enlevée au moment de l’équarrissage (1).
+
Moyens préventifs. — Éviter
d'employer pour la construc-
tion des immeubles des bois
coupés à la sève ou imbibés
d'humidité.
I n’est malheureusement pas
toujours facile de reconnaitre
si les bois de construction sont
infestés au moment de leur
équarrissage, car l’œuf ou la
jeune Larve sont très petits et
de même couleur que le bois
du Sapin blanc.
Le Callidium bajulus L. ra-
vage également l’Épicéa et les
Pins. Aucun immeuble soigné
ne devrait être édifié sans l’ap-
plication des procédés antisep-
tiques préconisés par le pro-
fesseur HENRY (7907), et qui
ont pour but d’immuniser les
charpentes et poutraisons con-
tre les atteintes des Insectes
et des Champignons. Ces pro-
cédés sont relativement peu
coûteux et devraient être re-
commandés par les architectes
et les entrepreneurs.
Fig. 114. — Fragment d'une poutre de Sapin
blanc ravagée par la Larve du Callidium
bajulus L. 171 gr. nat. (orig.).
Moyens répressifs. — Lorsqu'on est appelé à faire quelques
réparations dans des maisons infestées par ces Xylophages, il
(1) Nous avons eu l’occasion, il y a trois ans, de constater dans notre
voisinage immédiat un désastre technique causé par le Capricorne des
maisons. En 1907, dans un des bâtiments de l’hospice de Saint-Loup,
158 FEUILLES
faut récolter et détruire les Insectes ainsi que les Larves qui
s'échappent des bois envahis ou simplement incinérer ces der-
niers. :
Phycis abietella Zk. — Voir : Chapitre de l'Épicéa.
FEUILLES
Les aiguilles des Sapins blancs sont ravagées par les Chenilles
de deux Papillons qui ont beaucoup fait parler d'eux ces der-
nières années, en particulier dans le Jura; il s’agit de la Tortrix
rufimitrana H. Sch. et de la Tortrix murinana Hbn. (1).
Tortrix rufimitrana H. Sch. Lépinopr., Tortricidæ
(Grapholitha, Steganoptycha rufimitrana H. Sch.) [PI. I, fig. 9, 9 a]
Tordeuse du Sapin blanc
Longueur, Papillon étalé : 12 à 16 millimètres. La tête et le
prothorax sont de couleur de rouille. Les ailes antérieures ont
une teinte générale d’un gris jaunâtre avec des lignes blan-
châtres alternant souvent avec des taches rougeâtres. Les ailes
postérieures sont d’un gris métallique.
près La Sarraz (Vaud, Suisse), on remarqua dans un meuble des traces de
Xylophage; puis le même ravage fut constaté dans les boiseries et les pou-
tres supportant le plancher d’une chambre. D’autres perquisitions dans le
bâtiment permirent de reconnaître la présence de ce dévastateur, qui avait
opéré de la cave au grenier. Le directeur de l'établissement, rassemblant ses
souvenirs, affirma que, depuis nombre d'années, il entendait, la nuit sur-
tout, un bruit régulier à l’intérieur d’une poutre. Croyant qu'il s'agissait de
souris, il n’attacha aucune importance à ce fait. A la suite des recher-
ches entreprises dans le bâtiment, on en vint à supposer que les Insectes en
question avaient mis environ trente ans pour réduire en poussière la pou-
traison et la charpente du bâtiment. Ce désastre eut pour conséquence la
démolition de la maison et la construction d’un nouvel immeuble avec des
poutraisons et charpentes de fer d’un coût de 40.000 francs.
(1) Accidentellement, on trouve vivant en parasite sur les rameaux du
Sapin blanc, un Charançon, le Strophosomus obesus Marsh. et deux Hémi-
ptères de la famille des Aphidides, le Lachnus piceæ Fabr., et le L. abie-
tinus Koch. Ces Insectes n'ont pas d'importance pratique.
SAPIN BLANC 159
La Chenille, qui mesure 9 millimètres, a la tête jaune rou-
geâtre avec deux petites taches foncées derrière les ocelles; le
reste du corps est jaune wert.
La Chrysalide, couleur de rouille, mesure 6 milli- |, 1.1
mètres. RE
Le graphique ci-joint indique de quelle façon ce TR
Papillon évolue et à quelle époque ses ravages se
Avril.
produisent.
Un seul point de sa biologie reste encore à fixer, || Maï- -
c'est le mode de ponte, On admet, jusqu’à preuve || Jun..
du contraire, que la femelle dépose ses œufs dans || juin...
les bourgeons ou les anfractuosités de l'écorce,
Aoùt . .
mais ce fait mérite encore confirmation. nie
L’hivernement a lieu sous la forme d’œuf; la |
chrysalidation se produit dans la couverture morte “ere
du sol au pied des Sapins. PE
La Chenille, éclose en avril ou au commencement Déc. . .| «
de mai dans les régions montagneuses, commence
à dévorer les aiguilles de l’année, précisément au moment où
ces dernières se forment, et c’est là une des raisons qui rend ce
genre de dégâts encore plus sérieux, car ce ravageur phytophage
évite de toucher aux anciennes aiguilles (Voir fig. 115).
La Tordeuse du Sapin blanc est essentiellement monophage,
et, si parfois, dans les peuplements mélangés, on découvre des
ravages analogues sur l’Épicéa, on peut en conclure d’une façon
à peu près certaine qu'il s’agit de dégâts d’un autre Tortricide
(par exemple : T. histrionana Froel. ou T. tedella C1.).
En général, la Chenille commence à dévorer l'aiguille par la
base et ne mange pas cette aiguille en entier, de sorte qu’une
certaine quantité de débris tombe à terre ou demeure attachée
au réseau des fils de soie dont le ravageur entoure le rameau sur
lequel il s’est fixé.
Dans certains cas, l’épiderme de la pousse est aussi entamé,
ce qui est beaucoup plus grave, car la flèche peut sécher, d’où
il résulte une déformation de l’arbre (fig. 116).
Les atteintes de cet Insecte peuvent s'étendre sur des peuple-
160 FEUILLES
ments de tout âge et, en général, parfaitement sains. En effet, lors
des invasions de 1907 et 1908 dans le Jura, nous avons pu cons-
tater les dégâts de la Tordeuse aussi bien sur des arbres de 1 mètre
«
‘
de hauteur que sur des perches et des plantes d’un âge avancé.
Fig. 115, lortr.x rufimitranu H. Sch.
Aspect d'un rameau de Sapin blanc dont les jeunes aiguilles ont été rongées par les Chenilles
(les aiguilles anciennes sont épargnees). 3/4 qr. nat. (oriq.).
Les peuplements ravagés par cette Chenille revêtent une appa-
rence couleur de rouille et qu’on distingue de loin. Le public
est parfois tenté d'admettre qu’un feu a parcouru les frondai-
sons. En général, le mal apparait alors que l’Insecte a quitte
SAPIN BLANC 161
la cime au moyen d’un fil de soie et a gagné le pied de l’arbre en
laissant les rameaux dépouillés et garnis de débris d’aiguilles des-
séchées. Du reste, la Chenille s’identifie tellement comme couleur
Fig. 116. — Pousse terminale d’un Sapin blanc (haut. 2 m.) ayant séché par suite des ravages
de la Chenille de la Tortrix rufimitrana H. Sch. 1/2 gr. nat. (origq.).
aux jeunes pousses d’un vert tendre, qu’au moment de la période
des ravages, on a beaucoup de peine à surprendre les coupables.
On peut affirmer que des invasions se succédant d’une façon
intense pendant plusieurs années consécutives ne provoquent
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 11
162 FEUILLES
pas le dépérissement des arbres, mais seulement un ralentisse-
ment dans l’accroissement.
Dernièrement, durant l’année 1911, les sapinières du Jura
neuchâtelois (Suisse) situées à une altitude de 700 mètres environ,
en particulier celles du val de Ruz, ont été de nouveau et d’une
façon très intense infestées par la Tordeuse. Grâce à la chaleur
de l'été de 1911, il faut prévoir une extension de cette épidémie
pour les années prochaines, comme cela fut le cas dans la région
jurassienne après la sécheresse de 1906.
Moyens préventifs. — Comme nous avons affaire 1e1 à un rava-
geur essentiellement monophage, le meilleur moyen de contre-
carrer son évolution consiste à associer une autre essence au
Sapin, comme nous l’avons exposé à propos de la lutte contre
le Bostryche curvidenté.
Moyens répressifs. — On a tenté de lutter contre la Tordeuse
à l’aide de fumigations ou d’aspersions d’un liquide toxique
dans les massifs au moment où la Chenille ronge les aiguilles.
Ce procédé fort coûteux ne peut donner des résultats satisfaisants
que lorsqu'il s’agit d'arbres de grande dimension; pratiquement,
il est inapplicable. La récolte des Chrysalides, qu'on ne peut
guère distinguer dans les détritus du sol, est aussi un moyen
parfois préconisé, mais 1l doit être rejeté.
MonGENOT (7911) affirme que le Ramier et les Ichneumons
détruisent une grande quantité de Chenilles. En somme, le fores-
tier demeure à peu près désarmé en présence de ce Microlépi-
doptère. Il doit cependant se féliciter qu'un ravageur aussi com-
mun ne provoque pas la destruction des Sapins.
Le compagnon habituel de la Tortrix rufimitrana H. Sch. est la :
Tortrix murinana Hbn. Lérinorr., 7ortricidæ
(T. histrionana Ratz. T. caprimulgana Koch.) [PI. I, fig. 8, 8 a]
Tordeuse du Sapin blanc
Longueur, Papillon étalé : 15 à 25 muillimèêtres. Le Papillon
est très variable comme couleur; le plus souvent la tête et le
prothorax sont d’un jaune pâle ou grisâtre. Les ailes antérieures
SAPIN BLANC 163
ont le fond jaune-pâle, tacheté de brun avec une bande oblique
foncée séparée en deux parties. Une autre tache brune, placée
près de l’extrémité, s'étend parallèlement à la bande oblique.
La Chenille mesure 21 millimètres; elle a la tête noire; l’écusson
occipital, d’un brun noirâtre, est partagé en deux dans le sens
de la longueur.
L'évolution de ce Papillon ressemble singulièrement à celle
de son compagnon, la T. rufimitrana H. Sch. Ces deux Insectes
ont tellement les mêmes goûts et les mêmes instincts que leurs
ravages se confondent presque toujours. Dans certains cas, la
période de dévastation de la Chenille est déjà achevée à la fin
de mai, donc de quinze à vingt jours avant celle de la T. rufimi-
trana H. Sch. Au sujet de la ponte, WacxrL (1882) affirme que
les œufs sont déposés sur les aiguilles comme les tuiles d’un toit,
ou encore en paquets sur les rameaux. La chrysalidation se pro-
duit chez cette espèce dans la frondaison, les Cocons étant sus-
pendus aux aiguilles ou aux filets soyeux tissés par la Chenille.
Tout ce que nous avons dit au sujet des ravages de la T. rufi-
mitrana H. Sch. et de son importance au point de vue forestier
s'applique également à la T. murinana Hbn.
Liparis monacha L. — Voir : Chapitre de l’Épicéa.
Schizoneura abietina Koch. Ruyncu., Schisoneurinæ
Pou des rameaux du Sapin
Cet Insecte, d'importance tout à fait secondaire, a été tout
récemment décrit comme un ravageur des rameaux du Sapin
par NussLin (1905, p. 408). D’après cet auteur, la femelle, ailée,
ne sécrête pas de cire. Son abdomen porte des bandes transver-
sales d’un vert foncé.
Longueur, femelle étalée : 7 à 9 millimètres. Les œufs sont
déposés en juin dans les rameaux et plus spécialement dans les
bourgeons. D’après Nussziw, les Larves n’éclosent qu’en avril ou
mai de l’année suivante et donnent naissance après trois mues à
des « Fundatrix » ou femelles parthénogénétiques aptères de
couleur vert jaune qui sucent les pousses tendres. Cette se-
164 FEUILLES
conde génération sécrète une masse laineuse blanchâtre dans
laquelle les excréments s’amassent.
r—
Fig. 117. — Rameau de Sapin blanc dont les aiguilles de l’année sont déformées
et réunies en faisceau par le Schizoneura abietina Koch. 1 f1 gr. nat. (oriq.).
Comme le montre la figure 117, les rameaux s’atrophient et
les aiguilles tordues présentent souvent leur face inférieure tour-
née vers le haut. Dans les invasions intenses, les aiguilles dépé-
rissent et le rameau dépouillé se dessèche.
Cet Insecte, peu répandu, a une minime importance au point
de vue forestier.
Boarmia crepuscularia Hbn. LépinoPr., Geometridæ
(Geometra crepuscularia Hbn.)
Longueur, Papillon étalé : 35 à 40 millimètres. Le mâle porte
des antennes courtes doublement ciliées. Le Papillon est, dans
les deux sexes, d’une couleur blanche grisâtre; il est saupoudré de
brun avec une tache brune double dans la cellule alaire médiane.
Sur les nervures cette tache devient plus foncée.
SAPIN BLANC 165
La Chenille, qui mesure de 28 à 32 millimètres, est trapue,
cylindrique, d’un blanc sale plus ou moins foncé avec des raies
longitudinales brunes courant le long du dos et sur les côtés.
La tête est ronde, plate, avec des marbrures de couleur gris-brun.
D’après HENSCHEL (1895, p. 387), ce ravageur se reproduirait
deux fois dans l’espace de douze mois; il essaime en juin et en
automne. L’hivernement aurait lieu sous la forme de Chrysalide
qui se tient cachée dans la couverture morte.
D’après Jupeicx et NirscHE (1895, p. 972), la Chenille de la
Boarmia crepuscularia Hbn. qui est un Insecte essentiellement
polyphage, présente des variations de couleur s’harmonisant
avec celles du feuillage dont elle s’alimente.
HENRY (7904, p. 711-713) décrit une invasion de ce ravageur
ou de son proche perent, la B. consonaria Hbn. dans une sapinière
du canton d’Ambert (Puy-de-Dôme). Cette invasion débuta
en 1902 sur une surface de 250 hectares; elle s’est propagée jus-
qu’en 1904 en s'étendant par taches d’huile. Le sous-bois, d’es-
pêces variées, était aussi ravagé par les mêmes Chenilles.
En 1904, dans les pineraies de la vallée de la Loire, sur les ter-
ritoires des communes de Chamalières et de Vorcy, on a constaté
également des dégâts de ce Papillon. Ce dernier, par contre, n’a,
à notre connaissance, jamais été vu dans les forêts suisses.
HENRY préconise lintroduction de Pores en hiver et au prin-
temps dans les massifs infestés. Ces animaux, en fouissant le sol,
détruisent une notable quantité de Chrysalides (1).
BOURGEONS
Tortrix nigricana H. Sch. Lérinopr., Tortricidæ
Tordeuse des bourgeons du Sapin blanc
Longueur, Papillon étalé : 11 à 13 millimètres. Les ailes an-
térieures sont d’un gris brun foncé avec une tache sombre à la
partie basilaire. La cellule médiane est allongée avec taches on-
(1) Le Chermes piceæ Ratz. a été signalé dernièrement par NussLiN
(1905, p. 425) comme causant de sérieux dégâts dans les sapinières.
166 BOURGEONS
dulées d’un bleu blanchâtre. La cellule cubitale antérieure porte
des taches irrégulières foncées. Les ailes postérieures sont d’un
gris sale avec franges claires.
La Chenille est, au début de son existence, d’un brun rougeâtre
avec tête noire; elle mesure environ 8 millimètres de longueur.
Ce Papillon, qui est très peu répandu, peut être considéré
comme le seul ravageur des bourgeons du Sapin blanc. Il essaime
en juin ou juillet et dépose ses œufs dans les bourgeons, que
la Larve ronge en se développant. Elle passe l'hiver dans ces
cachettes et redevient active en mars et avril, pour se chrysa-
lider à la fin de mai.
Les dégâts amènent une atrophie des bourgeons, qui laissent
échapper de la résine et sont entourés d’un duvet soyeux plus
ow moins garni d’excréments.
Ce Lépidoptère attaque les arbres de tout âge, mais, vu sa
rareté et la difficulté d’entraver son évolution, il n’y a pas lieu
de chercher à le combattre.
Phycis abietella Zk. — Voir : Chapitre de l'Épicéa.
CÔNES
Phycis abietella Zk. — Noir : Chapitre de l'Épicéa.
Tortrix margarotana H. Sch. Lépioopr., Tortricidæ
(Retinia margarotana H. Sch.)
Tordeuse des cônes du Sapin
Longueur, Papillon étalé : 14 à 17 millimètres. Ce Papillon,
dont les ailes antérieures sont d’un brun foncé tirant sur le
rouge, est très peu répandu. Il ravage les cônes du Sapin et a
été décrit par WacurTL (1882, p. 43-45). Son importance fores-
tière est minime (1).
(4) La T, retiferana Woche, espèce voisine, cause à peu près les mêmes
ravages.
3. Les Pins
Pinus sylvestris L., P. austriaca Hbst., P. montana Mill, P. maritima
Mill., P. halepensis Mill, P. pinea L., P. strobus L.
RACINES
Gryllus gryllotalpa L.
Melolontha vulgaris L.
Voir : Chapitre de l’Épicéa.
Cneorrhinus plagiatus Schall. Coréopr., Curculionidæ
(C. geminatus Fabr.)
Longueur : 5 à 6 millimètres. Cet Insecte appartient au
groupe des Charançons qui, sous la forme d’Insectes parfaits,
incapables de voler (par exemple, genre Otiorrhynchus), ron-
gent les racines de certains végétaux ligneux. Le Cneorrhinus
plagiatus Schall. est de couleur brunâtre avec les côtés écailleux
et blanchâtres. Les élytres sont convexes, revêtus de poils clairs.
On n’est päs encore exactement fixé sur l’évolution de ce Cha-
rançon; cependant il est prouvé qu'il hiverne sous la forme par-
faite et qu'au printemps et en automne il ronge les racines des
brins, en pépinière surtout (Jupeicx et Nirscnr, 1895, p. 403).
Son importance forestière es’ minime.
\
168 RACINES
Brachyderes incanus L. Coréopr., Curculionidæ
Longueur : 8 à 11 millimètres. Ce Charançon, de couleur
brune, porte des écailles d’un brun gris présentant parfois des
reflets métalliques. Il est trois fois plus long que large. Les an-
tennes sont d’un brun rouge et les élytres sont finement striés-
ponctués.
A l’état de Larve, le Brachyderes incanus L. est nuisible comme
parasite des racines, et sous la forme parfaite, comme ravageur
des aiguilles des Pins. L'Insecte hiverne et dépose ses œufs au
printemps dans l'appareil radicellaire des brins.
Il suffit, pour débarrasser une pépinière de ces ravageurs, de
récolter les Insectes parfaits au moment des travaux du prin-
temps. En somme, l'espèce est peu répandue et ses dégâts peu
importants.
Anthomyia rufipes Meig. Dipr., Anthomyinæ
Longueur, mâle : 5 millimètres; femelle, plus courte; Larve :
5 millimètres. Ce Diptère possède une tête rougeâtre. Les ailes
sont d’un gris sale, le thorax d’un noir mal teint. L'’abdomen
est gris cendré. Une bande dorsale longitudinale court le long
de l’abdomen; elle est de couleur noire, de même que le premier
anneau abdominal. |
L’Anthomyta rufipes Meig. essaime en juillet et les œufs sont
déposés au pied des petits brins en voie de formation; la racine
est ensuite ravagée par la Larve. On a remarqué que les carreaux
de pépinière sur lesquels on avait répandu des cendres souf-
fraient spécialement des atteintes de ce ravageur. Ce dernier
attaque parfois aussi les Mélèzes.
Le moyen le plus simple de se défaire de ce Diptère consiste
à asperger les carreaux de jus de tabac au moment où l’on con-
state que les Insectes sont occupés à pondre.
LES PINS 169
Noctua vestigialis Rott. Lépinopr., /Voctuæ
(Noctua valligera Hbn.)
Noctuelle des Pins
Longueur : Papillon étalé : 30 à 40 millimètres. La paire
d’ailes antérieures est d’un brun jaunâtre avec taches claires.
Une ligne blanche part de la partie basilaire de l’aile et rayonne
dans la direction de l'extrémité. La cellule marginale porte des
taches foncées liserées de blanc.
La Chenille, d'aspect terreux, présente parfois des reflets ver-
dâtres ou couleur de chair. La face dorsale de la tête porte une
plaque chitineuse, foncée, allongée transversalement. Elle a la
forme de deux triangles dont les sommets 'se rencontrent presque
sur la ligne médiane. La Chenille mesure 3 à 4 centimètres.
Le Papillon essaime à la fin d'août et dépose ses œufs dans
le sol sablonneux. La Chenille commence à ronger les radicelles
des Pins, soit des semis en pépinières, soit des plants en forêt.
L’hivernement a lieu sous la forme de Chenille à demi-adulte
et la chrysalidation s'effectue sous terre au mois de juillet. Au
mois de mars ou d’avril, les dégâts recommencent, précisément
au moment où les brins bénéficient du mouvement de la première
sève. Durant la nuit, le Papillon s’attaque également à la tige,
aux rameaux inférieurs et parfois aussi aux aiguilles (1).
Moyens préventifs. — Aucun, si ce n’est le changement d’es-
sence, car Ce ravageur est monophage. Toutefois, dans les sols
sablonneux, on ne peut pas toujours planter une autre essence
que celle des Pins.
Moyens répressifs. — Destruction des Chenilles qui sont atta-
chées aux radicelles ou rameaux des brins attaqués.
(1) Une autre espèce voisine, la Noctua segetum Schiff., produit à peu près
les mêmes ravages et s’attaque également aux Épicéas et aux Mélèzes. En
somme, ces Noctuelles sont rares.
170 RACINES
Strophosomus obesus Marsh. Cocéopr., Curculionidæ
Longueur : 4 à 5 millimètres. Ce Curculionide est d'apparence
noirâtre. De petites écailles gris brun, présentant des reflets mé-
talliques, recouvrent les élytres dont la suture est peu distincte.
Le corselet ne porte pas de ligne médiane. Le premier et le
deuxième article du funicule des antennes sont d’égale longueur.
Bien que nous ayons placé cet Insecte dans le groupe des ron-
geurs de racines, nous faisons remarquer qu'il peut s'attaquer
indifféremment à tous les organes des brins en pépinière. [essaime
au printemps et cause des dégâts également aux plantations d’un
an en ravageant le collet, la tige et les aiguilles. C’est à l'état
d'Insecte parfait qu'il commet ses déprédations. Celles-ci peu-
vent également intéresser le Chêne.
On peut combattre le Strophosomus obesus Marsh. en lui ten-
dant les mêmes pièges qu'à l'Hylobius abietis L.
Heliopathes gibbus Fabr. (1) CoLéopr., Z'enebrionidæ
Longueur : 7,5 à 8 millimètres. Ce Coléoptère, incapable de
voler, est noir, brillant, avec tête et corselet finement ponctués.
Ce dernier est de forme carrée avec les angles postérieurs légè-
rement en saillie. Les élytres striés-ponctués portent des inter-
stries relevées et chagrinées.
La biologie de cet Insecte est presque inconnue bien qu'on ait
à constater ses ravages dans les racines et les tiges des jeunes
plants de Pins poussant de préférence sur les sols sablonneux
des régions maritimes.
Dans les cas d’invasions, on peut opposer les mêmes moyens
de destruction que ceux préconisés pour l'Hylobe du Pin.
(14) L’Opatrum sabulosum L. et l'O. tibiale Fabr., qui appartiennent au
même groupe, produisent des dégâts à peu près semblables. Ce sont égale-
ment des ravageurs monophages.
LES PINS DA
Hylastes ater Payk. CoréoPr., Scol/ytidæ
Hylésine noir du Pin
Longueur : 4 à 5 millimètres. Cet Insecte, qui appartient au
groupe des « Hylastes » dont nous avons parlé à propos de l'É-
picéa (1. cunicularius Er.), se caractérise par la couleur foncée
et l’apparence brillante de tout son corps. Les côtés
du corselet sont droits et parallèles, tandis que chez
lH. cunicularius Er., ils sont arrondis. Le troisième
article tarsal est cordiforme, moins large que les
deux premiers. La massue des antennes est ovoïde.
Les antennes et les pattes sont de couleur rougeâtre.
Ce Coléoptère, de même que les trois Insectes sui-
vants, essaime très tôt au printemps, parfois déjà en
mars. Il peut produire deux générations par an et
(oriq.).
hiverne sous la forme parfaite.
Les dégâts de ce groupe de rongeurs des tiges, des collets et des
racines des Pins, sont sensiblement du même type que ceux de
l’H. cunicularius Er. (chap. de |’ « Épicéa »).
Du fait que ce Bostryche s'attaque presque toujours à des
tiges de très petit calibre, son système de couloirs se présente
rarement sous sa forme normale. Le plus souvent, vu l’exiguité
du champ d'action, les galeries de larves se confondent avec le
couloir maternel et tout le système est encombré de sciure brune.
Les dégâts dans les couches corticales des jeunes plants provo-
quent un jaunissement des aiguilles et des écoulements de résine.
Nous avons vu, en parlant de l’Hylésine mineur de l’Épicéa,
de quelle façon on peut contrecarrer l’évolution de ce parasite.
Les mêmes indications s'appliquent à la lutte contre les Hylastes
des Pins.
Hylastes attenuatus Er. Coréorr., Scolytidæ
Longueur : 2 à 2,5 millimètres. Le corselet, à peine plus long
que large, est étranglé antérieurement. Ses deux parties laté-
Fig. 118. — Tête de
Hylastes ater Payk.
172 RACINES
rales sont plus finement ponctuées que le milieu qui est coupé
par une ligne longitudinale lisse. L'extrémité des élytres est
tronquée presque verticalement. Les stries ponctuées vont en
s’accentuant à mesure qu'on approche de la troncature; les inter-
stries convexes portent des granules et des soies.
Cette espèce rare est plutôt répandue sur les Pins du Midi.
Sa biologie se rapproche de celle de 7. ater Payk.
Hylastes angustatus Hbst. Coréopr., Scolytidæ
Longueur : 2,3 à 3 millimètres. Cette espèce a beaucoup
d'analogie avec la précédente; cependant, elle est légèrement
plus grande et son corselet, moins long que large, est profondé-
ment ponctué avec la ligne médiane relevée. Les élytres, qui sont
trois fois plus longs que le corselet, portent des interstries se
rétrécissant vers la troncature.
L'H. angustatus Hbst. est rare.
Hylastes opacus Er. Cocéopr., Scolytidæ
Longueur : 2,5 millimètres. L'’Hylastes opacus Er. ressemble
beaucoup à l'A. angustatus Hbst.; toutefois, il est moins allongé,
d'un noir mat, et recouvert d’une pilosité très peu dense. Le cor-
selet, dont les côtés sont arrondis, est plus étranglé à l’extré-
mité qu'à la base; la ligne médiane est lisse, saillante. Les élytres
portent des interstries pubescentes, rétrécies à l'extrémité et mu-
nies de lignes de tubercules.
Les mœurs de l’Hylastes opacus Er. ressemblent beaucoup
à celles des espèces que nous venons de décrire. Ces Insectes
provoquent la mort des Pins âgés de deux à dix ans. Cepen-
dant, on trouve pañfois les traces de leurs ravages dans des
perches de la grosseur du poignet, mais ce sont là des cas excep-
tionnels.
Ce que nous avons dit à propos de l'A. cuniculartus Er., sous
LES PINS 173
le rapport de la lutte répressive, peut s’appliquer à tous les In-
sectes de ce groupe (1).
ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
Les ravageurs de ce groupe sont fort importants chez le Pin;
car, comme nous l’avons déjà vu, cette essence résineuse attire
tout spécialement les Xylophages. Les Pins étant surtout plan-
tés dans des terrains arides, de fertilité médiocre et aussi éduqués
le plus souvent à l’état pur, les invasions prennent parfois, dès
le début, un caractère de gravité que nous ne retrouvons pas sur
d’autres arbres.
En quittant la racine, nous atteignons le collet qui héberge
deux ravageurs de la région subcorticale et qui s’égarent parfois
aussi bien dans l'appareil radicellaire que dans la tige et excep-
tionnellement dans les branches des perches. Ce sont le Pissode
noté et l’'Hylobe du Pin, deux Xylophages qui doivent être inter-
calés, à proprement parler, entre le groupe des rongeurs de la
racine et celui des ravageurs du tronc.
Pissodes notatus F. Coréopr., Curculionidæ
Pissode noté [P1. III, fig. 2]
Longueur : 5 à 7,5 millimètres. Ce Charançon est carac-
térisé par la base bisinuée du corselet dont les deux angles sont
recourbés en pointe trapue dirigée en arrière. La distance qui
sépare la base de l’antenne de la bouche est plus grande que
celle de l’Æylobius abietis L. Le corps entier est de couleur brun
(1) Un autre Insecte de ce groupe, l’Hylurgus ligniperda Fabr., peut
être rattaché biologiquement aux Hylastes du Pin.
Deux Élatérides, Elater marginatus L. et E. æneus L., causent également
des ravages dans les pépinières et les cultures de Pins en rongeant les radi-
celles des brins.
174 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
rouge. On remarque très souvent de chaque côté de la ligne mé-
diane du corselet quatre points blancs disposés en losange. La
partie antérieure des élytres est ornée d'une bande blanchâtre
transversale, interrompue des deux côtés de la suture. Une autre
tache plus large, formée d’écailles blanches et dont les côtés
latéraux sont d'aspect roux, recouvre toute la largeur des élytres
immédiatement en arrière de leur milieu.
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Fig. 119.
Schéma du travail de forage des Pissodes.
a, larve; b, couloir de larve; c, berceau de
chrysalide ; d, calotte de détritus ligneux
(oriq.).
La Larve, du type des Charançons, ne
peut être, sous le rapport de la dimen-
sion, confondue avec celle des Bostryches
dont la taille est plus réduite. Elle est
recourbée en dedans, privée d'yeux et de
pattes. Quant à la Chrysalide, son rostre
prolongé permet de la reconnaître sans
hésitation et de ne pas la confondre avec
la Chrysalide d’un Longicorne, d’un Sco-
lytide ou d’un autre Xylophage.
Nous avons déjà vu dans le chapitre de
l'« Épicéa » de quelle façon les Pissodes
opèrent leur ponte et comment, de l’ex-
térieur, ils déposent leurs œufs. Le Pis-
sode noté travaillant en général dans les
tissus des tiges et des branches de petit
calibre, et sa dimension étant relative-
ment grande pour un rongeur des cou-
ches subcorticales, la forme de son sys-
tème de couloirs est difficile à caractériser.
Cependant, lorsque l’on découvre les
dégâts de ce Coléoptère, on remarque presque toujours un bour-
souflement de l'écorce
et les berceaux de chrysalides entaillés
dans l’aubier sont recouverts d’une calotte composée de fibres de
bois; cette calotte protège l'animal durant sa double métamor-
phose (Voir fig. 119). Ces berceaux, le plus souvent très rappro-
chés les uns des autres et disposés à des hauteurs diverses sur
le pourtour de la tige,
terminer l'espèce,
constituent le meilleur critère pour dé-
LES PINS (79
Au point de vue de l’évolution, le Pissodes notatus F. parait
se comporter différemment dans l’Europe centrale et dans le
Midi. Au Nord, il semble que ce soit sous la forme d’Insecte par-
fait qu'il hiverne, tandis que dans les régions méridionales, ce
serait, suivant PErRis (1856, p. 428) plutôt à l’état de Larve. De
SS
Fig. 120. — Pissode sortant du ber-
ceau de chrysalide (orig.).
toutes façons, une seule génération parvient à maturité durant
l’espace d’une année.
C'est surtout comme Larve que ce Curculionide est à redouter,
car l’Insecte pond ses œufs en tas dans les couches corticales et
ligneuses des Pins anémiés, malingres et poussant dans des condi-
tions anormales. Les plantations faites dans des sols pauvres,
exposées en plein soleil, sont souvent décimées par le Pissode
noté. R
Moyens préventifs. — Associer autant que possible d’autres
essences aux Pins, lorsqu'on crée des peuplements artificiels,
176 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
puis surtout ne pas mettre en terre des plants de faible consti-
tution.
Moyens répressifs. — Ceux-c1 sont bien simples. Lorsqu'on
découvre dans de jeunes plantations ou sur des perches des traces
Fig. 121.— Boursouflements provoqués au collet de plants de Pin sylvestre par la Larve
du Pissodes notatus Fabr.
a, calotte de détritus ligneux ; b, Insecte parfait sortant du berceau de chrysalide.
1/1 gr. nat. (oriq.).
de la présence de ce Charançon, il faut extirper les plantes at-
teintes avant la troisième métamorphose et brûler sur place
les bois infestés.
LES PINS 197
Hylobius abietis L. (1) Coréopr., Curculionidæ
(Gurculio pini Ratz.) [PI I, fig. 3]
Hylobe du Pin
Longueur : 7 à 13 millimètres. La tête porte un rostre épais,
légèrement arqué et de chaque côté duquel une rainure peut loger
le scape de l’antenne. Cette dernière est insérée beaucoup plus
près de la bouche que ce n'est le cas dans le genre Pissodes. Le
corselet est plus long que large, densément et profondément
ponctué. Ses côtés sont arrondis, rétrécis antérieurement. La
ligne médiane, ou carène, est lisse, revêtue comme les côtés de
poils roux couchés. Les élytres sont plus larges que le thorax;
ils sont recouverts de taches de poils roussâtres disposées en
quatre bandes transversales interrompues. La forme de ces der-
nières est, du reste, infiniment variable sui-
vant les individus. Les pattes, d’un brun
noirâtre, sont garnies de poils cendrés.
Ce Charançon, très commun et très nui-
Mars . .
sible, a une évolution assez compliquée en
raison même de sa dissémination dans des
régions et à des altitudes fort variables. C'est
surtout à l’état d’Insecte parfait que ce ra- res
vageur occasionne des dégâts. La littérature |! oui . .
++ |+|+
Avril. .
Mare n
entomologique forestière renferme beaucoup Ar
de données relatives à son développement. Dee
Nous nous en tiendrons au schéma présenté
par Jupeicx et Nitscne (7695, p. 417); il
représente bien les différentes phases évolu-
tives en pays de plaine et nous l’exprimons
sous forme du calendrier graphique ci-joint.
OCT
+|+1+4/+ be lolo)o/lelolo
L'Insecte essaime au premier printemps et s’accouple dès
(1) On peut, au point de vue morphologique, envisager ici une autre
espèce, l'A. pinastri Gyll., mais qui, en matière d’entomologie forestière,
doit être assimilée à l’H. abietis L.
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 12
178 ÉCORCE DU
TRONC ET DES BRANCHES
u’il a atteint son plein développement sexuel, en: général en
q g
mai. La femelle, après l'accouplement, dépose de un à cinq œufs
au fond d'un trou pratiqué dans l'écorce. Au bout de deux se-
Fig. 122. — Hylobius abietis L. ron-
geant une tige de Pin sylvestre.
1 1/2 gr. nat. (orig.).
maines, la Larve éclose commence
à creuser des couloirs qui fouillent
les couches hbhéreuses et dont le ca-
libre s'accroît au fur et à mesure
qu'ils s'enfoncent dans l'aubier. Ces
galerics aboutissent au berceau re-
couvert de fragments de bois. Au
bout de trois à quatre semaines, l’In-
scele parfait est formé; il creuse
alors dans cette calotte un trou rond
qui lui permet de gagner le dehors.
C'est à ce moment, soit en août ou
scptombre, qu'il se jette sur les jeu-
nes cultures et décortique les tiges
des plants.
Aucun autre Coléoptère n’a une
évolution aussiembrouillée, variable
et même déconcertante que celle de
l'Hylobe du Pin, et en pratique, ce
fait cst de nature à compliquer la
lutte que les sylviculteurs sont sou-
vent appelés à lui opposer. JupEIcH
et NirscHE (2895, p. 418) donnent
un résumé des recherches de von
OPPEN (1883, p. 547) sur la biologie
de ce Curculionide. Nous ne pouvons
développer ici plus longuement cette
question de l'évolution qui est ex-
posée, suivant les recherches les plus récentes, dans l'ouvrage
déjà cité de Nusszix (1905, p. 116). Cet auteur relate que lIn-
secte parfait a une longue existence ; 1l possède la faculté de
pondre dans le courant de l’année même de son éclosion et
peut, grâce à la longueur de la période de ponte, déposer des
an d
LES PINS 179
œufs durant plusieurs mois consécutifs tout en continuant son
travail de forage. La phase de nocivité est done relativement
longue et la lutte contre ce ravageur compliquée, car les influen-
3
Fig. 123. — Tige de Pin sylvestre ravagée par l’Aylobius abietis L. 1/1 gr. nat. (orig.).
ces locales peuvent, dans chaque cas, modifier son évolution.
Fucus (1912, p. 50) confirme ces faits et prouve que la femelle
peut déposer ses œufs durant trois ou quatre mois sans être
180 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
fécondée à nouveau. Comme conséquence à cette aptitude, des
Insectes parfaits apparaissent durant tout l'été. Il est incon-
testable qu'au point de vue pratique ces naissances successives
d'Hylobes rendent la lutte très difficile.
Nous avons vu plus haut que c'est surtout à l’état d’Insecte
parfait que l'Hylobe cause des déprédations dans les pineraies.
En effet, il ronge l'écorce des plantules, provoque des écoule-
ments de résine et met à nu l’aubier (fig. 122). Plus le brin attaqué
est fort, plus il a de chances de se remettre de ses blessures. En
général, les Pins âgés de moins de cinq ans et dont plus de la moi-
tié de la périphérie de la tige est décortiquée, périssent. S' le
ravage se produit sous forme d’une décortication annulaire du
tronc près de la terre, l'arbre sèche rapidement.
L'Hylobius abietis L. peut également devenir redoutable
dans les jeunes cultures d'Épicéas. On le trouve exceptionnelle-
ment sur les autres Conifères et parfois sur les feuillus.
Un des principaux facteurs de l'extension des invasions de ce
Charançon est le maintien des souches et de l'appareil radicel-
laire après les coupes rases dans les pineraies. En effet, la ponte
peut souvent se produire dans les racines, donc sous terre. Ce
fait complique singulièrement la lutte et la rend très coûteuse.
Moyens préventifs. — Il est difficile de soumettre les pineraies
à un traitement spécial, attendu que les peuplements de cette
essence sont le plus souvent purs et installés dans des terrains
sablonneux et arides. La régénération des forêts de Pins sylves-
tres, en particulier, est rarement naturelle, et il faut presque
toujours parer plus ou moins complètement à son défaut, au
moyen de plantations où de semis qui donnent naissance à des
cultures uniformes s'étendant parfois sur de grands espaces.
C'est sur ces chantiers de reboisement que les invasions prennent
un caractère de nocuité tellement grave que dans bien des cas,
le forestier est désarmé.
On peut parer dans une certaine mesure à ce danger en éta-
blissant plusieurs assiettes de coupes, ce qui permet aux jeunes
cultures d'être limitées à de petites surfaces et d'atteindre un
ba
LES PINS 181
certain âge (huit à douze ans par exemple) avant d’être expo-
sées aux atteintes des Insectes dont le développement serait
favorisé par une coupe définitive dans le peuplement voisin.
En d’autres termes, dans une pinerale infestée ou menacée, il
faut s’efforcer d’éduquer de petites étendues, soit de rajeunisse-
ment naturel, soit de plantations de Pins dont les plants puis-
sent résister aux attaques des Insectes s’échappant des massifs
limitrophes. Il existe un autre moyen de prémunir les peuple-
ments à créer, c’est le dessouchement après la coupe définitive,
opération qui implique l’extraction radicale des souches et de
toutes les racines mesurant plus d’un centimètre de diamètre.
Ce travail doit être exécuté en été, alors que les Insectes sont
occupés à pondre. On conçoit ce que cette opération doit être
onéreuse. Si ensuite, on entoure la dite coupe d’un ou de plusieurs
fossés protecteurs de 30 à 40 centimètres de profondeur, et dans
lesquels on ramasse et détruit journellement les Insectes qui y
tombent, on a bien des chances de pouvoir isoler presque com-
plètement la surface destinée à être replantée. On peut égale-
ment compléter ce système d’obstacle par l’adjonction à l’inté-
rieur des fossés de perches enduites de glu (« Raupenleim »).
On retiendra ainsi prisonniers un certain nombre de Charançons
qui auraient réussi à sortir du fossé et à circuler sur le sol.
Moyens répressifs. — Nous avons vu plus haut que les Insectes
ont la faculté de pondre pendant un laps de temps prolongé.
Le forestier, qui est appelé à intervenir contre ce ravageur, doit
donc tenir compte de cette particularité biologique et capturer
par tous les moyens qui sont à sa portée les [Insectes alors qu'ils
déposent leurs œufs dans les souches et racines des chantiers
de coupe et qu'ils s’attaquent aux jeunes Pins dans les semis
naturels ou dans les parcelles de reboisement. Un des moyens
qui donnent le plus de satisfaction pour la capture des Hylobes,
consiste à répandre dans les massifs infestés des fragments d’é-
corce encore imbibés de sève (Pins et Épicéas). On les dépose
à raison de 70 à 120 par hectare; le Liber doit toucher le sol. Ce:
fragments sont recouverts, si possible, de pierres. Les Insectes
182 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
sont attirés par ces pièges et trois ou quatre fois par semaine
(dans certains cas tous les jours) on fait une inspection de ces
appâts pour détruire les Hylobes qui s'y concentrent. On emploie
également dans ce but des fragments de rondins ou de perches
de 30 à 50 centimètres de longueur, qu’on écorce longitudinale-
ment sur une largeur de 3 à 4 centimètres. La surface décortiquée
est ensuite placée dans une rigole pratiquée dans la terre et les
Insectes pondent dans ce piège artificiel qu'ils prennent pour
une souche. Ces pièges doivent naturellement être visités en même
temps que les écorces.
Myelophilus piniperda L. Coréorr., Scolytideæ
(Dermestes piniperda L., Hylesinus piniperda Gyll.)
Hylésine du Pin
Longueur : 4 à 4,5 millimètres. Le genre Myelophilus, qui ne
comporte que deux espèces, est caractérisé par un funicule de
six articles, une massue ovalaire légèrement acuminée, articulée,
non comprimée. Le premier article
tarsal est plus long que les suivants,
le troisième est largement bilobé.
Le Myelophilus piniperda L. est
a b d'apparence noirâtre, brillante. La
"hr Ré de eue di Mr Léte est densément ponctuée avec
philus pin] ; b g
(orig-). carène longitudinale en arrière de
la bouche. Le corselet est plus étroit à la partie antérieure qu'à
la base; il possède une ponctuation très fine, plus intense sur
les côtés qu'au sommet, qui porte une ligne longitudinale lisse.
Les élytres sont un peu plus larges que le corselet et trois fois
plus longs que ce dernier. Le rebord antérieur (à la base) est
crénelé et lés stries sont finement ponctuées. Les interstries, rugu-
leusement tuberculées, portent à la partie postérieure une rangée
de petites pointes sétigères. La deuxième interstrie (comptée à
partir de Ja suture) est profondément impressionnée à la tron-
cature et privée de tubercules. Ce caractère est encore plus sail-
lant chez le mâle (fig. 124).
LES PINS 183
Les Bostryches du genre Myelophilus sont les seuls qui, à
l’état de Larves, ravagent les couches corticales et, à celui d’[n-
sectes parfaits, se nourrissent de la moelle des pousses terminales.
Fig. 125. — Grumeaux de résine formés autour des trous d’entrée du Wyelophilus pin'perda L.
(arbre debout), Pin sylvestre. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich).
La nocuité revêt donc deux formes absolument différentes. Les
Allemands appellent cet Insecte « Waldgärtner », c’est-à-dire
« jardinier des bois » car, en décimant les frondaisons, 1l jardine
à proprement parler. Il est, après certains Lépidoptères, consi
184 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
déré comme le plus dangereux ennemi des Pins,et, en tout cas,
comme le plus éommun. On peut affirmer qu'il joue, vis-à-vis
Fig. 126. — Ecoulement de résine sur un tronc de Pin maritime provoqué par les ravages
du Myelophilus piaiperda L. 1/2 gr. nat. (orig.).
de cette essence, le même rôle que le Bostryche typographe à
l'égard de l'Épicéa.
Nous n'avons jamais parcouru une pineraie d'une certaine
étendue sans rencontrer ce Xylophage redoutable qui décortique
LES PINS 185
surtout les chablis, les bris de neige, et, en général, les Pins
ayant poussé dans des conditions anormales. Lors d’invasions
d'une certaine importance, il ne redoute pas de se jeter sur les
arbres sains.
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Fig. 127. — Schéma du forage du Myelophilus piniperda L. sur un tronc de Pin couché.
(L'écorce est en partie détachée.)
a, orifice d'entrée; b, galerie maternelle; c, sciure rejetée au dehors; d, couloir de larve;
e, encoches de ponte (orig.).
L'Hylésine du Pin essaime très tôt au printemps, souvent déjà
en mars. Il choisit, pour pénétrer sous les écorces épaisses, une
fente, une anfractuosité ou une place facilement vulnérable.
Parvenu aux couches libéreuses, 11 pratique son couloir vertica-
lement en se dirigeant vers la cime de l’arbre. Durant le travail
de forage, opéré par la femelle, un écoulement de résine se pro-
duit tout autour de l’orifice d'entrée. Chose curieuse, ces écoule-
ments revêtent des formes différentes suivant la plus ou moins
grande richesse en résine de telle ou telle espèce de Pin. Ainsi,
chez le Pin sylvestre, on remarque un grumeau circulaire encer-
clant le trou d'entrée (fig. 125), tandis que chez le Pin maritime,
la résine, beaucoup plus abondante, se coagule en grumeaux
pendants (fig. 126) qui rappellent d’une façon frappante les
dégâts extérieurs du Dendroctonus micans Kug. de l'Épicéa.
Dans les troncs abattus, où l’on découvre le plus souvent le
système de ravages, la galerie maternelle, qui mesure de 9 à
[86 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
20 centimètres de longueur, est construite dans les deux direc-
Uons verticales, jamais transversalement. On remarque toujours
dans ce cas une courbure de la partie initiale du couloir de ponte.
De cette manière, l'Insecte assure un écoulement facile aux
détritus qui seront rejetés au dehors et qui ne pourraient facile-
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Fig. 128. — Schéma du forage du Wyelophilus pini-
perda L. sur un tronc de Pin debout. (L'écorce est
en partie détachée.)
a, $ forant la galerie de ponte; b, © nettoyant la
alerie maternelle; c, couloir de ponte; 4, encoche
Ftneneut Po e, galerie de larve; f, encoche de
ponte ; g, grumeau de résine ; À, amas de sciure; à, ori.
lice d'entrée (oriq.).
ment tomber à terre si le trou d'entrée n'était foré à un niveau
inférieur à celui de la galerie principale (fig. 129).
Une autre différence entre ces deux types de couloirs réside
dans la cristallisation de la résine. En effet, si sur les arbres
debout, cette matière s'écoule naturellement et se durcit autour
ou en dessous du trou d'entrée, il n’en est pas de même pour
les arbres abattus. Dans ce cas, en soulevant l'écorce, on décou-
vre des deux côtés du couloir de ponte une frange résineuse qui
provient de la résine comprimée sur les bords et qui, faute de
pente, ne suit pas les détritus évacués au dehors par le mâle.
Brno) ‘jeu ‘af 1/1 (‘oursox ap stuxeB quos ajuod 9p sx10pn09 so'y) ‘ayons ansoAtfs urq 9p
ouoxy un ans “y vpaaduid snyydojohiyy np 24oq0e saBvaes op owaisÂs np J9odsy — ‘Gar Br
188 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
En examinant les deux graphiques ci-après, on se rendra
compte de l’évolution de l'Hylésine qui peut, suivant l'altitude
et surtout les circonstances climatériques, essaimer une ou deux
fois dans l’espace de douze mois. L'hivernage se passe toujours
au pied des troncs dans les débris d'écorce ou dans la couverture
morte.
SÉVÉRIN (1901, p. 761) admet, mais toutefois pas d’une façon
absolue, qu'en Belgique deux générations arrivent à maturité.
Durant la fin de l'été et pendant l'automne, l'Insecte parfait
commet des ravages tout aussi préjudiciables que la Larve, en
pénétrant dans les pousses annuelles dont la moelle est rongée
de bas en haut. Le trou d'entrée est ordinairement garni d’un
bourrelet de résine, surtout si l'arbre attaqué est encore en
pleine vitalité. Souvent, au haut de ce couloir, qui peut at-
teindre de 7 à 10 centimètres de longueur, on remarque un
autre orifice situé à 3 à 4 centimètres au-dessous du bourgeon
terminal. C’est par cette ouverture que l'animal ressort de la
galerie; mais, dans bien des cas, il évite ce travail de forage et
gagne le dehors en empruntant le trou d'entrée. La plupart du
temps, le vent fait tomber à terre ces pousses évidées, qui se dé-
tachent précisément à l’endroit où l'Hylésine a pénétré dans le
bois.
En parcourant les pineraies infestées par ce Coléoptère, on
remarque une multitude de ces pousses qui jonchent le sol.
Les systèmes de couloirs sont très rapprochés et souvent en-
chevêtrés les uns dans les autres. Parmi les Bostryches rava-
geant les Pins, — et ils sont nombreux, — aucune autre espèce
ne se reproduit en aussi grande abondance; il s'ensuit que si en
hiver ou au printemps on parcourt les peuplements de Pins
ayant subi, l’année précédente, de sérieuses atteintes du Myelo-
philus piniperda L., on peut détacher des troncs non décorti-
qués à temps et gisant à terre des plaques d’écorce dont la face
interne présente des couloirs de ponte rectilignes, imprégnés de
résine. Les galeries de larves, qui, dans la règle, sont transver-
sales au début, surtout sur les gros troncs, et longitudinales
sur les perches de faible dimension, finissent par s’embrouiller
189
et sont à peine perceptibles dans l'épaisse couche de sciure
brune. On discerne, dans cette dernière, de nombreux trous de
sortie creusés par les Insectes parfaits qui cherchent à gagner le
LES PINS
dehors.
Le Myelophilus piniperda L. s'attaque à ||)
toutes les espèces de Pins; 1l est très fréquent [Fév ..| ++
dans les forêts de Pins maritimes et d’Alep du ||Mars..| + | +
midi de la France, où nous l’avons rencontré || 1,4. | .H .
en aussi grande abondance que dans les pine- fi |
À Ê s Mal. . . I
raies de Pins sylvestres de la plaine bavaroise. a
Juin .
Au centre de la France, notamment dans les |__| + |
AT: Juill ..| «
départements de l'Allier, de la Creuse et du E an
Puy-de-Dôme, il a été signalé (A. D. E. F.) |Aùt-.|:
comme ayant causé, de 1894 à 1897, de sérieux |! Sept. .| :
ravages au milieu des reboisements artificiels |loc«. .. :
de Pins sylvestres. Dans le canton de Roche- He)
fort (Puy-de-Dôme), des peuplements situés à = Fa Ex
: APN Tee AE
1.200 mètres d'altitude, éclaircis déjà par des
bris de neige, ont été sérieusement décimés
S ; : SE ; : Janv +
per l’'Hylésine du Pin, qui s'était propagé en le
, "S Fés +
abondance sur des perches brisées et non écor-
, Mars . . _
cées à temps.
APT EN EE
Moyens préventifs. — Ce ravageur n’atta- ||Mai...| °f.
quant que très rarement d’autres résineux || Juin...| à
(Epicéa), 1l faut éviter, autant que possible, de fin 1
créer de vastes peuplements purs de Pins et nie
AOUL . .
d'âge uniforme. On sait que cette essence est,
- ; - . ; Sept
parmi tous les arbres forestiers, celle qui hé- à #4
berge le plus d’ennemis de la classe des Insectes. net
Par conséquent, on ne saurait trcp insister sur
ce danger, lorsqu'on engage des propriétaires,
des communes ou des sociétés scolaires fores-
tières à entreprendre de grands travaux de reboisement sur des
sols arides et exposés au midi. Nous verrons, dans les conclu-
sions de cet ouvrage, de quelle façon on doit comprendre la
190 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
création de peuplements artificiels susceptibles de résister aux
atteintes des ravageurs xylophages.
En ce qui concerne l'Hylésine du Pin, la meilleure résistance
à lui opposer sera de surveiller attentivement l’écorçage et l’en-
lèvement des chablis et des bris de neige qui constituent pour
lui un appât de premier ordre. En outre, 1l faut absolument
éclaireir tôt et fréquemment afin de produire des tiges saines,
bien espacées et pourvues d'une abondante frondaison.
Moyens répressifs. — Ces derniers sont identiques à ceux mis
en œuvre pour combattre le Bostryche typographe. On sait que
le seul moment propice pour capturer les Scolytides est la période
larvaire, ou celle de nymphose, alors que les Insectes peu mobiles
sont concentrés par quantités énormes sur une surface réduite.
Il faut donc saisir cette circonstance et intervenir brutalement
en bouleversant toute cette progéniture en voie de métamor-
phose. L’arbre-piège est la meilleure arme que le forestier ait à
sa disposition pour décimer un Insecte qui recherche plus volon-
tiers les gros troncs et perches que les branchages. Des arbres-
pièges doivent donc être abattus au moment où l’on constate
le vol des Hylésines, soit en mars ou avril. SÉVÉRIN (7901, p. 763)
recommande de ne pas laisser tomber à terre la cime ébranchée,
ce qui permettrait au Bostryche de pénétrer dans l'écorce de
toute la périphérie du tronc. Il est évident qu'on ne peut prescrire
d’une façon uniforme le nombre d'arbres à abattre. En thèse
générale, dans une pinerale qui a déjà été infestée durant une
ou plusieurs années par ce Coléoptère, 1l faut utiliser tous les
chablis tombés en hiver et les traiter comme les autres arbres-
pièges qu'on abat en plus grande quantité dans les parties du
massif où l’Insecte a concentré ses attaques. A cet effet, l'examen
et le nombre des pousses gisant à terre ainsi que les grumeaux de
résine fixés au tronc guideront le forestier. Dans les invasions
intenses, on peut disposer de dix à quinze arbres par hectare.
Mais ici, nous répétons ce que nous avons déjà dit à propos de
la lutte contre le Bostryche Lypographe, à savoir : que le pro-
cédé des arbres-pièges ne peut être de quelque utilité qu'autant
LES PINS 191
que le personnel subalterne forestier surveille scrupuleusement
l’évolution de l'Hylésine dans ces pièges. Il s’agit d’écorcer rapi-
dement et de brûler sur place les écorces garnies de Larves et
de Nymphes. Il est à remarquer, toutefois, que les Larves ou
Nymphes qui demeurent sur le tronc décortiqué ou qui tombent
à terre périssent au bout d’un jour ou deux, car les premières ne
sont pas en état de se mouvoir en dehors de la matière ligneuse
qui leur procure une alimentation, et les secondes sont tellement
délicates qu'elles ne sauraient résister au froid de la nuit, aux
rayons solaires et à la pluie. Toutefois, les Larves peuvent par-
faitement être enfermées dans l'épaisseur des couches corticales
au moment de l’écorçage et 1l importe de détruire intégralement
les écorces par une incinération radicale, sinon l’évolution de
l'animal se continue même dans l'épaisseur des fragments d’é-
corce gisant à terre.
Dans certains cas, on peut se contenter d’écimer les arbres
malvenants, qu’on abat et écorce ensuite au moment où l’on cons-
tate une infection générale. Ce procédé moins coûteux est à re-
commander seulement dans les grandes forêts d'accès difficile et
au début d’une invasion modérée. Quoi qu'il en soit, l'Hylésine
du Pin est un redoutable ennemi qui demeure toujours à l’état
endémique dans chaque pineraie d’une surface un peu consi-
dérable.
Myelophilus minor Htg. Coréopr., S'colytidæ
(Hylesinus minor Htg.)
Hylésine mineur
Longueur : 4 millimètres. Ressemble beaucoup au précédent.
La seule différence essentielle entre les deux Insectes parfaits
réside dans quelques détails de la troncature des élytres, et
cela plus spécialement chez le mâle. En effet, chez le Myelo-
phulus minor Hitg., la deuxième interstrie n’est pas impres-
192 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
sionnée et la rangée de tubercules sétigères se prolonge jusqu'à
la partie inférieure de la troncature (fig. 124,b), tandis que chez
le M. piniperda L., comme nous l'avons dit, la deuxième inter-
strie de la déclivité est sillonnée.
Si, au point de vue morphologique, ces deux Insectes sont assez
semblables, 1l n’en est pas de même de leurs habitudes, car la
Fig. 130. — Couloirs du Wyelophilus minor Hig. dans l'écorce du Pin sylvestre.
1/1 gr. nat. (orig.).
femelle de l'Hylésine mineur pratique une galerie de ponte qui est
formée de deux branches réunies à l’orifice d'entrée sous un angle
très ouvert et rappelant le couloir en accolade de l'Hylésine du
Frêne. Les couloirs de larves, relativement courts, sont parallèles
aux fibres ligneuses. C’est dans la couche cambiale, se desséchant
moins facilement, que les Larves de ce ravageur, amateur d'écorces
minces, se fraient volontiers un chemin. La nymphose se produit
toujours à l’intérieur d’une niche que la Larve a perforée dans le
bois, parallèlement à l'axe du tronc.
CHewWYREUV (7905, p. 47) a démontré que la forme du système
LES PINS » 193
de couloirs de ce Bostryche varie à l'infini, suivant que l’Insecte
attaque les arbres debout ou couchés. Dans le premier cas, les
deux branches de la galerie maternelle sont presque toujours
horizontales et chaque extrémité est légèrement recourbée en
haut. Il peut arriver que l’une ou l’autre de ces branches soit
seulement ébauchée. Dans le second cas, et suivant la situation
du système sur la partie supérieure ou les côtés du tronc gisant
à terre, l’orifice d'entrée et le couloir de ponte sont toujours
dirigés de telle façon que le mâle, qui féconde à plusieurs reprises
la femelle, puisse rejeter commodément au dehors la sciure qui
encombre la galerie de ponte. Il en résulte des formes anormales
du système qu’on retrouve aussi parfois dans les dégâts de bran-
ches de Pins. En effet, l’'Hylésine mineur montre une préférence
pour la partie supérieure de la tige ainsi que pour les branches
maitresses. Le Myelophilus piniperda L. préfère en revanche,
la partie inférieure du tronc recouverte d’une écorce épaisse;
cependant, il arrive aussi qu’on trouve les deux espèces réunies
sur la même section de l'arbre.
L'Hylésine mineur offre les mêmes particularités biologiques
que sen compagnon. Il est plus hardi que ce dernier, en ce sens
qu'il redoute moins de s'attaquer aux arbres sains et aux per-
ches. Sous sa forme parfaite, il occasionne les mêmes ravages dans
les pousses et peut produire, dans des conditions favorables, deux
générations par an.
Nous devons cependant constater qu'il est moins répandu que
son congénère, et dans la plupart des cas où nous examinons
les pousses répandues sur le sol des pineraies, nous trouvons
beaucoup plus fréquemment, cachés dans le canal médullaire,
des M. piniperda L. que des M. minor Htg.
Les moyens destinés à entraver l'extension de l'Hylésine
mineur, qui attaque toutes les espèces de Pins, sont en tous points
semblables à ceux que nous avons exposés à propos du Myelo-
philus piniperda L. Toutefois, il y a lieu de remarquer que l’écor-
cage doit être entrepris avant la nymphose, c’est-à-dire avant
que la Larve ait pénétré dans le bois. C’est ce que nous avons déjà
fait observer à propos du Bostryche du Sapin qui, le plus sou-
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 13
194 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
vent, quitte aussi avant la fin de la période larvaire les couches
corticales pour se nicher dans l’aubier. En écorçant trop tard,
on n'atteint plus les Larves et les Nymphes qui demeurent à
l'abri de la hache ou de l’écorcoir dévastateur.
Tomicus sexdentatus Boern. CoLéorr., S'eolytidæ
(Bostrichus stenographus Duft.)
Bostryche sténographe
Longueur : 6 à 8 millimètres. Le Bostryche sténographe
tient, avec l'Hylésine géant de l'Épicéa, le record de la grandeur
parmi les Scolytiens européens.
En raison même de sa dimension et de la
troncature des élytres qui porte six dents et
denticules, cette espèce ne peut être confondue
avec les six suivantes, qui toutes creusent des
couloirs de types particuliers dans les couches
libéreuses des différentes espèces de Pins.
Nous avons affaire ici à des Bostryches mo-
ee nophages qui, sauf de très rares exceptions, ne
re se rencontrent que dans les pineraies.
En examinant de près le Tomicus sexdentatus Boern, on cons-
tate que les première et deuxième sutures de la massue sont
courbées à angle aigu vers l'extrémité. Le corselet, éparsément
ponctué, a sa partie antérieure recouverte de tubérosités transver-
sales rappelant la disposition des tuiles sur un toit. La portion
postérieure, finement et profondément ponctuée, présente une
ligne médiane lisse. Les élytres, un peu plus longs que le thorax,
portent des stries grossièrement ponctuées; les deux stries juxta-
suturales sont plus profondes que les autres. Les interstries des
côtés des élytres sont densément et ruguleusement ponctuées,
tandis que ces lignes de points n'existent pas sur le dos.
La déclivité des élytres est en forme de panier à fond lisse,
brillant, parsemé de gros points épars. Les deux sexes sont exté-
rieurement semblables.
ans l'écorce
d
)
‘omicus sexædentatus Boern
1/1 gr. nat. (oriq
,
é du 7
sylvestre
in
me de couloirs achev
de P
ystè
S
196 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
En raison même de sa dimension spéciale, ce Bostryche pra-
tique sous l'écorce des réseaux de galeries de dimensions extra-
ordinaires, car un système peut parfois s'étendre sur 80"centi-
mètres de longueur.
Les couloirs de ponte, au nombre de deux à quatre, rare-
ment cinq, ont une direction longitudinale, quelquefois oblique,
mais ils ne sont jamais étoilés.
Le Tomicus sexdentatus Boern. recherche avant tout les écorces
épaisses du bas du tronc des gros Pins, rarement les perches
ou les grosses branches. Il est exclusivement monophage et
plus fréquent dans les pineraies du Midi et du Centre que dans
celles du Nord de l'Europe.
Dans la plupart des cas, on compte deux générations, avec
essaimement des Insectes ailés en avril et en juillet. La période
larvaire dure en général quatre semaines et la nymphose de huit
à douze jours. En somme, toute l’évolution ne demande pas plus
de huit à neuf semaines.
Il peut arriver qu'on trouve en hiver, sous l'écorce, à la fois
des Insectes parfaits et des Larves. Ces dernières sont issues de la
deuxième génération automnale qui, dans des conditions clima-
tériques particulièrement favorables, a réussi à pondre avant la
mauvaise saison.
Le Bostryche sténographe pratique également ces couloirs de
régénération dont nous avons déjà parlé à propos du Bostryche
typographe. Les ramifications de ce type anormal bouleversent
souvent une partie du réseau de galeries de la famille et rendent
ce dernier méconnaissable.
Moyens préventifs. — Malheureusement, comme nous l'avons
déjà rappelé à différentes reprises, il n’existe guère de procédés
pour protéger les pineraies contre les atteintes des Xylophages,
car les Pins étant surtout cantonnés sur les sols sablonneux,
superficiels, pauvres, on ne peut guère leur associer d’autres
essences sociales, dans le but de constituer des massifs mélangés
et éviter ainsi l'éducation de peuplements purs.
Par tempérament, et en raison même de son besoin intense
LES PINS 197
de lumière, la pineraie a toujours la tendance de s’éloigner du type
de la forêt jardinatoire, surtout si elle est constituée par les Pins
sylvestres et d'Autriche. Par contre, dans le Midi, on constate,
mélangés au Pin maritime, des Chênes-lièges, verts, etc.; parfois
aussi, il existe un sous-bois composé d’essences variées qui recou-
vrent le sol et maintiennent une certaine fraîcheur propre à favo-
riser la végétation de l’étage supérieur du peuplement.
Dans les Landes, pays par excellence des Pins maritimes,
on a l’œil ouvert sur les menaces de propagation des Xylophages,
et, grâce à la gestion intensive, activée encore par le gemmage,
on arrive à arrêter à temps l'extension des ravages. Cependant,
dans les Landes, le Pin maritime pousse à l’état pur et ses massifs
ont un caractère d’uniformité qu'on ne peut considérer comme
l'idéal pour réagir contre les atteintes des Insectes. Il faut tou-
tefois reconnaitre que le Pin maritime se trouve dans sa véri-
table station, celle qui réunit toutes les conditions nécessaires
à son développement, et c’est dans ce fait qu'il faut chercher
le facteur qui peut le mieux contribuer à rendre les arbres résis-
tants.
Moyens répressifs. — Dans les pineraies où l’on constate des
ravages dus aux Bostryches de l’écorce, on doit procéder de la
même façon que s'il s'agissait du Bostryche typographe; car,
chez le Sténographe, de même que pour les cinq espèces suivantes,
qui toutes recherchent les troncs et exceptionnellement les per-
ches, l’arbre-piège abattu au bon moment, suivant les circons-
tances biologiques de chaque Insecte, constitue le seul moyen
capable d’enrayer les invasions.
Tomicus acuminatus Gyll. Coréopr., Scol/ytidæ
(Bostrichus geminatus Zett.)
Bostryche acuminé
Longueur : 3 à 3,7 millimètres. Le corselet de cet Insecte
est plus long que large, légèrement rétréci antérieurement, fine-
ment et éparsement ponctué sur le dessus, sans ligne médiane
198 ÉCORCE DU TRONC
E
T DES BRANCHES
lisse. Les élytres, un peu plus longs que le corselet, sont médio-
crement striés-ponctués, avec
interstries portant des rangées
de points. La troncature des
Fig. 133. — Tomicus acuminatus Gyll.
Déclivité des élytres (oriq.).
élytres, vue de profil, présente
de chaque côté trois dents,
dont l'inférieure est la plus
forte. Chez le mâle, la troisième
dent, soit l’inférieure, est tron-
quée ; elle semble formée par la
soudure de deux denticules
dont on distingue nettement
les deux extrémités hbres.Gette
même dent est simple, pointue
chez la femelle.
Les couloirs creusés par ce
d'un calibre
Bostryche sont
sensiblement plus petit que
celui de l'espèce précédente.
Toutefois, 1ls n’ont pas la même
forme régulière ni la même
étendue, et sont plus ou moins
étoilés suivant la grosseur de
la
lesquels 1ls sont creusés.
branche ou du tronc dans
. ee sé .
Une des caractéristiques de
Fig. 134. — Couloirs forés par le Tomicus acu-
minatus Gyll. dans une branche de Pin
sylvestre. 3/4 gr. nat. (origq.).
ce système de galeries est l'intervalle qui sépare les couloirs de
larves disposés inégalement des deux côtés des trois ou quatre
LES PINS 199
bras de la galerie de ponte. On doit, suivant Fucns (1907, p. 31),
attribuer ces espaces relativement grands au fait que la femelle
se passe du mâle et achève la ponte sans rechercher d’autres
rencontres avec ce dernier.
Le Tomicus acuminatus GYyIl. est très commun dans les pine-
raies du Midi où, grâce aux hivers moins longs, il produit
deux générations par an. Nous l’avons rencontré à 1.700 mètres
d'altitude, au mont Catogne, dans les Alpes Valaisannes, où
il creuse des couloirs dans les branches à écorce mince, comme
aussi dans les racines arrachées par l’ouragan.
La plupart du temps, à l'instar d’autres Bostryches, lorsque
l’épaisseur de l'écorce ne suffit pas pour le mettre en süreté,
lui et sa progéniture, cet Insecte creuse ces différents organes,
surtout la chambre d’accouplement et les berceaux de nym-
phose, dans l’aubier.
En région élevée, le Bostryche acuminé ne produit qu'une
seule génération et le plus souvent hiverne sous la forme d’In-
secte parfait.
Tomicus suturalis Gyll. Cozéopr., Scolytideæ
(Tomicus nigritus Gyll.)
Longueur : 3 millimètres. Le corselet de cet Insecte est un
peu plus long que large, légèrement rétréci antérieurement, den-
sément et ruguleusement ponctué en
arrière; la ligne médiane est lisse. Les
élytres portent des interstries rugu-
leuses et chacune d’elles possède une
ligne de points fins. La troncature est
plus verticale que chez le Bostryche d
acuminé; elle porte également trois
. Fig. 135. — Déclivité des élytres du Zo-
dents, mais recourbécs plutôt en de- PrRnrateGyIle (orge)
dans, l’inférieure se trouve en dessous du milieu de la hau-
teur de cette déclivité. Entre la deuxième et la troisième dent,
on remarque deux petits tubercules. Chez le mâle, les dents de
200 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
la troncature sont plus saillantes et plus voisines du bord laté-
ral; celles de la femelle sont obtuses, la deuxième et la troi-
sième sont situées plus en dedans que la première.
Le Tomicus suturalis GYIL travaille un peu à la façon du pré-
cédent et le calibre des couloirs est assez semblable pour les deux
espèces. On observe, suivant la grosseur du tronc attaqué, de
deux à six galeries ayant presque toujours une direction longi-
tudinale et il y a naturellement autant de femelles en activité
que de bras de ponte. Très souvent les berceaux sont aussi entail-
lés dans l’aubier, surtout si l'écorce est mince.
Le Tomicus suturalis GyIl. est moins répandu que le précédent.
Toutefois, il est à redouter dans les pineraies des Landes où il
parvient à essaimer deux fois dans l'espace de douze mois,
quoique le premier vol ait lieu tard au printemps. On constate
souvent la présence de ce ravageur dans les perches et dans la
partie supérieure des tiges des Pins de forte dimension. Ce n'est
qu'exceptionnellement qu'il attaque l’Épicéa et, dans certains
cas, se Jette sur les jeunes cultures de Pins sylvestres.
Tomicus proximus Eichh. Coréorr., Scolytidæ
Longueur : 3 à 4 millimètres. Cette espèce est encore une de
celles qui s’attaquent aux Pins et dont la troncature des élytres
varie d’un sexe à l’autre.
Le corselet, transversalement im-
pressionné de chaque côté du disque,
présente une ligne médiane lisse, indis-
üncte. Les élytres sont rugulés, à stries
profondes, crénelées. Les points des in-
terstries ont à peu près le même écar-
Fig. 136. — Déclivité des élytres tement que ceux des stries.
NU RE UE Ce Bostryche est sensiblement plus
rapu que le précédent; la déclivité des élytres porte trois ou
quatre dents suivant le sexe. Mâle : quatre dents, dont la se-
conde (comptée à partir du dessus) est légèrement plus grande
que les autres; elles sont toutes recourbées en dedans.
Fig. 137. — Système de couloirs du Tomicus proæimus Eichh. dans un tronc de Pin sylvestre.
1/1 gr. nat. (oriq.).
202 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
Femelle : trois dents moins accusées que chez le mâle; par-
fois on remarque un petit tubercule inséré entre la deuxième
et la troisième dent.
Il est très difficile de faire une distinction entre les couloirs
de cet Insecte et ceux forés par le T. suturalis GyIl. Dans la
plupart des cas, ils ont trois bras et un aspect étoilé. La chambre
d'accouplement a parfois une forme très irrégulière et les galeries
larvaires sont souvent plus rapprochées les unes des autres que
ce n'est le cas chez le T. suturalis GyIl.
Le Tomicus proximus Eichh. recherche aussi les écorces minces,
de sorte que sa chrysalidation se passe naturellement dans
l’aubier. Aussi peu répandu que l'espèce précédente, 1l n’a pas
été signalé jusqu'ici comme un des Xylophages les plus à re-
douter dans les pineraies.
Tomicus laricis Fabr. Coréopr., S'col/ytidæ
Longueur : 3,5 à 4 millimètres. Le Tomicus laricis Fabr.,
malgré son nom, est avant tout un parasite des Pins, très rare-
ment des Mélèzes: jamais nous ne l'avons rencontré sur cette
essence dans sa station naturelle, soit les Alpes.
Il est caractérisé par un corselet dont la ponctua-
tion rappelle celle du Tomicus proximus Eichh., ce-
pendant ses côtés sont plus parallèles que ceux du
corselet de son proche parent. Les stries des élytres
= portent des points fins rapprochés et les interstries
| d sont planes avec points très fins. La déclivité est
fige Didi orbiculaire, densément ponctuée; elle est, vue de
du Tomicus laricis
le ed) profil, presque perpendiculaire à la partie supé-
rieure des élytres. La troncature porte dans les deux
sexes trois dents, dont l'inférieure est séparée de la précédente
par deux petits tubercules. Ces dents sont, chez la femelle, sen-
siblement moins saillantes.
Au point de vue biologique, le Tomicus laricis Fabr. offre une
particularité qui se retrouve chez le Dendroctonus micans Kug.
LES PINS 203
En effet, chez ces deux espèces, on constate que la chambre d’ac-
couplement est essentiellement variable, revêtant parfois la
forme d’une botte, d’un éperon ou d’un crochet plus ou moins
Fig. 139.— Couloirs de ponte du Tomicus laricis Fabr. dans l’écorce du Pin sylvestre.
a, $ déposant les œufs en tas; b, orifice d'entrée; €, ramification de la galerie maternelle.
1/1 gr. nat. (orig.).
compliqué. Les œufs sont déposés tout autour par paquets. Chez
le Tomicus laricis Fabr., les galeries larvaires partent dans toutes
les directions et, dans la plupart des cas, les Larves forent une
excavation irrégulière dans laquelle on a de la peine à discerner
le chemin parcouru par chacune d'elles. On admet que ce Xylo-
204 ÉCOZCE DU TRONC ET DES BRANCHES
phage est polygame, sans en être cependant absolument certain,
car la biologie de cette espèce rare dans le centre de l'Europe
est encore trop peu connue.
Le Tomicus laricis Fabr. se rencontre dans les chantiers de
bois non écorcés et souvent en compagnie des Bostryches que
nous venons de décrire, Dans le Midi, on a observé en tout cas
deux générations par an.
Tomicus rectangulus Eichh. Cocéorr., S'colytidæ
(Tomicus erosus Woll., Tomicus laricis Perris)
Longueur : 3 à 4 millimètres. Get Insecte, que PErris (/848,
p. 184) a décrit sous le nom de Tomicus laricis, est assez différent
du précédent. En effet, il est plus allongé, le corselet est posté-
rieurement plus finement ponctué et ses élytres portent des
interstries couvertes de points très distants les uns des autres.
La troncature, comme c’est le cas pour toutes les espèces de
ce groupe de Tomicides, constitue tou-
jours le critère le plus certain pour la
détermination. Cette extrémité des
élytres est orbiculaire; ses côtés ont la
même inclinaison que chez le Tomicus
laricis Fabr. La dentelure des côtés
offre cependant les caractères suivants :
nu GE Péctyié de dues Male : porte quatre dents très rap-
| prochées les unes des autres, la deuxième
fait saillie sous forme de lame triangulaire, les deux suivantes
sont coniques.
Femelle : est munie de trois denticules; entre le deuxième et
le troisième de ces denticules, on remarque un tubercule plus ou
moins prononcé suivant les individus.
Le Tomicus rectangulus Eichh. est essentiellement un parasite
des pineraies du Midi dans lesquelles il commet des dépréda-
tions considérables.
Le système de ses galeries rappelle beaucoup par sa forme celui
dans un tronc de Pin maritime.
chh,
\
).
i
[1 gr. nat. (orig.
I
Fig. 141.— Couloirs du Z'omicus rectangulus E
es.
206 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
foré par son compagnon, le Tomicus sexdentatus Boern. Cepen-
dant, le calibre des couloirs est semblable à celui des T. proximus
Eichh. et T. suturalis GyI1. La chambre d'accouplement de ce
Bostryche polygame est de forme régulière; elle sert de point de
ralliement à deux, trois, quatre ou cinq femelles creusant chacune
une galerie de ponte mesurant de 5 à 15 centimètres de longueur.
L'ensemble du système est de forme allongée, revêtant un type
étoilé dans la partie supérieure de la tige ou dans les branches
des Pins.
Nous avons presque toujours remarqué que, lorsque l'Insecte
travaille sur les arbres couchés, deux des bras de ponte, courant
parallèlement lun à Fautre, ont la tendance, dès le départ de la
chambre d’accouplement, de se rapprocher aussi près que pos-
sible, sans toutefois se confondre l’un avec l’autre (fig. 141).
Cette caractéristique ne se retrouve chez aucune autre espèce
voisine.
On peut affirmer que le Tomicus rectangulus Eichh. est aussi
fréquent dans les pineraies du Midi — où il se jette à la fois
sur le Pin d’Alep et sur le Pin maritime — que le Myelophilus
piniperda L. dans les peuplements de Pins sylvestres de l'Europe
centrale.
Nous l'avons observé à maintes reprises dans l’Estérel et sur
le littoral méditerranéen, dans les Landes, où tous les chablis
non écorcés avant le mois de mai en sont rapidement et abon-
damment infestés.
Le Tomicus rectangulus Eichh. se reproduit avec une rapidité
effrayante, émettant, lors de conditions climatériques favorables,
deux et même trois générations par an. L'hivernement a lieu
sous la forme larvaire et sous celle d’'Insecte parfait.
L'’arbre-piège abattu et écorcé en temps voulu s'opposera
seul à la propagation des invasions.
Tomicus chalcographus L.
Tomicus typographus L.
Voir : Chapitre de l'Épicéa.
LES PINS 207
Tomicus longicollis Gyll. CoréoPr., S'colytidæ
Longueur : 3 à 5 millimètres. Ce Bostryche, très allongé, a un
corselet deux fois plus long que large, portant à sa partie posté-
rieure des points épars et très fins. La moitié antérieure est rugu-
leuse; la ligne médiane est large et lisse. Les élytres portent des
stries profondément ponctuées: les interstries sont munies de
points très rares sur la partie antérieure et très serrés vers la
troncature. L’extrémité des antennes est tronquée, elle ne peut
être confondue avec celle d’autres espèces voisines.
Mâle : corselet cylindrique, déclivité des élytres portant cinq
dents dont la première est tronquée, la deuxième
est en forme de bouton portant une pointe recour-
bée en dedans, les troisième et quatrième sont
plutôt de petits tubercules insérés plus en dehors
que la troisième.
Femelle : corselet rétréci antérieurement ; les
dents de la déclivité sont remplacées par des tu- Fig. 142. — Déclivité des
élytres du Tomicus lon-
bérosités peu distinctes. gicollis Gyll. & (orig.).
Le Tomicus longicollis Gyll. est un Scolytide très rare dans
le centre de l’Europe; il se rencontre plus souvent dans les pine-
raies du Midi de la France et en Corse. Nous avons pu étudier
ses ravages sur des échantillons qui nous sont parvenus de la
vallée de la Tinée (Alpes-Maritimes) et de la Corse.
Au point de vue biologique, cet Insecte est encore peu connu.
Cependant CHEWYREUV (7905, p. 81) a décrit la forme si curieuse
de ses couloirs qui sont d’un type absolument différent de celui
des galeries forées par les autres Scolytides européens. En effet,
de la chambre d’accouplement partent plusieurs couloirs de
ponte, sinueux et ramifiés. Ils sont remplis d’une sciure brunâtre
que le mâle, en raison même du profil irrégulier de ces canaux,
n'arrive Jamais à enlever lorsqu'il cherche à rejoindre la femelle
pour s'accoupler à intervalles répétés. La fécondation s'opère
dans ces encoches d’accouplement dont nous avons déjà parlé
et qui permettent aux mâles circulant sur l'écorce de pénétrer
208 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
dans un système de galeries en formation pour féconder les
femelles.
Fig. 143. — Système des couloirs achevés du Zomicus longicollis Gy1l. dans l'écorce
du Pin maritime. 1/1 gr. nat. (orig.).
Un autre fait typique que CHEWYREUvV à également mis en
lumière et qu'on ne retrouve chez aucun autre Bostryche de
LES PINS 209
l’Europe, est la disposition des encoches de ponte. En effet, les
œufs sont presque toujours déposés sur la ligne médiane, soit
du côté du rhytidome de l'écorce, et non pas sur les faces laté-
rales de la galerie maternelle. Les couloirs de larves se trouvent
donc dans l'épaisseur de l'écorce, et ce n'est que lorsque cette
dernière est trop mince, qu'on aperçoit à sa face interne des
fragments de galeries larvaires.
Le Tomicus longicollis GyIl. fait une exception, au point de
vue des travaux architecturaux que pratiquent les Scolytides.
Sa biologie est encore peu connue et son importance forestière
est minime (1).
Crypturgus mediterraneus Eichh. Coréopr., Scolytideæ
(Crypturgus numidicus Ferrari)
Longueur : 1 à 1,3 millimètre.
Crypturgus cinereus Hrbst. Cocéopr., Scolytideæ
Longueur : 1,1 à 1,2 millimètre. Ces deux Insectes minuscules,
pas plus grands que des têtes d’épingles, appartiennent au même
groupe que le Cryplurgus pustilus Gvyll., dont nous avons déjà
parlé dans le chapitre de « Épicéa ».
Les systèmes de couloirs de ces deux espèces ont beaucoup
d’analogie. Nous avons décrit ceux du €. mediterraneus Eichh.
(BaRBEY 1906, p. 217 à 220) que nous avons trouvés en grand
nombre dans les pineraies du littoral méditerranéen où l’'an:-
mal vit très souvent en marge des ravages d’autres Bostryches,
dont 1l bouleverse les canaux.
(1) Le Tomicus Mannsfeldi Wachtl. est un Bostryche de ce groupe qui
a été signalé dans les pineraies de la Basse-Autriche. Le système de ses
couloirs rappelle celui du Tomicus acuminatus Gyll.
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 14
210 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
Fig. 144. — Couloirs du Crypturgus mediterraneus Eichh. dans l'écorce du Pin maritime.
1/1 gr. nat. (oriq.).
Carphoborus minimus Eichh. Coréopr., S'colytidæ
Hylésine minime
Longueur : 1,3 à 1,5 millimètre. Nous signalons ici cet Insecte
fort commun, qu'on rencontre dans les pineraies où 1l infeste
de préférence les branches gisant à terre. Il porte un corselet
aussi long que large, rétréci antérieurement et densément ponc-
Lué avec la ligne médiane peu relevée. Les élytres sont profon-
LES PINS 211
dément ponctués, distinctement crénelés et les interstries squa-
muleuses à leur extrémité postérieure. La suture ainsi que la troi-
sième interstrie sont élargies, relevées en carène; la deuxième
interstrie, rétrécie, est approfondie postérieurement.
Fig. 145.— Couloirs du Carphoborus minimus Eichh. dans une branche de Pin sylvestre
1/1 gr. nat. (oriq.).
Le mâle porte deux petits tubercules au milieu du front et la
femelle une tache lisse au même endroit.
Ce Bostryche pratique un réseau de galeries, du type étoilé
avec deux à quatre bras. Le système revêt une forme plus ou
moins allongée dans les branches de petite dimension. Le Car-
phoborus minimus Eichh..ravage les branches de toutes dimen-
212 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
sions et peut parfois provoquer le desséchement d'une partie
de la frondaison. On le trouve aussi dans les jeunes Pins dont
il attaque indifféremment les troncs et les branches.
Tomicus Lipperti Hensch. Coréopr., S'colytidæ
Longueur : 1,3 à 2 millimètres. Cet Insecte ressemble beau-
coup aux T. quadridens Hig. et T. bistridentatus Eichh.; sa prin-
cipale caractéristique réside dans la forme de la troncature des
élytres du mâle. En effet, entre le crochet supérieur et la dent
inférieure, on remarque, surtout de profil, deux petits denticules
filiformes.
Le type des couloirs forés par ce Tomicide est étoilé; toutefois,
Fig. 146. — Couloirs du 7omicus Lipperti Hensch dans l'écorce du Pin maritime.
1/1 gr. nat. (orig.).
les bras de ponte sont souvent disposés en spirale autour de la
chambre d’accouplement. Nous avons eu l’occasion d'observer
l’évolution du Tomicus Lippertt Hensch. dans la forêt de l'Es-
térel (Var, France), où 1l cause des ravages dans les perches et
dans les frondaisons des Pins maritimes et d'Alep (BaRBEY, 2906,
p. 440-443). Le Tomicus Lipperti Hensch., ainsi que presque
tous les Scolytides qui opèrent dans la région méridionale,
essaime deux fois par an.
LES PINS 213
Il semble qu'il s'agisse ici uniquement d’une espèce du Midi,
peu commune et monophage.
Hylastes palliatus GyII.
Dendroctonus micans Kug.
Voir : Chapitre de l'Épicéa (1).
Pissodes pini L. Coréopr., Curculionidæ
(Curculio abietis Ratz.) [PI. IL, fig. 4]
Pissode du Pin
Longueur : 8 à 11 millimètres. Ce Charançon, de couleur
brun rouge plus ou moins foncé, est couvert de squamules jau-
nâtres. Les angles postérieurs du corselet, qui est moins large
que les élytres, sont droits. Les élytres sont ornés de deux bandes
transversales jaunes ou parfois couleur de rouille. L’antérieure
est plutôt constituée par une tache de chaque côté de la suture.
L'évolution de cet Insecte rappelle celle de son proche parent,
le Pissodes harcyniæ Mrbst. Suivant les circonstances locales,
il peut y avoir deux générations par an. Le système des couloirs
revêt rarement un type bien caractérisé, comme c’est le cas
pour le Pissode du Sapin, par exemple. En général, les œufs
sont déposés en tas, et, dès son éclosion, chaque Larve fore sa
galerie sans direction bien déterminée. L'ensemble du réseau
des couloirs est étendu, mais toujours embrouillé. Les berceaux
sont souvent entaillés dans l’aubier.
Le Pissode du Pin est peu commun; il recherche aussi bien
les écorces épaisses du bas du tronc que les perches et les branches.
Les moyens à employer pour combattre ce Charançon sont
(1) Un autre Bostryche, qui mesure de 4 à 5 millimètres de longueur,
l’Hylurgus ligniperda Fabr., peut être rangé encore parmi les ravageurs de
l'écorce du tronc et des branches. Il est de forme très allongée et la tête
densément ponctuée porte une épaisse touffe de poils jaunes. Cet Insecte
pratique des couloirs de ponte irréguliers, ramifiés. Il est très rare.
214 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
les mêmes que ceux préconisés pour les autres Pissodes (Voir :
Chap. de | « Épicéa »).
Callidium luridum, L.
Voir : Chapitre de l'Épicéa.
Lamia aedilis L.
Voir : Chapitre du Hêtre.
Monohammus galloprovincialis O1. Coréopr., Cerambycidæ
(Lamia galloprovincialis 01.) s
Longueur : 18 à 26 millimètres. Ce Cérambycide fait partie
du même groupe que le Lamia sartor L. qui a été décrit dans le
chapitre de l« Épicéa». Le corselet, ridé transversalement, avec
taches jaunes irrégulières, porte de chaque côté une pointe coni-
que, dirigée en dehors. Les élytres sont un peu plus larges que
le prothorax; ils sont rétrécis postérieurement et de couleur brun
foncé avec des taches claires formant trois bandes transversales
élargies et irrégulières. Le corselet est ruguleusement ponctué.
C'est sous la forme larvaire que ce Cérambycide est nuisible.
Il bouleverse les couches corticales des Pins abattus et non
écorcés à temps. La chrysalidation s'opère dans un berceau en
forme de crochet et entaillé dans le bois. Les trous de sortie des
Insectes parfaits sont ronds et peuvent être confondus avec les
orifices forés par les Sirex.
Une seule génération parvient à maturité dans l’espace de
douze mois.
Il s’agit ici d’un Xylophage d’une importance secondaire et
qui doit être combattu comme les autres Cérambycides, c’est-
à-dire en écorçant à temps les billons et en évitant de laisser
trop longtemps les chablis sans les débiter.
Buprestis cyanea Fabr. Coréopr., Buprestidæ
Longueur : 7 à 10 millimètres. Ce Bupreste, de couleur bleu
foncé, porte des élytres ruguleusement ponctués. Il est rare dans
LES PINS DS
l’Europe centrale, mais cause des ravages dans les branches et
rameaux du Pin maritime.
Nous signalons encore un Insecte dont les dégâts dans l’écorce
des vieux Pins peuvent faire croire à la présence d’un Xylophage
dangereux; 1l s’agit du :
Tenthredo cingulata Fabr. Hyménopr., Tenthredinidæ
dont la Larve, munie de onze paires de pattes, creuse dans les cou-
Fig. 147. — Tenthredo cingulata Fabr. Système de galeries foré par la Larve dans l'écorce
de Pin sylvestre.
a, trous pratiqués de l'extérieur par le Pic. 1/1 gr. nat. (orig.).
ches corticales des couloirs ramifiés du calibre de ceux du Tomi-
cus sexdentatus Boern. Le Pic-bois leur fait une chasse acharnée.
216 INTÉRIEUR DU BOIS
[l'est à noter que le système de couloirs qui revêt souvent la
forme des bois d'un cerf, est pratiqué par la Larve uniquement
en vue de la chrysalidation. L’Insecte parfait se nourrit de
feuilles de fougères.
Ce ravageur n'a qu'une importance secondaire.
INTÉRIEUR DU BOIS
Callidium bajulus L.
Rhagium inquisitor L.
Rhagium bijasciatum Fabr.
Voir : Chapitre du Sapin.
Xyleborus lineatus OI.
Xyleborus Saxeseni Ratzb.
Voir : Chapitre de l'Épicéa.
Xyleborus eurygraphus Ratzb. Coréopr., Scolytidæ
Longueur : 3,5 à 4 millimètres. Ce Bostryche est allongé.
La partie postérieure de son corselet est rectangulaire et pro-
fondément ponctuée. Les élytres portent des stries ponctuées
avec interstries munies de points fins et espacés. Vue de profil,
la déclivité, presque à angle droit, porte de petits tubercules sur
les première et troisième interstries. La suture de la troncature
est munie à sa partie supérieure de deux denticules, la deuxième
interstrie est privée de ces derniers. Le corselet du mâle est :
échancré antérieurement, avec protubérance inclinée en arrière.
La face dorsale du prothorax de la femelle est relevée en bosse,
Il pratique des couloirs s'enfonçant plus ou moins obliquement
dans la masse ligneuse et se ramifiant dans le sens vertical un
peu à la façon de ceux du Xyleborus dispar Fabr. Le forage est
intégralement opéré par l'Insecte parfait, et la Larve se nourrit
des sucs ligneux échappés des vaisseaux qui ont été coupés lors
du creusage des galeries.
LES PINS 217
Le Xyleborus eurygraphus Ratzb. est peu connu au point de
vue biologique, mais, comme tous les Insectes opérant dans le
Midi, il produit fort probablement deux générations par an.
Sous le rapport de la protection des forêts, il est d’un intérêt
plutôt secondaire et n’a guère d'importance que pour les mar-
chands de bois.
Jusqu'à présent, on a considéré ce Bostryche comme rava-
geant surtout les Pins du Midi.
Parmi les Cérambycides, dont les Larves fouillent les troncs
et les branches des Pins, nous pouvons citer :
Prionus coriarus L.
Spondylis buprestoides L.
Molorchus minor L.
dont les berceaux de nymphose creusés dans l’aubier et en forme
de crochet déprécient la valeur technique des bois.
Ces Coléoptères, dont les Larves ravagent les troncs ainsi que
les grosses branches gisant à terre et revêtues de leur écorce,
n’ont pas d'importance au point de vue de la protection des forêts.
Les couloirs perforés par ces Insectes ressemblent comme
type au système pratiqué par le Lamia ædilis L., que nous envi-
sagerons dans le chapitre du « Hêtre ».
Les bois ouvragés des Pins sont aussi fouillés par les Vrillettes,
parmi lesquelles nous citerons l’Anobium domesticum Fourc.,
espèce dont nous avons parlé dans le chapitre de | « Épicéa ».
Les Sirex juvencus L. et gigas L. s’attaquent également à
toutes les espèces de Pins.
Ergates faber L. Coréopr., Cerambycide
Ergate ou ouvrier forgeron
Longueur : 35 à 50 millimètres. Nous avons, dans la « Partie
spéciale », mentionné ce Cérambycide comme un Insecte que le
forestier rencontre spécialement dans les bois pourris des pine-
raies du Midi (fig. 19). Nous l’avons trouvé à maintes reprises
dans les souches du Pin maritime des Landes. Il est nocturne et
218 INTÉRIEUR DU BOIS
durant le jour se tient blotti dans les couloirs, comme le montre
la figure 148.
Fig. 148. — Tronc de Pin maritime fouillé par la Larve de l’Ergates faber L. 1/1 gr.nat. (orig.}.
Avant de passer aux parasites des rameaux, nous devons encore
étudier un animal dont les ravages sont bien connus et qui ne
cesse de causer des désastres techniques dans les bâtiments du
LES PINS 219
Sud de la France. Il s’agit des Termites qui, à proprement parler,
ne sont pas des ravageurs de forêts, mais s’attaquent aux bois
ouvragés, spécialement aux charpentes et poutraisons.
On a beaucoup écrit en France sur ces Névroptères malfaisants
et nous nous contenterons, dans cet ouvrage de protection fores-
tière, de décrire brièvement leurs mœurs ainsi que les dégâts
qu'ils causent à la matière ligneuse. L'espèce qui nous intéresse
particulièrement est le
Termes lucifugus Rossi. NévroPrr., Zermitidæ :
Termite lucifuge ou Fourmi blanche
Longueur du corps : 6 à 9 millimètres; des ailes étalées : 18 à
20 millimètres. Ce Névroptère est de couleur brun foncé, avec
les extrémités des tibias et des tarses jaunâtres. Il possède deux
paires d’ailes de même dimension, mais beau-
coup plus longues que le corps tout entier. La
tête est pourvue de fortes mandibules. Les an-
tennes sont courtes, en forme de
collier de perles. Les tarses comp-
= tent quatre articles.
| / C’est à LesPÈs (1856) qu'on doit
les connaissances biologiques les
plus autorisées sur les Termites
qui sont incontestablement les
Insectes les plus redoutables des
bois ouvragés du Sud-Ouest de la
France.
Ces Insectes sont réunis en co-
Fig. 149. — Termes l- Jonies dont chacune compteunrot,
cifugus Rossi.
? Fig. 150. — Termes lucifugus
vrier (oriq.).
une reine ou femelle pondeuse, Aossi- Insecte ailé (orig.).
puis des ouvriers, des soldats et des Nymphes ressemblant aux
ouvriers, mais présentant des rudiments d'ailes. Ces trois der-
nières formes sont asexuées. Les ouvriers sont chargés des tra-
vaux de forage et les soldats de la défense de la société. LESPÈS
220 INTÉRIEUR DU BOIS
(1856) a démontré que, chez ces trois formes neutres, il y a des
mâles imparfaits et des femelles amoindries.
La femelle pondeuse ou reine possède donc un abdomen très
développé, atteignant parfois 30 millimètres de longueur, avec
les segments tachés transversalement de noir. Elle est naturelle-
ment sensiblement plus grande que le mâle et les formes neutres.
D'après PErÈs (1895), qui a publié une étude documentée sur
la composition et l’évolution des colonies de Termites, on observe
en automne el au printemps les Larves des sexués mêlées dans
l'intérieur du bois aux soldats et aux ouvriers. Les Insectes
sexués sont, après deux mues, pourvus d'ailes dépassant de beau-
coup l'abdomen (fig. 150) et les organes sexuels externes non
visibles; les glandes génitales sont rudimentaires. Ces individus
ailés essaiment par vols et sont pourvus d’yeux, ce qui n’est
pas le cas des soldats et des ouvriers qui ne quittent jamais l'in-
térieur du bois où l'obscurité est complète. Les formes ailées
perdent leurs ailes après le vol et rentrent dans leur nid. On
remarque encore dans les termitières un autre type de Nymphe,
dont les étuis alaires sont plus courts que ceux des Insectes
ailés décrits plus haut. Il donne naissance à des sexués qui, à
l’état adulte, sont privés d'ailes.
D'après LespÈs (1856), les ouvriers et soldats sont à l'état per-
manent dans une termitière. Après une existence larvaire d’une
demi-année environ, ils vivent douze mois sous leur forme défi-
nitive.
Nous ne pouvons décrire ici plus en détail l’évolution de ces
Insectes xylophages dont la biologie est fort compliquée et dont
plusieurs manifestations ne sont pas encore connues d'une façon
certaine.
Ce sont les ouvriers aux fortes mandibules qui sont les princi-
paux artisans de la colonie et qui creusent les nids et galeries
courant en général perpendiculairement aux fibres du bois.
Pour passer d’une pièce de bois à l’autre, les Termites se fraient
un passage sous terre, de façon à éviter la lumière. La périphérie
du bois est épargnée, car l'obscurité complète doit toujours
régner dans la demeure ligneuse. Si, par suite d’un accident, cette
\
qus Ross
tu
cif
rieur d'une branche de P
he sans traces de ravages.
— Termes lu
dire
1g
äts des Termites
de la m
F
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S
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o
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2
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à
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4:
érieure
: dé
ext
A gauche
222 INTÉRIEUR DU BOIS
dernière est brusquement entr'ouverte, l’orifice est vite bouché
à l’aide d’excréments agglutinés par de la salive.
Le rôle des soldats consiste à monter la garde et à détruire les
autres Insectes qui cherchent à pénétrer dans la Termitière et
parmi lesquels les fourmis sont les plus fréquentes.
On sait que le redoutable Termite est un des Xylophages les
plus polyphages et que, lorsqu'il pénètre dans une habitation, il
passe du grenier à la cave et dévore papiers, provisions et vête-
ments.
Ce sont surtout les souches et débris de Pins maritimes ainsi
que d’autres essences des Landes qui favorisent l'évolution des
Termites; mais leurs méfaits sont encore plus à redouter dans les
bâtiments dont ils provoquent la désagrégation, car ils forent
leurs galeries aussi bien dans les charpentes que dans les pou-
traisons et les boiseries.
D'après une communication de M.le professeur FEYrAUpD, de
la Faculté des Sciences de Bordeaux, il n’est plus admissible,
comme on l’a prétendu, que le Termes lucifugus Rossi fut intro-
duit à La Rochelle par un chargement de bois provenant d’Afri-
que où il existe plusieurs espèces de Termites. On admet actuelle-
ment que ce ravageur a toujours vécu dans les forêts du Sud-
Ouest. Ses ravages se sont multipliés d’une façon inquiétante,
ces dernières années, dans les deux Charentes, la Gascogne et la
Gironde et nous connaissons des villes de cette partie de la France
où les maisons de certaines rues sont invendables pour la seule
raison que le Termite y est connu à l’état endémique.
Moyens préventifs. — Ils consistent, dans les régions me-
nacées, à imprégner les charpentes et poutraisons d'un liquide
insecticide (créosote et surtout Carbolineum avenarius) ou pour
certaines parties essentielles des bâtiments, à substituer le fer
au bois.
Moyens répressifs. — Un des meilleurs procédés qui soit en
mesure de détruire une partie des colonies que l’on découvre dans
un bâtiment, consiste à injecter du sulfure de carbone dans les
LES PINS 223
cavités qu’elles ont creusées (1). On doit employer ce liquide
avec beaucoup de précaution, vu sa grande inflammabilité.
RAMEAUX
Les principaux ravageurs des rameaux des Pins sont incontes-
tablement les :
Myelophilus piniperda L.
et Myelophilus minor Htg.
Fig. 152. — Rameau de Pin Fig. 153. — Insecte du Myelophilus piniperda L. creu-
maritime ravagé par le sant une galerie dans la moelle d’une pousse de Pin
Myelophilus piniperda L.; maritime. 1/1 gr. nat. (orig.).
grumeau de résine coagulée
autour de l’orifice d’entrée.
1/1 gr. nat. (oriq.).
(1) Le Calotermes flavicollis L. cause également des dégâts dans le Midi
de la France, mais ils sont moins graves que ceux du Termite lucifuge.
224 RAMEAUX
dont les formes ailées perforent les pousses et creusent un couloir
dans la moelle. Nous avons parlé de ce genre de dégât en décri-
vant les mœurs de ces deux Bostryches, dont les Larves fouillent
l'écorce des Pins.
Anobium nigrinum Strum. CoLéopr., Anobride
Anobium pini Strum. CoréoPr., Anobudeæ
Ces deux Vrillettes sont également à signaler dans cette caté-
gorie de dévastateurs de pineraies; leurs Larves fouillant la moelle
des pousses font souvent croire à la présence des Hylésines.
Cependant, en examinant la Larve qui porte trois paires de
pattes, on se rend bien facilement compte qu'il ne s’agit pas d’un
Scolytide.
Lamia fasciculata De Geer. Coréorr., Cerambycideæ
(Pogonochaerus fascicularis Panz.)
Longueur : 5 à 6,5 millimètres. Ce Longicorne, de petite
dimension, porte de chaque côté, au milieu de la longueur du
corselet, une pointe horizontale dirigée en dehors. La partie
supérieure du prothorax est mumie de deux petits tubercules
jumeaux et lisses. Les antennes ont à peu près la même longueur
que le corps; le troisième article (à partir de la base) est un peu
plus court que le quatrième. Chacun des élytres porte trois
nervures longitudinales et deux à quatre touffes de poils foncés.
La partie antérieure de chaque élytre est ornée d’une bande
blanchâtre courant obliquement d'avant en arrière et de dehors
en dedans. Ces deux bandes forment donc une sorte d’angle à
sommet dirigé en arrière. Tout le reste du corps est revêtu de
poils allongés et peu denses.
La Larve de ce Longicorne creuse des couloirs sinueux dans
les rameaux mesurant de un à quatre centimètres d'épaisseur.
Elle commence par forer dans les couches corticales, mais
lorsqu'elle grossit, elle attaque dès le début, surtout dans les
branches de très faible dimension, l’aubier et atteint souvent
la moelle. Le bercesu de nymphose, presque toujours en forme
de crochet vertical, est entallé dans le centre du rameau.
LES PINS 225
La génération est simple; l’hivernement se produit sous la
|
|
|
Ave
Ë ISERE f J ion]
Fig. 154. — Rameau de Pin sylvestre ravagé par la Larve de Lamia fasciculata De Geer.
= 1/1 gr. nat. (orig.).
forme larvaire. Le Lamia fasciculata de Geer, est commun dans
les pineraies dont le sol est parfois couvert de rameaux tombés
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 15
226 RAMEAUX
à terre et ravagés par sa Larve. On admet cependant que seules,
les branches encore en sève peuvent le tenter. Son importance
au point de vue de la protection des Pins étant minime, il n°y
a pas lieu de lui opposer des moyens de lutte particuliers.
Nous signalons ici trois Charançons d'importance secondaire,
mais qui causent dans les petites branches des Pins des ravages
à peu près identiques.
Magdalis violacea L. Coréopr., Curculionidæ
Longueur : 3,5 à 4,5 millimètres.
Magdalis duplicata Germ. Coréorr., Curculionidiæ
Longueur : 3 à 5 millimètres.
Magdalis memnonia Fald. Coréopr., Curculionidæ
Longueur : 4 à 7 millimètres. Ce sont les Larves de ces trois
Curculionides qui provoquent des dommages en fouillant l'écorce
et parfois la moelle des petits rameaux de Pins. On constate
leurs dégâts dans les bois en voie de dépérissement et dans les
chablis et perches qu’on a négligé d’écorcer.
Tomicus bidentatus Hbst. Cocéopr., Scol/ytide
(Tomicus bidens Fabr.)
Bostryche bidenté
Longueur : 2 à 2,5 millimètres. Ce Bostryche appartient
au même groupe que le Tomicus quadridens Htg. de l'Épicéa
et que le Tomicus bistridentatus Eichh. du Pin cembro (Arolle).
, Il a les caractères extérieurs propres à
ces deux espèces, mais s’en différencie
par la forme de la troncature des ély-
tres. Cette partie du corps (fig. 155),
vue de profil, porte chez le mâle un
pres Peetvilé des elles. Qu 10 EEE RES ORRQUE duquel on re-
micus bidentatus Mbst. 1/1 gr. nat.
(oriq.).
marque parfois un petit denticule. La
femelle a la déclivité des élytres privée de dents, mais la su-
ture relevée présente de chaque côté deux bourrelets arrondis.
LES PINS 227
La forme des couloirs du Tomicus bidentatus Hbst. est facile
à reconnaitre. Elle se compose de deux à sept galeries étroites,
ayant la tendance à s’allonger dans les petits rameaux (fig. 156).
On compte une femelle par couloir de ponte. Le Tomicus biden-
tatus Hbst. attaque aussi bien les rameaux que les tiges des
Fig. 156. — Rameau de Pin sylvestre ravagé par le Tomicus bidentatus Hbst., 1/1 gr. nat. (orig.).
‘
jeunes plants de Pins et l’on a constaté que le mouvement de
la sève circulant dans les arbres en pleine végétation n’en-
trave en rien sa marche. Comme il est très nuisible et commun,
son évolution doit être enrayée par des mesures culturales
228 RAMEAUX
appropriées et dont nous avons déjà exposé les principes. L’ex-
ploitation rapide des chablis et les éclaircies répétées assureront
avant tout aux peuplements de Pins une vitalité suflisante pour
résister aux attentes des Xylophages de tous genres. Les arbres-
pièges ne peuvent être conseillés pour contrecarrer l’évolution
des Bostryches de cette catégorie, car ces derniers recherchent
de préférence les branchages et les tiges de petite dimension.
Tomicus austriacus Wachtl. Coréopr., Scolylideæ
(Tomicus trepanatus Nœrdl.)
(Tomicus elongatus Lôwendal)
Longueur : 1,8 à 2,2 millimètres. Ce Bostryche, particulier au
Pin noir, rappelle beaucoup au point de vue morphologique le
Tomicus chalcographus L. de l'Épicéa. Toutefois, il s’en diffé-
rencie par les caractères suivants : la femelle porte une petite
fossette au mieu du front; en outre, chez les deux sexes, on
remarque que les stries atteignent l'extrémité postérieure des
élytres et que les interstries sont également munies de points
très fins.
Les couloirs forés par ce Bostryche sont en général du type
étoilé, mais la plupart du temps, ils sont pratiqués dans des
rameaux d’un si petit calibre, que le type normal est difficile-
ment reconnaissable. ,
Le Tomicus austriacus Wachtl, surtout répandu dans les
forêts de Pins noirs de la Basse-Autriche, décime parfois les
frondaisons de cette essence. On le rencontre également sur les
autres Pins, mais 1l n’y est pas fréquent.
Tomicus ramulorum Perris. CoLéopr., Scolytideæ
Longueur : 1 à 1,5 millimètre. Le Tomicus ramulorum Perris
est surtout un parasite du Pin maritime; il se distingue par
sa petite taille et la forme de la troncature des élytres qui, de
chaque côté de la suture, est munie d’une rainure profonde et
assez large. Les deux sexes sont identiques.
LES PINS 229
Perris (1855, p. 193) a signalé ce Bostryche comme abondant
dans les brindilles du Pin maritime, surtout dans les rameaux
tombés à terre. Cet auteur a remarqué que le Tomicus ramulo-
rum Perris, vu le petit calibre des branches dans lesquelles il
opère sa ponte, ne pratique pas un système de galeries étoilé,
mais presque toujours allongé et anormal.
Au point du vue forestier, ce minuscule ravageur n’a qu’une
importance secondaire.
Deux autres Bostryches causent à peu près les mêmes ravages
dans les rameaux et branches des différentes espèces de Pins.
Pityophthorus Lichtensteini Ratz. Coréorr., Scolytidéæ
Longueur : 1,5 à 1,7 millimètre. La partie postérieure de la
ligne médiane du corselet n’est pas carénée. Les élytres por-
tent des stries simples avec interstries non ponctuées.
Les couloirs creusés par ce Xylophage sont du type étoilé, de
deux à cinq, rarement sept bras. Ils courent presque toujours
dans les rameaux de très petite dimension; le système revêt
donc une forme allongée.
Pityophthorus glabratus Eichh. CoréoPr., Scolytidæ
Longueur : 1,8 à 2 millimètres. Ressemble au précédent,
quoique plus gros, plus brillant et non pileux. Les élytres por-
tent des stries très fines et leur déclivité est sillonnée de chaque
côté de la suture. Cette dernière, ainsi que ses bords, sont à
peine relevés et recouverts de tubercules presque impereepti-
bles. La femelle porte sur le front une touffe de poils jaunâtres.
Le système des galeries est également, comme celui de l’espèce
précédente, du type étoilé, mais la plupart du temps, lorsqu'on
découvre les ravages sur un rameau de moins d’un centimètre
de diamètre, on ne perçoit que des couloirs de ponte longitu-
dinaux. Souvent les galeries larvaires fouillent des brindilles,
perforent ces dernières de part en part et, sous l'influence du
vent, le rameau se brise en plusieurs fragments.
Dans les régions méridionales, on observe deux générations
230 RAMEAUX
annuelles et, en général, l'importance de ces deux Bostryches
apparait comme secondaire.
Retinia resinella L. Lépinorr., Zortricidæ
(Tortrix resinana Fabr.)
Tordeuse résineuse
Longueur du Papillon étalé : 16 à 20 millimètres; Chenille :
15 à 20 millimètres. Les ailes antérieures, brun foncé, portent
des taches grisàtres transversales. Les postérieures, de même
que la tête et le corps, sont d’un gris sale.
La Chenille, de teinte jaune grisâtre, a la tête foncée.
Ce Papillon, très commun, répandu un peu dans toutes les
pineraies, essaime en mai et dépose ses œufs en-dessous du bour-
geon terminal. La Chenille, une fois éclose, ronge l'écorce, puis
le bois, souvent jusqu’à la moelle et provoque un écoulement
de résine qui se coagule dès le mois de juillet en un grumeau
revêtant la forme et la dimension d’un haricot et dans lequel la
Chenille hiverne. Au printemps suivant, le retour du ravage
détermine un nouvel écoulement de résine qui englobe souvent
la base de quelques aiguilles; il forme une nouvelle capsule qui,
entourant celle de l'été précédent, en augmente le volume. C'est
au centre de cette double enveloppe résineuse durcie, pleine
d’excréments, que la chrysalidation s'opère; l’évolution dure
ainsi deux ans. La conséquence de ce ravage est souvent le
dépérissement du bourgeon terminal, aussi bien de la flèche que
des branches latérales des jeunes Pins. Le vent jette fréquem-
ment à terre des rameaux auxquels restent attachés des frag-
ments de ces grumeaux.
La Retinia resinella L. est très répandue dans toutes les pine-
raies de Europe, mais on ne peut imputer à ses dégâts le dépé-
rissement des Pins, car seules, les frondaisons peuvent être par-
tellement décimées (1).
(1) Un autre Papillon de cette même famille, la Tinea dodecella L., cause
des ravages insignifiants dans les rameaux des Pins. Sa biologie est encore
peu connre.
LES PINS 231
sit
Finalement, nous signalons en passant un Insecte qui vit
en parasite sur les rameaux et sur le tronc du Pin Weymouth
Fig. 157. — Galle de résine formée sur des pousses de Pin sylvestre par la Chenille
de la Retinia resinella L. 1/1 gr. nat. (ovig.).
où il provoque parfois la dessiccation de certaines branches: il
s’agit du : $
Chermes strobi Htg. Ravncuores, PAylloxeridæ
(Chermes corticalis Kltb.)
Ce pou attaque également les aiguilles. Son importance fores-
232 RAMEAUX
tière est presque nulle. Dans les pares, on peut le combattre en
Fig. 158. — Rameau de Pin Weymouth attaqué par le Chermes strobi Hitg. 1/1 gr. nat. (orig.).
traitant les branches et rameaux infestés au moyen d’un liquide
insecticide.
LES PINS 239
BOURGEONS
Aucune autre essence forestière n’a autant à souffrir que le
Pin des atteintes de certaines Chenilles qui recherchent parti-
culièrement les bourgeons. En effet, presque partout, les planta-
tions de Pins sylvestres en particulier, sont plus ou moins com-
promises par l’une ou l’autre des trois espèces suivantes :
Retinia buoliana Schiff. Léproopr., T'ortricidæ
Pyrale des pousses [PI. IE, fig. 8, 8 a, 8 6!
Longueur, Papillon étalé : 18 à 22 millimètres; Chenille :
15 à 22 millimètres. Les ailes antérieures sont de couleur
orange, avec sept bandes blanches transversales sineuses,
n’atteignant pas toutes les deux bords de l'aile. Les ailes posté-
Fig. 159. — Aspect d’un bourgeon terminal de Pin sylvestre dans lequel une Chenille
de la Tortrix buoliana Schiff. est en activité. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich).
rieures sont d’un jaune brunâtre. La tête et le corps ont une
couleur jaune pâle.
La Chenille, qui compte, outre les vraies pattes, cinq paires
de fausses pattes, est d’un brun foncé; avant d’opérer sa chrysa-
234 BOURGEONS
hdation, elle devient d’une teinte plus claire, La tête et le cou
sont d’un noir brillant, L'animal, comptant.environ vingt et un
millimètres de longueur, est recouvert d’une légère pilosité. La
Cbhrysalide, qui mesure de dix-huit à vingt millimètres, est d’un
brun jaunâtre; elle porte sur le dos des rangées de fines épines.
Le Papillon vole en juin ou juillet et dépose ses œufs sur les
bourgeons terminaux. La Chenille, éclose au commencement
de l'automne, hiverne dans ces organes de l'arbre après en avoir
foré le verticille. En avril, le même ravage recommence et la
Chenille vide la base de la pousse en formation. Il se produit
alors, suivant les cas, un desséchement de la pousse terminale,
souvent aussi de l’une ou de plusieurs des pousses latérales. Dans
la plupart des cas, la terminale attaquée s’incurve, puis se
redresse avec la sève d'août, précisément au moment où la Che-
mille va s'arrêter pour se chrysalider dans la pousse minée qui
laisse échapper de la résine. Les atteintes de la Pvyrale des
pousses provoquent ces « baïonnettes » (( Posthorn » des Alle-
mands) que représente notre illustration (fig. 160).
Souvent ce sont un ou plusieurs bourgeons latéraux qui sont
attaqués. Comme ils ne parviennent pas à donner naissance à
des pousses, il résulte de ces atteintes multiples un rabougris-
sement du rameau qu’on a souvent de la peine à distinguer du
dégât causé par la ÆRetinia turionana Hbn. Parfois les deux
espèces attaquent le même arbre et aussi successivement le
même bourgeon.
Du nord au sud de l’Europe, toutes les espèces de Pins sont
ravagées par cette Chenille ainsi que par celle dont la descrip-
tion vient ensuite. Nous avons constaté leur présence dans les
Alpes et le Jura jusque dans les stations les plus élevées du Pin
sylvestre. Quoique le dépérissement de l'arbre ne soit pas la
conséquence des déprédations de ce Papillon, on peut néanmoins
aflirmer que ce dernier est un redoutable ravageur des pineraies
poussant aussi bien sur les sols fertiles que sur ceux de qualité
inférieure, car il provoque la déformation des cimes et retarde
sérieusement l'accroissement.
Dans les périmètres de reboisement du Haut-Var moyen,
LES PINS 2
cet Insecte a attaqué, en 1904, de 30 à 90 % des Pins installés
artificiellement à une altitude de 500 à 1.200 mètres (R. D. E. F.).
7
Fig. 160.— Rameau de Pin sylvestre déformé par la Chenille de la T'ortrix buoliana Schifr.
1/2 gr. nat. (oriq.).
Moyens préventifs. — La Retinia buoliana Schiff. étant mono-
phage, il faut éviter de créer des peuplements purs de Pins, tout
236 BOURGEONS
au moins sur les sols dont la fertilité permet d’associer une
autre essence à ce confère.
Moyens répressifs — On ne peut guère faire la chasse aux
Papillons et aux Chenilles, car le plus souvent ces animaux sont
blottis dans leurs cachettes au bout des branches inaccessibles.
Par contre, nous avons remarqué que certains oiseaux, le Loriot,
par exemple, recherchent les Chenilles des Pyrales; il est pro-
bable que les Mésanges en font autant. Il est donc tout indiqué
de protéger les Oiseaux insectivores et de leur faciliter la nidifi-
cation dans les pineraies en particulier. e
SÉVERIN (7901, p. 605 à 678) cite certains Ichneumons comme
parasites des Chenilles des À. buoliana Schiff. et À. turionana
Hbn.
Retinia turionana Hbn. Léripopr., Tortricidæ
Pyrale des bourgeons [PI IE fig. 5, 5 a]
Longueur, Papillon étalé : 17 à 20 millimètres. Chenille : 8 à
10 millimètres. La tête et le thorax de ce Papillon sont d’un brun
jaune, l’abdomen, ainsi que les ailes postérieures, grisâtres. Ces
dernières sont plus foncées chez la femelle. Les ailes antérieures
brunes, rougeâtres vers l’extrémité, sont coupées de bandes
transversales irrégulières et d’un blanc gris. La Chenille est
assez difficile à distinguer de celle de l'espèce précédente; elle est
d'un brun jaunâtre et porte sur le dos deux bandes longitudi-
nales rousses.
Le segment anal de la Chrysalide ne porte pas de garniture
circulaire d’épines. L’essaimement de ce Papillon a heu en juin,
et trois semaines plus tard, la Chenille pénètre dans le bourgeon
terminal qu'elle attaque par en haut en l’évidant. Il ne reste à
la fin de l’été qu'une capsule desséchée et d’un gris sale. L’hiver-
nement se produit dans un amoncellement de résine de la pousse
et le printemps suivant, au moment de la montée de la sève, le
bourgeon terminal attaqué durant la saison précédente, reste
pendant, tandis que les pousses latérales se développent. Du
LES PINS 234
reste, ces dernières sont très souvent attaquées à leur base et
=. |
Fig. 161.— Pousse terminale de Pin sylvestre déformée par la Chenille de la Tortrix turionana Hbn.
: 1/2 gr. nat. (orig.).
l'on observe alors une déformation buissonnante en boule qui
dépare complètement l’arbre. 3
238 BOURGEONS
Fig. 162. — Verticille de Pin sylvestre dont la pousse centrale a disparn par suite des atteintes
de la Zortrix turionana Hbn. 1/2 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich).
Æ
VU.
Fig. 163. Plantations de Pins syivestres âgées de 10 ans et périodiquement décimées
par la Tortrir lurionana Hbn. (oriq.).
LES PINS 239
Ce sont surtout les pineraies de cinq à quinze ans poussant
sur un sol sablonneux, aux expositions ensoleillées, qui sont
décimées par cette Chenille. Au pied du Jura vaudois, où nous
ne connaissons pas une seule plantation de Pins sylvestres qui
soit indemne des dégâts de ces deux Lépidoptères, nous avons
constaté la Retinia turionana Hbn. plutôt en plus grande abon-
dance que la Retinia buoliana Schiff.
Tout ce que nous avons dit des moyens prophylactiques à
opposer aux attaques de la première de ces espèces, s'applique
à la Pyrale des bourgeons (1).
FEUTEIES
Si les Pins ont un grand nombre d’ennenmus qui s’attaquent
à leur écorce, les parasites de leur frondaison ne sont pas moins
nombreux et redoutables; ils se recrutent surtout dans l’ordre
des Lépidoptères (Macrolépidoptères).
Deux Hannetons causent parfois des ravages aux aiguilles
des Pins.
Melolontha fullo L. Coréorr., Scarabæideæ
Hanneton foulon
C’est le plus grand des Hannetons européens; il est fréquent
dans le Midi où sa Larve se meut facilement dans le sable des
pineraies des Landes.
Il est caractérisé par des élytres brun-chocolat recouverts de
taches b'anchâtres irrégulières. C’est à l’état d’Insecte parfait
qu'il ronge les aiguilles, en commençant par en entamer le
bord.
(1) Une troisième espèce, la Retinia duplana Hbn., qui hiverne égale-
ment dans les bourgeons, mais à l’état de Chrysalide, provoque à peu près
les mêmes ravages que la T. turionana Hbn., mais ce Papillon est moins
répandu que les deux autres espèces dont nous venons d’exposer la bio-
logie.
240 FEUILLES
Melolontha solstitialis L. Coréorr., Scarabæidæ
Ce ravageur est également à signaler comme causant, sous
la forme ailée, certains dégâts dans les pineraies. Les aiguilles
sont rongées de la pointe à la base.
Ces deux espèces de Coléoptères sont polyphages et se ren-
contrent également sur les feuilles.
Anisoplia aenea De Geer. Coréopr., Melolonthuint
(Anomala Fritschi Fabr.)
Ce Coléoptère a aussi été signalé comme ravageant les fron-
daisons des Pins sylvestres. L’aiguille étant entamée à partir
de la pointe, la nervure médiane reste en général indemne
(EcksrTein, 1893, p. 10).
Ces trois Phytophages sont en somme peu répandus et bien
moins redoutables que les Lépidoptères que nous allons décrire
ci-dessous.
Sphinx pinastri L. Lépinorr., Sphingydæ
Sphinx du Pin [PI. HE, fig. 6]
Longueur, Papillon étalé : 60 à 75 millimètres. Chenille : 50 à
60 millimètres. Le Papillon, d'apparence gris brun, se confond
avec la teinte de l'écorce des Pins. Chacune des ailes antérieures
porte trois petites taches allongées et obliquement ordonnées;
elles sont de couleur brun foncé, velouté. Chacun des côtés du
thorax est orné de deux taches longitudinales formées de pilo-
sités couleur chocolat. Les franges des quatre ailes sont mou-
chetées de blanc et de brun. L’abdomen présente une ligne
médiane foncée et les côtés de ses segments sont également
pourvus de bandes transversales blanches et brunes.
La Chenille est caractérisée par l’épine recourbée en arrière
?
LES PINS 241
implantée sur le onzième segment. Sa couleur est fort variable
suivant son âge. Au début, la Chenille apparait plutôt sous une
teinte brun jaune. Plus tard, elle devient verdâtre avec les
stigmates et une large bande dorsale longitudinale rougeâtres
ou carminés. Chez les adultes, la tête est jaune foncé, avec deux
bandes latérales plus claires, bordées elles-mêmes en arrière par
deux petites taches foncées.
La Chrysalide, de couleur brune, porte à l’extrémité anté-
rieure un appendice recourbé vers la pointe du corps.
Le Sphinx du Pin est répandu d’un bout à l’autre de PEurope;
il essaime en juin ou juillet et dépose ses œufs un peu à la ma-
nière du Bombyce du Pin, c’est-à-dire en paquets sur les aiguilles.
Les Chenilles rongent ces dernières jusqu’à la fin de septembre
sans causer cependant des dégâts bien appréciables, bien qu’elles
soient assez répandues individuellement.
L’hivernement a lieu sous la forme de Chrysalide cachée
dans la couverture morte du sol.
Les forestiers rencontrent très souvent ce Papillon appliqué
contre les écailles des troncs des Pins, mais son importance
économique ne peut être comparée à celle du :
Gastropacha pini Ochsh. Lérinopr., Bombycidæ
(Bombyx pini L., Lasiocampa pini Latr.)
Bombyce du Pin [PI. IV, fig. 1, 1 a, 1 b]
Longueur, Papillon : 4, 60, ® 65 à 85 millimètres; Chenille
adulte : 80 millimètres. Chrysalide : 30 à 35 millimètres. La
couleur de ce Papillon est chez les deux sexes très variable
suivant les individus. En thèse générale, la tête, le thorax et
les ailes antérieures sont d’un gris plus ou moins mélangé de
brun avec des bandes découpées, transparentes, d’un brun foncé,
bordées chez le mâle de franges gris blanc. Au centre de chacune
des deux ailes antérieures, on remarque une tache claire entourée
d'une zone jaunâtre. L’abdomen et les ailes postérieures sont
bruns et beaucoup d’exemplaires, ayant le corps entier brun
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 16
242 FEUILLES
foncé, font mieux ressortir les taches et bandes blanchâtres.
Ces dernières sont toujours beaucoup plus apparentes chez le
mâle qui, en outre, porte des antennes pectinées.
La Chenille est très difficile à décrire,
\ car elle offre des variations infinies de
coloration. En tous cas, elle est, à l’é-
tat adulte, la plus volumineuse de nos
Chenilles polyphages. Sa robe peut être
gris jaunâtre, rouge ou brun noirâtre.
La principale caractéristique de cette
Chenille sont les deux houppes de poils
d'un bleu métallique que porte le dos
des deuxième et troisième segments.
La face dorsale sert encore d’inser-
üon à des poils blanchâtres et les seg-
ments 5 à 8 et 11 sont ornés de touffes
de poils bleuâtres rigides.
La Chrysalide est d’un brun brillant
Le dite AO ER pointe beaucoup moins acuminée
TM accouplés. 3/4 gr. nat. que celle du Sphinx du Pin. Le Ps
pillon du Bombyce essaime en juillet
ou août et dépose ses œufs de couleur opale par paquets ou
grappes, soit entre les écailles de l’écorce des Pins, soit sur les
rameaux du sous-bois, quelle qu’en soit l’essence. Environ trois
semaines après, les Larves apparaissent et se tiennent pendant
quelques jours dans le voisinage immédiat des coquilles d'œufs
brisées. Avant leur première mue, elles n’ont pas encore les
deux taches bleuâtres des deuxième et troisième segments, taches
qui constituent le meilleur critère d'identification de ce Macro-
lépidoptère.
Sitôt que les Chenilles sont devenues mobiles, elles gagnent
la cime et se mettent à ronger en premier heu les aiguilles par
le côté en montrant une préférence pour les feuilles de année.
Cette période de ravages, qui est la moins grave, grâce à la
taille relativement faible de Panimal, se prolonge jusqu’au mois
de novembre, soit jusqu’à Papparition des basses températures.
LES PINS 243
A ce moment-là, les Chenilles gagnent le pied des Pins et s’en-
roulent sur elles-mêmes dans la couverture morte pour y passer
l'hiver. Il y a lieu de remarquer que l’hivernement s’accomplit
le plus souvent dans le sable et dans les sols secs aussi peu
recouverts que possible d’humus; ajoutons que cet humus
entretient l'humidité que la Chenille redoute par dessus tout.
En revanche, cette dernière supporte plusieurs degrés de froid
et même d’être gelée.
Fig. 169. — Gastropacha pini Ochsh.
A gauche : Chrysalide; à droite : Cocon. 1/1 gr. nat. (orig.).
Dès que les conditions climatériques le permettent, en général
à la fin de mars ou au commencement d’avril, l'ascension recom-
mence et, tout en augmentant de volume, la Chenille monte
dans la frondaison où, en raison de sa dimension, elle cause des
ravages considérables, et gaspille une énorme quantité de frag-
ments d’aiguilles qui tombent à terre.
Pendant que nous suivions la marche des invasions par un
temps calme, nous avons souvent remarqué que la chute des
excréments provenant des Chenilles logées au sommet des Pins,
produit un bruit qui rappelle celui des premières gouttes de pluie
précédant une averse.
244 FEUILLES
On trouve des Chenilles sur un peu toutes les espèces d’arbris-
seaux qui poussent en sous-bois dans les pineraies et le Bombyce
du Pin, quand il est affamé, ne semble pas très difficile à cet
égard, bien que des invasions ne se produisent pas dans des
peuplements purs d'Épicéas ou de Sapins.
La chrysalhdation a lieu en général à la fin de
Cf juin ou au commencement de juillet, dans un co-
ec) 1 con soyeux, gris, que tisse la Chenille autour de
Lars. . Ù son corps, après s'être fixée à l'intersection de deux
Avril. | 1 rameaux, entre les écailles de l'écorce ou bien sou-
Du. LU vent aussi sur les branchages du sous-bois. Cette pé-
mn Lil mode de nymphose, qui dure à peu près trois semaï-
gr me nes, varie naturellement suivant la température.
Juill . . k ; ce ta
VAR Lors de linvasion du Gastropacha pini Ochsh.
Août. | af dans la forêt d’Ardon (Bas-Valais, Suisse), invasion
1
qui a duré deux ans (1909 et 1910), nous avons
constaté, le 22 juillet 1910, à la fois des Chenilles,
des Chrysalides et des Papillons, ce qui prouve
que, dans un espace limité, l’évolution peut varier
d’une façon sensible suivant les individus.
RATzEBURG (1840, p. 143), Juoricx et NirscHE (1895, p. 876)
ont calculé qu’une Chenille consommait, durant son existence,
en moyenne mille aiguilles. On peut donc se faire une idée de
l'importance des ravages, si l’on songe que, dans une invasion
intense, on trouve de 700 à 1.000 Chenilles sur un seul arbre.
En outre, lorsque les invasions atteignent leur paroxysme et
que les Chenilles sont à court de feuillage, elles s’attaquent aux
bourgeons et causent ainsi un dommage encore plus sérieux.
Ce sont surtout les peuplements de 60 à 100 ans qui souffrent
le plus; néanmoins, les Pins à l’état de bas perchis ou de plants
de deux ou trois mètres de hauteur ne sont pas épargnés.
En général, les invasions durent de trois à six ans et, comme
toutes les manifestations de la vie des Insectes, subissent lin-
fluence des températures élevées qui se produisent surtout au
moment de l’éclosion des œufs et des premières évolutions des
Chenilles.
LES PINS 245
Les dégâts dans la pineraie d’Ardon, auxquels nous avons
fait allusion plus haut, et qui ont été décrits par FANKHAUSER
Fig. 166. — Gastropacha pini Ochsh. Chenilles et Cocon fixés aux aiguilles du Pin sylvestre.
3/4 gr. nat. (oriq.).
(1909, p. 240-244), ont pris fin avec l’année 1910, à la suite de
l'été pluvieux durant lequel les Dose n'ont pu assurer la
perpétuation de leur espèce.
246 FEUILLES
Dans la plupart des invasions constatées au cours du siècle
dernier, en Allemagne, on a remarqué que si, durant deux années
de suite, on n’entravait pas l’évolution de lInsecte, les Pins
périssaient en grande partie pendant la troisième année. Le
Gastropacha pini Ochsh. est done un ennemi sérieux avec lequel
le sylviculteur doit compter et contre lequel il doit sévir avec
beaucoup d'énergie dès qu'il constate sa présence dans un can-
tonnement de Pins. Heureusement que la nature, par ses lois
admirables d'équilibre, nous offre un aide que nous pouvons
envisager comme un auxiliaire appréciable. A l’instar de celle
de la Nonne, la Chenille du Bombyce est attaquée par des
Champignons parasitaires (par exemple : Cordiceps mulitaris L.).
Toutefois, on n’est pas encore exactement fixé sur l’évolution
de ces parasites végétaux.
Parmi les Ichneumons (Hyménoptères), les espèces du genre
Microgaster Htg. font une guerre intense aux Chenilles ainsi
qu'aux Chrysalides du Bombyce du Pin. En effet, ces parasites
apparaissent sous forme de petits Cocons blancs allongés, qui
emprisonnent les Chenilles enfouies dans la terre, fixées aux
rameaux ou bien logées dans les anfractuosités de l'écorce. Ce
sont bien les Ichneumons qui sont les meilleurs auxiliaires
naturels des forestiers, et l’histoire de la lutte contre les Lépi-
doptères phytophages prouve que leur concours a toujours été
fort apprécié.
Parmi les Coléoptères, le Calosoma sycophanta L. fait égale-
ment la chasse aux Chenilles. Les Oiseaux, tels que les Étour-
neaux, les Corbeaux et les Mésanges, recherchent le Bombyce
du Pin; mais il ne faut pas compter sur une collaboration eflicace
de ces animaux, qui sont en beaucoup trop petit nombre dans les
pineraies pour pouvoir détruire une quantité appréciable de
Chenilles de grande dimension.
SCHWABE (7910) donne un aperçu du désastre qui fut la consé-
quence d’une invasion du Bombyce du Pin dans la pineraie de
Jagdschloss (Brandebourg), où plus de 5.000 hectares ont été
envahis et partiellement anéantis. La lutte contre ce fléau
nécessita le concours non seulement de toute la population
LES PINS 247
ouvrière agricole et forestière de la région, mais aussi d’un con-
tingent de soldats.
Les pineraies artificielles des sols crayeux de la Champagne
ont été sérieusement ravagées, de 1892 à 1894, par le Bombyce
du Pin.
DE TaiïzLAsson (1894) a décrit cette invasion qui a causé un
désastre dans cette contrée au sol pauvre, jusque-là inutilisé
par l’agriculture et que des boisements récents commençaient
à mettre en valeur. Cet auteur a reconnu qu’en Champagne,
les Pins d'Autriche et Laricio de quinze à trente ans ont résisté
d’une façon remarquable. Par contre, les Épicéas disséminés
par petits groupes parmi les Pins ont été ravagés. Les Ichneu-
mons et les Corbeaux sont intervenus, et, grâce à l’été pluvieux
de 1894, l'invasion a pris fin, non sans avoir provoqué l’abatage
de centaines d'hectares en plein accroissement. Il est à noter
qu'au cours de cette invasion en Champagne, on n’a pas, sauf
dans quelques cas isolés, lutté contre la Chenille en employant
l’encerelage des troncs avec de la glu, opération qui aurait été
difficile, vu la forme branchue des jeunes Pins et la ramification
basse des troncs. DE TArLLASsSsON et HickEL (1894) reconnaissent
que les Corbeaux et Corneilles ont détruit une sérieuse quantité
de Cocons dont, dans certains cantons, les débris jonchaient le
sol.
M. MÉNA, conservateur des Eaux et Forêts, auquel nous
devons une obligeante communication touchant cette invasion,
nous affirme qu’en Champagne, le Pin d'Autriche a été épargné,
et que, d'autre part, les pineraies de sylvestres reposant sur des
terrains calcaires jJurassiques de cette région n’ont subi aucun
dommage. Ces observations peuvent avoir une valeur capitale
dans le choix des différentes espèces de Pins à employer, lors
de nouveaux boisements.
Moyens préventifs. — Le meilleur moyen d'empêcher l’exten-
sion des Insectes nuisibles aux forêts cst d’éduquer des peuple-
ments normalement constitués, sains et dont les arbres puissent,
résister aux attaques de leurs ennemis. Le Gastropacha pini Ochsh.
248 FEUILLES
étant avant tout un parasite des aiguilles de Pin, il y a lieu de
créer, autant que le sol le permet, des massifs mélangés dans la
constitution desquels on fera entrer une aussi forte proportion
que possible d’essences feuillues. En effet, les feuilles de ces
dernières tombant à terre chaque année, y maintiennent une
humidité plus grande que la couverture formée par les aiguilles
des Conifères.
Nous avons vu plus haut que les Chenilles redoutent beaucoup
lhivernement dans le sol humide, car c’est dans l’humus épais
que les Champignons et les Ichneumons peuvent le plus faci-
lement infester leur proie.
Outre la protection accordée aux Oiseaux qui ne jouent jamais
qu'un rôle secondaire dans la destruction de cette catégorie
d’Insectes nuisibles, la mesure la plus efficace pour prévenir
l'extension du fléau sera la surveillance minutieuse des cantons
dans lesquels on a constaté des vols de Papillons ou des ravages
isolés de Chenilles. Il est à peine besoin de rappeler que les peu-
plements équiens et de grandes étendues, constitués unique-
ment à l’aide de Pins, sont précisément ceux qui favorisent le
plus les invasions des Papillons. L’aménagiste doit donc s’effor-
cer de provoquer la formation de massifs relativement de petite
dimension, en permettant une alternance intime entre les jeunes
bois et ceux de forte dimension.
Moyens répressifs. — On admet que ces derniers doivent être
mis en vigueur lorsque le dénombrement des Chenilles hivernant
sous terre accuse plus de quarante sujets par tronc dans les
vieux peuplements et vingt dans les perchis. Ces inventaires
doivent être faits par surfaces d’essais disséminées dans les
différents étages de la forêt. Si ces chiffres sont dépassés, on
doit intervenir, car l'expérience prouve que, dans ce cas, la
vitalité des Pins est compromise.
19 Le moyen le plus simple pour lutter contre les ravages du
Bombyce du Pin est de capturer ce dernier à l’état de Chenille,
au moment de son ascension, au premier printemps. C’est 1e1
encore qu'intervient l'anneau de glu (« Raupenleim ») dont nous
LES PINS 249
A
avons parlé à propos de la Nonne, et qui constitue le meilleur
piège, à condition que l'opération soit faite à temps et à l’aide
d’une substance de bonne qualité qui ne se durcisse pas pendant
les trois ou quatre premiers mois de sa mise à l’air libre.
L'application de la glu doit se faire après avoir décortiqué,
à hauteur de poitrine, le pourtour du tronc sur une largeur de
10 à 15 centimètres, de façon à supprimer les aspérités de l’écorce
et à permettre l’adhérence au hber. L’anneau glutineux, qui doit
avoir environ 4 centimètres de largeur sur 5 millimètres d’épais-
seur, est déposé à l’aide d’une spatule de bois. Grâce à ce procédé,
on a pu, dans les cas d’invasions intenses, capturer jusqu’à
10.000 Chenilles en dessous de ces pièges (Junrrcx et NITsCHE,
1895, p. 891). Ces prisonnières ne tardent pas à mourir de faim,
puis à être décimées par les ennemis dont nous avons déjà parlé.
L’encerclage des troncs coûte, tous frais compris, de 20 à 60 francs
par hectare, et l’achat du « Raupenleim » seul, de 17 à 25 francs par
100 kilos. On compte généralement de 50 à 60 kilos par hectare;
20 Lorsqu'on remarque que les Chenilles, empêchées par la
glu de gagner la cime, cherchent à circuler dans le massif ou
à en sortir pour envahir un autre peuplement non protégé, on
pratique des fossés de 30 centimètres de profondeur et autant
de largeur dans le fond desquels on creuse tous les 5 à 8 mè-
tres des trous de capture de 50 centimètres de profondeur.
Les Chenilles y tombent et sont détruites par un liquide toxique
ou par écrasement. Ces fossés doivent être creusés à pic du
côté extérieur et à pente douce du côté intérieur. Ils sont à
établir, lorsque cela est possible, le long des chemins ou des
hmites parcellaires, de façon à ce que les Chenilles ne puissent
pas, par le chemin des frondaisons, passer d’une partie contami-
née, dans une partie mise en défends. En d’autres termes, les
cimes des deux parcelles ne doivent pas avoir de contact par
des branches s’entrecroisant.
Comme il est difficile de pratiquer des fossés à parois abruptes
dans les terrains sablonneux, il faut remédier à cet inconvénient
en plaçant sur le côté extérieur du fossé des perches glutineuses
qui offrent aux Chenilles un obstacle en général infranchissable,
250 FEUILLES
à la condition que la glu soit assez visqueuse pour rester atta-
chée aux pattes et aux poils des Chenilles isolées qui ont réussi
à franchir ces perches; de cette manière, on les immobilise au
bout de quelques mètres;
30 La destruction des œufs est diflicile à exécuter; on peut
toutefois se servir de ce procédé au début, mais seulement dans
les champs d’invasion tout à fait restreints.
En employant une brosse fixée au bout d’un long manche, on
décortique partiellement le trone et lon écrase une certaine
quantité d'œufs fixés aux écailles de l'écorce. Cependant, on
ne détruit ainsi qu'une portion seulement de la ponte qu'abrite
un Pin. Ce procédé, très coûteux, ne peut être conseillé lors
de fortes invasions;
4° La destruction des Chenilles en hivernage est également
dispendieuse, car on ne parvient guère à découvrir et à écraser
plus de la moitié d’entre elles;
50 Finalement, on peut aussi tenter de secouer isolément
pendant l'été les perches de moins de trente-cinq à quarante ans,
et dont les frondaisons sont couvertes de Chenilles adultes. Le
poids de ces dernières les fait facilement tomber à terre où on
les écrase ou détruit par des procédés trop longs à énumérer 101.
En somme, le Gastropacha pini Ochsh. est un ravageur très
dangereux, et les forestiers des pineraies doivent avoir l'œil
ouvert sur cet ennemi redoutable au même titre que la Nonne
pour les sylviculteurs des pessières.
Les Pins sont également attaqués par la Nonne.
Liparis monacha L.
Voir : Chapitre de l'Épicéa..
Cnethocampa pinivora Fr. Lépinopr., Bombycidæ
Bombyce pinivore (PI. HE, fig. 6)
Longueur, Papillon étalé : 4, 30, ®, 36 millimètres. Che-
nille : 30 à 35 millimètres. Le Papillon a les ailes antérieures
gris bleu plus ou moins jaunâtre, avec taches transversales
LES PINS 251
foncées allant en divergeant du bord postérieur au bord an-
tero-externe. Les ailes postérieures sont blanches avec franges
d’un gris sale. Le front du Papillon est orné d’une protu-
bérance chitineuse dont la forme rappelle celle d’une crête de
coq.
La Chenille a la tête noire, presque glabre. La face ventrale
des anneaux est verdâtre et la dorsale noire avec taches circu-
laires jaunes sur les anneaux 4 à 11. Tous les anneaux sont
pourvus de 4 à 5 points rouges disposés en travers et portant
des touffes de poils jaunes.
La Chrysalide, qui mesure de 15 à 18 millimètres de longueur,
est d’un brun jaunâtre avec une double pointe
à l’extrémité anale.
On confond facilement ce Papillon avec le | |
Cnethocampa pityocampa Schiff., dont la Che-
nille est également une processionnaire.
Le vol se produit en général en mai ou juin,
rarement en juillet. Après ‘accouplement, les | °°"
œufs sont déposés en spirale autour d’une paire fun.)
d’aiguilles et recouverts d’écailles protectrices | ui . .
Mars. :
Avril. .
MATE
soyeuses. Les Chenilles apparaissent deux àtrois aout. |
semaines après et rongent en premier lieu les
anciennes aiguilles qu’elles entament latérale-
ment; plus tard, elles s’attaquent aux pousses
de l’année. La chrysalidation a lieu sous terre,
dans la couverture morte.
Sept |
OC EE
Noy- =:
Déc:re
L'évolution de “cet Insecte est très variable,
et le plus souvent s'effectue suivant le graphique ci-contre. Ce-
pendant, dans certains cas, on a observé que l’évolution com-
plète de ce Papillon avait lieu en douze mois avec hivernement à
l’état de nymphose. Dans d’autres circonstances, cette évolution
chevauche sur quatre années.
Les Chenilles dépouillent partiellement les frondaisons des
Pins, mais, en général, ne font pas périr les arbres. Elles ne
confectionnent pas de nids soyeux, et, pour opérer leurs mues,
se réunissent par paquets à l'intersection des branches. Elles
252 FEUILLES
circulent de jour par processions simples, doubles ou triples.
Leurs poils ont un pouvoir urticant.
L'aire d'extension de la Cnethocampa pinivora Fr. semble
limitée aux régions tempérées du Nord de l'Europe qui sont
influencées par le climat maritime.
Les invasions de ce Bombyce sont peu importantes. En France,
ZURLINDEN a signalé en 1905 des ravages dans la pineraie de
Brotonne aux environs de Rouen (R. D. E. F.). Dans une par-
celle de cette forêt, les frondaisons des Pins ont été complète-
ment dépouillées, mais par suite d’un écobuage pratiqué au
printemps de 1906 dans le but de détruire les cocons protégés
par la couverture morte, l'invasion fut arrêtée et les Pins atta-
qués ont reverdi la même année.
Le procédé à préconiser dans les rares cas d’extension de ce
ravageur consiste dans la destruction, soit des Chenilles amon-
celées et en repos sur les branches, soit des Cocons hivernant en
terre. |
Cnethocampa pityocampa Schiff. Léprnorr., Bombycideæ
Processionnaire du Pin (PI. IV, fig. 5, 5 a)
Longueur, Papillon étalé : 4,30, @, 35 à 40 millimètres; Che-
nille : 30 à 40 millimètres. Ce Papillon a le corps jaunâtre avec
les segments bordés transversalement de bandes brunes; la tête
porte sur le front la même protubérance que le Bombyce pini-
vore. Les ailes antérieures sont d’un gris sale avec deux taches
transversales foncées presque parallèles, situées près du bord
externe; les franges sont tachetées et les ailes postérieures blan-
ches, chacune avec une petite tache gris foncé à leur angle
postérieur. La Chenille est de couleur noirâtre sur le dos, jau-
nâtre sur la face ventrale avec taches d’un brun rouge disposées
sur le dessus et les côtés, à peu près de la même façon que chez
la Cnethocampa pinivora Fr.
Ce Lépidoptère est un parasite de toutes les espèces de Pins
croissant spontanément dans les régions tempérées de l'Europe.
LES PINS 259
Il est abondant sur le pourtour du bassin de la Méditerranée,
Fig. 167.— Nid de soie de la Cnethocampa pityocampa Schiff. fixé à un rameau de Pin sylvestre.
1/2 gr. nat. (orig.).
se rencontre au Puy-de-Dôme, dans les pineraies des Landes
254 FEUILLES
et dans le Valais (Suisse), jusqu’à 1.000 mètres environ, où il
bénéficie encore d’un climat très doux. Au pied du Jura vau-
dois, nous constatons chaque année sa présence par des cas
isolés jusqu'à 600 mètres d'altitude, zone qu'il ne semble pas
dépasser dans la contrée située au nord du bassin du Léman.
Au sud des Alpes, la Cnethocampa pityocampa Schiff. est très
abondante dans le Tessin, la Valteline, ainsi qu'au nord de
Adriatique.
Tout le monde connaît les nids soyeux que tisse sur les ra-
meaux des Pins la Chenille processionnaire; ils se détachent en
clair sur le ciel comme des bourses argentées. Toutes les espèces
de Pins deviennent la proie de ce Papillon, sauf peut-être le
Pin Weymouth, mais il est probable que si cette
espèce était cultivée dans le Midi où la proces- dans fn
sionnaire abonde, elle serait à son tour attaquée. pre Ec
Si nous envisageons les conditions climatériques re NT
du versant sud des Alpes, nous constatons que le — | —
vol du Papillon se produit à la fin de juin ou au Phbee
commencement de juillet. Les œufs sont déposés, D
comme c’est le cas pour l’espèce précédente, au- Juin . |
tour d’une paire d’aiguilles, formant ainsi un man- Juill . . |
chon. Les Larves éclosent au bout de quatre se- |
maines environ. Er
Durant lexistence des Chenilles, on constate |-————
trois mues, la première au début de Pautomne et Fes Lu
les deux autres au printemps. Peu
Le nid, construit sur des rameaux dont les ai- Der
guilles ont été rongées, sert de retraite à l'animal
lors des mues et du froid de l'hiver, comme aussi durant la jour-
née, après que les Chenilles ont terminé leur procession nocturne
sur telle ou telle partie de la frondaison pour se procurer de la
nourriture.
Il est à remarquer que la processionnaire, en quittant son
nid, laisse derrière elle un fil de soie qui lui permettra toujours,
même dans une obscurité complète, de retrouver sa demeure.
Cette dernière, remplie d’excréments, possède des parois si
LES PINS 255
densément tissées qu'il est difficile d'y pratiquer une incision
verticale au moyen d’un instrument tranchant.
Fig. 168. — Chenilles de la Cnethocampa pityocampa Schiff. quittant le nid, Pin sylvestre.
1/2 gr. nat. (orig.).
LA
Au mois de mai ou au plus tard en juin, les Chenilles quittent
définitivement les frondaisons des Pins et descendent en proces-
256 FEUILLES
sions le long du tronc pour se chrysalider dans la couverture
morte, au pied mème des arbres.
Le ravage n’entraine pas généralement la mort du Conifère,
mais lorsque les nids sont abondants, il provoque une défor-
mation des rameaux, parfois aussi un dépérissement de la cime
ou d’une partie de la couronne.
On sait qu'il faut éviter de toucher les Chenilles procession-
naires, car leurs poils ont un pouvoir urticant qui provoque,
surtout au cou, au poignet et entre les doigts, des démangeai-
sons insupportables.
FABRE (1895, p. 298 à 392), qui a admirablement décrit les
mœurs de ce Papillon, conclut que la substance toxique que
la Chenille émet ne provient pas d’une ampoule terminant le
poil et qui éclaterait au toucher, mais que ce produit urticant
imprègne probablement le corps de la Chenille et ses poils bar-
belés. Le moindre mouvement de l’air provoque le dégagement
de ces émanations toxiques. Il est probable que cette propriété
vésicante réside dans des poussières ou poils minuscules qui se
dégagent du corps de la Chenille.
Ce ravageur est surtout un hôte malcommode pour les fores-
tiers qui ont à circuler dans les pineraies où il vit à l’état endé-
mique, ainsi que pour les jardiniers qui veulent en débarrasser
les Pins exotiques cultivés dans les parcs.
Moyens préventifs. — Il n'existe aucun procédé permettant
de se prémunir contre les attaques de la Processionnaire du Pin,
à moins qu'il ne s'agisse de cantons fortement envahis durant
une série d'années, et dans lesquels on cherche à introduire un
mélange d’une autre essence. Mais dans le Midi et sur les pentes
arides et exposées au sud des vallées méridionales des Alpes,
on ne peut guère associer une autre essence sociale aux Pins.
Moyens répressifs. — La chasse aux Chenilles disséminées au
pied des arbres ne peut être entreprise sans des frais hors de
proportion avec les résultats obtenus.
Le meilleur procédé consiste à couper en hiver les mds et à
LES PINS 251
les incinérer, ou bien à les brûler sur la branche à l’aide d’une
torche fixée au bout d’une perche. Cette opération, qui ne se
fait pas sans danger pour les ouvriers, en raison du pouvoir
urticant des Chenilles, ne doit être entreprise qu'avec beaucoup
de précautions dans les pineraies ensoleillées du Midi où le
danger d'incendie des forêts est toujours à craindre. Lorsque
les nids sont à des hauteurs considérables, il est possible d’en
anéantir le contenu en tirant contre eux des charges de gre-
naille. Finalement, on peut aussi introduire une dose de pétrole
dans l’intérieur des bourses, comme le recommande CaLas (7897,
p. 58 à 99). Ce sylviculteur qui, de 1887 à 1897, eut à lutter
contre une sérieuse invasion de la Processionnaire du Pin dans
les boisements artificiels des Pyrénées-Orientales, préconise,
surtout pour les jeunes peuplements, la lutte à outrance dès
la formation des bourses. Les nids fixés aux branches inférieures
âgées de plus de trois ans sont coupés et incinérés; ceux qui
sont construits sur les flèches reçoivent une injection de pétrole
(environ un demi-litre pour cent bourses). Ce liquide ne tarde
pas à asphyxier les Chenilles adultes au repos.
Le travail de Calas expose dans tous ses détails la lutte contre
ce redoutable Insecte, et son auteur prouve qu’une défense éner-
gique, entreprise dès le début, peut entraver complètement
lextension d’une invasion.
Noctua piniperda Panz. Lépioopr., Voctuæ
(Trachea piniperda Latr., Noctua griseovariegata Gœtze)
Noctuelle piniperde (PI. ILE, fig. 7; PI. IV, fig. 2)
Longueur du Papillon étalé : 30 à 35 millimètres; de la Che-
nille : 30 à 32 millimètres. Les Noctuelles se distinguent par la
forme trapue de leur corps et la proportion plutôt réduite de
leurs ailes. Les antérieures sont étroites, les postérieures sont
plus courtes, mais légèrement plus larges.
La MNoctua piniperda Panz. se distingue par la couleur du
corps qui est d’un gris mêlé de brun rouge; elle est recouverte
d’une pilosité soyeuse de même nuance. Les ailes antérieures
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 17
258 FEUILLES
sont d’un jaune sale avec bandes transversales rougeâtres alter-
nant avec des taches blanches à contours bien déterminés. Les
ailes postérieures sont d’un gris foncé plus ou moins brun.
La teinte de la Chenille varie avec les mues. Au début, la
tête est brunâtre et le corps vert clair. Le dos est longé par une
ligne blanche. Chacune des rangées de stigmates est intercalée
entre deux bandes blanches dont la supérieure est très fine et
double, Il y a donc sept lignes longitudinales blanchâtres. Après
chaque mue, la Chenille devient plus foncée; finalement la
tête et la plaque nuchale chitineuse sont d’un noir brillant.
Le Papillon, quoique répandu d’une extrémité à l’autre de
l'Europe, n’est pas très commun. Il essaime en mars ou avril
suivant l'altitude et surtout d’après les conditions atmosphé-
riques. Les œufs sont déposés par rangées de quatre à huit sous
les aiguilles de l’année précédente. La ponte est en général
d'autant plus forte sur un arbre que la frondaison est densé-
ment constituée. Ce sont surtout les perchis de Pins que cet
Insecte recherche.
La période larvaire coïncide avec l’épanouissement des bour-
geons, de sorte que les pousses en formation sont
rongées et se dessèchent rapidement. Au moindre
mouvement, la Chenille se laisse tomber à terre au
Mars. .| moyen d’un fil de soie. Les ravages se prolongent
Avril. jusqu’à la fin de juillet, époque à laquelle l’Insecte
pepe descend définitivement à terre pour hiverner à
l’état de Chrysalide dans la couverture morte. La
Nymphe n’est pas entourée d’un Cocon soyeux.
Mai. .
JUN.
Jul
SRE L'évolution dure exactement douze mois.
Eu: Dans les invasions intenses, les ravages s’éten-
| Sept . .| dent également aux aiguilles de l’année précé-
Oct. . .| dente, et il arrive que la couronne entière est
OCR dépouillée, ce qui entraine la mort de l'arbre.
Un des caractères des invasions de la Noctuelle
Déc. x
piniperde est l'apparition précoce de la Chenille, qui
ravage les bourgeons au moment même de la formation des aiguilles.
D'après les observations faites en Allemagne (Jupeicx et
LES PINS 259
NirscHE, 1895, p. 934 à 937), les invasions n’ont jamais duré
plus de trois ans, entraînant cependant le dépérissement complet
des Pins et provoquant des abatages sur de grandes étendues.
En France et en Suisse, ce Papillon n’a, à notre connaissance,
jamais été signalé comme auteur de déprédations importantes.
Moyens préventifs. — On a observé que la Noctuelle déposait
ses œufs de préférence dans les peuplements à l’état de perchis
dans lesquels on avait pratiqué le soutrage et la récolte de la
litière. Ces opérations doivent donc, en thèse générale, être
proscrites. La pineraie équienne et à l’état pur, s'étendant sur
de vastes surfaces, constituera toujours un champ propice à
l’évolution des Insectes nuisibles et en particulier de la Noc-
tuelle. Il faut donc, lors des revisions d'aménagement et des
grands travaux de reboisement, éviter de donner de grandes
dimensions aux massifs de même âge, et surtout chercher à
associer une autre essence au Pin.
Moyens répressifs. — Ils sont très difficiles à appliquer. En
Allemagne on a tenté l’application des anneaux de glu (« Rau-
penleim »), mais sans beaucoup de suecès. Lorsqu'on peut inter-
venir au début d’une invasion qui est encore localisée sur de
petites surfaces, les parcelles envahies devront être circons-
rites au moyen de fossés ou de perches-pièges dont nous avons
déjà décrit la disposition à propos du Bombyce du Pin.
En secouant de mai à Juillet les arbres couverts de Chenilles,
on peut faire tomber et détruire une bonne quantité de ces
animaux. Ceux qui échappent aux ouvriers seront retenus pri-
sonniers dans les fossés ou sur les perches enduites de glu. Enfin,
un autre procédé qui, dans certains cas, a donné de bons résul-
tats, consiste à lâcher en forêt, dès le mois d’août, des pores qui
sont très friands des Chrysalides enfouies dans le sable ou dans
la couverture morte. Malheureusement l’administration fores-
tière a souvent beaucoup de peine à obtenir des agriculteurs de
laisser leurs porcs se nourrir des Noctuelles. Heureusement que
ces dermières sont très facilement décimées durant la période
de nymphose par les Tachines et les Champignons parasitaires.
260 FEUILLES
Fidonia piniaria Tr. Lépinopr., Geometridæ
(Geometra piniaria L., Bupalus piniaria Leach)
Arpenteuse ou Fidonie du Pin (PI. IV, fig. 5, 3 a, 3 b)
Longueur du Papillon étalé : 30 à 37 millimètres; de la Che-
/ À.
f Pr Le
j. As BA DÆBire +
Fig. 169. — Plant de Pin sylvestre ravagé par la Chenille de la Fidonia piniaria Tr.
1/3 gr. nat. (orig. cliché de Tubeuf).
nille : 27 à 30 millimètres. Le mâle est caractérisé par la couleur
jaune pâle de ses ailes antérieures dont les extrémités sont d’un
LES PINS 261
brun chocolat. On observe sur les ailes postérieures des bandes lon-
gitudinales jaunâtres nettement limitées et se détachant sur un
fond foncé. En résumé, l’examen du mâle de la Fidonie montre
que le jaune occupe autant de place que la teinte chocolat.
La femelle est rouge brique avec taches d’ailes également
jaune paille et ayant les mêmes formes que celles du mâle. Le
corps est dans les deux sexes foncé avec bandes transversales
jaunâtres; il est recouvert d’une pilosité claire.
La Chenille est verte, elle porte au milieu du dos une ligne longi-
tudinale blanche. On remarque sur chacun des côtés une double
bande vert foncé également longitudinale et au-dessous de la ran-
gée des stigmates une bande jaune clair. La tête et les pattes sont
verdâtres, et c’est là un des caractères qui permet de distinguer
le plus facilement cette Chenille d’autres arpenteuses forestières.
Généralement le Papillon, fixé sur le tronc ou les rameaux,
a les ailes à moitié relevées; elles montrent ainsi leur face infé-
rieure dont la tacheture est à peu près semblable à celle de la
face supérieure.
Ce Papillon, répandu sur tout le continent européen, vole
en juin durant le jour et dépose ses œufs sur la face
inférieure de l'aiguille, suivant une ligne parallèle eo
à son axe longitudinal. Les Chenilles, qui au début ne
de leur existence mesurent 5 millimètres et ont Mars. .| o
une apparence jaunâtre, commencent par ronger PE
les côtés puis la pointe de l'aiguille, en épargnant fi 2
en général la nervure. Cependant, le type de ra- te
vages est très variable.
L'évolution de la Fidonie est représentée par
le graphique ci-joint. Chose curieuse, la Chenille
poursuit son travail dévastateur jusqu’à l'arrière || Sert -.
automne et ne se laisse descendre à terre au moyen || oct.
de son fil de soie que lorsque les premières gelées [x
apparaissent. La nymphose se produit sans Cocon
dans la couverture morte, dans le sable ou dans
la terre meuble. La Chenille attend parfois un ou deux mois
dans le sol avant de subir sa métamorphose.
AA
TRE M Ten
us
7h he ta aan orange pe mn ren — 4
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RS
L TRE.
DR ee Le HI ;
VAN Se Lada CON ECURIES
…— Ce M
-hswald (Nuremberg) après l'invasion de 1895
de la Fidonia piniaria Tr. (orig. cliché de lubeuf).
Aspect de la pineraie du Reï
LES PINS 263
La Fidonie gaspille une énorme quantité de feuilles dont les
débris tombent à terre. Les couronnes des Pins attaqués finis-
sent par présenter au moment de la sève d’août une apparence
grisâtre, puis deviennent couleur de rouille. Si une invasion
précoce et intense dépouille la moitié de la frondaison, l'arbre
ne reverdit en général pas l’année suivante, et il suffit que
pendant cette seconde année la Fidonie réapparaisse avant la
formation complète des pousses pour que le peuplement soit
condamné. Toutefois, 1l faut agir très prudemment avant de
considérer une pineraie comme perdue et ne pas entreprendre,
au printemps qui suit la première invasion, l’abatage des Pins
dépouillés avant de s'être préalablement assuré par un examen
minutieux sur des arbres d'expérience, que la sève ne circule plus.
Une des invasions les plus importantes qui ait été observée
au siècle dernier est celle du Reichswald, aux portes de la
ville de Nuremberg, en Bavière. Nous avons décrit ce désastre
forestier (BARBE Y, 1895, p. 348 à 352) dont nous avons eu l’occa-
sion d'étudier sur place les mamfestations. Cette invasion, qui
a débuté en 1893, s’est continuée en 1894 pour s'étendre en
1895 sur 40.000 hectares de pineraies poussant sur un sol sablon-
neux de médiocre qualité. L’administration forestière s’est vue
dans l'obligation d’abattre plus de 10.000 hectares d’un peu-
plement d’âge moyen et dont la plus grande partie des produits
n’a pu être utilisée que comme bois de chauffage.
Le grand danger de ces calamités provoquées par les Chenilles
qui dévorent les feuilles des résineux réside dans l'intervention
subséquente d’ennemis tels que les Xylophages, qui sont d'autant
plus à redouter que l’abatage et l’écorçage n’ont pu être exécutés
à temps, c’est-à-dire au printemps.
Notre illustration représente les forêts de Pins de Nurem-
berg ravagées par la Fidonie. En Champagne, ce Lépidoptère
a été signalé parmi les ravageurs qui ont accompagné les inva-
sions du Bombyce du Pin. HickeL (1894) a observé en juin des
nuées de Fidonies essaimant autour des cimes des Pins; tepen-
dant, on ne constata pas alors de déprédations sérieuses dans les
pineraies champenoises.
264 FEUILLES
Moyens préventits, — Comme cet Insecte est surtout un para-
site des Pins et qu'il ne s'attaque à d’autres Conifères que dans
des cas exceptionnels, il faut chercher à introduire une ou plu-
sieurs autres essences lors de la création de nouvelles pineraies,
Fig. 171. — Sous-bois de Pin sylvestre partiellement dépouillé par la Chenille de la F'donia
piniaria Tr. (orig. cliché de Tubeuf).
de facon à empêcher l’anéantissement complet en cas d’inva-
sions intenses,
La Chenille de la Fidcnie est recherchée d’un côté par les
Ichneumons, de l’autre par les Oiseaux tels que les Étourneaux,
les Coucous, les Grives et les Ccrneilles. On doit done protéger
ces derniers, mais il ne faut pas s'attendre à ce que les Oiseaux
Ï
LES PINS 265
seuls anéantissent une génération de ces Macrolépidoptères et
mettent fin à une invasion, car ces auxiliaires sont trop peu
nombreux dans les forêts pour accomplir une tâche aussi consi-
dérable. |
Moyens répressifs. — De même que c’est le cas pour la Noc-
tuelle, la lutte pratique et efficace contre l’évolution et la dis-
persion de la Fidonie est difficile; jusqu’à présent, les anneaux
de glu, l'introduction des Pores dans les forêts, les perches et
les fossés protecteurs n’ont pas donné de résultats concluants.
A ce point de vue, les ravages de l’Arpenteuse des Pins se succé-
dant deux et trois années de suite dans la même pineraie sont
plus à redouter que ceux de la Nonne et du Bombyce, car les
obstacles que le forestier peut opposer à la marche des Chenilles
sont beaucoup moins efficaces (1).
Lophyrus pini L. Hyméxopr., 7enthredinidæ
Lophyre du Pin (PI. IE, fig. 1)
Longueur de l’Insecte étalé, mâle : 16 millimètres; femelle :
18 millimètres ; Larve : 25 millimètres. Les Insectes ailés de
cette famille présentent les caractères principaux suivants
_La tête aplatie est intimement liée au thorax. La forme des
antennes est très variable suivant les genres. Les ailes trans-
lucides sont divisées par les nervures en cellules dont les diffé-
rentes formes constituent des critères importants pour la déter-
mination. L’abdomen, qui compte huit segments, est ramassé,
cylindrique ou légèrement aplati; la largeur est la même que
celle du thorax. Le tibia des pattes antérieures est muni de deux
crochets.
(1) Deux autres Arpenteuses doivent encore être mentionnées ici comme
décimant également les frondaisons des Pins : Geometra prosapiaria L. et
G. liturata CI. L'une et l’autre hivernant à l’état de Chenilles, ont deux
générations par an avec vol en mai et en août. Leur importance est secon-
daire, ces Insectes n’ont pas encore été signalés comme jouant un rôle
au point de vue de la protection des forêts.
266 FEUILLES
Le Lophyrus pini L. mâle porte des antennes longuement
pectinées; chez la femelle, elles sont serriformes. Le corps est
noir et les pattes jaunâtres.
La Larve verdâtre et le plus souvent tordue en forme d’un,
Fig. 172. — Chenilles du Lophyrus pini L.au repos sur un rameau de Pin sylvestre.
3/4 gr. nat. (orig.).
porte vingt-deux pattes dont les six antérieures sont fixées
aux segments thoraciques. La tête est de couleur brun-rouge.
On remarque au dessus de la base de chaque fausse patte une
tache noire représentant un point-virgule horizontal.
Le Cocon est brun pâle, d’une consistance très dure, surtout
en ce qui concerne le Cocon d'hiver.
La biologie est à peu près identique pour toutes les espèces
LES PINS 267
du genre Lophyrus, c’est-à-dire que dans les conditions nor-
males, l’Insecte ailé essaime en avril et pond ses œufs par rangées
sur les aiguilles. Durant deux mois, soit en mai et en juin, la
Larve ronge les feuilles de l’année précédente, puis se chrysalide
sur les rameaux (voir fig. 174). En juillet, l’Insecte de la seconde
génération apparait et opère sa ponte. La deuxième période
>
En
as
LÉ ee
Fig. 173. — Œufs du Lophyrus pini L. déposés sur des aïquilles de Pin sylvestre.
413 gr. nat. (orig.).
de ravages de la Larve se produit à la fin de l'été et l’hivernement
a lieu sous terre à l’état de Larve enfermée dans son fourreau,
la métamorphose en Chrysalide n’ayant lieu que deux à trois
semaines avant l’apparition de l’Insecte alé. Celui-ci sort de
son enveloppe en enlevant un couvercle plus ou moins régulier
placé à l’une de ses extrémités.
Jupeicx et NirscHEe (1895, p. 638) prétendent que dans cer-
tains cas, une partie des Larves issues de la génération du prin-
temps demeure du mois de juillet au mois de mars de l’année
268 FEUILLES
suivante enfouie sous terre, cachée dans des Cocons. Dans ce
cas, la génération est unique et la période de ravages de la fin
de l'été est supprimée.
Parmi tous les ravageurs des frondaisons de Pins, le Lophyre,
comparé aux Chenilles de Macrolépidoptères de
taille à peu près semblable, est un des Insectes
polyphages qui se contente de la plus petite
quantité de nourriture. Les Larves muent cinq
à six fois et se réunissent souvent en colonies
agglomérées (voir fig. 172), principalement lors-
qu'elles ont ravagé presque toutes les aiguilles
d'un rameau et qu’elles vont émigrer ailleurs en
JUN.
RUE SR
; quête d’une nouvelle nourriture.
Re Le Lophyrus pini L. recherche en particulier,
au début de son existence, les Pins poussant
sur les sols maigres et exposés au midi le long
des chemins ou aux lisières des Jeunes peuple-
ments. La Larve ronge en général toute lai-
guille, sauf la nervure; devenue adulte, elle
dévore l’aguille entière.
On remarque souvent lors de la deuxième période de dégâts
que la Larve s'attaque aux aiguilles fraiches de l’année. Le
dépérissement des rameaux ou des Pins entiers est, dans ce cas,
inévitable, et les invasions deviennent néfastes. Toutefois,
envisagés comme ravageurs, les Lophyres ne peuvent être assi-
milés à la Nonne, au Bombyce du Pin ou à la Fidonie du Pin,
car ils sont beaucoup plus sensibles aux influences météorolo-
giques que les Papillons et leurs Chenilles.
Il semble que les Lophyres ne s’attaquent pas à d’autres
Conifères que les Pins; ils sont répandus d’une extrémité à
l'autre de l’Europe. Si, dans la plupart des cas, ils ne font pas
sécher les Pins qui leur ont servi de proie, ils déterminent une
diminution d'accroissement et favorisent immanquablement les
attaques des Xylophages.
A plusieurs reprises, les pineraies de Russie, de Suède et de
Prusse ont été ravagées par cet Hyménoptère, mas rarement,
LES PINS 269
après un dépouillement plus ou moins complet des feuilles, les
Pins ont dû être abattus par suite de leur dépérissement.
En France, le Lophyrus pini L. a été signalé à plusieurs re-
prises comme dévastateur des fo-
rêts. En particulier, lors de la séche-
resse de 1906, il a envahi la pineraie
de Maillargues, dans le Cantal, et
causé des dégâts qui ont été évalués
de 4.000 à 5.000 francs(R. D. E.F.).
Dans la Haute-Loire, des dépré-
dations imputables au même rava-
geur ont été constatées en 1906
jusqu’à une altitude de 1.300 mè-
tres. Les taches d’invasion intéres-
saient de préférence les massifs
hauts de 8 à 18 mètres et étaient
surtout fréquentes aux bordures
exposées à l’ouest dans les forêts
de Saint-Préjit-d’Allier en particu-
RÉRORAD EST):
Moyens préventifs. — Le Lophy-
rus pint L. étant monophage, on ne
doit pas, comme nous l’avons déjà
dit dans les pages qui précèdent,
créer des peuplements équiens sur
de grandes étendues. La protection
des Pics et des Souris est à recom- Fig. 174. — Rameau de Pin sylvestre
dont les aiguilles et l'écorce ont été
mander, car on a observé que ces D HRFISES NE A One ENT re
7 pit L., avec Cocons fixés à la bran-
animaux font la chasse aux Cocons. GR EEE CETRS
Moyens répressifs. — Ils ne doivent être mis en œuvre que
lorsqu'on a des raisons de supposer que l’Insecte va se répandre
sur une grande échelle dans des pineraies particulièrement
prédisposées au dépérissement et visitées les années précédentes
par les Lophyres.
270 FEUILLES
On ne peut guère intervenir qu’en détruisant les Larves au
moment où elles sont sur les branches basses ou sur les Pins de
faible hauteur. On profitera alors de les écraser ou de les asperger
d'un liquide toxique (pétrole, lysol, jus de tabac dilué, etc.)
pendant qu’elles sont agglomérées à lintersection des ra-
meaux.
Dans certains cas, il peut être indiqué de couper les branches
qui portent des paquets de Larves, ou de secouer les perches sur
des draps qu’on a préalablement étendus au pied des Pins. Mais
le plus souvent, la dépense résultant de cette intervention est
disproportionnée aux résultats qu’on peut en attendre. Déjà
Ratzeburg disait que sur cinq cas d’invasion des Lophyres, un
seul était de nature à provoquer des ravages redoutables (Ju-
DEICH et NiTsCHE, 1895, p. 642).
Lophyrus rufus Ratz. Hyméxorr., Tenthredinidæ
Lophyre roux (PI. IE, fig. 9)
Longueur de l’Insecte étalé, mâle : 19 millimètres; femelle :
22 millimètres; Larve : 19 millimètres. La forme ailée femelle
de ce Lophyre a le corps d’un jaune brun. Le métathorax est
foncé et les pattes d’un jaune rougeâtre. Le mâle, allongé, est
d’un noir brillant avec les premiers segments abdominaux brun
rouge. Les crochets sont noirs dans les deux sexes.
La Larve a la tête et les pattes thoraciques d’un noir brillant.
Le corps est gris-vert sale avec une ligne longitudinale dorsale
claire; sur chacun des côtés se trouvent deux fines lignes presque
blanches bordant une autre ligne d’un vert plus intense. Le
Cocon est très clair, moins dur que celui du Lophyrus pini L.
Il semble que le Lophyrus rufus Ratz. ne produise qu’une géné-
ration par an (Jupeica et Nirscue, 1895, p. 644) avec période
de ravages au printemps seulement. On admet, pour le moment,
que c’est à l’état d'œuf que l’Insecte hiverne. Ce dernier est
beaucoup moins répandu que le Lophyre du Pin et ses invasions
ont été jusqu'ici localisées sur de petites superficies.
LES PINS DTA
Ce que nous avons dit des mesures à opposer à l'extension
Fig. 175. — Lophyrus rufus Ratz. sous ses trois formes, rongeant un rameau de Pin sylvestre.
1/2 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich).
du Lophyre du Pin s'applique également au Lophyrus rufus
Ratz:-(T).
Lyda campestris L. Hyménorr., Tenthredinidæ
Lyde champètre
Longueur de l’Insecte étalé : 22 à 25 millimètres; Larve
18 à 26 millimètres. Le genre Lyda compte quelques espèces
qui ravagent les résineux. La Lyda campestris L. est la plus répan-
due parmi les Lydes des Pins; le corps de la forme ailée est
caractérisé par la couleur métallique d’un bleu noir intense.
(1) Deux autres espèces du même genre, le Lophyrus pallidus KI. et le
L. similis Htg., beaucoup plus rares, sont encore à classer parmi les ennemis
des aiguilles des Pins; leur importance forestière est minime.
272 FEUILLES
La partie médiane de l'abdomen est coupée par une tache trans-
versale jaunâtre, La tête n’est pas soudée au prothorax, comme
c’est le cas chez les Lophyres, mais bien dégagée. Les antennes
Fig. 176. — Dégâts de la Zyda campestris L. sur un plant de 4 ans de Pin Banks.
1/2 gr. nat. (orig.).
1
qui comptent de trente-six à cinquante-quatre articles, sont,
de même que les pattes, d’un jaune paille.
La Larve, d’un vert sale, avec tête brune, est privée de pattes
LES PINS 210
thoraciques. Grâce aux fils de soie qu’elle a la faculté de sécréter,
elle peut construire les nids si caractéristiques de cette catégorie
d’Insectes xylophages (Voir fig. 176).
L’Insecte ailé vole en juin et dépose ses œufs isolément dans
la pousse terminale des Pins de trois à six ans. La Larve, une fois
formée, commence à tisser un nid qui ne tarde pas à enlacer le
dernier verticille. Ce nid, dont la forme est souvent triangu-
laire, avec base élirgie, est bientôt rempli d’excréments ainsi
que de débris provenant d’aiguilles nées l’année précédente et
qui ont été rongées pendant l’été. C’est en général au mois d'août
que la période de ravages prend fin; la Larve adulte descend
alors à terre pour hiverner et s’y chrysalider en mai.
Au point de vue de la protection des forêts, la Lyde cham-
pêtre, qui attaque presque toutes les espèces de Pins en plaine, ne
joue pas un rôle important, car seules, la cime ou les extrémités
de certaines branches des jeunes Pins peuvent sécher à la suite
de ses atteintes.
Lyda erythrocephala L. Hyménorr., Tenthredinidæ
Lyde bleue
Longueur de l’Insecte étalé : 24 à 26 millimètres; Larve :
23 à 25 millimètres. Cet Hyménoptère a une apparence d’un
bleu métallique avec les ailes d’un gris sale. Chez le mâle, la
région de la tête située en avant de l'insertion des antennes est
jaunâtre. La tête de la femelle est rouge avec entourage des
yeux du même bleu que le reste du corps.
La Larve est d’un vert olive avec tête jaunâtre tachetée de
brun; sa nuque est noire. Les anneaux abdominaux sont ridés
transversalement; chacun d’eux, à l'exception du dernier, porte
sur le dos des taches transversales foncées. L’Insecte construit
un nid soyeux plus allongé que celui de lespèce précédente, En
général, on ne trouve qu'une Larve par fourreau de soie plus ou
moins garni d’excréments.
L'évolution de la Lyde bleue ressemble à celle de l'espèce
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 13
274
FEUILLES
précédente. Comme cette dernière, cet Hyménoptère attaque
plusieurs espèces de Pins. Ces deux Insectes sont assez répandus
dans les jeunes pineraies.
Lyda stellata Christ. Hyménorr., Tenthredinidæ
(Lyda pratensis Fabr.)
Lyde étoilée
Longueur de l’Insecte étalé, mâle : 20 millimètres; femelle :
24 millimètres; Larve : 27 à 28 millimètres. Cette Lyde doit son
nom spécifique à la tache jaune clair en forme d’étoile qui orne
f
Fig. 177.— Chenille dela
Lyda Sstellata Christ,
3/4 gr. nat. (oriq.).
la face dorsale de la tête dont la couleur est
noirâtre. Les côtés de l’abdomen brun noir
sont rougeâtres; chez les deux sexes les an-
tennes et les pattes sont jaunes. La Larve est
parfois d’un vert jaune avec la tête d’un jaune
sale tacheté de brun et la nuque noire. La
face ventrale est claire; la ligne médiane dor-
sale ainsi que chacun des côtés sont ornés d’une
raie longitudinale d’un brun foncé, ces bandes
encadrent entre elles une ligne jaunâtre. Les
pattes sont cerclées d’anneaux alternative-
ment bruns et noirs.
La Lyde étoilée a une biologie un peu difré-
rente de celle des autres espèces que nous
venons de décrire. Si elle construit à peu près
le même type de nids soyeux, son évolution
dure trois ans et la Larve passe trois hivers sous terre avant
de se métamorphoser en Chrysalide.
Cet Insecte attaque les pineraies de tout âge et commence ses
déprédations par le bas de la frondaison ou des rameaux; une
grande quantité de débris reste attachée aux nids. Le dépéris-
sement total ou partiel des couronnes de Pins est parfois la
conséquence de ces ravages. C’est bien la Lyde étoilée qui est
la plus redoutable des trois espèces du genre Lyda ; au point de
LES PINS 275
vue forestier, son importance n’est toutefois pas à comparer
PRET
Fig. 178. — Rameau de Pin Weymouth ravagé par la Lyda stellata Christ. 1/3 gr. nat. (oriq.).
avec les dégâts causés par les Chenilles des Papillons que nous
avons décrits plus haut.
276 FEUILLES
Moyens préventifs. — La Lyde étant un ravageur monophage,
il faut agir, en matière de constitution de forêts, suivant les
principes que nous avons déjà énoncés, c’est-à-dire éviter la
création de vastes peuplements de Pins à l’état pur.
Moyens répressifs. — Ils ne peuvent être mis en action d’une
facon économique et eflicace que lorsque linvasion est à son
début. Dans les pineraies dont les arbres n ont pas plus de 2
à 4 mètres de hauteur, on peut atteindre les Larves et les
détruire au moyen d’aspersions d’un liquide toxique (le pétrole,
par exemple) ou les écraser alors qu’elles sont prisonnières dans
leurs nids.
La Lyde étoilée, qui passe deux années et demie sous terre,
peut être détruite dans les massifs âgés et au sol nu par des
labours, sarclages ou hersages pratiqués au pied des arbres.
Cette opération a pour but de faire sortir de terre les Larves
endormies qui deviennent alors la proie des Ichneumons et des
Oiseaux.
Cryptocephalus pini L. Coréopr., Chrysomelidæ
(Cryptocephalus abietis Suffr.)
Chrysomélide jaune du Pin
Longueur : 3,5 à 4 millimètres. Ce Coléoptère est caracté-
risé par la couleur jaune pâle des élytres et par la teinte d'un
brun rougeâtre du corselet qui est densément ponctué. Les pattes
sont ramassées, épaisses, et d’un brun rouge.
La Larve est du type de celle des Chrysomélides, nous en
parlerons plus loin en décrivant la Galéruque de FOrme.
PEnris (1857, p. 341 à 343) a relaté la présence du Crypto--
cephalus pini L. en octobre et novembre dans les cultures de
six à quinze ans du Pin maritime des Landes. L’accouplement
avait lieu à ce moment-là et les Pins attaqués étaient en bordure
ou à la lisière des massifs.
Il est inopportun de prévoir des mesures prophylactiques
LES PINS PAIE!
contre les Chrysomélides et Galéruques des Pins, car leur
action est d’ordre secondaire et leur biologie est encore trop peu
connue.
Galeruca pinicola Duft. Coréopr., Chrysomelidæ
Galéruque du Pin
Longueur : 3 millimètres. La tête, le corselet, l'abdomen et
les élytres sont noirs. Le thorax est deux fois plus large que long
Fig. 179. — Aïquilles de Pin sylvestre atta-
quées par la Galeruca pinicola Duft.
2/1 gr. na 7 (oriq.).
avec les côtés et les angles arrondis; il est tacheté de jaune
orange. Les antennes brunes ont les quatre premiers articles
jaunes.
Au point de vue économique forestier, ces deux Coléoptères
causent à peu près les mêmes ravages sur les différentes espèces
de Pins. Ils sont peu répandus et n’ont qu'une importance
278 FEUILLES
secondaire, bien que leurs déprédations aient pour conséquence
de provoquer le dépérissement de telle ou telle partie de la
frondaison des Pins attaqués. C’est à l’état d’Insectes parfaits
qu'ils rongent les aiguilles et l’épiderme des pousses des pieds
âgés en général de moins de vingt ans. l.4
La biologie de ce ravageur est encore peu connue. #3 , !,
Ë É:
Fig. 180. Phycis sylvestrella L. Fig. 181. — Écoulement de résine
Ecoulement de résine provoque provoqué par le forage de la
par le forage de la Chen lle dans Chenille de la Phycis sylves-
les blessures des « quarres » du trella L. sous une blessure
Pin maritime. 1/3 gr. nat. (orig. d'élagage du Pin maritime.
cliché Biquet). 1/3 qr. nat. (orig. cliché Bi-
quet).
Tinea piniarella 21]. Coréorr., Tortricidæ
Longueur du Papillon étalé : 4,5 à 5 millimètres. Ce Lépi-
doptère, d’un gris sale, est d’une importance minime. La Chenille,
LES PINS 279
dont le corps est gris vert, fore l’aiguille des Pins de la pointe
à la base. Parvenue près de cette dernière, elle construit un
fourreau formé de deux ou plusieurs aiguilles entourées de soie
et dans lequel elle se chrysalide.
Les ravages causés par cette Chenille sont peu communs et
insignifiants (1).
A la longue série des ravageurs des feuilles, nous ajoutons
encore les espèces suivantes dont les dégâts d’une importance
minime peuvent être observés dans les pineraïes. Ce sont :
Aspidiotus pini Htg. et abietis Schrk.; Rhizotrogus solsticialis L.;
Lachnus pini L. et pineti Fabr.; Cantharis fusca L.; Anthono-
mus varians Payk.
La description de ces Insectes parasitaires des Pins sort des
limites que nous impose le cadre de cet ouvrage.
CÔNES
Phycis sylvestrella L. Lépinopr., Pyralidé
Les mœurs et les dégâts de la Chenille de ce Lépidoptère ont
déjà été étudiés à propos des ravageurs des rameaux des Pins
et des cônes d’Épicéa. Ces Chenilles s’attaquent également aux
cônes dont ils anéantissent partiellement la semence (2).
(1) Une autre Chenille extraordinairement polyphage, n’attaquant
qu'exceptionnellement les aiguilles des résineux et en particulier celles
du Pin sylvestre, est la Chenille de l’Orgya antiqua L. Nous la décrirons
dans la partie de notre étude traitant des essences feuillues.
(2) Nous avions déjà rédigé notre manuscrit lorsque nous avons reçu
de M. Biquet, inspecteur des Eaux et Forêts à Bordeaux, des renseigne-
ments fort curieux sur les dégâts de la Chenille de la Phycis sylvestrella L.
fouillant l'écorce des Pins soumis au gemmage et à l’élagage, spécialement
dans la région des Landes.
En effet, M. Biquet a observé que les pineraies des particuliers, qui ont
à subir l’élagage, hébergent des Chenilles de ce Lépidoptère. En outre, les
« quarres » abandonnées et qui ne sont pas rafraîchies périodiquement,
renferment également dans leurs bourrelets des couloirs forés par la même
280 CÔNES
Fig. 182. — Phycis sylvestrella L. sur Pin Weymouth.
a, orifice d'entrée de la Chenille; b, écoulement de résine. 1/1 gr. nat.
(orig. coll, Standfuss, Zurich).
Chenille (voir fig. 180 et 181). L'un et l’autre type de dégâts n’ont, du
reste, pas pour Conséquence d’entraîner la mort du Pin maritime, essence
qui, placée dans des conditions absolument normales de végétation, est
en mesure de résister à des opérations contre nature telles que l’élagage
des houppiers et le gemmage.
En résumé, nous pouvons envisager la Phycis sylvestrella L. comme le
seul Insecte dont la Chenille attaque toutes les parties hors de terre du Pin
maritime.
LES PINS 281
Fig. 183. — Cône de Pin sylvestre portant un grumeau de résine formé par le dégât de la Chenille
de la Phycis sylvestrella L. 1/1 gr. nat. (orig.).
Pissodes validirostris Gyll. Coréopr., Curculionidæ
(Pissodes strobili Redtb.)
Pissode des cônes
Longueur : 7 à 9 millimètres. Ce Charançon ressemble beau-
coup au Pissode noté, ce ravageur du collet du Pin. Son corselet
est tacheté de deux points blancs; son bord postérieur décrit
un angle droit avec chacun des côtés. Les élytres portent deux
bandes transversales d’un jaune brunâtre, la postérieure s’élargit
sur les côtés.
Le Pissodes validirostris Gyll. dépose un à trois œufs dans les
cônes en formation des Pins sylvestre et noir. La Chenille en
ronge l’intérieur et décime les graines. Le cône tombe en été et
laisse échapper en septembre l’insecte ailé.
282 CÔNES
La métamorphose complète s'opère donc à l'intérieur des
cônes ravagés qui revêtent alors une forme appointie; les écailles
sont peu apparentes et de couleur jaunâtre.
L'évolution de ce Charançon dure douze mois et ses dégâts
rares ont une importance secondaire (1).
(1) Phycis elutella Hbn. peut être également rangé au nombre des Lépi-
doptères dont la Chenille fouille les cônes des Pins et détruit les graines.
"7
4. Pin Cembro, Pinus cembra L.
Arolle
Comparé aux essences résineuses que nous venons d’étudier,
le Pin cembro est relativement pauvre en parasites de la classe
des Insectes. La raison en est bi simple, car 1l s’agit ici d’un
arbre dont la station naturelle est confinée aux limites supérieures
de la forêt alpestre, c’est-à-dire à une altitude où, par suite de la
rigueur du climat, le monde des Insectes est faiblement repré-
senté. Comme le Pin cembro est susceptible de végéter en plaine
et de s’y développer, il arrive souvent que les ravageurs xylo-
phages et phytophages des conifères des régions basses se jettent
sur cet arbre de la haute montagne; mais ce sont là des cas excep-
tionnels et pour ainsi dire anormaux que nous ne pouvons envisa-
ger ici. Nous nous en tiendrons donc aux parasites de la station
nature'le de cette essence.
RACINES
Aucun ennemi particulier, à part les rongeurs de racines qui
peuvent attaquer les brins de Pin cembro élevés dans les pépi-
nières de plaine.
Voir : Chapitres de l’Épicéa et des Pins.
284 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
Tomicus cembræ Heer. Cocéorr., Scolytide
Grand Bostryche du Pin cembro [PI V, fig. 1, 1 a]
Longueur : 4,5 à 5,5 mullimètres. Nous avons déjà vu, lors
de Ja descripüon du Bostryche typographe, que le Tomicus cem-
bræ Heer est synonyme du 7, amitinus Eichh., espèce introduite
dans la littérature entomologique par Eichhoff (KELLER, 7910,
p. 10) (1).
Le Tomicus cembræ Heer ressemble beaucoup au Tomicus
typographus L. dont nous avons donné une description détaillée,
toutefois le Bostryche du Pin cembro est plus trapu et la ponc-
tuation de la troncature des élytres, plus profonde, est plus bril-
lante. La déchivité, vue de profil, présente également quatre dents,
dont la troisième, qui est la plus forte, se termine en bouton
(PI. V, fig. 1 a). La deuxième suture de la massue des antennes”
forme un angle plus ou moine aigu et la pubescence de l’Insecte
entier est en général plus dense.
En somme, la distinction entre ces deux espèces ést fort diffi-
cile à faire et l’on recourra le plus souvent dans les cas douteux
à la forme des couloirs. En effet, la galerie maternelle forée
par le Bostryche du Pin cembro ne court presque jamais parallèle-
ment aux fibres du bois, mais toujours plus ou moins obliquement
(Voir fig. 184). Les bras de ponte sont au nombre de trois à cinq et
l’ensemble de la figure couvre à peu près le même espace que le
système des couloirs du Bostryche typographe.
Dans les branches de faible dimension où cet Insecte pullule
également, la galerie maternelle revêt alors une forme étoilée.
En ce qui concerne l’évolution de ce Xylophage, nous avons déjà
mentionné que dans les régions supérieures des Alpes, une seule
génération parvient à maturité (BaRBEY, 1901, p. 83). KELLER
(1910, p. 21), qui a eu l’occasion de préciser certaines manifes-
(1) Cette affirmation vient d’être réfutée par les très récentes recherches
anatomiques de Fucns (1913, p. 1-45). Cet auteur reconnaît dans le T. ami-
tinus Eichh. une variété et crée d’autres espèces nouvelles.
æ Heer.
bhry
S Cembr
ystème de couloirs du T'om'eu
184. — S
Fig.
au moment de 1
alide. 1/1 gr. nat. (orig.).
S
CG
arve en
hose de la L
amor p
ét
a Im
S
Aspect des galerie
280 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
tations biologiques de cet Insecte dans les Alpes suisses, admet
également une seule génération, mais avec deux périodes de
ponte. La première se produit en juin et il en sort, environ trois
mois après, des individus ailés qui hivernent. La deuxième, ou
ponte dite tardive, commence à la fin de juillet ou les premiers
jours du mois d'août, Dans ce dernier cas, lhivernement se pro-
duit sous la forme de Larve ou de Chrysalide.
Le Tomicus cembræ Heer est très abondant dans les branches
sèches tombées à terre ou dans celles qui dépérissent sur les
Pins cembros. Nous l’avons rencontré pour ainsi dire dans tous
les dépôts de cette essence, en particulier dans les scieries des
hautes vallées.
Il est à noter que cet Insecte est aussi abondant sur le Mélèze.
Nous l’avons également trouvé sur l’Épicéa, lorsque cet arbre
pousse dans la zone des forêts de Pins cembros et de Mélèzes.
Nous connaissons un Pin cembro qui, depuis soixante à
soixante-dix ans, végète aux environs de Genève, soit à une alti-
tude de 415 mètres. Certaines branches de sa frondaison en voie
de dépérissement hébergent le Tomicus cembræ Heer, sans que
d’autres résineux poussant dans le voisinage immédiat soient
infestés par ce Xylophage.
Jusqu'ici on n’a pas signalé d'importantes invasions de cet
Insecte dans les forêts des hautes Alpes, où le Pin cembro vit
plutôt dans un ordre dispersé ou le plus souvent en mélange avec le
Mélèze, Comme à ces altitudes supérieures, les végétaux ligneux
ont surtout à souffrir de l’âpreté du climat et des accidents météo-
rologiques et que la culture forestière est plutôt extensive en
raison même des intérêts pastoraux, on ne peut guère prévoir de
mesures prophylactiques en vue de contrecarrer l’évolution des
Insectes ravageurs.
Tomicus bistridentatus Eichh. Coréorr., Scolyhidæ
Petit Bostryche du Pin cembro [PI. V, fig. 2, 2 a]
Longueur : 2,2 à 2,8 millimètres. Le corselet est impressionné
transversalement au milieu, rétréci antérieurement, éparsement
PIN CEMBRO 287
et finement ponctué postérieu-
rement, orné d’une ligne mé-
diane et d’une petite tache
lisse de chaque côté. Les élytres
sont finement striés-ponctués.
Mâle : La troncature des ély-
tres est orbiculaire, lisse; chacun
de ses bords latéraux porte un
fort crochet semblable à celui
du Tomicus bidentatus Hbst. et
du T. quadridens Htg. En des-
sous de ce crochet on remarque
au milieu de la hauteur de la
troncature un petit denticule et
au-dessus de ce même crochet
un fort tubercule.
Femelle : Elle porte sur le
front une touffe de poils jau-
nâtres et de chaque côté de la
déclivité deux petits tubercules
coniques ornés de soies raides.
En somme, ce Bostryche est
fort difficile à distinguer du To-
micus quadridens Htg. Le sys-
tème de couloirs est formé de
trois à cinq bras de ponte quit-
tant la chambre d’accouple-
ment. Dans les branches de
faible dimension, on trouve cet
Insecte même dans des rameaux
de la grosseur d’un crayon; le
système entier y revêt alors une
forme allongée, tandis que dans
les perches et pièces de bois de
plus fort calibre, il présente un
aspect étoilé et ramassé. Les
Fig. 185. — T'omicus b'Stridentutus Eichh.
Systèmes embrouillés ces couloirs avec « forages
complémentaires ». 1/1 gr. nat. (oriq.).
288 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
couloirs de larves, qui sont beaucoup moins longs que les gale-
ries maternelles, courent dans tous les sens et sont assez distants
les uns des autres, ce qui prouve que la ponte est lente et peu
abondante.
Le plus souvent les ravages du Tomicus bistridentatus Kichh.
entament lPaubier, surtout si les branches attaquées ont une
écorce mince.
En général, les systèmes sont très embrouillés, enchevêtrés
les uns dans les autres, comme le montre la figure 185.
Les observations les plus récentes (KELLER, 2910, p. 24, et
Fucus, 1907, p. 35) nous enseignent qu’en haute montagne, le
petit Bostryche du Pin cembro à une seule génération avec une
longue période de ponte. On aperçoit déjà à la fin de mai l’Insecte
pénétrant sous l'écorce pour y forer sa chambre d’accouplement.
On peut encore l’observer en juillet occupé à pondre. De même
que c’est le cas pour le Tomicus cembræ Heer, qui est du reste
le compagnon habituel du Tomicus bistridentatus Eichh., on
découvre au printemps, en soulevant l’écorce des Pins, les cou-
loirs occupés à la fois par des Insectes ailés, des Larves et des
Chrysalides.
Dans les Alpes suisses, ce Bostryche est très abondant; on le
trouve un peu partout dans les perches et pieux qu'on n’a pas eu
soin d’écorcer.
Moyens préventifs. — Ce ravageur étant monophage, on doit
constituer des peuplements mélangés (à l’aide du Mélèze, du Pin
de montagne, par exemple), débiter et écorcer à temps les Pins
cembros cassés ou renversés par les ouragans et les avalanches.
Moyens répressifs. — Si l’Insecte envahit les peuplements ins-
tallés artificiellement et souvent en ordre trop serré dans les
régions mises en défense contre l'érosion et les glissements de
neige, on peut lutter contre son extension en utilisant les perches
de moindre valeur comme arbres-pièges.
L'Aylastes decumanus L., dont nous avons parlé dans le cha-
pitre de l'Épicéa, est aussi connu sous le nom de //ylastes gla-
PIN CEMBRO 289
bratus Zett. C'est KELLER (7910, p. 28) qui l’a signalé comme un
des Bostryches des régions alpestres attaquant exceptionnellement
le Pin cembro. Cet auteur l’a trouvé à Zermatt (Suisse) à 1.600
mètres, et il admet qu’à cette altitude une seule génération arrive
à maturité dans l’espace de douze mois.
Nous signalons ici cet Insecte surtout au point de vue biolo-
gique, car en matière de protection forestière il n’a qu’une impor-
tance tout à fait secondaire.
Tomicus quadridens Htg.
Crypturgus pusillus Gyll.
Voir : Chapitre de l’Épicéa.
Pissodes pint L.
Voir : Chapitre des Pins.
Pytho depressus L. Cocéorr., Pythidæ
Longueur : 7,5 à 16 millimètres. Cet Insecte rare, qui fait
partie d’une famille faiblement représentée dans la faune euro-
péenne, rappelle les Callidies. La tête et le thorax sont d’un
bleu métallique, l'abdomen d’un brun plus ou moins rougeâtre.
Le corselet est une fois et demie plus large que long; sa plus
grande largeur apparaît en avant du milieu.
La Larve est aplatie, de même épaisseur sur toute sa longueur;
son extrémité postérieure est munie de deux pointes.
C’est KELLER (1910, p. 29) qui, le premier, a décrit ce Co-
léoptère comme un ravageur du Pin cembro. Il compare les
couloirs forés par la Larve à ceux des Rhagies. La nymphose
s’opère dans l’écorce même et l’hivernement a lieu sous la forme
parfaite.
Les trous de sortie sont elliptiques. Les ravages du Pytho de-
pressug L. ont jusqu'ici été découverts surtout dans les Pins
cembrog en voie de dépérissement. Cette espèce, dont limpor-
ENTAMOLOGIE FORESTIÈRE 19
290 INTÉRIEUR DU BOIS
portance forestière est minime, se rencontre, d’après KELLER,
également sur le Mélèze,
Anthaxia quadripunctata L.
Voir : Chapitre du Sapin.
Callidium luridum L.
Voir : Chapitre de l'Épicéa (PI. I, fig. 3).
INTÉRIEUR DU BÔIS
Pas de ravägeur dans l’intérieur du bois, à moins que les troncs
de Pins cembros ne soient descendus dans les scieries et chan-
üers de plaine où certains Xylophages des résineux peuvent péné-
trer dans la matière ligneuse.
RAMEAUX
Sauf le Tomicus bistridentatus Eichh. que nous avons déjà
décrit parmi les ravageurs de l'écorce du tronc et des branches, les
rameaux du Pin cembro n’hébergent pas dans leur station natu-
relle d’autres parasites de la classe des Insectes.
FEUILLES
Tinea copiosella Frey. LéPinopr., 7ineide
(Ocnerostoma copiosella 211.) [PI. V, fig. 7, 7 a]
Teigne du Pin cembro
Longueur, Papillon étalé : 4 à 5 millimètres; Chenille : 5 à 6 mil-
limètres. Ce Papillon minuscule a les ailes d’un gris argenté,
très brillantes avec de longues franges de même teinte. Ces der-
nières sont relevées chez le mâle. La Chenille est d’un brun foncé
avec tête noire, brillante,
PIN CEMBRO 291
C'est BourGrois (1894, p. 9 à 15) qui a fait connaître ce Micro-
lépidoptère comme un des ravageurs les plus communs des
aiguilles du Pin cembro et vivant à l’état endémique dans les
forêts de la Haute-Engadine (Suisse).
Fig. 186. — Tinea copiosella Frey.
Ravages de la Chenille à l’intérieur des aiguilles'du Pin cembro. 1/1 gr. nat.
y (orig. coll. Standfuss, Zurich).
Le Papillon vole en juillet et après l’accouplement qui a lieu
à l'extrémité des aiguilles, la femelle dépose un ou deux œufs
à cet endroit. La Chenille pénètre dans l’aiguille dont elle ronge
l'intérieur. Après un forage qui dure de cinq à huit semaines,
l’Insecte sort de son couloir en perçant dans l’épiderme un orifice
292 FEUILLES
elliptique. Il se construit un berceau de nymphose à l’aide des
cinq aiguilles qu'un réseau de fils soyeux réumt en faisceau.
La question d'évolution n’est pas encore déterminée d’une
Pousse terminale du Pin cembro ravagée par la Chenille de la Steganopt cha
pinicolana Zell. 1/1 gr. nat. (orig.).
Fig. 187.
facon absolue, D’après KELLER (1910, p. 35), qui a étudié la bio-
logie de ce Papillon, il faut admettre deux générations. Cet au-
teur a observé au mois de mars des Chenilles non adultes dans des
aiguilles provenant des forêts de Samaden (Grisons, Suisse), Dans
le-cas où deux essaims se produisent dans la même année, lun
aurait lieu au commencement de juin et l’autre à la fin de juillet,
PIN CEMBRO 293
Les aiguilles du faisceau, même celles qui ne sont pas forées,
deviennent jaunes, puis finissent pas tomber à terre.
Comme une Chenille ne détériore qu’un faisceau, le dommage
est beaucoup moins considérable que lorsqu'il s’agit de dégâts
provenant d’autres Chenilles phytophages.
Jusqu'ici on n’a pas remarqué que ces atteintes aient provoqué
la mort des Pins cembros. Du reste, en haute montagne, la culture
extensive de cette essence ne permet guère l’application de me-
mesures prophylactiques ayant pour but d’entraver l’évolution
des Insectes nuisibles.
Steganoptycha pinicolana ZI.
Voir : Chapitre du Mélèze.
{
Retinia turionana Hbn.
Lophyrus rufus Ratz.
Voir : Chapitre des Pins.
Lyda erythrocephala L.
Voir : Chapitre de l’Épicéa.
Lophyrus elongatulus Klug. Hyméxorr., 7enthredinidæ
(Lophyrus pallipes Fall.)
Longueur de l’Insecte étalé, d’ : 12 à 16 millimètres; 9 : 13 à
19 millimètres; de la Larve : 15 à 18 millimètres. Cet Hymé-
noptère est allongé; la face dorsale du corps est noire, la ventrale
et les pattes jaune pâle. Les ailes sont translucides avec ner-
vures foncées.
La tête des jeunes Larves est noire, elle devient rouge chez les
adultes. Le corps est vert avec quatre lignes longitudinales fon-
cées.
D’après BourGEots (1894, p. 9 à 15), les femelles essaiment et
pondent au commencement de mai. Les Larves éclosent environ
trois semaines plus tard et commencent à ronger latéralement
les aiguilles en formation. Puis l’Insecte s'attaque également
294 FEUILLES
aux aiguilles anciennes en coupant parfois aussi la nervure
médiane,
L'hivernement a heu dans un nid soveux construit au commen-
cement du mois d'août, soit à la fin de la période de ravages ;
Fig. 188. — Aiguilles du Pin cembro rengées par la Larve du Lophyrus elongatulus Klug. 1/1 gr.
nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich).
il est formé de plusieurs aiguilles réunies entre elles. La nymphose
se produit immédiatement avant le vol printanier.
BourGEoIs a observé que dans les forêts de Pins cembros de
l’'Engadine, le Lophyrus elongatulus Klug. attaquait des arbres de
2 à 5 mètres de hauteur et provoquait souvent leur dépérissement.
PIN CEMBRO 295
Les conditions dans lesquelles ce ravageur plutôt rare opère
dans les forêts des hautes Alpes ne permettent pas de préconiser
des moyens de lutte pour entraver son évolution.
Fig. 189. — Aiguilles du Pin cembro minées par le Lachnus pinicolus Kitb.,
1/1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich).
A cette courte liste des ravageurs des feuilles du Pin cembro,
nous ajoutons deux Rhynchotes que KELLER (1910, p. 37 à 39)
a signalés comme causant des déprédations dans les forêts des
Alpes suisses.
L’un de ces Pucerons, le Lachnus pinicolus KItb., vit en colonies
296 FEUILLES
principalement sur les aiguilles de l’année, dontilronge l’intérieur
et provoque ainsi le desséchement de faisceaux d’aiguilles et
parfois de rameaux.
L'autre Puceron est le Putonia antennata Sign., dont Keller a
observé la présence en Suisse sur les Pins cembros poustant au-
dessus de Zermatt (2.200 mètres). La femelle mesure 3 millimètres;
elle a des veux relativement gros et des antennes allongées. La
face dorsale du corps est fortement convexe, de couleur brune;
les pattes sont plus foncées. L’extrémité postérieure porte au
centre deux protubérances pointues et les côtés de cette extré-
mité se prolongent en deux cônes de consistance cireuse. En
suçant la sève des aiguilles, l’Insecte entraine naturellement le
dépérissement de ces dernières et parfois des rameaux. Des flo-
cons blancs, adhérents aux aiguilles desséchées, témoignent de la
présence des carapaces chitineuses des Pucerons.
9. Mélèze, Larix europæa D. €.
RACINES
Gryllus gryllotalpa L.
Melolontha vulgaris L.
Otiorrhynchus niger Fabr.
Otiorrhynchus ovatus L.
Voir : Chapitre de l’'Épicéa.
Anthomyta rufipes Meig.
Noctua segetum Schiff.
Voir : Chapitre des Pins.
Une Larve d’Élatéride, l'A griotes aterrimus L., ronge occasion-
nellement les radicelles des brins éduqués en pépinière. Il en est
de même d’un Diptère de la famille des Tipulides, la Tipula cro-
cata L., dont la Larve peut être également comprise dans le
nombre des rongeurs des racines de plantules. Ces deux Insectes,
quoique rares, s’attaquent également à d’autres essences rési-
neuses.
ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
Tomicus cembræ Heer.
Tomicus bistridentatus Eichh.
Voir : Chapitre du Pin cembro.
298 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
Tomicus typographus L.
Tomicus chalcographus L.
Xylechinus pilosus Ratz.
Hylesinus palliatus GYI.
Polygraphus polygraphus Reitt.
Crypturgus pusillus GYyIl.
Callidium luridum L.
Voir : Chapitre de l'Épicéa.
Pithyophthorus glabratus Eichh.
Tomicus laricis Fabr.
Pissodes notatus Fabr.
Voir : Chapitre des Pins.
Tomicus curvidens Germ.
Anthaxia quadripunctata L.
Voir : Chapitre du Sapin.
Comme on le voit par la liste qui précède, on ne peut découvrir
dans les couches corticales du Mélèze aucun Insecte spécial à
cette essence. Il n’en est pas moins vrai que ce Conifère est, de
même que les autres résineux, attaqué par les Xylophages cons-
truisant leur système de galeries dans la zone cambiale et dans
l'écorce. Nous pourr.ons, il est vrai, ajouter à ces espèces certains
Cérambycides et Buprestes qui, occasionnellement, pénètrent
dans les troncs en décomposition du Mélèze cultivé, surtout dans
les régions de plaine où la faune des Insectes ravageurs est riche-
ment représentée.
Le plus commun des Bostryches de l'écorce des troncs de
Méléze, et qu'on rencontre partout dans la région alpestre, est le
Tomicus cembræ Heer. Ce Scolytide s’installe aussi bien dans les
Mélèzes en voie de dépérissement que dans les troncs abandonnés
des dépôts de bois et pourvus de leur écorce. Le système de ses
couloirs revêt presque les mêmes caractères que lorsqu'il est
creusé dans les couches corticales du Pin cembro.
MÉLÈZE 299
INTÉRIEUR DU BOIS
Dans cette catégorie, nous constatons également que le Mélèze
ne compte pas d’Insectes qui lui soient en propre. Les troncs
descendus en plaine peuvent cependant subir les atteintes de
certains Cérambycides ou Buprestides parasites des résineux,
dont les berceaux de chrysalides pénétrant dans l’aubier sont
susceptibles de faire déprécier les couches extérieures des bois
de service.
Nous signalons cependant les Insectes suivants que nous avons
déjà déerits et qui ont été parfois trouvés dans les Mélèzes des
hautes Alpes.
Xyloterus lineatus OI.
Sirex gigas L.
Voir : Chapitre de l'Épicéa.
Xyleborus Saxeseni Ratz.
Voir : Chapitre du Sapin.
RAMEAUX
Vespa crabro L.
Voir : (Partie spéciale » et Chapitre des Frênes.
Tomicus bidentatus Hbst.
Voir : Chapitre des Pins.
Hylobius piceus De Geer. Cocéopr., Curculionide
(Hylobius pineti Fabr.)
Hylobe du Mélèze
Longueur : 12 à 16 millimètres. Cet Insecte est un proche
parent de l’Hylobe du Pin dont nous avons décrit en détail
les mœurs. Il s’en distingue par sa taille qui est plus grande. Il
est brun noir, couvert d’une pilosité jaune paille très peu dense.
300 RAMEAUX
Le corselet est ruguleux, avec carène médiane très accentuée.
Les élytres portent des stries à points profonds. Les interstries
sont granuleuses jusqu'à la base de la déclivité et portent des
touffes de petits poils jaunâtres. Les tibias sont beaucoup moins
denticulés que ceux de l'Æylobius abielis L.
Cette espèce, très rare, n’a jusqu’à présent, à notre connais-
sance, été constatée qu'en plaine (Srurz, 1873, p. 356 à 358) où
la ponte fut opérée dans des souches.
Cet Insecte monophage n’a qu'une importance secondaire,
Tortrix zebeana Ratz. Lépinorr., Tortricidæ
(Semasia zebeana H. Sch.) [PI. V, fig. 3, 5 a]
Tordeuse des rameaux du Méleze
Longueur, Papillon étalé : 15 à 17 millimètres; Chenille : 8 à
10 millimètres. Les ailes antérieures sont grises avec bord anté-
rieur noirâtre, coupé de petites taches blanches transversales.
En arrière de cette bordure on remarque quatre à cinq autres
taches noires bordées de bleu violet. Elles constituent bien le
critère le plus frappant pour la détermination de ce Microlépi-
doptère.
La Chenille est d’un vert jaune sale. La nuque partagée en
deux et la région abdominale pileuse sont chitineuses et brunes.
Chaque anneau porte sur la face dorsale quatre petites verrues
chitineuses munies chacune d’un poil et disposées suivant les
anneaux, soit en carré, soit sur une seule ligne transversale.
Nous avons ici affaire à un Lépidoptère dont les ravages très
caractéristiques ne peuvent être confondus avec les dégâts d’au-
tres Insectes.
Le Papillon essaime en mai ou les premiers jours de Juin dans
les régions élevées. Il dépose ses œufs individuellement à la nais-
sance des rameaux de deux ans. S'il s'agit de jeunes Mélèzes,
la ponte a lieu sur la tige et les branches latérales, tandis que sur
les arbres d’une certaine dimension, les branches de petite taille
sont seules infestées.
Rés
MÉLÈZE 201
La Chenille s’introduit sous l'écorce, y creuse une cavité qui
prend parfois une forme allongée et entame même dans certains
Fig. 190. — Galles avec écoulements de résine sur l'écorce du Mélèze provoquées par le forage
de la Chenille de la Zortric sebeana Ralz. 1/1 gr. nat. (oriq.).
cas l’aubier. Au bout de quelques mois de ravages, cette cavité est
remplie d’excréments mélangés avec des fils de soie tissés par la
302
RAMEAUX
Chenille, Les excréments s’échappent au dehors par orifice d’en-
Fig: 191. — Boursouflement d'un
rameau de Mélèze provoqué par
les ravages de la Tortrix £e-
beana Ratz. 1/1 qr. nat. (orig.
coll. Standfuss, Zurich).
et surtout favorisent l'infection de la Peziza | avril. |
Willkommi Htg., un des plus redoutables pa-
rasites cryptogamiques des forêts de Mélèzes
en plaine.
Moyens préventifs. — La Tortrix zebeana
Ratz. étant monophage, il faut de préférence | Sert.
associer une ou plusieurs autres essences au |! oct...
Mélèze lorsqu'on crée de nouvelles forêts; |! xov...
de cette façon on ne risque pas de voir une
plantation entière compromise par les atta-
trée ainsi que la résine, qui se cristallise
autour de cet orifice et souvent tombe en
goultelettes soit sur le tronc, soit sur les
branches inférieures. Il se forme ainsi une
galle ligneuse atteignant en automne la
dimension d’un pois.
La Chenille passe deux hivers dans
cette cachette et évolue suivant le gra-
phique ci-dessous. Après le deuxième été
de forage, la galle, aussi grosse qu'une
cerise, se recouvre d’une nouvelle couche
de résine qui est alors plus claire que
celle de l'été précédent.
La Tortrix zebeana Ratz. se rencontre
dans les hautes Alpes et surtout dans
les cultures artificielles de plaine. Elle est
monophage. Ses atteintes ont pour consé-
quencela déformation
: 1: Janv
des jeunes Mélèzes ;
| Févr.
|
elles provoquent en
outre des bris de neige || Mars. .
| Mai. . .
ne
Juill.
Août , .
|
|
|
1
|
|
|
|
|
ques d’un Insecte qui décime seulement les Mélèzes.
Moyens répressifs.
— Dans certains cas et lorsqu'on peut
MÉLÈZE 303
intervenir au début d’une invasion infestant un peuplement pur
de Mélèzes souvent trop serré et dont les tiges n’atteignent que
3 ou 4 mètres de hauteur, il peut être indiqué de couper les
rameaux contaminés où parfois de sacrifier complètement
certaines tiges sur lesquelles les galles sont trop nombreuses,
En agissant suivant ce procédé radical, au plus tard en avril,
on peut espérer un arrêt complet de l’invasion. ALruM (1886,
p. 44) conseille de badigeonner au printemps les galles avec de
la glu, afin d'empêcher la sortie des Papillons qui éclosent en
général au mois de mai.
Il est évident que dans les Alpes et sur des Mélèzes de grande
dimension, la lutte est impossible.
Tinea lævigatella H. Sch. Léprnopr., Tortricidée
(Argyresthia Zelleriella Htg.) [PI. V, fig. 6, 6 a]
Tordeuse des pousses du Mélèze
Longueur, Papillon étalé : 10 à 12 millimètres; Chenille :
6 à 7 millimètres. La première paire d’ailes est d’un gris cuivré
avec bord antérieur et franges gris foncé mat. Les postérieures
sont d’une apparence moins brillante.
La Chenille, à tête noire, est au début jaune clair; à l’état
adulte, elle est d’un blanc crème plus ou moins rosé, avec ligne
longitudinale dorsale foncée.
Ce Lépidoptère dépose en mai ou juin un œuf à la base du
rameau en formation. L’œuf est probablement fixé sur l’axe
d’une aiguille.
La Chenille, à sa naissance, c’est-à-dire environ trois à quatre
semaines après la ponte, fore un trou dans l’épiderme de la tige
pas encore lignifiée. Pendant plusieurs semaines, le dégât n’en-
trave pas le développement de la pousse, mais dès le milieu de
l’été, par suite de l’élargissement et de la prolongation du cou-
loir dans les couches cambiales, la végétation ralentit et le rameau
dépérit.
304 BOURGEONS
L'hivernement se produit à létat larvaire dans la cachette
remplie d’excréments. Le ravage recommence au printemps et
ce cesse qu'au moment de la chrysalidation. Nous avons donc
—— affaire ici à un Insecte qui opère en deux périodes
bien distinctes, ainsi que le montre le graphique ci-joint.
Fev: 1 Au commencement de mai, on trouve le cocon
Mars . . soyeux dans le voisinage immédiat de l’entrée du
Avril. couloir.
Far Les dégâts occasionnés par cet Insecte ont le
| plus souvent pour conséquence de provoquer le des-
Juin ..
séchement de la pousse et surtout l’atrophie des
| Juill . .
| bourgeons disposés au-dessus de la région forée. Le
Gone rameau attaqué se flétrit ensuite ou se brise par-
Re fois sous l'influence du vent.
| La Tinea lævigatella H. Sch., toujours rare, a été
jusqu'à présent observée surtout en plaine. Dans
la région alpestre, elle est encore moins connue et
son importance minime nous dispense d’entrer dans
des considérations relatives à la protection forestière. Tout au
plus, lorsque la Chenille aurait infesté de jeunes cultures de
Mélèzes, pourrait-on conseiller de couper et brûler durant lété
les pousses renfermant l’animal occupé à creuser son couloir.
BOURGEONS
Cecidomyia Kellneri Hensch., Dirr.. Cecidomyidæ
Longueur de la Larve : 3 millimètres. On trouve la Larve
de ce Diptère dans les bourgeons du Mélèze; elle est d’appa-
rence rougeatre.
D'après HENSCHEL (1895, p. 474), la ponte a lieu en mai et
l'Insecte ailé dépose un œuf dans le bourgeon terminal des
ramuscules et au centre duquel la Larve se fore une cachette
ovoide, empêchant souvent l'épanouissement des aiguilles.
Le bourgeon attaqué revêt lapparence d’une galle brune et
se couvre de résine, L’hivernement se produit à l’état larvaire.
MÉLÈZE 305
Les bourgeons ravagés finissent par sécher et leur intérieur est
nor.
La Cecidomyia Kellneri Hensch. attaque les Mélèzes de tout
âge des régions alpestres et de la plaine. DE TuBEeur (1897,
p. 224) a observé que les bourgeons à fleurs étaient également
ravagés par cet Insecte. Ce dernier cause des dégâts plus impor-
tants qu’on ne pourrait l’admettre au premier abord, car cer-
taines branches finissent par dépérir. On ne peut cependant pas
indiquer des mesures propres à contrecarrer les évolutions de ce
ravageur.
BEUMNBRBES
Tinea laricella Hbn., LéPinopr., Tineidæ
(Goleophora laricella 211.) [PI. V, fig. 4, 4a, Ab]
Teigne minière du Mélèze
Longueur, Papillon étalé : 9 mullimètres; Chenille : 5 milli-
mètres. Les ailes antérieures sont d’un brun grisâtre avec franges
argentées mates, les postérieures pointues et plus
foncées. La tête et le corps sont d’un gris sale. La
couleur des antennes du mâle est brun clair; des an-
neaux alternativement clairs et foncés colorent ces || Mars. .
_ mêmes organes chez la femelle, Le plus souvent le || Avrit.
Papillon femelle est légèrement plus petit que le
mâle.
Mai
TD
La Chenille est brun rouge avec tête et nuque
foncées. Les pattes thoraciques sont petites, les an-
nales fortement développées. La Chrysalide, très fine,
est d’un brun noir. Sept...
L'évolution de ce Microlépidoptère s’accomplit de || oct...
la façon indiquée par le graphique ci-joint, avec
essaimage du Papillon en mai, parfois seulement en
juin dans les hautes Alpes.
La femelle dépose un œuf à la pointe d’une aiguille et huit à
dix jours après, la Chenille minuscule perce l’épiderme pour
Juill.
Août . .
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 20
306 FEUILLES
creuser un très court couloir longitudinal. Ce forage se poursuit
tout Pété et en septembre la Chenille s'occupe déjà d’assurer
son hivernement dans des conditions spéciales que nous ne
retrouvons chez aucun autre Insecte du monde des bois. Dans
ce but, elle utilise la portion de l'aiguille excavée et desséchée
durant l'été pour en faire un petit sac ou gaine ouverte aux
deux extrémités et dans laquelle elle s’introduit partiellement
en tenant la moitié antérieure de son corps au dehors. Cette
position lui permet de se mouvoir et de gagner les bourgeons
des petits rameaux sur lesquels elle fixe son sac au moyen d’un
réseau de fils soyeux. On trouve souvent durant l'hiver plusieurs
Chenilles dans cette position et fixées sur le même bourgeon:;
d’autres sont retenues dans les fentes de l'écorce ou sur les
hichens. A la fin du mois d'avril ou au commencement de mai,
elles sortent de leurs cachettes et se mettent à ronger les aiguilles
qui s’'épanouissent, en trainant toujours après elles leur sac cou-
leur de paille. Elles pénètrent d’aiguille en aiguille, de sorte
qu'à cette époque de son évolution, une seule Chenille peut
détériorer plusieurs aiguilles d’un même faisceau (PI. V, fig. 4 b).
Les orifices d'entrée deviennent plus gros et la galerie minière
augmente de longueur à mesure que la Chenille se rapproche du
moment où elle doit se chrysalider. À ce moment-là, Pancien
sac devient trop exigu pour la Chenille adulte qui change alors
de demeure suivant un procédé fort curieux.
La Chenille, par quelques fils soyeux, fixe la partie antérieure
de son sac à l’orifice d'entrée de l'extrémité supérieure de Pai-
guille fraichement perforée. Les deux sacs étant alors accolés l’un
à l’autre un peu à la façon de deux doigts d’un gant réunis, la Che-
nille détruit la paroi mitoyenne de ces étuis et à l’aide de la soie
parvient à former un nouveau fourreau agrandi qui constitue le
berceau de nymphose (Loos, 1891, p. 375-379; 1892, p. 425-431).
On peut affirmer que la Teigne minière du Mélèze vit à l’état
endémique dans presque tous les massifs d’une certaine étendue
de la région alpestre. En plaine, elle est plus rare, quoiqu’elle
se rencontre un peu dans toute l'Europe ot même sur les Mélèzes
exctiques.
è
Fig. 192. — Rameau de Mélèze ravage par la Chenille de la Tinea laricella Hbn.
a, Chenilles enfermées dans leur sac. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Paulv, Munich)
308 FEUILLES
Il est évident qu'un Insecte qui présente une évolution aussi
particulière et compliquée ne peut s'adapter à d’autres Conifères.
Nous avons done affaire 1c1 à un ravageur exclusivement mono-
phage.
Comme cette Chenille évite de toucher aux aiguilles de la
pousse de l’année, la vitalité de l'arbre n’est en général pas com-
promise. Cependant, après les invasions qui durent d'habitude
trois à quatre ans, on peut constater une perte d’accroissement
et souvent aussi une anémie qui placent les Mélèzes dans des
conditions favorables aux attaques d’autres Insectes, les Xylo-
phages en particulier, Dans certains cas d'infection intense, les
arbres meurent.
Nous avons donc ici un ravageur commun, redoutable, qui,
dans les Alpes suisses surtout et dans les bois exposés au cou-
chant à une altitude moyenne, cause des dégâts appréciables.
Les massifs attaqués prennent au milieu de l’été une couleur de
rouille, comme nous le verrons à propos de la Pyrale grise.
Moyens préventifs. — Nous avons déjà vu que lorsqu'on a des
raisons de redouter les déprédations causées par les ravageurs
monophages, il faut, lors de la création de peuplements artifi-
ciels, éviter de planter sur de grandes surfaces une seule essence,
mais lorsque la nature du sol et l'altitude le permettent, associer
plusieurs espèces ligneuses.
Certains oiseaux faisant la chasse à la Chenille de ce Micro-
lépidoptère doivent être protégés; telles sont les Mésanges, entre
autres. Cependant, on ne doit pas exagérer l'importance de ces
euxiliaires naturels qui, en haute montagne surtout, sont en pro-
portion beaucoup trop faible pour pouvoir détruire une quan-
tité appréciable de ces Insectes qui se comptent par myriades.
Moyens répressifs. — Il est à peine opportun d'affirmer ici
qu'il n'existe pas de moyen propre à l’anéantissement de ce
ravageur, quelle que soit sa forme et surtout lorsqu'il envahit
les forêts de Mélèzes des Alpes. L'histoire de l’évolution des
Insectes forestiers prouve qu'après quelques années de ravages,
MÉLÈZE 309
la Nature reprend son équilibre et telle espèce qui, à un moment
donné, a pullulé sur un territoire, finit par disparaître presque
complètement. On peut à la rigueur et lorsqu'il s’agit d’une inva-
sion locale qui commence à décimer une culture de Mélèzes en
plaine, conseiller de couper les rameaux couverts de Chenilles
en activité; mais c’est là un cas que le forestier rencontrera rare-
ment dans sa carrière.
En d’autres termes, la lutte contre ce Microlépidoptère se
présente dans des conditions spéciales qui désarment le sylvi-
culteur.
Steganoptycha pinicolana Z21l., Lérinopr., Tortricide
(Steganoptycha diniana Gn. Ind.) [PI. V, fig. 5, 5a, 5b]
Pyrale grise du Mélèze
Longueur, Papillon étalé : 18 à 20 millimètres; Chenille
10 à 12 millimètres; Chrysalide : 8 millimètres. Ce Microlépi-
doptère, qui est sensiblement plus grand que celui dont nous
venons d'exposer les mœurs si curieuses, a les ailes antérieures
d’un gris clair brillant, avec dessins bruns et blancs, dont les
formes varient suivant les individus. Les ailes postérieures sont
d'un gris uniforme plus foncé sur les bords, avec franges de
même tente.
La Chenille ne peut être confondue avec celle d'aucun autre
Phytophage du Mélèze. Elle est, au début de son existence, d’un
noir de suie avec tête et nuque chitineuses et brillantes (PI V,
fig. 5 a). Plus tard, son corps devient moins foncé etrevêt une
apparence verdàtre avec une ligne noirâtre sur le dos et sur cha-
cun des côtés (PI. V, fig. 5 b). La face inférieure est du même
vert clair que les deux raies longitudinales qui se trouvent en
dessus des stigmates. Les anneaux quatre à dix portent chacun
quatre mamelons dont les deux antérieurs sont plus rapprochés
lun de l’autre que les deux postérieurs. Chacun d’eux porte
un poil. Le onzième anneau est pourvu de trois mamelons dis-
posés en triangle et dont le postérieur est le plus gros.
310 FEUILLES
Le Papillon vole en juillet ou août suivant l'altitude et les
conditions climatériques, puis dépose ses œufs sur les faisceaux
Fig. 193. — Rameaux ce Mélèze ravagés par la Cheni le de la Steganoptycha pinicolana ZM.
1/1 gr. nat. (oriqg.).
d’aiguilles. L'hivernement se produit à l’état d'œuf et ce n’est
qu'en mai que la Chenille apparait et se met à ronger les fais-
MÉLÈZE SE
ceaux d’aiguilles un après l’autre, puis les abandonne tissés de
soie et remplis d’excréments. Le faisceau a la forme d’un enton-
noir que la Chenille ronge presque jusqu’à l’époque de la troi-
sième mue. Après avoir subi la quatrième mue, elle passe dans
un nouveau faisceau dont elle fore les aiguilles lune après
l’autre en entamant l’un des côtés.
La période des ravages, comme l'indique le calendrier ci-joint,
dure de trois à quatre semaines après lesquelles
l’Insecte se laisse choir à terre pour se chrysalider “bts Pet
dans la couverture morte, parfois aussi dans les an- [1°
fractuosités de l'écorce ou sur les branchages des || Mars. .| +
sous-bois. À ce moment les massifs fortement infes- || avr. | .
tés sont d’un parcours désagréable pour les hommes |!
L]
|
: I
JUIN
0
nombre des branches. —— | —
oi.
C’est le forestier suisse DAvALL (1858, p. 54-76) ||" È
et les troupeaux, car les fils soyeux pendent en grand
AOUGE. +
qui le premier a signalé l'importance de ce Micro-
lépidoptère pour la forêt alpestre. En 1857 et 1858,
les flancs de la vallée du Rhône (Valais) étaient infes-
tés et le désastre se renouvela de 1864 à 1866, de
1878 à 1880 et de 1900 à 1901 aussi bien dans les
: Alpes suisses que dans les Alpes françaises (HENRY,
1901). Un renouvellement des ravages de la Pyrale s’est produit
dans le Valais en 1907 et 1908, et à ce moment nous avons eu
l’occasion de constater que le dégât était nnputable aussi bien à la
Pyrale grise qu’à la Tordeuse minière; toutefois, cette dernière
était en minorité. Des constatations intéressantes ont également
été faites dans la Suisse orientale (Engadine) par Coaz (1894).
Les Mélèzes sont ravagés à tout âge et surtout dans la partie
centrale de la zone forestière occupée par cette essence. Tous
les forestiers qui ont constaté la présence de ce Papillon dans
les Alpes, affirment que dans la plupart des invasions, seule,
une bande relativement étroite est décimée. Au-dessus de cette
zone, on remarque presque toujours une portion de la masse
boisée restée indemne; c’est en général la limite supérieure de
la forêt où la Pyrale n’ose pas s’aventurer.
312 FEUILLES
Cet Insecte n’est pas exclusivement monophage et, dans les
cas de pullulation, il s'attaque aux essences croissant spontané-
ment avec le Mélèze et plus spécialement au Pin cembro et par-
fois à l'Épicéa dont les aiguilles et surtout les bourgeons sont
rongés par la Chenille, .
Comme la Pvrale a une période de ravages très courte, et se
terminant à la fin de juin, la majorité des arbres reverdissent
avec la montée de la sève du mois d'août. La forêt qui, au début
de l'été, semble décimée par un incendie, tellement les frondaisons
revêtent une couleur de rouille, reprend petit à petit sa parure
verte, tandis que la Chenille se transforme en Papillon qui ne
peut nuire aux végétaux.
Les forêts de Mélèzes et de Pins cembros de lEngadine
(Suisse) ont de nouveau été ravagées en 1912 par la Chenille
de la Pyrale grise.
Nous devons à M. GAnzont, Inspecteur forestier de Parrondisse-
ment de Samaden, une obligeante communication écrite touchant
cette mvasion récente qui va fort probablement se renouveler
durant deux ou trois étés consécutifs. Ce sylviculteur, qui a
suivi la marche des dernières invasions de la Pvyrale grise dans
les hautes Alpes grisonnes, affirme qu'après deux ou trois atta-
ques répétées, les arbres anémiés, âgés ou prédisposés au dépé-
rissement succombent.
Si l’on examine les coupes transversales des troncs de Mélèzes
attaqués par la Pvyrale, on constate une diminution de lépais-
seur des cernes correspondant précisément aux années d’inva-
sion, C’est Jà un phénomène analogue à celui que lon observe
dans les chênaies à la suite des dévastations causées par les
Hannetons.
Coaz (1894) compte beaucoup sur le concours des oiseaux
insectivores pour la destruction des Chenilles de la Pvyrale, et
cet auteur déplore la chasse que font les Italiens aux Hirondelles,
surtout à la frontière septentrionale du Piémont.
Certains parasites, tels que les Tachines (Diptères), détruisent
les Chrysalides et les Chenilles de ce Microlépidoptère.
La Steganoptycha pinicolana ZI. n’est pas seulement un pa-
MÉLÈZE 913
rasite des forêts alpestres, mais aussi des Mélèzes installés en
plaine.
Moyens préventifs. — Ils consistent à tenir les massifs de
Mélèzes dans un état normal de vitalité et à éclaircir à temps
les peuplements issus d’un semis serré. En agissant dans ce
sens, on formera des arbres sains, fortement constitués et sus-
ceptibles de résister aux invasions qui durent en général deux
ou trois ans et cessent ensuite brusquement, non sans avoir
provoqué la mort des arbres peu résistants. L'association d’au-
tres résineux tels que l'Épicéa, peut-être aussi de certains
exotiques bien appropriés au climat et à l'altitude, peuvent
rendre les déprédations de cet Insecte moins pernicieuses pour
les forêts qui semblent devoir être périodiquement visitées par
lui.
Moyens répressifs. — Le forestier ne dispose d'aucun procédé
lui permettant d’entraver les agissements de ce parasite du
Mélèze, qui, tous les six à huit ans, continuera, comme par le
passé, à colorer en brun les frondaisons des Mélèzes peuplant
les Alpes. Les apparitions répétées de ce Papillon ne doivent
cependant pas décourager le sylviculteur montagnard dont la
tâche consiste à donner toujours plus d'extension aux travaux
de reboisement. Ceux-ci ne sauraient être compromis par cet
ennemi d’une nocuité plutôt secondaire (1).
Nematus Erichsoni Htg. Hyménopr., 7enthredinidie
Grande Némate du Mélèze
Longueur, Insecte étalé : 22 millimètres; Larve : 18 à 22 milli-
mètres. Cet Hyménoptère est d’une couleur dominante noire. Les
(1) Grapholitha ocellana Fab. est une espèce voisine très rare qui cause
à peu près les mêmes dégâts.
314 FEUILLES
deux pattes antérieures, sauf les hanches, ainsi que la partie
supérieure des cuisses des deux pattes postérieures et les anneaux
abdominaux un à quatre, sont d’un jaune rougeâtre. On remarque
sur le cinquième anneau abdominal deux petites taches dorsales
qui parfois sont soudées par leur bord interne. Les épaules du
corselet sont jaunâtres.
La Chenille est d’un gris vert sur le dos, jaune sur la face ven-
trale et plus claire sur les flancs. Les pattes thoraciques ainsi
que la tête sont noires.
La femelle, qui essaime en mai ou juin, dépose ses œufs à
l'intérieur de rainures qu'elle pratique dans l'écorce des bour-
gcons en formation. La Chenille commence par dévorer les
pousses terminales, puis attaque les faisceaux d’aiguilles pour
achever ses ravages au mois d'août, époque à laquelle elle gagne
le sol et se tisse un cocon cylindrique ressemblant à ceux des
Lophvyres. L'hivernement à donc heu à l’état de Nymphe dans
la couverture morte.
Dans certains cas, une invasion intense peut provoquer la
mort de l'arbre. Jusqu'ici le Nematus Erichsoni Htg. a été
signalé surtout dans les forêts de Mélèzes du Hartz et du Hol-
stein (Jupeicx et Nirscne, 1895, p. 662). Dernièrement, les
importantes cultures de Mélèzes d'Angleterre et d'Écosse ont
subi une invasion de la Némate qui leur à causé de sérieux
ravages (HENRY, 1910, p. 705-710).
A notre connaissance, cet Hyménoptère n’a pas été signalé
jusqu'ici comme occasionnant des déprédations appréciables dans
les forêts des Alpes.
Moyen: préventifs. — Comme il s’agit ici d’un Insecte mono-
phage, il y a lieu d'associer une autre essence au Mélèze, si l’on
veut empêcher que tous les pieds d'arbres d’une plantation ne
soient décimés par un ravageur de cette catégorie.
Moyens répressifs, — Il n’y a qu'un cas où il soit possible
d’entraver l’évolution des Némates, c’est lorsque, à l’état larvaire,
celles-ci sont occupées à dévorer les aiguilles des Mélèzes hauts
MÉLÈZE 3: 6)
de 2 à 3 mètres. On peut alors asperger les Chenilles de pétrole
ou d’un autre liquide toxique ou bien les écraser (1).
Chermes laricis Th. Hig. Ruyxcu., Phylloxerideæ
Pou ou Chermès du Mélèze
Cet Insecte représente la forme des émigrantes du Chermes
strobilobius Kitb. qui se transportent sur les aiguilles du Mélèze
pour sucer la sève.
Nous avons souvent constaté sa présence sur les Mélèzes des
Alpes poussant en compagnie des Épicéas. Les Poux, revêtus
d’un duvet blanchâtre, apparaissent généralement à la fin de
juin. En juillet, les aiguilles se coudent en leur milieu et se dessè-
chent partiellement (Voir fig. 194).
Ce genre de dégâts ne peut être confondu avec ceux causés
par les Microlépidoptères que nous venons d’étudier. Certains
rameaux peuvent être dépouillés, mais, comme le Mélèze renou-
velle chaque année ses feuilles, ce Rhynchote ne compromet pas
la vitalité de l'arbre.
Nous avons décrit dans le chapitre de l’Épicéa l’évolution des
Chermès, aussi ne reviendrons-nous pas sur la biologie de cette
forme émigrante du Chermes strobilobius KItb.
Tortrix piceana L.
Sphinx pinastri L.
Gastropacha pini L.
Voir : Chapitre des Pins.
Liparis dispar L.
Voir : Chapitre du Hêtre.
(1) Deux autres Némates, les Nematus laricis Htg. et Nematus Wesmaeli
Fischb., évoluent un peu plus tôt au printemps et provoquent des ravages à
peu près identiques à ceux de la grande Némate. Leurs Chenilles sont d’un ca-
libre légèrement plus petit, mais leur importance forestière est presque nulle.
316
Fig. 191:
CÔNES
Aiguilles de Mélèze coudées par suite des
attaques du Chermes laricis Th. Htg. 1/1 gr. nat.
(O1 14. }
Liparis monacha L.
Voir : Chapitre de l’Épi-
céa (!).
CONES
Les cônes de Mélèzes n’ont
pas de ravageurs apparte-
nant à la classe des Insectes.
(4) Un Poly-
drusus cervinus L., sous sa forme
Charançon, le
parfaite, ravage occasionnelle-
ment les aiguilles du Mélèze (Voir
chapitre des « Chênes »).
6. Chênes
Quercus pedunculaita Ehrh., Q. sessiliflora Smith, Q. Tozza D. C., Q.
Mirbecki Dur., Q. cerris L., Q. rubra L., Q. ilex L., Q. suber L., Q.
occidentalis Gay.
RACINES
Gryllus gryllotalpa L.
Melolontha vulgaris L. (1).
Voir : Chapitre de l’Épicéa.
Noctua segetum Schiff.
Voir : Chapitre des Pins.
Elater lineatus L., subfuscus Mull., æneus L. Coréopr.,
Elaterid:æ
Taupins ou Forgerons
Ces trois Insectes peuvent être envisagés ensemble, car leur
importance comme ravageurs des racines, des semis et parfois
aussi des rameaux de Chênes est presque identique. Au point de
vue de la forme extérieure, ils présentent une certaine analogie
avec les Buprestes. Ils se distinguent par la tête fortement en-
châässée dans le corselet et inclinée en avant. Les antennes ont
(1) Melolontha hippocastani Fabr. espèce voisine, a une biologie presque
semblable à celle du Hanneton commun; dans certains cas cependant, son
évolution dure de quatre à cinq ans.
318 RACINES
onze ou douze articles. Le corselet se prolonge postérieurement
en deux pointes et pousse en avant une pièce pectorale qui sup-
porte la tête. Les élvtres sont fortement convexes et striés.
Lorsque les Insectes au repos, c’est-à-dire couchés sur le dos,
veulent reprendre leur position habituelle, ils exécutent un bond
pour retomber sur leurs pattes. Une musculature particuhère et
extrêmement développée leur permet d'accomplir cet exercice qui
est aussi un moyen de se soustraire à leurs ennemis naturels, et
que nous ne retrouvons pas chez d’autres Insectes de notre faune.
Les Larves, recouvertes d’une carapace chitineuse et poilue,
ont une tête aplatie et comptent six pattes thoraciques. L’extré-
mité anale porte, suivant les espèces, une ou deux pointes; les
veux manquent.
Le premier de ces ravageurs a les dimensions suivantes :
Insecte parfait : 11-16 millimètres; Larve : 20-23 millimètres. —
Le second, Insecte parfait : 9 millimètres; Larve : 18-20 milli-
mètres. — Le troisième, Insecte parfait : 7-10 millimètres; Larve :
15-18 millimètres.
L'Elater lineatus L. porte sur les élytres brunâtres deux
bandes longitudinales plus foncées. Les bords antérieur et posté-
rieur du corselet ainsi que les pattes et les antennes sont d'un
brun rouge.
Cet Insecte se rencontre de préférence dans les pépinières,
L'Elater subfuscus Mull. est plutôt allongé, d’un brun jaunâtre
plus ou moins clair. Le corselet est plus large que long, d’une
teinte brun foncé, excepté les bords qui sont jaunâtres. Les
élytres sont striés-ponctués avec interstries portant des lignes
de points extrêmement fins. La Larve biconvexe, jaunâtre, avec
tête et prothorax foncés, porte sur le dernier anneau une plaque
terminée par quatre pointes dont les deux externes sont plus
fortes et recourbées en dehors et en haut.
L'Elater subfuscus Mull. ravage surtout les glands semés et
les cotylédons des jeunes Chênes. On le trouve également dans
les semis de Hêtre,
L'Elater æneus L. se distingue par sa couleur métallique grise
ou bleuâtre, un corselet plus large que long et des élytres élargis
CHÊNES 319
en arrière du milieu. La couleur des antennes, dont les.articles 3
et 4 sont d’égale longueur, est d’un brun rougeâtre, Les pattes
sont jaune foncé, Le dernier anneau des Larves porte deux diver-
ticules brun foncé et insérés l’un près de lPautre.
A l’état larvaire, ce Taupin ronge les radicelles et parfois aussi
le collet des brins. Comme Insecte parfait, 1l peut également
prendre rang parmi les ravageurs des rameaux.
Au point de vue biologique, on ne sait pas encore grand’ehose
sur la durée de l’évolution de ces Insectes, mais on est porté à
admettre que la génération est de trois ans. Certaines espèces
hivernent à l’état parfait sous les feuilles ou fixées aux rameaux.
La ponte a lieu en général dans la couverture du sol.
Les Élatérides ne sont pas des ravageurs très répandus et
redoutables. Si l’on constate leur présence dans une pépinière, 1l
faut les détruire au moment du labour des carreaux et surveiller
les composts qu’on répand sur les planches de semis.
Lacon murinus L. Coréorr., Ælaterideæ
Lacon gris de souris
Longueur, Insecte parfait : 11 à 16 mulli-
mètres; Larve : 20 à 26 millimètres. Cet In-
secte, très répandu, est élargi, recouvert d’une
pilosité grise et soyeuse. La Larve, également
aplatie, prolonge son extrémité anale échan-
crée en deux pointes recourbées en dedans.
Comme pour les espèces précédentes, c’est
la forme larvaire de cet Élatéride qui commet
des ravages dans les pépinières et spéciale-
Fig. 195.— Lacon murinus L.
ment dans les semis de Chênes. D RE de EE
Cynips aptera Fabr. Hyméxorr., Cynipideæ
(Biorhiza pallidæ Oliv.)
Longueur, Insecte parfait : 4 millimètres. Cet animal est la
forme agame (sans sexe) du Cynips terminalis Fabr. dont nous
parlerons plus loin à propos des parasites des feuilles.
320 RACINES
Il ne peut être question dans cette étude, qui est avant tout
d'intérêt pratique, d'entrer dans des détails relatifs à la famille
des Cynipides, dont Pévolution compliquée de ses représentants
est encore peu fouillée, Au point de vue morphologique et biolo-
gique, elle n’a qu'une importance secondaire pour la protection
des forêts,
Nous estimons que le sylviculteur ne doit pas envisager les
multiples espèces de ces Hyménoptères comme ravageurs im-
portants des forêts. Nous passerons donc sous silence la des-
cripüon de chacune des espèces qu’on trouve spécialement sur
les feuilles, les rameaux et les fruits de certaines essences feuillues
et nous nous bornerons à indiquer les noms et à reproduire les
galles des espèces les plus communes de façon à permettre au
lorestier de les identifier (1).
Les Cynipides ont de commun avec les représentants d’une
autre famille du même ordre, les Séricides (Sirex), que nous avons
décrits au chapitre de l'Épicéa, la présence d’un oviscapte pointu
leur permettant de déposer leur ponte parfois à quelques milli-
mètres de profondeur dans la matière ligneuse.
Le corps est ramassé, l'abdomen bien séparé du thorax porte
une tarière de longueur variable suivant les espèces, insérée en
dessous et se recourbant en haut. La tête élargie porte des an-
tennes de douze à seize articles. Les ailes antérieures ne sont pas
bordées et comptent de six à huit cellules.
Les Larves sont blanchâtres, sans pattes, recourbées sur leur
face ventrale, la tête est peu apparente, non chitineuse, mais
avec mandibules bien formées permettant à l'animal de se mou-
voir dans le bois. Une disposition spéciale relative à la reproduc-
hüion s’observe chez plusieurs des représentants des Cynipides,
chez lesquels la parthénogénèse cyclique est fort répandue. On
distingue chez certaines espèces deux formes sexuées (gamogénie) ;
(1) Nous devons signaler ici le récent et remarquable ouvrage de Houarp
(1908) sur les Zoocécides des Plantes d'Europe, ouvrage de première valeur,
richement illustré et qui jette un jour nouveau sur cette branche si vaste
de la parasitologie végétale. L'ordonnance parfaitement claire de cette pu-
blication rend son étude accessible.
CHÈNES DA
chez d’autres, seule la femelle agame est connue; dans ce cas, la
reproduction est parthénogénétique. Enfin, la reproduction est
à la fois gamogénétique et parthénogénétique, avec alternance
constante (HENSCHEL, 1895, p. 269).
Dans l’étude des dégâts occasionnés par les Insectes de cette
famille, on s'attache surtout à observer la forme que revêtent
les galles ou excroissances ligneuses qui, suivant les espèces, se
Fig. 196. — d, Cynips aptera Fabr. (forme des racines); &, Cynips terminalis Fabr.
(forme des feuilles). 1/2 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris).
développent sur tous les organes de l’arbre, en particulier du
Chêne, et de certains feuillus et arbustes. Le Chêne est cependant
l'essence sociale qui compte le plus grand nombre de Cynipides.
Ces derniers sont presque toujours monophages. La femelle, à
Paide de sa tarière, dépose un ou plusieurs œufs dans un des
organes de l'arbre. La piqüre, ainsi faite dans la matière ligneuse,
emprisonne l’œuf en se refermant. La substance qui entoure ce
dernier s’altère et s’hypertrophie par suite d’une perturbation
dans la formation des cellules. Ce développement anormal du
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 21
D 24 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
bois se traduit au dehors par une déchirure ou une monstruosité
de l’épiderme, c'est la galle.
L'hivernement a presque toujours heu à l’intérieur de cette
galle. La formation de celle-e1 coïncide le plus souvent avec
l’époque d’éclosion de la Larve. Dans les cas où la déformation
corlicale apparait immédiatement après la ponte, il faut admettre
que la piqüre introduit dans la matière ligneuse une substance
toxique qui pénètre dans l’épiderme en même temps que l'œuf.
Si l’on ouvre une galle d’une certaine grosseur et vieille d’une
année (par exemple : Cynips terminalis Fabr.), on remarque plu-
sieurs cavités qui toutes donnent naissance à un court couloir
avec ouverture sur la périphérie; cette disposition indique que
plusieurs œufs ont été déposés dans le tissu épidermique au
moment de la ponte.
Il est évident que si les galles sont abondantes sur les racines,
la tige ou les bourgeons d’un jeune pied de Chêne, on aura alors à
déplorer un ravage d’une certaine importance, mais ce sont là
des cas individuels et rares qui bien rarement compromettent la
vitalité d’une plante. Les Cynipides sont surtout très abondants
sur les feuilles des différentes espèces de Chênes des forêts euro-
péennes.
ILest à peine besoin d’aflirmer que la protection des forêts ne
peut envisager une lutte possible et opportune contre un ennemi
d’une importance aussi négligeable. Nous nous bornerons donc,
comme nous l'avons dit plus haut, à indiquer les espèces les plus
connues et à reproduire leurs galles,.
ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
Lachnus longirô8tris Alt. Ruyncnores, Aphrdiæ
Longueur : 4 à 6 millimètres. Ce Rhynchote, comme son nom
spécifique lindique, est caractérisé par un rostre très allongé;
il atteint parfois une dimension trois fois plus longue que le corps.
CHÈÊNES 329
Ce critère varie, du reste, avec les individus, et l’on rencontre des
Lachnus longirostris Alt. dont le bec n’est pas plus long que le
corps. Ce dernier est de couleur brunâtre. Cet Insecte, dont le
développement est parthénogénétique, peut se présenter sous la
forme ailée et sous la forme aptère. Il cause des dégâts à peine
sensibles sur écorce des branches de petite dimension en intro-
duisant le rostre dans les fentes corticales pour sucer la sève.
Il provoque parfois des boursouflures sur les rameaux ou les
troncs de jeunes Chênes. On a observé que les fourmis (Formica
fuliginosa Latr.) se servent des perforations exécutées par les
Lachnus pour pénétrer dans le bois et en hâter la désagréga-
tion.
Cet Insecte est un parasite des Chênes, des Bouleaux, des Peu-
pliers et des Érables, mais sa nocivité est à peine perceptible (1).
Agrilus viridis L. Coréorr., Buprestidæ
(Buprestis fagi Ratz.)
Bupreste vert
ee
Longueur, Insecte parfait : 5 à 8 millimètres; Larve : 10 à
12 millimètres. En raison même de sa coloration et de sa grandeur
variables, ce Bupreste ne compte pas moins de onze noms diffé-
rents dans la littérature entomologique. Il varie comme couleur
du vert ou du bleu au bronze brillant.
Cet Insecte est caractérisé par un corselet beaucoup plus large
que long, ruguleux, portant de chaque côté, en arrière du milieu,
deux renflements obliques dirigés vers les côtés. Les élytres sont
étranglés à leur base et présentent des épaules proéminentes. Ils
sont très allongés, arrondis à leur extrémité, finement ridés et
glabres. La Larve est blanchâtre, aplatie, privée d’yeux et de
pattes. La tête a sa partie postérieure chitineuse, profondément
(1) Deux autres espèces vivent également sur le Chêne, ce sont le Lachnus
quercus L. et L. roboris L.
F
a, qi
b,
Cs
d,
1
324 ÉCORCE DU TRCNC ET DES BRANCHES
encastrée dans le premier anneau thoracique qui est très grand.
Ce type de Larve se répète à peu près identique pour les quatre
espèces suivantes.
L'Agrilus vrridis L. est très répandu dans les forêts de feuillus.
I attaque principalement le Chène et le Hêtre, Au milieu de Pété,
la femelle dépose ses œufs au nombre d’un à cinq dans l'écorce,
à la façon des Charançons ou des Céram-
bycides. Après l’éclosion, la Larve fore un
couloir sinueux entamant les couches cor-
icales et souvent aussi Paubier surtout
dans les tiges et les branches dont lé-
corce est mince. La section transversale
de ces couloirs est elliptique; cette con-
figuration est subordonnée à la forme
aplatie des Larves. Durant la période de
forage, ces dernières se tiennent en géné-
ral arquées et la partie postérieure de
leur corps est dirigée dans la direction
de la tête (fig. 197, b). Cette caractéris-
ig. 197. — Agrilus viridis L.
ilerie larvaire remplie de sciure ; tique ne se retrouve pas dans d’autres
Larve dans sa position normale ;
Chrysaïide dans son berceau; familles du monde des Insectes xylo-
orifice de sortie elliptique. À
1 gr. nat. (orig.).
phages. Les berceaux de chrysalide, éga-
lement à section elliptique, sont creusés obliquement dans lin-
térieur du bois. Dans les écorces épaisses, on trouve parfois
les Chrysalides nichées dans le hber. L’Insecte parfait creuse
dans la paroi du berceau de chrysahde un orifice de sortie
opposé à l’orifice d'entrée de la Larve (fig. 197, c).
Le plus souvent les systèmes de couloirs des Buprestes appa-
raissent sous une forme embrouillée, car les galeries larvaires
s’entre-croisent en tous sens. Elles sont constamment remplies
de sciure digérée et sohdement comprimée entre les parois des
couloirs.
L'évolution de ces Xylophages dure en général deux ans et lon
a remarqué que l’Insecte parfait butine sur les fleurs de certaines
essences à feuilles caduques et se nourrit de pollen.
On reconnait facilement, en particulier sur les branches des
CHÈNES 325
baliveaux en voie de dépérissement, les traces des ravages des
Fig. 198. — Agrilus viridis L. — Aspect d'un système de coulo’rs dans l’aubier d'un tronc de Hêtre.
1/1 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich).
Buprestes, car l’écorce se dessèche rapidement et se détache très
326 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
vite de la matière Hhigneuse., Ces dégâts sont en outre très com-
muns sur les piquets et perches de Chênes et de Hôêtres.
Moyens préventifs, — L’Agrilus viridis L. attaque presque
exclusivement les Chênes et les Hêtres, mais fait rarement périr
les arbres sains et d’une certaine taille; il en déforme plutôt
la frondaison, Là où le traitement et la nature du sol le permet-
tent, il y a heu de constituer des peuplements d’âges et d’essences
mélangés. De toute façon, il faut éduquer des perchis bien consti-
tués et ne pas négliger de faire très tôt des éclaircies qui auront
pour but d'éliminer les tiges anémiées, trop faibles ou déjà atta-
quées par d’autres parasites. Plus les jeunes arbres seront sains
et normalement constitués, plus ils offriront de résistance aux
Insectes.
Lorsqu'on emploie des bois de Chêne ou de Hêtre pour les
constructions, clôtures, etc:, il faut à tout prix les écorcer, car
le bois écorcé ne peut être infesté par les pontes des Buprestes.
Moyens répressifs. — Ceux-ci sont difficiles à mettre en action
dans la grande culture forestière. Cependant, lorsque dans les
éclaircies et coupes, on découvre une certaine proportion de tiges
ou de branches renfermant des Larves ou des Chrysalides de
Buprestes, on doit brûler ces branches et tiges avant le mois de
juin, c’est-à-dire avant lessaimement des Insectes parfaits.
Les Buprestes suivants ont une biologie à peu près analogue
à celle de l'A grilus viridis L. :
Agrilus angustulus Iig.
A grilus elongatus Hbst.
Agrilus biguttatus Fabr.
Agrilus subauratus Gebl.
Un autre Insecte de cette famille, très répandu dans les
Chênaies, l'A grilus affinis Fabr. (Chrysobothrys affinis Fabr.) pro-
cède à peu près de la même façon que lAgrilus viridis L.; tou-
tefois, le berceau de chrysalide est ovale, entaillé soit dans
l'aubier, soit dans le hiber. En outre, la Larve avant de se méta-
morphoser, se place de façon à avoir sa tête dirigée du côté de
CHÈNES
327
l’orifice d’entrée de telle sorte que l’Insecte ailé gagne le dehors
sans être obligé de creuser un trou de sortie particulier, mais en
se servant de l’orifice pratiqué par la Larve pour pénétrer dans
la chambre de nymphose. L'évolution de cet Insecte dure de
deux à trois ans et son importance forestière peut être assimilée
à celle des espèces que nous venons de décrire.
Agrilus bifasciatus Oliv. Coréopr., Buprestidæ
(Goræbus bifasciatus Lap.)
Bupreste ou Coræbus du Chêne (PI. VI, fig. 3)
Longueur, Insecte ailé : 11 à 15 millimètres; Larve : 11 à
42 millimètres. Ce Bupreste, qui est du même type que les autres
espèces que nous avons étudiées dans le paragraphe précédent,
se distingue facilement par sa couleur d’un vert
bleu métallique. Chacun des élytres porte sur sa
partie postérieure deux bandes transversales d’un
noir bleuâtre. La Larve, qui est d’une dimension
très variable en raison même de sa longue exis-
tence et du travail intense qu’elle accomplit à
l’intérieur du bois dur, modifie légèrement sa
forme durant son évolution. En effet, au début,
elle est grêle et aplatie, puis pendant la période
qui précède sa métamorphose, elle devient pres-
que cylindrique. Le premier segment, qui est le
plus élargi, porte sur les faces supérieure et infé-
rieure une plaque circulaire jaunâtre et chiti-
neuse. Le dernier segment est terminé par deux
|
a
Fig. 199.— Agrilus bifas
ciatus Oliv.
a, jeune Larve: b, Larve
adulte ; c, Chrysalide,
1/1 gr. nat. (orig.).
petits appendices d’un brun foncé, dentelés sur leur côté interne.
La Chrysalide est'ovoïde, plutôt aplatie dorso-ventralement et
mesure de 16 à 20 millimètres.
En examinant le graphique ci-contre, on peut se rendre compte
de l’évolution de cet Insecte qui est si nocif dans les taillis sous
futaie du centre de la France et dans les peuplements de Chênes
verts et de Chênes-hège du Midi et de l'Algérie. Dans les autres
328 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
régions forestières de l'Europe Centrale, ses dégâts ne se ren-
contrent que tout à fait exceptionnellement,
C'est en mai, juin ou juillet, suivant le
Janv. .
chmat, Paltitude et l'exposition de la forêt,
Fee EE que la femelle dépose un seul œuf à la fois
Mars. | 1Q 1% 18 dans l'écorce d’un rameau, en général de
Avril. .| ! FE “ l’année. Après son éclosion, la Larve com-
1 RE _ || mence à ronger les couches corticales in-
prenons pe | ternes, puis le cambium et pénètre ensuite
RE 4 dans l'intérieur du bois, toujours en redescen-
1e) D À Gant la branche qu'elle perfore parfois sur
rt PE Es AN Rte longueur de 1 mètre à 1M 50, Ce canal
sept. | 1 |: larvaire est toujours de section elliptique et
170 SAPIN NE 00 PE demeure, après le passage de la Larve, bourré
FUIRE AE LE de sciure digérée, On remarque de curieuses
pe. li al | bizarreries dans le tracé du chemin par-
—— “ couru; en effet, l’Insecte se laissant proba-
blement influencer par des causes extérieures et le mouvement
de la sève, s'éloigne durant ce travail de forage plus ou moins
du canal médullaire qu'il traverse ou suit parfois (fig. 200, b).
Si l’on s’en tient aux recherches fort complètes qu'a entreprises,
dans le midi de la France, de TRÉGOMAIX (1876), il faut admettre
que dans un climat aussi tempéré, la Larve se chrysalide environ
vingt mois après sa naissance, done en mai où Juin. À ce mo-
ment-là, elle arrête sa marche descendante, puis décrit une
courbe dans la périphérie de la branche sans révéler cependant
au dehors sa présence (fig. 200, c); puis elle remonte générale-
ment de quelques millimètres en décrivant souvent des spirales
irrégulières pour entailler finalement sa chambre de nymphose
oblique et fortement arquée (fig. 200, g). L'Insecte, arrivé à son
développement complet, gagne lextérieur en forant un trou
presque cireulaire et mesurant de 3 à 4 millimètres de diamètre.
Il est à peine besoin d’insister sur le fait que le système de
couloirs d’un animal qui a une évolution aussi compliquée et
dont la durée est si longue, peut présenter des développements
anormaux et infiniment variables, ALTUM (1879, p. 130) aflirme
CHÈNES 329
qu’en Alsace, où il a observé les ravages de ce Bupreste, la période
larvaire peut durer de trois à quatre ans.
Fig. 200. — Schéma du travail de forage de l'Agrilus bifasciatus Oliv. a, Larve descendant dans
Pintérieur de la branche de Chêne ; b, couloir de larve évitant les couches corticales : ce, Larve
adulte forant la galerie annulaire ; 4, galerie annulaire ; e, Chrysalide ; /, Insecte gagnant le
dehors ; 4, berceau de chrysalide, 3/4 gr. nat. (orig.).
3930 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
Au point de vue pratique, on peut facilement s'imaginer qu'une
Fig. 201. Branche de Chêne vert ravagée par la Larve de l'Agrilus bifasciatus OU. a, galerie
annulaire forée dans la zone cambiale : b, orifice de sortie de l'Insecte parfait, 3/4 gr. nat.
org. .
perforation ininterrompue qui intéresse à la fois tous les organes,
CHÈNES 391
entraine fatalement et rapidement la désagrégation d’une tige
ou d’une partie de la frondaison. Ce sont surtout les Chênes
méridionaux qui sont attaqués, en particulier les Chênes-hège et
verts. Cependant les autres espèces ne sont pas indemnes et dans
Fig. 202. — Galerie remontante et croisée de l’Agrilus bifasciatus Oliv.
.sur une branche de Chêne vert. 3/4 gr. nat. (oriq.).
les taiilis sous futaie du Centre, de l'Est et de l'Ouest, le pédonculé
et le rouvre le tentent particulièrement. Le dégât est facilement
reconnaissable pendant toute l’année sur les frondaisons des
Chênes à feuilles persistantes et durant la période de végétation
sur les autres espèces, car la branche se flétrit rapidement en
dessus de la chambre de nymphose. En effet, la circulation de la
sève est interceptée par l’anneau qu’a foré la Larve et la désagré-
J92 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
gation s'opère facilement en dessus de cette zone. Si, à ce mo-
ment-là, on tire sur la branche, cette dernière se brise imman-
quablement à cet endroit et le plus souvent une pression exercée
sur le bois fouillé écrase la Larve ou la Nymphe. Nous avons
souvent expérimenté la chose en examinant des Chênes infestés
par le Corœbus dans les Chênaies à liège du littoral méditerranéen.
Fig. 203. — Berceau de chrysalide de l'Agrilus bif'asciatus Oliv. a, entrée ; b, orilice de sortie de
l'Insecte parfait (trou presque cireulaire) ; e, niche de nymphose. 3/7 gr. nat. (oriq.).
L’'Agrilus bifasciatus Ov. est bien un des ennemis les plus
nuisibles des Chènes-liège et verts. Nous avons parcouru dans le
Midi des peuplements de ces essences dont les frondaisons étaient
complètement déformées par ses attaques répétées. Cependant,
on ne peut assimiler à ces ravages ceux causés par les Bostryches
aux essences résineuses et il ne faut pas oublier que le Bupreste
opère seulement sur une plus où moins grande proportion de la
cime, sans cependant provoquer dans la règle la mort de l'arbre,
Moyens préventifs. — Le Coræbus attaquant surtout les bran-
ches exposées au soleil, donc celles qui sont placées’ en évidence,
on à remarqué que certains oiseaux, les Pies en particulier, perfo-
CHÈNES 300
raient les rameaux en voie de dépérissement pour tâcher de déni-
cher les Larves. La protection des oiseaux insectivores est donc
une mesure utile dans le cas présent. Malheureusement le Bu-
preste du Chêne étant surtout un parasite des Chênaies du Midi,
il ne faut pas trop compter sur la protection des oiseaux dans une
région où l’on fait une guerre acharnée à tout ce qui vole.
Moyens répressifs. — Il n’est pas facile de faire la chasse à cet
Insecte dont l’existence se passe en grande partie à l’intérieur
du bois. On ne peut pas songer à tendre des pièges durant le vol
de la forme ailée. En France, on a cherché à combattre VA grilus
bifasciatus Olv. en brisant ou coupant les rameaux en voie de
dépérissement, de façon à le capturer à l’état larvaire. Ce procédé
est actuellement le seul qui soit à recommander; mais il faut,
autant que possible, intervenir durant la première période de la
vie de la Larve, alors que la branche commence à souffrir des
atteintes de l’Insecte encore occupé à forer dans la partie supé-
rieure. Plus tard, au moment du creusage du couloir en anneau
et à l’époque de la métamorphose, on a bien des chances d’écraser
Panimal en tirant sur la branche au moyen d’un crochet; mais
à cette époque, on détruit du même coup un Ichneumon décrit
par de TRÉGOMAIN (1876, p. 115) (pas encore déterminé) et qui
peut être rangé au nombre des parasites destructeurs des Larves
de Buprestes. En somme, lorsqu'on ne peut absolument pas agir
au début des ravages, il est cependant opportun de couper ou
casser les branches sèches, car il ne faut pas espérer compter
d’une façon absolue sur le concours des Ichneumons. On détruira
ainsi une certaine quantité de Coræbus prêts à se reproduire.
Agrilus undatus Fabr. Coréort., Buprestid:
(Goræœbus undatus Fabr.)
Coræbus du liège
Longueur : 12 à 14 millimètres. Ce Bupreste a le corselet et la
base des élytres d’un brun clair métallique. La région postérieure
de ces derniers, d’un bleu noir, porte trois bandes transversales
99/7
004
ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
dentelées, de teinte claire. La Larve est à peu près de même taille
que celle du Coræœbus bifasciatus Oliv.; les deux pointes chiti-
neuses qui terminent le dernier segment sont lisses, c’est-à-dire
non épineuses.
On ne sait pas grand’chose sur l’évolution de cet Insecte qui est
surtout répandu dans les forêts de Chênes-hège du Midi et de
l'Ouest de la France, Son évolution doit certainement être aussi
longue que celle du Corœbus du Chêne.
La Larve de l'Agrilus undatus Fabr. creuse de très longs cou-
loirs sinueux dans la couche cambiale du Chêne-liège; une fois
a d a
Fig. 204. — Agrilus undalus Fabr. dans le liège. a, coupes transversales des galeries larvaires.
1/1 gr. nat. (orig.).
parvenue à sa pleine maturité, elle pénètre dans le liège qu'elle
parcourt en tous sens, finissant par désagréger les assortiments
les plus épais et les mieux formés.
Durant la première période de ravages, la Larve, fouillant sur-
tout le cambium, entrave la formation des couches corticales
et provoque des écoulements de sève qui, à la longue, anémient
l'arbre. Dans le Sud-Ouest, ce Xylophage est devenu très gènant,
car ses ravages techniques prennent une certaine importance
dans les Chênaies établies en vue de la production du liège. Pour
entraver la marche des ravages, on en est réduit à récolter et
détruire les Larves et Nymphes qu’on découvre lors de la décor-
Uücation ou du débitage du liège dans les chantiers de mise en
valeur de ce produit ligneux.
(Se)
©
CC
(b j
CHÈNES
Apate sexdentata Oliv. Coréorr., Anobudeæ
(Sinoxylon sexdentatum Oliv.)
Vrillette ou Apate à six dents
Longueur : 6 à 7 millimètres. Le groupe des Vrillettes dont les
ravages techniques déprécient presque toutes les essences ligneu-
ses employées dans l’industrie, est aussi représenté parmi les
parasites des branches de Chêne.
L’Apate sexdentata Ov. a le corps subcylindrique, plutôt
ramassé, avec tête verticale, presque invisible, vue d’en haut;
il est d’un brun foncé. Les antennes ont dix articles; les deux
Fig. 205. — Apate sexdentata Oliv. (oriq.).
premiers sont à eux deux plus longs que les cinq suivants. La
massue, aussi longue que le funicule, est formée de trois articles.
Le corselet est épais, convexe, tuberculé, fortement granulé et
muni, sur le devant, d’épines courtes et relevées. Les élytres sont
profondément et irrégulièrement ponctués, leur déclivité est
munie de six dents dont les deux plus fortes sont insérées au
milieu de la troncature, de chaque côté de la suture (fig. 205).
Les tibias sont dentelés et les tarses allongés; le premier article
tarsal est atrophié, le second est aussi grand que les deux suivants
réunis. La Larve est du type de celle des Anobiides.
Cette Vrillette vit en parasite dans les troncs de petites dimen-
sions et les branches d’une foule d’essences ligneuses de la région
de l'Europe méridionale. Elle fore les tiges du figuier aussi bien
PT PAFT el
Qt 4
336 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
que les souches de la vigne. C’est comme parasite des Chênes, du
Chène-rouvre en particulier, qu'elle présente un intérêt pour le
forestier.
La femelle pénètre dans les rameaux ou perches ayant de 1 à
Fig. 206. — Branche de Chène ravagée par l'Apate sexdentata Oliv. 1/1 gr. nat. (orig.).
2 centimètres de diamètre au minimum, puis creuse une cavité
plus où moins circulaire dans laquelle laccouplement se produit.
La ponte est déposée irrégulhièrement sur le pourtour et les Larves
forent ensuite des galeries particulières, parfois allongées qui,
restant isolées les unes des autres, courent parallèlement aux
CHÈNES on
fibrilles ligneuses. Le réseau de ces couloirs ressemble un peu à
celui du Xyleborus dispar Fabr.
Il semble que cet Insecte ne produise qu’une seule génération
par an, cependant le fait doit être encore confirmé surtout pour
les stations au climat doux où il est possible que deux généra-
tions arrivent à maturité. C’est surtout dans les branches plus
ou moins sèches, tombées à terre, qu’on découvre les vestiges
du forage des Vrillettes à six dents. On remarque souvent dans
les Chênaies infestées par le Coræœbus, que les branches brisées
par le vent à la suite du cerclage causé par la Larve du Bupreste,
renferment des Larves ou des Insectes parfaits de VA pate ; ils
achèvent rapidement la désagrégation du bois.
Il est manifeste que dans des cas de pullulation intense, ce
Xylophage peut s'attaquer à des rameaux et à des tiges de petit
calibre et en pleine vitalité.
Au point de vue de la protection des Chênaies, ce Coléoptère
n’a qu'une importance secondaire, 1l est infiniment moins à
redouter que le Coræbus. Tout au plus, peut-on conseiller dans
les cas de multiplication intense de ses ravages, de récolter et
brûler les rameaux qui gisent à terre, car 1ls peuvent renfermer
des Insectes parfaits ou des Larves occupés à forer le bois.
Nous signalons aussi trois autres proches parents de l'Apate
à six dents :
Apate bispinosa Oliv.
Apate pustulata Fabr.
Apate capucina L.
Les Larves de ces Insectes sont polyphages et s’attaquent un
peu à toutes les espèces de Chênes.
L’A pate capucina L. qui mesure 8 à 10 millimètres et dont les
élytres sont rougeâtres, recherche spécialement les bois débités
du Chêne dans lesquels 1l provoque des ravages d'ordre technique.
Deux Cérambycides :
Rhagium mordax de Geer;
Rhagium sycophanta Schrk.,
ravagent également les grosses écorces et fouillent à la fois
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 22
398 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
les couches libéreuses et cambiales des bois de Chênes abattus
et non écorcés, Nous avons exposé dans le chapitre du Sapin
blanc les procédés typiques de forage des Rhagies, aussi n’en-
trerons-nous pas dans d’autres détails biologiques au sujet de ces
deux espèces qui, en ce qui concerne la protection des Chênaies,
ne jouent qu'un rôle secondaire.
Callidium variabile L.
Callidium sanguineum L.
Voir : Chapitre du Hêtre.
Clytus arcuatus L. Coréorr., Cerambycid:æ
(Plagionotus arcuatus Muls.)
Longueur : 16 à 22 millimètres. Ce petit Longicorne est de
Fig. 207. — Berceau denym- Fig. 208. — Couloirs de larves
phose du Clytus arcua- etorifices de sortie du Clytus
tus L. 1/1 gr. nat. (orig. arcualus L. 1/1 gr. nat.
* coll. Muséum, Paris). (oriq. coll. Muséum, Paris).
couleur noirâtre avec un corselet orné de deux bandes étroites,
PIEA
PT EP 7
CHÈÊNES : 339
obliques, interrompués. La base de chaque élytre porte quatre
points jaunes dont un sur l’écusson et l’autre sur la suture; en
outre, ces organes sont ornés de quatre bandes également jaunes,
Fig. 209. — Galeries larvaires du Clytus arcuatus L. remplies de sciure comprimée et entaillées
PARA y : RUES À 2
dans l’aubier d’un tronc de Chêne. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris).
transversales, arquées et dont la dernière est terminale. Les an-
tennes et les pattes sont d’un brun rougeâtre.
A linstar des autres Cérambycides, le Clytus arcuatus L. qui
recherche en général les essences feuillues et en particulier le
340 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
Chêne, dépose ses œufs sous l'écorce, Les Larves forent des cou-
loirs sinueux dans les couches cambiales et finissent par pratiquer
à l’intérieur du bois une galerie coudée où se passe la nymphose.
Cet Insecte, dont l'évolution dure probablement deux ans, est
fréquent dans les branches et troncs en décomposition ou qu’on a
négligé d’écorcer après labatage, et ce n’est que dans des cas
tout à fait exceptionnels qu’on peut lui attribuer le dépérissement
de tiges déjà anémiées (1).
\
Scolytus intricatus Ratz. Coréorr., S'colytidæ
(Eccoptogaster intricatus Ratz.)
Scolyte du chène (PI. VI, fig. 11)
Longueur : 3,5 à 4 millimètres. Ce Bostryche, comme tous les
représentants du genre Scolytus, vit en parasite exclusivement
dans les bois feuillus. Les Insectes européens de ce groupe sont
peu nombreux; ils se distinguent très facilement des Tomicides
et des Hylésines par la tête visible d’en haut, par le corselet qui
est généralement plus foncé que les élytres. Ces derniers, non
convexes à leur extrémité, recouvrent labdomen qui, vu de
profil, est relevé à partir du deuxième segment.
Le Scolytus intricatus Ratz. porte un corselet plus court que
large, brillant, à ponctuation fine et serrée sur les côtés, fine et
éparse sur le disque. La massue grande, squamuleuse, est légè-
rement plus longue que le funicule qui compte sept articles. Les
élytres, rétrécis en arrière du milieu, portent des stries indis-
tinctes, fines, parfois interrompues par des strioles obliques. Tout
le corps est recouvert d’une pubescence grise.
Sauf quelques cas exceptionnels constatés sur le Hêtre, on
peut affirmer que ce Scolyte est bien monophage. II y a, d’une
façon générale, chez les Scolytes un couple par système. La
femelle creuse dans les branches ou les tiges des Chênes un court
couloir de ponte mesurant de 1 à 4 centimètres de longueur. Les
(14) Clytus detritus L. et C. tropicus Panz. sont deux espèces voisines qui
causent des dégâts analogues dans le Chêne.
CHÈNES 341
galeries larvaires quittent ce couloir dans les deux directions
54
opposées; elles sont plus ou moins sinueuses et atteignent une
342 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
longueur de 10 à 15 centimètres, au maximum. Suivant l’épais-
seur de l'écorce, les berceaux de chrysalide sont entaillés plus ou
moins obliquement ou longitudinalement dans le liber ou lau-
bier.
L'évolution dure en général une année; parfois, sous l'influence
de circonstances climatériques propices, on observe deux géné-
rations dans l’espace de douze mois. L’hivernement a toujours
heu à l’état de Larve ou de Nymphe. Souvent en décortiquant
une branche de Chêne, on aperçoit la femelle morte à l'extrémité
de la galerie de ponte. Celle-ci est chez tous les Insectes du genre
Scolytus privée d'une chambre d’accouplement, le rapprochement
des sexes ayant lieu soit à l’orifice d’entrée, soit dans son voisi-
nage immédiat.
Le Scolytus intricatus Ratz. est très fréquent dans les Chênaies
et à chaque pas on rencontre les vestiges de ses ravages sur les
tiges et branches gisant à terre, rarement sur les troncs d’une
certaine dimension. Les piquets et perches qu'on laisse à Fair,
revêtus encore de leur écorce, sont dans la plupart des cas infestés
par ce Xylophage qui ne redoute pas de s'attaquer même aux
tiges et aux branches en vigueur. On cite le cas de la forêt de
Vincennes, dans laquelle, au commencement du dix-neuvième
siècle, 50.000 Chênes de vingt à trente ans ont été infestés par le
Scolyte, puis abattus après un rapide dépérissement (JUDEICH et
NiTSCHE, 1905, p. 483).
Moyens préventifs. — Ils consistent à éviter de créer des peu-
plements de Chênes purs, étendus et du même âge. Les éclaircies
doivent être entreprises tôt et serviront de prétexte pour enlever
de la forêt ou de détruire tous les débris pouvant offrir un appât
au Scolyte qui ne dédaigne pas de pénétrer dans les branches
gisant à terre.
Moyens répressifs. — Les arbres-pièges ou aussi les branches-
pièges peuvent rendre de bons services à condition de les fixer
en terre, pour leur conserver le plus longtemps possible le mou-
vement de la sève; il faut ensuite les surveiller attentivement.
CHÊNE; 343
Dryocætes villosus Fabr. CoréoPr., S'colytidi
(Bostrichus villosus Ratz.)
Longueur : 2,5 à 3 millimètres. Au point de vue systématique,
ce Bostryche se classe à côté du Dryocætes autographus Ratz.,
dont nous avons parlé à propos des Scolytides creusant des cou-
loirs dans les troncs et les souches de l'Épicéa. Le corselet a la
Fig. 211. — Couloirs de ponte du Dryocætes villosus Fabr. dans l'écorce de Chêne.
1/1 gr. nat. (orig.)
forme d’une demi-ellipse, il est rétréci antérieurement, tronqué
transversalement à la base où il égale à peu près la largeur des
élytres. La face dorsale est entièrement couverte de granulations
serrées. Les élytres ont des stries à encoches profondes avec
344 INTÉRIEUR DU BOIS
interstries garnies de points très fins. Les deux stries Juxtasutu-
rales sont plus enfoncées que les autres. Tout l’Insecte est recou-
vert d’une pubescence blonde,
Les couloirs que creuse le Dryocwtes villosus Fabr. rappellent
ceux du Bostryche curvidenté, c’est-à-dire que leur type normal
est horizontal avec deux à sept galeries de ponte coupant trans-
versalement les fibres du bois. Comme cet animal fouille surtout
le bas des troncs et les souches à écorce épaisse, son évolution se
passe exclusivement dans les couches corticales. Les couloirs de
larves sont courts, irréguliers et embrouillés.
Il semble que, dans des conditions favorables au point de vue
chmatérique, ce Xylophage peut produire deux générations
par an.
Le Dryocates villosus Fabr. attaque le Chêne, le Châtaigmier et
accidentellement d’autres essences feuillues. C’est un Insecte
très peu répandu et en somme très peu nuisible aux Chênaies (1).
Hylesinus crenatus Fabr.
Voir : Chapitre des Frênes.
INTÉRIEUR DU BOIS
Lucanus cervus L.
Voir : Partie spéciale.
Cerambyx heros Fabr. Coréopr., Cerambycidæ
Hamaticherus cerdo L.
Capricorne ou héros du Chène (PI. VE, fig. 1)
Longueur : Insecte parfait : 20 à 50 millimètres; Larve : 65 à
80 millimètres. Ces chiffres nous montrent que le Capricorne du
Chêne est un des plus volumineux parasites des forêts euro-
péennes. Sous sa forme parfaite, il est de couleur brune très foncée,
(4) On rencontre deux autres Bostryches dans les écorces épaisses du
Chêne, ce sont : T'aphrorychus Bulmerinqui Kolen et T. villifrons Duft;
ils sont encore plus rares et moins importants que l’espèce décrite ci-dessus,
CHÈNES 345
sans reflets métalliques. Le corselet, grossièrement et irréguliè-
rement sculpté, porte sur chacun de ses bords latéraux un tuber-
cule épineux dirigé en dehors. Les yeux, très convexes et appa-
rents, ont des facettes facilement visibles à l'œil nu. Les an-
tennes sont, chez le mâle, plus longues que le corps. Les élytres
rétrécis, brunâtres et finement chagrinés à la partie postérieure,
présentent une base plus foncée et grossièrement chagrinée. On
remarque, en outre, à leur extrémité une épine suturale. La Larve,
dont les proportions sont les mêmes, a ses segments bien dégagés;
sept d’entre eux portent des plaques dorsales chagrinées. Elle
est couleur de cire, avec une petite tête brune, aplatie et chiti-
neuse. La partie antérieure du premier segment thoracique porte
une bande transversale brunâtre. Les antennes, qui comptent
trois articles, sont très fines; peu apparentes, les pattes sont
rudimentaires.
Le Capricorne du Chêne est commun; 1l essaime en général
au commencement de l'été (juin ou juillet) et au crépuscule.
Après l’accouplement, la femelle dépose ses œufs dans les anfrac-
tuosités, défauts ou blessures des Chênes à écorce épaisse. La
Larve ne tarde pas à pénétrer non seulement dans les couches
corticales, mais encore aussi dans le bois le plus sain, où elle
creuse des couloirs sinueux, proportionnés aux dimensions de son
corps qui se développe durant trois ou quatre ans. A la fin de
cette période larvaire, l’animal atteint la grosseur d’un index
humain et gagne souvent le cœur du bois qui est perforé en tous
sens. La métamorphose se produit dans une niche garnie de
débris ligneux et creusée parfois dans les parties les plus reculées
de ce réseau compliqué. Lorsque l’Insecte ailé est formé, il gagne
l'extérieur en suivant les galeries larvaires.
De Pextérieur, on peut facilement reconnaitre la présence de
ces ravageurs aux écoulements de sève qui se montrent aux ori-
fices durant la période de végétation, comme aussi aux amas de
sciure brunâtre et jaunâtre qui s'échappent de ces orifices. Par-
fois on peut observer, surtout le soir, l’Insecte ailé qui dégage
difficilement ses antennes de ces ouvertures jamais circulaires,
mais généralement elliptiques.
346 INTÉRIEUR DU BOIS
Le Capricorne héros est done le plus volumineux ravageur de
nos forêts et celui dont lexistence est la plus longue.
C'est surtout au point de vue technique que le Cerambyx heros
Fig. 212, — Cerambyr heros Fabr. dans un tronc de Chène. 1/2 gr. nat. (oriq.).
Fabr. est à redouter, car il est évident que des grumes de Chênes
qui sont fouillées par sa Larve sont inutilisables au point de vue
industriel.
Cet animal est capable de s'attaquer à des arbres parfaitement
sains et naturellement, après des forages répétés, il peut pro-
voquer le dépérissement partiel ou total d’une branche ou d'un
CHÈNES 347
tronc. Nous connaissons toutefois un Chêne des environs de
Genève (que nous représentons par la figure 213), dont la partie
inférieure du tronc est ravagée par ce Longicorne. Voici trente
ans que nous lobservons d’année en année et, jusqu’à présent, il
n’est pas encore complètement desséché. La circulation de la sève
Fig. 213. — Aspect d'un Chêne pédoneuié dont le tronc a subi 30 ans de ravages
du Cerambyx heros Fabr. (oriq.).
est donc encore possible par les couches cambiales demeurées
indemnes sur la moitié environ de la périphérie du tronc.
Le Cerambyx heros Fabr. est très commun surtout au centre
et au sud de l’Europe; il attaque principalement les arbres âgés,
isolés des pares et des plantations routières; toutefois, il cause
aussi des dégâts dans les Chênaies et parfois dans les plus beaux
assortiments de bois de service.
Par le fait de sa biologie particulière et de son existence passée
348 INTÉRIEUR DU BOIS
presque entièrement dans la matière ligneuse solide et saine, la
capture des Larves ou des Chrysaldes est très difficile; 11 en est
autrement lorsque, après avoir abattu des Chênes, on sectionne
E # “y
EL re
! rar"!
Fig. 214. Mème tronc que sur la Fig. 213 montrant le détail des galeries larvaires
et la décortication naturelle. 1/5 gr. nat. (oriq.).
des troncs ou des branches infestées. On peut aussi au moyen
de crochets et avec beaucoup de patience, attirer au dehors des
orifices de sortie les Longicornes timides qui attendent la tombée
du jour pour essaimer. Les injec Uüons et fumigations n’ont plus
d'effet si l’on intervient dans un arbre de grosses dimensions
envahi depuis longtemps.
CHÈNES 349
En somme, ces moyens ne peuvent être utilement mis en œuvre
par les forestiers et sur une grande échelle, car ce ravageur ne
cause que rarement des déprédations physiologiques compro-
mettant la vitalité de peuplements entiers (1).
Lymexylon dermestoides L.
Xyleborus Saxeseni Ratz.
Voir : Chapitre du Sapin blanc.
*
Lymexylon navale L. Coréorr., Lymezxylonideæ
Dermeste du Chêne
Longueur, Insecte parfait mâle : 5 à 10 millimètres; femelle :
12 à 13 millimètres; Larve : 11 à 14 millimètres. Nous avons
Fig. 215. — Lymezxylon navale L. dans une poutre de Chêne. 4, galerie maternelle;
b, couloirs larvaires. 1/1 gr. nat. (orig.).
déjà parlé dans le chapitre du Sapin blanc d’une espèce voisine,
le Lymexylon dermestoides L. qui perfore le bois sain des résineux
(1) On confond souvent un Longicorne voisin, mais plus petit, le Ceram-
byx Scopolii Fussl (C. cerdo Scop.) avec le Capricorne héros. Nous parlerons
de cette espèce polyphage dans le chapitre du Châtaignier.
MT SRE
Li
.
390 INTÉRIEUR DU BOIS
et de certaines essences feuillues, Le Dermeste du Chêne présente
à peu près les mêmes caractères; on lui a donné le nom de « Der-
meste naval » parce que ses ravages ont, à l’origine, été cons-
tatés dans les coques des navires. Cet Insecte est de couleur
variable. En général, le femelle a le corselet et l'extrémité pos-
térieure des élytres noirâtres, tandis que le reste du corps d’un
Fig. 216. — Poutre de Chêne She ee par le DT 2 navale L.
3/4 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris).
jaune brun, est recouvert d’une pilosité fine et serrée. Le corselet
du mâle se colore le plus souvent de brun foncé. Les pattes sont,
dans les deux sexes, jaunes, les antennes simples et d’un noir
Sites. don ds, —.
de sue.
La Larve, dont le thorax est convexe, porte sur son dernier
segment une protubérance épineuse, relevée.
La biologie de ce Xylophage est encore peu connue; on admet
que son évolution complète se produit dans lespace d’une année.
La ponte a lieu au commencement de Pété et la femelle cherche
CHÈNES a
presque toujours pour y déposer ses œufs les parties du tronc des
Chênes sur pied ou abattus et dont l’écorce a été détachée.
Les couloirs de ponte et de larves sont transversaux et obliques,
on a parfois de la peine à les distinguer les uns des autres. Comme
c’est le cas pour le Lymexylon dermestoides L., on remarque qu’une
grande quantité de sciure d’un brun jaunâtre s'échappe des ori-
fices dont les dimensions sont variables. Ce sont surtout les bois
ouvragés et les zones de l’aubier riches en amidon qui deviennent
la proie de ce Xylophage.
Un badigeonnage au goudron ou au carbolineum avenarius ou
même encore une imprégnation à la créosote, peuvent préserver
les grumes de Chêne des atteintes des Dermestes. Ces derniers
s’attaquent également au bois du Châtaignier.
Xyleborus monographus Fabr. Coréorr., S'colytideæ
(Tomicus monographus Ratz.)
Bostryche monographe (PI. VI, fig. 5)
Longueur : 4, 2 à 2,3; @ : 2,3 à 3,2 millimètres. Ce Bostryche a
le corselet plus long que large, finement ponctué postérieurement,
granuleux antérieurement avec côtés parallèles. Les élytres
portent des stries ponctuées avec interstries ornées de lignes de
points très fins. La déclivité des élytres est abrupte, lisse et munie
de quatre tubercules dentiformes disposés presque en carré et
éloignés de la suture; en outre, plusieurs autres petits tubercules
moins apparents garnissent les bords externes de la troncature.
Le mâle, incapable de voler, a le corselet plus court, excavé,
se prolongeant en avant en une corne recourbée vers le haut.
On n’est pas encore exactement fixé sur l’évolution de ce Bos-
tryche qui est assez commun dans les bois de Chênes et surtout
dans les branches gisant à terre et en voie de dépérissement.
Le système des galeries creusé par la femelle est toujours
disposé sur un seul plan horizontal. Le couloir d’entrée, qui peut
aussi passer à travers les couches corticales, a de 2 à 8 centimètres
de longueur, il est souvent sinueux. Des deux côtés de ce dernier,
352 INTÉRIEUR DU BOIS
partent un ou plusieurs bras secondaires de même calibre, égale-
ment forés par la femelle. Ces ramifications procurent à la mère
pondeuse des sucs nourriciers durant la période de ponte. Ce sont
ces embranchements secondaires de la galerie maternelle qui
logent les œufs déposés très irrégulièrement, mais probablement
arrangés ensuite par la mère. Les Larves une fois écloses, se
mettent à ronger la surface des parois de la galerie qui a servi de
berceau, mais sans forer de couloirs particuliers. Elles se conten-
tent de sucer à la fois les sucs qui suintent sur le pourtour de leur
Fig. 217. — Schéma des ravages du Xyleborus monographus Fabr. a, Larves ; b, Chrysalides
c, Insectes parfaits prêts à sortir ; d, œufs. 1/1 gr. nat. (oriq.).
demeure cylindrique, ainsi que les champignons désignés dans ce
cas sous le nom d°« Ambroisie » et dont le mycéhum tente en noir
les parois du bois. Nous avons signalé le même phénomène en
décrivant dans le chapitre de l'Épicéa les ravages du Xyloterus
lineatus Ov.
Pendant leur métamorphose en Chrysalides, les Larves sont
placées dans leurs galeries de telle façon que leur tête regarde
l’'orifice d'entrée; elles sont allongées les unes derrière les autres.
Le Xyloborus monographus Fabr. est très répandu. S'il n’est pas
à redouter au point de vue physiologique, il n’en est pas moins,
aussi bien que les Vrillettes et que le Cerambyx heros Fabr., un
hôte redouté dans les chantiers de bois débités. Il y a lieu de
CHÈNES 398
LC
préserver les grumes de Chênes au moyen des divers procédés
d’immunisation dont nous avons déjà parlé.
Xyleborus dryographus Ratz. Coréopr., Scolytide
Longueur, j : 2; @ : 2,3 à 2,6 millimètres. Ce Bostryche xylo-
phage, comme toutes les espèces du genre Xyleborus, présente un
dimorphisme sexuel très prononcé. Le mâle, plus petit que la
femelle, est privé de la faculté de voler. Ses élytres sont soudés en-
semble à la suture. C’est la mère pondeuse qui opère en entier le
travail de forage.
Le mâle se distingue par le tubercule médian, prolongeant
antérieurement le corselet en une pointe acuminée dont l’extré-
mité est recourbée en arrière.
Les élytres sont ornés chez les deux sexes de stries finement
striées-ponctuées, qui sont creusées sur la partie postérieure.
Les interstries portent à la déclivité une rangée horizontale de
petits tubercules.
Le corps est allongé, étroit et cylindrique, le plus souvent de
couleur brun rougeâtre.
Ce que nous avons dit de la biologie du Xyleborus monographus
Fabr. concerne aussi le Xyleborus dryographus Ratz., Insecte
beaucoup plus rare. Le système de couloirs de cette dernière
espèce pénètre plus profondément dans le cœur du Chêne et l’on
trouve parfois des œufs déposés soit dans la galerie principale,
soit dans ses ramifications latérales, qui sont toujours disposées
sur le même plan horizontal. En raison même de la profondeur
que peuvent atteindre ces couloirs de pénétration, le dommage
technique causé par ce Xylophage est considérable. Son évolu-
tion est encore peu connue, mais il est probable qu'il essaime deux
fois par an. On trouve le Xyleborus dryographus Ratz. occasion-
nellement dans les troncs du Hêtre et de l'Orme.
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 23
dt: 5 TETE
L
394 INTÉRIEUR DU BOIS
Xyloterus signatus Fabr. Coréorr., S'colytideæ
(Trypodendron quercus Eichh.; Bostrichus 5 lineatus Adams.)
Longueur : 3,5 millimètres. Ce Bostryche, qui vit également
dans le bois de Chêne, est plus allongé que l’espèce précédente.
Fig. 218. — Xyloterus signatus Fabr. Couloirs en échelons dans le bois de Chêne.
1/1 gr. nat. (orig.).
Comme 1e Xyloterus lineatus Oliv., que nous avons décrit dans le
chapitre de l « Épicéa », cet Insecte porte une bande noirâtre
longitudinale sur chacun des élytres. Ces derniers sont finement
striés-ponctués avec interstries faiblement ruguleuses. Les côtés
du corselet sont également bordés de noir. La massue des an-
tennes est relativement grande, non articulée, élargie antérieure-
ment et obtusément acuminée à langle interne.
Chez le mâle, la partie antérieure du front porte au milieu un
petit tubercule et le corselet est faiblement arqué antérieurement.
Cette partie du thorax est plus fortement arquée chez la femelle.
|
|
CHÈNES 9399
La biologie de cet Insecte du bois ressemble beaucoup à celle
du Bostryche liseré que nous avons étudié dans le chapitre de
| « Épicéa ». Les couloirs de ponte sont ramifiés sur un plan
généralement horizontal, 1ls sont munis en haut et en bas d’en-
coches de ponte. A la suite du travail de forage des Larves, ces
encoches sont transformées en petites niches de 5 millimètres
de longueur qui deviennent les berceaux de chrysalides. Sous sa
forme larvaire, l'animal parcourt ainsi un espace très restreint
et, durant cette période, 1l se nourrit à la fois de débris et de sucs
ligneux.
On compte deux générations par an, car le Xyloterus signatus
Fabr., parasite du Chêne, ne se rencontre guère que dans les
régions tempérées.
Dans la pratique forestière, et dans le domaine de l’industrie
des bois ouvragés, on ne peut guère appliquer en grand des pro-
cédés avantageux d’immunisation. Dans certains cas, où l’on n’a
pas à préserver des assortiments de Chêne destinés à l’ébénisterie,
on peut appliquer sur les grumes écorcées des liquides toxiques
protecteurs qui empêchent les Xylophages de pénétrer dans la
matière ligneuse.
Xyloterus domesticus Er.
Voir : Chapitre du Bouleau.
Xyleborus dispar Fabr.
Voir : Chapitre des Érables.
Cossus aesculi L.
Platypus cylindrus Fabr.
Voir : Chapitre du Châtaignier.
Le Platypus cylindriformis Reitt. est une variété dont la biolo-
gie ressemble beaucoup à celle du Platypus cylindrus Fabr. Cet
Insecte fore des couloirs sinueux dans le bois du Chêne, du Hêtre
et peut-être aussi d’autres essences feuillues. STROHMEYER (7907)
356 INTÉRIEUR DU BOIS
Fig. 219. — Système de couloirs du Platypus cylindriformis Reïtt. dans le bois de Chêne.
q € À ot UI y l ;
3/4 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich).
a décrit les ravages de ce Xylophage très rare, dont nous repro-
duisons les dégâts (fig. 219).
Sesia asiliformis Rott. Lépinorr., Sestrdæ
(Sesia cynipiformis Esp.)
Grande Sésie du Chène
Longueur, Papillon étalé : 20 à 25 millimètres; Chenille : 22 à
25 millimètres. Les Sésies constituent une famille tout à fait à
part dans l’ordre des Lépidoptères. En effet, ces Papillons se
CHÈNE;: 9397
distinguent au premier abord par la structure des ailes; les anté-
rieures sont par places non écailleuses et transparentes. Les pos-
térieures ne sont jamais recouvertes d’écailles, mais sont d’une
couleur uniforme, transparente. Le dernier segment abdominal
porte une touffe de poils foncés. La Chenille, munie de seize pattes,
est en général blanchâtre, avec tête brune. Le Cocon est brunâtre,
légèrement centré sur la face ventrale. La face dorsale des seg-
ments abdominaux porte des rangées transverses de pointes
recourbées en arrière. L’extrémité anale est garnie d’une cou-
ronne d’épines.
Les Chenilles des Sésies ravagent plusieurs essences feuillues,
en creusant des couloirs sinueux à l’intérieur des jeunes tiges ou
des branches. L'évolution dure deux ans environ et l’animal
hiverne le plus souvent sous la forme larvaire. La Chrysalide
brune reste généralement fixée à l’entrée de l’orifice de sortie
d’où s'échappe le Papillon.
La Sesia asiliformis Rott. porte sur les segments abdominaux
deux, quatre et six taches transversales jaunâtres; en outre, on
remarque sur chacune des ailes antérieures une bande transver-
sale de couleur orange.
Cet Insecte, qui ronge parfois les tiges des taillis de Chênes, est
très rare et son importance forestière est minime (1).
Parmi les Vrillettes, qui rentrent dans une famille dont nous
avons décrit les mœurs dans le chapitre de l « Épicéa », nous
pourrons citer les :
Anobium tesselatum Fabr.
Anobium rufovillosum de Geer.
Anobium plumbeum NI.
Anobium pertinax L.
qui perforent les bois ouvragés du Chêne et sont particulièrement
à redouter dans les meubles. Nous avons indiqué plus haut par
(1) On trouve parfois dans les tiges de Chênes une autre Sésie, Sesta
conopiformis Esp., mais ses ravages n’ont qu’une importance tout à fait
secondaire.
398 INTÉRIEUR DU BOIS
quels procédés les industriels du bois peuvent se prémunir contre
leurs atteintes. Au point de vue forestier, ces Insectes sont d’un
intérêt minime; cette raison nous dispense de les étudier ici de
plus près.
Ptilinus pectinicornis L. Coréorr., Anobudeæ
Longueur : 3 à 5 millimètres. Cette Vrillette appartient à un
groupe de la famille des Anobides chez qui le mâle porte des
antennes longuement pectinées et couleur de rouille. Les élytres
Fig. 220, — Plilinus pectinicorns L. dans l’aubier de Chène. 1/1 gr. nat. (orig.).
sont allongés, bruns, recouverts d’une fine pilosité grise. Le cor-
selet est antérieurement granuleux. La femelle a des antennes
dentelées et, de chaque côté du corselet, on remarque une petite
tache glabre.
Après sa sortie de l'œuf, la Larve fore le bois le plus sain dans
toutes les directions, laissant ses couloirs remplis de sciure.
L’Insecte parfait dépose souvent sa ponte dans les anfractuosités
de lPécorce ou les défauts du bois.
Au point de vue biologique, le Ptilinus pectinicornis L. est très
semblable aux espèces du genre Anobium ; 1 attaque le Hêtre et
d’autres feuillus encore (1).
(1) Une autre espèce voisine vit également en parasite dans les bois
ouvragés de Chêne; c’est le Ptilinus costatus Gyll.
CHÈNES 359
Lyctus canaliculatus Fabr. Cocéorr., Cryplophagidæ
(Lyctus unipunctatus Herbst.)
Longueur : 3 à 4 millimètres. Cet Insecte, de dimension varia-
ble, est allongé, brunâtre, avec pattes et antennes couleur de
rouille. La tête et le corselet sont chagrinés. Ce dernier, de forme
rectangulaire, est creusé en son milieu d’une fossette longitudi-
nale, les élytres sont finement striés-ponctués. On remarque une
ligne de poils très fins entre chaque strie.
Fig. 221. — Lyclus canaliculatus Fabr. dans le bo's ce Chêne.
3/4 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich).
Le Lyctus canaliculatus Fabr. agit à peu près de la même façon
que les Anobuüdes, dont nous avons déjà parlé. Les ravages ont
beaucoup d’analogie avec ceux des Vrillettes et sont reconnaissa-
bles aux amas de sciure très fine qui se forment autour des orifices
de sortie. C’est naturellement l’aubier, très riche en amidon, qui
tente surtout ce Xylophage. A l'instar du Callidium bajulus L.,
cet Insecte évite en général de forer ses galeries larvaires dans Ia
périphérie des objets ligneux qu'il a infestés. Ce sont de pré-
férence les bois écorcés, ouvragés, abattus à la sève ou insuffi-
samment desséchés dans des locaux mal aérés, que ce Coléoptère
recherche. Il est polyphage.
Moyens préventifs. — Ne pas employer en menuiserie ou en
parqueterie du bois de Chêne abattu à la sève ou mal dessiqué
et refuser, pour les assortiments de premier choix, le bois d’aubier.
360 RAMEAUX
Moyens répressifs. — Incinérer dans les chantiers les fragments
ligneux renfermant des vestiges du forage des Larves.
Cossus ligniperda Fabr.
Voir : Chapitre des Saules.
RAMEAUX
Polydrusus cervinus L. Coréopr., Curculionide
Longueur : 4 à 4,5 millimètres. Ce Charançon, de couleur noi-
râtre, tacheté de vert ou de gris sale, a le corselet à peu près aussi
large que long.
On trouve cet Insecte, au moment de la formation des feuilles,
occupé à ronger l’épiderme de ces dernières ainsi que celui des
bourgeons et des rameaux. Sa biologie est peu connue (1).
Strophosomus obesus Marsh. (2).
Hylobius abietis L.
Voir : Chapitre des Pins.
Nous signalons ici : Ælater aterrimus L., E. marginatus L., E.
D
tesselatus L., E. aeruginosus Oliv., qui, surtout comme Insectes
parfaits, détériorent l’épiderme des pousses de Chênes, mais
sont des rongeurs d’une importance secondaire,
Cantharis obscura L. Coréorr., Cantharideæ
Longueur : 9 à 13 millimètres. Les Cantharides qui, à l'état
larvaire, sont carnivores, se nourrissent, comme Insectes parfaits,
(1) Polydrusus micans Fabr. est aussi commun et attaque également les
frondaisons des Hèêtres.
(2) Strophosomus coryli Fabr. vit spécialement sur le Chêne, ainsi que sur
le Noisetier.
CHÈNES 361
des sucs et de l’épiderme des rameaux de Chênes. La Cantharis
obscura L. a le corselet carré, noir, avec les bords latéraux jau-
nâtres. Les élytres, de même couleur, sont très allongés, pourvus
d’une pilosité grise; 1ls recouvrent complètement l'abdomen.
L'article basal des antennes et la région antérieure de la tête
sont rougeâtres.
Au point de vue forestier, on connaît encore peu la biologie
des Élatérides. Cependant, dans certains cas, on a pu constater
qu'ils provoquent des plaies sur l’épiderme des tiges et des rejets
de Chênes à écorce fine (1).
Coccus quercicola Sign. Ruyxcu., Coccideæ
On trouve ce pou fixé aux rameaux du Chêne et recouvert
d’une calotte allongée, convexe, formée par une sécrétion de
l'animal; cette calotte est bordée de franges cireuses.
Le Coccus quercicola Sign. attaque presque toutes les espèces
de Chênes et occasionne, par la succion des rameaux de petite
dimension, des ravages locaux qui ne sont, toutefois, pas de
nature à provoquer j’application de mesures prophylactiques.
Un autre Rhynchote, le :
Lecanium cambii Ratz.
a été trouvé sur les rameaux du Chêne. Cet Insecte est encore fort
peu connu au point de vue biologique.
Vespa crabro L.
Voir : Chapitre des Frênes.
Andricus rhizomæ Hig.
Andricus testaceipes Htg. (2).
(1) Cantharis fusca L. et C. rustica Fall. causent des ravages à peu près
identiques.
(2) Fig. 222 et 223, orig. coll. Marchal, Paris.
52 BOURGEONS
— Andricus testaceipes Higq.
1/1 gr. nat. (oriq. coll. Marchal, Paris).
Fig. 222. — Andricus rhisomae Htgq. Fig. 223
1/1 gr. nat. (orig. coll. Marchal, Paris).
BOURGEONS
Barypeithes araneiformis, Schrank.
Voir : Chapitre des Saules.
CHÈNES 3063
Le Phyllobius piri L. attaque parfois les Chênes.
Voir : Chapitre des Bouleaux.
Tinea lutipenella Z1l. Lépinopr., 7ineidæ
Longueur, Papillon étalé : 15 millimètres; Chenille : 10 milli-
mètres. Ce Papillon, de petite dimension, se distingue par ses
Fig. 224. — Cynips quercus-calicis Burgsd. sur Chène pédonculé. 1/1 gr. nat.
(oriq. coll. Marchal, Paris).
ailes antérieures qui sont d’un jaune terreux avec franges plus
claires; les postérieures ont un aspect grisâtre. Les antennes
364 BOURGEONS
sont claires avec des articles foncés. La Chenille est grise, glabre.
sa tête est noirâtre.
Ce très rare Lépidoptère a jusqu'ici causé un seul ravage d’une
certaine importance, celui de la chênaie de Sonderburg, en
Prusse (R. HarrTiG, 1870).
Fig. 225. — Cynips quercus-tozæ Bosc. sur Chêne Tauzin. 1/1 gr. nat.(orig. coll. Marchal, Paris)
Au moment de la sève printanière, la Chenille pénètre dans
le bourgeon, le fore partiellement, puis lors de l'épanouissement
de la végétation, elle se fixe sur un rameau, s’entoure d’un sac
soyeux et attaque ensuite les feuilles. La métamorphose en
Papillon a lieu en juillet, précisément avant la sève d'août qui
CHÈNES 365
permet à la frondaison attaquée de se reformer et à l'arbre de
reprendre sa vitalité. Le même phénomène biologique se pro-
duit avec la Tordeuse du Chêne que nous décrivons plus loin.
Fiq. 226. — Synophus politus Htq. sur Chêne-liège. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Marchal, Paris).
On n'est pas encore fixé au sujet du mode d’hivernement de la
Tinea lutipenella ZI, que bien peu de forestiers ont eu l’occa-
sion d'observer.
Fig. 227. — Cynips Kollari Htg. sur Qzercu; Mirbecki Dur. 1/1 gr. nat.
(orig. coll. Marchal, Paris).
Fig. 228. — Andricus fecundator Htg. sur Chêne pédoneulé. 3/4 gr. nat. (orig.).
CHÈNES
PEUIELES
367
Orchestes quercus L. Coréopr., Curculionidæ
Longueur : 2,5 à 3,5 millimètres. Ce Charançon, qui est un
proche parent de l'Orcheste danseur, dont nous parlerons dans
le chapitre du « Hêtre » est de couleur brun jaune qui tourne
parfois au rouge. Seuls les yeux, le corselet et le premier anneau
abdominal sont noirs. Les élytres sont recouverts d’une pilosité
jaune sensiblement plus dense et apparente à la base; elle affecte
la forme d’une tache prolongée posté-
rieurement en pointe.
L'évolution de ce Curculionide se pour-
suit durant l’espace de douze mois, avec
hivernement à l'état d'Insecte parfait
caché dans la couverture morte du sol.
En général, au commencement de mai,
l'animal apparait et gagne la frondaison
précisément au moment de l’épanouis-
sement des bourgeons. La femelle, après
avoir fait une incision le plus souvent
dans la nervure centrale de la feuille,
dépose ses œufs un par un. La Larve
commence par ronger cette nervure, puis
ne tarde pas à s’introduire entre les deux
épidermes du limbe où elle fore un couloir
sinueux dirigé vers la périphérie. La
chrysalidation se produit dans l’épiderme
même, déjà au commencement de juin.
A partir de son éclosion, l’Insecte par-
Fig. 229. — Feuille de Chêne pédon-
culé ravagée par la Larve de l'Or-
chestes quercus I.
a, origine du couloir larvaire ;
b, région fouillée par la Larve. 3/4 gr.
nat. (oriq.).
fait parachève l’œuvre de destruction de la Larve, car, étant
très mobile, il saute de feuille en feuille et ronge ces dernières
d'une façon désordonnée. Comme cette période de ravages se
produit précisément au moment de la sève d'août, il résulte de
cette diminution de l’appareil foliacé une perte d’accroisse-
308 FEUILLES
ment. Cette dernière peut aussi avoir pour conséquence, surtout
dans les invasions répétées, une anémie de l’arbre qui prédispose
ce dernier aux attaques d’autres Xylophages plus dangereux
et de Champignons lignifuges.
Pratiquement, aucune intervention efficace et économique
ne peut être entreprise contre ce Charançon (1).
Attelabus curculionoides L. Coréopr., Curculionideæ
Longueur : 3 à 5 millimètres. Cet Insecte porte un rostre rela-
tivement court, épais, moins allongé que le reste de la tête. Le
Fig. 230. — Attelabus curculionoides L. sur Chêne pédonculé. L
a, rouleaux confectionnés par l'Insecte parfait, b, nid de la Tordeuse verte. 3/4 gr. nat. (orig.).
corselet, régulièrement concave, est, de même que les élytres,
rougeâtre. Ces derniers sont striés longitudinalement de lignes
(1) Orchestes ilicis Fabr. se rencontre aussi sur les feuilles de’ Chênes.
CHÈNES 369
de points relativement gros et distants et d'interstries très
finement ponctuées. La tête et l'abdomen sont d’un noir intense.
Ce Charançon fait partie de ce groupe dont les représentants,
à l’état d’Insectes parfaits, enroulent les feuilles de certaines
essences forestières et de la vigne pour y déposer leur ponte.
Au commencement de l'été, l’Attelabus curculionoides L. coupe
la feuille (ransversalement à une distance variable de la base,
mais sans toucher à la nervure médiane. L'animal confectionne
ensuite un cylindre dans lequel un seul œuf est déposé, il don-
nera naissance à une Larve qui hiverne dans ce rouleau. La
partie de la feuille qui a été épargnée est formée de deux lobes
souvent de grandeur différente.
En général on ne remarque qu'un seul rouleau par feuille,
mails souvent sur un même rameau on peut constater que cha-
que feuille a été déformée suivant ce procédé.
L'Attelabus curculionoides L. recherche surtout les Chênes, mais
on a observéses dégâts également sur le Châtaignier etsur les Aunes.
Apoderus coryli Oliv. Cocéopr., Curculionidee
(Attelabus coryli L.)
Apodère cigareur
Longueur : 6 à 7 millimètres. Porte un rostre court et épais, à
peine plus long que la moitié du reste de la
tête. Cette dernière, bien détachée et d'un
noir brillant, se relie au corselet par un
étranglement. Le corselet rétréci antérieu-
rement, porte en son milieu une tache noi-
râtre, étroite, qui atteint la- moitié de sa
longueur. Le reste du thorax et les élytres
sont rouges où Jaune rouge. Les antennes
sont de douze articles avec une massue
ramassée et pileuse.
Cet Insecte, très polyphage, est surtout
très abondant sur les Noisetiers ainsi que
Fig. 231. — Apoderus coryli Oliv.
sur certains autres arbustes: il vit égale- (orig.).
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 24
370 FEUILLES
ment sur beaucoup d’essences feuillues et recherche aussi les
Chênes.
Fig. 232. — Feuille de Noisetier enroulée par l'Apoderus coryli Oliv. 3/4 gr. nat. (oriq.)
La femelle déforme — comme c’est le cas pour l'espèce pré-
cédente — la feuille pour y déposer un œuf donnant naissance
Fig. 233. — Travail de l'Apoderus coryli Oliv.
a, extrémité de la coupure; a-c, axe du rouleau ; b, plissements de la partie enroulée.
1/1 gr. nat. (oriq.)
à une Larve et celle-ci à une Chrysalide dont l'existence se passe
dans cette niche foliacée. Le ravage est donc uniquement causé
Br. 4
CHÊNES 371
par la forme parfaite et l’évolution entière de lanimal se para-
chève dans l’espace de deux mois seulement.
Chez cette espèce, la femelle coupe transversalement la feuille
à peu près à la même hauteur que le fait l’Attelabus curculio-
noides L, mais en sectionnant aussi la nervure médiane et une
partie de l’autre lobe. Ensuite l’animal enroule en spirale fermée
aux deux extrémités cette portion détachée de la feuille. On
obtient ainsi une sorte de cigare qui reste suspendu au rameau
par la partie de la feuille demeurée intacte.
On ne peut songer à entreprendre une lutte contre ces Cha-
rançons dont les atteintes n'ont qu'une importance très réduite
au point de vue de la conservation des Chênaies.
Phyllobius viridicollis Fabr.
Voir : Chapitre du Hêtre.
Melolontha vulgaris L. Coréopr., Scarabæide
Hanneton vulgaire (Fiq. 18 c)
Le Hanneton commun est trop connu pour que nous donnions
ici une description détaillée de ce Coléoptère polyphage qui est
aussi redouté des maraichers, des arboriculteurs que des sylvi-
culteurs de la plaine. En parlant des ravageurs des racines de
l'Épicéa, nous avons déjà signalé son importance, alors qu'il
est à l’état larvaire et indiqué les moyens propres à défendre les
pépinières contre ses atteintes. Il convient cependant d’envi-
sager dans ce chapitre sa vie aérienne, c’est-à-dire la période
relativement courte durant laquelle, sous la forme d'Insecte
ailé, il se Jette sur les frondaisons des Chênes en plein épanouis-
sement printanier.
Le Hanneton est caractérisé par des taches triangulaires d’un
blanc mat, rangées sur les côtés de l’abdomen. Ce dernier est
prolongé postérieurement en une pointe. Les élvtres sont d'un
brun plus ou moins violacé avec pilosité très fine. Le mâle a les
antennes lamellaires beaucoup plus développées que celles de
la femelle.
DTA FEUILLES
Le Hanneton a une existence relativement longue, puisque,
suivant les régions, 1l lui faut de trois à cinq ans pour évoluer.
En Suisse, en France et dans une partie de la vallée du Rhin,
les Hannetons apparaissent en règle générale tous les trois ans,
tandis que dans d’autres parties de l'Europe, en Prusse par
exemple, ce n'est que tous les quatre ans qu'on constate leur
sortie de terre et leur ascension. On observe en Suisse trois
systèmes d'évolution suivant les zones. D'après une obligeante
et récente communication que nous devons à M. DEcoPPET,
professeur à l'École forestière de Zurich, lequel s’est fait une
spécialité de l'étude du Hanneton, nous pouvons admettre qu'ac-
tuellement cette question n’est nullement fixée définitivement.
DecoPpper aflirme que ces trois zones s’enchevêtrent et dans
certaines régions l’évolution dure quatre ans, ce qui complique
encore la question. La biologie de ce ravageur est donc fort
embrouillée et il faut espérer que de nouvelles recherches vien-
dront bientôt fixer d’une façon précise les différentes phases
de sa vie, car comme nous l’avons dit dès le début de cet ouvrage,
les mesures de protection des forêts contre les attaques des
Insectes doivent toujours être basées sur la biologie animale.
La figure 234 représente d’une manière schématique l’évolu-
tion du Hanneton. Ce dessin est tiré d’un article du Professeur
Decopper (1912) paru depuis la publication de la première partie
de notre ouvrage. Nous verrons plus loin quelles sont les con-
clusions qu'on peut tirer de ces recherches toutes récentes.
Examinons maintenant très brièvement les phases de l'exis-
tence de ce ravageur qui est surtout à redouter dans les Che-
nalcs.
L'Insecte parfait que dans le Jura, nous trouvons encore à
l'altitude de 800 à 900 mètres, essaime en mai, plus ou moins tôt
suivant la température et le degré d'humidité de l'atmosphère
qui ont une influence considérable sur ses mouvements et sa
puissance nocive. Il surgit à ce moment là, par de fraiches ma-
tinées enscleillées ou au crépuscule, et, poussé par le vent et
surtout par l'ins‘inct, il se jette sur les forêts de Chênes dont il
ronge les feuilles en voie de formation, provoquant des ravages
GIGT TIGT OTET : 606I
374 FEUILLES
plus intenses aux lisières et à la périphérie des grandes clairières
qu'à l'intérieur des massifs denses.
Fig. 235. — Rameau de Chêne pédonculé ravagé par les Hannetons. 3/4 qr. nat. (oriq.).
9
CHÈNES 1
L'accouplement qui se produit généralement dans l'air est
suivi de la ponte qui dans la règle, a lieu au commencement du
mois d'août. La femelle cherche un sol meuble, sec, pas trop
recouvert d’une végétation herbacée ou buissonnante et pénètre
à une profondeur de 10 à 20 centimètres pour y déposer en une
fois une trentaine d'œufs, en un ou plusieurs tas. Elle succombe
aussitôt cet effort accompli. Le mâle, qui est resté dans la cime
des arbres, subit le même sort. À ce moment, le végétal, débar-
rassé de ses hôtes de deux mois, bénéficie de la sève du mois
d'août et peut alors reconstituer une frondaison nouvelle,
Quatre semaines environ après la ponte, les jeunes Larves
se mettent à ronger les radicelles de tous les végétaux ligneux
et herbacés qu'elles trouvent à leur portée immédiate. Au com-
mencement d'octobre, subissant déjà les effets des premiers
froids, elles pénètrent plus profondément dans le sol où, enfouies
parfois à la profondeur de 80 centimètres, elles s'engourdissent
du sommeil hivernal. L’ascension à la surface du sol commence
suivant la précocité de la saison, souvent déjà en mars et c’est
à partir de cette époque que les Vers blancs causent de vrais
désastres dans les Jeunes plantations, dans les pépinières, les
cultures agricoles ou simplement dans les prairies. Pendant la
première année de l'existence larvaire, les ravages sont limités
aux radicelles ou aux parties tendres de la racine, mais durant
la deuxième année, alors que les Larves ont acquis leur dimen-
sion maximale, elles se disséminent, et leurs exigences en fait
de nourriture sont telles que les parties les plus coriaces de
l'appareil radicellaire ne les rebutent pas. En juin ou en juillet,
toujours suivant les conditions climatériques, l'existence lar-
vaire cesse, l'animal pénètre profondément dans le sol, parfois
jusqu’à 1 50 et s’y transforme en Nymphe. Avant le commen-
cement de l'hiver les Hannetons sont entièrement formés, mais
ils restent blottis dans ces cachettes profondes jusqu'au prin-
temps, époque à laquelle leur courte existence aérienne com-
mence
Nous avons déjà vu plus haut que ce sont plus spécialement les
Chênes qui tentent le Hanneton. Il y a lieu de remarquer que les
376 FEUILLES
autres essences feuillues des forêts et des parcs lui servent égale-
ment de pâture. Il en est de même des arbres fruitiers placés
dans des conditions spéciales, par exemple entre des champs
à terre meuble et les grands massifs de futaies feuillues ou de
taillis composés des régions de plaine. I s'établit alors dans ces
conditions un mouvement intense entre les champs et la forêt,
mouvement dû aux vols qui se répètent tous les trois ans dans
la règle. Les arbres fruitiers vivant dans la zone comprise entre
les berceaux de nymphose et les Chênes constituent les premiers
appâts sur lesquels l'animal se jette. Il arrive parfois que les
résineux sont attaqués et plus spécialement les Mélèzes au feuil-
lage tendre.
La caractéristique des ravages du Melolontha vulgaris L. est
précisément cette longue existence et cette double activité
nocive qui est exercée par l'animal, soit sous la forme d’Insecte
ailé, soit sous celle de Larve. C'est cette dernière qui est incontes-
tablement la plus préjudiciable au point de vue de la vie des
végétaux. Il résulte de ces faits qu'on peut intervenir de deux
façons dans l'existence de ce redoutable Coléoptère.
La première, de beaucoup la plus répandue, est expérimentée
depuis plus d’un siècle; elle consiste à récolter les Insectes ailés
au moment de leur assoupissement, alors qu'alourdis par leur
repas, ils demeurent immobiles sur les arbres des vergers et des
forêts. C’est le « Hannetonnage », coutume qui, dans certains pays,
est rendue obligatoire et qu'on encourage d’ailleurs par des
primes accordées par l'État ou les Communes. Dans d’autres
régions, on oblige le laboureur à faire récolter les Larves que la
charrue met au Jour.
Il est bien difficile de dire quelles conséquences ont ces diffé-
rentes mesures coercitives, qui sont d'autant plus sévèrement
appliquées que les régions dans lesquelles le Hanneton est à
l’état endémique sont cultivées d’une façon intensive. En
d’autres termes, est-il permis d'affirmer que si cette lutte entre-
prise contre cet ennemi ne se faisait pas, les désastres causés
par les Vers blancs et les Hannetons seraient plus grands? Nous
ne croyons pas qu'il soit possible de répondre à cette question.
CHÈNES 977
Moyens préventifs. — [ls consistent, au point de vue fores-
tier, à créer avant tout des massifs mélangés soit d'’essences,
soit d’âges différents et à protéger les ennemis naturels des
Hannetons et des Vers blancs. Parmi ceux-ci, nous pouvons
citer la Marte et le Renard, la Chauve-Souris et la Taupe, puis
parmi les Oiseaux, le Corbeau-freux, la Corneille, le Chouca, la
Pie, le Moineau, etc. Mais de quelle minime utilité sont, dans une
Chênaie, quelques centaines de ces auxiliaires — dont plusieurs
sont d'autre part nuisibles aux agriculteurs par la destruction
de certaines graines — en comparaison des myriades de Vers
blancs et de Hannetons qui vivent aux abords de nos forêts de
plaine en produisant toujours de nouvelles générations !
Moyens répressifs. — Nous avons déjà signalé dans le chapitre
de l'Épicéa comment il faut envisager, uniquement au point de
vue de la protection des forêts, la lutte contre le Melolontha
eulgaris L.
Les dernières recherches de DEcoppeT (1912) ont mis en lu-
mière les procédés de destruction par le sulfure de carbone. Si
actuellement, le résultat n'est pas encore absolument concluant.
il convient d'enregistrer avec satisfaction les expériences de ce
sylviculteur, qui du reste n’a pas achevé ses études dans ce
domaine.
DECOPPET a expérimenté certains des procédés connus jusqu'à
présent et que nous avons énumérés au commencement de cet
ouvrage. Il reconnait que celui que nous avons cité et qui con-
siste à empêcher la ponte en répandant sur les carreaux d’une
pépinière menacée une couche de feuilles, n'empêche pas la
femelle du Hanneton de pénétrer dans le sol à travers ce matelas
végétal pour y déposer ses œufs. Par contre, cet auteur préconise
le traitement au sulfure de carbone qu'il décrit dans tous ses
détails et qui a le mérite, non seulement de détruire partielle-
ment les Larves rongeuses, mais surtout de provoquer, comme
agent fertilisateur, une nouvelle vigueur du plant, favorisant ainsi
la reformation rapide des racines.
Nous croyons qu'il serait opportun de compléter ces recher-
® 2)
7 FEUILLES
ches par de nouvelles expériences qui auraient pour but de dé-
terminer le parcours que les Vers blancs sont capables de faire
horizontalement dans une pépinière, car ces constatations sont
d'une importance capitale lorsqu'on est appelé à entreprendre
la lutte au moyen du sulfure de carbone dans une pépinière de
valeur qu'on veut à tout prix maintenir et défendre contre ces
redoutables dévastateurs.
En résumé, la question n'est nullement résolue; elle mérite
cependant de l'être, car les pépinières forestières ne comptent
pas de pire ennemi que le Ver blanc (1).
Haltica erucæ 01. Coréopr., Chrysomelidæ
(Haltica quercetorum Foudr.)
Altise du Chêne
Longueur : 4 à 5 millimètres. Cet Insecte peu répandu est
reconnaissable à sa couleur d’un bleu vert métallique très bril-
lant. Le corps est allongé, ovoïde. Le corselet lisse porte en
avant du milieu un sillon transversal atteignant presque les
bords latéraux. Les élytres ont une ponctuation très fine et le
bord externe plissé.
L'Insecte ailé hiverne dans la couverture morte du sol ou
dans les crevasses de l’écorce. Dès que les feuilles s'épanouissent
au mois de mai, l'animal gagne la cime et dépose ses œufs sur
la face inférieure des feuilles, évitant d'entamer l’épiderme
supérieur; plus tard, au moment d'atteindre leur forme adulte,
les Larves dévorent tout, sauf les nervures. La feuille ainsi
« squelettée » ne tarde pas à sécher.
La chrysalidation a lieu à la fin de juillet dans le sol ou les
anfractuosités de l'écorce et le même ravage se reproduit Jusqu'à
l'apparition des froids de l’automne, mais cette fois par les soins
de l’Insecte ailé.
Cet animal relativement peu dangereux attaque occasionnel-
lement les aunes et les noisetiers.
(1) Le Melolontha hippocastani Fabr. a la même biologie.
CHÈNES 379
Il n'y a pas lieu de faire la guerre à l'Altise du Chêne, car ses
ravages n'ont qu'une portée secondaire, Tout au plus dans les
pépinières menacées par ses apparitions fréquentes, peut-on
conseiller de. la capturer dans des récipients avec pièges gluti-
neux. Toutefois, ce procédé est assez difficilement applicable,
vu la grande mobilité de l’animal.
Sphinx tiliæ L..
Voir : Chapitre des Tilleuls.
Liparis chrysorrhoea L. Lépinopr., Æombycideæ
(Porthesia chrysorrhoea L.)
Bombyce chrysorrhée ou eul-brun [PI. VE, fig. 9, 9 a]
Longueur, Papillon étalé : 35 à 40 mullimètres; Chenille
25 à 30 millimètres. Ce Papillon est d’un blanc brillant. Le mâle
porte souvent au milieu des ailes antérieures une
tache foncée. La partie postérieure de l'abdomen || janv. .| r
est chez la femelle d’un jaune brunâtre, tandis 4 |,
que ehez le mâle cette partie du corps est plus NT
foncée. Les antennes du mâle, de couleur jaunâtre, |———|—
sont longuement et doublement pectinées. Sa
La Chenille, qui compte seize pattes, est d’un |": | "E
brun plus ou moins foncé, elle porte des touffes de | dun. |!)
longs poils jaunes. La face dorsale est ornée de fout. .| T
taches d’un brun rouge foncé. Les anneaux un à in, | 28
trois présentent plusieurs taches transversales, les
SE ot
quatre à dix deux bandes en zigzag disposées de |——|—
COCHE I
chaque côté de la ligne médiane foncée. Sur les ||
. NOV=r SIM
anneaux quatre, cinq et onze, on remarque une se de
DeC Rent
petite tache poilue noirâtre; elle est frangée de blanc
sur les autres anneaux.
Parmi les Papillons nuisibles au point de vue forestier, il en
est peu qui, dans les régions tempérées et chaudes de l'Europe,
ont une aire d'extension aussi étendue. En effet, le Bombyce
380 _ FEUILLES
cul-brun est fréquent dans toute l'Europe centrale, sur le pour-
tour de la Méditerranée et jusque dans l'Hymalaya. On le ren-
contre rarement au nord de la France et dans la région bal-
tique.
Son évolution rentre dans le cadre de celle de la plupart des
autres Lépidoptères dont les Chenilles se nourrissent des feuilles
de nos essences forestières sociales.
Le Bombyce cul-brun essaime en général à la fin de juillet
comme l'indique le graphique ci-contre. C’est surtout à la fin de
la journée, au crépuscule, qu'on le voit prendre son vol. La
femelle dépose ses œufs un peu à la façon du Bombyce disparate,
par paquets qui ressemblent à de minuscules éponges Jaunâtres.
Deux à trois semaines après la ponte, les jeunes Chenilles
apparaissent et se mettent à ronger l’épiderme de la feuille sur
laquelle elles sont écloses, en respectant généralement les ner-
vures les plus importantes. Lorsqu'elles ne trouvent plus assez
de nourriture sur cette première feuille, elles s’attaquent à
CHÈNES 381
d’autres et l’automne venu, en réunissent quelques-unes par des
soies, formant ainsi un nid solide qui leur sert de chambre d'hi-
vernage. La présence de cette dernière constitue en hiver le
critère le plus facile pour la détermination des dégâts (fig. 236).
Au réveil de la végétation, en général en avril, les Chenilles
sortent de cette cachette et se jettent sur les feuilles qui s’épa-
nouissent, dévastant ainsi avant leur développement les boutons
Fig. 237. — Colonie de Chenilles de la ZLiparis chrysorrhoea L. 3/4 qr. nat.
(orig. coll. Pauly, Munich).
à fleurs. Ce travail est interrompu par les mues qui se produisent
alors que les individus sont réunis en colonies fixées à l’intersec-
tion des rameaux (fig. 237). En juin, on observe la chrysali-
dation, l'animal étant fixé aux feuilles ou caché dans la cou-
verture morte du sol.
Le Liparis chrysorrhoea L. est avec le Bombyce disparate un
des Lépidoptères les plus polyphages qui se rencontrent dans
les régions forestières de l’Europe centrale. Il recherche avant
tout les Chênes et les arbres fruitiers et nous l'avons trouvé
dans la vallée du Rhône, à Ardon (Valais, Suisse) rongeant les
feuilles de vigne à proximité de Chênes isolés.
282 FEUILLES
Le Bombyce cul-blanc à été signalé en 1903 dans les Conser-
rations de Nimes dont les taillis de Chênes verts étaient infestés.
Fig. 238.— Rameau de Chêne pédonculé déformé par les Chenilles de la Ziparis chrysorrhoea L.
1/1 gr. nat. (oriq. coll. Marchal, Paris).
On a remarqué alors que l'Insecte s’attaquait à toutes les es-
sences feuillues du sous-bois et en particulier à l’Arbousier. Fait
remarquable, cette invasion a pris fin brusquement en mai 1904,
à la suite d’un brouillard épais et froid qui a provoqué la mort
CHÈNES 9
instantanée des Chenilles au moment de leur activité printa-
nière (R. D. E. F.).
vea L. sur un rameau de Chène pédonculé.
Fig. 239. — Liparis chrysorrl
sseurs : b, colonie de Chenilles ; c. Cocon; d, Papillon.
a, Chenilles de différentes gro à
3/4 gr. nat. (oriq.).
384 FEUILLES
CECR à . : :
Ce Papillon n'est toutefois pas à ranger parmi les ravageurs
les plus communs et les plus redoutables des Chênaies.
Moyens préventifs. — Comme ce Lépidoptère n'attaque pas
les résineux, on n'a pas à redouter de dégâts importants dans
les forêts mélangées de résineux et de feuillus, mais il est surtout
à craindre dans les vergers avoisinant les Chênes qui poussent
dans un climat tempéré. Aucune mesure culturale n’est à même
de prémunir un massif de ses atteintes.
Moyens répressifs. — Dans certains cas qui intéressent plutôt
les cultures fruitières à proximité des Chênaies, on peut inter-
venir en faisant couper et brûler en hiver les nids ou bourses
qu'il est possible d'atteindre à l’aide d’un échenilloir. En avril
et mai, on peut également écraser les colonies de grosses Che-
nilles au repos. Il faut toutefois prendre certaines précautions
lors de cette chasse, car la Chenille a un pouvoir usticant rap-
pelant celui des Processionnaires du Chêne et du Pin.
Bombyx quercus L. Lérinorr., Bombycide
Bombyce du Chène (PI. VE, fig. 2, 2 a, 2 b).
Longueur, Papillon étalé, 4 : 4,5 à 5,5; ® : 6 à 7 millimètres;
Chenille : 5 à 6,5 millimètres. Les ailes antérieures et posté-
rieures sont barrées transversalement et à peu près au milieu
de leur longueur par une raie claire qui est moins bien arrêtée
à l'extérieur qu'à l’intérieur. Chez les deux sexes, on remarque
à peu près au centre des ailes antérieures une tache blanche
encadrée d’une bordure foncée. La femelle est ocre jaune, tandis
que le mâle est brun chocolat.
La Chenille est brun-jaune, fortement velue; chaque anneau
est séparé du suivant par un cercle noir velouté, très étroit. Les
côtés sont tachetés longitudinalement de blanc.
Ce Bombyce, peu répandu et polyphage, essaime en juin et
hiverne à l’état de Chenille. Cette dernière, devenue adulte, peut
détruire la frondaison des Chênes et d’autres essences feuillues.
CHÈÊNES 38)
On a observé également les ravages du Bombyx quercus L.
dans les semis de Pins sylvestres.
Fig. 240. — Bombyx quercus L. Chenilles de différentes grosseurs rongeant les feuilles de Chêne
pédonculé. 3/4 gr. nat. (oriq.).
Il s’agit ici d'une espèce rare qui se rencontre plutôt isolé-
ment et qui n'apparait généralement pas sous la forme d'inva-
sions. Nous nous dispenserons donc d'étudier les moyens propres
à prévenir l'extension de ces Papillons.
to
ot
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE
380 FEUILLES
Bombyx neustria L. Lépinorr., Bombycidi
Bombyce livrée [PI VE, fig. 4, 4a]
Longueur, Papillon étalé, 4 : 25 à 30; Q@ : 35 à 40 millime-
tres; Chenille : 30 à 50 millimètres. Ce Bombycide n’a pas la
Fig. 241. — Bombyx neustria L. sur un rameau de Prunier.
a, anneau d'œufs ; b, Chenilles ; e, Chrysalides ; d, Cocon; e, Papillon. 3/4 gr. nat. (orig.).
CHÈNES 307
tache blanche située près du centre des ail:s antérieures. Le
corps, les antennes, les pattes et les ailes antérieures sont en
général d’un jaune ocre ou d’un brun rougeâtre. On remarque
sur les ailes antérieures une large bande transversale de couleur
foncée. Les ailes postérieures sont d'une teinte
plus claire avec bande transversale à peine visible.
La Chenille est bariolée et facilement reconnais-
sable à sa tête d’un bleu grisâtre et à la ligne mé-
dio-dorsale blanchâtre qui se détache sur un fond
brun. Des deux côtés, on remarque une bande
longitudinale de même teinte que la tête. Le pre-
ar 1Û 7 à 7 natiftc Fig. 242. — Bague
mier et le onzième anneaux portent deux petits Fig. sb
neustria L. 1/1 gr.
points verruqueux foncés. La face ventrale de la 7% (orig.).
Chenille est bleuâtre ou d’un jaune sale.
C’est en général au mois de juillet qu’on observe le vol de ces
Papillons dont la femelle a une curieuse façon de déposer sa
ponte. En effet, elle colle ses œufs, serrés les uns
Janv . . , :
contre les autres, sur le pourtour d’un petit rameau
Re d'une essence quelconque, formant ainsi un anneau
Mars . de 1 à 1 1/2 centimètre de largeur (fig. 242).
Avril. . C'est sous cette forme que l’animal hiverne. En
FE avril, les petites Chenilles éclosent et se mettent à
LE ronger les Jeunes feuilles et les bourgeons des Chênes
ainsi que de plusieurs autres essences feuillues. Ce
Juill . | PA re MATE
LES dégât est sérieux, car à ce moment là, la végétation
Août . . 52 + F : : : 4
a s'épanoult, et les feuilles à peine formées et très
BED tendres sont dévorées en grande partie par la Che-
Oct. . . nille qui est précisément en pleine croissance. Les
Ne ravages de cette dernière se produisent au moment
où elles sont réunies en colonies qui tissent souvent
DÉC
à l'intersection des rameaux des filets soyeux dans
lesquels les mues s'effectuent. A la fin de la période des rava-
ges, les Chenilles se disséminent et se chrysalident dans des
Cocons jaunâtres qui sont accrochés aux rameaux entourés du
filet soyeux.
Ce sont surtout les vergers qui sont expesés aux attaques de
92QQ
JO FEUILLES
ce ravageur polyphage. Cependant les taillis de Chênes et les
cultures de pépinières sont parfois envahis par cette Chenille.
Moyens préventifs. — Ils consistent à surveiller de près les
cas isolés qu'on peut constater dans les Chênaies.
Moyens répressifs. — Le Bombyce livrée se tenant en général
sur les branches basses des rejets et des baliveaux de Chênes, il
faut, lors d’invasions sérieuses, écraser en hiver, au moyen de
brosses métalliques fixées à des perches, les anneaux d'œufs,
ou bien plus tard, au printemps, anéantir les colonies de Che-
nilles réunies dans les filets soyeux. On peut également faire
des aspersions de savon noir liquide, procédé qui donne de bons
résultats.
Bombyx lanestris L.
Voir : Chapitre du Bouleau.
Liparis dispar L. (1).
Voir : Chapitre du Hêtre.
Liparis monacha L.
Voir : Chapitre de l'Epicéa.
Liparis similis Füssl. Lépinopr., Bombycidæ
Bombyce semblable
Ce Bombyce a, sous ses différentes formes, les mêmes dimensions
que le Bombyce cul-brun. Il s'en distingue par la pilosité plus
claire de l’anus ainsi que par l'absence de la cinquième nervure
(1) Le Liparis detrita Esp. est une espèce très voisine du Liparis dissem-
blable et qu’on a observée dans l’Allemagne du Nord ainsi qu’en Russie.
Elle est monophage et trop rare dans l’Europe centrale pour faire l’objet
d’une description spéciale (Judeich et Niütsche, 1895, p. 793).
se
CHÈÊNES 389
aux ailes postérieures. La Chenille est de couleur brune avec
tête foncée; la bande dorsale noirâtre est bordée de chaque côté
par une ligne rouge vermillon.
Le Papillon essaime en juillet, dépose ses œufs sur la face
inférieure des feuilles. Les œufs sont jaune paille et agglomérés
en miroir. Les Chenilles apparaissent en automne et hivernent
dans un petit Cocon soyeux fixé dans les anfractuosités de
l'écorce ou dans la couverture morte.
Les ravages commencent au premier printemps et s'étendent
aux bourgeons et aux feuilles.
Ce rare Insecte est encore plus nuisible dans les vergers que
dans les futaies feuillues où il est peu à redouter (1).
Phalera bucephala L. Lépiporr., /Votodontide
[PI. VI, fig. 12]
Longueur, Papillon étalé, j : 45 à 50; © 50 à 60 millimètres;
Chenille : 30 à 40 millimètres. La famille des Notodontidæ ne
compte qu'un représentant parmi les ravageurs européens des
forêts. Le Papillon est très facilement reconnaissable à ses ailes
antérieures grisâtres dont l’angle externe est orné d’une tache
jaune clair en demi-cercle et dont le bord interne arqué est
épaissi d'une teinte chocolat. Les ailes postérieures sont d'une
nuance crème.
Les plaques nucale et anale de la Chenille sont noir brillant,
chitineuses. Le corps est foncé, mat, recouvert d’une pilosité
brunâtre avec plusieurs lignes longitudinales d'un jaune ocre,
coupées à l'intersection de chaque anneau par une bande trans-
versale brune.
La Phalera bucephala L. essaime en mai ou Juin et dépose ses
œufs sur la face supérieure des feuilles qui, peu après l’appari-
(1) On peut signaler ici la Piéride gazée (Pieris crataegi L.) bien connue
des jardiniers et des arboriculteurs. On l’a observée parfois sur la frondaison
des chênes.
390 FEUILLES
tion des Chenilles, sont rongées et (squelettées ». A la fin de la pé-
riode de ravages, qui se prolonge jusqu'en septembre, l'animal
dévore la feuille entière en ne respectant que la nervure mé
diane.
La chrysalidation a lieu sous terre, durant l'hiver et sans la
protection d’un Cocon soyeux.
Le Papillon attaque tous les feuillus, et 1l peut être opportun,
en cas d'invasion dans les parcs, de détruire les Chenilles au mo-
ment où elles ont acquis leur développement maximal. Dans les
chênaies, il apparait fortuitement sans causer de ravages sé-
rieux.
Noctua aceris L. (1).
Voir chapitre des Érables.
Cnethocampa processionea L. Lérinorr., Bombyc:dæ
Processionnaire du Chène [PI. VE, fig. 7, 7 a]
Longueur, Papillon étalé, 4: 25 à 30; @ : 30 à 35 millimètres;
Chenille : 30 à 40 millimètres. La Processionnaire du Chêne
rappelle beaucoup sous le rapport des dimensions et du tache-
tage des ailes la Precessionnaire du Pin. Le corps et les ailes
antérieures sont d’un gris Jaunâtre. Ces dernières ont des ner-
vures saillantes. Les bandes transversales foncées des ailes
antérieures sont plus marquées chez le mâle que chez la femelle.
Les ailes postérieures sont plus claires et sans dessins. Les an-
tennes du mâle sont pec:inées et d’un jaune orange.
La Chenille a la tête noire, à peine velue; le corps est d’un gris
foncé plus ou moins bleui avec cô'és blanchâtres. Les seg-
ments quatre à onze portent chacun une tache rougeâtre. Chaque
anneau est crné en son milieu d’une rangée transverse de fais-
ceaux de longs poils très blonds.
(1) Noctua coryli L., N. aprilina L., N. incerta Hfn., N. trapezina L.,
N. pulverulenta Esp. se rencontrent parfois sur les frondaisons des Chênes,
mais ne peuvent cependant être considérées comme des ravageurs typiques
de cette essence.
CHÈNES 391
La Chrysalide, qui mesure 15 millimètres au maximum, est
brune, régulièrement rétrécie antérieurement et obtusément
arrondie à son extrémité; elle est munie d’une pointe de chaque
côté de l'anus.
L'évolution de ce Lépidoptère se déroule suivant le graphique
ci-joint, qui nous montre que la période nocive est très courte.
Le Papillon essaime en août et dépose ses œufs par
rangées juxtaposées fixées sur l’écorce des branches
supérieures des grands arbres, ou sur les tiges des
Janv .
Fév: 1E/|te
Mars. . .
Chênes de petites dimensions. L'Insecte protège le
plus souvent sa ponte en la recouvrant d'un fin
AN :4118"e
duvet soyeux et choisit comme emplacement de | | +
ponte la face sud des branchages ou des troncs.
Jin I
L'hivernement a lieu sous la forme d'œuf, et les |=——--
d : ; danse JUIL 0e |
jeunes Chenilles apparaissent précisément au mo-
6 1 . Aou SE
ment de l'épanouissement des feuilles. Ces der- [7°
nières sont aussitôt rongées en totalité ou en partie; || Sert.
la Chenille adulte s'attaque ensuite aux bourgeons.
Comme c'est le cas pour la Processionnaire du Pin,
dont nous avons décrit les mœurs dans le chapitre
des Pins, les Chenilles de la Processionnaire du
Chêne ont une activité nocturne. C'est en effet parce qu'elles
circulent de nuit sur la frondaison des Chênes, qu'elles laissent
sur le chemin qu'elles ont parcouru un fil conducteur qui, après
leur repas, leur permettra de regagner le nid dans lequel elles
se réunissent durant le jour. Ces nids revêtent les formes les
plus variables et sont le plus souvent placés à l'intersection
des branches. Ils hébergent les Chenillcs lors de leurs difré-
rentes mues et, à la fin de l'évolution d’une génération se
trouvent, malgré leur taille qui peut parfois atteindre une
longueur de 1 mètre sur une largeur de 20 à 30 centimètres, rem-
plis de débris de Chenilles, de Cocons et d’excréments.
La métamorphose a lieu à la fin de Juillet dans ces cachettes
soyeuses où la Chenille se sent à l'abri des rayons solaires et de
la pluie.
Il arrive fréquemment que dans les chênaies l’on rencontre
392 FEUILLES
de jour des processions de deux ou trois rangs de Chenilles cir-
culant sur les troncs ou sur le sol. Ce phénomène se produit en
général lorsque l'invasion est intense; alors les Chenilles quittent
un arbre dont le feuillage ne leur offre plus de nourriture en
Fig. 243. — Nid de la Crethocampa processionea L. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich).
suflisance. Il y a de grandes variations dans les dégâts. En effet,
à la fin de la période des ravages, on remarque parfois que les
Chenilles dévorent toute la feuille, sauf la nervure médiane et
certaines nervures latérales, spécialement celles des feuilles
anciennes. L'intensité de l'invasion varie suivant le développe-
ment de l’arbre, la forme et l'exposition de sa frondaison.
On peut envisager les conséquences des invasions de la Pro-
cessionnaire Comme ayant à peu près la même importance que
celles de la Tordeuse du Chêne et que nous examinerons plus
loin. Dans les cas normaux, la période de ravages prenant fin
précisément au moment où la sève d'août provoque une refor-
CHÊNES 393
mation de l'appareil foliacé rongé, la vie du végétal n'est pas
compromise, seul l'accroissement est diminué. Lors des inva-
sions intenses et lorsque les bourgeons à fleurs sont détruits, il
est évident que la production des glands est compromise,
Dans certains cas exceptionnels, la Processionnaire devient
polyphage. En toutes circonstances, le pouvoir urticant de ces
Fig. 244. — Cnethocampa processionea L. sur un tronc Ce Chêne pédonculé.
a, Chenilles ; b, Papillon g; ce, miroir d'œufs. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich).
Chenilles rend la cireulation et le travail dans les forêts envahies
très malaisé durant la phase de nocivité de l'animal.
Les invasions durent en général deux à trois ans au plus, et
en Allemagne, plus spécialement, on a observé que dans cer-
taines chênaies elles se renouvelaient tous les huit à dix ans
(Judeich et Nitsche, 1895, p. 911).
En France, dans les départements de l'Aube, de l'Yonne et
394 FEUILLES
de la Côte-d'Or, on a constaté de 1902 à 1906 une forte invasion
qui a atteint son apogée en 1904 et 1905.
Dans la Côte-d'Or en particulier, les dégâts de la Procession-
naire ont eu pour effet de détruire les fleurs et par conséquent
\ \
d'annuler à peu près complètement la production des glands
CREID: Era)
Moyens préventifs. — Ils consistent à propager et à protéger
dans les chênaies menacées la Chauve-Souris, qui fait la chasse
aux Papillons et aux Cocons, et le Calosoma sycophanta L, qui est
avide de Chenilles et parfois de Chrysalides.
Moyens répressifs. — Lorsque l’on surprend à la fin de la
période de ravages des processions de Chenilles qui cireulent
d'arbre en arbre, on peut employer des enfants à écraser ces
dernières qui, allourdies par leurs copieux repas, ne peuvent
s'échapper facilement.
Un autre procédé, qui. donne également de bons résultats,
consiste à détruire l'animal durant la période larvaire, alors
que les Chenilles se sont, pendant le jour, retirées dans leurs
nids. Des ouvriers, portant des perches munies à une de leurs
extrémités d’éponges ou de tampons d’étoupe, parcourent alors
les peuplements infestés. L’éponge ou l’étoupe, étant imbibée de
pétrole, puis allumée, sert à enflammer les nids de la Procession-
naire.
Geometra defoliaria L. Lérinorr., Geometridæ
(Hibernia defoliaria L.) |PI. VI, fig. 10, 10 a]
Hibernide ou Phalénide défeuillée
Longueur, Papillon étalé, 4 : 35 à 40 millimètres; Chenille :
30 à 35 millimètres. Cette arpenteuse présente un caractère
spécial que nous ne retrouvons chez aucune autre espèce fores-
tière de l’ordre des Lépidoptères. En effet, la femelle, longue
de 8 à 10 millimètres, est complètement privée d'ailes, d'un
CHÈNES 395
blanc sale tacheté de noir. Le mâle se distingue facilement par
les caractères de ses ailes antérieures qui sont, de même que le
corps, d'un jaune citron, avec deux bandes transversales brun
chocolat très variables dans leur forme. Les bordures des ailes
sont souvent blanches. On rencontre parfois des individus de
la Phalénide défeuillée dont le tachetage alaire est embrouillé
ou même effacé. Les ailes postérieures sont blanc crème avec
franges non tachetées.
La Chenille, jaune blanchâtre, porte dix pattes. Après la der-
nière mue, la face dorsale revêt une teinte orange foncé, tandis
que la face ventrale demeure beaucoup plus claire. Les pattes
postérieures sont rougeâtres.
Ce Papillon très polyphage essaime en septembre ou en octo-
bre, parfois seulement en novembre. La Chenille recherche par-
ticulièrement les feuilles des Chênes et des Hêtres dont elle
découpe les bords en évitant en général d'entamer les nervures.
On n’a pas remarqué que cette espèce réunisse quelques feuilles
en faisceau par un filet soyeux pour en faire un nid. L’hivernage
a lieu à l’état d'œuf.
Au point de vue forestier, ce ravageur, qui est à redouter dans
les vergers, a la même importance que la Geometra brumata L..,
mais il est beaucoup moins répandu (1).
Geometra brumata L. Lépipopr., Geometridæ
(Gheimatobia brumata L.) [PI. VI, fig. 6]
Cheimatobie hiémale
Longueur, Papillon étalé, : 25 à 30 millimètres; @ longueur
du corps : 5 à 6 millimètres; Chenille : 18 à 22 millimètres. Bien
que la Cheimatobie hiémale soit à proprement parler un rava-
geur des vergers, on la redoute également dans les chênaies,
(1) Les Geometra aurantiaria Esp. G. aescularia Schiff., G. progemmaria
Hb. jouent, au point de vue de la protection des chênaies, à peu près le
même rôle, tout en étant encore moins fréquentes que la G. defoliaria L.
396 FEUILLES
ainsi que sur tous les autres feuillus, sauf le Hêtre. Ce Papillon
présente un dimorphisme sexuel très accusé. En effet, le mâle
est pourvu de deux ailes antérieures d’un gris plus ou moins
rougeâtre avec rayures transversales un peu foncées. Les ailes
postérieures claires portent parfois des taches transversales très
effacées.
La femelle est munie de rudiments d'ailes qui n’atteignent
pas la longueur du corps. Les antérieures, d'apparence verdâtre,
portent deux bandes transversales brunâtres, les
Janv.
postérieures seulement une.
HE La Chenille se reconnaît à ses dix pattes et à
Mars . la teinte vert jaunâtre de son corps dont la ligne
Avril. . dorsale est plus foncée.
oe La biologie de cet Insecte présente ceci de par-
DE ticulier — son nom l'indique — que l’essaimage
LUE EE Ets
oo — se produit au moment des brumes automnales,
JUIL
presque au commencement de l'hiver. En effet, les
AU] © mâles apparaissent à la moindre température clé-
Sept . - mente de l’arrière-automne et volent, le soir sur-
Oct. . . tout, autour de la couronne des arbres pour y
‘xoy.. -l + Ü rechercher les femelles. Ces dernières, fécondées,
déposent individuellement leurs œufs sur les bour-
Décret
geons à fleurs et sur les rameaux. Ces œufs sont
solidement collés, ce qui leur permet de ne pas être détachés
durant l'hiver par la pluie et la neige.
L'apparition des jeunes Chenilles a lieu au moment du réveil
de la végétation, et ce phénomène est naturellement sous la
dépendance complète des conditions atmosphériques. L'animal
pénètre en général en avril dans les bourgeons dont il dévore
partiellement l’intérieur durant la nuit. Pendant le mois de mai
et une partie de juin, le ravage se poursuit et atteint les feuilles
en voie de formation qui sont ordinairement perforées. Plus
tard, les ouvertures sont agrandies à mesure que la Chenille
devient plus grosse et active et, à la fin de la période des dégâts,
on remarque des faisceaux de feuilles réunies par un filet soyeux.
Parvenue à cette étape de son existence, la Cheimatobie hié-
CHÈNES 397
male suspendue à un fil se laisse tomber à terre et se cache dans
le sol ou dans les débris ligneux pour s’y métamorphoser. Cette
phase de nymphose dure environ quatre mois.
La Geometra brumata L. est surtout à redouter dans les ver-
gers où elle compromet souvent la fructification et, à la suite
d'invasions successives, provoque la mort de l'arbre ou de cer-
taines branches, préparant ainsi le chemin aux Insectes poly-
phages.
Parmi les essences forestières feuillues, ce sont le Chêne et le
Charme qui semblent le plus exposés à voir non seulement leurs
feuilles, mais surtout leurs graines détruites.
Les forêts de la Haute-Marne ont été envahies par ce Papillon
de 1904 à 1906. La Cheimatobie évoluait en compagnie de la
Tordeuse du Chêne et du Bombyce livrée (R. D. E. F.).
Moyens préventifs. — Comme il s’agit d'un Insecte essentiel-
lement polyphage et mobile, on ne peut guère prémunir les
vergers et et les chênaies contre ses atteintes, à moins de prendre
les devants et d'appliquer préventivement le procédé indiqué
plus loin.
Moyens répressifs. — Le moyen le plus employé dans le monde
des arboriculteurs consiste à fixer, par une ficelle autour du
trone des arbres envahis ou à protéger, des bandes de papier
de 10 à 15 centimètres de largeur. Sur ce papier on dépose de
la glu en un anneau de 1 à 2 centimètres de largeur sur 2 à 3 cen-
timètres d'épaisseur. Le piège est placé en octobre, soit au
début de la période d’accouplement des Papillons; il a pour but
d'arrêter l’ascension des femelles. En effet, ces dernières avec
leurs rudiments d'ailes sont incapables de voler et deviennent
facilement prisonnières dans cette matière gluante qui leur
obstrue le passage lorsqu'elles gravissent le tronc.
L'usage de ce bracelet de papier offre en outre un autre avan-
tage dans la culture arboricole, c’est qu'entre l'écorce et le
papier viennent souvent hiverner d’autres Insectes ravageurs
qu'on détruit à la fin de l'hiver en détachant le piège glutineux.
308 FEUILLES
En protection forestière, on ne peut guère faire usage de pro-
cédés aussi coûteux; du reste ce ravageur est peu nocif dans les
chênaies.
Tortrix viridana L. Lérinorr., Tortricidæ
Tordeuse verte ou du Chêne [PI. VE, fig. 8, 8 a]
Longueur, Papillon étalé : 21 à 24 millimètres; Chenille :
10 à 14 millimètres. Ctte Tortricide se reconnaît facilement à
Fig. 245. — Ravages de Zortrix viridana L. sur un rameau de Chène pédoncule.
a, Papillons ; b, Chenilles rongeant les feuilles. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich).
l'aspect verdâtre, couleur de jeunes feuilles de Chêne, des ailes
‘antérieures et à la teinte grisâtre de l'abdomen.
La Chenille, munie de seize pattes, est également verte ou d’un
CHÈNES 399
vert noirâtre, à peine pileuse; sa ponctuation et la tête sont
noires.
La Chrysalide, d’un noir brillant, est de forme allongée.
La Tordeusé du Chêne est répandue dans toutes les forêts
de Chênes de l'Europe; on la même observée
dans les Alpes grisonnes (Suisse) à 1.100 mètres
d'altitude. ES:
La biologie est très simple et ne présente aucune || Mars. .
particularité, l'hivernement ayant lieu sous la forme || Avri. .
d'œuf. FETES
Ce Microlépidoptère apparait fréquemment dans
Juin . .
les chênales et ses invasions durent en général de
Juill ,
trois à six ans. ROUE
C'est à la fin de juin ou au commencement de | *"*::
juillet que le Papillon essaime, et ce ‘vol s'effectue || Sert.
non seulement au crépuscule, mais encore en plein
soleil. Le vol est très agité et les Insectes ne de-
meurent Jamais posés longtemps au même endroit.
On sait que la ponte s'opère dans la frondaison,
mais on n'a pas encore pu préciser si les œufs sont fixés aux
rameaux ou aux bourgeons; cependant la plupart des entomo-
logistes foresticrs penchent pour cette dernière alternative.
Comme c'est le cas pour tant d’Insectes phytophages, la pé-
riode nocive coïncide précisément avec l'épanouissement de
l'appareil foliacé, c’est-à-dire en plein mois de mai. A cette
époque, la Chenille commence son carnage et s'attaque en pre-
mier lieu aux bourgeons à fleurs, puis aux jeunes feuilles dont
les parties tendres sont dévorées. A la fin de son existence lar-
vaire, la Tordeuse entame les feuilles formées et se plait à les
enrouler de diverses façons, parfois en cornet, en cigare, en
portefeuille triangulaire (fig. 246). Ces travaux de pliage sont
consolidés par l’adjonction d’un réseau soyeux. Dans certains
cas, on remarque également des nids formés de plusieurs feuilles
agglomérées par de la soie. C2s feuilles tordues ou réunies ser-
vent de retraite aux Chenilles à la fin de la période de ravages;
c'est dans ces cachettes, à l'abri de la pluie et du soleil, que ces
400 FEUILLES
animaux achèvent de se gaver de débris et qu'ils subissent
leur métamorphose en Chrysalide.
Lors d'invasions intenses, l'animal change de branche ou se
laisse tomber à terre, suspendu à un fil qu'il tisse au fur et à
mesure de la descente. Il atteint ainsi des rameaux couverts de
feuilles plus ou moins indemnes. On observe aussi, lors de ces
invasions, que d’autres Papillons arrivent en masse dans les
forêts et, par un temps calme et sec, on peut entendre la chute
bruyante des excréments dans les massifs densément infestés; à
la fin de la période des ravages, la circulation sous les Chênes
est parfois rendue fort désagréable par les fils qui pendent de
Fig. 246. — Différentes formes de nids de la Tortri viridana L. 3/4 gr. nat. (oriq.).
la cime des arbres. La nature se montre dans ce cas si bien équi-
librée que les dégâts qu'occasionne la Tordeuse prennent pré-
cisément fin avant la sève d'août. Si done au commencement
de juillet, les frondaisons des Chênes peuvent paraître dépouil-
lées à divers degrés, un mois plus tard, sous l'influence de la sève
montante de l'été, la couronne se garnit à nouveau de feuilles
plus ou moins anormalement formées il est vrai, mais qui assu-
rent cependant la vie de l'arbre. Il est évident que cette pertur-
bation, qui atteint les organes vitaux du végétal, entraine une
diminution d’accroissement qu'il est facile de constater après
l'abatage des Chênes, par l'examen des cernes, car ceux qui
CHÈNES 401
correspondent aux années d’invasion sont plus minces que
leurs voisins formés dans des conditions normales. En outre, il
faut reconnaître que, dans les chênaies ravagées une ou plusieurs
Fig. 247. — Rameau de Chêne pédonculé avec ravages de la Tortrix viridana L.
photographié au mois d'août au moment de la reconstitution foliaire. 1/2 gr. nat. (orig.)
années de suite, la production des glands est sérieusement com-
promise.
Nous avons eu l’occasion de suivre attentivement l’évolution
de la Tortrix viridana L. dans les forêts du plateauvaudois
(Suisse) durant les années 1903 à 1908 (Bar8e y, A. 1907, p. 49-56).
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE
26
402 FEUILLES
Durant cette période, ce Papillon fut également observé un peu
partout dans les chênaies de l'Europe centrale.
On peut affirmer que, lorsque la Tordeuse agit seule, sans le
concours d’autres ennemis des bois, elle ne détermine pas en
général la mort des Chênes, même de ceux qui sont attaqués
par elle plusieurs années de suite. Nous avons été amené à lui
attribuer en partie le dépérissement des trois quarts des bali-
veaux de Chênes du taillis sous futaie de Chassagne (Ville d'Orbe,
Vaud, Suisse). En effet, l'invasion citée plus haut a chevauché
sur deux périodes d'apparition du Hanneton et surtout sur les
néfastes sécheresses de 1906 et de 1907, cette dernière moins
caractérisée il est vrai. Ces trois facteurs combinés ont causé un
vrai désastre forestier dans cette forêt dont l’aménagement a
dès lors été bouleversé. Il est difficile d'attribuer à la Tordeuse
la part prépondérante dans cet accident forestier; cependant,
nous demeurons convaincu que la Chenille, si abondante durant
cinq années consécutives, a contribué sérieusement au dépouil-
lement des rameaux et à la destruction des bourgeons qui
ont pu être ensuite facilement desséchés par l'été torride de
1906.
L'invasion citée ci-dessus a pris brusquement fin à la suite
de la gelée tardive du 27 mai 1908 qui, jointe à une forte chute
de neige, a surpris la Chenille en pleine activité et mis ainsi fort
heureusement un terme à son évolution.
Bien que la Tortrix viridana L. soit essentiellement mono-
phage, nous avons remarqué qu'au moment de la pullulation
des Chenilles, ces dernières s’attaquent même aux feuilles des
arbrisseaux qui constituent le sous-bois des chênaies.
Moyens préventifs. — Ce sont les seuls qu'on puisse indiquer
pour la lutte contre l'extension et le renouvellement des ravages
de la Tordeuse verte. Il y a lieu de favoriser dans les forêts la
nidification des Oiseaux utiles, tels que les Mésanges, les Étour-
neaux, etc. C’est la seule mesure préventive que l’on puisse
conseiller, à moins que par le mélange des essences, on ne cherche
à créer des forêts de constitution variée, dans lesquelles les
CHÈNES 403
Insectes monophages auront de moins en moins la possibilité
de se propager librement.
Moyens répressifs. — Il n'existe pas de procédé économique
efficace pour détruire les Chenilles ou les Papillons de la Tortrix
etridana L.
Phycis tumidella Zk. Lépinorr., Tortricidæ
(Acrobasis consociella Hb., Acrobasis Zelleri Rag.)
Tordeuse des rameaux de Chêne
Longueur, Papillon étalé : 20 millimètres; Chenille : 20 milli-
mètres. Ce Papillon, légèrement plus petit que l’espèce décrite
Fig. 248. — Nid de la Phycis tumidella Zk. 3/4 gr. nat. (orig.).
ci-dessus, porte sur chacune des ailes antérieures qui sont d'un
gris violacé ou rougeâtre et plus foncées à la base, deux taches
transversales grisâtres, ondulées en zigzags; elles occupent à
peu près la moitié de la surface alaire. On distingue dans la
404 FEUILLES
tache grisâtre interne deux points d’un brun foncé, parfois
réunis l’un à l’autre. Les ailes postérieures, de même que l’abdo-
men, sont revêtus d’une teinte gris sale. La tête et le thorax
sont couleur rouille.
La Chenille, dont la tête est foncée et le corps d’un vert pâle,
présente une nuque partagée longitudinalement par un sillon
Fig. 249. — Feuilles de Chêne pédonculé ravagées par la Phycis tumidella Zk. 1/1 gr. nat.
(orig. coll. Standfuss, Zurich).
et sur chaque segment, on remarque deux paires de plaques
chitineuses revêtues de poils.
L'évolution de cet Insecte monophage coïncide à peu près
avec celle de la Tordeuse verte; cependant la façon dont la
Phycis tumidella Zk. entame les feuilles de Chêne varie légè-
rement.
La Chenille de la Phycis tumidella Zk. construit des nids
composés de feuilles inclinées les unes contre les autres et dont
CHÈNES 405
plusieurs des internes sont enroulées en forme de cigare et par-
tiellement « squelettées ». La chrysalidation s'opère en juillet dans
la couverture morte du sol, la Chenille se calfeutrant dans un
Cocon soyeux renforcé par de menus fragments de terre agglu-
tinés. |
Ce ravageur est rare, son importance forestière est presque
nulle.
Tinea lutipenella 211. Lépinopr., Tortricidæ
(Argyresthia lutipenella Hbn.)
Teigne des bourgeons de Chène
Longueur, Papillon étalé : 15 millimètres; Chenille : 10 milli-
_mêtres. Cette Teigne a les ailes antérieures et le thorax d’un ocre
jaune effacé avec franges alaires plus claires. Les ailes posté-
rieures ainsi que l’abdomen sont d’un gris sale. Les anneaux
noirs des antennes se détachent sur la couleur fondamentale
blanche.
On ne connaît pas encore exactement la biologie de ce Papillon
fort peu répandu du reste dans les chênaies. Toutefois on a
observé (Jupeicx et NirscHEe, 1895, p. 1061) que la jeune Che-
nille pénètre au commencement de l'été dans les bourgeons dont
elle perfore les écailles et les jeunes feuilles. En juin, la Chenille
se tisse un cocon qu'elle promène avec elle sur la surface foliaire
des Chênes, puis elle se fixe solidement sur un rameau pour
subir sa métamorphose. L'essaimage se produit en juillet, mais
on ne sait pas encore si la Tinea lutipenella ZM. hiverne à l’état
d’œuf ou de jeune Chenille.
Les Chênes attaqués reverdissent avec la sève d'août.
Aucune mesure protectrice n’est opportune dans les cas d’in-
vasion de cette Teigne.
Tinea complanella Hbn. Lérinopr., Tortricid:æ
(Tischeria complanella Hbn.)
Teigne déprimée
Longueur, Papillon étalé : 12 millimètres: Chenille : 6 milli-
406 FEUILLES
mètres, Le Papillon rappelle beaucoup la Tinea lutipenella ZW:
cependant il est sensiblement plus petit et ses ailes antérieures
sont légèrement brunâtres vers la pointe. Les antennes, la tête
et le thorax sont jaunâtres, tandis que l'abdomen est d'un gris
semblable à celui des ailes postérieures.
Fig. 250. — Feuilles de Chêne pédonculé minées par la T'inea complanella Hbn.
a, chemin parcouru par la Chenille entre les deux épidermes ; b, Chenille perçant l’épiderme
desséché, 1/1 gr. nat. (orig.).
La Chenille est de couleur claire indistincte, presque glabre,
avec tête et extrémité anale à peine plus foncées. Seules, les
trois paires de pattes thoraciques sont bien formées, tandis que
les postérieures restent à l’état de mamelons.
Le Papillon essaime en mai et dépose ses œufs dans les feuilles
en formation. La jeune Chenille passe toute son existence, qui
CHÈNES 407
dure en général dix mois, emprisonnée entre les deux épidermes
des feuilles de Chêne et de Châtaignier, pratiquant des couloirs
sinueux qui augmentent de calibre avec l’âge de l'animal. Fina-
lement ce dernier, avant de se métamorphoser, creuse un élar-
gissement de grandeur variable dont les parois supérieure et
inférieure, se desséchant, prennent une apparence claire (fig. 250).
Ce ravage que l’on constate surtout sur les rejets ainsi que
sur les rameaux près de terre est commun, mais il ne peut être
envisagé comme la cause du dépérissement des Chênes.
On trouve aussi occasionnellement sur les feuilles de Chêne la
Tinea cognatella Fr.
Tinea ferrugana Tr. Lépinort., Tortricidæ
Tordeuse ferrugineuse
Longueur, Papillon étalé : 16 à 17 millimètres; Chenille
11 millimètres. Ce Papillon qui figure dans la littérature ento-
mologique sous huit noms différents porte une tête et un thorax
en général ocre Jaune ou brun rougeâtre; l'abdomen, de même
que les ailes postérieures, présentent de nombreuses variations
de couleur. Le plus souvent ocre jaune, tachetées de foncé chez
certains individus, elles apparaissent parfois d’un gris rougeâtre.
La bordure antérieure est ondulée et le bord antérieur porte
deux taches brunâtres qui se confondent parfois avec une autre
tache de même teinte occupant le centre de l’aile. Les franges se
dessinent en plus clair sur la couleur du fond.
La Chenille, munie de seize pattes, a la tête et la plaque nucale
brun foncé; le corps se teinte de brun pâle ou de vert sale. Le
dos et les côtés sont sillonnés longitudinalement par cinq bandes
d’un vert olive foncé. Sur le milieu du corps, on remarque des
deux côtés de la ligne médio-dorsale qui est plus large et d’appa-
rence bleuâtre de petits points noirs.
La période du vol de la Tordeuse ferrugineuse a lieu en août
et se poursuit parfois Jusqu'en octobre. Chose curieuse, l'hiver-
nement se passe sous la forme parfaite, l’animal se blottissant
408 FEUILLES
durant la mauvaise saison dans des feuilles sèches repliées, for-
mant des nids fixés aux rameaux.
L'accouplement et la ponte s'effectuent au premier printemps
et la Chenille se met en mai ou juin à attaquer les jeunes feuilles
réunies en faisceaux soyeux irréguliers. Elles sont rapidement
« squelettées » et tombent en débris qui, avec les excréments,
constituent des amoncellements informes retenus par le réseau
sOYeUX.
Dans la plupart des cas, les rameaux qui portent plusieurs
de ces faisceaux de feuilles rongées dépérissent. Il résulte donc
de ces dégâts, cependant rares, des déformations de la frondaison.
La Tortrix ferrugana Tr. attaque également d’autres essences
feuillues et certains arbrisseaux qui forment le sous-bois des
chênaies.
Le forestier n’est guère appelé à intervenir pour entraver
l’évolution d’un Insecte dont les dégâts sont aussi rares que peu
prononcés.
Pour achever l’énumération des parasites des feuilles de
Chênes, nous signalons encore deux ennemis plus rares :
Phylloxera quercus Fonsc. Ruynou. Phylloxeridæ
On observe trois formes chez cette espèce. En été, les Insectes
aptères parthénogénétiques apparaissent et se mettent à sucer
l’épiderme de la partie inférieure des feuilles de Chênes. En
automne, les femelles ailées, de couleur rosée, déposent leurs
œufs qui donnent naissance à des Insectes des deux sexes. Sur
les feuilles attaquées, on remarque des pustules jaunâtres qui
n’ont pas grande importance au point de vue de la protection
forestière.
Phyllopertha horticola L.
Voir : Chapitre des Aunes.
Fig. 251. — Trigonaspis megaptera Panz. Chêne pédonculé.
1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris).
Fig. 252. — Andricus inflator Htg. Chêne pédonculé. 3/4 gr. nat. (orig.).
Fig. 253. — Neuropterus quercus baccharum Oliv. (gén. agame) — Diplolepis lenticularis Oliv.
Chêne pédonculé. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris).
Fig. 254. — Dryomyia circinans Giraud. Chène pédonculé. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris).
Fig. 259. — Dryophanta folii L. Chêne pédonculé 3/4 gr. nat. (orig.).
CHÈNES 413
Fig. 256. — Cecidomyia Lichtensteini Fr. Lôv. Chène yeuse.
3/4 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris).
GLANDS
Balaninus elephas Gyll. Coréopr., Curculionideæ
Balanin éléphant
Longueur : 9 à 10 millimètres. Les Balanins sont reconnais-
sables à leur corps trapu, élargi. La tête porte un long rostre
plus ou moins rectiligne, repliable sous le corps. Les yeux sont
saillants et relativement grands; les antennes, fines et allongées,
sont terminées par une massue ovoide. Les élytres sont plus
larges que le corselet, avec épaules anguleuses, arrondies. L'’écus-
son, très visible, est régulièrement arrondi. Les cuisses sont
dentelées et les jambes antérieures portent une épine; les cro-
chets des tarses sont munis à leur base de dentelures pointues.
414 GLANDS
Le Balanin éléphant, de couleur brun clair, se rencontre, sur-
tout sur les Chênes verts du Midi. Il attaque également les
Châtaignes. Son évolution, de même que celle des deux espèces
suivantes, peut avoir lieu en une année, mais souvent elle che-
vauche sur un laps de temps plus grand. Ce ravageur essaime
en été, parfois même en automne. La femelle, dont le rostre est
légèrement plus long que celui du mâle, se promène sur les
glands demeurés sur l'arbre, puis cherche un fruit encore in-
b «
Fig. 257. — Glands de Chêne pédonculé détériorés par la Larve du Balaninus elephas Gyll.
a, ravage larvaire; b, Gland montrant l'orilice de sortie de la Larve. 3/4 gr. nat. (orig.).
a
demne dans lequel, par un travail de forage très long, elle
enfonce son rostre aussi profondément qu'il peut pénétrer. Après
l'avoir retiré, elle se retourne et présente l'extrémité de son
abdomen à l’orifice dont la dimension est celle d’un trou d’une
très fine aiguille, l'œuf est alors déposé dans cette cachette.
FABRE (1912, p. 197-221) a découvert que l'abdomen de la fe-
melle porte dans son intérieur une gaine extensible dont l’extré-
mité en forme d’ampoule lui permet de prendre l'œuf à sa sortie
de l’oviducte, puis de le pousser au fond du canal foré préala-
blement à l’aide du rostre.
L'œuf arrivé dans le cœur même du gland donne naissance
à une Larve qui, durant plusieurs semaines, parfois pendant
des mois, se nourrit de la masse cotylédonaire. Le gland tombe
à terre, finit par être excavé et prend une couleur noirâtre. La
Larve gagne le dehors en automne ou en hiver en forant dans
CHÈNES 415
l'enveloppe un orifice circulaire (fig. 257, b), puis elle se chry-
salide dans le sol ou la couverture morte.
Les dégâts ont souvent pour conséquence la destruction d’une
bonne partie de la glandée. Dans les cas où l’on tient à obtenir
le maximum de glands sains, il peut être indiqué de récolter en
automne les fruits attaqués et de les incinérer sur place.
Balaninus glandium Marsh. Coréopr., Curculionide
(Balaninus venosus Germ.)
Balanin des glands
Longueur : 6 à 8 millimètres. Ce Balanin dont le rostre de la
femelle est aussi long que le corps et deux fois plus long que
NU
NS
Fig. 258. — Rostre du Balaninus glandium Marsh. 5/1 gr. nat. (orig.)
celui du mâle, porte des élytres roux à marbrures et taches
brunes; l’écusson est grisâtre. On remarque une sorte de touffe
pileuse à l'extrémité postérieure de la suture des élytres.
Balaninus nucum L. Coréorr., Curculionidæ
Balanin des noisettes
Longueur : 5 à 7 millimètres. Le Balanin des noisettes est
reconnaissable à ses élytres qui sont d’un brun grisâtre avec
taches obliques pileuses plus claires. Tous les tibias sont munis
du côté interne de forts crochets recourbés. On rencontre éga-
lement la Larve de ce Charançon dans les glands.
416 . GLANDS
Balaninus tesselatus Fourc. Coréopr., Curculionideæ
Petit Balanin du Chêne
Longueur : 4 à 6 millimètres. Ce Charançon qui vit également
dans les noisettes est de couleur gris jaune et tacheté de brun
sur les élytres. Ces derniers ne sont pas arrondis à leur extrémité,
mais leurs pointes se touchent à la suture. Le rostre de la femelle
est légèrement plus long que celui du mâle.
Ces trois espèces provoquent également à peu près les mêmes
ravages dans les glands que le Balaninus elephas Gylil, et le
forestier appelé à protéger les chênaies contre de multiples
ennemis, n'aura généralement pas à prendre des mesures spé-
ciales à l’égard des Balanins. En effet, les déprédations de ces
derniers n’ont d’autre conséquence que celle de diminuer la
glandée, laquelle demeure presque toujours assez abondante
pour assurer le rajeunissement des peuplements (1).
Tortrix splendana Hbn. Lépinopt., Tortricidæ
(Carpocapsa splendana Tr.)
Longueur, Papillon étalé : 15 à 18 millimètres; Chenille :
8 à 9 millimètres. Ce rare Papillon est reconnaissable à la couleur
d’un blanc sale de ses ailes antérieures qui sont striées en dia-
gonale par des taches foncées. Le centre de chacune des ailes
est marqué par une zone plus claire.
La Chenille est d'apparence claire ou légèrement teintée de
rose, avec tête, extrémité anale et plaque nucale noirâtres. Cette
dernière est divisée par un sillon médian longitudinal en deux
moitiés. Chaque anneau du corps porte deux rangées transver-
sales de plaques pileuses.
(1) D’autres Coléoptères, tels que Elater subfuscus Mull., E. æneus L.,
Lacon murinus L. sont également, à l’état larvaire, des ravageurs de glands.
CHÈNES 417
On n’est pas encore parfaitement au clair sur l’évolution de
cette Tordeuse dont la Chenille pénètre dans les glands pour
en dévorer le contenu. La chrysalidation doit s’opérer au prin-
temps, soit dans la terre, soit à l’intérieur des glands dans les-
quels l’hivernement se produit le plus souvent. Les Papillons
apparaissent en Juin.
Lorsqu'on ramasse des glands perforés, on reste souvent per-
plexe en examinant les Larves qui ont fouillé leur intérieur. Si
ces rongeurs ont des pattes, il s’agit de la Tordeuse ou d’Elaté-
rides ; dans le cas contraire, ce sont des Balanins (1).
(1) Tortrix amplana H., espèce voisine, ravage, outre les glands, les noi-
settes et les châtaignes.
ENTOMOLOGIE FCRESTIÈRE
LC
Le
1. Hêtre
Fagus sylvatica L.
RACINES
Gryllus gryllotalpa L.
Melolontha vulgaris L.
Voir : Chapitre de l'Épicéa.
Hylobius abietis L.
Noctua segetum Sch1ff.
Voir : Chapitre des Pins (1).
ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
Lachnus exsiccator Alt. Ruyncu., Aphrideæ
Longueur : 5 millimètres. La forme aïlée de ce Pou de cou-
leur noire porte des antennes de six articles, plus courtes que
le corps. Les ailes antérieures translucides ont la moitié externe
tachetée de noir.
Le Lachnus exsiccator Alt. attaque les branches et tiges de
faible dimension du Hêtre, exceptionnellement du Chêne et du
Châtaignier. Les Poux, réunis en colonies sur l’écorce sucent,
(1) Un petit Charançon, le Strophosomus coryli Fabr., incapable de voler,
ronge les radicelles des plants de Hêtre; ses dégâts sont plutôt rares et peu
importants.
420 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
celle-ci durant lété. Cette opération provoque un développement
anormal de la zone cambiale qui, s’accroissant irrégul'èrement,
produit des déchirures corticales longitudinales. Le ravage est
rare et sans grande importance (1).
Coccus fagi Bärensp. Rayncou., Coccideæ
Longueur de la femelle : 6 millimètres. Cette dernière, de forme
presque circulaire, d’un blanc sale, est privée de pattes et d’ailes.
Le mâle est encore inconnu. On trouve en général durant l’été
les colonies d’Insectes fixées sur les troncs ou branches de
Hêtre de toute dimension. Un duvet blanchâtre sécrété par
l'animal recouvre la colonie pendant que les Coccidies sont
occupées à sucer l’écorce qui se crevasse et revêt une apparence
chancreuse. Le dégât, répété plusieurs années de suite sur le
même Hêtre, peut provoquer le dépérissement soit d’une branche,
soit de la tige entière.
Agrilus viridis L.
Agrilus angustulus VI.
Agrilus elongatus Hbst.
Voir : Chapitre des Chênes.
Cimbex variabilis Kiug. Hyménorr., Zenthredinidæ
Longueur, Insecte parfait : 15 à 30 millimètres; Larve : 20 à
30 millimètres. Comme son nom l'indique, cet Insecte est non
seulement de couleur, mais de dimensions très variables. Le
genre Cimbex est très voisin du genre Lophyrus dont nous avons
étudié plusieurs espèces dans les chapitres des Pins et du Pin
(1) Un autre Insecte du même genre, le Lachnus fagi L., qu’on trouve
également en colonies dans les forêts de Hêtres, est reconnaissable au duvet
blanchâtre qui le recouvre. Il s'attaque aux cotylédons et aux feuilles en
plein épanouissement. On constate parfois des ravages appréciables dans
les semis, mais dans la grande culture forestière, on ne peut facilement
intervenir contre lui.
HÊTRE 421
cembro. Il règne encore une grande confusion dans la nomen-
clature relative à ce genre, certains auteurs ayant créé des es-
pèces suivant les essences sur lesquelles ces Hyménoptères
opèrent leur évolution. Nous ne pouvons entrer ici dans l'examen
de ces formes, qui n’offrent que peu d'intérêt au point de vue de
la protection forestière.
Le Cimbex variabilis Klug. a la tête et le thorax noirs, jaunes
Fiq. 259. — Deux variétés du Cimbezx variabilis Klug. 1/1°qr. nat.
(orig. coll. Standfuss, Zurich).
et noirs ou brunâtres. Entre le thorax et l'abdomen on remarque
une large plaque articulée blanchâtre. Les ailes sont translucides
avec l'extrémité parfois d’un brun opaque. Les antennes ont un
funicule de cinq articles et la massue semble à peine articulée.
La Larve, munie de vingt-deux pattes, est ornée de verrues
blanchâtres en rangées transversales et de stigmates encadrés
de plaques chitineuses en forme de parenthèse. Il est très difficile
de préciser la couleur des Larves de cette espèce, car elle présente
tous les tons compris entre le vert Jaune et le brun rougeûtre.
La face dorsale est parfois tachetée longitudinalement de brun
foncé ou de noir. En général, les Larves ramassées sur les fron-
daisons du Hêtre ne sont pas de même couleur que celles qui se
nourrissent des feuilles de Bouleaux.
422
ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
Cet Insecte essentiellement polyphage (essences feuillues seu-
lement) essaime en avril ou mai et la femelle, se servant de sa
tarière, dépose les œufs dans l’épiderme des feuilles. En général,
Fig. 260. — Branche de
Hêtre ravagée par le
Cimbex variabilis Klug.
1/1 gr. nat. (oriq.).
a, piqure récente; b, dé-
gât plus ancien avec bour-
relet.
la Larve commence par ronger la feuille à partir
de sa base en se dirigeant vers la pointe. Au re-
pos, elle se tient volontiers repliée sur elle-même.
A la fin de l'été, lorsque la période larvaire est
achevée, il ne reste de la feuille, le plus souvent,
que la nervüre médiane. L'animal hiverne à l’état
de Larve cachée dans un cocon qui reste fixé
aux rameaux et la nymphose s'opère en avril.
Ce qui doit surtout intéresser le forestier dans
les mœurs du Cimbex vartabilis Klug., ce n’est
pas tellement la défoliaison effectuée par la Larve,
mais bien plutôt les piqûres que font les Insectes
ailés qui, un peu à la façon de celles du Frelon,
décortiquent les branches et tiges de faible dimen-
sion. Cependant les Cimbex ne pratiquent que des
anneaux très minces qui souvent encerclent com-
plètement les branches: 1ls dessinent parfois des
spirales qui, l’année suivante, se recouvrent d’un
bourrelet (fig. 260). Ce dégât ne doit pas être
confondu avec celui occasionné par les Souris ou
les Pics qui souvent provoquent des blessures an-
nulaires beaucoup plus importantes sur les grosses
tiges et branches des Hêtres et d’autres arbres. Le Cimbex varia-
bilis Klug. s
attaque par contre à des rameaux et rejets de très
petite dimension dont l'écorce est encore tendre.
Dans certains cas où l’Insecte pullule, on peut se donner la peine
de récolter les Larves au moment où&lles sont fixées aux feuilles.
Callidium variabile L. Cozéopr., Cerambycidæ
Longicorne variable ou du Hêtre [PI. VIL fig. 8, 8 a]
Longueur,
limètres. Cet
Insecte ailé : 8 à 15 millimètres; Larve : 10 à 14 mil-
Insecte appartient au groupe des Cérambycides qui
HÊTRE 423
est*caractérisé par la tête penchée et non perpendiculaire, par
les jambes antérieures non sillonnées d’une rigole; les côtés du
corselet sont arrondis. Le Callidium variabile L. est le plus sou-
vent d’un jaune brun avec tête foncée; chez certains individus,
les élytres sont bleuâtres (PL VIT, fig. 8 a); ces derniers sont très
Q=—
&
JE
œ
e
à
$
EP Dre Fes Uk
Fig. 261.— Callidium variabile L. Fig.262.— Tronc de Hêtreravagé par la Larve du
Callidium variabile L. (Voir légende fig. 261.)
de OrRGgtans ARzOne CA Diale stp LAUTe 1/1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich).
ee
pon de détritus; f, Chrysalide. 3/4 gr. nat.
(oriq.).
finement striés-ponctués et le corselet présente quelques petites
tubérosités lisses.
La femelle pond ses œufs dans les anfractuosités de Pécorce.
La Larve est du type de celles des Longicornes et ressemble
beaucoup à celle du Callidium bajulus L. Une fois formée, elle
creuse des couloirs sinueux qui entament à la fois les zones
cambiale et corticale; ils augmentent de calibre à mesure que
la Larve devient plus grosse, puis sont remplis de sciure com-
primée et abandonnés. Pour se métamorphoser, ce Longicorne
s'enfonce perpendiculairement et ensuite longitudinalement dans
424 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
le bois même le plus sain, formant ainsi un crochet assez sem-
blable au nid du Pic-bois et au berceau de chrysalide du Calli-
dium luridum L.
Le Callidium variabile L. évolue probablement dans l’espace
de deux ans. Il est très fréquent dans les dépôts de bois de
Hêtre dont les troncs et branches n’ont pas été écorcés avec le
plus grand soin immédiatement après l’abatage.
Souvent nous avons entendu le bruit produit par les mandi-
bules en action de ce Longicorne à l’intérieur des bûches de
Hêtre en dessiceation dans les bûchers.
Le Callidium variabile L. présente plus d'intérêt au point de
vue technique qu’au point de vue forestier.
Trois autres Cérambycides provoquent également des ravages
du même genre dans le bois de Hêtre non écorcé, ce sont :
Cerambyx Scopoli Laich.;
Cerambyx alpinus L. (Rosalia alpina Serv.);
Callidium sanguineum L. (1).
Cryphalus fagi Fabr. Coréopr., Scolytidæ
(Ernoporus fagi Thoms.)
Bostryche du Hêtre
Longueur: 1,5 à 1,8 millimètre. La massue des antennes de ce
Bostryche de petite dimension présente des su-
tures courbées en cercle; le premier article est
ovalaire; les suivants, en forme de croissant, en-
tourent le premier de leurs lignes concentriques.
Le corselet est relativement petit, aussi long que
large, arrondi antérieurement et porte sur le mi-
lieu du bord antérieur deux petits granules fai-
ap, sant saillie en avant. On remarque en outre sur
(one la région antérieure du disque du corselet une
plaque à granules'disposés en lignes arquées (fig. 263). Les
(1) Necydalis major L. et abbreviatus Panz. de grande dimension se ren-
contrent également, dans les bois de Hêtre en décomposition.
HÊTRE 425
élytres sont deux fois plus longs que le corselet, très densément
striés-ponctués et chagrinés, couverts de rangées de soies pili-
formes dressées. 4
Le type des couloirs creusés par le Cryphalus fagi Fabr. est
Fiq. 264. — Couloirs du Cryphalus fagi Fabr. dans une branche de Hêtre. 1/1 qr. nat. (orig.).
difficile à décrire, car rarement on découvre à la face interne
de l’écorce du Hêtre si crevassée une figure bien nette. La ga-
lerie maternelle a une tendance à suivre les fibres ligneuses,
mais elle se ramifie un peu dans tous les sens. Les galeries lar-
vaires, peu nombreuses, sont aussi courtes et disposées très irré-
gulièrement. Les berceaux de chrysalides, creusés parfois dans
Paubier, apparaissent souvent rempls de sciure blanchâtre.
L’Insecte, qui pullule dans les branches tombées à terre, a
une influence presque nulle sur les Hêtres en pleine végétation.
426 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
Taphrorychus bicolor Herbst. Cocéopr., Scolytidæ
Longueur : 2 à 2,3 millimètres. Un peu plus allongé que l’es-
pèce précédente, ce Scolytide porte également sur
la partie antérieure du corselet une ligne de gra-
nules, mais il est dépourvu de pointes proémi-
nentes. Les élytres sont à côtés droits parallèles,
densément striés-ponctués, brusquement obtus à
la partie déclive où les stries suturales sont en-
Fig. 269. — Corselet du
Taphrorychus bicolor foncées. Les stries et interstries ont à peu près
Herbst. (oriq.). ÿ | 5
une ponctuation aussi prononcée. La femelle
porte sur la partie antérieure du front une touffe de poils rigides
et blonds.
LR
Fig. 266. — Système des galeries du Taphrorychus bicolor Herbst. dans l'écorce de Hêtre.
1/1 gr. nat. (orig.).
On ne sait pas grand’chose au sujet de l’évolution de ce Bos-
tryche, moins fréquent que le précédent et qui montre les mêmes
HÊTRE 427
préférences pour les branches et les tiges dépérissantes du
Hêtre.
Les couloirs présentent un aspect presque aussi confus avec
un type de galeries maternelles plus rapproché de la forme
étoilée.
Bien que parasites du bois non écorcé du Hêtre, ces deux
Coléoptères, en tant qu’'Insectes nuisibles, n’ont que fort peu
d'importance (1).
Scolytus intricatus Ratz.
Voir : Chapitre du Chêne.
INTÉRIEUR DU BOIS
Buprestis berolinensis Herbst. Coréopr., Buprestideæ
Bupreste de Berlin
Longueur : 15 à 20 millimètres. L’Insecte parfait est de cou-
leur bronzée ou parfois d’un vert à reflets métalliques. La Larve,
du type de celles des Buprestes dont nous avons déjà parlé
dans les chapitres précédents, creuse des couloirs sinueux dans
le bois en décomposition du Hêtre et du Charme.
La biologie de ce ravageur xylophage est encore peu connue.
Lymexylon dermestoides L.
Xyleborus Saxeseni Ratz.
Voir : Chapitre du Sapin blanc.
Anobium tesselatum Fabr.
Anobium plumbeum WI.
Ptilinus pectinicornis L.
Xyloterus signatus Fabr.
(1) Taphrorychus Bulmerinequi Kolen. est une espèce voisine qu’on trouve
dans le midi de l'Europe et qui creuse également des couloirs embrouillés
sous écorce du Hêtre.
428 INTÉRIEUR DU BOIS
Xyleborus dryographus Fabr.
Voir : Chapitre des Chênes.
Xyleborus dispar Fabr.;
Voir : Chapitre des Erables.
Fig. 67. — Galeries du Buprestis berolinensis Herbst. dans une poutre de Hètre.
1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris).
Cossus æsculi L.
Voir : Chapitre du Châtaignier
Ægosoma scabricorne Fabr.
Voir : Chapitre des Peupliers.
HÊTRE 429
Cossus ligniperda L.
Voir : Chapitre des Saules.
Fig. 268. — Ptilinns pectinicornis L. dans Fig. 269. — Anobium tesselatum Fabr. dans un
une branche de Hêtre. 1/1 gr. nat. (orig. tronc de Hêtre. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum,
coll. Muséum, Paris). Paris).
Dorcus parallelipipedus L. Coréopr., Lucanidee
Longueur : 16-22 millimètres. Cet Insecte ressemble beaucoup
au Lucane cerf-volant, mais il est sensiblement plus petit. Le
mâle est caractérisé par de fortes mandibules munies en leur
milieu d’un denticule relevé. Ce Coléoptère se nourrit des sues
ligneux, tandis que la Larve fouille les troncs en décomposition
430 FEUILLES
des Hêtres et d’autres essences feuillues; son importance fores-
tière est très secondaire (1).
Fig. 270. — Mäle et Femelle du Dorcus parallelipipedus L. fouillant un tronc de Hêtre en
décomposition. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris).
FEUILLES
Un certain nombre de Charançons, dont quelques espèces
auraient pu à la rigueur figurer dans le chapitre de l’Épicéa
(14) Pas d’Insectes spéciaux aux « Rameaux » et aux « Bourgeons ».
HÊTRE 431
des Pins, du Mélèze et des Chênes, causent particulièrement sur
les feuilles de Hêtre des dégâts très communs, mais ne compro-
mettant jamais la vitalité des arbres et ne causant guère de
perte d’accroissement. Le Polydrosus cervinus L. qu’on recon-
nait à la couleur cuivrée brillante de ses élytres tachetées de foncé
et à son bec arrondi, est un des ravageurs les plus répandus de
cette catégorie.
Les Phyllobius argentatus L., maculicornis Germ., oblongus L.,
etridicollis Fabr., glaucus, Scop., les Metallites mollis Germ. et
atomarius Oliv. sont des Phytophages polyphages qui, à l’état
parfait, perforent les feuilles du Hêtre et d’autres essences
feuillues.
Melolontha vulgaris L.
Melolontha hippocastant Fabr.
Voir : Chapitre des Chênes.
Melolontha fullo L.
Voir : Chapitre des Pins.
Orchestes fagi L. Coréopr., Curculionidæ
Orcheste danseur ou du Hêtre [PI. VIL, fig. 1]
Longueur : 2 à 2,5 millimètres. Ce Charançon de petite dimen-
sion et de couleur chocolat est caractérisé par un bec plutôt
allongé, portant de chaque côté en son milieu une antenne à
funicule de six articles. Les côtés du corselet sont arrondis et les
élytres striés-ponctués avec interstries planes. Les fémurs anté-
rieurs sont munis d’un petit crochet et les antennes, tibias et
tarses sont brun-jaune.
L'évolution de lOrcheste du Hêtre s’accomplit en une année,
comme l'indique le graphique ci-joint. C’est après avoir hiverné
à l’état d’Insecte parfait dans le sol ou les anfractuosités de
l'écorce que les femelles se jettent sur les feuilles en voie d’épa-
nouissement pour déposer leurs œufs en général des deux côtés
432
FEUILLES
de la nervure médiane. Huit à dix jours après la ponte, les jeunes
Chenilles se mettent à forer entre les deux épidermes de la feuille
un minuscule couloir décrivant des méandres plus
vue, e& pour celui qui
n’observe pas de près les causes
de ce ravage, les hêtraies sem-
blent avoir subi les atteintes de la
grêle ou de la gelée, tellement les
feuilles perforées et à moitié sèches
sont en forte proportion (fig. 272).
On a déjà beaucoup discuté sur
les effets que ces ravages peu-,
vent avoir sur la vitalité des
Hêtres qui, au milieu de Pété,
voient leur frondaison à moitié
décimée, ainsi que ce fut le cas
un peu partout dans l'Europe
centrale en 1912, en plaine comme
dans les stations les plus élevées
de cette essence dans les Alpes et
le Jura.
| FT ou moins sinueux, pour atteindre une ou deux se-
ra |] maines plus tard la périphérie de la feuille. Le fo-
Mars. .| + || rage s’élargit un peu à la façon de celui creusé par la
Avril. . +4 Tinea complanella Hbn. (Voir Chapitre des « Chênes»)
Ro à et forme le berceau de nymplose.
TEST Déjà à la fin de juin apparait l’Insecte parfait.
———— Al Il est très mobile, saute de feuille en feuille, — de là
“2: ŸM son nom de danseur — jusqu’au moment où le feuil-
Août | AT Jage devenant trop coriace, il songe à hiverner.
Sept . .| + C’est sous la forme parfate que cet animal est
CR EE surtout nocif, car il perfore de part en part les
Nov. ..| + | leuilles qui ne tardent pas à se dessécher partiel-
us nes lement. A première
Fig. 271. — Feuille de Hêtre ravagée
par l’'Orchestes fagi L.
a, origine du couloir larvaire; b, zone fouillée
par la Larve; c, perlorations opérées par l’Insecte
parfait. 1/1 gr. nat. (orig.).
En 1902, et dans certaines régions durant les années suivantes,
on a constaté une forte invasion de l'Orcheste danseur. Ainsi, la
HÊTRE | 433
forêt de Fontainebleau entre autres, fut très éprouvée par ce
ravage plus particulièrement intense dans les parties à sol super-
Fig. 272. — Rameau de Hêtre présentant des vestiges de ravages intenses de l'Orchestes fagi L.
1/2 gr. nat. (orig.).
ficiel. Les Hêtres ont beaucoup souffert depuis et nous avons pu
constater sur place le desséchement de nombreux arbres et de
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 28
434 FEUILLES
branches d’une certaine grosseur. Certains sylviculteurs (R. D.
E. F.) ont alors cru pouvoir rendre le Charançon responsable
de ce dépérissement du Hêtre; nous ne pouvons nous ranger à
cet avis, car, dans les peuplements décimés à ce moment-là, les
vestiges de Champignons lignifuges étaient surtout abondants.
Nous demeurons convaincu que le dépouillement partiel de la
frondaison durant deux à trois années consécutives, détermine
certainement une perturbation dans la vie du végétal, mais dans
la grande majorité des cas, il anémie seulement les Hôêtres,
préparant ainsi la voie à d’autres ennemis xylophages.
Il n'existe aucun moyen répressif capable d’arrêter l'invasion
de ce ravageur phytophage qui apparait dans des proportions
fantastiques et qui, à l’état larvaire, ne semble redouter que
certaines gelées tardives.
Rhynchites betuleti Fabr. Coréopr., Curculionidæ
(Rhynechites alni Mull.)
Longueur (rostre compris) : 6 à 9 millimètres. Ce Charançon,
Fig 273. — Feuilles de Hêtre déformées par le Rhynchiles betuleti Fabr. 1/1 gr. nat.
(orig. coll. Pauly, Munich).
HÊTRE ; 435
d'apparence verte ou bleue, a un corselet large et lisse; les élytres
sont striés de lignes ponctuées. Il est très fréquent dans le vignoble,
mais déforme également les feuilles de Hêtres et parfois aussi
d’autres arbres feuillus. Sa biologie ressemble beaucoup à celle
de l’A poderus coryli L. et de l’Attelabus curculionoides L. Insectes
que nous avons décrits dans le chapitre précédent. Les dégâts de
ce Coléoptère phytophage ressemble singulièrement à un cigare.
Nous signalons en passant le Rhynchites betuleti Fabr. sans lui
attribuer d'influence nocive sur le développement des hêtraies.
Geometra boreata Hbn. Lépiporr., Geometrideæ .
Arpenteuse du Hètre [PI. VII, fig. 5]
Longueur : Papillon étalé, 4 : 35; ©, 10 millimètres; Chenille :
20 à 25 millimètres. Le mâle est caractérisé par des ailes anté-
rieures allongées, d’un gris jaunâtre avec des taches transver-
sales à peine plus foncées, peu distinctes, formant un angle aigu
avec le bord antérieur qui est également foncé. Les ailes posté-
rieures plus claires, portent quelquefois une tache brune au
centre.
La femelle, à l’instar de celle de l'espèce voisine Cheimatobia
brumata L., a des ailes anormales, c’est-à-dire que lorsque les
antérieures sont repliées, elles atteignent chez l’Arpenteuse du
Hêtre à peine l’extrémité de l'abdomen. Les ailes antérieures
du mâle sont grises avec une large bande transversale d’un brun
foncé. Le corps est également grisâtre, mais tacheté de blanc.
La Chenille se distingue par sa couleur verdâtre et ses deux
lignes longitudinales blanches courant de chaque côté de la ligne
médiane dorsale. Les stigmates, de même que la tête, sont noirs.
Cette Arpenteuse, qui s'attaque également aux Bouleaux, a
une biologie rappelant singulièrement celle de la Cheimatobie
hyémale que nous avons étudiée dans le chapitre des Chênes et
avec laquelle on est facilement porté à la confondre dans la
nature.
Les conséquences des déprédations de la Chenille sur les feuilles
436 FEUILLES
de Hêtres sont identiques à celles des invasions de l’espèce
précitée, c’est-à-dire que la frondaison partiellement anémiée au
moment de son épanouissement, ne permet pas à l’arbre de
bénéficier d’un accroissement annuel normal et la production
des faines en est souvent également compromise.
Quant aux moyens préventifs et répressifs à opposer à la pro-
pagation de ce Papillon rare, nous en référons à ce que nous
avons dit à propos de la Geometra brumata L.
Geometra defoliaria L.
Geometra aurantiaria Esp.
Phalera bucephala L.
Liparis chrysorrhoea L.
Liparis similis Fussl.
Bombyx neustria L.
Voir : Chapitre des Chênes.
Orgya pudibunda L. Lépinorr., Bombycideæ
(Dasychira pudibunda Stph.)
Orgye pudibonde ou du Hêtre [PI. VIE, fig. 3, 3 a]
Longueur, Papillon étalé : 35 à 65 millimètres; Chenille : 35
à 40 millimètres. Ce Bombycide, de relativement grande dimen-
sion, est d’un gris plus ou moins jJaunâtre, parfois couleur
chaudron, avec des dessins d’un brun effacé sur les ailes anté-
rieures. Ces derniers forment spécialement deux bandes trans-
versales nettement détachées, à peu près au milieu de la longueur
des ailes. Celles-ci sont, en outre, couvertes d’une fine poussière
formée d’écailles et de même teinte que les tachetages transver-
saux. Les franges insérées entre les nervures sont foncées. Les
ailes postérieures portent à peu près aux deux tiers antérieurs
de leur longueur une bande brunâtre peu distincte. La tête et
l'abdomen présentent approximativement la même couleur que
les ailes.
HÊTRE 437
Si le Papillon n'offre pas de caractères bien saillants au point
Fig. 274. — Orgya pudibunda L. sur le Hêtre. a, jeune Chenille ; b, Chenilles adultes ; c, Cocon ;
d, Chrysalides ; e, feuilles rongées par les Chenilles. 1/1 gr. nat. (orig.).
de vue morphologique, 1l n’en est pas de même de la Chenille
que le forestier peut déterminer au premier coup d’œil, car
438 . FEUILLES
aucun autre animal du monde des bois ne lui ressemble. Elle est
d’un vert jaune avec tête claire; cependant 11 y a lieu de remar-
quer que la couleur dominante du corps peut varier du jaune
ocre au brun rouge, c’est du reste un phénomène que nous avons
signalé en décrivant la Chenille monophage du Bombyce du Pin.
La Chenille de lOrgye du Hêtre porte au sommet
Janv | NO à : x , :
des anneaux 4 à 7 une toulfe de poils très serrés, qui
Fév..:1 0 semblent avoir été coupés au même niveau avec des
Mars. .| o || ciseaux et dont la surface de section forme un rec-
Avril. .| o || tangle transversal. Entre ces quatre houppes pi-
GE o || leuses, on remarque quatre bandes d’un noir in-
Mai. . | ©
A +] tense, puis sur les côtés des anneaux 8 à 10, une
JUIN...
——— || raie également d’un noir velouté. Mais le critère
le | ete FaiD : N 2
|__| principal réside dans le pinceau rougeâtre fixé sur
A Ù . DR r . r se »
cl TM le onzième anneau et dont l'extrémité est dirigée
[Éet-eSrE ll 'entvarrière:
HE IPS Les Chenilles, à leur sortie de l'œuf, sont recou-
= À re As
Nov... | o | vertes d’une pilosité dense permettant de distin-
— || guer avec peine la couleur du corps. Les toupets
Déc. .| 0 E
de poils et le pinceau leur font également défaut,
ces appendices n’apparaissant qu'après la deuxième ou troisième
mue.
Ce Bombycide est peu répandu; il n’a été constaté comme
causant des ravages importants que dans certaines régions bien
déterminées de l'Europe centrale, en particulier sur les côtes
de la Baltique, dans les Vosges, le Hartz, ete., soit dans la patrie
du Hêtre (Juperca et Nirsce, 1895, p. 790).
Le Papillon essaime au moment de l’épanouissement des
feuilles et vole plutôt bas dans les futaies. La femelle dépose ses
œufs par tas qui comptent parfois plusieurs centaines d’élé-
ments rangés en séries Juxtaposées sur la partie inférieure des
troncs. Les jeunes Chenilles apparaissent au commencement de
juillet, entament généralement les feuilles par leur face infé-
rieure et les transpercent également. Ce n’est qu'après la première
mue qu'elles rongent les régions latérales, détachant de grands
fragments qui, inutiles, tombent à terre.
HÊTRE 439
Ce ravage foliaire ressemble beaucoup à celui causé par la
Nonne. Bien que la Chenille montre moins de vivacité que celle
de la Liparis monacha L., elle se laisse choir sur le sol au moyen
d’un fil, dès qu’elle se sent peu en sûreté dans la frondaison ou
que le vent agite les branches. La chrysalidation a lieu le plus
souvent dans la couverture morte ou exceptionnellement sur
les rameaux du sous-bois. C’est à l’état de Chrysalide que l’In-
secte hiverne.
Bien que lOrgye pudibonde soit essentiellement un ravageur
du Hêtre, on la rencontre parfois sur d’autres arbres feuillus et
accidentellement sur les résineux. Dans la plupart des invasions
un peu importantes de ce Lépidoptère, on a remarqué que les
Cocons et Chenilles souffraient particulièrement de humidité
et étaient attaqués par des Champignons (Cordiceps) dont l’in-
fluence avait pour effet de mettre un terme à la propagation de
l'épidémie.
Au point de vue de la protection forestière, on constate que
les, Hêtres, dont la frondaison a été envahie par l’Orgya pudi-
bunda L., peuvent résister à une forte diminution de l'appareil
foliaire, grâce au fait que la période de ravages se produit rela-
tivement tard, c’est-à-dire après que le mouvement de la pre-
mière sève, du printemps a permis à l’arbre de constituer ses
organes de reproduction. Toutefois, après deux ou trois années
d’invasions répétées, les Hêtres peuvent voir une partie de leurs
branches se dessécher.
Nous n’avons pas affaire ici à un ennemi aussi dangereux que
la Nonne, dont les déprédations, qui sont surtout à redouter
parmi les résineux, peuvent avoir des conséquences désastreuses
sur des arbres au feuillage persistant.
L'efficacité et l'opportunité des mesures à opposer à lOrgve
du Hêtre sont très discutables, car la mise en action de ces
moyens peut entrainer des dépenses hors de proportion avec
l'importance des déprédations, puisqu'il s’agit seulement d’une
perte partielle d’accroissement ou d’une diminution de la pro-
duction des faines et rarement du desséchement d’une portion
de la frondaison. Dans certains cas exceptionnels, 1l peut être
440 FEUILLES
indiqué de racler les œufs fixés sur lécorce du tronc ou de
circonscrire par des fossés et des perches glutineuses, tel canton-
nement dans lequel on désire emprisonner et affamer les Che-
nilles (Voir : « Nonne », chap. de l « Épicéa »).
Un autre Bombycide, d'importance tout à fait secondaire et
aux instincts également polyphages, peut être rangé au nombre
des parasites des feuilles du Hêtre, c’est le Jalias prosinana L.
Liparis dispar L. Lépinopr., Bombycidæ
Bombyce disparate [PI VIT, fig. 2, 2 a, 2 b]
Longueur, Papillon étalé, j : 20 à 25; @ : 45 à 75 millimètres;
Chenille : 40 à 70 millimètres. Son nom l'indique, ce Bombyce
offre non seulement une grande divergence de dimension, mais
aussi de couleur entre les deux sexes; les écarts sont si grands
qu'on pourrait, à première vue, envisager les deux sexes comme
des espèces différentes. La femelle se distingue par son corps
ramassé, couleur café au lait, avec extrémité abdominale plus
foncée et la tête très pileuse, d’un blanc laiteux. Les ailes anté-
rieures sont ornées de taches transversales brunes, rappelant, sous
le rapport de leur forme et de leur disposition, celles de la Nonne.
Les postérieures sont saupoudrées de jaune et à peu de distance
de leur bord externe, elles sont sillonnées d’une étroite bande
transversale fractionnée par les nervures.
Chez la femelle, les franges de toutes les ailes ont des taches
brun foncé disposées entre les nervures.
La Chenille a une tête grisâtre, parsemée de taches noires. Le
corps, de teinte gris-Jaune, est orné de dessins nolrâtres aux
formes irrégulières. Le principal caractère distinctif de cette
Chenille, réside dans les six rangées longitudinales de verrues
munies de longs poils et qui sont disposées par lignes transver-
sales de six sur chaque anneau. Les quatre rangées médianes
des anneaux 1 à 5, sont de couleur bleue; celles des anneaux 9
à 11, sont brun rouge. En outre, au centre des anneaux 9 et 10,
HÊTRE 441
on remarque une petite protubérance verruqueuse également de
couleur rougeâtre.
La Chrysalide est d’un brun foncé brillant avec des touffes
de poils rougeâtres allongés.
Peu de Papillons ont une aire de dispersion aussi vaste et un
tempérament souvent porté à s’accommoder d’une nourriture
phytophage aussi variée. On peut affirmer qu’on a trouvé sa Che-
nille attaquant presque toutes les essences sociales et bon nombre
d’arbustes, qui constituent le sous-bois de nos forêts. Cependant,
en dehors des vergers, c’est bien dans les hêtraies
que les forestiers ont le plus souvent l’occasion
d'étudier l’évolution du ZLiparis dispar L. et de
constater ses ravages. Mars. .
Le Bombyce dissemblable évolue suivant le gra- |! avrit. .
phique ci-joint. La période de nocivité dure environ |
trois mois qui sont précisément ceux de la végéta-
tion printanière. Après avoir été fécondée, la
femelle dépose ses œufs sur lécorce des branches
Jul ee
Août ,
ou, parfois, lors d’invasions intenses, sur des corps [27
étrangers tels que des piquets, des clôtures ou des |! Sert -.
bâtiments en forêt. Les œufs sont groupés par || oc...
paquets agelutinés et recouverts d’un duvet soyeux,
brunâtre, qui constitue une protection pour l’hiver-
nage (fig. 276). En avril ou mai, suivant l'altitude
et les circonstances climatériques, les Chenilles apparaissent et,
durant deux à trois semaines, demeurent réunies en colonies sur
le miroir de ponte dont les débris paraissent leur servir de nour-
riture. L’ascension commence peu après, elle coïncide avec l’épa-
nouissement des jeunes feuilles. La manière dont ces dernières
sont dévorées varie beaucoup, mais 11 Y a presque toujours un
énorme gaspillage de débris foliacés. Dans certains cas, la
Chenille s'attaque également aux rameaux non lignifiés ou même
aux bourgeons.
A l'instar de la Nonne, la Liparis dispar L. a la faculté de
circuler dans la frondaison et de se laisser choir au moyen d’un
fil. En cas de mauvais temps ou d'inquiétude, les Chenilles se
442 FEUILLES
réunissent aux fourches des branches, dans les‘anfractuosités de
l'écorce ou dans le sous-bois; c’est dans ces retraites qu'elles se
chrysalident au commencement du mois d’août.
Bien que les ravages du Bombyce dissemblable soient surtout
à redouter dans les forêts de Hêtres et de Chênes, on a constaté
Fig. 279. — Liparis dispar L. sur un tronc de Chêne. a, Femelle occupée à pondre;
b, miroirs d'œufs ; c, Mâle. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Pauly, Munich).
la présence de ces Insectes sur les résineux, l’Épicéa et le Pin
syvlvestre en particulier. En 1909, nous en avons même observé
une invasion dans la forêt de Mélèzes d’Isérables, située à
1.300 mètres d'altitude dans les Alpes valaisannes (BARBEY,
1909, p. 468-470), mais c’est là un cas exceptionnel.
En France, c’est surtout sur le Chêne-liège que ses dépréda-
tions ont été nocives. LomEy (1886, p. 359-363) relate une
invasion de ce Papillon dans les chênaies de la région de Constan-
tine (Algérie), où 2.000 hectares environ furent dévastés; il en
HÊTRE 443
est résulté une diminution sérieuse de production du liège et
un important déchet dans la glandée. Les mêmes phénomènes
ont été observés il y a une quarantaine d'années en Espagne.
Fig. 276. — Miroirs d'œufs de la Liparis dispar L. recouverts d’un duvet protecteur et fixés
sur l'écorce du Hêtre. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris).
Plus récemment, dans les départements de la Gironde, de la
Creuse, du Loiret, du Loir-et-Cher et de la Côte-d'Or, on a pu
enregistrer, durant les années 1902 à 1906, des déprédations assez
sensibles dans les forêts feuillues et surtout dans celles où le
444 FEUILLES
Chêne occupe une place prépondérante. Dans la forêt d'Orléans,
la perte d’accroissement a été particulièrement intense. En
1902, cette forêt fut, sur une superficie d'environ 1.100 hectares,
dépouillée de sa frondaison et, pendant l'hiver qui suivit, on
réussit à détruire la ponte sur 500 hectares au moyen d’appli-
cation sur les miroirs, d’un mélange de goudron et de pétrole.
Dès l’année suivante, le nombre des Insectes diminua sensible-
ment, et la disparition n’eut lieu toutefois qu’en 1904 (R. D. E.F.).
On observe cependant que dans les régions précitées du centre
et du midi de la France, le Liparis dispar L. vit à l’état endé-
mique et isolé. Les invasions sont particulièrement néfastes
dans les vergers, car aucune Chenille ne montre aussi peu de
préférence pour une espèce spéciale de végétaux, tout lui est
bon et sa voracité est excessive.
Les forestiers et arboriculteurs américains sont actuellement
aux prises avec ce destructeur importé d'Europe, qu'ils cherchent
à combattre en l’infestant de parasites de la famille des Tachi-
naires, également importés de l'Ancien Monde. Les premiers
résultats obtenus avec cette nouvelle méthode sont encoura-
seants, et celle-ci a également été appliquée à la Liparis chrysor-
rhoea L.
Moyens préventifs. — Cette Chenille est tellement polyphage,
qu'on ne peut guère modifier la condition culturale des peuple-
ments exposés à ses ravages par l’adjonction d’essences résistant
à ses attaques. Il faut se borner à éduquer des arbres normale-
ment constitués, et surtout surveiller attentivement la multipli-
cation de l’animal dans le canton où il a été signalé par cas
isolés, puis intervenir énergiquement suivant les procédés men-
tionnés ci-dessous.
Moyens répressifs. — Le moyen le plus simple, et que nous
avons déjà signalé plus haut à propos de l’invasion dans la forêt
d'Orléans, consiste à faire en hiver la chasse aux miroirs d'œufs,
qu'on peut détruire au moyen de crochets, brosses métalliques
ou autres outils plus ou moins rigides qu’on fixe à des perches.
HÊTRE 445
Il est prudent d’écraser ou de brüler sur place ces pontes tombées
à terre, car dans des situations abritées, les intempéries ne par-
viennent pas toujours à compromettre l’éclosion. Il est égale-
ment indiqué d'intervenir en juin et juillet contre les agglomé-
rations de Chenilles adultes, alors que gavées de nourriture, ces
dernières se reposent aux intersections des branches ou dans les
anfractuosités des écorces.
Si, dans des cas exceptionnels, l'animal pullule d’une façon
intense dans un peuplement, on peut alors, au moyen de fossés
à pièges, restreindre son activité, l’affamer et permettre ainsi à
ses ennemis de le décimer.
Liparis monacha L.
Voir : Chapitre de l'Epicéa.
Halias prasinana L. Lépinorr., Bombycidæ
Longueur, Papillon étalé : 32 à 35 millimètres; Chenille
30 millimètres. Ce Bombycide est aussi peu connu que répandu.
On le reconnait à ses antennes rougeâtres et à la couleur ver-
dâtre de sa tête, de son thorax et de ses ailes antérieures qui
présentent, en outre, des bigarrures transversales obliques d’un
jaune effacé. Le mâle a le bord antérieur des ailes de devant
teinté de rouge, tandis que cette partie est, chez la femelle, d’une
nuance Jaunâtre.
La Chenille qu’on trouve accidentellement sur les feuilles du
Hêtre et encore moins souvent sur d’autres feuillus, est d’un
vert jaune avec trois lignes dorsales d’un jaune foncé. La tête
est lisse, verte, avec marbrures Jaunâtres. |
Seul, ALTUM (1882, p. 114) a décrit une invasion de ce papil-
lon qui, en 1878, a eu pour théâtre une hêtraie de Westphalie.
Liparis chrysorrhoea L.
Liparis simiis Fussl.
Bombyx neustria L.
Phalera bucephala L.
Tortrix viridana L.
446 l FEUILLES
Tortrix ferrugana Tr.
Voir : Chapitre des Chênes.
Une Noctuelle, la Noctua coryli L. à une Chenille polyphage
qu'on rencontre parfois sur les frondaisons des Hêtres. En consé-
quence, on ne peut pas, à proprement parler, ranger ce Papillon
au nombre des [Insectes parasites de cette essence.
Il en est de même des deux espèces suivantes :
Noctua aprilina L.
Voir : Chapitre des Chênes.
Noctua aceris L.
Voir : Chapitre des Érables.
Megachile centuncularis L. Hyméxorr., Anthophikæ
Megachile ou Abeille découpeuse
Cet Insecte qui, étalé, mesure environ 30 millimètres, appar-
tient à la même famille que les Abeilles. Il est d’un noir violacé
à reflet très brillant. L’abdomen est large avec partie supérieure
aplatie chez la femelle, rougeâtre à la face inférieure. Chez le
mâle, l'abdomen est convexe avec les deux derniers segments
recourbés en dessous.
L’Abeille découpeuse n’a que peu d'importance au point de
vue de la protection des forêts. Nous ne reproduisons ses dégâts
sur les feuilles du Hêtre que pour permettre de les identifier
aux ravages que causent les Chenilles nuisibles.
Le Megachile centuncularis L. découpe d’une façon très régu-
lière et méthodique les feuilles de plusieurs essences notamment
du Hêtre, des Érables et aussi des Rosiers (fig. 277). A l’aide de
ces fragments foliaires, l’Insecte confectionne un petit cigare
avec couvercle qui ressemble parfois à un dé à coudre de dimen-
sion moyenne. C’est dans cette cachette que la femelle dépose
un œuf noyé dans une provision de miel. Ces nids se rencontrent
dans les bois pourris, parfois aussi dans les couloirs forés par
d’autres Xylophages de grande dimension ou encore dans la
HÊTRE 447
terre. La biologie de cet Hyménoptère rappelle d’une façon
frappante celle de la Xylocope violacée, décrite dans le chapitre
des « Saules ».
Fig. 277. — Feuilles de Hêtre découpées par la Megachile centuncularis L.
1/1 gr. nat. (oriq.)
Quand nous aurons encore signalé un Orthoptère, le Pezo-
tettix alpinus Koll., qui ravage très exceptionnellement les hé-
traies, nous aurons passé en revue les ennemis les plus typiques
des frondaisons des Hôêtres.
Deux Dipteres, de la famille des Cécidies, provoquent sur les
Fig. 278. — Galles de la Cecidomyia J'agi Th. Htg. sur des feuilles de Hêtre. 1/1 gr. nat. (orig.).
Fig. 279. — Galles de la Cecidomyia annulipes Th. Htq. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris).
q l I il NI] g
HÊTRE 449
feuilles du Hêtre, des galles bien connues des forestiers, mais qui
n'ont aucune importance en matière de protection des peuple-
ments, ce sont : ,
Cecidomyia fagi Th. Htg.
Cecidomyia annulipes Th. Htg.
FAINES
Un seul Insecte ravage les faines, c’est la Tortrix grossana
Hbn.; sa biologie rappelle beaucoup celle de la Tortrix splen-
dana Hbn., dont nous avons décrit les forages dans les glands.
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE \ 29
8. Châtaignier
Castanea vulgaris Lam.
RACINES
Les racines des Châtaigniers peuvent, surtout dans les cultures
en pépinières, être endommagées par les Insectes que nous avons
décrits dans les chapitres précédents, en particulier par les Vers
blanes et les Courtilières. Le Châtaignier, sous ce rapport, n'offre
pas de particularité.
ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
Callidium variabile L.
Callidium sanguineum L.
Voir : Chapitre du Hêtre.
INTÉRIEUR DU BOIS
Cossus æsculi L. Lépipopr., Cossid:æ
ñ 2
(Zeuzera æsculi Latr.)
Cossus du Marronnier
Longueur, Papillon étalé : 50, @ : 60 à 70 millimètres:
Chenille : 4 à 5 millimètres. Les ailes de ce Papillon sont d’un
blanc brillant parsemé de multiples taches bleuâtres, plus effa-
cées sur les ailes postérieures. La tête, le thorax et l'abdomen sont
452 INTÉRIEUR DU BOIS
également blancs; le thorax porte de chaque côté trois taches
Fig. 280. — Papillons et Chenilles du Cossus æsculi L. 3/4 qr. nat. (orig. Coll. Pauly, Munich).
Fig. 231.— Chrysalide du Cossus æsculi L. dans son berceau. 3/4 qr. nat.
(orig. coll. Pauly, Munich).
bleues bien marquées et l'abdomen des bandes transversales
également bleues.
La Chenille, de couleur jaune, munie de 16 pattes, possède
D -
CHATAIGNIER 453
une tête d'un brun foncé au sommet de laquelle se trouve une
tache jaune en forme d’ancre. La plaque nucale, partagée longi-
tudinalement et s'étendant sur le premier anneau, est également
d'un brun très brillant. Les anneaux abdominaux 2 à 11 sont
ornés de granulations verruciformes noirâtres,
le douzième porte deux taches de même cou-
leur.
Le Cossus du Marronmier, plutôt répandu
dans le sud et le centre de l'Europe, est ce-
pendant peu commun. C'est un des Lépidop-
tères les plus polyphages que nous connais-
sions, ne montrant pour ainsi dire pas une
préférence plus marquée pour une espèce
- feuillue que pour une autre: il n’a pas de
raison d’être appelé « Cossus du Marronnier »
plutôt que Cossus du Châtaignier, de l'Érable
ou des arbres fruitiers.
Les ravages provoqués par la Chenille rap-
pellent beaucoup ceux causés par les Sésies.
La femelle dépose sa ponte en juin ou juillet
dans les anfractuosités de l'écorce. La Che-
_nille ronge la zone libéreuse en laissant der-
rière elle un couloir très irrégulier et rempli
de sciure. Après un premier hivernage, l’ani-
mal, toujours à l’état larvaire, remonte en gé- Fig. 282. — Cossus æsculi L.
: £ À dans tige de Châtaignier.
néral l'arbre en forant une galerie cylindrique 1/1 gr. nat. (orig.)
qui s'enfonce plus ou moins profondément
vers le centre de la branche ou du tronc. Après avoir passé encore
un hiver dans le bois, la Chenille redescend et se chrysalide près
de l'onifice par lequel les excréments ont été rejetés au dehors.
Au moment de la dernière métamorphose, la Chrysalide appa-
rait à cet orifice et le Papillon est ainsi er état de prendre direc-
tement son vol. Comme le Cossus du Marronnier attaque surtout
les tiges de petite dimension, il est, dans la plupart des cas, très
difficile de mettre la main sur un système de couloirs normale-
ment établi; le plus souvent les traces de forage de cet Insecte
45% INTÉRIEUR DU BOIS
apparaissent sous la forme que nous avons reproduite par
la figure 282.
Ces dégâts sont du reste rares et se produisent par cas isolés
plutôt que par invasions. Les atteintes de la Chenille du Cossus
æsculi L. sur les tiges des feuillus cultivés en pépinière ou édu-
qués dans les perchis, ont pour conséquence de provoquer des
bris ou le dessèchement de trones ou de branches.
Bien rarement le forestier sera amené à intervenir contre ce
Xylophage autrement qu'en faisant brûler les troncs et branches
qui, lors des coupes ou éclaircies, recèlent des Chenilles de ce
Lépidoptère.
Cerambyx Scopolii Laich. Coréopr., Cerambycideæ
(Gerambyx cerdo Ratz.)
Longueur : 20 à 30 millimètres. Ce Longicorne prête souvent à
des confusions de détermination avec son proche parent le Grand
Capricorne dont la biologie à été décrite dans le chapitre des
Chênes. Le Cerambyx Scopolit Liaich. se distingue de ce dernier
par l’absence de pointe épineuse à l’angle sutural des élytres,
par la forme non étranglée postérieurement de ces derniers et
leur couleur franchement noire.
Au point de vue des ravages et de ses travaux de forage dans
le bois de plusieurs essences feuillues, nous n'avons rien de par-
ticulier à signaler. En général, on admet que cet Insecte évolue
en deux ans; sa présence a été constatée non seulement dans les
arbres forestiers, mais aussi dans les fruitiers. Il n’est cependant
pas commun et semble peu redoutable au point de vue physio-
logique.
Xyleborus dispar Fabr.
Voir : Chapitre des Érables.
Anobium tesselatum Fabr.
Lymexylon navale L.
Dryocætes villosus Fabr.
Voir : Chapitre des Chênes.
CHATAIGNIER
Valgus hemipterus L.
Voir : Chapitre du Robinier (Ac cia).
Fig. 83. — Piquet de Châtaignier rongé par le Valgqus hemipterus L. 1/1 gr. nat.
(orig. coll. Muséum, Paris).
ED
Qt
Qt
456 INTÉRIEUR DU BOIS
Platypus cylindrus Fabr. Coréorr., /latypodeæ
Longueur : 5 millimètres. Nous avons déjà parlé, dans le cha-
pitre des Chênes, d’une espèce, le Platypus cylindriformis Reïtt.
qui est à proprement parler une variété du Platypus cylindrus
Fabr. Ce dernier est caractérisé par une tête verticale plus
large que le corselet; les yeux sont arrondis, très saillants, les
antennes courtes, à fumicule de quatre articles, portant une
grande massue comprimée et solide. Le corselet rectangulaire,
densément ponctué, présente postérieurement une plaque lisse
partagée en deux par une profonde ligne longitudinale. Les
élytres, irrégulièrement ponctués, portent des stries longitudi-
nales creusées en sillons avec interstries relevées en carène. La
couleur générale de l'Insecte est d’un brun plus ou moins foncé
avec posité blonde.
Chez le mâle, la plaque du corselet est lisse et brillante; à
l'extrémité des élytres on distingue deux denticules distants lun
de l’autre. La femelle a cette plaque du corselet très finement
ponctuée et mate, ainsi que des granulations éparses à l'extrémité
des élytres.
La biologie de ce rare Xylophage a été décrite par SrroH-
MEYER (2906, p. 329, 409, 506). Le Platypus cylindrus Fabr. fore
des couloirs de ponte très profondément dans le bois sain; des
galeries larvaires courtes en échelons aboutissent à ces cou-
loirs principaux. Cependant, suivant la nature des bois attaqués,
les systèmes peuvent présenter des variétés multiples quant à la
disposition et à la direction des couloirs.
Outre le Châtaignier, les Chênes et le Hêtre sont le plus recher-
chés par le Platypus cylindrus Fabr., qui peut provoquer une
sérieuse dépréciation des bois ouvragés. Les forestiers seront bien
rarement mis dans l'obligation d'intervenir pour préserver les
grumes de Châtaigniers ou d’autres essences contre les atteintes
de ce Coléoptère xylophage.
CHATAIGNIER
RAMEAUX
Lachnus exsiccator Alt.
Voir : Chapitre du Hêtre.
Fig. 284. — Rameaux de Châtaignier attaqués par le Lachnus exsiccator Alt.
a, colonie d'insectes, b, écorce crevassée longitudinalement. 1/1 gr. nat. (orig.).
nas
OT
458 CHATAIGNES
BOURGEONS
Barypeithes araneiformis Schrank.
Voir : Chapitre des Saules.
REUINMEIES
Attelabus curculionides L.
Voir : Chapitre des Chênes.
Liparis dispar L.
Voir : Chapitre du Hêtre.
Noctua aceris L.
Voir : Chapitre des Erables.
CHÂTAIGNES
Balaninus elephas GyIl.
Tinea amplana Hbn.
Tinea splendana Hbn.
Voir : Chapitre des Chênes.
Les Chenilles de deux autres Tineides, répandues dans le Midi,
ravagent parfois les Châtaignes. Il s’agit de la Tinea Reaumuriana
Hein. et T. grossana Hw.
9. Bouleaux
Betula alba L., B. verrucosa Ehrh., B. pubescens L., B. nana L.
RACINES
Mêmes ravageurs que ceux mentionnés dans les chapitres pré-
cédents.
ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
Agrilus viridis L.
Voir : Chapitre des Chênes.
Agrilus betuleti Ratz. Coréopr., Buprestidæ
Longueur : 5 millimètres. Ce Bupreste se distingue de l'A grulus
etridis L., que nous avons décrit dans le chapitre des Chênes, par
la forme du corselet qui, plus large que les élytres, a les côtés
aplatis et impressionnés. La couleur de ces deux Insectes est à
peu près semblable.
L’Agrilus betuleti Ratz vit en parasite dans les branches de
Bouleaux en voie de dépérissement; 1l est très peu connu.
Scolytus Ratzeburgi Jans. CoréoPr., Scolytide
(Eccoptogaster destructor Ratz.)
Scolyte destructeur ou du Bouleau [PI. VIE, fig. 6]
Longueur : 4,5 à 6,5 millimètres. Les Scolytes constituent
un groupe très peu nombreux de la Famille des Bostryches et
460 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
sont faciles à distinguer par le corselet dont les côtés sont bor-
dés et par l'extrémité des élytres relevée en auvent; l'abdomen
ascende vers la partie postérieure. Les Scolytes ont des antennes
insérées au-devant des yeux, non coudées, avec scape raccourci
et massue non articulée. Autre caractéristique de ce groupe
jamais on ne trouve de Scolyte ravageant les essences résineuses.
Le Scolyte destructeur est une des plus grandes espèces du
Fig. 285. — Écorce de Bouleau avec « encoches d'accouplement » (vues de l'extérieur)
du Scolylus Ratzeburgi Jans. 1/1 gr. nat. (orig.)
groupe; son corselet est d’un noir brillant, finement ponctué,
tandis que les élytres sont bruns, striés-ponctués, à interstries
larges, planes, généralement avec une ligne de points très fins.
Chez le mâle, le troisième segment abdominal est muni d’un
tubercule verruqueux; le bord du quatrième est relevé en carène;
4
LONTERRE | 461
le front est distinct, densément garni de longs poils jaunes. Chez
la femelle, les troisième et quatrième segments abdominaux sont
simples.
La biologie de ce Scolytide est fort simple. Les Insectes par-
faits apparaissent en mai ou juin, pondent aussitôt et ce sont
les Larves et les Chrysalides qui hivernent dans les berceaux de
nymphose entaillés plutôt dans le liber que dans l’aubier.
Le système des galeries du Scolyte est assez caractéristique.
En effet, on ne trouve dans chaque réseau qu'un seul couple;
c'est la femelle qui commence le forage en creusant l’orifice
d'entrée et, suivant CHEWYREUW (1905, p. 36), l’accouplement se
produit dans cette niche où la femelle, à moitié engagée, présente
son abdomen à celui du mâle dont la tête est dirigée en bas. Dans
cette position, les deux Insectes sont fixés à angle droit ou aigu,
le sommet de l'angle étant formé par les extrémités des élytres.
Aussitôt après ce premier accouplement, la femelle commence à
creuser la galerie maternelle qui, sur les arbres debout, est toujours
dirigée en haut, rarement en diagonale.
Si de l'extérieur, on regarde un système de couloirs du Scoly-
tus Ratzeburgi Jans. le tracé de la galerie de ponte est très sou-
vent reconnaissable à la ligne d’orifices qu'autrefois on appelait
« Soupiraux » et qui ne sont nullement destinés à l’aération des
forages des Bostryches, mais à permettre des accouplements
répétés durant la période de ponte. Comme CHEWYREUw l’a
prouvé (1905, p. 52) et comme nous l'avons déjà signalé au com-
mencement du chapitre de l'Épicea, ce sont les mâles qui pra-
tiquent ces « Encoches d’accouplement » tout en visitant la
femelle dans la galerie maternelle, et en l’aidant à faire tomber
la sciure au dehors. Ils utilisent ces cavités pour l’accouplement
de la même façon que lorsqu'ils fécondent pour la première fois
les femelles sur l’orifice d'entrée.
Chez cette espèce, les galeries larvaires sont très nombreuses
et rapprochées, ce qui prouve que la mère a la faculté de déposer
rapidement et beaucoup d'œufs au cours du forage du couloir
de ponte (Voir fig. 286).
Le Scolyte destructeur est monophage; il abonde surtout dans
462 ÉCORCÉ DU TRONC ET DES BRANCHES
le nord de l'Europe, particulièrement en Scandinavie et en
286. — Système de couloirs achevés du Scolytus Ratzeburqi Jans.
dans l’aubier d’un tronc de Bouleau. 1/1 gr. nat. (orig.).
BOULEAUX 463
Russie, pays dans lesquels le Bouleau occupe une place impor-
tante dans la forêt. Rarement il provoque le dépérissement des
arbres sains; le plus souvent on constate sa présence sur des
Bouleaux brisés par l'ouragan, la neige, ou anémiés par des Cham-
pignons parasitaires.
Scolytus rugulosus Ratz. Coréorr., Scolytide
Scolyte ruguleux
Longueur : 2 à 2,5 millimètres. Ce Scolyte est sensiblement
plus petit que le précédent; son corps est ovale, allongé, presque
également rétréci antérieurement et postérieurement. Le cor-
selet est plus long que large, parsemé de points serrés et profonds,
un peu plus petits sur le disque, généralement étirés dans le sens
de la longueur et formant de grossières rugosités. Les élytres
sont couverts de tubercules ruguleux. L'abdomen ne présente
pas de protubérances, comme c’est le cas chez le Scolytus Rat-
zeburgi Jans.
L'évolution est parfois plus rapide que chez l'espèce précé-
dente, c'est-à-dire que, dans des contrées tempérées et grâce à
des circonstances chimatériques favorables, on constate parfois
deux générations en une année.
Le couloir de ponte est le plus souvent très court et vertical,
parfois coudé, oblique ou horizontal, suivant la position des
troncs ou la direction des branches infestées. Les galeries lar-
vaires sont, proportionnellement au couloir de ponte, beaucoup
plus allongées, sinueuses, se croisant dans tous les sens. Les ber-
ceaux de chrysalides sont en général pratiqués dans les couches
cambiales, surtout si l'écorce est mince.
Ce Bostryche est à proprement parler un parasite des arbres
fruitiers; 1l intéresse plutôt les horticulteurs que les forestiers.
Nous le citons 1c1, car il arrive parfois qu'il se jette sur les Bou-
leaux et sur d’autres feuillus forestiers, sans qu'il soit indiqué
de prendre à son égard des mesures prophylactiques spéciales.
Fig. 287. — Scolytus rugulosus Ratz. dans une branche de Pommier. 1/1 gr. nat. (oriq.).
BOULEAUX 465
INTERIEUR DU BOIS
Anobium plumbeum WI.
Voir : Chapitre des Chênes.
Melasis buprestoides L. Coréopr., Æucnemidæ
Longueur : 7 à 9 millimètres. Ce Coléoptère appartient à
une famille intercalée entre les Buprestides et les Elatérides. On
reconnait le Melasis buprestoides L. à son corselet légèrement
élargi sur le devant et dont les côtés sont droits, sa ligne médiane
est enfoncée. Les élytres sont plus étroits que le corselet, profon-
dément striés et ornés de granulations. Le corps entier est d’un
noir mat, recouvert d’une pilosité brunâtre.
Les galeries que creuse ce Xylophage sont irrégulières et cou-
rent en général perpendiculairement aux fibres ligneuses.
On ne sait pas encore grand’chose sur l’évolution de cet Insecte
qui est plutôt rare et en tous cas peu nocif.
Lymexylon dermestoides L.
Voir : Chapitre du Sapin.
Cryptorrhkynchus Lapathi L.
Voir : Chapitre des Aunes.
Xyphidria dromedarius Fabr.
Voir : Chapitre des Saules.
Xyloterus domesticus Er. Coréopr., S'colytidæ
(Trypodendron domesticum Er.)
Longueur : 3 millimètres. Ce Bostryche, qui est un parasite des
feuillus, se rencontre plus spécialement dans le bois de Bouleau
et dans celui de Hêtre et de Chêne. Son corselet présente une
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 30
466 INTÉRIEUR DU BOIS
bande transversale de points ruguleux. Les antennes sont termi-
nées par une massue solide dont le bord interne se prolonge en
un denticule nettement accusé. Les élytres, sillonnés de chaque
côté de la suture, présentent un angle sutural saillant. La suture
et l'extrémité des élytres se détachent en noir sur la couleur
brune du fond.
Le mâle a le front profondément concave, muni antérieurement
D an Er
à res ares
214 2... TRS M S PAT E. A 2% Ë Hat #e Em Es #|
Fig. 288. — Couloirs en échelons forés dans le bois de Bouleau
par le Xyloterus domesticus Er. 1/1 gr. nat. (orig.).
en son milieu d’une cornicule longitudinale: le corselet est beau-
coup plus large que long.
La femelle a le front convexe; le corselet, arqué antérieurement,
est muni en son mieu de deux denticules très rapprochés qui
s’avancent jusque sur l’occiput.
Le plus souvent, le Xyloterus domesticus Er. hiverne à l’état
d'Insecte parfait et apparaît au premier printemps pour donner
naissance à une ou deux générations, suivant les conditions clima-
tériques. |
Nous avons étudié, dans le chapitre de l'Épicéa, la manière
de forer propre à un Insecte du même groupe, le Xyloterus linea-
tus Oliv. Notre Xvlophage du Bouleau opère à peu près de la
même façon, c’est-à-dire en établissant un réseau de galeries en
échelons dont nous avons décrit les détails en parlant du Bos-
tryche liseré. ErcHHorFr (1881, p. 294) a presque toujours trouvé
dans les systèmes de couloirs de cet Insecte un nombre égal de
BOULEAUX
mâles et de femelles, ce qui n’est pas le cas
autres espèces du même groupe où les
mâles sont en infime minorité.
Les moyens de combattre cette espèce
qui ne cause généralement pas de ravages
dans les arbres sains, sont identiques à ceux
que nous avons exposés à propos du Xylo-
terus lineatus Ov.
Xyloterus signatus Fabr.
Voir : Chapitre des Chênes.
Xyleborus Saxesent Ratz.
Voir : Chapitre du Sapin.
Cossus æsculi L.
Voir : Chapitre du Châtaignier.
Cossus ligniperda L.
Voir : Chapitre des Saules.
Sesia culiciformis L. Lépinorr., S'esudeæ
Longueur, Papillon étalé : 25 millimètres;
Chenille, 18 à 22 millimètres. Le corps de
cette Sésie est d’un bleu noirâtre, avec le
quatrième anneau abdominal de couleur
brun rouge. La racine et la bordure anté-
rieure des ailes de devant sont rougeâtres.
- La Chenille a 16 pattes de couleur crème; la
tête chitineuse, brune, porte sur chacun des
anneaux des poils dressés. Les quatre der-
467
pour les colonies des
Fig. 289. — Branche de Bou'eau
ravagée par la Chenille du Cos-
sus æsculi L.1/1qr. nat. (orig.).
mères paires de pattes abdominales sont munies d’une couronne
de simples crochets.
C'est au mois de mai ou en juin que la femelle recherche les
468 INTÉRIEUR DU BOIS
anfractuosités ou les blessures de l’écorce des Bouleaux pour y
déposer sa ponte. Après l’éclosion de l'œuf, la Chenille pénètre
dans les couches libéreuses et cambiales, puis, lorsqu'elle a acquis
un certain développement, elle pénètre profondément dans le
bois, surtout des tiges et des branches de faible dimension. Sur
les arbres debout, elle remonte le tronc généralement sur une
longueur de 5 à 6 centimètres. Les excréments tombent à terre
par une ouverture pratiquée au bas de la galerie larvaire.
La chrysalidation s'opère au haut du couloir et dans un cocon
garni de détritus ligneux agglomérés par un réseau de fils soyeux.
La caractéristique des Sésides réside dans la dernière méta-
morphose. En effet, au moment où l'animal va prendre son vol,
la Chrysalide est à moitié sortie de lorifice marquant l'ouverture
supérieure de sa galerie larvaire. En examinant un tronc ravagé
par une Sésie, on observera souvent le long de la tige ou des
branches contaminées des fragments de Chrysalides qui sortent,
semblables à de petites cornes.
Cette espèce a une génération par an avec hivernement à l’état
de Chenille. Elle s'attaque également aux Aunes et peut parfois
provoquer des dégâts sérieux tout en étant un Xylophage rare (1).
Moyens préventifs. — Il n’en existe pour ainsi dire pas, tout
au moins pour la grande culture forestière.
Moyens répressifs. — Lorsqu'on constate dans une forêt ou
un parc la présence de Sésides, on peut préserver les arbres de
valeur en badigeonnant de goudron ou de glu les parties blessées
et les sections de branches élaguées; cela entravera certainement
la ponte. On peut aussi, avant l'éclosion des Papillons, déposer de
la glu autour des tiges ou branches infestées et sur lesquelles on
a constaté des orifices laissant échapper de la sciure.
Sesia Spheciformis Grng.
Voir : Chapitre des Aunes.
(1) Une autre espèce voisine, la Sesia scoliæformis, Bkh. cause des rava-
ges à peu près analogues sur les Bouleaux.
BOULEAUX 469
RAMEAUX
Polydrusus cervinus L.
Strophosomus coryli Fabr.
Voir : Chapitre des Chênes.
Cimbex variabilis Klug.
Voir : Chapitre du Hêtre.
Vespa crabo L.
Voir : Chapitre des Frênes et « Partie spéciale ».
BOURGEONS
Tortrix ferrugana Tr.
Tinea lutipenella ZI. (1).
Voir : Chapitre des Chênes. (2).
REURLLES
Melolontha vulgaris L.
Melolontha hippocastant Fabr.
Strophosomus coryli Fabr.
Orchestes ilicis Fabr.
Voir : Chapitre des Chênes.
Rhynchites betulæ L. Coréortr., Curculionidæ
Rynchite du Bouleau
Longueur : 2, 5 à 4 millimètres. Ce Charançon, de couleur noire,
recouvert d’une pilosité brunâtre, porte un rostre épais et court
chez le mâle, plus allongé chez la femelle. La cuisse des pattes
(1) Tinea milvipennis ZI. est une espèce voisine très rare, qu'on rencontre
parfois sur les feuilles de Bouleau.
(2) On peut encore signaler parmi les Insectes qui occasionnellement
ravagent les Bourgeons des Bouleaux, un Puceron, le Vacuna betulæ Kalt.
et un Acarien, le Phytoptus calycophthirus Nol.
470 FEUILLES
postérieures du mâle est épaissie, munie intérieurement d’une
rangée de denticules.
Nous avons déjà parlé à propos de l’Attelabus curculionides L.,
dans le Chapitre des « Chênes », des mœurs et travaux de ce groupe
Fig. 290. — Feuilles de Bouleau enroulées par le Rhynchites betulæ L. 1/1 nat.(orig.).
de Curculionides qui découpent les feuilles suivant un système
propre à chaque espèce.
Le Rhynchite du Bouleau fabrique avec la feuille découpée en S
plus où moins irrégulier à la base, un cornet dont la pointe reste
fixée à cette base par la nervure médiane.
Ces cornets hébergent au commencement de l'été un ou plu-
sieurs œufs qui donnent naissance à des Larves tombant sur le
sol pour s'y chrysalider dans un cocon terreux.
Les dégâts causés par cette catégorie de Coléoptères phyto-
phages sont sans portée pour la vitalité des arbres.
Rhynchites betuleti Fabr.
Cimbex variabilis Klug (1).
Voir : Chapitre du Hêtre.
(1) Hylotoma pullata Zadd. (Hylotoma enodis L.), qui appartient à la
famille des Tenthredinidæ, a été décrite par AzLTum (7882, p. 262), comme
rongeant, à l’état parfait, les feuilles de Bouleaux.
BOULEAUX
Galeruca alnt L.
Chrysomela ænea L.
Voir : Chapitre des Aunes.
Galeruca capreæ Fabr.
Voir : Chapitre des Saules.
Bombyx lanestris L. LéPinopr., Bombycidæ
(Gastropacha lanestris Ochsh.) [PI. VIE fig. 4, 4 a]
Bombyce laineux
A7
Longueur, Papillon étalé : 30 à 40 millimètres; Chenille
99 à 40 millimètres. La couleur de ce Bombyce est variable; chez
certains individus, elle est d’un brun rouge, tan-
dis que chez d’autres, elle est gris bleu. Les ailes
antérieures sont plus foncées à la base sur laquelle
apparaissent des taches blanches que l’on retrouve
à peu près au milieu de l'aile. Les ailes antérieures
et postérieures sont sillonnées en travers par une
bande claire. Les antennes du mâle sont longues
et doublement pectinées; la femelle porte à l’ex-
trémité abdominale une touffe de poils laineux.
La Chenille compte 16 pattes, est de couleur bru-
nâtre avec tête d’un gris foncé. On remarque, sur
chacun des anneaux 2 à 11, deux rangées de points
d'un jaune rouge très marqué; ils sont garnis de
poils rigides de même couleur. Au dessous de ces
touffes pileuses, chaque anneau porte le plus souvent
trois points blancs.
Janv...
Fév. ..
Mars . .
Avril. .
Mai . .
June
Juill °e:
Août .
Sep.
Le Bombyce laineux essaime en avril, dépose ses œufs sur les
rameaux et recouvre sa ponte d’un duvet soyeux très caracté-
ristique. Aussitôt après l’éclosion, en général en mai, les Chenilles
commencent à gagner les Jeunes feuilles qui viennent de s’épa-
nouir et qui sont entamées de façon fort variable, Les Chenilles
472 DFEUILLES
aiment à vivre et à travailler en colonie; aussi, dès qu'elles sont
dérangées par le mauvais temps, elles se réunissent à l’intersec-
tion de branches ou de rameaux où elles construisent un nid
soyeux qu'elles agrandissent à mesure qu'elles augmentent de
ET
Fig. 91. — Nid du Bombyx lanestris L. sur un rameau de Bouleau. 3/4 gr. nat. (orig.).
grosseur (fig. 291). A la fin de la période des ravages, les excré-
ments alourdissent le nid qui finit par s’allonger et prend la
forme d’une bourse pendante qu'on peut apercevoir du pied de
l'arbre.
BOULEAUX 473
Durant la dernière phase de la période de ravages, la Chenille
opère plutôt seule, puis en juillet, ou au commencement d'août.
elle se laisse choir sur le sol et, s’entourant d’un cocon soyeux,
hiverne dans la couverture morte. Parfois la chrysalidation a lieu
déjà en automne.
Le Bombyx lanestris L. attaque surtout les Bouleaux et, le plus
souvent, ne provoque que le dessèchement de certaines branches.
Exceptionnellement, 1l s'attaque aux Chênes, Tilleuls et Saules
ainsi qu'aux arbres fruitiers. Il est plus répandu dans le nord de
l'Europe, peuplé de Bouleaux, que chez nous.
Moyens préventifs. — Comme 1l s’agit en somme d’une espèce
peu répandue et ne causant pas de dégâts très redoutables, on
n’a pas à prendre de mesures spéciales pour prémunir les massifs
de Bouleaux des atteintes de cette Chenille.
Moyens répressifs. — Ils consistent à détruire, de mai à
juillet, les bourses qui pendent des branches et qu'on peut
facilement atteindre au moven d’un échenilloir. Cette opéra-
tion doit être entreprise de préférence par le mauvais temps,
alors que l'animal s'est retranché dans son nid protecteur.
On peut également détruire les colonies d'œufs fixées aux ra-
meaux.
Bombyx neustria L.
Liparis chrysorrhoea L.
Liparis similis Fussl.
Phalera bucephala L.
Geometra brumata L.
Geometra dejoliaria L.
Geometra progemmaria Hbn.
Geometra aurantiara Esp.
Noctua incerta Hfn.
Noctua coryli L.
Voir : Chapitre des Chênes.
474 FEUILLES
Liparis dispar L.
Orgya pudibunda L.
Geometra boreata L.
Halias prasinana L.
Voir : Chapitre du Hêtre.
Liparis monacha L.
Voir : Chapitre de l'Épicéa.
Orgya antiqua L. Lépinorr., Bombycidæ
Orgye antique
Longueur, Papillon étalé : 30 à 33 millimètres; Chenille
35 millimètres. Les deux sexes de cette espèce sont fort différents.
Tandis que le mâle à toutes les ailes brunâtres et l'extrémité
des antérieures plus foncées avec une tache blanche en demi-lune
à leur angle inféro-externe, la femelle est d’un gris sale avec
des rudiments alaires qui ne lui permettent pas de voler.
La Chenille, munie de 16 pattes, a la face dorsale du corps gris
foncé, la face ventrale est jaune; les côtés, dont la teinte fonda-
mentale est grise, sont ornés de taches rouges. Les anneaux 4 à
7, portent des touffes de poils jaunâtres coupés ras. Sur le pre-
mier anneau, on distingue en outre deux pinceaux foncés dirigés
en avant et, sur chacun des côtés du quatrième, un autre pin-
ceau perpendiculaire au corps; enfin, au sommet du onzième
anneau se trouve un appendice semblable et dirigé en arrière.
On est d'accord pour reconnaitre que ce Papillon, excessive-
ment polyphage, essaime deux fois durant l'été, soit en Juin et
en septembre. La ponte est déposée dans le voisinage immédiat
du cocon fixé aux branches et l’hivernement a lieu à l’état d'œuf.
Nous avons signalé ce Papillon dans le chapitre des « Pins ». La
Chenille peut être rencontrée sur n'importe quelle essence fores-
tière ou fruitière, mais elle n’est presque Jamais la cause du dépé-
BOULEAUX 475
rissement d'un arbre, car elle ne provoque qu une défoliaison
partielle (1).
Geometra betularia L. Lépinopr., Geometridæ
(Amphidasis betularia Tr.)
Longueur, Papillon étalé : 50 à 60 millimètres; Chenille
45 à 55 millimètres. Le Papillon de cette arpenteuse a les ailes
d’un blanc crayeux tacheté de noir. Des bandes foncées en
zigzag se prolongent sur les ailes postérieures. La Chenille a
dix pattes, elle est d’un brun marbré, glabre. La tête est carrée et
présente des dessins en V sur le front. Le Papillon essaime en
mai et les Chenilles opèrent dans la frondaison durant tout l'été.
La chrysalidation a lieu dans le sol et l’animal hiverne à l'état
de Nymphe. Ce Phytophage est aussi peu connu que rare.
Nematus septentrionalis Ratz. Hyménorr., Tenthredinidiæ
Longueur, 4 : 7; @ : 11 millimètres; Chenille : 25 à 30 nulli-
mètres. Cette espèce est très voisine du Nematus abietum Hig.
que nous avons décrit dans le chapitre de l”« Épicéa ». La tête,
le thorax et les extrémités antérieure et pcstérieure de l'abdomen
sont noirs. Les anneaux abdominaux, 2 à 6 de la femelle, et
9 à 12 du mâle, sont couleur de rouille; les ailes sont transpa-
rentes et veinées.
La Chenille, d’un vert jaunâtre, se confond avec le feuillage.
Le premier anneau et les pattes abdominales sont ocre Jaune.
(1) Les Chenilles des deux Microlépidoptères : Tortrix cratægana Hbn. et
Tinea fuscedinella ZM. (Azrum, 1894, p. 639-648), ont été parfois observées
sur les feuilles de Bouleaux et d’autres essences feuillues. Au point de vue
forestier, elles sont presque sans importance, étant fort rares.
On peut encore citer, parmi les ravageurs du feuillage des Bouleaux, la
Chenille d’un Bombycide, Endromis versicolora L..Cette espèce fort rare est
à peine connue des forestiers.
470 - FEUILLES
La tête, les pattes thoraciques, ainsi que six rangées de taches
dorsales et une abdominale, sont d'un noir intense.
Suivant Juneicx et NirscHE (1895, p. 668), cet Insecte peut
produire deux générations par an, essaimant en mai et en août.
La femelle dépose jusqu'à 150 œufs sur les nervures de la face
inférieure des feuilles. Les jeunes Chenilles, rangées en procession,
se mettent à ronger les feuilles de Bouleaux et parfois des Frênes,
des Aunes, des Peupliers, etc., en respectant le plus souvent la
nervure médiane. Ces dégâts ne peuvent provoquer le dépéris-
sement des arbres. Le Nematus septentrionalis Ratz. est rare,
presque sans importance au point de vue de la protection fores-
Uère.
10. Peupliers
Populus alba L., P. nigra L., P. canadensis Desf.,
P. tremula L., etc.
RACINES
Mêmes Insectes que ceux des autres essences feuillues (Voir
les chapitres précédents).
ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
Agrilus viridis L. (1).
Voir : Chapitre des Chênes.
Glyptoderes granulatus Ratz. Coréopr., Scolytidæ
Longueur : 2 à 2,2 millimètres. Ce Bostryche de petit calibre
est caractérisé par quatre denticules disposés en une rangée
(1) Trois autres Buprestes pratiquent à peu près un même système de
galeries dans les couches cambiales du bois de Peuplier; ce sont : Agrilus
sexguttatus Hbst., Buprestis decastigma Fabr. et B. variolosa Payk. Au point
de vue de la protection forestière et de la déformation des jeunes tiges de
Peupliers, ils ont la même importance que l’Agrilus oiridis L., tout en
étant beaucoup plus rares.
478 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
transverse au bord antérieur du corselet; ce dernier est légère-
ment étranglé sur le devant. Les élytres sont finement striés-
ponctués avec léger enfoncement sutural près de l'extrémité.
Glyptoderes binodulus Raïz. Coréorr., Scolytidiæ
(Cryphalus asperatus Gyll.)
Longueur : 1,5 à 2 millimètres. Encore plus petit que le
précédent, avec des denticules presque semblables sur la partie
antérieure du corselet qui est demi-sphérique. On remarque en
arrière de ces quatre denticules, une large tache formée de mi-
nuscules tubercules.
La biologie de ces deux Bostryches est encore peu connue;
on a observé que la ponte est déposée sous l’épiderme cortical
et que les Larves rongent d’une façon désordonnée sans forer de
galeries distinctes.
Les ravages n’ont guère d'influence sur le développement des
Peupliers attaqués.
Cryphalus Grothi Hagd. Coréopr., Scolylide
Longueur : 1,1 à 2,2 millimètres. Le corselet porte sur le
devant 4 à 6 denticules, et en arrière de ces derniers se trouve
une tache de rangées concentriques de granulations qui, sur la
partie postérieure, se confond avec la ponctuation. Les élytres
ont les stries Juxta-suturales enfoncées et profondément ponc-
tuées. Le mâle est muni de chaque côté de la déclivité, d’une
pointe plus ou moins obtuse suivant les individus; la femelle en
est privée.
Cette espèce, encore peu connue et peu répandue, attaque les
Trembles. HacEeporn (7904, p. 228 à 233, 372 et 373), décrit sa
biologie et la forme de ses ravages qui intéressent surtout les
couches corticales extérieures, comme le montre la fig. 292.
. sé
PEUPLIERS 479
Les Trembles ne paraissent pas devoir pâtir de ces atteintes
superficielles.
Fig. 292. — Écorce de Tremble ravagée par le Cryphalus Grothi Hagd. 1[1 gr. nat. (orig.).
INTÉRIEUR DU BOIS
Xyleborus Saxesent Ratz.
Voir : Chapitre du Sapin.
Scolytus multistriatus Marsh. :
Voir : Chapitre des Ormes.
Cryptorrkynchus Lapathi L.
Voir : Chapitre des Aunes.
480 INTÉRIEUR DU BOIS
Saperda carcharias L. Coréorr., Cerambycidæ
(Saperda punctata De Geer)
Saperde chagrinée [PI. VIE, fig. 9]
Longueur : 22 à 30 millimètres. Ce Longicorne, d'apparence
Jaunâtre, possède un corselet dont les côtés sont arrondis, sans
épines. La tête, échancrée au milieu, porte des antennes pileuses,
à peu près de même longueur que le corps; le troisième article
est plus long que le quatrième. Chacun des anneaux, à l'exception
du dernier, est tacheté de noir à l’extrémité distale. Les élytres,
sensiblement plus larges que le corselet, ont des épaules saillantes ;
ils sont profondément et grossièrement ponctués, présentent
dans la déclivité des granulations peu distinctes, et sont recouverts
d’une pilosité jaune. L’extrémité postérieure du mâle est plus
étroite que celle de la femelle.
La Larve, qui peut atteindre 38 millimètres de longueur, est
du type de celle des Lamites dont la tête se détache très peu du
prothorax; ce dernier est recouvert dorsalement par une plaque
chitineuse brunâtre. Le corps, privé de pattes, est lisse et brillant;
il porte quelques courts poils isolés. L'ouverture anale est limitée
par une paroi dont les contours ont la forme d’un Y. Ce Coléo-
ptère essaime en juin ou juillet et recherche en général les parties
inférieures des troncs de Peupliers, de Trembles ou parfois encore -
les branches, les anfractuosités de l'écorce dans lesquelles la
femelle dépose sa ponte œuf par œuf. La jeune Larve, qui naït
sous l'écorce, commence par forer une galerie irrégulière. À mesure
qu'elle augmente de volume, elle pénètre plus profondément et,
remontant le tronc, pratique un couloir sinueux, aplati, ayant
une section elliptique. Les systèmes sont remplis de débris
ligneux qui tombent au dehors et, se coagulant avec la sève,
forment des grumeaux qui pendent en dessous des orifices de
dégagement pratiqués par la Larve. Pour opérer sa métamor-
phose en Chrysalide, qui a lieu après deux hivernages, la Larve
bouche lorifice de sa niche à l’aide d’un tampon de fragments
BOULEAUX 481
de bois (fig. 293). L’Insecte parfait gagne le dehors en mai, done
3ig. 293. — Berceau de Chrysalide pratiqué par la Saperda carcharias L,
dans un tronc de Peuplier. 1/1 gr. nat. (orig.).
après une évolution de deux ans, en pratiquant un trou de sortie
presque rond.
De l'extérieur on reconnait facilement les arbres attaqués aux
écoulements de sève mêlée de sciure et de débris, ainsi qu'aux
boursouflements provoqués par la déformation de l'écorce. Les
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 31
482 INTÉRIEUR DU BOIS
Peupliers et Trembles de faible dimension qui ont subi, pendant
deux ans consécutifs, les atteintes d’une ou de plusieurs Saperdes
ne tardent pas à dépérir. Dans les pépinières surtout, les tiges
et les branches infestées se brisent facilement sous le poids de
la neige ou par les coups de vent.
Ces dégâts sont aussi à redouter lors du débitage des grumes
de Peupliers dont le bois est actuellement fort recherché pour la
fabrication des caisses d'emballage. La culture du Peuplier est
fort en honneur en ce moment, et c’est à juste titre qu’on cultive
cet arbre en grand dans les terrains marécageux assainis, ainsi
que le long des chaussées et des canaux, car son bois trouve un
placement assuré et avantageux.
Moyens préventifs. — Lorsqu'une jeune plantation, une allée,
une pépinière sont infestées par les Saperdes, on peut préserver
de la ponte la partie la plus exposée des tiges, soit une zone de
1,50 à 2 mètres au-dessus du sol, en la recouvrant d’un mélange
de fumier de vache et d’argile ou encore de glu ((Raupenleim »).
Moyens répressifs. — Lors de labatage des arbres infestés par
ces Longicornes, il faut s’efforcer de détruire l’animal sous ses
différentes formes. Au moment de la période de ponte, alors que
l’Insecte parfait gagne le dehors ou quand la femelle dépose sa
ponte, on peut également capturer les Saperdes sur la partie
inférieure des troncs.
Saperda populnea L. Coréorr., Cerambycidæ
Saperde du Tremble ou du Peuplier
Longueur : 8 à 13 millimètres. La Saperde du Tremble, qu’on
appelle parfois aussi la Saperde du Peuplier, est surtout fréquente
dans le Tremble, dont elle constitue le ravageur le plus commun.
Elle ne peut être confondue avec l'espèce précédente. En effet,
elle est d’une teinte noire tout en étant beaucoup plus petite. Le
corselet porte trois lignes longitudinales jaunâtres dont la médiane
est souvent effacée. Chacun des élytres est recouvert de quatre
ou cinq taches d’un jaune plus ou moins clair.
e
PEUPLIERS 483
La durée de l’évolution de ce ravageur est également de deux
ans et coïncide à peu près avec celle de la Saperde chagrinée,.
La Larve, qu’on trouve surtout dans les tiges, rejets et les
petites branches de la grosseur du pouce, pratique au début un
Fig. 294. — Tiges de Tremble déformées par la Larve de la Saperda populnea L. a, origine du
ravage (encoche de ponte); b, couloir circulaire; e, couloir central; d, galle vue de l'extérieur ;
e, orifice de sortie. 1/1 gr. nat. (oriq.).
couloir semi-circulaire creusé entre l'écorce et la moelle; c’est le
dégât périphérique, suivi l’année suivante du dégât central. En
effet, la Larve adulte fore au centre de la tige une courte galerie
remontante dans laquelle elle se chrysalide, la tête tournée vers
le bas, puis l’Insecte parfait gagne l'extérieur en passant par
un orifice rond (fig. 294). Ce réseau de couloirs, si ramassé et
qui héberge l'animal durant deux ans, est plus ou moins rempli
de sciure et de débris ligneux.
De l'extérieur, les tiges et branches envahies des Peupliers et
484 INTÉRIEUR DU BOIS
des Trembles sont facilement reconnaissables aux renflements
(fig. 295), qui peuvent se multiplier et parfois se souder l’un à
Fig. 295. — Rameau de Tremble avec galles de la Saperda populnea L. a, $ occupée à pondre;
b, Larve adulte ; ce, Chrysalide dans le berceau de nymphose ; d, Insecte parfait prêt à sor-
tir ; e, galerie larvaire centrale. 1/1 gr. nat. (orig.).
PEUPLIERS 485
l’autre. Ces boursouflures sont la conséquence d’une déformation
des couches cambiales et corticales qui, fouillées au moment de
la végétation, provoquent une perturbation dans la formation
du tissu ligneux. Les bris de vent et de neige achèvent souvent
d’endommager les arbres. Comme le Tremble est dans bien des
cas un végétal encombrant et nuisible dans certains peuplements
ou chantiers de reboisement, ses ennemis naturels ne sont pas
à redouter. Par contre, dans les pépinières de Peupliers, nous
avons constaté que ce Longicorne est plus répandu et encore plus
nuisible que la Saperde chagrinée. Il v a lieu d'appliquer aux
jeunes Peupliers les procédés de préservation que nous avons
décrits plus haut et de faire la chasse aux Insectes parfaits au
moment opportun.
Ægosoma scabricorne Scop. Coréort., Cerambycride
Longueur : 35 à 50 millimètres. Ce Longicorne peu répandu,
qui, au point de vue forestier, n’offre qu’un
intérêt très secondaire, est caractérisé par
la teinte brun rougeâtre uniforme de son
corps et surtout par les trois à quatre
côtes longitudinales plus ou moins sail-
lantes des élytres. Le mâle a les antennes
presque aussi longues que le corps et den-
tées du côté interne (fig. 296). Chez la
femelle ces organes sont lisses, sensiblement
plus courts que ceux du mâle. Le corselet,
plus large que long, est étranglé antérieure-
ment, en arrière il est muni de chaque
côté d’une épine.
La biologie de ce Xylophage de gros ca-
libre n’est presque pas connue: il est à pré- Fig. 296. — Ægcsoma aschricorne
sumer que l’évolution rappelle beaucoup Pate MUReb ee
celle de l’Ergates faber L. que nous avons
décrite dans le chapitre des « Pins ». La fig. 297 donne une
486 INTÉRIEUR DU BOIS
idée de la disposition et du calibre des galeries larvaires qui
sont forées parfois dans le bois sain.
Fig. 297. — Tronc de Peuplier foré par la Larve de lÆyosoma scabricorne Scop.
1/1 gr. nat. (orig. coll, Standfuss, Zurich).
Cossus ligniperda L.
Voir : Chapitre des Saules.
Cossus æsculi L.
Voir : Chapitre du Châtaignier.
Sesia apiformis L. Lépinopr., Ses'ide
(Trochilium apiforme L.)
Longueur, Papillon étalé : 35 à 40 millimètres. Ce Papillon a
la tête Jaune avec antennes teintées de noir en dessus et couleur
PEUPLIERS 487
de rouille à la face inférieure. Le thorax, d’un brun foncé, est
orné antérieurement d’une bande bleue; en arrière il présente
.
Fig. 298. — Ravages de la Sesia apiformis L. Fig. 299. — Papillons de la Sesia apiformis L. et branche de Peu-
dans un tronc de Peuplier. a, 9 $ occupées à plier forée par la Chenille. 1/1 gr. nat. (orig. coll, Standfuss,
pondre ; b, Chenille adulte ; c, détritus ligneux Zurich).
entassés au bas de la galerie larvaire. 1/2 gr.
nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich).
. À nr: & =
deux taches anguleuses jaunâtres''qui touchent la racine des
élytres. L’abdomen est également jaune avec les anneaux 1 et
4 entièrement, les autres partiellement, tachetés de brun ou de
bleu métallique.
488 INTÉRIEUR DU BOIS
L'évolution de cette Sésiide dure deux ans avec double hiver-
nement à l’état larvaire. Les femelles déposent plus volontiers
Fig. 300. — Sesia tabaniformis Rott. dans une branche de Peuplier partagée en deux. «a, Che-
nille prête à se chrysalider ; b, aspect des couloirs larvaires encombrés de détritus ligneux.
1/1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich).
leur ponte au pied des trones ou des jeunes tiges de Peupliers
ou de Trembles cultivés en pépinière.
La Sesia apiformis L. évolue à peu près dela même façon que la
Sesia culiciformis L. que nous avons étudiée dans le Chapitre
des « Bouleaux ».
PEUPLIERS 489
La Sesia tabaniformis Rott. peut être également rangée au
nombre des Xylophages des Peupliers. Il s’agit ici d’un In-
secte rare et presque sans importance forestière (PI VIT,
fes 40).
RAMEAUX
Cimbex variabilis Klug.
Voir : Chapitre du Hêtre.
Vespa crabro L.
Voir : Chapitre des Frênes. et Partie spéciale (1).
BOURGEONS
Pas de ravageurs spéciaux aux Peupliers.
FEUILLES
Melolontha vulgaris Fabr.
Voir : Chapitre de l’Épicéa.
Melolontha hippocastant Fabr.
Voir : Chapitre des Chênes.
Orchestes populi Fabr. CoLéopr:, Curculronide
Orcheste du Peuplier
Longueur : 1,5 à 2 m'llimètres. Ce Charançon, qui porte des
antennes dont le funicule compte six articles, est d’une couleur
fondamentale noire atténuée d’une pilosité grise; le corselet est
blanchâtre, les pattes d’un jaune rougeûtre.
L’Orcheste du Peuplier est fort peu répandu; il opère à peu
(1) Deux Rhynchotes : Aspidiotus saiicis L. et À. populi Bärsp. dont les
femelles se couvrent le corps d’une carapace cireuse ovale, sucent l’écorce
des Peupliers et des Trembles; ils ne jouent aucun rôle au point de vue de
la protection forestière.
490 FEUILLES
près de la même façon que l’Orcheste danseur du Hêtre, c’est-à-
dire que les dégâts foliaires sont l’œuvre à la fois de la Larve et
de l’Insecte parfait.
Rhynchites populi L. CoréoPpr., Curculionidæ
Rhynchite du Peuplier
Longueur : 4 à 6 millimètres. Ce Charançon de taille minus-
cule, à le front profondément sillonné: le dessous du corps est
bleuâtre, le dessus d’un vert bronzé à reflets métalliques par-
fois rougeâtres.
L’'Insecte parfait enroule les fewlles des Peupliers et des
Fig. 301. — Feuilles de Peuplier enroulées par le RRUACRGES populi L. 1/1 qr. nat.
(orig. coll. Pauly, unich).
Trembles, en fait une cigarette de petit calibre dans laquelle la
ponte est déposée (fig. 301). Les déformations n’apparaissent en
général que par cas isolés et ne provoquent pas de perturbation
dans la vie du végétal.
Rhynchites betulæ L.
Rhynchites betuleti Fabr.
Voir : Chapitre des Bouleaux.
Galeruca alni L.
Voir : Chapitre des Aunes.
PEUPLIERS 491
Galeruca capreæ L.
Voir : Chapitre des Saules.
Lytta vesicatoria L.
Voir : Chapitre des Frênes.
Lina populi L. Coréopr., Chrysomelidæ
(Chrysomela populi L. [PI. VIL, fig. 7]
Chrysomèle du Peuplier
Longueur : 8 à 10 millimètres. Les Chrysomélides sont carac-
térisées par la forme ramassée de leur corps; la tête, dépourvue
de rostre, porte des antennes relativement courtes. Les Larves
sont facilement reconnaissables à leurs pattes articulées ainsi
qu'à leur tête, thorax et abdomen nettement distincts les uns
des autres.
La Lina populi L. a le corselet, la tête, ainsi que la partie infé-
rieure du corps d’un bleu verdâtre, presque noir; les élvtres, par
contre, sont d’un rouge vermillon avec le bord interne de leur
extrémité noir.
La Larve blanchâtre, est rétrécie aux deux extrémités; la
tête est noirâtre, le premier anneau thoracique porte dorsale-
ment une plaque chitineuse transversale de teinte foncée, les
anneaux 2 et 3 sont ornés chacun de 4 verrues noires, et de chaque
côté se trouve une protubérance blanche. Sur les 8 anneaux
antérieurs de l’abdomen, on remarque huit lignes longitudinales
composées de taches foncées; les quatre centrales sont plus ou
moins fondues ensemble. C’est une forme de Larve de Coléoptère
que nous n'avons pas encore eu l’occasion d'étudier chez les
espèces précédentes, elle ne peut être confondue avec celle d’au-
tres Insectes phytophages.
Les Insectes parfaits, qui hivernent dans la couverture morte,
apparaissent au premier printemps et s’accouplent sur les feuilles
à la face inférieure desquelles la femelle dépose ensuite ses œuls
492 FEUILLES
par tas allongés. Peu après, donc en mai ou en juin suivant les
conditions climatériques, les Larves entament le parenchyme et
dévorent presque toute la matière foliaire comprise entre les
nervures (fig. 302). Les Insectes parfaits coopèrent également à
Fig. 302. — Feuille de Peuplier « squelettée » par la Lina populi L. a, Larves adultes.
1/1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich).
cette œuvre de destruction, et l’on observe en général deux,
parfois même trois générations par an.
La chrysalidation a lieu sur la feuille même; la Nympbhe, d'un
brun jaunâtre, recouverte de lignesdepointsnoirs, restesuspendue
à la feuille par son extrémité anale et attend dans cette curieuse
position sa transformation en Insecte parfait.
PEUPLIERS 493
La Lina populi L. anéantit parfois les feuilles des rejets de
l’année.
A plusieurs reprises nous avons observé des dégâts intenses
sur les Trembles dont les feuilles squelettées jonchaient le sol,
formant ainsi, à la fin de l’année, un tapis de plusieurs centimètres
d'épaisseur. Les Saules souffrent également des mêmes atteintes
et dans les oseraies en particulier, on redoute beaucoup ce dépouil-
lement toujours intensif qui peut parfois anéantir une récolte
d’osier.
Moyens préventifs. — II n'existe aucune mesure capable de
prémunir les Peupliers contre ces Insectes.
Moyens répressifs. — La seule opération qu’on puisse tenter,
lors d’invasions répétées dans un même peuplement ou dans des
pépinières, consiste à ramasser en hiver la couverture morte et de
lincinérer, afin de détruire les Chrysomèles qu’elle peut renfer-
mer.
Lina tremulæ Fabr. Coréopr., Chrysomelidæ
(Chrysomela tremulæ Fabr.)
Chrysomèle du Tremble
Longueur : 7,5 à 9 millimètres. Ressemble beaucoup à l'espèce
précédente. L’extrémité des élytres n’est pas tachetée de noir
et les ongles des tarses sont à peine visibles. Le corselet a les côtés
plus droits et presque parallèles sur le tiers antérieur de leur
longueur.
Au point de vue biologique, on ne fait guère de distinction
entre la Lina tremulæ Fabr. et la Lina populi L. La Chrysomèle
du Tremble attaque également les feuilles de différentes espèces
de Saules. Les dégâts de ces deux Phytophages sont tellement
semblables qu'il est presque impossible d'indiquer auquel des
deux Insectes il faut les attribuer, si l’on n’a pas l’auteur sous
les yeux (1).
e
(1) Lina longicollis Suftr. plus rare, est également une Chrysomélide qui
vit en parasite sur les Peupliers, le Tremble et les Saules.
494 FEUILLES
Fig. 303. — Rejet de Tremble de l’année ravagé par la Lina tremulæ Fabr. 1/1 gr. nat. (orig.).
Galeruca alnt L.
Voir : Chapitre des Aunes.
Lytta vesicatoria L.
Voir : Chapitre des Frênes.
PEUPLIERS 495
Chrysomela vitellinæ L.
Chrysomela vulgatissima L.
Chrysomela viennensis Schrk.
Galeruca capreæ L.
Liparis salicis L.
Voir : Chapitre des Saules.
Endromis versicolora L.
Voir : Chapitre des Bouleaux.
Liparis monacha L.
Voir : Chapitre de l'Épicéa.
Liparis dispar L.
Voir : Chapitre du Hêtre.
Les Chenilles de deux Papillons de la Famille des Nymphalidæ
attaquent les arbres fruitiers, et occasionnellement les Peupliers,
sans cependant provoquer des dommages appréciables à la fron-
daison de ces arbres; ce sont : Vanessa antiopa L. et Limentis
populi L. I en est de même des Sphinx populi L. et S. ocellata L.
que nous ne faisons que signaler.
Liparis chrysorrhoea L.
Liparis similis Fussl.
Bombyx neustria L.
Geometra defoliaria L.
Geometra aurantiaria Esp.
Geometra progemmaria Hb.
Voir : Chapitre des Chênes.
Bombyx lanestris L.
Nematus septentrionalis Ratz.
Voir : Chapitre des Bouleaux.
Cladius viminalis Pall. HyménoPrr., Tenthredinidæ
Longueur : 9 millimètres. La tête et le thorax de cet Hymé-
noptère sont noirs, sauf cependant la bordure postérieure du
496 FEUILLES
prothorax qui est Jjaunâtre, de même que l'abdomen; la face infé-
rieure des antennes apparait sous une teinte rouge.
La Larve, munie de 20 pattes, mesure de 15 à 25 millimètres;
elle est jaune, velue, avec la tête noirâtre. Chaque anneau porte
Fig. 304. — Galles produites par la piqüre du Pemphigus pyriformis Lieht. 1/2 gr. nat. (oriq.).
une ligne transversale de points foncés distincts. La femelle pond
en mai, parfois aussi en août, ses œufs dans le pétiole de la feuille.
Au début, les jeunes Larves, groupées en colonies, commencent
par ronger l’épiderme, puis le ravage s'étend en n’épargnant que
les nervures. La chrysalidation a lieu dans les anfractuosités du
tronc ou à l'intersection des rameaux; c’est à l’état de Nymphe
que l’animal hiverne. Celui-ci n’a, du reste, qu’une importance
secondaire pour la vitalité des Peupliers.
Quand nous aurons encore cité deux Rhynchotes, les Pemphi-
PEUPLIERS 497
gus bursarius L. et P. pyriformis Licht. ainsi qu’un Acarien,
Fig. 305. — £riophyes dispar Nal. sur des feuilles de Peuplier.
3/4 gr. nat. (oriy. coll. Muséum, Paris).
l’Eriophyes dispar Nal., nous aurons passé en revue les principaux
Insectes parasites des Peupliers.
©
19
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE
4
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11. Tilleuls
Tilia parvifolia Ehrh., T. grandifolia Ehrh.
RACINES
Mêmes ravageurs que ceux mentionnés dans les chapitres
précédents.
ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
Agrilus viridis L. (1).
Voir : Chapitre des Chênes.
Cryphalus tiliæ Panz. Coréopr., Scolytidæ
(Ernoporus tiliæ Thoms.)
Bostryche du Tilleul
Longueur : 1,3 à 1,8 millimètre. Ce Bostryche qui vit en
parasite presque exclusivement dans lécorce et
l’aubier du Tilleul, a un corselet conique, armé
antérieurement de quatre pointes proéminentes.
Immédiatement en arrière de ces dernières, cinq
ou six rangées concentriques de granules sont
disposées en are de cercle; sur Ia première, les
Ï ;
granules sont épars, la deuxième est interrompue fig. 306. — Corselet
or du Cryphalus tiliæ
au milieu, enfin sur les autres, les granules sont Panz. (orig.).
presque soudés entre eux. Les élytres sont indis-
tinctement striés, à rangées de soles fines, blanchâtres.
(1) Agrilus auricollis Kies. est une espèce voisine qui, jusqu’à présent,
paraît n’avoir ravagé que les branches de faible dimension du Tilleul et
dont les dégâts sont rares et peu importants.
500 * ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
Le type de couloirs creusés par cet Insecte est double, hori-
zontal. Le système établi par une même femelle peut parfois
Fig. 307. — Galeries maternelles transversales du Cryphalus tiliæ Panz. dans une tige de Tilleul.
1/1 gr. nat. (orig.)
présenter des anomalies, ainsi l’une des deux galeries mater-
nelles peut être atrophiée; dans d’autres cas, elle manque
complètement. Les galeries larvaires sont courtes et longitu-
dinales.
Dans les régions tempérées, il se produit souvent deux géné-
rations par an et l’hivernement a lieu à l’état parfait.
Le Tilleul semble rarement souffrir des atteintes de ce Xylo-
sons ati. : à he.
et Ds on ie de | he:
Er Ie
RU GTS enr a
TILLEULS 501
phage qui, le plus souvent, précipite le dépérissement de cer-
taines branches dont la vigueur a déjà été amoindrie par une
autre cause (1).
INTÉRIEUR DU BOIS
Buprestis rutilans L. Coréopr., Buprestidæ
Bupreste du Tilleul
Longueur : 10° à 14 millimètres. Ce Bupreste est un des Insectes
les plus élégants qu’on puisse rencontrer dans le monde des
bois de nos régions. En effet, il est d’un vert à reflets métal-
liques, souvent bleuâtres. Le corselet et les élytres semblent
parfois avoir été dorés tellement leur éclat est brillant.
La Larve est du tvpe de celle des Buprestides dont nous
avons énuméré les caractères à propos du Bupreste vert (Voir :
chapitre des « Chênes »). Elle fore des couloirs sinueux dans
le Liber, plus tard dans le bois et pratique une chambre de
nymphose en forme de crochet dans laquelle l’animal est placé
la tête en haut; il en sort en creusant un orifice elliptique.
On n’est pas encore fixé sur la durée de l’évolution du Bu-
prestis rutilans L., mais on présume que la génération est de
deux ou trois ans.
Les Tilleuls sont rarement mutilés par les ravages des Bu-
prestes dont les systèmes de couloirs achèvent de dessécher
certaines branches anémiées, atteintes par d’autres Insectes,
par des Champignons ou encore brisées par la neige et le vent.
Xyleborus Saxesent Ratz.
Voir : Chapitre du Sapin.
Xyleborus dryographus Ratz.
Xyloterus signatus Fabr.
Voir : Chapitre des Chênes.
(1) Nous mentionnons une espèce voisine, le Cryphalus Schreineri Eichh.
qui vit également dans les couches corticales du Tilleul; il est aussi rare
que peu important pour la protection des forêts.
502 FEUILLES
Xyloterus domesticus Er.
Voir : Chapitre des Bouleaux.
Cossus æsculi. L.
Voir : Chapitre des Châtaigniers.
Cossus ligniperda L.
Voir : Chapitre des Saules.
RAMEAUX
Strophosomus coryli Fabr.
Voir : Chapitre des Chênes.
Strophosomus obesus Marsh.
Voir : Chapitre des Pins.
Cimbex variabilis KI.
Voir : Chapitre des Hêtres.
Vespa crabro L.
Voir : Chapitre des Frênes et « Partie spéciale ».
Lachnus exsiccator Alt.
Voir : Chapitre du Châtaignier.
BOURGEONS
Pas de ravageurs spéciaux.
FEURÈEES
Melolontha vulgaris L.
Melolontha hippocastant Fabr.
Voir : Chapitre des Chênes.
TILLEULS 503
Deux Charançons, le Polydrosus cervinus L. et le P. micans
Fabr., se rencontrent occasionnellement sur la frondaison des
Tilleuls dont, à l’état d’Insectes parfaits, ils perforent les feuilles.
Phyllobius viridicollis Fabr.
Voir : Chapitre du Hêtre.
On rencontre parfois sur les Tilleuls un Papillon de grance
dimension, le Sphinx tiliæ L. dont la Chenille ronge les feuilles
de plusieurs essences, mais sans causer aucun dommage au
développement du végétal, car cette espèce n’apparaît pas sous
forme d’invasions.
Liparis monacha L.
Voir : Chapitre de l'Épicéa.
Rhynchites betulett Fabr.
Bombyx lanestris L.
Voir : Chapitre des Bouleaux.
Noctua aceris L.
Voir : Chapitre des Érables.
Orgya pudibunda L.
Noctua aprilina L.
Noctua coryli L.
Voir : Chapitre du Hêtre.
Liparis similis Fussl.
Geometra defoliaria L.
Geometra aurantiaria Esp.
Geometra brumata L.
Voir : Chapitre des Chênes (1).
(1) Au nombre des Insectes se nourrissant occasionnellement des feuilles
de Tilleul, on peut encore citer une Noctuelle, la Noctua cœruleocephala L.,
qui est plus connue des arboriculteurs que des forestiers.
504 FEUILLES
Nematus septentrionalis L.
Voir : Chapitre des Bouleaux.
Un Hyménoptère, le Selandria annulipes Klug., a été signalé
par Jupeicx et Nirscue (7895, p. 670) comme ravageant les
Tilleuls, sans causer cependant des dommages appréciables.
12. Ormes
Uilmus campestris Smith, U. montana Smith., U. effusa Wild.
RACINES
Mêmes ravages que ceux mentionnés dans les chapitres pré-
cédents.
É CORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
Scolytus Geoffroyi Gœtze. Coréopr., Scolytidæ
(Eccoptogaster scolytus Ratz.)
Grand Scolyte de POrme
Longueur : 4 à 6 m'llimètres. Nous avons déjà indiqué dans
les chapitres précédents que le groupe des Scolytes est très
facile à distinguer de ceux des Hylésines et des
Tomicides. En effet, la forme de leur massue, de
leurs élytres et surtout de leur abdomen est ca- (
ractéristique (fig. 308).
Le Scolytus Geoffroyi Gœtze a le corselet noir,
2
1
: à Fig. 308. — Abdomen
tandis que les élytres sont bruns; ces derniers Dore Geoffroy
sont en outre rétrécis postérieurement, striés- x
ponctués, avec interstries parsemées de points réguliers. Dans
les deux sexes, les troisième et quatrième segments abdomi-
naux sont munis en leur milieu d’un tubercule verruqueux
(fig. 308).
506 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
Ce Bostryche creuse un couloir de ponte vertical, relative-
Fig 309. — Système de couloirs du Scolytus Geoffroyi Gæœtze dans l'écorce d’Orme.
1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris).
ment court, toujours dirigé de bas en haut dans les arbres sur
ORMES 507
pied. Les galeries larvaires sont d’abord perpendiculaires, plus
tard elles deviennent sinueuses et finissent par suivre plus ou
moins irrégulièrement les fibres ligneuses.
Lorsqu'une forte invasion s’est abattue sur les Ormes,
l'écorce de ces derniers se détache par grandes plaques et les
systèmes apparaissent parlois tellement rapprochés et enche-
vêtrés qu'on a de la peine d’en distinguer les différents éléments.
Fig. 310. — Ecorce d'Orme perforée (côté extérieur) par le Scolylus Geoffroyi Gœtze
(gros trous) et le S. multistriatus Marsh. (petits trous). 1/1 gr. nat. (oriq.).
On observe en général une seule génération par an. Cepen-
dant, à la faveur de circonstances climatériques favorables, il
se produit un second essaimage en août.
Les Scolvtes sont de dangereux ennemis des Ormes et dont
on a surtout à craindre l'apparition à la suite des atteintes de
la Galéruque. Les arbres plantés dans les boulevards des villes
508 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
sont particulièrement exposés à être décimés par ces Xylo-
phages car, poussant dans des conditions anormales sous le
rapport du sol, 1l sont facilement anémiés et, par cela même,
attirent les Insectes de l'écorce.
Les boulevards de Paris ont de tout temps souffert des ra-
vages des Scolytes et actuellement avec les pavages en bois et
les canalisations multiples qui occupent la surface et le sous-sol
de ces artères, la culture des végétaux ligneux devient bien
aléatoire. Ce n’est guère que le Platane, essence peu exigéante,
très résistante et qui ne compte presque pas d’ennemis, qu’on
peut installer en bordure des artères des grandes villes.
En général, le Grand et le Petit Scolyte occupent les mêmes
écorces et, bien que la dernière de ces espèces ait une prédilec-
tion pour les petites branches et les rameaux, on observe par-
fois aussi le début d'une invasion du Scolytus Geoffroyi Gœtze
dans les parties extrêmes de la frondaison. L’Insecte, redoutant
de s'attaquer au bas du tronc qui bénéficie encore d’un mou-
vement intense de sève, dépose ses œufs à l’intérieur des rameaux
dans lesquels la végétation, pour une cause ou pour une autre,
a déjà été compromise; c’est là le point vulnérable de Parbre
que les Insectes décortiqueurs recherchent, et une fois installés
dans l2 haut de la frondaison ils attendent pour poursuivre leur
forage dans les parties inférieures du tronc, que la sève ascende
avec moins de vigueur, grâce à la détérioration qu'ils ont accom-
plie dans les rameaux et bourgeons terminaux.
Moyens préventifs. — Les Scolvtes de l’Orme que nous décri-
vons ici et dans les paragraphes suivants sont tous des Insectes
monophages très actifs et qui apparaissent par invasion. L’Orme
étant plutôt cultivé à l’état isolé, on peut affirmer qu'il est
toujours exposé à être décimé par les Scolytes, surtout à un
âge avancé et à la suite d'accidents, de dépouiilement partiel
de la frondaison ou d’invasions de la Galéruque. Seuls, les
arbres normalement constitués et poussant dans un sol favo:
rable à leur tempérament peuvent résister.
Moyens répressifs. — Certains arboriculteurs et architectes
ORMES 509
paysagistes se sont ingéniés à activer par des moyens radicaux
le mouvement de la sève et à provoquer la formation de nou-
velles couches corticales dans le bas du tronc des arbres par-
tiellement attaqués, en détachant l'écorce par bandes longitu-
dinales. Des procédés de ce genre ont, paraît-il, donné de bons
résultats dans certains cas, mais il faut agir avec prudence et
examiner chaque arbre menacé ou attaqué partiellement.
De toutes facons, dans les parcs et les allées, 11 faut surveiller
les Ormes, enlever les branches infestées, puis brûler sur place
les écorces qui renferment des Scolytes.
Scolytus multistriatus Marsh. Coréorr., Scolytidæ
(Eccoptogaster multistriatus Ratz.)
Petit Scolyte de lOrme
Longueur : 3,4 à 3,5 millimètres. Il est facile de distinguer
cette espèce de la précédente, car, outre la dimension sensible-
ment plus réduite du corps, le corselet est un peu plus long
que large, densément ponctué, avec des élytres dont les inter-
stries ont une ponctuation serrée presque aussi pro-
noncée que celle des stries. La base du deuxième
segment abdominal est munie d’un appendice épi-
t
neux dirigé en arrière et terminé en bouton. ;
Le mâle a le front déprimé, garni postérieure- pig.a11. Abdomen
AU : “EVE du Scolytus mul-
ment et sur les côtés de longues soiïes dirigées du #striatus Marsh.
côté de la ligne médiane longitudinale, tandis Fe
que la femelle a le front convexe, faiblement impressionné
antérieurement, avec les deuxième, troisième et quatrième seg-
ments abdominaux plus accentués aux angles latéraux.
Au point de vue biologique, le Petit Scolyte ressemble beau-
coup au Grand Scolyte sur les mœurs et les instincts duquel
nous nous sommes étendu dans les pages précédentes. En
examinant la figure 312, on se rend compte de la caractéris-
tique du système des couloirs dont le calibre est proportionné
aux dimensions réduites de l’Insecte.
510 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
Les dégâts du Scolytus multistriatus Marsh. sont aussi fré-
quents et ont la même influence sur les Ormes que ceux causés
Fig. 312. — Systèmes de couloirs du Scolytus multistriatus Marsh. dans l’aubier d’un tronc
d'Orme. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris).
par le Grand Scolyte. Dans là plupart des cas, quand ces deux
Insectes travaillent en commun sur le même arbre, le premier
ORMES 541
est, d’une façon générale, plus abondant dans les branches que
dans le tronc.
Lorsqu'on veut à tout prix immuniser des arbres de valeur
et qu'on a lieu de redouter une invasion, on peut badigeonner
Fig. 313. — Système de couloirs du Scolytus lævis Chap. 1/1 gr. nat. (orig.).
les troncs et les branches principales avec du goudron ou de
la glu (« Raupenleim »).
Les Scolytus pygmæus Fabr., S. Kirschi Skal. et S. lævis
Chap. sont aussi des parasites des Ormes, mais beaucoup plus
rares que les espèces précédemment décrites. Le Scolytus lævis
Chap. pratique un couloir de ponte légèrement plus long que
celui du Petit Scolyte; ses berceaux de nymphose sont en
général entaillés dans l’aubier.
Scolytus vittatus Fabr. Coréorr., Scolytideæ
Longueur : 2 à 2,5 millimètres. Le corselet de cet Insecte est
plus large que long, étranglé antérieurement, finement ponctué,
512 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
recouvert d’une pilosité Jaunâtre et parsemé de granules; sa
ligne médiane est à peine distincte. Les élytres sont convexes
à l’extrémité postérieure, recouverts de squamules qui forment
Fig. 314. — Écorce d'Orme ravagée par le Scolytus vittatus Fabr. 1/1 gr. nat.
(orig. coll. Muséum, Paris).
des bigarrures irrégulières variant de forme avec chaque indi-
vidu. |
Le système des couloirs du Scolytus vittatus Fabr. diffère
absolument de celui des espèces précédentes. Nous avons ici
une galerie maternelle horizontale, longue de 2 à 3 centimètres
avec couloirs larvaires également très courts, maïs verticaux
= À dé ancré. à
ORMES 514
(fig. 314). Cette espèce est rare et encore peu connue au point
de vue biologique (1).
INTÉRIEUR DU BOIS
Buprestis rutilans (2). L.
Voir : Chapitre des Tilleuls.
Cerambyx Secopoli Laich.
Cossus æsculi L.
Voir : Chapitre du Châtaignier.
Cossus ligniperda Li.
Voir : Chapitre des Saules.
Xyleborus dryographus Ratz.
Voir : Chapitre des Chênes.
RAMEAUX
Cimbex variabilis KI.
Voir : Chapitre du Hêtre.
Saperda linearis L.
Voir : Chapitre du Charme (3).
BOURGEONS
Schizoneura lanuginosa Th. Htg. Rayncu., Aphididæ
Longueur : 1,5 à 2 millimètres. Au point de vue svstéma-
tique, ce Pou est très voisin du genre Lachnus que nous avons
(1) Dans l’Europe méridionale on rencontre encore sur les Ormes
Scolytus Perrisi Chap. et $. vestitus Muls.
(2) Buprestis decipiens Mannerh. qui a été trouvé dans le bois d'Orme
est envisagé par certains entomologistes comme synonyme de B. ruti-
lans L.
(3) Un Puceron, le Coccus ulmi Geoffr., cause certains ravages sur l'écorce
des tiges et rameaux des Ormes, provoquant parfois le dépérissement des
jeunes arbres ou des branches infestées.
ENTOMOLOGIE FOIRESTIÈRE 55
514 BOURGEONS
mentionné dans le chapitre du Châtaignier. La figure 315, b
représente la galle provoquée par la piqûre de la femelle
« Fecundatrix » qui attaque au printemps le bourgeon terminal
d'un rameau latéral, ou parfois plus tard le pétiole ou la nervure
médiane d’une feuille en voie de formation. L’excroissance
a
Fig. 315. — Déformation de bourgeons et de feuilles d'Orme champêtre.
a, Schizoneura ulmi L.; b, Schisoneura lanuginosa Th. Htq. 3/4 gr. nat. (oriq.).
qui se produit à la suite de cette piqûre prend la dimension
d’une noix, dans quelques cas, celle d’une grosse pomme de
terre recouverte par places d’une sécrétion blanchâtre. Cette
galle a la forme d’une grosse bourse côtelée qui finit par s'ouvrir
en automne et laisse échapper les habitants ailés. En hiver,
cette excroissance, à la base de laquelle on remarque presque
toujours une ou plusieurs feuilles atrophiées, finit par se des-
sécher et apparait sous forme de grosses coques épanouies et
de couleur brune.
C’est surtout l'Orme champêtre qui est attaqué par ce Rhyn-
chote, commun sur cette essence. Dans la vallée du Rhône
ès
ORMES 515
supérieur (canton du Valais, Suisse), nous observons depuis
longtemps l’évolution de ce parasite qui n’épargne pour ainsi
dire aucun Orme poussant à l’état isolé ou en bordure de route.
Comme dans cette région, les agriculteurs récoltent en automne
les rameaux de lOrme pour en donner les feuilles à leurs chè-
vres, cette nourriture foliacée est sérieusement dépréciée par
les atteintes de la Schizoneura lanuginosa Th. Htg.
FEUILLES
Les feuilles des Ormes sont également déformées par deux
autres Poux, dont la figure 316 donne la représentation des
galles; il s’agit de la Tetraneura ulmi De Geer, qui par sa piqüre
2
Fig. 316. — Tetraneura ulmi De Geer sur des feuilles d'Orme champêtre. 3/4 gr. nat. (orig.).
produit des excroissances sur les feuilles et de la Schizoneura
ulmi L. qui enroule longitudinalement un des côtés de ces
feuilles (fig. 315, a). Ces deux dégâts sont également fréquents
et, sans occasionner la mort des Ormes ou de certaines parties
de la ramure, provoquent cependant une certaine diminution
d’accroissement (1).
(1) Les Tetraneura alba Ratz., T. rubra J. Lcht., et Schizoneura compressa
Koch. produisent également des galles sur les feuilles des Ormes.
516 : FEUILLES
Anisoplia ænea De Geer.
Voir : Chapitre des Pins.
Orchestes alnr U.
Voir : Chapitre des Aunes.
Galeruca xanthomelæna Schrk. Coréorr., Chrysomelidæ
(Galeruca calmariensis Fabr.) [PI. VIIL, fig. 3]
Galéruque de lOrme
Longueur : 7 millimètres. Ce Coléoptère, bien connu des hor-
ticulteurs et des arboriculteurs, ne peut être confondu avec
d’autres Insectes ravageant les feuilles des essences feuillues. En
effet, on le reconnaît à sa couleur d’un brun jaunâtre; il est
faiblement pileux. La tête, très courte, porte des yeux volumi-
neux; le corselet brillant a les côtés à peine arrondis, il est un
peu plus fortement ponctué que la tête; de chaque côté de sa
ligne médiane on distingue deux petites fossettes et trois ou
quatre taches foncées, peu apparentes. Chacun des élytres porte
sur le bord externe une bande longitudinale brun noir. Les
pattes sont Jaunes, tandis que la partie inférieure de l'abdomen
est foncée. La Larve, avant sa deuxième mue, est d’un brun
noir; plus tard, son dos s’orne de deux lignes jaunâtres ainsi
que d’une bande plus large et de mème teinte sur chacun des
côtés. Le prothorax porte un double bouclier chitineux. Les
deux autres anneaux thoraciques, ainsi que les anneaux abdo-
minaux sont munis de trois bandes chitineuses longitudinales.
Au printemps, la femelle dépose ses œufs sur la face inférieure
des feuilles, tout en rongeant ces dernières. La jeune Larve
« squelette » les feuilles, comme le montre la figure 317. Au
commencement des ravages, seul Pépiderme inférieur est entamé
par la jeune Larve, plus tard, la feuille est transpercée. La
chrysalidation a lieu dans la terre ou dans la couverture morte;
on ne sait encore exactement si l’hivernement se produit à
ORMES 547
Pétat d’'Insecte parfait ou de Nymphe. On compte dans certaines
circonstances favorables trois à quatre générations par an
Fig. 317. — Ravages de la Galeruca æanthomelæna Schrk. sur des feuilles d'Orme champêtre.
1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris).
(Junpeicx et NirscHe 7895, p. 609). Souvent, lorsque le vent
souffle, les Larves au lieu de descendre le long du tronc pour
se chrysalider, se laissent tomber à terre, ce qui rend leur cap-
ture difficile.
518 FEUILLES
Nous avons l’occasion de constater assez souvent dans la
région du bassin du lac Léman les invasions de cette Galéruque
qui est exelusivement monophage et s'attaque aux Ormes de
tout âge, mais surtout aux arbres plantés dans les parcs ou
cultivés le long des routes. Ce Coléoptère est surtout répandu
dans les régions tempérées et méridionales de l’Europe, plus
rarement dans le Nord. DavaLzL (1878, p. 181 à 183) a décrit
une invasion qui s’est prolongée pendant plusieurs années dans
les parcs des environs de Genève. De 1900 à 1906, nous avons
eu l’occasion de suivre l’évolution d’une nouvelle invasion qui
a eu pour effet de produire en plein été le desséchement des
feuilles. Seuls, certains rameaux de faible dimension ont péri
et nulle part nous n’avons pu découvrir d’arbres ou de branches
importantes ayant séché à la suite des atteintes de la Galéruque.
Ce que l’on est en droit de redouter à la suite des ravages
foliaires causés par cette Chrysomélide, ce sont les Scolvtes qui
peuvent profiter d’une anémie de l’arbre pour pénétrer sous
l'écorce et v opérer des ravages qui entraînent fatalement la
perte des Ormes. C’est là le principal danger des invasions de
la Galeruca xanthomelæna Schrk.
Moyens préventifs. — L’Insecte étant monophage et phyto-
phage, on ne peut conseiller de mesures propres à immuniser
d'avance les Ormes des parcs et des promenades publiques.
Moyens répressifs. — Dans certains cas, comme le conseille
DavaLL, on peut disposer au pied des troncs un amas circulaire
de mousse qui sert de piège pour capturer les Larves descendant
à terre en suivant le tronc. On récolte au moment propice cette
mousse, puis on la brûle sur place avant que les Insectes aient
réussi à s’en échapper. Naturellement, lorsque les générations
se succèdent dans l’espace de quelques mois d’été, 11 faut renou-
veler cette opération après avoir déterminé avec soin les diffé-
rentes phases de l’évolution et constaté que l’animal gagne
plutôt le sol en descendant le tronc qu’en se laissant choir. En
culture forestière, on n'aura que bien rarement à intervenir
ORMES 519
contre la Galéruque de l’Orme. Cependant, mentionnons un
cas particulier cité par MaTuey (R. D. E. F.). Dans la Côte-
d'Or, ce sylviculteur a constaté la mort des Ormes cultivés en
forêt et avant subi l'invasion de 1900 à 1906.
Vanessa polychloros L. Lépinopr., hopalocera
Longueur, Papillon étalé : 50 à 60 millimètres. La couleur
est d’un rouge jaunâtre avec taches noires; il existe en outre
Fig. 318. — Rameau et feuilles d'Orme champêtre ravagés par la Chenille de Vanessa poly-
chloros L. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Marchal, Paris).
sur le bord antérieur des ailes de devant d’autres taches plus
ou moins circulaires d’un bleu pensée. La Chenille, qui adulte
mesure de 40 à 59 millimètres de longueur, est d’un bleu noirâtre,
520 FEUILLES
parfois aussi gris brun; elle est munie sur la face dorsale de
poils épineux ramifiés, couleur de rouille. Entre ces derniers on
remarque une pilosité plus courte, simple et blanche.
Ce Papillon, peu connu des forestiers, hiverne à l’état parfait:
il dépose ses œufs par anneaux autour des rameaux ou dans
les anfractuosités de l’écorce. La période des ravages dure de
mai au milieu de juillet; à ce moment, la Chenille adulte se
suspend aux rameaux la tête en baset, dans cette position, subit
sa métamorphose.
Les jeunes Chenilles, réunies au début de leur existence, tissent
un réseau de fils autour des feuilles qu’elles ont entamées.
Le Vanessa polychloros L. apparait rarement par invasions;
il est polvphage et se rencontre également sur les arbres frui-
tiers.
Liparis monacha L.
Voir : Chapitre de l'Épicéa.
Bombyx neustria L.
Liparis simulis Fussl.
Liparis chrysorrhoea L.
Noctua coryli L.
Geometra brumata L.
Geometra defoliaria L.
Voir : Chapitre des Chênes.
Orgya pudibunda L.
Liparis dispar L.
Voir : Chapitre du Hêtre.
Orgya antiqua L.
Voir : Chapitre des Bouleaux.
Cossus æsculi L.
Voir : Chapitre du Châtaignier.
Cossus ligniperda L.
Voir : Chapitre des Saules.
13. Érables
Acer pseudoplatanus L., À. platanoides L., A. opulifolium V.,
A. campestre L., A. Monspessulanum L.
RACINES
A part les ravages cités dans les chapitres précédents et qui
Fig. 319. — Forme agame de Pediaspis aceris Fœrst. sur les racines d'Erable.
1/1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich).
sont communs aux Erables, nous pouvons signaler un Cynipide
dont la forme agame produit des galles sur les racines de cette
522 INTÉRIEUR DU BOIS
essence. Il s’agit de la Pediaspis aceris Foerst. dont la figure 319
représente le dégât, du reste sans grande importance au point
de vue économique.
Otiorrhynchus niger Fabr.
Voir : Chapitre de l'Épicéa.
ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
Callidium hungaricum Hbst. CoLéopr., Cerambycidæ
Longueur : 18 à 24 millimètres. Ce Longicorne, de couleur
noire, à le corselet privé de pointes latérales, lisse au milieu,
finement ponctué sur le reste de sa surface. Les élytres ver-
dâtres sont légèrement rétrécis vers le centre, leur base est
orossièérement chagrinée, tandis que les extrémités le sont
extrèmement finement.
Cet Insecte monophage est souvent confondu en classifica-
tion avec le Callidium insubricum Germ. dont certains auteurs
font une espèce spéciale. Il opère au début de la période larvaire
dans les couches corticales, puis, après un premier hivernement
dans des galeries sinueuses du type de celles des Callidies que
nous avons décrites dans les chapitres précédents, l’animal
pénètre dans le bois, y pratique un couloir en crochet dont
l'extrémité est dirigée en bas. C’est dans cette niche que la Larve
passe un deuxième hiver et attend sa seconde métamorphose.
L'évolution dure donc vingt-quatre mois environ.
Au point de vue technique, ce Longicorne déprécie assuré-
ment les grumes d’Érables, mais il est rare et peu redoutable
dans les parcs et les forêts.
INTÉRIEUR DU BOIS
Xyleborus dispar Fabr. Coréopr., Scolytidæ
Bostryche disparate [PL VIIL, fig. 4 et 5]
Longueur, j: 2; @:3 à 3,5 millimètres. Son nom l'indique,
ce Bostryvche présente une grande différence entre les deux
ÉRABLES 523
sexes, non seulement sous le rapport de la dimension, mais
aussi sous celui des caractères morphologiques. Le mâle est
caractérisé par sa forme ovoide, son corselet étranglé et abaissé
antérieurement, ses pattes allongées, le manque d’ailes posté-
rieures.
La femelle à le corselet globuleux, lisse avec ligne médiane
Fig. 320. — Tige d'Érable avec galeries du Xyleborus dispar Fabr. 1[1 gr. nat.
(orig. coll. Standfuss, Zurica).
terminée en avant par un petit bourrelet tronqué. Les élytres
sont ornés Jusqu'à leur extrémité de rangées régulières de points.
Chaque interstrie porte une ligne de points encore plus fins qui,
vers la déclivité, se transforment en granules obsolètes. Chez
les deux sexes, l'animal adulte est noir de poix et couvert d'une
pubescence blonde. Les figures 4 et 5 de la planche VIIT repré-
sentent le Xyleborus dispar Fabr. à l’état semi-adulte.
Le forage des galeries est uniquement l’œuvre de la femelle
qui construit un couloir de ponte plus ou moins perpendiculaire
aux fibres ligneuses, puis des ramifications secondaires souvent
sinueuses, de longueur variable, mais dont la direction générale
524 FEUILLES
est parallèle aux fibres. C’est dans ces galeries que les œufs sont
déposés par tas et plus tard les Larves s’y placent les unes à la
suite des autres. Elles subissent leur métamorphose dans cette
position et se nourrissent des sucs ligneux et d” « Ambroïsie »,
évitant tout travail de forage.
On compte en général deux générations par an 6t l’on sait
que ce Xylophage s'attaque à toutes les essences feuillues
faisant périr des tiges et des branches parfaitement saines. Les
forestiers ne peuvent songer à opposer des moyens de lutte à
un ennemi dont les déprédations, sans être isolées, sont loin de
constituer un danger pour la vitalité des peuplements feuillus.
Xyleborus Saxeseni Ratz.
Xyloterus signatus Fabr.
Ptilinus pectinicornis L.
Anobium tesselatum Fabr.
Voir : Chapitre des Chênes.
Xyloterus domesticus Er.
Voir : Chapitre des Bouleaux.
Lymexylon dermestoides L.
Voir : Chapitre du Sapin.
Cossus ligniperda L.
Voir : Chapitre des Saules.
Cossus æsculi L.
Voir : Chapitre du Châtaignier (1).
FEUILLES
Melolontha vulgaris L.
Melolontha hippocastant &abr.
(1) De même que c’est le cas pour le Hêtre et d’autres essences feuillues,
les bourgeons et rameaux des Erables sont indemnes de dégâts dus aux
Insectes.
ÉRABLES 525
Liparis sumilis Fussl.
Liparis chrysorrhoea L.
Bombyx neustria L.
Phalera bucephala L.
Geometra brumata L.
Voir : Chapitre des Chênes.
Liparis dispar L.
Voir : Chapitre du Hêtre.
Lytta vesicatoria L.
Voir : Chapitre des Frênes.
Noctua aceris L. Lépinopr., Voctuidæ
(Acronycta aceris Ochsh.)
Longueur, Papillon étalé : 40 à 45 millimètres; Chenille
4 à 5 millimètres. Ce Papillon commun et répandu du nord au
sud de l’Europe, se distingue par la couleur gris bleu de ses
ailes antérieures qui sont ornées de dessins brunâtres et blancs
formés par des lignes transversales brisées. Les ailes posté-
rieures sont d’un gris sale. Détail caractéristique propre à cette
espèce : les deux sexes ont les antennes identiques.
La Chenille adulte a le corps d’un jaune rougeâtre avec
tête noirâtre et des faisceaux de longs poils fauves sur les anneaux
4 à 12; en outre, chacun des anneaux 1 à 11 porte sur la face
dorsale une tache blanche frangée de noir.
Avec l'épanouissement du feuillage, apparaît la jeune Che-
nille qui ronge les feuilles en ménageant en général les nervures.
D’après Jupeica et Nirscne (1895, p. 952), les arbres peuvent
refaire leur frondaison le même été, comme cela se passe avec
la Tordeuse du Chêne. La chrysalidation se produit dans un
Cocon solidement fixé aux anfractuosités de l'écorce; l’animal
hiverne sous forme de Nymphe dans cette enveloppe
La Noctua aceris L. ravage également la frondaison des Hêtres,
526 GRAINES
des Châtaigniers, des Ormes et des Tilleuls, mais elle n’intéresse
pas spécialement le sylviculteur. En somme, les Érables font
partie des essences feuillues de la forêt européenne qui attirent
le moins les Insectes rongeurs.
Parmi les Hyménoptères, on a signalé la Larve du Phyllotoma
aceris Kitb. comme ayant ravagé une fois en Hollande des
feuilles d'Érables (Rirzema-Bos, 1892, p. 9-16).
GRAINES
Les graines d’'Érables sont attaquées par la Chenille d’un
Microlépidoptère minuscule, la Tinea sericopeza ZI. Chose
curieuse à noter relativement à cette espèce : tandis que les
jeunes Chenilles de la première génération vivent dans le paren-
chyme foliaire, celles de la seconde génération — celle du mois
d'août — fouillent la pulpe de la graine (Jupeicn et NirscHe
1895, p. 1080).
14. Frênes
Fraxinus excelsior L., F. oxyphylla Bieb., F. ornus L.
RACINES
Mêmes espèces que celles citées dans les chapitres précédents.
ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
Scolytus Geoffroyt Gœtze.
Scolytus multistriatus Marsh.
Voir : Chapitre des Ormes.
Hylesinus fraxini Fabr. Coréopr., Sco/ytidæ
Hyiésine du Frêne
Longueur : 2,5 à 3 millimètres. Cette espèce, ainsi que la sui-
vante, sont très facilement reconnaissables à la
très grande largeur de leur corselet. Ce dernier,
chez l’'Hylésine du Frêne, est tronqué, presque
droit à la base, sensiblement plus large que
long, finement ruguleusement ponctué et tuber-
culé en-dessus, couvert de squamules d’un gris
Jaunâtre et marqué à la base, de chaque côté,
près de l’écusson, d’une tache brune. Les élytres Fig. dar. — Corselet de
sont convexes de la base vers l'extrémité qui est à Hi RE à
peine en pente. Ils sont irrégulièrement marqués
de squamules d’un gris sale et portent des stries finement ponc-
528 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
tuées avec interstries planes, tuberculées à la base et munies en
arrière d’une rangée de granulations. L’abdomen, convexe, est
Fig. 322. — Système achevé des couloirs de l’Aylesinus fra.cini Fabr. dans l'aubier du Frêne.
1/1 gr. nat. (origq.).
relevé vers l’anus. Tout le corps est recouvert d’une abon-
dante pubescence grise.
RE -
FRÈNES 529
L'essaimement de ce Bostryche se produit en avril, parfois
encore une seconde fois en août ou septembre. Les galeries ma-
ternelles sont en accolade et les couloirs larvaires perpendicu-
laires, très serrés, entourent l’aubier dans les trones et branches
EU
Fig. 323. — « Roses de Frêne » (Æylesinus fraæini Fabr.). 1/1 gr. nat. (orig.).
à écorce fine et le liber dans le cas inverse. Les systèmes de cou-
loirs sont en général très nombreux et souvent enchevêtrés sur
le même tronc. Les ravages de cet Insecte se remarquent parfois
dans les branches de la grosseur d’un crayon.
Une particularité très curieuse qui ne se retrouve chez aucun
autre Xylophage, c’est que l’Insecte parfait se creuse dans les cou-
ches corticales, en vue de l’hivernage, un petit couloir particulier
,
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 24
530 j :#}# |! ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
où il se réfugie durant la mauvaise saison. Comme conséquence
de ce ravage minuscule, apparait une excroissance anormale de
l'écorce qui se crevasse dans tous les sens; 1l se produit ce que l’on
appelle en entomologie forestière des «roses de Frêne » (fig. 323).
Fig.f324. — Galeries de l'Aylesinus orni Fuchs. a, berceaux de nymphose entaillés dans l’aubier
du Frêne. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich).
Le Frêne semble pâtir assez sérieusement des ravages de cet
Insecte aussi commun qu'abondant et qui vit à l’état endémique
dans presque tout le groupe de cette essence poussant soit en
forêt, soit le long des rivières, des routes ou dans les pares.
Partout où le Frêne a des branches en voie de dépérissement
ou brisées par le vent ou la neige, l'Hylesinus fraxint Fabr.
attaque et provoque rapidement leur désagrégation. Il n’est pas
FRÈNES 531
de dépôt de bois de Frêne non écorcé, par exemple les chantiers de
bois de charronnage, qui ne soit infesté par ce Coléoptère, lequel
attaque parfois aussi lOlivier et les arbres fruitiers. Il peut éga-
lement provoquer le desséchement de Frênes parfaitement sains,
surtout si ces attaques se répètent plusieurs années de suite.
Moyens préventifs. — Comme c’est le cas pour la lutte en géné-
ral contre les Insectes vivant sous l’écorce, il faut enlever les
branches des arbres et les tiges des peuplements qui, pour une
cause quelconque, se dessèchent, offrant ainsi un appât à cette
catégorie de ravageurs.
Moyens répressifs. — Ils sont fort simples à mettre en vigueur,
car peu de Bostryches sont aussi friands des troncs et bran-
chages laissés à terre. On s’efforcera donc, en vue d’entraver la
diffusion de l'espèce soit dans une forêt, soit dans un dépôt de
bois, d’écorcer les Frênes avant la sortie de l’Insecte parfait (1).
Hylesinus crenatus Fabr. Coréortr., Scolytid:
Hylésine crénelé
Longueur : 4 à 5 millimètres. Cette espèce, beaucoup moins
répandue que la précédente, est munie d’un
corselet dont la largeur égale presque la lon-
gueur et qui se prolonge en pointe vers l’écus-
son. Ses côtés sont fortement arrondis, sa ponc-
tuation est profonde, serrée avec un point lisse
sur le disque et une impression de chaque
côté en avant de l’écusson. Les élytres sont
Fig. 325. — Corselet de
peu déclives postérieurement avec stries créne- (fpisinus erenatus Fabr.
lées et interstries très ruguleuses munies de
tubercules à soies très courtes. Le corps est presque glabre,
(1) Fucus (1906, p. 291 à 293) a décrit les ravages d’une nouvelle espèce
commune, l’Hylesinus orni Fuchs, dont nous donnons la reproduction
des dégâts (fig. 324). La caractéristique de ces derniers réside dans les ber-
ceaux de nymphose qui sont entaillés perpendiculairement dans le liber
après que la Larve, ayant achevé son couloir, est revenue en arrière, plus
ou moins près de la galerie maternelle.
1/1 gr. nat. (orig.).
s crenalus Fabr.
ar l’Aylesinu
ne ravaqgée p
°réê
orce du E
C
É
D
Fiq. 321
FRÊNES 533
brillant et noir lorsque l’Insecte a atteint son complet déve-
loppement.
La biologie de cet Hylésine est encore peu connue. La forme
de ses couloirs est très peu régulière. La figure 326 donne une
idée du type le plus courant du système de ses galeries, mais on
observe un peu toutes les formes de galeries maternelles et sou-
vent des couloirs larvaires très allongés, sinueux et enchevêtrés
les uns dans les autres. C’est plus fréquemment sur les Frênes
âgés des pares et des avenues que sur les arbres de forêt que l’on
trouve lHylesinus crenatus Fabr.
Au point de vue protection, nous pouvons renvoyer le lecteur
à ce que nous avons dit dans les pages précédentes à propos de
l’Hylesinus fraxini Fabr.
INTÉRIEUR DU BOIS
Cerambyx heros Fabr.
Voir : Chapitre des Chênes.
Xyleborus dispar Fabr.
Voir : Chapitre des Érables.
Cossus ligniperda L.
Voir : Chapitre des Saules.
Cossus æsculi L.
Voir : Chapitre du Châtaignier.
RAMEAUX
Vespa crabro L. Hyménorr., Vespidi
Guèpe-frelon ou Frelon
Dans la « Partie spéciale » nous avons déjà parlé du Frelon,
qui ne mérite pas une description détaillée, car tout le monde
connaît cet Hyménoptère que chacun redoute. Au point de vue
534 RAMEAUX
forestier, il est également à craindre, car il cause aux jeunes
tiges et rameaux de Frêne en particulier, des détériorations qui,
surtout dans les jeunes cultures et pépinières d'arbres d’avenue,
peuvent anéantir les plus beaux Frênes, Bouleaux, Chênes,
Fig. 327. — Vespa crabro L. décortiquant un tronc de Frène. a, blessures sur la surface
de l’aubier. 1 1/2 qr. nat. (orig.).
Aunes, etc., en général toutes les essences feuillues. On est enclin
à admettre que le Frelon décortique les arbres, d’une part, pour
se procurer des débris ligneux qui lui permettront d’édifier son
nid, et, d'autre part, pour provoquer des écoulements de sève
qu'il suce (Voir fig. 327, a). Les plaies produites à la suite des
FRÊNES 535
piqûres de cet Hyménoptère revêtent des formes très variables;
plus elles encerclent la tige ou la branche, plus elles sont à redou-
ter, car la partie située au-dessus de la plaie ne tarde pas à
sécher et le jeune Frêne est alors déformé.
Durant l’été torride de 1911, nous avons, dans une plantation
de 3 mètres de hauteur, composée de Frênes âgés de douze ans,
constaté jusqu’à trois Frelons occupés à décortiquer la tige sur
une longueur de 20 centimètres. Cette année-là, grâce à la cha-
leur exceptionnelle, les Frelons ont été abondants. Il est facile
de les capturer le soir et de les détruire dans leurs nids (1).
BOURGEONS
Tinea curtisella Don. Lépinorr., 7neide
Longüeur, Papillon étalé : 14 à 17 millimètres; Chenille : 7 à
10 millimètres. Ce Microlépidoptère a les ailes antérieures blan-
ches, avec une tache grise triangulaire, dont la base arrive au
bord antérieur de l'aile. Les postérieures sont foncées et pour-
vues sur leur bord de franges grisâtres.
Au début de son existence, la Chenille est jaune paille; la
tête, la plaque nucale et l’extrémité anale sont brunes; dans la
suite, le corps devient verdâtre, avec reflets rougeâtres sur la
face dorsale.
La Tinea curtisella Don. apparaît en juin et dépose ses œufs
sur les feuilles de Frêne. Aussitôt après leur éclosion, les jeunes
Chenilles se mettent à ravager les feuilles dont, au début, elles
entament seulement l’épiderme, puis transpercent plus tard le
parenchyme et finissent par « squeletter » la feuille entière. Par-
fois, plusieurs de ces dernières ont été préalablement réunies
entre elles par un réseau soyeux.
La chrysalidation s’opère en août dans la couverture morte.
(1) Les rameaux de Frêne sont également attaqués par un Rhynchote
de peu d'importance, le Coccus fraxini KItb., dont la larve hiverne dans
les anfractuosités des bourrelets de recouvrement.
536 FEUILLES
Une deuxième ponte a lieu durant le même mois par les soins
de la seconde génération dont les Chenilles se mettent, comme
celles de la première génération, à ronger les feuilles, puis, au
mois d'octobre, quand ces dernières tombent à terre, la Chenille
gagne le bourgeon terminal qu’elle entoure d’un réseau de fils
de soie retenant prisonniers les
exeréments (Voir fig. 328 b). L’ani-
mal, qui a pénétré dans le bour-
geon, y passe l'hiver, puis, au
mois d'avril, creuse un court cou-
loir médullaire qui redescend de 1
à 2 centimètres le long de la tige.
La chrysalidation a lieu en mai
dans un filet de soie qui pend au
| rameau et duquel le Papillon
Fig. 328. — Ravages de la Tinea curtisella 6e où
an dans les Mineur du Frêne. à, ori- Û échappe en août (JUDErCH et
fice de sortie de la Chenille; b, Chenille : k E
prise dans le filet; c, excréments; d, couloir NITSCHE, 1895, P- 1062 1065).
entaillé dans le bois ; e, Chenille. 1/1 gr. nat.
Gui) On voit que la biologie de ce
Papillon est assez compliquée et
que la première génération compromet le feuillage, tandis que
celle d'automne, détériorant les bourgeons, provoque vraiment
un dommage appréciable, car les Frênes sont ainsi déformés,
leurs tiges s’atrophient et deviennent fourchues.
Dans la grande culture forestière, on ne peut songer à faire
la récolte des bourgeons de Frêne renfermant des Chenilles de
ce Papillon, lequel est fort peu répandu et n'offre en somme
qu’un intérêt secondaire.
FEUILLES
Melolontha vulgaris L.
Melolontha hippocastani Fabr.
Voir : Chapitre des Chênes.
Cionus fraxini De Geer. Coréort., Curculionidæ
Longueur : 3 à 3,5 millimètres. Ce Charançon, de couleur très
FRÊNES 537
variable, mais en général d’un brun rouge, a le corselet ovoide,
les élytres sont striés-ponctués. Sur le disque on remarque une
tache et sur les élytres une bande transversale de squamules
foncées; le rostre et les antennes sont couleur de rouille.
Cette espèce, de même que la précédente, pourrait figurer
aussi bien dans le groupe des ravageurs des bourgeons que dans
celui des ravageurs des feuilles, car ce Coléoptère, qui produit
deux à trois générations durant le même été, s'attaque aux
deux organes. Au début de son existence, la Larve se met à
ronger l’épiderme inférieur ou supérieur de la feuille en évitant
de toucher aux nervures. Avant de se chrysalider, l'animal se
replie sur lui-même et se fixe sur une feuille ou dans la couver-
ture morte, puis s’entoure d’un cocon muqueux dans lequel il
attend sa dernière métamorphose. Il sort de cette cachette après
avoir pratiqué un orifice circulaire et se met alors à ronger aussi
bien les feuilles que les bourgeons. On ne sait pas encore exacte-
ment sous quelle forme l’Insecte hiverne et l’on admet que l’évo-
lution d’une seule génération dure en été de trois à quatre
semaines (Jupeicx et NirscHE, 1895, p. 397).
Dans le Midi, où ce Charançon est assez répandu, ses dégâts
sont encore plus redoutés sur l’Olivier que sur le Frêne, car en
dévorant les feuilles, il compromet la formation des fruits.
Comme ravageur des forêts, le Cionus fraxint De Geer ne
joue qu’un rôle peu néfaste et n’a guère plus d'importance que
la Tinea curtisella Don.
Lytta vesicatoria L. Coréorr., Meloidæ
Cantharide du Frêne ou Mouche espagnole [PI. VITE, fig. 6]
Longueur : 11 à 15 millimètres. Cet Insecte élégant est assez
connu; il apparait d’un vert brillant, aux reflets infiniment
variables. Les antennes, plus longues que la moitié du corps,
comptent onze articles non renflés. La tête est triangulaire, sa
base présente un sillon médian; le corselet, plus large que long,
538 FEUILLES
Fig. 329. — Ravages de la Zytta vesicatoria L. sur les : a, Fraxinus excelsior L.;
b, À. oæyphylla Bieb.; F. ornus L. 3/4 gr. nat. (oriq.).
élytres sont allongés, finement chagrinés et portent des lignes
longitudinales relevées.
FRÈNES 539
Nous ne pouvons nous étendre ici sur le développement de
la Cantharide, qui est anormal (Hypermétamorphose). Qu'il
nous suffise de signaler que la forme primaire de la Larve compte
six pattes, que la génération est annuelle, que l’Insecte parfait
apparait en masse en mai ou juin, dévore les Frênes, puis dépose
en terre ses œufs par tas de 40 à 50. La Larve vit parfois en para-
site dans des nids de l’ Abeille domestique. L’hivernement a lieu
sous la forme larvaire dans la couverture morte.
L'animal attaque exceptionnellement d’autres essences feuil-
lues et certains arbrisseaux.
_ Les dégâts que les Cantharides commettent ne sont pas indif-
férents, bien au contraire, surtout dans la région méridionale où
elles sont abondantes.
Nous devons à l’obligeance de M. le baron d'ENCAUSSE DE
LaBarTur une observation fort curieuse qu'il a faite en été 1912
dans la région de Toulouse. Dans une plantation de différentes
espèces de Frènes poussant sur un terrain superficiel, l’Insecte
a montré ses préférences en attaquant le FÆ. excelsior L. d’une
facon intense, le Æ. oxyphylla Bieb. moins sérieusement; il a
complètement épargné le F. ornus L. cultivé au milieu de lespèce
précédente.
C’est là un cas curieux dont la figure 329 donne une idée. La
récolte et la destruction à l’aide d’essence de térébenthine des
Mouches espagnoles est, dans bien des cas, nécessaire. On sait
qu’en pharmacie on utilise ces Insectes desséchés pour en extraire
la Cantharidine.
Liparis dispar L.
Voir : Chapitre du Hêtre.
Liparis nonacha L.
Voir : Chapitre de l'Épicéa.
Geometra brumata L.
Voir : Chapitre des Chênes.
On observe parfois sur les feuilles des Frènes les ravages de
deux Microlépidoptères : Tinea syringella Fabr. et T. podana
!
Fig. 330. — Phytoptus fraxini Nal. a, déformations des bourgeons de Frêne.
1/1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich).
Fig. 331. — Pemphigus nidificus Fr. Lôw. a, déformations des feuilles de Frêne.
3/4 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich).
FRÈNES 541
Scop. Deux Hyménoptères : Macrophya punctum Fabr. et Se-
landria nigrita Fabr., dépouillent les frondaisons des Frênes.
A cette liste des ennemis des feuilles et des bourgeons de cette
essence, on peut encore ajouter un Acarien, le Phytoptus fraxini
Nal. (fig. 330), ainsi qu'un Rhynchote, le Pemphigus nidificus
Fr. Lôw (fig. 331).
GRAINES
Les graines de Frênes hébergent parfois la Chenille de la
Tortriz Conwayana Fabr.
tes Mr te
A
ER
Lee, 1e
145. Charme
Carpinus betulus L,
RACINES
Les racines de Charme peuvent être attaquées par les ennemis
que nous avons signalés dans les chapitres précédents.
ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
Scolytus carpini Ratz. Corropr., S'colytidæ
Scolyte du Charme
Longueur : 3 à 3,5 millimètres. Ce Scolyte très rare, que bien
peu de forestiers ont eu l’occasion de voir à l’œuvre, porte un
corselet à peine plus long qu'il est large à sa partie postérieure;
antérieurement il est étranglé, sa surface est finement et densé-
ment ponctuée. Les élytres presque parallèles sont plus longs
que le corselet, à peine rétrécis en arrière; leurs stries sont très
rapprochées et très régulièrement ponctuées, mais pas chagri-
nées.
La femelle creuse un couloir transversal qui court surtout
dans l’aubier; les galeries larvaires sont plutôt forées dans le
bois que dans les couches corticales généralement minces chez
le Charme.
Le Scolytus carpini Ratz. est pour ainsi dire le seul Xylophage
de l'écorce qu'on trouve dans les troncs et branches de cette
essence qui est bien un des feuillus les plus épargnés par les
Insectes.
Qt
LE
Da
INTÉRIEUR DU BOIS
LR
An
pese
RE
Te
* #
AE,
1
Fig. 332. — Système de couloirs du Scolytus carpini Ratz. dans l’aubier d’une branche de Charme.
1/1 gr. nat. (oriq.).
Callidium variabile L.
Callidium sanguineum L.
Voir : Chapitre du Hêtre.
INTÉRIEUR DU BOIS
Anobium tesselatum Fabr.
Buprestis berolinensis Herbst.
Voir : Chapitre du Hêtre.
CHARME 545
Ptlinus pectinicornis L.
Voir : Chapitre des Chênes.
Xyleborus dispar Fabr.
Voir : Chapitre des Érables.
Xyloterus domesticus L.
Voir : Chapitre des Bouleaux. 4
Saperda linearis L. Coréorr., Cerambycidæ
Longueur : 11 à 15 millimètres. Ce Longicorne d’un noir
intense porte un corselet sans pointe latérale. La région anté-
rieure des élytres ainsi que les pattes sont jaunes.
La Larve, du type de celle des Lamiites, est privée d’yeux
et apode; adulte, elle mesure de 25 à 30 millimètres.
L'Insecte ailé essaime en mai ou Juin et la femelle dépose
ses œufs individuellement dans l'épaisseur de l'écorce. Les
Larves commencent en général par fouiller l’écorce autour
de la branche, puis durant le premier été, forent une galerie
descendante dans le centre de la branche ou de la pousse de
l’année précédente. L'année suivante, la Larve ayant acquis
une dimension et des forces plus grandes, s'attaque à des bois
plus anciens et par conséquent moins tendres. La*chrysali-
dation a lieu à la fin de la seconde année ou au printemps de
la troisième, de sorte que toute l’évolution dure deux ans.
Les perforations de ce Longicorne dans les frondaisons de
certaines essences feuillues, en particulier dans celles du Charme
et du Noisetier, ont pour conséquence d’entrainer le dépéris-
sement de certains rameaux, mais la Saperda linearis L. n’appa-
rait pas par invasions.
Un autre Cérambycide, le Leptura scutellata Fabr. dont la
figure 333 reproduit les ravages, a été trouvé accidentellement
dans le Charme. En outre un Sirex plutôt rare, le Sirex fusci-
cornis Fabr. dont nous reproduisons les ravages (fig. 334), vit
dans les feuillus, en particulier dans le Charme.
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 39
546 3 RAMEAUX
Fig. 333. — Couloirs de la Leptura scutel- Fig. 334. — Galeries du Sireæ fuscicornis
lata Fabr. dans une branche de Charme. Fabr. dans une planche de Charme. a, In-
1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris). secte formé dans le berceau; b, coupe à
travers la galerie larvaire. 3/4 qr. nat.
(orig. coll. Muséum, Paris).
RAMEAUX (1)
Saperda linearis L. |
Voir ci-dessus.
Cimbex variabilis KI.
Voir : Chapitre du Hêtre.
(1) Les bourgeons du Charme, comme ceux du Hêtre, semblent être à
l'abri des atteintes des Insectes.
CHARME 547
“ FEUILLES
Apoderus coryli L.
Melolontha vulgaris L.
Melolontha hippocastani Fabr.
Geometra defoliaria L.
Geometra brumata L.
Geometra progemmaria Hb.
Liparis similis Fussl.
Liparis chysorrhoea L.
Bombyx neustria L.
Phalera bucephala L.
Tortrix viridana L.
Noctua coryli L.
Voir : Chapitre des Chênes.
Rhynchites betulæ L.
Voir : Chapitre des Bouleaux (1).
LEA #
Fig. 335. — Phytoptus macrotrichus Nal. sur des feuilles de Charme ; &;boursouflements
de la nervure centrale. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich).
Liparis monacha L.
Voir : Chapitre de l'Épicéa.
(1) On trouve parfois sur la face inférieure des feuilles de Charme les traces
des dégâts d’un Acarien : le Phytoptus macrotrichus Nal., Insecte très rare
et peu nocif (Voir fig. 335).
16. Aunes
Alnus glutinosa Gaertn., À. incana D. C., À. pubescens Fausch.
RACINES
Les racines des Aunes ne sont pas exposées à être ravagées
par des Insectes spéciaux. Seuls, les semis en pépinière peuvent
souffrir des atteintes de certaines espèces que nous avons étudiées
dans les chapitres précédents.
Otiorrkynchus niger Fabr.
Voir : Chapitre de l'Épicéa.
ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
Agrilus viridis L.
Voir : Chapitre des Chênes.
Hylobius abietis L.
Voir : Chapitre des Pins.
Deux Bostryches, les Dryocætes alni. Georg. et Glyptoderes
alni Lind., creusent des couloirs irréguliers dans l'écorce; ils
sont rares et sans importance.
550 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
ÿ
a
à
\
<
Fig. 336. — Galeries du Dryocætes alni Georg. forées dans l'écorce d'Aune. 1/1 gr. nat. (orig.).
Cryptorrhynchus Lapathi L. Coréopr., Curculionideæ
Cryptorrhynque ou Charançon de lAune [PI. VII, fig. 2]
Longueur : 7 à 9 millimètres. Ce Charançon ne peut être
confondu avec les autres Xylophages de cette famille. En effet,
il porte un rostre fortement arqué aussi long que la tête et le
corselet réunis. Les élytres rétrécis à l'extrémité sont d’un brun
noirâtre; leur tiers postérieur ainsi que le corselet et le milieu
des fémurs sont recouverts d’une pilosité blanche plus ou moins
bleuâtre ou rosée. On remarque en outre sur le corselet et les
élytres de petites touffes courtes et éparses de poils noirs.
Les ouvrages d’entomologie forestière renferment un bon
nombre d'indications erronées et contradictoires sur l’évolution
de cet Insecte. Tout dernièrement, SCHEIDTER (1913, p. 279
à 300) a publié une remarquable étude sur la biologie du Cryp-
. AUNES 551
rotrhkynchus Lapathi L. dont il a pu suivre le développement
soit en laboratoire, soit dans la nature. D’après cet entomolo-
piste, l'animal apparaît en août et jusqu’à l'hiver, se nourrit
en forant superficiellement l’écorce des tiges et rameaux de
l’année. Il hiverne rarement dans la couverture morte, le plus
souvent dans les anfractuosités de l’écorce ou dans les couloirs
abandonnés par les générations précédentes. Pendant les pre-
miers beaux jours de la saison printanière, lPIn-
secte acquiert son complet développement, s’ac- M Ps
couple et en mai ou juin commence la ponte. PAPE
A cet effet, la femelle blesse légèrement l’écorce | Mars. .| + e
et dépose dans la plaie un œuf à la fois. Cet || avrit. . re CE
œuf, chose curieuse à noter, hiverne dans cette us |,
cachette et ne donne naissance à la Jeune Larve ere |EU
qu’au mois de mars ou d'avril de l'année sui- ||" |-
vante. La période larvaire durant laquelle le Anne mi
Charançon perfore en premier lieu les couches || 49%: “
cambiales, puis plus tard l’aubier et le centre || Sept. .| + | +
des petites tiges, dure jusqu’à la fin de juillet, oc. . |. | +
époque à laquelle Panimal se chrysalide à l’ex- FX |, [5
trémité de la galerie plus ou moins sinueuse | — RE
pratiquée de bas en haut. Lorsqu'on découvre
la cachette dans laquelle le Charançon est blotti en vue de
sa première métamorphose, on constate que l’animal s’est
retourné la tête dans la direction de lorifice du couloir lar-
vaire. Pour gagner le dehors, l’Insecte ailé ne perfore pas
directement le bois comme c’est le cas pour les Pissodes, mais
se fraie un passage à travers les détritus ligneux comprimés
par la Larve à mesure qu’elle allonge sa galerie.
Nous constatons done chez le Cryptorrhynchus Lapathi L.
un premier hivernage à l’état d’œut et un second à l’état d’In-
secte parfait. Souvent, et le cas se rencontre surtout dans les
tiges de l'Aune d’une certaine dimension, les ravages sont
opérés par plusieurs Larves dont les systèmes finissent par se
confondre.
SCHEIDTER observe également que chaque été on peut trouver
552 ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
des Larves adultes en travail de forage; c’est la preuve que
Vts
Fig. 337. — Tiges d’Aune ravagées par le Cryptorrhynchus Lapathi L. «, débris liyneux compri-
més sous l'écorce; b, galerie larvaire ; €, déchirures de l'écorce; d, orifice de sortie. 3/4 qr.
nat. (orig.).
deux cycles d'évolution peuvent simultanément être constatés
dans le même peuplement.
AUNES 599
Un des caractères les plus frappants des détériorations de
ce Charançon sont les déformations superficielles extérieures
dont notre figure 337 donne une idée. Ces excroissances qui
vont en s’accentuant à mesure que la tige ou la branche gros-
sissent, sont la résultante des forages superficiels de la Larve
qui travaille, comme nous l’avons exposé plus haut, dans le
liber avant de s’enfoncer dans le centre de la tige.
Ces déformations extérieures permettent très facilement
d'identifier au premier abord l’Insecte xylophage. Le travail
des Charançons ne peut être confondu avec celui des Sésies
dont nous parlons plus loin.
Moyens préventifs. — Dans les plantations ou cultures com-
plémentaires faites dans les peuplements d’Aunes infestés par
le Cryptorrhynque, il peut être indiqué de badigeonner en avril
les jeunes plants avec de la glu CRaupenleim», ce qui aura pour
effet d'empêcher la ponte. Mais cette opération doit se renou-
veler plusieurs années de suite, car la glu finit par se dessécher
et se crevasser à la fin de l’été.
Moyens répressifs. — Seuls, l'enlèvement et l’incinération
des tiges renfermant des Larves peuvent être recommandés.
Les branches et rejets infestés sont facilement reconnaissables
à la sciure brunâtre qui s'échappe de l’origine des couloirs
larvaires, cette constatation permet de tirer la conclusion que
la Larve est en activité à l’intérieur. La récolte des Insectes’
parfaits est une opération fort coûteuse et qui ne donne pas
un résultat satisfaisant.
INTÉRIEUR DU BOIS
Buprestis rutilans L.
Voir : Chapitre des Tilleuls.
Anobium tesselatum Fabr.
Ptilinus pectinicornis L.
Voir : Chapitre des Chênes.
554 INTÉRIEUR DU BOIS
Xyleborus dispar L.
Voir : Chapitre des Érables.
Xyleborus domesticus L.
Voir : Chapitre des Bouleaux.
Xyleborus Pfeili Ratz. Coréorr., Scolytidæ
Longueur : 2,7 à 3 millimètres. Ce Bostryche dont le mâle
est une des plus grandes raretés parmi les [Insectes xylophages
européens, est caractérisé par un corselet plus long que large,
Fig. 338. — Galeries du Xyleborus Pfeili Ratz. dans le bois d’Aune. 3/4 qr. nat.
(orig. coll. Muséum, Paris).
arrondi antérieurement et dont le milieu du disque porte un
tubercule allongé, très finement et éparsément ponctué posté-
rieurement. Le corselet du mâle rappelle celui du Xyleborus
AUNES 555
dryographus Ratz. Les élytres sont finement striés-ponctués
avec interstries ruguleuses munies d’une rangée de points plus
fins; la déclivité est obliquement déprimée. La suture ainsi
que la troisième interstrie sont munies de tubercules denti-
formes.
La biologie de ce Bostryche est encore fort peu connue. Cet
Insecte fore des galeries qui rappellent celles creusées par le
Xyleborus monographus Fabr., mais elles pénètrent moins pro-
fondément dans l’intérieur du bois.
Le Xyleborus Pfeili Ratz. semble rechercher spécialement le
bois d’Aune. Il a été trouvé exceptionnellement sur le Tremble.
Sesia spheciformis Grng. Lépinopr., Seswdeæ
(Sesia sphegiformis Ratz.) [PI. VIIL, fig. 8]
Longueur, Papillon étalé : 25 à 30 millimètres. Ce Papillon
est d’un noir bleuté, quelques taches jaune mat ornent la face
ventrale du thorax, directement au-dessous de la naissance
de chacune des paires d’ailes, de même que les côtés du thorax,
la face dorsale du deuxième et la face inférieure du quatrième
segment abdominal. La face ventrale des pattes est blanchâtre.
Nous avons exposé dans le chapitre des Bouleaux les mœurs
des Sésides qui comptent plusieurs espèces s’attaquant en par-
ticulier aux Bouleaux, aux Peupliers et aux Aunes, quelquefois
aussi aux Chênes.
L'évolution de la Sesia spheciformis Grng. dure une année
en général, et la façon d’opérer de sa Chenille est semblable à
celle de la Sesia culiciformis L. qui ravage également les Aunes.
Nous avons vu que la caractéristique de ces types de ravages
réside dans la façon dont l’Insecte ailé prend son vol en s’échap-
pant de la Chrysalide à moitié sortie de l'écorce (fig. 340).
En parlant de la Sesia culiciformis L., nous avons dit ce que
les forestiers pouvaient entreprendre pour entraver la multi-
plication des Sésides en général.
556 INTÉRIEUR DU BOIS
Sesia culiciformis L.
Voir : Chapitre des Bouleaux.
Fig. 339. — Couloirs Jarvaires de la Sesia Fig. 340. — Tige d’Aune
spheciformis Grng. dans une tige ravagée par la Sesia
’Aune, 1/1 gr. nat. (oriq.). spheciformis Grng.
a, femelle déposant sa
ponte ; b, Chrysalides.
3/4 gr. nat. (orig. coll.
* Standfuss, Zurich).
AUNES 594
Cossus ligniperda L.
Voir : Chapitre des Saules.
Cossus æsculi L.
Voir : Chapitre du Châtaignier.
Saperda linearis L.
Voir : Chapitre du Charme.
Xyphidria camelus L. Hyménorr., ÜUroceridæ
Longueur (tarière comprise) : 20 à 25 millimètres. Cet Hvmé-
Fig. 341. — Tronc d'Aune ravagé par la Larve du Xyphidria camelus L. 1/1 gr. nat.
(orig. coll, Muséum, Paris).
558 INTÉRIEUR DU BOIS
noptère qui au point de vue systématique est très voisin des
Sirex, a la tête fixée à l’extrémité d’un prolongement aminci,
émanant du thorax; les ailes antérieures ont deux cellules
radiales.
La Larve qui compte neuf stigmates de chaque côté (JunErcH
et NiTsCHE, 1895, p. 677) fouille le bois des Aunes et exception-
nellement des Bouleaux et des Peupliers sans que le type des
ravages se différencie sensiblement de celui des Sirex (fig. 341).
Cet Insecte est aussi rare que peu connu.
Melasis buprestoides L. Corrorr., £uchnemidæ
Longueur : 8 à 9 millimètres. Cet Insecte, de couleur notrâtre,
Fig. 342. — Couloirs larvaires du Welasis buprestoides L. dans un tronc d’Aune. 1/1 gr. nat.
(orig. coll, Muséum, Paris).
AUNES 559
porte un corselet qui est élargi antérieurement; ses côtés sont
droits et la ligne médiane enfoncée. Les élytres sont plus étroits
que le corselet, profondément striés. Tout le corps est couvert
d’une pubescence brune. La Larve de ce Coléoptère peu répandu
et encore moins connue des forestiers, fouille horizontalement
les troncs des Aunes.
Liopus nebulosus L. Coréopr., Cerambycidæ
(Hesperophanes nebulosus Oliv.)
Longueur : 8 à 9 millimètres. De couleur grise, avec pubes-
cence fauve, ce Cérambycide très voisin du genre Lamia a des
élytres qui portent deux bandes transversales noires et glabres.
La racine des fémurs est rouge et leur extrémité noir foncé.
Les Larves fouillent le bois de certaines essences feuillues,
en particulier de lAune, en pénétrant parfois assez profondé-
ment dans la matière ligneuse où elles laissent derrière elles
des galeries ayant en général une direction verticale (fig. 343).
Cet Insecte, peu répandu, n’a qu’une importance tout à
fait secondaire comparativement à celle des Insectes xylo-
phages qui compromettent la vie des végétaux ligneux.
AT
Us
TS
ans le bois d'Aune, a, couloir larvaire avec
Fig. 343. — Dégâts du Ziopus nebulosus L. d
1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris).
marques des mandibules; b, excréments. 1/
AUNES 561
RAMEAUX
Cimbex variabilis Klug.
Voir : Chapitre du Hêtre.
Vespa crabro.
Voir : Chapitre des Frênes et « Partie spéciale ».
BOURGEONS
Tinea fuscedinella Z1l. Lépinopr., 7neidæ
Longueur, Papillon étalé, j : 10, ® : 12 à 13 millimètres. Ce
Microlépidoptère aux ailes antérieures d’un brun grisâtre foncé,
a souvent des reflets métalliques couleur laiton.
La Chenille qui mesure 7 millimètres est de teinte chocolat;
elle porte sur le dos six lignes longitudinales de tubercules peu
apparents; elle compte douze pattes, les deux paires abdomi-
nales étant atrophiées.
Au premier printemps, la femelle dépose un œuf dans le
bourgeon des Aunes qui, au bout de deux ou trois semaines
est fouillé par la jeune Chenille et finit par s’atrophier au moment
où il devrait donner naissance aux feuilles. Devenue adulte,
la Chenille s'attaque aux feuilles dont elle ronge l’épiderme,
plus tard elle les perfore aussi. La chrysalidation s’opère dans
un petit fourreau un peu à la façon de la Tordeuse du Chêne.
Suivant JupeicH et NirscHEe (1895, p. 1355), la Tinea fusce-
dinella ZI. aurait une seconde génération au milieu de l'été,
mais en somme l’évolution de cette espèce très rare est encore
à étudier plus à fond.
BEUIBIRES
Les feuilles d’Aunes sont occasionnellement ravagées par
un Coléoptère de la famille des Melolonthini, le Phyllopertha
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 36
562 FEUILLES
horticola L. bien connu des jardiniers et des horticulteurs. Un
Charançon, le Phyllobius Fabr., aussi rare qu'insignifiant,
peut être rangé également au nombre des Phytophages des
Aunes. '
Galeruca alni L. Coréorr., Chrysomelidæ
(Agelastica alni) [PI. VIE, fig. 1]
Galéruque ou Chrysomèle de l'Aune
Longueur : 5 à 6 millimètres. D’un beau bleu métallique sur
le dos, cet Insecte a la face inférieure noire, son corselet est plus
large que long, fortement rétréei sur le devant, de même que
les élytres; 11 est grossièrement et éparsément ponctué.
La Larve qui, adulte, mesure 12 millimètres, est noire avec
reflets verdâtres, fortement pileuse, la tête est aplatie. On
remarque que chacun des anneaux thoraciques porte une paire
de fortes pattes. Tous les anneaux thoraciques et abdominaux
sont relevés de chaque côté de la ligne médiane en une petite
verrue allongée transversalement.
L’'Insecte parfait hiverne et apparait au moment où 1e
végétation s’épanouit pour déposer par paquets sur les feuilles
des œufs jaunes. Au bout d’une ou de deux semaines environ,
les jeunes Larves éclosent; leur existence dure approxima-
tivement un mois et pendant ce temps, elles s’attaquent aux
feuilles, comme c’est du reste aussi le cas pour les Insectes
parfaits. Les uns et les autres « squelettent » les feuilles d’Aune,
comme le montre la figure 344. L’hivernement et la chrysali-
dation se passent sous terre et il arrive parfois qu’on découvre
au milieu de l'été, sur les feuilles d’Aunes, la Chrysomèle sous
ses trois formes; c’est la preuve que la femelle a une longue
période de ponte.
La Galeruca alni L. est un Insecte excessivement commun
et répandu dans toute l'Europe; il attaque exceptionnelle-
ment les Saules et les Peupliers.
Il est évident, comme le fait se présente à la suite des dépré-
AUNES 563
dations de tant de ravageurs phytophages qui agissent surtout
au commencement de la période de végétation, que les essences
à feuilles caduques peuvent, dans une certaine mesure, recons-
Fig. 344. — Feuilles d'Aune ravagées par la Galeruca alni L. 3/4 gr. nat.
(orig. coll. Pauly, Munich).
tituer leur frondaison sous l’influence de la sève d'août ou en
tous cas, l’année suivante. Il résulte donc en premier lieu de
l'apparition des Galéruques qui opèrent en masse, une dimi-
nution d’accroissement, rarement le desséchement de certaines
branches ou de tiges d’Aunes.
964 FEUILLES
Moyens préventifs. — Il ne saurait être question d’immuniser
une plantation d’Aunes pour la tenir à labri des attaques de
la Chrysomèle.
Moyens répressifs. — Dans certains peuplements, les pares
en particulier, on peut se donner la peine de secouer sur des
draps les branches sur lesquelles les Insectes parfaits sont
fixés, puis on incinère ces derniers sur place. Une opération
aussi minutieuse et coûteuse ne pourra guère être exécutée en
forêt (1).
Fig. 345. — Psylla alni L. sur des feuilles d'Aune, 1/1 gr. nat. (oriq.).
Un Pou très commun sur les feuilles d’Aunes, le Psylla alni L.
est facilement reconnaissable à la carapace cireuse d’un blane
(1) La Chrysomela ænea L. espèce voisine, à l'aspect d’un vert métal-
lique plus ou moins foncé, provoque à peu près les mêmes ravages; elle
est beaucoup moins répandue et moins connue au point de vue biologique
que la Galeruca alnt L.
Une Tortricide aussi rare que peu importante, la Tortrix cratægana Hbn.,
peut occasionnellement s'attaquer sous forme de Chenille aux feuilles
d’'Aunes.
AUNES 565
de neige qui recouvre les Larves (fig. 345). L'Insecte parfait
est d’un vert bouteille et très mobile. Nous avons rencontré
ce Rhynchote en grande abondance jusque dans les stations
les plus élevées de lAune blanc dans les Alpes valaisannes
(Suisse); 1l attaque également lAune vert, mais ne provoque
guère de dégâts appréciables.
Nematus septentrionalis L.
Voir : Chapitre des Bouleaux.
Parmi les Insectes de la famille des Tenthredinides, la Selan-
dria ovata L. peut encore être rangée au nombre des ravageurs
de l’Aune. En effet, la Larve de cet Hyménoptère commence
par percer des trous circulaires dans l’épiderme de la feuille:
elle agrandit toujours davantage ces ouvertures jusqu'à ce que
la feuille soit dévorée presque entièrement.
A poderus coryli L.
Bombyx neustria L.
Phalera bucephala L.
Tortrix ferrugana Tr.
Voir : Chapitre des Chênes.
Liparis dispar L.
Voir : Chapitre du Hêtre.
Orgya antiqua L.
Voir : Chapitre des Bouleaux.
17. Saules”
RACINES
Les Saules sont rarement cultivés en pépinière, mais plutôt
propagés par boutures d’osiers qui sont directement mis à
demeure. Le forestier a donc bien rarement l’occasion de cons-
tater des ravages d’Insectes sur les racines des Saules dont
certaines espèces (Saule Marceau, par exemple) poussent spon-
tanément en forêt.
Il est évident que certains ravageurs des radicelles tels que
le Ver blanc et d’autres Insectes que nous avons décrits dans
cette catégorie peuvent occasionnellement détériorer les Jeunes
oserales,
ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
Hylobius abretis L.
Voir : Chapitre des Pins.
Cryptorrhynchus Lapathi L.
Voir : Chapitre des Aunes.
Callidium pygmæum Fabr. Coréopr., Cerambycideæ
(Gracilia minuta Fabr.)
Longueur : 4,5 à 6 millimètres. On reconnait ce Longicorne
A
(1) Nous nous dispensons d'indiquer les noms des multiples espèces et
hybrides du genre Salix.
Lo8re ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
aux caractères suivants : Il est de couleur brune avec fine
pilosité grisâtre; son corselet, qui n’est pas épineux sur les côtés,
Fig. 346. — Tiges d'Osier ravagées par la Larve du Callidium pygmæum Fabr. 1/1 gr. nat.
(orig. coll. Muséum, Paris).
SAULES 569
est plus long que large, à peine plus élargi que la tête, rétréci
postérieurement et finement ponctué. Les élytres étroits, plutôt
aplatis, sont superficiellement et éparsement ponctués.
Le Callidium pygmæum Fabr. est polyphage, mais assez
commun sur les rejets et branches des Saules. La ponte est
déposée par tas à la naissance des rameaux et la Jeune Larve
commence par pratiquer des galeries sinueuses dans les couches
hbéreuses (fig. 346). Devenue adulte, elle s'enfonce dans l’aubier
et s'y chrysalide dans un berceau à section elliptique. Au bout
de deux ou trois ans seulement, comptés à partir de la ponte,
l’Insecte parfait gagne le dehors en forant un orifice également
ovale.
Le plus souvent ce Longicorne s'attaque à des Saules en voie
de dépérissement, principalement à des branches cassées ou
coupées, de sorte que sa nocuité est minime.
‘
INTÉRIEUR DU BOIS
Lamia textor L. Coréorr., Cerambycidæ
Longueur : 14 à 20 millimètres. Nous avons déjà parlé dans
le chapitre de l’Épicéa de deux Insectes du groupe des Lamiites
(Lamia sartor Fabr. et L. sutor L.). Le Lamia textor L., espèce
propre aux Saules, se distingue par sa couleur noire et sa forme
trapue. Son corselet chagriné porte de chaque côté une protu-
bérance épineuse horizontale et dirigée en dehors. Les antennes
ne sont pas plus longues que le corps entier, leur deuxième
article, épaissi, est aussi long que le quatrième. Les élytres sont
recouverts d’une ponctuation fine, dense et granuleuse, avec
pilosité éparse présentant parfois des taches jaunâtres.
La Larve de ce Cérambycide fouille l'écorce et le liber des
troncs et branches de Saules, exceptionnellement d’autres
feuillus, recherchant de préférence le bois sain.
Les dégâts sont plus appréciables dans les oseraies qu'en
forêt, ce fait nous dispensera de nous étendre plus longuement
sur les mœurs de ce ravageur.
570 INTÉRIEUR DU BOIS
Cerambyx moschatus L. Coréorr., Cerambycidæ
(Aromia moschata Serv.)
Longueur : 15 à 30 millimètres. On identifie très facilement
Fig. 347. — Cerambyx moschatus L. dans le bois de Saule. a, galeries larvaires ; b, Insecte
parfait dans le berceau de nymhose. 3/4 qr. nat. (oriq.).
ce Longicorne dont la couleur d’un bleu verdâtre le place parmi
les plus beaux Insectes du monde des bois. Les antennes du
mâle, égaiement bleuâtres, sont plus longues que celles de la
SAULES DA
femelle. Chez les deux sexes, le corselet est de forme triangu-
laire, sa sculpture et sa couleur varient suivant les individus.
Les élytres chagrinés sont à leur naissance deux fois plus larges
que la partie postérieure du corselet, puis se rétrécissent vers
leur extrémité et sont ornés de lignes longitudinales à peine
visibles.
La Larve qui, adulte, mesure 30 à 35 millimètres de longueur,
ressemble beaucoup à celle du Cerambyx Scopoli Laich., elle
est pourvue de pattes et presque glabre.
Le Cerambyx moschatus L. vit, comme l'espèce précédente,
‘dans les Saules et pénètre parfois assez profondément dans le
bois sain où la Larve laisse derrière elle des galeries à section
ovale et remplies de détritus ligneux.
Ce sont surtout les souches des oseraies qui sont recherchées
par ce Xylophage plutôt rare et peu important au point de vue
de l’économie forestière.
Oberea oculata L. Coréopr., Cerambycidæ
(Saperda oculata L.)
Longueur : 15 à 20 millimètres. Cette Saperde, propre aux
Saules, se distingue par son corselet d’un jaune rougeâtre, sans
protubérances latérales et présentant deux points noirs sur le
disque. Le tête et les antennes sont foncées, ces dernières ne
sont pas tout à fait aussi longues que le corps qui est allongé
et cylindrique. Les élytres sont noirs avec des lignes profondes
ornées de points et taches jaunes sur la partie antérieure; les
pattes et le corps sont également jaunes.
L’essaimement de ce Longicorne se produit en juin ou juillet,
époque à laquelle la femelle dépose ses œufs individuellement
dans les anfractuosités de l’écorce. La jeune Larve, après avoir
pénétré à l’intérieur des couches corticales, s'enfonce jusqu’au
centre de la branche, puis fore un couloir presque cylindrique
atteignant parfois 30 centimètres de longueur. Le plus souvent
572 INTÉRIEUR DU BOIS
il est dirigé de bas en haut, parfois en sens inverse. La nymphose
a lieu à lextrémité de cette galerie longitudinale qui est en
Fig. 348. — Tige d'Osier avec forage de la Larve de l'Oberea oculata L.
1/1 gr. nat. (oriq. coll. Pauly, Munich).
général forée dans les tiges d’osier ou les branches de Saules
âgées de deux ans.
La conséquence de ces détériorations est le dessèchement
des branches ou des tiges infestées.
SAULES 5e
Dans les oseraies on pourra utilement couper et incinérer
sur place les parties atteintes en automne pendant que l’animal
est encore dans sa cachette.
Saperda populnea L.
Voir : Chapitre des Peupliers.
Ptlinus pectinicornis L.
Voir : Chapitre des Chênes.
Cossus æsculti L.
Voir : Chapitre du Châtaignier.
Gossus ligniperda L. Lépinopr., Bombycidæ
(Cossus cossus L.) [PI. VILLE, fig. 7]
Cossus gâàte-bois
Longueur, Papillon étalé Z : 50 à 70; @ : 70 à 90 millimètres;
Chenille adulte : 80 à 100 millimètres. L’apparence générale
du corps est d’un gris blanchâtre avec thorax encerclé de noir
à la partie postérieure. Les ailes antérieures sont ornées de taches
transversales d’un brun foncé velouté (fig. 349), tandis que les
postérieures présentent des ondulations de même teinte, mais
moins importantes et plus effacées.
La Chenille ne peut être confondue avec aucune autre des
Papillons vivant dans la matière ligneuse (PL. VITE, fig. 7). Munie
de seize pattes, elle est de couleur brune ou carminée sur le dos;
les flancs et la partie inférieure sont Jaunes. La tête est large,
d’un brun foncé; la plaque chitineuse dorsale du premier anneau
thoracique est divisée en deux par un sillon longitudinal. La
tête et chacun des anneaux sont munis de poils fins disposés
en lignes transversales. Une caractéristique de cette Chenille
est. l'odeur pénétrante et désagréable qu’exhale son corps.
Le Cossus gâte-bois est à la fois le plus polvphage des Papil-
574 INTÉRIEUR DU BOIS
lons forestiers et le plus gros des ravageurs qu’on trouve dans
les forêts de l'Europe. Nous avons déjà mentionné ce Lépi-
doptère dans presque tous les chapitres des esences feuillues
et l’on peut affirmer que presque tous les arbres à feuilles cadu-
Fig. 349. — Papillons du Cossus ligniperda L. 1/1 gr. nat. (oriq.).
ques de nos forêts le tentent. Il v a lieu de remarquer qu'il
évite de s'attaquer en général aux Conifères, probablement à
cause de la résine qu'il redoute.
A l’aide de son oviscapte la femelle dépose en juin ou juillet
ses œufs par paquets dans les crevasses des grosses et vieilles
écorces, de préférence au bas du tronc, souvent au niveau du
sol. Après un forage de quelques semaines dans l’écorce, la
Chenille, qui augmente de volume et par conséquent dé vigueur,
pénètre dans le bois sain ou en voie de putréfaction et pratique,
en remontant le tronc, des couloirs sinueux, embrouillés, rem-
plis de sciure, et d’une section elliptique. L'animal hiverne deux
fois sous la forme larvaire et la chrysalidation se produit en
mai de la troisième année, en général à l'extrémité d’une galerie.
SAULES 79
Au moment de sortir, le Papillon entraine avec lui le cocon qui,
de même que celui des Sésies, reste à moitié engagé dans l’orifice
pratiqué par l’Insecte parfait (fig. 350). Dans certains cas, la
LE
æ
À ‘a à il # «wl
n. TL T7 1
g';
Fig. 350. — Tronc de Saule fouillé par la Chenille du Cossus ligniperda L. a, Papillon opérant
sa ponte; b, Chenilles semi-adultes; €, Chrysalides à l'orifice de sortie. 3/4 gr. nat. (orig.
coll. Standfuss, Zurich).
nymphose a lieu dans la couverture morte, alors la Chenille
se niche dans un cocon ovoide formé de débris ligneux qu'elle
recueille au pied du tronc, à l’origine d’un réseau de galeries
larvaires.
Les conséquences de ces ravages très communs sont plutôt
576 INTÉRIEUR DU BOIS
d'ordre technique. En effet, le Cossus gâte-bois prépare les végé-
taux parfois en plein épanouissement à être décimés par d’autres
facteurs, tels que bris de neige, coups de vent, champignons, etc.
Le sylviculteur est rarement aux prises avec ce Lépidoptère
que les jardiniers et arboriculteurs se contentent d’anéantir
en brülant et écrasant les Chenilles qu'ils trouvent lors du
débitage des bois infestés.
Sesia formicæformis Esp. Lépinopr., Sesudæ
Longueur, Papillon étalé : 18 à 20 millimètres. La couleur
Fig. 351.— Forage de la Sesia formicæformis Esp. dans une tige d'Osier partagée en deux.
a, Chenilles adultes; b, base de la galerie larvaire. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich).
SAULES 77
dominante de ce Lépidoptère est bleu noir avec l'anneau
abdominal 4, la partie inférieure du cinquième et parfois, chez
le mâle, le sixième ainsi que la bordure antérieure des ailes de
Fig. 352.— Ravages de la Chenille de la Sesia crabroniformis Lew. dans une branche de Saule.
1/1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich).
devant d’un rouge brique. La face dorsale des deuxième et
troisième anneaux est saupoudrée de jaune.
La Chenille, du même type que celle des autres Sésies que
nous avons décrites dans les chapitres précédents, commence
par, forer légèrement les couches corticales, puis pénètre direc-
tement dans la moelle des rejets et branches ayant 2 à 4 centi-
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 31
578 “INTÉRIEUR DU BOIS
mètres de diamètre et se chrysalide à l'extrémité de la galerie
larvaire remontante (fig. 350) (Azrum, 1885, p. 1 à 12). La
dernière métamorphose se produit le plus souvent dans les
couches ligneuses externes et le cocon vide, comme c’est le
cas chez les autres Sésides, demeure à moitié engagé dans
l’orifice de sortie.
De même que la Sesia crabroniformis Lew. dont nous reprodui-
Fig. 353. — Couloirs du Xyphidria dromedarius Fabr. dans le bois de Saule. 1/2 gr. nat.
(orig. coll. Muséum, Paris).
sons les travaux de forage (fig. 352), cette espèce est rare et pres-
que sans importance pour la conservation des forêts, car l’une
et l’autre s’attaquent surtout aux oseraies.
Le Xyphidria dromedarius Fabr. est un Sirex peu connu qui
attaque le bois de Saule et y pratique des galeries larvaires
SAULES 579
qu'il n’est guère possible de distinguer de celles creusées par
les autres espèces de ce genre (fig. 353).
Nous mentionnons dans cette catégorie de ravageurs des
bois de Saules, un Diptère, la Cecidomyia saliciperda Duft.,
dont la femelle dépose ses œufs par chainons sur les branches
et le tronc. Les jeunes Larves perforent l’écorce et atteignent
perpendiculairement les couches cambiales précisément au
Fig. 35%. — Coupe à travers une branche de Saule déformée par la Cecidomyia saliciperda
Duft. a, épaississement de l'écorce; b, cellules larvaires de l’année: €, cellules de l’année pre-
cédente à moitié bouchées par l'accroissement du bois. 1/1 gr. nat. (oriq.).
moment de la formation de la couche ligneuse printanière.
L'animal hiverne dans une niche et, au mois d’avril, l’écorce en
éclatant, permet à l’Insecte parfait de gagner le dehors. Lorsque
le dommage encercle la plus grande surface du pourtour de
la tige, le recouvrement ne se fait pas facilement et cette der-
nière sèche. Dans les oseraies, ces dégâts sont sérieusement
redoutés.
Xylocopa violacea L. Hyméxopr., Anthophora
Xylocope violacée
Longueur, ailes étalées : 2,5 à 3,5 millimètres. La Xylocope
violacée rappelle le Bourdon, mais son abdomen est plus mince
et plus velu et ses ailes sont plus foncées avec des reflets métal-
580 INTÉRIEUR DU BOIS
liques bronzés (fig: 355). La base du troisième article des antennes
est amincie en forme de pédicule, ce segment est aussi long que
les trois suivants réunis.
© Suivant RéaumuRr (1742, p. 33), la femelle voltige au premier
printemps et en juillet; cet Insecte aurait donc deux généra-
tions par an, mais il est fort probable que dans certaines régions,
une seule arrive à maturité.
7 La Xylocope recherche les poutres, troncs et branches en
Fig. 355. — Xylocopa violacea L. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich).
voie de décomposition et fore un couloir qui est d’abord dirigé
vers l’axe du tronc, mais ne tarde pas à prendre une direction
longitudinale. Cette galerie maternelle peut avoir jusqu'à
30 centimètres de longueur et mesure 6 à 8 millimètres de dia-
mètre. Dans la partie inférieure de cette galerie, la femelle
dépose un amas de pollen mélangé à du miel, puis y pond un
œuf. Ensuite elle construit immédiatement au-dessus, à environ
1 centimètre, un plafond avec anneaux concentriques faits de
sciure de bois agglutinée avec de la salive. Ce plafond constitue
aussi le plancher d’une deuxième cellule qui reçoit également
une provision de nourriture et un œuf. Ces différentes loges
peuvent être au nombre de douze, parfois moins. La Larve
sortie de l’œuf mène une existence de recluse, car elle se nourrit
pendant trois semaines environ des provisions qui lui ont été
amassées par sa mère, puis elle subit ses métamorphoses en
Chrysalide et en Insecte parfait.
D’après BrEnM (1892, p. 242), lorsqu'il s’agit de la seconde
génération, l’Insecte parfait né dans la cellule inférieure attend,
pour gagner le dehors, que les autres individus plus jeunes
SAULES 581
aient pris leur essor en remontant la galerie. Par contre, en août
lorsque la première génération arrive à son complet déve-
Fig. 356. — Système de couloirs de la Xylocopa violacea L. dans un tronc de Saule. a, plafond
de la cellule; b, Nymphe; c, boulette de pollen. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Standfuss,‘Zurich).
loppement, les Xylocopes les plus âgées n’attendent pas néces-
sairement que leurs sœurs nées au-dessus d’elles aient perforé
582 INTÉRIEUR DU BOIS
les plafonds des différentes cellules; à laide de leurs mandibules,
elles pratiquent souvent chacune pour son compte, une galerie
Fig. 357. — Tronc de Saule présentant des systèmes rapprochés de galeries de la Xylocopa
violacea L. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris).
transversale qui par les chaleurs de l'été, leur permet de gagner,
rapidement et indépendamment les unes des autres, le dehors où
elles peuvent alors butiner sur les plantes leur offrant du nectar.
SAULES 583
Comme on le voit par cette brève description des mœurs si
curieuses de cet Insecte, et par l'examen des figures 356 et 357,
le travail de la Xylocope est fort singulier et ingénieux, il cons-
titue une véritable merveille biologique dans le monde des
Insectes xylophages.
C’est à ce titre seulement que nous signalons cet Hyménoptère
qui, au point de vue forestier, est très peu nocif.
RAMEAUX
Vespa.crabro L.
Voir : Chapitre des Frênes.
Fig. 358. — Déformation corticale d’une branche de Saule par le Nematus pentandræ Ratz.
1/1 gr. nat. (orig.).
584 FEUILLES
Cimbex variabilis Klug.
Voir : Chapitre du Hêtre.
Un Hyménoptère, le Nematus pentandræ Ratz., provoque
des déformations corticales sur les rameaux de Saules (fig. 358) (1).
BOURGEONS
Un Cureulionide, le Barypeithes araneiformis Schrk., est un
Insecte polyphage qui peut occasionnellement ravager les bour-
seons des Saules. Enfin la Larve d’un Diptère, la Tipula pra-
tensis L., est à ranger dans la même catégorie.
FEUTLLES
Galeruca capreæ L. Coréopr., Chrysomelidæ
Galéruque du Saule
Longueur : 5 à 6 millimètres. Ce Coléoptère porte un corselet
jaunâtre dont les angles postérieurs sont coupés en biais. Les
élytres, de la même teinte que ce dernier, sont densément
ponctués, mais sans lignes relevées. La tête, le thorax, l'abdomen
et les cuisses sont noirs.
La Galéruque du Saule est un Phytophage polyphage dont
la Larve « squelette » les feuilles. Le ravage est continué par
l'Insecte parfait qui entame en général le bord de la feuille
et perfore cette dernière (KronE, 1886, p. 193 et 243). On compte
une, deux ou trois générations par an.
La Galeruca lineola Fabr. provoque à peu près les mêmes
ravages sur les feuilles des osiers.
Dans la même catégorie d’Insectes ravageant les feuilles,
(1) Nous nous bornons à mentionner encore les Cecidomyia salicis Schrk.
et C. terminalis H. Low. dont la description sort des limites de notre do
maine d'Entomologie forestière.
SAULES 585
nous plaçons encore quatre autres Chrysomélides qui n’ont
qu’une importance absolument secondaire en économie fores-
tière, ce sont : Chrysomela vulgatissima L., C. viennensis Schrk.,
(. vitellina L., C. versicolora Lich. D’après Juperc et Nirscne
Fig. 359. — Feuilles de Saule Marceau rongées par la Galeruca capreæ L. 1/1 gr. nat. (orig.).
(1895, p. 600-605), ces Insectes hivernent sous la forme parfaite
dans la couverture morte et l’on compte deux, parfois trois
générations dans l’espace de douze mois. Les dégâts sont causés
à la fois par les Larves et par les Insectes parfaits.
Lina longicollis Suftr.
Rhynchites populi L.
Orchestes populi Fabr.
Voir : Chapitre des Peupliers.
586 FEUILLES
Rhynchites betuleti Fabr.
Voir : Chapitre des Bouleaux.
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Fig. 360. — Feuilles de Saule « squelettées » par la Chrysomela versicolora Laich. «a, Insectes
occupés à ronger. 3/4 gr. nat. (orig. coll. Standfuss, Zurich).
Galeruca alni L.
Voir : Chapitre des Aunes.
Halias chlorana L. Lérinort., Cymbidæ
_;Longueur, Papillon étalé : 20 à 22 millimètres; Chenille :
20 à 25 millimètres. Ce Papillon peut être confondu avec la
Tordeuse du Chêne dont il a la même couleur verte dominante.
La tête, les ailes postérieures, l'abdomen et la bordure anté-
rieure des ailes de devant sont blancs.
La Chenille, renflée en son milieu, est blanchâtre avec une
bande longitudinale brune plus ou moins interrompue sur
chacun des côtés; la tête est également brune avec col blanc
sur le premier anneau thoracique.
La Chenille apparait probablement deux fois par an et réunit
ensemble plusieurs feuilles de Saules par un réseau de fils à peine
SAULES 587
visibles de lextérieur. Elle dévore partiellement ce faisceau
de feuilles et ne craint pas de ronger également le bourgeon
terminal autour duquel les feuilles ont été réunies. Le dommage
est” peu important; dans les oseraies il est facile de couper
ces nids, puis de les incinérer sur place avec la Chenille unique
que chacun d’eux renferme.
Fig. 361. — Nid de la Bombyx neustria L. sur une branche de Saule Marceau. 3/4 qr. nat.
(orig. coll. Pauly, Munich).
Liparis chrysorrhoea L.
Liparis sumilis Fussl.
588 FEUILLES
Orgya pudibunda L.
Bombyx neustria L.
Phalera bucephala L.
Geometra brumata L.
Voir : Chapitre des Chênes.
Liparis dispar L.
Voir : Chapitre du Hêtre (1).
Liparis salicis L. Lépinopr., Bombycidæ
(Dasychira salicis L.) [PI. VIL fig. 9, 9 a]
Bombyce du Saule
Longueur, Papillon étalé, @ : 50 à 52; d : 40 à 45 millimètres;
Chenille : 40 à 45 millimètres. Ce Bombycide est facilement
reconnaissable à sa dimension, à la couleur d’un blanc laiteux
de ses ailes dont la frange des antérieures est d’une teinte jaune
citron (surtout dans les exemplaires de collection). Les tibias
et tarses ont des cercles noirâtres.
La Chenille, munie de seize pattes, a la face inférieure et les
côtés d’un gris sale. On remarque sur le dos de chaque anneau
une rangée transversale de six verrues étoilées d’un brun rouge
et portant de longs poils. Les deux verrues médianes sont plus
développées que les quatre autres, et entre elles se trouve,
exactement sur la ligne médio-dorsale, un point blanc ou jaune
clair; il est remplacé dans chacun des anneaux 4 et 5 par deux
verrues noires ayant une base commune.
Ce Papillon, qui est plutôt commun en Europe, essaime en
juin ou Juillet et dépose ses œufs par paquets sur l'écorce des
Saules et parfois des Peupliers. Les Chenilles apparaissent soit
à la fin de l’été, soit seulement le printemps suivant; elles hiver-
nent dans les crevasses de l’écorce.
(1) Deux autres Papillons de la famille des Rhopalocera, les Vanessa
polychloros L. et V. antiopa L., ravagent également les feuilles d’Osiers.
SAULES 589
Les dégâts sur les feuilles sont néfastes, surtout s’ils se pro-
duisent dans l'intervalle compris entre le mois de mai et celui
de juillet, car, durant cette période, les Chenilles ne se contentent
pas seulement de « squeletter » mais parfois de dévorer les feuilles
jusqu’à la naissance du pétiole.
La nymphose a lieu le plus souvent dans la frondaison ou
sur le tronc, l’animal s’entourant pour cette transformation
d’un léger réseau soyeux.
La Liparis salicis L. apparaît en général par invasions et
devient nocive surtout dans les oseraies où elle peut anéantir
la feuillaison d’une saison. Il est possible de lui faire la guerre
en raclant les œufs, en écrasant les Chenilles ou les Cocons
fixés aux branches.
Deux Hyménoptères, le Vematus septentrionalis L. (dont
nous avons donné la description dans le chapitre des « Bouleaux »)
et le N. salicis L., sont, à l’état larvaire, également nuisibles
aux feuilles de Saules.
18. Alisiers et Sorbiers
Sorbus aria Crantz., S. scandica L., S. latifolia Pers., S. chamæmes-
pilus Crantz., S. terminalis Crantz., S. hybrida L., S. aucuparia L.
Si le nombre des espèces de ce genre est élevé, il n’en est
pas de même des Insectes qui semblent redouter particulière-
ment les Sorbiers et les Alisiers pourtant si répandus dans
les taillis.
Il nous est impossible de donner une liste exacte des Insectes
qu’on peut trouver accidentellement sur les différents organes
de ces essences feuillues.
Jamais nous n'avons pu constater, par exemple, des Bostry-
ches en activité sur l’écorce des Alisiers ou des Sorbiers sains,
probablement parce que le bois de ces essences exhale une
odeur très prononcée qui éloigne les Xylophages. Il est fort
possible que l’un ou l’autre des ravageurs de l’écorce et du bois
puisse fortuitement pénétrer dans le tronc ou les branches à
moitié desséchées et brisées par le vent ou la neige, mais ce
sont là des cas exceptionnels qui ne peuvent être envisagés
dans ce « Traité ». De même, certains Buprestes (A grilus viridis L.
par exemple) ont été également trouvés dans l’écorce des Sor-
biers.
En ce qui concerne les dégâts observés sur les feuilles, nous
ferons remarquer que plusieurs des Lépidoptères polyphages
qui ont été mentionnés dans les chapitres précédents peuvent,
592 ALISIERS ET SORBIERS
lorsqu'ils apparaissent en masse dans les chênaies ou les hêtraies,
s'attaquer occasionnellement et par erreur ou par besoin aux
feuilles de certains Sorbiers ou Alisiers poussant dans les peu-
plements contaminés. Nous citerons comme rentrant dans cette
catégorie en particulier la Nonne et, parmi les Coléoptères, le
Hanneton.
En résumé les Sorbiers et les Alisiers européens sont parmi
les essences feuillues de la forêt, celles qui ont le moins à pâtir
des ravages dus aux [nsectes.
149. Robinier ou Acacia
Robinia pseudo-acacia L.
Le Robinier est aussi très pauvre en Insectes; cependant, il
compte quelques espèces monophages que nous indiquons
ci-dessous.
RACINES
Mèmes rongeurs que ceux mentionnés dans les chapitres
précédents.
ÉCORCE DU TRONC ET DES BRANCHES
Hylesinus fraxini L.
Voir : Chapitre des Frênes.
INTÉRIEUR DU BOIS
Un Coléoptère encore très peu connu de la famille des Scara-
bæidæ, le Valgus hemipterus L., recherche les essences feuillues
pour y déposer sa ponte, en particulier le bois de Robinier et
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 38
594 INTÉRIEUR DU BOIS
de Chêne. Les Larves fouillent le bois en voie de décomposition
et forent des couloirs à section elliptique (fig. 362). Les piquets
de Chène, Châtaignier et Robinier sont parfois attaqués par
Fig. 362. — Branche de Robinier (Acacia) fouillée par la Larve du Valgus hemipterus L.
1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris).
cet Insecte précisément au niveau du sol et sous terre, là où la
pourriture commence.
Xyleborus dispar Fabr.
Voir : Chapitre des Érables.
Re, LS de à à de D Sd à
ROBINIER OU ACACIA 595
Xyleborus Saxeseni Fabr.
Voir : Chapitre du Sapin.
Xyloterus domesticus L.
Voir : Chapitre des Bouleaux.
Cossus æscult L.
Voir : Chapitre du Châtaignier.
RAMEAUX
Une seule espèce semble déformer les rameaux des Robiniers,
c’est un Coccide, le Lecanium robintarium Dougl., dont les Larves
sucent les feuilles tendres et aussi l'écorce des rameaux en voie
de formation (1).
FEUTLEÉES
Noctua aceris L.
Voir : Chapitre des Erables.
Melolontha vulgaris L.
Melolontha hippocast Fabr.ani
Voir : Chapitre des Chênes.
GRAINES
Les graines du Robinier peuvent être ravagées par un Coléo-
ptère, le Bruchus villosus Fabr., qui, sous la forme parfaite, pénètre
dans la gousse et y dévore les graines tendres (fig. 363). La
(1) Pas de ravageurs des Bourgeons.
596 GRAINES
Fig. 363. — Gousses du Robinier (Acacia) avec ravages du Bruchus villosus Fabr.
1/1 gr. nat. (orig.).
Chenille de la Tinea sericopeza ZI. commet aussi les mêmes
dégâts.
INSECTES UTILES
Les Insectes utiles sont en infime minorité comparativement
aux centaines d’espèces de ravageurs dont nous avons étudié
les principaux représentants dans ce Traité. Certains Insectes
sont les auxiliaires indirects des forestiers, en ce sens qu'ils
vivent aux dépens des ravageurs des bois. Plusieurs de ces
derniers — nous l’avons vu en décrivant l’évolution de la Nonne,
par exemple — pâtissent également d'infections crvptogami-
ques qui provoquent des maladies chez les ravageurs et souvent
l’arrèt complet d’une invasion.
Nous ne pouvons allonger démesurément notre étude en
énumérant tous les Insectes qui vivent aux dépens des Insectes
nocifs; qu'il nous suffise de signaler, parmi les Coléoptères, les
Calosoma sycophanta L. (PI. V, fig. 8 et 8 a) et C. inquisitor L.,
deux Carabides qui, soit à l’état de Larve, soit à celui d’Insecte
partait, dévorent les Chrysalides et les Chenilles de la Ziparis
dispar L. du Bombyx pint L. et de la Liparis monacha L. Parmi
les Staphilins, on peut signaler le Staphylinus erythropterus L.
qui se jette sur les Insectes morts ou sur ceux qui sont arrêtés
dans leur évolution par une cause quelconque. Enfin le Clerus
formicarius L. (PI. V, fig. 9 et 9 a) fait la chasse, dans les galeries
de lécorce, aux Larves et Nymphes de certains Bostryches,
Pissodes et Cérambycides.
Certains Diptères, les Tachines par exemple, jouent un rôle
important comme entomophages, en ce sens qu'ils déposent
598 INSECTES UTILES
sur les Larves, Chenilles ou Nymphes leurs œufs dont les Larves
minuscules pénètrent dans leurs hôtes, y opèrent une partie
de leur évolution et provoquent la mort rapide des Insectes
aux dépens desquels ils tirent peu à peu leur nourriture.
Mais ce sont incontestablement les /chneumons (Hyméno-
ptères) qui jouent un rôleimportant dans l’existence des Insectes
forestiers. En effet, ces parasites vivent à l’état larvaire sur les
Insectes de tous les ordres qui opèrent des ravages en forêt.
Les Ichneumons sont ou monophages ou polyphages et se
répartissent en un nombre considérable de groupes, de genres et
d'espèces. Enfin les Fourmis sont utiles en faisant la chasse à
une foule de ravageurs des bois.
Nous ne pouvons entrer dans d’autres considérations de
détail touchant les Insectes nuisibles dont l’évolution présente
parfois un intérêt capital, lors des invasions de Chenilles des
Bombycides par exemple.
Le lecteur aura l’occasion de prendre connaissance de ces
procédés prophylactiques dans les « Conclusions ».
CONCLUSIONS
Le lecteur qui nous aura suivi Jusqu'ici dans la description
des Insectes nuisibles aux essences de la forêt européenne, aura
acquis la conviction que chaque espèce d'arbre réagit diffé-
remment contre les ravageurs xylophages ou phytophages.
A part quelques exceptions (Cossus ligniperda L., Xyleborus
dispar Fabr., Liparis dispar L., Melolontha vulgaris L., ete.),
on peut affirmer que chaque Insecte qui vit aux dépens des
végétaux a ses préférences, sa vie propre, des mœurs particu-
lières et provoque des dégâts particuliers qui constituent le
critère de lespèce.
Si cette diversité dans l’évolution, l'instinct et les goûts
n'existait pas, la forêt serait impitoyablement condamnée et
le sylviculteur resterait désarmé devant une tâche tout à fait
hors de proportion avec les moyens dont 1l dispose. La nature
est tellement bien équilibrée, que la forêt, sauf certains cas qui
constituent plutôt des exceptions, est en état de se maintenir
sans être anéantie par les invasions de ces êtres minuscules dont
l’évolution ne peut se produire qu'au dépens de la matière
ligneuse. On peut affirmer que, lorsqu'une puissance nocive
prend le dessus, elle est en général la conséquence d’un acci-
dent météorologique (cyclone, avalanche, sécheresse), et Le plus
souvent encore, le fait d’une erreur de traitement cultural.
600 ._ CONCLUSIONS
Les exemples ne manquent pas pour prouver cet axiome. Nous
n'en citerons qu’un, celui des invasions répétées de la « Nonne »
dans les forêts d'Allemagne dont le traitement est depuis un
demi-siècle orienté vers une production intensive, mais peut-être
au mépris des lois organiques culturales. Cette culture métho-
dique qui, d’un côté, a eu incontestablement pour effet d’aug-
menter la rente de la forêt, a, de l’autre, placé celle-ci dans des
conditions défavorables au point de vue de la résistance contre
les attaques des parasites. Actuellement, après de néfastes
constatations, la sylviculture européenne réagit contre cette
tendance et de tous côtés s'élève le cri de « Retournons à la
nature » qui, au-delà des frontières, trouve un écho dans tous
les milieux sylvicoles progressistes.
II
La forêt résineuse pure, qui, en général, donne les meilleurs
rendements, est infiniment plus exposée aux ravages des Insectes
que le peuplement composé d’essences résineuses et feuillues
ou encore que celui uniquement formé d’arbres à feuilles
caduques. En effet, le pouvoir de reconstitution de la frondaison
permet aux feuillus de réparer les brèches que peut avoir eau-
sées l’année précédente un dépouillement de la couronne par
les Insectes.
Avec les résineux, la reconstitution des organes d’assimi-
lation est moins certaine et plus lente; par conséquent, ces
derniers sont incontestablement plus vulnérables. En outre,
le groupe des Xylophages de l’écorce des Conifères comprend
des individus autrement plus actifs et redoutables que celui
des Insectes vivant aux dépens des couches corticales des
feuillus.
Nous courons avec les résineux un double danger: d’une
part, celui d’une destruction rapide et irrémédiable lors des
invasions intensives de l'appareil d’assimilation aérien; d’autre
part, un danger beaucoup plus grand de désagrégation rapide
CONCLUSIONS 601
de l’écorce, que chez les essences à feuilles caduques. En effet,
l’écorce est la cuirasse protectrice des organes essentiels de la
circulation. Privé de cette protection, l'arbre ne tarde pas à
succomber et c’est cet organe que la technique forestière doit,
lors d’invasions présumées de Xylophages, tendre à préserver
contre toute atteinte et maintenir en pleine vitalité.
III
Les facteurs qui, en dehors de l'intervention malheureuse de
l’homme agissant par application de mesures culturales erron-
nées, peuvent favoriser l'extension et la propagation des inva-
sions d’Insectes, sont surtout d’ordre météorologique. Derniè-
rement, nous en avons eu en Europe deux exemples frappants.
Ce sont les sécheresses des années 1906 et 1911, lesquelles,
suivant les régions, ont décimé les cultures artificielles récentes
en provoquant le dépérissement de peuplements entiers ins-
tallés dans des conditions anormales et dans des stations ne
correspondant pas à leurs exigences propres. Nous faisons
surtout allusion à l’Épicéa cultivé en dessous de sa station
naturelle dans des régions de plaine où, privé de précipitations
atmosphériques suffisantes, il a été anémié et a succombé finale-
ment aux atteintes des Bostryches.
IV
L'avenir forestier est à la production des bois d'œuvre et à
la diminution de la proportion des bois de feu, par consé-
quent à l'extension de la futaie. La terre en général et le conti-
nent européen en particulier, ne sauront bientôt plus où trouver
le bois de service que réclament l’industrie et les constructions
sans cesse en voie d'extension. Nous pouvons en outre, serrant
les faits de plus près, affirmer qu'avec la généralisation de
l'emploi du fer et du béton qui tendent toujours plus à remplacer
602 CONCLUSIONS
les bois durs, le Chêne par exemple, ce sont les bois résineux
qui seront de plus en plus demandés à la forêt.
Les taillis et le taillis sous futaie en particulier, qui consti-
tuent une notable proportion de la forêt française, sont bien
à l’abri des ravageurs les plus communs et redoutés des peu-
plements équiens résineux. Cette catégorie-là de forêts est
bien moins exposée à être compromise que les pessières bava-
roise, saxonne, où la pineraie champenoise ou du Brandebourg
dont les arbres se développent trop schématiquement en ordre
régulier, quand ce n’est pas, en outre, sur un sol d’une nature
peu fertile.
Ces deux types de forêts bien différents constituent les deux
extrêmes; entre ceux-ci, on peut intercaler la futaie feuiliue pure
qui pâtit relativement peu des attaques des Insectes, et la
futaie mélangée de feuillus et de résineux qui, par la diversité
de son facies cultural, revêt forcément un caractère jardinatoire,
qui exclut les vastes peuplements purs et uniformes ainsi que la
régénération uniquement artificielle. Si nous faisons abstraction
des régions les plus basses du nord du continent européen, dont
le climat maritime assure à la futaie feuillue un aspect luxuriant
et un développement rationnel, nous pouvons admettre que à
peu d’exceptions près (par exemple, les pineraies sur sol sablon-
neux de qualité inférieure), la plus grande partie des forêts
européennes peut, au moyen d’un traitement cultural approprié,
être petit à petit ramenée à la nature, c’est-à-dire constituée
d’essences mélangées et d’âges différents.
V
Notre préface fait ressortir l’émulation qui règne actuelle-
ment parmi tous les amis de la forêt et particulièrement en
France chez les propriétaires du sol, que ee soit l’État qui cherche
à entraver l'érosion dans les Hautes-Alpes, ou les communes
et les particuliers de la plaine ou des coteaux d'altitude moyenne,
qui désirent mettre en valeur des terrains abandonnés par
CONCLUSIONS | 603
agriculteur, le viticulteur ou le pâtre. On reboise de tous côtés,
à toute altitude et dans des circonstances les plus variables,
En France particulièrement, le monde des forestiers qui a
pour tâche de cultiver la futaie feuillue et le taillis composé,
n’a heureusement pas été appelé jusqu’à présent à lutter en
erand et d’une manière permanente contre Îles Insectes des-
tructeurs de la forêt. Les sylviculteurs allemands, autrichiens
et russes, qui traitent surtout des peuplements résineux, ont
une tâche singulièrement plus compliquée.
Nous pouvons prédire, en ce qui concerne les conditions
françaises et avec l’extension toujours plus grande des surfaces
forestières plantées de Conifères, que le danger d’invasions
de Xylophages et de Phytophages ira sans cesse en grandis-
sant. Comment prévenir le mal et empêcher dans une certaine
mesure ce danger futur? Car, il faut bien le reconnaitre, on
ne crée pas de nouvelles surfaces de taillis ou de futaies feuillues,
mais plutôt des pessières et des pineraies qui, par leur nature
et le caractère d’uniformité de leurs peuplements, constitueront
pour les Insectes nuisibles de favorables champs de propaga-
tion. Là encore, nous répéterons aux reboiseurs la devise
« Retournons à la nature », et, lorsqu'ils auront à élaborer des
projets de reboisement, nous leur conseillons d'étudier à fond
les exigences du sol et les conditions climatériques, puis de
chercher à créer des massifs aussi panachés que possible en
groupant par petits paquets des espèces ligneuses variées et
surtout en mélangeant intimement les feuillus aux résineux.
Assurément cette diversité dans le choix n’est pas toujours
possible et dans bien des cas on devra se contenter d'installer
seulement deux essences sur la même surface; cette solution
permettra d’obtenir, au point de vue protection, des garanties
plus certaines qu'avec le peuplement pur.
Nous ne saurions assez insister sur la nécessité qu’il y à de
faire en art forestier de la culture intensive et d’éduquer des
peuplements sains dont chaque arbre soit placé dans les meil-
leures conditions hygiéniques en vue de mieux résister aux
attaques des Insectes.
604 CONCLUSIONS
La culture intensive, les éclaircies précoces, lécorçage et
l'enlèvement rapide des chablis, une surveillance minutieuse
des boisés sont tout autant de mesures qui diminuent dans
une notable proportion les chances d’invasion et d’extension
des Xylophages et des Phytophages.
En France, où la forêt privée occupe plus de la moitié de la
surface boisée, on n’a pas encore compris que la culture intensive
et méthodique ne sera obtenue que lorsque tous les particuliers
possédant de grandes forêts auront confié la gestion de ces der-
nières non pas à des comptables, mais bien à des gens du mé-
tier, soit à des agents sortis d’une école forestière supérieure.
NII
Aux États-Unis, on est actuellement aux prises avec les
dégâts provoqués dans les cultures fruitières et forestières par
la Liparis dispar L. et la Liparis chrysorrhoea L. Aussi a-t-on
créé, de l’autre côté de l'Océan, un vaste service d’'Entomologie
pratique qui a pour tâche d’étudier les diverses manifestations
de la vie des Insectes nuisibles et plus spécialement d’assurer
la diffusion et la propagation des parasites des Insectes nuisibles.
Jusqu'à présent les premières expériences tentées semblent
couronnées de succès (VuILLeT, 1911) et il y a bien des chances
pour que cette nouvelle branche de la protection forestière
prenne de l’extension; il faut espérer que la vieille Europe
entreprendra à son tour des essais de ce genre.
VII
En résumé, l’extension des invasions d’Insectes dépend en
tout premier lieu des conditions météorologiques, puis de la
nature des peuplements, de leur composition, de leur état de
conservation et enfin de la vigilance du personnel forestier
CONCLUSIONS 605
supérieur et inférieur. Plus ce dernier connaîtra la vie des
Xylophages, plus son intervention pourra devenir efficace.
Espérons que le Traité d’'Entomologie forestière contribuera
dans une certaine mesure à augmenter ces connaissances de
zoologie appliquée ayant comme corollaire la conservation et
le maintien de la forêt européenne.
APPENDICE
Un certain nombre d’Insectes d'intérêt et d’importance
secondaires n'ayant pu être intercalés à temps dans les chapitres
précédents, nous les groupons ici suivant le plan admis, c’est-
à-dire d’après les espèces ravagées.
Épicéa. — Brachyderes incanus L. A l’état de Larve, ce
Charançon est nuisible aux racines d'Épicéa et, sous sa forme
parfaite, aux aiguilles. Voir : Chapitre des Pins.
Cecidomyia abietiperda Hensch., Cecidomyia piceæ Hensch.
sont deux Diptères dont les Larves vivent dans les bourgeons
cet les pousses d’Épicéa où elles s’entourent d’une petite galle
ovoide. Le dégât est rare, mais peut cependant détruire la
flèche des arbres.
Sapin blanc. — Nous avons cité en note, page 165, le
Chermes piceæ Ratz. comme un des ravageurs importants du
Sapin blanc. Depuis l'impression du chapitre du Sapin blane, cet
Insecte s’est révélé comme très nuisible, en particulier dans
les forêts de la ville de Heidelberg. Tout dernièrement, nous
apprenions par une communication privée de M. Du PAsQUIER,
inspecteur des Forêts, à Areuse (Neuchâtel, Suisse) que cet
Insecte vient d’envahir les sapinières exposées au midi du
608 APPENDICE
bas Jura neuchâtelois, provoquant le desséchement et la mort
Fig. 364. — Chermes piceæ Ratz. sur des rameaux de Sapin. a, femelles pondeuses (forme
« Exulans ») ; b, pousses de l’année avec déformation des aiguilles. 1/1 gr. nat. (oriq.).
rapide de Sapins de tout âge. Les moyens propres à combattre
cet ennemi sont encore à trouver.
Pins. — Chrysobothrys solieri Lap. est un Bupreste voisin
de l’Anthaxia quadripunctata L., dont la Larve creuse des
galeries sinueuses dans le liber et l’aubier des Pins.
Buprestis martana L., très voisin du Buprestis berolinensis
Hbst. que nous avons décrit dans le chapitre du Hêtre, a une
Larve longue d'environ 30 millimètres et qui vit dans le bois
dépérissant des Pins.
Spondylis buprestoides L. est un Longicorne assez fréquent
dans les pineraies du Midi. Sa Larve, longue de 30 à 35 milli-
APPENDICE 609
mètres, munie de pattes assez développées, est d'un violet pâle,
translucide. L’Insecte parfait, qui mesure de 15 à 22 millimètres,
est noir, mat; chacun de ses élytres porte deux lignes relevées
n’atteignant pas l'extrémité.
Lamia ædilis L. est un Cérambycide caractérisé par ses
A |
Fig. 365. — Galeries creusées dans le Pin maritime par la Larve de Hesperophanes
cinereus Villers. 1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris).
antennes qui chez le mâle sont cinq fois plus longues que le
corps. La Larve creuse des galeries sinueuses dans les bois des
Pins avec berceaux de nymphose en forme de crochet entaillé
dans le bois.
Hesperophanes cinereus Villers est également un Cérambycide
ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 39
610 | APPENDICE
dont la Larve perfore les troncs du Pin maritime; c’est un
Xylophage propre au Midi et que les forestiers du Centre et
du Nord de l’Europe n’ont pas l’occasion de rencontrer. La
figure 365 donne la reproduction de ses ravages.
Enfin la Chenille d’un Papillon, l’Orgyia selenetica Eps.,
ravage les frondaisons des Pins et des Mélèzes.
Mélèzes. — L'’Orgyia selenetica Eps., citée ci-dessus.
Chênes. — Phyllopertha horticola L. Voir : Chapitre des
Aunes.
Callidium lividum Rossi est un Cérambycide dont les mœurs
et les forages dans le bois de Chêne et de Châtaignier rappellent
ceux du C. bajulus L.
Le Cossus æsculi L., également connu sous le nom de Zeuzera
pyrina L., et que nous avons décrit dans le chapitre du Chà-
taignier, a été récemment signalé par DE PEYERIMOFF (1912)
comme causant des ravages très sérieux aux Chênes-lièges
d'Algérie. Ce forestier entomologiste préconise l’emploi de
capsules gélatineuses pleines de sulfure de carbone qu’on intro-
duit dans les galeries logeant les Chenillès en activité.
Hêtre. — Platypus cylindriformis Reïtt. Voir : Chapitre
des Chênes.
Peupliers. — Xyleborus Pfeili Ratz. Voir : Chapitre des
Aunes.
Tilleuls. — Les feuilles de Tilleuls peuvent porter des
galles d’Eriwphyes ti1æ Pag. (fig. 366).
Fig. 356. — Feuilles de Tilleul déformées par l’£riophyes Uliæ Pag. 3/4 gr. nat.
(orig. coll. Museum. Paris).
612 APPENDICE
Saules. — Le bois en décomposition du Saule est fouillé par
Fig. 367. — Tronc de Saule perforé par la Larve de la Mordella fasciata Fabr.
1/1 gr. nat. (orig. coll. Muséum, Paris).
la Larve d’un Coléoptère, la Mordella fasciata Fabr. (fig. 367).
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INDEX DES GENRES ET DES ESPÈCES
Acrobasis consoctella Hb.
— Zelleri Rag..
Acronycta aceris Ochsh.
Ægosoma scabricorne Scop.
A gelastica alni L. .
Agrilus angustulus Ilg.
— auricollis Kies.
— betuleti Ratz.
— bifasciatus Oliv. .
— biguttatus Fabr. .
— elongatus Hbst.
— elongatus Hbst.
— sexguttatus Hbst.
— _ subauratus Gebl.
— undaitus Fabr. . .
— viridis L.. 5
Amphidasis betularia Tr. .
Andricus rhizomæ Htg. .
— testaceipes Htg.
Anisoplia ænea De Geer.
Anobium abietis Fabr.
= angusticolle Ratz. .
— domesticum Fourc. .
. emarginätum Duft.
— longicorne St. .
— molle L. .
— nigrinum Strum.
— pertinax Li. . ,
— pini Strum. .
— plumbeum VI. .
_ rufovillosum De Geer.
— tesselatum Fabr. .
Anomala Fritschi Fabr.
Anthaxia quadripunctata L.
Anthomyia rufipes Meig. .
Anthonomus varians Payk. .
Apate bispinosa Oliv. .
— capucina L.
— pustulata Fabr..
— sexdentata Oliv..
Pages
403
403
525
485
562
326
499
459
327
326
326
420
477
326
333
323
475
361
361
240
130
130
98
2
O1 OL OU NH O1
rs
QT EU
=)
SJ
D) > > 12 O2 CO CO 9 © RS
e2
JO +
12
©
Apoderus coryli Oliv. . Dee
Aspidiotus abietis Schrk. . .
— pini Htg. <
— populi Bärsp. .
— salicis L. UE
Argyresthia lutipenella Hbn. .
— Zelleriella Hig.
Aromia moschata Serv.
Attelabus curculionoides L. .
Balaninus elephas Gyll. . .
— glandium Marsh.
h _— nucum L. :
— tesselatus Fourc.
= venosus Grerm. VAR
Barypeithes araneiformis Schrank.
Biorhiza pallidæ Oliv. .
Boarmia crepuscularia Hbn.
Bombyx lanestris L.
— neustria L.
— pin L.
RO TOR CUS ET -
Bostrichus geminatus Zett.
— 5 lineatus Adams.
— octodentatus GyIl. .
— stenographus Duft.
— villosus GyIL. . .
— villosus Ratz.
Brachyderes incanus L.
Bruchus villosus Fabr..
Bupalus piniaria Leach. .
Buprestis berolinensis Herbst.
— cyanea Fabr.
— decastigma Fabr.
— decipiens Mannerh.
— fagi Ratz.
— mariana L. .
— rustica L. .
. rutilans L.
_ variolosa Payk.
Pages
369
279
279
489
489
405
303
570
368
Æ
Derek me
© ln OA
ST
O1 Où
© CO
+
620 INDEX DES GENRES
Pages
CaltiuMm bal SEEN 5
— fusC UMA GISEMENT ENS 9
— hungaricum Hbst.. . . 522
—- insubricum Germ. . . . 522
— LOU UM AE OSSE NE RENE 0
— LU TURAL RENE 0h29 S
— pygmæum Fabr.. . . . 567
— sanguineum L. . . . . 424
— CAIN A ENT VEN COM P
Calosoma inquisitor L. . . . . . 597
— SUCOPRAMAUE 2 C025 00507
Calotermes flavicollis L. . . . . . 223
GanthariSTUsS COM C2 70
— OOSCUTONI ENCORE ES O0
— TUSUCONE ALERT ERES 61]
Carabus auratus L. . . Ne UEDS,
Carphoborus minimus Eichh. 00210
Carpocapsa splendana Tr. . . . . 416
Cecidomyia annulipes Th. Htg.. . 449
— abietiperda Hensch. . 607
— JagveDh Es CN TOR
= Kellneri Hensch. . . 304
— piceæ Hensch. . . . 607
— saliciperda Duft. . . 579
— SULICIS ISCOTR SEE SE
— terminalis H. Lôw.. 584
Cerambyx alpinus L. . - |. . . . 424
GHADN RETARD Le, DRM
— CETUDESCOD ER RE IS 20)
— RETOSÉRAIDT REP TE
— D IL NE MO EE 89
—_ MOSCRALUSA I RE TN 70)
— Scopolit Fussl. . . . . 349
— Scopolii Laich.. . 424, 454
_ POrRLAOTEN IT PR NE RE EN !;
Cheimatobia brumata L. . . . . . 395
Chermes abietis Kitb. . . . . . . 102
corticalis Kitb. ARE |
— laricis Th. Htg. AO LE Re
— DiCe IE AIZ IG 5 20607
— strobi Htg. . . Rp |
— strobilobius Kitb.… ee l0S
Chrysobothris solieri Lap. . . . . 608
Chrysomela æneaL.. . . . . . . 564
— DO DURE te 0
— tremulæ Fabr.. . . . 493
. versicolora Laïich. . . 585
_ otennensis Schrk. . . 585
— AIN DE ES MENT TE
— oulgatissima L. . . . 585
Cicindela campestris L. . . . . . 25
Cimbex variabilis Klug. . . . . . 420
Cionus fraxini De Geer. . . . . . 536
Cladius viminalis Pall. . . . . . 495
ClerusNormicarn us MEN PRE 07
CiytuSIoreuutUuS NEC 38
der UUsS NE ER TES 0
ET DES ESPÈCES
Clytus tropicus Panz.
Cneorrhinus geminatus Fabr.
— plagiatus Schall.
Cnethocampa pinivora Fr. . .
— pityocampa Schif.
— processionea L.
Coccus fagi Bärensp. . .
— fraxint KItb. .
— quercicola Sign.
um iGeottr
Coleophora laricella ZM. .
Coroebus bifasciatus Lap.
— undatus Fabr. .
Cossus æsculi L. . .
mn COSSUS SEE
— ligniperda L. . :
Cryphalus abietis Ratz. . .
— asperatus GYyIl. . .
— fagi Fabr. . .
— Grothi Hadg.
— piceæ Ratz. .
— Schreineri Eichh.
tiliæ Panz. ue
Creil abietis Suffr. . .
— pini L. . :
Cryptorrhynchus Lapathi LL.
Crypturgus cinereus Hrbst. :
— mediterraneus Eichh. .
— numidicus Ferrari. .
— pusillus Gyll. . - 79,
Curculio abietis Ratz . SR à
LL iercynie AR al Zee
— pu Ratz...
Cynips aptera Fabr.. .
Dasychira pudibunda Stph.
— ISUliCIS IE 0 DE
Dendroctonus micans Kug. . .
Dermestes piniperda L.
Dioryctria abietella Zel].
Dorcus parallelipipedus L. .
Dryocoetes alni Georg. Pr
— autographus Ratz. .
— villosus Fabr.
Eccoptogaster destructor Ratz . .
— intricatus Ratz.
— multistriatus Ratz. .
— scolytus Ratz. .
Elater æneus L. . . PAR AP LIRE
— ærUginosus Ov
— aterrimus L.
— lineatus L... ë Se
— marginatus L.. . . . 173,
— subfuscus Mull. . . . 317,
— tesselatus L. . LAVE SU TE
Endromis versicolora L. .
Pages
340
420
475
INDEX DES GENRES ET DES ESPÈCES
Pages
PTE OLES MODE AU AMENE DER RENTE
Eriophyes dispar Nal. . . . . . . 497
-- TITERR AC AN OR EN 010
Ernoporus fagiThoms "1. 424
— Re OMS MAN 0209
HRCONIGPG PILE EEE EC EL 0 0
Fonmicurherculean AE En 2
0 Heniperdaibair MEET 2
NU AE PE En SRE 204
Galeruca alniL. . . . 7-0
— calmariensis Fabr. 0010
D CO DTOR LT AIDE EC de 00
D DURICOITID UE 0 00297
— æanthomelaena Schrk. . . 516
Gastropacha lanestris L. . . . . . 471
— D'RAOGChS NES METEO 2 A1
Geometra aurantiaria Esp. . . . 395
- DELUIORLOA EE NE EN RE) 5
— Dore On MEN RSS
— brumata L. . . 000
— crepuscularia Hbn. ANT TIGE
_ deJOLORLA TEE OMR SE
— BESCUIATLANN EN ENTER M3 095
— TURIN TERRE RE DE 265
— piniaria L. . . A 0260
= progemmarta Hp. DRM NE
— PTOSDDIOrRIOEENNREE ON 205
Glyptoderes ain bind: … : : 549
— binodulus Ratz. . . . 478
— granulatus Ratz. . . 477
Gracilia minuta Fabr. . . . . . . 567
Grapholitha ocellana Fab. . . . . 313
— LUC CIRE RER 6
Cryllo alpaQul ea 31
GPU USIETRUTIOLU IP ONE RPNMENP ENS 1
Hiahas®chloran ae EC 586
— D IPrASINONOANE EE de le 0. 2 CEE)
Hioticnrernuee OPEN MEN MS 18
—Nauercetorum FOUdr. "11378
Hamaticherus cerdo L. . . . . . 344
Heliopathes gibbus Fabr.. . . . . 170
Hesperophanes cinereus Villers. . . 609
— nebulosus Oliv. . . 559
Hroerniadefohiara li. Un 392
Hylastes angustatus Hbst. . . . . -172
UOTE AY OUEN QE CAT
— GULETUL DES PET RE
— çunicularius Er. . . . . 36
— decumanus L. . . . 80, 288
— glabratus Zett. . . . . . 288
RO DOCS EI EE EN ones te 192
Hylesinus crenatus Fabr.. . . . . 531
— IRON ADTAERNAE 2.010527
— MLLCONS RATE IE 72
Hylesinus minor Hlg. . .
— ornt Fuchs. . .
= palliatus GyIl. . .
— piniperda GyIl. .
— polygraphus Ratz. . .
Hylobius abietis L. è
— piceus De Geer. ;
— pinastri GYyIL . .
— pineti Fabr.
Hylotoma enodis Li. . . . .
— pullata Zadd. . .
Hylotrupes bajulus Serv.. .
Hylurgus ligniperda Fabr. . .
Tps spinosus De Geer.. .
— typographus Reitter.
Lachnus abietinus Koch.
e exsiccator Alt.
NO Eti:
— longirostris Alt.
— piceæ Fabr.
— pineti Fabr. .
A A CUT L'Est
— pinicolus KItb.
= MONQUETCUS LI ee
—_ roboris L. .
Lacon murinus L.. .
Lamia ædilis L
— fasciculata De Geer. Le
— galloprovincialis OL . .
— sartor Fabr.
— sutor L...
— txtor L.. .
Lasiocampa pini Latr .
Lecanium cambii Ratz.
— robiniarium Dougl,
Leptura scutellata Fabr.
Limentis populi L. .
Lina longicollis Suffr. . .
— populti L.. .
— tremulæ Fabr.. .
Liopus nebulosus L.. . .
Liparis chrysorrhoea L. .
—" detria ESP...
UE) ol VON
— monacha li. . .
— salicis L...
— similis Füssl.
Lophyrus elongatulus Klug. .
— pallidus KI. . .
— pallipes Fall. .
— DInvV IE 0.
-- rufus Ratz. . .
— similis Htg.. .
Lucanus cervus L. ;
Lyctus canaliculatus Fabr.
622
Lyctus unipunctatus Herbst.
Lyda campestris L.
— erythrocephala id
— hypotrophica Htg.
— pratensis Fabr.
— stellata Christ. .
Lymantria monacha L.
Lymexylon dermestoïdes L. .
— navale L.
Lytta vesicatoria L.
Macrophya punctum Fabr. .
Magdalis duplicata Germ. 101,
— memnonia Fald. . .
— phlegmatica Hbst. .
— oiolacea L. . 104,
Megachile centuncularis L. . :
Melasis buprestoides L. . . . 465,
Melolontha fullo L. Ur
. hippocastant Fabr. .
— solstitialis L. . .
— oulgaris L..
Metallites atomarius ON.
— mollis Germ.
Molorchus minor L. SES
Monohammus Orne Le O1.
Mordella fasciata Fabr.
Myelophilus minor Htg. .
= piniperda L.
92
Necydalis abbreviatus Panz.
_ major L.
Nematus abietinus Christ.
— abietum Htg..
— Erichsont Htg. . .
— laricis Htg.
— pentandræ Ratz.
— septentrionalis Ratz.
— Wesmaeli Fischb.. .
Noctua aceris L.
— apriina L.
— cæruleocephala L.
— coryli L. A
= griseovariegata Gœ@ tze.
_— piniperda Panz..
— incerta Hin..
— pulverulenta Esp.
— segetum Schiff.
— trapezina L.
_ valligera Hbn.
— vestigialis Rott. .
Oberea oculata L. . .
Ocneria monacha Hbn.. .
Ocnerostoma copiosella ZI. . .
Opatrum sabulosum L.
— tibiale Fabr. . .
=
Q0
12
>
ONCO CON NE EU ES
Qt © LL D &
JO = =, D D ND
&
INDEX DES GENRES ET DES ESPÈCES
Orchestes fagi L.. .
— ulicis Fabr.
— populi Fabr. .
— quercus L. .
Orgya antiqua L. ...
— pudibunda L.
Orgyia selenetica Eps.
Orychtes nasicornis L.
Otiorrhynchus niger Fabr.
— ovatus L.
Lo]
CE |
le]
Û
Pediaspis aceris Foerst.
Pemphigus bursarius L. . .
— nidificus Fr. Ms
— Poschingeri Holz. .
— pyriformis Licht. .
Phalera bucephala L. è
Phlæopthorus rhododactylus Chap.
Phthorophlœus spinulosus Rey.
Phycis abietella Zk. . . 130,
— elutella Hbn. ARE
— sylvestrella L. 150,
— tumidella Zk.
Phyllobius argentatus L.
— glaucus Scop.
= maculicornis Germ. .
— oblongus L. .
— piri L. PRE
— etridicollis Fabr.
Phyllotoma aceris KI{b.
Phylloxera quercus Fousc.
Phytoptus calycophthirus Nal. .
_ fraxini Nal.
— macrotrichus Nal. .
Pieris crataegt L. . . . .
Pissodes harcyniæ Hbst.. .
— notatus F.
— piceæ IL.
— pu L. ;
— scabricollis Mill.
— strobili Redtb.
— palidirostris GYIl. . .
Pityogenes chalcographus Bedel. .
Pityophthorus exsculptus Ratz.
_ slabratus Eichh. .
== Lichtensteini Ratz.
= macrographus Schr.
= micrographus Gyll.
Plagionotus arcuatus Muls. .
Platypus cylindriformis Reïtt.
— cylindrus Fabr.
Pogonochærus fascicularis Panz.. .
Polydrusus cervinus L.. .
— micans Fabr. 360,
Polygraphus grandiclava Thoms. .
— polygraphus Reïtt. .
— pubescens F. .
316,
Pages
431
368
489
367
4k74
436
610
26
39
39
INDEX DES GENRES ET DES ESPÈCES
Pages
Polygraphus subopacus Thoms. . 76
Porthesia chrysorrhoea L.. . . . . 379
Psilura monacha Stph. . . . . . 109
Plitinus costatus Gyll. . . . . . 358
CN DECILILICONNIS ec 130
Putonia antennata Sign. . . . . . 296
PUtROIdeTEssSUsS TT LE 00289
Retinia buoliana Schiff. . . . . . 233
= ROUDIAR CAD RE 00250
Mars aroiant El SC C0MI66
TRUE ALES ET NME E 0)
orne El TU EME
Rhagium bifasciatum Fabr. . . . 153
— indigator Fabr. . . . . 153
— INQUIS UOTE ED Ne HIS 2
= MmordarelGeer EM 01337
= sycophanta Schrk. . . . 337
Rh:zotrogus solsticialis L. . . . . 279
Rhynchites alni Mull. . . . . . . 434
— HÉNE NES CARE TRE
— BELLE ADEME NS
— DODULDÉSTEREREERET Se 0 0
Rosalia alpina Serv.. .1. … . . … 2424
Saperda carcharias L. 480
— linearis L. . 545
— oculata L. 571
— popuinea L. À 482
— punctata De Geer.. 480
Sclizoneura abietina Koch. . 163
— compressa Koch. 545
= lanuginosa Th. Htg. 513
_ ulmi L. 515
Scolytus carpini Ratz. 043
_ Geoffroyi Gœtze. . 505
— intricatus Ratz. 340
— Kirschi Skal. 511
— lævis Chap. 511
— mulustriatus Maïrsh. 509
RÉCITS GRADE NE 513
— pygmæus Fabr. 511
— Ratzeburgi Lans. 459
— rugulosus Ratz. 163
— vestitus Muls.. . 513
— vittatus Fabr. 511
Selandria annulipes Klug. . 504
— nigrita Fabr. 541
Semasia zebeana H. Sch. . 300
Sesta apiformis L. 486
— asiliformis Rott. 396
— cephiformis Ochsh. 147
— conopiformis Esp. . 397
— crabroniformis Serv. 578
— culiciformis L. 467
— Cynipiformis Esp. 356
— formicæformis Esp. 576
— scoliæformis Bkh. . 168
Sesta spheciformis Grng. .
— sphegiformis Ratz..
— tabaniformis Rott..
Sinoxylon sexdentatum Oliv.
Sirex fuscicornis Fabr.
Msigas Ii.
— juvencus L. .
En Spectrum li
Sphinx ocellata L.
— pinastri L.
DTA trie
HO DODUIL IE
UT AUS Due
Spondylis buprestoides L.
Staphylinus erythropterus L.
Steganoptycha diniana Gn. In
— pinicolana Zell.
- rufimitrana H. Sch.
Stenocorus inquisitor Fabr. .
Strophosomus coryli Fabr.
d.
360,
= obesus Marsh. .
Taphrorychus bicolor Herbst.
— Bulmerinqui Kolen.
Tenthredo cingulata Fabr.
Termes lucifugus Rossi.
Tetraneura alba Ratz. .
— rubra I. Lcht.
— ulmi Ratz. .
Tetropium luridum L. .
Tinea amplana Hbn.
— cognatella Fr.
— complanella Hbn. .
— copiosella Frey.
— curtisella Don.
— dodecella L.
— ferrugana Tr.
— fuscedinella ZI.
— _ grossana Hw.
— lævigatella H. Sch.
— laricella Hbn.
— lutipenella ZI].
— miloipennis ZI.
— piniarella ZI.
— podana Scop.
— Reaumuriana Hein. .
— sericopeza ZI].
— splendana Hbn.
— splendidella H. Sch. .
— sylvestrella Ratz.
— syringella Fabr.
Tischeria complanella Hbn.
Tomicus acuminatus Gyll.
— amitinus Eichh.
_ austriacus Wacht.
— bidens Fabr. . .
— bidentatus Hbst.
. 130
>
623
Pages
OÙ 9 > Ot ot
> © OO O1 O1
O1 O1 © O1 Qt
-
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309
309
158
152
419
170.
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(Je)
©
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624
Tomicus bistridentatus Eichh.
— cembræ Heer.'
— chalcographus L. .
— curvidens Germ. .
— elongatus Lüwendal.
—- erosus Woll. . . .
== heterodon Wachtl.
= laricis Fabr. . .
= laricis Perris.
= lineatus Oliv.
— Lipperti Hensch. . .
— longicollis GYIl.
_ Mannsfeldi Wacht. . .
— monographus. Ratz . .
— nigritus Gyll.
— proximus Eichh.
— psilonotus Germ. .
— quadridens Htg.
— ramulorum Perris.
— rectangulus Eichh. .
— sexdentatus Bœrn.
— spinidens Reitt.
— suturalis GyIl. .
— trepanatus Nœrdl.
— typographus L. .
_ Vorontzowr Jacobs. . .
T'ortrix amplana H.. .
— caprimulgana Koch. . .
— comitana SChiff. . .
— Conwayana Fabr. .
— cratægana Hbn.
— duplicana ZI]...
— ferrugana Tr. . .
— grossana Hbn.
— histrionana Frœl. .
—. margarotana H. Sch. . .
— murinana Hbn:..
— nigricana H. Sch. .
— pactolana ZI. . .
— piceana L. . .
Pages
286
INDEX DES GENRES ET DES ESPÈCES
Tortrix pinetana Hbn.
— resinana Fabr.
— retiferana Woche.
— rufimitrana H. Sch. .
— splendana Hbn. .
— strobilana Hbn. .
— strobilella L.
— tedella CI.
- turionana Hbn. .
— oiridana L. . .
— zebeana Ratz. . .
Trachea piniperda Latr. . .
Trochilium apiforme L. .
Trypodendron domesticum Er. .
— lineatum Stph.
— quercus Eichh.
Vacuna betulæ Kalt.
Valgus hemipterus L.
Vanessa antiopa L. . .
— polychloros L.
Vespacrabro LB...
ue dispar Fabr. . .
dryographus Ratz.
— eurygraphus Ratzb.. .
— monographus Fabr. . .
= - Pfeik Ratz: |
— Saæxeseni Ratz. . .
Xylechinus pilosus Ratz.. .
Xylocopa violacea L. .
Xyloterus domesticus Er.
— lineatus Oliv. . .
— signatus Fabr.
Xyphidria camelus L.
— FRS RTE Fab à
Zeuzera æsculi Latr.
— pyrina L.:
—_————
NANCY-PARIS, IMPRIMERIE BERG ER-LEVRAULT
TRAITÉ D'ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE PI
LLA CN
A. BARBEY del. et pinx. SADAG, imp.
INSECTES DE L'ÉPICÉA
1. Lamia sartor L. — 2. Pissodes harcyniae Hbst. 3. Callidium luridum L. 4, Sirex
gigas L. — 5. Formica herculeana L. — 6, 6a. Grapholita tedella CI. — 7. Nematus abietum
Htg. 8, 8a. Tortrix histrionana Fr. — 9. Grapholita pactolana Zell. 10, 10a, 10b.
Liparis monacha L.
TRAITÉE D'ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE PIRE
A. BARBEY del. et pinx. SADAG, imp.
INSECTES DU SAPIN
1, la. Pissodes piceae [IL — 2. Tomicus curvidens Germ. — 3. Rhagium indigator Fabr.
— 4,7. Sirex juvencus L. — 5. Cerambyx bajulus L. — 6. Tortrix nigricana H. Sch.
8, 8a. Tortrix murinana Hbn. — 9,9a. Tortrix rufimitrana H. Sch. — 10. Rhagium inquisitor L.
TRAITÉ D'ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE PIRE
A. BARBEY, del. et pinx SADAGC, imp.
INSECTES DES PINS
1. Lophyrus pini L. — 2. Pissodes notatus F. — 3. Hylobius abietis L. — 4. Pissodes
pini L. — 5,5a. Retinia turionana Hbn. — 6. Sphinx pinastri L. — 7. Noctua piniperda
Panz. — 8,8a,8b. Retinia buoliana Schiff. — 9. Lophyrus rufus Rtzb.
TRAITÉ D'ENroMoLoGie FORESTIÈRE PIMIVE
az
%
TL RUE
Res.
Ddea
Pau,
SADAG, imp.
A. BARBEY del. et pinx.
| INSECTES DES PINS
1PAUa Ib -Bombyz pin Le 2, Noctua piniperda Panz. — 3, 3a, 3b. Fidonia piniaria Tr.
4 Phycis abictella Z: Ke 15,5; Cnethocampa pityocampa Schiff. — 6. Cnethocampa
pinivora Tr.
TRAITÉ D'ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE
2.
SADAG, imp.
A. BARBEY del. et pinx.
INSECTES DU PIN CEMBRO ET DU MÉLÈZE ET INSECTES UTILES
l; la. Tomicus cembrae Heer. — 2,2a. Tomicus bistridentatus Eichh. — 3, 3a. Tortrix
zebeana Ratz. — 4,4a, 4b. Tinea laricella Hbn. — 5, 5a, 5b. Steganoptycha pinicolana ZII.
__ 6,6a. Tinea laevigatella H. Sch. — 7,7a. Tinea copiosella Frey. — 8,8a. Calosoma syco-
phanta L. — 9,9a. Clerus formicarius L.
7
TRAITÉ D'ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE 21, VAL
7
4
sh SE À
MMA
A. BARBEY del. et pinx. imp. SADAG.
INSECTES DES CHÊNES
1. Cerambyx heros Fabr. — 2,2a,2b. Bombyx quercus L. 3. Agrilus bifasciatus Oliv.
4,4a. Bombyx neustria L. — 5. Xyleborus monographus Fabr. — 6. Geometra brumata
L. — 7,7a. Cnethocampa processionea L. 8,8a. Tortrix viridana L. — 9,9a. Liparis
chrysorrhoea L. -— 10,10a. Geometra defoliaria L. — 11. Scolytus intricatus Ratz. — 12.
Phalera bucephala L.
PI. VII.
TRAITÉ D'ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE
6.
SADAG, imp.
A. BARBEY del. et pinx.
INSECTES DU HÊTRE, DES BOULEAUX ET DES PEUPLIERS
1. Orchestes fagi L. 2, 2a, 2b. Liparis dispar L. — 3,3a. Orgya pudibunda L. — 4,4a.
5. Geometra boreata Hbn. — 6. Scolytus Ratzeburgi Jans. — 7. Chry-
10. Sesia
Bombyx lanestris L. —
- 8,8a. Callidium variabile L. - 9, Saperda carcharias L.
somela populi L.
tabaniformis Rott.
TRAITÉ D'ENTOMOLOGIE FORESTIÈRE PI. VIIL
A. BARBEY del. et pinx. SADAG, imp.
INSECTES DES ORMES, DES ÉRABLES, DES AUNES, DES FRÊNES
EM DESISAURES
l. Galeruca alni L. — 2. Cryptorrhynchus Lapathi L. — 3. Galeruca xanthomelæna
Schrk. — 4. Xyleborus dispar Fabr. O — 5. Xyleborus dispar Fab ©) — 6. Lytta vesicatoria
L. — 7. Cossus ligniperda Fabr. — 8. Sesia spheciformis Grng. — 9, Ja. Liparis salicis L.
-
AUX SYLVICULTEURS !
\
L'auteur du Traité d'Entomologie forestière se met à la
disposition des sylviculteurs et propriétaires forestiers pour la déter-
mination des dégâts causés par les Insectes des forêts.
Il est recommandé d’envoyer (par échantillon sans valeur ou
colis postal) des Insectes sous la forme parfaite ou larvaire, à l’état
vivant si possible et enfermés dans des boîtes métalliques avec orifices
d’air minuscules. Ces boîtes doivent être à moitié remplies de la nour-
riture habituelle de l’animal. Si les ravageurs sont découverts morts
dans leurs cachettes, il faut alors les expédier dans des tubes ou de
petites bouteilles renfermant de l’alcool.
Cependant, au point de vue de la protection, les ‘renseignements
les plus utiles sont fournis par l’examen des dégâts. Il faut, en consé-
quence et autant que possible, expédier les fragments de feuillage,
d’écorce ou de bois qui portent les traces de forage. Pour les branches
et les tiges de faible dimension, il est spécialement recommandé de ne
pas écorcer une section portant des traces de ravages, mais d'envoyer
cette dernière intacte à la lonqueur de 20 à 30 centimètres au moins.
Ces échanges de renseignements et de documents peuvent incon-
testablement faire progresser la science de l’entomologie forestière et
compléter, voire même corriger, certains faits biologiques observés
jusqu'ici d’une façon insuffisante.
ss A. BARBEY,
Expert Forestier,
à MONCHERAND-SUR-ORBE
(Vaud, Suisse).
NANCY-PARIS, IMP. BERGER-LEVRAULT — 277-185
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