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Full text of "Traité de paléontologie : ou, histoire naturelle des animaux fossiles considérés dans leurs rapports zoologiques et géologiques"

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HARVARD UNIVERSITY. 


LIBRAR Y 


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MUSEUM OF COMPARATIVE ZOÜLOGY. 
CNP. DIF / 


GIFT OF 


THEODORE LYMAN 


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Class of 1855. 


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TRAITÉ 


PALEONTOLOGIE. 


Paris, — Imprimerie de L, MARTINET, rue Mignon, 2. 


TRAITÉE 


DE 


PALÉONTOLOGIE 


OÙ 


HISTOIRE NATURELLE DES ANHIAUX FONILES 


CONSIDÉRÉS DANS LEURS RAPPORTS 


ZOOLOGIQUES ET GÉOLOGIQUES 


PAR 


F.-J. PICTET, 


Professeur de zoologie et d'anatomie comparée 
à l’Académie de Genève, 


SECONDE ÉDITION, 


REVUE, CORRIGÉE, CONSIDÉRABLEMENT AUGMENTÉE, 


Accompagnée d’un atlas de 119 planches grand in-#°. 


TOME TROISIÈME. 


A PARIS, 
CHEZ J.-B. BAILLIÈRE, 


LIBRAIRE DE L'ACADÉMIE IMPÉRIALE DE MÉDECINE, 
RUE HAUTEFEUILLE, 19; 
A LONDRES, CHEZ H. BAILLIÈRE, 219, REGENT-STREET ; 
A NEW-YORK, CHEZ H. BAILLIÈRE, 290, BROADWAY ; 
A MADRID, CHEZ C. BAILLY-BAILLIÈRE, CALLE DEL PRINCIPE, 11. 


" 1855 


TRAITÉE 


DE 


PALEONTOLOGIE. 


TROISIÈME EMBRANCHEMENT. 
MOLLUSQUES. 


DEUXIÈME CLASSE. 
GASTÉROPODES. 


Les gastéropodes forment une classe très variée, 
représentée dans les mers actuelles et dans les mers 
anciennes par une quantité considérable de genres et 
d'espèces. C’est à elle qu’appartiennent aussi les seuls 
mollusques qui vivent hors de l’eau et qui respirent l'air 
atmosphérique. 

Leur caractère extérieur le plus apparent consiste 
dans un disque charnu, placé sous le ventre, qui leur 
sert à ramper et que l’on a nommé le pied. Quelquefois 
cependant, comme dans les hétéropodes, cet orsane est 
comprimé et sert à nager. Si l’on réunit aux gastéro- 
podes les ptéropodes, comme nous l'avons fait à 
l'exemple de M. de Blainville, il faut ajouter que le pied 
manque quelquefois, et est remplacé par des sortes de 
nageoires semblables à des ailes, et placées des deux 
côtés du cou. 


L'ensemble de leur organisation justifie mieux l’asso- 
IT, 1 


2 MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 


ciation de ces animaux en une classe distincte. Hs sont 
intermédiaires entre les céphalopodes et les acéphales, 
et ne peuvent être confondus ni avec les uns ni avec les 
autres. Ils ont, comme les premiers, une tête distincte, 
un collier nerveux æsophagien, un cœur aortique libre 
et indépendant du canal alimentaire ; mais leurs organes 
des sens sont bien moins parfaits, et leur bouche n’est 
jamais entourée de ces grands bras qui caractérisent si 
clairement les céphalopodes. Les acéphales, avec leur 
tête indistincte, leur manteau qui entoure le corps 
comme la couverture d’un livre, leur cœur allongé, 
souvent traversé par l'intestin, etc., forment un type 
plus différent encore et bien plus imparfait. 

Les gastéropodes sont pour la plupart munis d'une 
coquille. Ce corps étant le seul qui nous indique l’exis- 
tence des espèces fossiles, il est nécessaire d’étudier 
avec quelques détails ses parties essentielles. 

Les coquilles peuvent être internes ou externes ; ce 
dernier cas est de beaucoup plus fréquent. Les coquilles 
internes sont ordinairement plus petites, fragiles, 
aplaties et simples. 

La plupart des coquilles externes sont enroulées 
obliquement, ce qui provient d’un inégal développement 
des deux côtés de l'animal; elles forment ainsi une 
hélice ou spirale oblique. Quelques-unes sont patelloïdes 
et symétriques sans enroulement, et quelques formes 
intermédiaires ent entre eux ces deux cas extrêmes. 

L'enroulement, quand il a lieu, se fait le plus sou- 
vent sur le côté droit, quelquefois sur le côté gauche. 
Chaque espècé est ordinairement constante à cet égard ; 
quelquefois cependant des coquilles présentent une 
anomalie connue sous le nom d’hétérotaxie, et sont 
tournées en sens inverse de l'état normal. On les nomme 
alors des coquilles inverses ou perverses. 


MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 3 


Les tours de spire s'appliquent ordinairement les uns 
contre les autres ; l'axe sur lequel à lieu cette appli- 
cation, et qui résulte du contact des parties internes de 
ces tours, se nomme la columelle (pl. LVIT, fig. À, a). 
Quelquefois aussi les tours ne se touchent pas au centre 
de la coquille, mais s’enroulent à une certaine distance 
autour d’un axe idéal. L'ouverture qui en résulte se 
nomme l’ombilic. Il peut être plus où moins ouvert. 
Tantôt on voit tous les tours de spire ; tantôt l'ombilic 
est réduit à un petit canal ; tantôt encore il ne forme 
qu’un trou dans une véritable columelle, qui est ainsi 
perforée dans son centre (). 

La partie par laquelle sort l'animal se nomme la 
bouche. Les variations de ses formes constituent les 
caractères les plus importants pour la distinction des 
genres. Cette bouche est quelquefois fermée par une 
pièce cornée ou pierreuse nommée opercule, dont la 
fonction est de protéger l'animal lorsqu'il se retire dans 
sa coquille. 

La nomenclature des diverses parties de la coquille 
diffère beaucoup suivant les auteurs. Il existe, en par- 
ticulier, plusieurs manières d'envisager ces corps 
quant à leur position. Quelques naturalistes Les pla- 
cent Îa spire en haut et la bouche en bas ( Lamarck, 
Sowerby, etc.) ;1ls nomment donc l'extrémité de la spire 
parte supérieure, et la bouche partie inférieure ou base; 
le canal qui prolonge quelquefois cette ouverture est 
désigné par eux sous le nom de queue. D’autres auteurs, 
au contraire, placent la bouche en haut et la spire en 
bas, et décrivent par conséquent la coquille d’une ma- 
nière inverse des précédents. Je suivrai ici le mode plus 


(1) On trouvera de nombreux exemples de ces divers modes d’enfoulement 
dans les planches LVIL et suivantes. Voyez en particulier, pour les espèces 
largement ombiliquées, pl, L, fig. 1, pl. LIT, fig. 12 à 21, etc. 


h MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 


rationnel proposé par M. d’Orbigny, qui considère les 
mollusques comme marchant devant lui, et désigne 
comme antérieure la partie d’où sort l’animal, et pos- 
térieure le bout de la spire qui est en arrière dans la 
locomotion. 

Les diverses parties de la bouche ont reçu différentes 
dénominations, suivant celle de ces méthodes que l'on 
a adoptée. On évitera toute confusion en abandonnant 
les noms de bord droit, bord gauche, etc.; et en nom- 
mant toujours, à l'exemple de M. d'Orbigny, bord colu- 
mellaire, le côté de la bouche qui est formé par la 
columelle ou placé de son côté, et labre, le côté 
opposé ("). 

La bouche peut présenter différents caractères. Ses 
bords peuvent être continus ou désunis, simples ou 
dentés, entiers ou échancrés, etc. Les bords tout à fait 
continus sont plus rares que le cas contraire, et il arrive 
ordinairement que ce bord est modifié par son contact 
avec le tour de spire précédent (?). 

Les dents peuvent se trouver sur la columelle (*) et 
sur le labre; les premières sont les plus importantes, et 
sont en général la terminaison d’un filet relevé, enroulé 
sur cette columelle. 

Les échancrures du bord de la bouche portent le 
nom de sinus, si elles ne font que creuser le bord sans 
le prolonger, et de canal, si ce bord se prolonge en tube. 
Ces caractères sont importants , parce qu'ils indiquent, 
dans les coquilles échancrées, la présence, chez l’ani- 


(1) Dans la figure 4 de la planche XLVII, la lettre a désigne le bord columel- 
jaire, et la lettre b le labre. 

2) Voyez pl. LVIIL, fig. 10, etc., pl. LXI, fig. 28, 29, etc., des exemples 
de bords continus. 


(3) Voyez pl. LIX, fig, 49 et 26, pl: LX, etc., des exemples de columelles 
dentées. 


MOLLUSQUES GASTÉROPODES, » 


mal, d’un tube ou canal respiratoire qui manque dans 
ceux qui ont des coquilles à bouche entière (‘). 

On est appelé fréquemment, en définissant les genres 
ou les espèces, à tirer des caractères du mode d’enrou- 
lement de la spire. Jusqu'à ces dernières années, les 
conchyliologistes se sont contentés des mots très vagues 
de spire courte, spire allongée, spire très allongée, etc., 
mots dont la signification et la valeur varient beaucoup 
d’un genre à l’autre. Mais aujourd’hui que l'étude des 
coquilles a pris de l'importance et du développement , 
on à dû chercher le moyen de préciser davantage ce 
caractère essentiel. M. Élie de Beaumont et d’autres 
naturalistes ont montré que l’accroissement de chaque 
coquille est parfaitement régulier et peut être apprécié 
avec une rigueur mathématique. 

M. d'Orbigny a inventé un instrument nommé héli- 
comètre, qui a pour but de faciliter l’appréciation de 
ces mesures. Il se compose de deux branches fixées sur 
un pivot et dont l’écartement angulaire se mesure par 
un arc de cercle divisé, soudé à l’une d'elles (pl. LVIT, 
fig. 2). Cet instrument fournit les moyens d'apprécier 
exactement l'angle spiral, élément important de toute 
détermination spécifique, en permettant d'indiquer son 
ouverture en nombre de degrés. 

Cet angle spiral estdit réguler, lorsque les branches 
de l’hélicomètre sont en contact avec la coquille dans 
toute sa longueur, et que par conséquent les bords 
externes de tous les tours sont sur la surface d’un cône 
régulier. On dit que l'angle spiral est convexe, lorsque 
les branches de l’hélicomètre sont en contact avec la 
coquille vers le sommet de la spire, mais ne peuvent 


(1) Les planches LVIL à LXII représentent surtout des bouches entières ; les 
planches suivantes, des bouches à sinus et des bouches terminées par un canal. 


6 MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 


pas toucher la bouche. Cette forme, désignée aussi sous 
le nom de pupoïde, provient de ce que les tours de spire 
s’accroissent relativement plus vite dans le premier âge 
et moins vite plus tard. L'anple spiral est concave, lors- 
que les branches de l’hélicomètre touchent le sommet 
de la spire et le dernier tour, sans être en contact avec 
les intermédiaires. Cette forme provient de ce que le 
dernier tour est plus renflé à proportion que les 
autres. 

Il est en outre nécessaire de pouvoir apprécier l’ac- 
croissement plus ou moins rapide de la coquille. Cet 
accroissement se mesure par l'obliquité de la suture 
ou de la jonction des tours. L’angle que forme cette 
ligne de suture avec le côté de la coquille a été nommé 
par M. d’Orbieny angle sutural, et indique avec préeci- 
sion cette obliquité. On le mesure en plaçant la coquiile 
dans l’hélicomètre, la bouche en bas (pl. LVIF, fig. 3), 
de manière que la branche mobile b soit parallèle au 
côté de l’angle spiral, et que la branche a, qui porte le 
cercle, suive une des lignes suturales. 

11 faut enfin, dans la description d’une coquille et 
pour indiquer si la spire est plus ou moins saillante ou 
plus ou moins recouverte par le dernier tour, mesurer 
la hauteur de ce dernier tour relativement à l’ensemble 
de la coquille. On peut, pour cela, diviser une ligne ne 
cent parties, élever sur le milieu de cette ligne une 
perpendiculaire d’une longueur quelconque, et mener 
par son sommet des obliques sur toutes les divisions 
de la ligne. On obtient ainsi un triangle divisé, dans 
lequel, pour mesurer la proportion cherchée, on n’aura 
qu’à placer la coquille parallèlement à la ligne divisée. 
On verra facilement quelle est la proportion du dernier 
tour, car sa hauteur sera exprimée par un nombre égal 
à celui des divisions comprises entre zéro et l’oblique, 


MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 7 


qui rencontrera sa ligne suturale (la hauteur totale de 
la coquille est exprimée par 100). 

La classification des gastéropodes présente des diffi- 
cultés réelles. Conformément aux principes que j'ai 
rappelés dans le premier volume, elle ne peutet ne doit 
être établie que sur des caractères tirés des organes 
vitaux essentiels, et par conséquent sur l'étude des 
animaux eux-mêmes, Aussi peut-on dire avec raison que 
celte classification n’a pris une certitude suffisante que 
depuis que l’on a senti combien il est nécessaire d’étu- 
dier les mollusques et de ne pas se borner à collecter 
leurs coquilles. Mais, en même temps, il faut recon- 
naître que beaucoup d'espèces dans la nature vivante, 
et que toutes celles, bien plus nombreuses encore , qui 
ont vécu dans des époques antérieures à la nôtre, ne 
sont connues que par ces coquilles. Il devient donc 
nécessaire, en pratique, que la classification soit en rap- 
port avec leurs différences de formes, et létude des 
animaux vivants doit avoir pour but de lier les carac- 
tères importants de l'animal avec ceux plus artificiels , 
plus variables, plus incertains, mais plus faciles à ob- 
server, de la coquille qui le protége. 

Mais l'expérience démontre que l’on ne peut pas 
toujours établir cette liaison importante, et qu'il n’est 
malheureusement que trop de cas dans lesquels des 
coquilles tout à fait semblables renferment des mollus- 
ques très éloignés les uns des autres, et d’autres dans 
lesquels on voit des animaux très voisins être recouverts 
par des coquilles fort différentes de formes, Ainsi on 
voit certaines hélices ressembler par leur coquille, à s’y 
méprendre, à des ampullaires, ou à des natices, tan- 
dis que leurs animaux sont pulmonés el terrestres, 
ceux des ampullaires pectinibranches et d’eau douce, 
el ceux des natices pectinibranches et marins. Dans 


8 MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 


ces cas, et dans beaucoup d’autres semblables, il est 
impossible de dévier des principes généraux de la 
science, et il faut que les conchyliologistes subordonnent 
complétement les formes de la coquille aux caractères 
de l'animal. Si ce dernier n’est pas connu, il est quel- 
quefois des circonstances accidentelles qui, en jetant 
quelque lumière sur ses mœurs, doivent encore être 
préférées aux caractères que fournit la coquille seule. 
J'aurai, par exemple, occasion de montrer avec quelle 
facilité les paléontologistes ont rapporté à des genres 
qui vivent actuellement dans les eaux douces des co- 
quilles trouvées dans des dépôts marins. Le fait d’avoir 
eu des habitudes marines est souvent plus impor- 
tant pour faire préjuger les formes essentielles d’un 
mollusque, que tel ou tel détail de la forme de la 
coquille. 

Plus on avance dans l'étude de ces mollusques, plus 
on arrive à se convaincre que si les déterminations 
génériques ont une certaine valeur pour les espèces des 
époques récentes, les déterminations de celles des épo- 
ques anciennes sont entourées souvent d’un doute très 
grand. Les espèces des époques récentes ont les formes, 
le facies, les caractères accidentels des espèces actuelles, 
et l’on peut avec une grande probabilité, et je dirai 
même avec une certaine certitude, arguer de ces ana- 
logies pour décider du genre auquel elles appartiennent. 
Les espèces anciennes ne sont point dans ce cas, et il 
est souvent très douteux que l’on puisse préjuger, d'un 
certain degré de ressemblance plus ou moins éloigné, 
une analogie réelle dans les caractères essentiels. Je ne 
puis que renvoyer ici à ce que j'aurai occasion de mon- 
trer plus loin, quand je traiterai des Chemnutza, des 
Turbo, des Solarium, etc., etc. Il est très possible 
que les caractères apparents de ces genres aient été 


MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 9 


liés d'une tout autre manière avec ceux de l’animal. 

Toutefois, dans la plupart des cas, la comparaison 
des espèces perdues et des mollusques actuels, avec la 
précaution de s’attacher aux caractères les plus essen- 
tiels de la coquille, pourront servir à reconnaître leurs 
affinités probables. 

Nous divisons ici les gastéropodes en huit ordres. 
Ces ordres sont très inégaux en nombre, car celui des 
pectinibranches renferme à lui seul beaucoup plus 
d'espèces fossiles que tous les autres ensemble. C’est 
aussi celui auquel s'appliquent principalement les con- 
sidérations qui précèdent, parce que le nombre même 
des espèces augmente beaucoup les difficultés de son 
étude. 

Les caractères de ces ordres sont tirés de la forme du 
pied et de celle des branchies, et ils sont difficiles à 
distinguer par leurs coquilles. Je donnerai toutefois 
quelques directions approximatives pour faciliter cette 
distinction, en renvoyant les caractères détaillés au 
moment où je traiterai de chacun d’entre eux. 

Voici les caractères principaux qu'on peut leur as- 
signer : 

1° Pied normal propre à ramper. 

Les Pucmonés ont une cavité pulmonaire qui leur 
permet de respirer l'air atmosphérique et pas de 
branchies. Ils sont tous terrestres ou vivent dans les 
caux douces. Leur coquille est presque toujours en- 
roulée obliquement , rarement patelliforme ; elle est le 
plus souvent mince et fragile, et n’est jamais oper- 
culée. 

Les PecriniBrancuEs ont des branchies en forme de 
peigne dans une large cavité dont l’orifice est sur la 
tête. Leurs coquilles sont le plus souvent enroulées , 
fréquemment operculées; la plupart d’entre elles sont 


10 MOLLUSQUES GASTÉROPODES, 


solides et pesantes, quelques-unes sont patelliformes. 
Cet ordre comprend presque tous les gastéropodes 
enroulés marins et une partie de ceux d’eau douce, 
principalement les operculés. 

Les CycLograncnes ont des branchies externes dis- 
posées tout autour du manteau, où elles forment un 
cordon plus ou moins complet. Ces mollusques sont 
marins et protégés par une coquille patelloïde univalve 
ou multivalve, jamais enroulée. 

Les NupiBrancues ont leurs branchies libres à l’exté- 
rieur du corps, ramifiées ou en lobes. Ils n’ont jamais 
de coquille et n’ont pas été trouvés fossiles. 

Les Tecriprancues ont des branchies sur le côté, ca- 
chées par le manteau et en cône pyramidal. Leurs 
coquilles, quand elles existent, sont bulliformes, enrou- 
lées obliquement, à tours embrassants ; quelquefois très 
larges et à peine obliques. 

Les DenrTaupes ont les branchies disposées en deux 
paquets cervicaux symétriques. Ces mollusques marins, 
réunis anciennement aux annélides, ont une coquille en 
forme de petite corne, atténuée à son extrémité et 
ouverte à ses deux bouts. 

2% Pied nul ou servant seulement à nager. 

Les NucréoBrAncuEs, où HéréroPopes, ont un pied 
comprimé, natatoire, et des branchies en panache sur 
un nucléus portant le cœur. Leurs coquilles, quand 
elles existent, sont souvent cartilasineuses, toujours 
minces et fragiles; elles sont patelloïdes ou enroulées 
presque toujours dans le même plan. 

Les Préropopes, considérés par plusieurs auteurs 
comme constituant une classe spéciale, manquent de 
pied et ont deux nageoires en forme d'ailes sur les côtés 
de la tête. Leur coquille, quand elle existe, est fibreuse, 
cornée ou calcaire, toujours mince et fragile. 


MOLLUSQUES GASTÉROPODÉS. A1 


Les gastéropodes ont apparu dès les premières épo- 
ques géologiques, et l’on trouve déjà leurs débris dans 
les terrains les plus anciens. Ils se sont continués dans 
toutes les créations successives, en augmentant gra- 
duellement de nombre et en prenant des formes de plus 
en plus variées, jusqu'à l’époque actuelle, où ils pa- 
raissent être plus nombreux que dans aucune autre. La 
comparaison de ces faunes successives présente quel- 
ques résultats qui ne sont pas sans intérêt, 

Le plus remarquable peut-être est le peu de diffé- 
rences essentielles que l’on observe entre les mollusques 
des différentes époques. La comparaison de ces faunes 
donne ici des résultats différents de ceux que nous 
avons indiqués pour les reptiles et les poissons. Nous 
avons vu, dans les poissons osseux, qu'aucun genre des 
époques antérieures à la craie n’est parvenu jusqu’à 
nous, et qu'aucun de ceux de l’époque primaire ne se 
retrouve depuis les terrains jurassiques. Un grand 
nombre de genres de gastéropodes, au contraire, se 
retrouvent dans plusieurs époques. La période primaire, 
en particulier, contient plus de genres qui vivent au- 
jourd'hui que de senres éteints ; et en général ces der- 
niers, et surtout ceux qui sont spéciaux à une époque 
déterminée, forment une exception plus rare que le cas 
contraire. 

Il résulte de là une preuve évidente contre la théorie 
du perfectionnement graduel, car il devient incontes- 
table que les faunes anciennes sont composées de mol- 
lusques d'une perfection égale à celle des espèces 
actuelles. Rien n'autorise à admettre que dans la série 
des temps, l’organisation des natica, des turbo, des 
trochus, etc., ait subi des modifications de quelque 
importance, et puisse être considérée comme ayant 
augmenté de perfection. On peut aussi en déduire une 


12 MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 


preuve que les circonstances extérieures, telles que la 
température, la nature des mers, etc., ont éprouvé peu 
de changements. 

Il est cependant un fait qui a été considéré par quel- 
ques naturalistes comme un argument en faveur de ce 
perfectionnement graduel. Les gastéropodes pulmonés 
ou à respiralion aérienne représentent probablement 
un type d'organisation supérieur à celui des sastéropodes 
à branchies , et ils ont apparu, dit-on, à une époque 
récente. Je montrerai plus bas qu’ils sont plus anciens 
qu'on ne l’a cru jusqu’à ces dernières années. Je dois 
surtout faire remarquer que les dépôts qui renferment 
des coquilles terrestres et fluviatiles sont si rares dans 
les terrains anciens, que l’on ne peut presque pas tirer 
un argument de ce qu’on n'ait pas encore trouvé des 
coquilles de gastéropodes pulmonés. Depuis qu'on en a 
découvert dans les terrains wealdiens, et probablement 
même dans le lias, il devient évident qu'il est bien loin 
d'être démontré que l'apparition de cet ordre ait été 
réellement plus récente que celle des autres. 

Si l’on compare les divers ordres les uns avec les 
autres, on sera surtout frappé du petit nombre des 
mollusques anciens dont la bouche est échancrée par 
un fort sinus, ou prolongée par un canal apparent. Les 
coquilles de l’époque primaire ont presque loutes une 
bouche ronde, en comprenant sous cetle désignation 
les bouches qui ont une fente, comme les pleuro- 
tomaires. Celles de l’époque jurassique présentent en 
majorité la même forme, et les familles des muricides 
ou des strombides ont seules quelques espèces qui 
représentent les coquilles à canal. Les bouches échan- 
crées ou canaliculées augmentent pendant la période 
crétacée, pour avoir dans l’époque tertiaire à peu près 
la même proportion qu'aujourd'hui. 


MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 13 


Les faunes anciennes de gastéropodes ont été moins 
nombreuses que les nôtres, moins variées de forme, et 
l’on peut dire qu’elles se sont augmentées et compli- 
quées dans la série des temps. 

On peut s’en convaincre d’abord, en comparant le 
nombre des genres aux diverses époques, ce qui donne 
la mesure de la diversité des formes. Ce nombre a tou- 
jours été en augmentant, et les terrains anciens n’en 
renferment pas le quart de nos mers actuelles. Plusieurs 
familles manquent à ces premières époques ainsi qu’à 
l’époque jurassique, et l'on en peut même citer telles 
que les cypréades, les olivides, etc., qui ne datent que 
de la fin de l’époque crétacée. S'il est vrai de dire que 
peu de types des époques anciennes manquent à notre 
faune moderne, l'inverse serait faux, car nous avons 
aujourd’hui des types nombreux qui ne sont pas repré- 
sentés dans ces créations anciennes. 

Le même résultat découle de la comparaison des 
espèces, dont le nombre a été en croissant depuis les 
époques anciennes jusqu'aux plus récentes. 

Quelques groupes cependant font une exception ; mais 
ce cas est rare. On en peut citer comme exemple, dans 
l'ordre des pectinibranches, la famille des haliotides, qui a 
présenté plus de genres et d'espèces dans la plupart des 
époques anciennes qu'elle n’en à de nos jours, et sur- 
tout qu’elle n'en a eu dans l’époque tertiaire. 

La taille des gastéropodes n’a pas plus varié que leurs 
formes. On trouve dans la plupart des époques quelques 
espèces remarquables par leur grandeur, comme nous en 
avons encore quelques-unes dans les mers actuelles, 
imais la taille moyenne s’est maintenue à peu près la 
même. 

Je ne reviens pas ici sur la loi de la spécialité des 
fossiles : la classe des gastéropodes est une de celles 


Al MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 


dans laquelle on a le plus souvent cité des espèces qui 
passent d’un étage à l’autre; je me contenterai de 
rappeler ce que j'ai déjà dit, que les recherches des 
paléontologistes les plus dignes de confiance ont singu- 
lièrementréduit ces passages. Quoique quelques espèces 
se trouvent à la fois dans deux subdivisions géologiques 
très rapprochées, l’étude de cette classe démontre 
aussi évidemment que celle de toutes les autres, que la 
durée limitée des espèces domine tous les faits, et que 
leur distribution en faunes distinetes est incontestable- 
ment la règle générale. 


A ORDRE. 


PULMONÉS. 


(Pulmobranches, Blainville.) 


Les pulmonés diffèrent de tous les autres gastéro- 
podes, et même de tous les mollusques, en ce qu'ils 
respirent l'air atmosphérique. Hs ont une cavité pulmo- 
paire simple, ouverte sous le bord droit du manteau. 
Quelques-uns d’entre eux sont nus, et ont souvent une 
petite coquille interne ; d’autres sont protégés par une 
coquille externe ordinairement enroulée, mince, non 
operculée. 

Ils sont tous terrestres ou fluviatiles, et aucun d’eux 
ne vit dans la mer. Cette circonstance peut servir à 
guider le paléontologiste : car le fait qu’une coquille 
aura été trouvée dans un dépôt d’eau douce ou dans un 
dépôt marin sera souvent le seul moyen de décider si 
elle appartient à l’ordre des pulmonés ou à celui des 
pectinibranches. En effet, les coquilles de ces deux 
ordres se ressemblent quelquefois beaucoup : il est 
facile de confondre certaines hélices avec des turbo, et 


GASTÉROPODES PULMONÉS. 45 


les coquilles des auricules ont les mêmes caractères que 
la plupart de celles de la famille des actéonides. Les 
formes de l'animal peuvent seules, dans l'étude de la 
nature vivante, décider les cas douteux ; et Le paléonto- 
logiste, privé de ce moyen essentiel, ne peut guère 
recourir qu'au gisement, en admettant, ce qui est assez 
probable, que les genres ont eu anciennement la même 
habitation qu'aujourd'hui. 

En partant de ces principes, dont nous trouverons 
plus bas une seconde application pour les familles des 
ampullarides et des paludinides , on est amené à rejeter 
de l'ordre qui nous occupe ici, pour les placer dans 
celui des pectinibranches, plusieurs espèces qui ont été 
rapportées, quoique marines, aux genres actuels des 
gastéropodes pulmonés. 

Au reste, ces cas douteux forment l'exception, et la 
plupart des genres sont assez reconnaissables par leurs 
formes pour ne pas laisser d'incertitude. Ils deviennent 
alors importants pour le géologue, parce qu’ils peuvent 
prouver que les terrains où on les trouve doivent leur 
origine aux eaux douces. 

On remarque, en général, que les genres terrestres 
sont mélangés avec les fluviatiles plutôt qu'avec les ma- 
rins; et, en effet, les mollusques terrestres vivent sou- 
vent dans les lieux humides, et, par conséquent, près 
des lacs, des fleuves et des ruisseaux; et comme d'ail- 
leurs ils n’ont guère été fossilisés que par des inonda- 
tions locales, et qu’ils n’ont pas pu être déposés dans le 
fond des mers régulières, il n’est pas étonnant qu'on les 
trouve surtout dans ces mêmes dépôts d’éau douce qui 
ont englouti des mammifères, des reptiles et d’autres 
habitants de la terre. 

Jusqu'à ces dernières années, on considérait les gas- 
téropodes pulmonés comme caractérisant exclusivement - 


16 GASTÉROPODES PULMONÉS. 


l'époque tertiaire et l’époque moderne. De nouvelles 
découvertes ont prouvé leur existence dans les terrains 
wealdiens, et peut-être même dans quelques dépôts 
d’eau douce de l’époque du lias. On ne peut donc plus, 
ainsi que je l’ai dit plus haut, s'appuyer sur Ia tardive 
apparition de cet ordre pour en déduire le perfectionne- 
ment graduel des gastéropodes. 

On divise les gastéropodes pulmonés en quatre fa- 
milles, les Limacides, les Colimacides, les Auriculides, 
et les Limnéides. Les trois premières n’ont jusqu’à 
présent été trouvées que dans les terrains de l'époque 
tertiaire et de l’époque diluvienne. Celle des limnéides 
a apparu plus tôt, et c’est à elle que s'appliquent les 
faits récemment découverts que je viens de rap- 
peler. 


Are Famizze. —— LIMACIDES, 


Les limacides ont le corps nu; leur coquille est très petite et 
interne, souvent même nulle. Ce sont des animaux terrestres qui 
ont dù, par leur nature même, être rarement conservés fos- 
siles. 


Les LimacEs (Limax, Lin.), — Atlas, pl. LVIT, fig. 4, 


n'ont qu'une petite coquille interne oblongue et plate. 


L'abbé Dupuy a indiqué (!) sous le nom de Limax Lartetii une espèce des 
terrains miocènes de Sansan. (Nous avons reproduit sa figure dans l’atlas.) 

Les dépôts tertiaires pliocènes fluviatiles de Maidstone et de Stutton (?) 
renferment une coquille considérée par les naturalistes anglais comme ana- 
logue à celle de la Limax agrestis, Lin, ou petite Limace grise, qui est une des 
plus fréquentes aujourd'hui, 


(1) Journal de conchyl. de Petit, 1850, p. 301, pl. 45, fig, 4, et Notice sur 
la colline de Sansan, par M. Lartet, p. 43. 
(2) Morris, Catalogue, p. 148. 


COLIMACIDES. 47 


Les TEsTACELLES (Z'es/acella, Lamk), — Atlas, pl. LVIT, fig, 5, 
ont une petite coquille externe sur l'extrémité postérieure. Cette 
coquille est presque auriforme, légèrement spirale au sommet, et 
très largement ouverte. 


L'abbé Dupuy (!{) a aussi décrit unetestacelle de Sansan, la T, Lartetii, qui 
diffère de toutes les espèces de France par sa profondeur, (Atlas, pl. LVIF, 
fig. 5.) 

M. Marcel de Serres (2) cite la T. haliotidea, Draparnaud, actuellement 
vivante, comme trouvée dans les dépôts tertiaires du midi de la France, 


2% FamiLze. — COLIMACIDES. 


Les colimacides ont une coquille enroulée en hélice déprimée 
ou allongée, une columelle sans plis et quatre tentacules, dont les 
supérieurs portent les yeux. Les espèces sont toutes terrestres. 


Les VITRINES (Vérrina, Drap.), — Atlas, pl. LVIT, fig. 6 


, 


sont intermédiaires entre les limaces et les hélices. Leur corps est 
trop gros pour rentrer entièrement dans la coquille. Celle-ci est 
mince, transparente, fragile, non ombiliquée, croissant rapide- 
ment dans le sens horizontal, à spire très courte, à ouverture 
grande et sans bourrelet. 

Les espèces actuelles européennes sont petites et vivent dans 
les lieux humides ; les exotiques sont ordinairement plus grandes. 


On en connaît un petit nombre d'espèces fossiles des terrains 
tertiaires. 


La Vitrina rillyensis, Saint-Ange de Boissy (3), a été trouvée dans les cal- 
caires lacustres de Rilly-la-Montagne. 

La V. intermedia, Reuss (#, provient des calcaires lacustres du nord de la 
Bohème. C’est l'espèce figurée dans l'Atlas. 

Des espèces actuellement vivantes ont été retrouvées dans des dépôts dilu- 
viens. 


(1) Journal de conchyl. de M. Petit, 1850, p. 302, pl. 15, fig. 2. 

(2) Géognosie des terrains tertiaires, p. 259. Dans les Ann. des sc. nat. 
1827, tome XI, p. 409, il y a une testacelle désignée par le même auteur 
sous le nom de T. asinina. (Voyez Bronn, Nomenclator.) 

(3) Mém. Soc. géol., 2° série, t. I, p. 270, pl. 5, fig. 7, à, b. 

(#4) Palæontographica, t. W, p. 48, pl. 1, fig. 4. 

TT. 


Le) 


18 GASTÉROPODES PULMONÉS. 


Les HéLices ou Escarcors (Æ/elix, Lin.) — Atlas, pl. LVI, 
fig. 7 à 10, 


forment le genre le plus important de cette famille ; il comprend 
toutes les espèces à coquille déprimée ou globuleuse, dont l’ou- 
verture est au moins aussi large que haute (1). 

Les hélicessont, de nos jours, très nombreuses et répandues dans 
presque toutes les contrées du globe. Les espèces sont d’une dé- 
termination difficile, tant par leur nombre que par le peu de 
précision des caractères qui les distinguent. Cette difficulté 
est bien plus grande encore pour les espèces fossiles, qui sont 
souvent altérées et qui ne présentent presque jamais le secours 
important de la coloration. Aussi a-t-on très fréquemment rap- 
porté les espèces fossiles aux vivantes, et dans beaucoup de cas 
ces rapprochements ne peuvent être ni contestés ni démontrés 
d’une manière rigoureuse. 

Les espèces appartiennent exclusivement à l’époque tertiaire et 
à l’époque moderne. On n’en à en général trouvé de fossiles que 
dans les dépôts d’eau douce. On verra toutefois que quelques au- 
teurs ont indiqué des hélices dans divers terrains plus anciens, 
mais l'examen de ces espèces montre promptement que c’est à tort 
qu'on les a rapportées à ce genre (?). 

Je ne considère toutefois point comme absolument impossible 
que l'on découvre les hélices dans des époques anciennes ; et le fait 
que l’on trouve surtout dans ces époques des terrains marins, n’est 
pas une raison très puissante, car ilest évident qu'un escargot peut 
être entraîné par un fleuve dans la mer. Je pense seulement que 
toutes les espèces trouvées jusqu à présent, et qui sont de vraies 
hélices, n’ont été découvertes que dans les terrains tertiaires, et 
que rien n'autorise à admettre une antiquité plus grande pour ce 
genre si remarquable de nos jours. 


(1) Des variétés d’enroulement ont fait établir beaucoup de genres reconnus 
maintenant inutiles. 11 faut en particulier réunir aux hélices les CAnoCoELA, 
CmirotremA, HELiCELLA, HEëLICOGENA, TEBA, ZONITES, etc., noms sous lesquels 
ont été décrites des espèces vivantes et des espèces fossiles. 11 faut également 
leur réunir une foule d’autres genres, admis seulement par ceux qui ont 
décrit des espèces vivantes. 

(2) Ainsi l'Helix Gentii, Sow., 145, du grès vert, est unenatice; ainsi les 
H. cirriformis, Sow., 171, carinalus, Sow., 10, striatus, Sow., 171, etc., 
appartiennent à la famille des trochides, 


COLIMACIDES, 419 


Parmi les espèces certaines, les plus anciennes appartiennent 
aux terrains tertiaires inférieurs. 


M. Michaud et M. Saint-Ange de Boissy (!) ont fait connaître en particulier 
quelques hélices du calcaire lacustre de Rilly-la-Montagne près Reims, dépôt 
inférieur aux lignites du midi de la France (suessonien inférieur, d'Orbigny). 
Ce sont les Æ. hemisphærica, Michaud, luna, id., Arnouldi, id., Droueti, de 
Boissy, Dumasi, id., et Geslini, id. 

M. Melleville (2) a décrit l’H. fallax, Mell., des sables inférieurs de ChÀ- 
lous-sur-Vesle. M. d'Orbigny a changé ce nom en subfallax, parce qu’il avait 
été donné par Dekay à une autre espèce. 

M. Matheron (à) a fait connaître quelques espèces des lignites de Provence, 
mais en les attribuant en grande partie à d’autres genres. Ce sont : l'A, rotel- 
laris, Math., de Simiane près Gardanne; les Cyclostoma Lunellü, id., helici- 
formis, id., et disjuncta, id., des Baux, de Vitrolles, etc.; l’Ampullaria probos- 
cidea, id., de Pignier, et une espèce décrite par le même auteur sous le nom 
d'Ampullaria gallo-provincialis, déjà donné à une ampullaire plus récente. 
M. d'Orbigny en a fait l'AHelix Matheroni. Ces espèces, quoique appartenant 
toutes au groupe des lignites, ne caractérisent pas toutes la même couche : 
l'Helix rotellaris se trouve dans la formation la plus ancienne de ce groupe, 
et les autres sont réparties dans les étages supérieurs. 

Les gypses d'Aix, probablement contemporains de ceux de Paris (éocène 
supérieur) ont fourni au même auteur l’Helix Coquandiana, Matheron. 

Les terrains aummulitiques du Vicentin renferment, quoique marins, une 
espèce décrite depuis longtemps par Alex. Brongniart, sous le nom de Helix 
damnata (f). 

L'H. globosa, Sow., 170, a été trouvée dans les tertiaires éocènes d’Angle 
terre, ainsi que les A. vectiensis, F. Edwards (5), d’Urbani, id., occlusa, id., 
tropifera, id., omphalus, id. (striatella, Wood), sublabyrinthica, id., heado- 


(1) Michaud, Magazin de zoologie de Guérin, 1837 ; Saint-Ange de Boissy, 
idem, 1839, et Mem. Soc. géol. de France, 2° série, t. IH, p. 271, pl. 8. 

(2) Mémoire sur les sables tertiaires inférieurs du bassin de Paris, dans les 
Ann. des sc.-géol., 1843, t. H, et à part, p. 45, pl. 5 ; d'Orbigny, Prodrome, 
t. IL, p. 297. 

(3) Matheron, Ann. sc. el ind. midi de la France, t. HI, et Répert. des trav. 
Soc. statist. de Marseille, 1842, t. VI, p. 269, etc. ; d'Orbigny, Prodrome, t. If, 
p. 297. L'âge des lignites de Provence n’est pas parfaitement certain (voyez 
d'Archiac, Hist. des prog., t. I). M. Matheron les considère comme syn- 
chrones des argiles plastiques et du calcaire grossier du bassin de Paris. 
M. Leymerie (Bull. Soc. géol., 2° série, 1851, t. VITE, p. 202) émet une opi- 
nion à peu près semblable, enassimilant ces lignites au terrain nummaulitique 
de l'Aude. 

(*, Brongniart, Vicentin, p. 52, pl 2, fig. 2. 

(5)F. Edwards, Eocene mollusca (Palæont. Soc., 1852, p. 60, pl. 10 et 1 1). 


20 GASTÉROPODES PULMONÉS. 


nensis, id., et une espèce rapportée par le même auteur, M. F. Edwards, à 
V'H. labyrinthica, Say, qui vit aujourd'hui dans l'Amérique méridionale. 


Les terrains d’eau douce qui ont été formés vers la fin de l'é- 
poque éocène et au commencement de l’époque miocène ne sont 
pas toujours faciles à rapporter à leurs analogues marins. Il reste 
donc des doutes sur l’âge de quelques espèces renfermées dans ces 
dépôts (1). 


L'Helix Ramondi, Brongniart (2). est dans cecas; M. d’Orbigny l’attribue à 
son terrain parisien inférieur, et la cite comme ayant été trouvée à Narbonne 
(Aude) ; mais cette espèce caractérise surtout les calcaires lacustres de la Lima- 
gne, de l’Allier, etc., et se trouve enfouie avec les mammifères de la faune à 
anthracothériums {miocène inférieur). 

On trouve dans les mêmes terrains et dans ceux des environs de Narbonne 
(Aude) l'H. Cocquii, Brongniart ($). 

Les dépôts analogues (#) des environs d'Orléans, de Pithiviers, de Castelnau- 
dary, etc., ont fourni l'A. Moroguesi, Brongniart, espèce à laquelle il 
faut ajouter l'H. Tristani, id., l'H. Vialai, de Boissy, l'H. Potiezi, id., etc. 

L'H. Lemani, Alex. Brongniart et l'H. Desmarestiana, id., ont été trouvées 
à Palaiseau (5). 

M. Deshayes (6) a décrit en outre les H. dubia, Desh., de Saint-Cyr et de 
l'ile de Wight, et l'A. Ferrantii, Desh., d'Oigny près Villers-Cotterets. 

Je ne sais pas à quelle époque rapporter deux espèces du Tarn, décrites par 
M. Saint-Ange de Boissy (7), sous le nom de Æ. Archiaci et politula. 


Aux environs d'Aix en Provence, au-dessus des gypses et des 
dépôts à poissons et à insectes dont nous avons parlé plus haut, 
on trouve des grès ou mollasses qui, quoique marins, renferment 
beaucoup d'hélices (*). Is paraissent se rapporter, suivant quel- 


(i) Voyez principalement pour ces espèces : Saint-Ange de Boissy, Descr. de 
plus. esp. d'hélices fossiles Mag. de zoologie de Guérin , 1844. 

(2) Alex. Brongniart, Ann. Mus., t. XV, p.378, pl. 23 ; Bouillet, Catalogue 
des moll. d’ Auvergne ; Férussac, Mém. géol., n° 1,p. 57; Deshayes, 2° édit, 
de Lamarck, t. VI, p. 135; Saint-Ange de Boissy, loc. cit. 

(3) Alex. Brongniart, Ann. Mus., t. XV, p. 378, pl. 23 ; Férussac, Saint- 
Ange de Boissy, loc. cit. 

(*) Alex. Brongniart, Ann. Mus.,t, XV, p. 378, pl, 23 ; Deshayes, Coq. 
foss. Par., t. I, p. 53, pl. 6; de Boissy, loc. cit. 

(°) Brongniart, loc. cit. ; Deshayes, loc. cit. 

(5) Deshayes, loc. cit. 

() Saint-Ange de Boissy, loc. cit. 

(8) Ce grès, inférieur aux véritables mollasses miocènes, à été nommé grès 
à hélices par M. Rozet. 


COLIMACIDES. 21 


ques auteurs, à l'époque miocène inférieure, suivant d'autres à la 
même période que la mollasse marine , c’est-à-dire aux terrains 
miocènes supérieurs. 


On trouvera la description des espèces dans les ouvrages de MM. Marcel 
deSerres, Matheron (!),ete. Les plus connues sont l'A. aquensis, M. de Serres, 
de la taille de l'A. pomatia, mais moins globuleuse ; l'A. Beaumontii, Mathe- 
ron ; l'A. gallo-provincialis, id., ete. 

Quelques gisements de Provence, probablement contemporains de ces grès, 
paraissent aussi renfermer des hélices. 

Les H. massiliensis, Matheron, et torus, id., ont été trouvées aux environs 
de Marseille. Les Æ. d'Orbigniana, Math., Micheliniana, id., et pisum, id., 
proviennent de la mollasse coquillière (miocène supérieur) de Rognes. 

Les Æ, Christoli, id., Dufrenoyi, id., ete., sont plus récentes et appar- 
tiennent probablement à l'époque pliocène. 


Les terrains miocènes des départements des Landes et de la 
Gironde contiennent aussi des hélices. 


M. Grateloup(?) a fait connaître l'H. trochoides (subtrochoides, d'Orb.) de 
l'étage inférieur. Il a rapporté une autre espèce du même gisement à l'ZL. con- 
torta, Liegler, vivante. M. d'Orbigny l’a désignée sous le nom de subcontorta. 
IL a décrit les H. depressa, Grat. (subdepressa, d'Orb.), et aspera, Grat , des 
faluns bleus. 

Les terrains miocènes supérieurs du même pays en ont aussi fourni. 
M. Grateloup (3) a décrit l'H. subglobosa, Grat., du tuf lacustre mêlé aux 
faluns jaunes, l'H, intermedia, Grat., des faluns jaunes superficiels, et rap- 
portées une espèce des faluns jaunes mixtes, à l'A, variabilis, Drap. 


On en peut citer encore plusieurs espèces trouvées dans les 
terrains miocènes supérieurs du reste de la France et du Pié- 
mont. 


Le célèbre gisement de Sansan, dont nous avons si souvent parlé dans le 
premier volume, renferme plusieurs hélices (4). Ce sont les H. Larteti, 
de Boissy, sansaniensis, Dupuy, deux espèces analogues aux vivantes ; les 


(1) Marcel de Serres, Géogn. terr. tert., p. 98, pl. 1, fig. 18; Matheron, 
Catalogue, dans Répert. trav. Mars., t. VI, p. 269; voyez aussi dans Huot, 
Nouv. cours de géologie, t. T, p. 743, un catalogue des hélices d'Aix, d'après 
M. Delcros, contenant une vingtaine d’espèces. 

(2) Conch. foss. de l'Adour, pl. 3. 

(3) Ibid. 

(#) Voyez la liste donnée par MM. Noulet, Dupuy et de Boissy dans Lartet, 
Notice sur la colline de Sansan, p. 43 ; de Boissy, Mag. de zoologie de Guérin, 
1844; abbé Dupuy, Journal de conchyl. de M. Petit, 1850, p. 304; etc. 


29 GASTÉROPODES PULMONÉS. 


H. puchella, Muller, et costata, Dupuy, et cinq espèces inédites indiquées par 
M. Noulet. 

Les dépôts miocènes de la Touraine renferment des hélices dont quelques 
espèces ont été décrites par M. Deshayes (!), sous les noms de H. asperula, 
Desh., turonensis, id., Duvauxii, id., umbilicalis, id. 

M. Dujardin (2) en avait déjà signalé deux espèces dans ce gisement ; il 
les rapportait aux H. algira, et vermiculata, Lamk, qui vivent actuellement 
dans le midi de l'Europe. 

C’est probablement encore à la même époque qu'il faut rapporter FH. Re- 
bouli, Leufroy (3), de Pézénas. 

L'H, Haveri, Michelotti (4), provient des bords de la Batteria près de Turin. 


Les terrains miocènes d'Allemagne sont très riches en hélices. 


Les environs de Wiesbaden, de Mayence, etc., en ont en particulier fourni 
plusieurs. 

L'H. Moguntina, Deshayes (5), est connue depuis longtemps. 

M. Thomæ (6) en a récemment décrit un grand nombre, parmi lesquelles 
il yen à vingt-six nouvelles, qui, jusqu’à présent, paraissent en grande partie 
spéciales à ces gisements. Suivant cet auteur, l'A. Ramondi s'y trouverait 
aussi, La planche LVIL représente, dans la figure 7, l'A. Braunii, Thomæ ; 
dans la figure 8, l'A. subsulcosa, id., et dans la figure 9, l'A. Rahti, id. 

M. F. Sandberger (7) a montré que cette association d’hélices rappelle beau- 
coup les formes du bassin méditerranéen. 

Le docteur A. E. Reuss a décrit ($) plusieurs hélices du nord de la Bohème 
qui ont aussi des caractères de pays méridionaux. L'H. algiroides rappelle 
beaucoup l'A. algira, et quelques grandes espèces sont remarquables sous le 
point de vuede leurs formes méridionales (voyez en particulier l'A. oxystoma, 
Reuss, Atlas, pl. LVII, fig. 10). Cet auteur en énumère 17 dont 13 nou- 
velles. Quelques-unes de celles de Wiesbaden y ont été retrouvées. 

M. P. Merian (5) a signalé dans le calcaire d’eau douce de Mulhausen plu- 
sieurs espèces d'hélices non encore décrites. 


(1) Encyclop. méth., Vers, t. I, p. 251, et Lamarck, 2° édit.; t. VII, 
D'ou 

(2) Mém. Soc. géol. de France, t. I, p. 275. 

(3) Ann. sc. nat., t. XV, p. 406, pl. 11, fig. 4-6. 

(#) Descr. foss. miocèn., p.149, pl. 5, fig. 45. 

(5) Deshayes, 2° édit. de Lamarck, Histoire naturelle des animaux sans ver- 
lèbres, Paris, 1838, t. VIII, p. 138. 

(6) Fossile Conchylien aus der tertiaer Schichten bei Hochheim und Wies- 
baden. Extrait des Mém. Soc. de Wiesbaden, 1845. 

(7) Leonhard und Bronn neues Jahrb., 1851, p. 676. 

(8) Palæontographica, t. HE, p. 18, pl. 1 et 2. 

(9) Basel Verhandl., 1846-48, t. VII, p. 33; Leonhard und Bronn neues 
Jahrb., 1851, p. 122 et 762. 


COLIMACIDES. 23 


Les mollasses de la Suisse sont encore mal connues au point 
de vue des hélices. 


On y cite (1) l'A, Ramondi, Brongniart, Rahti, Thomæ, cespitum, Drap., etc. 
M. le docteur Greppin en a trouvé (2) un grand nombre dans les dépôts ter- 
tiaires de Délémont (Jura bernois). 


Les terrains tertiaires supérieurs d'Angleterre renferment peu 
d'hélices. 


M. Wood () en indique quatre du craz. Deux se trouvent dans le crag 
rouge : l'A. rysa, Wood, et l'A. puchella, Mull., actuellement vivante. 

Deux espèces également vivantes se trouvent dans le crag à mammifères. Ce 
sont les H. hispida, Lin., et arbustorum? Lin. 

Les terrains tertiaires supérieurs (pléistocènes) d’eau douce, du même pays, 
contiennent de nombreuses espèces dont la plupart sont analogues aux vivantes. 
M. Morris (#) en a donné le catalogue général ; M. Brown (5), celui des tertiaires 
supérieurs de Coppord ; M. Edmonds (5), celui des mêmes terrains de la côte 
de Cornouailles. 

Les terrains tertiaires supérieurs de Belgique n’en ont fourni qu’une seule 
à M. Nyst (7), qui l’a décrite sous le nom d’AHelix Haesendonckii. Elle a été 
trouvée au Stuyvenberg près Anvers. 


En Allemagne, les mêmes terrains paraissent plus riches. 


C’est à l'époque pliocène que la plupart des géologues allemands rapportent 
les espèces décrites par Zieten (8). Ce sont les I. insignis, Schübler, et sylves- 
trina, Schl. de Steinheim (?), et les H. globulosa, Benz, subangulosa, id. , 
rugulosa, v. Martens, depressa, id., et infleæa, id., des environs d'Ulm. 

M. Klein (‘0) a fait connaître plusieurs espèces du Wurtemberg, parmi les- 
quelles les H. Ehingensis, Steinheimensis, orbicularis, gyrorbis et mucronata, 


1) Studer, Geol, der Schweiz, t. Il, p. 419, 433, etc. 


(1) 
(2) Ibid., t. I, p. 407. 

(3) Mollusca from the crag (Palæont. Soc., 1847). 

(#) Morris, Catalogue, p. 147. 

(5) Brown, Quart. journ. of the geol. Soc., 1852, t. VIII, p. 189. Voyez 
aussi le même auteur, Ann. and mag. of nat. hist., 1841, t. VII, p. 427, et 
1843;t. XIE: p.477. 

(6) Geol. trans. of Cornwall, 4848, et Leonhard und Bronn neues Jahrb., 
1850, p. 868. 

(*) Description des coquilles et polypiers fossiles des terrains tertiaires de la 
Belgique, p. 464, pl. 38, fig. 17. 

(8) Pétrif. du Wurtemberg, pl. 29 et 31. 

(2) Voyez sur les colimacés de Steinheim une note de M. L. de Buch, Acad. 
de Berlin, 18 janvier 1836. 

(19) Würtemberg Jahreshefte, t. H, 1846, p. 65. 


2/ GASTÉROPODES PULMONÉS. 


sont nouvelles, ainsi que les #. Kleinii, Krauss, et Giengensis, id. Toutes ces 
espèces paraissent appartenir à l’époque pliocène. 

Le même auteur (1) a donné un catalogue des hélices qui se trouvent dans 
les dépôts plus récents du même pays (diluvien). Les espèces sont presque toutes 
analogues aux vivantes, sauf l'A. submarginalis, Klein, et acieformis, id. 

Les espèces du loess du Rhin ont été citées par plusieurs auteurs. M. Alex. 
Braun (2), en particulier, a donné la proportion de leur abondance. La plus fré- 
quente est l'A. hispida, Drap., puis vient l’H. arbustorum, qui est près de 
vingt fois plus rare, ete. Toutes ces espèces sont analogues aux vivantes, sauf 
VA. diluvi, Braun, et l'H. tenuilabris, id. 

Les hélices du tuf calcaire de Ahlersbach étudiées par M. Speyer (3) sont 
nombreuses (24 espèces) et toutes analogues aux vivantes. 


On en cite quelques-unes des terrains supérieurs d'Italie. 


Les terrains pliocèues du Piémont renferment, suivant M. E. Sismonda (4), 
deux espèces, les H. sepulta, Mich., et vermicularia, Bonelli. 

Les terrains quaternaires de Sicile renferment, suivant M. Philippi (5), deux 
espèces actuelles vivantes, l'H. vermiculata, Müller, et l'H. Mazzulü, Jan., 
et une espèce éteinte, l’Z. sphæroidea, Philippi. 


Il est inutile d'énumérer ici les gisements diluviens où l’on à 
trouvé des hélicesidentiques avec les espèces vivantes. C’est larègle 
générale pour ces formations, pour les cavernes, les brèches os- 
seuses, etc. Dans quelques pays, cependant, on a observé des 
espèces fossiles qui ne vivent plus dans la même localité et qui 
ont ordinairement pris une habitation plus méridionale. 


Les ANasromA , Fischer (Angystoma, Klein, Tomogeres, Montf., 
d'Orb. (‘), Tomigeres, Leach, Lychnus, Matheron), — Atlas, 
pl. LVIL fig. 11, 


forment un genre à peine distinct des hélices et caractérisé seule- 
ment par une bouche retournée et ouverte en haut, dirigée du 


(1) Würtemberg Jahreshefte, t. I, 1846, p. 100. 

(2) Leonhard und Bronn neues Jahrb., 1847, p. 49. 

(3) Leonhard und Bronn neues Jahrb., 1844, p. 32. 

(4) Synopsis an. ev. Pedem. foss., p. 56. 

(5) Enum. moll. Sicil., t. 1, p. 135, pl. 8, fig. 19. 

(6) M. d'Orbigny, Cours élém., p. 9, a employé le mot de Tomogeres, 
Montf., pour désigner ce genre, parce qu’il date de 4810, et que Lamarck, 
auquel il attribue celui d’Anastoma, n'a écrit qu’en 1820 le volume de l’Hist. 


COLIMACIDES. 25 


côté de la spire et ayant un labre réfléchi. Les animaux n étant 
pas connus, il est impossible de discuter l'importance de cette 
modification singulière. 

Ce genre ne renferme aujourd'hui que deux espèces des zones 
chaudes, qui sont caractérisées par une bouche dentée, grimaçante. 
M. Matheron a formé un genre LYcaxus pour des espèces fossiles 
à bouche simple, que cette seule différence ne peut pas séparer 
des anastoma. Ces espèces ont été trouvées dans les lignites de 
la Provence (tertiaire inférieur). 


M. Matheron (1!) a décrit ces espèces sous les noms de Zychnus ellipticus, 
Math., L. urgonensis, id., L. Matheronii, Requien. Elles proviennent toutes 
trois des Bouches-du-Rhône. (La dernière est figurée dans l'Atlas.) 


Les Bucimes (Bulimus, Lamk), — Atlas, pl. VLIT, fig. 12 à 17, 


sont des hélices à coquille allongée, dont la bouche, entourée 
d'un bourrelet, est plus haute que large. Quelques espèces vivan- 
tes étrangères sont très grandes ; les fossiles sont pour la plupart, 
comme les espèces européennes actuelles, de taille moyenne ou 
petite. Quelques-unes cependant prennent, sous ce point de vue, 
les caractères des bulimes des pays chauds. 

Nous réunissons à ce genre, à l'exemple de M. Deshayes, celui 
des AGaTiNEs (Achatina, Lamk), qui ne diffèrent des bulimes que 
par leur columelle tronquée et leur labre non réfléchi (Atlas, 
pl. LVII, fig. 15 à 17). L'identité des animaux rend cette asso 
ciation nécessaire. 

On trouve les bulimes fossiles dans tous les terrains tertiaires. 

Les terrains tertiaires inférieurs en renferment plusieurs. 


Parmi les espèces les plus anciennes on peut citer le Bulimus Michaudi, de 
Boissy (?), du calcaire lacustre de Rilly-la-Montagne, et quatre espèces du 


nat. des anim. sans vert., où il est contenu. Mais ce genre a été établi par 
Fischer, en 1807, suivaut Menke, sous le nom d’Anostoma. M. Deshayes 
(Dict. de d'Orbigny, 1, 431) a fait d'ailleurs remarquer avec raison que l'on 
doit changer l'orthographe en ANAsTomA (2%, sur), nom déjà employé dans ce 
but par G. B. Sowerby. Cette légère modification ne doit pas empècher de 
considérer Fischer comme créateur du genre. 

(1) Matheron, Catalogue dans Répert. trav. statist. Mars., t. VI, p. 274, 
pl. 34, fig. 4 et 2, et Ann. sc. et ind, midi de la France; Requien, Bull. Soc. 
géol., 18492, t. XIII, p. 495. 

(2) Mém. Soc. géol., 2° série, t. HI, p. 279, pl. 6, fig. 4. 


26 GASTÉROPODES PULMONÉS. 


même gisement décrites par le même auteur sous le nom d’Achatina. Ce sont 
les À. Terveri, rillyensis, cuspidata et similis, de Boissy. (Atlas, pl. LVIT, 
fig. 15 et 16.) 

Les lignites de Provence en contiennent également. 

M. Matheron {{) a décrit les Bulimus terebra, Math., des Baux ; Panes- 
corsii, id., d'Orgon, espèce de grande taille et semblable aux bulimes ovoïdes 
américains; subcylindricus, id., des lignites d'Aix, grande espèce allongée. 
(Atlas, pl. LVIL, fig. 12.) 

M. d'Orbigny (2) nous paraît placer avec raison dans ce genre les Lymnæa 
longissima, Math., des lignites de Simiane, et aquensis, id. (Bulim. meridio- 
nalis, d'Orb.), des lignites d'Aix. 

Je crois également justifiée l'opinion émise par le même auteur, qui rap- 
porte au genre des bulimes deux espèces des gypses (éocène supérieur), le 
C. aquensis, Math., d'Aix, qui deviendrait le Bulimus Matheronianus, d'Orb., 
et le Cyclostoma crassilabra, Math., de Vaucluse. 

La L. affuvelensis, Math., des lignites de Fuveau, et la L. obliqua, id., des 
lignites d'Aix, me paraissent plus douteuses. 

Les terrains tertiaires éocènes d'Angleterre ont fourni quelques espèces. On 
cite en particulier (3) le Bulimus ellipticus, Sowerby (tenuistriatus, Wetherell et 
Sowerby jeune), grande espèce des dépôts d’eau douce de l’île de Wight, etc. 
(Atlas, pl. LVII, fig. 13); le B. politus, F. Edwards de Headon-Hill, et le 
B. costellatus, Sow. (Achatina costellata, F. Edw.), de l'ile de Wight, etc. 

Les bulimes paraissent manquer presque complétement aux terrains pari- 
siens proprement dits. Des quatre espèces qui avaient été décrites par Lamarck 
et par M. Deshayes (f), trois sont des Paludestrina pour M. d'Orbigny, 
(B. sextonus, lævigatus et conulus), et une est une Bonellia (B. terebellatus). 
Il paraît cependant que l’on doit rapporter à ce genre l’Achatina pellucida, 
Desh. (5), de Parnes. 


Les dépôts d'Aix que nous avons désignés ci-dessus sous le 
nom de grès à hélices, et quelques terrains contemporains du midi 
de la France, renferment aussi des bulimes. 


M. Matheron (6) a décrit les Bulimus aquensis, Math., d'Aix ; gallo-provin- 
cialis, id., de Peyrolles, et Christolianus, id., du même gisement. 


(1) Matheron, Catalogue, dans Répert. trav. Soc. Marseille, t. VI, p. 277, 
pl. 36 et 37. 

(2) D'Orbigny, Prodrome, t. I, p. 298; Matheron, ibid. 

(3) Sowerby, Min. conch., pl. 337; Wetherell et G. B. Sowerby, London 
geol. journ., t. 1, p. 20; F. Edwards, Eocene mollusca (Palæont. Society, 
1852, p. 71, pl. 11). 

(#) Cog. foss. Par., t IL, p. 61, pl. 8 et 9; Lamarck, Ann Mus., t IV. 

(5) Cog. foss. Par., t. Il, p. 65, pl 6. 

(5) Catalogue, dans Répert, trav. statist, de Marseille, t. VE, p. 279. 


COLIMACIDES. 97 


Quelques espèces sont citées dans les terrains miocènes supé- 
rieurs. 


M. Grateloup (1) a trouvé dans les faluns jaunes de Dax une espèce qu'il 
rapporte au B. lubricus, Brug. M. d'Orbigny en a fait le B. sublubricus. Ces 
mêmes faluns jaunes renferment deux espèces du groupe des Achatina, dont 
une est nouvelle, l'A. buccinula, Gratel., et dont l’autre est rapportée par le 
même auteur à l’A. acicula, Lamk, vivante. 

Les B. globulus et turritus, Grat., paraissent être des paludestrines. 

M. Thomæ (2) à décrit ie Bulimus gracilis, d'Hochheim et les Achatina 
Sandbergeri, Thom., et subsulcosa, id., du même gisement, ainsi qu’une 
espece qu'il rapporte à l'A. lubrica, Menke, vivante 

M. A. E. Reuss (3) a recueilli, dans les dépôts d’eau douce du nord de la 
Bohème, les Bulimus complanatus, Reuss, et Meyeri, id., ete., et six espèces 
nouvelles décrites sous le nom d’Achatina. Le B. complanatus est figuré dans 
l'Atlas, pl. LVII, Gg. 13, et l’Achatina inflata, Reuss, id., fig. 17. 


Quelques espèces vivantes ont été trouvées fossiles dans des 
dépôts récents. 
: On a trouvé aussi quelques bulimes hors d'Europe. 


On cite (£) à Bahia Bianca (Amér. mér.) le B. nucleus, SoW. 


Plusieurs espèces ont été trouvées dans des dépôts récents de Sainte- 
Hélène (5). 


Les MaizLors (Pupa, Lamk), — Atlas, pl. LVIT, fig. 18 à 20, 


ont une coquille à sommet très obtus, épaisse, et dont le milieu 
est renflé, parce que le dernier tour de l'adulte redevient plus 
étroit que les autres. La bouche a un bourrelet et est entamée par 
le tour de spire précédent. Les maillots sont aujourd'hui de petites 
espèces qui vivent dans les lieux humides. 

Quelques auteurs en distinguent les Verri60s (Vertigo, Müller), 
qui n’ont que deux tentacules, mais qui paraissent liés par des 
transitions insensibles avec les maillots. Dans plusieurs petites 
espèces, les petits tentacules disparaissent graduellement et plus 
ou moins complétement, et ces dégradations successives montrent 


(1) Conch. foss. de l’'Adour, 1. I. 

(2) Foss. Conch. tert. Schicht , ete., p. 150, pl. 3, fig. 9. 

(3) Palæontographica, t. , p. 29, pl. 3. 

(f) Voyage of the Beagle, Mammif., p. 9. 

(5) G. B. Sowerby jeune, dans l’appendice à l'ouvrage de Darwin sur les 


Îles volcaniques; E. Forbes, Quart. journ. of the geol. Soc.,t. VITE, p. 197, 
pl. à. 


28 GASTÉROPODES PULMONÉS. 


le peu d'importance de ce caractère, d'autant plus que Les grands 
tentacules conservent tout à fait leurs caractères normaux, et ne 
prennent point ceux des familles suivantes où ils ne sont égale- 
ment qu'au nombre de deux. 

Je réunis aussi aux maillots les Azeca, Leach, genre établi 
pour les espèces voisines du Pupa tridens, Drap. 


Les maillots ne se trouvent que dans les terrains tertiaires et 
récents. 


Les terrains tertiaires inférieurs en renferment beaucoup. 


Les dépôts de Rilly-la-Montagne en contiennent plusieurs espèces qui ont 
été décrites (1) par M. Michaud et par M. Saint-Ange de Boissy. Ce sont les 
Pupa columellaris, Mich., sinuata, id., oviformis, id., rillyensis, de Boissy, 
Archiaci, id., palangula, id., et remiensis , id. Les P. columellaris et ril- 
lyensis atteignent une taille bien supérieure à celle des espèces européennes 
actuelles. (Voyez Atlas, pl. LVIL, fig. 18, la P. r'illyensis.) 

Les lignites de Provence ont fourni à M. Matheron (2) le Pupa antiqua, 
Math. (subantiqua, d'Orb.), des Baux ; le P. patula, id., du vallon de Duc, 
et le P. elegans, d'Aix. 

Les terrains éocènes d'Angleterre ont fourni à M. F. Edwards (5) le Pupa 
perdentata, Edw., de Sconce, et le P. oryza, id., de Headon-Hill. 


Ce genre se continue dans les terrains miocènes. 


M. l'abbé Dupuy (f) en a décrit cinq espèces de Sansan. Ce sont les P. Lar- 
teti, Dup., Nouleliana, id., lratiana, id., Blainvilleana , id., et une ana- 
logue de la P. antivertigo, Dupuy, vivante. 

M. Grateloup (5) a trouvé dans les faluns jaunes de Dax le Pupa striata, 
Grat. (substriata, d'Orb.). 

M. Thomæ (5) n’a décrit que le Pupa selecta, Thom., d'Hochheim. 

On doit à M. Alex. Braun (7) la connaissance de quelques autres espèces 
d'Allemagne. 

M. Reuss ($) cite dans les dépôts d'eau douce du nord de la Bohême le 


(1) Michaud, Actes Soc. lin. Bordeaux, t. X, p. 256 ; Saint-Ange de Boissy, 
Mém. Soc. géol., 2° série, t. II, p. 273, pl. 5. 

(2) Catalogue, dans Répert. trav. Soc. statist. de Marseille, t, VI, p. 277, 
et Ann. sc. et ind. midi de la France, p. 56, pl. 1. 

(3) Eocene mollusca (Palæont. Soc., 1852, p. 76, pl. 11 et 14). 

(4) Journal de conchyliol. de M. Petit, 1850, p. 307, pl. 15. 

(5) Conch. foss. de l’ Adour, I. 

(6) Foss. Conch. tert. Schicht., p. 150. 

(7) Denk. naturf. Vereins, 1842. 

(8) Palæontographica, t. I, p. 29, pl. 3. 


COLIMACIDES. 29 


Pupa minutissima, Hartm., vivante, et deux espèces nouvelles, les Vertigo cal- 
losa, Reuss (fig. 19), et turgida, id. 


Les terrains tertiaires pliocènes en contiennent également. 


M. Klein (!) en cite quelques-uns trouvés à Steinheim ou dans des gise- 
ments voisins. Ce sont les P. Schubleri, Klein (antiqua, Schübler), acuminata, 
id., et neorolingensis, id. 


Les dépôts diluviens et quaternaires renferment des espèces 
dont la grande majorité sont identiques avec les vivantes. 


Les MecaspiRa, Lea, — Atlas, pl. LVIL fig. 21, 


ont les caractères essentiels des maillots, mais en difièrent par 
leur allongement, la coquille étant composée de tours nombreux. 
Le type de ce genre est le Pupa elatior, Spix, qui vit dans 
l'Amérique méridionale. 
On peut lui rapporter quelques espèces fossiles. 


Une des plus remarquables est la Megaspira rillyensis, de Boissy (2) (Pyra- 
midella exarata, Michaud), des calcaires lacustres de Rilly-la-Montagne: c’est 
l'espèce figurée dans l'Atlas. 

Le Pupa elongata, Melleville (3), des sables inférieurs de Chälons-sur- 
Vesle, est aussi une Megaspira. 

Il est très possible qu'il faille rapporter au même genre la Melania tenui- 
costata, Matheron (f), des lignites de Rognac; mais sa bouche n’a pas de 
dents internes. 

La Clausilia? Larteti, Dupuy (5), me paraît aussi devoir être associée aux 
précédentes, 


Les CLausicies (Clausilia, Lamk), — Atlas, pl. LVIT, fig. 22 à 95, 


ont une coquille fusiforme comme les maillots, mais plus grêle, à 
sommet peu obtus. La bouche arrondie ou ovale est irrégulière, à 
bords réunis, partout réfléchis en dehors. Leur nom vient d’une 
pièce élastique et operculiforme qui fait l'office d'opercule et quiest 


(1) Würtemb. Jahreshefte, 1846, t. Il, p. 76, pl. 1. La première a été 
décrite par Zieten, Pétrif. du Wurt., pl, 29, fig. 7. 

(2) Mém. Soc. géol., 2 série, t. II, p. 277, pl. 6, fig. 4 et 2; Michaud, Act, 
Soc. lin. Bordeaux, t. X, p. 158, fig. 6. 

(8) Sables tert. inf. (Ann. sc. géol., t. 1). 

(4) Catalogue, dans Répert. trav. statist. Marseille, t. VI, p. 290, pl. 36, 
fig. 19.à 22, 

5) Journ. conchyl, de M. Petit, p. 306, pl, 15, fig. 4. 


30 GASTÉROPODES PULMONÉS. 


située dans l’avant-dernier tour. Cette pièce paraît manquer dans 
quelques espèces vivantes, et ne peut que bien rarement servir de 
caractère en paléontologie. M. Deshayes pense , probablement 
avec raison, que les clausilies et les maillots ne doivent former 
qu'un seul genre. 

Elles ont commencé avec les terrains tertiaires inférieurs. 


M. Saint-Ange de Boissy a décrit (1) les Cl. contorta, Boiss., et Edmondi, 
id., trouvées dans les calcaires lacustres de Rilly-la-Montagne. (Atlas, 
pl. LVII, fig. 22 et 23.) 

M. Michelin (2) cite la Clausilia campanica, Michel., trouvée dans le cal- 
caire à palæotheriums de Provins. 

M. F. Edwards a fait connaître (3) la Clausilia striatula, des dépôts éocènes 
d'Angleterre (Sconce). 


Quelques espèces appartiennent à l’époque miocène (‘). 


M. Thomæ (5) a décrit la C!. bulimoides, Braun, des environs de Wiesbaden. 
M. A. E. Reuss (f) à fait connaître les CI. vulgata, Reuss, et peregrina, 
id. (Atlas, pl. LVIL, fig. 25), des dépôts lacustres du nord de la Bohéme. 


Les dépôts pliocènes en contiennent aussi. 


M. Reuss (7) à trouvé la CT. grandis, Reuss, à Zviefalten, et la C1. antiqua, 
Schübler, à Steinheim, etc. 


Les AMBRETTES (Succinea, Drap., Cochlohydra, Férussac),-—Atlas, 
pl. LVII, fig. 26, 

ont à peu près la forme des hélices, mais une ouverture très am- 

ple, plus longue que large. Leur labre est tranchant, jamais ré- 

fléchi, et il s'unit avec une columelle mince, amincie et également 

tranchante. Ces mollusques habitent le voisinage des eaux, et 


(1) Mém. Soc. géol., 2° série, t. III, p. 278, pl. 5. 

(2) Michelin, Mém. d'agric. de l'Aube, 1832, p. 201 ; Bull. Soc. géol., t. V, 
p. 460. 

(3) Eocene mollusca (Palæont. Soc., 1852, p. 78, pl. 11, fig. 6). 

() La plupart des auteurs rapportent à l’époque miocène la Clausilia 
maxima, Grat., Conch. foss. Adour (Atlas, pl. LVI, fig. 24); maïs cette espèce 
me paraît plus récente. Elle a été trouvée dans les tufs lacustres supérieurs, 
avec les Helix nemoralis, hortensis, ete. 

(5) Foss. conch. tert. Schicht., pl. 4, fig. 6. 

(6) Palæontographica, t. I, p. 34, pl. 4, fig. 1 et 2. 

() Würtemb. Jahreshefte, 1846, t. Il, p.73; Zieten, Pétrif. Wurt., pl. 31, 
fig. 3. 


AURICULIDES. 31 


M. Deshayes a montré qu'ils diffèrent des genres précédents par 
quelques caractères anatomiques importants. 
On en connaît quelques espèces des terrains tertiaires. 


La S. imperspicua, Wood (!), provient des terrains éocènes d'Angleterre. 

La S. spectabilis, Thomæ (2), a été trouvée dans les terrains miocènes de 
Wiesbaden. 

M. À. E. Reuss (#) a trouvé dans les terrains lacustres du nord de la 
Bohême la S. affinis, Reuss, et une espèce qu'il rapporte à la S. Pfeifferi, 
Rossm., vivante. (Atlas, pl. LVII, fig. 26.) 

M. Alex Braunet M. Klein (f) ont fait connaître, sous les noms de S. palu- 
dinoides et S. vitrinoides, deux espèces des terrains diluviens d'Allemagne 
(loess), où elles se trouvent avec quelques espèces qui vivent encore. 

La Succinea Bensoniana, Forbes (5), a été trouvée dans les dépôts récents 
de l’île Sainte-Hélène. 


3e Famizze. — AURICULIDES. 


Les auriculides ont une coquille ordinairement plus massive 
et plus épaisse que les colimacides, et leur columelle est pourvue 
de deux plis. Les veux de l'animal sont à la base des tentacules, 
dont il n'existe qu'une paire. Ces mollusques ont des habitudes 
demi-aquatiques et demi-terrestres. 

On trouve dans divers auteurs de nombreuses espèces indiquées 
comme appartenant au genre AURICULA; mais parmi ces coquilles 
il en est plusieurs qui ont été trouvées dans des terrains marins, 
et comme de nos jours aucun gastéropode pulmoné ne vit dans la 
mer, on peut douter de l'exactitude de ces rapprochements. Il est 
très probable, comme le fait remarquer M. d'Orbigny, que la plu- 
part des prétendues auricules fossiles des terrains formés par la 
mer doivent être rapportées à la famille des pyramidellides, dont 
les coquilles ont les mêmes caractères, mais dont les animaux sont 
pectinibranches et marins. 

Il est cependant un certain nombre d'espèces qui proviennent 


(1) F. Edwards, Eocene (mollusca Pal. Soc., 1852, p. 81, pl. 11, fig. 3) 

(2) Foss. Conch. tert. Schicht., p. 153. 

() Palæontographica, t. 11, p. 18, pl. 1. 

(#) Braun, Denk. naturf. Vereins, 1842; Klein, Würtemb. Jahreshefte, 
1846, t. IL, p. 97. 

(5) Quart. journ., t. VIII, p. 198. 


F9) GASTÉROPODES PULMOXNÉS. 


de gisements d'eau douce. Elles appartiennent toutes au genre 
des auricules et à l'époque tertiaire. 


Les AURICULES (Auricula, Lamk),— Atlas, pl. LVIT, fig. 27 à 51, 


forment le seul genre de cette famille; car, à l'exemple de 
M. Deshayes, et en nous fondant sur la similitude des animaux et 
sur les transitions insensibles qui lient ces formes diverses, 
nous leur réunissons les genres suivants : 

4° Les Scaragus, Montfort (Polydonta, Fischer), à coquille 
ovoïde, aplatie, à bouche grimacante et dentée, tant sur le labre 
que sur la columelle. 

2 Les Conovuzus, Lamk, et les Mezameus, Montfort, à coquille 
ovoïde ou conique , à labre réfléchi et sans dents, à columelle 
dentée. 

3° Les.Carvcmium, O.-F. Müller, à coquille allongée , à labre 
réfléchi et à columelle dentée. 

4° Les AcMEe, Hartm (olim Acicula, id.) ou PuruLa, Agassiz, 
à coquille allongée et à bouche sans dents. 

On trouve les auricules dès les terrains tertiaires les plus infé- 
rieurs. 


Les calcaires lacustres de Rilly-la-Montagne ont fourni à M. Saint-Ange de 
Boissy (1) l'A. remiensis, Boiss , dont la columelle a une seule dent et dont 
le labre est simple, et les A. Michelini, Boiss., et Michaudi, id., à labre et 
columelle dentés. Ces coquilles sont allongées et appartiennent au type des 
Carycæium. (Atlas, pl. LVII, fig. 27 et 28.) 

Les lignites de Proyence renferment, suivant M. Matheron (2), les Auricula 
Requieni, Math., et À. ovula, id. (subovula, d’Orb.). 

M. F. Edwards () a décrit, sous le nom de Melampus tridentatus, une 
espèce des terrains éocènes du Hampshire, qui deviendrait l’Auricula triden- 
tata (Atlas, pl. LVIL, fig. 29), et sous le nom de Pedipes glaber, une espèce 
du même gisement, qui me paraît devoir porter le nom d’Awricula glabra et 
appartenir au groupe des SCARABUS. 

Les espèces des environs de Paris décrites par Lamarck et par M. Deshayes (4) 


(1) Mém. Soc. géol., 2° série, t. III, p. 281, pl. 6, fig. 12 à 14. 

(2) Catalogue, dans Répert. trav. statist. Marseille, t. VE, p. 280, pl. 35, 
fe Mel 

(3) Eocene mollusca (Pal. Soc., p. 112, pl. 10, fig. 4 et 9). 

(4) Lamarck, Ann. Mus., t. IV; Deshayes, Coq. foss. Par., t. 1, p. 65, 
pl, 6 à 8; etc. 


AURICULIDES. 30 


doivent pour la plupart être classées dans d’autres genres et devenir des 
Pedipes, des Ringicules, des Actéons, etc. 

Il faut peut-être conserver dans ce genre l'A. conovuliformis, Desh., de 
Parnes, etc, (parisien A, d’Orb.). 


Les terrains miocènes contiennent aussi des auricules,. 


M. Grateloup (1) a figuré, en la rapportant à tort à l'Auricula Judæ, Lamk, 
actuellement vivante dans les Indes orientales, une espèce des faluns blancs 
(miocène inférieur). Elle a été nommée par M. d'Orbigny A. subjudæ. 
(Atlas, pl. LVII, fig. 30.) 

Le même auteur cite dans les faluns jaunes de Dax (miocène supérieur) les 
A. marginalis, Grat., pisum, Fér. (subpisum, d'Orb.), et biplicata, Grat. 
(subbiplicata, d'Orb.). . 

Les dépôts miocènes de Sansan renferment une espèce, ke Carychium mini- 
mum, Dupuy (2). 

L'A. turonensis, Desh. (3), provient des faluns de la Touraine. 

Les Carychium antiquum et minutissimum, À. Braun ({), ont été découverts 
dans les terrains miocènes d'Allemagne. 

Les calcaires d'eau douce des environs de Mulhouse ont fourni à 
M. P. Merian (5) deux espèces nouvelles, les À. Alsatica, Mer., et protensa, id. 


Quelques espèces sont plus récentes et caractérisent l’époque 
pliocène. 


Le crag rouge et le crag supérieur renferment (5) l'Auricula pyramidatis, 
Sow. {Conovulus pyramidalis, Wood), et l’'Auricula myosotis, Drap., vivante. 

L'Auricula myotis, Brocchi (7), se trouve à la fois dans les terrains mio- 
cènes et pliocènes du Piémont. 

M. E.-A.Reuss($) cite dans les dépôts lacustres de la Bohême l’Acme fusca, 
Gray (Auricula lineata, Drap.), vivante, et l'Acme costellata, Reuss, éteinte, 
(Atlas, pl. LVIL, fig. 31.) 4 

Plusieurs espèces (Acme fusca, Gray, ou Pupula lineata, Charp., Cary- 
chium vulgare, etc., etc.), actuellement vivantes, ont été trouvées fossiles 
dans des terrains récents, 


(1) Conch. foss. de l’Adowr, I. 

(2) Journ. de conchyl. de M. Petit, 1850, p. 312. 

(3) Mém. Soc. géol., t. II, p. 276. 

(#) Denk. naturf. Ver., 1842, p. 149. 

(5) Basel Verhandl., t. VII, p. 33; Leonhard und Bronn. neues Jahrb., 
1851, p. 122 et 763. 

(6) Sowerby, Min. conch., pl. 379; Wood, The crag mollusca (Palæont. 
Soc., 1848, p. 11, pl. 1). 

(?) Sismonda, Synopsis, p. 56. 

(8) Palæontographica, t. I, p. 40, pl. 3, fig. 15 et 16. 

NL. si] 


ô! GASTÉROPOUES PULMONÉS. 


he Famizce. — LYMNÉIDES, 


Les lymnéides ont une coquille très mince, tantôt allongée, 
tantôt tout à fait déprimée. Elles diffèrent des colimacides, en ce 
qu'elles n’ont que deux tentacules non oculés et que leurs habi- 
tudes sont purement aquatiques. 

Cette famille paraît plus ancienne que les précédentes; elle 
est déjà représentée dans quelques dépôts d’eau douce de l'époque 
secondaire. Son plus grand développement à eu lieu pendant 
l'époque tertiaire et dans les eaux douces actuelles. 


Les Lymnées (ZLymnæus, Lamk, Lymnwæa, Limneus, Limnea, ete., 
Auct.), — Atlas, pl. LVIIT, fig. 1 et 2, 


ont une coquille allongée, dont le dernier tour est très grand , 
à bord mince. Leur columelle à un pli très oblique; leur bouche 
est plus longue que large. Elles sont communes aujourd'hui dans 
les eaux stagnantes. 

Les-espèces les plus anciennes appartiennent à l'époque weal- 
dienne. 


Sowerby (1!) en a indiqué une espèce dans les terrains wealdiens d’An- 


gleterre. 
M. Dunker (2) a décrit le Zymnœus Hennei, Dunk., des mêmes terrains 


d'Allemagne. (Atlas, pl. LVIIT, fig. 1.) 


Les espèces sont beaucoup plus abondantes dans les terrains 


tertiaires. 
On en connait un assez grand nombre de l’époque éocène. 


Elles paraissent cependant manquer dans les sables inférieurs et dans le 
calcaire lacustre de Rilly-ila-Montagne. 

Les liguites de Provence en contiennent, suivant M. Matheron, quelques 
espèces ; mais nous les avons rapportées ci-dessus au genre Buzimus. 

M. Noullet (3) en a fait connaître deux espèces du terrain nummulitique 


(1) Dans le Mémoire de Fitton sur les terrains crétacés d'Angleterre (Trans. 
ofthe geo. Soc., 2° série, t. IV, p. 298 et 363). 

(2) Monog. der Nordeutsch. Wealdenbildung, p. 57, pl. 10, fig. 2 

8) Noullet, Descr. coq. foss. des calc. lac. de Montolieu et de Conques ; 
Leymerie, Mém. Soc. géol., 2° série, t. [, p. 370; d’Archiac, Hist, des pro- 
grès, t. HI, p. 278. 


LYMNÉIDES. 35 


de la montagne Noire, les L. Rollandi et Leymerü. M. Leymerie en avait 
déjà signalé des fragments dans ce même terrain. 

Le dépôt éocène supérieur du bassin de Paris en renferme au moins 
huit espèces quiont été décrites (1!) par MM. Brard, Brongniart, Deshayes, etc. 
Ce sont les L. longiscala, Brongniart, strigosa, id., acwminata, id., palus- 
tris, id. (subpalustris, d'Orb.), ovum, id., ventricosa, id., arenularia, Brard, 
pyramidalis, id., et substriata, Deshayes. 

Le L. Naudoti (?), Michelin, a été trouvé dans le calcaire à palæothériums 
de Provins. 

Plusieurs de ces espèces ont été retrouvées dans les terrains éocènes d'eau 
douee d'Angleterre. M. F. Ewards {3) cite en outre dans ces gisements, les 
L. caudata, F. Edw., sulcata, id., gibbosula, id., sublata, id., mixta, id., 
tumida, id., fusiformis, Sow., columellaris, id., subquadrata, F. Edw., con. 
vera, id ; cosiellata, id., eincla, id., angusta, id.,.minima, Sow., recla;, 
F. Edw., et tenuis, id. 


Les espèces se continuent dans les terrains de l’époque mio- 
cène. 


Il faut rapporter aux terrains miocènes inférieurs les espèces suivantes dé- 
erites par MM. Brard, Brongniart, Deshayes, ete. (f): L. cornea, Brongniart, 
fabula, id; inflata, id., obtusa, Brard, symetrica, 14., et cytindrica, id. 

M. Grateloup (5) en a fait connaître plusieurs des terrains miocènes supé- 
rieurs des environs de Dax. Ce sont le L. striatella, Grat., des faluns jaunes, 
et les L. fragilis, Grat. (vivante), auricularia, Drap. (vivante), ovata, id. (vi- 
vante) et palustris, id. (vivante), des calcaires lacustres supérieurs; -si tou- 
tefois ces couches appartiennent bien à cette époque (6). 

M. Deshayes \7) a décrit les L. peregrina, Desh , obtusissima, id., et velu- 
tina, id., des terrains miocènes de la Crimée. 

Le célèbre gisement de Sansan renferme, suivant M. Noullet (8j, cinq 
espèces inédites. 

Les environs de Wiesbaden ont fourni à M. Thomæ (*) les Z. pachy- 


(1) Brard, Ann. Mus., t. XV; Brongniart, id. ; Deshayes, Cog. foss. Par., 
t. 11, p: 90, pl. 10 et 11. ; 

(2) Mém. Soc. agric. de l'Aube, 1832, n° 44, p. 201; Bull. Soc. géol., 
t. V, p. 460. 

(3) Eocene mollusca (Palæont _Soc., 1852, p. 81, pl. 12); Sowerby, Min. 
conch., pl. 169 et 528. 

(4) Brard, loc, cit ; Brongniart, id.; Deshayes, id. 

(5) Conch. foss. de l’Adour, 1. 

(6) M. d'Orbigny les attribue à l’époque miocène. Ne sont-elles pas plus 
récentes ? 

(7) Mém. Soc. géol., t, HI, p. 63, pl. 5. 

(8) Liste ajoutée à la fin de la Notice sur la colline de Sansan, par 
M. Lartet. 

(%) Foss. Conch. tert. Schicht., p.455, pl. 4. 


46 GASTÉROPODES PULMONÉS. 


gaster, Th., acutus, À. Braun (subpalustris, Th.), cretaceus, id., minor, id., et 
une espèce qui paraît identique avec le L. vulgaris, Pfeiffer (vivante). Le 
L. acutus est figuré dans l'Atlas, pl. LVHE, fig. 2. 

M. A.-E. Reuss (1) cite dans les calcaires lacustres du nord de la Bohême, 
outre trois des espèces précédentes, le L. medius, Reuss. 

M. P. Merian (2) indique trois espèces de lymnées dans les calcaires Jacus- 
tres des environs de Mulhouse , dont une ne peut pas se distinguer du 
L. palustris, Drap 


Quelques espèces paraissent avoir vécu pendant l'époque plio- 
cène. 


M. Klein a décrit (3) les L. bullatus, K1., subovatus, Hartm., ellipticus, 
Kurr., gracilis, Zieten, Kurrü, KI., et socialis, Schübl., trouvés dans le 
Wurtemberg. 

Le crag supérieur d'Angieterre renferme, suivant M. Wood (#), quelques 
espèces identiques avec les vivantes. 


On a trouvé des Ivmnées fossiles hors d'Europe. 


Le Z. subulata, Sowerby (5), provient du terrain nummulitique des Indes 
orientales. 


Les CaiLiNa, Gray, 


ont une tête plus largement auriculée que les Iymnées, les tenta- 
cules plus courts, et leur manteau se prolonge postérieurement 
dans l’angle d'ouverture de la coquille. Ces coquilles ressemblent 
beaucoup aux Jymnées : elles sont minces, ovales ou oblongues ; 
leur columelle est assez épaisse et a un ou deux plis plus ou 
moins aigus. Ce genre est aujourd'hui spécial à l'Amérique mé- 
ridionale. 


M. d'Orbigny (6) en a trouvé des moules imparfaits dans des terrains ter- 
tiaires (miocènes ?) situés sur les bords du rio Negro, en Patagonie (Ch. an- 
tiqua, d'Orb.). 


() Palæontographica, &. IE, p. 35, pl. 4. 

(2) Basel Verhandl., 1846-1848, t, VII, p. 33; Leonhard und Bronn 
neues Jahrb., 1851, p. 122 et 763. 

(3) Klein, Wäürtemberg. Jahreshefte, 1846, t. 11, p. 81, pl. 2; Zietes, 
Pétrif. Wurt., pl. 30 et 31. 

(4) Crag mollusca (Palæont. Soc., 1848, p. 6, pl. 1). 

(5) Trans. of the geol. Soc., 1837, t. V, pl. 47, fig. 13. 

(6) Voyage dans l'Amér. mérid., Paléontologie, p. 414. 


LYMNÉIDES. 37 


Les Payses (Physa, Drap., Bulinus, Adanson, Nauta, Lcach, 
Aplezus, Gray, Aplecta et Aplexa, Fleming), — Atlas, 
pl. LVIL, fig. 3, 


se distinguent des lymnées par leur test poli et luisant, et par 
leur enroulement sénestre. Ces caractères ne seraient pas suffi- 
sants à eux seuls pour motiver l'établissement d'un genre ; mais 
il y à pour cela d’autres motifs plus importants, et entre autres, 
la forme du manteau , qui est renversé sur le test, et celle des 
tentacules, qui sont allongés et étroits, tandis qu'ils sont triangu- 
laires et épais dans les Iymnées. Les physes vivent dans les eaux 
douces et sont moins abondantes que ces derniers. On les trouve 
fossiles dans les terrains tertiaires. 

Les espèces les plus remarquables se trouvent dans les dépôts 
les plus inférieurs de cette époque. 


Le calcaire lacustre de Rilly-la-Montage (!) a en particulier fourni une 
espèce d’une très grande taille, la Physa gigantea, Michaud (Atlas, pl. LVNT, 
fig. 3), et la P. parvissima, de Boissy. 

Suivant M. d'Orbigny, la Ph. gigantea a été retrouvée dans les terrains 
nummulitiques de l'Inde et décrite par Sowerby (2?) sous le nom de 
Ph. Prinsepii. 

M. Raulin (3) a étudié un gisement riche en physes, situé à Montolicu 
(Aude) sous le terrain nummulitique. 11 est probablement contemporain du 
calcaire de Rilly. 

La Physa columnaris, Desh. (4), a été trouvée dans les tertiaires inférieurs 
(suessonien A) d'Epernay, ete. 

Les lignites de la Provence ont fourni à M. Matheron (5), outre l'espèce pré- 
cédente, les Physa Draparnaudii, Math., gallo-provincialis, id., gardanensis, 
id., doliolum, id. et Michaudi, id. La plupart sont remarquables par leur 
grande taille, surtout si on les compare aux petites physes qui vivent aujour- 
d’hui dans nos eaux douces d'Europe. 

Les tertiaires récents fluviatiles d'Angleterre renferment deux espèces que 
l'on rapporte aux Ph. fontinalis et hypnorum, aujourd'hui vivantes (6). 


(1) Michaud, Mag. de zool. de Guérin, 1837 ; Saint-Ange de Boissy, Mem, 
Soc. géol., 2° série, t. I, p. 283, pl. 6. 

(2) Trans. of the geol. Soc., 1837, t. V, pl. 47: d'Orbigny, Prodrome, 
t. IF, p. 299. 

(3) Bullet. Soc. géol., 2° série, t. V, p. 428. 

(4) Coq. foss. Par., t. W, p. 90, pl. 40, fig. 41 et 12. 

(5) Catalogue, dans Trav. Soc. statist. Marseille, t. VI, p. 288, pl. 36. 

(6) Morris, Catalogue, p. 156, 


38 GASTÉROPODES PULMONÉS. 


Les PranoRBes (P/anorbis, Brug.). — Atlas, pl. LV, fig. 4 à 6, 


ont une coquille discoïdale , mince et fragile, enroulée presque 
dans le même plan et à tours peu croissants. Ils vivent aujour- 
d'hui daus les eaux douces stagnantes. 

Ces mollusques paraissent les plus anciens de tous les gastéro- 
podes pulmonés, car, suivant M. Dunker, ils remontent jusqu'à 
l'époque du lias. 


Ce paléontologiste (1) cite le Planorbis liasinus, Dunker, trouvé das les 
schistes inférieurs du lias de Halberstadt qui renferment un mélange de mol- 
lusques marins et de mollusques d’eau douce. 


Ce même genre a été trouvé dans les terrains wealdiens. 


M. Dunker (2) a décrit et figuré le Planorbis Jugleri, Dunker, petite es- 
pèce carénée du terrain wealdien d'Allemagne. (Atlas, pl. LVIIL, fig. 4.) 


Les espèces augmentent beaucoup de nombre dans lPépoque 
tertiaire. 


On les trouve dans les terrains tertiaires les plus anciens. 


Les sables inférieurs d'Epernay (Marne) renferment, suivant M. Deshayes (3), 
les P. subovatus, Deshayes, lœvigatus, id., et sparnacensis, id. 

Les lignites de Provence ont fourni à M. Matheron (4) les Planorbis sub- 
cingqulatus, Math., et pseudo-rotundatus, id. Cette dernière espèce et une autre 
indéterminée ont été trouvées par M. Leymerie dans le terrain nummuli- 
tique de la montagne Noire. 

Les terrains éocènes supérieurs du bassin de Paris sont caractérisés, sui- 
vant M. Deshayes (5), par les L. inflatus, Desh., subangulatus ; id., rotun- 
datus, Brard (retrouvé aussi dans les sables miocènes de Fontainebleau), 
lens, Brongniart, inversus, Desh., et planulatus, id. (la Villette, Pantin, etc.). 

Les dépôts analogues d'Angleterre ont fourni à M. F. Edwards (6), outre 
une partie des espèces précédentes (PI. rotundatus, Brard, et lens, Brongniart), 
les PI. euomphalus, Sowerby, obtusus, id., discus, F. Edwards, oligyratus, id., 


(1) Palæontographica, t. X, p.107, pl. 13, fig. 20. 

(2) Monog. der Norddeutsch. Wealdenbild., p. 57, pl. 10, fig. 4. 

(3) Cog. foss. Par., t. I, p. 85, pl. 9 et 10. 

(4) Catalogue, etc., dans Trav. Soc. statist. Marseille, t. VI, p. 284, pl: 33. 

(P) Loc. cit. 

(6) F. Edwards, Eocene mollusca (Palæontogr. Soc., 4852, p. 97, pl. 45); 
Sowerby, Min. conch. pl. 110 et 140; Wood, London geol. journ., t. E, 
p. 118 ; Bronn, Lethæa, p. 1014, pl. 40, fig. 17. 


LYMNÉIDES. , 39 


platystoma, Wood, tropis, F. Edw., hemistoma, Sow., elegans, F. Edw., bi- 
angulatus, id., Sowerbyi, Broun. 

Le lieutenant Spratt a recueilli dans le golfe de Smyrne, à Vourlan, dans un 
calcaire d’eau douce, avec des espèces éocènes, cinq planorbes dont quatre se 
rapportent avec plus ou moins de doute aux espèces de Paris, et dont une est 


nouvelle (1) (PL Sprattii, E. Forbes). 
Les terrains miocènes contiennent aussi des planorbes. 


M. d'Orbigny rapporte au terrain miocène inférieur deux espèces décrites 
par Brongniart (2). Ce sont les L. cornu, Brongniart, et rotundatus, id., déjà 
cités plus haut. 

Le PI. massiliensis, Matheron (3), a été trouvé dans la mollasse d’eau douce 


de Marseille. 
Le PI. depressus, Nyst (f), provient des terrains miocènes d'eau douce de 


Belgique. | 
Le dépôt ossifère de Sansan (5) en renferme suivant M. Nouliet six espèces 


inédites. 

M. d'Orbigny (6) nomme Planorbis Grateloupi, une espèce de Dax rapportée 
par M. Grateloup au P. cornu, Brongniart. 

Les terrains miocènes de Wiesbaden ont fourni à M. Thomæ (7) trois 
espèces nouvelles, les PI. solidus, Th., corniculum, id., et applanatus, id. 
(Cette dernière est figurée, Atlas, pl. LV, fig. 5.) 

Les gisements analogues du nord de la Bohème étudiés par M. le docteur 
A.-E, Reuss (8) ont présenté, outre quelques éspèces connues, les PI, exiguus, 
Reuss, Ungeri, id., et descussatus, id. 

La mollasse de Günzburg (?) contient le PI. Mantelli, Dunk. 

Les calcaires lacustres de Mulhouse ont fourni à M. P. Merian (10) deux 
espèces indéterminées. 


Les espèces se continuent dans les terrains pliocènes. 


Celles du Wurtemberg (Steinheim, ete.) ont été décrites d’abord par Volz, 


(1) E. Forbes, Quart. journ. of the geol. Soc., 1845, t.., p.163. 

(2) Brongniart, Ann. Muséum, t. XV ; Deshayes, Cog. foss, Par., t, Il, 
p. 83, pl. 9; d'Orbigny, Prodrome, t. HE, p. 2. 

(3) Catalogue, ete., Trav. Soc. statist. Murseille, t. VI, p. 286. 

(£) Coq. et polyp. foss. Belgique, p. 471, pl. 38, fig. 19. 

(5) Liste, etc., à la suite de Lartet, Notice sur la colline de Sansan, p. 44. 

(6, D'Orbigny, Prodrome, t. UE, p. 27; Grateloup, Conch. de l’Adour, t. 1. 

(7) Foss. Conch. tert. Schicht, p. 453, pl. 4. 

(8) Palæontographica, t. H, p. 37, pl. 4. 

() W. Duvker, Palwontographica, t. 4, p. 459, pl. 21. 

(10) Basel Verhandl., 1846-48, t. VII, p. 33; Leonhard und Bronn neues 
Jahrb., 1851, p. 122 et 763. 


0 GASTÉROPODES PULMONÉS. 


Zieten (1), etc. Ce dernier auteur en figure quatre sous le nom de PJ, pseudo- 
anrmonius, Voltz (Helicites pseudo-ammonius, Sehl, (Atlas, pl. LVUL, fig. 6), 
PI. imbricatus, Müller (vivante), PI. hemistoma, Sow., et PI. contortus, Müller 
(vivante). 

M. Klein (2) en a ajouté plusieurs des mêmes gisements. I1 a donné le nom 
de PI. costatus, KI., à celle que Zieten rapportait à l’imbricatus, et décrit les 
PI. lœvis, Klein, oxystoma, id., et Kraussii, id. 


Le crag supérieur d'Angleterre (3) (crag à mammifères) ne renferme que des 
espèces vivantes, 


Les ANCYLES (Ancylus, Geoffr.), — Atlas, pl. EVIIT, fig. 7 à 9, 


ont une coquille patelloïde, dont le sommet est incliné postérieu- 
rement, rarement symétrique et dirigé ordinairement de côté. Le 
test est très mince. L'animal est conique et a un pied très large. 

Son mode de respiration a été contesté. M. Moquin-Tandon (‘) 
vient de montrer qu'on ne peut pas les éloigner des lymnées sous 
ce point de vue. 

Je rénnis à ce genre les VELLETIA, Gray (Acroloxus, Beck), qui 
diffèrent des ancyles par la direction du crochet incliné à gauche 
au lieu de lêtre à droite (Atlas, pl. LVII, fig. 8). Il est vrai que 
M. Thompson y a ajouté quelques différences dans la forme des 
dents ; mais il reste à savoir si ces différences sont toujours liées 
avec la direction du crochet. 

Les ancyles sont aujourd'hui de petites espèces fluviatiles. 

On en connaît des fossiles dès l’époque éocène. 


L'Ancylus Matheroni, Saint-Ange de Boissy (5), provient des calcaires 
lacustres de Rilly-la-Montagne. (Atlas, pl. LVII, fig. 7.) 

L'A. elegans, d'Orb. (Velletia elegans, F. Edw.), a été trouvé à Hordwell 
et dans le Cantal (6). (Atlas, pl. LVIIE, fig. 8.) 


Ïs se continuent pendant l’époque miocène. 


L’'A. depressus, Deshayes (7), a été découvert dans les terrains miocènes 
inférieurs de Jouy. 


(:) Zieten, Pétrif. Wurtemberg, pl. 29 ct 31. 

(2) Würtemb. Jahreshefte, t. I, 1826, p. T7, p!. 1. 

(3) Wood, Crag mollusca (Palæont. Soc., 1848, p. 8, pl. 1). 

(4) Journ. de conchyl. de M. Petit, 1852. 

($) Mém. Soc. géol , 2° série, t. IT, p. 270, pl. 5, fig. 6. 

(6) Sowerby, Min. conch., pl. 533; Pouillet, Catal. mollusq. Auvergne ; 
F, Edwards, Eocene mollusca (Palæont. Soc., 1853, p. 111, pl. 14), 

(7) Deshayes, Cog. foss. Par, t. 11, p. 101, pl. 10, fig. 13. 


PECTINIBRANCHES. hi 


L'A. decussatus, Reuss (1), provient des terrains d'eau douce de Bohême, 
(Atlas, pl. LVIL, fig. 9.) 

L'À. deperditus, Desmarest (2), a été recueilli dans les environs d'Ulm, à 
Grimmelfingen, dans un calcaire crayeux (miocène suivant M. Bronn, plio- 
cène suivant M. d'Orbigny). 


Dans ce genre comme dans les précédents, les espèces vivantes 
se trouvent fossiles dans les dépôts superficiels. 


2° ORDRE. 
PECTINIBRANCHES., 


Les pectinibranches ont des branchies en forme de 
peigne, situées ordinairemeut dans une large cavité ; 
ils respirent donc l'air dissous dans l’eau et sont essen- 
tiellement aquatiques. Leur tête est distincte, et leurs 
yeux existent presque toujours, tantôt pédicellés, tantôt 
sessiles. [ls sont, pour la plupart, revêtus d’une coquille, 
qui est le plus souvent enroulée en hélice, forte et so- 
lide. Quelques-uns d’entre eux ont un opercule, c’est- 
à-dire an disque caleaire ou corné, plus ou moins épais, 
qui est fixé au pied, et qui peut fermer l'ouverture de 
la coquille. 

La plupart des pectinibranches sont marins, et un 
petit nombre habitent les eaux douces. Quelques-uns 
même, par une sorte d’exceplion, peuvent vivre à l'air, 
mais surtout dans les lieux humides. Cet ordre nom- 
breux et varié comprend toutes les coquilles turbinées 
univalves, marines, qui ne sont pas enroulées dans un 
même plan. Ces mollusques forment aujourd'hui une 
partie essentielle de la population des mers, et ïls vi- 
vent sous toutes les latitudes. 

On en trouve aussi dans tous les terrains, et ils ont 


(!) Palæontographica, t. IE, p. 17, pl. 1, fig. 1. 
(2) Bull. Soc. philom., 1814, p. 19; Zieten, Petrif. Würt., pl, 37, fig. 4 
Klein, Wäürt, Jahreshefte, t. II, 1846, p. 64. 


12 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


déjà existé aux époques les plus reculées. Ts paraissent 
dans les faunes anciennes avoir été moins nombreux et 
surtout moins variés qu'aujourd'hui; toutefois, ainsi 
que je l'ai fait remarquer en parlant des gastéropodes 
en général, les découvertes faites depuis un certain 
nombre d’années montrent qu'il ne faut pas exagérer 
ce fait, et que les premières créations de pectinibran- 
ches ont déjà été abondantes ét remarquables. Ils ont 
augmentésuccessivementen nombre pendant lesépoques 
triasique, jurassique et crétacée, et leur principal dé- 
veloppement parait avoir été réservé aux périodes ter- 
tiaire et moderne. Ce que j'ai dit plus haut relative: 
ment à l'histoire paléontologique des gastéropodes se 
rapporte principalement aux pectinibranches, et je me 
borne ici à y renvoyer le lecteur. 

J'ai déjà montré que les pectinibranches fournissent 
des preuves continuelles et évidentes contre la théorie du 
perfectionnement graduel. Ceux de ces mollusques, en 
effet, qui ont vécu dans l'époque primaire , ont eu cer- 
tainement le même degré de perfection dans l’organisme 
que ceux qui les ont suivis; et de même il serait im- 
possible de trouver dans ies espèces des époques se- 
condaire et tertiaire aucun fait qui autorisät à admettre 
Ja moindre infériorité relativement à celles qui vivent 
aujourd’hui. 

Les naturalistes ont beaucoup varié pour la classifi- 
cation de ces mollusques. Cuvier les divise en un petit 
nombre de familles, fondées sur le plus ou moins d’en- 
roulement de la coquille et sur la présence ou l’absence 
de plis à la columelle; cette méthode à l'avantage d’être 
facile à saisir, mais elle crée des associations un peu 
forcées. Lamarck a fait un plus grand nombre de fa- 
milles, qui sont plus naturelles, et qui ont été généra- 
lement adoptées ; sa méthode est la base des travaux de 


PECTINIBRANCHES. 13 


la plupart des conchyliologistes modernes. Je l'ai suivie 
en grande partie en profitant, en outre, des travaux de 
MM. Deshayes, d'Orbigny, ete., en cherchant ainsi à la 
faire concorder, autant que possible, avec les ouvrages 
qui doivent être le plus constamment en main de tous 
les paléontologistes. 

J'indiquerai, en commençant l'histoire de chaque fa- 
mille, les caractères sur lesquels elle est établie; mais, 
je crois convenable de donner, en outre, en faveur de 
ceux qui commencent l'étude des mollusques fossiles, 
un aperçu de la manière dont on peut les reconnaître 
par l'inspection de la coquille seule. Je renvoie, d’ail- 
leurs, à ce que j'ai dit ci-dessus, page 7, pour rappeler 
que les seuls caractères essentiels et suffisants pour 
motiver l’établissement de ces familles sont ceux qui 
se lient à l’organisation intime de l'être, et par consé- 
quent ceux qui sont lirés de l'étude des organes vitaux, 
et non de l'enveloppe extérieure ou coquille. Ces der- 
niers ne doivent être employés qu'autant qu'ils concor- 
dent avec les autres ou en dépendent. 

On pourra s’aider pour cette analyse du tableau sui- 
vant, en n’oubliant pas toutefois que les exigences de 
la méthode naturelle font quelquefois associer des 
senres dont les coquilles diffèrent, et éloigner des 
senres à coquilles semblables, et que, par conséquent, 
il ya dans un tableau pareil plus de précision apparente 
et de rigueur dans les caractères que la nature des 
choses ne le comporte souvent. 


I. COQUILLES À ENROULEMENT SPIRAL RÉGULIER. 


1° Bouche non prolongée en canal el sans échancrures bien 
marquées. 


kl GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


+ Pas de fente ni de trous au labre. 


CycLosromipes. Bouche ronde, operculée, à bord continu, non 
influencée par le dernier tour. Terrestres. 

Pazupinipes. Coquille mince, ovoïde ou ventrue, operculée, 
couverte d’un épiderme verdâtre, à bouche entière formée d'un 
bord continu. Fluviatiles. 

Mécanipes. Coquille mince, ovoide ou turriculée, couverte 
d'un épiderme, à bouche légèrement (!) sinueuse ou déprimée 
en avant, quelquefois échancrée, à bords désunis. Fluviatiles. 

LiTToRINIDES. Coquille épaisse, non nacrée, pas brillante, or- 
dinairement épidermée , variant depuis la forme globuleuse à la 
forme très allongée ; columelle jamais plissée. Marines. (Animal 
sans filets sur le pied.) 

PYRAMIDELLIDES. Coquille épaisse, non nacrée, ordinairement 
brillante, sans épiderme, variant depuis la forme ovoïde à la forme 
très allongée ; columelle souvent plissée. Marines. (Animal sans 
filets sur le pied.) 

Naricies. Coquille globuleuse , spire très courte, bouche très 
grande, semi-cireulaire, operculée. Marines. (Animal muni d'un 
très grand pied.) 

Nérirines. Mêmes caractères extérieurs. Marines. (Animal à 
pied médiocre.) 

Trocoïpes. Coquille enroulée, nacrée, épaisse, à spire mé- 
diocre ou courte, operculée, bouche médiocre. Marines. (Animal 
muni de filets sur le pied.) 


++ Une fente ou des trous au labre. 


Harioripes. Marines. 
2° Coquilles à bouche échancrée ou prolongée en canal. 


A. Coquille polie, lisse et sans stries d’accroissement, parce 
que la couche superficielle est sécrétée par un repli externe du 
manteau. 

Cypréapgs. Coquille mince dans le jeune âge, et dont le der- 


nier tour s’épaissit en prenant une forme très différente des au- 
tres. Marines. 


(1) Dans certaines espèces la sinuosité va jusqu'à une profonde échancrure, 
comme chez les volutides. 


CYCLOSTOMIDES. 1) 


Ouvines. Coquille à enroulement régulier. Marines. 


B. Coquille où l’on distingue extérieurement des stries d'accrois- 
sement. 
+ Un canal et une échancrure. 


STROMBIDES. Un canal antérieur ct une échancrure sur le labre. 
++ Une échancrure et pas de canal. 


Cons. Coquille enroulée en forme de cône , bouche étroite, 
columelle non plissée. 

Vocuripes. Coquille à bouche médiocre où grande, non en 
forme de cône ; columelle plissée. 

Obs. Quelques mélanides ont, comme je Pai dit, une échancrure 
qui les placerait rigoureusement ici. Leur coquille mince et leurs 
habitudes fluviatiles les feront rapporter à leur véritable famille. 


+++ Bouche prolongée en avant en un canal plus ou moins allongé 
(quelquefois très court) et sans autre échancrure. 


Muricines. Coquille à canal droit ou peu courbé. 


Bucanipes. Coquille à canal court ou médiocre, infléchi en 
dessus. 


II. COQUILLES NON ENROULÉES OU A ENROULEMENT IRRÉGULIER. 


VerMéripes. Coquille enroulée d'abord en spire, puis prolon- 
gée en tube irrégulier. 

Crérinuripgs. Coquilles patelloïdes ou à spire peu marquée, 
non symétriques. 

FissuRELLIDES. Coquilles patelloïdes où à spire peu marquée, 
symétriques, échancrées ou percées d’un trou. 

AGmBipes. Coquilles patelloïdes, symétriques, entières. 


4 Fame. — CYCLOSTOMIDES. 


Les cyclostomides forment , dans l’ordre des pectinibranches, 
une exception dont j'ai déjà parlé : elles sont toutes terrestres. Ce 
genre de vie est rendu possible chez elles, parce que la cavité 
cervicale est ouverte en avant et tapissée d'un réseau vasculaire 
qui $ert à la respiration aérienne. Leur coquille est enroulée en 
hélice, operculée, à bouche ordinairement ronde, dont les bords 
sont le plus souvent réfléchis et non dentés. On a souvent rap- 


A6 GASTÉROPODES PECTINIBRANCIES. 


porté à cette famille des coquilles fossiles trouvées dans les ter- 
rains marins; mais la plupart appartiennent probablement aux 
suivantes. Ainsi presque toutes les espèces décrites comme des 
Hécicines sont des rotelles de la famille des trochoïdes, etc. 


Les GycrosromEes (Cyclostoma, Lamk), — Atlas, pl. LVIIT, 
fig. 10 à 13, 


ont une coquille allongée ou déprimée, non polie, dont la bouche 
circulaire à ses bords réunis, ordinairement réfléchis. La colu- 
melle est lisse, les tours sont contigus et l'opercule est spiral. 

Je réunis à ce genre les Cyccorus, Guilding, les PotERIA, Gray, 
les AsPerosTomA, Troschel, les CycLopnor4, Swainson, ete. (1). Au 
premier de ces sous-genres, caractérisé par un opereule caleaire, 
se rapportent quelques espèces éocènes. | 

Je crois devoir lui réunir aussi l'espèce que M. F. Edwards a 
rapportée au genre CRaspepoPOMA, Pieiffer (Solania, Gray). 

Les cyclostomes se trouvent fossiles dans tous Les terrains ter- 
tiaires, et datent des dépôts les plus anciens de cette époque. 


Les caleaires lacustres de Rilly-la-Montagne renferment (2) les C. Arnouldi, 
Michaud, helicinæformis, Boissy, et conoidea, id. Le premier est figuré dans 
l'Atlas, pl. LVIIT, fig. 10. 

Les lignites de Provence ont fourni à M. Matheron (3) les €. solarium, Math. ; 
abbreviata, id., ete. Nous avons rapporté ci-dessus au genre des hélices une 
partie des espèces décrites par ce paléontoïogiste sous le nom de Cyclostomes. 

Les gypses d'Aix renferment, suivant le même auteur, outre quelques espèces 
que nous avons citées ci-dessus en les rapportant au genre Burmus, Île 
C. Coquandi, Math. 

Le C. Braunii, Noullet (4), a été découvert dans le terrain nummulitique de 
Ja montagne Noire. 

Le calcaire grossier de Paris et les dépôts éocènes contemporains (parisien 
inférieur) contiennent (5) le C. mumia, Lamk, et le C'. inflata, Deshayes. 
Quelques espèces décrites sous ce nom paraissent devoir être transportées dans 
la famille des trochoïdes. i 


(t) Je ne parle pas ici d’une foule de groupes dont on ne cite que des es- 
pèces vivantes. M. Pfeiffer a divisé les eyclostomes en 27 genres. 

(2) Michaud, Mag. de 30ol. de Guérin, 1837, pl. 83 ; Saint-Ange de Boissy, 
Mém. Soc. géol., 2° série, t. [IF, p 282, pl. 6. 

(3) Catalogue, dans Trav. Soc. statist. Marseille, t. VI, p. 281, pl. 35. 

-(#) D’Archiac, Hist. des progrès, t. WI, p. 278. 

(5) Lamarck, Ann. Mus., t. IV, p. 11; Deshayes, Coq. foss. Par., ET 
p. 76, pl. 7. 


CYCLOSTOMIDES. | h7 


M. F. Edwards (1!) a décrit sous le nom générique de Cyccorus, deux 
espèces des terrains éocènes d'Angleterre, les C. cinctus, F. Edw., et nudus, 
id., et sous le nom de CrasPEPoDoMA , une espèce des mêmes gisements 
(C. Elisabethæ, F. Edw.). 


Les terrains miocènes renferment aussi des cyclostomes, 


Le grès à hélices des environs d'Aix renferme, suivant M. Matheroan, le 
C. Draparnaudi, Math., et une espèce que l’on peut rapporter au C, elegans 
vivant; mais il dit lui-même que le fossile est plus grand et n'est connu qu'à 
l’état de moule, 

Le C. Serriana, du même auteur, provient des mollasses coquillières de 
Rognes (miocène supérieur), 

Les sables de Fontainebleau ct quelques autres gisements miocènes infé- 
rieurs ont une espèce qui a été décrite (?) par Brongniart sous le nom de 
C. elegans antiquum, et rapportée par M. Deshayes au C, elegans, Drap, 
(vivant); mais elle est plus évasée, (Atlas, pl. LVHI, fig. 11). 

C'est à la même époque que paraît appartenir le C. plicata, d'Archiac, 
trouvé dans le département de l'Oise (3). 

M. Grateloup a figuré (4) le C. cancellatum, Grat., des faluns bleus (mio- 
cène inférieur) de Dax, etc., et le C. Lemani, Basterot, du tuf lacustre supé- 
rieur. 

Le Cyclostoma Lartetii, Noullet (°), provient du terrain miocène de Sansan. 

Les terrains miocènes de Wiesbaden (5) renferment, suivant M. Thomæ, 
les Cycl. bisulcatum, Zieten, dolium, Thomæ, et labellum, id. Les deux pre- 
miers sont figurés dans l'Atlas, pl. LVIIF, fig. 12 et 13. 

Le C. gregaria, Bronn (7), provient de Buxweiler. 

Le C. Rubeschi, Reuss (5), est une espèce allongée qui provient des calcaires 
d'eau douce de la Bohème. 

M. Pierre Merian (*) a trouvé dans le calcaire d’eau douce de Mulhouse une 
espèce nouvelle, voisine du C.mumia, ete. I lui a donné le nom de C. Koechii- 
nanum. 


(1) Eocene motllusca (Palæont. Soc., 4852, p. 117, pl. 40. 

(2) Brongniart, Ann. Mus.,t. XV, pl. 22, fig. 1 ; Deshayes, Coq. foss. Par., 
LD. Dl-:1, de. 41605: 

(3) Bull. Soc. géol., 2° série, t. II, 1845, p. 336. 

(f) Conch. foss. de Adour, I. 

(5) Liste, etc., dans Lartet, Notice sur la colline de Sansan, p. 44. 

(6) Zieten, Petrif. Wäürtemb., p. 40, pl. 30, fig, 6; Thomæ, Foss. Conch. 
tert. Schichten, etc., p. 146, pl. 4. 

(?) Leonhard und Bronn neues Jahrb., 1829, p. 75. 

(8) Palæontographica, t. KI, p. 40, pl. 4, fig. 12. 

(*) Basel Verhandl., 1816-48, t, VIII, p. 33; Leonhard und Bronn neues 
Jahrb., 1851, p. 122 et 763. 


te GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


Les cyclostomes se continuent dans les terrains pliocènes. 


Le C. bisulcatum, Zieten, cité ci-dessus, et le €. glabrum, Schübl., 
paraissent se trouver dans les dépôts pliocènes du Würtemberg (1). 
Le C. elegans, Drap., vivant, est cité (2) dans les parties les plus supérieures 


du crag. 
Les Ferussina, Grateloup (Ferussacia, Leufroy, Sfrophostoma , 
Deshayes) (*), — Atlas, pl. LVTIE, fig. 14 et 45, 


diffèrent des eyclostomes au même titre que les tomogères des 
hélices:; c’est-à-dire que le dernier tour se retourne et vient s'ou- 
vrir du côté de la spire. 

On n’en connaît que quelques espèces fossiles des terrains mio- 
cènes (1). 


La F, anastomaforiis, Gratel. (Strophostoma lævigata, Desh., Bronn, etc.), 
a été trouvée dans les faluns bleus (miocène inférieur) de Dax, etc. (Atlas, 
pl. LVIIL, fig. 14.) 

La F, lapicida, Leufroy, a été trouvée dans les dépôts d'eau douce des 
environs de Montpellier, etc. 


La F. tricarinata, Alex. Braun, provient des terrains mivcènes des envi- 
rons de Mayence. C’est l'espèce figurée dans l’Atlas, fig. 15. 
La F, striata, Desh., a été découverte à Buxweiler, en Alsace. 


2e Famixze. — PALUDINIDES. 
(Péristomiens, Lamarck.) 


Les paludinides sont caractérisées par une coquille mince, 
operculée et couverte d’un épiderme verdâtre ou brun. Cette co- 
quille est plus ou moins globuleuse, héliciforme, rarement allon- 
gée. Les bords de la bouche sont continus comme dans la famille 
précédente ; l’opercule est presque toujours corné. 

Ces mollusques sont tous fluviatiles. 

On en a trouvé des fossiles dans le lias, dans les terrains weal- 
diens et dans ceux de l’époque tertiaire. 


(t) Zieten, loc. cit., et pl. 31, fig. 9; Klein, Würt. Jahresh., t. Il, 1846, 
p'#6,.pl: 1: 

(2) Wood, Crag moll. (Palæont. Soc., 1848, p. 4). 

(8) Le nom de Ferussina, datant de 1827, doit avoir la priorité sur les deux 
autres, qui ont été établis en 1828. 

(#) Grateloup, Bull. Bord., 1827, t. II, p. 5, et Conch. foss. Adour ; Des- 
hayes, Ann. sc. nat., 1828, t. XIII, p. 286; Bronn, LethϾa, p. 1013; 
Leufroy, Ann. se. nat.,t.XV,p.404; Thomæ, Foss, Conch. tert. Schicht., pl. 4. 


PALUDINIDES. h9 


Les AMPULLAIRES (Ampullaria, Lamarck) 


ont une coquille globuleuse, ventrue, à bouche vaste, bordée par 
un labre non réfléchi. Ces caractères sont ordinairement suffisants 
pour les distinguer des paludines; mais dans quelques espèces 
allongées il y a des transitions qui rendent les limites plus incer- 
taines. 

L'animal est remarquable par une organisation qui lui permet 
de vivre longtemps hors de l'eau. Ses branchies, semblables à 
celles de tous les pectinibranches, sont contenues dans une cavité 
dont la paroi supérieure est dédoublée de manière à former une 
large poche ou réservoir d’eau. 

Les ampullaires sont aujourd'hui des mollusques d'eau douce 
et vivent dans les régions chaudes du globe. On a rapporté à ce 
genre un grand nombre de coquilles trouvées dans les dépôts 
marins ; mais il faut remarquer qu'il est très difficile de distin- 
guer les coquilles des ampullaires de celles des natices, qui sont 
marines. On peut, il est vrai, dire qu'en général les premières se 
distinguent par leur test mince, rugueux en dehors et non en- 
croûté sur la columelle ; mais ces caractères ne sont pas constants, 
et l’on connaît des vraies natices marines, à test mince, épi- 
dermé et à ombilic sans callosité. Je pense donc que dans cet état 
de choses le gisement fournit des caractères plus importants que 
la coquille, et je crois qu'il y a moins de chances d'erreur à rap- 
porter provisoirement au genre des natices tous les fossiles des 
terrains marins décrits comme des ampullaires (1). 


Les PaLupines (Paludina, Lamk, Vivipara, id. olim, Bithynia, 
Gray, etc.), — Atlas, pl. LVIIL, fig. 16 à 20, 


ont une coquille plus allongée et moins ventrue que les ampul- 


(1) Je fais surtout allusion ici aux nombreuses espèces des terrains tertiaires 
marins dont on a fait des ampullaires, et qui sont très probablement des 
natices. Quelques espèces cependant, parmi celles du bassin de Paris, se trou- 
vent plutôt dans des couches à fossiles fluviatiles ou à fossiles mélangés. Leur 
distribution n’est pas encore assez connue pour qu'on puisse les répartir avec 
quelque sécurité entre le genre des ampullaires et celui des natices. Parmi 
les espèces plus anciennes, on peut citer les Ampullaria Oceani, Goldf., et 
Ponti, id., du terrain carbonifère, quelques espèces jurassiques et créta- 
cés, etc. On peut douter aussi qu’il y ait à l'état fossile de vraies AmPuL- 
LACERA, Quoy et Gaym. (Amphibola, Schum ). Ce genre, réuni une fois aux 
ampullairés, paraît être pulmoné et operculé. Il formerait ainsi une nouvelle 
famille, M. de Kæninck lui a rapporté (Descr. anim. foss.carb. Belg., p.488, 

HI. li 


50 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


laires, le péristome complet, et la bouche modifiée par l’avant- 
dernier tour, présentant un angle vers son bord postérieur. Le 
labre n’est point sinueux. L’opercule est mince et corné. 

M. d'Orbigny (‘) distingue les PaLuDINES et les PALUDESTRINES. 
Les premières ont l’opereule composé d'éléments concentriques, 
à sommet subcentral; les secondes sont de petites espèces à 
opercule spiral. Il est difficile dans les fossiles de s'appuyer sur 
ce caractère, et, sans en contester la valeur, je me vois obligé de 
réunir ces espèces sous le nom commun de /'a/udina. Le genre 
PALUDESTRINA me paraît d’ailleurs le même que celui des Lirrort- 
NELLA, À. Braun, et que celui des Hyprogia, Hartm., séparés des 
paludines par le même motif de leur opercule spiral. 

Les paludines actuelles forment un genre nombreux et vivent 
dans les eaux douces; le groupe des paludestrines habite aussi 
les eaux saumâtres. 

On en connaît des fossiles depuis l'époque du lias. 


M. Dunker (2) en a décrit quelques-unes de ce même lias d’Halberstadt 
qui nous a déjà montré un planorbe et une Iymnée. Ce sont les P. Krausseana, 
solidula et subulata, Dunker. , 

Je réunis au même genre l’Ampullaria angulata, du même auteur ; cette 
espèce intéressante me paraît avoir au moins autant la forme des paludines 
que celle des ampullaires. (Atlas, pl. LVIIE, fig. 16.) 


Quelques espèces sont indiquées depuis longtemps dans l’épo- 
que wealdienne (). 


Sowerby a décrit sous le nom de Vivipara fluviorum, une espèce de Lewes 
qu'il a rapportée à tort à une vivante, et fait connaître plus tard la Pal. 
elongata, Sow., de l'ile de Wight, la P. carinifera, id., des couches de Pur- 
beck, et la P. Sussexiensis, id., du sud de l'Angleterre. 

M. Roemer, et surtout M. Dunker, ont étudié les espèces des terrains weal- 
diens d'Allemagne. Outre la P. elongata ci-dessus indiquée et une espèce qu'ils 
rapportent, ce me semble fort à tort, à la P. fluviorum, Sow., ils ont, décrit 


pl. 42, fig. 4) une À. tabulata, Phill, Cette assimilation me semble trop dou- 
teuse pour qu'on puisse en inférer l'existence des mollusques pulmonés dès 
l'époque carbonifère. | 

(t) Voyage dans l'Amér. mérid., Mollusques, p. 383, pl. 47 ; Cours élément., 
ti pdd. 

(2) Palæontographica, t. I, p. 407, pl. 13. 

(3) Sowerby, Min. conch., pl. 31 et 509 , et dans Fitton, Trans. of the geol. 
Soc., t. IV, 1836, pl. 22, fig. 6; Mantell , S.-E. England, p.248; Roemer, 
Qol. Geb., p.190, etNachtr., p. 46 ; Duvker, Monog. der Norddeutsch. Weald- 
bildung., p. 33, pl. 10. 


PALUDINIDES. 51 


les P. scalariformis, Dunk., Roemeri, id., Schusteri, Roemer, subangulatr, 
id., acuminata, Dunker, et Hagenovi, id. 
La P. fluviorum est figurée dans l'Atlas d'après M. Dunker, pl. LVILL, fig. 17. 


Depuis l'époque wealdienne, il faut aller jusqu'à l'époque ter- 
Liaire pour tronver des paludines. 
On en a cité dans les terrains tertiaires inférieurs. 


Les environs de Reims et d'Epernay en ont fourni plusieurs (1), parmi 
lesquelles : la P. aspersa, Mich. (Atlas, pl. LVIIL, fig. 18); la P. Nysti, 
Saint-Ange de Boissy, de Rilly-la-Montagne : la P. subançgulata, Mich., des 
marnes blanches au-dessus des lignites près Reims, et les P. rimata, id., et 
P. Desnoyersi, Deshayes, d'Epernay. 

M. Melleville (2) a décrit les P. miliola, Mell., et intermedia, id., des argiles 
plastiques de Ciry-Salsogne. 

Les lignites de Provence ont fourni à M. Matheron (3) les Paludina Bos- 
quiana, Math., Beaumontiana, id., et Deshayesiana, id. La P. cingulata, 1d., 
ne paraît pas appartenir à ce genre. 

M. Deshayes (4) a étudié les Paludines des environs de Paris. La P. lenta, 
Sow., et la P. striatula, Deshayes, de Soissons, paraissent appartenir au même 
âge que les précédentes. Dix autres espèces sont distribuées dans les divers 
étages éocènes supérieurs à ceux-ci (parisien supérieur et inférieur). Nousayons 
figurédans lAtlaslaP. globulus, Desh. (fig:19), du calcaire grossier de Houdan. 

M. Charles d'Orbigny (5) a décrit trois espèces du terrain éocène à palæo- 
thériums (P. varicosa, cyclostomeæformis et elon gataæ). 

Les terrains contemporains de l'ile de Wight ont fourni quelques espèces 
décrites pour la plupart par Sowerby (6) comme des phastanelles (P. orbicu- 
laris, angulosa, minuta, etc). f 

La P. Stricklandiana, E, Forbes (7), a été trouvée dans un dépôt des envi- 
rons de Smyrne qui paraît éocène. 


Les paludines sont nombreuses dans les terrains miocènes. 


Les sables de l'ontainebleau et les terrains miocènes inférieurs des environs 
de Paris contiennent ($) une espèce assimilée à la P. semicarinata, Brard, 


(1) Michaud, Mag. de zool. de Guérin, 1837 ; Saint-Ange de Boissy, Mém. 
Soc. géol., 2° série, .t. IT, p..284, pl. 6; Deshayes, Cog. foss. Par:, t. II, 
p. 127. 

(2) Mém. sur les sabl. tert. infér. du bassin de Paris (Ann. des se. géol., 
1843, t. Il). 

(3) Catalogue, dans Trav. Soc. statist, Marseille, t. VE, p. 295, pl. 37. 

(£) Cog. foss. Par., t. II, p. 195. 

(5) Mag. de 300. de Guérin, 4837. 

(6) Min. conch., pl. 31 et 175. 

(?) Quart. journ. of the geol. Soc., t.. I, p. 463. 

(8) Deshayes, Cog. foss. Par., t. IL, p. 125. 


52 GASTÉROPODES PECTINIBRANCILES. 


vivante (Atlas, pl. LVHE, fig. 26), la P, pygmeæa, Desh., la P. terebra, id., etc. 

M. Nyst !) a trouvé en Belgique dans les mêmes terrains trois espèces qu'il 
a décrites sous les noms de P. Chastelii, Draparnaudi et pupa. 

M. Grateloup (2) à trouvé dans les faluns bleus (miocène inférieur) deux 
espèces qu'il rapporte aux P. globulus, Desh., et nassa, id, 

Les faluns jaunes (miocène supérieur) renferment les P. abbreviata, Grat., 
et minutissima, id. Suivant M. d'Orbigny, il faut rapporter au même genre 
les Bulimus globulus et turritus, Grat., et la Phasianella varicosa, id., des 
mêmes dépôts. 

Les terrains miocènes du Piémont ont fourni la P. subcarinata (3), E. Sis- 
monda. 

La P. ovata, Dunker(4), provient de la mollasse de Gunsburg. 

M. P. Merian (5) cite une espèce nouvelle, la P. circinata, Mer., trouvée 
dans les calcaires d'eau douce des environs de Mulhouse. 

11 faut ajouter (6) une espèce de Crimée décrite par M. Deshayes, P. acha- 
tinoides, et quelques espèces de Volhynie, recueillies par M. Dubois de Mont- 


péreux, et décrites sous le nom de Cyclostoma (C. planatum, Bialozurkense, 
rotundatum). 


Quelques-unes appartiennent à l’époque pliocène. 


ZLieten, et plus tard M. Klein et M. Krauss, ont fait connaître [7)les espèces 
du Wurtemberg. Deux ont été rapportées à des vivantes sous les noms de 
P. acuta, Drap., et P. thermalis, Lamk ; une à la P. globulus, Desh. (?), et 
trois paraissent nouvelles, les P. nobilis, Klein, varicosa, Krauss, et conoi- 
dea, id. 


Le crag supérieur renferme ($) surtout des espèces actuellement vivantes, 
Les VaLvées (Valvata, Müller), — Atlas, pl. LVIIT, fig. 21 et 22, 


ressemblent beaucoup aux paludines et en différent surtout par 
leur bouche, qui n’est pas modifiée par l'avant-dernier tour et qui 
n’est pas anguleuse au côté postérieur; ses bords sont réunis et 
tranchants. L'opercule est circulaire. 


(1) Coq. et polyp. foss. Belgique, p.402, pl. 37 et 38. 

(2) Conch. foss. de l'Adour, t. I. 

(3) Sismonda, Synopsis, p. 33. Ce nom devra être changé. 

(#) Palæontographiea, t. X, p. 139, pl. 21, fig. 10 et 11. 

(5) Basel Verhandl., 1846-48, t. VIII, p. 33 ; Leonhard und Bronn neues 
Jahrb., 1851, p. 122 et 762. 

(6) Deshayes, Mém. Soc, géol., t. I, p. 64, pl. 5 ; Dubois de Montpéreux, 
Conch. foss. plateau, ete., p. 48, pl. 1 et 3. 

(*) Zieten, Pétrif, Wurt., pl. 30 et 31; Klein, Wäürtemb. Jahreshefte, 1. WE, 
1846, p. 86, pl. 2; Krauss, id., 1852, t. VII, p. 139, pl. 3. 


(8) Wood, Crag moll. (Palæont. Soc., p. 108 et 110, Paludina et Palu- 
destrina). 


MÉLANIDES. 5à 


Ces mollusques vivent aujourd’hui dans les eaux douces. On en 
connaît quelques espèces fossiles des terrains tertiaires. 


La V. Leopoldi, Saint-Ange de Boissy (1), est très commune dans les ter- 
rains tertiaires inférieurs de Rilly-la-Montagne. (Atlas, pl. LVIIL, fig. 21.) 

La V. multiformis, Deshayes (Paludina mvultiformis, Zieten) (2), est une 
espèce très abondante dans les terrains moyens et supérieurs de Bade et du 
Wurtemberg. Elle est remarquable par l'extrême variabilité de son enroule- 
ment et de ses carènes. (Atlas, pl. LVIIT, fig. 22.) 


Quelques espèces actuellement vivantes ont été citées dans les terrains ter- 
tiaires supérieurs, le crag, etc. 


Les NEMATURA, Benson, 


différent des genres précédents par leur ouverture très resserrée 
et fort petite par rapport au diamètre du dernier tour. L'opercule 
est spiral. 

Ce genre a été établi (*) pour quelques petites espèces qui vi- 
vent dans l'Inde, mais l’animal n’ayant pas été décrit, sa place 
reste indécise. 


M. Sowerby cite une espèce fossile de l'époque éocène (Nemalura fossilis, 
Sow.) qui paraît appartenir à ce genre. 


3° Famizze. — MÉLANIDES. 


Les mélanides ont, comme les paludinides, une coquille mince, 
spirale, operculée, recouverte d’un épiderme brun ou noirâtre. 
Cette coquille est souvent allongée. Les bords de la bouche sont 
désunis ; le labre est tranchant. A la partie antérieure on remar- 
que ordinairement une dépression qui est très faible chez quel- 
ques espèces et qui devient chez d’autres une profonde échancrure. 

L'étude des formes de l'animal prouve des analogies assez gran- 
des entre cette famille et les cérites. 

Elle ne renferme que deux genres, les MÉLANIES et les MéLa- 
NOPSIDES ; Car celui des PYRÈNES (Pyrena, Lamk) ne peut pas être 


(1) Saint-Ange de Boissy, Mém. Soc. géol., 2° série, t. II, p. 284, pl. 6, 
fig. 25. 

(2) Zieten, Pétrif. Wurtemb., pl. 30; Deshayes, 2° édit. de Lamarck, 
t. VIII, p. 508; Klein, Würtemb. Jahreshefte, t. I, 1846, p. 89. 

(8) Jenson, Journ. de Calcutta ; G.-B.Sowerby, Ann. and mag. of nat. hist., 
VEND AA. 


ol GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


conservé, et les espèces qui le composaient doivent être réparties 
entre les mélanies et les mélanopsides, suivant que leur bouche est 
entière ou échancrée. 


Les MÉLANIES (Melania, Lamk), — Atlas, pl. LVNIT, fig. 23 à 29, 


ont une coquille allongée, à bouche ovale, un peu rétrécie en 
arrière et à labre légèrement renversé en avant. Leur opercule 
est corné et étroit ; son sommet est très légèrement spiral. 

Les mélanies n'habitent aujourd’hui que les eaux douces. On a 
anciennement rapporté à ce genre de nombreuses coquilles ma- 
rines, que l’on place maintenant dans ceux des RissoA, CHEMNITZIA, 
EurimA, etc.; car ces espèces difléraient très probablement des 
véritables mélanies, par l’organisation des animaux. Je dois tou- 
tefois faire remarquer que l’analogie de ces coquilles avec celles 
des mélanies, est quelquefois très grande, et qu'il est impossible 
de ne pas conserver quelques doutes sur cette distribution passa- 
blement arbitraire. 

On peut considérer comme de véritables mélanies un assez grand 
nombre d'espèces. 

Elles paraissent dater du commencement de l'époque juras- 
sique (1). 

Le lias d'Halberstadt, remarquable, commenous l’avonsdit, par ses coquilles 
fluviatiles, renferme, suivant M. Duuker (2), les Melania Zenkeni, Dunck, et 
turritella, id. (Atlas, pl. LVII, fig. 23 et 24.) 

Le terrain wealdien d'Allemagne a fourni au même auteur (3) neuf espèces 
de mélanies, dont six nouvelles et trois déjà connues, la M, pusilla, Roemer, 
la Tornatella Popei, Sow., et le Muriciles_ strombiformis, SChl., etc. J'ai fait 
figurer dans la planche LVUIT de l'Atlas cette dernière (fig. 25), la M.harpæ- 
formis, Dunker (fig. 26), et la A. tricarinata, id. (fig. 27). 


Les mélanies paraissent assez nombreuses dans les terrains 
tertiaires et se trouventdes les plus anciens dépôts de cette époque. 


M. Melleville (4) en a décrit deux espèces de lPargite plastique de Ciry- 
Salsogne (suessonien inférieur), les 17. tenuistriata, Mell. (Atlas, pl. LVIIE, 
fig. 28), et curvirostra, id. 


(1) fl faut, en effet, suivant toute probabilité, transporter dans d’autres genres 
les mélanies de l’époque primaire, les nombreuses espèces de Saint-Cassian et 
la M. Schlotheimi, Quenst., du muschelkalk. 

(2) Palæontographica, t. 1, p. 108, pl. 15, fig. 1 à 7. 

(8) Monog. der Norddeutsch. Wealdenbild., p. 48, pl. 10. 

(4) Mém., dans Ann. sc. géol., t. HI. 


MÉLANIDES. bo 


Les lignites de Provence ont fourni à M. Matheron (1!) plusieurs espèces, 
décrites principalement sous le nom de Melanopsis. 

Les mélanies du bassin de Paris ont été étudiées par M. Deshayes (2). La 
plupart des espèces décrites sous ce nom sont maintenant attribuées à 
d’autres genres. On peut énumérer parmi celles qui resteront avec le plus de 
probabilité dans celui des mélanies, la M. Cuvieri, Deshayes, des sables infé- 
rieurs du Soissonnais, et la M. inquinata, Defr. (Atlas, pl. LVHI, fig. 29.) 

La M. lactea, Lamk, que l'on considère généralement aujourd’hui comme 
une Chemnitzia ressemble singulièrement aussi aux mélanies vivantes. 

La M. trilicea, Férussac, provient des terrains contemporains d'Epernay. 

Parmi les mélanies des terrains éocènes supérieurs d'Angleterre, on peut 
citer (3) les M. fasciata, Sow., costata, id., minima, id., et truncata, id. 

La M. Hamiltoniana, E. Forbes (#), a été découverte dans un terrain éocène 
des environs de Smyrne. 5 


Les terrains miocènes renferment aussi quelques mélanies. 


Les espèces figurées par M. Grateloup (ÿ) doivent pour la plupart passer 
dans d’autres genres. 

La M. Nysti, Duch. (6), à été trouvée en Belgique. 

Les M. patula, Bonelli, curvicosta, Desh., et Brochi, Michelotti, caracté- 
risent les terrains miocènes du Piémont (7). La M. curvicostata, Desh., se trouve 
aussi en Morée. 

La M. aquitanica, Noulet (5), a été découverte à Sansan. 

M. Philippi (?) a fait connaître les M. quadristriata et secalina des ter- 
rains miocènes de Cassel, et la M. Heyseana de Westeregeln. 

M. Durker (10) a décrit la M. Wetzleri, D., de la mollasse des environs 
d'Ulm, et M. Klein les M. turrila, grossecostata et bulimoides d'Ulm et de 
Grimmelfngen. 


(1) Catalogue, dans Trav. Soc. statist. Marseille, t. VI, p. 290, pl. 36 et 37; 
avec les rectifications proposées par M, d'Orbigny dans le Prodrome. 

(?) Cog. foss. Par., t, Il, p. 102; Defrance, Dict. sc. nat., t. XXIX, etc. 

(3) Sow., Min. conch., pl. 241. 

(#) Quart. journ. of the geol. Soc., t, I, p. 163. 

(5) Conch. foss. Adour, t. LE, 

(6) Nyst, Coq. et pol. foss., p. 411, pl. 38. 

(7) Deshayes, Expédit. de Morée, z001., p. 149; Michelotti, Précis faune 
miocène, p. 188. 

(8) Mém. coq. foss. nouvelles du bassin sub-pyrénéen, 1846, et Lartet, 
Notice sur la colline de Sansan, p. 45. 

(®) Tert. Verst. Norddeutschl., p. 19 ; Palæontographica, t. T, p. 59, pl. 10, 
fig. 11. C’est faute de renseignements que je réunis sous la désignation de 
miocène toutes les mollasses d'Allemagne ; celle de Westeregeln, en particulier, 
renferme plusieurs espèces éocènes. 

(10) Palæontographica, t.Y, p. 157; Klein, Würtemb. Jahresh., 1846, €. I, 
p. 81, pl. 2. 


96 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


M. P. Merian |!) en à trouvé une, la A. Escheri, Br., dans les calcaires 
d’eau douce de Mulhouse. 


Les MÉLANOPSIDES (Melanopsis , Fér.), — Atlas, pl. LVIIT, 
ft. 208 92, 


diffèrent des mélanies par leur columelle qui est tronquée et sé- 
parée du bord droit par un sinus. Ce sont aussi des mollusques 
fluviatiles, operculés, qui habitent surtout aujourd’hui les pays 
chauds. Elles paraissent dater seulement du commencement de 
l'époque tertiaire. 


M. Melleville (2) a fait connaître le M. buccinulum, des sables inférieurs 
de Châlons-sur-Vesle. (Atlas, pl. LVII, fig. 30.) 

Les M. gallo-provincialis, Matheron (3), et marticensis, id., caractérisent 
les lignites de Provence. 

La M. fusiformis, Sow. (M. buccinoides, Fér., Desh.), se trouve dans les 
tertiaires inférieurs de France et d'Angleterre (4). 

Les sables inférieurs de Soissons renferment en outre, suivant M. Des- 
hayes (5), la M. Dufresni, Desh., et une espèce semblable à la M. costata, 
Oliv., vivante. M. d’Orbigny conteste ce dernier rapprochement et remplace 
ce nom par celui de M. subcostata. 

La M. ancillaroida, Desh., provient des terrains tertiaires inférieurs de 
Meaux ; la M. Parkinsonii, Desh., de ceux de Cuise-la-Motte, et la M. obtusa, 
Desh., de ceux de Rétheuil, ete. 

Sowerby (6) a décrit les M. carinata, brevis et subulala, des terrains 
éocènes supérieurs de l'île de Wight et du Hampshire. 


Les mélanopsides se continuent dans les terrains tertiaires 
miocènes. 


M. Grateloup (?) en a figuré plusieurs, savoir : Des faluns bleus (miocène 
inférieur), la M. gibbosula, Grat., et une espèce rapportée à tort à la M, cos- 
tata, Lamk. 

Du terrain lacustre supérieur de Dax, les M. buccinoides, Fér., olivula, 
Grat., aquensis, Grat., ét Dufouri, Fér. Cette dernière espèce est répandue 


(1) Basel, Verh. 1846-28, et Leonhard und Bronn neues Jahrb.,1851, p.122. 
et 762. 

(2) Mém. sables tert. inférieurs (Ann. sc. géol., 1843, t. IT). 

(3) Catalogue, dans Trav. Soc. statist. Marseille, t. NI; p.219; pL#37- 

(4) Sowerby, Min. conch. pl. 332; Deshayes, Coq. foss. Par., t. Il, p. 120, 
pl. 14. 

(5) Deshayes, id., pl. 12 et 19. 

(6) Min. conch., pl. 332 et 523, 

(7) Conch. foss. Adour, t. I. 


LITTORINIDES. 271 


dans une grande partie des terrains miocènes d'Europe êt paraît identique 
avec une mélanopside qui vit encore en Morée et en Espagne. 

M. Férussac (!), outre les espèces indiquées ci-dessus, en a décrit encore 
quelques-unes, et en particulier les M. Martini, Fér., brevis, id., etc. 

Les terrains miocènes du Piémont contiennent, suivant M. Michelotti (2), 
trois espèces qui sont la M. Martini, Fér., la M. carinata, Sow., la M. Nar- 
zolina, Bon., et une espèce identique avec la M. prærosa, Lin., vivante. 

M. Dunker (3) rapporte à la même espèce une mélanopside de la mollasse 
de Gunsburg. 

La M. callosa, Braun (M. Fritzü, Thomæ) (4), a été découverte dans les 
terrains miocènes des environs de Wiesbaden. (Atlas, pl. LVII, fig. 31.) 

La M. impressa, Krauss (5), provient des terrains pliocènes du Wurtemberg. 

La M. Lus-hani, de Verneuil ($), a été trouvée dans la Turquie d'Europe. 
(Atlas, pl. LVIII, fig. 32.) 


h° Fame. —- LITTORINIDES. 


Cette famille est formée pour recevoir toutes les coquilles mari- 
nes à labre entier qui ont une coquille épaisse, non nacrée, ordi- 
nairement épidermée, une columelle sans plis, et dont l'animal ne 
porte pas de filets sur la partie supérieure du pied. Ce dernier 
caractère les distingue des trochides. 


Les Rissoa, Fréminville (A/vania, Leach, Mangelia, Risso, Cin- 
qula et Odostomia, Flem., Loxostoma , Bivona, Cirropteron, 
Sars, Goniostoma, Villa), — Atlas, pl. LVIIL, fig. 33 à 38, 


sont encore très voisines des mélanides, soit par la forme de l'ani- 
mal, soit par celle de la coquille, qui est turriculée ; mais sa bou- 
che ronde est bordée par un labre épaissi, jamais tranchant, 
souvent pourvu d'un bourrelet. La columelle n’est pas aplatie. 
Je leur réunis les Rissona de M. d'Orbigny, caractérisées par 
un petit sinus antérieur et un postérieur, et par leur labre épaissi 
au milieu. Ce caractère, très visible dans quelques espèces, me 
paraît s’effacer dans d’autres par des transitions insensibles. 


(1) Mém. Soc. d’hist. nat. de Paris, t. 1, et Hist. nat. des mollusques, Mé.. 
lanopsides foss., pl. 2. 
(2) Descr. foss. tert. miocèn. Ital. sepit,, p. 191. 
(3) Palæontographica, t. 1, p. 158, pl. 21, fig. 30 et 31. 
(#) Foss. Conch. tert. Schicht, p. 158, pl. 2, fig. 7. 
(5) Würtemberg Jahreshefte, 1852, p. 143, pl. 3. 
(6) Viquesnel, Mém. Soc. géol., 2° série, t. I, p. 265, pl. 12, fig. 1, 


98 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


Les espèces vivantes sont en général de taille petite ou moyenne 
et se trouvent dans toutes les mers. 

C'est probablement à ce genre que l’on doit rapporter les espè- 
ces marines décrites comme des mélanies et qui ont le labre 
épaissi. Celles à labre tranchant seront réparties dans les genres 
Cgemnirzia, EuLima, etc, I faudra y joindre plusieurs espèces dé- 
crites sous les noms de TURRITELLA, TURBO, etc. 

En admettant cette manière de voir, on ferait remonter les 
rissoa jusqu'à la fin de l’époque primaire. | 

Il paraît qu'on peut rapporter à ce genre quelques espèces des 
terrains permiens. 


M. W. King (1) en a décrit trois des terrains permiens d'Angleterre. 


D'autres appartiennent à l'époque des dépôts de Saint-Cassian 
(saliférien). 


I me paraît bien difficile, au moyen des planches (2) du comte de Munster 
et de M. Klipstein, de décider quelles sont, parmi les espèces de Saint- 
Cassian, les véritables Rissoa. 

Les plus probables me paraissent : Turbo elegans, Munster, Turritella 
quadrangula, T. nodosa, Klipstein, T. subcanaliculata, id., Melania antho- 
phylloides, id , ete. 

M. Brown (?) en a décrit quelques espèces du keuper (R. Gibsoni, Leighi, 
minutissima et obtusa. 


Ce genre est abondant dans les terrains de l'époque juras- 
sique 


Le lias d'Halberstadt a fourni à M. W. Dunker (#) la Rissoa liasina, Dunk. 

La grande oolithe d'Angleterre (5) renferme les R. duplicata, Sow., obli- 
quata. id., acuta, id., lœvis, id. cancellata, Morris, et tricarinata, id. (Ris- 
soina, Morris, d'Orb.) (Voyez Atlas, pl. LVIIL fig. 33 et 34, les R. duplicata 
et tricarinala.) 3 

Les R: duplicata et lœvis se retrouvent en France, et il faut y ajouter la 


(1) Permuian foss. (Pal. Soc., p. 205. 

(2) Münster, Leitraege zur Petref., t. IV ; Klipstein, Beitr. zur geol. Kenin. 
der oestlichen Alpen, Giessen, 1843, in-4°, pl. 10 et 11. 

(3) Manchester geol. trans, 2 série, t. I (teste Bronn., Enum.). 

(4) Palæontographica, t. I, p. 108. 

(5) Sowerby, Min. conch., pl. 609; Morris et Lycett, Mollusca from the 
great oolite (Palæont. Society, 1850, p. 52, pl. 9). 


LITTORINIDES. 59 


R. Franconiana, d'Orb. (1), de la grande oolithe de Luc (Calvados). (Atlas, 
pl. LVIIE, fig. 35.) 

On trouve dans les terrains coralliens de Saint-Mihiel (2), les R. brsulca, 
Buvignier (Rissoina, d'Orb.) (Atlas, pl. LVII, fig. 36), wnisulca, Buv., et 
unicarina, id. 


Quelques espèces ont été trouvées dans les terrains crétacés. 


Le gault d'Ervy (3) renferme la Rissoa Dupiniana, d'Orb., et la Rissoina 
incerta, id. 


Elles augmentent de nombre dans les terrains tertiaires. 


Les terrains tertiaires inférieurs n’en renferment cependant qu'une petite 
quantité. 

On trouve à Cuise-la-Motte (4) la Rissoa submarginata, d'Orb., et la Ris- 
soina cochlearellà, id. (Melania cochlearella, Lamk). Cette dernière espèce se 
retrouve dans l'étage du calcaire grossier avec la Melania marginata, Lamk, 
Desh. (Atlas, pl. LVIIE, fig. 37), et les Rissoa polita et clavula, Desh. (5). 
(Id., fig. 38.) 


Les rissoa sont très abondantes dans les terrains miocènes et 
pliocènes. 


M. Nyst (6) a trouvé dans les tertiaires miocènes inférieurs de Klein- 
Spauwen les R. plicata, Desh. (R. Michaudi, Nyst.), Duboisi, Nyst (Cycl. 
scalare, Dubois), et succincta, Nyst. 

M. Grateloup (7) en a décrit plusieurs espèces, savoir : Des faluns bleus 
(miocène inférieur), les R, elegans, Grat., aquensis, Grat., Montagui, Payr, 
et nilida, Grat. (nerina, d’Orb,). 

Des faluns jaunes (miocène supérieur), le R. cochlearella, Bast., nana, 
Grat., Grateloupi, Bast., etc. (environ vingt espèces). 

M. Philippi (5) a fait connaître aussi quelques espèces des terrains tertiaires 
miocènes de la Hesse (R. ovulum, interrupta, unidentata). 

Les dépôts de la Touraine en contiennent quelques espèces qui ont été 


(1) Paléont. franç., Terr. jur., t. , p. 24, pl. 237 et 237 bis, et Pro- 
drome. 

(2) Buvignier, Mém. Soc. philom. de Verdun, t. II, p. 16, pl. 5; d'Orb., 
loc. cit. 

(3) Paléont. franç., Terr. crét.,t. IE, p.60, pl. 155; Prodrome, t. II, p.127. 

(#) D'Orbigny, Prodrome, t. IL, p. 310 ; Deshayes, Cog. foss, Par., t. IX, 
p. 117, pl. 14. 

(5) Deshayes, Cog. foss. Par. ga MD TA IUT 

(6) Cog. et pol. foss. de ANA p. 416, pl. 37 et 38. 

(7) Conch. fossile de l’'Adour, t. I. Voyez, pour quelques rectifications, 
d'Orbigny, Prodrome, t. WT. 

() Tert. Verst. Norddeutsch,, p. 51, pl. 3. 


60 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


décrites (!) par Dujardin (cinq espèces dont trois ou quatre rapportées à des 
vivantes). 

Il faut rapporter au même genre quelques espèces de Volhynie décrites par 
M. Dubois de Montpéreux sous d’autres noms génériques (2). 

M. Eichwald (3) en a signalé plusieurs espèces en Lithuanie et M, Pusch en 
Pologne. 

Le crag d'Angleterre en renferme plusieurs. M. Wood en a décrit (4) (sous 
les noms de Rissoa et Alvania) onze espèces du crag corallien de Sutton et un 
petit nombre du crag rouge et du crag supérieur. Plusieurs de ces espèces se 
retrouvent vivantes. Cinq sont nouvelles et n'existent que fossiles à Sutton. 

Les terrains miocènes et pliocènes du Piémont en renferment quelques 
espèces (). Le R. pusilla, Brocchi, se trouve dans les uns et les autres et vit 
dans la Méditerranée, M. Sismonda en cite dans les dépôts pliocènes 
treize espèces (dont quatre encore vivantes). 

On trouvera dans les travaux (6) de MM. Risso, Philippi, etc., l'indication 
d’un grand nombre d'espèces fossiles dans les terrains récents du midi de la 
France, de la Sicile, de l'Angleterre, etc. 


Les CocLeariA, Braun (Chilocyclus, Bronn), — Atlas, pl. LVI, 
fig. 39, 


sont des coquilles turriculées, épaisses et très remarquables par 
l'épanouissement du labre, qui est continu et forme un large re- 
bord autour d’une bouche circulaire. M. d'Orbigny les réunit aux 
rissoa ; M. Bronn les rapproche des dauphinules. 


On en connaît (7), suivant quelques auteurs, deux espèces des schistes de 
Saint-Cassian ; la C. carinata, Braun (Atlas, fig. 39) et la C. Braunü, Klipst. 
Suivant d’autres (Giebel), ces deux espèces n’en font qu’une seule. Je ne les 
connais pas en uature. 


Les TURRITELLES (Zurritella, Lamk), — Atlas, pl. LVTII 
fig. 40 à 43, 


ont une coquille allongée et enroulée en obélisque ou turriculée. 


1) Mém. Soc. géol., t. H, p. 279, pl. 19. 
2) Voyez d'Orbigny, Prodrome, t. TI, p. 29. 
3) Naturh. Skizzen von Lithauen, etc., p. 218; Pusch, Polens Pal., p. 96. 
4) Crag moll. (Palæont. Soc., p. 98 et 100, pl. 11). 
5) Michelotti, Descer. foss. mioc., p. 190 ; Sismonda, Synopsis, p. 53: 
6) Risso, Hist. nat. Europe mér., t. IV, p. 119 ; Philippi, Enum. moll. 
Siciliæ, t. I, p. 149, t. Il, p. 123. 

(F) Münst., Beitr. zur Petref., t. IV, p. 104, pl. 10, fig. 27; Klipstein, 
Geol. der oestl, Alpen, p. 206, pl. 14, fig. 27. 


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LITTORINIDES. 61 


Leur bouche est ronde ou quandragulaire, à bords réunis en ar- 
rière et à labre sans bourrelet, souvent sinueux en avant. L'ani- 
mal a un pied subtriangulaire, tronqué en avant, deux tentacules 
coniques , à la base desquels sont les veux et un manteau qui 
forme une sorte de collier ou d’anneau frangé. L'opercule est corné, 
spiral, à sommet central, composé d'un grand nombre de tours 
et frangé sur son bord. 

Les turritelles vivent aujourd’hui dans presque toutes les mers, 
principalement dans les régions chaudes. Elles sont ordinaire- 
ment à de grandes profondeurs près du rivage. 

On est convenu de réunir à ce genre, celui des Proro, De- 
france, qui comprend quelques espèces , chez lesquelles le der- 
nier tour se déforme et présente une dépression du côté spiral ; la 
bouche est comme gonflée et forme une sorte de pavillon auri- 
forme, mince et fragile, à contours rugueux. 

Quelques auteurs admettent qu'il n'y a aucune turritelle dans 
les terrains antérieurs à l’époque crétacée ; mais celte assertion 
ne me paraît pas reposer sur des preuves certaines. Il est possible 
que l'examen d'un grand nombre d'échantillons de turritelles an- 
ciennes fasse transporter quelques espèces dans les genres des 
Murcmisonia, des LOxONEMA, etc. ; mais il serait téméraire d’affir- 
mer quon s'est trompé dans tous les cas où l’on a rapporté au 
genre des turritelles des fossiles des terrains plus anciens que les 
crétacés. 

Il me semble que dans bien des cas la nature des ornements 
et la forme de la bouche semblent concorder fort bien avec les 
caractères des turritelles actuelles. 

Je n'oserais pas en particulier affirmer qu’il n’y ait point de 
vraies turritelles dans les terrains de l’époque primaire. 


Je reconnais que celles qui ont été décrites par Sowerby (1) comme appar- 
tenant au système silurien d'Angleterre sont très douteuses. 

Parmi les espèces dévoniennes décrites (2) sous le nom de Turritelles, plu- 
sieurs ont le labre continu et sont probablement des Loæonema (T. trochleata, 
Münster, antiqua, id., ete). La plupart sont inconnues sous ce point de vue. 


(®) Murchison, Silurian system, pl. 3 et 20. C’est sur une espèce de cette 
forme que M. M’ Coy (Ann. and mag. of nat. hist., 2e série, t. VII, p. 45, et 
t. VI], p. 409) a établi le genre HoLopezca. Il devra probablement être 
réuni aux LOXONEMA. 


(2?) Münster, Beitraege, t. III, p. 88, et t. V, p. 122; Goldfuss, Petref. 
Germ., t. II, p. 103, pl. 95 et 96. 


62 GASTÉROPODES PECTINIPRANCHES,. 


La T. Ponti, Goldfuss (Atlas, pl. LVIII, fig. 40), et quelques autres, rap- 
pellent cependant par leur forme certaines espèces tertiaires. 

On peut dire la même chose des turritelles des terrains earbonifères. Parmi 
une quinzaine d'espèces décrites sous ce nom ({), quelques-unes devront être 
transportées dans d’autres genres ; mais je ne vois pas pourquoi la T. gra- 
cilis, Goldfuss, ne serait pas une vraie turritelle : elle en a tout à fait les 
ornements et le labre désuni. (Atlas, pl. LVIII, fig. 41.) 


Il me paraît plus probable encore que l’on peut compter quel- 
ques vraies turritelles dans les terrains inférieurs de l’époque 
secondaire. 


Les espèces peu nombreuses du muschelkalk (2) sont rapportées par 
M. d'Orbigny au genre des CHEMNITzIA et à celui des LoxoNEMA, et par 
M. Bronn à celui des TURBONILLA, 

Je dois faire remarquer cependant que la T. sealata, Schloth., et la 
T. obliterata, Goldfuss, diffèrent bien peu par leurs formes externes des Turitella 
Renauxiana et Requieniana, d'Orb., du terrain crétacé, et de celle du terrain 
aptien que nous avons décrite sous le nom de Turritella helvetica. 

Le comte de Münster et M. Klipstein (3) ont décrit sous le nom de Turri- 
tella plus de cinquante espèces de Saint-Cassian, Je m’empresse de recon- 
naître que plusieurs d’entre elles seront mieux placées dans d’autres genres ; 
maisjene vois pas pourquoi on n’en conserverait pas quelques-unes dans celui- 
ci, et en particulier les T. Goldfussü, Klipst., Buklandü, 4., strigillata, id:, 
cylindrica, id., ete. 


Les terrains jurassiques n'en sont pas probablement non plus 
complétement privés. 


Parmi les six espèces du lias qu'a figurées (4) M. Goldfuss, il me semble 
que la 7. Hartmannia, Münst., appartient bien à ce genre. Les T. inæqui- 
cincta, id., tricincta, id., etc., n’ont pas non plus de caractères qui rendent 
cette association improbable. 

La T. elongata, Sow., Zieten (5), du lias d'Allemagne et d'Angleterre, 
parait être aussi une véritable turritelle, 

Dans les autres terrains jurassiques on trouve des espèces qui, décrites 

(1) De Buch, Goniat, et Clym. in Schlesien, p. 18, etc.; Sowerby, Trans. 
of the geol. Soc., 2° série, t. V, p. 39; Philippi, Geol. of Yorkshire ; Goldfuss, 
loc. cit. 

(2) Alberti, Trias; Goldfuss, Petref. Germ., loc. cit.; Bronn, LethϾa, 
2e élite, LIVE. Da #26 

(8) Münster, Beirraege zur Petref., t. IV, p. 118 et 142, pl. 9 et 13; 
Klipstein, Geol. der oestl. Alpen, p. 175, pl. 11. 

(4) Petref, Germ., t, IE, p. 105, pl. 9. 

(5) Pétrif., Wurtemb., pl. 32, fig. 5. 


LITTORINIDES. 63 


sous le nom de turritelles, Sont des cérithes (T°. echinata, de Bach, T, muri- 
cata, Sow., etc.); mais je suis disposé à considérer comme de vraies turri- 
telles, la T. tristriata, Schübler, de l'oolithe inférieure et la T. Petschoræ, 
Keys., du terrain kellowien de Russie (1). 

La T. Roissyi, d'Archiac, a la forme externe des turritelles, mais un large 
ombilic. 


L'existence des turritelles dans l’époque crétacée n'est pas 
contestée. 
On en trouve dans les terrains néocomiens et aptiens. 


M. Leymerie (2?) a fait connaître la T, lœvigata, Leym., du terrain néoco- 
mien de Marolles. 

M. d'Orbigny (3) en a décrit trois autres espèces du terrain néocomien 
inférieur ; il en a indiqué deux du terrain néocomien supérieur du département 
du Var, et figuré une belle espèce des mêmes terrains au Chili. 

Il faut y ajouter la T. helvetica, Pictet et Renevier (4), du terrain aptien 
inférieur de la perte du Rhône. 

La T, Hilseana, Koch (5), provient du Hilsthon du Brunswick. 


Le gault en renferme également. 


M. d'Orbiguy (©) a décrit la T. Vibrayeana de Giraudot, etc., la T. Rauli- 
niana de Machéromenil, et la T, Hugardiana des Alpes de Savoie. 

La T. Faucignyana, Pictet et Roux (7), se trouve dans le gault de Savoie 
et de la perte du Rhône. 


Les craies marneuses et les craies chloritées en ont fourni plu- 
sieurs. 


Les T. granulaia, Sow. (8), et costata, id., se trouvent à Blackdown. 
M. d'Orbigny (?) en a décrit ou indiqué quatre espèces du Mans, une de la 
Malle dans l'étage inférieur (cénomanien), et six d'Uchaux (turonien). 


(1) D'Archiac, Mém. Soc, géol., t. V, p. 380, pl. 30, fig. 2; Schübler, dans 
Zieten, Pétrif. Wurt., pl. 32, fig. 4; Keyserling, Petschora Land, p. 320, 
pl. 48, fig. 26. 

(2) Mém. Soc. géol., t, IV, p. 342; d'Orbigny, Paléont. franç., Terr. crét., 
Po6,pl 15, EL 

(3) Paléont. franç.; loc. cit. ; Prodrome, t. II, p. 67 et 103, et Voyage 
dans V Amér. mérid., Paléont., p. 104, pl. 6, fig. 11. 

(4) Paléont. suisse, Terr. aptien, pl. 3, fig. 2. 

(5) Palæontographica, t.T, p. 169. 

(6) Paléont. franç., Terr. crét., p. 37, pl. 151. 

(7) Moll. foss. grès verts, p. 166, pl. 16, fig. 1. 

(8) Min. conch., pl. 565. 

(9) Paléont. franç., loc. cit., et Prodrome, t. IL, p. 148 et 190. 


(67/1 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


Il faut ajouter ({) la T. Genitzi, d'Orb., de Bohème, la T. Neptuni, Münst., 
de Tournay, la 7. Archiaci, d'Orb. (Neptuniü, d'Archiac, non Münst.) du 
même gisement, etc. 

Les dépôts du même âge d'Allemagne et de Bohème (unterer Quader- 
sandstein, untere Quader mergel, Plaener mergel, etc.) renferment aussi des 
turritelles qui ont été décrites (2) par MM. Roemer (7, nodosa, etc.), Geinitz 
(T. propinqua, etc.), et Reuss (T. acicularis, multistriata, etc.). 


Les turritelles augmentent de nombre dans les terrains crétacés 
supérieurs. 


Sowerby (?) en a fait connaître quelques espèces de Gosau (Tyrol) 
(T. biformis, ridiga, læviuscula). 

M. Dujardin (#) a décrit la T. paupercula, de Touraine. 

La T, marticensis, Matheron ($), a été trouvée dans la craie des Martigues. 

Il faut y ajouter quelques espèces du midi de la France, décrites par 
M. d'Orbigny (6) (T. Coquandiana, Bocuga, etc). 

Les terrains crétacés supérieurs d'Allemagne paraissent riches en turri- 
telles. Les espèces ont été décrites (7) par Goldfuss (einq espèces d’Aix-la- 
Chapelle, trois de Gosau, etc, }, Roemer (cinq espèces d'Aix, de Quedlim- 
bourg, de Kieslingswalde, etc.,) et surtout par M. Joseph Müller, qui a étudié 
plus spécialement les espèces d’Aix-la-Chapelle, et qui en compte vingt-trois 
espèces, dont quinze nouvelles. M. Zekeli a ajouté aussi quelques espèces de 
Gosau à celles que l’on connaissait déjà. 

M. d'Orbigny ($) indique dans le terrain danien de Meudon la T. supracre- 
tacea, non encore décrite. 


Les turritelles sont d’une grande abondance dans les terrains 
tertiaires. 
Elles se trouvent dès les plus inférieurs. 


(t) Prodrome, t. Il, p.148; Münster dans Goldfuss, Petref. Germ., t. TI, 
p. 106, pl. 196, fig. 15; d’Archiac, Mém. Soc. géol., 2° série, t. Il, p. 344, 
pl. 25, fig. 2. 

(2) Roemer, Norddeutsch. Kreideg., p. 80, pl. 11; Geinitz, Charact., 
pl. 15, p. 7, 45 et 73; Reuss, Verst. Bühm. Kreideform., I, p. 51, et II, 
pl. 114. 

(8) Trans. of the geol. Soc., 2° série, t. IIT, pl. 38. 

(4) Mém. Soc. géol., 1835, t. Il, p.230, pl. 17, fig. 9. 

(5) Catalogue, dans Traw. Soc. statist. Marseille, 1846, pl. 39, fig. 16. 

(6) Paléont. franç., Terr. crét.,t. Il, pl.152et 153 ; Prodrome, t.H, p. 217. 

(7) Goldfuss, Petref. Germ., t. IT, p. 106, pl. 96 et 97; Roemer, Nord- 
deutsch Kreideg., p. 80, pl. 11 ; J. Müller, Monogr. der Pétref. der Aachener 
Kreideform., 2° partie, 1852, p. 25, pl. 4 ; Zekeli, Gastér. Gosau form., p. 28. 

(8) Prodrome, t. IH, p. 290, et Bull. Soc. géol., 2° série, t. VII, 
p. 127. 


LITTORINIDES. 65 


M. Melleville ({) fait connaître la 7, marginulata, des terrains inférieurs 
du bassin de Paris. 

M. Deshayes (?) en a décrit vingt-trois espèces, dont quatorze nouvelles, 
dans son grand ouvrage sur les fossiles de Paris. La T. rotifera, Desh., carac- 
térise les sables inférieurs de Soissons. Les T. hybrida, Desh., carinifera, id., 
et edita, SoW., appartiennent aux terrains tertiaires inférieurs du département 
de l'Oise. 

La plupart des autres se trouvent dans le calcaire grossier ou dans les 
étages contemporains, à Grignon, à Courtagnon, Mouchy,etc. Les plus impor- 
tantes sont la T. imbricataria, Lamarck (Atlas, pl. LVIIL, fig. 41), espèce 
très répandue ; la T. fasciata, Lamk, espèce très variable dans ses ornements, 
et également fort abondante (id., fig. 42); la T. terebellata, Lamk, qui 
atteint une grande taille; la T. mullisulcata, Lamk, remarquable par sa 
forme courte ; etc. 

Quelques-unes enfin caractérisent les terrains éocènes supérieurs de Ja Cha- 
pelle, de Senlis, d'Auvert, ete. (T. sulcifera, Desh., monilifera, ete.). 

AI. Brongniart (3) a décrit quelques turritelles des terrains nummulitiques 
du Vicentin {T. incisa, Al. Br., asperula, id., Archimedis, id., cathedra- 
lis, id.). 

On doit à M. Leymerie (#) la connaissance de quelques turritelles des 
terrains aummulitiques des Corbières, et à M. d’Archiac celle de quelques 
espèces de Biaritz, et d’autres gisements analogues. 

M. d'Orbigny (5) à indiqué sans les décrire cinq espèces du terrain num- 
mulitique de Couïza (Aude). 

Les terrains éocènes d'Angleterre (6) ont aussi des turritelles qui sent en 
partie les mêmes que celles de Paris, et dont quelques-unes paraissent spé- 
ciales. Telles sont les elongata, Sow., conoidea, id., ete. 


Les turritelles des terrains miocènes et pliocènes sent très 
nombreuses. , 


M. Grateloup, et plus antérieurement M. de Basterot (7), ont fait con- 
naître les espèces du bassin de Bordeaux et de l’Adour. 
Les faluns bleus (miocène inférieur) et les faluns jaunes (miocène supérieur) 


(1) Mém. sabl. inf. (Ann. sc. géol., 1843, t. I). 

(2) Coq. foss. Par.,t. Il, p. 269, pl, 35 à 40. Lamarek avait déjà décrit 
plusieurs espèces de ces gisements dans le tome IV des Ann. du Mus. 

(3) Mém. terr. de sédim. sup. du Vicentin, p. 54, pl. 2 et 4. 

(4) Leymerie, Mém. Soc. géol., 2 série, t. I, p. 36%, pl. 16; d’Archiac, 
id., t. UL, pl. 43, et Hist. des progrès, t. UT, p. 285. 

(5) Prodrome, t. I, p. 310. 

(6) Sowerby, Min. conch., pl. 51. 

(T) Conch. foss. de l’Adour, et Act. Soc. linn. Bord., 1832, t. V; Baste: 
rot, Cog. foss. Bord., p. 28. 

IT, J 


66 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


en contiennent plusieurs, au moins vingt-six espèces. Il paraît que quelques- 
unes se continuent dans les deux gisements ; mais il faut ajouter que la variabi- 
lité desturritelles et le peu de précision de leurs caractères spécifiques rendent 
la discussion de ces passages très difficile. Nos collections ne sont pas assez 
complètes pour nous avoir permis une comparaison directe. 

M. Nyst (!) a décrit les especes de Belgique, parmi lesquelles se trouvent 
les T. crenulata, Nyst et planispira, id., qui paraissent nouvelles. 

Les terrains miocènes du Piémont renferment, suivant M. Michelotti (2) 
huit espèces , dont trois spéciales à ces gisements, les T. Renieri, Mich., 
nodosa, id., et varicosa, Brocchi. Les autres se rapportent aux espèces de 
Bordeaux, etc., et une paraît identique avec la T. ungulata, Gmel., vivante. 

Les terrains pliocènes () du même pays ont fourni également des espèces 
perdues (T. vermicularis, Brocc., triplicala, id., ete.) et un mélange des 
espèces précédentes et des turritelles vivantes. 

Le crag d'Angleterre est dans le même cas (f). Une espèce (T. incrassata, 
Sow.), se trouve dans tous les étages du crag et vivante. La T. clathratula, 
Wood, du crag supérieur, est nouvelle. 

D’autres espèces ont encore été décrites (5) par MM. Dubois de Montpéreux, 
de Hauer, Dunker, etc. 


On a aussi décrit (6) de nombreuses espèces de turritelles en 
Amérique et en Asie, dans les terrains crétacés, nummulitiques 
et tertiaires récents. . 


Les ScaraRes (Scalaria, Lamk), — Atlas, pl. LVHE, 
fig. 44 à A6, 


sont enroulées comme les turritelles, mais ont leurs tours arrondis, 
souvent disjoints, et une bouche ronde, à bords entiers, épaissis. 
Ces coquilles sont ordinairement ornées de côtes élevées, qui 
marquent en dehors les diflérents points de l'accroissement. Leur 
opercule est corné, spiral, et composé de peu de tours. 

Les scalaires habitent aujourd'hui les mers chaudes et tempé- 


(1) Cog. et pol. foss. de Belgique, p. 395, pl. 37 et 38. 

(2) Descr. foss. mioc. Llalie sept., p. 183. 

(3) Sismonda, Synopsis, p. 54; Brocchi, Conch. subap., pl. 6. 

(4) Wood, Moll. from the crag (Pal. Soc., p. T4, pl. 9). 

(5) Dubois de Montpéreux, Conch. foss. Voth. Pod., pl. 2; Hauer, 
Haiding. Abhandl., 1847, p. 350 ; W. Dunker, Palæontographica, t. I, p. 63, 
et 132. 

(6) Voyez d’Orbigny, Prodrome et Voyage dans l'Amér. mér. Paléont.; 
Morton, Synopsis ; Say, Journ. Acad. Phil., t. IV ; Conrad, id., t. VI, VII, 
VII ; Forbes, Trans, of the geol, Soc., 2° série, t. VII, p. 128, etc, 


LITTORINIDES,. 67 


rées ; elles se trouvent sur les fonds de sable vaseux, au-dessous ou 
au niveau des plus basses marées. 

Les caractères que j'ai rappelés ci-dessus distinguent très 
facilement les scalaires vivantes des turritelles ; mais les espèces 
fossiles présentent des transitions embarrassantes. Les terrains 
crétacés, en particulier, fournissent une série d'espèces que 
M. d'Orbigny place dans les scalaires, et qui ont en effet de grands 
rapports dans leurs ornements avec ce genre, mais dont les tours 
s’aplatissent par degrés et dont le péristome arrive à être dis- 
continu. Il y aurait à peu près autant de motifs pour ramener 
cette série dans le genre des turritelles que pour la laisser dans 
celui des scalaires. On peut même ajouter que ces coquilles se 
rapprochent beaucoup aussi de quelques fossiles que l’on est con- 
venu de réunir aux chemnitzia. Je reviendrai sur cette comparai- 
son en traitant de ce dernier genre. 

Il manque de preuves suffisantes pour faire remonter l'antiquité 
du genre scalaire au delà de l’époque jurassique. 

Je ne crois pas, en particulier, qu'il y en ait dans les terrains 
de la période primaire. 


EH est vrai que le comte de Münster (!) a décrit sous ce nom une coquille 
du terrain dévonien d’Elbersreuth (Scalaria antiqua, Münster), mais cette 
coquille manque d'un des caractères les plus apparents du genre des sca- 
laires , c'est-à-dire des côtes saillantes; aussi sa détermination générique me 
paraît-elle contestable. 


Je ne pense pas non plus que l’on puisse admettre leur présence 
dans le terrain triasique. 


La seule espèce de cette époque qui ait été rapportée à ce genre est la 
Scalaria venusta, Münster (2), de Saint-Cassian, qui est costée, mais dont la 
bouche, incomplétement connue, ne paraît point avoir les caractères généri- 
ques des scalair 


Leur existence dans l’époque jurassique n’est établie que par un 
très petit nombre d'espèces. 


La S. Munsteri, Roemer ($), du terrain corallien d'Allemagne, que je ne 


connais que par la figure de M. Roemer, paraît bien avoir les caractères du 
genre. 


(1) Münster, Beitr. zür Petref., t. 1, p. 39, pl. 13, fig. 1. 
(2) Münster, id., t. IV, p.103, pl. 10, fig. 28. 
(3) Norddeutsch, Oolithgeb., p. 117, pl. 40, fig. 5. 


68 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


La S. pygmæa, Lycett (!), n’a été décrite que par une phrase insuffisante, 
Elle appartiendrait à l’oolithe inférieure . 

La S. minuta, Buvignier (2), du terrain kimméridgien de la Meuse, me paraît 
très douteuse, 


Les espèces sont plus nombreuses dans les terrains crétacés ; 
mais elles s’y présentent en général avec Îles caractères spéciaux 
dont j'ai parlé plus haut (Atlas, pl. LVIIT, fig. 39). 


On trouve dans le terrain néocomien inférieur ($), les S. canaliculata, 
d’Orb., et Albensis, id. 

M. d'Orbigny cite dans son Prodrome (4) deux espèces inédites du terrain 
néocomien supérieur (urgonien) d'Escragnolles, et une espèce du terrain 
aptien de Gurgy (Yonne). 

J'ai décrit avec M. Renevier (5) la S. Rouxii, du terrain aptien de la perte 
du Rhône. 


Le gault en renferme plusieurs espèces (°). 


M. d'Orbigny a décrit les S. Clementina, gaultina, Rauliniana, Gastina 
et, Dupiniana 

Cette dernière espèce se retrouve dans le gault des environs de Genève, 
avec deux espèces nouvelles, la S. Rhodani, Pictet et Roux, et la S. gurgitis, 
id. (Atlas, pl. LVIIE, fig. 44.) 


Les craies marneuses et les craies supérieures ont aussi fourni 
des scalaires. 


M. d'Orbigny (7) a trouvé dans le grès vert du Mans la S. Guerangeri, 
d'Orb. 

La S. pulchra, Sow. (8), a été découverte à Blackdown, 

La S. Phillippi, Reuss (°), provient du quader inférieur de Bohême. Je 
doute, du reste, que cette dernière soit une vraie scalaire; elle est courte et 
les bords de la bouche ne sont pas épaissis. 


(1) Ann. and mag. of nat. hist., 2° série, t. VI, p. 419. 
(2) Buvignier, Statist, géol. de la Meuse, Paris, 1852, p. 35, pl. 27. 
(3) D'Orbigay, Pal. franç., Terr. crét., t. IT, p. 50, pl. 154. 
(4) Prodrome, t. IT, p. 103 et 115. 
(5) Paléont. Suisse, Terr. aptien, p. 30, pl. 3. 
(6) D'Orbigny, Palcont.frane., Terr.crét.,t 11, p. 52, pl. 15#et155 ; Pictet 
et Roux, Moll. des grès verts, p. 169, pl. 16. 
() Pal. franç., Terr. crét., t. IH, p. 412. 
(8) Trans. of the geol. Soc., t. IV, p. 242, pl. 18, fig. 11. 
(9) Verst. Boehm. Kreidef., W, p. 114, pl. 44, fig. 14. 


LITTORINIDES. 69 


M. d'Orbigny (!) rapporte à ce genre, je crois avec raison, le Fusus costato- 
striatus, Münster, de la craie de Haldem, et la Melania decorata, Roemer, 
de la craie de Strehlen. 

M. Joseph Müller (?) a décrit les S. striato-coslata et macrostoma, de la 
craie supérieure d’Aix-la-Chapelle. 


Les scalaires augmentent beaucoup de nombre dans les ter- 
rains tertiaires et se rapprochent beaucoup plus des formes des 
espèces vivantes. 

Elles se trouvent assez abondantes dans les terrains tertiaires 
inférieurs. 


M. Melleville (3) a décrit la S. monilifera des sables inférieurs de Laon. 

M. d’Archiac a fait connaître ({) la S. subundosa, du terrain nummuli- 
tique de Biaritz, où elle setrouve avec les S.decussata, Lamk, et semicostata, 
Sow. 

M. Deshayes (5) indique huit espèces dans le bassin de Paris. 

On trouve encore dans les terrains éocènes (6), les S. Franscisci, Caillat, de 
Grignon ; les S. spirata, Galeotti, et S. subcylindrica, Nyst, de Belgique ; 
cinq espèces décrites par M. Sowerby et la S. Bowerbankii, Morris (7), des 
terrains tertiaires inférieurs d'Angleterre. 


Elles se continuent nombreuses dans les terrains tertiaires 
moyens et supérieurs. 


Les espèces des environs de Bordeaux et des Landes ont été décrites 5) par 
M. de Basterot et par M. Grateloup. 

Les faluns bleus (miocène inférieur) renferment la S. clandestina, Gratel. 

Les faluns jaunes (miocène supérieur) ont fourni six espèces, dont quatre 
nouvelles (S. striala, Grat., multilamella, Basterot, subspinosa, Grat., ct 
cancellata, Grat.), une déjà décrite et une rapportée à la S. communis, qui 
vit aujourd’hui en abondance sur les côtes d'Europe (?). 


(1) Prodrome, t. IE, p. 217; Münster, dans Goldfuss, Petref. Germ., t. UE, 
p. 23, pl. 171, fig. 18; Roemer, Norddeutsch. Kreideg., p. 82, pl. 12, 
fig. 11. 

(2) Aach. Kreidef., IL, p. 7, pl. 3 et 5. 

(3) Descr. sables tert. (Ann. sc. géol., p. 53, pl. 6, fig. 7-8). 

() Mém. Soc. géol., 2° série, t. II, p. 443, pl. 13, fig. 48. 

(5) Cog. foss. Par., t. II, p. 195, pl. 22 à 25. 

(6) Caillat, Soc. sc. nat. Seine-et-Oise, pl. 9, fig. 3; Galeotti, Mém. prov. 
Brabant, p. 146 ; Sowerby, Min. conch., pl. 16 et 577; Nyst, Cog. et pol. 
foss. Belgique, p. 389, pl. 37 et 38. 

(7) Quart. journ. geo. Soc., t. VIII, p. 266. 

(8) De Basterot, Cog. foss. Bord., p. 30; Grateloup, Act. Soc. linn. Bord., 
t. V, p.132, et Conch. foss, de l'Adour, 1. 


70 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


LaS. terebralis, Michelin ‘1), se trouve aussi dans les falunières des environs 
de Bordeaux. 

Le Piémont est riche en scalaires. M. Michelotti (2) signale sept espèces 
dans les terrains miocènes de la montagne de Turin, dont cinq décrites par 
Brocchi, et deux nouvelles, les S.scaberrima, Mich. (Atlas, pl. LVIIL fig. 46), 
et S, reticulata, id. De ces sept espèces deux, S. pumicea, Brocchi, et lanceo- 
lala, id., passent au terrain pliocène. 

M. Sismonda (3) indique dans les terrains pliocènes d’Asti, ete., outre les 
deux espèces ci-dessus, les S. contigua, Bon., pseudoscalaris, Brocchi (Atlas, 
pl. LVIIL, fig. 45), sulculata, Bon., oblita, Mich., et quelques espèces qu'il 
rapporte à celles qui vivent aujourd'hui dans la Méditerranée. 

Les terrains tertiaires d'Allemagne renferment aussi plusieurs scalaires. 
M. Philippi () cite cinq espèces nouvelles, outre quelques-unes ci-dessus in- 
diquées. 

La S. pseudoscalaris, Dubois (5), n’est pas la même que celle de Brocchi, 
et doit porter un autre nom (M. d'Orbigny la nomme $S. Duboisiana). 

Le crag d'Angleterre en contient aussi plusieurs. M. Wood (6) en compte 
douze espèces, la plupart du crag corallien. Quatre se trouvent vivantes, 
savoir : la S. varicosa, Lamk, et la S. clathratula, Turton, du crag corallien, 
et les S. Groenlandica, Chemnitz, et Trevelyana, Leach, du crag rouge. Les 
autres sont spéciales au crag corallien et ne vivent plus actuellement. Trois 
d’entre elles (S. frondosa, foliacea et subulata) ont été décrites par Sowerby. 
Les autres sont nouvelles. 

La S.tenera, G. B. Sow. (7), a été trouvée dans un terrain miocène des 
bords du Tage. 


Enfin on à trouvé des scalaires en Asie et en Amérique dans 
les terrains erétacés et tertiaires (8). 


Les espèces des terrains crétacés de l'Inde ont été décrites par M. d’Or- 
bigny et par M. Forbes; celles des mêmes terrains en Amérique, par 
M. Morton,; celles des terrains tertiaires de l'Amérique du Nord, par 
MM. Conrad, etc., et celles de l'Amérique du Sud, par MM. d’Orbigny, 
Sowerby, etc. 


(1) Magazin de zool. de Guérin, 1°° année. 

(2) Descr. foss. terr. mioc., p. 160. 

(8) Synopsis, p. 53. 

(4) Tert. Verst. Norddeutsch., p. 54. 

(5) Conch. foss. Wolh. Pod., p. 43. 

(6) Mollusca from the crag (Palæont. Soc., p. 89, pl. 8). 

(7) Quart. journ. of the geol. Soc., t. INT, p. 420. 

(8) D'Orbigny, Astrolabe, pl. 3; Forbes, Trans. of the geol. Soc., VH, 
9 


p. 124; Morton, Synopsis; Conrad, Jowrn. Acad. Phil., t. VIII, d’Orbigny, 
Voyage dans l'Amér. mérid., Paléont.; Sowerby, dans le Voyage de Dar- 
win, etc. 


LITTORINIDES. 71 


Les LITTORINES (Zitforina, Férussac), — Atlas, pl. LVIIT, 
fig. 47, 


paraissent avoir les caractères essentiels des genres précédents et 
des formes zoologiques semblables ; mais leur coquille en diffère 
beaucoup par sa forme courte et plus ou moins globuleuse. Cette 
coquille est épaisse , a une bouche arrondie, oblique, modifiée 
par l’avant- dernier tour et un peu anguleuse en arrière ; elle est 
bordée extérieurement par un labre tranchant taillé en biseau et 
intérieurement par une columelle aplatie. L'opercule est corné et 
paucispiré, à sommet latéral. 

Ces mollusques ont d’abord été confondus avec les turbos, mais 
animal manque tout à fait des filaments du pied qui caractéri- 
sent les trochides. Les coquilles ont beaucoup de rapports avec 
celles des turbos et des phasianelles. A l’état vivant on les distin- 
gue facilement des premiers par l'absence constante de substance 
nacrée et par l'aplatissement de la columelle ; et des phasianelles, 
par les mêmes caractères et parce que ces dernières ont la sur- 
face lisse et polie. A l’état fossile, les moyens de détermination 
manquent souvent, et il est plusieurs espèces que quelques au- 
teurs rapportent aux turbos, tandis que d’autres les associent aux 
httorines. 

Il résulte de cette difficulté de grandes différences dans la ma- 
nière dont les naturalistes ont retracé l’histoire paléontologique 
des littorines. Les uns croient qu’elles ont existé dès les époques 
les plus anciennes et qu'elles se sont continuées dans tous les ter- 
rains jusqu à la période actuelle, où elles ont acquis un grand 
développement numérique. D’autres (M. d'Orbigny) nient qu’on 
les trouve à l'état fossile, sauf dans quelques dépôts contempo- 
rains. 

Elles sont aujourd’hui de toutes les latitudes, vivant presque 
toujours sur les rochers qui bordent les rivages, au niveau ou im- 
médiatement au-dessous des hautes marées. Leur taille est géné- 
ralement médiocre et leurs couleurs sont rarement très brillantes. 

Je suis disposé, pour ma part, à admettre l'opinion de ceux qui 
croient à l'ancienneté des littorines. 


Je reconnais cependant que l'espèce trouvée par Sowerby () dans le ter- 
rain silurien (L. striatella) est très douteuse. 


(1) Murchison, Si. syst., ph 19, fig. 12. 


72 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES,. 


Les espèces du terrain carbonifère décrites par M. de Küuinck (1) me 
paraissent plus incontestables (L. solida, Kün., L. Lacordairiana, id., et 


L. biserialis, Phillipi). Cette dernière se trouve aussi dans les terrains dévo- 
niens. 


Elles paraissent se continuer sans être nombreuses pendant 
l'époque secondaire. 


M. Deshayes (2) rapporte à ce genre le Turbo muricatus, Sow., fossile du 
terrain oxfordien et quelques autres espèces également jurassiques. M. d'Or- 
bigny, ainsi que je l'ai dit plus haut, n’admet pas leur existence dans les 
terrains crétacés et rapporte au genre Tunrso les espèces décrites par M. Des- 
hayes; mais je les considère comme étant probablement de véritables litto- 
rines (3). 

Les auteurs anglais rapportent encore au genre LirroriNE des espèces trou- 
vées dans les grès verts et décrites par Sowerby comme des turbos ou des 
paludines : ce sont les Turbo carinatus, Sow., 240, conicus, id., 433, ro- 
tundatus, id., monilifer, id., 31, et Paludina extensa, id., 31. Il faut ajou- 
ter les Zittorina gracilis et pungens (f). 


Les littorines sont plus nombreuses dans les terrains tertiaires. 


Il faut, suivant M. Deshayes, rapporter à ce genre trois espèces qu'il avait 
précédemment décrites comme des phasianelles (5), les L. tricostalis, multi- 
sulcala et melanoïides. 

On trouve, suivant le même auteur, dans les faluns de la Touraine et à 
Bordeaux, les L. Grateloupi et Prevostina, Desh. 

M. Wood a trouvé (6) la littorine commune (Turbo littoreus, Lin.) dans 
le crag rouge et dans le crag supérieur d'Angleterre. 

La figure 47 de la planche LVIII de l'Atlas représente cette même espèce 
d'après un échantillon du musée de Genève, qui provient des terrains plio- 
cènes du Piémont. 


Les PLanaxes (Planaxis, Lamk) 


ont une coquille ovale, conique, solide, dont la bouche est ovale, 
un peu plus longue que large, et la columelle aplatie, tronquée à 


(1) De Küninck, Descr. anim. foss. carb. Belgique, p. 455, pl. 39 et 40; 
de Verneuil, Pal. de la Russie, p. 340. 

(2) Lamarck, 2° édit., t. IX, p. 210 ; Sowerby, Min. conch., pl. 240, 
fig. 8 à 10. 

(3) D'Orbigny, Pal. franç., Terr. crét., et Prodrome; Deshayes, dans le 
mémoire de Leymerie, Mém. Soc. géol., t. V. 

(#) Trans. of the geol. Soc., 2° série, t. IV, pl. 18. 

(5) Coq. foss. Par., t. Il, pl. 34 et 38; 2° édit. de Lamarck, Histoire na- 
turelle des animaux sans vertèbres, t. IX, p. 211. 

(6) Mol. from the crag (Pal. Soc., p. 148, pl. 10, fig. 14). 


73 
son extrémité et séparée par un sinus étroit du labre, qui est 
sillonné ou rayé en dedans, et dont le côté postérieur est muni en 
dessous d'une callosité. 

Ces mollusques paraissent avoir beaucoup d'analogie avec les 
littorines, et leur coquille n’en diffère guère que par la troncature 
de la columelle. Aussi plusieurs naturalistes, et en particulier 
MM. Deshayes et de Blainville, les rapprochent-ils des genres qui 
forment la famille des paludinides. Cette opinion paraît confirmée 
par l'étude de l'animal. Mais d'autres naturalistes, tels que 
MM. Quoy et Gaimard, d'Orbigny, etc., leur assignent une tout 
autre place et les rangent dans la famille des buccinides. Jai 
adopté ici la première de ces opinions, qui me paraît la plus jus- 
tüfiable. 

On ne connaît aujourd'hui que quelques espèces des mers 
chaudes. Parmi les fossiles on n’en peut citer que dans les terrains 
tertiaires, et même avec doute. 


PYRAMIDELLIDES, 


M. Grateloup (!) en a décrit deux espèces des faluns jaunes (miocène supé- 
rieur), dont M. d’Orbigny fait des buccins. Lé P. striatus me paraît seul avoir 
les formes des planaxes. 

M. Michelotti (2?) avait décrit la Planaxis multisulcata des terrains mio- 
cènes du Piémont. [la transportée plus tard dans le genre Nassa. 

M. Deshayes (3) parle d’une espèce nouvelle de Dax, qui n’est ni décrite ni 
figurée. 

Il faut ajouter plusieurs planaxes subfossiles, trouvées dans des terrains 
superficiels du midi de la France, et indiquées par M. Risso (#). 


5e Famizze. — PYRAMIDELLIDES. 


Les pyramidellides ont une coquille turriculée, qui diffère de 
celle des paludinides en ce qu'elle est lisse, souvent brillante, 
dépourvue d’épiderme, et que sa columelle est encroûütée et épaisse 
et a quelquefois des plis saillants. Les principales différences, du 
reste, tiennent aux formes de l’animal, si toutefois on peut en 
juger par celui des pyramidelles proprement dites, qui a des 
tentacules en cornet. 


(1) Conch. foss. de l' Adour, 1, pl. 14. 

(2) Ann. delle scienze Reg. Lomb. Ven., 1840 , p. 158; Descr. foss. mioc., 
p. 207. 

(3) 2° édit. de Lamarck, Histoire naturelle des animaux sans vertèbres, 
Paris, 1843, t. IX, p. 236. 

(#) Histoire naturelle des principales product, Europ.mérid.,t. IV, p. 172. 


74 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


C'est probablement à cette famille qu'il faut rapporter la plu- 
part des espèces des terrains marins que l’on a décrites comme 
des mélanies. On en connaît déjà un assez grand nombre et l’on 
sait maintenant que quelques-uns des genres ont apparu dès les 
terrains les plus anciens, et que d’autres ne datent que de l’époque 
Jurassique ou des époques subséquentes. 

On s'accorde généralement pour leur réunir les actéonides, qui 
ont une coquille sans épiderme, enroulée, généralement ovale, à 
spire courte et souvent entièrement enveloppée, une bouche oper- 
culée, tantôt entière, tantôt échancrée en avant, un labre quel- 
quelois réfléchi, épaissi et même denté, une columelle presque 
toujours munie de gros plis, et une coquille fréquemment ornée 
de stries ponctuées ou formées de fossettes en lignes transversales. 
Ces mollusques ont eneflet les plus grands rapports avecles pyrami- 
dellides et s’y lient par de nombreuses transitions. La connaissance 
plus précise des animaux serait nécessaire pour apprécier la con- 
venance de leur réunion. La découverte de nérinées aussi courtes 
etmême plus courtes que les actéons semble la rendre nécessaire, 
en montrant que la longueur de la coquille n’est pas même un 
caractère générique. 

Les coquilles de ce groupe des actéonidesressemblent beaucoup, 
comme je l'ai dit plus haut (p. 31), à celles des auricules ; mais 
les animaux diffèrent beaucoup, car ces derniers sont pulmonés 
et terrestres et les actéonides sont tous pectinibranches et ma- 
rins. C’est done à tort que l’on a rapporté aux auricules des co- 
quilles marines ovales, à bouche entière et à columelle plissée ; 
elles doivent être classées dans la famille qui nous occupe 1ei. 
Ainsi dans les dix espèces d’auricules décrites par M. Deshayes, 
il y à des actéons, des ringinelles, des ringicules, ete. La même 
chose a lieu pour celles de M. Dujardin des faluns de la Touraine 
et pour celles de la plupart des auteurs. 

Les pyramidellides, en acceptant pour cette famille l'extension 
que nous venons de lui donner, datent des époques les plus an- 
ciennes du globe, et sont représentées dans les terrains de la pé- 
riode primaire par des eulima, des chemnitzia et des macro- 
cheilus. Elles augmentent de nombre et de variété de formes dans 
les terrains jurassiques et crétacés, étant représentées par cinq gen- 
res dans les premiers, par dix dans les derniers et dans tous les 
deux par un grand nombre d'espèces. Elles perdent de leur im- 
portance dans les terrains tertiaires et dans l’époque actuelle, 


PYRAMIDELLIDES. 75 


non pas tant au point de vue du nombre des genres et des espèces 
que sous celui des dimensions, qui sont en général considérable- 
ment réduites. 

Parmi les genres de cette famille, aucun ne se trouve à la fois 
dans tous les terrains. Celui dont la vie paléontologique a été la 
plus longue, est le genre des eulima, qui paraît dater de l'époque 
carbonifère et qui a vécu jusqu'à nos jours, et celui des actéons, 
qui s'étend depuis l'oolithe inférieure jusqu'aux mers actuelles. 
Plusieurs genres sont spéciaux à une époque déterminée. Ainsi 
celui des macrocheilus n’a été trouvé que dans les terrains dévo- 
niens et carbonifères ; le genre nombreux et important des néri- 
nées n’a été observé que dans les terrains jurassiques et crétacés ; 
ceux des actéonelles, des globiconcha et des pterodonta sont spé- 
ciaux aux terrains crétacés supérieurs; les varigera et les avel- 
lana ne s'étendent ni au-dessous, ni au-dessus de l'époque créta- 
cée ; les turbonilla, les niso, les pedipes, les volvaria, les ringicula, 
n’ont commencé qu'avec l’époque tertiaire. 


Les CHEmNITZ1A, d'Orbigny, — Atlas, pl. LIX, fig. 4 à 10, 


ont une coquille allongée, non ombiliquée, une bouche ovale, 
large en avant et acuminée en arrière; un labre mince et tran- 
chant, et une columelle droite, légèrement encroûtée. Ils se dis- 
tinguent des eulima par leur coquille costulée et non polie, qui, 
en conséquence, n’a pas dû être recouverte par des replis du man- 
teau. 

Les chemnitzia vivent, comme les eulima, dans les parties pro- 
fondes du littoral de presque toutes les mers. 

Ce genre ressemblant assez par les formes de la coquille à celui 
des mélanies, plusieurs auteurs ont cru pouvoir lui rapporter la 
plupart des espèces fossiles qui avaient été décrites sous ce der- 
nier nom. D’autres, comme je l'ai dit plus haut, page 61, Jui ont 
attribué toutes les turritelles de époque primaire et du commen- 
cement de l'époque secondaire. 

J'ai déja émis des doates sur celte dernière association ; je pense 
que parmi celles que lon a transportées dans le genre des chem- 
nitzia, il y a de véritables turritelles reconnaissables à leurs tours 
plans, leur bouche courte et carrée, etc. Je crois, par contre, 
ainsi que je l’ai dit page 67, qu'il n'y a aucun motif sérieux pour 


76 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


séparer des coquilles jurassiques et crétacées que l’on à nommées 
des chemnitzia, une partie des prétendues scalaires de l’époque 
crétacée. Ces questions , du reste, sont d’une extrême difficulté 
en présence de caractères aussi fugitifs et pour des êtres chez les- 
quels on ignore complétement la forme de l’animal, celle de 
l'opercule, l'existence ou l'absence de l’épiderme, etc. 

Quelques autres noms génériques ont été donnés à ces coquilles 
fossiles des dépôts marins qui ont des formes semblables à celles 
des mélanies, etc. Ils doivent être réunis à celui des chemnitzia. 
Ainsi les PasiTHEA, Lea (!), sont tout à fait dans ce cas. 

Le genre des Loxonema, Phillips, ne me semble pas se distin- 
guer clairement des chemnitzia. Suivant M. d'Orbigny, 1l serait 
caractérisé par un labre prolongé en avant et muni d’un sinus 
postérieur, et renfermerait toutes les espèces de l’époque primaire. 
Chez beaucoup de ces dernières, tous les caractères sont ceux 
des chemnitzia jurassiques. Il me semble que ces deux groupes 
doivent être réunis. 

On doit probablement aussi réunir aux chemnitzia les Pyr- 
Giscus, Philippi, et les ORTHostELEs, Aradas et Magg., genres éta- 
blis pour des espèces vivantes. 

Le genre des chemnitzia, ainsi envisagé, se trouve dès l’époque 
primaire. 


M. d'Orbigny (2?) cite sous le nom de Loxonema deux espèces bien dou- 
teuses des grès de Caradoc (silurien inférieur), la T'urritella cancellata, Sow., 
et le Buccinum fusiforme , id., et une espèce des roches de Ludlow (silu- 
rien supérieur), la Terebra sinuosa, Sow. 

Le même auteur rapporte à ce genre quelques espèces décrites par Hall, 
sous les noms de MurCHISONIA et SUBULITES. 


Le terrain dévonien renferme un grand nombre de coquilles 
fossiles qui ont la forme enroulée et allongée des turritelles et des 
mélanies. M. d'Orbigny les réunit toutes indistinctement sous le 
nom de Loxonema ; mais, ainsi que je l'ai déjà fait remarquer, il 
y a parmi ces espèces des vraies turritelles ; il y en à qu'on ne 
peut pas séparer des chemnitzia, car on cherche en vain une dif- 
férence dans la bouche ; quelques-unes, enfin, ont le labre évidem- 
ment prolongé et seraient de vrais loxonema. 


(1) Contributions, p. 103 et 207. 
(2) D'Orbigny, Prodrome, t. 1, p. 5; Sowerby et Murchison, Silur. system, 
pl. 20, fig. 18 et 19; Hall., Pal. of New-York, t. I, p. 180. 


PYRAMIDELLIDES. 77 


Ainsi, parmi les espèces décrites par le comte de Münster (!), je ne puis 
voir ni sinus ni prolongement du labre dans ses T'urritella trochleata, anti- 
qua, ete. (Atlas, pl. LIX, fig. 1), qui, comme je l'ai dit page 61, ne sont pro- 
bablement pas non plus de vraies turritelles. Je vois au contraire un labre 
prolongé dans les Melania prisca (Atlas, pl. LIX, fig. 2) et arcuata. 


I faut done, comme je l'ai dit ci-dessus, ou réunir toutes ces 
formes, ce qui est justifié par de nombreuses transitions, où ad- 
mettre dans les terrains dévoniens des chemnitzia et des loxonema. 
Il me paraît surtout impossible de suivre ici l'opinion de M. d’Or- 
bigny, et de n’admettre que des loxonema dans l’époque primaire 
et que des chemnitzia dans la période jurassique. 


On trouvera de nombreuses espèces des terrains dévoniens décrites dans 
les ouvrages de Goldfuss (?) (six turritelles et neuf mélanies), Sowerby (T. co- 
nica, gregaria, etc.), Phillips(huit Loxonema), Münster (plusieurs turritelles, 
mélanies d'Ebersreuth), Roemer (ZL. subulata, et une dizaine d'autres espèces 
et du Hartz), etc. 


Les espèces des terrains carbonifères, très nombreuses encore, 
confirment tout à fait ce que je viens de dire, et ont tantôt les ca- 
ractères assignés aux loxonema, tantôt ceux des vraies chemnitzia. 


Ainsi j'ai fait figurer dans l'Atlas, pl. LIX, fig. 3, le L. rugiferum, d'Orb, 
Si on le compare à la Chemnitzia subnodosa, d'Orb. (pl. LIX, fig. 4), on 
serait bien embarrassé pour exprimer, d’une manière précise, la différence qu'il 
y a entre leurs deux labres. La forme générale, leurs ornements, ete., ne 
présentent que des analogies. : 

Au reste, M. de Küninck (3), qui a décrit le plus grand nombre des es- 
pèces, les a bien réunies sous le nom générique de chemnitzia, et, en effet, 
les onze espèces qu’il figure ont tout à fait les caractères de ce genre, 

Depuis lors M Coy a fait connaître (4) plusieurs espèces d'Irlande, 

On peut ajouter la C. acuminata, Keyserling (), ete. 


On en cite quelques espèces dans le terrain permien. 


(!) Beitr. zür Petref., t. TI, p. 83 et 88, pl. 45. 

(2) Goldfuss, Petref. Germ., p. 103 et 109, pl. 195, 196, 197, 198: 
Sowerby dans Murchison, Sil. sys., pl. 3, 8, ete.; Phillips, Palæont. foss. of 
Devon, p.98 et 139, pl. 38 et 60 ; Münster, Beitr. zur. Petref., t. NII, p. 88, 
pl. 15,ett. V, p.122; Roemer, Harzgebirg., p. 31, pl. 8, Rheinisch Ueber- 
gangsgeb., 22; et surtout Palæontographica, t. IL, p. 3, 16 et 34, etc. 

(3) Descr. anim. foss. carb. Belgique, p. 459, pl. 41. 

(#) freland, p. 30, pl. 3, 5, 7, etc. 

(5) Petschora Land, p. 268, pl. 41, fig. 45, 


78 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


Le L. altenburgensis, d'Orb. (Turbonilla altenburgensis, Geinitz), provient 
d’Altenburg (1). 

Les L. fasciata, King, Geinitziana, King, et Swendenborgiana, King (L. ru- 
gifera, Verneuil, non Phillips), ont été découvertes dans les terrains permiens 
d'Angleterre (2). Le Macrocheilus symetricus, King, des mêmes gisements me 
paraît appartenir au même genre. 


Elles se retrouvent dans les dépôts inférieurs de l'époque se- 
condaire. 


J'ai dit plus haut, page 62, qu'il me paraît douteux quel’on püt rapporter 
à ce genre les Turritella scalata et obliterata du muschelkalk. 

La T. obsoleta, Zieten, de ce même gisement est bien une chemnitzia ainsi 
que le Fusus Helii du même auteur ($). 

I y à parmi les espèces de Saint-Cassian beaucoup de chemnitzia qui ont 
été décrites (*) sous les noms de turritelles et de mélanies. J’ai dit plus haut 
que je ne pensais pas toutefois que toutes les turritelles dussent passer dans 
le genre des chemnitzia, et en particulier pas celles à tours aplatis et à bouche 
courte. Les mélanies me paraissent, par contre, pouvoir plus complétement 
être transportées dans ce genre, sauf celles qui ont le bord épaissi et qui sont 
par conséquent des rissoa, et sauf encore les espèces polies ou eulima. 


Les chemnitzia se continuent dans tous les terrains jurassiques, 
mais je dois encore ici attirer l'attention des paléontologistes sur 
la diversité des formes des coquilles qu'on a réunies dans ce genre. 


Les unes ont, comme la C, subnodosa, d'Orb. (Atlas, pl. LIX, fig. 4), tout 
à fait les caractères et le mode d'ornement normaux. 

D’autres ont un sinus postérieur très marqué, comme la €. condensata« , 
d’Orb. (Atlas, pl. LIX, fig. 7). Si l’on adoptait le genre LoxoNEMA , et si on 
le caractérisait comme M. d'Orbigny, il faudrait admettre qu’il se continue 
dans les terrains jurassiques. 

D'autres, enfin, comme la T. Defranci, d'Orb., ne peuvent que bien diffi- 
cilement être distinguées des turritelles. 


Les espèces paraissent, du reste, répandues dans tous les ter- 
rains de cette époque (°). 


(1) Geinitz, Zechsteingeb., p. T, pl. 3, fig. 9 et 40. 

(2) King, Permian foss. (Pal. Soc., 1848, p. 209, pl. 16). 

(8) Zieten, Petrif. Wurt., pl. 36, fig. 1 et 2. 

(4) Münster, Beitr. zür Petref., t. IV, p. 93 et 118, pl. 9 et 13; Klipstein, 
Geol. der oestl. Alpen, p. 172 et 184, pl. 11 et 12. Voyez aussi d’Orbigny, 
Prodrome, t. I, p. 183. ° 

(5) Voyez surtout pour les espèces jurassiques, d’Orbigny, Pal, franç., Ter. 
jur., t. IL, pl. 237 à 250. 


PYRAMIDELLIDES. 79 
On en trouve en particulier dans le lias. 


Il faut, en effet, rapporter à ce genre quelques mélanies du Calvados, dé- 
crites par M. Eudes Deslongchamps (1), telles que la M. semi-costata, Desh., 
du lias inférieur de Bayeux et la M. nodosa, id. (subnodosa, d'Orb.), du lias 
moyen. (Atlas, pl. LIX, fig, 4.) 

M. d’Orbigny a décrit (2) quelques espèces de France, dont plusieurs nou- 
velles. I décrit et figure trois espèces du lias inférieur, cinq du lias moyen 
et quatre du lias supérieur. (Voyez Atlas, pl. LIX, fig. 5 et 6, les C. undulata 
et Periniana, d'Orb., du lias moyen). 

Les espèces d'Allemagne ont été décrites (3) par Goldfuss (Melania Blainvillei) ; 
Zieten (Turrit. undulata du lias de Banz), etc. 

M. d'Orbigny rapporte à ce genre les Paludina et Melania trouvées par 
M. Dunker (4) dans le lias d'Halberstadt, et que nous avons citées plus haut en 
les maintenant provisoirement dans ces genres fluviatiles. 


L'oolithe inférieure et la grande oolithe ont aussi des chem- 
nifzia. 


On peut citer surtout'les mélanies du Calvados décrites par M. Deslong- 
champs (°) (quatre espèces de l’oolithe inférieure et une-de la grande oolithe, 
sous le nom Cerithium Defrancii). 

La M. lineata (6), Sow., connue depuis plus longtemps, se trouve dans 
l'oolithe inférieure d'Angleterre et du Calvados. 

MM. Morris et Lycett (7) ont décrit sept espèces nouvelles de la grande 
oolithe de Minchihampton et deux de celle du Yorkshire. M. Lycett en indique 
trois de l’oolithe inférieare du Gloucestershire. La C. variabilis est figurée 
dans l'Atlas, pl. LIX, fig. 8. 

M. d'Orbigny (8) a figuré de nouveau la plupart des espèces connues et à 
décrit plusieurs espèces inédites. 

Le même auteur rapporte à ce genre deux espèces décrites par Phillips (*) 
sous les noms de Terebra vetusta et M. vittata, et deux espèces de la grande 
oolithe du département de l'Aisne, établies par M. d’Archiac (10) sous les noms 
de Nerinea margaritifera et Turritella Roissyi. J'ai déjà dit plus haut que cette 
dernière a la forme des turritelles jointe avec un large ombilic, Je ne pense 


(!) Mém. Soc. linn. Calvados, t. VIL, p. 219. 

(2) Prodrome, t.1, p. 213, 226, et Pal. franç., Terr. jur. 

(3) Goldfuss., Petref. Germ., pl. 198; Zieten, Petrif. Wurt., pl. 32, fig. 2. 

(4) Palæontographica, t. 1, p. 107, pl. 43. 

(5) Mém. Soc. linn. Calvados, t. VII, p. 222. 

(6) Min. conch., pl. 218, fig. 1, et Pal. franç., Terr. jur. 

(7) Morris et Lycett, Mol. from the great oolithe (Pal. Soc., 4830, p. 49 
et 114); Lycett, Ann. and mag. of nat. hist., 2° série, 1850, t. VI, p. 418. 

(5) Prodrome, t. 1, p.263 et 298, et Pal. franç., Terr. jur. 

(?) Geol. of Yorkshire, p. 116 et 123, pl, 7 et 9. 

(19) Mém. Soc. géol., 1'° série, t, V, p. 380, pl. 30. 


80 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES, 


pas qu’on puisseen faire une chemnitzia. Elle ressemble beaucoup à certaines 
nérinées ; il serait important de constater d’une manière plus précise qu'elle 
manque tout à fait de dents sur le labre. 


Les espèces des terrains kellowien et oxfordien sont aussi en 
partie confondues avec les mélanies. 


fl faut en particulier placer dans ce genre (!) la M. Heddingtonensis, Sow., 
du terrain oxfordien de France et d'Angleterre (Atlas, pl. LIX, fig. 9), et la 
M. condensata, Desh., du Calvados. (Atlas, pl. LIX, fig. 7.) 

On peut citer encore (2) la C. Fischeriana, d'Orb., du terrain oxfordien de 
Russie, la C. melanoides, Phillips, des mêmes dépôts d'Angleterre, et plu- 
sieurs espèces nouvelles (trois du terrain kellowien et une de l’oxfordien), 
décrites par M. d'Orbigny. 


Les chemnitzia sont abondantes dans les terrains jurassiques 
supérieurs. 


M. d’Orbigny (5) a décrit quatorze espèces du terrain corallien et deux du 
terrain kimméridgien. Ces espèces sont toutes nouvelles. 

On peut y ajouter les Hi. Bronnü et abbreviata, Roemer (4), des terrains 
kimméridgiens d'Allemagne; la M. gigantea, Leymerie (5), du terrain port- 
Jandien du département de l'Aube ; la M. crenulata, Cornuel (6), du terrain 
portlandien de Vassy ; la A. virgula, Buvignier (7), du terrain corallien de 
la Meuse; la M, secalina, id., du terrain kimméridgien, du même pays, etc. 


Ce genre diminue d'importance dans les terrains crétacés. 


Aucune espèce des terrains néocomiens n’a encore été figurée. M. d'Orbi- 
gny (8) en indique trois inédites (une du néocomien inférieur et deux de l’ur- 
gonien). 

Le terrain aptien et le gault n'en ont point fourni jusqu'à présent, à 
moins, comme je l’ai dit plus haut, page 67, qu'il ne faille transporter dans 
ce genre une partie des scalaires du gault. Si l’on compare en effet les espèces 
à tours peu convexes, telles que la S. Rhodani, Pictet et Roux (Atlas, pl. LVHI, 


(1) Sowerby, Min. conch., pl. 39, fig. 2; Deslongchamps, Mém. Soc. linn. 
Norm., t. VIL, p: 227. 

(2) D'Orbiguy, dans Murchison et Verneuil, Pal, de la Russie, pl. 37,fig.6; 
Prodrome, t.1, p. 332et 352, et Pal. franç., Ter. jur.; Phillips, Geol. 
of Yorkshire, p. 102. 

(3) Pal. franç., Terr. jur., t. Il. 

(4) Norddeutsch. Oolithgebirg., p. 159, pl. 9 et 10. 

(5) Statistique de l'Aube, pl. 9, fig. 1. 

(6) Mém. Soc. géol., 1'° série, t. IV, p. 289, pl. 15, fig. 9. 

(7) Statist. géol. de la Meuse, p. 28, pl. 22. 

(8) Prodrome, t. Il,-p. 67 et 103, 


PYRAMIDELLIDES. S1 


fig. 44), avec quelques espèces du lias, telles que la C. undulata, d'Orb. 
(Atlas, pl. LIX, fig. 5), la C. Periniana, d'Orb. (Atlas, pl. LIX, fig. 6), ete., 
on se convaincra facilement que les analogies de ces espèces entre elles éga- 
Jent au moins celles des premières avec les scalaires vivantes. 


Les terrains crétacés supérieurs en ont quelques espèces. 


La C. Mosensis, d'Orb. (1), a été trouvée dans le terrain cépomanien de 
Montfaucon. 

La C. inflata, d'Orb. (?), provient d'Uchaux. 

La C. Pailleteana, d'Orb. (3), caractérise le terrain crétacé supérieur de 
Soulange ; la C. Beyrickii, Zekeli, celui de Gosau. 

La C. arenosa, Reuss ({), a été trouvée dans les grès verts de Czeneziz. Elle 
pourrait bien être un moule de rostellaire. 


Les chemnitzia se continuent dans les terrains tertiaires. 


IT faut probablement placer dans ce genre plusieurs mélanies des auteurs, 
et en particulier (5) la M. plicatula, Desh., des sables de Bracheux ; la 4. hor- 
dacea, Desh., de Chaumont, etc.; la M. costellata, Lamk, du bassin de 
Paris, etc., et du terraia nummulitique du Vicentin; la A. fragilis., Lamk, 
de Grignon ; la M. canicularis, id., id., etc. 

J'ai dit plus haut, p. 55, que la M. laciea, Lamk (M. Stygü, Brong. 
(Atlas, pl. LIX, fig. 10), des mêmes terrains, passait généralement pour une 
chemnitzia, tout en ayant les caractères des vraies mélanies 


Elles paraissent abondantesdans les terrains de l'époque mioeène. 


Les terrains miocènes inférieurs du bassin de Paris renferment la Melania 
semidecussala, Lamk. (6). 

Ceux de Dax ont fourni à M. Grateloup (?) une cspèce que ce paléontolo- 
giste a attribuée à la 3/. costellata, Lamik, et que M. d'Orbigny à nommée 
M, Grateloupi. 

Les terrains miocènes supérieurs de Bordeaux, de Podolie, de Cassel, ete., 
renferment plusieurs espèces décrites ($) sous les noms de Welania et de Pyr- 
giseus, par MM. Grateloup , Dubois, Philippi, cte. 


{1} Pal. franç., Terr., crét., t. IE, p.70, pl. 155, fig. 20. 

(2) Pal. franç., Terr. crét., t. Il, p. 71, pl. 456, fig, 2. 

(3) Pal. franc, Terr. crét., t. IL, p. 69, pl. 155, fig. 19; Zekeli, Gastér. 
Gosau, p. 33. 

(#) Bochm. Kreideg., t. 1, p. 51, pl. 10, fig. 7. 

(°) Deshayes, Cog. foss. Par., t. 1, p. 115, cte.; Brongniart, Vicentin : 
Lamarck, Ann. Mus., t. IV, cte. 

(6) Deshayes, Cog. foss. Par., t. II, p. 106, pl. 12. 

(*) Conch. foss. Adour, I. 

(8) Grateloup, id. ; Dubois, Conch. foss. plat. Wolh. Pod.; Philippi., T'ert. 
Verst. nordwest, Deutsch. Voyez surtout d'Orbigny, Prodrome, t. HA, p. 33. 

[IT 6 


(y) 
32 


GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


M. Lea a décrit (*) sous le nom de Pasiraea plusieurs espèces 
de PEtat de Virginie qui paraissent aussi des chemnitzia. 


Les TURBONILLES (Zurbonilla, Leach, Risso), — Atlas, pl. LIX, 
fig. 14 à 15, 


ont presque tous les caractères des chemnitzia et leur ont été 
réunies par la plupart des auteurs. Leur bouche entière, ovale ou 
anguleuse, large en avant, a un labre mince, tranchant et droit, et 
quelquefois des plis sur la columelle. Leur caractère distinctif 
consiste dans un nucléus très distinct, enroulé dans un autre 
sens que le reste, en sorte que la coquille du jeune âge est placée 
à l'extrémité de la spire de la coquille adulte, comme une partie 
que le hasard y aurait fixée. 

Ce dernier caractère, dont je suis loin de contester l'importance 
réelle, n’est pas toujours d'un emploi facile pour les fossiles. Il 
n'est pas toujours possible de voir les relations de la jeune co- 
quille avec l’enroulement subséquent, et parmi les nombreuses es- 
pèces que j'ai indiquées ci-dessus dans le genre des chemnitzia, 
il en est beaucoup dont on ne connaît pas le mode embryonnaire 
d'enroulement. Cela est si vrai, que quelques auteurs ont attribué 
par hypothèse à toutes les chemnitzia ce caractère des tur- 
bonilles. 

1! faut leur réunir les Onosromia, Flem., les OvarTezLa, Bivona, 
les ParTHenIA, Lowe, et une partie des espèces comprises dans 
les genres que nous avons associés aux chemnitzia. 

On n'a jusqu'à présent inscrit dans ce genre que des espèces 
des terrains tertiaires. 


M. d'Orbigny considère comme des turbonilles (2) l’Auricula bimarginata, 
Desh., des terrains tertiaires inférieurs d'Abbecourt, l'Auricula acicula, 
Lamk, de Chaumont (Atlas, pl. LIX, fig. 11), l'A. spina, Desh. (id., fig. 12), 
et plusieurs espèces de Grignon, ete., décrites sous le même nom générique. 

Je crois aussi avec ce savant paléontologiste que la Pyramidella turella, 
Melleville 3), qui n'es pas lisse, mais costée, n’est pas une vraie pyramidelle 
et peut être rapprochée des turbonilles et des chemnitzia. (Atlas, pl. LIX, 
fig. 13.) 


(1) Lea, Descr. new foss. tert.; d'Orbigny, id. 


(2) D'Orbigny, Prodrome, t. I, p. 301, etc. ; Deshayes, Coq. foss. Par, 
top 0: 


(3) Descr. sables tert. infér., p. 52, pl. 4. 


PYRAMIDELLIDES. 83 


M. Grateloup a décrit (!) sous le nom d’Actée ou Actéon, et de Tornatelle, 
une foule d'espèces allongées des terrains miocènes qui ont des analogies 
incontestables avec les précédentes. Les figures 14 et 15 de la planche LIX 
de l'Atlas représentent l’A. dubia, Grat., et sa variété, marginalis, des faluns 
jaunes. 

Il faut y ajouter quelques auricules, tornatelles et pyramidelles de M. Nyst (2). 

Suivant M. d'Orbigny, les chemnitzia citées par M. E. Sismonda dans le 
terrain pliocène du Piémont sont des turbonilles. 

On peut dire la même chose des nombreuses chemnitzia trouvées par 
M. Wood (3) dans le crag (11 espèces dont 6 nouvelles), car M. Wood fait 
entrer dans la caractéristique du genre la déviation de l'extrémité de la spire. 

Les espèces du même auteur et du même gisement rapportées au genre 
Opostomi4, Flem., doivent aussi être réunies aux précédentes (4 espèces). 


Les MacrocueiLus, Phillips, — Atlas, pl. LIX, fig. 16, 


ont encore de grandes analogies avec les chemnitzia. Ils sont plus 
ovales, ont une grande bouche évasée et un labre sans sinuosités. 
Ils en diffèrent surtout par leur columelle, qui est aplatie et plissée 
antérieurement de manière à simuler une sorte de canal. 

M. Phillips à étendu un peu plus les limites de ce genre et y 
comprenait quelques espèces qui ne diffèrent pas essentiellement 
des chemnitzia. I faut leur réunir une partie des Ezencaus, M’ Coy, 
et les PoLYPHEnUS, Sow. 


Ce genre, qui n'est connu qu’à l’état fossile, caractérise les 
terrains anciens. 


On en cite quelques espèces du terrain dévonien. 


Je considère comme les véritables types du genre (4), le Buccinum arcu- 
latum, Schl., et le B. Schlotheimi, Verneuil, de Paffrath, etc. (Atlas, pl. LIX, 
fig. 16.) 

Il faut probablement y ajouter quelques-unes des espèces de M. Phillips (5), 
telles que le M. brevis, Phillips (M. Phillipsit, d'Orb.), le M. imbricatus, 
Phill. (M. subimbricatus, d'Orb.), ete. 


Une des espèces les plus répandues (6) est le M, acutus, Phillips (Buccinum 


(1) Conch. foss. Adour, I. 

(2) Descr., coq. et pol. foss. Belgique, pl. 37 et 38. 

(3) Moll. from. the crag (Pal. Soc., p. 78, pl. 1 0). 

(*) Schlotheim, pl. 13, fig. 1; d’Archiac et Verneuil, Trans. of the geol. 
Soc., 2° série, t. VI, pl. 32; Goldfuss, Petr. Germ , pl. 172, fig. 15, etc. 

(5) Phillips, Palæoz. foss. of Devon, pl. 39: d'Orbigny, Prodrome, t. I, 
p. 63. 

(6) Phillips, loc. cit.; Sowerby, Min. conch., pl. 366, etc. 


8 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES, 


acutum, Sow., Elenchus antiquus, M Coy) des vieux grès rouges de Stone- 
house-Hill. 


Ce genre se continue et se termine dans les terrains carbo< 
nifères. 

On cite (!) les Buccinum imbricatum, Sow., Sigmilineum, Phillips, et recti- 
lineum, id., de Bolland. 

M. M Coy (2) a fait connaître deux espèces nouvelles d'Irlande (M. canali- 
culatus et fimbriatus). 

Le Polyphemus fusiformis, Sow. (3), du terrain carbonifère de Coalbrook- 
Dale, paraît être encore une espèce de ce genre. 


Les EuLim4, Risso, — Atlas, pl. LIX, fig. 17 et 18, 


ont une coquille non ombiliquée, lisse et polie, à spire très allon- 
gée, souvent infléchie et tordue, à bouche ovale ou oblongue, ar- 
rondie en avant, acuminée en arrière, à labre tranchant et à co- 
lumelle simple ou encroûtée. La surface très lisse de la coquille 
montre qu'elle a dû être recouverte par un prolongement du man- 
teau, comme celle des porcelaines et des olives. L’opereule est 
corné et son accroissement est latéral et un peu oblique. Plusieurs 
espèces ont à chaque tour des varices opposées. 

Ces mollusques vivent aujourd’hui dans les parties profondes 
du littoral de la plupart des mers. On leur réunit des coquilles 
fossiles turriculées, qui paraissent avoir été lisses par les mêmes 
motifs et qui ont les mêmes caractères dans la bouche. 

Parmi ces coquilles fossiles quelques-unes ont été désignées 
sous les noms de ELENcHUS, M°Coy, Pocvpnemopsis, Portlock, 
SuguLiTEs, Emmons, et paraissent avoir autant de motifs que les 
autres pour être associées au genre des Eurima. I faut probable- 
ment aussi leur associer les SryciFer, Sowerby. 

En admettant cette réunion, on en conclura que le genre des 
eulima a déjà vécu pendant l'époque primaire. 

Elles manquent cependant aux terrains silurien et dévonien et 
paraissent dater de l'époque carbonifère. 


L'E. Phillipsiana, de Küninck (f), de Belgique (Atlas, pl. LIX, fig. 17), a, 
en apparence, au moins les caractères des eulima vivantes. 


(1) Sowerby, Min. conch., pl. 866; Phillips, Geol. of Yorkshire, p. 229, 
pl. 16. 

(2) Synopsis foss. Ireland, p. 28, pl. 5. 

(3) Trans. of the geol. Soc., 2° série, t. V, pl. 39, fig. 26. 

(4) Descr. anim. foss. carb. Belgique, p. 471, pl. 41, fig. 8. 


PYRAMIDELLIDES. 89 


I! faut y ajouter l'E, Coyana , d'Orb. (Elenchus subulatus, M Coy), d'Ir- 
lande (f). 

Ilest probable que l’on doit admettre l'existence des eulima 
pendant l'époque triasique. 

Plusieurs espèces de Saint-Cassian, décrites (2) comme des mélanies par le 
comte de Münster et par M. Klipstein, paraissent avoir été lisses comme les 
eulima et ont les formes de ce genre. On peut citer entre autres la M. lon- 
gissima, Münster, la M. Koninckeana, id., la M. fusiformis, id., la M. Haus- 
labii, Klipstein, etc. 

La M, pupæformis, Münster, est remarquable par sa petite ouverture. 
Appartient-elle à ce genre ? 


Leur existence dans l’époque jurassique ne parait démontrée 
que par un très pelit nombre d'espèces. 


L'Eulima axonensis, d'Archiac (3), a été trouvée dans l'oolithe miliaire 
(bathonien) du bois d'Esparecy (Aisne). C’est une petite espèce. 

M. d'Orbigny ajoute #) une seconde espèce inédite de la grande oolithe. 

M. Lycett (°) cite une Eulima parvula, Lyc., de l’oolithe inférieure du Giou- 
cestershire. 

Le même auteur a décrit (6) avec M. Morris une Eulima lœvigata de l'oo- 
lithe inférieure du Yorkshire, et quatre espèces de l’oolithe inférieure de 
Minchihampton. 


Elles semblent peu abondantes aussi dans les terrains crétacés. 


Les Eulima albensis, d'Orb., et melanoides, Desh., caractérisent le terrain 
néocomien de Marolles (7). 

Les E. amphora, d'Orb., et Requieniana, id., ont été trouvées (8) à 
Uchaux. Cette dernière se retrouve à Gosau, ayec trois cspèces nouvelles dé. 
crites par M. Zekeli. 

Jl faut ajouter l'E. antiqua, Forbes }, du terrain crétacé supérieur de 


Pondichéry. 


(1) D'Orbigny, Prodrome, t, 1, p. 117; M' Coy, Syn. of Ireland, p. 42, 
pl. 5, fig. 19. 

(2) Münster, Beitr, zur Petref., t. IV, p. 93, pl. 9; Klipstein, Geol. der 
oestl. Alpen, p. 185, pl. 12. 

(>) Mém. Soc. géol., t.. NV, p. 377, pl. 28, fig: 9. 

(#) Prodrome, t. I, p. 297. 

(5) Ann. and mag. of nat. hist., 2° série, 1850, €. VE, p. 419. 

(6) Moll. from the great ocl. (Pal. Soc., 1850, p. 47 et 114). 

(7) Pal. francç., Terr. crét., t. Hi, p. 64 et 65, pl. 155 ; Deshayes dans Ley- 
merie, HMém. Soc. géol., t. V, pl. 16, fig. 6. 

(8) Pal. franç., Terr. crét., t. I, p. 66 et 67, pl. 155 et 157 ; Zekeli, 
Gastlér. Gosau, p. 31. 

(®) Trans. of the geol. Soc., 2° série, t, VIE, p. 134, pl. 12, fig. 47. 


60 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


Les espèces paraissent plus nombreuses dans les terrains ter- 
tiaires. 


On doit considérer comme des eulima la WMelania nilida, Lamk (1) (Atlas, 
pl. LIX , fig. 18), de Grignon, ainsi que quelques autres espèces du cal- 
Caire grossier, décrites aussi comme des mélanies, et en particulier la M. dis- 
torla, Defr. 

La Mel. elongata, Brongniart ?), du terrain nummulitique de Castelgom- 
berto, appartient également à ce genre. 

La Mel. nitida, Basterot ‘non Lamk), est aussi une eulima, ainsi que 
plusieurs espèces de Dax et de Bordeaux, décrites par M. Grateloup sous les 
noms de Melania et de Rissoa (3. 

M. Philippi ajoute encore trois espèces du tertiaire d'Allemagne (4). 

M. Sismonda indique dans les tertiaires du Piémont quelques espèces, qu'il 
rapporte toutes à des vivantes (°). 

M. Wood (5) cite dans le crag corallien d'Angleterre les E. polita, Lin., et 
subulata, Monf., vivantes, et l'E. glabella, Wood, qui paraît éteinte. 


Les PyRAMIDELLES (Pyramidella, Lamk), — Atlas, pl. LIX, 
fig. 19 et 20, 


ont aussi une coquille allongée, turriculée, conique, lisse, polie, 
sans épiderme. Elles différent des eulima par leur bouche angu- 
leuse, à labre tranchant, quelquefois muni de dents momentanées 
et par leur columelle ponrvue d'un où de deux gros plis. 

Ces mollusques vivent aujourd'hui dans les régions chaudes 
des deux océans, et surtout dans les mers profondes, au milieu 
des bancs de coraux. Ils ne paraissent pas plus anciens que l'épo- 
que crétacée. 

On n’en connaît même que deux espèces dans les terrains de 
cette époque (7). 


La Pyramidella canaliculata, d'Orb., a été trouvée dans les craies chlori- 
tées moyennes du midi de la France. 


(1) Deshayes, Coq. foss. Par., p. 110, pl. 13, fig. 10 à 45. 
(2) Vicentin, p. 59, pl. 3, fig. 13. 
(3) Basterot, Coq. foss. Bord., p. 36 ; Grateloup, Conch. foss. de l’ Adour, I. 
(4) Tert. Verst. nordw. Deutschl. 

(5) Sismonda, Synopsis, p. 53; voyez aussi Philippi, Enwm. moll. Sic., 
Brocchi, Deshayes, etc. 

(5) Moll. from the crag (Palæont. Soc., 1848, p. 97, pl. 19). 

(7) D'Orbigny, Pal. franç., Terr. crét., t. IT, p. 10%, pl. 464 ; Reuss, Boehm. 
Kreidef., p. 143, pl. 44, fig. 6 et 7. 


PYRAMIDELLIDES. 87 


La P. carinata, Reuss (subcarinata, d'Orb.), provient du calcaire à hip- 
purites de Korikzan (Bohème). 


Les autres espèces appartiennent aux terrains tertiaires. 


M. Melleville a décrit (!), sous le nom de Pupa elongata, une espèce des 
terrains tertiaires inférieurs de Chälons-sur-Vesle, que je crois, avec 
M. d'Orbigny, devoir être attribuée au genre des pyramidelles (Atlas, pl. LIX, 
fig. 19), à moins qu'elle ne soit plutôt une turbonille avec la P. turella. 

La P. terebellata, Deshayes (Auriculata lerebellata, Lamk), est commune (2) 
dans l'étage du calcaire grossier (parisien infér.) de Grignon, Mouchy, etc. 
{Atlas, pl. LIX, fig. 20.) 

La P. striatella, Grateloup (), et la P. mitrulu, Basterot, proviennent 
des faluns bleus (miocène infér.) de Dax, 

Les faluns jaunes {miocène supér.) du même pays renferment une espèce 
rapportée à tort, par M. Grateloup , à la P. terebellata, Lamk. C’est la 
P. Grateloupi, d'Orb. 

La P. unisulcala, Desh, (P. terebellata, Duj.), a été trouvée (f) dans les 
faluns de la Touraine. 

Le crag corallien de Sutton renferme la P. lœviuscula, Wood ($). 

On peut encore ajouter quelques espèces des États-Unis, décrites (5) par 
MM. Conrad, Lea, etc. 


Les Niso, Risso (Bonellia, Deshayes, Janella, Grateloup), — 
Atlas, pl. LIX, fig. 21, 


ont des coquilles allongées, turriculées, lisses, coniques et om- 
biliquées , qui ressemblent beaucoup à celles des pyramidelles , 
mais qui en différent, parce que leur columelle manque de plis. 

Ce genre a été établi pour la première fois en 1826 par Risso, 
pour l'éspèce vivante de la Méditerranée. Plus tard, M. Deshayes 
forma celui de Bons£Lia pour une espèce des terrains tertiaires 
marins, qu'on avait rapportée à tort aux bulimes. 


Cette espèce (7) est le Niso terebellatus (Bonellia terebellata, Desh., Buli- 
mus terebellatus, Lamk), nom sous lequel on a confondu plusieurs espèces. 


(1) Descr. sables tert. infér. (Ann. des sc. géol., p. 46, pl. 4, fig. 23). 

(2) Lamarck, Ann. Mus , IV, p. 436; Deshayes, Cog. foss. Par., p. 191, 
pl. 22, fig. 7 et 8. " 

(3) Conch. foss. de l'Adour, T. 

(4; Deshayes dans Lamarck, Histoire naturelle des animaux sans vertèbres, 
2° édit., t. IX, p. 58; Dujardin, Mém. Soc. géol., t. IN, p. 282. 

(5) Moll. from the crag (Pal. Soc., 1848, p. 77). 

(6) Conrad, Journ. Acad. Philad., VUI, pl. 9; Lea, Descr. new fos$. tert. 

(7) Deshayes, Coq. foss. Par., t. I, p. 63, pl. 4, fig. 1 et 2, 


5 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


Celle qui doit le conserver se trouve dans le calcaire grossier de Grignon, etc. 

Celles que MM. Grateloup, Micholetti, etc., ont trouvées dans les terrains 
miocènes ne paraissent pas être les mêmes. 

L'espèce de Bordeaux et des faluns de Dax (Bonellia terebellata, Grat., Ja- 
nella terebellata, id.), a, d’après la figure (!), une bouche beaucoup plus 
aiguë en avant. C’est la Niso Burdigalensis, d'Orb. 

L'espèce des terrains pliocènes du Piémont (?) et des terrains quater- 
naires de Sicile que j'ai fait figurer dans l'Atlas, pl. LIX, fig. 21, me parait 
avoir un ombilic plus grand et est entourée d'une carène plus saillante. Elle 
est probablement identique avec l'espèce vivante nommée (Niso terebellum, 
Chemn. (N. eburnea, Risso). 

L'espèce des terrains miocènes du Piémont s’en distingue (3) par des tours 
moins étargis et plus bombés. Je ne la connais pas. 

L'espèce de Belgique (f) des mêmes terrains miocènes, décrite par 
M. Nyst, ressemble plus à celle de M. Grignon qu'à celle d’Asti. M. Nyst 
l'associe à la première, M, d'Orbigny la nomme N. subterebellata. 

Il faut ajouter la Niso minor, Philippi de Cassel (5). 

Les terrains éocènes de l'Amérique septentrionale ont fourni une espèce (°) 
associée par M. Conrad à celle de Paris, et nommée par M. d'Orbigny 
N. umbilicata. C’est la Pasithea umbilicata, Lea. 


Les NÉRINÉES (Nerinea, Defrance), —Atlas, pl. LIX, fig. 22 à 26, 
et pl. LX, fig. 1, 


forment un genre très remarquable, qui ne se trouve qu'à l’état 
fossile. Leur coquille, comme celle des genres précédents, est 
turriculée, à tours nombreux, quelquefois ombiliquée. La colu- 
melle, creuse ou non, est toujours encroûütée et a de gros plis 
transverses sur toute sa longueur. La bouche étroite, carrée ou 
ovale, est loujours pourvue en avant d'un profond sinus et en 
arrière d’un canal qui laisse sur la suture une double ligne qui 
rappelle un peu celle des pleurotomaires. Le labre est souvent 
chargé de plis qui correspondent à l'intervalle des plis colu- 
mellaires. 

Les nérinées sont très faciles à distinguer de tous les genres 


(!) Grateloup, Conch. foss. Adour, T. 

(2) Risso, Europe méridionale, t. IV, p. 218, fig. 98; Philippi, Enum. 
moll. Sic., 1, p. 158, Il, p. 136; Michelotti, Descr. foss. mioc., p. 151 ; 
Sismonda, Synopsis, p. 52; Bonelli, etc. 

(3) Michelotti, Descr. foss. mioc. Ital. sept., p. 151. 

(4) Nyst, Cog. et pol. foss. de Belgique, p. 433, pl. 27, fig. 29. 

(5) Philippi, T'ert. Verst. nordw. Deutsch., p. 53, pl. 3, fig. 16. 

(6) Conrad, Contributions, pl. 4, fig. 85 ; d'Orbigny, Prodrome, t. II, p. 343. 


PYRAMIDELLIDES. 89 


voisins, soit lorsque la bouche est intacte, soit à l’état de moules, soit 
surtout lorsqu'elles sont sciées par le milieu. Les moules sont mar- 
qués extérieurement de sillons qui correspondent aux plis du labre 
(AUas, pl. LIX, fig. 22, 25 et 26), et la coupe montrant à la fois 
pour chaque tour la trace de ces plis et de ceux de la columelle 
est plus compliquée que celle de tous les autres gastéropodes 
(Atlas, pl. LIX, fig. 23). 

La comparaison d’un certain nombre de ces coupes montrera 
que les plis varient avec l’âge. Ils sont ordinairement plus sail- 
lants et plus compliqués vers le commencement de la spire que 
vers la bouche , de sorte que , soit par cette circonstance, soit 
parce que la matière calcaire continue à se déposer, les loges sont 
de plus en plus étroites, à mesure que l'on se rapproche du 
sommet. 

Le nombre des plis varie aussi beaucoup suivant les espèces, 
soit sur le labre, soit sur la columelle. On en trouve sur chacun 
de ces côtés , trois, deux ou un. Probablement même il peut y 
avoir quelques espèces dépourvues de plis. I y en a (N. furricula) 
dans lesquelles le jeune âge de la coquille a des plis et l’âge adulte 
en est dépourvu. 

Les nérinées varient aussi par leur enroulement. La forme la 
plus fréquente est allongée ; il arrive ordinairement qu'elles s’ac- 
croissent très rapidement dans le jeune âge, puis elles continuent 
à s'allonger en conservant le même diamètre et en formant une 
partie presque cylindrique. 

Quelques espèces restent courtes ; il en est même (Atlas, pl. LIK, 
fig. 34) dans lesquelles le dernier tour cache tous les autres. 

La columelle est le plus souvent pleine et non ombiliquée. 
Quelques espèces font cependant une exception en ayant un om- 
bilic. Dans quelques-unes même (Atlas, pl. LX, fig. 1), cet ombilic 
s'évase considérablement, de sorte que la coquille prend la forme 
d'un entonnoir. 

Ce genre a été établi pour la première fois par M. Defrance (1), 
et ses caractères ont été mieux précisés ensuite par M. Deshayes 
et par M. d'Orbigny. Quelques auteurs l'ont rapproché des cérithes, 
mais sa place paraît être dans le voisinage des pyramidelles. 


(1) Dict. sc. nat., t. XXXIV, p. 462. Avant lui, quelques espèces avaient 
été décrites sous le nom de Vis, de TuriniTes, etc, (Voy. Bourguet. Traité 
des pétrif., pl. 35, fig. 237 ; Lang, Lapid. fiqur., p. 110 ; C.-A. Delue, Journ. 
de phys., 1799, oct., p. 317, et 1802, oct., p. 397.) 


90 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


M. D.Sharpe (!) à proposé de le subdiviser en sous-genres. Il 
distingue : 

Les NeINEA proprement dites, ombiliquées ou non, à deux ou 
à trois plis simples sur Je labre ainsi que sur la columelle, 

Les NERINELLA, non ombiliquées, à un pli simple sur la colu- 
melle et sur le labre. 

Les TRoCHaLIA, ombiliquées, courtes, larges, avec un pli sur la 
columelle et quelquefois un sur le labre. 

Les Prvémaris, ombiliquées ou non, à deux plis compliqués, soit 
sur la columelle, soit sur le labre. 

Les gradations nombreuses qui lient les espèces ombiliquées et 
celles qui ne le sont pas, la différence de nombre et de complica- 
tion des plis qui existent entre l’âge adulte et le jeune âge, me 
font considérer ces sous-genres comme ne reposant pas sur des 
caractères suffisamment rigoureux. 

Les nérinées sont caractéristiques des terrains jurassiques et 
crétacés (?). On n’en connaît toutefois aucune espèce du lias 
M. d'Orbigny fait observer qu'on les trouve surtout dans les cou- 
ches qui contiennent des polypiers, d’où l’on peut conclure qu'elles 
avaient les mêmes habitudes que les pyramidelles. 

Les espèces les plus anciennes que l’on connaisse appartien- 
nent (%) à l'oolithe inférieure et à la grande oolithe. | 


La N. cingenda, Phillips (#), a été trouvée dans l’oolithe inférieure de 
Blue-Wick et dans la grande oolithe de Brandsby, ete. 

M. d'Orbigny a décrit dans sa Paléontologie française les N. jurensis et 
Lebruniana, de l'oolithe inférieure. 


(1) Quarterly journ. ofthe geol. Soc., 1850, t. VI, p. 101. 

(2) M. Bellardi vient cependant de décrire, sous le nom de Nerinea supra- 
cretacea (Mém. Soc. géol. de France, 2° série, t. IV, pl. 12, fig. 6), un fossile du 
terrain nummulitique des environs de Nice. Sa détermination générique me 
paraît douteuse. La coupe représentée est oblique et imparfaite. Elle montre, 
il est vrai, deux plis columellaires incontestables, mais pas de plis du labre. 
J'ai vu moi-même un des échantillons attribués à cette espèce; il m’a paru 
rappeler beaucoup plus le type du Cerithium giganteum, qui a aussi deux 
plis columellaires, que celui des nérinées. 

(3) Voyez surtout pour les nérinées de l’époque jurassique, outre les tra- 
vaux plus spéciaux cités ci-dessus : d'Orbigny, Pal. franç., Terr. jur., t. I, 
p. 75, pl. 251 à 285; Sharpe, Quart. journ. of the geol. Soc., 1850, VI, 101; 
Goldfuss, Petref. Germ., t. IL, p. 39, pl. 175 et 176; Deslongchamps, Mém. 
Soc. linn. de Normandie, t. VIT, 1843, etc. 

(4) Phillips, Geol. of Yorkshire, pl. 28 et 29 ; Morris, Catalogue, p. 153. 


PYRAMIDELLIDES. 91 


Dans ce même ouvrage M. d'Orbigny a décrit douze espèces de la grande 
oolithe, dont quatre nouvelles, 

M. Deslongchamps a fait connaître quelques espèces de la grande oolithe de 
Normandie (N. GRR trachea, Voltzi et cylindrica (pseudo-cylindrica , 
d'Orb.). 

M. d’Archiac (1) a étudié celles de la grande oolithe du département de 
l'Aisne. Il cite la N. Voltzi, d'Arch., nom déjà donné par M. Deslongehamps 
et changé par M. d'Orbigny en N. Aæonensis ; la N. acicula, id. ; une espèce 
qu'il rapporte à la N. Bruntutana, Thum., et qui est différente (N. subbrun- 
tutana, d'Orb.), et une espèce qu'il considère à tort aussi comme la N. supra- 
jurensis, Voltz : c'est la N. Archiaciana, d'Orb. La N. margarilifera est une 
chemnitzia. 

MM. Morris et Lycett ont décrit (2) les espèces de la grande oolithe d'An- 
gleterre ; ils en citent six, dont deux nouvelles (N. Eudesi et N. Stricklandi). 


Les terrains oxfordiens en renferment quelques espèces. 


M. Voltz (3) a fait connaître la N. nodosa ; M. Deslonchamps la N. clavus, 
de Trouville; M. Thurmann, la N. elegans, de l'oxfordien du mont Terrible ; 
M. Roemer , une espèce du Hanovre, réunie à tort à la nodosa (N. atalanta, 
d'Orb.). 

M. d'Orbigny, dans sa Paléontologie française, a décrit quatre espèces, dont 
deux mouvelles (N. Acréon et allica). 

Il a fait connaître aussi (4) la N. Eichwaldiana de l'oxfordien de Russie. 


Les nérinées ont atteint le maximum de leur développement 
pendant la période corallienne. Les dépôts de cette HAE en ont 
déjà fourni plus de soixante espèces. 


M. Voltz, en 1835, en a décrit (5) plusieurs (N. elongata, fasciata, spe- 
ciosa, elegans (crithea, d'Orb.), scalata). 

La N. Mandelshoni, Bronn (6) (triplicata, Pusch), est très répandue dans le 
terrain corallien de France et d'Allemagne. 

M. Roemer (7) a décrit plusieurs nérinées d'Allemagne (N. visurgis, tuber- 
culosa, etc.). 

L'ouvrage de Goldfuss ($) contient la figure de plusieurs espèces (subteres, 


(1) Mém. Soc. géol., 1"° série, 1843, t. V, p. 381, pl. 30. 

(2) Mollusca from the great ool. (Palæont. Soc., 1850, p. 32, pl. 7). 

(8) Leonhard und Bronn neues Jahrb., 1837, p. 561; Thurmann, Soulèv. 
du Porrentruy, p. 17; Roemer, Norddeutsch. Oolithgeb., p. 144. 

(#) Murchison et Verneuil, Pal. de la Russie, p. 448, pl. 37. 

(5) Leonhard und Bronn neues Jahrb., 1833. 

(6) Leonhard und Bronn neues Jahrb.,1837, p. 333; Goldfuss, Petr. Germ,, 
pl. 175, fig. 4; Pusch, Polens Pal., pl. 10, fig. 18. 

(7) Norddeutsch. Oolithgeb., p. 142, pl. 11. 

8) Petref. Germaniæ, t. WE, p. 39, pl. 175 et 176. 


92 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


Münster, subscalaris, id., terebra, Schübler, subcochlearis, Münster, 
3 cincla, id., 5 cincta, id., 4 cincta, id., teres, id. (outre plusieurs espèces 
déjà connues). 

M. Deshayes (1) a fait connaître la N. Mosæ de Saint-Mihiel, d'Oyonnaz, etc. 
et plusieurs espèces des terrains coralliens de Morée{N. Defrancei, imbricata, 
nodulosa, simpleæ, etc.) 

M. d'Orbigny en a décrit et figuré un très grand nombre dans sa Paléon- 
tologie française (47 espèces dont 35 nouvelles), J’attire surtout l'attention 
des paléontologistes sur la N. Cabateniana, d'Orb., type des espèces ovoïdes 
(Atlas, pl. LIX, fig. 24). Les autres sont en général allongées. La N. dilatata, 
d'Orb., de forme normale, est figurée dans l'Atlas, pl. LIX, fig. 23. 

L'espèce décrite sous le nom de N.suprajurensis, par Goldfuss (2), appartient 
aussi au terrain corallien et non au jurassique supérieur, comme l’a montré 
M. Marcou. La N. Bruntatana, Thurmann, est aussi caractéristique du terrain 
corallien. Plusieurs espèces de Russie ont été signalées (%} par M. Innwald de 
Roczyny. On devra consulter aussi, pour les nérinées du nord de la France, 
les travaux de M. Buvignier (f). 

Les terrains jurassiques supérieurs en contiennent aussi plu- 
sieurs espèces. 

Plusieurs de celles du terrain kimméridgien de la Suisse, ont été indiquées 
ou décrites par M. Voltz. (5) (N. grandis, depressa, cylindrica, trinodesa du 
terrain jurassique supérieur de la Haute Saône, N. punctala, ete.). 

La N. Goodhallii, Sowerby (6), a été trouvée dans-les mêmes gisements 
d'Angleterre et de France. 

Parmi les espèces décrites par M. Roemer (7) on peut citer les N. constricta 
et Gosæ du terrain kimméridgien d'Allemagne. 

Le comte de Münster a fait connaître dans l’ouyrage de Goldfuss (8) la 
N. subpyramidalis, et une espèce confondue avec la N. grandis, Voltz 
(N. Goldfussiana, 4'Orb.) 

M. d'Orbigny, dans sa Paléontologie française, décrit dix espèces du terrain 
portlandien, dont quatre nouvelles, La plus remarquable est celle qui est fi- 
gurée danssa planche 279, et qu'il rapporte à la subpyramidalis, Münster. Je ne 
comprends cependant point quel rapport il peut y avoir entre les figures don- 
nées par ces deux auteurs, Celle de M. d'Orbigny est figurée dans l'Atlas, 
pl. LX, fig. 1. 


(1) Dict. classig. d'hist. nat., t. HW, pl. 4, Moll. de Morée, p. 186. 

(2) Goïdfuss, Petref. Germ., pl. 175, fig. 10 ; Marcou, Bull. Soc. géol., 
2e série, t. IV, 1846, p. 129. 

(8) Bull. Soc. nat. de Moscou, 1850, t. XXIIT, part, 1, p. 567 et 577. 

(f, Statist. géol. de lu Meuse, p. 31. 

(5, Voltz, in litteris, et Leonhard und Bronn neues Jahrb., 1833; Thur- 
mann, Soulèv. du Porrentruy, p. 17. 

(6) Dans Fitton, Trans. of the geol. Soc., 1836, t. IV, p. 232. 

(7) Norddeutsch. Oolithgeb., p, 143, pl. 11. 

(8) Goldfuss, loc. cit. 


PYRAMIDELLIDES. 9% 


La N. Salinensis, d'Orb., de forme normale, est représentée dans l'Atlas, 
pl. LIX, fig. 22. 


M. Duvernoy (‘) attribue aux nérinées des terrains jurassiques 
supérieurs la perforation singulière des calcaires de cette époque 
qui les à fait nommer roches trouées. I croit que les coquilles 
ont été prises par la vase calcaire qui a formé ces roches, avant sa 
solidification, et qu'ensuite elles ont été détruites et n'ont laissé 
que les trous comme traces de leur existence. Il ne pense pas 
d'ailleurs que ces animaux aient agi à la manière des mollusques 
perforants. 

Les nérinées ont continué d'exister pendant l’époque crétacée, 


On en connaît quelques-unes du terrain néocomien. 

M. d'Hombres-Firmas a fait connaître la N, gigantea, d'Orgon et de la 
fontaine de Vaucluse (terrain urgonien). 

M. d'Orbigny (2) a décrit, outre la précédente, six espèces dû terrain néoco= 
mien inférieur et quatre du terrain néocomien supérieur (urgonien). La 
N. Renauxiana, d'Orb., de l’urgonien, est figurée dans l'Atlas, pl. LIX, fig. 25, 

Il à ajouté plus tard (%) deux espèces inédites appartenant, l'une au néoco- 
mien inférieur, l’autre au supérieur. S 


Ces mollusques manquent, à ce qu'il paraît, au terrain aptien et 
au gault, circonstance qui se lie peut-être à l’absence des poly- 
piers à cette époque. 

Ils reparaissent avec une certaine abondance dans les terrains 
crélacés supérieurs. 


M. d'Orbigny (f) en a décrit cinq espèces des craies chloritées inférieures 
(terrain cénomanien), six des dépôts turoniens des Martigues, d'Uchaux, erc., 
et trois des craies supérieures. La N. Lisulcata, d'Archiac (Espaillaciana, 
d’Orb.), de la craie blanche, est figurée dans l'Atlas, pl. LIX, fig. 26. 

La N, dubia, d'Archiac (5), a été trouvée à Tournay (terrain cénomanien). 

La N. longissima, Reuss (6), provient du quader inférieur de Bohème, ainsi 
que quelques autres espèces incomplétement décrites. 

On trouvera dans le grand ouvrage de Goldfuss (7) la description d'une 
dizaine d'espèces trouvées à Gosau et dans les environs de Salzbourg (terrain 
crétacé supérieur). 


(!, Comptes rendus de l’ Acad. des sciences, 1849, t. XXIX, p. 645. 

(2) Pal. franç., Terr. crétacés, t, W, p. 75, pl. 156 à 160. 

(3) Prodrome, t, I, p. 67 et 103. 

(4) Pal. franç., Terr. crét., t. Il, p. 85, pl. 160 à 164. 

(5) Mém. Soc. géol., 2° série, t. I, p. 344, pl. 25, fig. 4. 

(6) Boehm. Kreidef., X, p. 51, Il, p. 113. 

(?) Petref. Germ.,t. WE, p. 44, pl. 177. Voyez aussi Zekeli, Gartér. Gosau 
form., p. 33. 


9h GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES, 


On peut ajouter la N. Podolica, Pusch (1), dela craie supérieure de Pologne, 
la N. Geinitzü, Goldfuss, etc. 


Les nérinées ont cessé d'exister avec la période crétacée. On 
w'en à jusqu'à présent trouvé aucun fragment certain dans les 
terrains tertiaires. 


Je renvoie pour la Nerinea supracretacea, Bellardi, du terrain nummuli- 
tique, à ce que j'en ai dit dans la note de la page 90. Je ne veux, du reste, 
en aucune manière, soutenir l'impossibilité qu’on en découvre plus tard. 


Les Acréons (Actæon, Montfort) (Tornatella, Lamarck, Solidula, 
Fischer, Speo, Risso, /{ieria, Matheron, Monoptygma, Lea),— 
Atlas, pl. LX, fig. 2 et 3, 


ont une coquille oblongue, ovoïde, sans épiderme, à bouche lon- 
gue, arquée, élargie en avant, sans sinus ni échancrure, bordée 
d'un labre tranchant et simple, et armée de plis irréguliers obli- 
ques sur la columelle, qui est épaisse. La coquille est souvent 
marquée de stries transverses ponctuées. 

Ces mollusques vivent aujourd’hui dans les mers chaudes et 
tempérées, sur les côtes sablonneuses et à de grandes profondeurs. 

Ce genre est inconnu dans la période primaire. Il semble 
avoir apparu pour la première fois dans le milieu de la période 
secondaire. 

Il manque probablement au terrain triasique et au lias. 


Les espèces de Saint-Cassian décrites sous ce nom par le comte de Münster 
et par M. Klipstein (7. scalaris, M., et abbreviata, KI.) n’ont pas de dents 
à la columelle et sont vraisemblablement des actéonines 2). La T, cincta, 
Münst., du lias, est peut-être aussi du même genre, mais sa bouche est in- 
connue, 


Les espèces les plus anciennes appartiennent à loolithe infé- 
rieure et à la grande oolithe. 


On peut rapporter à ce genre l’Auricula Sedgwicki, Phillips (3), dela grande 
oolithe d'Angleterre. 


(1) Polens Pal., p. 113, pl. 10, fig. 17. 

(2) Münster, Beitr. zur l'etref.,t. IV, p. 103; Klipstein, Geol. der oest. 
Alpen, p. 205 ; Münster dans Goldfuss, Pelref. Germ., pl, 177, fig. 9. 

(3) Phillips, Geol. of Yorkshire, pl. 41, fig. 33. 


PYRAMIDELLIDES. 95 


L'4A. pullus, Morris et Lycett, est cité comme trouvé dans la grande oolithe 
du même pays (!), mais la figure ne montre pas de dents, 


M. d'Orbigny place aussi dans les actéons le Conus minimus, d’Archiac (?), 
de la grande oolithe d’Aubenton. 


Les terrains kellowien et oxfordien en contiennent aussi. 


L'A, retusus, Phillips (3), provient du terrain oxfordien de Scarborough. 
Les terrains oxfordiens de Russie ont fourni (4) l'A. Frearsianus, d'Orb, 
(Atlas, pl. LX, fig. 2), et l'A. Petschoræ, Keyserling. 


On en trouve même dans le terrain wealdien. 
L'4. Popi, Sow. (5), a été découvert près de Tunbridge. 


Les espèces se continuent pendant l'époque crétacée. 


Les terrains néocomien et aptien en particulier en ont fourni 
plusieurs. 


M. d'Orbiguy (6) a décrit et figuré sept espèces du néocomien inférieur et 
une du néocomien supérieur (urgonien). Il a depuis lors indiqué une espèce 
de chacun de ces terrains. 

Le lower green sand d'Angleterre renferme (7) la Tornatella marginata , 
Forbes (4. Forbesiana, d'Orb.), et |A. subalbensis, d'Orb. 


On en cite aussi dans le gault. 
L'A. Vibrayeana, d'Orb. ($), a été trouvé à Géraudot et à Ervy. 


Plusieurs espèces appartiennent aux terrains crétacés su- 
périeurs. 


La T. affinis, Sowerby (*), provient de Blackdown. 
L'4. ovum, d'Orb. (10), a été découvert à Cassis (terrain cénomanien). 


(1) Morris et Lycett, Moll. from the great ool. (Pal. Soc., 1850, p. 118, 
pl. 45); d'Orbigny, Pal. franç., Terr. jur., t. 11, p 182, pl. 288. 

(2) Mém. Soc. géol., t. V, 1843, p. 385, pl. 30, fig. 9. 

(3) Geol. of Yorkshire, p. 107, pl. 4, fig. 27. 

(#) D'Orbigny dans Murchison et Verneuil, Pal. de la Russie, p. 449, pl. 37, 
fig. 8-11 ; Keyserling, Petschora Land, p. 20, pl. 18, fig. 22-23. 

(5) Dans Fitton, Trans. of the geol. Soc., t. IV, p. 178, pl. 22, fig. 8. 

(6) Pal. franç., Terr. crét., t. M, p. 116, pl. 167. 

(7) Forbes, Quart. journ. of the geol. Soc., 1, p. 347, pl. 4, fig. 4; d'Orb., 
Prodrome, t. II, p. 115. 

(8) Pal. franç., Terr. crét., 1. II, p. 122, pl. 167, fig. 16-18. 

(®) Dans Fitton, Trans. of the geol. Soc., t. IV, p. 242, pl. 18, fig. 9. 

(10) Pal. franç., Terr. crét., t. 1, p. 123, pl. 467, fig. 49 et 20. 


96 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


L'Auricula sulcata, Dujardin (!), du terrain sénonien d’Indre-et-Loire, 
appartient à ce genre. 

M. Reuss a décrit (2) sous le nom d'A, elongatus, Sow., une espèce du 
plæner mergel de Bohème, qui est l'A. Reussii, d'Orb. 

M. d'Orbigny rapporte aussi aux actéons la Phasianella lineolata, Reuss, du 
plæner mergel de Bohème (3). 


Les actéons augmentent de nombre dans les terrains tertiaires. 


M. Melleville (#) a décrit la T. viplicata, des terrains tertiaires inférieurs 
de Châlons-sur-Vesle (Atlas, pl. LX, fig. 3), et la T. elegans, de Cuise-la- 
Motte. 

L'A. Castellanensis, d'Orb, (5), appartient au terrain nummulitique de Cas- 
tellane (Basses-Alpes). 

On trouve à Grignon, etc. (calcaire grossier), les T. suleata, Lamk, et 
inflata, Férussac (6). 

On cite dans l’argite de Londres ({ 
Acteon crenatus et elongatus, id, 


# 
(l 


) l’Auricula simulata, Sow., et les 


Les terrains tertiaires miocènes et pliocènes sont ceux qui en 
renferment le plus. 


M. Grateloup (5) a décrit la Tornalella cancellata, Grat., des faluns bleus 
(miocène inférieur) de Dax, et quatorze espèces des faiuns jaunes (miocène 
supérieur). 

La T. alligata, Deshayes (°), se trouve dans les terrains miocènes inférieurs 
du bassin de Paris. 

M. Nyst (!0) a décrit quelques tornatelles de Belgique. 

Le crag d'Angleterre en contient, suivant M. Wood (!1), quatre espèces : 
l'A, Now, Sow., du cragrouge, l'A. tornatilis, Lin., du crag corallien, du crag 


(1) Mém. Soc. .géol., t. M, p. 2314, pl. 17, fig. 3. 


Descr. sables tert. inférieurs (Ann. se. géol., pl. 4, fig. 16-22). 
Prodrome, t. IT, p. 311. 

(6) Deshayes, Cog. foss. Par., t. 1, p. 187. 

(?) Sowerby, Min. conch., pl. 463 et 460. 

(5) Conch. foss. de l'Adour. Plusieurs de ces espèces avaient déjà été dé- 
crites par M. Basterot. Voyez aussi, pour leur synonymie, d'Orbigny, Prodrome, 
tp 65: 

(®) Cog. foss. Par., t. IL, p. 188, pl. 23, fig. 3 et 4, 

(10) Cog. et pol. foss. Belg., p. 420, pl. 37. 

(11) Moll. fromthe crag (Palwont. Society, 1848, p. 169, pl. 19). 


PYRAMIDELLIDES, 97 


rouge et des mers actuelles ; l'A. subulatus, Wood, du cragrouge, etl'A. Levi 
diensis, id., du crag corallien. 

M. Philippi (!) a fait connaître la T. punctato-sulcata de Cassel. 

Le terrain miocène du Piémont renferme (2) deux espèces, dont une, la 
T. semi-striata, Defr., se retrouve dans le pliocène. Ce dernier étage ren- 
ferme en outre deux espèces dont la T. fasciata, Lamk, vit encore, et dont la 
T. achatina, Bonelli, paraît spéciale à ce gisement. 


Plusieurs espèces d’actéons ont aussi été citées en Amérique 
dans divers terrains. 


L'A. ornata, d'Orb. (3), provient du terrain néocomien de Santa-Fé de 
Bogota. 

De nombreuses espèces tertiaires ont été indiquées ou décrites (#) par 
MM. Conrad, Lea, etc. 


Les Indes orientales en ont aussi fourni (°). 


L’A. substriata, d’Orb. (striata, Sow.), provient des terrains kellowiens 
des environs de Pondichéry. 


Les AVELLANA, d'Orbigny (Avellana et ÆRinginella, olim), — 
Atlas, pl. LX, fig. 4, 


ont les plus grands rapports avec les actéons et n’en diffèrent 
guère que par leur labre entouré d’un gros bourrelet, tandis qu'il 
est mince et tranchant dans ces derniers. Les ornements sont 
souvent les mêmes dans ces deux genres, et les avellana, comme les 
actéons, ont fréquemment leur coquille ornée de stries ou de sil- 
lons ponctués. 

M. d'Orbigny avait anciennement distingué les RINGINELLES, qui 
sont ovoïdes, à spire allongée, et les AVELLANA, qui sontglobuleuses 
et à spire courte. Ces caractères n'offrant pas une précision suf- 
fisante, ce savant paléontologiste à avec raison réuni ces deux 
genres. 

Une des espèces les plus anciennement connues avait été con- 


(1) Tert. Verst. nordwest. Deutschl., p. 20, pl. 3, fig. 22. 

(2) Michelotti, Descr. foss. mioc., p. 159 ; Sismonda, Synopsis, p. 52. 

(3) Voyage, Paléontologie, p. 79. 

(4) Conrad, Journ. Acad. Philad., VI, etc. ; Morton, Synopsis ; Lea dans 
Silliman’'s American journ., t. XL, ete. 

(5) Sowerby, Trans, of the geol. Soc., 2° série, t, V, p. 719; Forbes, id., 
t, MIE D1435: 

LE 7 


98 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


sidérée à tort comme un casque par M. Alexandre Brongniart, 
qui avait cru que la bouche était terminée par un canal, tandis 
qu'elle est entière. 

Les avellana ne vivent plus aujourd'hui. Elles paraissent spé- 
ciales à l'époque crétacée. 


Les À. subglobosa, d'Orb., et sphæra, id., ont été trouvées dans le terrain 
néocomien de Marolles (1). 

M. d'Orbigny a décrit (2) sept espèces du gault, dont trois sous le nom de 
Ringinella et quatre sous celui d'Avellana. L’A. incrassata, d'Orb., est figurée 
dans l'Atlas, pl. EX, fig. 4. J 

Notre Ringinella alpina, Pictet et Roux (3), du gault du Saxonet et de ja 
perte du Rhône, doit aussi prendre place dans ce genre. 

On trouve à Blackdown une espèce qui a été décrite (4) par Spwerbr sous 
le nom d’'Auricula incrassala. 

Le Cassis avellana de Brongniart, dont j'ai parlé plus haut, et qui se trouve 
dans les craies chloritées de Rouen, est devenu pour M. d'Orbigny la Ringinella 
cassis. Ce  paléontologiste à décrit (5), en outre, l'A. Mailleana , d'Orb., du 
même gisement et indiqué l'A. varusensis des craies chloritées de la Malle 
(Var). 

L'A. Prevosti d'Archiac (6), (olim À. bidentata), a été trouvée à Tournay 
dans le tourtia. 

L'A. Royana d'Orb. (7), a été recueillie dans je terrain crétacé supérieur 
de Royan, et l'A. Archiaciana, id., provient d’Aix-la-Chapelle. 

M. Sowerby a décrit ($) l'A. decurtata du terrain crétacé supérieur de 
Gosau. 


On peut ajouter quelques espèces étrangères à l'Europe, appar- 
tenant aux terrains crélacés supérieurs. 


Ce sont (9) la Torn. bullata, Morton, des États-Unis: l'A. Chilensis, d'Orb., 
du Chili, et la T. labiosa, Forbes, de Poudichéry. 


(1) D'Orb., Pal. franç., Terr. crét., t, II, p. 132, pl. 168, et Prodrome, 
t. Il, p. 68. 

(2, D'Orb., Pal. franç., Terr. crét., p. 126 et 133, pl. 167 à 169. 

(8) Descr. moll. grès verts, p. 172, DL 16, fig. 5. 

(4) Miner. conch., pl. 163. 

(5, Pal. franç:, Terr. crét., t. NN, p. 137, et Prodrome, t. I, p. 149. 

(6) Mém. Soc. géol., 2° série, t. I, p. 343, pl. 2», fig. 4. 

(sal. franc Térrverel: ; LU ps: V4 pl. 169: 

(8) Trans. oj the geol. Soc., 2° série, t. Hi, pl. 38. 

() Mortcn, Syn pis crél., p. 49; d'Orbigny, Voyage de l'Astrol., pl. 1; 
E. koibes, 1rans. of the geol. Soc., 1846,t. VIL, p. 135. 


PYRAMIDELLIDES, 99 


Les ACTÉONELLES (Acteonella, d'Orb.), — Atlas, pl. LX, 
fig. 5 et 6, 


ont une coquille lisse, raccourcie, ventrue ou bulliforme, à spire 
très courte, souvent enveloppée et composée de tours très hauts. 
La bouche est longitudinale, étroite, un peu élargie en avant et 
fortement rétrécie en arrière, où elle forme un léger canal à tous 
les âges. Le labre n'a point de plis internes. La columelle à trois 
gros plis peu obliques ; le bord columellaire est très encroûté. 

Le canal postérieur de la bouche, qui fait que les lignes d’ac- 
croissement extérieur sont infléchies en arrière, lie jusqu’à un cer- 
tain point les actéonelles aux nérinées ; mais elles en diffèrent par 
l'absence de pli sur le labre, et surtout par leur bouche compléte- 
ment dépourvue de sinus du côté antérieur. Leur forme courte et 
ventrue les rapproche au contraire des actéons et rappelle 
même quelquefois celle des bulles. 

Les actéonelles forment un genre éteint qu'on n’a encore trouvé 
que dans les terrains crétacés supérieurs. Quelques-unes ont at- 
teint une grande taille : VA. gigantea à jusqu'à 95 millimètres de 
longueur. 


M. d'Orbigny, qui a établi ce genre, a décrit dans la Paléontologie fran- 
çaise (1) trois espèces, qu'il range dans son étage turonien : FA. Renauxiana, 
d'Orb., d'Uchaux; l'A. lœvis, id., d'Uchaux, d'Autriche, etc.; l'A. crassa, id. 
(Volvaria crassa, Dujardin), du Var, etc., et cité l'A. Lefebreana, id., d'É- 
gypte. I a depuis lors (2) ajouté l'A. Toucasiana, d'Orb., du terrain turo- 
nien du Var. L'A. lœvis est figurée dans l'Atlas, pl. EX, fig. 6. 

Il faut ajouter à ce genre ($) la Tornatella gigantea, Sow. (Atlas, pl. EX, 
fig 5)et la Tornatella Lamarckii, Sow., de Gosau ; cinq espèces nouvelles du 
même gisement, décrites par M. Zekeli, et quatre espèces d'Autriche retrou- 
vées aussi à Gosau, et décrites comme des tornatelles dans le grand ouvrage 


de Goldfuss. Ces espèces appartiennent à l'étage sénonien. La T. gigantea se 
retrouve en France. 


Les VoLvaiRes (Vo/varia, Lamk), — Atlas, pl. LX, fig. 7, 


ont une coquille allongée, subeylindrique, à spire très courte, à 
peine apparente. Leur bouche, étroite et longitudinale, est échan- 


(1) Pal. franç., Terr. crét., t. 11, p. 407, pl. 164 à 166. 
(2) Prodrome, t. IX, p. 191. 
(3) Pal. franç., Terr. crét., t. I, p.109, pl 165 ; Sowerby, Trans. of the 


geol Soc:, 1835, t. I; Goldfuss, Petref Germ., t. AA, p. 48, pl. 177 ; Ze- 
keli, Gastér, Gosau, p. 39, pl. 5 à 7. 


100 GASTÉROPODES PECTINIBRANCIIES. 


crée en avant par un sinus; son labre est tranchant. La colu- 
melle est épaisse, à plis peu saillants et très obliques. La coquille 
est ordinairement ornée de stries ponctuées. 

Ce genre se distingue facilement des précédents par l'échan- 
crure de sa bouche; il est plus facile à confondre avec celui des 
marginelles, et dans l'ouvrage de Lamarck plusieurs de ces der- 
nières sont décrites comme des volvaires. Mais les vraies volvaires 
appartiennent à une tout autre famille que les marginelles, qui 
ont une coquille lisse et brillante, recouverte par une sécré- 
tion calcaire extérieure comme les porcelaines; tandis que les 
volvaires prouvent, par leurs stries ponctuées, qu’elles n'avaient 
pas de manteau enveloppant la coquille. 

Lamarck a placé dans ce genre (1) plusieurs espèces vivantes, 
qui sont des marginelles. Les véritables volvaires paraissent très 
rares aujourd'hui; on en connaît deux fossiles dans les terrains 
tertiaires. ‘ 

La V. bulloides, Lamk (2), a été trouvée dans l'étage du calcaire grossier 
de Grignon, etc. (Atlas, pl. LX, fig. 7.) 

La V. acutiuscula, Sow. (3), a été trouvée en Angleterre à Barton, et en 
France dans les terrains parisiens supérieurs. 


Les RincicuLes (Ringicula, Desh.), — Atlas, pl. EX, fig. 8 à 10, 


ont une bouche étroite et grimaçante, échancrée en avant par un 
sinus très profond. Ces coquilles sont ovales, oblongues, épaisses, 
ornées en travers de stries ou destilons ponctués. Le labre est très 
épaissi, réfléchi et sans dents. La columelle, encroûtée en arrière, 
porte deux gros plis. 

Elles in beaucoup aux avellana et s'en distinguent 
principalement par le sinus antérieur de la bouche. 

Ce genre, anciennement réuni aux auricules, renferme des 
mollusques qui vivent aujourd'hui dans les mers chaudes, et des 
espèces fossiles des terrains tertiaires. 

On en connaît deux espèces des tertiaires éocènes. 


M. Deshayes ({) parait en avoir confondu plusieurs sous le nom d'A. r'in- 


(1) M. Deshayes, Cog. foss. Par., t. I, p. 712, dit n'en connaître qu'une 
seule espèce vivante. 

(2) Lamarck, Ann. Mus., t. V, p. 29; Deshayes, Cog. foss. Par., t. IX, 
p. 712, pl. 95, fig. 4 à 6. 

(*) Sowerby, Min. conch., pl. 487 ; Deshayes, loc. cit., pl. 95, fig. 7-9 

(#) Deshayes, Cog. foss. Par., t. WE, p, 72, pl. 8 


PYRAMIDELLIDES. TO 


gens, Lamk, Ce nom doit rester à l'espèce du calcaire grossier, (Atlas, pl. LX, 
fig. 8.) 

Il faut rapporter à ce même genre l’Auricula turgida (1), Sow., de l'argile 
de Londres. 


Elles deviennent plus nombreuses dans les terrains miocènes et 
pliocènes. 

M. Grateloup (2) a figuré deux espèces des faluns bleus (miocène inférieur), 
en les rapportant à l'A. ringens et à l'A. ventricosa, Grat. Ce sont les Ringi- 
cula Grateloupi et subventricosa, d'Orb. (Atlas, pl. LX, fig. 9 et 10.) 

La Voluta buccinea, Brocchi, qui doit devenir la R. buccinea, se trouve 
dans les terrains miocènes supérieurs de toute l'Europe (3). 

L’A. Bonelli, Desh. (4) (Pedipes punctilabris, Bon.), a été trouvéé dans le 
terrain miocène de Turin, ainsi que la R, striata, E. Sism. (Pedipes striatus, 
Bon.). Cette dernière est aussi citée dans le nord de l'Allemagne (5), mais il 
n'est pas certain que ce soit la même espèce. 

La R.marginata, Deshayes, a été découverte (6) dansle terrain pliocène d’Asti. 

M. Dubois de Montpéreux a trouvé (7) en Volhynie deux espèces décrites 
par M. Eichwald sous les noms de Marginella exilis et costata. 

Le crag d'Angleterre renferme, suivant M. Wood (8), la Ringicula buccinea 
précitée et la N. ventricosa, Sow. (crag rouge et crag corallien). 


Je place tout à fait provisoirement ici, et sans rien préjuger sur 
ses affinités, le genre des 


Pi£rins (Pedipes, Adanson), — Atlas, pl. LX, fig. 11 et 12. 


Ce genre, caractérisé par une coquille ovale, épaisse, à bouche 
grimaçante, bordée d’un labre non épaissi et muni de dents colu- 
mellaires, a quelquefois été confondu avec les ringicules ; mais 
l'animal a des caractères tout à fait différents qui paraissent le 
rapprocher de certaines auricules. Il est, du reste, pectinibranche, 
et ne peut pas être associé à une famille de pulmonés. C'est ce 
qui m'a empèché de suivre à cet égard l'opinion de MM, Des- 
hayes, etc. Ses rapports géologiques sont donc difficiles à assi- 


(1) Min. conch., pl. 163. 

(2) Conch. foss. de l’Adour, L. 

(3) Voy. Deshayes, Encycl. méth., et 2° édit. de Lamarck, Histoire des 
animaux sans vertèbres, t. VIII, p. 344; Brocchi, Grateloup, ete. 

(#) Deshayes, loc. cit. ; Sismonda, Synopsis, p. 52. 

(5) Philippi, Tert. Verst. nordw. Deutschl., p. 28, pl. 4, fig. 23. 

(6) Deshayes, loc. cit. 

(7) Conch. foss. plat. Pod. Wolh., p. 24, pl. 1. 

(8) Moll, from the crag (Palæont, Soc., 1848, p. 22, pl. 4). 


102 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


gner, el il devra peut-être former une famille spéciale avec quel- 
ques petites coquilles décrites comme des auricules, mais qui 
devront sortir de ce genre, parce que, conime le piétin, elles ont 
une petite branchie pectinée. M d'Orbigny le place à la suite des 
actéons. La coquille du piétin se distingue du reste de celles 
des ringicules par l'obliquité de la bouche et par l'absence de 
bourr letau labre, qui, par contre, est ordinairement muni de dents 
internes 

Quelques espèces fossiles des terrains tertiaires paraissent être 
de véritables piétins. 


M. Melleville ;1) à décrit le Pedipes crassidens, des terrains tertiaires infé- 
ricurs de Châlons-sur-Vesle. (Atlas, pl. LX, fig. 41.) 

M. d'Orbigny rapporte (2, à ce genre J'Auricula ovata, Lamk, de Grignon, 
Mantes, etc. (Atlas, pl. LX, fig. 12), et indique une espèce nouvelle, P. al- 
pina, d'Orb., du terrain éocène des Hautes-Alpes. 

L'Auricula umbilicata, Desh. (3), des faluns de la Touraine (miocène su- 
périeur) est aussi un piétin pour M. d'Orbigny. 


Les ACTEONINA, d'Orbigny, — Atlas, pl. LX, fig. 13 à 22, 


ont les formes des actéons, mais point de dents à la columelle. 
Ce genre renferme seulement des espèces fossiles que l’analogie 
des formes permet de placer dans cette famille avec une certaine 
probabilité. Leur forme normale est celle d’actéons sans dents. 
(Atlas, pl. EX, fig. 13.) 

Quelques-unes de ces espèces sont coniques et rappellent sin- 
gulièrement les cônes par leurs formes externes ; elles avaient éte 
placées dans ce genre (Atlas, pl. LX, fig. 44 et 15). M. d'Orbieny 
a montré (# qu'il est cependant facile de les en distinguer. Les 
cônes réabsorbent intérieurement leur coquille de manière à la 
rendre mince comme du papier, sans doute pour faire’ place aux 
viscères , en sorte que leur coupe transversale (Atlas, pl. LXIV, 
fig. 25) montre une spire très mince dans ses premiers tours Les 
actéonines, au contraire (Atlas, pl. LX, fig. 44), ont le test aussi 
épais dans l’origine qu'au dernier tour. 


(*) Descr. sables tert. inférieurs (Ann. sc. géol., pl. 6, fig. 5, 6). 

(2) Prodrome, t. 1, p. 343; Lamarck, Ann. mus., IV; Deshayes, Cog. foss. 
Par., t. Y,p. 68,pl. 6, fig. 42 et 13. 

(3) Deshayes, Encycl. méthod., t. XI, p. 89; Dujardin, Mém. Soc. géol., 
t. II, p. 276, pl. 19, tig. 20 ; d'Orbigny, Prodrome, t. WI, p. 34. 

(4) Prodrome, t. I, p. 226; Pal. franc., Terr. jur., t, H, p. 162. 


PYRAMIDELLIDES. 108 


D'autres espèces sont ovoïdes et rappellent les olives (Atlas, 
pl. EX, fig. 16 à 18). MM. Morris et Lycett (?) les ont nonmées 
Cyzinprires, en leur réunissant quelques espèces qui ressemblent 
aux cônes ; mais des transitions nombreuses rendent impossible de 
fixer une limite, et nous ne pouvons pas séparer ce genre de celui 
des actéonines. 

Quelques autres espèces ont une forme presque globuleuse et se 
rapprochent ainsi des GLomicoxcHa, d'Orbigny (Atlas, pl EX, 
fig. 49 à 22), au point qu'il me parait impossible de distinguer 
ces deux genres liés par des transitions insensibles (?). 

M: d'Orbigny nomme ACTÉONINES toutes les espèces antérieures 
à l’époque néocomienne, et GLoBicoNCHA, les espèces recueillies 
dans les terrains de la période crétacée. Si l'on admettait la sépa- 
ralion de ces deux genres, il faudrait modifier cette assertion et 
reconnaître en même temps qu'il y a des globiconcha dans le ter- 
rain jurassique et des acteonina dans l'époque crétacée. 

En réunissant les deux genres en un seul, nous admettrons en 
même temps que les actéonines ont vécu pendant la plus grande 
partie de l’époque primaire et de l'époque secondaire (3). 

On en connaît dès les terrains carboniferes. 


L’A. carbonaria, d'Orb. [ Chemnitzia carbonaria, de Kôniack, olim 
Conus (#], paraît bien avoir les caractères des véritables actéonines, Elle a été 
trouvée dans le calcaire carbonifère de Visé et de Tournay. 


On doit probablement aussi admettre l'existence des actéonines 
pendant l'époque triasique. 


M. d'Orbigny me paraît rapporter avec raison à ce genre quelques espèces 
de Saint-Cassian (5), et en particulier Ja Tornatella scalaris, Münster, la 


(1) Mollusea from the great.ool. (Pal. Soc., 1850, p. 97). 

(2) Par exemple, l'Acteonina Espareyensis, d'Orbigny (Atlas, pl. EX, 
fig. 19), de la grande oolithe, est bien plus globuleuse que la Globiconcha Fleu- 
riausa, d'Orb. (id., fig. 21). Le nom de Globiconcha aurait peut-être dû être 
conservé comme le plus ancien, mais il est inapplicable aux espèces coniques. 

(3) Depuis que cet article a été rédigé, j'ai reçu l'ouvrage de M. A. Buvi- 
gnier, Stalistique de la Meuse, Paris, 1852, 1 vol. in-8°, avec atlas in-folio 
de 33 planches ; il s’y trouve vingt-quatre espèces de ce genre, décrites sous le 
nom de TorNaTeLLA et d'ORTaosromA, savoir : trois du lias, une de la grande 
oolithe, douze du coral rag, cinq du calcaire à astartés, deux du portlandien 
et une du gault. 

(# De Kôüninck, Descr. anim. foss. Belg., p. 469, pl. 41, fig. 15. 

(5) Münster, Beitr. zur Petref., t. IV, p. 103 et 142: Klipstein, Geol. 
der oest. Alpen, p. 205, pl. 14. 


40h GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


T. abbreviata, Klipstein et l’Oliva alpina, id. Je doute beaucoup qu'il faille y 
joindre le Fusus Orbignyanus, Münster. 


C'est dans les terrains de l’époque jurassique que l’on trouve 
les espèces les plus nombreuses du type des actéonines propre- 
ment dites. 

Elles ont vécu dans le lias. La plupart y ont la forme conique. 


M. Deslongchamps a décrit (!), sous le nom de Coxus, les C. cadomensis, 
(Atlas, pl. LX, fig. 44), concavus, (id., fig. 15), abbreviatus (4. subabbre- 
viata, d'Orb.) et Caumonti, du lias moyen de Fontaine-Etoupefour. 

L’A. sparcisulcata, d'Orbigny (2), a une forme ovoïde. Elle provient aussi 
du lias moyen de Normandie. 

Je crois avec M. d'Orbigny qu'il faut rapporter à ce genre la Tornatella 
fragilis, Dunker (3), du lias d'Halberstadt, petite espèce ovoïde. La Torn. 
cincta, Münster (f), du lias supérieur de Banz, me paraît moins certaine, la 
bouche n'étant pas figurée. 


L'oolithe inférieure et la grande oolithe ont fourni quelques 
espèces. 


M. d'Orbigny en a décrit (5) quatre, dont trois nouvelles de l'oolithe 
inférieure, et trois, dont deux nouvelles de la grande oolithe. Ces es- 
pèces sont toutes ovoïdes, comme l’A4. Lorieriana, d'Orb. (Atlas, pl. EX, 
fig 13), ou globuleuses, comme l’A. Esparcyensis (Cassis Esparcyensis, d'Ar- 
chiac) (6) de la grande oolithe d’Esparey. (Atlas, pl. LX, fig. 49.) 

Il faut y ajouter (7) les Acteon glaber, Bean, et humeralis, Phillips, de l’ooli- 
the inférieure d'Angleterre. 

M. Lycett (8) cite sous le nom d’Acleonina et de Cylindrites huit espèces, 
dont sept nouvelles de l’oolithe inférieure du Gloucestershire. 

MM. Morris et Lycett on décrit un grand nombre d'espèces (?) de l’oolithe 
inférieure sous les mêmes désignations génériques. Ils citent dans l’oolithe 
inférieure de Michihampton dix cylindrites, dont six nouvelles, et trois actéo- 
uines, dont une nouvelle ; et dans les gisements analogues du Yorkshire, trois 
actéonines dont une nouvelle. (Voyez Atlas, pl. LX, fig. 16 à 18.) 


(1) Mém. Soc. linn. Normandie, t. VIT, p. 147, pl. 10 et 18; d'Orbigny, 
Pal. franç., Terr. jur., t. Il, p. 161, pl. 285. 

(2) D'Orbigny, loc. cit. 

3) Palæontographica, t. 1, p. 111, pl. 13, fig. 19. 

(*) Goldfuss, Petref. Germ., p.48, pl. 177, fig. 9. 

(5) Pal. franç., Terr. jur., t. H, p. 167, pl. 286. 

(6) Mém. Soc. géol., t. V, p. 385, pl. 31, fig. 10. 

(7) Phillips, Geol. of Yorkshire, p. 124 et 129. 

(8) Ann. and mag. of nat. hist., 1850, 2° série, t. VI, p. 418. 

(?) Moll. from the great ool. (Pal. Soc., 1850, p. 97 et 119). 


PYRAMIDELLIDES, 105 


La Tornatella pulla, (1) Kock et Dunker, est une véritable actéonine de 
l’oolithe inférieure d'Allemagne. 


Les actéonines se continuent dans les terrains kellowiens et 
oxfordiens. 


L'Acteonina Sabaudiana, d’Orb. (?), caractérise les terrains kellowiens du 
mont du Chat (Savoie). 
L'Acteon Peroskianus, d'Orbigny, de Russie, est une actéonine (ÿ). 


Elles augmentent de nombre dans les terrains coralliens. 


M. d'Orbigny place dans ce même genre (#) les Bulla subquadrata et spi- 
rata, Roemer, du terrain corallien de Hildesheim, le Buccinum parvulum, id., 
de Honeggelsen, et la Bulla olivæformis, Kock et Dunker. Je suis du même 
avis relativement aux trois bulla auxquelles j’ajouterai volontiers la B. 
Hildesheimensis, Roemer. J'ai beaucoup plus de doute sur le Buccinum par- 
vulum. 

Le même auteur (5) a décrit cinq espèces nouvelles du terrain corallien, 
Elles sont ovoïdes ou globuleuses. L’A. Dormoisana, d'Orb., et l'A. acuta, id., 
acquièrent une très grande taille (150 millimètres). 


On en trouve quelques-unes dans les terrains jurassiques supé- 
rieurs. 


L’A. ventricosa, d'Orb., provient de l'étage kimméridgien du Calvados (6). 
L’A. cylindracea, d'Orb. (Melania cylindracea, Cornuel) (7), caractérise le 
terrain portlandien de Vassy (Haute-Marne). 


Les actéonines se continuent dans les terrains cretacés. 


(1) Kock et Dunker, Beitr. Ool. Gebild., p. 33, pl. 2, fig. 11. 

(2) Pal. franç., Terr. jur., t. 11, p. 173, pl. 288. 

(3) D'Orbigny dans Murchison et Vern., Pal. de la Russie, p. 449, pl. 37, 
fig. 42 à 14. 

(4) Prodrome, t. 1, p. 353; Roemer, Norddeutsch. Oolith. Geb., p. 137 
et 139, pl. 9; Kock et Dunker, Beitr. Ool. Gebild., p. 41, pl. 5. M. D'Or- 
bigny attribue ces fossiles au terrain oxfordien, quoique les auteurs allemands 
les elassent dans le corallien supérieur. Je ferai remarquer que le savant pa- 
léontoïogiste français a placé lui-même la Bulla Hildesheimensis dans le ter- 
rain corallien, et qu'elle a été trouvée dans la même couche queles B. sub- 
quadrata et spirala. 

(5) Pal. franç., Terr. jur., t. Il, p. 174, pl. 287 et 288. 

(6) Pal. franç., Terr. jur., t. I, p. 178, pl. 288. 

(7) D'Orbigny, id. ; Cornuel, Mém. Soc. géol., 1840, t, IV, p. 289, pl. 15, 
fig. 14. 


1406 GASTÉROPODES. PECTINIBRANCIIES. 


On trouve dans les dépôts aptiens une espèce qui a tout à fait les formes des 
vraies actéonines : c’est l'4. Chavannesi, Pictet et Renevier (!), du terrain 
aptin de la perte du Rhône, très voisine de l'A. Sarthacensis, d'Orb. 
(Atlas, pl. L\, fig 22.) 

Les grès verts du Mans (terrain cénomanien) renferment une espèce tout à. 
fait globuleuse, et quiest par conséquent une globiconcha pour M. d'Orbigny. 
C’est l'A. rotundata (Globiconcha rotundata, d'Orb (2). 

Les craies supérieures (terrain sénonien) renferment plusieurs espèces, qui 
ont des formes très variées (3). 

Les unes ont la spire courte et même cachée La G. Marrotiana, d'Orb., 
est dans ce dernier cas (Atlas, pl. LX, fig. 20). La G. ovula, d’Orb., n'est 
point une globiconcha. M. Coquand vient de montrer ({) qu'elle appartient au 
genre des porcelaines (Cypræa, Lin.). M. d'Orbigny avait été trompé par un 
échantillon incomplet. 

D'autres ont une spire assez développée et tendent à s’allonger et à être 
moins globiconcha. Telles sont la G. Fleuriausa, d'Orb., de Royan (Atlas, 
pl. LX, fig. 21), et surtout, à ce qu'il paraît, la G. elongata, d'Orbigny, du 
Beausset (Var). 


Les VariGerA, d'Orbigny, — Atlas, pl. LX, fig 


ne diffèrent des globiconcha que par des varices latérales prove - 
nant de bouches successives qui laissent des dépressions sur le 
moule. 

Ce genre me paraît être le même que celui qui a été établi (°) 
par M. D. Sharpe sous le nom de TYLosroma, et qui renferme des 
coquilles globuleuses chez lesquelles la bouche, à intervalles régu- 
liers, prend un bord épais qui laisse des traces sur le moule. 

Il restera à savoir si les varices sont assez régulières et assez 
importantes pour distinguer toujours clairement les varigera des 
globiconcha. Je crois aussi que ces varices se confondront faci- 
lement, au moins sur le moule, avec les impressions des er 
dontes. 


(!) Paléont. Suisse, Terr. aptien, p. 32, pl. 3, fig. 5 

(2?) Pal. frang., Terr. crét., t. IE, p. 143, pl. 169, fig. 17. 

(3). D'Orbigny, Pal. franç., Terr. crét., t. W, p. 144, pl. 169 et 170; 
Prodrome, t. I, p. 220. 

(4) Journ. de conchyliologie de M. Petit, 14853, p. 439, pl. 14, fig. 1 et 2. 

(®) Quart. journ. of the geol. Soc., 1849, t. V, p. 376. Il restera à savoir 
si l’on doit conserver le nom de Varigera ou celui de Tylostoma. M. d'Or- 
bigny met au sien la date de 1847, et je crois, en effet, qu’à cette époque il 
l’a nommé ainsi dans ses manuscrits ou sa collection ; mais il ne l’a pas pu- 
blié, à ma connaissance, avant 1850, et cette dernière année devient sa date 
réelle. Celui de Tylostoma a été établi en avrii 1849, 


PYRAMIDELLIDES. 107 


Ces mollusques ne vivent plus aujourd'hui et paraissent spé- 
ciaux à l'époque crétacée. 


M. D. Sharpe (!) en a décrit quelques espèces des terrains crétacés du 
Portugal. 

M. d Orbigny indique (2?) la VF. Ricordeana, de Fontenoy (Yonne), du ter- 
rain néocomien inférieur. 

La V. Rochatiana, d'Orb. (3), se trouve dans le terrain aptien de la perte 
du Rhône (c'est l'espèce figurée dans l'Atlas). 

La V. Guerangueri, d'Orb. (#) (olim, Pterodonta), se trouve dans le ter- 
rain cénomanien du Mans. 

M. d'Orbigny indique encore dans son Prodrome quelques espèces inédites, 
savoir : une du terrain aptien, uue du gault, une du terrain Cénomanien et 
une du terrain sénonien. 

Il rapporte au méme genre la Tornatella abbreviata, Philippi (5), de Gosau ; 
mais à en juger par la figure de M. Philippi, cette espèce à un pli à la colu- 
melle et pas de varices! 


Les Preroponra, d'Orbigny, — Atlas, pl. LX, fig. 24, 


sont aussi des coquilles ovales, oblongues, ventrues. Le labre porte 
en dedans une dent ou protubérance qui s’imprime en creux sur 
le moule. Il à un sinus antérieur court et quelquefois un posté- 
rieur. 

Ces coquilles sont voisines des précédentes ; lorsque la bouche 
n'est pas bien entière en avant, on ne peut pas toujours les dis- 
tinguer facilement. L'impression interne de la dent se confond 
dans les moules avec celle des varigera. Le canal terminal reste 
le principal caractère différentiel. 

M. d'Orbigny a lui-même varié dans la caractéristique de ce 
genre qu'il avait d’abord rapproché des strombes. 

Les pterodonta paraissent spéciales aux craies marneuses et 
chloritées et au terrain crétacé supérieur. 


M. d'Orbigny (6) a décrit ou indiqué dans sa Paléontologie française deux 


(1) Sharpe, loc. cit. 

(2) Prodrome, t. HE, p. 68. 

(8) D'Orbigny, id., p. 103; Pictet et Renevier, Pal. Suisse, Terr. aptien, 
p. 33, pl. 3, fig. 6. 

(4) Pal. franç., Terr. crét., t. I, p. 230. 

(5) Palæontographica, t. 1, p. 23, pl. 2, fig. 1. 

($) Pal. franc., Terr. crét., t. 1, p. 315 et pl. 218 à 220. 


108 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


espèces du terrain cénomanien (P. elongata et inflata, d’Orb.) (Atlas, 
pl. LX, fig. 14) et quatre des craies supérieures (terrain sénonien). 

Il faut y ajouter la P. naticoides, d'Orb. (1), d'Uchaux. 

M. d’Orbigny propose de rapporter au même genre le Pterocera gracilis, 
Reuss (2), du calcaire à hippurites de Kutschlin; mais M. Reuss ne décrit 
point d'impression de dents. 


6° Famizze. — NATICIDES. 


Les naticides ont une coquille enroulée, globuleuse ou dépri- 
mée, à spire médiocre ou courte, dont la bouche, plus ou moins 
semi-circulaire, est modifiée par le retour de la spire et fermée 
par un opercule corné. 

Ces caractères n’ont pas une précision suffisante pour que l'on 
puisse toujours décider, sans hésitation, si une coquille fossile 
appartient ou non à celte famille, car les espèces les plus allon- 
gées se lient singulièrement par leur forme aux paludinides et à 
quelques genres des trochides (Phasianella, etc.). Toutefois, dans 
la plupart des cas, la brièveté de la spire et la forme de la bouche 
suffiront pour lever les doutes. 

À l’état vivant, les naticides se caractérisent plus facilement 
par un animal très volumineux, qui ne peut pas toujours rentrer 
dans la coquille, et qui a un très grand pied dilaté recouvrant en 
arrière une partie du test. 

Les naticides ont vécu à toutes les époques géologiques, mais 
elles ont été représentées par des formes moins variées dans les 
temps anciens. Pendant l’époque primaire on ne les trouve que 
sous la forme de natices proprement dites. Ce même genre existe 
aussi seul, comme représentant de la famille, pendant la période 
jurassique. Le genre des narica S'y ajoute pendant l’époque cré- 
tacée. Dans les terrains tertiaires on trouve pour la première fois 
les sigarets, les velutina, et les deshayesia. 

Cette famille ne renferme qu’un seul genre perdu, celui des 
DESHAYESIA. 


Les Narices (Watica, Adanson) (%), — Atlas, pl. LXE, fig. 1 à 7, 
ont une coquille sans ornements et marquée seulement de lignes 
d'accroissement, globuleuse ou déprimée, rarement allongée, à 


(1) Prodrome, t. Il, p. 191. 
(2) Boehm. Kreidef., p. 46, pl. 11, fig. 21. 
(3) Hist. nat. Sénégal, Coquillages, Paris, 1757, p. 172. 


NATICIDES. 109 


spire presque toujours très courte et à bouche ovale ou semi- 
lunaire, pourvue au côté interne de callosités qui s'unissent plus 
ou moins à celles qui existent souvent sur l’ombilic, L'animal 
peut rentrer entièrement dans la coquille et la fermer hermétique- 
ment par son opercule. 

Les natices se trouvent dans tous les terrains et ont vécu pen- 
dant toutes les époques géologiques; elles paraissent avoir été 
moins nombreuses en espèces dans les terrains anciens et avoir 
augmenté graduellement. Aujourd'hui elles sont abondantes dans 
les plages sablonneuses de la plupart des mers, surtout dans les 
régions chaudes. Elles se tiennent au niveau des plus basses 
marées ou au-dessous. 

On a cherché à subdiviser les natices en groupes ou en sous- 
genres, en se fondant sur le plus ou le moins d’aplatissement de 
la coquille, la longueur de la spire, la forme de l’ombilie, etc. 
Ces divisions peuvent être commodes pour faciliter la distinction 
des espèces; mais je ne crois pas qu’il y eût de l’avantage à aller 
jusqu'à en faire des genres, qui seraient peu naturels et peu 
justifiés. 

M. Agassiz (!) nomme Eusprra les espèces qui ont la spire plus 
ou moins élevée et les tours distincts. M. d'Orbigny (?) divise les 
natices en quatre groupes. Il nomme Mamizcæ celles dont le bord 
postérieur de la bouche est encroûté et l’ombilic ouvert et calleux, 
comme dans la N. mamilla vivante, ete. Les CaNRENÆ sont plus 
globuleuses et ont dans l’ombilic un fort funicule qui pénètre 
dans l’intérieur ; les N. canrena, mille punctata, ete., en sont des 
exemples (Atlas, pl. LXI, fig. 7). Les ExcavarÆ (pl. LXI, fig. 3) 
ont une coquille plus large que haute, pourvue d’un large om- 
bilic simple et sans funicule (N. excavata, etc.). Les PRÆLONGÆ 
(pl. EXT, fig. 2) sont plus hautes que larges et ont un ombilic 
étroit, comme les N. prælonga, bulimoides, bajocensis, ete. 

Cette énumération est incomplète, et l'on ne saurait pas où placer 
la N. patula, Desh., la N. sigaretina, id. (PI LXI, fig. 6), la 
N. cepacea, Lamk (PI. LXI, fig. 5), etc. 

Il faut réunir à ce genre les GLoBuLus, Sowerby, les GLogu- 
LARIA, Swainson, les Nacca et les NEverTILA. Risso, et probable- 
ment les Naricorsis, M Coy. 


(1) Traduction française de Sowerby, Min. conch., p. 14. 
(2) Pal, franc., Terr. crét., t. Il, p. 148. 


410 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES, 


Les natices, ainsi que je l'ai dit plus haut, ont vécu à toutes les 
époques géologiques, et sauf le silurien inférieur, il n'est aucune 
division des terrains dans laquelle on n'en ait cité. Aussi le 
nombre total des espèces fossiles connues s’élève-t-1il à près de 
trois cents. 

On en connaît quelques espèces des terrains siluriens supérieurs 
(murchisonien). 


Les roches de Ludlow renferment la N. parva, Sow. non Lea [N. sub- 
parva, d'Orb. (1)]. 

Les calcaires de Wenlock ont fourni une espèce décrite (2) par Sowerby 
sous le nom de Nerita spirata, et qui est une natice (N. Wenlockensis, d'Orb.). 

M. Eichwald a décrit (#) quelques espèces du silurien supérieur de Russie, 


On en trouve dans les terrains dévoniens. 


L'otd red sandstone a fourni à M. Sowerby (4) la Natica glaucinoides 
(N. subglaucinvides, d'Orb.). 

Goldfuss (5) a décrit six espèces, dont quatre nouvelles, des terrains dévo- 
piens du Rhin, La plus connue est la N. subcostata, Schlot., qui me paraît 
être une vraie natice, malgré l'opinion de M. d'Orbigny qui en fait un turbo, 
Il faut probablement y ajouter les Ampullaria Oceani et l'onti, id. 

On trouvera quelques autres espèces décrites par M. Roemer (6) (N. margi- 
nata, excentrica, inflata, qui sont des turbo pour M. d’Orbigny). 


Les terrains carbonifères en renferment plusieurs. 


On en trouvera la description dans les ouvrages de Phillips (7) (N. ampliata, 
Phill., elliptica, id., elongata, id., lirata, id. (Turbo, d'Orb.), planispira, 
id., spirata, Sow., plicistria, id., tabulata, id, (Turbo, d'Orb.), variata, id. ; 
dans ceux de M. Kôüninck (8) ({N Omaliana, de Kün., à laquelle il faut join- 
dre quelques Nerita du même auteur, telles que la N. plcistria, Phill. 
(Atlas, pl. LXI, fig. 1); dans ceux de M. M’ Coy (?, (N. neriloides, etc., en y 
joignant ses Naticopsis Phillipsü, dubia, etc.). 


(1) Sowerby dans Murchison, Sil. Syst., pl. 5, fig. 24; d'Orbigny, Pro- 
drome, t. Y, p. 29. ; 

(2) Sowerby, id., pl. 12, fig. 15, d'Orbigny, id. 

(3) Sil. syst. in Eslland, p. 124, etc. 

(*) Murchison, Silur. syst., pl. 3, fig. 14. 

(5) Petref Germ., t. HI, p. 116, pl. 199. 

(6) Harzgebirge, p. 27, pl. 7. 

(1) Geol. of Yorkshire, p. 224, etc. 

(8) Descr. anim. foss. carb. Belg., p. 479, pl. 42. 

(®) Synopsis of Ireland, pl. 3, 5, 7, etc. 


NATICIDES, 111 


M. d’Orbigny (!) indique dans les terrains carbonifères d'Amérique les 
N. buccinoides et Antisiensis. 


Quelques espèces appartiennent aux terrains permiens. 


La N. hercynica, Géinitz (2), provient du zechstein du Hartz. 
Les N. minima, Bronn et Leibnitziana, King, ont été trouvées dans les 
térrains permiens d'Angleterre (3). 


- Ellés se continuent dans le muschelkalk. 


Les N. Gaillardoti, Voltz, et pulla, Goldfuss, ont été trouvées en Wur- 
temberg (4). 


Le terrain de Saint-Cassian en contient de nombreuses es- 
pèces (6). 


Le comte de Münster a décrit douze espèces de ce gisement célèbre , au- 
quel M. de Klipstein en ajoute seize. 

Quelques espèces décrites par ce dernier sous le nom de NaricecLA (6) sont 
aussi des natices, 

Les N. Sanciæ crucis, Wism. (7), etpleurotomoides, id., ont été trouvées dans 
les schistes d'Heiligkreutz, qui appartiennent probablement au même 
terrain. 


Les terrains jurassiques renferment tous des natices. 
Elles ne paraissent pas abondantes dans le lias. 


M. d'Orbigay ($) a décrit la N. pelops, du lias supérieur de France. 
La N. pulla, Roemer (?) non Goldfuss, du lias d'Allemagne, ressemble peu 
à une natice. 


Elles augmentent de nombre dans l’oolithe inférieure et la grande 
oolithe. 


(1) Voyage en Amér., Paléont., p. 43, pl. 3. 

(2) Zechsteingeb., p. 7, pl. 3. 

3) W. Kiug, Permian fossils (Palæont. Soc., 1828, p 212, pl. 16). 

(# Zieten, Petrif. Wurtemb., p. 43, pl. 32, fig. 7 et 8. 

(S) Münster, Beitr. zur Petref., t. IV, p. 99; Klipstein, Geol. der oestl. 
Alpen, p. 193. 

(6, Le genre des NATIcELLA, tel que l’admettent le comte de Münster et 
M. Klipstein, comprend des natices, des neritopsis, des turbo, etc. 

(?) Müuster, Beitr., t. AV, p. 21 

(8) Pal. franç., Terr. jur., t. 1, p. 188, pl. 288. 

(°) Oolith. geb., suppl., p. 46, pl. 20, fig. 15. 


112 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


M. Phillips a fait connaître (1) les N. tumidula et adducta de l'oolithe infé- 
rieure du Yorkshire. 

Il faut y ajouter trois espèces des mêmes gisements décrites (2) par M. Ly- 
cett (N. canaliculata, Lyc. non Sow. non Desh., Leckamptonensis, Lyc., et 
Gomondii, id. 

Les espèces de la grande oolithe d'Angleterre ont été décrites (3) par 
MM. Morris et Lycett sous les noms de Natica et d'Euspira. Ils comptent dix 
espèces de natica, dont cinq nouvelles, et cinq espèces d’euspira qui n'étaient 
pas connues. 

M. d'Orbigny (f) décrit quatre espèces de France, dont trois nouvelles, de 
J'oolithe inférieure, et huit espèces, dont six nouvelles de la grande oolithe. La 
N. bajocensis, d'Orbigny, de l'oolithe inférieure, est figurée dans l'Atlas, 
pl. LXI, fig. 2. 

M. d’Archiac avait déjà fait connaître (5) la N. Michelini, d'Arch., de la 
grande oolithe d'Esparcy. 

M. d’Orbigny réunit aux natices la Nerita lævigata, Sow. (6), de l’oolithe 
inférieure de Dundry. 


Les terrains kellowiens et oxfordiens en renferment quelques- 
unes. 


La N. cincta, Phillips (7), provient du terrain oxfordien de Malton. 

M. d'Orbigny a décrit ($) les N. zangis et Chauviniana du terrain kello- 
wien, et cinq espèces nouvelles du terrain oxfordien, auxquelles ilfaut ajouter 
trois espèces nouvelles décrites par M. Buvignier (?). 


Les natices sont nombreuses dans le terrain corallien. 


La N. grandis, Münster (10), est abondante en France, en Allemagne et en 
Suisse. 

M. d'Orbigny (11) a décrit dix espèces, dont huit nouvelles ; M. Buvignier en 
a ajouté trois. 

Le comte de Münster (12) en cite cinq espèces dans le terrain corallien de 
Kehlheim. 


(1) Geol. of Yorkshire, p. 129, pl. 11. 

(2) Ann. and mag. of nat. hist., 2° série, 1850, t. VI, p. 416. 

(5) Mol. from the great ool. (Palæont. Soc., 1850, p. 40 et 112, pl. 6 
et 15). 

(4) Pal. franç., Terr. jur., t. IL, p. 189, pl. 289 à 291, 

(5) Mém. Soc. géol., t. V, p. 377, pl. 30. 

(6) Min. conch., pl. 217. 

(T) Geol. of Yorkshire, p. 101, pl. 4, fig. 9. 

(8) Pal. franç., Terr. jur., t. IT, p. 198, pl. 291 et 292. 

(9) Statist. géol. de la Meuse, Paris, 1852, p. 31, pl. 23. 

(19) Goldfuss, Petref. Germ., p. 118, pl. 199, fig. 8. 

(1) Pal. franç., Terr. jur., t. 11, p. 203, pl. 293 à 296; Buvignier, loc. cit. 

(12) Beitr. zur Petref., t. T, p. 109. 


NATICIDES. 4113 


Il faut probablement rapporter à ce genre l'Helix jurensis, Münster, du 
corallien (?) de Streitberg, et quelques espèces attribuées par Rocmer aux 
ampullaires, aux nérites, etc. 


Elles se continuent dans les terrains jurassiques supérieurs. 


M. Roemer en a décrit (1) plusieurs du terrain kimméridgien d'Allemagne 
(N. globosa, macrostoma, turbiniformis, ete.). 

M. d'Orbigny (2?) a retrouvé une partie de ces espèces en France et en a ajouté 
quatre nouvelles du même terrain. Ilen décrit trois du terrain portlandien. 

M. Buvignier (3) a fait connaître trois espèces nouvelles du terrain port- 
landien de la Meuse. 


La N. elegans, Sow. ({), se trouve dans le terrain portlandien de France 
et d'Angleterre. 


Les natices des terrains crétacés ne sont pas moins abondantes 
que celles des terrains jurassiques. 
On les trouve dès l’époque néocomienne. 


M. Matheron (5) en a fait connaître quelques-unes du néocomien de la 
Provence (N. pseudo-ampullaria, Math., allaudiensis, id., Brugnieri, 1d., 
d’Allaix). 

M. d'Orbigny (f) en a décrit cinq du terrain néocomien inférieur, sans 
compter quatre espèces nouvelles indiquées dans le Prodrome, dont deux du 
néocomien inférieur et deux du supérieur. 

On trouve dans le terrain aptien (7) la Natica Cornueliana, d'Orb., la N. ro- 
tundata, Sow. (Ampullaria lœvigata, Desh., N. sublævigata, d’Orb.) et la 
N. Sueurii, Pictet et Renevier. 


Elles sont abondantes dans le gault. 


Les espèces ont été décrites (8) par M. Michelin (N. excavata, Atlas, 
pl. LXI, fig. 3) par M.Leymerie (N. Dupini), par M. Mantell (Amp. canali- 
culata ou N. gaultina, d'Orb.), par M. d’Orbigny (six espèces dont trois nou- 


(1) Norddeutsch. Oolithgeb., p. 156, pl. 10. 

(2) Pal. franç., Terr. jur., t. IL, p. 211, pl. 297 à 299. 

(3) Statist. géol. de la Meuse, p. 31, pl. 23 et 24. 

(4) Dans Fitton, Trans. geol. Soc., 1836, 2° série, t. IV, p. 261, pl. 23, fig. 3, 

(5) Catalogue, dans Rép.traw. Soc. statist. de Marseille, t, VI, p. 301, pl. 38. 

(6) Pal. franç., Terr. crét., p. 148, pl. 170 et 171. 

(7) D'Orbigny, loc. cit.; Pictet et Renevier, Pal. Suisse, Terr. aptien, 
ns 11-.pl. 3: 

&) Michelin, Mém. Soc. géol., 1836, t. II, pl. 12, fig. 4; Leymerie, id., 
t. V,pl. 16, fig. 7; Sowerby dans Fitton, Trans. ofthe geol. Soc.,t. IV, pl. 11, 
fig. 12; Mantell, Geol. of Sussex, pl. 19 ; d'Orbigny, Pal. franç., Terr. crét., 
t. I, p. 154, pl. 172 à 174; Pictet et Roux, Moll. des grès verts, pl, 17 ct 
18, p. 177. 


1 (2 8 


ail GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


velles), par MM. Pictet et Roux {N. Favrina, Atlas, pl. LXL, fig. 4, Rhodani, 
perspicua), etc. 


Les craies chloritées, les craies marneuses, etc. (terrains céno- 
manien et turenien) en contiennent beaucoup. 


On en trouvera la description (1) dans les ouvrages de Sowerby (Helix Gentii 
de Blackdown, Littorina pungens, id., Turbo conicus, N. lyrata, id., etc.), 
dans ceux de Geinitz, Reuss, Roemer, et surtout dans ceux de M. d'Orbigny 
(N.difficilis, cassisiana, varusensis, etc., du terrain cénomanien, N. Requie- 
miana, Martini, etc., du terrain {uronien). 


Les craies supérieures (terrain sénonien) ne sont pas moins 
riches en natices. 


M. d'Orbigny a décrit (2) les N. Royana et Matheroniana, de France. 

On doit à M. Sowerby (3) la connaissance des N. bulbiformis et angulata, 
de Gosau, auxquelles il faut ajouter la N. immersa, Münster, et trois espèces 
du même gisement décrites par M. Zekeli. 

Les espèces d'Allemagne ont été décrites (4) par MM. Geinitz, Roemer, 
Reuss, etc., et surtout par Goldfuss (quatre espèces de Maestricht et d’Aix- 
la-Chapelle) et par M. Jos. Müller (sept espèces d’Aix-la-Chapelle, dont la 
N. Klipsteinii nouvelle). 

La N. supracretacea, d'Orb., caractérise le terrain danien de Meudon (5), 

De nombreuses espèces des terrains crétacés supérieurs de l’Inde et de 
j'Amérique ont été décrites (6) par MM. Morton, d'Orbigny, Ed. Forbes, etc. 


Les terrains tertiaires sont riches en natices. Plusieurs espèces 
ont été rapportées au genre ampullaire, qui ne renferme 
que des mollusques d’eau douce. Le principal motif de ce rappro- 
chement est la direction de la bouche et le peu d'épaisseur du 
test de quelques-unes de ces coquilles. Maisces différences ne sont 
pas plus grandes que celles qui séparent les espèces vivantes de 


(1) Sowerby, Min. conch., pl. 31, 145, 433, etc., et dans Fitton, Trans. of 
the geol. Soc., 1836, t. IV ; Geinitz, Charachter., p.47 ; Roemer, Verst. Nord- 
deutsch. Kreideg., p. 83; Reuss, Boehm. Kreidef., 1, p. 49, Il, p. 413 ; d'Or- 
bigny, Pal. franç., Terr. crét., t. I, p. 161, pl. 172 à 175. 

(2) D'Orbigny, Pal. franç., Terr. crét., t. 11, p. 163, pl. 174 et 175. 

(3) Trans. of the geol. Soc., 2° série, 1831, t. III ; Zekeli, Gastér. Gosau, 
p. 46. 

(4) Geinitz, loc. cit.; Roemer, id.; Reuss, id.; Goldfuss, Petref. Germ., 
t. I, p. 119, pl. 199; Jos. Müller, Monog. Petref. Aachen. form., I, p. 43. 

(5) Bull. Soc. géol., 2° série, t. VII, p. 127. 

(6) Morton, Synopsis, p. 48; d'Orbigny, Voy. de l’Astrolabe, pl. 1; Ed, 
Forbes, Trans, of the geol. Soc., 2° série, 1846, t. VIT, 


NATICIDES. 445 


ce geure nombreux et varié. Les . melanostoma, eie., vivantes, 
ont le test aussi mince que les espèces que lon a hésité à 
rapporter aux natices, et quant à la bouche ou à l'ombilic, il 
n'y a rien dans les espèces fossiles qui empêche de les rapprocher 
des natices vivantes. Par les mêmes raisons, je crois inutile, 
ainsi que je l'ai dit plus haut, d'admettre le genre GLoguLus de 
M. J. Sowerby, destiné à renfermer ces espèces douteuses. 

Les espèces des terrains tertiaires inférieurs sont nombreuses. 


M. Deshayes en a décrit (1) vingt-trois espèces sous les noms de Natica et 
d'Ampullaria. Parmi elles la N. glaucinoides, Desh., caractérise les terrains 
tertiaires les plus inférieurs du département de l'Oise (suessonien A, d'Orb.). 

Les N. intermedia, Desh., et spirata, id. (suessoniensis, Desh.), appartient 
aux dépôts de Cuise-la-Motte, etc. (suessonien B). 

Le plus grand nombre des espèces décrites par M. Deshayes ont été trou- 
vées dans le calcaire grossier ou les dépôts contemporains. Plusieurs d'entre 
elles sont très abondantes et connues de tous les paléontologistes. On peut 
citer en particulier la N. cepacea, Lamk (Atlas, pl. LXI, fig. 5), la N. siga- 
retina, Desh. (Ampullaire, Desh., Lamk, Atlas, pl. LXI, fig. 6), la N. pa- 
tula, Desh., id., etc. 

Quelques-unes enfin caractérisent les dépôts éocènes supérieurs. Telles sont 
les N. hybrida, Desh., ponderosa, id., etc. 

Outre ces natices décrites dans l’ouvrage de M. Deshayes, il y en a un 
grand nombre d’autres. 

Ainsi dans les terrains nummulitiques, plusieurs espèces ont été décri- 
tes (2) par MM. Al. Brongniart (Ampullaria vulcani, perusta, cochlearia, 
obesa, de Ronca dans le Vicentin), Leymerie (N. longispira, brevispira, acu- 
tella, etc., de la montagne Noire), Alex. Rouault (N. Baylei, de Pau), Bel-. 
lardi (NW. bicarinata, de Nice), ete. Les divers dépôts nummulitiques contien- 
neut, en outre, beaucoup d'espèces du bassin de Paris, 

Les tertiaires inférieurs de Cuise-la-Motte renferment quelques espèces 
encore inédites ou incomplétement décrites (3), 

Parmi les espèces de l’argile de Londres (4), la N. glaucinoides, Sow., n’a 
aucun rapport avec l'espèce du même nom de Deshayes. On peut encore ajou- 
ter les N. Hantoniensis, Sow. (N. striala, Sow., 373), similis, Sow., 5, et les 


(1) Cog. foss. Par., t. Il, p. 135 et 162. 

(2) AI. Brongniart, Vicentin, pl. 2; Leymerie, Mém. Soc. géol., 2° série, 
1846, t: I, p. 363, pl. 15; Al. Rouault, 44, 1850, t. II, pl. 15; 
Bellardi, id., t. IV, pl. 12, etc. Voyez surtout d’Archiac, His. des progrès 
de la géol., t, II, p. 280. 

(8) D'Orbigny, Prodrome, t. 11, p. 312. 

(4) Sowerby, Min. conch. et Trans. Lin. Soc., 1804, t. VII, pl. 2; d'Or- 
bigny, Prodrome, t. 11, p. 345. 


A16 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


espèces rapportées au genre GLoBuLus, savoir : les N. acuta, Sow., 284, et am- 
bulacrum, id. 


On connait plus de soixante espèces de natices des terrains 
miocènes et pliocènes. 


La N. crassatina, Deéshayes (!), appartient au terrain miocène inférieur 
du bassin de Paris. 

M. Grateloup en a décrit (2) beaucoup, savoir: douze des faluns bleus 
{miocène inférieur) ou du calcaire inférieur, et treize des faluns jaunes (mio- 
cène supérieur). 

On en trouvera d’autres dans les ouvrages de Nyst (3) (N. Sowerbyi, Nyst, 
crassa, id.), Dujardin (N. varia, de Tours), Michelotti {N, scalaris, Bellardi 
et Mich., N. redempta, Mich. etc., du terrain miocène du Piémont), Smith 
(N. perpusilla, des bords du Tage), Philippi (N. dilatata, de Cassel, etc. 

Le crag d'Angleterre a fourni à M. Wood (#) dix espèces, dont trois encore 
vivantes, trouvées dansle crag supérieur, et sept éteintes dont les N. proxima, 
Wood et cirriformis, Sow., sont du crag corallien et les autres du crag supé- 
rieur, sauf la N. varians, Duj., qui se trouve dars les deux. 

La N. crassa, Nyst (patula, Sow.), a été trouvée dans le crag d'Angleterre, 
d'Anvers, du Bosc d’Aubigny, etc. (5). 

Plusieurs espèces analogues aux vivantes ont été trouvées dans les terrains 
pliocènes d'Italie (5) (N. glaucina, Lin., millepunctata, Lamk, helicina, Broc- 
chi, Valenciennensi, Payr., olla, M. de Serres, etc.), outre quelques espèces 
perdues(N. plicatula, Bronn, umbilicosa, Bonelli), etc. La N. millepunctata 
est figurée dans l'Atlas, pl. LXI, fig. 7. 

Les terrains récents du midi de la France et d'Italie sont dans le même cas. 

Il faut ajouter plusieurs espèces des terrains tertiaires étrangers (7). 


(1) Cog. foss. Par., t. Il, p, 171, pl. 20, fig. 4 et 2. 

(2) Conch. foss. Adour, 1. Voyez les rectifications de M. d'Orbigny, Pro- 
drome, t. JE, p. 6. 

(8) Nyst, Cog. et pol. foss. Belg., p. 438, pl. 37; Dujardin, Mém. Soc. 
géol., 1837, t. Il, pl. 19; Michelotti, Descr. foss. mioc. Piém., p. 155, pl. 6; 
Philippi, Zert. Verst. Norddeutsch., p. 20, pl. 3, fig. 20; Smith, Quart. 
journ. geol. Soc., t. IL, p. 420. 

(4) Mollusca from the crag (Palæont. Soc., 1848). 

(5) Voyez sur cette espèce. Hébert, Bull. Soc. géol., 2° série, t. VI, 
p. 560. 

(6) Brocchi, Conch. subap., p. 297, etc. ; E. Sismonda, Synopsis, p. 50; 
d'Orbigny, Prodrome, p. 168. 

(T; Lea, Descr. new. foss. tert., pl. 36 et 37 ; Conrad, Journ. Acad. Phil., 
t. V1; d'Orbigny, Voyage, Paléontologie ; Moore, Quart. journ. geol. Soc., 


t. VI, p. 51; Sowerby dans Darwin, et Trans. of the geol. Soc., t. V, 
pl. 26, etc. 


NATICIDÉS. 117 


Les NaricA, d'Orbigny, — Atlas, pl. LX, fig. 25, 


ont une coquille striée, à ombilic simple et sans encroûtement, 
à bouche semi-lunaire, non modifiée par le retour de la spire, et 
dont le bord columellaire, dépourvu de callosités, est toujours coupé 
carrément. L'animal diffère de celui des natices, parce que son 
pied n'est pas relevé sur les côtés; ce caractère justifie leur 
séparation générique, qui ressort moins clairement de la compa- 
raison des coquilles. Les stries du test peuvent bien avoir, comme 
caractère, une certaine constance ; mais il est difficile de leur 
attribuer une grande importance, et la forme du bord columel- 
laire n’est pas toujours un motif incontestable de séparation, car 
il y à parmi les natices tertiaires quelques espèces presque com- 
plétement dépourvues de eallosité. 

Je ne veux point, par là, nier la convenance du genre des 
Nanica (!), mais j'ai quelques doutes sur la réunion aux espèces 
vivantes des espèces crétacées ci-dessous indiquées. 

Les narica vivent aujourd'hui dans les mers chaudes, sur les 
bancs de coraux. On n’en a jusqu'à présent trouvé de fossiles que 
dans l’époque crétacée (?). 


M. d'Orbigny a fait connaître une espèce des craies chloritées, la N. cre- 
tacea, d'Orb., pl, 175. 

Il faut y ajouter les Natica carinata et granosa, Sow., de Blackdown, et Ja 
Narica genevensis, Pictet et Roux, du gault des environs de Genève. (Atlas, 
pl. LX, fig. 25.) 


Les SicarETs (Sigaretus, Adanson , Cryptostoma , Blainv.), — 
Atlas, pl. LX, fig. 26 et 27, 


ont été considérés par quelques auteurs comme appartenant à une 
famille toute différente de celle-ci, parce qu'ils ont quelquefois 
une bouche si grande, qu'ils se rapprochent des coquilles patel- 


(t) Ce genre paraît être imparfaitement distingué de celui des Fossanus, 
Philippi ou Fossar (Phasianema, Wood) et de celui des MARaAvIGNIA, Aradas. 
Toutefois laseule espèce fossile qui ait été attribuée aux Fossarus, le F. sulcatus, 
Wood, Moll. from the crag (Palæont. Soc., 1848, p. 121, pl. 8), n’a pas la 
bouche demi-circulaire des narica, et appartient à un autre type. 

(2) D'Orbigny, Pal. franç., Terr. crét., t. I, p. 170, pl. 175 ; Sowerby 
dans Fitton, Trans. of the geol. Soc., 1836, t. IV, p. 241, pl. 18, fig. 7et8; 
Pictet et Roux, Moll. des grès verts, p. 188, pl. 18, fig. 5. 


415 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES, 


loïdes. Mais l'étude de l'animal montre qu’ils ont les plus grands 
rapports avec les natices; ils en diffèrent, parce qu'ils sont 
plus volumineux et ne peuvent pas rentrer dans la coquille, que 
leur opercule est rudimentaire, et que leur coquille est moins 
épaisse, plus déprimée, striée, auriculiforme, à bouche plus 
grande et non ombiliquée. Ces caractères suffisent pour empêcher 
d'admettre la réunion proposée des natices et des sigarets. 

Ils ont été cités dans les terrains dévoniens et les terrains de 
Saint-Cassian ; mais les espèces décrites sous ce nom ont plutôt 
les caractères des STOMATIA. 


Ces mollusques paraissent n'avoir pas vécu avant l’époque ter- 
tiaire, et s'être continués depuis les étages les plus ancrens Jus- 
qu'aux mers actuelles. Les espèces ont été souvent confondues à 
tort avec les vivantes, et en particulier avec les S. 4aliotoideus 


et concavus, Lamk. Un examen plus approfondi à démontré leur 
différence. 


Le plus ancien est le Sigaretus Levesquei, Recluz (1), des terrains tertiaires 
anciens de Cuise-la-Motte. 

On trouve dans les terrains tertiaires des environs de Paris (2) le S. cla- 
thratus, Recluz (Atlas, pl. LX, fig. 26), le S. canaliculatus, Sow., le S.lœvi- 
gatus, Desh., et le S. pellucidus, Desh. (). 

M. Grateloup (4) a décrit sous le nom de $. lœvigatus une espèce des fa- 
luns bleus de Dax, qui n’est pas le lœvigatus, Desh. C’est le S. sublævigatus, 
d’Orb. 


Le S. depressus, Grateloup, provient des faluns jaunes de Dax et de Bor- 
deaux. 


(!) Recluz, Monogr. des Sigarets, dans les Monographies de Chenu. Nous le 
citons sur l'autorité de M. d'Orbigny; il est bien figuré et indiqué dans le 
tableau de Recluz, mais sa description manque. 

(2) Recluz, id.; Deshayes, Coq. foss. Par. t. I, p. 183, pl. 23; Sowerby, 
Min. conch., pl. 584. 

(8) Le Sigaretus pellucidus, Desh., à cause de sa coquille mince et fragile, 
est rapporté par M. Recluz(loc. cit., p. 3) au genre CoriocELLA, Blainv., 1824, 
qui est le même que celui des MarsenIA, Leach, 1820 (Cryptothyra, Menke, Cheli- 
notus, Swainson). À l’état vivant, ce genre a une coquille cartilagineuse, mince 
et fragile, et les formes des sigarets. La Cor. perspiscua (Helix perspicua, Lin.) 
est placée par M. Philippi, Enwm. moll. Sic., 1, p. 142, dans le même 
genre. Elle est vivante sur les côtes de Sicile et fossile dans les terrains qua- 
ternaires du même pays. La Marsenia tentaculata, Montagu, vivante sur les 
côtes d'Angleterre et fossile dans le crag corallien de Sutton (Wood, Mol. 
from the crag, p. 150, pl. 15), appartient au même type. 

(4) Conch. foss. Adour, I, suppl. 


NATICIDES. 119 


Les S. sulvatus, Recluz, id., turonicus, id., et Gratelupianus, id., viennent 
des faluns de Touraine et de Bordeaux. Le S. turonicus est figuré dans l'Atlas, 
pl. LX, fig. 27. 

Le S. globosus, Recluz, id., est d’une localité de France inconnue. 

Le S. elegans (Cryptostoma elegans, Phil. (!), Sigaretus subelegans, d'Orb. ) 
a été trouvé en Allemagne. 

Le S. afjinis, Eichwald ($. haliotoideus, Dubois), proyient des terrains 
miocènes d’ Allemagne, 

Le S. striatus, M. de Serres (2), se trouve dus les terrains tertiaires du 
Languedoc. 

Le S. Deshayesanus, Recluz, a été trouvé dans les terrains subapennins 
de Morée, et le S. italicus, Recluz, dans les gisements analogues du Piémont. 
Je doute qu’ils aient été comparés avec le S. halioloideus, Sism. (S. sub - 
haliotoideus, d’Orb.). 

Le S. excavatus, Wood (3), a été trouvé dans le crag corallien de Sutton. 

On cite (#) dans les terrains tertiaires éocènes des États-Unis, les S. bilix, 
Conrad, arcuatus, id., et declivis, id., et dans les tertiaires miocènes de Vir- 
ginie les S. apertus, Lea, et fragilis, Conrad. 


Les Desnayesra, Raulin (Naticella, Grateloup), — Atlas, pl. LX, 
fig. 28, 


ont les formes et les caractères des natices avec des dents sur le 
bord columellaire, comme les nérites. 

On ne connaît que deux espèces de ce genre, qui ne vit plus au- 
jourd'hui. Elles appartiennent toutes les deux à l'époque tertiaire 
miocène. 


M. Raulin a décrit (5) la D. parisiensis, qui appartient au terrain miocène 
inférieur des environs d'Etampes. 

M. Grateloup a fait connaître ($) la D. neritoides (Naticella neriloides, Grat.), 
des faluns bleus (miocène inférieur) de Dax, etc. (Atlas, pl. EX, fig. 28.) 


Les VÉLUTINES (Velutina, Gray, Galericulum, Brown), — Ailas, 
pl. LXI, fig. 8 


ont les formes des sigarets, mais elles sont plus comprimées ; leur 
coquille est entourée d'un épiderme épais, et elles manquent 


(1) Lert. Verst. Norddeutsch., p. 20, pl. 3 

(2) Géogn. terr. tert., p. 127. 

(3) Mollusca from the crag (Palæont. Soc., 1848, p. 150). 

(#) Conrad, Journ. Acad. Phil.; Lea, Descr. new. foss, tert. 

(5) Raulin, Mag. de zoologie da Guérin, 1844, pl. 3. 

(6) Grateluup, Conch. foss. Adour, I, et Bull. Soc. Bord., L. 1, p. 8. 


120 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


d'opercule. Elles paraissent faire une transition entre les sigarets 
et les cabochons. 

On n’en connaît qu'un petit nombre d'espèces fossiles des ter- 
rains récents. Les vivantes sont marines. 


M. Wood (1) a trouvé dans le crag corallien la V. virgata, Wood, espèce 
perdue (Atlas, pl. LXI, fig. 8), et dans le crag supérieur, les V. lœvigata, Lin., 
etundata, Smith, encore vivantes sur les côtes de la Grande-Bretagne. 


7° Famize. — NÉRITIDES. 


Les néritides ont une coquille épaisse, globuleuse ou déprimée, 
à spire très courte, quelquefois cachée. La bouche est semi-lunaire, 
très épaisse; ses bords sont encroûtés et souvent prolongés sur 
la columelle, et pourvus de dents. L’opercule est pierreux. 

Cette famille est très voisine de la précédente. Leur séparation 
est surtout motivée par les formes de l'animal, qui, dans les néri- 
tides, est plus petit, n’a pas ce grand pied dilaté qui recouvre une 
partie du test, et a la tête découverte. Les coquilles ont beaucoup 
d'analogie. 

Ces mollusques vivent aujourd'hui dans les eaux douces et sa- 
lées. On en à trouvé des fossiles dans un grand nombre de ter- 
rains ; ils paraissent cependant manquer tout à fait à l'époque 
primaire. Les trois genres que nous connaissons à l’état fossile 
ont tous des représentants dans chacune des époques suivantes. 


Les NÉkires (Werita, Lin.), — Atlas, pl. LXI, fig. 9 à 416, 


sont caractérisées par une coquille semi-globuleuse, déprimée 
en dessous, non ombiliquée, à bouche semi-circulaire, à bord 
columellaire aplati et pourvu ou non de dents ou de crénelures. 
L’opercule est pierreux, muni d’une apophyse latérale. 

On voit, par cette caractéristique, que nous leur réunissons les 
NÉRITINES (Weritina, Lin.). Les animaux sont entièrement sem- 
blables, et les coquilles ne diffèrent que par la columelle, qui est 
lisse et dépourvue de dents chez les néritines, et dentée chez les 
vraies nérites. On remarque même quelquefois chez les premières 
une légère denticulation, qui prouve le peu d'importance de ce 
caractère. 


(!) Moll. from the crag (Palæont. Soc., 1848, p. 151, pl. 19). 


NÉRITIDES, 121 


Il faut aussi leur réunir les PecoronrTA, Oken, genre formé pour 
la N. peloronta, Lin, etles Neribomus, Morris êt Lycett, dont le 
bord columellaire est convexe. 

Lorsqu'on a séparé les nérites des néritines, on croyait ces der- 
nières exclusivement fluviatiles; mais on a reconnu depuis que 
plusieurs d’entre elles vivent dans les eaux saumätres, et même 
dans la mer. Cette circonstance est un motif de plus de réduire à 
sa juste valeur cette distinction tout artificielle. 

On trouve surtout les nérites dans les régions chaudes. Les 
marines vivent au niveau des basses marées et se fixent aux ro- 
chers. On les trouve fossiles depuis le lias, dans la plupart des 
terrains ; elles se continuent peu nombreuses jusqu à l’époque 
moderne, où elles paraissent à leur maximum de développe- 
ment. 


Quelques espèces ont cependant été citées dans les terrains plus anciens 
que le lias; mais elles ont dù être transportées dans les genres CapuLus 
(Nerita haliotis, Sow., du silurien), TurBo (N. venusta, Münster, semistriata, 
id., du dévonien), et Narica (N. spirata, Sow., ete., du terrain carbonifère ; 
N. alpina, Klipst., de Saint-Cassian, ete.). 


On n’en connaît même qu'une seule espèce dans le lias. 


C'est (1) la N. liasina, d'Orb. (Neritina liasina, Dunker), du lias d'Halber- 
stadt, dans lequel nous ayons déjà signalé des mollusques d’eau douce mêlés 
avec des mollusques marins, 


Les espèces se continuent dans la grande oolithe et loolithe 
inférieure. 


M. Lycett (2) cite dans l’oolithe inférieure du Gloucestershire les N. cassidi- 
formis et lineata, qui sont nouvelles. 

La N. costata, Phill. (3) non Gmelin (N. subcostata, d'Orb.), a été trouvée 
dans l’oolithe inférieure du Somersetshire et la grande oolithe du York- 
shire. 

La N. Gea, d'Orb. (4), caractérise la grande oolithe du Pas-de-Calais. 

Les N. minuta, Sow. (Atlas, pl. LXI, fig. 9) (Cooksoni, Desh.), et costulata, 
Desh. (costata, Sow.), se trouvent dans la grande oolithe de France et d’An- 
gleterre (5). 


() Dunker, Palæontographica, 1, p. 110, pl. 13, fig. 13 à 16. 

(2) Ann. and mag. of nat. hist., 2° série, t. VE, p. 416. 

(3) Geol. of Yorkshire, p. 129, pl. 11, fig. 32. 

(*) Pal. franç., Terr. jur., til, p. 232, pl. 302. 

(5) Sowerby, Min. conch., pl. 463 ; Deshayes dans Lamarck, Histoire na- 


199 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


Il faut ajouter (!) les N. cancellata, Morris et Lycett, rugosa, id., etc., de 
la grande oolithe de Minchinhampton. 


Elles ne sont pas abondantes dans les terrains oxfordiens. 


M. Buvignier a décrit (2) deux espèces, N. ovula (Atlas, pl. LXI, fig. 40) et 
bisinuata, de Neuvizi (Ardennes). La seconde doit être transportéedansle genre 
NERITOMA. 


Elles augmentent de nombre dans les terrains coralliens. 


M. Buvignier (3) en a également fait connaître sept espèces : la N. palæo- 
chroma , Buv., de Verdun; la N. sigaretina, id., de Saint-Mihiel; la 
N. nais, id.; la N. warrensis, id., etc. 

M. Roemer a fait connaître (4), outre la N. pulla, de Hoheggelsen, la 
N. ovata, de Lindner Berge. 

La N. costellata, Münster (5), est une jolie espèce de Nattheim. 

Il faut ajouter les N. corallina et Mosæ, de Saint-Mihiel, ete., décrites (f) 
par M. d'Orbigny. 


Les terrains jurassiques supérieurs en renferment peu. 


La N. jurensis, Münster (7), me paraît être une Stomatia. 

Sowerby a décrit (8) la N. sinuosa , Sow., du portlandien d'Angleterre. 
La N. angulata, Swindon, Sow., est une Neritoma. 

La Neritina Fittonii, Sow. (?), a été trouvée dans le terrain wealdien d’An 
gleterre. 

La N. pulchella, Buvignier (10), provient du calcaire à astartés. 


Les nérites ne paraissent pas avoir été nombreuses pendant 
l'époque crétacée. 


On n’en cite qu’une seule des terrains néocomiens. 


turelle des animaux sans vertèbres, 2° édition, t. VII, p. 617 ; Deslong- 
champs, Mém. Soc. linn. Norm., t. Vil, p. 133, pl. 10. 

(*) Morris et Lycett, Moll. from the great ool. (Palæont. Soc., p. 56, pl. 41). 

(2) Mém. Soc. phil. Verdun, t. 1, p. 17, pl. 5; d'Orb. Pal. franç., T'err. 
jur SEUIL p.233, pl. .302. | 

@) Buvignier, loc. cit.,et Statistique géol. de la Meuse, p. 30; d'Orbigny, id. 
p. 235, pl. 302 et 303. 

(*) Norddeutsch Oolithgeb., p. 155, pl. 10. 

(5) Goldfuss, Petref. Germ., t. WI, p. 115, pl. 198, fig. 21. 

(6) Pal. françc., Terr. jur., t. M, p. 237; pl: 303. 

(?) Roemer, Loc. cit. 

(8) Min. conch., pl. 217. 

(*) Dans Fitton, Trans. geol. Soc., &. IV, p. 178, pl. 22. 

(10) Statist. géol. de la Meuse, p. 30. 


NÉRITIDES. 193 


C'est la Nerita mammeæformis, d'Orbigny (1) (Trochus mammæformis, Re- 
naux), d'Orgon. 


Les autres appartiennent aux terrains crétacés supérieurs. 


M. d'Orbigny (2) rapporte à ce genre la Natica nodosocosta, Reuss, et la 
Nerita plebeia, id., de l'hippuritenkalk, de Bohême, et indique deux espèces 
nouvelles, les N. ornatissima, et Beourgeoisiana, du terrain turonien de 
France. 

La Nerita Goldfussi, Keferstein (3), provient des terrains crétacés supérieurs 
des environs de Vienne. 

La N. Betzi, Nilson, a été trouvée à Maestricht. 

Je ne puis pas admettre l'opinion de M. d'Orbigny, qui transporte dans ce 
genre le Pileopsis arcuata, Münster (4), d’Appenzell, Je crois que c’est une 
valve de caprotine ou de diceras. 

On peut ajouter quelques espèces (5) des terrains crétacés supérieurs de 
Pondichéry. 


Les nérites ont pris un plus grand développement pendant 
l'époque tertiaire. 
On en trouve dès les dépôts les plus inférieurs. 


M. Melleville a décrit (6) les Nerilina ornata et vicina, Mell., des sables 
tertiaires inférieurs de Chalons-sur-Vesle. 

M. Matheron a fait connaître (7) la Neritina Brongniartiana des lignites 
de Provence. 

M. Brongniart (#) a décrit quelques nérites des terrains nummulitiques 
du Vicentin (N. Acherontis , N. Caronis). La N. Schemidelliana, citée ci- 
dessous, s’y retrouve aussi. 

Les espèces du bassin de Paris ont été surtout décrites par Férussac, par 
Lamarck et par M. Deshayes (?). 

Les terrains inférieurs de Cuise-la-Motte, etc. (suessonien), renferment les 


(1) D'Orbigny, Prodrome, t. Il, p, 104. 

(2) D'Orbigng, id., p. 192 ; Reuss, Boehm. Kreidef., 11, p. 112, pl. 44. 

(3) Goldfuss, Petref. Germ., t. I, p. 415, pl. 198, fig. 20. 

(#) Goldfuss, Petref. Germ., t. II, p. 12, pl. 168, fig. 13. 

(5) D'Orbigny, Astrolabe, pl. 4; Forbes, Trans. geol. Soc., t. VII, p. 121. 

(6) Mém. sabl. tert. (Ann. sc. géol., 1843, p. 50, pl. 6). 

(7) Catal. corps org., dans Traw. Soc. statist, Marseille, t. VE, p. 298, pl. 38, 
fig. 4 et 5. 

(8) Mém. terr. Vicentin, p. 60, pl. 2. 

(®) Férussac, Hist. nat. des moll. ; Lamarck, Ann. du Mus., t. V; De- 
france, Dict. sc. nat., t, XXXIV; Deshayes, Cog. foss. Par, t. WE, p. 147, 
pl. 18, 19, 25. 


124 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES, 


N. consobrina, Fér. (Atlas, pl. LXI, fig. 12), globulus, Defr., nucleus, Desh., 
pisiformis, id., zonaria, id., etc. 

L'espèce la plus remarquable de cette époque est la N. Schemidelliana, 
Chemnitz (N. perversa, Gmelin, conoidea, Lamk, grandis, Sow.), dont la 
face buccale est plate et séparée par une arête tranchante d’une spire co- 
nique à tours presque confondus (Atlas, pl. LXI, fig. 11). C’est le type du 
genre VeLaTEs, Montfort. 

Le calcaire grossier a fourni les Nerita mammaria, Lamk, granulosa, Desb. 
(Atlas, pl. LXI, fig. 13), tricarinata, Lamk (id., fig. 14), et les Neritina lineo- 
lata, Desh., elegans, id., etc. 

Les terrains éocènes supérieurs de Valmondois renferment les N. angis- 
toma, Desh., outre la N. granulosa, ci-dessus indiquée. 

Parmi les espèces d'Angleterre, on peut citer (1) la Nerita globosa, Sow., 
de l’argile de Londres, la N. aperta, Sow., des formations éocènes supérieures 
de l’île de Wight, et la Neritina concava, id., du même gisement. 


Les terrains miocènes sont extrêmement riches en nérites. 


La Neritina Duchastelii, Desh. (2), provient des grès miocènes du bassin 
de Paris. 

La Neritina aquensis, Matheron (3), caractérise les gypses d'Aix. 

M. Nyst (4) a décrit sous le nom de N. concava une espèce qui paraît assi- 
miléé à tort à la concava, Sow. C’est la subconcava, d'Orb. 

Les espèces des terrains miocènes supérieurs ont été décrites (5) par 
MM. Basterot et Grateloup (dix-sept espèces, dont plusieurs nouvelles et quel- 
ques-unes assimilées à tort à des vivantes), Dujardin (N. asperata, funata, ete. , 
des faluns de la Touraine), Matheron (plusieurs espèces de la mollasse co- 
quillière du midi de la France), Bellardi et Michelotti (cinq espèces de nérites 
dont les N. gigantea, Hisingeri et Morellii, nouvelles), Dunker (une espèce 
de la mollasse de Gunsburg, associée, ce me semble, à tort, à la N. fluviatilis), 
Thomæ (Neritina gregaria, Atlas, pl. LXI, fig. 15, et Nerita Rhenana, id., 
fig. 16, du terrain miocène de Wiesbaden), etc. 


Les NeriromMA, Morris (5), — Atlas, pl. LXI, fig. 17, 


différent des nérites par une faible carène ou une dépression qui 


(1) Sowerby, Min. conch., pl. 424 et 385. 

(2) Cog. foss. Par., t. IE, p. 454, pl. 17. 

(3) Cat. corps org., dans Trav. Soc. statist, Marseille, p. 298, pl. 38. 

(*) Cog. et pol. foss. Belg., p. 436, pl. 37. 

(5) Basterot, Cog. foss. Bord.; Grateloup, Conch. foss. Adour ; Dujardin, 
Mém. Soc. géol., t. II, p. 280; Matheron, Catalogue, etc., p. 299; Bellardi 
et Michelotti, Saggio orittog., p. 73; Michelotti, Descr. foss. Ital. sept., 
p. 153, etc.; Dunker, Palæontographica, t. 1, p. 160 ; Thomæ, Foss, conch., 
Wiesb., p. 160, pl. 3. 

(6) Quart. journ. geol. Soc., 1849, t. V, p. 334. 


NÉRITIDES. 495 


suit le milieu du dernier tour, et qui se termine par une échan- 
crure en arrivant sur le bord du labre. Ce dernier a aussi une pe- 
tite sinuosité antérieure et un canal postérieur. Le bord columel- 
laire est dépourvu de dents. 

M. Buvignier avait déjà pressenti la convenance de former un 
genre particulier de la N. bisinuata, et M. d'Orbigny en avait 
contesté la valeur, en se fondant sur la petitesse du sinus et sur 
son absence dans le jeune âge. Le fait, que cette organisation se 
retrouve dans une autre espèce, me semble lui donner une cer- 
taine importance. 


M. Morris comprend dans ce genre deux espèces du terrain jurassique (1). 
Ce sont la Nerita bisinuata, Buvignier , du terrain oxfordien des Ardennes, 
et la Nerila angulata, Sow., du terrain portlandien d'Angleterre, Cette der- 
nière est figurée dans l'Atlas. 


Les Neriropsis, Sow., — Atlas, pl. LXI, fig. 18 et 19, 


ont une coquille analogue à celle des nérites, mais elles en diffè- 
rent par leur bord columellaire, qui est échancré et non aplati ;#l ne 
porte pas de dents (pl. IV, fig. 9). Les espèces actuelles, peu nom- 
breuses, vivent dans la mer. 

On peut probablement rapporter à ce genre un certain nombre 
d'espèces fossiles répandues dans la plupart des terrains, depuis 
le commencement de l'époque secondaire, sans être abondante 
dans aucun. 

Les espèces les plus anciennes appartiennent à l'époque tria- 
sique. 


La Nerita cancellata, Zieten (2), du muschelkalk , appartient en effet pro- 
bablement à ce genre. 

Quelques espèces de Saint-Cassian semblent intermédiaires par leurs for- 
mes entre les natices et les néritopsis, Le comte de Münster et M. Klipstein 
les ont en général décrites sous le nom de NArTICELLA (3). Il me paraît dif- 
ficile de les répartir entre ces deux genres par la seule vue des figures, 


(t) Morris, id.; Buvignier, Mém. Soc. phil. Verdun, t. IE, p.18; Géol. des 
Ardennes, p.534; d'Orbigny, Pal. franç., Terr. jur.,t. I, p. 233; Sowerby, 
Trans. of the geol. Soc., 1836, t. IV, p. 22, fig. 2. 

(2) Pétrif. Wurtemb., p. 44, pl. 32, fig. 9. 

(3) Münster, Beitr. zur Petref., t. IV, p. 100, pl, 10 : Klipstein, Geol. 
der oestl. Alpen, p. 197, pl. 43 et 44. 


196 GASTÉROPOBES PECTINIBRANCHES. 


M. d'Orbigny n’admet parmielles qu'une néritopsis, la Naticella pyrulæformis, 
Klipst. Je serais disposé à en ajouter plusieurs autres, telles que les Naticella 
cincta, Klipst., costata, Münster, etc. 


On en connaît quelques espèces des terrains jurassiques. 


M. d’Orbigny a décrit (1) la N. Hebertana, d'Orb., du lias moyen du Cal- 
vados. 

La N. Philoa, id., du lias supérieur de Sémur. (Atlas, pl. LXI, fig. 18.) 

La N. bajocensis, d'Orb., de l’oolithe inférieure du Calvados. 

La N. tricostata, d'Orb., et la N. Baugeriana, id., de l’oolithe inférieure 
de Niort. 

La N. inœqualicostata, d’Orb., du terrain kellowien de la Sarthe. 

La N. Moreausiana, d'Orb., et la N. decussata, id. (Natica decussata, 
Münster), de l’étage corallien de Saint-Mihiel. 

La N. Cottaldina, d'Orb., du terrain corallien de l’Yonne, 

La N. delphinula, d'Orb., du terrain kimméridgien de Saint-Jean-d’Angely. 

M. Buvignier (2) a décrit la N. corallensis, du corallien de Saint-Mihiel, 
et la N. Beaumontiana, des argiles de Kimmeridge. 

Il faut ajouter quelques espèces de la grande oolithe d'Angleterre (à) 
(N. striata, Morris et Lycett, N. sulcosa, id. (Nerita sulcosa, d’Archiac?), 
N. varicosa, Morris et Lycett). 

Le nom de sulcosa doit rester à une autre espèce du corallien, décrite 
par Zieten (4). 


Elles se continuent pendant l'époque crétacée, en restant rares 
dans chaque terrain. 


C’est encore à M. d’Orbigny (5) que l’on doit la connaissance de la plupart 
des espèces. Il cite : 

Les N. Robineausiana et Mariæ, d'Orb., dans le terrain néocomien inférieur 
de Saint-Sauveur et de Fontenoy. 

Deux espèces inédites dans le terrain néocomien supérieur d’'Escragnolles. 

La N. varusensis, d'Orb., inédite, du gault de Clar. 

Les N. ornata et puichella, d'Orb., du terrain cénomanien, la première 
de Rouen, la seconde du Mans. 

La N. Renauxiana, d'Orb., d'Uchaux. 

La N. lœvigata, d'Orb., de la craie supérieure de Royan. 

Il faut ajouter la Nerita costulata, Roemer (£), du plaener d'Allemagne. 


(!) Pal. franç., Terr. jur., t. 11, p. 221, pl. 300 et 301. 

(2) Statist. géol. de la Meuse, p. 31. 

(3) Morris et Lycett, Moll. from the great ool. (Palæont. Soc., 1850, p. 59 
et 106, pl. 11 et 13). 

(4) Pétrif. Wurtemb., p. 44, pl. 32, fig. 10. 

(5) Pal. franç., Terr. crét., t. I, p.174, pl. 176et 177 bis; Prodrome, 
t. Il, p. 69, 104, 129, 150, etc. 

(6) Norddeutsch. Kreideg., p. 82, pl 12. 


NÉRITIDES. 127 


On n’a jusqu'à présent indiqué qu'une seule néritopsis dans les 
terrains tertiaires. Peut-être faudra-t-il y ajouter quelques-unes 
de celles qui ont été décrites sous le nom de néritines. 


Cette espèce est la Neritopsis moniliformis, Grateloup (1), des faluns jaunes 
de Dax. (Atlas, pl, LXI, fig. 19.) 


Les Pizeocus, Sow., — Atlas, pl. LXE, fig. 20 à 22, 


sont encore des coquilles très voisines des nérites. Leur spire n'est 
pas apparente. Elles forment un bouclier où cône déprimé, forte- 
ment élargi sur les bords, et souvent anguleux. La bouche est 
semi-lunaire et occupe la moitié de la partie inférieure ; les bords 
en sont larges et forment des lames très étendues ; le bord colu- 
mellaire épaissi couvre l’autre moitié inférieure de la coquille. 

Les pileolus, qui n'existent plus de nos jours, se lient avec les 
nérites par la Verita conoidea, qui à, en partie, les mêmes formes, 
et unissent d'une manière remarquable ce genre avec celui des 
NaviceLLes (Navicella, Lamk, Septaria, Férussac, Cimber, Montf.), 
qui n'a pas de représentant fossile. 

On trouve les pileolus dans les terrains jurassiques, crétacés et 
tertiaires (?). Ils sont peu nombreux. 


On cite dans la grande oolithe d'Angleterre (3) les Pileolus lœvis, Sow. (Atlas, 
pl. LX[, fig. 20), et plicatus, id. La première de ces espèces a aussi été trou- 
yée en France par M. Eudes Deslongchamps. 

Les P. costatus, d'Orb., radiatus, id. (Atlas, pl. LXI, fig. 24), et 
Moreanus, id. (), proviennent du terrain corallien de Saint-Mihiel, ainsi que 
cinq espèces nouvelles décrites par M. Buvignier (5). 

Le P. cretaceus, d'Orb. (6), provient du terrain cénomanien de la Sarthe. 

Le P. neritoides, Desh. (7), a été trouvé dans le calcaire grossier de Parnes, 
Mouchy, etc. (Atlas, pl. LXI, fig. 22.) 


(1) Conch. foss. de l’ Adour, 1. 

(2) Je ne crois pas devoir remonter plus haut, malgré le Pileolus dexter, 
Richter, Pal. de la Thuringe, p. 37, du terrain dévonien, car le moule qui 
est figuré paraît bien incertain. 

(à) Sowerby, Min. conch., pl. 342 ; Deslongchamps, Mém. Soc. linn. Norm., 
t. VII, pl. 10 ; Morris et Lycett, Moll. from. the great ool. (Palæont. Soc., 
1850, p. 59). 

(#) D'Orbigny, Pal. franç., Terr. jur., t. IE, p. 244, pl. 304. 

(5) Statist. géol. de la Meuse, Paris, 1852, p. 31. 

($) Prodrome, t. IL, p. 150. 

(7) Cog. foss. Par., pl. 17, fig. 17 et 18. 


198 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES, 


8e Famizze. — TROCHIDES. 


Les trochides sont difficiles à caractériser clairement par leur 
coquille, qui ressemble souvent à celle de plusieurs des familles 
précédentes. Elle est turbinée, en spire médiocre ou courte, ombi- 
liquée ou non, et à bouche tantôt ronde, tantôt modifiée par l'avant- 
dernier tour. Elle est fermée par un opercule corné ou calcaire, 
spiral ou à éléments latéraux. 

On peut, en général, mais pas dans tous les cas, distinguer 
cette famille de celle des néritides et des naticides, parce que la 
bouche est plus petite par rapport à l’ensemble de la coquille, et 
parce que les premiers tours de spire sont plus grands en com- 
paraison du dernier. La brièveté de la spire, et la forme arrondie 
de la coquille l’éloignent de la plupart des pyramidellides. Le 
test, épais, solide et ordinairement nacré à l’intérieur, peut, dans 
beaucoup de cas aussi, servir à les caractériser, en particulier 
à les distinguer des littorines. 

Le principal caractère qui justifie la séparation des trochides 
des autres gastéropodes, est la forme de l’animal, qui se distingue 
par des filets situés à la partie supérieure du pied. 

Les genres de cette famille se lient les uns aux autres par d'in- 
sensibles transitions, et leur distinction n’est pas toujours justifiée 
par des caractères bien précis. Toutefois, comme le nombre des 
espèces est très considérable, et que les genres sont commodes en 
pratique, la plupart des naturalistes les ont conservés, tout en re- 
connaissant le peu de valeur de quelques-uns d’entre eux. 

Les trochides ont apparu dès les temps les plus anciens du 
globe, et l’on en retrouve plusieurs espèees dans les faunes de l'é- 
poque primaire. Leurs formes à cette époque, tout en présentant 
quelques caractères spéciaux, n'ont pas été très différentes de 
celles des espèces actuelles , et cette famille fournit une de ces 
preuves nombreuses du peu de différence qu'il y a eu probable- 
ment entre les mers anciennes et les mers modernes, sous le 
point de vue de leur température et de leur nature. 

On peut considérer cette famille comme une des plus station- 
naires pendant les diverses époques géologiques. Elle a été, 
dans tous les terrains, représentée d’une manière presque con- 
stante, soit sous le point de vue des genres, soit sous celui des 


TROCHIDES. 12) 


espèces, elle ne présente ni augmentation graduelle ni diminution 
bien marquée. 

Cinq genres, sur une douzaine qui composent la famille, ont 
existé à toutes les époques dès la période primaire, et se retrou- 
vent dans les mers actuelles, Cette proportion est considérable. 

Deux genres (Serpularia et Scalites) sont Spéciaux à l'époque 
primaire. 

Un (/elicocryptus) n'a été trouvé que dans les terrains jurassi- 
ques et crétacés. 

Les Pifrontia caractérisent l’époque tertiaire. 

Les Solarium et les Delphinula datent de l'époque jurassique, 
et se retrouvent jusque dans les mers actuelles, 

Les £horus datent de la fin de l’époque crétacée et vivent aussi 
dans nos mers. 


Les TurBos (7wrbo, Lin. ), nommés aussi les Sabots, — Atlas, 
pl. LXT, fig. 23 à 27, 


ont une coquille épaisse, généralement globuleuse ou ovoïde, à 
spire saillante, à bouche entière, arrondie, rarement modifiée 
par l’avant-dernier tour, à bords désunis. L'opercule est ordi- 
nairement pierreux ; les tours de spire sont plus arrondis que dans 
les troques. 

J'ai dit plus haut que tous les genres de la famille des trochides 
se ressemblent beaucoup entre eux, et qu'il y a souvent de l'in- 
certitude pour les limites qui les séparent; on reconnaîtra cepen- 
dant en général les turbos à leur bouche ronde et simple, et à 
leurs tours de spire arrondis. Ils sont moins allongés que les 
phasianelles, n’ont pas le bourrelet des dauphinules ; leur forme 
n'est pas conique comme chez les trochus ; leur ombilic fermé, ou 
très peu ouvert, empêche de les confondre avec les solarium, les 
straparolus, etc. 

Nous réunissons à ce genre les BoLME, ou Bozma, Risso (1), 
groupe qui correspond au 7. rugosus, Lin., et provisoirement au 
moins les Tuga, Lea (Weleagris, Conrad non Lin.), genre douteux 
et imparfaitement connu. Les Scociosroma, Max. Braun, ont une 
bouche très fortement déviée, rappelant celle des strophostoma , 
et méritent probablement de constituer un genre distinet. 


(1) Risso, Europ. mér., €. IV, p. 1173; Lea, Contrib. to geology, pl. IV, 
fig. 117 à 199 ;, Max. Braun, Leonh. und Bronn neues Jahrb., 1838, p. 297. 
LLE 0 


130 GASTÉROPODES PECTINIPRANCIIES. 


Ces mollusques ont apparu dans les âges les plus anciens du 
globe et se trouvent dans tous les terrains. C’est un des genres 
dont la durée a été la plus constante. Ils sont remarquables au- 
jourd'hui par le nombre, la grande taille et la belle coloration de 
plusieurs espèces des mers chaudes, qui vivent collées aux rochers, 
au niveau des basses marées ou un peu au-dessous, et sont tout à 
fait herbivores. 

On connaît quelques turbos des terrains siluriens. 


M. Sowerby ({!) en a décrit deux espèces des grès de Caradoc (silurien in- 
féricur), le 1. Pryceæ, Sow., ct la Litlorina strialella, id., et quelques autres 
des roches de Ludlow (silurien supérieur, telles que les T. corallii, Sow., 
carinatus, id. non Porn. (F. oclavia, d'Orb.), cirrhosus, id., et l'Euomp. fu- 
nalus, id., quiest aussi turbo (Atlas, pl. LXI, fig. 23), ainsi que l'E. sculplus, 
id. (Turbo momus, d'Orb.). 

M. M’ Coy (2, a décrit le T. crebristria, des grès de Caradoc. 

Quelques espèces des terrains siluriens supérieurs de Suède ont été décri- 
tes (3) par Wabhlenberg, Hisinger, ete. (T. striatus, His., ou Leda, d'Orb., 
T. bicarinalus, Wahl., T. cornu arielis, His.). 

Il faut ajouter plusicurs espèces des terrains siluriens supérieurs et infé- 
rieurs des Etats-Unis ({). 

M. Ilall a formé avec quelques-unes d’entre elles le genre Hocorra, qui me 
päraît motné plutôt sur le fait de son antiquité que sur des caractères précis. 


Ils augmentent de nombre dans les terrains dévoniens. 


Les espèces du bassin du Rhin ct des régions voisines sont nombreuses. 
Elles ont été décrites par Goldfuss (?} (onze sous Ie non de Turbo, auxquelles 
il faut ajouter quelques-uns de ses trochus), Rocmer (buit espèces du Harz), 
d’Archiac et Verneuil (deux espèces sous le nom de Natica), le comte de Müns- 
ter (quatre turbo d'Elbersreuth, au\quels il faut ajouter, suivant M. d'Or- 
bigny, les Nerila semistriala ct venusla, et la Scalaria antiqua du même 
gisement). Le Turbo Wurmi, Rocmer, du Harz, cst figuré dans l'Atlas, 
pl. LI, fig. 24. 

Lcs espèces paraissent moins nombreuses en Angleterre; elles ont été 


(!) Murchison, Si. syst., pl. 5, 12,13, 19 ct 21. 

(2) Ann. and mag. of nat. hist., 2° série, 1851, t. VI, p. 49. 

(@) Wahlenberg, Act. Suec.; Hisinger, Lethœa Suecica, pl. 11 et 192, ctc. 

(* Hall, Pal. of New-York, t, I, pl. 3, 37, cte.; d'Orbigny, Prodrome, 
t. 1, p: 6 ct 30. 

(5) Goldfuss, Petref. Germ., t. Ti, p.89, pl. 192 ; Rocmer, Harzgebirge, 
p. 29, pl. % et 8, ct Palæwontographica, t. M, p. 26; d'Archiac ct Verneuil, 
Trans. of Lhe geol. Soc., 2° série, t. VI, p. 366, pl. 34; Münster, Bei. sur 
Pelref., t. M, p. 89 et 83, pl. 15. 


TROCHIDES 4 131 


décrites par Sowerby (1) (7. Williamsi, cirriformis, sulangulalus, etc.), et 
Phillips (Natica meridionalis, Phillips). 

11 faut ajouter le Turbo Zilma, Keyserling (2), du terrain dévonien de 
Russie. 


Les espèces se continuent dans les terrains carbonifères. 


Les plus anciennement connues sont celles d'Angleterre (3), ct en particu- 
lier le Turbo tiara, Sow., et quelques espèces décrites par M. Phillips. 

M. de Küninck (4, a étudié les espèces des terrains carbonifères de Belgi- 
que ( T. pygmaæus, cryptogamus, Haninglausianus ct deornatus). II faut, 
suivant M. d'Orbigny, transporter dans ce même genre la Natica lyrata, V Am- 
pullaria tabulata, et quelques littorines du même auteur, 

On peut, suivant M. d'Orbigny ($), ajouter la Natica Mariæ, Verneuil, 
du terrain carbonifère de Russie, et la Lacuna antiqua, M’ Coy, d'Irlande. 


Quelques turbos ont été trouvés dans les terrains permiens. 
Ils sont de pelite taille. 


Le Turbo Meyeri, Münster (6) (Trochus helieinus, Gcinitz, Trochilites helici- 
nus, Schlot.), provient du zecEstcin de Glücksbrunn. 

Le Trochus pusillus, Geinitz (7), qui appartient aussi au zechstein, paraît 
être également un turbo. C’est une petite espèce lisse ct douteuse du diamè- 
tre de 3 millimètres. - 

M. King ($) cu a décrit cinq espècts des terrains permicns d'Angleterre , 
parmi lesquelles le T. kclicinus, et trois (ou quatre?) nouvelles. 


Les turbos se trouvent également dans tous Îles terrains de 
l'époque secondaire, et cela dès les plus anciens. ? 


Goldfuss (*) en figure quelques espèces du muschelkalk, les Turbo helicites, 
Münster, gregarius, Sehl., et Hausmanni, Goldf. Son Turbo Menkei cst trop 
allongé pour rester dans ce genre. 


(!) Sowerbyÿ dans Murchison, Si. syst., pl. 3, et Trans. of the geol. Soc., 
2° série, t. V, pl. 57 ; Phillips, Geol. of Yorkshire, pl. 36. 

(2 Petschora Land, p. 267, pl. 11, fig. 12. 

(3) Sowerby, Min. conch., pl. 522 et 551; Phillips, Geol. of Yorkshire, 
pl. 13, etc. 

(4) Descr. anim. foss. carb. Belg., p. 451, pl. 40. 

(5) Murchison ct Verneuil, Pal. de la Russie, p. 339, pl. 27, fig. 12; 
M' Coy, Synopsis of lreland, p. 32, pl. 5, fig. 24; d'Orbigny, Prodrome, t. I, 
p. 121. 

(6) Goldfuss, Petref. Germ , t. I, p. 92, pl. 199, fig. 44. 

(7) Zechsteingeb., p. 7, pl. 3, fig. 14 ct 15. 

(8) Permian fossils (Palæont. Soc., 1848, p. 204, pl. 16). 

(?) Petref. Germ., t. W, p. 93, pl. 193. 


132 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


Le Trochus Albertinus. Zicten (1), est un turbo. il provient aussi du mus- 
chelkalk. 

On en a décrit plusieurs des schistes de Saint-Cassian (2) ; on trouvera la 
description de vingt et une espèces ans le mémoire du comte de Münster et 
la description de douze autres dans l'ouvrage de M. Klipstein. Il faut, suivant 
M. d'Orbigny, et ainsi que je l'ai dit plus haut, ajouter plusieurs espèces qui 
ont été décrites par ces deux paléontologistes sous les noms de Naticella, 
Pleurolomaria, Trochus, etc. 


Les turbos sont fréquents dans le Has. 


On trouvera la description d'un grand nombre d’espéces dans la Paléonto- 
logie française de M. d'Orbigny ($). 

MM. Kock et Dunker (f) ont fait connaître les Turbo cyclostomoides et 
littorinæformis, du caleaire à gryphées du pied du Hainberg. 

Zieten et Goldfuss (5) ont décrit plusieurs espèces du lias d'Allemagne 
(T. capi'aneus, Münster, duplicatus, Goldf., heliciformis, Zicten, cyclostoma, 
Benz, semi-ornatus, Münster, canalis, id., Dunkeri, Goldf., ete.). 

Il faut ajouter le 7. wndulatus, Phillips (6) non Chemnitz, du lias du 
Yorkshire (7. subundulatus, d'Orb.). 


Ils ne sont pas moins abondants dans l'oolithe inférieure et la 
grande oolithe. 


Plusieurs espèces d'Allemagne ont été décrites par Goldfuss (?) (onze es- 
pèces de tarbos et quelques trochus à rapporter à ce genre), Zieten (T. qua- 
dricinctus), eic. 

Les espèces de France ont été figurées par M. d'Orbigny dans sa Paléonto- 
logie française (5). M. d’Archiac en avait déjà décrit (?) plusieurs de l’oolithe 
d'Esparcy (7. canaliculatus, delphinuloides, pyramidalis, ete., en y joignant 
le Trochus Labadyei, id , et la Monodonta Lyelli, id. 

La connaissance des espèces d'Angleterre est due à Phillips (T. lœwi- 


(1) Pétrif. Wurtemberg, pl. 68, fig. 5. 

(2) Münster, Beitr. zur Petref,, t. IV, p.144; Klipstcin, Geol, der oestl. 
Alpen, p. 455, pl. 40, 

() Les planches relatives au genre des Turso ont paru, mais pas eneore 
le texte. 

(#) Norddeutsch. Ool. Gebild., p. 27, pl. 1, fig. 13 et 14. 

(5) Zieten, Pétrif. Wurtemb., p. 44, pl. 33; Goldfuss, Petref. Germ., 
t. LL, p. 93, pl. 179 et 193. Ce dernier ouvrage renferme Ja description de 
quinze espèces. 

(6, Geol. of Yorkshire, pl. 13, fig. 18. 

(7) Goldfuss, Petref. Germ., t. II, p. 97, pl. 93 et 94; Zieten, Pétrif. 
Wurtemb., pl. 33. 

(8) J'ai dit plus haut que le texte des Turgo n’a pas encore paru. 

9) Mém. Soc. géol., 1843, t. V, p. 379, pl. 29. 


TROCHIDES. 133 


gatus), à Sowerby (7. ornatus et T. imbricatus de l'oolithe inférieure, T. ob- 
tusus de la grande oolithe, ete.), et surtout à MM. Morris et Lycett (neuf es- 
pèces de turbos de la grande oolithe, dont sept nouvelles). Il faut y joindre 
plusieurs monodonta des mêmes auteurs (1). 


Ils se continuent dans les terrains kellowiens et oxfordiens. 


Le T. sulcostomus, Phillips (2), provient des terrains kellowiens d'Angleterre 
et de France. ; 

Les espèces des terrains oxfordiens ont principalement été décrites (3) par 
MM. Goldfuss (T. Meriani, etc.), Roemer, d'Orbigny (plusieurs espèces de 
France et de Russie), de Keyserling (T. rhomboides et Wisinganus), Rouillier 
(T. Panderianus). 


Les terrains coralliens en renferment aussi une vingtaine d'es- 
pèces connues. 


Elles seront principalement décrites par M. d'Orbigny (le Prodrome en in- 
dique neuf nouvelles). On en trouve quelques-unes dans les ouvrages (#) de 
Goldfuss (T. tegulatus, Münster, Anchurus, id. etc.) et Roemer (T. prin- 
ceps, etc.). 

M. Buvignier (5) a décrit sept turbos du terrain corallien de la Meuse. Il 
faut y ajouter plusieurs espèces décrites par le même auteur sous les noms de 
Delphinula et de Trochus. J'ai reçu les publications de M. Buvignier trop 
tard pour pouvoir indiquer ici les rectifications qui me paraissent nécessaires. 


Ils diminuent de nombre dans les terrains jurassiques supé- 
rieurs. 


Le T'.viviparoides, Roemer (?), provient du terrain kimméridgien de Goslar. 


Ces mollusques se retrouvent dans les terrains crétacés, et y ont 


(!) Phillips, Geol. of Yorkshire, p. 129, pl. 11; Sowerby, Min. conch., 
pl. 240, 272, 551; Morris et Lycett, Mollusea from the great ool. (Palæont. 
Soc., 1850, p. 64 et 16, pl. 9, 11 et 15). Voyez aussi un mémoire de M. Ly- 
cett sur les fossiles de l'oolithe inférieure, Ann. and mag. of nat. hist., 
2° série, 1850, p. 410. 

(2) Geol. of Yorkshire, p. 112. 

(8) Goldfuss, Petref. Gerim., t. WE, pl, 193 ; Roemer, Norddeutsch. Oolithgeb. ; 
d'Orbigny, Pal. franç., Terr. jur., Prodrome, t. 1, p. 354, et dans Murchi- 
son et Verneuil, Pal. de la Russie, p. 450; Keyserling, Petschora Land, 
Pp. 318; Rouillier, Bull. Soc. nat Moscou, t. XX, p. 401, etc. 

(#) Goldfuss, Petref. Germ., t. IH, pl. 195 ; Roemer, Norddeutsch. Oolith- 
geb., p. 161. 

(5) Mém. Soc. Verdun, t. 1, p. 20, pl. 6, et Statistique géol. de la Meuse, 
Paris, 1852, p. 36, pl. 24 à 26. 

(6) Norddeutsch Oolithgeb., p. 153, pl. 41. 


13h GASTÉROPODES PECTINIBRANCIIES. 


eu un développement assez analogue à celni que nous venons de 
leur reconnaître dans l'époque jurassique. 

On en connaît quelques espèces des terrains néocomiens et 
aptiens. 


M. d'Orbigny a décrit !) sept espèces du néocomien inférieur ct un 
T. Martinianus du terrain aptien. 11 a depuis lors indiqué dans son Pro- 
drome quelques espèces nouvelles. 5 

M. Rocmer (2) a fait connaître deux espèces du hilsthon et du hilsconglo- 
merat. Il rapporte l'une au T. pulcherrimus, Phillips, ct nomme l’autfe 
T clathratus (T. subclathratus, d'Orb.). 

On peut encore citer dans le terrain aptien le Turbo munitus, Forbes (3) 
(T, Forbesianus, d'Orb.). 


Les turbos sont nombreux dans le gault. 


M. d'Orbigny (£) en a décrit huit espèces dans sa Paléontologie française ct 
en a ajouté une nouvelle dans Ie Prodrome. 

J'en ai fait connaître 5) avec M. Roux cinq espèces nouvelles du gault des 
cnvirons de Genève. Deux d'entre elles sont figurées dans la planche LXI 
de l'Atlas, le T. Greslyanus dans la figure 25 ct le T. Faucignyawws dans 
li figure 26. 


Is augmentent encore de nombre dans les craies marneuses et 
les craies chloritécs. 


M. d'Orbigny (6) en a décrit neuf espèces dans sa Paléontologie française 
et ajouté dans le Prodrome plusieurs espèces inédites. 

Le T. moniliferus, Sow. (T), a été découvert à Blackdown. 

M. d’Archiac a décrit (8) plusieurs espèces du tourtia (douze) auxquelles 
M. d'Orbigny ajoute deux espèces du même gisement décrites par le même 
auteur sous le nom de Littorines. 

I faut ajouter une espèce de Bohème assimilée à tort par M. Reuss (9) au 
T. Astierianus, d'Orb. C’est le T. Reussianus, d'Orb. 


(1) Pal. francç., Terr. crét., t. XL, p. 213, pl. 182 à 184. Voyez aussi Ley- 
merie, Mem. Soc. géol., t. V. 

(2) Norddeutsch. Kreideg., p. 80, et Norddeutsch. Oolithgeb.. pl. 2, fig. 

(3) Forbes, Quart. journ. of the geol. Soc., t, 1, p. 348, pl. 4, se ; 
Voyez pour la synonymie de cette espèce ct pour une description détaillée : 
Pictet ct Rencvier, Paléont. Suisse, Terr. aptien, p. 38, pl. 4, fig. 4 et 2. 

(4) Pa. franc , Terr.-crét., t. M, p. 216, pl. 282 à 285. 

(5) Moll. des grès verts, p. 19%. pl. _ 

(6) Pal. franç., Terr. crét., t. N, p. 222, pl. 183.et 186. 

(*) Min. conch., pl. 395. 

(8) Mém. Soc. géol., 2° série, t. If, p. 337, pl. 23. 

() Bochm. Kreidef., p. 112, pl. 44. 


TROCIIDES. 135 


La Delphinula tricarinata ; Roemer (1), des craies marneuses inférieures, 
doit, suivant M. d'Orbigny, être rapportée à ce genre. Elle ressemble plutôt 
à un trochus, 


Les craies supéricures contiennent aussi des turbos. 


M. Dujardin (?) à décrit sous les noms de Delphinula, Monodon!ta, cte., 
plusieurs turbos des craies de la Touraine. 

. Le Turbo arenosus, Sow.(3), a été trouvé à Gosau. M. Zckeli a décrit en 
outre neuf espèces nouvelles de ce gisement. 

M. Reuss {#) a fait connaître quelques cspèces du nord de la Bohème 
(T. scrolisulatus, oblusus, subinflatus). 

I faut ajouter plusicurs espèces des craics supéricures d'Allemagne, décri- 
tes par Goldfuss 5, sous le nom de Trochus, ct qui n'ont pas les formes de 
ce genre. Tels sont en particulier les Trochus Nilssoni, Basleroti (amatus, 
d'Orb.), plicalo-carinatus, tulerculato-cinctus, cte. 

M. d'Orbigny (6, indique une espèce {T. Gravesii, d'Orb,) dans le terrain 
danica de Lafalaise, 


Les turbos n'augmentent pas de nombre pendant l'époque ter- 
liaire, et les espèces restent en général réduites à une taille 
médiocre ou petite, comme les précédentes, bien inférieures, sous 
ce point de vue, à plusieurs espèces actuelles. 

Quelques-unes ont été trouvées dans les terrains nummuli- 
tiques (7). 

AI. Brongniart a décrit le T. scobina de Castelgomberto et Ic T. Asmode: 
du val Sangonini. 

M. d'Archiac a fait connaître les T. Buchiüi, d'Arch., Damouri, id., lapur- 
densis, id. ct Wegmanni, id., de Biarritz. 

M. Beltardi a décrit le T. Saissei de la Palarca, près Nice. Cette dernière 
me parait plutôt un trochus. 

On cite aussi quelques espèces de l'Inde, décrites par MM. Sowerby, etc. 


D'autres appartiennent aux dépôts éocènes parisiens (5). 


( Norddeutsch. Kreideg., p. 81, pl. 12, fig. 3 à G. 

(2?) Mém. Soc. geol., 1837, t. M, p. 231, cte. 

(8) Trans. of the geolog. Soc., 2° séric,t. IT; Zckeli, Gastér. Gosau, p.51, 
pl. 9 et 10. 

{) Bochm. Kreilef., 1, p. 48, pl. 10 et 41. - 

(5) Petref. Germ., t. Il, p.58, pl. 151 et 182. 

(6) Prodrome, t. IE, p. 291. | 

(7) AL. Brongniart, licentin, p. 53, pl. 2: d'Archiac, Mém. Soc. gtcl., 
2e série, t. IT, pl. 13, ct Hit. des progrès, t. HI, p. 285 ; Bellardi, Mém. Soc. 
géol., 2° série, t. IV, pl. 12; Sowerby (J. C. de), Trans. of the geol. Soc., 
2° série, t. V, etc. 

(8) Deshayes, Cog. foss, Par., t, 11, p. 249, pl. 30, etc. , ‘Orbigny, Pro 


436 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


M, Deshayes en a décrit quinze espèces du calcaire grossier et du terrain 
parisien supérieur. Plusieurs d’entre elles paraissent être plutôt des trochus, 
comme le fait remarquer M. d'Orbigny, qui transporte en revanche, dans les 
turbos, les delphinula sans bourrelet de Lamarck, Deshayes, ete., telles que 
les D. turbinoides, Lamk, striata, id., marginata, id., calcar, id., conica, 
id., lima, id., biangulata, id. Je n'ai de doute que pour la lima qui pour- 
rait bien être une dauphinule à bouche incomplète. Le Turbo sulciferus, 
Deshayes, du calcaire grossier de Grignon, etc., est figuré dans l'Atlas, 
pl. LXI, fig. 27. 

Il faut y ajouter le 7. Henrici, Caillat, de Grignon, 

Le T. sculptus, Sowerby, se trouve dans le terrain éocène d'Angleterre et 
dans le calcaire grossier du bassin de Paris. 


Les turbos sont nombreux dans les terrains miocènes. 


Les dépôts de Bordeaux et de Dax en ont fourni un grand nombre qui ont 
été étudiés (!)} par M. Basterot et par M. Grateloup. Ce dernier auteur en a 
décrit huit espèces des faluns bleus et deux des faluns jaunes, auxquelles il faut 
ajouter quelques dauphinules du même auteur, 

M. Matheron (?) cite dans les moliasses du midi de la France le T. pisum. 

Les espèces du Piémont ont été étudiées (3) par Borson, Brongniart, Bel- 
lardi, Michelotti, etc. Ce dernier auteur en compte six espèces dans les ter- 
rains miccènes, les T. carinatus, Borson, miocenicus, Michelotti, fimbriatus, 
Borson, speciosus, Michelotti, Meynardi, id., et même le T, rugosus, vivant. 

M. Philippi (4) a fait connaître quelques espèces du nord de l'Allemagne 
(T.exiquus, Phil., bicarinatus, id., sinplex, id., etc.). 

Le T. pustulosus, Münster (5), a été trouvé dans les environs de Bünde. 

Le T, mamillaris, Eichw. (rugosus, Dubois non Lin.), se trouve en Volhy- 
nie, etc., et en Touraine (6). 

Il faut ajouter (7) deux espèces de Bessarabie, décrites par M. d’Orbigny, 
et plusieurs espèces des terrains miocènes de Virginie, étudiées par 
M. Lea (8). 


Les terrains pliocènes ne paraissent pas en renfermer beaucoup. 


drome, t. IT, p. 348 et 414; Caillat, Descr, foss. nouv. Grignon, pl. 9, 
fig. 1, Sowerby, Min. conch., pl. 395, etc. 

(1) Basterot, Coq. foss. Bord., pl. 1; Grateloup, Conch. foss. Adour, I. 

(2) Catal., p. 236, pl. 39. 

(3) Borson, Sag. orit.; Brongniart, Vicentin, p. 53; Bellardi et Miche- 
lotti, Sag. orill. ; Michelotti, Descr. foss. mioc., p. 175, pl. 7. 

(#) Tert. Verst. Nordwest. Deutsch., pl. 4. 

(5) Goldfuss, Petref. Germ.,t. UE, p. 101, pl. 95, fig. 3. 

(6) Eichwald, Zith., 220 ; Pusch, Pol, Pal., p. 109 ; Dubois de Montpéreux, 
Conch. foss. Volh. Pod., p. 48, etc. 

(?) D'Orbigny, Voyage de Hommaire de Hell, p. 457, pl. 3. 

(8) Lea, Descr. new. foss. tert., pl. 36 et 37. 


TROCHIDES, 137 


Le 7. rugosus, Lin., déjà cité ci-dessus, se trouve dans les terrains sub- 
apeunins de l’Astezan (1. 


Les PHasrANELLES ( Phasianella, Lamk),— Atlas, pl. LXIT, 
fig. 1 à 3, 


se distinguent à peine des turbos. L'animal a le pied un peu plus 
étroit, et les tentacules plus allongés ; mais leurs formes sont 
identiques d’ailleurs. La coquille des phasianelles a la spire plus 
allongée, la bouche plus longue que large, à bords désunis, mo- 
difiée par le tour précédent, le labre tranchant et non réfléchi, la 
columelle lisse et l'opercule pierreux. Leur principale différence 
d'avec les turbos consiste donc dans leur forme plus allongée et 
leur bouche plus haute que large. La plupart des espèces sont 
lisses, polies et sans épiderme. 

Les phasianelles ont encore de grands rapports de forme avec 
quelques coquilles qui appartiennent à d’autres familles, et en 
particulier avec les bulimes, les natices du groupe des euspira, et 
les chemnitzia. Elles se distinguent des premiers, parce qu'elles 
sont marines et operculées; et des deux autres, parce qu'elles 
n'ont pas la bouche acuminée en arrière. Elles sont d’ailleurs, en 
général, plus courtes que les chemnitzia, et plus aliongées que les 
euspira. II faut cependant convenir que leurs rapports avec ces 
dernières sont souvent très intimes. Il y a plusieurs espèces qui 
ont presque autant de raisons pour être placées dans un genre 
que dans l'autre (2). 

Il faut réunir aux phasianelles les Eurroria, Humph., et les 
Tricozta, Risso; Denis de Montfort les nommait PHASrANUS. 

Les phasianelles vivent aujourd'hui, de la même manière que 
les turbos, dans presque toutes les mers. Les plus grandes espèces 
sont spéciales aux régions chaudes. A l’état fossile, on les trouve 
dans la plupart des terrains, mais elles ne sont nulle part très 
abondantes. 

Elles ne paraissent toutefois pas plus anciennes que l’époque 
dévonienne. 


(1) Sismonda, Synopsis, p.48. 

(2) Je ne puis voir, par exempie, dans une légère différence dans la manière 
dont se réfléchit le bord postérieur de la bouche, des motifs bien concluants 
pour que la Natica Calypso, d'Orb., appartienne à un autre genre que les 
Phasianella Leymeriei, d'Archiac, subumbilicata, d'Orb., etc. 


138 GASTÉROPODÉS PECTINIBRANCIIES. 


Goldfuss ena décrit (?) quatre des terrains dévoniens de l'Eifel (PA. neri- 
ltoilea, ventricosa, ovata ct fusiformis). 

M. d'Orbigny rapporte à ce genre la Melania limnearis, Braun 2), du ter- 
rain dévonien de Schübelhammer. Je n'en connais que la figure, qui me pa- 
raît insuffisante pour une détermination générique. 

M. d'Orbigny attribue aussi aux phasianelles la Loxonema adpressa 
Roemer (3), et la Pyrulamicrotricha, id., du Hartz. Je reconnais que Ja pre- 
mière a assez bicn les formes des phasianelles vivantes; mais elle est presque 
identique aussi avec la L. Phillipsü. Quant à la seconde, clle est beaucoup trop 
globuleuse et a une trop grande bouche pour appartenir à ce genre. 

La Phasianella subclathrala, Roemer (f), des mêmes gisements, me paraît 
assez douteuse, 


Je ne suis pas certain que l’on doive admettre leur existence 
dans les terrains carbonifères. 


M. d'Orbigny considère comme une phasianelle la Chemni!zia ventricosa, 
de Kôüninck (*), des terrains carbonifères de Belgique. Le motif de cette ‘asso- 
ciation est probablement le bord de la bouche dirjoint ; mais la forme de cette 
même bouche rappelle bien peu celle des phasianelles vivantes, qui est plus 
régulièrement ovale. 


Des formes analogues à celles des phasianelles se retrouvent 
dans les dépôts les plus inférieurs de l'époque secondaire. 


Le Turbo Menkei, Goldfuss (6), du muschclkalk d'Allemagne, a une bouche 
ronde comme les turbos et les phasianelles. Sa longueur le rapproche plutôt 
de ce dernier genre. 

Il y à quelques phasianclles probables parmi Ics nembreuses espèces de 
Saint-Cassian (7), outre la Ph. Munsteri, Wismann, la scule espèce admise 
dans ce genre par le comte de Münster. Tel est, par exemple, le T. interme- 
dius, Münster. Les T. Cassianus, id , striatulus, id., simälis, id., qui sont 
plus courts, sont intermédiaires entre les deux genres. Les Melania Hage- 
nowii, Klipst., variabilis, id., etc., paraissent avoir les caractères des phasia- 
nelles. 


Quelques espèces proviennent du lias. 


(1) Petref. Germ., t. Ill, p. 113, pt. 198, fig. 13 à 16. 
(2) D'Orbigny, Prodrome, t. 1, p. 67; Münster, Beitr. zur Petref., t. V, 
p422 nl 21,167. 42 

(8) Rocmer, Harzgebirge, pl. 8, fig. 10 et 14. 

(#) Roëemer, Harzgebirge, pl. 8, fig. 15. 

(5) Descr. anim. foss. carb. Belg., p. 408, pl. 41, fig. 9 
(6) Petref. Germ., t. II, p. 93, pl. 193, fig. 1. 

() 


Münster, Beitr. sur Petref., t. 1V, pl. 13. 


TROCIIDES. 139 


M. d'Orbigny (1) attribue à ce genre la WMelania phasianoides ; Deslong- 
champs, du lias du Calvados, ct figure la Jh. Jason, du lias de Saint-Armand. 

Le même auteur place aussi dans les phasianelles le T. paludinarius, Müuns- 
ter (2), du lias d'Amberg; sa forme est, en effet, allongée, mais elle se lie par 
des trausitions bien peu sensibles aux T. nudus, id., etc., du même gisement. 

11 en est de même du 7. paludinæformis, Schübler (3,, du lias de Streifen- 
berg, plus long que les turbos et plus renflé que les phasianelles actuelles. 


Elles se continuent dans les terrains jurassiques proprement 
dits. 


La Ph. cincta, Phillips (#), caractérise l’oolithe inféricure d'Angleterre. 

M d'Archiac a décrit (5) la Phasiunella Leymeriei de la grande oolithe 
d'Esparey. | 

La Natica subumliicata, du même auteur (Atlas, pl. LXIL, fig. 1), est une 
des espèces que j'ai citées plus haut comme prouvant la difficulté de fixer une 
limite entre les cuspira ctlés phasianelles. M, d'Orbigny la place dans ce der- 
nier genre. , 

M Lycett (6) a fait connaître quelques espèces de l’oolithe inférieure d'An- 
gleterre. 

Les espèces de la grande oolithe d'Angleterre ont été surtout étudiées par 
MM. Morris et Lycett (7), qui citent outre la Ph. Leymerici, six espèces nou- 
xelles de Minchinhampton et une de Scarborough. 

La Phasianella striata, Sow. (olim Melania striata, id., Atlas, pl. LXIT, 
fig. 2), est une espèce commune dans le terrain kellowien ct le terrain ox- 
fordien {($). Suivant MM. Morris et Lycett, elle se trouverait aussi dans la 
grande oolithe. 

M. d'Orbigay a reproduit dans sa Paléontclogie française une partie des 
espèces indiquées ci-dessus, et décrit plusieurs espèces nouvelles, telles que les 
Ph. dclia ct consobrina de la grande oolithe du Pas-de-Calais; d'autres cspè- 
ces ont été placées par lui tantôt dans les turbos, tantôt dans les phasianelles. 
Il me paraît probable que Ie genre qui nous occupe ici doit renfermer sur- 
tout les espèces lisses. 

La Melaniabulimoides, Desl. (?), du terrain oxfordien du Calvados, est une 
phasianelle. è 


() Prodrome, t. I, p. 229 ct 247 ; Pal. franç., Terr. jur., pl. 324. 

(2) Goldfuss, Petref. Germ., t. HT, p. 94, pl. 193, fig. 6. 

(3) Zieten, Pétrif. Wurt., pl. 30, fig. 12 ct 13. 

(*) Geol. of Yorkshire, p. 123, pl. 9, fig. 29. 

(5) Mém. Soc. géol., 1S43, t. V, pl. 28. 

(6) Ann. and mag. of nat. hist., 2° série, 1850, t. VI, p. 411. 

(7) Moll. from the great vol., (Palæont. Soc., 1850, p. 73, 117, etc.). 

(5) Sowerby, Min. conch., pl. 47; Morris et Lycett, Loc. cit.; d'Orbigny, 
Pal. franç., Terr. jur., pl. 324 et 395. 

(9) Mém, Soc. linn. Calvados, t, VIE, pl. 12. 


410 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


Il est bien possible que l’Acteon striatulus, Keyserling (1), de l’oxfordien de 
Russie, doive aussi, comme le propose M. d'Orbigny, être transporté dans ce 
genre. 

La Ph. paludiniformis, Buvignier (2), a été trouvée dans le terrain corallien 
de Saint-Mihiel. C'est Ja Ph. Buvignieri, d'Orb. 


Ces mollusques ne paraissent pas avoir été abondants pendant 
l'époque crétacée. 


M. d'Orbigny (3) en a décrit ou indiqué quelques espèces, dont une (Ph. neo- 
comiensis) propre au terrain néocomien du bassin parisien, trois du gault 
du même bassin et deux des craies supérieures du bassin pyrénéen (Ph, su- 
pracrelacea, d'Orb., et Ph. Royana, id.). 

M. Sowerby (4) a fait connaître trois espèces des sables de Blackdown (Ph. 
pusilla, formosa et striata). Ce dernier nom a été changé avec raison par 
M. d'Orbigny en Ph. Sowerbyii. 

M. d'Orbigny rapporte à ce genre la Natica lamellosa, Roemer (5), des craies 
supérieures de Kieslingwalde. Elle me paraît bien douteuse. 

M Zekeli (6) a décrit trois espèces nouvelles de Gosau. Il rapporte, il est 
vrai, une d'entre elles à la P. ervyna, d'Orb.; mais cette dernière est plus aiguë. 

Il faut ajouter la Ph. Haleana, d'Orb. (7), du terrain crétacé supérieur de 
PAlabama. 


Les phasianelles augmentent de nombre dans les terrains ter- 
tiaires. 


On trouvera la description de six espèces du calcaire grossier dans Des- 
hayes (8), auxquelles il faut ajouter, pour les tertiaires éocènes, la P, princeps, 
Sow., d'Hauteville (Manche). La Ph. melanoides, Desh., est figurée dans 
l'Atlas, pl. LXIT, fig. 5. 

M. Basterot (°) indique aux environs de Bordeaux deux espèces, dont une 
est, suivant lui, identique avec la P. turbinoides, Lamk, fossile à Grignon, et 
dont l’autre, la Prevostina, Basterot, est spéciale au tertiaire moyen, M. d'Or- 
bigny a donné à la première le nom de Ph. aquensis. M. Grateloup en a 


(!) Petschora Land, p. 320, pl. 18, fig. 24. 

(2) Mém. Soc. phil. Verdun, 1843, t. IL, pl. 5. 

(3) Pal. franç., Terr. crét.,t. I, p. 232, pl. 187 et 188; Prodrome, 
C'UEND. 4150: 

(4) Trans. geol. Soc., 1836, 2° série, pl. 18. 

(5) Norddeutsch. Kreideg., p. 83, pl. 12, fig. 13. 

(6) Gastér. Gosau , p. 56, pl. 10. 

(?) Prodrome, t. IL, p. 224. 

(8) Cog. foss. Par., t. I, p. 265, pl. 34, 38, 40; Sowerby, Gen. of 
shells, fig. 3; Deshayes, 2° édit. de Lamarck, Histoire naturelle des animaux 
sans vertèbres, Paris, 1843, t, IX, p. 247. 

(®) Basterot, Cog. foss. Bord., p. 38; Grateloup, Conch. foss. Adour. 


TROCHIDES. All 


décrit quelques espèces du mème gisement (Ph. angulifera où Grateloupi, 
Desh., Ph. spirala, Grat., ete.). 

Il faut, suivant M, d'Orbigny, rapporter à ce genre la Littorina Alberti, 
Dujardin (f), des faluns de la Touraine. 

M. d'Orbigny a décrit trois espèces de Bessarabie. 

M. de Sismonda (2?) indique la Ph. punetala (Tricolia punctata, Risso), du 
terrain miocène du Piémont. Cette espèce vit encore dans la Méditerranée. 

La Ph. rubra, Sism. (T. rubra, Risso), se trouve fossile dans les terrains 
subapennins d'Asie et vivante aussi dans la Méditerranée. 


Les DAuPaNULES (Delphinula, Lamk), — Atlas, pl. LXT, 
fig. 28 et 29, 


sont également tout à fait voisines des turbos par les formes de 
l'animal; mais leur coquille est fortement ombiliquée, et a une 
bouche ronde, entière, à bords réunis, munie d’un fort bourrelet 
et fermée par un opercule sprl corné. Cette coquille est, en 
général, épaisse et nacrée. 

Les limites de ce genre n'ont pas été envisagées de la même 
manière par tous les conchyliologistes ; car, s'il y a des espèces 
qui réunissent clairement les deux caractères indiqués ci-dessus 
d'un large ombilic et d'une bouche à bord épais et réfléchi, il en 
est d’autres aussi qui ne présentent que l'un où l’autre, et l’on 
peut hésiter sur leur importance relative. 

Je mets en première ligne la forme de fa bouche, et je conserve 
le nom de Jauphinule aux espèces seulement chez lesquelles la 
bouche est ronde et entourée d'un bourrelet, rappelant ainsi celle 
des cyclostomes. 

Les dauphinules sont peu nombreuses aujourd'hui, et vivent 
dans les mers chaudes. On les à considérées comme ayant apparu 
pour la première fois dans Îles terrains jurassiques; mais on en 
a trouvé dans les schistes de Saint-Cassian qui semblent faire 
remonter leur origine au terrain triasique. Elles ont été rares pen- 
dant les périodes jurassique et crétacée; leur maximum de 
développement à eu lieu pendant l’époque tertiaire. 


Le comte de Münster a décrit une seule espèce de dauphinule de Saint- 
Cassian (3), la D. lœvigata, Münster. 


(t) Mém. Soc. géol., 1837, t. Il, pl. 19, fig. 22. 

(2) Synopsis, p. 48. 

G) Münster, Bei. sur Petref., t. IV, p. 104, pl, 10, fig. 29; Klipstein, 
Geol, der oestl. Alpen, p. 202, pl, 14. 


412 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


Le: espèces attribuées par M. Klipstein au même genre sont des solarium 
et des trochus. à ( 


On trouve, comme je l'ai dit, quelques dauphinules dans les 
terrains jurassiques. 


M. d'Orbigny ({) a fait connaître la D, reflexilabrum, du lias du Calvados, 

(Atlas, pl. EXI, fig. 28.) 
© M. Thorent a décrit (?} la D. gibbosa, de loolithe inférieure. M. d'Orbigny 

la considère comme un turbo. La figure très imparfaite de M. Thorent semble 
cependant ind quer un péristome épaissi (?). 

M. Buvignier () en a fait connaître neuf espèces de divers étages. [1 y en à 
plusieurs qui n'ont pas le péristome épaissi et qui sont des turbos. 

La D. coronala, Sow., se trouve dans la grande oolithe d'Angleterre avec 
deux espèces nouvelles, les D. Buckmanni, Morris et Lycett, et alla, id. (#). 


MM. Morris et Lycett rapprochent des dauphinules, sous le nom 
générique de Cuassosroma, des çoquilles de la forme des trochus, 
non ombiliquées, dont la bouche est ronde, entière ei entourée 
dans l'âge adulte d’une lame testacée flabelliforme. La columelle 
perte une dent ohtuse. Ces coquilles rappellent le type des mono- 
dontes; mais leur péristome continu et épaissi leur donne une 
analogie réelle avee les dauphinules. 


La seule espèce certaine (5) est le C. Prattii, Morris et Lycett, de la grande 
oolithe d'Angleterre. Ces paléontologistes indiqueut deux espèces douteuses 
du mème gisement, le C. discoileum ct heliciforme, M. ct L. 


Les terrains crétacés renferment quelques espèces de dauphi- 
aules. 


M. d'Orbigny (9) a décrit la D. Dupiniana, du néocomien de Marolles. 

M. d'Archiac (7) a décrit sousle nom de D. Bonnardi, d'Arch., une espèce 
du tourtia des environs de Tournay, qui, à en juger par la figure, paraît avoir 
de grands rapports avec le genre SoLarIUM. 

Les auteurs allemands ont aussidécrit (8) quelques dauphinules. J'ai dit plus 


(1) Pal. franç., Terr. jur., t. TI. 
(2) Mém. Soc. géol., 1837, t. I, p. 260, pl. 22, fig. 10. 

(8) Stat. géol. de la Meuse, p. 35, pl. 24, 25 ct 32. Voyez l'observation 
que j'ai faite, page 133, sur les travaux de M. Buvignier. 

(4) Morris et Lycett, Moll. from the gredt ool, (Palæont. Soc., 1850, 
p. 70, pl. 5 et9). 

($) Morris ct Lycett, loc. cit., p. 72, pl. 11. 

(5) Pal. franç., Terr. erèt.26. 18, p:°209, pl. 482: 1 

(*) Mém. Soc. géol., 2° série, 1847, t. 11, p. 334, pl. 29, fig. G. 

(8) Rocmer, Norddeutsch. Kreideg., p. 81, pl. 12; Geinitz, Characht., 
p. 73, etc. 


TROCILIDES, 113 


haut que la D. tricarinala, Roemer, était un-trochus. La D. coronala, avec 
son large ombilic et sa bouche détachée du tour précédent, est peut-être bien 
une yraie dauphinule, Elle a été trouvée dans la craie supérieure de Rügen. 

M. Zekeli (1) a décrit sept espèces nouvelles de Gosau , mais il y a parmi 
elles de véritables trochus, 


Lesdauphinulessont plus nombreuses pendant l'époque tertiaire. 


M. Deshayes (?) en décrit douze espèces des environs de Paris, parmi les- 
quelles les D. spiruluides, Desh., canalifera, Lamk, et H'arnü, Defr. (Atlas, 
pl. L\I, Gg. 29), ont seules le péristome épaissi et sont scules de vraics dau- 
phinules. Elles appartiennent à l’époque du calcaire grossier. 

M. d'Orbigny indique dans son Frodrome (3) une espèce nouvelle des ter- 
rains tertiaires inférieurs d2: Cuise-la-Motte, la D. submarginata. 

M. Grateloup (f) a décrit, sous le nom de D. marginata, Eamk (D. Hellica, 
d'Orbiguy), une espèce des faluns bleus, et la D. rotellæformis, Grat., des 
faluns jaunes, ainsi que plusieurs espèces à péristome non épaissi, qui sont 
plutôt des turbos. 

On peut ajouter quelques dauphinules tertiaires américains (?). 


Les TROQUES (7rochus, Lin., nommés aussi les Zoupies et les 
Sabots), — Atlas, pl. LXIL, fig. 4-10, 


ont une coquille ordinairement conique, plus ou moins allongée 
ou déprimée, à pourtour caréné, à bouche triangulaire, déprimée, 
lisse, nacrce intérieurement, inclinée par rapport à la direction 
du dernier tour, et laissant voir la portion inférieure de la colu- 
melle, qui est constamment {orse ou arquée. 

Les troques se distinguent des turbos par leur forme plus régu- 
lièrement conique, et par leur bouche déprimée et oblique ; mais, 
comme je l'ai dit plus haut, des transitions insensibies réunissent. 
ces deux genres, qui paraissent séparés par des caracteres plus 
artificiels que réels, On a cherché à les distinguer d’après la 
nature de leur opercule, qui est corné dans la plupart des troques, 
et pierreux dans la majorité des turbos; mais cette différence ne 
paraît pas avoir en géncral une grande importance générique, et, 
dans ce cas spécial , elle ne s'accorde pas d’une manière constante 
avec les caractères tirés de la forme de la bouche. Il serait 
d'ailleurs impossible de l'employer pour la plupart des fossiles. 


(®} Gastér. Gosau, p. 57, pl. 40 ct 11. 

(2) Cog. foss. Par.,t. Il, p. 202, pl. 24 à 26. 

(8) Prodrome, t. 11, p. 313. 

(4) Conch. foss. Adour, I. 

(5) Conrad, Journ. Acad. Phil. ; Lea, Descr. new foss, tert., etc. 


Î l {4 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES., 


Je ne sépare pas les Moxoponres (Atlas, pl. LXI, fig. 8 à 40) 
des troques, car la présence de la petite dent, qui résulte 
d’une sorte-de troncalure de la columelle, est un caractère tout 
à fait accessoire, et dont les limites sont impossibles à fixer 
d’une manière précise. Ilest, en effet, des espèces où la dent 
devient une simple sinuosité qui s’efface par degrés insensibles. 

Il faut également réunir aux troques les GigeuLa, Risso, dont 
le type est le 7’. magus ; les OTavIA, du même auteur, groupe qui 
est le même que celui des CLancu£us, Montfort, et qui comprend 
quelques monodontes (7° pharaonta, Lin.); les Paorcus, genre 
établi aussi par Risso et réuni par Philippi à celui des OMPHAEIUS, 
Phil., comprenant le 7°. wmbilicatus, Da Costa; les MarGaRITA, 
Leach, 1819 non 1814 ; les CanrHaripus, MELEAGRIS et INFUNDI- 
BULUM, Montfort ; les ZiziPminus, Gray; les CanTHorBis, Fra- 
GELLA, CHLOROSTOMA, TROCHIDON, CALLIOSTOMA, PYRAMIDEA, LAM- 
STOMA et Carysosrowa, Swainson : les Pyrauis et les POLYDONTA, 
Schumacher : les Crasreporus, EucneLius, DiLoma, OXYSTELE, 
Osizinus et CirrariuM, Philippi ; les Lapto, Oken (7. labio): pro- 
bablement aussi les Ozivia, Cantraine, etc. 

Il est souvent difficile de distinguer les troques des pleuroto- 
maires incomplètes, car ces deux genres ont tout à fait la même 
forme, et ne différent que parce que le Jabre présente dans les 
pleurotomaires une longue échancrure. Ce caractère, qui indique 
des différences essentielles dans Ja forme des animaux, est un 
motif suffisant pour la séparation de ces genres; mais 1l en ré- 
sulte que l'on a souvent de la peine à classer les échantillons dont 
le labre est cassé, ou ceux qu'on ne connaît qu à l'état de moules. 
Il est donc probable que, dans l'énumération des espèces que ren- 
ferment les catalogues paléontologiques, il y a des erreurs que des 
occasions favorables permettront plus tard de relever. 

Les troques ont apparu dès les premiers âges du globe, mais 
ils ont augmenté de nombre dans les périodes plus récentes. 

Ils paraissent peu nombreux dans l'époque silurièenne. 


Le T. lenticularis, Sow. (f), des grès de Caradoc, est probablement une 
pleurotomaire. 

Le T. ellipticus, Hisinger (2), a été trouvé dans le terrain silurien supé- 
rieur de Suëde. 


(1) Murchison, Sil. system, pl. 19, fig. 11. 
(2) LethϾa Suecica, p. 35, pl. 11, fig. 1. 


TROCHIDES. 4115 


Les T. biceps el rupestris, Eichwald, proviennent du terrain silurien do 
Russie (1). 

M. M° Coy (2) a fait connaitre quelques espèces des terrains siluriens d'An- 
gleterre. 


Ils sont plus abondants dans les terrains dévoniens. 


On trouvera, dans les ouvrages de Goldfuss et du comte de Münster (5), 
la description de quelques espèces d'Allemagne (T. Neptuni, Münster, 
petrœus, Münst., exaltatus, Goldfuss, etc.). Le T. ellipticus, cité ci-dessus, 
parait se retrouver dans le terrain dévonien du Rhin. 

M. Roemer a fait connaître (4) les T. Nessigii, oxygonus et acies du Harz. 

MM. d'Archiac et de Verneuil ont décrit (5) la Monodonta purpura du dé- 
vonien de la Prusse rhénane (Atlas, pl. LXIL, fig. 10). L'Euomphalus Vorone- 
jensis, de Verneuil, de Russie, est aussi un trochus, 

Le Trochus helicites, Sow. (6), a été trouvé dans l’old red sandstone d’An- 
gleterre. 


Ils se continuent dans les terrains carbonifères. 


Le Trochus biserratus, Koninck (Pleurolomaria Liserrata, Phill.), se 
trouve en Augleterre, en Allemagne et en Belgique. 

M. de Koninek (7) en a décrit, en outre, quelques espèces de Belgique 
(T. lepidus, Atlas, pl. LXIE, fig. 4, Hisingerianus, coniformis, tenuispira). 

Goldfuss a fait connaître ($) les 7. ami:tus, Roemeri et Verneuilli, des cal- 
caires carbonifères d'Allemagne et de Belgique. Son Trechus Yvanti est une 
pleurotomaire. 

M. d'Orbigny rapporte encore aux trochus quelques espèces des terrains car- 
bonifères d'Irlande décrites par M. M'Coy (*) sous les noms de TROCHELLA et 
PLEUROTOMARIA. 


Dans les terrains inférieurs de l'époque secondaire, les trochus 
paraissent surtout abondants à l’époque singulière des dépôts de 
Saint-Cassian, 


(t) Die Urwelt Russlands, t. 1, p. 54, pl. 2. 

(2) Ann. and mag. of nat. hist., 2e série, 4851,t. VII, p. 49. 

(3) Petref. Germ., t, TU, p. 49; Münster, Beitr. zur Petref., t. HI, p. 88, 
pl. 15. 

(f) Harzgebirge, p. 29, pl. 7 et 8, et Palæontographica, t. HI, p. 37, 

($) Trans. of ihe geol. Soc., 1842, 2° série, t. VI, p. 358, pl. 32, fig. 15; 
Paléont. de la Russie, p. 334, pl. 23, fig. 3. 

(°) Murchison, Si. syst., pl. 3, fig. 5. 

(?) Descr. foss. carb. Belg., p. 444, pl. 37 et 29. 

(8) Petref. Germ., t, I, p. 51, pl. 178. 

(?) M'Coy, Synopsis of freland, p. 41, ete. ; d'Orbigny, Prodrome, t. Ï, 
p. 119. 

H, 10 


1h16 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


M. Klôden cite 1) le Ÿ, echinatus, Kloden, trouvé dans le muschelkalk du 
Brandebourg. 

Le comte de Münster et M. Klipstein ont décrit (2) un très grand nombre 
d'espèces de Saint-Cassian. Il faut ajouter aux trochus proprement dits, 
comme je l'ai dit plus haut, des dauphinules, et, comme nous le verrons plus 
bas, plusieurs pleurotomaires, etc. On arrive ainsi à reconnaître l'existence 
d'une cinquantaine d'espèces, presque toutes de petite taille. 


Les trochus du lias (*) sont nombreux et bien caractérisés. 


On trouvera, dans l’ouvrage de Goldfuss (), la description de plusieurs 
espèces d'Allemagne (T. Fischeri, Münster, flexuosus, id., Doris, id., Thetis, 
id., guadricostatus, id., glaber, Koch, Atlas, pl, LXIL, fig. 5, subsulcatus, 
Münster, nudus, id.). 

MM. Koch et Dunker ont décrit (5), outre le 1’. glaber indiqué ci-dessus, 
le 7’. turriformis, le T. subimbricatus, le T. gracilis, et le T. umbilicatus. Je 
crois, avec M. d'Orbigny, que les T. foveolatus et princeps sont des pleuroto- 
maires. 

Le T. Schubleri, Zieten (5), provient du lias de Gammelshausen, et le T.un- 
dosus, id., du lias de Streifenberg. 

M. d'Orbigny (7) a décrit vingt-six espèces (outre le T. glaber) du lias pro- 
prement dit et une espèce du lias supérieur (toarcien). 


Ils se conservent tout aussi nombreux dans la grande oolithe 
et l'oolithe inférieure. 


On trouve en Angleterre ($), dans l'oolithe inférieure, les T. angulaius , 
Sow. (concavus, id.), bisertus, Phill., dimidiatus, Sow., duplicatus, id., py- 
ramidatus, Phill, (subpyramidatus, d'Orb.) , et plusieurs espèces indiquées 
par M. Lycett. 

La grande oolithe du même pays a fourni à MM. Morris et Lycett (?), outre 
quelques espèces connues, cinq espèces nouvelles décrites sous le nom de 


(t) Klüden, Brandeb., p. 156, pl. Il, fig. 7 ; Alberti, Trias, p. 238. 

(2?) Münster, Beitr. zur Petref., t. IV, p. 107, pl. 11; Klipstein, Geol. 
der oest. Alpen, pl. 146, pl. 9. 

(3) Voyez pour les trochus de l’époque jurassique, Buvignier, Stat. géol. 
de la Meuse, p. 38, pl. 25 à 27. 

(#) Petref. Germ., p. 33, p. 179 et 180. M. d'Orbigny place, je ne sais 
pourquoi, une partie des espèces d'Amberg dans le liasien et l'autre dans le 
toarcien. 

(5) Beitr. Norddeutsch. Oolith., p. 23, pl. 1. 

(6) Pétrif. Wurtemb., p. 46, pl. 34, fig. 3 et 5. 

(7) Pal. franç., Terr. jur., t. IL, p. 246, pl. 305 à 311. 

(8) Sowerby, Min. conch., pl. 181; Phillips, Geo!. of Yorkshire, pl. 11; 
Lycett, Ann. and mag. of nat. hist., 2° série, 1850, t. VI, p. 411. 

#) Mollusca from the great ool. (Palæont. Soc., p. 61 et 146, pl. 10 et 
13); Phillips, Geol. of Torkshire, pl. 9. 


TROCHIDES. 117 


Trocuaus et trois rapportées au genre des Moxoponra. Le . mouilitectus, de la 
grande oolithe de Scarborough, avait déjà été décrit par Phillips. 

Quelques espèces ont été décrites par les auteurs allemands (1). On trou- 
vera dans l'ouvrage de Goldfuss la description des T. biarmalus, Münuster; 
anceus, id., anaglypticus, id., Philippü, id., melis, id. et angulatus, id., et 
dans celui de Roemer celle des columellaris, Roemer et triangulus, id. Le 
T. decoratus, Zieten, provient de Schlatt. 

M. d’Archiac a trouvé (2) dans la grande oolithe d'Esparey, les T. plicatus, 
d’Arch. et spiratus, id. 

M. d'Orbigny a décrit (3), outre quelques-unes des espèces ci-dessus, treize 
espèces nouvelles de l’oolithe inférieure et neuf de la grande oolithe. 


Ils paraissent tendre à diminuer dans les terrains jurassiques 
moyens et supérieurs. 


M. d'Orbigny (4) a décrit le 7. Halesus, d'Orb., du terrain kellowien de la 
Haute-Marne et de la Sarthe; les 7’. helius, d'Orb. et Pollux, d'Orb., du ter- 
raiu oxfordien de Neuvizi (Ardennes) ; huit espèces nouvelles du terrain Co- 
rallien de Saint-Mihiel et de l'Yonne; et le T. eudoxus, d'Orb., du terrain 
kimméridgien de Villerville. 

Le 7. Rouillieri, d’Orb. (T. monilitectus, Rouill. non Phill.), provient de 
l'oxfordien de Russie (5). 

Les auteurs allemands ont fait connaître un grand nombre de trochus de 
leur Jura blanc qui correspond, comme on sait, à l’oxfordien supérieur, au 
corallien et aux étages jurassiques supérieurs. On trouvera leur description (6) 
dans les ouvrages de Goldfuss (neuf espèces d'Eichstaedt , de Streitberg, de 
Nattheim, etc.), de Roemer (sept espèces du corallien); celle du portlan- 
dien, le T. acutimargo, parait être une pleurotomaire, I1 faut y ajouter les 
Monodonta lœvigata, Münster, et ornata, id., d’Auerbach et de Nattheim, 
décrites dans le grand ouvrage de Goldfuss. 


Ce genre se continue assez abondant pendant l’époque crétacée. 
On en trouve dans les terrains néocomiens et aptiens. 


M. Leymerie (7) a trouvé le T. striatulus dans le terrain néocomien de 
Marolles. 


(1) Goldfuss, Petref. Germ., t. I, p. 55, pl. 180; Roemer, Norddeutsch. 
Oolith., p. 150, pl. 10, et Nachtræge, p. 45, pl. 20; Zieten, Pétrif. Wur- 
temb., pl. 35, fig. 1. 

(2) Mém. Soc. géol., 1843, t. V, pl. 29. 

(8) Pal. franç., Terr. jur., t. IL, p. 270, pl. 311 à 317. 

(#) Pal. franç., Terr. jur., t. UE, p. 291, pl. 318. 

&) Bull, Soc. nat. Moscou, 1847, t. XX, p. 403, fig. 21. 

(6) Goldfuss, Petref. Germ., t. TI, p. 56, pl. 180; Roemer, Norddeutsch. 
Oolith., p. 150, pl. 11. 

7) Mém. Soc. géol., 1842, t. V, p. 43, pl. 17. 


118 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


M. d'Orbigny (!)a fait connaître les T. Albensis, Marollinus et dentigerus 
du même gisement ; ainsi que le 7. Astierianus, d'Orb., du terrain urgonien 
du département du Var. Il a depuis lors indiqué dans son Prodrome quelques 
espèces nouvelles du néocomien du Var et de l'Yonne et du terrain aptien. 

Les seules espèces que je trouve citées dans le hilston ou le hilsconglome- 
rat d'Allemagne sont le T. bicinctus, Roemer (tricinctus, olim), et le T. sca- 
laris, Roemer (2). 

Le lower green sand d'Angleterre a fourni (3) le T. subreticulatus, d'Orb. 
(T. reticulatus, Phill.), de Speeton, le T'. minimus, d'Orb. (Solarium minimum, 
Forbes), du même gisement, et le T. subpulcherrimus, d'Orb. (Turbo pulcher- 
rimus, Forbes), d'Atherfield. 

J'ai décrit avec M. Renevier (#) les Trochus Razoumowski du terrain ap- 
tien inférieur de la perte du Rhône, et le T. Couveti, id., du même terrain, à 
la Presta près Couvet. 


Le gault fournit quelques espèces de formes normales et quel- 
ques espèces ombiliquées. Ces dernières font une transition aux 
solarium, tellement que les limites entre les deux genres sont 
difficiles à fixer. Elles ont en conséquence été placées tantôt dans 
l'un, tantôt dans l'autre. Je me range volontiers à l'opinion 
qui place dans le genre des trochus toutes les espèces chez les- 
quelles l’ombilie est plus étroit que la largeur d’un tour. 


L'espèce la plus anciennement connue (5) est le Solarium conoïdeurn, Fitton, 
figuré par Brongniart sous le nom de Trochus qurgitis. Elle est répandue 
dans le gault de toute l’Europe. 

J'ai décrit avec M. le docteur Roux (6) les Trochus Guyotianus (Atlas, 
pl. LXII, fig. 6), Tollotianus et Nicoletianus, du gault des environs de Genève, 
ainsi que les Solarium alpinum, triplexæ et Hugianum des mêmes gisements, 
qui doivent, à cause de leur ombilic étroit, passer dans le genre des Trocaus. 


Les craies chloritées, les craies marneuses et les craies supé- 
rieures sont riches en trochus. 


M. Brongniart a décrit le T. Basteroti (?) des environs de Rouen. 


(1) Pal. franç., Terr. crét., 1. 11, p. 182, pl. 176 et 177 ; Prodrome, t. II, 
p. 69, 104 et 115. 

(2) Roemer, Norddeutsch. Oolithgeb., p. 151, pl. 14, fig. 8; Norddeutsch, 
Kreideg., p. 81, pl. 20, fig. 3. 

(3) Forbes, Quart. journ. geol. Soc., I, p. 248, pl. 4, Phillips, Geol. of 
Yorkshire, pl. 2; d'Orbigny, Prodrome, t. II, p. 115. 

{(*) Paléont. Suisse, T. aptien, p. 39, pl. 4, fig. 3 et 4. 

(5) Trans. of the geol. Soc., t. IV, 1836, pl. 11, fig. 14; Brongniart dans 
Cuvier, Ossem. foss., pl. Q, fig. 7. 

(8) Descr. foss. grès verts, pl. 19 et 21. 

(7) Dans Cuvier, Osseim. foss., 4° édit,, pl.K, fig, 2. 


TROCHIDES. 119 


Depuis lors M. d'Orbigny (!) a fait connaître un très grand nombre d'es- 
pèces; sept d’entre elles sont décrites dans la Paléontologie française (T. Re- 
quienianus des craies chloritées de Cassis, Guerangeri, Sarthinus et Marçaisi 
des grès verts cénomaniens du Mans, Marrotianus, difficilis et Girondinus 
des craies supérieures de Royan). Il a ajouté dans son Prodrome plusieurs es- 
pèces inédites. 

M. d’Archiac (2) a décrit les trochus du tourtia de Belgique (T. Buneli, 
Iuoti, Duperreyi, etc.). 

On trouve quelques espèces des craies supérieures de la Touraine décri- 
tes (3) par M. Dujardin (T. funatus, T, simplex, Dujardinii, d'Orb.). 

L'Allemagne en a fourni un grand nombre d'espèces qui ont été décri- 
tes (#) par Münster et Goldfuss (dix espèces, dont six nouvelles des craies chlo- 
ritées de Haldem et du plaener de Quedlimbourg), Geinitz (T. Reichü, Steinlei 
et Cordieri), Roemer(T. planatus, R., du plaener mergel), Reuss (T. plicatus 
et Geinitzi, de Luschitz, T. pseudohelix et canaliculatus, de Koriczan), Müller 
(T. Koninckii, d'Aix-la-Chapelle), etc. 

Les espèces de Gosau (Tyrol) ont été décrites (5) par Sowerby (T. spiniger), 
Goldfuss (T. plicato-granulosus), et M. Zekeli (T. triqueter et coarctatus). 

M. d'Orbigny indique (6) deux espèces inédites du terrain danien de la 
Falaise près de Beynes. 

On peut ajouter (7) quelques espèces des terrains crétacés supérieurs de 
Pondichéry. 

Les trochus sont surtout abondants dans les terrains tertiaires. 

On en connaît quelques-uns de l’époque nummulitique et des 
terrains tertiaires inférieurs. 


M. Alex. Brongniart ($) a décrit quelques espèces du Vicentin, les T, Luca- 
sianus et Boscianus de Castelgomberto et la Monodonta Cerberi, de Ronca. 

M. Bellardi a fait connaitre (?) les T'. lœvissimus, Bell, Niceensis, id., et une 
espèce indéterminée du terrain nummulitique de la Palarea, près de Nice. 

M. Deshayes (10) a décrit dix-sept espèces du bassin de Paris (y compris les 


() Pal. franç., Terr. crét.,t. II, p. 186, pl. 177, etc, 

(2) Mém. Soc. géol., 2° série, 1847, t. IL, pl. 25. 

($) Mém. Soc. géol., 1837, t. Il, p. 231, pl. 17. 

(#) Münster dans Goldfuss, Petref, Germ., t. IE, p. 58, pl. 181 et 182 ; 
Geinitz, Characht., p. 47, Kieslingswalda, pl. 6, Handb., pl. 14; Roemer, 
Norddeutsch. Kreidef., p. 87 ; Reuss, Boehm. Kreidef., 1, 48, I, 412 ; Müller, 
Aach. Kreidef., IL, p. 44. 

(5) Sowerby, Trans. geol. Soc., 2° série, t. INT, p. 38; Goldfuss, Petref. 
Germ., t. I, pl. 182, fig. 3; Zekeli, Gastér. Gosau, pl. 9, fig. 1 et 3. 

(6) Prodrome, t. I, p. 291. 

(7) Forbes, Trans. geol. Soc., 2° série, 1846, t. VII, pl. 13. 7 

(8) Vicentin, p. 55, pl. 2. 

(®) Mém. Soc. géol., 2° série, t, IV, pl. 12. 

("9; Descr, cog. foss. Par. t. I, p. 227, pl. 27 à 31. 


1350 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


phorus, êtc.), parmi lesquelles le 7. fragilis, Desh. (subfragilis, d'Orbigny), 
appartient aux tertiaires inférieurs de Beauvais, et le T, subcarinatus, Desh., 
aux sables inférieurs de Soissons. 

La plupart des autres se trouvent dans le calcaire grossier, et en particu- 
lier les T. crenularis, Lamk, ornatus, id., mitratus, Desh., funiculosus, id., 
Lamarckü, id., elatus, id., sulcatus, Lamk. Il faut probablement aussi trans- 
porter dans ce genre une partie des espèces décrites comme des turbos. 

Quelques espèces appartiennent aux grès marins supérieurs (parisien B) de 
Valmondois, etc. Ce sont les T. monilifer, Lamk (Atlas, pl. LXIL, fig. 7), 
margaritaceus, Desh., minutus, id., patellatus, id., auxquels on peut ajouter 
la Monodonta parisiensis, id. 

M. Sowerby a fait connaître, sous le nom de turbo, quelques espèces des 
terrains éocènes d'Angleterre, Plusieurs appartiennent au genre des phorus, 
dont je parlerai plus bas. 


Les terrains miocènes contiennent une quantité considérable 
de trochus. 


Parmi les espèces du bassin de Paris décrites par M. Deshayes, il en est 
quelques-unes qui appartiennent aux terrains miocènes inférieurs. Ce sont les 
T. cyclostoma, Desh., bicarinatus, Lamk, et incrassalus, Desh. (subincras- 
satus, d'Orb.), 

Les faluns bleus de Dax et les terrains miocènes inférieurs de Bordeaux 
ont fourni une dizaine d'espèces qui ont été étudiées (1) par M. Basterot et 
M. Grateloup (T. labarum, Bast., T. Bucklandii, id., ete.). 

Les faluns jaunes du même pays, et en général les terrains miocènes supé- 
rieurs du sud-ouest de la France, sont riches en trochus. Ils ont été décrits 
par les mêmes auteurs. On a figuré, dans l'Atlas, pl. LXIN, deux espèces 
comme type du groupe des monodontes, fig. 8, le 7. Araonis (Monodonl« 
Araonis, Grat.), et fig. 9, le T. cypris, d’Orb. (Monod. elegans, Bast.). 

On doit à M. Matheron (2?) la connaissance de quelques espèces des mol- 
lasses miocènes du midi de la France (7. Martinianus, Math.). 

Les principales espèces des terrains miocènes du Piémont (3) sont le 
T. Amedei, Brongn., le 7. turritus, Bon., les T. cingulatus et crenulalus, 
Brocchi, les T. rotellaris, Mich., Borsoni, id., et verteæ, id., ete., etc. 

M. Nyst (f) a décrit les espèces de Belgique. [Il en compte dix espèces, dont 
cinq nouvelles du système campinien (miocène supérieur), et deux du système 
tongrien, le T. calliferus, Desh., et le T. Kickæü, Nyst, qui se retrouve 
aussi dans le campinien. 

Les espèces du crag d'Angleterre ont été décrites (>) par Sowerby, puis 


(1) Basterot, Cog. foss. Bord., pl. 4; Grateloup, Conch. foss. Adour, I. 

(2) Catal. corps organisés, ete., Trav. Soc. stat. Marseille, 1843, p. 236. 

(3) Brongniart, Vicentin, pl. 6; Sismonda, Synopsis, p. 49; Michelotti, 
Descr. foss. mioc. Piémont, p. 181. 

(4) Cog. et pol. foss. de Belgique, p. 377. 

(5) Sowerby, Min. conch., pl. 181 et 272: Wood, Moll. from the crag 
Pal, Society, 1848, p. 123, pl, 13), 


I ROCHIDES. 151 


par M. Wood, qui eu énumère dix-huit espèces, auxquelles on doit ajouter 
trois MarGARITA et cinq An£oris. Sur ces vingt-six espèces, dont huit sout 
nouvelles, dix appartiennent exclusivement au crag corallien; deux se trou- 
vent dans le même gisement et dans les mers actuelles (T. conulus, Lin., et 
T. millegranus, Phil.); une espèce (T. Kickæü, Nyst.) se trouve dans le crag 
corallien et dans le crag rouge ; six appartiennent à ces mêmes gisements et 
se retrouvent dans les mers actuelles; sept enfin n’ont apparu que dans le 
crag rouge ct dans le crag supérieur; trois d’entre elles vivent encore. 

M. d'Orbigny (!) a fait connaître plusieurs espèces de Bessarabie. M. Du- 
bois de Montpéreux a décrit (2) celles de Volhynie et de Podolie. 

Les espèces du nord de l'Allemagne ont été étudiées par Philippi (3) (T. ni- 
tidissimus, Phil., arvensis, id., campestris, id., Struveanus, Zimm., elegantu- 
lus, Phil., ete.). 

On peut ajouter un certain nombre d'espèces américaines (#). 


\ 


Les terrains pliocènes renferment aussi des troques : et parmi 
eux il y a plusieurs espèces qui vivent encore dans nos mers. 

On a surtout décrit (5) les espèces de l’Astezan, sous le nom de trochus 
et de monodonta. Les T. cingulatus, Brocchi, crenulatus, id., et le Mon. 
polyodonta, Brown, se trouvent à la fois dans les terrains miocènes et plio- 
cènes. Les T. palulus, Brocchi, turgidulus, id., et vorticosus, id., sont spé- 
ciaux à ces derniers. Les autres espèces se trouvent à la fois dans les terrains 


pliocènes et dans les mers actuelles {T'. conulus, Lin., fanulum, Gmel., gutta- 
dauri, Phil., magus, Lin., etc., ete.). 


Les Paorus, Montfort, — Atlas, pl. LXIT, fig. 11, 


ont une coquille en forme de cône déprimé, qui a la singulière 
propriété d’agelutiner des corps étrangers au moyen de la sub- 
stance calcaire dont elle est composée. La bouche est fortement 
échancrée au bord columellaire. L'opercule est corné et s'aug- 
mente par des lames arquées latérales. Ces mollusques ont été 
d'abord réunis aux troques, mais ils méritent d’en être séparés. 

Les phorus ont apparu pour la première fois dans les terrains 
crétacés supérieurs ; on les retrouve dans la plupart des couches 
tertiaires. Ils sont aujourd’hui peu nombreux et spéciaux aux 
climats chauds. On a, dans l’origine, rapporté presque toutes Îles 
espèces au Zrochus conchyliophorus, Born, qui est vivant; mais 


1) Voyage de M. Hommaire de Hell, Paléontologie, p. 445, pl. 2. 

(2) Conch. foss. plateau Wolhyn. Podol., p. 39, pl. 2 et 3. 

3) Tert. Verst. Norddeutsch., p.22, et Palæontographica, t.1, p.61, pl. 9. 
(#) Lea, Descr. new. foss. tert., p. 35, etc. 

5) Sismonda, Synopsis, p. 49: Brocchi, Conch. subap., pl. 5,6, ete. 


152 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES, 


un examen plus approfondi à montré que les espèces fossiles 
étaient plus nombreuses et surtout plus spéciales dans leur dis- 
tribution géologique qu'on ne l'avait pensé. 

On connaît peu d'espèces des terrains crétacés. 


M. d'Orbigny (!) a décrit le P. canaliculatus (Trochus agglutinans, Man- 
tell), des couches supérieures de la craie de Royan. 

M. Zekeli (2) a fait connaître les P. minutus et plicatus, de Gosau. 

Le Phorus leprosus, d'Orb. (Trochus leprosus, Morton), a été trouvé dans 
les terrains crétacés supérieurs des États-Unis (3). 


Les espèces sont plus nombreuses dans les terrains tertiaires. 


M. Al. Brongniart (#) a décrit le T. cumulans des terrains nummulitiques 
de Castelgomberto. 

Le T. Gravesianus, d'Orb. (5), caractérise les terrains tertiaires inférieurs 
de Cuise-la-Motte. 

Le Ph. Benettiæ, Sow. (T. agglulinans, Lamk non Lin., T. parisiensis, 
d'Orb.), a été trouvé dans l'argile de Londres et de Belgique, ainsi que dans 
le calcaire grossier de Paris (6). 

On peut ajouter (7) parmi les espèces éocenes le T. extensus, Sow., de l'ar- 
gile de Londres, le 7. confusus, Desh., du calcaire grossier, et le 7’. conchy- 
liophorus, Desh. non Born (7. subconchyliophorus, d'Orb.), du terrain pa- 
risien supéricur. (Atlas, pl. LXIL, fig. 11.) 


Les terrains miocènes renferment plusieurs espèces qui ont été 
en général confondues avec les précédentes. 


M. Grateloup ($) réunit trois espèces sous le nom de T, conchyliophorus, 
Bora; il en forme cependant trois variétés. L'une, sous le nom de Burdi- 
galensis, Grat. (Benettiæ, Brongn. non Sow.), paraît être la même que celle 
qui a été nommée Deshayesi par M. Michelotti ; elle se trouve dans le terrain 
miocène supérieur de la montagne de Turin et dans les faluns bleus de Dax. 

La seconde, sous le nom d’italica, est rapportée par M. Grateloup au T. cu- 


(1) Pal. franç., Terr. crét., 1. , p. 180, pl. 176, fig. 13 et 14. 

(2j Gastér. Gosau, p. 61, pl 11. 

(3) Morton, Synopsis crét., p. 46, pl. 15, fig. 6; d'Orbigny, Prodroine, 
CT p:222. 

(#) Vicentin, p. 57, pl. 4, fig. 1. 

(5) Prodrome, t. II, p. 312. 

(6) Sowerby, Min. conch., pl. 98; Deshayes, Cog. foss. Par.,t. I, p. 241, 
pl. 31. 

(7) Sowerby, Min. conch., pl. 278; Deshayes, Cog. foss. Par., t. II, p. 242 
et 243, pl. 31. 

8) Conch. foss. Adour, 1, Voyez, pour la synonymie de ces especes, d'Orbi- 
guy, Prodrome, t. IL. 


FROCHIDES. 195 
mulans, Brongn. C'est le P. Grateloupi, d'Orb.; elle provient également des 


faluns bleus. 
La troisième, rapportée à tort par le même auteur au T. agglutinans, 


Lamk, est le Ph. aquensis, d'Orb., et provient des faluns jaunes. 

Les terrains miocènes de la colline de Turin renferment, outre le Ph. Des- 
hayesi, Mich., ci-dessus indiqué, le Ph. gigas, Kænig, non Borson (Ph. Bor- 
soni, Bellardi), le Ph. testigerus, Bronn (colligens, Bon.), et le Ph. gigas, 


Borson, non Kænig. 

Le terrain tongrien de Belgique renferme (outre le T, agglutinans de l'éo- 
cène) une espèce que M. Nyst rapporte (!) avec doute au Ph. extensus, Sow., 
et qui est le subextensus, d'Orb. 

On peut ajouter (2?) aux espèces miocènes le T. scrutarius, Philippi, de 
Cassel, etc., et le T. plicomphalus, Pusch, de Pologne, 

Les terrains pliocènes d’Asti (3) renferment, outre le Ph. Deshayesi, du 
miocène, le T. crispus, Kœnig (agglutinans , Brocchi), et le T. infundibulum, 


Brocchi. 


Les Caprans (Solarium, Lamk), — Atlas, pl. LXIT, fig. 42 à 21, 


ont une coquille orbiculaire et déprimée, dont le caractère prin- 
cipal est d’avoir un ombilie très ouvert, qui permet d'apercevoir 
tous les tours de spire. La bouche est quadrangulaire, arrondie 
ou triangulaire, fermée par un opercule corné, paucispiré. L'a- 
nimal est identique avec celui des troques. 

Je persiste, malgré l'opinion contraire de plusieurs paléonto- 
logistes, à réunir aux solarium les EvoupnaLus, Sowerby, et par 
conséquent les SrraparoLus, Montfort (Atlas, pl. LXIT, fig. 12 
à 15). J'ai cherché vainement un caractère constant pour distin- 
guer ces deux genres. 

M. d'Orbigny caractérise les solarium par leur bouche quadran- 
gulaire ou arrondie, par leur ombilic le plus souvent crénelé au 
pourtour, et les straparolus par des tours ronds ou carrés, non cré- 
nelés dans l’ombilic. Or, si l’on consulte le Prodrome et qu'on exa- 
mine les espèces distribuées par M. d'Orbigny lui-même entre ces 
deux genres, on verra que cette crénelure est un caractère tout 
spécial aux espèces des terrains tertiaires, et, sur nne vingtaine de 
solarium connus de l’époque crétacée, on en trouve à peine deux 
ou trois qui aient le pourtour de l’ombilic crénelé. 


(1) Cog. et pol. foss. Belg., p. 375, pl. 36. 

(2) Philippi, Tert. Verst. Nordwest., p. 29, pl. 3, fig. 37; Pusch, Pol. 
Pal., p. 110, pl. 10, fig. 7. 

3) Sismonda, Synopsis, p. 50. 


151 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


Les crénelures même de ces espèces sont plutôt une série de 
tubercules dont on trouve les analogues dans les straparolus de 
la même époque. 

M. de Koninck admet aussi le genre euomphalus comme dis- 
linet des solarium ; mais il se fonde sur d'autres motifs. Les eu- 
omphalus ont, suivant Jui, la lèvre extérieure sinuée ou fendue, 
tandis que les solarium ont cette lèvre simple et par contre une 
ou deux petites fentes au pourtour de l'ombilic qui correspondent 
aux crépelures. Ces caractères qui ont motivé aussi l'établisse- 
ment du genre Scaizosroma, Bronn non Lea (‘), sont loin d’être 
généraux et ne suffiraient que pour distinguer quelques euom- 
phalus des terrains anciens , des solarium de l'époque tertiaire. 

Je n'ai pas besoin de réfuter le caractère mis en avant par 
M. Phillips, qui croyait que tous les euomphalus sont cloisonnés 
à l'intérieur. 

Je reconnais cependant que les euomphalus des terrains anciens 
ont un autre facies que les solarium tertiaires; mais c'est à un 
fait fréquent en paléontologie. On voit souvent dans un genre 
naturel les ornements varier suivant les époques géologiques sans 
fournir de motifs suffisants pour une subdivision générique. 

Les solarium sont intimement liés avec les trochus, dont ils ne 
diffèrent guère que par la grandeur de l’ombilic, caractère qui 
présente des transitions nombreuses. Nous avons dit plus haut, 
p. 148, que nous réservions le nom de solarium aux espèces dont 
l'ombilic est largement ouvert et au moins égal à la largeur d’un 
des tours. 

Je leur réunis aussi les MaczurA, Hall etles Opnier4, Vanuxem, 
qui sont des euomphalus à spire déprimée (Wacluritaet Maclurites, 
Lesueur); ainsi que les PLaryscaisma, M°Coy, qui paraissent ne 
différer des euomphaius que par un ombilie un peu plus petit. 

Ce genre a du reste une synonymie compliquée. Les espèces qui 
le composent ont été décrites par les anciens auteurs sous les noms 
de Socarires (Krüger), Uugicires (Hüpsch), COCHLITES TROCHIFOR- 
MES (Schroet.), TrocuiLiTes (Schl.), Heuicires (Martin, Schlot., 
Wahl.), Cort aRIETIS (Bromel), et confondues plus tard avec 
les ampullaires, les dauphinules, les cirrus, etc. Il comprend une 


() Le genre Scmizosrowa correspond, pour quelques auteurs, au genre 
BirronriA, comme je le dirai plus loin, On a confondu aussi sous ce nom des 
pleurotomaires. 


TROCHIDES. 155 


partie des Ixacuus de Hisinger, des Srrrorgts de Steininger, etc. 

Ce genre, tel que nous l’admettons ici, a apparu dès les temps 
les plus anciens du globe. Toutes les espèces de l'époque primaire 
appartiennent à la division des euomphalus ; les espèces de la 
période secondaire ont des caractères intermédiaires, et celles de 
la période tertiaire rappellent plutôt les formes des espèces de 
nos mers actuelles. Les solarium vivent aujourd'hui dans les 
régions chaudes de tout le globe. 

Ils existaient déjà dans l’époque silurienne. 


On trouvera dans le Silurian system de M. Murchison (1) huit espèces dé- 
crites par M. Sowerby, dont trois des roches de Llandeilo (silurien inférieur), 
et cinq des calcaires de Wenlock, de Dudley et d'Aymestry (silurien supé- 
rieur). Il faut retrancher de ces dernières les C. sculptus et funatus qui sont 
des turbo. 

M. M' Coy(?) a fait connaître quelques espèces des terrains siluriens d’An- 
gleterre sous les noms de Euomphalus, Maclureia, etc. 

Les espèces de Russie (silurien inférieur), ont été décrites par Goldfuss (?) 
(E. Quaitierianus, Schl.), de Verneuil, de Keyserling (E. Waschkince), Pan- 
der (Turbo petropolitanus), etc. 

Les euomphalus du terrain silurien supérieur de Suède ont principalement 
été étudiés par Hisinger (#) (huit espèces, dont il faut retrancher quelques 
turbos et auxquelles il faut ajouter les /nachus angulatus et sulcatus, ete.). 
L'E, alatus, Wabhl., est figuré dans l'Atlas, pl. LXIL, fig. 12. 

M. Hall (5) à fait connaître de nombreuses espèces d'Amérique des ter- 
rains Siluriens inférieurs et supérieurs , tant sous le nom d’Euomphalus que 
sous ceux de Maclura et Ophileta. 


Les solarium du groupe des euomphalus sont très abondants 
dans les terrains dévoniens. 


La plupart proviennent des terrains dévoniens du bassin du Rhin et ont 
été décrits (6) par Goldfuss (dix-huit espèces, dont il faut retrancher l'E. 
Goldfussii, qui est un cirrus, et l'E. striatus, qui est une porcellia), le comte 


(!) Silurian system, pl. 22, 13, 6 et 12. 

(2) Ann. and mag. of nat. hist., 2° série, 1851,t, VIL, p. 195. 

(3) Goldfuss, Petref. Germ., t. I, p. 81; Keyserling, Petschora Land, 
p. 265, pl. 11; Pander, Russland, pl. 1, etc. 

(#) LethϾa Suecica, p. 36, pl. 11 et 12. 

(5) Pal. of New-York, t. 1, p. 9, pl. 3, et Nat. hist. of New-York (an- 
nuals reports). 

(6) Goldfuss, Petref. Germ., t. IT, p. 80, pl. 89, 90; Münster, Beilr. zur 
Petref., t. III, p. 85, pl. 15; d’Arch. et Verneuil, Trans. of the geol. Soc., 
2#série;.t. VI, p.362, pl. 33.et: 34. 


150 GASTÉROPODES PECFINIBRANCHES. 


de Münster (quatre espèces d'Elbersreuth et une de Schübelhammer), d'Ar- 
chiac et Verneuil (huit euomphalus dont quatre nouveaux, et le Cirrus Leon- 
hardi, qui appartient au même genre). Deux espèces ont été figurées dans 
l'Atlas, pl. LXIT, l'E. trigonalis, Goldfuss (fig. 13), et l'E. lœvis, d'Arch. et 
Verneuil (fig. 44). 

M. Roemer (!j a décrit l'E. relrorsus et l'E. papyraceus des terrains dévo- 
niens du Harz. 

L’E. subalatus, Verneuil (2), provient du terrain dévonien du département 
de la Sarthe. 

Les espèces d'Angleterre ont été principalement décrites par Phillips (3) 
(E. circularis, serpens et annulatus, outre une espèce rapportée avec doute 
à l'E. radiatus, Goldf.). 

Il faut ajouter les Platyschisma Kircholmiensis, Keyserling (4), et Uchtensis, 
id , du terrain dévonien de Russie. 


Les espèces des terrains carbonifères sont également nom- 
breuses et sont connues depuis longtemps. Plusieurs espèces ont 
une distribution géographique étendue. 


L'E. pentangulatus, Sow. (5), a été trouvé en Angleterre, en Belgique, en 
France, en Allemagne, en Russie, aux États-Unis, etc. 

L'E. pugilis, Phillips (Atlas, pl. LXIT, fig. 15), a été trouvé en Angleterre, 
en Allemagne et en Belgique. 

L'E. acutus, Fleming, l'E. catilloides, de Koninck, etc., sont à peu près 
dans le même cas. 

On trouvera principalement la description des espèces (6) dans les ouvrages 
de Goldfuss (douze espèces de Belgique et de Ratingen, dont il faut retran- 
cher trois dont les tours ne sont pas en contact, et qui sont des Serpularia), 
de Koninck (dix-neuf espèces, dont huit nouvelles, du terrain carbo- 
nifère de Belgique) , Sowerby (Planorbis æqualis, E. catilus, E. Colei, E. no- 
dosus, E. pentangulatus), Phillips (quatre espèces), M’ Coy (E. quadra- 
tus, elc.). 

L'E. Soiwæ, de Keyserling, et l'E. hians, Kutorga, proviennent des ter- 
rains carbonifères de Russie (7). 


1) Palæontographica, t. WF, p. 15 et 49. 

2) Bull. Soc. géol., 1850, t. VII, p. 779. 

) Pal. foss. of Devon, p. 94 et 138, pl. 36 et 60. 
4) Pelschora Land, p. 264, pl. 11. 

(5) Min. conch., pl. 45. 

(6) Goldfuss, Petref. Germ., t. I, p. 85, pl. 190 et 191 ; de Koninck, 
Descr. foss. carb. Belg., p. 418; Sowerby, Min. conch., pl. 45, 46, 
140, 621; Phillips, Geol. of Yorkshire; M°Coy, Syn. of Ireland, p. 37, 
pl. 5. 

(?) Petschora Land, p. 266, pl. 11; Kutorga, Werh. hais, Akad., p. 85, 


pl 90e"; 


TROCHIDES, 157 


On peut ajouter (!) quelques espèces des terrains carbonifères de Bolivia 
décrites par M. d'Orbigny. 


On a récemment découvert dans l’époque permienne : 


L'E. permianus, King (2), qui a été trouvé dans les dépôts permiens d'An- 
gleterre. 


Les solarium de l’époque secondaire ne conservent pas d'une 
manière constante les formes d’euomphalus, et font souvent par 
leurs ornements des transitions aux solarium actuels, sans 
prendre cependant tout à fait leurs formes. Ils ne sont du reste 
pas très abondants. 

Quelques espèces ont été trouvées à Saint-Cassian. 


Je crois qu'on peut considérer comme de vrais solarium les Schizostoma 
serrata, Münster (3) (Atlas, pl. LXIL, fig. 16), dentata, id., gracilis, id., la 
Delphinula Verneuili, Klipst., les D. biarmata, id., lineata, id., plana, id., 
le Solarium bipunctatum, id., et probablement les euomphalus de M. Klip- 
stein. Ceux du comte de Münster sont probablement des turbo. 

Ces solarium de Saint-Cassian sont ou lisses ou ornés de points au pour- 
tour, à peu près comme le Solarium Baugieri, d'Orb., de l’oolithe infé- 
rieure. 


Les solarium de l’époque jurassique sont peu nombreux. Ils 
sont presque tous assez aplatis et ornés de tubercules saillants. 


Le Straparolus sinister, d'Orb., a été trouvé dans le lias moyen () 

L'Euomphalus minutus, Schübler (5), provient du lias de Gammelshausen, 
et l'E. pygmœus, Dunker (5), du lias d'Halberstadt. 

M. d’Orbigny (7) a décrit les Straparolus subæqualis, tuberculosus (Atlas, 
pl. LXIT, fig. 17.) et pulchellus de l’oolithe inférieure, et le S. Baugieri de 
la grande oolithe. 

Le Solarium polygonium, d'Arch. (8), provient de la grande oolithe 
d'Esparey. 


(1) Voyage dans l'Amérique imér., Paléontologie, p. 42, pl. 3. 

(2) Permian foss, (Palæont. Soc., 1848, p. 21, pl. 17). 

(3) Münster, Beitrüge, t. IV, p. 104, pl. 11; Klipstein, Geol. der oesil, 
Alpen, p. 201, etc., pl. 14. 

(#) Pal. franç., Terr. jur.,t. W, pl, 3292, fig. 1-7, 

(5) Zieten, Pétrif. Wurt., p. 45, pl. 35, fig. 6. 

(6) Palæontographica, t. 1, p. 177, pl. 25. 

(7) Pal. franç., Terr. jur., t. II, pl. 321 à 323. 

(8) Mém. Soc. géol., 1843, t. V, p. 378, pl. 29. 


458 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES, 


La grande oolithe d'Angleterre renferme (1), outre l'espèce précédente, les 
Solarium varicosum, Morris et Lycett, et disculum, id. 

Le Solarium Sarthacense, d'Orb., caractérise le terrain kellowien, et le 
Straparolus Sapho, le terrain oxfordien (2). 


Pendant l’époque crétacée ce genre a conservé en grande partie 
les formes de l'époque jurassique. La plupart des espèces sont 
aussi ornées de tubercules. M. d’Orbigny les à réparties entre 
les genres STRAPAROLUS et SOLARIUM, attribuant en général au pre- 
mier les espèces plus aplaties, et au second les espèces à spire 
moins déprimée, lors même, comme c’est le cas le plus fréquent, 
qu'elles n’ont pas de crénelures dans Pombilic. 

Les terrains néocomiens et aptiens en renferment quelques es- 
pèces. 


M. d'Orbigny ($) a décrit les S. neocomiense et alpinum, et le Strap. 
Dupinianus, du terrain néocomien inférieur, ainsi que le Solarium pulchellum 
et le Strap. Moutonianus, du néocomien supérieur. 

Le Solarium carcitanense, Matheron ({), a été trouvé dans le terrain aptien 
de Cassis. 

Le Sol. tabulatum, Phillips (5), provient de l’argile de Speeton. 


Le gault est riche en solarium. 


Le Sol. moliniferum, Michelin, d'Ervy, le Sol. ornatum, Fitton, de 
France et d'Angleterre, le Sol. cirroide , Brongn. (Atlas, pl. LXHI, fig. 20), 
fréquent à la perte du Rhône, sont les plus anciennement connus (6). 

La Delphinula dentata, Leymerie, est aussi un solarium, comme l’a montré 
M. d'Orbigny. 

M. d'Orbigny (7) a fait connaîtrele Straparolus Martinianus (Atlas, pl. LXH, 
fig. 19), et les Solarium Astierianum, granosum, et albense. 

J'ai décrit avec M. le docteur Roux ($) les Sol. Rochatianum, Deshayesi, 
Tingryanuwm, etc. 


(4) Morris etLycett, Mol, from the great oo!. (Palæont. Soc., 1850, p. 71, 
pl. 9). 

(2) D'Orbiguy, loc. cit. 

(3) Pal. franç., Terr. crét.,t, I, p. 194, pl. 178 et 179. 

(4) Catalogue corps org., etc., p. 234, pl. 39. 

(5) Geol. of Yorkshire, p. 94, pl. 2, fig. 36. 

(6) Michelin, Magas. de zool., 1834, pl. 34; Fitton, Trans. of the geol. 
Soc., 1836, t. IV, pl. 11; Brongniart dans Cuvier, Ossem. foss., 4° édit., 
pl. Q, fig. 9. 

(T) Pal. franç., Terr. crét., t. HE, p. 195, pl. 178 à 183. 

(8) Moll. foss. des grès verts, p. 204, pl. 20 et 21. 


TROCHIDES. 159 


Ils se continuent sans être très abondants dans les craies mar- 
neuses et les craies supérieures. 


On trouve dans les grès du Mans (1) (cénomanien) le Solarium scalare, 
d'Orb., et le Straparolus Guerangueri, id. 

Le tourtia de Tournay (2) a fourni le Solarium Thirianum , d'Archiac, et 
le Straparolus ammonitæformis, d'Orb. 

Le Sol. decemcostatum, de Buch, et le Sol. angulaturn, Reuss (subançula- 
tum, d'Orb.), ont été trouvés dans le plaener mergel (3) de Bohème. 

Les S. textile, Zekeli, Orbignyi, id., et quadratum, Sow., proviennent des 
terrains crétacés supérieurs de Gosau (f). 

M. d'Orbigny (5) cite dans le terrain danien le S. Danæ, d'Orb., de 
Meudon, etc. 

On peut ajouter le S. deperditum, d'Orb. (6), des terrains crétacés supé- 
rieurs de Pondichéry. 


Les solarium de l'époque tertiaire se rapprochent beancoup plus 
des formes des espèces vivantes. On n'y retrouve plus le type des 
euomphalus. La plupart sont régulièrement coniques, à tours 
aplatis, à spire surbaissée et à ombilie vaste, crénelé au pourtour. 


Les S. marginatum, Desh. (Atlas, pl. LXIF, fig. 21), bistriatum, Desh., et 
plicatum, Lamk (7), se trouvent dans les sables inférieurs du Soissonnais, de 
Laon, etc. et dans le terrain nummulitique, le premier à Biarritz, le second 
dans le Vicentin, et le troisième à Pau. Ce dernier se continue dans le calcaire 
grossier. 

M. AI. Brongniart a décrit le S. wmbrosum du terrain nummulitiqu® de 
Ronca, M. AI. Rouault les S. planoconcavum et Pomelii des terrains num- 
mulitiques de Pau, M. Leymerie le S. sunplex des terrains nummulitiques 
de Conques et de Montolieu ($). 

M. Melleville (?) a fait connaître le Sol. subgranulatum des terrains ter- 
tiaires inférieurs de Laon. 


(!) D'Orbigny, Pal. franc., Terr. crét., t. Il, p. 206, pl. 177. 

(2) D'Archiac, Mém. Soc. géol., 14847, 2° série, p. 334, pl. 22; d'Orbi- 
guy, Prodrome, t. IL, p. 151. 

(5) Reuss, Boehm. Kreidef., pl. 7 et 10. 

(4) Zekeli, Gastér. Gosau, p. 63, pl, 11. 

($) Prodrome, t. 11, p. 291. 

(©) Voyage de l’Astrolabe, pl. 4. 

(?) Deshayes, Cog. foss. Par., t. 1, p. 218, pl. 25; d'Archiac, Jist. des 
progrès, t. III, p. 284, etc. 

(S) Al, Brongniart, Vicentin, pl. 2, fig. 12; AI. Rouault, Mém, Soc. géol., 
2* série, t. LL, p. 457 ; Leymerie, 1d., t. I, pl. 16. 

9) Descr. sabl, tert. infér., etc., (Ann. Soc. géol., 1843, p. San, ni..5) 


160 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


Les espèces du bassin de Paris ont été surtout décrites par Lamarck et par 
M. Deshayes (1). Outre les trois espèces des terrains tertiaires inférieurs, in- 
diquées ci-dessus, on cite les S. patulum, Lamk, spiratum, id., canalicula- 
um, id., du calcaire grossier, et les S. trochiforme, Desh., et plicatulum, id., 
des grès marins supérieurs. 

Le S. discoideum, Sow. (2), provient de l’argile de Londres. 

On trouve dans les terrains éocènes de Belgique (3) le S. Nystii, Galeotti, 
et le S. grande, Nyst. 

Les terrains tertiaires éocènes d'Amérique ont fourni plusieurs espèces (4). 


Les terrains miocènes et pliocènes sont très riches en solarium. 


M. Grateloup (5) a fait connaître une espèce des faluns bleus (S. pseudo- 
perspectivum, Grat. non Brocchi, S. Grateloupi, d'Orb.), et plusieurs espèces 
des faluns jaunes, soit sous le nom de Solarium, soit sous celui de Delphinula. 

M. Matheron (6) a décrit le S. Doublieri des mollasses miocènes du midi 
de la France. 

M. Dujardin (°) a trouvé dans les faluns bleus de la Touraine les S. mi- 
serum, Duj., et planorbillus, id. 

M. Nyst a décrit (8) le S. Dumontii, N., du système tongrien de Belgique, 
et le S. turbinoides, id., du système campinien. 

M. Philippi a recueilli, à Cassel (?), le S. acies, Phil. M. d'Orbigny rap- 
porte au même geure la plupart des dauphinules du mème auteur. 

Les solarium sont fréquents dans les terrains tertiaires du Piémont, 
et ont été décrits par MM. Brocchi, Bronn, Michelotti, etc. Ce dernier au- 
teur (1°) en compte onze dans le terrain miocène, dont quatre nouvelles, 
S. Lyelli, Mich., humile, id., Dehayesi, id., Brocchi, id. 

Les S. simplex, Bronn, stramineum, Lamk (subvariegatum, d'Orb.), se 
trouvent aussi dans le terrain pliocène. 


Les terrains récents renferment des solarium en général iden- 
tiques avec les vivants (11). 


(1) Cog. foss. Par, t. 1, p. 245, pl. 25 et 26. 

(?) Min. conch., pl. 11. 

(3) Nyst., Cog. et pol. foss. Belg., p. 368, pl. 34 et 36. 

(#) Voyez d'Orbigny, Prodrome, t. I, p. 348. 

(°) Conch. foss. Adour, I. 

(6) Catal., etc., p. 235, pl. 39. 

(7) Mém. Soc. géol., 14837, t. I, p. 282, pl. 19. 

(8) Cog. et pol. foss. Belg., p. 369, pl. 36. 

(*) Tert. Verst. Nordw,. Deutsch., pl. 3; d'Orbigny, Prodrome, t. Il, 
p. 45. 

(19) Descr. foss. mioc. Ital. sept., p. 167, et De solaris in supra cretaceis 
Italiæ, ete. (Transact. Royal Soc. of Edinburgh, vol. XV, part. 1"*). 

(1) Pour les espèces des terrains diluviens, voyez Philippi, Enwum. moll, Sic., 
et Cantraine, Bull. Acad. Brurelles, 1842, p. 342, 


TROCHIDES. 161 


Les BirronTia , Deshayes, — Atlas, pl. LXIT, fig. 22 et 28, 


sont de petites coquilles planorbiformes, à ombilie tout à fait ou- 
vert montrant tous les tours de spire, aussi bien que le côté opposé, 
à labre mince tranchant, séparé du bord columellaire du péristome 
par deux échancrures, l'une supérieure e6t l'autre inférisure, Le 
dernier tour est quelquefois disjoint et séparé des autres. 

M. Deshaves, qui a établi ce genre {!) sur des coquilles tertiaires 
que nous croyons devoir en rester le véritable type, y a réuni 
l'£uomphalus catillus. Ce savant conchyliologiste motive cette 
réunion sur l'existence de deux échancrures à pen près semblables 
dans le péristome de l’euomphalus, échancrures qui ont été pour 
M. Bronn le motif de l'établissement de genre Scrizosroua. 

Je doute beaucoup de la convenance de cette réunion. H faudrait, 
ce me semble, une analogie plus complète pour admettre l'exis- 
tence d'un genre dans l’époque primaire, et pour croire qu’il a été 
interrompu pendant la longue époque secondaire pour reparaître 
à l'époque tertiaire. La forme de la coquille est très différente et, 
tandis que les véritables bifrontia sont minces, à labre tranchant, 
planorbiformes , sans spire saillante, les schizostoma sont de 
grosses coquilles à bord épais, à ombilic bien moins ouvert, à spire 
saillante. Je crois, comme je l'ai dit plus haut, que l'échancrure 
du labre des schizostoma présente une série de modifications qui 
les lient intimement aux solarium, et je ne conserve par consé- 
quent ici le nom de bifrontia qu'aux espèces qui réunissent tous 
les caractères indiqués ci-dessus. 

Je les laisse dans la famille des trochides, malgré l'opinion de 
M. Deshayes, qui les associe aux vermets. La séparation du der- 
nier tour dans un petit nombre d'entre elles ne me paraît pas un 
caractère suffisant pour les éloigner complétement des solarium. 

Les espèces appartiennent exclusivement à l'époque éocène. 


La B. Deshayesi, Michaud (?) a été trouvée dans les sables inférieurs de 
Laon. 


(*) Ce genre avait d’abord été désigné par M. Deshayes (£Eneyel. méth.) sous 
le nom d'OmaLaxoN ou HowaLaxoN, puis OmaLaxis. Dans la 2° édit. de Lamarck, 
Histoire naturelle des animaux sans vertèbres, ce nom a été changé en celui 
de Bifrontia. 

(2?) Galerie de Douai, p. 325, pl, 29; Melleville, Sabl. tert. inf., Ann. se, 
géol., p. 58, pl. 5. 


HI, il 


16% GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES,. 


M. Deshayes!{f) a décrit la B. Laudinensis, Desh., des terrains tertiaires 
inférieurs de Cuise-la-Motte, Laon, etc. (Atlas, pl. LXI, fig. 23) etles B. bi- 
frons, Lamk, disjuncta, Desh , marginata, id., et serrata, id., du calcaire 
grossier. La première nommée par Lamarck, Solaritum bifrons, est l'espèce la 
plus anciennement connue. La B. disjuncta a son dernier tour en partie déta- 
ché (Atlas, pl. LXII, fig. 22). 


Les Serpurarta, Roemer (?), — Atlas, pl. LXIT, fig. 24, 


sont des solarium à tours disjoints. Ils exagèrent ainsi ce que 
nous venons de voir dans quelques bifrontia, et la disjonction est 
plus profonde et dure pendant la totalité de Ja croissance. Ils ont 
le labre simple et sans échancrure. 

Ce genre a été établi par M. Roemer pour quelques espèces de 
l'époque primaire qui ont d’ailleurs les caractères des euomphalus. 
Il est donc probable qu'on doit le laisser dans la famille des tro- 
chides, mais quelques espèces semblent indiquer une transition 
aux vermeis. 

Je doute beaucoup, par des motifs analogues à ceux que j'ai 
exposés en traitant des bifrontia, qu'on doive associer à ce genre 
la petite coquille paradoxale connue sous le nom de Cyclostoma 
spiruloides, Lamk (%), qui est plus mince et moins déroulée que les 
vraies serpularia. 

En admettant cette exclusion, les serpularia caractérisent les 
terrains dévoniens et carbonifères. 


La S. centrifuga, Roemer (Ewomphalus serpula, d’Arch. et Vern. non 
Kon.), provient du terrain dévonien du Hartz, de Paffrath, cte. (#). 

L'E. circinalis, Goldfuss (5) de l'Eifel, est aussi une serpularia ainsi que 
l'E. disjunctus, id. du calcaire carbonifère de Ratingen et l'E. vermilia, id., 
du calcaire carbonifère de Tournay. 

11 faut ajouter deux autres espèces du calcaire carbonifère de Belgique, dé- 
crites par M. de Koninck 6) sous les noms de Euomphalus serpula, Kon. non 
d’Arch. (Atlas, pl. LXIT, fig. 24), et angiostomus, Kon. 


(i) Cog. foss. Par.,t. 11, p. 221, pl. 26, et 2° édition de Lamarck, t. IX, 
p. 104. 

(2) Le nom de Serpularia a été déjà donné par le comte de Münster à des 
annélides fossiles ; voyez t. [1, p. 569. 

(3) Deshayes, Cog. foss. Par., t. IL, p. 78, pl. 7. 

(4) Roemer, Harzgebirge, p. 31, pl. 8, fig. 13; d'Archiac et Verneuil, 
Trans. geol. Soc., 2° série, 1842, t. IV, p. 368, pl. 33. 

(5) Petref. Germ., t. I, p. 81, pl. 189, fig. 6, pl. 190, fig. 7, pl. 194, 
fig. 2. 

(6) Descr. anim. foss. carb. Belg., p. 425, pl. 23 bis, et 25. 


LROCHIDES, 168 


Les Scazires, Conrad, — Atlas, pl. LXIT, fig. 25 et 26, 


sont caractérisés par des tours fortement anguleux, aplatis en 
dessus et par un ombilic nul ou très petit. 

Ces coquilles sont liées par des formes intermédiaires avec les 
euomphalus et en particulier par le genre des Rapmisroma, Hall, 
qui ont la spire plus courte, quelquefois tout à fait déprimée et un 
ombilie petit, mais bien ouvert. M. d'Orbigny réunit les raphis- 
toma et les scalites , et, en effet, il est presque impossible de 
trouver des caractères constants pour séparer les espèces allon- 
gées, ou scalites, et les espèces déprimées, ou raphistoma. 

Je dois cependant faire remarquer que les liaisons sont tout 
aussi grandes peut-être avec quelques euomphalns : l£. qualte- 
riatus, Schlot., VÆ. maximus, Steininger (trigonalis, Gold- 
fuss, etc.), ont avec un ombilic un peu plus ouvert des formes 
singulièrement semblables à celles des raphistoma. Je crois que 
si l'on doit conserver ce genre, il faudra le limiter autrement. 

Les espèces décrites sous les noms de scalites et de raphistoma 
appartiennent toutes à l'époque primaire. 


M. Hall (1) a décrit un scalite (S. angulatus, Atlas, pl. LXIL, fig. 25), et 
trois raphistoma du terrain silurien inférieur des États-Unis, La R. staminea 
est figurée dans l'Atlas, pl. LXIT, fig. 26. 

M. d'Orbigny rapporte à ce genre le Turbo Roemeri, Goldfuss (2) du ter- 
rain dévonien de l’Eifel , mais cette espèce est beaucoup moins carénée que 
les américaines; elle a la forme de quelques espèces du genre Lacuna, Turton. 

Suivant le même auteur la Naticopsis Domaniciensis, Keyserling (3, serait 
aussi une scalite, mais la forme de la bouche, l'absence de carène et l’exis- 
tence d’une sorte de dent à la columelle me paraissent rendre cette assertion 
très douteuse, 

La Janthina Issedon, de Verneuil, a davantage les formes des scalites améri- 
caines ; il en est de même d’un moule indéterminé figuré par le mênie auteur. 


Ces deux espèces ont été trouvees dans les terrains carbonifères de Rus- 
sie (4). 


(1) Palæont. of New-York, t. I, p. 27, pl. 6. 


(2) Goldfuss, Petref. Germ., t. AI, p. 91, pl. 492, fig. 6; d'Orbigoy, 
Prodrome, t. I, p. 68. 


(8) Petschora Land, p. 267, pl. 11, fig. 13. 
(f) Paléont. de la Russie, p. 341, pl. 23, fig. 3 et 14. 


16h GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


Les PITTONNELLES (Pittonnellus, Montfort), —Atlas, pl. LXIT, 
: fig. 27 et 28, 


ont les formes des trochus et des solarium; ils en diffèrent per 
une forte callosité qui recouvre l’ombilic. Leur coquille luisante 
et polie a une bouche semi-lunaire, à bord mince et tranchant ; 
l'animal a la forme de celui des trochus. Ce genre se distingue 
facilement de tous ceux de cette famille par les caractères que je 
viens d'indiquer et il a été admis par la plupart des auteurs, mais 
il a reçu plusieurs noms. Il correspond aux ROULETTES ou Ro- 
TELLA de Lamarck, aux GLoguLus de Schumacher (non Sowerby) 
et aux PrycomPgaLus d'Agassiz. Il à été aussi confondu avec les 
Nérites, les Trocaus, les HÉLICINES, etc. 

Ces mollusques habitent aujourd’hui les mers chaudes, jnsqu à 
la Méditerranée ; on les trouve fossiles dans plusieurs terrains, 
à partir des plus anciens; mais ils sont en général rares, et 
parmi les espèces qui ont été décrites plusieurs doivent être trans- 
portées dans d’autres genres. 

La plus ancienne appartient au terrain dévonien. 


La R, helicinæformis, Goldf. (1) a été trouvée à Pfaffrath. 
On en connait du lias. 


Les Rotella callosa, Bronn, et expansa, Goldf., ont été toutes deux trou- 
vées en Allemagne (2) et ne sont peut-être que des variétés d’une seule 
espèce. M. d'Orbigny les considère comme des pleurotomaires. 

Le lias supérieur de Normandie en renferme une qui est longue et conique, 
comme certains trochus, mais qui a bien la callosité des pittonnelles. 

M. d'Orbigny (3) l'a décrite sous le nom de P, conicus (Atlas, pl. LXIT, 
fig. 27). 


On en connaît aussi deux espèces de l'époque crétacée. 


M. d'Orbigny a décrit (£) la Rotella Archiaciana des grès cénomaniens du 
Mans, Atlas, pl. LXIT, fig. 28. 

La P. bicarinata, Zekeli (5), caractérise les terrains crétacés supérieurs de 
Gosau. 


(1) Petref. Germ., t. HT, p. 102, pl. 195, fig. 7. 

(2) Deshayes, Cog. caract. des terrains, p. 189, pl. 4, fig. 5 et 6 ; Goldf., 
Petref. Germ., t. IT, pl. 195, fig, 8 et 9. 

(3) Pal. franç., Terr. jur., t. IN, p. 304, pl. 321. 

(*) Pal. franç., Terv. crél, WU; pl. 178: 

(5) Gastéropodes de Gosau, p. 61, pl. 11, fig. 3. 


TROCHIDES. 165 


Le P. crelaceus, d'Orb, :!}, a été trouvé dans les terrains crétacés supé- 
rieurs de Pondichéry. 


Les pittonnelles ont été trouvées aussi dans les terrains tertiaires 
et y sont un peu plus abondantes. 


M. d'Orbigny place dans ce genre (2?) l’AHelicina dubia, Lamarck, du calcaire 
grossier et la Delphinula callifera, Desh., des grès marins supérieurs. Elles 
n'en ont qu'une partie des caractères. 

Deux espèces ont été trouvées dans les terrains miocènes supérieurs de 
Bordeaux (3) et de Dax. Ce sont les R. nana, Grat., et Defrancii, Basterot. 

Cette dernière espèce se trouve aussi dans les terrains miocènes du Pié- 
mont. 


On peut ajouter quelques espèces de l'Amérique septentrionale (f). 


Les H£zicocayrTus, d'Orbigny, pl. LXIT, fig. 29, 


out une coquille qui s'enroule d’une manière fort différente de 
tous les genres précédents: la spire est formée de tours embrassants 
aussi bien en dessus qu'en dessous, de manière à laisser un ombi- 
lice non-seulement sur la face ombilicale ordinaire, mais aussi sur 
la face spirale. La coquille est déprimée , orbiculaire ; la bouche 
est verticale, ovale, transverse, à bords tranchants et recouverts 
d'une forte callosité sur toute la partie embrassante. 

On ne connaît que deux.espèces de ce genre singulier. 

La plus ancienne appartient à l'époque corallienne. 


C'est l'H. pusillus, d'Orb. (5) (Helix pusilla, Roemer), recueilli à Saint- 
Mihiel (Meuse) et à Hohenggelsen en Allemagne. 


La plus récente a été trouvée dans le terrain cénomanien. 


M. Sowerby (5) l’a décrite sous le nom de Planorbis radiatus ; elle a éte 
trouvée à Blackdown et dans le Mans. 


Les STOMATES (Sfomatia, Lamarck), — Atlas, pl. LXTIT, 
fis.-A eb2, 


forment une transition entre les véritables trochides et les halio- 


(1) D'Orbigny, Voyage de l’Astrolabe, pl. 4. 

(2) Deshayes, Cog. foss. Par., t. I, pl. 6 et 25. 

(3) Basterot, Cog. foss. Bord., pl. 1; Grateloup, Conch. foss. de 
l'Adour , I. 

(#) Lea, Descr.new foss. tert., pl. 56. 

(5) Pal. franç., Terr.jur., t. II, p. 303, pl. 321. 

5) Min. conch., pl. 140, fig. 8 et 9, 


166 GASTÉROPODES PECTINIBRANCIHES. 


tides. Elles ont une coquille auriforme et évasée comme les oreilles 
de mer actuelles, mais leur labre n’est pas percé de trous. L’ani- 
mal a des caractères qui rappellent à la fois les deux familles. 
L'existence d'un opercule rudimentaire semble leur assigner une 
place à la fin de celle des trochides. 


Les stomates ont vécu à toutes les époques géologiques et se 
retrouvent dans nos mers (!). 


Les plus anciennes appartiennent aux terrains dévoniens. 


M. d'Orbigny (?) attribue avec raison à ce genre les Sigaretus furcatus et 
rugosus, Goldf., de l'Eifel, le Péleopis lineata, id., du même gisement et 
le P. substriala, Münster, de Schübelhammer. 

Je pense avecle même auteur que le Capulus Ermanni, de Verneuil, Keys., 
Murch. (3), du terrain carbonifère de Russie, est probablement une 
stomatia. 

M. d'Orbigny (f) rapporte encore au même genre diverses espèces de 
Saint-Cassian décrites par le comte de Münster et par M. Klipstein sous les 
aoms de Capulus, Nalicella, Rotella et Sigaretus. 


On n'en cite qu'un petit nombre d'espèces de l’époque juras- 
sique. 


On trouve dans le lias la S. reticulata, d'Orb. (Pileopsis reticulata, Müns- 
ter), de Banz (5). 

Ce n’est qu'avec doute que MM. Morris et Lycett (6) rapprochent des sto- 
matia la singulière coquille dont ils ont fait le genre Mecasroma et qu'ils 
désignent sous le nom de Stomatia ? (Megastoma) Buvignieri. Elle provient de 
la grande oolithe de Minchinhampton. 

La S. sulcosa ( Nerita sulcosa, d’Archiac) provient de la grande oolithe 
d'Esparcey (7). 

M. Buvignier (8) a décrit les Stomatella carinata (Atlas, pl. LXII, fig. 1) 
et funata du terrain corallien de Saint-Mihiel. 


Elles paraissent également rares dans l’époque crétacee. 


(1) Il paraît qu'on doit leur réunir les SromareLces (Stomatella, Lam.). 

(2) Prodrome, t. 1, p. 68; Goldfuss, Petref. Germ., t. HI, p. 10 et 15, 
pl. 168. 

(3) Paléont. de la Russie, p. 331, pl. 23, fig. 10. 

(4) Prodrome, t. 1, p. 194. 

(5) Goldfuss, Petref. Germ., t. Il, p. 11, pl. 168, fig. 8. 

(6) Mol. from the great ool., Palæont, Soc., 1850, p. 84, pl. 9. 

(7) D'Archiac, Mém. Soc. géol., t. V, p. 477, pl. 28, fig. 10. 

8) Mém. Soc. Verdun, t. Il, p. 19, pl. 5, d'Orhigny, Pal. franç., Terr. 
jur., t. IE, pl. 339. 


TROCHIDES. 167 


J'ai décrit ({}avec M. Roux la S. gaultina, du gault des environs de Ge- 
nève (Atlas, pl. LXIIL, fig. 2). 

M. d'Orbigny (2) a fait connaître la S. aspera du terrain cénomanien de 
Cognac. 


On n'en a encore trouvé aucune dans l'époque tertiaire. 


9e Fame. — HALIOTIDES. 


La famille des haliotides est composée de quelques genres qui 
ont été associés, par des hypothèses plus ou moins probables, aux 
oreilles de mer. Ces dernières sont les seules dont l'animal soit 
connu etelles sont, comme on le sait, caractérisées par une coquille 
déprimée, auriforme, percée de trous sur le labre. Ces trous corres- 
pondent à des tubes qui s'ouvrent dans la cavité respiratoire et qui 
servent à y introduire l'eau. L'animal porte sur son pied des tenta- 
cules ou filaments flexibles semblables à ceux des trochides, mais 
beaucoup plus nombreux. Ce pied est large, épais au centre, 
amincei sur les bords, et l'organisation du mollusque paraît ne pas 
s'éloigner beaucoup de celle de la famille précédente, sauf que la 
circulation y est plus lacunaire, ainsi que l’a montré M. Milne 
Edwards. 

Les paléontologistes sont en grande partie d'accord pour rap- 
procher des oreilles de mer un certain nombre de coquilles fossiles 
turbinées, de forme trochoïde ou allongée, rappelant celle des 
trochus , des turbo, des euomphalus, ete., mais caractérisées par 
une longue fente sur le labre. On a considéré cette fente comme 
analogue des trous de la coquille des oreilles de mer et on lui 
a attribué par hypothèse des fonctions analogues. Les plenroto- 
maria et les murchisonia sont les types auxquels je fais allusion. 
La longueur de la fente, et la trace qu'elle laisse sur le test, en 
prouvant son importance probable, justifient cette manière de voir. 

Le genre des trochotoma, celui des eirrus et celui des polytre- 
maria offrent d’ailleurs, comme je le montrerai plus bas, des 
transitions importantes entre les pleurotomaires et les oreilles de 
mer, et fournissent ainsi une preuve nouvelle en faveur de la 
convenance de leur réunion. 

Le genre vivant des scissurella, d’Orbigny, a la forme tro- 


(*) Mol. foss. grès verts, p. 245, pl. 24, fig. 3. 
(2) Pal. franc., Terr. crét., t. W, p. 237, pl. 188, fig. 4 à 7. 


168 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


choïde et la fente des pleurotomaires et pourra par consequent 
fournir de précieuses données, mais l'animal est encore inconnu. 

En admettant la grande probabilité des analogies que nous 
venons d'analyser, nous pouvons donc définir la famille des halio- 
tides comme ayant une coquille auriforme ou conique dont le 
labre est percé de trous distincts ou d'une fente marginale. 

Cette famille, ainsi limitée, a une histoire paléontologique fort 
singulière, et qui rappelle plutôt celle des céphalopodes ou des 
brachiopodes que celle des autres familles de la classe des gas- 
téropodes. Elle a été profondément modifiée pendant la série des 
temps , et aucun des genres qui la composent n’a vécu pendant 
toutes les époques. 

Deux se trouvent dans les mers actuelles. 

La plupart sont spéciaux à une période limitée. Ceux des mur- 
chisonia, cantantostoma , et des polytremaria ne dépassent pas 
l'époque primaire. 

Celui des porcellia et celui des cirrus qui ont commencé dans 
celte époque se sont éteints avant le milieu de l’époque secondaire. 

Le geure des trochotoma est spécial aux terrains jurassiques. 

Les haliotides et les scissurelles, les seuls genres actuellement 
vivants, ne datent que de la fin de l'époque tertiaire. 

Les pleurotomaires au contraire sont richement représentées 
dans toute la série des terrains, depuis le silurien. Elles dispa- 
raissent toutefois vers le milieu de l’époque tertiaire, et manquent 
aux mers actuelles. I résulte de là que la famille des haliotides a 
été en voie de diminution dans le nombre des genres qui l'ont 
successivement représentée. On compte six genres de celte fa- 
mille dans l’époque primaire, quatre dans la période jurassique, 
un seul (les pleurotomaires) depuis le commencement de l'époque 
crétacée, jusqu'au milieu de l'époque tertiaire, et un seul encore 
(les haliotides) depuis ce moment jusqu’à l'époque quaternaire, où 
un second genre (les scissurelles) vient S'y ajouter pour se con- 
tinuer dans l'époque actuelle. 


Les PLEUROTOMAIRES (Pleurotomaria, Defr.), — Atlas, pl. LXIIF, 
fig. 3 à 40, 


sont le genre qui se rapproche le plus de la famille précédente; 
leur coquille est conique, déprimée où subglobuleuse, ordinaire- 
ment trochoïde, avec ou sans ombilie. La bouche est de forme 
variable, modifiée par le tour de spire précédent. La columelle 


HALIOTIDES. 169 


est simple, quelquefois calleuse. Le Fabre est tranchant et échan- 
eré par un sinus, en fente plus ou moins étroite et prolongée. Ce 
sinus, à mesure qu'il se ferme en arrière, laisse toujours appa- 
rente à l'extérieur de la coquille une bande, que M. AT. d'Orbigny 
nomme la bande du sinus {\). On l'aperçoit assez généralement à 
tous les tours, ct ses lignes d’accroissement sont écailleuses, ar- 
quées et imbriquées, tandis que celles du labre s’infléchiesent de 
chaque côté vers le sinus. Elle laisse ordinairement aussi une 
trace sur les moules qui est quelquefois bien peu marquée, mais 
qui suffit souvent pour les distinguer de ceux des trochus (fig. 9, a). 

Les pleurotomaires sont en général couvertes de dessins très 
élégants en relief. M. d'Orbigny a remarqué, dans les espèces 
du terrain crétacé, que la coquille très jeune en est généralement 
dépourvue, et qu'ils s’effacent aussi dans l'âge avancé. Ces or- 
nemen!s paraissent se conserver d'une manière plus uniforme 
dans les espèces des terrains plus anciens. 

Les formes de ce genre sont très variables. La plupart des co- 
quilles ont tout à fait les caractères des troques, et n’en diffèrent 
absolument que par la fente du labre; d’autres rappellent plutôt 
les turbos, et quelques-unes peuvent être comparées aux sola- 
rium. Ces variations semblent confirmer ce que j'ai dit au sujet 
de la famille des trochides : que les genres établis sur ces diffé- 
rences de formes sont plutôt des coupes artificielles que des 
groupes naturels. On peut se servir de ces différences dans l’en- 
roulement pour diviser les pleurotomaires en un certain nombre 
de groupes. M. de Koninck en forme deux : les Globosæ, dont la 
forme est plus ou moins globuleuse, et dont la coquille est très 
peu ornée, et les OGrnatæ, qui ont des tours anguleux et des orne- 
ments très prononcés. Ce dernier groupe peut se subdiviser en 
deux autres, établis par M. d'Orbignv : les Perspectivæ, qui ont 
les formes des solarium, c’est-à-dire dont l'ombilic est ouvert et 
permet d'apercevoir les tours, et les Falcatæ, qui ressemblent 
davantage aux troques par leur ombilie fermé ou simplement 
perforé. 

I est probable que les pleurotomaires n'avaient pas d’opercule ; 
on peut en donner pour preuve leur analogie avec les halio- 
tides, qui en sont dépourvues, et le fait qu'on n’a jamais trouvé 


1) Voyez Atlas, pl. LXUL, fig. 4 à 9, où la bande du sinus est indiquée 
par la lettre a. 


470 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


d'opercules dans les terrains qui renferment leurs coquilles en 
quantité innombrable. 

La synonymie de ce genre est peu compliquée. Je dois seule- 
ment rappeler que lon a dù y transporter plusieurs espèces 
décrites dans l’origine sous les noms de trochus, turbo, sola- 
rium, etc. Il en est de même de quelques espèces rapportées aux 
schizostoma, qui ont au labre une échancrure que l’on peut faci- 
lement confondre avec le sinus des pleurotomaires. 

J'ai dit plus haut que ces mollusques dataient des époques les 
plus anciennes du globe, et avaient duré sans interruption jus- 
qu'au milieu de l’époque tertiaire. 

On en trouve dans les terrains siluriens (1). 


Les grès de Caradoc (silurien inférieur) renferment la P. angulata, Sow., 
à laquelle il faut probablement ajouter le Trochus lenticularis, id. 

La P. undata, SowW , provient des roches de Ludlow (silurien supérieur). 

M. Portlock a décrit les P. subrotunda, trochiformis et turrita des ter- 
rains siluriens de Tyrone; M. M’ Coy la P. crenulata des terrains siluriens 
supérieurs du Westmoreland ; M. Salter la P. Moorei des terrains siluriens 
inférieurs de l'Ayrshire. 

M. Hall a fait connaître de nombreuses espèces des terrains siluriens infé- 
rieurs des États-Unis. 


Les pleurotomaires augmentent beaucoup de nombre dans les 
terrains dévoniens. 


Les espèces d'Angleterre ont été décrites (2), par MM. Sowerby (P. aspera, 
cirriformis, impendens), et Phillips (P. antitorquata, cancellata, gracilis). 

Les espèces counues d'Allemagne et du bassin du Rhin sont au nombre de 
plus de trente. Elles sont connues (3) par les travaux de Gotdfuss (seize espèces); 
de Roemer (six espèces nouvelles dans son premier ouvrage et six dans le 
Palæontographica); de Sandberger (P. decussata, nodulosa, subclathrata) ; 
de MM. d’Archiac et Verneuil (onze espèces dont sept nouvelles), etc. 


Elles sont plus abondantes encore dans les dépôts de l'époque 
carbonifère. 


(1) Sowerby, dans Murchison, Silur.syst., pl. 8,19 et 21; Hall, Palæont. 
of New-York, t. 1; Portlock, Geol. report, pl. 30 ; M'Coy, Ann. and mag. 
of nat. hist., 1852, t. X, p. 190; Salter, Quart. Journ. geol. Soc., 1848, 
LAVE ID 14 plus A 

(2) Sowerby, Trans. of the geol. Soc., 2° série, t. V, pl. 54, 57; Phillips, 
Palæont. foss. of Devon., pl. 37. 

(3) Goldfuss, Petref. Germ., t. IE, p. 61, pl. 182, 183, 191; Roemer 
Harzgelirge, p. 27, pl, 7 et 8, et Palæontographica, t. WE, p. 15, ete.; 


HALIOTIDES,. 174 


La P, carinata, Sow., et la P. striaia, id., ont été trouvées en Angleterre. 
M. Phillips a décrit, en outre, vingt-sept espèces des mêmes gisements et 
M. M'Coy en a ajouté queiques-unes d'Irlande (!}. 

M. de Koninck (2?) a recueilli dans les terrains carbonifères de Belgique, 
cinquante et une espèces, dont il décrit quarante-huit, parmi lesquelles il y 
en a vingt-neuf nouvelles. La plupart appartiennent au groupe des Ornatæ, 
Falcatæ, et quelques-unes à celui des Globosæ qui paraît spécial au terrain 
carbonifère. La P. callosa, Kon., est figurée dans l'Atlas, pl. LXIN, fig. 3. 

On trouvera dans le grand ouvrage de Goldfuss (3) la description de sept 
espèces du calcaire carbonifère de Ratingen. 

1! faut ajouter quelques espèces de Russie décrites par MM. de Verneuil (f), 
Murchison et Keyserling, etc. (P. ouralica, allaica, karpiskiana), et par 
M. Keyserling seul (P. trochiformis). 

La P. angulosa, d'Orb. (5, provient du terrain carbonifère de Bolivia. 


Les terrains permiens en renferment quelques-unes. 


La plus anciennement connue a été décrite par Schlotheim sous le nom 
de Trochilites antrina et devient la P. antrina ($). Elle a été trouvée en Alle- 
magne et en Angleterre. 

La P. Verneuilli, Geinitz (7) a été découverte en Allemagne. 

La P. penea de Verneuil, Keys., Murch. (8), provient de la Russie, 

M. King (°) a décrit les P. Tunstallensis, nodulosa et Linkiana des ter- 
rains permiens d'Angleterre. 


Il n’y en a point dans le muschelkalk, mais bien dans les dépôts 
de Saint-Cassian. 


Le comte de Münster et M. Klipstein (1) ont décrit de nombreuses espèces ; 
mais en confondant avec les pleurotomaires quelques trochus , ete. Il faut 
réserver le nom de pleurotomaire à celles qui ont une bande du sinus suffi- 

“sante pour prouver l'existence de la fente quand le labre est détruit. Ces re- 


Sardberger, Leonh. und Bronn neues Jahrb., 18242, p. 192, pl. 8; d’Archiac 
et Verneuil, Trans. geol. Soc., 2° série, t. VI, pl. 33, etc. 

(1; Sowerby, Min. conch., pl. 10 et 171; Phillips, Geol. of Yorkshire, 
pl. 15; M'Coy, Synopsis of Ireland, pl. 5 et 6. 

(2) Descr. anim. foss. carb. Belg., p. 362. 

(3) Petref. Germ., pl. 183 et 184. 

(*) De Verneuil, Murch. et Keys., Paléont. de la Russie, p. 337, pl. 23; 
Keyserling, Petschora Land, p. 265, pl. 14. 

(5) Voyage dans l'Amér. mér. Paléontologie, p. 43, pl. à, fig. 4. 

(6) Schlotheim, Beitr. zur Petref., p. 32, pl. 7, Gg. 6. 

(7) Zechsteingeb., p. 7, pl. 3. 

(5, Pal. de la Russie, p. 336, pl. 22, fig. 5. 

(2) Permian fossils, Palæont. Society, 1848, p.n245. plie 

(0) Münster, Beitr. zur Petref., t. IV, p. 109, pl. 11 et 12; Klipsicin, 
Gecl. der oestl. Alpen, p. 170, pl, 14. 


472 GASTÉROPODES PECTINIPRANCHES. 


tranchements faits, il restera encore dans ce gisement plus d'une vingtaine de 
véritables pleurotomaires, 


Les pleurotomaires ont pris un grand développement pendant 
l'époque jurassique, et la plupart des espèces ont des ornements 
élégants. 

On en connaît plusieurs du lias. 


On peut citer parmi les espèces d'Angleterre la P. anglica (T. anglicus, 
Sow.) Il faudrait y ajouter deux coquilles décrites par Sowerby (!) sous le nom 
d'HeLicnA (A. eæpansa et compressa), si elles sont des pleurotomaires comme le 
pense M. d'Orbigny et non des pittonnelles. Je n'ai pas pu les observer en nature. 

Les espèces du lias de France ont principalement été étudiées par M. Eudes 
Deslongchamps (2), puis par M. d'Orbigny. Le premier en a décrit et figuré 
plus de trente espèces de Normandie qui proviennent surtout du lias de 
Fontaine-Etoupefour. M. d’Orbigny en a ajouté plusieurs. 

La figure 4 de la pl. LXIIT de l'Atlas représente la P. Litorquata, d'Orb.; 
la figure 5 la P. hyphanta, Deslongch. et la figure 6, la P. platyspira, 
d'Orb. Ces trois espèces appartiennent au lias moyen de France. 

On trouvera la description des espèces d'Allemagne (3) dans les ouvrages 
de Goldfuss (quinze espèces presque toutes nouvelles et décrites par Goldfuss 
ou par le comte de Münster), Zieten (P. tuberculosa, Defr.); Duncker 
(P. rotellæformis, d'Halberstadt); Koch (P. solarium, de Kahlefeld); etc. 


Les pleurotomaires connues de l’oolithe inférieure dépassent 
déjà le chiffre de soixante. 


Outre quelques espèces décrites par Sowerby (f) sous le nom de trochus 
(Trochus ornatus, granulatus, punctatus, elongatus , abbreviatus , fasciatus, 
sulcatus), on peut citer en Angleterre les P. funata, Lycett, et lævigata, id? 

Goldfuss a fait connaitre quelques espèces d'Allemagne (5) dont M. d'Or- 
bigny a reclifié en partie la synonymie. 

La connaissance des espèces de France est presque entièrement due à 


(4) Sowerby, Min. conch., pl. 142, 10 et 273. 

(2) Eudes Deslongchamps , Mém. Soc. Lin. Normandie, 1848, t. VIN; 
d'Orbigny, Pal. franç., Terr. jur., t. NH, pl. 346 et suivantes. Je regrette 
de ne pas avoir pu profiter des travaux de ce dernier auteur; le texte n’a pas 
encore paru. 

(8) Goldfuss, Petref. Germ., t. UE, p. 69, pl. 184 et 185; Zieten, Pétrif. 
Waut., pl. 35; Duncker, Palæontographica, t. 1, p. 111; Koch, àd., t. T, 
p. 174; etc. 

(£, Sowerby, Min. conch., pl. 193, 220 et 221; Lycett, Ann. and mag. of 
nat. hist., 2° série, 1850, t. VI, p. 411 et 417. d 

(5, Petref. Germ., t. WE, p. 74, pl. 186 et 187. 


173 


HALIOTIDES. 19 


M. Eudes Deslongchamps (!), qui en à décrit plus de trente-cinq espèces de 
l'oolithe inférieure du Calvados, dont la plupart nouvelles, 


Elles se continuent moins nombreuses dans la grande oolithe. 


C’est également à M. Eudes Deslongchamps que l'on doit la connaissance 
de la plus grande partie des espèces de France. 

MM. Morris et Lycett ont décrit (2) six espèces de la grande oolithe d’An- 
gleterre dont deux nouvelles. 


Les terrains kellowiens et oxfordiens en ont fourni quelques- 
unes qui sont moins connues. 


M. d'Orbigny indique dans son Prodrome (3) cinq espèces nouvelles du 
terrain kellowien et quatre du terrain oxfordien. 

Il rapporte au même genre le Trochus quttatus, Phillips (4, et le Cirrus 
depressus, id., du terrain kellowien d'Angleterre; ainsi que les T. Licarinatus, 
Sow., et tornatus, Phill., du terrain oxfordien du mème pays. 

M. Buvignier (5) en a décrit trois espèces des terrains oxfordiens du départe- 
ment de la Meuse. 

On peut ajouter quelques espèces de Russie décrites (6) par M. d'Orbigny 
(P. Buvignieri, Buchiana, Blodeana, Worthiana, etc.) et par M. de Keyser- 
Jing (P. syssolæ). 

Les espèces d'Allemagne sont en petit nombre et difficiles à rapporter exac- 
tement aux étages connus, 


Les pleurotomaires semblent diminuer de nombre dans le ter- 
rain corallien et dans les étages jurassiques supérieurs. 


On trouvera dans l'ouvrage de Goldfuss (7) la description de quelques es- 
pèces ; la P. armata, Goldf., provient de Streitberg, la P. clathrata, id., de 
Pappenheim, la P. Agassizi, id., de Nattheim. 

M. Roemer a décrit ($) la PI. Münsteri, R. du corallien de Heersum, etc. 

Il faut ajouter, suivant M. d'Orbigny (%), les Trochus monilifer, Lieten, 
Jurensis, id. et quinquecinctus, id., du corallien de Nattheim, le T. reticulatus 
Sow., du terrain kimméridgien de Weymouth et le T. acutimargo, Roemer, 
du portlandien d'Osterwald. 


(1) Mém. Soc. Lin. de Normandie, 1848, t. VII. 

(2 Mollusca from the great ool., Palæont. Soc., 1850, p. 77, pl. 10. 

(3) Prodrome, t. [, p. 333 ct 355. 

(#) Geol. of Yorkshire, p. 112, pl. 6 ; Sowerby, Min. conch., pl. 221. 

(5) Statist. géol. de la Meuse, p. 39, pl. 25. 

(6) Murch., Vern. et Keys., Paléont. de la Russie, p. 451; Keyserling, 
Petschora Land, p. 318. 

(?) Petref. Germ., t. HE, pl. 186. 

(8) Norddeutsch. Oolithgeb., p. 148, pl. 10, supplément, p. 14, pl. 20, 
fig. 12. 

9) D'Orbigny, Prodrome, t. M, p. 103 Zieten, Pélrif. Wurt., pl, 34 et 


17h GASTÉROPODES PÉCTINIBRANCHES, 


La PI, mosensis, Buvignier (1) appartient aux terrains kimméridgiens de 
la Meuse. 

M. d'Orbigny annonce dans le Prodrome trois espèces nouvelles du terrain 
corallien et une du terrain kimméridgien. 


Les terrains de l'époque crétacée renferment de nombreuses 
pleurotomaires. 
On en connaît dans les terrains néocomiens el apuens. 


M. &'Orbigny (2) a décrit dans la Paléontologie française six espèces du 
terrain névcomien inférieur et deux du terrain urgenien. Il a depuis lors 
ajouté quelques espèces inédites dans le Prodrome. 

La P. Defranci, Matheron (3), a été trouvée dans le terrain néocomien des 
Bouches-du-Rhône. 

Le terrain aptien de la perte du Rhône et le lower green sand d'Angleterre 
renferment une espèce qui, décrite d'abord sous le nom de Trochus, a succes- 
sivement été nommée P. shiata, Sow., P. gigantea, id., Trochus jurensi- 
similis , Roemer, P. Fittoni, d'Orb. Le nom de P. gigantea doit lui être 
conservé (4). 

La P. Anstedi, Forbes (5), a été trouvée aussi dans le lower green sand 
d'Angleterre, 


Les espèces du gault sont abondantes. 


La plus anciennement connue est le Trochus Rhodani, Brongn., de la perte 
du Rhône (5). 

M. d'Orbigny (7) en a décrit cinq espèces dont quatre nouvelles, et indiqué 
plus tard quelques autres. 

Nous en avons trouvé quatorze espèces dans le gault des environs de Ge- 
nève dont meuf nouvelles 8). La figure 7 de la planche LXIIL représente la 
P. Thurmanni, Pictet et Roux, la figure 8 la P. regina, id., et la figure 9 
le moule de la P. allobrogensis, id. 


Elles restent nombreuses dans les craies marneuses, les craies 
chloritées et les terrains crétacés supérieurs. 


35; Sowerby, Min. conch., pl. 272; Roemer, Norddeutsch. Oolithgeb., sup- 
plément, p. 45, pl. 20. 

(1) Statist. géol. de ia Meuse, p. 39, pl. 25. 

(2) Pal. franç., Terr. crél., t. IT, à a pl. 188 à 191. 

(3) Catalogue, p. 237, pl. 39, fig. 

(4) Voyez Pictet et Renevier, TROT suisse, Terr. aptien, p. 42, 
pl. 4, fig. 5 et 6. 

(5) Quart. Journ. geol. Soc., p. 351, pl. 4, fig. 6. 

(6) J'ai montré (Moll. grès verts, p. 223) quele T. gurgitis, Brongn., est un 
trochus et non une pleurotomaire. 

(?) Pal. franç., Terr. crét., t. 11, p. 246, pl. 191 et 192. 

(8) Pictet et Roux, Mol. des grès verts, p. 226, pl. 22 à 24. 


HALIOTIDES. 175 


La P. perspectiva (Cirrus depressus et perspectivus, Mantell , ete.), est 
commune en Angleterre et en France, dans le terrain cénomanien. 

M. d'Orbigny (1!) a décrit treize espèces des terrains cénomaniens et turo- 
niens dont onze nouvelles, et indiqué plus tard quatre autres. Il à fait con- 
naître sept espèces des craies supérieures. 

M. d'Archiac (2) a fait connaître les P. Nysti, scarpacensis, Dumontiü, de 
Tournay, où l’on trouve aussi la P. texla, Goldfuss. 

Quelques espèces ont été découvertes dans les terrains crétacés d’Alle- 
magne (#). On cite en particulier, outre la P. texta, Goldfuss, ete., sept autres 
espèces décrites par le même auteur, les P. sublœvis, Reuss, funata, id., et 
dictyota, id., de Bohème. 

On peut ajouter la P. distincta, Dujardin (f), des craies supérieures de 
Touraine. 


M. Hébert parle (5) d'une espèce trouvée dans le calcaire pisolitique de Ja 
Falaise. 


J'ai dit plus haut que les pleurotomaires se terminaient dans 
le commencement de la période tertiaire. Les espèces de cette 
époque sont très peu nombreuses. 


La P. Perezii, d'Orb, (f}, aété trouvée dans le terrain nummulitiquede Nice. 

La P. concava, Deshayes (7), a été découverte dans le calcaire grossier du 
bassin de Paris (Atlas, pl. LXIIT, fig. 10). 

Je ne sais s’il faut ajouter la P. Sismondai, Goldfuss (8), qui proviendrait 
des sables marins supérieurs des environs de Bünde. 


Les pleurotomaires se retrouvent dans divers pays éloignés de 
l'Europe. 


On en cite dans les terrains crétacés des Etats-Unis et de l'Inde, et jusque 
dans les terrains carbonifères de l'Australie (9). 


Les SciSsURELLES (Scissurella, d'Orbigny), — Atlas, pl. LXU, 
fig. 41, 


ont les formes des pleurotomaires ombiliquées et une fente tout à 


(1) Pal. franç., Terr. crét., t. Il, p. 251, pl. 193 à 205. 

(2) Mém. Soc. géol., 2° série, t. If, p. 342, pl. 24. 

(3) Reuss, Boehm. Kreidegeb., 1, p. 47, pl. 10, et IT, p. 112, pl. 44; 
Goldfuss, Petref. Germ., t. I, p. 75, pl. 186, fig. 5. 

(#) Mém. Soc. géol., 1847, t. Il, p. 231. 

(5) Bull. Soc. géol., 2° série, t. IV (1847), p. 518. 

(6) Prodrome, t. 1, p. 313. 

(7) Cog. foss. Par., t. Il, p. 246, pl. 32, fig. 1-3. 

(8) Petref. Germ., t. I, p. 77, pl. 188, fig. 1 a. b. J'ai beaucoup de 
doutes sur l’origine de cette espèce. 

(9) Morton, Synopsis; Forbes, Trans. geol. Soc, t. VIT: M° Coy, Ann. 
and mag. of nat. hist., 1847, t. XX, p. 305. 


476 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


fait analogue sur le labre. Cette fente se houche comme dans le 
genre précédent, et laisse également une bande sur le sinus. 
Mais les scissurelles sont de petites coquilles délicates, à test très 
mince, hyalin, et, malgré Popinion de quelques auteurs, je 
ne pense pas que l'on puisse les réunir génériquement avec les 
pleurotomaires, qui sont robustes et ont un test épais, solide, 
orné, et dont le genre de vie a dü être certainement très différent. 

On rapporte ordinairement aux scissurelles le genre ANATOMUS, 
Monfort , Il, 278; la description donnée par cet auteur me laisse 
des doutes et je ne sais pas s’il n’a pas désigné sous ce nom quel- 
que coquille voisine des spirorbis. 

On connaît quelques espèces de scissurelles qui vivent dans les 
mers actuelles. On n’en a trouvé de fossiles que dans les terrains 
récents. 


La S. crispata, Flem., qui vit actuellement sur les côtes d'Ecosse, a été 
trouvée fossile dans le crag corallien de Sutton (1). 

La S. aspera, Phillippi (2), a été découverte en Calabre près de Reggio 
(Atlas, pl. LXIL, fig. 11). C’est, suivant M. Phillippi, une espèce perdue, 
M. Wood Ja réunit avec doute à la précédente ; mais elle est plus haute. 


Les Murcuisonra , de Verneuil et d’Archiac, — Atlas, 
pl. LXIIT, fig. 12 à 14, 


ont encore le labre échancré par une fente tout à fait semblable à 
celle des pleurotomaires, mais leur coquille est allongée, turriculée 
et semblable par son enroulement à celle des chemnitzia ou à celle 
des turritelles, avec lesquelles elles ont été confondues. Leur orga- 
nisation à probablement été très voisine de celle des pleuroto- 
maires. La fente laisse sur la coquille une bande du sinus sem- 
blable. 

Ces mollusques paraissent n'avoir vécu que pendant la pé- 
riode primaire. On en connait déjà plus de cinquante espèces. 

On les trouve dès les terrains siluriens. 


La M. baltica, de Vern. (3), a été trouvée dans le terrain silurien infé- 
rieur de Russie, la M. cingulata, id. (Turrit. cingulala, Hisinger), provient 
du terrain silurien supérieur de Russie et de Suède. 


(*) Moll. from the crag, Palæont. Soc., 1848, p. 162, pl. 45, fig. 13. 
(2) Phillippi, Enum,. moll. Sicil., WE, p. 160, pl. 25, fig. 17. 
(3) De Vern., Keys , Murch,, Pal. de la Russie, p. 338, pl. 23, fig. 7. 


HALIOTIDES. 477 


On doit aussi (!) rapporter à ce genre trois espèces des roches de Ludlow, 
décrites par M. Sowerby, comme des pleurotomaires, sous les noms de arli- 
culata, corallii, Lloydiü ; quatre espèces de divers gisements siluriens d’An- 
gleterre décrites par M. M’ Coy; la A1. scalaris, Saiter, du terrain silurien 
inférieur de l'Ayrshire, etc. 

M. Hall (2) a fait connaître une douzaine d'espèces des terrains siluriens 
inférieurs des États-Unis. 


Les espèces sont nombreuses dans les terrains dévoniens. 


Parmi celles d'Angleterre () on peut citer la A. brevis (Buccinum breve, 
Sow.), la A. spinosa (Bucc. spinosum, Sow.), et quelques espèces décrites 
par M. Phillips (M. geminala, etc.). 

La M. antiqua (Cerithium antiquum , Steininger, A. coronata, d’Arch. et 
Vern., etc.) caractérise les terrains dévoniens d'Allemagne (4). 

D'autres espèces des mêmes gisements ont été décrites (5) par Goldfuss 
(Murch. bilineata, Goldf., intermedia, d'Arch. et Vern. Atlas, pl. LXIH, 
fig. 13, coronala, id., ete.) ; d'Archiac et Verneuil (huit espèces, M. bigra- 
nulosa, d'Arch. ct Vern. (bilineata, Phil.) Atlas, pl. LXIT, fig. 12, A1. bi- 
nodosa, d’Arch. et Vern., etc. ; Münster (Schizostoma antitorquata, contra- 
ria, tricincia, cte.); Roemer [M. hercynica, Roemer, et bistriata, id., du 
Harz). 


Elles se continuent à peu près en même nombre dans l'époque 
carbonifère. 


M. Phillips 6) a fait connaître plusieurs espèces d'Angleterre (Rostellaria, 
angulala, Pleurotomaria fusiformis, Turritella læniata, ete.), 

On peut y ajouter la M. elongata, Portlock (7), de Tyrone, etc. 

Goldfuss (Ë) a décrit les Murch. spirala, triineata et plicata, du terrain 
carbonifère de Ratingen. 


(t) Murchison, Silur, system, pl. 5 et 8; M'Coy, Ann. and mag. of nat. 
hist., 1852, 2° série, t. X, p. 191; Salter, Quart. Journ. geol. Soc., 1848, 
t. V, p. 14. 

(2) Pal. of New-York, t. 1, p. 32, 41, 177. 

(3) Sowerby, Min. conch , pl. 566 et Trans. geol. Soc., t. V; Phillips, 
Palæont. foss., pl. 39. 

(#) Steininger, Mém. Soc. géol., 1837,t.1, p. 367 ; d'Archiac et Verneuil, 
Trans. geol. Soc., 2° série, t. VI, pl. 32, fig. 3. 

(5) Goldfuss, Petref. Germ., t. I, p. 103, pl. 172 et 195; d'Archiac et 
Verneuil, Trans. geol. Soc., 2° série, t. 6, p. 355 ; Münster, Beitr, zur Pe- 
tref., t. I, p. 87, pl. 15; Roemer, Harzgeb., p. 29, et Palæontographica, 
tUNPp 3 DI.15. 

(6) Geol. of Yorksh., t. IL, pl. 45 ct 16. 

(?) Gecl. Report, p. 569, pl. 38, fig. 10. 

18) Petref. Gerin., t. I, pl. 172, fig. 6 à 9. 

NL. 12 


178 GASTÉROPODES PECTINIBRANCIIES, 


Les espèces des terrains carbonifères de Belgique ont été étudiées par M. de 
Koninck (!) qui en a décrit huit espèces dont cinq nouvelles. I les divise en 
coronatæ et sulcalæ. La figure 14 de Ja planche LXIIT représente le M. sub- 
sulcala, de Kon. 


Les murchisonia apparaissent pour la dernière fois dans les 
terrains permiens. 
On trouve, en Allemagne et en Russie, la M. subangulata de Verneuil (2). 


M. d'Orbigny y ajoute avec doute la Turritella biarmica, Kutorga, de 
Russie {$), 


Les CaTanTostToMA, Sandherger, — Atlas, pl. LXHE, fig. 45, 


ont les formes générales et les caractères des murchisonia. Elles 
en diffèrent par l'enroulement irrégulier du dernier tour, qui, 
dans son dernier tiers, dévie de manière à ce que la bouche se 
trouve dans la direction de l’axe de la coquille. La bande du sinus 
est également déviée et forme une ligne sinueuse. La coquille est 
ovoïde, plus courte que la plupart des murchisonia. 


On n’en connaît (4) qu’une seule espèce le C. clathratum, Sandberger, 
des calcaires marneux de Willmar, qui appartiennent à l'époque dévo- 
nienne. 


Les PorcezLia, Léveillé, — Atlas, pl. LXIHI, fig. 16, 


ont encore la fente des pleurotomaria et des murechisonia; mais 
elles sont enroulées presque dans un même plan, n'étant obliques 
que dans le jeune âge. Elles sont ombiliquées des deux côtés 
comme les hélicocryptus. 

Ces mollusques ont été rapprochés des bellérophons; mais 
l'obliquité de l’enroulement, au moins dans le jeune âge, semble 
indiquer une analogie plus grande avec les gastéropodes trochi- 
formes. 

On en connaît une dizaine d'espèces qui appartiennent princi- 
palement à l'époque primaire et dont les dernières se trouvent 
dans les étages inférieurs de l’époque secondaire. 


(t) Descr. an. foss. carb. Belg., p. 408, pl. 38. 

2) De Verneuil, Keys., Murch., Pal. de la Russie, p. 346, pl. 22; Gei- 
nitz, Zechsteingeb., pl. 3, fig. 20. 

(@) D'Orb , Prodrome, t. TI, pl. 164. 

(f) Sandberger, Leonh. und Bronn, neues Jahrb., 1822, p. 392, pl. 8; 
Goldfuss, Petref. Germ.,t. HF, p. 78, pl. 188, fig. 2. 


HALIOTIDES. 179 


On n’en a encore cité aucune dans les terrains siluriens, mais 
il y en à quelques-unes dans les dépôts de l'époque dévonienne, 


La Porc. radiata, d'Orb. (Euomphalus strialus, Goldf., Porc. retrorsa, 
Müst.) a été trouvée (!) dans les terrains dévoniens du bassin du Rhin et de 
la Russie, 

Le comte de Münster a fait connaître (2) en outre lés P. parvula et cincta 
d'Elbersreuth et de Schübelhammer. 

La P. armata de Verneuil (3) a été découverte en Russie, 

La P. Edouardi, d'Orb. (f) provient de l'Eifel. 


On en connait un petit nombre de l’époque carbonifere. 


La P. puzo, Léveillé (5) (Bellerophon Puzosii, d'Orb.), provient de Visé, 
Tournay, etc. (Atlas, pl. LXIT, fig. 16). 

La N. Woodwardi, Sow. (6, est une porcellia, ainsi que l’a montré M. dé 
Koninck. Elle a été trouvée avec la précédente et en Angleterre. 
- H faut ajouter la P. Verneuiili (Bellerophon Verneuilli, d'Orb.) également 
de Belgique. é 


Les espèces les plus récentes appartiennent aux dépôts de 
Saint-Cassian. 


Il faut évidemment leur attribuer les Schisostoma Buchii et costata, 
Münster (7). 

Par contre, la Porcellia cingulata du mème auteur paraît n'avoir point eu 
de fente et n’est pas une porcellia, mais platôt un solarium. 


Les TrocioroMa, Deslongchamps (Déremaria, d'Orb. (5), Rimu- 
lus, id., olim, non Defrance), — Atlas, pl. LXTIT, fig. 17 et 18, 


ont les formes des pleurotomaires, mais la fente du labre est rem- 
placée par un trou situé à une assez grande distance du bord. 


(1) D'Orbigny, Monog. des céphal., p. 217, pl. 6; Goldfuss, Petref, 
Germ., t. HI, pl. 189, fig. 15. 

(2) Beitr. zur Petref., t. III, p. 84. 

(3) Pal. de la Russie, p. 346, pl. 24. 

(#) Monog. des céphal., pl. 7. 

() Mém. Soc. géol., t. IL, pl. 2. 

(6) Min. conch., pl. 571. Voyez pour les porcellia de l'époque carbonifère, 
de Koninck, Desc. an. foss. carb. Belg., pl. 28. 

(7) Beitr. zur Petref., t. IV, p. 105, pl. 11. 

($) Le nom de Trochotoma paraît avoir la priorité de quelques mois sur 


celui de Ditremaria. M. d'Orbigny a écrit tantôt DirRemaRriA, tantôt Dvrne- 
MARIA. 


130 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


Ce trou est ovale, sans saillie, et a eu probablement des fonctions 
respiratoires. Il s’étend successivement en avant, se referme en 
arrière à mesure que l'animal grandit, et laisse en conséquence 
comme trace une bande semblable à celle des pleurotomaires. 

Les trochotoma forment un type exclusivement jurassique. On 
en connaît une quinzaine d'espèces. 

La plus ancienne appartient au lias moyen ('). 


C'est le T, gradus, Desl., du lias de Fontaine-Etoupefour (Calvados). 


On en connaît quelques-unes de l'oolithe inférieure et de la 
grande oolithe. 


M. Deslongchamps (2?) a décrit le T. affinis de l’oolithe inférieure des Mou- 
tiers (Atlas, pl. EXHI, fig. 18) etles 7, rola, acuminala, conuloides et glo- 
bulus de la grande oolithe de Langrune. 

M. Lycett a indiqué (3) dans l'oolithe inférieure d'Angleterre les 7, depres- 
siuscula, Lycett, funata, id., et canaliculata, id. 

MM. Morris et Lycett (f) ont trouvé dans la grande oolithe d'Angleterre 
une partie des mêmes espèces et ajouté les T. tabulata, obtusa et extensa, 
ainsi qu’une autre espèce qu'ils rapportent avec doute au Trochus discoideus, 
Roemer, sous le nom de Trochotoma discoidea. 


Les espèces les plus récentes ont été trouvées dans le terrain 
corallien. 


M. d'Orbigny a rapporté à ce genre la P. ornata, Münster (5), du terrain 
corallien de Natthcim et décrit cinq espèces nouvelles, les T. Rathieriana, 
scalaris, amata (Atlas, pl. LXIIL, fig. 17), quinquecincta et Hubertina, I faut 
ajouter trois espèces décrites par M. Buvignier. 


Les Cinrus, Sowerby, — Atlas, pl. LXIIT, fig. 19, 


ont les formes des euomphalus ou solarium de l’époque primaire. 
Sowerby, en établissant ce genre, y comprit toutes les espèces qui 
ont un ombilic grand et infundibuliforme et une spiresaillante. Ces 


(1) Deslongchamps, Mém. Soc. Lin. Norm., t. VIT, 1843, p. 106, pl. 8; 
d'Orbigny, Pal. franç., Terr.jur., t. I, p. 277. 

(2) Loc. cit., pl. 8. 

(3, Ann. and mag. of nat. hist., 2° série, 4850, t, VI, p. 417. 

(4) Moll. from the great ool , Palæont. Soc., 1850, p. 82, pl. 10. 

(5) Goldfuss, Petref. Germ., t. I, p. 100, pl. 195, fig. 6; d'Orbigny, 
Prodrome, t. 11, p. 9 et Pal. franç., Terr. jur., t. W, pl. 342 à 345; Buvi- 
gnier, Stat géol. de la Meuse, p. 39, pl. 925. 


HLALIOTIDES. 181 


espèces sont maintenant en grande majorité replacées avec raison 
dans le genre des solarium. Parmi elles, il s’en est trouvé quel- 
ques-unes qui présentent le caractère important de trous sur le 
labre semblables à ceux des haliotides. Cette circonstance indique 
évidemment une organisation analogue à celle de la famille qui 
nous occupe. On réserve maintenant le nom de cirrus aux espèces 
qui ont ces trous, en rejetant, comme je l'ai dit plus haut, toutes 
les autres dans le genre des solarium. 

Nous nommons donc cirrus les coquilles turbinées semblables 
aux pleurotomaires, qui ont le labre percé de trous prolongés en 
tubes courts, comme ceux des haliotides et dont les plus antérieurs 
seuls sont ouverts. 

Ce genre fait une transition intéressante entre les pleuroto- 
maires et les oreilles de mer, ayant la forme des premières et les 
trous du labre des dernières. 

Il faut lui réunir les PaanEeRoTINUS, Sowerby (‘) genre établi 
pour le €. cristatus. 

Les cirrus ne sont connus que par un petit nombre d'espèces 
de l'époque primaire et de l'époque jurassique. 


On trouve dans le terrain dévonien le C. spinosus (Euomphalus spinosus, 
Goldf., E. Goldfussi, d'Arch. et Vern.), belle espèce de l'Eifel (2). C'est 
l'espèce figurée. 

Les terrains carbonifères renferment (3) le C. cristatus (Euomphalus cris- 
tatus, Phill.) d'Angleterre et le Cirrus armatus, de Koninck, de Belgique. 


Dans l’époque jurassique, le lias et la grande oolithe en ont 
fourni quelques espèces. 


M. d'Orbigny (4) a décrit les C, Normannianus et calcar du lias de Fon- 
taine-Etoupefour. Je n’en connais que la figure, mais les trous n° me parais- 
sent pas ouveris et la coquille semble plutôt avoir des prolongements fermés 
comme les dauphinules. 

Les Cirrus nodosus, Sowerby et Leachii, id, (5) proviennent de l'oolithe 
inférieure de Dundry. 


(!) Min. conch., pl. 624. 

(2) Goldfuss, Petref. Germ., t, I, p. 85, pl. 190, fig. 3; d’Archiac et 
Verneuil, Trans. geol. Soc., 2° série, t. VI, pl. 34, fig. 1. 

(3) Phillips, Geol. of Yorkshire, p. 295, pl. 13, fig, 5; de Koninck, Desc. 
an. foss. carb. Belqg., p. 443, pl. 24, fig. 13. 

(*) Pal. franç., Terr.jur., t. I, p. 340. Le texte n'a pas encore paru. 

(5) Min. conch., pl. 219, 


182 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


Les POLYTREMARIA, d'Orbigny, — Atlas, pl. LXHEL, fig. 20, 


ont encore une forme turbinée, leur labre est percé d'une quantité 
considérable de trous rapprochés et disposés sur une ligne qui 
correspond à la bande de tous les genres précédents. Ces coquilles 
sont très voisines des cirrus, et n'en forment peut-être qu'un 
-sous-genre; les trous sont plus nombreux et non tubuleux. 


On n’en connaît qu’une espèce, la P. catenata, de Koninck (!), des terrains 
carbonifères de Belgique. 


Les Haziorines (Æaliotis, Lin.)\, nommées aussi Ormiers et 
Oreilles de mer, — Atlas, pl. LXIT, fig. 21 et 22, 


ont une coquille déprimée, dont la forme rappelle le cartilage de 
l'oreille humaine, dont la spire est courte et déprimée, et dont la 
bouche très ouverte occupe la presque totalité. On remarque sur 
le labre une série de trous respiratoires, qui se continuent vers la 
spire et dont les antérieurs seuls sont ouveris. Ces trous se pro- 
longent quelquefois en tubes. 

Ce genre, qui vit aujourd'hui abondamment dans toutes les 
mers, est caractérisé par un animal volumineux, peu large et 
épais, à tête pourvue de tentacules coniques et allongés , portant 
les yeux à leur base externe, sur un long pédoncule. IT s’at- 
tache aux rochers comme les patelles, au niveau des plus basses 
marées. 

On n'a encore trouvé des haliotides fossiles que dans Les ter- 
rains tertiaires moyens et supérieurs. 


= MM. de Sismonda, Michelotti, ete. (2), indiquent dansles terrains miocènes 
de Ja montagne de Turin les H. monilifera, Bon. (Atlas, pl. LXNHI, fig. 22) 
et ovata, Bon. 

On trouve, dans les terrains subapenuins de l’Astésan, une espèce que 
M. de Sismonda rapporte à l'A. tuberculata, qui vit aujourd’hui dans la Mé- 
diterranée (Atlas, pl. LXIHIT, fig. 21). Elle paraît également être la même 
que celle qui a été décrite par M. de Serres, sous le nom d’H. Phiberti et 
indiquée par Christophori et Ian sous celui d'A. prisca. 


() De Koninck, Desc. anim. foss. carb. Belg., p. 374, pl. 32, fig. 1. 
(2) Sismonda, Synopsis, p. 28; Michelotti, Desc. foss. mioc. Ilal. sept. 
_p. 166, pl. 6; M. de Serres, Mém. Soc. Lin. de Normandie, 1827, Ann. sc. 
nat., 1827, t. XIL, p. 319, pl. 45, Géogn. des lerr, tert., p. 128, 


CYPRÉADES. 183 


40° Famizze. — JANTHINIDES. 


Les janthinides se distinguent de tous les autres pectinibran- 
ches, par un appareil vésiculaire très remarquable, qui, en se 
remplissant d'air, soutient animal à la surface de l’eau et lui 
permet de se laisser emporter au loin par les vents et les cou- 
rants. 

Cette famille n'est composée aujourd’hui que dn genre Jan- 
Tina, dont la coquille est ventrue, mince, à ouverture anguleuse, 
à columelle droite et à labre sinueux. 

Elle n’a aucun représentant fossile (1), 


A9 Fame, — CYPRÉADES. 


La famille des cypréades est clairement caractérisée par le 
mode d’accroissement de sa coquille; elle grandit jusqu’à un cer- 
tain âge avec un bord mince, puis s'arrête, borde son contour de 
diverses manières, lPépaissit de bourrelets souvent très épais et 
s'encroûte extérieurement. Ge mode de croissance est dû à ce que 
l'animal a un très grand manteau, dont les lobes, fort extensi- 
bles, se replient pour entourer la coquille et pour sécréter de 
nouvelles couches. La partie externe de la coquille étant ainsi le 
produit d'une sécrétion constante, est très lisse, brillante, d'une 
coloration ordinairement vive et variée, qui à fait nommer Por- 
celaines le genre principal qui compose cette famille. 

Les cypréades ne paraissent pas anciennes. On n’en a trouvé 
aucune trace dans Îles terrains de l’époque primaire, non plus que 
dans la grande majorité de l’époque secondaire. Elles ont été ex- 
clusivement réservées aux terrains crétacés supérieurs, à l'époque 
tertiaire et à l'époque moderne. Trois genres, sur quatre qui com- 
posent cette famille, datent de la fin de l’époque crétacée et se 
continuent dans l’époque tertiaire, pendant laquelle un quatrième 
apparaît. Tous les quatre vivent encore dans nos mers. Pendant 
la période tertiaire les espèces ont été nombreuses, mais en géné- 


(1) I faut rapporter à d’autres genres le petit nombre de coquilles fossiles 
attribuées à celui des janthines, Ainsi la Janthina issedon de Verneuil, Mur- 
chison et Keyserling, est un Trochoïde du genre Scauires. 


48! GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


ral d'une taille inférieure à celle des vivantes. Ce groupe remar- 
quable paraît n'avoir pris tout son développement que dans les 
mers actuelles et principalement dans les mers iutertropicales. 


Les PoRCELAINES (Cypræa, Lin.) (*), — Atlas, pl. EXT, 
fig. 23 à 27, 


ont une coquille ovale ou oblongue, convexe, à bords roulés en 
dedans ; l'ouverture est longitudinale, étroite, en forme de fente, 
dentée des deux côtés, échancrée aux deux bouts par un sinus; 
la spire ne paraît pas au dehors ou est représentée par une très 
petite protubérance. 

Le mode de croissance que j'ai indiqué brièvement dans les 
caractères de famille, doit faire comprendre que la jeune coquille 
ne ressemble point à l'adulte; elle a la forme d'un petit cône 
mince, à bord tranchant, à columelle courbée et tronquée à sa 
base. La surface externe étant déposée par couches, il en résulte 
aussi des changements successifs de coloration. 

M. Gray divise les porcelaines en trois genres (?), qui me pa- 
raissent fondés sur des caractères trop artificiels pour être con- 
servés. 11 désigne en particulier sous le nom de Trivia, les es- 
pèces sillonnées ; sous le nom de Lupoxra, celles dont le labre 
s'infléchit vers le sommet, etc. 

Les porcelaines habitent aujourd'hui les mers chaudes de la 
plus grande partie du globe. Les espèces les plus grandes et les 
plus belles, qui font l’ornement des collections, sont spéciales aux 
mers intertropicales ; l’animal est souvent remarquable par léten- 
due de son manteau, par la coloration et par les protubérances 
tentaculifères et dentelées dont il est orné. A l’état fossile on les 
trouve dans les terrains crétacés supérieurs et dans les terrains 
tertiaires. Les espèces sont de taille moyenne ou petite et moins 
nombreuses qu'aujourd'hui. 

Elles sont en particulier peu nombreuses dans les terrains 
crétacés. 


(!) Les coquilles fossiles de ce genre ont été souvent désignées par les an- 
ciens auteurs sous les noms de PORGELLANITES, CYPREACITES, etc. 

2) Nous n'avons pas à nous occuper ici non plus des genres TRivea , CY- 
paæÆova, PusruLaria, CyeræDi4, etc., de M. Swainson, qui peuvent être com- 
modes pour distinguer les espèces vivantes, mais qui n'ont pas une valeur 
générique. 


CYPRÉADES. 185 


M. Zekeli (!), en indique une de la fin de l’époque crétacée, C. rostrata, 
Zekeli, de Gosau. 

M. H. Coquand a montré que la Globiconcha ovula, d'Orb., de la craie 
blanche de la Charente est une vraie cyprée (2). 


Elles augmentent de nombre dans les terrains tertiaires infé- 
rieurs. 

M. Deshayes (3) en a décrit neuf espèces du bassin de Paris, parmi lesquelles 
deux appartiennent aux sables inférieurs du Soissonnais (C. Levesquei, Desh , 
C. exserta, Desh.); cinq au calcaire grossier, C. angystoma, Desh., inflata, 
Lamk, elegans, Defr. (Atlas, pl. LXIII, fig. 23), sulcosa, Lamk, et crenata, 
Desh. (Atlas, pl. LXIIL, fig. 24), et deux aux terrains éocènes supérieurs 
(C. media, Desh., et Lamarcki, id., de Valmondois). 

M. Melleville ({) a fait connaître la C. acuminata des sables inférieurs de 
Laon, Cuise-la-Motte, cte. 

M. Bellardi (5) a étudié les cyprées des terrains nummulitiques de Nice. 
Il y a trouvé plusicurs des espèces décrites par M. Deshayes (f), et décrit 
quelques nouvelles (C. corbuloides, Bell., Genyi, id., et prælonga, id.). 

M. Rouault (7) a décrit la C. Koninckü des terrains nummulitiques de Pau. 

L'argile de Londres n’a encore fourni que la C. oviformis, Sowerby (8). 


Les cyprées sont très nombreuses en espèces dans les terrains 
de l’époque miocène et de l’époque pliocène. 


M. Grateloup (?) en a fait connaître neuf espèces des faluns bleus ou des 
grès inférieurs de Dax et de Bordeaux. 1] eu figure plus de trente espèces des 
faluns jaunes dont quelques-unes sont nouvelles, 

Les espèces du Piémont (10) sont abondantes, soit dans le terrain miocène, 
soit dans le terrain pliocène (dix-neuf espèces miocènes, dont trois ou quatre 
se retrouvent dans le pliocène, et cinq qui ne datent que de ce dernier). 

M. Dujardin (1!) a cité sept espèces des environs de Tours, dont laC. globosa, 
Duj., et la C. affinis, id., sont nouvelles. 


(1) Gasterop. Gosau, pl. 11, fig. 10. 

(2) Journal de conchyl. de Petit, 1853, p. 439, pl. 1#; d'Orbigny, Pal, 
franc, Terr. crét., t. Il, p. 145, p. 170. 

(3) Coq. foss. Par., t. IL, p. 719, pl. 94 ct 97. 

(4) Descr. sables inférieurs, ete., Ann. sc. géol., 1843, p. 74, pl. 10, 

(5) Mém. Soc. géol., 2° série, t. IV, pl. 13. 

(6) C. elegans, media ?, inflata ?, angystoma, Levesquei. 

(T) Mém. Soc. géol., 2° série, t. II, pl. 18, fig. 20, 

(8) Min. conch., pl. 4. 

(*) Act. Soc. Lin. Bord., t. VI, Conch. foss. de l'Adour, T, Porcelaines, 1 
et If, et supplément. 

(10) Sismonda, Synopsis, p. 46; Michelotti, Descr. foss. mioc. Ilal. sept. 
p. 324. 

(1) Mém. Soc. géol., 1837, t. IL, pl. 19, fig. 21. 


186 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


M. Matheron (!) a fait connaître la C. provincialis de la mollasse des 
Bouches-du-Rhône. 

La C. sphærica, Philippi{?) provient des terrains tertiaires d'Osterweddingen. 

Le docteur Moritz Hürnes vient de publier (3) une monographie des ey- 
prées des terrains miocènes des environs de Vienne, dans laquelle il décrit 
dix espèces, dont aucune n’est nouvelle. I rectifie avec soin la synonymie de 
plusieurs d’entre elles, et donne un catalogue de celles dont il admet l’exis- 
tence dans les terrains miocènes et pliocènes d'Europe (vingt six espèces). 
Nous avons figuré deux espèces de ce gisement ; celle que M. Hôürnes rapporte 
à la C. fabagina, Lam. (Atlas, pl. LXIT, fig. 25), et celle qu'il nomme 
C. affinis, Duj. (id., fig. 26). 

Le crag d'Angleterre en renferme quelques-unes, M. Wood (f) en cite cinq, 
dont une (C. europæa) est encore vivante. Deux autres appartiennent à Ja 
fois au erag corallien et au erag rouge (C. avellana, Sow., et C. retusa, id.). 
La C. Angliæ, Wood (Atlas, pl. LXIE, fig. 27), est spéciale au crag rouge, 
et le crag corallien renferme la C. affinis, Duïj. 

Ce genre a été trouvé fossile dans l'Inde. On trouvera la description de 
quelques espèces des tertiaires de la province de Cutch dans le Journal de 
Madras, 1820, t. Il, p. 370. 

Un mouie de porcelaine est cité par M. Morton (5) comme trouvé dans l'étage 
inférieur du terrain crétacé des États-Unis. Une espèce (C. Henikeri, Sow.) 
est citée (6) dans les terrains tertiaires de Saint-Domingue. 


Les OvuLes (Ovula, Bruguières), — Atlas, pl. LXII, 
fig. 28 à 30, 


ressemblent beaucoup aux porcelaines, mais leur coquille est at- 
ténuée et subacuminée aux deux bouts, et leur bord columellaire 
est lisse et dépourvu de dents. Les animaux sont tout à fait sem- 
blables. 

Ces mollusques sont moins abondants en espèces que les por- 
celaines, e& vivent aujourd’hui comme elles dans les mers chau- 
des. A l’état fossile on en cite quelques espèces des terrains cré- 
tacés les plus récents, mais plusieurs d’entre elles sont douteuses. 
Quelques espèces proviennent de l'époque tertiaire. 


(1) Catalogue, etc., p. 256, pl. 40. 

(2) Palæontographica, t. 1, p. 79, pl. 10. 

() Partsch und Hürnes. Die fossilen Mollusken des tertiær Beckens 
Wien, n° 2. 

(*) Moll. from the crag, Palæont. Soc., p. 14, pl. 2, 

(5) Journ. Acad. Phil., t. VII, part. 9, p. 222. 

(6) Quart. Journ. geol, Soc., 4850, t. VE, p. 45, pl. 9, fig. 


CYPRÉADES. 187 


M. d'Orbigny (1) rapporte à ce genre le Strombus ventricosus, Reuss, des 
terrains crétacés de Bohème, mais le labre me paraît beaucoup trop détaché 
des tours précédents pour autoriser ce rapprochement, 

La Cypræa Marticensis, Matheron (?), des Martigues parait ne pas avoir 
eu le labre denté et serait en conséquence une ovule, Ses formes sont pour- 
tant encore plus celles des cyprées. 

M. Zekeli (3) a décrit l'Ovula striata, de Gosau. 

M. d'Orbigny ajoute quelques espèces des terrains crétacés supérieurs de 
Pondichéry (4). 

On trouve dans le terrain pisolitique de La Falaise l'Ovula crelacea, 
d'Orb. (5). 


Les craies de Faxoe (danien) ont fourni la Cypræa bullaria, Lyell () 
(Ovula bullaria, d'Orb.). 


Les espèces des terrains tertiaires sont plus certaines ou mieux 
connues. 


On en cite quelques-unes des terrains tertiaires anciens. 

Le Strombus giganteus, Müsster (7), du terrain nummulitique du Kressen- 
berg parait être une ovule. 

L'Ovula tuberculosa, Duclos (8) (Cyprœa Deshayesi, Gray), provient des 
tertiaires inférieurs de Cuise-la-Motte, ete. (Atlas, pl. LXIT, fig. 28.). 

L'Ovula intermedia, Desh. (?), appartient au calcaire grossier de Gri- 
gnon, ete. 


L'Ovula retusa, Sow. (1), provient de l'argile de Londres. 
On en a trouvé aussi dans les terrains miocènes et pliocènes. 


M. Hôrnes (11) a trouvé l'Ovula spelta, Lamarck dans les terrains miocènes 
du bassin de Vienne (Atlas, pl. LXIHT, fig. 29). 
M. Dujardin (12) a trouvé dans les faluns de la Touraine deux espèces qu'il 


rapporte l'une à l'O. spelta, et l’autre à l'O. carnea, Lamk. Cette dernière est 
l'O, subcarnea, d'Orb. 


(!) Prodrome, t. II, p. 192; Reuss, Boehm. Kreidef., p. 46, pl. 9, fig. 14. 
(2) Catalogue, ete., pl. 40, fig. 21. 

(3) Gasterop. Gosau, p. 64, pl. 11, fig. 9. 

(#) Prodrome, t. I, p. 225 ; Forbes, Trans. geol. Soc., t. VIX. 

(5) Prodrome, t. II, p. 291. 

(6) Prodrome, t. If, p. 291. 

(?) Goldfuss, Petref. Germ., t. IE, p. 14, pl. 169, fig. 3. 

(8) Deshayes, Coq. foss. Par ,t. Il, p. 717, pl. 96, fig. 16, pl. 97, fig. 17. 
(°) Deshayes, Cog. foss. Par., t. 11, p. 718, pl. 95, fig. 34 à 36. 

(10) Trans. geol. Sac., 2° série, fs: V,pl. 8, fig. 19, 

(1) Die foss. Moll. des Wiener Beckens, n° 2. 

(12) Mém. Soc. géol., 1837, t. Il, p. 302, 


156 GASIÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


L'Ovula Leathesü, Sow. (1) (Atlas, pl. LXIN, fig. 30) provient du crag 
d'Angleterre (crag corallien et crag rouge). 

On trouve dans le terrain pliocène d’Asti, outre l'O. spelta, l'O. passerinalis, 
Lamk (2). 


Les ErarTo, Risso, — Atlas, pl. LXIIT, fig. 31 et 32, 


ont une coquille ovoïde et brillante, comme celle des genres pré- 
cédents; mais la spire est visible à l'extérieur, et le bord colu- 
mellaire est dentelé, ainsi que le bord externe. Le premier de ces 
caractères les distingue des porcelaines, et tous les deux des 
ovules. L'absence de véritables plis à la columelle les éloigne des 
marginelles. Une petite espèce vivante, rapportée successivement 
aux marginelles, aux porcelaines ct aux volutes, se trouve au- 
jourd'hui dans la Méditerranée. On n'en a encore découvert de 
fossiles que dans les terrains les plus récents. 


Cette espèce actuellement vivante (Volula lœvis, Don., Marginella lœuis, 
Lamk, Vol. cypræcla, Brocchi) (Atlas, pl. LXITL, fig. 31) paraît se trouver 
fossile dans presque tous les terrains miocènes et pliocènes. M. d’Orbigny 
sépare cependant celle des terrains miocènes sous le nom de Æ. subcypræola, 
d'Orb. (3). 

On peut ajouter l'E. Maugeriæ, Sow. (Atlas, pl. LXII, fig. 32) du crag 
corallien et du crag rouge (#). 


Les MarGINELLES (Warginella, Lamk), — Atlas, pl. LXNT, 
fig. 33 à 37, 


ont une coquille ovoïde, cblongue, lisse, à spire courte, à labre 
muni d’un fort bourrelet extérieur. Leur bouche est à peine échan- 
crée à sa base ; la columelle est garnie de gros plis presque égaux 
qui la distinguent facilement de celle des trois genres précé- 
dents. 

Ce genre a été confondu avec les volutes et les bulles; il se 
rapproche encore plus de celui des volvaires. Mais, comme je l'ai 
dit plus haut, la coquille des marginelles s'accroît par des couches 


(!) Min. conch., pl. 478; Wood, Moll. from the crag, Pal, Soc., 1818, 
D'MA "pl? 

(2) Anim. sans vert., t. X, p. 78; Sismonda, Synopsis, p. 46. 

(3\ Voyez surtout Hürnes, Die foss. Moil. des Wiener Beckens, n° 2. 

(*) Moll, from the crag, Palæont. Soc., 1848, p. 19, pl. 2. 


CYPRÉADES. 189 


extérieures sécrétéces par les replis du manteau, ce qui n’a pas 
lieu pour ces autres genres, dont la surface est en conséquence 
moins lisse. 

Les marginelles sont nombreuses dans les mers des pays chauds; 
on les trouve fossiles dans les terrains crétacés tout à fait supé- 
rieurs et dans les terrains tertiaires. 

On n'en connaît encore qu'une de l'époque crétacée. 


M. Zekeli (1) l'a trouvée à Gosau et l'a nommée M, involuta, Zekeli. 
On cite quelques espèces des terrains tertiaires inférieurs. 


La M. phaseolus, AI. Brongniart (?) a éte trouvée daus les terrains num- 
mulitiques du Vicentin. 

M. Deshayes (3) a décrit sept espèces de marginelles. La A. ovulala, Lamk, 
Desh. (Atlas, pl. LXIHI, fig. 23) se trouve dans le calcaire grossier, les sables 
inférieurs du Soissonnais et le terrain nummaulitique du Kressenberg. La M. 
eburnea, Lam. (id., tig. 34), paraît se trouver dans le calcaire grossier et dans 
le terrain nummulitique de Ronca Les M. dentifera, Lamk, hordeola, Desh., 
nilidula, id., et angystoma, id. (Atlas, pl. LXIHT, fig 35) caractérisent le 
calcaire grossier. La M. ampulla, Desh. (id., fig. 36) provient des sables ter- 
tiaires supérieurs de Valmondois. 


Elles sont assez abondantes dans les terrains tertiaires moyens 
et supérieurs. 


Les espèces ont été décrites (4) par MM. Deshayes, Dujardin, Philippi, 
Grateloup, Bellardi, Michelotti, etc. 

M. Hürnes en admet dix dans les terrains miocènes ét pliocènes. Ce sont 
les M. auris eporis, Brocchi, Deshayesi, Michelotti, marginata, Bonelli, tau- 
rinensis, Michelotti, elongata, Bell, et Mich , avena, Valenciennes, scalina, 
Philippi, miliacea, Lamarck (Atlas, pl. LXIIE, fig. 37), clandestina, Brocchi, 
et minuta, Pfeiffer. Quatre d’entre elles vivent encore. 

Plusieurs espèces américaines ont été décrites (5) par MM. Lea, Conrad, 
Sowerby, etc. 


(1) Gaster. Gosau, pl. 14, fig. 11. 

(2) Vicentin, p. 64, pl. 2, fig. 21. 

(3) Coq. foss. Par., t. 1, p. 705, pl. 94 bis et 95. 

(*) Deshayes, Exp. de Morce, et Lamarcek, Hist. nat. des anim. sans vertèbres, 
2e édit., t. X; Dujardin, Mém. Soc. géol., t. H; Philippi, Enumerat. moll. 
Sic. I, 232 et Il, p. 197; Grateloup, Conch. foss. Adour ; Bellardi et Miche- 
lotti, Sagg. oritt., pl. 5; Michelotti, Desc. foss. mioc., p. 321 ; Hürnes, Die 
fossil. Mollusken des tert. Beckens von Wien. 2° liv., etc. 

(5) Lea, Desc. foss. tert. ; Conrard, Journ. Ac. Phil.,t. VF, VIE, VII, ete.; 
Sowerby, Quart Journ. geol. Soc., 1850. 


190 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


A9 Famzze. — OLIVIDES. 


Les olivides ont de grands rapports avec les cypréades ; leurs 
coquilles sont aussi presque toujours recouvertes par des prolon- 
gements du manteau, et par conséquent lisses et brillantes. Mais 
les formes de l'animal ne sont point les mêmes. Celui des olivides 
a le pied beaucoup plus allongé, linguiforme et le manteau plus 
court. Il est remarquable en outre parce que ce manteau se roule 
en un tuyau cylindrique, qui porte l'eau aux branchies. Les co- 
quilles des olivides sont épaisses, oblongues, à columelle encroûtée 
et presque toujours plissée , et à labre entier. Leur spire est 
courte ou moyenne, mais jamais cachée. Elles diffèrent d’ailleurs 
de celles des cypréades par leur enroulement régulier. Les mol- 
lusques sont très carnassiers et habitent en grand nombre les 
plages sablonneuses et peu profondes des mers chaudes. 

Cette famille ne paraît pas être antérieure aux derniers dépôts 
de l’époque crétacée où elle est représentée par une seule espèce 
(A. cretacea, Müller). Elle ne renferme aucun genre éteint. Les 
espèces ont beaucoup augmenté de nombre dans l’époque mo- 
derne, où elles sont souvent remarquables par leurs couleurs 
brillantes et variées. 

Je commencerai leur histoire par celle d’un genre encore peu 
connu, dont lanimal n’a pas été décrit, et dont la place par 
conséquent ne peut pas encore être définitivement fixée. 


Les Tarrières (erebellum, Klein), — Atlas, pl. LXIV, 
fig. 4 et 2, 


ont des coquilles lisses, enroulées, subcylindriques , pointues au 
sommet. La bouche est longitudinale, rétrécie dans sa partie pos- 
térieure, échancrée et sinueuse dans sa partie antérieure; Je la- 
bre est tranchant. La columelle est lisse et tronquée à l'extrémité. 

La forme de ces coquilles et le poli de leur surface semblent in- 
diquer de grandes analogies avec les olivides et les cypréades, 
car il est vraisemblable qu'elles ont été recouvertes par des replis 
du manteau. On peut done avec quelque probabilité les considérer 
comme intermédiaires entre ces deux familles, et leur conserver 
cette place provisoire, jusqu'à ce que la connaissance de l'animal 
vienne la confirmer ou en assigner une autre. 

I faut réunir à ce genre celui des SéRaPnEs ou Serapas, Mont- 


OLIVIDES. 491 


fort, établi sur le 7'eonvolutum, Lamk, chez lequel la spire n’est pas 
visible. Je crois également qu'il n'y à pas de motifs suffisants pour 
admettre le genre TEREBELLOPSIS, de M. Leymerie (!), fondé sur une 
espèce du terrain nummulitique dans laquelle la spire est au con- 
traire très saillante, et les sutures plus profondes. Ces différences 
dans l’enroulement présentent des degrés insensibles. 

On ne connait aujourd'hui qu'une seule espèce vivante. Les 
fossiles sont un peu plus nombreuses et appartiennent toutes à 
l’époque tertiaire. 

On en a trouvé plusieurs dans les terrains tertiaires inférieurs. 


M. Al. Brongniart (2) a décrit le T. obvolutum des terrains nummulitiques 
du Vicentin. On trouve dans ce gisement, suivant M. d'Orbigny, le T, Bron- 
gniartianum, d'Orb. 

M. Leymerie (3) a fait connaître le Terellopsis Braunü et le Tercbellum 
carcassense du terrain nummulitique de l'Aude. 

Le T, fusiforme, Lamk (f) caractérise les dépôts éocènes inférieurs de 
Cuise-la-Motte et se trouve aussi dans le département de l'Aude (Atlas, 
pl. LXIV, fig. 2). 

Le T. convolutum, Lamk (5) (Bull. sopita, Brander) est répandu dans le 
calcaire grossier de France et les gisements analogues de Belgique et d’An- 
gleterre (Atlas, pl. LXIV, fig. 1). 


Les espèces ne sont pas nombreuses dans les terrains miocè- 
nes. 


M. Grateloup (5) en a trouvé deux dans les calcaires inférieurs anx faluns 
bleus. Il les rapporte aux 7. convolutum et fusiforme, Lamk, rapprochement 
que conteste M. d'Orbigny. 

On cite aussi le T. obtusum, Sow. (T), trouvé dans les terrains tertiaires 
de la province de Cutch, Indes orientales, une espèce inédite de l'Asie 
Mineure, etc. 


Les Ouives (Oliva, Brug.), — Atlas, pl. LXIV, fig. 3 et 4, 


ont une coquille subeylindrique, enroulée, lisse, à spire très 


(!) Mém. Soc. géol., 2° série, t. [, p. 365. 

(2) Vicentin, p. 62, pl. 2; d'Orbigny, Prodrome, t. If, p. 314. 

(3) Loc. cit. 

() Deshayes, Cog. foss. Par., t. 1, pl. 95. 

(6) Deshayes, Cog. foss. Par., t. H, p. 737, pl. 95. 

(6) Conch. foss. Adour, 1; d'Orbigny, Prodrome, t. If, p. 9. 

(*) Madras Journal, 4840, t. Il, p. 370; Trans. geol. Soc., 2° série, t. V, 
p. 329, pl. 26. 


492 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


courte. La bouche est longitudinale, échancrée en avant ; la co- 
lumelle a des plis obliques. Les tours de spire sont séparés par 
des sutures canaliculées. 

Ce genre, clairement caractérisé par ses formes générales, par 
la grandeur de son dernier tour, et par le petit canal formé par les 
sutures, est très répandu aujourd'hui dans les mers chaudes. 

Il faut lui réunir les HraruLa, Swainson (0. Liatula, Lamk), 
les LamPopoma, SCaPHULA, OLIVELLA, du même auteur, les AGARo- 
NIA, Gray, etc. 

Les espèces fossiles sont beaucoup moins nombreuses et ne pa- 
raissent pas avoir vécu avant la période tertiaire (1). 

Elles ne sont pas très nombreuses dans les terrains tertiaires 
inférieurs. 


M. d'Orbigny indique (?) une espèce nouvelle trouvée dans les sables in- 
férieurs de Cuise-la-Motte (0. mucronala, d'Orb.). 

M. Deshayes (3) a décrit les O. nitilula, Desh. et mitreola, Lamk, du cal- 
caire grossier. 

La S. Salisburyana, Sow. (*) a été trouvée dans l'argile de Londres. 

La P. Branderi, Sow. (°) (Atlas, pl. LXIV, fig. 3), caractérise les dépôts 
éocènes supérieurs du Hampshire et de Valmondois. 

Il faut ajouter (6) les O. Laumontiana, Lamk, et Marmini, Mich , de Val- 
mondois. 


On en trouve un plus grand nombre dans les terrains miocènes 
et pliocènes. 


Les espèces de Bordeaux et de Dax ont été décrites par M. Basterot et 
M. Grateloup (7). Ce dernier énumère deux espèces des faluns bleus, l'O. cla- 
vula, Lamk, Grat. (pseudoclavula, d'Orb.) et l'O. flammulata, Lamk, Grat,. 
(Noe, d'Orb.) (Atlas, pl. LXIV, fig. 4), et trois espèces des faluns jaunes 
(outre l'O. clavula, qui, suivant lui, s’y trouve aussi), Ce sont l'O. Dufresnei, 


(1) Je ne crois pas, en effet, que l’on doive rapporter à ce genre une petite 
espèce de Saint-Cassian, figurée par M. Klipstein (Geol. der œstl. Alpen, 
pl. 14, fig. 26), et décrite avec doute comme une olive. La forme de la spire 
et celle de la bouche ne paraissent pas justifier ce rapprochement. M. d'Or- 
bigny la place avec plus de raison dans le genre Acteonina, 

(2) Prodrome, t. If, p. 314. 

(3) Cog. foss. Par., t. 1, p. 739, pl. 96. 

(# Sowerby, Min. conch., pl. 288. 

($) Sowerby, id. 

(6, Deshayes, Loc, cit. 

(7) Conch. foss. Adour ; d'Orbigny, Prodrome, t. IF, p. 51. 


OLIVIDES. 193 


Bast., Basterolina, Grat. et Grateloupi, d'Orb. (Laumontiana, Grat, uon 
Lamk), 

L'O. picholina, Brongniart {1) provient de la montagne de Turin. 

On trouve, en outre, dans les terrains miocènes du Piémont (2) les Oliva 
Dufresnei, Bast, subclavula, d'Orb., cylindracea, Borson et rosacea, 
Bonelli. | 

M. Hürnes (3) ne compte que deux espèces dans les dépôts miocènes du 
bassin de Vienne, l'O. flammulata, Lamk, à laquelle il réunit l'O, Dufresnei, 
Bast. et l'O. clavula, Lamk. 


On a trouvé aussi des olives en Amérique. Quelques-unes ont 
été décrites par MM. Conrad et Lea (f). 


M. d'Orbigny (°, cite l'O, serena, d'Orb., des terrains tertiaires de l'Améri- 
que méridionale. 

L'expédition du Beagle a trouvé quatre espèces près de Bahia-Bianca (6). 

L'O. cylindrica, Sow. (7) provient des terrains tertiaires de Saint-Domin- 
gue. ù 

On cite aussi quelques-uns de ces mollusques trouvés dans la province de 
Cutch (Indes orientales) et sur les bords de l'Irawadi (Birmanie) !$). 


Les ANGILLAIRES (Ancillaria, Lamk, Anaulax, de Roissy) (°), 
— Atlas, pl. LXIV, fig. 5 à 9, 


ont une coquille oblongue, subeylindrique, à spire courte ou 
movenne, à bouche longitudinale. Ces coquilles ont les plus 
grands rapports avec les olives, et n’en diffèrent que parce que 
la suture qui sépare les tours de spire n'est point canaliculée. 
L'animal des ancillaires confirme ces analogies avec les olives ; il 
vit de Ja même manière qu'elles. 


(1) Vicentin, p. 63, pl. 3, fig. 4. 

(2) Sismonda, Synopsis, p.45; Michelotti, Descr. foss. mioc. Ital. sept., 
p. 335. 

(3) Die foss. Mollusk. tert. Wien, n° 2. 

(4) Desc. new foss. tert.et Journ. Acad. Phil. 

(5) Voyage en Amérique, Paléont., p. 116. 

(6) Voyage of the Beagle, Foss. manm., p. 9. 

(7) Quart. Journ. geol. Soc., t. VI, 1850, p. 45. 

(8) Madras Journal, 1840; Trans. geol. Soc., 2° série, t. V, ete. 

(®) Ce genre a été nommé d'abord par Lamarck Anaczca. Ce nom a été 
changé contre celui d'AxciLzLaRtA en 1811. Il est écrit quelquefois ANCyYLLaRIA 
(d'Orbigny). Les AxarLax de Roissy, ou ANoLAx de quelques auteurs sent iden - 
tiques avec les ancillaires. F1 paraît qu'il faut aussi leur réunir les Monop- 
TYGMA, Lea. 

IT, 15 


49h GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES, 


Les ancillaires actuelles sont beaucoup moins nombreuses que 
les olives ; mais ces deux genres ont eu à peu près le même dé- 
veloppement pendant l’époque tertiaire. 

Les anciliaires paraissent un peu plus anciennes. Elles ont 
dejà vécu vers la fin de l’époque crétacée. 


M. Joseph Muller (t) a trouvé une espèce dans la craie supérieure d'Aix- 
la-Chapelle et l'a nommée Anc. crelacea. 


Elles sont assez nombreuses dans les terrains éocènes. 


M. Deshayes (2) en a décrit six espèces. La plus répandue est l’4. buccinoi- 
dea, Lamarek qui se retrouve depuis les terrains inférieurs de Cuise-la-Motte 
jusque dans les sables supérieurs de Valmondois (3). L'A. canalifera, Lamarck 
(Atlas, pl. LXIV, fig. 5, a été recueillie dans les sables inférieurs et dans le 
calcaire grossier. L'A. olivula, Lam., paraît exister à la fois dans les sables 
inférieurs, le calcaire grossier et les terrains nummulitiques de Biaritz et de 
Nice. Les 4. glandina, Desh. (Atlas, pl. LXIV, fig. 6), et dubia, id., caractéri- 
sent le caleaire grossier. L’A. inflata, Desh., paraît spéciale aux sables supé- 
rieurs. 

M. À. Rouault (#) a décrit les À. conica, nana et spissa, des terrains num- 
mulitiques de Pau. 

L'argile de Londres a fourni (°) les 4. aveniformis, Sow., et turritella, id. 


Elles se contiauent dans les terrains miocènes et pliocènes. 
Leur comparaison laisse des doutes, soit quant au nombre des es- 
pèces, soit quant aux transitions d'un étage à l'autre ($). 


il paraît que l’A. canalifera passe de l'éocène au miocène. 

Les espèces miocènes et pliocènes les plus certaines et les plus répandues 
sont l'A. obsolela,Brocchi {elongata, Desh } Atias, pl. LXIV, fig. 7 et l'A. glan- 
diformis, Lamk (inflata, Borson, coni/ormi:, Pusch), Atlas, pl. LXIV, fig. 8 et9. 
Ces deux espèces sont citées dans la plupart des dépôts miocènes connus. 

Les autres espèces sont moins certaines (7). 


(4) Monog. der Petref. der Aachener Kreideformation, IH, p. 79, pl. 6, 
fig. 23. 

(2) Cog foss. Par., t. I, p. 728, pl. 96 et 97. 

(3) M. d'Orbigny distingue les espèces de ces divers gisements. Il sépare 
l'A. buccincidea, Desh. (subulata, Larnk) de l'A. buccinoidea, Lamk. 

(#) Mém. Soc. géol., 2° série, t. IL, pl. 18. 

(8) Sowerby, Min. conch., pl. 99. 

(6, Voyez surtout Hürnes, Die foss. Moll. tert. Wien, n° 2; Grateloup, 
Conch. foss. Adour {cinq espèces) ; Sismonda, Synopsis ; Michelotti, Descr. foss. 
mioc., etc, 


(7) D'Orbigny, Prodrome, t. I, p. 9 et 52, en admet un grand nombre. 


®R 


STROMBIDES. 195 


On en cite aussi plusieurs des terrains tertiaires des États-Unis (1). 

Quelques fragments indéterminés ont été trouvés sur les bords de l'fra- 
wadi, en Birmanie. G 

L'A. australis, Sow. (2), provient de la Nouvelle-Zélande. 


13° Famizze. — STROMBIDES. 


La famille des strombides est une des plus clairement carac- 
térisées par les formes de la coquille et par celles de l'animal. La 
coquille est en forme de cône ou de fuseau dans le jeune âge, 
puis, après avoir grandi plus ou moins longtemps d'une manière 
régulière, elle s'arrête dans son accroissement, son bord se dilate, 
s'épaissit, s’élargit souvent d'une manière remarquable, ou s’arme 
de longues pointes. La partie antérieure de la bouche se termine 
par un canal, accompagné d'un sinus plus ou moins distinct. 
L'animal a un pied divisé en deux parties, dont l'antérieure est 
en fer à cheval, et dont la postérieure soutient un opercale en 
forme de couteau. La tête porte presque toujours une trompe ex- 
tensible, des deux côtés de laquelle sont des tentacules, terminés 
par un œil volumineux. 

Cette famille, qui correspond à celle des AILÉS, de Lamarck, est 
très facile à distinguer de toutes les autres par les differences de 
formes qu'entraine l'âge, et par la double échancrure de la bou- 
che. 

Les strombides ont paru pour la première fois dans les ter- 
rains jurassiques ; les espèces augmentent de nombre dans l'épo- 
que crélacée, et cette famille paraît être arrivée aujourd'hui à 
son maximum de développement numérique. Les nombreuses es- 
pèces actuelles vivent surtout dans les mers chaudes, autour des 
iles ou des bancs de coraux, à une grande profondeur. Quelques- 
unes atteignent une très grande taille. 


Les STROMBES (Sérombus, Lin.), — Atlas, pl. LXIV, fig. 10 et 11, 


ont une coquille ovale, quelquefois déprimée, dont le dernier 


() Voyez Huot, Man. de géot., 1, p. 763; Conrad, Journ. Ac. Philad.. 
t. VIP etc: 

(2) Sowerby, Quarts Journ, geol. soc., 1850, t. VI, p. 341 ; Hind, Foy. 
of the Sulphur. 


196 GASTÉROPODES PECTINIBRANCIES. 


tour, souvent gibbeux, a son labre dilaté, mais simple et sans 
digitation. La bouche est échancrée en avant et en arrière par un 
sinus, et se prolonge en avant en un canal court et tronqué. 

Les strombes ne paraissent pas avoir été très nombreux dans 
les époques qui ont précédé la nôtre; on n'en connaît pas d'an- 
térieurs aux terrains crétacés. Les espèces sont aujourd'hui ré- 
pandues dans la plupart des mers, et sont, surtout dans toutes les 
régions chaudes, abondantes et remarquables par leur taille et 
leurs formes. 

Elles ne sont en particulier pas nombreuses dans les terrains 
crétacés. 


Une seule a été citée (1) dans le terrain néocomien, le S. subspeciosus, 
d'Orb. (olim Pterocera), de Marolles, Saint-Sauveur, etc. 

Le S. Dupinianus, d'Orb. (2), est un fossile du gault. 

Les S. inornatus, d'Orb. etincertus, id. ($) (olim Pterocera), caractérisent 
les craies chloritées, etc. (T. cénomanien). 

Il faut, suivant M. d'Orbigny, ajouter le Dolium nodosum, Sow. (#), de la 
craie de Sussex. Je croirais plutôt, avec M. Agassiz, que cette espèce appar- 
tient au genre des ptérocères. 


Les espèces ne sont pas encore très nombreuses dans les ter- 
rains tertiaires éocènes. 


M. Deshayes (5) a décrit trois espèces des environs de Paris. Le Strom- 
bus callosus caractérise les terrains tertiaires inférieurs de Bracheux, Cuise- 
la-Motte, etc. Le S. ornatus, PDesh, (Murex Barlonensis, Sow.), Atlas, 
pl. LXIV, fig. 10, et le S. canalis, Lamk, proviennent du calcaire grossier. 

M. A. Brongniart (6) a fait connaître le S. Fortisü, du terrain nummuliti- 
que du Vicentin. 


Elles augmentent de nombre dans les terrains tertiaires mio- 
cènes et pliocènes. 


Le S. Bonellii, Brongniart (7), se trouve dans presque tous les dépôts mio- 
cènes. 


(1) Pal. franç., Terr. crét., t, 11, p. 303, pl, 211. 
(2) Pal. franç., Terr. crét., p. 313, pl. 217. 

(8) Pal. franç., Terr. crét., pl, 214 et 215. 

(#) Min. conch., pl. 426 et 427. 

(5) Cog. foss. Par., t. Il, p. 627, pl. 84 et 85; Soweérby, Min. conch., 
pl. 34. 

(6) Vicentin, pl. 4, fig. 7. 

(1) Vicentin, pl. 6, fig. 6. 


STROMBIDES. 197 


M. Basterot a décrit le S, decussatus (!), qui se trouve à Bordeaux et à 
Turin. 

M. Grateloup (2?) en a surtout fait connaître un très grand nombre des en- 
virons de Dax et de Bordeaux {quatorze espèces dont la plupart nouvelles). 

Le S. Mercati, Desh. (S. italicus, Bonelli), se trouve dans les dépôts plio- 
cènes du midi de l'Europe (3), Atlas, pl. LXIV, fig. 11. 

On peut ajouter () quelques espèces des terrains tertiaires de l'Inde(S. de- 
perditus, SOW., nodosus, id.) 

M. Sowerby en a décrit (5) quatre espèces de Saint-Domingue. 


Les PrÉROCÈRES (Pterocera, Lamk), — Atlas, pl. LXIV, 
fig. 12 à 45, 


sont identiques avec les strombes par les formes de l'animal, et les 
coquilles n'en diffèrent que parce que le labre forme de grandes 
digitations. Ce genre repose donc sur des caractères plus artifi- 
ciels que réels. Les espèces sont d’ailleurs difficiles à distinguer 
de celles des strombes, lorsqu'on ne les connaît qu'à l’état de 
moules, parce qu'alors les digitations manquent. Elles diffèrent 
des rostellaires, parce que le sinus antérieur est ordinairement 
séparé du canal par un intervalle, mais ce caractère est souvent 
peu tranché. Je me trouve en particulier en désaccord dans son 
application avec M. d'Orbigny. Ce savant paléontologiste place 
dans le genre des ptérocères plusieurs espèces allongées, termi- 
nées par un Canal droit ou courbé, en dehors duquel le labre 
forme une courbe continue jusqu'à la première digitation. Les 
digitations sont peu nombreuses et quelquefois il n’y en a qu'une. 
Le sinus y est nul ou contigu au canal ; aussi presque tous les 
autres paléontologistes ont-ils décrit ces espèces sous Ie nom de 
RosreLLaiRes. Elles ont beaucoup plus Îe facies de ce groupe ou 
celui des chenopus, que celui des ptérocères vivantes. Je crois qu'il 
est plus convenable de réserver le nom de ptérocères aux espèces 
courtes à aile grande, munie de digitations nombreuses (quatre 
ou cinq) et chez lesquelles 11 y à presque toujours un sinus dis- 
tinct entre le canal antérieuret la premièredigitation. Jelaisse dans 


(1) Cog. foss. Bord., p. 69. 

(2) Conch. foss. Adour, I. 

&) Deshayes, Exp. de Morée. Voyez encore pour les Stronibes, Deshayes, 
2° édit. de Lamarek, Hist. nat. des anim. sans vert. Chenu, /lustr. deconch., etc. 

(*) Trans. geol. Soc. London, 2° série, t. V, pl. 26. 

(5) Quart. Journ, geol. Soc., 1850, t VI, p. 48, 


198 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


le genre des rostellaires toutes les espèces à spire longue, à digita- 
tions peu nombreuses et dont le sinus est nul ou réuni à la base 
du canal. Les espèces jurassiques forment, comme je le dirai plus 
bas, le genre des Alaria, Morris et Lycett. 

Les ptérocères ont vécu en abondance dans les terrains juras- 
siques, et se continuent avec des formes variées pendant l'époque 
crétacée. Ils sont très rares dans les terrains tertiaires et repa- 
raissent plus abondants de nos jours, où plusieurs espèces , 
remarquables par leur grande taille, vivent dans les mers chau- 
des des deux hémisphères. 

Les espèces les plus anciennes appartiennent au lias. 


M. d'Orbigny a indiqué (1) le P. liasina, d'Orb., du lias d'Étoupefour, 


On en cite quelques-unes de l’oolithe inférieure et de la grande 
oolithe. 


M. Eudes Deslongchamps a décrit (2) les P. atractoïdes, vespa, balanus, 
retusa et paradoxa (Atlas, pl. LXIV, fig. 12), de la grande oolithe de Nor- 
mandie. 

MM. Morris et Lycett (3) ont ajouté le P. ignoti'is, M. et L., le P. Bent- 
tleyi, id., et le P. Wright, id., de la grande oolithe d'Angleterre. 


Les espèces paraissent rares dans les terrains oxfordiens et 
kelloviens. 


M. d'Orbigny ({) en cite plusieurs dans son prodrome; mais l’observation 
que j'ai présentée plus haut s’applique presque à toutes. Je crois cependant 
que l’on devra admettre quand elle sera décrite, la P. aranea, d'Orb., du 
terrain oxfurdien de Creué. 


Elles deviennent plus abondantes dans le terrain corallien et 
les terrains jurassiques supérieurs. Ces fossiles sont même assez 
répandus dans quelques gisements, pour avoir fait donner le nom 
de Calcaire à ptérocères à un étage du terrain kimméridgien. 


On trouve dans le terrain corallien (5) les P. Rupellensis, d'Orb., tetracera, 
id., aranea, id., et quelques espèces inédites. 


(1) Prodrome, t. I, p. 231. 

(2) Mém. Soc. Lin. Normandie, t. VIX, p. 161, pl. 9. 

(3) Moll. from the great ool., Palæont. Soc., 1850, p. 14 et 105, pl. 3, 
et 13. 

(#) Prodrome, t. I, p. 335 et 356. 

5\ Prodrome, t, Il, p. 10: Ann, sc, nat., 1895, p. 38, pl. $ 


STROMBIDES. 199 


M. Buvignier (!) a décrit deux espèces du terrain corallieu et trois du ter- 
rain kimméridgien. 

Le calcaire à ptérocères de l'étage kimméridgien est principalement carac- 
térisé (2) par les P. Oceani (Strombus Oceani, Brong., olim Strombites den- 
ticulatus, id., Atlas, pl. LXIV, fig. 14), et P. Ponti (Strombus Ponti, Brong.). 

Il faut y ajouter le P. vespertilis, Eudes Desl. (3), musca, id., et incerla, 
id. (Buccinum lœve et subcarinatum, Roemer). Ces trois espèces proviennent 
de l'argile kimméridgienne de Honfleur. 


Les ptérocères de l'époque crétacée sont assez nombreux. 
On en cite quelques-uns des terrains néocomiens et apliens. 


L'espèce la plus connue est le P. pelagi, Brong. (f) (Atlas, pl. LXIV, 
fig. 15), décrit par cet illustre géologue, d’après des échantillons recueillis 
dans le terrain néocomien, supérieur aux Caprotina ammonia. En Suisse 
celte espèce est constamment dans cet étage. 

L'espèce du terrain néocomien inférieur qui lui ressemble le plus n'a pas 
été décrite. 

M. d'Orbigny (5) a décrit outre cette espèce les P. Moreausiana, Duyi- 
niana et speciosa, du terrain néocomien inférieur. Je ne mentionne pas son 
P. Emerici, qui me paraît une rostellaire. 

Le P. Beaumontiana, d'Orb., appartient au terrain néocomien supérieur. 
fl est singulièrement voisin du véritable P. pelagi. 

Le P. tenuidactyla, Buvignier (5), provient du terrain néocomien d’Ancer- 
ville. 

Le P. Rochatiana, d'Orb. (7), a été trouvé dans le terrain aptien de la 
perte du Rhône (Atlas, pl. LXIV, fig. 15). 

Le P. Fittoni, Forbes (8), appartient au lower green sand d'Angleterre. 


Quelques espèces se trouvent dans le gault et dans les terrains 
crétacés supérieurs. 


Le P. bicarinata, d'Orb. (?) a été découvert dans le gault du nord de la 
France. 


(1) Statist. géol. de la Meuse, p. 44, pl. 28 et 29. 

(2) Brongniart, Ann. des mines, 1821, pl. 7. 

(3) Mém. Soc. Lin. Normandie, t. VIL, p. 161, pl. 9. 

(4) Ann. de mines, 1821, pl. 7. Voyez aussi Pictet et Renevier, Pal. Suisse, 
Terr. aptien, p. 43, pl. 5. 

(5) Pal. franç., Terr. erét., t. I, pl. 211. 

(6) Statist. géol. de la Meuse, p. 4%, pl. 28. 

(7) Pictet et Renevier, Pal. Suisse, terr. aptien, p. 45, pl. 4. 

(8) Quart. Journ. geol. Soc., t. 1, p. 251, pl, 4, fig. 6. 

9) Pal. franc., Terr, crét., t. W, pl. 208. 


200 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 

Le P. relusa, Sowerby (!}, se trouve dans le gault des environs de Genève 
et dans le grès vert de Blackdown. 

M. d'Orbigny a décrit (2?) le P. polycera de l'ile Madame (terrain céno- 
mauien), etle P. marginalis, d'Orb., du Mans, id. Il a indiqué en outrele P. 


Verneuilli, du même gisement. Je doute beaucoup que son P. inflata appar- 
tienne à ce genre. 


M. d'Archiac a fait connaître (3) le P. Collegni, de Tournay. 


Je considère les deux espèces décrites par Reuss (4) sous les noms de P. 
gigantea et gracilis, comme très douteuses. 


M. d’Orbigny indique dans la craie blanchele P, Toucasiana, d'Orb., non 


décrit, Son P. supracretacea a au moins autant les caractères des rostellaires 
que ceux des ptérocères. 


M. Zekeli a décrit (5) les P. Haueri, sublilis et angulata, de la craie de 
Gosau. 


Les ptérocères, ainsi que je l'ai dit plus haut, sont très rares 
dans les terrains tertiaires. 


La seule espèce citée est le P. radir, Brong. (6:, du terrain nummulitique 
du Vicentin. 


Les RosTELLAIRES (Aosfellaria, Lamk), — Atlas, pl. LXIV, 
fig. 16 à 24, 

ont une coquille plus ou moins turriculée, dont la bouche est ter-. 
minée en avant par un Canal respiratoire presque toujours long 
et étroit, et dont le labre s'étend tantôt en restant entier, tantôt 
en formant des digitations peu nombreuses; ilest en outre échancré 
par un sinus contigu au canal. La place du sinus distingue ce genre 
des ptérocères (7), l'existence du canal empêche de le confondre 
avec les strombes. L'animal est tout à fait semblable à celui de 
ces deux genres, 

M. Philippi et d'autres auteurs ont reconnu de très grandes 
difiérences entre l'animal des rostellaires proprement dites, re- 
présentées par la /?. curvirostris, et celui de l'espèce de la Médi- 
terranée, connue sous le nom de À. pes-pelicani, Lamk. Cette der- 


(1) Dans Fitton, Trans. of the geol, Soc., 1846, t, IV, pl, 18; Pictet et 
Roux, Moll. des grès verts, p. 263, pl. 25. 

(2) Pal. franç., Terr. crét., t. A, pl. 217. 

(8) Mém. Soc. géol., 2° série, t, EE, p. 345, pl. 25. 

(*) Boehm. Kreidegeb., pl. 11. 

(5) Gaster, Gosau, pl. 12, 13 et 15. 

(6) Vicentin, pl. 4, fig. 9. 

(*) Voyez ci-dessus p. 197, la comparaison des rostellaires et des pterocères, 


STROMBIDES. 201 


nière a les yeux placés sur les côtés des tentacules, tandis que ces 
organes sont terminaux dans les rostellaires. Ces différences ont 
motivé avec raison la formation d'un nouveau genre, celui des 
Caenopus (Aporrhais, Aldov.), Atlas, pl. LXIV, fig. 23 et 24, qui 
contiendrait la Z?. pes-pelicani et les espèces voisines. Malheureu- 
sement il est difficile de lier exactement ces différences de la co- 
quille aux formes de l'animal, et par conséquent de diviser d’une 
manière convenable les espèces fossiles entre ces deux genres. 
Les chenopus vivants ont le canal respiratoire déprimé, un peu 
tordu et à peine canaliculé, et le labre fortement digité, tandis 
que les rostellaires proprement dites ont ce dernier organe moins 
découpé et le canal fortement creusé. Certaines espèces fossiles, 
principalement des terrains jurassiques et crétacés, sont intermé- 
diaires entre ces deux formes, et il est très diflicile de savoir au- 
quel des deux genres elles ont dù appartenir par leur animal. 
En conséquence, tout en reconnaissant complétement la conve- 
nance d'établir le genre chenopus, je me vois forcé ici de réunir 
provisoirement ses espèces avec les rostellaires. 

Les espèces jurassiques et crétacées ont fourni à MM. Morris et 
Lycett (*) le type du genre ALanta, que ces paléontologistes ca- 
ractérisent surtout par sa forme turriculée et par l'absence con- 
stante de canal à l'angle postérieur de la bouche. L’aile est tantôt 
entière, tantôt digitée, et peut former une varice; le canal an- 
térieur peut être court ou long, droit ou courbé. La forme turri- 
culée leur est commune avec toutes les rostellaires et les chenopus. 
L'absence de canal postérieur fournirait un caractère distinctif 
s’il était constant; mais si l'on compare entre elles les espèces 
vivantes, on verra combien il est variable, Depuis le type des X. 
Favannii, Pleifier, etc., où il longe toute la spire, on arrive par 
degrés jusqu'à des espèces telles que le €, occidentalis, Beck, où 
il est presque nul. Parmiles espèces fossiles rangées dans le genre 
des alaria, il ÿ en à où la partie postérieure du labre arrive si 
obliquement sur la spire, que l'angle qu'il forme est semblable au 
canal du €’. occidentalis. 


Je pense done que l’on ne peut pas trouver dans ce canal un 


(1) Moll. from the great ool., Palæont. Soc., 1850, p. 13. Ce genre me 
paraît être à peu près le même que celui que l’un de ces auteurs, M. Lycett, a 


établi sous le nom de Rosrrorrewa, Ann, and mag. of nat, hist., 2° série, 
1845, t. Il, p. 252. 


202 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


caractère générique constant, el je réunis provisoirement les 
alaria aux rostellaires. 

Ces mollusques ont paru dès l'époque jurassique et sont assez 
nombreux dans les terrains crétacés et tertiaires. Ils vivent au- 
jourd'hui dans la plupart des mers, jusque dans les régions les 
plus froides, sur les fonds de sable, à d'assez grandes profondeurs 
et n'atteignent pas la taille des deux genres précédents. 

Les espèces des terrains jurassiques ont en général, comme Je 
J'ai dit plus haut, une aile sans canal postérieur, à digitations 
peu nombreuses. Elles ont été décrites sous le nom d’ALarra, par 
MM. Morris et Lycett, de Prerocera, par M. d'Orbigny, et de Ros- 
TELLARIA, par la plupart des autres auteurs. 


M. Eudes Deslongchamps ({} a décrit quelques espèces de Normandie. Sui- 
vant lui la 2. trifida, Phillips, Atlas, pl. LXIV, fig. 16, se trouverait depuis 
le lias jusque dans l'argile kimméridgienne de Honfleur. La R. hamus, E. D., 
appartient à la grande oolithe et à l’oolithe inférieure. 

La R. hamulus, E. D., et la R, cirrus, id., ont été trouvées dans la grande 
oolithe, et la R. myurus, E. D., dans l'oolithe inférieure (Atlas, pl. LXHIE, 
fig. 17). 

M. Buvignier (2) a décrit une espèce du terrain corallien du département 
de la Meuse, cinq des dépôts kimméridgiens, et cinq des terrains portlandiens. 

La R. composita, Sow. (3), se trouve dans l’oolithe inférieure et la grande 
oolithe d'Angleterre. 

M. Lycett (f) a fait connaître cinq espèces nouvelles de l’oolithe inférieure 
du même pays. 

Le même auteur avec M. Morris (5) a décrit sous le nom d’ALARIA douze 
espèces de la grande oolithe, dont cinq sont nouvelles. 

On a encore trouvé en Angleterre (6) la R. trifida, Philipps, du terrain ox- 
fordien, et la R. bispinosa, id., du calcareous gret. 

Les espèces d'Allemagne sont nombreuses (7). Goldfuss en a fait connaître 
cinq du lias et deux du terrain corallien de Pappenheim. MM. Koch et Dun- 
ker ont décrit la R. Philippi, de l’oolithe inférieure et trois espèces du ter- 
rain jurassique supérieur. (R, nodifera, Chenopus cingulatus, C. strombi- 
formis, K. et D.), 


(1) Mém. Soc. linn. Norm., t. VI, p. 171, pl. 9. 

(2) Statist. géol. de la Meuse, p. 43, pl. 28. 

(3) Min: conch., pl. 558. 

(#) Ann. and mag. of nat. hist., 2° série, 1850, t. VI, p.419. 

(5) Moll. from the great ool., Palæont. Soc., 1850, p. 15, pl. 3. 

(©) Phillips, Geol. of Yorksh., pl. 4 et 5. 

(7) Goldfuss, Petr. Germ., t, I, p.15, pl. 169 et 170 ; Koch und Dunker, 
Oolithengeb., p. 3% et 46, pl. 2 et 5; Roemer, Oolithgeb., p. 146, pl. 11 
et 12. 


STROMBIDES. 203 


Les R. costata, Roemer, et caudata, id., caractérisent le terrain corallien 
de Hoheneggelsen. 


Les rostellaires sont nombreuses dans les terrains erétacés. Un 
grand nombre d’entre elles ont encore les formes des alaria; 
d'autres ont un canal postérieur comme la plupart des rostel- 
laires vivantes. La grande ressemblance de ces dernières et des 
premières sous tous les autres points de vue, est une nouvelle 
preuve que ce canal ne peut pas fournir des caractères généraux 
suffisants. 


On en connaît quelques-unes des terrains néocomiens et ap- 
tiens. 


M. d'Orbigny (!) a décrit ou indiqué cinq espèces du terrain néocomien 
inférieur et quatre du terrain néocomien supérieur d'Escragnolles. 

M. Buvignier (2) a décrit les R. euryptera et longiscata, des terrains néo- 
comiens du département de la Meuse. 

On trouve dans le lower green sand d'Angleterre et dans l'argile de Spee- 
ton (3), la R. glabra, Forbes, et la R. composita, Philipps non Sow. (sub- 
composita, d'Orb.). 

Nous avons trouvé (4) dans le terrain aptien de la perte du Rhône la R. 
Robinaldina, d'Orb., la R. Rouxü, Pictet et Renevier, et le Chenopus Dupi- 
nianus, d'Orb. | 


La R. Costæ, Sharpe (5), provient des terrains crétacés inférieurs du Por- 
tugal. 


Les rostellaires sont abondantes dans le gault. 


Les auteurs anglais (6) en ont fait connaître plusieurs, telles que les 
R. calcarata, Sow., carinata, Mantell, elongata, Sow., marginala, id., Par= 
kinsoni, id., relusa, id. 

M. d'Orbigny en a ajouté (7) quelques-unes et en particulier les R. tricos- 
tata, carinella, Drunensis, Itieriana. 

Dans le travail que j'ai publié avec M, le docteur Roux (5), nous avons 


(1) Pal. fr., Terr. crét., t. H, p. 282, pl. 206 et 207 ; quelques espèces 
ne sont qu'indiquées dans le prodrome. 

{2} Statist. géol. de la Meuse, p. 44, pl. 28. 

(8) Forbes, Quart. Journ. geol. Soc., {, p. 380, pl. 4; Phillips, Geol. of 
Yorkshire, p. 94, pl. 2. 

(9 Pal. Suisse, Terr. aptien, p. 46, pl. 4. 

($) Quart. journ. geol. Soc., 4850, t. VI, p. 193. 

(6) Sowerby, Min, conch., pl. 349 et Trans. of the geol. Soe., 2% série, 
t. IV ; Mantell, Geol, of Sussex, ete. 

(7) Pal. fr., Terr. crét., t. WW, p. 284, pl. 207 et 208. 

(8) Mollusques des grès verts, p. 247, pl. 24 et 25. Je persiste dans mon 
opinion sur la synonymie de ces espèces, La vraie R. Parkinsoni, n’a pas été 


20/ GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


cherché à rétablir la synonymie de quelques espèces et nous en avons ajouté 
plusieurs nouvelles (R. Grasiana, Thimotheana, fusiformis, Deluci, cingulata). 


Les craies chloritées et les terrains crétacés supérieurs ne sont 
pas moins riches en représentants de ce genre. 


La R. macrostoma, Sow. (!), et les R. calcarata, id., P. Parkinsoni, id., 
ci-dessus indiqués, ont été trouvés à Blackdown. 

M. d'Orbigny (2) a fait connaître six espèces du terrain cénomanien de 
France, cinq du terrain turonien et la R. pyrenaica, des bains de Rennes 
(terrain sénonien). 

Nous avons figuré dans l'Atlas, pl. LXIV, la R. ornata, d'Orb., fig. 48 et 
Ja R. Requieniana, id., fig. 19. Ces deux espèces proviennent du terrain tu- 
rouien d'Uchaux, $ 

Les espèces d'Allemagne () ont été étudiées par Goldfuss (R. ovata, de la 
craie de Haldem, Buchi, Goldf , du plæner kalk, etc, vespertilio, id., du 
plæner mergel, etc., striata, d'Aix-la-Chapelle, papilionacea, id., costata, de 
Gosau; Reuss {R. subulata, tenuistria, etc, du plæner mergel) ; Geinitz 
(Reussi, etc.); Puch (acutirostris}; Jos. Müller (six espèces nouvelles d’Aix- 
la-Chapelle); Zekeli (onze espèces de Gosau, cte.). 

Les espèces de Gosau avaient déjà été étudiées par Sowerby (4), qui en 
avait décrit plusieurs espèces. 


Les rostellaires sont plus rares dans les dépôts de l'époque ter- 
tiaire. Leur analogie avec les espèces vivantes permet plus facile- 
ment d'en distinguer les chenopus. 


M. Melleville () a décrit la R. lœvigala, des (errains tertiaires inférieurs 
de Laon (Atlas, pl. LXIV, fig. 20). 

Les espèces du bassin de Paris ont été décrites par Lamarck et par M. Des- 
hayes (6) Ce dernier auteur compte quatre espèces. La R. fissurella, Lamk 
(Atlas, pl. LXIV, fig. 22), est indiquée comme se trouvant à la fois dans les 
terrains tertiaires inférieurs, dans le calcaire grossier et dans le grès marin 
supérieur. La R. macroptera (ampla, Nyst), et la R. columbaria, id., caracté- 


connue par M. d'Orbigny. Celle que cet auteur a décrite sous ce nom est 
notre R. Orbignyana, et ne peut pas porter celui de À. costata. La R. margi- 
nata, Fitton, n'est point la R. Parkinsoni, ete. Voyez encore les observations 
supplémentaires, Mo!l. des grès verts, p. 549. 

(1) Trans. geol. Soc., 2° série, t. IV. 

(2?) Pal. fr, Terr. crét., t. M, pl. 209 et 240. 

(3) Goldfuss, Petref. Germ., t. IX, pl. 170; Reuss, Boehin. Kreideg., I, 
p. 46, pl. 9; Geinitz, Verstein, p. 363; Pusch., Pol. Pal.; Jos. Müller, 
Verst. Aach. Kreid., pl. 5 et 3 ; Zekeli, Gaster. Gosau, pl, 12 à 14, etc. 

(#) Trans. geol. Soc., 2° série, t. HE, pl. 38, 

(>) Sables tert. inf., Ann. se. géol., p. 71, pl. 10. 

(6) Lamarck, Ann. Mus,, t. I; Deshayes, Cog. foss. Par,, t. IL, p. 619. 


STROMBIDES. 205 


risent le calcaire grossier. La À. crassilabrum, Desh. (labrosa, Sow.), ap- 
partient au grès marin supérieur. 

La R. macroplera a été retrouvée dans le terrain nummulitique de Nice, 
et la R. fissurella, dans le mème gisement, et en outre dans ceux de Pau, du 
Vicentin, etc. 

M. A. Brongniart (1) a décrit la R. corvina et la R. pes-carbonis du terrain 
nummulitique du Vicentin. M. A Rouault (?) a fait connaître la R. Lejeunei, 
la R, maxima, la R. Hupei (Atlas, pl. LXIV, fig. 21), et le R, spirata, du 
terrain nummulitique de Pau. 

M. Bellardi (3) a décrit la R. macropleroides, Bell., lœvis, id., multipli- 
cata, id., goniophora, id., et cité quelques espèces indéterminées du terrain 
nummulitique de Nice. 

On trouve dans l'argile de Londres (4) la R. lucida, Sow., la R, rimosa, id., 
et la R. Sowerbyi, Mantell (olim Parkinsoni). 


Les espèces se continuent dans les terrains miocènes et plio- 
cènes. 


Le terrain tongrien de Belgique renferme (5) la R. crassa, van Beneden 
(R. Margerini, Nyst, Chenopus, Sow., Nyst). 

M. Grateloup (©) a décrit la R. dentala et deux espèces qu'il rapporte aux 
C. pes-pelicani, Lin. et pes-carbonis, Grat. (C. Burdigalensis,d'Orb. et Gra- 
teloupi, id.). 

On trouve dans les terrains miocènes du Piémont (7) la R. dentala, Grat., 
ci-dessus indiquée et deux espèces nouvelles, la R. Collegnoi, Bellardi et Mi- 
chelotti, et le Chenopus pes-graculi, Bronn. 

Le C. pes-pelicani, Lamk (Atlas, pl. LXIV, fig. 23 et 24), actuellement 
vivant, se trouve fossile dans les terrains pliocènes du mème pays, dans Îles 
terraius quaternaires de Sicile, dans le crag d'Angleterre, etc. 

On a trouvé en Allemagne une partie des espèces précédentes (R. fissu- 
rella, Lamk, pes-pelicani, id., etc.). Parmi les espèces nouvelles on cite la 
R, decussata, Philippi ($), de Westeregeln, et la R. paradoxa, Philippi (9). 


On a aussi trouvé des rostellaires hors d'Europe (10). 


(1) Vicentin, pl. 4, fig. 2 et 8. 

(2) Mém. Soc. géol., 2° série, t. HE, pl. 18. 

(3) Mém. Soc. géol., 2° série, t. IV, pl. 15. 

(4) Sowerby, Min. conch., pl. 91 et 349. 

(5) Nyst, Cog. et pol. foss. Belg., pl. 44, fig. 4. 

(6) Conch. foss. Adour, I. 

(7) Michelotti, Descr. foss. mioc. Ital. sept., p. 200. 

() Palæontographica, t 1, p. 75, pl. 10 a. 

%) Tert. Verst. Nordwest. Deutsch., p. 24, pl. 4, fig. 13. 

40) Morton, Journ, Ac. Phil., t VIH; d'Orbigny, Voyage en Amér.; Pa- 


206 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


On trouvera quelques espèces des terrains crétacés de l'Amérique septen- 
trionale, décrites par M. Morton. 

Les mêmes gisements de l'Amérique méridionale renferment des espè- 
ces décrites par M. d'Orbigny. 

Le même auteur en décrit une des terrains tertiaires du mème pays. 

On en a trouvé aussi dans les terrains tertiaires de la province de Cutch. 


C’est peut-être à la fin de cette famille qu'il faut placer un 
genre dont les rapports ont toujours été contestés. 


Les STRUTHIOLAIRES (Séruthiclaria, Lamk), 


qui ont une coquille ovale, à spire élevée, dont la bouche ovale 
est terminée en avant par un canal très court et peu profond. Le 
bord columellaire est couvert par une callosité. Le labre un peu 
infléchi simule un sinus en arrière de ce canal; il est muni d’un 
bourrelet en dehors. 

Les formes de la coquille, si ce n’était la brièveté du canal, 
sembleraient la placer dans la famille des fusides ; la sinuosité du 
Jabre parait indiquer quelque chose d’analogue au sinus des 
strombes. Les formes de l'animal montrent, suivant M. Deshayes, 
de grandes analogies avec les chenopus. 

M. Kiener pense plutôt qu'on doit rapprocher les struthiolaires 
des pourpres. 

On ne connaît aujourd hui qu'un très petit nombre de struthio- 
laires vivantes, qui sont spéciales aux mers de la Nouvelle-Zé- 
lande. Leur existence à l'état fossile est douteuse. 


La Struthiolaria wmbilicaia, Bonelli (1), du terrain plioeène d’Asti, ap- 
partient suivant M. Sismonda, au genre Lacuna, Turton. 

Une espèce - douteuse (S. ornala ? Sow.), a été citée dans les terrains ter- 
tiaires de Patagonie (2). 


Ahe Famie. — CONIDES. 


La famille des conides se distingue de toutes les autres familles 
par une coquille formant un cône, dont la base est représentée par 


læont. et Foss. de Colombie ; Madras Journ., 1840; Sowerby, Trans. of the 
geol. Soc., 2° série, t. V, etc. 

(1) Bellardi et Michelotti, Saggio orittog., p. 31, pl. 3; Sismonda, Sy- 
nopsis, p. 48. 

(2) Sowerby, in Darwin, South. America, pl, 4, 


CONIDES. 207 


la spire et dont les tours sont enroulés sur eux-mêmes comme 
des cornets. La bouche est longue, étroite, sans dents et échan- 
crée en avant; l’opercule est très étroit, à éléments latéraux. 
Ces coquilles ont souvent dans la nature vivante des couleurs 
vives et variées et une surface très polie, qui rappelle par- 
fois celle des porcelaines; mais elles en diffèrent essentielle- 
ment, parce qu'elles sont revêtues d'un épais drap marin. 
Les animaux ont un pied allongé, non extensible, et un tube res- 
piratoire très long. Les yeux sont au tiers antérieur des tenta- 
cules. L'enroulement des cônes présente un caractère qui lui est 
tout à fait spécial, les tours intérieurs se réabsorbeni à mesure que 
la coquille s'accroît et deviennent extrêmement minces, tandis 
que les tours extérieurs sont épais. Il résulte de cette circon- 
stance que la coupe de la coquille faite perpendiculairement à son 
axe, présente une spire dont les premiers tours sont très minces 
comparativement au dernier (Atlas, pl. E XIV, fig. 25), tandis 
que dans les autres coquilles la spire formée par une coupe pa- 
reille aurait une épaisseur à peu près uniforme. Celle organisa- 
tion permet de distinguer les cônes dans les cas douteux et nous 
nous en sommes déjà servi pour rapporter au genre Ac/eonina, 
quelques espèces des terrains jurassiques qui avaient été attri- 
buées à la famille qui nous occupe 1c1. 


Les CÔNEs (Conus, Linné), — Atlas, pl. LXIV, fig. 25 à 30, 


sont le seul genre connu de la famille et forme comme on sait dans 
les mers actuelles un genre aussi remarquable par le nombre des 
espèces que par la beauté de quelques-unes d'entre elles. Is n’ont 
apparu pour la première fois que vers la fin de l'époque crétacée, 
dans laquelle ils ne sont représentés que par un petit nombre 
d'espèces. Ils ont pris un plus grand développement pendant la 
période tertiaire, principalement à partir de l'époqne à laquelle 
les terrains miocènes ont commencé à se déposer. 

Les espèces des terrains crétacés appartiennent exclusivement 
à l'étage des craies blanches. 


Le C, cylindraceus, Geinitz (1), du quader inférieur de Saxe, me paraît 
être une acteonina. 

Le C. semi-costatus, Goldfuss (2), a été trouvé dans la craie supérieure de 
Haldem. 


(1) Charakter., p. 72, pl. 18. 
2) Petr. Germ., t. WE, p. 14, pl. 169, fig. 2. 


208 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES, 


Le C, tuberculatus, Dujardin (1), provient des craies blanches des environs 
de Tours (Atlas, pl. LXIV, fig. 26). 

Le C. Marticensis, Matheron (2), a été découvert dens la craie des Marti- 
gues. 

On peut ajouter le C. gyratus, Morton (3), de la craie blanche des États- 
Unis. 


Les espèces, ainsi que je l'ai dit plus haut, augmentent beau- 
coup de nombre davs l'époque tertiaire. 
On en connaît quelques-unes des terrains tertiaires anciens. 


M. Deshayes () en a décrit huit espèces du bassin de Paris. Les C. deper- 
ditus, Brug., diversiformis, Desh. (Atlas, pl. LXEIV, fig. 27), turritus, Lamk, 
stromboides, id. (lineatus, Brander), et antediluvianus , id., caractérisent le 
calcaire grossier. 

Le C. sulciferus, Desh., le C. crenulatus, id., et le C. scabriculus, Brand., 
appartiennent aux grès marins supérieurs. 

M. Melleville (5) a fait connaitre le C. bicoronatus, des terrains tertiaires 
de Cuise-Ja-Motte (Atlas, pl. LXIV, fig. 8). | 

M. A. Brongniart (©) a décrit le C. alsiosus, du terrain nummulitique de 
Ronca, et une espèce du même gisement qu'il rapporte au C. deperditus, 
Lamk, et qui parait différente. C'est le C. Brongniarti, d'Orb. 

M. d'Archiac (7) a fait connaître le C. Rouaulli, du terrain nummulitique 
de Biaritz et de Pau. 

On trouve aussi dans les terrains nummulitiques quelques-unes des es- 
pèces du bassin de Paris qui ont été citées plus haut. 

Plusieurs espèces ont été citées dans l'argile de Londres. Outre une partie 
des espèces du bassin de Paris (C. deperditus, diversiformis) et le C. linea- 
tus, Brander (stromboides, Desh.), on peut citer (5) : les C. dormitor , Sow., 
concinnus, id., scabriculus, id., corculum, id. et velatus, id. 


Les terrains tertiaires, miocènes el pliocènes en renferment une 
très grande quantité; leur synonymie est très difficile et leur 
distribution géographique est par conséquent encore imparfaite- 
ment connue. 


On pourra consulter principalement la Monographie des cônes de Vienne, 


(1) D'Orbigny, Pal. fr., Terr. crét., t. 11, p. 321, pl. 220. 
(2) Catalogue, ete., p. 257, pl. 40. 

(3) Synopsis crel, group., p. 49, pl. 10. 

(4) Cog. foss. Par., t. I, p. 743, pl. 98. 

(5) Sables tertiaires, Ann. sc. géol., p. T1, pl. 10. 

(6) Vicentin, pl. 3, fig. 1 et 3. 

(7) Mém. Soc. géol., 2° série, t. I, pl. 43, fig. 22. 

(8) Sowerby, Mir. cench., pl. 301, 302, 303 et 623. 


VOLUTIDES. 209 


par M. Hürnes (1). Ce paléontologiste en figure dix-neuf espèces dont deux 
seulement sont nouvelles, les C. Haueri et extensus. (Atlas, pl. LXIV, 
fig. 29.) 

M. Grateloup (2?) en a figuré une grande quantité des environs de Por- 
deaux et de Dax (plus de trente espèces). 

Les espèces miocènes du Piémont ont principalement été décrites par 
M. Michelotti ($), qui en compte dix-neuf espèces dont onze nouvelles, Le 
C. raristriatus, Bell., est figuré dans la planche LXIV, figure 30, mais d'a- 
près un échantillon du bassin de Vienne. 

Les espèces pliocènes du même gisement ont été décrites par Brocchi, ete. 
M. de Sismonda (f) admet sept espèces qui se trouvent à Ja fois dans le ter- 
rain miocène et dans le terrain pliocène, et huit spéciales au terrain pliocène. 
Il nous est impossible d'énumérer ici ces nombreuses espèces. Les plus 
connues sont : le C. betulinoides, Lamk, le €. Aldrovandi, Brocchi, le C. Mer - 
cati, id., le €. ponderosus, id., le C. Noe, id., le C. antediluvianus, Brug. 


On peut ajouter (°) à cette longue énumération des cônes euro- 
péens, plusieurs espèces des États-Unis, quelques-unes du ter- 
rain nummulitique de l'Inde, neuf espèces de Saint-Domingue 
décrites par Sowerby, etc. 


45° Fame. — VOLUTIDES. 


Les volutides ont une coquille enroulée , plus ou moins allon- 
gée, dont la bouche est échancrée en avant et ne se prolonge pas 
en canal, et dont la columelle présente toujours des gros plis très 
marqués. Cette bouche n’est point fermée par un opercule. L’a- 
nimal est plus ou moins volumineux, à pied variable et sans 
pores aquifères. 

Les coquilles de cette famille se distinguent des actéonides par 
leur bouche échancrée et de la plupart des familles précédentes 
par les dents très marquées de leur columelle (f). Elles diffèrent 
de toutes les suivantes par l'absence de canal ou par un enroule- 
ment normal. 


(1) Die fossilen Mollusken des tertiaer Beckens von Wien. 

(?) Conch. foss. Adour, I. 

(3) Descr. foss. mioc. tal. sept., p. 336, pl. 13 à 17. 

(4) Synopsis, p. 43. 

(5) Voyez d'Orbigny, Prodrome; Sowerby, Trans. geol. Soc., 2° série, 
t. V, pour les espèces de Cutch, et Quart. journ. geol. Soc., 1850, t. VI, 
p. 44, pour celles de Saint-Domingue. 

(6) Les margineiles, p. 188, ont les mêmes dents, mais elles se distinguent 
par leur coquiile polie. 


! 
ML 4h 


210 GASTÉROPODES PECTINIBRANCIIES. 


Ces mollusques ne paraissent pas très anciens à la surface du 
globe ; on n’en retrouve point avant le milieu de l’époque cré- 
tacée, où ils sont représentés par les deux genres principaux ; et 
ce n’est que dans les terrains tertiaires que les espèces devien- 
nent nombreuses. Celles de nos mers actuelles sont souvent re- 
marquables par leur taille, leurs belles formes et la brillante dis- 
position des couleurs. 


Les VoLuTEs ( Voluta, Lin.), — Atlas, pl. LXV, fig. 4 à 5, 


ont une coquille ovale, oblongue ou ventrue, à spire courte et à 
sommet obtus. La bouche est allongée, à bords simples, non di- 
latés, et présente en avant une forte échancrure. La columelle est 
marquée de plis très prononcés et obliques. 

Ce genre comprend aujourd hui de nombreuses espèces, qui 
vivent sur les fonds sablonneux des parties tranquilles de la plu- 
part des mers. Les premières ont apparu pour la première fois 
dans l’époque crétacée, où elles sont peu nombreuses; leur nombre 
augmente beaucoup avec la période tertiaire. 

On a divisé les volutes, d’après la nature de leur enroulement, 
en genres (‘) que l'étude de l'animal ne paraît pas confirmer. On 
nomme en particulier GYmBium ou CymBa, les espèces très ouver- 
tes, dont la spire est complétement ou presque complétement ca- 
chée par le dernier tour. Les volutes de cette forme sont toutes 
spéciales à l’époque actuelle, et les fossiles appartiennent sans 
exception à la division de celles où la spire est bien visible. 

Chemnitz a formé aussi pour quelques fossiles (V. cithara, etc.) 
un genre CITHARÆDUS, qui ne repose sur aucun caractère suffi- 
sant. 

Les espèces des terrains crétacés ne se trouvent, comme je lai 
dit plus haut, qu’à partir du milieu de cette époque. 


M. d’Orbigny (2) a décrit la V. Guerangueri, du Mans (terrain cénoma- 
nien), quatre espèces d'Uchaux (terrain turonien), et la V. Lahayesi, d'Orb., 
du terrain crétacé supérieur. 

La V. Requieniana, d’'Orb., d'Uchaux, est figurée Atlas, pl. LXV, fig. 1. 


(1) Fuzcorarra et VoLurA, Schum. ; ScAPHELLA, CymBloLA, HARPULA, VOLUTI- 
LITHES et VOLUTA, Swainson; YETaUs, id., d'après Adanson; Meco, Hum- 
phrey, etc. 

(2) Pal. franç., Terr. crét., t. II, pl. 220-2921. 


VOLUTIDES, 211 


M. Mantell (!) a décrit une F. anbigua, du terrain crétacé de Middleham ; 
mais ce nom avait déjà été donné par Sowerby à une autre espèce de l'argile 
de Londres. 

M. Matheron (2) a fait connaître la V. conoidea, de Figuières, près Mar- 
seille, et la V. pyruloides, du terrain crétacé supérieur de Plan d’Aups. 

On trouve (3) dans le plaener de Strehlen, Haldem, etc., la V. semiplicata, 
Geinitz (laticostata, Müller), la V. Roemeri, Geinitz, la V. induta, id. (Pleu- 
rotoma, Goldf.), et la V. semilineala, id., outre quelques espèces déjà indi- 
quées ci-dessus. 

La V. deperdita, Goldf. (4), provient de la montagne de Saint-Pierre, près 
Maestricht. 

Les environs d’Aix-la-Chapelle renferment dans leurs terrains crétacés su- 
périeurs (outre les V. elongata, d'Orb., semiplicata, Gein., induta, id.), les 
V. Orbignyana, Müller (5), cingulata, id., nitidula, id., et Benedeni, id. 

Les espèces de Gosau sont nombreuses : Sowerby avait déjà décrit la 
V, acuta (subacuta, d'Orb.), M. Zekeli (6) vient d'y ajouter quinze autres 
espèces. 

On peut citer aussi plusieurs volutes des terrains crétacés de Pondichéry, 
décrites par M. E. Forbes (7). 


Les volutes sont plus abondantes encore dans les terrains ter- 
tiaires. 

Les terrains éocènes en particulier en renferment une quanti 
considérable. 


Lamarck, puis M. Deshayes, ont fait connaître celles du bassin de Paris. Ce 
dernier en a décrit ($) trente et une espèces, dont les V. depressa, Lamk, 
mullistriata, Desh., angusta, id., ambigua, Lamk, trisulcata, Desh., et pli- 
catella, id., appartiennent aux terrains inférieurs et se trouvent surtout à 
Cuise-la-Motte. 

Les autres appartiennent en majorité au calcaire grossier. On peut citer 
parmi les plus abondantes et les plus caractéristiques les V. cüthara, Lamk 
(Atlas, pl. LXV, fig. 2), spinosa, id., muricina, id., mitrata, Desh. (Atlas, 
pl. LXV, fig. 3), etc. Il est impossible de ne pas être frappé de l'apparence 
spéciale et caractéristique de cette grande série de volutes éocènes. Les 


(1) Geol. of Sussex, p. 108, pl. 18. 

(2) Catalogue, ete., pl. 40. 

(3) Geinitz, Characht., p. 70, pl. 48, etc.; Goldfuss, Petr. Germ., t, IE, 
pl. 170, etc. 

(4) Idem, ibid., pl. 169. 

(°) J. Müller, Aachener Kreidef., 1, p. 40, pl. 5 et 6. 

(5) Gastér. Gosau, pl. 13 et 14; Sowerby, Trans. geol. Soc., 2 série, 
t. IE. 

(7) Trans. of the geol. Soc., 2° série, t. VIL. 

(8) Coq. foss. Par., t. WE, p. 679, pl. 90 à 95. 


ga GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


formes tranchées et élégantes de ce genre y rendent très évidente l’exis- 
tence de modifications spécifiques puissantes dans la série des temps; et 
tandis que certains genres, par leurs formes indécises peuvent faire douter du 
renouvellement des faunes, le genre des volutes le rend évident. 

Quelques espèces enfin, comme les P. mutala, Desh., Branderi, Defr., 
simplex, Desh., ete., caractérisent les dépôts éocènes supérieurs de Val- 
mondois, de Monneville, etc. 

Une partie des espèces du bassin de Paris ont été retrouvées dans les ter- 
rains nummulitiques, et en particulier la V. ambigqua, Lamk, la V, muricina, 
id., etc. Il faut y ajouter (1) la V. subspinosa, Brongniart, de Ronca ; une es- 
pèce du même gisement rapportée par le même auteur à la V. afjinis, Brocchi ; 
les V. Deshayesiana, À. Rouault, et Prevosti, id., du terrain nummulitique 
de Pau, et quelques espèces inédites nommées par M. d’Archiac. 

Les dépôts éocènes du bassin de Londres sont presque aussi riches en vo— 
lutes que ceux de Paris (?). M. Morris en énumère vingt-deux espèces, parmi 
lesquelles figurent une partie de celles dont je viens de parler. Plusieurs 
(seize) ont été décrites par Sowerby (V. athlela, costata, denudata, paupe- 
rata, etc., etc.). Les matériaux me manquent pour indiquer leur distribu- 
tion géologique exacte; les unes appartiennent à l'argile de Londres, les 
autres aux dépôts éocènes supérieurs. 

£’est probablement aussi à l’époque éocène qu'appartiennent les dépôts de 
Westeregeln, dans lesquels M. Philipps (%) cite les V. labrosa, Phil., Ger- 
mari, id., et des espèces du bassin de Paris. 


Ces mollusques paraissent diminuer de nombre dans les ter- 
rains tertiaires moyens et supérieurs. 


Le bassin de Bordeaux en a cependant encore fourni un bon nombre qui 
ont été décrites par MM. Basterot et Grateloup (f). Les espèces ont souvent 
été rapportées un peu légèrement à celles du bassin de Paris. Les faluns 
bleus ou faluns inférieurs paraissent en renfermer une douzaine d'espèces 
(V. picturata, Grat., Tarbelliana, id., etc.), et les faluns jaunes seulement 
la Voluta rarispina, Lamk (Atlas, pl. LXV, fig. 4), Cette espèce est caracté- 
ristique de presque tous les terrains miocènes d'Europe. 

On doit à M. Nyst (5) la connaissance de plusieurs espèces de Belgique, prin- 


() Brongniart, Vicentin, p. 63, pl. 3; À. Rouault, Mém. Soc. géol., 2° sé- 
rie, t. LL, pl. 148; d'Archiac, Hist. des progrès, t. IT, p. 297; J. C. de 
Sowerby, Trans. geol. Soc., 2° série, t. V. 

(2) Morris, Catalogue, p. 167; Sowerby, Min. conch., pl. 115, 290, 396, 
398, 399, 612, 613, 623. 

(83) Palæoniographica, 1, p. 78, pl. 10. 

(4) De Basterot, Cog. foss. Bord., p. 43 ; Grateloup, Act. Soc. linn. Bord., 
6, et Conch. foss. Adour, I. Voyez les rectifications de synonymie proposées 
par M. d'Orbigny, Prodrome, t. II, p. 9. 

(>) Cog. el polyp. foss. des terrains tert. de la Belgique, 1843, p. 592, pl. 


44 et 45. 


VOLUTIDES. 213 


cipalement de l'étage tongrien (V. suturalis, Nyst, cingulala, id, semipli- 
cata, id., semigranosa, id., etc.). 

Les terrains miocènes du Piémont renferment suivant M. Michelotti (!), 
outre la V. rarispina, Lamk, citée plus haut, la V. ficulina, Lamk, la F, Tau- 
rinia, Bonelli, la V. magorum, Brocchi, et la V. Swainsoni, Micheletti. Au- 
cune espèce n'a été citée dans les terrains pliocènes d’Asti. 

M. Hürnes (2, a trouvé dans les terrains tertiaires miocènes des environs de 
Vienne, la V. rarispina, la V. ficulina, et la V. Taurinia, citées ci-dessus. I 
y a ajouté la V. Haueri, Hürnes. 

La V. spoliata, Smith (3), a été découverte dans les terrains miocènes des 
bords du Tage. 

Le crag d'Angleterre (crag rouge et crag corallien) paraît ne renfermer que 
la Voluta Lamberti, Sow. (f), coquille qui se retrouve dans le crag de Belgi- 
que et dans plusieurs dépôts miocènes. (Atlas, pl. LXV, fig. 5.) 

On a aussi trouvé des volutes dans les terrains tertiaires de l'Amérique 
et de l'Inde (5). 


Les VoLuTELLES (Volutella, d'Orb.) 


ressemblent beaucoup aux volutes par leur coquille, sauf que leur 
surface externe est polie et encroûtée, surtout vers la spire. Cette 
circonstance est due à ce que le manteau de l'animal est très ex- 
tensible et enveloppe la coquille comme dans les porcelaines. On 
ne trouve aujourd'hui ces mollusques que dans les mers d'Amé- 
rique. Les espèces ont été jusqu'à présent réunies aux volutes, et, 
sans vouloir nier l'importance du caractère qui les distingue, il 
faut reconnaître qu'il serait d'une application très difficile en 
paléontologie. 


On n'a cité à l'état fossile qu'une seule espèce, la V. angulata, d'Orb. (6), 


(1) Descr. foss. mioc. ltal. sept., p. 319, pl. 13, fig. 3. 

(2) Die foss. Mollusk. tert. Beck. von Wien, 2 livr., p. 89, pl. 9. 

(3) Quart. journ. geol. Soc., 1847, t. IT, p. 422. 

(4) Sowerby, Min. conch , pl. 129; Wood, Moll, from the crag (Palæont. 
Soc., 1848, p. 20, pl. 2). 

($) Voyez Journ. Acad. Phil, t. VI, etc.; Darwin, Voyage du Beagle; 
Foss, mam., p. 9 (deux espèces de Bahia-Bianca); Madras journ., 1840, 
2° vol., p. 370 (deux espèces des tertiaires de Cutch) ; J. C. de Sowerby, 
Trans. geol. Soc., 2° série, t, V (id.). Voyez aussi dans d'Orbigny (Voyage, 
Paléontologie) deux espèces des terrains tertiaires de l'Amérique méridio- 
pale, etc. Sowerby (Quart. journ. geol. Soc., 1850, t. VI, p. 46) a décrit 
deux volutes de Saint-Domingue. 

(6) Voyage dans l'Amér.imérid., Paléontologie, p.156, Mollusques vivants, 
p. 422. 


21/ GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


qui se trouve dans les terrains diluviens d'Amérique. La même espèce vit 
encore aujourd’hui sur les côtes de ce pays. 


Les Mirres (Mitra, Lamk), — Atlas, pl. LXV, fig. 6 à 9, 


ont dans leur coquille les plus grands rapports avec les volutes ; 
elles en diffèrent par une forme plus allongée, une bouche plus 
petite à proportion et plus étroite, une spire plus aiguë, et par des 
plis de la columelle moins obliques, disposés de manière que 
les plus petits sont les plus antérieurs, tandis que l'inverse a ordi- 
nairement lieu dans les volutes. Les différences entre les ani- 
maux justifient d’ailleurs la séparation de ces deux genres. 

Les mitres ont apparu pour la première fois dans les terrains 
crétacés, et sont nombreuses dans les terrains tertiaires. Les es- 
pèces fossiles n’atteignent pas en général la taille des espèces ac- 
tuelles, qui, répandues dans les régions chaudes, sont souvent 
parées de couleurs assez brillantes. 

Les espèces des terrains crétacés sont peu nombreuses, et ne 
sont pas antérieures aux craies chloritées. 


M. d’Orbigny (1) a décrit ou indiqué la M. Cassissiana, d'Orb. (olim can- 
cellata), du terrain cénomanien de Cassis (Atlas, pl. LXV, fig. 6), et la 
M. Requieni, d'Orb., des dépôts contemporains d'Orange. 

La M. clathrata, Reuss (2), provient du plaener mergel de Bohème. 

La M. cancellata, Sow. (3), a été découverte dans les terrains crétacés su- 
périeurs de Gosau. 

M. J. Müller (4) a trouvé dans les terrains crétacés supérieurs d’Aix-la- 
Chapelle les M. Murchisoni, Müller, nana, id., et pyruliformis, id. 

M. d'Orbigny (°)rapporte au même genre le Cerithium reticulatum, Roe - 
mer, de la eraie de Strehlen, et la Fasciolaria Roemeri, Reuss, du plaener 
mergel de Bohême. Les figures données par ces auteurs me paraissent justi- 
fier ce rapprochement. 

M. d'Orbigny annonce en outre l'existence d’une espèce nouvelle (Hi- 
tra Vignyensis, d'Orb.), dans le terrain danien de Vigny. 


Elles augmentent de nombre dans les terrains tertiaires. 
Plusieurs espèces ont été recueillies dans les dépôts éocènes. 


(1) Pal. franç., Terr. crét., t. Il, p. 329, pl. 221 ; et Prodrome, t. IL, 
p. 154. 

(2) Boehm. Kreidef., X, p. 44, pl. 11, fig. 13. 

(8) Trans. geol. Soc., 2° série, t. UE, pl. 39; Zekeli, Gastér. Gosau, p. 81. 

(4) Monog. petref. Aachener Kreidef., IL, p. 23, pl. 3. 

(5) Prodrome, t. 1, p. 226 ; Roemer, Norddeutsch. Kreideg., p. 79, 
pl. 11, fig. 18; Reuss, Boehm. Kreidef., I, p. 141, pl. 44, fig. A7. 


VOLUTIDES. 245 


M. Deshayes (!) en a décrit vingt et une espèces du bassin de Paris, qui 
appartiennent toutes au calcaire grossier, à l'exception de la M. Lajoyi, 
Desh. (Atlas, pl. LXV, fig. 8), qui caractérise le grès marin supérieur. La 
M. subplicata, Desh., se trouve à la fois dans ce dernier gisement et dans le 
calcaire grossier. On remarque dans cette série quelques belles espèces bien 
caractérisées, comme les M. elongata, Lamk (Atlas, pl. LXV, fig. 7), Bron- 
gniarti, Desh., parisiensis, id. 

Quelques-unes des espèces du bassin de Paris se retrouvent dans les ter- 
rains nummulitiques (M. cancellina, fusellina, plicatella, terebellum). I faut 
y ajouter (2) les M. Agassizi, Rouault, Delbosiä, id., cincta, id., et Thorenti, 
id., du terrain nummulitique de Pau; la M. Niceensis, Bellardi, de Nice, et 
la M. sealarina, d’Archiac, des terrains nummulitiques de Biarritz. 

Les dépôts éocènes d'Angleterre contiennent (3) les M. parva, Sow., pumila, 
id, et scabra, id. 

Les environs de Magdebourg (éocène ?) ont fourni à M. Philippi (f) les 
M. Liplicata, Phil., rugosa, id., lœvigata, id. et Lutescens ? Lamk. 


Elles se continuent nombreuses dans les terrains miocènes et 
pliocènes. 


Les mieux connues sont celles du Piémont, grâce à la monographie qu’en 
a publiée M. Bellardi (5). M. Michelotti en avait déjà décrit un grand nombre 
des terrains miocènes. 

M. Basterot et M. Grateloup ont décrit de nombreuses mitres des faluns 
de Dax et de Bordeaux. Il y a beaucoup à rectifier dans leurs synonymies, 

Les espèces de Touraine ont été décrites par M. Dujardin (6) (sept espèces 
dont cinq nouvelles, M, pupa, decussata, olivæformis, lenuistriata, subcylin- 
drica). 

M. Hürnes a étudié celles du bassin de Vienne (7). Il en a décrit treize es- 
pèces dont deux nouvelles (M. Michelotti, Hürnes, et Partschii, id.) 

M. Wood a fait connaître (8) la M, plicifera, du crag d'Angleterre. 

M. Strichland a décrit (?) la M. juniperus, des dépôts pliocènes de l’île 
de Céphalonie. 

L'ensemble de ces descriptions porte le nombre des espèces miocènes à 


(1) Cog. foss. Par., t. Il, p. 662, pl. 88 à 90. 

(2) D’Archiac, Hist. des progrès, t. NL, p. 296, et Mém. Soc. géol., 2° sé- 
rie, t. IT, Al. Rouault, Zd., t. LUI; Bellardi, Zd., t. IV. 

(3) Sowerby, Min. conch., pl. 401 et 430. 

(*) Palæontographica, 1, p. 77, pl. 10. 

(5) Monogr. delle mitre foss. del Piemonte, 1850, 4°. Voyez aussi Sismonda, 
Synopsis ; Michelotti, Descr. foss. mioc., etc. 

(6) Mém. Soc. géol., 4837, p. 301, pl. 20. 

(7) Die foss. Moll. tert. Beck. von Wien, n° 2, p. 96, pl. 10. 

(8) Mol. from the crag (Palæont. Soc., 1848, p. 21). 

() Quart. journ. geol. Soc., 1847, t. NL, p. 113. 


216 GASTÉROPODES PECFINIBRANCHES, 


plus de soixante. On remarquera parmi les plus répandues et les plus carac- 
téristiques, la M. fusiformis, Brocchi, la M. scrobiculata, id. (Atlas, pl. LXV, 
fig. 9), la M. striatula, id., la ML. pyramidella, id., ete. Ces espèces sont fré- 
quentes dans tous les terrains miocènes et pliocènes d'Europe. La M. ebenus, 
Lamk, paraît se trouver à la fois vivante et fossile dans ces mêmes terrains. 


On a aussi trouvé des mitres dans les terrains tertiaires d’Amé- 
rique et de l'Inde (1). 


46° Famizze. — MURICIDES. 


Je réunis sous cette dénomination tous les gastéropodes peeti- 
nibranches dont la bouche se prolonge en avant en un canal 
droit. J’associe ainsi les muricides et les fusides de quelques au- 
teurs, car Je ne puis pas voir une importance suffisante dans les 
caractères qui les distinguent. Les muricides sont en général ca- 
ractérisés par leur bouche bordée de bourrelets saillants, se re- 
nouvelant périodiquement et laissant sur la coquille des varices 
comme traces de leur existence passagère. Les fusides ont la 
bouche simple et sont dépourvus de varices ; mais tous ceux qui 
ont vu une série un peu considérable de coquilles appartenant à 
ces deux divisions ont reconnu combien il y a de passages de 
l'une à Fautre. Les murex à varices nombreuses se confondent 
avec les fuseaux à côtes. Dans ce dernier genre, les lames d’ac- 
croissement, en se développant un peu plus fortement dans quel- 
ques espèces, atteignent l'importance des varices des murex. On 
n’a d'ailleurs pu signaler aucune différence entre les animaux. 

Cette famille, ainsi limitée, renferme dans les mers actuelles 
plusieurs genres nombreux en espèces, mais son développement 
est relativement récent. Elle manque complétement à l’époque pri- 
maire et aux terrains les plus anciens de l’époque secondaire. On 
n'a encore cité aucun représentant de ces genres nombreux avant 
l'oolithe inférieure. Deux genres vivants, les Fusus, et un autre 
éteint, les SPINIGERA, ont seuls été découverts dans les dépôts de 
l’époque jurassique. 

La même distribution se continue à peu près pendant l'époque 


(1) Voyez pour l'Amérique : Huot, Cours élément. géol., 1, p. 763 ; Con- 
rad, Journ. Acad. Phil.; Sowerhy, Quart. journ. geol, Soc., 4850, t. VI, 
p.46 (deux espèces de Saint-Domingue), etc.; pour l'Inde, Madras journ., 
1840; Sowerby, Trans. gecl. Soc., 2° série, {, V, ete. 


MURICIDES, 217 


crétacée. On peut seulement citer en outre quelques pyrules dans 
les divers terrains de cette période, ainsi qu'une fasciolaire et 
quelques pleurotomes qui caractérisent les formations les plus 
récentes (Lerrains sénonien et danien). 

Pendant l’époque tertiaire tous les genres vivants sont repré- 
sentés, c’est-à-dire tous ceux qui composent la famiile des muri- 
cides, à l'exception des spinigera. 

Pour faciliter la connaissance des genres, je les groupe comme 
il suit : 

4° Des varices : Wurex, Typhis, Triton, Ranella, Spinigera. 

2° Pas de varices, labre entier, pas de dents ni de plis à la 
columelle : Fusus, Pyrula, Trichotropis. 

3° Pas de varices, labre entier, des dents ou des plis à la colu- 
melle : Æasciolaria, Turbinella, Cancellaria. 

h° Pas de varices, labre échancré par un sinus ou par une fente, 
pas de plis à la columelle : PZeurotoma. 

5° Pas de varices, labre échancré, un ou plusieurs plis à la 
columelle : Zorsonta, Cordieria. 


Les Rocgers (Wurez, Lin.), — Atlas, pl. LXV, fig. 10 et 11, 


ont une coquille ovale ou oblongue, canaliculée et marquée sur le 
côté externe des tours par des bourrelets rudes, épineux ou tu- 
berculeux , souvent prolongés et bizarrement découpés. Chaque 
tour en porte au moins trois, et les supérieurs se réunissent aux 
inférieurs pour former des rangées longitudinales qui s'étendent 
plus ou moins obliquement dans toute la longueur de la coquille. 
Ces coquilles sont donc en général faciles à reconnaître par la 
complication du bord de la bouche et par le grand nombre de leurs 
épines. 

Les murex sont très abondants de nos jours dans toutes les mers, 
et ont été connus par les plus anciens auteurs, parce qu'une es- 
pèce, le #. brandaris, a été employée dans l'antiquité pour four- 
nir une teinture pourpre très estimée. Les murex fossiles sont 
nombreux , mais ils n’atteignent pas la taille des plus grandes 
espèces actuelles ; ils augmentent en nombre et en grandeur en 
allant des terrains inférieurs aux terrains supérieurs. 

On n en a trouvé encore aucune espèce certaine {!) dans les ter- 


(1) Le M, fusiformis, Münster, Goldf., 172, le M. Haccanensis, Phil, et 
en général les espèces jurassiques décrites sous le nom de Murex, sont des 
Fusus. 


218 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


rains jurassiques, et leur existence à l’époque crétacée est très 
douteuse. 


Le M. calcar, Sowerby (!), du grès vert de Blackdown, est un fusus. 
Je ne connais pas le M. trichinopolitensis, Forbes (2), du terrain crétacé 
supérieur des Indes orientales. 


Les espèces sont au contraire très abondantes dans les terrains 
tertiaires. 
Les dépôts éocènes en renferment quelques-unes. 


Lamarck, puis M. Deshayes (3), en ont décrit dix-sept espèces du bassin de 
Paris. Les M. reticulosus, Lamk, et plicatilis, Desh., caractérisent les terrains 
inférieurs de Cuise-la-Motte. Les autres sont à peu près également répartis 
entre le calcaire grossier et les grès marins supérieurs. Nous avons figuré 
dans l’Atlas, pl. LXV, fig. 10, l'espèce la plus commune à Grignon, le M. calci- 
trapa, Lamk, et pl. LXV, fig. 11, le M. tricarinoides, Desh., du même gi- 
sement. 

Le M. foliaceus, Melleville ({), provient des terrains tertiaires inférieurs 
de Mons en Laonnais. 

M. À. Rouault (5) a décrit les M. trigonus, Rouault, septem-costatus , id., 
Geoffroyi, id., et Nysti, id., du terrain nummaulitique des environs de Pau. 
Il a trouvé dans le même terrain quelques variétés du M. spinulosus, Desh. 

Les dépôts éocènes des environs de Londres renferment quelques espèces 
du bassin de Paris, et en outre les M. bispinosus, Sow., coronatus, id., cris- 
tatus, id., defossus, id., frondosus, id., minax, Brander, etc. 


Les terrains miocènes et pliocènes en contiennent une bien 
plus grande quantité. 


Les espèces du bassin de Bordeaux et de Dax, connues par les travaux de 
M. Basterot et de M. Grateloup (6), sont environ au nombre de quarante. 
M. d'Orbigny en a rectifié la synonymie et leur a réuni diverses coquilles 
décrites par les mêmes auteurs, sous les noms de purpura, pyrula, etc. 

M. Michelotti (7) en compte trente espèces (dont dix-sept nouvelles) dans 
les terrains miocènes du Piémont. Suivant M. E. Sismonda, on trouve huit 
espèces dans les terrains pliocènes du même pays, outre six de celles des ter- 
rains miocènes qui s’y continuent. 

(1) Min. conch., pl. 410. 

(2) Trans. geol. Soc., 2° série, vol. VIL. 
(3) Descr. des Cog. foss. Par., t. IX, p. 584. 

(4) Sables tert. inf. (Ann. sc. géol., 1843, p. 70, pl. 10, fig. 6 et 7). 

(5) Mém. Soc, géol., 2° série, t. III, p. 493, pl. 17. 

(6) Grateloup, Act. Soc. linn. Bord., 6, et Conch. foss. Adour, 1; Baste- 
rot, Coq. foss. Bord.; d’Orbigny, Prodrome, t. IL, p. 45 et 72. 

(?) Monografia del genere Murese (Ann. delle sc. del regno Lomb.-Veneto, 
1841); Descr. foss. mioc. Ital. sept., p. 233 ; Sismonda, Synopsis, p. 40. 


MURICIDES. 219 


Les espèces de Belgique ont été étudiées (1) par MM. Van Beneden, de Ko- 
ninck, ete., et surtout par M. Nyst. Parmi les espèces nouvelles ou spéciales 
à ce terrain, on peut citer les M. Pauwelsü, Kon., Deshayesi, Duchatel, 
fusiformis, Nyst, et cuniculosus, Duchatel, du terrain tongrien. 

La Touraine renferme dans ses terrains miocènes quelques espèces qui ont 
été décrites par M. Dujardin (2) (six espèces sous le nom de Murex, dont trois 
nouvelles ; les M. turonensis, Duj., gravidus, id., et exigquus, id., et quelques 
espèces sous le nom de Fusus : F. marginatus, clathratus, rhombus, ete.). 

Les espèces du bassin de Vienne ont été particulièrement bien étudiées par 
M. Hürnes (3), qui en a recueilli trente-neuf espèces. Il a pu les comparer 
avec les espèces d'Italie, grâce À une communication des murex du musée de 
Modène qui lui a été faite par M. Doderlein. Cette monographie que je viens 
de recevoir au moment d'envoyer cette feuille à l'impression est indispen- 
sable pour l'histoire des espèces des tertiaires récents. 

M. Philippi (4) a fait connaître le M. capilo, des terrains tertiaires du nord 
de l'Allemagne. On cite encore le M. pentagonus, Karsten, deSternberg, etc. 

On ne cite dans le crag d'Angleterre (°) que le M. erinaceus, Lin., vivant, 
et le M, tortuosus, Sow. 

Le M. domingensis, Sow. (6), a été trouvé dans les terrains tertiaires de 
Saint-Domingue. 


Les Typuis, Montfort, — Atlas, pl. LXV, fig. 42, 


ont tous les caractères des murex, mais leurs varices, au lieu de 
simples épines, portent des tubes. Les derniers seuls sont ouverts. 
Les espèces vivantes sont propres aux mers chaudes. On n’en 
connaît de fossiles que dans les terrains tertiaires. 


On en cite deux espèces du calcaire grossier du bassin de Paris (7), le 
T. parisiensis, d'Orb. (M. fistulosus, Desh., non Brocchi), et le T. tubifer, 
Desh. (M. fistulosus, Sow., non Brocchi). (Atlas, pl. LXV, fig. 12.) 

Cette dernière espèce se trouve aussi dans le bassin de Londres (8), à Bar- 


(1) De Koninck, Descr. coq. foss. argile de Boem. et de Basele, 1837 ; Van 
Beneden, Bull. de zool. de Guérin, 1835; Nyst, Cog. et pol. foss. Belg., 
p. 542, pl. 41 et 42. 

(2) Mém. Soc. géol., 1837, t. IL, p. 295, pl. 19. 

(3) Die foss. Mol. tert. Beckens von Wien, n° 3, p. 216. 

(#) Tert. Verst, nordwestl. Deutschl., p. 60, pl. 4. 

(5) Sowerby, Min, conch., pl. 434; Wood, Moll. from the crag (Palæont. 
Soc., 1848, p. 40, pl. 4). 

(6) Quart. journ. geol. Soc., t. VI, 1850, p. 49. 

(7) Deshayes, Cog. foss. Par., t. IL, p. 603, pl. 80 ; d'Orbigny, Prodrome, 
t. Il, p. 364. 

(8) Sowerby, Min. conch., pl. 189, 


220 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


ton, avec deux autres, le T. muticus, Sow., et le T. pungens, Brander 
(M. tubifer, Sow.). 


Quelques espèces ont été trouvées dans les terrains miocènes 
et pliocènes. 


M. Nyst (!) en a trouvé une espèce dans le terrain tongrien de Kleinspau- 
wen (M. tubifer, Nyst, non Desh., non Sow., T. Nystii, d'Orb.). 

Le T. tripterus, Grateloup (2), provient des faluns bleus de Dax, etc. 

Trois espèces sont répandues (3) dans plusieurs gisements des terrains 
miocènes supérieurs, Ce sont les T. fistulosus, Brocchi, horridus, id., et une 
ou deux ? espèces plus ou moins voisines du tubifer, Desh. (T. tubifer, Grat., 
subtubifer, d'Orb., simplexæ, Philippi). 

Le T. telrapterus, Michelotti (4) (siphonellus, Bon.), se trouve dans les 
terrains miocènes et dans les terrains pliocènes de l’Astezan. Il vit encore 
dans la Méditerranée. 

M. Hürnes (5) a trouvé dans le bassin de Vienne, les M. fistulosus, horri- 
dus et tetrapterus, précités, et une espèce nouvelle, le T. Wenzelidesi, Hürnes. 

On peut citer aussi deux ou trois espèces des terrains tertiaires d’Améri- 
que, et en particulier le Typhis alatus, Sow., de Saint-Domingue (6). 


Les RANELLES (Æanella, Lamk), — Atlas, pl. LXV, 
fig. 15 à 15, 


différent des murex parce que leurs bourrelets ne forment qu'une 
seule rangée longitudinale de chaque côté. Chaque tour n’en porte 
ainsi que deux, situés symétriquement sur chaque flane, et sépa- 
rés par conséquent régulièrement par l'intervalle d’un demi-tour. 
La coquille est souvent un peu déprimée ; la bouche ovale ou ar- 
rondie se prolonge en avant en un canal, comme dans les genres 
précédents, 

On n'en connaît aucune espèce antérieure à l'époque ter- 
tiaire (7). Ce genre parait même manquer aux terrains éocènes. 


L'espèce la plus fréquente et la plus connue est la R, lœvigata, Lamk. 


(1) Cog. et pol. foss. Belg., p. 549, pl. 43, fig. 3. 

(2) Conch. foss. Adour, I. 

(8) Brocchi, Conch. foss., p. 405, pl. 7; Michelotti, Monog. del genere 
Murese, et Descr. foss. mioc. Ital. sept., p. 230; Grateloup, Loc. cit., etc. 

(4) Michelotti, loc. cit., p. 231. 

(5) Die foss. Moll. tert. Beck. von Wien, n° 5, p. 260. 

(6) Quart. journ. geol. Soc., 1850, t. VI, p. 48. 

(7) Les prétendues ranelles jurassiques sont des Spinigeru. 


MURICIDES. 291 


(Buecinum marginatum, Lin.), qui se trouve dans les terrains miocènes et 
pliocènes, et qui vit encore (Atlas, pl. LXV, fig. 15). 

M. Michelotti (1) en décrit sept espèces outre la précédente (R. Deshayesi, 
Mich., Atlas, pl. LXV, fig. 13, Michaud, id., incerta, id., spinulosa, ïid., 
Bronni, id., miocenica, id., et elongalta, id.). Elles proviennent toutes des 
terrains miocènes, 

La R. nodosa, E. Sism., provient des terrains pliocènes d'Asti et s’y trouve 
avec la R. reticularis, Desh. (R. gigantea, Lamk). 

M. Grateloup (2) et M. Basterot en ont fait connaitre un assez grand nom- 
bre des faluns jaunes de Dax et de Bordeaux, où l’on retrouve une partie des 
espèces précédentes, M. d'Orbigny conteste la plupart des rapprochements 
spécifiques faits par M. Grateloup. Ce gisement renferme environ une 
douzaine d'espèces. Nous avons figuré (Atlas, pl. LXV, fig. 14) la R. Grate- 
loupi, d'Orb., rapportée par M. Grateloup à la R. semigranosa, Lamk. 

M. Hôrnes a décrit (3) les ranelles du bassin de Vienne. Il en compte cinq 
dont une seule nouvelle, la R. Poppelacki, Hôrnes. Dans ce travail il estime 
à dix-neuf le nombre des espèces fossiles de ce genre. 


Les Trirons (Zriton, Lamk, Tritonium, Link, non O.-F. Müller), 
— Atlas, pl. LXV, fig. 16 à 18, 


diffèrent des deux genres précédents, parce que les bourrelets de 
chaque tour ne se continuent plus avec ceux des autres, mais que 
ces ornements sont alternes et quelquefois rares ou subsolilaires. 
Ils sont en outre en général moins épineux et moins développés 
que ceux des murex. Les coquilles ont du reste à peu près la 
même forme et sont plus fréquemment allongées que dans les 
genres précédents. L'opercule est moins épais que celui des 
murex. 

On a cherché à subdiviser le genre des tritons. Les espèces à 
bouche très grimacante et à columelle fortement encroûtée ont 
été séparées par Montfort sous le nom de PersonA, et par M. Schu- 
macher, sous celui de Distorra. Les formes de l'animal, étu- 
diées par MM. Quoy et Gaimard , paraissent justifier cette sépa- 
ration, car il est caractérisé par une trompe très grêle, fort lon- 
gue et subelaviforme. Les espèces fossiles établissent entre ce 
type et celui des tritons proprement dits des transitions qui man- 
quent dans la nature vivante. 


(1) Descr. foss. mioc. Ital. sept., p. 254. 
(?) Conch. foss. Adour, 1; d'Orbigny, Prodrome, t. NI, p. 76. 
(3) Die fossil. Moll. tert. Beck, von Wien, n° 5, p. 209, pl. 21. 


299 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


Les tritons actuels vivent dans la plupart des mers et attei- 
gnent souvent une très grande taille. Les tritons fossiles n’ont 
encore été trouvés que dans les terrains tertiaires et dans les 
terrains crétacés les plus supérieurs. 

Parmi ces dernières espèces on n’en a encore cité qu'à Gosau. 


M. Zekeli (1) a décrit les T. gosavicum, cribriforme et loricatum. 
* Les espèces augmentent pendant l’époque éocène. 


Celles du bassin de Paris ont été décrites par M. Deshayes (2). Ce savant 
conchyliologiste en énumère onze espèces, dont le T. angustum, Desh., ca- 
ractérise les terrains inférieurs de Cuise-la-Motte, et les dix autres le calcaire 
grossier. Le T. viperinum, Lamk, est figuré Atlas, pl. LXV, fig. 16. 

Le T. Lejeunei, Melleville (3), a été découvert dans les terrains inférieurs 
de Cuise-la-Motte et de Mons en Laonnais. (Atlas, pl. LXV, fig. 17.) 

Dans les terrains nummulitiques de Biarritz et de Pau (#) on a retrouvé 
quelques espèces du bassin de Paris (T. bicinctura, Desh., nodularium, 
Lamk, Atlas, pl. LXV, fig. 18, turriculatum, Desh.). Il faut ajouter les 
T. Delafossei, Rouault, et spinosum, id., des terrains nummulitiques de Pau. 

L’argile de Londres a fourni le T, argutus, Sow. (°). On y retrouve aussi 
le T. viperinum, Lamk. 


On en connaît un grand nombre des terrains miccènes et plio- 
cènes. 


Le terrain tongrien de Belgique (6) renferme une espèce que M. Nyst rap- 
porte au T. argutus, Sow., et qui a été décrite sous les noms de 7. gracilis, 
Van Beneden, et T. flandricum, Koninck. 

M. Grateloup (7) en a fait connaître plusieurs. Les T. crassum, Grat., et 
Hisingeri, id, caractérisent les faluns blancs de Dax, inférieurs aux faluns 
bleus. Les autres, au nombre d’une dizaine d’espèces, la plupart nouvelles, 
appartiennent aux faluns jaunes (7. Tarbellianum, Grat., ventricosum, ete.). 

M. Michelotti (8) cite douze espèces dans les terrains miocènes du Piémont. 


(1) Gastér. Gosau, pl. 15, fig. 4 à 3. 

(2) Coq. foss. Par., t. I, p. 606, pl. 80 et 91. 

(3) Sabl. tert. inf. (Ann. Soc. géol., 1843, pl. 10, fig. 6 à 7). 

(4) A. Rouault, Mém. Soc. géol., 2° série, t, III, pl. 18 ; d’Archiac, Hist. 
des progrès, t. WI, p. 294. 

(5) Min. conch., pl. 344. 

(6) Nyst, Cog. et pol. foss. Belg., p. 553; Van Beneden, Bull. Guérin, 
1835, etc. 

(7) Conch. foss, Adour, I. 

(8) Descr. foss. mioc. Ital. sept., p. 248. 


MURICIDES, 293 


Les terrains pliocènes du même pays (1!) renferment, outre six des précé- 
dentes, quelques espèces propres (T. distortum, Defr., gyrinoides, E, Sism., 
dotiare, Brongn., etc.). 

M. Hürnes (2) a trouvé six espèces de tritons dans le bassin de Vienne, 
mais aucune nouvelle. 

Les T. tortuosum, Phil. (3), et rugosum, id. (subrugosum, d'Orb.), pro- 
viennent des terrains tertiaires du nord-ouest de l’Allemagne. 

M. Deshayes (f) a trouvé en Morée le T. affine, Desh. (pileare, Brocchi). 

Le T. simillimus, Sow. (5), provient des terrains tertiaires de Saint-Domin- 


gue, 
Les SriniGErA, d'Orb., — Atlas, pl. LXV, fig. 49, 


présentent des caractères intermédiaires entre les ranelles et les 
fuseaux. Ce sont des coquilles turriculées, terminées en avant 
par un long canal droit. La spire est bordée de chaque côté par 
des points d'arrêt réguliers qui portent de longues épines. Ces 
points d'arrêt ne forment pas des renflements de nature à mé- 
riter le nom de bourrelets ou varices, et sous ce point de vue ils 
fournissent un caractère qui distingue ce genre des ranelles ; mais 
ils tiennent évidemment à une cause semblable à celle qui a créé 
les bourrelets dans les genres précédents. De longues épines bor- 
dent la spire des deux côtés comme les varices bordent les ranelles. 

Ce genre a des rapports incontestables avec les ALARIA, que nous 
avons réunies plus haut aux rostellaires. Il n'existe plus dans 
les mers actuelles, et renferme quelques espèces des terrains ju- 
rassiques et crétacés. 


M. Deslongchamps a décrit (6) sous le nom de Ranella une espèce de l’ooli- 
the inférieure de Normandie : c'est la R. longispina, Desl, (Atlas, pl. LXV, 
fig. 19.) 

M. d’Orbigny indique (7) dans le terrain kellowien de Pizieux une espèce 
inédite, la S. compressa, d'Orb. 

Le même auteur rapporte à ce genrele Chenopus spinosus, Münster (8), de 


(1) Sismonda, Synopsis, p. 39. 

(2) Die foss. Moll. tert. Beckens von Wien, n° 4, p. 198, pl. 19 et 20. 

(8) Tert. Verst. nordwest. Deutschl., pl. 4. 

(f) Expédit. de Morée, Moll., p. 188, pl. 24. 

(5) Quart. journ. geol. Soc., 1850, t. VI, p. 48. 

(6) Mém. Soc. linn. de Normandie, t. VII, pl. 10, fig. 29. 

(7) Prodrome, t. I, p. 334. 

(8) Münster, Beitr. zur Petref., t.1, pl. 12, fig. 2, et dans Goldfuss, Petr. 
Germ., t. I, pl. 170, fig. 2. 


29/ GASTÉROPODES PEÉCTINIBRANCHES. 
Pappenheim ; mais si la figure est complète, cette espèce n'a d'épines que d’un 
côté. 


Je fais ia même observation sur Ja Rostellaria ovata, Münster (1), de la craie 
de Haldem, qui est considérée aussi par M. d'Orbigny comme une Spinigera. 


Les FusEaux (Fusus, Brug.), — Atlas, pl. LXV, fig. 20 à 23, 


ont une coquille allongée, fusiforme ou subfusiforme, dont la 
spire est grande et bien visible. La bouche est allongée, élargie 
en bas, pourvue d’un labre simple, entier, sans bourrelet et 
d’une columelle unie. 

Ce genre a été désigné par les anciens auteurs sous les noms 
de Sirno, Trocnoconus, MAZz4, ete. Il correspond à une partie des 
Trironiuu, O.-F. Müller (non 77riton, Lamk). Quelques espèces 
renflées sont devenues le type des genres TrorHon, Montfort, ou 
ATRACTUS, Agassiz ; elles ne paraissent pas différer essentielle- 
ment des vrais fuseaux. Il faut leur associer aussi les Hemirusus, 
Canysonomus, CLAVILITHES, LEIOSTOMA, STREPSIDURA, ele., di- 
visions proposées par M. Swainson. Je leur réunis également les 
ATRACTODON, Charlesworth, caractérisés par une dent mousse sur 
la partie postérieure de la columelle. 

Les fuseaux ont apparu pour la première fois vers le milieu de 
l’époque jurassique (?}, mais il n’y sont représentés que par des 
espèces peu nombreuses. Ils prennent un plus grand développe- 
ment vers la fin de l’époque crétacée et deviennent très abondants 
pendant l'époque tertiaire. 


L'espèce la plus ancienne paraît être le F. nodulosus, Desl., non Sow. 
{(subnodulosus, d'Orb.), de la grande oolithe de Normandie (3). Je dois toute- 
fois faire remarquer que sa bouche ne se prolonge presque pas en canal, et que 
sous ce point de vue elle ressemble tout à fait à celle de quelques espèces du 
lias, telles que le F. curvicostatus, Deslongchamps, attribué par M. d'Or- 
bigny au genre Cerithium, et surtout à quelques espèces dont nous parle- 
rons plus bas sous le nom de Purpuroidea. 

Le comte de Münster a fait connaître (f) trois fusus des terrains jurassi- 
ques d'Allemagne : le F. Roemeri, de Hoheneggelsen, le F, jurensis, du Jura 
blane de Pegnitz, et le F. comma, des environs de Thurnau. 


(f) Goldfuss, Petref. Germ., t. IE, pl. 170, fig. 3. 

(2) Les espèces de l’époque primaire qui ont été rapportées à ce genre pa- 
raissent devoir en être exclues, Le Fusus primordialis, de Koninek, est une 
Chemnitzia. Plusieurs fusus de Saint-Cassian sont des Cerithium, etc. 

(8) Mém. Soc. linn. de Normandie, t. VIF, p. 155, pl. 10, fig. 37. 

(#) Goldfuss, Petref. Germ., t. I, p. 22, pl. 171, fig. 13-15. 


MURICIDES. 295 


M. Lycett (1) a fait connaître le F, obliquatus, de l'oolithe inférieure de 
Normandie. 

Il faut, suivant M. d'Orbigny (2), rapporter à ce genre le Buccinum launoi- 
cum, Buvignier, le Murex Puschianus, Rouillier, et le Murex haccanensis, 
Phillips (Buccinum incertum, d'Orb., olim), du terrain oxfordien ainsi que 
différentes espèces du terrain corallien de Saint-Mihiel (Meuse), décrites par 
M, Buvignier, sous les noms de PLeurorTomEs et de Tartons. 

Ce dernier auteur a déerit %) les F. inornatus et mosensis, du calcaire à 
astartes (kimméridgien) de la Meuse. 


Les fuseaux augmentent de nombre, comme je l'ai dit, pendant 
l’époque crétacée, mais seulement dans les terrains moyens et su- 
périeurs. 

Ils sont rares dans l'époque néocomienne. 


M. d'Orbigny (f) a décrit le F. neocomiensis, du néocomien de Marolles el 
indiqué le F. delphinulus, du néoeomien de Morteau. 


Ils augmentent beaucoup de nombre dans le gault (°). 


M. d'Orbigny en a décrit dix espèces, auxquelles M. Roux et moi en avons 
ajouté six. 
Il faut y ajouter la Pyrula Smithii, Sow., du gault d'Angleterre, 


Les fuseaux sont très abondants dans les craies chloritées et les 
terrains crétacés supérieurs. 


Les espèces d'Angleterre (6) ont été décrites par Sowerby. Nous avons déjà 
parlé plus haut du Murex calcar, de Blackdown, qui est un fusus ; il faut y 
ajouter les À. clathratus, Sow., quadratus, id., rigidus, id., rusticus, id., 
du même gisement, ainsi que la Pyrula Brighti, id., trouvée avec les précé- 
dents. 

M. d'Orbigny (7) a décrit les F. Renauæianus (Atlas, pl. LXV, fig. 20), et 
Requienianus, du terrain turonien d'Uchaux, et indiqué le F, acteon, d'Orb., 
du terrain cénomanien du mont Blainville (Meuse). 


4) Pal. franç., Terr. crét., t. 1, p. 331, pl. 222 et Prodrome, t. IL, 
D 11: 

(5) D'Orbigny, Pal. franç., Terr. crét., t. 11, pl. 222 et 223 ; Prodrome, 
t. II, p. 133; Pictet et Roux, Mollusques des grès verts, p. 270, pl. 26; 
Sowerby dans Fitton, Trans. geol. Soc., t. IV, pl. 11, fig. 15. 

(5) Sowerby, le cit., pl. 18, fig. 16-19. 

(*) Pal. franç., Terr. crét., t. 1, p. 339 et 343, pl. 223 et 225; Pros 
droine, t. 11, p. 155. 

HE. 15 


296 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES, 


Il rapporte au même genre la Pyrula subcarinata, d’Archiac (1) (T7, ga- 
lathea, d'Orb.), du terrain cénomanien de Tournay. 

Le même auteur (2) a décrit le F. Marotianus, du terrain sénonien des en- 
virons de Couse, et quatre espèces des craies supérieures de Royan. 

Les espèces d'Allemagne sont nombreuses, M. Roemer (3) a fait connaître 
le F. plicatus, du plæner. 

M. Reuss ({) a trouvé en Bohème, outre la précédente, les F. nodosus, id., 
carinifer, id., et vittatus, id. 

Goldfuss (5) a fait connaître quatre espèces de la craie verte de Haldem et 
une (F. amictus) de la craie dure des environs de Buren. 

M. Kner (6) a décrit les F. inconsequens et althi, de Nagarzony. 

M. J. Müller (7) décrit treize espèces dont la plupart nouvelles, trouvées 
dans les terrains crétacés supérieurs d’Aix-la-Chapelle. 

Les espèces de Gosau (5) ont été décrites d’abord par Sowerby (F. heptago- 
nus, carinella, abbreviatus, cingulatus), et plus tard par M. Zekeli qui ya 
ajouté une dizaine d'espèces nouvelles. 

On cite aussi plusieurs espèces des terrains crétacés supérieurs de Pon- 
dichéry et du Chili (?). 


Ce genre prend un développement plus grand encore dans les 
terrains tertiaires. On connaît dejà près de deux cent cinquante 
espèces de cette époque. 

Ils sont fréquents dès les terrains éocènes. 


Les espèces du bassin de Paris ont été principalement décrites par Lamarck 
et par M Deshayes. Ce dernier auteur (1°) en décrit cinquante-neuf espèces 
réparties depuis les terrains éocènes les plus inférieurs, jusqu'aux sables ma- 
rins supérieurs. Le maximum du développement se présente dans le calcaire 
grossier qui renferme près de quarante espèces. 

Les formes en sont très variées, ce dont on pourra juger en comparant les 
figures que nous avons reproduites dans l'Atlas, de trois espèces du calcaire 
grossier, le F. Noe, Lamk, pl. LXV, fig. 21, le F. serratus, Desh., fig. 22 et 
le F, bulbiformis, Lamk, id., fig. 23. 


(1) Mém. Soc. géol., 2° série, t. IL. pl. 35, fig. 7. 

(?) Pal. franc., Terr. crét., t. IL, pl. 224 à 226 ; Prodrome, t. II, p. 228. 

(3) Norddeutsch. Kreidegeb., p. 79, pl. 114, fig. 15. 

(4) Boehm. Kreidegeb., 1, p. 43, pl. 9 et 10. 

(5) Petr. Germ., t. IE, p. 23, pl. 171. 

(6) Beit. Kreid. oest. Alpen., p. 16, pl. 2. 

(7) Petref. Aach. Kreideform., p. 34, pl. 5. 

(5) Trans. geol. Soc., 2° série, t. LI, pl. 39; Zekeli, Gaster. Gosau, 
pl. 45 et 16. 

(9) D'Orbigny, Prodrome, t. IL, p. 129. 

(19) Cog. foss. Par., t. II, p. 508, pl. 70 et suiv. 


MURICIDES. 227 


M. Melleville (!) a décrit les F. planicostatus, et Mariæ, de Châlons-sur- 
Vesle, et les F, angusti costatus, et a/jfinis, de Laon et Cuise-la-Motte. 

Plusieurs espèces du bassin de Paris se retrouvent dans les terrains num- 
mulitiques (2), où l'on trouve en outre le }. polygonatus, décrit par A. Bron- 
gniart, les F. Bellardü, Davidsoni, ovatus et subpentagonus, décrits par 
M. A. Rouault, quelques espèces indéterminées de la Palaréa, près de Nice, et 
un certain nombre d’espèces des terrains nummulitiques de l’Inde, de l'Asie 
Mineure, etc. 

Les terrains éocènes du bassin de Londres renferment outre quelques es- 
pèces qui se retrouvent dans le bassin de Paris, un assez grand nombre d’au- 
tres qui ont été décrites principalement par M. Sowerby (3). Ses Mureæ gra- 
datus, Sow., et latus, id., sont des fusus et appartiennent à l'argile plasti- 
que inférieure. Les autres ont été trouvées en majorité (quinze espèces) dans 
l'argile de Londres, et quelques-uns (F. sex-dentatus et labiatus) dans les ter- 
rains éocènes supérieurs. 

M. Philippi (#)a trouvé aux environs de Magdebourg, une vingtaine d’espèces 
dont la moitié sont nouvelles; les autres appartiennent au terrain parisien. 


Les terrains miocènes et pliocènes en renferment aussi une 
quantité considérable, 


M. Nyst ($)en cite sept espèces du terrain tongrien de Belgique, dont quatre 
nouvelles et deux décrites par M. de Koninck. 

M. de Basterot et M. Grateloup (*) ont fait connaître les espèces du bassin 
de Dax et de Bordeaux, où ils énumèrent une dizaine d'espèces du terrain 
miocène inférieur, et près de trente des faluns jaunes. 

Les paléontologistes piémontais (7) ont reconnu l'existence de trente-six 
espèces de fuseaux dans les terrains miocènes du Piémont. Les terrains plio- 
cènes du même pays renferment une partie des mêmes espèces et un très 
petit nombre d’autres qui leur sont spéciales (Fusus clavatus, Brocchi, etc.). 

Le crag d'Angleterre en renferme quelques espèces qui appartiennent sur- 
tout au type du Fusus contrarius, c’est-à-dire au genre des Tropnox, Mont- 
fort, nom sous lequel elles ont été décrites par M. Wood (8), qui en compte 
douze dont plusieurs nouvelles. 


(1) Sables tert. inf., Ann. des sc. géol., 1843, pl. 9. 

(2) D'Archiac, Hist. des progrès , t, TI, p. 291; A. Brongniart, Vicentin, 
p. 73, pl. 4; A. Rouault, Mém, Soc, géol., 2° série, t, III, pl. 17 ; Bellardi, 
id, t. 11; J. de C. Sowerby, Trans. of the geol. Soc., 2° série, t. V, etc. 

(3) Min. conch., pl. 35, 63, 187, 199, 228, 229, 274, 291, 304, 400, 
411, 419, 415, 423. 

(*) Palæontographica, t. T, p. 70, pl. 10. 

(5) Cog. et pol. foss. de Belgique, p. 487, pl. 38-41. 

(6) Basterot, Coq. foss. Bord., et Grateloup, Conch. foss. Adour, t. 1. 

(7) Voyez surtout Michelotti, Descr. foss. miocènes, p. 270, pl. 9, 10 et 17 
et Sismonda, Synopsis, p. 37. 

(8) Mol. from the crag (Palæont. Soc., 1848, p. 43, pl. 5 et 6). 


298 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


M. Philippi (!) a fait connaître quelques espèces (F, cheruscus, exilis, 
Schwarzenbergi) des terrains miocènes du nord-ouest de l'Allemagne. 

M. Hürnes (2) compte dix-neuf espèces de fuseaux dans le bassin de Vienne, 
dont trois nouvelles, F. Prevosti, Partsch, Schwartzi, Hürnes, et bilineatus, 
Partsch. 

On peut ajouter encore (3) le F. elatior, Beyrich, du Joachimsthal, etc., 
le F. bimarginatus, Giebel, et quelques espèces décrites par MM. Dubois de 
Montpéreux, Michelin (F. inconstans, de Bordeaux, Dujardin), F. cœlatus, de 


Touraine, etc.). 
Le F. filamentosus, Strich]l. (*), provient des dépôts pliocènes de l'Île de Cé- 


phalonie. 


De nombreuses espèces ont été trouvées dans les terrains ter- 
tiaires des deux Amériques et de l'Inde. 


Les PyruLESs (Pyrula, Lamk, Pirula, Montfort), — Atlas, 
pl. LXV, fig. 2h et 25, 


sont tout à fait voisines des fuseaux par leurs caractères essen- 
tiels, et n’en différent que par la forme de leur coquille, dans 
laquelle la spire est courte et en grande partie enveloppée par le 
dernier tour, qui est très grand, en sorte que cette coquille est 
souvent presque piriforme. Le labre est entier et la columelle 
lisse. Il est probable, d’après quelques recherches faites sur les 
animaux vivants, qu'il faudra subdiviser ce genre; mais de nou- 
velles études sont nécessaires pour cela. Quelques auteurs ont fait 
un genre particulier des MELONGENA, mais ces mollusques parais- 
sent avoir les caractères essentiels des pyrules. 

Il faut aussi leur réunir les Fuzcur, Montfort, les Rap, Klein, 
les GALEODES, les VorEma, les Busycon et les Tupicca, Bolten, 
les Pyrus, Webster, les LaTraxis, Swainson, et probablement 
aussi les Ficuca et les PYRELLA, du même auteur. 

Les pyrules, moins abondantes de nos jours que les fuseaux, 
sont aussi moins fréquentes à l'état fossile; on ne les a encore 
trouvées que dans les terrains crétacés et tertiaires. 

Les espèces des terrains crétacés sont peu nombreuses. 


(1) Tertiær Verst. nordwest. Deutsch., p. 59, pl. 4. 

(2) Die foss. Moll. tert. Beck. von Wien, p. 276, pl. 31 et 32. 

(3) Beyrich, Karsten Archiv, t. XXII, p. 15; Giebel, Soc. de Halle, t. V, 
pl. 5; Dubois, Conch. foss. plat. Volh.; Michelin, Mag. de Guérin, 1831, 
pl. 33; Dujardin, Mém. Soc. géol., t. W, 1837, p. 294, etc. 

(*) Quart. journ. geol, Soc., 1847, t. UE, p, 112. 


MURICIDES. 229 


M. d'Orbigny (!) cite dans le terrain néocomien de Marolles, les P. snfra- 
crelacea, d'Orb., et ornata, id. (olim Fusus). 

J'ai décrit (2) avec M. Renevier la P. valdensis, du terrain aptien du can- 
ton de Vaud. 

La P. depressa, Sow. (3), a été trouvée à Blackdown. 

L'Allemagne a fourni quelques espèces (f). Les P. depressa, Goldfuss, et 
carinata, id., appartiennent au groupe de la P. spirillus, Lamk (Pyrelles). La 
P. Cotitæ, Roemer, du terrain crétacé de Coesfeld, et la P. costala, Roemer, 
répandue dans une grande partie de l'Allemagne, sont plutôt des fuseaux. 

La P. coronata, Roemer, provient de Quedlimbourg. 

On a trouvé à Aix-la-Chapelle la P. minima, Goldf., du groupe des Ficu- 
les et la P. Beuthana, Müller. 


Les terrains tertiaires éocènes en renferment quelques-unes. 


M. Deshayes (5) a décrit cinq espèces du bassin de Paris. La P. lœvigata, 
Lamk (Atlas, pl. LXV, fig. 24), est si semblable au F. bulbiformis (fig. 23), 
qu'elle sert mieux qu'aucune autre à prouver le peu d'importance des ca- 
ractères qui séparent ces deux genres. Il en est de même de la P. subcarinata, 
Lamk, Ces deux espèces se trouvent à la fois dans le calcaire grossier et dans 
les grès marins supérieurs, Il en est de même de la P. elegans, Lamk (P. Green- 
wodi, Sow.). La P.nexilis, Lamk (Atlas, pl. LXV, fig. 25), du groupe de la 
P. ficus, ainsi que la précédente, a été trouvée dans le calcaire grossier. La 
P, tricostata, Desh., les a précédées et se trouve dans le tertiaire inférieur de 
Cuise-la-Motte. à 

M. Melleville (6) a fait connaitre la P, intermedia, des terrains tertiaires 
inférieurs de Chälons-sur-Vesles. 


Elles augmentent de nombre dans les terrains tertiaires mio- 
cènes et pliocènes, 


M. Nyst (7) a trouvé dans le terrain tongrien de Belgique, deux espèces 
qu'il rapporte aux P. elegans et nexilis, ci-dessus indiquées. 

M. Grateloup ($) cite dans les calcaires inférieurs deux espèces qu'il rap- 
porte aux P. elegans, Lamk, et cancellata , id.; et indique ou décrit quel- 
ques espèces des faluns jaunes (P. clava, Bast., rusticula, id., ete.). Une des 


(t) Pal. franç., Terr. crét., t:Af;p. 332, pl. 222. 

(2) Pal. Suisse, Terr. aptien, pl. 5, fig. 3. 

(3) Trans. geol. Soc., 1836, t. IV, p. 242, pl. 15, fig. 20. 

(#) Goldfuss, Petref. Germ., t. TE, p. 27, pl. 172; Roemer, Norddeutsch. 
Kreideg., p. T9, pl. 11; Geinitz, Characht., p. 44, pl. 15; Müller, Aach. 
Kreid., p. 39, pl. 6. 

(5) Coq. foss. Par., t. I, p. 577, pl. 78 et 79. 

(6) Sables tert. inf., Ann. sc. géol., 1843, p. 69, pl. 10, fig. 8 et 9. 

(7) Cog. et pol. foss. de Belgique, p. 505, pl. 39. 

(8) Conch. foss. Adour, I. 


230 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


espèces les plus remarquables par sa taille est le P. cornuta, Agas. (rnelon- 
gena, Bast., minax et stromboides, Grat.), qui atteint huit pouces de lon- 
gueur, et qui est répandue dans plusieurs dépôts miocènes. 

M. Wood (1) rapporte à la P. reticulata, Lamk, qui vit actuellement dang 
l’océan Indien, une espèce du crag corallien de Ramsholt. 

M. A. Brongniart (2) à décrit la P. condita, de la montagne de Turin. 

Quelques espèces ont été confondues avec la P. ficoides, Lamk. M. Grate- 
loup en a décrit une des faluns bleus (P. subficoides, d'Orb.). Celle des ter- 
rains miocènes du Piémont paraît en différer (P. ficoides, d'Orb.). Celle des 
terrains pliocènes de l’Astézan serait encore distincte (P. subintermedia, 
d’Orb., Ficulina intermedia, E. Sism., P. ficoides, Desh.). 

La P. geometra (Ficulina geometra, E. Sism.), voisine de la P. ficus, 
se trouve aussi dans l’Astézan. 

M. Hôrnes (3) a décrit sept espèces de pyrules du bassin de Vienne, dont 
aucune nouvelle, 


Le P. consors, Sow. (4), provient des terrains tertiaires de Saint-Domingue. 


Les Tricaorroris, Broderip (Fulgur, Conrad non Montfort), 
Atlas, pl. LXV, fig. 26, 


sont des fuseaux renflés, à coquille mince, épidermée, avec un 
large ombilic, qui forme la base d’un canal court. La bouche est 
grande. Les espèces vivantes se trouvent dans les mers du nord. 

On n’en connaît à l’état fossile qu'un très petit nombre d’es- 
pèces. 


Le T. borealis, Brod. et Sowerby, actuellement vivant, se trouve dans le 
crag corallien et dans le crag supérieur d'Angleterre (5). C’est l'espèce figurée 
dans l’atlas. 

On en cite quelques-unes des terrains miocènes des États-Unis qui ont 
été décrites (6) par MM. Conrad et Say. 


Les FascioLaiRes (Fasciolaria, Lamk), — Atlas, pl. LXV, 
fig. 27 et 28, 


ont les formes des fuseaux et leur long canal ; mais leur columelle 
porte dans sa partie antérieure deux ou trois plis très obliques. 


(t) Mol. fromthe crag (Pal. Soc., 1848, p. 42, pl. 2, fig. 12). 

(2) Vicentin, p. 75, pl. 6, fig. 4. 

(3) Die foss. Moll. tert. Beck. von Wien, n° 6, p. 265, pl. 27 à 30. 

(4) Quart. journ. geol. Soc., 1850,t. VI, p. 49. 

(5) Moll. from the crag (Palæont. Soc., 1848, p. 67, pl. 7 et 19). 

(6) D'Orbigny, Prodrome, t. IL, p. 70 ; Conrad, Foss, of the tert. form. 


MURICIDES. 231 


Ce dernier caractère semblerait les rapprocher des borsonia; 
mais le labre est entier et ne présente point l'échancrure carac- 
téristique des pleurotomes; les animaux sont, du reste, sem- 
blables à ceux des fuseaux. On connaît aujourd’hui quelques 
espèces des mers chaudes, et celles qui sont fossiles appartiennent 
presque exclusivement aux terrains tertiaires, où elles ne sont 
pas nombreuses. 


M. d’Orbigny (1) cite deux espèces inédites qui auraient paru un peu avant 
cette époque, les F. prima, d'Orb., et supracretacea, id., des terrains da- 
niens de la Falaise et de Vigny. 

Les F, gracilis, Zekeli (?), nitida, id., et spinosa, id., ont été trouvées 
dans les terrains crétacés supérieurs de Gosau. 


Elles ont été peu nombreuses pendant l’époque éocène. 


M. d'Orbigny (3) indique la F. Levesquei, d'Orb., dans les terrains ter- 
tiaires inférieurs de Cuise-la-Motte. 

M. Deshayes (#) a décrit la F. funiculosa, Desh., du calcaire grossier des 
environs de Paris (Atlas, pl. LXV, fig. 27). 

Le Fusus uniplicatus, Lamk , appartient peut-être aussi à ce genre (id., 
fig. 28). 


Elles augmentent de nombre dans les terrains miocènes et plio- 
cènes. 


M. Grateloup en a cité (°) dix-sept espèces dans le bassin de Bordeaux et de 
Dax, dont deux, les F. clavata, Grat., et uniplicata, Bast. (Grateloupi, 
d'Orb.), appartiennent aux faluns blancs inférieurs, et dont les autres sont 
à peu près également réparties entre les faluns bleus et les faluns jaunes. 

M. Michelotti (6) en compte six espèces dans les terrains miocènes du Pié- 
mont, savoir : la F.costata, Bon., la F. polonica, Pusch., et quatre espèces 
nouvelles. 

Les terrains pliocènes du même pays renferment (7) la F. fimbriata, 
Bronn (Fusus fimbriatus, Brocchi), 


1) Prodrome, t. II, p. 291. 


(1) 
(2) Gaster. Gosau, pl. 16, fig. 9-11. 
(3) Prodrome, t. II, p. 317. 

(#) Cog. foss. Par., t. II, p. 508, pl. 79, fig. 12 et 13. 

(5) Actes Soc. linn. Bord., 1833, t. VI, et Conch. foss. Adour, TI. 
(6) Descr. foss. mioc. Ital. sept., p. 259, pl. 8. 
(9 


7) Brocchi, Conch. subap., p. 419, pl. 8, fig. 8: Sismonda, Synopsis, 
p. 36. 


232 GASTÉROPODES PECTINIBRANCIIES, 


M. Dujardin (1) a trouvé en Touraine, outre la F, burdigalensis, Bast., une 
espèce nouvelle, la F. nodifera, Dui. 

L'Allemagne à fourni quelques fasciolaires de l'époque tertiaire. On peut 
citer (2?) la F. fusiformis, Philippi, de Westeregeln (éocène ?), les F, fusus, 
id., et pusilla, id., des environs de Cassel, la F, parvula, Beyrich, d'Herms- 
dorf, les F. obliquata, Partsch, et Bellardü, Hürnes, de Vienne, etc, 


Deux espèces des terrains tertiaires de Saint-Domingue ont ete 
citées par Sowerby (?). 


Les TURBINELLES (Zurbinella, Lamk), — Atlas, pl. LXV, 
fig. 29, 


ont une coquille enroulée, à spire plus ou moins élevée, à labre 
entier, à bouche prolongée en avant en un canal court, et à 
columelle marquée de quatre à cinq plis transverses. L'animal 
diffère peu de celui des fuseaux. 

Les turbinelles ressemblent par leurs formes générales aux 
pyrules et aux fuseaux courts, mais elles s'en distinguent facile- 
ment par les plis de la columelle. Ces mêmes plis les séparent 
aussi des fasciolaires, car ils sont transversaux et situés vers 
le milieu de la columelle dans les turbinelles, tandis que dans 
les fasciolaires ils sont à la base du canal et très obliques. La 
coquille des turbinelles se rapproche aussi un peu de celle des 
volutides, mais on pourra toujours l'en distinguer, parce que la 
bouche est prolongée antérieurement en un canal, tandis qu'elle 
est simplement échancrée dans les volutides. 

Il est possible qu'il faille une fois subdiviser le genre des tur- 
binelles, mais nous ne pouvons pas admettre ici les genres Po- 
LYGONA, CYNODONA, LAGExA, Schumacher, LaTayrus, Gray, ete., 
qui ne sont fondés que sur le mode d’enroulement et la forme plus 
ou moins turbinée ou ovoide. Le genre ScoLymus, Desh., est pro- 
bablement basé sur de meilleurs caractères, mais il n'est pas 
encore confirmé par l'étude de l'animal. 

Ces mollusques sont assez nombreux aujourd'hui, et habitent 
principalement les mers chaudes. Ils paraissent rares à l'état 


(t) Méim. Soc. géol., 1837, t. II, p. 293. 

(2) Philippi, Palæont., t. 1, p. 70, pl. 10 et Tert. Verst. nordw, Deutsch., 
p. 25 et 59, pl. 4; Beyrich, Karsten Archiv., t. XXIL, p. 16; Hôrnes, Ver- 
zeichniss, p. 19, etc. 

(3) Quart. journ. geol. Soc., t. VI, 1850, p. 49. 


MURICIDES. 933 


fossile, et l’on n'en connaît encore que quelques espèces des ter- 
rains tertiaires. 


La T. parisiensis, Desh. (1), se trouve dans les terrains eocènes (Atlas, 
pl. LXV, fig. 29). 

La T.? pyrenaica, À. Rouault, caractérise les terrains nummulitiques des 
environs de Pau (2). 

Le bassin de Bordeaux en a fourni un plus grand nombre. M. Grate- 
loup (3) en cite cinq des faluns blancs inférieurs, et huit des faluns jaunes 
(T. Lynchü, Bast., cte.). 

M. Michelotti (f) en compte huit espèces dans les terrains miocènes, parmi 
lesquelles se trouve la Turbo Lynchi, Bast. (T. labellum, Bon., crassa, Sism., 
Basteroti, Bell. et Mich.), et quatre espèces nouvelles. 

On cite aussi quelques espèces de l'Amérique septentrionale, de Saint- 
Domingue et de l'Inde (5). 


Les CaxCELLAIRES (Cancellaria, Lamk), 


ont une coquille ovale ou turriculée, dont la bouche se prolonge 
en avant en un canal court, souvent presque nul et même remplacé 
quelquefois par une échancrure. La columelle est marquée de plis 
en partie transverses. Le labre est souvent sillonné en dedans. 

Les affinités de ce genre ont été très controversées entre les 
conchyliologistes. Si l'on n’examine que la forme de Ja coquille, 
on hésitera à le placer dans la famille des muricides ou dans celle 
des volutides. Quelques espèces, qui ont le canal bien marqué, 
ont des analogies évidentes avec les turbinelles et justifient l'opi- 
nion de Lamarck, qui rapproche ce genre de ceux qui composent 
notre famille des muricides, Quelques espèces, au contraire, où le 
canal est remplacé par une échancrure et qui cependant se lient 
avec les précédentes par des transitions insensibles, ont des rap- 
ports avec les volutes et semblent motiver l'opinion de Linné, 
qui les plaçait dans le même genre. 

L'étude de l'animal n’a pas pu résoudre d’une manière satisfai- 


(1) Cog. foss. Par.,t IL, p. 496, pl. 79, fig. 14 et 15. 

(2) Mém. Soc. géol., 2° série, t. IL, pl. 16, fig. 11. 

(8) Actes Soc. linn. Bordeaux, 1832, t. 5, p. 335, et Conch. foss. Adour, I. 

(#) Desc. foss. mioc, Ital. sept., p. 262, pl. 8 et 17. 

(5) Voyez Conrad, Journ. Acad. Phil., t. VI, p. 136 ; Huot, Cours élement. 
de géol., t. 1, pl. 764; Madras Journ. 1840 ,t. IT, p. 360 ct 369; J. de C. 
£owerby, Trans. of the gcol. Soc., 2° série, t. V, et Quart journ. geol. Soc., 
4850, t. VI, p. 50;-etc: 


23h GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


sante cette question. Il ressemble peu à celui des volutes et des 
mitres, car il paraît manquer de trompe buccale et n’a pas la vo- 
racité de ces deux genres. L'absence d’opereule, signalée par 
Adanson, paraît l’éloigner des muricides. Peut-être, comme le 
pense M. Deshayes, les véritables rapports de ce genre sont- 
ils avec le groupe des actéonides, dont il se rapproche par 
les formes générales de la coquille, et dont il ne diffère guère 
que parce que ces dernières ont presque toujours une houche en- 
tière. 

Sans prétendre iei résoudre cette question, puisque je n'ai pas 
de matériaux nouveaux à apporter pour la connaissance des or- 
ganes essentiels de l’animal, je conserve provisoirement à ce genre 
la place qui lui a été assignée par la plupart des conchyliologistes, 
en le plaçant dans le voisinage des turbinelles et des fuseaux. Je 
dois faire remarquer que la nature des ornements de la coquille, 
ses stries et ses bourrelets, ont bien plus d’analogie avec les mu- 
ricides qu'avec aucune autre famille. 

Les cancellaires actuelles vivent principalement dans les mers 
chaudes. Les espèces fossiles appartiennent presque exclusive- 
ment à l’époque tertiaire. 


M. Zekeli indique (1) cependant une espèce des terrains crétacés supérieurs 
de Gosau (C. torquilla, Zekeli). 


Les terrains tertiaires éocènes en renferment plusieurs. 


M. Deshayes (2) en a décrit sept espèces, dont la C. crenulata, Desh. ap- 
partient aux terrains tertiaires inférieurs de Cuise-la-Motte. Les six autres 
caractérisent le calcaire grossier. Nous avons figuré dans l'Atlas, pl. LXV, 
fig. 30, la C. volutella, Lamk. 

M. Melleville a ajouté (3) la C. Maglorü, Mell., des terrains tertiaires in- 
férieurs de Mons en Laonnais. 

On trouve dans l’argile de Londres (4) les C. quadrata, Sow., lœæviuscula, 
id., et evulsa, id. (Atlas, pl. LXV, fig. 31). Cette dernière espèce se trouve 
aussi dans le calcaire grossier de Paris, dans les sables inférieurs, dans le 
terrain nummulitique de Pau, etc. 


Elles augmentent beaucoup de nombre dans les terrains mio- 
cènes et pliocènes. 


(1) Gaster. Gosau, pl. 44, fig. 10 

(2) Cog. foss. Par., t. IL, p. 497, pl. 79. 

(8) Sab. tert. inf. (Ann Sc. géol., 1843, p. 66, pl. 9, fig. 1-3). 
(4) Sowerby, Min. conch., pl. 360 et 361. 


MURICIDES. 235 


M. Nyst (!) en cite six espèces dans le terrain tongrien de Belgique, dont 
trois sont nouvelles : les C. elongata, granulata et planispira. Le terrain 
campinien du même pays contient, suivant le même auteur, cinq espèces, 
dont uné seule nouvelle, la C. minuta, Nyst. 

Le bassin de Bordeaux et de Dax renferme, suivant M. Grateloup (2), une 
vingtaine d'espèces réparties entre les faluns bleus, les faluns jaunes et les 
grès supérieurs (C. stromboides, Grat., Deshayesiana, Desm., spinifera, Grat., 
Geslini, Basterot, contorta, id., Welziana, Grat., Laurens, id., Dufour, 
id., doliolaris, Bast., outre plusieurs espèces déjà décrites par Lamarck, etc.). 

Les espèces du Piémont ont été décrites (*) par MM. Deshayes (uniangulala 
et scabra) Brocchi (plusieurs espèces sous le nom de Voluta), etc., et surtout 
par M. Bellardi, qui, dans une monographie des espèces de ce genre trouvées 
en Piémont, en décrit vingt-cinq, dont sept nouvelles. Sur ce nombre; onze 
sont propres aux terrains miocènes, quatre aux sables subapennins, et dix 
sont communes à ces deux étages. Nous avons figuré dans l'Atlas, pl. LXV, 
fig. 32, la C. scabra, Desh., et fig. 33, la C. lyrata, Bellardi. 

Plusieurs des espèces précédentes se trouvent dans les terrains tertiaires 
d'Allemagne, où l’on cite en outre (f) la C. Berolinensis, Beyrich, de Stern- 
berg, etc.; la C. elegans, Karsten, id.; la C. callosa, Partsch., des environs 
de Vienne; la C. inermis, Pusch, d'Allemagne et de Pologne, etc. 

La C. decussata, Smith (5), provient des dépôts miocènes des bords du Tage. 

M. Wood (5) cite dans le crag d'Angleterre quatre cancellaires, dont la 
C. coronatu, Scacchi, du crag rouge; la C. mitræformis, Brocchi, et la C. cos- 
tellifera, Sow., du crag rouge et du crag corallien; et la C. subangulosa, 
Wood, du crag corallien. 


On a aussi trouvé des cancellaires dans les terrains tertiaires de l'Amérique 
septentrionale (7). 


Les PLEUROTOMES (Pleurotoma, Lamk), — Atlas, pl. LXVI, 
fig. 4 à 5, 


ont une coquille tout à fait semblable à celle des fuseaux, c'est-à- 
dire turriculée, fusiforme, à spire saillante et à bouche terminée 


(t) Cog. et pol. foss. de Belgique, p. 474, pl. 38 et 39. 

(2) Act. Soc. lin. Bordeaux, 1832, t. V, p. 337, Conch. foss. Adour, I. 

(3) Deshayes, 2° éd. de Lamarck, Histoire naturelle des animaux sans 
vertèbres et Encyclopédie méthodique : Brocchi, Conch. subapen.; Bellardi, 
Desc. des cancellaires fossiles, des terrains tertiaires du Piémont, Mém. Acad. 
de Turin, 1841, 2° série, t. IL, 

(#) Beyrich, Karsten Archiv, t. XXII, p. 47; Karsten, Sternberg. Verst, 
p. 25; Pusch, Pol. Palæont., p. 129, pl. 11, fig. 22, etc. 

(5) Quart. journ. geol. Soc., t. II, 1847, p. 421. 

(6) Moll. from the crag (Palæont. Soc., 1848, p. 64, pl. 7). 

(7) Voyez Conrad, Journ. Acad. Philad., t, VI, p. 222; t. VII, p. 136; 
t. VIIL, part, 2, p. 187, etc. 


236 GASTÉROPODES PECTINIPRANCIES. 


par un canal plus ou moins long; mais elles en différent ainsi 
que de tous les genres précédents par leur labre qui est échancré 
par une entaille ou un sinus. 

Lamarck en avait d'abord séparé, sous le nom de CLAVATULES, 
les espèces à canal court; mais il a reconnu depuis que de nom- 
breuses formes intermédiaires rendent cette distinction impos- 
sible (1). 

Nous réunissons par la même raison aux pleurotomes les Dapx- 
NELLA, Hinds, chez lesquels le canal est tout à fait nul, et les Man- 
GiLtA où MANGELIA, Risso (Cithara ? Schum.), qui sont à peu près 
dans le même cas. Les PERRONA, Schum., diffèrent encore moins 
des vraies pleurotomes. Les RarmiTroma, Bellardi, ont à peu près 
les caractères des Defrancia et des Mangelia, c'est-à-dire un canal 
court, un sinus trés faible. 

Les pleurotomes forment aujourd'hui un genre très nombreux. 
On en connaît aussi une quantité considérable à l’état fossile. 
Elles ne sont probablement pas antérieures aux terrains terliaires 
ou aux terrains crétacés les plus récents. Les espèces en petit 
nombre qui ont été indiquées dans les terrains plus inférieurs pa- 
raissent ne pas appartenir à ce genre. 


Le comte de Münster (?) a rapporté à ce genre deux espèces de Saint-Cassian, 
où il dit avoir observé clairement la fente latérale, quoiqu'elle ne soit pas 
représentée sur la gravure. Il est probable que ces coquilles doivent être plutôt 
rangées dans le genre murchisonia ou dans quelque groupe voisin, si la fente 
est réelle; et dans celui des cérites, si elle n'existe pas. M. Klipstein décrit 
une troisième espèce du même gisement, qui est probablement dans le même 
cas. 


Aucune espèce n’a été trouvée dans le terrain jurassique, mais 
on en a cité quelques-unes de l'époque crétacée ($). 


11 faut toutefois remarquer que la P. remotelineata, Geinitz, et les P. semi- 
plicata, Goldfuss, induta, id., et semilineala, id., paraissent être des rostel- 
laires dont l'aile n’est pas conservée. La P, suturalis, Goldf., peut être un 
fuseau ou une volute, ce qui est difficile de décider dans son état de conser- 
vation; elle n’est sûrement pas une pleurotome. Par contre les P{. heplagona, 


(1) Les Derrancia, Millet, devraient peut-être en être séparées, car elles man, 
quent d’opercule. 

(2) Münster, Beitr. zur Petref., t. IV, p. 123; Kilpstein, Geol. der oest. 
Alpen, p. 183. 

(3) Geinitz, Charact,, pl. 18, fig. 5; Goldfuss, Peir. Germ., t. II, p. 21, 
pl. 470, fig. 11 à 13. 


MURICIDES,. 237 


Zekeli, et fenestrata, id. (1), des terrains crétacés supérieurs de Gosau, pa- 
raissent bien appartenir à ce genre. 


Dans l'époque tertiaire ce genre a pris au contraire un grand 
développement et l'on connaît près de trois cents espèces trouvées 
dans les dépôts de cette période. 


M. Deshayes (?) en à décrit soixante-cinq espèces du bassin de Paris, dont 
sept des terrains tertiaires inférieurs de Cuise-la-Motte; six des grès marins 
supérieurs, et les autres du calcaire grossier. Quelques-unes toutefois passent 
d'un étage à l’autre. Nous en avons figuré dans J'Atlas trois espèces du cal- 
caire grossier : la P, transversaria, Lamk (pl. LXVI, fig. 1), la P. uniserialis 
Desh. (id., fig. 2), et la P. labiata, id. (fig. 3). 

M. Melleville (3) y a ajouté neuf espèces des terrains tertiaires inférieurs 
de Cuisela-Motte, de Laon, etc. 

Les terrains nummulitiques renferment, outre quelques espèces du bassin 
de Paris, plusieurs autres qui ont été décrites (*) par M. AI. Rouault (douze 
espèces nouvelles des environs de Pau); Bellardi (P. goniophora, Bell., et 
Perezi, id, de Nice); d'Archiac (quelques espèces indéterminées), ete. 

Les pleurotomes éocènes du bassin de Londres sont assez nombreuses. On y 
retrouve quelques-unes de celles du bassin de Paris, et en outre quelques 
espèces décrites par Brander, sous le nom de Murex (M. conoideus, innexus, 
intorta, macilentus, ete ), et une dizaine figurées par Sowerby ($). 


Leur nombre devient plus considérable encore dans les terrains 
miocènes et pliocènes. 


M. Nyst (6, en cite vingt espèces dans le terrain tongrien de Belgique, dont 
deux décrites par M. de Koninck (P. Morreni et Selysü), et dix nouvelles par 
lui-même. Il indique dans le système campinien cinq espèces déjà con- 
nues. 

Le bassin de Bordeaux en renferme, suivant M. Grateloup (7), plus de 
quatre-vingt-dix espèces, dont huit des faluns blancs inféricurs ; une trentaine 
spéciales aux faluns bleus ( miocène inférieur), cinq communes aux faluns 
bleus et aux jaunes; et le reste (trente-huit) provenant de ces derniers (miocène 
supérieur). 


(1) Gaster. Gosau, p. 91, pl, 46. 

(2) Coq. foss. Par., T. Il, p. 402, pl. 62 à 70. 

(3) Sabl. tert. inf. (Ann. sc. géol., 1843, p. 62, pl. 8). 

(#) AI. Rouault, Mém. Soc. géol., 2° sér., t. II, pl. 16; Bellardi, id., t. IV; 
d’Archiac, Hist. des progrès, t. IE, p. 290. 

(5) Min. conch., pl. 146, 386 et 387. 

(6) Cog. et pol. foss. de Belgique, p. 508, pl, 40 à 44. 

(7) Grateloup, Conch. foss. Adour, 1, et Actes Soc. lin. Bord., 1832, t. V, 
p. 314; Desmoulins, id., 1842, t. XIL et XIV ; Basterot, Coq. foss. Bord., etc. 


238 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES, 


On peut ajouter aux espèces de France (1), la P. spirala, Matheron, non 
Lamk (P. subspirata, d'Orb.), de la mollasse des Bouches-du-Rhône, ainsi 
que les espèces décrites par M. Dujardin et trouvées dans les faluns de la 
Touraine (dix-sept espèces, dont douze nouvelles). 

Les espèces du Piémont ont été étudiées (2) par MM. Brocchi, E. Sismonda, 
Michelotti, ete., et surtout par M. Bellardi, qui a publié une belle monogra- 
phie de ces coquilles. Le catalogue de M. Sismonda indique cent une espèces, 
dont soixante-six sous le nom de PLEUROTOMA, trente-quatre sous celui de RA- 
pHiromA. De ces cent espèces, cinquante-sept sont spéciales aux dépôts miocènes ; 
dix-sept se trouvent à la fois dans les terrains miocènes et pliocènes, êt vingt-six 
n’ont apparu qu'à l’époque pliocène. Une douzaine d'espèces ont leurs analogues 
vivants. Nous avons figuré dans l'Atlas, pl. LXVE, fig. 4, la P. cataphracta, 
Brocchi, des terrains miocènes du Piémont, comme type des vrais pleurotomes, 
et, fig. 5, la P. cœrulans, Bellardi, du terrain pliocène, comme type des 
raphitoma. 

Le crag d'Angleterre en renferme un grand nombre d'espèces décrites par 
M. Wood (3) sous les noms de PLeurorouaA (P. promuta, Wood, semi-colon, 
Sow., et quatre espèces déjà connues), et de CLavaruLa (C. perpulchra, Wood, 
maitrula, Sow., cancellata, Sow., concinnala, Wood, Boothii, Smith., plici- 
fera, Wood, et neuf autres espèces. 

Les pleurotomes sont nombreuses dans les terrains tertiaires d'Allemagne, 
et plusieurs des précédentes y ont été trouvées. M. Philippi (f) en a décrit 
une assez grande quantité, soit des environs de Magdebourg, soit de Cassel. 
Parmi les gisements où il les a trouvées, il y en a, ainsi que je l'ai dit plus 
haut, qui appartiennent probablement à l’époque éocène (Westeregeln, etc.). 
Les matériaux me manquent pour en faire la distinction. Il énumère vingt et 
une espèces, dont treize nouvelles, aux environs de Magdebourg. Les espèces 
de Cassel sont moins nombreuses. 

Les autres espèces ont été principalement décrites (5) par le comte de 
Munster dans l'ouvrage de Goldfuss (douze espèces, dont onze nouvelles), et 
par M. Beyrieh, qui a étudié les espèces du Brandebourg, parmi lesquelles il 
décrit deux pleurotomes nouvelles, les P. laticlavia et trochiformis. 

Les P. lœvigata, Smith, et denudata, id. (6), ont été trouvées dans les dé- 
pôts miocènes des bords du Tage. 


(1) Matheron, Catalogue travaux Soc. stat., mars 1843, p. 248, pl. 40, 
fig. 41; Dujardin, Mém. Soc. géol., 1837, t. Il, p. 289, pl. 20. 

(2) Sismonda, Catalogue, p. 32; Michelotti, Descr. foss. mioc.; Bellardi, 
Monogr. delle pleurotome fossili del Piemonte; Mém. Acad. des sc.de Turin, 
1847, 2° sér., t. IX, in-4. 

(8) Moll. from the crag (Palæont. Soc., 1848, p. 53, pl. 6 et 7). 

(f) Tert. Verst. nordwest. Deutschl., p. 57, pl. 4, et Palæontographica, 
tpl. 9: 

(6) Goldfuss, Petr. Germ., t. WE, p. 20, pl. 171; Beyrich, Karsten Ar- 
chiv.,t. XXII, p. 18; Pusch, Polens Palæont., p. 143, etc. 

(6) Quart. journ. geol. Soc., t. II, 1847, p. 421. 


MURICIDES. 239 


On peut ajouter (‘) plusieurs espèces des États-Unis, du Chili, 
de Saint-Domingue, etc. 


Les Borsonra, Bellardi, 


sont des pleurotomes dont la columelle est ornée d'un pli vers 
son extrémité. Je ne crois pas que ce caractère soit suffisant pour 
justifier l'établissement d'un genre, car, unique et presque ter- 
minal, il paraît être un bourrelet du bord plutôt qu'un véritable 
pli de la columelle. 

Deux espèces ont été placées dans ce groupe. 


La B. prima, Bellardi (?), provient du terrain miocène de Turin. 
La B. plicata, Beyrich (3), et la B. decussata, id., ont été trouvées dans 
les terrains tertiaires de Hermsdorf. 


Les CoRDiERtA, A. Rouault, — Atlas, pl. LXVI, fig. 6 et 7, 


paraissent être aux pleurotomes ce que les turbinelles sont aux 
fuseaux ; c'est-à-dire qu’elles joignent à la lèvre échancrée ou si- 
nueuse des premières, des plis très distincts à la columelle dans 
la même direction que ceux des turbinelles. Je crois, comme je 
l'ai dit plus haut, que les borsonia doivent être réunies aux pleu- 
rotomes ; mais si l'examen de quelques nouvelles espèces donnait 
une certaine importance au pli columellaire qui les distingue, il 
ne serait pas impossible qu'on dût alors les associer plutôt aux 
cordieria. Dans l'état actuel des choses, ces dernières me parais- 
sent mériter () d'être tout à fait distinguées des pleurotomes. 

On n’en connait que quatre espèces des terrains tertiaires 
éocènes. 

Les terrains nummulitiques de Pau renferment (5) les C. pyrenaica, 
Rouault (Atlas, pl. LXVI, fig. 6), Biarilzina, id. (id., fig. 7), et iberica, id. 


(1) D'Orbigny, Prodrome et Voyage , Paléont., p. 119; Sowerby, Voyage 
de Darwin et Quart. journ. geol. Soc., 1850, t. VI, p. 50; Conrad, Journ. 
Ac. Phil., t. VI, VIT et VIE, etc.; Huot, Cours élém. géologie, t, 1, 
p. 763, etc. 

(?) Monog. pleur. Piémont, p. 85, pl. 4, fig. 13. 

(3) Karsten Archiv, t. XXIL, p. 33. 

(f) Je dois toutefois faire remarquer que les figures données par M. Rouault 
n'indiquent guère de sinus au labre, et montrent mal en quoi ces espèces 
diffèrent des véritables turbinelles; mais la description est positive à cet 
égard. 

(5) Mém. Soc. géol., 2° série, t. III, p. 487, pl. 17. 


2h0 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


Il faut, suivant M. Rouault, ajouter la Pleurotoma striolaris, Desh., du cal- 
caire grossier de Rhétheuil (!). La description de M. Deshayes ne parle pas de 
dents à la columelle. 


47e Famizze, — BUCCINIDES. 


Les buccinides ont une coquille enroulée, variable dans sa 
forme, à canal court, tronqué et infléchi en arrière. Le labre s’é- 
paissit souvent, soit aux diverses périodes de l’accroissement de 
la coquille, soit à l’âge adulte seulement. L'animal est pourvu de 
branchies inégales et d’un tube respiratoire très long. 

Cette famille, telle que nous la limitons ici, correspond à celle des 
purpurifères de Lamarck, et à la réunion de celle des cassides et de 
celle des buccinides de M. d'Orbigny, que je ne vois pas de motifs 
suffisants pour séparer. On reconnaîtra en général facilement les 
coquilles qui lui appartiennent, à la forme spéciale de leur canal. 
Quelques-unes d'entre elles toutefois, font une transition aux 
coquilles à bouche simplement échancrée : mais on y voit en- 
core les bords de l'échancrure s’infléchir en un demi-canal 
presque toujours un peu dirigé en dessus. Le petit nombre de 
genres d’ailleurs qui pourraient présenter quelque incertitude, 
(telles que les tonnes, qui se rapprochent des volutides par leurs 
formes) se distingueront toujours par d'autres caractères. 

La famille des buccinides est une des plus nombreuses, soit 
à l'état vivant, soit à l’état fossile. Elle est représentée dans nos 
mers par un nombre considérable de genres et d'espèces. Son dé- 
veloppement est d’ailleurs relativement récent. Elle manque com- 
plétement dans les terrains de l’époque primaire, confirmant 
ainsi ce que j'ai déja montré plus haut, l'absence presque com- 
plète des gastéropodes à canal respiratoire dans les périodes an- 
ciennes. Elle n'est représentée dans les époques jurassiques et 
crétacées que par le genre des cérites et par quelques rares es- 
pèces buccinoïdes. Elle prend tout son développement dans l’é- 
poque tertiaire, surtout à partir des terrains miocènes. 

Si l'on compare l'histoire paléontologique de chacun des genres 
qui la composent, on en trouvera un seul (les cérites), qui ait 
existé depuis le commencement de l’époque secondaire jusqu'à 


(1) Cog. foss. Par., t. IN, p. 484, pl. 68, fig, 4, 5 et 9. 


BUCCINIDES. 21 


nos jours; trois éteints (columbellina, purpurina et ceritella) 
sont spéciaux à l’époque jurassique ou à l’époque crétacée. Un 
très petit nombre (buccinum, morio), ont commencé à exister 
vers le milieu ou la fin de l’époque crétacée et ont duré jusqu'à 
présent. La majorité se trouve dans les terrains de lépoque 
tertiaire et dans les mers actuelles. 

Pour faciliter la distinction des genres on peut les grouper 
comme suit : 


I. Coquilles larges, ventrues, à bouche échancrée, sans canal : 
Harpa, Dolium. 


I. Coquilles larges, ventrues, à canal : Cassis, Morio. 


HI. Coquilles étroites, à bouche resserrée, bordée d'un bour- 
relet, columelle non aplatie : Oniscia, Columbella. 


IV. Coquilles à bouche resserrée, bordée d’un bourrelet et pro- 
longée en arrière en un canal : Columbellina. 


V. Coquilles plus ou moins ventrues, à columelle aplatie, à 
canal court, presque nul : Purpura, Monoceros, Ricinula. 


VI. Coquilles ovoides, à canal médiocre, à columelle non apla- 
tie : Puccinum, Purpuroïdea, Ceritella. 


VIT. Coquilles allongées, turriculées, à canal recourbé, ou 
bordé par une columelle torse : Zerebra, Cerithium. 


Les Harpes (Æarpa, Lamk), — Atlas, pl. LXVIT, fig. 8, 


ont une coquille ovale, plus ou moins bombée, munie de côtes 
longitudinales parallèles, inclinées et tranchantes ; la spire est 
courte, la bouche est échancrée à l'extrémité et dépourvue de ca- 
nal ; la columelle est lisse, aplatie et pointue à son extrémité. Ce 
genre est, ainsi que le suivant, un de ceux qui, par l'absence de 
canal, s'éloignent du type normal de la famille des buccinides. 
Les coquilles rappellent un peu celles des volutes , mais s’en dis- 
tinguent du reste par l'absence de dents à la columelle. M. Phi- 
lippi pense que les formes de l'animal le rapprochent des olives et 
des ancillaires plus que des buccins. 

Les harpes forment aujourd'hui un genre peu nombreux, mais 
composé d'espèces remarquables par la disposition de leurs cou- 
leurs. Les espèces fossiles sont peu abondantes et spéciales aux 
terrains tertiaires. 


Il. 46 


202 GASTÉROPODES PECTINIBRANCIIES. 


On trouve aux environs de Paris ({) la H. mulica, Lam., dans le calcaire 
grossier de Grignon, ete., ct la H. elegans, Desh. (Atlas, pl. LXVI, fig. 8), 
dans les grès marins supérieurs de Valmondois. 

L'argile de Londres renferme les débris d'une espèce incomplétement con- 
nue (2), observée par Parkinson (H. Trimmeri, Flem.). 

Les faluns blancs inféricurs des environs de Dax ont fourni une espèce que 
M. Grateloup (3) rapporte à la I. mutica, Lam., et que M. d’Orbigny con- 
sidère comme distincte, H. submutica, d'Orb. 


Les Tonnes (Dolium, d'Argenville), — Atlas, pl. LXVI, 
fig. 9, 


ont une coquille mince, ventrue, bombée, presque toujours glo- 
buleuse, cerclée transversalement, la bouche est oblongue, échan- 
crée en avant, sans canal, le labre est denté ou crénelé dans toute 
sa longueur. L'animal se rapproche de celui des harpes et des 
buceins. 

Les tonnes sont peu nombreuses aujourd'hui; plusieurs sont 
de grande taille ; leurs coquilles sont beaucoup plus légères que 
celles des genres voisins. On ne connaît à l'état fossile qu’un pe- 
tit nombre d'espèces des terrains tertiaires supérieurs (4). 


La plus répandue est le D. denticulatum, Desh. (Atlas, pl. LXVI, fig. 9), 
rapportée par Brocchi au D. pomum, vivant (D. pomiforme, Bronn, etc.). Elle 
se trouve dans les terrains tertiaires de Vienne (Grund), ainsi que dans les 
dépôts pliocènes d’Asti, de Castel Arquato, de Lisbonne, de Morée et de l'île 
de Rhodes (5). Le D. orbiculatum, Bronn, paraît être le jeune de la même 
espèce. 

Le D. lampas, Brocchi, paraît n'avoir été établi que sur un fragment de 
la même espèce. 

Le D. Deshayesianum, Grateloup (6), caractérise les faluns bleus de Dax. 


(1) Deshayes, Description des Coq. foss. Par., t. I, p. 641, pl. 86. 

(2?) Fleming, Brit. Ann., p. 342; Parkinson, Org. remains, t. IL, p. 59. 

(3) Grateloup, Conch. foss. Adour, pl. 46 ; d'Orbigny, Prodrome. 

(4) Les espèces appartenant à des époques plus anciennes et rapportées à ce 
genre paraissent devoir en être exclues. Ainsi, le D. nodosum, Sow., de la 
craie de Sussex, est un strombide. 

(5) Deshayes, Exp. scient. de Morée, t. IT, p. 194, et2° édit. de Lamarck, 
Histoire naturelle des animaux sans vertèbres , Paris, 1844, t. X, p. 447. 
Voyez surtout, pour celte espèce, Hürnes, Foss, Moll. tert. Beck. von Wien, 
n° 3, p. 163. 

(6) Conch. foss. Adour, suppl., pl. 2. 


BUCCINIDES. 248 


Les OnisciEs (Oniscia, Sowerhy, Oniscus, Kelleresel), — 
Atlas, pl. LXVE, fig. 10, 


ont une coquille oblongue, subevlindrique, un peu conoïde, à 
spire courte et obtuse ; la bouche est étroite, à bords parallèles ; 
le bord columellaire est droit, encrouté et granuleux. Le labre est 
épaissi, dentelé, renflé dans le milieu. Le canal terminal est très 
court, étroit et à peine recourbé. 

Les espèces vivantes habitent les mers chaudes. On n’en con- 
nait qu'une seule fossile en Europe. 


C'est l’Oniscia cithara, Sow. (1) (Buccinum cithara, Brocchi, Cassidaria har- 
pœformis, Grat., ete.), des terrains miocènes de Dax, de Turin, de Pologne, 
de Vienne, etc. C'est l'espèce figurée dans l'Atlas. L’O. verrucosa, Bonelli, 
paraît n'être que la jeune de la même espèce. 

L'O. domingensis, Sow. (2), provient des dépôts tertiaires de Saint-Do- 
mingue, 


Les Casques (Cassis, Lamk), — Atlas, pl. LXVI, fig. 14 et 12, 


forment un genre bien caractérisé par une coquille bombée, à 
bouche longitudinale, étroite, terminée à son extrémité par un 
canal court, brusquement recourbé vers le dos. La columelle est 
plissée ou ridée transversalement et ordinairement encroûtée. Le 
labre est formé par un bourrelet épaissi, presque toujours denté. 
Ce genre très naturel et facile à reconnaitre, est remarquable 
aujourd'hui par la grandeur de plusieurs espèces qui vivent dans 
les mers chaudes. A l’état fossile on n'en connait que dans les 
terrains tertiaires, et elles sont toutes de taille moyenne ou petite. 
Ces mollusques vivent aujourd’hui à quelque distance des riva- 
ges et sur des fonds sablonneux, où ils s'enfoncent en totalité. 
Les espèces des terrains éocènes ne sont pas nombreuses. 


M. Deshayes (3) en a décrit trois du bassin de Paris : les C. harpæformis, 


(1) Sowerby, Genera, n° 24; Basterot, Cog. foss. Bord., p. 51; Grate- 
loup, Conch. foss. Adour, 1; Michelotti, Desc. foss. mioc. Ital, sept, p. 219, 
pl. 12; Hürnes, Foss. Moll. tert. Beck. von Wien, n° 3, p. 170, pl. 14, 
fig. 2, etc. Risso a décrit en outre une O. alicia, qui reste plus que dou- 
teuse. 

(2) Quart. journ. geol. Soc., 1850, t. VI, p. 47. 

(8) Description des Coq. foss. Par., t. I, p. 637, pl. 85 et 86. 


2h! GASTÉROPODES PECTINIBRANCIIES. 


Lam., et cancellata, id. (Atlas, pl. LXVI, fig. 141), du calcaire grossier, et le 
C. calantica, Desh., du grès marin supérieur de Valmondois. 

M. Alex. Brongniart a fait connaître (tjles C. Thesei et Æneæ, du terrain 
nummulitique de Ronca. 

M. Bellardi a décrit (2) les C. Deshayesi et Archiaci, du terrain nummuli- 
tique de Nice. 


Les espèces augmentent de nombre dans les terrains miocènes 
et phiocènes. 


Une des plus répandues (3) est celle qui ressemble au Cassis saburon, Lam., 
actuellement vivant, et qui paraît ne pas pouvoir en être spécifiquement dis- 
tinguée. Suivant M. Hôrnes, il a été décrit sous une dizaine de noms spéci- 
tiques différents. C'est le C. texta, Bronn, Sismonda, etc. Il se trouve dans 
presque tous les terrains miocènes et pliocènes d'Europe. 

Quelques autres espèces vivantes paraissent se trouver également fossiles. 
On cite les C. flammea, Lam., crumena, id., areola, id., et sulcosa, id. 

Le bassin de Bordeaux a fourni plusieurs espèces, M. Grateloup paraît les 
avoir un peu trop multipliées; mais tous les paléontologistes s'accordent 
pour reconnaître comme espèces distinctes: dans les faluns bleus, le C. ele- 
gans, Grat., et dans les faluns jaunes, les C. diadema, Grat., mamilla- 
ris, id. (Atlas, pl. LXVI, fig. 12), et Rondeleti, Basterot. 

Parmi les espèces du Piémont, on peut inscrire le C. variabilis, Bell. et 
Mich., etc. 

M. Beyrich ‘4) a décrit les C. lineata, megupolitana et inermis des couches 
de Sternberg. j 

On doit à M. Philippi $) la connaissance des C. Germari et affinis, des en- 
virons de Magdebourg (éocène?). 

Plusieurs espèces étrangères sont encore citées ($) dans les terrains nummu- 
litiques de l'Inde, les tertiaires éocènes de l’Alabama, ceux de Saint-Do- 
mingue, etc. 


Les Moro, Montfort (Cassidaria, Lamk), — Atlas, pl. LXVIF, 
fig. 43, 


ressemblent aux casques par leur forme générale, leur bouche 


{4) Vicentin, p. 66, pl. IE, 

(2) Mém. Soc. géol., 2° série, t. IV, pl. 14. 

(3) Voyez les ouvrages précités de MM. Grateloup, Michelotti, Sismonda, 
etc., et surtout la monogr. des casques du bassin de Vienne, par M. Hürnes: 
Foss. Moll. tert. Beck. von Wien, n° 3, p. 173, pl. 14 à 16. 

(4) Karsten Archiv, t. XXIT, p. 45, et de Buch, Pétrif. rem., pl. 5. 

(5) Palæontographica, t. 1, p. 75, pl. 10, fig. 13. 

(6) J, de C. Sow., Trans. geol. Soc., 2° série, t. VI; Conrad, Journ. Ac. 
Phil, t. Viet VII: George B. Sowerby, Quart. Journ. geol. Soc., 1850, 
t VI, p. 47. 


BUCCINIDES. 245 


étroite, leur labre muni d’un bourrelet ou d'un repli, et leur bord 
columellaire encroûté et rugueux ; mais ils en diffèrent parce 
que le canal est plus long et moins brusquement infléchi. 

On ne connait aujourd'hui qu'un petit nombre de morio des 
mers chaudes du globe; les fossiles proviennent presque tous 
des terrains tertiaires. 

On en cite cependant un de la fin de l’époque crétacée. 


La C. cretacea, Müller (!), provient des terrains crétacés supérieurs d'Aix- 
la-Chapelle. 


On en trouve quelques-uns dans les terrains éocènes. 


M. Deshayes (2) en a décrit quatre espèces du bassin de Paris sous le nom 
de Cassidaria. La C. carinata, Lam. (Buccinum nodosum, Brander, Moria 
rodosum, d'Orb, Atlas, pl. LXVI, fig. 13), se trouve dans le calcaire grossier 
et dans le grès marin supérieur de Valmondois. La C. coronata, Desh., ca- 
ractérise ce dernier étage à Tancrou. Les C. textiliosa, Desh., et funiculosa, 
id., proviennent du calcaire grossier de Parnes et de Courtagnon. 

L’argile de Londres à fourni !*) la C. ambigua ( Buccinum ambiquum, 
Brander, Cassis striata, Sow.). 

M. Bellardi () a fait connaître la Cassidaria Orbignyi, du terrain nam- 
mulitique des environs de Nice. 

Les C, cancellata, de Buch, et depressa, id. (5), proviennent des terrains 
tertiaires éocènes du Mecklenbourg. 


On en connait aussi quelques espèces des terrains miocènes et 
pliocènes. 


Le terrain tongrien de Belgique renferme, suivant M, Nyst (5), la C. ambigua 
ci-dessus indiquée, et la C. Nystiü, Kik; cette derrière étant peut-être la 
même que la C. depressa, de Buch. 

La C. bicatenata, Nyst. (Cassis bicatenata, Sow.) (7) se trouve dans le terrain 
campinien du même pays et en Angleterre dans le crag corallien et le crag 
rouge. 


(1) Aach. Kreid. Verst, p. 17, pl. 3, fig. 21. 

(2) Description des Cog. foss. Par.,t. J, p. 632, pl. 85 et 86. 

(3) Sowerby, Min. conch., pl. 6. 

(*) Mém. Soc. géol., 2° série, t. IV, pl. 14, fig. 6 et 7. 

(>) Ueber zwei neue Arten von Cassidarien, ete. (Mém. Acad. Berlin, le 6 
décembre 1830). 

(5) Coq. et pol. foss. Belg., p. 564, pl. 44, fig. 5. 

(7) Sowerby, Win. conch , pl. 151; Wood, Moll. from the crag (Pal. Sos., 
p. 27, pl. 4). 


216 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


La Cassidaria echinophora, Lamk (1), espèce commune dans la Méditer- 
ranée, est répandue dans la plupart des tertiaires récents d'Europe (miocènes 
et surtout pliocènes. 

_ On trouve la C. striatula, Bonelli, dans les terrains tertiaires miocènes de là 
Montagne de Turin, ainsi que la C. fasciata, Bell. { Morio fasciatus, d'Orb.). 
Cette dernière se retrouve dans le terrain pliocène d'Asti (2). 

On peut ajouter (3) une espèce des terrains miocènes des États-Unis , la 
C. Hodgü, Conrad, et une autre des terrains tertiaires de Saint-Domingue, 
la C. lœvigata, Sow. 


Les COLOMBELLES (Columbella, Lamk), — Atlas, pl. LXVI, 
fig. 14 à 17, 


sont caractérisées par une coquille ovale, à spire courte, dont la 
bouche est allongée, étroite, échancrée à l'extrémité, ou terminée 
par un canal très court, droit. Le labre présente à son côté interne 
un renflement qui rétrécit la bouche. Le bord columellaire est or- 
dinairement marqué de petites dentelures, qui ressemblent au 
premier coup d'œil à des plis, mais qui ne se prolongent pas dans 
l'intérieur; il n’est jamais aplati. 

Les coquilles de ce genre se distinguent des nasses, par leur 
canal très court et jamais réfléchi, et des pourpres par leur colu- 
melle non aplatie. Quelques auteurs, et en particulier Lamarck et 
M. Deshayes, les ont rapprochées des volutides. Les formes de 
l'animal montrent en effet des analogies réelles avec les mitres:; 
d'un autre côté, il en a avec les pourpres. La coquille a beau- 
coup de rapports avec les buccinides, car c’est à tort que l'on 
comparerait les dentelures de la columelle chez les colombelles, 
avec les plis des volutes et des mitres. 

Les colombelles forment aussi des transitions aux fusus. La 
C. nassoïdes, Bell., par exemple, a un canal qui s’allonge beau- 
coup, tout en conservant la forme de la bouche des colombelles. 
Les véritables limites de ces types ne sont pas faciles à préciser. 

Les colombelles sont aujourd’hui des animaux de rivage, d’une 
taille petite ou médiocre, et souvent ornés de couleurs agréables. 
Elles vivent principalement dans les mers chaudes. On ne les a 


(1) Voyez surtout sur cette espèce Hôrnes, Foss. Moll. tert. Beck. von 
Wien, n° 3, p. 183, pl. 16, fig. 4 à 6. 

(2) Sismonda, Synopsis, p. 30; Mich. et Bell., Saggio oritt., p.75 et 54, etc. 

(3) Silliman Journal, 1847, t. XLI, p. 343, pl. 2; G. Sowerby, Quart. 
Journ. geol. Soc., 1830, t, VI, p. 47. 


BUCCINIDES. 2h7 


encore trouvées fossiles que dans les étages moyens et supérieurs 
du terrain tertiaire. 

On en connaît environ une vingtaine d'espèces, pour la con- 
naissance desquelles je renvoie principalement à la monographie 
des colombelles du Piémont, par M. Bellardi, à la description de 
celles du bassin de Vienne, par M. Hôrnes, et aux travaux de 
M. Grateloup sur les fossiles du sud-ouest de la France. 

M. Bellardi (') les divise en Srombiformes, ou colombelles à 
spire très courte, Vassæformes, à spire longue et à canal presque 
nul, et Fusiformes, à spire et à canal longs. 

Ce dernier groupe renferme les espèces dont j'ai parlé plus haut 
et qui font une transition aux fusus. Plusieurs auteurs (Miche- 
lotti, ete.) les associent à ce dernier genre. 


M. Bellardicompte 1 4 espèces en Piémont, savoir : dans le groupe des SrrowB1- 
FORMES , la C. discors, Desh., des terrains miocènes (Atlas, pl. LXVI, fig. 14); 
dans le groupe des Nassæronwes, les C. scripta, Bell., Borsoni, Bell., et 
corrugata, Pon., qui se trouvent à la fois dans les terrains miocènes et plio- 
cènes, les C. turgidula, Bell., et curta, id. ‘Atlas, pl. LXVE, fig. 15), du premier 
de ces gisements; et les C. semicaudala et erythrostoma des dépôts pliocènes; 
dans le groupe des Fusironmes , la C. subulata, Bell., d'Asui ; les C. elongata, 
Bell., et scabra, id., des terrains miocènes; et les C. nassoides, Bell. (Fusus 
politus, Bronn, Atlas, pl. LXVI, fig. 16), compta, id., et thiara, id., com- 
munes aux terrains miocènes et aux terrains pliocènes. 

M. Hürnes (2, a trouvé sept des espèces précédentes dans les environs de 
Vienne, et il en a ajouté une huitième, la C. Bellardii, Hürnes, Atlas, 
pl. LXVI, fig. 17. 

On peut ajouter quelques espèces décrites par M. Grateloup (3), sous les 
noms de Mitra (Mitra turgidula, Grat., des faluns bleus, M. nassoides, des 
faluns jaunes), et de Buccinum , ainsi que deux espèces de Touraine qu’a 
fait connaître M. Dujardin (4) (Buccinumeurtum, Duj., Columbella filosa, id ). 

La C. sulcata, Sow. (olim Buccinum sulcatum, id.), provient du crag 
rouge d'Angleterre (5). 

Les C. Haitensis et venusta, Sow. (6), proviennent des terrains tertiaires 
de Saint-Domingue. 


(!) Monogr. delle colomb. fossili del Piemonte, Turin, 1848; in-4° (extr. 
du t. X des Mém. de l’Acad. de Turin). 

(2?) Foss. Moll. tert. Beck. von Wien, n° 3, p. 113, pl. 11. 

(3) Conch. foss. Adour, 1. 

(#) Mém. Soc. géol., 1837, t. IT, pl. 19. 

() Sowerby, Min. conch., pl. 375 et 477; Wood, Moll. from the crag 
(Palæont. Soc., 1848, p. 23, pl. 2) 

(6) G. Sowerby, Quart. Journal geol. Soc., 1850, t. VI, p. 46. 


9h8 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES, 


Les COLOMBELLINES (Columbellina, d'Orb.), — Atlas, pl. LXVI, 
fig. 18 et 19, 


ne sont connues qu'à l'état fossile et par conséquent que par 
leur coquille. Elle diffère de celle des colombelles par une bou- 
che plus flexueuse, en S, terminée à sa partie postérieure par 
un canal long et étroit qui a dû servir de passage à quelque or- 
gane spécial qui manque dans ce dernier genre, Elle leur res- 
semble d'ailleurs tout à fait par son test épais, sa bouche étroite 
et son labre épaissi en dedans. 
On n'en a encore trouvé que dans les terrains crétacés. 


M. d'Orbigny (!) a décrit une espèce du terrain néocomien de Marolles, la 
C. monodactylus, rapportée d’abord, par M. Deshayes, aux rostellaires (Atlas, 
pl. LXVI, fig. 18), et une espèce du grès vert du Mass et des craies chloritées 
de Cassis (T. cénomanien), la €. ornata, d'Orb. (id., fig. 19). 

Il rapporte au même genre (2?) deux espèces des terrains crétacés de Pondi- 
chéry, décrites par M. E. Forbes, sous les noms de Strombus contortus et 
Shrombus uncatus. 


Les Pourpres (Purpura, Lamk), — Atlas, pl. LXVE, 
fig. 20 et 21, 


ont par leur coquille beaucoup de rapports avec tous les bucci- 
nides, leur bouche, souvent très dilatée, se termine en avant par 
une échancrure peu marquée, plus oblique et subcanaliculée. Elles 
diffèrent de tous les genres de cette famille par leur columelle 
aplatie, qui se termine en avant par une pointe plus ou moins 
marquée. L'animal présente plusieurs caractères différentiels 
constants. 

Ce genre peut être subdivisé en quatre groupes, auxquels on a 
donné ordinairement une importance trop grande, en les considé- 
rant comme des genres distincts, car ils se lient par des transi- 
tions insensibles, et les animaux sont identiques. Ces groupes 
sont les RiciNULES (Sistrum, Montf.), caractérisées par un labre 
et une columelle dentés; les LicorNEs ou Moxoceros (Acanthina, 
Fischer, Æudolpha et Rudolphius, Schum., Unicornus, Montf.), 
dont le labre porte une seule dent conique, située près de l'échan- 


(1):Pal. fr., Terr. crél., t. Il, p. 347, et pl. 226. 
(2) Prodrome, t. IT, p. 231 ; Forbes, Trans. geol. Soc., 2° sér., t. VII, 
p. 129. 


BUCCINIDES. 219 


crure de la bouche ; les PourPrEs proprement dites, dont la bou- 
che tantôt médiocre, tantôt très ouverte, ne porte aucune dent; 
et les CoNcHoLEPASs, où la spire est très petite et la bouche si 
grande, qu'on peut croire au premier coup d'œil que la coquille 
est patelloïde et non enroulée. 

Ce dernier groupe n’a pas encore été trouvé à l'état fossile. 

Les Pourpres proprement dites sont les plus abondantes, soit 
dans les mers actuelles, soit fossiles. On n’en à cependant trouvé 
aucune espèce dans les dépôts éocènes ni même dans les terrains 
miocènes inférieurs. 


M. Dujardin (1) en a décrit deux espèces des faluns de la Touraine (P. angu- 
lata et easculpta, Duj.). Son Buccinum intexlum paraît aussi être une pourpre. 

M. Matheron (?) a fait connaître la P. Martinii de la mollasse des Bouches- 
du-Rhône. 

M. Grateloup ct M. Basterotont fait connaître (3) plusieurs espèces des faluns 
jaunes de Dax et de Bordeaux. Or peut citer en particulier les P. pleuroto- 
moides, Grat., fusiformis, id., scabriuscula, id., cte., et y ajouter deux espèces 
décrites par M. Grateloup, sous les noms de Magilus antiquus et planaxoïdes. 

M. Michelotti (f) en compte six espèces dans les terrains miocènes du Pié- 
mont, dont quatre nouvelles (P. inconstans, retusa, fusiformis et neglecta). 

Les terrains pliocènes du même pays (5) renferment la P. Sismondai, Miche= 
lotti, et la P. striolata, Bronn, qui se trouve aussi dans l’étage précédent. 

M. Philippi (6) a décrit le P, cyclopum des terrains quaternaires de Sicile ; 
suivant M. Sismonda (mais non suivant M. Michelotti) elle se trouverait dans 
les terrains miocènes du Piémont. 

M. Hôürnes (7) cite, dans les environs de Vienne, la P. hæmastoma vivante 
(Atlas, pl. LXVI, fig. 20), et la P. exilés, Partsch (id., fig. 21). 

On trouve dans le crag rouge d'Angleterre (8) la P. lapillus, Lin., vivante, 
et la P. tetragona, Sowerby. 

M. d'Orbiguy {?) cite aussi deux espèces des terrains diluviens d'Amérique. 


Les RICINULES paraissent peu abondantes à l’état fossile. 


(1) Mém. Soc. géol., 1837, t. IL, p. 297, pl. 19. 

(2) Catalogue, etc., Trav. Soc. stat. Marseille, 1813, p. 251, pl. 40. 

(3) Conch. foss. Adour, I, pl. 35. 

(4) Desc. foss. mioc. Ital. sept., p. 217. 

(5) Sismonda, Synopsis, p. 28. 

(6) Enum. moll. Sicil., 1, p. 219. 

(7) Koss. Moll. tert. Beck. von Wien, n° 3, p. 165. 

(8) Wood, Moll. from the crag (Palæont. Soc., 1848, p. 36, pl. 4; Sowerbry, 
Min. conch., pl. 414). 

(9) Voyage, Paléontol., p, 157. 


9250 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


On cite dans les terrains tertiaires (1), la R. echinulala, Pusch (elata, Blaïnv.), 
de Pologne, de Vienne, ete.; la R. aspera, Grat., de Dax; la R. calcarata, id., 
de Dax et de Piémont ; et la R. Grateloupi, d'Orb. (R. morus, Grat.), de Dax. 


Les Monoceros sont dans le même cas. 


Le M. monacanthos ( Buccinum monacanthos , Brocchi) se trouve dans les 
terrains supérieurs du Piémont. 

Quelques espèces se trouvent dans les terrains tertiaires supérieurs et infé- 
rieurs d'Amérique (2). M. d'Orbigny a décrit le M. Blainvillei des terrains 
tertiaires et miocènes de l'Amérique méridionale. M. Sowerby en a fait con- 
paître deux autres du Chili et M. Conrad, deux des terrains éocènes des 
États-Unis. 


Les Purpuroinea, Lycett (Purpurina, d'Orb. [5]), — Atlas, 
pl. LXVI, fig. 22 à 2h, 


ont les formes de la coquiile des pourpres et leur grande ouver- 
ture, mais leur columelle n’est pas aplatie. La bouche, plus lon- 
gue en général que la spire, est terminée par un canal court et 
étroit. La columelle est arquée. 

Les coquilles de ce genre paraissent intermédiaires entre les 
-pourpres et les buccins, elles ont la forme et les ornements des 
premières sans leur columelle aplatie. Elles se distinguent des 
buccins par leur bouche beaucoup plus élargie dans sa partie 
antérieure et par leur columelle très arquée. 

Je ne sais pas si l’on peut en distinguer les BRACHYTREMA, 
Morris et Lycett (*), qui ont un peu plus d'analogie avec les fusus 
mais qui me paraissent avoir les mêmes caractères essentiels que 
le genre qui nous occupe Ici. 

Les purpuroidea sont spéciales à l'époque jurassique. 


On peut probablement rapporter à ce genre une partie des fusus à canal 
court, trouvés par M. Eudes Deslongchamps (5) en Normandie, et dont j'ai 
parlé plus haut. Le F. nassoides, E. D., de l'oolithe inférieure, est le mieux 
caractérisé. Il se lie de près au F. nodulosus, id., de l’oolithe coquillère de 


(*) Pusch, Polens Pal., p. 140 ; Grateloup, Conch. foss. Adour, I, pl. 35. 

(2) D'Orbigny, Voy., Pal., p. 116; Sowerby dans Darwin, Voyage, etc. 

(3) Le nom de PurruRoIDEA date de 1848 et est antérieur par conséquent à 
celui de Purpurina qui, quoique M. d'Orbigny le date de 1847, n’a été publié 
qu’en 1850, dans le [°* volume du Prodrome. 

(4) Mol. from the great ool. (Pal. Soc., 1850, p. 24). 

(5) Mém. Soc. linn. Normandie, t. VIT, p. 156, pl. 10. 


| 


BUCCINIDES. 251 


Bath, et au F. variculosus, id., du lias supérieur de Fontaine-Étoupefour, I 
me paraît difficile de les distinguer génériquement. 

M. d'Orbiguy (!) indique quelques espèces inédites de l’oolithe inférieure 
de Normandie, de celle du département de la Sarthe, et du terrain kellowien 
de Pizicux. 

Le même auteur rapporte à ce genre le Fusus Thorenti, d'Archiac(?), de la 
grande oolithe du bois d'Éparey (Atlas, pl. LXVI, fig. 22). 

M. Buvignier (3) a décrit sous le nom de Purpura trois espèces du terrain 
corallien de Saint-Mihiel. Ce sont les P. Lapierrea, Moreana (olim Moreau- 
sea) et turbinoides. 

M. Lycett a décrit, soit seul, soit avec M. Morris (#), les P. Moreausia 
(Purpura Moreausea, Buvignier), glabra (Atlas, pl LXVI, fig. 23) et nodu- 
lata (Atlas, pl. LXVI, fig. 24). Cette dernière estle Murex nodulatus, Young 
and Bird (M. tuberosus, Sow.) et paraît à MM. Morris et Lycett identique avec 
la Purpura Lapierrea, Buvignier. 

Il y faut ajouter le Brachytrema turbiniformis, Morris et Lycett, de la 
grande oolithe d'Angleterre. 


Les CériTELLES (Ceritella, Morris et Lycett), — Atlas, 
pl: LXVE, fig. 25 et 26, 


sont très voisines des purpuroidea, leur spire est plus longue, 
plus aiguë et l'ouverture, plus allongée et plus oblique, est termi- 
née par un petit canal accompagné d’une columelle qui se réflé- 
chit davantage en dehors. 

Ces mollusques paraissent spéciaux aux terrains jurassiques. 

M. Lycett a fait connaître (5) les C, sculpta et tumidula de l'oolithe infé- 
rieure d'Angleterre. 

MM. Morris et Lycett ont décrit (6) plusieurs espèces de la grande oolithe 
du même pays. La Ceritella unilineata avait été décrite par Sowerby sous le 
nom de Buccinum unilineatum, et inscrite par M. d'Orbigny parmi les Pur- 
purina. Six autres sont nouvelles: C. acuta (Atlas, pl. LXVI, fig. 25), planata, 
Sowerbyi, mitralis, conica (1d., fig. 26), et gibbosa. 

Ces mêmes naturalistes ont assimilé deux autres espèces de la grande oolithe 
à celles que M. Buvignier avait décrites (7) sous les noms de Pleurotoma lon- 


(1) Prodrome, t. 1, p. 270 et 534. 

(2) Mém. Soc. géol., 1847, t. V, p. 384, pl. 30, fig. 8. 

(3) Stat. géol. de la Meuse, p. 44, pl. 30. 

(#) Lycett, Ann. and. mag. ofnal. hist., 2° série, 1848, t. I, p. 230; 
Morris et Lycett, Moël. from the great oo, (Palæont. Soc., 1850, p. 25, 
pl. 4et 5). 

(5) Ann. and mag. of nat. hist., 2° série, t. VI, 1850, p. 418. 

(6) Moll, from the great ool. (Palæont. Soc.; 1850). 

(7) Mém. Soc. Verdun, 1843, t. IT, p. 22, Ces deux espèces sont pour 
M. d’Orbigny des fusus, 


252 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


giscata et rissoides, et qui proviennent du terrain corallien de Saint-Mihiel. 
Cette assimilation me paraît peu probable. 


Les Buccins (Zuccinum, Lin.), — Atlas, pl. LXVE, fig. 27 à 30 
et pl. LXVIL, fig. 4 à 4, 


ont des coquilles ovoïdes ou allongées, à bouche médiocre, plus 
longue que large, mais pas étroite, à columelle non aplatie, quel- 
quefois encroûtée et à canal court, un peu infléchi en dessus et 
réduit quelquefois à une simple échancrure. 

On voit que les buccins représentent en quelque sorte l'état 
normal de la famille et qu'ils offrent plutôt un ensemble de 
caractères négatifs, n'ayant ni la vaste ouverture des tonnes 
et des harpes, ni la columelle aplatie des pourpres, ni le canal 
des casques, ni la bouche étroite des colombelles , etc. On ne 
sera donc pas étonné de reconnaître en même temps que ce genre 
est peu naturel et qu'il devra probablement être subdivisé. Le 
moment n'est pas encore arrivé où on pourra le faire avec quel- 
que sécurité; car si l’on connaît bien les animaux de quelques- 
uns des types, il en est d’autres qui sont inconnus et l'on ne 
peut pas encore établir d’une manière complète les rapports 
qui existent entre les caractères essentiels et ceux que fournit la 
coquille. 

Dans cet état de choses, on peut reconnaitre les groupes sui- 
vants, dont quelques-uns devront former des genres et dont d’au- 
tres seront probablement réduits à n'être que de simples sections. 

L'étude des fossiles augmentant encore beaucoup les transitions 
d'un groupe à l’autre, et les difficultés de trouver des caractères, 
je réunis provisoirement tous ces groupes en un seul genre. 

Ce sont : 

Les TriToNIUM, O.-F. Müller (‘)}, à coquille ovale, composée de 
tours arrondis, ou ovale conique, épidermée, à columelle arrondie, 
simple, sans callosité, à opercule corné, à sommet latéral et sub- 
médian. Animal à pied ovale, plus court que la coquille, à yeux 
situés à la base externe des tentacules. 

Les Buccnum, Lamk, à coquille ayant à peu près la forme des 
précédentes, mais ordinairement plus épaisse et à tours moins ré- 


(t) Il ne faut pas confondre les Tritonium, O.-F. Müller, Schumacher, etc., 
avec les Tritonium, Link, Cuvier,etc., dont nous avons parlé, p. 221, sous le 
nom de Triton. 


BUCCINIDES. 253 


gulièrement arrondis. Opercule corné, onguiculé, à sommet 
pointu, terminal, inférieur. Animal rampant sur un pied étroit et 
allongé, yeux situés à l'extrémité de petits pédicules qui naissent 
du côté externe des tentacules (Atlas, pl. LXVE, fig. 29 et 30). 

Les Pisania, Bivona, à coquille allongée, à tours peu renflés, à 
bouche étroite, terminée par un petit canal droit ("}. Types : les 
Buccinum maculosum , Lamk, le Fusus articulatus, Lamk, la 
Purpura sertum, Lamk. 

Les Succoguccnum, d'Orb., sont des buccins pourvus d'un léger 
sinus sur le labre, marqué au dehors par un fort sillon. Ce genre 
est spécial aux terrains tertiaires inférieurs (Atlas, pl. LXVIT, 
fig. 1à 3, les 2. tiara, Desh., et fissuratum, 14.). 

Les BuLLra, Gray, Buccinanops, d'Orb., Leiodoma, Swainson, 
à coquille lisse, dont l'ouverture évasée est largement échancrée 
en avant et bordée par un labre tranchant. La columelle à un en- 
croùûtement postérieur sans dent. Animal à manteau très déve- 
loppé et dépourvu d'yeux. Types : les Z. lœvissimum, Lamk, 
achatinum, 14., etc., vivants (Atlas, pl. LXVI, fig. 27, et 
pl. LXVIT, fig. 4). 

Les EBurna, Lamk, à coquille dont la spire est turriculée, la 
bouche assez grande, le labre tranchant et la columelle profondé- 
ment ombiliquée. 

Les Pseupociva, Swainson, Pseudodactylus, Phil., Gastridium, 
G.-B.Sow., à coquille ovale globuleuse, renflée, épaisse, à labre 
tranchant, muni d'une dent à sa base. Type : 2. plumbeum, 
Chemn., vivant. 

Les Nassa, Lamk, à coquille ovale subglobuleuse, à ouverture 
terminée par un petit canal un peu recourbé. Columelle simple 
dans le jeune âge et garnie dans l’âge adulte d’une callosité plus 
ou moins marquée ; labre épaissi et souvent muni d’un bourrelet. 
Animal à pied large; yeux portés sur des renflements qui nais- 
sent au côté externe de la base des tentacules. Ce groupe est 
nombreux en espèces. Quelques-unes sont très bien caractérisées, 
d’autres forment des transitions aux véritables buccins (Atlas, 
pl. LXVL, fig. 28). Les Zone, Risso, sont de véritables nasses. 


{U Les Porta, Gray, sont un genre mal distingué des Pisania. M. Gray y 
place le F. articulatus et le B. maculosum. M. Philippi l’envisage autrement 
et propose de le réduire aux B. tranquebaricum, undosum, ete. 


254 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


Les Puos, Montfort, sont des nasses allongées. Type : le Mu- 
rez senticosus, Lin., vivant. 

Les DEMOULIA, Gray, sont au contraire des nasses ovoïdes ou 
globuleuses, à spire courte. Type : le Z. retusum, Lamk, vivant. 

Les Cycrores, Risso, sont des nasses à coquille orbiculaire 
tout à fait déprimée et à spire obtuse. Type : le 2. neriteum, Lin., 
vivant. 

En réunissant tous ces groupes, ainsi que je l'ai dit plus haut, 
sous la dénomination commune de BucciNum, on trouvera que ce 
grand genre est tout à fait inconnu (!) dans l'époque primaire et 
dans les terrains inférieurs et moyens de l'époque secondaire. Il 
paraît avoir été représenté pour la première fois dans le milieu de 
la période crétacée par quelques rares espèces. Il est au contraire 
abondant dans les terrains tertiaires, surtout dans ceux de l'épo- 
que miocène. 

Il paraît manquer aux terrains néocomiens, et ses plus 
anciens représentants dans l’époque erélacée appartiennent au 
gault. 


Le B. gaultinum, d'Orb. (2), du gault de Machéroménil, est très incom- 
plétement connu. 

M. Sowerby a décrit (3) une espèce sous le nom de Nassa, de Blackdown 
(N. lineata, Sow.). 

Les B. costatum, Goldfuss, et bicarinatum, id. (f), ne paraissent pas avoir 
les caractères des buccins. Ce dernier est un fusus; le premier paraît dessiné 
sur un échantillon à bouche incomplète. 

Le B. productum, Reuss (°), paraît être un cérite. 


Les buceins augmentent beaucoup de nombre dans l’époque 
tertiaire. 
On en connaît plusieurs de l'époque éocène. 


(1) Le Buccinum arculatum, Sch]., de l'Eifel, est un macrocheilus (p. 83), 
ainsi que les B. acutum, Sow., imbricatum, id., etc., du terrain carboni- 
fère. Le B. breve, Sow., est une murchisonia, ainsi que le B. spino- 
sum, Phill., ete.; d’autres sont des chemnitzia, etc. Dans l'époque juras- 
sique, il en est de même. Le B. nodosum, Goldf., du lias, est une chemnitzia. 
Le B. unilineatum, Sow.., de la grande colithe, est une ceritella, les B. angu- 
latum, Sow., et naticoïde, id., du portlandien, sont des ptérocères, etc. 

(2) Pal. fr., Terr. crét., t. 1, p. 350, pl. 233. 

(8) Trans. geol. Soc., 1836, 2° série, t. IV, p. 241, pl. 48. 

(4) Petref. Germ., t. HE, pl. 173, fig. 4 et 5. 

(5) Boehm. Kreidef., pl. 10, fig. 18. 


BUCCINIDES. 255 


M. Deshayes (1) en compte quinze espèces dans le bassin de Paris, 

Quatre d'entre elles forment pour le savant conchyliogiste une section spé- 
ciale qui correspond au gevure que M. d'Orbigny a nommé depuis SuLcoguc- 
cinum. Ce sont les B. tiara, Desh. (Atlas, pl. LX VII, fig. 1), fissuratum, id. 
(id., fig. 2 et 3), et semiscostatum, id., des terrains tertiaires inférieurs de 
Bracheux, etc., et le B. obtusum, Desh., qui se trouve à la fois à Cuise-la- 
Motte et dans le calcaire grossier. . 

Une de ces espèces, le B. patulum, Desh., des grès marins supérieurs du 
Valmondois (Atlas, pl. LXVIL, fig. 4), est remarquable par sa bouche très 
ouverte. Il rappelle sous ce point de vue certaines espèces vivantes qui ont 
été groupées sous le nom de BuzciA, Gray ; il est cependant plus court que la 
plupart des espèces vivantes, 

Les autres sont de vrais buccins. Mais ils varient encore singulièrement 
par leurs formes et ne paraissent guère faire partie d'un genre bien naturel. 
Le B. stromboïde, Lam., en particulier (Atlas, pl. LX VI, fig. 30), est re- 
marquable par sa longue ouverture. 11 se trouve dans les terrains inférieurs 
de Cuise-la-Motte et dans le calcaire grossier. 

Le B. ambiguum, Desh., et le B. ovatum, id., appartiennent aux terrains 
tertiaires inférieurs. 

Où trouve dans le calcaire grossier, outre les espèces indiquées ci-dessus, 
les B, bistriatum, Lamk, striatulum, id., intermedium, id., et decus- 
satum, id. (Atlas, pl. LXVI, fig. 29). 

Il faut ajouter aux espèces des grès marins supérieurs les B. fusiforme, 
Desh., et truncatum, id., et une espèce voisine du B. Andrei, Basterot (B. sub 
Andrei, d'Orb.) 

M. Melleville (2) a décrit trois espèces des sables inféricurs. Son B. arena- 
rium, Mell., appartient au groupe des Buczra. Les B. granulosum, Mell., et 
bicorona, 1d., ont les formes des vrais buccins. 

M. AI. Brongniart a décrit ($) une espèce des terrains nummiulitiques de 
Ronca, qui a les caractères du groupe des Nasses (N. caronis, Brongn.). 

Le terrain tertiaire (éocène ?) de Westeregeln renferme, suivant M. Phi- 
lippi (+), les B. bullatum, Phil., subcoronatum, id., etc. 


Les espèces augmentent beaucoup de nombre dans les terrains 
miocènes et pliocènes, et le type des nasses, rare dans les épo- 
quesantérieures, y prend en particulier un grand développement. 


M. Nyst (?) fait connaître les B. Gossardiüi, N., et suturosum, id., du ter- 
rain tongrien de Belgique, et décrit dix espèces, dont uné seule nouvelle 
(B. crassum, Nyst), dans Je système campinien du même pays. 


(1) Coq. foss. Par., t. IL, p. 644, pl. 86, 87, 88, 94 et 94 bis. 

(2) Sables tert. inf. (Ann. sc. géol., 4843, p. T2, pl. 10, fig. 1 à 5). 
(3) Vicentin, p. 64, pl. 3, fig. 10. 

(#) Palæontographica, t. I, p. 76, pl. 10. 

(5) Cog. et pol. foss. de Belg., p. 568, pl. 43 à 45. 


256 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


Les espèces du bassin de Bordeaux, dont la connaissance est principalement 
due à MM. Basterot et Grateloup (!}, sont très abondantes. Ce dernier auteur 
figure le B. costellatum, Grat. (Nassa), des calcaires inférieurs, une dizaine 
d'espèces (Buccinum cet Nassa) des faluns bleus, et près de vingt des faluns 
jaunes. 

Dans les terrains miocènes du Piémont, M. Michelotti (2) compte vingt-trois 
espèces, dont un seul buccin proprement dit (B. parvulum, Mich.), et vingt 
et une nasses. 

Les terrains pliocènes (#) du même pays renferment, outre un certain 
nombre d'espèces qui passent des terrains miocènes, une douzaine d'espèces 
(principalement des nasses) propres à ces terrains, ou vivant encore dans les 
mers actuelles. 

M. Hürnes (4) compte vingt-deux espèces dans Ie bassin de Vicnne. Il réunit 
les buccins et les nasses, et ne décrit que quatre espèces nouvelles (B. Grate- 
toupi, Hôrnes, signatum, Partsch, badense, id., echinatum, Hôürnes). 

M. Smith (5) en a décrit quatre espèces des dépôts miocènes du bassin du Tage. 

Le crag d'Angleterre renferme, suivant M. Wood (5), dix nasses et deux 
buccins (N. labiosa, Sow., granulata, id, propinqua, id., elegans, Leathes, 
consociata, Wood, monensis, Forbes, reticosa, Sow., B. Dalei, Sow., ste.) 

Il faut ajouter (7) quelques espèces décrites par M. Dujardin (Buce.contortum, 
elegans, graniferum, etc., des faluns de la Touraine); et par M. d'Orbigny, 
dans le voyage de M. Hommaire de Hell (B. Donichinæ, Davelianum, Ver- 
neuilli, etc.), ete. 

J'ai fait figurer dans l'Atlas (pl. LX VI) deux des espèces les plus caractéris- 
tiques de ces terrains miocènes et pliocènes, savoir : fig. 27, le Buccinanops 
eburnoides, d'Orb. (Eburna spirata, Sow., etc.) , et, fig. 28, la Nassa pris- 
matica, Brocchi. 


Les Vis (Terebra, Lamk, Subula, Blainv.}, — Atlas, pl. LXVIL, 
fig. 5 à 7, 

se distinguent de tous les genres précédents par leur coquille al- 

longée, turriculée, très pointue au sommet, et dont la bouche est 

plusieurs fois plus courte que la spire. Cette bouche est échancrée 

en avant, et la columelle est torse ou oblique. L'opercule est 

corné, ovale, onguiculé et formé d'éléments imbriqués. 


(1) Conch. foss. Adour, t. 1, pl. 36, et Act. Soc. Bord., 1833, t. VI, p. 207. 

(2) Descr. foss. mioc. Tlal. sept., p. 203, pl. 7, 12, 13 et 17. 

(3) Sismonda, Synopsis, p. 28. 

(4) Foss. Moll. tert. Beckens von Wien, n° 3, p. 136, pl. 12 et 13. 

(5) Quart. journ. geol. Soc., 1847, t. HI, p. 421. 

(6) Moll. from the crag (Palæont. Soc. 1848, p. 27 pl. IT et VIN; Sowerby, 
Min. conch., pl, 110, 477 et 486. 

(?) Dujardin, Mém. Soc. géol., 1837, t. I, p. 298, pl. 20; d'Orbigny, 
Voyage de M. Hommaire de Hell, pl. 3 et 4, etc. 


BUCCINIDES, 257 


L'animal présente de grands rapports avec celui des buccins, 
sauf quelques caractères qui justifient suffisamment leur sépara- 
tion générique. 

Les vis paraissent manquer complétement aux terrains de l’é- 
poque primaire et de l’époque secondaire. 


Sowerby (1!) a indiqué sous le nom de T. coronata, Sow., une espèce du 
terrain crétacé supérieur de Gosau. M, d'Orbigny a montré avec raison 
qu'elle appartient au genre des cérites (C. pseudocoronatum, d’'Orb.). 


Elles ne sont pas nombreuses dans les terrains tertiaires 
éocènes. 


M. d'Orbigny (2?) cite une T', nereis, d'Orbigny, trouvée dans les terrains 
tertiaires inférieurs de Cuise-la-Motte. 

On trouve dans le calcaire grossier de Grignon la Terebra plicatula, 
Lamk ($) (Atlas, pl, LXVIL fig. 5). 


Elles augmentent de nombre dans les terrains miocènes et plio- 
cènes. 


M. Hôrnes () admet quatorze espèces connues dans cette période, 
M. Deshayes porte ce nombre à trente-deux (y compris l'espèce éocène). Les 
plus connues et les plus caractéristiques sont : la T. fuscata, Brocchi (Atlas, 
pl. LXVIL, fig. 6), espèce lisse, répandue dans tous les dépôts miocènes et 
pliocènes d'Europe; la T. pertusa, Bast. (Atlas, pl. LXVIL fig. 7); la T. Bas- 
teroti, Nyst, etc. 

Ces espèces sont répandues dans les divers dépôts connus. Le bassin de 
Vienne en renferme huit. Le bassin de la Gironde (°) a fourni la T. melaniana, 
Grat., la T. bistriala, id., et la T. acuminata, id., des faluns bleus; cinq 
espèces des faluns jaunes, et trois qui se trouvent à la fois dans les uns et 
dans les autres (T. murina, Bast., ete). 

(M. Michelotti (6) indique quatre espèces dans les terrains miocènes du 
Piémont, dont deux nouvelles, T. neglecta, Mich., et tesselata, id, 


(1) Sowerby, Trans. geot. Soc., t. III, pl. 39; d'Orbigny, Prodrome, t. IT, 
p. 231; Zekeli, Gaslér. Gosau, pl. 16. 

(2) Prodrome, t. Il, p. 320. 

(3) Deshayes, Cog. foss. Par., t. Il, p. 658, pl. 87, fig. 25 et 26. 

() Foss. Moll. tert. Beck. von Wien, n° 3, p. 125, pl. 11. 

(5) Grateloup, Conch. foss. Adour, pl. 35, et Act, Soc. linn., 1833, VI, 
p. 281 ; Basterot, Cog. foss. Bordeaux. 

(6) Desc. foss, mioc, Ital, sept., p. 244, pl. 17. 

INT, 17 


258 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


Les terrains pliocènes du même pays renferment en outre (1) quelques 
espèces qui vivent encore (T. flammea, Lamk, strigilata, id. ). 

M. Wood (2) cite, dans le crag d'Angleterre, les T. inversa, Nyst, et canalis, 
Wood. 

On trouve, dans le terrain tertiaire de Sternberg (3), les T. pusilla, Karsten, 
et Karsleni, id. 


Les vis ont aussi été trouvées en Amérique et dans l'Inde. 


La T. minuta, Nyst et Galeotti (4), de Tehuacan, au Mexique, est un 
cérite. 

Quelques espèces des terrains tertiaires de l'Amérique septentrionale sont 
décrites par MM. Lea et Conrad (5), et d’autres, de Saint-Domingue et du 
Chili, par M. Sowerby. 

La T. reticulata, Sow. (6), se trouve dans les terrains tertiaires nummuli- 
tiques de la province de Cutch (Indes Orientales). 


Les CÉRITES (Certéhium, Adanson), — Atlas, pl. LXVH, 
fig. 8 à 14, 


ont, comme le genre précédent, une coquille turriculée et allon- 
gée, mais leur bouche oblongue et oblique est terminée en avant 
par un Canal court, tronqué ou recourbé, et en arrière par une 
gouttière plus ou moins marquée. Le labre est souvent épaissi, si- 
nueux et très projeté en avant à sa partie antérieure. L'opercule 
est petit, corné, circulaire, à tours très rapprochés, ou ovale, à 
tours laches. 

Ce genre, très naturel, a été subdivisé par quelques auteurs. 
Il est impossible d'admettre les genres Pirayi et TELESCOPIUM, de 
Montfort, qui ne difièrent suffisamment des vraies cérites ni par 
la coquille, ni par l'animal. Les Poramines, de M. Brongniart, 
dont le canal très court est presque remplacé par une simple 
échancrure, et dont le labre se dilate fortement avec l’âge, for- 
ment une division peut-être meilleure, parce que la plupart des 
espèces vivent plutôt dans les eaux saumâtres que dans la mer. 


{f) Sismonda, Synopsis, p. 27. 

(2) Moll. from the crag (Palæont. Soc., 1848, p. 25, pl. 4). 

(3) Karsten, Sternberg. Verslein., p. 31. 

(4) Bull. Acad. Bruxelles, 1840, p. 217. 

(5) Journ. Ac. Philad., VI, p.226, VIE, p. 156, etc.; Sowerby dans Darwin, 
Voyage, et Quart. journ. geol. Soc., 1850, t. VI, p. 47. 

(6) Madras journal, 1840, t. Il, p. 367; Trans. geol. Soc. , 2° série, 
t. LI, etc, 


BUCCINIDES. 259 


Mais ces coquilles se lient d'une manière si insensible avec les 
véritables cérites, qu'il est impossible d'établir des limites entre 
ces deux genres. 

On a cru pendant longtemps que les cérites étaient exclusive- 
ment caractéristiques des terrains tertiaires et de l’époque ac- 
tuelle, et l’on s’est quelquefois basé sur cette opinion pour rap- 
porter à l'époque tertiaire des terrains plus anciens. Depuis lors 
on à reconnu que ces mollusques ont vécu dans plusieurs époques 
géologiques. Ce fait montre combien il est imprudent, dans l'état 
actuel de la science, de chercher à déterminer les terrains par des 
considérations tirées de la distribution des genres. Ce problème 
important de la géologie ne peut être résolu que par l'étude bien 
faite des espèces. 

On ne connaît encore aucune espèce cerlaine (!) de l'époque 
primaire. 

Les schistes de Saint-Cassian sont les terrains les plus anciens 
dans lesquels on en ait rencontré. 


Le comte de Münster (2) en a décrit quatre espèces, et M. Klipstein neuf; 
il faut y ajouter plusieurs turritelles et fusus des mêmes auteurs. 


On en connaît plus de cent vingt espèces des terrains jurassi- 
ques. 


Elles ont principalement été décrites (>) par M. Eudes Deslongchamps et 
M. Goldfuss. Le premier en a fait connaître trente, dont quatorze du lias, 
quatorze de l’oolithe, une des terrains oxfordiens et une de l'argile de Kim- 
meridge. Le second en a décrit trois espèces du lias, huit du Jura brun, et 
deux du terrain corallien. Il faut, comme je l’ai dit plus haut, y ajouter plu- 
sieurs espèces décrites sous le nom de turritelles. 

M. d'Orbigny (4) en a indiqué plusieurs qu’il décrira plus tard dans la 
Paléontologie française. 

M. d’Archiac (5) a fait connaître sept espèces nouvelles de la grande oolithe 


(1) Il faut, en effet, rayer des catalogues quelques espèces rapportées à 
tort à ce genre, telles que le C. antiquum, Stein., qui est une MurGmson1A, etc, 
Le C. parvulum , Kon. (Anim. foss. de Belgique, p. 493), est une CaEmnrrzrA. 

(2) Münster, Beitr. zur Petref., t. IV, p. 122; Klipstein, Geol. des oestl. 
Alpen, p. 180 ; d'Orbigny, Prodrome, t. I, p. 196. 

(3) Eudes Deslongchamps, Mém. Soc. linn. Normandie, t. VIE, p. 192; 
Goldfuss, Petref. Germ., t. HI, p. 31. 

() Prodrome, t.1, p. 215, 231, 250, 271, et t. Il, p. 11, 46, 

(5) Mém, Soc, géol,, 1843, t. V, p. 383, pl. 31, 


260 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


du bois d'Eparey. Le C. Brongniarti, d'Arch., est figuré dans l'Atlas, pl. 
LXVIT, fig. 8. 

M. Buvignier (i) a décrit le C. prismoideum, Buvignier, du terrain oxfor- 
dien de Neuvizi, treize espèces du terrain corallien de Saint-Mihiel, trois du 
calcaire à astartes, et treize du terrain portlandien. 

MM. Morris et Lycett (?)ont fait connaître le C. gemmatum, et le C. Beanii 
de ja grande oolithe du Yorkshire. 

Le C. Syssolæ, Keyserling (), provient du terrain oxfordien de Russie. 

On peut ajouter quelques espèces décrites par Roëmer (4) (C.limæforme, ete.). 


Les espèces se continuent nombreuses dans les terrains créta- 
cés. On en connait à peu près autant que des terrains jurassiques. 
Plusieurs appartiennent aux terrains néocomiens et apliens. 


M. d'Orbigny (°) a décrit onze espèces du terrain néocomien inférieur, 
une du terrain urgonien, et quatre des dépôts aptiens. Le C. aptiense, d'Orb., 
est figuré dans l'Atlas, pl. LXVIT, fig. 9. 

Quelques espèces de ce dernier gisement avaient déjà été décrites par 
M. Ed. Forbes (6) (C. tuberculatum , Forb., turriculatum, id., etc.). 

M. Renevier et moi, avons ajouté (7) les C. Heeri, P. et R., Rochati, id., 
et Reynieri, id., du terrain aptien de la perte du Rhône. 

Le C. disparile, Buvign. (8), provient du terrain néocomien d’Ancerville. 


On en trouve quelques-unes dans Île gault. 


Ces espèces ont été décrites (?) par MM. A. Brongniart (C. excavatum , 
Atlas, pl. LXVII, fig. 10), Deshayes (C. subspinosum et ornatissimum d'Ervy), 
Michelin (C. trimonile), d'Orbigny (huit espèces, dont cinq nouvelles), Pictet 
et Roux (six espèces dont quatre nouvelles); etc. 


Les espèces augmentent dans les craies chloritées et dans les 
terrains crétacés supérieurs. 


(!) Mém. Soc. de Verdun, 1843, p. 2, pl. 6, et Stat. géol. de la Meuse, 
p. 40, pl. 27 à 30. 

(2) Moll. from the great ool. (Pal, Soc., 1850, p. 115 et 112, pl. 15). 

(3) Keyserling, Petchora Land, p. 317, pl. 18. 

() Ootithgeb., p. 141, et Nachtrag., p. 44. 

(5) Pal. fr., T'err. crét., t, 2, p. 351, pl. 227 à 229. 

(6) Quart. journ. geol. Soc., 1844, t. I. 

(7) Paléont. Suisse, Terr. aptien, pl. ÿ. 

(8) Stat. géol. de la Meuse, p. 42, pl. 27. 

() Brongniart, Cuvier, Oss. foss.; Deshayes, Mém. Soc. géol., 1842, t. V, 
pl. 17; Michelin, id., 1838, t. III, pl. 12; d'Orbigny, Pal. fr., Terr. crét., 
t. II, p. 364, pl. 229 et 230; Pictet et Roux, Moll. des grès verts, p. 276, 
pl. 27. 


BUCCINIDES. 261 


M. d'Orbigny (1) a fait connaître par des descriptions ou de simples indi- 
cations neuf espèces des terrains cénomaniens, sept des terrains turoniens, 
et cinq de la craie blanche. 

Les espèces des terrains crétacés d'Allemagne ont été décrites (2) par Gei- 
nitz (C. Bireki, C. Luschilsanum), Roëmer (C. clathratum, C. binodosum), 
Reuss (C. ternatum, C. tessulatum, C. fasciatum), Goldfuss (C. imbricatum, 
C. Decheni, C. Nerei), Jos. Müller (sept espèces d'Aix-la-Chapelle, dont 
quatre nouvelles', ete. 

Les cérites des terrains crétacés supérieurs de Gosau (Tyrol) sont très 


abondants et ont été étudiés (3) par Sowerby, par Goldfuss, et surtout par 
M. Zekeli. Ce dernier en énumère 45 espèces ! 


Les espèces des terrains tertiaires sont en nombre immense, et 
ce genre est un des plus abondants et des plus caractéristiques de 
plusieurs couches de cette époque. La plupart de ces espèces 
sont d'une taille moyenne comme les vivantes. Un certain nombre 
d’entre elles acquièrent des dimensions très considérables et dé- 
passent tous les gastéropodes vivants. Le €. giganteum atteint 
presque deux pieds de longueur. 


Le bassin de Paris est particulièrement riche en cérites. M. Deshayes 
en à décrit cent trente-sept espèces, réparties entre les divers étages, à peu 
près comme suit : trente espèces appartiennent aux terrains éocènes infé- 
rieurs de Cuise-la-Motte, Abbecourt, etc. Deux de ces espèces se retrouvent 
dans le calcaire grossier qui en contient en tout cinquante-six. Les sables 
supérieurs de Valmondois en ont fourni quarante-quatre, dont huit com- 
munes au calcaire grossier. Les autres appartiennent aux dépôts miocènes, et 
j'en parlerai plus bas. Nous avons figuré dans l'Atlas, pl. LXVIT, le C. hexa- 
gonum, Lamk (fig. 11), et le C. cinctum, Lamk (fig. 12), ainsi que le C. 
tricarinatum, Lamk (fig. 13), des terrains éocènes supérieurs d’Erme- 
nonville. 

Il faut ajouter pour les dépôts inférieurs neuf espèces décrites (4) par 
M. Melleville et trouvées à Laon, Chalons, etc. 

Un grand nombre des espèces du bassin de Paris ont été retrouvées dans 


(1) Pal. fr., Terr. crét., t. I, p. 372, pl. 231 et 232, Prodrome, t. IT, 
p. 156. 

(2) Geinitz, Charact., p. 72, et Quadersandst., pl. 10; Roëmer, Nord- 
deutsch. Kreideg., pl. 11; Reuss, Boehm. Kreideg., 1, p. 42, pl. 10; 
Goldfuss, Petr. Germ., t. HT, p. 34, pl. 174; Jos. Müller, Aachen. Kreidef., 
11; pe #8; pl 5et6r etc. 

(3) Goldfuss, Petref. Germ.,t. HT, p. 36, pl. 174; Sowerby, Trans. geol. 
Soc., 2° série, 1831, t. III; Zekeli, Gastér. Gosau, pl. 18 à 24. 

(4) Sabl. tert. inf. (Ann. sc. géol., 1843, p. 61, pl. 7). 


262 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


le terrain nummulitique qui a fourni en outre quelques espèces qui Jui pa- 
raissent propres (f). 

A. Brongniart a décrit onze espèces de Ronca et trois de Castelgomberto, et 
fait connaître en outre le C. diaboli, si commun dans la montagne des Dia- 
blerets, au-dessus de Bex. M. Leymerie a décrit six espèces nouvelles des 
Corbières et de la Montagne noire; M. Bellardi en cite onze espèces des envi- 
rons de Nice, dont huit nouvelles; M. A. Rouault en a fait connaître cinq 
nouvelles des environs de Pau; M. d’Archiac a cité le C. sublamellosum, 
d’Arch., des Pyrénées, et quelques espèces indéterminées, elec. 

Les espèces d'Angleterre ont surtout été décrites par M. Sowerby (2), sous 
les noms génériques de Cerithium et de Potamides. On y retrouve plusieurs 
espèces de Paris et des espèces propres. Elles sont toutefois bien moins nom- 
breuses que dans le bassin de Paris, M. Morris compte seulement cinq cérites 
dans les dépôts éocènes du bassin de Londres et neuf potamides dans les 
dépôts fluviatiles de l'Ile de Wight (parisien supérieur). 


Les cérites se continuent dans les terrains miocènes et pliocènes 
ct y sont encore abondants et variés. 


Lamarek et M. Deshayes (3) ont fait connaître quelques espèces des terrains 
miocènes inférieurs des environs de Versailles. 

M. Matheron (#) en a décrit quelques-unes des mollasses du midi de la 
France (C. Coguandianum, concisum, provinciale, Lauræ). 

M. Nyst (S) cite cinq espèces du terrain tongrien de Belgique, dont trois nou- 
velles (C. Galeotti, Nyst, variculosum, id., et Henckelii, id.). Le système cam- 
pinien lui a fourni deux espèces, dont une nouvelle (C. sinistratum, Nyst). 

Le bassin de la Gironde renferme une assez grande série de cérites qui ont 
été décrits par MM. Basterot et Grateloup (6). Ce dernier auteur en énumère 
cinquante-cinq espèces, dont huit des faluns blancs inférieurs, et dix-neuf des 
faluns bleus (miocène inférieur), dont deux passent aux faluns jaunes ( mio- 
cène supérieur), Ce dernier gisement en renferme une trentaine d'espèces. 

M. Michelotti (7) compte dix-sept espèces de cérites dans les terrains mio- 
cènes du Piémont. Elles ont été décrites par Brocchi, Bellardi, ete., ou par les 
auteurs qui ont étudié d’autres gisemeats où elles se retrouvent; quatre sont 
nouvelles. 


(t) À. Brongniart, Vicentin , p. 67; Leymerie, Mém. Soc. géol., 2° série, 
t. 1, p. 364,.pl.46 ; Bellardi , id., t. IV, pl. 44 et 15; À. Rouault, 44:,t. If, 
p. 478, pl. 16; d’Archiac, id., p, 446, et Hist. des progrès, t. IL, p. 286. 
(2) Sowerby, Min. conch., pl. 127, 188 et 338 à 341; Morris, Catal., 
p. 141 et 159. 

(3) Cog. foss. Par., loc. cit. 

(4) Catalogue méthodique et descriptif des corps organisés fossiles du deépar- 
tement des Bouches-du-Rhône el lieux circonvoisins, Trav. Soc. stat. Mars., 
1843, pl. 40. 

(8) Cog. et pol. foss. Belg., p. 533, pl. 41 et 42. 

(6) Actes dela Soc. linn. Bord., t. V, p. 263, et Conch. foss. Adour, I. 

(7) Descr. foss. mioc. Ital. sept., p 192, pl. 7 ct 16. 


BUCCINIDES. 263 


Les terrains pliocènes du même pays ({) contiennent un petit nombre des 
mêmes espèces, et en outre les C, crenatum, Brocchi (Atlas, pl. LXVIL fig. 14), 
imbricatum, Bon., et perversum, Lamk. 

M. Dujardin a décrit (2) neuf espèces des faluns de la Touraine, dont trois 
nouvelles. 

Les espèces d'Allemagne ont été décrites (3) par Phiippi (C. bitorquatum , 
trilineatum, etc.), Goldfuss (C. lævissimum, etc.), etc. 

Le crag d'Angleterre renferme, suivant M. Wood (#), neuf espèces, dont 
trois nouvelles, les C. cribrarium, Wood, perpulchrum, id., granosum, id. 

Le C. Zeuschneri, Pusch (5), provient de la Pologne. 

M. Dubois de Montpéreux a décrit (6) quelques espèces de Podolie, 

M. d'Orbigny a fait connaître (7) celles que M, Hommaire de Hell a rap- 
portées de son voyage en Bessarabie. 


On à aussi trouvé des cérites en Amérique et dans l'Inde (#). 


MM. Nyst et Galeotti en citent trois espèces dans le terrain crétacé du 
Mexique. Les espèces d'Amérique septentrionale ont été décrites par Conrad, 
Lyell, etc.; celles du Chili et de Saint-Domingue, par Sowerby. 

D’autres ont été indiquées dans les formations tertiaires nummulitiques 
de la province de Cutch (Indes orientales). 


Les TriFores (77iforis, Desh.), — Atlas, pl. LXVIT, fig. 45, 


sont des coquilles fort singulières, caractérisées par une bouche 
presque ronde, par un canal complétement tubuleux comme dans 
certains murex, et enfin parce qu'il y a sur le dos du dernier tour 
une petite ouverture circulaire constante, opposée à l’onverture 
principale. Ces caractères n'ont cependant, lorsqu'on les examine 
de près, qu'une valeur secondaire. Le canal terminal peut facile- 
ment se clore par le développement du labre de manière à former 


(1) Sismonda, Synopsis, p. 27. 

(?) Mém. Soc. géol., 1837, t. IT, p. 287. 

(3) Philippi, Tert. Verstein., p. 23, pl. 4, et Palæont., t. I, p. 63; Goldfuss, 
Petr. Germ., t. UT, pl. 475. 

(#) Moll. from the crag (Pal. Soc., 1848, p. 69, pl. 8). 

(5) Polens Palæont., p. 148. 

(6) Desc. coq. plat. Volhyn., Podol., pl, 2. Voyez à ce sujet les observations 
de M. Deshayes, Bull. Soc. géol., t. 11, p. 223. 

(?) Voyage de M. H. de Hell, p. 467, pl. 4. 

($) Nyst et Galeotti, Bull. Ac. Brux., p. 215; Conrad, Journ. Ac. Phil., 
t. VIL, p. 146, etc.; Lyell, Quart. Journ. geol. Soc., t, 1, p. 432; Sowerby, 
in Darwin, Voyage, et Trans. geol. Soc., 2° série, t. V, etc., et Quart Journ, 
geol. Soc , 1850, t. VE, p. 51. 


264 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


un tube. Cette forme spéciale s’observe dans quelques espèces vi- 
vantes qui font ainsi une transition entre les cérites et les trifo- 
res, et qui ne différent de ces derniers que par l'absence de la 
petite ouverture circulaire opposée à la bouche. 


On en connaît quelques espèces vivantes et une seule fossile 
des terrains tertiaires. 


Le T. plicatus, Desh. (1), a été trouvé dans les tertiaires éocènes supé- 
rieurs du bassin de Paris (grès marins de Valmondois). 


18° Famiice. — VERMÉTIDES. 


Les vermétides (?) diffèrent de toutes les familles précédentes 
par l'enroulement irrégulier de leur coquille, qui est en forme 
d’hélice et libre dans le jeune àge, et qui se fixe ensuite, en s’en- 
tortillant en une masse quelquefois considérable, formée de plu- 
sieurs individus réunis en groupe. L’opercule est rond, corné et 
spiral. Les animaux sont caractérisés par un pied devenu inutile, 
puisqu'il ne peut pas être employé à la locomotion. Ils sont, du 
reste, de véritables gastéropodes par l’ensemble de leurs caractères. 

Les coquilles de cette famille sont quelquefois faciles à confon- 
dre avec les tubes que sécrètent certaines annélides, et en parti- 
culier avec ceux des serpules. La véritable différence est dans 
les formes de l'animal. J’indiquerai, en donnant les caractères des 
genres, la manière de distinguer les coquilles. 

Quelques espèces aussi conservent longtemps un enroulement 
régulier et sont difficiles à distinguer des turritelles. Ces cas 
sont cependant rares et la régularité n'est presque Jamais assez 
parfaite pour laisser une incertitude sérieuse. 

Les vermétides ne sont pas antérieurs aux terrains crétacés ; et 


(ONCogoss Par AL tp:2429; pl. 71 fie. 18) aMTe 

(2) Dans la première édition de cet ouvrage, j’ai réuni aux vermélides les 
Macizus, Montfort, et les Lerroconcaus, Rüppel. Je suis plus disposé actuel- 
lement à admettre l'opinion de M. Deshayes, qui rapproche ces genres des 
pourpres. Je n’ai pas du reste à discuter ici cette question, car on ne connaît 
aucune espèce fossile que l’on puisse attribuer à l'un ou à l’autre. Les préten- 
dus magiles (M. antiquus, Grat., planaxoides, id.), des terrains miocènes de 
Dax, paraissent en particulier être de véritables pourpres, 

Le genre Campycorus, Guettard, comprend à la fois des vermets, des 
siliquaires et des magiles. Il ne peut pas être conservé. 


VERMÉTIDES. 265 


même ils sont seulement représentés dans les dépôts de cette pé- 
riode par quelques espèces de vermets que leur enroulement ré- 
gulier rend douteuses. Ils se trouvent assez fréquemment dans 
les terrains tertiaires et présentent leur maximum de développe 
ment dans les mers actuelles. 


Les VERMETS {Vermetus, Adanson), — Atlas, pl. LXVIT, 
fig. 16 à 18, 


ont une coquille tubuleuse, sonvent régulière et turriculée dans 
le jeune âge, quelquefois irrégulière et horizontale, et presque 
toujours fixée et irrégulièrement contournée dans l’âge adulte. 
L'animal ressemble à celui des turbos, avec toutefois quelques 
différences de détail. 

Les coquilles de ce genre ressemblent beaucoup aux tubes des 
serpules et ne peuvent guère en être distinguées extérieurement. 
On pourra toutefois les reconnaitre en pratiquant une section 
qui permette de voir l'intérieur. Les tubes des serpules sont com- 
plétement libres, tandis que les coquilles des vermets sont cou- 
pées par de petites cloisons intérieures transverses, que forme 
animal à mesure qu’il s'accroît. 

La coquille est fermée par un opercule de forme variée qui a 
fourni à M. Gray des caractères pour l'établissement de six 
groupes. 

Le genre de vermets a été désigné sous divers noms; nous lui 
réunissons ici les VERMICULARIA, Schumacher non Sowerby ; les 
SERPULORBIS, Sassi; les ConcaoserPuLA, Blainv., ete. 

Ces mollusques manquent comme je l'ai dit plus haut aux ter- 
rains Jurassiques (!). 

Leur existence dans les terrains crétacés européens (?) n’est 
justifiée que par deux espèces décrites par M. d'Orbigny. A en 
juger par les figures, ces espèces sont aussi régulièrement enrou- 
lées que les turritelles. [ me paraît difficile de les séparer de ce 
dernier genre, et de trouver des motifs suffisants pour les associer 


(1) Les VermicuzarrA du coral rag et de la grande oolithe, décrites par 
Phillips (V. compressa et nodus), ainsi que les vermets jurassiques figurés 
par Sowerby (Min. conch., pl. 57 et 596), sont des annélides. 

(2) Les prétendus vermets des grès verts d'Angleterre, décrits par Sowerby 


(V. concavus, Sow., 57, umbonatus, id., polygonalis, id., 596), me parais- 
sent être aussi des annélides. 


266 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


aux vermets. Je n'ose toutefois pas hasarder une affirmation, 
n'ayant pas vu les échantillons en nature ; d'autant plus que quel- 
ques espèces vivantes récemment découvertes, présentent à peu 
près les mêmes caractères. 


Ces deux espèces sont (t)le V. Rouyanus, d'Orb. (Atlas, pl. LXVII, fig. 46), 
et le V. albensis, id., du terrain aptien du département de l’Aube, 

Le V, anguis ?, Forbes (2), des terrains crétacés supérieurs de Pondichéry 
paraît aussi douteux. 


On a cru jusqu à ces dernières années, que les vermets man- 
quaient aux terrains terliaires inférieurs (*). Quelques espèces 
ontété découvertes dans les dépôts nummulitiques (f). 


M. d’Archiac en cite des débris indéterminés trouvés à Biarritz. 

M. A. Rouault décrit avec doute deux espèces de Pau. Son V. heæagonus, 
me paraît une serpule, son V. squamosus pourrait bien être un véritable 
vermet. 

M. Bellardi a fait connaître les V. lima, Bell., Genyi, id., et limoides, id., 
de la Palarea, près Nice. Son V. lœvis, id., indiqué par lui-même avec 
doute, ne paraît pas appartenir à ce genre. 


On en cite quelques espèces des terrains tertiaires de l’époque 
miocène et de l’époque pliocène. 


Les V. gigas, Bivona, et triqueter, id. (Atlas, pl. LXVIT, fig. 17), se trou- 
vent fossiles à la fois dans les terrains miocènes et dans les terrains pliocè- 
nes du Piémont, ainsi que dans les terrains quaternaires de Sicile. Ils vivent 
encore dans la Méditerranée (5). 

Les V. subcancellatus, Biv., et glomeratus, id. (Atlas, pl. LXVIL fig. 18), 
espèces également vivantes, ont été trouvées dans les terrains quaternaires 
de Sicile (6). 

Le V. arenarius, Desh. (7), provient des terrains tertiaires de Morée. 

M. Wood (8) a trouvé dans le crag d'Angleterre le V, intortus, Lamk. 


(!) Pal. franç., Terr. crét., t. IL, p. 385, pl. 233, fig. S à 9. 

(2) Trans. geol. Soc., 2° série, t. VII, p. 124, pl. 13, fig. 1. 

(3) Le V. Bognoriensis, Sow., 596, est une serpule. 

(t) D'Archiac, Mém. Soc. géol., 2° série, t. IE, p. 445, et Hist. des pro- 
grès, t. IL, p. 283; A. Rouault, Mém. Soc. géol., 2° série, €. "Ill, pl: 45; 
Bellardi, 1, t. IV, pl. 45, etc. 

($) Bivona, Memoria, p. 9, pl. 2, fig. 1 et 2; Michelotti, Descr. foss. mioc. 
Jtal, sept., p.163; Philippi, Enum. moll. Sic., p. 172. 

() Philippi, loc. ci. 

(?) Exp:d. de Morée, p. 136. 

(8) Mollusca from the crag (Palæont. Soc., 1848, p. 113, pl. 12, fig. 8). 


VERMÉTIDES. 267 


Quelques espèces ont été trouvées dans les terrains tertiaires 
d'Amérique (!). 
M. d'Orbigny place dans ce genre une espèce décrite par M. Lea sous le 


nom de PeraLoconcuus (P. sculpturatus, Lea), de Virginie, et deux serpules 
du même auteur. 


Les Cæcum, Fleming, 


paraissent devoir être rapprochés des vermets et des trochoïdes. 
Ils semblent voisins des derniers par l'organisation de l'animal 
et rappellent les vermets par leur coquille tubulaire. Cette co- 
quille est généralement infléchie, lisse ou annelée, ouverte à son 
extrémité antérieure et fermée en arrière par une cloison arron- 
die. L'opercule est corné et spiral. 

Ce genre a été aussi réuni aux dentales. Il correspond aux 
Brocaus, Brown, aux OponTiNa, Zborwesky, aux ODONTIDIUM, 
Philippi, et aux DenraLtopsis, Clark. 

Les espèces actuelles sont peu nombreuses. On en cite quel- 


ques fossiles de l'époque tertiaire (?). 


M. F. Edwards a trouvé une espèce encore inédite dans les formations 
éocènes d'Hordwell. 

M. Wood en cite quatre espèces dans le crag d'Angleterre dont trois encore 
vivantes, et le €. mamillatum, Wood, spécial au crag corailien. 

M. Philippi a cité l'O. rugulosum, vivant et fossile à Palerme. 


Les SiiquaiRes (Si/iquaria, Bruguière, Tenagoda, Guett., Angui- 
naria, Schumacher, Agathirses, Montfort), — Atlas, pl. LXVIT, 
fig. 19 à 22, 


ressemblent beaucoup aux vermets par le mode de leur enroule- 
ment et la nature de leur coquille, ainsi que par les caractères 
plus importants de l’animal. Elles en différent parce que la co- 
quille a une fente longitudinale, subarticulée, qui règne dans 
toute sa longueur. 

M. d'Orbigny mettant à la fente de la coquille une importance 
plus grande que les autres auteurs, rapproche les siliquaires des 


(*) D'Orbigny, Prodrome, t. INT, p. 47; Lea, Desc. new foss. sch. tert., 
p. 7, pl. 34; Morton, Journ. Ac. Phil., VI, p. 197, etc. 

(2) Voyez surtout pour cegenre, Wood, Moll. from the crag(Palæont. Soc., 
1848, p. 114, pl. 20): Philippi, Enum. moll. Siciliæ, F, p. 102, pl. 6, WH, 
p. 73, elc. 


268 GASTÉROPODES PECTINIBRANCIES. 


pleurotomaires. Les formes de l'animal, étudiées par M. Au- 
douin (1), paraissent prouver leur analogie avec les vermets. 

On n’en connait de fossiles que dans les terrains tertiaires. Les 
espèces vivantes se trouvent dans la Méditerranée et dans les mers 
plus chaudes. 


Quelques espèces sont citées dans les terrains tertiaires infé- 
rICUrS. 


Lamarck (2?) en a fait connaître deux de Grignon, la S. spinosa, Lamk 
(Atlas, pl. LXVIT, fig. 19), la S. lima, id. (id., fig. 20). Ces deux espèces 
ont été retrouvées dans divers gisements du calcaire grossier. La dernière 
caractérise aussi le terrain nummulitique de Nice. 

M. Chenu en a figuré quelques autres, la S. multistriata, Defrance, de 
Marquemont, la S. florina, id., de Néhou (Manche), la S. dubia, id., de 
Grignon, la S. occlusa, Anton., et la S. sulcata, Defr. (Atlas, pl. LXVII, 
fig. 21). Ces deux dernières sont indiquées comme ayant une origine dou- 
teuse. M. d'Orbigny cite la S. dubia, comme se trouvant à Ermenonville 
(parisien supérieur); la S. sulcata, comme provenant de gisements contem- 
porains de Monneville, Lierville, ete., ete.; et la S. occlusa, comme décou- 
verte à Parnes et à Mouchy-le-Châtel dans le calcaire grossier. 


Les terrains miocènes et pliocènes en renferment aussi. 


= Lamarck (3) a décrit la S. terebella, de Saint-Clément-de-la-Piaie, près 
d'Angers. 

La S. anguina, Lamk (f), vivante, se trouve dans les terrains miocènes, 
pliocènes et quaternaires d'Italie (Atlas, pl. LXVIL, fig. 22). 


On cite aussi des siliquaires hors d'Europe. 


La $. vitis, Conrad (Clairbornensis, Lea), a été trouvée dans les terrains 
tertiaires inférieurs de l'Amérique septentrionale. La S. Grantü, provient 
des gisements nummeulitiques de la province de Cutch (5). 


(1) Ann, se. nat., 1829, Revue, p. 31, et Dict. classique d’hist. nat., t. XV, 
p. 428. 

(2) Animaux sans vertèbres, 2° édit. revue par Deshayes, Paris, 1338, 
t. Vfp. 585; Chenu, Zlustr. de conch., Siliquaires. 

(3) Animaux sans vertèbres, 2° édit., revue par Deshayes, t. V, p. 584. 

(4) Jd., et Sismonda, Synopsis, p. 26; Philippi, Enum. moll. Sicpil, 
p. 173, etc. 

(5) Madras Journal, 1840, t, II, p. 363; J, de C. Sowerby, Trans. geol- 
Soc, 2°#érie, t, V, etc. 


VERMÉTIDES. 9269 


Les Nisées (Wisea, Marcel de Serres), 


forment un genre dont la place et les véritables rapports sont 
encore tout à fait problématiques. Les fossiles singuliers désignés 
sous ce nom ont été décrits par M. Marcel de Serres (1); ils con- 
sistent en un corps discoïde, plus ou moins héliciforme, quelque- 
fois aplati ou ovalaire, qui se prolonge en deux longs tubes droits. 

M. Marcel de Serres pense que l’on peut comparer ces coquilles 
aux magiles; mais l'existence de deux tubes au lieu d’un, et la 
forme variable de la partie basilaire, rendent ce rapprochement 
douteux, d'autant plus qu’on ne les connaît qu'à l’état de contre- 
empreinte, c'est-à-dire par une matière calcaire qui a rempli la 
cavité de la roche où ils ont dû être contenus. Je n’oserais pas 
même affirmer avec une pleine certitude que ces corps soient des 
mollusques, ni même de véritables animaux. 


M. Marcel de Serres a décrit trois espèces de la craie compacte inférieure 
des environs de Nimes. 


A9 Fame. — CRÉPIDULIDES. 


Les crépidulides sont caractérisées par une coquille patelloïde, 
conique, qui présente peu ou point de traces d’enroulement. La 
bouche est large, régulière dans la jeunesse, mais l'animal ne 
tardant pas à se fixer, les coquilles prennent une forme irrégulière, 
étant influencées par la surface sur laquelle elles vivent. Ce 
dernier caractère les distingue facilement des coquilles de la 
famille suivante, ainsi que de celles des acmées et des patelles. 

Les animaux sont pourvus d’un pied large, arrondi, peu exten- 
sible, et d’un manteau qui entoure la coquille et qui laisse en avant 
une cavité cervicale où se trouve le peigne branchial. La tête et les 
tentacules sont larges, courts et déprimés. Tous les genres qui 
composent cette famille se ressemblent beaucoup par ces carac- 
tères essentiels, et devront peut-être être réunis, sauf le pre- 
mier, celui des cabochons, qui est moins déprimé, qui à des ten- 
tacules plus coniques, et dont la coquille a une attache musculaire 
en fer à cheval. Ces genres d’ailleurs se distinguent facilement par 
la forme de la coquille. 


(1) Ann. sciences nat,, 2° série, Paris, 1840, t. XIV, p. 13, 


270 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


Les crépidulides datent des époques les plus anciennes et se 
retrouvent dans la plupart des terrains; mais elles y sont très 
inégalement distribuées. Le genre des cabochons est leur seul 
représentant dans l’époque primaire et même dans l’époque se- 
condaire, jusqu'après le milieu de la période crétacée. On trouve 
en outre dans les derniers étages de cette période quelques infun- 
dibulum. Les autres genres ne datent que de l’époque tertiaire. 
Aucun d'eux n’a disparu et ils existent tous dans les mers ac- 
tuelles. 


Les CaBocuons (Capulus, Monif., Pileopsis, Lamk, Pilopsis, 
Koenig), — Atlas, pl. LXVIT, fig. 23 à 34, 


ont une coquille qui forme un cône oblique, dont le sommet est 
recourbé en crochet et s’enroule même quelquefois en une petite 
spire. La bouche est arrondie ou ovale ; son bord antérieur est 
beaucoup plus court que l’autre, et elle présente sous son bord 
postérieur une impression musculaire arquée et transverse. 

On à remarqué que quelques espèces se fixent aux corps soli- 
des sous-marins, tantôt en nivelant les inégalités au moyen d’un 
dépôt calcaire (1) qui leur forme un support, tantôt en s'y creusant 
une légère cavité. Ces espèces ont été réunies sous le nom d'Hve- 
PONICES (Aypponix, Defr.). Mais comme rien ne prouve que toutes 
les espèces n'ont pas la même propriété, ce genre doit être réuni 
à celui des cabochons, jusqu'à ce que de nouvelles recherches 
justifient la convenance de leur séparation. Le genre ACROGULIA, 
Phillips (ou Acrocylia), peut encore moins être admis, car il n’est 
fondé que sur une déviation peu importante du crochet du som- 
met qui en même temps est plus enroulé. Le nom de Picropsis, 
de Lamarck, étant postérieur et identique avec celui de CaruLus 
établi par Montfort, ce dernier doit avoir la préférence. 

Il faut réunir encore aux cabochons les AMALTHEA, Schumacher, 
les Acrira, Fischer, les AMATHINA et SABIA, Gray, et les PLATY- 
cERAS, Conrad. Ces mêmes mollusques avaient été plus ancien- 
nement désignés par Klein, sous les noms de Cochlolepas et Mi- 
{ra ungarica. 

Les cabochons ont apparu dès les époques les plus anciennes 
du globe et se sont continués sans être très nombreux jusqu'au 


(1) Nous avons figuré dans l'Atlas (pl. LXVIL, fig. 23) une espèce vivante 
avec son support testacé, le C, radiatus, Quoy et Gaimard, 


CRÉPIDULIDES. 271 


terrain tertiaire et à l'époque moderne, où ils ont atteint leur 
maximum de développement. 

Les espèces de l’époque primaire ont été décrites sous les noms 
de Pileopsis, Capulus et Acroculia. 

On en connaît déjà dans les terrains siluriens. 


M. Murchison (1) cite une espèce dans les calcaires d’Aymestry (silurien 
supérieur). 1] la rapporte au Capulus vetustus, Sow., du terrain carbonifère, 
dont je parlerai plus bas. L'absence de figure ne permet pas de juger la va- 
lidité de ce rapprochement. 


Les espèces sont plus nombreuses dans le terrain dévonien. 


M. Phillips (?) a décrit l’Acroculia sigmoidalis, du vieux grès rouge de 
Torquay, et une espèce qu'il rapporte, ce me semble à tort, au Capulus ve- 
tustus. Ces deux espèces appartiennent au groupe des capulus à crochet dévié 
et très latéral. 

L'Allemagne a fourni de nombreuses espèces (3). Les unes sont à crochets 
enroulés et latéraux; on peut citer parmi elles : le C. trochleatus, Mün- 
ster, de Schübelhammer (Atlas, pl. LXVIT, fig. 24), le C. Brauni et le 
C. substriatus, id., du même gisement, le C. compressus, Goldf., et le C. li- 
neatus, id., de l’Eifel, les P.contortus, Roemer, et ornatus, id., du Harz, etc. 

On peut citer aussi le P, prisca, Goldf., remarquable par des ouvertures 
tubulaires qui rappellent un peu les haliotides (Atlas, pl. LXVII, fig. 25). 

Les autres ont les crochets peu déviés et peu arqués. Ce sont les C. mono- 
plectus, Münster, de Schübelhammer, Zinkeni, Roemer, du Hartz, trigona, 
Goldf., de l’Eifel (Atlas, pl. LXVIT, fig. 26), psittacinus, Sandberger, 
du duché de Nassau (Atlas, pl. LXVII, fig. 27), etc. 


Les terrains carbonifères sont moins riches en capulus que les 
dévoniens. 


L'espèce la plus répandue (#) est le Capulus vetustus, Kon, Pileopsis ve- 
tusta, Sow., P. trilobus, Phil., espèce de forme variable, plus ou moins on- 
dulée et dont les côtés, plus ou moins sinueux, rappellent un peu les carac- 
tères du genre brocchia , sauf que la sinuosité est sensiblement symétrique 
des deux côtés (Atlas, pl. LXVIL fig. 28 et 29). 


(!) Silurian system, p. 616 et 707. 

(2) Palæoz. foss. of Devon., pl. 36, fig. 169 et 170. 

(3) Münster, Beitr. zur Petref., t. I, p. 82, pl. 14, et t. V, p. 121, 
pl. 10; Goldfuss, Petref. Germ., t, LT, pl. 167 et 168 ; Roemer, Palæon- 
tographica, t. UE, pl. 15 et Harzgebirge, pl, 7; d’Archiac et de Verneuil, 
Trans, of the geol. Soc., 2° série, t. VI, pl. 34; G. et F. Sandberger, Verst. 
Rein. schicht. Syst., Nassau, pl. 26, fig. 17 et 18. 

(£) De Kouiuck, Cog. et pol. foss. Belgique, pl. 22, fig. 7, er pl. 23 bis, fig. 2; 
Sowerby, Min. conch., pl. 607 ; Phillips, Geo!, of Yorkshire, pl. 14, ete, 


972 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


ll faut ajouter ({) le P. neritoides, Phil., de Belgique et d'Angleterre à bords 
un peu sinueux ; le P. tubifer, Sow., d'Angleterre, remarquable par ses trous 
tubuleux et l’Actita Munsteriana, Fischer, de Moscou. 


Les terrains inférieurs de l’époque secondaire en renferment 
peu. 


On cite (2?) dans le muschelkalk, le C. Hartlebeni, Dunker (Atlas, 
pl. LXVIL, fig. 30), et le C. mitratus, Goldf. 

Le terrain saliférien de Saint-Cassian (3) a fourni le C. pustulosus, Münster. 

Le C. Munsteri, Philippi (neritoides, Münster non Phill.), paraît trop ré- 
gulier pour un capulus, et est probablement un sigaret, comme le pense 
M. d'Orbigny. 


Le lias est le seul terrain jurassique dans lequel on en ait cité. 
Il paraît en renfermer deux espèces (1). 


Le P. reticulatus, Goldfuss, du lias de Bamberg et de Banz, a le crochet la- 
téral et enroulé. C’est une stomatia pour M. d'Orbigny. 
Le P, rugosus, Goldfuss, du lias d’Amberg, est patelloïde. 


Les terrains crétacés n’en contiennent que dans leurs étages 
supérieurs. 


Le C. elongatus, Goldf. (5), a été trouvé à Essen. 

Le C. arquatus, Goldf., de l’Appenzell, me paraît être une valve de Ca- 
protine. 

M. J. Müller (6) a décrit les C. caprinifer, miliaris (Atlas, pl. LXVIT, 
fig. 31), et Troscheli, de la craie supérieure de Vaels. 

M. d'Orbigny (7) parle de deux espèces inédites du terrain danien de la 
Falaise, etc. 


Ces mollusques augmentent de nombre dans l’époque tertiaire. 


On trouve dans les dépôts éocènes du bassin de Paris, neuf espèces décrites 
par M. Deshayes ($). La plupart appartiennent au calcaire grossier. Ce sont 


() Koninck, loc. cit., pl. 23 bis, fig. 4 ; Sowerby, Min. conch., pl. 607; 
Fischer de Waldheim, Bull. Soc. Moscou, 1844, t. XVII, p. 802, pl. 19. 

(2) Dunker, Palæontographica, X, p. 334, pl. 42; Goldfuss, dans Wieg- 
mann's Archiv, 1837, t. L, p. 147, pl. 8. 

(3) Münster, Beitr. zur Petref., t. IV, pl. 9, fig. 13 et 14. 

(#) Goldfuss, Petref. Germ., t. I, pl. 168, fig. 8 et 9. 

(5) Goldfuss, Idem, pl. 168, fig. 13. 

(6) Monog., Petref. Aachen. Kreidef., H, p. 50, pl. 6, fig. 9 à 11. 

(7) Prodrome, t. IL, p. 292. 

(8) Cog. foss. Par, t. 11, p. 23; M. d'Orbigny, Prodrome, t. I, p. 370, 
dit que le P, opercularis n’est qu'une variété du squamæformis. 


CRÉPIDULIDES. 978 


les P. squamæformis (Lamk\, Desh., opercularis, id., elegans, id. (Atlas, 
pl. LXVIL, fig. 32), relortella, id., spirirostris (Lamk), Desh., cornucopie, 
id. (Atlas, pl. LXVIT, fig. 33), dilatata, id., pennata, id. Une caractérise les 
dépôts parisiens supérieurs, le P. palelloides, Desh.. 

Il faut ajouter le P. lævigatus, Melleville (1), des dépôts tertiaires inférieurs 
du département de la Marne. 

Le P. variabilis, Galeotti (2), provient des terrains éocènes de la Belgique. 


On en cite aussi plusieurs espèces dans les terrains miocènes ct 
pliocènes. 


M. de Basterot, et M. Grateloup (3) en particulier, en ont fait connaître 
plusieurs des faluns du sud-ouest de la France. 

Le P. ancyliformis, Grat., caractérise les faluns bleus. 

Les P. granulosa, Grat., elegans, id. (subelegans, d'Orb.), aquensis, Grat., 
et bistriala, id., ont été trouvés dans les faluns jaunes. 

Les terrains miocènes du Piémont (4) ont fourni le P. favariella, Gené, 
les P, neglecta, Michelotti, et Bredai, id., et les Hipponiæ sulcata, Borson 
(Atlas, pl. LXVIT, fig. 34), et interrupta, Michelotti. 

Le P. ungarica, Lamk, vivant, est cité dans les terrains de l’Astésan, dans 
e crag d'Angleterre et dans quelques gisements d'Allemagne. 

Ces mêmes dépôts tertiaires pliocènes de l'Astésan renferment, suivant 
M. E. Sismonda (5), les P. glabrata, Bon., pedemontana, id., et sulcosa, 
Desh. 

Le crag d'Angleterre a fourni, suivant M. Wood (6), outre le C. ungari- 
eus (crag rouge ct crag corallien), le C. mülitaris, Montf. (id.), encore vivant, 
le C.obliquus, Wood (crag rouge), ct le C. fallax, id. (crag corallien). 

On en cite aussi des terrains tertiaires de l'Amérique septentrionale (7) 
(C. lugubris, Conrad, C. pygmæus, Lea, ete.). 


Les Broccata, Bronn, — Atlas, pl. LXVIIL, fig. 4 et 2, 


ont, comme les cabochons, une coquille irrégulièrement conique, 
marquée en dedans d’une impression musculaire et à sommet un 
peu courbé en spirale; mais le bord gauche est incisé par un fort 


({) Sables tert. inf. (Ann. sc. géol., p. 45, pl. 5). 

(2) Mém. const. géol., pl. 3; Nyst, Coq. et pol. foss. Belgique, p. 356, 
pl. 35. 

(3) Basterot, Cog. foss. Bord.; Grateloup, Conch. foss. de l'Adour, t.1 
PEL. 

(4) Gené, Dénominations inédites du Musée de Turin; Michelotti, Descr. 
foss. mioc. Ital. sept., p. 136, pl. 5 et 16. 

(5) Synopsis, p. 26. 

(6) Moll. from the crag(Palæont. Soc. 1848, p. 154, pl. 17). 

(7) Conrad, Journ. Acad. Phil., t. VIE p. 143 ; Lea, Descr. foss. tert., etc. 

I, 18 


’ 


97h GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


sinus, et l’on remarque, entre ce sinus et le bord antérieur, des 
plis qui remontent vers le sommet. 

Quelques auteurs considèrent ces caractères comme insuffisants 
pour justifier l'établissement d’un genre. I me paraît toutefois 
probable que l’irrégularité de la coquille, qui provient d'une dif- 
férence constante entre le bord droit et le gauche, doit se lier 
avec une modification organique de quelque importance. 

Nous avons vu plus haut des cabochons à bords échancrés et 
sinueux, mais dans ces espèces les deux bords se comportent de 
même sous ce point de vue. 

On en connaît deux espèces fossiles des terrains tertiaires. 


La B. sinuosa, Broun (1) 'Patella sinuosa, Brocchi), provient des terrains plio- 
cènes et quaternaires; la B. lœvis, Bronn (Pileopsis dispar, Bon.), se trouve 
à la fois dans les terrains miocènes et dans les terrains pliocènes, Elles sont 
figurées toutes deux dans la planche LXVIIT de l’atlas, la B. sinuosa à la 
figure 1, et la B. lœvis à la figure 2. 


Les SPIRICELLES (Spiricella, Rang), — Atlas, pl. LXVIH, 
fig. 3, 


forment un genre éteint dont les rapports sont encore douteux, et 
qui diffère des cabochons parce que la bouche, extrêmement 
dilatée, forme une vaste surface oblongue, et parce que le sommet 
est contourné horizontalement. I serait possible que cette coquille 
eût abrité un animal d'une forme assez différente de celui des 
cabochons, et il est difficile d’avoir à cet égard des idées pré- 
cises. 

M. Rang (2) aétabli ce genre pour une petite coquille fossile trouvée dans 
les terrains miocènes de Mérignac (S. unguiculus, Rang). 


Les DisroTEa, Say (Calypeopsis, Lesson, Picatillus, Swainson), 
— Atlas, pl. LXVIT, fig. 4, 


ont des coquilles patelloïdes, semblables à celles des cabochons 
par leur contour peu régulier, mais à sommet conique et non re- 
courbé. Elles en diffèrent surtout par la présence d’une lame in- 
terne qui forme un cornet ou cône appuyé contre le côté droit et 
dont le sommet est placé sur celui de la coquille elle-même. 


(1) Bronn, Jtal, tert. Geb., p. 7 et8, pl. 3; Brocchi, Conch. subap., 
p. 257, pl. 4, fig. 1; E. Sismonda, Synopsis, p. 26. 
(2) Bull. Soc. linn. Bordeaux, 23 déc. 1828, t. Il, p. 3. 


CRÉPIDULIDES. 275 


Ce genre a été établi eu 1824, par Say, sous le nom de Dispo- 
TEA ; Lesson, en 1830, l’a désigné sous le nom de CaLvP£opsis, et 
Swainson, en 1840, sous celui de BiCATILLUS. 

Je ne pense pas que l’on puisse en séparer les CRUuCIBULUM, 
Schumacher, qui n'en diffèrent que par la forme du cornet, qui 
est plus resserré et qui à une cavité interne et étroite. Ces 
coquilles sont les mêmes que les SipnopareLLa, Lesson, et les 
Biconia, Swainson. 

Les dispotea sont aujourd'hui des coquilles des mers chaudes 
de l'Amérique et de l'Inde. 

On n’en connaît à l’état fossile que quelques espèces des ter- 
rains tertiaires miocènes de l'Amérique septentrionale. 


J'ai fait figurer dans l’Atlas une espèce que j'ai reçue d'Amérique, sous le 
nom de Calyptræa costata, Conrad; c’est une véritable dispotea. 

On cite en outre les D. constricta, Conrad (1), dumosa, id., mullilineata, 
id., grandis, id., ete. 


Les CaLzyPTRÉES (Calyptræa, Lamk), — Atlas, pl. LXVIT, 
fig. 5 et 6, 


ont une coquille de même forme que les dispotea, et une lame 
également fixée au côté interne de leur sommet ; mais cette lame 
ne forme qu'un demi-cornet, elle représente la moitié d'un cône 
qui aurait été coupé par un plan passant par son axe et par son 
sommet (?). 

M. Cuming a observé que, dans quelques espèces au moins, l’a- 
nimal sécrète par son pied un support caleaire semblable à celui 
de quelques cabochons. 

Ce genre est le même que les MirruLaRIA, Schumacher, et les 
Cemoria, Risso. Il comprend les CazyprriA et les LirmEDAPaus de 
M. Owen. 

Il est représenté dans les mers actuelles par quelques espèces 
qui sont cantonnées sur les côtes rocailleuses des régions chaudes. 
Il est très rare à l'état fossile, et la plupart des espèces qui lui ont 
été attribuées doivent être transportées dans celui des enton 


(1) Journ. Acad. Phil., t. VII, 2° partie, p. 487, t. XLI, p. 343, etc. 

(?) J'ai fait figurer dans l'Atlas, pl. LXVIIL, fig, 5, la C. equestris, Lin., 
vivante, pour faire comprendre les caractères du genre ; aucune espèce fossile 
à moi counue ne les présente clairement. 


976 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


noirs. Lamarck réunissait en un seul genre CazvrTeæa toutes les 
coquilles de cette famille qui ont une lame interne. Les paléon- 
tologistes, en suivant cette méthode, ont cité un grand nombre 
de calyptrées fossiles qui ne peuvent plus porter ce nom, mainte- 
nant qu'on ne l’attribue qu'aux espèces munies d'une lame en 
demi-cornet. 

Je ne connais aucune véritable calyptrée dans les terrains anté- 
rieurs aux dépôts miocènes (1), et même aucune espèce euro- 
péenne décrite n’a complétement les caractères de ce genre. 


La C. deformis, Lamk (2), en particulier, est loin d’en présenter les 
formes essentielles ; car la lame interne s’enroule à peine (Atlas, pl. LXVII, 
fig. 6). Je dirais même, que si on la compare aux autres genres de la famille, 
en supposant que cette lame interne soit le rudiment d’une des lames nor- 
males, on verraqu'ellerappelle plusle type des Dispotea que celui des Calyptrées. 
On peut assez bien la comparer à la partie fixée de l'entonnoir des premières, 
en admettant que le reste de l'entonnoir a disparu, tandis qu’elle ne rappelle 
aucune partie du demi-cornet libre des calyptrées. Elle devra probablement 
former un genre nouveau. Elle se trouve dans les terrains miocènes de Bor- 
deaux. Les autres espèces de ce gisement sont des infundibulum. 

La C. Gualteriana, Gené (3), des terrains miocènes du Piémont, est incom- 
plétement connue et est peut-être un infundibulum. 

M. Michelotti figure extérieurement une C. Tauriniana, Mich., du même 
gisement, mais sans décrire la lame interne. Sa place reste donc douteuse. 

Je ne connais pas la C. pileolus, Lea (4), de Virginie. 


Les EnronnoiRs (/nfundibulum, Montf.), — Atlas, pl. LXVIT, 
fig. 7a140, 


diffèrent des genres précédents par leur coquille sur laquelle on 
distingue ordinairement des traces d’enroulement spiral, et sur- 
tout par la disposition de la lame interne qui est horizontale et 
enroulée, en formant une sorte de plan spiral attaché extérieure- 
ment au pouriour de la coquille et simulant au centre une fausse 
columelle. 


(f) La C. cuspula, Eudes Desl., est un helcion ; les calyptrées du bassin de 
Paris sont des entonnoirs. 

(2) Lamarck, Animaux sans vertèbres, 2° édition, revue par G.-P. Deshayes, 
t. VII, pl. 625; Basterot, Coq. foss. Bord., pl. T1; Grateloup, Conch. foss. 
Adour, 1, pl. 1. 

(3) Gené, Dénom. inédites ; Michelotti, Deser. foss. mioc. Ilal. sept., p. 138. 

(4) Descr. new. foss. tert., p. 22, pl. 35 (teste d'Orbigny, Prodrome, 
t. III, 1p. 92)- 


CRÉPIDULIDES. 974 


Ces coquilles font une sorte de passage aux trochus. Dans quel- 
ques espèces la lame spirale peut se comparer à la face ombili- 
cale des trochus très aplatis, surtout lorsque chez ces derniers 
(Trochus concavus, Gmel., quelques PAorus) les bords dépassent 
cette face ombilicale. 

On peut diviser les infundibulum en deux sections ou sous- 
genres, les INFUNDIBULUM proprement dits où TRrocHiTA, Schuma- 
cher (7rocheletta, Lesson), et les GaLerus, Humphrey (Witella, 
d'Argenville, Zrochilla, Swainson, Sigapatella et Siphopatella, 
Lesson). 

Je les aurais acceptés comme genres distincts, si les auteurs 
étaient plus d'accord sur leurs caractères distinctifs et s'il n’y 
avait pas des transitions entre ces deux groupes. M. Philippi, et 
en général les auteurs allemands, caractérisent le premier par 
l'existence de tours nombreux, visibles extérienrement sur la co- 
quille, tandis qu'on n'en voit aucune trace sur les galerus. Les au- 
teurs anglais font principalement résider la distinction dans 
la forme de la lame spirale qui est plus simple dans les vrais in- 
fundibulum. 

Ce genre est plus nombreux à l’état fossile que les précédents. 

Il paraît dater de la fin de l'époque crétacée. 


M. d'Orbigny (1!) a décrit l'Z. crelaceum de la craie de Royan ( Atlas, pl. 
LXVIN, fig. 7), et indiqué uu /. supracretaceum, du terrain danien de 
Port-Marly. 


On connaît une vingtaine d'espèces de l'époque tertiaire. 
Quelques-unes ont été trouvées dans les terrains éocènes. 


M. Deshayes (2) en éaumère quatre dans le bassin de Paris, sous le nom 
de Calyptrées, savoir : les C. trochiformis, Lamk (Atlas, pl. LXVIHIT, fig. 8), 
lœvigata, Desh., lamella, id., et crepidularis, Lamk (3) (Atlas, pl. LXVII, 
fig. 9). Les deux premières se trouvent à la fois dans le calcaire grossier 
et dans les grès marins supérieurs, Les deux dernières paraissent spéciales 
au premier de ces gisements. 


(1) Pal. franç., Terr.crét., t. 11, p. 390, pl. 234; Prodrome, t. {I, p. 232 
et 292. 

(2) Coq. foss. Par, t. IE, p. 29, pl. 4. 

(5) La C. crepidularis, Lamk, pourrait bien être une crépidule, Elle 
présente une disposition assez anormale de la lame intérieure. 


978 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


M. d'Orbigny (!) indique dans les terrains tertiaires inférieurs de Cuise- 
Jla-Motte une espèce inédite, l'Z. suessoniensis, d'Orb. 

On trouve en Angleterre, dans l'argile de Londres, outre l’Z. trochiforme 
indiqué ci-dessus, l'Z. obliquum , Sowerby (2). 


Elles sont plus abondantes dans les terrains miocènes et plio- 
cènes. 


M. de Basterot et M. Grateloup citent (3) dans le bassin de Bordeaux et de 
Dax sept calyptrées, dont six sont des infundibulum. La C. crassiuscula, 
Grateloup, caractérise les faluns bleus (miocène inférieur). Les C. trochifor- 
mis, Grat. (subtrochiformis, d'Orb.), depressa , Bast., sinensis, Grat. (subsi- 
mensis, d'Orb.), muricala, Basterot, et costaria, Grat., appartiennent aux 
faluns jaunes (miocène supérieur). 

M. Nyst (#) a trouvé deux espèces dans le terrain tongrien de Belgique. Il 
en rapporte une à la C. lœvigala, Desh., des environs de Paris, et nomme 
l’autre C. striatella. Il cite aussi quelques espèces déjà connues dans les ter- 
rains tertiaires supérieurs. 

Les espèces des terrains miocènes du Piémont sont mal connues. J’ai dit 
plus haut, p. 276, que la place des Calyptræa Gualtieriana, Géné, et Tau- 
riniana, Mich., était douteuse. 

On cite (5) dans les terrains pliocènes du même pays, la C. muricata, 
Brocchi, qui vit encore dans la Méditerranée, et qui n'est peut-être pas dis- 
tincte de la C. sinensis. 

Le crag d'Angleterre (rouge et corallien) ne renferme, suivant M. Wood (6), 
qu’une seule espèce, la C. sinensis, Lin. (1. rectum, Sow., C. lœvigata, 
Lamk, Z. rotundum et subsquamosum , Wood, etc.), qui vit actuellement 
dans la Méditerranée et qui se retrouve dans la plupart des terrains ter- 

‘tiaires récents, Nous l'avons figurée dans l'Atlas (pl. LX VII, fig. 10), d’après 
M. Bronn. 

On a trouvé aussi quelques infundibulum dans les terrains tertiaires de 

l'Amérique septentrionale (7). 


Les CRÉpPinuLes (Crepidula, Lamk), — Atlas, pl. LXVIVH, 
fig. 11, 


ont une coquille ovale ou oblongue, plus ou moins déprimée et 


(1) Prodrome, t. IX, p. 320. 

(2) Min. conch., pl. 97. 

(3) Basterot, Cog. fuss. Bord, p. 71; Grateloup, Conch. foss. Adour, E, pl}. 1. 

(f) Cog. et pol. foss. Belgiq., p. 359, pl. 35 et 36. 

(5) Sismonda, Synopsis, p. 26; Brocchi, Conch. subap., pl. 1, fig. 2. 

(6) Mollusca from the crag (Palæont. Soc., 1848, p. 159, pl. 18, fig. 1). 

(*) Conrad, Journ. Acad. Phil., t. VII, p. 143, t. VIIL, p. 186, etc.; Lea, 
Descr. new foss, tert., etc, 


CRÉPIDULIDES. 979 


concave en dessous, La spire est nulle ou peu apparente et le som- 
met situé en arrière; la bouche est en partie fermée par une lame 
horizontale qui en occupe toute la partie postérieure. 

Ce genre correspond aux Creripuzus, Montfort, aux CRypra, 
Gray, aux SanpaLium, Schumacher, aux PROXENULA, Perry, et 
aux LernyaoguLus, Schlüt. Il faut lui réunir les CREPIPATELLA, 
Lesson, les Jaxacus, Mürch, et les ErGxa, Adams, sous-genres 
formés sur de légères modifications dans la forme du bord de la 
lame et dans la position du sommet. 

Ces mollusques vivent aujourd'hui sur les rochers des mers 
chaudes tempérées, et sont même quelquefois parasites d’autres 
coquilles. On ne les trouve fossiles que dans les terrains ter- 
tiaires, et même ils paraissent ne dater (1), au moins en Europe, 
que de l’époque miocène. 


Une espèce très semblable à la C. unguiformis, Lamk, et assimilée par la 
plupart des auteurs à cette espèce vivante (2), et séparée par M. d'Orbigny 
sous le nom de C. unguis, se trouve dans la plupart des dépôts miocènes et 
pliocènes d'Europe (Atlas, pl. LXVIIL, fig. 11). 

La C. cochlear, Basterot (3), a été trouvée près de Bordeaux et en Piémont ? 

La C. spirifera, Bonelli (f), provient du terrain miocène du Piémont. 

La C. mythiloidea, Bell. et Mich. (5), a été découverte dans les terrains 
pliocènes du même pays. i 

Plusieurs espèces sont aussi indiquées dans les terrains tertiaires d’Amé- 
rique (6). 


(t} A moins, comme je l’ai dit plus haut, que la Calyptræa crepidularis, 
Lamk, ne soit une crépidule. En Amérique, M. Conrad indique quelques espèces 
dans les terrains tertiaires inférieurs de l’Alabama. Je ne puis pas considérer 
comme une crépidule la C. cretacea, Müller, Aach. Kreidef., pl. 6, fig. 12, du 
grès vert de Vaels. Sieile est un gastéropode, elle ressemble plus aux stomatia 
qu'aux crépidules; mais je serais disposé à n’y voir qu'une valve de Chama. 

(2) Bronn, LethϾa, p. 1004 ; Basterot, Cog. foss. Bord.; Grateloup, Conch. 
foss. Adour, 1, pl. 1; Sismonda, Synopsis, p. 26, etc. 

(*) Cog. foss. Bord., p. T1, pl. 5, fig. 10. 

(£) E. Sismonda, Syn. meth., p. 25. 

(5) Saggio oritt., p. 74, pl. 8. 

(6) Voyez pour celles de l'Amérique septentrionale, Morton , Journ. Acad, 
Phil.,t, Vi, p.115 ; Conrad, Zdem, t. VAL, pi. 148, et American Journ. of sc., 
t. XXII, p. 339, etc. Pour celles de l'Amérique méridionale, voyez Voyage du 
Beagle, Foss. mam. (2 espèces de Bahia-Bianca ); d'Orbiguy, Voyage, Pa- 
léont., p, 159 (une espèce des terrains quaternaires). 


280 GASTÉROPODES PECTINIBRANCIIES. 


Fame. — FISSURELLIDES. 


Les fissurellides ont une coquille clypéiforme, aplatie, coni- 
que, ou arquée, qui diffère de celle des crépidulides par sa régu- 
larité, par sa forme plus symétrique et parce qu’on n’y voit aucune 
trace de spire. Cette coquille est toujours ou percée au sommet, 
ou échancrée plus ou moins profondément sur son bord antérieur. 
Les animaux ont en avant du manteau une large cavité, qui con- 
tient deux lobes branchiaux ; pectinés, coniques et libres dans 
leur extrémité. 

Cette famille, qui comprend quatre genres vivants, faciles à 
distinguer, paraît dater de l’époque primaire et s’est conservée 
pendant toute l’époque secondaire. Si lon admet, comme je le fais 
ici, l'opinion soutenue par M. de Koninck, qui a pour résultat de 
lui associer les s bellérophons, les cyrtolites, etc., on peut ajouter 
que cette famille a été abondamment représentée dans les pre- 
miers âges du globe. Elle se composerait ainsi de six genres, 
dont deux, spéciaux à l’époque primaire, se sont éteints 
avant la période secondaire, les bellérophons, et les cyrto- 
lites. Parmi les quatre autres, qui se retrouvent au contraire dans 
les mers actuelles, l’un d’eux, les fissurelles, se trouvent des 
l’époque primaire, les émarginules ont vécu pendant toute l’épo- 
que secondaire et l’époque tertiaire, les rimules datent de la fin 
de la période crétacée, et les parmaphores n’ont paru que pendant 
l’époque tertiaire. 


Les PARMAPHORES (Parmaphorus, Blainv.), — Atlas, pl. LXVHI, 
fe, 


ont une coquille oblongue, déprimée, un peu convexe en dessus, 
subrectangulaire, arrondie à ses extrémités, échancrée antérieu- 
rement par un léger sinus. L'animal est volumineux. 

Ces coquilles ne présentent qu'incomplétement les caractères 
que nous avons assignés à la famille. Il faut, pour justifier leur 
classement, envisager la très légère échancrure antérieure comme 
l'analogue de la fente des émarginules. L'animal justifie cette 
manière de voir par ses caractères essentiels. 

Les parmaphores ont été décrits par Montfort, sous les noms 


FISSURELLIDES, 281 


de Pavors et de Scurcs (1), et il serait plus rigoureux de substi- 
tuer le dernier à celui de ParMAPHORES, qui est plus récent. 

Ces mollusques, peu nombreux en espèces, habitent aujourd’hui 
les mers chaudes. Leur existence à l’état fossile ne paraît pas très 
ancienne. Je ne crois pas en effet que les espèces des terrains ter- 
tiaires anciens qui ont été décrites sous le nom de PARMAPHORES, 
appartiennent à ce genre. 


Les P. elongatus, Lamk, et angustus, Desh., du calcaire grossier de Gri- 
gnon (?), me paraissent trop ovales, trop profonds et trop minces pour être 
de véritables parmaphores. Ils semblent avoir plus d’analogie avec quelques 
patelles comprimées. (On peut voir la figure du P. elongatus dans l'Atlas, 
pl. LXIX , fig. 15.) 


Leur existence paraît mieux démontrée dans les terrains mio- 
cènes. 


Le P. Bellardi (3), Michelotti (P. elongatus, Bellardi, non Lamk), a tout à 
fait les formes génériques des parmaphores (Atlas, pl. LXVIIT, fig. 12). Il 
provient de la colline de Turin et du Tortonèse. 


Les EMARGINULES (£marginula, Lamk), — Atlas, pl. LXVILF, 
fig. 13 à 18, 


ont une coquille en bouclier conique , à sommet excentrique et 
souvent incliné en arrière, à cavité simple, pourvue en avant 
d'une forte échancrure ou d’une fente marginale plus ou moins 
allongée. Plusieurs d’entre elles ont la forme et les ornements des 
patelles, mais l'échancrure les en distingue facilement. 

Les émarginules ont apparu pour la première fois dans le com- 
mencement de l'époque secondaire, et se retrouvent jusqu'à l'épo- 
que moderne dans la plupart des terrains, mais en petit nom- 
bre. 

On en cite une espèce des schistes de Saint-Cassian. 


Le comte de Münster (f) l’a rapportée à tort à l'E. Goldfussi, Roemer, du 
terrain corallien du Hanovre. Il conviendrait de la désigner sous le nom de 
E. Munsteri (Atlas, pl. LXVIIT, fig. 13). 


(4) Il faudrait, si l’on adoptait ce nom, écrire ScuTUM. 

(2) Deshayes, Cog. foss. Par., t. IL, p. 12, pl. 1. 

(3) Bellardi, Bull. Soc. géol., t. IX, p. 270; Michelotti, Descr. foss, mioc. 
Ital. sept., p. 139, pl. 5, fig. 5. 

() Münster, Beiträge zur Petref., t. AV, p. 92, pl. 9, fig. 15. 


282 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES, 


On en connaît quelques-unes des terrains jurassiques. 


M. Eudes Deslongchamps a décrit (1) la E. planicostula du lias de Fontaine- 
Etoupefour et les E. Blotii et Desnoyersii de la grande oolithe de Normandie. 

M. d'Orbigny a indiqué (2?) deux espèces inédites de l’oolithe inférieure de 
Niort, et une du terrain corallien de Saint-Mihiel. L'E. Michaelensis, Buvig., 
provient de ce dernier gisement. 

L'E. scalaris, Sow. (3), provient de la grande oolithe d'Angleterre (Atlas, 
pi. LXVIIL, fig. 14). Les E. tricarinata, id., et clathrata, id., sont des ri- 
mules. 

M. Lycett (4) indique trois espèces nouvelles de l’oolithe inférieure d’An- 
gleterre, 

L'E. decussata, Goldf. (5), a été trouvée dans le terrain oxfordien de Streit- 
berg. 

L’E. Goldfussii, Roemer (6), a été découverte dans le terrain corallien de 
Hoheneggelsen. 


Les espèces ne paraissent pas nombreuses dans les terrains 
crétaces. 


M. d’Orbigny (7) en a décrit une du terrain néocomien, l'E. neoco- 
miensis, trouvée à Marolles, et trois espèces du terrain cénomanien, l'E. Gue- 
ranguerti, d'Orb. (Atlas, pl. EX VIN, fig. 15), du Mans, l'A. pelagica, Passy 
(id., fig. 16), de Rouen, et l'A. Sanctæ Catharinæ, id., de Cassis, de Rouen, 
de la Flèche, etc. Il a depuis lors ($) indiqué une espèce inédite du gault de 
Clar, une autre du terrain crétacé supérieur du Bausset (Var), et une du 
terrain danien de la Falaise. 

L’E, argonensis, Buvignier (9), a été trouvée dans le gault de Varennes. 

M. Dujardin (10) a fait connaître l'E. crelosa, du terrain crétacé supérieur 
de Touraine. 


(1) Mém. Soc. linn. Norm., t, VIL, p. 124, pl. 7. 

(2) Prodrome, t. I, p. 272, ett. Il, p. 12; Buvignier, Stat. géol. de la 
Meuse, p. 25, pl. 21. 

(8) Min. conch., pl. 519; Morris et Lycett, Moil. from the great oolithe 
(Pal, Soc., 1850, p. 88, pl. 8). 

(f) Ann. and mag. of nat. hist., 2° série, 1850, t. VI, p. 410. 

(5) Petref. Germ., t. I, p. 9, pl. 167, fig. 16. 

(6) Ootithgeb., p. 136, pl. 9; Goldfuss, loc. cit., fig. 15. J'ai dit plus 
haut qu'elle devait conserver ce nom, donné à tort à une espèce de Saint- 
Cassian. 

(?) Pal. franç., Terr. crét., t. I, p. 392, pl. 234 et 235. 

(8) Prodrome, t. Il, p. 134, 232 et 295. 

(®) Stat. géol. de la Meuse, p. 28, pl. 21. 

(10) Mém. Soc. géol., 1837, t LE, p. 230. 


FISSURELLIDES. 283 


On peut ajouter (1) les £. carinata, Reuss, du plaener mergel de Luschitz, 
l'E. Buchii, Geinitz, du grès vert d'Oberau, l'E. Mullerana, Bosquet, du 
Limbourg, et l'E, fissuroides, id., de Maestricht. 


Les émarginules se continuent dans les terrains tertiaires. 


M. Deshayes (2) a décrit cinq espèces du bassin de Paris. Elles appartiennent 
toutes au calcaire grossier. Nous avons figuré dans l'Atlas, l'E. clypeala, 


Lamk (pl. LXVII, fig. 17), de Grignon, et l'E, clathrata, Desh. (id., fig. 18), 
de Parnes, 


Quelques espèces appartiennent aux terrains miocènes et plio- 
cènes. 


M. Grateloup (3) en a décrit deux espèces de Dax. Il rapporte celle des 
faluus bleus à l'E. clathrata, Desh., mais elle me paraît différente. C’est 
VE. subclathrata, d'Orb. L'autre espèce (E, squamata, Grat.) appartient aux 
faluns jaunes. 

Trois espèces ont été découvertes dans les terrains miocènes du Piémont (#); 
ce sont les Z. Grateloupi, Bell. et Mich.,les £. Chemnitzü, Mich., et Soltieri, 
id. L’E, fissura, Lamk, vivante, est citée (5) dans le terrain pliocène du 
même pays. 

La même espèce se retrouve dans le crag corallien et le crag rouge d’An- 
gleterre (6) avec l'E, crassa, Sow., qui vit également encore sur les côtes d’An- 
gleterre. Ces deux espèces sont aussi citées dans le crag de Belgique (7), etc. 

L’E. fenestrella, Dubois (8), a été trouvée en Volhynie. 

L’'E. punctulata, Philippi (?), provient de Freden.…. 

L’E. Schlotheimi, Bronn (10), a été découverte à Weinheim. 

L’E. arata, Conrad, se trouve aux États-Unis. 


Les RimuLEs (Æimula, Defrance), — Atlas, pl. LXVIIT, 
fig. 19 à 21, 


ne diffèrent des émarginules que parce que la fente, au lieu 
d'être placée sur le bord antérieur, est dans tous les âges située 
dans l'intervalle compris entre le sommet et ce bord, formant ainsi 


(1) Reuss, Boehm. Kreidegeb.,1, p. 41, pl. 11, fig. 6; Geinitz, Charachte- 
ristick, p. 48, pl. 16, fig. 5 ; Bosquet, Palæontographica, I, p. 326, pl. 41. 

(2) Cog. foss. Par., t. IL, p. 16, pl. 4 et 5. 

(3) Conch. foss. Adour, 1, pl. 1. 

(4) Michelotti, Descr. foss. mioc. Ital. sept., p. 140. 

(5) Sismonda, Synopsis, p. 25. 

(6) Wood, Mol. from the crag (Pal. Soc., 1848, p. 164, pl. 18). 

(7) Nyst, Cog. et pol. foss. Belg., p. 350. 

(8) Conch. foss. plat. Volh., p. 50, pl. 4. 

(9) Tert. Verst. nordwest. Deutsch., p. 51, pl. 3. 

(10} Schlotheim, Petref., p. 116. 


281 GASTÉROPODES PECFINIBRANCHES. 


une enlaille fermée, d'autant plus éloignée du sommet que la 
coquille est plus âgée. 

Ce genre comprend les Cemoria, Leach, les Diopora, Gray, les 
SIPHO, Brown, et les PuxcrurELLA, Lowe. Les légères différences 
dans la forme et dans la position de l'ouverture qui pourraient ser- 
virà distinguer une partie de ces groupes ne paraissent pas avoir 
une valeur générique. 

Les espèces fossiles sont très peu nombreuses et datent de 
l'époque jurassique. 


M. E. Deslongchamps (!) a décrit sous le nom de Fissurella acuta une es- 
pèce de la grande oolithe de Langrune qui appartient à ce genre. 

La grande oolithe d'Angleterre renferme deux rimules décrites par So- 
werby (2), sous les noms de Emarginula clathrata (Atlas, pl. LXVIIL, fig. 19), 
et E. tricarinata. 

M. d'Orbiguy (3) indique une espèce inédite du terrain corallien de Saint- 
Mihiel, etc. 


Les rimules sont inconnues jusqu'à présent dans les terrains 
crétacés. 
On en cite un très petit nombre dans les terrains tertiaires. 


Les Rimula fragilis, Defr., et Blainvilli, id. (Atlas, pl. LXVIHL, fig. 20), 
ont été trouvées (f) dans le calcaire grossier d'Hauteville (Manche). 

La R. noachina (Paiella noachina, Lin., Puncturella noachina, Lowe, 
Sipho striata, Brown, Cemoria Flemingii, Leach, etc.), actuellement vivante, 
a été trouvée dans le crag récent d’Augleterre (5) (Atlas, pl. LXVIL, fig. 21). 


Les FissureLLes (lissurella, Bruguière), — Atlas, pl LXVII, 
fig. 22 à 26, 


sont des coquilles coniques, patelloïdes, qui se distinguent en 
général avec facilité de tous les genres de cette famille et de la 
suivante, parce que leur sommet est percé par une ouverture plus 
ou moins grande, ordinairement ovale. Elles ont de grands rap- 
ports avec les rimules : dans la plus grande partie des cas, la po- 


(1) Mém. Soc. linn. Norm., t. VII, p. 122, pl. 7. 

@) Sowerby, Min. conch., pl. 519 ; Morris et Lycett, Moll. from the great 
ool. (Palæont. Soc., 1850, p. 86, pl. 8). 

(3) Prodrome, t. II, p. 12. 

(#) Defrance, Dict. sc. nat., t. XLV, p. 472; Bronn, Lethæa, 1"° édit., 
p. 996, pl. 40, fig. 6, 

(5) Wood, Mol. from the crag (Palæont. Soc., 1848, p. 166, pl. 18). 


FISSURELLIDES. 285 


sition de l'ouverture, qui correspond exactement au sommet de la 
coquille, les caractérise suffisamment ; mais il y a quelques es- 
pèces (Atlas, pl. LXVIE, fig. 24) dans lesquelles il peut y avoir 
du doute, car ce trou perce le sommet obliquement. Nous conser- 
vons le nom de Zissurelles à loutes les espèces chez lesquelles le 
sommet est compris dans le trou. 

On a proposé dans ces dernières années de subdiviser les fissu- 
relles en plusieurs genres fondés sur la grandeur de l’ouverture, 
la simplicité ou la dentelure de ses bords, la forme plus ou moins 
déprimée de la coquille, ete. Ces caractères n’ont pas une valeur 
générique, et nous réunissons en conséquence aux fissurelles les 
PuriLia où PuriLuæa et les Lucarina, Gray, les MacroscisMA, les 
Fissuripea et les CLypIDELLA, Swainson, les Serra, les FISSUREL- 
LIDEA, d'Orbigny, les Larva, Humph., et les CREMIDES, Adams. 

Les espèces actuelles vivent dans toutes les mers et sont plus 
communes dans les régions chaudes; elles s’attachent aux rochers 
comme les patelles. Les espèces fossiles paraissent dater de l’épo- 
que primaire, mais elles ont été très peu abondantes jusqu'à la 
période tertiaire. 

Leur existence dans l'époque primaire ne repose cependant pas 
sur des preuves incontestables. 


On n'en cite aucune espèce dans le terrain silurien. La seule que l’on ait 
indiquée dans le terrain dévonien est la F. conoidea, Goldf. (1), de l'Eifel, 
qui a, il est vrai, à ce qu'il paraît, un trou au sommet, mais qui par sa forme 
élevée et irrégulière, semble se rapprocher davantage des capulus Atlas, 
pl. LXVIIL, fig. 22). 

M. M'Coy (2) a décrit une F. elongata, du calcaire carbonifère d'Irlande. 


Les espèces des terrains jurassiques et crétacés sont peu nom- 
breuses. 


La F, acuia, Desiong. {3), de la grande oolithe de France et d'Angleterre 
(Atlas, pl. LXVIL, fig. 24), est précisément une de ces espèces dont les ca- 
ractères sont douteux. La fente échancre le crochet, mais se dirige en avant, 
de sorte qu'il y aurait quelques motifs pour la placer parmi les rimules. Elle 
me paraît cependant bien plus voisine des formes des vraies fissurelles que de 
la Rimula clathrata (Atlas, pl. LXVIIE, fig. 19). 


{1) Petref. Germ., t. WE, p. 8, pl. 167, fig. 13. 
(2) Synopsis of Ireland, p. 43, pl. 5, fig. 27. 
(3) Mém. Soc. linn. Norm., t. VIT, p.122, pl, 7, fig. 22 à 24. 


286 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


M. d'Orbigny (1) a indiqué deux espèces inédites du terrain corallien de 
Saiot-Mihiel. 

La F, depressa, Geinitz (2), provient du plaener mergel de Luschitz. 

La F. patelloides, Reuss (3), a été trouvée dans le plaener kalk inférieur de 
Postelberg (Atlas, pi. LXVIIL, fig. 23). 

La F. lævigata, Goldfuss ({), appartient aux terrains crétacés supérieurs 
d’Aix-Ja-Chapelle. 

La F, Neckayi, Kner (°), provient des gisements analogues de Lemberg. 


Les fissurelles augmentent de nombre dans les terrains ter- 
tiaires. 


Lamarck et M. Deshayes (6) ont décrit quatre espèces du bassin de Paris. 
Une d'elles a été rapportée à tort par Lamarck à la F. græca, vivante: 
c’est Ja F. parisiensis, d'Orb. Les autres sont les F. costaria, Desh., squa- 
mosa, id., et labiata, Lamk (Atlas, pl. LXVIT, fig. 25). Elles se trouvent 
toutes les quatre à Griguon. 

M. Melleville (?) a fait connaître la F. Minosti, des terrains tertiaires infé- 
rieurs de Monampteuil. 


Plusieurs ont été citées dans les terrains miocènes et pliocènes. 


M. Grateloup ($) en compte six espèces dans le bassin de Bordeaux 
et de Dax. Les F. intermedia, Grat., et clypeata, id., caractérisent les 
faluns bleus de Dax. Les faluns jaunes en renferment quatre espèces. Deux 
ont été rapportées un peu à Ja légère aux F. grœæca et minula, Lamk, vi- 
ventes, et une autre à la F. costaria, Desh. La F. depressa, Grat., ne peut 
pas non plus conserver son nom déjà donné par Lamarck à une espèce de 
l'océan Indien. 

On trouve dans les terrains miocènes de Piémont (9) la F, oblita, Michel., 
et la F.neglecta, Desh., F. italica, Defr. (Atlas, pl. LXVIIL, fig. 26), espèce 
souvent confondue avec la F. grœca, qui vit comme elle dans la Méditer- 
ranée et qui se retrouve avec elle fossile dans les terrains pliocènes d’Asti et 
dans les dépôts tertiaires récents d'Allemagne, 


(1) Prodrome, t. II, p. 12. 
(2) Charachterist., p. 75 pl. 18, fig. 24. 
(3) Boehm. Kreidef., 1, p. 41, pl. 11, fig. 10. 
(#) Petref. Germ., t. IL, p. 8, pl. 167, fig. 14. 
(5) Verst. Lemberg, p. 23, pl. 4, fig. 9, 
(6) Coq. foss. Par., t. IL, p, 48, pl. 2. 
(*) Descr. sabl. tert. inf. (Ann. sc. géol., p. 44, pl. 9). 
(8) Conch. foss. Adour, I, pl. 1. 
(°) Michelotti, Descr. foss. mioc. Ttal. sept., p. 141, pl. 16; Deshayes dans 
Lamarck, Anim. sans vert., 2° édit, revue par G.-P. Deshayes, t. VIL, p. 601; 
Sismonda, Synopsis, p. 25. 


FISSURELLIDES, 287 
La F. græca, se retrouve dans le crag rouge et le crag corallien d'Angle- 
terre (1). 


La F. Martini, Matheron (2), provient de lamollasse marine des Bouches- 
du-Rhône. 


On en trouve aussi dans différentes parties de l'Amérique (3), 


C'est avec doute que nous rapprochons de cette famille un genre 


qu'on ne connaît qu'à l’état fossile et dont les rapports ont été 
singulièrement contestés. 


Les BELLÉROPRES (Zellerophon, Montf.), — Atlas, pl. LXIX, 
fig. 4 à 5, 


ont une coquille parfaitement symétrique, enroulée sur elle-même 
comme celle des nautiles, mais non cloisonnée, subglobulaire ou 
légèrement discoïde, et munie dans son milieu d'une carène ou 
d’un sillon longitudinal plus ou moins prononcé. L'ouverture est 
semi-lunaire et modifiée par l'avant-dernier tour de spire:; son 
labre est tranchant, sinueux ou fendu dans sa partie médiane. 

Les affinités zoologiques des bellérophes ont été très contestées. 
Le premier auteur qui en ait fait mention est le baron de Hupsch, 
en 1786, qui les rapprocha des nautiles sous le nom de Nautilitæ 
simplices, à cause de l'absence de cloisons. Montfort, en 1808, 
a créé pour ces fossiles le genre BELLEROPHON ; mais il a commisune 
grave erreur en prétendant qu'ils étaient cloisonnés. M. Defrance 
a démontré que les coquilles des bellérophes sont simples à l'in- 
térieur, mais les a laissées près des nautiles à cause de leur en- 
roulement symétrique. 

D'autres auteurs les ont placés dans l’ordre des gastéropodes. 
M. de Blainville les a rapprochés des bulles ; M. Fleming leur a 
trouvé des analogies avec les actéons. M. Deshayes et la plupart 
des naturalistes modernes ({) les rangent dans les ptéropodes, à 
côté des atlantes et surtout des helicophlegma. Les coquilles de 


(1) Wood, Moil. from the crag (Pal. Soc., 1848, p. 168). 

(2?) Catalogue dans Travw. Soc. statist. Mars., p. 195, pl. 33, fig. 1. 

(3) Voyez Say, Journ. Acad. Phil., t. IV, p. 132 ; Conrad, Idem, t. VI, 
p. 142, et t. VII, 2° partie, p. 187; d'Orbigny, Voyage, Paléont., p. 19; 
Darwin, Voyage du Beagle, Foss. mam., p. 9, etc. 

(#) M. d'Orbigny a soutenu cette opinion dans ses premiers travaux ; il s'est 


rangé depuis lors à celle de M. de Koninck. Je l'avais moi-même adoptée 
dans la première édition de’cet ouvrage, 


288 GASTÉROPODES PECTINIBRANCIHES. 


ce dernier genre, qui vit aujourd hui, ressemblent, en effet, beau 
coup aux bellérophes ; elles sont subglobuleuses etont des petites 
côtes longitudinales qui rappellent celles de quelques espèces de 
ce genre, et leur labre est échancré de même. 

M. de Koninck a émis une autre opinion. Il pense que pour 
qu'on pût rapprocher les bellérophes des atlantes, il faudrait que 
la coquille des premiers fût mince et vitrée, comme cela a lieu pour 
tous les hétéropodes qui, étant éminemment pélagiques, doivent 
avoir des coquilles légères. Il s'appuie en outre sur le fait que les 
bellérophes se trouvent en général fossiles avec des espèces cô- 
tières. M. de Koninck croit qu'il faut plutôt les rapprocher des 
émarginules, qui ont comme eux des coquilles symétriques et 
marquées d’un sinus marginal. Ces deux genres ne différeraient 
que par l'enroulement, car le sinus et les lames d’accroissement 
présentent beaucoup d'analogie. Il leur trouve aussi des rapports 
avec les pleurotomaires et les solarium, qui ont aussi une fente 
marginale, mais latérale au lieu d’être médiane. Les porcellia 
serviraient à former une transition entre les formes des belléro- 
phes et celles des solarium. 

Je me suis rangé à la manière de voir de M. de Koninck, en 
associant ces fossiles aux fissurellides et en lesconsidérant avec lui 
comme un lien perdu entre les émarginules et les pleurotomaires 
(par les porcellia). Il m'a semblé que la consistance de la coquille 
est d’une trop haute importance pour pouvoir être négligée dans 
cette comparaison. Les bellérophes ont eu évidemment la so- 
lidité des émarginules et des gastéropodes ordinaires, et non 
l'apparence délicate, fibreuse, semi-hyaline des coquilles des 
ptéropodes. On peut bien mienx, sans forcer les analogies proba- 
bles, les comparer à des émarginules dont le crochet s’enroulerait 
beaucoup plus que dans le type vivant. 

Quelques auteurs ont proposé l'établissement de genres voisins 
des bellérophes, mais ces groupes sont fondés sur des caractères 
peu précis, et leurs limites n’ont pas été envisagées de même par 
tous les paléontologistes. 

M. Hall (1) désigne, sous le nom de Bucanra, des coquilles qui 
ont les formes des bellérophes, mais un ombilic beaucoup plus 
ouvert, laissant voir à l'intérieur tous les tours (pl. LXIX, fig. 4). 
A ce caractère principal s’en joint ordinairement un autre: le la- 


(1) Palæont. of New-York, t.1, p. 32. 


FISSURELLIDES, 289 


bre est échancré sur l'extrémité de la ligne dorsale par un sinus 
très ouvert et peu profond qui s'éloigne beaucoup de l’échancrure 
étroite et profonde des vrais bellérophes. 

Le même auteur rapporte à son genre CARINAROPSIS (!), une 
espèce plus patelliforme, à sinus semblable à celui des bucania, 
età carène médiocrement prononcée. Cette espèce est intéres- 
sante en ce qu'elle rappelle davantage par son aplatissement, 
les formes des fissurellides vivantes. 

M. Conrad (?) a établi sous le nom de CYRTOLITES, un genre qui 
joint aux mêmes caractères du sinus un enroulement plus làche 
encore, tellement que dans quelques espèces les tours sont dis- 
Joints et à distance. 

M. d'Orbigny n’admet pas le genre bucania, et donne une autre 
signification à celui des cyrtolites. Il ne tient, avec raison, 
pas compte de la grandeur de l’ombilic qui est variable. Il nomme 
bellérophons toutes les espèces dans lesquelles le labre est forte- 
ment échancré sur la ligne dorsale, et dans lesquelles il y a une ca- 
. rène où un canal correspondant qui subsistent sur la coquille. 
Il attribue le nom de cyrtolites à celles qui ont un sinus très 
faible, ne laissant point de trace sur la coquille. 

Dans l'application, ces caractères sont d’une extrême difficulté, 
car il y à des transitions entre les vraies carènes et les carènes 
nulles ou presque nulles. Pour en juger, on peut comparer les 
figures 4 et 5 de la planche LXIX. La première, qui est la Zuca- 
nia expansa, Hall, est pour M. d'Orbigny un bellérophon. La se- 
conde, qui est le Ze//erophon bilobatus, d'Orb., est un eyrtolite ; 
or, Sa carène est presque aussi marquée et son sinus est plus fort 
que dans la première. 

Une seconde difficulté s'ajoute à ces transitions, c’est le fait 
qu'un grand nombre d'espèces des terrains anciens ne sont pas 
suffisamment connues, et que les divers auteurs qui les ont dé- 
crites n’ont pas pu figurer leurs sinus ou échancrures. 

Dans cet état de choses, j'ai réuni en un seul genre les bellé- 
rophes, les bucania et les cyrtolites dont l’enroulement est sem- 
blable à celui de ces deux groupes. Quant à quelques cyrtolites 
très peu enroulés, tels que le €’. rentonensis, Hall, je les consi- 


(1) Ce genre Carinaropsis renferme aussi des patelles. 
(2) Ann. geol. report, 1838, p. 118. 
LE 19 


290 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


dère comme douteux et se rapprochant plutôt des serpularia 
(tome IE, p. 162). Je dois faire remarquer que quelques-unes de 
ces espèces à tours disjoints ne sont connues qu'à l’état de moule, 
et qu'il est probable que dans le test de plusieurs d’entre elles, 
les tours se touchaient. C’est en particulier ce qui arrive pour le 
B. cornu-artetis, Sow. 

Les bellérophes proprement dits peuvent se distinguer entre 
eux, suivant qu'ils sont ombiliqués (Atlas, pl. LXIX, fig. 2 et 3) 
où non ombiliqués (24, fig. 1). Hs diffèrent aussi en ce que les 
uns ont une carène sur la ligne médiane (Atlas, pl. LXIX, fig. 1 
et 2), ou un sillon (id., fig. 3). 

Les bellérophes sont spéciaux aux terrains de l’époque pri- 
maire (!). Leur principal développement paraît avoir eu lieu dans 
les époques dévoniennes et carbonifères (?). 

Quelques espèces ont été trouvées dans les terrains silu- 
riens. 


Toutes les espèces que je connais du terrain silurien inférieur ont un sinus 
très peu prononcé et appartiennent par conséquent aux groupes des bucania 
et descyrtolites, telles sont en particulier le B. bilobatus, d'Orb. ($), très ré- 
pandu dans le terrain silurien inférieur, et le B. aculus, id; telles sont les 
bucania décrites par M. Hall (#, et trouvées dans les terrains siluriens inférieurs 
de l'Amérique du Nord (B. expansa, Hall, Atlas, pl. LXIX, fig. 4, etc.). Je n’ai 
cependant pas vu toutes les espèces, et je ne puis pas affirmer que parmi 
celles que je ne connais pas il n’y en ait pas qui aient l’échancrure des bel- 
lérophes. On trouvera leur description (5) dans les ouvrages de de Verneuil, 
Murchison et de Keyserling ( B. ingricus et melanostoma), d'Orbigny (B. Tro- 
stii, etc.) , et surtout Hall (six bucania, une carinaropsis, trois cyrtolites et 
deux bellérophes). 

Nous avons représenté dans l'Atlas, pl, LXIX, le B. bilobatus, d'Orb., fig. 5, 
et la Bucania expansa, Hall, fig. 6. 


(1) Le Bell. nautilinus, Münst. Beitr., t. IV, pl. 14, fig. 1, de Saint-Cas- 
sian, est une goniatite. Les espèces plus récentes attribuées à ce genre doivent 
plus évidemment encore en être exclues. 

(2) Voyez pour les bellérophes la Monographie de M. d’Orbigny dans le 
grand ouvrage de Férussac et d'Orbigny sur les Céphalopodes acétabulifères 
vivants et fossiles, Paris, 1835 à 1848, p. 180. 

(*) D'Orbigny, Céphalop., pl. 8. Sowerby in Murchison, Si, system, pl. 19, 
fig. 5, Hall, Palæont. of New-York, pl. 40, etc. 

(4) Hall, Loc. cit., pl. 6, 40, etc. 

(5) De Verneuil, Murch. et Keyserling, Palæont. de la Russie; d'Orbigny, 
Céphalopodes, loc. cit.; Hall, Palæont. of New-York, etc. 


FISSURELLIDES. 291 


Parmi les espèces du terrain silurien supérieur il y a peut-être de vrais 
bellérophes à échancrure normale. Aiusi le B. ouralicus, Vern. (1), en a le 
facies, mais son échancrure n’est pas figurée. Les figures de Suwerby (2) 
laissent aussi daus l'incertitude sur les espèces anglaises (B. Aymestriensis, 
dilatatus, Wenlockensis). 


Les terrains dévoniens en renferment qui ne sont pas beaucoup 
plus certaines. 


On cherchera vainement des notions précises sur l'échancrure de la plupart 
des espèces décrites. Les belles planches de MM. d’Archiac et de Verneuil ($) 
sont insuffisantes sous ce point de vue (B. Murchisoni, d'Arch., elegans, id., 
striatus , id., tuberculatus, id.). Celles de Sowerby et celles de Roemer (f) four- 
nissent des documents plus imparfaits encore. M. d'Orbiguy (°) a eu proba- 
blement à sa disposition d'autres matériaux, à la suite desquels il a réparti 
les espèces entre les deux genres; il compte dix belléruphes et cinq cyrtolites. 


Le terrain carbonifère est riche en bellérophes et les espèces 
sont mieux connues. Elles ont toutes les caractères des belléro- 
phes proprement dits. 


Les espèces d'Angleterre ont été décrites (6) par Fleming, Sowerby, Phil- 
lips, ete.; les plus répandues sont les B. decussatus, Flem., tenuifascia, Sow., 
hiulcus, Sow., cornu-arielis, id., etc. 

M. de Koninck a fait connaître (7) celles des terrains carbonifères de Bel- 
gique. II en a décrit quatre espèces carénées et non ombiliquées ( le B. vasu- 
lites, Montf., est figuré dans l'Atlas, pl. LXIX, fig. 1). 1l compte sept espèces 
carénées et ombiliquées (voyez Atlas, pl. LXIX , fig. 2, le B. cornu-arielis, 
Sow., ou langentialis, Phillips). Trois espèces ombiliquées ont un sillon à la 
place de carène (B. bicarenus, Leveillé, Atlas, pl, LXIX, fig. 3). Une seule 
a un sillon et pas d’ombilic. 


Les BELLEROPHINA, d'Orb., — Atlas, pl. LXIX, fig. 6, 


ont les formes des bellérophes, mais elles en diffèrent par une 


(t) Verneuil, Murch. et Keys., Paléont. de la Russie, p. 345, pl. 23. 

(2) In Murchison, Silur. system, pl. 6, 12 et 13. 

(3) Trans of the geol. Soc., 2° série, t. VI, pl. 28 et 29. 

(4) Sowerby, in Murchison, Silur. system; Roemer, Harzgebirge, pl. 8 
et'9. 

(5) Prodrome, t. I, p. 72. 

(6) Fleming, British anim., p. 338; Sowerby, Min. conch., pl. 469 et 470, 
et Trans. of the geol. Soc., 2° série, t. V ; Phillips, Geol. of Yorkshire, 

(7) Desc, anim. foss. carb. Belgique, p. 334. 


299 GASTÉROPODES PECTINIBRANCHES. 


légère déviation dans l’enroulement, qui n’est plus exactement 
symétrique , et par l’absence du sinus; leur spire est un peu 
visible, d'un côté seulement. 

Les rapports de ces coquilles sont douteux. Elles pourraient 
tout aussi bien être rapprochées des trochoïdes’et en particulier du 
genre singulier des helicocryptus. M. d'Orbigny a proposé dans 
ces dernières années de les associer aux bulles. Ces questions 
sont difficiles à résoudre, dans l'ignorance complète où nous som- 
mes de l’organisation des animaux. 

On ne les a trouvées que dans les terrains crétacés. 


La seule espèce connue, la B. Vibrayei, d'Orb. (1), est voisine du Bellero- 
phon Uri par sa forme et ses stries, et a été trouvée dans le gault de Dien- 
ville, c 


Nous devons encore placer provisoirement à la fin de cette fa- 
mille quelques genres qui en ont les caractères essentiels, mais 
non ceux des coquilles, car elles ne sont ni échancrées, ni percées 
etressemblent par conséquent tout à fait à celles des patelles. Les 
animaux par leurs organes branchiaux, appartiennent à la divi- 
sion des pectinibranches, et empêchent de réunir ces genres aux 
patelles, qui sent cyclobranches, 


Les SIPHONAIRES (Siphonaria, Sowerby), — Atlas, pl. LXIX, 
he. ds 


peuvent être distinguées par leur coquille qui n’est pas symé- 
trique, et qui présente sur son côté droit une espèce de canal ou 
de gouttière, rendu sensible en dessus par une côte plus élevée et 
par un bord plus saillant. L'impression musculaire interne est 
interrompue. L'animal est muni d’une branchie pectinée trans- 
verse. 

Ce genre est le même que celui des Lirra, Gray, et des TRi- 
MUSCULUS, Schmidt. 

Les siphonaires, confondues longtemps avec les patelies, se 
trouvent aujourd'hui dans les mers chaudes du globe. On n’en 
connait fossiles qu'un petit nombre d'espèces des terrains ter- 
tiaires. 


(1) Pal. franc., Terr. crét., t. IL, p. 410, pl. 236, fig. 7 à 11. 


FISSURELLIDES. 293 


Les S. bisiphiles et vasconiensis, Mich, (!), ont été trouvées dans les faluns 
de Dax. La première est figurée dans l'Atlas. 
M. d'Orbigny (?) cite une espèce dans les terrains quaternaires d'Amérique, 


Les GarDiNiA, Gray (Mouretia, Sowerby), 


sont pectinibranches comme les siphonaires, et ont de grands 
rapports avec elles dans les formes de l'animal; mais la coquille 
est presque symétrique, et n’a pas d'expansion latérale. La seule 
irrégularité provient de ce que l'impression musculaire est un 
peu plus développée à droite. Cette impression musculaire diffère 
en outre de celle des siphonaires en ce qu'elle est continue. La 
coquille est plus facile à confondre avec celle des patelles, mais 
l'animal est très différent. 


On n’en connait qu’une seule espèce fossile (3), la Gardinia Garnoti (Pileop- 
sis Garnoti, Payradeau). Elle se trouve dans les terrains quaternaires de Si- 
cile et vit encore dans la Méditerranée. 


Les Acuées (Acmcæa, Eschcholtz, Patelloidea, Quoy, Lottia, Gray, 
Helcion, d'Orb., non Montf.), 


forment un genre très embarrassant pour les paléontologistes, 
parce que leur coquille, tout à fait identique dans ses formes avec 
celle des patelles, protége un animal tout différent et qui est un 
véritable pectinibranche. Dans la nature vivante on remarque 
qu'en général les coquilles des acmées sont plus minces, plus 
fragiles, plus finement striées que celles des patelles; mais ces 
caractères sont incertains et trompeurs, et rien ne guide pour 
leur application à l'étude des terrains anciens. M. d'Orbigny 
pense que toutes les coquilles antérieures aux terrains tertiaires, 
et décrites comme des patelles, sont vraisemblablement des ac- 
mées ; mais cette opinion, qui à pour elle peu de preuves positives, 
ne me parait pas suffisamment fondée; et l’on ne peut guëre, dans 
l'état actuel de la science, répartir, avec quelque sécurité, les es- 
pèces fossiles entre ces deux genres. 

On trouve, comme je le montrerai plus loin, bien des espèces 
rapportées par M. d’Orbigny aux acmées et qui sont épaisses, s0- 


(*) Michelin, Mag. de zoologie de Guérin, première année, Mollusques, 
pl.s5 et. 32. 

(2) Voyage en Amérique, Paléontologie. 

(3) Philippi, Enum. moll. Sicil., t. 1, p. 85. 


29/ GASTÉROPODES CYCLOBRANCHES. 


lides, ornées de grosses côtes, tandis que les mers actuelles ren- 
ferment plusieurs patelles minces et lisses. Je réunis provisoire 
ment les espèces de ces deux genres en leur laissant le nom du 
plus anciennement connu, celui de patelles, et je renvoie par con- 
séquent à l'ordre suivant pour la discussion de ces espèces. 


3° ORDRE. 


CYCLOBRANCHES. 


Les cyclobranches ont des branchies en forme de 
houppes, dont l'ensemble forme un long cordon circu- 
laire, plus ou moins complet, sous les rebords de leur 
manteau. Ces mollusques sont tous marins et se lient, 
comme on à pu Île voir, par des transitions insensibles 
avec l’ordre des pectinibranches. Il est même possible 
que ces deux ordres doivent une fois être réunis, d’au- 
tant plus que celui des cyclobranches ne renferme que 
deux genres dont les rapports sont assez éloignés. 


Les PATELLES (Patella, Lin., Lepas et Patella, Auct. antiq.), 
— Atlas, pl. LXIX, fig. 8 à 16, 


ont une coquille scutiforme, plus ou moins conique et régulière. 
Elles vivent aujourd’hui fixées aux rochers, au niveau des basses 
marées. 

J'ai dit plus haut, en traitant du genre acmée, qu'il était im- 
possible de distinguer d’une manière convenable ces coquilles de 
celles des patelles, et qu'il était par conséquent nécessaire de les 
réunir provisoirement. Les citations ci-dessous renfermeront donc 
probablement des mollusques pectinibranches et eyclobranches. 
Je rappelle en outre que M. d'Orbigny considère comme probable 
que ce sont surtout les premiers qui ont vécu dans les époques 
antérieures aux terrains tertiaires. 

Je réunis aux patelles le genre Meroproma, Phillips, qui n’en 
diffère que parce que le bord antérieur est tronqué ( Atlas, 
pl. LXIX, fig. 9). On doit leur associer aussi quelques-unes des 
Carinarorsis, Hall ; et les Gonicris, Raf, 


PATELLES. 295 


Les HELCION, Montfort, ne sont que des patelles très bombées. 
Les patelles, considérées telles que je viens de l'indiquer, se 
trouvent dans presque tous les terrains, mais ne sont nombreu- 


ses nulle part. Elles ont acquis leur maximum de développement 
dans l’époque actuelle. 


Dans l’époque primaire on en cite quelques espèces. 

Les terrains siluriens d'Europe n'en ont pas encore fourni, mais 
on en connaît quelques-unes des dépôts siluriens inférieurs d'A - 
mérique. 


M. Hall ({) a décrit sous le nom de Metoptoma rugosa, une espèce des 
terrains siluriens inférieurs d'Amérique, qui n’est point tronquée en ayant et 
qui appartient au groupe des vraies patelles (Atlas, pl. LXIX, fig 8). 

Il faut placer dans ce genre les Carinaropsis patelliformis et orbiculatus, 
dn même auteur et des mêmes gisements. 


Elles sont nombreuses dans les terrains dévoniens. 


Le comte de Münster (2) en a fait connaître quatre des terrains dévoniens 
d’Elbersreuth (P. disciformis, subradiata , elliptica et lœvigata), et une de 
Schubelhammer (P. speciosa). 

Le Patellites antiquus, Schlot. (3), provient du nord de l'Allemagne. 

Les P, Saturni, Goldf., et Neptuni, id., proviennent de l'Eifel, la P. pri- 
migenia, Schlot., de Paffratth. Ces espèces sont toutes figurées, ainsi que les 
précédentes, dans l’ouvrage de Goldfuss (4). 

Il faut ajouter le P. striatosulcata, Roemer (5), du Hartz. 


Elles sont nombreuses dans les terrains carbonifères. 


Un grand nombre d’entre elles ont été décrites par Phillips (6). Les unes 
sont ovales, les autres tronquées, c’est-à-dire qu'il y a parmi elles des Acmées 
(P. sinuosa, Phill., mucronata, id , curvata, id., retrorsa, id., lateralis, id.), 
et des Metoptoma (M. pileus, Phill., imbricatus, id., ellipticus, id., oblongus, 
id., sulcatus, id.). 

M. de Koninck (7) a retrouvé en Belgique quelques-unes de ces espèces et 
en a ajouté deux nouve'les (P. Ryckholtiana et solaris). Cette dernière est un 
Metoptoma (Atlas, pl. LXIX, fig. 9). 


() Palæont. of New-York, t. I, p.306, pl. 40 et 83. 

(2) Beitr. zur Petref., t II, p. 81 pl. 14. 

(8) Petref , p. 113, Nachtrag, 1, p. 62, pl. 12; Goldfuss, Petref. Germ., 
tt p:6, pl 167, fie. 5. 

(4) Petref. Germ., loc. cit., pl. 166 et 167. 

(5) Palæontographica, t. I, p. 80, pl. 12, fig. 18. 

(6) Geol. of Yorkshire, t. II, pl. 14. 

{7) Desc. anim. foss. carb. Belg., p. 324, pl. 22 et 23 bis, 


296 GASTÉROPODES CYCLOBRANCHES. 
Quelques-unes sont indiquées dans les terrains triasiques. 


La P, subannulata, Münster (t), provient du muschelkalk de Laineck, près 
Baireuth. 


Six espèces de Saint-Cassian ont été décrites (2) par le comte de Münster 
et par M. Klipstein. 


Elles se continuent dans les terrains jurassiques. 
On en connaît quelques-unes du lias. 


Les P. Schmidti et subquadrata, Dunker (3), proviennent du lias d'Halbers- 
tadt. 


La P. papyracea, Goldf. (f), a été trouvée dans le lias de Banz, et la 
P. rugosa, id., dans le lias de Lübke. 


On en cite un assez grand nombre dans l'oolithe inférieure et 
dans la grande oolithe. Parmi ces espèces on en remarque plu- 
sieurs qui, par leur épaisseur , leurs côtes passablement distinctes 
et en général par toute leur apparence, semblent se rapporter 
bien plus au genre des patelles qu'a celui des acmées. Elles sont 
une preuve de la difficulté de répartir les coquilles fossiles entre 
ces deux genres et du peu de certitude de l'opinion qui attribue 
au genre acmée toutes les coquilles patelliformes antérieures à 
l’époque tertiaire. 


La P. mammillaris, Münster (°), de Aalen en Wurtemberg, a bien encore 
les formes des acmées. 

Les espèces décrites (6) par M. Eudes Deslongchamps prennent en partie les 
ornements et la forme des vraies patelles. Ce paléontologiste a décrit les 
P. Tessoni et sulcata, de l’oolithe inférieure de Normandie et les nitida, 
clypeola et appendiculata, de la grande oolithe (outre la P. rugosa, Sow.). 
Je suis disposé à ne voir avec M. d'Orbigny dans l'Umbrella ? disculus, Desl., 
qu'une yraie patelle. 

La grande oolithe d'Angleterre (7) a fourni plusieurs patelles auxquelles 


(1) Goldfuss, Peiref.-Germ., t. IL, p. 6, pl. 167, fig. 6. 

(2) Münster, Beitr. zur Petref., t. IV, p. 91, pl. 9; Klipstein, Geol. der 
œst. Alpen, p. 204, pl. 14. 

(3) Palæontographica, t, I, p. 113, pl. 13. 

(4) Petref. Germ., t. IE, p. 6, pl. 467, fig. 7et 8, 

(5) Goldfuss, Petref. Germ., t. I, p. 7, pl. 167, fig. 10. 

(6) Mem. Soc. Linn. Norm.,t. VIF, p. 112, pl. 7. 

(7) Sowerby, Min. conch., pl. 139 et 484; Morris et Lycett, Moll. from 
the great oo. (Palæont. Soc., 1850, p. 88, pl. 12). 


PATELLES. 297 


s'appliquent les considérations ci-dessus. On y trouve la P.rugosa, Sow. (Atlas, 
pl. LXIX, fig. 10), la P. paradoæa, Morris et Lycett (id., fig. 41), espèce à 
grosses côtes et très solide, et neuf autres espèces, dont quatre nouvelles, 
décrites par les mêmes auteurs. 


La P. Aubentonensis, d'Archiac (1), provient de la grande oolithe d’Au- 
benton. 


On trouve peu de patelles dans les terrains oxfordiens : 
La P. tenuistriata, Eudes Desl. (?), a été découverte à Trouville, 
Elles augmentent de nombre dans l’époque corallienne. 


La P. cingulata, Münster (3), a été trouvée à Pappenheim. 

Les P. minuta, Roemer, et ovata, id. (f), proviennent du terrain corallien 
d'Hoheneggelsen (oxfordien d'Orbigny). 

M. Buvignier (5) a décrit cinq espèces du coralrag de Saint-Mihiel, La P. vir- 
dunensis, Buy., est figurée dans l'Atlas, pl. LXIX, fig. 12. 

M. d'Orbigny (6) a indiqué quelques espèces inédites. 


Elles se continuent peu nombreuses dans les terrains jurassi- 
ques supérieurs. 


M. Buvignier (7) cite deux espèces (P. mosensis, Buv., et Humbertina, id.) 
du calcaire à astartes et une, la P, suprajurensis, Buy., du terrain portlandien 
de Varennes. 

Cette dernière espèce paraît être la même que la P.latissima, Sow. (8), 
du terrain kimméridgien de Weymouth. 


Ces mollusques ne sont pas très abondants dans les terrains 
crétacés. 
On en connait peu du terrain néocomien. 


Les Patella lamellosa, Koch (?), et quadrata, id., proviennent du hils de 
Ellingser Brinke. 


Le gault en renferme quelques-unes. 


(1) Mém. Soc. géol., 1847, t. V, p. 377, pl. 28, fig. 8. 

(2) Mém. Soc. linn. Norm., t. VIE, p. 114, pl. 7. 

(3) Goldfuss, Petref. Germ., t. IE, p. 7, pl. 167, fig. 11. 

(4) Norddeutsch. Oolithgeb., p. 135, pl. 9 et supplém., p. 43, pl. 20. 
(5) Statist. géol. de la Meuse, p. 27, pl. 21. 

(6) Prodrome, t. 1, p. 12. 

(7) Loc. cit. 

(8) Min. conch., pl. 139. 

(°) Koch. et Dunker, Beilr. Oolgeb., p, 51. 


9298 GASTÉROPODES CYCLOBRANCHES. 


M. d'Orbigny (1) a décrit l’H. tenuicosta du gault de Gévaudot et de Saint- 
Florentin et indiqué l’H. conica, d'Orb. de Clar. 

La P. lœvis, Sow. (2), provient du gault de Folkestone. 

La P. Varenensis (3), a été découverte dans le gault de Varennes, et la 
P. Perthensis, Buv., dans des sables verts inférieurs que M. Buvignier réunit 
au gault, et que je croirais plutôt appartenir au terrain aptien. 

J'ai décrit avec M. Roux ({) deux espèces du gault de la Perte du Rhône, 
sous les noms d’'Acmeæa inflata et À. gaullina (Atlas, pl. LXIX, fig. 13). 


Les terrains crétacés moyens et supérieurs en ont aussi fourni 
quelques espèces. 


L’'Amæa subcentralis d’Archiac (5) a été trouvée à Tournay (T°. cénomanien). 

Plusieurs espèces d'Allemagne ont été décrites (©) par MM. Geinitz (P. an- 
gulosa, du plänerkalk de Strebhlen), Reuss (P. campanulata et P. tenuicosta, 
du calcaire à hippurites de Koriczan); Roemer (P. comosa, du pläner mergel 
de Ilseburg) ; comte de Münster (P. semistriata de la craie de Haldem); von 
Hagenow (P. constricta et striatula de la craie de Rugen); etc. 


Elles n’augmentent pas beaucoup de nombre dans les terrains 
tertiaires. 


On trouve dans le tertiaire eocène du bassin de Paris quatre espèces dé- 
crites par M. Deshayes (7), la P. Duclosü, Desh., du calcaire grossier de 
Parnes, espèce très conique, et les P. costaria, Desh. (Atlas, pl. EXIX, 
fig. 14), striatula, id., et glabra, id., des grès supérieurs de Valmondois. 

J'ai dit plus haut que les Parmaphorus elongatus, Lamk (Atlas, pl. LXIX, 
fig. 15), et angustus, Desh. (8), ressemblent beaucoup plus à la Patella com- 
pressa, Desh. etc., qu'aux parmaphores vivants, et qu'ils sont probablement 
des patelles. Le premier se trouve dans le calcaire grossier et le grès marin 
supérieur. Le deuxième appartient au premier de ces gisements. 

La P. striata, Sow. (?), provient de l'argile de Londres. 


Les terrains miocènes et pliocènes en contiennent également. 


(!) Pal. fr., Terr. crét., t. 11, p..398, pl. 235. 

(2) Min. conch., pl. 139. 

(3) Stat. géol. de la Meuse, p. 27, pl. 21. 

(4) Moll. des grès verts, p. 283, pl. 27. 

(5) Mém. Soc. géol., 1847, 2° série, p. 334, pl. 22. 

(6) Geinitz, Characterist., supp., pl. 6; Reuss, Boehm. Kreidef., t. IT, 
p.110, pl. XL et XLIV: Roemer, Norddeutsch. Kreidgeg., p. 77, pl.11, Mün- 
ster in Goldfuss, Petref. Germ., t. I, p. 7, pl. 167, fig. 12; von Hagenow 
in Leonh. und Bronn, Neues Jahrb., 1842, p. 563. 

(7) Descr. des cog. foss. Par., t. II, p. 7, pl. 1. 

(8) id. p. 12, pl. 1. 

(8) Min. conch., pl. 389, 


PATELLES. 299 


M. Grateloup (!) a trouvé deux espèces dans les faluns bleus de Dax (mio- 
cène inférieur). Il rapporte l'une à la P. costaria, Desh., qui paraît différente, 
et nomme l’autre P. acuminata, Grat. Il ne cite qu'une espèce des faluns 
jaunes qu’il rapporte à la P. vulgata, Lin., vivante, mais elle me paraît plus 
élevée et moins costée. Au reste, les figures de M. Grateloup ne permettent 
pas de se faire sur ces analogies une opinion précise. 

Les auteurs piémontais (2) comptent six espèces de patellés dans les terrains 
miocènes de l'Italie septentrionale. Ce sont les P. pileata, Bon. (Acmæa pi- 
leata, Sism.), polygona, Sism. (Atlas, pl. LXIX, fig. 46), Borni, Mich., ne- 
glecta, id., Klipsteini, id., et anceps, id. Les terrains pliocènes du même pays 
ont fourni la P. diluvi, Mich. 

Le crag d'Angleterre suivant M. Wood 3), ne renferme qu’une seule patelle, 
la P. vulgata, Lin., vivante, et trois acmées ou TecrurA, Audouin et M.-Edw. 
Ce sont les T. virginea, Müll., et fulva, id., encore vivantes, et la T. par- 
vula, Wood, spéciale au crag à mammifères, 

On peut ajouter (f) la P. angulata, d'Orb., de Bessarabie, la P. Duboi- 
siana, d'Orb., de Volhynie, etc. 

Quelques patelles mal déterminées ont été citées dans les terrains tertiaires 
de l'Amérique méridionale et dans les monts Caribari (Indes orientales). 


Les DEsLonGcHampsia, M’ Coy. — Atlas, pl. LXIX, fig. 17, 


ne diffèrent des patelles que par un large sillon longitudinal à la 
partie antérieure, qui se prolonge en dépassant un peu le bord, 
formant ainsi une région triangulaire étroite qui rompt l’unifor- 
mité normale. Le sommet est plus rapproché du bord antérieur. 

Il est difficile de se rendre compte de la valeur de cette modi- 
fication; il n'est pas impossible qu’elle corresponde à un carac- 
tère organique important. 


La seule espèce connue (5) est la D. Eugenei, M’ Coy, de la grande oolithe 
d'Angleterre. 


(1) Conch. foss. Adour, I, pl. 4. 

(2) Sismonda, Synopsis , p. 25; Michelotti, Desc. foss. nuioc. Ital. sept., 
p. 133. 

(3) Moll. from the crag, Pal. Soc., 1848, p. 160, pl. 18. 

(#) D'Orbigny, Pal. du voyage de M. Hommaire de Hell, p. 170, pl. 4, et 
Prodrome, t. 11, p. 93; Dubois, Conch. foss, plat. Volh. Pod., pl. 4, fig. 11. 

(5) M’ Coy, Notes manuscrites ; Morris et Lycett, Mollusca from the great 
aolithe (Pal. Soc., p. 94, pl. 12). 


300 GASTÉROPODES CYCLOBRANCHES. 


Les OscaBrioNs (Chiton, Lin., Cryptoplaz , Gray), — Atlas, 
pl. LXIX, fig. 18 et 19, 


sont de véritables gastéropodes par la forme de leur pied et par 
leurs organes essentiels, et ils ressemblent aux patelles par la 
disposition de leurs branchies; mais ils diffèrent de tous les 
autres mollusques de cette classe, parce qu’au lieu d’avoir une 
coquille unique, leur corps est protégé par une série de pièces 
calcaires indépendantes ou cérames, imbriquées d'avant en ar- 
rière et ordinairement au nombre de huit. Cette disposition re- 
marquable, distingue clairement les oscabrions de tous les autres 
animaux. | 

Ces mollusques sont rares à l’état fossile et paraissent être au- 
jourd’hui à leur maximum de développement. On les a cependant 
trouvés déjà dans les terrains dévoniens, mais ils ne sont repré- 
sentés dans la série des époques suivantes qu'à de rares inter- 
valles et par des fragments peu nombreux. 

Leur étude est difficile, car on ne trouve le plus souvent que 
des plaques isolées qui rendent les erreurs faciles dans l’appré- 
ciation de leurs caractères. Les plaques du milieu sont souvent 
lobées et ont une forme assez tranchée ; la dernière souvent ar- 
rondie peut facilement se confondre avec certaines patelles. Il ne 
serait pas impossible que quelques fossiles de l’époque primaire, 
considérés comme des espèces de patelles ou d’acmées, surtout 
parmi celles qui ont la forme dont on a fait le genre des Meror- 
TOMA, ne fussent que des plaques terminales d’oscabrions. 

Quelques plaques dorsales du même genre ont été même con- 
fondues avec les bellérophes (1), et ont fait croire à quelques au- 
teurs que ce dernier groupe pourrait arriver jusqu'à une forme 
très étalée. 

On en connaît comme je l'ai dit quelques espèces de l’époque 
dévonienne. 


Nous avons figuré dans l'Atlas, pl. LXIX, fig. 19, le Chiton corrugatus, 
Sandberger (?), des terrains dévoniens du duché de Nassau. Le C. sagittallis, 


(!) Ainsi le B. expansus, Roemer, Harzgeb., pl. 9, fig. 5 (non Hall), est 
très probablement une plaque d’oscabrion. 

(2) G. et F. Sandberger, Syst. Besch. Verst. Rhein. Schichten syst., Nassau, 
pl. 26, fig. 22 et 23. 


OSCABRIONS. 501 


id., des mêmes gisements, est une espèce dont les cérames sont en forme de 
fer de flèche. 

Le Bellerophon expansus, Roemer (1), doit probablement, comme nous l’a- 
vons dit, être transporté dans ce genre. 

Suivant M. G. Sandberger (?), il faut ajouter à la liste des oscabrions dévo- 
niens le C, priscus, Münster, cité plus bas, qui aurait été trouvé dans le 
terrain dévonien de Wilmar, le C. cordiformis, Sandb., de Grund, et les C. 
fasciatus, id., et subgranosus, id , de Wilmar. 


Les espèces se continuent dans les terrains carbonifères. 


Le C. priscus, Münster (3), provient du terrain carbonifère de Tournay 
(Atlas, pl. LXIX, fig, 18). 

Le C. concentricus, Koninck, et gemmatus , id. (subgemmatus, d’Orb.), 
ont été trouvés à Visé (Belgique). 

M. le baron de Ryckholt (f) a ajouté dix espèces nouvelles des terrains 
carbonifères de Belgique. 


Une espèce a été indiquée dans les terrains permiens. 
C’est le C, Loftusianus, King (5), de Humbleton Hill. 
Is paraissent très rares dans les dépôts jurassiques. 


M. Terquem a fait connaître (6) le C, Deshayesi, du lias du département 
de la Moselle. 

M. Deslongchamps a décrit (7) le C. Koninckiüi, Desl., de la grande oolithe 
de Luc. 


Aucune espèce n'a encore été citée dans les terrains crétacés, 
Elles sont peu nombreuses dans les terrains tertiaires. 


On trouve dans le calcaire grossier de Paris le C. grignonensis, Lamk (5). 

Le C. miocenicus, Michelotti (°), rapporté d'abord par Sismonda, etc., au 
C. cinereus, Lamk, vivant, caractérise les terrains miocènes de la colline de 
Turin. 

M. Sismonda (it) (mais non M. Michelotti), y ajoute le C. cajetanus, Poli 
tubcajetanus, d'Orb.), qui se trouverait avec le précédent. 


(1) Koemer, Harzgeb., pl. 9, fig. 5. 

(2) Leonh. und Bronn, Neues Jahrb., 1842, p. 399. 

(8) Münster, Beitr. zur Petref., t. X, p. 38, pl. 13, fig. 4; de Koninck, 
Desc. anim. foss. carb. Delg., h. 319, pl. 22 et 23. 

(#) Résumé géol. sur le genre Chilon (Bulletin Acad. Bruxelles, t. XI, n°7.) 

(5) Permian fossils (Palæont. Soc., t. VILL, p. 202, pl. 16). 

(6) Bull. Soc. géol., 2° série, 1852, p. 386. 

(7) Mem. Soc. linn. Norm., t. VII, p. 157, pl. 18. 

(8) Deshayes, Cog. foss. Par., t. WE, p. 7, pl. 1. 

(®) Desc. foss. mioc. llal, sept., p. 132, pl. 16, fig. 7. 

(10) Synopsis, p. 25. 


302 GASTÉROPODES DENTALIDES. 


M. Wood {1) indique dans le crag corallien d'Angleterre, le C. strigillaris, 
Wood, espèce perdue, et avec doute, les C. fascicularis, Lin., et Rissoi, Payr., 
encore vivantes. 


M. Conrad et M. Lea (2?) ont décrit quelques espèces des terrains tertiaires 
d'Amérique. 


M. d'Orbigny a trouvé dans les terrains diluviens d'Amérique le C. tuber- 
culiferus, SOW. 


Les OscaBreLLes (Chitonella, Lamk), 


diffèrent des oscabrions en ce que les pièces dorsales ou céra- 
mes, sont plus petites, séparées et en partie cachées sous la peau. 


Ces mollusques serpentent, et courbent leur corps plus facile- 
ment que les oscabrions. 


La valeur de ce genre est contestable et des nuances insensi- 


bles le lient au précédent. Je crois aussi que son existence à l'état 
fossile est très douteuse. 


M. d’Orbigny ($) lui attribue le Chiton cordifer, de Koninck, des terrains 
carbonifères de Tournay. M. de Ryckholt considère comme des plaques de 
crinoïdes les fragments sur lesquels cette espèce a été établie. 


h° ORDRE. 


DENTALIDES. 


Les dentalides ont été pendant longtemps réunis aux 
annélides, et rapprochés des serpules, mais l’étude de 
l'animal a montré qu’ils ont les caractères essentiels des 
gastéropodes ; ils ne peuvent toutefois être associés à au- 
cun desordres précédents et doiventen former unspécial. 

Ils sont caractérisés par un corps allongé, coni- 
que, tronqué en avant, un pied proboscidiforme, une 
tête distincte et pédiculée, des lèvres pourvues de ten- 
tacules et des branchies disposées en deux paquets cer- 
vicaux symétriques. 


(:) Mol. from the crag, Palæont. Soc., 1848, p. 183, pl. 20. 

(2, Lea, Desc. new foss. tert.; d'Orbigny, Voyage, Paléontologie, p. 159. 

(8) Prodrome, t. 1, p. 127; de Koninck, Descr. anim. foss, carb. Belg., 
p. 324, pl. 22, fig. 5, Ryckholt, Résumé géol. Chiton, p. 25. 


DENTALES,. 303 


Les Denraces (Dentalium, Linné, Dentalis, Liwoyd), — Atlas, 
pl. LXIX, fig. 20 à 29, 


sont le seul genre de la famille. Ils ont une coquille régulière, 
allongée, arquée en forme de petite corne, atténuée à son extré- 
mité et ouverte aux deux bouts. 

Les Enrazium, Defrance, ne sont que des dentales dont l'extré- 
mité postérieure a été cassée par accident et sécrétée de nouveau 
avec un diamètre différent. 

M. Gray a donné une autre signification à ce mot. Il divise les 
dentales en trois genres : les DENTALES proprement dits, striés ou 
costés longitudinalement, les ExraLiuw, lisses, et les GapiLa, qui 
ont une bouche rétrécie. Ces groupes sont commodes pour distin- 
guer les espèces, mais ils n’ont pas une valeur générique, 

Les dentales ont apparu dès les époques les plus anciennes du 
globe et se retrouvent dans la plupart des terrains. Ils vivent au- 
jourd’hui sur les côtes sablonneuses et rocailleuses de la plupart 
de nos mers, et sont surtout abondants dans les régions chaudes. 

On en connaît quelques-uns de l’époque primaire, mais seule- 
ment des terrains dévoniens et carbonifères. 


Goldfuss (1) a décrit les D. Saturni et antiquum, du terrain dévonien de 
l'Eifel, et le D. priscum, du terrain carbonifère de Tournay (Atlas, pl. LXIX, 
fig. 20). 

On trouve dans les terrains carbonifères de Visé (2), les D. ingens et or- 
natun, de Koninck (Atlas, pl. LXIX, fig. 21). 

M. M’Coy a fait connaître (#) le D. inornatum, des terrains carbonifères 
d'frlande. 


Quelques espèces sont citées dans les terrains triasiques (4. 


Le D. lœve, Schloth., provient du muschelkalk de Baireuth, le D, lorqua- 
tum, Hall, du muschelkalk de Iéna. 
Quatre espèces ontété trouvées à Saint-Cassian. 


L'époque jurassique en renferme un petit nombre. 


(1) Petref. Germ., t. I, p. 1, pl. 166. 

(2) Descr. des anim. foss. carb. Belg., Liège, 1842-1844, p. 317, pl. 22. 

(3) Synopsis of Ireland, p. 47, pl. 5. 

(* Petref. Germ., t. I, p. 2, pl. 166 ; Schlotheim, Petref., Nachtrüge, 
IE, p. 107, pl. 32, fig. 1; Müoster, Beitr. zur Petref., t. IV, p. 91; Klips- 
tein, Geol. der œst. Alp., p. 206. 


304 GASTÉROPODES DENTALIDES. 


On trouve dans le lias (1) les D. giganteum, Phillips, elongatum, Müns- 
ter, et compressum, d'Orbigny. 

M. Eudes Deslongchamps (?) a décrit deux espèces de Normandie, dont une 
(D. entaloides, Desl.), de l’oolithe inférieure du Moutiers, et une (D. nitens, 
Desl. non Sow., D, Normannianum, d'Orb.), du terrain kimméridgien de 
Villerville. 

Goldfuss (3) a fait connaître le D. cincium, du terrain jurassique de Dern- 
burg, et le D, tenue, de Pappenheim. 


On en trouve aussi dans les terrains crétacés. 


Sowerby en a décrit (£) quelques espèces, le D. cylindricum, du grès vert 
inférieur du Devonshire, le D. septangulare, du grès vert de Belfast, les 
D. decussatum et ellipticum, du gault, et le D. medium, du grès vert de Black- 
down. 

J'ai décrit avec M. Roux (5) le D. Rhodani, du gault de la perte du Rhône 
(Atlas, pl. LXIX, fig. 22). Notre D. serratum paraît être une serpule. 

M. Geinitz (6) à fait connaître le D. glabrum, du quader inférieur et du 
plæner mergel, et le D. cidaris, du plæner de Saxe. 

Les D. laticostatum et polygonum, Reuss (7), proviennent du plæner de 
Bohème. 

Le D. Mosæ, Bronn ($), est une espèce un peu irrégulière, fréquente dans 
le terrain crétacé supérieur de Maëstricht, de Quedlimbourg, etc. (Atlas, 
pl. LXIX, fig. 23). 

Le D. nudum, Zekeli (9), a été trouvé dans les terrains crétacés supérieurs 
de Gosau. 

Il faut ajouter (10) quelques espèces du Chili et de Pondichéry. 


Les espèces augmentent beaucoup de nombre dans les terrains 
tertiaires (11). 


(*) Phillips, Geol. of Yorkshire, pl. 14, fig. 8; Münster, in Goldfuss, Petref. 
Germ., t. I, p. 2, pl. 166; d'Orbigny, Prodrome, t. I, p. 233. 

(2) Mém. Soc. linn. Normandie, t. VIL, p. 428, pl. 7. 

(3) Petref. Germ., t. I, p. 3, pl. 166. 

(4) Min. conch., pl. T0 et 79; Edinburgh Phil. Journ., t. XII. 

(5) Descr. moll. foss. grès verts, p. 286, pl. 27. 

(6) Charachterist., p. 74, pl. 18. 

(") Boehm. Kreideg., 1, p. 41, pl. 41. 

(8) Goldfuss, Petref. Germ., t. III, pl. 166. 

(?) Gastéropodes Gosau, p. 118, pl. 24. 

(10) D'Orbigny, Voyage de l'Astrolabe ; Forbes, Trans. geol. Soc., 2° série, 
te VITE 

(11) On pourra consulter pour la description des espèces, une monographie 
de M. Deshayes, publiée dans le tome II des Mémoires de la Soc. d’hist. nat. 


DENTALES. 305 
Les dépôts éocènes en ont fourni plusieurs. 


On cite dans les terrains tertiaires inférieurs (1) le D, incertum, Deshayes, 
d'Abbecourt, le D. sulcatum, Lamk, de Liancourt, etc., les D. entalis (sub- 
entalis, d'Orb.) et abbreviatum, Desh., de Cuise-la-Motte (Atlas, pl. LXIX, 
fig. 25). 

Le calcaire grossier des environs de Paris (2) a fourni une dizaine d'espèces. 
Nous avons figuré dans l'Atlas, pl. LXIX, fig. 24, l'espèce qui a été réunie 
par Lamarck au D. eburneum, vivant (D. subeburneum, d’Orb.). 

Le D. grande, Desh., provient des terrains éocènes supérieurs de la Cha- 
pelle-en-Serval. 

Les D, striatum, Sow., et nitens, id. (3), ont été trouvés dans l'argile de 
Londres, 


Les terrains miocènes et pliocènes en renferment un grand 
nombre. 


M. Nyst () cite quatre espèces dans le système tongrien de Belgique (D, 
Kickæi, Nyst, et trois espèces déjà décrites); et cinq espèces dans le système 
campinien du même pays (D. semiclausum, Nyst, et quatre espèces connues). 

Les dépôts miocènes du Piémont renferment, suivant M. Michelotti (5), dix 
espèces décrites par Lamarck, Deshayes, Michelotti, ete. Nous en avons figuré 
plusieurs dans la plane  LXIX de l'Atlas : le D. coarciatum, Lamk (fig. 26); 
le D. fossile, Lin. (fig. 27), le D. Bouei, Desh. (fig. 28); le D. asperum, 
Mich. (fig. 29). 

Suivant M. Sismonda (©) les terrains pliocènes du même pays renferment 
les D. aprinum, Lin., dentalis, Lin., fissura, Lamk, qui vivent encore et 
le D. Noe, Bon., espèce éteinte. 

Le crag d'Angleterre contient, suivant M. Wood (?), les D. coslatum, Sow., 
et entalis, Lin., encore vivantes, et le D. bifissum, Wood, spécial au crag 
corallien. 

On a aussi trouvé ($) quelques dentales dans les terrains tertiaires de l'A- 
mérique septentrionale, dans ceux du Chili, ete. 


de Paris, et la 2° édit. de Lamarck. On y trouvera de nombreuses espèces 
fossiles. M. Chenu a aussi publié une monographie dans les Illustrations con- 
chyliologiques. 

(*) Deshayes, loc. cit.; Lamarck, Hist. natur. des anim. sans vertèbres, 
2° édit., etc. 

(2) Deshayes, id.; d'Orbigny, Prodrome, t, I, p. 372. 

(3) Min. conch., pl. 70. 

(#) Coq. et pol. foss. Belg., p. 339. 

(5) Descr. foss. mioc. [al. sept., p.141, pl. 5 et 16; Deshayes, loc. cit., etc. 

(5) Synopsis, p. 24 ; Deshayes, loc. cit. 

(*) Moll. from the crag (Palæont. Soc., 1848, p. 187, pl. 20). 

(8) Say, Journ. Acad. Phil., t. IV, p. 154; Conrad, id.,t. VIT, p. 142 ; 
Sowerby in Darwin, South. Amer., p. 263, etc. 

IE, 20 


306 GASTÉROPODES TECTIBRANCHES. 


5° ORDRE. 


TECTIBRANCHES 


(Monopleurobranches , Blainville). 


L'ordre des tectibranches est caractérisé par des bran- 
chies en forme de feuillets, placées le long du côté 
droit ou sur le dos, et plus ou moins recouvertes par 
le manteau. Tantôt l'animal est protégé par une co- 
quille externe enroulée où patelliforme; tantôt le man- 
teau renferme dans son intérieur une coquille analogue ; 
tantôt on ne trouve qu'un osselet interne cartilasineux 
ou corné ; quelquefois même, il n'existe aucune partie 
solide. 

Ces mollusques sont en général faibles et organisés 
pour ramper; ils sont en conséquence côtiers et pré- 
fèrent les lieux abrités, les fonds de vase et de sable, 
recherchant surtout ceux qui sont situés dans les polfes 
et même dans les eaux stagnantes des marais maritimes, 
Ils sont nocturnes et viennent au crépuscule ramper 
sur les plages tranquilles. 

On n’en connaît pas de plus anciens que ceux de 
l’époque jurassique, pendant laquelle ont vécu des 
bulles et peut-être (?) des ombrelles. Quelques gen- 
res ontélé abondants pendant l’époque tertiaire, et ont 
vécu alors en Europe, en Amérique et dans l'Inde. 
Leur principal développement numérique paraît cor- 
respondre à l'époque actuelle. 

On peut les diviser en trois familles : 

Les PLEuropBrANCHES, ont des branchies sur le côté 
du manteau, qui est simple, leur coquille est quelque- 
fois nulle, quelquefois solide et patelliforme. 

Les APLYsiENs, ont des branchies sur le dos: elles 


PLEUROBRANCHES, 307 


sont protégées par un repli spécial du manteau, qui 
renferme quelquefois une coquille rudimentaire. 

Les BuLLéens, ont épalement les branchies sur le 
dos, protégées par le manteau lui-même ; leur coquille 


est quelquefois nulle, quelquefois interne, quelquefois 
externe et enroulée. 


A Famize. — PLEUROBRANCRES. 


La famille des pleurobranches renferme, comme je l'ai dit, les 
tectibranches à branchies latérales. Quelques genres (PZeurobran- 


chus, Cuvier, etc.), sont totalement dépourvus de coquilles et 
sont inconnus à l’état fossile. 


Les OMBRELLES (Umbrella, Lamk, Umbraculum, Schum., Gastro- 


plaz, Blainv., Acardo, Megerle non Brug.), — Atlas, pl. LXX, 
fig. 4, 


sont de grands mollusques circulaires, dont le pied déborde le 
corps et dont le dos est hérissé de tubercules. Le manteau porte 
une coquille pierreuse, plate, irrégulièrement arrondie, plus 
épaisse dans son milieu, à bords tranchants, et marquée de stries 
concentriques. 


C'est avec doute que M. Delongchamps (!) rapporte à ce genre une coquille 
de l'oolithe ferrugineuse de Bayeux (U. disculus, E. D.). M. d'Orbigny la rap- 
proche des acmées, et je l’ai ci-dessus associée aux patelles. 

L'U. ? hamptonensis, Morris et Lycett (2), me paraît très douteuse. 


Les espèces qui ont été citées dans les terrains tertiaires, pa- 
raissent plus certaines. 


L'U. Laudinensis, Melleville (3), provient des sables inférieurs de Laon 
(Atlas, pl. LXX, fig. 1). 


Les terrains tertiaires pliocènes du Piémont renferment une espèce que 


(1) Mém. Soc. linn. Norm., t. VIL p. 120, pl. 7. 
(2) Mol. from the great ool. (Palæont. Soc., 1850, p. 95, pl. 12). 
(8) Descr. sabl. tert. inf. (Ann. sc. géol., p. 44, pl. 6). 


308 GASTÉROPODES TECTIBRANCHES. 


M. Sismonda (1) rapporte à celle qui vit actuellement dans la Méditerranée 
(U, mediterranea, Lamk). Cette mème espèce se retrouve dans les terrains 
quaternaires de Sicile. 


Les TyLonines (7ylodina, Rafinesque), 


ressemblent aux ombrelles ; l'animal peut se retirer entièrement 
sous une coquille conique, dont le sommet présente un ou deux 
tours d’enroulement embryonnaire. 


La seule espèce fossile connue est la T. Rafinesqui, Philippi (2), qui vit 
dans la Méditerranée et qu'on trouve enfouie dans les terrains quaternaires 
de Grayina et de Palerme. 


% FAMILLE. — APLYSIENS. 


Cette famille renferme des tectibranches dont les branchies 
sont situées sur le dos et protégées par une sorte de bouclier, 
prolongement du manteau, qui renferme quelquefois une coquille 
rudimentaire. Les tentacules sont grands. 

Ces coquilles, quand elles existent, sont très délicates et leur 
conservation à l'état fossile est en conséquence rare. Les mers 
actuelles renferment un très grand nombre de genres difficiles à 
distinguer par la coquille seule, qui ne forme qu'une partie pen 
importante de l'organisme, On à attribué sans motifs suffisants au 
plus anciennement connu, les rares débris fossiles qu'on a trou- 
vés, 


Les APLysies (Aplysia, Lin., Laplysia, Lamk), 


sont des mollusques nus qu ressemblent à de grosses limaces. 
Leur large pied déborde le corps et forme des crêtes flexibles qui 
peuvent se réfléchir sur le dos. Leurs tentacules creusés en gout- 
tières, comme des oreilles de mammifères, les ont fait nommer 
Lièvres de mer. Le manteau contient dans son intérieur une Co 
quille cornée et plate, | 


(t) Sismonda, Synopsis, p. 56; Philippi, Enwin. moll. Sic., 1, p. 113, ff, 
p. 88. 
(2) Philippi, Enum. moll, Sie., €. 4, p, 114, pl. VIT, fig. 8, t. If, p. 89. 


BULLÉENS. 509 


M. Philippi (!) a désigné sous le nom d'Aplysia deperdila, une petite co- 
quille triangulaire du calcaire quaternaire de Palerme. 

Il a rapporté avec doute au mème genre, sous le nom d’À, grandis, une 
espèce plus grande (vingt-six lignes) du même gisement, 


3e Famizze. — BULLÉENS. 


Les bulléens ont des branchies sur le dos, recouvertes parle man- 
teau lui-même. Les tentacules manquent souvent. La coquille 
varie : tantôt elle est interne, tantôt externe et quelquefois assez 
grande pour cacher tout l'animal. Quelquefois elle manque com- 
plétement. 

Les auteurs sont peu d'accord sur la division de cette famille. 
Quelques-uns n’admettent que les genres acera et bulla (en y 
réunissant les bullæa). M. Gray, dans ces derniers temps, à pro- 
posé de la partager en quatre familles et dix-huit genres! Je ne 
m'occuperai ici que des types qui ont été trouvés à l'état fossile. 

Les bulléens ont apparu pour la première fois au milieu de 
l'époque jurassique. Ils ont augmenté successivement de nombre 
jusqu’à l’époque actuelle, dans laquelle ils paraissent avoir leur 
maximum de développement. 


Les BuLes (Bulla, Lamk), — Atlas, pl. LXX, fig. 2à 7, 


ont une coquille univalve, peu enroulée, ovale, sans columelle ni 
saillie à la spire, largement ouverte et à labre tranchant. L'ani- 
mal peut s'y renfermer presque complétement, 

Je suis obligé de leur réunir un grand nombre de genres ou 
sous-genres, parce qu'il nous manque des moyens suffisants pour 
étendre à la paléontologie les divisions fournies par l'étude des 
animaux vivants. Je comprends en particulier sous le nom ge- 
néral de bulla : les BuLcina, Férussac () (Aplustrum ou Hyda- 
tina, Schum.), les CicazyNa, Loven (Bullina, Risso), les ACERA, 
Müller (Vitrella, Swainson), les Azicura, Ehrenberg, les Buzrt- 


(1) Enum. moll. Sic., t. I, p, 125, pl, 7, fig, 40, t. IN, p. 99, pl. 18, 
fig. 10. 

(2) Les Bullina, Fér., peuvent bien se distinguer par la coquille, car chez 
elles la spire est visible et un peu saillante; mais ce caractère est très peu 
important et présente trop de transitions pour avoir une valeur générique. 


310 GASTÉROPODES TECTIBRANCHES. 


NULA, Beck, les Arys, Montfort (Bulla hydatis), ete.; sans parler 
des groupes fondés par M. Gray pour des espèces vivantes. 

Les bulles sont aujourd'hui des mollusques abondants dans les 
mers chaudes et tempérées. Elles ont apparu dès l’époque juras- 
sique, et sont nombreuses dans les terrains tertiaires. 

On en trouve comme je l'ai dit quelques-unes dans les terrains 


jurassiques ; mais les espèces ne sont pas toujours faciles à dis- 
tinguer des actéonines. 


La grande oolithe de Normandie a fourni (!) la B, globulosa, Desl., et la 
B. primæva, id. ; 

La B. Thorentia ? , Buvignier (?), caractérise les mêmes dépôts du dépar- 
tement de l’Aisne. 

M. d'Orbigny (3) indique trois espèces inédites, la B. Lorieri, d'Orb., du 
terrain kellowien de la Sarthe; la B. Arduennensis, id., du terrain oxfordien 
des Ardennes, et la B. velusta, id., du terrain corallien de la Rochelle. 

La B. elongata, Phillips ({), a été trouvée dans le terrain oxfordien d’An- 
gleterre. 

M. Buvignier (5) en a décrit trois (B. Dionysea, Moreana et Michelinea, 
Atlas, pl. LXX, fig. 2) des terrains kimméridgiens de la Meuse et deux des 
terrains portlandiens (B. cylindrella et truncatula). Ces deux dernières me 
paraissent avoir plus de rapports avec les actéonines qu'avec les bulles. 

La B. suprajurensis, Roemer (6), provient du terrain corallien de Hildes- 
heim. 

J'ai déjà dit que les B. olivæformis, Kock et Dunker, B. subquadrata, 
Roemer, et spirata, id., du même gisement, trouvées à Marienhagen, sont 
plus probablement des actéonines. 


La B. Mantelliana, Sow. (7), a été découverte dans le terrain wealdien de 
la forêt de Tilgate. 


Les bulles sont rares dans les terrains crétacés. 


La B. cretacea, Müller (8), a été trouvée dans le terrain crétacé supérieur 
d’Aix -la-Chapelle, 
M. d'Orbigny (9) indique une B. santonensis, inédite, de la craie de Saintes. 


(1) Mém. Soc. linn. Norm., t. VIL, p. 135, pl. 10 et t. VIIL, p. 161, pl. 18. 
(2) Mém. Soc. phil. Verdun, t. WE, p. 13. 

(3) Prodrome, t. 1, p. 334 et 338, ett. Il, p. 13. 

(#) Geol. of Yorkshire, p. 102, pl. 4. 

(5) Statist. géol. de la Meuse, p. 28, pl. 21. 

(6) Norddeutsch. Oolithgeb., p. 137, pl. 9. 

(7) Trans. geol. Soc., 2° série, t. IV, pl. 22. 

(8) Aachen. Kreidef., LL. p. 7, pl. 3. 

%) Prodrome, t. 11, p. 233. 


BULLÉENS. 311 


Elles augmentent beaucoup en nombre dans les terrains ter- 
tiaires. 


Lamarck et M. Deshayes (!) en ont décrit treize espèces des terrains éocè- 
nes du bassin de Paris, dont il faut retrancher deux scaphanders. La B. an- 
gistoma, Desh. (Atlas, pl. LXX, fig. 3), et la B. semistriata, caractérisent les 
dépôts inférieurs du département de l'Oise, de Soissons, etc. Les neuf autres 
appartiennent au calcaire grossier. Nous avous reproduit dans l'Atlas, pl. 
LXX, la B. ovulata, Lamk, fig. 4, et la B. plicata, Desh., fig. 5, comme 
type des vraies bulles, et la B. striatella , Lamk, fig. 6, comme type des 
bulles à spire visible, ou BuLziNa. 

Plusieurs de ces espèces se retrouvent dans les terrains éocènes d’Angle- 
terre (2) avec quelques autres qui leur paraissent spéciales (B. acuminata, Sow. 
non Brug., ou subacuminata, d'Orb., elliptica, Sow., constricia, id., etc.). 

Il faut ajouter la B. Sowerbyi, Nyst (3), des terrains éocènes de Belgique. 


Les espèces sont abondantes dans les terrains miocènes et 
pliocènes. 


La B. minuta, Desh. ({), se trouve dans les terrains miocènes inférieurs du 
parc de Versailles. 5 

Les espèces du bassin de Bordeaux ont été décrites par M. Basterot et par 
M. Grateloup ($). Ce dernier a fait connaître quatre espèces nouvelles des 
faluns bleus ( B. fallax, Grat.), et une quinzaine des faluns jaunes. Nous 
avons figuré dans l'Atlas, pl. LXX, fig. 7, la Bullina Lajonkaireana, Basterot, 
fréquente dans les terrains miocènes d'une partie de l'Europe. 

La B. Grateloupi, Michelotti (6), et la B. Brocchü, id., caractérisent les 
dépôts miocènes du Piémont. 

M. E. Sismonda (7) y ajoute la B. uniplicala, Bell., et indique dix espèces 
dans les terrains pliocènes du même pays. La plupart sont assimilées à des 
espèces vivantes. 

L'Allemagne renferme dans ses terrains tertiaires une grande partie des es- 
pèces précitees. D'autres ont été décrites (8) par M. Philippi (B. intermedia, 
relusa, terebelloïdes, teretiuscula, apicina, dilatata, plicata, lineata, etc.). 


(!) Deshayes, Descr. des cog. foss. Par., t. 1, p. 37, pl. 5 et 8. 

(2) Sowerby, Min. conch., pl. 464. 

(3) Cog. et pol. foss. Belg., p: 456, pl. 39. 

(#) Cog. foss. Par., t. IL, p.43, pl5: 

(5) Basterot, Cog. foss. Bord., p. 203 Grateloup, Conch. foss. Adour, I, 
pl. 2. Voyez pour la synonymie des espèces des faluns jaunes, d'Orbigny, 
Prodrome, t. IL, p. 95. 

(6) Descr. foss. mioc. Ital. sept., p. 150. 

(7) Synopsis, p. 56. 

(8) Philippi, Tert. Verst. nordwest, Deutsch., p. 18, pl. 3, et Palæonto- 
graphica, I, p. 58, pl. 9. 


o12 GASTÉROPODES TECTIBRANCHES, 


M. Wood (!) cite dans le crag d'Angleterre, neuf espèces de bulles en y 
comprenant quelques scaphanders. Six d'entre elles vivent encore; deux sont 
spéciales au erag corallien (B. concinna, Weod, et na:sa, id.). 

Il faut ajouter (2?) quelques espèces décrites par MM. Matheron (B. subum- 
biculata, de la mollasse du midi de la France); Dubois de Montpéreux (B. ovu- 
lata, Dubois eu Duboisiana, d'Orb.), etc. 


Gn trouve aussi des bulles en Amérique et en Asie (5), dans les 
terrains crétacés et tertiaires. 


Les Scapdanper, Montfort (Assu/a, Schum.), — Atlas, pl. LXX, 
fig. 8 et 9, 

peuvent à peine être séparés des bulles par les caractères de leur 

coquille. L'ouverture en est plus élargie à la parite antérieure et 

plus resserrée à proportion en arrière, de manière à former un 

cornet plus ouvert. Leur séparation générique paraît justifiée par 

la nature de l'estomac qui est pierreux comme chez les philina. 

Quelques espèces des terrains tertiaires, voisines par leurs for- 
mes de Ja Pulla lignaria, vivante, paraissent devoir appartenir à 
ce genre. 

La PB. conica, Desh., de Soissons, et la B. parisiensis, d'Orb., de Cuise-la- 
Motte (Atlas, pl. LXX, fig. 8, espèce réunie à tort par M. Deshayes à la 
B. ligraria, caractérisent les terrains éocènes inférieurs (f). 

La 2. Forlisii, Brongaiart (5), du terrain nummulitique de Ronca, a aussi 
les caractères des scaphanders. 

Ilenest de mème de la B. altenuala, Sow. (6), de largile de Londres. 

On doit encore placer dans les scaphanders deux bulles des faluns jaunes 
de Dax, rapportées à tort par M. Grateloup (7), l'une à la B. lignaria (S. sub- 
lignaria, d'Orb.), et l'autre à la B. Fortisü, Brongniart (S. Grateloupi, 
d'Orb.): 

La véritable B. lignaria, Lin., vivante, parait se retrouver ($) dans les 


(1) Moll. from the crag (Palæont. Soc., 1848, p. 172, pl. 21). 

@, Matheron, Catalogue méthodique et descriptif des corps organisés fos- 
siles du département des Bouches-du-Rhône et lieux circonvoisins, extrait du 
Répertoire des trav. Soc. stat. Mars., p. 196, pl. 33; Dubois de Montpéreux, 
Conch. foss. plat. Volh. Pod., p. 49, pl. 1, etc. 

() D'Orbigny, Prodrome, t. Il et IN. 

(*) Deshayes, Cog. foss. Par., t. I, p. #4, pl. 5 et 8 ; d'Orbigny, Pro- 
drome, t. IL, p. 321. 

(5) Vicentin, p. 52, pl. 2, fig. 1. 

(6) Min. conch., pl. 464. 

(7) Conch. foss. Adour, 1 ; d'Orbigny, Prodrome, t. I, p, 95. 

(8) Sismonda, Synopsis, p. 56 ; Wood, loc. cit., ete. 


GASTÉROPODES HÉTÉROPODES. 13 


terrains pliocènes d'Asti, le crag, ete. La planche LXX, fig. 9 de l'Atlas, 
représente un échantillon du crag. 


Les Paicina, Ascanius (!), (Zobaria, O.Æ.Müller, Zullæa, Lamk), 
— Atlas, pl. LXX, fig. 10 et 11, 


ont des coquilles de même forme que les bulles, mais plus minces 
et très ouvertes. La principale différence entre ces deux genres 
consiste dans ce que, dans les philina, cette coquille est cachée 
dans le manteau, tandis qu'elle est extérieure dans les bulles. On 
en connait un petit nombre d'espèces vivantes et quelques fossiles 
des terrains tertiaires. 

La B, striata, Desh. (2), se trouve dans les terrains éocènes de Grignon et 
de Mouchy (Atlas, pl. LXX, fig. 10). 

La B. seabra, Müller (B. punctata, Philippi, B. angustata, Bivona), de la 
Méditerranée, se trouve fossile dans les terrains quaternaires de Sicile (?). 

M. Wood (f} en cite quatre espèces dans le crag d'Angleterre, dont deux 
encore vivantes {R. scabra, ci-dessus indiquée et B. quadrata, Wood, Atlas, 
pl. LXX, fig. 11), et deux spéciales au crag corallien (B. sculpta, Wood, et 
ventrosa, id,). 


6° ORDRE. 
HETEROPODES 
(Nucleobranchiala, Blainville). 


Les hétéropodes ont la partie inférieure du corps 
analogue au pied des gastéropodes normaux; mais 
cet organe plus ou moins rudimentaire est comprimé 
en forme de nageoire. Ils se rapprochent d’ailleurs 
des ptéropodes par leurs habitudes et par leur mode 
de locomotion, et forment une transition remarquable 
entre ces deux groupes. Les sexes sont séparés, et les 
branchies en panache sont le plus souvent placées sur 
un nucieus qui porte le cœur. 


(1) Le nom de Philina date de 1772, celui de Lobaria, de 1776 et celui 
de Bullæa, de 1801. 

(?) Descr. des coq. foss. Par., t. II, p. 37, pl. 5. 

(3) Philippi, Enum. moll. Sic., 1, p. 1214, pl. 7, fig. 17, IL, p. 95. 

(4) Moll. from the crag (Palæont. Soc., 1848, p. 179, pl. 21). 


ol! GASTÉROPODES HÉTÉROPODES. 


Plusieurs hétéropodes sont nus, les autres ont une 
coquille ordinairement enroulée et presque toujours 
mince et pelite par rapport aux dimensions du corps. 
Ils vivent comme les ptéropodes dans la haute mer, 
et surtout dans les régions chaudes et tempérées , 
se laissant flotter et entrainer par les courants, et, 
comme eux, ils apparaissent par myriades à la chute 
du jour. 

On ne cite à l’état fossile qu'un seul genre, celui des 
carinaires, encore vivant et qui paraît avoir vécu dans 
l’époque tertiaire; mais comme cel ordre renferme, 
ainsi que je l’ai dit, plusieurs genres nus ou à coquille 
très délicate, il serait imprudent d'affirmer qu’en réa- 
lité ils n’ont pas existé avant cette époque. 

On divise les hétéropodes en quatre familles : les 
Fmozines, les ATLANTIDES, les PuyLLiroïpes et les Sa- 
GITTIDES. Le seul genre connu à l’état fossile appartient 
à la première. 


Les CARINAIRES (Carinaria, Lamk), — Atlas, pl. LXX, 
HE LE 
ont une coquille mince, fragile et transparente, enroulée oblique- 
ment à droite, à spire très courte et n’occupant que le sommet. La 
bouche est largement ouverte et divisée par une carène longitu- 
dinale. L'animal est très grand par rapport à cette coquille, géla- 
tineux et couvert d'aspérités. 

L’extrème fragilité des carinaires explique leur rareté à l’état fossile. 
M. Hugard en a découvert une espèce dans le terrain tertiaire miocène de 
Turin. C’est (!) la C. Hugardi, Bellardi, rapportée à tort par M. E. Sismonda, 
à l’Argonauta nitida, Lamk. 

C'est peut-être près des carinaires qu'il faut placer un genre 
jusqu'à présent très mal caractérisé, celui des Drraxopus, dé- 
couvert dans les psammites de l'Amérique du nord (terrain dé- 
vonien ?), par M. Rafinesque (?). 


(!) Sismonda, Synopsis, p. 58; d'Orbigny, Prodrome, t, HE, p, 96. 
(2) Bull. Soc. géol. de France, t. X, p. 378. 


GASTÉROPODES PTÉROPODES. 315 


7° ORDRE. 


PTÉROPODES. 


Le caractère principal des ptéropodes réside dans 
leurs organes du mouvement. Ils n’ont pas le pied 
charnu des gastéropodes normaux, et leur tête porte 
deux ailes ou nageoires musculaires. Leur corps est nu 
ou enfermé dans une coquille mince et fragile, ordi- 
nairement symétrique, très rarement spirale. 

Ces caractères, principalement ceux qui sont tirés 
des organes de la locomotion, les éloignent tellement 
des gastéropodes proprement dits, que plusieurs au- 
teurs en ont fait une classe distincte. Sans méconnaître 
les arguments qui peuvent militer en faveur de cette 
manière de voir, je les ai considérés comme une simple 
subdivision des gastéropodes. Les motifs qui m'ont dé- 
cidé sont tirés du degré de perfection de leur organisme 
qui paraît équivalent à celui des gastéropodes. Ils sont 
comme eux, bien moins parfaits que les céphalopodes 
et bien supérieurs aux acéphales. Je dois faire remar- 
quer aussi que les hétéropodes qui nagent également et 
qui ne rampent pas plus qu'eux, semblent former une 
sorte de lien entre ces mollusques et les vrais gastéro- 
podes. 

Dans la nature vivante les ptéropodes sont des mol- 
lusques de haute mer, qui vivent en multitudes consi- 
dérables à une grande distance des continents. Cachés 
dans les profondeurs des eaux pendant les heures chau- 
des du jour, on les voit apparaître à la surface vers le 
soir ou même dans la nuit. 

La délicatesse de leurs tégaments fait qu’on ne les 
retrouve que rarement fossiles , et il serait téméraire 


916 GASTÉROPODES PTÉROPODES. 

de conclure du petit nombre de faits que l’on a obser- 
vés, leur abondance ou leur rareté aux diverses époques 
géologiques. Nous savons seulement qu'ils ont apparu 
dès les terrains siluriens et carbonifères, sous des 
formes qui ne se représentent plus aujourd’hui. C’est, 
en effet, probablement à cette classe qu'il faut rap- 
porter des corps quadrangulaires, en pyramide régu- 
lière, qu’on a nommés des conulaires. Depuis lors on 
n'en retrouve plus aucune trace jusqu’à l’époque du 
lias, où ces mêmes conulaires reparaissent pour la der- 
nière fois. 

Une nouvelle interruption paraît exister dans l’his- 
toire des ptéropodes, et ce n’est plus que dans les ter- 
rains tertiaires que l’on en découvre quelques espèces, 
qui se rapprochent davantage des formes actuelles. 

On peut les diviser en six familles. 

1° Mollusques presque toujours recouverts par une 
coquille, dépourvus de branchies externes, tête indis- 
tincle. 

Les Limacnines, à coquille hélicoïde. 

Les Hyazives, à coquille non enroulée symétrique 
calcaire. 

Les CymBuLipes, à coquille non enroulée, symétrique, 
cartilagineuse. 

2 Moliusques sans coquilles, à branchies externes 
et à tête distincte. 

Les Crionipes, à deux napcoires et pas de bras. 

Les PNEUMODERMIDES, ayant deux nageoires et deux 
bras armés de ventouses. 

Les Cymonocipes, à quatre nageoires. 

Les quatre dernières familles n’ont pas de représen- 
tants fossiles. 


HYALIDES, 317 


Ar Famize. — LIMACINIDES. 


Les limacinides ont un corps enroulé en spirale, armé de deux 
nageoires et enfermé dans une coquille hélicoïde. Ils fournissent 
ainsi une preuve de plus de la nécessité de réunir les ptéropodes 
aux gastéropodes. 


Les Limacines (Limacina, Cuv.), — Atlas, pl. LXX, fig. 45, 


forment le seul genre connu. Ces bizarres mollusques ont été dé- 
signés par des noms variés. Ce sont les SprratELLA, Blainville, 
les Hererorusus, Fleming, les HELicopHoRA, Gray, les SriRIaLIS, 
Eydoux et Souleyet, les PEracLe, Forbes, les ScaEA, Philippi, 
les CamryLonaus, Benson, et les HELICONOÏDES, d'Orbigny. 


Une espèce encore vivante, Scæa stenogyra, Phil. (Peracle physoides, For- 
bes), Atlas, pl. LXX, fig. 13, a été trouvée fossile (1) dans les dépôts récents 
de la Sicile et de la Calabre. 


9e Kamizze. — HYALIDES. 


Cette famille renferme les ptéropodes à coquille calcaire et non 
enroulée. Ils n’ont pas de tête distincte. Leurs branchies sont 
toujours internes et leurs ailes au nombre de deux. 


Les Hyares (Æyalæa, Lamk) (), — Aulas, pl. LXX, 
honte Ts; 


ont une coquille globuleuse, dont la bouche est rétrécie et dont 
les côtés ont des fentes latérales qui laissent sortir des lanières 
membraneuses (*). Les espèces vivantes sont nombreuses. Les es- 
pèces fossiles ont été trouvées dans les terrains tertiaires. 


{1} Phüilippi, Enum. moll. Sic., IE, p. 164, pl. 25, fig. 20. 

(2) J'ai conservé provisoirement le nom de Hyalea, qui est consacré par 
l'usage, F1 n’a cependant pas pour lui le droit d'antériorité et il devra être 
changé. Ces mollusques ont été désignés en 1783, par Gioëni, sous le nom 
de CavouniA et en 1788, par Retzius, sous celui de Tricra. Ils n'ont pris 
celui de HyaLæa et HyaLea, qu’en 1799. Montfort les a désignés en 1810 
sous le nom d’ARCHONTA. 

(3) J'ai fait figurer (Atlas, pl. LXX, fig. 14) une espèce vivante, H, un- 
cinata, Rang, pour mieux faire comprendre la forme de la coquille, 


318 GASTÉROPODES PTÉROPODES. 


On n’en connaît aucune espèce plus ancienne que l’époque 
miocène. - 


L'H. aquensis, Grat. (1) (H. Orbignyi, Rang), provient des faluns jaunes de 
Dax (Atlas, pl. LXX, fig. 15). 

M. E. Sismonda (2?) cite quatre espèces des environs de Turin, les 
H.taurinensis, Sism. (gibbosa, Bon.), interrupla, Bon., sulcosa, id., et au- 
rita, id. 

Le même auteur parle d’une espèce des terrains subapennins du Piémont, 
qui paraît ne pas différer de l’H. tridentata, Lamk, qui vit aujourd'hui dans 
la Méditerranée. 

M. Philippi (3) cite dans les terrains récents de la Sicile, la même espèce, 
et l'H. depressa, Biv. 


Les CLI0, Linné (4) (Cleodora, Péron et Lesueur), — Atlas, 
pl. LXX , fig. 46 à 18, 


ont une coquille fragile et vitrée comme les précédents, mais en 
forme de gaîne ou de cornet, pointu en arrière et dilaté antérieu- 
rement. 

On a subdivisé ce genre en groupes dont les caractères, d’une 
importance médiocre, sont plus faciles à constater sur la nature 
vivante que dans les fossiles. 

Quelques espèces ont un sinus de chaque côté de la bouche. 
Elles forment les genres CLEODORA proprement dits, PLEUROPUS, 
Eschcholtz, et BazanriuM, Leach. 

D’autres espèces n'ont pas de sinus. Ce sont : les VAGINELLA, 
Daudin ( Vaginula, Sow.), et les Creseis, Rang. 

Je réunis ici ces formes diverses qui sont d’ailleurs très voi- 
sines les unes des autres. 

Il semblerait, d’après une découverte de M. E. Forbes, que ces 
mollusques ou que des animaux très voisins, auraient déjà vécu 
dans l'époque primaire. 

Ce savant paléontologiste (*) a attribué avec doute aux creseis 
des corps triangulaires, allongés, trouvés par M. Sedgwick, dans 
le terrain silurien du Denbigshire. [1 les a décrits sous les noms 


(1) Conch. foss. Adour, I. 

(2) Synopsis, p. 57. 

(3) Enum. moll. Sic., I, p. 101, II, p. 70. 

(4) Le nom de Clio a été donné à ces mollusques par Brown, en 1756, 
et par Linné en 1767. Ii doit donc être substitué à celui de Cleodora. 

(5) Quart. journ. geol. Soc., 1845, t. 1, p. 145. 


HYALIDES. 319 


de C. primæva et Sedgwichkii. Ces corps, dont les plus grands ont 
huit pouces de longueur, seraient des ptéropodes gigantesques. Il 
me paraît bien probable qu'ils doivent former un genre nouveau (!), 
ou rentrer dans un de ceux que nous avons placés à la fin de cette 
famille. 

Les véritables clio n'ont été trouvées que dans les terrains ter- 
tiaires , et même aucune espèce connue n’est antérieure à l'épo- 
que miocène. 


La Vaginella depressa, Daudin (Creseis vaginella, Rang, Cleodora stran- 
gulata, Desh.), Atlas, pl. LXX, fig. 16, a été trouvée dans les terrains ter- 
tiaires miocènes des environs de Bordeaux et de Turin (2). 

M. Wood (3) a décrit une espèce nouvelle du crag corallien, la C, infun- 
dibulum, Atlas, pl. LXX, fig. 17. 

On a trouvé (f) dans les terrains subapennins du Piémont, une espèce qui 
a été rapportée à tort ou à raison à la C. lanceolata, Péron et Lesueur, Atlas, 
pl. LXX, fig. 18. 


Les TRiPTERA , Quoy et Gaymard (Cuvieria, Rang), — Atlas, 
pl. LXX, fig. 49, 


ont une coquille conique, à ouverture un peu resserrée et cordi- 
forme. Ses bords sont tranchants et le côté postérieur est fermé 
par un diaphragme convexe en dehors et non terminal. 


M. G.-A. de Euc a trouvé dans les dépôts subapennins du Piémont, la 
C, astesana, Rang ($), Atlas, pl. LXX, fig. 19. 


Après ces genres vivants on peut placer quelques formes de 
l'époque primaire qui, sous une taille plus forte paraissent avoir 
eu une organisation analogue à celle des clios actuelles. 


Les CoNuLAIRES (Conularia, Miller), — Atlas, pl. LXX, fig. 20, 


sont des coquilles de grande taille (deux à trois pouces) en forme 
de pyramide quadrangulaire et épaisses, Chacun des quatre côtés 


(*) I n’est pas impossible que ces corps soient le type du genre THeca, 
Sharpe, qui est encore très incomplétement défini. 

(2) Rang, Ann. sc. nat., 1829, t. XVI, p. 496; Grateloup, Conch, foss. 
Adour, 1, ete. 

(8) Moll. from the crag (Pal. Soc., 1848, p. 191). 

(*) Rang, Ann. sc. nat., 1829, t. XVI. 

(5) Rang, id.; Bronn, Lelhœa, 1'° édit., p. 985, pl. 40, fig. 25. 


320 GASTÉROPODES PTÉROPODES, 


présente une ligne médiane, plus où moins distincte, sur laquelle 
se rencontrent des plis transversaux, tantôt en formant des an- 
gles, tantôt en ligne droite. 

Ce genre, qui ne vit plus aujourd'hui, a été surtout abondant 
pendant l’époque primaire, et se retrouve aussi dans le lias. 


M. Hall ({) en a décrit quatre espèces du terrain silurien inférieur des 
États-Unis. 

M. d'Orbigny (2) indique la C. pyramidaia, Desl., du même terrain du 
Calvados. 

La C. Sowerbii, Defrance (3) (quadrisulcala, Sow.), caractérise le terrain 
silurien supérieur de la Russie, de l'Angleterre, des États-Unis, ete. 

On trouve dans le mème terrain la C. subtilis, M' Coy (f). 

MM. d'Archiac et Verneuil () citent dans les terrains dévoniens d'Alle- 
magne, les C. Brongniarti, Gerolsteinensis et ornata. Cette dernière est 
figurée dans l'Atlas. 

La C. acuta (6), Roemer, a été trouvée dans le terrain dévonien du Hartz. 

La C. deflexicostala, Sandberger (7), provient des gisements analogues de 
Wilmar. 

La C. irregularis, de Koninck ($), a été découverte dans les terrains car- 
bonifères de Belgique. 


Les espèces du lias ne sont pas encore bien connues. 


M. d'Orbigny cite la C. quadrisulcala, Phillips (?), du lias supérieur du 
Yorkshire. 


Les CoLEoprioN, Sandberger, — Atlas, pl. LXX, fig. 21, 


ont une coquille plus étroite que celle des conulaires et en forme 
de tube cylindrique. On y remarque une ligne longitudinale sur 
laquelle arrivent des plis d'accroissement disposés en chevrons. 
Ces plis rappellent tout à fait ceux de quelques conulaires et pa- 
raissent justifier leur rapprochement. 


(#) Palæont. of New-York, p. 223, pl. 59 

(2) Prodrome, t. 1, p. 10. 

(3) Vern., Keys. et Murch., Paléont, de la Russie, p. 348, pl. 2€; So- 
werby, in Murchison, Si, syst., pl. 12 

(4; Brit. pal. foss., pl. L, fig. 224. 

(5) Trans. geol. Soc., 2° série, t. VI, p. 353, pl. 31. 

(6) Harzgebirge, p. 36, pl. 10. 

(T) Leonh. und Bronn neues Jañrb., 1847, p. 25 

(8) Descr. anim. foss. carb. Pelg., p. 496, pl. 15 

(9) Prodrome, t. 1, p. 951. 


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Où 


MOLLUSQUES ACÉPHALES, 921 
On n'eu connaît qu'une espèce, le C, gracilis, Sandb. (1), du terrain dé- 
vonien d’Oberlahnstein. 
Les Puciuxcuzus, Barrande, — Atlas, pl. LXX, fig. 22, 


paraissent encore devoir être associés à cette famille. La coquille 
est en forme d'une pyramide triangulaire, dont la base serait un 
triangle formé d’un angle obtus adjacent à des côtés convexes. II 
est bien possible qu'on doive les réunir aux prétendues creseis 
siluriennes indiquées plus haut, et au genre Taeca, Sharpe, sur- 
tout à l’espèce décrite sous ce nom par M. Hall. 

M. Barrande (?) a indiqué cinq espèces des terrains siluriens de Bohême, 

Le P. striatulus, Barr, est figuré dans l'Atlas. 


Quelques auteurs associent aux ptéropodes une partie des corps 
problématiques qui ont été décrits sous le nom de TENTACULITES, 
Schlot. Je reviendrai plus tard sur leur compte. 


TROISIÈME CLASSE. 


ACÉPHALES. 


Les acéphales ou lamellibranches (Conchifères, La- 
marck), renferment comme les gastéropodes un grand 
nombre d'espèces de formes très variées. Les limites de 
celte classe sont évidentes et faciles à tracer. 

Leur caractère principal est l'absence de tête, et par 
conséquent le développement très imparfait des organes 
de la vision, de l'audition et de la préhension. Leur 
corps, qui renferme les viscères, est placé entre les deux 
lames du manteau, comme un livre dans sa couverture. 
Les branchies sont composées de quatre feuillets régu- 
lièrement striés et placés aussi en dedans du manteau. 
La bouche est à une extrémité ; l’anus s’ouvre à l’autre, 


\ 


(1) Leonh, und Bronn, Neues Jahrb., 1847, p. 25, pl. 1, fig. 15. 
(2) 1d., 1847, p. 554, pl. 9. 
LLLE 21 


329 MOLLUSQUES ACÉPHALES. 


placé souvent au bout d’un tube extensible qui sort de 
la coquille. Entre les deux, mais plus près de la bouche, 
est un pied plus ou moins développé, formé d’une 
masse charnue et qui se meut à peu près comme la lan- 
oue des mammifères (1). 

Ces mollusques sont toujours protégés par une co- 
quille bivalve, composée de deux parties plus ou moins 
égales, articulées par une charnière. Cette coquille est 
maintenue ouverte par un ligament élastique , elle est 
susceptible d’être fermée par un, deux ou plusieurs 
muscles attachés d'une valve à l’autre. 

Les acéphales sont beaucoup moins mobiles que les 
mollusques des classes précédentes. Tandis que les cé- 
phalopodes et les ptéropodes nagent avec rapidité dans 
la mer, et que les gastéropodes rampent sur la surface 
des rochers, les acéphales ont un mouvement nul ou 
peu apparent. Les uns ont encore, il est vrai, une sorte 
de natation; la plupart, au moyen de leur pied, peu- 
vent se trainer péniblement sur le sable; d’autres 
n’ont qu'un faible mouvement de va-et-vient, et quel- 
ques-uns, fixés pendant toute leur vie aux rochers, 
meurent à la place qui les a vus naître. L'absence de tête, 
l’état rudimentaire des organes des sens, l’imperfection 
de leur système nerveux et tout l’ensemble de leur orga- 
nisme, démontrent jusqu'à l'évidence qu'ils sont très 
inférieurs aux classes précédentes. 

Ils sont, du reste, faciles à distinguer par leur co- 
quille bivalve ; ce caractère ne permettrait de les con- 
fondre qu'avec les brachiopodes, et, en effet, ces deux 
classes ont des analogies réelles. Je montrerai plus bas 
quels sont les caractères qui justifient leur séparation. 


(1) Voyez dans l'Atlas, pl. LXX, fig. 23, l’organisation de la Trigonella 
piperata, Desh., avec l'explication détaillée. 


MOLLUSQUES ACÉPHALES. 328 


Le principal est l'absence du pied chez les brachiopo- 
des et son remplacement par des bras symétriques 
charnus qui manquent toujours aux acéphales. On peut 
y joindre la structure des organes respiratoires et 
la forme de la coquille qui n’est jamais rigoureuse- 
ment équilatérale et très souvent équivalve dans les 
acéphales, tandis que chez les brachiopodes elle n’est 
jamais équivalve et le plus souvent équilatérale. 

Il convient de donner ici, comme je l’ai fait pour les 
gastéropodes, quelques détails sur la forme des co- 
quilles des acéphales, et sur la nomenclature des diffé- 
rentes parties qui les composent ; et en premier lieu il 
est nécessaire de fixer les idées sur la station nor- 
male de ces mollusques. Ce point est d'autant plus 
important, qu'il peut être nécessaire en géologie de 
savoir si les coquilles trouvées dans telle ou telle lo- 
calité sont fossilisées dans la position où elles ont vécu; 
ou si elles ont été transportées. 

Les conchyliologistes ont placé les coquilles soit pour 
leur description, soit dans les planches qui les repré- 
sentent, de quatre manières différentes. Les uns (Linné, 
Bruguière, Lamarck, etc.) les placent la charnière en 
bas, et nomment par conséquent base, le côté de la co- 
quille qui correspond à cette charnière, et côté supé- 
rieur, la partie bâillante. D’autres (M. de Blainville) 
les mettent dans une position précisément inverse, 
c'est-à-dire que la charnière est pour eux le sommet, 
et que la partie bâillante devient le côté inférieur. Dans 
ces deux méthodes, la longueur de la coquille estmesu- 
rée par la ligne qui va de la charnière à l'ouverture, et 
la largeur par celle qui passe par la bouche et par l’anus. 
D'autres (M. Deshayes) disposent les coquilles bival- 
ves de manière à ce que la bouche soit en haut et l'anus 


32 MOLLUSQUES ACÉPHALES. 


en bas, M. d’Orbigny entin les place la bouche en bas 
et l'anus en haut, de sorte que pour lui comme pour 
M. Deshayes, la longueur des mesures précédentes de- 
vient la largeur, et vice versä. 

Si l’on cherche les causes d’un désaccord aussi com- 
plet, on les trouvera, je crois, dans le fait qu’on a tou- 
jours confondu deux choses distinctes, la position dans 
laquelle on doit représenter l'animal et l'application des 
mots droit et gauche aux parties qui le composent. 
Cette confusion, en fournissant des motifs presque 
équivalents pour l’une et pour l’autre de ces méthodes, 
les a rendues, ce me semble, toutes les quatre fautives. 

Si nous examinons d’abord le premier point, c'est- 
à-dire la position dans laquelle on doit représenter le 
mollusque, il ne peut pas y avoir, ce me semble, deux 
opinions; on doit le figurer suivant sa station normale. 
On placera le mollusque acéphale équivalve, comme 
l'enseigne l’étude de la nature, la bouche en bas et les 
tubes en haut, et le mollusque pleuroconque sur le 
flanc, en mettant en bas celle des deux valves qui oc- 
cupe la même position dans la nature. Toute autre mé- 
thode est arbitraire et en complet désaccord avec ce 
qu'on fait pour les autres classes de l'histoire naturelle. 
Personne n’a jamais eu l'idée de représenter un mam- 
mifère dans la position de l’homme, ou un oursin la 
bouche en haut. On représente le premier sur ses quatre 
pattes, et l’oursin dans sa station normale, la bouche 
contre le sol. Ceci est plus important qu’on ne pense, 
et les figures où la véritable position est méconnue, ne 
peuvent que donner des idées fausses. Il est évident 
que si le peintre était appelé à représenter le mollus- 
que dans le sol où il se loge, il n'oserait jamais placer 
ce sol au haut de la planche et faire pendre les siphons 


MOLLUSQUES ACÉPHALES. 3425 
en bas ; pourquoi la plupart des planches actuelles re- 
présentent-elles done le mollusque dans cette singulière 
position ? Si les peintres de nature morte figurent sou- 
vent leurs oiseaux, pendus par une patte ou par la 
queue, tous les naturalistes sont d'accord pour leur 
donner la position qu'ils ont pendant leur vie. Nous 
conserverons donc autant que possible aux mollusques 
en les figurant, leur position naturelle, et nous repré- 
senterons aussi les coquilles d’après le même système. 

Dans la solution de ce premier point, je me trouve 
complétement d'accord avec M. d'Orbigny; mais cet 
accord cesse si je passe à examen de la seconde ques- 
tion, l'application des mots droit et gauche. 

Je crois que c’est bien à tort que l’on fait dépendre 
ces mots de la position dans laquelle on figure le mol- 
lusque. Ils doivent être appliqués en raison des véri- 
tables rapports anatomiques des organes. On est con- 
venu en anatomie de désigner par les mots droit et 
gauche les parties du sujet considérées comme s'il 
pouvait parler de lui-même, et non par rapport à l’ob- 
servateur. Le bras droit d’un cadavre humain est celui 
qui, pendant la vie, aurait été désigné ainsi par le sujet 
lui-mème. La droite d'un mollusque acéphale doit se 
déterminer par les mêmes motifs. Sa bouche corres- 
pond à la tête de l’homme, son dos à son dos, et sa 
droite est la même. Le fait qu'il s'enfonce dans la vase 
la tête en bas ne peut pas changer ses rapports ; pas 
plus que le bras droit d’un bateleur qui se tiendrait 
droit sur sa tête, ne deviendrait subitement son bras 
gauche, Je me trouve sur ce point en accord avec 
M. Deshayes, et je crois avec tous ceux qui étudieront 
celte question dans l’ensemble du règne animal; ils 
verront que la droite et la gauche dépendent de la po- 


326 MOLLUSQUES ACÉPHALES. 


sition de la tête, du dos et de la queue et non du mode 
de station de lêtre. 

Ces considérations me paraissent trop évidentes pour 
avoir besoin d’une longue démonstration ; mais en même 
temps, ainsi que je l'ai dit plus haut, je ne vois pas ce 
qu'elles gagnent en force à ce qu'on s'appuie sur elles 
pour représenter les mollusques à l'envers de leur sta- 
tion normale. Cela est d'autant plus vrai que, même en 
faisant ce sacrifice, on ne peut pas faire en sorte que 
l'observateur ait toujours le côté droit à sa droite et le 
pauche à sa gauche. Si l'on examine une coquille à sa 
face externe, puis à sa face interne, chaque valve de- 
vient alternativement droite ou gauche. Il suffira pour 
que notre méthode ne présente aucune difficulté dans 
l’application , de se souvenir que dans nos figures, 
toutes les fois que la coquille est vue à l’intérieur, la 
valve droite est celle qui est du côté droit de la planche. 

Ces principes étant admis, on appellera longueur, la 
ligne AB, qui va du sommet du côté anal, à l'extrémité 
du côté buccal (pl. LXX, fig. 25, 30 et 31); largeur, 
la ligne CP, qui joint le sommet des crochets avec le 
milieu du bord de l'ouverture (fig. 25); et épaisseur, 
la ligne MN, qui joint les points les plus saillants de 
chaque valve (fig. 30). 

Une coquille est dite équilatérale, lorsque la ligne 
de la largeur Ja partage en deux parties ésales ; elle est 
équivalve, lorsque les valves sont symétriques. 

Quant à la désisnation des diverses parties de la co- 
quille, on évitera toute confusion en employant, comme 
nous l'avons fait pour les sastéropodes, des mots indé- 
pendants de la position. Ainsi, le côté de la charnière C 
(fig. 25) se nommera côté cardinal ou région cardi- 
nale; l'extrémité supérieure A portera le nom de ré- 


MOLLUSQUES ACÉPHALES. 327 
gion anale où côté anal; l'extrémité inférieure B, sera 
désignée sous le nom de région buccale ou côté buccal ; 
et la partie de la coquille P, qui forme l'ouverture, 
se nommera région palléale ou côté palléal. 

La coquille croit par couches concentriques, qui se 
déposent sur tout son bord, sauf dans la région cardi- 
nale, au-dessus de laquelle on distingue toujours Le com- 
mencement ou la première origine de la coquille; cette 
partie se nomme le sommet (apex). Lorsqu’ilse recourbe, 
il porte le nom decrochet (a, dans les fig. 25 à 31). En 
avant du sommet existe souvent une partie déprimée, 
circonscrite et distincte du reste, que l’on désigne sous 
le nom de lunule (b, des fig. 28 et 30). En arrière du 
sommet est une dépression allongée qu’on nomme écus- 
son ou suture (d, des mèmes figures); elle est recou- 
verte par le ligament s'il est externe, et la partie qui 
correspond à son insertion prend le nom de nymplhes. 
La région de la coquille qui environne l'écusson pré- 
sente quelquefois un mode d’ornementation spécial, 
et est alors désignée sous le nom de corselet, Le pour- 
tour des valves dans les régions buccale, palléale et 
anale prend le nom de labre. 

Les deux valves de la coquille sont disposées comme 
nous l’avons dit, de manière à rester toujours en con- 
tact dans leur région cardinale, nommée aussi région 
sous-apiciale ; tandis qu'elles peuvent s'écarter dans 
tout le reste de leur bord, de manière à ouvrir la ca: 
vité de la coquille. Ce point de contact des valves est 
ordinairement assez compliqué et 1l présente le plus 
souvent un engrenage de dents qui convertissent le 
bord en une véritable charnière (‘). Les valves sont re- 


(1) Voyez pour les détails de Ja charnière un mémoire de M. Recluz, dans 
la Revue et Magasin de zoologie, 1850, p. 145, 158 et 217. 


328 MOLLUSQUES ACÉPHALES. 

tenues comme je l'ai dit par un ligament qui est com- 
posé de deux parties, l’une externe et fibreuse (desme), 
qui à pour fonctions d'empêcher les valves de se séparer, 
et l’autre cartilagineuse (chondre), qui a principalement 
pour effet de faciliter Leur écartement par son élasticité. 
Ce ligament est tantôt externe, tantôt interne (pl. LXX, 
fig. 25, e). La coquille s’ouvresous son influence ; elle se 
ferme par l’action des muscles dont j'ai parlé plus haut. 

Les dents de la charnière ont reçu divers noms. On 
nomme dents cardinales ou sous-apiciales, celles qui 
sont le plus rapprochées du sommet et qui sont perpen- 
diculaires à la direction du bord cardinal (fig. 27 et 31, 
c); les dents latérales sont plus obliques et en général 
plus éloignées du sommet (fig. 34, f'). 

Les muscles qui ferment la coquille forment en de- 
dans des valves des impressions musculaires. Quelque- 
fois il n’y en a qu'une seule médiane ; dans les coquilles 
équivalves on en distingue ordinairement deux très 
écartées l’une de l’autre, dont une buccale (q, des figu- 
res 25 à 31), et une anale (h, des mêmes figures). Ces 
impressions musculaires sont réunies par une ligne, 
qui est formée par l'impression du bord du manteau : 
on la nomme impression palléale (à). Tantôt elle est pa- 
rallèle au bord (fig. 31), tantôt elle est fortement échan- 
crée (fig. 24), parce que le bord du manteau est dévié 
par les muscles rétracteurs des tubes. Cette échancrure, 
qui est toujours à la partie supérieure, se nomme le 
sinus anal (fig. 25, k). 

La classification des acéphales présente des diffi- 
cultés analogues à celles que nous avons rencontrées 
pour les gastéropodes. On a généralement trop négligé 
l’étude des animaux qui seuls peuvent fournir de véri- 
tables caractères pour les familles et les genres, et on 


MOLLUSQUES ACÉPHALES, 329 


a trop perdu de vue que les formes de la coquille n’ont 
d'importance qu'autant qu’elles traduisent celles des 
organes essentiels. Aussi a-t-on fréquemment mis en pre- 
mière ligne des caractères dont la valeur réelle est très 
contestable , et l'on a ainsi établi des classifications qui 
tiennent plus du système que de la méthode naturelle. 

L'étude des mollusques ne peut pas se faire unique- 
ment dans les cabinets, et il est nécessaire de les ob- 
server dans les mers où ils vivent pour s’en faire une 
idée juste et précise. Le nombre des observateurs qui 
peuvent faire avancer cette branche de la sciencé est 
donc nécessairement restreint, et il faudra peut-être 
attendre encore longtemps pour que l'histoire des mol- 
lusques soit établie sur des bases définitives. 

Mais, comme je l’ai dit ailleurs, tout en reconnais- 
sant que les organes essentiels de l'animal doivent 
seuls former la base d’une classification naturelle, il 
ne faut pas perdre de vue que le paléontologiste n'a à 
sa disposition que des coquilles, et qu'il faut que leur 
étude suffise pour distinguer les genres et les espèces. 
Pour atteindre ce but, il est nécessaire qu’une analyse 
aussi parfaite que possible dans l’état actuel de la 
science, recherche et décide quels sont les caractères 
de ces coquilles qui doivent être considérés comme les 
plus importants. 

Il est évident qu'il faut mettre en première ligne les 
caractères de la coquille qui influent le plus sur le 
genre de vie de l’animal, puis se servir ensuite de ceux 
qui, sans avoir une influence directe aussi évidente, 
seront reconnus, & posteriori, se lier le mieux avec les 
variations de l’ensemble de l'être. 

Si l'on part de ces principes, on reconnaîtra que le 
premier et le plus important de ces caractères est la 


390 MOLLUSQUES ACÉPHALES. 


disposition du corps, qui permet une station verticale, 
ou qui force à une position horizontale. Les mollusques 
qui sont dans le premier cas sont libres et plus ou moins 
mobiles ; les auires sont souvent adhérents aux rochers 
et loujours plus imparfails. 

On doit probablement placer en seconde ligne la 
forme de l'impression du manteau, et en particulier 
l'existence ou l'absence du sinus palléal (”). Si cette im- 
pression est échancrée, c’est-à-dire s’il y a un sinus, on 
en peut conclure que l’animal a eu des muscles rétrac- 
teurs puissants, et par conséquent des tubes grands 
et forts qui lui ont permis de s’enfoncer profondément 
dans le sable, tout en restant en communication avec 
l’eau ; tandis que l’impression palléale entière et l’ab- 
sence de sinus indiquent des tubes nuls ou presque 
nuls, non extensibles. 

Quelques auteurs ont contesté l’importance de ce ca- 
ractère, et, en effet, il est susceptible de degrés et il 
rompt dans quelques cas des affinités réelles. Mais il 
en est de même de tous ceux qu’on peut employer (°), 
et l'on ne peut pas méconnaître qu'il est en' général 
constant dans chaque famille naturelle et que les cas 
d'exception sont rares. 


(!) On pourra juger de ces différences, en comparant quelques figures que 
nous ayons réunies pour ce but dans l'Atlas. La figure 24 montre la Lutraria 
oblonga, Turton; les siphons p, réunis en un seul tube, forment un organe 
important et volumineux. La coquille montre en conséquence un très fort 
sinus anal comme on peut le voir sur Ja valve gauche figurée (fig. 25, k). 
Dans la Venus gallina, Lin., on voit des tubes bien plus courts correspondre 
à un bien plus petit sinus anal (fig. 27 et 29, petk). Dans le Cardium hians 
(fig. 31 et 32), les tubes p ne font point de saillie et l'impression palléale 
est entière, Il en serait de même des genres dépourvus de tubes. 

(2) On trouvera des exceptions au moins équivalentes dans l'emploi des 
impressions musculaires, et de bien plus grandes si l’on met en première ligne 
la disposition du ligament. 


MOLLUSQUES ACÈPHALES. 391 


Les muscles qui servent à fermer la coquille ont été 
considérés par quelques auteurs comme présentant un 
caractère de première importance, et Lamarck a divisé 
les conchifères en monomyaires et dimyaires, suivant 
qu'il y a une ou deux impressions musculaires à chaque 
valve. Je crois que ce caractère qui, sauf dans un très 
petit nombre de cas, fournit des résultats identiques 
avec les précédents, est moins important qu'eux, car les 
mouvements de la coquille s’exécutent de la même ma- 
nière avec un ou deux muscles. Il peut d’ailleurs être 
employé utilement dans les détails ; on tirera en parti- 
culier un bon parti des petites impressions accessoires 
qui indiquent quelquefois l'existence de petits muscles 
à côlé des principaux. 

La position du ligament fournit aussi quelques ca- 
ractères, suivant qu'il est interne ou externe, ce dont 
il est facile de s'assurer par les impressions qu'il forme 
au point où il était attaché. Les autres caractères de 
la charnière, tels que le nombre des dents cardinales, 
et l'existence des dents latérales, paraissent plus varia- 
bles, peuvent rarement servir à limiter les familles, etne 
doivent même être employés qu'avec précaution dans 
l'établissement des genres. La forme générale de la co- 
quille, qui peut être bâillante ou fermée, déprimée ou 
renflée, équilatérale ou inéquilatérale , lisse ou or- 
née, etc., peut fournir aussi quelques secours, mais non 
des caractères d’une très haute importance. 

Ces modifications ne peuvent, comme on le voit, être 
suffisamment observées que sur des coquilles bien con- 
servées et dont la face interne est visible. Aussi, toutes 
les fois que les paléontologistes n’auront à leur dispo- 
silion que des coquilles fossiles impossibles à ouvrir, 
ce ne sera qu'avec de très grandes chances d’erreur 


992 MOLLUSQUES ACÉPHALES. 
qu'ils pourront hasarder des déterminations généri- 
ques, et 1l sera souvent plus sage de s’en abstenir. Les 
catalogues sont encombrés de doutes et d'erreurs, pro- 
venant de la facilité avec laquelle on a décrit des co- 
quilles connues seulement par leur surface externe. Il 
suffit, pour se convaincre de ce danger, de comparer 
quelques coquilles vivantes, par exemple des genres 
vénus et cyprines, vénus et astartes, elc., et l'on verra 
qu'il arrive souvent que la forme extérieure ne fournit 
aucun moyen de préjuger les caractères internes. 

Les moules bien conservés sont beaucoup préférables 
aux coquilles fermées, et peuvent être en général bien 
déterminés, car ils conservent les traces de l’impression 
palléale, des impressions musculaires et quelquefois 
d’une partie de la charnière. M. Agassiz (!) a montré 
quel parti on en pouvait tirer. Nous conseillons aux 
paléontologistes de faire mouler en plâtre ou en cire 
l'intérieur des coquilles vivantes des divers genres ; ils 
verront combien une collection pareille facilite et éclaire 
la détermination des fossiles. 

Conformément aux principes que j'ai rappelés plus 
haut, je divise, à l'exemple de M. d’Orbigny (©), 


(1) Mém. de la Soc. d'hist. nat. de Neufchütel, &. I. 

(2) Ainsi que je l'ai dit plus haut, je ne considère point cette classification 
comme à l'abri de toute objection. 11 y a quelques groupes qui se trouvent 
placés sur les confins de ces ordres sans s’assocer très bien avec aucun. Il y 
a aussi quelques familles qui ont plus d’analogie réelle avec des groupes d'un 
autre ordre que celui où l’on est obligé de les placer. Mais je dois faire re- 
marquer que l'adoption de cette méthode a l'avantage de mettre en relief un 
caractère important, qu'elle n’a aucun inconvénient réel pour la formation 
des familles, qu’elle respecte dans la grande majorité des cas l’ensemble des 
rapports naturels, et qu'il suffira de signaler en temps ct lieu les principales 
exceptions pour les rendre sans danger. 11 faut remarquer d’ailleurs que nos 
orthoconques correspondent presque exactement aux dimyaires de Lamarck, 
Deshayes, etc. et nos pleuroconques aux monomyaires. 


MOLLUSQUES ACÉPHALES. 333 


les mollusques acéphales en deux ordres : les Onrno- 
CONQUES, qui ont une station verticale, une coquille 
presque toujours équivalve et dont la plupart sont di- 
myaires (Atlas, pl. LXX, fig. 2% à 32); et les PLeuro- 
CONQUES, qui ont une station horizontale, une coquille 
inéquivalve et qui sont ordinairement monomyaires 
(Atlas, pl. LXX, fig. 33). Nous partageons le premier 
en deux sous-ordres, et nommons, SINUPALLÉALES (fig. 
2% à 30) les coquilles où l’impression du manteau 
présente un sinus ou une échancrure, et INrÉGROPAr.- 
LÉALES, Celles où elle est entière (fig. 31 et 32). 

Les acéphales datent des temps les plus anciens du 
globe, et présentent dans leur histoire géologique beau- 
coup de faits analogues à ceux que nous avons déjà 
signalés pour les sastéropodes et quelques différences 
qui ne sont pas sans intérêt. 

On remarque dans cette classe, comme dans la pré- 
cédente, que les formes ont peu varié pendant la lon- 
sue série de temps qui se sont écoulés depuis l’époque 
primaire jusqu’à l'époque moderne. Plusieurs genres 
qui ont vécu dans l'origine se sont continués jusqu'à 
aujourd'hui , et rien dans l'histoire de ces mollusques 
n'autorise à admettre un perfectionnement graduel. 

On remarque entre les familles les mêmes différences 
que nous avons signalées pour les gastéropodes; quel- 
ques-unes se sont maintenues uniformément dans toute 
la série des terrains; d’autres ont augmenté ou diminué 
de nombre; quelques-unes , telles que les trigonides, 
paraissent avoir été créées pour une époque déterminée, 
ou du moins avoir eu un très érand développement 
pendant un petit nombre de périodes consécutives, 
tandis qu’elles ont été rares où n’ont pas existé dans 
toutes les autres. 


32 MOLLUSQUES ACÉPHALES. 


Si l’on compare les grandes divisions que nous avons 
admises, on reconnaitra que celle des orthoconques 
sinupalléales, a pris son développement postérieurement 
aux autres. Les coquilles à ligne palléale sinueuse pa- 
raissent manquer complétement aux premières époques 
d’animalisation, et sont peu abondantes dans les suivan- 
tes. Ellesaugmentent denombre dansles époques plusré- 
centes et sont à leur maximum dans les mers actuelles, 
Les orthoconques intégropalléales et les pleuroconques 
sont au contraire abondants dans toutes les époques. 

L'histoire géologique des acéphales diffère de celle 
des gastéropodes dans un point très essentiel. Nous 
avons vu ces derniers augmenter graduellement de 
nombre, soit absolu, soit proportionnel, depuis les ter- 
rains les plus anciens jusqu’à l’époque moderne, où 
ils sont à leur maximum de développement. Les acé- 
phales paraissent aussi augmenter de nombre d’une 
manière absolue, si toutefois cet effet n’est pas dû à ce 
que nous connaissons moins bien les terrains anciens 
que les terrains récents; mais leur proportion numé- 
rique relative ne suit pas la même marche. 

On voit en premier lieu que les acéphales sont plus 
nombreux que les gastéropodes pendant les premières 
époques géologiques , tandis que la proportion devient 
inverse dans les terrains tertiaires. 

Sion les compare à la totalité des mollusques, on 
trouvera qu'ils forment à peu près le quart des espèces 
de l’époque primaire, presque la moitié de celles de 
l’époque jurassique, et le tiers de celles de l’époque 
tertiaire. Les gastéropodes, au contraire, qui forment 
comme eux, le quart de l’ensemble des espèces de lé- 
poque primaire, représentent au moins 60 pour 100 de 
la population de l’époque tertiaire. 


ORTHOCONQUES. 335 


« 


Ces proportions sont curieuses à comparer avec 
celles que présentent les céphalopodes et les brachio- 
podes. Ces deux classes, dont l’histoire est à peu près 
la même, forment ensemble plus de la moitié de la po- 
pulation de l’époque primaire, et seulement { à 2 pour 
100 de celle de l’époque tertiaire. 


1% ORDRE. 


ORTHOCONQUES. 


Je réunis ici tous les acéphales qui ont une station 
verticale ou un peu oblique. Ils se distinguent par une 
coquille équivalve ou subéquivalve, presque toujours 
régulière; ils ont tous, sauf les tridacnides, au moins 
deux impressions musculaires. 


1er Sous-Ordre. — ORTHOCONQUES SINUPALLÉALES. 


Ces mollusques sont caractérisés par leur manteau 
en partie fermé, et par des tubes presque toujours 
extensibles, réunis ou séparés. Les coquilles se distin- 
guent, parce que l'impression palléale forme un sinus 
sur la région anale. 

La distinction des familles présente des difficultés, 
parce que les formes de la coquille ne concordent pas 
toujours avec celles de l'animal. On les a avec raison 
limitées par les caractères essentiels; le tableau suivant 
est destiné à faciliter leur distinction par les formes 
des coquilles. Les genres sont d’ailleurs assez évidents 
et souvent plus faciles à caractériser que les familles ; 
mais ces dernières sont convenables et nécessaires pour 
faire apprécier les véritables rapports des êtres. 

J'ai adopté une classification qui est intermédiaire 


390 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 
entre celle de M. Deshayes et celle de M. d’Orbigny; 
elle m'a paru avoir quelques avantages en vue de la 


paléontologie. 
Les familles que j’ai admises sont les suivantes : 


CLAVAGELLIDES. Coquille à bord cardinal linéaire, ne formant 
pas de charnière, sans cuillerons, ordinairement petite et acces- 
soire à un tube calcaire dans lequel elle est souvent incrustée. 

Paorapipes. Coquille équivalve, à bord cardinal ne formant 
pas de charnière, crochet portant en dedans un cuilleron et re- 
couvert en dehors par une ou plusieurs pièces testacées. Cette 
coquille est quelquefois renfermée dans un tube. 

SoLÉNipEs. Coquille équivalve, très allongée, épidermée, bâil- 
lante aux deux extrémités, charnière formée de dents en crochets 
ou sans dents, ligament externe. Animal muni d’un grand pied. 

Myacines. Coquille équivalve, allongée, épidermée, bâillante à 
l'extrémité anale, quelquefois à la buccale, charnière avec ou sans 
dents, ligament interne ou externe, animal muni d'un manteau 
épais, presque complétement fermé, d’un pied très petit et de 
deux siphons allongés, toujours réunis. 

Macrrines. Coquille équivalve, solide et presque close, char- 
nière formée d'une dent en V, ligament interne. Animal muni 
d'un grand pied et de deux siphons formant un tube médiocre. 

CorBuripes. Coquille ovale ou allongée, épidermée, presque 
close, très inéquivalve, charnière formée d’un crochet ou d’une 
dent oblique, ligament interne. 

ANATINIDES. Coquille plus ou moins inéquivalve, mince, sub- 
nacrée, plus ou moins bâillante, ligament interne, muni dans son 
épaisseur d’un osselet cardinal, crochets présentant souvent en 
dedans une lame saillante. 

MÉSODESMIDES, coquille épaisse, parfaitement close, ligament 
interne, sinus palléal faible. 

AMPHIDESMIDES. Coquille équivalve, peu bâillante, plus ou 
moins comprimée, ligament interne, accompagné souvent d’un 
ligament externe, sinus palléal grand. 

TecLinipes. Coquille équivalve, close ou peu bâillante, plus ou 
moins comprimée, charnière composée de dents cardinales pe- 
tites, accompagnées souvent de dents latérales, ligament externe. 


SINUPALLÉALES. — CLAVAGELLIDES. 337 


Pérricozipes. Coquille térébrante, irrégulière dans son accrois- 
sement, un peu bäillante; charnière variable, peu forte ; liga- 
ment externe. 

Cyraérines. Coquille équivalve très régulière, bien close, à 
charnière formée de dents cardinales solides ; ligament externe. 


Are Famizze. — CLAVAGELLIDES, 


(Tubicolés, Desh.) 


Les clavagellides forment une famille anomale, caractérisée 
par un tube calcaire très prolongé, auquel est jointe une coquille 
bivalve, qui protége l'animal, et qui est souvent incrustée. Cette 
coquille est régulière, bâillante, à bord cardinal simple , ne for- 
mant pas de véritable charnière ; elle est dépourvue de cuille- 
rons sous les crochets. Les formes de l'animal sont du reste celles 
des véritables acéphales, il est elaviforme, entouré d'un manteau 
entièrement fermé, et a à la partie anale un tube très extensible, 
contenant les deux siphons. Son pied est plus ou moins rudi- 
mentaire. 

Les mollusques singuliers qui forment cette famille peu nom- 
breuse ont été classés par les anciens naturalistes, tantôt avec 
les serpules, tantôt avec les dentales. Lamarck est le premier 
auteur qui ait compris leurs véritables rapports 7oologiques. 
Dans ces dernières années, on n’a modifié sa classification que 
pour en séparer les térédines et les tarets, en les associant à la 
famille des pholades. 

J'y place avec M. Deshayes les genres ARROSOIR, CLAVAGELLE 
et GASTROCHENE, tout en reconnaissant que ce dernier se rappro- 
che sous beaucoup de points de vue des pétricolides, et paraît 
former par les saxicaves une transition entre ces deux familles. 
Les trois genres que je viens d'indiquer forment du reste une gra- 
duation intéressante en ce qui concerne l'union du tube et de la 
coquille. Dans les arrosoirs les deux valves sont soudées au tube ; 
dans les clavagelles une des valves est libre et l’autre soudée ; 
dans les gastrochènes les deux valves sont indépendantes du tube 


ll. 22 


339 _ ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


Les ArROSOIRS (Aspergillum, Lamk, Prechites, Guettard , Peni- 
cillus, Brug., Arytæna, Oken, Adspergillum, Menke, Aquaria, 
Perry, Clepsydra, Schum., Verpa, Bolten), — Atlas, pl. LXXI, 
fé. 4, 


sont formés d’un tube calcaire qui se rétrécit insensiblement vers 
l'extrémité anale, et qui grossit en massue du côté buccal. Ge 
tube est ouvert au bout anal et fermé à l'extrémité buccale où il 
forme un disque plus ou moins arrondi, percé dans son milieu par 
une petite fissure, et sur toute sa surface par des trous épars subtu- 
buleux, qui l'ont fait comparer à la grille d'un arrosoir. Quelques 
petits tuyaux forment ordinairement une collerette autour du dis- 
que terminal. En arrière de cette collerette on voit sur la paroi 
du tube deux valves égales incrustées, qui sont le représentant 
de la véritable coquille. 

Ce genre remarquable est composé aujourd’hui d’espèces qui 
atteignent quelquefois une grande taille, et qui vivent en s’enfon- 
çcant verticalement dans le sable à une assez grande profondeur. 
Leur existence à l’état fossile est contestée. 


L'4. leognanum, Hæninghaus (1), a été décrit comme trouvé fossile à Léo- 
gnan, près Bordeaux. IL se distingue de toutes les autres espèces connues, 
mais quelques auteurs pensent qu'il y a eu erreur sur la localité, et que cette 
espèce n’est pas vraiment fossile (Atlas, pl. LXXI, fig. 4). 

L'A. maniculatum, Philippi (?), paraît avoir été établi sur des fragments 
du tube de la Clavagella bacillaris, Lamk. 


Les CLAVAGELLES (Clavagella, Lamk, PBuccodus, Guettard, Zu- 
bulana, Bivona), — Atlas, pl. LXXT, fig. 2 à 5, 


ressemblent aux arrosoirs par leur tube calcaire, plus étroit et 
ouvert à l'extrémité anale, et fermé à l'extrémité buccale par une 
partie claviforme, percée au centre par une petite fente. Tantôt 
cette extrémité buccale est entourée d’une couronne de tubes 
branchus ; tantôt elle est hérissée en tout ou en partie de tubes 
spiriformes simples. Mais la coquille bivalve y est bien plus dé- 


(1) Deshayes, dans Lamarck, Anim. sans vert., 2° édit., t. VIE, p. 22; 
Chenu, /llust. conch., Aspergillum, pl. 2, fig. 8. 
(2) Enum. moll. Sicil., 1, p. 4, 


SINUPALLÉALES. — CLAVAGELLIDES. 399 


veloppée, et formée d'une valve incrustée dans le tube et d’une 
seconde valve libre. 

Les clavagelles actuelles vivent de la même manière que les 
arrosoirs; on en connaît plusieurs espèces fossiles des terrains 
crétacés et tertiaires. M. Goldfuss (!) rapporte aussi à ce genre un 
fossile remarquable des calcaires carbonifères de Belgique (CZa- 
vagella prisca); mais M. de Koninck a montré que cette singulière 
espèce n’est qu'un productus. 

On en connaît quelques espèces du terrain crétacé. 


M. d'Orbigny (2) cite la C. cenomaniana, d’Orb., dans Je grès vert du 
Mans. 

On trouve ($) dans les terrains de la craie supérieure d'Europe (terrain sé- 
nonien) les Clavagella cretacea, d'Orb., Atlas, pl. LXXI, fig. 2, de Royan; 
C. ligeriensis, d'Orb., de Tours; C. clavala, d'Orb. (Teredina clavata, 
Roemer), du quader inférieur et du plaenermergel de Quedlimbourg, 
Tyssa, etc. 

La C. semisulcata, Forbes (#), provient du terrain crétacé de Pondichéry. 


La C. armata, Morton (5), a été trouvée dans le terrain crétacé des États- 
Unis. 


Les espèces des terrains tertiaires sont plus nombreuses. 


M. Deshayes (6) décrit dans l'étage de Grignon, la C. echinata, Lamk, 
Atlas, pl. LXXI, fig. 3 (à laquelle il faut réunir la C. tibialis, Lamk), et la 
C. cristata, Lamk. 

La C. Lodoiska, Caïllat, est la Panopæa margaritacæa, Val. 

Dans l'étage immédiatement supérieur (parisien B, d’Orb.), on peut citer(!) 
la C. Brongniarti, Desh., Atlas, pl. LXXI, fig. 4, de Valmondois, et la 
C. coronata, id., Atlas, pl. LXXI, fig. 5, de Lisy près Meaux et de Pauliac. 

Les C. Goldfussi, Philippi (*), et C. Hoffmanni (Teredina Hoffmannii, 
Philippi), ont été trouvées dans un terrain tertiaire des environs de Mag- 
debourg, qui paraît appartenir à l’époque éocène. 


(!) Petref. Germ., t. H, pl. 160. 

(2) Prodrome, t. I, p. 157. 

(8) D'Orbigny, Pal. franç., Terr. crét., t. U, p. 300, pl. 347, et Prodrome, 
t. IL, p. 233 ; Roemer, Norddeutsch. Kreid., p. 76, pl. 10. 

(#) Trans. geol. Soc., 2° série, t. VII, p. 139, pl. 17. 

(5) Synopsis, p. 69, pl. 9, et Journ. Acad. Philad,, t. VIE, p. 223. 

($) Cog. foss. Par., t. 1, p. 8. 

(?) Deshayes, id., Desmoulins, Monogr. de la clavagelle couronnée (Bull, 
Soc. Lin. Bord., 1829, t. HE, p. 339). 

(8) Palæontographica, L, p. 44, 


30 ACÉPHALES ORTIHOCONQUES. 


On retrouve ce genre dans les terrains miocènes, pliocènes et 
quaternaires. 


La C. Brocchü, Lamk (1) (Teredo echinata, Brocchi), se trouve dans l'As- 
tésan. 

La C. bacillaris, Desh. (2) (à laquelle il faut réunir la C. tibialis, Scacchi, 
ja C. asperg llum, Bronn, le Teredo bacillum, Brocchi, la Teredina bacillum 
et l’Aspergi!lum maniculatum, Philippi), paraît se trouver à la fois dans les 
terrains miocènes de Bordeaux (Grateloup), pliocènes de l’Astésan (Brocchi), 
quaternaires de Sicile (Philippi) et dans les mers actuelles. 

La C. dulir, Münster (3), appartiendrait aux terrains pliocènes, mais elle 
est peu certaine. 


Les GasTROCHÈNES (Gasérochænn, Spengler, Uperotus, Guettard, 
Fistulana et Gastrochæna, Lamk, Chœna, Retz, Roxellaria, 
Fleuriau de Bellevue), — Atlas, pl. LXXI, fig. 6 à 8, 


ont aussi un tube calcaire, libre ou inséré dans les corps sous-ma- 
rins, rétréci et ouvert à l'extrémité anale ; mais ce tube contient 
à l’intérieur une coquille bivalve, libre, qui ne lui est nullement 
soudée. Cette coquille est cunéiforme, à crochets presque termi- 
naux et très bâillante à l'extrémité anale et au côté palléal, à 
charnière simple et linéaire, sans cnilleron, à ligament extérieur 
droit, et elle diffère de celles de la famille suivante, parce qu'elle 
n'a jamais de pièces accessoires vers la charnière. 

Cuvier, à l'exemple de Lamarck, a cru devoir distinguer les 
fis'ulanes des gastrochènes, en plaçant dans le second de ces 
genres, des mollusques munis d’une coquille tout à fait sembla- 
ble à celle des fistulanes, mais non renfermée dans un tube. 
M. Deshayes et M. Caillaud ont démontré que le tube existe en 
réalité toujours, mais que quand le mollusque perfore des corps 
sous-marins, la matière qu'il sécrète et qui formerait un tube 
libre dans le sable, reste sous la forme d’un enduit revêtant l’in- 
iérieur de la cavité. Ces deux genres doivent donc être réunis. 

Quelques auteurs rapprochent les gastrochènes des pétricolides 


(1) Lamarek, Anim. sans verl., 2° édit., t. VI, p. 25; Brocchi, Conch. 
subap., t. Il, p. 270, pl. 15, fig... 

(2) Encycl. méth., t. NH, p. 239 et Lamarck, Ann. sans vert., 2° édit., 
t. NI, p. 24 ; Brocchi, loc. cit. 

(3) Leonh. und Eronn, Neuss Jahrb., 1835, p. 435. 


SINUPALLÉALES. — CLAVAGELLIDES. al 


et en effet elles ont des rapports avec le genre saxicava; mais 
leur anatomie rappelle encore plus les arrosoirs. 

Les gastrochènes actuelles vivent comme les genres précé- 
dents, en s’enfoncant dans le sable ou dans les pierres tendres. 
On en connait un certain nombre de fossiles dans les terrains ju- 
rassiques, crétacés et tertiaires. fe dois toutelois faire remarquer 
que quelques auteurs ont souvent rapporté, sans preuves suffi- 
santes, des coquilles perforantes au genre des gastrochènes. Il 
arrive souvent que la matière fossilisante s'introduisant dans la 
cavité percée par une venerupis, ou autre pétricolide, entoure 
la coquille et se moule sur la cavité, de manière à former 
comme une sorte de tube, sans qu'il en ait existé un pendant la 
vie (!). 

Dans les terrains jurassiques elles se trouvent dans plusieurs 
élages. 


M, Deshayes (2) dit avoir trouvé dans les parties inférieures du lias, des 
perforations qu'on doit probablement attribuer à de véritables gastrochènes. 
La G. anliqua (3), Pusch., se trouve dans les terrains jurassiques de Pologne. 

M. d'Orbiguy (4) cite la G. Baugieri, d'Orb., de l’oolithe inférieure de 
Niort. 

La G. Oxfordiana, d'Orb. (5), a été trouvée dans le terrain oxfordien de 
Russie. 

Les terrains coralliens de Trouville ont fourni trois espèces à M. Deslong- 
champs (5), savoir : les G. unicosta :Fistulana), Desl., subtrigona, id. (nom 
que M. d'Orbigny change, en pseudotrigona), ct lacryma, id. A ces mêmes 
terrains appartiennent : la G. Oceania, d'Orb. (7), de Normandie, et trois 
espèces du département de la Meuse, décrites par M. Buvignier (8), les G. co- 
rallensis , Deshayesea et Moreana (Atlas, pl. LXXI, fig. 6). 

Ce dernier auteur a fait connaître les G. crassilabrum et dissimilis, du cal- 
caire de astartes (kimméridgien) de Maujouy. k ; 


Quelques auteurs en indiquent dans les terrains crétacés : 


(t) Pictet et Roux, Mollusques des grès verts, p. 417. 

(2) Traité élém. de conchyl., [, p. 32. 

(3) Polens Pal., p. 92. 

(*) Prodrome, t. I, p. 275. 

($\ Murchison, Keys. et Verneuil, Pal. de la Russie, t. Il, p. 471, pl. 49. 

(t) Mém. Soc. Lin. Norm., 1838, pl. 9. 

(7) Prodrome, t I, p. 14. 

(8) Mém. Soc. Verdun, t. I, p. 3, pl. 3, et Stat. géol, de la Meuse, p. 5, 
pl. 6 et 17. 


312 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


On trouve dans les terrains néocomiens et aptiens (1) la G. dilatata, Desh. 
Le terrain aptien de Wassy renferme en outre la G. matronensis, d'Orb. 

Je ne connais pas la T. pyriformis, Mantell (2), du gault d'Angleterre. 

La G. marticensis, Math. (3) (dilatata, Reuss, ostreæ, Geïinitz), a été dé- 
couverte dans les terrains turoniens de France et dans le plæner inférieur et 
le quader d'Allemagne. On a trouvé en Bohème avec elle une espèce décrite 
par M. Reuss, sous le nom de T. pistilliformis, et qui n’a peut-être pas les 
vrais caractères de ce genre. Je ne pense toutefois pas qu'elle doive être 
rapportée aux lithodomies comme le croit M. d'Orbigny, car elle est très 
bâillante. 

Les terrains de la craie blanche en Europe ont fourni la G. Royanensis, 
d'Orb. (4). 

La G. (Fistulana) tenuis, Reuss (5), du plæner inférieur de Bilin, n’est 
connue que par le remplissage des trous qu’elle creusait et n'appartient peut- 
ètre pas à ce genre. 

La G. aspergilloides, Forbes (*), provient des terrains analogues de Pon- 
dichéry. 


Les espèces se continuent dans les terrains tertiaires. 


La F. lumbricalis, Münster (7), du Kressemberg, est très douteuse. 

M. Desliayes (8) signalé deux espèces dans l'étage de Grignon, savoir : les 
G. (Fistulana) ampullaria, Lamk, et elongata , Desh. Cette dernière, sui- 
vant M. Conrad, se retrouve aux États-Unis. 

Dans les sables de Valmondois, M. Deshayes indique trois autres espèces; 
les. G. angusta, Desh: (Atlas, pl: LXXI, fig: 7), Provignyi, id: (id:, fig: 8), 
et contorla, Sow. (?). Cette dernière se retrouve dans l’argile de Londres: 

M. d'Orbigny (1°) sépare sous le nom de S. subcontorta, une espèce du sys- 
tème campiniende Belgique, qui lui avait été assimilée par M. Nyst. 

Le comte de Münster (!!) signale dans le terrain pliocène quatre espèces 


1) Deshayes, Mém. Soc. géol., t. V, pl. 3; d’Orbigny, Pal, franç., 
Terr. crét., t. Il, p. 394, pl. 375. 

(?) Geol. of Susseæ, p: 76. 

() Matheron, Catalogue (Trav. Soc. stat. Marseille, p. 132, pl. 40, 
fig. 4); Reuss, Verst. Boehm. Kreid., , p. 20, pl. 37. 

(#) Pal. franç., Terr. crét., t. TE, p. 395; pl: 375: 

(s) Verst. Boehm. Kreid., t. I, p. 19, pl. 33: 

(6) Trans. geol. Soc., 1839, t. VII, pl. 17. 

() Keferstein, Deutschland, 1828, t. VI, p. 98. 
(8) Cog. foss. Par., &. XI, p. 15, pl. 1 et 4; Sowerby, Min. conch., pl. 
526. 

(9) Min, conch., pl. 526,; Deshayes, p. 16, pl. 1; fig. 24-27. 

(10), Prodrome, t. I, p: 99 ; Nyst, Cog et pol. foss. Belg., p. 37, pl. 1. 

(1) Leonh. und Bronn, neues Jahrb., 1835, p. 435. 


SINUPALLÉALES. — CLAVAGELLIDES. 343 


qui sont encore imparfaitement connués. Ce sont les G. (Fistulana) fascicu- 
lala; Münst., fragilis, id., fusiformis, id., et pyriformis, id. Elles ne peu- 
vent pas être admises: sans une nouvelle étude: 

La G. abbreviata, Bonelli (1), caractérise les terrains pliocènes d'Asti. 

Deux espèces vivantes paraissent se retrouver fossiles (?}. La G. dubia, 
Desh. (G. modiolina, Lamk, cuneiforimis, Bronn, Poli, Phil.), vit dans l'o- 
céan d'Europe et se trouve fossile, suivant M. Deshayes, en Italie et dans les 
terrains quaternaires de Sicile. 

La G: gigäñtea, Desh., vit dans les mers de l'Inde, et se retrouve fossile eñ 
Égypte, mais non à Paris, quoiqu'elle y soit indiquée. Elle‘ a été confondue 
avec la G. Provignyi. 

Il faut rayer du catalogue des Gastrochæna, la G&. lorluosa, SoW., 526, 
qui est une GErviLiA ; la G. anphisbæna, Geinitz, qui est un TErepo; la 
F, constricta, Roemer, qui est une Pnoras; la F. echinata, Brocchi, qui est 
uné CLAVAGELLA. : 


de FamLLe. — PHOLADIDES: 


Les pholadides sont caractérisées par nne coquille très bâil- 
lante de chaque côté, par des cuillerons implantés à la partie in- 
terne des crochets, par une charnière dépourvue de ligament.et 
presque toujours munie de nombreuses pièces accessoires situées, 
soit sur l'extrémité des tubes, soit sur les crochets. Les coquilles 
sont tantôt libres, tantôt contenues dans un tube calcaire. I'a- 
nimalest claviforme: ca allongé: son mantcau est fermé sur la 
plus grande partie de sa longueur, et laisse sortir en avant un 
lopg tube qui renferme les deux siphons. 

Cette famille se distingue clairement par la forme de la char- 
nière dont les deux valves sont juxtaposées plutôt qu'articulées, 
et par les cuillerons des crochets. La présence des pièces acces- 
soires de la charnière et le tube calcaire forment des caractères 
moins constants. Les animaux constituent un groupe très na- 
turél par leurs siphons réunis en un long tube, leurs branchies 
pétites, et leur pied court et tronqué. 


Les CLOISONNAIRES (Septaria, Lamk, Cuphe, Kuphus, Guettard, 
Furcella, Lamk, Clausaria, Menke) : 
forment un genre qui est à peine distinct des tarets, et qui devra 
(1) Dénom. inédites; Sismonda, Synopsis, p. 24. 


(2) Deshayes, Traité élémentaire. t. 1, p. 35 ; Bronn, Jtal. Geb., p. %6; 
Philippi, Enum. moll. Sicil., I, p. 2 et IL, p. 3 et 370, 


ll ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


peut-être leur être réuni lorsque la cloisonnaire de l'Inde sera 
mieux connue. L'animal vit dans le sable au lieu de percer le 
bois; il est logé dans un tube calcaire et est muni d’une coquille 
semblabie à celle des tarets. A l'extrémité postérieure, le tube se 
partage en deux tuyaux cylindriques dont l'entrée intérieure est 
dépassée par un éperon saillant. Leurs terminaisons font saillie 
au dehors et contiennent les siphons de l'animal, en se prolon- 
geant en deux calamules divergentes subarticulées. Des cloisons 
irrégulières transversales divisent ce tube, comme les valvules in- 
testinales divisent l'intestin. Le reste de l’organisation rappelle 
les tarets; on y retrouve aussi les palettes calcaires destinées à 
fermer le tube. 

On à rapporté à ce genre plusieurs espèces fossiles des terrains 
tertiaires, mais aucune d'elles ne présente des caractères suffi- 
sants pour les séparer des tarets. 


La Septaria Tarbelliana, d'Archiac (!), des terrains nummulitiques des 
environs de Bayonne, est connue par un fragment de tube qui rappelle tout 
à fait la portion de celui des tarets où la cavité est divisée en deux tubes. 

M. Matheron (2) rapporte à une espèce vivante de la Méditerranée (S. me- 
diterranea, Math.), des débris fossiles des terrains récents des environs de 
Marseille, qui sont probablement des fragments du Teredo navalis, vivant ac- 
cidentellement dans le sable. 

M. Marcel de Serres (3) a indiqué dans les terrains tertiaires du midi de 
la France, trois espèces très douteuses dont deux au moins sont des serpules. 


Les Tarets (7Zeredo, Lin., Tenthredo, Aristote, Xilophagus, 
Ligniperda, ete), — Atlas, pl. LXXI, fig. 9 à 11, 


ont une coquille sans ligament, courte et circulaire, très peu dé- 
veloppée par rapport à la taille de l'animal, dont elle couvre à 
peine la trentième partie. Elle est composée de deux valves égales, 
chacune d'elles est fortement échancrée en dessus et en dessous, 
et porte en dedans un cuilleron qui part de dessous les crochets. 
Cette coquille occupe l'entrée d'un tube calcaire mince, souvent 
très long, boursouflé, plus ou moins contourné, et terminé du côté 
anal qui est le plus étroit, par deux ouvertures courtes, qui cor- 


(1) Mem. Soc. géol., 2° série, t. II, p. 207. 
(2) Ann. sc. et ind. du Midi, 1, p. 77, IL, p. 312. 
(8) Ann. de Lyon, 1, 417, et l'Institut, 1846, t. XIV, p. 114. 


SINUPALLÉALES, — PHOLADIDES. 35 


respondent aux siphons. Ces siphons sont protégés par deux pa- 
lettes calcaires qui leur servent d’opercules. Du côté buccal, le 
tube se ferme dans l'âge adulte. 

La coupe de ce tube est circulaire dans la plus grande partie 
de son étendue; mais vers l'extrémité anale il est rétréci par 
deux lames opposées qui le partagent plus ou moins compléte- 
ment à sa partie interne en deux cylindres, de manière que dans 
cette région sa coupe a la forme d'un 8. 

Les tarets sont aujourd'hui des ennemis redoutables des con- 
structions marines, et ont été connus sous ce point de vue dès 
l'antiquité. On trouvera des détails intéressants sur ce genre re- 
marquable dans les ouvrages de M. Deshayes (1). Ils ne sont pas 
très nombreux à l'état fossile. On en cite quelques espèces des 
terrains jurassiques, crétacés et tertiaires. Elles sont connues 
soit par la coquille, soit par les cavités où elles ont vécu et qui se 
remplissent de matières minérales. On les trouve souvent dans 
les bois fossiles qu'elles perçaient de la même manière qu'elles le 
font aujourd'hui. 

Il est impossible d'admettre le genre TÉRÉDOLITHE, par lequel 
quelques auteurs désignent les moules qui sont formés dans les 
cavités creusées par les tarets. 

Je ne trouve citée qu'une seule espèce du terrain jurassique (?). 


Le T, antiquatus, d'Orb. ($\, est indiqué sans description, comme se 
trouvant dans le lias supérieur (toarcien) du département des Deux-Sèvres. 


Les espèces sont plus nombreuses dans les terrains crétacés. 


Quelques traces ont été trouvées dans les terrains néocomiens. De ce nom- 
bre est le T. clavatus, Leymerie ({), du néocomien de l'Aube, espèce connue 


(!) Traité élémentaire de conchyliologie, t I, p. 47 et Exp. scient. de l'Al- 
gérie, pl. 5. — Voyez aussi pour les tarets et leurs perforations, de Quatre- 
fages, l'Institut, 18€8, p. 190; Laurent, id., 1848, p. 224. 

(2, Je ne crois pas que les Teredo gelyanus et corallensis, Buvignier, Stat. 
géol. de la Meuse, p. 6, soient des tarets, car ils perçaient les corps cal- 
caires. 

(3) Prodrome, t. 1, p. 251. 


() Mém. Soc. géol., t. V, p. 2, pl. 2; Deshayes, Traité élém, de conch., 
t. 1, po 07 


3h16 ACÉPITALES ORTHOCONQUES. 


seulemêut par des moules de cavités (térodolithes) et qui est probablement 
la même que celle qu'indique M: Deshayes. 

Dans le gault on citele T. argonensis, Buvignier (Atlas;-pl. XXE, fig: 9), 
et Varennensis, du même gault de Varennes (1). 

Le T. Fleuriausianus , d'Orb. (?), espèce non encore décrite, a été trouvée 
davs le grès vert (cénomanien) de l’île d'Aix et du Mans. 

Le T. Requienianus, Matheron (3) (Atlas, pl. LXXI, fig. 10 et 11), provient 
des craies chloritées d'Uchaux (turonien). 

Le T. Faujasi, Bronn (#), a été trouvé dans les terrains crétacés supe- 
rieurs de la montagne de Saint-Pierre, près Maëstricht. 

Le T!, tibialis, Morton (5), a été découvert dans le terrain-crétacé des États- 
Unis. 


Les espèces des terrains tertiaires sont encore en partie mal 
connues, 


Le T. Tournali, Leym. (6), se trouve dans le terrain nummulitiqué des 
Corbières et de Biarritz. 

M: d’Archiac (7) cite dans les mêmes terrains nummulitiqués, plusieurs 
espèces encore indéterminées. 

Il faut probablement inscrire dans ce genre comme je l’ai dit plus haut, la 
Septaria Tarbelliana, d'Archiac, du terrain nummulitique de Bayonne. 

La T. antenautæ, Sow. (8), se trouve dans l’argilé de Londres. M. Sowerby 
a confondu sous ce nom deux espèces. Les figüres 1-3 se rapportent à la Te- 
redind personata. 

Le T, Burtini, Desh. (?), se trouve dans les tertiaires éocènes de Paris et 
de Belgique. Ce dernier pays renferme plusieürs- espèces dé ce gerire. 

M: d'Orbigeñy (1) cite dans les terrains éocènes supérieurs, lé T. caso 
niana, d'Orb., trouvé à Argenteuil. 


(1) Buvignier, Mem. Soc. phil. de Verdun, 1842, pl. 3, et Stat. géol. de la 
Meuse, p. 6, pl. 6; d'Orbigny, Pal. franç., Terr. crét., t, I, p. 302. 

(2) Prodrome, t. IL, p. 157. 

(3) Matheron, Catalogue des corps organisés fossiles, p. 132; d’Orbigny, 
Pal. franc.;Terr.\crét.,t. All, p. 303: 

(#): Bronn, Index pal.; Faujas de Saïnt-Fond, Hisf, de la mont. Saint- 
Pierre de Maëstricht, p. 129, pl. 33. 

(5) Journ. Acad: Phil:,t, VIL, p. 218 et 223. 

(6) Mém. Soc. géot., 2° série, t. I, p. 360, pl. 1# ett. If, p. 208, 

(7) Hist: des progrès, t. LL, p. 255. 

(8) Min. conch., pl. 102. 

(®) Traité élémentaire, 1, p. 59; Burtin, Orfyctographie de Bruxelles, 
p. 142: 

(10) Prodrome, t. II, p. 421. 


SINUPALLÉALES, — PHOLADIDES. 3h47 


Quelques tarets des terrains tertiaires moyens et supérieurs ont été rap- 
portés à l'espèce commune des côtes d'Europe, le 7. navalis (1). 
On a trouvé quelques espèces dans les terrains tertiaires d'Amérique (2), 


Les Ténénines (Teredina, Lamk), — Atlas, pl. LXXI, fig: 12, 


ontune coquille globuleuse, équivalve, régulière, à crochets sail- 
lants, couverts par un écusson dorsal ovale. Cette coquille est 
fixée à l'extrémité d'un tube conique , ouvert à l’extrémité. Ce 
genre singulier résume en quelque sorte les caractères des pho- 
lades (par sa pièce dorsale) et ceux des tarets (par sa coquille 
fixée dans un tube). Dans le jeune âge la coquille parait libre et 
sans connexion avec un tube quelconque. EIE ressemble alors à 
celle du genre xylophaga de Turton: 

Le tube est plus gros et plus court à proportion que dans les 
tarets. L'ouverture postérieure est ordinairement simple ; mais 
chez quelques individus on y remarque six crêtes longitudinales 
saillantes, qui le divisent avec régularité en six arceaux et qui 
sont elles-mêmes coupées chacune par une petite crête médiane. 

Les térédines n’ont encore été trouvées qu'à l’état fossile, dans 
les terrains crétacés et tertiaires. 

Je pense qu'il faut rapporter à ce genre le Teredo dentatus, Roemer ($), 
du terrain néocomien de Essen, car son tube est court et gros, et la dente- 
lure de l'extrémité postérieure rappelle beaucoup celle de quelques téré- 
dines (f), et n’a pas son analogue dans le genre des tarets. 


M: Déshayes (?) dit connaître une espèce de la craie inférieure de Saint- 
Paul-Trois-Châteaux. 


L'espèce des terrains tertiaires est mieux connue. 


La T. personata, Lamk (6) (T'eredo antenaulæ, Sow., partim), se trouve 
dans les tertiaires éocènes de France et d'Angleterre. C’est l'espèce figurée 
dans l'Atlas. 


(!) Bron, Jtal. tert. Geb:, pr 86, Brocéhi, Concir. subap.; Wood, Ann. 
dhd mag: of nat. hist., décembre 1840; Deshayes;, Exp. scient. de Morée; 
Mollusques, 1, p. 75. 

(2) Lea, Contrib., p: 38, pli 1 et Descr. neiv foss. tert., p. 8; pl. 3#; 
Conrad, Proe. Ac. Philad:, etc. 

(3) Verst. Norddeutsch. Kreideg., p. 76, pl. 40, fig. 9. 

(4): Voyez Deshayes; Traité élém: conch., pli 3, fig: 44. 

(5) Id:, pe 66: 

(6) Deshayes, Cog. foss. Par. 1, pt 48; Sow., Miñ. conch: pl. 102; fige 123: 


38 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


Les Puoranes (Pholus, Linné), — Atlas, pl. LXXI, fig. 13 à 17, 


ont une coquille mince, ovale ou allongée, très bâillanteen avant 
et en arrière. L'impression palléale est très fortement échancrée ; 
les valves sont simplement en contact, sans charnière articulée. 
Le ligament est nul ou rudimentaire, et des pièces accessoires 
sont placées au-dessus où en avant du point de contact des val- 
ves. Les crochets sont recouverts en dehors par des callosités très 
caractéristiques formées par une lame calcaire étalée, soutenue 
par de pelites voûtes. Cet appareil doit son origine à un appen- 
dice supérieur du manteau qui se renverse sur la coquille pour 
remplacer le ligament. En dedans et en dessous des crochets est 
une forte dent en cuilleron (1). 

Ces mollusques different des tarets par les pièces accessoires 
de la charnière et par la grandeur de la coquille, qui couvre la 
majeure partie de l'animal. On peut ajouter que les pholades ne 
se sécrètent pas de tube, mais quelques auteurs ont observé dans 
des trous creusés par des pholades très adultes, un encroûtement 
calcaire qui rend cette différence moins certaine. 

Il faut réunir aux pholades {?) les DacryYLiNa, Gray (2. dacty- 
lus), les Bannea, Risso (?. costata), les Mantesta, Leach (2. 
striata), et les PaoLabibea, Turlon (?. papyracea). Ces genres 
sont fondés sur des différences dans les pièces accessoires de la 
charnière. 

Les JouanertiA, Desmoulins, ne diffèrent des vraies pholades 
que par leur forme plus globuleuse et par la grandeur de la pièce 
qui recouvre les crochets. Elles doivent leur être réunies. 

Les pholades vivent aujourd hui en perçant des trous dans l’ar- 
gile durcie, la pierre, et les coraux, et sy enfoncent de plus en 
plus à mesure qu'elles grossissent. On les trouve fossiles dans la 
plupart des terrains. 


(1) La figure 13 de la planche LXXT, représente la Pholas dactylus, vivante, 
pour faire mieux comprendre les caractères génériques. 12, a, la coquille 
vue en dessus avec la lame calcaire qui couvre les crochets; 13, b, profil de 
la valve droite; €, le point de contact d'une des valves avec l’autre et le cuil- 
leron qui est en dedans des crochets ; 13, d, coupe théorique de la coquille 
et des cuillerons. 

(2) Nous n'avons pas à nous occuper ici du genre XyLoprAGA, Turton, qui 
perce le bois au lieu de la pierre, ni des TwiomPHaLiA, Sowerby, qui sont iné- 
quivalves. On n’en connaît pas de fossiles. 


SINUPALLÉALES. —— PIOLADIDES. 349 


Toutefois leur existence à l’époque paléozoïque n'est pas in- 
contestable. 


La P. Cordieri, M. Rouault (1), trouvée dans le terrain silurien de Gabard, 
près Rennes, estla seule espèce citée. Elle n'est figurée que du côté externe 
et l'on ne peut pas être certain qu’elle ait les caractères des vraies pholades. 


Elles se trouvent dans plusieurs étages jurassiques. 


M. d'Orbigny (2) indique la P. toarcensis, d'Orb., dans le lias supérieur 
(toarcien) de Thouars, Deux-Sèvres. Le même auteur signale la P. Baugieri, 
d'Orb., dans l'oolithe inférieure de Niort, 

La P. crassa, Desl. (3), se trouve dans la grande oolithe. 

La P. Waldheimi, d'Orb. (4), caractérise l’oxfordien de Russie, 

La P. recondita, Phillips (°), est indiquée par les auteurs anglais comme 
trouvée dans le terrain corallien, et par M. d'Orbigny comme provenant de 
l’oxfordien. 

La P. compressa, Sow. (6), a été découverte dans l'argile de Kimméridge. 


Elles continuent dans les terrains crétacés, 


La P. constricta, Phillips (7), provient de l'argile de Speeton. M. Roemer 
lui rapporte une espèce du hilsthon, sous le nom de Fist. constricta, Roemer ; 
c'est la P. Roemerii. d'Orb. 

La P. prisca, Sow. ($), provient des calcaires inférieurs au lower green 
sand de Sandgate {urgonien ?). 

La P. sclerotites, Geinitz (°?), a été trouvée dans le quader de Cotta, etc. 

On trouve dans le terrain aptien de France, la P. Cornueliana, d'Orb. (10), 
(Atlas, pl. LXXI, fig. 14). 

La P. subeylindrica, d'Orb. (), provient du gault du nord de la France 
(Atlas, pl. LXXI, fig. 15). 


(1) Bull. Soc. géol., 2° série, t. IV, p. 326, pl. 3, fig. 6. 
(2) Prodrome, I, p. 251 et 272. 

(8) Mém. Soc. linn. Normandie, 1838, p. 6, pl. 9. 

(#) Murchison, Keys. et Vern., Paléont. dela Russie, p.466, pl. 40, fig. 1-3. 

(5; Geol. of Yorkshire, pl. 3, fig. 19. 

(6) Min. conch., pl. 603. 

(*) Phillips, Geol. of Yorkshire, p. 93, pl. 2, fig. 17 ; Roemer, Verst. 
Norddeutsch. Kreid., p. 76, pl. 10, fig. 11; d'Orbigny, Prodrome, t. I, 
P: 12: 

(8) Sowerby, Min. conch., pl. 138. 

(8) Character., p. 99, pl. 24. 

(19) Pal. franç., Terr. crét., t. HI, p. 305, pl. 349. 

(1) Pal. franç., Terr. crét., t. I, p. 306, pl. 349. 


350 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


La P. cithara, Morton (t), a été trouvée dans le terrain crétacé supérieur 
des États- Unis. 


Elles augmentent de nombre dans les terrains tertiaires. 


La P, Orbignyana, Levesq. (2), caractérise l'étage nummulitique de Cuise- 
layMotte. 

M. d’Archiac (3) cite la P. anatina, Goldf., d’après M. de Buch, comme 
trouvée à Akhaltzikhé, dans le terrain nummulitique. 

M. le professeur Studer indique #) au Titlis (Appenzell), une pholade très 
renflée du même terrain. 

M. Deshayes (5) décrit trois espèces des environs de Paris. Elles appartien- 
nent aux grès supérieurs de Valmondois et d’Assy. Ce sont les P. aperta, 
Desh. (Atlas, pl. LXXI, fig. 16), conoidea, Desh. (id., fig. 17) et scutata, 
Desh. à 


D'autres appartiennent aux terrains miocenes et pliocènes. 


Dans les terrainsmiocènes on peut citer comme espèce caractéristique {6): la 
P. Jouannetti, Desh, (Jouannetia semicaudata, Desmoulins), de Bordeaux et de 
Turin; la P. Branderi, Basterot, de Bordeaux et de Touraine; la P. Fallojesi, 
Defr., et la P. palmula, Duj., de Touraine. 

La P. dimidiata, Duj., de Touraine, est considérée par M. Deshayes, 
comme une simple variété de la P. scutata de l’éocène. 

La P. altior, Sow. 7), a été trouvée dans les terrains tertiaires des bords 
du Tage (Portugal), que M. Smith rapporte à l'étage miocène. 

Parmi les espèces qui passent pour se trouver vivantes et fossiles dans les 
terrains tertiaires moyens ou supérieurs, on peut citer : la P. callosa, Lamk, 
indiquée par M. Dujardin, comme fossile en Touraine ; Ja P. crispata, Lin. 
(lata, List.), trouvée par Hisinger (8), fossile en Suède; la P. candida, Lin. 
(cylindrica, Sow.), citée par MM. Sowerby et Wood dans le crag rouge, et 
par M. Nyst en Belgique (?). 

La P. papyracea, Turton, est indiquée par Wood dans le erag corallien. 


(1) Journ. Acad. Phil., 8 et Synopsis, p. 68, pl. 9, fig. 2 

(2) D’Orbigny, Prodrome, t. Il, p. 321. 

(3) Hist. des progrès, t. M, p. 255. 

(#) Mém. Soc. géol., t. UE, p. 395. 

(5) Cog. foss. Par., t. I, p. 20, pl. 2 

(6) Desmoulins, Bull. Soc. linn. Bord., t, W, p. 244; Basterot, Cog. foss. 
Bord., p. 97, pl. 7 ; Defrance, Dict. sc. nat., t, XXXIX, p. 354; Dujardin, 
Mém. Soc. géol., t. W, p. 254, pl. 18; Deshayes, Traîlé élém. conch., t. I, 
Dome 

(7) Quart. Journ. geol. Soc., t. WE, p. 417, pl. 15. 

(8) Lethœa Suecica, p. 68. 

(?) Cog. et pol. foss. Belg., p.41. 


SINUPALLÉALES, — SOLÉNIDES. 354 


La P.rugosa, Brocchi (!), a été trouvée dans les terrains pliocènes d'Asti, 

M. Philippi (2) décrit comme trouvée dans le terrain quartenaire de Sicile, 
la P. vibonensis, Phil., et y indique aussi la P. dactylus, Lin., espèce actuel- 
lement vivante. 

On cite aussi plusieurs espèces d'Amérique (3). 


3e Fame. — SOLÉNIDES. 


Les solénides ont des coquilles équivalves, transverses, allon- 
gées, épidermées, bâillantes aux extrémités, à ligament extérieur, 
à charnière calleuse ou pourvue de deux petites dents en cro- 
chet. 

L'animal est allongé, transverse, les siphons sont réunis, au 
moins dans leur majeure partie ; les lobes du manteau sont séparés 
du côté buccal pour donner passage à un pied cylindroïde, qui 
est.assez volumineux et élargi. 

Les mollusques qui composent cette famille ont de grands rap- 
ports avec les mvacides. Les coquilles ne suffisent pas toujours 
pour les distinguer, quoique en général celles des solénides soient 
bien plus allongées et, plus bâillantes à l'extrémité buccale. La 
principale différence consiste dans le pied, qui est plus grand 
dans les solénides et presque rudimentaire dans les myacides ; ces 
dernières ont en outre les siphons plus grands à proportion. Plu- 
sieurs auteurs et.entre autres M. d'Orbigny, considèrent ces ca- 
ractères comme insuffisants pour justifier une famille, et réunis- 
sent les solens avec les genres dont nous avons fait la famille 
suivante. Nous avons adopté ici l'opinion de M. Deshayes, en limi- 
tant les solénides aux genres voisins de l’ancien groupe des solens. 

Mais il se présente encore ici une difficulté assez grande, car, 
en considérant le genre des solens comme formant le type de la 
famille, on trouve entre son organisation et celle de quelques 
genres voisins des différences assez considérables, dont la valeur 
a été inégalement appréciée et qui ont pris pour quelques auteurs 
Pimportance de caractères de familles, 


(1) Conch. subap., pl, 41, fig. 12. 

(2) Enuwm. moll. Sic., I, p. 4, pl, 43. 

() Conrad, in Silliman, Amer. Journ., t. XXVIII, p.110 ; Conrad, Bull. 
Washington, 1841, I, p. 193, pl, 2 ; Lea, Desc. new foss. tert., p. 9: etc. 


352 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


L'un de ces types est le genre des Soecurrus. Le pied y est 
beaucoup plus volumineux que chez les vrais solens et les siphons 
en diffèrent en ce qu'ils se séparent à leur extrémité en deux 
tubes courts, libres et inégaux. M. Deshayes a hésité sur la valeur 
de ces différences et a fini par réunir ces mollusques à la famille 
des solénides. M. d'Orbigny admet une famille des solécurtides. 

Je serais disposé à adopter cette dernière manière de voir, si l’on 
ne considère que les vrais solens et le So/ecurtus strigillatus ; mais 
il y a entre ces deux types une foule de formes intermédiaires, 
mal connues, qui formeront certainement des transitions par leurs 
animaux, comme elles en forment par leurs coquilles. Les es- 
pèces fossiles augmentent encore ces liens au point qu'il est im- 
possible souvent de décider s-une espèce est un solen ou un so- 
lecurtus. J'ai done cru meilleur de laisser provisoirement ces 
deux genres dans la même famille. 

Un autre type plus embarrassant encore, sont les solémyes qui 
ont le pied des solens, leurs siphons courts, et une coquille éga- 
lement allongée; mais qui en diffèrent par des branchies toutes 
spéciales, par un ligament subintérieur, par leur charnière rap- 
prochée du bord anal et surtout par leur jmpression palléale en- 
tière. Nous les placons ans les orthoconques intégropalléales. 


Les Socens (Solen, Linné, nommés aussi #anches de couteaux), 
— Atlas, pl. LXXT, fig. 48 et 19, 


sont caractérisés par une coquille très allongée, ordinairement 
subeylindrique, très bâillante aux deux extrémités. Le bord car- 
dinal est le plus souvent droit et parallèle au bord palléal; l'ex- 
trémité buccale se trouve très éloignée de l’anale. 

La charnière est variable : tantôt elle est près du milieu de la 
coquille, tantôt elle est placée vers l'extrémité buccale; elle est 
ordinairement munie de petites dents et quelquefois elle en 
manque. Le ligament est extérieur, au-dessus de la charnière, il 
s'insère sur des nymphes saillantes. L'impression musculaire 
anale est allongée ou transverse, la buccale est longue et 
étroite. 

Ce genre a été subdivisé en un certain nombre de groupes (1) 


(4) Les Sozexires, Schlotheim, sont ou des solens ou des espèces appar- 


SINUPALLÉALES. — SOLÉNIDES. 393 


qui peuvent être commodes pour faciliter l'étude des espèces, mais 
qui, jusqu'à présent, n'ont pas élé justifiés par des caractères suf- 
fisants. Ces groupes sont : Les VaGins, Mublf. (Znsis, Schumacher, 
Ensatella, Swainson), dont la charnière est tout à fait à l'extré- 
mité de la coquille, la région buccale étant presque nulle. 

Les CuLTELLUS, Schumacher, qui ont la charnière peu éloignée 
de l'extrémité, mais pas tout à fait terminale. 

Les Macra, Oken (Si/iquaria, Schumacher), dont la charnière 
occupe le milieu de la coquille. 

Les solens paraissent avoir existé à loutes les époques géolo- 
giques, mais en petit nombre. Ils sont plus nombreux aujourd'hui 
et vivent sur les plages sablonneuses en s’enfonçant verticale- 
ment dans le sable. 

Ils paraissent dater de l'époque dévonienne. 


Le S. costatus, Sandberger (1), a été trouvé dans le duché de Nassau (Atlas, 
pt. LXXI, fig. 18). 

Le S. ve!ustus, Goldf., des terrains dévoniens, n'appartient pas à ce genre, 
mais probablement aux intégropailéales. 

Le S. pelagicus, du même auteur, est, ainsi que le précédent, rapporté aux 
cypricardia par M. d'Orbigny. A en juger par la figure de Goldfuss, il devrait 
rentrer dans la famille des cœlodontides; mais celle qu'en ont donnée 
MM. d’Archiac ct Verneuil semble plutôt indiquer un solen (2). 

On peut citer encore le S. Lustheidi, d'Arch. et Vern. 

Le S. siliquoides, Koninck ($), est bien incomplet pour qu'on puisse ap- 
précier ses caractères. 

Le S. comprimatus, Klüd. (f), du terrain jurassique, est tout à fait dou- 
teux. 

Le S. Dupiniinus, d'Orb. 5), est très imparfaitement connu. 

Plusieurs autres espèces indiquées dans les catalogues paléontologiques sont 
des solecurtus. 


Dans les terrains tertiaires, le genre des solens est représenté 
par plusieurs espèces certaines. 


tenant à des genres de formes allongées. La plupart ne sont pas suffisam - 
ment déterminées et ce nom générique doit disparaître de la méthode. 

(1) G. et F. Sandberger, Verst. Rhein. Syst. in Nassau, pl. 27, fig. 1. 

(2, Goldfuss, Petr. Germ., t. I, pl. 159, fig. 2 et 3; d'Orbigny, Pro- 
drome, t. 1, p. 75; d’Archiac et Verneuil, Trans. geol. Soc,, 2° série, t. VI, 
p. 376, pl. 37. 

(3) Descr. anin. foss. carb. Belg., p. 63, pl. 5, fig. 3. 

(9 Brandebourg, p. 223, pl. 3, fig. 12. 

(5) Pal. franc., Terr, crét., t. IT, p. 320, pl. 330, fig. 3 et 4. 

LT, 23 


85 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


- On cite dans le terrain nummulitique (!) le S. cultellatus, Münster, du 
Kressenberz, et le S. rimosus, Bellardi, de Nice. 

Le terrain tertiaire de Grignon (2) renferme le S. vaginalis, Desh., espèce 
qui avait été rapportée à tort par Lamark à son S. vagina, vivant sur les 
côtes d'Europe (Atlas, pl. LXXI, fig. 19); et le S. fragilis, Lamk. Le premier 
se trouve aussi en Belgique. 

* Le S. affinis, Sow., a été trouvé à Highgate (3). 

Dans les terrains miocènes, le S. Burdiyalensis, Desh. (vagina, Bast., 
subvagina, d'Orb.), se trouve aux environs de Bordeaux (). 

M. Dujardin (5) cite le S. siliquarius, Desh., de Touraine, voisin du va- 
gina. 

M. Wood (5) cite dans le crag, outre le S. siliqua, deux espèces nouvelles, 
leS. ensiformis, Wood, et le S. cultellatus (Cultellus cultellatus, Wood). Tous 
deux se trouvent dans le erag corallien et dans le crag rouge. 

Le S. Olivii, Michelotti (7), paraît caractériser le terrain pliocène d’Asti. 

Parmi les espèces actuellement vivantes, plusieurs sont indiquées comme 
trouvées dans les divers étages tertiaires ($). 

Le S. ensis, Lin. (Hausmanni, Schlot.), est cité dans les terrains tertiaires 
de Dusseldorf, dans le crag de B:lgique et dans celui d'Angleterre , dans 
les terrains pliocènes d’Asti, dans les terrains quaternaires de Sicile, dans les 
tertiaires d'Amérique. 

Le S. vagina, Lin., des mers d'Europe, est indiqué dans le pliocène d’Ita- 
lie et de Morée, les tertiaires dé Suède, les quatern aires de Sicile. 

Le S. siliqua, Lin., des mers d'Europe, se trouve fossile en Norvége, en 
Angleterre et en Sicile. 

Le S. legumen, Lin., d'Europe, est indiqué dans ja mollasse suisse, en 
Italie et dans le pliocène d'Angleterre. 

Le S. tenuis, Philippi, se trouve fossile dans les quaternaires de Sicile et 
dans le crag d'Anvers. 


(1) Goldfus, Petr. Germ., t. 1f, pl. 159, fig. 5 ; Bellardi, Bull. Soc. géol., 
2° série, t. VI. 

(2) Deshayes, Cog. foss. Par., t. 1, p. 25, et Traité élém. de conch., p.108; 
d'Orbigny, Prodrome, t. Il, p. 374(S. subvaginoides). 

(3) Min. conch., pl. 3. 

(4) Deshayes, Traité élém., 1, p. 104 : Basterot, Co. foss. Bord., p. 96; 
d’'Orbigny, Prodrome, t. I, p. 97. 

(5) Mém. Soc. geol., t. II, p. 255. 

(6) Ann. and mag. of nat. hist., t. VI, p. 245. 

(7) Brach. et Acef., p. 34. 

(8) Deshayes, Traité élém., 1, p. 112. 


SINUPALLÉALES, — SOLÉNIDES. 355 


Les Siuioua, Mublfeld (Leguminaria Schum., Machera, Gould), 
— Atlas, pl. LXXI, fig. 20 et 21, 


ne diffèrent des solens que parce que l'on remarque dans l'inté- 
rieur de chaque valve une côte élevée et transverse, qui s'étend 
jusqu'à la moitié ou aux deux tiers de la largeur. Cette côte abou- 
tit à la charnière qui est toujours médiane ou submédiane et elle 
laisse une trace très caractéristique sur les moules fossiles : 
La valve gauche a une fossette et deux dents, qui sont reçues 
dans deux fossettes profondes de la valve opposée. 

On ne les a encore trouvées fossiles que dans les terrains cré- 
tacés et tertiaires. Quelques espèces vivent dans les mers ac- 
tuelles. 

On en connaît trois des terrains crétacés. 


La L. Moreana, d'Orb. (Atlas, pl. LXXI, fig. 20), et la L. Nereis, id. (1), 


ont été trouvées dans les grès verts supérieurs de France (terrain cénom a- 
nien),. 


La L. truncatula (2), d'Orb. (S. truncatulus, Reuss), caractérise les ter- 
rains crélacés supérieurs de la Bohème. 


Une seule espèce est citée dans les terrains tertiaires. 


La L. papyracea, d'Orb. (3) (S. papyraceus, Desh }, a été trouvée dans 
Je terrain tertiaire éocène de Mouchy (Atlas, pl. LXXI, fig. 21). 


Les SozecurTus , Blainville, — Atlas, pl. LXXI, fig. 22, 


ont été longtemps confondus avec les solens, dont ils ont les for- 
mes générales de la coquille; mais l'animal à, comme je l'ai dit 
plus haut, les siphons séparés à l'extrémité du tube et le pied très 
volumineux. Ils fournissent ainsi un de ces exemples, malheu- 
reusement trop fréquents, de la difficulté de juger par la coquille 
des véritables rapports des mollusques. 

Les coquilles sont caractérisées par leur forme cylindrique et 
allongée, et par leurs extrémités très bâillantes. La charnière est 


(1) Pal. franc, Terr. crét., t. III, p. 324, pl. 330; Prodrome, t. 1, 
p. 158. 

(2) Prodrome, t. IT, p. 235: Reuss, Boehm. Kreidef., p. 17, pl. 36. 

(3) D'Orbigny, Prodrome, t. IL, p. 373 ; Deshayes, Cog. foss., Par., t. I, 
p. 26, pl, 2, fig. 18 et 19. 


296 ACÉPHALES ONTHOCONQUES. 


médiane comme dans quelques solens et porte sur chaque valve 
une ou deux dents cardinales intrantes. Le ligament est bombé 
et épais. Dans la plupart des espèces les valves sont marquées 
extérieurement par des stries onduleuses et obliques. 

La répartition des espèces entre les genres solen et solecurtus 
n'est pas toujours facile, surtout pour les fossiles; car la position 
médiane de la charnière n’est pas un earactère distinctif et les 
stries obliques du test que l’on avait crucs une fois communes à 
tous les solecurtus, manquent dans plusieurs espèces vivanies. 

Parmi les espèces que j'indique dans ces deux genres, il en est 
donc quelques-unes dont la place est encore contestable. 

Elles paraissent manquer aux périodes anciennes jusqu'à la fin 
de l'époque jurassique. 


Aucune espècecertaine n’est citée dans ces terrains. Le S. Pelschoræ, Keys., 
du terrain oxfordien de Russie (!), est très douteux. Je ne pense pas cepen- 


dant que l’on puisse le rapporter au genre Pholadomye, comme le fait M. d'Or- 
bigny. 


Plusieurs espèces ont été trouvées dans les terrains crétacés. 


M. d'Orbigny (2) a fait connaître une espèce du terrain néocomien de Saint- 
Sauveur (S. Robinaldinus, d'Orb.), et cinq des terrains cénomaniens du 
Maos (S. Ͼqualis, d'Orb., Guerangueri, id., radians,. id. olim elegans, id., 
Pelagi, id., actæon, id.). 

Le S. Warburtoni, Forbes G), provient du lower greensand d'Angleterre. 

Le S. elegans, Matheron (#), a été trouvé dans le terrain crétacé des Mar- 
tigues. 

M. Dujardin (5) a fait connaître le S. infleæus, des craies supérieures de 
Touraine. C’est un solecurtus. 

Il est possible qu’il faille aussi placer dans ce genre le S. compressus, 
Goldfuss (6), de Ja craie d’Aix-la-Chapelle. 


Les solecurtus sont assez nombreux dans les terrains tertiaires. 


{!) Petschora Land, p. 316, pl. 17, fig. 33 et 34. 

(2) Pal. franc., Terr. crét., & M, pl. 350, 351 et 375, et Prodrome, 
tp 158: 

(8) Quart. Journ. geol. Soc., I, p. 237, pl. 2, fig. 1, 

(4) Catalogue Trav. Soc. stat. Mars., p. 132, pl, 10. 

(5) Mém. Soc. géol. t. IT, p. 222, pl. 15, fig. 4. 

(6) Petref. Gerim., t. 1, pl, 159, fig. 4. 


SINUPALLÉALES. — SOLÉNIDES. 397 


Leur existence me parait douteuse dans les terrains nummulitiques (1, Je 
ne puis pas placer dans ce genre, aveé M. d'Orbigny, la Psanmobia pudica, 
A. Brong., ni la F'enericardia cyclopea, id. Je crois également que le Soie- 
curtus elongatus, Bellardi, et le S. striatus, id., trouvés aux environs de 
Nice, dans les mêmes terrains, sont plutôt des psammobies. 

On trouve aux environs de Paris le S. Lamarckii, Deshayes (?}, espèce con- 
fondue par Lamark avec le S. strigillatus, qui vit dans la Méditerranée, et 
désignée par M. Deshayes sous le nom de S. parisiensis (Atlas, pl. LXXI, 
fig. 22). 

M. Agassiz a démontré que l'espèce qu'on trouve aux envirous de Bor- 
deaux ct que l’on a généralement aussi confondue avec le strigillalus, en 
diffère par quelques caractères. 

Les terrains de Grignon, Mouchy, etc., renferment en outre quelques 
espèces décrites aussi comme des solens (3), et qui ont en partie au moins 
les caractères des solecurtus. Ce sont Iles S. appendiculatus, Lamk, et 
ovalis, Desh. 

Je pense, avec M. Nyst, que la Sanguinolaria compressa, Sow. (f), est 
aussi un solecurtus.. Elle a été trouvée dans l'argile de Londres et en Bel- 
gique. 

Le S. tellinella, d'Orb. (5) (S. tellinella, Desh.), a été découvert dans les 
éocènes supérieurs de Ja Chapelle et de Mortefontaine. 

On cite (6) comme trouvé dans les terrains récents ct comme vivant 
encore, le S. strigillatus, Blainv., de la Méditerranée, indiqué comme fossile 
en Italie ct en Morée daus le terrain pliocène, et en Sicile dans le terrain 
quaternaire. 

le S. coarctatus, Gmel., de l’ecéan d'Europe, indiqué däus les terrains 
miocènes de Bordeaux, pliocènes d'Italie et quaternaires de Sicile; 

le S. candidus, de ia Méditerranée, cité aussi dans le pliocène de Perpi- 
gnan d'Italie et dans le quaternaire de Sicile. 

Le S. mullistriatus, Phil. ($. multistrialus, Scacchi), a été trouvé fossile 
près de Gravina, dans le terrain quaternaire. 

Les terrains tertiaires d'Amérique contiennent quelques espèces (7), 


(t} A. Brongniart, Vicentin, p. 82, pl. 5; d'Orbigny, Prodrome, t. W, 
p. 321; Bellardi, Mém. Soc. géol., t. AV, pl. 16. 

(2) Deshayes, Traité élém., 1, p. 123, et 2° édit. de Lamark, Anim. sans 
vert., t. VI, p. 63. 

{3) Deshayes, Cog. foss. Par, 1, p. 27, pl. 2 et 4. 

(#) Sowerby, Min. conch., pl. 462 ; Nyst, Cog. et pol. foss. Belqg., p. 49. 

(5) Prodrome, t. Il, p. 421; Deshayes, Cog. foss. Par., p. 32, pl. 4. 

(&) Voyez surtout Deshayes, Traité Clcin. de conch., E, p. 419, 

(7) D'Orbigny, Voyage paléont., p. 124; Lea, Contributions, p. 39, pl. 1; 
Morton, Synopsis, p. 88; Conrad, in Sülim. Amer. Journ., t, XXVIII, 
XET, "etc. etc: 


858 ACÉPHALES ORTHOCONQUES, 


h° Famizze. — MYACIDES. 


Les myacides ont des coquilles allongées, inéquilatérales et 
bâillantes aux deux extrémités. Leurs impressions palléales sont 
très marquées et forment un grand sinus anal. La charnière est 
très variable de forme; le ligament. qui est tantôt interne, tantôt 
éxterne, ne porte jamais d’osselet accessoire. Les animaux ont un 
manteau fermé, sauf pour le passage du pied, et deux siphons 
réunis dans un long tube extensible. 

Ces derniers caractères rapprochent les myacides des pholadi- 
des, et les animaux de ces deux familles ont en effet le même 
genre de vie ; mais on peut facilement les distinguer par la forme 
de la charnière, qui dans les myacides présente toujours une vé- 
ritable articulation et un ligament. 

Les myacides différent des solénacés par leur forme moins 
transverse, leur coquille moins cylindrique et par le pied de la- 
nimal bien plus petit et presque rudimentaire. Elles se distin- 
guent des anatinides par l'absence constante de pièces calcaires 
dans le ligament et parce qu'elles n’ont jamais de côtes internes. 
Elles sont enfin plus bâillantes que les mactrides et l'extrémité 
des siphons y est rarement garnie des tentacules nombreux qui 
caractérisent les macires. 

Cette famille renferme un très grand nombre de coquilles fos- 
siles, surtout dans les terrains jurassiques et crétacés, où elle 
paraît avoir eu une proportion numérique plus grande que de nos 
jours. Aussi son étude est-elle très importante au paléontologiste, 
mais en même temps souvent difficile, parce que les caractères 
de la charnière, qui séparent d'une manière très précise les 
genres actuels, ne peuvent pas toujours être observés d’une ma- 
nière assez complète dans les fossiles, pour donner une certitude 
suffisante. On verra, en particulier lorsque nous traiterons des 
genres panopée et pholadomye, combien les auteurs sont peu d'ac- 
cord sur ces limites génériques. 

Le genre Mvacires des anciens auteurs, correspond en partie 
à la famille des myacides, et comprend en outre toutes les coquilles 
fossiles de formes analogues à celles des myes, comme la plupart 
des anatinides, des lutraires, etc. Je crois nécessaire d'abandon- 


SINUPALLÉALES. — MYACIDES, B59 


ner tout à fait cette dénomination, et à cet égard je ne partage 
pas l'opinion de quelques auteurs allemands qui maintiennent ce 
genre, en se fondant sur le fait que dans beaucoup de fossiles, les 
caractères ne sont pas assez bien conservés pour décider des ana- 
logies précises avec les panopées, les myes, etlc., et pensent 
qu'il vaut mieux alors ne pas se prononcer sur des rapproche- 
ments contestables. Je crois qu'il vaut mieux négliger les fossiles, 
dont le classement ne peut pas être fait avec sécurité ou du moins 
avec une très grande probabilité, et qu'il ne faut, dans aucun cas, 
admettre un genre dont les caractères sont vagues et incertains, 
pour y renfermer des espèces qui, si elles étaient mieux connues, 
appartiendraient à un autre. 

La famille des myacides, telle que nous l'entendons ici, com- 
prendrait donc les genres Panopæa, Plholadomya, Glycimeris, Mya 
et Lutraria. Elle correspond à la famille des myacides de M. d'Or- 
bigay, moins les solénides. Elle est la même que la famille des gly- 
cimérides de M. Deshayes, en y ajoutant les myaetles lutraria et 
en en retranchant les ceromya. Les solens et les leguminaria font 
partie de la famille précédente; les lutraria ont des rapports 
réels avec les mactres, mais encore plus, je crois, avec les myes ; 
celles-ci ne different guère des panopées que par leur ligament 
interne, et les ceromya sont probablement des anatinides, à cause 
de leur côte cardinale interne. 

Les myacides ont vécu à toutes les époques géologiques ; mais 
elles ont été très peu abondantes pendant l'époque primaire; car 
nous montrerons plus tard qu'une grande partie des espèces qu'on 
a attribuées à cette famille, sont intégropalléales. Elles rentrent 
dans la règle générale dont nous avons parlé plus haut : les sinu- 
palléales ont été rares dans les terrains anciens. 


Les Paxopées (Panopæa, Ménard de la Groye, Glycimeris, Lamk), 
— Ailas, pl. LXXIL, fig. 1 à 5, 


ont une coquille oblongue ou allongée, très baillante, surtout à 
lextrémiié anale, l'ouverture decette région étant placée en hautet 
celle de la région buccale sur le côté. La charnière est formée de 
chaque côté d’une dent cardinale qui est reçue dans une fossette 
du côté opposé (pl. LXXIL, fig. 1 et 2). Le ligament est externe, 
court et saillant, inseré sur une forte callosité nymphale; l'im- 
pression palléale est bien marquée et assez fortement sinueuse. 


360 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


Les panopées se distinguent facilement des myes par leur li- 
gament extérieur et par l'absence de cuilleron à la charnière. On 
ne peut pas les confondre avec les pholadomyes, qui ont une char- 
nière sans dents. 

On ne connaît aujourd'hui qu'un petit nombre de panopées ; 
elles acquièrent souvent une grande taille et vivent sur les côtes 
des mers froides et tempérées, en s’enfonçant verticalement dans 
le sable et en faisant saillir leur long tube qui renferme les deux 
siphons réunis. Elles paraissent avoir été beaucoup plus nom- 
breuses à l’état fossile, surtout si on leur réunit une partie des 
genres qu'a désignés M. Agassiz sous les noms de Mvopsis, PLEU- 
ROMYA, Homouya, etc. 

La convenance de cetie réunion est contestée et mérite que 
nous nous y arrêtions quelques instants. 

M. Agassiz est le premier auteur {‘) qui ait essayé d'étudier 
d'une manière complète et monographique la division des mol- 
lusques acéphales qui renferme les panopées, les pholadomyes et 
ces genres douteux. Son travail à beaucoup contribué à faire con- 
naitre les espèces des terrains jurassiques et crétacés de la Suisse. 
Malheureusement les exemplaires complets lui ont trop fréquem- 
ment manqué, et il a dû, dans plusieurs cas, se contenter de l'é- 
tude de moules médiocrement conservés. Il a tiré de ces frag- 
ments un parti remarquable, mais ils n'étaient pas de nature à 
lever toutes les difficultés. M. d'Orbigny, qui a eu à sa disposi- 
tion de nombreux échantillons beaucoup plus parfaits, a critiqué 
une partie des résultats auxquels était arrivé M. Agassiz; 1l croit 
que ce savant : paléontologiste à trop multiplié les genres et a 
quelquefois méconnu les véritables rapports de ces coquilles. 
M. Deshayes a également discuté quelques-unes des opinions de 
notre savant compatriote. 

Parmi les genres qui ont été établis par M. Agassiz, ceux qui 
ont le plus de rapports avec les panopées sont les suivants : 

1° Les Mvopsis, Agassiz (Atlas, pl. LXXIL, fig. 3), ont des formes 
extérieures identiques avec celles des panopées et la charnière 


(1) Agassiz, Études critiques, Myes, 1842 à 1845, 4°; d'Orbigny, Pal. 
franç., Terr. crét., t. WI, p. 308; Deshayes, Traité élém. de conch., t. I. 
On devra aussi consulter la monographie du genre panopée, par M. Vaien- 
ciennes, dans les Archives du muséum d'hist. nat, t. T, p. 1, et dans les J!, 
conch. de M. Chenu. 


SINUPALLÉALES. —- MYACIDES. 361 


composée de la même manière. M. Agassiz les différencie par 
leur test mince et orné de stries rayonnantes. II est vrai que les 
panopées vivantes ont un test épais et solide et que les myopsis, 
avec leur test fragile, semblent avoir par là une analogie plus 
grande avec les anatinides. Mais on ne peut pas les associer à 
ces derniers, qui ont toujours des osselets accessoires, où des 
côtes internes, ou des crochets fendus ; et il est difficile de 
considérer la minceur du test comme un caractère générique 
lorsque tout le reste est identique. Les stries rayonnantes sont 
encore moins importantes, car si elles sont bien distinctes sur 
quelques espèces, telles que la W. neocomiensis, elles manquent 
sur plusieurs autres. Je réunis donc aux panopées toutes les 
myopsis de M. Agassiz. 

2° Les PLeuromya, Agassiz (Atlas, pl. LXXIT, fig. 4), ont 
aussi tous les caractères essentiels des panopées. I y à toutefois 
quelques doutes pour la charnière. M. d'Orbigny à pu constater 
sur quelques-uns l'existence des dents caractéristiques; mais 
M. Agassiz dit en avoir vainement cherché les iraces. Leurs vé- 
ritables rapports restent donc entourés d’un certain doute. Leur 
test est mince comme chez les myopsis, orné de côtes concentri- 
ques, en général plus fortes et plus régulières. Je dois ajouter que 
leur apparence extérieure est celle de ce genre, sauf qu'elles sont 
en général peu bäillantes. Il me paraît impossible de trouver un 
caractère suffisant pour les distinguer. Je crois donc nécessaire 
de les réunir provisoirement jusqu'à ce que la charnière soit mieux 
connue. 

3° Les Homouya, Agassiz, ont les formes des myopsis avec des 
crochets plus renflés, en sorte que quelques-unsressemblent encore 
plus à des pholadomyes. Leur test est mince et orné seulement de 
côtes concentriques. La charnière n’est pas connue dans toutes. 
Quelques espèces ne me semblent pas pouvoir être distinguées des 
pleuromyes, et par conséquent des panopées. Je crois probable, 
avec M. d'Orbigny, que d'autres seront mieux placées dans le 
genre des pholadomyes, c’est ce qui serait facile à résoudre si l'on 
savait quelles sont les espèces armées de dents à la charnière. 
Dans l’état actuel de la science, le genre est inacceptable, parce 
qu'il n'est pas défini. 

L° Les ArcouYA, Agassiz, sont tout aussi incertaines. Ce sont 
probablement des myopsis chez lesquelles la région anale se re- 


362 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


lève un peu plus sur son bord cardinal et où une carène mousse 
part des crochets obliquement en arrière. Ces deux caractères leur 
donnent une ressemblance vague et trompeuse avec les arches. 
Si la charnière était connue je serais disposé à réunir aux pa- 
nopées toutes les espèces qui auraient des dents semblables à 
celles de ce genre, si toutefois il y en a dans ce cas. Les espèces 
sans dents seraient difficiles à distinguer des pholadomyes. 

5° Les Macrromya, Agassiz, me paraissent être en partie des 
myopsis courtes, et appartenir en partie à la famille des cardides, 
M. Agassiz a observé, au moins sur le moule de quelques espèces, 
un sillon qui indique dans la coquille une côte interne, oblique, 
portant des crochets et longeant l'impression musculaire buccale 
à son côté intérieur; mais rien ne prouve sa constance et les au- 
tres caractères sont très imparfaitement précisés. Je dois donc 
aussi abandonner ce genre. 

En proposant ou en acceptant ces réductions, je ne pense pas 
atteindre la solution définitive de la question. Il est très 
possible, probable même, que M. Agassiz a entrevu avec ce 
coup d'œil qui n'est donné qu'aux naturalistes éminents, quel- 
ques associations naturelles; et de nouvelles observations basées 
sur des coquilles plus complètes, rétabliront peut-être une partie 
de ces genres. Mais il est impossible de les admettre tous, tant 
que leurs caractères et leurs limites ne sont pas mieux précisés (!). 
Les panopées, en donnant à ce genre l'extension que je viens 
d'indiquer, ont apparu vers la fin de l’époque primaire; elles ont 
eu leur maximum de développement, quant au nombre des es- 
pèces, pendant l’époque jurassique et l'époque crétacée. Elles 
sont moins abondantes dans l'époque tertiaire et dans les mers 
actuelles, mais elle s'y présentent avec une plus grande taille. 

Elles forment un groupe difficile à étudier, et dans lequel les 
limites des espèces peuvent être très contestées. L'absence d'or- 
nements et la variabilité que présentent toujours plus ou moins 
les coquilles bâillantes créent de grandes sources d'incertitude. 
Aussi peu de genres offrent-ils une synonymie plus embrouillée (?). 


(*) M. Agassiz dit lui-même, en parlant des moules des Mactromyes : «Ils 
sont plus faciles à reconnaître qu'à définir. J’ai vainement cherché à les cir- 
conscrire par un caractère précis, ete. » (Myes, p. XVII) 

(2) On jugera de ces difficultés par l'exemple suivant : Alexandre Bron- 
gniart a trouvé dans les marnes jaunes de la perte du Rhône, intermédiaires 


SINUPALLÉALES, — MYACIDES. 363 


Les plus anciennes que l’on connaisse appartiennent au terrain 
permien. 


La P, lunulata, Geinitz et Gutb, (Amphidesma lunulata, Keyserling), a été 
trouvée en Allemagne et en Russie (1). 


Les panopées citées dans les terrains triasiques sont nom- 
breuses, mais il est probable que le nombre des espèces a été 
trop multiplié. 


M. de Strombeck (2) pense, d’après l'observation de nombreux échantillons, 
que l'on doit réunir en une seule espèce les myacites qui ont été décrites par 
Schlotheim sous les noms de musculoides, ventricosa et mactroides, ainsi que 
celles qui ont été figurées par le comte de Münster, sous les noms de grandis, 
obtusa, radiata et elongata (elongatissima, d'Orb.). À cette même espèce on 
doit réunir l'Arcomya inæquivalvis, Agassiz (P. sulæquivalvis, d'Orb.). Elle 
prendrait le nom de P.elongata; elle est commune dans le muschelkalk 
de France ct d'Allemagne ct se trouve jusque dans le keuper du Wurtemberg. 

M. Agassiz qui avait déjà fait pressentir la nécessité d'une partie de ces 
réunions, considère comme des espèces distinctes la P. tenuis, Agassiz, du 
calcaire dolomitique du Wurtemberg, la P. costulata, Agassiz, et la P.æquis, 
Agassiz, du grès bigarré de Soultz-les-Bains, ainsi que la P. brevis, Agassiz, 
du muschelkalk de Dietesweiler. IL les indique sans les figurer comme des 

: PLEUROMYES (3). 

La P. angustata (Myacites angustatus, Mougeot) (4), du grès bigarré des 
Vosges, paraît aussi former une espèce distincte, mais elle n'a encore été ni 
figurée, ni décrite. 


entre le terrain néocomien supérieur (urgonien) et le véritable terrain aptien, 
une espèce qu'il a nommée Lutraria jurassi (il rapportait ces marnes au ter- 
rain jurassique). Ce savant géologue assimila à tort à cette espèce des co- 
quilles de Liguy, de Soulaine, de Nancy, etc., et par contre la décrivit plus 
tard sous le nom de L. gurgilis ; M. Agassiz la crut nouvelle et la nomma 
Myopsis meocomiensis. En même temps ce nom de Lutraria jurassi, 
changé en Myopsis et en Panopæa jurassi, a été successivement appliqué 
par Goldfuss à une espèce du terrain jurassique supérieur du Hanovre, par 
M. Agassiz et M. d'Orbigny à une autre panopée de l'oolithe inférieure de 
Normandie, par M. Buvignier à une coquille du terrain portlandien du dé- 
partement de la Meuse, etc. On pourrait citer plusieurs autres exemples non 
moins frappants. 

(t) Geinitz et Gutbier, Zechsteingeb., p. S, pl. 3, fig. 21 et 22; Keyserling, 
Peischora Land, p. 258, pl. 40, fig. 16. 

(2) Zeitschrift der Deutschen geol. Gesells:, t. 1, p.129 ; Schlotheim, Petref., 
I, p 177; Münster in Goldfuss, Petref. Germ., t, 1, pl. 153 et 154. 

(3) Études critiques, Myes, p.19. 

(4) Bull. Soc. géol., 2° série, t. IV, p. 1434. 


364 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


La P, Albertii, Agassiz (Myaciles Albert, Voltz), rapportée au genre 
LyonsrA par M. d'Orbigny, me parait plutôt devoir être rangée dans celui 
des panopées (1). 

La P, Fassaensis (Myacites Fassaensis, Wismann des schistes de Seiss 
{partie inférieure du groupe de Saint-Cassian) paraît établie sur des échan- 
tillons peu caractérisés (2). 


Les panopées augmentent beaucoup de nombre dans les ter- 
rains Jurassiques, principalement sous la forme de pleuromyes, 
c'est-à-dire avec un test mince et des côtes concentriques assez 
marquées. Elles sont abondantes dans le lias (?). 


Les P. striatulata, Agassiz, de Soleure et d'Alsace; galatea, Agass., 
d'Alsace; crassa, id., d'Alsace; rostrala, id., d'Alsace, sont indiquées comme 
des panopées par M. d’Orbigny, dans le lias inférieur de France (sinému- 
rien). 

La P. liasina, d'Orb. (Unio liasinus, Schübl., Lutraria unioides, Goldfuss 
et Agassiz, Venus unioides, Roemer), se trouve dans le lias d'Alsace, de 
Goslar et de Balingen (Wurtemberg). 

La P. glabra, Agassiz, du lias d'Alsace, est citée par M. d'Orbigny dans le 
lias moyen ; la P. angusta, Agassiz , également du lias d'Alsace, appartient 
suivant M. d’Orbigny à l'étage supérieur. 

La P. œquistriala, Agassiz, du même gisement en Alsace, est rapportée 
au genre LyonsrA par M. d'Orbigny; mais M. Agassiz affirme n'avoir jamais vu 
l'impression de la côte caractéristique de ce genre. 

La P. parvula, d'Orb. (Mya parvula, Dunker), et la P. corrugata (Phola- 
domya corrugata, Koch), ont été découvertes dans le lias d'Halberstadt (4). 
La dernière se trouve aussi à Semur. 

M. d'Orbigny indique trois espèces inédites du lias inférieur de Semur et 
de Pouilly (Côte-d'Or). 

La P. Pelea, d'Orb., provient du lias moyen du départenient de la Sarthe, 
et la P. Toarcensis, d'Orb., du lias supérieur {(toarcien) de Thouars. 

M. Buvignier (5) a décrit cinq espèces nouvelles du lias du département de 
la Meuse. 

Les Sanguinolaria vetusta et elegans, Phillips ($), paraissent être aussi de 
yraies panopées du lias. 


(!} Goldfuss, Petr, Germ., t. If, p. 261, pl. 154, fig. 3; d'Orbigny, Pro- 
drome, 1.1, p. 173. 

(2) Münster, Beitr. sur Petref., t. AV, p. 9, pl. 16, fig. 2. 

3; D'Orbigny, Prodrome, t. [, p. 215, 233 et 251; Agassiz, Études cri- 
tiques, Myes, Pleuromyes, Arcomyes, cte. 

() Kock et Duncker, Beitr. Norddeutsch. Oolith., p. 20, pl. 1. 

(5) Statist. géol. de la Meuse, p. 6, pl. 7 et 8. 

(6) Geol. of Yorksh., pl. 44, fig. 1, et pl. 12, fig. 7. 


SINUPALLÉALES. — MYACIDES. 365 


L'Arcomya elongata, Agassiz (Panopæa elongata, Roemer), du lias à bé- 
lemnites de Willershausen; et l'A. oblonga, Agassiz, doivent aussi être 
transportées dans le genre panopée. 

La Mya ? parvula, Dunker (f), d'Halberstad, me paraît bien douteuse. 


L'oolithe inférieure et la grande oclithe en renferment aussi un 
grand nombre (?). 


Il faut, en effet, rapporter au genre des panopées plusieurs pleuromyes dé- 
crites par M. Agassiz, telles que la Pleuromya arenacea, Agassiz, du marly 
sandstone de Soleure; la P. alta, id., réunie à la précédente par M. d'Orbigny ; 
la P. elongata, Agassiz (Atlas, pl. LXXIT, fig. 4) (Lutraria elongata, Münster, 
non Roemer , P. subelongala , d'Orbigny }, de France et d'Allemagne; la 
P. tenuistria, Agassiz (Lulraria tenuistria, Goldf.), de Suisse, d'Allemagne et 
de France; la P. pholadina, Agassiz, du département du Haut-Rhin; la 
P. decutata, Agassiz (Lutraria decurtata, Goldf.), de Rabenstein. 

Les Myopsis Jurassi, Agassiz, non Brongniart (3), de l'oolithe de Normandie 
et Myopsis marginata, Agassiz, de Soleure, sont aussi des panopées. 

Il en est de même probablement de quelques Arcomya de M. Agassiz ; mais 
la question des dents de la charnière reste douteuse comme je l’ai dit plus haut. 

M. d'Orbigny ajoute à ce genre plusieurs espèces inédites, et lui en rap- 
porte d’autres décrites (4) par Zieten, Phillips, Goldfuss, etc., sous les noms 
d'Amphidesma, Mya et Lutraria. 

M. Lycett indique (5) dans l'oolithe inférieure du Gloucestershire, la 
Panopæa delicatissima. 


Elles ne sont pas abondantes dans le terrain kellowien (5). 


La Pleuromya Aldouini, Agassiz (Lutraria Aldouini, Goldfuss non Bron- 
gniart), est la P. Brongniartiana, d'Orbigny. 

M. d'Orbigny signale l'existence de deux espèces nouvelles, la P. Elea, 
de Pizieux et de Beaumont, et la P. Erina, de Pizieux et de Chau- 
mont. 


Elles augmentent un peu dans le terrain oxfordien (7). 


(!) Palæontographica, 1, p. 116. 

(2, Agassiz, loc. cit.; d'Orbigny, Prodrome. 

(3) Voyez la note page 362, 

(*) Zieten, Pétrif. du Wurtemb., p. 84, pl. 63; Phillips, Geol, of Yorksh.; 
Goldfuss, Petref. Germ., t. 1, pl. 153. 

(5) Ann. and mag. of nat. hist., 2° série, t, VI, p. 423. 

(6) Agassiz, Myes, loc. cit.; d'Orbigny, Prodrome, 1, p. 334. 

(7) Agassiz, id.; d'Orbigny, Prodrome, 1, p. 359, et in Murch., Keys. et 
Verneuil, Paléont. de la Russie, p. 468, pl. 40; Buvignier, Statist. géol. de 
la Meuse, p. 7, pl. 7 êt 8; Keyserling, Petschora Land, pl, 18, 


366 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


Il faut placer dans ce genre la Pleuromya varians, Agassiz (P. peregrina, 
d'Orb.), de France, de Suisse et de Russie, et la Pleuromya recurva, Agass., 
qui, devenant une panopée, doit changer son nom (P. subrecurva, d'Orb.), 
car elle n'est identique ni avec l’'Amphidesma recurvum, de Phillips, ni avec la 
Lutraria recurva, de Goldfuss, transportées dans ce genre. 

_L'Arcomya latissima, Agas.iz, du Fringeli, canton de Soleure, est aussi 
une panopée. 

M. Buvignier a décrit les P. tenuistria, Buv., Deshayesa, id., et Terque- 
mea, id., du terrain oxfordien du département de la Meuse. 

M. d'Orbigny a décrit dans le grand ouvrage de MM. Murchison, Verneuil 
et Keyserling, quelques espèces de Russie; la P. antiqua, la P. Qualeniana 
et la P. Lepechiniana. 

M. de Keyserling a fait connaître de la Russie septentrionale la P. ab- 
ducta et la P. rugosa (non rugosa, Goldf., P. Keyserlingiü, d'Orb.). 


Les terrains coralliens en renferment plusieurs (1). 


M. Buvignier a fait connaître trois espèces du département de la Meuse. 

M. d'Orbigny place dans ce genre la Lutraria sinuosa, Roemer, en y réu- 
nissant la Pleuromya donacina, Agassiz, de l’étage kimméridgien. 

L'Unio s'riatus, Münster in Goldfuss, de Natheim, et la Mya ovalis, Roem., 
de Heersum, sont aussi des pauopées. 

M. d'Orbigay signale sept nouvelles espèces de France : les P. Hellica, 
Hallie, Hylla, Hippia, Hylax, Hersilia et Hesione. 


Les espèces se continuent dans les terrains kimméridgiens (?). 


On trouve dans le Porrentruy et le canton de Soleure, la Pleuromya dona- 
cina, Agassiz, citée plus haut et réunie par M. d’Orbigny à la P. sinuosa ; 
la P. tedina, Agassiz, réunie à la P. Voltzi, Agassiz, par M. d'Orbigny, 
sous le nom de P. fellina; et la P. Gresslyi, Agassiz, réunie aussi par 
M. d'Orbigny à la P. sinuosa. Ces espèces se retrouvent aussi en France. 

Le P. Aldouini, d'Orbigny (Donax Aldouini, Brong., non Aldouini, Gold- 
fuss), est répandue dans une graude partie de la France. 

Je renvoie au Prodrome de M. d'Orbigny pour les arcomyes, myes, platy- 
myes, etc., qu'il propose de réunir aux panopées. Je ne connais pas lacharnière 
de ces espèces, et ne puis pas discuter la convenance de ces réunions. Je dois 
seulement dire que l’Arcomya gracilis, Agassiz, du Porrentruy, me paraît avoir 
de grands rapports avec les anatines. 


(i) Buvignier, Statist. géol. de la Meuse, p. 7, pl. 7 et 8; Roemer, Nord: 
deutsch. Ool., supp., p. 42, pl. 19; d'Orbigny, Prodrome, t. II, p. 143; Gold- 
fuss, Petref. Germ., t. IE, pl. 132. 

(2) Agassiz, Myes, loc. cit.; d'Orbigny, Prodrome, t. II, p. 46. 


SINUPALLÉALES. — MYACIDES. 367 


Les panopées se continuent avec le test mince dans les terrains 
crétacés, mais sans avoir en général les côtes régulières et bien 
marquées qui caractérisent les pleuromyes, c'est-à-dire qu’elles 
appartiennent au type dont M. Agassiz avait fait le genre des 
myopsis. 

Les espèces des terrains néocomiens sont souvent difficiles à 
distinguer. 


Plusieurs myopsis ont été signalées par M. Agassiz (l)/dans le terrain 
néocomien de la Suisse. Je ne puis pas ici discuter les limites de ces 
espèces; mais je les crois trop multipliées. Ce sont la M. neocomiensis (?), 
Agas., la M. arcuata, id. (M. rostrata, d'Orb.), la M, unioides, Agas. (à réunir 
peut-être avec la M. neocomiensis); la M. laleralis, Agass. (P. irregularis, 
d'Orb.); la M. atlenuala, Agass.; la M. curta, id., réunie à la précédente 
par M. d'Orbigny et à sa P. Carteroni; la M. lata, Agass.; la M. sca- 
phoides, Agass. 

Il faut encore ajouter les espèces suivantes décrites par M. d’Orbigny, 
quelques-unes me paraissent également établies sur des caractères bien peu 
précis. P. Cottaldina, d'Orb., P. Dupiniana, P. obliqua, P. recta, P. Robi- 
naldina, P. Vollzii (Lutraria Voltzü, Matheron), P. massiliensis, d'Orb. 
(Lutraria massiliensis et cuneata, Matheron), P. Alberlina, d'Orb. 

La P. urgonensis, d'Orb. (Lutraria urgonensis), Matheron, se trouve à la 
fois dans le néocomien proprement dit et dans le néocomien supérieur (ur- 
gonien). 

La P. Prevostii, d'Orb. (Atlas, pl. LXXII, fig. 3), est probablement la 
même que la Mya plicata, Sow., et doit reprendre ce nom (). EHe est citée 
à la fois dans le néocomien supérieur (urgonien) et dans le terrain aptien. 


Les panopées sont moins fréquentes dans le gault ; quelques- 
unes se rapprochent un peu des corbules par une légère irregula- 
rité des valves et par l'extrémité anale moins bâillante. 


(1) Études critiques, Myes, p. 257, pl. 31, 32 : d'Orbigny, Paléont. franç., 
Terr. crét., t. LU, p. 332. Les noms de la Paléontologie française ont la 
priorité sur ceux de M. Agassiz. 

(2) La M. neocomiensis est probablement la même que la L. gurgitis 
et aussi que la Z. jurassi, de Brongniart (voyez la note p. 362); mais je ne 
propose pas de changer les noms, plusieurs espèces ayant été confon- 
dues sous ces désignations. Elle se trouve dans tous les étages néoco- 
miens. Voyez Pictet et Renevier, Paléont. Suisse, Terr. aplien, 3° Vivr., 
pl. 6. 


(8) Pictet et Renevier, Pal. Suisse, Terr. aptien, 3° livr., pl. 6. 


368 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


M. d'Orbigny (!) a décrit les ?. acutisulcata, d'Orb. (Pholadomya acutisul- 
cata, Desh.), P. crduennensis, d'Orb., P. Constant, d'Orb., et P. inæqui- 
valuis, d'Orb. Sa P. plicata n'est pas la Mya plicata, Sowerby. 

Nous devons ajouter (2) la P. Sabaudiana, Pictet et Roux, du gault des en- 
virons de Genève (Atlas, pl. LXXIT, fig. 5). 


Les terrains cénomaniens en renferment quelques espèces {#). 
| | 


M. d'Orbigny a décrit la P. stria!'a (nom qui doit être changé en P. sub- 
striataæ, d'Orb., le nom de siriala ayant déjà été donné par le comte de 
Münster), la P. Astieriana, d'Orb., la P. mandibula, d'Orb. (Mya man- 
dibula, Sow., M. C., pl. 43), la P. gurgitis, d'Orb., rapportée à tort suivant 
nous à la Lutraria gurgilis, Brongniart, et la P. elatior, d'Orb. 

Il faut, suivant M. d'Orbigny, y ajouter (f) la Mya lœviuscula, Sow., de 
Blackdown, la Venus Ringmeriensis, Mantell, de Middleham, la P, ovalis, 
Sow., de Blackdown et de France, la P. Roemeri, d'Orb. (P. elongata, 
Roemer, non elongala Reem, Ool.). Cette dernière est indiquée par J. Mül- 
ler dans le grès vert d’Aix-la-Chapelle. 

On n’en connaît qu'ure espèce de l'étage turonien, c'est la P. regularis, 
d'Orbigny. 


Quelques-unes sont indiquées dans le terrain crétacé supériear 
(sénonien). 


M. d'Orbigny (5) cite la P. normanniana, d'Orb., du département de la 
Manche, la P. cretacea, d'Orb., (Lutraria cretacea, Matheron), des Bouches- 
du-Rhône; la P. Beaumontii, Münster in Goldfuss (P. Jugleri, Roemer). 

La P. tenuisulcata, Hœn. (S), a été aussi indiquée comme trouvée dans les 
terrains crétacés. 

La P. cretosa, Dujardin (7) (subsinuosa, Val.) paraît se distinguer par son 
sinus anal presque nul. 


Les panopées des terrains tertiaires se rapprochent en général 
des vivantes par l'épaisseur de leur test. 
Onen trouvequelques-unesdansles terrains tertiaires inférieurs. 


(1) Pal. frang., Terr. crét., t. III, p. 336, pl. 357 et 358. 

(2) Mol. des grès verts, p. 401, pl. 28, fig. 4. La P. Rhodani, Pictet et 
Roux, doit être réunie à la P. plicata, Sowerby. 

(@) D'Orbigny, Pal. franç., Terr. crét., t. IT, pl 359 à 361. 

(# Sowerby, Trans. geol. Soc., 2° série, t. IV, pl. 16, fig. 5 et 6; Mantell, 
Geol. of Sussex, pl. 25, fig. 5; Roemer, Norddeutsch. Kreideg., p, 75, pl. 10, 
fig. 5; J. Müller, Monog. Pelr. Aachen. Kreid., p. 29; d'Orbigny, Prodrome, 
t. Il, p. 157. 

(5) Prodrome, t. I, p. 233; Matheron, Catalogue, pl. 12; Goldfuss, 
Petr. Germ., t. Il, pl. 158. 

(6) Leonh. und Bronn, Neues Jahrb., 1842, p. 563. 

(7) Valenciennes, Archives du Muséum, t: 1, p. 24, 


SINUPALLÉALES. — MYACIDES. 369 


La P. remensis, Melleville (1), provient de Chälons-sur-Vesles. 

La P. pyrenaica, d'Orb. (elongata, Leymerie non Roemer), se trouve aux 
Corbières et dans les terrains nummulitiques des Pyrénées (2). 

La P. castellanensis, d'Orb, (3), a été trouvée dans le département des 
Basses-Alpes. 

La P. intermedia, Morris (Mya intermedia, Sow., P. Deshayesi, Valenc., 
Corbula dubia, Desh.), a été trouvée dans les terrains éocènes inférieurs de 
Paris et d'Angleterre, et dans le terrain nummulitique de Nice (f). 

M. d'Orbigny (°) donne le nom de P. subintermedia, à une espèce qui a été 
décrite par Goldfuss, sous le nom de P. inlermedia, mais qui n’est pas 
l'intermedia de Sowerby. Cette espèce correspond au contraire à la P. Faujasü, 
Sow., 602, qui n’est pas celle de Ménard. Elle se trouve en Angleterre et en 
Allemagne, et doit reprendre le nom de P. Sowerbyi, que M. Valenciennes lui 
a donné. M. Hébert (6) pense que l'espèce décrite sous le nom de P. inter- 
media, par M. Nyst (P. angusta, Nyst, olim), doit former une nouvelle es- 
pèce, 

M. d'Orbigny désigne sous le nom de P. oblata ?, la Lutraria oblala, So- 
werby, 534; mais je considère cette espèce comme une Thracia. 


Elles augmentent de nombre dans les tertiaires moyens et su- 
périeurs (7). 

La P. Menardi, Desh. (P. Basteroti, Val., P. Faujasi, Bast., non Mé- 
nard), caractérise les terrains miocènes de Dax, de Bordeaux, de Touraine, etc. 

La P. Rudolphi, Eichwald (P. Faujasii, Dubois de Monpéreux), se trouve 
en Volhynie, dans les terrains du même âge. 

Le P.? corrugata, Philippi, du terrain tertiaire de Magdebourg (8), me 
paraît très douteuse. 

La P. inflata, Goldf. (9), a été trouvée à l’état de moule dans les tertiaires 
supérieurs de Bünde. 

La P. Aldovrandi, Lamk (Atlas, pl. LXXIT, fig. 1), actuellement vivante, 


(1) Ann. sc. géol., pl. 1, fig. 5. 

(2) Leymerie, Mém. Soc. géol., 2° série, t. Il, p. 308, pl. 14, fig. 8. 

(3) Prodrome, t. II, p. 321. 

(#) Sowerby, Min. conch., pl. 76, fig. 1 et 419, fig. 2; Valenciennes, loc. 
cit.; Deshayes, Descr. coq. foss. Paris, 1, p. 59, pl. 9, fig. 43 et 14. 

(5) Prodrome, t. I, p. 374 ; Goldfuss, Petr. Germ., t. I, p. 375, pl. 158, 
fig. 6; Valenciennes, Arch. du Mus., I, p. 27. 

(6) Hébert, Bull. Soc. géol., 2° série, t. VI, p. 466; Nyst, Coq. et pol. 
foss. Belg., p. 54. 

(7) Voyezsurtout Valenciennes, Arch du Mus., t. 1 et Deshayes, Traité 
élément. de conch., t. 1, p. 137. 

($) Palæontographica, t. X, p. 57, pl. 40, a, fig. 3, 

(°) Petref. Germ., t. IN, p. 275, pl. 158, fig. 7. 

LL. 24 


810 ACÉPHALES ORTIHOCONQUES. 


se trouve fossile en Sicile. Je crois avec M. Deshayes qu'il faut lui réunir la 
P. Faujasii, Mén. de la Groye, fossile en Italie, en Morée, ete. C’est le Mya- 
ciles giganteus, Krüger (1). Je pense qu’on doit lui réunir aussi la P. elon- 
gala, Münster mss., Philippi (non elongata, Roem., non elongala, Leym., non 
elongata, d'Orb., non elongata, Forbes). L'examen d’un grand nombre d’é- 
chantillons dela mollasse Suisse, me fait croire aussi que l’on ne peut que dif- 
ficilement en distinguer la P. Agassizü, Val. 

La P. Arago, Val., a été trouvée dans les sables pliocènes de Perpignan. 

On cite dans le crag (2) la P. gentilis, Sow., et quelques fragments figurés 
par le même auteur sous le nom de P. Faujasii, auxquels M. Valenciennes a 
donné le nom de P. Ipsviciensis, 

La P. Spengleri, Val. (Mya norvegica, Spengl., Glycimeris arctica, Lamk, 
P. Bivonæ, Philippi), vivante aujourd’hui dans les mers du Nord, est citée à 
l’état fossile dans le crag et le pliocène d'Angleterre, et dans les terrains 
quaternaires de Sicile. 

On a aussi trouvé des panopées fossiles en Amérique et en Asie. 


Les Paozapouyes (Pholadomya, Sowerby), — Atlas, pl. LXXIT, 
fig. 6 à 16, 


ressemblent beaucoup aux panopées par lenr coquille oblongue et 
très bâillante et par leur ligament extérieur, mais leur charnière 
est dépourvue de dents et a seulement un faible épaississement. 
Leur coquille est plus mince, surtout si on la compare à celle des 
panopées récentes. Les impressions musculaires sont rarement 
bien marquées, elles sont très écartées, la buccale est ovalaire, 
quelquefois étranglée et l’anale obronde ou ovale. L'impression 
palléale rapprochée du bord forme un sinus profond. 

J'ai dit plus haut que l’on devait réunir à ce genre, une partie 
de ceux que M. Agassiz a établis sur des caractères insuffisants. 
Quelques mots sent nécessaires pour expliquer les motifs de cette 
association. 

Je ne partage pas l'opinion de M. Deshayes qui réunit les 
Myopsis aux pholadomyes, plutôt qu'aux panopées (?). Il est vrai 
que par leur test mince ces coquilles font une transition entre ces 
deux genres ; mais les dents de la charnière obligent, comme je 
l'ai dit plus haut, de les ranger dans le dernier. 


(1) Urwell, t.IT, p. 472. 
(2) Sowerby, Min. conch., pl. 60%, 610 et 614. 
(8) Voyez ci-dessus, p. 360. 


SINUPALLÉALES, — MYACIDES. 371 


LesGoniomya,Agassiz (!)(Lysianassa, Münster) (Atlàs, pl. LXXIT, 
fig. 15 et 16), ont une charnière sans dents et ne se distinguent des 
pholadomyes par aucun caractère précis. Quelques espèces sont un 
peu plus aplaties que la plupart des pholadomyes connues, mais 
d’autres sont passablement renflées. La seule circonstance invoquée 
en faveur de leur séparation est la disposition des côtes de la sur- 
face du test qui, au lieu d’être concentriques ou rayonnantes, par- 
tent en avant et en arrière des crochets, d’une manière oblique et 
parallèles les unes aux autres, de manière à former souvent sur les 
flancs, des angles assez marqués. Ce caractère tout à fait acces- 
soire n'a pas à lui seul une valeur énérgique. Il est possible, si 
l'on connaissait l'animal, que l’on trouvât d’autres motifs pour 
admettre le genre goniomya, mais dans l’état actuel de la science, 
il paraît plus conforme aux principes de la méthode de le réunir 
aux pholadomyes. 

J'ai déjà dit plus haut que les Homomya, Agassiz, avaient les 
formes des pholadomyes (Atlas, pl. LXXIT, fig. 14). Elles n’en 
diffèrent en réalité que par l'absence de côtes rayonnantes, le test 
n étant orné que de stries concentriques. Ce caractère est très 
peu imporlant et il est bien probable que toutes les homomya 
sans dents à la charnière sont de vraies pholadomyes. Les espè- 
ces qui auraient les dents des panopées devront être réunies à 
ce dernier genre. 

Ce sont aussi les dents de la charnière qui doivent décider de 
la place des coquilles comprises par M. Agassiz, sous les noms 
de Macrromya et de Arcomya. Un très petit nombre des espèces 
décrites sous ce nom ont une charnière sans dents et sont des pho- 
ladomyes. Les autres doivent être réparties entre les panopées, 
les anatinides, les unicardium, etc. 

D'autres auteurs ont aussi établi des genres que nous devons 
comparer avec les pholadomyes. 

Les AcLorisma, King (?) (Atlas, pl. LXXIT, fig. 6), ont subi, dans 
leur définition, diverses modifications qui les ramènent à n’être 
probablement que des pholadomyes avec un facies particulier. 


(1) Études critiques, Myes, p. 1. 
(2) Ann. and mag. of nat. hist., 2° série, 1844, t. XIV, p. 313; Per- 
mian fossils (Palæont. Soc., 1848, p. 196). 


372 ACÉPHALES GRTHOCONQUES. 


M. King a établi ce genre en 1844, en le caractérisant par l'absence 
de dents à la charnière et par un ligament externe porté par deux 
nymphes cartilagineuses et variable suivant les espèces. Il ne 
tarda pas à reconnaître que cette prétendue variabilité tient à ce 
qu'il avait réuni sous ce nom des espèces très diverses, et en 
particulier des coquilles sinupalléales et des intégropalléales (*). 
El limite maintenant ce genre à des espèces qui ne différent des 
pholadomyes que par l’absence de côtes rayonnantes et par leur 
test granuleux orné de points saillants en séries, ce qui sem- 
ble indiquer une composition microscopique différente. Nous 
avons déjà constaté l'insuffisance du premier de ces caractères. 
Quant au second, il faut attendre que des recherches microsco- 
piques plus complètes (?) aient montré quel parti on pourrait 
tirer de ces granulations pour la classification. Il nous paraît 
impossible aujourd'hui d’en constater l'importance; si on l'ad- 
mettait, en effet, il faudrait de même séparer génériquement les 
panopées à test granuleux (2. neocomiensis, etc) de plusieurs 
autres espèces qui appartiennent comme elles au groupe des 
myopsis. 

M. d'Orbigny associe encore aux pholadomyes les SANGuINO- 
LITES et les Lerropomus, M Coy ; mais ces deux genres ont l’im- 
pression palléale entière. 

Les Pacaymya, Sowerby, ne me paraissent point être des pho- 
ladomyes à cause de la petitesse de leur sinus. Elles sont plus 
voisines des coralliophages. 

On peut diviser les vraies pholadomyes en groupes. M. Agassiz 
distingue les Multicostées, les T'rigonées, les Bucardiennes aiguës, 
les Bucardiennes parcicostées les Bucardiennes réticulées, les 
Flabellées, les Ovalaires et les Cardissoides. 

Les pholadomyes forment une partie importante des faunes 
jurassiques et crélacées. Elles diminuent beaucoup de nombre 
dans les terrains tertiaires et sont très rares dans les mers ac- 
tuelles. 


() I réunit maintenant les intégropaliéales aux Edmondia, de Koninck, 
mais les autres auteurs anglais re s'accordent pas toujours avec lui en cela. 
Pour M. M° Coy, par exemple, les allorisma sont intégropalléales. 

(2) M. Carpenter a entrepris cette étude intéressante, Il est probable que 
ses travaux jetteront un grand jour sur ce sujet, 


SINUPALLÉALES, — MYACIDES. 379 


Leur apparence a changé aux diverses époques. Ainsi les es- 
pèces peu nombreuses de l'époque primaire se sont constamment 
présentées sous la forme d’ArLorisua. Les Goniomyes et les Ho- 
MOMYES sont en majorité jurassiques et les vraies PHOLADOMYES 
se trouvent dans l’époque jurassique, l'époque crétacée, l'époque 
tertiaire et dans les mers actuelles. 

Leur existence dans l'époque primaire n’est constatée (1) 
que si l'on admet la convenance d'y réunir les vrais allo- 
risma. 


La prétendue P. radiala, Goldf. (2), du terrain dévonien, ne repose évi- 
demment que sur une erreur et M. Roemer a fait observer avec raison que la 
figure a été faite d’après une coquille de l'étage kimméridgien (P. acuticos- 
lala). 

La P. loricata, d'Orb. (Cardium loricatum, Goldf.), du même terrain me 
paraît bien douteuse (3). 

Suivant M. King (f) on doit considérer comme type des ALLorIsMA, la Hiatella 
sulcata, Fleming (Sanguinolaria sulcata, Philippi, Unio Urü, Sow. non Fle- 
ming), des terrains carbonifères de Coalbrok Dale (Atlas, pl. LXXII, fig. .6), 
et placer dans le même genre la Sanguinolaria tumida, Philippi, la Nucula 
occipiens, Sow., la Sanguinolaria gibbosa, id., l'Allorisma constricta, King, 
et l’Unio Anstiæi, Sow., des mêmes terrains (5). 

M. King a encore décrit l’Allorisma elegans, King, des terrains permiens 
de Russie et d'Angleterre. M. Keyserling paraît avoir basé sur des échantil- 
lons de cette même espèce son Amphidesma lunulata et sa Cypricardia bi- 
carinala. 


On n'en a pas encore cité dans les terrains triasiques. Elles 
sont au contraire abondantes dans les terrains jurassiques. Je 
ne puis pas ici entrer dans le détail de ces nombreuses espèces, 
ni dans la discussion de leur synonymie et je renvoie aux ouvra- 


(tj I faut en particulier en retrancher les pholadomyes de M. d'Orbigny, 
établies au moyen des sanguinolites de M. M’ Coy. 

2) Petref. Germ., t. IE, pl. 155, fig. 1. 

(3) 1., pl. 141, 6g. 5. 

(#) Permian fossils (Palæont. Soc., 1848, p. 196). 

(5) On trouvera la description de ces espèces dans Phillips, Geol. of Yorks- 
hire; Fleming, Brit. annual, p. 463; Sowerby, in. oonch., pl. 548 ct 
Frans, geol. Soc,, 2° série, t, V, pl. 39; King, dun, and mag, of nat, hist, 
1844, t, XIV, p. 316, ete, 


37h ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


ges de MM. Agassiz, d'Orbigny, Goldfuss, etc. F’indiquerai seu- 


lement la répartition des espèces les plus importantes et des 
groupes. 


Les Muricostées ({) (Atlas, pl. LXXII, fig. 7), sont représentées dans le 
lias par la P.compta, Agassiz, de Gundershofen ; dans l’oolitheinférieure, par 
les P. fidicula, Sow., 225, Zieteni, Agassiz, costellata, id.; dans la grande 
oolithe, par la P. aculticostata, Sow., 546'; et-dans le terrain kimméridgien, 
par la P. multicostala, Agassiz (Atlas, pl. LXXIT, fig, 8). M. d'Orbigny réunit 
ces deux dernières espèces, 

Les BUCARDIENNES AIGUES (2) sont : dans le lias, les P. acula, Agassiz, de 
Bâle, cincta, id., glabra, id., du Bas-Rhin, Roemeri, id., de Willershausen, 
Hausmanni, Goldfuss, de Nordheim, Zdea, d'Orb. (ambiqua, Zieten), ambi- 
gua, Sowerby non Zieten; et dans l’oolithe inférieure, la P. nymphacea, 
._ Agassiz (obtusa ? Sowerby), de Normandie et la P. media, id., de So- 
leure. 

Parmi les BUCARDIENNES RÉTICULÉES ($) on cite dans le lias : la P. reticulata, 
Agassiz, du Bas-Rhin, et les P. producta, Sow., 197, et lyrata, id., 197, 
d'Angleterre ; dans l’oolithe inférieure, la P. triquetra, Agass., du Bas-Rhin, 
et la P. Heraulti, id., de Moutiers ; dans la grande oolithe, la P. Murchisoni, 
Sow., Agass. (non Pusch, non Goldfuss, non Zieten), la P. bellona, d'Orb. 
(Murchisoni, Zieten non Sow., etc.); la P. bucardium, Agassiz, la P. texta, 
id., etc.; dans les terrains kellowiens, la P. carinata, Agassiz, et la P. de- 
cussata, id., de la Sarthe (indiquée à tort comme du grès vert); dans le ter- 
rain oxfordien, la P. exaltata, Agass. (Murchisoni, Goldfuss, non Sow., non 
Agass.), la P. clathrata, Münster, et la P. acuminata, Zieten. 

Les BUCARDIENNES PARCICOSTÉES (Atlas, pl. LXXII, fig. 8), sont représentées 
dans le lias par la P. decorata, Zieten, la P. Escheri, Agassiz (?), et la P. fo- 
liacea, id.; dans le terrain kellowien, par la P. parcicosta, id., et la P. crassa, 
id. (f) (Atlas, pl. LXXIE, fig. 8), très commune en Suisse ; dans le terrain 
oxfordien, par la P. trigonata, id.; dans les terrains coralliens, par la 
P. concentrica, Roemer, et par la P. paucicosta, id. (à laquelle M. d'Orbigny 
ajoute, je crois avec raison, les P. ventricosa et ambiqua, Goldf., et les 
P. plicosa, Agass., Michelini, id., et bicosta, id.; et dans les terrains kimmé- 
ridgiens, par la P. Protei, Defrance (Cardium Protei, Brong., à laquelle il 


(1) Agassiz, Études critiques, Myes, p.87 ; d'Orbigny, Prodrome ; Goldfuss, 
Petr. Germ., t. Il, pl. 154 à 157; Zieten, Pétrif. du Wurt., pl. 65 et 66. 

(2) Les trois groupes désignés sous le nom de Bucardiennes, sont très diffi- 
ciles à limiter et à distinguer entre eux. 

() Voyez pour les caractères de ce groupe, Atlas, pl. LXXIL, fig. 42, la 
P. genevensis, Pictet et Roux, du gault. 

(4) M. Agassiz place la P. crassa, dans les bucardiennes réticulées, mais 
elle me paraît plutôt appartenir au groupe des parcicostées, 


ne a 


SINUPALLÉALES. — MYACIDES. 379 


faut, suivant M. d'Orbigny, réunir les P. scutata, Agass., rostralis, id., an- 
gulosa, id., contraria, id., myacina, id,, æqualis, Sow., et orbiculata, Roe- 
mer), par le P. truncata, Agass., du Porrentruy, la P. cor, id., de Soleure, 
la P. pulchella, id., du Val-Travers, etc. 

Les OvaLames sont : dans le lias, la P. Volzii, Agass. (Urania, d'Orb.), 4e 
Mulhausen (Atlas, pl. LXXIL, fig. 9); dans l'oolithe inférieure, la P. latiros- 
tris, Agass. (fidicula, Roemer, non Sow., non Zieten) , la P. angustata, Sow., 
327, non Agass. (siliqua, Agassiz), de Normandie; dans la grande oolithe, 
les P. fabacea, id., et ovulum, id.; dans le terrain kellowien, le P. obsolela, 
Phillips; dans le ts rain corallien, les P. complanata, Roemer, et canalicu- 
lata, id. Elles sont nombreuses dans le terrain kimméridgien où l’on cite les 
P. paradoæa, Agass., depressa, id., striatula, id. (modiolaris, nitida et te- 
nera, id.) etechinata, id., du Porrentruy, la P. parvula, Roemer (tenuicosta, 
Agass.), la P. recurva, id. (galloprovincialis, Math.), la P. pectinata, Agass., 
de Laufon, la P. striata, Münster, de Kehlheim , etc. 

Les FLABELLÉES sont moins nombreuses ; on cite la P. pontica, Agass., de 
l'oolithe inférieure de Goldenthal ; et dans l'étage oxfordien, les P. birostris, 
id., similis, id., pelagica, id., et flabellata, id., du terrain à chailles. On a 
trouvé dans les étages kimméridgiens, la P. tumida, id. 

Les Canpissornes commencent dans l’oolithe inférieure, par la P. conca- 
tenata, Agass. (æqualis, Pusch}, de Pologne. Elles sont représentées dans le 
terrain à chailles (oxfordien), par les P. cardissoides, id., cancellata, id. 
(Atlas, pl. LXXII, fig. 10), ampla, id., læviuscula, id., espèces que M. d'Or- 
bigny réunit toutes à la P, lineata, Goldf,, et par la P. hemicardia, Roemer 
(cingulata, Agass.). On cite dans le terrain kimméridgien de Soleure, la 
P. cancellata, Agass. (P. retusa, Desh.). 

Les pholadomyes sans ornements ou Homouyes (Atlas, pl. LXXII, fig. 14), 
sont représentées dans le lias, par l'A. ventricosa, Agass., du Bas-Rhin, 
l'H. alsatica, id., si elle diffère de la précédente, et l'A. angulata, id., non 
Sow., du mème pays; dans l’oolithe inférieure, par l'A. obtusa, id. (P. 
Aspasia, d'Orb.), de Lorraine; dans la grande oolithe, par l’H. gibbosa, id., 
du Jura suisse; dans le terrain kimméridgien, par les H. hortulana, id. 
(Atlas, pl. LXXIT, fig. 15), compressa, id., et gracilis, id. 

Il faut, suivant M. d'Orbigny, ve ajouter la Mactromya liasina, Agass., 
du lias ; la Mactra gibbosa, Sow., 42, et la Mya Vezelayi, d’Archiac (1), de 
la grande oolithe ; le Solecurtus char (2), Keyserling, du keïlowien de 
Russie ; la Pholas compressa, Sow., 603, du terrain kellowien d'Angleterre; 
la Mya gibbosa, Sow., 419, du terrain kimméridgien; la Lutraria rugosa, 
Goldf. (3), du même terrain, etc. 


(1) Mém. Soc. géol., t. V, pl. 26. 
(2) Petschora Land, p. 316, pl. 17. 
(3) Petref, Germ., t. I, pl. 152. 


870 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


Les Goniomyes (Atlas, pl. LXXII, fig. 145 et 46) sont nombreuses. On cite 
dans le lias les G. heteropleura, Agass. (rhombifera, Goldf.), Knorrü, id,, 
Engelhardi, id., hybrida, Münster, litterata, Zieten, ete. Ces espèces pro- 
viennent de Bavière et du département du Bas-Rhin. 

On à trouvé dans l’oolithe inférieure, la P. scripta, Sow., la P. subcari- 
nala, Goldf., etc., et dans la grande oolithe, la G. scalprum, Agass., et la 
G. proboscidea, id, (Atlas, pl. LXXIL, fig. 15), de Soleure, la Mya anguli- 
fera, Sow., 2224, etc. 

Le terrain kellowien ({) a fourni la P. trapezicosta (Lutraria trapezicosla, 
Pusch, Lysianassa ornata, Goldf.). 

Le terrain oxfordien est caractérisé par la P. trapezina, Buvignier (Atlas, 
pl. LXXIL, fig. 16), et les G. sulcala, Agass., litlerata (Sow.), Agass., mar- 
ginaia, id, major, id., etc. 

Dans le terrain corallien M. d'Orbigny cite une espèce non décrite (P. in- 
termedia), intermédiaire entre les pholadomyes et les goniomyes. M. Buvi- 
gnier a décrit (2) la P. flexuosa, du département de la Meuse. 

Enfin on trouve dans les terrains jurassiques supérieurs, les G. constricla, 
Agass., et obliqua, id., du calcaire à tortues, de Soleure; la G. anaglyptica, 
Münster, du terrain kimméridgien de Westphalie; la G. sinuala, Agass., du 
Porrentruy, ete. 


Les pholadomyes se continuent dans les terrains crétacés avec 
un peu moins d'abondance. Elles sont aussi moins variées de 
formes. 

La plupart sont de véritables pholadomyes. Leur distribution 
présente des caractères assez remarquables. 

Presque toutes les espèces néocomiennes et aptiennes parais- 
sent appartenir au groupe des MULTICOSTÉES (°). 


On cite la P. elongata, Münster (4), (en lui réunissant la P. Favrina, 
Agass.) très abondante dans le terrain néocomien de toute la Suisse, de l’Alle- 
magne, etc.; la P. Scheuchzeri, id., du néocomien inférieur de Métabief, ete.; 
Ja P. semicostata, id., de Neuchâtel. On peut rapporter au groupe des FLa- 
BELLÉES, la P, pedernalis, Roemer (ÿ), du Texas et du terrain aptien de la 


(!) Pusch, Polens Pal., pl. 8, fig. 10; Goldfuss, Petref. Germ., t. LL, 
pl. 154, fig. 12. 

(2) Stat. géol. de la Meuse, p. 8, pl. 8, fig. 19 et 20. 

(3) Sauf les goniomya, dont je parlerai plus bas; il y a quelques espèces 
inédites qui pourront peut-être modifier ce résultat, 

(*) Goldfuss, Petr, Germ., t. M, pl 157, fig. 3 à G; Agassiz, Myes, p. 57, 
pl. 1et 2”. 

(5) loemer, Texas, p.45, pl, 6; 

at 


gpiian, à° livraison. 


Pietet et Renevier, Pal, Suisse, Terr, 


SINUPALLÉALES. — MYACIDES. 977 


perte du Rhône, la P. Cornueliana, d'Orb. (Cardium Cornuelianum , id., 
olim), trouvée à la perte du Rhône avec la précédente ; la P, Martini, For- 
bes (1), du lower greensand, etc. 


Le gault en renferme peu. 


La P, gencvensis, Pictet et Roux (2), appartient au groupe des bucardien- 
nes réticulées, et rappelle les formes de Ja P, clathralta, de l’oxfordien (Atlas, 
pl. LXXII, fig. 11). 

La P. Fabrina, d'Orb. (non Favrina, Agass.), fait partie du groupe des 
multicostées (3). 

La P. nuda, Agass. (Trigonia arcuala, Lamk), représente celui des tri- 
gonées qui est spécial aux terrains crétacés et tertiaires. Elle provient des 
grès verts (gault ?) du bas Dauphiné. 


Les espèces des terrains crétacés supérieurs au gault, appar- 
tiennent en grande majorité au groupe des TRIGONÉES, avec cepen- 
dant quelques BUCARDIENNES RÉTICULÉES ©t MULTICOSTÉES. 


M. d'Orbiguy a décrit la P. Ligeriensis, du terrain cénomanien , la P. Ar- 
chiaciana, du terrain turonien et la P. Marrotiana, des craïes supérieures. 

Les espèces d'Allemagne ont été décrites par Roemer (P. caudata, umbo- 
nata, alternans, etc.), Goldfuss (P.nodulifera, elliptica, etc.), Pusch (P. Es- 
marki, qui est la même que la P. Carantoniana, d'Orb.), etc. 


Le Lype des Goniouya est aussi représenté dans les terrains 
crétacés. 


M. Agassiz a décrit les G, caudata, Agass., et lævis, id,, des marnes néo- 
comiennes de Neufchàtel. 

M. d'Orbigny a fait connaître la G. Agassizi, du terrain néocomien, la 
P. Rauliniana, du gault et la P. Mailleana, du terrain cénomanien. 


La G. designata, Goldf. (4) (Goniomya consignata, Roemer) se trouve dans 
presque toute l'Allemagne. 


Les pholadomyes diminuent beaucoup de nombre dans les ter- 


rains tertiaires et ne s’y présentent que sous la forme de phola- 
domyes proprement dites. 


(1) Quart. Journ. geol. Soc., t, T, pl. 2, fig, 3, 

(2) Moll. des grès verts, pl. 29, fig. 2, 

(5) Paléont, franç,, Terr, crét., t, WE, p. 864, pl. 363, fig, 6 et 7 
(#) Peir, Germ,, t, WU, pl, 364, fig. 8 et 4, 


978 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 
On en cite encore quelques-unes dans les dépôts inférieurs. 


La P. subplicata, d’Orb. (plicata, Melleville, non plicata, Portlock), a été 
trouvée à Chälons-sur-Vesles (1). Elle appartient au même groupe que les 
pholadomyes vivantes (Atlas, pl. LXXII, fig. 12). 

La P. Mellevillii, d'Orb. (2) (P. margaritacea, Melicville), provient de 
Laon, ct fait partie du groupe des trigonées (id., fig. 13). 

La P, Puschii, Goldf. (3) (confondue par plusieurs auteurs avec la LP. mar- 
garitacea, Sow.), a été trouvée à Biarritz et à Nice.C’est probablement la même 
que les P. elegantula, Giebel, et Weissi, Philippi. 

11 faut ajouter les P. affinis, et Peresi, Bellardi, trouvées à Nice; mais la 
P. niceensis me paraît une thracia. 

La P. margaritacea, Sow. (#), provient de l'argile de Londres. (M. Mor- 
ris sépare sous le nom de P. cuneala, les échantillons de la baie de 
Pegwell.) 

La P, Koninckü, Nyst (5), a été trouvée dans les dépôts éocènes de la 
Belgique. 


Les pholadomyes sont rares dans les terrains tertiaires récents. 


M. Agassiz (6) a décrit la P. arcuala, Agass., de la mollasse Suisse, 

M. Matheron (7) a fait connaître la P. alpina, de la mollasse des Basses- 
Alpes. 

M. Wood indique ($) dans le crag corallien de Ramsholt, une espèce nou- 
elle, la P. candidoides, Wood. 

On en a trouvé aussi en Amérique et dans l'Inde, depuis les terrains kel- 
lowiens jusqu'aux tertiaires récents (?). 


(!) Melleville, Sables tert. inf., Ann. sc. géol., pl. 1, fig. 3-4. 

(2) D'Orbiguy, Prodrome, t. Il, p. 321; Melleville, d., pl. 1, fig. 1 et 2. 

(3) Goldfuss, Petr. Germ., t. IL, pl. 158, fig. 3 ; d’Archiac, Hist. des prog., 
t. IL, p. 256; Philippi, Palæont., I, p. 45, pl. 7 ; Bellardi, Mém. Soc. géol., 
2° série, t. IV, pl. 46. 

(#) Min. conch., pl. 297; Morris, Catalogue, p. 97. 

(5) Coq. et pol. foss. Belg., p. 50, pl. 1, fig. 9. 

(6) Études critiques, Myes, p. 63, pl. 2-6, fig. 1-8. Je ne comprends pas 
pourquoi M. d’Orbigny (Prodrome, t. HE, p. 98) donne lenom de subarcuata 
à cette pholadomye, et attribue celui d’arcuala, Agass., à la P. nuda, du 
même auteur, qui provient du grès vert du bas Dauphiné. 

(7) Catalogue, Trav. Soc. stat. Marseille, p. 136, pl. 41, fig. 8. 

(8) Ann. and mag. ofnat. hist., 1841, t. VI, p. 245. 

(®) Forbes, Trans. geol. Soc., 2° série, t. VIL ; Sowerby, id., 2° série, 
t. V; Morton, Journ. Acad. Phil. et Bull. de Washington, etc. 


SINUPALLÉALES. — MYACIDES. 279 


Les GLYCIMÈRES (Glycimeris, Lamk, Cyrtodaria, Daudin), — 
Atlas, pl. LXXIIT, fig. 4, 


ont une coquille ovale, transverse, très bâillante de chaque côté, 
une charnière calleuse, transverse, sans dents, des nymphes 
très saillantes, un ligament extérieur et un épiderme épais et dé- 
bordant. 

Les glycimères se distinguent facilement des myes, des so- 
lens, etc., par leur charnière dépourvue de dents. Ce caractère 
les rapproche des pholadomyes, mais elles en diffèrent par leur 
coquille plus épaisse, leurs nymphes plus saillantes et leurs valves 
plus bâillantes. 

On n'en connait à l’état fossile que quelques espèces des ter- 
rains tertiaires récents. Une seule espèce vit aujourd’hui dans 
les régions les plus septentrionales du globe. 


Il faut rayer des catalogues la G. margaritacea, Lamarck, espèce qui a 
été établie sur une valve isolée de Grignon, rapportée d’abord aux clava- 
gelles, puis aux pholadomyes. 

La G. angusta (1), Nyst et Westendorp, a été trouvée dans le crag des 
environs d'Anvers. C'est l'espèce figurée dans l’atlas. 

La V. vagina, Wood (2), provient du crag d'Angleterre. 


Les Myes (Mya, Lamk), — Atlas, pl. LXXIE, fig. 2, 


ont aussi une coquille transverse, bâillante aux deux bouts. Elles 
sont d'ailleurs clairement caractérisées par la forme de leur 
charnière; la valve droite est munie d’une dent cardinale, grande, 
comprimée en forme de cuilleron et dans une direction presque 
perpendiculaire au plan de la coquille; l’autre valve n’a qu’une 
fossette ; le ligament est intérieur et s'attache à cette fossette et à 
la dent saillante (?). 

Les myes vivent actuellement sur les côtes de la plupart des 
mers, en s'enfonçant verticalement dans le sable; les espèces ne 
sont pas nombreuses. Parmi les fossiles on a rapporté à ce genre 
plusieurs coquilles qui n’ont de commun avec lui que leur forme 


(1) Bull. Acad. Bruxelles, 1839, p. 396; Nyst, Cog. et pol. foss. Belg., 
p.-55pIn2 fig: 

(2) Ann. and mag. of nat. hist., 1. VE, p. 245. 

(3) Voyez Atlas, pl. LXXIIT, fig. 2, la charnière de la Mya arenaria, Lin. 


900 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


bâillante et qui sont plus probablement des panopées, des pho- 
ladomyes ou des anatinides. 
La plupart des auteurs sont aujourd'hui d'accord pour n'ad- 
mettre aucun représentant de ce genre avant l'époque tertiaire. 
Dans Les terrains tertiaires mêmes, les myes paraissent man- 
quer aux étages inférieurs. 


On trouve dans le terrain pliocène de l’Astésan (!), la Mya dilatata, Mich., 
et la Mya testarum, Bonelli. 


Plusieurs espèces sont indiquées comme trouvées à la fois vi- 
vantes et fossiles ?). 


La A1. tugon, Desh. (M. anatina), type du genre Tuconia, Réceluz, vit au 
Sénégal et se trouve, suivant M. Deshayes, dans les terrains subapenuins, 
en Morée, et dans les terrains miocènes de Bordeaux où elle a été décrite 
sous le nom d’ornata, par M. Basterot. 

La 21. arenaria, Lamk, vivante dans ja Méditerranée, se trouve fossile 
dans le crag en Islande et en Belgique. La M. lata, Sow., 81, du crag n’en 
est, suivant M. Nyst, qu'une simple variété. 

La M. ovalis, Turton, vit dans les mers d'Angleterre et est fossile dans le 
crag. 

La M. truncata, Lin., Desh., de l’océan d'Europe, se trouve fossile dans 
le crag et dans les terrains tertiaires récents d'Islande et de Norwége. 


Les LutraiRes (Zutraria, Linné) (3), — Atlas, pl. LXX, fig. 24 
et 25, et pl. LXXIIL, fig. 3, 


ont dans leur coquille beaucoup de rapports avec les myes, mais 
leur charnière manque de la dent saillante, qui caractérise ces 
dernières. Chaque valve présente une fossette deltoïde considé- 
rable, en dessous de laquelle est une dent comme pliée en deux ; 
le ligament est intérieur et fixé dans les fossettes. Si l'on suppose, 
comme le fait observer M. Deshayes, que l’on puisse infléchir la 
dent de la valve droite des myes, de manière à la ramener dans 


) Michelotti, Brach. et Acef., p. 31; Brocchi, Conch. subap., pl. 15, 
fig. 4-5. 
} Voyez pour ces analogies, Deshayes, Traité élém. de conch., t. 1, p. 177. 
(3) Ce nom, comme le fait observer M. Philippi, devrait s'écrire LuTariA, 
de lutum, boue. Il correspond à une partie des Lutricola, de Blainville, Il 
faut probablement en séparer les Cryplodon, Conrad, non Turton; il n'y a 
pas d'espèces fossiles de ce dernier gonre 


SINUPALLÉALES. — MYACIDES. 581 


le plan de la coquille et dans le bord cardinal, on aura une cliar- 
nière de lutraire. Ces coquilles sont épidermées, équivalves, iné- 
quilatérales et bâillantes de chaque côté. Les dents latérales sont 
nulles ou rudimentaires. La sinuosité palléale est profonde. Les 
impressions musculaires sont grandes et écartées ; elles sont ac- 
compagnées chacune d’une impression plus petite dont la buc- 
cale est la plus visible (Atlas, pl. LXX, fig. 25). 

L'animal (id., fig. 24) a les siphons un peu divergents à l’ex- 
trémité, garnis de tentacules arborescents. Les palpes labiales 
sont longues, étroites et pointues, les branchies inégales, non 
prolongées dans le siphon. 

Ces mollusques ont des rapports à la fois avec les myes et avec 
les mactres. Leur petit pied et leurs longs tubes, leur coquille 
bâillante et la composition de leur charnière les rapprochent des 
premières. Les tentacules qui terminent les siphons, la forme des 
palpes latérales et d'autres caractères anatomiques les associent 
au contraire teliement aux mactres, que M. Deshayes place ces 
deux genres dans la même famille. 

Lamarck a confondu sous le nom de lutraires, des espèces fort 
différentes les unes des autres; on doit réserver ce nom à celles de 
la première division qui ont la coquille oblongue, car ce sont les 
seules qui aient les siphons réunis. Celles de la seconde division, 
caractérisées par une coquille orbiculaire ou subtrigone, ont 
deux siphons distincts et doivent en conséquence, être transpor- 
tées dans une autre famille. Elles appartiennent au genre Lavi- 
GNON, de Cuvier. 

Les lutraires vivent aujourd'hui de la même manière que les 
myes sur les côtes des mers tempérées. A l’état fossile on en cite 
dans les terrains jurassiques, crétacés et tertiaires ; mais comme 
je lai dit plus haut, la plus grande partie des espèces indiquées 
comme des lutraires doivent passer dans les genres précédents. 
On à trop négligé l'étude des caractères du moule et en particu- 
lier l'impression profonde que laissent les cuillerons sur ceux des 
véritables lutraires. Je suis tout à fait disposé à croire avec 
M. Deshayes, que de toutes les espèces citées sous le nom de lu- 
traire dans les terrains secondaires, il n°y en a pas une seule qui 
appartienne réellement à ce genre. 

Je n'en connais même point qui aient été trouvées dans les 
terrains éocènes de l’ancien continent. 


982 ACÉPHALES ORTIHOCONQUES. 


Toutefois M. d’Archiac (f) en cite deux espèces indéterminées du terrain 
nummulitique, dont une douteuse du Kressenberg; et une de Zafranboli 
(Asie Mineure). 


Leur existence est démontrée dans les terrains miocènes. 


La L. latissima, Desh. (2), est fossile aux environs de Bordeaux. Elle a été 
confondue à tort par M. Basterot, avec la L. elliptica, Lamk. 

La ZL. sanna, Bast. (3), se trouve à Bordeaux et dans la montagne de Turin 
(Atlas, pl. LXXIIT, fig. 3). 

La Z, crassidens, Lamk (4), provient des faluns de la Touraine où l'on 
trouye encore au moins deux espèces. 


Les espèces des terrains pliocènes diffèrent peu ou point de 
celles qui vivent aujourd'hui dans nos mers. 


La L. solenoides, Lamk (5) (oblonga, Turton), est citée par M. Michelotti 
comme trouvée à la montagne de Turin (miocène), par M. Sismonda dans les 
sables pliocènes d’Asti, et par M. Philippi, dans le terrain quaternaire de Sicile. 
Elle est commune dans les mers d'Europe. Je dois toutefois ajouter que 
les exemplaires que j'ai reçus sous ce nom, du Piémont, ne sont pas tout à 
fait identiques avec l'espèce vivante. 

La L. elliptica, Lamk, est citée à la fois dans les sables pliocènes d’Asti 
(Sismonda), dans le crag (Wood), dans les quaternaires de Sicile (Philippi), 
et dans les mers actuelles. 

La L. rugosa, Lamk, qui vit aussi dans la Méditerranée est indiquée dans 
les mêmes terrains et dans les sables pliocènes de Morée (Deshayes). 


Les terrains tertiaires d'Amérique ont aussi fourni des lu- 
traires (6). 


5e Famizze. — MACTRIDES. 


Les mactrides sont caractérisées par une coquille équivalve, 
épaisse, peu ou point bâillante, à ligament interne, à charnière sans 
osselet, offrant au milieu une fossette ou un cuilleron pour l'attache 


(1) Hist. des progrès, t. UE, p. 256. 
(2) Encyclop. méth., t. Il, p. 389. 
(3) Cog. foss. Bord., p. 14, pl. 7, fig. 13. 

() Anim. sans vert., 2° édit. revue par Desbayes, t. VI, p. 94. 

(5) Deshayes, Traité élém. de conch., t. I, p. 267. 

(6) Conrad dans Morton, App., p. 8 et dans Sillim. Journ.,t. 28, 109, etc. 
(L. lapidosa, Conrad, papyria, Conrad, canaliculata, Say); d'Orbigny, Voyage, 
p. 161 (L, plicatella, Lamk). 


SINUPALLÉALES. — MACTRIDES. 383 


du Jigament, deux dents divergentes du côté buccal, et deux 
dents latérales, l’une anale et l’autre buccale. 

Les animaux ont deux siphons réunis, dont l'ouverture termi- 
nale est garnie de tentacules simples ou rameux, rappelant ceux 
des lutraires. Leur manteau est également garni d’une double 
rangée de tentacules. Il est ouvert dans son milieu pour le pas- 
sage d'un pied qui est grand, triangulaire et coudé. 

Nous ne plaçons dans cette famille que le genre des mactres (1), 
ayant associé les lutraires aux myacides, et rejetant les gnatho- 
don dans la famille des cyclasides et les anatinelles dans celle 
des lucinides. 


Les MacrRes (Mactra, Lin.), — Atlas, pl. LXXIIE, fig. 4, 


ont une coquille subtrigone, régulière, peu inéquilatérale, très 
peu bâillante de chaque côté. La charnière est composée d’une 
grande fossette triangulaire qui rappelle celle des lutraires ; du 
côté buccal de cette fossette est une dent cardinale, comprimée et 
pliée en forme de V; il y a en outre deux dents latérales en forme 
de lame mince. Le ligament est interne, avec un rudiment de 
ligament externe. Le sinus palléal est large, presque horizontal 
et peu profond. 

Les mactres sont, comme l’a montré M. Deshayes, très voisines 
des lutraires par l’ensemble des caractères de l'animal. Elles leur 
ressemblent aussi par la forme de la charnière des coquilles ; on 
les distinguera toutefois par la dent en V et par les dents latérales 
qui manquent dans les lutraires ; ces dernières d’ailleurs ont une 
coquille plus bâillante. Les mactres diffèrent des lavignons par 
leurs siphons bien plus réunis, par leurs dents latérales et par leur 
sinus anal plus arrondi et plus court. 

Nous n'admettons pas les genres SCHIZODESMA , Gray, SPIZULA, 
id., et MuciniA, id., fondés sur quelques différences dans la forme 
du ligament. Nous leur réunissons aussi les Hemimacrra el les 
SCHIZODESMA , Swainson. Elles correspondent en partie aux CaL- 
LISTA et aux CALLISTODERMA, Poli. 


(1) Nous y aurions ajouté celui des SowergyA, d'Orbigny, si il était carac- 
térisé d'une manière plus précise; mais il est probable qu’il doit être réuni 
à celui des IsoponrA, Buvignier, et je discuterai leurs rapports zoologiques en 
traitant de ce dernier, 


88 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


Ce genre renferme aujourd'hui de grandes coquilles bien carac- 
térisées, qui vivent dans les mers froides et chaudes, en s’enfon- 
çant dans les plages sablonneuses. Leur existence dans les terrains 
anciens est contestée. Les catalogues paléontologiques semblent 
indiquer qu’elles ont vécu dans toutes les époques jurassiques 
et crétacées; mais il faut remarquer que plusieurs espèces ont 
été rapportées à ce genre par leurs formes extérieures et sans 
qu'on ait pu observer la charnière. Il y a donc certainement ici 
comme dans tant d’autres cas quelques rapprochements douteux. 
M. Deshayes conteste la probabilité de leur existence avant l'é- 
poque tertiaire ; mais je crois qu'il va trop loin. Je puis certifier 
pour ma part que la Mactra gaultina, du terrain albien, présente 
dans son moule l'impression très évidente de la dent en V, et 
que rien n'autorise à douter que ce soit une vraie mactre. 

Aucune mactre n’a encore été citée dans les terrains antérieurs 
à l’époque jurassique; et les espèces citées comme se trouvant 
dans les dépôts de cette époque me paraissent singulièrement 
douteuses (1). 


M. Roemer indique (2?) deux espèces dans le terrain corallien d’Allema- 
gne , la M. trigona, Roemer, de Hohenegelsen, et la M. callosa, id., de 
Dürshelf. La seconde est bien douteuse. La première paraît avoir les formes 
des thracia. 

Il cite la A. acuta, Roemer, du terrain portlandien de Goslar, qui ne 
me paraît présenter aucun caractère certain pour être placée dans ce 
genre. 

Je ne vois pas non plus de motifs suffisants pour attribuer aux mactres, 
comme le fait M. d’Orbigny (3), la Tellina ovata, Roemer (qui suivant lui est 
Ja même espèce que la Venus nuculæformis, id., d'Allemagne et de Suisse) ; 
la Tellina conveæa, id., de Goslar; la Venus isocardioides, id., et la Cor- 
bula trigona, id., d'Allemagne et de France, etc. 

La Donax Saussuri, Brong. (4), de la perte du Rhône, est considérée par 
M. d'Orbigny comme une mactre de l’époque kimméridgienne, C’est une cy- 
prine, et elle appartient au terrain aptien. 


(1) Norddeuisch. Ool. geb., p. 123, pl. 6, 7 et 8. 

(2) Je ne parle pas des espèces inédites du Prodrome, que je ne connais 
pas. 

(3) Prodrome, t. IL, p. 49. 

(4) Ann. des min., t. VI, pl. 7, fig. 5 ; Pictet et Renevier, Paléont. suisse, 
Terr. aptien, 3° livraison. 


SINUPALLÉALES. —— MACTRIDES. 85 


Je crois au contraire que l’existence des mactres est incontes- 
table dans les terrains crétacés. 


M. d'Orbigny ‘!) en a décrit trois espèces du terrain néocomien, les M, Car- 
teroni, Dupiniana et Matronensis, et a réuni à ce genre la Lutraria striata, 
Sow. (2), de Lyme Regis. 

J'ai fait connaître avec M. Renevier (3) la M. Montmollini, du terrain aptien 
de la perte du Rhône. 

J'ai décrit avec M. Roux (f) la M. gaultina, Pictet et Roux, du gault de la 
perte du Rhône, etc, 

Dans les grès verts de Blackdown, Sowerby (5) cite la M, angulata, qui 
paraît douteuse. 


Les espèces sont plus nombreuses dans les terrains tertiaires : 
mais seulement dans les étages supérieurs. 
Le terrain éocène en renferme peu. 


I faut probablement retrancher les M. cyrena et ereta, A. Brongniart, 
qui sont des cyrènes 

M. d'Orbigay (6: indique dans les terrains tertiaires de Cuise-la-Motte, une 
M. Levesquei, d'Orb , confondue à tort suivant lui avec la M, semisulcala, 
Lamk. 

L’étage de Grignon, Parnes, etc., contient la véritable M. semisulcata, 
Lamk (7), qui se retrouve aussi en Belgique, et la M. deltoides, Lamk. 

L'étage éocène supérieur (parisien, B), a fourni la 4. depressa, Deshayes 
(A. subdepressa, d'Orb.), de Mortefontaine, la Chapelle, etc. (Atlas, pl. LXXII, 
fig. 4). 


Les espèces augmentent de nombre dans les terrains miocènes 
et pliocènes. 


Les terrains miocènes de Bordeaux ($) renferment, suivant M. Basterot, 
trois espèces. La premère est très voisine de la VW. strialella, Lamk, vivante. 
La seconde, confondue à tort par M. Basterot, avec la M delt:iles, Lamk, doit 
porter un nom nouyeau. La troisième, où M. triangula, Brocchi, se trouve 


(1) Pal. franç., Terr. crét., t. UE, p. 366, pl. 368. 

(2?) Min. conch., pl. 534. 

(3) Pal. Suisse, Terr. aptien, pl. VI, fig. 8. 

(#) Moll. des grès verts, pl. 29, fig. 3. 

(®)-Fitton, Trans. geol. Soc., 2° série, t. IV, pl. 16, fig. 9. 

(6) Prodrome, t. II, p. 322. 

(?) Ann. mus., t. VI, p. #19, pl. 9; Deshayes, Cog. foss. Par., t. 1, p. 31, 
pl. 4. 

(8) Basterot, Cog. foss. Bord.; Desbayes, Traié élém, de conchml., t. 1, 
p. 288. 


_ 


lil 25 


386 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


aussi, suivant M. Deshayes, à Dax, en Touraine, à Vienne, probablement en 
Pologne ‘où elle a été décrite par M. Pusch, sous le nom de cuneata), dans 
les terrains plivcènes d'Asti et de Morée, dans les terrains quaternaires de 
Sicile, et dans les mers actuelles. 

M Push (!) a trouvé en Pologne, outre l'espèce indiquée ci-dessus, une 
nouvelle mactre qu’il a décrite sous le nom de deltoides Elle n'est ni la del- 
toides de Lamarck, ni celle de Basterot. La M. Liangulata, Pusch, paraît spé- 
Ciale à la Pologne 

La M. ponderosa , Eichwald (?), caractérise les terrains tertiaires de 
Russie. 

M. d'Orbigny (3 a décrit les W. vitaliana, et Bignoniana. de Podolie. 

Les terrains pliocènes d’Asti renferment trois espèces (4) qui paraissent 
identiques avec des vivantes. Ce sont les Martra lisor et stultorum, confon- 
dues à tort par quelques auteurs, dont la première vit au Sénégal et la seconde 
dans la Méditerranée ; et la M. triangula, Ren., de la même mer, que nous 
avons citée plus haut 

La M. corallina, Desh., a été trouvée dans les têrtiaires pliocènes de Grèce. 

M. Wood (?) cite dans le crag (outre la W. stultorum) les M. arcuala,Sow., 
M. solida, Lin. (réunissant les dubia et ovalis, Sow.), M. glauca, Gmel., 
M. subiruncata, Mont., et avec doute les M. deaurata, Turton, et crassa, 
Turton. 

La M. arcuata et la M. solida, se trouvent dans le systeme campinien de 
Belgique, qui renferme aussi la M. inœquilatera, Nyst (6), et la M. striuta, 
Nyst. 

Les M. solida, Lin., et glauca, Gmel., ont aussi été trouvées dans les ter- 
rains quateruaires de Sicile (l hilippi). On y cite également la M. helvacea, 
Chem., actuellement vivante, ainsi que les deux precédentes. 

Le pliocène marin d'Angleterre contient aussi une espèce des mers ac- 
tuelles, la M. truncata, Flem. (Morris, Catal., p. 90). 

La M. crassatella, Lamk (vivante), suivaut M. Marcel de Serres, a été 
trouvée fossile dans les terrains tertiaires du midi de la France. 


L’Asie et l'Amérique ont fourni aussi quelques mactres. 


M. Forbes (7) a décrit les M. tripartita et intersecta, qui proviennent des 
terrains crétacés supérieurs des Indes orientales. 


(1) Polens Palæont., p. 76. 

(2) Lühuan., p. 207; d'Orbigny, in Murchison, Keys. et Verneuil, Pal. de 
la Russie, p. 499, pl. 43, fig. 19-21. 

(3, Voyage de M. Hommaire de Hell, p. 479,-pl. 4 et 6. 

(#) Sismonda, Synopsis, p. 22. 

(5) Ann. and mag. of nat. hist, t. VI, p.246 ; Sowerby, Min. conch., 
pl. 160. 

(6) Cog. et pol. foss. Belg., p. 79, pl. 2, fig. 8et pl. 4, fig. 4. 

(?) Trans. geol, Soc., 2° série, t. VIL, p. 142 et 145, pl, 15 et 18. 


SINUPALLÉALES, — CORBULIDES. 387 


M. d'Orbigny (! a fait connaître deux espèces (M. araucanà et cecileana) 
des terrains crétacés supérieurs de l'ile de Quiriquioa (Chili). 

Les espèces des teriains tertiaires ont été décrites (2) par MM. d'Orbigny 
(M. aucca); Lea (M. dentatata et pygmæa); Conrad (au moins dix es- 
pèces) ; etc. 


6° Famize, — CORBULIDES. 


Les çorbulides sont caractérisées par un Hgament intérieur, 
par une coquille ordinairement très inéquivalve et par une im- 
pression palléale très peu sinueuse. L'inégalité des valves n’est 
point un motif pour les placer dans une autre division que celle 
des orthoconques , car ces coquilles sont libres et leur station est 
toujours verticale. Quelques coquilles des familles précédentes, et 
entre autres les apatinides et les mYes, sont aussi quelquefois iné- 
quivalves , mais à un moindre degré. M. Deshayes a proposé la 
réunion des corbulides avec les myes, mais ces dernières ont le 
siph: n plus court, leur coquille a un bâillement bien plus consi- 
dérable et plus régulier, et leur impression palléale est beaucoup 
plus profondément échancrée., Ces différences me paraissent justi- 
fier leur séparation. 


Les CorBuLes (Corbula, Bruguière), — Atlas, pl. LXXIIF, 
fig. 5 à 7, 


sont de petites coquilles subéqnuilatérales, ordinairement closes, à 
valves le plus souvent inégales, et à test épais et épidermé, La 
charnière consiste en une grande dent saillante, qui est recue dans 
une fossette ou une échancrure de la valve opposée. L'impression 
palléale est faiblement excavée. Le ligament est interne, inséré sur 
la dent de la valve gauche et sur la fossette de la valve droite. La 
charnière est sujette à quelquis variations; la dent saillante de la 
valve droite s’aplatit quelquefois en lame et la dent de la valve 
gauche s'atroph'e. Souvent aussi les formes de la coquille varient : 
elle s’aplatit et tend quelquefois à devenir presque équivalve. 


(1) Voyage, Paléont., p.125. 

(2) D'Orbigny, id: Lea, Contributions, p. 41, 44, éte ; Conrad, Silim. 
Journ.,t. XXI, XX VIH, XLI, XLIE, etc., et Foss. of the tert. form.: Sowerby 
in Darwin, Voyage, etc. 


288 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


Ces modifications ont engagé quelques auteurs à établir des 
genres nouveaux. La plupart ne paraissent pas pouvoir être con- 
servés. Il faut en particulier réunir aux corbules : 

Les SrHænia, Turton, genre établi pour les espèces à dent car- 
dinale aplatie. 

Les Lentinium, Cristofori, et les Ervicra, Turton, réunissant 
les espèces plates et équivalves. 

Les CorBuLomya, Nvyst, genre formé pour des corbules, qui, 
comme la C. complanata, Sow., sont aplaties et très inéquivalves 
(Atlas, pl. LXXIIT, fig. 8). 

Les CoRBURELEA, Lycett, qui ne diffèrent des corbules que 
par leurs valves égales, les dents de la charnière petites et les 
impressions musculaires plus marquées. 

Les Eropona, Daudin, et les ALoinis, Megerle, qui ne repo- 
sent sur aucun caractère essentiel. 

Le principal développement numérique des corbules semble 
avoir été réservé à l’époque tertiaire. Nos mers actuelles en ren- 
ferment plusieurs petites espèces. 

Leur existence ést très peu probable dans les terrains de 
l'époque primaire (!). 


Les C. ovata et striatella, Rœmer, n’appartiennent certainement pas à ce 
genre. 

Je ne connais pas la C. Hennahii, Sow., trouvée dans le dévonien de Ply- 
mouth, ni la C. lumosa, Flem., des terrains carbonifères d'Écosse. 


Leur existence est douteuse à l’époque triasique (?). 


M. Buué cite, dans un terrain dont l’âge est incertain et qui se rapporte 
peut-être au muschelkalk, la C. Rosthorni, qui paraît avoir bien peu les 
caractères des corbules. 

La C. dubia, Münster, et la C. Schlotheimi, Geinitz, sont probablement 
des anatinides. 


Les espèces des terrains jurassiques sont mieux connues, mais 
il reste encore bien des incertitudes sur leur compte. 


M. Lycett (3) cite dans l’oolithe inférieure d'Angleterre quelques espèces, et 


(t) Rœmer, Harzgebirge, pl. 6, fig. 21 et 22 ; Sowerby, Trans. geol. Soc., 
2e série, t. V, pl. 56, fig. 1 ; Fleming, Brit. Annual, p. 426. 

(2, Boué, Mém. Soc. géol. Fr., t. Il, p. 47, pl. 4, fig. 4; Münster in Gold- 
fuss, l'etr. Germ.,t HU, pl. 151, fig. 13; Geinitz, | ersteinerung., pl. 19, fig. 12. 

(3) Ann. and. mag. of nat. hist., 2° série, t. VI, p. 422. 


SINUPALLÉALES, —— CORBULIDES, 389 


entre autres la C. imbricata, Lycett, et la C. curtansata, Phillips (Corburella 
curlansata, Lycett) qui appartient ordinairement au terrain oxfordien, N'y 
a-t-il point là quelque erreur de détermination ? 

La C. obscura (1), Sow. (C. cucullæformis, Koch et Dunker), provient de 
la grande oolithe d'Angleterre et d'Allemagne ; la C, borealis, d'Orb (2), a 
été trouvée dans le terrain oxfordien de Russie. 

M. Buvignier ) adécrit la C. carinala du terrain oxfordien du département 
de la Meuse, et trois espèces du calcaire à astartes et du terrain portlandien. 
Je doute beaucoup qu'elles soient de vraies corbules, surtout la C. planulata. 

M. Rœmer (4) a fait connaître la C. rostralis et la C. trigona du terrain 
portlandien de Hoheneggelsen qui paraissent également bien douteuses. 

La C. alata, Sow., et trois espèces décrites par M. Dunker, caractérisent 
les terrains wealdiens ($). 

On trouve aussi dans le Prodrome de M. d'Orbigny l'indication de plusieurs 
espèces inédites de la grande oolithe et des étages oxfordien, corallien et 
kimméridgien. 


Les corbules ont été citées aussi dans les terrains crétacés. 


M. d’Orbigny a décrit (6) les C. compressa, incerta et neocomiensis (olim 
carinata, d'Orb.) du terrain néocomien. 

On trouve dans le terrain aptien (7) la C. striatella, Sow., la C. elegantula, 
d'Orb., et la C. punctum, Phillips. 

Le grès vert de Blackdown a fourni (8) la C. elegans, Sow., et la C. truncata, 
id, , qui se retrouvent aussi à Vaucluse 

La C. Goldfussiana, Matheron (?), caractérise les terrains turoniens du 
midi de la France. 

M. Geinitz a décrit la C. Bockshi de Kieslingswalde ; Nilson, la C. caudatæ 
de Strehlen, etc.; Goldfuss, la C. subglobosa du plæner mergel de Coesfeld (19). 


(1) Min. conch., pl. 572 ; Koch und Dunker, Beitr, Nordool., p. 31, pl. 2, 
fig. 6. 
(2) Murchison, Keys,, Vern., Pal. de Ta Russie, p. 472, pl. 41, fig. 5-7. 

(3) Statist. géol. de la Meuse, p. 9, pl. 8-12. 

(4) Norddeutsch. Ool:, pl. 8, fig. 5 et 9. 

(5) Sowerby in Fitton, Trans. geo!. Soc., t. IV, pl. 21, fig. > ; Dunker, 
Weald. Bild., p. 46, pl. 43. 

(6) Pal. franç., Terr. crét., t. UT, p. 458, pl, 388. 

(7) Sowerby, Min. conch., pl. 572; d'Orbigny, Pal. franç., Terr. crét., 
p. 460 ; Phillips, Geol, of Yorkshire, p. 94, pl. 2. 

(8) Sowerby, Min. conch., pl. 572, et in Fitton, Trans. geol. Soc., t. IV, 
pl. 16, fig. 8. 

(?) Catalogue, p. 143, pl. 13, fig. 9-10. 

(10) Reuss., Boehm. Kreid., I, p. 20; Geinitz, Kieslingsw., p. 12, pl. 2, 
fig. 17-18; Nilson, Petr. Suéc,; Goldfuss, Petr. Germ., t, IT, pl. 151, 
fig. 17-18, 


390 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


La ER Ediwardi. Sharpe ({), provient des calcaires sous-crétacés du 
Portugal ; la C.Costæ, du même auteur, me paraît plus voisine des céromyes. 

On trouve ee les environs d’'Aix-la-Chapelle (2 les C. lineàta, Müller, 
obtusa, id., et striatula, Goldf., non Sow. (Atlas, pl. LXXIIE, fig. 5). 

La C, subangustata, d'Orb. (angustata, Sow., non Min. conch.), provient 
de Gosau (3. 


Ce genre augmente beaucoup dans les terrains tertiaires. 
On en connaît, en particulier, plusieurs espèces des terrains 
tertiaires éocènes. 


M. Deshayes (4) en a décrit vingt-une espèces, dont il faut retrancher quel- 
ques Neæra et la C. dubia qui est la Panopæa intermedia. Une seule appar- 
tient aux dépôts inférieurs de Bracheux ; c'est la C. longirostra, Desh. La plu- 
part ont été trouvées dans le calcaire grossier. Trois caractérisent l'étage 
supérieur de Valmondo's. Nous avons figuré dans l'Atlas, pl. L\XIIE, fig 6, 
la C. gallica, Lamk, espèce abondante dans le calcaire grossier et remarqua- 
ble par sa grande taille. 

Les terrains nummulitiques ©, renferment une partie des mêmes espèces 
(C. gallica, Lam., exarala, Desh., striata, Lam.) et quelques autres. 
M. AI. Rouault a fait connaître la C. Archiaci, Rouault, de Biarritz et de Pau. 
M. Bellardi a décrit les C. semicostata, Genyi, Niceensis, alata, minor, lœvis 
et pyæidata de la Palarea, près Nice. 

Les espèces d'Angleterre ont été décrites par Brander et Sowerby (6). 
Outre quelques-unes des Due on Un citer la C. ficus, Brander, la 
C. globosa, Sow., la C. pisum, id., C. revoluta, id., de l'argile de Lon- 
dres, etc. Il faut y ajouter (7) les €. sr Sow., et cuspidata, id., des ter- 
rains éocènes supérieurs de l'île de Wight. 

La C. abbreviala, d'Orb. (Nucula abbreviata, Goldf.), provient de Streit- 
berg (8). 

M. Nyst (?) donne le nom de C. Arnouldii à une petite espèce d'Éperney, 


(1) Quart. Journ. geol. Soc., 1844, t. VI, p. 181. 

(@, Müller, Mon. Aachen. Kreidef., p.25, pl. 2 ; Sowerby in Goldfuss, Petr. 
Germ., pl. 151, fig. 16 

(3) Trans. geol. Soc., 2° série, t. IL, pl. 38, fig. 4. 

(4) Coq. foss. Par., t. 1, p. 46, pl, 7 à 9. 

() D'Archiac, Hist. des progrès, t. WE, p. 258 ; Al. Rouault, Mém. Soc, géol., 
2° série, t. IL ; Bellardi, id., t. IV, etc. 

(6) Brander, Fossilia Hantoniensia, fig. 103 ; Sowerby, Min. conch., pl. 209. 

(7) Sowerby, Min. conch., pl. 362 ; Morris, Catalogue; p. 83. 

(8, Petr. Germ., t. IL, pl. 125, fig. LS. 

(8) Coq. et pol. foss. Belg., p. 67. 


SINUPALLÉALES. —— CORBULIDES. 391 


voisine de la C. pisum, Sow. Il ne cite, du reste, aucune espèce nouvelle dans 
le système bruxellien. 


Les corbules paraissent diminuer de nombre dans les terrains 
tertiaires moyens et supérieurs. 


Une espèce, qui a reçu plusieurs noms, caractérise les tertiaires miocènes 
d'une grande partie de l'Europe (1). C'est la Corbula carinata. Duj. non ca- 
rinala, Phil., non d’Orb.; C. dilatata, Eichw ; C. volhynica, id. et Pusch, 
rugosa, Bast., non Lam. ; C. elliptica, Andr., Gaelani, id.) 

M. Nyst (2) cite dans le terrain tongrien de Belgique quatre corbula et 
deux corbulomya (Corbula Henkeleusiina, Nyst, fragilis, id., pisum, id. non 
Sow., gibla, Oliv. (Atlas, pl. LXXIE, fig. 7, Corbulomya complanata, Sow. , 
Nyst, et triungula. id., (Atlas, fig. 8. Suivant le même auteur le $ys- 
tème campiuien reufermerait la C p'anata, Nyst et Westendorp, et l’on ÿ 
retrouverait la C, gibra, Oliv. La C. Waelii, Nyst., est une Newra 

Les espèces du crag d'Angleterre ont été décrites par Sowerby, Phillips, 
Woud, etc. (C. complanata, Sow., 362, citée ci-dessus, curtansata, 
Phillips, etc.) 

On trouve en Piémont (*), dans les terrains pliocènes, les C. costellata, 
Desh. (découverte en Morée), cuspidata, Bronn (vivante), proboscidéa , 
Sism., revoluta, Brocchi, gibba, id. Ces deux dernières se retrouvent dans les 
terrains miocènes qui ont fourni en outre la C. Deshayesi, Sism. 

M. Philippi (f) a cité plusieurs espèces des terrains éocènes et miocènes 
du nord de lPAllemagne On peut indiquer parmi les espèces nouvelles, la 
C. carinala, Phil., non Duj., de Cassel ; laC. granulata, Phil. de Freden; la 
C. Kochi, id., de Luithorst, et la C. paradoxa, id., de Westeregeln. 

On peut ajouter encore (5) la C. Duboisiana, d'Orb. (rugosa, Dubois) de 
Volhynie, la C, crassa, Bronn, d'Autriche, la C. crispata, Philippi, des 
terrains quaternaires de Sicile, etc. 


Plusieurs espèces ont été trouvées en Asie et en Amérique, 
depuis les terrains kellowiens jusqu'à l’époque récente (f). 


(*) Dujardin, Mém. Soc. géol., t. IF, p. 257. 

(2) Cog. et pol. foss., Belg., p. 61. 

(8, Sismonda, Synopsis, p. 22; Deshayes, Exp. de Morée, pl. 54; Miche- 
lotti, Descript. foss. mioc. Ilal. sept., p. 126. 

(4) Tert. Verst. nordwest. Deutschl., p.7, pl. 2, et Palæontographica, t, T, 
p.45, pl. 7, fig. 4. : 

(5) Conch. foss. plat. Volh., p. 53, pl. 7; Hauer, Haiding. natur. Abh., 
p. 351 ; Philippi, Enum. moll. Sic., I, p. 12, pl. 13, etc. 

(6, Le détail de ces espèces sérait trop long. Je renvoie au Prodrome de 
M. d'Orbigny. 


392 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


Les Nexra, Gray, — Atlas, pl. UXXII, fig. 9 et 10, 


ont une coquille mince, inéquivalve, parfaitement close, prolongée 
du côté anal en un appendice rostriforme, à crochets grands et 
presque égaux. Le charnière est composée d'un petit cuilleron 
sur chaque valve, s’enfonçant obliquement, et d'une dent latérale 
recourbée sur la valve droite. Le bord cardinal de la valve gauche 
est échancré au-dessous du crochet. L'impression palléale est 
médiocrement échancrée. Le ligament est interne, fixé sur les 
cuillerons, et contient un petit osselet cylindracé. 

Ces coquilles se distinguent surtout des corbules par leur co- 
quille mince, renflée, par 1 ur long bec anal et par les détails de 
leur charnière. L’osselet du ligament les rapproche des anatinides. 

Ce genre, qui renferme plusieurs espèces vivantes, n’a encore 
été trouvé fossile que dans les terrains crétacés récents et dans les 
terrains tertiaires. Les espèces actuelles habitent les régions pro- 
fondes de la mer. 

On n’en connaît qu'un petit nombre d'espèces des terrains cré- 
tacés. 


La N. caudata, Desh. (!) (Corbula caudata, Nüillson), provient de la craie 
supérieure de Suède, de Maëstricht et de Cypli. 

Il faut, autant qu'on eu peut juger par la description, y ajouter la C. bifrons, 
Reuss, du quader inférieur de-Tyssa (2). 


On en cite quelques-unes dans les terrains tertiaires. 


La C. Victoriæ, Melleville (3), des terrains inférieurs de Laon et de Cuise- 
la-Motte, appartient à ce genre. Atlas, pl. LXXIIL, fig 9.) 

Quelques espèces, et entre autres (f): la N dispar, Morris (C. dispar, Desh., 
Atlas, pl. LXXIIT, fig. 10), la C. cochlearella, Desh., la C, argentea, id., etc., 
caractérisent le calcaire grossier de Parnes et de Grignon. 

M. Nyst a décrit la C. fragilis, Nyst (5,, du système campinien du Lim- 
bourg, et la C. Waeli, du terrain tongrien d'Anvers, 


(1) Deshayes, Traité élémentaire conch., t. I, p. 192; Nillson, Petref. Suec, 
(2) Boehm. Kreideg., M, p. 20. 

(8) Sables tert. inférieurs, Ann. sc. géol., pl. 1, fig. 8-10. 

(*) Deshayes, Cog. foss. Par., 1, p. 57, pl. Set 9. 

5) Cog. ef pol. foss, Belg., p. 68, pl. 2. 


SINUPALLÉALES., —— CORBULIDES,. 395 


La N. suleata, Wood (!), a été trouvée dans le crag d'Angleterre. 

La N. costellata, Forbes (C. costellata, Desh.), se trouve fossile (2) dans le 
terrain subapennin de Morée, dans les quaternaires de Sicile. Elle vit dans 
les mers d'Europe. 

La N. cuspidata, Hinds (Tellina euspidata, Olivi, Mya rostrata, Spengler, 
Anatina longirostris, Lam., Erycina cuspidata, Risso, C, cuspidata, Philippi, 
T. cuspidata, Brocchi), habite la Méditerranée et les mers du Nord, et se 
trouve fossile dans le terrain pliocène de Piémont, ainsi que dans le qua- 
ternaire de Sicile (3). 


Les PoramomYa, Sowerby, (Azara, d'Orbigny), 


ont de grands rapports avec les corbules et les neæra ; mais leur 
coquille, qui est épaisse, a trois impressions musculaires sur 
chaque valve. La valve bombée à deux dents cardinales diver- 
gentes entre lesquelles se trouve la fossette du ligament; la petite 
valve en a une seule large creusée en cuilleron. Le ligament est 
interne, et s'attache à la fossette de la grande valve et à la dent 
cardinale de la petite. 

La convenance de séparer ce genre des corbules est justifiée 
par les formes de l'animal, dont le manteau est plus fermé, et dont 
les siphons sont plus longs. 

Les Azara sont des coquilles d'eau douce qui paraissent avoir 
les caractères des potamomya. Eiles vivent actuellement dans les 
mers d'Amérique. 


M. E. Forbes ({) a cité deux potamomya douteuses des dépôts oolitiques 
du lac Staffin {île de Skye). 

J. Sowerby ($) attribue à ce genre deux espèces décrites sous les noms de 
Mya gregaria, Sow., et plana, id., des terrains éocènes de l'île de Wight. 
Ce rapprochement me paraît très douteux, et fondé surtout sur le fait que 
ces coquilles proviennent d’un terrain d'eau douce. 

Une espèce plus certaine a été découverte par M. d'Orbigny (6) dans les 


(1) Morris, Catalogue, p. 93. . 

(2) Forbes, Ann. and mag. of nat. hist., t XI, p. 307; Deshayes, Traité 
élém., t. 1, p. 194; Philippi, Enum, moll. Sic., II, p. 13, pl. 13. 

(8) Hinds, Proceed. geol. Soc., 1843, p.76 ; Deshayes, Traité élém. conch., 
I, p. 192, etc. 

(4) Quart. Journ. geol, Soc., 1850, t. VII, p. 112, pl. 5. 

(5) Min. conch., pl. 363. 

(6) Voyage en Amérique, Paléontologie, p. 161, et Mollusques, p. 573, 
pl. 82, fig. 22, 


394 AGÉPHALES ORTHOCONQUES. 


terrains quaternaires de l'Amérique méridionale. C’est le À zara labiata, d'Orb. 
(Mya labiata, Maton, Potamomya ochrea, Hiuds, P. nimbosa, Sow., Corbula 
ochreata, Lowel Reeve), 


Les Poromya, Forbes, — Atlas, pl. LXXIIEL, fig. 41, 


ont aussi beaucoup d’affinités avec les corbula et les neæra. Leur 
coquille, plus ou moins globuleuse, et prolongée un peu du côté 
anal, est mince, équivalve, et ponctuée de petits pores. La valve 
bombée présente une forte dent cardinale, celle de la petite valve 
est tout à fait atrophiée ; il n'y a pas de dents latérales. Les im- 
pressions musculaires sont au nombre de deux. L’échancrure 
palléale est petite et la fossette ligamentaire oblongue. 

On connaît deux espèces vivantes, l’une de Chine, l'autre des 
côtes orientales de la Méditerranée. 


M. Forbes (1) rapporte à ce genre la Corbula æquivalvis, Goldfuss, des grès 
verts de Westphalie; mais M. Jos. Müller à montré qu’elle appartient au 
genre Cardita. M. Forbes a en outre décrit (2) deux espèces du terrain cré- 
tacé supérieur de l'Inde, la Poromya globulosa, Forbes, de Pondichéry, et la 
P. lata, id., de Trinchinopoly. 

La C. granulata, Nyst (3), du crag d'Angleterre et de Belgique, paraît aussi 
appartenir à ce genre. C’est l'espèce figurée dans FAtlas. 

Il en est probablement de même de la C. granulata, Philippi 6, qui est 
une autre espèce du terrain tertiaire de l'Allemagne. 


Famizze. — ANATINIDES. 


Les anatinides correspondent à la famille qui a été établie par 
M. Deshayes sous le nom d'Usréonesues, et dont le caractère 
principal consiste dans un osselet attaché au ligament de la 
charnière. Les coquilles sont minces, fragiles, nacrées, un peu 
inéquivalves, plus ou moins bâillantes aux deux extrémités. La 
charnière présente toujours un cuilleron sur chaque valve, et est 
souvent fortifiée par une côte interne. Les animaux sont encore 


(1) Trans. of the geol. Soc., 2° série, t. VIT, p.140; Goldfuss, Petr. Germ., 
t. II, p. 230, pl. 131, fig. 45. 

G) Loc: cit. pl AS Et ET: 

(3) Cog. et pol. foss. Belg., p. 71, pl. 1, fig. 6. 

() Tert. Verst. nordwest. Deutsch., p. 45, pl. 2, fig. 2. 


SINUPALLÉALES. == ANATINIDES. 395 


peu connus; la plupart ont un manteau fermé sur la plus grande 
partie de son étendue, et ouvert seul ment pour donner passage 
au pied. Un long tube extensible renferme deux siphons, qui sont 
plus ou moins réunis suivant les genres. 

Les coquilles de cette famille différent de celles de la précé- 
dente par leur test très mince et par l'osselet du ligament. On 
doit toutefois reconnaître que la science n'est pas assez avancée, 
pour décider avec quelque sécurité sur les véritables affinités des 
genres qui le composent. La forme des siphons éloigne beaucoup 
les thracies des anatines et des Ivonsia. Doit-on, en tenant 
compte de ces siphons, rapprocher ces dernières des myacides, ou 
doit-on, en mettant en première ligne l’osselet de la charnière, 
conserver les familles, comme je les ai limitées ici à l'exemple de 
M. Deshayes ? Telles sont des questions qui ne seront résolues 
que quand la classification des mollusques bivalves aura été assise 
sur des bases vraiment philosophiques. 

L'étude des fossiles vient encore compliquer ces questions. Il 
est incontestable que le: test mince des panopées qui appartien- 
nent au type des myopsis et des pleuromyes, les rapproche 
beaucoup des céromyes. Il est même probable que, si nous 
avions à notre disposition les animaux eux-mêmes, le liga- 
ment, etc., nous découvririons entre ces genres et les vivants des 
rapports et des différences que l'étude des débris fossiles ne 
suffit pas pour apercevoir. Je considère donc la répartition des 
genres, entre la famille des myacides et celle des anatinides, 
comme provisoire, pour tous ceux au moins dont le ligament et la 
charnière ne sont pas exactement connus, ce qui est malheureu- 
sement le cas d’une grande quantité d’espèces fossiles. 

Lorsque ces caractères essentiels manquent, on peut recourir à 
une circonstance accessoire dont Ja véritable valeur ne peut pas 
être facilement appréciée, mais qui est commode en pratique. 
Beaucoup de coquilles vivantes de la famille des anatinides ont 
une côte saillante interne qui soutient la charnière. Plusieurs 
coquilles fossiles montrent sur leurs moules des traces qui indi- 
quent des côtes analogues. IT y a là une preuve d'analogie dont 
on peut tenir compte, et j'ai placé dans la famille des anatinides 
tous les fossilés qui ont une trace plus on moins évidente du côte 
interne, laissant, comme je l'ai dit plus haut, ceux qui n’en ont 
pas, répartis entre les genres PANOPÉE et PHOLADOMYE. 


296 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


Les difficultés augmentent encore, quand il faut distribuer les 
fossiles entre les divers genres de la famille des anatinides Ces 
genres se distinguent entre eux par la forme de losselet et par 
celle de la charnière, dont, comme je l'ai dit, les traces n'existent 
souvent pas sur les fossiles. Il y à donc là une porte largement 
ouverte à l'arbitraire; les paléontologistes ont dû avoir recours 
au facies externe, toujours si trompeur, et de là est résulté un 
complet désaccord entre eux. 

On peut compter dans cette famille six genres, qui ont à la fois 
des représentants dans nos mers et dans les époques antérieures 
à la nôtre. Les ANATINELLA, Sowerby, OstTeopesma, Deshayes (1), 
Myonora, Gray (Myadora, Reeve), ENropssma, Philippi, et Mvo- 
cHAMA, Stutchbury, n'ont pas été trouvés fossiles. Celui des Ce- 
ROMYA, Agassiz, au contraire, paraît spécial à la période juras- 
sique. 


Les ANATINES (Anatina, Lam., Auriscalpium, Megerle, Laternula, 
Gray), — Atlas, pl. LXXIIL, fig. 42 à 15, 


doivent être réduites actuellement aux espèces qui ont dans leur 
ligament un osselet cardinal tricuspide, cadue, une coquille 
mince et fragile, subéquivalve, bâillante aux deux extrémités, et 
présentant sur les crochets une fente naturelle ei constante, fer- 
mée par une membrane très mince. Les cuillerons sont étroits et 
soutenus en-dessous par une lame en arc-boutant, qui laisse sur 
le moule l'impression d’un sillon. 

Il est probable qu'il faut réunir à ce genre les CErcomya de 
M. Agassiz (2). Les moules, que décrit, sous ce nom, le savant pro- 
fesseur de Neufchâtel, montrent que la coquille était mince et bâil- 
lante, que les crochets avaient une fente, et le ligament une pièce 
calcaire ; un sillon très marqué prouve que la lame en arc-boutant 
y existait aussi. 

L'étude de nombreux échantillons, mieux conservés que ceux 
qu'a eus à sa disposition M. Agassiz, à fait croire à M. d'Orbigny 


() Je parle ici du genre osteodesma, tel que l’a limité M. Deshayes dans 
son Traité élémentaire. Plus anciennement il y réunissait les lyonsia. 
(2) Études critiques, Myes, p. 143. 


SINUPALLÉALES, —— ANATINIDES. 397 


qu'il faut aussi rapporter aux anatines quelques espèces rangées 
par cet auteur dans le genre PLATyMYA. 

Le genre Rayncnomya, Agass., doit être abandonné: il avait 
été établi sur une espèce de cercomya (!). 

Les anatines se trouvent fossiles dans la plupart des terrains, 
sans être nulle part très nombreuses. Dans nos mers actuelles 
ce genre n’est représenté que par un petit nombre d'espèces des 
pays chauds. 

Elles ont des formes très variées, comme on peut s’en con- 
vaincre, en comparant les figures 43 à 15 de la planche LXXHIT. 

Les espèces fossiles paraissent, si lon en croit les catalogues, 
exister dès les terrains siluriens. 


M. M. Rouault a cité (2) l'A. Duvaliana, M. R., du terrain silurien su- 
périeur de Gahard. 

L'Anatina Munsteri, d'Orb. (Pholadomya Munsteri, d'Arch. et Vern.), pro- 
vient du terra dévonien de lEifel (3). 

Je dois faire remarquer que l'impression palléale n’est décrite ni dans l’une 
hi dans l’autre de ces espèces, et que par conséquent elles pourraient bien 
appartenir aux intégropalléales. 


Le lias en a aussi fourni une. 


M. d'Orbigny ($) indique la À. Delia comme trouvée dans le terrain céno- 
manien de la Côte-d'Or. 


Les espèces sont plus nombreuses dans les terrains jurassiques 
proprement dits. 


M. Agassiz (°) en a fait connaître ou indiqué plusieurs sous le nom de 
CercomyA, et en particulier la C. pinguis, Ag., de l'oolithe inférieure du 
canton de Soleure; les C. Schimperi, Ag., et sublœævis, id. (non décrites), la 
première de l’oolithe de Buchsweiler, et la seconde du Weistenstein ; la C. un- 
dulata, Ag. (Sanguinolaria undulala, Sow., 548), de l’oolithe inférieure 
d'Angleterre; la C. siliqua, Ag., de l’oxfordien de Sainte-Croix; le C. antica, 
id. (Sanguinolaria undata, Phillips), de l’oxfordien du Goldenthal; la C. plana, 
Ag., du corallien blanc du Val de Laufon, et quatre espèces du terrain 


(1) Études critiques, p. 15, à la note. 

(2) Bull. Soc. géol., 2° série, 1851, t. VIII, p. 374. 

(3) D'Orb., Prodrome, t. 1, p. 74; d’Arch. et Vern., Trans. geol. Soc., 
te VE 976pl.37, fe. 3. 

(#) Prodrome, t. 1, p. 216. 

(5) Études critiques, Myes, p, 145, pl. 11 et 14. 


398 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


kimméridgien de Porentray et de Sainte-Croix (A. striala, Ag., spatulata, 
id., expansa, id., et gibbosa, id.). 

1] faut y ajouter (1) la Platymya longa, Ag., du terrain oxfordien du Val 
Laufou, et probablement les Arcomya sinuata et helvelica, Ag., du terrain 
kimméridgien. à 

M. Buvignier (2) a décrit l’A. versicostata du terrain oxfordien du départe- 
ment de la Meuse (Atlas, pl. LXXII, fig. 13), l'A. Moreana du corallien de 
Saint-Mihiel , l'A. inæquilatera du calcaire à astartes, l'A. cochlearella et 
l'A. Deshayesea, du groupe portlandien. 

M. d'Orbigny indique (3) trois espèces inédites de l’oolithe inférieure, deux 
de la grande oolithe, une du terrain kellovien et trois de l'étage corallien. 


Les anatines sont nombreuses dans les terrains néocomiens et 
aptiens. 

Il faut placer dans ce genre trois PLarymya de M. Agassiz (#): la P. ros- 
trata, Ag. (non Chemnitz), qui devient l’Anatina Agassizi, d'Orb., la P. dila- 
tata, Ag., et la P. tenuis, Ag. (non Brown, subtenuis, d'Orb..). 

Il faut y ajouter (5), la ('ercomya inflata, Ag., d'Hauterive, et six espèces 
décrites par M. d'Orbigny (6; les 4. Astieriana, d'Orb., de Jabron ; À. Carte- 
roni, d'Orb., Atlas, pl. LXXIN, fig. 14, du département du Doubs; À Cornue- 
liana, d’Orb., de léttancourt; À. Marullensis, d'Orb., de Marolles et Saint- 
Dizier ; 4. Robinaldina, d'Orb., de Saint-Sauveur; À. subsinuosa, d'Orb., de 
Marolles et de Tremilly. 

J'ai décrit (7) avec M. Roux l'A. Rhodani, du terrain aptien supérieur de 
la perte du Rhône, et avec M. Renevier, l'A. Heberti, du terrain aptien infé- 
rieur du même gisement. 

Il faut encore placer dans ce genre le Solen carinatus, Math. (8), des en- 
virons de Marseille (4. carinata, &'Orb., Arcomya carinata, Ag.). 


Elles deviennent plus rares dans le gault et dans les terrains 
crétacés moyens et supérieurs. 


(1) Études critiques, Myes, p. 467 et 180, pl. 10 et 10'. 

(2) Statist. géol. de la Meuse, p. 41, pl. 9. 

(3) Prodrome, t. 1, p. 275, 306 et 336; t. If, p. 14. 

(f) Etudes critiques, Myes, p. 182, pl. 10 et 10“; d’Orb., Pal. fr., Terr. 
crét., t. Al, p. 371, pl. 369. 

()#dp:453;pl.44% 

(6) Pal. fr., Terr. crét., t. HI, p. 374, pl. 369, 370, 371. 

() Moll. grès verts, p. 410, pl. 29; Pal. suisse, Terr. aptien, 3° livraison, 
pit: 

(8) Catal, trav. Soc. statist, Marseille, p. 133, pl. 11, fig. 1 et 2. 


SINUPALLÉALES. —— ANATINIDES. 399 


L’À. thraciformis, Buvignier (!), provient du gault de Varennes, Atlas, 
pl. LXXIIT, fig. 15. 

L'A. elongata, d'Orb. (Lyonsia elongata, Reuss), se trouve dans les ter- 
rains turouiens de France ei d'Allemagne (2). 

L'A. Royana, d'Orb. (3, a été trouvée dans les terrains turoniens de 
Montrichard et de Saint-Maure, ainsi que dans les terrains sénoniens de 
Royan. 

L'A. lanceolata, d'Orb. (Corbula lanceolata, Geinitz) (f), provient des ter- 
rains crétacés supérieurs de Bohème, 

L'A. harpa, Kuer (5), a été trouvée dans le planer mergel de Quedlimbourg. 

L'A. arcuata, Forbes ($), a été découverte dans les terrains crétacés supé- 
rieurs de Pondichéry. 


Les anatines des terrains tertiaires sont encore mal connues. 


M. Bellardi indique une 4. rugosa, Bell., dans le terrain nummulitique de 
Nice, qui est évidemment une thracie. 

M. Wood (7) sigoale dans le crag corallien de Sutton les 4. pretenera, Wood, 
et asperrima , id., qui ne sont aussi ni décrites ni figurées. 

Il u’est pas même démontré d'une manière suffisante que ces diverses espèces 
soient de vraies auatines. 

Il faut probablement rayer encore de ce genre deux espèces décrites par 
M. Philippi (#). L'A. pusilla est indéterminable; l'A. oblonga nous paraît, 
ainsi que le fait remarquer M. Deshayes, avoir tous les caractères des 
thracies. 

On cite dans les terrains tertiaires d'Amérique l'A. Claibornensis, Lea (?), 
et l'A. antiqua, Courad. Je ne les connais pas. 


Les Taracies (7Lracia, Leach), — Atlas, pl. LXXIIE, fig. 46 à 19, 


ont dans le ligament un osselet en demi-anneau ; leur coquille est 
mince et oblongue, un peu bâillante aux extrémités ; les cuille- 
rons sont grands et horizontaux. Cette coquille est un peu inéqui- 
valve, la valve droite étant un peu plus profonde que l’autre. 
L'impression palléale à un sinus large et peu profond. Le liga- 


(1) Statist. géol. de la Meuse, p. 10, pl. 9, fig. 22 et 23. 

(2) Reuss, Boehm. Kreid., p. 18, pl. 36, fig. 9. 

($) Pal. fr., Terr. crét., t. Il, p. 377, pl. 371. 

(#) Kieslingsw., pl. 2, fig. 3. 

(5) Haidinger Abhandl., t. IX, p. 24. 

($) Trans. geol. Soc., t. VI, p. 143, pl. 16, fig. 5. 

(7?) Annals and mag. of nat. hist., L. VI,p. 245, 

(5) Enum. moll. Sicil., 1, p. 8 et 9, pl. 1, fig. 4, et 2, fig. 5. 
(®) Contribut., p. 40, pl. 4, 6g. 8. 


h00 ACÉPHALES ORTHOCONQUES, 


mént est double, la portion interne est très forte, l'externe 
beaucoup plus petite. Les crochets ne sont pas fendus. Dans la 
plupart des espèces, la charnière est soutenue par une côte peu 
épaisse dirigée obliquement du côté anal. 

Les thracies different, en outre, de tous les genres précédents 
par la forme des siphons qui sont désunis, inégaux et subelavi- 
formes. 

Les Ruricoes de M. Fleuriau de Bellevue (‘) et les ODONGINE- 
Tus, Costa, doivent être réunis aux thracies. M. Deshayes a 
montré aussi que les Corimya de M. Agassiz ont tous les carac- 
tères de ce genre, et ne peuvent pas en être séparés. Quelques 
auteurs, cependant, tels que M. Philippi, associent de préférence 
les corimya aux périplomes. Pour résoudre complétement cette 
question, il faudrait mieux connaître la charnière et l'impression 
palléale des diverses espèces décrites sous le nom de corimyes. 
L'opinion de M. Deshayes paraît plus en rapport avec les formes 
générales et les caractères externes. 

On connait aujourd'hui quelques espèces des mers chaudes et 
tempérées. Les espèces fossiles sont distribuées dans les terrains 
jurassiques, crétacés el tertiaires. Parmi elles, il y-en à, comme 
je viens de le dire, plusieurs, dont les caractères essentiels n’ont 
pas pu être observés, et qui ne sont placées dans ce genre que par 
leur facies. On considère, probablement avec raison, comme des 
thracies, toutes les coquilles minces, inéquivalves ; bâillantes, à 
crochets non fendus, et dont la région anale est limitée par une 
côte externe plus ou moins saillante. 

Les plus anciennes ont été trouvées dans le lias. 


La Thracia subrugosa , indiquée avec doute par M. Dunker (2) (Unio pla- 
nus ?, Roemer), provient du lias inférieur d'Allemagne. 

La T. lata, d'Orb. {Sanguinolaria lata, Münst.) ($), a été trouvée dans 
le lias moyen. 

La T. Agassizü, Desh, (Corimya truncatt, Ag.), provient du Bas-Rhin. 


() Voyez une discussion sur le droit d’antériorité des mots Rupicola et 
Thracia entre MM. Deshayes (Traité élém. de conch., t. I, p. 236), et Recluz 
(Revue zoologique, 1846, p. 407). 

(2) Palæontographica, t. I, p. 116, pl. 17, fig. 3. 

(3) Goldfuss, Petr. Germ., t. If, p. 281, pl. 160, fig. 2. 


SINUPALLÉALES, — ANATINIDES. RO 


La C. gnidia, id., du même pays, lo C. Rœmeri, id., du Hanovre, et la 
C. glabra, id., appartiennent au lias supérieur d'Allemagne et de France (1). 


Les espèces sont nombreuses dans les terrains jurassiques pro- 
prement dits. 


M. Agassiz (2) en a décrit plusieurs sous le nom de ConimyA. 

La C. alta, Ag., à été trouvée dans l’oolithe inférieure de Suisse et du 
Bas-Rhin. 

Les C. lens, Ag., et elongata, id. (T. Gresslyü, Desh.), considérées par 
M. d’Orbigny comme ne faisant qu'une espèce, proviennent de la grande 
oolithe des environs de Soleure. 

La C. pinguis, Ag., caractérise le terrain oxfordien de France et de Suisse. 

La C. Studeri, Ag. (T. suprajurensis, Desh., Tellina incerta, Thurm., Atlas, 
pl. LXXIIL, fig. 17), la C. lata, Ag., la C. tenera, id., et la C. tenuistria, 
id., ont été trouvées dans le terrain kimméridgien de la Suisse. 

M. Agassiz associe encore avec raison aux Corimya les Tellina ovata et 
incerla, Roemer (3), du même terrain, et la Tellina cortuloides, id., du coral- 
lien inférieur, qui devra changer de nom en passant dans ce genre. 

Il faut ajouter (#) la T. Chauviniana, d'Orb., du terrain kellovien de 
Russie, la T. Frearsiana, id. (Mya depressa, Zieten, non Sow.) de l’oxfordien 
de France, d'Allemagne et de Russie, la T. depressa, Morris (Mya depressa, 
Sow.), du terrain kimméridgien, et quelques espèces inédites citées par 
M. d’Orbigny. 


Les thracies se continuent dans les terrains crétacés. 
Elles sont, en particulier, assez abondantes dans les étages néo- 
comien et aptien. 


M. Agassiz (5) a décrit les C. Nicoleti et vulvaria des environs de Neufchâtel, 
et la C. taurica de Crimée. 

La T. Phillipsii, Roemer (6), provient d'Helgoland. 

La T. subangulata, Desh. (7), a été découverte dans le terrain néocomien 


(1) Deshayes, Traité élémentaire de conch., t. 1, p. 243; Agassiz, Études 
critiques, Myes, p. 265, pl. 38 et 39. 

(2) Études critiques, Myes, p. 262, pl. 38, 39: Deshayes, Traité élém. 
conch., 1, p. 243. 

(3) Norddeuisch. Oolithgeb., p. 120, pl. 8. 

(#) D'Orbigny in Murchison, Keys., Vern., Pal. de la Russie, t. I, p. 471, 
et Prodrome, t. I, p. 336, 361, etc.; Zieten, Pétrif. du Wurt., pl. 64, fig. 2; 
Morris, Catalogue ; Goldfuss, Petref. Germ., t. II, 234, pl. 147, etc. 

(5) Études critiques, Myes, p. 272, pl. 37 et 39. 

(6) Norddeutsch. Kreid., p. 74, pl. 10, fig. 1. 

(*) Deshayes in Leymerie, Mém. Soc. géol., t. V, p. 3, pl. 5, fig. 1; Pictet 
et Renevier, Pal. suisse, Terr, aptien, 3° livr., pl, 7, 


JL, 26 


02 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


du département de l’Aube, et a été retrouvée dans les marnes jaunes ap- 
tiennes de la perte du Rhône. Nous ayons, M. Renevier et moi, signalé en 
outre, dans ce même gisement, les T. Couloni et Archiaci, P. et R. 

La T7. recurva, d'Orb. (Mya depressa, Phillips, non Sow., non Zieten), pro- 
vient de l'argile de Speeton (1). 

La Panopæa rotundata, Sow (?) (Lyonsia subrotundala, d'Orb.), du lower 
greensand d'Angleterre, appartient aussi très probablement à ce genre. 


On cite plusieurs espèces dans les terrains crétacés moyens et 
supérieurs. 

J'ai décrit avec M. Roux (>) deux espèces nouvelles la T. rotunda (Atlas, 
pl. LXXIIT, fig. 18) et la T'. alpina trouvées dans le gault des environs de Genève. 

On trouve dans le terrain cénomanien de la Malle la T. gibbosa, d’Orb. ({). 

La T. elongata, Roemer (5) (non Philippi), a été trouyée dans le quader 
d'Allemagne. 

La Lutraria carinifera, Sow., 534 (Lyonsia carinifera, d'Orb., Corimya 
carinifera, Ag., Thracia carinifera, Desh.), du terrain cénomanien de France 
et d'Angleterre est aussi une thracie. 

Il faut peut-être réunir à ce genre la Tellina Reichii, Roemer (6), du plaener 
d'Allemagne, et quelques espèces déerites par M. d’Orbigny sous le nom de 
LyowsrA. En particulier, la ZL. elegans, d'Orb., du terrain cénomanien de 
Saint-Sauveur me paraît en avoir le facies. 

Les terrains tertiaires n'en renferment pas un grand nombre 
d'espèces. 

M. Bellardi (7) a décrit et figuré une Thracia rugosa, Bell., du terrain 
nummulitique de Nice, et indiqué une espèce indéterminée. 

J'ai dit plus haut qu'il est très probable que l’Anatina rugosa, Bell., du 
mêmegisement, est aussi une thracie, elle devra changer de nom, et pourrait 
prendre celui de T. Bellardiü (Atlas, pl. LXXII, fig. 19). 

M. Deshayes ($) parle d’un fragment de thracie trouvé dans le terrain ter- 
tiaire de Paris. 


(4) Phillips, Geo, of Yorksh., pl. 2, fig. 8. Je ne comprends pas-la:syno- 
nymie de M. d'Orbigny, qui cite cette Mya depressa, Phillips, comme type à 
la fois de la T. recurva et de la T. subdepressa. 

(2) Sowerby in Fitton, Trans. geol. Soc., 2° série, t. IV, p. 129, pl, 45, 
fig. 2. 

(8) Pictet et Roux, Moll. des grès verts, p. 413, pl. 29, fig. Get 7. 

(£) Pal. fr., Terr. crét., t. UE, p. 388, pl. 374. 

(5) Norddeutsch. Kreideg., p. 75, pl. 10, fig: 2. 

(6) Zd., p. 74, pl. 9, fig. 26; d'Orbigny , Pal. fr., Terr. crét., t. INT, 
pl. 373, et Prodrome, t. Il, p. 158, etc. 

(7) Mém. Soc. géol., 2° série, t. IV, pl. 16, fig. 13 et 14. 

(8) Traité élément. de conch., t, I, p. 241. 


SINUPALLÉALES. -— ANATINIDES. h03 


M. Morris (1) rapporte à ce genre la Z. oblata, Sow., de l'argile de Londres 
et de Belgique (éocène). 

La T. truncata, Wood (?), provient du crag d'Angleterre. 

M. Phillippi (?) a décrit trois espèces éteintes des dépôts quaternaires de 
Sicile. s 

Quelques espèces sont citées comme se trouvant à la fois fossiles 
ei vivantes, et en particulier (f). 

La T. plicata, Desh., vit au Sénégal, et est indiquée comme fossile dans le 
terrain miocène de Bordeaux. 

La T. corbuloides (convexa, Desh.) vit dans la Méditerranée, et se trouve 
fossile en Sicile et en Angleterre dans le crag. 

La T. pubescens, Leach, des mers d'Europe, est indiquée comme fossile en 
Sicile, dans le crag, dans le pliocène d’Asti, en Morée, en Norwége. 

La T. papyracea, Desh. (phaseolina ; Kiener), vit dans les mers d'Europe; 
elle est citée dans le pliocène d’Astiet en Sicile, 


Les PÉRIPLOMES (Periploma, Schumacher), — Atlas, pl. LXXII, 
fig. 20, 


ont une coquille ovalaire assez épaisse, plus inéquivalve que celle 
de la plupart des genres voisins, très inéquilatérale, à côté buccal 
court, à crochets fendus, et portant un cuilleron oblique étroit dans 
chaque valve, séparé du bord supérieur par une échancrure pro- 
fonde. Un osselet triangulaire est fixé aux cuillerons par un liga- 
ment ; l'impression palléale à un sinus court et triangulaire (5). 
Les périplomes, voisines des anatines, par plusieurs caractères, 
en diffèrent par leur coquille plus épaisse, leurs extrémités moins 
bäillantes, et par l'échancrure qui existe entre le cuilleron et le 
bord supérieur, dans laquelle se loge Posselet, comme un coin. 
Ce genre contient quelques éspèces vivantes des mers chaudes 
américaines. Son existence à l’état fossile est très contestable. 
M. Deshayes la nie, M. d'Orbigny lui, rapporte plusieurs espèces 
des terrains palæozoïques et secondaires. On peut dire ici, comme 


(1) Catalogue, p. 102; Sowerby, Min, conch:, pl. 584. 

(2) Ann. and mag. of nat. hist., t. VI, p. 246. 

G, Enum. moll. Sic., 1, p. 19; 2, p. 17, 

(# Voyez surtout, pour cette distribution des espèces, Deshayes, Traité 
élém. de conch., t. 1, p. 241. 

(5) La figure 20 de la planche LX XIII représente le Periploma-inæquival- 
vis, SOW,, vivant, 


hO! ACÉPHALES ORTIOCONQUES. 


pour les thracies, que les preuves complètes manquent pour dé- 
cider des véritables affinités des coquilles, dont la charnière, l'os- 
selet et l’impression palléale sont imparfaitement connus. Jai 
également dit plus haut, que les formes externes des corimya me 
faisaient croire à leur analogie probable avec les thracies plutôt 
qu'avec les périplomes, et que je croyais devoir par analogie pla- 
cer, dans le premier de ces genres, un grand nombre de coquilles 
voisines de ce type éteint. 

Je pense, en particulier, qu'il n’y a pas de motifs suffisants 
pour admettre une seule espèce certaine de périplomes dans la 
période primaire. 

Le Periploma planulata, d'Orb. (1) (Cleidophorus planulatus, Hall.), du 
terrain silurien de New-York, est probablement intégropalléal. 


La P. biarmica, d'Orb. (2) (Solemya biarmica, de Verneuil), du terrain 
permien de Russie, me paraît indéterminable. 


Leur existence, dans l'époque jurassique, ne me paraît pas non 
plus démontrée. 


La P. donaciformis,. d'Orb. (Amphidesma donaciformis, Phill., Zieten), 
du lias d'Angleterre et d'Allemagne ($) ressemble autant aux panopées 
qu'aux périplomes. 

Je ne puis rien dire des espèces inédites indiquées par M. d'Orbigny (4) 
dans les étages kellovien, oxfordien et corallien. 


Quelques espèces ont été indiquées dans les dépôts de l’époque 
crétacée, mais ce qu'on en connaît ne suffit pas pour décider si 
ce sont de vraies périplomes. Elles ont certainement beaucoup 
de rapports avec les coquilles fossiles que nous avons associées 
aux thracia. M. Deshayes fait remarquer avec raison qu'elles ont 
aussi de l’analogie avec les cochlodesma. 


Ces espèces sont (5) : 
Le P, neocomiensis, d'Orb., et le P. Robinaldina, du terrain néocomien 


(1) Prodrome, t. I, p. 11. 

(2) 1, p. 164; Murch., Keys., Vern., Pal. de la Russie, p. 294, pl. 19, 
fig. 4. 

(3) D'Orbigny, Prodrome, t. 1, 252; Phillips, Geol. of Yorksh., pl. 12, 
fig. bd; Zieten, Pétrif. du Wurtemb., pl. 63, fig. 3. 

(£) Prodrome, t. 1, p. 336 et 361, t. II, p. 14. 

(5) D'Orbigny, Pal. fr., Terr. crét., t. TI, p. 380, pl. 372; Pictet et Roux, 
Moll, des grès verts, p. 411, pl. 29, fig. 5, 


SINUPALLÉALES. — ANATINIDES. h05 


des départements de l'Yonne et du Doubs; le P. simplex, d'Orb., du gault de 
Varennes, de Novion et d'Érvy. 

Nous avons nous-même décrit une espèce nouvelle du gault de Savoie, qui 
doit appartenir au même genre que les trois précédentes. 


Les Lvoxsta, Turton (Osteodesma, pars, Desh., Magdala, Leach., 
Pandorina Scacchi), — Atlas, pl. LXXIIE, fig. 21 et 22, 


sont caractérisées par une coquille très mince, nacrée, oblongue, 
inéquilatérale, inéquivalve, la valve gauche la plus grande, à 
crochets non fendus, à charnière formée d’un cuilleron étroit, 
appliqué contre le bord cardinal. Le ligament est interne, et 
porte un osselet quadrangulaire mince. Le test est ordinairement 
orné de stries fines rayonnantes (1). 

Ce genre se distingue des anatines par ses crochets non fendus, 
et par l’absence de la côte interne , car on ne peut pas donner ce 
nom à la base un peu prolongée du cuilleron. Il ne renferme au- 
jourd'hui que quelques espèces. 

Son existence à l’état fossile est très douteuse, parce que, 
comme je l'ai dit plus haut, les détails de la charnière et du liga- 
ment n'ont pu que rarement être observés d’une manière suffi- 
sante. M. Deshayes nie l'existence des Iyonsia fossiles. M. d’Or- 
bigny (?) rapporte, au contraire, à ce genre : 1° toutes les greslyes 
que nous plaçons dans le genre des céromyes ; 2° plusieurs espèces 
crétacées qui sont pour nous des thracia ; 3° de nombreux fossiles 
de l’époque primaire. 

Je doute beaucoup de lanalogie réelle de ces derniers avec les 
lyonsia vivantes, et Je crois très probable que la grande majorité 
(et peut-être la totalité) devront être exclues de ce genre. 

Je ferai remarquer, en particulier, que les TELLINOMYA, décrites 
par Hall dans sa paléontologie de l'état de New-York, et qui ont 
fourni à M. d'Orbigny cinq espèces des terrains siluriens infé- 
rieurs, sont probablement intégropalléales. 

On peut avec plus de sécurité (*) affirmer que les MopioLorsis, 


() La figure 21 de la planche LXXIIT représente la L. norwegica, Sow., 
vivante et sa charnière. 

(2) M. d'Orbigny arrive ainsi à admettre plus d’une centaine de Lyonsia 
fossiles. 

(3) Je reviendrai sur tous ces genres en traitant des Orthoconques inté- 
gropalléales. 


06 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


Hall, qui ont fourni un grand nombre d'espèces aux lyonsia du 
prodrome, présentent ce même caractère d’une impression pal- 
léale entière. 

Il en est de même des CyrricarniTEs, Conrad, ainsi que des 
espèces décrites par Sowerby, sous le nom de CyYPRICARDIA, et ré- 
parties par M. M'Coy dans plusieurs genres, dont je parlerai plus 
tard. 

La Zyonsia rotundata, d'Orb. (Mya rotundata, Sow.), est une 
grammysia, genre intégropalléal. 

Les MopioLa, Psammogra, etc., citées dans les terrains siluriens 
par les anciens auteurs anglais, paraissent avoir ce même carac- 
tère général. 

I m'est, du reste, impossible de former une opinion précise sur 
les affinités d’une foule d'espèces très incomplétement conservées, 
appartenant aux terrains dévoniens et carbonifères, et décrites 
sans motifs apparents sous les noms génériques de Sanguinolaria, 
Myacites, Mytilus, Tellina, Pandora, Venus, etc. Celles qui ont 
des caractères appréciables seront groupées dans l’un ou l'autre 
des genres dont nous nous occuperons plus bas. 

Quant aux lyonsia du terrain permien, que M. d'Orbigny a éta- 
blies au moyen des Ze/linides dubius, Schl., Solemya biarmica, 
Geinitz, Osteodesma Kutorgana, Vern., et Cypricardia bicarinata, 
Keys. ; les échantillons présentent si peu de caractères, que je suis 
fort embarrassé pour contester ces rapprochements, qui me parais- 
sent peu vraisemblables. 

Il est probable, par contre, que ce genre n’a été trouvé fossile 
que dans les terrains tout à fait récents. 


L'Osteodesma corruscans, Scacchi ({), des terrains quaternaires de Sicile, 
et qui vit encore dans la Méditerranée, paraît avoir les caractères des lyonsia 
et se rapprocher beaucoup de la Z. norvegica (Atlas, pl. LXXIIT, fig. 22). 


Les CÉROMYES (Ceromya et Gresslya, Agass.), — Atlas, 
pl. LXXIV, fig. 1 et 2, 


ont une coquille mince, ovale ou cordiforme, peu ou médiocrement 
bâillante, très inéquilatérale ; 1l est douteux qu'elle soit inéqui- 
valve. Les crochets sont plus ou moins grands et rapprochés. La 


(1) Philippi, Enum. moll. Sic., IE, p. 15, pl. 14, fig. 1. 


SINUPALLÉALES, — ANATINIDES, 107 


charnière est simple et sans dents ; soutenue par une côte sinucuse 
interne, qui longe le bord cardinal de la valve droite, du côté 
anal. Sur la valve gauche, une expansion, d’abord cardinale, se 
prolonge au delà du plan des bords de la valve, et est entaillée en 
arrière du crochet, de manière que les bords de l’entaille figurent 
presque deux dents divergentes. Le ligament est étroit et externe ; 
mais il est inséré de manière à être caché quand les valves sont 
rapprochées. Les impressions musculaires sont peu saillantes ; le 
sinus palléal est grand (1). 

Ces coquilles ont été quelquefois confondues avec les iso- 
cardes, car plusieurs espèces ont tout à fait la forme externe 
de ce genre ; mais elles s’en distinguent facilement par leur im- 
pression palléale échancrée, leur charnière faible, leur test 
mince, etc. ; 

Je réunis ici, à l’exemple de M. Deshayes (Atlas, pl. LXXIV, 
fig. 1), les céromyes et les gresslyes de M. Agassiz (id., fig. 2), 
car ces deux genres, intimement unis par la côte interne de leur 
valve droite, ne diffèrent que par l’enroulement des crochets plus 
grand chez les céromyes, et par la coquille plus allongée et moins 
cordiforme des gresslyes. De nombreuses transitions rendent 
cette réunion nécessaire. 

M. d'Orbigny a proposé de réunir les céromyes et les gresslyes 
avec le genre vivant des LyonsiA, qui à aussi une charnière sans 
dents, et où la base du cuilleron de la valve droite simule un peu 
une côte, mais 1] me paraît impossible d’assimiler ce petit prolon- 
gement, qui a lieu également sur les deux valves, à la côte longue 
et bien marquée, qui n'existe que sur la valve droite des coquilles 
fossiles. 

Plus tard , il admit le genre céromye, mais il laissa la plupart 
des gresslyes avec les Iyonsia. Je crois que ces fossiles ont plus de 
rapports avec les céromyes qu'avec aucun autre genre, et j'ai 
admis ici leur réunion proposée par M. Deshayes. 

Les rapports zoologiques des céromyes n’ont pas été envisagés 
de la même manière par tous les auteurs. M. Deshayes les place 
dans le voisinage des pholadomyes, et l’on ne peut pas nier qu’elles 
ne leur ressemblent par leurs formes externes, leur charnière sans 


(1) Voyez, pour les caractères des céromyes, Buvignier, Bull. soc. géolog., 
2° série, 1850, t. VIII, p.125; et Terquem, id., 1851, t, IX, p. 359. 


408 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


dents, leur sinus palléal, etc. La plupart des auteurs les placent 
dans la famille des anatinides. J'ai adopté cette manière de voir, 
car ces mêmes caractères les rapprochent également des lyonsia ; 
leur test même leur donne certainement une grande analogie avec 
les anatinides actuelles, et la côte oblique interne se retrouve dans 
quelques genres de cette famille et pas dans ceux qui compo- 
sent celle des myacides. 

Ce genre caractérise Its terrains jurassiques. I] manque tout à 
fait à l’époque tertiaire et aux mers actuelles, et probablement 
aussi à l’époque crétacée. 

La plupart des espèces ont été décrites par M. Agassiz. 

Les unes ont les crochets renflés et contournés et sont par con- 
séquent des CÉROMYES (!). 


Deux caractérisent l’oolithe inférieure, la C. plicata, Ag , et la C. tenera, id. 

Deux autres appartiennent à l'étage kimméridgien, savoir : la C. excen- 
trica, Ag. (Isocardia excentrica, Voltz), espèce très commune (Atlas, 
pl. LXXIV, fig. 1), et la C. inflata, Ag. (1soc. inflata, Voltz). 

La C. neocomiensis, Ag., du terrain néocomien est une isocarde, et j'ai 
montré ailleurs (?) que sous le nom de C. crassicornis, M. Agassiz a confondu 
deux espèces du gault qui doivent porter les noms de /socardia crassicornis, 
Ag., et /soarca Agassizi, Pictet et Roux. 

Il faut ajouter (3) aux céromyes la Ceromya Bajociana, d'Orb. (/socardia 
concentrica, Phillips non Sow.) de l’oolithe inférieure de Normandie, la 
C. striata, d'Orb. (Cardila striata, Sow., 89, non Rœm., non Ag.), de l’oolithe 
inférieure d'Angleterre, la C. elegans, Desh., du terrain kellovien de la 
Sarthe, les /socardia tetragona, Koch et Dunker, et orbicularis, Rœmer, du 
terrain kimméridgien d'Allemagne, et plusieurs espèces inédites citées par 
M. d'Orbiguy. 

La C. globosa, Buvignier (4), du calcaire à astartes (kimméridgien) du 
département de la Meuse, appartiennent aussi à ce groupe, 


Les autres ont les crochets moins grands et se rapprochent da- 
vantage des formes des panopées, ce sont des GRESSLYES pour 
M. Agassiz (5). 


(1) Agassiz, Études critiques, myes, p. 25, pl. Saà 8f. 

(2) Pictet et Roux, Moll. des grès verts, p. 430. 

(3) D'Orbigny, Prodrome, t. 1, p. 275, 305; IL, p. 14 et 48, ete. ; Deshayes, 
Traité élém., pl. XXIV, fig. 3-5 ; Koch et Dunker, Beitr, Ool., p. 48, pl. VIT; 
Rœmer, Norddeutsch. Ool., p. 107, pl. VIT; etc. 

(*) Stat. géol. de la Meuse, p. 9, pl. IX. 

(5) Études critiques, myes, p. 202, pl. 12 à 14. 


SINUPALLÉALES, — ANATINIDES. 109 


Ce savant paléontologiste en décrit quatre du lias, les C. pinguis, Ag. 
(Atlas, pl. LXXIV, fig. 2), major et striala, du département du Bas-Rhin, et 
la C. anglica, Ag., d'Angleterre. Il place dans le même genre l’Amphidesma 
donaciforme, Phillips, l'A, rotundatum, id., et la Corbula cardioides, id., du 
lias d'Angleterre ({). 

Il en compte un plus grand nombre de l’oolithe inférieure : les C. latior, 
conformis , concentrica ct erycina, réunies par M. d’Orbigny en une seule 
espèce, la C, cordiformis, Ag., d’une localité inconnue, les C. lunulata, Ag., 
zonata, id., rostrata, id., latirostris, id., des marnes à Ostrea acuminala. 
Il rapporte au même genre la Lutraria striatopunctata, Mupst., d'Allemagne. 

La C. sulcosa, Agass., provient du terrain à chailles (oxfordien) du val 
Laufon. 

La C. Deshayesiana, Buviguier (2), provient du terrrain oxfordien des Ar- 
dennes. 

La C. Warrensis, Buv., caractérise le coral rag inférieur du département 
de la Meuse. 

A ces espèces, on devra en ajouter quelques-unes décrites plus ancienne- 
ment sous les noms de Zutraria, Unio, Tellina, Amphidesma ; l'existence de 
la côte cblique de la valve droite rendra en général ces rectifications faciles. 


M. d’Orbigny indique également dans son Prodrome quelques espèces 
inédites. 


Les Panpores (Pandora, Brug., Hypogæa, partim, Poli), — Atlas, 
pl. LXXIV, fig. 3. 


ont une coquille très inéquivalve, la valve gauche étant bombée, 
tandis que la droite est plate-et même concave. La charnière est 
formée sur la valve bombée, d’une entaille, dont le bord buccal 
se prolonge en une petite saillie, et d’une petite fossette. Sur la 
valve plate, on voit une grosse dent comprimée, et une petite fos- 
sette semblable à celle de l’autre valve. Ces deux cavités servent 
à l'insertion du ligament qui est interne. L'impression palléale 
est simple et très remontée dans l’intérieur des valves. Ce carac- 
tère pourrait à la rigueur entrainer les pandores dans la division 
des intégropalléales, mais leurs affinités avec lessinupalléales sont 
incontestables. 

La grande inégalité des valves les a fait souvent associer aux 
corbules ; mais les autres caractères de la coquille, et surtout les 
formes de l'animal, ne justifient pas ce rapprochement. 


(1) Geol. of Yorkshire, pl. 42 et 14, 
(2) Bull. Soc. géol., 2° série, 1851, t, VIE, p. 400, pl, 1, fig. 10, et 
Slalist. géol. de la Meuse, p. 9, pl. 13. 


h10 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


Les pandores mériteraient peut-être de former une famille spé- 
ciale, comme le propose M. Deshayes. Toutefois leurs affinités 
me paraissent grandes avec les anatinides, et j'ai préféré suivre 
ici la méthode de M. Philippi, qui les associe à ces mollusques. 
Leur coquille mince et nacrée rappelle celle de presque tous les 
genres dont nous venons de parler, l'inégalité des valves est un 
caractère fréquent chez les anatinides ; les pandores ne font que 
l'exagérer, et les formes de l’animal rappellent, sous beaucoup 
de points divers, celle des lyonsia. 


On connaît un petit nombre d'espèces vivantes. Les espèces 


fossiles ne sont pas plus abondantes et paraissent ne pas avoir 
vécu avant l'époque tertiaire (!). 


La Pandora Defrancü, Desh. (2), se trouve à Grignon, à Parnes, à Bruxel- 
les, etc., dans les terrains éocènes, 

M. Nyst en sépare (3) la P. Grateloupi, Nyst, confondue à tort avec elle 
par M. Grateloup, et qui caractérise les terrrains miocènes de Bordeaux. 

La Pandora rostrata, Lam. (Solen inœquivalvis, Lin., Tellina inæqui- 
valvis, id., Mya inϾquivalvis, Pennant, Pandora margaraticea, Turton), a 
été trouvée fossile dans le crag d'Angleterre, et vit dans les mers d'Europe (4). 
C’est l'espèce figurée dans l'Atlas. 

M. Philippi (5) cite, dans les terrains quaternaires de Sicile, deux espèces 
qui vivent encore dans la Méditerranée : ce sont les P. obtusa, Lam., et 
oblonga, Sow. 

Je ne connais pas la P. ‘elongata (5), Risso. Je ne pense pas que ce soit une 
Pandore. 

La P. arenosa, Conrad, la P. crassidens et la P, trilineala, Say, se 
trouvent dans les tertiaires récents d'Amérique (7). 


8e Fame. — MÉSODESMIDES. 


Les mésodesmides forment une petite famille anormale, établie 
par M. Gray et admise par M. Deshayes. Elles sont en quelque 


(1) La Pandora æquivalvis, Desh. (Mém. Soc. géol., t. V, pl. 3, fig. 7), du 
terrain néocomien de l'Aube, ne paraît pas appartenir à ce genre. 

(2) Cog. foss. Par., t. 1, p. 61, pl. 9, fig. 15 à 17. 

(3) Cog. et pol. foss. Belg., p. 74. 

(5) Wood, Ann. and. mag. of nat. hist., 1840, p. 247; Deshayes, Traité 
élem., t. I, p. 200. 

(5) Enum. moll. Sic., p. 14. 

(6) Europe mérid., t. IV, p. 373. 

(7) Conrad, Journ.Ac. Phil.,t. VIL, p.130, et Foss. of tert. form., p. 2, pl.1. 


SINUPALLÉALES. — MÉSODESMIDES. ati 


sorte intermédiaires entre les mactres et les crassatelles, et carac- 
térisées par une coquille épaisse solide, inéquilatérale, équivalve, 
parfaitement close, à charnière épaisse, pourvue de une à deux 
dents cardinales et de dents latérales plus ou moins prononcées. 
Le ligament est interne, reçu, de chaque côté, dans une fossette 
étroite et profonde; l'impression palléale a un sinus faible et quel- 
quefois presque nul. 

Elles se distinguent surtout des amphidesmides par ce dernier 
caractère et par leur coquille épaisse, exactement close. 

Cette famille ne renferme qu'un seul genre. : 


Les Mésopesmes (WMesodesma , Desh. (!) Donacilla, Lamk olim, 
d'Orbigny ; Zrycina, Sowerby, non Lamark; Paphia partim, 
Lamark; Mactrula ? Risso), — Atlas, pl. LXXIV, fig. 4, 


se distinguent facilement par leur solidité et par leurs valves bien 
fermées, par leur charnière solide et par la faiblesse de l’échancrure 
palléale. Les animaux sont caractérisés par des siphons séparés 
dans toute leur longueur, et terminés par des tentacules simples 
dans le siphon anal et branchus dans l’autre, bien plus courts 
que ceux des amphidesmides, par leurs branchies très inégales, et 
par leur pied allongé et comprimé. 

La forme de plusieurs d’entre elles rappelle celle des donaces, 
dont elles diffèrent par la position du ligament. 

Leur existence à l’état fossile n’est pas suffisamment démontrée, 
sauf dans les terrains récents. 


La Mesodesma Germari, Duuker (2), du lias d'Halberstadt, paraît différer 
des mésodesmes actuelles par l'absence complète de dents latérales, par son 
impression palléale parfaitement entière et par la fossette du ligament plus 
linéaire et plus oblique. 

La Donacilla Couloni, d'Orb. (*), du terrain néocomien, et la D. com- 
pressa, id., du terrain cénomanien de la Sarthe, ne sont connues que par 
des moules où les principaux caractères ne sont pas suffisamment reproduits 
pour permettre une détermination générique certaine. 


(!) Le nom de Donacilla est antérieur à celui de Mesodesma ; il a cependant 
moins de droit d’être conservé, car il a été établi pour un groupe qui ren- 
fermait des coquilles de divers genres, groupe qui a été abandonné par La- 
mark lui-même et réuni aux amphidesmes, 

(2) Palæontographica, t. 1, p. 40, pl. 6, fig. 20-22. 

(3) Pal. franç., Terr. crét., t. NL, p. 401, pl. 376. 


hA12 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


La D. orientalis (1), d'Orb., provient du terrain miocène de Podolie; elle 
a un sinus palléal plus profond que les espèces vivantes. 

La Mesodesma cornea, Desh. (Mactra cornea, Poli, Amphidesma donacilla, 
Lamk, Erycina plebeia, Sowerby, Mesodesma donacilla, Desh., Philippi, etc.), 
actuellement vivante dans la Méditerranée, a été trouvée fossile dans les 
terrains récents de Tarente (2). C’est l'espèce figurée dans l'Atlas. 


9° Famizze. — AMPHIDESMIDES. 


Les amphidesmides, telles que nous les limitons ici, à l'exemple 
de M. Deshayes, sont caractérisées par des coquilles obrondes ou 
ovales, équivalves, régulières, minces, un peu bâillantes aux deux 
extrémités, à bords simples et tranchants, et ayant quelquefois 
un pli comme les tellines. Le ligament est interne, reçu sur un 
cuilleron oblique, la charnière porte une ou deux petites dents 
cardinales et presque toujours des latérales. Le sinus palléal est 
profond. 

Les animaux ont deux siphons grêles, inégaux et désunis, des 
branchies petites, le pied médiocre , aplati, et les lobes du man- 
teau réunis du côté anal. 

Les coquilles des amphidesmides se distinguent facilement de 
celles des tellinides par leur ligament interne, de celles des mé- 
sodesmides par leur coquille plus mince, un peu bäillante, et 
par leur sinus palléal plus grand. Elles ressemblent davantage 
à celles des mactrides, mais elles sont en général moins bombées, 
et ont la charnière moins solide. 

La division des siphons, dès leur base, sépare d'ailleurs claire- 
ment les animaux. 


Les Lavignons (7rigonella, da Costa, Lavignonus, Cuv.; Scro- 
bicularia, Schumacher partim ; Arenaria, Megerle; Listera, 
Turton ; nommés aussi Avignons et Avagnons), — Atlas, 
pl. LXX, fig. 23, 


ont une coquille ovale, subtrigone, aplatie, à crochets petits, 
un peu bâillante, peu inéquilatérale, le côté buccal étant le plus 
court. 


(1) Voyage de M. Hommaire de Hell, pl. 6, fig. 15 à 17. 
(2) Philippi, Enumeratio molluscorum Siciliæ, t. II, p. 29. 


SINUPALLÉALES. — AMPHIDÉSMIDES. 13 


La charnière est étroite, munie de deux petites dents sur la valve 
droite et d’une seule sur la gauche ; le ligament est interne, reçu 
sur un cuilleron oblique, et il y a, en outre, un petit ligament 
externe. Le sinus palléal est large, subtriangulaire, très dilaté 
dans son milieu et rétréci à son entrée. L'animal est remarquable 
par la longueur de ses siphons. 

Les lavignons ont étéconfondus avec les mactres et les lutraires ; 
et, en effet, leur coquille présente, avec celles de ces genres, des 
analogies réelles, mais elles sont plus aplaties, leur charnière est 
plus faible, manque de la dent en V, et leur sinus palléal dilaté, dès 
le milieu, se dirige en remontant vers les crochets. La séparation 
des lavignons de ces deux genres est d’ailleurs justifiée par la forme 
des siphons qui sont très longs et séparés dans toute leur longueur. 

Les lavignons vivent aujourd'hui près de l'embouchure des ri 
vières, sur les côtes marines basses et vaseuses. Des espèces fos- 
siles sont indiquées dans les terrains jurassiques crétacés et ter- 
tiaires, mais plusieurs d’entre elles ne sont pas encore connues 
assez complétement, pour qu'il ne reste pas de très grands doutes 
sur leur détermination générique. 

Les espèces jurassiques, en particulier, sont citées (!) comme 
devant se trouver depuis la grande oolithe, mais je n’en connais 
aucune certaine. Je cherche vainement sur les espèces figurées 
un caractère qui puisse justifier ce rapprochement. Quant aux 
espèces inédites du Prodrome, il faut attendre leur description. 


M. d'Orbigny cite dans ce terrain le L. mactroides (Mactromya mactroides, 
Agass.), de Nantua, de Soleure, de Lithuanie, etc., et le L. Tethys, d’Orb., 
nov. sp. de Luc. 

Le L. ovalis, d’Orb. (Corbis ovalis, Phillips), est indiqué par le même au- 
teur, comme trouvé dans le terrain kellowien de France et d'Angleterre. 

Le L. subrugosus, d'Orb., se trouve dans le terrain corallien des Basses- 
Alpes et de l’Ain. 

Le L. rugosus, Rœm. (Mya rugosa, Rœm., Lutraria concentrica, Goldf., 
Mactromya rugosa , Agass.), est une espèce très répandue dans le terrain 
kimméridgien. 


Quelques espèces sont aussi indiquées dans le terrain crétacé. 


(*) D'Orbigny, Prodrome, t. 1, p. 306, 336, t. Il, p. 14 et 49; Agassiz, 
Études critiques, myes, p. 190 et 197, pl. 9bet 9c; Goldfuss, Petref. Germ., 
tUL p298 pl 10 RD, 


hih ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


M. d'Orbigny (1) cite dans le terrain néocomien le L, rhomboidalis (Phola- 
domya rhomboidalis, Leymerie), du département du Var, qui est bien plus 
épaisse que les espèces vivantes. 

Le même auteur (2) indique dans le terrain aptien, le L. minuta (Pla- 
tymya minuta, Agass.), de Pont-Varin et du Mont-Salèvé, espèce dont une 
impression de la charnière, à ce que dit M. d'Orbigny, ne laisse pas de 
doutes sur sa détermination générique (3), et le L. phaseolina (Myaphaseolina, 
Philippi) , de l'argile de Speeton. 

Le gault (£) contient le L. Clementina, d'Orb., et le L. subphaseolina, 
(L. phaseolina, d'Orb.); les caractères génériques de ces espèces ne sont point 
constatés, ni par les planches, ni par la description. 


Aucune espèce certaine de lavignon n’a encore été citée dans 
les terrains tertiaires d'Europe; le terrain quarternaire en ren- 
ferme un petit nombre. 


La Trigonella piperata, Desh.($), espèce commune dans les mers d'Europe 
et jusqu’au Sénégal, a été trouvée fossile dans les couches d’alluvion du 
Norfolk, dans le crag d'Angleterre et dans un terrain -récent des environs de 
Bone (Algérie). 

Il me paraît douteux que l’on doive rapporter à ce genre la Scrobicularia 
tenuis, Philippi (6), du terrain quaternaire de Sicile; ses dents latérales sem- 
blent l’éloigner des lavignons, 


Quelques espèces, que je ne connais pas, ont été citées (7) dans 
les terrains tertiaires d'Amérique. | 


Les CumiNGiEs (Cumingia, Sowerby), — Atlas, pl. LXXIV, fig. 5, 


ont une coquille aplatie, à crochets très petits, ovale, transverse, 
équivalve, subéquilatérale, le côté buccal étant plus long et le côté 
anal subtronqué. La charnière porte perpendiculairement au bord 
un cuilleron triangulaire, qui recoit un ligament interne, une 
seule dent cardinale sur chaque valve et deux dents latérales sur 


(1) Prodrome, t. I, p. 75 ; Deshayes in Leymerie, Mém. Soc. géol., fLV, 
p.38, pl. 2, fig. 6. 

(2) Prodrome, t. IE, p. 417 ; Pal. fr., Terr. crét., t. TI, p. 405, pl. 377, 
fig. 4; Phillips, Geol.of Yorksh., p. 93, pl. 2, fig. 13. 

(8) Il est à regretter que cette impression n'’ait-pas été figurée. 

(4) D'Orbigny, Pal. fr., Terr. crét., t. IT, p. 406, pl. 377. 

(5) Traité élém. de conch., t. 1, p. 343. 
: (6) Enum, moll. Sic., t. 1E, p. 8, pl. 14,fig. 7. 

(7) Conrad, Foss: of the tert, form., p. 28; Lea, Descr, newfoss, tert.; 
p. 11, pl. 34,eic. 


SINUPALLÉALES, — AMPHIDESMIDES. A5 


la valve droite. Le sinus palléal est très profond, ovale oblong, 
et horizontal (1). 

M. Deshayes place les cumingies dans la famille des amphides- 
mides, et près des lavignons, dont elles se distinguent facilement 
par leur cuilleron perpendiculaire et non oblique, ainsi que par 
leurs dents latérales. 

Les espèces vivantes habitent les mers chaudes, en s’enfonçant 
dans les fentes des rochers. 


On ne connaît à l’état fossile (?) que la Cumingia tellinoides, Conrad (olim 
Mactra tellinoides, Conrad), qui se trouve dans les terrains tertiaires supé- 
rieurs de l'Amérique septentrionale, et qui vit encore dans les mers qui bai 
gnent ce continent, 


Les SyNposMyEs (Syndosmya, Récluz, ZLigula, Montagu, 
Nyst, etc.; Abra, Leach; Ærycina, Lamarck, partim), 
— Atlas, pl. LXXIV, fig. 6, 


ont une coquille mince et fragile, à crochets très petits, un peu 
bâillante aux deux extrémités, surtout au bord anal, ovale, ob- 
Jongue ou subtriangulaire, inéquilatérale, le côté anal étant le 
plus long et un peu flexueux ou anguleux. La charnière présente 
un cuilleron ovale ou subtrigone, longeant le bord, pour recevoir 
un ligament interne ; on observe, en outre, un petit ligament 
externe; la valve droite a deux petites dents cardinales et la 
gauche une seule; toutes deux ont le plus souvent des dents laté- 
rales. Les impressions musculaires sont ovales, oblongues, un 
peu courbées ; le sinus palléal ressemble à celui des tellines, il 
est profond, ovale, triangulaire, transverse (?), la ligne palleale 
longe le bord ventral, et l’accompagne presque jusqu’au delà du 
milieu de la coquille, et là se recourbe, en formant un angle avant 
que d’arriver à l'impression musculaire anale, en sorte que le 
sinus est beaucoup plus étroit vers son ouverture que dans son 
milieu. 

Ces coquilles, confondues par Lamarck avec les amphidesmes, 


(t) La fig. 5 de la pl. LXXIV représente la Cumingia mutica vivante, 
(2) Deshayes, Traité élém. de conchyl., t. 1, p. 323 ; Conrad, Journ. Ac. 
Philad., t. VI,p. 258, et t. VIE, p. 234. 
(8) La fig. 6 de la pl. LXXIV représente la Syndosmya alba vivante. 


h16 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


s'endistinguent facilement par leurs valves lisses, fragiles, minces, 
et par la forme du sinus palléal. 

Les espèces actuelles connues vivent toutes dans les mers d’'Eu- 
rope. On en connaît un petit nombre de fossiles dans les terrains 
tertiaires supérieurs. 

M. Wood (1) en cite dans le crag, sous le nom d’Amphidesma, deux espèces 
qui vivent actuellement dans Jes mers d'Europe (S. alba, Flem., et prismatica, 
Turt.). Les deux mêmes espèces ont été retrouvées par M. Nyst dans les 
tertiaires récents de Belgique, et décrits sous les noms de Ligula alba, Wood, 
et donaciformis, Nyst. La première est figurée dans l'Atlas, pl. LXXIV, fig. 6, 
d’après un exemplaire vivant (Deshayes). 

M. Recluz (2) rapporte à ce genre, sous le nom de Syndosmya apelina, une 
espèce qui se trouve fossile dans les terrains quaternaires de Sicile, et qui à 
été décrite sous le nom de Erycina Renieri par M. Philippi. 

M. Deshayes indique encore l'existence de quelques autres espèces fossiles, 
mais sans les désigner d'une manière précise (3). 


Les AMPHIDESMES (Amphidesma, Lamk, Donacilla olim, Lamk; 
Semele, Schumacher, — Atlas, pl. LXXIV, fig, 7, 


sont caractérisées par une coquille ovale ou arrondie, peu épaisse, 
quoique bien moins mince que celle du genre précédent, équi- 
valve ou subéquivalve, ayant souvent le pli des tellines. La char- 
nière porte sur chaque valve deux petites dents cardinales, deux 
dents latérales et une fossette oblique profonde, allongée et étroite, 
qui recoit un ligament interne. Un petit ligament s'observe, en 
outre, en dehors. Le sinus palléal est profond, la ligne palléale 
est d’abord large, parallèle au bord ventral, mais sans le toucher, 
puis vers les deux tiers de Ja coquille, elle se recourbe en un el- 
lipsoïde oblique, dirigé d'arrière en avant et de bas en haut, sans 
former d'angle, en sorte que la largeur de son ouverture est pres- 
que égale à celle qu'il a vers son milieu (‘). 

Les amphidesmes vivent, comme les tellines, enfoncées vertica- 
lement dans le sable ou dans la vase des rivages. 


() Annals and mag. of nat. hist, 1841, t. VI, p. 246; Nyst, Cog. et pol. 
foss. Belg., p. 91, pl. 3, fig, 14, et pl. 4, fig. 9. 

(2) Revue zoologique Soc. Cuviér., 1843; Philippi, Enum. moll. Sic., I, 
P'112502;1D8. 

(3) Traité élémentaire de conchyl., t. I, p. 353. 

(*) La fig. 7 de la pl. LXXIV représente l’A, solida vivante, 


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SINUPALLÉALES. — AMPHIDESMIDES. 17 


Lamarck a réuni, sous le nom d’AmPuipesues, plusieurs espèces 
qui doivent appartenir à d’autres genres. Les paléontologistes 
ont quelquefois aussi attribué ce nom un peu à la légère à des 
coquilles trop imparfaitement connues, pour que l’on puisse con- 
sidérer leur place comme définitivement fixée. Il règne, en parti- 
culier, une grande incertitude sur la plupart des espèces anté- 
rieures à l’époque tertiaire. 


Je ne vois, par exemple, aucun motif pour laisser dans le genre des am- 
phidesmes les quatre espèces des terrains carbonifères (1) d'Angleterre, que 
M, Portiock a décrites sous les noms de À. carbonaria (Venus carbonaria, 
Sow.), À. axiniformis, P., 4. deltoidea, P., et À. depressa, P. Elles ont plutôt 
les formes des mactres, et l’on ne connaît aucun de leurs caractères essentiels. 

Il me paraît également impossible de déterminer génériquement l'A. pris- 
tina, Verneuil (2), de l'Oural, du terrain carbonifère de Russie, ni l'A, lunu- 
lata, Keyserling, du terrain permien. 

MM. Koch et Dunker ont décrit (3) deux espèces du lias , les À. ellipticuin 
et compressum, qui me paraissent également fort douteuses. 

Ilen est de même de l’A. decussatum, Bean (#), du cornbrash. M. Phillips (5) 
en cite deux espèces du lias et trois de l’oolithe, dont la détermination géné- 
rique n’est pas plus certaine. 

L’A. tenuistrialum, Sowerby (6), des grès verts de Blackdown, n'appartient 
certainement pas à ce genre. 


Les seules espèces certaines se trouvent dans les terrains ter- 
Liaires. 


M. Deshayes (7) indique une espèce des environs de Bordeaux, voisine de 
l'A. reticulata, Lin., et trouvée par M. Hébert. 

Le mème auteur ($) a décrit les 4. subtrigona et ovata des terrains ter- 
tiaires supérieurs de Morée. 

Les amphidesmes indiquées par M. Wood dans le crag sont des syndosmyes. 

Plusieurs amphidesmes ont été citées dans les terrains étrangers à l’Eu- 
rope (°). 


(1) Geol. report, p. 438 et 439. 

(2) Pal. de la Russie, p. 300, pl. 20, fig. 5. 

(3) Beitr. Ool. geb., p. 19, pl. 1. 

(4) Ann. and mag. of nat. hist., 1839, p. 59. 

(5) Geol. of Yorkshire. 

(6) In Fitton, Trans, ofthe geol. Soc., 2° série, t. JV, pl. 16, fig. 7. 

(") Traité élémentaire de conchyl., t. 1, p. 360. 

(S) Expéd. de Morée, p. 89, pl. 20. 

(?) Voyez Conrad, in Silliman’s Amer. Journ., t. IV, VLet VIL, et Fosse. of 
the tert. form.; Morton, Appendir, 

HE PA | 


h18 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


10e Famice. — TELLINIDES. 


Les tellinides sont caractérisées par une coquille comprimée, 
dont chaque valve porte deux dents cardinales au plus, et dans 
quelques genres deux dents latérales. Le ligament est toujours 
externe. Ces coquilles, qui sont le plus souvent médiocrement 
bâillantes, ont les crochets faibles, situés à peu près vers le milieu; 
le côté buccal est même quelquefois plus grand que le côté anal. 
Ce dernier porte souvent un pli oblique, irrégulier. 

Cette famille, voisine, sous plusieurs points de vue, de celle 
des amphidesmides, s’en distingue constamment par l’absence du 
ligament interne. Leur coquille comprimée, légèrement bâillante, 
à charnière faible, à dents cardinales peu nombreuses, les carac- 
térise aussi facilement, si on les compare aux autres familles des 
sinupalléales. 

Je réunis ici les tellinides et les psammobides de M. Deshayes, 
à cause de l’analogie des siphons, du pied, de la coquille et des 
habitudes. 

L'animal est aplati, son bord est garni de tentacules ; il porte 
deux siphons grêles désunis dans toute leur longueur, et pourvus 
de tentaenles à l'extrémité. Les branchies sont inégales. 


Les Tezuiwes (/ellina, Linné; Peronea, Peroneoderma, Poli : 
Angulus, Megerle ; Sérigilla, Turton ; Macroma, Leach), — At- 
las, pl. LXXIV, fig. 8 à 10, 


forment un genre très tranché, dont les coquilles allongées ou or- 
biculaires, presque toujours minces et aplaties, présentent, du 
côté anal, un pli plus ou moins marqué, qui suffit'en général pour 
les distinguer. La charnière est faible; chaque valve porte une ou 
deux petites dents cardinales, et ordinairement deux latérales. 
Le côté anal est souvent plus petit que le buccal, et porte un 
ligament bomhé et allongé. Les crochets sont très petits, l'impres- 
sion palléale est étroite et très profondément excavée. Il faut leur 
réunir les Tezuinipes de Lamarck, qui n'en diffèrent que par l’ab- 
gence des dents latérales et par le pli souvent effacé, et plusieurs 


SINUPALLÉALES, TELLINIDES. M9 


autres genres établis sur des caractères insuffisants, tels que les 
OmaLaA, Gart et PayLLopa de Schumacher. 

Les tellines sont peu nombreuses jusqu'à l’époque tertiaire. 
Elles ont atteint leur maximum de développement dans les mers 
actuelles. 1 faut observer, pour ce genre comme pour tant d’au- 
tres, que bien des espèces lui ont été rapportées à la légère, et 
qu'il y à dans les catalogues paléontologiques plusieurs erreurs à 
relever, surtout pour les terrains où l’on ne peut observer que des 
moules ou des coquilles fermées. 

Je ne crois pas, en particulier, qu'il y ait des motifs suffisants 
pour admettre leur existence dans l’époque primaire. 


La T. obliqua, Goldf., trouvée dans les terrains dévoniens de Kemmenau 
(T. Goldfusi, Deshayes), n’est connue que par un moule sans caractères (1). 


M. Deshayes retranche de ce genre la T. inflata, Roemer, du terrain : 


dévonien. 
Je ne connais pas (2) la T. lineata, Hæning., du terrain carbonifère d’Alle- 
magne, ni la 7. canalensis, Cat., du terrain triasique. 


Plusieurs espèces sont citées dans les terrains jurassiques, mais 
il règne également une grande incertitude sur leurs caractères, 


M. d'Orbigny (?)rapporteà cegenre la Pullastra obliqua, Phillips, de l’oolithe 
jnférieure, et indique une espèce nouvelle (7°. Delanouana) du même terrain. 

Le même auteur décrit par une phrase spécifique huit espèces nouvelles du 
Luc (grande oolithe). 

M. Buvignier (f) a décrit la T. Michaelensis du terrain corallien, et la 
T, jurensis (Atlas, pl. LXXIV, fig. 8) du calcaire à astartés supérieur. 

Il faut probablement transporter dans le genre des thracies (5) les T. cor- 
buloides, Roemer, incerta, Thurmann , ovata, Roemer. II en est de même de 
la T. Roemeri, Koch et Dunker, de la T. alata, Münster, et de la T. Gnidia, Hün, 

La T. rugosa, Roemer, est aussi une thracie ou une anatine, mais pas une 
telline. La T. convexa, Roemer, et la T, arcuata, id., n’appartiennent proba- 
blement pas non plus à ce genre. 

M. Deshayes refuse encore d'admettre dans les tellines la T. æquilatera, 
Kochet Dunker. 


(1) Goldfuss, Petref. Germ., t. I, pl, 147, fig. 12; Deshayes, Traité élém. , 
t. I, p. 394. 

(2) Hœninghaus, Leonh. und Bronn neues Jahrb., 1830, p. 237. 

(3) Prodrome, 1, p. 275 et 306. 

(#) Stat. géol. de la Meuse, p. 10, pl. 9 et 10. 

(5) Roemer, Norddeutsch. Ool. geb., p. 120; Koch et Dunker, Beitr. Ool, 
geb., etc. 


mt 


h20 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


Il admet, au contraire, la Ÿ. @mpliata, Phillips (1), du corallien d’Angle- 
terre, 

La T. nuculiformis, Münster (2), peut bien être une telline, mais ses carac- 
tères essentiels ne sont pas connus. 


Les tellines des terrains crétacés sont un peu plus certaines. 


M. d'Orbigny (3) a décrit la T. Carteroni, d'Orb. (T. angulata, Desh.), 
du terrain néocomien inférieur, la T. Moreana, d'Orb,, du gault, la T. Re- 
nauxi, Math., du terrain turonien d'Uchaux, et la 7’. Royana, d'Orb., de 
Royan. La T. æqualis, Sow. (#), se trouve dans le lower greensand du comté 
de Sussex. La T. vecliana, Forbes (5), du même terrain, ne me paraît pas 
avoir les caractères des tellines. 

M. d'Orbigny (6) indique dans le terrain cénomanien la T. striatula, Sow., 
du Mans et de Blackdown, et deux espèces de cette dernière localité, décrites 
par Sowerby sous les noms de Psammobia gracilis, Sow., et Amphidesina te- 
nuistriata, SOW. 

Les auteurs allemands ont décrit quelques tellines que M. d'Orbigny répar- 
tit entre ce genre et les Arcopagia. Les impressions palléales n'étant pas figu- 
rées, je ne puis pas avoir une opinion sur cette répartition. On trouvera leur 
description dans les ouvrages (7) de Goldfuss (T. strigata et costulata), Roemer 
(T. Goldfussi, plana, subdecussala, du terrain crétacé de Quedlimburg et 
d’Aix-la-Chapelle), Reuss (7°. concentrica, semi-costata), Roemer, etc. 

11 faut retrancher de ce genre la T. Reichii, Roemer, qui est une Thracia. 
Plusieurs autres espèces indiquées ci-dessus sont très imparfaitement connues, 
et par conséquent douteuses. 


Les terrains tertiaires en renferment beaucoup, et leurs carac 
tères ont pu être mieux précisés. 


Dans l'étage éocène, M. Deshayes ($) décrit dix-sept espèces des environs 
de Paris, dont plusieurs sont des Arcopagia. Les vraies tellines sont les T. ros- 
tralis, Lamk, tenuistria, Desh., scalaroides, Lamk, biangularis, Desh. (Atlas, 
pl: LXXIV, fig. 9), rostralina, Desh., donacialis, Lamk, corneola, Lamk, de 
l'étage de Grignon. 


(1) Geol. of Yorkshire, p.158, pl. 3, fig. 24. 

(2) Goldfuss, Petref. Germ., t. 11, pl. 147, fig. 17. 

(3) Pal. franç., Terr. crét., t. I, p. 418, pl. 380. 

(4) Trans. geol. Soc., 2° série, t. IV. 

(5) Quart. journal geol. Soc., 1845, t. 1, p. 239. 

(6). Prodrome, 1. II, p. 159; Sowerby, Win. conch., pk 456, et Trans. 
geol. Soc., t. IV. 

(T) Goldfuss, Petref. Germ., t. HI, pl. 148, fig. 18 et 19 ; Roemer, Nord- 
deutsch. Kreideg., p. 73, pl. 9. 

(8) Coq. foss, Par., t. 1, p. 77. 


SINUPALLÉALES. —— TÉLLINIDES. h21 


M. d'Orbigny (1) considère comme des espèces distinctes, sous le nom de 
T. pseudodonacialis, d'Orb., et de T. pseudorostralis, des tellines confondues 
avec les T, donacialis et rostralis, et appartenant aux tertiaires inférieurs 
(suessonien À et B). 

Il a ajouté deux espèces inédites du même terrain (suessonien B), les 
T. Cuisensis, d'Orb., et T. Oceani, d'Orb., de Cuise-la-Motte. 

M. d'Archiac (2?) cite dans le terrain nummulitique plusieurs espèces du 
bassin de Paris. 

Les terrains nummulitiques des environs de Nice renferment, suivant 
M. Bellardi (?), plusieurs tellines, dont quelques unes restent indéterminées. 
La T', prœlonga, Bell., paraît nouvelle. 

Les espèces des terrains éoeènes d'Angleterre ont été décrites (f) par 
Sowerby (7. filosa, T. ambiqua, de l'argile de Londres), et surtout par 
M. F, Edwards, qui en compte vingt-deux espèces (en y comprenant les arco- 
pagia). La plupart ont déjà été indiquées ci-dessus. Quelques-unes sont nou- 
velles (T.rhomboidalis, tumescens, concinna ou subconcinna, d’Orb.). 


Les espèces se continuent nombreuses dans les terrains mio- 
cènes et pliocènes. 


M. Nyst (?) a décrit la 7. Beredenii, qui se trouve dans le système tongrien 
et dans le système campinien de Belgique, et indiqué dans le dernier de ces 
gisements six autres espèces, dont deux seulement me paraissent de véritables 
tellines ; elles ont déjà été décrites par Sowerby comme trouvées dans le crag 
(T. obliqua, Sow. ou Nysli, Desh., et ovala, Sow.). 

M. Basterot (6) a fait connaître la T. biparlita des environs de Bordeaux, et 
indiqué quelques espèces déjà connues. M. Grateloup en a complété le cata- 
Jogue. 

M. Dubois de Montpéreux (7) a décrit quelques espèces de Volhynie. 

Goldfuss ($) a fait connaître la T, pusilla, de Cassel, et figuré à tort sous 
le nom de 7. rostralina, Desh., et subcarinata, Brocchi, deux espèces nou- 
velles du mème gisement. 


(1) Prodrome, t. 11, p. 304 et 3522. 

(3) Histoire des progrès, t. WE, p. 258. 

(3) Mém. Soc. géol. de France, 2° série, t. IV, pl. 16. 

(4) Sow., Min. conch., pl. 402 et 403; F. Earl London geol. Journal, 
p. 44 et 100. 

(5) Cog. et pol, foss. Belg., p. 106. Les T. obtusa, Sow., et la T. lenui- 
lamellosa, Nyst, sont des Arcopagia ; la T, articulata et la T. lupinoides sont 
probablement des Venus. 

(6) Cog. foss. Bord., p. 85, pl. 5, fig. 2 

(*) Conch. foss. plat. Voth. Pod., p. 54. Voyez les rectitications proposées 
par M. d'Orbigny, Prodrome, t. IT, p. 102. 

(8) Petref, Germ., t, MI, p. 205, pl. 148, fig. 1 à 5. 


122 ACÉPHALES ORTHOCONQUES, 


Les terrains pliocènes d’Asti contiennent une assez grande quantité de tel- 
lines (f), eten particulier la T. tumida, Brocchi, la T. serrata, id., la T. stria- 
tella, id., la-T. subcarinata, id., la T, compressa, id., la T. uniradiala, id., 
la T. elliptica, id., ete. 

M. Philippi a signalé huit espèces dans les terrains quaternaires de Sicile (2), 
dont deux nouvelles (T. pleurosticla et strigilata). 

M. Deshayes a donné (5) un catalogue comprenant dix-sept espèces, qu'il 
considère comme se trouvant à la fois vivantes et fossiles (en y comprenant 
les arcopagia). Nous avons figuré dans l'Atlas, pl. LXXIV, fig. 10, la T. pla- 
nata, Lin., qui vit encore dans la Méditerranée, et qui se trouve fossile en 
Italie et en Sicile. 


Les ARCOPAGIA, Brown, — Atlas, pl. LXXIV, fig. 44 et 12, 


ne diffèrent des tellines que par la forme de leur impression pal- 
léale. La portion de cette impression, qui forme le sinus, au lieu 
d'accompagner le bord palléal proprement dit, s’en écarte dès 
l'endroit où commence le sinus, pour remonter du côté des cro- 
chets.et former une impression ovalaire. Leur forme, ordinaire- 
ment orbiculaire, sert aussi à les distinguer des tellines allongées, 
mais ce caractère est loin d'être général, car plusieurs véritables 
tellines leur ressemblent sous ce point de vue. 

La valeur de ce genre est très contestée , car les animaux pa- 
raissent très semblables, et tous les autres caractères sont iden- 
tiques. Jar admis leur séparation, en me fondant sur le fait de 
l'uniformité ordinaire de l'impression palléale entre Les espèces 
d’un genre véritablement naturel. 

Les espèces vivent dans les mers actuelles à la manière des 
tellines. On a signalé des fossiles dans les terrains crétacés et dans 
les terrains tertiaires. 


M. d’Orbigny a décrit (4) l'A. concentrica, d'Orb. (non Reuss), du terrain 
néocomien (Atlas, pl. LXXIV, fig. 41), l'A. Rauliniana, id., du gault, FA. 
seniradiata (olim radiata, id.), du terrain cénomanien du Mans, l'A. nu- 
mismalis (Lucina numismalis, Math.), du terrain turonien, et les À. gébbosa, 
d'Orb., circinalis, id., et rotundata, id., des terrains crétacés supérieurs de 
Saintes et de Royan. Il a indiqué en outre quelques espèces inédites. 


(?) Brocchi, Conch. subapenn., pl. 12; Sismonda, Synopsis, p. 21, ete. 
(2) Enum. moll. Sic., 1. I, p. 24, t. IL, p. 21. 
(3) Traité élém. conch., t. 1, p. 396. 

(#) Pal. franç., Terr. crét., t. IL, p. 409, pl. 378 et 379. 


SINUPALLÉALES. — TELLINIDES. 23 


Le même auteur place dans les Arcopagia quelques espèces décrites par 
Goldfuss, Roemer, Reuss, etc.; mais les caractères connus me paraissent 
insuffisants pour décider de leurs affinités. 


Les arcopagia se continuent dans les terrains tertiaires. 


Il faut placer dans ce genre plusieurs espèces décrites sous le nom de Tel- 
lina et appartenant aux terrains tertiaires éocènes. 

Parmi celles de Paris que LamareK et M. Deshayes ont fait connaître (1), 
on peut associer aux Arcopagia les T. elegans, Desh., sinuala, Lamk, patel- 
laris, id., erycinoides, id. (Atlas, pl. LXXIV, fig. 12), carinulata, Lamk, 
pustula, Desh., lamellosa, id., du calcaire grossier, et les T, subrotundata, 
Desh., lucinalis, id., et lunulata, id,, des sables supérieurs de Valmondois. 

IL faut y ajouter la T'ellina corbisoides, Cailat (2), de Grignon. 

Parmi les espèces d'Angleterre, la T. Branderi, Sow. (8), appartient à ce 
genre. 


Quelques espèces sont citées dans les terrains miocènes et plio- 
cènes. 


La T. obtusa, Sow. (f), du crag d’ Angleterré et du système cämpinien de 
Belgique, est une arcopagia. 

Il en est de même de la T. articulata, Nyst, et de la T.tenui-lamellosa, id., 
du même gisement en Belgique. 

La T. elegans, Basterot (5), non Desb., des terrains miocènes de Saucats, 
présente les mêmes caractères génériques. 

Les terrains pliocènes de l’Astezan ont fourni (6) la T. gigantea, Sism. 
(Lucina gigantea, Bon.), la T. telata, E, Sism. (Lucina telata, Bon.), la T. cor- 
bis, Bronn (Zucinæ serrulosa, Bonel.), et la T. crassa, Pennant, encore 
vivante, qui sont aussi des arcopagia. 


Les FraGiLiA, Deshayes, — Atlas, pl. LXXIV, fig. 45, 


sont très voisines des tellines. Elles en diffèrent par leur coquille 
plus renflée , par leur charnière qui a deux dents courbées et di- 
vergentes sur chaque valve, égales sur la droite et inégales sur la 
gauche. Cette coquille est légèrement bâillante à chaque extré- 
mité, le ligament est petit, et l'i impression palléale présenté un 


(t) Cog. foss. Pur., t. I, p. 77. 

(2) Foss. de Grignon, Soc. sc. nat, Seine-et-Oise, p. 3, pl. 9, fig. 8. 
(3) Min. conch., pl. 402. 

() Min. conch., pl. 179; Nyst, Cog. et pol. foss. Belg., p. 106. 

(5) Coq. foss. Bord., p. 85, pl. 5, fig. 8. 

(6) Sismonda, Synopsis, p. 21; Michelotti, Brach. ed Acef, p. 22, etc. 


2h ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 
grand sinus qui rappelle plus celui des arcopagia que celui des 
tellines. 

On en connaît quelques espèces vivantes qui ont été décrites 
sous les noms de Petricola, Psammotea, Tellina, ete. 

Les espèces fossiles sont peu nombreuses (1). 


Il faut placer probablement dans ce genre la Petricola abbreviata, Dui., 
des faluns de la Touraine, et la P. peregrina, Basterot, des terrains mio- 
cènes des environs de Bordeaux. 

La T. fragilis, Desh., paraît s'être continuée depuis cette époque jusqu'aux 
mers actuelles ; c’est l'espèce figurée dans l'Atlas. 


Les PsammoBies, (Psammobia, Lamarck), — Atlas, pl. LXXV, 
fig. 1 et 2, 


sont caractérisées par des coquilles ovales, oblongues, aplaties, 
subéquilatérales, un peu bâillantes, à crochets petits et peu sail- 
lants. La charnière est composée d’une ou deux dents sur chaque 
valve; le ligament est externe, très convexe et élevé, ordinaire- 
ment porté sur des nymphes saillantes. Les impressions muscu- 
laires sont grandes, presque égales ; le sinus palléal est profond, 
étroit et horizontal, à bords à peu près parallèles. 

Ces coquilles ressemblent beaucoup à celles des tellines ; elles 
s’en distinguent surtout par leur sinus palléal qui ne forme jamais 
l'angle caractéristique de celui des tellines, et par leurs nymphes 
saillantes, tandis que, chez ces dernières, leligament est inséré 
dans une excavation du bord cardinal. 

On pourrait y ajouter l'absence constante de plis et de dents 
latérales, si quelques tellines ne leur ressemblaient pas sous ce 
point de vue. Elles ont aussi de l’analogie avec les solecurtus et 
les siliqua, en étant moins bâillantes. L'animal rappelle plutôt les 
formes des donax et des vénus ; il a toutefois les deux grands si- 
phons séparés des tellines. 

On doit réunir aux psammobies les PSAMMOTÉES (Psammotwæa, 
Lamk), chez lesquelles une des dents de la charnière disparaît, soit 
sur une des valves, soit sur toutes les deux. Il faut leur associer 
aussi les PsammocoLa, Blainville, une partie des LUTRICOLA, id., 


(1) Deshayes, Traité élém. conch., t. 1, p. 374 et 494; Basterot, Cog., 
foss. Bord. ; Dujardin, Mém. Soc. géol., t. Il; Philippi, Enum. moll. Sic., 
t. 1, p. 30 ;t. II, p.23; Michelotti, Brach, ed Acef., p. 36. 


SINUPALLÉALES. —— TELLINIDES. h25 


les SOLETELLINA, id., les Gari et les Losarra, Schumacher, etc. 
Je ne connais aucune psammobie certaine avant l’époque cré- 
(acée. 


M, Deshayes(!) a proposé avec doute de réunir provisoirement à ce genre 
quelques coquilles des terrains dévoniens et carbonifères décrites sous le nom 
de Sanguinolaria par Goldfuss, Phillips, Portlock, etc. ; mais ces espèces, 
très mal connues, ont, ce me semble, bien plus le facies des. nombreuses 
coquilles intégro-palléales dont je parlerai plus loin sous le nom de Cælono- 
tides, et qui forment les genres SAnGuinoLiTEs, LEPropomus, ORrHoNOTUS, etc, 


Je ne vois pas plus de motifs, pour associer aux psammobies les 
sanguinolaires des terrains jurassiques, et pour constater aucune 
espèce connue de ce genre ayant vécu dans cette époque. 

Toutefois M. Deshayes indique plusieurs espèces inédites de 
lOxford-clay et du terrain kimméridgien, mais sans dire si leurs 
caractères connus sont suffisants pour décider avec quelque cer- 
titude de leurs rapports génériques. 

L'existence des psammobies, pendant l’époque crétacée, me 
paraît moins contestable. 


On peut, suivant toute probabilité, rapporter à ce geure les Capsæ.elegans, 
d’Orb., et discrepans, id. (2); la première de l'étage cénomanien du Mans, et 
la seconde des dépôts turoniens et sénoniens de la Touraine. 

J'ai décrit, avec M. Renevier, la Psammobia Studeri (3), du terrain aptien 
inférieur de la perte du Rhône (Atlas, pl. LXXV, fig. 1). 

La P, gracilis, Sowerby (#), du grès vert de Blackdown, me paraît plus 
douteuse. 

Les auteurs allemands sont en général d'accord pour rapporter au genre 
des tellines la P. semicostata, Roemer(), du plaener de Quedlimbourg, etc, 


Les psammobies augmentent de nombre dans les terrains ter- 
tiaires, et elles sont mieux connues. 


M. Deshayes (6) a décrit la P. rudis (Tellina rudis, Lamk), de Grignon et 
de Valmondois (Atlas, pl. LXXV, fig. 2), et la Psammotæa dubia, du cal- 


(1) Traité élém. conchyl., t. [, p. 415. 

(2) Pal. franç., Terr. crét., t. IT, p. 423, pl. 381. 

(8) Pal. Suisse, Terr. apt., 3° livraison, pl. 7, fig. 6. 

(f) In Fitton, Trans. geol. Soc., 2° série, t. IV, pl. 16, fig. 12. 

(5) Norddeutsch. Kreideg., pl. 9, fig. 21. J'ai déjà cité cette espèce en par- 
lant des tellines. 

(6) Cog. foss. Par. t. I, p, 73,pl: 40. 


126 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


caire grossier de Parnes. Le Solen effusus, Lamarck, du calcaire grossier de 
Grignon (1), paraît devoir être transporté dans le genre des psammobies sous 
le nom de P. solenoides (Psammotæa solenoides, Lamk). 

Les Sanguinolaria Hallowaysi et compressa, SoW. (2), paraissent être des 
psammobies, et caractérisent l’étage inférieur des terrains tertiaires du bassin 
de Londres, 

La P, angusta, Philippi (3), se trouve dans les terrains tertiaires de Cassel. 

La P. Labordei, Basterot (4), a été trouvée dans les terrains miocènes de 
Dax et de Bordeaux. 

La P. affinis, Duj. (5), provient des faluns de la Touraine. 

Le crag d'Angleterre renferme six espèces, suivant M. Wood (6). 

M. Nyst (7) indique la P. rudis, Lamk, dans le terrain tongrien de Belgique, 
et quatre espèces dans le système campinien dont deux nouvelles, les P. Du 
montü et lævis. 

Une partie de ces espèces se retrouve en Piémont, où l’on cite encore les 
suivantes (8). ; 

La P. incarnata, Lin. (T. feroensis, Lamk), qui vit encore dans la Médi- 
terranée, est indiquée comme fossile dans les terrains miocènes et pliocènes 
de ce pays. 

La P. vespertina, Lamk, qui vit également dans nos mers, a été trouvée 
dans le terrain pliocène d’Asti, qui renferme en outre la P.uniradiata, E.Sism., 
et la P. Basteroti, Bronn. 

Quelques espèces appartiennent aux terrains tertiaires d'Amérique (?). 


Les SANGUINOLAIRES (Sanguinolaria, Lamarck), — Atlas, 
pl. EXXV, fig. 3, 


ont une coquille subelliptique, un peu bâillante aux deux extré- 
mités. Le bord cardinal est étroit, la charnière est formée de deux 
petites dents cardinales sur chaque valve. Le ligament est bombé 
et porté par des nymphes médiocres. L'impression buccale est 
ovale et lanale arrondie. Le sinus palléal a en partie les carac- 
tères de celui des tellines ; l'impression palléale arrive presque 


(1) Deshayes, id, p. 27, pl. 2, et Traié élém. conch., t. I, p: 447; La- 
marck, Hist. nat. anim. sans vert., 2° édit.,t. VI, p. 182. 

(2) Traité élém. conch., t. I, p. 417; Sow., Min. conch., pl. 169 et 462. 

(@) Tert. Verst. Nordwest. Deutsch., p. T7, pl. 2. 

(4) Cog. foss. Bord., p. 95. 

(5) Mém. Soc. géol., t. If, p. 223. 

(6) Ann. and mag. of nat. hist., 2° série, t. VI, p. 248. 

(7) Coq. et pol. foss. Belg., p. 106. 

(8) Sismonda, Synopsis, p. 21; Bronn, Jlal, geb., p. 92. 

(°) Huot, Cours de géologie, t. I, p. 764. 


SINUPALLÉALES. -— TELLINIDES. 127 


près du bord anal, puis se replie sur elle-même, de manière que 
le côté ventral du sinus se confond avec la ligne palléale propre- 
ment dite jusqu'au milieu de la coquille. De là, la ligne du sinus 
se détache, se dirige vers les crochets, s'infléchit en un angle du 
côté dorsal, et se termine à l'impression musculaire anale. L’en- 
trée de ce sinus a à peine la moitié de sa plus grande largeur. Ces 
coquilles se distinguent aussi en général par leur bord ventral 
dont la courbure représente une demi-ellipse (1). 

Ce genre, ainsi limité, a pour type la Sanguinolaria sanguino- 
lenta, Lamarck, et ne contient qu'un petit nombre d'espèces vi- 
vantes. 

Les catalogues paléontologiques sont par contre encombrés de 
prétendues sanguinolaires, et l’on a décrit, sous ce nom, plusieurs 
espèces , ovales, comprimées , à crochets peu saillants, dont les 
caractères génériques n’ont pas pu être observés. 

Je dois dire que, pour ma part, je ne connais, au contraire, 
aucune espèce fossile qui ait les caractères des sanguinolaires, tels 
que je les ai rappelés. 

M. Deshayes (?) a déjà montré qu'une grande partie des san- 
guinolaires de l'époque primaire, décrites par MM. Phillips, Port- 
lock et Goldfuss, ont les formes des cypricardes. La plupart sont 
certainement intégropalléales, et nous aurons occasion d’en parler 
plus tard. 

Les sanguinolaires jurassiques sont aussi incertaines (#). Leurs 
formes extérieures sont autant celles des pullastres, des mac- 
tres, etc., et leurs caractères essentiels sont inconnus, sauf pour 
quelques espèces qui appartiennent évidemment à d’autres genres. 


() La figure 3 de la planche LXXV repréeente une valve et la charnière 
de la S. sanguinolenta vivante. 

(2) Deshayes, Traité élém. conch., t. 4, p. 428. On trouvera la description 
des espèces dans Goldfuss, Petref. Germ., t, II, pl. 159 (quatorze espèces.de 
l'époque primaire) ; Munster, Beitr., t. IT, p.72 (quatre espèces du dévonien) ; 
Phillips, Geol. of Yorksh. et Pal. foss. of Devon; Portlock, Geol. rep. ; 
Sowerby, 462, etc. 

() M. Phillips (Geo. of Yorksh.) en cite deux du lias. M. Bean (Mag. of 
nat. hist., 1839), a fait connaître la S. parvula, du cornbrash. M, Goldfuss 
(loc. cit., pl. 160) en figure trois du lias et une de l'oolithe. M. Roemer 
(Norddeutsch. Oo, geb.), la S. Ungeri, etc. 


128 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 
Ainsi, la S. undulata, Sow., 548, est une anatine, la S, lata, Munster, une 
thracie, ete. 


Quelques espèces des dépôts tertiaires ont été placées dans le 
genre SANGUINOLAIRES; mais elles doivent en être exclues. 


La S. Lamarchii, Desh. (1, des terrains éocènes supérieurs d’Assy en Mul- 
litien, est une telline, d'après l'avis de M. Deshayes lui-même. 

Les S. compressa, Sow., ct Hollowaysiü, id. (2, de l'argile de Londres, 
sont des psammobies. 


Les Capses (Capsa, Bruguières, non Lamarck, Capsula, Schum.), 
— Ailas, pl. LXXV, fig. 4, 


ont une coquille ovale, convexe , équivaive, subéquilatérale , un 
peu bâillante, à crochets petits. La charnière est étroite et porte 
sur chaque valve deux dents inégales, dont l’une est courte et 
bilobée. Le sinus palléal est moins profond que dans les sangui- 
nolaires, beaucoup plus large vers son ouverture, et la ligne qui 
le forme accompagne moins longtemps la ligne palléale propre- 
ment dite. Le ligament est épais, attaché à des nymphes grandes 
et satllantes (*). 

Bruguières, en établissant le genre Carsa, y réunit la Venus de- 
florata, que nous en considérons comme le type, et des véritables 
tellines. Plus tard, Lamarck transporta l'espèce type dans le 
genre des SANGUINOLAIRES avec la S. sanguinolenta , et employa le 
mot de Capsa devenu vacant, pour désigner des donaces dépour- 
vues de dents latérales (2. brasiliensis, ete.). 

La Venus deflorata, étant actuellement séparée génériquenrent 
de la Sanguinolaria sanguinolenta, doit reprendre le nom qui lui 
avait été donné par Bruguières. 

Ces mollusques habitent aujourd'hui les plages sablonneuses 
de la mer. 

Je ne connais aucune capse fossile avant le milieu de l’époque 


tertiaire. 


(1) Cog. foss. Par., t. 1, p. 72, pl, 10, fig. 15-19; Trailé élém. conch., 
tal, p. 499. 

(2) Min. conch., pl. 459 et 462. 

(3) La figure 4 de la planche LXXV de l'Atlas représente les caractères 
génériques des capses observés sur la C deflorata vivante. 


SINUPALLÉALES. — TELLINIDES, 29 


J'ai en effet dit plus haut que les Capsa discrepans et elegans, d'Orbigny, 
paraissent avoir tous les caractères des psammobies. 

Une espèce très voisine de la C. deflorata (Venus deflorata, Lin.), vivante, 
se trouve dans les terrains miocènes de Bordeaux (1). 


Les Donaces (Donaz, Linné), — Atlas, pl. LXXV, fig. 5 et 6, 


ont une coquille solide, non bâillante, à peu près triangulaire, 
dont le côté anal est court et obtus. La charnière porte une on deux 
dents cardinales sur chaque valve. Le ligament est extérieur, 
court et bombé. Ces coquilles diffèrent des tellines, parce qu’elles 
sont plus épaisses et qu’elles n’ont pas de pli. Elles se distinguent 
des genres précédents, en ce qu'elles sont complétement fermées. 
Leur forme triangulaire peut aussi en général servir à les recon- 
naitre. 

La plupart des espèces ont des dents latérales. Lamarek leur à 
réservé le nom de DonacEs, et a nommé Capses (C'apsa, Lamk, non 
Capsa, Brug.) celles qui. en sont dépourvues. Des transitions in- 
sensibles lient ces deux genres. 

L'animal est muni de siphons grêles et désunis comme tous les 
tellinides ; il présente cependant un grand nombre de caractères 
spéciaux qui seraient peut-être suffisants pour motiver l'établisse- 
ment d’une famille des donacides, comme l'a proposé M. Deshayes, 
famille qui serait intermédiaire entre les cythérides et les telli- 
nides. 

Il faut réunir au genre des Donaces les CuNEUS , da Costa, une 
partie des PERONEA, Poli, ainsi que les sous-genres établis par 
M. Schumacher, sous les noms de Li\rona et HEcuBa, et probable- 
ment aussi les IPHIGENIA du même auteur (Ponacina, Férussac). 
Les MEeroE, Schumacher, méritent probablement mieux de former 
un genre; on n'en connaît pas de fossiles. 

Les donaces sont plus nombreuses de nos jours qu’à l’état fos- 
sile. Leur existence, dans les terrains antérieurs à l’époque ter- 
tiaire, ne me paraît pas encore parfaitement démontrée (?). 


La seule espèce en faveur de laquelle il y ait des motifs sérieux, est la 


(1) Il faut, en particulier, rayer de ce genre probablement tous les Dona- 
CITES des anciens auteurs, ainsi nommés par une comparaison de forme vague 
et insuffisante. Ainsi le Donaciles Saussuri, Brongt, est une cyprine, le 
D. Alduini, id., est une panopée, ete. 

(2) Palwontographica, t. 1, p. 38, pl. 6, fig. 12 à 14. 


h30 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


Donax securiformis, Dunker(1), du lias d'Halberstadt. Les caractères de la 
charnière, le ligament et la forme générale, sont bien ceux des donax, 
M. Dunker ajoute que l'impression palléale a la sinuosité ordinaire de ce 
genre, mais la figure 13 4 semble en désaccord avec cette assertion. M. Terquem 
rapporte cette espèce à son genre HETTANGIA ; nous en reparlerons plus bas. 

M. Roemer (?) a décrit deux espèces des terrains crétacés d'Allemagne. 
Les figures sont trop imparfaites pour faire juger de la confiance que l’on 
doit avoir à cette détermination générique. 


Les espèces des terrains tertiaires sont plus certaines. 


Lamarck et M. Deshayes (3) ont décrit sept espèces des environs de Paris 
dont il faut retrancher la D. obliqua, Lamk, qui est une astarté, et la D. tel- 
linellæ, id., qui est une telline. La D. nitida, Lamk, caractérise le calcaire gros- 
sier, et les quatre autres les tertiaires éocènes supérieurs de Beauchamp, etc. 
(D. Basterotina, Desh., D. incompleta, Lamk, D. retusa, id., Atlas, pl. LXXV, 
fig. 5,.et D. obtusalis, id., fig. 6). 

M. d'Orbigny (f) cite une.D. Levesquei, d'Orb., inédite des terrains ter- 
tiaires inférieurs de Cuise-la-Motte. 

M. Nyst (5) cite le D. nitida, Lamk, dans les tertiaires éocènes de Belgique, 
et une espèce nouvelle (D. Stoffelsü, Nyst), dans le terrain tongrien. Les Donaæ 
striatella et fragilis, id., du système campinien, paraissent être-des tellines 
(Deshayes). 

La D. transversa, Desh. (D. anatinum, Bast.), caractérise les terrains mio- 
cènes de la Touraine et de Bordeaux (6); les D. Sowerbyi, Basterot, triangu- 
laris, id., et irregularis, id., ont été trouvées dans ces derniers gisements. 

M. Michelotti (7) a découvert, dans les terrains miocènes du Piémont, la 
D. oblita, Mich. : 

Les terrains pliocènes de l’Astezan renferment ($) la D. longa, Bronn 
(T'ellina vinacea, Gmel.), encore vivante, et la D, minuta, Bronn. La première 
se retrouve dans les terrains quaternaires de Sicile, avec quelques espèces 
actuelles de la Méditerranée. | 

Il faut ajouter trois espèces du midi de la Russie qui ont besoin d’une 
nouvelle étude et qui ont été décrites par M. Eichwald (?). 


(t) Deshayes, Traité élém. conch., t, E, p. 435, 

(2) Verst. Norddeutsch. Kreideg., p. 73. 

(8) Cog. foss. Par., t. 1, p. 109. 

(‘) Prodrome, t. IL p. 322. 

(5) Cog. ei pol. foss. Belg., p. 114, pl. 4 à 6. 

(6) Deshayes dans Lamarck, Anim. sans vertèbres, 2° édit., €. VI, p. 250; 
Basterot, Coq. foss. Bord., p. 83, pl. 6. ER 

(7) Descr. foss. mioc. ltal. sept., p.117. 

(8) Sismonda, Synopsis, p. 20; Bronn, /ial. tert, Geb., p. 95; Philippi, 
Enum. moll. Sic., 1, p. 3, pl. 3, fig. 43. 

{9) Lithuan., p. 208. 


SINUPALLÉALES, — TELLINIDES. hôl 


M. Wood (1) cite, dans le crag d'Angleterre, trois espèces dont deux nou- 
velles (D. trunculus, Sow., D. truncata, Wood, D. glabra, id.). 
Il faut ajouter quelques espèces américaines (2). 


Les Isoponra, Buvignier (Sowerbya, d'Orbigny), — Atlas, 
pl. LXXV, fig. 7, 


forment un genre éteint assez bien caractérisé, mais dont les véri- 
tables rapports sont discutables. Lacoquille est équivalve, subéqui- 
latérale ; la charnière est composée de deux dents cardinales sur 
la valve droite, d’une seule sur la valve gauche, et de deux dents 
latérales lamellaires, subsymétriques sur chacune d'elles. Une 
fossette allongée sépare sur la valve droite les dents cardinales, 
et deux fossettes obliques accompagnent celle de la valve gauche. 
Les impressions musculaires sont petites et profondes, circulaires. 
L'impression palléale forme un sinus anal profond, Le ligament 
est externe et court. | 

I] parait (3) que M. d’Orbigny a décrit ce même genre sous le 
nom de SOWERBYA, comme ayant un ligament intèrne ; il l’a rap- 
proché des mactres. 

Ceci pourrait soulever une question délicate d’antériorité, 

Le nom de Sowerbya est plus ancien que celui d'/sodonta: 
mais il a été établi sur un caractère qui paraît fautif. Doit-on pré- 
férer l’un ou l’autre? Il nous semble que M. Buvignier a le droit 
de faire accepter le sien, si le ligament est réellement externe. 

Les isodonta paraissent devoir être placées dans le voisinage 
des donaces. Elles forment un type qui paraît spécial à l’époque 
Jurassique. 

La seule espèce bien connue (f) est l’/sodonta Deshayesiana, Buvignier 
(Sowerbya crassa, d'Orb.), des couches oxfordiennes de Vieux-Saint-Rémy 


(Ardennes). 
M. Buyignier (>) parle de quelques fragments douteux du Bradford-clay 
(grande oolithe) des Ardennes et de la Moselle. 


(1) Ann. and mag. of nat. hist., t. VI, p. 248. 

(2) Huot, Cours de géol., t. 1, p. 764 ; Conrad, Descr. new foss. lert., elc. 

(3) La description de M. d'Orbigny est très brève ; c’est d’après l’assertion 
de M. Raulin que l’on a admis l'identité de ces deux genres. 

(4) Bull. Soc. géol. de France, 2° série, 1851, t. VHI, p. 353, et Stat. géol. 
de la Meuse, p. 11, pl. 10, fig. 30 à 35 ; d'Orbigny, Prodrome, t, I, p. 362, 

(5) Stat. géol, de la Meuse, p. 41. 


32 ACÉPHALES ORTHOCONQOUES, 


Ale Fane. — PÉTRICOLIDES. 


Les pétricolides sont caractérisées par une coquille équivalve, 
inéquilatérale, souvent irrégulière, à ligament externe et à char- 
nière variable, rarement composée de dents nombreuses. Ces 
mollusques sont le plus souvent térébrants. Ils se distinguent de 
la’ famille précédente par lirrégularité de leurs coquilles, qui 
sont différentes d’un individu à l’autre de la même espèce, et dont 
les lignes d’accroissement ne sont point astreintes à cette unifor- 
mité qui caractérise la plupart des orthoconques. Les mêmes ca- 
ractères les distinguent des cythérides, qui ont en outre un plus 
grand nombre de dents à la charnière, Leur ligament externe et 
l'absence de tube et de pièces accessoires à la charnière les éloi- 
gnent des coquilles térébrantes, qui composent les familles des 
pholadide. et des térédinides. 

La plupart des espèces qui appartiennent à cette famille vi- 
vent en perçant l'argile durcie, les roches et les coraux. 1] est 
probable qu’elles le font au moyen d’un suc corrosif. Les espèces 
fossiles ne sont pas très nombreuses, et appartiennent principa- 
lement aux terrains tertiaires. 


Les SAXICAVES (Sazicava, Fleuriau de Bellevue), — Atlas, 
pl. LXXV, fig. 8et9, 


ont une coquille épaisse, solide, transverse, inéquilatérale, un 
peu bâillante au côté palléal et à l'extrémité. La charnière est dé- 
pourvue de dents, ou porte deux tubérosités écartées qui méritent à 
peine ce nom. Le ligament est externe, allongé, épais ; l'impres- 
sion palléale forme un sinus profond et étroit. Le test est recou- 
vert par un épiderme sonvent écailleux (1). 

Ce genre est le même que celui des HrATELLES ou HYATELLA, 
Daudin , des Irus, Oken, des Byssomya, Cuvier. Il faut égale- 
ment lui réunir les GLycyMEriIs, Schumacher, non Lamarck, les 
Dior, id., les Biornozius, Leach, les Paoreogius, id., les 
AGINA, Turton, les Raompoinss, Blainville, etc. 


(!) La figure 8 de la planche LXXV représente l’intérieur de la valve gau- 
che de la Saricava gallicana. Lamk, vivante, 


SINUPALLÉALES. — PÉTRICOLIDES. 153 


Je ne vois pas non plus de motifs suffisants pour en séparer les 
ARCINELLA, Philippi (non Oken, non Schumacher), qui ne diffèrent 
des saxicaves que par leur bord cardinal un peu étalé en forme de 
lame. 

Les CLorto, Faujas, ne sont que des saxicaves observées 
dans une position particulière (‘). Ces coquilles perforantes vien- 
nent se loger en parasites dans d’autres coquilles bivalves ; fait 
dont on connaît des exemples dans quelques genres, et qui ne 
semble pas suffisant pour motiver une séparation générique. 
L'espèce décrite par Faujas paraît n'être qu'une saxicave; il 
faut cependant remarquer que chaque valve porte une dent 
bifide. 

Les saxicaves ne paraissent pas avoir avec les pétricolides au- 
tant de rapports qu'on l'avait supposé; M. Deshayes a montré 
qu'elles forment une transition évidente aux gastrochènes. Elles 
devront peut-être constituer une fois une petite famille. 

Les espèces vivantes sont toutes perforantes et vivent dans le 
rochers. Leur taille est petite ou médiocre. Les fossiles se trouvent 
principalement dans les terrains tertiaires; et même leur exis- 
tence dans les époques antérieures ne me paraît pas encore établie 
d’une manière incontestable. 


M. E. Deslongehamps (?) a cité une S. phaseolus, Desl., des terrains juras- 
siques de Normandie, qui n'a pas été figurée à ma connaissance. 

La S. antiqua, d'Orb. (3), du gault de Novion, est encore inédite. 

Des moules indéterminables ont été cités dans la craie tuffeau (4). 


Les terrains tertiaires en contiennent des espèces mieux 
connues. 


M. Deshayes (°) en à fait connaitre cinq espèces du bassin de Paris. 


(1) Deux espèces ont été indiquées dans le genre Crorno (Ann. Mus., XI, 
390, pl. 40); la C. Faujasii, Blainv. (Dict., t. XXXII, p. 344), est celle qui 
a fourni les caractères ci-dessus indiqués. M. Basterot y a ajouté une C. un- 
guiformis, qui paraît très différente, et quiressemble beaucoup plus aux ongu- 
lines. Cette association a contribué à jeter un grand doute sur la valeur du 
genre CLorno. Suivant M. Bronn, l'impression palléale serait peut-être simple. 
Je pense toutefois qu'il veut parler de la C. unguiformis. 

(2) Bull. Soc. géol., 1835,t. VI, p. 191. 

(3) Prodrome, t. I, p. 136. 

(*) Mém. Soc. géol., t. II, p. 222. 

(5) Descr. des Coq. foss. Par., t. I, p. 64. 

I, 28 


Là ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


La S. grignonensis, Desh., caractérise le calcaire grossier de Grignon. Les 
S, modiolina, Desh., margarilacea, id, et vaginoides, id., appartiennent aux 
sables éocènes supérieurs de Valmondois. 

La S. depressa, id., du même gisement, paraît avoir plutôt les caractères 
des pétricoles. 

La S. fragilis, Nyst (1), a été trouvée dans le crag d'Anvers. 

Si l'on admet la réunion du genre CLorHo aux saxicaves, il faut citer ici le 
Clotho Faujasii, Blainv., des terrains miccènes de. Bordeaux (2). 

Les terrains miocènes du Piémont renferment (3) la S. elongata, Brocchi, 
qui paraît être l’analogue de la S. arctica, Phil., vivante, et les S. twrgida, 
Michelotti, et miocenica, id., espèces éteintes. 

La S. rugosa, Lamk, vivante, se retrouve dans 1e crag et dans quelques 
dépôts tertiaires récents (f). 

La S. arctica, Philippi, citée ci-dessus, paraît se retrouver en Allemagne, 
où elle a été décrite sous le nom de Mylilus carinatus, Goldf. (5) (Atlas, 
pl. LXXV, fig 9). M. Philippi la place dans son genre ARCINELLA. 

Il faut probablement, comme je l'ai dit plus haut, ajouter à ce genre 
l'Arcinella læ&vis, Philippi (6), des terrains quaternaires de Palerme. 

Quelques espèces ont été trouvées dans les terrains tertiaires d'Amérique. 


Les PÉTRIcOLES {Petricola, Lamk ; Æupellaria, Fleuriau de Belle- 
vue(?); Pernites, Kruger), — Atlas, pl. LXXV, fig. 40 et 41, 


ont une coquille subtrigone ou allongée, fragile, un peu bâillante, 
dont la charnière a deux dents sur une des valves, et une ou deux 
sur l’autre. L’impression palléale est éloignée du bord et forme 
un sinus plus large et moins profond que celui des saxicaves ($). 

Les espèces actuelles sont nombreuses, de petite taille et téré- 
brantes. On en connaît des fossiles dans les terrains crétacés et 
tertiaires. 


(t) Cog. et pol. foss. Belg., p. 97, pl. 4, fig. 10. 
(2) Voyez la note de la page précédente, 
(3) Descr. foss. mioc. Ital. sept., p. 125, pl. 4. 

() Deshayes, Traité élém., t. 1, p. 480. 

($), Petref. Germ., t. IL, p. 179, pl. 13L, fig. 44, 

(6) Enum. Moll. Sic., 11, p. 53, pl. 16, fig. 10. 

(©) Le nom de Rupellaria est plus ancien que celui de Petricola ; mais il y 
aurait de l'inconvénient à le reprendre, car il ne correspond pas tout à fait 
aux limites des genres actuels. Quelques auteurs le considèrent comme devant 
s'appliquer aux Petricola, et d’autres aux Venerupis. 

(8) La figure 11 b. de la planche LXXIV représente l'intérieur de la valve 
droite de la P. rariflamma, Desh., vivante. 


SINUPALLÉALES. — PÉTRICOLIDES. 435 


Les terrains crétacés n'en renferment toutefois qu'un petit 
nombre d'espèces certaines. 


La P. neocomiensis, Buvignier (1), n’est connue que par ses formes externes. 
Elle provient du terrain néocomien inférieur. 

La P. Rhodani, Pictet et Roux (2), a été trouvée dans le gault des environs 
de Genève. Elle était perforante comme les espèces actuelles. (Atlas, pl. LXXV, 
fig. 10,) 

Sowerby (3) a décrit deux espèces des grès verts de Blackdown, qui ne pa- 
raissent point ayoir les caractères des pétricoles. M. d'Orbigny les considère 
comme des cardium. Cette opinion me paraît justifiable pour la P. canalicu- 
lata, mais non pour la P. nuciformis, 


Les espèces des terrains tertiaires sont un peu plus nombreuses, 


M. Deshayes (#) a décrit deux espèces des environs de Paris, la P. corallio- 
phaga, Desh., du calcaire grossier de Chaumont, et la P. elegans, id. (Atlas, 
pl. LXXV, fig. 11 a), qui se trouve à la fois dans le calcaire grossier et dans 
les dépôts éocènes supérieurs de Valmondois. J'ai dit plus haut qu'il fallait 
probablement y ajouter la Saxicava depressa, Desh., de, ce dernier gisement, 
"EAP. laminosa , Sow. 5), a été trouvée dans le crag d'Angleterre et de 
Belgique. 

On trouve dans les terrains pliocènes d’Asti (6) les P. rupestris (Venus 
rupestris, Brocchi) et P. lithophaga (Venus, Bronn), toutes deux encore 
vivantes, et la P. chamoidea, Lamk, qui paraît une espèce distincte et éteinte, 
quoiqu'elle ait été considérée par Brocchi comme une variété de cette der- 
nière. 

La P. rupestris (7) Dubois de Montpéreux, des terrains miocènes de Volhy- 
nie, ne parait pas identique avec l'espèce de Brocchi, 

La P. exilis, Desh. ($), provient des terrains miocènes du Loir-et-Cher, 

La Venerupis substriata, Münster (°), da bassin de Vienne, est aussi une 
pétricole. 

IL faut ajouter quelques espèces des terrains tertiaires d'Amérique. 


(1) Stat. géol. de la Meuse, p. 11, pl. 9. 

(2) Moll. des grès verts, p. 417, pl. 29, fig. 8. 

(3) Dans Fitton, Trans. geol. Soc., 2° série, t. IV, pl. 16, fig. 10 et 11 - 
d’Orbigny, Prodrome, t. 11, p. 163. 

(4) Cog. foss. Par., t.1, p. 67. 

(5) Min. conch., pl. 573. 

(6) Sismonda, Synopsis, p. 20; Brocchi, Conch. subapenn. , PE. 13 et 14; 
Deshayes, Traité élém., t. I, p. 493. 

(7) Conch. foss. plat. Volh. Pod., p. 53, pl: 7, fig. 3 et 4. 

(8) Dans Lamarck, Anün. sans vert., 2° édit., t, VI, p. 158. 

(?) Goldfuss, Petref. Germ., t, IL, p. 249, pl. 151, fig. 12. 


h36 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


Les VénéRuPEs (Venerupis, Lamk), — Atlas, pl. LXXV, fig. 12 
a 44, 


diffèrent des pétricoles en ce qu'elles ont trois dents cardinales 
sur une valve et deux ou trois sur l’autre. La sinuosité palléale 
est subtrigone, horizontale et beaucoup moins profonde. Les 
coquilles ressemblent à celles des vénus et s’en distinguent sur- 
tout par leur irrégularité et par un léger bâillement des valves. 

Ce genre correspond en partie à celui des RuPELLARIA (1), Fleu- 
riau de Bellevue. Il faut leur réunir les GASTRANA, Schumacher. 

Les espèces actuelles sont toutes perforantes ; les fossiles sont 
peu nombreuses: on en connaît bien peu de certaines avant 
l’époque tertiaire. 


Les venerupis des terrains carbonifères décrites par M. M’ Coy (?) n’appar- 
tiennent pas à ce genre, et sont probablement intégropalléales. 

On ne peut pas admettre, sans nouvel examen, les rupellaria jurassiques 
décrites (>) par M. Mérian et par le comte de Münster. 

La V. lamellosa, Münster (4), de Streitberg, est très incomplétement connue. 

Les espèces décrites par M. Buvignier (5) paraissent avoir mieux que les 
précédentes les caractères des venerupis. Ce sont les V. coralliensis (Atlas, 
pl. LXXIIL, fig. 12), et mosensis (id., fig. 13), du terrain corallien du dépar- 
tement de la Meuse, et la V. neocomiensis, id., du terrain néocomien infé- 
rieur. 


Les espèces de l'époque tertiaire ne sont pas nombreuses. 


M. Deshayes en a décrit (5) deux des dépôts éocènes supérieurs de Valmon- 
dois, les V. globosa, Desh., et striatella, id. 

La V. Faujasi, Basterot (7), caractérise les terrains miocènes de Bordeaux, 
mais quelques autres la considèrent comme identique avec la Coralliophaga 
coralliophaga, Lamk, dont nous parlerons plus bas, ce que je n’ai pas pu 
vérifier. M. Deshayes signale encore l'existence de deux espèces dans ce 
gisement. 


(1) Voyez la note, p. 434. 

(2) Synopsis of Ireland, p. 67. 

(8) Merian, Basel Bericht, 1840,4, 74; Münster, Vers. Bayr., 59. 

(4) Goldfuss, Petref. Germ., t. IE, pl. 151, fig. 11. 

(5) Stat. géol. de la Meuse, p. 11, pl. 9. 

(6) Cog. foss. Par., t. I, p. 69. 

(?) Coq. foss. Bord.,"p. 92; Deshayes, Traité élém, conch., t, 1, p. 503, 


SINUPALLÉALES. — PÉTRICOLIDES. h37 


Les terrains pliocènes d'Asti renferment (t) les V. eremila, Sism., et per- 
narum, Bon., espèces éteintes, et la V, àrus, Lamk, qui vit encore dans la 
Méditerranée. Cette dernière espèce se retrouve dans le crag d'Angleterre. 
(Atlas, pl. LXXV, fig. 14.) 


Les CORALLIOPHAGES (Coralliophaga, Blainv.), — Atlas, pl. LXXV, 
fig. 15, 


ont été anciennement confondues avec les cypricardes, dont elle 
ont la forme extérieure de la charnière; mais leur impression 
palléale forme un sinus anal. Les coquilles sont ovales, allongées, 
quelquefois presque cylindriques, équivalves, très inéquilatérales. 
La charnière porte deux dents, dont une est bifide ; le ligament 
est petit. Ces mollusques perforent les rochers tendres et les po- 
lypiers. 

Ces faits rapprochent les coralliophages des pétricoles et des 
vénérupes ; toutefois il est nécessaire qu'une comparaison directe 
de leurs animaux avec ceux des cypricardes ait été faite plus com- 
plétement, avant que l’on puisse apprécier leurs véritables affinités 
génériques (?). 

Les espèces vivantes sont peu nombreuses. Il en est de même 
des fossiles qui paraissent n’avoir été trouvées que dans Îles ter- 
rains tertiaires, et qui ont élé réunies aux cypricardes. 


Il faut placer dans le genre coralliophage la Cypricardia oblonga, Desh. (3), 
du calcaire grossier de Chaumont. C’est l'espèce figurée dans l'Atlas. 

La Venerupis coralliophaga, E. Sism. (Petricola coralliophaga, Brocchi, 
C. coralliophaga, Lamk), paraît avoir aussi les caractères de ce genre (f). Elle 
provient du terrain miocène de Turin. Il restera à la comparer à la V. Fau- 
jasii, Basterot. 

La C. cyprinoides, Wood (5), caractérise le crag corallien d'Angleterre. 


(1) Sismonda, Synopsis, p. 20. M. Sismonda y ajoute la V. coralliophaga, 
E. Sism., qui est une CORALLIOPHAGA. 

(2) Voyez un mémoire de M. Mittre sur le genre CypricanniA (Journal de 
conchyl. de M. Petit, 1850, t. 1, p. 125). 

($) Cog. foss. Par., t. 1, p. 185, pl. 31, fig. 3 et 4. 

(#) Brocchi, Conch. subap., p. 525, pl. 13, fig. 10; Sismonda, Synopsis, 
p. 20. 

(5) Mollusca fromthe crag (Palæont. Soc., 1853, p. 200, pl. 15, fig. 7). 


138 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


Les Pacaymya, Sow., — Atlas, pl. LXX V, fig. 16, 


me paraissent avoir plus de rapports avec la famille des pétrico- 
lides qu'avec aucune autre, quoique leurs affinités aient été en- 
visagées d'une manière différente. 

Leur coquille est épaisse, équivalve, très inéquilatérale, un peu 
bâillante ; elle rappelle par ses formes certaines modioles, et sur- 
tout les eypricardes et les coralliophages. La charnière est dé- 
pourvue de dents. Les impressions musculaires sont à peu près 
égales ; l'impression palléale présente un petit smus anal. 

M. Sowerby, en établissant ce genre, a montré son analogie 
avec les cypricardes, mais il n'a pas connu le sinus palléal qui 
l'en éloigne. | 

M. d'Orbigny a placé dans les pholadomyes la seule espèce 
connue; mais la forme générale de la coquille, et surtout le peu 
de profondeur du sinus anal, me paraissent s'opposer tout à fait à 
celte manière de voir. 

M Philippi l’associe aux malléacés, par le motif que sa coquille 
est épaisse et fibreuse comme celle des inocérames, mais elle n’en 
a évidemment aucun des autres caractères. | 

M. Bronn, après l'avoir placée près des pholadomyes (/ndex), 
la rapproche des eythérides (Zefhwæa). 

Je crois, comme je l'ai dit, que ces mollusques ont beaucoup 
plus de rapports avec les pétricolides, car, sauf l'épaisseur de la 
coquille, on retrouve dans cette famille tous leurs caractères es- 
sentiels. Ils ont les formes des coralliophages, la charnière sans 
dents des saxicaves, le petit sinus palléal des vénérupes, et, de 
même que nous verrons plus tard des genres fossiles voisins des 
cypricardes être dépourvus de dents à la charnière, nous trouvons 
ici que les coralliophages ont été précédées par des coquilles à 
charnière simple. 


La seule espèce connue, la P. gigas, Sowerby (!), a été trouvée dans la 
craie inférieure de Lewes et dans le terrain cénomanien du Mans et de la 
Malle. (Atlas, pl. LXXV, fig. 16.) 


(1) Sowerby, Min. conch., pl. 50% et 505 ; d'Orbigny, Pal. frang., Terr. 
crét., t. TI, p. 359, pl. 366. 


SINUPALLÉALES. — CYTHÉRIDES. h 39 


192 Fame. — CYTHERIDES. 


(Vénusides, d'Orb.; Conques, Desh.) 


Les cythérides ont une coquille très régulière, inéquilatérale, 
parfaitement équivalve, et en général solide et complétement 
fermée. La charnière est solide, ordinairement composée de trois 
dents cardinales sur chaque valve, accompagnées quelquefois 
d'une dent située sous la lunule. Le ligament est extérieur. 

Ces coquilles sont presque toujours faciles à distinguer de 
toutes les sinupalléales. Elles ne peuvent pas être confondues 
avec celles à bord bâillant ou à ligament interne. Elles diffèrent 
des tellinides par leur charnière plus forte et à dents plus nom- 
breuses, par leur coquille plus épaisse et toujours fermée, etc. 
Leur régularité et leur solidité les séparent des pétricolides, avec 
lesquelles elles ont, du reste, des rapports très intimes. 

Leur forme générale les rapproche davantage de quelques 
intégropalléales. Quelques espèces ressemblent beaucoup aux 
cyprines, aux astartés et même aux Jucines; mais l'échancrure 
de l’impression palléale établit une différence importante, facile 
à observer dans les coquilles et dans les moules bien conservés. 

Les cythérides forment aujourd'hui une famille remarquable 
par le nombre et la beauté des espèces. Un grand nombre de leurs 
coquilles sont ornées de couleurs brillantes ou de dessins éle- 
gants. Elles sont aussi très nombreuses à l’état fossile; mais il 
est à remarquer que l'on a souvent rapporté aux vénus des moules 
indéterminables ou des coquilles fossiles fermées, qui appartien- 
nent à la division des intégropalléales. Ainsi que je l'ai dit plus 
haut, il est indispensable de connaître l'impression du manteau 
pour savoir si une espèce doit être rapportée à la famille qui 
nous occupe ICI. 

Les coquilles de cette famille offrent de nombreuses différences 
de détail dans leur forme, dans le nombre de dents de la char- 
nière, dans la grandeur du sinus palléal, ete. Les conchyliolo- 
gistes sont loin d'être d'accord sur la valeur de ces caractères, que 
les uns regardent comme suffisants pour former des genres, et 
que d'autres considèrent, au contraire, comme n étant propres 
qu'a faciliter la distinction des espèces. Cette question ne peut 


kA40 ACÉPHALES ORTHOCONQUÉS. 


pas être complétement résolue dans l'état actuel de la science, 
parce qu'on ne connaît pas un assez grand nombre d'animaux, et 
qu'on ne sait pas, par conséquent, si les légères différences que 
l'on à pu observer entre eux concordent avec les caractères de la 
coquille. 

On verra, par exemple, dans quelques espèces, les siphons 
réunis à leur base et divisés à partir de leur Liers, et dans d’au- 
tres, ces mêmes organes réunis dans toute leur longueur. Mais 
on sera arrêté dans l'emploi de ce caractère, lorsqu'on verra ces 
deux états se trouver à la fois dans le groupe des cythérées, où 
ils correspondent à des coquilles identiques, qu'il est impossible 
de distinguer par leur charnière, leur forme, leur impression 
palléale. 

J'ai suivi la méthode adoptée par M. Deshayes, qui consiste à 
admettre provisoirement tous les genres qui reposent sur des 
caractères de la coquille faciles à saisir. Lorsque les animaux 
seront tous connus, on pourra probablement améliorer cette clas- 
sification. 

Les cythérides paraissent être déja représentées dans l’époque 
primaire, mais par une seule espèce de thetis. Elles sont très 
peu nombreuses jusque vers la fin de l’époque jurassique, et vont 
en augmentant de nombre jusqu'a l'époque actuelle. 


Les Tapes, Megerle (Pullastra, Sow.), — Atlas, pl. LXXV, 
fig. 17 à 19, 


ont une coquille ovale, plus allongée que la plupart des autres 
genres de cette famille, inéquilatérale, peu épaisse. La charnière 
(Atlas, pl. LXXV, fig. 17) n'est pas très épaisse et porte trois 
dents médiocres presque parallèles, souvent canaliculées ou même 
bifides. Les impressions musculaires sont médiocres. Le sinus 
palléal est-horizontal, ovalaire et peu profond. 

La valeur de ce genre est très contestable, et il se lie par de 
nombreuses transitions aux vénus. M. Deshayes a montré que les 
formes de l'animal semblent cependant le rendre nécessaire. 

On ne possède que des documents incertains sur son histoire 
paléontologique; car la plupart des espèces décrites sous ce 
nom ne sont connues ni par leur impression palléale, ni par leur 


SINUPALLÉALES. — CYTHÉRIDES. ha 


charnière, et, d'un autre côté, il est probable que quelques espèces 
auront été confondues avec les vénus. 

Je continuerai ici à ne pas tenir compte des espèces dont 
la détermination générique n'est pas accompagnée de quelque 
preuve, el je crois en conséquence qu’on ne peut citer aucune 
espèce de pullastra avant l'époque crétacée. 

Les espèces décrites{"} par Sowerby, Portlock et Phillips, et 
qui appartiennent à l’époque dévonienne ou aux terrains carbo- 
nifères, sont probablement intégropalléales. 

Les prétendues pullastra des terrains jurassiques (?) sont aussi 
trop imparfaitement connues pour qu'on puisse prononcer sur 
leur compte. 


Parmi les espèces de l'époque crétacée, les figures plus exactes qui ont été 
données par M. d'Orbigny (3) permettent de reconnaître avec une grande pro- 
babilité, quelques pullastra parmi les espèces qu'il a décrites sous le nom de 
Venus. M. Deshayes(#) attribue au genre PucLasrra les Venus Brongniartiana, 
d'Orb. (Atlas, pl. LXXV, fig. 18), Cornueliana, id., Robinaldina, id., Du- 
piniana, id., et Ricordeana, id., du terrain néocomien ; la V. fragilis, d'Orb. 
(V. elliptica, Roemer), du terrain cénomanien du Mans, et la V, Royana, id., 
de la craie de Royan. Ces espèces ont, en effet, la forme allongée et le grand 
sinus palléal des pullastra. Je vois moins de motifs pour leur associer la 
V. faba, Sow., dont le sinus triangulaire rappelle plutôt les vraies vénus. 

Les V. ovum et Martiniana, Matheron (?), sont probablement des pullastra. 
Elles proviennent de la craie chloritée. 


Les espèces des terrains tertiaires sont mieux connues. 


On trouve dans les terrains tertiaires du bassin de Paris(6) Ja V. tenuis, 
Desh., des dépôts éocènes supérieurs de Vaugirard, et une espèce qui, suivant 
M. Deshayes, ne peut pas être séparée de la VF, decussata, Lin., vivante, 
Je crois que la Corbis aglauræ, Brongn., du terrain nummulitique du 
Vicentin , est identique avec l'espèce de Paris. (Atlas, pl. LXXV, fig. 19.) 


(1, Sowerby, Trans. geol. Soc., 2° série, t. V, p. 704, pl. 53, et dans Mur- 
chison, Silur. system, pl. 3 et 5; Portlock, Geol. report, pl. 36; Phillips, 
Palæoz. foss., pl. 17. 

(2) Phillips, Geol. of Yorksh., pl. T, 9et11 (Pullashra ob'ita, P. recondita, 
Unio peregrina). 

() Pal. franç., Terr. crét., t. U, pl. 381 à 386. 

(*) Traité élém.deconch., L. 1, p. 525. 

(*) Catalogue trav. Soc. stat, Mars., t. VE, p. 225, pl. 16. 

(6) Cog. foss. Par.., t: E, p. 142, pl. 23, 


h42 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


La V. Borsoni, Bellardi (!), du terrain nummulitique de Nice, paraît aussi 
ètre une pullastra. 

Il faut ajouter la Pullastra virgata, Sow. (2), du terrain nummulitique de 
l'Inde. 


Parmi les espèces des terrains tertiaires moyens et supérieurs, 
on peut citer quelques pullastra. 


La P. vetula, Basterot (3, est commune dans les dépôts miocènes d’une 
grande partie de l’Europe. 

On trouve dans les dépôts de même âge de Podolie et de Volhynie (4) 
la P. nana, Sow., et les V. tricuspis, Eichwald, et modesta, Dubois. 

La V. striatella, Nyst (5), est une pullastra, et caractérise le système cam- 
pinien de Belgique. 

On trouve dans le crag d'Angleterre (6) les P. perovalis, Wood, aurea, 
Gmel., virginea, Lin. Ces deux dernières vivent encore. M. Wood y ajoute avec 
doute la P. texturata, Lamk. ; 

-Il y a en outre certainement plusieurs espèces confondues avec les vénus. 


Les VENUS, Lin., — Atlas, pl. LXXV, fig. 20 et 21; 
et pl. LXXVE, fig. 1, 


ont une coquille ovale, arrondie, ou subtriangulaire, épaisse. 
La charnière a trois dents cardinales divergentes assez fortes. Les 
impressions musculaires sont grandes et ovalaires. Le sinus pal- 
léal est oblique, petit et triangulaire. 

Les coquilles de ce genre se distinguent, comme on le voit, de 
celles des pullastra par leur forme moins allongée, par leurs dents 
cardinales plus fortes et divergentes et par la forme du sinus 
palléal; mais, ainsi que je l'ai dit plus haut, il y a des transitions 
qui rendent ces limites peu rigoureuses. 

J'ai également dit que nous détacherions des vénus tous Îles 
genres qui présenteraient des caractères appréciables sur la co- 
quille. Je ne crois pas que l’on puisse mettre dans cette catégorie 


(1) Mém. Soc. géol., 2° série, t. LV, pl. 17, fig. 5. 

(2) Trans. geol. Soc., 2° série, t. V, pl. 25, fig. 9. 

(3) Coq. foss. Bord., p. 89, pl. VI, fig. 7. 

(4) Sowerby, Trans. geol. Soc., 2° série, t. IT, pl. 39; Eichwald, Zoo!., 
t. 1, pl. 4; Dubois de Montpéreux, Conch. Volh. Pod., pl. 7. 

(5) Cog. et pol. foss. Belg., p. 167, pl. 12. 

(6) Vood, Ann. and mag. of nat. hist., t. VI, p. 250, et Moll. from the 
crag. (Pal. Soc., 1853, p. 204, pl. 20). 


SINUPALLÉALES. — CYTHÉRIDES. hh3 


les suivants, établis sur des modifications de trop peu d’impor 
tance. 

Je veux parler des ANomaLocarpia et des MERCENARIA, Schu- 
macher, des Dosixa, Gray, des OrryGra et des CLAUSINA, Bronn, 
des Cmione, Megerle , des TimocrEa, Leach, des ANTIGONA , 
Sébamather, etc. IT faut aussi abandonner les noms donnés par 
Poli ; les vraies vénus correspondent à une partie de ses CALLISTA 
et de ses CALLISTODERMA. 

Les Vozuries, Defrance, paraissent très voisines des vénus, 
mais ne sont pas assez connues pour être classées définitivement. 

Les vénus sont très nombreuses à l’état fossile, principalement 
dans les terrains tertiaires. La difficulté dont j'ai parlé plus haut 
de les distinguer, lorsque l'on ne peut pas observer l'impression 
palléale, fait que l’on ne peut pas avoir une grande confiance dans 
la plupart des déterminations des espèces antérieures à cette 
epoque. 

Leur existence dans les terrains primaires ne me parait pas 
bien démontrée. 


Je ne vois-ni impression palléale, ni trace de la charnière sur les Venus 
subglobosa, Roemer, du terrain dévonien d'Allemagne (!). Je ne connais pas 
non plus de motifs suffisants pour accepter dans ce genre les V. elliptica, 
Phillips (2), et parallela, id., du terrain carbonifère. 


Je ne connais également aucune espèce certaine dans le com- 
mencement de l’époque secondaire jusqu'a la fin de l’époque 
jurassique. 

Les V. nuda, Zieten, ventricosa, Dunker, et donacina, Goldf., les deux 


premières du muschelkalk, et la troisième du keuper, n'ont pas de caräc- 
tères suffisants pour être classées (3). 


J'ai cherché vainement, parmi les espèces jurassiques atiri- 
buées au genre Venus par MM. Goldfuss, Münsier, Roemer, 
Dunker, etc., une seulecoquille dont les caractères connus fussent 
suffisants pour établir clairement ses affinités génériques. 


Parmi ces espèces, il y en a qui ont en apparence beaucoup plus de rap- 
ports avec les cyprines. Telles sont, ce me sémble, les V. affinis, Münster, 


(!) Palæontographica, t. WI, p. 29, pl. 4. 

(2) Geology of Yorksh., pl. 5. 

() Zieten, Pétrif. du Wurtemb. , pl. 71, fig. 3; Dunker, Palæontographica, 
t. 1, p. 301, pl. 35, fig. 8; Goldfuss, Petref. Germ., t. II, pl. 150, fig. 3. 


hhh ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


Saussuri, Roemer, tenuistria, Münster, caudata, id., isocardioida, Roemer, 
nuculiformis, id., etc., sans toutefois que, pour la plupart de ces espèces, il 
soit possible de donner une affirmation positive (1). 

D’autres, et sous la même réserve, rappellent plutôt les cardium (V. an- 
gulata, Münster, etc.). 

La V. jurensis, Münst., peut aussi bien être une lucine qu'une vénus; 
la V. undata, id., paraît être une astarté, etc. 

Je m’empresse d’ailleurs de reconnaître qu'il y a aussi des espèces qui ont 
les formes externes des vénus, et qui pourraient, par conséquent, appartenir 
à ce genre; mais comme l'absence de caractères connus laisse une incerti- 
tude complète, n'est-il pas plus prudent de ne pas les inscrire encore ? Telles 
sont les V. antiqua, Münster, pumila, id., parvula, Roemer, etc. 


L'existence des vénus me paraît, par contre, incontestable 
pendant l’époque erétacée. 


On doit à M. d'Orbigny (2) la connaissance de la plupart des espèces suffi- 
samment connues. Ce savant paléontologiste a fait figurer les impressions de 
la charnière sur les moules et le sinus palléal d’un grand nombre d’entre 
elles. Il a décrit onze espèces du terrain néocomien, deux du terrain aptien, 
la V. Vibrayeana, d’Orb. (Atlas, pl. LXXVI, fig. 1), du gault, deux espèces 
du terrain cénomanien du Mans, deux d'Uchaux, et quatre des craies supé- 
rieures. De ce nombre, il faut retrancher quelques cythérées, telles, par 
exemple, que sa V. subplana (olim plana), dont la charnière ne laisse point 
de doutes. 

M. Ed. Forbes a décrit (3) les V. Orbignyana et vectensis, du lower green 
sand d'Angleterre. 

Sowerby a fait connaître (£) quelques espèces de Blackdown qui paraissent de 
véritables vénus (V. immersa, Sow., faba, id., sublœvis, id., submersa, id.). 

M. Matheron a décrit, sous le nom de Venus, quelques espèces qui n’ap- 
partiennent pas à ce genre, comme on peut s’en assurer facilement en 
voyant, sur les planches mêmes, des caractères génériques tout différents (5). 
La V. Astüeriana, Math., du terrain cénomanien, est probablement la seule de 
ses espèces crétacées qui soit une vraie vénus. 

La V, Labadyei, d'Archiac (6), a été trouvée dans le tourtia de Tournay. 

Les espèces des terrains crétacés d'Allemagne sont moins bien connues, et 
demandent à être étudiées de nouveau, afin que la connaissance des carac- 


(1) Müpster, in Goldfuss, Petr. Germ., t. IL, pl. 150 ; Roemer, Norddeutsch. 
Ool., p. 109, pl, 7et8; Kock et Dunker, Beitr. Ool., p. 30, pl. 2. 

(2) Pal. franç., Terr. crét., t. III, pl. 382 à 386. 

(5) Quart. Journ. geol. Soc., 1845, p. 240, pl. 2. 

(*) Trans. geol. Soc., 2° série, t. IV, pl. 17. 

(5) Matheron, Catalogue trav. Soc. stat. Mars., 1842, t. VI, pl. 15 et 16. 

($) Mém. Soc, géol., 2° série, t. 11, p. 303, pl. 14, fig. 7. 


SINUPALLÉALES. — CYTHÉRIDES. h45 


tères importants puisse éclairer sur leurs rapports. Elles ont été décrites (1) 
principalement par le comte de Münster, dans l'ouvrage de Goldfuss (trois 
espèces nouvelles et trois rapportées un peu à la légère à des espèces de 
Sowerby); Roemer (sept espèces, dont cinq nouvelles, la plupart bien dou- 
teuses), Geinitz (V. Goldfussi et des espèces déjà connues), Reuss (dix espèces 
dont trois nouvelles), Jos. Müller (cinq espèces d’Aix-la-Chapelle, dont deux 
nouvelles), etc. Parmi ces espèces, il y a certainement quelques cythérées 
confondues. Il serait bien difficile de les séparer exactement avec les maté- 
riaux que l’on possède. 


Les vénus augmentent de nombre dans les terrains tertiaires. 
Elles n'ont, toutefois, pas un très grand développement dans 
l'époque éocène. 


M. Deshayes (?) a décrit neuf espèces du bassin de Paris, dont il faut 
retrancher les deux pullastra (decussata et tenuis) citées plus haut. Les F. tur- 
gidula, Desh., texta, Lamk, scobinellata, id., et puellata, id., appartiennent 
au calcaire grossier. La V. lucinoides, Desh., caractérise les dépôts éocènes 
supérieurs de la Chapelle. Les V. obliqua, Lamk, et solida, Desh., paraissent 
se trouver à la fois dans ces deux étages. 

M. Leymerie a décrit(#) avec doute les V. rubiensis et subpyrenaica, des 
terrains nummulitiques du département de l’Aube. 

La V. striatissima, Bellardi (f) provient des terrains nummulitiques de Nice. 

Les deux coquilles décrites par AI. Brongniart (?) sous les noms de F, ? Pro- 
serpina et V.? Maura, nous paraissent bien douteuses, et surtout la première. 


Elles se continuent dans les terrains miocènes et pliocènes. 


La V. incrassata, Sow. (V. suborbicularis, Goldf., Cyth. Braunü, Ag.), 
est une des espèces qui rendent douteuse la convenance de séparer les cythé- 
rées des vénus, car elle est intermédiaire entre ces deux genres. Elle se trouve 
dans les terrains tongrien et campinien de Belgique et dans les terrains mio- 
cènes d'Allemagne, d'Angleterre et de France (6). 

Les faluns de la Touraine renferment, suivant M. Deshayes (7), huit espèces. 


(1) Petref. Germ., t. 11, pl. 151, fig. 1-6; Roemer, Norddeutsch. Kreideg., 
p. 72, pl.9; Geinitz, Quadersandst., pl. 10, et Characht., pl. 20; Reuss, 
Boehm. Kreidef., I, p. 20; Müller, Monog. petref. Aachen., p. 24, pl. 2. 

(2) Cog. foss. Par., t. 1, p. 141, pl. 22 à 25. 

(3) Mém. Soc. géol., 2 série, t. I, p. 361, pl. D. 

() Mém. Soc. géol., 2° série, t. IV, pl. 47, fig. 4. 

(5) Vicentin, p. 81, pl. 5. 

(6) Sowerby, Min, conch., pl. 155; Goldfuss, Petref. Germ , t. Il, pl. 148, 
fig. 7; Agassiz, Icon. Coq. tert., pl. 13, fig. 1-4. 

(7) Trailé élém, de conch.;t. 1, p. 552; Dujardin, Mém. Soc. géol., t. IL, 
p. 261, 


hAG ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


M. Dujardin en comptait six dans ce gisement, dont trois nouvelles (V. #ur 
dis, cothurnix, clathrata). Une partie de ces espèces se retrouventdans le bassin 
de Bordeaux. 

M. Wood) cite, dans le crag, trois espèces encore vivantes et une 
éteinte, sous le nom de V. imbricata (Astarte imbricata, Sow.). 

Plusieurs autres espèces ont été décrites (2?) par MM. Michelotti, Dubois de 
Montpéreux, d'Orbigny, Goldfuss, Philippi, ete. M. Deshayes estime à dix-huit 
le nombre des espèces de l’époque miocène. Quelques-unes d’entre elles pas- 
sent à l’époque pliocène, qui renferme aussi quelques espèces propres. 

Plusieurs se trouvent vivantes ct fossiles (3). Nous avons figuré, d'après 
Goldfuss, dans lAtlas, pl. EXXV, fig. 21, la V. plicata, Gmel. Elle se trouve 
vivante au Sénégal et fossile dans les terrains miocènes et pliocènes d'Europe. 


Les Taeris, Sow. (), — Atlas, pl. LXXVE, fig. 2, 


ont, comme les vénus, une charnière composée de trois dents 
cardinales divergentes ; la postérieure est la plus longue, lamelli- 
forme sur la valve droite et plus épaisse sur la gauche. La coquille 
rappelle un peu les formes des cardium. L'impression muscu- 
laire buccale est petite. Leur caractère le plus apparent est la 
forme de l'impression palléale qui présente un sinus anal triangu- 
laire, très ouvert et. très profond, se prolongeant verticalement 
jusque près des crochets. 

On ne connaît qu'un petit nombre d'espèces de ce genre, qui 
n’a plus de représentant dans nos mers. 

Il est possible que son existence remonte jusqu'à l'époque dévo- 
nienne. 


M. Roemer a décrit ($) une coquille du terrain dévonien du Harz, chez 
laquelle le sinus palléal est également dirigé verticalement et atteint presque 


(1) Moll. from the crag (Palæont. Soc., 1853, p. 212, pl. 19). 

(2) Michelotti, Descr. foss. mioc. ltal. sept.; Dubois de Montpéreux, 
Conch. foss. plat. Volh. Pod.; d'Orbigny, Voyage de M. Hommaire de Hell ; 
Philippi, Zert. Verst. nordw. Deutsch. ; Goldfuss, Petref. Germ., pl: 148. 

(3) Voyez, pour toutes ces questions, Deshayes, Traité élém. conch., I, 
p. 551. 

(f) 1 ne faut pas confondre ce genre avec celui des Téruys, Lin., qui appar- 
tient à la division des gastéropodes nudibranches; ce dernier provient du 
mot Trôvs, déesse de la mer, épouse de l'Océan, et celui dont il s’agit ici de 
@irx, petite-fille de la précédente et épouse de Pélée. — Le genre des Tukms, 
Adams, n’est pas le même; il est voisin des ASTARTÉS. 

(5) Harzgebirge, p. 26, pl. 6, fig. 25. 


SINUPALLÉALES. — CYTHÉRIDES. hh7 


les crochets. Les autres caractères ne sont pas assez connus pour ne laisser 
aucun doute, M. Roemer a désigné cette coquille sous le nom de Thelis ? 
trigona. 


Les espèces les plus certaines appartiennent aux terrains 
crétacés. 


Sowerby a fait connaître (1) la #. major, du grès vert de Blackdown, et la 
T. minor, du gault, Ces deux espèces se retrouvent en France, dans les gise- 
ments analogues, la première à Rouen, dans la craie chloritée, la seconde 
dans le gault de Novion, de Varennes, etc. 

M. d'Orbigny (2) y ajoute, sous le nom de T. lœvigala, une espèce décrite 
par Sowerby sous celui de Corbula lævigata. Elle provient du lower green 
sand de l'île de Wight. 

J'ai décrit avec M. Roux (?) la T. Genevensis du gault des environs de 
Genève. C’est l'espèce figurée dans l'Atlas 

M. Roemer (4) a trouvé des thétis dans le hilsconglomerat d'Osterwald. 
Il les assimile à la fois aux 7. major et minor, Sow., réunissant ainsi ces 
deux espèces en une. Je ne sais par quel motif il leur donne un nom nou- 
veau, celui de T. Sowerbyi. 

La T. undulata, Geinitz (5), du quader mergel de Kieslingswalde me paraît 
bien douteuse. 


Les Cyraérées (Cytherea, Lamk), — Atlas, pl. LXXVE, fig. 3 à 5, 


diffèrent des vénus et des genres dont nous venons de parler par 
leur charnière, qui présente, outre les trois dents cardinales di- 
vergentes, une quatrième dent située du côté buecal, près des 
précédentes et sous la funule (Atlas, pl. LXXVE, fig. 3). La co- 
quille est ordinairement solide, ovale ou subarrondie, inéqui- 
latérale, parfaitement régulière, équivalve et close. Le sinus pal- 
léal varie ($) et est plus ou moins profond et oblique. 


(1) Min. conch., pl. 513 ; d'Orbigny, Pal. franç., Terr. crét.,t.WX, pl. 387. 

(2) Pal. franç., Terr. crét.,t. WU, p. 452, pl. 387; Sowerby, Min. conch., 
pl. 209. 

(3) Moll. des grès verts, p. 420, pl. 30, fig. 2. 

(4 Norddeutsch. Kreideg., p. 72. 

(5) Quadersandsteingebirge, pl. 10, fig. 3 et 4. 

(6) L'étendue de ces variations n’est peut-être pas aussi grande qu’on l’a 
cru, Je ne crois pas, en effet, que Fon doive réunir aux cythérées les espèces 
à sinus palléal presque nul et réduit à peine à une simple. inflexion. Ces 
espèces, qui forment le genre Cince, Schumacher, ont bien plus les caractères 


hAS ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


Ainsi que je l'ai dit, la convenance de séparer les cythérées 
des vénus est contestable, et l’étude des animaux laisse des incer- 
titudes. Cependant, dans la grande majorité des cas, l'existence 
de la dent située sous la lunule forme un caractère distinctif très 
précis. 

Les cythérées ont été anciennement désignées par Lamarck, 
sous le nom peu convenable de Mererrix. Il faut leur réunir 
quelques groupes proposés dans ces dernières années, et qui pa- 
raissent reposer sur des caractères insuffisants, et en particulier 
les Tricoxa, Megerle, les CorBicuza, Benson, et les Dioxe, Gray. 
Ce genre correspond avec les vénus à une partie des CaLLISTA et 
des CALLISTODERMA, Poli. 

L'histoire paléontologique des cythérées n’est guère plus claire 
que celle des vénus, car on à rapporté à ce genre, sur le facies 
extérieur, bien des espèces dont les caractères génériques sont 
tout à fait inconnus. 

Je ne connais aucune espèce de l'époque primaire. 

Elles sont très rares jusqu’à la fin de l’époque jurassique. 


La plus ancienne paraît être la Cytherea trigonellaris, Voltz (1), du lias du 
Gundershofen. M. Deshayes a pu observer sa charnière et sa ligne palléale, 
et ne doute pas qu'elle n’appartienne à ce genre. Cette espèce, qui n’est pas 
rare, ne se trouve guère que fermée, et elle a été décrite par plusieurs au- 
teurs, qui n’ont pas pu se rendre compte de ses affinités génériques. Elle a 
été nommée par M. Agassiz, Cardinia lœvis, puis elle est devenue pour lui le 
type du genre Proxor. Schlotheim l’a désignée sous le nom de Venulites. 
Zieten en a décrit un exemplaire sous le nom de Cytherea trigonellaris, et 
un mutilé sous celui de Lucina plana. 

La C. trigonellaris, Goldfuss (2), n’est pas la même espèce, suivant 
M. Deshayes; mais elle me paraît en être bien voisine (Atlas, pl. LXXVI, 
fig. 24). 

On cite quelques autres espèces du lias, mais je ne les connais que par les 
figures, et je doute que ce soient des cythérées. Les C. aptychus, lamellosa 
et lalipleæa, Goldf., sont très probablement des cardinia, ainsi que l’a déjà 


des astartés, et en particulier la petite impression musculaire buccale, acces- 
soire à la principale, Nous parlerons plus loin de ce groupe, qui est rare à 
l’état fossile. 

(1) Deshayes, Traité élém. conch., t, 1, p. 589; Agassiz, Myes, p. 226, et 
Actes Soc. helv., Lausanne, 1843, p. 304; Zieten, Pétrif. du Wurtemb. 
pl. 63, fig. 4, et 72, fig. 4; etc. 

(2) Petref. Germ., t. WE, p. 237, pl. 149, fig. 5. 


SINUPALLÉALES, — CYTRÉRIDES. A9 


fait remarquer M. Deshayes. Les C. lucinia et cornea, Voltz, sont très mal 
connues. 

La C. delloidea, Münster (C. liasina, Desh., C. virgo, Philippi), du jura 
noir d'Allemagne, n’est connue que par sa surface externe (1). 

La C. dolabra, Phillips, de l’oolithe inférieure, est probablement une 
cyprine. 

M. Deshayes(?) a trouvé une vraie cythérée dans le terrain corallien de 
Luc (Calvados); il la nomme C, velusta. 

La C. rugosa, Sow., du terrain portlandien, est une astarte. 


Les dépôts de l’époque crétacée renferment quelques eythérées. 
La charnière et l'impression palléale ont pu être observées sur 
un certain nombre d’entre elles. 


La Venus parva, Sow., 518, est une cythérée; elle se trouve dans le lower 
greensand, dans le gault, et à Blackdown. 

Ce dernier gisement renferme en outre (3) les C. caperata, Sow., V. lineo- 
lata, id., V. plana, id., C. subrotunda, id., V. truncata, id. 

Quelques-unes de ces espèces ont été retrouvées en France. Il faut y ajouter 
la C. uniformis, Dujardin (4), de la craie de Touraine. 

La C, plana, Goldfuss (5) (non Sow.), se trouve dans les terrains crétacés 
supérieurs d'Allemagne. 

La C. elongata, Reuss (6), caractérise le plænermergel de Priesen. 


Les cythérées sont très abondantes dans les terrains tertiaires. 
On en trouve en particulier un grand nombre dans les dépôts 
éocènes. 


M. Deshayes (7) compte, dans son ouvrage sur les coquilles fossiles des 
environs de Paris, vingt-deux espèces de cythérées. Il en faut retrancher une 
qui appartient au terrain miocène inférieur. Trois d’entre elles (C. obliqua, 
Desh., pusilla, id., et bellovacina, id.), caractérisent les dépôts éocènes infé- 
rieurs du Soissonnais, ete. La grande majorité appartient au calcaire gros- 
sier; quelques-unes , cependant , ne sont pas exactement spéciales à cet 


(1) Goldfuss, Petref. Germ., t. Il, pl, 149, fig. 9; Deshayes, Traité élém. 
conch., 1, p. 589. 

(2) Traité élém. conch., X, p. 590. 

(3) Sow., Min. conch., pl. 20 et 518, et Trans. geol. Soc., 2° série, t. IV, 
pl 17 

(4) Mém. Soc. géol., t. Il, p. 223, pl. 45, fig. 5. 

(5) Petref. Germ., t. IL, pl. 148, fig. 4. 

(6) Boehm. Kreidef., H, p. 21, pl. 41. 

(7) Coq. foss. Par., t. I, p. 126. Ce nombre s’est depuis lors élevé à vingt- 
neuf. (Traité élém. conch., 1, p. 591), mais les nouvelles espèces restent en 


majorité inédites. 
te 29 


50 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


étage. Les C, rustica, Desh , cuneata, id., distans, id., et trigonula, id., ne se 
trouvent que dans les dépôts supérieurs de Valmondois, etc. 

L'argile de Londres ({) renferme, outre quelques-unes des espèces précé- 
dentes, les C. rotundata, Morris (Venus, Brander), tenuistriata, id. (Venus, 
Sow.), et {ransversa, id. (Venus, id.). 

Les terrains nummulitiques ont fourni, outre quelques-unes des espèces 
précitées, un certain nombre d'espèces qui leur paraissent propres. Ce 
sont (2) les C. custugensis, Leym., et rabica, id., du département de l'Aube, 
la C. Verneuilli, d’Archiac, de Biarritz, etc. 


Les espèces se continuent dans les terrains miocènes et plio- 


cènes; mais elles semblent un peu moins abondantes que dans 
l’époque éocène. 


La C. sublævigata, Nyst (incrassata, Desh. non Sow.), a été trouvée dans 
les terrains miocènes inférieurs du bassin de Paris et dans le terrain tongrien 
de Belgique (3). 

M. Nyst a décrit plusieurs autres cythérées du terrain tongrien et de l’étage 
campinien. Il cite, dans ces deux étages, la C. incrassata, Sow., et la C. chi- 
noides, Nyst. Il indique plus spécialement dans l'étage tongrien, outre quel- 
ques espèces connues, les C. erycina var. Kicksii, Nyst, similis, id., sublæ- 
vigata, id., Westendorpii, id., etc. Il rapporte à la C. sulcataria, Desh., une 
espèce qui paraît différente et qui a été nommée par M. Hébert, C. Bosquetiü. 
L'étage campinien renfermerait les V. cycladiformis, Nyst, trigona, id., 
sulcata, id., multilamellosa, id., etc. 

Plusieurs espèces remarquables ont été trouvées dans les dépôts miocènes 
de Bordeaux, du Piémont, d'Autriche, etc. Elles ont souvent été, dans l’ori- 
gine, rapportées à tort à des espèces vivantes. M. Agassiz, dans un mémoire 
spécial (4), a relevé une partie de ces erreurs. M. Deshayes a accepté la plu- 
part des idées de M. Agassiz, et en a contesté quelques-unes. En résumé, les 
espèces les plus certaines sont les suivantes : Cytherea Lamarckii, Agass., de 
Bordeaux (confondue à tort avec la C. nitidula de Paris); C. erycinoides, 
Lam., Brongt., ou burdigalensis, Defr. (bien difficile à distinguer de la 
C. erycina, Lamk, vivante ou cedonulli, Chemn., associée à cette espèce par 
M. Deshayes, séparée par M. Agassiz) Atlas, pl. LXX VI, fig. 5; C: undata, 
Bast., de Bordeaux; C. affinis, Duj., de Touraine. 


(1) Sowerby, Min. conch., pl. 422 et 432; Morris, Catalogue, pl. 87. 

(2) Leymerie, Mém. Soc. géol., 2° série, t. I, pl. 15; d’Archiae, id., t, I, 
pl. 7, et Hist. des progrès, t. III, p. 262. « 

(3) Nyst., Cog. et pol. foss. Belg., pl. 467 ; Desh., Cog. foss. Par., I, p. 136, 
pl. 22, fig. 1-3. 

{?) Iconographie des coquilles tertiaires réputées identiques avec les espèces 
vivantes, etc. Mém. Soc. helv. Sc. nat., t. VII, 1845. 


SINUPALLÉALES. — CYTHÉRIDES. 51 


Il faut ajouter les C. Duboisü, et nitens, Andrzejowski, des terrains mio- 
cènes de Pologne, les C. filosa et lenticulata, Vood, du crag d'Angleterre, où 
elles se trouvent avec des espèces précitées; quelques espèces décrites par 
Goldfuss (1) (C. rugosa, Bronn, cancellala, id., inflata, Goldf., ete.). 

Dans les terrains pliocènes d’Asti et de Morée, on cite les C. Boryi, Desh., 
pedemontana, E. Sism., etc. 

Le crag d'Angleterre ne renferme, suivant M. Wood (?), que deux espèces 
encore vivantes (C. chione, Lin., et rudis, Poli). 

M. Philippi en indique quelques-unes dans les terrains quaternaires de 
Sicile, 

Ces terrains récents, tant pliocènes que quaternaires, renferment plusieurs 
espèces qui vivent encore dans nos mers ($). 


Les Dosinies (Dosinia, Scopoli, Artemis, Poli, Orbiculus, Megerle), 
— Atlas, pl. LXXVI, fig. 6, 


ont, comme les cythérées, une charnière composée de trois dents 
cardinales divergentes et d'une dent latérale sous la lunule ; 
mais leur coquille présente un facies particulier : elle est orbi- 
culaire, à crochets petits, ornée de sillons ou de stries concen- 
triques. Leur caractère distinctif principal consiste dans la forme 
de l'impression palléale, qui est placée très haut dans l’inté- 
rieur des valves, et qui présente un sinus anal régulier triangu- 
laire très long, pointu au sommet et oblique d'avant en arrière. 

Ce genre est représenté dans les mers actuelles par un assez 
grand nombre d'espèces qui se ressemblent beaucoup et qui for- 
ment un groupe très naturel. Les espèces fossiles sont peu nom- 
breuses et ne paraissent pas plus anciennes que l’époque tertiaire 
moyenne. 


On trouve dans les terrains miocènes de Bordeaux une espèce qui a été 
confondue à tort, par M. Basterot, avec la C. lincta, Lamk, vivante. C’est l'A. 
Basteroti, Agassiz (4) (M. Deshayes l’associe à la C. Adansoni, Philippi, vivante 
au Sénégal). 

Une seconde espèce, fréquente daus les terrains miocènes de la plus grand 


(1) Petref. Germ., t. Il, pl. 148. 

(2) Mol. from the crag, Palæont. Soc., 1853, p. 206, pi. 20. 
(3) Voyez Deshayes, Traité élém. conch., I, p. 597. 

(#) Zconogr. coq. tert., pl. 3, fig. 7-10. 


152 ACÉPHALES ORTHOCGNQUES. 


partie de l’Europe, est rapportée par M. Deshayes (1) à la D. exoleta, Lin., 
vivante (?). 

La D. orbicularis, Agass. (2?) (C. concentrica, Bronn, non Venus concen- 
trica, Lin.), est une belle espèce qui caractérise les terrains pliocènes du 


Piémont. C’est elle que nous avons figurée dans l'Atlas. 
La véritable D. lincta, Lam., vivante, se retrouve fossile dans les terrains 


quaternaires de Sicile (3) et dans le crag. 

M. Wood indique en outre({), dans ce dernier gisement, une espèce (4. len- 
tiformis, Sow.), confondue à tort avec l’A. exoleta. 

On cite aussi quelques espèces américaines. 


Les Cycines (Cyclina, Deshayes, Félan, Adanson), — Atlas, 
pl. LXXVI, fig. 7, 


ont une coquille orbiculaire, convexe, peu épaisse, à crochets 
obliques, assez grands. La charnière n’a que trois petites dents 
cardinales divergentes dont la postérieure est canaliculée. Le 
sinus palléal est petit, triangulaire, aigu et oblique d'avant en 
arrière. 

Ce genre, représenté dans les mers chaudes par un petit nombre 
d'espèces, n’a fourni, jusqu'à présent, qu'une seule espèce fossile. 


C'est la C. Woodi, Desh. (5), des environs de Bordeaux, espèce encore 
inédite. 


Les GRATELOUPIES (Grateloupia, Desmoulins),— Atlas, pl. LXXVI, 
fig. 8, 


ont les formes extérieures des donaces ; mais la charnière est 
composée, sur chaque valve, de trois dents cardinales divergentes, 
de trois à quatre dents lamelleuses qui proviennent d’une divi- 
sion de la cardinale postérieure, et d’une seule dent latérale. 

Le sinus palléal est ovalaire, large et profond, et forme un angle 
en arrivant vers le muscle anal. La coquille est ovale, transverse, 
parfaitement close. 

La place de ce genre est encore douteuse. La charnière rap- 


(1) Traité élém. conch., 1, p. 616. 

(2) Zconogr. coq. tert., pl. 2. 

(3) Traité élém. conch., 1, p. 622. 

(*) Mol. fromthe crag, Palæont. Soc., 1853, p. 214, pl. 20. 

(5) Traité élém. conch., I, p. 626. La figure de l’Atlas représente la 
€, chinensis, vivante. 


INTÉGROPALLÉALES. h53 


pelle celle des cythérées, dans le voisinage desquelles la plupart 
des auteurs sont d'accord pour le mettre provisoirement. 

On en connaît maintenant quatre espèces fossiles. Elles appar- 
tiennent toutes à l'époque tertiaire. On n'en a encore trouvé au- 
cune vivante. 


La plus anciennement connue (1) est la G. donaciformis, Desmoulins (Donax 
trregularis, Bast.), des terrains tertiaires miocènes du bassin de Bordeaux. 


C’est l'espèce figurée dans l'Atlas. 

Il faut, suivant M. Deshayes, ajouter la G. difjicilis (Donax difjicilis, Bast.), 
et la G. cuneata, Desh., des mêmes gisements. 

La G. Moulinsi, Lea (Cytherea hydana, Conrad), provient des terrains ter- 
tiaires de l’Alabama. 


2e Sous-Ordre. — ORTHOCONQUES INTÉGROPALLÉALES. 


Ces mollusques sont caractérisés par leur manteau 
plus ou moins ouvert, leurs siphons courts ou nuls cet 
leur ligne palléale non sinueuse. 

Ïls ont presque tous deux impressions musculaires 
comme les orthoconques sinupalléales. Il faut on ex- 
cepter le groupe anomal &es tridacnides et remarquer 
aussi que chez les mytilides , la grande inégalité qui 
existe entre l’impression buccale et l'impression anale 
fait une transition aux monomyaires. 

Ce sous-ordre est en général clairement limité; je 
dois toutefois faire remarquer qu'une des familles qui 
le composent, forme une sorte d'exception et présente 
une de ces difficultés que j'ai annoncées plus haut. La 
famille des cyclasides est composée d’animaux chez 
lesquels les siphons sont encore un peu développés et 
elle renferme des coquilles dont plusieurs ont l'im- 
pression palléale entière, plusieurs une très légère si- 
nuosité et quelques-unes un vrai sinus. Ces mollus- 


(1) Desmoulins, Bull, Soc. Lin, Bord., 1f, p. 18; Deshayes, Traité élém. 
conch., 1, p. 579, 


h5h ACÉPHALES ORTHOCONQUES, 


ques sont donc intermédiaires entre les sinupalléales 
et les intégropalléales. Je ferai remarquer plus loin 
une difficulté semblable pour les leda. Toutes les au- 
tres familles appartiennent clairement au type intégro- 
palléal. 

J'ai dit plus haut (p. 33%) que ce type a précédé les 
sinupalléales et que son développement date des épo- 
ques géologiques les plus anciennes. 

La distinction des familles repose, comme dans le 
sous-ordre précédent, sur l'étude de l'animal. On peut 
toutefois trouver dans la coquille quelques caractères 
qui limitent plusieurs d’entre elles d’une manière as- 
sez évidente. Le tableau suivant signale les principales 
différences et pourra faciliter aux commençants la dis- 
tinction de ces familles, pourvu, comme je lai dit plu- 
sieurs fois, qu’on ne s’exagère pas la précision des ca- 
ractères tirés de la coquille seule. 


L Deux impressions musculaires égales ou presque égales. 

A. Animal muni de deux siphons séparés, impression palléale 
sinueuse chez quelques espèces. 

CycLasipes. Charnière composée de dents cardinales et de dents 
latérales ou seulement des unes ou des autres; impression palléale 
simple ou sinueuse. Les espèces sont toutes fluviatiles. 

B. Siphons nuls ou très courts. 

CYPRINIDES. Coquille fermée, inéquilatérale, charnière compo- 
sée de deux à quatre dents cardinales et d’une latérale anale, li- 
gament externe. 

Carpipes. Coquille fermée, subéquilatérale, cordiforme, à cro- 
chets saillants. Charnière ordinairement composée de deux gran- 
des dents cardinales coniques et de deux latérales. 

Lucnines. Coquille parfaitement close, à crochets peu proémi- 
nents, charnière variable, ligament extérieur, impression mus- 
culaire buccale souvent allongée. 

ASTaRTIDES. Coquille plus ou moins inéquilatérale, à crochets 


INTÉGROPALLÉALES, — CYCLASIDES. h55 


médiocres ou petits, charnière composée de dents cardinales 
obliques, ligament externe ou interne, impression musculaire 
buccale souvent accompagnée d’une plus petite. 

Uxompes. Coquille inéquilatérale, épidermée. Charnière sans 
dents ou composée de dents irrégulières souvent bosselées, ru- 
gueuses ou striées, ligament externe. Les espèces sont toutes flu- 
viatiles. 

Triconies. Coquille épaisse, triangulaire, inéquilatérale, à 
charnière formée de grosses dents lamellaires souvent sillonnées. 
Ligament externe ; impressions musculaires accompagnées l’une 
et l’autre d’une plus petite. 

Cogcoxoripes. Coquille inéquilatérale, à charnière sans dents 
ou très peu armée, à ligament très long, deux impressions mus- 
culaires, la buccale tantôt double, tantôt simple. 

Ancacipes. Charnière composée de dents nombreuses disposées 
en série, ligament extérieur ou interne. 

C. Un seul siphon. 

SoLÉNomypes. Coquille revêtue d’un épiderme épais qui la dé- 
passe, ligament interne, charnière sans dents, côté anal beau- 
coup plus court que le côté buccal. 

IL. Zmpressions musculaires très inégales ou très inégalement si- 
tuées par rapport au bord. 

Mymuiwes. Coquille très inéquilatérale, dont le crochet forme 
le plus souvent l'extrémité inférieure, ligament très long. 

HE. Une seule impression musculaire. 


TrinacninEs. Coquille épaisse avec deux dents à la charnière, 
ligament externe. 


Are Famizze. — CYCLASIDES. 


La famille des cyclasides, qui correspond à celle des CONQUES 
FLUVIATILES de Lamark, renferme des mollusques d’eau douce, 
dont la coquille est caractérisée par une charnière formée ordi- 
nairement de trois dents cardinales sur une valve et de deux où 
trois sur l’autre, et de deux dents latérales ; les unes et les autres 
manquent quelquefois. La coquille est recouverte par un épiderme 
épais, rugueux et persistant comme dans les unio. L'animal a le 


56 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


manteau prolongé en arrière en deux siphons ; et l'impression pal- 
léale est tantèt entière, tantôt sinueuse. 

es cyclasides se distinguent des astartides par la présence 
des dents latérales, et des cardides par leurs dents cardinales plus 
petites, et surtout par la forme moins renflée de leur coquille et 
par son épiderme. La forme et la disposition des dents cardi- 
nales les rapprocheraient davantage des cythérides, mais lim- 
pression du manteau les en éloigne. D'ailleurs, les cyclasides 
sont toutes fluviatiles, et different en cela de ces trois familles 
dont toutes les espèces sont marines. Cette habitation sem- 
blerait les rapprocher des unionides, qui ont aussi d’ailleurs 
leur coquille recouverte d’un épiderme épais; mais ces dernières 
ont le manteau ouvert sur toute sa longueur, et la charnière des 
coquilles présente de très grandes différences. 

J'ai déjà dit plus haut que les cyclasides ont presque autant de 
motifs pour être placées dans le sous-ordre des sinupalléales que 
dans celui des intégropalléales. Elles forment un de ces types 
intermédiaires embarrassants et difficiles à classer. Je les ai 
réunies à la série des intégropalléales à cause de leurs rapports 
avec les cyprines, et parce que leur impression palléale, qui 
est fréquemment entière, présente, dans le cas contraire, une 
sinuosité très peu prononcée plutôt qu'un vrai sinus, et enfin 
parce que les siphons, assez développés, il est vrai, dans quelques 
types, sont au contraire très courts dans d’autres. 

Les terrains anciens étant composés presque constamment de 
dépôts marins, on comprend que la famille des cyclasides n'ait 
pas laissé de traces fréquentes de son existence dans les périodes 

antérieures à l’époque tertiaire. On en trouve cependant quel- 
ques espèces bien déterminées dans le terrain wealdien, qui, 
comme je l'ai souvent dit, a probablement été formé vers l'embou- 
chure d’un grand fleuve, à la fin de l'époque jurassique. On en 
trouve quelques autres dans les terrains déposés par des 
estuaires pendant le milieu de la même période. La plupart des 
espèces des terrains tertiaires se trouvent dans des dépôts 
d'eau douce, ainsi que l'on devait s’y attendre. On rapporte 
toutefois à cette famille, parce qu’elles en ont tout à fait les 
caractères, quelques coquilles trouvées dans des dépôts marins. 
Je renvoie pour ces faits à ce que j'ai dit plus haut (p. 15) sur 
les gastéropodes qui, de nos jours, vivent dans l’eau douce. 


INTÉGROPALLÉALES. = GYCLASIDES. h57 


Cette famille est composée aujourd'hui des genres (!) CycLas, 
CYRENA, GLAUCONOME, GNATHODON et GALATHEA (?). 


Les Cyccanes (Cyclas, Bruguière; Sphærium, Scop.; Cyclas et 
Pisidium, Pfeiffer), — Atlas, planche LXXVE, fig. 11 et 12, 


ont une coquille mince et fragile, ovale, bombée, à crochets pro- 
tubérants. Les dents cardinales sont très petites, tantôt au nombre 
de deux sur chaque valve, tantôt moins nombreuses, et quelque- 
fois même nulles. Les dents latérales sont allongées, comprimées 
ct lamelliformes. Le ligament est extérieur. 

Je réunis ici les CycLapes, Brug. et les Pisipium, Pfeiffer (Pi- 
sum, Megerle) ; mais mon seul motif est la difficulté de distinguer 
les coquilles sans l'animal. Je reconnais que ces deux genres sont 
distingués par un caractère qui est très suffisant, si toutefois il 
est constant et général ; les cyclades ayant toujours deux siphons, 
et les pisidium un seul. Les coquilles sont identiques, sauf que, 
en général, les pisidium sont un peu plus inéquilatéraux. Il est 
impossible de poursuivre cette distinction entre les coquilles fos- 
siles. 

Les cyclades devraient, à la rigueur, reprendre le nom de 
SPHÆRIUM qui leur à été donné par Scopoli en 4777 ; mais le nom 
de Cyclas, qui date de 1792, est tellement connu, qu’on ne peut 
vraiment pas proposer cette substitution. Ces mêmes mollusques 
ont été désignés en 1811, par v. Mülhfeld, sous le nom de Cor- 
NEA. Il faut aussi leur réunir les GALILEJA, Costa, qui ne sont que 
des pisidium. Il en est de même des Pera et des EuGLesta, Leach. 

Les cyclades sont aujourd'hui de petites coquilles communes 
dans les eaux douces; on les trouve fossiles dans les terrains 
wéaldiens et tertiaires (*). 


(!)} Quelques auteurs y ajoutent les donax américaines d’eau douce, qui 
forment le genre IPxiGex1A, Schumacher. On n’en connaît pas de fossiles. 

(2) Il existe aussi un genre de crustacés nommé GALATHEA, Fab., voyez 
t. IL, p. 441. 

(8) M. Dunker (Palæontographica , t. Y, p. 38) a décrit avec doute une 
C. rugosa du lias d'Halberstadt dont la charnière, dépourvue de dents, porte 
une sorte de callosité irrégulière qui rappelle peu les cyclades vivantes. Je ne 
sais ce qu'on doit penser d’une Cyclas eos, indiquée par M. Jasykow et par 


58 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


Les espèces des terrains wéaldiens paraissent nombreuses. 


M. Sowerby (1) en a fait connaître plusieurs (C. angulata, elongata, major, 
media, membranacea, parva?, subquadrata) des diverses divisions du terrain 
wéaldien d'Angleterre; mais plusieurs sont des cyrènes. 

M. Dunker a décrit (2) deux pisidium (P. Pfeifferi et pygmæum) et quatre 
cyclas (C. Buchüi, subtrigona, Jugleri et Brongniarti) des terrains wéaldiens 


d'Allemagne. Il faut ajouter la C. faba, Goldf. (3), du terrain wéaldien d'Os- 
nabruck. 


Les espèces se continuent abondantes dans les terrains ter- 
tiaires. 


On les trouve dès les dépôts les plus inférieurs de cette époque. 


M. Saint-Ange de Boissy (4) a décrit cinq espèces du calcaire lacustre de 
Rilly-la-Montagne (C. Verneuilli, Atlas, pl, LXXVL, fig. 11 , unguiformis, 
Denainvillieri, nuclea et Rillyensis). 

M. Deshayes (5) a fait connaître une espèce (C. lævigata, Desh.) des marnes 
blanches du mont Bernou, près Épernay, et indiqué une plus récente décou- 
verte par M. Hébert dans les marnes du gypse des environs de Paris. 

Les dépôts de Provence, et en particulier ceux des environs d'Aix, ont 
fourni une dizaine d'espèces de cyclades qui ont été étudiées (6) par 
M. J. de C. Sowerby et par M. Matheron. Les C. Gardanensis, Math., Mathe- 
roni, d'Orb. (Bongniarti, Math.), galloprovincialis, Math., et numismalis , 
id., existent par myriades dans certaines couches qui en sont presque entière- 
ment composées. M. Matheron a décrit, en outre, quatre espèces du terrain à 
gypse d'Aix et de Gargas (C. Coquandiana, aquensis, pisum et gargasensis). 


Les espèces des terrains miocènes et pliocènes sont encore mal 
connues. 


M. Eichwald, comme trouvée en Russie dans un dépôt d’eau douce de l'épo- 
que triasique (Leonh. und Bronn Neues Jahrb., 1849, p. 239). 

(1) Min. conch., pl. 527, et in Fitton, Trans. geol. Soc., 2° série, t. IV, 
pl. 21. 

() Dunker, Monogr. Norddeutsch. Weald., p. 44, pl. 13 ; Koch et Dun- 
ker, Mon. Ool. Geb., p. 59, pl. 7. 

(3) Petr. Germ., t. II, p. 232, pl. 147, fig. 8. 

(#) Mém. Soc. géol., 2° série, t. IE, pl. 5. 

(5j Cog. foss. Par., t. 1, p. 116, pl. 18, fig. 12 et 13; et Traité élém. 
conch., 1. 1, p. 710. 

(6) J. de C. Sowerby, Edinburgh new philos. Journal, 1829 ; et Matheron, 
Catalogue, Trav. Soc. stat. Marseille, p. 146, pl. 14. 


INTÉGROPALLÉALES., — CYCLASIDES. h59 


M. Klein ({) a décrit la C. OEpfingensis du calcaire d’eau douce inférieur 
du Wurtemberg. 

M. Reuss a fait connaître (2) les C, prominula et seminulum des dépôts 
miocènes de Kolosorok et de Tuchovezic. 

Les cyclades décrits par M. Dubois de Montpéreux, sont probablement des 
lucines (Deshayes). 

Quelques espèces vivantes ont été retrouvées dans les dépôts récents d’une 
partie de l’Europe (3). 

M. Wood (4) cite dans le crag deux cyclas et quatre pisidium qui paraissent 
se rapporter tous à des espèces actuelles. 


Les CyrÈènes (Cyrena, Lamk.),—Atlas, pl. LXXVE, fig. 9 et 10, 


se distinguent des précédentes par leurs coquilles plus solides, 
dont la charnière a toujours trois dents sur chaque valve. Ces 
coquilles ressemblent, du reste, à celles des cyelades ; elles sont 
arrondies ou trigones, renflées, recouvertes par un épiderme 
épais, à crochets écorchés. Les dents latérales sont presque tou- 
jours au nombre de deux, dont une est souvent rapprochée des 
cardinales ; ces dents sont tantôt lisses, tantôt striées. M. d’Or- 
bigny les réunit aux cyclades, et, en effet, la distinction des 
deux genres repose sur des caractères peu importants et variables. 

Il est probable que l’on ne doit pas en séparer génériquement 
les ViLLERITA, ViLLARITA ou VELORITA, Gray , les GELOINA, id., 
et les CorgicuLa, Megerle. 

Ces coquilles, ordinairement de plus grande taille que les cy- 
clades, habitent aujourd’hui les fleuves et les grandes rivières. 
Elles sont toutes, sauf une, étrangères à l'Europe et spéciales aux 
zones chaudes du globe. 

Les espèces fossiles ont été très abondantes pendant l’époque 
wéaldienne et pendant l’époque éocène. Cette circonstance se lie 
évidemment avec la rareté des terrains sédimentaires d’eau douce 
dans la plupart des autres périodes. 


Il y a toutefois quelques motifs pour leur attribuer une plus 
haute antiquité. 


(1) Würtemb. Jahreshefte, 1846, t. II, p. 93, pl. 2, fig, 49. 
(2) Palæontographica, t. IL, pl. 4. 

(3) Deshayes, Traité élém. conch., t. 1, p. 711, etc. 

(#) Mol. from the crag (Palæont. Soc., 1850, p. 106). 


h60 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


M. Dunker (!) a décrit et figuré une petite espèce du lias d'Halberstadt 
(C. Menkei, Dunker). Elle paraît avoir les principaux caractères des cyrènes, 
et ce gisement renferme d'ailleurs, comme nous l'avons vu, quelques types 
fluviatiles. 

M. Deshayes (2) dit avoir vu deux espèces de cyrènes trouvées par M. Du- 
jardin dans les terrains coralliens de Luc (Calvados). 

La C. fossulata, Cornuel (3), provient de l’oolithe vacuolaire (portlandien) 
de Vassy (Haute-Marne). 

On a trouvé quelques espèces en Angleterre, dans les couches produites par 
des estuaires à l'ile de Skye, et dans le Sutherlandshire, comprises entre 
l'oolithe et l'étage oxfordien. M. E. Forbes (f) en a décrit et figuré quatre. 


Les espèces des terrains wéaldiens proviennent d'Angleterre 
et surtout d'Allemagne. 


Il faut probablement placer dans ce genre une partie des cyclades décrites 
par Sowerby (5). Leurs charnières ne sont pas assez bien connues pour que 
l’on puisse préciser cette répartition. 

M. Dunker (6) en compte trente-cinq espèces dans les terrains wéaldiens 
du nord de l'Allemagne. Douze de ces espèces avaient été décrites par Roë- 
mer; les vingt-trois autres sont nouvelles. 


Les espèces des terrains tertiaires inférieurs se trouvent ordi- 
nairement dans les dépôts fluviatiles ou dans les dépôts mixtes, 
et elles y sont plus abondantes que les cyclades et les unio. 
Quelques-unes toutefois ont été trouvées dans des dépôts marins. 


Les espèces du bassin de Paris ont été décrites (*) par Lamarck, Férussac, 
et par M. Deshayes, qui en a figuré onze espèces, parmi lesquelles la C. cunei- 
formis, Fér. (Atlas, pl. LXXVI, fig. 9), et la tellinella, Fér., sont si abon- 
dantes, que le sol en est pétri. Ces deux espèces caractérisent les terrains é0- 
cènes inférieurs d'Épernay, avec les C. lævigata, Desh., antiqua, Fér., et 


(1) Palæontogr., t. 1, p. 40, pl. 6, fig. 23-25. 

(2) Traité éléni. conch., t. I, p. 697. 

(8) Mém. Soc. géol., 1840, t. IV, p. 286, pl. 15, fig. 1. 

(4) Quart. Journ. geol. Soc., 1851, t. VII, p. 104. 

(5) Min. conch., pl. 327, et in Fitton, Trans, geol. Soc., 2° série, t. IV, 


pl. 21. 
(6) Monogr. Norddeutsch. Weald., p. 29, pl. 10-13; Rœmer, Norddeutsch. 


Oolgeb., p. 115, pl. 9, et supp., pl. 19. 
(7) Lamarck, Ann. mus., t. VII; Férussac, Hist. des Moll. terr. et fluv. ; 


Deshayes, Cog. foss. Par., 1. I, p. 116. M. d'Orbigny considère les C. pisum 


INTÉGROPALLÉALES. — CYCLASIDES. hG1 


trigona, Desh.. Les C. cycladiformis, Desh., pisum, id., obliqua, ïd., et 
depressa, id., appartiennent au calcaire grossier. Les C. deperdita, Desh., 
et crassa, id., proviennent des étages supérieurs de Valmondois, etc. 

Il faut ajouter quelques espèces des dépôts éocènes inférieurs de Châlons- 
sur-Vesle décrits par M. Melleville (1) (C. angustidens, Mell., orbicularis, id., 
et intermedia, id.) deux espèces des lignites de Provence figurées par M. Ma- 
theron (C. globosa, Math., Ferussaci, id.), et la C. Deshayesi, Hébert, des 
environs de Rilly. 

Le bassin de Londres en a aussi fourni quelques-unes (2) : La Cyrena 
deperdita, Sow., non Lamk (C. britannica, Desh.), la C. cuneiformis, Sow., et 
une espèce qui paraît identique avec la C. tellinella, Fér., caractérisent l'argile 
plastique. L’argile de Londres a fourni la C. cycladiformis, Desh. Les marnes 
éocènes supérieures de l’île de Wight contiennent les C, obovata, Sowerby, 
et pulchra, id. 


Les terrains miocènes et pliocènes en contiennent également 
quelques espèces. 


M. Bouillet (3) a fait connaître celles des dépôts lacustres de l'Auvergne, 
en les rapportant à tort, suivant M. Deshayes, aux espèces de Paris. 

La C. semistriata, Desh. (#) caractérise les terrains miocènes inférieurs de 
France et le terrain tongrien de Belgique (Atlas, pl. LXXVI, fig. 10). Elle a 
été rapportée à tort par Goldfuss à la C. cuneiformis. 

Le bassin de Bordeaux renferme, dans ses étages miocènes supérieurs, la 
Cyrena Geslini, Desh., et la Cyrena Brongniarti, Basterot (5). 

La C. Faujasi, Desh. (6) (C. lœvigata, Gold., et polita, id.) caractérise les 
terrains miocènes d'Allemagne, etc., avec la C. subarata, Bronn (C. Bron- 
gniarti, Goldf.) et quelques espèces décrites par Goldfuss (C. æqualis, Goldf., 
striatula, id., etc.). Le crag d'Angleterre et de Belgique renferme une espèce 


et obliqua comme des cyprines. Quant à la C. trigona, Desh., il la cite comme 
Cyclas dans le suessonien, et comme Cyprina dans le parisien. 

(t) Melleville, Sables tert. inf., Ann. Soc. géol., 1843, p. 35, pl. 2; Ma- 
theron, Catalogue, Travw. Soc. stat. Mars., p. 221, pl. 144; Hébert, Bull. Soc. 
géol., 2° série, 1848, t. V, p. 401. 

(2) Sowerby, Min. conch., pl. 162 et 527 ; Morris, Catalogue, p. 86. 

(3) Bouillet, Catalogue ; Deshayes, Traité élém., t. 1, p. 698. 

(4) Encycl. méth.,t. IE, p. 52; Lamarck, Anim. sans vert., 2° édit., t. VI, 
p. 281; Nyst, Cog. et pol. foss. Belg., p. 143: Goldfuss, Petr. Germ., t. I, 
pl. 146, fig. 2 et 3. 

(5) Deshayes, Encycl. méth., t. II, p. 52; Lamarck, Anim. sans vert., 
2° édit., t. VI, p. 280; Basterot, Cog. foss. Bord., p. 84. 

(6) Deshayes, loc. cit.; Bronn, Lethæa, 1° édit., p. 958, pl. 38, fig. 2; 
Goldfuss, Petr. Germ., t, I, pl. 146. 


h62 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


qui, suivant M. Wood (1), est identique avec la C. consobrina, Caillaud, du 
Nil, Cette espèce a été décrite par M. Wood lui-même sous le nom de trigo- 
nula, par M. Nyst sous le nom de Duchastelii, et par M. Philippi sous celui 
de Gemmellarii. 


M. Bertrand Geslin a trouvé une espèce dans le val d’Arno supérieur (2). 
Quelques eyrènes ont aussi été indiquées fossiles en Amérique. 


Les GLAUCONOME, Gray (*) (Glauconomya, Bronn), 


ont une coquille allongée, transverse, équivalve, inéquilatérale, 
mince, épidermée. Les bords sont tranchants. La charnière est 
étroite et formée de trois petites dents cardinales divergentes, 
quelquefois bifides. L’impression palléale forme un sinus étroit 
et profond. 

Ce genre comprend aujourd'hui quelques petites coquilles flu- 
viatiles. 


M. Deshayes (4) lui rapporte deux espèces fossiles trouvées abondamment 
dans les lits marneux supérieurs au gypse dans le bassin de Paris. Ces espèces 
ont été décrites par Brongniart sous les noms de Cytherea ? convexa et plana. 


Les GNATHODON, Gray, —Atlas, pl. LXXVE, fig. 43, 


sont intermédiaires entre les mactres et les cyrènes ; de sorte que 
les auteurs sont divisés sur la question de savoir si ce genre est 
plus voisin des unes ou des autres. La coquille est ovale, trigone, 
épaisse, solide, subcordiforme, épidermée. La charnière, très 
solide, est formée, sur la valve gauche, d’une petite dent car- 
dinale en V, d'une grosse dent pyramidale également cardinale, 
sur la valve droite de deux petites dents divergentes et d’une 
grande fossette, et sur toutes deux d’une dent latérale buccale 
courte et d’une latérale anale très longue. L’impression palléale 
forme un sinus court et triangulaire. 

Ce genre, qui a été établi en 1830, a été désigné plus tard (1831) 


(1) Mol. from the crag (Pal. Soc., 1850, p. 104, pl. XI). 

(2) Deshayes, Traité élém. conch., t. 1, p. 699. 

(8) Le genre GLauUCONOME a été établi en 1828. Le comte de Munster avait 
déjà désigné, en 1826, sous le même nom, des mollusques bryozoaires (Gold- 
fuss, Petr. Germ., t. 1, p. 100). 

(4) Traité élém. conch., t. 1, p. 674; Alex. Brongniart, dans Cuvier, Oss. 
foss., 4° édit., t. IV, p. 392, 399 et 643, pl. P, fig. 7 et 8. 


INTÉGROPALLÉALES. — CYPRINIDES. h63 


par M. Desmoulins sous le nom de RanGra, et en 1833 par 
M. Conrad sous celui de CLATHRODON. 


Il renferme deux espèces vivantes, dont l’une (Gn. cuneatus, Gray) est 
tellement abondante dans le lac Pontchartrain, que les sauvages s'en servent 
pour faire des plates-formes et pour élever le sol au-dessus des mouvements 
des eaux. Cette même espèce se retrouve fossile dans les terrains récents de 
l'Amérique septentrionale (!). C’est l'espèce figurée dans l'Atlas. 

M. Conrad (2) a fait connaître deux autres espèces fossiles des terrains ter- 
tiaires supérieurs de la Virginie et de la Caroline du Nord. 


9e Famizze. — CYPRINIDES. 


Je forme une petite famille pour des coquilles qui ont à la fois 
des rapports avec les cyrènes, les Cardium, les vénus, etc., sans 
se laisser associer à aucun de ces groupes. L'animal, épais ct 
ovale, a les bords du manteau simples et réunis postérieurement ; 
deux siphons très courts, inégaux, ciliés et assez semblables à 
ceux des cardium, un pied aplati et linguiforme, des branchies 
grandes et inégales. La coquille à la forme de celle des eythérides 
avec une impression palléale entière, et une charnière composée 
de deux à trois dents cardinales obliques sur chaque valve, et 
d'une latérale anale quelquefois atrophiée. Le ligament est 
externe. 

Je ne place dans cette famille que le genre des cyprines et celui 
des cypricardes. Les caractères que j'ai indiqués ci-dessus mon- 
trent que ces deux groupes ont dans leur organisation bien des 
points communs. Leur manteau fermé postérieurement et la forme 
de leurs siphons les rapprochent beaucoup des cardium , et ils 
font une assez bonne transition entre ce type et celui des cyrènes. 

M. Deshayes a adopté à peu près la même série que moi dans 
l'ordre des genres, savoir : Cyrène, Cyprine, Cypricarde, Car- 
dium; mais 1l la coupe différemment: en Cyrénides qui com- 
prennent les deux premières, et C'ardides qui renferment les deux 
dernières. J'ai cru meilleur de ne laisser que des coquilles fluvia- 
tiles dans la première de ces familles, et de séparer davantage 


(!) Deshayes, Traité élém. conch.,t. 1, p. 300. 


(2) Foss. of the lert, form., pl. 13 et 39; et Silliman, Amer, Journ., 
s. XLIL (1842). 


hG6! ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


les cypricardes des cardium, à cause de leur forme générale, de 
celle de leur pied, de leur charnière, etc. 

Je me trouve moins d'accord avec M. d'Orbigny, qui associe 
les cyprines et les cypricardes aux carditides, mais il place éga- 
lement ces deux genres à côté l'un de l’autre. 


Les Cyprines (Cyprina, Lamk, Arctica, Schumacher), — Atlas, 
pl. LXXVE fig. 44 à 16, 


ont une coquille subcordiforme, épidermée, à charnière forte , 
composée de trois dents cardinales sur chaque valve, un peu 
divergentes, et d'une dent latérale anale écartée, quelquefois 
presque nulle. Le ligament est externe, épais et bombhé, et s’in- 
sère sur des nymphes saillantes. 

Ou ne connait bien aujourd’hui qu’une seule espèce de cyprine 
qui vit dans les mers du Nord. Les espèces fossiles sont plus 
nombreuses ; elles paraissent avoir eu leur maximum de dévelop- 
pement dans l'époque crétacée. 

Leur existence dans l’époque primaire n’est pas démontrée (1). 


La C. delloidea, Phillips, et la C. vetusta, Rœmer, du terrain dévonien, ne 
paraissent pas être des cyprines. Je crois, avec M. d'Orbigny, que la dernière 
est une cardinia ; M. Deshayes en fait une cypricardia, La première a les 
formes externes d’un cardium. 

La C. Egertoni, M’ Coy, du terrain carbonifère d'Irlande, est une cardio- 


morpha. 


Elle ne paraît pas non plus être incontestable dans Îles terrains 
triasiques et dans le saliférien. 


M. d'Orbigny (2) rapporte à ce genre les Venus donacina et nuda, Gold- 
fuss, du muschelkalk, ainsi que la C. strigillata, Klipstein, et quatre Js0- 
cardia de Saint-Cassian, décrites par le comte de Munster ; mais aucune de 
ces espèces n’est connue par ses caractères internes, et leur facies me paraît 
laisser de grands doutes. 


(1) Phillips, Palæoz. foss., pl. 17, fig. 59; Rœmer, Harzgebirge, pl. 6, 
fig. 18; M’ Coy, Synopsis of Ireland, pl. 10, fig. 9 

(2) Prodrome, t. 1, p. 173 et 198 ; Goldfuss, Petr. Germ., pl. 150, fig. 3; 
Zieten, Pétrif. du Wurt., pl. 71, fig. 3; Klipstein, Geol. der œstl. ja 
pl. 16, fig. 23; Munster, Beitr, t. IV, ete. 


INTÉGROPALLÉALES. — CYPRINIDES. 65 


Les dépôts jurassiques renferment par contre des espèces plus 
probables. Plusieurs restent cependant encore très mal connues. 


J'ai dit plus haut (p. 443) que plusieurs espèces décrites sous le nom de 
vénus avaient les formes externes des cyprines. J'ai cité alors les V, affinis, 
Münster, Saussuri, Rœmer, tenuistria, Münster, caudata, id., isocardioides, 
id., nuculiformis, id.; mais il faut attendre la connaissance de la charnière 
ou des impressions du moule. 

Il faudra probablement aussi considérer comme des cyprines quelques-unes 
des isocardia de Phillips et de Goldfuss, et ajouter plusieurs espèces iné- 
dites (1) indiquées par M. d'Orbigny et M. Deshayes. 

Les C. Cancriniana, d'Orb., et Helmerseniana, id., du terrain oxfordien 
de Russie (2), paraissent être de véritables cyprines, ainsi que la C. Kharas- 
chorensis, Rouillier, du même gisement. 


Les cyprines des terrains crétacés sont plus nombreuses et 
mieux connues. 


M. Leymerie () a fait connaître la C. bernensis (C. rostrata, d'Orb., non 
Sow.) du terrain néocomien et la C. ervyensis, Leym., qui se trouve à la 
fois dans cet étage et dans le gault. 

La C. Saussuri, Pictet et Renevier (f) (Donacites Saussuri, Brongt, Cyprina 
rostrata, Sow., etc.) caractérise le terrain aptien inférieur de Ja perte du 
Rhône (Atlas, pl. LXXVI, fig. 14). 

Le terrain aptien supérieur de la perte du Rhône renferme outre Ja 
C. ervyensis précitée, la C. Rhodani, Pictet et Roux (5). 

Le terrain aptien de Vassy a fourni la C. inornata, d'Orb, (6). 

On trouve dans le gault, outre la C. ervyensis, la C. cordiformis, d'Orb., 
et la C. regularis, id. 

Les craies chloritées et les craies marneuses en ont fourni davantage. 
M. d'Orbigny a décrit (7) les C. oblonga, quadrata et ligeriensis du terrain 
cénomanien, et les C. consobrina (Atlas, pl. LXXVI, fig. 15), intermedia et 
Noueliana, du terrain turonien. 

J1 faut y ajouter ($) les C. angulata, Sow. et cuneata, id. de Blackdowan. 


(1) D’Orbigny, Prodrome ; Deshayes, Trailé éléin. conch., t. 1, p. 682. 

(2) Murchis. Vern. et Keys., Pal. de la Russie, pl. 38, fig. 26 à 30; Rouil- 
lier, Bull. Soc. nat. de Moscou, 1847, t. XX, p, 421. 

(3) Mém. Soc. géol., 1842, t. V, p. 4. 

(4) Paléont. suisse, Terr. aptien, 3° liv. 

(5) Mol. des grès verts, p. 444, pl.34. 

(6) Pal. fr., Terr. crét., t. U, p. 99, pl. 272. 

(T) Loc. cit., pl. 275 à 278, Prodrome, t. If, p. 161 et 195. 

(8) Sowerby, Min. conch., pl. 65, et Trans. geol. Soc., 2° série, t. IV, pl. 
16 et 47: 

ILE, SL) 


66 ACÉPHALES ORTHOCONQUES,. 


La C, elongata, d'Orb., caractérise la craie supérieure de Royan. 

Les espèces d'Allemagne paraissent en partie concorder avec celles de 
France, quoiqu'elles aient êté décrites sous des autres noms. Suivant 
M. Philippi, la C. quadrata, d'Orb., comprend l’/socardia cretacea, Geïnitz, 
et la Trigonia parvula, Reuss.; la C. ligeriensis, d'Orb., correspond à la 
C. rostrata, Geinitz, etc. L 

Il paraît qu’on peut considérer comme des espèces distinctes (1) : la C. or- 
bicularis, Rœmer, des environs de Quedlimbourg; la C. trapezoidalis, Rœ- 
mer, du plæner, ete. ; la C. protracta, Reuss, du plæner. 

Trois espèces ont été trouvées (2) dans les terrains crétacés du Portugal 
(C. globosa, Sharpe, cordata, id., securiformis, id.). 

Le Prodrome, de M. d’Orbigny, renferme encore l'indication de quelques 
espèces inédites. : 


Elles diminuent dans les dépôts de l’époque tertiaire. 


La C. scutellaria, Desh. (Cytherea scutellaria, Lamk) (3) caractérise les sa- 
bles tertiaires inférieurs du bassin de Paris. 

On trouve dans l’argile de Londres les C. Morrisü et planata, Sowerby (f). 

La C. Nystii ($), Hébert (C. scutellaria, Nyst, non Lamk) caractérise l'étage 
tongrien de Belgique. 

La C. rotundata, Braun (6) a été trouvée dans les terrains miocènes d’Alzei, 
près Mayence. 

La C. œqualis, Agassiz (7) (Venus œqualis, Sowerby) provient de Dussel- 
dorf et du crag d'Angleterre. Suivant M. Deshayes, c’est l’analogue de la C, is- 
landica vivante. 

La C. rustica (8), Flem. (C. tumida, Nyst., C, Lajonkairü, Goldf.)-se trouve 
dans le crag d'Anvers et d'Angleterre (Atlas, pl. LXXVI, fig. 16). 

Les autres espèces citées paraissent être des vénus (?). 


Les CypRiCARDES (Cypricardia, Lamk, ZLibitina, Schum.), — 
Atlas, pl. LXXVI, fig. 17 et 18, 
ont des coquilles allongées, très inéquilatérales, à région anale 


(1) Rœmer, Norddeutsch. Kreideg., p. 73, pl. 9; Reuss., Boehm. Kreidef., 
pl. 37, fig. 15, ete. 

(2) Sharpe, Quart. Journ. geol. Soc., 1849, t. VI, p. 182. 

(8) Cog. foss. Par., t. I, p. 125, pl. 20, fig. 1-4. 

(&) Min. conch., pl. 619 et 620. 

(5) Deshayes, Traité élém. conch., t. I, p. 684 ; Nyst, Cog. et pol. foss. Belg., 
p. 4145, pl. Tet 8; Hébert, Bull. Soc. géol., 2° série, t. VI, 1849, p. 468. 

(6) Agassiz, Icon. coq. tert., pl. 14. 

(7) &., pl. 13; Goldfuss, Petr. Germ., t. IE, pl. 148, fig. 5; Wood, Mol. 
from the crag (Palæont. Soc., 1850, p. 146). 

(8) Cog. et pol. foss. Belg., p. 148, pl. 10, fig. 1 ; Goldfuss, Petr. Germ., 
t. LL, pl. 148, fig. 9; Deshayes, loc. cit.; Wood, loc. cit. 

(8) Deshayes, loc. cit. 


INTÉGROPALLÉALES. —— CYPRINIDES. h67 


courte; leur charnière présente deux ou trois dents cardinales 
obliques et une petite latérale du côté anal. Le ligament est 
externe, allongé et étroit. 

On a, jusqu'à ces dernières années, confondu sous ce nom deux 
types distincts : les vrais cypricardes et les coralliophages (1). 
Nous ne placons ici que les espèces qui ont la ligne palléaleentière. 

Les rapports zoologiques des cypricardes sont douteux, ainsi 
que je l’ai dit plus haut. M. Deshaves les associe aux cardides, 
M. d'Orbigny aux carditides, Chemnitz aux mytilus, etc. Il faudra, 
pour que l'on puisse avoir une opinion positive sur un sujet, que 
l’on puisse séparer dans les descriptions de l'animal ce qui con- 
cerne les coralliophages de ce qui doitse rapporter aux cypricardes. 
On verra alors si, comme je le suppose ici, elles sont intermé- 
diaires entre les eyprines et les cardium, opinion déjà partagée 
par Lamarck, comme l'indique le nom qu’il leur a donné. 

Les catalogues paléontologiques renferment de nombreuses 
indications de cypricardes fossiles ; mais je crois que l'on à trop 
souvent donné ce nom générique aux coquilles oblongues et très 
inéquilatérales dont on ne connaissait pas les vrais caractères. 

Les dépôts de l’époque primaire renferment en particulier un 
grand nombre de coquilles qui ont cette apparence, et qui ont été 
rangées dans le genre des cypricardes par la plupart des conchy- 
liologistes modernes. M. M Coy (?) a montré que la grande ma- 
jorité d’entre elles devait former un groupe particulier caractérisé 
par une charnière rudimentaire et par un très long ligament qui 
rappelle les mytilides. Nous en parlerons plus bas sous le titre 
de : Famille des Cœlonotides. 

Je ne connais aucune espèce de l’époque primaire qui présente 
d'une manière incontestable les caractères des cypricardes. Je 
suis loin cependant de vouloir affirmer que ce genre ait tout à 
fait manqué pendant cette longue série de temps ; en effet, 
M. Deshayes y compte 55 espèces et M. d'Orbigny 28. Je crois 
seulement que la grande majorité de ces espèces sera mieux placée 
dans d'autres genres que nous retrouverons dans la famille des 
cælonotides. L'incomplète conservation de plusieurs d’entre 
elles, qui empêche d’y retrouver les caractères des cypricardes, 


(1) Voyez p. 437, l'histoire de ce genre. 
(2) Bristish Palæoz. fossils, p. 275, 


68 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


rend impossible également de certifier qu’ils n'existent pas. 
Les cypricardes sont citées aussi dans les terrains triasiques, 
mais les preuves ne me paraissent pas incontestables. 


Il m'est impossible de discuter l'opinion de M. d’Orbigny ({!) qui attribue 
au genre des cypricardes une corbule, deux nucules et une trigonie décrites 
par Goldfuss, et trouvées dans le muschelkalk. On ne connaît aucun de leurs 
caractères internes. 

Les terrains jurassiques en renferment quelques espèces plus 
certaines. Il me semble toutelois que quelques-unes ont des ca- 
ractères très voisins de ceux des cyprines. 

Je ne mentionne pas ici, faute de documents suffisants, les espèces du lias 
admises par M. d'Orbigny (2). Deux sont inédites, et les autres décrites 
par Goldfuss sous les noms de cardium et de sanguinolaires, ne sont connues 
que par leurs formes externes ou par des moules sans caractères. 

Je dois faire remarquer cependant que M. Deshayes et M. d'Orbigny sont 
d'accord pour admettre la C. Neptuni (Sanguinol. Neptuni, Goldf.) qui a en 
effet bien le facies du genre. 

La C. decorata, Buyignier (3), du lias, est très allongée. 

L’oolithe inférieure (#) a fourni la C. cordiformis, Desh., et quelques 
espèces voisines inédites indiquées par M. d'Orbigny dans son Prodrome ; ce 
même auteur ajoute une espèce inédite de la grande oolithe, deux du terrain 
kellovien et une du terrain oxfordien. 

M. Buvignier (5) a décrit la C. isocardina du terrain oxfordien du départe- 
ment de la Meuse. 

Il faut encore, suivant M. d'Orbigny, ajouter la Sanguin. gracilis, Müns- 
ter, et la Tellina nuculiformis, id,, du terrain corallien de Streitberg. 


Les cypricardes paraissent rares dans les terrains crétacés. 


M. Deshayes (6) en cite deux inédites, dont une des craies de la Touraine 
et une du tourtia. 

La Cypricardia undulata, Forbes (7), du lower greensand, est un mytilus. 

M. d'Orbigny (Ÿ) a indiqué deux espèces inédites du terrain cénomanien 
de Ja Sarthe. 


(1) Prodrome, t. E, p. 174. 

(2) Prodrome, t. 1, p. 235 et 254. 

(3) Stat. géol. de la Meuse, p. 87, pl. 12. 

(4) Deshayes, Trailé élém. conch., t. IE, p. 16 ; d'Orbigny, Prodrome, t.1, 
p. 278, 508, 337 et 365. 

(5) Stat. géol. de la Meuse, p. S7, pl. 10. 

(6) Trailé élém. conch., t. II, p. 17. 

(7) Quart. journ. geol. Soc., t. 1, p. 242; d’Orbigny, Prodrome, t. I, 
p. 119. 

{8) Prod rome, t. IT, p. 161. 


INTÉGROPALLÉALES, — CYPRINIDES. h69 
Le même auteur transporte (1), dans le genre des cypricardes, trois espèces 
décrites par M. Roemer et M. Reuss sous le nom de Crassatella. Elles sont 
imparfaitement connues. 
La C. elongata, Pusch (2), a été trouvée dans les terrains crétacés supé- 
rieurs de Bohème et de Pologne. 


Elles sont rares dans les dépôts de l’époque tertiaire. 


La C. carinata, Desh. (3) caractérise le calcaire grossier du bassin de Paris 
(Atlas, pl. LXXVI, fig. 17). 

La C. pectinifera, Morris (f) (Venus pectinifera, Sow.), a été découverte 
dans l'argile de Londres et dans les dépôts contemporains de Belgique (Atlas, 
pl. LXXVI, fig. 18). 

J'ai dit plus haut que le C. oblonga, Desh., est une coralliophage. 

M. Philippi a fait connaître (5) la C. Scacchi, Ph., de Westeregeln, dépôt 
qui renferme aussi la C. pectinifera, précitée. 


Les terrains miocènes et pliocènes ne paraissent pas renfermer 
de vraies cypricardes, mais seulement des coralliophages. 


3° Famizze. — CARDIDES. 


Les cardides ont une coquille régulière, équivalve, à deux im- 
pressions musculaires, variable de forme, mais en général ventrue 
et peu inéquilatérale. 

Son caractère principal consiste dans sa charnière, qui pré- 
sente des dents cardinales irrégulières et des dents latérales écar- 
tées. L’impression palléale est simple, sans échancrure ni sinus ; 
le ligament est externe. Les moules se reconnaissent, parce qu'ils 
traduisent la forme renflée de la coquille, et parce que leurs em- 
preintes musculaires buccales sont les plus apparentes et situées 
très près du bord. 

L'animal est pourvu d'un manteau largement ouvert sur les 
régions buccale et palléale, réuni seulement à la partie anale où 
l’on voit deux siphons très courts, ciliés et non extensibles. 


(1) Id. t. II, p. 240. 

(2) Reuss, Bühm. Kreidef., I, p. 4, pl. 33, fig. 28. 

(3) Cog. foss. Par, t. I, p. 186, pl. 31. 

(4) Sowerby, Min. conch., pl. 422; Nyst, Coq. et pol. foss. Belg., pl. 11, 
fig. 8. 

(5) Palæontographica, t. I, p. 50, pl. 7 et 8. 


470 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


Le pied est variable, coudé, tantôt comprimé, tantôt épais. 

Cette famille, telle que nous la limitons ici, ne correspond 
point à celle des CarpiACÉS des anciens auteurs, qui était beau- 
coup plus étendue. Elle renferme des coquilles qui ont été généra- 
lement décrites et connues sous les noms de Cardium et d'Isocar- 
dia, et qui ont entre elles beaucoup d’analogie dans leurs parties 
essentielles. Il ne faut pourtant point s'exagérer la rigueur des 
caractères tirés de la coquille: car la charnière, qui est le plus 
précis de tons, est sujette à quelques variations, et l'on voit dans 
quelques espèces les dents disparaître peu à peu, et même s’atro- 
phier tout à fait. 


Les Bucarpes (Cardium, Bruguière, nommées aussi les Cœurs), — 
Atlas, pl. LXX, fig. 31 et 32, et pl. LXXVIT, fig. 1 à 5, 


ont une coquille régulière, symétrique, subcordiforme, à crochets 
proéminents, mais non enroulés. La charnière a quatre dents sur 
chaque valve, dont deux cardinales, rapprochées et obliques, 
s’articulent en croix avec leurs correspondantes, et deux latérales 
écartées. 

Ces coquilles sont fréquemment. marquées sur la convexité de 
leurs valves de côtes longitudinales plus ou moins proéminentes, 
souvent striées ou épineuses, et qui ne paraissent pas à l’intérieur, 
sauf vers le bord palléal. Les moules, en conséquence, n’en con- 
servent quelques traces que dans cette région. 

Des variations remarquables dans la forme de la coquille et 
dans les dents de la charnière ont fourni à quelques naturalistes 
des motifs pour détacher un certain nombre de genres de celui des 
cardium. De nombreuses transitions effacent l'importance de ces 
différences et semblent leur refuser une valeur générique. 

Nous n'admettons pas en particulier le genre Carpissa, Megerle 
(Hemicardium, Cuvier), établi pour des espèces très comprimées 
dans le sens de leur longueur, et présentant ordinairement, à la 
place d'une courbure régulière, une arète saillante qui les divise 
en deux parties (1). La forme du Cardium cardissa, qu'on en peut 


(1) Voyez comme exemple le C. aviculare, Desh., du calcaire grossier 
(Atlas, pl. LXXVII, fig. 5). 


INTÉGROPALLÉALES, —— CARDIDES. h71 


considérer comme le type, est en eflet très singulière ; mais elle 
se lie aux formes arrondies par des espèces intermédiaires nom- 
breuses. 

. Les Corcuzum, Habenstreit, et les FraGuM, Bolten, appartien- 
nent au même type. 

Nous ne pouvons pas davantage admettre les genres APHRODITE, 
Lea, et Acarpo, Swainson, formés pour les espèces édentées ; 
ni celui des PaPpyRiDEA, Swainson, qui renferme les espèces 
bâillantes (telles que le Wo/a! d’'Adanson) ; ni celui des Lævicar- 
DIUM, Swainson, dont le bord des valves n'est pas crénelé ; ni 
ceux désignés par M. Eichwald sous les noms d’Apacna, Mono - 
DACNA et Dipacna, d'après le nombre des dents cardinales de la 
charnière ; ni celui des HyPranis, Pander, qui paraît formé pour 
les mêmes espèces que celui des adacna ; ni celui des SERRIPES, 
Beck, destiné au C. groenlandicum, à cause de son pied den- 
telé. 

Il fant aussi renoncer au nom de CERASTES donné par Poli à 
l'animal des cardium, et à celui de CERASTODERMA du même 
auteur. 

Quelques espèces fossiles, suivant M. Beyrich (!), ont une lé- 
gère échancrure dans l'impression palléale, et diffèrent aussi par 
la forme du bord qui n'est jamais crénelé. Cet auteur en a formé 
sous le nom de PROTOCARDIA un genre nouveau, qui devra être 
admis dès que l’on aura pu préciser quelles sont les espèces qui 
doivent lui appartenir. M. Bevrich y place les €. Æillanum, Sow., 
striatulum, id., éruncatum, id., etc. 

Les cardium ont apparu dès les époques les plus anciennes du 
globe (?), et se continuent dans tous les âges suivants, augmentant 
de nombre à mesure qu'ils se rapprochent de l'époque actuelle, 
où ils paraissent avoir atteint le maximum de leur développement 
numérique. Ils habitent aujourd'hui le sable ou la vase des par- 
lies tranquilles du littoral de la plupart de nos mers. 

On à décrit de nombreuses espèces de la période primaire. 
Une seule est citée dans les terrains siluriens. 


C'estle C. striatum, Sow. (°), des calcaires d'Aymestry (silurien supérieur). 


(1) Zeitschrift fur Malakozoologie, 1845, p. 17. 

(2) Les anciens paléontologistes ont désigné les cardium fossiles sous les 
noms de Bucardiles, Cardiolithus, Cardiacites, Concha cordiformis, etc, 

(3) Si, system, pl. 6, fig. 2, 


h72 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 
Elles paraissent au contraire nombreuses dans l'époque dévo- 
nienne. 


Le comte de Müpster (!) en a décrit trente-cinq espèces des environs d'El- 
bersreuth, etc, dont plusieurs sont bien incomplétement caractérisées, et 
quelques-unes apparticunent au genre des conocardium. 

Le même auteur (2, en avait précédemment figuré dans l'ouvrage de Gold- 
fuss, avec plus de soin, un certain nombre d'espèces des mêmes localités. Une 
partie d'entre elles appartiennent également au genre conocardium, et nous 
les y retrouverons plus tard. 

M. Marie Rouault a fait connaitre (3) les C. Hugardi et Picteli, de Bre- 
tagne. 

Quelques autres espèces ont été décrites (4) par M. Roemer, d’Archiac et 
Verneuil, etc. 


Les espèces sembleraient devoir se continuer dans les dépôts 
carbonifères, mais les cardium proprement dits n’y ont pas en- 
core été cités d'une manière certaine. 


Les coquilles indiquées sous ce nom appartiennent, jusqu’à présent, toutes 
aux genres suivants (conocardium, cardiomorpha, etc.). 


Leur existence est douteuse dans les commencements de l’époque 
secondaire. 
Le comte de Münster (5) a décrit le C. dubium de Saint-Cassian, et 


M. d'Orbigny rapporte à ce genre quelques espèces du même gisement 
décrites par M. Klipstein sous le nom de cardita. 


Les terrains jurassiques ont fourni quelques espèces. 


Celles d'Angleterre ont été décrites (6) par M. Phillips (2 espèces du lias, 
7 de l'oolithe inférieure et de la grande oolithe et une du coral rag) ; Sowerby 
(C. truncatum du lias , 'striatulum de l'oolithe inférieure et dissimile du 
(Dean portlandien) ; (€. globosum du cornbrash); Morris et Lycett (6 espèces 
de la grande oolithe, etc.) 


a) Beitr. zur Peiref., t. If, p. 58, pl. 13 et 14, etc. 

(2) Petr. Germ., t. WE, pl. 141 à 143. 

(3) Bull. Soc. géol., 2° série, 1851, t. VIIT, p. 387. 

(4, Roemer, Rheinische Uebergangsgeb., p. 40 et 92, Harzgebirge, p. 22, 
pl. 6, et Palæontographica, t. TT; d’Archiac et Verneuil. Trans. geol. Soc., 
92° série, t. IV, p 375, pl. 36, etc. 

(5) Beitr. zur Petref. t. IV, p. 90, pl. 8 ; d'Orbigny, Prodrome, t. I, p. 
198. Le Cardium striatum, Schlot., du muschelkalk, est une lima. 

(6) Phillips, Geol. of Yorksh.; Sowerby, Min. conch., pl. 553; Mag. of 
nat. hist., 1839, p. 60, fig. 19 ; Morris et Lycett, Mollusca from the great ool. 
(Palæont. Soc., 1853, p. 63, etc.) 


INTÉGROPALLÉALES. — CARDIDES. h73 


Les espèces de France sont connues (1) par les travaux de MM. d’Archiac 
(C. pesbovis, Atlas, pl. LXXVIL, fig. 1 ; et minulum de la grande oolithe 
d'Esparcy, les autres appartiennent à d’autres genres) ; Leymerie (C!. coralli- 
num du terrain corallien), et Buvignier (?) (C. cyreniforme de l'Oxford &lay, 
3 espèces du corallien, 4 du calcaire kimméridgien, et 4 du terrain portlan- 
dien), et par plusieurs indications d'espèces inédites faites par M. d'Orbigny. 

Les espèces d'Allemagne sont surtout décrites dans les ouvrages de Gold- 
fuss (3) (C. truncatum etcucullatum, du lias ; C. semiglabrum et chordotomum, 
du corallien de Streitberg; C. semipunctatum, de Nattheim; C. intextum, de 
Derneburg, etc.). 

Il faut y ajouter quelques espèces qu'ont indiquées ou fait connaitre M. Roe- 
mer (C. globosum du corallien, etc.); Münster (C. Protei etobscurum de Kehl- 
heim); Dunker (C. Philippianum du lias qui paraît le même que le truncatum, 
Goldfuss), ete. 


Les cardium se sont continués pendant l'époque crétacée. On 
en connaît plusieurs des dépôts néocomiens et aptiens. 


On trouve (f) dans les terrains néocomiens inférieurs de Vandœæuvres et de 
Marolles, les C. impressum, Desh., Voltzü, Leym., subhillanum, id., Cottal- 
dinum, d'Orb., imbricatorium, id., et peregrinum, id. 

Le lower greensand et les terrains aptiens (5) contiennent le C. sphϾroi- 
deum, Forbes (Neckerianum, Pictet et Roux), le C. fbbetsoni, Forbes, et deux 
espèces nouvelles que M. Renevier et moi avons décrites sous les noms de 
Cardium Forbesi et C. bellegardense. Le C. Benstedi, Forbes est très douteux 
et le C. Austeni, id., n'appartient certainement pas à ce genre. 


Le gault renferme quelques espèces (°). 


Le C. Dupinianum, d'Orb., se trouve dans ce gisement et dans le terrain 
aptien. 


(1) D’Archiac, Mém. Soc. géol., 1843,t, V, p. 373, pl. 27; Leymerie, 
Statist. de l'Aube, pl. 10, fig. 11 ; Buvignier, Stat. géol. de la Meuse, p. 15; 
d'Orbigoy, Prodrome, t. I, p. 279, 310, 338, t. IL, p. 18 et 52. 

(2) Parmi les espèces décrites par M. Buvignier, on doit remarquer le 
C. septiferum du corallien de la Meuse, qui présente à l’intérieur une cloison 
longeant l'impression musculaire anale. Cette cloison laisse sur le moule une 
impression semblable à celle des cucullées (Atlas, pl. LXXVIL, fig. 2). 

(3) Goldfuss, Petr. Germ., t. I, p. 218, pl. 143 et 144; Roemer, Nord 
Deutsch Oolgeb., p. 108. et supp., p. 39; Münster, Beitrüge, t. I, p. 108; 
Dunker, Palæontog., t. I, p. 116. 

4) Leymerie, Mém. Soc. géol., t. V ; d'Orbigny, Pal. fr., Terr. crét., t. IT, 
p. 16, pl. 239-242. 

($) Forbes, Quart. Journ. geol. Soc., t. 1, p. 243; Pictet et Renevier, 
Paléont. suisse, Terr. aptien, 3° livraison. 

(6) D'Orbigny, Pal. fr., Terr. crét., t, WI, pl. 242 et 242 bis; Pictet et 
Roux, Moll. grès verts, p. 423, pl. 30 et 31, 


h7h -ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


M. d'Orbigny a décrit, les C. Constantii et Raulinianum. 
J'ai faif connaître, avec M. Roux, le C. alpinum du gault de Savoie. 


Les espèces augmentent beaucoup de nombre dans les craies 
chloritées et dans les terrains crétacés supérieurs. 


Une des plus caractéristiques est le Cardium hillanum, Sow. (!), de Black- 
down et des terrains cénomaniens de France (Atlas, pl. LXX VIT, fig. 3). Il a 
été souvent confondu avec des espèces plus anciennes que nous avons énumé- 
mérées ci-dessus, et qui présentent le même caractère de côtes rayonnantes 
serrées sur la région anale, contrastant avec les côtes concentriques ou leg 
stries d’accroissement simples du reste de la coquille. IT faut ajouter, comme 
trouvées à Blackdown, les C, productum, Sow., et wumbonatum, id. Le premier 
se retrouve au Mans. 

Le C. concentricum, E. Forbes (2), provient des grès verts du Devonshire, 

M. d'Orbigny a décrit ou indiqué, outre ces espèces, huit cardium de son 
étage cénomanien et deux de l'étage turonien. Il faut y ajouter les C. hyperi- 
cum et Michelini, d’Archiac, de tourtia, et quelques espèces du terrain 
turonien d’'Uchaux et des Martigues, décrites par Matheron sous le nom de 
C. Requienianum, guiliferum et Cordierianum. 

Les C. conniacum, d'Orb., et bimarginaltum, id., proviennent des terrains 
crétacés supérieurs de Cognac et de Royan, ce dernier gisement renferme aussi 
le C. Faujasi, Desmoulins. 

M. Matheron (3) a décrit les C. Villeneuvianum et Itierianum des terrains 
crétacés supérieurs du plan d’Aups. 

M. Dujardin (4) fait connaître les C. insculptum et radiatum des craies supé- 
rieures de Touraine. 

L'Allemagne a fourni de nombreuses espèces, et une partie des précédentes 
s’y retrouvent. On verra leur description (5) dans les ouvrages de Goldfuss 
(huit espèces dont six nouvelles); Roemer; Reuss (C. alternans, lineolatum, 
semipapillatum, etc.); Geinitz (C. Ottoni), Kner (C. fenestratum); Jos Müller 
(neuf espèces d’Aix-la-Chapelle, dont sept nouvelles), etc. 

Il faut ajouter plusieurs espèces des terrains crétacés du Chili et de Pondi- 
chéry (6). 


(t) Min. conch., pl. 14, 156, etc.; d'Orbigny, loc. cit.; d’Archiac, Mém. 
Soc. géol., 2° série, t. Il, pl. 14; Matheron, Catal., Trav. stat. Mars., 
| D ie 7 Po ii RE 

(2) Quart. Journ. geol. Soc., 1845, t. [, p. 408. 

(3) Loc. cit., pl. 18. 

(4) Mém. Soc. géol., t. I, p. 224, pl. 15. 

(5) Goldfuss, Petr. Germ., t. Il, p. 220, pl. 144; Roemer, Norddeutsch. 
Kreid., p. 71; Reuss, Boehm. Kreid., pl. 35 et 40 ; Geinitz, Charact., Kies- 
lings., p.14; Kner, Kreide Verst. Ostgall., p. 20, pl. 2; J. Müller, Mon. Aach. 
Kreid, 1, p. 21, IL, p. 65. 

(6) D'Orbigny, Prodrome, t. Il, p. 242. 


INTÉGROPALLÉALES. —- CARDIDES. k75 


Ce genre prend plus de développement encore dans les dépôts 
de l’époque tertiaire. 


Lamarck, puis M. Deshayes (!) ont écrit dix-sept espèces des tertiaires 
éocènes du bassin de Paris. Le C. hybridum, Desh., et le C. semigranula- 
tum, Desh. (Plumstedianum, Sow.), caractérisent les sables inférieurs d’Abbe- 
court, de Noailles, ete.; la majorité se trouve dans le calcaire grossier. Nous 
en avons figuré le C. porulosum, Lamk (Atlas, pl. LXXVIL, fig. 4), comme 
exemple des espèces normales, et le C. aviculare, Desh. (Hippopus avicula- 
ris, Sow.), Atlas, pl. LXXVIT, fig. 5, comme exemple des espèces cardissoïdes. 

Trois espèces appartiennent aux dépôts éocènes supérieurs (C. rachitis, 
Desh., emarginatum, id., et granulosum, Lamk). 

À ces espèces il faut ajouter (2) le C. fragile, Melleville (subfragile, d'Orb.) 
de Cuise-la-Motte et plusieurs espèces inédites indiquées par M. d'Orbigny. 

Les terrains nummulitiques (3) sont assez riches en cardium, mais ils ne 
sont pas encore très bien connus. Les catalogues signalent de nombreuses 
espèces indéterminées ; on y retrouve une partie des cardium du bassin de 
Paris. M. d’Archiac en a fait connaître quelques nouvelles, telle que le C. in- 
scriptum, de Biarritz, etle C.Orbignyanum, de Bayonne. M. Bellardi en compte 
quinze espèces aux environs de Nice, dont six nouvelles et trois indéterminées. 

L'argile de Londres renferme {f), outre plusieurs espèces précitées, les 
C.nitens, Sowerby, porulosum, Brander, semigranulatum, Sowerby, turgidum, 
Brander, etc. 


Les {errains tertiaires moyens et supérieurs sont très riches en 
cardium ; mais les espèces ont besoin d’être encore beaucoup 
étudiées. 


Celles du système tongrien de Belgique ont été décrites (5) par M. Nyst. 
Ce sont les. C. tenuisulcatum, Nyst, non Münster, elegans, id., hippopæum, 
Desh., {urgidum, Brand., et deux espèces nouvelles rapportées avec doute aux 
C. papillosum, Poli, et striatulum, Brochi. Ce sont les C. Raulini, Hébert, et 
Nystianum, d'Orb. 

Les espèces des terrains miocènes proprement dits ont été décrites (6) par 


(!) Description des Coq. foss. Par., t. 1, p. 164. 

(2) Ann. sc. géol., pl. 3, fig. 1 et 2 ; d'Orbigny, Prodrome, t. IE, p. 324. 

(3) D’Archiac, Hist. des progrès, t. IL, p. 263; et Mém. Soc. géol., 
2° série, t. Il, p. 209 et t. I, p. 431; Bellardi, id., t, IV. 

(#) Brander, Foss. Hant., p. 96; Sowerby, Min. conch., pl. 14, 144 
et 346. 

(6) Nyst, Coq. et pol. foss. Belg., p. 185. 

(6) Dujardin, Mém. Soc. géol., t. I, p. 262; Matheron, Catal., pl. 32; 
Basterot, Cog. foss. Bord., p. 82; Michelotti, Desc. foss. mioc. Ital. sept., 
p. 109, pl. 4; V. Hauer, Haiïdinger Abhandl., t. 1, p. 352; Deshayes, Mém. 
Soc. géol., t, I, p. 46; Sowerby, Trans. geol. Soc., 2° série, t. III; Gold- 


L76 ACÉPHALES ORTHOCONQUES, 


Dujardin (sept espèces dont trois nouvelles); Matherou (C. anomale de la 
mollasse de Carry; Basterot (C. discrepans, Pallasianum, Burdigalinum, 
Lamk, ete., en tout sept espèces de Bordeaux) ; Michelotti (cinq espèces outre 
le C. discrepans, Bast., savoir : les C. multicostatum, Broch., trigonwm, Sism,, 
Forbesi, Mich., Dertonense, id., et Taurinium, id.); V. Hauer (C. Kubeki et 
spondyloide de Korod); Deshayes (vingt espèces de Crimée!); Sowerby (plu- 
sieurs espèces de Styrie); Goldfuss (sept espèces); Philippi (C. pulchellum, de 
Freden, C. Hausmanni de Westeregeln, etc.); d’Orbigny (quelques espèces de 
Bessarabie); G.-B. Sowerby (deux espèces des bords du Tage); Pusch; Dubois, etc. 

Il faut ajouter les espèces du crag (!) dont M. Wood compte onze en An- 
gleterre. Il en a décrit cinq nouvelles, 

Les terrains pliocènes de l’Astezan ont fourni treize espèces (2) qui ont été 
décrites par Brocchi, etc. Quelques-unes sont analogues aux vivantes. 

Plusieurs espèces sont aussi citées en Amérique. 

M. Deshayes (3) s’est occupé de la question des espètes qui se trouvent à 
la fois vivantes et fossiles; il en cite plusieurs. Une des plus remarquables 
est le C. hians, Brocchi, belle espèce qui vit dans la Méditerranée, et qui 
paraît dater de l’époque miocène (Atlas, pl. LXX, fig. 31 et 32). 


Les Unicarpium, d'Orbigny, — Atlas, pl. LXXVIE, fig. 6, 


sont des cardium dont la charnière est formée à chaque valve 
d’une seule dent cardinale qui est petite. Les dents latérales 
manquent. La coquille est ordinairement ovale, lisse ou ornée de 
stries concentriques. 

Il n'est pas certain que ce groupe ait une valeur générique. La 
variabilité que nous avons reconnue plus haut dans la charnière 
des cardium peut donner quelques doutes à ce sujet. 

M. d'Orbigny place dans ce genre un assez grand nombre d’es- 
pèces des terrains jurassiques et crétacés (‘). On n'en trouve 
point dans les dépôts tertiaires ni dans les mers actuelles. 


fuss, Petr. Germ., t. I, pl. 145; Philippi, Tert, Verst. nordwest. Deutsch, 
p. 47, et Palæontographica, t. 1, p.49 ; d'Orbigny, Voyage de M. Hommaire 
de Hell ; G.-B. Sowerby, Quart. Journ. geol. Soc., t. IE p. 417. Voyez aussi 
Deshayes, Trailé élém. conch., t. IT; et d'Orbigny, Prodrome, t. III, p. 117. 

(t, Wood, Moll. from the crag, Palæont. Soc., 1853, p. 151; Sowerby, 
Min. conch., pl. 49 et 283. 

(2) Sismonda, Synopsis, p. 18. 

(8) Traité élém. conch., t. I, p. 72. 

(4) Parmi les espèces que cite M. d'Orbiguy, il y en a plusieurs qui ne 


INTÉGROPALLÉALES. — CARDIDES. 177 
Le lias en renferme quelques-unes. 


M. d'Orbigny rapporte à ce genre la Corbula cardioides, Phillips ({) du lias 
inférieur d'Angleterre, d'Allemagne et de France; lAmphidesma rotundum, 
Zieten, et la Telliaa subalpina, Münster, du lias de Boll (2); et la Corbis uni- 
formis, Phillips (3) d'Angleterre et du lias supérieur de Côme. 

M. d'Orbigny cite, en outre, plusieurs espèces inédites (4). 


Les terrains jurassiques proprement dits sont riches en uni- 
cardium. 


M. d'Orbigny (5) attribue à ce genre plusieurs espèces décrites sous d’autres 
noms. La plupart ne sont point connues par leur charnière, de sorte qu'il 
me paraît impossible de discuter la probabilité de ces associations. 

Il est plus impossible encore de se former une opinion sur les espèces iné- 
dites indiquées par cet auteur. 

MM. Morriset Lycett ont décrit (6) trois espèces, dont deux nouvelles, de 
la grande oolithe d'Angleterre. 


Les espèces sont très peu nombreuses dans les dépôts de 
l'époque crétacée. 


M, d'Orbigny (7) cite, dans le terrain néocomien inférieur, l'Un. inorna- 
tum, d'Orb. (Cardium inornatum, d'Orb. olim.) de la Haute-Marne. C’est 
l'espèce figurée dans l’Atlas, 

Suivant le même auteur, la Corbula lævigata, Sow. (#) de Blackdown, 
appartiendrait aussi à ce genre. 


Les Conocarpiüom, Brown (P/eurorhynchus, Phillips, Zychas, 
Steininger, Arcites, Martin), — Atlas, pl. LXXVIE, fig. 7, 


ont une coquille prolongée du côté anal en une sorte de rostre, 


sout connues que par leurs caractères externes. Plusieurs d’entre eux ont le 
facies des Corbis. 

(1) Geol. of Yorksh., pl. 14, fig. 12; Zieten, Pétrif. du Wurtemberg, 
pl, 63, fig. 5. 

(2) Zieten, loc. cit, pl. 72, fig. 2; Münster, in Goldfuss, Petr. Germ., 
t. LT, pl. 147, fig. 13. 

(3) Geol. of Yorksh., pl. 12, fig. 3. 

(#) Prodrome, t. 1, p. 218, 235 et 254. 

($) Prodrome, t. [, p. 279 (sept espèces du bajocien), p. 309 (sept espèces 
du bathonien), p. 338 (une espèce du kellowien), p. 366 (neuf espèces de 
l'oxfordien), t. IE, p. 17 (trois espèces du corallien), p. 51 (trois espèces du 
kimméridgien), p. 60 (une espèce du portlandien). 

(6) Mol, from the great ool., Palæont. Soc,, 1853, p.72. 

(7) Pal. fr., Terr. crét., t. II, pl. 256, fig. 3-6, 

(8) Min. conch., pl. 209, 


78 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


et un peu bâillante dans cette région. La région buccale est 
tronquée, et sur la partie cardinale de sa troncature s'élève un 
petit prolongement cylindrique: la charnière est ordinairement 
linéaire. De nombreuses transitions lient ces coquilles aux véri- 
tables cardium : aussi plusieurs paléontologistes refusent-ils à ce 
groupe une valeur générique. C'est un point difficile à discuter 
dans l'ignorance où nous sommes des caractères Lirés de l'animal. 
Dans tous les cas, ces coquilles forment un type intéressant, soit 
par leurs formes exceptionnelles, soit par leur distribution géolo- 
gique limitée. 

M. d'Orbigny comprend dans ce genre les espèces courtes, à 
côté anal tronqué sans prolongement. Il me semble qu'elles ont 
plus de rapports avec les véritables cardium du groupe des Car- 
dissoides. | 

Ces coquilles sont spéciales aux terrains dévonien et carbonifère. 


Le type le plus connu est le C. aliforme, Sow. (1), qui, s’il n’y a pas d’er- 
reur de détermination, se trouverait dans ces deux époques. La fig. 7 de la 
pl. LXX VII représente, d’après M. de Koninck, un échantillon du terrain 
carbonifère. 

Le C. Wilmarense, d'Arch. et Vern. (?), se trouve dans les dépôts dévo- 
niens de l'Eifel avec le C. clathratum, d’Orb. (C. aliforme, Goldf., Var. 
clathratum). 

Le PI. trapezoidalis, Roemer, provient du terrain dévonien du Harz (à). 

Le PI. Philipsii, d'Orb. (PI. minax, Phillips, Pal. foss.), a été trouvé dans 
le terrain dévonien d'Angleterre (4). 

M. M Coy ($) a décrit plusieurs espèces des terrains carbonifères d'Irlande. 

On cite en Angleterre (6), outre le C. aliforme précité, les PL. armatus, 
Phill., elongatus, Sow. (rostratus, Martin), hibernium, Phill., minaa, id. (non 
minaæ, Pal. foss.), et trigonalis, id., du calcaire carbonifère de Bolland. 

M. de Koninck a fait connaître (7) les espèces du terrain carbonifère de 
Belgique (sous le nom de cardium). Il en a décrit cinq, dont deux nouvelles, 

Le C. wralicum, Keys. (8), provient du terrain carbonifère de Russie. 


(1) Min. conch., pl. 552. 

(2) Mém. Soc. géol., 2° série, t. IV, pl. 36. 

(3) Harzgeb., p. 22, pl. 6, fig. 6. 

(&) D'Orbigny, Prodrome, t. 1, p. 80 ; Phill., Pal. foss., pl. 17, fig. 50. 
(5) Synop. of Ireland, p. 58, pl. 9. 

(6) Phillipps, Geol. of Yorksh., pl. 5; Sowerby, Min. conch., pl. 82. 
(?) Desc. anim. foss. carb. Belg., p. 81, pl. 4 et pl. H. 

(8) Petschora Land, p. 238, pl. 11, 


INTÉGROPALLÉALES. -— CARDIDES. 79 


Les Isocarpes (/socardia, Lamk.) (!), — Atlas, pl. LXXVIT, 
fig. 8 à 10, 


diffèrent des cardium par leurs crochets très saillants, divergents, 
le plus souvent roulés en spirale. Leur forme générale est très 
ventrue. La charnière est composée de deux dents cardinales 
aplaties dont une s'enfonce sous le crochet, et d’une petite dent 
latérale du côté anal. Le ligament est bifurqué en avant. Les 
impressions musculaires sont grandes, mais superficielles. Les 
moules se reconnaissent à leur forme bombée. 

Quelques coquilles fossiles, qui ont les formes extérieures des 
isocardes, et qui sont faciles à confondre avec elles si l’on ne 
peut pas observer la charnière et l'impression palléale, paraissent 
devoir être rapportées à la famille des myacides ou à celle des 
anatinides. Quelques ceromya en particulier ont tout à fait la 
forme ventrue et les crochets contournés des isocardes, et appar- 
tiennent à la seconde des familles indiquées ci-dessus par leur 
charnière et par leur extrémité bâllante. On peut en conséquence 
s'attendre à quelques erreurs dans la répartition des espèces 
entre ces deux génres. 

Les isocardes ont apparu dès les temps les plus anciens du 
globe, et se continuent dans presque tous les terrains. Elles ne 
sont nombreuses dans aucun, non plus que dans l’époque mo- 
derne où l’on n'en connait que quelques espèces des régions tem- 
pérées et chaudes. | 

On en cite quelques-unes de l’époque primaire; mais parmi 
les espèces décrites sous ce nom, il y en à qui sont dépourvues 
de dents, et qui, en conséquence, ont été séparées en un genre 


(1) Les isocardes ont été décrites aussi sous les noms Bucardites, Lang, 
Lithocardites, Besler, Concha cordiformis, Cardium humanum. Poli désigne 
l'animal sous le nom de Glossus, et sa coquille sous celui de Glossoderma. Je 
ne sais pas si l’on doit en rapprocher le genre très mal connu des GoLprussiA, 
établi par M. de Castelnau pour une coquille cordiforme (C. nautiloides) des 
terrains siluriens d'Amérique, dont chaque valve est enroulée comme un 
nautile (Syst. sil. de l'Amérique sept.), p. 43, pl. 15, fig. 5 et 6. Les VENILIA, 
Martin (Synopsis, p.67) (non Venilia, Halder et Hancock) n’ont pas été suffi- 
ment distinguées des isocardes; ce genre renferme une espèce des craies 
d'Amérique, 


h80 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


particulier sous le nom de Cardiomorpha, nous en parlerons plus 
bas. 

Plusieurs espèces ne sont pas connues par leur charnière, et 
ne peuvent être attribuées avec sécurité à l'un ou l’autre de ces 
genres. 


Ainsi, l'Z Humboldti, Goldfuss (1), et VI. antiqua du terrain dévonien de 
Wissenbach, sont placées par les auteurs allemands dans le genre Isocardia, 
et par M. d'Orbigny dans celui des cardiomorpha. Elles ont plutôt le facies 
de ces dernières. 

Quelques autres espèces douteuses ont été décrites (2) par le comte de 
Müoster et par M. Roemer. 

Les Jsoc. pumila et ovata, de Koninck (3), du calcaire carbonifère de Visé, 
paraissent plus certaines, surtout les premières. 


On en cite quelques-unes trouvées dans les dépôts inférieurs 
de l’époque secondaire. 


Le comte de Münster et M. de Klipstein en ont fait connaître (f) une 
dizaine de Saint-Cassian. 
L’I. triasica, Mougeot (5), a été trouvée dans le muschelkalk des Vosges, 


Elles ne sont pas nombreuses dans le lias. 


On cite en Allemagne le Cardiwm multicostatum, Goldf. (6), qui paraît une 
véritable isocarde et qui provient du lias de Banz. 

M. d'Orbigny (7) ajoute une espèce inédite (Z. Elea) du lias inférieur de 
Langres. 


Elles augmentent un peu dans les terrains jurassiques propre- 
ment dits. 


Goldfuss (8) en a fait connaître plusieurs, savoir : l’J. cingulata, Goldf., et 
et l’Z. gibbosa, Münuster, de l’oolithe inférieure ; l’Z. rostrata, Goldf., non 
Sow., de la grande oolithe; l’Z. minima, Goldf., non Sow. (Goldfussiana, 


(1) Petr. Germ., t. Il, pl. 160, fig. 4 et 2. 

(2) Münster, Beitrüge, t. I, p. 71; Roemer, Rhein. Uebergangsgeb., p. 11 
et 84, Harzgeb., p. 23, et Palæontographica, t. IT, p. 14. 

(8) Desc. anim. foss. carb. Belg., p. 100, pl. 4, fig. 15, et pl. 2, fig. 2. 

(*) Münster, Beiträge, t. AV, p. 87, pl. 8 ; Klipstein, Geol. der æstl. Alpen, 
p. 259, pl. 17. 

(5) Bull. Soc. géol., 2° série, 1847, t. IV. p. 1433. 

(6) Petr. Germ., t. IL, pl. 143, fig. 9. 

(7) Prodrome, t. I, p. 218. 

(8) Petr. Germ., t, IE, pl. 140. 


INTÉGROPALLÉALES. — CARDIDES. h81 


d'Orb.), et les /. truncala, Goldf., (Atlas, pl. LXXVIT, fig. 88), et lineata, 
Müoster, du terrain oxfordien supérieur et du terrain corallien. Il faut 
probablement y ajouter les Cardium semiglabrum, Münster, ct semi-punc- 
tatum, id. (!), des mêmes gisements. 

Zieten a figuré (2) les Z. leporina, Ziet., de l’oolithe inférieure; Z. angulata, 
Ziet., non Sow. (Wurtembergensis, d'Orb.), du terrain kellowien; Z. elon- 
gata, Ziet., non Volz (/. Zieleni, Desh.), du terrain oxfordien ; 7. cordifor- 
mis, Schübler, du terrain corallien, etc. 

M. Roemer a décrit (3) les Z. dorsata, R,, et parvula, id., du corallien de 
Hoheneggelsen. 

Parmi les espèces d'Angleterre, on cite (#) les Z. rostrata, Sow., de l’oolithe 
inférieure; minima, id., de la grande oolithe; tenera, id., des roches de Kel- 
loway, ct quelques espèces décrites par M. Phillips. 

M. d'Orbigny a indiqué plusieurs espèces inédites (deux de l'oolithe infé- 
ricure, deux du kellowien, deux du corallien et une du kimméridgien), 


Les terrains crélacés renferment aussi des isocardes. 


L’Is. neocomiensis, d'Orb. (Ceromya neocomiensis, Agas., Isocardia præ- 
longa, Leym.), caractérise le terrain néocomien inférieur (5). L'Z. angulata, 
Phillips (6), provient de l'argile de Speeton et du hils d'Allemagne, L’/. simi- 
lis, Sow. (7), appartient au lower greensand de Sandgate, l’Z. crassicornis, 
d'Orb. (Ceromya crassicornis, Agas.), caractérise le gault de Savoie ($). 

M. d'Orbigny a décrit (?) l'Z. cryptoceras, du terrain cénomanien de Ja 
Malle, l'Z. carantoniensis, du terrain turonien de Rochefort, l'Z. Renauxiana, 
d'Uchaux, et l’/. pyrenaica, du terrain sénonien de Soulages. II a plus tard in- 
diqué (10) deux espèces inédites (7. obliqua et semiradiala) du terrain céno- 
manien de la Malle. 

L'/. cretacea, Goldfuss (11) et l’Z. longirostris, Roemer (1. ataxensis, d'Orb.) 
(Atlas, pl. LXX VIT, fig. 9), se trouvent dans les terrains crétacés supérieurs de 


(1) In Goldfuss, loc. cit., pl. 143. 

(2} Pétrif. du Wurtemberg, pl. 62. 

(3) Norddeutsch. Colgeb., p. 107. 

(#; Sowerby, Min. conch., pl. 295 ; Phillips, Geol. of Yorksh., pl. 4,9,ete., 
Morris et Lycett, Moll. from the great ool. (Pal. Soc., 1853, p. 66). 

(5) D'Orb., Pal. fr., Terr. crét., t. 3, p. 4#, pl. 250; Agassiz, Myes, pl. 8. 

(6) Geol. of Yorksh., pl. 2, fig. 20, 21. 

(7) Min. conch., pl. 516. 

(8, Agassiz, Myes, pl. 8, fig. 5 à 10; Pictet ct Roux, Mol!, grès verts, 
p. 428, pl. 31, fig. 3. 

(°) Pal. fr., Terr. crét., t. If, p. 46, pl, 251 et 252. 

(10) Prodrome, t. I, p. 163. 

(11) Petr. Germ., t. Il, p. 241, pl. 141. fig. 1. 

Il, 931 


h82 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


la plus grande partie de l'Allemagne, et se retrouvent en Angleterre et en 
Portugal. 

M. Reuss (1) a décrit les 1. turgida et pygmæa des terrains crétacés de 
Bohême. 

L’I. lunulata, Roemer (2), non Nyst, appartient aux terrains crétacés supé- 
rieurs de Dresde ; l’Z. trigona, Rœmer, aux gisements analogues de Blanken- 
burg et d'Aix-la-Chapelle. 


Les espèces ne sont pas nombreuses dans les terrains tertiaires. 


L'I. acutangula, Bellardi (3), a été trouvée dans les terrains nummuli- 
tiques des environs de Nice. Le docteur Schafhautl en a indiqué quelques 
espèces dans les gisements analogues du Kressenberg. 

L'1. parisiensis, Desh. (f), caractérise le calcaire grossier du bassin de Paris. 

L’'I. sulcata, Sow. (°), a été trouvée dans l'argile de Londres. 

L'I. harpa, Goldfuss (6), appartient aux terrains tertiaires de Magde- 
bourg, etc. 

M. Nyst (7) a trouvé dans l'étage tongrien de Belgique, outre l’espèce 
précédente, trois espèces nouvelles qui sont l’Z. multicostata, Nyst, non 
Phill. (submulticostata, d'Orb.), l’J. carinata, Nyst, et l’Z. transversa, Nyst, 
non Münst. (subtransversa, d'Orb.). 

Le même auteur cite, dans le système campinien (crag) du même pays, 
l’JZ. Lunulata, Nyst, l’I. crassa, Nyst et West. (Atlas, pl. LXX VII, fig. 10), et 
une espèce rapportée, à tort ou à raison, à l’Z. cor, vivante. 

L'I. cor, Basterot, non Lin. (/. Burdigalensis, Desh., I. Basteroti, d’Orb.), 
se trouve dans les terrains miocènes de Bordeaux (5). 

Les espèces du terrain miocène du Piémont ont été décrites (?) par 
M. Brocchi et M. Bellardi. Ce sont les J. arietina, Brocchi, Deshayesi, Bell., 
et Moltkianoides, id. 

Le terrain pliocène du même pays paraît renfermer, outre l’Z. Moltkia- 


(1) Bochm. Kreidef., t. II, pl. 35 et 40. 

(2) Norddeutsch. Kreideg., p. 70, pl. 9, fig. 5. 

(3) Mém, Soc. géol., 2° série, t. IV, pl. F, fig. 12 à 13; Schafhautl, Leonh. 
und Bronn neues Jarb., 1852, p. 158. 

(#) Coq. foss. Par., t.1, p. 189. 

(5) Min. conch., pl. 295. 

(6) Petr. Germ., t. Il, p. 284, pl. 160, fig. 15. 

(7; Coq. et pol. foss. Belg., p. 196. 

(8) Cog. foss. Bord., p. 81. 

(8) Voyez surtout Michelotti, Desc. foss. mioc. Ital. sept., p. 99. pl. 4; 
Brocchi, Conch. sub., pl. 16. L’I. arietina a été rapportée par M. Sismonda 
au genre Hippaçus, Lea; mais ce groupe, établi pour une coquille des ter- 
rains tertiaires d'Amérique à charnière sans dents, ne paraît pas suffisam- 
ment distingué des vraies isocardes. 


INTÉGROPALLÉALES, — CARDIDES. 1835 


noides, qui y passe, l'Z. cor, Lin., vivante (1. Cette même espèce se retrouve 
dans le crag d'Angleterre. 
On peut ajouter quelques espèces des terrains tertiaires d'Amérique (2). 


Les CarpiomorPHa, de Koninck, — Atlas, pl. LXXVIT, fig. 41. 


ont une charnière linéaire sans dents, dans laquelle une lame 
cardinale unie occupe tout le bord, depuis les crochets jusqu'à 
l'extrémité anale. 

La coquille est équivalve, inéquilatérale, transverse ou obli- 
quement allongée, plus mince que les isocardes vivantes ; le liga- 
ment est externe et linéaire; les crochets sont recourbés ; les 
impressions musculaires sont superficielles et réunies par une 
impression palléale simple. 

Ces derniers caractères semblent prouver une certaine analogie 
entre les isocardes et les cardiomorpha, et,-en effet, la plupart 
des auteurs rapprochent ces deux genres. le dois toutefois faire 
remarquer que la longueur de la charnière, sa forme linéaire et 
son absence de dents, semblent indiquer des rapports assez in- 
times avec les cælonotides. 

Les cardiomorpha sont spéciales à l’époque primaire. Elles pa- 
raissent avoir existé dès l’époque silurienne,. 


M. d'Orbigny (3) peuse, je crois, avec raison, que les Edmondia ventricosa, 
Hall, subangulata, id., et subtruncata, id., du terrain silurien inférieur de 
New-York, sont probablement des cardiomorpha et non des edmondia. 
J'ai dit, en parlant des isocardes, que quelques espèces, dont la charnière 
n’est pas connue, restaient inédites entre les deux genres. Les /soc. antiqua, 
Goldfuss, Humboldtii, id., et vetusta, id. (#), du terrain dévonien, peuvent 
bien être des cardiomorpha. 

L’JZ, tanais, Verneuil (5), du terrain dévonien de Russie, appartient aussi à 
ce genre, car elle n’a pas de dents à la charnière. 


Les terrains carbonifères paraissent riches en cardiomorpha. 


(1) Sismonda, Synopsis, p. 18; Wood, Moll. from the crag, Pal. Soc., 
1853, p. 193. 

(2) D'Orbigny, Prodrome, t, II, p. 421. 

(3) Prodrome, t. 1, p. 12; Hall, Pal. of New-York, pl. 35, fig. 1-3. 

(*) Petr. Germ , t. I, pl. 140 et 160. 

(5) Murch. Vern. Keys., Pal. de la Russie, pl. 20, fig, 6; Keyserling, 
Petschora Land, pl. 10, fig. 20. É 


hSl ACÉPHALES ORTIOCONQUES, 


On trouvera la description de treize espèces des terrains carbonifères de 
Belgique dans l'ouvrage de M. de Koninck (!). Nous avons figuré dans l'Atlas 
la C. oblonga, de Kon. (/socardia oblonga, Sow.), pl. LXXVIL, fig. 11. 


Ce genre s’est continué jusqu'à l’époque permienne. 


La C. modioliformis, King (2), a été trouvée en Angleterre. 


Il faut y ajouter probablement plusieurs espèces décrites sous 
d’autres noms génériques (*), mais les matériaux me manquent 
pour leur comparaison avec les divers genres de la famille des 
cϾlonotides. 


Les CarpioLa, Broderip, — Atlas, pl. LXXVIF, fig. 42, 


sont des coquilles ovales ou suborbiculaires, renflées, à crochets 
grands, proéminents, infléchis obliquement du côté buccal, qui 
ressemblent par conséquent encore aux isocardes par cet en- 
semble de caractères. Elles en diffèrent par une area aplatie, 
située entre la charnière et les crochets, qui semble indiquer 
que le ligament s’étalait extérieurement. 

Les caractères internes sont inconnus ; il est probable que la 
charnière était dépourvue de dents. Ces coquilles ont un facies 
assez particulier qui tient à leur bord palléal très arqué, à leur 
forme orbiculaire, et à la nature de leurs ornements composés 
de côtes rayonnantes et de plis concentriques qui se coupent 
en formant des sortes de tubercules. 

Ces mollusques sont spéciaux à l'époque primaire, et paraissent 
même ne pas avoir survécu à l'époque dévonienne. 


La C. fibrosa, Sow., et la C. interrupta, Broderip, caractérisent les terrains 
siluriens supérieurs d'Angleterre (4). 

Sous le nom de Cardium cornucopiæ, Goldfuss (5) a aussi décrit une car- 
diola (Atlas, pl. LXXVII, fig. 12). Je crois que sous ce nom sont confondues 
deux espèces; l’une spéciale aux terrains dévoniens, doit conserver ce nom; 
l'autre est identique avec la C. interrupta, Brod. 


(1) Descr. anim. foss. carb. Belg., p. 101, pl. 1 à 3. 

(2) Permian fossils (Palæont. Soc., 1848, p. 180). 

(3) D'Orbigny, Prodrome, t. I, p. 133. 

(#) Sow. in Murch., Si. system, pl. 8, fig. 4 et 5; Broderip, Proceed. 
geol. Soc., 1844 ; M’ Coy, Brit. pal. foss., p. 282. 

(5) Pelr. Germ., t. IL, p. 143, fig. 1. 


INTÉGROPALLÉALES, —— CARDIDES. h85 


Le comte de Münster, MM. G. et F. Sandberger et M. Rœmer ont décrit (1) 
plusieurs cardiola; mais ils me paraissent avoir étendu un peu trop loin les 
limites du genre, en y plaçant quelques espèces qui n’en ont ni le facies ni 
l’area. 


Les LunuLacarpiun, Münster, —Atlas, pl. LXXVIT, fig. 143 et 14, 


paraissent avoir quelques affinités avec les genres qui précèdent, 
mais sont encore trop mal connus pour qu'on puisse préciser 
leurs rapports zoologiques (?). 

Ce sont des coquilles cordiformes ou aplaties, équivalves, peu 
inéquilatérales, dont le côté buccal présente une forte échancrure 
en forme de croissant, qui, dans quelques cas (Atlas, pl. LXXVIT, 
fig. 13), coupe une pièce élevée au-dessus de la région buccale, 
et qui dans d'autres (fig. 14) détermine une lunule enfoncée. 

Les espèces connues appartiennent exclusivement à l’époque 
dévonienne. 

Elles ont été surtout décrites par le comte de Münster (3). Nous avons 
figuré le L. Partschi, Münster (fig. 13), et le L. excrescens, id.. de Schübel- 
hamer (fig. 14). Cette localité a fourni cinq ou six autres espèces. 


Les HETTANGIA, Terquem, —Atlas, pl. LXXVIL, fig, 15, 


ont des coquilles subtriangulaires rappelant un peu la forme des 
donaces. Leur côté anal est court, tronqué, quelquefois bâillant, 
limité par une carène ou un angle ; le côté buccal est clos. Les 
bords sont sans crénelures. La charnière est formée par des dents 
cardinales épaisses, inégales, et par une dent latérale anale qui 
est quelquefois réduite à une simple callosité. 

Le ligament est externe, porté sur des nymphes courtes. L'im- 
pression musculaire anale est ovale ou arrondie; la buccale est 
plus étroite et plus allongée. L'impression palléale est simple. 

Ces caractères semblent indiquer, comme le fait observer 
M. Terquem, plus de rapports avec les cardides qu'avec aucune 
autre famille. Les dents cardinales directes, la dent latérale, 
l'impression palléale simple, semblent justifier ce rapprochement. 


(1) Münster, Beitr. zur Pelref., t. UT, p. 66 ; G. et Fr. Sandberger, Verst. 
Rhein. Syst. Nassau, pl. 28 ; Rœmer, Palæontographica, t. WI, p. 13. 

(2) M. d'Orbigny les associe aux conocardium, dont ils ont singulière- 
ment peu le facies. 

(3) Beitr. zur Petref., t. MI, p. 69, 


h86 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


Le bâillement anal se retrouve de même chez quelques cardium 
et à la même place. 
On ne saurait les rapprocher ni des donax qui sont sinupal- 


léales, ni des cypricardes qui ont des dents cardinales plus obli- 
quées et une forme bien plus inéquilatérale, ni des corbis qui 
ont les muscles plus grands, et qui sont toujours exactement 
closes. Toutes les espèces connues appartiennent au lias. 


M. Terquem ({) en compte douze espèces, savoir : les À. Deshayesa, Terq., 
angusta, id., tenera, id., du lias inférieur d'Hettanges; la H. securiformis 
(Donaæx securiformis, Dunker) du lias d’Halberstadt (2); la H. ovata, id., du 
lias moyen d’Arlac; les H. broliensis, Buvignier, longiscata, id., Raulinea, id., 
Terqueama, id. (3), du lias moyen de Breux; l’H. lucida, Terq., du lias 
moyen de Latour; et les Æ. compressa, Terq., et H. Dionvillensis, id., du 
lias supérieur de Côte pelée (Thionville). La dernière est figurée dans l’Atlas, 


he Famize. — LUCINIDES. 


Les lucinides sont caractérisées par une coquille équivalve, 
entièrement fermée, ronde ou ovale, dont la charnière, peu dé- 
veloppée, est munie de dents cardinales médiocres ou petites, 
souvent rudimentaires, et de deux dents latérales qui manquent 
quelquefois. Les impressions musculaires sont très séparées, 
inégales, la buccale est souvent allongée ; l'intérieur des valves 
est généralement ponctué ou rayé. 

Cette famille a les dents latérales des cardides ; mais elle s’en 
distingue facilement par la forme moins renflée de sa coquille, 


(4) Bull. Soc. géol., 2° série, 1853, t. X, p. 364, pl. 7 et 8. 

(2) Dunker, Palæont., t. 1, p. 38, pl. 6, fig. 42 à 14. Les caractères de 
cette espèce restent entourés d’un certain doute. Elle a été décrite et figurée 
en détail par M. Dunker. M. Terquem a reproduit la phrase spécifique latine 
de cet auteur, et il dit : Nous n'y avons ajouté que les trois derniers mots, 
qui portent avec eux un caractère assez important pour ne pas être négligés. 
Or, ces trois derniers mots sont : ämpressione pallii integra. Si M. Ter- 
quem se füt contenté, au lieu de cette addition, de lire la description alle- 
mande, il eût vu que M. Dunker dit positivement que la ligne palléale a 
une sinuosité semblable à celle de la plupart des espèces vivantes! j’ai, du 
reste, déjà fait remarquer ci-dessus (p. 430) que la fig. 13, a, semble en 
désaccord avec cette assertion. Une nouvelle étude peut seule résoudre ces 
questions. Si le sinus existe, la coquille appartient au genre donax; sil 
n'existe pas, elle devient une véritable hettangia. 

(3) Buvignier, Stat. géol. de la Meuse, p. 14, pl. 10, 12 et 13. 


INTÉGROPALLÉALES. — LUCINIDES. h87 


ses dents cardinales plus petites, etc. Elle a plus de rapports avec 
la famille des cyclasides ; mais, outre quelques détails de la char- 
nière, elle en diffère, parce que la coquille n’est pas épidermée 
et parce que toutes les espèces sont marines. Les dents latérales 
et la petitesse des cardinales l'éloignent d’ailleurs des astartides. 
Le plus grand nombre des espèces présentent, en outre, un ca- 
ractère tout à fait spécial dans l'allongement de l'impression 
musculaire buccale. 

Les animaux sont plus clairement caractérisés ; leur manteau 
est fendu dans toute la longueur du bord palléal, le pied un peu 
allongé, étroit et vermiculaire, etc.; les branchies n’ont qu'un seul 
feuillet de chaque côté, etc. 

Ces mollusques forment un groupe bien tranché, mais dont la 
place est difficile à déterminer, si l'on veut chercher dans les 
familles un ordre sérial. Cette difficulté est du reste fréquente 
dans les classifications, et depuis longtemps a montré à tous les 
esprits sérieux l'impossibilité d’une série linéaire. 

Dans le cas dont il s’agit, il est impossible de les intercaler 
dans la série dont les termes principaux sont: Venus, Cyrena, 
Cyprina, Cypricardia, Cardium, Isocardia. W n’est pas possible 
non plus de les envisager comme une transition entre ces derniers 
et les astartides. La longueur des siphons chez quelques lucinides 
semble même devoir les faire rapprocher des sinupalléales. Mon 
but, en les plaçant ici, a été de ne pas interrompre la série natu- 
relle que je viens de citer, sans vouloir prétendre qu'elles soient 
exactement à leur rang de perfection. 

Les lucinides paraissent avoir existé à toutes les époques et 
avoir augmenté graduellement de nombre, de sorte qu’elles pré- 
sentent leur maximum dans les mers actuelles. 


Les CorBEiLLes (Corbis, Lamk), — Atlas, pl. LXXVIT, 
fig. 16 et 17, 


ont une coquille ovalé ou arrondie, à crochets souvent bombés, 
à charnière composée d’une ou deux dents cardinales, et de deux 
dents latérales dont l’anale est quelquefois multiple, et dont la 
buccale est plus grosse et plus rapprochée des crochets. Les im- 
pressions musculaires sont assez prononcées et à peu près arron- 
dies ; l’anale est la plus petite et subcireulaire ; la buccale est un 


88 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


peu arquée comme dans les lucines ; elle est comprise tout en- 
üère en dedans de l'impression palléale, qui, à l'autre extrémité, 
arrive sur le milieu de l'impression musculaire anale. 

Ce genre a recu divers noms. Celui de corbis n’est pas le plus 
ancien, et, S'il n’était pas en quelque sorte consacré par l'usage, 
il devrait être remplacé par celui de Fimswia, donné en 1811 par 
Megerle. Plus tard, M. Schumacher nomma les mêmes coquilles 
Inoraga, et M. Sowerby attribua le nom de SPHÆraA à une espèce 
fossile qui ne peut pas en être séparée. 

Les corbeilles paraissent dater de l’époque jurassique, et se 
retrouvent dans les terrains crétacés et tertiaires ; elles ont été 
peu nombreuses à toutes ces époques, et sont encore aujourd’hui 
réduites à quelques espèces qui vivent dans les pays chauds. 

Je doistoutefois faireremarquer que quelques coquilles attribuées 
à ce genre sont connues seulement par leurs formes extérieures, qui 
ne sont pas toujours suffisantes pour les distinguer. Elles ressem- 
blent en particulier beaucoup aux unicardium. On pourra se laisser 
guider par l'existence des raies ou stries irrégulières, rayonnantes, 
qui caractérisent souvent les corbis comme plusieurs autres luci- 
nides, et qui manquent en général dans les autres familles. 

Les plus anciennes, comme je l’ai dit, sont celles des terrains 
Jurassiques. 


Il ne paraît pas qu’elles aient vécu dans le lias. La C. uniformis, Phillips, 
du lias d'Angleterre, est un unicardium. La C. lœvis, Roemer, du lias d’Al- 
lemagne, est une astarte. 


Elles se trouvent dans presque tous les autres étages. 


M. d’Archiac (1) a décrit la C. Lajoyei de l’oolithe d'Éparcy. Il est probable 
que le Cardium Madridi, id., du même gisement, appartient aussi à ce 
genre. 

La C, lævis, Sow. (2), a été trouvée dans le terrain oxfordien d'Angleterre. 


(1) Mém. Soc. géol., 1843, p. 37, pl. 25 et 27. Voyez pour les espèces de 
la grande oolithe et de l’oolithe inférieure d'Angleterre : Morris, Ann. and 
mag. of nat. hist., 2° série, t. VI, p. 423 ; Morris et Lycett, Moll. from the 
great ool. (Palæont. Soc., 1853, p. 69). 

(2j Min. conch., pl. 580 ; Buvignier, Mém. Soc. phil. Verdun, t. IL, 1843, 
p. 5; Deshayes, Traité élém. conch., t. I, p. 801. La C. ovalis, Philipps, est 
une espèce douteuse; M. d'Orbigny en fait un lavignon. La C. sublævis, Keys., 
est un unicardium. 


INTÉGROPALLÉALES, — LUCINIDES. 89 


M. d'Orbigny lui associe la C. ovalis, Buvig., non Phill. (C. depressa, 
Desh.), trouvée dans les Ardennes. 

M. Buvignier (!) en a décrit un nombre considérable, savoir : une de l'o0- 
lithe ferrugineuse (C. depressa, Desh., ci-dessus indiquée), quinze du coral- 
rag, et une du calcaire à astartes (kimméridgien). Nous avons figuré dans 
l'Atlas, pl, LXX VII fig. 16, la C. subdecussala, Buvignier, du terrain Coral- 
lien. 

M. d'Orbigny cite (2) huit espèces inédites, savoir : une du bajocien, une 
du bathonien, une du kellowien, deux de l'oxfordien, une du corallien et 
deux du kimméridgien. 


On en connaît quelques-unes des terrains crétacés. 


M. d'Orbigny (3) en a décrit une du terrain néocomien et deux des craies 
chloritées. La première (C. corrugata, d'Orb., Sphæra corrugata, Sow., 
Venus cordiformis, Leym.) est répandue dans toute la formation néoco- 
mienne, depuis l'étage à Toæaster complanatus, jusqu'à l’aptien supérieur ({). 

La C. gaultina, Pictet et Roux (°), caractérise le gault de Savoie. 

La C. rotundata, d'Orb. (6), se trouve dans la craie chloritée (cénomanien) 
de la plus grande partie de la France. 

La C. striaticostata, d’Orb. (7), a été découverte dans les craies supérieures 
de Royan et Mussidan. 

M. d’Orbigny en cite (5) deux inédites du terrain pisolithique de Meudon. 


Peu d'espèces sont citées dans les terrains tertiaires. 


La C. lamellosa, Desh. (%) (Lucina lamellosa, Lamk.), est la plus répandue 
dans le calcaire grossier. Elle se retrouve dans le terrain nummulitique, et 
jusqu’en Amérique. 

La C. pectunculus, Lamk (1) provient du calcaire grossier de Valognes. 
(Atlas, pl. LXXVIL fig. 17). 

La C. Aglauræ, Brongniart, du terrain nummulitique du Vicentin, est 


(1) Stat. géol. de la Meuse, p. 12, pl. 11 et 12. 

(2) Prodrome, t. I, p. 279, 309, 339, 366; t. IL, p. 17 et 51. 

(3) D'Orbigny, Pal. fr., Terr. crét., t. WE, p. 441, pl. 279 ; Sowerby, Min. 
conch., pl. 335, etc. 

(*) Voyez Pictet et Renevier, Pal. Suisse, Terr. aptien, 3° livraison. 

(5) Moll. des grès verts, p. 448, pl. 34, fig. 4. 

(6) Pal. fr., Terr. crét., t. IX, p. 113, pl. 245. 

(7) Id, p. 114, pl. 281. 

(8) Bull. Soc. géol., 1850, 2° série, t. VII, p. 131. 

(?) Deshayes, Cog. foss. Par., t. I, p. 88, pl. 14 ; Conrad, Amer. Journ., 
1846, pl. 4. 

(10) An. sans vert., t. V, p. 537. M. d'Orbigny en sépare le C. pectuncu- 
lus, Desh., Cog. foss. Par., t. I, p. 87, pl. 13. 


h90 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


probablement, comme je l’ai dit plus haut, identique avec la Pullastra decus- 
sata. 
Il faut ajouter quelques espèces de l'Amérique septentrionale et du Chili (1). 


Les Lucines (Zucina, Bruguière), pl. LXXVIIL, fig. 4 à 3, 


ont une coquille ronde ou ovale, entièrement fermée, à crochets 
petits et obliques. L'impression palléale se continue en dehors 
de l'impression musculaire buccale; cette dernière est très allon- 
gée, étroite et arquée. La charnière est faible et variable, com- 
posée ordinairement de deux dents cardinales et de deux dents 
latérales, dont la buccale est rapprochée du sommet. L'intérieur 
des valves est ordinairement ponctué et strié. Le ligament est 
en partie externe et en partie caché. 

Ce genre est clairement caractérisé par l'allongement de son 
impression musculaire buccale et par la forme de son impression 
palléale. Ce dernier caractère l’éloigne des tellines, auxquelles il 
ressemble par sa charnière. Il se rapproche beaucoup des cor- 
beilles, et en diffère principalement par la forme de l'impression 
musculaire buccale. 

Le genre des LoriPipes (Loripes, Poli) paraît identique avec 
celui des lucines, tant par les formes de la coquille que par celles 
de l'animal. 

Le genre des Copakta, Scopoli, est également un genre incom- 
plétement caractérisé ; il renferme le C'odok d'Adanson (Zucina 
tigerina, Desh.). 

On ne peut pas non plus admettre les démembrements proposés 
par Schumacher sous les noms de LENTILLARIA et de TRIDONTA ; 
ni le genre STRIGELLA, Turton, où sont réunies les tellines et les 
lucines ornées extérieurement de stries divergentes ; ni les Myr- 
TEA, Turton; ni les OrryGra, Brown, fondés sur des caractères 
insuffisants. 

Le genre des Tayarira, Leach (Axinus, Sowerby, Cryptodon, 
Turton, Péychina, Philippi), pourrait plus facilement être admis; 
toutefois, les caractères sur lesquels il est fondé, qui suffisent 
pour donner un facies particulier aux coquilles qui le composent, 
ne paraissent pas avoir une valeur générique. Les principaux sont 


(1) Conrad, Amer. Journ., 1846, p. 400; Sowerby in Darwin, South, 
Amer., p. 250, etc. 


INTÉGROPALLÉALES. — LUCINIDES. A9 


l'existence d’une lunule sur la région buccale et d’un pli sur la 
région anale. Les genres EGerta, Lea, et les Tazas, Risso, sont 
imparfaitement définis et paraissent renfermer une partie des 
vraies lucines. 

Les lucines ont existé dès l’époque primaire, et paraissent 
avoir augmenté de nombre en se rapprochant de l’époque mo- 
derne. Elles sont aujourd'hui fréquentes sur les bords de la mer, 
et s'enfoncent verticalement dans les plages sablonneuses. On en 
connaîl quelques-unes des terrains dévoniens et carbonifères (1). 


Goldfuss (2) en a décrit quatre de l'Eifel (dévonien). La L.proavia, Goldf., 
parait être la même que la L. Dufrenoyi, d'Arch. et Verneuil. [faut ajouter la 
P. Griffithi, Vern., des mêmes dépôts en Russie, et quelques espèces du Harz 
décrites par M. Roemer. 

M. M’ Coy a fait connaître (3) la L. Coyana, du terrain carbonifère d'Ir- 
lande. M. d'Orbigny réunit à ce genre l'Ungulina antiqua, du même auteur 
et des mêmes terrains. La Z. Dunoyeri, Portlock (4), provient du terrain car- 
bonifère de Tyrone. 


Elles paraissent avoir existé à l’époque triasique. 


La L. duplicata, Goldf., et la L. Deshayesi, Klipstein, se trouvent dans les 
schistes de Saint-Cassian (5). 


Les espèces se continuent dans les terrains jurassiques ; quel- 
ques-unes se trouvent dans le lias. 


La L. plana, Zieten (5), a été trouvée dans le lias supérieur d'Allemagne, 
La L. elegans, Kock et Dunker (7), provient de Goslar. 
M. d'Orbigny indique (8) une L. Gabrielis, inédite, de Saint-Amand. 


() La L. Hisingeri, Murchison, Quart. Journ. geol. Soc., 1846, t. TT, 
p. 24, du terrain silurien supérieur du Gothland, me paraît bien douteuse. 

(2) Goldfuss, Petr. Germ., t. Il, p. 226, pl. 146; d'Archiac et Verneuil, 
Trans. geol. Soc., 2° série, t. VI, pl. 37, fig. 2, Murchis., Keys. et Vern., 
Pal. de la Russie, pl. 20, fig. 10; Roemer, Harzgeb., pl. 6, fig. 19, et 
Palæontographica, t. II, p. 32 et 79. 

(3) Synops. of Ireland, p. 53, pl. 8. 

(#) Geol. Report., p. 571, pl. 38. 

(5) Goldfuss, Petr. Germ., t. I, pl. 146, fig. 12; Münster, Beitr. zur 
Petr., t. IV, p. 90 ; Klipstein, Geol. der oestl. Alpen, pl. 16, fig. 24. 

(6) Pétrif. du Wurtemb., pl. 72, fig. 4. 

(7) Beitr. Norddeutsch. Ool., pl. 1, fig. 9. 

(8) Prodrome, t. 1, p. 254. 


192 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


Les terrains jurassiques proprement dits en contiennent plu- 
sieurs. 


Les espèces d'Allemagne ont été décrites (!) par Zieten (L, lirata, Ziet., non 
Phill., Zieteni, d'Orbigny, de l'oolithe inférieure) ; Goldfuss (L. texlurata, 
Goldfuss, de Muggendorf; L. obliqua, Goldfuss, du corallien de Nattheim; 
L. jurensis, id., de Pappenheim; la L. lœvis est une cardinia), ct Roemer 
(cinq espèces dont trois nouvelles : L, substriata et minima du portlandien, 
et Z. globosa, du corallien inférieur). 

La L. Elsgaudiæ, Thurmann, se trouve dans le terrain kimméridgien du 
Porrentruy (inédite). 

M. d’Archiac(?) adécrit trois espèces de la grande oolithe du bois d'Éparcy ; 
la L. Orbignyana, d'Archiac, la L. cardioides, id., et une indiquée comme 
variété transverse de la L. lirata, Phill., devenue, pour M. d'Orbigny, la 
L, bellona. 

M. Buvignier (3) a décrit huit espèces du terrain corallien de la Meuse. 
Nous avons figuré dans PAtlas, pl. LXXVIIL, fig. 1, la L. striatula, Buv., 
et fig. 2, la L. aspera, id., du terrain corallien. 

Les terrains oxfordiens de Russie ont fourni (f) les L. Fischeriana, d'Orb., 
Phillipsiana, id., corbisoides, id., inϾqualis, id., et corrosa, Keyserl. 

Les lucines des terrains jurassiques d'Angleterre ont été décrites (5) par 
Sowerby (L. crassa, du calcareous grit, et L. portlandica, du portlandien), 
Phillips (C, despecta, de l'oolithe inférieure, L. lirata, des terrains kello- 
wiens, ete.), Morris ct Lycett (quatre espèces de la grande oolithe, déjà 
décrites). 

On peut ajouter aux lucines des terrains jurassiques de France, une 
douzaine d'espèces inédites indiquées par M. d'Orbigny (6) (une du bajo- 
cien, deux du bathonien, trois du kellovien, cinq du corallien, et une du 
kimméridgien). 


Elles n’augmentent pas beaucoup de nombre dans les terrains 
crétacés. 


(1) Goldfuss, Petr. Germ., t, I, pl. 146 ; Zieten, Pétrif. du Wurtemb., 
pl. 63, fig. 1 ; Roemer, Norddeustch. Ool., p. 118, pl. 7, et supp., p. 41, 
pl. 19. 

(2) Mém. Soc. géol., 1843, t. V, p. 371, pl. 36. 

(3) Stat. géol. de la Meuse, p. 11, pl. 9-12. 

(4) D'Orbigny in Murch., Vern. et Keys., Pal. de Russie, p. 458, pl. 38 et 
39 ; Keyserling, Petschora Land, p. 308, pl. 17. 

(5) Sowerby, Min. conch., pl. 557, et Trans. geol. Soc., 2° série, t. IV, 
pl. 22, fig. 12; Phillips, Geol. of Yorksh.; Morris et Lycett, Mol. from the 
great oo. (Palæont. Soc., 1853, p. 66). 

(5) Prodrome, t. I, p. 279, 309 et 339, t. Il, p. 17 et 51. 


INTÉGROPALLÉALES. — LÜCINIDES. 193 


On cite (1), dans l'étage néocomien inférieur de France, les L. Dupiniana, 
d'Orb., Cornueliana, id., Rouyana, id., et globiformis, Leym. 

La L. sculpta, Phillips (2), provient de l'argile de Speeton. 

La L. solidula, Forbes (3) appartient au lower greensand d'Angleterre. 

Le gault a fourni (f) la L. Arduennensis, d'Orb., de Machéroménil; la 
L. Vibrayeana, id., de Géraudot, et la L. gurgilis, Pictet et Roux, de la perte 
du Rhône. 

La L. Turonensis, d'Orb., provient des terrains cénomaniens du Mans et 
de Rouen. La ZL. Nereis, id., se trouve au Mans. La L. campaniensis, id., se 
trouve à la fois dans les terrains turoniens d’Uchaux et dans les dépôts séno- 
niens de Saintes (6). 

Sowerby (7) a fait connaître les Z. orbicularis et pisum de Blackdown, et 
la L. globosa, id., du grès vert supérieur des comtés de Kent et de Sussex. 
M. Deshayes a montré que deux de ces espèces doivent changer leurs noms, 
qui avaient été antérieurement donnés à d’autres. Il nomme la Z. orbicularis, 
L. Sowerbyi et la L. globosa, L. Fittoni. 

Les terrains crétacés d'Allemagne ne paraissent pas riches en lucines, 
quoique les catalogues renferment les noms de plusieurs ; mais ces espèces 
mal définies doivent être en grande partie réunies (7). 

Ainsi, la L. lenticularis, Goldf., paraît identique avec les L. lœvis et Reichi, 
Roemer, L. circularis, Geinitz, Venus parva, id., ete. Elle est répandue dans 
tous les terrains crétacés supérieurs. 

La ZL. ? lens, Roemet, n’est pas une lucine si elle est bien dessinée; son 
impression musculaire buccale n’est pas allongée. 

Les terrains crétacés supérieurs d’Aix-la-Chapelle (8) ont fourni, outre la 
L. lenticularis ci-dessus indiquée, les L. producta, Goldf., L. tenuis, Müller, 
et L. Geinitzii, id. 


Les terrains tertiaires en renferment davantage. Elles se trou- 
vent dès les terrains éocènes. 


M. Deshayes (*) en a décrit et figuré vingt-cinq espèces du bassin de Paris, 
dont la 8. squamosa appartient aux dépôts miocènes inférieurs. 


(1) D'Orbigny, Pal. fr., Terr. crét., t. NU, p. 116 ; Leymerie, Mém. Soc. 
déol EN Sp. 4, pl. # 

(2) Geol. of Yorksh., pl. 2, fig. 15. 

(8) Quart. journ. geol. Soc., t. I, p. 239, pl. 2. 

(4) D'Orbigny, Pal. fr., Terr. crét., t. ILE, p. 120, pl. 283 ; Pictet et Roux, 
Moll. des grès verts, p. 449, pl, 34, fig. 5. 

(5) D'Orbigny, loc. cit. 

(6) Trans. geol. Soc., 2° série, t, IV, pl, 11, 16 et 22 ; Deshayes, Traité 
élém. conch., t. I, p. 779. 

(*) Goldf., Petr. Germ., t. HE, pl. 146 ; Roemer, Norddeutsch. Kreid., p. 73. 

(8) Goldfuss. id.; Jos. Müller, Mon. Petr. Aachen., Y, p. 23, I, p, 66. 

(°) Coq. foss. Par., t. E, p. 89, pl. 14 à 17. 


h9!h ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


Des vingt-quatre autres, huit appartiennent aux dépôts inférieurs d’Abbe- 
court, de Noailles, de Cuise-la-Motte, etc. (L. lævigala, Desh., subtrigona, id., 
contorta, Defr., grata, id., uncinata, id., mainuta, Desh., concava, Defr., 
et squamula, Desh.). 

Quatorze de ces espèces se trouvent dans le calcaire grossier. Les plus 
remarquables sont la L. gigantea, Desh., la plus grande des lucines con- 
nues, et qui atteint près d'un décimètre de diamètre. 

Quatre d’entre elles (L. gibbosula, Lamk, mutabilis, id., saxorum, ïd., 
et elegans, Defr.) passent aux grès marins supérieurs, où l’on trouve en outre 
la S. sulcata, Lamk. 

M. d’Orbigny a montré que l’on a confondu à tort, sous le nom de L. di- 
varicala, des espèces très distinctes répandues depuis les dépôts éocènes les 
plus inférieurs jusqu'aux mers actuelles. Il distingue la ZL. subdivaricata, 
d’Orb., de Cuise-la-Motte, la ZL pulchella, id., du calcaire grossier, la L. 
Ermenonvillensis, id., des sables tertiaires supérieurs, deux espèces miocènes 
et l’espèce vivante. 

Il faut ajouter aux espèces des dépôts inférieurs (1) la L. radians, Melle- 
ville, non Conrad (L. subradians, d’Orb.), de Chalons-sur-Vesle, etc.; la 
L. argus, Mell., de Cuise-la-Motte, et une nouvelle espèce trouvée par 
M. Hébert à Chälons-sur-Vesle, et appartenant au groupe des axinus. 

Les dépôts nummulitiques (?) renferment, outre quelques-unes des espèces 
précédentes et un grand nombre d'espèces inédites, la C. corbarica, Ley- 
meyrie(L. Coquandian«, d'Orb.), des Corbières, indiquée à tort, par M. d'Or- 
bigny, comme appartenant au terrain néocomien ; la L. Leymeriei, d'Orb, 
(L. corbarica quadrala, Leym.), du même gisement, ainsi que la L. sulcosa, 
Leym.; la L. scopularum, Brongaiart, du Vicentin, etc. 

L’argile de Londres a fourni ($), outre quelques espèces du bassin de Paris, 
la L. Goodhallii, Sow., la L. milis, id., et une espèce appartenant au groupe 
des axious, l'A. angulatus, Sow., qui doit devenir la L. angulata. 

Les dépôts éocènes de Bruxelles renferment () les L. Volderiana, Nyst, et 
Galleottiana, id., outre plusieurs des espèces précitées. 


Les espèces augmentent encore de nombre dans les terrains 
tertiaires moyens et supérieurs. 


J'ai dit plus haut que la L. squamosa, Lamk (5), caractérise les sables de 
Fontainebleau, etc. 


(1) Sables tert. inf., Ann. Soc. géol., p. 33, pl. 6; Desh,, Traité élém. 
conch., t. I, p. 780. 

(2) D'Archiac, Hist. des progrès, t. IIL, p. 260; Leymerie, Mém. Soc. 
géol., 2° série, t. I, 2° partie, p. 361 ; Brongniart, Vicentin, p. 79, etc. 

(8) Sow., Trans. geol. Soc., 2° série, t. V, pl. 8, fig. 7; et Min, conch., 
pl. 315 et 557. 

( Nyst, Coq. et pol. foss. Belg., p. 120. 

(5) Deshayes, Cog. foss. Par, t. I, p. 106, pl, 47. 


INTÉGROPALLÉALES. — LUCINIDES, 195 


M. Nyst (1) a trouvé dans le terrain tougrien de Belgique, la L. strialula, 
Nyst, la Z. gracilis, id., et deux espèces rapportées à tort à des lucines du 
bassin de Paris. Elles doivent prendre les noms de L. Thierentii, Hébert 
(L. albella, Nyst, non Lamk) , et L. tenuistria , Hébert Lise uncinala, Goldf. 
et Nyst, non Defr.), Atlas, pl. LXXVIIL, fig. 3. 

On peut dire la mème chose de sa L. divaricata, qui n’est point l'espèce 
vivante. 

Le même auteur indique sous le nom d'Axinus angulatus une espèce qui 
paraît différente du type de Sowerby ; M. d’Orbigny la nomme Lucina sub- 
angulata. 

Les espèces du bassin de Bordeaux ont principalement été étudiées par 
M. Basterot (2) et M. Grateloup (L. dentata, Bast., neglecta, id., multila- 
mella, Desh., globulosa, id., Grateloupi, id. ou globularis, Grat., trigonula, 
Desh., etc. 

Quelques espèces ont été décrites (3) par Dujardin (cinq espèces dont 
aucune nouvelle, sauf celle qu’il confond avec la L. divaricata, et une qu'il 
a prise à tort pour la lactea, et que M. Deshayes nomme ZL. Dujardinii ; 
Eichwald (L. exigua, affinis, nivea, etc.); Dubois de Montpéreux (aussi une 
L. divaricata, qui devient la L. ornata, Agas., L. circinaria, qui est la 
même que la L. afjinis, Eichw.), etc. 

Les espèces d'Allemagne ont été figurées (f) par Goldfuss (L. parvula, 
Müost., solida, Goldf., et deux espèces assimilées à tort aux L, saxorum 
et dentata, qui doivent devenir les Z. Heberti, Desh., et L. cordiformis, id.). 

Il faut ajouter la L. Brauni, Genth (5), de Wæchtersbach (éocène ?). 

M. Michelotti (6) compte dix espèces dans les terrains miocènes du Pié- 
mont, dont quatre ont été nommées par lui on par Bonelli (L. Turiniana, 
Bon., Bowerbankii, Mich., tumida, id., miocenica, id.). 

Les terrains pliocènes du même pays-renferment (7) une douzaine d'es- 
pèces, parmi lesquelles quelques-unes des précédentes et quelques-unes des 
mers actuelles. 

Le système campinien de Belgique a fourni à M. Nyst (5) quatre espèces, 


(1) Coq. et pol. foss. Belg., p. 120; Hébert, Bull. Soc. géol., 1849, t. VI, 
p. 467. 

(2) Basterot, Cog. foss. Bord., p. 87; Grateloup, Catalogue ; Desh., En- 
cycl. méth., t. Il, p. 372, et Traité élém. conch., t, I, p. 783. 

(3) Dujardin, Mém. Soc. géol., t. I, p. 258 ; Eichwald, Lithuan., p. 206 ; 
Dubois de Montpéreux, Conch. foss. plat. Vohl. Pod., p. 56 ; avec les rectifica- 
tions de M. Deshayes, Bull. Soc. géol., t. I, p. 225, et Traité élém. conch., 
p. 785, et celles de M. d’Orbigny, Prodrome, t. I, p. 115. 

() Petr. Germ., t. I, pl. 146. 

(5) Leonh. und Bronn neues Jahrb., 1848, p. 190. 

(6) Desc. foss. terr. mioc. Ital. sept., p. 112. 

(*) Sismonda, Synopsis, p. 16. 

(8) Coq. et pol. foss. Belg., p. 120 et 639, 


h96 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


dont trois nouvelles (L. astartea, Nyst, flandrica, Nyst et West., 6t curbi- 
radiata, Nyst). 

Le crag d'Angleterre (!) renferme, suivant M. Wood, deux cryptodon, un 
loripes et quatre lucines, dont deux nouvelles. 

La question des espèces qui passent d’un terrain à l’autre a été étudiée (2) 
par MM. Agassiz, Deshayes et d’Orbigny, qui sont loin d’être d'accord sur 
plusieurs questions. 

Il faudra ajouter un grand nombre de lucines d'Amérique (3). 


Les Dipcoponra, Bronn {Mysia, Gray, non Leach), — Atlas, 
pl. LXXVII, fig. 4, 


ont été associées aux lucines par plusieurs auteurs ; mais elles 
peuvent s'en distinguer d’une manière constante. 

La charnière est munie sur chaque valve de deux dents cardi- 
nales dont une est toujours bifide ; elle n'a point de dents laté- 
rales. La différence la plus apparente consiste dans les impres- 
sions musculaires qui sont toutes deux arrondies. 


Le type du genre (£) est le D. lupinus, Bronn (Venus lupinus, Brocchi), 
des terrains miocènes du Piémont. 

La D. lunularis, Philippi (°), se trouve dans les terrains tertiaires d’Alle- 
magne. 

La Lucina parvula, Münster (6), est peut-être, suivant M. Nyst, une 
diplodonta, et se trouve dans le terrain tongrien de Belgique et dans les 
terrains tertiaires de la Hesse, de Cassel, etc. 

La D. dilatata, Philippi (7), a été trouvée dans les terrains quaternaires de 
Sicile dans le crag d’Anvers et dans celui d'Angleterre. Elle habite encore la 
mer Rouge. C’est l’espèce figurée dans l’atlas. 

La D, rotundata, Montaigu, vivante a été trouvée fossile à Palerme et 
dans le crag d'Angleterre (8). 


(1) Wood, Moll. from the crag (Palæont, Soc., 1850, p. 144). 

(2) Agassiz, Iconographie des coq. tertiaires ; Deshayes, Traité élém. conch., 
t. I, p. 783 ; d'Orbigny, Prodrome. 
(3) Deshayes, loc. cit. ; d'Orbigny. id. 
(4) Brocchi, Conch. subap., pl. 14, fig. 8; Bronn, Jtal. geb., p. 12 et 
96, etc. 

() Tert. Verst. nordwest. Deutsch., p. 46. 

(6) Münster in Goldf., Petr. Germ., t. IL, pl. 147, fig. 2; Nyst, Coq. et 
pol. foss. Belg., p. 139, pl. 7. 

(7) Enum. moll. Sic., t. I, p. 24; Nyst, loc, cil., p. 138, pl, 7; Wood, 
Moll. from the crag (Pal. Soc., 1850, p. 144, pl. 12). 

(8) Philippi, loc. cit,, Wood, loc. cit. 


INTÉGROPALLÉALES. -— LUCINIDES. h97 


Il faut ajouter la D. trigonula, Bronn, du Piémont et des terrains quater- 

naires de Sicile (1). 
Les Scaccara, Philippi, — Atlas, pl. LXXVIE, fig. 5, 

sont de petits mollusques dont la coquille a de grands rapports 
avec celle des lucines et des diplodonta. Les impressions muscu - 
Jaires sont arrondies et subégales. La charnière porte une ou 
deux petites dents cardinales et des dents latérales obsolètes. Le 
ligament est double et composé d’une partie interne et d’une 
externe. L’impression palléale est simple. 

L'animal diffère complétement de celui des lucines, car il a 
deux branchies de chaque côté et un pied linguiforme comprimé. 
On connaît deux espèces qui vivent dans la Méditerranée. 


Une troisième espèce est citée à l’état fossile, c’est la S. inversa, Phi- 
lippi (2), du calcaire quaternaire de Palerme (Atlas, pl. LXXVII, fig. 5). 


Les Oncurines (Ungulina, Daudin), — Atlas, pl. LXXVI, fig. 6, 


ont une coquille arrondie, plus large que longue, un peu irrégu- 
lière, non bâillante. Leur charnière porte deux petites dents 
cardinales divergentes sur la valve droite et une seule bifide sur 
la gauche. Les impressions musculaires sont très grandes, 
presque égales. 


On ne connaît qu'une seule espèce fossile (3) qui, suivant M. Deshayes (4), 
s’est creusé des trous peu profonds dans le calcaire d’eau douce du bassin de 
la Gironde. M. Basterot l’a, à tort, associée au genre Clotho de Faujas, dont 
elle n’a point les caractères (5). C’est l'U. unguiformis, Desh. (Clotho ungui- 
formis, Bast.). 


(1) Philippi, Enum. moll. Sic., t.11, p. 24; Bronn, 1t. Geb., p.96, pl. 3, fig. 2. 

(2) Enum. moll. Sic., t. IE, p. 27, pl. 14, fig. 10. 

(3) Deux espèces de l’époque primaire ont cependant été citées sous ce 
nom, mais elles sont trop incomplétement connues pour pouvoir être 
inscrites d’une manière définitive. Ce sont l'U. suborbicularis, Hall, Nat. 
hist. of New-York, n° 5%, fig. 2, du terrain dévonien des États-Unis, et 
VU. antiqua, M' Coy, Syn. of lreland, p. 53, pl. 8, du terrain carbonifère 
d'Irlande. 

(*) Traité élém.‘conch., t. I, p. 811 ; Basterot, Cog. foss. Bord., p. 92, 
pl. 7, fig. 6. 

(5) Voyez page 432. 

JU. 32 


L98 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


- 


Les CyrénELLES (Cyrenella, Desh.; Cyrenoida, Joannis), — Atlas, 
pl. LXXVIIT, fig. 7, 


ont été autrefois rapprochées des cyrènes et paraissent avoir plus 
d'analogie avec les ongulines. Leur coquille est ovale ou obronde, 
subglobuleuse, mince, lisse, épidermée, close, à bords tranchants. 
La charnière porte deux petites dents cardinales obliques sur la 
valve droite et une sur la gauche. Le ligament est externe, porté 
sur des nymphes aplaties et obliques. Les impressions muscu- 
Jaires sont grandes, ovales, écartées. 

On n’en connait (') qu'une seule espèce fossile des sables ma- 
rins moyens de Senlis (parisien supérieur). 


C’est la C. lucinoides, Desh. (olim Venus lucinoides, id.), Atlas, pl. LXX VII, 
fig. 7. 


Les Érvones (Zrycina, Larmk), — Atlas, pl. LXXVII, fig. 8, 


ont des coquilles ovales entièrement closes, dont la charnière est 
formée par deux dents cardinales divergentes, ayant en arrière 
une fossette oblique, et deux dents latérales oblongues compri- 
mées et courtes sur chaque valve. Le ligament est interne, épais, 
fixé dans les fossettes. Les impressions musculaires sont superfi- 
cielles et arrondies. 

Ces coquilles sont en général minces, à bords tranchants, et se 
reconnaissent facilement à la forme de leur charnière, qui est 
étroite et échancrée dans son milieu par la fossette, précisé- 
ment à l'endroit où la plupart des autres ont leur maximum 
d'épaisseur. 

Ce genre a une synonymie embrouillée (?). Les causes de cette 
confusion remontent à Lamarck qui, en établissant le genre éry- 
cine, a confondu des types très distincis (*) ; en sorte que ses 


(1, Deshayes, Cog. foss. Par., t. 1, p. 146, pl. 23, fig. 12 et 13, et Traité 
élém. conch., t. I, p. 818, pl. 14 bis. 

(2) On devra surtout consulter, pour les caractères des érycines, Recluz, 
Revue zoologique, 1844, p. 291 et 325, et Deshayes, Traité élém. conch., 
tp 720: 

(8) Le genre érycine de Lamark renfermait, en particulier, des coquilles du 
genre Syndosmya, en sorte que quelques naturalistes considèrent le nom 
d'Erycina, Lamk, comme synonyme de ce dernier genre. 


INTÉGROPALLÉALES. — LUCINIDES. 199 


successeurs en ont compris les limites d’une manière très diverse. 
On est aujourd'hui d'accord pour réunir aux érycines les 
KELLIA où KezLya, Turton; les Bornia, Philippi ; les Pyraina, 
Hinds, et les Carronra, Deshayes. 
Il doit probablement en être de même des Lerrox, Turton, qui 
ne paraissent différer des érycines que par les ornements de leur 
surface. 


Les Cyamium, Philippi, dépourvus de dents latérales et à liga- 
ment double ; les Monracura, Turton, chez lesquels le ligament 
est porté par un processus interne, et les CLausinA, Jeffreys, pa- 
raissent encore voisins des érycines ; mais il reste plus de doutes 
sur la convenance de les réunir. 

Les érycines, telles que nous les envisageons ici, ne paraissent 
pas avoir existé avant la période tertiaire (1). 

On les trouve dès les dépôts éocènes. 


Lamarck et M. Deshayes (?) en ont fait connaître plusieurs. Ce dernier 
auteur en énumère dix, mais il y en a de douteuses ($). 

Les plus certaines sont les £. radiolata, Lamk, orbicularis, Desh. (Atlas, 
pl. LXXVIIL, fig. 8), pellucida, Lamk, et obscura, id., du calcaire grossier, 
et la Æ. elliptica, Lamk, des grès marins supérieurs de Valmondois. 

11 faut ajouter deux espèces de Grignon décrites par M. Caillat, 

M. Grateloup (f) en compte deux dans les environs de Dax et de Bordeaux. 

M. Nyst (5) a fait connaître l'E. striatula du terrain tongrien de Belgique, 
et les £, faba et depressa, du crag. 

M. Wood (6) cite, dans le crag d'Angleterre, quatre Leprow, huit KELLIA 
(en y confondant des PoronrA), cinq MonrTacurA, et un Cyamium douteux. 

M. Sismonda (7) a signalé quelques érycines des terrains tertiaires de Pié- 
mont, et M. Philippi a décrit sous le nom de Bornia trois espèces fossiles 
en Sicile et encore vivantes. 

Il faut, suivant M. d’Orbigny (8), ajouter plusieurs espèces décrites par 
Basterot, Dubois de Montpéreux, etc., sous les noms de Lucina, Psammobia et 
Cyclas, ainsi que diverses espèces des États-Unis (terrain miocène) que 


(1) Les espèces des terrains dévoniens rapportés aux érycines par le comte 
de Münster (Beitr. zur Petr., t. HE, p. 71) n’appartiennent pas à ce genre, 

(2) Cog. foss. Par., t. 1, p. 40 ; Caillat, Nouv. foss. Grignon. 

(3) L’E. elegans, par exemple, a un profond sinus palléal. 

(#) Catalogue; Deshayes, Traité élém. conch., t. 1, p. 735. 

(5) Coq. et pol. foss. Belg., p. 88. 

(6) Mol. from the crag (Palæont. Soc., 1850, p. 113). 

(7) Synopsis, p. 22; Philippi, Enwm, moll. Sic., t, I, p, 12, 

(8) Prodrome, t. III, p. 115. 


500 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


MM. Conrad, Lea, ete., ont décrites sous les noms génériques de SPHÆRELLA, 
Conrad, ErY@NELLA, id., MyALINA, id., et ALIGENA, Lea. 


Les PoroniA, Recluz, — Atlas, pl. LXXVIIE, fig. 9, 


ressemblent aux érycines ; mais chez elles, c'est le côté buccal 
qui est le plus long, et le test est plus épais et plus solide. Leur 
charnière est plus épaisse et présente sur son milieu la même 
échancrure. Il ya une dent latérale anale. Le ligament est interne. 

Ces coquilles ont été en partie confondues avec les précédentes, 
sous les noms de Kezcra, Turton; Bornia, Philippi, etc. Les 
LesæA, Leach, sont rapportées par quelques auteurs aux poronia, 
et par d'autres aux érycines. 


On ne cite, à l’état fossile, que la Poronia rubra (Cardium rubrum, Mon- 
tagu), qui vit dans la Méditerranée, et que M. Philippi (1) a trouvée dans leg 
dépôts quaternaires de Sicile. 


Les CarDiLiEs (Cardilia, Desh.), — Atlas, pl. LXXVIIT, fig. 10, 


doivent probablement être rapprochées des érycines et des poro- 
nia et non des anatinides, car elles ont l'impression palléale en- 
tière. La coquille est mince, fragile, ovale, gonflée, cordiforme, 
à crochets saillants. La charnière est étroite; et porte dans son 
milieu un cuilleron saillant, deux dents cardinales sur la valve 
gauche et une sur la droite. Le ligamentest intérieur. L'impression 
musculaire anale est portée sur une lame saillante (?). 

Ces coquilles, qui ont été confondues par Lamarck avec les 
isocardes, ont été désignées par M. Deshayes sous le nom d'HE- 
MICYCLODONTA, nom qui ne fut pas publié, et remplacé plus tard par 
celui de Cardilia. M. Bronn les à nommées HEMICYCLOSTERA, et 
M. Bonelli, Leprina. M. Deshayesles à associées aux ostéoc mes, 
mais en faisant pressentir leurs rapports possibles avec les ér; .ines. 

Les cardilies vivantes sont peu nombreuses ; on en connaît 
deux fossiles. 


La C. Michelini, Deshayes (3), provient des dépôts éocènes supérieurs de la 
Chapelle-en-Serval (Oise). 


(1) Enum. moll. Sic., I, p. 14,11, p.11. 

(2) La fig. 10 de Ja pl. LXXVIII représente la Cardilia semisulcata, Des- 
hayes, vivante. 

(3) Deshayes, dans Lamarck, Anim. sans vert, 2° édit., t. VI, p, 450. 


INTÉGROPALLÉALES. — LUCINIDES. 501 


La C. Michelotti, Desh. (1!) (Leptina isocardia, Bonelli), a été découverte dans 
les terrains pliocènes de l’Astézan, 


Il faut encore vraisemblablement rapprocher plus ou moins 
des lucinides les genres ANATINELLA, Sowerby, et GALEOMMA, 
Turton (Parthenope, Scacchi) ; mais aucune espèce fossile cer- 
taine (?) ne leur a été rapportée, et nous n'avons pas à nous en 
occuper ici. 


Les Eomonpia, de Koninck, — Atlas, pl. LXXVI, fig. 11, 


ont un ligament interne et une charnière sans dents. Elles ont 
des rapports avec les cardiomorpha et les eælonotides. M. de 
Koninck les réunit aux mactres, mais l'impression palléale n'est 
probablement pas sinueuse. 

Nous avons admis, en les rapprochant des lucines, l'opinion 
de M. Deshayes, mais nous ne pouvons pas aller aussi loin que 
lui en les plaçant dans le même genre. Les impressions muscu- 
laires presque égales et circulaires, la position du ligament et la 
forme générale de la coquille s'opposent à ce rapprochement. 


M. de Koninck (3) a décrit deux espèces des terrains carbonifères de Bel- 
gique , les E. Josepha et unioniformis (Atlas, pl. LXXVIIE, fig. 11). 

L'E. Murchisionana, King ({), provient du terrain permien d'Angleterre. 

On n’en connaît pas d’autres certaines. Les edmondia de M. Hall paraissent, 
comme je l’ai dit, n'être que des Cardiomorpha. 


5° Famizze. — ASTARTIDES. 


Les astartides ont une coquille épaisse, solide, presque tou- 
jours close, tantôt cordiforme, tantôt plus ou moins aplatie. La 
charnière est formée d’un petit nombre de dents cardinales assez 
fortes et obliques ; les latérales manquent toujours. Le ligament 
est tantôt externe, tantôt interne. Les impressions musculaires 


(1) Magasin de zoologie, 1844, p. 8; Bonelli, Dénom. inéd. mus, Turin; 
Sismonda, Synopsis, p. 22. 

(2) Philippi, Enum. moll. Sic., t. 11, p. 19, a cependant rapporté avec 
doute aux Galeomma une valve isolée du calcaire quaternaire de Palerme 
(G. compressum). On ne peut la considérer que comme une simple indication. 

(3) Descr. anim. foss. carb. Belg., p. 66, pl. 1. 

(#) Permian fossils (Palæont. Soc., 1848, p. 165). 


502 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


sont ovales ou obrondes, presque toujours égales et écartées. Dans 
la plupart des genres, l'impression buccale est accompagnée 
d’une plus petite située entre la grande. et la charnière. L'animal 
est caractérisé par l'absence complète de siphons, et par les lobes 
du manteau désunis dans toute leur longueur. 

M. Gray et M. Deshayes séparent les crassatelles en une famille 
distincte, à cause de leur ligament interne; mais ce que l’on 
connaît des formes de l’animal semble ne pas justifier cette opi- 
nion, et paraît lier les crassatelles aux astartes. Nous avons 
d’ailleurs, à plusieurs reprises, été déjà conduits à réunir dans 
la même famille des coquilles à ligament externe et des co- 
quilles à ligament interne. M. Deshayes n’admet leur séparation 
que d'une manière provisoire ; je puis en dire autant de leur 
réunion. La connaissance plus exacte de l'anatomie des crassa- 
telles pourra seule résoudre cette question. 

Les astartides sont très faciles à reconnaître, lorsque l’on pos- 
sède de bons échantillons de la coquille ; mais lorsqu'on ne peut 
observer que les formes extérieures ou des moules imparfaits, il 
est au contraire difficile de les distinguer des cythérides et des 
cyprinides. Aussi est-ce souvent sans preuves suffisantes qu'on a 
rapporté certaines espèces fossiles à quelques genres de cette 
famille, et surtout aux astartes jurassiques. 


Les CRASSATELLES (Crassatella, Lamk), — Atlas, pl. LXXVII, 
hé 12 et 13, 


diffèrent, comme je l’ai dit, de tous les autres genres de cette fa- 
mille par le ligament interne. Elles ont, du reste, de grands rap- 
ports avec les astartes par leur impression palléale entière, leur 
coquille épaisse, et surtout par leurs impressions museulaires 
dont la buccale est grande et accompagnée d’une plus petite située 
sous la charnière. La coquille est quelquefois d’une épaisseur 
remarquable. La charnière est très solide, pourvue sur la valve 
gauche de deux dents divergentes et de trois fossettes, dont une, 
très large, reçoit le ligament. La valve droite n'a qu'une forte 
dent souvent sillonnée et deux larges fossettes de chaque côté. 
Plusieurs auteurs rapprochent les crassatelles des mactres, à 
cause de leur ligament interne et de l’analogie qui existe dans la 


INTÉGROPALLÉALES. —— ASTARTIDES. 593 


fossette où il est attaché. Mais les mactres appartiennent à la 
division des coquilles sinupalléales, et, comme je l'ai dit plus 
haut, les caractères tirés de l'impression du manteau sont bien 
plus importants que ceux de la charnière. D'ailleurs, sauf le Hga- 
ment, les crassatelles ont de nombreux rapports avec les astartes 
et les opis. 

Ces mollusques ont plus de ressemblance peut-être avec les 
mésodesmes, ainsi que je l'ai dit plus haut. La faible sinuosité 
palléale de ces dernières, en s’effaçant graduellement , permet 
d'admettre entre ces deux genres des transitions réelles. 

Le genre PrycHomya, Agass., paraît devoir être réuni aux 
crassatelles. M. Agassiz n’a connu que les caractères extérieurs ; 
M. d'Orbigny, qui a pu étudier les caractères internes, à montré 
que ces coquilles ne peuvent point être placées dans le voisinage 
des myes, à cause de leurs impressions palléales entières, et que 
l'ensemble de leurs caractères doit, au contraire, les réunir au 
genre qui nous occupe ici. 

Les crassatelles ne paraissent pas antérieures à l’époque cré- 
tacée (!), et présentent leur maximum de développement dans les 
terrains tertiaires. Elles sont aujourd'hui spéciales aux régions 
chaudes, et vivent sur les côtes sablonneuses enfoncées verticale- 
ment dans le sable (?). 

Les espèces de l’époque crétacée paraissent plus nombreuses 
dans les terrains supérieurs que dans les imférieurs. 


M. d'Orbigny () a décrit la C. Cornueliana et la C. Robinaldina (Ptycho- 
mya plana, Agass.) du terrain néocomien, quatre espèces du terrain cénoma- 
nien et deux des craies supérieures. Nous avons reproduit la figure de la 
C. Gallienü, d'Orb., du terrain cénomanien du Mans, pour montrer l'appa- 
rence caractéristique des moules de ce genre (Atlas, pl. LXX VIE, fig. 12). 

M. d'Orbigny (f) a depuis lors ajouté une espèce inédite du gault, une du 


grès vert du Mans, une du terrain sénonien d’Hauteville, une de Maes- 
tricht, etc. 


(!) La C. Bartlingü, Roemer, Harzgeb., p. 24, pl. 6, du terrain dévonien 
est probablement une cardinia. 

(?) Voyez un mémoire sur les crassatelles, par M. Nyst, lu à Académie 
de Bruxelles, le 17 août 1847; l’Institut, 28 janv. 1848. 

(8) Pal. fr., Terr. crét., t. IL, p. 82. 

(4) Prodrome, t. 1, p. 137, 160, 239. 


504 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


J'ai décrit avec (1), M. Renevier, la C, cruciania du terrain aptien de 
Sainte-Croix, et avec M. Roux les C. Saxoneti, Sabaudiana et Fiziana du 
gault de Savoie. 

M. d'Archiac (2) a fait connaître les C. quadrata et subgibbosula du tour- 
tia; mais je suis disposé à ne voir, avec M. d'Orbigny, dans la première, 
qu'une cyprine. 

M. Matheron (3) a décrit les C, orbicularis et galloprovincialis des dépôts 
crétacés supérieurs des Bouches-du-Rhône. 

La C. impressa, Sowerby ({), provient de Gosau. 

Les C. trapezoidalis, arcacea et tricarinata, Roemer (5), ont été décou- 
vertes dans les terrains crétacés supérieurs d'Allemagne. Leur détermination 
générique est douteuse) ; M. d’Orbigny les considère comme des cypricardes. 

Deux espèces inédites ont été citées dans le terrain danien. 


Elles sont plus nombreuses dans les terrains tertiaires, surtout 
dans les inférieurs. 


M. Deshayes (6) a décrit onze espèces des tertiaires éocènes du bassin de Paris. 
Les C.sulcata, Lamk, bellovaccina, Desh., subsulcata, d'Orb., et scutellaria, 
Desh., caractérisent les sables inférieurs d’Abbecourt ; la C. trigonata, 
Lamk, ceux de Cuise-la-Motte. La plupart appartiennent au calcaire grossier. 
Les plus remarquables et les plus répandues sont la C. ponderosa, Nyst 
(tumida, Lamk), la C. sulcata, Sow. (lamellosa, Lamk), la C. trigonala, 
Lamk, la C. sinuosa, Desh. (Atlas, p. LXXVIIL, fig. 13), etc. 

Les terrains nummulitiques ont fourni (7), outre plusieurs des espèces pré- 
cédentes, les C. minima, Leym., et securis, id., des Corbières ; la C. pyrenaica, 
d'Orb., de Saint-Martory ; la C. rhomboidea, d’Arch., de Biarritz, et cinq 
espèces décrites par M. Bellardi, trouvées aux environs de Nice. 

Les C. plicata, Sow., et sulcata, id. (8), proviennent de l’argile de Barton, 

LesC. Laudinensis, Nyst (*), et Nystii, Desh. (Nystiana, d'Orb., tenuistria, 
var. Nyst), appartiennent aux dépôts contemporains de Belgique, où elles se 
trouvent avec quelques-unes des précédentes. 


(1) Pal. suisse, Ter. aptien, 4° livraison; Pictet et Roux, Mol. des grès 
verts, p. 438, pl. 33. 

(2) Mém. Soc. géol., 2° série, t. Il, p. 301, pl. 14. 

(3) Catal., p. 141, pl. 13. 

(© Trans. geol. Soc., 2° série, t. LL, pl. 38, 

(5) Norddeutsch. Kreideg., p. 74, pl. 9. 

(6) Coq. foss. Par., t. I, p. 33. 

(?) D'Archiac, Hist. des progrès, t. WI, p. 257, et Mém. Soc. géol., 
2e série, t. I, pl. 7 ; Leym., id., t. 1, pl. 14; Bellardi, id., t. IV, pl. 18 et 
49 ; d'Orb., Pal. fr., Terr. crét., t, HI, p. 78, pl. 265 (C.pyrenaica, rapportée 
à tort au terrain crétacé). 

(8) Min. conch., pl. 345. 

(9) Cog. et pol. foss, Belg., p. 83, pl. 4. 


INTÉGROPALLÉALES, — ASTARTIDES. 505 


Les espèces sont beaucoup moins abondantes dans les terrains 
tertiaires moyens et supérieurs. 

M. Nyst(l) a décrit la C. intermedia du terrain tongrien de Belgique ; la 
C. astartiformis de Prusse et la C. Bronni de Fribourg, 

La C. minuta (?), Philippi, provient de Freden, etc. 

La C. concentrica, Dujardin (%) (trigonata, Nyst, etc.), appartient aux 
dépôts miocènes de la plus grande partie de l'Europe. 

Les espèces indiquées par M. Eichwald (4) sont très douteuses. 

Quelques crassatelles indiquées par Lamarck (5) méritent également un 
nouvel examen, telles sont la C, striolata, Lamk, de Saint-Brieuc ; la C, si- 
nuata, Lamk, de Bordeaux ; la C. latissima, Lamk, de Vaucluse, etc. 

On peut ajouter plusieurs espèces d'Amérique (6). 


Les Oris, Defrance, — Atlas, pl. LXXVIIE, fig. 14 et 15, 


se distinguent facilement par leur coquille très épaisse, courte, 
cordiforme, à crochets très grands, droits et saillants, et à région 
anale aplatie. La charnière est forte ; elle est formée, sur la valve 
droite, d'une grande dent triangulaire ou comprimée ; sur la 
valve gauche de deux petites dents étroites, un peu divergentes, 
et d’une fossette triangulaire profonde qui recoit la dent de l’autre 
valve. Le ligament est externe. L’impression musculaire buccale 
est accompagnée d’une plus petite. Ce genre a quelques rapports 
avec les cardium ; mais il s’en distingue par sa charnière et par 
ses deux impressions musculaires buccales. 

Les opis ne vivent plus de nos jours et paraissent spéciales à 
l'époque secondaire. On les trouve dès les terrains triasiques. 


La Cardita Hæninghausi, Klipst. (7), a tout à fait la forme et les carac- 
tères externes des opis. 


Elles augmentent beaucoup de nombre dans les terrains juras- 


(1) Cog. et pol. foss. Belg., p. 85, pl. 4; Mém. sur les crassatelles, cité plus 
haut. 

(2) Tert. Verst. nordw. Deutsch., pl. 45, pl. 2. 

(3) Mém. Soc. géol., t. IE, p. 256, pl. 18. 

(4) Lithuan., p. 206. 

(5) Animaux sans vertèbres, 2° édit., t. VI, p. 113. 

(6) On cite dans le terrain crétacé de l'Amérique septentrionale la C, vadosa, 
Morton, Journ. Acad. Phil., t, VIII, p. 223. Les terrains tertiaires du 
même pays en renferment quelques-unes; voyez Say, Journ, Acad. Phil., 
t. IV, p. 142 ; Conrad, id., t. VI, p. 228. 

(7) Geol. der æsll. Alpen, pl. 16, fig. 20. 


506 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


siques ; mais plusieurs ne sont encore connues que d’une manière 
incomplète. 


Il faut rapporter à ce genre plusieurs espèces décrites sous le nom de Car- 
ira, et en particulier (1) la C. lunulala, Sow. (Trigonia cardissoides, Lamk.), 
la C. similis, Sow., Goldf., et laC. trigonalis, id., de l’oolithe inférieure d’An- 
gleterre; la C. similis, Philipps, non Sow. (Opis Phillipsiana, d’Orb.), de l’ox- 
fordien; les C. cardissoides, Goldf., et lunulata, id., du corallien de Nattheim. 

L'O. dilatata, Desh. (?), caractérise la grande oolithe. 

Les O. angustata, Lycett, et gibbosa, id., sont indiquées dans l’oolithe 
inférieure d'Angleterre. 

M. Buvignier (3) a décrit l'O. Archiaciana, Buv., de la grande oolithe des 
Ardennes, l'O. Raulinea, id., de l’oolithe ferrugineuse de Wagnon, l'O. Ar- 
duennensis, id. (Atlas, pl. LXXVIIT, fig. 14), du terrain oxfordien; cinq 
espèces du corallien et deux du calcaire à astartes. 

L’'O. excavata, Roemer ({), provient du coral rag (?) de Fritzow. 

Il faut ajouter une quinzaine d'espèces inédites indiquées (5) par M. d’Or- 
bigny (deux du lias, trois de l’oolithe inférieure, trois de la grande oolithe, 
deux de l’oxfordien, quatre du corallien et une du kimméridgien). 


Les opis se continuent dans les terrains crétacés. 


L’O. neocomiensis, d’Orb. (6), a été trouvée dans le terrain néocomien de 
Marolles, Saint-Sauveur, etc. 

L’'O. ornata, d'Orb. (7) (Isocardia ornata, Forbes), appartient au lower green- 
sand d'Atherfield. 

Le gault renferme (8) les O. Hugardiana, d’Orb. (Atlas, pl LXXVIN, 
fig. 15), sabaudiana, id., et lineata, Pictet et Roux. 

M. d'Orbigny a décrit (?) en outre les O0. Coquandiana, elegans, Gueran- 
queri et ligeriensis des terrains cénomaniens de Cassis et du Mans, et 
l'O. Truellei, id. (bicornis, Geinitz), des craies supérieures de Saintes. 

Il faut ajouter (10) l'O. Annoniensis, d'Archiac, du tourtia de Belgique, 


(1) Sowerby, Min. conch., pl. 232 et 444 ; Goldf., Petr. Germ., t. II, pl. 
133; Phillips, Geol. of Yorks., pl. 3; Deshayes, Trailé élém.,t. Il, p. 128. 

(2) Deshayes, Loc. cit.; Lycett, Ann. and mag. of nat. hist., 2° série, t. VI, 
p. 421. 

(8) Stat. géol. de la Meuse, p. 17, pl. 13 et 14. 

(4) Norddeutsch. Oolgeb., supp:, p. 38, pl. 19, fig. 5. 

(5) Prodrome, t. 1, p. 234, 253, 276, 307, 362, et t. IL, p. 15 et 50. 

(6) Pal. fr., Terr. crét., t. INT, p. 51, pl. 253. 

(7) Prodrome, t. Il,p. 118; Forbes, Quart. journ. geol. Soc., 1. I, p. 242, 
pl. 2. 

(8) D’Orbigny, Pal. fr., Ter. crét., t. LIL, p. 52, pl. 253 et 254; Pictet et 
Roux, Moll. des grès verts, p. 432, pl. 32. 

(°) D'Orbigny, id., pl. 251 bis, 254, 257. 

(10) Mém. Soc. géol., 2° série, t, II, p. 305, pl. 14; Reuss., Norddeutsch. 


INTÉGROPALLÉALES. — ASTARTIDES. 507 


l'O. pusilla, Reuss., des terrains crétacés supérieurs de Meronitz; et 
l'O. galeata, d’Orb. (Cardium galeatum, J. Müller), d’Aix-la-Chapelle, 


Les ASTaRTES (Asfarte, Sowerby; Crassina, Lamk.), — Atlas, 
pl. LXXVIIL, fig. 16 et 17, 


ont une coquille ovale ou oblongue, inéquilatérale, épaisse, à 
crochets médiocres, à lunule bien marquée. La charnière est très 
solide ; la valve gauche présente deux fortes dents égales, diver- 
gentes, et deux cavités; on voit sur la valve droite deux dents 
inégales. Le ligament est extérieur, épais et court. Ce genre dif- 
fère du précédent par ses crochets plus petits. Les moules bien 
conservés se distinguent facilement de ceux qui appartiennent à 
d'autres familles par les impressions des petites attaches muscu- 
laires buccales en-dessus des grandes. 

Les coquilles qui font partie de ce genre ont été désignées par 
Lamarck sous le nom de CrassiNa, mais celui d’Astarte est anté- 
rieur de deux ans. Il faut leur réunir les TriponTa, Schumacher ; 
les Taéris, Adams, non Sow., non Cuv.; les MacrroibEA et les 
Macrrina, Brown, les Nicania, Leach, et probablement aussi les 
GoopaLia, Turton. Elles ont été désignées sous les noms de PE- 
RONEA et PERONEODERMA par Poli. 

Les astartes sont nombreuses à l’état fossile, surtout depuis 
l'époque jurassique ; mais, comme je l’ai dit plus haut, il est dif- 
ficile d’être certain que toutes les espèces décrites sous ce nom 
appartiennent bien réellement à ce genre, car leurs formes exté- 
rieures rappellent beaucoup celles des cyprines et des vénus. Les 
espèces vivantes ne sont pas nombreuses (!). 

Elles paraissent manquer à l’époque primaire (?), sauf peut- 
être dans ses étages les plus supérieurs. 


Kreidef., t. IL, p. 2, pl. 33; d'Orbigny, Prodrome, t. Il, p. 238 ; J. Muller, 
Monog. Aach. Petr., t.1, p. 22, pl. 2, fig. 2. 

(1) Voyez un mémoire de M. Lajonkaire, Mém. Soc. hist. nat., Paris, 
1823 ; et F. Roemer, De astarlarum genere, Berlin, thèse in-4°. 

(2) Les espèces des terrains dévoniens et carbonifères décrites sous ce nom 
n’appartiennent pas à ce genre. La C. cincta, Goldf., 134,5, et la C, qua- 
drata, M° Coy, sont des cardinia. La C. transversa, Koninck, p. 80, pl. 4, 


est un megalodon. La C. Neptuni, Münster, Beitr., t. HI, pl. 12, est indé- 
terminable. 


508 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


M. W. King (!) a figuré deux espèces, les À. Wallisneriana, King, et Tuns- 
tallensis, id., des terrains permiens d'Angleterre. Elles ne sont connues que 
par leurs caractères externes. 


L'époque triasique en a possédé quelques-unes. 


M. F. Roemer (2) en a décrit et figuré trois espèces bien conservées du 
muschelkalk de Willebadessen. 


Elles augmentent de nombre dans le lias. 


On cite. en Allemagne (5), l'A. obsoleta, Dunker, d'Halberstadt; l’A. Volt- 
zü, Goldfuss, du lias de Banz, etc.; l'A. alta, id., du même gisement, réunie 
par quelques auteurs à la précédente ; l'A. subcarinata, Münster, du même 
gisement, à laquelle il faut probablement réunir l’A. striatosulcata, Roemer, 
de Goslar ; l’A. subtetragona, Münster (excavata, Goldf., non Sow.), égale- 
ment de Banz; l'A. complanata, Roemer, de Wisbergholzen (lias supé- 
rieur), etc. 

L’A. rhombea, Roemer, provient du lias de Nancy ; l'A. aculimargo, id., 
du lias du département de l'Aude. 

M. d'Orbigny ajoute plusieurs espèces indé{erminées (4). 


Elles sont très abondantes dans l’oolithe inférieure et dans la 
grande oolithe. 


M. d'Orbigny (°) compte vingt-sept espèces dans le premier de ces gise- 
ments, et seize dans le second. La plupart sont inédites. Parmi celles qui sont 
décrites, on peut citer (6) en premier lieu les À. obliqua, Desh., modiolaris, 
id., et trigona, id., décrites par Lamarck sous le nom de Cypricardia, et 
communes dans l'oolithe inférieure de Bayeux, l’A. cordiformis, Desh., du 
même gisement, etc. 

L'A. squamula, d’Archiac (7), provient de la grande oolithe d’Aubenton. 

Les espèces d'Angleterre ont été décrites (8) par Sowerby (4. elegans, exca- 


(1) Perm. foss. (Pal. Soc., 1848, p. 194, pl. 16). 

(2) Palæontographica, t. 1, p. 313, pl. 36. 

(3) Dunker, Palæont., t. 1, p. 178, pl. 25; Goldfuss, Petr. Germ., t. I, 
p. 189, pl. 134 ; Roemer, Norddeutsch. ool. Geb., p. 112, pl. 7, et De astar- 
tarum genere. 

(*) Prodrome, t. I, p. 216, 234 et 253 (deux espèces du sinémurien, six 
du liasien et une du toarcien). 

(5) Prodrome, t. I, p. 276 et 307. 

(6) Deshayes, Traité élém. conch., t. IT, p.138; et Mag. de 500. de 
Guérin, 1'° année, pl. 8. 

(7) Mém. Soc. géol., t. V, 1843, p. 372, pl. 25. 

(8) Sowerby, Min. conch., pl. 137, 233 et 444; Phillips, Geol. of 
Yorksh., pl. 9 et 11; Lycett, Ann, and mag. of nat. hist., 2° série, t. VI, p. 423, 


INTÉGROPALLÉALES. — ASTARTIDES, 509 


vata, lurida et trigonalis, de l’oolithe inférieure ; A. orbicularis et pumila, 
de la grande oolithe); Phillips (quelques espèces sous les noms Crassina, Pul- 
lastra, ete.); Lycett (quelques espèces de l'oolithe inférieure) ; la partie de l’ou- 
vrage de MM. Morriset Lycett, qui doit renfermer ce genre, n’a pas encore paru. 

Le À. detrita, Goldfuss (Atlas, pl. LXX VIIL, fig. 16), nummulina, Roemer, 
de Popilani, polita, id., de Baireuth, exarata, Koch, et Munsteri, id., de 
Gærtzen, subtrigona, Munst. in Goldf. (!), appartiennent, suivant M. d’Or- 
bigny, à l’oolithe inférieure. 

Le même auteur (2) attribue à son étage bathonien l’A. pulla, Roemer, la 
Cardita angusta, Must. in Goldf,, et l’/socardia leporina, Klüden. 


Ce genre se continue dans l'étage kellowien, et paraît atteindre 
son maximum de développement dans l'étage oxfordien. 


M. d’Orbigny (3) énumère douze espèces du premier de ces étages et trente- 
quatre du second, et même, suivant M. Deshayes, il en oublie neuf. Il y en 
a là-dessus un très grand nombre d’inédites (sept du terrain kellowien et 
neuf de l’oxfordien). On trouvera la description des autres (f), qui sont toutes 
oxfordiennes, daus les ouvrages de Phillips (À. ovata, Smith, aliena, Phill., 
extensa, id., carinata, id., etc.); Goldfuss (A. striatocostata, Munst., etc.); 
d'Orbigny (Duboisiana, d'Orb., de Russie, Mosquensis, id., Arduennensis, 
id., qui est le même que l’elegans, Zict. non Sow., etc.); Roemer (4. zonata, 
d'Angleterre) ; Rouillier (A. retrotracta, et Panderi, de Russie); Eichwald 
(A .veneris); Buvignier (À. discoidea). 


Les espèces sont un peu moins nombreuses dans les dépôts 
coralliens. 


re 


M. Roemer (°) a décrit cinq espèces du terrain corallien de Hohenegellsen, 
dont l'A, sulcata, Roem. (Crassina minima, Zieten) est identique avec l'A. pu- 
mila, Sew., et dont l’4. lamellosa, Roemer, qui est une lucine pour M. Deshayes, 
paraît se confondre avec l'A. scalaria, id., du portlandien. Les trois autres 
espèces sont l'A. plana, Roemer, non Sow. (4. lœvis, Goldf., À. subplana, 


(*) Goldfuss, Petr. Germ., t. IL, pl. 434; Roemer, De Astart. gen., Koch 
et Dunker, Beitr. Ool., p. 28, pl. 2. 

(2) Prodrome, t. 1, p. 308; Goldfuss, Petr. Germ., t. IN, pl. 138; Kloe- 
den in Kock und Dunker, loc. cit., p. 30, pl. 2. 

(3) Prodrome, t. 1, p. 337. 

(# Phillips, Geol. of Yorksh.; Goldfuss, Petr. Germ., t, I}, pl. 134; d'Or- 
bigny, dans Murchis., Keys., Vern., Pal. de la Russie, pl. 38 ; Roemer, Da 
Astart. genere ; Rouillier, Bull. Soc. nat. Moscou, t. XX; Buvignier, Stat. 
géol. de la Meuse, p. 18; etc. 

(5) Norddeutsch. Oolgeb., p. 113, pl. 6, et Palæontogr., t. 1, p. 329, 
pl. 4. 


510 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


d'Orb.), l'A. dorsala, Roemer (A. curvirostris, Goldf.), et l'A. exaltata, 
Roemer. 

L’A. multistriata, Leymerie (1), non Sow. (submultistriata, d'Orb.), provient 
du corallien de l’Aube. 

M. d'Orbigny y ajoute la Cardita extensa, Goldf., de Nattheim, et six 
espèces inédites de France (2). 


Les astartes des terrains kimméridgiens et portlandiens sont 
moins nombreuses en espèces que celles de l’oclithe inférieure et 
de l’étage oxfordien ; mais elles sont quelquefois assez abon- 
dantes en individus pour avoir donné leur nom (calcaire à astartes) 
à quelques dépôts de l’époque kimméridgienne. 


On trouve en Allemagne (3) l'A. scalaria, Roemer, citée ci-dessus; 
l'A. cuneata, Roemer, non Sow. (Myrina, d'Orb.), du terrain portlandien de 
Wendhausen; l'Unio suprajurensis, Roemer, de Fritzow, etc. 

On cite en Angleterre (4) l'A. lineata, Sow., du terrain kimméridgien ; 
l'A. cuneata, Sow., du terrain portlandien; l'A. rugosa (Cytherea rugosa, 
Sow.), etc. 

M. Buvignier ($) a décrit les À. supracorallina, d'Orb., et mediolævis du 
calcaire à astartes, et l'A. ambigua, du portlandien de Bar. 

M. d’Orbigny a ajouté plusieurs espèces inédites. 


Les astartes se continuent assez abondantes dans les dépôts 
crétacés, sans atteindre toutefois un développement égal à celui 
qu'elles avaient dans quelques fractions de l’époque jurassique. 

Les dépôts néocomiens et aptiens en ont fourni plusieurs. 


M. d’Orbigny (6) en a décrit onze espèces du terrain néocomien, parmi 
lesquelles les À. Beaumonti, Leym., gigantea, Desh., et substriata, Leym., 
étaient seules connues, 

Il faut ajouter l’A. subdentata, Roemer (7), du Hils; l’A. sinuata, d’Orb., 


(1) Stat. géol. de l'Aube, pl. 10, fig. 7 bis. 

(2) Prodrome, t. II, p. 15; Goldfuss, Petr. Germ., t. I, pl. 133. 

(3) Roemer, Norddeutsch. Ool. geb. p. 113, pl. 6. 

(£) Sowerby, Min. conch., pl. 137 et 179. 

(5) Stat. géol. de la Meuse, p. 18, pl. 15 et 20. 

(6) D'Orbigny, Pal. fr., Terr. crét., t. WI, p. 72; Leymerie, Mém. Soc. 

géol., t. V. 

* (7) Roemer, Norddeutsch. Kreideg., pl. 71, pl. 9; et De Astart. genere, 
p. 20, fig. 4; Phillips, Geol. of Yorks., pl. 2, fig. 18 et 19; d'Orbigny, loc. 
cit.; Pictet et Renevier, Pal. suisse, Terr. aplien, 4° livraison; Pictet et 
Roux, Grès verts, p. 534. 


INTÉGROPALLÉALES. — ASTARTIDES. 511 


du terrain aptien de Marolles ; l'A. lœvis, Phillips, de l'argile de Specton; 
l'A. Buchii, Roemer, des marnes aptiennes de la perte du Rhône (Atlas, 
pl. LXXVIIL, fig. 17); les À. Brunneri, Pictet et Roux, et Rhodani, id., des 
terrains aptiens de la perte du Rhône, et quelques espèces du même gisement 
que nous décrirons dans notre paléontologie suisse. 


Le gault est moins riche en astartes. 


L’A. Dupiniana, d’Orb. (1), se trouve à Ervy et en Savoie. 
L'A. Bellona, d'Orb. (2), espèce inédite, provient de Novion. 
L'A. sabaudiana, Pictet et Roux (3), a été découverte au Saxonet, 


Les craies chloritées et les craies supérieures ont fourni quel- 
ques espèces. 


M. d’Orbigny (4) a fait connaître l'A. Guerangueri, du Mans (terrain céno- 
nien), et indiqué l'A. difjicilis, d'Orb., des terrains crétacés supérieurs de 
Royan. 

M. Sowerby (5) a décrit plusieurs espèces de Blackdown (A. concinna, 
multistriata, formosa, impolita, striata), 

L’A. Koninckü, d’'Archiac (6), du-tourtia, paraît être la même que 
VA, striata. Son A. cyprinoïides est probablement une cyprine. 

La Venus granum, Matheron (7), du terrain turonien des Martigues appar- 
tient à ce genre. 

L'A similis, Goldfuss ($), provient de la craie de Haldem (elle est indiquée 
aussi dans le corallien de Nattheim, mais il y a probablement confusion). 

M. Reuss a décrit (*) quelques espèces des craies de Bohême (4. porrecla, 
Reuss ou Reussii, Desh., nana, Reuss., acut@, id.). 

L’'A. macrodonta, Sowerby (1°), provient de Gosau, où l’on trouve aussi 
l'A. laticosta, Desh. 


(1) Pal. fr., Terr, crét., t. I, p. 70, pl. 264. 

(2) Prodrome, t. 11, p. 136. 

(3) Moll. des grès verts, p. 138, pl. 32. 

(*) Pal. fr., Terr. crét., t. I, p. 74, pl. 266 bis, et Prodrome, t. II, 
p. 238. 

(5) Trans. geol. Soc., t. IV, p. 239, pl. 16, fig. 15 ; Min, conch., pl, 520. 

(6) Mém. Soc. géol., 2° série, t. II, pl. 14. 

(7) Catalogue, p. 158, pl. 15. 

(8) Petref. Germ., t. Il, pl. 134, fig. 22. 

(*) Boehm. Kreidef., pl. 33. 

(10) Trans. geol. Soc., 2° série, t. Ill, pl. 38; Deshayes, Traité élém, 
conch., t, II, p. 145, pl. 22, fig. 16 et 17. 


512 ACÉPITALES ORTHOCONQUES. 


M. Jos. Müller (1) a trouvé, à Aix-la-Chapelle, l’4. cælata, Müll., et l'A. F. 
Rœmeri, id. 


Ce genre se continue pendant l'époque tertiaire ; mais il est 
peu abondant dans la période éocène, fait d'autant plus remar- 
quable qu'il reparaît très nombreux dans les formations supé- 
rieures pour diminuer de nouveau à l'époque moderne. 


L'A. rugata, Sow. (2), a été trouvée dans l'argile de Londres, avec deux 
autres espèces (À. donacina, Sow., et tenera, id.). 

Les dépôts éocènes inférieurs de Belgique ont fourni (3) les À. Nystiana, 
Kick., et inæquilatera, Nyst. 

L'A, Prattü, d'Archiac (4), a été découverte dans le terrain nummulitique 
de Biarritz. 


Les dépôts miocènes et pliocènes en renferment un plus grand 
nombre. 


M. Nyst (°)en a décrit plusieurs. Les À. Henckeliusiana, Nyst, Kichæü, 
id., Bosqueti, id., et trigonella, id., caractérisent l'étage tongrien. Les 
A. Galeotti, Nyst, Omali, Lajonkaire, corbuloides, id., Burtinii, id., radiata, 
Nyst, et West, minuta, Nyst. et diverses espèces communes à d’autres pays, 
appartiennent au crag ou système campinien. 

L’A. Basieroti, Lajonkaire, se trouve à la fois dans ces deux étages. 

M. Deshayes a fait connaître (6) l'A. scalaris, Desh., l'A. striatula, id., 
des environs d'Angers, l'A. solidula, id., des faluns de Touraine, etc. 

Les terrains miocènes du Piémont renferment (7), outre cette dernière 
espèce, les À. Murchisoni, Michelotti, et circinnaria, id. 

Le crag d'Angleterre en contient une quantité considérable, M. Wood (8) 
en compte vingt espèces, dont huit vivent encore. 

Les espèces des terrains tertiaires d'Allemagne ont été décrites (?) par 


(1) Monog. Aach. Kreidef., 1, p. 22; IL, p. 65. 

(2) Sowerby, Min. conch., pl. 316 ; Morris, Catal,, p. 78, et Quart journ. 
geol. Soc., 1852, t. VII, p. 265. 

(3) Nyst, Cog. et pol. foss. Belg., p. 154, pl. 6. 

(4) Mém. Soc. géol., 2° série, t. IX, pl. 12, fig. 2. 

(5) Cog. et pol. foss. Belg., p. 149 ; Lajonkaire, Notice géol. sur les envi- 
rons d'Anvers (Mém. Soc. hist. nat. Paris, t. 1). 

(6) Traité élém. conch., t. HE, p. 146, pl. 22, Magazin de zoologie, 1830, 
pl. 10, et dans Lamarck, Anim. sans vert., 2° édition, t. VI, p. 259. 

(7) Michelotti, Desc. foss. terr. mioc. Ital. sept., p. 119, pl. 4. 

(8) Moll. from the crag (Palæont. Soc., 1853, p. 172); Sowerby, Min. 
conch., pl. 179 et 251. 

(°) Goldfuss, Petr. Germ., t. 11, pl. 1435; Philippi, Tertiær Verst. nordw. 
Deutseh., pl. 2, et Palæontographica, t. X, p. 47 et 57, pl. 8. 


INTÉGROPALLÉALES. — ASTARTIDES. 513 


Goldfuss (A. gracilis, lamellosa, armata, concentrica), et par M. Philippi 


(4. lœvigata, de Cassel, À. dilatata et subquadrata, de Westeregeln, À. anus 
et vetula, de Luncburg). 


Quelques espèces des terrains tertiaires se continuent dans les mers ac- 
tuelles (1). 


Les astartes se trouvent aussi fossiles en Amérique et en Asie (?). 


Les Circe, Schumacher, — Atlas, pl. LXXVI, fig. 18, 


ont été en général confondues avec les cythérées (*) dont, en effet, 
elles ont à peu près la charnière; mais elles en diffèrent par leur 
sinus palléal nul ou presque nul, et par l’existence d’une petite 
impression musculaire accessoire à la buccale qui rappelle tout à 
fait les astartes. Je n'hésite pas à les rapprocher de ce dernier genre, 
d'autant plus que les formes de l'animal semblent justifier leur 
séparation d'avec les cythérées. 


On ne connaît à l’état fossile qu’une seule espèce du crag rouge et du 
crag corallien (#). Elle a encore son ‘analogue vivant et a été décrite sous des 
noms variés (Venus minima, Montagu, Cyprina minima. et triangularis, 
Turton, Cytherea minima, Brown, Crassina minima, Gray, ete.). Elle porte 
maintenant celui de Circe minima, Forbes et Hanley. 


Les GarDitEs, Bruguière (Cardita et Venericardia, Lamk), — 
Atlas, pl. LXXVIIT, Gg. 49 et 20, et pl. LXXIX, fig. 1, 


ont une coquille arrondie ou oblongue, entièrement fermée, sou- 
vent très inéquilatérale, ordinairement épaisse el ornée de côtes 
rayonnantes, Les impressions musculaires sont très bien mar- 


(‘) Voyez, pour ces identités, Deshayes, Traité élém. conch., t. IL, p. 148. 

(2) M. d'Orbigny (Voyage, Pal., p.83 et 105) a décrit deux espèces des ter- 
rains crétacés de l'Amérique méridionale. Le même continent renferme 
VA. truncata, de Buch (Pétr. recueillies en Amérique, p. 13). 

On en trouve plusieurs dans les terrains tertiaires de l'Amérique septen- 
trionale. Voyez Say, Conrad, Foss. of the tert. form., et Journ. Acad. Phil., 
t. IV. p, 150, t. VII; p. 133, t. VIII, p. 184, American Journ. of sc., 
t. XXII, p. 339 ; Lea, Desc. new foss. tert., etc. | 

Quelques-unes sont indiquées comme trouvées dans les Indes orientales 
dans une formation secondaire supérieure (Wadras Journ.), 

(5) Voyez la note de la page 447. 

(4) Wood, Moll. from the crag (Palæont, Soc., 1853, p. 198). 


Ill, 29 


51/4 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


quées. La charnière est solide, formée de deux dents cardinales, 
inégales et obliques. Le ligament est extérieur. | 

Lamarck a distingué les VenericarpiA, dont les deux dents de 
la charnière sont obliques et dirigées du même côté, et les CARDITA, 
où une de ces dents est droite, située sous les crochets, et l’autre, 
oblique, prolongée sous le ligament. Les premières sont ordinai- 
rement ovales, et les dernières allongées et très inéquilatérales. 
Les conchyliologistes s'accordent maintenant pour réunir ces deux 
genres dont les animaux sont identiques, et que lent de nom- 
breuses transitions. On trouve plusieurs espèces qui ont, avee les 
formes générales des vénéricardes, la charnière des cardites, et 
la dent, qui est courte dans ces dernières, passe par degrés à une 
position oblique; en sorte que l'examen d’un grand nombre d'es- 
pèces rend impossible de fixer des limites précises. 

Les cardites ont recu divers noms. Elles étaient comprises dans 
le genre AcrmoBoLus, Klein ; elles ont été nommées LIMNEA et 
LimneopermA par Poli ; elles ont été divisées par de Blainville en 
CARDIOCARDITES et MYFILICARDES. 

On doit leur réunir lès Arcrurus, Humphrey ; les BreuiNa, 
Bolten; les GLans, Megerle ; les AraELLA, Oken, non Schum., 
non Phil., et les Carpissa, Oken, non Valch. 

Les Hippoponium , Sowerby, paraissent aussi ne pas pouvoir 
en être séparés génériquement (Atlas, pl LXXIX, Gg. 1) Ils 
différent du type ordinaire par une charnière énorme qui occupe 
souvent la moitié de la coquille et par l'absence des côtes rayon- 
nantes, ornenient ordinaire des véritables cardites. On ne les 
trouve que dans les terrains de l'époque jurassique. . 

Les cardites paraissent avoir existé depuis le commencement 
de l’époque secondaire; mais elles n'ont été nombreuses que 
dans l'époque tertiaire. 

Quelques espèces ont cependant été nr dans. l’époque 
paléozoïque, mais elles n’appartiennent pas à ce genre. 


La C. Murchisoni, Geinitz (1), du terrain permien, est une cypricarde pour 
M. Deshayes et une myoconcha pour M. d'Orbigny. C’est le type du genre 
PLeurop#orus, King, dont nous parlerons plus bas. 


(!) Zechsteingeb., p. 9, pl. 4, fig. 1 à Es 


INTÉGROPALLÉALES, —- ASTARTIDES. o15 


Je considère, au contraire, leur existence comme probable 
pendant l’époque triasique. 


Goldfuss, le comte de Münster et M. Klipstein ont décrit (!) sept espèces de 
Saint--Cassian. | 

Quelques-unes d’entre elles sont douteuses, d’autres doivent être exclues 
du genre, telles que la C. Hœninghausia qui est une opis ; mais je ne vois 
aueun motif pour ne pas considérer comme des cardites , quelques espèces 
dont les formes extérieures sont tout à fait celles du genre, telles que Ja C. cre- 
nata, Goldfuss. (Atlas, pl. LXXVIIL, fig. 19.) 


I y en à probablement aussi eu quelques espèces pendant 
l’époque jurassique. Leur nombre sera augmenté si l’on admet 
la réunion des hippopodium aux cardita. 


Le lias est caractérisé par l’Hippopodium ponderosum, Sow. (2), trouvé à 
Nancy, à Cheltenham, etc. (Atlas, pl. LXXIX, fig. 1.) 

On trouve dans l'oolithe inférieure (#) V'H. bajocense, d'Orb. et V'H, gib- 
bosum, id., espèces inédites ; la C. terminalis, Deshayes (Astarte terminalis, 
Roemer et Myoconcha ornata, id.), du Calvados; la C. Terquemi, Desh.., inédite 
de l'oolithe inférieure de Metz, etc. 

La grande oolithe renferme (f) l'A. Luciencis, d'Orb., et quelques espèces 
inédites indiquées par M. Deshayes. , 

M. Buvignier (5) a fait connaître la C. Moreana des terrains oxfordiens 
d'Hannonville, quatre espèces des dépôts coralliens, deux du calcaîre kimmé- 
ridgien à astartes, et trois du portlandien. 

M. d’Orbigny () indique en outre deux espèces inédites du corallien. 


Les espèces augmentent de nombre dans les dépôts crétacés 
et ont davantage les formes normales du genre. On n’y retrouve 
plus d’hippopodium. 


M. d’Orbigny (7) a décrit la C. neocomiensis, d'Orb. et la C. quadrata, id., 
du terrain néocomien de Marolles, 
La C. fenestrata (Venus fenestrata, Forbes) a été trouvée dans le lower 


(1) Goldfuss, Petr. Germ., t.M, pl. 133; Münster, Beitr. zur Petr.., t. IV, 
p. 86, pl. 8; Klipstein, Geol. der oestl. Alpen, p. 254, pl. 16. 

(2) Min. conch., pl. 250. 

(3) Prodrome, t. I, p. 277; Desh., Traité élém. conch., t, , p. 166. 

(*) Prodrome, t. I, p. 308; Desh., loc. cit. 

(5) Stat. géol. de la Meuse, p. 18. 

(6) Prodrome, t. HE, p. 16. 

(7) Paléont. franç., Terr. crét., t, IL, p. 85, pl. 267, 


516 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


greensand d'Angleterre et dans le terrain aptien de la perte du Rhône ({). 

Le gault a fourni (2) les C. Constantii, d'Orb., commune dans plusieurs 
gisements, les C. Dupiniana, id., tenuicosta, id., d'Ervy, Géraudot, etc., la 
C. exaltata, id., de Morteau, la C. rotundata, Pictet et Roux, de la perte du 
Rhône, les C. clathrata, Buvignier, et argonnensis, id., du département de 
la Meuse. ; 

M. d'Orbigny a fait connaître en outre cinq espèces du terrain cénomanien 
du Mans et de Rouen, auxquelles M. Deshayes (3) ajoute la Wyoconcha cre- 
tacea, d'Orb., le Mytilus clathratus, d'Archiac, et les C. Archiaci, Desh., et 
plicati'is, id., inédites, du tourtia. 

11 faut encore citer (4) la C. parvula, Goldf., de la craie de Haldem, la 
C. Geinitzü, d'Orb. (C. tenuicosta, Geinitz non d'Orb.), des craies supérieures 
de Saxe et la C. Hebertiana, &'Orb., du terrain pisolithique. La C.semi-striata, 
Roemer, de Strehlen et la C. modiolus, Roemer, des craies de Bohème sont 
des cardium. 


Les cardites augmentent beaucoup de nombre dans les terrains 
tertiaires. M. Deshayes compte plas de cent espèces de cette 
période. 

On les trouve des l’époque éocène. 


Lamarck et M. Deshayes (5) ont décrit les espèces du bassin de Paris. 
(14 Venericardia et 2 Cardita.) La C. crassa, Desh ? (6) (pseudocrassa, d'Orb.), 
la V. pectuncularis, Lamk, et Ja V. mullicosta, Lamk, caractérisent les sables 
inférieurs du Soissonnais et de Bracheux. (Atlas, pl. LXXVIIE, fig. 20.) | 

La V. decussata, Lamk, et la V. planicosta, Desh., proviennent de Cuise- 
la-Motte et se retrouvent dans le calcaire grossier. Les V. asperula, Desh., 
squamosa , id., elegans, Lamk, calcitrapoides, Lamk (aculeata, Desh.), 
mitis, Lamk, imbricata, id., acuticosta, id., angusticosta, Desh., sont répan- 
dues dans le calcaire grossier. Les V. aspera, Lamk, complanala, Desh., 
coravium, Lamk, et spissa, Defr., appartiennent aux sables supérieurs de 
Valmondois. 

Les terrains nummulitiques (7) renferment une partie des espèces précé- 


(1) Quart. journ. geol. Soc., t.T, p. 240, pl. 2; Pictet et Renevier, 
Paléont. Suisse, Terr. aptien, 4° livraison. 

(2) D'Orbigny, Paléont. franç., Terr. crét., t. IX, p. 89, pl. 268 et 269; 
Prodrome, t. Il, p. 137 ; Pictet et Roux, Moll. des grès verts, p. 442, pl. 33; 
Buvignier, Stat. géol. de la Meuse, p. 19, pl. 15 et 32. 

(8) Trait. élém. conch., t. 11, p. 168. 

(*) Goldf., Petr. Germ., t. IL, pl. 133 ; Reuss, Boehm. Kreid., pl. 33, etc. 

(5) Cog. foss. Par, t. 1, p. 149. 

(6) Voyez sur la C. crassa le doute émis par M. Deshayes, Trailé élém. 
conch., t. I, p. 175, et la remarque faite parle même auteur au sujet du 
nom de pseudocrass«. 

(7) D’Archiac, Hist, des progrès, t. I, p. 262, et Mém. soc. géol., 2° série, 


INTÉGROPALLÉALES. —- ASTARTIDES. 517 


dentes (V. aculicostata, angusticostata, asperula, decussata, imbricata, ete.), 
et des espèces qui leur sont propres. 

Al. Brongniart a fait connaître les V. Arduini et Lauræ deCastel Gomberto. 
M. d’Archiac a décrit Ja V. Barrandei de Biarritz, et indiqué plusieurs es- 
pèces inédites. La V. minuta, Leym., provient des Corbières. La F. Perezi, 
Bellardi, a été trouvée à Nice, etc. 

Les dépôts éocènes d'Angleterre ont plusieurs espèces communes avec le 
bassin de Paris (V. acuticostata, Lamk, décrite par Sowerby sous le nom de 
carinala, initis, Lamk, planicosta, id.), et ont fourni en outre: la V. Bron- 
gniarti, Mantell, de Bognor (1) etles V. delloidea, Sow., globosa, id., et oblonga, 
id., de Barton. 


Elles se continuent dans les dépôts miocènes et pliocènes. 


M. Nyst (2) a décrit les C. latisulca, Kickæii et Omaliana du terrain ton- 
grien de Belgique, ainsi que la C. squamulosa, Nyst, du crag du même pays. 
Il a cité dans ce dernier terrain quelques autres espèces du erag d'Angle- 
terre. \ 
M. Dujardin ($) a fait connaître plusieurs espèces des faluns de la Touraine 
(C. affinis, squamulata, monilifera, alternans, pinnula, etc.). 

Les dépôts miocènes des environs de Bordeaux ont fourni quelques es- 
pèces ({), parmi lesquelles on peut remarquer les C: pinnula, Basterot, hip- 
popea, id., semidentata, id., et Jouannelli, id. Cette dernière espèce, très ca- 
ractéristique, se trouve dans la plupart des terrains miocènes européens, et en 
particulier dans la mollasse suisse, 

M. Michelotti (5) compte huit espèces dans les terrains miocènes du Pié- 
mont, dont deux nouvelles (C. producta, Mich. et scabricosta, id.). 

Les terrains pliocènes du même pays renferment en outre (6) les C. inter - 
media, Lamk, peclinata, Sismonda, etc. 

M. Wood (7) compte six espèces dans le crag d'Angleterre. 

La C. orbicularis, Goldfuss (8), est répandue dans toute l’Allemagne. 

Il y a encore plusieurs espèces incomplétement connues, décrites par 
MM. Pusch, Eichwald, etc. 


t. HI, pl. 12; AI. Brongn., Vicentin, pl. 5, fig. 2 et 3; Leym., Mem. Soc. 
géol., 2° série, t. I, pl. 15; Bellardi, id., t. IV, pl. 17, etc. 

(1) Mantell, Geol. S. E. England, p. 368; Sow., Min. conch., pl. 259 
et 289. 

(2) Cog. et pol. foss. Belg., p. 209, pl. 15 et 16. 

(3) Mém. soc. géol., t. UE, p. 264. 

(f) Basterot, Cog. foss. Bord., p. 80; Desh., Truilé élém. conch., t. I, 
pe die 

(5) Desc. foss. mioc. Ital. sept., p. 95, pl. 16. 

(6) Sismonda, Synopsis, p. 17. 

(7) Moll. from the crag (Palæont. Soc., 1855, p. 164). 

(8) Petr. Germ., pl. 134, fig. 1. 


518 ACÉPHALES ORTHOCONQUÉS. 


Plusieurs espèces paraissent se trouver à la fois fossiles et vivantes (1). 
On devra ajouter quelques espèces américaines et en particulier celles que 
M. Conrad a décrites sous le nom de CarpiTAMERA (2). 


Les Pacuyrisma, Morris et Lycett, — Atlas, pl. LXXIX, fig. 2 


ont une coquille. obronde, presque aussi longue que large, cor- 
diforme, équivalve, très inéquilatérale, à crochets grands, en- 
roulés comme ceux des isocardes, carénés du côté anal. Le 
corselet est très profond, la lunule manque. La charnière est 
extraordinairement épaisse; et offre sur chaque valve une grande 
et forte dent conique, et une fossette profonde avec un rudiment 
de dent latérale buccale. Les impressions musculaires sont pro- 
fondes. La buccale est ovale, subtransversale, et la postérieure 
arrondie. 

MM. Morris'et Lycett , induits en erreur par une infiltration 
cristalline, avaient ajouté que l'impression anale était portée 
par une lame saillante. M. Deshayes, en dégageant la coquille de 


l'infiltration ; a montré que celte impression est creusée dans 
l'épaisseur du test. 


On ne connaît qu'une seule espèce de ce genre, c’est le P. grande, Morris (3), 
de la grande oolithe de Minchinhampton. Elle paraît se rapprocher à la fois 
des cardita et des mégalodon. 


Les MÉGaLopON, Sowerby Eee Goldfuss), — Atlas, 
pl. LXXIX, fig. 


ont une coquille ovale ou cordiforme sata close, dont la 
charnière présente une grande dent cardinale souvent sillonnée, 
irrégulière sur la valve droite, une fossette et une dent étroite 
sur la valve gauche, et une dent latérale anale, allongée et 
peu saillante. 

impression musculaire buccale est petite et profonde, très 
rapprochée de la charnière; l'impression musculaire anale est 


(1) Voyez Deshayes, Traité élém. conch., t. IF, p. 181. 

(2) Foss. of the tert. form., p. 65, etc.; voyez d'Orbigny, Prodrome. 

(@) Morris et Lycett, Quart. journ. geol. Soc., t, VI, 1850, p. 399, et Mol- 
lusca from the great oolile (Palæont. Soc., 1853, p. 78, pl. 8); Deshayes, 
Traité élém. conch., t. JL, p. 184. 


INTÉGROPALLÉALES. — ASTARTIDES. 519 


ovalaire, souvent supportée par une lame saillante et oblique. 
Le ligament est extérieur. 

Ce genre lie les cardites aux unionides en présentant en même 
temps quelques rapports avec les trigonies. L'inégalité et la place 
des impressions musculaires, ainsi que la forme allongée de quel- 
ques espèces, rappellent un peu les mytilides. 

Les mégalodons ne vivent plus de nos jours et paraissent 
même spéciaux à l'époque primaire. 

Leur existence est douteuse dans les terrains siluriens. 


Lé M. Deshayesianus, d'Orb. (Cypricardia Deshayesiana, Vern.), de Rus- 
sie (1) n’a pas, suivant M. Deshayes, l'impression musculaire du genre. 

Le M. carpomorphum, d'Orb. (Cardiwm carpomorphum, Hisinger), de 
Suède, n’est connu que par ses caractères externes (2). 


Les espèces les plus certaines appartiennent toutes à l’époque 
dévonienne. 


La plus connue est le M, cucullatus, Sow:, fréquent en Angleterre ét dans 
le terrain dévonien du Rhin (3) (Atlas, pl. LXXIX, fig. 3.). 

Goldfuss en a décrit six autres espèces de Bemsberg et de Paffrath. 
M. Roemer a fait connaître les M. bipartitus du Rhin et elongatus du Harz, 
et MM. d’Archiac et Verneuil le M, concentricus des terrains dévoniens du 
Rhin (4). 


On en a cité encore dans les terrains de l’époque carbonifère, 
mais la détermination générique de ces espèces est très douteuse. 


Le M. antiquus, d'Orb. (Trigonia antiqua, d'Orb. olim), de Bolivia, est 
incomplétement connu (5, 

Le M. transversus, d'Orb. (Astarte transversa, Kon.), a plutôt la charnière 
des cypricardes que celle des mégalodons (6). 


(1). D'Orbigny, Prodrome, t. 1, p.12; Murchison, Keys., Vern., Pal. de la 
Russie, p. 304, pl. 20, fig. 1 ; Deshayes, Traité élém. conch., t. I, p. 236. 

(2) Hisinger, LethϾa Suecica, pl. 19, fig. 5 ; d'Orb., Prodrome, t. 1, p. 32. 

(3) Sowerby, Min. conch., pl. 568; Goldfuss, Petr. Germ., t. Il, pl. 132, 
fig. 8. 

(#) Goldfuss, Petr. Germ., pl. 132, fig. 1 et 9, et pl. 133, fig. 1 à 4; 
Roemer, das Rhein, Ueberg., p. 78, pl. 2 et Harzgeb., p. 24, pl. 6 ; d’Ar- 
chiac et Vern., Trans. geol. Soc., t. VI, pl. 36, fig. 11. 

(5) Voyage dans l’Amér. mérid., Paléontologie, p. 44, pl. 3. 

(6) D'Orbigny, Prodrome, t. 1, p. 130; de Koninck, Desc. anim. foss 
carb. Belg., p. 80, pl. 4; Desh., Traité élém. conch., t. Il, p. 237. 


520 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


Les PLEUROPHORUS, King, — Atlas, pl. LXXIX, fig. 4 


me paraissent avoir de grands rapports avec les mégalodons, les 
astartes et les cardita, et surtout avec les myoconcha. 

Ce sont des coquilles fermées, très inéquilatérales, à ligament 
externe, dont la charnière est formée de deux dents cardinales 
divergentes et d’une dent latérale anale linéaire. 

L'impression musculaire buccale, très rapprochée de la char- 
nière, est souvent bordée intérieurement par une côte élevée ; elle 
est accompagnée d'une petite impression accessoire semblable à 
celle des astartes. 


On ne connaît qu’une seule espèce de ce genre. 


Elle appartient au terrain permien et a reçu divers noms ({). C’est l’Arca 
costata, Brown, la Modiola costata de Verneuil, la Cypricardia Murchisoni 
et la Cardita Murchisoni, Geinitz, la Myoconcha costata, Brown. Elle doit 
maintenant porter le nom de Pleurophorus costatus, King. On l’a trouvée en 
Angleterre, en Allemagne, en Russie, etc. 


Les MyocoxcHa, Sowerby, — Atlas, pl. LXXIX, fig. 5, 


ont des coquilles fermées, très inéquilatérales, épaisses, qui rap- 
pellent extérieurement par leurs formes les mytilus du groupe 
des modioles. La charnière se compose d'une dent allongée sur 
une des valves et d’une fossette correspondante sur l'autre. Le 
ligament est allongé, externe. Les impressions musculaires sont 
très écartées ; l’anale est grande; la buccale est large, triangu- 
laire, profonde et accompagnée d'une impression accessoire 
plus petite, séparée de la principale par une côte saillante interne, 
et enfoncée sous la cavité du crochet. 

Ces coqüilles font une transition intéressante entre les cardita 
et les mytilus; aussi ont-elles été placées tantôt avec les uns, 
tantôt avec les autres. Je crois avec M. Deshayes qu'elles sont 
plus voisines des cardites, la duplicité de leur impression muscu- 
laire buccale les rapproche de ce genre, qui d’ailleurs rénièrme 
des s espèces tout à fait mytihformes. 

Je ne vais pourtant pas avec lui jusqu’à les réunir générique- 
ment aux cardites. La simplicité de la charnière et la disposition 


(1) King, Permian foss. (Palæont. Soc., 1848, p. 181, pl. 15). 


INTÉGROPALLÉALÉS. — ASTARTIDES. pA 


de l'impression buccale accessoire me paraissent motiver la con- 
servation du genre myoconcha. 

Elles ont beauconp plus de rapports avec les Pleurophorus, 
King; je n’ai toutefois pas cru devoir les associer à ce genre qui 
a deux dents à la charnière, et chez lequel la petite impression 
buccale rappelle davantage celle des astartes. 

Parmi les espèces qui ont été décrites, il est probable que l’on 
a confondu de vrais mytilus. Les formes externes sont insuffisantes 
pour distinguer ces deux genres. 

Ce genre, éteint aujourd'hui, paraît dater de l'époque per- 
mienne (1). 


La M. Pallasi, d'Orb. (Hytilus Pallasi, Vern.), de Russie, a bien les carac- 
tères de ce genre. 

La M. simpla, d'Orb. (Modiola simpla, Keys.), semble aussi lui appartenir. 

La M. Murchisoni, d'Orb., est pour nous un PLEUROPHORUS. 


Deux espèces sont citées dans l’époque triasique. 


Ce sont les Mytilus Maximilianus Leuchtembergensis, Klipstein, et latus, 
id., de Saint-Cassian (?), rapportés aux myoconcha par M. d'Orbigny. On ne 
connaît pas leur charnière. 


Les terrains jurassiques en renferment plusieurs. 


M. d'Orbiguy (3) cite trois espèces inédites du lias inférieur et du lias moyen. 

L’oolithe inférieure et la grande oolithe ont fourni une des espèces les 
mieux connues (f), la 3. crassa, Sow. (Mytilus sulcatus, Goldf.) (Atlas, 
pl. LXXIX, fig. 5). 

Le premier de ces gisements renferme aussi Ja M, striatula, d'Orb, (Myti- 
lus striatulus, Münster), de Thurnau (5). 

On trouve encore dans la grande oolithe (6), la M. Actæon, d’Orb., de 
France et d'Angleterre, la M. Aspasia, id., espèce inédite et la M. elongata, 
Morris et Lycett, de Minchinhampton, 


(1) D'Orbigny, Prodrome, t. I, p. 165; Verneuil, Murch., Keys., Pal. de 
la Russie, p. 316, pl. 19; Keyserling, Petschora Land, pl. 10 et 14. 

(2) D'Orb., Prodrome, t. 1, p. 200; Klipstein, Beitr. geol. der oestl. 
Alpen, pl. 17, fig. 1°et 13. 

(8) Prodrome, t. I, p. 218 et 237. 

(#) Sowerby, Min. conch., pl. 467 ; Goldf., Petr. Germ., t. IF, pl. 129, 
fig. 4. 

(5) Goldfuss, Petr. Germ., t. I, pl. 131, fig. 1. 

(6) D'Orb., Prodrome, t. 1, p. 312; Morris et Lycett, Mol. from the great 
ool. (Palæont. Soc., 1853, p. 77, pl. 4). 


922 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 
La M. Helmerseniana , d’Orb. ({), provient du terrain oxfordien de 
Russie. 


La M. ornata, Roemer (?), a été découverte dans le terrain corallien de 
Hoheneggelsen. 


M. d’Orbigny indique (3), en outre, une espèce inédite de l'étage kellowien, 
deux de l’oxfordien et deux du corallien, 


Les myoconcha se continuent et se terminent dans l’époque 
crétacée. 


M. d'Orbigny (4) a indiqué une espèce inédite (M. neocomiensis) du ter- 
rain néocomien de Nantua. 

Il à décrit la M. cretacea, d'Orb., du terrain cénomanien de France et la 
M.  Requieniana ( Modiola Requieniana , Math.), du terrain turonien 
d'Uchaux. 


I est très probable que les M. minima, Reuss, et elliptica, Roemer, n'ap- 
partiennent pas à ce genre (5). 


Je rapporte provisoirement à cette famille un genre dont les 
rapports zoologiques ne sont pas éncore suffisamment connus. 


Les CarpiniA, Agassiz (Unio, Sowerby ; Sinemuria, de Christol : 
Pachyodon, Stutch.; Ginorga, Gray), — Atlas, pl. LXXIX, 
fig. 6 et 7, udhoé 


ont été d'abord confondues avec les unio ; mais comme elles ont 
toujours été trouvées dans des terrains matins, on pouvait déjà 
douter a priori que l’on dût les réunir à ce genre éminemment 
fluviatile. M. Agassiz (5) a montré qu’elles différent de ce genre 
par de nombreux caractères. Leur coquille, ordinairement trans- 
verse et inéquilatérale, lisse ou sillonnée par des lignes concen- 
triques a un bord tranchant, des crochets rapprochés, peu sail- 
lants, fort obliques, et une lunule étroite, profonde, souvent 
lancéolée. La charnière est composée d’une dent cardinale qui 


(*) In Murch., Keys., Vern., Pal. dé la Russie, p. 463, pl. 39. 

(2) Norddeutsch. Ool., supplément, p. 33, pl. 18. 

(8) Prodrome, t. I, p. 340 et 370 , t. IL, p. 19. 

(4) Prodrome, t. II, p. 80, Paléont. france., Terr. crét., t. HI, p. 259, 
pl. 335 et 336. 

(5) Reuss, Boehm. Kreideg., t. I, p. 14, pl. 33; Roemer, Norddeutsch. 
Kreid., p. 466, pl. 8. 

(6) Dans la traduction de Sowerby, Conch. minér. de la Grande-Bretagne, 
p. 57, explication de la pl. 33. 


INTÉGROPALLÉALES, — ASTARTIDES, 523 


manque quelquefois, d’une fossette et de deux dents latérales. Les 
impressions musculaires sont écartées, profondes ; l’anale est sim- 
ple, la buccale est accompagnée d’une petite accessoire située sur 
l'extrémité du bord cardinal. Le ligament est externe mais en 
partie caché et porté par des nymphes peu épaisses. 

Ces caractères rappellent en partie ceux des astartes ; la forme 
de la coquille et la disposition des impressions musculaires buc- 
cales s’écartent peu de ce qu’on observe dans ce genre. Elles ont 
d'un autre côté des rapports évidents avec les unio, et M. Des- 
hayes a montré que leur test est nacré, ce qui prouve une analo- 
gie importante avec ces coquilles. Ce savant conchyliologiste les 
envisage comme intermédiaires entre les astartes et les unio, et 
c'est en effet, ce nous semble, l'opinion la plus probable. 

J'ai préféré les laisser dans la famille des astartides, et je dois 
convenir que j'ai été influencé à cet égard par le fait qu'elles ne 
se trouvent que dans les dépôts marins. M. de Koninck a proposé 
de la rapprocher des mactracés et en particulier du genre méso- 
desme, mais je considère cette opinion comme tout à fait inac- 
ceptable à cause de l'impression palléale entière: 

M. Agassiz, en 1838, leur donna le nom de CarpiNiA et peu de 
temps après, M. Stutchbury les désigna sous celui de Pacayopo. 
Plus tard, M. Christol (1841) frappé aussi de leur différence 
d'avec les unis, et ne connaissant pas les deux genres ci-dessus, 
les nomma SINEMURIA. Ïl paraît qu'elles avaient été plus ancien- 
nement (1833) désignées par M. Berger, sous le nom de THaLAs- 
sip£s (Zhalassites, Quenstedt), mais ce nom générique n'ayant 
pas été appuyé d’une description, n'a aucun droit réel à être 
préféré. 

Les noms de GINORGA, Gray, et de Drnora, id., paraissent dé- 
signer les mêmes coquilles. Le genre Axraracosia, King (‘), pa- 
rail être voisin, mais il n'est connu que de nom. 

Le genre des cardinia, qui a disparu de nos jours, ne renferme 
que des coquilles des terrains paléozoïques, triasiques et juras- 
siques inférieurs. Il faut probablement lui rapporter la plupart 
des espèces de ces terrains décrites sous le nom d’unio. 

Elles paraissent, en particulier, nombreuses dans les dépôts de 
l'époque paléozoïque. 


(1) Ann. and mag. of nal. hist., 1844, t, XIV, p. 313. 


921 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 
Leur existence est toutefois douteuse dans l'époque silurienne. 


M. d'Orbigny admet (!) dans le terrain silurien supérieur la €. complanata 
(Pullastra complanata, Sow.), la C. angusta (Cypricardia angusta, Hall), 
et la C. machæræformis (Nucula machæræformis, Hal). On ne connaît ces 
espèces que par leurs formes externes. 


Il est très probable que quelques espèces ont vécu pendant 
l’époque dévonienne. 


M. d'Orbigny (2) place dans ce geure plusieurs espèces décrites par Philipps, 
Goldfuss etRoemer, sous les noms de Pullastra, Sanquinolaria, Corbula,Cras- 
satella, Astarte, etc.; il en compte dix-neuf. El y a parmi elles plusieurs es- 
pèces douteuses, connues seulement par leurs formes externes; il y en a 
aussi d'assez probables. Nous plaçons, par exemple, volontiers dans le genre 
des astartes, la Cyprina vetusta, Roemer, du Harz, la Corbula ovala, id., la 
Sanguinolaria Ungeri, id., la Sang. gibbosa, id. (C. Goldfussiana, d'Orb.), 
la Tellina inflata, id., et les Pullastra de Phillips. En ceei je me trouve d’ac- 
cord avec M. Deshayes. 

I faut probablement y ajouter la Cardinia devonica, Geinitz (}, non 
d'Orbignvy. 


Les terrains carbonifères en renferment une assez grande quan- 
tite. 

M. de Koninck {) en a décrit dix des terrains carboniféres de Belgique 
dont une seule nouvelle (C. nana). Parmi les autres, plusieurs avaient été dé: 
crites sous le nom d'Unio ($) 

Il y joint quelques espèces d'Irlande décrites par M. M’ Coy (6), sous les 
noms de Dolabra et Pullastra, mais ces espèces sont en partie au moins dé- 
pourvues de dents à la charnière et appartiennent plutôt aux cœlonotides. 

M. de Keyserling (7) a décrit les C. Eichwaldiana (Unio, id., Vern.) et sub- 
parallela, de Russie (Modiola subparallela, Portlock). 


Une espèce a été citée dans le terrain permien, mais elle me 
paraît douteuse. 


(1) Prodrome, t. 1, p. 32; Sowerby, in Murchison, Sil. syst., pl. 5, fig. 7, 
Hall, Nat. hist. of New-York, n° 7, fig. 2 et 6. 

(2) Prodrome, t. 1, p. 76; Deshayes, Trailé élém. conch., t. 11, p. 226. 

(8) Die Verst. der Grauvackenform., p. 46, pl. 12, fig. 3. 

(#) Desc. anim. foss. carb. Belg., p. 68. 

(5) Voyez Goldfuss, Petr. Germ., t. IL, pl. 131; J. de C. Sowerby, Trans. 
geol. Soc., t. V, pl. 39 ; Sowerby, Min. conch., pl. 33; et les rectificauions 
proposées par M. Deshayes, Traité élém. conch., t. IE, p. 228. 

(6) Synopsis of Ireland, pl. 8 et 41; d'Orbigny, Prodrome, t. I, p. 130. 

(7) Pelschora Land, pl. 10, 


INTÉGROPALLÉALES. — ASTARTIDES. 029 


C’est la C. wmbonala, d'Orb. (Unio umbonatus, Vern.), de Russie (!). 
Elles ne sont pas nombreuses dans les dépôts triasiques. 


Le muschelkalk (2) renferme la C. Lebrunü, d'Orb., de la Meurthe et la 
C. Agassiziüi, Desh., des Vosges. Ces espèces n'ont été décrites ni l’une ni 
l’autre. 

Les dépôts de Saint-Cassian ont fourni (3) la C. subproblematica , d'Orb. 
(Unio problematicus, Klipstein), et la C. Munsteri, d'Orb. (Unionites Munsteri, 
Wisman, Münster). La première est bien douteuse. 


Elles augmentent beaucoup dans le lias. 


M. Agassiz (f; en cite dix-neuf espèces dans sa monographie, dont une 
avait été décrite par Zieten sous le nom d'Unio, quatre sous le même nom 
par Sowerby et plusieurs sous celui de Pachyodon, par M. Stutchbury. 

Le nombre des espèces connues s’est accru depuis lors. 11 faut y ajouter (5), 
les Unio convexus, trigonus, etc., Roemer, du lias inférieur d'Allemagne, les 
Cardinia elongata et trigona, Dunker, du lias d'Halberstadt, diverses espèces 
inédites indiquées par M. d'Orbigny, etc. 

M. Deshayes (6) a donné des détails intéressants sur la répartition des 
espèces. 

L’étage le plus inférieur ou infraliasique (Hettange, etc.) renferme, sui- 
vant lui, une dizaine d'espèces dont les plus caractéristiques sont la C. an- 
gusta, Agassiz, la C. elongata, Dunker et surtout la C. concinna (Unio, 
Sowerby) qui est la plus répandue. 

L’étage inférieur proprement dit (Sémur, Beauregard, etc.), aurait fourni 
neuf espèces parmi lesquelles on peut citer surtout la C. Listeri (Unio, Sow.), 
la C. amygdala, Agas., la C. cyprina, id., etc. 

Le même nombre d'espèces caractériserait le lias moyen; où l’on trouve 
la C. securiformis, Agass., la Lucina lævis, Goldf., la C. Heberti, Desh., et 
surtout la C. hytrida (Unio, Sow.) qui est une des coquilles les plus caracté- 
ristiques du lias moyen. (Atlas, pl. LXXIX, fig. 6.) 


(1) Murchis., Keys., Vern., Pal. de la Russie, pl. 19, fig. 10. 

(2) D'Orbiguy, Prodrome, t. 1, p. 174; Deshayes, Traité élém. conch., 
t. 11" p. 129, 

(3) D'Orbigny, Prodrome, t. I, p. 198; Münster, Beitr. zur Petref., t. IV, 
p. 20, pl. 16 ; Klipstein, geol. der oest. Alpen, p. 265, pl. 17. 

() Études criliques, Myes, p. 222; Zieten, Pétrif. du Wurtemberg ; 
Sowerby, Min. conch., pl. 154, 185 et 223 ; Stutchbury, Ann. and mag. of 
nat. hist., 1842, t. VIIL, p. 481. 

(5) Roemer, Norddeutsch. Ool. geb., p. 95 et 213; Dunker, Palæontogr., 
IE D36; Di. 6. 

(6)* Traité élém. de conch., t. I}, p. 229. 


526 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


M. Buvignier (1) a déerit les C. fascicularis (Atlas, pl. LXXIX, fig. 7) et 
trigonula du lias de la Meuse. 


Les cardinia se terminent probablement avec l’époque de 
l’oolithe inférieure. 


La C. oblonga, Agass., provient de l’oolithe inférieure des Moutiers (2), 

La C. veslonensis, Desh. (3), espèce inédite, a été trouvée à Veslones 
(Moselle). 

La C. crassissima, Stucth.(Unio, Sow.), est fréquente dans l’oolithe infé- 
rieure d'Angleterre (4). 


Ge Famize. — UNIONIDES. 


Les unionides sont principalement caractérisées par le fait que 
toutes les espèces sont fluviatiles; car, du reste, les formes de 
l'animal et celles de la coquille sont éminemment variables. 

Tantôt la charnière a des dents très fortes et rugueuses, tantôt 
elle en est complétement dépourvue. L'impression musculaire 
buccale est généralement double. La coquille, très variable dans 
sa forme et dans son épaisseur, est le plus souvent recouverte 
d'un épiderme épais; elle est toujours nacrée à l’intérieur, et c’est 
là peut-être son caractère le plus constant. Le figament est 
externe. 

Les formes variables des coquilles rendent très incertaines les 
limites des genres. Les plus anciennement admis sont ceux des 
Unio et des ANODONTES, comprenant, le premier , les espèces à 
charnière dentée, le second, celles sans dents. 

De nombreuses transitions lient maintenant ces deux groupes, 
et rendent leur séparation presque impossible. 

On a trouvé quelques caractères plus importants pour limiter 
d’autres genres; mais, tantôt les variations de l’animal ne con- 
cordent pas avec celles de la coquille, tantôt des transitions effa- 
cent la valeur de ces modifications. 

Ces groupes n'ayant pas en général de représentants fossiles, je 


(1) Stat. géol. de la Meuse, p. 24, pl. 16. 

(2) Études critiques, Myes, p. 228, pl. 12. 

(8) Traité élém. conch., t. IL, p. 232. 

() Stutchbury, loc. cit.; Sowerby, Min. conch., pl. 153; Morris, Catal., 
p. 80. M. d’Orbigny (Prodrome, t. 1, p, 216) l’attribue au lias inférieur, 


INTÉGROPALLÉALES. — UNIONIDES. 527 


ne mn arrêterai pas sur leur compte, et je me borne à indiquer les 
principaux. 

Les Myceropus, d'Orbigny, ont un pied trop grand pour ren- 
trer dans la coquille. Celle-ci rappelle la forme des solens. 

Les Irinnes, Lamk (Wutela, Scopoli, Platyris, Lea), ont les 
bords du manteau réunis en arrière, et deux siphons très courts, 
inégaux. La charnière est linéaire, tantôt sans dents (Zeila, 
Gray), tantôt semblable à celle des ASS (Pleiodon, Conrad). 

Les Cristaria, Schumacher (Zarbala, Humph., Symplynota, 
Lea), ont une coquille qui se prolonge en aile, au-dessus de la 
charnière. Leur charnière est tantôt simple, tantôt dentée. 

Les MaRGaARITANA, Schumacher, et les MoNocoNpyLeEA, d'Orbi- 
gny, se distinguent des unio par des réductions dans les dents 
latérales. Les Dipsas, Leach, ont une seule dent postérieure. 

Les Casrazia, Lamarck (Tefraplodon, Spix), sont remarqua- 
bles par la force de leur charnière, dont les dents lamelleuses et 
divisées sont fortement sillonnées. 

Les Pax“opow, Schumacher (Æyria, Lamarck, Diplodon, Spix), 
ont, comme les iridines, deux siphons courts, contractiles. La co- 
quille ressemble x celle des unio avec une aile comme les cris- 
taria. 

M. Deshayes a proposé de réunir tous ces groupes, et bien 
d'autres, que je n'ai pas nommés (!), en un seul genre, sous le 
nom d'Unio. Cette manière de voir à pour elle la plupart des 
faits que j'ai indiqués ci-dessus. Je l'adopte à plus forte raison, 
pour lénumération des espèces fossiles qui présentent beaucoup 
moins de variété. 

On peut appliquer à cette famille les considérations que j'ai 
déjà plus d'une fois rappelées. [Fest peu probable qu'on puisse 
lui rapporter des coquilles trouvées dans les terrains marins : 
aussi on ne peut guère considérer comme certaines que les es- 
pèces trouvées dans les terrains d’origine d’eau douce, qui, comme 
on le sait, sont rares dans les époques anciennes. 

Je ne connais point de véritables unionides antérieures aux 


(*) Tels sont les Prisodon, Schumacher; Lymnium, Oken ; Alasmodonta 
Say ; Alasmodon, Fleming ; Uniopis, Swainson ; Calceola, id.; Complanaria, id. ; 
Appias, Leach; Lamproscapha, Swainson; Hemiodon, id.; Patularia, id.: 
Platyris, Lea; Spatha, id. ; Calliscapha, Swainson, ete. 


L 


928 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


terrains wealdiens, c’est-à-dire aux derniers temps de l’époque 
jurassique. 


Les Muzerres (Unio, Retzius, Unio et Anodonta, Lamk), — Atlas, 
pl. LXXIX, fig. 8 et 9, 


forment ce genre unique, et, comme je l’ai dit plus haut, elles ont 
apparu dès les terrains wealdiens (1). 


Sowerby (2) en a décrit neuf des terrains Wealdiens d'Angleterre. 11 faut 
y ajouter quelques-unes des terrains ($) wealdiens d'Allemagne, savoir : les 
Unio planus et porrectus, Roemer, l'Unio subsinuatus, Kock et Dunker 
(U. Volzü, id. Atlas, pl. LXXIX, fig. 8), l'U. Menkei, Kock et Dunker 
(U. convexus, id.), et PU. Roemeri, Dunker. 


On en cite aussi dans les terrains crétacés. 


M. d'Orbigny (#) a décrit une espèce trouvée dans des fers limoneux du 
terrain néocomien supérieur, qui paraissent être le produit de lavages terres - 
tres. Il l’a rapportée d'abord à l'Unio Martini, Sowerby, puis l’a considérée 
plus tard comme espèce distincte sous le nom de U. Cornueliana, d’Orb. 


On connait quelques espèces des terrains tertiaires; mais, 
comme je l'ai dit ailleurs, elles sont rares dans l'étage éocène, où 
elles sont remplacées par les cvrènes. 


L'U. truncatosa (5), Mich., a été trouvée dans les argiles à lignites des en- 
virons d'Épernay. 

M. Charles d’Orbigny (6) a décrit deux espèces des couches de conglomérats 
et de lignites, inférieures à l’argile plastique de Meudon. Elles appartiennent 
au groupe des anodontes (4. Cordieri et anliqua). 

L'U. Solandri, Sow. (7), provient d'un terrain d’eau douce de la falaise de 
Hordwell, dans le Hampshire. 


(*) Ainsi que je l’ai dit ailleurs, les unio de l'époque paléozoïque et des 
terrains jurassiques et crétacés appartienuent pour la plupart aux CaRDINIA. 
M. Ed. Forbes (Quart. journ. geol. Soc., 1851, t. VII, p. 111), a décrit une 
espèce douteuse trouvée avec les cyrènes, dont nous avons parlé à la page 460. 

(2) Trans. of the geol. Soc., 2° série, t. IV, pl. 21 et Min. conch., 
pl. 594 et 595. 

(3) Roemer, Norddeulsch. Ool. geb., p. 95, pl. 5 ; Kock et Dunker, Beitr. 
Ool. geb., p. 58, pl. 7 ; Dunker, Monog. Wealdenbild., p. 26, pl. 11. 

(4) Palæont. franç., Terr. crét., t. I, p. 127, pl. 284, Prodrome, t, I, 
p. 106. 

(5) Guérin, Magasin de zoologie, 1837, pl. 85. 

(6) C. d'Orbigny, id., pl. 78. 

(7) Min. conch., pl. 517. 


INTÉGROPALLÉALES. -— UNIONIDES. 529 


M. Matheron (!) en a fait connaître quelques espèces du midi de la France 
et en particulier ciuq des dépôts les plus inférieurs du terrain à lignites ; 
l'U. Cuvieri, Math., des assises moyennes de ce même système, et une espèce 
un peu plus récente sans dents à la charnière, l’A. aquensis, Math., des 
gypses d'Aix. 


Les espèces se continuent dans les dépôts miocènes et plio- 
cènes, mais elles sont mal connues. 


M. Noulet à fait connaître (2) neuf espèces de la région aquitanique du 
bassin sous-pyrénéen. 

M. Bouillet (3) a signalé une espèce fossile en Auvergne, 

Goldfuss a décrit (4) l'U. costatus, Goldf., et l'U. flabellatus, id., des lignites 
tertiaires des environs de Winterthur. La dernière se retrouve dans la mol- 
lasse d’eau douce d’une grande partie de la Suisse et en particulier aux en- 
virons de Lausanne et de Genève. (Atlas, pl. LXXIX, fig. 9.) 

Le même auteur a fait connaître l'U. Lavateri, Goldf,, et l'U. splendens, id., 
d'OEningen. 

L'U. Mandelslohi, Dunker, et l'U. Wetzeleri, id., proviennent de la mollasse 
de Günzburg (5). L'U. atavus, Partsch, appartient au bassin de Vienne, 
L'Anod. anatinoides, Klein (Unio grandis, Ziet.), a été découverte à Ulm. Les 
U. Eseri, Krauss, et Kérchbergensis, id., proviennent de Kirchberg (6). Plusieurs 
espèces actuellement vivantes ont été retrouvées fossiles dans des dépôts ré- 
cents et entre autres dans le crag (7). 

L'U. diluvii, d'Orbigny ($) a été trouvée dans le terrain tertiaire d’Amé- 
rique. 


7e Famizze. — COELONOTIDES. 


Nous réunissons, sous cette dénomination empruntée à 
M. M Coy, des coquilles fossiles allongées, ovales, néquilatérales, 
équivalves, le plus souvent closes, à charnière linéaire, longue, 


(1) Catal., Trav. Soc. stat. Mars., 1842, p. 240, pl. 23 et 24. Son Unio 
alpina est sinupalléalle. 
(2) Mém. sur quelques coq. fossiles, etc., Mém. Acad. Toulouse, 3° série, 
année 1846 ; Lartet, Notice sur la colline de Sansan, p. 45. 
(3) Deshayes, Traité élém. conch., t. If, p. 215. 
(4) Petr. Germ., t. I, p. 1482, pl. 132. 
(5) Palæontographica, t. 1, p. 161, pl. 21. 
(6) Zieten, Petrif. du Wurt., p. 80, pl. 60 ; Krauss, Wurt. lahresb., 1851, 
p. 149. 
(7) Voyez Morris, Catal., p. 105; Deshayes, Traité élém. conch., t. H, 
p. 216; Wood, Mollusca from the crag (Palæont. Soc., 1850, p. 97, etc.). 
(8) Voyage en Amérique, Paléont., p. 127. 


(LL, 3l 


er de 


En 


580 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


le plus souvent dépourvue de dents, à ligament allongé, marginal, 
supporté par une lame interne. L'impression palléale est entière, 

Ces coquilles paraissent avoir des rapports avec plusieurs des 
familles que nous avons énumérées. 

Elles en ont très probablement beaucoup avec les coquilles fos- 
siles à charnière simple, que nous avons laissées dans les familles 
des cardides et des lucinides. 

Elles en ont vraisemblablement aussi avec les astartides, et 
surtout avec ies cypricardes. Elles ont souvent été confondues 
avec ces dernières, dont elles ont le facies, et dont elles se distin- 
guent surtout par la simplification de la charnière et par l'allon- 
gement du bord cardinal. 

Elles en ont avec les unionides dans la disposition de la char- 
nière et du ligament et dans la forme générale de la coquille. 

Elles en ont, enfin, avec les mytilides, chez lesquels le liga- 
ment est également allongé. Plusieurs d'entre elles ont, comme 
les mytilides, l'impression buccale très rapproch éedes crochets. 

M. M Coy, auquel nous avons emprunté le nom de cœlono- 
tides, place une partie des genres que nous Y associons dans la 
famille des mytilides ; mais les impressions musculaires se conser- 
vent trop égales pour permettre, ce me semble, cette association, 
et j'ai cru convenable de réunir ensemble toute cette série remar- 
quable de fossiles anciens. 

L'ignorance complète où nous sommes des formes de l’animal 
rendra toujours cette famille douteuse et discutable. Les carac- 
tères que j'ai signalés me paraissent suffisants pour la justifier ; 
et cette association de genres me semble plus conforme à la vérité 
que leur dispersion dans les familles connues. 

Les espèces ont étésouvent rapportées à tort aux sanguinolaires, 
aux lyonsia, aux tellines, etc., et à d’autres genres à impression 
palléale sinueuse. Elles ont toutes cette ligne entière. 

Les cœlonotides caractérisent exclusivement les dépôts de 
l’époque primaire. 


Les Grammysia, de Verneuil, — Atlas, pl. LXXIX, fig. 10 et 11, 


ont une coquille épaisse, close, oblongue, à côté buccal court, à 
charnière sans dents. La lunule est assez marquée. Le ligament 
est allongé. Les impressions musculaires sont grandes, arrondies 
et liées par une impression palléale simple, qui aboutit à l'im- 


INTÉGROPALLÉALES. — COELONOTIDES, 531 


pression musculaire anale, de manière à en laisser les deux tiers 
en dehors. Le caractère générique le plus apparent consiste dans 
une côte oblique, qui se rend du crochet au milieu du bord pal- 
léal, et qui laisse son impression sur le moule. 

Ce genre, qui a été établi par M. de Verneuil ('), est probable- 
ment voisin des cypricardes et des cyprines, et lie ces coquilles 
avec les cæœlonotides. 

On les trouve dans les terrains siluriens et dévoniens. 

C’est à ce genre qu'appartient la Nucula cingulata, Hisinger (?) (Orthonota 
cingulata, Salter), des terrains siluriens de Suède et d'Angleterre, 

L'Orthonota extrasulcata, Salter, des mêmes gisements a les mêmes carac- 
tères génériques. 

Il en est de même de la Mya rotundata, Sowerby (3), des roches de Ludlow. 

La Grammysia Hamiltonensis, de Verneuil (f), provient des terrains dévo- 
niens de la Manche, de l'Eifel et de New-York (Hamilton group). (Atlas, 
pl. LXXIX, fig. 10.) 

Les G. pes anseris, Zeil et Wirtgen, et ovata, Sandberger (Atlas, pl. LXXIX, 
fig. 11), sont figurées mais non encore décrites dans l’ouvrage de MM. Sand- 
berger sur les terrains dévoniens du Nassau (5). 


Les Lerropomus, M'Coy, — Atlas, pl. LXXIX, fig. 12 et 15, 


ont de grandes analogies dans leurs formes externes avec les 
pholadomyes; mais leur impression palléale est entière. Leur co- 
quille est très mince, oblongue, renflée, subéquivalve, très iné- 
quilatérale ; la charnière est longue, dépourvue de dents. L'im- 
pression musculaire buccale est accompagnée d’une plus petite, 
comme chez les astartides. 

J'ai déjà dit que, sous le nom (f) d'ALLORISMA, on avait con- 
fondu des coquilles sinupalléales et des intégropalléales. Le nom 
est resté aux premières. Les dernières appartiennent au genre 
qui nous occupe ici. 

Les SaxeunoriTtes de M'Coy (°) paraissent aussi devoir être 


(1) Bullet. Soc. géol., 2° série, t. IV, p. 696. 

(2) Lethœæa suecica, pl. 39, fig. 1; M’ Coy, Brit. Palæoz. foss., p. 280; 
Salter, Mem. geol. Survey, pl. 17. 

(3) In Murchison, Silurian syst., pl. 6, fig. 1. 

() Bull. Soc. géol., loc. cit. 

(5) G.etF. Sandberger, Verst. Rhein. schicht. Syst. Nassau, pl. 28, fig. 1 et2, 

(6) Voyez ci-dessus, p. 371. 

(7) En réunissant les sanguinolites et les leptodomus de M. M’ Coy, j'ai pré- 
féré conserver ce dernier nom, Le premier a l'inconvénient de pouvoir être con- 


532 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


réunies aux leptodomus. Elles en diffèrent par leur forme plus 
allongée, et par une côte interne, qui borde l'impression muscu- 
laire buccale, comme chez les pachyrisma. 

Le genre des leptodomus, tel que nous le limitons ici, comprend 
les Lurraria et les Myacires de l'époque paléozoïque, et il re- 
présente par des coquilles intégropalléales le type des pholado- 
myes pendant cette période. Il est même à remarquer qu'il offre 
quelques variétés analogues. Ainsi certaines espèces, telles que 
le Sanguinolites anguliferus, M Coy (Atlas, pl. LXXIX, fig. 12), 
présentait déja à cette époque le type d’ornementation des go- 
niomya. 


M. M’ Coy (1) cite dans les terrains siluriens d'Angleterre trois sanguino- 
lites et cinq leptodomus. Quelques-uns avaient été décrits auparavant : ainsi 
parmi ces huit espèces il faut compter l’Orthonota inornata, Phillips; la Cy- 
pricardia ? amygdalina, Sowerby, la C. impressa, id., et la C. undata, id. 
Nous avons figuré dans l'Atlas, pl. LXXIX, fig. 13, le L. truncatus, M Coy. 

Ce que j'ai dit plus haut doit faire comprendre qu'il y aurait bien d’autres 
espèces à énumérer dans ce genre. 


Les Docagra, M’ Coy, — Atlas, pl. LXXIX, fig. 14, 


ont une coquille ovale, renflée, inéquilatérale, inéquivalve, la 
valve gauche plus grande que la droite. Les crochets sont ob- 
tus. La charnière paraît crénelée dans quelques espèces. Chaque 
valve présente une longue dent ou côte, qui part très oblique- 
ment des crochets du côté anal, en formant un angle aigu avec 
la charnière. 


Les D. elliptica, M° Coy, et obtusa, id. (2), proviennent des terrains silu- 
riens d'Angleterre. La première est figurée dans l'Atlas. 

Quelques espèces (3) ont été trouvées par le même auteur dans les terrains 
dévoniens d'Angleterre (Cucullæa depressa, Phill., C. Hardragi, Sow., uni- 
lateralis , id., angusta, id.) et dans les terrains carbonifères d'Irlande, 
(D. corrugata, M’ Coy, securiformis, id., gregaria, id.). 


fondu avec celui de Sanguinolaire et d'être composé comme les dénominations 
employées par les anciens auteurs, lorsqu'ils voulaient constater une analogie 
vague entre un type fossile et un type vivant. 

(1) Brit. palæoz. foss., p. 276. 

(2) Brit. palæoz. foss., p. 269. 

(3) 1d,, p. 392 ct Synopsis of Ireland, p. 63, 


INTÉGROPALLÉALES. -— COELONOTIDES. 533 


Les MopioLorsis, Hall, — Atlas, pl. LXXIX, fig. 15, 


sont caractérisées par une coquille très mince, équivalve, allon- 
gée, dont la région cardinale est élevée,.comprimée, presque aussi 
longue que la coquille elle-même. La charnière n’a pas de dents. 
Ces mollusques rappellent les formes de quelques modioles , mais 
les impressions musculaires sont toutes deux grandes. La buccale 
est rapprochée des crochets. 

M. d'Orbigny n'ayant pas connu la simplicité de l'impression 
palléale, a réuni ce genre aux lyonsia. 


M. Hall (1) a décrit un grand nombre d’espèces des terrains siluriens infé- 
rieurs d'Amérique. 


Il faut y ajouter des pterinea et des cypricardites du même pays, décrites 
par M. Conrad. 


M. M° Coy place dans ce genre quelques espèces des terrains siluriens 
d'Angleterre rapportées à d’autres groupes.Ce sont (2) la Pullastra complanata, 
Sow.; la Modiola expansa, Portlock; la Modiola Nilsoni, Hisinger (Modiola 
antiqua, Sow. non Goldf.); le Mytilus gradatus, Salter (Atlas, pl. LXXIX, 
fig. 15); le Wytilus platyphyllus, Salter ; la Cypricardia solenoides, Sow., etc. 

Il faut y ajouter la Mod. modiolaris, Hall, qui se trouve en Amérique et en 
Europe, et deux espèces nouvelles (M. inflata, M Coy et postlineata, id.). 


Les AxopoxTorsis, M Coy, — Atlas, pl. LXXIX, fig. 16, 


ressemblent aux anodontes. Elles ont une coquille mince, équi- 
valve, inéquilatérale, comprimée, à charnière élevée; mais elles 
sont beaucoup plus courtes, arrondies et subtrigonales. La char- 
nière porte une dent latérale postérieure, longue et mince, qui 
sert à l'insertion du ligament, et une plus courte à la région anté- 
rieure. La première est double sur la valve droite. L’impression 
musculaire buccale est simple, et bordée quelquefois intérieure- 
ment par une côte analogue à celle des pachyrisma. 


M. M’ Coy a rapporté (3) à ce genre la Pullastra lœvis, Sow., des terrains 
siluriens d'Angleterre et décrit quatre espèces nouvelles des mêmes gise- 


(1) Pal. of New-York, t. 1, p. 157. 

(2) M’ Coy, Brit. palæoz. foss., p. 263; Sowerby in Murchison, Silur. 
system., pl. 5 et 13; Portlock, Geol. rep., pl. 33 ; Hisinger, Lethæa Suecica, 
pl. 18; Salter, Mem. geol. Survey, t. AT, pl. 20, ete. 

(3) Brit. palæoz. foss., p. 271; Sowerby in Murch., Si. syst., pl. 3, 
fig.u1, "a. 


534 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


ments. Nous avons figuré, Atlas, pl. LXXIX, fig. 16, l'A. angustifrons, 
M' Coy. 


Les Lyropesma, Conrad (Actinodonta, Phillips), — Atlas, 
pl. LXXIX, fig. 47, 


ont des coquilles subrhomboïdales qui ressemblent à celles des 
arches. Sur la partie qui correspondrait à l’area du ligament, on 
voit huit lignes divergentes saillantes. M. M'Coy rapproche ce 
genre des précédents ; M. d'Orbigny l’associe aux leda. Si l’im- 
pression palléale est entière et la charnière simple , l'opinion de 
M. M Coy est la plus vraisemblable. Ce qui explique, du reste, la 
divergence, c’est que M. Hall (1) a confondu dans ce genre deux 
espèces très différentes. L'une, la Z. plana, est un vrai lvrodesma ; 
l’autre, la Z. pulchella, est une nucule (Atlas, pl. LXXX, fig. 48). 


Cette L. plana, Conrad, à été trouvée dans le terrain silurien inférieur 
d'Amérique. M. M’ Coy la cite avec doute dans le terrain silurien d’Angle- 
terre (2). C’est l’espèce figurée dans l'Atlas. 


Les CLeibornorus, Hall, — Atlas, pl. LXXIX, fig. 18, 


ne peuvent pas encore être définitivement classés; car on ne 
connaît ni leurs impressions musculaires ni leur impression pal- 
léale. La seule espèce connue a la forme de quelques psammobies 
ou plutôt des solénomyes avec une charnière sans dents. Les 
moules montrent un sillon, produit par une côte interne, qui 
rappelle celle des cucullella, et qui est dirigée depuis le crochet 
au bord palléal, en obliquant du côté buceal. Ces caractères mon- 
trent une analogie probable avec les cϾlonotides. On ne peut pas 
les rapprocher des orthonotus et des cucullella, car on n’observe, 
à ce que dit M. Hall, aucune trace de dents sur la charnière. 


On ne cite (>) que le C. planulatus, Hall (Nuculites planulata, Conrad), 
du terrain silurien des États-Unis. 


Les TeccinomyA, Hall, — Atlas, pl. LXXIX, fig. 19, 


ont des coquilles équivalves, inéquilatérales, minces, à charnière 


(1) Pal. of New-York, t. I, p. 302, pl. 82. 

(2) Conrad, Ann. rep.; M° Coy, Brit. palæoz. foss., p. 272. 

(8) Hall., Palæont. of New-York, t. 1, p. 300, pl. 82, fig. 9; Conrad, 
Ann. rep., 1841, p. 48. 


INTÉGROPALLÉALES. —— COELONOTIDES. 999 


tout à fait simple, à impressions musculaires rapprochées du bord 
cardinal, la buccale simple. M. d’Orbigny les réunit aux lyonsia. 
On n'en connaît que quelques espèces des terrains siluriens. 


M. Hall en à décrit (!) quelques-unes des terrains siluriens inférieurs 
d'Amérique et M. M’ Coy une (T. lingulicomes) du terrain silurien d'Angle- 
terre. Nous avons figuré dans l’atlas la T. nasuta, Hall, pl. LXXIX, fig. 19. 


Il faut probablement y joindre quelques espèces décrites sous 
le nom d'Orrnoxora (?). Ce nom doit être réservé à celles qui ont 
des dents nombreuses à la charnière comme les nucules. 


L'O. cymbiformis, M’ Coy (Cypricardia cymbiformis, Sow.); l'O. nasutus, 
M° Coy (Cyp. nasuta, Conrad) et l'O. semi-sulcatus, M’ Coy (Modiola ? semi- 
sulcata, Sow.) ne sont pas de vrais orthonotus dans ce sens. Ils ressemblent 
beaucoup aux tellinomya et n’en diffèrent guère que par leur Junule ex- 
cavée. 


8° FamiLzze. — TRIGONIDES. 


Les trigonides sont clairement caractérisées par leur charnière, 
qui est composée de dents cardinales oblongues, divergentes, 
souvent sillonnées. Les impressions musculaires sont doubles de 
chaque côté ; il y en a, en outre, une autre sous les crochets. La 
buccale est profonde, très rapprochée de la charnière. Le ligament 
est externe. La coquille est équivalve, inéquilatérale, parfaite- 
ment close. 

L'animal a le manteau ouvert sur toute la circonférence et se 
rapproche des mollusques qui composent la famille des arcacides. 

Cette famille a commencé avec l’époque carbonifère , et a pris 
son plus grand développement dans l'époque jurassique et dans 
l'époque crétacée. Elle est inconnue (?) dans l’époque tertiaire et 
est représentée dans les mers actuelles par une seule espèce. 

Elle renferme trois genres qui n'ont presque jamais vécu en- 


(t) Hall, Pal. of New-York, €, 1, p. 152; M’ Coy, Brit. palæoz. foss, 
p. 274. 

(2) M’ Coy, loc. cit. 

(3) Il faut toutefois en excepter, si c'est une vraie trigonie, la T. sep- 
taria, Giebel (Jahresb. Hall. Verein., t. V, pl. 4, fig. 1), du terrain tertiaire 
(Septarien Thon), des environs de Bière. Je ne la connais pas. 


290 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


semble. Les schizodus ont paru les premiers ; ils ont été rempla- 
cés par les myophoria et celles-ci par les trigonies (‘). 

Les TRIGONIES , 7rigonia, Brug., — Atlas, pl. LXXX, fig. 1 à 3, 
ont sur la valve droite trois dents cardinales écartées, diver- 
gentes, sillonnées des deux côtés, et sur la valve gauche trois 
dents inégales sillonnées d'un seul côté. Les impressions muscu- 
laires sont petites. La coquille est triangulaire, carrée ou ovale, 
épaisse, souvent ornée de côtes ou de tubercules. Leur corselet 
est, en général, très développé, et présente souvent un système 
d’ornementation tout spécial. 

Leurs moules intérieurs sont aussi clairement caractérisés que 
les coquilles ; les fortes dents de la charnière y laissent des 
traces très évidentes, principalement dans un profond sillon, 
qui descend perpendiculairement du côté buccal des crochets, et 
qui les sépare d’un gros pilastre vertical, produit par les fossettes 
servant d'insertion au muscle buccal. Les deux impressions mus- 
culaires sy montrent évidemment doubles, et les crochets sont 
très séparés par l'épaisseur de la charnière. Ces moules sont or- 
dinairement lisses, et se distinguent, par l’ensemble de leurs ca- 
ractères, d'une manière très précise de ceux de toutes les autres 
coquilles bivalves. Ils ne ressemblent qu'à ceux des unio, dont ils 
sont, du reste, faciles à distinguer par leur impression anale 
double et par leur pilastre vertical séparé plus profondément, mais 
moins distant du reste de la coquille. 

Les trigonies ont été désignées par les anciens auteurs sous les 
noms de Conchites, Musculites, etc. Ce sont des Cardissa et des 
Trigonella pour Walch (non 7riyonella, Desh.). Elles ont été dé- 
signées par Sowerby, sous le nom de LyripoN, mot qui à été 
changé, par Bronn en LiriopoN, puis en LyrIODON, et par Goldfuss, 
en LYRoDON. 

Ce genre paraît avoir pris naissance avec les terrains triasiques. 
Ilest très abondamment développé dans les terrains jurassiques 
et crétacés {2), et il renferme une seule espèce vivante, qui à été 
recueillie sur les côtes de la Nouvelle-Hollande. 


(1) Il faut en excepter le gisement si singulier de Saint-Cassian, où l’on 
trouve à la fois des trigonies et des myophoria. 

(2) La T. antiqua, d'Orb., Voyage en Amér., Palæont., p. 44, des terrains 
carbonifères d'Amérique, n'appartient pas à ce genre. 


INYÉGROPALLÉALES. — TRIGONIDES. 937 


M. Agassiz, auquel on doit une monographie des (!) trigonies, 
a proposé, pour faciliter l'étude de ce genre remarquable, de le 
subdiviser en groupes fondés sur des caractères artificiels tirés de 
la forme générale et des ornements extérieurs. Il distingue les 
Scaphoïdes, les Clavellées , les Carrées , les Scabres, les Ondulées, 
les Costées et les Lisses, qui sont toutes fossiles, et les Pectinées, 
qui ne renferment que la seule espèce vivante. 

Les espèces les plus anciennes appartiennent, comme je l'ai dit, 
à l’époque triasique; mais les deux seules qui ont été citées n'ont 
pas tout à fait le facies ordinaire du genre. 


Ces deux espèces ont été trouvées à Saint-Cassian (?), ce sont la T. harpa, 
Müposter et la T. Gaytani, Klipstein. On connaît en partie leur charnière dont 
les dents sont faiblement sillonnées. La première n’a pas le corselet des vraies 
trigonies ; la seconde a bien le corselet, mais elle est moins ornée, 


Le lias en renferme quelques-unes (3). 


La plus caractéristique est la T. navis, Lamarck, fréquente dans le lias 
moyen de France et d'Allemagne. (Atlas, pl. LXXX, fig. 4.) 

La T. lilierata, Phillips, se trouve dans le lias inférieur du Yorkshire et 
des environs de Metz, M. d'Orbigny l’a inscrite à tort sous le nom de T. ly- 
rala, Phill. 

Il faut ajouter les T. similis, Ag., costellata, id., et pulchella, id., du lias 
supérieur. 


Elles augmentent de nombre dans l'oolithe inférieure et la 
grande oolithe. 


La plus connue est la T. costata, Parkinson, fréquente dans l’oolithe infé- 
rieure de la plus grande partie de l'Europe (f). Il faut lui réunir la T. line- 
olata, Agass. 

La T. striala, Sow., est presque aussi répandue dans les mêmes gisements. 
On doit ajouterles T. signata, Ag., et scuticulata, id , de l'oolithe inférieure, 
la T. duplicata, Sow., du mème gisement, la T. zonata, Ag. (T. Puschi, 
Desh.), de l’oolithe inférieure de Pologne, la T. denticulata, Agass., de l’ooli- 
the inférieure de la Suisse, etc. 


(1) Études critiques sur les mollusques fossiles, Trigonies, Neuchâtel, 
1840, 4°. 

(2) Münster, Beitr. zur Petr., Heft, IV, p. 89, pl. 7 ; Klipstein, Geol. der 
oestl. Alpen, p. 252, pl. 16. 

(8) Voyez Agassiz, Monog. des Trigonies; Lieten, Pétr. du Wurt., pl. 58, 
fig. 1 (T. navis), etc. 

(4) Voyez outre Agassiz, Deshayes, Traité élém. conch., t. Il, p. 252, etc. 


538 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


Les espèces de la grande oolithe d'Angleterre ont été décrites ({) par So- 
werby (impressa, imbricata et cuspidata), et par MM. Morris et Lycett (huit 
espèces, dont quatre nouvelles). La T. duplicata, Sow., et la T. costata, id., 
s’y retrouvent, 

M. E. Forbes (2) a décrit 1 T'. tripartita, des estuaires de l’île de Skye. 

M. d'Orbigny (%) indique deux espèces inédites de l’oolithe inférieure et six 
de la grande oolithe. 


Elles se continuent dans les dépôts kelloviens et oxfordiens. 


La T. elongala, Sow., 431, à laquelle M. d'Orbigny réunit la T. cardissa, 
Agass., est fréquente dans les terrains kelloviens. 

La T. clavellata, Sow., 87, est plus contestée (4). Elle se trouve fréquem- 
ment dans le terrain oxfordien. Suivant M. d’Orbigny elle lui est spéciale ; 
suivant M. Deshayes elle se trouve en dessous et en dessus. La variété kel- 
lowienne est la T. major, d'Orb. 

M. d'Orbigny associe à la. vraie clavellata, les T. perlata, Ag., maæima, 
id., nofata, id. et le Lyrodon intermedium, Fahrenkohl ; M. Deshayes con- 
teste une partie de ces rapprochements. 

La 1. monilifera, Agass., provient des terrains oxfordiens de France et de 
Suisse. | 

La T. Arduenna, Buvignier (5), se trouve dans les mêmes dépôts du dé- 
partement de la Meuse. 

Il faut ajouter quelques espèces inédites citées par M. d’Orbigny. 


Les terrains coralliens en renferment plusieurs. 


La T. Meriani, Ag., y reproduit les ornements de la T. costata, et la T. Bron- 
ni, Ag.,.ceux de la T. clavellata. Elles paraissent distinctes de ces espèces. 

La T. geographica, Ag., se trouve en Allemagne et en Suisse. 

Il faut ajouter (6), les T. hybrida, Roemer et concinna, id., de Hoheneggel- 
sen, et quatre espèces inédites, citées par M. d'Orbigny. 


Il en est de même des terrains kimméridgiens et portlandiens. 


{1} Sowerby, Min. conch., pl. 507 et 508 et Zool. Journ., t: IF, pl. 2 (sa 
T. pullus, paraît la même que la T. costata) ; Morris et Lycett, Moll. from 
the great ool. (Palæont. Soc., 1833, p. 34, pl. 5). 

(2) Quart. Journ., t. VIL 1851, p. 111. Ces estuaires ont formé des dé- 
pôts entre l’oolithe et l’oxfordien. J’en ai déjà parlé page 560, au sujet des 
cyrènes, 

(8) Prodrome, t. 1, p. 278 et 308. 

(#) Je ne puis pas entrer ici dans le détail de cette discussion, voyez d'Orb. 
Prodrome, et Deshayes, Traité élém. conch., t. 1, p. 254. 

($) Stat. géol. de la Meuse, p. 20. 

(6) Roemer, Norddeutsch. Ool., p. 97, pl. 6, et Supp., p. 35, pl, 49; d'Orb., 
Prodrome, t. II, p. 17. 


INTÉGROPALLÉALES. —- TRIGONIDES. 539 


La T. muricata, Roemer (Lyr. muricatum, Goldf., T. Volzü, Ag.) con- 
fondue avec la T. clavellata, ete., a encore le même système d'ornements, 
et est répandue dans presque toute l'Europe. 

La T. concentrica, Ag., est une coquille caractéristique de cet étage, ainsi 
que la T. papillata, Ag., à laquelle il faut réunir la T. suprajurensis, id. 

On peut ajouter les T. truncalu, Ag., plicala, id., rostrum, id., et la T. 
Goldfussi, id. (Lyrodon litteratum, Goldf, non Phillips). 

La T. gibbosa, Sowerby, et la T. incurva, id,, caractérisent le terrain port- 
landien (f) d'Angleterre. 

La T. Barruensis, Buvignier (2), a été trouvée dans le terrain portlandien 
du département de la Meuse. 


Les trigonies sont abondamment représentées dans les dépôts 
de l’époque crétacée. 


M. Agassiz en compte sept dans le terrain néocomien de Neufchâtel, 
M. d’Orbigny dix en Europe et quatre en Amérique, M. Deshayes dix-neuf en 
tout. Ce dernier auteur ne les énumère pas. 

Les espèces les plus caractéristiques de la formation néocomienne infé- 
rieure, sont la T. carinata, Ag. (sulcato-carinata et elongata, SOW., harpa, 
Desh.), la T. rudis, Parkins. (T. cincla, d'Orb.), la T. scapha, Ag., la T. cau- 
data, id., etc. 

La T. longa, Ag. (eæcentrica, Math.), se trouve depuis le terrain néoco- 
mien inférieur, jusqu'au terrain aptien. Il en est de même de la T. ornata, 
d'Orbigny. 

On trouve, outre ces deux espèces, dans le lower greensand d’Angleterre 
et dans le terrain aptien de la perte du Rhône, les T. aliformis, Parkinson 
(Atlas, pl. LXXX, fig. 2), Archiaciana, id., et nodosa, Sowerby. Les deux 
premières se retrouvent dans le gault, suivant M. d’Orbigny (mais pas à la 
perte du Rhône). 

Les T. Constantii, d'Orb., et Fittoni, Desh., caractérisent le gault. 

On cite dans le grès vert (3) de Blackdown, les T. affinis, Sow., quadrata, 
Sow., spectabilis, id., et dans celui du Devonshire, les T. excentrica, Sow., et 
pennala, id. 

Les terrains cénomaniens de France ({j renferment, outre une partie des 
précédentes, les T. Coquandiana, d'Orb., crenulata, Lamk (Atlas, pl. LXXX, 
fig. 3), sinuata, Park., sulcataria, Lamk, etc., et quelques espèces inédites. 

La T. scabra, Lamk, paraît spéciale aux dépôts turoniens (5). 


(1) Min. conch., pl. 235etinFitton, Trans. geol. Soc., 2 série, t, IV, pl. 22. 

(2) Stat. géol. de la Meuse, p. 20. 

(3) Sowerby, Min. conch., pl. 208, 237, 344 et in Fitton, Trans. geol, 
Soc. 2° série, t. IV, pl. 17. 

(4) D'Orbigny, Paléont. franç., Terr. crél., t. IE, p. 149, pl. 292 à 295 
et Prodrome, t. IE, p. 161. 

(5) Paléont. franç., Terr. crét., pl. 296. 


540 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


Les craies supérieures de Royan et de Tours, ont fourni les 7. inornata, 
d'Orbigny, et disparilis, id. 

La T. limbata, d'Orb., représente le type de l’aliformis et de la scabra dans 
les dépôts du même âge. 

La T. Lamarckü, Matheron (t), appartient aux dépôts crétacés supérieurs 
des Bouches-du-Rhône. 

La T. tenuisulcata, Dujardin (2), provient de Tours. 

Il faut ajouter (#) plusieurs espèces inédites citées par M. d'Orbigny et 
quelques autres qui ont été décrites par MM. Reuss (7°. pulchella) ; Goidfuss 
(T'. excentrica); Geinitz (T. Buchi), ete., et plusieurs espèces de l'Inde et 
d'Amérique, entre autres la 1. Hanetiana, d'Orb., du Chili, décrite d’abord 
comme tertiaire. 


J'ai dit plus haut qu'on n'en connaissait point de certaines 
dans les terrains tertiaires, mais qu'il faudra revenir de cette as- 
sertion, si la 7° septaria, Giebel, du Septarien Thon, des environs 
de Biere, est une vraie trigonie (*). 


Les Mvopnoria, Bronn, — Atlas, pl. LXXIX, fig. 20, 


ont deux dents inégales, divergentes, épaisses et simples sur 
chaque valve. Les impressions musculaires sont petites, la buc- 
cale est bordée du côté interne par une lame saillante. 

Ces coquilles, souvent confondues avec les trigonies, en diffe- 
rent par le nombre des dents et par la surface lisse et non 
sillonnée de ces parties de la charnière. La coquille est ordinai- 
rement peu ornée; elle n’a pas les tubercules et les côtes con- 
centriques des vraies trigonies, et ne présente le plus souvent 
que quelques côtes rayonnantes lisses et des siries d’accroisse- 
ment. 

Toutes les espèces connues appartiennent à l’époque triasique. 

La plupart se trouvent dans le muschelkalk. 


La plus fréquente est la M. vulgaris, Schlot. (5), répandue en France et en 


(1) Catalogue, Trav. Soc. stat., p. 164, pl. 22. 

(2) Mém. Soc. géol., 4837, t. II, p. 225, pl. 15. 

(3) Reuss, Boehm. Kreideg., t. I, p. 5, pl. 41; Goldfuss, Petr. Germ., 
pl. 137 ; Geinitz, Characteristik, p. 54, pl. 21; d'Orbigny, Prodrome, t. H, 
p. 240. 

(4) Jahreshefte Hall. Verein., t. V, pl. IV, fig. 1; voyez lanote dela page 535. 

(5) Schlotheim, Petref. Nachträge, pl. 36, fig. 5 ; Zieten, Pétrif. du Wurt., 
pl 58tetc 


INTÉGROPALLÉALES. — TRIGONIDES. 5/1 


Allemagne dans le grès bigarré , le muschelkalk et le keuper. (Atlas, 
pl. LXXIX, fig. 20.) 

Goldfuss (!) en a figuré sous le nom de Lyrodon dix espèces, y compris lo 
précédente. Elles proviennent toutes du muschelkalk d'Allemagne, sauf la 
M. Kefersteinü, qui est de Carinthie. En Allemagne, les M. curvirostris, 
Voltz, et cardissoides, Zieten, ont été retrouvées dars le grès bigarré ; et la 
M. lœvigata, Goldf., s'étend en outre dans Ie keuper. En France, il paraît 
d'après M. Lebrun (2), que presque toutes les espèces se retrouvent dans le 
grès bigarré. 

Il faut ajouter à ces dix espèces, la M. Whateleyæ, de Buch (3), du mus- 
chelkalk de Carinthie. 


Ce genre se trouve aussi dans les dépôts de Saint-Cassian. 


Le comte de Münster et M. Klipstein ont décrit (f) quatre espèces, auxquelles 
M. d'Orbigny ajoute les Cardita decussata, Münster, et rugosa, Klipstein. 
Ces six espèces ne me paraissent pas toutes incontestables ; elles ont peu l’ap- 
parence des myophoria et leurs caractères sont mal connus. La C. decussata, 
Munst., est celle qui ressemble le plus aux espèces du muschelkalk. 


Les Scæizopus, King, — Atlas, pl. LXXIX, fig. 21 et 22, 


ont aussi les dents de la charnière lisses ; mais elles sont au 
nombre de deux sur la valve droite, et de trois sur la valve 
gauche. La dent médiane de cette dernière est bifide et embras- 
sée par les deux dents de la valve opposée. Les impressions mus- 
culaires sont disposées comme dans les trigonies. La coquille est 
plus ou moins triangulaire ; elle est peu ornée. 

On doit réunir à ce genre une partie des AxiNus, car les auteurs 
anglais ont confondu sous ce nom deux types très différents. 
L'un, Ax. angulatus, Sow. 315, de l'argile de Londres, appar- 
tient au groupe des lucines; l’autre renferme les axinus des ter- 
rains carbonifères et est identique avec les schizodus. 

On doit leur associer aussi une partie des SepGwicki4, M Coy, 
c'est-à-dire les espèces, telle que la S. gigantea, qui ont la char- 


(1) Petr. Germ.,t. 1, p. 196, pl. 135 et 136. Voyez pour ces mêmes es- 
pèces, Bronn, Lethæa, 3° édit., Trias, p. 66, pl. 11 et 13 ; Zieten, Pétrif. du 
Wurtemberg, pl. T1 et 58. 

(2) Lebrun, Tableau des foss. du trias (Ann. Soc. d'émul. des Vosges, 
4849, t. VIT). 

(3) Leonh. und Bronn Neues Jahrb., 1845, p. 177. 

(#) Münster, Beitr. zur Petref., Heft, IV, p. 88, pl. 7 et 8; Klipstein, 
Geol. der oestl, Alpen, p. 253, pl, 16; d'Orb., Prodrome, t. 1, p. 198. 


542 ACÉPIALES ORTHOCONQUES. 


nière des schizodus, et conserver le nom de Sedgwickia pour les 
espèces sans dents. 

Les schizodus appartiennent exclusivement à l’époque primaire 
et caractérisent les terrains carbonifères et permiens (1). 


On cite surtout dans le terrain carbonifère (2) le S. sulcatus (Donax sul- 
cata, J. de C. Sowerby). 
Il faudra y ajouter, d’après ce que nous avons dit plus haut, quelques 
Sedgwickia, et entre autres la S, gigantea, du terrain carbonifère d'Irlande (3). 


Les espèces paraissent plus nombreuses dans l’époque per- 
mienne. 


L’A, obscurus, Sow., 314, provient du calcaire magnésien de Garford 
(Atlas, pl. LXXIX, fig. 21). 

M. King ({) a redécrit en détail cette espèce ainsi que deux autres déjà 
connues, et y à ajouté le S. truncatus , King (Atlas, pl. LXXIX, fig. 22). 

M. Brown (°) a décrit quatre espèces d’Axinus du nouyeau grès rouge des 
environs de Manchester. 

M. Geinitz a décrit (6) sous le nom de Schizodus Schlotheimi, une espèce du 
zechstein d'Allemagne, mais il la figure avec un sinus palléal. S'il n’y a pas 
là quelque erreur, l'espèce n'appartient pas à ce genre. 

Le S, rossicus, Murch., Keys. et Vern. (7), provient du terrain permien de 
Russie. 


9° Famizze. — ARCACIDES. 


Les arcacides sont une des familles d’acéphales les plus claire- 
ment caractérisées par la forme de leur charnière, qui est com- 
posée de dents nombreuses, disposées sur une ligne, droite, arquée 
ou courbée. Le ligament est extérieur et occupe toute la largeur 
d'une facette comprise entre les crochets. Les impressions mus- 
culaires sont au nombre de deux à chaque valve, ordinairement 
simples et arrondies. L'animal est volumineux et pourvu d'un 
manteau largement ouvert sur toute sa longueur, sans tubes dis- 


(1) Le S. devonicus, Murch., Keys. et Vern., du terrain dévonien de Russie, 
me paraît trop douteux pour être compté. 

(2) Sowerby, Trans. geol. Soc., 2° série, t. V, pl. 39. 

(8) M'Coy, Synopsis of Ireland, p. 62, pl. 41. 

(4) Permian foss., Palæont. Soc., 1848, p. 185. 

(5) Trans. Manchester geol. Soc., t. I, pl. 6. 

(6) Zechtseingeb., p. 8, pl. 3. 

(7) Paléont. de la Russie, p. 309, pl. 19. 


INTÉGROPALLÉALES. — ARCACIDES. 543 


tincts ; les branchies sont composées de filaments détachés les 
uns des autres. 

La plupart des conchyliologistes sont aujourd'hui d'accord pour 
en séparer les nuculides quisontconstamment dépourvues de facette 
ligamentaire externe, et qui diffèrent des arca par quelques ca- 
ractères de l'animal, et entre autres par leur bouche plus petite, 
leurs palpes labiales très grandes et souvent par l'existence d’un 
ou deux siphons. Je n'ai pas adopté cette division dont la valeur 
me paraît très contestable; ce dernier caractère relatif aux si- 
phons, est spécial à quelques genres et manque chez beaucoup de 
nuculides aussi bien que chez les arcacides, et la position du liga- 
ment n'est pas en général suffisante pour constituer un caractère 
de famille. Ajoutons d’ailleurs, que dans le cas actuel elle en à 
d'autant moins qu'elle est très variable chez les nuculides. 


Les ArcHEs (Arca, Linné, Arca, C'ucullæa ei Bissoarca, Auct.), 
— Atlas, pl. LXXX, fig. 3 à 8, 


se distinguent de tous les autres genres de cette famille par leur 
charnière qui forme une longue ligne droite, garnie de dents trans- 
verses, qui deviennent de plus eu plusobliques et quelquefois même 
longitudinales aux extrémités. La coquille est allongée, ovale, 
inéquilatérale, souvent anguleuse; les crochets sont ordinaire- 
ment très écartés. Le côté palléal est tantôt fermé, tantôt bâillant. 

Quelques auteurs ont séparé des arches, sous le nom de Bys- 
soaRCa (Atlas, pl. LXXX, fig. 8), les espèces pourvues d’un bys- 
sus et à valves bäillantes ; mais M. d'Orbigny affirme que quel- 
ques espèces sont closes dans la jeunesse et bâillantes à l’état 
adulte, et que d’autres, munies d'un byssus, sont closes pendant 
toute leur vie. 

D'autres auteurs, et en particulier Lamarck, ont nommé CucuL- 
LÉES (Atlas, pl. LXXX, fig. 5 et 6), des espèces munies à l’inté- 
rieur d'une lame saillante et chez lesquelles les dents de la char- 
nière sont longitudinales. Ils réservent le nom d’arches à celles 
dont les dents sont toujours obliques et dont l’intérieur des 
valves est dépourvu de lames saillantes. La découverte d’un 
plus grand nombre d'espèces a démontré que ces deux genres 
sont liés par de nombreuses transitions. Il est quelquefois impos- 
sible de fixer une limite entre les dents très obliques et les dents 


5h ACÉPHALES ORTHOCONQUES, 


longitudinales, et quelques espèces ont la charnière de l'un de ces 
groupes et la lame interne de l'autre. Les caractères sur lesquels 
ces deux genres ont été établis ne sont donc pas de nature à en 
exiger la conservation ; mais ils peuvent être employés avec avan- 
tage pour établir des groupes ou des sections (!). 

On ne peut pas non plus admettre le genre Trisis, Oken, fondé 
sur des espèces tordues (A. forfuosa), ni celui des SCAPHULA, 
Benson (Scaphura, Gray), qui renferme une espèce d'eau douce 
identique aux arches. 

On doit de même, réunir aux arches les Cypoxis, Rafinesque 
(Area Noz), les Navicuca, Blainville, et les genres LirBaRcA, Bar- 
BATIA, SENILIA, ARGINA, LUNARIA, ANADARA, ete., établis par 
M. Gray. 

On doit également renoncer aux anciennes dénominations de 
Chametrachea, Rondelet, etc., et aux noms de PaphnϾa et Daphneo- 
derma, donnés par Poli. 

MM. Morris et Lycett ont établi sous le nom de Macropon, 
un genre que Je réunis aussi aux arches. La coquille est allongée; 
la charnière est composée du côté buccal de dents obliques sem- 
blables aux dents normales, et du côté anal de longues dents pa- 
rallèles au bord. Elles ont la côte interne des cucullées (Atlas, 
pl. LXXX, fig. 4). 

Le genre des archés est très ancien à la surface de la terre et 
paraît avoir été abondant dans l'époque primaire et s'être con- 
servé dans tous les terrains. Il est encore nombreux dans lépo- 
que actuelle, où les espèces vivent surtout dans les mers chaudes 
et tempérées. 

Elles ont apparu dès l'époque primaire sous la double forme 
d'arches et de cucullées. 

On en cite plusieurs des terrains siluriens, mais les espèces de 
celte époque ont un facies particulier ; elles sont petites, minces et 
rappellent les formes des cœlonotides. Autant qu'on en peut juger 
par les figures, la plupart d'entre elles n'ont pas d'area et seraient 
plus voisines des nucules. Quelques espèces ont été générique- 
ment séparées par M. M’ Coy, sous le nom de CucurLELLa (Atlas, 
pl. LXXX, fig. 15). Elles sont subrhomboïdales, à bord uni, à 
ligne cardinale complétement crénelée et présentent une forte 


(1) Voyez d'Orbigny, Paléont. franc, Terr. crét., t, I; p. 196. 


INTÉGROPALLÉALES, —— ARCACIDES. 545 


cloison interne depuis les crochets jusqu'au bord interne de l'im- 
pression musculaire buccale. Elles ne sont pas encore assez con- 
nues pour qu'on puisse apprécier la valeur de ces caractères. J'ai 
cru cependant devoir accepter cette séparation, mais je n’ai pas 
de motifs suffisants pour ne pas l’étendre aux autres espèces de 
l’époque silurienne et je transporte les unes et les autres dans ce 
genre que je place entre le type des arches et celui des nucules. 


M. Sowerby (1) a décrit sous le nom de Cucullæa trois de ces espèces des 
terrains siluriens supérieurs d'Angleterre les C. antiqua, Cawdori et ovata. 
Ce sont des Cucullella. 

Je place également dans les Cucullelles (2) les six espèces décrites par 
M. Portlock, la Nucula coarctata, Phill., l'Arca primitiva, id., et deux 
espèces que M. M'Coy a fait connaître (4. edmondiiformis et VA. subæqualis). 

M. M. Rouault (5) cite deux arches dans le terrain silurien de Bretagne. 


Le terrain dévonien paraît en renfermer plusieurs espèces, dont 
quelques-unes suivront certainement le sort des précédentes et 
devront être transportées dans le voisinage des nucules. 


Celles d'Angleterre ont été décrites sous le nom de cucullées par MM. So- 
werby et Phillips (f) (4. amygdalina, Phill., depressa, id., angusta, Sow., 
Hardingi, i4., trapezium, id., unilateralis, id.). Ces espèces ne sont pas assez 
bien connues pour qu’on puisse discuter leur place zoologique. Quelques-unes 
me paraissent être des modiolopsis. Il faudrait savoir si leur charnière a des 
dents. 

Les espèces du bassin du Rhin, d'Allemagne, etc., ont été étudiées (5) par 
MM. Goldfuss (4. carinata, Goldf., de l’Eifel, À. prisca, id., de Wilmar); 
Roemer (Cucull. Lasiü, Roemer, du Hartz); d’Archiac et Verneuil (À. Miche- 
lini, d'A. et de V, ou prisca, Sandb., de Paffhrath, etc.) ; de Buch (4. toru- 
losa, de Glatz). 


Les arches se continuent dans le terrain carbonifère et y sont 


(1) Silur. System, pl. 3. Ces espèces ont été indiquées d’abord comme 
appartenant plutôt à l’époque dévonienne, mais les auteurs anglais sont au- 
jourd’hui d’accord pour les attribuer au terrain silurien supérieur. 

(2) Portlock, Geol. Report, p. 427; Phillips, Mem. geol. Survey, t. 11 
part. 1, pl. 21 et 22; M'Coy British, Palæoz. foss., p. 283. 

(3) Bull. Soc. géol., 2° série, 1851, t. VIIL, p. 366 et 375. 

(#) Phillips, Palæoz. foss. of Devon., pl. 18; Sowerby, Trans, geol. Soc.; 
DÉSÉrICs 6. Ne, PI. 93. 

(5) Goldfuss, Petr. Germ., t. Il, pl. 160 ; Roemer, Harzgebirge, p. 24, 
pl. 6; d’Archiac et Verneuil, Trans. geol. Soc., 2° série, t. VE, pl. 36; de 
Buch, Goniat et Clym., p.17, pl. 2. Le nom d'A, carinata, Goldf,, doit être 
changé, 

LUE, 39 


56 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


représentées par des espèces plus certaines. M. de Koninck en 
particulier à figuré quelques charnières où l’on retrouve tous les 
caractères des cucullées et où l’area est en général bien marquée. 


Elles ont été décrites par Sowerby (!) (4. cancellata); Phillips {C. arguta, 
C. obtusa, etc.) ; de Koninck (onze espèces de Belgique, dont neuf nouvelles); 
M’ Coy (trois Byssoarca, ete.). Nousavons figuré dans l'Atlas, pl. LXXX, fig. 3, 
l'A. Lacordaireana, de Koninck. 

M. d'Orbigny (2), y ajoute plusieurs espèces décrites par M. M'Coy sous 
d’autres noms génériques. 


Quelques espèces ont été indiquées dans les dépôts de l’époque 
permienne. 


L’'A. antiqua, Münster (3) provient du zechstein de Glucksbrunn et du 
terrain permien d'Angleterre. Cette espèce doit reprendre le nom spécifique 
de striata, qui lui avait été donné par Schlotheim (Mytilites)- Elle a depuis 
été nommée Cucullæa sulcata, par J. de C. Sowerby et Arca Lopusiana, par 
M. Howse. 6 

L’A. tumida, Sow., se trouve aussi en Allemagne et en Angleterre (4). 

L’A. Kingiana, Vern., non Geinitz (5), caractérise le terrain permien de 
Russie, 

L’A. permiana, d'Orb.(Arca Kingiana, Geinitz), provient du zechstein de 
la Thuringe (6). 

Ce dernier gisement a aussi fourni l'A. subtumida, d’Orb. (A. tumida, 
Geinitz, non Sow.). 


Ces mollusques ont également vécu pendant l’époque triasique. 


On trouve dans le muschelkalk (7), la C. Goldfussü, Alberti (Arca minuta, 
Goldf., non Gmel.}), la C. nuculiformis, Zenker, Geinitz, la C. Beyrichi, 
Strombeck , la C. triasina, Roemer, l’Arca Schmidi, Geinitz, l'A. Haus- 
manni, Dunker et l'A. inœquivalvis, Goldf,, citée plus loin dans le lias. 


(1) Sowerby, Min. conch,, pl. 473; Phillips, Geol. of Yorksh., t. I, pl. 5; 
de Koninck, Desc. anim. foss. carb. Belg., p. 111 ; M’ Coy, Synopsis of Ire- 
land, p. 72, etc. 

(2) Prodrome, t. 1. p. 134. : 

(8) Goldfuss, Petr. Germ., t, IL, p. 445, pl. 122; voyez surtout King, 
Permian fossils (Palæont. Soc., 1848 , p. 172). 

(4) Sowerby, Min. conch., pl. 473; King, loc. cit. 

(5) Verneuil, Keys. et Murch., Paléont. de la Russie, p. 313, pl. 19. 

(6) Geinitz, Zechsteingeb., p. 9, pl. 4; d’Orbigny, Prodrome, t. 1, p. 165. 

(7) Goldfuss, Petr. Germ , t.W, pl. 122; Geinitz, Leonh. und Bronn, Neues 
Jahrb., 1842, p. 577, pl. 10; Strombeck, Zeülschr. der Deutsch. geol. Ges., 
1849, t.1,p. 451; Roemer, Palæontograph., t. 1, pl. 36 ; Dunker, id., p. 292, 
pl.35; Mougeot, Bull. Soc. géol., 2° série, t. IV, p. 1433. 


INTÉGROPALLÉALES, —— ARCACIDES. oh7 


Les espèces de Saint-Cassian ont été décrites (!), par le comte de Münster 
(six espèces), et par M. Klipstein (trois espèces). 


Le lias renferme quelques arches. 


Les espèces allemandes sont seules bien connues. Elles ont été décrites 
par MM. Goldfuss, Roemer, et le comte de Munster. On cite l'A. Munsteri, 
Zieten, du lias inférieur de Bahlingen; l'A. inæquivalvis, Goldf. (subliasina, 
d’Orb.) du lias supérieur de Goppingen ; l’A. elegans, Roemer in Goldfuss, du 
lias supérieur de Gosslar, et l'A. lineala, Goldfuss (liasina Roemer) du même 
gisement (2). 

Les espèces de France sont encore mal étudiées (3). M. Deshayes signale 
l'existence de cinq espèces inédites davs le lias inférieur d'Hettange. M. d'Or- 
bigny indique une espèce non décrite dans le lias moyen et deux dans le lias 
supérieur. Les À. Munsteri et subliasina citées ci-dessus se retrouvent dans 
le lias moyen du département de la Meurthe. 


Elles augmentent de nombre dans l’oolithe inférieure et la 
grande oolithe. 


Sowerby (f) a décrit les Cucullæa elongata et oblonga, de l’oolithe infé- 
rieure d'Angleterre, ainsi que les C. rudis et minuta, et l’Arca pulchra de la 
grande oolithe. 

Les C.cancellata, Phillips (5), cylindrica, id., reticulata, id,, et imperialis, 
Bean., Phill., caractérisent le premier de ces gisements. 

MM. Morris et Lycett (5) comptent dans la grande oolithe, huit arca dont 
quatre nouvelles, trois cucullées déjà connues, et une espèce de leur nouveau 
genre, Macropow, dont j’ai parlé plus haut, Macrodon hirsonensis (Arca hir- 
sonensis, d'Archiac, Cucullæa elongata, Phill.). Atlas, pl. LXXX, fig 4. Cette 
dernière espèce a été trouvée par M. d’Archiac dans la grande oolithe du dé- 
partement de l'Aisne. 

Les espèces d'Allemagne ont été décrites (7) par MM. Roemer (4. biloba) ; 
Goldfuss (C, oblonga, Goldf., subdecussata, Münster, texturata, id., Cucul- 


(1) Münster, Beitr., t. IV, p. 82, pl. 8; Klipstein, Geol. der œstl. Alpen, 
p. 264, pl. 16. 

(2) Goldfuss, Petr. Germ., t. IE, pl. 121 et 122; Zieten, Pétr. du Wurtemb., 
p. 75, pl. 56; Roemer, Norddeutsch. Ool. geb., pl. 102, 

(3) Deshayes, Traité élém., t. I, p. 2352; d’Orbiguy, Prodrome, p. 236 
et 255. 

(f) Min. conch., pl. 206, 447 et 473. 

(5) Geol. of Yorhshire, p. 122, pl. 9. 

(6) Mol. from the great ool. (Palæont. Soc., 1853, p. 44, pl. 5 et 6), d’Ar- 
chiac, Mém. Soc. géol., t. V, p. 374, pl. 27. 

(7) Roemer, Norddeutsch. Ool. geb., p. 102 et sup. p. 37 ; Goldfuss, Petr. 


Germ., pl. 123; Zieten, Pétrif, du Wurtemb., pl. 36; Koch et Dunker, Beitr. 
Ool., pl. 2, 


518 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


lata, id., etc.); Zieten (C. parvula, sublævigala) ; Koch et Dunker (Arca ca- 
rinata, non Sow., devenue l'A. Kockiü, d'Orb.), etc. 

M. Buvignier ({) a décrit une espèce de l’oolithe inférieure de Thonnelle, 
qui était perforante et qui se trouve dans l’intérieur des polypiers (4. astrei- 
cola, Buy.). 

M. d’Orbigny indique (2?) neuf espèces inédites de l’oolithe inférieure et 
quatorze de la grande oolithe. 


Elles sont abondantes aussi dans le terrain kellowien et le ter- 
rain oxfordien. 


M. Phillips (3) en a décrit plusieurs du terrain oxfordien d'Angleterre 
(C. elongata, Phill., non Sow., C. triangularis, Phill., contracta, id., con- 
cinna, id., oblonga, id. non Sow., etc). 

L’A. parvula, Münster, et l'A. elongata, Goldf. (non Sow., non Phill., 
A. hecate, d’Orb.), caractérisent le terrain oxfordien de l'Allemagne (4). 

De nombreuses espèces ont été citées dans le terrain oxfordien de Russie (5). 

M. d’Orbigny cite six espèces inédites du terrain kellowien et huit de 
l’oxfordien. 


Elles se continuent dans les dépôts coralliens. 


M. Buvignier (6) a fait connaître deux espèces perforantes comme celle 
que nous avons déjà citée dans l'oolithe inférieure, on les trouve dans les poly- 
piers du coralrag du département de la Meuse (4, terebrans, Buv., et coral- 
livora, id.). 

Les autres espèces ont principalement été décrites par les auteurs alle- 
mands, Goldfuss (7) a figuré les Cucullæa fracta, Goldf., du Wurtemberg, 
trisulcata, Münster, texata, id., et funiculosa, id., de Natthein, ainsi que 
l'Arca granulata, id., et l'A. pectinala, id., du même gisement. 

M. Roemer (5) a fait connaître les À. bipartita, et lineolata, la C, Gold- 
fussi, id., la C. rotundaia, id., etc., du terrain corallien du Hanovre. 


(:) Stat. géol. de la Meuse, p. 19, pl. 16. 

(2) Prodrome, t. 1, p. 281 et 311, 

(3) Geol. of Yorkshire, pl. 3. 

(#) Goldfuss, Petr. Germ., pl. 123, fig. 8 et 9. 

(5) D'Orbigny, in Murchison, Keys., Vern., Paléont. de la Russie, pl. 39 ; 
Keyserling, Petschora Land, pl. 17; Rouïillier, Bull. Soc. nat. Moscou, 
A8AT, t. 20. 

(6) Stat. géol. de la Meuse, p. 20, pl. 16 

(7) Petrefacta Germ., pl. 121 et 123. 

(8) Norddeutsch. Ool., p. 102. 


INTÉGROPALLÉALES, — ARCACIDES, 919 


Il faut ajouter (!) les 4. lata, Koch et Dunker, obliquata, Zieten, etc., et 
cinq espèces inédites citées par M. d'Orbigny. 


Les terrains jurassiques supérieurs en ont aussi fourni quel- 
ques-unes. 


L’A. mosensis , Buvignier (2), provient du terrain kimméridgien de 
Mauvage (Meuse). 

L’A. ovalis, Roemer, et l'A. longirostris, id., proviennent du terrain port- 
landien d'Allemagne. 

M. d'Orbigny ajoute trois espèce inédites. 


Les arches se continuent très nombreuses dans toute la série de 
l'époque crétacée. 

On en connaît en particulier plusieurs des terrains néocomiens 
etaptiens. 


M. d'Orbigny (3) a décrit onze espèces du terrain néocomien ; une d'elles, 
VA. Cornueliana, d'Orb., passe au terrain aptien. 

Il faut ajouter () les À. cor. et À, Astieriana, Math., du midi de la France, 
la C. Schusteri, Roemer, du hils, et la C. exculpta, Koch, du même gisement: 


Le gault en a fourni quelques-unes. 


L'A. carinata, Sow. (5), est abondante en Angleterre, en France, en Sa- 
voie, etc. 

M. d'Orbigny a décrit en outre () les À. Cottaldina, d'Orb., fibrosa, id., 
Hugardiana, id., et nana, id. 

Nous avons ajouté à ces espèces les À. gurgitis, Pictet et Roux (7), Fa- 
vrina id., Campichiana, id., bipartita, id., subnana, id., et obesa, id. (Atlas> 
pl. LXXX, fig. 5), du gault des environs de Genève. 


Les espèces sont nombreuses dans les craiïes chloritées (terrains 
cénomanien et turonien) et dans les craies supérieures. 


(‘) Koch et Dunker, Beitr. Ool., pl. T; Zieten, Pétrif. du Wurtemberg , 
pl. 70 ; d'Orbigny, Prodrome, t. Il, p. 19. 

(2) Stat. géol. de la Meuse, p. 20, pl. 16. 

(3) Paléont. fr., Ter. crét., t. IL, pl. 208-211. 

() Matheron , Catalogue méthodique et descriptif des corps organisés fos- 
siles du département des Bouches-du-Rhône, dans Répert. des trav. Soc. stat. 
Marseille, t. VI, 1842, pl. 19 et 21; Roemer, Norddeutsch. Kreideg., p. 70, 
pl. 9; Koch, Palæontographica, t. 1, p. 170 ; pl. 24. 

(5) Min. conch., pl. 44. 

(6) Paléont. fr., Terr. crét., t. IT, pl. 312 et 313. 

(*) Pictet et Roux, Mollusques des grès verts, p. 456, pl. 36 à 38. 


550 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


M. d’Orbigny (!) à fait connaître seize espèces du terrain cénomanien 
de France, et quatre du terrain turonien. II faut ajouter quelques (2) espèces 
de Blackdown, décrites par M. Sowerby, quelques autres du terrain turonien 
du midi de la France et à ce qu’il paraît (3) un assez grand nombre d'espèces 
inédites du tourtia de Belgique. 

Les espèces d'Allemagne ont été décrites (f) par Goldfuss (À. furcifera, 
tenuistriata, radiata, etc.); Roemer (huit espèces dont trois nouvelles. 
A. cuneata, C. concentrica et rotundata); Reuss (dix-neuf espèces dont 
une-dizaine de nouvelles); Kner (A. securiformis, de Nagorzany}; von Hage- 
now (4. striatissima), etc. Une des plus anciennement connues est l’A. eæal- 
tata, Nilssou, commune dans les dépôts crétacés supérieurs de Suède, d’Alle- 
magne, de Belgique, etc. 

Les espèces des terrains sénoniens de France, au nombre de treize, environ, 
sont connues (5) par les travaux de MM. Dujardin (4. affinis, de Tours), Ma- 
theron et d'Orbigny. 

Il faut ajouter de nombreuses espèces des terrains crétacés de, l'Inde et des 
États-Unis (6). 

M. d'Orbigny (7) éite aussi trois espèces inédites de l’étage danien. 


Les terrains tertiaires sont riches en arches; la plupart ont 
la forme d’arches proprement dites et le type des cucullées y 
devient de plus en plus rare. 


Lamarck et M. Deshayes (8) ont décrit deux cucullées et vingt-trois arches 
du bassin de Paris. Les premières (C. crassatina, Lam., Atlas, pl. LXXX, 
fig. 6, et incerta, Desh.), caractérisent les dépôts inférieurs d’Albecourt, de 
Noailles, etc. Les arches sont réparties dans plusieurs étages. Les À. modioli- 
formis, Desh., et obliquaria, id., se trouvent avec les cucullées, L’À, globulosa, 
Desh., caractérise les dépôts de Cuise-la-Motte. La grande majorité appar- 
tient au calcaire grossier. Les À. hyantula, Desh., magellanoides , id., et 
rudis, Desh., non Sow. (subrudis, d'Orb.), se trouvent dans les sables supé- 


(1) Paléont. fr., Terr. crét., t. IX, pl. 313 à 327. 

(2) Sowerby, in Fitton, Trans. geol. Soc., t.IV, pl. 17; Matheron, Catal., ete. 

(3) D’Archiac, Mém. Soc. géol., 2° série, Il, p. 306; Deshayes, Traité 
élém. conch., t. IT, p. 355. 

(4) Goldfuss, Petr. Germ., pl. 121 et 138; Roemer, Norddeustch Kreid., 
p. 69; Reuss, Bœhm. Kreidef., I, p. 10; Kner, Beitr. Ostgall., p. 22, 
pl. 2 ; von Hagenow, Leonh. und Bronn Neues Jahrb., 1842, p. 560. L’ou- 
vrage de M. Jos. Müller sur les terrains crétacés d’Aix-la-Chapelle, ne ren- 
ferme pas d'espèces nouvelles. 

(5) Dujardin, Mém. Soc. géol., t. IL, p. 224 ; Matheron, Catalogue, pl. 21 ; 
d'Orbigny, Paléont. fr., Terr. crét., t. IL, pl. 322 à 327. 

(6) D'Orbigny, Prodrome, t. IL, p. 245. 

(?) D'Orbigny, Prodrome, id., p. 294. 

(8) Cog. foss. Par., t. I, p. 193 et 198. 


INTÉGROPALLÉALES. — ARCACIDES. pl 


rieurs de Valmondois. Nous avons figuré, Atlas, pl. LXXX, fig. 8, l'A. bian- 
gula, Lam., du calcaire grossier. Elle appartient au groupe des Byssoarca. 

Il faut ajouter les À: lœvis et striatularis (1), Melleville, des dépôts infé- 
rieurs de Chälons-sur-Vesle et FA, lœrigata, Caillat, du calcaire de Grignon. 

Les dépôts nummulitiques (2 renferment, outre quelques-unes des espèces 
précédentes, quelques espèces inédites, l’4. pandoræ, Al. Brongniart, de 
Castel Gomberto ; les À. Caillaudi, Beliardi, Perezi, id., Genei, id., Vanden 
Heckei, id., Bonelli, id., et simplex, id., trouvées aux environs de Nice, 
et quelques espèces de l'Inde. 

Les espèces des terrains éocènes d'Angleterre ont surtout été décrites par 
Sowerby (5). L’A. depressa, Sow., caractérise l'argile plastique. Les A. Bran- 
deri, appendiculata, duplicata, impolita et nitens, appartiennent à l'argile de 
Londres. 


Les arches des terrains tertiaires moyens et supérieurs sont 
aussi nombreuses, mais moins bien connues. 


M. Nyst (4) a trouvé dans le terrain tongrien de Belgique trois espèces 
nouvelles (A. latesulcata, Nyst, Atlas, pl. LXXX, fig. 79, À. sulcicosta, id., et 
A. decussata, id., non Lin., nom changé par M, d'Orbigny en subcancellata). 
Le système campinien, ou crag, du même pays, renfermerait, suivant le même 
auteur, trois espèces dont une seule nouvelle, l'A. pusilla, Nyst. M. d'Orbi- 
gny désigne sous le nom de À. subdiluvii une des deux autres que M. Nyst 
rapportait à l'A. diluvii (5). 

M. Dujardin {6) a trouvé dans les faluns de la Touraine, sept espèces 
d’arches dont l'A. turonica, Duj., est seule indiquée comme nouvelle. 

M. Basterot (7) indique six espèces dans le bassin miocène de Bordeaux. 
(4. Brislaki, cardiiformis, etc.) 

Les espèces des terrains miocènes du Piémont (5), sont au nombre de neuf, 
suivant M. Michelotti (neglecta, Mich., polyfasciata, Sism., etc). Six espèces, 


(1) Ann. se. géol., p. 37, pl. 2; Caïllat, foss. de Grignon, Seine-et-Oise, pl. 9. 

(2) D’Archiac, Hist. des progrès, t. IE, p. 265, Al. Brongniart, Vicentin, 
pl. 5, fig. 14 ; Bellardi, Mém. Soc. géol., 2° série, t. IV, pl. H (19); etc. 

(3) Sowerby, Min. conch., pl. 276 et 474, et Trans. of the geol. Soc., 
2° série, t. -V, pl. 8. 

(#) Cog. et pol. foss. Belg., p. 254. 

(5) Le nom d'A, diluvii a été donné à plusieurs espèces que l’on a confon- 
dues à tort. L'espèce de Touraine est l’A. turonica, Desh. Celle des Sieben- 
bürge est l'A. Fichteli, id., ete. Voyez Deshayes, Traité élém. conch., t. II, 
p. 362. Le nom de 4, subdiluvii, inventé par M. d'Orbigny, me paraît bizarre. 
Faut-il le traduire par : arche d’un déluge imparfait? 

(6) Mém. Soc. géol., t. II, p. 266. 

(7) Cog. foss. Bord., p. 75. 

(8) Descrip. foss. mioc, Ital. sept., p. 101, pl. 3; Sismonda, Synopsis, p. 16. 


092 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 
suivant M. Sismonda, sont communes aux dépôts miocènes et aux pliocènes. 
Les À. mytiloides, Brocchi, et pectinala, id., caractérisent ces derniers. 

L’A. cucullæformis, Eichwald, de Volhynie, est une de celles qui ont été 
confondues (1) avec A. diluvi. M. Dubois de Montpéreux qui avait cru à ce 
rapprochement , en a décrit quelques autres espèces (C. alata, À. nodulosa, 
Dubois, non Brocchi ou Duboisiana, d'Orb., etc.). : 

Les espèces du crag d'Angleterre ont été étudiées (2) par M. Wood. On 
n’y trouve que trois espèces, encore vivantes, les À. tetragona, Poli , lactea , 
Linn., et pectunculoides, Scacchi (olim raridentata, Wood). 

On trouve en Allemagne (à) une partie des espèces précitées et en outre 
l'A. Schubleri, Zieten, et l’A. gigantea, id. 

J1 faut ajouter (4) l'A. minuta, Desh., de Morée, et les A. aspera et obli- 
qua, Philippi, des terrains quaternaires de Sicile. 


Les PÉroncces (Pectunculus, Lamk), — Atlas, pl. LXXX, fig. 9, 


diffèrent des arches par leur coquille orbiculaire, subéquilatérale 
et surtout par les dents de la charnière qui forment un are dans 
leur ensemble. Elles ont, du reste, comme elles un ligament exté- 
rieur, inséré sur une facette triangulaire placée entre les crochets 
et munie de sillons anguleux. 

Les moules sont faciles à distinguer par des sillons, qui se pro- 
longent depuis les bords internes des impressions palléales jns- 
qu'aux sommets. Ces sillons déterminent des surfaces triangu- 
laires étroites, dont les empreintes musculaires occupent la base. 

Le test est sujet à un mode de décomposition assez spécial. La 
couche superficielle s’enlève et lon voit alors à découvert des 
fibres rayonnantes séparées par des intervalles plus ou moins 
remplis, formant une apparence si différente de celle des autres 
coquilles, que quelques auteurs ont pris des fragments de ces 
corps pour des osselets internes. 

Les pétoncles, désignés par les anciens auteurs sous les noms 
de Glycimeris, et par Poli sous ceux d'Axinæa et Axinæoderma, 
forment un genre très naturel, admis par tous les conchyliolo- 
gistes. Il n’y a de divergence que sur la convenance de leur réu- 


(!) Eichwald, Lithuan., Dubois de Montpéreux, Conch. foss. plat. Wolh. 
Pod pl": 

(2) Wood, Moll. from the crag (Palæont. Soc., 1850, p. 75). 

(3) Pétrif. du Wurtemb., pl. 56 et 70 ; Philippi, Tert. Verst. nordwest., 
Deutsch., etc. 

(4) Deshayes, Exp. de Morée; Philippi, Enum, moll. Siciliæ. 


INTÉGROPALLÉALES. — ARCACIDES. 299 


nir quelques-uns des genres suivants (!), convenance que je dis- 
cuterai en traitant de chacun d’eux. 

Quelques auteurs font remonter les pétoncles jusqu'à l'époque 
primaire ; mais les seules espèces décrites sous ce nom (?) ont une 
coquille mince, sans area et appartiennent probablement au genre 
cucullella. 

Je ne trouve pas non plus de preuves suffisantes pour admettre 
l'existence des pétoncles pendant l’époque jurassique (#), mais les 
dépôts de l'époque crétacée en ont fourni quelques espèces incon- 
testables. 


M. d'Orbigny a décrit (f) une espèce (P. Marullensis, d'Orb.), du terrain 
néocomien et une du gault (P. alternatus, d'Orb.). 

Nous avons ajouté une espèce de ce dernier gisement, le P. Huberianus, 
Pictet et Roux. 

Le grès vert de Blackdown , renferme les P. sublœvis, Sow., et umbona- 
tus, id. (5). Le P. subpulvinatus, d’Archiac, provient du tourtia (6). 

Le P. subconcentricus, Lamk, caractérise le grès vert du Mans (7). 

Les P. Requienianus, d'Orb., et Renauxianus, id., appartiennent au terrain 
turonien d'Uchaux. : 

Les P. Marottianus, d'Orb., se trouve dans les craics supérieures de Royan. 

Les espèces d'Allemagne sont assez nombreuses, La plus anciennement 
connue est le P. lens, Nilsson (P. brevirostris, Reuss, et sublævis, id.), des 
craies supérieures de Suède, de Bohème (8), etc. 

Le P. obsoletus, Goldfuss (?), apppartient au quader inférieur de Kos- 
chitz; le P. sublævis, id., se trouve dans les craies supérieures, 

M. Reuss en a fait connaître plusieurs (12). Il en compte dix espèces en 
Bohème dont six nouvelles. Avant lui, M. Roemer en avait décrit six espèces 
dont trois nouvelles. Il y a à déduire quelques limopsis. 


(1) M. Deshayes leur réunit les Stalagmiwm et les Limopsis. 

(2) Voyez Portlock, Geol. report, pl. 34. 

(3) Les Pectunculus oblongus, Sow., et minimus, id., sont des Limopsis. 
Le P. Danmariensis, Buvignier, Stat. géol. de la Meuse, pl. 16, du terrain 
portlandien, paraît une nucule (?) 

(4) Paléont. fr., Ter. crét., t, IL, p. 186; Pictet et Roux, Moll. des grès 
verts, p. 467, pl. 38. 

(5) Min. conch., pl. 472. 

(6) D’Archiac, Mém. Soc. géol., 2° série, t, II, p. 306. 

(7) D'Orbigny, Paléont. fr., Terr. crét., t. I, pl. 306. 

(8) Nilson, Petr. suec., pl. V, fig. 4. 

(9) Petr. Germ., t. II, pl. 126. 

(10) Bœhm. Kreid., t. IT, p. 9, pl. 35et 44 ; Roemer, Norddeutsch. Kreideg., 
p. 68. 


55! ACÉPHALES ORTHOCONQUES, 


Le P. calvus, Sow. (1), se trouve à Gosau. 


Les terrains tertiaires en renferment plusieurs. La difficulté de 
déterminer les pétoncles, même vivants, fait que l’on a souvent 
indiqué des espèces comme trouvées dans plusieurs étages ter- 
tiaires et comme vivant encore dans la Méditerranée ou les mers 
de l'Inde. M. Deshayes et d'autres conchyliologistes plus exacts 
que leurs devanciers, ont relevé de nombreuses erreurs et ont 
montré que malgré les catalogues, la loi de spécialité des fossiles 
s’appliquait aux pétoncles dans les mêmes limites qu'aux autres 
genres convenablement étudiés. 


Lamarck et M. Deshayes (2) ont décrit huit espèces des environs de Paris, 
dont il faut retrancher le P. granulatus, qui est une Limopsis. Le P. terebra- 
tularis, Lamk, provient des sables inférieurs du département de l'Oise. Le 
P. depressus, Desh., appartient aux sables supérieurs de Valmondoiïs. Les 
autres caractérisent le calcaire grossier, sauf le P. angusticostatus, Lamk, 
des sables de Fontainebleau dont nous parlerons plus bas. 

I faut, suivant M. d'Orbigny (3), considérer comme distincte l'espèce de 
Cuise-la-Motte (P. pseudopulvinatus, d'Orb.), qu'on avait confondue avec le 
pulvinatus. 

Les terrains nummulitiques ({) renferment quelques-unes des espèces du 
bassin de Paris eten outre le P. striatissimus, Bellardi, et plusieurs espèces 
inédites. 

Parmi les espèces d'Angleterre on peut citer (5) le P. Plumsteadiensis, SOW., 
de l’argile plastique et quelquesespèces de l’argile de Londres (P. brevirostrum, 
Sow., decussatus, id., deletus, Brander, Sow., etc.). Le P. scalaris, SOw., 
est une limopsis. 


Les pétoncles des terrains tertiaires moyens et supérieurs sont 
en partie Imparfaitement connus. 


Le P. angusticostatus, Lamk (6), caractérise, comme je lai dit plus haut, les 
terrains miocènes inférieurs de Versailles, Fontainebleau, etc. 
On trouve dans les mêmes gisements une espèce qui a été confondue avec 


Trans. geol. Soc., 2° série, t. IE, pl. 38. 
Cog. foss. Par. t, I, p. 219. 
(3) Prodrome, t. I, p. 325. 
(#) D’Archiae, Hist. des progrès, t. HT, p. 266; Bellardi, Mém. Soc. géol., 
t. 4, pl. 2 (19). 
(5) Sowerby, Min. conch., pl. 27 et 472. 
(6) Deshayes, Description des Coq. foss. Par., t. 1, pl. 34, fig. 20 et 21. 


1) 
2 
) 


INTÉGROPALLÉALES. — ARCACIDES. 555 


le P. terebratularis ; le P. rhomboideus, ete. C’est le P. obovatus, Lam., 
nommé plus tard par Philippi, P. crassus (1). 

M. Nyst (2) cite dans le système tongrien le P. lunulatus, Nyst. Il indique 
dans le terrain campinien le P. pilosus, var., qui paraît différent du P. pilo- 
sus, et qui est nommé par d'Orbigny, P. subpilosus (Atlas, pl. LXXX, fig. 9). 

M. Dujardin (3) a fait connaître quatre espèces des faluns de la Touraine 
auxquelles M. Deshayes dit pouvoir en ajouter trois. 

Les espèces d'Allemagne ont principalement été figurées par Goldfuss (4). 
La plus répandue.est le P. polyodonta, Bronn ; mais il y a eu de nombreuses 
confusions à l'égard de cette espèce, comme aussi pour plusieurs de celles 
qu’il rapporte aux espèces de France et d'Angleterre. 

M. Dubois de Montpéreux (5) a décrit plusieurs espèces de Volhynie dont 
les déterminations sont contestées, : 

M. Michelotti (5) compte trois espèces dans les terrains miocènes du Pié- 
mont, dont une nouvelle (P. cancellatus, Mich.). Le P. glycimeris et le P. pi- 
losus passent aux terrains pliocènes et aux mers actuelles; de sorte que, 
suivant M. Sismonda, les dépôts pliocènes de l’Astésan, renferment en tout 
sept espèces (P. inflatus, Brocchi, insubricus, id., undatus, id., etc.). 

Le crag d'Angleterre ne renferme, suivant M. Wood (7), qu'une seule 
espèce, le P. glycimeris, Lin., à laquelle il faut réunir toutes celles qui ont 
été décrites sous d’autres noms (P. undatus, Turton, subobliquus, Wood, 
variabilis, Sowerby, 471, etc.). 

Les pétoncles se trouvent aussi dans divers terrains de l'Amérique et de 
l'Inde (8). 

M. d'Orbigny a décrit le P. paytensis des terrains tertiaires de l’Amérique 
méridionale. Des nombreuses espèces des terrains crétacés et tertiaires de 
l'Amérique septentrionale ont été indiquées par MM. Conrad et Say. 


(!) Deshayes, Traité élém. conch., t. Il, p. 328; Philippi, Tert. Verst., 
nordiv. Deutsch., p. 13. 

(2) Cog. et pol. foss. Belg., p. 247. 

(3) Mém. Soc. géol., 1837, t. IN, p. 267. 

(#) Petr. Germaniæ, t. I, p. 160, pl. 126 et 127; Philippi, Palæonto- 
graphica, t. [, p. 57. 

(5) Conch. foss. plat. Wolh. Pod., p. 64, pl. 7. Voyez les rectifications 
proposées par M. Deshayes, Bull. Soc. géol. de France, t. Let VI, Traité 
élém. conch., p. 330 ; Voyez aussi d'Orbigny, Prodrome, t. IE, p. 122. 

(6) Desc. foss. mioc. Ital. sept., p. 105. 

(7) Mollusca from the crag, Palæont. Soc., 1850, p. 65. 

(8) D'Orbigny, Voyage, Paléontol., p. 129. Voyez aussi Journ. Acad. Phil., 
t. IV, VIT et VIII, American. journ. of sc., t. XXII, etc. 


556 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


Les STALAGMIUM, Conrad (W/yoparo, Leach), 


sont des pétoncles dont la facette ligamentaire est réduite à la 
moitié anale et n'est par conséquent pas marquée de chevrons, 
mais seulement de sillons parallèles. 


On n’en connait (!) qu’une seule espèce , le S. margaritaceum, Conrad 
(Myoparo costatatus, Lea), des terrains tertiaires inférieurs des États-Unis. 

M. Nyst (2) rapporte à ce genre une autre espèce, Stalagmium Nysti, du 
terrain éocène de Belgique qui nous paraît plus voisine des nucules, et dont 
M. d'Orbigny a fait son genre NUCUNELLA. 


Les Limopsis, Sassi (%) (7rigonoccælia, Nyst et Galeoiti, Pectuncu- 
lina, d'Orb.), — Atlas, pl. LXXX, fig. 10 à 42, 


ont de grands rapports avec les pétoncles, mais le ligament n’est 
point extérieur, et la coquille manque en conséquence de l'im- 
pression triangulaire située sous les crochets. Ce ligament est 
inséré dans une fossette deltoïde creusée dans la charnière elle- 
même, au-dessus de la ligne des dents. La forme générale de la 
coquille est orbiculaire comme celle des pétoncles, quelquefois 
cependant plus oblongue et anguleuse. Les dents de la charnière 
forment un are plus ou moins marqué. 

M. Deshayes ne sépare pas ce genre des pétoncies, M. d’Orbi- 
gny au contraire le place dans la famille des nuculides. II le con- 
sidère comme un lien entre cette famille et celle des arches ; 
il est une preuve de la convenance de les réunir. 

Ces mollusques ont apparu à l’époque où se sont déposés les 
terrains connus sous le nom de grande oolithe et se sont continués 
jusqu'à nous sans être jamais très nombreux. 

On n’en cite en particulier qu'un petit nombre de l’époque 
jurassique. 


Il faut rapporter à ce genre le Pectunculus oolithicus, Buvignier (#) de 
la grande oolithe du département des Ardennes, espèce retrouvée par M. d’Ar- 
chiac dans l’oolithe de Luc et par MM. Morris et Lycett dans la grande oolithe 


(1) D'Orbigny, Prodrome, t. II, p. 390. 

(2) Cog. et pol. foss. Belg., p. 238. 

(8) Ces trois noms désignent exactement les mêmes coquilles. Celui de 
Limopsis date de 1827, celui de Trigonocælia, de 1835, et celui de Pectun- 
lina, de 1843. 

(4) Stat. min. des Ardennes, pl. 4, fig. 6 ; d’Archiac, Mém. Soc. géol. de 


INTÉGROPALLÉALES. — ARCACIDES. 557 


d'Angleterre, Ces derniers auteurs considèrent ayec doute, comme apparte- 
nant à la même espèce les P. oblongus et minimus, Sow., 472. 

Le P. Paischoræ, Keyserl. (?), du terrain oxfordien de Russie est aussi une 
limopsis. 

Le L. corallensis, Buy. (?), provient du terrain corallien du département 
de la Meuse (Atlas, pl. LXXX, fig. 10). 

M. d'Orbigny (°) ajoute deux espèces inédites de l Oolithe inférieure et une 
du terrain corallien, 


Les espèces sont moins nombreuses encore dans les terrains 
crélacés. 


M. d'Orbigny (f) a décrit sous le nom de Pectunculina Guerangueri et 
Complanata, deux espèces du terrain cénomanien du Mans. 

Le P. Hœninghausi, Jos. Muller (5), de la craie supérieure d’Aix-la-Cha- 
pelle est aussi une limopsis. 


Elles augmentent de nombre dans l’époque tertiaire. 


M. d'Orbigny (f) en cite deux espèces inédites des terrains tertiaires infé- 
rieurs de Cuise-la-Motte. 

La T, striata, Rouault (7), caractérise le terrain nummulitique de Pau. 

Le P. granulatus, Lamk ($), du calcaire grossier de Paris et du terrain 
éocène de Belgique appartient à ce genre, ainsi que la Nucula deltoidea, Lamk, 
qui se trouve dans le calcaire grossier et les sables supérieurs de Valmondois. 

Il faut ajouter (?) les Trigonocælia auritoides, Galeotti, et T, lima, Nyst et 
Galeotti, des dépôts éocènes de la Belgique ; les T. Goldfussi, Nyst, Atlas, 
pl. LXXX, fig. 11 (P. auritus, id., olim) et T. scalaris, Nyst, du terrain ton- 
grien du même pays; et les T, sublævigata, Nyst, et decussala, id., du terrain 
campinien du même pays. 

Les P, minutus, Philippi, Goldf., modiolus, Bon, et auritus, Brocchi, 
appartiennent aussi à ce genre (1). Ils se trouvent dans le terrain miocène du 


France, p. 374, pl. 27, fig. 6; Morris et Lycett, Moll. from the great ool., 
Palæont. Soc., 1853, p. 54. 

(1) Petschora Land, p. 306, pl. 17. 

(?) Stat. géol. de la Meuse, p. 20, pl. 16. 

() Prodrome, t. I, p. 280 ett. II, p 

(4) Paï. fr., Terr. crét., t. IE, p: 183, ph: 305. 

(5) Monog. Petref. Aach., t.1, p. 18. 

(6) Prodrome, t. 11, p. 325. 

(7) Mém. Soc. géol., 2° série, t. IL, p. 469. 

(8) Deshayes, Cog. foss. Par.,t.1, pl. 35 et 36. 

(?) Nyst, Cog. et pol. foss. Belg., p. 243, pl. 18, 19 et 26. 

(10) Philippi, Enum. moll, Sic,, t, 1, p. 63, pl. 5 ; Brocchi, Conch. subap., 
pl. 11. 


558 ACÉPHALES ORTHOCONQUES, 


Piémont. Le premier passe dans le pliocène et le quaternaire; le dernier se 
retrouve dans le crag. (Atlas, pl. LXXX, fig. 12.) 

La L. pygmæa, E. Sism. (1), a été trouvée dans le terrain pliocène d’Asti. 

La T. insolita, Sow., se trouve en Patagonie (2). 

La L.æquilatera (Nucula æquilatera, Lea), caractérise les terrains miocènes 
de Virginie (3). 


Les Isoarca, Münster, — Atlas, pl. LXXX, fig. 13 et 44, 


ont la charnière droite ou presque droite des arches, et une co- 
quille bombée, treillissée extérieurement, à crochets contournés 
comme les isocardes, tellement que quelques espèces dont on ne 
connaît pas la charnière restent douteuses entre les deux genres. 
Elles manquent complétement d’area lHigamentaire externe. 

Je crois qu'on peut réunir à ce genre les MoproLarca, Lycett. 

Les isoarca paraissent spéciales à l'époque jurassique et à l'é- 
poque crétacée. On en connaît une douzaine d'espèces. 

Je ne crois pas qu'on puisse admettre leur existence à l’époque 
saliférienne. 


L'I. Stotteri, d'Orb. (Nucula Stotteri, Klipstein), découverte à Saint- 
Cassian (f), a la charnière trop arquée pour appartenir à ce genre. 


On en a cité quelques-unes de l’époque jurassique. 


L'1. Bajocensis, d'Orb. (5), caractérise l’oolithe inférieure de Normandie. 

L’1. decussata, Münster, a été trouvée dans le Jura blanc (oxfordien ? ) du 
Wurtemberg. Les Z. speciosa, id., et texata, id. (Pectunc. texatus, Goldf., 
Atlas, pl. LXXX, fig. 13), appartiennent aux couches coralliennes de Ratis- 
bonne, de Kelhein et Natheim (6). 

Les Isocardia subspirata, Münster, tenera, id., et {ransversa, id., appar- 
tiennent, suivant M. Philippi, au même genre. Elles ont aussi été trouvées 
dans le calcaire jurassique. La première provient d’Heiligenstadt, les deux 


autres de Streitberg (7). 
Elles ne sont pas abondantes dans les dépôts crétacés. 


M. d’Orbigny ($) indique deux espèces inédites de l’époque néocomienne. 


(1) Sismonda, Synopsis, p. 15. 

(2) Darwin, South America, pl. 2. 

(3) New tert. foss., pl 34. 

(4) Geol. der œstll. Alpen, p. 262, pl. 17, fig. 8. 
(5) Prodrome, t. I, p. 280, 

(6) Münster, Beitr. zur Petref., t, VI, p. 81, pl. 6 
(7) Goldfuss, Petr. Germ., t. Il, p. 209, pl. 140. 
(8) Prodrome, t. Il, p. 79 et 106. 


INTÉGROPALLÉALES. — ARCACIDES, 559 


L'I. Agassizü, Pictet et Roux (!), autrefois confondue avec la Ceromya 
crassicornis, Ag., caractérise le gault des environs de Genève (Atlas, pl, LXXX, 
fig. 14 

M. d’Orbigny (2) indique une espèce inédite dans le gault de Clar (Z. cos- 
tata, d'Orb.). 

L'I. obesa, d'Orb. (Nucula obesa, id., olim, /socardia Orbignyana , d’Ar- 
chiac) a été trouvée dans la craie chloritée de Rouen et dans le tourtia de 
Belgique ($). 

L'Z. supracretacea, d'Orb. (f), espèce inédite, a été découverte dans les 
craies supérieures du Bausset (Var). 


Les CucuLLeLLa, M Coy, — Atlas, pl. LXXX, fig. 15 à 17, 


sont de petites coquilles paléozoïques en formes d’arches ou de 
nucules à charnière droite ou un peu arquée, mais jamais coudée, 
sans area. La coquille est mince et son bord n’est pas crénelé. 
L'impression palléale est entière. 

M. M Coy borne ce genre aux espèces qui ont une côte interne 
dirigée depuis le crochet jusqu'au bord postérieur de l'impression 
musculaire buccale. Cette côte laisse un sillon sur le moule (Atlas, 
pl. LXXX, fig. 15). 

Je crois devoir leur associer la majorité des espèces de l'époque 
silurienne qui ont été décrites sous les noms d’arca et de pectun- 
culus, lors même qu’elles n'ont pas cette côte interne (Atlas, 
pl. LXXX, fig. 16 et 17). Elles me semblent ressembler bien plus 
à leurs contemporaines qu'aux arches et aux pétoncles actuels. 

Leur coquille mince, sans area, me semble mettre ce fait hors 
de doute. 

On peut citer surtout (5)les Cucullella antiqua, Sow., M’ Coy: la C. co4rcata 


Phill., M’Coy, laC.ovata, Sow., M’ Coy (Atlas, pl. LXXX, fig. 15), etc., qui ap- 
partiennent aux vraies cucullella. 

Les Arca edmondiiformis, M Coy, primitiva, Phill., subæqualis, M Coy, 
sont des cucullella sans côte interne. 

Je n'ai également point d’hésitation pour sortir du genre des arches et de 
celui des pétoncles les espèces décrites par M. Portlock (6) sous ces deux 


(1) Pictet et Roux, Moll. des grès verts, p. 466, pl. 38. 

(2) Prodrome , t. II, p. 138. 

(3) D'Orbigny, Paléont. fr., Terr. crét., t. UE, p. 180, pl. 304; d’Archiac, 
Mém. Soc. géol., 2° série, t. H, pl. 15. 

(#) Prodrome, t. II, p. 243. 

(5) M’ Coy, British palæoz. foss., p. 283. 

($) Geol. report, p. 427, pl. 34. 


560 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


noms. Ce sont pour moi des cucullella. Si l'absence de la côte interne paraît 
devoir les en séparer, elles devront former un genre nouveau. M. Portlock 
décrit sept espèces d’arches et deux pétoncles. Nous avons figuré dans l'Atlas, 
pl. LXXX, l'Arca regularis, Portl., fig. 46, et le Pect. Apjohni, id., fig. 17. 


Il est probable que ce genre se continue dans l’époque dévo- 
nienne, mais je crois qu'il ne s'étend pas jusqu'au terrain carbo- 
nifère ; je ne saurais cependant pas l'affirmer. Je fais seulement 
remarquer que les espèces de ce terrain les mieux connues et Îles 
mieux figurées, paraissent avoir beaucoup plus les caractères des 
véritables arches que des cucullella. 

Un nouvel examen sera nécessaire pour résoudre ces questions 


de détail. 


Les Nucues (Nucula, Lamk, Polyodonta, Megerle), — Atlas, 
pl. LXXX, fig. 18 à 20, 


ont une coquille ovale, allongée ou triangulaire, inéquilatérale. 
La charnière est formée de petites dents disposées en deux lignes, 
qui se réunissent en formant un angle obtus, dont le sommet, qui 
est sous les crochets, présente une fossette ovale ou transverse, 
située dans la ligne même des dents. Le ligament est interne et 
placé dans celte fossette. Les moules, lorsqu'ils sont bien conser- 
vés, se distinguent facilement par l'impression angulaire de la 
charnière, sur laquelle on voit quelquefois les traces des dents 
et par des attaches musculaires très détachées. Le bord des valves 
est crénelé. 

Les nucules diffèrent des limopsis par leur forme plus inéqui- 
latérale et leur fossette dans la ligne même des dents. Elles se 
distinguent encore mieux des arches et des pétoncles par l’ab- 
sence d'impression ligamentaire externe. 

Les nucules ont vécu à tous les âges géologiques et forment 
une longue série d'espèces qui se ressemblent beaucoup par les 
formes et qui fournissent une preuve à ajouter à tant d'autres 
contre le perfectionnement graduel et les modifications de l’orga- 
nisme. Elles paraissent aujourd'hui au maximum de leur déve- 
loppement et vivent sous toutes les latitudes. 

Je crois, ainsi que je l’ai dit plus haut, p. 534, qu'il faut réunir 
aux nucules quelques coquilles associées à tort aux Lyrodesma, 
Conrad, et qui ont les dents des arcacides au lieu des lignes 
rayonnantes caractéristiques de ce genre, M. d'Orbigny les asso- 


INTÉGROPALLÉALES. — ARCACIDES. 561 


cie toutes aux leda mais 1l est probable qu'elles ont l'impression 
palléale entière (Atlas, pl. LXXX, fig. 18). 

On connaît plusieurs nucules de l'époque primaire. 

Le terrain silurien en renferme quelques-unes, mais peu cer- 
taines. 


La N. lœvis, Sow. (1), du terrain silurien inférieur de Llandeilo n’est connue 
qüe par une figure bien imparfaite. 

La N. anglica, d'Orb. (ovalis, Sow., non Ziet.), provient du terrain silurien 
supérieur (2) où elle se trouve avec la N. levata, Hall, et le Nuculites poststric- 
tus, Emmons, M'Coy. 

Il faudrait y ajouter (3) le Lyrodesma pulchella, Hall (Atlas, pl. LXXX, 
fig. 18), des terrains siluriens inférieurs des États-Unis, et quelques espèces 
des mêmes gisements, décrites par M. Hall sous leur véritable nom de nucula. 


Elles se continuent dans les terrains dévoniens, mais les espè- 
ces sont difficiles à distinguer des leda, car pour la plupart on 
ne connaît pas leur impression palléale (f). 

Les espèces d'Allemagne ont surtout été décrites (5) par Goldfuss (N. gran- 
dœva, Goldf., obesa, id., fornicata , id., obsoleta, id., prisca, id., securifor- 
mis, id.). La N. solenoides se rapporterait plutôt aux Cucullella. 

IL faut y ajouter (6) quelques espèces décrites par Roemer (N. Jugleri, 
Krachtæ, elliplica) et par le comte de Münster (N. Protei). 

Parmi les espèces d'Angleterre on peut citer les N. lalissima, Phillips, 
lineata, id., et plicata, id. (T). M. M Coy (8) indique, outre la N. Krachtæ, 
Roemer, la N. pullastriformis, M° Coy. 

M. M. Rouault (?) en a décrit quelques-unes de Bretagne. 


Les terrains carbonifères en renferment plusieurs (1°). 


(1) Murchison, Silur. system, pl. 22, fig. 1. 

(2) Murchison, Silur. system, pl. 5, fig. 8; M’Coy, British palæoz. foss., 
p. 285. 

(8) Pal. of New-York, p. 302, pl. 82; le L. plana reste un vrai Lyro- 
desme. 

(4) M. d'Orbigny , Prodrome, t. 1, p. 74, en transporte plusieurs dans le 
genre Leda. 

(5) Petref. Germ., t. Il, p. 150, pl. 124. 

(6) Roemer, Harzgebirge, p. 23, pl. 6; Münster, Beitr. zur Petref., t. IT, 
p: 54, pl. 11. 

(T) Palæoz. foss., pl. 18 et 58. 

(8) British palæoz. foss., p. 397. 

(9) Bull. Soc. géol., 2° série, 1851, L. VIH, p. 388. Il en cite aussi une 
(p. 366) du terrain silurien. 

(10) On peut faire la même remarque que nous avons faite plus haut sur la 
difficulté d'en séparer les leda. Voyez d'Orbigny, Prodrome, t. I, p. 129. 

IL, 30 


562 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


Elles ont surtout été trouvées en Angleterre et ont été décrites (!) par 
Sowerby (N. accipiens, acuta, æqualis, Bowerbankii, palme) ; Phillips (N. cu- 
neala, luciniformis, undulata); Portlock (N, lævirostrum) ; M° Coy (N. cylin- 
drica, ete.). I y a des doubles emplois et quelques espèces à passer dans 
d’autres genres. 

Le N. cardüformis, Eichwald, provient de Russie (?). 


L’étage permien n'en à fourni que trois. 


La N. Wymmensis, Keyserl. (3), provient de la Russie septentrionale. 

La N. Tateiana, King {f), a été découverte en Angleterre. 

Je crois devoir réunir à ce genre, la ZLeda Vinti, King (Nucula speluncaria, 
Geinitz), d'Angleterre et d'Allemagne : la description parle d’un très petit 
sinus ; la figure montre une impression palléale parfaitement entière (°). 


Elles augmentent de nombre dans l’époque triasique. 


Goldfuss (6) a figuré sept espèces du muschelkalk : la Nucula Goldfussii, 
Alberti; la N.excavata, Goldfuss ; la N. cuneata, Münster ; la N. gregaria, 
Münster ; la N. elliptica, Goldf. (Munsteri, id.); la N. speciosa, Münster, et 
la N. incrassata, id. Cette dernière est une cypricarde pour M. d'Orbigny. 

Les espèces de Saint-Cassian ont été décrites (7) par le comte de Munster, 
et M. Klipstein. On en connaît une dizaine d’espèces. 


Le lias n’en contient pas une grande quantité. 


La plus commune est la N. Hammeri, Defrance, répandue en Allemagne et 
en France (8) (Atlas, pl. LXXX, fig. 19). Cette espèce est très voisine des 
N. Hausmanni, Roemer, lœvigata, Münster, ovalis, Zieten, non Goldf. (Zicleni, 
Desh.), ovalis, Goldf., non Zieten, pectinata, Lieten, etc. Quelques auteurs 
proposent de les réunir en une seule. 

Il faut ajouter la N. triquetra, Goldf. (trigona, Münster, subglobosa , 
Roemer), la N. cordata, Goldf., et quelques espèces inédites indiquées par 
M. d’'Orbigny. 


(1) Sowerby, Trans. geol. Soc., 2e série, t. V, pl. 39 et pl. 475; Phillips, 
Geol. of Yorksh.; Portlock, Geol. report, pl. 36; M’Coy, Synopsis of Ire- 
land, pl. 11. 

(2) Murchison, Keys. et Vern., Paléont. de la Russie, pl. 20, fig. 9. 

(3) Petschora Land, p. 261, pl. 14, fig. 4. 

(4) Permian fossils (Palæont. Sociely, 1848, p. 175). 

(5) King, Permian foss. (Palæont. Society, pl. 15, fig. 21-22). 

(6) Petr. Germ., t. NL, p. 152, pl. 124. 

(7) Münster, Beitr. zur Petref., t. IV, pl. 8; Klipstein, Geol, der œst. 
Alpen, pl. 17. Voyez pour les rectifications à faire, Deshayes, Traité élém: 
conch., t. Il, p. 297. 

(8) Goldfuss, Petr, Germ., t. IE, pl. 125, fig. 17. 


INTÉGROPALLÉALES. — ARCACIDES. 563 


Elles sont moins nombreuses encore dans l’oolithe inférieure et 
la grande oolithe. 


La N. cordiformis, Desh, (N. nucleus, Desh.) caractérise l’oolithe infé- 
rieure de Bayeux (1). 

La N. erato, d’Orb. (N. variabilis, Phill., non Sow., non Zieten), a été trou- 
vée dans l’oolithe inférieure de Aalen (2). 

La N. variabilis, Sow., et la N. Waltoni, Morris et Lycett (3), proviennent 
de la grande oolithe d'Angleterre, La première se retrouve en France et en 
Allemagne. 

Les autres espèces citées sont pour la plupart des leda. 


Les dépôts kellowiens et oxfordiens en ont fourni plusieurs, 
mais elles sont mal connues. 


On cite la N. cuneiformis, Sow. (#), trouvée dans l'Inde, à 3000 mètres 
d’élévation ! 

La N. cœcilia, d'Orb. (pectinata, Zieten?), provient du terrain kellowien 
de France et d'Allemagne (ÿ). 

La N. elliptica, Phillips (6), a été découverte dans l'étage oxfordien d’An- 
gleterre. 

La N. rhombodes, Keiserl, (7), provient du terrain oxfordien de Russie. 

La N. intermedia, Münster (5), appartient au terrain oxfordien du Lindner- 
berg. 

Il faut ajouter sept espèces inédites citées par M. d’Orbigny (?), dont quatre 
du kellowien et trois de l’oxfordien. 


Les nucules paraissent très rares dans le terrain corallien et 
dans les étages supérieurs de l’époque jurassique. 


M. d'Orbigny (10) indique une espèce inédite dans le corallien de la Rochelle 
et une dans le terrain kimméridgien, 


(1) Deshayes, Traité élém. conch., t. IX, p. 299 ; Deslongchamps, Mém. Soc, 
Lin. Calvados, 1837, p. 71. 
(2) Prodrome , t. 1, p. 280. 
(3) Sowerby, Min. conch., pl. 475 ; Morris et Lycett, Moll, from the great 
ool. (Palæont. Soc., 1853, p. 51, pl. 5, fig. 13 et 14). 

(4) Trans. geo. Soc., 2° série, t. V, p. 328, pl. 22. 

(5) Prodrome, t. 1, p. 339 ; Zieten, Pétrif. du Wurtemberg, pl. 57, fig. 8. 

(6) Geol. of Yorksh., p. 109, pl. 5. 

(?) Petschora Land, pl. 17. 

(8) Roemer, Norddeutsch. Oolgeb., p. 101, pl, 6, fig. 47: 

(?) Prodrome, t. 1, p. 339 et 367. 

(10) Prodrome, t. IL, p. 18 et 52. 


564 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


La N. Menkei, Roemer (1), appartient au terrain portlandien de Wend- 
hausen. 


Ces mollusques se continuent dans les dépôts crétaces. 
On en trouve dans les terrains néocomien et aptien. 


Les N. planata, Desh. (obtusa, d'Orb., non Sow.), simplex, Desh., et Cornue- 
liana, d'Orb. (émpressa, &'Orb., non Sow.) (2), caractérisent le néocomien de 
France. 

Les N. antiquata, Sow., impressa, id., et suboblusa, d'Orb. {(subrecurva, 
Phillips), appartiennent au lower greensand et à l'argile de Spceton (3). 

La N. sublrigona, Roemer (4), provient du hils d'Allemagne. 


Le gault en a fourni plusieurs. 


Les N. bivirgata, Sow., pec'inala, id., et ovata, Mante!l, ont été décou- 
vertes dans le gault d'Angleterre ($) ct retrouvées en France. Il faut leur 
ajouter (°) les N. allensis, d'Orb., arduennensis, id., et ornatissima, id., 
décrites par M. d'Orbiguy, ainsi que quatre espèces du gault des environs 
de Genève que j'ai décrites avec M. Roux (N. Neckeriana, Atlas, pl. LXXX, 
fig. 20, gurgilis, Timotheana et Carlhusiæ). J'y ajoute aussi la Leda Vi- 
brayeana, d'Orb., qui a certainement une impression palléale entière. 


Les eraies chloritées et les craies supérieures sont assez riches 
en nucules. 


Sowerby a fait connaître (*) quelques espèces de Blackdown (N. obtusa, 
Sow., apiculata, id.). 

La N. Renauxiana (8), d'Orb., paraît caractériser le terrain turonien d'U- 
chaux, si toutefois il n°y a pas erreur dans la synonymic. 

La NV. concinna, Sowerby (°), appartient au terrain crétacé de Gosau. 


(1) Norddeutsh. Ool., p. 98, pl. G. 

(2) Deshayes in Leymerie, Mém. Soc. géol., 4842, t, V ; d'Orbigny, Paléont. 
frs, Terr..crét., t. UE, pl: 300. 

(3) Sowerby, Min. conch., pl. 475; Phillips, Geol. of Yorksh., pl. 2, fig. 11. 

(4) Norddeutsch. Kreidegeb., p. 68, pl. 8. 

(5) Sowerby, Trans. geol. Soc., 2° série, t. V, pl. 11 et Min. conch., 
pl. 492; Mantell, Geol. of Sussex, pl. 19, fig. 8. 

(6) D'Orbigny, Paléont. fr., Terr. crét , t. IL, pl. 301 et 302, Pictet et 
Roux, Atollusques des grès verts, p. 469, pl. 39. 

(7) In Fitton, Trans. geol. Soc., 2° série, t. IV, pl. 17, fig. 10 et 11. 

(8) D'Orb., Paléont. franç., Terr. crét., t. HF, p. 179, pl. 304. M. Deshayes 
a déjà fait remarquer que cette espèce figure deux fois dans le Prodrome. 

(®, Trans. geol. Soc., 2° série, t, HE, pl. 38. 


INTÉGROPALLÉALES, — ARCACIDES. 569 


La N. tenera, Müller, non Wood (N. vox, Philippi) (©, a été trouvée à 
Aix-la-Chapelle, 

Les espèces d'Allemagne sont nombreuses, Elles ont été décrites (2) par 
Goldfuss, de Buch, et surtout par M. Reuss, qui en compte douze espèces, 
dont cinq nouvelles (1 faut en déduire des leda.) 


Elles sont abondantes dans les terrains tertiaires. 


M. Deshayes (3) a décrit six espèces des environs de Paris, dont il faut 
retrancher la N. deltoidea qui est une Limopsis, la N. striata, qui est une 
Leda, et la N. miliaris, qui, comme ce savant conchyliologiste l'avait annoncé 
déjà, doit former un genre nouveau, et est devenu le type des Nuculina. 

La N. fragilis, Desh., caractérise les sables inférieurs de Cuise-la-Motte, 
qui renferment en outre la N. Levesquei, d'Orbigny (f), confondue à tort avec 
la N. margarilacea, id., et avec l'espèce du calcaire grossier. 

La N. ovata, Desh., non Mantell ‘subovata, d'Orb.), appartient au calcaire 
grossier. 

Le N. similis, Sow. (5) (margaritacea, Lamk, non Lin.), se trouve dans 
l'argile de Londres, dans le calcaire grossier du bassin de Paris et dans les 
sables supérieurs de Valmondois (Atlas, pl. LXXX, fig. 21). 

Les dépôts nummulitiques (6) renferment quelques-unes des espèces précé- 
dentes. On peut citer, en outre, la N. baboensis, J, de C. Sow., de l’Inde, et 
la N,. submargarilacea, A. Rouault, de Pau. 

Parmi les espèces de l'argile de Londres, qui ne sont pas des leda, on peut 
citer (7) la N. minima, Sow., la N. trigona, id., etc. 

La N. lunulata, Nyst (8), a été trouvée dans les dépôts éocènes de Belgique, 


Elles se continuent dans les étages miocène et pliocène. 


M. Nyst (*) a décrit quatre espèces nouvelles du terrain tongrien de Bel- 
gique et la N. Haesendonckiü, du crag du même pays. 
La N. podolica, Dubois (10), provient de Volhynie, 


(!) Monog. Petr. Aach,, 1, 17, pl. 2. 

(2) Goldfuss, Petr. Germ., t. I, pl. 125; Reuss, Boehm. Kreidef, t. IL, p. 5. 

(3) Cog. fos. Par., t. 1, p. 230. 

(4) Prodrome, t. IE, p. 325. 

(5) Min. conch., pl. 192. 

(6) D’Archiac, Hist. des progrès, t. UE, p. 266, ct Mém. Soc. géol., 2° série, 
t. LL. 

(7) Min. conch., pl. 192. 

(8) Cog. et pol. foss. Belg., p. 231, pl. 181 

(9) 1d. Id. 

(10) Conch, foss. plat. Volh. Pod., p.67, 


566 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


Lesespèces de Piémont ontété étudiées par MM, Michelotti, Sismonda, etc. (1). 
Le terrain miocène renferme les N. placentina, Lamk, et sulcata, Bronn. La 
première se retrouve dans le terrain pliocène avec la N. nucleus, Lin. (mar- 
garitacea, Lamk), vivante, etc. 

Le crag d'Angleterre en renferme, suivant M. Wood (?), cinq espèces, dont 
trois n’existent plus : ce sont la N. lœvigata, Sowerby, la N. Cobboldiæ, id., 
et la N. trigonula, Wood. 

Goldfuss ($) et M. Philippi ont décrit quelques espèces des terrains éocènes, 
miocènes et pliocènes d'Allemagne; mais la plupart sont des leda. On peut 
placer dans les nucules la N. compta, Goldf., la N. lœvigata, id., non Sow. 
(N. peregrina, Desh.), la N. Dechenü, Phil., de Westeregeln, la N. subglo- 
bosa, id., du Mecklembourg ; la N. compressa, id., etc. 

Les nucules se trouvent aussi en Amérique (4). 


Les Nucuzines (Nuculina, d'Orb.), — Atlas, pl. LXXX, fig. 22, 


se distinguent des nucules par leurs dents sur une seule série, ne 
formant pas d'angle et moins régulièrement placées, par une dent 
latérale anale et par leur ligament placé sous le crochet. Il faut 
leur réunir les PLEURODON, Wood, et les NUCINELLA, id. 


Ce genre, comme je l’ai dit plus haut, a été établi sur la Nucula miliaris, 
Desh., des tertiaires éocènes des environs de Paris. C’est l’espèce figurée 
dans l’atlas. M. Wood considère avec doute, comme lui étant identique, son 
Pleurodon ovalis du crag d'Angleterre ($). 


Les Nucuezca, d'Orb., — Atlas, pl. LXXX, fig. 23 et 24, 


diffèrent des nucules par leur fossette ligamentaire qui n’est pas 
en forme de cuilleron et qui est treillissée. 


(1) Michelotti, Descr. foss. mioc. Ital. sept,, p. 107; Sismonda, Synopsis, 
p°#415; 

(2) Mollusca from the crag (Palæont. Soc., 1850, p. 81, pl. 10); Sowerby, 
Min. conch., pl. 180 et 192. 

(8) Petref. Germ., t. Il, pl. 125; Philippi, Palæontogr., 1, p. 52, pl. 8. 

(4) La N. incerta, d'Orb. (Voyage, Pal., p. 85), a été trouvée dans les ter- 
rains crétacés de l'Amérique méridionale. Les terrains tertiaires du même 
continent renferment la N. Largillierti, d'Orbigny (id.,p. 128), et les terrains 
quaternaires deux autres, indiquées p. 162. 

Les terrains tertiaires de l'Amérique septentrionale en contiennent aussi. 
Voyez Huot, Géol., t. 1, p. 764; Say, Journ. Acad. Phil., p. 141; Amer. 
Journ. sc., t. XXIII, p. 339 ; Lea, Desc. new foss. tert., etc. 

(5) Deshayes, Cog. foss. Par., t. 1, p. 235; d'Orbigny, Cours élém. de 
paléont., p. 66; Wood, Moll. from the crag (Pal. Soc., 1850, p. 72). 


INTÉGROPALLÉALES, — ARCACIDES. 567 


Le type du genre est la N. Nystü, d'Orb., rapportée par MM. Nyst et Ga- 
leotti au genre Stalagmium,. Elle provient du terrain éocène de Belgique (1), 
Atlas, pl. LXXX, fig. 23. 

Il faut y ajouter une espèce très remarquable du terrain nummulitique de 
Biarritz (2) décrite par M. d’Archiac sous le nom de Salagmium aviculoides. 
Atlas, pl. LXXX, fig. 24. 


Les Lena, Schumacher, — Atlas, pl. LXXX, fig. 25 et 26, 


ont une charnière tout à fait semblable à celle des nucules : mais 
leur coquille est rostrée du côté anal et n’est pas nacrée. Leur im- 
pression palléale présente un sinus étroit et peu profond. 

Ces coquilles ont été désignées aussi sous les noms de LEMBULUS, 
Leach, Dacryomya, Agassiz, Yocpia, Müller (5). 

Les rapports de ces mollusques ont été contestés. M. d'Orbi- 
gny, attachant une importance très grande à la sinuosité palléale, 
en a fait une famille intermédiaire entre les tellines et les vénus. 
Les caractères de l’animal ne justifient guère cette manière de 
voir, car les siphons n'ont, malgré la sinuosité palléale, qu’un in- 
complet développement. Le siphon branchial est seulement simulé 
par deux gouttières du manteau et n'interrompt pas la disjonction 
des lobes de cet organe. Le siphon anal est très grêle et formé par 
la soudure d’une valvule palléale. Il y a donc là une de ces ex- 
ceptions (‘) dont j'ai parlé plus haut, et ces faits anatomiques 
ôtent de la valeur à la sinuosité palléale qui n’est importante que 
lorsqu'elle est la preuve de siphons développés. On ne peut pas 
se refuser à constater les très grands rapports qui existent entre 
les leda et les nucula et il vaut mieux les laisser dans la même 
famille. 


(t) D'Orbigny, Cours élém. de paléont., p. 66, et Prodrome, t. IL, p. 389; 
Nyst., Cog. et pol. foss. Belg., p. 238, pl. 18, fig. 6. 

(2) Mém. Soc. géol., 2° série, t. TI, p. 432, pl. 12, fig. 11. 

(3) Ce dernier nom a, par’erreur, été écrit Mozpta (Gray). 

(4) Ici l'exception consiste dans la nécessité de placer une coquille sinupal- 
léale dans la série des intégropalléales. On pourrait, à la première vue, en 
tirer une objection contre la valeur de ces deux ordres ; mais il faut remar- 
quer aussi qu'il y a bien des autres groupes zoologiques dans lesquels on 
peut citer des exceptions du même genre. Ainsi il y a des quadrumanes sans 
pouce, des poissons sans cœur, etc. L’objection, à mon sens, porterait sur le 
mot plutôt que sur le fond, et peut-être vaudrait-il mieux, en effet, donner 
d'autres noms à ces ordres, qui ont par eux-mêmes une valeur réelle. 


568 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


Cette manière de voir est d'autant plus acceptable en paléonto- 
logie qu'il estsouvent impossible dedistinguer les leda etles nucula. 
Quelques espèces telles que la N. Vibrayeana, d'Orb., etc., ont 
été placées dans le premier de ces genres et appartiennent cepen- 
dant au second par leur impression palléale simple. On n’a pu pour 
bien des espèces se décider que sur la forme extérieure, souvent 
trompeuse, et l'on a réparti les espèces d’après une ressemblance 
insuffisante avec les vivantes. Il y a donc de grands doutes dans 
l'énumération que l'on peut essayer des espèces fossiles de ces 
deux genres. 

Je ne puis pas avec M. Deshayes réunir aux leda les ORTHONOTA, 
car ces coquilles paléozoïques ont une impression palléale entière. 

Ce genre, ainsi limité, a vécu dans plusieurs époques géologi- 
ques et se continue dans nos mers (!). 

Je considère toutefois son existence pendant l’époque primaire 
comme très douteuse. M. d'Orbigny en cite quelques-unes ; mais 
M. M’ Coy place la N. Zevata, Hall, dans les vraies nucules, et j'ai 
dit plus haut que j'avais la même opinion des lyrodesma. 

Les espèces nombreuses que l’on a citées à l’époque dévonienne 
sont pour moi singulièrement douteuses. La sinuosité palléale 
n’est figurée à ma connaissance chez aucune, et je les ai placées 
provisoirement dans le genre nucula. 

Je puis dire la même chose des nucula des époques carbonifère 
et permienne. 


M. d’Orbigny a transporté dans les leda presque toutes les nucula de 
M. M'Coy, la NN. claviformis, Sow., et la N. brevirostris, Phillips. Je recon- 
nais que plusieurs sont rostrées; mais je n’en ai eu aucune preuve tirée des 
caractères internes qui justifie suffisamment cette opinion. Elle a, du reste, 
aussi pour elle l’autorité de M. Deshayes. 

J'ai des doutes analogues sur les Nucula kasanensis, d'Orb., et parunculus, 
id. (2), du terrain permien de Russie. 


Je ne suis pas beaucoup plus convaincu qu'elles aient vécu à 
l’époque triasique. 


(1) M. Deshayes en compte 128 espèces, en y comprenant les Orthonota, et 
M. d'Orbigny 119. 

(2) Murchison, Vern. et Keys., Pal. de la Russie, pl. 19, fig. 14; Keyser- 
ling, Petschora Land, pl. 14, fig. 3. 


INTÉGROPALLÉALES. — ARCACIDES. 069 


Les Leda speciosa et excavata, d'Orb. (Nucula, Munster), du muschelkalk, 
ne sont point connues par leur impression palléale (1). La dernière ressemble 
tout à fait, dans sa forme, à notre N. Neckeriana, Pictet et Roux, du gault, 
qui est une nucule incontestable. 

Je n'ai aucun motif ni pour appuyer ni pour contester l'opinion de M. d'Or- 
bigny, qui attribue aux leda sept espèces de Saint-Cassian, décrites (2) par le 
comte de Münster et par M, Klipstein, sous le nom de Nucula. 


Les espèces du lias se rapprochent davantage des formes des 
leda vivantes et l’on peut avec plus de probabilité les associer à 
ce genre. Je dois toutefois prévenir que je n’ai aucune confiance à 
cet égard pour toutes les espèces dont on ne connaît pas l’im- 
pression palléale, 


Les plus connues (3) sont la L. rostralis, d'Orb. (N. rostralis, Lamk., N. 
claviformis, Sow.), du lias supérieur; la Z,. mucronalis, Desh. (N. mucro- 
nata, Goldf., gutta, Münst., L. Diana, d'Orb.), du même gisement; la N. 
subovalis (Nucula), Goldfuss, du lias moyen; la N. ovum (N. complanata, 
Phillips, inflata, Zieten), du lias supérieur de France, d'Allemagne, d'Angle- 
terre, etc. 

Il faut ajouter la N, acuwminala, de Buch, in Goldf., du lias moyen; la N. 
Lieleni, d'Orb. (amygdaloides, Zieteu, non Sow.); quelques espèces confon- 
dues par Goldfuss avec les espèces anglaises, et des espèces inédites décrites 
par M. d'Orbigny. 


Ce genre paraît se continuer dans les terrains jurassiques pro- 
prement dits. 


Une des plus connues est la ZLeda (Nucula) lacryma, Sow., 476, de la 
grande oolithe d'Angleterre et de France. Diverses espèces ont été confondues 
avec elle. La N. lacryma, Phillips, de l’oolithe inférieure devient la L. an- 
glica, d’Orb.; la N. lacryma, Goldf,, de l’oolithe inférieure d'Allemagne, est 
la L. Acasta, d'Orb. 

Il faut ajouter aux espèces anglaises la N. aæiniformis, Phillips, de l’o0- 
lithe inférieure; la N. mucronata, Sow., 476, de la grande oolithe; la 
N. nuda, Young and Bird, et la L. Phillipsi, Morris, de l’oxford clay de 
Trowbridge (4). 

On trouvera dans le Prodrome de M. d'Orbigny l'indication de plusieurs 


(1) Goldfuss, Petr. Germ., t. II, pl. 124, fig. 10 et 14. 

(?) Münster, Beitr, zur Petref., t. IV, pl. 8; Klipstein, Geol. der œstl. Al- 
pen, pl. 17. 

(3) Voyez, pour toutes ces espèces du lias, Deshayes, Traité élém. conch., 
t. Il, p. 278; d'Orbigny, Prodrome ; Goidfuss, Petr. Germ., t. I, pl. 195 ; 
Sowerby, Min. conch., pl. 476 ; Zicten, Pétrif. du Wurtemb., pl. 57, etc. 

(4) Quart. Journ. geol. Soc., 1850, t. VI, p. 318. 


570 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


espèces décrites par les auteurs allemands et transportées dans le genre leda. 
Le même auteur a indiqué un grand nombre d'espèces inédites. 


Les leda ont aussi été trouvées dans les dépôts de l’époque 
crétacée; mais je fais la même réserve que pour les précédentes. 


M. d'Orbigny (!) indique la L. scapha, dans le terrain néocomien de 
France et d'Amérique. 

La L. lingulata, d'Orb. (N. spathulata, Forbes), caractérise le terrain aptien 
de France et le lower greensand (2). 

M. d’Orbigny transporte dans le genre leda la N. undulata, Sow., 554, du 
gault de Folkstone et quatre espèces du gault de France qu’il avait lui-même 
décrites sous le nom de nucula ($). J'ai déjà dit que l’une d'elles au moins, 
la N. Vibrayeana, a l'impression palléale entière. 

Les N. angulata, Sow., et porrecta, id. (f), de Blackdown, sont aussi des 
leda pour M. d’Orbigny. 

Le même auteur (°) transporte également dans ce genre un grand nombre 
des nucules décrites par Goldfuss et par MM. Reuss et Jos. Müller. 


Les leda ne sont pas très abondantes dans les terrains ter- 
tiaires. 
On en connaît une dizaine de l'époque éocène. 


On doit rapporter à ce genre (6) la Leda striata (Nucula striata, Lamk) du 
calcaire grossier; Ja Nucula inflala, Sow., et la N. amygdaloides, Sow., de 
l'argile de Londres; la N. Deshayesiana, Duch., et la N. Galeottiana, Nyst, 
des terrains éocènes de Belgique; une espèce inédite indiquée par M. d’Or- 
bigny, et quelques espèces américaines. 


On en connaît un nombre un peu plus grand des terrains mio- 
cène et pliocène. 


On place dans les leda les N. interrupta, Nyst., et depressa, id., du crag 
d'Anvers; l’Arca minuta, Brocchi, du miocène du Piémont, différente de 
l'espèce de Goldfuss, qui a reçu de M. d’Orbigny le nom de ZL. subminuta, la 
N. nitida, Brocchi, et la N. concava, Bronn, du même gisement ; la N. emar- 


(1) Pal. fr., Terr. crét., t. NI, p. 167, pl. 301. 

(2) Forbes, Quart. Journ. geol. Soc.; t. I, p. 245, pl. 3; d'Orbigny, loc. 
cit., pl. 304. 

(3) D'Orbigny, Prodrome, t. U, p. 136, et Pal. fr., Terr. crét., pl. 301 
et 304. 

(4) Trans. geol. Soc., 2° série, t. IV, pl. 17, et Min. conch., pl. 476. 

(5) Prodrome, t. IE, p. 159 et 236. 

(6) Deshayes, Coq. foss. Par., t. 1, pl, 42, fig. 4-6 ; Sowerby, Min. conch., 
pl. 554; Nyst, Cog. et pol. foss. Belg., p. 221 ; d'Orbigny, Prodrome, t. WI, 
p. 378. 


INTÉGROPALLÉALES., — SOLÉNOMYDES, 971 


ginala, Lamk., du bassin de Ja Gironde, et quelques espèces du pliocène de 
l’Astezan rapportées aux N. striata, Lamk., nicobarica, id., et rostrala, id. 

On trouve dans le crag de Belgique (!) la Leda Philippiana (Nucula Phi- 
lippiana, Nyst, Nucula tenuis, Philippi, non Sow.), Atlas, pl. LXXX, fig. 25. 

Le crag d'Angleterre a fourni à M. Wood (?) huit espèces, dont une seu- 
lement est éteinte (N. semistriata, Wood). Nous avons figuré dans l’atlas, 
pl. LXXX, fig. 26, la N. lanceolata, Sow., rapportée par M. Wood à une 
espèce des mers arctiques. 

M. Philippi a indiqué quelques espèces éteintes des terrains quaternaires 
de Sicile. Quelques espèces des dépôts miocènes et pliocènes se trouvent 
vivantes ct fossiles (3). 


Les OrruoxorTa, Conrad (Oréhonotus, id.), — Atlas, pl. LXXX, 
(EM à À 


ont des coquilles semblables à celles des arches ; les crochets sont 
séparés par un espace plat sur lequel sont tracées des lignes dis- 
poséesen chevrons dont l’angle est dirigé du côté buccal. 

J'ai déjà dit, p. 535, que M. M Coy avait ajouté à ce genre 
quelques coquilles sans dents à la charnière et sans chevrons, 
que je croyais devoir associer provisoirement au genre des 7elli- 
nomya, Hall. 

Les orthonota, telles que nous les limitons ici à l'exemple des 
paléontologistes américains, appartiennent exclusivement au ter- 
rain silurien inférieur d'Amérique. 


Les principales espèces (4) sont les Orthonota pholadis, Conrad, parallela, 
Hall, contracta, id. Cette dernière est figurée dans l’atlas. 


10° Famise. — SOLÉNOMYDES. 


Ces mollusques forment un groupe isolé et anomal, rapproché 
anciennement des solens avec lesquels 11 n'a que des rapports 
éloignés. Leur manteau est fendu dans son tiers antérieur et n’est 
prolongé postérieurement que par un seul petit siphon, terminé par 
une ouverture unique, ronde et munie de cirrhes. Le pied est cylin- 
drique. La coquille est équivalve, iméquilatérale, sans dents à la 
charnière, bâillante et couverte par un épiderme brillant. I n’y 


) Cog. et pol. foss. Belqg., p. 224, pl. 17. 

) Moll. from the crag (Palæont. Soc., 1850, p. 87). 

3) Voyez Deshayes, Traité élém. conch., t. Il, p. 285 et 288. 
4) Hall, Pal. of New-York, t. 1, p. 299, pl. 82. 


(1 
(2 


( 
( 


72 ACÉPIHALES ORTHOCONQUES. 


a aucune {race de sinuosité palléale. Is paraissent avoir quel- 
ques affinités avec les nucules, et surtout avec les leda. 


Les SoLÉ\OuYES (1) (So/enomya, Lamk), 


forment le seul genre connu de cette famille. 1 renferme aujour- 
d'hui quelques petites espèces remarquables par leur épiderme 
brillant, qui dépasse considérablement la coquille. 

Leur existence à l'état fossile me paraît très douteuse. 


Les S, primæva, Phillips, ct Puzoziana, Kon., du terrain carbonifère, ap- 
partiennent à la famille des Cœlonotides (2). 

La S. biarmica, Geiniiz, et la S. Liarmica, Vern., du terrain permien me 
paraissent indéterminables, ainsi que je l’ai dit plus haut (3). Elles forment 
pour M. King le type du genre JANEIA. 

La S. Voltzi du lias est une pholadomye. 

La S. mediterranea, Lin., encore vivante, est indiquée avec doute par 
M. Sismonda, dans les dépôts miocènes de Turin, mais elle n'est pas citée 
dans les travaux plus récents de M. Michelotti. 


Ale Faire. — MYTILIDES. 


Les mytilides forment une famille clairement caractérisée par 
leur coquille, qui est allongée et dont le crochet forme le plus 
souvent l'extrémité inférieure. Cette coquille est en général équi- 
valve, bâillante dans les pinnes, et fermée dans tous les autres 
genres. Le ligament est très long , marginal ou submarginal. 
Les attaches musculaires sont très inégales ; l'anale est grande 
et éloignée du bord; la buccale est très petite et est au con- 
traire très rapprochée. L'animal à un manteau plus ou moins 
ouvert, une bouche pourvue de palpes, et un pied étroit, sur- 
monté d'un byssus. 

Les coquilles de cette famille, à cause de leur forme allongée, 
de leurs crochets terminaux ou subterminaux et de l'inégalité de 
leurs attaches musculaires, ne peuvent être confondues avec au- 
cune des précédentes. Elles ont plus de rapports de formes avec 


(t) Je corrige ici, à l'exemple des auteurs allemands, l'orthographe du nom, 
Lamarck a écrit SOLÉMYE, mais l’étymologie exige Solénomye. 

(2) Phillips, Geol. of Yorksh., p. 209, pl. 5; de Koninck, Cog. et pol. foss. 
Belg., pl. 5, fig. 2. 

(8) Voyez plus haut, p. 404 et 406; King, Perm. foss, (Palæont. Soc., 
1848, p. 177 et 246). 


INTÉGROPALLÉALES. — MYTILIDES. 019 


es avicules ; mais ceilès-ei sont inéquivalves et leur impression 
musculaire buccale est nulle ou très petite. 

La plupart des mytilides actuels sont marins, quelques-uns 
vivent dans l'eau douce. Les espèces fossiles sont abondantes ; les 
mylilus paraissent remonter à l'époque dévonienne, et les pinna 
à l'époque carboniférienne ; les lithodomes ont vécu depuis l’épo- 
que jurassique; les dreissena n'ont commencé qu'avec l’époque 
tertiaire. Ges quatre genres se retrouvent dans l’époque actuelle. 


Les PiNNES (Pinna, Linné, nommées aussi les Jambonneaux), 
Atlas, pl. LXXXI, fig. 4 et 2, 


ont aussi une coquille très allongée, en forme de coin ou de trian- 
ele isocèle, dont les crochets forment le sommet et dont la base 
est bâillante, à angles arrondis. Les impressions musculaires 
sont au nombre de deux ; l'anale est très grande et la buccale est 
placée à l'extrémité des crochets. La charnière est dépourvue de 
dents. Le ligament est interne et très allongé. 

Quelques auteurs les séparent en une famille spéciale; elles 
diffèrent en effet de tous les mytilides par l'absence du siphon 
anal et par leur coquille bâillante. 

Ces coquilles sont composées de deux couches, dont l’intérieure 
est lamelleuse et nacrée dans une grande partie de son étendue, et 
dont l'extérieure est composée de fibres perpendiculaires, struc- 
ture que nous trouverons d'ailleurs dans la famille des malléacés. 
En se fossilisant, quelques espèces se décomposent de manière à 
se réduire quelquefois aux lames internes souvent désagrégées ; 
d’autres, au contraire, ne restent représentées que par les fibres 
perpendiculaires. Chaque valve est marquée dans le milieu par 
un sillon, qui quelquefois s'ouvre dans la fossilisation et partage 
ainsi chaque valve en deux. C'est à un fait de ce genre qu'est due 
la forme particulière dont Lamarck a fait sa P. subquadrivalvis. 

Les pinnes ont apparu pendant l'époque primaire; elles aug- 
mentent de nombre dans les terrains crétacés et tertiaires, sans 
cependant devenir très abondantes, et atteignent leur maximum 
numérique dans nos mers actuelles, où elles arrivent souvent à 
une très grande taille, mais en restant minces et légères. 

Leur existence dans lPépoque primaire ne paraît dater que de 
la période carbonifère. 


07 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


M. de Koninck (1) a décrit deux espèces des terrains carbonifères de Belgique, 
la P. prisca, Kon., non Goldf., ou Konincki, d’Orb., et la P, flabelliformis, en 
réunissant à cette dernière la P. costata, Phill., et la P. fleæicostata, M'Coy. 

Il faut ajouter (2) la P. Jvaniskiana, Vern., Murch. et Keys., de Russie, 
la P. mutica, M'Coy, d'Irlande, et la P. granulosa, d'Orb. (Modiola granu- 
losa, Phillips). 


Le terrain permien en renferme quelques traces douteuses. 


La P. prisca, Münst. (3) du zechstein, n’est pas assez bien conservée pour 
qu'on puisse être certain qu’elle appartienne bien à ce genre. 


On en cite aussi dans l'époque triasique. 


La P. prisca, Munst. (*), figurée dans Goldfuss, du keuper de Wurzburg, 
n’est certainement pas la même que la précédente. 


Quelques espèces sont indiquées dans le lias. 


Phillips a décrit (5) la P. folium, du Yorkshire. Zieten (6) a figuré les P. 
diluviana, Schloth., et Hartmanni, Ziet., du lias inférieur du Wurtemberg 
(Atlas, pl. LXXXI, fig. 1). Goldfuss (7) a fait connaître la P. lima, du lias 
inférieur d’Altdorf, 


Les espèces sont un peu plus nombreuses dans les terrains 
Jurassiques. 


Les espèces d'Angleterre ont été décrites ($) par Sowerby, Phillips, Morris 
et Lycett (P. ampla, Sow. et mitis, Phill., de l’oolithe inférieure et de la grande 
oolithe ; P. cuneata, Bean, de la grande oolithe; P. lanceolata, Sow., du 
corallien; P. granulata, id., du terrain kimméridgien). 

Les espèces d'Allemagne ont été étudiées (°) par Goldfuss, Zieten, Koch et 


(1) Descr. anim. foss. carb. Belg., p. 123, pl. 1 et 5. 

(?) Pal. de la Russie, p. 319, pl. 20; M’'Coy, Syn. of Ireland, pl. 19; 
Phillips, Geol. of Yorksh., pl. 5; d'Orbigny, Prodrome, t, 1, p, 135. 

(8) Beitr. zur Petref., L, p. 45. 

(4) Petr. Germ., t. IL, pl. 127, fig. 2. 

(5) Geol. of Yorksh., pl. 14, fig. 17. 

(6) Pétrif. du Wurtemb., pl. 55; Goldfuss, Petr. Germ., pl. 123, fig. 3. 

(7) Petref. Germ., pl. 127, fig. 4. 

(8) Sowerby, Min. conch., pl. 7, 281 et 347 ; Phillips, Geol. of Yorksh., 
pl. 4, 5et9; Morris et Lycett, Mol. from the great ool. (Palæont. Soc., 
1853, p. 31, pl. 4). 

(?) Goldfuss, Petref. Germ., t. Il, pl. 127 ; Kock et Dunker, Beitr, Ool. ; 
Roemer, Norddeutsch. Ool., p. 88. 


INTÉGROPALLÉALES. — MYTILIDES. 579 


Dunker (P. Buchii, Koch et Dunk., de l’oolithe inférieure; P. lineala, Goldf., 
tenuistria, id., du Jura brun de Lüpke ; P. radiata, Munst. in Goldf., de Pap- 
penheim, etc, ; P. lineata, Roemer, et conica, id., du terrain corallien de 
Heersum). 

Les espèces de France sont mal connues. On cite (‘) la P. obliquata, Desh., 
non Leym., du corallien de la Rochelle ; la P. suprajurensis, d'Orb. (obliquata, 
Leym.), du terrain portlandien, et six espèces inédites indiquées par M. d'Or- 
bigny ( une du bajocien, une du bathonien, deux du kellowien et deux du 
kimméridgien). 


Le terrain crétacé en renferme également. 


Quelques-unes appartiennent à l’époque néocomienne et à l’é- 
poque aptienne. 


La P. sulcifera, Leymerie (2), est répandue dans le terrain néocomien 
d'Auxerre, de Vassy, du Var, etc. 

La P. Robinaldina, d'Orb. (3), se trouve depuis le terrain néocomien 
d'Auxerre et Marolles jusqu’au terrain aptien. 

La P.rugosa, Roemer (P. gracilis, Phillips) (#), caractérise, suivant ces 
auteurs, l'argile de Speeton et le Hilsconglomerat d’Osterwald; mais cette 
espèce me paraît difficile à distinguer de la P. Robinaldina, d’Orb. 

La P. crassa, Sow., et la P. tetragona, id., non Brocchi (5), appartiennent 
au lower greensand. La dernière se retrouve à Blackdown. 


Les pinnes paraissent manquer au gault ; mais elles sont assez 
abondantes dans les craies chloritées et les craies supérieures. 


M. d'Orbigny (5) a décrit cinq espèces de son terrain cénomanien et une 
du terrain turonien, Sa P. Renauxiana est la même que la P. bicarinata, 
Matheron. Nous avons figuré dans l'Atlas, pl. LXXXI, fig. 2, la P. Gallienei, 
d'Orb., de l’étage cénomanien de la Sarthe et du Calvados. 

La P. pelasunculus, Matheron (7), provient des craies supérieures de Gignac. 

Les espèces d'Allemagne ont été décrites (5) par Goldfuss (cinq espèces) ; 


(1) Deshayes, Traité élém. conch., pl. 38, fig. 3; Leymerie, Statist. géot. de 
l'Aube, pl. 9, fig. 2; d'Orbigny, Prodrome, t. 1, p. 282, 311 et 340; t. IL, 
p. 52. 

(?) Mém. Soc. géol., 1842, t. V, pl. 9, fig. 9. 

(3) Pal. fr., Terr, crét., t. IL, pl. 329 et 330. 

(4) Phillips , Geol. of Yorksh., p. 94, pl. 2; Roemer; Norddeutsch. Ool., 
Supplément, p. 32, pl. 18, fig. 37, et Norddeutsch. Kreideg., p. 65. 

(5) Trans. geol. Soc., 2° série, t. IV, p.130; Min. conch., pl. 313. 

(6) Pal. fr., Terr. crét., t. II, pl. 332 à 336. 

(*) Catalogue, Travaux Soc. stat. Mars., p. 252, pl. 27. 

(8) Goldfuss, Petr. Germ., t. I, pl. 127 et 198 ; Geinitz, Charact., p. 35, 


916 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


Geinitz (P. Cotlai) ; Roemer (P. fenestrata et les espèces de Goldfuss) ; Reuss 
(P. nodulosa, etc.) ; von Hagenow (P. imbricata et triangularis de la craie de 
Rügen), etc. 
La P. sulcata, Woodward (!), provient de la craie supérieure de Norfolk, 
11 faut ajouter quelques espèces inédites indiquées par M. d'Orbigny. 


On en trouve aussi dans les terrains tertiaires. 


On cite (2) dans les terrains nummulitiques la P, pyrenaica, A1. Rouault, 
de Pau, et la P. transversa, d'Archiac, de Biarritz. 

La P, margaritacea, Lamk (3), est répandue dans le calcaire grossier du 
bassin de Paris, les sables supérieurs de Valmondois et les dépôts éocènes de 
Belgique. 

On trouve dans l'argile de Londres (4) les P. aflinis, Sow., et arcuala, id. 
La première de ces espèces se retrouve en Allemagne. 

La P, nobilis, Lin., actuellement vivante, est citée comme fossile dans les 
terrains miocènes de Bordeaux et du Piémont, dans les terrains pliocènes 
d’Asti, etc. M. d'Orbigny n’admet pas ce rapprochement en entier. I attribue 
à une espèce perdue, la P. Brocchii, d'Orb., tous les échantillons miocènes, 
et croit que la P. nobilis, ne se trouve qu’à partir du pliocène (°). L'absence 
de planches et d'échantillons originaux suffisamment bien conservés, m’em- 
pêche de me prononcer sur ce sujet. 

La P. tetragona, Brocchi (P. subquadrivalvis, Lamk), a été trouvée dans les 
terrains pliocènes d’Asti, de Perpignan (6), etc. 

M. Wood (7) cite avec doute, dans le crag d'Angleterre, la P. pectinata, 
Lin. 


L'Amérique septentrionale en a aussi fourni. 


La P. rostriformis, Conrad ($), caractérise les terrains crétacés des États- 
Unis. 


pl. 41 ; Roemer, Norddeutsch. Kreid., p. 65 ; Reuss, Boehm. Kreid., I, p.14; 
von Hagenow, Leonh. und Bronn, Neues Jahrb., 1842, p. 561. 

(1) Geol. of Norfolk, pl. 5, fig. 23. 

(2) A. Rouault, Mém. Soc. géol., 2° série, t. III, pl. 15, fig. 4; d'Archiac, 
id., t. I, pl. 8, fig. 1, et Hist. des progrès, t. IT, p. 268. 

(8) Deshayes, Cog. foss. Par., t. 1, p. 280, pl. 41. 

(£) Sowerby, Min. conch., pl. 313. 

(5) Grateloup, Catal. zool., p. 61 ; Brocchi, Conch. subap., p.388 ; Miche- 
lotti, Desc. foss. mioc. Llal. sept., p. 93 ; d'Orbigny, Prodrome, t. I, p. 125 
et 185. 

(6) Brocchi, Conch. subapen., p. 389. 

(*) Moll. from the crag (Palæont. Soc., 1830, p. 49), 

(8) Journal Acad, Phil., t. VIL 


INTÉGROPALLÉALES. — MYTILIDES. 577 


Les Moures (Mytilus, Linné), — Atlas, pl. LXXXI, fig, 3 à7, 


ont une coquille qui ressemble à celle des pinnes par sa forme 
triangulaire où cunéiforme; mais la région anale est fermée ou 
à peine bâillante, et la coquille n’est pas formée de la double 
couche qui caractérise le genre précédent. La charnière est lon- 
gue et le plus souvent sans dents. Les impressions musculaires 
sont aussi au nombre de deux à chaque valve; l’une grande et 
oblongue est située sur la région anale, et l’autre petite est placée 
sur la région buccale. L'animal a un manteau ouvert sur presque 
toute sa longueur, des branchies formées de quatre larges bandes 
striées et un seul siphon distinet. 

Lamarck a distingué sous le nom de Moniozes, des espèces dans 
lesquelles les crochets sont latéraux (Atlas, pl LXXXI, fig. 4, 
5 et 7), et il a Jaissé le nom de mytilus aux espèces dans lesquel- 
les ils sont terminaux et formentle sommet du triangle (id, fig. 3 
et 6). Mais de nombreuses espèces présentent des transitions si 
insensibles, que presque tous les conchyliologistes sont aujour- 
d'hui d'accord pour rejeter ce genre, dont l'étude des animaux 
ne confirme point l'importance. 

Les moules sont nombreux dans presque tous les terrains. Ils 
vivent aujourd'hui dans la plupart de nos mers, ordinairement 
associés en grandes familles, et les basses marées les laissent fré- 
quemment à découvert. 

On en connaît plusieurs de l’époque primaire. Ils ne paraissent 
toutefois pas antérieurs à la période dévonienne (1). 

Les espèces de cette époque ont surtout été décrites (2) par Phillips (trois 
espèces) ; Goldfuss (Myt. priscus et Mod. antiqua); de Buch (M. cuspidatus, 
d'Elbersreuth );, Münster (huit espèces de mytilus et quatre modiola) ; 
Roemer (M. intumescens, d'Iberg); Richter (M. psammitis, de la Thu- 
ringe) ; M. Rouault (M. Rathieri, de Gahard); etc. 


On en connaît quelques-unes de l'époque carbonifère. 


(!) Les espèces indiquées dans l'époque silurienne paraissent en général 
appartenir à la famille des cœlonotides. 

(2) Phillips , Palæoz. foss., pl. 17 et 60 ; Goldfuss, Petr. Germ., pl. 160 
et 430 ; de Buch, Goniat. et Clym., p. 16, pl. 2; Münster, Beitr. sur Peir., 
t. LL, p. 55, pl. 41 et 12; Roemer, Palæontographica, t. WI, p. 32, pl. 5; 
Richter, Palæont. Thuring , p. 39, pl. 5; M. Rouault, Bull, Soc. géol,, 2° série, 
1851,t. VILLE, p. 389. 

NL. 97 


578 ACÉPHALES ORTHOCONQUES,. 


On trouvera leur description dans les ouvrages (!) de Phillips (trois espèces); 
M’ Coy (Modiola patula, etc.); Sowerby, (M. carinata, ete.); Portlock (deux 
espèces) ; de Verneuil, Keys., et Murch. (M. Teplofi, de Russie), etc. 


Deux espèces sont citées dans l'époque permienne. 


Ce sont (2) le M. squamosus, J. de C. Sow. (Hausmanni, Goldf.), et le 
M. septifer, King (Mod. acuminata, J. de C. Sow., M. Hausmanni, Keys., 
non Goldf.). Ces deux espèces se trouvent en Allemagne et en Angleterre. 

La M. keratophagus, Schl. est une Bakevellia. 


Les dépôts triasiques en ont fourni quelques-uns. 


Le M. eduliformis, Schloth. (M. vetustus, Goldf.), est une espèce bien con- 
nue (3), fréquente dans le muschelkalk (Atlas, pl. LXXXI, fig. 3). 

On trouve (4) le M. minutus, Goldf., dans le keuper d'Allemagne, et le 
M. Beaumonti, Vern., dans le muschelkalk de Russie. Le M. gastrochæna, 
Dunker (°), provient du muschelkalk de Tarnowitz. 

Le comte de Münster et M. de Klipstein ont décrit (6) sous les noms de 
Modiola et de Âlutilus, sept espèces de Saint-Cassian. 


Les espèces sont nombreuses dans le terrain jurassique. 
On en connaît en particulier plusieurs du lias. | 


Les espèces d'Angleterre ont été décrites (7) par Sowerby et Phillips (Mod. 
cuneata, Sow., Hillana, id., lœvis, id., minima, id., scalprum, id.). Cette der- 
nière (Atlas, pl. LXXXI, fig. 4) est une des plus caractéristiques. 

Les espèces d'Allemagne ont été étudiées (8) par Goldfuss (quatre modiola); 
Dunker (Modiola, nitidula, glabrata, et reniculus, d'Halberstadt); Koch et 
Dunker (M. elongata); Roemer (M. ventricosa et depressa), etc. 


(2) Phillips, Geol. of Yorksh., pl. 5; M’ Coy, Synopsis of Lreland, pl. 43 ; 
Vern., Keys., Murch., Pal. de la Russie, pl. 19, fig. 17. 

(2) Voyez surtout King, Permian fossils (Palæont. Soc., 1848, p. 158, 
pl. 14). 

(8) Schlotheim, Petref., pl. 37, fig. 4 ; Goldfuss, Petr. Germ., pl. 128, etc. 

(#) Goldfuss, Petr. Germ., pl. 130; Vern., Keys., Murch., Paléont. de la 
Russie, pl. 22, fig. 2. 

(5) Palæontographica, t. 1, p. 296, pl. 33. 

(6) Münster, Beitr. zur Petref., t. TI, pl. 7; Klipstein, Geol. des oest. 
Alpeñ, pl. 17. 

(7) Sowerby, Min. conch., pl. 8, 210,212 et248; Phillips, Geol. of Yorksh., 
pl. 5 et 14. 

(8) Goldfuss, Petr. Germ., t. IE, pl. 130; Dunker, Palæontogr., t.1, p. 417 
et 178, pl. 17 et 25, Koch et Dunker, Beitr. Ool., p. 22, pl. 7; Roemer, 
Norddeutsch. Ool., p. 91, pl. 4 et 5. Les F. nitidula et reniculus, Dunker, 
sont probablement identiques avec la M. lϾvis, Sow. 


INTÉGROPALLÉALES. —- MYTILIDES. 579 


Les espèces de France sont peu connues. On y retrouye une partie des 
précédentes. M. Buvignier a décrit (1) les M. aviothensis, et subcancellatus, du 
lias de la Meuse, et M. d'Orbigny en indique quelques espèces inédites. 


Elles se continuent abondantes dans les terrains jurassiques 
proprement dits. 


Les auteurs anglais en ont décrit une vingtaine d'espèces (2). L'oolithe infé- 
rieure a fourni la Modiola plicata, Sow., non Gmel. (HM. Sowerbyanus,d'Orb.) 
Atlas, pl. LXXXI, fig. 5; les M. reniformis, Sow., et cuneatus, id., et la 
M. aspera, Phillips. 

MM. Morris et Lycett comptent dans la grande oolithe douze espèces dont 
cinq nouvelles. Quelques-unes sont communes à l’oolithe inférieure. 

Il faut ajouter les M, gibbosa, Sow., et pectinala, id., du kellowien; la 
M. pulchra, Phill., du même gisement; la M. inclusa, Phillips, du terrain 
corallien; le M. pectinatus, Sow., du terrain kimméridgien; la M, pallida, id., 
du portlandien , et le M. Lyelli, id., du terrain wealdien. 

Le nombre des espèces d'Allemagne qui méritent une certaine confiance 
s’élève environ à vingt-cinq, parmi lesquelles il faut compter plusieurs des 
précédentes. Il y a en outre plusieurs espèces douteuses. 

Goldfuss a figuré (3) dix-neuf espèces dont dix mytilus et quatre modiola 
sont nouvelles et nommées par lui ou par le comte de Münster. Les cinq 
autres étaient déjà décrites par Sowerby ou d'autres auteurs. 

Nous citerons surtout dans l’oolithe inférieure, le A. gregarius, Goldf.; 
dans le terrain kellowien, le AZ. gibbosus, Goldf., non Sow.; dans le terrain 
oxfordien, les M. falcatus, Münoster, lenuistriatus, id., semilextus, id., ete. ; 
dans le terrain corallien, le 22. furcatus, Müoster ; dans le terrain kimmé- 
ridgieu, le M. subæquiplicatus, Goldf., etc. 

Zieten a fait connaître (f) le M, muinimus de l’oolithe inférieure de Stuifen- 
berg. 

M. Roemer (5) a décrit, outre les espèces dulias et du hils, cinq mytilus et 
sept modiola. Là-dessus sept sont nouvelles; elles app:rtiennent surtout au 
terrain corallien et aux étages jurassiques supérieurs. Le 1{. jurensis, Mérian, 
est une des espèces caractéristiques du kimméridgien de la Suisse. 

Le terrain oxfordien de Russie renferme quelques espèces qui ont été dé- 
crites par M. d'Orbigny (6). 


(+) Stat. géol. de la Meuse, p. 21e 

(2) Sowerby, Min. conch., pl. 8, 211, 248, 282 et 439; Phillips, Geol, of 
Yorksh., pl. 3,5 et 11; Morris et Lycett, Mol. from the great ool. (Pal. Sue., 
1853, p. 36). 

(3) Petref. Germ., t. IE, pl. 129, 130 et 131. 

(4) Pétrif. du Wurtemb., pl. 59. 

(5) Norddeutsch. Ol., p. 88, pl. 4, à et 6. 

(6) Mureh., Keys. et Vern., Paléont. de la Russie, p. 264, pl, 39. 


580 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


Parmi les espèces de France on peut citer (!) le M. solenoides, Lamk., du 
terrain kellowien; la Mod. acinaces, Leymerie, du corallien de la Rochelle; 
le M. subreniformis, Cornuel, du portlandien de Vassy ; les N. triquetrus, Bu- 
vignier, opisoiles, id., et textus, id , du terrain corallien de la Meuse, et 
vingt-deux espèces inédites citées par M. d'Orbigny (une du bajocien, six du 
bathonien, trois du kellowien, une de l'oxfordien, huit du corallien, deux du 
kimméridgien ct une du portlandien), 


Le terrain crétacé en renferme un grand nombre. 
On en connaît plusieurs des dépôts de l’époque néocomienne 
et de l’époque aptienne. 


M. d'Orbigny (?)ena décrit sept de l'étage néocomien. Le M. sublineatus, 
d'Orb., passe à l'étage aptien où l'on trouve aussi le M. undulatus, d'Orb. 
(Cypricardia undulata, Forbes’, et le M. -abruptus, d'Orb. (olim, lanceolatus, 
d'Orb., non Sow.) qui passe de l'étage urgonien. 

On trouve encore dans le lower greensand (3), le Myt. edentulus, Sow., et 
les Modiola æqualis, id., aspera, id., bella, id., depressa, id., lineata, id., etc. 

Le M. Couloni, Marcou () (inédit), se trouve dans le néocomien de Censeau. 

Les Modiola rugosa, Roemer (5), pulcherrima, id., et angusta, id. non 
Desh. (M. subangustus, d'Orb.), caractérisent le hils d'Allemagne. 


Le gault en renferme peu. 


Le M. albensis, d'Orb., espèce inédite, a été trouvée à Novion et à Cluse ($). 

Nous avons décrit (7) les M. Orbignyanus , Pictet et Roux, Rhodanÿ’, id., 
Giffreanus , id., et Mortilleti, id., du gault des environs de Genève. Notre 
M. gurgitis appartient au terrain aptien et n’est qu’une compression acciden- 
telle du M. simplex, d'Orb. 


Les espèces augmentent dans les craies chloritées et les craies 
supérieures. 


M. d'Orbigny ($) a décrit seize espèces du terrain cénomanien et trois du 


(1) Lamarck, Animaux sans vert., 2° édit., t. V, p. 117; Leymerie, Stat, 
géol. de l'Aube, pl. 10, fig. 2; Cornuel, Mém. Soc. géol., t. IV, p. 287, 
pl. 15; Buvignier, Stal. géol. de la Meuse, p.21 ; d'Orbigny, Prodrome, t. I, 
p. 282, 312, 340 et 370; t. IT, p.19, 53 et 60. 

(2) Paléont. franc , Terr. crét., pl. 337 et 338. 

(3) Trans. geol, Soc., 2° série, t. 1V, pl. 11 et 14, et Min. conch., pl. 8, 
9210, 212 et 439. 

(#, D'Orbigay, Prodrome, t. IF, p. 81. 

(5) Norldeutsch. Ool. geb., p. 93 et supp., p. 33; Kreidegeb., p. 66. 

(6) Prodromne, t. I, p. 138. 

(7) Pictet et Roux, Moll, des grès verts, p. 478, pl, 39 et 40. 

(8) Paléont. fr., Terr, crét., t. HE, pl. 338 à 342. 


INTÉGROPALLÉALES, — MYTILIDES, 581 


terrain sénonien. Il a cité en outre quelques espèces inédites, dont une du ter- 
rain danien de La Falaise. 

Le M. lanceolatus, Sow., le M. inæquivalvis, id., le M. prælongus, id., le 
M. tridens, id., et la Modiola reversa, id., ont été trouvés à Blackdown (!;. 
(M. d'Orbigny réunit les tridens et prælongus au lanceolatus). 

Le M. clathratus, d'Archiac (2) provient de Tournay (tourtia). I s’y trouve 
avec le M. tornacensis, d'Archiac, qui est le mème quele M. Gallienei, d'Orb, 

Les M. Cuvieri, Matheron, et subquadratus, id. (*), appartiennent au 
terrain crétacé supérieur des Bouches-du-Rhône. 

Les espèces d'Allemagne ont été décrites par Goldfuss (#) (M. angustus, 
Münster et ornatus, id., et deux modiola, M. concentrica et radiata , id.); 
Roemer (trois mytilus et deux modiola, dont deux espèces nouvelles) ; Geinitz 
(M. Neptuni, arcacea, ete.); Reuss (dix espèces, dont trois nouvelles); von Ha- 
geuow (M. cretaceus de la craie de Rugen) ; Jos. Muller (sept espèces de la 
craie d’Aix-la-Chapelle dont quatre nouvelles, le faba est un lithodome), etc 


Le terrain tertiaire a fourni aussi de nombreux mytilus. 


Lamarck et M. Deshayes (5) ont fait connaître deux mytilus et douze mo- 
diola du bassin de Paris, Nous avons figuré dans la pl. LXXXI de l'Atlas, le 
Mytilus acutangulus, Desh. (fig. 6), des sables supérieurs de Valmondois, 
du groupe des mytilus proprement dits, et la Mod. subcarinata, Lamk. (fig. 7), 
du calcaire grossier, appartient au groupe des modiola. 

Les Mod. angularis, Desh., et hastata, id., caractérisent les dépôts infé- 
rieurs du département del'Oise où l’on retrouve aussi (6) le M. subantiquus, 
d'Orb. (Dreissena, Melleville). 

La Modiola tenuistriata, Melleville, et la Dreiss. serrala, id. (Mylilus ser- 
ratus, d'Orb.), appartiennent aux dépôts de Cuise-la-Motte. 

Le terrain nummulitique renferme (7) outre une partie des espèces précé- 
dentes, le M. corrugatus, Brong., de Ronca, le X, ellipticus, Bellardi, de 
Nice, le M. subhillanus, d’Archiac, de Biarritz, etc, 


(1) Trans. geol. Soc., 2° série, t. IV, pl. 17, et Min. conch., pl. 439. 

(2) Mém. Soc. géol., 2° série, t. II, p. 306, pl. 15. 

(3) Catalogue, Trav. Soc. stat. Mars., p. 118, pl. 28. 

(*) Goldfuss, Petr. Germ. ,t. IL, pl. 129 et 131; Roemer, Norddeutsch, 
Kreid., p. 66; Geinitz, Characht et Quadersandsteingeb., pl. 10; Reuss, 
Boehm. Kreidef., 11, p. 14; von Hagenow , ZLeonh. und Bronn Neues 
Jahrb., 1842, p. 562; Jos. Muller, Mon. Petr. Aachen., t. 1, p. 34, etc. 

(5) Cog. foss. Par., t. 1, p. 256. 

(6) D'Orbigay, Prodrome, t. II, p. 307; Melleville, Sables tert. inf., Annales 
sc. géol., 1843, p. 39, pl. 2. 

(7) D’Archiac, Hist. des progrès, t. IL, p. 268, et Mém. Soc. géol., 2° série, 
t. LU, pl, 12; Bellardi, id., t, IV ; Brongniart, Vicentin, pl, 5, fig. 6, 


582 ACÉPHALES ORTHOCONQUES, 


L'argile de Londres à fourni (!),outre la M. sulcata, Lamk, les Mod. ele- 
gans, Sow., et subcarinata, id. 


La M, affinis, Sow., 532, provient des dépôts de l’île de Wight. 

Ils sont assez abondants dans les terrains miocène et pliocène. 

M. Nyst (2) a décrit un M. fragilis, Nyst, non Eichw. (subfragilis, d'Orb.), 
du terrain tongrien de Belgique. 

La Modiola cordata, Basterot (3), non Lin., provient de Saucats (Gironde). 

Le M. Faujasü, Brong. (4), a été trouvé à Mayence. 

Le terrain miocène du Piémont (5) en a fourni plusieurs espèces (M. obli- 
tus, Mich., laciniosus, id,, Taurinensis, Bonelli), Quelques espèces, telles que 
le M. mytiloides, Sism., se trouvent à la fois dans le miocène et dans le plio- 
cène. Quelques espèces sont propres à ce dernier gisement. 

Le M. Michelinianus, Matheron, provient des Bouches-du-Rhône (6). 

On cite, en Allemagne, plusieurs des espèces précédentes, et, en outre, la 
M. pygmæa, Philippi (7), et le M. Haidingeri, Hürnes. Le M. carinatus, 
Goldf., est une saxicave. , 

Le crag d'Angleterre, suivant M. Wood (8), renferme deux espèces de my- 
tilus encore vivantes et huit modiola. La M. costulata, Wood, et la M, sericea, 
Bronn, sont les seules espèces éteintes. 

Il faut ajouter (?) quelques espèces de Crimée décrites par M. Deshayes 
(M. rostriformis, Calypso, etc.); des espèces de Bessarabie décrites par 
M. d'Orbigny (M. marginatus, Denisianus, etc.), et des espèces de Wolhynie 
qu’a fait connaître M. Dubois de Montpéreux (M. navicula, plebeius, ete.). 


Les LirHoPhaGEs (Zithophaqus, Mühl., Lithodomus, Cuvier) (1°), 
— Atlas, pl. LXXXI, fig. 8et 9, 

diffèrent des mytilus par leur manteau fermé sur une partie de la 

région buccale et prolongé du côté anal en deux siphons, et par 


(1) Min. conch., pl. 9 et 210. 

(2) Coq. et pol. foss. Belg., p. 268, pl. 24. 

(3) Cog. foss. Bord., p. 79, 

(4) Vicentin, pl. 6, fig. 13. 

(5) Michelotti, Desc. foss. mioc. llal. sept., p. 93; Sysmonda, Synopsis, p. 14, 

(6) Catalogue, p. 179, pl. 28. 

(7) Philippi, Tert. Verst. nordwest. Deutsch., p. 15. 

($) Mollusca from the crag (Palæont. Soc., 1850, p. 52). 

(?) Deshayes, Mém. Soc. géol., t. UE, pl, 4; d’Orbigny, Voyage de M. H. de 
Hell, pl. 5; Dubois de Montpéreux, Conch. foss. plat. Volh., Pod., p. 68, pl. 7, 

(10) Le nom de lithophage doit remplacer celui de lithodome, car il est plus 
ancien, Les mollusques, dont il est question ici, ont été désignés, en 1798, 
par Bolten, sous le nom de LirormaGa, en 1811, par Mühifeld, sous celui 
de LirorxaGus, orthographe qui a prévalu, et, en 1817 seulement, par Cu- 
vier, Sous le nom de Liraopomus. 


INTÉGROPALLÉALES, — MYYTILIDES,. 989 


leurs branchies formées de filaments libres. Ils en différent sur- 
tout parce qu'ils ont la propriété de percer les pierres calcaires 
el les coraux, et d'y former des cavités cylindriques tapissées 
d'un tube calcaire, qu'ils prolongent souvent en dehors de la 
pierre. Les coquilles sont un peu plus difficiles à caractériser : 
on reconnaîtra (outefois en général celles des lithophages, à ce 
qu'elles sont allongées, oblongues, renflées, de manière à ce que 
leur coupe transversale soit circulaire ou subcireulaire. Leurs 
crochets sont fréquemment contournés et rappellent quelquefois 
ceux des isocardes. 

Ce genre, très naturel, doit être séparé des mytilus, mais il est 
souvent difficile de décider dans les espèces des terrains anciens, 
décrites comme des modioles, quelles sont celles qui doivent être 
considérées comme de vrais lithophages. 

Leur existence paraît remonter à l'époque jurassique. 

Les espèces connues les plus anciennes appartiennent à la 
grande oolithe ; on en connaît quelques-unes des étages supé- 


rieurs. 


Les Mod. flabella, Desh., parasitica, id., et inclusa, id., sont de vrais li- 
thophages (1). Ils ont été trouvés, en France, dans la grande oolithe de Luc. 
Les deux derniers sont également cités en Angleterre. 

Le L. Ermaniannus, d'Orb. (2), provient de l’oxfordien de Russie. 

M. Buvignier a décrit (3) deux espèces du terrain oxfordien, qui percent le 
test des gryphées (4. arcoides, Buv., ct oviformis, id.), quatre espèces du 
terrain corallien qui perforent les polypiers, et deux autres qui ont les mêmes 
habitudes dans le calcaire kimméridgien à astartes. Nous avons figuré dans 
l'Atlas, pl. LXXXI, fig. 8, le L. subcylindricus, Buyig., de ce dernicr gise- 
ment. 

Il faut ajouter quelques espèces inédites indiquées par M. d'Orbigny (f) 
(deux de la grande oolithe, une de l’oxfordien et deux du corallien). 


Les terrains crétacés en contiennent un assez grand nombre 
d'espèces. 


M. d'Orbigny en a décrit (5) quatre espèces du terrain néocomien inférieur, 


(1) Deslongchamps, Mém. Soc. Lin. Normandie, 1838, pl. 9; Morris et 
Lycett, Mol. from the great ool. (Palæont. Soc., 1853, p. 42). 

(2) Murch., Keys., Vern., Pal, de la Russie, p. 465, pl. 39. 

(5) Statist. géol. de la Meuse, p. 21, pl. 17. 

(4) Prodrome, t. Y, p. 312 et 371, t. LE, p. 20. 

(5) Pal. franç., Terr. crét., t, I, pl. 344, 345 et 346. 


581 ACÉPHALES ORTHOCONQUES. 


une de l’urgonien d'Orgon (L. avellana), cinq du terrain cénomanien, et deux 
des craies supérieures. 


Il faut ajouter (1) le L. pyriformis, d'Archiac, du tourtia de Tournay, deux 
espèces inédites du Beausset, le L. spathulatus, Geinitz, des craies supé- 
rieures d'Allemagne, et le Myt. faba, Müller, d’Aix-la-Chapelle. 


Les espèces ne sont pas abondantes dans le terrain tertiaire. 


La M. cordata, Lamk, et la M, lüthophaga, id. (L. sublithophagus, d'Orb.), 
Atlas, pl. LXXXI, fig. 9, appartiennent au calcaire grossier. La M. argen- 


tina, Desh., et la M. papyracea, id., caractérisent les sables supérieurs de 
Valmondois (2). 


La M. argentina paraît se retrouver à Dax. 


Le M. lithophagus, Lin., qui est le lithophage actuel le plus commun, se 
retrouve fossile dans les terrains pliocènes de l'Astézan, etc. 


Les DREISSENA, van Beneden (Congeria, Partsch, T'ichogonia, 
Bronn, Mytilina et Mytilomya, Cantraine, Ænocephalus, Mün- 
ster), — Atlas, pl LXXXI, fig. 40 et 11, 


diffèrent des moules parce qu’elles ont trois impressions muscu 
laires à chaque valve, dont une anale énorme, occupant plus de 
la moitié de la largeur, et deux buccales, dont l’une grande, 
placée au-dessous d’une petite cloison de l'intérieur des crochets, 
et l’autre petite sous le ligament. Ce ligament est placé dans une 
fossette interne. Les animaux diffèrent encore plus que les co- 
quilles, car celui des dreissena à un manteau fermé, pourvu de 
deux siphons distincts. 

Ce genre a été établi (?) en 1835 par M. Van Beneden, pour une 
petite espèce qui est très abondante dans les eaux douces ou sau- 
mâtres de la Russie, de la Hollande, de l'Angleterre, etc. La 
même année, M. Partsch a formé son genre CoNGErtA, pour des co- 
quilles fossiles tronvées dans le bassin de Vienne, dans une couche 
argileuse, et qui semblent avoir des caractères identiques avec ceux 
de la dreissena vivante. Ces deux genres doivent être réunis ; il 


(1) D'Archiac, Mém. Soc. géol., 2° série, t. IE, p. 307, pl. 15; d'Orbi- 
gny, Prodrome, t. II, p. 196 et 247; Geinitz, Charact.; Jos. Müller, Monog. 
Petr. Aachen., p. 36, pl. 2. 

(2) Deshayes, Cog. foss. Par., t. 1, p. 267, pl. 38-42. 

(3) Van Beneden, Ann. sc. nat., 2° série, t. II, p.193; Partsch, Ann. du 
Mus. d'hist, nat. de Vienne, 1835. Le nom a souvent été écrit DREYSSENA. 


INTÉGROPALLÉALES, —— TRIDACNIDES. 589 


n’est pas aussi facile de savoir lequel des deux a le droit de priorité. 
Ces mollusques n'ont encore été trouvés que dans les terrains 
tertiaires. 


La D. Brardi (Mytilus Brardi, Faujas) (1), est fréquente dans les tertiaires 
des environs de Mayence, Atlas, pl. LXXXI, fig. 11. 

M. Basterot a confondu avec elle une petite espèce des environs de Bordeaux 
que M. Deshayes nomme M. Basteroti. 

Sowerby en a confondu une autre des terrains éocènes supérieurs de 
Hordwell. C’est la D, Sowerbyi, d'Orbigay (Myt. Brardi, Sow., Dreissena 
Brardi, Morris). 

De nombreuses espèces du bassin tertiaire de Vienne ont été décrites par 
M. Partsch et par M. Goldfuss (2) (Congeria subglobosa, Partsch, palatonica, 
id. Atlas, pl. LXXXI, fig. 10, subcarinata, id., ungula capræ, id., triangu- 
laris, id., Mytilus acutirostris, Goldfuss, M. spathulatus, id., etc.). 


La C. amygdaloides, Dunker, et une variété de la spathulata ont été trou - 
vées (3) dans la mollasse de Gunsburg. 


Il faut ajouter deux espèces de Crimée (4), la Dreissena inæquivalvis (My- 
tilus inæquivalvis, Desh.), et la D. rostriformis (Mytilus rostriformis, Desh.). 


12° Fame. — TRIDACNIDES. 


Les tridacnides sont clairement caractérisées par leur coquille 
épaisse, solide, triangulaire, dont les impressions musculaires 
sont réunies sur le milieu du côté palléal, en sorte qu'elles sont 
des monomyaires pour Lamarck. La charnière est pourvue d’une 
dent cardinale saillante et d’une dent latérale écartée du côté 
anal. Le ligament est extérieur. L'animal est distingué par son 
manteau fermé, ample, à trois ouvertures, et son pied court, 
énorme, entouré de faisceaux de fibres byssoïdes. 


Les TRIDACNES (7ridaena, Lamk, Pelvis, Mühl.), — Atlas, 
pl. LXXXI, fig. 42, 


sont remarquables par les formes bizarres de l’animal et par leur 
coquille régulière, transverse, pesante, à bord palléal sinueux ou 


(1) Faujas, Ann. Mus., t. 18, p. 8, pl. 58; Deshayes, dans Lamarck, Anim. 
sans vert., 2° éd.,t. VII, p. 74; Sowerby, Min. conch., pl. 532; d'Orbigny, 
Prodrome, t. Il, p. 425, t. III, p. 125. 

(2) Partsch, loc. cit. ; Goldfuss, Petr, Germ., t. IL, pl. 129 et 130. Voyez 
aussi Nyst, Cog. et pol. foss. Belg., p. 263. 

(3) Palæontographica, t. I, p. 162. 

(#) Deshayes, Mém. Soc, géol., t. ILE, p. 62, pl. 5. 


586 ACÉPHALES PLEUROCONQUES. 
ondé. La lunule est bâillante, sauf dans une espèce, dont Lamarck 
a fait son genre Hierorus, et qui est d’ailleurs identique avec toutes 
les autres par ses formes essentielles. Les individus très adultes 
ont même ordinairement la lunule close dans toutes les espèces, 
ce qui démontre la nécessité de la réunion de ces deux genres, 
La belle espèce vivante connue sous le nom de BéNrriER, est 
la plus grande et la plus pesante coquille connue, car elle atteint, 
dit-on, le poids de 500 livres. On n’en a encore découvert qu'un 
très petit nombre de fossiles dans les terrains les plus récents. 


Il ne faut, en effet, pas rapporter à ce genre la Tridacna pustulata, Lamk, 
trouvée fossile en Normandie. Cette coquille appartient aux Produetus (Bra- 
chiopodes). 

M. Pusch (1) a décrit une belle espèce des terrains tertiaires de Pologne 
(T. media, Pusch); c'est l'espèce représentée dans l’Atlas: C'est peut-être (?) 
aussi celle qui a été figurée par Mercati sous le nom générique de Crentires. 

M. Risso dit (2) que la T. gigas a été trouvée fossile dans les terrains ter- 
tiaires de Nice (?). Cette espèce vit aujourd’hui dans l’océan Indien. 


2 ORDRE. 
PLEUROCONQUES. 


Ce groupe contient tous les acéphales qui ont une 
station horizontale, étant fixés sur un de leurs côtés. 
Leur coquille est inéquivalve, le plus souvent irrégu- 
lière. Ces mollusques, moins nombreux et moins variés 
que les orthoconques, ont en général une organisation 
plus imparfaite. 

L'ordre des pleuroconques correspond à peu près 
aux Monomyaires de Lamarck, avec cette différence 
que nous n’y comprenons pas les tridacnes, et que par 
contre, nous y plaçons les chamides et les éthérides dont 
l’analogie avec les spondyles et les huîtres nous paraît 
incontestable. 


(1) Polens Palæont., p. 55 ; Mercati, Metallotheca, p. 297, fig. G. 
(2) Europe mérid., t. IV, p. 328. 


ACÉPHALES PLEUROCONQUES. 587 


La petite famille des limides présente une question 
délicate. Les coquilles sont inéquivalves ou subéqui- 
valves et par conséquent des orthoconques pour quel- 
ques auteurs. D'un autre côté leurs formes rappellent 
tellement celles des peignes, et leur charnière et leur 
ligament ont tant d’analogie avec les mêmes parties de 
la plupart des pleuroconques, qu’il est presque impos- 
sible de les en séparer, d'autant plus que l’animal n’a 
pas la station normale des vrais orthoconques et qu’il est 
remarquable par la manière dont il nage en agitant ses 
valves, habitude dont on retrouve des traces dans le 
genre des peignes. Il y a donc une exception à admettre, 
et les limes, quoique équivalves, sont pour nous des pleu- 
roconques, 

On peut caractériser les familles comme suit : 


1° Deux grandes impressions musculaires écartées sur chaque 
valve. Coquille inéquivalve. 

CHamipes : coquille à crochets saillants ; des dents à la char- 
nière. 

ÉTaÉRIDES : coquille très irrégulière, à crochets peu proémi- 
nents; charnière sans dents. 

2 Une grande impression musculaire sur chaque valve. Liga- 
ment large, étalé, quelquefois mulhiple. 

Mazcéacés : coquille irrégulière, test feuilleté, une grande im- 
pression musculaire médiane, accompagnée quelquefois d’une très 
petite impression musculaire buccale située sous les crochets. 

3° Une seule impression musculaire sur chaque valve. Ligament 
étroit, toujours simple. 

A. Coquille équivalve. 

Lines : coquille régulière, test non feuilleté. 

B. Coquille inéquivalve. 

PECriNipEs : coquille régulière ou subrégulière, test non feuil- 
leté, animal muni d’un pied. 

Osrracés : coquille irrégulière, test feuilleté, charnière sans 
dents; animal dépourvu de pied. 


588 ACÉPHALES PLEUROCONQUES. 


Are FamiLze. — CHAMIDES. 


Les chamides ont une coquille inéquivalve, dont les crochets 
sont plus ou moins arrondis et recourbés et dont la charnière est 
formée de dents assez fortes. L'intérieur présente deux impres- 
sions musculaires distinctes. Ce dernier caractère, pour les con- 
chyliologistes qui divisent les acéphales en monomyaires et di- 
myaires, assigne à ces coquilles une place dans le voisinage des 
familles précédentes. Mais les différences qui existent entre les 
valves et la station horizontale de l'animal, nous forcent à Îles 
placer dans les pleuroconques. Elles se distinguent facilement 
d’ailleurs de toutes les familles de cet ordre; car, sauf les éthé- 
rides et les anomides, dont les coquilles irrégulières et sans cro- 
chets recourbés ne peuvent point être confondues avec les cha- 
mides, toutes ces familles sont monomyaires. 

La famille des chamides comprend trois genres : les CAMES, que 
l'on trouve vivantes et fossiles, les DICÈRATES, qu'on ne connaît 
que dans ce dernier état, et les CHAMOSTRÉES (Chamostræa, Roissy, 
Cleidothærus, Statchbury), qui sont représentées dans nos mers 
par une seule espèce et dont on ne connaît aucun représentant 
dans les époques antérieures. 


Les CamEs (Chama, Linné), — Atlas, pl. LXXXI, fig. 13, 


ont une coquille irrégulière, à sommets inégaux, dont la charnière 
est composée d’une seule dent lamelleuse, épaisse, oblique, sub- 
crénelée, reçue dans un sillon de la valve opposée. Le ligament 
est extérieur et enfoncé. La plupart des espèces sont raboteuses, 
écailleuses, ou épineuses. 

Ces coquilles ont été décrites par Adanson, sous le nom de 
Jararonus. Il faut leur réunir les ARGINELLA, Schumacher. 

Les cames vivent dans la mer, attachées par leur grande valve 
aux rochers ou à d’autres corps marins. Leur adhérence est si 
grande qu'on les brise quelquefois en voulant les détacher. Les 
espèces fossiles ne sont pas nombreuses ; on les trouve depuis les 
terrains crétacés. Les espèces citées par divers auteurs comme 
trouvées dans les terrains jurassiques paraissent devoir être rap- 
portées au genre des diceras. Les espèces crélacées appartiennent 
en partie, telles que la C. ammonia, à la famille des rudistes; les 


CHAMIDES. 589 


autres font, comme je le montrerai plus bas, une sorte de transi- 
tion entre les cames et les diceras. 


M. d'Orbigny (!) a décrit la Ch. crelacea, d'Orb., du terrain cénomanien 
d'Aubenton, la Ch. cornucopiæ, id., des craies chloritées de Rouen, et la Ch. 
angulosa, id., de la craie supérieure de Royan. Ces espèces ne sont connues 
qu'à l'état de moule. 

M. Roemer a fait connaitre (?) les Ch. costata, et semiplana. Cette dernière 
me paraît être une huître. La première est douteuse. 

La Ch.supracretacea, d'Orb. (3), provient du terrain pisolithique de Meudon. 


Les espèces sont plus nombreuses et plus normales dans les 
terrains tertiaires. 

M Deshayes (f) a décrit huit espèces des environs de Paris. La Ch. lamellosa, 
Chemnitz, Atlas, pl. LXXXI, fig. 43, la Ch. gigas, Desh., la Ch. calcarata, 
Lamk (punctata, Brug. d'Orb.), et la Ch. sulcata, Desh., caractérisent le cal- 
caire grossier. 

Les Ch. substriata, Desh., papiracea, id., ponderosa, id., et turgidula, 
Lamk (rusticula, Desh.), appartiennent aux sables supérieurs de Valmondois. 
La Ch. plicatella, Melleville (5) caractérise les sables inférieurs de Laon. 

Le terrain nummulitique (6, contient un assez grand nombre d'espèces, 
parmi lesquelles quelques-unes des précédentes. M. d’Archiac a décrit les 
Ch. antescripta, granulosa et subcalcarata, de Biarritz. M. Bellardi a fait con- 
naître la Ch. latecostata, de la Palarea près Nice. 

La Ch. squamosa, Brander (7), paraît avoir été confondue avec la Ch lamel- 
losa. Elle caractérise l'argile de Londres et a été retrouvée dans le terrain 
nummulitique de Bassano. 


Elles se continuent dans les terrains tertiaires moyens et supé- 
rIeurs. 


La Ch. gryphina, Lamk (sinistrorsa, Brocchi), paraît se continuer depuis 
le terrain miocène jusqu'à l'époque actuelle (#). On l’a trouvée à Bordeaux, 
en Italie et dans le bassin de Vienne. 

La Ch. asperella, Lamk, a passé aussi du terrain miocène du Piémont, 
au terrain pliocène et à la Méditerranée. 


(t) Pal..fr., Terr. crét., t. I], pl. 464. 

(2) Norddeutsch. Kreideg., p. 67. 

(3) Bull, sol. géol., 2° série, 1850, t. VII, p. 132. 

(4) Coq. foss. Par., t. 1, p. 245. 

(, Sables tert. inf. (Ann. sc. géol., 1843, p. 38, pl. 2). 

(6) D'Archiac, Hist. des progrès, t. I, p. 267, et Mém. Soc. géol., 2° série, 
t, I, pl. 7; Bellardi, id., t. 1V, pl. I (20), fig. 12. 

(*) Brander, Foss. Hanton., fig. 86 et 87; Sowerby, Min. conch., pl. 348, 

(8) Knorr, WMonum. diluv., t. D. HI, fig. 3-4; Lamarck, Anim. sans verl., 
2H ÉUIE. NC VID: 584: 


590 ACÉPHALES PLEUROCONQUES. 


Les dépôts pliocènes de l’Astezan ont fourni, ea outre (!), la Ch. Procchü, 
Desh., espèce découverte en Morée, la Ch. dissümilis, Bronn, ct la Ch. squa- 
mata, Desh. 

La Ch. dissimilis, Philippi (?), du terrain quaternaire de Sicile n'est pas la 
même espèce que la Ch. dissimilis, Bronn ; M. Deshayes la nomme Ch. Phi- 


lippü. 


Les DicÉRATES (Diceras, Lamk), — Atlas, pl. LXXXI, fig. 14 
et 15, 


ne sont connues qu à l'état fossile. Ce sont de grandes coquilles 
irrégulières et inéquivalves qui ressemblent aux cames, mais qui 
ont des crochets plus grands, divergents, ordinairement contour- 
nés en spirale irrégulière. Elles diffèrent surtout de ce genre par 
leur charnière large et puissante, dont la surface couvre quelque- 
fois le tiers ou la moitié de l'ouverture. Chaque valve porte nne 
forte dent qui est surtout proéminente sur l’inférieure; à côté 
d'elle est une fossette large et profonde, et quelquefois une dent 
plus petite. Le ligament est extérieur. L’impression musculaire 
anale est supportée par une lame saillante qui rappelle un peu 
celle de quelques arches. Le test est formé de trois couches, dont 
j'interne ne présente que des lignes d’accroissement, dont la 
médiane est mince et fragile, et dont l’externe est ornée de des- 
sins en relief. 

Les dicérates ont probablement vécu comme les cames; mais 
l’adhérence a été plus faible et ne laisse souvent que peu de 
traces. On a confondu avec elles quelques coquilles des terrains 
crétacés qui appartiennent à la famille des rudistes, ce qui a 
souvent amené des confusions dans l’usage que l’on en a fait en 
géologie (*). 

Les dicérates les mieux connues (‘) ont été trouvées dans les 
terrains jurassiques et peuvent servir à caractériser l'étage co- 
rallien. 


(1) Sismonda, Synopsis, p. 14 : Deshayes, Expeéd. de Morée, p. 107. 

(2) Enum. moll. Sicil., 1, p. 69, H, p. 50. 

(3) Ainsi le mot de calcaire à Diceras a été employé à tort pour désigner les 
calcaires néocomiens supérieurs à Caprotina ammonia. 

(*) On pourra consulter, sur ce genre remarquable, divers articles de 
M. Deshayes, publiés dans l'Encyclopédie méthodique et le Dictionnaire des 
se. nal., et un Mémoire de M. Favre, inséré dans les Mém. de la Soc. de 
phys. et dhist, nat. de Genève, t. X, p. 163. 


CHAMIDES. 591 


M. G.-A. Deluc a publié (!) une figure de l'espèce du corallien du mont 
Salève. Cette espèce a reçu de M. Defrance le nom de D. Lucii (Atlas, 
pl. LXXXI, fig. 15). 

M. Deshayes et M. d'Orbigny lui réunissent la D. arietina, Lamk, de Saint- 
Mihiel en Lorraine. Je la considère comme une espèce tout à fait différente (?). 

La D. speciosa, Goldfuss (3), est par contre probablement une simple variété 
de la D. arietina. 

Il faut ajouter à ces espèces () la D. sinistra, Desh., dont les crochets sont 
tournés en sens inverse et qui diffère des précédentes par sa charnière ; la 
Ch. minor, Desh., et la Ch. Boblayei, id. 

La Diceras Lonsdallii, Sow., est une caprotine. La D. saxonicum, Geinitz 
(Charact., pl. VII, fig. 1 et 2), ne paraît pas appartenir à ce genre, 


Leur existence est contestable dans l’époque crétacée (5). On 
connaît quelques espèces qui paraissent intermédiaires entre les 
cames et les véritables diceras, et qui, n’étant connues qu’à l'état 
de moules, restent un peu douteuses. 

Elles ont les crochets des deux valves enroulés et saillants, ce 
qui est un caractère dis diceras, tandis que dans les cames la 
valve supérieure est operculiforme. Leur impression musculaire 
anale est également bordée le plus souvent par une côte saillante, 
ce qui est encore une affinité avec &e genre. Si l’on connaissait le 
test, on pourrait mieux encore résoudre la question, car il n’est 
divisé en couches distinctes que chez les diceras. 

Ces réflexions peuvent s'appliquer à la plupart des cames des 
terrains crétacés que j'ai signalées ci-dessus. 


Elles s'appliquent surtout (6) à une petite espèce du gault des environs 
de Genève (D. gaultina, Pictet et Roux, Atlas, pl. LXXXI, fig. 14). 


2e Fame. — ÉTHÉRIDES. 


Les éthérides sont très voisines des chamides par leurs carac- 


(1) De Saussure, Voyages, t. 1, p. 191. 

(2) Voy. le Mémoire précité de M, Favre. 

(3) Petr. Germ.,t. I, pl, 139. 

(#) Deshayes, Traité élém. conchyl., t. I, pl. 90 ; Buvignier, Stat. géol. de 
la Meuse, p. 16. 

(5) I faut transporter dans le groupe des rudistes quelques espèces bien 
connues dont je parlerai plus bas. Je crois qu’il en est de même de la Diceras 
Favri, Sharpe, Quart. journ. geol Soc., 4849, t. VI, p. 183, qui a le facies 
d'une caprotine. 

(5) Mollusques foss, des grès verts, p. 492, pl. 41, fig. 1. 


599 ACÉPHALES PLEUROCONQUES. 


tères essentiels ; elles sont comme elles irrégulières, inéquivalves, et 
ont deux impressions musculaires ; mais les crochets sont courts, 
comme enfoncés dans la base des valves, et la charnière est sans 
dents ; ces différences suffisent pour autoriser leur séparation, 
d'autant plus que l'étude des animaux confirme cette manière de 
voir, et que la plupart au moins des éthérides sont fluviatiles, 
tandis que les chamides sont marines. 

La forme de ces coquilles, leur test feuilleté et leur irrégularité, 
les rapprochent beaucoup des huîtres ; mais la présence de deux 
impressions musculaires montre que ces rapports sont plus ap- 
parents que réels. Ce même caractère, joint à leur apparence gé- 
nérale et à de singulières boursouflures qui se voient à l'inté- 
rieur des valves, les distingue facilement de tous les autres 
pleuroconques. 


Les Éruéres (Ztheria, Lam) (1), 


sont le seul genre connu de la famille. Les espèces vivantes ont 
été d’abord indiquées comme marines, puis la plupart ont été re- 
connues fluviatiles. Elles sont fixées tantôt par une valve, tantôt 
par l'autre. 

Le genre des MuLLERIA, Férussac, n’est fondé que sur des jeunes 
éthéries, dans lesquelles une des impressions musculaires ne se 
distingue qu'avec peine. 

Leur existence à l'état fossile n'a pas encore été constatée 
d’une manière suffisante. 


La seule citation (2) est celle de l’Etheria transversa, Lamk (vivante à Ma- 
dagascar), qui aurait été trouvée dans les terrains crétacés de l’île d’Aix 
(T. cénomanien). Cette citation, très problématique, n’est pas reproduite dans 
le prodrome de M. d'Orbigny. 


3° Famizze. — MALLÉACÉS. 


Les malléacés sont caractérisés par leur coquille plus ou moins 
irrégulière, subinéquivalve, à test feuilleté, dont la charnière al- 
longée présente un ligament intérieur ou submarginal, presque 
toujours épaté, quelquefois multiple et interrompu par des 


(1) Ce nom est écrit quelquefois ÆTBERIA. 
(2) D'Archiac, Mém. Soc, géol., t. I, p. 189; d'Orbigny père, Mém. Mus. 
d'hist. nat.,t. VIN, 


MALLÉACÉS. 593 


crénelures ou des dents. La coquille est dans quelques genres 
échancrée pour le passage d’un byssus, et se prolonge quelquefois 
en oreillettes irrégulières. L'animal est muni d’un pied ; l’impres- 
sion musculaire est très grande, médiane et semblable à l’impres- 
sion unique de tous les autres monomyaires; on distingue, en 
outre, au moins dans quelques espèces (‘), une petite impression 
musculaire buccale sous les crochets. 

Cette famille forme des transitions remarquables aux mytilides 
(orthoconques intégropalléales) ; quelques genres, tels que les 
avicules, ressemblent beaucoup aux pinnes par les formes géné- 
rales de leur animal et par leur byssus, et leurs coquilles sont de 
même composées d'une double couche, dont l'extérieure est fi- 
breuse. On trouve aussi une analogie dans leurs deux impressions 
musculaires inégales; l'inégalité toutefois est bien plus grande 
chez les malléacés. Ces mollusques, du reste, appartiennent aux 
pleuroconques par leur coquille inéquivalve, et la forme de leur 
ligament les rapproche beaucoup des pectinides et des ostracés. 
La connaissance exacte de l'animal de plusieurs genres manque 
encore pour qu'on puisse apprécier complétement la valeur de ces 
rapports. Peut-être faudra-t-il faire une famille spéciale des avi- 
cules; peut-être aussi sera-t-on forcé une fois à réunir les myti- 
lides et les malléacés, comme quelques conchyliologistes l'ont 
déjà proposé. 

Les coquilles des malléacés, en admettant les limites de cette 
famille telles que nous les avons indiquées plus haut, se distin- 
guent de celles des mytilides par l'inégalité de leurs valves. 

Elles diffèrent de celles des pectinides en ce qu’elles sont irré- 
gulières et lamelleuses, tandis que ces dernières ont une forme 
plus régulière et des sillons assez constants qui vont des sommets 
au bord palléal. Le ligament des malléacés est en général plus 
large, plus épaté et quelquefois divisé, externe dans le jeune âge 
et devenant interne par l'accroissement du talon, tandis que ce- 
lui des pectinides forme un faisceau plus limité et toujours inté- 
rieur. Les formes des animaux confirment d'ailleurs ces diffé- 
rences. 


# 

() L'existence de Ja petite impression musculaire buccale est contestée, 
Elle existe certainement dans les Bakevellia. MM. Gray, d'Orbigny, ete., 
l'admettent dans les avicules. MM. Deshayes, King, ete., la nient à l'exemple 
de Lamarck. 

ILE à 


59/4 ACÉPHALES PLEUROCONQUES. 


Elles se distinguent des ostracés par les mêmes caractères du 
ligament et parce que leur coquille, moins irrégulière, a en géné- 
ral une charnière plus longue et moins simple que celle des hui- 
tres et des genres voisins. Les différences principales entre ces 
deux familles existent d’ailleurs dans les formes de l’animal:; car 
les ostracés sont dépourvus de pied, tandis que les malléacés et 
les pectinides possèdent cet organe important. 

Les malléacés ont vécu en abondance à toutes les époques géo- 
logiques. 

On peut les subdiviser en trois groupes : 

1° Deux impressions musculaires développées. 

Genres : Bakevellia, Pterinea, Pteroperna, Myalina (?). 

2° Impression musculaire buccale nulle où presque nulle. 

A. Ligament simple, non divisé. Genres : Avicula, Monotis, 
Vulsella, Trichites, Posidonomya. 

B. Ligament divisé, charnière creusée de fossettes. Genres : 
Crenatula, Perna, Gervilia, Inoceramus. 

Le genre des MARTEAUX (a/leus, Lam.), si remarquable par sa 
forme bizarre et sa longue coquille prolongée vers la charnière 
en oreillettes difformes, n'a pas encore été trouvé fossile (°). 


Les BAkEVELLIA, King, — Atlas, pl. LXXXIT, fig. 1, 


forment un type intéressant par ses caractères et une transition 
remarquable entre les mytilides et les malléacés. Ils ont une co- 
quille inéquivalve, fermée, sauf pour le passage du byssus, à 
charnière longue, prolongée en oreillettes tout à fait semblables à 
celles des avicules, et munie vers ses extrémités de dents linéaires 
peu apparentes, parallèles à sa direction. Entre les crochets et la 
charnière, on remarque une area ligamentaire qui rappelle beau- 
coup celle des arches. Le ligament est étalé sur cette area et divisé 
dans les fossettes qui y sont creusées. L’impression musculaire 
anale est un peu plus grande et un peu plus médiane que la buc- 
cale ; mais cette dernière est bien visible et aussi développée que 
dans les mytilides. 

On voit par cette description que les bakevellia ont la plupart 
des caractères des mytilides, mais qu'ils en diffèrent par leur 
coquille inéquivalve et par leur ligament divisé, caractères qui les 


(*) Le Malieus orbicularis, M° Coy, Syn, of 1reland, p. 87 est une avicule, 


MALLÉACÉS, 595 


rapprochent au contraire des aviculides. Ils ont aussi des rapports 
incontestables avec la famille provisoire des cœlonotides, dans 
laquelle nous avons placé les genres paléozoïques à long ligament 
et à charnière linéaire, mais en y comprenant seulement des co- 
quilles équivalves. Ils en ont enfin avec les orthonota; mais ces 
dernières sont trop mal connues pour permettre une comparaison 
rigoureuse. 

Je ne connais aucune bakevellia citée ailleurs que dans les ter- 
rains permiens. Il est toutefois possible (et mème probable) que 
quelques espèces des terrains plus anciens ont été confondues 
avec les ptérinées ou avec les genres paléozoïques dont je viens de 
parler. 

M, King (!) en a décrit cinq espèces des dépôts permiens d'Angleterre. 

La première est connue depuis longtemps, et a été décrite par Schlotheim, 
sous le nom de Mytilus keralophagus, et sous celui d’Avicula keratophaga 
par la plupart des auteurs, Elle se trouve aussi en Allemagne. 

La seconde est l’Avicula antiqua, Münster (2), qui se trouve aussien Alle- 
magne. C’est l'espèce figurée dans l'Atlas. Les autres sont nouvelles (B. tu- 
mida, King, bicarinata, id., et Sedgwickiana, id.). 


Les PTÉRINÉES (Pferinea, Goldfuss), — Atlas, pl. LXXXII, 
fig. 2 et 3, 


ont la forme des bakevellia et des avicules; elles se rapprochent 
beaucoup des premières par leurs impressions musculaires, dont 
la buccale est bien développée et dans les mêmes rapports avec 
l’anale. Elles leur ressemblent aussi par leur charnière composée 
de deux ou de plusieurs denis linéaires, parallèles, situées sous 
les crochets et accompagnées de quelques dents accessoires écar- 
tées. Elles paraissent en difiérer par leur ligament, qui est inté- 
rieur et non divisé, ainsi que par l'absence d'area ligamentaire 
et de fosseites. 

Ces mollusques appartiennent à l’époque primaire (°). 

Goldfuss en a décrit quatorze espèces du terrain dévonien. Nous avons 
figuré, dans l'Atlas, pl. LXXXII, la P. lœuis, Goldf., fig. 2, et la P. elon- 
gata, id., fig. 3. 

La R. Osiasia, M. Rouault, à été trouvée dans le dévonien de Bretagne, 

(t) Permian fossils (Palæont. Soc., 1848, p. 166, pl. 14). 

(2) Goldfuss, Petr. Germ., t. I, p. 126, pl. 116, fig. 7. 

(8) Petr. Germ., t. 11, pl. 119 et 120; M. Rouault, Zull. Soc, géoi., 2 série, 
1851, t. VITE, p. 392; Conrad, Journ, Acad, Plil., t. VIH, p. 251, 


506 ACÉPHALES PLEUROCONQUES. 


M. Conrad en a fait connaître trois des terrains paléozoïques de l'Amérique 
septentrionale. 


Les PreroPerNA, Morris et Lycelt, — Atlas, pl. LXXXIT, fig. 4, 


ressemblent singulièrement aux ptérinées et n'en forment proba- 
blement qu’un sous-genre. Elles ont comme elles une impression 
buccale bien marquée. Elles en diffèrent par la disposition des 
dents postérieures de la charnière, qui, dans les ptérinées, s’éten- 
dent jusqu'à l'impression musculaire, tandis que dans les ptero- 
perna, ces dents ne dépassent pas le bord de la charnière et lui 
restent parallèles. Elles s'en distinguent aussi par les dents anté- 
rieures, beaucoup plus nombreuses dans les pteroperna, et par 
l'impression musculaire anguleuse chez les ptérinées, arrondie 
dans les pteroperna. On reconnaîtra extérieurement la coquille 
de ces dernières à un sillon allongé du côté anal. 

Les pteroperna ont remplacé les ptérinées dans les terrains ju- 
rassiques, et il faudra probablement rapporter à ce genre plu- 
sieurs espèces confondues avec les avicules parce qu’on ne connaît 
pas leurs caractères internes. 


MM. Morris et Lycett ont décrit (!) trois espèces de la grande oolithe 
d'Angleterre, savoir la Gervilia costulata, Deslongch., et deux nouvelles. La 
première est figurée dans l'Atlas. 


Les Myazixa, de Koninck, — Atlas, pl. LXXXIT, fig. 5, 


sont encore très imparfaitement connues sous le point de vue de 
leurs attaches musculaires, mais paraissent se rapprocher des 
mytilus par leurs formes extérieures et en différer par leur liga- 
ment, qui recouvre une large facette, traversée dans le sens de sa 
longueur par un grand nombre de petits sillons très apparents, 
parallèles entre eux et au bord cardinal, organisation qui rappelle 
la charnière des ptérinées. Les crochets sont aigus, terminaux, 
petits, un peu recourbés, et ont à l'intérieur une petite lame qui 
ressemble à celle des dreissena. 

Leurs rapports zoologiques sont encore très incertains. Je crois 
qu'on peut provisoirement les rapprocher du groupe dont les 
ptérinées forment le type principal. 

On n'en connaît que des terrains carbonifères. 


(1) Mollusea from the great ool. (Palæont. Soc., 1853, p. 16, pl. 2). 


MALLÉACÉS. 597 


M. de Koninck (1) a décrit trois espèces des terrains carbouiferes de Belgique, 
les M. Goldfussiana, lamellosa (Atlas, pl. LXXXIL, fig. 5), et virgula. 


Les Avicues (Avicula, Klein), — Atlas, pl. LXXXIL, fig. 6 à 8, 


ont une coquille nacrée, à charnière linéaire, formée par une ou 
deux dents calleuses très souvent effacées. La valve supérieure 
est bombée; l'inférieure est échancrée à sa base pour le passage 
du byssus. Le ligament semi-extérieur est logé dans une cavité 
oblique, triangulaire, canaliculée, élargie à sa base. 

La plupart des coquilles de ce genre se distinguent, en outre, 
par leur bord cardinal prolongé à ses deux extrémités en des ap- 
pendices allongés, qui les ont fait comparer à un oiseau qui vole. 
Ces espèces, ordinairement minces et fragiles, sont celles aux- 
quelles Lamarck avait réservé le nom d’Avicuza ; elles sont faciles 
à distinguer par leur forme bizarre. 

D'autres espèces plus épaisses, caractérisées aussi par une 
charnière droite et par l’échancrure du byssus, n’ont presque 
point de prolongements. Elles ont été désignées par Lamarck sous 
le nom de PiNrTapiNEs où MeLEAGRINA, par Muhlfeld sous celui de 
MarGaririPaorA, et par M. Leach sous celui de Marçarira. C’est 
à cette division qu'appartient la coquille célèbre qui fournit la 
nacre et les perles d'Orient. Des liaisons insensibles unissent ce 
genre avec le précédent, et les conchyliologistes sont maintenant 
d'accord pour ne pas les séparer. 

Les HaLoBra, Bronn, paraissent aussi ne différer des avicules 
que par des détails de peu d'importance dans la forme extérieure, 
en particulier par leur contour plus régulier. 

Le genre des AucELLA, Keyserling (?}, a été créé pour une asso- 
ciation d'espèces, dont une partie sont des avicules et dont les 
autres paraissent être des inocérames. 

Je suis également embarrassé pour trouver des caractères dis- 
tinctifs précis, entre les AuBonycuia, Hall, et les avicules. On ne 
connaît (*) pas la charnière de ces fossiles des terrains anciens, 
qui peuvent aussi être des Perna, etc. 

Le test des avicules, qui est surtout facile à étudier dans les 


(1) Desc. anim. foss. carb. Belq., p. 125, pl. 3 et 6. 
(2) Petschora Land, p. 298. 
(3) Paleont, of New-York, t. 1, p. 163, pl. 36. 


598 ACÉPHALES PLEUROCONQUES. 


grandes pintadines, est composé, comme celui des pinnes, de 
deux couches bien distinctes. L'intérieure est formée par la nacre; 
l'extérieure consiste en couches superposées, composées de fibres 
perpendiculaires au plan des couches. 

Les avicuies se trouvent dans tous les terrains et paraissent en 
particulier avoir formé une partie essentielle des faunes des ter- 
rains anciens. 

On les trouve dès l’époque silurienne. 


Sowerby (!) en a fait connaître quelques-unes des sables de Caradoc (silu- 
rien inférieur), et des roches de Ludlow (silurien supérieur). Nous avons 
figuré dans l'Atlas, pl. LXXXIL, fig. 6, l'A. reticulala, Sow., de ce dernier 
gisement. 

Sous fe nom de À. retroflexa ont été confondues trois espèces ; l’une 
(Hall) provient d'Amérique, un autre (Hisinger) de Suède, et une troisième 
(Sow.), d'Angleterre. Le nom doit rester à celle d'Hisinger. 

Il faut ajouter (2?) quelques espèces inédites citées par M. d'Orbigny et 
quelques espèces d'Amérique. 


Les espèces sont très abondantes dans le terrain dévonien. 


Une dizaine d'espèces ont été signalées par MM. Sowerby et Phillips (3). 

Les terrains dévoniens du bassin du Rhin, du Hartz, etc., ont fourni une 
vingtaine d'espèces, qui ont été décrites par Goldfuss (f) ; (einq espèces) le 
comte de Münster ; Roemer (cinq espèces du Hartz) ; d’Archiac et Verneuil; 
de Buch, Richter, etc. 

Il faut ajouter de nombreuses espèces d'Amérique. 


Les dépôts carbonifères en ont aussi une grande quantité. 


M. Phillips () en a fait connaître quelques-unes du terrain carbonifère de 
Bolland; et M. Sowerby un petit nombre de Coalbrook Dale. 
M. M’ Coy en a figuré une grande quantité, soit sous le nom d’Avicula, 


(1) In Murchison, Sil. syst, pl. 3, 5, et 20. 

(2) D'Orbigny, Prodrome, t. F, p. 13 et 53. 

(3) Sowerby, Trans. geol. Soc., t. V, pl. 54 et Si. syst., pl. 3; Phillips, 
Palæozorc fossils, pl. 22 et 23. 

() Goldfuss, Petr. Germ., pl. 125 et 160; Münster, Beitr. zur Petref., 
t. I, p. 54 et t. V, p. 118, pl. 11; Roemer, Harzgeb., p. 24, pl. 6, et 
Palæoniographica, t. I, p. 26, pl. 4; d’Archiac et Vern., Mém. Soc. géol., 
pl. 36; de Buch, Gonial. et Clym., p. 17, pl. 2; Richter, Palæont. Thuring., 
p. 44, pl. 5. 

(6) Phillips, Geol. Yorksh., t. Il, pl. 6; Sowerby, Trans. Soc, geol. 
Soc., 2®série,t..V: 


MALLÉACÉS,. 599 


soit sous celui de Meleagrina (1), ete. M. d'Orbigny réunit à ce genre une 
foule d'espèces décrites par le même auteur comme des pecteu, etc. 

L'A. papyracea, Goldfuss (Pecten, papyraceus, Sow., 354, non Avicula 
papyracea, Sow.), provient du terraia carbonifère de Essen (2) ; l'A. subpapy- 
racea, Vern., Murch. et Keys., du terrain carbonifère de Russie. 

M. de Kouinck (3) a étudié les espèces du terrain carbonifère de Belgique. 
Il en compte quinze espèces dont cinq avaient déjà été décrites par M. Phillips, 
Il faut en retrancher l'A. tumida, de Kon., non de Buch, qui est une Monotis. 


On en cite quelques-unes de l'époque permienne; mais parmi 
les espèces indiquées, il y a des bakevellia et des monotis à re- 
trancher. 


Je crois qu’on peut considérer comme de vraies avicules l'A. impressa, 
Keyserling, non Münster (Keiserlingü, d'Orb.}, l'A. arcana, Keys., et proba- 
blement, l'A. loratu, id. Ces trois espèces proviennent de Russie (#). 

Les 4, antiquata, Münster, et keratophaga, Sch., sont des Bakevellia, 

Les À. speluncaria, Keys., Kasanensis, Vern., non Gein., et Kasanensis, 
Gein., sont des monotis. 


Le terrain triasique en à fourni plusieurs 


Goldfuss a figuré (5) trois espèces du muschelkalk (4. sociulis, Bronn , 
Bronnii, Alberti, etcrispata, Goldfuss), deux espèces du keuper (A subcostata, 
Goldf., et lineata, id.), et deux espèces du grès bigarré (4. acuta, Goldf., et 
l'A. Alberti, Münster) (6). : 

Le comte de Münster et M. Klipstein ont décrit (7) beaucoup d’avicules de 
Saint-Cassian. Les unes ont les formes normales du genre (4. alternans, Münst., 
bifrons, etc.) D'autres sont remarquables par leur forme gryphoïde (4. gry- 
phœata, Münst., tenuistria, id., etc.). Plusieurs sont des Bakevellia (A. kera- 
tophaga, Münst., non Schlot., antiqua, id., etc.). Quelques-unes enfin sont 
des monotis (M. salinaria, inϾquivalvis, ete.). 


(1) Synopsis of Ireland ; d'Orbigny, Prodrome, t. 1, p. 135. Je ne connais 
pas les genres Lanisres, M° Coy, et Preronires, id., que M, d'Orbigny associe 
aux avicules. 

(2) Petr. Germ., t. A, pl. 446, fig. 5, Murch., d’Arch. et Vern., Paleont, 
de la Russie, pl. 21, fig. 3. 

(3) Desc. anim. foss. carb. Belg., p. 128, pl. 1 à 6. 

(4) Petschora Land, p. 250, pl. 10. 

(5) Petr. Germ., t. I, p. 128, pl. 417. 

(6) Il ne faut pas confondre cette espèce avec la Monotis Alberti, Goldfuss. 

(7) Münster, Beitr. zur Petref., t. IV, p. 75, pl. 7; Klipstein, Geol. der 
oestl. Alpen, pl. 15 et 16. 


600 ACÉPHALES PLEUROCONQUES. 


Les véritables avicules ne sont pas nombreuses dans le lias. 


L’A. inæquivalvis, Goldf., Zieten, non Sow. (sinemuriensis, d'Orb.), carac- 
térise le lias inférieur de France, d'Angleterre et d'Allemagne (1). 

Goldfuss a décrit en outre (?) les À. gracilis, Goldf., et elegans, id. 

L’A. sexcostata, Roemer (3), provient du lias des environs de Goslar. 

On trouve dans le lias d'Angleterre l’A. lanceolata, Sow., 512, et l'A. 
Cygnipes, Phillips (A. longicostata, Stutchbury) (#). 


M. d'Orbigny indique une espèce inédite dans le lias inférieur et une dans 
le lias supérieur. 


Elles se continuent sans être abondantes dans les dépôts juras- 
siques proprement dits. 


Les espèces d'Angleterre ont été étudiées principalement (5) par Sowerby, 
Phillipps, Portlock, Morris et Lycett. On en connaît environ une dizaine 
d'espèces réparties comme suit : L’oolithe inférieure et la grande oolithe en 
renferment cinq (la Gastrochæna tortuosa, Sow.; et les À. costata, Sow., 214. 
A. echinata, Sow., 243, À. ovata, Sow., 512, et À. Bramburiensis, Phil.) ; 
les roches de Kelloway, une (A. inϾquivalvis, Sow., 244, non Goldf.); le ter- 
rain corallien trois (A. ovalis, Phill., elegantissima, id., et l'A. expansa, 
Phill., qui se trouve aussi dans l’oxfordien). L’A. contorta, Portlock, provient 
d’un gisement oolithique non précisé. 

Goldfuss (6) a figuré six espèces, l'A. Munsteri (identique, suivant M. d'Or- 
biguy, avec l’À. digitata, Desh.), et l'A. rugosa, Münster, de l’oolithe ferrugi- 
neuse ; l’A. tegulata, Goldf., de la grande oolithe; l'A. hybrida, Munster, de 
Bamberg ; l'A. ornata, Goldf., de l’oolithe du nord de l’Allemagne, et l'A. 
modiolaris, Münster, de Pappenheim. 

Il faut ajouter (7) quelques espèces décrites par Roemer (A. multicostala, 
et spondyloides, du corallien de Hanovre) ; Koch et Dunker (4. Goldfussii, 
pygmæa, ete.). 

Cinq espèces des terrains oxfordiens de Russie ont été indiquées par 


(1) Goldfuss, Petr. Germ., pl. 118, fig. 1 ; Zieten, pl. 55, fig, 2. 

(2) Petr. Germ., pl. 117, fig. 7 et 8. 

(3) Norddeutsch. Ool., p. 87, pl. 4, fig. 4. 

(#) Geol. of Yorksh., 1, pl. 14, fig. 3; Stuchbury, Ann. and mag. of nat. 
hist., 1839, p. 63, fig. 28. 

(5) Sowerby, Min. conch., pl. 214, 243, 244 et 512; Phillips, Geol. of 
Yorksh. ; Portlock, Geol. report, p. 126; Morris et Lycett, Moll. from the 
great ool. (Palæont. Soc., 1853, p. 15, pl. 2). 

(6) Petr. Germ., t. H, p. 131, pl. 118 et 121. 

(7) Roemer, Norddeutsch. Ool., p. 86; Kock et Dunker, Beitr. Ool., p. 37 
et 42, pl, 3 et 5, 


MALLÉACÉS. 601 


MM. Murchison, Keyserling et de Verneuil (1). C'est sur des espèces de ce gi- 
sement que M Keyserling à fait en partie le genre AucezLA dont j'ai parlé 
plus haut. 

Parmi lesespèces de France, on peut citer l'A. digitala, Deslongschamps (2), 
de l’oolithe inférieure de Normandie qui, comme je l’ai dit plus haut, est 
probablement la même que l'A. Munsteri, Goldf. 

D. Buvignier (3) a décrit l'A. obliqua, du terrain portlandien du départe- 
ment de la Meuse. 


M. Cornuel (f) a fait connaître l'A, rhomboïdalis du terrain portlandien 
de Wassy. 


M. d'Orbigny cite (5) seize espèces inédites des terrains jurassiques, répar- 
ties dans tous les étages. 


Les avicules se continuent dans l’époque crétacée. 


On en connaît quelques-unes des terrains néocomiens et ap- 
tiens. 


Les À. Carteroni, d'Orb. (Atlas, pl. LXXXIT, fig. 7), Coltaldina, id., ct 
Cornueliana , id., caractérisent le terrain néocomien d'Auxerre et de Saint- 
Dizier (6). 

L’A. allodiensis, Math. (7), a été découverte dans le terrain néocomien du 
midi de la France. 

Le lower greensand d'Angleterre a fourni (8) les À. pectinata, Sow., lan- 
ceolata, Forbes non Sow., depressa, Forbes non Münster, et ephemera, Forbes. 


L'A. Rhodani, Pictet et Roux (?), provient des grès aptiens de la perte du 
Rhône, 


M. d'Orbigny ajoute (10) une espèce inédite du terrain aptien, l'A. aptiensis, 
d'Orb. 


On n’en connaît qu'une du gault. 


C’est l'A, Rauliniana, d'Orb. (11), de Grand-Pré. 


(1) Pal. de la Russie, p. 474, pl. 42; Keyserling, Petschora Land, p. 299, 
pl. 16. 


(2) Mém. Soc. Lin. Normandie, 1837, p. 40, pl. 1. 

(3) Stat. géol. de la Meuse, p. 22, pl. 16. 

(4) Mém. Soc. géol., t. IV (1840), p. 288, pl. 15. 

(5) Prodrome, t. 1, p. 283, 313, 341, 372, ett. Il, p. 21, 53 et 60. 

(6) Paléont. fr., Terr. crét., t. IE, p. 470, pl. 389 et 390. 

(7) Catalogue, p. 175, pl. 25. 

(8) Sowerby, Trans. geol. Soc., 2° série, t. IV, pl. 14, fig. 3; Forbes, 
Quart.Journ. geol. Soc., t, I, p. 247, pl. 3. 

(°) Moll. des grès verts, p. 494, pl. 41. 

(10) Prodrome, t. IL, p. 119. 

(1) Pal. franç., Terr. crét., t. IX, p. 474, pl. 391. 


602 ACÉPHALES PLEUROCONQUES. 


Elles sont plus nombreuses dans les craies marneuses et les 
craies supérieures. 


L’A. anomala, Sow., provient de Blackdown, et l'A. gryphæoïdes, id., du 
grès vert supérieur de Petersfield (1). 

M. d'Orbigny a décrit (?) et figuré, outre l'A. anomala, Sow., quatre es- 
pèces du Mans et de la Malle (7. ceénomanien). Il a ajouté une espèce inédite 
de ce dernier gisement, une du turonien et une du sénonien. 

L'A. cœrulescens, Nilsson (#), provient des craies de Suëde et d'Alle- 
magne. 

Les espèces d'Allemagne sont nombreuses. Elles ont été décrites par Gold- 
fuss (#) (quatre espèces dont trois nouvelles); Roemer (cinq espèces dont deux 
nouvelles); Reuss (neuf espèces dont huit nouvelles); von Hagenow (4. sub- 
nodosa) ; Jos. Müller (trois espèces dont une nouvelle), ete. 


Les terrains tertiaires en renferment moins que les terrains 
anciens. 


Lamarck et M. Deshayes (5) en ont décrit trois espèces des environs de 
Paris. Les À. trigonata, Lamk, et l'A. imicroptera, Desh., caractérisent le 
calcaire grossier. L’4. fragilis, Defr., se trouve à la fois dans ce gisement et 
dans les grès marins supérieurs (Atlas, pl. LXXXIL, fig. 8). 

M. d'Orbigny (6) indique une espèce inédite (4. Levesquei, d'Orb.) des dé- 
pôts inférieurs de Cuise--la-Motte. 

Les À. arcuatu, Sow., media,, id., et papyracea, id., appartiennent à l’ar- 
gile de Londres (7). 

L’A. phalenacea, Lamk ($), caractérise les terrains miocènes de Bordeaux 
et de Turin. 

L’A. media, Sism., non Sow. (submedia, d’Orb.), a été trouvée dans le 
terrain pliocène d’Asti (?). 

On trouvera aussi l'indication de quelques espèces d'Amérique. 


(1) Trans. geot. Soc., 2° série, t. IV, pl. 11 et 17. 

(2) Pal. franç., Terr. crét., t. IL, p. 476, pl. 391 et 392; Prodrome, t. IL, 
p. 168, 197 et 249. 

(3) Petref. suecana, pl. 3, fig. 49. 

(4) Goldfuss, Petr. Germ., t. WI, pl. 118; Roemer, Norddeutsch. Ool., 
p. 64; Reuss, Boehm. Kreidef., I, p. 22; von Hagenow, Leonh. urd Bronn, 
Neues Jahrb., 1842, p. 599; Jos. Müller, Mon. Petr. Aach., I, p, 29, etc. 

(5) Coq. foss. Par..t. I, p. 288. 

(6) Prodrome, t. Il, p. 326. 

(7) Trans. geol. Soc., 2° série, t. V, pl. 8, et Min. conch., pl. 2. 

(8) Anim. sans vert., 2° édition, t. VI, pl. 450. 

(9) Sismonda, Synopsis, p. 14. 


+ 


MALLÉACÉS. 603 


Les Moxoris, Bronn, — Atlas, pl. LXXXIT, fig. 9, 


sont considérées par plusieurs auteurs comme ne différant pas gé- 
nériquement des avicules ; je crois cependant qu'il ÿ a des motifs 
suffisants pour les en distinguer. Je ne mets pas d'importance, 
ilest vrai, aux caractères qui ont été en général mis en première 
ligne, savoir, l’inflexion brusque que forme le bord, là où passe le 
byssus, et la brièveté des oreillettes. Elles présentent, en outre, 
le fait que le ligament n'y est point étendu comme dans les 
avicules, mais restreint à une fossette subtriangulaire qui rap- 
pelle tellement celle des peignes, que l’on pourrait hésiter sur la 
convenance de placer ce genre dans la famille des pectinides. Il 
faut #jouter que les observations microscopiques de M. Carpenter 
ont montré que, dans quelques espèces au moins, le test n'est 
point nacré et a la structure de celui des pectinides et non de 
celui des malléacés. 

Mais ea admettant ce genre, je dois reconnaître la difficulté de 
distribuer les espèces entre les avicules et les monotis. Lorsque 
l’attention des paléontologistes aura été attirée sur leurs diffé- 
rences, on arrivera probablement à augmenter le nombre de ces 
dernières. 

Elles paraissent avoir commencé avec l’époque permienne (t). 


M. King (2) rapporte à ce genre l'Avicula speluncaria, Sch. (4. gryphæoides, 
J. de C. Sow. Atlas, pl. LXXXII, fig. 9), et l'A.radialis, Phillips, Il y ajoute 
la Monotis garforthensis, King. 


Elles se continuent dans le terrain triasique. 


On trouve dans le muschelkalk la Monotis Alberti, Goldf. (3). 

Les dépôts salifériens de Salzbourg ont fourni la M. salinaria, Bronn, la 
M. inœæquivalwis, id., et la M, lineala, Münster (f). 

On trouve à Saint-Cassian (5) cette même M, œquivalvis, et quatre autres 
espèces décrites par le comte de Münster. 


(*) Je ne connais pas la Monolis æqualis, M'Coy, du terrain carbonifère 
d'Irlande. 

(2) Permian fossils (Palæont. Soc., 1848, p. 154, pl. 13). 

(8) Petr. Germ., t. Il, p. 138, pl. 120. 

(*) In Goldfuss, id. 

(5) Beitr. zur Petr., t. IV, p. 78, pl. 7. 


60/4 ACÉPHALES. PLEUROCONQUES. 
Elles ne dépassent pas l’époque jurassique. 


Goldfuss a figuré (!) la M. substriata, Münster, du lias, la M. decussata, 
id., de l’oolithe inférieure de Westphalie, et la M. similis, id., du terrain 
jurassique de Bavière. 


Les VuLseLLes { Vulsella, Lamk), — Atlas, pl. LXXXIE, fig. 40, 


ont été classées {antôt dans la famille des malléacés, tantôt dans 
le voisinage des huîtres. Cette question ne pourra être résolue 
que lorsqu'on connaîtra l'animal et qu'on saura s'il à ou non un 
pied. 

Elles ont une coquille longitudinale, subéquivalve, irrégulière, 
libre, à crochets égaux. La charnière présente sur chaque valve 
une callosité saillante offrant l'impression d'une fossette conique, 
obliquement arquée et destinée à recevoir le ligament. 

Ces mollusques, qui ressemblent aux huîtres. ne se fixent point 
comme elles, mais restent libres ; ils se logent souvent dans cer- 
tains corps sous-marins, tels que les alcyons et les éponges. 

Leur existence à l’état fossile est douteuse, car quelques auteurs 
associent aux huîtres les espèces qui ont été décrites sous ce nom. 


La V. turoniensis, Dujardin (2), a été découverte dans la craie de Touraine. 

La V. falcata, Goldfuss (3), provient des terrains nummulitiques du Kres- 
senberg (Atlas, pl. LXXXIT, fig. 10). 

La V. deperdita, Lamk (4), se trouve dans le calcaire grossier du bassin 
de Paris, 


Les TricmiTEes, Lhwyd (Pinnogène, de Luc), — Atlas, pl. LXXXIT, 
fig: 41%et12; 


sont de grosses coquilles remarquables par leur structure fibreuse 
et par leur énorme épaisseur. Les échantillons complets sont très 
rares, en sorte que leurs caractères ne sont qu'imparfaitement 
connus. 

Le premier auteur qui les a mentionnées est Plot (5); il les à 
désignées sous le nom de trichites en les considérant comme un 


(1) Petr. Germ.,t. If, p. 138, pl. 120. 

(2) Mém. Soc. géol., 1835, t. Il, p. 228, pl. 15, fig. 1. 

(8) Petref. Germ., t. LI, pl. 107, fig. 10 

(£) Deshayes, Cog. foss. Par.,t. 1, p. 374, pl. 65, fig. 4 à 6. 
(5) Historia Oxon., pl. T, fig. 7. 


MALLÉACÉS. 605 


produit minéral Lhwyd, en 1689, les a placées dans les fossiles 
incertæ classis, mais en indiquant qu'un examen plus attentif les 
fera probablement reconnaître pour des coquilles bivalves. Wood- 
ward les à associées aux catillus. Ces fossiles ont été étudiés 
d'une manière plus complète par M. G.-A. de Luc(') sur des 
échantillons trouvés dans le terrain corallien du mont Salève. 

Ce savant paléontologiste reconnut dans leur test, composé de 
fibres perpendiculaires à la surface de la coquille, une analogie 
évidente avec les pinnes. IT fit observer en même temps que les 
pinnigènes en diffèrent parce qu'elles sont composées d’une valve 
aplatie et d’une convexe. 

Ici se présente une question de priorité. Doit-on employer le 
nom de trichite, qui est le plus ancien, ou celui de pinnogène, 
qui correspond à la première description rationnelle du fossile? II 
nous sèmble que la première alternative est la plus équitable, 
par le motif que Lhwyd y à bien su voir des coquilles bivalves, et 
que G.-A. de Luc, tout en ajoutant quelques faits à leur histoire, 
a eu le tort de ne pas avoir reconnu dans ces fossiles les trichites 
des anciens auteurs. 

J'ai dit plus haut que les caractères de ce genre n'étaient en- 
core connus que d'une manière incomplète (?). Voici ce qu'on en 
sait de plns précis : 

La coquille est épaisse, inéquivalve, close, ovoïde, subtrigone 
ou subcarrée, formant une pointe vers les crochets, qui sont creu- 
sés en canal. La valve convexe est profonde et épaisse; l’autre 
est plate. Le bord cardinal est irrégulier et paraît avoir logé un 
ligament simple et semi-intérieur comme chez les pinnes. La char- 
nière est dépourvue de dents. L’impression musculaire est sub- 
centrale, simple. Les ornements consistent ordinairement en côtes 
rayonnantes, irrégulières, ornées de pointes sur la valve con- 
vexe. Le test est composé de fibres perpendiculaires à la surface 
de la coquille, serrées, d’un aspect columnaire, traversées par 
des lames calcaires transverses, très minces, qui correspondent 
aux différentes époques ou couches d’épaississement de la co- 
quille (Atlas, pl. LXXXIT, fig. 11, a). 


(1) De Saussure, loyages dans les Alpes, L. I, p. 192. 
(2) Voyez Defrance, Dict. des se. nat., et Lycett, Annals and magaz. of 
nat. hist., 1850, t. V, p. 343. 


606 ACÉPHALES PLEUROCONQUES. 


Ces caractères montrent, comme cn le voit, quelque analogie 
avec les pinnes. Les crochets sans dents, poinius et ereusés en 
canal, ont à peu près la même apparence. La charnière et les 
fibres du test présentent aussi une ressemblance incontestable. 

Il ne faut toutefois pas exagérer ces analogies, car elles sont 
dominées par des différences importantes. Les trichites, étant 
monomyaires et fortement inéquivalves, ont plus de rapports 
avec les malléacés; d’ailleurs 1] y a dans le test même de grandes 
différences : chez les pinnes, la couche externe est fibreuse, et 
l'interne est foliacée et nacrée. Les coquilles connues sous le nom 
de catillus (inocérames) ont, sous ce point de vue, plus de rap- 
ports encore avec les trichites. 

Les espèces connues appartiennent presque toutes aux terrains 
Jurassiques. 


Le T. nodosus, Lycett (Atlas, pl. LXXXII, fig. 12), a été trouvé dans l'oo- 
lithe inférieure et dans la grande oolithe (1). 

Le T. undatus, id., caractérise le premier de ces gisements. 

La Pinn. bathonica, d'Orb. (2}, espèce inédite, n’a peut-être pas été suf- 
fisamment comparée aux précédentes. 

Le T. Saussuri, Defr. (Atlas, pl. LXXXIL, fig. 11), est l'espèce décrite par 
de Luc. il a été trouvé dans le terrain corallien du mont Salève, puis en 
France dans les étages corallien et kimméridgien. 

La Pinn. rugosa, d’Orb., espèce inédite, provient de la pointe de Ché. 


Ce genre se continue toutefois jusque dans les terrains néoco- 
miens. 


Nous trouvons dans le terrain néocomien le plus inférieur des environs de 
Genève (Valanginien, Desor), une grande espèce inédite. 

M. d'Orbigny (3) en cite une également inédite (P., magna), du terrain 
urgonien de Nantua. (Est-ce la même ?) 


Les Posipoxomyes (Posidonia ei Posidonomya, Bronn) (), — 
Atlas, pl. LXXXIT, fig. 43 et 14, 


se rapprochent aussi des avicules; elles ont une coquille ovale, 


(1) Ann. and mag. of nat. hist., 1850, 2° série, &. LE, p. 347; Moll. from 
the great ool. (Palæont. Soc,, 1853, p. 35). 

(2) Prodrome, t. I, p. 314. 

(3) Prodrome, t. IL, p. 407. 

(4) Ce genre a été établi en 1828 par Bronn, sous le nom de Posidonia, puis 
l'orthographe Posidonomya a paru plus correcte (Hcodwv, Neptune, puz, 
moule). 


MALLÉACÉS, 607 


subéquilatérale, à deux oreillettes peu distinctes. La charnière est 
linéaire, calleuse, dépourvue de dents et est creusée dans un ca- 
nal fusiforme, strié, qui s'étend jusque sous une des oreillettes. 
Les crochets sont égaux, submédians et légèrement déprimés. 
Leur principale différence d'avec les avicules consiste dans ce 
que les valves ne sont pas échancrées à la base pour le passage 
du byssus. Leur test est mince et fragile. Ces mollusques ne 
vivent plus de nos jours; ils sont abondants dans les terrains de 
l’époque primaire et ne dépassent pas la période jurassique. 

Leur existence est toutefois douteuse dans l'époque silurienne. 

M. d'Orbigny () attribue à ce genre les AmBonycuia, Hall, 
dont j'ai parlé plus haut (p. 597) et dont les caractères sont in- 
complétement précisés. Ils n’ont guère la forme des posidonomyes. 


M. Hall a décrit (2?) une À. alata du terrain silurien des Etats-Unis. 


Elles paraissent assez abondantes dans les dépôts de l’époque 
dévonienne. 


Une des plus connues est la P. Becheri, Bronn (3), répandue dans toute 
VAllemagne (Atlas, pl. LXXXIT, fig. 13). 

La P. Pargai, Verneuil (4), a été trouvée en Espagne. 

M. M. Rouault (5) en a fait connaître cinq espèces de Bretagne. 

Le comte de Münster en a décrit un grand nombre d’autres espèces (6). 

M. d'Orbigny associe (7) à ce genre une certaine quantité de coquilles 
dévoniennes décrites sous d’autres noms génériques. 


Le terrain carbonifère en a fourni quelques-unes. 


M. de Koninck (5) en compte deux en Belgique, la P. vetusta (Inoceramus 
vetustus , Sow., Goldf., etc.), et la P. hemisphærica (Pecten, Phillips). 

MM. Sowerby, Portlock et M’ Coy ont décrit (?) quelques espèces d'Angle- 
terre et d'Irlande (P. costata, M Coy, membranacea, id., complanata, Port]., 
lateralis, Sow., transversa, Portl., tuberculata, Sow.) 


(1) Prodrome, t. I, p. 13. 

(2) Nat. hist, of New-York, n° 8, fig. 7. 

(8) Bronn, Lethæa, t. 1, p. 89, pl. 2, fig. 8; Goldfuss, Petr, Germ., 
pl. 413, fig. 6, ete. 

(4) Bull. Soc. géol., 2° série, 1850, t. VII, p. 170. 

(5) Id. 1851, t. VIIL p. 390. 

(6) Beitrüge zur Petref., t. I, p. 51, pl. 10, t. V, p. 417, pl. 11. 

(7) Prodrome, t. I, p. 82. 

(8) Descr. anim. foss. carb. Belg., p. 140. 

(*) M’ Coy, Synopsis of Ireland, p. 78, pl. 13; Portlock, Geol. report, 
pl. 34 et 38; Sowerby, Trans. geol. Soc., 2° série, t. V, pl. 52. 


603 ACÉPHALES PLEUROCONQUES. 
Elles se continuent dans le terrain triasique. 


La P. minuta, Brown (1), se trouve dans le muschelkalk et le keuper. 
Le comte de Müoster a décrit (2) deux espèces des schistes de Wengen et 
d'Heiligkreutz. 


La C. Claræ, Emmrich (3), se trouve dans le terrain triasique des alpes 
vénitiennes. 


Les posidonomyes sont nombreuses dans le lias et elles ont 
donné leur nom { Posidonomyen Schiefer) à une couche du lias 
supérieur. 


Goldfuss (f) a décrit les P. Bronnü, Voltz (Atlas, pl. LXXXIT, fig. 14), 
radiala, Goldf,, et orbicularis, Münster, recueillies dans cette couche. 


Elles se continuent et se terminent dans les dépôts jurassiques 
proprement dits. 


La P. Buchii, Roemer (5), se trouve dans l’colithe inférieure. 

M. d'Orbiguy cite une espèce inédite du même gisement. 

Les P. anomala, Münster, et socialis, id., ont été trouvées à Solenhofen , 
les P. gigantea et canaliculata à Streitberg (6). 

La P. revelata, Keyserling et la P. lobata, d'Orb. (Inoceramus lobatus, 
Frears), ont été trouvées dans l’oxfordien de Russie (7). 

La P. kimmeridgiensis, d'Orb. ($), espèce inédite du terrain kimméridgien 
de Chatelaillon, est l'espèce connue la plus récente. 


Les CRÉNATULES ( Crenatula, Lamk), 


ont une coquille dont le test fibreux rappelle celui des avicules et 
des genres suivants. Cette coquille est subéquivalve, aplatie, un 
peu irrégulière, sans échancrure pour le byssus. La charnière est 
parallèle à la longueur de la coquille; elle est crénelée par une 
série de fossettes calleuses qui reçoivent un ligament multiple. 


(1) Lethœa, pl. 11, fig. 22; Zieten, pl. 34, fig. 5 ; Goldfuss, Petr. Germ., 
pl. 143, fig. 5. 

(2) Beitr. zur Petref., t. IV, p. 8 et 23. 

(3) Bronn, Lethæa, pl. 12, fig. 9; Leonh. und Bronn, Neues Jahrb. 1849, 
p. 441. 

(4) Petref. Germ., pl. 113 et 114. 

(5) Norddeutsch. Ool., p. 81, pl. 4. 

(6) Goldfuss, Petref. Germ., pl. 114. 

(7) Keyscrling, Petschora Land, p. 302, pl. 14; Frears, Bullet, Soc. Moscou, 
1846, t. XIX, pl. 7. 

(8) Prodrome, t. I, p. 53. 


MALLÉACÉS. 609 


Ce genre se lie d'une part aux avicules et aux pinnes, et de 
l'autre se rapproche beaucoup des pernes ; il se distingue facile- 
ment par la forme spéciale de sa charnière. 

Les crénatules vivent aujourd’hui dans les mers chaudes; leur 
existence à l’état fossile est très douteuse. 


Les seules espèces citées appartiennent à l’époque jurassique et ne paraissent 
pas faire partie de ce genre. 

La C. ventricosa, Sow. (1), du lias est un inocérame. Les deux espèces 
figurées par Parkinson sont très incomplètes. 


Les PERNES (Perna, Bruguière), — Atlas, pl. LXXXIT, fig. 15 
RE: 


ont une coquille subéquivalve, lamelleuse et subirrégulière; leur 
test est aussi fibreux. Elles ont un sinus pour le passage du bys- 
sus. Leur charnière est linéaire, allongée, formée d’une surface 
plane, régulièrement divisée, et de dents sulciformes transverses, 
parallèles, nonintrantes, sur lesquelles s’insère un ligament mul- 
tiple. 

Ce genre est clairement caractérisé par sa charnière. La forme 
allongée et régulière des dents peut servir à le distinguer facile- 
ment des crénatules. 

Les règles strictes de la nomenclature exigeraient peut-être de 
rendre à ces coquilles le nom de MeziNa, par lequel elles ont été 
désignées en 1788 par Retz; mais le mot de perna (?) est si géné- 
ralement connu et admis, qu'il n'y aurait vraiment aucun avan- 
tage à cette substitution. 

Les pernes ont été encore désignées plus tard par Megerle sous 
le nom de SurTuRA, et par Sangiovanni sous celui de HippocHarA. 

Elles vivent aujourd'hui dans les mers chaudes. Les espèces 
fossiles ne sont pas très nombreuses, mais elles ont existé dès le 
commencement de l'époque secondaire. Leur test très feuilleté 
fait qu'on les trouve souvent en partie décomposées. 

On en connaît une seule espèce de l'époque triasique. 


(!) Sowerby, Min. conch., pl. 443; Parkinson, Organic remains, t. HI, pl.15 

(2) Le mot Perxa est plus ancien que celui de MELia, mais pas dans son ac- 
ception actuelle. Adanson, en 1752, comprenait sous ce nom des malléacées, 
des Pecten, des Mytilus, des Cardita, etc. Retz, en 1788, l’a appliqué aux 
Mytilus, et Oken, en 1815, au genre lithophage, 


IT, 39 


610 ACÉPHALES PLEUROCONQUES. 


La P. vetusta, Goldfuss (!}, a été trou vée dans les marnes irisées (formation 
keuprique) et dans le muschelkalk (Atlas, pl. LXXXIT, fig, 15). 


On cite quelques espèces des terrains jurassiques. 


La Gervilia Hagenovii, Dunker (2), du lias d'Halberstadt, est une véritable 
perne, comme le fait remarquer avec raison M. d'Orbigny. 

La P. mytiloides, Lamk (), a été souvent confondue avec des espèces de 
même forme et de divers étages jurassiques. On doit, suivant M. d'Orbigny, 
réserver ce nom à l’espèce du terrain kellowien ; elle passe à l’oxfordien. 

Goldfuss a décrit (4) en outre les P. crassitesta, Münster, quadrata, Goldf., 
non Sow., et rugosa, id., de l’oolithe inférieure. Ces deux dernières espèces 
doivent probablement être réunies. 

La P. quadrata, Sow. (non Goldf., non Phill.), provient, suivant Sowerby, 
du cornbrash (grande oolithe). M. Morris l’attribue au portlandien. 

La P. quadrilatera, d'Orb., Prodr., provient du terrain oxfordien de 
France et la P. Fischeri, Roullier (5), des gisements analogues des environs 
de Moscou. 

Il faut ajouter cinq espèces inédites indiquées (6) par M. d'Orbigny dans les 
étages sinémurien, bathonien, kellowien, oxfordien et corallien. 


Le terrain crétacé en renferme quelques-unes. 


La P. Mulleti, Deshayes (7), est répandue dans les terrains néocomien et 
aptien de France, d'Angleterre et d'Allemagne (Atlas, pl. LXXXIL, fig. 16). 
La P. Ricordeana, d'Orb., provient du terrain néocomien de l'Yonne. 

La P. alæformis, Morris (Modiola alæformis, Sow., 251), qui caractérise le 
lower greensand de Court-at-Street, paraît être plutôt une gervilie. 

La P,. Rauliniana, d'Orb., a été découverte dans le gault de Clar. 

La P. rostrata, Sowerby (8), provient de Blackdown. 


(1) Petr. Germ., t. I, pl: 107, fig. 14. 

(2) Palæontographica, t. 1, pl. 6, fig. 9-11. 

(8) Hist. nat. anim. sans vert., 2 édition, t. VII, p. 79 ; Deshayes, Coq. 
caract., p. 51, pl. 9, fig. 5. 

() Petr. Germ., t. IL, pl. 107 et 108. La Perna quadrata, Goldfuss, 
n’est ni celle de Phillips, ni celle de Sowerby. M. d’Orbigny s'est trompé sur 
sa synonymie en la réunissant à la fois à la rugosa, Münster, de l’oolithe 
inférieure et à la quadrilateræ, d'Orb., du terrain oxfordien. 

(5) Bull. Soc. imp. nat. Moscou, 1844, p. 794, pl. 2. 

_(6) Prodrome, t. I, p. 219, 314, 341, 373 et t. IF, p. 21. 

(*) In Leymerie, Mém. Soc. géol., t. V, 1842, pl. 11, fig. 1-8; d'Orbi- 
gny, Pal. franç., Terr. crét., pl. 400, 401. 

(8) Trans. geol. Soc., t. IV, p. 241, pl. 47. 


MALLÉACÉS. 611 


La P, Marticensis, Matheron (1), a été trouvée dans le terrain turonien des 
Martigues. 

La P. Royana, d’Orb., appartient aux craies supérieures de Royan. 

Il faut ajouter (?) la P. lanceolata, Geinitz, du quader inférieur de Tyssa, 
la P. cretacea, Reuss, du même gisement, la P. subspathulata, id., du grès 
à exogyres de Malnitz, et quelques espèces du Portugal. 


Les terrains tertiaires en renferment un petit nombre. 


On trouve aux environs de Paris la P. Defrancii, Sow., du calcaire gros- 
sier d'Hauteville (3), et la P. Lamarckii, Deshayes, des sables supérieurs de 
Senlis, Valmondois (#), etc. 

M. Basterot (5) rapporte à la P. ephippium, qui vit dans l'Océan Indien, 
une espèce des environs de Bordeaux. 

La P. maæxillata, Sow. (P. Soldani, Desh., Ostrea maxillata, Broechi), est 
une belle espèce remarquable par l'épaisseur de la charnière; elle se trouve 
dans les tertiaires subapennins du Piémont (Atlas, pl. LXXXII, fig. 17). 

On à aussi trouvé des pernes dans les terrains tertiaires d'Amérique. Une 
espèce confondue à tort avec celle du Piémont, P. maæillala, Lamk (Deshayes, 
Enc. méth.), se trouve en Virginie, La P. Gaudichaudi ($) provient de l'Amé- 
rique méridionale. 


Les GErviLies (Gervilia, Defrance), — Atlas, pl. LXXXII, 
fig. 4 et 2, 


sont très voisines des pernes par plusieurs caractères importants, 
tels que la structure du test et l’échancrure pour le byssus; mais 
la charnière est différente, car, outre les dents parallèles, sembla- 
bles à celles des pernes, elles en présentent d’autres très allongées, 
très obliques, qui se reçoivent mutuellement, de sorte que l’on 
peut dire que les gervilies sont des pernes à charnière articulée, 
Elles en diffèrent aussi, ainsi que des inocérames, en ce que le 
bord cardinal forme un angle aigu avec la ligne qui joint les 
crochets et le milieu du bord palléal. 

Aucune espèce de ce genre ne vit aujourd'hui. Les espèces 


(1) Catalogue, p. 176, pl. 27. 

(2) Geinitz, Charact., p. 80, pl. 21; Reuss, Boehm. Kreideg., Il, p. 24, 
pl. 32; Sharpe, Quart. Journ. geol. Soc., 1849, t. VI, p. 189. 

(3) Dict. sc. nat., t. XXXVIIE, p. 514; Goldfuss, Petr. Germ., pl. 106, 
fig. 4(P. Francii, Gerville). 

(#) Cog. foss. Par., t. I, p. 284. 

(5) Cog. foss. Bord., p. T4. 

(6) D'Orbigny, Voyage, Paléont., p. 131, 


612 ACÉPHALES PLEUROCONQUES. 


fossiles paraissent appartenir exclusivement à l'époque secon- 
daire (1). 

Les plus anciennes ont été trouvées dans le terrain triasique de 
Saint-Cassian. 


Le comte de Münster (?) en a décrit trois espèces. 
Les terrains jurassiques en renferment quelques-unes. 


Le lias a fourni la G. Hartmani, Münster (3) (Atlas, pl. LXXXII, fig. 1) ; 
mais j'ai dit plus haut que !a G. Hagenowii, Dunker, est une perne. Il en est, 
je crois, de même de la G. pinnæformis, Dunker. 

La G. aviculoides, Zieten, non Sow. (Zieleni, d'Orb.), et sa variété modio- 
laris (f), sont citées, en général, comme trouvées dans l’oolithe inférieure, 
mais je dois faire remarquer que Zieten, en disant les avoir trouvées dans 
des glaises au-dessus du lias, annonce en même temps qu'elles se trouvent 
avec la Trigonia navis, Lamk. Je crois donc qu'elles appartiennent au lias su- 
périeur. 

M. Deslongchamps a décrit quelques espèces de Normandie (5). 

La grande oolithe d'Angleterre (6) a fourni outre la G. monotis, Desh., six 
espèces qui lui paraissent propres (G. acula, Sow., ovala, id., etc.). 

Sowerby (7) a confondu, sous le nom de G. aviculoides, au moins trois es- 
pèces. Le nom d’aviculoides est conservé, par les auteurs Anglais, à celle du 
lower greensand, mais M. d'Orbiguy l’attribue à une des terrains kellowiens 
etoxfordiens, identique avec la G. pernoides, Desl., à la G. lanceolata, Münster, 
à la G. siliqua, Desl., etc. 

La G. lata, Keys. ($), provient du terrain oxfordien de Russie, Elle ne pa- 
raît pas identique avec la lata, Phill. 

La G. kimmeridgiensis , d'Orb. (aviculoides, Goldf., non Sow.), caractérise 
le terrain kimméridgien (°). 

La G. tetragona, Roemer (10), a été trouvée dans le portlandien de Gosslar. 


(1) Les prétendues Gervilia de l’époque carbonifère ont des ligaments sim- 
ples, et sont des avicules ou des ptérinées. 

(2) Beitr. zur Petr., t. IV, p. 79. 

(3) Goldfuss, Petr. Germ., t. Il, p. 123, pl. 115, fig. 7. 

(#) Pétrif. du Wurtemberg, pl. 54, fig. 6 et 55, fig. 1. 

(5) Mém. Soc. Lin. Norm., 1824, pl. 5, fig. 2. 

(6) Sowerby, Min. conch., pl. 510, 512; Morris et Lycett, Mol. from the 
great ool. (Pal. Soc., 1853, p. 20). 

(7) Min. conch., pl. 66 et 511. 

(8) Petschora Land, p. 304, pl. 16. 

(°) Prodrome, t. Il, p. 53. 

(10) Norddeutsch. Ool., p. 85, pl. 4, 


MALLÉACÉS. 613 
Les gervilies se continuent el se terminent dans l'époque cré- 
tacée. 


Le terrain néocomien et le lower greensand renferment l'espèce à laquelle 
les auteurs anglais ont conservé le nom de G. aviculoides, Sow. Elle parait 
identique avec la G. anceps, Desh. (1), Atlas, pl. LXXXILL, fig. 2. 

On trouve dans les mêmes gisements la G. alæformis (Modiola alæformis, 
Sow., 251), attribuée aux pernes par M. Morris. 

La G. difficilis, d'Orb. (?), provient du gault de Clansayes. 

La G. alpina, Pictet et Roux ($), a été trouvée dans le gault de Savoie. 

La G. enigma appartient au grès vert du Mans. 

La G. solenoides, Defrance, Goldfuss (), a été trouvée, en France, à Va- 
lognes, et, en ANemagne, dans le quader inférieur, ainsi que dans toutes les 


subdivisions du planer. 
La G. Renauxiana, d'Orbigny, caractérise le terrain crétacé supérieur de 


Mondragon et de Fondouilles. 
Les G. Fittoni, Sharpe, et sobralensis, id. (5), proviennent du Portugal. 


Les INOCÉRAMES (/noceramus, Sowerby ), — Atlas, pl. LXXXH, 
fig. 48 à 20, 


ont des coquilles gryphoïdes, à test lamelleux, inéquivalves, mais 
subéquilatérales, dont les crochets sont opposés, pointus et for- 
tement recourbés ; la charnière est courte, droite et présente une 
série de crénelures graduellement plus petites, destinées à rece- 
voir un ligament multiple qui a probablement recouvert toute la 
facette ligamentaire. Celle-ci est perpendiculaire à la ligne qui, 
dans chaque valve, joint le crochet et le milieu du bord palléal. 
Les impressions musculaires de ce genre étant inconnues, il 
peut rester quelques doutes sur sa véritable place; toutefois ses 
valves inégales et sa charnière crénelée semblent démontrer qu'il 
appartient bien à cette famille. Il se distingue des gervilies par 
l'absence de dents à la charnière et par la direction de sa facette 
ligamentaire, qui, chez ces dernières, est oblique par rapport à la 
ligne menée dans chaque valve du crochet au bord palléal. La 
forme des fossettes de la charnière empêche de les confondre avee 
les pernes, qui ont des dents parallèles et régulières. D'ailleurs 


(1) D'Orbigny, Pal. franç., Terr. crét., t. NE, p. 482, pl. 394et 395. 
(2) Z4., pl. 396. 

(3) Moll. des grès verts, p. 496, pl. 41. 

(#) Goldfuss, Petr. Germ., t. I, pl. 115, fig. 10. 

(5) Quart, Journ. geol. Soc., 1849, t. VI, p. 186. 


61 ACÉPHALES PLEUROCONQUES. 


ces dernières ont des coquilles aplaties et à crochets presque nuls, 
tandis que les inocérames sont bombés et ont de grands crochets. 

Il est probable qu'on doit réunir aux inocérames les CATILLES 
{ Catillus, Brongniart), qui sont de grandes coquilles de forme 
variable, aplaties ou bombées, quelquefois cordiformes, subéqui- 
valves, inéquilatérales, à charnière peu oblique, dont le bord est 
garni d’une série de petites cavités très courtes, graduellement 
croissantes. Quelques-unes atteignent de très grandes dimen- 
sions, car on en cite de plusieurs pieds de longueur; d’autres 
sont plus petites et plus convexes. IT est rare de pouvoir les re- 
cueillir entières. 

La principale différence qui existe entre ces coquilles et celles 
des inocérames consiste dans la structure du test, qui chez les 
catillus est fibreux dans sa couche externe, rappelant presque 
celui des trichites.” 

Les Myricoïves, Brongniart, ne sont que des catillus plus 
transverses et allongées sur la ligne qui joint les crochets et le 
bord palléal. 

Les inocérames ne vivent plus dans nos mers et paraissent 
caractériser exclusivement (!) les époques jurassique et crétacée. 

Les espèces ne sont pas nombreuses dans les terrains jurassi- 
ques, sauf dans le lias. 


On trouve, dans le lias d'Angleterre, l'I. dubius, Sow., 584, à Withby, et 
VI. ventricosus {(Crenatula ventricosa, SoW., 443), dans le Yorkshire, etc. 

Goldfuss 2) en a décrit onze espèces du lias et deux de l’oolithe. Il faut 
ajouter quelques espèces du lias décrites par Zieten (1. undulatus, Ziet., el- 
lipticus, id.), et Roemer. 


Les inocérames augmentent de nombre dans les dépôts de 
l’époque crétacée, surtout vers la fin de cette période, et ils se 
terminent avec elle (5). 


(t) Les espèces de l’époque silurienne et de l'époque dévonienne, qui ont 
été décrites, sous le nom générique d’/noceramus, paraissent avoir eu une 
charnière sans fossettes, et sont probablement en grande partie des posido- 
nomyes (Portlock, Geo. Report, p. 423 et 567 ; Münster, Beitrage zur Pe- 
tref., t. UE, p. 47 ; Goldfuss, Petr. Germ., t, I, p. 108). 

(2) Petr. Germ., t. I, pl. 109 et 115 ; Zieten, Pétrif. du Wurt., pl. 92. 

(5) Voy. surtout sur la distribution des inocérames, dans les étages créta- 
cés, un mémoire de M. Fr. Zekeli : Das Genus Inoceramus und seine Verbrei- 


MA LLÉACÉS. 615 


On en connaît peu de l’époque néocomienne. 


L’1. neocomiensis, d'Orb. (1), a été trouvé à Bettancourt, etc., et à Cluse. 
L’I. plicatus, d'Orb. (2), a été trouvé à Santa-Fé de Bogota. 


Le gault en renferme quelques-uns (°). 


Les deux plus connus sont les Z. concentricus, Parkinson (Atlas, pl, LXXXIT, 
fig. 18), et sulcatus, id., répandus dans toute l'Europe. 


Il faut y ajouter l’Z. Coquandianus, d'Orb., de Clar, et l’Z. Salomoni, id., 
de France et de Savoie. 


Is augmentent de nombre comme je l'ai dit plus haut dans les 
craies chloritées et les craies supérieures. 


L’I. striatus, Sow., Mantell, caractérise la craie inférieure d'Angleterre. Il 
faut, suivant M. d’Orbigny, lui réunir l'Z, pernoides, Matheron, et l’Z. concen- 
tricus, Geinitz (4), 

L’J. latus, Sow., Mantell, se trouve à peu près dans les mêmes gisements, 

M. d'Orbigny a décrit (5) l'Z. angulatus, d’'Orb., du terrain cénomanien de la 
Sarthe, les JZ. problematicus, d'Orb. (Atlas, pl. LXXXIL, fig. 20), et cuneifor- 
mis, id., de l’étage turonien, et cinq espèces de la craie blanche, dont une nou- 
velle, l7. impressus, d'Orb.; deux espèces confondues par Goldfuss, sous le nom 
d’Z.Cripsii, Goldfuss, non Mantell (1. regularis, d'Orb., et Goldfussianus, id.), et 
trois espèces déjà connues, l’Z Lamarckii, Brongniart (Atlas, pl. LXXXII, 
fig. 19), l’'Z. involutus, Sow., 583 et l’1. Cuvieri, Sow. (Catillus Cuvieri, Bron- 
gniart), commune dans la craie des environs de Paris. 

L’J. siliqua, Matheron (6), proyient de craies supérieures des Bouches-du- 
Rhône. 

Il faut ajouter environ six espèces distinctes des précédentes, parmi celles 
qu'a décrites Goldfuss (7). 

Les inocérames sont aussi indiqués en Amérique; mais il est probable, 


comme pour les citations précédentes , que plusieurs espèces devront passer 
dans d’autres genres. 


tung in den Gosaugebilden der œstlichen Alpen, Jahresbericht des Naturwis- 
sensch. Vereines in Halle, 1851, p. 79. 

(1) Paléont. fr., Terr. crét.,t. III, p. 508, pl. 403, fig. 1 et 2. 

(2) Cog. de Colombie, p. 56, pl. 3. 

(3) Parkinson, Trans. geol. Soc., 1820, t. V, p. 59, pl. 1 ; Sowerby, Min, 
conch., pl. 305 et 306; d'Orbigny, Paléont. fr., Terr. crét.,t. II, p. 504, 
pl. 403 et 404; Pictet et Roux, Moll. des grès verts, p. 498, pl. 42, etc. 

(4) Sowerby, Min. conch., 582 ; Mantell, Geol. of Sussex, pl. 27, fig. 5; 
d’Orbigny, Prodrome, t. Il, p.168. 

(5) Paléont. fr., Terr. crét., t. HI, pl. 406 à 412. 

(6) Catalogue, p. 174, pl. 25. 

(7) Petr, Germ., t. IL, pl. 109, 110 et 143. 


616 ACÉPHALES PLEUROCONQUES. 


he Fame. — LIMIDES. 


Les limides sont monomyaires et ont une coquille ovale ou 
trigone, équivalve, souvent bâillante, auriculée, et un ligament 
inséré sous le crochet dans une fossette triangulaire. 

Ces mollusques forment eomme je l'ai dit plus haut une excep- 
tion aux caractères des pleuroconques, à cause de leur coquille 
équivalve. Leurs orerllettes, la forme de leur ligament, leur im- 
pression musculaire unique, leur mode réel de station et de loco- 
motion, et la structure de leur test leur donnent trop d’analogie 
avec les pectinides pour qu'on puisse les en séparer. 

Cette famille ne comprend que deux genres. 


Les Limes (Lima, Bruguière), — Atlas, pl. LXXXIIE, fig. 3 à 5, 


ont une coquille subéquivalve, auriculée, à crochets écartés, un 
peu bâillante. Leur charnière est dépourvue de dents et présente 
pour le ligäment une grande fossette que la direction de la char- 
nière et l’écartement des crochets permet de voir en dehors. 

Ce genre se distingue facilement de celui des peignes par ce 
dernier caractère. Il est encore plus distinct par les formes de 
l'animal. Le muscle adducteur est plus extensible que dans 
la plupart des mollusques; aussi l’animal peut-il ouvrir beau- 
coup ses valves et leur imprimer des contractions fréquentes et 
subites, que facilite l'élasticité du ligament et qui permettent à 
l'animal de voltiger en quelque sorte dans l’eau. 

Il faut réunir aux limes la plupart des espèces du genre PLa- 
GIOSTOME (Plagiostomus, Lhwyd, Plagiostoma, Sowerby). Ce genre, 
établi par les auteurs anglais et adopté par Lamarck, a renfermé 
deux catégories de coquilles fort différentes. La plus grande par- 
tie sont équivalves et identiques avec les limes ; les autres sont 
des spondyles. 

Il faut aussi réunir aux limes les ManrezLum, Bolten, les GLAU- 
cio, Oken, et les LIMATULA, Wood. Ce sont les GLaucus et les 
GLAUcODERMA, de Polti. 

Les limes paraissent manquer dans l’époque primaire (1); on les 
retrouve dès le commencement de l'époque secondaire, et elles ont 


(1) Sauf la Lima permiana, King, Perm. foss. (Pal. Soc., 1848, p. 154), 
petite espèce du terrain permien, 


LIMIDES, 617 


atteint leur maximum de développement dans les terrains juras- 


siques et crétacés. 
On en connaît quelques-unes du terrain triasique. 


Les plus communes dans le muschelkalk (1) sont Ia Lima lineala, Desh., 
Goldf., fig. 3 a, b (Plagiostoma lineatum, Hehl.), et la ZL. striata, Desh., Goldf. 
(P. striatum, Brongn.). 

I] faut y ajouter la Zima costata, Münster, in Goldf., le Plagiostoma re- 
gularis, Klüden, Zieten, et le P, ventricosum, Zieten, du même gisement, 

La L. longissima, Voltz (Chamites punctatus, Schlot., Plagiostoma inter- 
punclatum, Lima Schlotheimi, d'Orb.), a été trouvée avec les précédentes. 

Il en est de même de la L. cordiformis, Desh. (P. ventricosum , Zieten, 
L. lineala, Goldf., partim, fig. 3 c). 

La £. gracilis, Pusch, provient du muschelkalk de Pologne. 

Le comte de Münster en a décrit deux (Z. punctata, Münst., non Sow., et 
L. angulata, M.), et M. Klipstein une (L. margine-plicata, K.), de Saint- 
Cassian (?). 


Le lias en à fourni plusieurs. 


On cite en Angleterre la L. antiquata, Sow., 214; le P. punctata, id., 113 ; 
le P, peclinoides, id., 113; le P. gigantea, id., 177; le P.concentrica,id., 559, 
le L. pectinoides, Phil. et non Sow. (Galathea, d'Orb.). Les quatre premières 
sont fréquentes en France, l'antiquata dans le lias inférieur, la punctata 
dans le lias moyen et les autres dans le lias supérieur. 

Les auteurs allemands ont fait connaître (3) outre la L. gigantea, Sow., 
Goldf., etc., la L. succincla, Bronn (P. Hermanni, Zict., Goldf., Atlas, 
pl. LXXXIT, fig. 3), la L. inæquistriala, Goldf. (decorata, id.), la L. allernans, 
Roemer, du lias moyen de Goslar, et la L. Haussimanni, Dunk., du lias 
inférieur d'Halberstadt. I! paraîtrait que la L. pectinoides, Sow., Goldf., se 
retrouve dans le Has et dans l’oolithe inférieure. 

J1 faut ajouter à celles des espèces ci-dessus qui se retrouvent en France, 
douze espèces inédites citées (f) par M. d’Orbigny (cinq du sinémurien, deux 
du liasien et cinq du toarcien). 


(1) Goldfuss, Petr. Germ., p. 78, pl. 100; Zicten, Pétrif, du Wurtemb., 
pl. 59 ; d'Orbigny, Prodrome, t. 1, p. 175; Pusch, Polens Palæont., p. 43, 
pl5; ele 

(2) Münster, Beitrüge, t. IV, p. 73, pl. 6; Klipstein, Geol. der oestl. Alnen, 
p. 248, pl. 16. 

(@ Fo Petr. Germ., pl. 100 et 101; Zieten, Pétrif. du Wurlemb., 
pl. 51; Roemer, Norddeutsch. Ool., p. 75, pl. 12; Duoker, Palæontogra- 
pet: t. 1, p. 44, pl. 6. La L. seminularis, Zieten, paraît une simple variété 
de la gigantea. 

(4) Prodrome, t. 1, p. 218, 237 et 256. 


618 ACÉPHALES PLEUROCONQUES. 


Elles se continuent abondantes dans les terrains jurassiques 
proprement dits. 


La L. proboscidea, Sow. (Lima pectiniformis, Zieten) (Atlas, pl. LXXXIII, 
fig. 4, est une espèce remarquable par les prolongements tubuleux et irré- 
guliers qui ornent les côtes (!). Elle caractérise principalement l’oolithe infé- 
rieure ; elle est citée aussi dans la grande oolithe d’Angleterre, et M. d'Or- 
bigny admet sa continuation dans l'étage kellowien et dans l'étage oxfordien 
de France. 

La L. gibbosa, Sow., 152, se trouye dans l’oolithe inférieure de France, 
d'Allemagne et d'Angleterre. 

MM. Morris et Lycett (2) comptent dans la grande oolithe d'Angleterre 
sept espèces outre les deux précédentes. Deux sont nouvelles. 

On trouvera encore chez les auteurs anglais la description d'une dizaine 
d'espèces des terrains jurassiques moyens et supérieurs, tant sous le nom de 
Lima (L. rudis, Sow., 214, du terrain corallien du Yorkshire), que sous celui 
de Plagiostoma (P. duplicata, Sow., 559, cardiformis, id., 113, obscura, 
id., 114, du terrain kellovien; rigida, Sow., 114, du terrain oxfordien ; 
lœviuscula , Sow., 112, du terrain corallien; ruslica, Sow., 381, du ter- 
rain portlandien, etc.). 

Une partie de ces espèces se retrouve en Allemagne. 1 faut y ajouter (3) 
les L. tenuistriata, Goldf., et sulcata, i1., de l'oolithe ferrugineuse de Gra- 
fenberg ; la L. antiquata, id., du Jura brun de Thurnau ; au moins dix espèces 
décrites par le même auteur et provenant du Jura blanc (oxfordien et corallien); 
et quelques-unes figurées par Roemer (L. parva, R., et costulata, id., du coral- 
lien de Hoheneggelsen, etc.). 

MM. Murchison, Keyserling et Verneuil (%), ont recueilli quelques espèces 
de l’oxfordien de Russie (L. consobrina, d'Orb., Phillipsü, id.). 

Les espèces de France ont été étudiées par M. Deshayes (5), puis par 
M. Buvignier (6) qui a trouvé dans le département de la Meuse neuf espèces 
nouvelles (une de l’oxfordien, une du corallien, six du terrain à astartes, et une 
du portlandien). 

Il en reste beaucoup à décrire, car M. d'Orbigny en signale (7) dix-sept 
espèces inédites, dont six du bajocien, sept du bathonien, une du kellowien, 

une de l’oxfordien et deux du corallien. 


1) Sowerby, Ain. conch., pl. 264 ; Zieten, Pétrif. du Wurt., pl. 47, etc. 
2) Mollusca from the great ool. (Palæont. Soc., 1853, p. 25). 
3) Goldfuss, Petr. Germ., t. INT, pl. 101, 102 et 121 ; Roemer, Nord- 
deustch. Ool., p: 78. 

() Paléont. de la Russie, p. 477, pl. 42. 

(5) Encycl. méth., t. I. 

(6) Stat. géol. de la Meuse, p. 22, pl. 18. 

(7) Prodrome, t. 1, p.283, 312, 341 et 371 , t. Il, p. 20. 


( 
{ 
( 


LIMIDES. 619 


Ce genre s’est continué abondant pendant l’époque crétacée. 
On en connaît plusieurs des étages néocomien et aptien. 


M. d'Orbigny (1) en a décrit dix, dont huit nouvelles du terrain néoco- 
mien inférieur, deux de l’urgonien et deux de l’aptien. 

M. Matheron (2) a fait connaître les L. massiliensis et galloprovincialis du 
terrain néocomien des Bouches-du-Rhône. 

On trouve dans le lower greensand d'Angleterre (3), la L. semi-sulcata, 
Sow., non Nils. (Fittoni, d'Orb.), la L: eæpansa, Forbes, la L. lingua, id., et 
la L. elongata, Mantell (intercostata, Duj., carinata, Goldf., parallella, Sow.). 


Le hils d'Allemagne a fourni (f) à M. Roemer six espèces dont ciuq nou- 
velles. 


Quelques espèces appartiennent au gault. 


M. d'Orbigny (5) en a décrit quatre de France auxquelles M. Roux et moi 
en avons ajouté cinq du gault des environs de Genève. 


Elles sont bien plus nombreuses dans les craies marneuses et 
les craies supérieures. 


M. d'Orbigny a décrit (6) une trentaine d'espèces dont une douzaine environ 
étaient plus ou moins connues. Quatorze appartiennent à l'étage cénomanien, 
une au turonien et quinze au sénonien. Il faut ajouter quatre espèces inédites 
cénomaniennes, cinq sénoniennes et une du terrain danien, indiquées par le 
même auteur. 

M. Dujardin (7) a décrit la L. plicatilis du terrain turonien, et neuf éspèces 
de la craie blanche de la Touraine (dont sept nouvelles). 

M. d’Archiac (5) a fait connaître les L. pennata, rectangularis et resecla, 
du tourtia de Belgique. 

La L. Renauxiana, Math., provient des craies chloritées de Vaucluse (?). 

Les grès verts de Blackdown (10) renferment la L. subovalis, Sow. On cite, dans 


(t) Paléont. fr., Terr. crét., t. UE, pl. 414 à 417. 

(2) Catalogue, p. 182, pl. 29. 

(8) Sowerby, Trans. geol. Soc., t. IV, p. 359, et pl. 17; Forbes, Quart. 
journ. geol. Soc., 1845, t. I, p. 248. 

(#) Norddeutsch. Ool. geb., p. 79 ; Norddeutsch. Kreideg., p. 55. 

(5) Paléont. fr., Terr. crét., t. UL, pl. 416 et 417; Pictet et Roux, Moll. des 
grès verts, p. 484, pl. 40 et 43. 

(5) Pal. franç., Terr. crét., t. IX, pl. 417 à 427. 

(7) Mém. Soc. géol., 1837, t. II, p. 216 et 226. 

($) Mém. Soc. géol., 2° série. 1847, t. IT, p. 308, pl. 15. 

(9) Catalogue, p. 183, pl. 29. 

(12) Sowerby, Mém. soc. géol., 2° série, t. IV, pl. 17. 


620 ACÉPHALES PLEUROCONQUES. 


les grès verts supérieurs et les craies marneuses d'Angleterre, quelques au- 
tres espèces (Plag. asperum, Mantell, P. Hoperi, Sow., 280). 

Le P. brighioniense, Mantell, appartient aux craies supérieures. 

Un grand nombre d'espèces ont été trouvées en Allemagne. Elles ont été 
décrites ({) par Goldfuss, Geinitz, Roemer, Reuss, ete. Ce dernier auteur, en 
particulier, en décrit dix-neuf, dont sept nouvelles. 

Nilsson (2) a fait connaître les espèces des terrains crétacés supérieurs de 
Suède (huit espèces), dont plusieurs se retrouvent dans la craie de Rügen. 

Les espèces de Maestricht et d’Aix-la-Chapelle ont plus particulièrement 
été étudiées par Goldfuss et Jos. Müller (3). Ce dernier en compte neuf es- 
pèces à Aix-la-Chapelle, dont deux seulement sont nouvelles. 


Les limes diminuent de nombre dans les terrains tertiaires. 


Lamarck ct M. Deshayes (4) ea ont décrit six espèces du bassin de Paris. 
Les L. spathulata, Lamk (Atlas, pl. LXXXHII, fig. 5), obliqua, id., dila- 
tata, id., etbulloides, id., caractérisent Ie calcaire grossier. Les L. flabelloïdes, 
Desh., et plicata, id, , non Lamk (subplicata, d’Orb.), appartiennent aux sables 
supérieurs de Valmondois. 

Le terrain nummulitique (5) a fourni plusieurs espèces nouvelles. 

Les dépôts miocènes du Piémont ont fourni (6) les L. dispar, Michelotti, 
scabra, Desh., miocenica, Sismonda, ctla L. inflata, Lam., vivante, ou une 
espèce bien voisine (L. tuberculala, Brocchi). 

Le terrain pliocène du même pays (7; renferme la même L. inflata, Lamk, 
et la L. squamosa, id., encore vivantes. 

Le crag d'Angleterre renferme, suivant M. Wood {$), six espèces de limes. 
Trois d’entre elles vivent encore (L. hians, Gm., Loscombii, G. Sow., subau- 
riculala, Mont.). Les autres sont éteintes (L. exilis, Wood, plicatula, id., et 
Limatula ovata, id.). l 

Quelques autres espèces analogues à des vivantes ont été citées (?) par 
MM. Dujardin, Nyst, etc. 

On cite quelques espèces en Amérique. 


({) Goldfuss, Petr. Germ., t. K, pl. 104; Roemer, Norddeulsch, Kreid., 
p. 57; Geinitz, Charackt.; Reuss, Boehin. Kreidef., 1, p. 32, etc. 

(2) Petrif. suecana, p. 25, pl. 9. 

(3) Goldfuss, Loc. cit.; Jos. Müller, Mon. Petr. Aachen. 

(4) Cog. foss. Par., 1, p. 295. 

(5) D’Archiac, Hist, des progrès, t. I, p. 269, et Mém. Soc. géol., 2° sé- 
rie, t. HI, p. 433; Bellardi, id., t. IV. 

(6) Descr. foss. mioc. Ital. septent., p. 90. 

(7) Sismonda, Synopsis, p. 13. 

(8) Mollusca from the crag (Palæont. Soc., 4850, p. 42, pl. 7). 

(°) Dujardin, Mém. Soc, géol., t. IL, p.269 ; Nyst, Coq. et pol. foss. Belg., 
p. 281 ; Deshayes dans Lamarck, Anim. sans vertèbres, 2° édit., t. VI, p. 112. 


r 


PECTINIDES. 621 


Les LimEA, Bronn (Zimoarca, Münster), — Atlas, pl. LXXXIIT, 
fig. 6 et 7, 


ne diffèrent des limes que par leur facette cardinale pourvue de 
dents transverses, qui forment une charnière compliquée. Ces 
coquilles établissent une sorte de liaison entre les arcacés (Zi- 
mopsis) et les limes. 

Ce genre n'existe plus aujourd'hui. On lui rapporte quatre es- 
pèces fossiles. Les plus certaines appartiennent à l’époque juras- 
sique. 


Ce sont (1) la L. acuticosta, Munster (Limoarca gracilis, id.), du lias, et 
la Z. duplicata, id., de l’oolithe ferrugineuse de Thurnau (Atlas, pl. LXXXIH, 
fig. 6). 


Les deux autres espèces ont vécu dans l’époque tertiaire, elles 
sont remarquables par leur grande ressemblance avec les limop- 
sis. Si M. Bronn ne disait pas positivement que leur impression 
musculaire est unique et médiane, on pourrait même conserver 
quelques doutes sur leurs véritables rapports. 


La L. Sackii, Philippi (2), a été trouvée dans la mollasse d'Osterweddingen. 
La L. strigillata, Bronn (3) (Ostrea strigillata, Brocchi), provient du terrain 
pliocène du Piémont. (Atlas, pl. LXXXIL, fig, 7.) 


5° Famizze. — PECTINIDES. 


Les pectinides ont une coquille inéquivalve, régulière ou sub- 
régulière, à test solide et non feuilleté. Le ligament est intérieur, 
ordinairement sous la forme d'un faisceau étroit ; il est quelque- 
fois visible au dehors par une entaille des crochets. Les animaux 
ont un pied ordinairement peu développé, et les deux lobes du 
manteau désunis; ils n'ont ni tube, ni siphon. La plupart des co- 
quilles ont des oreillettes distinctes, et plusieurs sont marquées 
de lignes ou de sillons qui rayonnent du sommet. Les unes se 


(1) Goldfuss, Petr. Germ., t. I, p. 103, pl. 107, fig, 8 et 9. 

(2) Palæontographica, t. X, p. 54, pl. 4, fig. 10. 

(8) Bronn, J(al. Geb., p, 115, et Lethæa geogn., 1"° édit., p. 919, pl, 39, 
fig. 9; Brocchi, Conch. subap., pl, 14, fig, 15. 


629 ACÉPHALES PLEUROCONQUES. 


fixent par un byssus, les autres sont adhérentes par une de leurs 
valves. 

Cette famille se distingue des malléacés par la régularité de la 
coquille et par la nature du test. On peut y ajoutér que le liga- 
ment est plus étroit et plus intérieur à tous les âges. Cette même 
régularité les distingue des ostracides, qui d’ailleurs s’en éloi- 
gnent par un caractère plus important, puisqu'elles n’ont pas de 
pied. L’inégalité des valves empêche de les confondre avec là fa- 
mille des limides. 

Les pectinides ont existé dans toutes les époques géologiques, 
et ont en particulier été remarquables pendant la période secon- 
daire, par le grand nombre de leurs éspèces. 


Les HouLertes (Pedum, Lamk), 


forment un passage à la famille précédente par la largeur de leur 
ligament, et sont remarquables par la grande échancrure de leur 
valve inférieure. On n’en connaît pas de fossiles. 


Les Peicnes (Pecten, Lamk, nommés quelquefois Pelerines ou 
Coquilles de pelerins), — Atlas, pl. LXXXIIL, fig. 8 à 10, 
sont clairement caractérisés par leur coquille libre, régulière, 
composée de deux valves bombées, inégales, auriculées , à bord 
cardinal droit, à crochets contigus, à charnière sans dents et à 
fossette cardinale triangulaire et intérieure. La plupart des es- 
pèces ont des côtes rayonnantes. Le ligament est formé de deux 
parties, l’une interne, placée dans la fossette, l’autre externe li- 
néaire, La valve inférieure est échancrée vers son oreillette buc- 

cale pour le passage d'un byssus qui sert à fixer l'animal. 

Schlotheim en a séparé, sous le nom de PLEURONECTITES ou PLEU- 
RONECTES, les espèces qui se rapprochent du Pecten pleuronectes 
vivant, c’est-à-dire qui sont minces, lisses et aplaties. Ce genre 
ne peut pas être conservé. Ceux dont je parlerai plus bas sous le 
nom de JaniRa et d'HINNITES, ne sont pas beaucoup plus impor- 
tants, mais ils reposent sur des caractères d’une observation 
facile. Ils n’ont probablement qu'une valeur de sous-genre. 

Les peignes ont vécu dans toutes les époques géologiques, et 
présentent dans la plupart une quantité considérable d'espèces. 


Us sont moins nombreux dans l'époque primaire que dans les 
suivantes. 


PECTINIDES. 623 


On n’en connaît aucun de la période silurienne, mais la période 
dévonienne en a fourni quelques-uns. 


Goldfuss a décrit (1) quatre espèces d'Allemagne, les P. grandævus, P. 
oceani, P. Ottonis, P. striolatus, en réunissant à ce dernier le P. Philipsti, id. 

MM. d'Archiac et Verneuil ont fait connaître (2?) le P. Hasbachii, du 
bassin du Rhin. Les P. aurilævis, Roemer, subradiatus, id., et perobli- 
quus, id. (*), ont été trouvés dans le dévonien du Hartz. 

Quelques espèces d'Angleterre ont été décrites () par Sowerby (P. nexi- 
lis, transversus), et Phillips (P. alternatus, arachnoideus, granulosus, poly- 
trichus, rugosus). Je croirais volontiers, avec M. d’Orbigny, qu’une partie de 
ces dernières sont des avicules, L’imperfection des figures laisse des doutes. 


Ils augmentent beaucoup de nombre dans la période carbo- 
ifère. 


On trouvera une cinquantaine d’espèces décrites par MM, Sowerby, Phil- 
lips, Portlock et surtout par M. M’ Coy (5). 

M. de Koninck en a décrit ($) trois espèces trouvées dans les dépôts carbo- 
nifères de Belgique. Ce sont les P, dissimilis, Flem., ülegalis, Kon. (plicatus, 
Phill. non Sow.), et mactatus, Kon. 

MM. de Verneuil, Murchison et Keyserling ont trouvé huit espèces dans les 
terrains carbonifères de Russie (7). Six sont nouvelles. 


On en connaît quelques-uns du terrain permien. 


La plus répandue est le Pecten pusillus (Discites pusillus, Schl., Pleuronec- 
tiles pusillus, Schl., etc.), qui se trouve en Angleterre, en Allemagne (8), etc. 

Ii faut ajouter le P. Kokchvarofi, de Vern., de Keys. et Murch., et le P. se. 
riceus, Keys., du terrain permien de la Russie (?). 


(1) Petr. Germ., t. I, p. 41 et 282, pl, 88 et 160. 

(2) Mém. Soc. géol., 2° série, t. VI, p. 372, pl. 36. 

(3) Palæontographica, t. IL, p. 48 et 91, pl. 8 et 13. | 

(4) Sowerby, Trans. geol. Soc., 2° série, t. V, pl. 53; Phillips, Palæoz. 
foss., p. 46, pl. 21. 

() Phillips, Geol. of Yorksh,, pl. 6; M’ Coy, Synopsis of Ireland, p. 90; 
Sowerby, Trans. geol. Soc., 2° série, t. V, pl. 39, et Min. conch., p. 574. 

(5) Descr. anim. foss, carb. Belg., p. 143. 

(7) Pal. de la Russie, p. 325, pl. 21. 

(8) Schlotheim, Petref., p.219; Goldf., Petref, Germ.,t. 11, pl. 98, fig. 8; 
King., The permian fossils (Palæont. Soc:; 1848, p. 153, pl. 13). Cette espèce 
n’est pas la même que le Pleuronectites pusillus, Steininger, Mém. Soc, géol., 
t. [, p. 365, de l’'Eifel. 

(?) Pal, de la Russie, p. 325, pl. 20; Petschora Land, p. 246, pl. 10, 


62h ACÉPHIALES PLEUROCONQUES. 


Le terrain triasique en renferme quelques espèces. 


Le P. lœvigatus, Bronn, Zict. (P. vestitus, Goidf.), du muschelkalk (Atlas, 
pl. LXXXIIL, fig. 8), est remarquable par la grande échancrure qu'il pré- 
sente vers l'oreillette buccale (f). Cette organisation a engagé M. d’Orbigny à 
le placer dans le genre des avicules; il faudrait, pour résoudre la question, 
connaître si Je ligament est large ou réduit à la fossette triangulaire. Son 
test lisse me semble rappeler davantage les peignes. 

Il faut ajouter (2) quatre espèces du muschelkalk, le P. discites, Bronn, le 
P. lenuistriatus, Goldf., le P. inæquistriatus, id., et le P. reticulatus, id. 
non Chem. (Eolus, d'Orb.). 

Les espèces de Saint-Cassian (3) sont nombreuses ; Goldfuss à figuré le 
P. alternans, Munster (subalternans, d’Orb.); le comte de Munster a décrit 
neuf espèces et M. Kiipstein, six. 


Ces mollusques sont nombreux dans le lias. 


Une des plus répandues est le P. œquivalvis, Sow., 136 (4), du lias moyen 
d'Angleterre, d'Allemagne et de France. (Atlas, pl. LXXXIIF, fig. 9.) 

Le P. sublævis, Phillips (5) non Defr. (Cephus, d'Orb.), se trouve dans les 
mêmes gisements en France et en Angleterre. 

Zieten et Goldfuss ont figuré (6) près de vingt espèces du lias d'Allemagne. 
Quelques-unes ont été associées à tort à des espèces anglaises, et M. d'Or- 
bigny a relevé une partie de ces erreurs. Plusieurs d’entre elles se retrouvent 
en France. Les plus connues ct les plus caractéristiques , sont, outre le 
P. œquivalvis, précité, les P. Hehlii, d'Orb. (glaber, Zieten), et P. teætorius, 
Schl., Roemer, etc., du lias inférieur ; le P. disciformis, Schubl. Ziet. (cor- 
neus, Goldf.), du lias moyen; et les P, gumilus, Lamk (personatus, Goldf., 
Ziet.), et velatus, id., du lias supérieur. 

Il faut ajouter deux espèces inédites du lias inférieur et une du lias moyen 
indiquées par M. d'Orbigny. 


Les gisements de l’époque jurassique en contiennent beau- 
coup. 


(1; Zieten, Pétrif. du Wurtemberg, pl. 69, fig. 4; Goldfuss, Petr. Germ., 
pl. 98, fig. 9. 

(2) Goldfuss, Loc. cit,, pl. 98, fig. 10, pl. 88, fig. 12 et pl. 89, fig. 1 et 2. 

(3) Goldfuss, Petr. Germ., t. If, pl. 98, fig. 11; Münster, Beitr., t. IV, 
pl. Get 7; Klipstein, Geol. der œsil. Alpen, pl. 15 et 16. 

(4) Sowerby, Min. conch., pl. 136 ; Goldfuss, Petr. Germ., pl. 89, fig. 4. 

(5) Geol. of Yorksh., pl. 14, fig. 5. 

(6) Zieten, Pétrif. du Wurtemb,, pl. 52 et 53; Goldfuss, Petr. Germ., t. II, 
pl, 89; d'Orbigny, Prodrome. 


PECTINIDES. 625 


Les espèces d'Angleterre ont été décrites (1) par Sowerby, Phillips et 
MM. Morris et Lycett. L'oolithe inférieure et la grande oolithe renferment 
une dizaine d'espèces; les terrains kellovien et oxfordien un peu moins, et 
dans les dépôts jurassiques supérieurs on en cite très peu. 

Les espèces d'Allemagne ont été étudiées (2) par MM. Goldfuss, Zieten, 
Roemer, Koch et Dunker. C'est dans les dépôts oxfordiens et coralliens 
qu'elles sont les plus nombreuses. 

Les espèces du terrain oxfordien de Russie sont connues par les travaux de 
M. d'Orbigny, de Keyserling, ete. 

Les espèces de France sont moins connues. On retrouve dans ce pays une 
bonne partie des précédentes. M. Buvignier (5) a fait connaître quatre espèces 
du terrain oxfordien, trois du ccrallien, et cinq des dépôts kimméridgiens et 
portlandiens. M. d'Orbigny (f) signale, en outre, environ vingt-cinq espèces 
inédites réparties entre tous les étages. 

Il résulte de ces travaux que quatre vingts espèces de peignes au moins 
sont réparties entre les divers étages jurassiques proprement dits. 

Quelques-unes paraissent avoir une durée assez longue et avoir traversé 
deux ou plusieurs époques. Ainsi, le P. lens, Sow., espèce d’une détermina- 
tion facile et sur laquelle les erreurs sont peu probables, est cité depuis l’o0- 
lithe inférieure jusqu'au terrain oxfordien. Il est très abondant en Angleterre 
dans l’oolithe corallienne de Malton et dans toute la grande oolithe. 

Le P. inæquicostatus, Phillips, passe de l’oxfordien au corallien. 

Il en est de même du P. demissus, Bean. 

Le P. lamellosus, Sow., 239 (annulatus, Goldf., distriatus, Leym., supraju- 
rensis, Buv.), appartient aux terrains kimméridgien et portlandien. A l’état 
jeane il ressemble au P. lens, et a fait croire à la continuation de cette espèce 
plus grande encore qu'elle n’est réellement. 

La plupart des espèces ont eu une durée plus limitée. Il nous est impossible 
d'entrer ici dans les détails. Je citerai seulement les plus caractéristiques. 

Le P. articulatus, Schl., Goldf., caractérise l’oolithe inférieure, 

Le P.vagans, Sow., et le P. obscurus, id., sont très répandus dans la 
grande ogclithe. 


Le terrain kellowien est principalement caractérisé par les P. fibrosus, Sow., 
et Ͼquistriatus, Schubler. 


(1) Sowerby, Min. conch., pl. 136, 205, 231, 239,371, 542, 543 et 574 ; 
Phillips, Geol. of Yorksh., pl. 4 à 41 ; Morris et Lycett, Mollusca from the 
great ool. (Palæont. Soc., 1853, p. 81). 

(2) Goldfuss, Petr. Germ.,t. Il, pl. 89, 90, 91, 98 et 99; Zieten, Pétrif. 
du Wurtemb., pl. 52, 53 et 69; Roemer, Norddeulsch. Ool. geb., p. 67 
et suppl., p. 26 ; Koch et Dunker, Beitr. Ool., p. 20 et 42; Münster, Beitr., 
t. 1, p. 107, etc. 

(8) Statist. géol. de la Meuse, p. 23. 

(*) Prodrome, t, 1, p. 284, 314, 341, 373; , II, p. 21, 54 et 61. 

IE. 40 


626 ACÉPHALES PLEUROCONQUES. 


Le P. subfibrosus, d'Orb. (P. fibrosus, Goldf. non Sow.), est un des carac- 
tères du terrain oxfordien. 

Le P, lamellosus, Sow., sert à reconnaître les étages jurassiques supé- 
rieurs. 


Les peignes paraissent encore très abondants dans l’époque 
crétacée. 
On en connait plusieurs des étages néocomien et aptien. 


Le P. Goldfusii, Desh., d'Orb., est commun dans le terrain néocomien de 
France et de Suisse. 

M. d'Orbigny (1) a figuré et décrit, outre cette espèce et quelques inédites, 
six peignes du terrain néocomien inférieur, et une (P. alpinus), du terrain 
urgonien. 

Le hils d'Allemagne (2?) a fourni à M. Roemer neuf espèces dont cinq nou- 
velles (P. striato-punclatus, crispus, comans, lineato-costatus, subarticulatus). 

Le P. Matheronianus, d'Orb. (pulchellus, Math. non Nils.), provient du 
terrain urgonien des Martigues (?). 

On trouve dans le terrain aptien {4) de France et de Suisse, le P. aptiensis, 
d'Orb. (änterstriatus, Leym.), et quelques espèces inédites. 


Le gault en renferme quelques espèces. 


M. d'Orbigny en a décrit (5) deux (P. Duiemplei et Raulinianus), et indi- 
qué une espèce inédite (P. Darius). 
M. Roux et moi avons ajouté (6) les P. Rhodani, et PO 


Les espèces augmentent de nombre dans les craies chloritées 
et dans les craies supérieures. 


Une des plus répandues est le P. glaber, Lam. (7), des grès verts cénoma- 
niens et de Blackdown. 

Sowerby a décrit, en outre (8), les P. compositus, Milleri et Stuichburyanus 
de Blackdown, et les P. obliquus et orbicularis, des grès verts supérieurs. 


(1) Pal. franç., Terr. crét., t. I, p. 429 à 432. 

(2) Norddeutsch. Ool., bal ., p. 27, Norddeutsch. Kreideg., p. 49. 

(@) Matheron, Catalogue, pl. 30, fig. 4 et 3. 

(4) Leymerie, Mém. Soc. géol., t. V; d'Orbigny, Pal. françe., Terr. crét., 
pl. 433. 

(6) Pat, frane., Terr. crét., à. I, pl. 433. 

(6) Moll. des grès verts, p. 509, pl. 46. 

(*) D'Orbigny, Pal. franç., Terr. crét., &, UT, pl. 434; Sowerby, Min. 
conch , pl. 370. 

(8) Trans. geol. Soc., 2° série, &. IV, pi. 47 et 48, et Win. conch., pl. 186 
et 370 


PECTINIDES. 627 


Le P. Beaveri, Mant., Sow., paraît se trouver dans le grès vert supérieur 
et dans la craie (1). 

Le P. virgatus, Nilsson (2), de Suède et de France, caractérise, suivant 
M. d'Orbigny, l'étage cénomanien. 

M. d’Archiac a étudié (3) les peignes du tourtia de Belgique. II en distingue 
cinq espèces. 

Le P. Puzozianus, Matheron (f), a été trouvé à Uchaux et aux Martigues 
(turonien). 

M. d'Orbigny (5) a décrit, outre une partie des espèces précédentes, et 
outre quelques espèces inédites, deux espèces nouvelles de l'étage cénoma- 
nien, une de l'étage turonien et sept de l’étage sénonien. 

Les espèces des craies supéricures d'Angleterre ont été décrites par Wood- 
ward (6), Mantell et Sowerby (P. concentricus, Woodw., P. nitidus, Mant.). 

Nilsson (7) a fait connaître plusieurs espèces des craies de Suède. 

Les espèces des craies marneuses et supérieures d'Allemagne sont en trop 
grand nombre pour que je puisse les indiquer ici. Je renvoie aux ouvrages (8) 
de MM. Goldfuss (vingt-six espèces dont quinze nouvelles, après avoir retran- 
ché les janira); Roemer {vingt-cinq espèces environ, dont seulement trois 
nouvelles) ; Reuss (vingt-sept espèces dont six nouvelles); Geinitz, von Hage- 
now (plusieurs espèces, mais dont la synonymie doit être corrigée); Al, Althaus 
(onze espèces de Lemberg dont sept nouvelles) ; Jos. Müller (huit espèces 
d’Aix-la-Chapelle dont aucune nouvelle), etc. 


L'époque tertiaire a été à peu près aussi riche que les précé- 
dentes en espèces de ce genre. 
On en connaît un certain nombre de l'époque éocène. 


Lamarck et M. Deshayes (?) ont décrit onze espèces des environs de Paris. 
Le P, breviauritus, Desh., caractérise les dépôts les plus inférieurs du dépar- 


(t) Mantell, Foss. illust. of Sussex, pl. 25 ; Sowerby, Min. conch., pl. 158; 
Morris, Catalogue, p. 114. 

(2) Petrif. Suecana, p.22, 

(8) Mém. Soc. géot., 2° série, €. il, p. 309, pl. 15 et 16, 

(4) Catalogue, p. 186, pl. 30; d'Orb., Pal. franç., Terr, crét., t. IN, 
pl. 437. 

(5) Pal. franç., Terr. crét.,-t. W, pl. 434 à 440. 

(6) Woodward, Geol. of Norfolk, pl. 5; Münster, Geol. of Sussex ; So- 
werby, Min. conch., pl. 394. 

(7) Petrif. Suecana, p. 19. . 

(8) Goldfuss, Petr. Germ., t. II, pl. 91 à 94, et pl. 99; Roemer, Nord- 
deutsch. Kreid., p. 49 ; Reuss, Bochm. Kreid., IL, p. 26; Geinitz, Charact.; 
von Hagenow, ZLeonh. und Bronn, Neues Jahrb., 1842, p. 551; docteur 
Aloïs Althaus, Haidinger Abhandlungen, t. UN, p. 244; Jos, Müller, Monog. 
Petref. Aachen., I, p. 31; IL, p. 67. 

(°) Cog. foss. Par., t. I, p. 302. 


C28 ACÉPHALES PLEUROCONQUES. 


tement de l'Oise; le P. squamula, Lam., appartient aux dépôts du Soisson- 
nais; les neuf autres ont été trôuvées daus le calcaire grossier. 

Le P. Mellevillei, d'Orb. (P. corneus, Mellev }, a été trouvé dans les sables 
inférieurs de Laon et de Cuise-le-Motte (1, 

Le terrain nummulitique en renferme un grand nombre (2); mais il y en 
a encore beaucoup d’inédites ; on retrouve dans ces terrains une partie des 
espèces du bassin de Paris et plusieurs qui paraissent nouvelles. M. d’Archiac 
en a décrit cinq espèces de Biarritz, dont quatre nouvelles, et le P. suboper- 
cularis, de Bayonne. M. Beilardi en a trouvé un assez grand nombre à Nice, 
dont les P. parvicostatus, Bell., ct amplus, id., sont nouveaux. Les espèces 
d'Asie ont été étudiées par J. de Sowerby, ete. 

L'argile de Londres renferme (3) quelques espèces décrites par Sowerby 
(P. carinatus, Sow., corneus, id., duplicatus, id, reconditus, id.). 

Le P. sublævigatus, Nyst (4),et le P. scabriusculus, Nyst (subscabriuscu- 
lus, d'Orb.), proviennent des dépôts éocènes de Belgique, où i!s se retrouvent 
avec quelques-unes des espèces précédentes. 


Les terrains moyens et supérieurs en ont une quantité d'es- 
pèces considérable. 


M. Nyst (5) a trouvé quatre espèces dans le terrain tongrien de Belgique, 
le P. Hœninghausü, Defr., le P. Deshayesi, Nyst non Lea (P. l'ismedes, 
d'Orb.), le P. incurvatus, Nyst, et une espèce rapportée au P. reconditus, 
quoiqu’elle ne soit, suivant M. d'Orbigny, ni l'Ostrea recondita, Brander, ni 
le P. reconditus, Sow. C’est le P. subreconditus, d'Orb. (Atlas, pl. LXXXI, 
fig. 10.) 

M. Nyst cite encore une dizaine d'espèces dans le terrain campinien (crag), 
dont les P. Sowerbyi, radians, Gerardi et Lamalii, sont nouveaux. 

L'Allemagne est, de tous les pays, celui qui en a fourni le plus. Goldfuss (6) 
en figure quarante-cinq espèces, dont vingt-cinq environ n'ont pas été décrites 
avant lui et sont bien distinctes. 

Il faut ajouter (7) quelques espèces décrites par Phillipi (P. textus, de Cas- 
sel); Pusch (P. Lilli de Pologne); Dunker (P, Hermanseni, crassicostalus, etc., 
de Günzburg). 


(1) Sables tert. inf. (Ann. sc. géol., 1843, p. 39, pl. 2). 

(2) D’Archiac, Hist. des progrès, t. II, p. 269, et Mém. Soc. géol., 2° série, 

Il, p. 210, et t. IT, p. 436 ; Bellardi, id., t. IV. 

(3) Min. conch., pl. 204 et 575. 

(4) Cog. et pol. foss. Belg., p. 298, pl. 24. 

(5) Coq. et pol. foss. Belg., p. 283. 

(6) Petr. Germ., t. Il, pl. 94, 99 et 114. 

(7) Pusch , Polens Palæont., pl. 5 ; Philippi, Tert. Verst. nordw. Deutschl.; 
Dunker, Palæontographica, Y, p. 164, pl. 22. 


PECTINIDES. 629 


M. Dubois de Montpéreux a décrit (1) plusieurs espèces de Volhynie. 

On trouve dans le bassin de la Gironde 2?) les P. Beudanti, Baster., dubius, 
d'Orb., etc. 

Les dépôts miocènes du Piémont, ont fourni, suivant M. Michelotti (3), dix 
espèces dont huit nouvelles, mais deux sont des janira. M. Sismonda en 
admet (f) un plus grand nombre. Les terrains pliocènes du mème pays en 
renferment une douzaine d'espèces dont quelques-unes sont communes au 
miocène. 

Le crag d'Angleterre a fourni à M. Wood (5) treize espèces dont il faut 
retrancher une janira. Les P. princeps et gracilis étaient déjà connus de So- 
werby. Toutes les autres espèces ont leurs représentants vivants, sauf le P. Ge- 
rardi, Nyst, du crag de Belgique. 

Les peignes se trouvent aussi dans divers terrains de l'Amérique et de 
Inde. 


Les Hinnires, Defrance (Æirnnta, Fér., Hinnus, Defr.), — 
Atlas, pl. LXXXIV, fig. 1 et 2, 


ressemblent tout à fait aux peignes {ant qu'ils sont jeunes; mais 
arrivés à un certain âge, ils se fixent par leur valve inférieure et 
l'accroissement étant modifié par cette adhérence, ils deviennent 
des coquilles irrégulières. 

Les formes de l'animal sont celles des peignes et ce groupe 
n’est guère, ainsi que je l'ai dit, qu'un sous-genre commode pour 
distinguer les espèces dans une famille très nombreuse. 

Les hinnites paraissent dater du commencement de l’époque 
secondaire et ils se sont continués jusque dans les mers actuelles, 

On en connait quelques espèces de l'époque triasique. 


Toutefois, l’'H. comta, d'Orb. (Ostrea comta, Gold., Ostrea spondyloides, 
Schl.), qui est la seule espèce citée dans le muschelkalk, me paraît avoir au 
moins autant les caractères des spondyles (6). 

Par contre, plusieurs espèces de Saint-Cassian décrites sous le nom de 


(4) Conch. foss. plat. Wolh. Pod., pl. 8. 

(2) Basterot, Cog. foss. Bord., p. 74, pl. 5. 

(3) Descr. foss. mioc. Ilal, septent., p. 85. 

(4) Synopsis, p. 12. 

(5) Mollusca from the crag (Palæont. Soc., 1850, p. 7); Sowerby, Min. 
conch., pl. 393 et 542. 

(6) D'Orbiguy, Prodrome, .1, p.176 ; Schlothein, Petref., pl. 36, fig.1 a ; 
Goldfuss, Petr. Germ., t. I, pl. 72, fig. 6. 


630 ACÉPHALES PLEUROCONQUES. 


spondyles par M. Klipstein et le comte de Münster, paraissent de vrais hin- 
nites (1). 


Ces mollusques manquent dans le lias; mais les terrains juras- 
siques proprement dits, renferment quelques coquilles auriculées 
irrégulières, que l’on a souvent confondues avec les spondyles, 
dont ils ont les formes extérieures avec un aplatissement un peu 
plus grand, et dont ils diffèrent par une charnière sans dents. Elles 
paraissent appartenir au genre des hinnites. 


On cite dans l’oolithe inférieure le Spondylus tuberculosus, Goldf.; dans le 
terrain oxfordien, le S. tenuistriatus, Münster dans Goldf., et le S. velatus, 
Goldf. (Atlas, pl. LXXXIV, fig. 4) ; dans le terrain corallien, le S. coralli- 
phagus, Goldf., et la S, inæquistriatus, Voltz. Ce dernier passe à l’étage kim- 
méridgien (2). 

M. d’Orbigny ajoute (?) cinq espèces inédites dont deux du bathonien, deux 
du keïlovien et une du corallien. 


On en connaît peu de l'époque crétacée. 


L'H. Leymeräü, Desh. (4), a été trouvée dans le terrain néocomien de 
France. 

J'ai décrit avec M. Roux (5), l'A. Favrinus, des grès verts aptiens de la 
perte du Rhône. 

M. Deshayes a décrit (5) le H. Dujardini, de la craie turonienne. 


Ils sont également rares dans l'époque tertiaire. 


L'H, Dubuissoni, Defr., Sow. (7), se trouve dans le terrain miocène de 
Saint-Paul-Trois-Châteaux et dans le crag d'Angleterre. M. Wood le réunit 
à l’H. Cortesi, Defr. 

L’'H. Defrancei, Mich. {$), appartient aux terrains miocènes du Piémont. 

L’H. crispus, Bronn (H. Cortesii, Defr.) (Atlas, pl. LXXXIV, fig. 2), a été 


(t) D'Orbigay, Prodrome, t. 1, p. 202; Klipstein, Geol. der œstl. Alpen, 
p. 15; Münster, Beitr., t. IV, pl. 6. 

(2) Petr. Germ., t. IE, pl. 105, fig. 2 à 4, et pl. 121, fig. 5. 

(#) Prodrome, t. I, p. 314 et 342; t. II, p. 23. 

(4) Mém. Soc, géol., t. V, pl. 13; d'Orbigny, Pal. franç., Terr. crét., 
t. IT, pl. 428. 

($) Desc. moll. foss. des grès verts, p. 503, pl. 43 ct 44. 

(6) Mém. Soc. géol., t. V, p. 10, pl. 13; Defrance, Düct. sc. nal., t. XXI, 

(7) Moll. from the crag (Palæont. Scc., 1850, p. 18); Sow., pl. 601. 

(8) Descr. foss. mioc. Ital. seplent., p. 85, pl. 3, fig. 8. 


PECTINIDES. 631 


trouvé dans les terrains pliocènes du même pays (!), avec l'A, sinuosus, Desh., 
encore vivant. 


Les Janira, Schumacher (Weithea, Drouot), — Atlas, pl. LXXXIV, 
fig. 3 et 4, 

ont comme les peignes une coquille auriculée ; mais l'inégalité 

des valves y est beaucoup plus prooncée ; l'une est très bombée 

et profonde, l'autre plane ou même un peu concave extérieure- 

ment (2). L'animal n'a point de byssus et repose sur le sable, la 

valve convexe en dessous. 

Ce genre, réuni aux peignes par plusieurs auteurs, me semble 
cependant mériter d’en être distingué. 

Les janira ont commencé avec l'époque crétacée où elles for- 
ment un type assez caractéristique. Elles se sont continuées jus- 
qu'aux mers actuelles où elles paraissent avoir atteint leur maxi- 
mum de développement. 

On en connaît quelques-unes de l'époque néocomienne. 


Les espèces ont été décrites (#) par M. Roemer, Matheron, d'Orbigny, 
Münster, ete. 

Les plus conaues sont la J. atava (Pecten alavus, Roemer), du hils conglo- 
merat d'Allemagne et du néocomien de France ct de Suisse ; la J. neoco- 
miensis, d'Orb., du néocomien de France; la J. Deshayesiana (Pecten Des- 
hayesianus, Math.), de l’urgonien ; le P. notabilis, Münster, de l’hils-conglo- 
merat, etc. 

Il faut ajouter quelques espèces inédites et quelques espèces d'Amérique 
citées par M. d'Orbigny. 

Le terrain aptien de la perte du Rhône, le lower greensand, ete., renferment 
une espèce inédite qui a beaucoup de rapports avec la J. quinquecosta, Sow., 
mais qui en diffère par l'espace compris entre la dernière côle et le bord, qui 
est lisse, au lieu d'être strié. 


Le gault en renferme quelques-unes. 


L'espèce dont nous venons de parler passe à ce gisement. 


(!) Sismonda, Synopsis, p. 12. 

(2) La figure 3 de ja planche LXXXIV représente la charnière de la J. Ja- 
cobæa, vivante, 

(3) Rocmer, Norddeutsch. Ool., pl. 18, et Norddeutsch. Kreideg., p 52 
Mathevon, Catalogie ; d'Orb., Pal, françe., Terr. crét.,t, UE, pl. 441 et 442 
Münster dans Goldfuss, Pelr. Germ., €. I, pl, 93, fig. 3 


632 ACÉPHALES PLEUROCONQUES. 


M. d'Orbigny en indique (!, une autre (J. albensis) inédite, du gault de 
France et de Savoie. 


J'ai décrit avec M. Roux (2) la J. Faucignyana du gault des environs de 
Genève, 


Les espèces augmentent beaucoup de nombre dans les craies 
chloritées et les craies supérieures. 


La J. quinquecostata, Sow. (3), est une espèce abondante dass le terrain 
cénomanien. (Atlas, pl. LXXXIV, fig. 4.) 

M. d'Orbigny a décrit (£), outre la précédente, huit espèces du même gise- 
ment et trois du terrain turonien. Elles sont toutes nouvelles, sauf le P. tu- 
midus, Duj. (J. phaseola, d'Orb.). 

Il faut rapporter () au même genre le P. striatocostatus, Goldf., le P. nota- 
bilis, Münster, et le P. quadricostatus, Geinitz non Sow. (Geinitzi, d'Orb.). 

La J. quadricostata (Sow.), d'Orb. (6), est caractéristique des craies blan- 
ches et des craies supérieures. 

II faut y ajouter (7) cinq espèces de la mème époque décrites par M. d'Or- 
bigny, et, en outre, le P. Sembirkensis, d’Orb., de Russie, le P. podolicus, 
d'Orb., de Crimée et le P. Makovi, Dubois, de Volhynie. 


Les janira ont été peu abondantes dans l’époque tertiaire. 
On n’en connaît point en Europe des terrains éocènes. 


On cite en Amérique (8) la J. Poulsoni (Pecten Poulsoni, Morton), des ter- 
rains éocènes de l’Alabama. 


Les terrains miocène et pliocène en renferment quelques-unes. 


Les P. galloprovincialis et planicosta, Matheron (°), des mollasses du midi 
de Ja France appartiennent à ce genre. 
Il en est de même du P. Burdigalensis, Lam,, Goldf., de Bordeaux, et de 


(1) Prodrome, t. I, p. 139. 

(2) Moll. des grès verts, p. 505, pl. 45. 

(3) Sowerby, Min. conch., pl. 56; d'Orb., Pal. franç., Terr. crét., 
t. III, pl. 444, etc. 

() Pal. franç., Terr. crét., pl. 443 à 446. 

(5) Goldfuss, Petref. Germ., pl. 93; Geinitz, Charack'. 

(6) Sowerby, Min. conch., pl. 56. 

(7) D'Orbigny, Pal. franç., Terr. cret.,t. WI, pl. 646 à 650; d'Orbigny 
dans Murchis., Keys. et Vern., Pal. de la Russie, p. 491, pl. 43 ; d'Orbigny, 
Voyage de M. Hom. de Hell, p. 440, pl. 6; Dubois de Montpéreux, Conch. 
foss. plat. Volh. Pod., pl. 8. 

(8) Morton, Synopsis crét., p. 38, pl. 5; d'Orb., Prodrome, t. If, p. 393. 

(%) Catalogue, p. 187, pl, 31. 


PECTINIDES. 653 


Pologne, du P. flabelliformis, Defr., Goldf., et du P. solarium, Goldf., des 
mollasses d'Allemagne (1). 

Le P. angelica, Dubois, est aussi une janira (2). 

La J. Westendorpiana, Nyst, d'Orb., provient du crag de Belgique (3). 

Les P. complanatus, Sow., et grandis, id., se trouvent dans le crag d'An- 
gleterre et le premier dans le crag de Belgique (#). M. Wood les réunit au 
P. maximus, Lin., qui vit encore dans nos mers. 

Le P, Jacobœus, Lamk, également commun dans les mers actuelles a été 
trouvé fossile à Perpignan et dans l’Astésan. 

La P. pixidalus, Sism, (Ostrea pixidata, Brocchi), et le P. flabelliformis, 
d'Orb. (Ostrea flabelliformis, Brocchi), ont été trouvés aussi dans les terrains 
pliocènes de l’Astesan (5), et doivent être rapportés aux janires. 


Les SPONDYLES (Spondylus, Linné), — Atlas, pl. LXXXIV, 
fig. 5à9, 
ont une coquille inéquivalve, adhérente, auriculée, en général 
hérissée d’épines diverses, à crochets inégaux, celui de la valve 
inférieure présentant une facette cardinale externe, aplatie, qui 
grandit avec l’âge. Le ligament est intérieur et étroit. La char- 
nière a deux fortes dents sur chaque valve. 

Ce genre, clairement caractérisé, se distingue des peignes, des 
limes et des hinnites par les dents de sa charnière, et des deux 
premiers par sa coquille irrégulière; 1l se rapproche davantage 
des plicatules, et n’en diffère que par la face plane du crochet, 
par ses oreillettes et par la direction des dents de la charnière. 
Il renferme actuellement de nombreuses coquilles remarquables 
par leurs belles couleurs et par les épines variées dont elles sont 
ornées. 

Le test des spondyles est formé de deux couches superposées, 
dont l’interne est blanche et fort épaisse vers le talon, et dont 
l'externe, ordinairement colorée, revêt toute la coquille, sauf la 
facette plane de ce talon. Il arrive dans certains fossiles que la 
couche interne se trouve détruite, et que la coquille est réduite à 
sa couche externe qui forme ainsi une coquille à charnière sans 
dents, car celles-ci ne dépendent que de sa couche interne. 


(t} Petr. Germ., t. IL, pl. 96. 

(2) Conch. foss. plat. Wolh. pod., p. 69, pl. 8. 

() Conch. foss. plat. Wolh. pod., p. 69, pl. 8. 

(#) Sowerby, Min. conch., pl. 585 et 586; Wood, Moll. from the crag 
(Palæont. Soc., 1850, p. 22, pl. 6). 

(5) Sismonda, Synopsis, p. 12; d'Orb., Prodrome, t. I, p. 186. 


63 ACÉPHALES PLEUROCONQUES. 


Les coquilles, dans cet état, paraissent ressembler aux gry- 
phées, et elles ont été décrites par Lamarck sous le nom de 
Povorsipes (Podopsis), par Sowerby sous celui de DrancaoRa, 
et par M. Defrance sous celui de Pacuvtes. M. Deshayes (1) 
a le premier démontré cette analogie par l'étude d’un fossile de la 
craie qui, entre la couche externe et un moule intérieur, présen- 
tait une matière pulvérulente, crayeuse, provenant de la décom- 
position de la couche interne. Le test externe était une podopside, 
et le moule interneétait identique avec celui desspondyles vivants. 

Les spondyles fossiles se trouvent dans les terrains crétacés et 
tertiaires. Les espèces qui ont été indiquées dans plusieurs ter- 
rains plus anciens, doivent être transportées dans d’autres genres. 


II est, en particulier, probable, ainsi que je l'ai dit plus haut, qu'il faut 
transporter dans le genre des hinnites plusieurs des espèces décrites par Gold- 
fuss (2), et en particulier le S. comtus du muschclkalk, et les espèces des ter- 
rains jurassiques que j'ai citées en traitant de ce genre. 

Le S. Goldfussi, Münster (3), du terrain permien me paraît indéterminable. 

Les prétendus spondyles de Saint-Cassian ({) sont aussi probablement des 
hinnites. 


Les espèces du terrain crétacé sont par contre nombreuses et - 
remarquables par leurs ornements. 
On les trouve dès l’époque néocomienne. 


On cite (5) le S. Roemeri, Desh., d'Orb., de Bettancourt, Vandœuvre, etc.; 
le S. striatocostatus, d’'Orb., d’Allauch et d'Escragnolles (urgonien), et le 
S. complanatus, id., du terrain aptier de Vassy. 

J'ai décrit avec M. Roux (6)leS, Brunneri, Pictet ct Roux (Atlas, pl. LXXXIV, 
fig. 6), des grès aptiens de la perte du Rhône. 


Ils se continuent dans le gault. 


M. d'Orbigny a décrit (7) les S. Renauœxianus, d'Orb., et giblosus, id. 


({) Lamarck, Anim. sans vertèbres, 2° édit., t. VIT, p. 196. Ce sont ces 
mêmes espèces dont une partie ont été décrites sous le nom de PLAGIOSTOME. 
Voyez p. 616. 

(2) Petr. Germ., t. IL, pl. 105, fig. 1. 

(3) Beitr. zur Petref., t. I, p. 44. 

(4) Münster, Beitr. zur Petref., t. IV, p. 74; Kiipstein, Geol. der sil. 
Alpen, p. 244. 

(5) D'Orbigay, Pal. franç., Terr. crét., t. IE, pl. 450 et 451. 

(6) Moll. des grès verts, p. 514, pl. 47. 

(7) Pal. franç., Terr. crét., t. TI, p. 658, pl. 452. 


PECTINIDES. 635 


On en trouve quelques-uns dans les craies marneuses; et ils 
augmentent de nombre dans les craies supérieures. 


M. d'Orbigny ({) a fait connaître le S. Coquandianus, des Martigues (turo- 
nien), les S. hippurilarum et alternatus, du Bausset et d'Uchaux (id.), et dé- 
crit huit espèces dont six nouvelles du terrain sénonien. 

Goldfuss a figuré (2) une douzaine d'espèces, parmi lesquelles les S. striatus 
et hystrix, décrites de nouveau par M, d'Orbigny, se retrouvent en France dans 
le terrain cénomanien, et le S. truncatus, dans le terrain sénonien. (Atlas, 
pl. LXXXIV, fig. 8.) 

Le S. spinosus, Desh., d’Orb. (Atlas, pl. LXXXIV, fig. 7), est une des cs- 
pèces les plus caractéristiques des craies blanches. C’est également à ce ter- 
rain qu'appartiennent la plupart des espèces décrites par Goldfuss. 

Les espèces d'Angleterre avaient été décrites (%) par Sowerby et Mantell, 
sous le nom générique de DiaxcHoRA. 


Les terrains tertiaires en renferment aussi. 


M. Deshayes (#) en a décrit quatre espèces des environs de Paris, Les S. ra- 
dula, Lamk, rarispina, Desh., et granulosus, id., caractérisent le calcaire 
grossier. Le C. multistriatus, Desh., appartient aux sables supérieurs de Val- 
mondois. ; 

Plusieurs espèces ont été citées dans le terrain nummulitique (5). Le S. aspe- 
ratus, Golfd., provient du Kressenberg; le S. cisalpinum, Brongt, de plu- 
sieurs localités de l'Italie du Nord; les S. detritus, d’Archiac, dubius, id., 
Nysli, id., planicostatus, id., subspinosus, id., de Biarritz. Le S. bifrons, 
Goldf., a été trouvé à Biarritz et à Nice. Les S. limoides, Bell., et pauci-spi- 
natus, id., ont été recueillis dans ce dernier gisement. On cite, en outre, des 
espèces des terrains nummulitiques de l’Inde ct plusieurs espèces indéter- 
minées. 

Le S. auriculatus, Nyst (6), provient du terrain tongrien de Belgique. 

Les S. imbricatus, Michelotti 7), muticus, id., et Deshayesi, id. (S. ra- 
dula, Sism.), ont été trouvés dans les dépôts miocènes du Piémont. 

On trouve dans l’Astezan ($) (terrain pliocène), le S. gæderopus, Lin., vi- 


(!) Pal. franç., Terr. crét., t. II, p. 660, pl. 453 à 461. 

(2) Petr. Germ., t. IX, pl. 106, ete. 

(8) Sowerby, Min. conch., pl. 80; Mantell, Geol. of Sussex, pl. 25. La 
D. lata, Sow., est le S.lineatus, Goldf., la D, striata, le S. striatus, id., etc. 

(#) Cog. foss. Par.,t. 1, p. 320. 

(5) D'Archiae, Hist. des progrès, t. UE, p. 271, et Hem. Soc. géol., 2° série, 
t. Il, pl. 9,ett. IE, pl. 13 ; Brongniart, Vicentin, pl. 5, fig. 1; Goldf., Petr. 
Germ., pl. 405; Bellardi, Hém. Soc. géol., 2° série, t. IV, etc. 

(6) Cog. et pol. foss. Belg., p. 309. 

(?) Descr. foss. mioc. Ilal. septent., p. 81. 

(5) Sismonda, Synopsis, p. 12; Deshayes, Exp. de Morée, p. 121. 


636 ACÉPHALES PLÉUROCONQUES, 


vant, le S. subcostatus, d'Orb. (costalus, Sism. non Lam.), le S. crassicosla, 
Lamk (Atlas, pl. LXXXIV, fig. 9), ct le S. quinguecostatus, Desh. Ce dernier 
a été observé pour la première fcis en Morée, 


Les PLicaTuLes {Plicatula, Lamk, Harpax, Park.), — Atlas, 
pl. LXXXIV, fig. 40 ct 41, 


ont comme les précédents, des coquilles adhérentes, inéquivalves, 
et un peu irrégulières, ce qui les distingue facilement des peignes 
et des limes. Leur charnière a deux fortes dents sur chaque valve 
comme les spondyles, auxquelles elles ressemblent par leur sur- 
face hérissée ou rude et leurs crochets inégaux. Ces deux genres 
sont très voisins, et les conchyliologistes ne sont pas d'accord sur 
la convenance de leur séparation. Les plicatules se distinguent 
par l'absence d'oreillettes, par le talon de la grande valve qui 
ne présente pas de surface aplatie, et par la direction des dents 
de la charnière qui sont allongées ct forment ensemble un angle 
aigu. 

On en connaît quelques espèces qui vivent dans les mers chau- 
des. Les espèces fossiles ont été trouvées dans la plupart des dé- 
pôts de l’époque secondaire et de l'époque tertiaire. 

Leur origine remonte probablement jusqu'à l'époque triasique. 


M. d'Orbigny rapporte à ce genre (1), ce me semble avec raison, le S. obli- 
quus, Münster, de Saint-Cassian. 


Le lias en renferme quelques-unes. 


La plus connue (?) est la P. spinosa, Sow. (ventricosa, Münster), abon- 
dante dans le lias inférieur et le lias moyen de la plus grande partie de 
l’Europe. (Atlas, pl. LXXXIV, fig. 10.) 

M. d'Orbigny y ajoute () trois espèces inédites, la P. Oceani, d'Orb., du 
lias inférieur, la P, lævigata, d'Orb., du lias moyen, et la P. Neptuni, d'Orb., 
du lias supérieur. 


Les divers étages jurassiques en ont aussi fourni quelques es- 
pèces. 


La P. peregrina, d'Orb. (P. pectinoides, Sow., Trans. geol. Soc. non Min. 


(1) Prodrome, t. I, p. 102; Münster, Beitr. zur Petref., & IV, pl. 6, 
fig. 34. 

(2) Sowerby, Min. conch., pl. 245; Goldf., Petr. Germ., pl. 107, fig. 3. 

(8) Prodrome, t, 1, p. 220, 258 et 257. 


PECTINIDES, 637 


conch., non Lamarck), caractérise le terrain kellovien de France et celui 
de la province de Cutch, dans l'Inde (1). 

La P. tubifera, Lamk (armata, Goldf., est répandue (2) dans le terrain ox- 
fordien de France et d'Allemagne. 

M. d'Orbigny (3) signale deux espèces inédites du bajocien, deux du batho- 
nien, une du kellovien et une du corallien. 


Les plicatules se continuent dans Fépoque crétacée. Leur abon- 
dance dans une division du terrain néocomien supérieur Jui a 
même fait donner leur nom (argile à plicatules). 


M. d'Orbigny cite (4), dans le terrain néocomien inférieur, les ?, asperrima, 
d’Orb., Carteroniana, id., et Roemeri, id., ainsi que la P. placunea, Lam. (5), 
qui se trouve dans le terrain néocomien de Bettancourt, ete., dans l'argile à 
plicatules ct dans le terrain aptien supérieur. Cette espèce, réunie à la P. ra- 
diola, Lamk (Atlas, pl. LXXXIV, fig. 11), est fort abondante dans certains 
dépôts et caractérise, en particulier, celui que nous venons de désigner sous 
le nom d’argile à plicatules. 

Ces deux espèces se continuent dans le gault où l'on retrouye aussi la P. Rho- 
dani, Pictet et Roux (6). 

Les craies blanches de France et d'Allemagne ont fourni (7) la P. aspera, 
Sow., la P, nodosa, Dujardin (P. pectinoides, Renss non Sow.), et la P. ra- 
diata, Goldf, 

Quelques espèces sont citées (5) dans les mêmes terrains aux environs de 
Pondichéry. 


Les terrains tertiaires en renferment un petit nombre. 


M. Deshayes (*) en a décrit trois espèces des environs de Paris. La P. follis, 
Defrance, a été trouvée dans les dépôts inférieurs de Beauvais. Les P. elegans, 
Desh., et squamula, id., caractérisent le calcaire grossier. 


(1) Prodrome, p. 342 ; Sowerby, Trans. geol. Soc., 2° série, t. V, pl. 22. 
(2) Lamarck, Anim. sans vert., t. VI, p. 186; Goldf., Petr. Germ., pl. 107, 
fig. 5. 
(3) Prodrome, t. I, p. 285, 314 et 342; t. Il, p. 23. 

(4) Prodrome, pl. 462. 

(5) Anim. sans vert., 2° édition, t. VI; d'Orbigny, Pal. franç., Terr. crét., 
t. ILE, pl. 462. 

() Moll. des grès verts, p. 516, pl. 47. 

(7) Sowerby, Trans. geol. Soc., 1831, pl. 38, fig. 7 ; Goldf., Petr. Germ., 
t. 11, pl. 107, fig. 7 ; Dujardin, Mém. Soc. géol., 1837, t. II, p. 228, pl. 45, 
fig. 14 ; d'Orb., Pal. franç., Terr. crét., t, I, pl. 463. 

(8) D'Orb., oo) CLP ASE 

(?) Coq. foss. Par.,t.1, p. 313. 


638 ACÉPHALES PLEUROCONQUES. 


Il faut probablement ajouter (1) la P. solida, d’Orb. (Placuna solida, Melle- 
ville), des sables inférieurs des environs de Laon. 

On cite (2) dans le terrain nummulitique, la P. aspera, Studer, du canton 
de Berne, la P. Beaumontiana, Al. Rouault, de Pau, la P. Caillaudi, Bellardi, 
de Nice, et la P. Koninckii, d'Archiac, de Biarritz. 

On trouve dans Ja mollasse miocène du midi de la France la P,. Martini, 
Matheron (3). 

Les dépôts miocènes du Piémont ont fourni (f) les P. dilalata, Michelotti, 
Mantelli, id., laxa, id., et miocenica, id. 

La P. dilatata se retrouve dans le terrain pliocène du même pays (?), où 
l'on cite aussi la P. lœvis, Bellardi, et la P. pliocenica, E. Sism. (olim P. ra- 
mosa, Lam., Auct. Ped }). 

Les plicatules se trouvent dans les terrains tertiaires de l'Amérique et de 
l'Inde, 


Ge Famizze. — OSTRACÉS. 


Les ostracés se rapprochent beaucoup par leurs coquilles des 
familles précédentes ; 1ls ont comme les peignes un ligament 
étroit et intérieur et une charnière simple et sans dents, et n'en 
diffèrent que par leur forme plus irrégulière et leur test lamelleux. 
Ce dernier caractère les rapproche des malléacés ; mais la plupart 
des genres de cette dernière famille ont un ligament plus étalé et 
une charnière plus compliquée. 

Les formes de l'animal limitent la famiile des ostracés par des 
caractères beaucoup plus précis, car il n’a point de pied, et est par 
conséquent complétement immobile, Ces mollusques vivent ordi- 
nairement fixés par une de leurs valves et sont les plus imparfaits 
de la classe des acéphales. 

Les ostracés ne forment qu'un petit nombre de genres, mais ils 
ont été nombreux en espèces pendant Ies époques secondaire et 
tertiaire. Ils sont abondants aussi dans les mers actuelles, et man- 
quent complétement dans l'époque paléozoïque. 

Les conchyliologistes ne sont pas d'accord sur les limites des 


(1) Sables tert. inf. (Ann. sc. géol., p. 43, pl. 1). 

2) D'Archiac, Hist. des progrès, t. HE, p. 271, et Mém. Soc. géol., 2° série, 
t. LE, pl. 9, fig. 5; Al. Rouault, àd., t. IT, pl. 15; Bellardi, id., t. IV, 
pl. I (20). 

(8) Catalogue, p. 189, pl. 32. 

(4) Descr. foss. mioc. Ilal. septent., p. 83, pl. 3. 

(5) Sismonda, Synopsis, p. 12. 


OSTRACÉS, 639 


genres principaux de cette famille. Lamarck nomme Huîrres les 
espèces plates, à crochets peu saillants, et Guyruées celles où la 
valve inférieure, grande et concave, est terminée par un crochet 
saillant, courbé en spirale, et où la valve supérieure est petite, 
plane et operculaire. Depuis lors, M. Say a nommé Exocvres les 
gryphées où le crochet de la grande valve est dévié de côté, Ces 
trois genres ont, dans leurs espèces principales, un facies qui 
paraît assez tranché, ainsi que l’a montré M. Léopold de Buch (1); 
mais je pense avec M. Deshayes que les caractères qui les distin- 
guent sont insuffisants pour former des genres, d’autant plus 
que de nombreuses transitions lient les formes extrêmes. Leur 
rôle doit se borner à élablir des sections coinmodes pour la dis- 
tinction des espèces. 


Les HuîtrEes (Osérea, Linné), — Atlas, pl. LXXXV, fig, 4 à 8, 


forment le genre principal de cette famille; elles ont une coquille 
adhérente, irrégulière, feuilletée, sans dents à la charnière et 
sans perforation. 

Tantôt les crochets sont saillants, recourbés sur la ligne mé- 
diane : c’est le groupe des GryPnées (Gryphæa, Lamk), Atlas, 
pl. LXXXV, fig. 2, 3 et 6. 

Tantôt, encore saillants et recourbés, ils s’infléchissent laté- 
ralement : c’est le groupe des Exocykes ( £xogyra, Say, Amphi- 
donta, Fischer de Waldh.), Atias, pl. LXXXV, fig. 4 et 7. 

Tantôt les crochets sont presque nuls, écartés et non enroulés : 
c’est le groupe des Huîrres proprement dites, Atlas, pl. LXXXV, 
fig. 1, duquel on peut encore distinguer le type des espèces à plis 
réguliers et aigus, dont M. Fischer de Waldheim a fait le genre 
ALECTRYONIA ( Ostrea crista-galli), Atlas, pl. LXXXV, fig. 8. 

J'ai déjà dit que de nombreuses transitions forçaient à refuser à 
ces groupes une valeur générique. 

Il faut également réunir aux huîtres les Prrcuopgs, Fischer de 
Waldheim, qui n’en différent que par des sillons internes situés 
sur le bord, entre la charnière et le milieu des valves. 

Les huîtres ne paraissent pas avoir vécu dans la période paléo- 
zoïque, sauf peut-êire tout à fait vers la fin. 


(!) Ann. se. nat., 2° série, t. IE, p. 296. 


640 ACÉPIHALES PLEUROCONQUES. 


MM. de Verneuil, de Keyserling ct Murchison citent (!) dans le terrain 
permien de Russie l'O. matercula; mais la figure me laisse des doutes : on ne 


voit ni talon, ni fossette à la charnière. Ne serait-ce point une valve de téré- 
bratule ? 


On en connaît quelques-unes de l’époque triasique. 


On cite (?) dans le muschelkalk l'O. difformis, Schl. (0. multicostata, 
Goldf., complicata, id., Munsteri, Bronn), qui se trouve partout où existe le 
muschelkalk en Allemagne. L'O. decemcostata, Goldf. (0. spondyloides, Sch]., 
Goldf., l'O. placunoides, Münst., Goldf. {O. subanomia, id., et reniformis), 
et l'O. Schubleri, AIb., Goldf., proviennent aussi du muschelkalk. 

Les dépôts salifériens de Saint-Cassian (3) ont fourni quelques espèces. 
Quelques-unes doivent être comparées plus exactement avec les précédentes. 
Ainsi, l'O. montis caprilis, Klipst., est peut-être le même que l'O. difformis. 
Les O. aviculoides, Klipst. et Bronni, id., ne sont probablement pas dis- 
tinctes de l'O. placunoides, Münst. 

On peut admettre avec plus de certitude les O. venusta, Braun, Münst., la 
Gryph. arcta, id.; la G. avicu'aris, Münst., etc. 


Une douzaine d'espèces sont citées dans le las (f). 


Les unes appartiennent au groupe des gryphées, et deux sont particulière- 
ment caractéristiques. La G. arcuata, Famk (Atlas, pl. LXXX V, fig. 2) (in- 
curva, Sow., Zict., obliqua, id., Maccullochü, id. non Goldf., lœviuscula, 
Ziet., ovalis, id., Suilla, Goldf.), appartient au lias inférieur. Elle est fré- 
quente en Allemagne, en France, en Angleterre, en Suisse, etc. 

La G. cymbium, Lamk (G. obliqua, Goldf., gigantea, id., Maccullochii, 
Ziet. non Sow. non Goldf.), appartient principalement au lias moyen; elle est 
aussi répandue que la précédente. 

D’autres espèces sont de vraies huüîtres et sont lisses, telles sont l'O. irre- 
gularis, Goldf. (ungula, Münster, semi-circularis, Roemer, sublamellosa, 
Dunker), du lias inférieur ; les O. Goldfussi, Bronn (læviuscula, Goldf.), et 
auricularis, id., du lias inférieur d'Amberg, et l'O. squama, Goldf., du lias 
d'Eckersdorf, etc. 

Il faut y ajouter l'O. erina, d'Orb., espèce inédite du lias supérieur, 
l'O. edula, id., espèce inédite du lias inféricur. 

Quelques espèces, enfin, sont plissées, telles que l'O. semi-plicata, Goldf, , 


(1) Pal. de la Russie, p. 330, pl. 21, fig. 43. 

(2) Goldf., Petr. Germ., t. Il, pl. 72, fig. 1 à 5, et pl. 79, fig. 1-4. 

(8) Münster, Beitr.,t. IV, p. 69, pl. 7; Klipstein, Geol. der œstl. Alpen, 
p. 247, pl. 15. 

(4) D'Orb., Prodrome, t. 1, p. 220, 238 et 257; Lamk, Hist. nat. anim. 
sans vert., 2° édit., t. VI, p. 198 ; Sow., Min. conch., pl. 112, 391et 547; 
Goldf., Petr. Germ., t. 11, pl. 72, 79 et 82; Zieten, Pétr. du Wurtemb., 
pl. 45, 49, 62, 69; Phillips, Geol. Yorksh., pl. 14. 


OSTRACÉS. GA 


du lias moyen de Baireuth, telles aussi que l'O. Knorri, Voltz (costata, Roe- 
mer), et l'O. calceola, Goldf., Zieten, qui se trouvent à la partie la plus su- 
périeure du lias supérieur de Wasseralfingen (oolithe inférieure de quelques 
auteurs). 

Il faut y ajouter, parmi les espèces inédites de M. d'Orbigny, deux qui sont 
plissées, l'O. Electra, du lias inférieur de Semur, et l'O, Sarthacensis, du lias 
supérieur de la Sarthe et du Calvados. 


Elles se continuent dans l’oolithe inférieure et la grande 
oolithe (!). 


Le type des gryphées y est représenté par quelques espèces, et en particu- 
lier, par la G. polymorpha, Münst., Goldf., et l'O. Phœdra, d’Orb., espèce 
inédite appartenant comme la précédente à l’oolithe inférieure. 

Parmi les espèces costées, nous remarquons dans l’oolithe inférieure, l'O. 
subcrenala, d’Orb. (0. crenata, Goldf. non Gmel., O0. Marshü, Phill. non 
Sow.), commune en France et en Allemagne, et l'O. tuberosa, Münst., Goldf., 
de Grafenberg. Ce type n’est représenté, dans la grande oolithe, que par de 
petites espèces, l’O. costata, Sow., et l'O. gregarea, Morris et Lycett. 

Les espèces lisses sont plus abondantes. On trouve dans l’oolithe inférieure 
les O. sulcifera, Phillips, et exarata, Goldf. La grande oolithe a fourni 
les O. bathonica, d'Orb., obscura, Sow., luciensis, d'Orb., l'Exogyra auri- 
formis, Morris et Lycett, et surtout l’Ostrea acuminata, Sow. 135, si abon- 


dante dans quelques couches qu’elle leur a donné son nom (marnes à Ostrea 
acuminata). 


On trouve aussi des huîtres dans le terrain kellowien et dans le 
terrain oxfordien (). 


Plusieurs espèces importantes sont communes à ces deux étages : telles sont 
dans le type des gryphées, l'O. dilatata, Desh., Sow. (0. Maccullochii, Goldf. 
non Zieten, Atlas, pl. LXXXV, fig. 3), répandue dans presque toute l’Eu- 
rope ; dans le type des huîtres costées, l'O. Marshii, Sow., clairement carac- 
térisée par ses grandes côtes en toit aigu, l'O. amor, d'Orb. (colubrina, Gold- 
fuss), et l'O. gregaria, Sow. 111. 

Il aut ajouter au type des gryphées l'O. alimena, d'Orb, (conica, Sow., 


Geol. Trans.), du terrain kellovien, et à celui des espèces costées, l'O. amata, 
d'Orb., du même gisement. 


(1) D’Orbigny, Prodrome, t.1, p. 285 et 315 ; Phillips, Geol. of Yorksh., 
pl. 9; Sow., Min. conch., pl. 135 et 488; Morris et Lycett, Mol. from the 
great ool. (Palæont. Soc., 1853, p. 2); Zieten, Pétrif. du Wurtemb., pl. 47 et 
48; Goldf., Petr. Germ., t. I, pl. 72, 80 et 86 ; Levallois, Bull. Soc. géol., 
2° série, t. VIII, p. 327. 

(2) D'Orbigny, Prodrome, t, 1, p. 342 et 374; Phillips, Geol. of Yorksh., 


HI. li 


62 ACÉPHALES PLEUROCONQUES. 


Les espèces lisses sont représentées dans l'étage kellovien par les Z. undosa, 
Phillips, archelypa, id., et Albertina, &'Orb. Dans l'étage oxfordien on trouve 
quelques petites espèces qui lient les huîtres lisses normales avec le type des 
exogyres. Ce sont : la Gryphæa nana, Sow. (Exogyra reniformis, Geldf.), 
et les O0. duriuscula, Bean, Phill., sandalina, Gold., et Blandina, d'Orb. 


Le terrain corallien et les étages jurassiques supérieurs renfer- 
ment aussi quelques huîtres (1). 


Le type des gryphées devient rare dans cette époque et n’est représenté que 
par l'O. cypræa, d’Orb., espèce inédite du corallien. 

Le types des huîtres costées devient rare. Le corallien renferme deux des 
espèces oxfordiennes ou kelloviennes citées ci-dessus, l'O. amor, d'Orb., et 
VO. gregaria, Sow., et en outre l'O. solitaria, Sow. 468 (pulligera, Goldf.). 

Les étages supérieurs ne paraissent pas avoir des représentants de ce type. 

On trouve des espèces lisses à crochets simples et des espèces lisses à cro- 
chets un peu enroulés latéralement, qui méritent le nom d’exogyres. A cette 
dernière catégorie appartiennent l'E. spiralis, Goldf., du corallien, l'Æ. vir- 
gula, Goldf. (Gryphæa virgula, Defr.), espèce très caractéristique de l'étage 
kimméridgien, l'E. carinaia, Roemer (Ostrea Rœmeri, d'Orb.) de Goslar, et 
V'E. Bruntutana,Thurmann (denticulata, Roemer), du terrain kimméridgien, 
du Porrentruy, citée aussi dans l'étage portlandien. 

Parmi les espèces lisses à crochets non enroulés, je citerai surtout l'O. del- 
toidea, Sow. 148, belle espèce, caractéristique des marnes kimméridgiennes, 
VO. multiformis, Kock et Dunker, du même étage, et les O. Hellica, d'Orb. 
(falcata, Sow. non Morton), et O. expansa, Sow. 238, du terrain portlan- 
dien d'Angleterre. 


Les huîtres se continuent abondantes dans l’époque crétacée. 
Les espèces des étages néocomien et aptien se présentent sous 
des formes variées (?). 


pl. 4et6; Sowerby, Min. conch., pl. 48, 111, 113êt 368 ct Trans. geol. 
Soc., 2° série, t. V, pl. 22; Goldf., Petr. Germ., t. Il, pl. 73, 74, 80 et 86; 
Zieten, Pétrif, du Wurtemb., pl. 45 et 46 ; Roemer, Norddeulsch. Ool: Geb., 
pl, 3 et 4. 

(1) D'Orbigny, Prodrome, t. Il, p. 23, 54 et 61; Sowerby, Min. conch., 
pl. 111, 258 et 468, et Trans. geol. Soc., 2° série, t. IV, pl. 23; Goldf., Petr. 
Germ., t. H, pl. 72 et 86; Kock et Dunker, Monog. Norddeutsch. Ool., p. 45, 
pl.5; Roemer, Norddeutsch. Ool., p. 65, pl. 3 

(2) D'Orbigny, Pal. franç., Terr. crét., t. WI, pl. 465 à 470; Deshayes 
dans Leymerie, Mém. Soc. géol., t. V, pl. 43; Brongniart dans Cuv., Ossem. 


foss., pl. Q; Pictet et Roux, Moll. des grès verts, p. 520; Sowerby, Min. 
conch.,pl. 468, etc. 


OSTRACÉS. 6h 


Les unes sont de véritables exogyres, telles que l'O. Couloni, Defr., très 
abondante dans le terrain néocomien, et l'O. aquila, Brong., caractéristique 
du terrain aptien. 

D'autres avec des formes analogues du erochet ont leurs bords ondulés, 
formant une transition aux espèces véritablement costées. Telle est l'O. Bous- 
singaulli, d'Orb., du terrain néocomien (Atlas, pl. LXXXV, fig. 7), bien voi- 
sine de l'O. harpa, Goldf., qui appartient aux couches aptiennes. 

D'autres ont les crochets droits et les bords tantôt lisses, tantôt ondulés 
comme l'O. Leymeri, Desh., du terrain urgonien. 

Quelques-unes sont à côtes aiguës, simulant des dents comme l'O. ma- 
croptera, Sow. (Atlas, pl. LXXXV, fig. 8), qui se trouve depuis l'étage néo- 
comien inférieur, jusqu'à l'étage aptien, et l'O. allobrogensis, Pictet et Roux, 
des grès verts aptiens de la perte du Rhône, 


Le gault n’est pas très riche en huîtres (!). 


Les O0, Rauliniana, d'Orb., arduennensis, id., et canaliculata (Sow.), id., 
appartiennent au groupe des exogyres. L’0. Milletiana, d'Orb., est une huître 
à côtes aiguës. 

Toutes ces espèces se trouvent en France et dans le gault des environs de 
Genève. 


Les craies chloritées et les craies supérieures en renferment 
une plus grande quantité (?). Nous n'indiquerons ici que les prin- 
cipales. 


Le type des gryphées est représenté dans les premières par l'O. columba, 
Desh., espèce fréquente et caractéristique (Atlas, pl. LXXXV, fig. 6). Celui 
des exogyres l’est par l’Exog. haliotoidea, Sow., Goldf., l'O. canaliculata, 
Sow., d'Orb., et l'O. conica, id., recueillies dans les mêmes gisements, ainsi 
que par l'O. flabella, d'Orb. (plicata, Goldf., Atlas, pl. LXXXV, fig, 4), qui 
s’ondule quelquefois sur le bord. 

Ce même type est plus rare dans les craies supérieures; il est en par- 
tie remplacé par des huîtres profondes, lisses, qui diffèrent des gryphées, 
par la brièveté de ses crochets qui ne dépassent pas le bord cardinal. La 
plus connue est l'O. vesicularis, Goldf. (3). Ce type était déjà représenté dans 
le terrain cénomanien par l'O. biauriculata, Lamk, d'Orb. 


(1) D'Orbigny, Pal. franç., Terr. crét., t. If, p. 471 et 472; Pictet et 
Roux, Moll. des grès verts, p. 520; Sowerby, Min. conch., pl. 135. 

(2) Voyez d'Orbigny, Pal. franç., Terr. crél., pl, 473 à 488 ; Sow., Min. 
conch., pl. 26, 135, 174, 365, 369, 392, 468, 489, 605 ; Goldfuss, Petr. 
Germ., t. I, pl. 75, 76, 81, 82, 86, 88, 114; Nilsson, Per. Suec., pl. 7, ete. 
Voyez aussi les ouvrages de Reuss, Roemer, Geinitz, ete, 

(3) Petr. Germ., pl. 81, fig, 2. 


6h ACÉPIIALES PLEUROCONQUES. 


Il faut ajouter plusieurs petites huîtres du groupe des exogyres, trouvées 
dans les terrains crétacés d'Allemagne (1), telles que les G. lateralis, Goldf., 
le G. cyrtoma, Althaus, cornu-arielis, Goldf., inflata, id., ete. 

Quelques espèces font une transition entre les exogyres et les huîtres den- 
tées, en ayant les crochets des premières et le bord des secondes. Telle est, 
quelquefois, comme je l'ai dit, l’O. flabella, d'Orb., du terrain cénomanien, 
et telles sont encore l'O. laciniata, Goldf., et l'O. Matheroniana, d'Orb., du 
terrain sénonien. 

Plusieurs ont des dents aiguës et une forme allongée, et forment un type 
tranché que nous avons déjà reconnu dans plusieurs époques. Telle est 
l'O. carinata, Lamk, caractéristique des grès verts et des craies cénomanien- 
nes ; telle est, à un moindre degré, l'O. carantonensis, d'Orb., du même ter- 
rain, l'O. diluviana, Linné, d’Orb., du cénomanien et du turonien. Telles 
sont encore de nombreuses espèces des craies supérieures, les O. frons, Par- 
kinson, santonensis, id., semiplanata, id., etc. 

Les huîtres simples sont représentées dans le terrain cénomanien par 
l'O. Lesueurii, d'Orb., et dans les craies supérieures par les O. hippopodium, 
Nilss., Normanniana, d'Orb., Wegmaniana, id., acutirostris, Nillsson, etc. 


Les huîtres ne font pas une partie très importante des faunes 
tertiaires. On en trouve cependant dans tous les étages. 


Quelques-unes caractérisent les dépôts les plus inférieurs. De ce nombre est 
l'O. bellovaccina, Lamk, répandue en France et en Angleterre (2). 

Les O. sparnacensis, Desh., et heteroclita, Defr., appartiennent en France 
aux mêmes dépôts (3); les O. angusta, Desh., et multicostata, id., aux cou- 
ches immédiatement supérieures. 

La Gryphæa eversa, Melleville (0. lateralis, Leym. non Nillss.), et l'O. 
punctata, Mellev. (subpunctata , d'Orb.), proviennent des sables inférieurs 
du département de l'Oise. 

Les O. tenera, Sow., et pulchra, id., ont été trouvées dans l'argile plas- 
tique de Woolwich (4). 

Les huîtres du terrain nummulitique ont été décrites (°) par Goldfuss 
(quelques espèces du Kressenberg); d’Archiac (plusieurs espèces de Biarritz 
et de Bayonne, dont quelques-unes nouvelles de cette dernière localité) ; J. de 
C. Sowerby (quelques espèces de la province de Cutch). Une des plus remar- 


(1) Goldfuss, Petr. Germ., pl. 82 et 87, Althaus, Haiding. Abhandl., t. HI, 
p. 253, pl. 12. 

(2) Deshayes, Coq. foss. Par, t. I, pl. 48, fig. 1 et 2. 

(3) Deshayes, Cog. foss. Par., pl. 57, 58, 63 et 64; Melleville, Sables 
tert. inf. (Ann. sc. géol., p. 41, pl. 3). 

(4) Sowerby, Min. conch., pl. 252 et 279. 

(5) D’Archiac, Hist. des progrès, t, IL, p. 273, et Mém. Soc. géol., 2° sé- 
rie, t. Il, p. 213, et t. III, p. 438; Goldf., Petr. Germ., pl. 77 


OSTRACÉS. 645 


quables est l'O, gigantea, Brander, considérée par M. Deshayes comme une 
simple variété de l'O. latissima, et qui parvient à une taille colossale. Cette 
O. latissima se trouve dans le calcaire grossier de France et dans l'argile 
de Londres. 

Ce dernier gisement a fourni aussi l'A. dorsata, Sow. (1). 

Lamarck et M. Deshayes (2) ont décrit quarante et une espèces, en y com- 
prenant celles des dépôts inférieurs dont nous venons de parler, et celles des 
couches miocènes ; une douzaine d'espèces proviennent du calcaire grossier du 
bassin de Paris, et autant des sables éocènes supérieurs, Une des plus répan- 
dues est l'O. flabellula, Lamk, du premier de ces gisements. 

L'O. virgata, Goldf. (3), a été trouvée dans les dépôts éocènes de Belgique. 
(Atlas, pl. LXXXV, fig. 5.) 


Les étages miocène et pliocène contiennent également des 
huîtres. 


M. Deshayes a compris dans les fossiles du bassin de Paris quelques espèces 
des sables de Fontainebleau et de Versailles (0. callifera, Lamk, cochlea- 
ria, id., cyathula, id., longirostris, id.). L’O. longirostris, remarquable par 
sa grande taille, est répandue aussi dans le midi de la France (4). 

Les espèces de Belgique ont été étudiées par M. Nyst (°). 

On trouve dans le terrain tongrien les O. paradoxa, Nyst, Meadii, Nyst 
non Sow. (Nystii, d'Orb.), ventilabrum, Goldf., ainsi qu’une espèce rapportée 
à l'O. bellovaccina, et qui est, pour M. d'Orbigny, l'O. belgica. Les O. gi- 
gantea et virgata, précitées, s’y retrouvent aussi. 

Le système campinien a fourni les O. undulata, Nyst non Sow. (princeps, 
Wood), ungulata, Nyst (?), et edulis, Linn. 

L’O. Doublieri, Matheron, provient de la mollasse du midi de la France (f). 

Les O. corrugata, Brocchi, Broderipi, Michelotti, et neglecta, id., carac 
térisent la faune miocène du Piémont (7). 

Le terrain pliocène du même pays renferme sept espèces dont quatre pa 
raissent encore représentées dans les mers actuelles (8). 


(1) Min. conch., pl. 489. 

(2) Deshayes, Cog. foss. Par., t. 1, p. 350. 

(3) Goldfuss, Petr. Germ., t. 1, pl. 76, fig. 3; Nyst, Coq. et pol. foss. 
Belg., pl. 28, fig. 2. 

(4) C'est probablement en partie sur des variétés de cette espèce que 
M. Marcel de Serres a décrit des huîtres nombreuses du Midi, Ann. sc. nat., 
2° série, t. XX, p. 142. 

(5) Nyst, loc. cit. 

(6) Matheron, Catal., p. 193, pl. 32, 

(7) Michelotti, Descr. foss. mioc. Ital. septent., p. 80. 

(8) Sismonda, Synopsis, p. 11. 


646 ACÉPHALES PLEUROCONQUES. 


L'O. navicularis, Brocchi (0. cochlear, Poli), vivante, se retrouve dans les 
terrains récents de Morée (1). 

L’'O. undata, Lamk, se trouve dans le bassin miocène de Bordeaux, avec 
une partie des espèces précédentes. 

Les huîtres du terrain tertiaire d'Allemagne ont été décrites (2) par Gold- 
fuss (quinze espèces plissées dont sept nouvelles, six sans plis dont une seule 
nouvelle, ét en outre la Gryphæa navicularis, Bronn, Zieten, ou O. gryphoides, 
qui paraît la même que l'O. longirostris, Lamk); Dubois de Montpéreux 
(0; digitalina) ; Philippi (0. bullata, de Cassel, où subbullata, d’'Orb.), 

M. Wood (#) ne cite que deux espèces d'huîtres dans le crag, l'O. edulis, 
Lin,, ou huitre commune, et l'O. princeps, Wood (0. undulata, Nyst non 
Sow.), qui paraît éteinte et que nous avons déjà citée dans le ctag de Bel- 
gique. 

Il faut ajouter plusieurs espèces américaines (4). 


Les PLACuNES ( Placuna, Lamk) 


forment un genre dont l'animal est encore inconnu et dont par 
conséquent les rapports ne peuvent pas être fixés. Elles se rap- 
prochent des anomies par l’intermédiaire du genre PLAGUNANo- 
Mia (5); mais leur impression musculaire simple semble prouver 
des affinités plus grandes avec les huîtres. 

Ce genre est caractérisé par une coquille irrégulière, aplatie, à 
valves minces, presque égales. La charnière offre sur une valve 
deux côtes longitudinales, tranchantes, qui forment un V, et sur 
l'autre valve deux impressions correspondantes. Le test est 
feuilleté. 

Il est douteux que ce genre existe à l’état fossile. 


On lui a rapporté, à tort, quelques espèces. La P. peclinoides, Lamk, est 


(1) Deshayes, Expédit. de Morée, p. 124. 

(2) Goldfuss, Petr. Germ., t. IE, pl. 76, 77, 18, 82, 83; Zieten, Pétrif. 
du Wurtlemb., pl. 48; Dubois de Montpéreux, Conch. foss. plat. Volh., pl. 8; 
Philippi, Tert, Verst. nordwest. Deutschl., p. 16, pl. 2. Nous avons figuré, 
dans l'Atlas, pl. LXXXV, fig. 1, une huître rapportée par Goldfuss à l'O. 
edulis, vivante. 

(3) Moll. from the crag (Palæont. Soc., 1850, p. 12) 

(*) D'Orbigny, Prodrome, t. IE, p. 133. 

(5) Le genre PLacuNANOMIA, Broderip, a la dent en V des placunes, mais 
sa petite valve est échancrée par une fente qui rappelle le trou des anomies, 
On n’en connaît pas de fossiles, 


OSTRAUÉS, 647 
une plicatule, ainsi que la P. nodulosa, Zieten; la P. jurensis, Roemér, est 
une placunopsis. 


La P. papyracea, Lamk, qui vit aujourd’hui dans la mér Rouge, a été 
trouvée fossile ou subfossile en Egypte. 


M. Morton (!) cite la P. scabra comme trouvée dans l'étage inférieur du 
terrain crétacé des États-Unis, C’est une espèce douteuse. 


Les PLacunorsis, Morris et Lycett, — Atlas, pl. LXXXV, fig. 9, 


ont une coquille suborbiculaire, inéquivalve, mince. La valve 
convexe est ordinairement ornée de lignes rayonnantes; son bord 
cardinal est court et droit. La petite valve n’est point échancrée 
et quelquefois fixée. La charnière est dépourvue de dents. L'im- 
pression musculaire ést subcentrale, grande, probablement 
bilobée. 

Ces coquilles semblent intermédiaires entre les anomies et les 
placunes. Elles ont la coquille mince et irrégulière de toutes les 
deux; mais elles n'ont ni les dents des placunes, ni la valve 
percée des anomies et des placunanomies. 

On n'en connaît aucune espèce vivante, et les fossiles parais- 
sent spéciales à l’époque jurassique. 

MM. Morris et Lycett (?) en ont décrit quatre espèces de la grande oolithe 
d'Angleterre, les P. jurensis (Atlas, pl. LXXXV, fig. 9), socialis, ornatus et 
radians. Ces naturalistes associent la première à la Placuna jurensis, Roe- 
mer (Anomia jurensis, Morris), du terrain corallien supérieur. Il est impos- 
sible de juger par les figures de l'exactitude de ce rapprochement. 


Les Axomtes ( Anomia, Lin.), — Atlas, pl. LXXXV, fig. 40, 


sont très inéquivalves, presque toujours orbiculaires ou plates. 
Elles se fixent aux corps marins, dont elles prennent, pour ainsi 
dire, l'émpréinte. La valve inférieure, qui est la plus petite, est 
percée pour le passage d’un ligament qui sert à fixer l'animal, et 
qui sécrète une lame calcaire sur le corps étranger où il adhère. 
La valve supérieure présente une impression musculaire di- 
visée en trois parties. La valve inférieure n’en offre qu'une, 
La charnière est simple et ressemble à celle des placunes, dont 
les lames en V se seraient effacées. 


(!) Journ. Acad. Phil.; VIH, p: 222. 
(2) Mol. from the great ool. (Palæont. Soc., 1853, p. 5), Roemer, Nord- 
deutsch. Ool., p. 66, pl. +6, fig. 4. 


68 ACÉPHALES PLEUROCONQUES. 


Les organes principaux de l'animal paraissent montrer de 
grands rapports avec les huîtres. Les anciens auteurs les avaient 
à tort réunis aux térébratules en exagérant l'importance du 
trou par lequel ces mollusques se fixent aux corps sous-ma- 
rins (!). 

Les espèces vivantes ont été encore peu étudiées et paraissent 
répandues dans la plupart des mers ; les espèces fossiles se trou- 
vent dans les terrains jurassiques, crétacés et tertiaires (?). 

Elles manquent dans le lias et ne paraissent pas nombreuses 
dans l’époque jurassique. 


L’A. elliptica, d'Orb. (Orbicula elliptica, d’Archiac), a été trouvée dans la 
grande oolithe de l'Aisne et du Calvados ($). 

L’'A. jurensis, d’Orb. (Placuna, Roemer), paraît être, comme je l’ai dit, 
une placunopsis. 

Je ne connais pas l'A. kimmeridgiensis, d'Orb., ni l’A. portlandica, id. (4), 
espèces inédites du terrain kimméridgien et du terrain portlandien de France. 


Elles sont un peu plus abondantes dans les dépôts de l’époque 
crétacée. 


L'A. neocomiensis, d’Orb. (), provient du néocomien de Castellane. 

Les À. convexa, Sow. (6), lœvigata, id., et radiata, id. (pseudoradiata, 
d'Orb.), ont été trouvées dans le lower greensand d'Angleterre. 

L’A. costulata, Roemer (7), a été trouvée dans le hils des environs de 
Schæœppenstedt. 

L'A. papyracea ($) caractérise le terrain cénomanien des Deux-Sèvres. 

Les terrains crétacés moyens et supérieurs d'Allemagne ont fourni (°) les 


(:) Les anomies ont reçu divers noms. Cesont des FENESTELLA, pour Bolten, 
des Ecmiox et Ecmionerma, pour Poli, des Cepa, pour Humphrey. 

(2) Les fossiles des terrains paléozoïques décrits par les anciens auteurs 
sous le nom d’anomia, sont des brachiopodes. 

(8) D'Orbigny, Prodrome, t.T, p. 315; d’Archiac, Mém. Soc. géol., 
t. V, p. 378, pl. 27. 

(4) Prodrome, t. Il, p. 55 et 61. 

(5) Pal. franç., Terr. crét., t. IT, pl. 489. 

(6) Dans Fitton, Trans. geol. Soc., 2° série, t. IV, pl. 14. 

(7) Norddeutsch. Ool., suppl., pl. 18, fig. 5. 

(8) Pal. franç., Terr. crét., t. IL, p. 755, pl. 489. 

(°) Geinitz, Quadersandsteingeb., pl. 11, fig. 6-9; Reuss, Kreidef., II, 
p. 45, pl. 31; Roemer, Norddeutsch. Kreid., p. 49, pl. 8, etc. 


OSTRACÉS. 619 


A. semiglobosa, Geinitz, excisa, Reuss, subradiata, id., lamellosa, Roc- 
mer, etc. 
M. Morton (1) cite deux espèces du terrain crétacé des États-Unis. 


On en connaît quelques-unes des terrains tertiaires. 


Les terrains tertiaires (2) éocènes renferment l'A. tenuistriata, Desh., du 
calcaire grossier (Atlas, pl. LXXXV, fig. 10), l'A. lineata, Sow., de l’argile 
de Londres, et l'A. sublævigata, d'Orb. (lævigata, Nyst non Sow.), du même 
gisement et de l’étage contemporain de Belgique. 

L’A. intustriala, d'Archiac (3), provient du terrain nummulitique des 
Landes. 

L’A. asperella, Philippi (f), a été recueillie dans le terrain tertiaire de 
Cassel. 

Goldfuss (5) a figuré cinq espèces dont une seule nouvelle, savoir : l’A. lens, 
Lamarck, de Cassel, ete.; l'A, ephippium, Lin. (cepa et plicata, Brocchi), du 
quaternaire de Sicile, du pliocène de l’Astézan et du tertiaire de Bünde; 
l'A. orbiculata, Brocchi, de Plaisance et de Bünde; l’A. striata, Brocchi, de 
l’Astezan, de Plaisance, de Perpignan et de Bünde, et l’A. squamosa, Goldf., 
de Bünde. 

Il faut ajouter (6) l'A. costata, Bronn, Brocchi (4. sulcata, Poli), et l'A. 
electrica, Lin., qui se trouvent à la fois dans le terrain pliocène de l’Astézan 
et dans la Méditerranée, 

M. Wood (7) cite dans le crag d’Angleterre quatre espèces qui se rappor- 
tent toutes à des vivantes. 


Les PuzviniTes, Defrance, — Atlas, pl. LXXXV, fig. 11, 


participent à la fois aux caractères des anomies et à ceux des 
pernes. Elles ont, comme les premières, une valve aplatie, pour- 
vue d’une ouverture ronde, mais sans opercule, et, comme les 
dernières, un ligament multiple divisé en fossettes transverses. 
La surface ligamentaire forme une facette en croissant. 

M. Defrance, en établissant ce genre, n'avait connu que la 
grande valve et par conséquent que les caractères qui rappro- 


(1) Synopsis cret. group., p. 61. 

(2) Deshayes, Cog. foss. Par., t. T, p. 377; Sowerby, Min. conch., pl. 495; 
Nyst., Cog. et pol. foss. Belg., p. 311, pl. 24. 

(3) Mém. Soc. géol., 2° série, t. IE, pl. 13. 

(4) Tert. verst. Nordw. Deutsch., p. 50, pl. 2. 

(5) Petr, Germ., t. I, p. 39, pl. 88, fig. 4 à 8. 

(6) Sismonda, Synopsis, p. 11. 

() Mol, from the crag (Palæont. Soc., 1850, p. 76). 


650 ACÉPHALES PLEUROCONQUES. 


chent ce genre des pernes. L'existence d'un trou dans la petite 
valve à été signalée par M. d'Orbigny. 

On ne connaît que deux espèces fossiles de ce genre, aujour- 
d’hui éteint. 


La P. rupellensis, d'Orb. ({), espèce inédite, a été trouvée dans le terrain 
corallien de la Rochelle. Elle était fixée sur des polypiers. 

La P. Adansoni, Defrance (2), provient de l'étage crétacé supérieur. C’est 
l'espèce figurée dans l'Atlas. 


(1) Prodrome, t. II, p. 24. 
(2) Dict. se. nat., 1826, t. XLIV, p. 107, pl. 88, fig. 3. 


FIN DU TOME TROISIÈME, 


TABLE DES MATIÈRES 


DU TOME TROISIÈME. 


TROISIÈME EMBRANCHEMENT, — MOLLUSQUES,.,....9.: 


Deuxième eclasse.— Gastéropodes,,,,,.,,.......s.ses.: 


1% Onpre. PULMONÉS ..... 
4" Famille. Limacipes .... 
INNTACES ser 2: tue 
HESTACEIES A SRE T PAPE 
2° Famille. CocrmACIDEs ... 
Mali) rer ion os 
Hélices ou Escargots. .... 
ATIASLONIR c'e lsterelte sie se 
BUIIMES Aer ete 
NITHIDESSE RARE ae 
Megaspira....... cetereiste 


CMUSNIES SALLE 


Ambrettes ‘774.33 


3° Famille. AURICULIDE 
AMTICUIeS 55252 


IPREMCES NS - 2e 
CHINA See 


PINS ER NN vrnseel 
PIANO DES En ere 


Ancyles. 7... : 
2°  OrDre. 


ESTITE RSR 


2° Famille. PALUDINIDES . .. 
Ampullaires ::,::::.:. 
PAIDAIMES =... 


WAINÉES SCC 
NÉRAIUTA Te enr ses 


3° Famille. MÉLANIDES .... 


Mélanies . .... 


...... 


4° Famille. LymNÉIiDEs.... 


PECTINIBRAN- 
CHESN EST Lee DR PE 
4° Famille. CxcLOSTOMIDES. . 

Cyclostomes 7... 


Mélanopsides.:...::.... 


4° Famille. LITTORINIDES.. . « 
RISSOH en Re a ce res edese 
Cochléirit Se Ace 
HUTENES TER sert 
GE DORE OCT 
MITTUMRES 2 Me scene EC 
PIARAREN M ele ee ee cie 
5° Famille. PYRAMIDELLIDES. 
CHEMNINZIPE ES Ress ce 
FÜUTDONINES es eee sess 
MACHOCHETIUS 22... 
EUIMAR EE Sen 
Pyramidelles........ 500 
NID eee lee se cie 
NETITÉES es eee sieisle 
ACÉURHS de co acleeses 
ANNE Se ces assis 
ACÉOHCLIES SE Se ee 
Nolvaires =. 22 Mises 
RIRBICUIES ee eee eee 
PIÉCIA SRE I A 
ACIEODITA Te Ce rm re. 
MAIÉER ie ce ess 
PIELOUUNTAR Te eee see 
6° Famille. NATICIDES..... 
NANCEP eee secsasas ee 
NATERE TNA EME 
SISALESS sos eele cie 
PBSTAYESIA em. ses 
MCOTINES SMS eee de 
7e Famille. NÉRITIDES . .... 
NÉE COR se 
NÉDIRINNI EN Satan ee ces 
NéritOpsis ses. 


652 


TABLE DES MATIÈRES. 


Pieoluss ss ts 2er ee CAD RPASCIOIAITES 8 + ges oo 00e 
8e Famille. Trocnipes .... 128 Turbinelles. -:-c:-cccee 
Turboshn. - 85e RE LLUm20 Cancellaires 20000 
Phasianellest2%..20.." 137 Pleurotomes:...":.1.. 
Dauphinules........... 141 Borsond-e--e-e--re-tr 
TOUS ER Eee cas cet MAS Cordiéria-s.:. there 
PhONSEE Le... 0e ---004p1 17° Famille. Buccmnines . .. 
Cadransee ptet cree Harpes rec cch-tctee 
Bifrontiat cer comen esc 461 TONDCS espere 
SCRQUIAFIAE 2.2 este suis 102 OnISCIES eee. cer 
SCAIIEBS eee esse esse 109 Casques ee ces eee 
Pittonnelles +... 4.000464 MOTI0 Recettes 
Helicocryptus.......... 165 Colombelles.. 1 
Stomates.- cermactmaesce 14109 Colombellines. ........ 
9° Famille. Hauorines.... 167 POUrpDrés- er e-e----ecrer 
Pleurotomaires ......... 168 PUrDULOIdeA me... 
Murchisonit.... 7. so... 176 Céritelles ss ce ces 
Catantostoma. seeds sen 178 BUCCINS-ccner-c-ectecis 
PORCRINAR esse ceccccce AS VIS LR an MON RTE 
Trochotoma ..:6.....0. 479 Cérites.s secrets 
CITUS 2 sera. 180 TrifOreS ete pe ces en pe 
Polytremaria..-..-..…... 182 18° Famille. VERMÉTIDES.. . 
HATIOHAES Re re coca le Viermets.c-s---e"-.eet 
10° Famille. JAnrHiNIDES... 183 Cecumi ect ec eecere 
11° Famille. CypréADEs ... 183 Siliquaires. « . + se ose... 
PORCEIAIMES .. «ee ses see MO Niséésneiesut ie e6un 
Ovules::2 5.5 .2p. 2 1806 19° Famille. CRÉPIDULIDES. . 
Eral0 tre scope tco lo Cabochons ce. 26e 
Marginelles....=.-4.t.. 188 Brocchläa®e:-.-ce-e-eee 
12° Famille. Orxvines..... 190 Spiricelles....... 
TaFFIÈTES. ee spot 90 Dispotea. <= -+-2-e-tE 
Olvese eee crc EEr oi TO Calyptrées. . oo... 
AMCIIIaireS = ect be 0 198 Entonnoirs---°--#-+--2E 
43° Famille. SrrowBines... 195 Crépidules....... SU - 
SÉTDIRNES ER cenccchebess 190 20° Famille. FISSURELLIDES. 
PÉROCÉTES eee ep-re0 LOT Parmaphores. «soso 
Rostellaires. ...........  200| Emarginules........... 
Strufmolaires....4..... 206 Rimuless eee. -ces pe 
14° Famille. Conines ..... 206 Fissurelles............8 
Côneseererecece- cr 20r Bellérophes............ 
15° Famille. Vozuripes.... 209 Bellerophina ....,...... 
VMolutes-srecer-c-prt-c 240 Siphonaires ......s...e 
Voluteleset-crrecer-en 21e Gardiniast-s.e.ceeecre 
Mitres te cerrceceonecr nl ACMEÉPS Eee -e-R CEE 
16° Famille. Muricines .... 216| 3° Onpre. CYCLOBRANCHES,. 
ROGherS eee creer it Patelles= ce. -ree---cri 
DypHISS------cceedonA Deslongchampsia........ 
Ranelles ce ssetecce-ci-2 220 Oscabnons-.. 1-07 
MrITONS. es -cecenet ee 0221 Oscabrelles ......sev.se 


Spinigera . ......es.sss. 223] 4° ORDRE. DENTALIDES..... 


Éuseauseerereecre- 222 Dentales tiers re 
Pyrules............... 228| 5° ORDRE. TECTIBRANCHES. 
Trichotropis ........... 230 1'° Famille. PLEUROBRANCHES. 


TABLE DES MATIÈRES. 653 


Ombrelles.,.........°.+ 307| 7° Onpre. PTEROPODES.... 315 
EVIOUINES ere reset 308 47 Famille. LimAciniDes. .. 317 


2° Famille. APLYSIENS..... 308 Innracines. RER 6m enr 
AIDLYSIPS Sera eat 308 2° Famille. Hyauines..... 317 
3°. Famille. BuLcéens..... 309 Hyales:. use 0317 
ICO ARE NU Lou: MEET CliQ. seat. sm 2% 318 
SCAPRANTET es veste een 2 Tnipteiaiss...6. 0 her 319 
BRURAE TE etre ee OS Conulaires. 2.434402... 349 
6° Orpre. HETEROPODES... 313 Coleopriôn 7.5 .2#.6:04e 320 
CarIDAIrES rte Use Pugluntulus. cette 321 


Troisième classe, — Acéphales, ,,,.,,.......sssssssoses 321 


1°" OrDRE. ORTHOCONQUES. 335 Cumingies -.... 407 444 


1°" Sous-oRrpRE. Orthoconques Syadosmyes us 24/7415 
sinupalléales. .......... 335 Amphidesmes.......... 416 
4" Famille. CLAvAGELLIDES. 337| 10° Famille. TELLINIDES. ... 418 
ATTOSOÏTS,. c..ssooosese. 338 Telliies, sas matt T'AS 
Clayagelles 25%... 0898 ATCOpagIA +... ee O2 
Gastrochènes.........., 340 Fragile. PRET AN 492 
2° Famille. PaocaAnipes. ... 343 Psammobies:..:. 40e) | 494 
Cloisonnaires .......... 343 Sanguinolaires.......... 4926 
ALES Een uni 244 Capses st 498 
Térédines 2er 180 347 Donaces... 20.22 199 
Pholades ss. sondes 48 ISO LAS PE LL US 
3° Famille. SoLÉNIDES. .... 351 11° Famille. Pérriconipes. .. 432 
SOINS... serein ap7 BaRICANES 23. ser, 432 
SIA eee oiojeleie sister JUD EétNCOleS ss cts à) 4SE 
DOIECUF US est anse 0 cent 000 MÉNÉNUPES.. 4... #2 -440 436 
4° Famille. Myacines..... 358 Coralliophages .....,.,.. 437 
BANDpÉPE..-----.s est 200 Pachymyas. 2 6s son 438 
Pholadomyes........... 3710] 12° Famille. Cyrnérines.... 439 
GIYEUTÈTES. sert 0919 LABS arc eo 440 
LUN HO P ot Loncomone MerC) NÉDUS. Sean 449 
DUDTAIRESE 8e fe sie er 000 EDÉ‘S stereo dis 216 
5° Famille. MACTRIDES.... 389 Cythérées 4, est. 4AÂ7 
Macires sf shirt 393 Dosinies asc." AS 
6° Famille. CorByLIDES. ,.. 387 CYCMeS RE RE AE AND 
COMDUIES crosse 387 Grateloupies ........... 432 
Neæra......,......... 393| 2° Sous-oRDRE. Orthoconques 
POAMOMYAS 2-7. 309 intégropalléales.....,... 453 
Poromya-.-..."ser... 394 4"° Famille. Cycrasines... 453 
7° Famille. ANATINIDES.... 394 Cycladess Ent rer 407 
ANAURES «+ de: e coco J00 Cyrénes. ras U RE 1460 
MANACIES Se ces cesse 300 Glauconome. ......,... 462 
Périplomes ....ss..e.se 403 Gnathodon ......,...,, 462 
Lyonsia.....seeossssse 405 2° Famille. CyPRINDES..... 463 


CéroOmYES eee. 406 CGyYprinesee eee et GE 
PAndOres.. eee ects. 409 Cypricardesi.. 2220 266 


8° Famille. MÉSODESMIDES.. 410 3° Famille. CanDipes..... 469 
Mésodesmes.. . eos 411 BÜCATUES eee: à cmt 470 
9° Famille. AMPHIDESMIDES. 412 Unicardinnr.. ..5.2.:... °Æ7G 


EAVISNONS. : “rsos cor 442 Conocardium .,....,..,. 477 


654 TABLE DES MATIÈRES. 


Isacarde it 2% 200..5008) A9 Nucnlinese ec ..thiettet 
Cardiomorpha.........,. 483 Nusunella.....4..#.1 eee 
CAT EL Ce ECC ILASZ Letlne RTE RIAS REA 
Luaulacardium..,....... 485 Orthanatas<ee..rreete 
HÉGLADEIA Lien dote et 280 10° Famille. SOLÉNOMYDES. . 
4e Famille. Lucmnines..... 486 SOlÉNAMYES.e ce. ele 
Garhelleser een estate), 487 41° Famille. MyriLipes..,. 
PRCIRESer Sales ste serai), 490 BINDLS soccer cor RULEE 
Diplodantassse Re rr2,496 MOulEs SO seR chi 
SALON ee tetes. (4017 Hilhophages ee emma ee 
Onsulipes- T6... 497 Dreissenat en. -tenees 
Cyrénelles...,......... 498 12° Famille. TRIDAGNIDES, . . 
ÉDNCINESÉ ER serieuse EAU ‘Eridacnes "2 nee 
Poronia......,......++ 500| 2° Orpre. PLEUROCONQUES. 
GardiMeserer IPS 500 1° Famille. CHamipes, . ... 
Edmondia..##0 922. ..: 501 Games:4 52 602 0 
5° Famille. Asrarripes ....  D01 Dicérates 246... 
Grassatelles.. 4. ..0..,  Db02 2° Famille. ETHÉRIDES . ... 
ORIS AE er NAN, 504 Éthéries #2 22202000 
Astarles. tue. 507 3° Famille. MALLÉACÉS. ... 
Cire Erronte eat eee (D Bakevellia’# "25.500. 
Gardites strains, 543 Pténrinées 2:50 5088 
Pachyriemar "1.422602 D18 Ptéroperna. ss... 
Megalodon ...,.......: 518 Myalinaeee retirer Ac 
Pleurophorus .:........ B20 Aviculesererreneneret 
Myoconehaltse MP 2520 MOROtIS Arena ieieite 
Gardinide sense. Re 0m 522 Vulselles est ter 
6° Famille. UNionines..... 526 Mrichitesss. serre eReRe 
Mulettes ...... ever aite CD28 Posidomyesent ete 
7° Famille. CorcLonoripes.. 529 Grénatules est Amen 
Grammysh......:.,:.. 530 Pernes...... a. see tete 
Leptodomus ......... se 000! Gerviliesse MERE 
Dolabra terre. ten eee 092 Inocérames.-..........: 
Mediolopsis.:."....1.... 533 4° Famille. Limimes....... 
Anodontepsis..:...:... D33 Limes:strer. te REP 
Lyrodesma .......s.e.e D34 Limeas 2e. 
Cleidophorus .…......... D34 5° Famille. PecTiNiDES . . .. 
Hellinomya=."#2" "ere. :12D0% Houlettes aus RER. 
8° Famille. TriGonines .... 535 Peignes... tente no le + 
Mrigoniese 0... ee DE0 Hinnitesste ste eie 
Myophorias.... #27. 0% 540 Janiras à trs 4 ANTONIN 
Schizodus ....... ete 002 Spondyles......"..%.2012 
9° Famille: ARCACIDES. ....  D42 Plieatules sm 
Aréhes ee meet se. RD 6° Famille. OSTRACÉS . .... 
Pétoneles:#2..20 0e. . DD2 Huttres:. 0.0 "ctmbe 
Stalagmium .........°. 556 Placunes :. 0.0.0 
Limopsis. 0e. 0.0. 01 ss Placunopsis. . .......... 
IS0aRCA res dote et 58 Anornies 4." tie hrstrtetcte 
Gueullellass-. Sn 559 Pulvinites.:.21.%100000 
Nueules fee. seen. 0 000 


VIN DE LA TABLE DU TOME TROISIÈME. 


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Date Due